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Sans Visa/Espace européen
BOURSE
15 , « Falgôère, 75501 Pari» Cad» 15
CINQUANTIÈME ANNÉE - N* 14563 7 F
SAMEDI 6 MARS 1993
******
FONDATEUR
Violence
et religion
aux Etats-Unis
Une semaine après l’attentat de New-York
Le FBI a arrêté
L ’AFFAIRE de la secte
retranchée dans un ranch
du Texas mêle deux phénomènes
de la société américaine qui
n'ont pas fini d'intriguer les
étrangers : la prolifération des
groupuscules religieux, dont le
fanatisme n'a d'égal que l'obscu-
rité de leur doctrine, et cel|e des
armes à feu. Il faut remonter,
dans l’un et l'autre cas. aux ori-
gines des Etats-Unis pour [expli-
quer ces comportements. •
te premier amendement à la
Constitution proclame eq effet
qu'aucune confession ne doit
avoir la caractère de « «*lB«»n
établie», c'est-è-dire off^ielle.
aux Etats-Unis, et que np n ne
doit limiter le libre exercice d'un
culte, quel qu'il soit. La second
amendement affirme qüe «la
droit du peuple de détenir et de
porter des armes» ne pourra pas
être remis en cause. Cas libertés
font partie de l'héritage commun
des Américains, forgé lors da la
guerre d'indépendance contre la
monarchie britannique.
mi suspect palesümen
Grâce à des concessions des Musulmans
Les négociations sur la Bosnie
Mohammed Salameh. un jeune Palestinien détenteur d un
oasseoort égyptien , a été arrêté et inculpé, jeudi 4 mars, .dans le
SW&ré sur rattentet du 26
at l#n mMar de blessés au World Trade C enfer, a New
Mohammed Salameh à ^"
g data musulman ^.dBsmembmsont f ™
meurtre du rabbin Meir Kahane, en 1990. à New-yen. ez ^
i Zæssinat du président égyptien Anouar B Sadate. en 19B1.
ii a l’un des
NEW-YORK
de notre correspondant
M VERNON HOWELL, qui
. se fait appeler; David
Korosh et sa
nation de Jésus-Christ n est ni
le premier m le damier de ces
Illuminés qui sont étonnamment
bien tolérés par la société améri-
caine. Mais son meeelaniame
forme un mélange détonant avec
l'arsenal quasi militaire «
Le Fédéral Bureau of Investi^
lion (FBI) estimait mercredi
encore qu’il lui faudrait beau-
coup de temps et de patientes
recherches avant de mettre la
main sur les auteurs de Jattentat
terroriste qui, le 26 février, a
coûté la vie à cinq personnes et
fait un millier de blessé* au
World Trade Center de New-
York. Mais la chance a soun aux
enquêteurs.
Jeudi 4 mars, six jours seule-
ton, l’arrestation de l’un des
auteurs présumés de 1 attentat. Il
s’agit d’un homme de vingt-six
ans, répondant au nom de
Mohammed Salameh, et dont Je
FBI se borne à indiquer qu Q est
originaire «d'un pays du Proche-
Orient ». Selon certaines sources
policières, il s’agitait d’un Pales-
tinien, né en Israël, et porteur
d’un passeport égyptien.
Mohammed Salameh avait été
arrêté Ouelques heures aupara-
vant à la sortie d’une compagnie
de location de véhicules indus-
triels appartenant à la chaîne
n ■ .ihUa a ritv. une
m
Des progrès substantiels auraient été enregistrés . j^d soir
A marfàNew-York dans les négociations sur l'avenir de (a
ImJXoZ Selon les médiateurs, la délégation musul-
Bbsme-HWTBgo tzetbeoovic, pourrait accepter le plan
TejJTpaîe'de provinces auto-
„™ ,J?SBrt>es de M. Radovan Karadzic continuant cepen-
du regroupement des armes lourdas sous le contrôla dalONU.
ci r ^
Paysage de ruines en Dalmatie
tneis appaiivM« iifc *
Ryder et située à Jersey City, une
petite ville du New-Jersey qui
ment apres i face m World Trade Center,
ES- “ té de ,a riïi4re
I ull uca JIMJA.WW, ■* .7, .
fédérai du FBI, M. WiUiam Ses-
sions, et le ministre de la justice
Snntfrim, M. Stuart Ge^on,
pouvaient annoncer, à Wasning
SERGE MARTI
Un la suite page 5
ZADAR
de notre envoyé spécial
Ana est l’nne des rares habi-
tantes de Posedarje, dans 1 ar-
rière-pays de 2Uidar, à n avoir
jamais quitté le petit port croate
échoué sur l’une des rives du
bras de mer de Maslemca et qui
a servi de ligne de front, pendant
des mois, entre forces croates et
serbes. Sa petite boutique, sur le
quai, dont les vitres sont restées
miraculeusement intactes, est un
poste d’observation idéal.
De là, elle a vécu, le 21
novembre 1991, /arrivée des
chars serbes sur 1 autre rive du
■bras de mer, à moins d on Kilo-
mètre de Posedarje, dont les a
délogés l’offensive croate du
22 janvier 1993.
Bien que régulièrement bom-
bardé au mortier, le village d un
neu plus de deux mille habitants
S’a pas été détruit. La légende
court ici que, si Posedarje n a
• •- mu in radio
jaTaUfté pris, c’estoue la radio
serbe ne cessait d afu
seroe ne cessait u ».ïirmer que
g cinq mille ousiochis y étaient
concentrés », ce qui dissuadait
toute velléité d’attaque. Près
d’une centaine de maisons ont
été touchées.
YVES HELLER
Lire k suite page 4
et Partide
iPAFSANE Hissa POUR page 3
Pas de révision
pour Mis
et Tbiennot
rc
tf
La Commission de révision
dos condamnations pénales
a rejeté, vendredi 5 mars, la
requête en révision deHay-
mond Mis et Gabriel Thien-
not, accusés du meurtre dun
garde-chasse en décemore
1946 « Nous nous battrons
jusqu'à la fin de nos jours
pour qu'on nous rende notre
honneur », onr déclaré, peu
après, les deux intéressés.
por Jean-Marc ThéoBeyre
Mis et Thiennot... Depuis
plus de quarante ans, les qua-
tre syllabes, soudées les tint»
aux autres, résonnent pénota-
quement dans la chronique
judiciaire. Telles qu'elles se
font entendre elles unissent
plus que jamais deux hommes,
devenus comme des frères
jumeaux à la poursuite d'une
réhabilitation qu'ils n'en finis-
saient plus de réclamer.
L'affaire, leur affaire, eut
pour décor les horizons de
l'Indre, un pays où les fermes
se nomment «La Blrwrie » ou
«Prends garde è ta», où I» 1
passe du lieu-dit Les Loups
aux bords de l'étang : les
Hautes Rondières. C ôtait
aussi, à la sortie des années
de l'Occupation, la région ou
dominait la famille Labaudy.
Lire fa suite page 15
b
mois, at «ui a fini
les autorités. Quatre agents
IBS huiwihw -,
fédéraux et trois membres de la
secte ont déjà P^MoradeMM-
saut hifructuauxmimé*rt«^to
contre le raiu* de* «
On peut Craindre que d autre»
victimes ne soient d'ores et déjà
è déplorer, et
tau» disciples **J^ d *™£
ne suivent les puteMOS autoCe»-
tructrices de leur chef^davait
fêter vendredi son trente- tro l
sième anniversaire
être tenté da mourir au meme
ftge que le Christ.
Le M du pouvoir
— i
LWàe des écoutes téléphoniques est accueillie avec un cynisme tranquille
par l'opinion et les responsables politiques
• winr nstiTnire té 3. dont
por Jeon-Morie Colombani
avâfTérnlgré en Guyana sous la
conduite du «rôvén
j’
conduire bu
jones, n'est guère /® s “ ra ']i
Neuf cent vingt-troia da ses
membres avaient P rocé ^ 6 ^"
suicide coBectif. un peu contraint
apparwrunent pour^iW ^
tra aux, en novembre 1978, «ans
taZuteguyanalse. lorsqu'une
JSSi tfSS*». JMgé- f ™
membre de *» Chambra dm
raorésantants, ôtait venue spe-
SHSE de Californie pour
chercher à y «w ph» !d*air dans
h» activités de cette (organisa-
tion.
«r Tout homme va toujours au
bout de son pouvoir » : combien
de fois François Mitterrand ne
s’est-il pas servi de cette maxime
de Thucydide pour convaincre
les Français qu’il serait, lui,
l'homme de culture pétri d his-
toire et d’« humanités», mieux a
même de résister à cette tenta-
tion que M. Giscard d’Estamg,
qu’il s’agissait alors de vaincre
en le comparant à Louis XV .
Combien de fois ne 1 a-t-on pas
entendu proclamer, pour parfaire
la démonstration, que « dange-
reuses avant » lui, nos institu-
tions le redeviendraient «après»
lui?
Douze ans plus tard, le pays
accueille avec une relative indif-
férence, et des réactions politi-
ques convenues - «H J eut chan-
ger l'atmosphère morale», dit
M. Giscard d’Estaing, ne est
inacceptable», dit M. Rocard,
la révélation par Libération, et la
confirmation par le Monde, de
pratiques attentatoires aux liber-
tés, dont ont été victimes au
moins un avocat et des journa-
listes. Le thème de la liberté est,
certes, moins payant électoral e-
ment que celui du chômage,
pour lequel le président de
l’UDF a trouvé un nouveau slo-
gan en le qualifiant de « socia-
liste ».
lire b sn/te page 13
et Peatzedea arec ht président
de b Commission de contrôle
des interceptions de sécurité
page 12
htti
•»
t $
• j* p
wi
E libre accès aux armes à
.feu fut remis en .question
i l'attentat cmnmw par un
déséquilibré et qui avaR Wlli
S b «ta. *
au mésident Ronald Reagan.
SLfta fogÏÏatioii n'a toujoura
ïïfété SS!**»- Ûjÿre P^-
Plu. de 210 mllhons
d'armes è feu en mJJJJ
aux Etats-Unis, pour mn
tion de 254 mWions (f habitante,
at le taux des homicides y est
en reïïstré en Europe. LaRalre ne
te^^de David Ij«h^
enfin fo problàm* du «ifirect» a
la télévision- Celle-ci a ample-
1 -»^ d « ta
pollca contre las **
Sfinô l'action de cetto
Rottgion. vit^ce «t mô^atiM
tion outranclère se mêlent ainsi
pour composer ca drame amé-
ricain.
n.
Mort du Père
Michel Piquet.
Ancien rfetewit, P'Mmtwr
da taient, le jésuite étart âgé
de quatre-vingt-quatorze ans
L'auteur des «Nuits fsuv® 81
est décédé du sida à I âge
de trente-cinq ans
page 26
ESPACE EUROPEEN
Le secrétaire général du
RPR se prononce pour une
relance de la coopération
franco-allemande, . une srttH
tude plus ferme à I égard des
Serbes, une particrFWtlon
accrue au sein de I OTAN et
un retour de la Russie sur la
scène internationale.
gOflfwn (u-jw-—-
sur ha réfugiés»
par SYLVIE KAUFFMANN
pages 7 à 9
£
HORS SÉRIE
ANNÉE 1992 :
LES CLÉS DE L’INFO
Retrouvez toutes les « clés de l’jnfo »
1992 reqroupées en un seul numéro, et
complétées d'une chronologie etdun'ndex.
Vous disposerez ainsi d une collection com-
plète des clés et des repères 'ndispensabfe
jour comprendre les grands événements de
'actualité.
E
In venta dm, ton» tel ldwq»«» - M 1
le Magnifique
L’exposition du Grand Palais fait revivre
. ... . j i un _ —Z.
U wy/w i » lw " "" — ,
une brillante époque de l’Egypte antique
_ ■ i t>,nM Pourtant. I’EeVDIC d
por Yvonne Rebeyrol
k Le ceeur de Sa Majesté se
complaisait à faire beaucoup de
grands monuments, comme u
n’en a jamais existé avant depuis
les temps primordiaux des Deux-
Terres (1). » L.C long règne
d’Aménophis 111 (1391-1353 av.
J-C), un des pharaons de la
XVIII» dynastie, est effectivement
considéré comme ayant marque
n«rtnrtes d SDOgée de
une "dès” périodes d’apogée de
l’Egypte antique, comme celui de
tures. Pourtant, l’Egypte d’Amé-
nophis III a maintenu son exten-
sion territoriale. Directement, ou
par l’intermédiaire de princes
vassaux, elle dominait alors une
très vaste région débordant large-
ment l’Egypte traditionnelle,
puisqu’elle allait du Nahanna (le
sud de la Turquie et le nord de la
Mésopotamie) jusqu’au pays de
Karoy (ou de Kouch, au Soudan
actuel). La capitale de la dynastie
était Memphis (à quelque
25 kilomètres au sud du Caire).
son arrière-grand-père
Thoutmôsis III (1479-1425) et
celui de son successeur de la
XIX' dynastie, Ramsès II (1290-
1224). Mais Thoutmôsis III et
Ramsès II furent des pharaons
guerriers.
Alors qu'Aménophis III a été
un roi pacifique, soucieux avant
toute chose de bâtir des temples
et des palais superbes, ornes de
colossales statues, de magnifiques
bas-reliefs ou de «simples» pein-
Mais, à la fin de son règne
Aménophis III s’est installé à
Tbèbes (entre les villes actuelles
de Louxor et de Karnak), plus
précisément dans l’ensemble
palatial de Malgatta, quil fit
construire - malheureusement
pour nous, en briques crues — sur
la rive gauche du Nil.
Lin In sale page 16
(I) Les Deux-Terre», c’est-à-dire U
Haute et la Basse-Egypte.
Le suwtht complet se marc | \ 1 1 14 krd: Espaont, i» pta ;
L „ gp H -TUiMa ffiOffii AS^y. fgïlUïtiS:* « = ^ ^ ** *** ^
4
2 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •
AU COURRIER DU 9 m h
SOLIDARITÉ
Le bombardement humanitaire
À QUOI rime ce parachutage de vivres destinés
aux enclaves musulmanes de Bosnie ? De nuit
et en altitude, les avions américains larguent des
vivres fantômes qui manquent leur cible, pour se
retrouver en partie chez lès agresseurs.
Les Occidentaux sont décidément tombés bien
bas en ex-Yougoslavie. Des mois & assister à la
barbarie sans intervenir. Et, pour couronner le
tout, P« humanitaire propre», qui ne salit pas les
mains, comme il y eut pendant le conflit du Golfe
une prétendue guerre propre, qui n'aurait frappé
que des cibles stratégiques. On sait aujourd’hui
quelle mascarade fut cette frappe dite chirurgicale.
Les Bosniaques pleurent de rage et d’ironie
amère devant la lâcheté dont l’Occidcnt fait preuve
face à leur drame. Quant à nous, les «humanitaires
privés», les ONG, qui tentons de soulager les souf-
frances sur 1c terrain, nous assistons à cette opéra-
tion américaine avec, le sentiment de l’absurde : si
l'on voulait discréditer à jamais l'action humani-
taire à destination des peuples du Sud comme de
l’Est, s'y prendrait-on autrement? Môme ce qui fait
la spécificité de l’action humanitaire privée -
savoir agir en finesse au sein même des popula-
tions victimes - se trouve tourné en dérision au
profit d'un nouveau concept, déjà inauguré avec un
succès... meurtrier au Kurdistan en 1991 : le bom-
bardement humanitaire.
Les Kurdes sont aujourd'hui plus livrés  eux-
mêmes que jamais. Somalie, 1 992 ? Les factions
rivales n'attendent que de nous voir tourner le dos
pour sortir les armes qu'elles ont cachées et repren-
dre leurs massacres en toute impunité. Yougosla-
vie, 1992 toujours? Là c’est encore plus simple :
même pas la fiction de l'intervention, juste le
mythe du camion de vivres salvateur, face à la
«purification ethnique» et à l'anéantissement des
peuples. Ne parlons pas du Cambodge, où les
Khmers rouges n’ont pas renoncé et où TON U
avoue sou impuissance malgré ses vingt-deux mille
soldats; de Haïti, où l’embargo décrété par la com-
munauté internationale ne pénalise que les plus
pauvres; de la Birmanie, où une junte s’obstine en
toute impunité à maintenir dans l’obscurantisme et
la terreur un peuple otage; du Soudan, qui se paie
une agence de relations publiques américaine pour
se refaire une virginité internationale, alors qu'il
n'a nullement cessé sa croisade religieuse et ethni-
que contre les populations non aiabo-musul mânes.
Est-ce cela le nouvel ordre international ouvert
par la fin de l'affrontement Est-Ouest? Est-ce cela
La pox omericana , désormais seule à imposer sa loi
au monde? Une conception de la justice et de
l'ordre mondial qui se résume à des parachutages
honteux, furtivement menés?
Les organisations humanitaires privées savent
par expérience que leur action est limitée dans le
temps et dans l'espace, que, bien que nécessaire
pour soulager immédiatement (es souffrances, elle
ne peut avoir un impact durable, si die n'est pas
relayée par une action politique. Cette confusion
des genres où le politique se lance dans l'humani-
taire en guise de politique - et s'y lance mal - ne
peut que conforter le sentiment d’impuissance qui
nous saisit parfois face & l'inanité des efforts privés
quand le public se refuse à jouer son rôle.
TRAIT LIBRE
SNCF
Seuls dans le tunnel
U. S. A. F MFtfj
seule annonce pour nous rassurer,
totale!
Aux alentours de 21 h 30. avec l'aide des quelques rares passagers du
deuxième wagon dans lequel nous nous trouvions, nous avons réussi à
trouvions,
SYLVIE BRUNEL
directeur général de
l'Action fhremat/bnafe contra la faim (AICF)
Mess de PUS Air Force
à Francfort (dessin paru
dans The In dépendent].
YOUGOSLAVIE
Sartre
et le titisme
SOCIALISME
Un mot à changer
D OBRICA COSIC. président de
(a République fédérale de
Yougoslavie, somme Edgar Morin
d'apporter la preuve « de massa-
cres, de viols et d’exactions » com-
mis par des Serbes en Bosnie-Her-
zégovine [le Monde du 17 février).
Si les témoignages fui paraissent
contestables, if aura en reyanebe
du mal à démontrer qu'il ne se
trompe pas en affirmant que Sartre
(comme Eluard et Aragon) aurait
excommunié la dissidence titiste en
1948.
P OUR notre génération qui
n'avait pas dix-huit ans en
1981, l’image de la gauche démo-
cratique ne s’associe guère au mot
socialiste qui a connu une histoire
souvent noble, parfois tumultueuse,
en France. L’nistoire de ce mot
nous touche, mais elle n’est pas
vraiment la nôtre.
AGES
Génération
sacrifiée ?
L e titre du livre de Gilbert
Saint-Etienne, Génération
Sartre t’a au contraire approuvée
en préfaçant le livre de Louis Dal-
mas, le Communisme yougoslave
depuis là rupture àvec Moscoa (éd.
Sulliver, 1950), préface reprise
dans SituaiionsJPf, p. 23-68, sous
le titre «t Faux savants ou faux liè-
vres », où il écrit notamment : « Si
le titisme a pour nous une impor-
tance exceptionnelle, c'est qu'il
aboutit à la subjectivité; mais
aboutit a ta suojecimte ; mats
celle -ci ne réapparaît pas comme un
idéal formel: elle est produite
idéal formel: elle est produite
comme une réalité efficace à partir
de l'objectivisme par le mouvement
même de {‘histoire.»
ANDRÉ GQRZ
philosopha, Paris
CHOMAGE
B/g frang
Qui s’est depuis 1989 frotté à
l’Europe centrale et orientale
n’ignore pas que le mot « socia-
liste » y est soit à jamais banni par
des générations auxquelles il est
impossible d’expliquer que Fran-
çois Mitterrand puisse être socia-
liste, soit réutilise pour renommer
tous les anciens partis commu-
nistes totalitaires -(Parti socialiste
du travail, en Roumanie, qui ras-
semble les ultranationalistes et les
nostalgiques de Ceaucescu, Parti
socialiste serbe. Parti socialiste en
Bulgarie, Parti socialiste des Serbes
en Bosnie.-).
Un des premiers partis politi-
ques d’une des principales démo-
craties occidentales peut-il avoir
pour nom - ou à tout le moins
conserver - un mot qui signifie,
pour la moitié de l’Europe, l’an-
goisse ou la haine ?
Qui, nous devons changer le PS.
Mais peut-on le changer sans en
changer le nom ? Changer de nom,
ce n’est iras renier une histoire. Le
mot a fait son temps - de toute
évidence, comme le parti dans sa
sacrifiée, dont vous avez rendu
compte dans le Monde du 30 jan-
vier, est de nature & créer une
guerre des générations. En effet, la
génération actuelle des 20-45 ans a
bénéficié d'une adolescence nette-
ment plus douillette que les précé-
dentes ; elle a été nourrie de
fausses espérances.
Des candidats au marché du tra-
vail ont été persuadés de bénéficier
de rémunérations que beaucoup
n'atteignent pas au sommet de leur
carrière. La déception est d’autant
plus vive que ceux qui accèdent à
un emploi se voient proposer le
'tiers où îrf quart” «je ce qu'ils espé-
raient
La génération actuelle des retrai-
tés qui vivent un «fige d’or» ou
prétendu tel, a vécu des heures his-
toriques qu’ils ont diversement
appréciées : la grande dépression
économique prolongée jusqu’à la
guerre, la tension internationale, la
S uerre, le désastre de 1940, suivi
e cinq ans d’occupation avec son
cortège d’horreurs : rafles, déporta-
tions, camps de concentration,
bombardements, le froid, la faim,
et une pénurie qui s’est prolongée
plusieurs années après la fin du
conflit
récent exemple. Le 28 janvier,
notre ambassadeur à Kinshasa,
Philippe Bernard, est tué dans son
bureau - ainsi qu’un de ses colla-
borateurs, dont on ne parle guère -
par les reîtres de Mobutu, qui s’en
donnent à cœur joie avec leurs
armes automatiques et arrosent
systématiquement les façades de
notre ambassade et de quelques
autres.
La version de fa «balle per-
due », immédiatement avancée en
haut lieu, est péremptoirement et
courageusement démentie par un
membre du gouvernement. Le cer-
cueil de notre ambassadeur est
rapatrié en grande pompe, comme
il se doit Des obsèques solennelles
ont lieu le 3 février aux Invalides.
CINQUANTENAIRE
Le travail
obligatoire
D ES jeunes gens raflés dans les
rues. & la sortie des stades.
Le président de la République y
assiste et le ministre des affaires
étrangères prononce un discours
émouvant C'est dire l’importance
que de gouvernement français)
entend attacher J à cet « incident
diplomatique ».
.^Quinze jours après, nous appre-
nons que le president Mobutu,
sujet à des maux de dents périodi-
ques, se trouve sur le territoire
français : il est venu, nous dit-on,
consulter son chirurgien-dentiste a
Monaco et, accessoirement, jouir
du « somptueux refuge » que télé-
vision et presse décrivent complai-
samment, cependant que Les
familles des victimes attendent
réparation.
L’extraordinaire mansuétude
témoignée par le gouvernement
français envers un dictateur afri-
HENRY BADEL
Lyon
AV rues, & la sortie des stades,
des facultés, des bureaux, des
usines, traqués par la police dans
les villes et par la gendarmerie
dans les campagnes, gardés à vue
comme des malfrats et* lorsqu’ils
n’ont pas eu la -chance (ou les
moyens) de, se cacher, bourrés de
force dansndrMnâ^qmies emmè-
nent, vers les usines de l’ennemi.
Là-bas^ine soupe et. un qugnàn'de
pain pouHâfeiiaôgte'w forçats ;
le camp disciplinaire pour ceux qui
UN LIVRE
La convivialité molle
S A peur, dans le noir, l’enfant
croit la dominer en faisant du
forme actuelle. Préférons^ ui, peut
être, un nom plus « social-démo-
crate » (mais les relations de notre
pays avec la sociaWémocratie sont
complexes). Pourquoi ne pas l’ap-
peler alors, tout simplement: «la
gauche»?
O croit la dominer en faisant du
bruit. La peur des ténèbres du
chômage est-elle si grande, de la
gauche à la droite, qif jl faille, pour
eclipser ce chaos primordial, ni
ZAÏRE
Incident
diplomatique
cain dont il était pourtant censé
souhaiter l’éviction apparaît
comme un parfait exemple de cette
démagogie tiers-mondiste dont les
illustrations se sont multipliées au
cours des dernières années et qui
fut le jeu de l’extrême droite.
NON A LA SOCIÉTÉ
DÉPRESSIVE
de Tony AnatreHa.
Flammarion. 314 p., 120 F.
B IBM sûr/ O y a le chômage..
Mais si, par miracle, un
plus ni moins que le bruit de la
Formidable explosion originelle: le
Formidable explosion originelle: le
Big Bang?
Car il est un autre enfantillage
coutumier aux hommes politiques:
croire qu’ils ne sont plus vus, ni
leurs malices, quand ils se mettent
les mains devant les yeux.
BERNARD TOUSLAAIC
Hyènes
En renonçant à un nam que
l'histoire a rejeté, le parti « soda-
liste » français pourrait alors se
«réaxer» à gauche. Sans scrupule.
Et sans que les démons de l'Est ne
le condamnent définitivement au
moment même où il joue sa der-
nière chance de réforme.
C OMME chacun le sait, les
voies de la raison d’Etat sont
Vy voies de la raison d’Etat sont
impénétrables, et il n’est pas de
bon ton de s’interroger sur les revi-
rements et inconséquences de notre
diplomatie à régara de tel pays ou
telle personnalité étrangère. Mais ü
est des cas où machiavélisme,
FRÉDÉRIC MARTa
étudiant, Paris
hypocrisie, cynisme passent les
bornes, et où le public en vient à
Quoi qu’il en soit, accepter la
présence de Mobutu sur le sol fran-
çais après ce qui s’est passé voici
un mois à peine à Kinshasa consti-
tue une insulte caractérisée à la
mémoire de l’ambassadeur Phi-
lippe Bernard et de ceux qui ont
trouvé la mort dans les mêmes cir-
constances et un affront â leurs
familles.
se demander : « De qui se moque-
t-on ?» Le Zaïre en est le plus
ANDRÉ TRAVERT
ancien ambassadeur
REDACTION ET SIÈGE SOCIAL :
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Edité par la SARL te Monde
Dorée de la société :
cent ans à compter du
10 décembre 1944
Capïtul social :
620 000 F
#
£t %eu 3 t
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eu m
DURÉE CHOISIE
Principaux associés do (a société :
Société civile
« Les rédacteurs du Monde ».
a Association Hubeit-Beuve-Méry »
Société anonyme
des lecteurs du Monde
Le Monde-Entreprises.
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301 MON 01 PP-Paràs HP
CI Mais si, par miracle, une
reprise immédiate, exceptionnel-
lement forte, venait bouleverser
le marché de remploi; notre
société déglinguée retrouverait*
elte pour autant tm équilibre?
Cesserait-elle . de nager dans la
déprime? Chacun se rend bien
compte que, le mal est plus
profond.
Ce mal-là, Tony AnatreHa,
psychanalyste, spécialiste de
('adolescence et des problèmes
du couple, f explore en cBntcien,
prolongeant un autre de ses
ouvrages, le Sexe oublié, qui
vient d'être réédité en collection
dé poche (iChamps », Flamma-
rion). Clinicien ne signifié pas
nécessairement observateur
froid. C'est un grand coup de
gueule qui est poussé ici, par un
homme résolument â contre-
courant
On rie trouvera dans son fivre
aucune des idées è la mode,
colportées de soir en soir par
les écrans racoleurs de la télévi-
sion. Aucune des découvertes
soixante-huitardes qui ont
débauché sur la « convivialité
motte » d'aujourd'hui. Pour Tony
Anatrefia, (a fatigue dont se
plaignent tant de nos contem-
porains est moins le résultat
d'un surmenage que le
■ symptôme d'une. # crise
morale », car, dit-il, ce -sont les
raisons de vivre qui font défaut
K n’y a plus de vérités objec-
tives, souligne ce chrétien.. Cha-
cun bricole sa petite loi, se fixa
ses propres limites. On vit au
jour le jour, dans l'immédiat,
sans enracinement, sans
mythes et sans espérances. Ce
qui manque, eh somme, c'est
ffe refus de faüe fonctionner ta
sens de tldée! ». Vola lâché un
gros mot qui ne fait plus partie
de notre vocabulaire.
Sans Idéal, explique .le clini-
cien, la vie psychique manque
de nourriture symbolique pour
s'humaniser et se socialiser.
Chacun se retrouve seul en face
de soi-même. Et, de plus en
plus souvent, se prend comme
cible de sa propre agressivité.
Pour se sentir exister, l'incüvidu
va - tenter de détruire et de déva-
loriser les réalités avec les-
quelles. B ne peut pas vivre.
Tony AnatreHa analyse «qua-
tre brisures du tien social» : le
divorce; le suicide, l'homo-
sexualité et la drogue. Le simple
fait de les rapprocher lui vaudra
sans doute des cris indignés.
Mars notre psychanalyste n'en a
cure. D est persuadé notamment
que la < révolution sexuelle» n'a
fait que fibérer la sexualité infan-
tile : f Une sexualité non rela-
tionnelle» dans laquelle l'autre
est le grand absent.
. Tony AnatreHa pense aussi
que toutes les ' pratiques
sexuelles ne se valent pas, et
que f homosexualité ne doit pas
être présentée comme un droit.
Nous sommes envahis, dit-il,
par dés modèles homosexuels
privilégiant tout ce. qui est sem-
Wabto-
Ceta se vérifie, par exemple,
dans le prévention du sida. Une
e prévention fondée sur le
latex», ét sur rien d’autre.
