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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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la Rue, une plante amère

 

«C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la rue kétanou», ainsi que le chante

le groupe «La Rue Kétanou». Puisqu’elle est à nous, la rue, profitons-en pour la

découvrir.


 

Ruta graveolens-L, ruta : de la famille des Rutacées, graveolens, qui sent fort, L classée par Linné. Voila pour l’état civil. Elle porte des surnoms tellement contradictoires qu’on pourrait douter de son honnêteté, «belle fille» et «herbe de grâce», c’est plutôt attirant, mais «puante» et «abortive», ça sent le souffre, la marmite de sorcière, on en a brûlé et guillotiné pour moins que ça !

Cette plante, venue des Balkans et de l’Italie méridionale fut connue dès l’Antiquité. Très jolie vivace aux gracieuses feuilles polylobées qui porte des petites fleurs jaunes lumineuses, la rue pousse bien dans les terres sèches et ensoleillées et même à l’ombre dans mon jardin, son aspect est séduisant. Mais elle dégage une odeur forte et pénétrante, qui peut déplaire à certains et qui repousse les chats, les rongeurs et même les vipères (pour les langues de vipères, c’est moins efficace !).

Incontournable des jardins de simples, elle fait partie des plantes recensées dans le Capitulaire de Villis. Les feuilles séchées ou fraîches faisaient partie du bouquet que l’on plongeait dans les marmites de soupes et de pot au feu. Elles garnissaient également les salades, en petite quantité cependant, car à fortes doses, la rue peut-être toxique.

En raison de ses vertus apéritives, la rue entre dans la composition de vins, de vermouth. Dans la grappa, une eau de vie de marc de raisin, on fait traditionnellement infuser une branche de rue pour la parfumer.

L’huile essentielle de rue est appréciée de l’industrie agro-alimentaire et de la parfumerie car elle apporte un note semblable à celle des pois de senteur.

 

La rue dans l’assiette

Mâchez-en quelques feuilles et vous découvrirez l’amer dans toute sa splendeur. Quelques feuilles dans une salade de toma-tes ravivent le goût des olives de l’huile qui l’assaisonne. La rue fut d’abord l’un des ingrédients d’un condiment très prisé des romains, le moratum.

 

La rue, bonne pour la santé

Classée dans la catégorie des toniques-amers, la rue a toujours été utilisée en médecine pour faciliter la digestion et l’écoulement de la bile, et chasser les vers. Contenant de la rutine, elle est aussi vasoprotectrice. Grâce à certains alcaloïdes, la rue favorise l’acuité visuelle. Mais ce qui a fait sa funeste réputation sont ses qualités emménagogue (qui fait couler le sang) et abortive. Employée pour faire venir les règles, elle favorisait aussi les avortements, c’était la plante favorite des faiseuses d’anges.

Mais oublions cela et voyons plutôt ses côtés positifs. Elle a servi de protection contre la peste, pour des voleurs certes ... On raconte que pendant la peste de 1630

à Toulouse, 4 voleurs détroussaient sans dommage les pestiférés décédés en utilisant un masque trempé dans une décoction vinaigrée de plantes dont la rue, cette potion fut appelé le vinaigre des 4 voleurs.

Si vous êtes un peu paranoïaque, vous pouvez toujours vous préparer l’antidote de Mithridate en écrasant 20 feuilles de rue avec 2 noix et 2 figues sèches et un peu de sel pour vous prémunir contre d’éventuels empoisonnements.

«Mêlées au vin, la sauge et la rue l’empêchent de nuire.

La rue aiguise la vue,

L’infusion du fenouil, de la verveine, de la rose, de la chélidoine et de la rue l’éclaire Ecole de Salerne

 

 

Meilleure vision avec la rue et même acuité de la vision intérieure… Nous entrons dans un autre domaine. Ses vertus stupéfiantes la faisaient apprécier de certains artistes qui en consommaient pour favoriser leur inspiration, elle permettait d’aller au-delà, on disait qu’elle agissait sur le 3ème oeil. 

le 04.03.15 à 17:01 dans Autour de la nourriture
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Commentaires

Vinaigre des 4 voleurs

 Bonjour,

Après deux ans de recherche, avec une collègue allemande, spécialiste des vinaigres de santé, il nous semble que l’origine toulousaine du vinaigre des quatre voleurs ne repose sur aucuns documents.

Le docteur Roucaud, dans son ouvrage de référence La peste à Toulouse -Des origines au XVIIIème siècle, 1919, n’a pas trouvé la moindre trace de ces quatre voleurs dans les archives de la ville, du parlement ou des capitouls.
A peine lui consacre-t-il trois lignes, page 390, "Le vinaigre des quatre voleurs, ainsi appelé parce qu’il aurait été inventé par 4 malfaiteurs de Toulouse qui s’en servaient pour dévaliser les pestiférés sans danger".

Nous penchons plus pour l’origine marseillaise, un siècle plus tard.

Cordialement,
Bernard Pichetto.




Bernard Pichetto - 15.03.15 à 14:38 - # - Répondre -

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L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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