Yuko Akita avait deux passions.
Le haïku.
Et la neige.
Le haïku est un genre littéraire japonais. Il s’agit d’un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus.
La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.
Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu.
Il porte un nom. Un nom d’une blancheur éclatante.
Neige.
Le roman est savoyard, l’inspiration est 100% japonaise. Le zen s’exporte au-delà des frontières et la neige est universelle. Sa blancheur reste d’une beauté magique au-delà des longitudes. Mont Blanc ou Mont Fuji, tout ce confond...
Un roman court, court comme un haïku. Les chapitres ne sont pas plus longs qu’une demi-page, aussi long que la juxtaposition de deux haïkus...
Un roman construit comme une poésie dont le principal protagoniste est la neige. Neige et Japon. La beauté de ses traditions, le raffinement d’un univers différent, tout est harmonie. La neige, le Japon et l’Amour. L’amour de la neige, l’amour du Japon, l’amour du haïku et l’amour d’une splendide femme, une européenne de surcroit, aussi blanche et pure que la neige, enfouie à tout jamais dans la beauté de ces montagnes enneigées. Belle comme un haïku, blanche comme la neige, pure comme un haïku sur la neige...
Un roman qui me donne envie de prendre mon temps. Lire une page ou un chapitre et refermer le livre. Regarder autour de moi. Espérer voir tomber la neige. Rêver. Lire une nouvelle page. Apprendre un haïku. Illuminer d’une blancheur éclatante mon esprit. Relire la même page, pas tout à fait blanche. Admirer la blancheur des fleurs de cerisiers. M’asseoir face au mont Fuji, les yeux clos, et imaginer. Regarder la neige et écrire un haïku. Regarder le ciel et ses nuages blancs défiler lascivement. Entendre une musique, écouter les oiseaux, et sentir la neige tomber sur mes larges épaules nues. Respirer, lire une nouvelle page, et m’endormir à même le sol en attendant que les flocons de printemps caressent mon visage, en espérant que la neige me recouvre entièrement.
Chaque jour de neige, il [Yuko] prit l’habitude de sortir très tôt de la maison et de marcher en direction de la montagne. Il se rendait toujours au même endroit pour composer ses poèmes. Il s’asseyait en tailleur sous un arbre et restait ainsi de longues heures à choisir en secret les dix-sept plus belles syllabes du monde. Puis lorsqu’il possédait enfin son poème, il le couchait sur un papier de soie.
A chaque jour un autre poème, une nouvelle inspiration, un nouveau parchemin. A chaque jour un paysage différent, une autre lumière. Mais toujours le haïku et la neige. Jusqu’à la tombée de la nuit.
Il rentrait toujours pour la cérémonie du thé.
Et comme avec un haïku sur la neige face au Mont Fuji, je reste contemplatif devant la couverture de l’édition POINTS de 2001. Une œuvre de Yokoyama Taikan dont voici quelques autres exemples de son talent...