L'amour n’a pas sa place dans
cette éducation sexuelle, aux
effets désastreux, qui présume
le partenaire comme un danger
dont fl facjitse protéger:
La société dépressive n'est
pas taie fatalité, affirme le psy-
chanalyste. Nous disposo ns de
savoirs, de traditions pleines de
vitafité. Cessons de courir après
ce qui nous fait peur et de reje-
ter ce que nous possédons.
Cessons d'évacuer la- transcen-
dance, pour annoncer toutes les
dix minutas ele retour de Dieu*.
Cessons de vouloir t changer ta
vie» au lieu de l'assumer...
On sort! de cens lecture un
peu secoué,, un. peu... déprimé.
ROBERT SOLE
n i> i!
d-i;
.4 -
ui v J
<. >ü
RE R. Lorsque tout à coup, aux alentours de 20 h 30, le train s’est
immobilisé dans le tunndentre les stations Saint-Ouen et Porte-Oichy.
Nous avons attendu dix minutes, puis vingt, puis trente minutes. Pas une
seule annonce pour nous rassurer-. Rien ! Le silence et parfois l’obscurité
Nous avons continué è attendre, quarante minutes, cinquante, puis
une heure 1 Mes filles pleuraient d'anxiété.
Et je l'ai vu rapidement disparaître dans te tunnéL
Avec les quelques rares passagers du wagon, nous avons alors décidé
de quitter le train. Nous avons longé les mura du tunnel J’ai entendu une
femme m'appeler par la fenêtre d’un autre wagon. Elle me suppliait
d 'aller chercher de l’aide car elle était enceinte de sept mois et demi et
commençait à se sentir mat.
avoir traversé (es voies sans savoir si nous ne risquions pas de
■ocuter, nous nous sommes retrouvés à la station Saint-Ouen,
totalement désertée. Pas un guichetier; pas un cheminot, pas un
contrôleur. Où se trouvait donc la SNCF ? Ensuite; nous nous sommes
controleur. Où se trouvait donc ta SNCF ? Ensuite; nous nous sommes
retrouvés dehors à une dizaine de personnes dans une zone industrielle
sans finie qui vive. Pas une voiture, pas un taxi, pas un bus_ rien ! Nota
avons marché longtemps. Arrivés boulevard Bessières, j’ai arrêté une
voiture de police afin de porter secours au plus vite à la femme enceinte
et aux autres voyageurs. Nous avons ensuite pris un taxi pour rejoindre
notre domicile.
Le lendemain, je me suis rendu aux services commerciaux de la gare
: Saint-Lazare. Bien mal m’en a pris car je n’ai eu pour seule réponse que
les sarcasmes de jeunes cheminots.
Je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer si mes filles avaient été
seules.
ALAIN CHAROY
Paris
renâclent ; les bombardements ; la
maladie trop souvent regardée
comme un sabotage de l'effort de
guerre^.
U y a tout juste cinquante ans, le
16 février 1943, une loi de Vichy
instituait le service du travail obli-
gatoire ($TO), reconnu par le tri-
bunal de Nuremberg comme un de '
ces crimes de guerre qu'il ne faut à
aucun prix oublier, on le répète
avec raison. Mais jusqu’ici les . r
médias n’ont guère prêté attention •«
à ce cinquantenaire-là. Et pour- -
tant... <Ils étaient un demi-million ; “ ’
ifs'avafeëf vftgt rans ; et- 60 000 -*■
d’entre eùx.ne sont jamais revenus.
:t* t. ! JACQUES jEVRARD .
historien, Toulouse
\ ■
je?»...
*<_ *■ i
v. h .-
>■ . " i - ■
Mi
■HZ.
- . . ü " - -
X A
La conférence de paix sur l’ex-Yougoslavie à New-York
Lord Owen fait état de progrès avec les Musulmans
dans les discussions sur le découpage de la Bosnie
NEW-YORK (Nations unies]
correspondance
Si, comme on le laissait entendre,
la stratégie des coprésidents de la
cOnfërcnce de paix sur* l'ex- Yougos-
lavie était d’obtenir des Musulmans
leur plein accord sur leur plan -
pour ainsi isoler les Serbes, toujours
réticents - MM. Vance et Owen
semblent en passe de réussir.
Jeudi 4 mars, en fin de journée,
on évoquait à New-York une possi-
ble rupture des négociations. Mais,
dans ta nuit, sortant d'une réunion
avec M. Izctbegovic, le président
musulman de Bosnie-Herzégovine,
Lord Owen a brusquement parlé
d ' « énormes progrès». Sans expliquer
son optimisme, il a dit : « Lorsque
les gens sont au boni de l’abîme et
ne voient que la guerre. Us devien-
nent réalistes .»
Selon un diplomate proche des
négociations!, les discussions ont sur-
tout porté sur le découpage proposé
de la Bosnie en dix provinces auto-
nomes. Avant sa rencontre avec
MM. Vance et Owen, le président
bosniaque s'était entretenu avec le
représentant américain aux négocia-
tions, M. Rcginald Bartholcracw. Et
selon un diplomate de l'ONU. «si
progrès il y a. c'est sans doute dû au
rôle joué par Washington ». Peu de
progrès, en revanche, ont été accom-
plis dans les discussions des coprési-
dents avec la partie serbe. Appre-
nant qu'un accord était sur le point
d’être conclu entre MM. Vance et
Owen et les Musulmans, te dirigeant
serbe bosniaque a déclaré qu’il refu-
serait de signer te plan de paix : «Il
est intolérable que MM. Vance et
Owen aient négocié sans nous», a
dit M. Radovan Karadzic. Il a de
nouveau insisté sur sa proposition
de mettre les 30 % du territoire bos-
niaque qui sont encore contestés
sous contrôle international, proposi-
tion refusée par les coprésidents. * Il
est temps de téléphoner à Al. Milose-
vic Il a tout intérêt à le remettre à
sa place», aurait dit un des négocia-
teurs internationaux faisant allusion
à l’attitude do dirigeant serbe bos-
niaque.
Concernant le volet militaire du
plan de paix et les modalités de la
cessation des hostilités, qu'ils
avaient pratiquement approuvés,
en janvier à Genève, les Serbes de
Bosnie multiplient maintenant les
déclarations contradictoires.
M. Karadzic a expliqué jeudi aux
journalistes que, seule, la * surveil-
lance » par la communauté interna-
tionale de l'artillerie lourde serbe est
acceptable et non pas le e contrôle ».
comme l’exige le gouvernement
musulman. De leur côté, les coprési-
dents expliquent que, de toute
façon, raccord militaire signé par les
trois parties ne pourra pas entrer en
vigueur avant un règlement global,
lequel sera imposé par plusieurs mil-
liers de «casques bleus», «rendant
la différence entre la « surveillance v
et le « contrôle » des armes lourdes
sans objet». Selon M. Karadzic, le
contrôle international des armes
lourdes affaiblirait (es Serbes, car
Croates et Musulmans disposent
d'une infanterie plus importante.
Les négociations des parties avec les
coprésidents restent cependant très
délicates puisque le président bos-
niaque, M- Alija Izctbegovic, mena-
çait de quitter New-York, vendredi,
estimant qu'en tant que « chef
d'Etat *‘\\ ne devrait pas négocier
avec des « chefs de dan». Ce à quoi
L’ONU va enquêter sur les charniers de Croatie
GENÈVE
i de notre correspondante
t
Les massacres perpétrés en Bos-
nie ont été une fois de plus évo-
qués, jeudi 4 mars, au Palais des
nations. M. Tadeusz Maziowiccki,
ancien premier ministre polonais,
jet rapporteur pour l'cx-Yougoslavic
jde la commission des droits de
l'homme de l'ONU, a adressé une
lettre ouverte à M. Mohamed
Ennaceur (Tunisie), président de
cette commission, pour iui faire
pari de sa «profonde préoccupa-
tien » devant fa nouvelle offensive
serbe en Bosnie orientale. Dans
cette lettre, M. Mazowiecki estime
•de son devoir de rappeler que
Cerska, ou ce qu’il en reste, «est
dans une zone qui, aux termes du
plan de paix Vance-Owen, serait
une province musulmane entourée
de territoires serbes bosniaques».
Pour lui, «les forces serbes intensi-
fient l'épuration ethnique et tentent
de procéder à des gains territoriaux
au moment où se déroulent les
négociations de paix». Contraire-
ment & ceux qui croient pouvoir
juger que l'action humanitaire
contribue à masquer les vrais pro-
blèmes, te rapporteur estime que
«la situation des droits de l'homme
doit être prioritaire dans la
recherche de (a paix».
D’autre part, les experts de fa
commission des Nations unies sur
Ics crimes de guerre, que préside le
professeur Frits Kalshovel (Pays-
Bas), chargée d’eoquctcr sur les
violations graves des conventions
de Genève, a décidé d’envoyer une
mission spéciale à Vukovar pour y
recueillir le maximum d’informa-
tions sur une douzaine de fosses
communes découvertes autour de
cette ville tombée sous les assauts
des Serbes à la fin de ia guerre de
Croatie. Des experts ont déjà
entrepris i’examen d'une des
fosses, à Ovcara, découverte l'cté
dernier et qui semble contenir les
corps de 200 hommes, croates,
emmenés de ['hôpital de Vukovar
lors de la chute de la ville.
La mission d'enquête sera
conduite par le professeur Fenrick,
membre de la commission. Le
Conseil de sécurité de l'ONU sera
saisi de ses résultats vers la fin juil-
let, de même que le tribunal inter-
national chargé de juger les crimes
de guerre, dès qu'il sera mis en
place. Outre son enquête sur les
charniers, la commission sur les
crimes de guerre a inscrit à son
ordre du jour les points suivants :
« Responsabilité du commande-
ment » ; « ordres d'un supérieur » ;
<x nettoyage ethnique ». « viols » et
«autres formes de violences
sexuelles ».
ISABELLE V1CHNIAC
M. Karadzic a répondu : a Je ne
négocie qu'avec M. Izctbegovic. TS'iï
paru je partirai aussi. »
Les Serbes ne sont pas «aussi iso-
lés que l’on croit», a souligné
M. Karadzic. « Les Russes, dit-il, res-
tent nos grands amis et nos grands
alliés. Les Grecs, les Roumains et les
Bulgares sont aussi nos grands amis,
la Chine et le Japon, et même l'Ita-
lie. l'Espagne et la Grande-Bretagne
comprennent notre position . » Au
rang des «ennemis», M. Karadzic a
cité la Turquie. l’Arabie Saoudite et
l'Iran. Le dirigeant serbe a cepen-
dant été humilié publiquement lors-
que 1e secrétaire général de l'ONU,
M. Bout ros-Gh ali, ainsi que
MM. Vance et Owen lui ont
: demandé officiellement de retirer
une partie de ses déclarations
publiées dans une Lettre ouverte au
peuple américain. Dans cette lettre,
distribuée au lendemain de l'explo-
sion au World Trade Cerner ( le
Monde du 3 mars), M, Karadzic
exhortait te président américain,
-M. Bill Clinton, à « montrer du cou-
rage politique et cesser les largages»
des vivres par avions en Bosnie-Her-
zégovine.
il écrivait par ailleurs: « L'inci-
dent terroriste déplorable au World
Tmde Cerner est un nouveau témoi-
gnage du caractère explosif et des
dangers liés à {'intervention exté-
• rieure directe. » M. Karadzic regrette
à présent, «ce désagréable malen-
tendu » et, bien qu’il maîtrise parfai-
tement l’anglais, explique que ses
propos ont été « mutilés » par les
traducteurs : «Je voulais dire que si
un pays comme les Etats-Unis, qui
ne veut faire que le bien, est la proie
\de terrorisme, alors personne n'est à
i l'abri.»
1 AFSANÉ BASS1R-POUR
Le général
Philippe Morillon
en mission
à Cerska
Les forces serbes ont accepté le
principe d’une mission des
Nations unies dans l'enclave
.musulmane de Cerska (est de la
Bosnie), où les combats font rage
'depuis plusieurs jours, et de l'ou-
verture d’un corridor humani-
taire pour évacuer quelque i 500
.blessés, a annoncé, jeudi 4 mars,
un porte-parole de la FOR-
IpRONU. Les négociations ont
Jété menées par le général Ratko
Mladic, pour la partie serbe, et le
[générai Philippe Morillon, pour
ll’ONU, qui a quitte, vendredi
jmatin en hélicoptère, Sarajevo
Ipour Tuzla et Cerska.
Les habitants de Cerska, mis
au courant des efforts de l'ONU,
ont fait savoir qu'ils étaient d'ac-
cord pour une évacuation des
blessés, dans un but strictement
humanitaire, mais qu'ils se refu-
saient à quitter la ville et à prêter
ainsi la main à une opération de
nettoyage ethnique, selon des
radioamateurs. Dans de nom-
- breuses régions, les Serbes ont
forcé les Musulmans de Bosnie à
quitter leurs maisons, pour les
remplacer ensuite par des popu-
lations serbes.
D'autre part, trois avions car-
gos américains ont effectué une
nouvelle mission de parachutage
de vivres au dessus de la Bosnie,
vendredi 5 mars à l’aube. A Mos-
cou, des militaires américains
ont discuté d'une participation
de la Russie aux largages de
nourriture et de médicaments en
Bosnie, a déclaré un responsable
russe. - (Ab'P, Reuter.)
Avec l’envoi d’un chargé d’affaires en Irak
2£S^^|S?!!L : ! k Turpie fait un geste en direction de Bagdad
Chantal Godinot, aide-soignante,
a été tuë&XU&ftlaile dans la tête,
jeudi après-midi 4 mars, à Sara-
jevo, par un tireur embusqué non
loin de l'aéroport. Deux chauffeurs
polonais du convoi de l'organisa-
tion «Equilibre» ont été blessés
dans la fusillade, qui s'est produite
'à une cinquantaine de mètres d’un
point de contrôle des «casques
bleus» de la FORPRONU.
Chantal Godinot, écrit notre cor-
respondant à Lyon, Bruno Causse,
s’était engagée dans l’association
lyonnaise Equilibre en 1989. pen-
dant la. .'révolution roumaine.
Depuis, ^Ie..n^y^k,çpssé. .d’appor-
ter son concours bénévole à Equili-
bre, se chargeant notamment de la
gestion de la pharmacie, de l’envoi
des médicaments. C'était son
deuxième séjour dans l’ex-Yougo-
slavie. En novembre 1992, elle
avait participé à l’évacuation de
Bosnie d’un millier d’enfants et de
leurs mères qui out été accueillis
par des familles françaises. Agée
d’une cinquantaine d’années, elle
était mère de cinq enfants.
La goutte d’eau
Il n*y a pas que les combats
qui se radical isent, dans l’ex-
Yougoslavie. Les attitudes aussi,
devant ce drame doublé, pour
tes gens da bonne volonté, d’un
scandale philosophique.
Ou nous décrétons, _ nous
autres spectateurs d’Occident :
le Mai absolu est à l'œuvre, c'est
la faute h Théodose, h quoi bon
se faire trouer la peau pour ces
fous sanguinaires et pour nos
gouvernements qui les laissent
tarai
Ou bien on trouve que ta home
de l'Impuissance ne suffît plus,
que défiler en serrant dans ses
poches sos poings de rage, c'est
encore se croiser las bras, qu'il
faut décidément y aller voir, sou-
lager ce qui peut î'étra, opposer
à l'océan du malheur sa goutte
d'eau...
La petite aide-soignante
d'EquiRbre tombée h Sarajevo a
suivi ia seconde voie, c'était plus
fort qu'elle, t Fallait pas y aller »,
vont dire les cyniques. Aux
autres, la question se pose : si
c'était cala, la sainteté?
B, P.-D.
ITALIE
Deux industriels en détention préventive
Le président de la Sagat, ia
société de gestion de l’aéroport de
Casclle (Turin), M. Maurizio Bor-
don, proche du Parti socialiste
(PSD, a été placé, jeudi 4 mars, en
détention préventive. Il est accusé
d’avoir touché des pots-de-vin lors
de l'adjudication de travaux
éditions
NIPPON
LE JAPON DEPUIS
1945
William Horsley,
Roger Buckley
EN VENTE EN LIBRAIRIE
.publics pour la construction d’une
-nouvelle aérogare. Les enquêteurs
itentcnt de déterminer si les
sommes recueillies auraient pu ser-
jvîr au financement d’un parti ou
de personnalités politiques.
( Le directeur générai d’Italim-
l p rosse (la quatrième entreprise de
,travaux publics), M. - Eugénie
Rende, a subi le même sort pour
■avoir versé des pots-de-vins. Les
i magistrats de Milan lui reprochent
! d’avoir « arrosé» des responsables
de i’ENEL (producteur national
d’électricité) en échange de
contrats de construction de cen-
trales électriques. Ces sommes se
seraient ensuite retrouvées dans la
caisse de certains partis politiques.
Enfin, l’ancien secrétaire du
j Parti socialiste italien, M. Bçttino
fCraxi, devra se rendre mardi pro-
; ehain devant la commission parte-
memaire chargée d’une levée éven-
tuelle de son immunité
’ parlementaire. - (AFP. Reuter J
■En applicatfoh d'une décision
1 annoncée le 24 février dernier,
la Turquie a envoyé, jeudi
|4 mars, un chargé d'affaires à
iBagdad, M, Sadi Calislar.
■ a C'est un premier pas vers la
reprise de bonnes relations bila-
térales m. a commenté ie
conseiller de l'ambassade d'Irak
à Ankara qui a demandé au gou-
vernement turc une aide huma-
nitaire. La Turquie avait sus-
pendu ses relations
«diplomatiques avec Bagdad au
ilendemain de l'invasion du
| Koweït en août 1990.
i ISTANBUL
da notre correspondante
A plusieurs reprises en 1992, les
autorités turques avaient annoncé
leur intention de renvoyer un diplo-
mate de haut rang à Bagdad, mais à
chaque fois, te gouvernement avait
cède à la pression de scs alliés et
renoncé à son projet
Cette fois-ci, les autorités turques
étaient déterminées et ont rencontré
peu d'opposition. Le régime de Sad-
dam Hussein ne semble pas près de
i tomber et les Turcs éprouvent le
'besoin d’obtenir plus d'informations
sur la situation en Irak. «Nous n'al-
lons pas embrasser Saddam Hussein
sur les deux joues. expfiquc-t-on au
ministère des affaires étrangères.
Mais nous avons besoin de communi-
quer.» Ses alliés occidentaux ont
atdré l'attention de la Turqnie sur le
lait que cette démarche risquait d’en-
voyer des « signaux erronés » à l’Irak;
les diplomates occidentaux admettent
cependant qu’ils espèrent avoir accès
aux informations recueillies par les
Turcs.
Depuis la guerre du Golfe, la Tur-
quie tente de redéfinir sa politique
au Proche-Orient. Selon un sondage
effectué au début de cette année par
le quotidien Turkish Daily News,
75 % de la population et 89 % des
parlementaires étaient en faveur d'un
rapprochement avec l’Irak, premier
partenaire commercial de ta Turquie
dans la région avant la crise du
Golfe, meme sî deux tiers de la
population considèrent l’Irak comme
«une menace potentielle. Le gouverne-
ment souligne que des relations nor-
males avec l’Irak ne sont pas possi-
bles, aussi longtemps que le régime
actuel reste au pouvoir ci refuse
d’appliquer pleinement les résolu-
tions des Nations unies; mais il est
évident que la Turquie serait un des
premiers pays à bénéficier d'une
éventuelle réconciliation entre Bag-
dad et la communauté internationale.
Le manque à gagner dù à l'inter-
ruption des échanges commerciaux
avec l’Irak - et. A travere ce pays.
avec’tf autres Etats 'de la région
demeure une plaie ouverte dans le
flanc de la Turquie. L'cnjcu de la
tournée effectuée par le premier
ministre, M. Derairel. à la fin du
mois de janvier, dans les pays du
Golfe, - Arabie Saoudite, Qatar, Bah-
reïn et Emirats arabes unis - était
donc économique aussi bien que
politique. Il s’agissait de ranimer le
commerce extérieur avec ces pays,
qui a diminué de moitié depuis
(990, les exportations turques ayant
des difficultés à transiter par voie
terrestre, et de rappeler une «petite
note», notamment une tranche de
2 00 millions de dollars de compensa-
tion que le Koweït doit toujours à la
Turquie pour la participation de
cdlc-d i la coalition anti-irakienne.
L’Irak et l'Iran ont fait l'objet de
longues discussions au cours de celle
tournée. Les pays du Golfe sont
d’une part préoccupes par un déman-
tèlement possible de l'Irak, mais sur-
tout par tes efforts d'armement de
l'Iran et ils voient en la Turquie un
contrepoids à la puissance de Téhé-
ran.
La Turquie partage les soucis des
‘pays arabes, mais bordée à sa fron-
tière sud de voisins «difficiles» -
l’Irak. l’Iran et la Syrie, - elle cherche
à tout prix à éviter les crises et joue
la carte de la stabilité. Ce souci de
maintenir la paix régionale explique
notamment la prudence avec laquelle
le gouvernement turc a agi - ou
plutôt s'est abstenu d’agir - après
l’annonce, 1e 4 février dernier, d'une
complicité iranienne dans plusieurs
meurtres de personnalités laïques et
de diplomates étrangers en Turquie,
au cours des dernières années.
Prudence ne signifie pas complai-
sance. Un dossier prouvant, docu-
ments à l'appui, la participation ira-
nienne à ces meurtres, ainsi que
l'existence d'un camp situé entre
Téhéran et 0 dm. où des islamistes
turcs étaient formés «au sabotage et
à l’usage d'explosifs», a été remis aux
autorités de Téhéran quï. jusqu'à pré-
sent, n'ont pas fourni d'explications
satisfaisantes. «Ne refusez pas votre
coopérat ion pour résoudre ces affaires.
Si vous ne contribuez pas à les résou-
dre, vous allez atténuer les relations
entre la Turquie et l'Iran de façon
très sérieuse, » a dédaté M. Dcmircl.
La Turquie soupçonne également
l'Iran et la Syrie, malgré b signature
d'accords de sécurité en 1992, d’aider
les séparatistes kurdes du PKK. con-
tre lesquels elle lutte depuis 1984. Le
rétablissement de contacts diplomati-
ques réguliers avec Bagdad lui per-
mettra peut-être de convaincre le
gouvernement irakien de meure tin à
sa propre collaboration ara: te PKK.
Unis par leur opposition à b fon-
dation d'un Etat kurde indépendant
au nord de f'frak. fa Turquie, fa
Syrie, l’Iran et l’Irak demeurent
cependant séparés par une forte
méfiance mutuelle.
NICOLE POPE
Pour 15 F
le mercredi
Enquête sur g » ■
Journal
utile
pour monde
compliqué
Z'"
- -.■vr 'f. ‘ ... ’ *
\
4 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •.
{
4
i
/
*
*3
m
4
EUROPE
Paysage de ruines
ai Dalmatie
Suite de la première page
La plus grande partie de (a popu-
lation avait commencé à partir
dès septembre (991, lorsque les
forces serbes lancèrent leur offen-
sive sur la côté d aima te, derrière
laquelle les monts de la Krajina - à
population serbe - forment uAë
véritable muraille. Vendant jour-
naux, cigarettes et bimbeloterie,
Ana a mis un point d'honneur d
ouvrir son échoppe le plus souvent
possible, h quand c'était un peu
calme», dit-elle.
A soixante ans, Mate Brala,
blessé au bras à ('automne 1991
alors qu’il avait rejoint la garde
nationale croate, a conservé un
solide optimisme, à l'égal de son
.pragmatisme. Lui qui dit avoir
«tout fait dans la vie», raconte
comment, après les bombarde-
ments, (es quelques habitants restés
au village allaient subrepticement
en barque récupérer les poissons
tués par les obus tombés a la mer.
«Une fols, se sou vient-il dans un
grand éclat de rire, j'en avais telle-
ment pris que ma barque a cha-
viré.»
Maïs, à côté de Posedaije, que la
.majorité de la population a mainte-
.nant réintégré et qui tente de revi-
vre bien qu'aucune activité écono-
mique n’y soit encore permise, il y
a Cmo, Murvîca, Policnik, Islam-
Latinski, Islam-Grcki, Smilcic...,
autant de villages croates dont il ne
reste que le nom sur la carte et les
pans noircis de maisons détruites.
Un paysage de ruines, ponctué
d'inscriptions en cyrillique et de ia
fameuse croix serbe ornée des qua-
tre «S» («Seule b solidarité sauve
les Serbes»), témoignages de plus
d’un an d’occupation.
Dans le cimetière de Cmo. resté,
lui, presque intact, un caveau en
fin de construction est ouvert; des
matelas et .des couvertures y
traînent encore, oubliés par les sol-
dats serbes qui en avaient fait leur
casemate. A quelques mètres,
l’église catholique Saint-Nicolas est
comme évidée; seuls les murs sont
encore debout; l’autel est couvert
de boue. De là, on découvre, légè-
rement en contrebas, les hauts
immeubles des faubourgs 4c Zadar,
à portée immédiate de tir. Le long
de b route-étroite traversant le vil-
lage désert; des cordons de plasti-
que fluorescent signalent bas-côtés
et ruines minés.
Plantés sur le bord de b route
rectiligne coupant Murvîca, deux
hommes d’âge mûr regardent l’une
des carcasses de maison composant
aujourd'hui le village. Les murs
tiennent toujours, mais il n’y a
plus de toit ; le plancher est cou-
vert de gravats noircis, de restes de
mobilier calciné. C'est b première
fois qu’ils reviennent ici, dans ce
village qu’ils ont quitté lors de l'at-
taque des forces serbo-yougoslaves,
en septembre 199 t. Ils sont absor-
bés dans b contemplation de la
maison de leur voisin, un Serbe,
qui n’avait pas foi à l’époque. Le
jardin qui s'étend devant la
construction est soigné; les planta-
tions sont ordonnées, la petite
vigne vient d'Stre taillée... A son
tour, le voisin serbe a dû partir
précipitamment le 22 janvier der-
nier, sous b poussée croate.
«En voyant ce qui était arrivé à
leurs maisons, pillées et brûlées, des
Croates revenus depuis la libération
du village ont détruit tes maisons
serbes; si mm ne pouvons plus uti-
liser nos habitations, il ne faut pas
qu’eux (les Serbes) puissent le
faire ». dit l’un des deux hommes,
qui vient de passer plus d'un an à
Zadar - à dix kilomètres - comme
« personne déplacée.
Le pont, J 'aérodrome,
le barrage
Non loin de là, ce sont des sol-
dats croates qui avancent prudem-
ment entre les pins, fouillant le sol
et les herbes de piques métalliques;
ils déminent les abords de la base
aérienne de Zemunik. Sur cette
base, l'été dernier, deux officiers
français de la Force de protection
des Nations unies (FORPRONU)
ont été tués par l’une des charges
explosives qui truffent b piste de
l’aérodrome et étaient - selon un
rapport officiel établi à l'époque -
télécommandées à distance par les
Serbes.
e Depuis . nous avons fait en sorte
que ces mines ne puissent plus être
activées, mais elles sont toujours
présentes», explique un officier
croate. Cest que b plupart des ins-
tallations «stratégiques»
construites du temps de b Fédéra-
tion yougoslave - surannée, et qui, ,
depuis des dizaines d'années, se
préparait à la troisième guerre
mondiale - ont étfr conçues de i
façon à recevoir des chaises pou-
vant les détruire en cas d'attaque.
L'aéroport 4e Zeraunik-Zadar était
l’un des principaux objectifs de
l’offensive croate du 22 janvier,
avec le pont (détruit) de Masienica
et le barrage (très endommagé) de
Peruca. il reste pour l’instant tota-
lement inutilisable. Outre le pro-
blème des mines, les installations
aéroportuaires ne sont que ruines.
Ruines également autour de
Peruca, entre tes monts Dinars et
Svilaja, à moins de cinquante kilo-
mètres au nord de Split, à com-
mencer par celles de la petite cen-
trale électrique, en contrebas du
barrage, totalement saccagée. Les
Serbes, qui ont contrôlé le barrage
pendant des mois, avaient menacé
de le faire sauter fin janvier, lors
de l’offensive croate, ce qui aurait
provoqué une véritable catas-
trophe, la vallée de la rivière
Cetina étant très habitée.
1b n'ont finalement mis leur
menace à exécution que partielle-
ment. Le 28 janvier, une série d’ex-
plosions ont retenti ; le jour même,
l’armée croate reprenait Peruca.
Aujourd’hui, la route qui court sur
un demi-kilomètre au sommet du
barrage de terre, d’argile et de
rochers haut de trois cents mètres,
est Assurée sur toute sa longueur et
coupée en trois endroits. Au
milieu, le rembbis de terre et de
S ivier construit par tes Croates
puis An janvier s’est affaissé de
trois mètres. De plus, des explo-
sions à b base du barrage ont fra-
gilisé l’ensemble de l’ouvrage, qui
date de 1959.
Toutes vannes ouvertes, le
niveau de la retenue d'eau baisse
d’un mètre par jour, mais îljàudra-
encore attendre! avant de pouvoir
évaluer l’ampleur des dégâts, avant
de savoir s’il pourra Être remis en
état ou devra être complètement
reconstruit. Trots autres centrales
en aval - Zakucac, Dalc et KraJjc-
vac - sont tributaires du débit de
Peruca; or, dès que le niveau d’eau
sera suffisamment descendu pour
que l'examen de l'état du barrage
puisse être effectué, les vannes
seront fermées, réduisant ces trois
centrales au «chômage technique»
et accroissant encore les pénuries
d'électricité dont souffre la Dalma-
tie, comme d’ailleurs d’autres
régions de Croatie.
