Mots pour Maux : Frédéric Ohlen, un grand de la littérature calédonienne nous offre un poème
DYSPNÉE
Pour Élisée Bec,
animateur et éditeur de la revue Lichen
Le sait-on assez, la poésie est
un respirateur pour tout asphyxié
On souffre toujours, nous les humains,
de pneumonie latente ou foudroyante
On est donc toujours à la recherche d'oxygène
d'où qu'il vienne :
de l'éditeur-jardinier, du poète qui nous inocule en chemin
sa formule ou son vaccin,
voire d'un humble ver marin
qui sait, lui, respirer sous le sable !
Oui, comme tout un chacun,
on essaie bêtement de ne pas mourir
Au plus simple des motifs :
pour n'avoir pas su assez fortement vivre
quand il était encore temps.
Débile, hélas, sans pep's ni impetus,
biffé de la Liste
par défaut.
A tous les inspirés
merci de nous empêcher
sang d'encre ou Souffle d'Or
de trop médiocrement être
Frédéric Ohlen
Nouméa, le lundi 13 avril 2020.
Écrivain, poète, éditeur, enseignant, Frédéric Ohlen est né en 1959 à Nouméa. Il vit ses premières années dans la ferme de son grand-père. Il y apprendra l’amour des mots et du monde. La poésie est au cœur de son itinéraire : l’enfance, la mort, les îles, elle noue avec le monde de l’intime et celui de la Terre, des terres, un lien quasi viscéral. Ancien président de la Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie, fondateur des éditions L’Herbier de Feu, Frédéric Ohlen a une très riche bibliographie en plus de la poésie, qui va du roman au récit de vie, en passant par l’anthologie poétique ou l’album jeunesse. Deux de ses ouvrages, Quintet un roman et Les Mains d’Isis, ont été publiés chez Gallimard.