Montataire : le scandale de la construction du quartier des Tertres

Montataire : le scandale de la construction du quartier des Tertres

    Sur son compte, le 4 octobre, il ne reste que 23 â?¬ ! Maintenant, il va devoir lutter pour nourrir sa famille jusqu'au prochain salaire. Hedi Lemmouchi ne s'en sort plus depuis qu'il a signé, en mai 2012, l'achat d'une maison sur plan au sein du « Domaine des Tertres », à Montataire. Un programme immobilier de 20 maisons mené par le promoteur EDI promotions. « Une arnaque » pour les acheteurs qui ont organisé ce dimanche « un pot de la solidarité » devant des « maisons fantôme ».Seules neuf habitations ont été commercialisées. Cela fait neuf familles en détresse aujourd'hui. Leur livraison était annoncée pour juillet 2013. Plus de deux ans plus tard, elles sont à peine sortie de terre. Pire, selon un artisan qui a travaillé sur ce chantier, « le gros Å?uvre réalisé n'est pas aux normes, tout est à raser ».Et cette attente prend à la gorge les propriétaires. « Je paye un loyer de 750 â?¬ et un crédit de 550 â?¬ ! », insiste un père de famille. Presque tout son salaire y passe. Un autre couple, asphyxié, a dû retourner vivre au domicile des parents. Ils attendent désormais une réponse de la justice pour sortir de l'impasse.Interrogé plusieurs fois dans nos colonnes, EDI a déjà déroulé ses arguments : la défaillance successive de ses fournisseurs et constructeurs. « Des cas de force majeure qui empêchent notre indemnisation », soulignent les acheteurs, de plus en plus sceptiques devant ces explications. Et pour cause, ce dimanche, des artisans du chantier étaient présents à leur côté. L'un d'entre eux, désigné comme « en faillite » par le promoteur pour justifier un énième retard auprès des propriétaires ne l'est pas du tout ! « Je suis en difficulté depuis que j'ai travaillé ici sans être payé, mais je n'ai pas fermé. Le promoteur me doit 70 000â?¬ ! J'ai arrêté le chantier pour cette raison et parce qu'il ne voulait pas me fournir les plans nécessaires aux travaux. J'ai appris plus tard que le cabinet d'architecte n'avait pas été payé non plus. C'est une catastrophe, l'avenir de mes 11 salariés est suspendu à cette affaire. »Il demande le paiement, ce mardi, devant le tribunal de Senlis. Une autre entreprise dénonce un impayé de 60 000 â?¬. Elle a monté un dossier avec son avocat et évoque une « escroquerie à la Madoff ». « L'argent d'un programme servait à en lancer un autre, jusqu'à ce que le système s'enraille.Aujourd'hui, ce promoteur a des chantiers à l'arrêt ici, à Armentières (59), à Clichy-la-Garenne (92)...»Aux Tertres, ils ne sont pas les seuls floués par les promoteurs immobiliers. Ce nouveau quartier - 275 maisons et appartements prévus sur les champs des hauteurs de Montataire - a tourné à l'enfer. Le bailleur social Oise Habitat a dû attendre 18 mois et une intervention de la justice avant de mettre en location la trentaine d'appartements de la « Résidence des Tertres » - un autre programme d'EDI. Une quarantaine d'autres logements, livrés par Constructa en 2010, feront aussi l'objet d'une audience à Senlis, le 21 octobre, pour une série de malfaçons. « Nous avons acheté des maisons neuves à rénover ! », dénoncent leurs habitants venus soutenir leurs voisins lors du pot des « révoltés des Tertres ».