En lettres
noires
Ante Hrgovic a de b suite dans
les idées. Il venait d'ouvrir son
petit restaurant, à deux kilomètres
de Peruca, lorsque la guerre a
éclaté en Croatie. (I a entrepris
aujourd’hui de nettoyer ce qui
reste de son établissement ravagé
par le feu, à quelques mitres de ce
qui était encore il y a un mois une
position d’artillerie; la « i n batte-
rie de la gante serbe», à en croire
les inscriptions qui s'étalent sur- les
murs du hameau croate, dont les
Serbes avaient fait une possession
du e Royaume de Serbie ».
g Nous n ‘avons pas encore le
droit de nous réinstaller, mais je
profite d’un moment de calme pour
venir travailler», explique Ante,
dont l’espoir est que le barrage soit
rapidement reconstruit et effacés
au plus vice lès ravages de la guerre
et le souvenir de ceux qui la mène-
rait, comme ce «Milan Kosanùvic,
dé Kanjiza» (en Serbie), qui a tenu
à signer en immenses lettres noires
sur le mur de son restaurant
YVES HELLER
Citoyens en urnes sur le Août
Tout au long de la me occupée par les Serbes
les «territoriaux» de l’amée croate défendent leurs villages
NOVIGRAD (Dalmatie)
de notre envoyé spécial
ils ont de dix-huit à soixante
ana; les uns ont déjà repris leur
village, même s'ils ne peuvent
encore l'habiter; d'autres défen-
dent leur foyer sur la ligne de
front; les aunes, enfin, attendent
avec impatience de pouvoir
reconquérir leurs terres toujours
aux makis das forces serbes. Ce
sont les domobrani, cette
défense du territoire, de création
relativement récente et partie
intégrante de l'armée croate en
mutation, dont les membres - à
l'image de l’armée suisse -
conservent leurs armes en per-
manence chez eux.
Le visage h moitié caché par un
passe-montagne kaki disparais-
sant sous un casque hors d'Sge,
engoncé dans un treillis légère-
ment trop grand pour lui, une
mitraillette datant des «triées 40
h la main, Rajko Vlatkovic est
retranché derrière un mur de sacs
de sable disposé è l'entrée d'une
casemate. Devant lui, un carre-
four ob deux obus viennent
encore de s'abattre. Derrftre hd,
son village, Novigrad, et une ins-
cription qu'il a lui-même peinte
sur le rocher : v 25 janvier,
13 heures». Cela faisait un peu
plus de treize mois qui attendait
ce moment, celui où son unité a
réussi è repousser de 2 kilomè-
tres les forces serbes qui occu-
paient son viRage. Quant à sa
maison, il va la voir tous les jours
mais ne peut encore l’habiter.
D’abord, elle a été pillée et a été
touchée par des tirs d’artillerie;
et puis les forces serbes, depuis
qu'elles ont été obligées de bat-
tre en retraite devant l'offensive
croate déclenchée le 22 janwsr
dentier, ne cessent de bombarder
Novigrad. 'Rajko, un marin de cin-
quante-six ans, porte ('uniforme
depuis seize mois; c’est un
domobrane, un «territorial »,
comme on peut en rencontrer sur
presque toute l'étendue du front
croate.
L’ennemi
i la lorgnette
Sabljanci, tout petit village
coincé entre (a route et la ligne
de front, beaucoup plus au nord,
a aussi ses domobrani : des fer-
miers, un mendsïer, un plombier
et bien d’autres. Dane, soixante
ans, porte son fusil de guerre
comme il devait porter son fusil
de chasse il y a deux ans à
peine ; d'un air absorbé, il tente
de faire prendre le feu qu'il a
allumé pour se réchauffer au fond
d’un chemin creux et dont la
fumée bleue se perd dans les
branches d'arbre. Josïp, lui, est
beaucoup plus jeune; il rit en
regardant par-dessus une butte
de terre qui forme le haut d’une
sorte de tranchée.
De ii, à la lorgnette, on distin-
gue nettement les traînées de
rouille sur les canons serbes et
même tes traits des soldats qui
s'activent â renforcer leurs posi-
tions à quelques centaines de
mètres de distance, au-delà de
champs de mines. C'est comme
cela qu'il n'y a pas si longtemps,
Josip a reconnu dans les rangs
ennemis l’un de ses cousins à
ascendance serbe et croate.
Bien que ses parents et son
frise soient restés au village, ce
cous ki a préféré passer ede /'au-
tre côté» et rejoindre les tTchet-
niks » serbes. Dans te silence
hivernal, un bruit de tronçon-
neuses monte des lignes serbes;
depuis l’offensive croate du
22 janvier en Dalmatte, les cfomo-
brani de Sabljanci ont noté une
montée de la tension sur «leur»
front et constaté que leurs adver-
saires passent leur temps à
consolider leurs fortifications.
Défendre
sa maison
«Les soldats chargés de défen-
dre leur foyer, comme te sont les
domobrani, sont ios plus
farouches, et nous sommes par-
tis du principe que quelqu’un qui
défend sa maison le fait de la
façon la phi s énergique er te plus
efficace possible » : è quarante-
deux ans, te commandant Vladi-
mir Katic dirige une unité de « ter-
ritoriaux » particulièrement moti-
vés car 9 leur reste encore tout à
faire, h savoir libérer leur ville,
Slunj. que tes forces serbes ont
conquise en novembre 1991 et
qu'elles tiennent toujours. Pour
l’heure, te commandant Katic
ronge son frein, à une trentaine
de kilomètres de sa ville natale
où il est revenu à l'été 1991 pour
y combattre contre l'armée ser-
bo-yougoslave.
Rien n’avait préparé 1e Croate
Vladimir Katic au métier des
armes ; peintre, H vivait depuis
dix ans entre ' Rotterdam et
Utrecht, après avoir fait sas
études h Amsterdam; sa femme,
néerlandaise, est restée aux
Pays-Bas, tout comme ses trois
enfants. Il est l'un de ceux qui
ont organisé, après trois mois de
siège, l'évacuation - par la Bos-
nie-Herzégovine - de quelque
18 000 personnes de la com-
mune de Slunj avant que les
Serbes ne la prennent. Sa maison
a été pillée ; son onde et sa rame
ont été tués, leurs corps ont été
jetés dans les flammes de leur
maison incendiée.
Malgré tout, Vladimir Katic ne
voit pas «pourquoi à l'avenir il ne
vivrait pas de nouveau aux côtés
de Serbes». Mais 9 se promet de
«résister à tous ceux qui vou-
draient encore le chasser » de
chez U. Actuellement, sa préoc-
cupation est de rentrer à Slunj, et
il se dit ephis soucieux d'assurer
l'existence (fun jeune Etat croate
que de tuer trois Serbes». Et te
paix une fois revenue? Le com- .
mandant Katic assure qu’alors il
reprendra sa palette et ses pin-
ceaux, qu’il partagera son temps
entra îa Croatie, les Pays-Bas et
d’autres pays européens où te
mènera son art
YVES HELLER
□ JVL Milan Panic retourne à son
entreprise pharmaceutique. - L’an-
cien premier ministre yougoslave,
M. Milan Panic, démis de ses fonc-
tions par le Parlement de Belgrade,
il y a trois mots, rentre en Califor-
nie pour y reprendre la direction
de sa compagnie pharmaceutique
qu’il quittée pour diriger le gouver-
nement fédérât - (Reuter.)
* i
□ Signature d’un traité franco-let-
ton. - Le président letton, M. Ana-
tolijs Gorbunovs, et le président
François Mitterrand ont signé,
mardi 2 mars â Paris, un truité
d’entente, d'amitié et de coopéra-
tion. La France a déjà signé des
traités similaires avec les deux
autres Républiques baltes, la Litua-
nie et PEstonie.
y
t
RUSSES
Le Congrès des députés du peuple
se réunira le 10 mars
' f »
A
'*.sr
Le Parlement russe k décidé ven-
dredi 5 mars de réunir le 10 mais
le Congrès des députés du peuple,
législatif élargi qui pourrait tran-
cher le conflit opposant le prési-
dent Boris Eltsine à la majorité
conservatrice du Parlement. Le
Soviet suprême a voté à une majo-
rité écrasante en faveur d’un avan-
cement de la date de la session du
Congrès, normalement prévue
en avriL
M. Eltsine souhaite organiser un
référendum le il avril prochain
pour clarifier la question du par-
tage des 'pouvoirs entre exécutif et
législatif. Mais une partie des
députés s’y opposent. Jeudi,
ceux-ci avaient demandé au prési-
dent, par le vote d’une résolution, .,
de venir s'expliquer vendredi
devant eux sur ses récentes déclara-
tions à propos des g mesures
extrêmes» auxquelles i! envisage-
rait de recourir si la crise politique
qui l'oppose au Parlement n'était
pas résolue. M. Eltsine a fait
savoir, selon Interfax, qu’il n’avait
pas l’intention de répondre à- cette
« invitation - (Reuter, AFP)
La « mafia tchétchène » à Londres
La, triste fin
des conseillers du général Doudaev
Non contents d'avoir exporté
ses talents dans te plupart des
capitales d'Ejurope de l’Est, la
redoutable «mafia tchétchène»
étendrait-elle déjà ses ramifica-
tions jusqu'en Grande-Brer
tagne? Le sojrt macabre réservé
à deux frèrps originaires de
cette remuante petite Républi-
que du Nord€aucase, en «mis-
sion» è Londres, n’aura nulle-
ment étonné les policiers
moscovites, désormais habitués
à la criminalié (a plus brutale,
maïs il ouvra sans doute de
nouveaux 1 horizons aux
enquêteurs de’Scotiand Yard.
L'une desl deux victimes,
Rouslan Oudsiev, trente-sept
ans, se trouvait à Londres sur
ordre du général Djokhar Dou~
daèv lui-même, personnage
haut en couléur, ancien officier
de l'armée soviétique reconverti
dans 1e contrat pour la libéra-
tion nationalelde le Tchétchénie,
dont H est aujourd'hui te prési-
dent. M. Outslev, affirme
l’agence Tchétchenpress, était
le conseiller présidentiel pour .
«feq u^fres écomjfîtigues exté-
rieures », et la « mission spé-
ciale» dont il était chargé dans
la capitale britannique concer-
nait l'impression de passeports,
de timbres-poste et de la future
monnaie de cette République de
moins d’un million d’habitants
qui tient à quitter la Russie. Les
meurtres auraient été perpétrés
par das truands esitéressés par
leur argent»... Voilà pour la ver-
sion tchétchène.
Il y avait de quoi être inté-
ressé, en effet, puisque Rouslan
Outsiev et son jeune frère Naza-
bek, vingt et un ans, menaient
grand train : achat d’une maison
dans te quartier huppé (te Mary-
lebone pour 1 million de livres
(8 millians de frênes j, achat
d’une autre maison è Harrow,
Daimler avec chauffeur... «Suc-
combant à des tentations, expli-
que cette fois l'agence russe
Tass, Us ont oublié pourquoi ils
étaient venus à Londres et se
sont tr»s i jeter l’argent par tes
fenêtres. Us ont commencé è se
foira à la réalité capitaliste» :
vêtements de luxa, restaurants,
caisses de whisky et de vexflea
livrées è domicile, «sans oublier
les prostituées : deux ou trois
blondes tous les soirs».
Leur fin fut moins drQte - très
caucasienne, en somme. Le
chauffeur d'une fourgonnette,
chargé par deux Arméniens de
livrer des peubles et des
caisses dans la maison de Har-
row, fut intrigué par une forte
odeur émanant d'une des
caisses. Alertés, .la polies y
découvrit, te 1« mars, un sac en
plastique qui hn-mème renfer-
mait t le corps démembré» d'un
des frères, tué par baltes.
Dans ('autre appartement, on
trouva te second cadavre, trois
balles dans .le crâne. Donnée
t par 'Tas?,' la version russe du
meurtre dès deux Tchétchènes
est cruelle : «Los maîtres des
émissaires tchétchènes avaient
été mis au couranr de leur vie
de débauche, et l’ordre a été
donné d'an finir. Cet ordre a été
immétSàtément exécuté .»
Depuis, lesi autorités tchét-
chènes ont riposté avec une
nouvelle version : c'est un coup
des services secrets russes.
Pour le Times de Londres,
cette découverte a mis Scotiand
Yard sur la piste d’une très
grosse affaire de fraude, dans
laquelle seraient aussi impliqués
des hommes d'affaires alle-
mands, sur tes ventes de
matières premières.
S. K.
GRANDE-BRETAGNE : la réforme du système des honneurs
M. Major sonhsûte que les distinctions
soient davantage liées au mérite
LONDRES
de notre correspondant.
Sans constituer une «rêve lo-
tion», la réforme du système des
honneurs proposée par le premier
ministre va dans le sens de cette
«Lclassless society » & laquelle se
réfère souvent M. Major, c'est &
dire une société oh chacun dispose-
rait des mêmes opportunités.
Le nouveau système remet en
cause les critères sur lesquels
repose le principe séculaire de Pat-
tnbution de distinctions . Jusqu'à
présent cependant, une part impor-
tante de celles-ci étaient accordées
de façon automatique et en tenant
le plus grand compte de la classe
sociale du bénéficiaire Désormais,
a estimé M. Major, seul le mérite
doit compter.
Le changement le plus radical
tient à la «démocratisation» du
système ; dans le but d’étendre
cehn-ci â tontes les couches de la
société, chacun pourra écrire au
10, Downmgstreet (la résidence du
premier ministre) pour recomman-
der telle ou telle personne, notam-
ment, selon M. Major, ceOès qui se
livrent dans l'anonymat au bénévo-'
lat au sein dre organisations chari-
tables ou humanitaires.
Dans le mime souci de' promou-
voir cette «société méntocrati-
qne», une refonte des distinct ions
est entreprise ; la distinction de'
classe entre deux médailles, d'une
L\i
«Bjî
Zi II-
' *r. - ,
‘■i •: i • .
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•V. m
‘ - 'Ii
part la BEM (British Empire
Medal) - jusque-là accordée aux
«classes laborieuses» - d’autre
part ta MBE (Member of the Bri-
tish Empire), réservée aux mem-
bres des professons libérales â des
classes moyennes supérieures, est
abolie.
Seule ia MBE sera désormais
accordée et tous les promus auront
l’honneur supplémentaire d’être
reçus au palais de Buckingham.
D’antre part, le titre de chevalier
ne sera plus conféré automatique-
ment aux hauts fonctionnaires et
. officiers supérieurs. Mais cette
réforme a ses limites: les distinc-
tions plus importantes, comme la
. OBE (officier de l’ordre de l’em-
pire britannique) et la CBE (com-
mandeur de l'ordre de l’empire bri-
tannique) ne disparaissent pas, et
les juges de la Haute-cour conti-
nueront & recevoir automatique-
ment le titre de chevalier' au
moment de leur désignation, cela
afin de préserver s l'indépendance
de fa justice» :
L’opposition a accueilli favora-
blement cette réforme, tout en
regrettant que Ton continue à par-
ler d’un « empire » qui a disparu, et
surtout en constatant qu’il n’est
pas question de remettre eu cause
l’attribution de distinctions « politi-
ques» pour remercier les protégés
du para au pouvoir.
LAURENT ZECCHIN1
*<i.<
ms
EUROPE
. ALLEMAGNE : un test pour le chancelier Kohl
La campagne pour les municipales en Hesse est marquée
par une crise de confiance envers les grands partis
FRANCFORT-SUR-LE-MAIN
de notre envoyé spécial
Très loin des préoccupations
économiques et sociales de Berlin
on des nouveaux Lânder de Test,
Francfort, la capitale financière de
l'Allemagne, ' affecte un calme
trompeur . La sécurité publique et
l'environnement dominent une
campagne pour les éjections muni-
cipales du 7 mars où la coalition
des sociaux-démocrates et des
Verts qui dirige la ville depuis qua-
tre ans a de Bonne chance de pas-
ser avec succès son examen de pas-
sage.
De la réunification, l'opulente
« Moin-halUm » a surtout retiré jus-
qu’ici un surcroît de prospérité, qui
n’a pas encore été entamé par la
récession, et, rançon de ce succès,
un accroissement sensible de la
population étrangère (près de 20
000 en 1992). L’extrème-droite, qui
avait réussi son entrée au conseil
municipal avec 7 % des voix pour
le potü NPD en 1989, risque une
nouvelle fois de mordre sur l’élec-
torat des deux grands partis chré-
tiens-démocrates et sociaux-démo-
crates qui semblent d’accord sur un
point : souligner la nécessité de
restrictions budgétaires pour cause
de réunification.
Le maire social-démocrate sor-
tant, M. Andréas von Schoeler,
table sur une image de «stabilité»
et de « tolérance » pour conjurer la
confusion qui règne sur la scène
politique allemande! en raison des
incertitudes sur les sacrifices à
venir. Avant les importantes
échéances électorales de l'année
prochaine, (es élections munici-
pales en Hesse sont le seul test
pour prendre le pouls d'un électo-
rat inquiet.
Et il est pris au sérieux. A peine
rentré d’un voyage de deux
semaines à travers l’Asie, le chan-
. relier Kohl était jeudi 4 Mars à
Francfort pour soutenir une der-
nière fois les candidats de son parti
et mobiliser son électorat. Tous les
grands partis ont dépêché leurs
ténors pour battre ces dernières
semaines la campagne hessoise. Les
régionales de l'année dernière au
Bade-Wurtemberg et au Schleswig-
Holstein, où la CDU et le SPD
avaient lourdement chuté, sont gra-
vées dans tous (es esprits.
Ua formidable besoin
d'orientation
L'Allemagne n'échappe pas plus
que les autres pays européens à
une crise de confiance à l'égard de
sa classe politique. B y a pour cela
un mot local, « die Verdrossen-
heit», que l’on peut traduire i peu
prés par lassitude. Les «affaires»
n’ont pas pris ces dernières années
en Allemagne la même proportion
qu'en France ou en Italie, même à
elles ont mis en cause quelques uns
des personnages les plus éminents
de la classe politique.
Ce qui a d’avantage été en cause
est la sincérité des dirigeants politi-
ques, leur capacité à faire passer
l'intérêt public avant leurs intérêts
partisans, leur capacité & diriger
dans une situation difficile. « Nous
avons affaire à un formidable
besoin d'orientation dans la
société», disait le président de la
République allemande, M. Richard
von Weizsàcker, dans un livre sur
la classe politique, paru l’an der-
nier et qui avait fait scandale.
Cette crise de leadership a été
illustrée par l’interminable querelle
sur la réforme du droit d'asile, qui
a focalisé toutes les frustrations de
l’Allemagne mal réunifiée, débou-
chant sur les violences que l’on
connaît contre les étrangers. Mais
tout avait commencé avec le
«mensonge des impôts», la pro-
messe non tenue du chancelier
Kohl que la réunification n’impli-
querait pas un accroissement de la
pression fiscale.
H est devenu aujourd'hui de bon
ton d'affirmer en Allemagne qu'il
faut être solidaire, que cette réuni-
fication n’ira pas sans sacrifices à
l'est comme à l'ouest du pays .
Entre-temps pointant, le fossé d'in-
compréhension s'est creusé. Et la
mise en pratique de cette solidarité
met une nouvelle fois les politi-
ques, les syndicalistes et toutes (es
forces vives au défi de sortir des
schémas traditionnels.
Forte tendance
à l'abstention
Les négociations sur le pacte de
solidarité qui doit fixer sur le long
terme l'effort financier de l'ouest
pour permettre à l’est de décoller
tournent à un combat de tranchée
où l'électeur moyen a bien du mal
à se retrouver. La majorité et Top-
position, menée par les sociaux
démocrates, sont divisées sur la
nécessité de financer la solidarité
par la réduction des dépenses
publiques, y compris en matière
sociale, ou par uae politique indus-
trielle fondée sur l'augmentation
des impôts. La ligne de partage
n'est pas aussi claire qu'il n'y
paraît.
L’ex-chancelier social-démocrate
Helmut Schmidt y va de sa plume
cette semaine, l'hebdomadaire
die Zeit, pour refuser un alourdis-
sement immédiat de (a fiscalité qui
mettrait en péril une reprise écono-
mique seule susceptible, selon lui,
de permettre le redressement de
l'est. Dans le camp conservateur à
l’inverse, les vieux adversaires de
M. Kohl, avec è leur tète le minis-
tre-président de Saxe, M. Kurt Bie-
denkopf, et le vice-président de la
CDU, M. Heîner Geissler, récla-
ment eux aussi une politique inter-
ventioniste radicale:
Dans cette foire d’empoigne,
M. Kohl jooe l'avenir de sa coali-
tion Tannée prochaine. Faute de
mobilisation nationale sur la
reconstruction de l’est, chacun a
tendance i ne voir dons les sacri-
fices demandés que ce qu’il lui en
coûte à titre personnel (augmenta-
tion des charges sociales, de l’es-
sence, risque de vignette autorou-
tière). Les responsables de
campagne électorale en Hesse
notent que les manifestations élec-
torales font le plein. Mais cela
n'empêche pas, si Ton en croit un
soudage publié par le Spieget. une
forte tendance à l’abstention. Les
deux grands partis - 35 % d'inten-
tions de vote pour la CDU et 37 %
pour le SPD - connaissent une éro-
sion continuelle qui rendrait diffi-
cile en cas d'élection aujourd'hui la
formation d'une majorité gouver-
nementale autre qu’une' grande
coalition.
HENRI DE BRESSON
□ Verdict de démence pour
M. Klaus Croissant. - L'ancien
avocat des terroristes de la Frac-
tion armée rouge (RAF), M. Klaus
Croissant, a été condamné jeudi
4 mars à un an et neuf mois de
prison avec sursis pour avoir été
un informateur de l'cx-policc
secrète de la R DA communiste
(Stasi). Le tribunal de Berlin a
reconnu M, Croissant, soixante et
un ans, coupable d'avoir espionné
entre 1981 et 1989 la gauche ouest-
allemande et le parti écolo-pacifiste
des Verts, en particulier pour le
compte des services de renseigne-
ment de la RDA. Le procureur
avait requis une peine de deux ans
et demi de prison ferme. - (AFP.)
.. "T
..-y
B générosité suspecte de M, Bjôm Engholm
BERLIN
de notre correspondant
Enfant chéri des sondages de
popularité, le président du parti
social-démocrate allemand,
M. Bjôm Engholm. se trouve à
son tour au cœur d'une mauvaise
polémique qui pourrait n'être pas
sans conséquences sur son
image.
M. Engholm avait ôté élu mires- -
tre-président du Schleswig-Hols-
tein après que son prédécesseur,
le chrétien démocrate Uwe Bar-
schel, eût été convaincu de
manœuvres déloyales à son
encontre pour gagner les élec-
tions régionales de 1987. Uwe
Barscheî était retrouvé peu après
mort dans une chambre d'un
hôtel suisse. L'enquête concluait
è un suicide.
Ce scandale, qui avait donné
une impulsion décisive à l'ascen-
sion politique de M. Engholm,
avait été déclenché è l’époque
par les révélations de l'ancien
porte-parole de M. Barschef,
M. Reiner Pfeiffer. Or on vient
d'apprendre qua celui-ci avait
perçu du ' bras droit de
M. Engholm, M. GOnther Jansen,
ministre des affaires sociales du
Schleswig-Holstein, une somme
de 40 000 deutschenurrks (135
000 bancs} en deux versements
effectués en 1989 et 1990.
M. Jansen a justifié ces verse-
ments en indiquant qu'ii avait
voulu venir en aide à un homme
qui avait été abandonné de tous
après avoir aidé la démocratie en
révélant les agissements scanda-
leux de son ancien patron. Cela
semble insuffisant pour convain-
cre les adversaires politiques de
M. Engholm. L’opposition CDU
au parlement régional de Kiel a
déjà fait savoir qu'elle demande-
rait une commission d'enquête
parlementaire pour tenter de faire
la lumière sur cette générosité.
Ce rebondissement inattendu
de ('affaire Barscheî va surtout
avoir pour effet de troubler la
sérénité d'un chef de parti sociai-
démocrate, qui a défaut d'avoir
vraiment apporté des idées nou-
velles. avait su se créer, face au
chancelier Kohl, une image de
responsable honnête et rassu-
rant. Il tombe au mauvais
momant, en pleine discussion sur
1e pacte de solidarité avec l’est,
alors que les principaux respon-
sables politiques, de la majorité
comme de l'opposition, s’effor-
cent de regagner un capital de
confiance largement entamé..
Secouée dans les années qua-
tre-vingts par 1e scandale Flick
sur Je financement illégal d8s par-
tis politiques, la classe politique
allemande avait mis des années à
se refaire une image de vertu. 1!
n'en fallait pas beaucoup, en
comparaison des scandales qui
marquent actuellement la vie poli-
tique italienne ou française, pour
qu’un dirigeant soit contraint de
quitter la scène. La démission
spectaculaire, an 1991 du minis-
tre-président du Bade-Wurtem-
berg, M. Lot ha r Spath, accusé
d’avoir tiré quelques bénéfices
personnels de ses amitiés dans
les milieux industriels de son
Land, semblait montrer que la
leçon avait été retenue. Pour les
mêmes raisons, le ministre-prési-
dent de Bavière. M. Max Srreibi,
vient lui-même d’affronter une
tempête politique qui l’a fragilisé.
H. de B.
EN BREF
a ÉGYPTE : un officier de police
assassiné en liante- Egypte. - Alors
qu’ils se rendaient dans le village
d'El Deweit, dans la région d’As-
siout, en Haute-Egypte, un officier
des renseignements généraux, le
lieutenant-colonel Mahranc Abdel
Rehim et son fils ont été tués, mer-
credi 3 mars, par des intégristes, a
indiqué jeudi la police. L’assassinat
de l'officier porte à douze le nom-
bre des policiers tués en un an par
les intégristes. Par ailleurs, plus de
cent cinquante islamistes ont été
arrêtés au cours des dernières
vingt-quatre heures en possession
d'armes et de munitions dans plu-
sieurs provinces égyptiennes. 1
(AFP.)
a ISRAËL : libération de deux
Palestiniens expulsés. - De sources
militaires israéliennes, on a indi-
qué, jeudi 4 mars, que deux Pales-
tiniens qui avaient été expulsés
vers 1e Liban, le 17 décembre, puis
rapatriés après être tombés
malades, ont été libérés.
MM. Zaoudi Tabili et Zouer
Lubad ont été relâchés à Naplouse,
en Cisjordanie, leur lieu de rési-
dence. En revanche, us activiste
palestinien originaire de Birkin
(dans le nord de la Cisjordanie),
M. Majed Karzan, a été expulsé
mardi vers la Jordanie. Ayant
reconnu appartenir & une o ionisa-
tion illégale - qui n’a pas été nom-
mée - et s’être livré à des actes
hostiles à Israël, il a préféré être
exilé pendant cinq ans en Jordanie,
ont fait savoir les autorités israé-
liennes. - (AFP.)
□ Israël dénonce le nouveau statut
da bureau de l'OLP à Bruxelles. -
La représentation de l'OLP en Bel-
gique a été élevée, jeudi 4 mars, au
rang de délégation générale de
Palestine, comme en France. La
décision a été prise pour «souli-
gner que. dans le contexte du pro-
cessus de paix, rot F représente un
partenaire essentiel qui rassemble
les forces palestiniennes les plus
modérées et pragmatiques ». a noté
le ministère belge des affaires
étrangères dans un communiqué.
Israël a adressé une lettre de pro-
testation au gouvernement de
Bruxelles. - (AP. Reuter.)
(
• Le Monde • Samedi 6 mars 1993 5
AMÉRIQUES
ÉTATS-UNIS : l'attentat de New-York
Le FBI a arrêté
un suspect palestinien
Suite de la première page
Le présumé terroriste était venu
se faire rembourser les 400 dollars
en espèces qu'il avait déposés pour
la location d'une camionnette nom
il prétendait qu'elle lui avait cté
volée sur le parking d’une épicerie,
le 26 février dernier, le jour meme
de l'attentat et qui avait, en fait,
été garée dans les sous-sols des
tours jumelles.
Les enquêteurs du FBI et de (a
police new-yorkaise on! pu remon-
ter jusqu’à lui grâce à l’analyse des
carcasses de voitures calcinées reti-
rées du garage où s'était produite
l'explosion et notamment de l’une
d’entre clics dont les policiers pen-
saient qu'efte avait servi au trans-
port de la charge explosive. L’exa-
men minutieux des différentes
pièces avait permis de reconstituer
le numéro de série d’un véhicule
utilitaire Ford Econolinc E-350, de
couleur jaune, immatriculé en Ala-
bama.
La police avait aussitôt alerté les
compagnies de location de voi-
lures. et c'est justement dans les
locaux de l'une d'entre elles que
Mohammed Salameh s'était pré-
senté. mardi 23 février, pour louer,
sous sa propre identité et en lais-
sant son numéro de téléphone, une
camionnette dont il devait déclarer
le vol trois jours plus tard. Le
mardi suivant l'attentat, il sc pré-
sentait au même endroit pour
rédamer le remboursement de son
dépôt de garantie de 400 dollars, a
expliqué, jeudi soir, M. James Fox,
le directeur du FBI new-yorkais, au
cours d’une conférence de presse.
Mais les employés de Ryder, aler-
tés par le FBI, prétextant la néces-
sité d’une déclaration de vol, l'ont
invité à repasser deux jours plus
tard pour percevoir son dû.
Une piste
« procbe-orientale »
Entre-temps le FBI et les poli-
ciers ont pu effectuer toutes les
vérifications nécessaires. Quand
Mohammed Salameh est revenu,
jeudi matin, les deux employés qui
lui ont remboursé sa caution
étaient .deux-agents du FBI portant
('uniforme de Ryder, et ce sont
leurs collègues qui. à la sortie de
l’agence, ont arreté le suspect qui
allait monter à bord d'un autobus.
