KRUTH-WILDENSTEIN, UN LAC, UN CHÂTEAU (R 17)

→ 7,4 km  ~ D+ 168 m  ~ FACILE (2/6) ~ *** ~ Non compatible VTT-VEA

Je vous propose une petite randonnée qui est une grande découverte, facile et idéale en toutes saisons (sauf au plus dur de l’hiver) : elle associe le tour du lac de Kruth-Wildenstein à la montée au Schlossberg, et pourra même se prolonger par le parcours d’arbre en arbre. Au programme : beauté des paysages, calme d’une nature préservée et sensations fortes !

Départ et arrivée : grand parking, env 1 km après le village de Kruth et juste avant d’arriver au bord du lac. Accès facile depuis Thann par la RN66, puis par la D13bis au rond-point de Wesserling (1ère sortie à droite). Distance : 7,4 km (**). Dénivelé positif : 168 m (**). Difficulté particulière : aucune ! Temps total : 2 h 15, pauses photos et lectures des panneaux comprises (*), mais sans compter l’éventuel parcours d’arbre en arbre. Conseils : une petite bouteille d’eau et un anorak léger genre K-way.

Descriptif (pas de carte, mais une trace GPS à la fin du descriptif) :

Depuis le parking, partir par le chemin de terre qui longe la route, direction « Parc d’arbre en arbre ». En 5 mn, on arrive au bord du lac, et on est très vite gagné par l’atmosphère de calme et de bien-être qui se dégage du site. La baignade est autorisée (non surveillée et aux risques et périls des usagers), et on peut envisager une promenade en pédalo. Le camping et les feux de camp sont en principe interdits (lire au bas de l’article les précisions du SMBKW), de même que le patinage (en hiver !).

Après passage près du snack et local du parc « Arbre aventure » de Kruth (1), suivre le chemin « Tour du lac », qui longe la route.

On arrive vite (20 mn env) à la zone amont du lac. En période de basses-eaux, il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au bout, mais au printemps on n’aura pas d’autre solution !

Prendre à gauche le « chemin sur la digue », et sa passerelle. Celle-ci passe sur la Thur, qui ne délivre actuellement pas la moindre goutte d’eau !

Toutefois, en passant de l’autre côté de la route de contournement, on grimpera rapidement jusqu’à l’étonnante cascade du Bockloch, c’est le nom du ruisseau qui se jette (vraiment !) dans le lac.

Retour sur le chemin « Tour du lac », pour une lecture, des deux côtés, d’un panneau d’informations fort bien fait. L’itinéraire réservé aux piétons alterne les passages sur le bord gauche de la route (3), avec des glissières de sécurité en bois en guise de protection, et des passages au bord de l’eau.

En plusieurs endroits, les ‘’bénéficiaires’’ sont invités à respecter la propreté du site, et ça marche ! Sur tout l’itinéraire « Tour du lac », je n’ai pas vu un seul déchet !

Retour au bord de la route, et on profite du pont au-dessus d’un ruisseau, aussi à sec que la Thur ; le chemin forestier du Bockloch (forêt communale de Kruth) monte sur la droite. Plus loin, un autre chemin monte vers le Petit Ventron et Winterges (forêt communale de Fellering) ; le barrage est maintenant tout proche !

On arrive à la digue, sur laquelle il faut passer. L’ouvrage est un peu vieillot, et le masque amont, pourtant entièrement changé il y a quelques années, n’échappe pas à cette impression, mais il est toujours aussi impressionnant ! Sur la gauche, on mesure l’immensité du lac (le plus grand lac artificiel d’Alsace, sauf erreur) ; à droite, le village de Kruth et, au bas du barrage, le ‘’caniveau de pied’’, autrement dit la sortie de la Thur ; devant nous est le puits évacuateur de crues. Un peu partout, on remarque de petites pyramides blanches, 1 m de hauteur environ : classiques de ce genre d’ouvrages, elles servent aux géomètres à fixer leurs instruments de mesure, pour vérifier avec une grande précision la stabilité du terrain et donc la solidité des installations.

Au bout de la digue, en face du puits évacuateur de crues, un panneau d’affichage explique la création du lac et de son barrage (lire ci-dessous).

