Tout sur le Pourpier !

Publié le 2 Septembre 2017

Tout sur le Pourpier !

Le Pourpier (Portulaca oleracea)

Le pourpier est une herbacée annuelle rampante que l'on trouve communément dans les jardins, aussi bien les zones tempérées que dans les zones tropicales. Cette plante possède de grosses tiges rouges couchées et de petites feuilles vertes ovales, à l'aspect gras et luisant. Le pourpier est souvent considérée comme une mauvaise herbe et arrachée sans pitié, alors qu'elle est tout à fait comestible et source de nutriments très intéressants.

J'ai découvert le pourpier cette année, alors que plusieurs pieds poussaient entre les dalles de béton des vieux bâtiments proches de mes cases. J'en avais déjà entendu parler bien sûr, mais je n'avais encore jamais eu l'occasion d'en manger. Avide de découvrir une nouvelle source de feuilles vertes comestibles pour mes salades et mes jus verts, je goûtai quelques jeunes feuilles... et je découvris une saveur acidulée très agréable, loin de la forte amertume des plantes sauvages à laquelle je m'attendais.

Il ne m'en fallut pas plus pour me lancer dans une culture intensive effrénée, et pour agrémenter tout mes repas de quelques feuilles de pourpier. J'ai donc eu le temps, au cours des derniers mois, d'observer le développement de cette soi-disant "mauvaise herbe" et d'apprendre à la cultiver dans mon jardin. Je vous livre ainsi le fruit de cette petite expérience en espérant vous donner envie de goûter, vous-aussi, cette plante ignorée qui pousse certainement dans votre jardin à votre insu...

Un jeune pied de pourpier qui a poussé tout seul dans ma pépinière d'oignons

Un jeune pied de pourpier qui a poussé tout seul dans ma pépinière d'oignons

Les feuilles du pourpier sont ovales et sessiles, c'est à dire qu'elle s'attachent directement à la tige, sans pétiole.

Les feuilles du pourpier sont ovales et sessiles, c'est à dire qu'elle s'attachent directement à la tige, sans pétiole.

Les fleurs du pourpier sont souvent agglomérées au sommet des rameaux. Elles s'ouvrent tour à tour à maturité, uniquement le matin.

Les fleurs du pourpier sont souvent agglomérées au sommet des rameaux. Elles s'ouvrent tour à tour à maturité, uniquement le matin.

Les fruits du pourpier : petites capsules contenant de toutes petites graines noires
Les fruits du pourpier : petites capsules contenant de toutes petites graines noires

Les fruits du pourpier : petites capsules contenant de toutes petites graines noires

La culture du Pourpier

Tout d'abord, il faut préciser qu'il existe de nombreuses variétés de pourpiers. Je ne parlerai ici que de la variété sauvage Portulaca oleacera, à ne pas confondre avec la variété cultivée à grande fleurs (Portulaca grandifolia) que l'on peut trouver dans les jardineries françaises.

Le pourpier se reproduit très facilement par semis. Vous pouvez vous procurer des graines un peu partout sur le net, mais vous pouvez aussi attendre de trouver un pied chez vous. Une fois que vous aurez la plante dans l’œil, vous ne devriez pas tarder à la trouver entre vos plants de carottes ! Le pourpier se ressème tout seul très facilement, même s'il faut noter que la germination est assez capricieuse : les graines peuvent mettre beaucoup de temps à germer, et il faut faire attention de ne pas les noyer.

Le pourpier apprécie la chaleur et résiste très bien à la sécheresse, ce qui est fait une plante intéressante à avoir en été. Mais il se développe bien sûr beaucoup mieux avec un apport d'eau quotidien... sans toutefois être inondé (ce qui entrainerait sa mort).

Pour développer le pourpier dans mon jardin, j'ai choisi une méthode très simple de "sélection positive". En effet, le fait de conserver les quelques pieds sauvages là où ils se trouvaient a permis de diffuser naturellement de nombreuses graines et d'obtenir de jeunes pousses un peu partout dans mon jardin. J'ai ensuite favorisé la croissance des jeunes plants de pourpiers dans les zones que je souhaitais voir envahies par cette plante. Ma seule action quotidienne était seulement d'arracher les autres "mauvaises herbes" qui s'y développaient afin de favoriser le pourpier par rapport à ces dernières. J'ai ainsi obtenu plusieurs "tapis" de pourpier comme vous pouvez voir ci-dessous.