Les enquêteurs sc sont ensuite
rendus au domicile de Mohammed
Salameh. Ils y ont trouvé des outils
et des instruments qui, de l'avis
des policiers, « permettaient de
fabriquer une bombe». Le jeune
Palestinien qui. d'après les
témoins, n'avait manifesté aucune
émotion particulière lors de son
arrestation et de la notification, b
l'aide d'un interprète, des accusa-
tions formulées contre lui, était
inculpé dans la soirée pour «avoir
contribué à endommager l'édifice
du World Trade Center, à l'aide
d’un engin explosif qui avait
entraîné ta mort d'au moins cinq
personnes» et aussitôt incarcéré.
Son avocat, commis d'office, avait
affirmé l’innocence de son client et
demandé, en vain, sa libération
sous caution de 5 millions de dol-
lars.
D’après les enquêteurs. Moham-
med Salameh, domicilié à Jcrsey-
City, fréquentait assidûment un
mouvement intégriste animé par le
cheikh Omar Abdel Rab marie. Ce
religieux, âgé de cinquante-sept ans
et aveugle avait été acquitté après
avoir été mêlé à l'assassinat du
président égyptien Anouar El
Sadate, en 1981. Le cheikh Abdel
Rahmaoe, très virulent contre les
Occidentaux, est considéré comme
l’un des instigateurs des attaques
menées l'&nnce dernière contre des
touristes circulant en Egypte.
L'un des fidèles fréquentant sa
mosquée de Jersey-City et parfois
un autre lieu de prières à Brooklyn
où se rendait également le cheikh
Abdel Rahmane n'était autre que
Sayid El Nosair, un intégriste inno-
centé après le meurtre du rabbin
Kahane en 1990 à New- York, mais
inculpé pour détention d'armes.
Peu de temps après Tanesiation de
Mohammed Salameh, les
enquêteurs ont perquisitionné l'ap-
partement de Sayid El Nosair et
arrêté son cousin. Ibrahim El
Gabrowny. qui sc trouvait sur
place, pour l'inculper ensuite d’en-
trave à l'action de la police.
Le président Bill Clinton est
intervenu à la télévision pour
exprimer sa satisfaction et adresser
ses félicitations aux enquêteurs
dont l 'action -acté* incroyablement
rapide et impressionna nie ». Dans
l'entourage du président, on sem-
blait soulagé d'apprendre que
l'enquête s'orientait vers une piste
« proche-orientale » et que l’attentat
n’était aucunement Hé à la politi-
que suivie par les Etats-Unis à
l'égard de l’ex-Yougoslavie.
SERGE MARTI
Un funambule au World Trade Center
« Comment apporter clandesti-
nement jusqu'aux cimes de ce
bastion le matériel dont j'aurai
besoin pour installer mon
câble ?» Le bastion, c’est (e
World Trade Center. L'homme
qui s’interroge en 1974, Philippe
Petit, est funambule. Son projet
est de tendre un fil entre les
deux tours, à 412 mètres de
hauteur, et de passer ainsi de
l’une à l'autre. Trois ans aupara-
vant, en 1971, il avait franchi, de
la même manière, l'espace entre
las tours de Notre-Dame.
En 1973 il avait jeté son fil
entre les piles du Harbour Bridge
de Sydney. En juin 1974, H
arrive donc è New-York pour
préparer son nouveau pari. Pas
question de demander une auto-
risation officielle qui lui sera
sûrement refusée, il lui faut donc
explorer minutieusement les
lieux, puis amener clandestine-
ment un matériel assez volumi-
neux au sommet da l'un des édi-
fices : 60 mètres de câble
d'acier (la distance entre les
deux bâtiments est de
50 mètres), des paquets de
cordes, des instruments (cavalst-
tis, tirfors) pour tendre le cable
et maintenir sa rigidité, un balan-
cier.
En dépit d'un entretien publié
dans le Daily News où U annon-
çait clairement sas intentions,
Philippe Petit accomplit point par
point son programme. La sécu-
rité des deux tours jumelles était
déjà parfaitement contournable.
Une camionnette, chargée du
matériel mis en caisse, s'intro-
duit sans problème dans les
sous-sols du World Trade Cen-
ter. La demi-tonne d'équipement
est stockée au sommât da l'édi-
fice dans une pièce inoccupée du
82* étage de la tour sud. Dans la
nuit du 6 au 7 août, H se g fisse
avec deux amis en haut du
gratte-ciel.
Grâce è un complice posté
dans la tour nord, il peut tendre
son fil entre les deux toits. A
7 heures du matin, il entamme
sa traversée, en dépit du vent.
Après un aller et retour, abon-
damment photographié, la police
le cueille. Il sera condamné par le
tribunal de New- York... è donner
un spectacle pour les enfants
dans Centrai Park, au-dessus du
lac. Expérience qui C impression-
nera beaucoup : «Je ne savais
pas nager ». expliquera-t-il...
E. de R.
► Philippe Petit a raconté son
expérience dans son livre Trois
coups, publié en 1983 par les
éditions Herscher (254 pages,
95 F).
□ Le général Sdmarzfcopf partici-
pera sa (onrasge «Ton documentaire
an Vietnam. - Le général Norman
Schwarzkopf, héros américain de la
guerre du Golfe et ancien combat-
tant du Vietnam, doit participer en
avril prochain dans cc pays au
tournage d'un film documentaire
de la chaîne de télévision CBS,
a-t-on appris jeudi 4 mars de
source officielle vietnamienne. -
{AFP.)
□ COLOMBIE : arrestation d’un
membre de h Mafia italienne. - La
police colombienne b annoncé,
jeudi 4 mars, l’arrestation d’un
membre important de la Mafia ita-
lienne. Agé de trente-huit ans.
K
Paoio Pizano a été interpellé dans
la localité de Santa-Rosa-de-Cabai,
à ISO kilomètres à l'ouest de
Bogota, eu possession d'un faux
passeport au nom de Gallo Dôme-
□ico. 11 s'agirait d'un lieutenant de
Salvatore Totoriina, le «parrain
des parrains», arrêté le mois der-
nier en Italie où Paolo Pizano a été
condamné par contumace à vingt-
huit ans de prison pour trafic de
drogue, attaque i main armée et
association de malfaiteurs. U se
trouvait apparemment en Colom-
bie depuis 1989 et aurait échappé,
le 12 janvier, à un réglement de
comptes d Medellin. Il pourrait
être extradé vers l’Italie. - (AFP.
AP. Reuter.)
4
6 Le Monde • Samedi 6 mars 1393 •
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SV-Jatlhiese
ASIE
CORÉE DU NORD
Le maréchal Kim Il-sung
et la «résurrection» du socialisme
g Toute calomnie contre le
socialisme est intolérable ».
vient de déclarer à la revue du
PC nord-coréen, Kulloja. le
maréchal Kim Il-sung. Celui-ci
affirme que «si fes ennemis du
socialisme critiquent le socia-
lisme en l'étiquetant comme
« totalitarisme s. ou en le com-
parant à la «caserne», ou
encore en l’accusant d’être
fondé sur le «système de com-
mandement administratif », cela
n’est qu’un pur sophisme »
« saugrenu et absurdes. En s'ef-
forçant bec et ongles de défen-
dre l'Idéologie de son régime, le
dirigeant nord-coréen reconnaît
curieusement qu'elle est mori-
bonde. car si, s à l’heure
actuelle, les renégats s’activent
plus que Jamais pour dénigrer le
socialisme, cela fait partie de
leurs efforts désespérés visant
è Justifier leur trahison et à
empêcher le socialisme de res-
susciter ». II reconnaît également
que * l’échec du socialisme »
s s'explique principalement par
le fait que les masses popu-
laires n’ont pas ôté acquises
eux idées socialistes a. Opti-
miste malgré tout, le t grand
dirigeant », qui fait face à un iso-
lement crassane et à de graves
difficultés économiques, affirme
néanmoins que s le socialisme
fondé sur le collectivisme a
l'emportera finalement sur c/e
capitalisme reposant sur Hndivi-
duaffsme», intrinsèquement per-
vers.
La réunion à Chiang-Mai (Thaïlande) de l'Ecole française d’Kxtrêrae-Orient
L’orientalisme français en quête
d’un second souffle
□ CAMBODGE' : attaque des
Khmers ronges dans la province de
Kompong-Thom. - Des Khmers
rouges ont attaqué et occupé fa
localité de Stung, fun des bastions
du gouvernement de Phnom-Penh.
dans la province de Kompong-
Thom, au centre du Cambodge, et
s’en sont retirés après * 3 voir pillé
les bâtiments des Nations unies, a
annoncé, jeudi 4 mars, le porte-pa-
role de l’Autorité provisoire de
l’ONU (APRONUC). Phnom-Penh
a, pour sa part, affirmé qu’il s'agis-
sait d’une offensive conjointe des
Khmers rouges et des forces loyales
au parti du prince Sihanouk, le
FUNCINPEC. - (AFP.)
maire de la capitale la semaine
dernière, a été remercié après avoir
été accusé par la presse d’avoir
transformé en jardin privé un
espace vert de 1,7 hectare. Le pré-
sident Kim, entré en fonctions le
25 février sur un programme de
lutte contre la corruption, s’est
engagé à ne pas accepter un seul
centime - a pas même une (...)
tasse de thé» - pour son parti poli-
tique. - (Reuter)
Vieille dame digne mais pau-
vre. l'Ecole française d'Extrême-
Orient (EFEÛj existe toujours. A
quatre-vingt dix ans passés -
elle est née à Hanoi, sous ce
label, alors que ce siècle n'avait
qu'un an - la voilà même en
quête d'un second souffle. À
cette école qui a tant fait pour
ia connaissance des peuples et
des cultures de (a péninsule
indochinoise - et à laquelle le
président François Mitterrand a
rendu hommage lors de sa
récente visite à Hanoi et à
Phnom-Penh - le Cambodge et
le Vietnam ont déjà rouvert
leurs portas. Le Laos devrait en
faire autant <fid peu.
O CHINE : manifestation pour le
Tibet a Puis, dimanche 7 mus. -
La communauté tibétaine (28, rue
Sorbier, 75020 Paris) organise,
dimanche 7 mars à 15 heures,
devant l’ambassade de Chine à
Paris, II, avenue George- V (8*).
une manifestation en faveur du
respect des droits de l’homme au
Tibet Cette manifestation sera sui-
vie. à 17 heures, place du Troca-
déro, d’une grande cérémonie tibé-
taine. ' '
□ CORÉE DU SUD ; le président
Kim Yoong-sani a révoqué le maire
de Séoul pour corruption. - Le pré-
sident sud-coréen, M. Kim Young-
sam, a révoqué, jeudi 4 mars, le
maire de Séoul, soupçonné de spé-
culation immobilière illégale.
M- Kim Sang-chul, juriste devenu
□ HONGKONG : M. U Peng vent
reprendre les discussions avec Lon-
dres. - Le premier ministre chinois
a déclaré, jeudi 4 mars, à Pékin,
que la Chine et la Grande-Bretagne
devraient reprendre les discussions
sur l’avenir de Hongkong, «Ixl par-
tie chinoise soutient que les deux
parties devraient s’asseoir et discu-
ter ». a dit M. Li Peng. - (AFP.)
□ TIMOR-ORIENTAL : incident
an procès du chef indépendantiste
Xanana. - Le procès du chef indé-
pendantiste de Timor-Oriental,
M. Xanana Gusmao, a été ajourné,
jeudi 4 mars, par ses juges indoné-
siens, après qu’un témoin de l’ac-
cusation eut crié en plein tribunal
« Vive l’indépendance ! », et
demandé qu*. non s’intéresse aux
droits de l’homme en Indonésie».
Le juge a suspendu l’audience pour
permettre aux autorités de vérifier
«fa santé mentale du témoin», qui
a sur-le-champ été déclaré « menta-
lement atteint». - (AFP.)
CHIANG-MAI
de notre envoyé spécial
L’EFEO, si célèbre, surtout en
Extrême-Orient, pour scs excep-
tionnelles contributions à la
connaissance de la région, est une
école sans un sou vaillant. Et, puis-
qu’elle s’est réunie au complet à
Chiang-Mai (Thaïlande) rccem-
menr, qui, par exemple, en dehors
de cercles étroits d’initiés, a
entendu parier du FEMCET,
Fonds pour ('édition des manus-
crits du Cambodge et de la Thaï-
lande, que dirige sur place François
Bizot?
La grande œuvre de l’EFEO est
la conservation du parc d’Angkor,
de la redécouverte des temples h la
connaissance de la civilisation de
l'ancien empire khracr. L’EFEO en
demeure aujourd’hui la mémoire.
« L’école a également contribué à
faire prendre conscience aux Viet-
namiens de leur identité à l’égard
de la Chine. Henri Maspero a créé
la linguistique vietnamienne.
L’EFEO est fa mère de la vietna-
mologie moderne. Et. pour prendre
un autre exemple, c'est txjuls
Damais, son premier corresporuiant
à Djakarta, qui a été l'initiateur de
l’épi graphie indonésienne », rap-
pelle Léon Vandérmeersch, émi-
nent sinologue qui a dirigé l’EFEO
depuis 1989 et vient de passer la
main à Denys Lombard, un des
grands spécialistes des sociétés des
ues de la Sonde (IX
L’école ne s’est pas, pour autant.
;
□
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endormie sur ses lauriers. François
Bizot vient de publier le Chemin
de Lanka, premier ouvrage d’une
nouvelle collection, les «Textes
bouddhiques du Cambodge». Les
travaux de Georges C cédés sur
l’épigraphic khmère et siamoise
vont être réédités. Surtout, demeu-
rant l’initiatrice de recherches,
l’EFEO va publier, en pas moins
de neuf volumes, les travaux
menés, depuis 1982, par Pierre
piebard sur les deux mille deux
cents temples de Pagan. en Birma-
nie. Les «ancêtres» de l’école - les
Pelliot, Durand, Gaspardone -
n’auraient pas A rougir de l’effort
fourni de nos jours par de nou-
velles recrues, tels Olivier de Ber-
non, à Phnom-Penh, sur les
manuscrits khmeis, ou John Lager-
wey, sur les Hakkas de Chine.
Une petite
misère
Mais voilà, l’ancienne Indochine
française rouvre ses portes &
priorité. Et ces chercheurs, ajou-
tent-elles, devraient commencer
par mieux se gérer, ne serait-ce,
par exempte, qu’en commerciali-
sant leurs écrits d’érudits que (e
public ignore souvent
Pour la première fois dans Fh&-
toire de l’école, ils se sont donc
réunis à Chiang-Mai, h l’occasion
de trois journées d’études pour en
discuter; mais ils u’ont pas trouv é
de formula La prestigieuse EFEO
est-elle condamnée & ne perpétuer,
au mieux, que son passé? 11 lui
faudrait une double canne : un ges-
tionnaire et quelques crédits sup-
plémentaires, en tout un double-
ment de son budget, pour que le
fleuron de la recherche française en
Asie retrouve cous ses attraits et
soit assuré d’un avenir. En tout,
sans doute 50 petits millions de
francs que personne, à ce jour,
n’envisage de débourser.
Au prix de ce qui n’est qu’une
petite misère, la grande EFEO
pourrait pourrai vre, sans se préoc-
IVEFTÉO. Aptfc trentejquatre ans . de ^ rin8 de mois. üne
d absence; l'école se réinstalle offi- • qui fail honneur à la culture
c tellement h Hanoi, où l’un de ses
jeunes correspondants se trouve
depuis près de deux ans. EUe a
déjà repris pied au Cambodge où
française.
JEAN-CLAUDE POMONTI
les projets de restauration d Ang-
kor - futur «
i tri moine de l’hu-
manité» - réclameront, pour être
menés à bien, sa mémoire, son
savoir et ses énergies.
L’Indochine, son berceau, l’ac-
cueille de nouveau après une lon-
gue parenthèse de guerres. Mais ce
défi, qu’elle souhaité bien entendu
relever, se résume à une affaire de
moyens. Les correspondants de
l'EFEO, au cours des trois der-
nières décennies, se sont ancrés ail-
leurs, de Kyoto à Kuala-Lumpur
en passant par TalpeL Faudrait-il,
pour reprendre les études indodii-
(l) Auteur de cette somme universi-
taire qu’est le Carrefour Javanais, essai
cthisnkre globale, éditions ds l’Ecole des
hantes études en sciences sociales
(3 vol), I 028 p., 550 F.
APGHANKTAÎf :
accord entre factions rivales
ou m homme de son parti
noises, renoncer à tel projet déjà
avancé en Mélanésie ou dans
monde chinois?
L’école est pauvre : un budget,
de 25 millions de francs.
en 1992,
dont 23 millions fournis par l'édu-
cation nationale. A cette trentaine
de correspondants qui, souvent, se
débrouillent seoir pour dénicher
quelques ressources supplémen-
taires, faudrait-il imposer un choix
douloureux? Les administrations
publiques s’interrogent. Quel que
soit le prestige, en Asie, de P EFEO,
on ne la considère pas comme une
BIBLIOGRAPHIE
Saigon,
/i •
SAÏGON 1925-1945
de (a «boO» colonie »
à r éclosion
révolutionnaire,
ou kl fin dos dieux
Mânes
Autrement, 261 /jl. 120 F.
Cette fois-ci. les éditions
Autrement nous gflterrt. Les
facettas du Saigon de l'entre-
deux-guerres sont racontées
par les meilleurs connaisseurs,
6 commencer par celui qui a
dirigé r ouvrage. PWKppe Fren-
chw.
Pour le colonial, l'initiation
s'amorce sur le bateau. Mais
rien n'est jamais simple et la
«Perle d’ Extrême-Orient » et
son annexe chinoise de Choton
forment un ensemble com-
plexe, des rites d’une cité
blanche aux révoltes auto-
chtones. Pour les Corses, l'In-
dochine est une Amérique
(Jean-Louis Pretenî). André
Malraux, te mal-aimé, y perd
son premier combat, et ï fafeh
une Eurasienne (Kim Lefèvre)
pour donner sa juste et impor-
tante mesura au «sorafâge
Indochinois», celui de l'cEvsg
jaune».
La naissan ce et te rôle d'une
bourgeoisie autochtone (Pierre
Broche ux), dans un milieu qui
encaisse mal les effets de le
dépression de 1929, ne sau-
raient faire oublier (e rôle de
pionnier de la révolution que
Saigon a joué à l'époque (Daniel
Hémery). Las Japonais, dont
les ambitions demeurant
aujourd'hui f&i Xuan Quang),
attisent tes flammes, précipitant
te perte des dieux blancs. Sai-
gon, e blanche, métisse,
rouge », a quelque chose
d'tmsubmerstblg» : un dln
d'cefl à l'Histoire pour conclure
un heureux portrait qu'enrichis-
sent des cSchés parfois inédts.
J.>C. P.
AFRIQUE
SOMALIE
Le désarmement des factions reste
«la priorité numéro un» deTONU
Selon le représentait de l’ONU en
Somalie,' M. ismat Khtani, la «prio-
rité numéro un» de ta force multina-
tionale ONUSOftf-2, qui -doit pren-
dre le relais, le l«mai, des troupes
actuellement sous commandement
américain (le Monde du S mars),
demeure le « désarmement des fac-
tions » somaücones.
M. Kittani, qui a fait cette décla-
ration, jeudi 4 mars; à MogaÆsdo, a
souhaité que le Conseil de sécurité
donne au secrétaire général de
TONU *un mandat suffisamment
ferme pour permettre défaire ce tnt-
rail ». A Washington, le porte-parole
du département d’Etat, M, Richard
Boucher, § reconnu, jeudi, qu’il y
avait encore «des choses à faire pour
‘garantir la sécurité ‘de. Fende, humani-
taire», tout en rappelant que la
situation s’était «grandement amé-
liorée » depuis F arrivée des troupes
américaines, le 9 décembre. De son
côté, ie Pentagone a précisé que le
commandant de l'opération «Ren-
dre l’espoir», le général Robert
Johnston, devait être de retour aux
Etats-Unis, avec les derniers élé-
ments américains, «au plus tard
dans le courant du mois de Juin». -
(AFP. Reuter J
□ ALGÉRIE : un policier assas-
siné à Média. - La police a indi-
qué, jeudi 4 mars, qu’un de ses
agents et un fonctionnaire munici-
pal avaient été assassinés mardi et
mercredi par des hommes armés à
Médéa, à 80 Kilomètres au sud
d’Alger. C’est le premier policier
dont l’assassinat est annoncé offi-
ciellement depuis le début du
ramadan, le 23 février. Depuis
cette date, dix-sept islamistes
armés ont été tués par les forces de
l’ordre. - (AFP J
à faeddent qui a causé, samedi, è
Brazzaville, la mon par noyade
d'au moins 147 Zaïrois expulsés de
la capitale du Congo (le Monde du
4 mars). Les expulsions, qui
avaient commencé la semaine der-
nière, ont continué jeudi. La veille,
environ 900 Zaïrois en situation
irrégulière ont été expulsés du
Congo. Dix mille Pavaient déjà été
depuis le début de l’opération. -
(AFP. Reuter.)
a NIGERIA : nomination d’un
ambassadeur en IsraSL - Pour la
première fois depuis vingt ans, le
Nîgéria a nommé, jeudi 4 mars, un
ambassadeur en israffl, M. Ignatius
Chukwuemeka Oliscmeka, confir-
.mant ainsi Paccord-de mai 1992
prévoyant te rétablissement des
relations diplomatiques entre (es
deux pays. M. Oliscmeka, diplo-
mate de carrière, était précédem-
ment co poste au Canada. - (AFP)
□ RWANDA gouvernement et
retalies doivent combiner un cessez-
le-feu. — Le gouvernement et les
rebelles du Front patriotique rwan-
dais (FPR) devaient reprendre, ven-
dredi 3 mais, à Dar-és- Salaacn (Tan-
zanie), leurs discussions, pour tenter
de «consolider» raccord de ccsscz-to-
feu, que le EPR a rompu, le
8 lévrier, en tançant une vaste offen-
sive contre les principales villes du
nord du pays. La reprise de CCS pour-
pariere a été annoncée au moment
où, à Kigali, on confirmait, mercredi
soir, T arrivée d’une délégation de
PONU, chargée d’étudier les condi-
tions d’un éventuel déploiement de
«casqués bleus» le long de la fron-
tière du Rwanda et de POuganda. -
(AFP, Reuter.)
a ZAMBIE : le chef de l’Etat a
décrété Pétât d'urgence. - Le prési-
dent Frederick Chiluba a décrété
(’étàt d’urgence, jeudi 4 mars, en
arguant des «menaces» qui pèse-
raient, selon lui, sur la «jeune
démocratie» zambienne. Il s’agi-
rait, expliquent des observateurs,
de contrer une campagne de dés-
obéissance civile que se seraient
apprêtés à lancer les partisans de
P ancien régime, fidèles à M. Ken-
neth Kaunda, battu lots de l’élec-
tion présidentielle d’octobre 1991.
Selon de récentes «révélations»,
publiées dans Ja presse locale, celte
campagne prévoyait des grèves et
des manifestations, visant à 1 paraly-
ser l’activité économique, - (AFP.)
a ZAÏRE ; les Congolais rivant à
Kinshasa sont menaces de mort. -
La télévision zaïroise a diffusé,
mercredi 3 mars, des images mon-
trant des individus appelant au
meurtre des ressortissants congrus
se trouvant au Zaïre. Ceb fait suite
Ce IlloinC
1 m i |l)N"
COMMENT
PENSER
L'ARGENT ?
Sous la direction de
Roger- Pol Droit
Un 6
ntret'H
Après us mois de combats meur-
triers, et alors qu’une uève. fragile
prévaut -à Kaboul, un accord s’est
dessiné, jeudi 4 mars, entre la
majorité des factions moudjahi-
dines afghanes réunies à Istama-
dad, a annoncé le premier ministre
pakistanais M. Nawaz Sharif. Les
principaux protagonistes sont
convenus que M. Burhanuddin
Rabbani restera président durant
les dix-huit prochains mois et que
le premier ministre sera son princi-
pal adversaire, M. Guibnddin Hek-
matyar, ou un homme de son
parti, ta faction fondamentaliste
Hezb-e-lslami. Les forces de
M. Hekmatyar occupent les fau-
bourgs sud de Kaboul, où elles ont
résisté à un assaut lancé en janvier
par les gouvernementaux.
La principale question non réso-
lue est la répartition des principaux
portefeuilles au sein du futur gou-
vernement. Elle est cruciale, puis-
qu’elle laisse en suspens le sort du
ministre de la défense et actuel
«homme fort», le général Mas-
soud. Un ou deux partis restent
pourtant opposés à la prolongation
du mandat de M. Rabbani, a
ajouté M. Sharif. En outre,
M. Yutius Kbalès, chef d'une dissi-
dence du Hezb, a refusé de partici-
per à la réunion d’Islamabad, dont
le général Rashid Dostom, chef des
milices ouzbèkes ex-communistes,
est également absent - (AFP.)
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ESPACE EUROPEEN
‘ 11
Un entretien avec M. Alain Juppé
«La première initiative du nouveau gouvernement sera de relancer
une coopération franco-allemande plus confiante», nous déclare le secrétaire général du RPR
- ' , ‘ .rr
; : r
Avant les élections législatives
des 21 et 28 mars, nous avons
interrogé les dirigeants de la majo-
rité et cfe l'opposition sur la pofth
que européenne de la France.
Après MM. Philippe Séguin, Valéry
Giscard d'Estaing, Laurent Fabius
et Antoine Waechter (le Monde
des 6, 13, 20 et 27 février), nous
publions un entretien avec
M. Alain Juppé.
a Comment le RPR voit-il la
drvrsron des tâches entra le pré-
sident de ta République et le pre-
mier ministre en matière de poüti-
3 ne étrangère dans l'hypothèse
e b cohabitation ?
- Ce st sans doute dans le
domaine de (a politique étrangère
que la cohabitation est, dans son
principe le plus difficile à gérer.
Même s'il n’existe pas de domaine
réservé - M. Mitterrand Fa reconnu
Iiri-même, - il est incontestable que
te président a. en -la matière, on rôle
important & jouer, n est non moins
incontestable que le gouvernement,
déterminant et conduisant la politi-
que de la nation, a aussi son rôle à
assumer. Donc, il y a là une coexis-
tence à organiser, qui peut poser des
problèmes secondaires, de caractère
protocolaire, sur lesquels on doit
pouvoir se mettre d’accord facile-
ment, mais qui peut également poser
des problèmes de fond. Cest à
r usage que l’on verra comment les
conflits éventuels peuvent être réso-
lus.
- Quelles leçons tirez-vous de
rexpérience de b première coha-
bitation 7
- Au poste où j’étais, c’est-à-dire
au ministère du budget, j’étais assez
éloigné des préoccupations diplomati-
ques, sauf en matière de -politique
européenne: Globalement nous avons
trouvé un modus vivendi, qui n’a pas
paralysé. Faction 1 extérieure de là
France et qui n'a pas amoindri sim
influence ou son image extérieure.
Mais dans la gestion quotidienne,
eda a été difficile; il a fallu être â fa
fois vigilant et parfois un petit peu
pugnace.
- Pensez-vous que le ministre
des affairas étrangères, dans
cette période de cohabitation,
doive être un technicien ou plutôt
un poétique?
- Je crois que ce doit être un
politique. Les bouleversements du
monde auxquels nous avons assisté
depuis novembre 1989 pour prendre
une date un peu facile, sont tels
qu’une approche politique est néces-
saire aujourcThui. P ajoute que notre
instrument diplomatique, c'est-à-dire
le Quai d’Orsay, a besoin d’un
patron politique et je crois qu’il l'at-
tend.
- Vous-même, êtes-vous inté-
ressé par ce poste?
- Je me suis fixé comme règle
absolue de ne pas poser ma candi-
dature i quelque fonction gouverne-
mentale que ce soit, ce qui ne veut
pas dire que je m’en désintéressa
Des sources
de cooSits potentiels
- Vous partiez de conflits poten-
tiels entre le gouvernement st fs
président A quels domaines parti-
culiers pensiez -voub?
- Je ne veux pas en foire la lista
Mais U est possible que, aussi bien
sur les questions européennes que sur
d'autres sujets, des conflits apparais-
sent. Je ne dis pas qu’ils exploseront
forcément ou qu’ils se transformeront
en crise politique, mais il peut y
avoir des occasions. Prenon&en une,
puisque vous me demandez un
exemple : je crois que Tattitude de la
France vis-à-vis de la Communauté
dans la conduite de la politique com-
merciale extérieure, e( donc dans (es
négociations du GATT, peut être une
de ces occasions de conflit. La
France doit être extrêmement ferme,
plus qu’elle ne l’a été par le passé.
J'ai vu que le discours «était raffermi
depuis quelques mois; peut-être les
choses ont-efies suffisamment évolué
du côté de.VHysée pour qu’il rfy ait
pas conflit, mais c’est un domaine ou
le gouvernement pourrait être amené
& être plus vigoureux qu’on ne le
souhaiterait Arfcfysée.
- B semble qu'à TBy sée k pré-
sident soit m tram de créer une
cattite cSptomatique très musclée.
' - Nous savons cela. U se dote
même de moyens techniques pour
conduire cette action, notamment
dans ses relations avec les postes
diplomatiques. J’avoue que l'exis-
tence; à TSysée, d’une cellule diplo-
matique très politisée poserait un
problème considérable. Ce serait à
mon avis de fort mauvais augure
pour la cohabitation, dans son prin-
cipe même, et sûrement dans sa ges-
tion.
- Sur les sujets européens on a
Hmpresshn que les divergences
passent plutôt au sein des partis.
moins entre (a RPR et rUOh d'ail-
leurs, qu'au sein du RPR. Est-ce
que c'est un débet qui risque de
prendre des proportions gênantes
pour l’action du futur gouverne-
ment?
- Personnellement je ne (e crois
pas, puisque nous sommes arrivés à
une plate-forme commune de gouver-
nement. Nous avons un projet qui
est le projet de Fanion pour la
Fiance. En ce qui me concerne; je ne
soutiendrai pas un gouvernement qui
animerait une autre politique que
celle-là. Les bases d’un accord au
sein de la future majorité et du futur
gouvernement ont été jetées. Qu’il y
pourrions être, je crois, plus imagina-
tifs.
