Paris contre le graffiti : une lutte de longue date

Mardi 18 janvier 2022, la mairie de Paris a dévoilé un nouveau plan de lutte contre les tagueurs récidivistes. Un combat que les municipalités successives mènent de longue date.

Mardi 18 janvier 2022, la Ville de Paris a annoncé qu'elle attaquerait les graffeurs multirécidivistes.
Mardi 18 janvier 2022, la Ville de Paris a annoncé qu’elle attaquerait les graffeurs multirécidivistes. (©MAM / actu Paris)
Voir mon actu

Les graffeurs ont noué avec Paris une relation de longue date. Depuis l’avènement de la culture hip-hop dans les années 70 aux États-Unis et la circulation de ses pratiques jusque dans la capitale une décennie plus tard, les tags sont apparus dans les rues, sur les rideaux de fer des boutiques parisiennes et jusque dans les entrailles de la ville.

Mardi 18 janvier 2022, la mairie a annoncé la finalisation d’un dossier judiciaire, réalisé de concert avec le parquet de Paris, à l’encontre des principaux tagueurs dont les signatures parsèment les rues. Une annonce en réaction à la lutte menée par certains riverains, ulcérés par les tags dans leur quartier. Un combat historique que mènent depuis plus de vingt ans les municipalités successives. 

La déferlante hip-hop à l’origine des graffitis dans Paris 

Depuis les années 1980, Paris et la RATP sont les cibles préférées des tagueurs subjugués par les graffitis new-yorkais. À l’époque où les réseaux sociaux n’existaient pas, ce sont les publications de livres de photos comme Subway art de Martha Cooper et Henry Chalfant ou encore les films consacrés à la culture hip-hop qui inspirent les vandales français. 

À leur tour, ils veulent marquer la ville de leur nom, leur « blaze ». Tout est bon pour servir leur soif de notoriété et les supports sont multiples dans la ville lumière : les rideaux de fer des commerces, les quais de Seine, les palissades du Louvre et de Beaubourg – offertes aux taggeurs par Jack Lang alors ministre de la Culture et conseiller de Paris -, le terrain vague de Stalingrad, avec une prédisposition pour le matériel roulant de la RATP. 

Peu d’interpellation, des peines minimes

Fin des années 1980, la régie autonome des transports tente de se défendre mais la témérité des graffeurs est plus forte. La RATP doit remplacer plus de trente mille plans de métro, les sièges et l’intérieur des wagons sont ravagés et plus particulièrement ceux de première classe. En 1989, le transporteur déclare « la ligne 13, la rame la plus cartonnée ». 

Un an plus tôt, un peu plus de 500 tagueurs sont interpellés mais n’écopent que de faibles peines de travaux d’intérêt général. 

Pour l’exemple, un graffeur qui officiait le long des voies ferrées se voit infliger trois ans de prison ferme et l’équivalent de 114 000 euros d’amende. Après négociations, sa peine est réduite et la Société nationale des chemins de fer finit par lui passer commande pour deux fresques à la gare du Nord. 

La station de métro Rivoli « cartonnée » 

L’année 1991 marque un tournant dans la lutte entre la RATP et les taggeurs. Le 1er mai, la station Louvre-Rivoli, la plus belle du métro parisien, est vandalisée en réponse à une campagne de la régie des transports contre les taggueurs. La scène du crime fait la Une des journaux provoquant l’ire des institutions. 

C’est alors qu’une brigade spécialisée est créée au sein de la RATP. Un an plus tard, Louvre-Rivoli est de nouveau la cible des graffeurs. La répression se durcit.

« Paris graffiti zéro »

Malgré des sanctions et les lois créées contre le « graffiti sauvage », les tags fleurissent sur les murs, les devantures, les camions… Pour endiguer ce phénomène persistant, Jean Tiberi, maire RPR de Paris de 1995 à 2001, lance l’opération « Paris graffiti zéro » en janvier 1999. 

Après une vaste campagne de nettoyage, d’un montant de plus de sept millions d’euros, c’est au tour du périphérique et des autoroutes d’être la cible des vandales. Sous l’ère Bertrand Delanoë, maire PS de Paris de 2001 à 2014, une nouvelle ère s’ouvre. L’édile, qui place la culture au centre de son mandat, instaure une politique de « laisser faire » mais tente de le limiter à certains sites, comme la rue Dénoyez. 

Plus de vingt ans après le premier plan anti graffiti, Paris et la RATP ont toujours autant de difficultés à se débarrasser des graffeurs.
Plus de vingt ans après le premier plan anti graffiti, Paris et la RATP ont toujours autant de difficultés à se débarrasser des graffeurs. (©MAM / actu Paris)

23 ans après le premier plan de lutte, la mairie de Paris est toujours en prise avec les graffeurs qu’elle a du mal à contenir bien que les initiatives essaiment dans la capitale à l’instar de Spot13, sous les rails du trame T3a. 

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.

Dernières actualités

Actu Paris

Voir plus