NOIRRET Michel

Posté par LA SCALA RETROUVEE le 25 février 2009

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NOIRRET Michel

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T’as d’beaux yeux, tu sais!

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OGUSE photo Noirret

Photo Alain OGUSE

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Eh bien, voila! On le cherchait depuis un bout de temps, on savait qu’il avait émigré, il y a quelques années, en Belgique, où il a, ma foi, pas mal réussi, auteur, compositeur, interprète, auteur de bandes dessinées, réalisateur de films, écrivain déjanté, anar, pince sans rire, humoriste! J’ai appris tout ça, récemment, malgré que l’ on avait, de temps en temps des rumeurs pas toujours vérifiables, sur ce qu’il foutait à l’étranger! Mais chacun savait que Michel avait été, à la Scala, une sacrée pointure, le genre de mec qu’on n’oublie pas. C’est pour ça qu’on lui en voulait un peu d’avoir déserté, à la fois, la Scala et  les instances parisiennes du show bize, qui lui promettaient, nous promettaient, une immense carrière dans la chanson, avec tout le tralala déployé, directeurs artistiques, maison de disques (Philips, ce n’est pas rien), et promotion gigantesque, qu’il méritait, d’ailleurs!

Peut-être que  Michel n’était pas vraiment accro par  ce milieu versatile et frelaté! Je ne parle pas, bien sûr,  de la Scala!!!

Quoiqu’il en soit, notre blog possède, décidément,  une sacrée bonne étoile, voilà ce que nous recevons:

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 Michel NOIRRET dans « Arthur et les petits pois », pièce de M. NOIRRET (1968)

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De Michel NOIRRET.

Objet: A ben ça, alors!

Fouinant à la recherche de je ne sais plus quoi, je tombe sur « la Scala retrouvée ». Putain, le choc!! Parce que c’est une partie vachement importante de mon existence…

Le temps que je me remette et on reprend la conversation.

A pluches!

Michel Noirret.

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Que de joie, que de joie, mon vieux Michel, notre vieux Michel. Tu t’en doutes, on ne t’a jamais oublié, oh non, même que j’ai essayé de te contacter sur un site où ton nom figurait, en demandant ton adresse ou quelque chose d’approchant. (Ça fait deux mois!) Et pas de réponse!

Et là, boom, ton email, putain! C’est du bonheur!

Tu sais maintenant ce qui te reste à faire: un grand écrit de toi, pour que je te couche sur le blog, on te doit ça, tu nous dois ça! Et rapidos, n’est ce pas? Tu témoignes de ce que tu veux, du moment que c’est « copieux », comme dirait Rodolphe ou Sammy, peut-être bien les deux!

Denise et moi, on te bise de toute nôtre Amitié, jamais quittée, à défaut d’être « retrouvée », ah ah ah!!

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                             Deuxième disque de Michel, devant la scala, en 63.

                        Photo prise par  l’ami Stan WIESNIAK, un pote, aussi!

                                                                        *

De Michel NOIRRET.

Objet: re Ah ben ça, alors!

Comme tu dis, rien que du bonheur!

Rapidos, oui, mais quand j’y pense, je vois pas par quel bout commencer. Et puis, y a tellement….. Mais j’y pense, ça, c’est sûr.

Scalâtres: adorateurs de la Scala, secte de création récente, dont la nocivité n’a pas encore été bien évaluée!

La bise à tous et à toutes les « Scalâtres »que tu pourras rencontrer, et, bien sûr, à Denise et à toi, en premier lieu!

A bientôt, donc!

Michel 

                                                                                                                                                                                                                                               

 Le 09 03 09- Voici la bafouille du sieur; Il n’a pas changé, quarante balais après! Un peu goguenard, beaucoup anar, pas mal caustique (ça soude!) Bref, tel qu’ en lui même, le Noirret nouveau est arrivé!

*

La Scala, ou tranche de vie d’un jeune clampin en devenir de vieux con, comme c’est l’usage!

Pourquoi, depuis environ quarante ans que je n’y ai plus mis les pieds,  (d’abord pour cause d’expatriation, puis de fermeture de ce lieu de perdition de toute une jeunesse innocente), la Scala ne m’a-t-elle jamais quitté?

Pourquoi cette phrase de Pépé TOVAR source d’une intense jubilation, me revient-elle, lorsque je tends mon verre à ma compagne, à l’heure de l’apéro?:

« Yacky, oun peti cougna ou yé né youe plous! »

« C’est pas du cognac, c’est du Côte du Rhône. T’as pourtant encore rien bu. »

« Je sais, mais tu peux pas comprendre! »

J’ai fini par expliquer. J’ai toujours été faible avec les femmes!