»Je pense au rôle politique de
l’Allemagne dans le monde. C’est
aujourd’hui une grande puissance
dans les formations politiques de
Factuelle opposition qui ait des
visions differentes, on le sait, mais
dans mon esprit cela n’engage pas ces
formations qui, elles, ont condu un
contrat de gouvernement.
La stabilité de la monnaie
n'est pas négociable
- Vous serez cependant soumis
à une forte pression du RPR. mais
aussi du patronat des syndicats,
afin de réviser b poBtfque moné-
taire menée jusqu'à maintenant
dans k but ée donner à b France
une plus grande liberté de
manœuvre sur les taux dlntérêt..
- Il y a pression -cPune partie du
RPR mais aussi de FÜDF. Mais
notre position offidefle est tout â fait
détenmné& parfaftement jclaire. La
stabilité de la monnaie est un objectif
politique et économique qui n’est ras
négociable, de même que la stabilité
des prix et nous devons tout faire
pour assurer cette double stabilité. Je
pense {Taille on que c’est de nature i
provoquer un déblocage de la situa-
tion. assez rapide et assez spectacu-
laire.
» Nous pensons qn’un gouverne-
ment fiançais qui serait de roc sur ce
front-là, se rapprochant d’un gouver-
nement allemand qui le serait aussi,
pourrait conclure un accord déclen-
chant une baisse rapide et substan-
tielle des taux d'intérêt, n y a une
marge de baisse, chiffrée à deux ou
trois points, qui pourrait intervenir
dans le courant de 1993. La fermeté,
la détermination, voilà la bonne
manière de faire baisser les taux
d'intérêt plutôt que le laxisme ou
l'annonce de je ne sais quel décro-
chage.
- Les taux d’intérêt en A/te-
magne ne dépendent pas du gou-
vernement mais de la Bundes-
bank...
- Certes. Mais la Bundesbank est
aujourd’hui Fobjet de pressions fortes
de tout le tissu industriel allemand,
PAflemagne s’engageant dans la réces-
sion, la Buba est obligée d'en tenir
compte et puis, il lui arrive de céder
au gouvernement, ou Ta bien vu au
moment de la réunification.
» En tout cas Tune des premières
initiatives d’un nouveau gouverne-
ment en matière de politique étran-
gère devra être une remise à plat de
nos relations avec FAlteraagpe. Tout
le monde le sait, même si depuis
quelques mois on a voulu jeter un
voile pudique: la confiance et la
compréhension entre la France et
PAflemagne ont été fortement mises
en cause par Fattitude de notre diplo-
matie au lendemain de la réunifica-
tion. fl faut clarifier tout cela, dans
une discussion qui ne doit pas être
simplement économique â monétaire
mais aussi politique au sens le plus
large du terme. Les Allemands sont
demandeurs dans certains domaines,
nous le sommes dans d’autres; il doit
y avoir un vrai rendez-vous avec
économique (elle T’est depuis long-
temps, eue le devient encore plus
parce que je suis convaincu que la
réunification, même si elle pose des
problèmes, sera à terme un atout très
fort pour P Allemagne) et nous don-
nons le sentiment que la France
freine des quatre fera et redoute que
cette puissance économique ne
conduise rAllemagne à vouloir assu-
mer un rôle politique. Prenons un
exemple très précis qui est la reven-
dication allemande d’un siège au
Conseil de sécurité des Nations
unies : il y a un blocage en France,
même S’il n’est pas explicite.
» Le problème du Japon se posera
aussi un jour ou l’autre et je me
demande ce que la France aurait à
perdre en étant plus ouverte visà-vis
de ces revendications. Je me
demande même si cela ne serait pas
pour elle une façon de stabiliser son
propre siège au Conseil de sécurité.
A choisir, je préférerais pour ma part
la formule dans laquelle b France et
l’Allemagne seraient présentes au
Conseil de sécurité plutôt qu'une for-
mule dans laquelle c'est la Commu-
nauté qui les représenterait, comme
certains Font demandé et comme il
est exclu de l'accepter.
- Vous pensez, pour l’Alle-
magne, à un siège permanent
avec ou sans droit de veto ?
- C'est un point sur lequel on peut
réfléchir. Les négociations seront lon-
gues et difficiles. Raison de plus pour
la France d’avoir une position
ouverte et de relancer sur ces bases
une coopération franco-allemande
plus confiante, avec en retour un cer-
tain nombre de satisfactions pour la
•France, notamment dans le domaine
.économique. On a beaucoup parié
.d’une .initiative européenne de
-■relance de la croissance, mais ce qui
s’est passé à Edimbourg, c’est un peu
la montagne qui accouche d’une sou-
ris. J’ai entendu M“ Guigou illustrer
cette initiative en disant que nous
allions toucher 900 millions de francs
pour refaire les pistes de Roissy l
Cest une vraie relance germano-frao-
çaise à laquelle il faudrait parvenir et
eda peut être un élément de la négo-
Mmtricht
pratiquement dépassé
- 0 y a. dans fa plate-forme
commune de l'opposition, ridée
d’une initiative franco-allemande
en matière monétaire. En quoi
consbtoait-eëa?
- L’initiative franco-allemande en
matière monétaire, c’est l'affichage
résolu et déterminé de la France es
de P Allemagne de maintenir un sys-
tème monétaire européen solidaire,
de te foire évoluer dans le sens d’une
plus grande solidarité, et c’est une
initiative de relance économique
accompagnée par une détente des
taux d’intérêt.
- Cela veut dire, éventuelle-
ment une mini-union monétaire si
te majorité des pays membres
n'est pas en mesure de remplir
tes critères?...
- A quoi viseraient ces tSscus-
sons?
- A rétablir un climat de
confiance. .
- Oui ne vous parait pas exis-
ter?
- Je crois qu’à l’heure actuelle,
malgré tes déclarations officielles, il
n’existe pas vraiment, parce que la
période de 1989-1990 a laissé de
mauvais souvenirs. Les tergiversa-
tions de la diplomatie française au
moment de la réunification, le
voyage (te M. Mitterrand en RDA, 1e
voyage du même Mitterrand à Kiev;
n’ont pas été très bien admis par nos
partenaires allemands. Par ailleurs,
nous traînons les pieds dans un cer-
tain nombre de domaines où nous
rer le processus d union monétaire
comme certains le disent. Je crois
qu’Q fout afficher la volonté de tenir
les objectifs, mais l’accélération me
semblerait prématurée, compte tenu
des différences de situation économi-
que que connaissent encore la France
et FÀllemagne aujourd’hui. En
revanche, votre question pose un
antre problème, qui est celui de la
vision qu’on peut avoir aujourd’hui
de rEurope au vingt et unième siècle.
Pai voté «oui» au référendum sur
Maastricht pour des raisons bien pré-
cises.
» Pai dit que je ne trouvais pas le
traité bon. Pai voté «oui» parce que
j’avais la conviction que te succès du
«non» aurait déclenché une crise
politique en Europe, et notamment
une crise de confiance entre l’Alle-
magne et la France, dont le prix
aurait été beaucoup trop lourd à sup-
porter. Il n’en reste pas moins qu’à
mes yeux, même s’il est ratifié dans
le courant de 1993, le traité de Maas-
tricht est une étape pratiquement
déjà dépassée et qu'il mut réfléchir à
une architecture de la construction
européenne pour Fan 2000, profon-
dément differente de ce qu’on avait
pu imaginer en 1957-1958 ou dans la
foulée du traité de Romè.
- Rendez-vous est pris pour
1996.
- Certes. Mais c’est un rendez-
vous qui changera complètement la
donne de ce traité. Pour deux ou
trois raisons. La première, qui me
paraît déterminante, c’est te proces-
sus d’élargissement de la Commu-
nauté. D est en route pour un certain
nombre de pays de [AELE ; à mon
avis il sera incontournable pour les
pays d’Europe centrale et orientale.
Je suis de ceux qui pensent qu'il faut
vite un -geste ton, signifiant que nous
accueillons ces pays dans la Com-
munauté politique européenne, quitte
à prévoir, comme on fa foit en d'au-
tres temps pour les pays du Sud, des
phases de transition un _peu longues
en matière d’adhésion economique.
Donc, nous aurons d’ici à 1995, à
mon avis, une Communauté à
quinze ou peut-être à dix-huit, et cria
aura des conséquences considérables.
» Conséquence institutionnelle :
une 1 commission, on conseil des
ministres, un Parlement dans lesquels
seraient représentés dix-huit pays,
cria ne peut plus fonctionner comme
cria fonctionne aujourd’hui. 11 faut
faire preuve d’imagination.
Deuxième conséquence, de fond :
tous ces pays ne pourront pas foire la
même chose en même temps. Très
longtemps M. Mitterrand a contesté
ce point de vue, il a même réaffirmé
à plusieurs reprises que Maastricht
c’était tout le monde ou personne.
Ce n’est pas vrai. Le Danemark,
même s’il ratifie, est largement en
dehors du coup, M. Major se flatte
de l'être aussi en grande partie,
notamment sur le plan social. Je
pense que c'est la logique de la
construction européenne, telle que
l'élargissement l’infléchira.
» n y aura une Europe à dimen-
sions variables, une coopération éco-
nomique et monétaire entre un cer-
tain nombre de pays (la France,
l’Allemagne, peut-être les pays du
Nord, le Benelux et quelques autres),
une coopération eu matière de sécu-
rité, dont 1e socle sera évidemment la
France, l’Allemaene, la Grande-Bre-
tagne. peut-être T’Espagne. Il peut y
avoir une politique de l'immigration
commune à un certain nombre de
pays seulement, et ainsi de suite.
Réintégrer certains
organismes de l'OTAN
- A propos de b sécurité euro-
péenne, êtes-vous de ceux qui
pensent que les relations de te
/rance avec F OTAN doivent évo-
luer?
- L’autre grand rendez-vous, après
r alternance, outre cette remise à plat
avec l’ Allemagne, c’est une clarifica-
tion avec les Etats-Unis. Pouvons-
nous conserver, au sein de l'OTAN,
une attitude aussi bouaonne et aussi
conservatrice que celle que nous
avons actuellement? L'OtAN s’est
engagée dans une réforme dont la
France est spectatrice. Elle essaie de
freiner des quatre fera sans vraiment
pouvoir l’infléchir. Le moment est
venu de se demander - compte tenu
des bouleversements en Europe, du
foit qu’il n'y aura plus 300 000 Amé-
ricains, mas peut-être bientôt 70 000
ou 50 000 - a nous ne devons pas
poursuivre d'un même pas un double
mouvement : d’abord le renforce-
ment du pilier européen au sein de
l’Alliance et, d’autre part, un certain
nombre de gestes d’ouverture en
direction de cette Alliance ainsi réé-
quilibrée. Pourquoi ne pas participer,
ans revenir bien entendu dans le
dispositif militaire intégré, à un cer-
tain nombre d’organismes de F Al-
liance. comme le Comité des plans
de défense?
- On a l'impression que c'est
Factuel gouvernement qui fait de
l’archéogauŒsme, alors que cer-
tains, dans te parti gaubste, veu-
lent rompre avec b poétique défi-
nie en 1966?
- «Rompre avec la politique gaul-
liste», c’est une formule que je
récuse. Comment peut-on comparer
la situation du monde en 1966 et en
1993? L’une des grandes caractéristi-
ques du gaullisme, c’est de s’adapter
à son temps. Ce qui m’inquiète, c’est
que des néophytes en matière d’ar-
cbéogaullisme se cramponnent à des
certitudes aujourd'hui complètement
dépassées. Il ne s'agit pas pour la
France de revenir sur ce qui a été
fait en 1966, U s’agit simplement de
se demanda* si, la donne stratégique
ayant été complètement modifiée, la
volonté de construire un système de
sécurité collective où la responsabilité
des Européens soit mieux affirmée ne
nous rend pas plus facile la possibi-
lité de revenir, dans une Alliance réé-
quilibrée, au sein d’un certain nom-
bre d’organismes pour peser
davantage.
- Croyez-vous que te nouvelle
administration américaine soit dis-
posée i prêter une oreille plus
attentive que b précédente a ce
projet de rééquilibrage de l 'Al-
liance?
- fi faut (e lui demander. On
entend là-dessus des choses très
contradictoires : on parle d'un pro-
tectionnisme accru, pas seulement
dans le domaine commercial, et en
même temps on voit que la diplo-
matie américaine est déjà plus active,
notamment dans (e problème yougos-
lave. Je crois qu’il faut prendre lan-
gue assez vite, c’est pourquoi je parie
d’un nécessaire grand rendez-vous
avec les Etats-Unis aussi.
Menace militaire
en Yougoslavie
- A propos de Fax-Yougoslavie,
pensez-vous que les difficultés de
la Communauté européenne à
agir tiennent au fût qu a y a trop
d’Europe, c'est-à-dire te recherche
prioritaire du consensus, ou bien
au fait qu'il n'y en a pas eu
assez?
- Je serais tenté de dire ni P un ni
l’autre Je crois simplement qu’ü n’y
a pas eu assez de France. La France
n’a pas suffisamment assumé ses res-
ponsabilités dans cette crise. Le fait
de dire qu'il a fallu tenir compte de
ce que l'Allemagne souhaitait ou de
la passivité britannique n’est qu'un
alibi ; rien ne nous aurait empêché.
Si nous avions eu une vision plus
claire des choses, de parler, ce qui en
matière diplomatique est déjà une
forme d'action, et d’entraîner peut-
être la communauté internationale.
Cela, nous l’avons dit, au RPR, de
manière la plus explicite dès le
début
» Quelles sont les deux fautes que
nous avons commises? La première
a été - au nom d’une fidélité à une
amitié franco-serbe à laquelle il n’est
pas question de renoncer, mais qu'on
a confondue avec une solidarité vis-
à-vis d’un gouvernement peuplé à la
fois de crypto-communistes et de
néo-nazis- l’incapacité à désigner
l'agresseur. La deuxième erreur a été
de dire oui à l’humanitaire mais sur-
tout pas au militaire.
» Je pense que si en temps utile (a
communauté internationale, spus
l’impulsion de la France, avait pu
dire : attention il y a une limite à ne
pas franchir et nous nous donnons
les moyens d’intervenir, je pense que
cela aurait pu foire réfléchir le gou-
vernement de Belgrade. On nous a
expliqué à l'époque que tout ce qui
pouvait cire (fit sur des frappes stra-
tégiques à l’encontre de cibles mili-
taires était «stupide» et «irresponsa-
ble» et puis j’ai entendu récemment
les plus hauts responsables civils et
militaires dire des choses qui
n’étaient pas fondamentalement dif-
férentes de ce que nous proposions il
y a plus d’un an.
» On peut malheureusement
redouter aujourd'hui que le stade de
non retour soit atteint. Nous pour-
rions au moins focaliser tous nos
efforts pour éviter 1e risque de conta-
gion. Au Kosovo et en Macédoine,
une force d’interposition européenne
ou internationale nombreuse aurait
encore un sens. Se borner à critiquer
l’opération américaine dont on ne
sait pas très bien si elle a réussi ou
échoué - mais je pense que l’idée est
bonne,- j’ai peur que ce soit le fait
d'un anvaméricanisme primaire.
- Cette crise vous paraît-elle
exemplaire de ce qui peut se pas-
ser en Europe de l'Est? Comment
voyez- vous ce mouvement vers
l'autodétermination qui risque
d'amener à la création de mini-
Etats?
- Ce n’est pas un risque, c’est ce
qui se passe. Nous sommes confron-
tés pour les dix ou quinze ans qui
viennent à des risques de soubresauts
considérables. Notre diplomatie a
érigé en principes le respect des fron-
tières existantes, la protection des
minorités et, le cas échéant, de l’au-
tonomie au sein de constructions éta-
tiques décentralisées. Je pense que
ces objectifs sont bons et que pour le
Kosovo en particulier la Commu-
nauté européenne devrait insister
avec vigueur pour qu'un statut d'au-
tonomie réelle soit donné à ce terri-
toire.
n Est-ce suffisant? Sûrement pas.
Cest la raison pour laquelle il me
semble indispensable d’associer (e
plus vile possible un certain nombre
de pays d’Europe centrale et orientale
dans un système qui les sécurise.
Nous n’avons pour l’instant pas
répondu à cette demande
extrêmement insistante de leur part
d’être intégrés à un système de sécu-
rité collective. Un geste politique
consistant à dire que la Communauté
européenne élargit à ces pays-là sa
construction politique serait essentiel
plutôt que de leur dire, comme
M. Mitterrand l’a foit naguère à Pra-
gue, son verra dans quelques dizaines
dannéçsx.
- Est-ce que vous craignez un
retour sur te scène internationale
de b Russie, avec une politique
plus nationaliste?
- La présence au cœur du conti-
nent européen d’un Etat profondé-
ment déstabilisé et inexistant au plan
de la politique étrangère n’est pas
une bonne chose Dune certaine
manière, je souhaiterais que la Russie
retrouve ses marques. Le pourra-t-
elle, compte tenu de l’état de délabre-
ment sans cesse accru de son écono-
mie? Cest un autre problème. Nous
devons tout foire en tout cas pour 1a
stabilisation -de- la Russie et son
retour à un rôle dans les affaires
internationales, à condition qu’il soit
stabilisateur. Cela ne vaut d’ailleurs
pas seulement pour le continent
européen, mais aussi pour le conti-
nent asiatique. S'il s'agissait évidem-
ment de recréer une sorte de condo-
minium russe à la place de
Fex-cmpire soviétique, je ne pense
pas que ce sort une bonite formule.
le retour
an conservatisme
- On assiste dans les pays ex-
communistes au retour a un cer-
tain conservatisme après la
grande vague libérale.
- Cétait totalement inévitable. Le
camp soviétique a fait une révolution
de même ampleur que celle de 1917
et cela ne se passe pas dans le calme,
sans excès. C’est vrai qu’il y a eu la
croyance un peu naïve qu’il suffisait
de privatiser, d’instaurer la converti-
bilité des prix ou ta convertibilité des
monnaies pour créer de la richesse
Osciller, c’est un système en déséqui-
libre, il y aura des coups de balancier
pendant dix ans. D’où la nécessité
d’avoir une Europe qui soit à la lois
capable d’assurer sa sécurité collec-
tive et qui tende ta main à ces pays.
Qui les rassure et qui en même
temps les aide.
- Cote supposa des moyens.
- Oui Mais que fait-on à l'heure
actuelle? La Communauté a ten-
dance à pratiquer le désarmement
commercial unilatéral : elle laisse
s'installer un système qui L’affaiblit et
qui risque donc à terme de priver les
pays de l’Est de l'aide que nous seuls
pouvons leur apporter. II faut que
nous réfléchissions à une autre politi-
que commerciale extérieure de la
Communauté. Il n'y en a pas aujour-
d’hui. on le voit avec le GATT.
L’Europe est chaque jour davantage
une Europe passoire. L’avenir pour
nous-mêmes et finalement aussi pour
nos voisins est une Europe capable
de s’organiser face aux dumpings
déloyaux, une Europe qui ait une
personnalité commerciale, bref qui
sauve sa croissance, son emploi, son
système productif pour- pouvoir
continuer à aider les autres. »
Propos recueillis par
CUIRE TREAN
et DANIEL VERNET
La semaine prochaine :
Un entretien avec
M. Piene Bérégovoy.
i
r
/
' fc.
•V>-
8 Le Monde m Samedi 6 mars 1993 •
ESPACE EUROPEEN
La nouvelle errance des réfugiés
Varsovie craint qu'en restreignant le droit d'asile Bonn ne veuille laisser
aux pays pauvres d'Europe de l'Est le soin de régulariser les. flux migratoires
VARSOVIE
de notre envoyée spéciale
I SMAIL est né le 12 février, au
centre de réfugies de Nadar-
zyn, dans les environs de
Varsovie. Pour ses parents.
Albanais du Kosovo, l'évé-
nement fut un drame. Car Ismaïl,
emmaillotté dans son berceau
d’occasion trônant là, au milieu
d'une grande pièce bordée de lits
de fer, devait naître en Allemagne,
pas en Pologne, et ils avaient tout
fait pour ça ; jusqu'à s'enfuir une
nuit de ce centre d'hébergement, à
dix jours de la naissance, pour
tenter de passer la frontière -
après avoir payé un passeur, sans
doute, «mais ils ne l'avoueront
jamais » dit la directrice. - dans
Pespoîr de demander l'asile politi-
que en Allemagne.
Les choses ne se sont pas pas-
sées comme prévu. La police alle-
mande a refoulé les trois familles
d’ Albanais, qui n’ont plus eu qu'à
regagner, penauds et déprimés,
trois jours après leur «fuite», le
foyer de Nadarzyn. D'autant plus
déprimés qu'ils avaient dû déjà,
une première fois, revenir avec
tous leurs paquets parce que le
passeur n'était pas au rendez-vous
à Varsovie! Cela avait été alors
moins humiliant, ils n'avaient été
absents qu'une journée, et (es
autres avaient fait semblant de ne
rien remarquer.
Négociations
bilatérales
Les voici donc à nouveau, bras
ballants et yeux baissés, dans leur
chambre austère avec son petit
pensionnaire supplémentaire,
«r trop choqués pour raconter»,
explique Elzbieta Przychodzcn,
une ancienne de la Croix-Rouge
polonaise qui dirige ce centre pour
réfugiés ouvert l’an dernier <1308
une caserne désaffectée, en pleine
forêt. Des désespoirs comme ça, il
va y en avoir de plus en plus puis-
que, «compromis» politique
oblige, l'Allemagne est en passe de
limiter le droit d'asile aux deman-
deurs arrivés directement sur son
sol sans passer par un «pays sûr»,
c'est-à-dire présentant des garan-
ties démocratiques suffisantes.
Aux premières loges, la Pologne et
la République tchèque, par les-
quelles transitent la plupart des
demandeurs d'asile, s'inquiètent
de devoir faire face, par ricochet,
à un afflux de réfugiés auquel elles
, sont bien moins préparées que
' l'Allemagne.
Pour la Pologne, le problème a
d'abord une dimension immé-
diate : où vont échouer les deman-
deurs d’asile déjà en Allemagne
PUBLICATION JUDICIAIRE
Par arrêt - devenu définitif - du
18 avril 1991. la cour d’appel de
ROUEN a condamné M. Didier
PAITRE aux peines de 3 mois
d'emprisonnement et 1S 000 F
d'amende pour avoir, en sa qualité de
syndic de copropriété, organisé la
réception par des tiers, en fraude dis
droits de l’exploitant, des programmes
télédiffusés réservés à un public
déterminé qui y accède moyennant
rémunération rasée à l'exploitant du
service, en l’occurrence la Société
CANAL -h
U a été. en outre, alloué à la Société
CANAL + la somme de UN MILLION
TRENTE MILLE FRANCS à titre de
dommages-intérêts, outre CINQ
MILLE FRANCS au litre de l'article
475-1 du code de procédure pénale.
Pour extrait,
Jacques LE CALVEZ
avocat & U Cour de Paris.
Un jugement de la l>* chambre civile
du tribunal de grande instance de
CRÉTEIL du 26 février 1992
condamne :
- La VîIJe d'IVRY-SUR-SEINE à
payer à la société C-ALE.D. de Mala-
kofr la somme de 150000 F de dom-
mages-intérêts, ht somme de 12000 F
hors taxes au titre de l'article 700 du
Nouveau Code de Procédure civile et
aux dépens, en réparation du préjudice
subi, en raison des voies de fait réité-
rées commises par ladite ville à l’en-
contre de la société C.M.E.D. toutes
causes confondue?.
Ordonne la publication de ce juge-
ment, par extrait, dans trois journaux
au choix de la société GV1LD, dont
/PR Y MA VILLE, journal municipal
d'information, et aux frais de la Ville
d'IVRY-SUR-SEINE.
Ordonne l'affichage par voie de pla-
cards dans les espaces réservés à l'in-
formation municipale du dispositif du
jugement pendant une durée de trois
mois et aux frais de la ville d'IVRY-
SUR-SEJNE.
Pour extrait :
; M» Thierry LEVY, avocat à la cour.
(440 000 en 1992) dont les dos-
siers sont refusés ? Cette question
fait l'objet de négociations bilaté-
rales depuis janvier. « Les Alle-
mands ont proposé une chose inac-
ceptable pour nous : refouler tous
ceux qui n’ont pas obtenu le droit
d'asife, déclare Tomasz Lis, chargé
du dossier au ministère des
affaires étrangères. Nous avons
refusé. » Côté polonais, en effet, le
ton est à la fermeté : «Nous ne
sommes pas une garderie pour
réfugiés, ce sont des êtres humains,
pas des marchandises qu'on se ren-
voie d'un endroit à l’autre », s'in-
digne le chef du bureau des réfu-
gies, Tomasz Kozlowski.
Un virage
à 180 degrés
« Nous n'acceptons pas que cette
montagne soit répartie en monti-
cules que [Allemagne va repousser
chez ses voisins contre de l’argent,
renchérit te vice-ministre de l’inté-
rieur qui négocie avec les Alle-
mands, Jerzy Zimowski. Pour
nous, les termes de la négociation,
c’est l'option zéro. L’Allemagne ne
peut pas résoudre ses problèmes
sociaux aux dépens de ses voisins,
problèmes qu'elle s’est créés elle-
même.» Face à cette superbe,
Bonn a évidemment quelques
arguments, qui vont de l'aide
financière au rapprochement avec
la CEE...
Pour compliquer les choses,
Varsovie a signé en (991, afin de
bénéficier de la libre-circulation
dans les pays du groupe de Scben- g
gen, un accord de réadmissions
avec Bonn, aux termes duquel la |
Pologne s’engageait à reprendre
ies étrangers admis à la frontière
polono-allemande pour la durée
de la procédure de demande
d’asile. Aujourd'hui, explique
Jerzy Zimowski. « nous remettons
en cause cette disposition en vertu
de la clause rébus sic stantibus; .
nous ayons signé cet accord dans le
contexte. d'une législation libérale
sur le droit d'asile, qui ne pouvait •
nous faire imaginer des expulsions
massives. Or l'Allemagne est en
train d'opérer un virage à
180 degrés sur le droit d’asile ».
A ce différend s’ajoute une que-
relie sur les chiffres : Bonn
affirme qu’environ on quart de ses
demandeurs d’asiie, soit à peu
près cent mille personnes, sont
arrivés par la Pologne. Varsovie,
bien sûr, réfute ces chiffres en
avançant celui de trente raille.
« Mais même ceux-là, assurent les
officiels polonais, nous ne sommes
pas en mesure de les accueillir. »
L’autre aspect du problème,
plus général, porte sur le sort des
migrants en Europe lorsque l’Alle-
magne aura restreint son régime
de droit d’asife : c'est une ques-
tion qui rejaillit sur toute la
région, où l’on a la désagréable
impression que les pays riches
cherchent à se décharger dit far-
deau sur l’Europe de l’Est. En
dehors du cas de l'ex-Yougoslavie,
il s’agit de migrations beaucoup
plus économiques que politiques
de ce point de vue, l'Europe de
l’Ouest, même quand elle est sai-
sie par la fièvre xénophobe, reste
infiniment plus attrayante que
celle de l'Est, même convertie à la
démocratie.
Mafia russe
et travailleurs du bâtiment
La Pologne connaît actuelle-
ment - mais pour combien de
temps? - une exception à cette
règle avec l'énorme flux de ressor-
tissants de la CEI (Ukraine, Rus-
sie et Biélorussie surtout) qui
commercent ej. travaillent sur le
soV polonais ils sont en ce
moment, selon des chiffres offi-
ciels, plus de trots cent millq.à
vivre en Pologne, qui a enregistré
l'an dernier pas moins de boit mil-
lions d’entrées à sa frontière
orientale.
Bien que la mafia russe ou
tchétchène franchisse aussi allè-
grement la frontière que les
ouvriers du bâtiment, cette
« invasion »-là n'est pas vue d'un
trop mauvais ceil par les Polonais.
Et, pour les « ressortissants de la
CEI» livrés à tous les chaos, la
liberté de voyager en Pologne est
vitale, comme en témoigne un.
incident survenu en janvier, lors-
que les gardes-frontières polonais
furent amenés à refuser l'entrée à
Une politique généreuse mise à mal
par les manifestations d’extrême droite
Au commencement était le
paragraphe 2 de ('article 16 de la
Loi fondamentale de la Républi-
que fédérale d'Allemagne, adop-
tée le 30 mai 1949, faisant office
de Constitution provisoire en
attendant la réunification du
pays : e Aucun Allemand ne peut
être extradé vers l'étranger. Les
persécutés poétiques jouissent
du droit d'asile, a
Cette politique généreuse en
matière de droit d'osée se justi-
fiait,, dans l'esprit des «pères» de
la Loi fondamentale, par un souci
de gratitude envers les pays qui
avaient accueilli les opposants au
nazisme pourchassés sous le
Hh Reich. Elfe participait de cette
volonté d'Ôire réadmis dans le
giron des nations civilisées, tout
comme (a reconnaissance de ta
responsabilité collective du peu-'
pie allemand dans la Shoah avait
ouvert fe droit aux réparations
aux victimes juives du nazisme et
à l’Etat d'tsraél.
La mise en œuvre de ce prin-
cipe s'est appuyée sur une juris-
prudence de la Cour constitution-
nelle de Karlsruhe qui an
renforçait encore ('efficacité. Au
fil des années, on a reconnu le
droit aux demandeurs d'asile poli-
tique de bénéficier d’une autori-
sation de séjour pendant la
période d'examen de leur cas. A
ce droit au séjour s’est ajouté le
droit â des subsides permettant
de se loger, ss nourrir et s'habil-
ler.
