Crises épileptiques chez le lapin Blanc de Vienne
Esther van Praag, Ph.D.
MediRabbit.com est
financé uniquement par la générosité de donateurs. Chaque don, peu importe la somme, représente maroonune contribution
considérable et aidera à la poursuite de la recherche sur les maladies, les
soins, et la santé des lapins. Merci |
Attention: ce texte contient des images qui peuvent choquer certaines personnes
Les vraies crises épileptiques sont rares chez le lapin. Les causes sont
diverses. Chez le Blanc de Vienne aux yeux bleus, les crises d’épilepsie ont
une origine audiogénique, déclenchée par un son ou
un mouvement brusque.
autour de
1895. Peu d’années après, quelques éleveurs autrichiens ont tenté d’obtenir
des lapins au pelage blanc qui n'aient pas de yeux rouges, le lapin Blanc de
Vienne. Pour atteindre cet objectif, un éleveur autrichien a croisé ses
Blancs de Vienne avec des lapins Hollandais au pelage très panaché (très
blanc) et aux yeux de couleur bleu. MediRabbit Les jeunes Blanc de Vienne souffrent plus souvent de crises épileptiques En 1907, les premiers Blancs de Vienne aux yeux
bleus sont présentés et la race est officialisée par un standard. Un éleveur allemand a lui aussi réussi cet
exploit, mais ses sujets présentaient parfois des tâches de couleur sur la
croupe, les oreilles ou autour des yeux. Signes typiques de la présence de
gènes de la race Hollandaise chez ces Blancs de Vienne. Il a rebaptisé ses
lapins du nom de « Hussumer ». Son
élevage a été détruit durant la première guerre mondiale et la race a
malheureusement disparue. Depuis, le Blanc de Vienne a été croisé avec d’autres races et présente
de nos jours un type corporel semblable aux lapins Vienne de couleur. Sa
taille est néanmoins inférieure. Les principales caractéristiques de ce lapin
sont son pelage blanc dense et soyeux, ses yeux de couleur bleu pâle et une
sensibilité particulière aux sons et aux mouvements brusques. MediRabbit Pigmentation légère de l’iris, lui donnant une couleur bleue Pigmentation chez le Blanc de Vienne Différentes théories ont essayé d’expliquer le
pelage blanc chez les races issues du lapin Hollandais. Longtemps, la
production de la mélanine a été liée au gène récessif à pénétrance complète «
v ». Chez les lapins de Vienne, les sujets homozygotes « vv
», la production de mélanine est limitée aux yeux, d’où leur couleur bleue,
et très peu dans les autres parties du corps. Chez les sujets hétérozygotes,
porteurs d’un seul gène v, une quantité plus grande de pigment serait
produite au niveau du corps et des yeux. Par conséquent, ces lapins ont
souvent des iris marbrés. Cette théorie est celle d’une mutation apparue
soudainement et transmise à la descendance. Le Blanc de Vienne est, par
contre issu d’un travail de longue et patiente haleine par l’homme. De nos jours, il est suggéré que le lapin Hollandais et les races issues
de ce dernier soient porteurs du gène dominant « Hol
» et de nombreux polygènes modificateurs qui
influencent le degré de panachure sur le corps et, en conséquence, la couleur
des yeux. L’effet d’un seul polygène a peu d’effet.
