Crises épileptiques chez le lapin Blanc de Vienne

 

 

Esther van Praag, Ph.D.

 

 

MediRabbit.com est financé uniquement par la générosité de donateurs.

Chaque don, peu importe la somme, représente maroonune contribution considérable et aidera à la poursuite de la recherche sur les maladies, les soins, et la santé des lapins.

Merci 

Attention: ce texte contient des images qui peuvent choquer certaines personnes    

Les vraies crises épileptiques sont rares chez le lapin. Les causes sont diverses. Chez le Blanc de Vienne aux yeux bleus, les crises d’épilepsie ont une origine audiogénique, déclenchée par un son ou un mouvement brusque.

Lapin Blanc de Vienne (?) de Josef Diveky - « Ateliers Viennois », 1908

La croissance active des poils est accompagnée par l’expression du pigment brun/noir « eumélanine » et du pigment jaune « phaéomélanine ». La présence, l’absence ou les variations dans les combinaisons de ces deux pigments sont déterminées génétiquement. La distribution de la densité du pigment le long de la tige du poil influencera la saturation de la couleur. L’absence totale de pigment est à l’origine du caractère albinos.

Deux types distincts d’albinisme sont observés chez le lapin :

-    Un albinisme complet, sans synthèse du pigment mélanine au niveau de la peau, du pelage, des yeux, des ongles et toutes les autres parties du corps. Ces lapins blancs ont, par conséquent, les iris des yeux de couleur rosée à violacée.

-    Un albinisme incomplet, avec la présence de petites quantités du pigment mélanine dans toutes les parties du corps et un nombre réduit de cellules pigmentées dans l’iris des yeux. Ces lapins ont les yeux bleus.

Le lapin Blanc de Vienne

Les lapins de Vienne ont, comme leur nom l’indique, une origine autrichienne. Les premiers individus au pelage bleu sont apparus

autour de 1895. Peu d’années après, quelques éleveurs autrichiens ont tenté d’obtenir des lapins au pelage blanc qui n'aient pas de yeux rouges, le lapin Blanc de Vienne. Pour atteindre cet objectif, un éleveur autrichien a croisé ses Blancs de Vienne avec des lapins Hollandais au pelage très panaché (très blanc) et aux yeux de couleur bleu.

MediRabbit

Les jeunes Blanc de Vienne souffrent plus souvent de crises épileptiques

En 1907, les premiers Blancs de Vienne aux yeux bleus sont présentés et la race est officialisée par un standard.

Un éleveur allemand a lui aussi réussi cet exploit, mais ses sujets présentaient parfois des tâches de couleur sur la croupe, les oreilles ou autour des yeux. Signes typiques de la présence de gènes de la race Hollandaise chez ces Blancs de Vienne. Il a rebaptisé ses lapins du nom de « Hussumer ». Son élevage a été détruit durant la première guerre mondiale et la race a malheureusement disparue.

Depuis, le Blanc de Vienne a été croisé avec d’autres races et présente de nos jours un type corporel semblable aux lapins Vienne de couleur. Sa taille est néanmoins inférieure. Les principales caractéristiques de ce lapin sont son pelage blanc dense et soyeux, ses yeux de couleur bleu pâle et une sensibilité particulière aux sons et aux mouvements brusques.

MediRabbit

Pigmentation légère de l’iris, lui donnant une couleur bleue

Pigmentation chez le Blanc de Vienne

Différentes théories ont essayé d’expliquer le pelage blanc chez les races issues du lapin Hollandais. Longtemps, la production de la mélanine a été liée au gène récessif à pénétrance complète « v ». Chez les lapins de Vienne, les sujets homozygotes « vv », la production de mélanine est limitée aux yeux, d’où leur couleur bleue, et très peu dans les autres parties du corps. Chez les sujets hétérozygotes, porteurs d’un seul gène v, une quantité plus grande de pigment serait produite au niveau du corps et des yeux. Par conséquent, ces lapins ont souvent des iris marbrés. Cette théorie est celle d’une mutation apparue soudainement et transmise à la descendance. Le Blanc de Vienne est, par contre issu d’un travail de longue et patiente haleine par l’homme.

De nos jours, il est suggéré que le lapin Hollandais et les races issues de ce dernier soient porteurs du gène dominant « Hol » et de nombreux polygènes modificateurs qui influencent le degré de panachure sur le corps et, en conséquence, la couleur des yeux. L’effet d’un seul polygène a peu d’effet. C’est la somme des polygènes qui influencera grandement le degré de panachure sur le corps de l’animal et la couleur des yeux. Une association des yeux bleus avec d’autres anomalies oculaires est possible, par ex. une hypoplasie ou un colobome de l’iris, ou un déplacement de la position de centrale de la pupille (corectopie). Ce dernier a été observé chez un lapin Blanc de Vienne.

Michel Gruaz

Déplacement de la position de centrale de la pupille (corectopie) chez un Blanc de Vienne.

Chez d’autres animaux, une association existe entre les yeux bleus et une surdité congénitale, lien qui n’a pas pu être établi chez les lapins blancs aux yeux bleus.