Cette pratiqua n’a pas posé de
problème social et politique
majeur pendait plus de quarante
ans ; le nombre des demandeurs
d’asile politique restait dans des
limites acceptées par la popula-
tion et, surtout, dans les années
d'entrée massive de main-d'œu-
vre étrangère (entre 1960 et
1974|, leur « visibilité» n’était
pas aussi grande qu’elle allait le
devenir après les grands boule-
versements de 1989-1990.
L'année 1992 a été une année
record d’afflux de demandeurs
d'asile en Allemagne : 438 000
ont été enregistrés. A titre da
comparaison, la France n'a été
saisie que de 80 000 demandes
de ce type.
La montée de l’extrême droite,
qui a fait de ce thème le centre
de son discours politique, las
émeutes qui se sont multipliées
contre les foyers de demandeurs
d'asile depuis la fin de l'été
1992, l'exaspération croissante
de populations qui voyaient dans
tous ces Tsiganes, Roumains ou
Polonais arrivant dans leur pays
des gens plus désireux de parta-
ger le gflteau de la prospérité
ouest-allemande que de fuir une
réelle persécution politique, ont
été h l'origine du débat le plus
passionné de l'histoire de l'Alle-
magne réunifiée.
D'un côté, on trouvait les parti-
sans d’une réforme de la Loi fon-
damentale, supprimant purement
et simplement Je passage de l'ar-
ticle 16 relatif au droit d'asile.
C'était la position des partis
conservateurs, la CSU bavaroise
jouant dans ce domaine un rôle
de pointe. Mais, comme loiite
réforme de la Loi fondamentale
nécessite une majorité des doux
tiers au Parlement, il fallait que
l'opposition social-démocrate
donne son aval à une modifica-
tion de la législation.
Un compromis hit trouvé,
après de nombreuses péripéties,
pendant l'automne 1992. Le prin-
cipe du droit d'asile pour les per-
sécutés politiques ne serait pas
remis en cause, mais il serait pré-
ci sé que les demandes ne
seraient prises en considération
que si les personnes concernées
n’avaient pas transité par un
«pays sûr», c'est-à-dire garantis-
sant à ses citoyens les libertés
fondamentales. Cane attitude -
quelque peu hypocrite si l'on
considère la position géographi-
que de l'Allemagne par rapport
aux principaux pays «fournis-
seurs de demandeurs d’asile» -
obfigait le gouvernement de Bonn
à entamer de difficiles négocia-
tions avec les pays frontaliers,
essentiellement la Pologne et la
République tchèque. Le Parti
social-démocrate a en effet posé
comme condition à son accepta-
tion définitive du «compromis»
avec la majorité CDU-CSU-FDP la
conclusion d'accords sur cette
question avec les pays voisins.
LUC ROSEN ZWEIG
un car de Russes dont l’un des
occupants était mort d’une crise
cardiaque ; les passagers avaient
préféré placer le cotps sur- la ban-
quette arrière et continuer plutôt
que perdre leur place dans là file
d'attente -de -plusieurs jours à la
frontière. "■
Les autres migrants* moins
nombreux, viennent de
l’ex-Yougoslavie, d’Arménie, de
Roumanie (Tsiganes pour la plu-
part), de Bulgarie, ces deux der-
niers groupes constituant l’essen-
tiel du contentieux avec
('Allemagne. Mi les uns ni les
autres n’ont besoin de visas pour
entrer en Pologne, mais .très peu
entendent y rester. Pour eux,
affirme Tomasz Kozlowski, nia
Pologne est un pays de transit. Its
ne demandent pas le statut de réfu- ■
gli. car leur destination finale c est
l’Ouest, et. Us craignent que le
dépôt d'une demande ici n'anéan- '
lisse leurs chances pour l’Occi-
dent».
Quatre-vingts
essais manqués...
Originaire du Haut-Karabakh,
qu'il n foi à pied, à travers bois et
neige, avec sa jeune femme et leur
bébé de deux mois (ii en a onze
aujourd'hui), Ovik Sarkissian,
hébergé au centre de Nadarzyn
depuis six mois, s'est retrouvé en
Pologne par hasard, «parce qu’il
n'avait pas assez d'argent pour
aller plus loin r. Va-t-il rester?
Geste évasif. « Ici , dit-il, on peut
vivre avec peu d'argent, mais il y a
beaucoup de chômage. »
Pour tous ces déracinés, l’aspi-
ration à une nouvelle vie est telle
que même le spectacle des foyers
de demandeurs d'asile en feu en
Allemagne n’est pas dissuasif. .
«r Lorsqu'ils voient les images à ta
télévision, ça les impressionne, dit
Elzbieta Przychoàzèn ; mais, lors-
qu'on cesse d’en parier. Us
oublient. •* Cest un Roumain qui
détient Je record des tentatives de
passer la frontière allemande,' avec
quatre-vingts essais.-
Alors, que faire? Imposer des
visas pour entrer en Pologne?
« C’est ce que les pays occidentaux
voudraient que l'on fasse, sans le
dire, depuis deux ans , affirme le
chef du bureau des réfugiés. Mais
ici, les visas, ça ' nous rappelle de
mauvais Mipenimnous avions
cru c6mp^éh8ré n tfui '‘Intendance
était # rmiverturje.., et piqintenant
l'ÙcctàenïJiousiatmahiU de lui
servir de cordon sanitaire I» En
dépit de la pression du parti chré-
tien-national ZChN, membre de la
coalition gouvernementale, le
ministère des affaires étrangères
résiste à l’instauration d’un régime
de visas, auquel il préfère l’intro-
duction d’un système plus strict
d’invitations, d’autant plus que la
liberté de circulation à l'Est pro-
fite aussi aux minorités polonaises
(deux millions et demi de per-
sonnes) de Tex-C/RSS.
Varsovie, qui plaide pour une
solution régionale à la migration
économique, cherche à signer des
traités de réadmission avec tous
ses voisins, et tente de coordonner
sa politique avec Prague, Bratis-
lava, Vienne, Ijubljana et Buda-
pest : une réunion des ministres
de l’intérieur de ces pays est pré-
vue le 16 mars à Prague.
Toutes ces recherches de solu-
tion pourraient cependant être
bouleversées par une dégradation
de l’atmosphère en Pologne : l’ac-
cueil relativement bon réservé au
début par les Polonais aux étran-
gers, y compris aux Tsiganes qui
bivouaquent dans les- gares et (es
passages souterrains de Varsovie,
peut changer en fonction de la
situation économique et de la
montée du chômage.
Déjà, la police relève des réac-
tions négatives dans la population
à l’égard de f aggravation de la cri-
minalité. Selon un sondage publié
la semaine dernière dans Polityka,
33 % des Polonais souhaitent que
les réfugiés soient placés dans des
camps isolés, tandis que seuls 7 %
voudraient les yoir vivre parmi
eux. Pourquoi la Pologne serait-
elle épargnée par les secousses qui
agitent l'Allemagne?
SYLVIE KAUFFMANN
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•i.
GAGNEZ UN VOYAGE 1
DANS L’OUEST AMERICAIN j
pour deux personnes avec . "J
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36.15 LE MONDE
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Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 9
ESPACE EUROPEEN
Sans domicile fixe à Copenhague
L'Etat-providence danois, le plus généreux d'Europe, bat de sont
de plus en plus nombreux alors que lo pression fiscale est très forte
. . : ««.il HîTiiinK de Donsabi
COPENHAGUE
correspondance
«
L
E repos est servi!».-
Henning, la soixan-
taine, bat le rappel
en servant le pot-au-
. feu à une nuée de
jeunes agglutinés autour de la cui-
sine-bar au Sjakket (L'Equipe), Je
refuge des enfants des rues de
Copenhague, ouvert jour et nuiL
pans une vieille épicerie d un
quartier populaire de Norrcbroe,
au nord de la capitale., filles et
garçons de quatorze & vingt-cinq
ans ont pris place sur des bancs
noirs rafistolés, autour de tables
récupérées dans les débarras et
éclairées par des bougies. Atmo-
sphère douillette, feutrée, dans ce
soir d'hiver. Certains jouent aux
échecs, d’autres lisent les jour-
naux. Inger seule égrène sa gui-
tare en attendant son. tour de pas-
ser & table.
s Je viens ici pour être avec les
autres, manger un plat bon mar-
ché, souvent à l'ail quand je n ai
i plus d'argent . » Hans, dix-sept
km ans, foulard autour du cou, est un
habitué du Sjakket U y vient tous
les jours avec son Lukke (Bon-
heur), un chien bâtard qui le suit
à la trace, * J’ai rompu avec ma
famille . dit-il- Il y avau trop de
disputes, de cris, de pleurs. Je suis
parti de l'école aussi etjai habité
la rue depuis plus d'un an comme
des centaines d'autres de mon âge.
dormi dans les cages d’escaliers, a
l'entrée des gares fermées ta nuiL
Heureusement que le refuge a été
ouvert. Je peux y dormir de temps
rennes (4S millions de francs)
pour alléger la misère de ces
exclus de la société.
«Je veux me battre toutes
griffes dehors pour venir en aide a
ces déshérites », proclame le
ministre (social-démocrate) des
a fia ires sociales, Karen Jespereen,
qui gère le s —
premier budget de
l'Ètaf: SO milliards de couronnes
en temps quanti il y a de la place,
prendre une douche, parler avec
les autres».
Le cas de Hans n'est pas isolé.
Des centaines de jeunes dans les
grandes villes danoises sont dans
la même situation, sans dpmicüe
fixe et sans pouvoir bénéficier ae
Taide de TEtat La loi. stipule que
les enfants, jusqu’à dix-huit ans,
sont à la charge de leurs parents
et non de la société. Alors, il ne
reste plus qu’une chose a faire
pour survivre : commettre de
menus larcins, des vols à 1 étalage,
juste pour -calmer le ventre creux.
Entre dix-huit
et trente-cinq ans
Au Sjakket, Soeren, animateur
du refuge, est là pour aider « tes
jeunes à trouver goût à la vie,
en t993. La moitié de chaque
couronne versée par les contri-
buables (qui sont déjà les plus
imposés de l’Europe communau-
taire) sert à financer des trans-
ferts sociaux. 110 milliards de
couronnes ont été dépensés dans
des indemnités dé boutés sortes
aux cat "
six ans.
filet qui «. — — *• — - —
du berceau à la tombe, est en
train de se déchirer sous le poids
de plus en plus lourd des assistés.
Il n’y a plus assez de ressources
pour subvenir aux besoins des
citoyens qui sont réellement dans
la détresse, constatent & l’unisson
experts des agences pour 1 emploi,
conseillers sociaux et sociologues.
Un héritage
de la prospérité
La société-providence, bâtie par
la social -démocratie à la fin des
années 60, dans une ère de pros-
périté, qui garantisMtt lebien-etre
pour tous, s est lézardée. Cette
vision généreuse, cette solidarité
sans faille imposée par une, fisca-
lité douloureuse, bat de 1 aile. La
loi d’aide sociale a été adoptée le
13 juin 1974 - les Danois la qna-
a- - nriitertian
radio, qui reçoit des dizaines de
milliers de lettres de détresse de
Danois dans le besoin, «la toi
d’aide sociale est devenue une fail-
lite. Avec autant de chômeurs,
nous n'avons plus le temps de les
conseiller, de les guider. On les
fait juste passer à la caisse, en
oubliant leurs problèmes qui ne
sont pas uniquement materiels,
mais aussi et surtout humains!»
Dans les communes, les conseil-
lères sociales sont souvent à bout
de nerfs, comme à Copenhague,
où Lotte s’avoue désemparée :
* Sous avons des personnes qui
sont de plus en plus agressives, qui
ne comprennent pas pourquoi on
npns —
ronnes (environ 400 francs). par
enfant, lis affirme ni qu ils nam-
v€ftl pfl-î a joindre les deux
bouts.»
Entre soixante-quinze mille et
cent mille chômeurs sont dans
cette situation, sortis trop tôt de
l’école, sans instruction et n ayant
aucune chance réelle de s implan-
ter sur le marché du travail, deve-
nant des assistés perpétuels, a en
préretraite à l’âge de trente ans ! X
se lamente Christian. Les réfugiés
(environ cinquante mille) sont
parmi les plus exposés, condam-
nés à vivre, pour 87 % d entre
eux, en assisté. «U est peu vrai-
semblable, avec le chômage actuel,
qu’ils aient un jour du travail »,
confie Axne Pïel Chnstensen,
secrétaire général de l’Association
danoise de l’aide aux réfugiés.
Les perspectives sont
. <ic OL Am *nnK
K riSSiS ef^yantes i»ur 75 % des jeunes
aï MïiMS
À mîïïëvolqnures^on^rap-
• ÏÏSTÏÏ famille et essayer, sur- port d’un institut d’aide sociale à
améliorer »«•»* —
police, la famille et essayer, sur-
tout. de les r amener sur les bancs
de l'école qu’ils ont quittée trop
tôt . sans instruction, et qui n ont
comme seule perspective que de
devenir des perdants et des panas
de la société». .
Entre dix mille et vingt mille
Danois, dans un royaume de cinq
millions d’habitants, sont hjem-
loes\ c’est-à-dire sans domicile
fixe. Un triste record dans un
royaume qui s’est tomoure enor-
gueilli d’être un modèle d Etat-
providence. Et leur nombre aug-
mente de jour en jour.. Les autori-
tés danoises s en inquiètent d au-
tant que les SDF ne sont plus,
comme par le passé, des ajcooli-
oues quadragénaires, mais des
jeunes entre dix-huit et trente -
cinq ans, issus de familles déchi-
rées. victimes du chômage, de
troubles psychiques, de 1 alcool et
de la drogue. Le Parlement a
décidé, en décembre dernier, de
débloquer 50 millions de cou-
sociaie au mutin* », » ---
que où le Danemark avait trente
et un mille chômeurs. Aujour- .
d’hui, le royaume en compte
dix fois plus, soit un niveau
jamais atteint depuis la crise des
années 30.
(r Notre pays n’est pas du tout
préparé à tant de chômeurs »,
constate le ministre des affaires
sociales. La législation d assis-
tance sociale doit être profondé-
ment transformée si Ton veut pre-
server & l’avenir une société de
bien-être qui coûte, tout compris,
quelque 180 milliards de cou-
ronnes. En dépit de cette somme
record, de plus en plus de
citoyens passent à travers .les
mailles du filet de la sécurité,
secourus par- quelque quatre cents
organisations privées et deux cent
aille volontaires, selon un. rap s -
pori
Odense.
Pour Hanne Reintoft,. anima-
trice d’une émission sociale a la
qui ont reçu une aide publique
pendant une courte ou une longue
période avant d'atteindre TSge de
vingt-six ans. Bii^itte SimoMen,
sociologue à l'université de Ros-
kilde, auteur d’une enquête sur la
jeunesse, constate e que le système
social transforme cette catégorie
de la population en assistés
sociaux, criant une altitude nou-
velle par rapport au travail. J ai
Interrogé une centaine de jeunes et
beaucoup d'entre eux _ sont
convaincus que le travail n est pas
une condition pour une bonne ne.
L'Etat leur permet Me survivre, et
la vie peut être vécue de beaucoup
de manières, pensent-ils».
Ce sentiment est partagé par la
commission des affaires sociales
qui a publié, à l’automne dernier,
un volumineux rapport a ce sujeL
«De plus en plus de jeunes comp-
tent sur la manne providentielle
des pouvoirs publics comme une
source normale de revenu. Celte
mentalité ne favorise guere la res-
ponsabilité de subvenir soi-meme
à ses besoins ou encore à ceux de
sa famille», affirme le rapport.
Cette loi d’aide sociale rend les
gens passifs, créant un groupe de
chômeurs à vie, reconnaît Aase
Olesen, présidente de cette com-
mission et ancien ministre des
affaires sociales. « La particularité
de notre Etat providence est qu il
est financé par la fiscalité et que
tous les citoyens ont droit a la
même assistance quel que soit le
montant des impôts qu'ils paient.
C’est sa plus grande qualité, mais
aussi son plus grand défaut, car
les citoyens n'ont pas /"impression
que ce qu’ils reçoivent coûte cher.
La plupart des autres pays
bâtissent leur bien-être social sur
le rapport entre le nombre d an-
nées passées sur le marché du tra-
vail et les droits à la sécurité
sociale. »
Un système
qui incite aux abus
Un système trop généreux pour
certains et qui incite aux abus :
«Je gagne plus en restant a la
maison près de mon enfant qu en
allant travailler au supermarche»,
constate Lene, vingt-cinq ans, qui
gagne environ 9 000 francs par
mois et qui en recevra presque
autant de la caisse d’allocation
chômage. Pour d'autres, comme
pour Jens, cadre de banque licen-
cié, «c'est une catastrophe», car il
faudra vendre maison, bateau,
voiture et vivre misérablement en
espérant un jour retrouver du tra-
vail.
Malaise macédonien
Malgré b surenchère nationaliste, le premier ministre grec
se dit prêt à accepter un compromis
ATHENES
«
de notre envoyé spécial
OUS sommes détermi-
nés à accepter la
décision de la com-
mission d'arbitrage
_ — des Nations unies. »
En affirmant ainsi que la Grèce sc
soumettra « obligatoirement » a la
résolution de l'ONU sur la recon-
naissance de Pex-république you-
goslave de Macédoine, M. Constan-
tin Mitsotakis, premier ministre
grec, cherche de toute évidence a
sortir son pays de V «impasse»,
malgré les attaques que lui vaut
cette altitude au sein de son propre
parti. L’opinion publique grecque,
chauffée pendant des mois par a
surenchère nationaliste à laquelle
se sont livrés les partis sur la ques-
tion de la Macédoine, reste
extrêmement fébrile, et certains
membres du parti de M. Mitsotakis
(la Nouvelle Démocratie) comme
M. Antonis Sa ma ras, ancien minis-
tre des affaires étrangères limogé
en avril 1992, n’entendent pas
renoncer à cette mobilisation.
M Mitsotakis est conscient du
sérieux malaise social qulengcn-
drent dans le pays les difficultés
économiques, et qui trouve un exu-
toire dans la fièvre nationaliste.
Son but est de régler le contentieux
macédonien, au moins d en réduire
la charge émotionnelle actuelle,
avant la prochaine échéance électo-
rale. Pour « sortir de l’impasse», i]
compte beaucoup sur la sondante
des Etats membres de la CEE,
notamment de la France, afin que
les «arbitres» - qu’il espère être
Quelque 70 % des Danois inter-
rogés dans un récent sondage pen-
sent pourtant que les plus nches
profitent de ce système social
généreux, et 52 % estiment que ce
système est archaïque et doit cire
réformé. Mais le Danemark pour-
ra-t-ïl continuer sur cette voie
avec la montée du chômage
(11,6 % de la population active)
et un déficit budgétaire de
50 milliards de couronnes en
1993. i
Le premier ministre social-
démocrate Poul Nyrup Rasmus-
sen (arrivé au pouvoir le 25 jan-
vier) devra faire face à un vén ta-
ble défi : préserver la société de
bien-être qui coûte de plus en
plus cher à une période ou les
Danois sont de moins en moins
disposés à la financer par une
nouvelle hausse des impôts, qui
ont déjà atteint un seuil intoléra-
ble pour beaucoup. ( Intérim )
U» - -r-
M. Cyrus Vance et lord Owen -
produisent «une proposition finale»
qui lui permette de se dégager de
manière honorable.
Aujourd’hui, M. Mitsotakis sou-
haiterait pouvoir revenir un an en
arrière : «A ce moment-là, Skopje
était prête à accepter le nom de
Macédoine du Nord a Muta te
autres conditions que posait laLt c.,
mais la Grèce refusait le principe
d'une dénomination mixte. » Autant
dire qu’il regrette amèrement 1 in-
transigeance die l’époque et qu il
serait prêt à accepter que la nou-
velle république comporte le nom
«Macédoine», avec une adjonc-
tion. «Très probablement la déci-
sion des médiateurs sera une Jor-
mule de compromis » du type de
« Macédoine du Nord», çstimc-t-il.
Sa préférence va vers la «Macé-
doine slave», mais sans doute a-t-ii
conscience que M. Gligorov ne peut
accepter cet adjectif alors que la
population de Macédoine est com-
posée d’au moins 20 % d Albanais
et que le gouvernement de Skopje
comporte cinq membres de cette
communauté.
Ccst en s’appuyant sur des docu-
menis produits par les extrémistes
slaves de Macédoine que les Gros
- de l’homme de la rue qui parle
des « Yougas», aux hommes d af-
faires, en passant par les autorités -
dénoncent les « visées expansion-
nistes» de la Constitution macédo-
nienne. Ainsi M. Michalis Papa-
konstantinou, ministre des affaires
étrangères, déploie une carte qui
inclut à l’intérieur de frontières
communes Skopje, la Macédoine
grecque, une partie de la Bulgarie et
de l’Albanie (région des lacs) et
affirme que «c’est la carte uttlisee
dans les écoles » de la nouvelle
république.
Des symboles
provocateurs
M. Mitsotakis se montre plus
prudcnL sur ce point, tout en affir-
mant : « La Grèce ne conteste pas
cet Etat, mais son nom et son com-
portement font problème. » « En
outre, ajoutc-t-il, sa Constitution
doit être changée ainsi que ses sym-
boles qui sont une provocation pour
les Grecs.» «Enfin, conclut-il,
Skopje doit cesser sa propagande
inamicale envers mon pays. »
L’étoile à seize rayons (emblème
de la dynastie macédonienne) qui
figure sur le drapeau rouge de la
Macédoine met les Grecs hors
d'eux. En guise de réplique, des
pîn’s représentant le soleil de Phi-
lippe Il et d’Alexandre le Grand
fleurissent dans les magasins
d’Athènes et de Salonique avec 1 ex-
plication suivante : «La Macedoine
est et sera grecque pendant trois
mille ans encore ; ceci est un fait his-
torique indiscutable.» La colère de
beaucoup de Grecs va au-dcla du
voisin immédiat du nord. 11 nest
pas rare d’entendre réclamer des
mesures de boycottage contre les
produits venant du. Danemark et de
l'Italie depuis que leurs dirigeants
ont critiqué la position dans
laquelle les Grecs se sont enfermés.
Les milieux gouvernementaux
jugent «stupide» cette revendica-
tion. En revanche, M. Mitsotakis
menace d’interdire à nouveau les
échanges commerciaux (en augmen-
tation de 30 % en up an) entre
Salonique et Skopje si la capitale
macédonienne continue d’accuser
la Grèce de violer l’embargo contre
les Serbes.
MARCEL SCOTTO
Centre d’essai
___ Du 4 au 21 mars
MONDEO
jÉTc
M
Edrtô par la SARL La Monde
Comité de direction :
tjnacwur'do bfiSpciton
Jacques Gulu .
direct our de la Bastion
Ma™» 1
sec rétan générai
Rédacteurs en chef :
Robert Solé
ladttxrHS OJ drocteur
da b rédaction)
Yve* Annie.
jacoue* Amalne
Philippe Harrem en
Jacques- Frençoie Sanon
Danèri Veroei
IdmcitH*
«tes «fanons ■wnarwruwa
Anciens tfiroaeure :•
75501 PARIS ÇÉDEX 15
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MONDEO. Beauté et Force Intérieure.
1 jk QUALITÉ OU F. VOUS RECHERCHEZ
1
10 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 ••
POLITIQUE
iUi.
D'UNE RÉGION A L'AUTRE
Pays de la Loire : le fief de la droite conservatrice
Le RPR tente de réduire l’influence de l’UDF
et la gauche s’efforce de sauver ses bastions traditionnels
MANTES
de notre envoyée spéciale
1993, curieux pied de nez de l'his-
toire dans (es Pays de la Loire. L’an-
née des législatives coïncidera ici
avec le bicentenaire du mythe Fonda-
teur - le seul ? - de l'unité régio-
nale : les soulèvements de 1793 con-
tre la République, insurrection
vendéenne au sud de la Loire,
chouannerie au nord. Héritage com-
mun aux cinq départements des
Pays de la Loire (Loire-Atlantique,
Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et
Vendée), ces événements ont soudé
les populations dans un conserva-
tisme qui ne s'est guère démenti jus-
qu'à nos jours. Hégémonique, la
droite compte depuis 1988 vingt-
trois députés sur les trente de la
région.
De tous temps minoritaires, les
socialistes sont menacés dans au
moins deux des sept circonscriptions
qu'ils détiennent depuis les dernières
législatives. Deux cents ans après la
révolte antirépublicaine de 1793, les
élections de 1993 consacreront la
permanence de ce fief conservateur
de l'Ouest, comme si évolutions
sociales et économiques passaient
sur ces contrées sans provoquer de
mutation politique.
Immobilisme
politique
Face h ce conservatisme, l’enjeu
de 1993 est double : résistance de la
gauche dans ses bastions tradition-
nels, offensive du RPR contre la
domination de l'UDF qui accapare
quinze des vingt-trois sièges de
droite.
La permanence du paysage poli-
tique se lit tout au long de la litanie
des députés sortants de droite,
immuables candidats, immuables
réélus à chaque consultation. La
des députés sortants de droite,
immuables candidats, immuables
réélus à chaque consultation. La
Mayenne, le Maine-et-Loire, cer-
taines circonscriptions de Sarthe, de
Vendée ou de Loire-Atlantique en
offrent des exemples caricaturaux.
Au point que, dans ces régions,
même les quelques personnalités
marquantes de gauche - comme
MM. André Pinçon, Claude Leblanc,
Jean Monnier, respectivement
maires de Laval, Mayenne et Angers
- s'abstiennent de se présenter, tant
le scrutin majoritaire ne leur laisse
aucune chance. Seule la proportion-
nelle de 1986 a permis aux socia-
listes de placer deux députés (sur
sept) dans le Maine-et-Loire et un
(sur trois) en Mayenne.
Depuis, le calme est retombé sur
les campagnes. En Maine-et-Loire,
M"* Roselyne Bachelot-Narquin
(RPR) qui a succédé à son père
en 1988, MM. Hubert Grimaolt,
Edmond Alphandéry, Jean Bégault,
Maurice Ltgpt, Hervé de Charette et
Marc Laffîneur, tous UDF, peuvent
se présenter en toute quiétude
devant leurs électeurs, avec la béné-
diction conjointe de l'UDF et du
RPR. De même en Mayenne,
MM. François d’Aubert (UDF),
Henri de Gastines (RPR) et Roger
Lestas (UDF). En pleine vague rose
de 198], ces trois députés furent réé-
lus au premier tour.
Peuvent aussi faire preuve de la
même tranquillité d’esprit : en Ven-
dée, MM. Jean-Luc Préel, Philippe
Mestre et Philippe de Villiers,
député le mieux élu de France en
1988 (74 % des voix), tous UDF: en
Sarthe, MM. Gérard Chasseguet et
François Fillon, tous deux RPR;
enfin, en Loire-Atlantique,
M“ Monique Papon (UDF) et Eli-
sabeth Hubert (RPR) - deux élues
de 1986 -, MM. Edouard Laodrain
(UDF) et Olivier Guichard (RPR),
députe depuis 1967.
L’immuabilité du personnel poli-
tique gagne même les candidats mal-
heureux. Ainsi, M. Etienne Garnier
(RPR) se présente pour la ênième
fois - pour la dernière, dit-il - con-
tre M. Claude Evin, député sortant
socialiste de la circonscription de
Saint-Nazaire en LoireAtlantique.
Dans ce contexte morne, quel*
S ucs-uns font dissidence à peu de
rais. Histoire parfois de montrer
leur impatience vis-à-vis«de vieux
élus qui tardent à décrocher ou pour
négocier une investiture dans la pers-
pective de futures élections. Parmi
ceux-ci : M. Pierre Hellier, UDF,
dans la circonscription de M. Chas-
seguet en Sarthe; ML Michel Scheer,
conseiller général et régional UDF
dans la circonscription de M. Roger
Lestas en Mayenne; MM. Jean-
Pierre Pohu,.d#ns la circonscription
de M Jean Bégault, et Jean-Chartes
Taugoordeau dans celle de
M. Alphandéry, tous deux en Maine-
et-Loire, classés divers droite, mais
se disant proches du RPR.
Le BPR
contestataire
Un tel immobilisme, selon
M. Jean Renard, professeur i f uni-
versité de Nantes, s’explique par le
pouvoir des notables. « La profonde
connivence entre le notable et le
milieu Ait Que, dans l'Ouest, il est au
cœur du maintien et de la perma-
nence de A cane électorale, puisque
son râle principal est de faire que
rien ne change, si ce n'est sous sa
houlette et avec son accord», écrit-il
dans Géopolitiques des régions fran-
çaises, soulignant, dans les zones
rurales, qui constituent près de 60 %
du territoire de la région, (de poids
combiné de la grande propriété, du
château et de la cure».
Un poids incarné par tes notables
UDF, descendants de famijles
nobles, propriétaires terriens, élus
locaux de pire en fils ou d’onde en
locaux de pire en fils ou d’onde en
neveu, et fidèles gardiens du conser-
vatisme. Certains jeunes députés du
RPR, comme M. François Fillon
dans la Sarthe ou M •» Elisabeth
Hubert dans la Loire-Atlantique,
supportent mal cette hérédité f tire
encadré), eux qui se veulent porteurs
des valeurs dTine droite moderne,
des valeurs d une droite moderne,
ouverte et dynamique.
M. Fillon a mé dans les bran-
cards. eu partant, il y a un au, à
l’assaut de la présidence du conseil
général de la Sarthe, dévolue en
principe à un UDF, le sénateur
Roland du Luart (Le Monde du
U mars 1992). Depuis, les tiraille-
ments subsistent entre UDF et RPR
dans 1e département
D’autant que M. Fillon a mani-
festement la volonté d’y consolider
son influence (le RPR compte déjà
deux députés sarthois). L'existence
de primaires systématiques dans tes
trois circonscriptions sarthoises dont
le député sortant est un socialiste en
est la preuve. *(t nous faut des éùu
pour faire le poids face à l'UDF»,
affirme sans ambages M. Fillon, qui
pense aussi aux municipales. En ten-
tant de faire barrage aux socialistes
en 1993, te RPR entend s’ouvrir la
route vers la conquête des mairies
du Mans et de La Flèche en 1995.