Partir par la gauche, en suivant la route goudronnée interdite à la circulation. À notre droite, la montagne du Schlossberg et ses petites falaises de granit ; un peu plus loin, sur la gauche, descendre le chemin jusqu’au belvédère d’observation. L’endroit est en général squatté par les jeunes, et on y voit plusieurs emplacements de feux… et quelques bouteilles vides. Les rochers en contrebas servent aussi de plongeoir, du moins lorsque le niveau de l’eau est suffisant.

Remonter jusqu’à la route par l’escalier ; juste en face, un panneau indique « Circuit du Schlossberg », repéré par un " anneau vert ". Un rien plus haut, un autre panneau prévient : le sentier s’annonce escarpé !

Ce sentier est juste magnifique, parfaitement balisé, sécurisé et entretenu : les bénévoles du Club Vosgien de Saint-Amarin font là un travail remarquable ! Aucune difficulté en vue, mais ça monte. En un quart d’heure, on débouche au milieu des ruines du château de Wildenstein : quel étonnement ! (4). Prendre le temps de les parcourir (attention : certaines zones sont dangereuses), et de lire les nombreux panneaux explicatifs.

D’un côté, la vue est saisissante sur le lac de Kruth-Wildenstein ; de l’autre côté, la vallée de Kruth montre son profil en U à fond plat, caractéristique des vallées glaciaires, le dernier épisode froid s’étant terminé ici il y a 10 000 ans.

On ressort du site du château par le tunnel : ce système de protection est unique en Alsace ! Conçu entre 1552 et 1568, il a été creusé à la main par une dizaine de mineurs, qui y ont travaillé durant toute une année.

On passe ensuite par la barbacane (l’escalier est escarpé, mais on peut se tenir), et la descente en forêt est enrichie de nombreux panneaux d’explication sur l’histoire et la géologie du Schlossberg. On longe maintenant le parcours dans les arbres, qui réservera des sensations fortes aux enfants, ados et adultes (il faut aller à côté du snack pour s’inscrire), et se terminera sans doute par la fameuse tyrolienne.

Pour nous, après avoir rejoint la petite route et être passé sous le câble : prendre le chemin qui part sur la droite, et redescend vers le parking. En passant, on verra les panneaux d’annonce du site d’escalade du Schlossberg, les différents secteurs étant reliés par un sentier réalisé par les bénévoles du Club Vosgien de Saint-Amarin. Nous retrouvons la voiture, deux heures et quart après le départ.

Textes et photos : Pierre Brunner, août 2016.

→ AVEC OPENRUNNER : L’accès direct à ce parcours est ici, et il est téléchargeable sur GPS : https://www.openrunner.com/r/10105804

Le barrage :

Il a été construit au début des années 60’, mais l’idée de cet imposant ouvrage hydraulique est beaucoup plus ancienne : les industries textiles et métallurgiques de la vallée avaient besoin de beaucoup d’eau pour faire tourner leurs machines (eau d’énergie) et aussi comme eau de fabrication et de dilution des résidus, et les premières études pour la création d’une réserve d’eau en aval de Wildenstein datent du milieu du 19ème siècle.

Mais rien ne s’est fait, et le projet fut repris un siècle plus tard par le Département du Haut-Rhin. Aux besoins des industriels s’ajoutaient ceux des collectivités locales (alimentation de la nappe phréatique et évacuation des eaux usées) et de l’agriculture (irrigation). L’objectif était autant de limiter l’impact des crues (écrêter) en périodes de hautes eaux, que d’assurer un débit régulier à la rivière durant la période sèche.

Après le choix du type de barrage (terre compactée avec un masque amont étanche), les travaux ont été réalisés entre 1960 et 1965, sous la maîtrise d’ouvrage du Département, avec le concours technique et financier du ministère de l’agriculture, et la participation financière des usagers industriels et des communes. On trouvera de très intéressantes photos du chantier du barrage sur le site http://lac-de-kruth.onlc.eu/89-Histoire-du-Lac-de-Kruth-Wildenstein.html

Quelques chiffres pour le lac : 81 ha de superficie, 12 millions de m3 d’eau, 36 m de profondeur maximale. La digue fait 37 m de hauteur, pour 400 000 m3 de remblai compacté.

