Cayeux-sur-Mer : connaissez-vous l'histoire du blockhaus échoué au Hourdel ?

Impossible de passer au Hourdel, à Cayeux-sur-Mer, sans faire un détour vers la Route Blanche pour admirer son emblématique blockhaus échoué sur le sable. Découvrez son histoire.

Impossible d'emprunter la Route Blanche sans s'arrêter devant cet énorme blockhaus échoué sur le sable.
Impossible d’emprunter la Route Blanche sans s’arrêter devant cet énorme blockhaus échoué sur le sable. (©L’éclaireur du Vimeu)
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Imposant. Intriguant. Incontournable. Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cet immense bloc de béton abandonné sur le sable, exposé aux assauts de la mer lors des grandes marées. Situé au Hourdel, le long de la voie verte de la « Route Blanche » qui mène à Cayeux-sur-Mer (Somme), le blockhaus échoué est sans nul doute le monument le plus emblématique de la commune et il est impossible de passer à côté sans l’admirer, voire l’immortaliser.

Mais, bien loin d’une attraction à la mode sur les réseaux sociaux, c’est avant tout un vestige de la période la plus sombre de la région… Et du monde entier.

Le Mur de l’Atlantique

1943. Adolf Hitler sème la terreur dans un monde en guerre et l’Allemagne nazie impose son régime à l’Hexagone. Après une défaite cuisante face à l’Angleterre, le Troisième Reich se met à redouter un débarquement des troupes alliées depuis la Grande Bretagne sur les côtes françaises.

Pour la contrer, il est décidé d’ériger ce qui sera très vite baptisé « Mur de l’Atlantique » : un ensemble de plus de 8 000 blockhaus et autres bâtiments blindés répartis sur le littoral occidental de l’Europe, de la frontière franco-espagnole au nord de la Norvège.

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De par son emplacement, proche des terres albionesques, la Baie de Somme est une candidate plus que crédible pour un éventuel débarquement, qui fait l’objet d’une attention toute particulière. C’est pour cela qu’Erwin Rommel, nommé commandant en charge de la défense du Mur du Nord-Ouest, décide d’établir une base militaire au Hourdel.

380 m3 de béton pour le Blockhaus du Hourdel

Un complexe de plusieurs bâtiments militaires voit le jour sur le littoral alentour, et au passage, de nombreuses habitations locales sont détruites sans le moindre scrupule pour faciliter l’acheminement des matériaux.

Celui que l’on appelle « Le Blockhaus du Hourdel », par exemple, qui était un bâtiment de type « Casemante R612′‘ destiné à accueillir un canon, est composé de plus de 380 m3 de béton renforcés par 17 tonnes de ferraille.

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Mais la défiguration du paysage samarien ne s’arrête pas là. Un réseau de pièges et de surveillance est installé, et la plage est transformée en un véritable champ de mines : plus de 300 000 engins explosifs ont été découverts dans le secteur de Cayeux-sur-Mer durant les quatre ans qui ont suivi la fin de la guerre.

Un déploiement de violence et de cruauté finalement vain, puisqu’en août 1944, le débarquement Allié a finalement lieu un peu plus au sud, sur le littoral normand.

Les troupes allemandes reçoivent alors l’ordre de se retirer, ce qu’ils font non sans prendre le temps de dynamiter un maximum de leurs installations, et de dévaster ce qu’il reste du Hourdel…

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Emblématique, mais pas unique

Vous l’aurez compris, ce blockhaus est donc loin d’être le seul vestige de la Seconde Guerre mondiale. Loin de là même, puisqu’on en dénombre encore aujourd’hui une trentaine entre Ault (Somme) et le Hourdel.

Mais alors pourquoi celui-ci est-il devenu aussi emblématique ?

Eh bien parce qu’il est très visible. Quand les autres sont à peine remarquables, camouflés dans le cordon dunaire ou les fourrés, lui se montre au grand jour, ainsi échoué sur le sable, comme une énorme verrue de béton qui trouve sa beauté dans l’histoire terrible qu’elle raconte.

Mais ne nous y trompons pas. Lors de sa construction, le bâtiment était tout aussi dissimulé que les autres, quasi invisible perdu au milieu des dunes.

Découvert grâce à la mer

Son exposition actuelle est due au retrait progressif du trait de côte au fil des ans. Celui-ci a en effet reculé d’environ 65 mètres ces 75 dernières années, offrant ainsi le blockhaus à la vue de tous.

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Les autres, eux, sont toujours un peu plus à l’abri des regards. Et s’ils attirent forcément moins les foules de curieux, ils restent tout aussi impressionnants et porteurs d’une mémoire éternelle.

Différents circuits commentés et autres visites sont d’ailleurs organisés régulièrement pour partir à leur découverte.

Le blockhaus du Hourdel, quant à lui, tant qu’il résistera aux assauts du temps et de la mer, gardera ce statut ambigu, à mi-chemin entre le témoin d’une terrible période de l’Histoire et l’invité indispensable de toute bonne photo de vacances…

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