M“ Hi yabeth Hubert aurait bien
aimé qu’en Loire-Atlantique l’oppo-
sition fesse preuve d’un peu plus de
démocratie, en provoquant des pri-
maires sur les trois circonscriptions
des députés sortants socialistes.
Las! Ici, il ne faut pas faire de
vagues. La connivence entre Je pré-
sident de la région des Pays* de la
Loire, M. Olivier Guichard, député
sortant RPR, maire de La Baulë, et
le président UDF du conseilgénéral
de Loire-Atlantique, M. Cnaries-
Henri de Cossé-Brissac, empêche
toute velléité de changement.
Résultat : alors que trois primaires
étaient envisagées, d ont deux sur des
circonscriptions socialistes, il n’en
reste désormais plus qu'une, sur la
orcoascriptiou du pays de Retz, où
M. Lucien Richard, RPR, député
depuis 1962, ne se représente pas.
Cela dit, même sans passe
d'armes, le RPR sera le grand vain-
queur de ces élections en Loire-At-
lantique. Il a, d'ores et déjà, ravi
deux des quatre circonscriptions à
l'UDF : celle de Châteaubnant, où
l'UDF Xavier Hunault, député
depuis 1962. cède la place à son fils,
M. Michel Hunault, RPR, et celle du
Vignoble, où ['UDF Joseph-Henri
Maujoüan dn Gasset, député depuis
1967, passe la main au RPR Serge
Sarthe : châtelains et roturiers
LE LU DE
de notre envoyée spéciale
* Louis- Jean, c’est un sang-
bleu. mais qui aime bien le petit
rouge....» Celui qui rapporte en
riant - et avec l’accent du terroir
- ce propos d’un agriculteur du
coin n’est autre que... Louis-Jean
de Nicolay, quarante- trois ans,
candidat UDF dans la troisième
circonscription de la Sarthe dont
le député sortant est le socialiste
Guy-Michel Chauveau.
Sa candidature a l’air de le
mettre en joie, ce jeudi
25 février, alors qu’il déjeune au
milieu de sas pairs, en l’abbaye
cistercienne de l'Epau, près du
Mans, siège du conseil général da
la Sanhe. Comme s'il ne la pre-
nait pas au sérieux. Et pourtant
c’est bien lui que M. Giscard
d’Estaîng est venu soutenir la
veilla ai serrant des mains sur le
marché de La Flèche, à l’occasion
de la traditionnelle Foire des cen-
dres.
Sa candidature n'a, après tout,
rien d'exceptionnel dans cette
province de la vallée du Loir.
Dans la Sarthe comme dans les
autres départements des Pays de
la Loire, 3 est coutumier de voir
un représentant de l’aristocratie
locale, propriétaire d'un château
dans le canton qu’il représente,
briguer un mandat que ses
ancêtres ont déjà exercé.
Une tradition dont «Louis-
Jeans se passerait peut-être
bien, lui qui fait remarquer qu’on
ne lu donne pas du «Monsieur le
comte», qu'3 n'est pas maire de
son vidage et qu'il dirige une
société de courtage an réassu-
rance.
H n'en est pas moins châtelain
du Lude, célèbre pour son son et
lumière, premier spectacle du
genre en France, bien avant que
le Vendéen Philippe de Vüfiers ne
lui chipe la vedette avec son
spectacle du Puy-du-Fou.
Châtelain et héritier d'une longue
lignée de maires, conseillers
généreux, sénateurs... On ne se
défait pas si facilement du poids
du passé, at son comité de sou-
tien - qui compte nombre de
consa/Eers généraux à particule -
est là pour le lui rappeler.
Tout comme M. François Fillon,
député RPR, maire de Sablé et
président du conseil général de 1 a
Sarthe, grand pourfendeur de
«cas notables qui se transmet-
tent leurs mandats électifs
comme des charges hérédi-
taires». Tout le contraire de
l'image de la droite moderne qu'3
souhaite donner. Aussi est-ce
sans états d'âme qu’il soutient la
candidature d'un RPR de trente-
sept ans, M. Antoine Joly, face à
celle de M. de Nicolay.
«La Sarthe a besoin d'hommes
nouveaux», proclame M. Fillon,
sur les affiches électorales de
M. Joly. Avec quelque humour,
puisque M. Jofy se fait facilement
taxer de * parachuté», par ses
concurrents de gauche comme
de droite. Il est revenu en effet
depuis deux ans dans son dépar-
tement d'origine où ses parents
étaient commerçants et ses
grands-parents exploitants agri-
coles.
Sa candidature n'a guère plu à
l'UOF, qui considérait la troisième
circonscription de la Sarthe
comme sa chasse gardée. Sous
prétexte que le dernier député de
droite battu aux législatives
de 1981 par le socialiste Guy-Mi-
chel Chauveau était UDF et que
le WR n'était plus présent depuis
une vingtaine d’années.
S’il reconnaît sa «jeunesse»
sur le terrain électoral, M. Joly
compte en faire un atout : cJe
suis celui qui incarne le plus te
renouveSemanL » Son manque de
notoriété ne peut cependant être
qu’un handicap face à M. Chau-
veau, député depuis 1981 et qui
plus est maire de La Flèche
depuis 1989. Mais M. Joly ne
manque pas d’ambition : il a déjà
les yeux rivés sur les munidpafes
de 1995.
Poignant, tout en restant son sup-
pléant
En Vendée, en revanche, 1e RPR a
eu tontes les peines du monde à
conserver la circonscription des
Sabtes-d’OIonne sous sa bannière,
alors que le député sortant RPR,
M. Pierre Mauger, ne se représentait
pas. Au terme de tractations hou-
leuses, son prévisible successeur,
M. Louis Guedon, maire des Sables,
bénéficiant de l’investiture unique de
l’opposition, mais plutôt en cour à
l’UDF, siégera dans la prochaine
Assemblée au banc du RPR.
La résk
Face à ces vastes espaces de
droite, la gauche se réfugie dans
quelques' îlots, agglomérations
urbaines et ou vnères (Saint-Nazaire,
banlieues de Nantes, Le Mans, Tnf-
lazé— ) et vieilles terres rurales répu-
blicaines (sud de la Vendée et sud-
est de la Sarthe). Bien qu’elle ait
réussi des percées en conquérant des
villes au fil des municipales de 1977,
1983 et 1989, elle reste isolée. Ce
qui lui évitera peut-être de connaître
le grand reflux annoncé dans d’au-
tres régions.
Dans les grandes consultations
nationales, seules la Loire-Atlantique
et b Sarthe donnent aux socialistes
des scores équivalents ou supérieurs
à la moyenne nationale. La conquête
de la ville de Nantes en 1989 leur a
permis, en Loire-Atlantique, de
compter un deuxième sénateur en
1992 (contre trois à la droite) et
deux sièges de plus au conseil gêné-
raL Aux cantonales de 1992, les
socialistes n’obtiennent que quatorze
carions sur rensçmblc des Pays fie
là Loire alors que la droite en
emporte quatre-vingt-huit.
Des sept sièges socialistes de 1988
S : étaient onze en 1986), quels sont
plus menacés?
En Vendée, 1e retrait de M. Pierre
Métais, directeur d’école « tran-
quille* élu de la circonscription de
Fontenay-le-Comte depuis 1981,
mettra te PS en difficulté. Bien que
dans une région de tradition rèjïubfi-
came (mais où la gauche n’avait plus
eu de député depuis 1951), le candi-
dat socialiste Jean-Claude Reznaud,
conseiller général de Fontenay
depuis 1988, aura du mai à s’impo-
ser. Militant socialiste de fraîche
date (depuis 1989), rocardien, ayant,
refuse 1 alliance avec les commu-
nistes aux municipales rte 1989 - ce
qui lui a valu de rater la mairie de
quelques voix, - il aura à faire lace à
M. JoS Sariot, UDF de la mouvance
de Villiers, un vétérinaire «qui passe
bien», conseiller général depuis 1985
et bénéficiant du soutien d une sup-
pléante adjointe au maire RPR de
Fontenay-fe-Corate.
Les six autres circonscriptions
socialistes voient leurs détenteurs se
représenter : trois dans la Sarthe,
trois en Loire-Atlantique.
En 1988, la Sarthe avait provoqué
la suiprise en élisant trois députés
socialistes alors que la majorité avait
toujours appartenu à (a droite. Le
plus fragile risque d’être M. Jean-
Claude Boulard, élu pour la pre-
mière fois fl y a cinq ans avec une
majorité de 50,46% m 521 voix
d’avance. Dans 1e contexte actuel, sa
situation est périlleuse. Bien
implanté dans la partie rurale de sa
circonscription, gui comprend aussi
un secteur urbain, peu déstabilisé
personnellement par l'effet des
«affaires» de financement du PS qui
ont éclaté d’abord au Mans, le plus
grand danger viendra pour lui de la
personnalité de son adversaire,
M. Pierre Gascher, ancien député
gaulliste du lieu, écarté en 1986 par
le RPR' pour ses positions néo-calé-
doniennnes «non conformes». H
bénéficie de l’investiture du RPR
national et d’une très bonne, cote
personnelle.
Les deux autres députés socia-
listes, élus depuis 1981, ont moins
de motifs d’inquiétude. M. Ray-
mond Douyère, dans une circons-
cription taillée pour la gauche, ne
retrouvera pas ses scores de 1988,
surtout en raison de la présence de
L’écologiste Jean-François Faquin
(Génération Ecologie). Quant &
M. Guy-Michel Chauveau, sa posi-
tion de maire de La Flèche devrait
compenser Les inconvénients d’une
primaire i droite.
En Loire-Atlantique, les trois
députés socialistes sont élus de cir-
conscriptions trop ancrées à gauche
pour réellement être mis en périL
MM. Jacques Fîoch et Jean-Marc
Ayrault, comptent sur leur action de
maire, l'un de Rézé, l'autre de
Nantes - a un travail de toute l'an-
née» - comme meilleur atout dans
Leur campagne.
M. Claude Evin, élu de Saint-Na-
zaire, n’a pas cet avantage. Mais son
expérience cuisante lors de la par-
tielle de septembre 1991 - il était
revenu devant les électeurs après
avoir été ministre de la santé de
M. Rocard - est peut-être son meil-
leur antidote. Confronté à un très
fort taux d’abstention (plus de 60%)
et à l’impopularité due à ses
anciennes fonctions ministérielles, il
avait récupéré son siège de justesse,
daim un bastion pourtant de gauche.
Il en. av.air tiré la leçon qu’il lui
fallait assurer a 1 présence sur te ter-
rain. Ce qu*»I n’a . cessé de faire
dépars.
Jouent .aussi en sa -faveur la per-
sonnalité de son éternel challenger,
M. Etienne Garnier, qu’il a toujours
battu, la multiplicité des candida-
tures» qui prive M. Gilles Deaigot.
écologiste, leader des dockers, célè-
bre pour sa dissidence vis-à-vis de la
Fédération CGT des ports et docks,
et te Vert JoQ Gicquiaud (qui avait
recueilli 10 % des voix en
septembre 1991) de scores significa-
tif. S’A ne compte ni sur 1e soutien
du maire socialiste de Saint-Nazaire,
M. Joël Bat eux, un fidèle de
M. Chevènement, ni sur celui des
communistes, M. Evin, n’a pas d’in-
quiétude excessive. En 1988, avec
67,28 % des voix au second tour, il
avait réalisé le treizième meilleur
score des députés socialistes. Et la
commande de deux paquebots,
annoncée le 1“ mars par 1e gouver-
nement français, rend sa situation
plus confortable dans une région où
le taux de chômage atteint 18 %.
CLAIRE BLANDIN
► Nous avons déjà analysé la
préparation des élections légis-
latives dans le limousin, en
Alsace, en Languedoc- Roussil-
lon. en Bourgogne, en Auvergne,
en Bretagne, dans le Centre, en
Champagne-Ardenne, en Corse,
en Haut»-Nom»ndie, en Basse-
Normandie. en Poitou-Cha-
ventss, en Rhône-Alpes, en Lor-
raine, en Provence-Alpes-Côte
d’Azur, en Aquitaine et dans le
Nord- Pas-de-Galafs (Je Monde
des 3, 4, 5, 6, 10, 13, IB, 18,
19. 23, 24, 26. 27 lévrier, 2, 3.
4 et 5 mars).
PROJET
Débats sur Maastricht , politiques sociales, vie associa-
tive, éducation .- partout se cherchent de nouveaux
rapports entre Etat et société.
CITOYEN, EN QUEL ÉTAT ?
Avec, entre autres :
J. Donzelot, A. Renaut, R. von Ttaadden, P. Thibaut!,
A. Touraine, P. Vive ret, M. Wïervioriia...
En vente dans les grandes librairies
PROPOS
ET DÉBATS
M. BAUD1S (CDS)
Eviter le piège
Dans l'éditorial du journal du CDS
Démocratie moderne, M. Dominique
Baudis s'interroge sur l'opportunité
d'une nouvelle cohabitation. «La
course effrénée aux mervquhs, sous
Ig regard narquois de François Mrfter-
rand, constitue-t-elle la bonne
réponse, b plus efficace et la pins
digne ? se demande le président exé-
cutif du CDS. A quelques sommes
d'un scrutin décisif pour l'avenir de
notre pays, les responsables de l’op-
position ne devrrnem-Bs pas sa repo-
ser ensemble b question de b coha-
bitation avec François Mitterrand.
S'il s se dispensaient de carte
réflexion ultime, face à /'attitude si
hostib et si provocatrice de Françob
Mitterrand, bs états-majors de IUDF
et du RPR commettraient peut-être
une lourde erreur et courraient le ris-
que de se couper du sentiment pro-
fond de bue électorat J'ai b convic-
tion que nous pouvons éviter le
piège, dans HntérSt de b France, à
condition de b vouloir tous ensem-
ble, avec calme et fermeté.»
M. JUPPÉ (RPR)
Les généraux sortent
de leur rôle
M. Alan Juppé, secrétaire général
du RPR. s'en est pris, jeudi 4 mars, à
Chaponnay (Rhône), aux f généraux
d'état-mÿor», qu’il a accusés de
«faire des déclarations poétiques» en
évaluant ie coût d'une armée de
métier dont son parti a préconisé
l'institution (b Monde du 4 mars).
a Les généraux, a expliqué
M. Jappé, commencent à dire que
bs propositions de l'opposition ne
sont pas convenables. Ce n'est pas
bur rôte, et ce n'est pas dans b
tradition de l'armée. Les officiers
généraux, ne -sont pas ,, b pour être
des comptables., Dim. que b profes-
.. stormBsatkyi -de J'armée de terre
coûtera 25 nffiaiùs de francs sup-
plémentaire, c'est de l'Intox. La
question est désamorcé qui est bon
par b défense de b France. B est
possible que cela coûte plus cher,
mais, sic'eat nécessaire. pour nom
défense, B faut te faire.»
ML Juppé faisait alàision à des pro-
pos du général Yves Crene, sous-
chef d'état-major da l'année de tarie,
qui - an réponse à des questions de
journalistes au cours d'un petit-déjeu-
ner de presse consacré à Ja
«maquette 1997» de son armée -a
estimé que le coût, sur sept ans. du
passage à une aimée de cent quatre-
vingt mSa professionnels se situerait
entre 20 miBartis et 35 mHards de
francs.
[Le règeaeat de discipline générai*, u
rigsesr dans les armées, et les instruc-
tions d'application çd ont «M, imptï-
«nt tpt lesmflicairra ea activité respec-
tent des obligations de discrétion
profenhùiicUe et de Bestialité. Mais,
dûs le tas présent, le général Crue n’a
dindgaf aucun stent, » && «me polé-
mique. Ea effet, toutes tes douées flou-
dires faH s «Tancées sont dan le
domaine public, et rites Mt même été
(tentes, à pbriems reprises, m rappor-
teurs des coaraJssloiu parlementaires.
M. FîUoa, tri-même, s’ea est hqrirè dans
■es nopals. - J. L)
m. smtuk
(grand rabbin de France)
Pas de *me juif», mais...
Interrogé par l'hebdomadaire Tri-
bune juive en date du 4 mars,
M, Joseph Sltrok, grand rabbin de
France, se déclare t surpris par b
tentative de séduction de ta com-
munauté Juive». Pour lui, «en dehors
de certaines circonscriptions où B y
a une forte population juive et un
poids électoral certain, te «vota Juif»
n'existe pas».
Le grand rabbin entend, cepen-
dant, ma nifester Vrrunanimitô» de la
communauté juive sur certains
points comme «b lutte contre b
racisme. V antisémitisme et b xéno-
phobie et b soutien à Israël». (I
ajoute : ■■« Un candidat qui ne les
défendrait pas ne pourrait pas s'atth
I rar b sympathie de b communauté.
Ce qui devrait bina pencher b
balance m faveur de tel ou tel can-
didat. c'est aussi /'attention qu'il
portera aux problèmes spécifiques
de b communauté : le développe-
ment de l'école privée et une légbb-
tktn plus ouverte qui permette la
Sberté de otite an termes pka expS-
dtes. Noos voùbns être de bons
Français et de bons juBéi»
f.. -]%S' s U . :
\A Y*- 1 * 4 -**
i»' , • ï
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Le Monde • Samedi 6 mars 1993 1 1
POLITIQUE
"H les élections législatives
Les assises du RPR vont tenter de masquer
les divergences liées au traité de Maastricht
A deux semaines du premier
tour des élections législatives, le
RPR réunît ses assises natio-
nales, dimanche 7 mars au
Bourget (Seine-Saint- Dente}, où
trente mille à quarante mille
militants sont attendus. Alors
que subsistent d'importantes
divergences entre ceux qui ont
appelé à voter pour le traité de
Maastricht et ceux qui s'y sont
opposés, ce rassemblement a
pour but dans l'esprit de la
direction, de montrer l'unité et
la mobilisation du mouvement
néo-gaulliste.
Au soir du 7 mars, M. Jacques
Chirac sera toujours président. Au
terme des assises nationales du RPR.
Q aura été triomphalement réélu à la
présidence du mouvement qu’il a
fondé le 5 décembre 1976, après la
brutale rupture d’une cohabitation
houleuse de deux ans avec M. Valéry
Giscard «fEstaing. Beaucoup moins
bien disposé à l’égard de l’Europe
qu’il ne Test aujourd’hui, l’ancien pre-
mier ministre devait même accuser,
dans son appel de Cochin du
6 décembre 1978, le président de la
République en titre d’être un repré-
sentant du «parti de ('étranger». Dix-
sept ans après, M Chirac, partisan de
Maastricht, dirige toujours un parti
qui est profondément anti-maastrï-
düen mais qui, néanmoins, considère
son chef comme le meilleur candidat
de la droite dans la course à l’Elysée.
Les sondages aussi. La programma-
tion de cet avenir présidentiel expli-
que le refus du maire de Paris de se
présenter comme un hypothétique
premier ministre d’une «troisième»
cohabitation. Ce rôle est tenu par
M. Edouard Balladur, dont le RPR
voudrait bien qu’il devienne, pour
M. François Mitterrand, une solution
indiscutable au lendemain du second
tour des législatives, le 28 mars.
L’indépendance
de la Banque de France
Paradoxalement, f ancien ministre
de l’économie et êtes finances, mis au
repos ces derniers jotas mais présent
aux assises, n’est pas prévu comme
orateur {le Monde du 4 mars). Ce
choix, et la décision symétrique de ne
pas intégrer M. Philippe Séguin parmi
les intervenants, est attribué à l'in-
fluence de M. Alain Juppé. Le secré-
taire général du RPR mit remarquer
que cette réunion de l’instance
suprême du parti néo-gaulliste se
déroule sur un seul jour et empêche,
par son caractère un peu exceptionnel,
une inflation de discours. D’où la
décision de limiter à quatre les inter-
ventions de « poids lourds »
'(MM. Chirac et Juppé, ainsi que les
présidents des deux groupes parle-
mentaires, MM. Charles Pasqua et
Bernard Pons\ en dehors de la pré-
sentation individuelle des candidats et
de la description de la charte pour
renvironnement par MM. Alain Cari-
gnon, Michel Barnier « Jacques Ver-
nier.
Dans ce moment de mobilisation
intense où elle veut, avant trait, don-
ner une image unitaire, la direction
tdu RPR ne souhaitait surtout pas
[courir le risque, à quinze jours des
législatives, de laisser transparaître un
soupçon de divergence. Crainte qui
peut sembler un peu vaine dans la 1
mesure où l’on voit mal comment
M. Séguin aurait pu prétendre «casser
la baraque» devant une assemblée
aussi euphorique. Mais la décision
tient pour beaucoup à rin compté tor-
sion tenace qui règne entre
MM. Juppé et Séguin. Le premier
n’a-t-il pas dénonce, jeudi 4 mars à
Lyon, «le discours démobilisateur » de
ceux qui «se bornent à promettre du
sang, de ta sueur et des larmes »?
Pensait-il, très Toit au second?
Ce dernier est soupçonné par l’état
major du RPR, pas complètement à
tort, de se considérer périodiquement
comme mal aimé par M. Chirac. Et
de vouloir jouer une carte personnelle
présidentielle. Compte tenu du rap-
port de forces interne, cette dernière
ambition, pour l’immédiat, serait sui-
cidaire. Même s’il est incontestable
que M. Séguin ne partage pas cer-
taines propositions essentielles de la
pblerome de fUPF et qu’il ne cesse,
implicitement, dans cette campagne,
de mettre en garde la future majorité
sur l'application rigide d'une politique
balladurienne appuyée par des cen-
tristes pro-Maastncbt, k maire d’Epi-
nal ne peut que «coDér» à M. Chirac.
Et si, a un moment donné, il appa-
raissait comme un recours, cela ne
pourrait être qu’aux côtés, et non pas
contre, le président du RPR-candidat
à PElysée.
Dans cette difficle gestion du dia-
logue, M. Pons a des idées très
arrêtées. Et très fermes. Le prérident
du groupe RPR de l'Assemblée natio-
nale devrait conduire une attaque
frontale contre le président de la
République, insistant notamment sur
le fait que, après le 28 mais, une
« lecture parlementaire» de l'article 20
de (a Constitution - celui-ci stipule
que le gouvernement détermine et
conduit la politique de la nation -
s'imposera à M. Mitterrand. Partisan
du passage rapide de l'alternance par-
lementaire à l’alternance présiden-
tielle, M. Pons considère que «ta
moindre discorde, la moindre finisse
note et le moindre fractionnisme ne
sont plus tolérables ». Il se fait fort de
faire entrer les récalcitrants dans le
rang. Cest évidemment M. Séguin
qui est visé par cette menace de
matraquage «SU n’est pas d'accord. U
n'a qu’à fiire campagne avec Tartam-
pion ou les écologistes », estime
M. Pons, qui (raine un vieux conten-
tieux avec Je- député des Vosges: Celle
approche donne une idée de la teneur
du «dialogue]» qui va inévitablement
s’ouvrir sur une des premières
mesures que compte prendre la future
majorité : l’indépendance de la Ban-
que de France. M. Chirac a récem-
ment rappelé sa nécessité, alors que
M. Séguin y est farouchement opposé.
«Le débat sur la ratification du traité
de Maastricht a révélé en notre sein
des divergences tactiques mais n’a pas
provoqué de cassure durable », écrit
M. Juppé dans le rapport de synthèse
qui devrait être adopté aux assises.
L’avenir n'est écrit nul part.
OLIVIER B1FFAUD
POINT DE VUE
La guerre n’aura pas lieu
par Michel Charzat
m JBfCHEC ROCARD est venu; B
lyi a parié; B arété entendu
ITI <4 «b$ ~bârigi* cfc projet
résolument modème que les socia-
listes avaient adopté, en
décembre 1991, est enfin devenu
audible.
Nous n’avons pas su jusqu'à pré-
sent concrétiser cet aggrormmento.
B est vrai que tous les socaCstes ne
s'étaient pas impliqués autant que
Michel Rocard dans l'élaboration,
tnhabituefement ouverte, du projet.
Puis, lorsque Laurent Fabàis a sou-
haité prolonger cette mise à jour
idéologique par un congrès de réno-
vation, la rigidité du système des
courants l’en a empêché.
Aujourd'hui, te chance de Michel
Rocard, cette des sodaistes, est de
pouvoir concevoir un nouveau com-
mencement sans déchirement. Ras-
semblés sur tes objectifs ' et la
méthode, les socialistes ne cultive-
ront pas d'artificieuses querelles
doctrinales : la guerre des Anciens
et des Modernes n'aura donc pas
fieu. ,
Depujs te congrès de l'Arche, les
socialistes font ta même analyse de
te mondiafisaton de f économie et du
débat Ss savent que nous abordons
un nouvel âge de la démocratie,
post-totalitaire ; ils veulent promou-
voir leurs valeurs, par l'action collec-
tive, au seai de ta nouvelle «société
des individus:». Ils reconnaissent l'ef-
ficacité de l'économie de marché
mais affirment que C8«e-d peut don-
ner (e jour à des conceptions
concurrentes du bien commun. Leur
raison d'être consista à réintroduire
la délibération politique dans les
zonas inexplorées du marché : édu-
cation, culture, services pubScs. sau-
vegarde de f environna ment.
Abandonnant les vieilles illusions
du «tout politique» et du «tout éco-
nomique», les socialistes, d'une
même voix, ont fait de l’invention
démocratique te principe régulateur
de leur action. D'où l’importance
qu'ils accordent wx conditions éthi-
ques, juridiques et poétiques permet-
tant une discussion réglée. D’où éga-
lement cette conception plus
modeste de la politique dont on
retrouve l’écho dans la campagne
électorale des candidats sodafistes
fondée sur f écoute, ta proximité et
te contrat.
U est désormais possible de pré-
parer 1a suite sur la base de cette
approche commune à tous les socia-
listes. Le pari raisonné de Michel
Rocard rencontre l'intuition de ta ptu-
part des responsables de ta gauche,
particulièrement cette de Pierre Béré-
govoy.
La gauche a su - hier - maintenir
vivace ta mémoire des souffrances
et des luttes du passé tout en susci-
tant une poésie de r avenir. Demain
{'édification, à jamais inachevée,
d'une République moderne peut être
l'ambition du virtuel parti du mouve-
ment : la gauche, les écologistes, les
progressistes. De nouvelles formes
de représentation, de nouveaux
acteurs collectifs seront requis. Mais
les partis poürfquea demeureront te
cœur du dispositif démocratique,
dès lors qu'ils auront su adapter leur
organisation è leurs missions : édu-
quer pour la défibération, formuler
les propositions centrales entre ies-
queüeç; les citoyens ont à choisir.
Pour avoir agi, au moment où ce
n’était pss à la mode, an fevair du
dépassement des courants, je pense
pouvoir m’adresser aux responsa-
bles socialistes. Réussissons notre
révolution euhurette sans révolution
de palais I Conduisons sereinement
1a transmutation du parti d’Epinay
dans le respect que nous nous
devons, construisons avec de nou-
velles forces, d’autres concours, un
objet pofitique porteur de l'exigence
démocratique I
MoubDons pas ce que nous avons
fait, ensemble, depuis 1981 et ce
qui nous resta à accomplir I C'est la
condition de fa renaissance de ta
te Michel Charzat, député de
Paris, est membre du secréta-
riat national du PS, chargé du
programme et des études. >1 a
été le principal rédacteur du
«projet» adopté par (e PS en
décembre 1991, a Un nouvel
horizon».
Chef de file des Nouveaux Ecologistes
M. ManoveUi se dit victime
d’un « complot médiatique »
Le PS sanctionne une cinquantaine
de candidats dissidents
M. Bernard ManoveUi. chef de
'file des Nouveaux Ecologistes du
rassemblement nature et animaux,
qui présente des candidats dans
toute la France (le Monde du
2 mars), s’est dit, mercredi 3 mars,
victime d’un «complot - médiati-
que» visant à le présenter, fui et
son mouvement, comme étant
d’extrême droite. Pour sa part, le
Front national a précisé qu’il «n'a
jamais entretenu la moindre rela-
tion» avec ce conseiller général
(divers droite) des Bouches-du-
Rhône présenté par le parti lepé-
niste comme e maître d’aitvre de
LÉGISLATIVES
Demandez
le programme
l'opération politicienne des Nou-
veaux Ecologistes » et soupçonné
de « rouler pour une quelconque for-
mation politique ».
M. Antoine Wacchter, porte- pa-
role des Verts, avait reproché,
mardi, à M. Manovelli d’associer
«te mot écologie à des idées
d’extrême droite». Pour leur part,
les deux principales associations de
défense des animaux, la SPA et
WWF-France (Fonds mondial de la
nature), ont condamné la démarche
politique de cet avocat marseillais,
en affirmant que la défense des
animaux doit faire partie du pro-
gramme de tous les partis.
Exclu du mouvement gaulliste à
deux reprises, en 1973 et en 1983,
fondateur de « Marseille-sécurité»,
association destinée è * libérer » la
ville « des politiciens et des
voyous», et d’un comité pour le
rétablissement de la peine de mort,
M. Manovelli, qui se prétend apoli-
tique, traita M. Robert Badinter,
en 1984, de «ministre des cra-
pules», un propos que 1e conseil de
Tordre des avocate de Marseille se
contenus de juger «inqualifiable ».
M. Manovelli a été condamné pour
fraude électorale.