Pépé TOVAR, je ne me souviens même plus de son visage. Mais quel guitariste! Qu’on n’écoutait pas toujours, c’est vrai. ςa lui gâchait quelquefois, un caractère déjà ombrageux.

Par contre, pourquoi n’ai je pas oublié la tête de Vitold? L »Ethman de Gitomir, selon Rodolphe, qui avait lu l’Atlantide. Rodolphe, le Robin des bois du jardin des plantes. Ce qu’il truandait aux rupins, il le partageait volontiers avec ses camarades de la zône. De plus, inséparable de Sammy, son souffre-douleur préféré.

Vitold, tout sec, déjà âgé, un peu voûté, une grosse boule de chair,(un lipome), lui ornait la joue gauche, mal dissimulée par un abondant piège à macaronis, gris, broussailleux, pour tout dire, mal tenu. Des mauvaises langues disaient qu’un jour, un  malencontreux coup de pied dans les couilles lui avait fait remonter celle de gauche jusque là! (Sur la photo du trombinoscope, on le distingue bien. Marrant: je suis en photo, à l’arrière plan!). Heureusement, Vitold, inaccéssible aux jacasseries du petit peuple, se souciait peu de ces médisances. 

Il était toujours vêtu avec recherche. Canne, chapeau, costume sombre, manteau de saison, gants beurre frais…Beurre rance, plutôt. Ses recherches vestimentaires, en effet, , si j’ose dire, avaient lieu généralement dans les poubelles. Une observation, même superficielle, montrait que son tailleur avait pignon sur rue, comme une bagnole qui vient de perdre sa boite de vitesse au milieu de la chaussée.

La première fois que je l’ai vu, dans la pénombre de la Scala, d’un geste ample, il ouvrait son pardessus avant de s’asseoir, donnant à voir, avec un chouia d’ostentation, dans chacune des poches intérieures, qu’il avait du agrandir, pour la circonstance , une rangée impressionnante et bariolée, de capuchons de stylos à bille. J’en restais impressionné et perplexe. Jamais vu ça, dans l’Ardèche. J’allais en voir d’autre. Des pires et des plus marrantes!  

D’autres personnages restent accrochés à mes neurones. Manou, sa carrure, sa gouaille de parigot, ses frasques diverses qui ont dû en filer, des sueurs, à ses parents! Mais moi, les bagnoles…!

Michel PUTTERFLAM, Hagaï, qui passait ses soirées à tricoter une écharpe, toujours la même, destinée à devenir la plus grande du monde! Acte tout aussi gratuit qu’ininteressant, avouait-il. Juste la beauté du geste. Il n’a pas eu le temps de la finir. Une bagnole l’a fauché sur sa mobylette, à 25 ans!

Et le « beauf« ? Rien à voir avec le personnage de Cabu, imbuvable franchouillard. (Pas Cabu!) Pendant longtemps, le « beauf« affichait un sourire sans aucune dent, sur la machoire du haut ou du bas, je ne sais plus. Et Jacky Scala, son beauf, eh oui, qui n’aurait sans doute pas hésité à déclencher une troisième guerre mondiale, si un calembour en avait dépendu, disait que le « beauf » avait fait la guerre de sans dents »! Et il ajoutait qu’il payerait à boire à tout le monde, quand le « beauf » aurait des dents!

Le traître, voilà-t-il pas qu’un jour le « beauf » débarque avec un brise nouilles flambant neuf! Mais j’ai quitté la France sans savoir si Jacky avait fermé la Scala parce qu’il s’était ruiné à tenir sa promesse inconsidérée!!

Tiens, Lise BELIN, dans le blog! Elle m’impressionnait beaucoup. Notamment pour son indépendance d’esprit, de jugement et de comportement! Une tête bien faite et jolie. Et elle chantait si bien des chansons traditionnelles! Quelques fois, son copain, Jean MORLIER, l’accompagnait à la flûte traversière. J’aimais bien Jean. Je crois qu’il étudiait l’architecture, en plus de la musique. Il lui est arrivé de me prêter sa piaule, au petit matin, quand il partait aux cours. Je pouvais ainsi bénéficier d’un pieu jusqu’à son retour. 

Ni feu ni lieu, ni Dieu ni maître. Ma quadrilogie, à moi. Je me serais bien passé des deux premières « logies ». Mais fallait assumer: c’était ça ou l’usine!