L’utilisation touristique du site est venue naturellement par la suite : elle a heureusement pris un aspect fort raisonné, sous la conduite du SMBKW, Syndicat Mixte du Barrage de Kruth-Wildenstein.

Notes :

1. Site http://www.parcarbreaventure.com/. Les personnes intéressées par le parcours dans les arbres pourront se renseigner et récupérer leurs matériels de sécurité.
2. Schlossberg, traduction : montagne du château. Cette colline est en réalité un verrou glaciaire : une fois au sommet, on en verra deux autres vers l’aval, le Baerenberg et le Maerelberg, qui entourent Oderen.
3. Cette route (D143) est en sens unique jusqu’à la sortie du terrain de camping, en dessous du barrage, la voie de droite étant réservée au stationnement.
4. « Le château de Wildenstein culmine à 666 mètres d'altitude sur un piton rocheux daté de l'ère glaciaire ; il est considéré comme l'un des plus grands châteaux d'Alsace. Édifié en 1312 par Pierre de Bollwiller, vassal du comte Ulrich 1er de Ferrette, il fut engagé en 1377 aux Waldner de Freundstein, famille noble de Guebwiller. L'abbaye de Murbach rachète les ruines en 1478 et l'abbé Jean-Rodolphe de Stoer y entreprend de grands travaux de reconstruction. Le château sera pris par les troupes de Lorraine puis par les troupes françaises durant la guerre de Trente Ans. En 1644, le château sera détruit par les troupes Suédoises de Von Erlach. Le château est accessible par un tunnel d'une vingtaine de mètre de long, creusé dans la roche. Au bout du tunnel le visiteur arrive sur la plate-forme de construction. Les vestiges du château sont rares, avec les restes de deux tours rondes, de remparts et de l'écurie. » (Sources : « Châteaux et Seigneurs, Histoires d'Alsace » par l'association de recherches médiévales [Editions Coprur 1997], et Wikipédia 2012.)

(*) Les temps donnés ici sont indicatifs : ils correspondent à ceux d’une personne adulte entraînée à la randonnée, marchant à une vitesse moyenne à soutenue.

(**) DISTANCE et DÉNIVELÉ : ils sont calculés à partir du site OpenRunner https://www.openrunner.com/

→ On peut maintenant suivre les randonnées et les articles-découvertes de Pierre Brunner sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter et Linkedin !

Les précisions du SMBKW :

Suite à la publication de cet article, et suite au commentaire de M. François Tacquard (lire ci-dessous dans la rubrique « Commenter cet article »), le SMBKT, Syndicat Mixte du Barrage de Kruth-Wildenstein, apporte les précisions suivantes, pour lesquelles nous le remercions vivement :

« Nous revenons vers vous par rapport au document Kruth-Wildenstein, un lac, un château. Bravo pour les explications, photos.... et vos constats positifs relatifs à l'entretien du site en général.

Juste pour votre info et en trois mots : Le Syndicat Mixte du Barrage de Kruth-Wildenstein est le gestionnaire du site du lac. Il entreprend les travaux d'aménagements touristiques et assure l'entretien (fauchage, déchets, débroussaillage etc...). Le Président du Syndicat Mixte est François Tacquard.

La partie hydraulique est gérée par le Service Rivières et Barrages du Conseil Départemental du Haut-Rhin.

Deux petites remarques concernant le volet "Descriptif" (thèmes baignade et feux) :

1. La baignade se pratique aux risques et périls des usagers.
2. Les feux à même le sol sont interdits. Seuls les barbecues sur pieds sont autorisés.

Dans le paragraphe "Barrage" : L'exploitation touristique du site ..................... sous la conduite du Syndicat Mixte du Barrage de Kruth-Wildenstein et non de la Communauté de communes de la vallée de Saint-Amarin. Il est vrai que M. François Tacquard est le Président des deux structures.

Si vous voulez bien tenir compte de ces trois éléments, le reste est super. Très cordialement, L'équipe du SMBKW »