Le bureau exécutif du Parti socia-
liste a constaté, mercredi 3 mars,
qu’une cinquantaine de membres
du PS s’étaient « mis d'eux-mêmes
hors du parti» en se présentant aux
élections législatives contre les can-
didats officiellement désignés. Qua-
tre députés sortants figurent sur
cette liste : M. Michel Suchod.
proche de M. Jean-Pierre Chcvène-
i ment, non réinvesti par les mili-
tants du PS dans la deuxième cir-
conscription de la Dordogne;
1 M. Gérard Saumade, président du
i conseil généra) de l'Hérault, qui dis-
pute i M. Georges Frflehe, maire de
Montpellier, la quatrième circons-
' cription du département, dans
I laquelle le maire se représente;
M. André Bellon, président de fa
1 commission des affaires étrangères
, de l’Assemblée sortante, qui a
décidé dé solliciter le rcnouvellc-
1 ment de sou mandat dans la
! deuxième circonscription des Alpcs-
, de-Haute- Provence; M. Jacques
Lavédrine. dans la quatrième du
Puy-de-ÇXâme.
M. Chevènement lui-mèmc a été
régulièrement investi par les mili-
tants du Territoire de Belfort, de
même que les autres députés sor-
tants de son courant. Socialisme et
République, à l’exception de
M. Suchod, Cependant, le Mouve-
ment des citoyens, créé par l'ancien
ministre de la défense, présente des
candidats contre ceux du PS dans
une cinquantaine de circonscrip-
tions dont le député sortant n'est
pas socialiste. Ceux d’entre eux qui
sont membres du PS ont été décla-
rés «auto-exclus», ce qui est le cas,
notamment, de deux membres du
comité directeur, M. Didier Mot-
cbane, ancien député européen, can-
didat dans la première circonscrip-
tion de Paris, et Catherine
Coutard, adjoint au maire de Saint-
Denis, candidate dans la huitième
circonscription de (a Seine-Saint-
Denis. M. Jean-Luc Laurent, qui
siège au bureau exécutif 3u titre du
courant Socialisme et République, a
voté contre ces décisions, en expri-
mant le regret que «les règles du
parti soient appliquées quand cela
arrange ».
□ M. de Charette (UDF) refase
eue « co habitation de combat». -
M. Hervé de Charette (UDF) s’est
déclaré opposé, jeudi 4 mars
sur RTL, à une «cohabitation de
combat» et a appelé M. Mitterrand
à ne pas mettre de «bâtons dans
les roues» de la nouvelle majorité.
«Je n’iral pas soutenir ou participer
à une action dont la caractéristique
principale serait la guerre entre le
premier ministre ou le gouverne-
ment et le chef de l'exécutif ». a
QUEUE HISTOIRE i
C ’ÉTAIT le rêve de ma
vie : faire les marchés sur
les talons d'un candidat à
{'Assemblée nationale. Ça y
est. ta I J'ai passé deux jours è
Valence avec Roger Léron,
socialiste bon teint. Le Palais-
Bourbon, il en vient, ]J est
député de la Drôme depuis
1988. Pourquoi lui, plutôt
qu'un autre? Parce qu'H nous a
écrit en râlant : Au lieu de débi-
ner la classe politique, la
presse ferait mieux de valoriser
fe travail d’un parlementaire de
base. Prenez-moi,
moi, j'ai été rap-
porteur de plu- _
sieurs projets de / s\
loi, dont celui con- </ (J
tre le bruit, mais «
ça, personne n'en À r*
parte- Ut fil
Je l'ai donc pris
en marche, ce
père de trois
enfants, veuf, quarante-huit
ans, cheveux drus et blancs,
solide, sympa, séduisant, qui
promène sa compétence au
quotidien, c'est le titre de son
journal de campagne distribué
- «Vous l’avez pas reçu?
Tiens, comment ça se fait?» -
entre les ôtais d'un marché
tout neuf, celui de Fontbar-
tertes. une ZUP à forte popula-
tion maghrébine, au nord de la
vffle.
Sa ville. R fa connaît, pensez,
ça va faire quinze ans qu'il est
adjoint au maire. On s'arrête.
Jours
de marché
PAR CLAUDE SARRAUTE
sans frontières, qu' est-ce qu'ils
en pensent? Rien. Sinon que
ça va arriver de partout 1 Quoi,
ça? Les étrangers. Déjà qu'on
est obligés d'inscrire nos
gamins dans des écoles pri-
vées pour pas les forcer à
apprendre le turc pendant
les heures de classe... Imper-
turbable, Roger Léron en
appelle à leur sens du devoir et
de la solidarité : SI on veut
résoudre le problème de l'im-
migration. faut développer
l'aide aux pays d'origine...
Vous croyez 7
Dites donc, ça me
fait penser, ma
«un taxe d'habitation
tf i j est plus élevée
y que celle du voi-
ivnltn sin, il n'y a pas de
llLllt raisonl Et les pou-
belles, quelle idée
de tes ramasser è
7 heures du matin,
ça nous réveille I
Le lendemain, rebelote. 11 a
invité à déjeuner dans un res-
taurant du centre-ville un cer-
tain nombre de commerçants.
Là, il insiste sur son rôle de
législateur. Un député, c'est
pas une assistante sociale. Je
m'attendais à ce que ces
déçus de la politique lui parient
argent, l'argent sale qui a écla-
boussé le règne de Mitterrand.
Pas du toutl R a faUu qu'il les
leur balance lui-même à la
figure, avec une vigoureuse
indignation, ces affaires de
on serre des mains : Alors, ça
marche, les affaires? Non?
Faut patienter... La reprise,
Maastricht... Ouais, ben, en
attendant, m'sieur la premier
adjoint, faudrait voir è installer
des toilettes publiques parce
que, là. Iss mecs, ils vont pis-
ser sur les roues de nos
camionnettes, il a dit oui è
Maastricht. Roger Léron. C'est
son dada. Mais chaque fois
qu'il essaye de l'enfourcher, il
se ramasse.
Les préaux d'école, les
grands meetings, fini, ça. ter-
miné. On quadrfile, on discute.
La veilie au soir, rencontre
autour du pot, donné par un
couple de ses amis, avec des
habitants du quartier. Des gens
ouverts, souriants, terre à
terre : Qu’est-ce que vous pou-
vez foire contre le chômage?
Cesser d’automatiser è tout
prix et multiplier les petits bou-
lots, genre pompiste, gardien
da parking ou d'immeuble. Ça
tombe bien, R y en a un, là. Il
approuve. La responsable d'un
cabinet d'expertise-comptable
est plus sceptique : Vu les
paperasseries, les difficultés
d’embauche, pourquoi se cre-
ver au boulot quand on peut
toucher les Assedic, ça n’ira
pas loin. Alors quoi?
Augmenter les allocations
familiales, ça permettrait aux
femmes de rester chez elles ou
de confier leurs gosses à une
assistante maternelle... Oui,
ben justement, elles rament,
les nourrices agréées, il n'y en
a plus que pour celles qui bos-
sent au noir... Quant à partager
le temps de travail et ta masse
salariale, va pour les jeunes et
las vieux. Les quadras. surtout
les cadres, très peu pour eux!
Et Maastricht, et l'Europe
indiqué le délégué général des
Clubs perspectives et réalités.
□ M. Georges Vedel jsge «ssugre-
aae» l’idée d'abroger l'article 16. -
M. Georges Vedel, président du
comité consultatif pour la révision
de (a Constitution, déclare dans un
entretien au quotidien la Croix-l’E-
vènemem daté du samedi 6 mars
« se perdre en conjectures sur les
rauons qui ont inspiré» au prési-
dent de la République « l’idée sau-
grenue de proposer la suppression
crotte : Je refuse l'amalgame
avec celles de la droite. Là,
vous poussez, monsieur le |
député I Je regrette, la gauche
avait le monopole de la vertu,
elle aurait dû le garder. D’ail-
leurs quand, fin 92, son parti
s’ast ravisé, refusant de tra-
duire Fabius. Hervé et Dufoix
devant la Haute Cour, il a pro-
testé. Publiquement.
- Même que ça m'a valu de
passer au 20 heures sur
France 2, rare honneur... U a un
sourire doux-amer au volant de
sa R 21. On va prendre un
dernier verra chez lui, salon de
cuir blanc entre terrasse et jar-
din. A moi d'y aller de mes
questions : Ses parents? Il ne
les a pas connus. Orphelin au
berceau.
Elevé par son grand frère.
Boursier. Oui. il en a bavé.
Non, ce n’est pas par ambition
qu’il s'est engagé dans la lutte,
c'est pour améliorer te sort des
gens.
- Et votre sort à vous ? Avec
neuf candidats pour un seul
fauteuil de député, vous ris-
quez de les perdre, ces élec-
tions. Qu'est-ce qui vous res-
tera pour vivre?
- Mon salaire de conseiller
régional. 1 5 000 F par mois.
Celui d'adjoint au maire, je n’y
touche pas, je le reverse à la
caisse des élus.
- Faudrait songer à chercher
du travail, non? Si encore vous
étiez fonctionnaire, vous
retrouveriez un poste dans
('administration, mais là...
- Laissez-moi eu moins jus-
qu'au 29 mars. Moi, je me ver-
rais bien dans l’opposition.
Sinon, qui sait avec un peu de
chance, je pourrais peut-être
foire concierge au Patais-Bour-
bonl
de l’article 16» de la Constitution.
M. Vedel a en outre estimé, ven-
dredi 5 mars, sur Europe 1, qu’une
réforme de la Constitution telle
qu’elle est proposée par le comité
consultatif et qui serait votée par
la nouvelle Assemblée «n'aurait
pas d’effet sur le début de la cohabi-
tation » maïs « sur la suite » dans la
mesure où, selon lui. «une majo-
rité, avec (es possibilités nouvelles
données au Parlement, aurait plus
d'influence ».
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12 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •
L’AFFAIRE DES
Le premier ministre et « le Monde » demandent une enquête
: t
i *
Malgré un silence persistant au sommet de l’Etat,
une ligne de défense est en coars d’élaboration après les
révélations de Libération sur les écoutes téléphoniques
dont a été victime, à son domicile, au m ini m u m en fin
1985 et au début 1986, notre collaborateur Edwy PleaeL
U est désormais établi qu’une écoute a bien été réalisée
sur la ligne privée d'un journaliste par des fonctionnaires
de l’Etat, détachés à la présidence de la République,
dans le cadre de leurs fonctions officielles au sein de la
«cellule» animée par M. Christian' Prouteau à l'Elysée.
U est même probable que ce ne fol pas la seule, d’autres
journalistes ainsi que des avocats - et notamment
M* Antoine Comte, avocat des Irlandais de Vincennes -
ayant la conviction qu’ils ont, eux aussi, été écoutés par
lé hommes de la «cellule».
Ce constat pourrait suffire à susciter une réprobation
unanime. Mais, au vu des décryptages d’écoutes obtenus
par Libération, une contre-attaque se dessine dans les
hautes sphères du pouvoir : il ne s’agirait pas d’une
administrative, réalisée sur le contingent de vingt
Avait k afScküanait attribué i la «cefinle» entre 1982
et 1986, d’une éawre «sauvage», ce qui accrédite-
comptes-rendus publiés par Libération ont été traites et
mis en mémoire sur Je système informatique de la
«cellule» de l’Elysée, à partir des décryptages fournis
par le Groupement interministériel de contrôle (GIC).
En effet, si les fiches d’écoutes publiées ne ressem-
blent aucuneme nt à celles produites ordinairement par le
GIC (qui sont, te plus souvent, manuscrites), ptusems
rtérafk «mt conformes aux habitudes de ce groupement
qui dépend du premier ministre : le tampon «Source
secrète», utilisé quand ü s’agit d’une écoute particulières
ment sensible qui ac doit pas circuler; FutilSafiûa d’un
pseudonyme («Benet») pour désigner la personne écou-
tée; enfin, le minutage précis, qui suppose rutifisation
d’un compteur, des conversations. Q finit espérer que ces
questions seront clarifiées par f enquête de la commis-
sion nationale de contrôle des interceptions de sécurité,
demandée par le premier ministre, M. Pierre Bérégovoy.
Au nom du Monde et cTEdwy Plaid, M° Yves Bauddot
a saisi, vendredi 5 mars, M. Paul Bouchet, président de
cette commission, en lui demandant «de mener tes
investigations qui s'imposent pour rechercher dans quelles
conditions et sur l'initiative de qui il a été placé sous
écoute » et «de rechercher la date à laquelle ont com-
mencé ces écoutes, étant précisé que, si d/es se poursui-
vent actuellement, U importe de savoir sur ordre de qui, et
dans quel cadre Juridique ».
Dans sa requête, M» Bauddot souligne que les docu-
ments révélés par Libération e sont rédigés suivant un
plan immuable qui fait successivement apparaître : Edwy
Picod sous un nom de code, le nom de son interlocuteur,
le nom des personnes citées au cours de la conversation,
le nom des organismes cités : [Inventaire des sujets traités
et un résumé des passages de la conversation qui sont
apparus importants au transaipteur». « Un - tel esprit de
système, condut-3, permet de penser que les écoutes n’ont
pas été limitées à la période de temps évoquée par
Libération.»
Parallèlement, M* Baudelot, au nom du directeur du
Monde et dTEdwy Plend, et M» Michel Laval, au nom de
Nicole Lapterre, compagne de notre coflabontteur, dépo-
seront, 8 mars, des plainte» contre X avec consti-
tution de pairie dvik destinées à provoquer f ouverture
d’ope information j udiciair e. La Société des rédacteurs
dn Monde, qui a notamment pour vocation de détendre
tes moraux des journalistes du Monde, en parti-
culier leur indépendance' et leur liberté, a décidé de
participer aux procédures engagées. Elle a chargé
M* Jean Martin de se constituer partie civile en son
nom. .
ALAIN GIRAUOO
„ r - '
5 ‘V:
rf*. i ■
«*■;. ?
" -»-
.<;>
2* *
m 0 1 \ l -
jt» 1 ' ' . .
■J** ■*
et
«Nous voulons éviter l’enterrement du dossier»
nous déclare M. Paul Bouchet, président de la Commission de contrôle des interceptions de sécurité
.i**'
Egalement à la tête de la Com-
mission nationale consultative des
droits de l'homme, le conseiller
d’Etat Paul Bouchet, ancien
bâtonnier de Lyon, préside la
Commission nationale de contrôle
des interceptions de sécurité.
Chargée de surveiller la légalité
des écoutes demandées par le
gouvernement, cette commission
créée par la loi du 10 juiBet 1991
relative au secret des correspon-
dances émises per voie de télé-
communications est composée du
député (PS} François Massât et du
sénateur (Union centriste) Jacques
Gotëet.
a Comment apprédèz-vous te s
écoutes opérées au domkSe cfun
journaliste 7
- Graves lorsqu’elles touchent
n’importe quel citoyen, les atteintes
au secret des communications le
sont encore plus quand clics visent
des professions «sensibles». Les
journalistes et les avocats peuvent
légitimement prétendre i une pro-
tection particulière au titre du secret
professionnel. Il n’est pas question
qu’un journaliste se cache derrière
sa carte de presse pour appartenir à
un réseau de terroristes ou de trafic
d’armes. Mais ce n’est évidemment
pas le sujet : si les pouvoirs mettent
sur écoutes des journalistes
enquêtant sur de telles affaires, c’est
pour connaître leurs sources d’infor-
mation.
» Depuis la loi de 1991, nous exi-
geons que les services policiers et
militaires demandant une écoute
précisent la profession de la per-
sonne concernée. L'an passé, nous
avons refusé que soit mise sur
écoutes une ligne installée dans un
logement qui, appartenant à un jour-
naliste, était occupé par une autre
personne. Avant là loi, il n’y avait
théoriquement que le contrôle
interne exercé per le premier minis-
tre, à ses appréciations discrétion-
naires.
- A première vue, les comptes-
rendus des écoutes opérées cher
Edwy Pierre l vous semblent-ils
cordonnes i la réglementation or,
vigueur en 1986?
- A l’époque concernée, les
écoutes demandées par les autorités
gouvernementales devaient être éta-
blies en conformité avec la décision
«très secret» n a 1E prise en
mars 1960 par le premier ministre
Michel Debré. Elles auraient donc
dû être centralisées au Groupement
interministériel de contrôle (le GIQ,
dont le commandant actuel était
déjà en poste en 1985. Par ailleurs,
il ne serait pas incompréhensible
que le président de la République,
chef des années, ait pu demander
des écoutes sur le contingent du
ministre de la défense. Mais la règle
fixée per la circulaire Debré ne pré-
voyait aucune exception : la
demande du président de la Répu-
blique devait être visée par le minis-
tre de la défense et passer par le
GIC. Enfin, ce serait aller vite en
besogne de considérer que la cote
de mars I960 aurait permis d’écou-
ter un journaliste.
Les micros
du « Canard enchaîné »
» S’agissant du cas d’Edwy Ple-
ad, si tes faits sont établis ex sans
préjuger de l’enquête, les comptes-
rendus d’écoutes publiés dans la
presse ne paraissent pas correspon-
dre à (a présentation actuelle des
documents émanant du GIC. On
peut aussi envisager f éventualité de
synthèses de comptes-rendus
d’écoutes réalisées au GIC, à la
demande du ministre de l’intérieur
ou de son homologue de la défense :
un policier ou un militaire aurait
alors pu venir an GIC, à supposer
qu’il ait été habilité au secret-dé-
fense, afin d’avoir un accès direct
aDX
» Reste enfin l'éventualité d’un
centre d’écoutes installé ailleurs
qu’au GIC par une équipe éiyséenne
qui s’est déjà fait connaître en n’hé-
sitant pas à apporter des aimes au
domicile des «Irlandais de Vïn-
cennes» pour constituer de fausses
preuves. L’hypothèse, que vous avez
évoquée dans vos colonnes, d’un
centre autonome de traitement
informatique des écoutes & l’Elysée
reste également à vérifier. Dès
qu’elle sera saisie du dossier, la com-
mission examinera ces diverses
hypothèses, consultera tous les docu-
ments disponibles, interrogera tes
témoins et vérifiera les dispositifs
utilisés.
• - Ne redoutez-vous pas que
l’on vous mette des bétons dans
les roues ?
- Quelle que soit l'explication à
laquelle nous arriverons, nous vou-
ions avant tout éviter te style d'en-
terrement auquel avait eu droit r af-
faire des micros du Canard
enchaîné, le genre de dossier où l'on
essaie de gagner du temps pour arri-
ver à un non-lieu de résignation. Le
dossier d'Edwy Pienel est béni, ou
maudit comme vous voudrez, pour
notre commission qui vent réveiller
la conscience publique. Cette affaire
ne se serait jamais , produite ri la loi
du 10 juillet 1991 avait été créée
plus tôt, ainsi que te préconisait dès
1982 le rapport Schmelck. Cest
l’intérêt bien compris de l'Etat de
liquider ee type de pratiques inad-
missibles.»
recueflfts par
ICH INCIYAN
Zflf exaises de la majorité
AL Bernard Poignant , député
(PS) du Finistère, a adressé à
notre cofeborareur Edwy Phnd
b lettre suivante ;
Monsieur, je ne vous connais
pas. Vous ne me connaissez
pas. Je lis vos articles. Parfois,
9s m'irritent, mais je sais que la
recherche de la vérité guide
votre plume. Parfois, vous vous
trompez ou vous êtes trompé,
mais vous rectifiez. Dans les
affaires judiciaires, le secret de
l'instruction prend avec vous de
sérieux coups, au moins indirec-
tement; la présomption d’inno-
cence aussi, dans la foulée.
Vous l'avez compris, je ne
suis pas un tncondhiormei de
vos articles.
Mais, là, c'est trop J Si tout
cela est vrai, je ne peux l'ad-
mettre. II y a une chose fon-
damentale qui sépare la gauche
de la droite : une certaine dis-
tance avec le pouvoir, môme
quand on l'exerce, et tout n’est
pas permis; une certaine dis-'
tance avec l'argent, môme
quand on l'approche ou le fré-
quente.
Député socialiste du Finistère,
maire de Quimper, comme
beaucoup de mes cotôguea fen
apprends tous les jours. Je
tiens seulement b vous dire que
je comprends et approuve votre
réaction.
Je ne sais si quelqu'un d'au-
tre le fera, mais je vous pré-
sente les excuses de la majorité
à laquelle j'appartiens.
Les reactions
□ M. Bérégovoy : le premier minis-
tre a annonce, jeudi 4 mats, au coure
(Tua déplacement à Charievilto-Mé-
zières (Ardennes), qu’il avait
demandé à la commission de
contrôle des interceptions de sécurité
créée en 1991 l’ouverture d’une
enquête pour vérifier les informa-
tions de Libération, afin « que la
lumière soit faite sur ce sujet-là». Au
cours de son point de presse hebdo-
madaire du jeudi matin, M. Bérégo-
voy avait dit condamner les écoutes
téléphoniques qui ne sont pas « léga-
lement autorisées». «Il y a là-dessus,
a-t-il dédoré, une loi qu’il faut res-
pecter. La loi n’existait pas à cette
époque (en 19861- 1* n’ai pas d’autres
informations sur le sujet qui a été
évoqué mais les écoutes, comme les
investigations dans la vie privée de
qui que ce soit, ne peuvent que ren-
contrer mon opposition la plus for-
melle.»
□ M. Rocard : l’ancien premier
ministre a jugé, jeudi 4 mars, sur
France 3, « moralement scandaleux
démocratiquement inacceptable et
techniquement idiot » te recoure à des
écoutes clandestines et il s'est déclaré
«fier» d’avoir été à l'origine de la loi
qui y a mis un tenue, sdou lui.
□ M. Pasqua, président du poupe
RPR au Sénat : «Lorsque nous étions
au gouvernement, il ne nous serait
pas venu à l’Idée une seule minute de
faire écouler un journaliste. Je
constate que chaque ministre de Un-
teneur qui arrive annule les écoutes
téléphoniques, ce qui signifie qu'entre-
temps dus ont été rétablies.»
a M_ Charles Mffloa, président do
groupe UDF à f Assemblée nationale :
«Ces écoutes sont la plus récente
manifestation de l'immoralité soda- .
liste. Les socialistes auront vraiment >
fait l’inverse de tout ce qu'ils avaient f
promis . C’est un scandale moral» ,
. ■ -
CITROËN
• Le Monde m Samedi 6 mars 1993 13
ÉCOUTES TÉLÉPHONIQUES
Le président et le « prototype » Prouteau
*Ja su/s obligé do vous dire
que J'ai la plus grande estime,
que J'aime beaucoup le colonel
Prouteau, qui est mon coSabom-
teur et qui le reste, que j’ai
pleine confiance en lui. Songez
que c'est quand môme un
homme extraordinaire I (...) Les
Français, ils apprendront à res-
pecter et à aimer le cafoneJ Prou-
teau qui est pour moi le proto-
type de ce que notre armée peut
produire. Je l'estime désinté-
ressé et Je fais confiance è son
courage et à son sens de la
vérité.» La 17 septembre 1987,
peu de temps après l'inculpation
de M. Christian Prouteau dans
l'instruction sur le «montage» de
l’affaire des irlandais de Vln-
cennes, M. François Mitterrand
n’hésitait pas b prendre publique-
ment (a défense, sur TF 1, de cet
officier devenu, depuis l'été
1982, l’un de ses proches
conseillers.
La confiance du président de
ia République à l’égard de celui
qui fut. de 1982 à 1988, l'initia-
teur et le responsable en titre de
ta «ceHute» de l'Elysée ne s'est
jamais démentie. Promu préfet
malgré son inculpation, M. Prou-
teau quitte ta présidence en sep-
tembre 1988 pour prendre en
charge ia sécurité des Jeux
olympiques d'hiver d'Albertville
de 1992. Mais, en septembre
1991, 'ri est condamné en pre-
mière instance & quinze mois de
prison avec sursis pour compli-
cité de subornation de témoins
dans l'affaire des Irlandais, le
jugement estimant établie sa par-
ticipation «dans l'élaboration des
mensonges destinés à couvrir
les irrégularités». Une peine
semblable à celle infligée au
commandant Jean-Michel Beau
dont le tribunal estimait qu’il
avait obéi aux ordres. Le 15 jan-
vier 1992, M. Prouteau est
relaxé en appel, conformément
aux réquisitions du parquet. A
l'inverse, le commandant Beau
avait droit en appel à une
condamnation à un an avec sur-
iris et 6 000 francs d'amende.
«Confiance totale
entre les deux hommes»
Depuis, le préfet Prouteau -
qui reste aujourd’hui silencieux
après ta révélation par Libération
des écoutes téléphoniques prati-
quées par des membres de la
c cellule» qu'ri dirigeât - a pour-
suivi sa carrière, chargé récem-
ment de la sécurité de ta Coupe
du monde de footbaB de 1998.
Le 14 juillet 1992, il a même été
élevé au grade d'officier de ta
Légion d'honneur. En 1990, cekâ
qui lut, jusqu’en 1989, son suc-
cesseur è la tête du GIGN,
M. Philippe Legorjus, a décrit
dans un livre de souvenirs (1).
les relations de confiance et de
fidélité nouées per M. Prouteau
avec le président de ia Républi-
que, surnommé par les hommes
de ia cellule le «PR». «Le PR
veut que l’on fessa ça. Quand la
présidant me dit de faire, je
fais» : ainsi s'exprimait M. Prou-
teau devant ses collaborateurs,
selon le témoignage de
M. Legorjus, au retour de ses
entretiens avec M. François Mit-
terrand.
«La confiance a été totale
entre les deux hommes», ren-
chérissait le colonel Jean-Louis
Esquivié dans un long plaidoyer
rédigé en 1985 (2} pour défen-
dre le bilan des hommes de la
ccefiute» de ['Elysée dont il résu-
mait ainsi la mission : «If a' agit
bien, version moderne, d'une
nouvelle aventure des légen-
daires mousquetaires. Us ser-
vaient ia roi, ils servent aujour-
d'hui le chef de l'Etat »
EDWY PLEN EL
(1) Philippe Legogus. la Morale ei
F Action. Fixot, 1990.
(2) Avec l’xateriatitti de ma tuteur,
une version raccourcie de ce document
intente à la «ceSuIe» fut publiée dans
nos colonnes, les 13, 14 et 13 mars
1983, nus le titre «Les mousquetaires
antiterrorisme du président», avec
pour signature te pseudonyme d'Ara-
w>»
Dans la presse parisienne
De neuf lignes à l’éditorial
La raultipUcaiion des «affaires»
a-t-efle émoussé la capacité d 'indigna-
tion de certains journaux parisiens?
Les écoutes téléphoniques font-elles à
ce point partie de la tradition répu-
blicaine à la française que la levée
d’un front journalistique soit inimagi-
nable après les révélations de Libéra-
tion'!
Les Echos et la Tribune Desfossés
peuvent arguer de teur spécificité
économique et financière pour expli-
quer te traitement de ^affaire en dix-
neuf et vingt-sept lignes en dernière
page. En revanche, quelles sont tes
raisons pour lesquelles te Figaro n'y
consacre pas plus de neuf lignes,
page 1 1, sous le titre sybillin :
«Ecoutes : plaintes contre X» dans
une première édition et de titrer sur
trois colonnes en pied de page 10
dans la suivante : «Ecoutes : un jour-
naliste sous surveillance»?
Même si l'on partage les mimes
locaux, on peut avoir un autre point
de vue. Le second titre parisien du
groupe Hersant, FranœSoir. y consa-
cre cinq colonnes en page intérieure
et un «appel» en «une». Sous un
dessin de Trez - te président de la
République est assis devant une table
d’écoute, en présence de deux huis-
siers dont l'un dît & l’autre : «r II ne lit
plus le Monde... U l'écoute!», - un
titre annonce : «Ecoutes : l'Elysée se
fait tirer l'oreille.» L’éditorialiste
politique, Jacques Malmassari, écrit
dans son commentaire: « François
Mitterrand ne risque donc absolument
pas d’être importuné par les questions
d’une quelconque autorité judiciaire,
mais la révélation de ces écoutes télé-
phoniques est un coup politique très
SA TECHNOLOGIE
PLUS QU’UNE
AMBITION,
UNE RÉALITÉ.
Longtemps considérée comme annon-
ciatrice de grands événements l’éclipse
nous révèle aujourd'hui la naissance
Associée à un freinage haut de
gamme (quarte freins à disque, dis-
positif ABS à quatre capteurs) à
l’essieu avant auto-scabiiisanc et au
fameux essieu arrière à effet auto-
direcrionnel, Hydractjve 2, suspen-
sion intelligente offre une sécurité
remarquable et permet à chacun de
choisir son mode de conduite en
toute liberté.
dur pour lui. ( J Une fois de plus, le
président de la République se trouve
pris au piège de ses propres discours
et promesses, lorsque, député de l’op-
position, il pourfendait le chef ae
l’Etat, le gouvernement et les hommes
politiques qui laissaient porter atteinte
à là vie privée par des écoutes télépho-
niques, ou, pis. tes ordonnaient eux-
mêmes.»
Pour le Parisien, titre du groupe
Araaury, H ne s'agit pas non plus
d'une affaire d'Etat. Consacrant sa
«une» aux * confidences » de
M. Edouard Balladur et au chanteur
Michel Fusain, le quotidien titre ;
«La cellule élyséenne écoulait le
Monde», sur quatre colonnes
page 10. L’article, illustré d’une
photo du préfet Christian Prouteau.
relate sobrement les faits pour
conclure : « Une affaire d’autant plus
gênante pour le president de la Répu-
blique qu’elle touche à un domaine oà
le pouvoir socialiste se voulait irrépro-
chable. à savoir le rtspect des libertés
publiques.»
Le Quotidien de Paris ne manque
pas à sa tradition polémique. Deux
colonnes en «ouverture de une»
annoncent : « Mitterrand ; allô !
j'écoute. ~ » avec, en sous-titre : «On
savait depuis longtemps que le pou-
voir n’avait jamais interrompu les
pratiques inadmissibles que sont les
écoules téléphoniques. Depuis hier, on
a une nouvelle preuve. Michel Rocard
parle de scandale » