Paris 1910: histoires d’eaux…
13 03 2010Il y a 100 ans, en janvier 1910, Paris connaît une inondation exceptionnelle, provoquée par des conditions météorologiques particulièrement difficiles. C’est la plus importante de son histoire depuis celle de 1658…Lire la suite…
Ce phénomène de crue est du à la conjonction de phénomènes météorologiques exceptionnels: d’abord 3 mois de précipitations intenses, du 28/11/1909 au 09/12/1909 et du 15 au 31/12/1909, puis une période de pluie et de neige dès le 09/01/1910. Conséquence: les sols étaient gorgés d’eau. Du 18 au 20/01/1910, le retour de fortes pluies provoquèrent une montée rapide de la Seine et de la Marne.
Il s’ensuit alors une crue très importante de la haute Seine et de la Marne qui, ne pouvant s’écouler, envahit Paris et sa banlieue. Le 28/01/1910 le niveau d’eau atteint son maximum. La hauteur fut de 8,62 mètres à Paris, presque la barbe de Zouave du pont de l’Alma soit 6 mètres au-dessus de la cote d’alerte.
Les lignes de chemin de fer situées le long de la Seine sont touchées dès le début de la crue: la ligne des Chemins de fer de l’Ouest reliant le Champ de Mars à Issy-les-Moulineaux voit ses gares inondées, et le trafic est interrompu entre les gares des Invalides et du Champ de Mars.
Le 23 Janvier 1910, le chef de gare de Passy, affiche le message suivant au guichet de sa gare: « Le public est prévenu que par suite de l’ inondation entre le Champ de Mars et les invalides, la circulation est interrompue entre ces deux gares. Les voyageurs sont prévenus d’aller à pied jusqu’ à Issy-Ville.( ! ) »
Sur cette vue, le plan de voie de la gare des Invalides, en tranchée le long de la Seine, est innondé jusqu’au ras des cibles des signaux mécaniques. Au fond, le petit poste d’aiguillages est inondé jusqu’au toit…
Cette carte-photo nous montre l’intérieur de la gare des Invalides, dans laquelle les bancs ont été retournés, et dont une partie du mobilier a été mis à l’abri de la montée des eaux.
Au niveau de la gare de Javel, un cheminot de l’Ouest joue les équilibristes sur une barrière en s’aidant de 2 perches en bois….à gauche, on distingue nettement les rails électriques servant à alimenter les automotrices de cette ligne.
Située le long de la Seine, la ligne de la compagnie du Paris à Orléans (PO) qui relie la gare d’Orsay à la gare d’Austerlitz est également touchée. La gare d’Orsay, ouverte en 1902, présente un curieux visage en ce mois de Janvier 1910 !
En gare d’Orsay, le niveau de l’eau a atteint les passerelles qui enjambent les voies. Sur la gauche de cette vue, on peut voir l’un des transporteurs à bagages, équipement très novateurs en ce début de siècle. Certains éditeurs de cartes postales écriront en légende de leurs clichés qu’un train entier y a été recouvert par les eaux, ce qui est inexact, car le PO avait évacué tout son matériel dès les premiers moments de la crue.
Plus loin sur cette ligne du PO, la gare d’Austerlitz pendant la crue. La cour des arrivées est envahie par les eaux, et l’on s’y déplace en barque !
D’autres gares Parisiennes, situées plus loin de la Seine, sont également touchées par la crue: Les eaux sont remontées par les égouts et par les touts récents tunnels du métro. Devant la gare Saint Lazare, on a disposé des pompes d’épuisement à vapeur, qui rejettent l’eau derrière une petite digue de fortune…
Ci-dessous, dans le quartier de la Bastille, l’omnibus « Montreuil-Chatelet » est abandonné prés du viaduc de l’avenue Daumesnil, qui relie la gare de la Bastille à la gare de Reuilly.
Les abords de la gare de Lyon et les nombreuses barques utilisées pour se déplacer…ce qui fera surnommer Paris pendant la crue « Paris-Venise » par certains éditeurs de cartes postales…
Au total, près de 500 hectares au centre de Paris auront été envahit par les eaux. 15 à 20_000 immeubles seront touchés et plus de 150_000 habitants sinistrés. 20_000 caves ont été inondées. Durant la crue, l’eau a paralysé la ville, la majorité des grandes usines ont été arrêtées, le métro et les liaisons ferroviaires étaient coupés…
Le caractère exceptionnel de cet évènement, qui a bloqué Paris à un moment ou la ville était renommée pour son modernisme, aura marqué les esprits pour longtemps. En 1910, les magazines illustrés et les éditeurs de cartes postales sont les seuls médias existants qui peuvent relayer cet évènement en images. Avec les photographes amateurs, ils fixeront sur leurs plaques de verre de très nombreuses images de la capitale sous les eaux.
Une exposition a lieu actuellement à la galerie des bibliothèques de la Ville de Paris, jusqu’au 28 mars 2010. (Documents exceptionnels issus des fonds de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et de l’agence Roger Viollet).
« Paris inondé 1910″
Jusqu’au 28 mars 2010, du mardi au dimanche de 13h à 19h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Tarif 4 € / 2 € tarif réduit
Galerie des bibliothèques – Ville de Paris
22, rue Malher Paris 4e
Visitez la page de nos trains spéciaux en 2010: « Les Voyages 2010″
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