Pourpiers colonisant le sol devant ma case

Pourpiers colonisant le sol devant ma case

Jeunes pousses de pourpier

Jeunes pousses de pourpier

Et quelques semaines plus tard, on obtient un joli parterre de pourpier qui a l'avantage de retenir la terre et la poussière !

Et quelques semaines plus tard, on obtient un joli parterre de pourpier qui a l'avantage de retenir la terre et la poussière !

Pour récupérer les graines du pourpier, il vous suffit de secouer les vieilles tiges portant les capsules au dessus d'un bol, puis de tamiser le tout jusqu'à séparer les graines des autres débris végétaux. Malheureusement, il est très difficile de séparer la terre des graines, et il vaut mieux s'assurer en amont que les tiges ne sont pas trop sales.

Si vous n'arrivez pas à bien nettoyer les graines ce n'est pas grave, moi je jette ce que je n'arrive pas à trier dans les zones vides de mon jardin... et d'ici quelques temps j'aurai de beaux pieds de pourpier !

Collecte des graines en secouant les tiges garnies de capsules sur une passoire

Collecte des graines en secouant les tiges garnies de capsules sur une passoire

Malheureusement, la terre est très difficile à séparer des graines ; il faut donc en amont faire très attention en prélevant les tiges

Malheureusement, la terre est très difficile à séparer des graines ; il faut donc en amont faire très attention en prélevant les tiges

Le résultat après un long et fastidieux tamisage...

Le résultat après un long et fastidieux tamisage...

Si le pourpier est une plante très résistante aux maladies, elle n'en a pas moins de nombreux ennemis... qui sont principalement les chenilles et autres insectes mangeurs de feuilles. Dès que les papillons repèrent le pourpiers, les chenilles s'y développent très rapidement et viennent à bout de toutes les feuilles, jusqu'à faire mourir le pied.

Je n'ai pas trouvé d'autre solution que de prélever les chenilles à la main pour les jeter plus loin, mais cela n'a pas stoppé l'invasion. Le coucou de Levaillant a même tenté de m'aider, mais rien n'y aura fait. J'ai donc préféré laisser les chenilles se régaler de ces feuilles, tout en me disant que les papillons seraient les bienvenus pour polliniser mon jardin par la suite. De plus, le pourpier repoussera surement très rapidement après la période des chenilles, en saison sèche.

Les pires ennemis du pourpier : les chenilles !

Les pires ennemis du pourpier : les chenilles !

Les vertus du pourpier :

Nous arrivons au point intéressant de l'histoire. Pourquoi donc consommer du pourpier ? Eh bien parce qu'il contient tout plein de bonnes choses :

  • des minéraux (notamment le potassium, le magnésium et le calcium)
  • des vitamines (surtout C, A, B et E)
  • du B-carotène (d'où la couleur des tige... et le nom de la plante)
  • et enfin des Oméga 3, ce qui est rare pour des feuilles vertes (d'où l'aspect gras de la plante)

Vous l'aurez compris, le pourpier est globalement riche en anti-oxydant et apporte de nombreux nutriments, importants quelque soit notre régime alimentaire. Il était traditionnellement consommé par de nombreux peuples, et fait d'ailleurs partie du fameux régime crétois.

Le pourpier peut aussi être utilisé en phytothérapie. Je n'ai pas encore testé, mais j'ai lu que le suc du pourpier peut être utilisé comme cicatrisant et anti-inflammatoire. Mâcher des feuilles calmerait les maux de gorges et les gencives sensibles. Une infusion de jeunes feuilles séchées aurait des vertus diurétiques et détoxifiantes. Je ne manquerai pas de vous dire ce qu'il en est dès que j'aurai l'occasion de tester.

La récolte des feuilles : je ne prélève que les jeunes feuilles et les tiges fines, plus tendres et au goût moins amer.

La récolte des feuilles : je ne prélève que les jeunes feuilles et les tiges fines, plus tendres et au goût moins amer.

Un lavage est nécessaire pour retirer la terre et les chenilles...

Un lavage est nécessaire pour retirer la terre et les chenilles...