Fraîchement débarqué à Paris, à dix neuf ans et un mois, en septembre 1962, je logeais, très provisoirement et aux frais de la princesse Philips, mais ça n’a pas duré, à l’hôtel de la Méthode, vers la Montagne Sainte Geneviève, jouxtant la « célèbre boite à chansons, tenue par la « mère » AUTREL. (pardon, « madame » AUTREL! Tsss, déjà, la jeunesse ne respectait rien!) Je ne sais plus qui, sans doute quelqu’un de peu recommandable, m’a entraîné à la Scala!

J’arrivais quasi tout droit de mon Ardèche natale, tout seul, sans le sou, sans famille, mais avec un contrat chez Philips, signé par CANETTI. Ca faisait bien dans le CV, mais pas gras dans l’assiette. J’allais échapper d »un poil à la guerre d’Algérie. Les accords d’Evian avaient été signés en mai, je crois.

Un peu plus tard, en janvier 63, année de mes vingt ans, fâcheux contretemps, heureusement bref, j’étais appelé sous les « crapauds », pour servir la France-en train de se doter de la bombinette-, convoqué, sans doute, par erreur, avec l’élite de la nation. L’élite de rouge, ouais!  Fallait voir ce que ça picolait, l’élite! Deux mois plus tard, réformé « définitif », l’ ami de l’élite! Pas pour cause de picole, ah, ben non! Dans les forces armées, on meurt plus d’ accidents ou de maladies dues à l’abus de boissons fermentées ou distillées, que déchiqueté par un obus sur le champ de bataille! Quoique l’un n »empêche pas l’autre. On peut mourir bourré et déchiqueté au champ d’honneur! Qui reçoit la médaille? Le poivrot ou le déchiqueté? Les vignerons devraient avoir, aussi, leur soldat inconnu.

Mais en ce début d’année 1963, la guerre était finie.Trop nombreux, les enfants du « baby boom »! Quelle autre solution que d’en virer le plus possible? De toute façon, après ses déculottées en Indochine et en Algérie, à part l’ Armée du Salut, l’Armée française n’impressionnait plus grand monde.

J’ai pu revenir à la vie normale, c’est-à-dire à la Scala.

Comparer la Scala à la vie normale, j’exagère un peu. L’émotion, sans doute. On n’imagine pas à quel point la normalité, à cette époque, pesait lourd. Tenez, prenez Jean Paul SARTRE! Son livre, »la putain respectueuse » n’est jamais sorti de sa plume! »La p. respectueuse », seulement. Vous me direz que, s’il avait publié son livre dans Hara-Kiri, il aurait pu écrire le mot en entier!

Hara-Kiri, un des rares fenêtres pour s’aérer un peu le cerveau.

La censure et même la pire de toutes les auto-censures, régnait jusque dans les mots. On a du mal à concevoir ça, aujourd’hui. Les relations sexuelles, notamment. Pas de contraception, il était même interdit de faire savoir que c’était possible! ne parlons pas de l’IGV!. Pas plus, d’ailleurs, que d’éducation sexuelle. On ne parlait nulle part de ces choses dégoutantes.

Quelle époque de merde, que le temps de mes vingt ans! Quoique….On ne manquait pas de perspectives: toutes ces choses à casser, ça faisait un avenir!

Artiste à l’état sauvage, je composais (dans ma tête), des chansons que je chantais, m’accompagnant à la guitare, dont je jouais médiocrement.

Mais j’ai appris à la Scala. Rien d’immédiatement concret. J’ai appris à mesurer le chemin à parcourir, pour maîtriser ce à quoi je voulais arriver. Et en même temps, le chemin pour devenir… ce que j’étais. L’un n’allant pas sans l’autre. En somme, ce que d’aucuns appellent « l’Art Royal ». Dur, pour un républicain, hein!

Maintenant, je crois que je peux apporter une réponse à ma question du début. Pourquoi, la Scala ne m’a-t-elle jamais quitté? Parce que je suis né à la Scala. Comme les petits canards de Konrad LORENZ, le premier être vivant qu’ils aperçurent, à leur naissance, je l’ ai suivi, sinon dans le réel, mais dans l’esprit. Ou, du moins, ce que je pensais être « l’esprit ». Ou l’esprit que je lui attribuais. Un bistro a-t-il un esprit? Hein, je vous le demande un peu! On ne va pas se mettre à spéculer là dessus, il commence à se faire tard! 

Il m’a fallu un certain temps à me remettre de la « rencontre » accidentelle, avec le blog publié par Jacky!

Le trombinoscope, ces témoignages, appellent d’autres souvenirs. Certains, toujours présents, depuis l’époque, refont surface, se précisent, bref, ça swingue dans mon cerveau mou, entre mes deux oreilles. L’âge aidant, je suis bien cap’ de me mettre à écrire mes mémoires .

Heureusement, rien ne presse!

Michel NOIRRET.

                                                                                                         

 

 

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