Origine génétique des crises épileptiques

Les manifestations épileptiformes résultent de dysfonctionnements de l’activité neuronale dans le cerveau. Chez les lapins, elles sont rarement primaires, mais plutôt secondaires à un traumatisme, une maladie infectieuse ou une parasitose. Une incidence plus élevée de troubles neurologiques comme des crises d’épilepsie est observée chez les lapins blancs aux yeux bleus issus du lapin Hollandais ou le lapin Beveren. Les causes sont idiopathiques, mais les stimuli visuels (mouvement brusque) ou auditifs (cri strident, sifflement) peuvent devenir des facteurs déclencheurs. Ces crises durent quelques minutes et présentent différentes phases.

Différents chercheurs ont conclu que ces crises sont liées à la présence d’un gène seul récessif à pénétrance incomplète. Certains ont suggérés un lien avec le gène du nanisme, qui est parfois exprimé spontanément chez les Blancs de Vienne. Pour d’autres, les crises audiogéniques sont plus souvent observées chez les individus Blancs de Vienne homozygotes « vv », que chez les hétérozygotes « Vv », ainsi que chez les sujets de 2ième et 3ième génération issus de lignées consanguines. Plus récemment, des chercheurs ont conclu que ce n’est pas un gène qui est lié aux crises, mais un groupe de gènes avec un effet de seuil, L’expression de quelqu’un de ces gènes n’a pas d’effet. L’expression simultanée de beaucoup de ces gènes, au-delà de ce seuil, provoque l’apparition des crises épileptiques.

MediRabbit

Crise épileptique tonico-clonique chez une lapine Rex bleue de presque 8 ans

Crises typiques des Blancs de Vienne

Chez un individu sain, l’activité cérébrale est strictement régulée. Lorsque ce système est dérégulé, des décharges électriques soudaines et simultanées provoquent une hyperactivité neuronale dans une région du cerveau ou dans le cerveau tout entier. Chez le Blanc de Vienne, les crises épileptiques apparaissent à un âge très jeune, entre 6 et 8 semaines. Elles se déroulent typiquement en 4 phases, typiques des crises tonico-clonique ou crise « grand mal » avec perte de conscience. Ces crises sont les plus difficiles et les plus spectaculaires à observer. Durant la phase 1 d’excitation, l’animal devient inconscient, tombe sur le côté et commence à se rouler. La phase 2 est caractérisée par une contraction musculaire généralisée et un mouvement d'oscillation involontaire et saccadé du globe oculaire. Le corps est rigide et les muscles se raidissent. La respiration est à peine visible et une détresse respiratoire est possible. La mâchoire est crispée et des contractions involontaires des muscles de la mâchoire peuvent causer des morsures à la personne tenant l’animal. Les pupilles sont dilatées. Une cyanose des muqueuses de la cavité orale est possible car le sang est centralisé dans le corps afin de protéger les organes internes. Cette phase est très rapide et ne dure que quelques secondes. La phase 3 est dite clonique ou de « relaxation », avec une diminution de la rigidité du corps, l’ouverture des yeux et des mouvements de mastication. Les membres présentent des mouvements spastiques rapides. La respiration redevient visible. Les pupilles se contractent et se dilatent Une salivation excessive ou une incontinence urinaire ou fécale est possible à ce stade. La phase 4 est celle du rétablissement. Le lapin se remet debout et apparaît groggy. Ce type de crise ne dure que quelques minutes. Après, le lapin reprend conscience et se détend. Il peut apparaître fatigué, confus, ou reprend le cours de sa vie comme s’il ne s’était rien passé.

Remerciement

Toute ma gratitude à Michel Gruaz (Suisse) pour ses photos et la permission de les utiliser sur cette page.

Informations supplémentaires

Arnold J. Les modèles de pigmentation chez le lapin. Dans : PARCOURS ANIMALIER, Escapades zootechniques, Cheminement cuniculicole.

Boucher S. Nouvelle données sur les lapins blancs aux yeux bleus.

Goin J. Ophtalmologie des NAC : Principales affections oculaires chez le lapin. Le Point Vétérinaire 2015;359:24-32.

Hinkle A. Color Genetics of the Dwarf Hotot. American Dwarf Hotot Specialty Club Guidebook. 2011; 112-16.

Miklos Botha M, Petrescu-Mag V, Hettig A. Genetic disorders in domestic rabbits (Oryctolagus cuniculus). International Journal of the Bioflux Society. Rabbit Genetics 2014; 4:7-47.

Reiswig R. Rabbit Eye Color Examples.

Rennie IG. Don't it make my blue eyes brown: heterochromia and other abnormalities of the iris. Eye (Lond). 2012;26(1):29-50.

Searle A.G., 1968; Comparative genetics of coat colour in mammals, Logos press Academic press, London, 308p.

Toyoguchi M. Cheng L, Freeman WR. Heterochromia in rabbit - Heterochromia in a dutch pigmented rabbit. International Journal of Ophthalmology 2007; 7(4):932-933.

 

 

 

e-mail: info@medirabbit.com