Une fois les feuilles lavées, je les fais sécher sur un linge. Elles se conservent plusieurs heures sans problème dans une serviette.

Une fois les feuilles lavées, je les fais sécher sur un linge. Elles se conservent plusieurs heures sans problème dans une serviette.

Comment consommer le pourpier :

Le pourpier se consomme aussi bien cru que cuit, même si vous aurez deviné que pour bénéficier de toutes ses vertus, il est bien plus intéressant de le manger cru.

FEUILLES CRUES : en salades (seul ou en accompagnement), dans un smoothie ou un jus de légumes, ou encore dans des sauces crues comme le pesto. Les feuilles du pourpier sont charnues et croquantes, avec  un goût acidulé agréable. On se fait très bien à sa légère amertume, sachant que plus vous sélectionnez les feuilles fraîches et moins elles seront amères. Personnellement, je récolte quelques feuilles de pourpier au dernier moment pour les salades en choisissant les plus belles.

FEUILLES CUITES : Lorsque les feuilles sont un peu plus vieilles et que j'en ai en grande quantité, je préfère les cuisiner. Le plus simple est de les incorporer dans des omelettes, des soupes, des sauces... ce que je préfère est la "sauce feuille", un classique de la cuisine africaine, qui sert à accompagner le couscous. Vous trouverez la recette ci-dessous. Attention, il faut une grande quantité de feuilles pour faire un plat, je préfère donc les utiliser en mélange ou pour des plats individuels.

GRAINES GERMEES : Je n'ai pas encore testé, mais il est possible de consommer les graines une fois germées. On conseille 12h de trempage et 5 jours de temps de germination. A cultiver dans des coupelles en verre. Finalement, on peut dire que je consomme naturellement les pourpiers au stage de jeune pousse en les prélevant directement dans mon jardin en pleine terre (stage du trèfle à 4 feuilles)... c'est bien plus simple comme ça !

AU VINAIGRE : On peut faire du pourpier au vinaigre, ou bien du vinaigre au pourpier... il parâit que c'est un condiment délicieux... à tester, une recette en cliquant ici !

QUELQUES PRECAUTIONS : le pourpier est riche en acide oxalique, comme l'épinard, et il recommandé de ne pas en abuser, tout du moins en version cuite. Je recommanderai donc de l'utiliser plutôt avec parcimonie au quotidien sur des salades ou dans les smoothie, et de consommer les plats cuits de manière occasionnelle.

Voici quelques exemples de préparations toutes simples, testés et approuvés !

Pensez à ajoutez quelques feuilles de pourpier à vos smoothies pour le rendre plus crémeux ! !

Pensez à ajoutez quelques feuilles de pourpier à vos smoothies pour le rendre plus crémeux ! !

Smoothie Banane-orange-miel-pourpier

Smoothie Banane-orange-miel-pourpier

En salade, seule, avec une petite sauce moutarde...

En salade, seule, avec une petite sauce moutarde...

En accompagnement de salades diverses (ici concombre-menthe)

En accompagnement de salades diverses (ici concombre-menthe)

En "sauce feuille" sur un lit de patates sautées...

En "sauce feuille" sur un lit de patates sautées...

En "sauce feuille" pour accompagner la purée.

En "sauce feuille" pour accompagner la purée.

RECETTE DE LA " SAUCE FEUILLE "

Préparez un saladier de feuilles de pourpier, rincez-les et égouttez-les.
Faites revenir quelques oignons émincés avec de l'huile (d'olive, arachide...) dans une marmite.
Ajoutez les feuilles de pourpier, mélangez, assaisonnez et laissez cuire à feu doux à couvert pendant quelques minutes seulement (5min max.). Les feuilles vont rapidement rendre de l'eau et il se formera alors un jus de cuisson.
Arrêtez la cuisson lorsque le jus s'est évaporé, que les feuilles sont luisantes et que le mélange est un peu gélatineux.

C'est prêt !

