Vincente Minnelli

Vincente Minnelli

Pour accompagner sa rétrospective intégrale sur Vincente Minnelli, le Centre Georges Pompidou avait mis en avant dans sa librairie la monographie écrite par Jean-Pierre Deloux. L’occasion pour FilmDeCulte de revenir sur le dernier ouvrage français consacré au grand réalisateur.

UNE BIOGRAPHIE ET BIEN PLUS ENCORE

Coédité en novembre 2000 par la BiFi (Bibliothèque du Film) et les éditions Durante, cette monographie de Vincente Minnelli est le troisième ouvrage de la collection Ciné-regards. Répondant à la ligne éditoriale de "fournir au cinéphile, amateur ou éclairé, l'ensemble des informations biographiques et documentaires nécessaires à la connaissance d'un cinéaste.", il se compose de huit sections thématiques. La première intitulée Sous le signe du Lion n’est autre qu’une biographie de 86 pages décomposée en dix chapitres. Après un prologue très engagé sous forme de petite historique de la critique cinématographique en France, visant à réhabiliter Vincente Minnelli et à estomper l’image de "dinosaure oublié" qu’il traîne auprès du public hexagonal, Jean-Pierre Deloux se lance dans une exploration chronologique de la carrière du réalisateur. "Enfant de la balle" aux talents précoces, "homme orchestre" bourré d’ambition, une bonne fée se serait penchée sur le berceau de Minnelli pour le faire voyager sans encombre de Chicago à New York, de New York à Hollywood. "Aller-retour" d’une côte à l’autre, la carrière du décorateur-costumier-metteur en scène-conseiller artistique-cinéaste-producteur américain le plus en vue d’après guerre est sans cesse replacée dans le contexte artistique qu’elle traverse. Evolution de la comédie musicale à Broadway puis au cinéma, expositions surréalistes et impressionnistes à New York, situation des studios hollywoodiens lors de son arrivée en Californie, historique de la MGM, Jean-Pierre Deloux se sert constamment du tout pour éclairer la petite partie que représente Minnelli.

ILS ONT LA PAROLE

Pour compléter cette biographie, Jean-Pierre Deloux propose trois séries de paroles rapportées. La première répondant à l’appellation Le cinéma selon Minnelli regroupe les mots du réalisateur, extraits de son autobiographie (Tous en scène, J.-C Lattès, Paris, 1981) et d’entretiens au sujet de ses différents films (principalement réalisés par Charles Highman et Joel Greenberg pour leur livre The Cellulloid Muse), le tout étant classé thématiquement et chronologiquement. La deuxième, intitulée Témoignages, donne la parole aux différentes personnes ayant collaboré avec Vincente Minnelli. On retrouve bien entendu des interviews des figures de premier plan telles que Fred Astaire, Kirk Douglas, Arthur Freed ou Gene Kelly, mais également de techniciens proches du maître, comme le photographe et costumier Cécil Beaton, les scénaristes Betty Comden, Adolph Green, Dalton Trumbo et Sid Perelman, le directeur de la photo George Folsey, la costumière Irène Sharaff ou encore le producteur John Houseman et l’actrice Deborah Kerr. Enfin la section Panorama Critique reprend le principe chronologique de la première série pour proposer un tour d’horizon film après film des critiques, pour la plupart françaises et principalement positives, voire dithyrambiques, publiées autour des œuvres de Minnelli. Si ces paroles rapportées s’avèrent fort intéressantes de par leur portée historique et dans leur capacité à proposer un point de vue kaléidoscopique sur le travail minnellien, elles sont parfois un peu redondantes avec la biographie qui les précède, Jean-Pierre Deloux y faisant maintes fois allusion au cours de son texte.

MINNELLI EN DATES ET DESSINS

Le "bonus" le plus intéressant et remarquable de cet ouvrage est sans aucun doute la section Documents, qui se compose de six dessins en noir et blanc réalisés par Vincente Minnelli pour l’édition de 1931 des livres de Giovanni Giacomo Casanova. Des corps filiformes et dénudés, sertis de courbes et de volutes sur des fonds géométriques, dénotent d’un fort érotisme dans une esthétique mélangeant art-déco et surréalisme. Une thématique érotisante que Minnelli, selon l’auteur, n’aurait développé au cinéma que dans les séquences de Cyd Charisse. De plus, pour se repérer dans ce paysage minnellien complexe et foisonnant, Jean-Pierre Deloux a parsemé ça et là quelques phares indispensables à la bonne navigation. Ainsi, huit planches de photos présentant Minnelli sur le tournage de ses différents films ont été placées en plein cœur de la biographie, cette dernière étant d’ailleurs immédiatement suivie de quatre pages de repères chronologiques rassemblant des éléments de sa vie professionnelle et de sa vie privée. L’ouvrage se clôt sur des sections certes très classiques mais tout à fait incontournables: une filmographie intégrale (collaborations comprises) proposant pour chaque film une fiche technique et artistique la plus exhaustive possible, ainsi qu’un petit résumé; une bibliographie regroupant à la fois les livres et revues consacrés à Minnelli, mais également les ouvrages et articles d’art et de cinéma le citant, ainsi que les vidéos et DVD de ses films disponibles sur le territoire français en 2000.

par Julie Anterrieu

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