C’est la somme des polygènes qui influencera
grandement le degré de panachure sur le corps de l’animal et la couleur des
yeux. Une association des yeux bleus avec d’autres anomalies oculaires est possible,
par ex. une hypoplasie ou un colobome de l’iris, ou un déplacement de la
position de centrale de la pupille (corectopie). Ce
dernier a été observé chez un lapin Blanc de Vienne. Michel Gruaz Déplacement de la position de centrale de la pupille (corectopie) chez un Blanc de Vienne. Chez d’autres animaux, une association existe entre les yeux bleus et une
surdité congénitale, lien qui n’a pas pu être établi chez les lapins blancs
aux yeux bleus. Origine génétique des crises épileptiques Les manifestations épileptiformes résultent de
dysfonctionnements de l’activité neuronale dans le cerveau. Chez les lapins,
elles sont rarement primaires, mais plutôt secondaires à un traumatisme, une
maladie infectieuse ou une parasitose. Une incidence plus élevée de troubles
neurologiques comme des crises d’épilepsie est observée chez les lapins
blancs aux yeux bleus issus du lapin Hollandais ou le lapin Beveren. Les
causes sont idiopathiques, mais les stimuli visuels (mouvement brusque) ou
auditifs (cri strident, sifflement) peuvent devenir des facteurs
déclencheurs. Ces crises durent quelques minutes et présentent différentes
phases. Différents chercheurs ont conclu que ces crises sont liées à la présence
d’un gène seul récessif à pénétrance incomplète. Certains ont suggérés un
lien avec le gène du nanisme, qui est parfois exprimé spontanément chez les
Blancs de Vienne. Pour d’autres, les crises audiogéniques
sont plus souvent observées chez les individus Blancs de Vienne homozygotes «
vv », que chez les hétérozygotes « Vv », ainsi que chez les sujets de 2ième et 3ième
génération issus de lignées consanguines. Plus récemment, des chercheurs ont
conclu que ce n’est pas un gène qui est lié aux crises, mais un groupe de
gènes avec un effet de seuil, L’expression de quelqu’un de ces gènes n’a pas
d’effet. L’expression simultanée de beaucoup de ces gènes, au-delà de ce
seuil, provoque l’apparition des crises épileptiques. MediRabbit Crise épileptique tonico-clonique
chez une lapine Rex bleue de presque 8 ans Crises typiques des Blancs de Vienne Chez un individu sain, l’activité cérébrale est
strictement régulée. Lorsque ce système est dérégulé, des décharges
électriques soudaines et simultanées provoquent une hyperactivité neuronale
dans une région du cerveau ou dans le cerveau tout entier. Chez le Blanc de
Vienne, les crises épileptiques apparaissent à un âge très jeune, entre 6 et
8 semaines. Elles se déroulent typiquement en 4 phases, typiques des crises tonico-clonique ou crise « grand mal » avec perte de
conscience. Ces crises sont les plus difficiles et les plus spectaculaires à
observer. Durant la phase 1 d’excitation, l’animal devient inconscient, tombe
sur le côté et commence à se rouler. La phase 2 est caractérisée par une
contraction musculaire généralisée et un mouvement d'oscillation involontaire
et saccadé du globe oculaire. Le corps est rigide et les muscles se
raidissent. La respiration est à peine visible et une détresse respiratoire
est possible. La mâchoire est crispée et des contractions involontaires des
muscles de la mâchoire peuvent causer des morsures à la personne tenant
l’animal. Les pupilles sont dilatées. Une cyanose des muqueuses de la cavité
orale est possible car le sang est centralisé dans le corps afin de protéger
les organes internes. Cette phase est très rapide et ne dure que quelques
secondes. La phase 3 est dite clonique ou de « relaxation », avec une
diminution de la rigidité du corps, l’ouverture des yeux et des mouvements de
mastication. Les membres présentent des mouvements spastiques rapides. La
respiration redevient visible. Les pupilles se contractent et se dilatent Une
salivation excessive ou une incontinence urinaire ou fécale est possible à ce
stade. La phase 4 est celle du rétablissement. Le lapin se remet debout et
apparaît groggy. Ce type de crise ne dure que quelques minutes. Après, le
lapin reprend conscience et se détend. Il peut apparaître fatigué, confus, ou
reprend le cours de sa vie comme s’il ne s’était rien passé. Remerciement
Toute ma gratitude à
Michel Gruaz (Suisse) pour ses photos et la
permission de les utiliser sur cette page. Informations supplémentaires
Arnold J. Les modèles de pigmentation chez le lapin. Dans : PARCOURS ANIMALIER, Escapades
zootechniques, Cheminement cuniculicole. Boucher S. Nouvelle
données sur les lapins blancs aux yeux bleus. Goin J. Ophtalmologie des NAC : Principales affections
oculaires chez le lapin.
Le Point Vétérinaire 2015;359:24-32. Hinkle A. Color Genetics of the Dwarf Hotot. American Dwarf Hotot
Specialty Club Guidebook. 2011; 112-16. Miklos Botha M, Petrescu-Mag
V, Hettig A. Genetic disorders in domestic rabbits
(Oryctolagus cuniculus). International Journal of the Bioflux Society. Rabbit Genetics 2014; 4:7-47. Reiswig R. Rabbit Eye Color Examples. Rennie IG. Don't it
make my blue eyes brown: heterochromia and other abnormalities of the iris.
Eye (Lond). 2012;26(1):29-50.
Searle A.G., 1968; Comparative genetics of
coat colour in mammals, Logos press Academic press,
London, 308p. Toyoguchi M. Cheng L, Freeman WR. Heterochromia in rabbit - Heterochromia in a dutch pigmented rabbit. International
Journal of Ophthalmology 2007; 7(4):932-933. |
e-mail: info@medirabbit.com