Par Claire

Rédigé par Claire

Publié dans #Faune - Flore

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M
Merci beaucoup pour cet intéressant article sur le pourpier.
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L
Bonjour, super article ! Pourquoi mon pourpier en pot, ne donne que de toutes petites vilaines feuilles ? Pourpier prélevé en terre, très beau pendant plusieurs mois (pas d'hiver : Guadeloupe) et depuis deux mois, il est moche. Les vieux jardiniers du pays ne savent pas (mauvaise herbe, pour eux)<br /> Merci de vos conseils
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C
Bonjour,<br /> Je ne suis pas spécialiste, mais ile me semble qu'il s'agit du cycle de développement normal du pourpier. Chez moi, il pousse très vite, a de jolies feuilles vertes, puis fleurit, puis les graines se forment et le pied devient moins beau (grosses tiges, plus de feuilles. A ce moment là je les arrache et de nouvelles pousses germent plus ou moins rapidement selon la saison.
A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). au plaisir
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T
Merci pour ce Kado de la rentrée. Des petits plats qui font saliver. Ce smoothie banane-orange-miel-pourpier je me le goutterai bien!! ;-)
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J
Bravo, encore une fois !<br /> J'aime bien ta démarche de tout essayer, observer, comprendre puis tirer des enseignements pratiques, concrets ! <br /> Malgré un départ imminent pour une vadrouille naturaliste, je vais prendre le temps de rebondir à ta dernière livraison !<br /> ================== Le pourpier <br /> Enfin ! Le pourpier, enfin un sujet où je peux un peu "étaler ma science". <br /> Ma "science" en fait, c'est cadeau de ma culture familiale, culture basique d'enfant des campagnes du Sud-Ouest.<br /> Bref, le pourpier je n'ai quasiment jamais cessé d'en manger en salade, j'adore ça. <br /> J'ai découvert tes propositions de recettes et je crois que je vais m'y mettre ! <br /> Sauf le smoothie... avec un nom comme ça, je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a tout de suite l'air moins bon ! C'est comme "hamburger de pourpier", bref le vieux schnok américanoïaque se réveille en moi...<br /> <br /> Bravo aussi pour ta façon de laisser se propager les plantes que tu veux favoriser. C'est tellement plus efficace, moins coûteux en efforts de plantation, d'arrosage...<br /> Au passage, stp, dis-moi l'utilité de tes bouteilles contre le mur de la case... <br /> <br /> Ce que je sais du pourpier :<br /> Bien sûr, comme toi, ne prélever que les pousses tendres, moins amères,<br /> <br /> Comme toi, l'acide oxalique, il faut s'en méfier : <br /> - (Wiki) contenu dans l'oseille, la rhubarbe, la betterave et les plantes de la famille des oxalis (le trèfle rose qu'enfants nous mangions pour ce délicieux petit goût acide...) <br /> - ma grand-mère disait : "c'est poison !" il ne faut pas trop faire (ou laisser) manger ces plantes "oxaliques" aux enfants en croissance. Cet acide détruirait les stocks de calcium... <br /> <br /> - autre effet : Les sels d'oxalate, non alcalins, sont insolubles dans l'eau. L'oxalate de calcium est la cause de calculs rénaux.<br /> - grand amateur d'oseille, (de noix, de céleri, même topo !) j'en ai toujours eu dans tous mes jardins ici en Provence ! Bingo ! en matière de calculs rénaux j'ai eu des oxalates, mais depuis que j'ai réduit ma consommation d'oseille tout va bien ! <br /> A moins que ce ne soit un effet contraire du pastis, euh, pardon, de l'anis étoilé ;-) <br /> A moins que ce ne soit pas si dangereux que ça en dessous de 3 kg par mois :-) <br /> <br /> Peut-être, parmi tes essais, devrais-tu essayer de cuisiner des poissons avec du pourpier à l'intérieur et autour ? pour voir si ça fait comme l'oseille, à savoir ramollir les arêtes...<br /> <br /> Autre remarque, dans nos zones cultivées de Provence, on trouve beaucoup de pourpier dans les vignes... vignes largement arrosées de produits chimiques divers et (a)variés quand elles ne sont pas bio. <br /> Personnellement, je recommande d'éviter d'y cueillir du pourpier, ne sachant pas comment l'acide oxalique dégrade les différents produits chimiques des vignerons.<br /> <br /> Allez, j'arrête, sinon je vais aller essayer ta recette de "concombres à la menthe et au pourpier !" au lieu de faire autre chose. Ce sera pour mon retour !<br /> Amitiés<br /> JJ
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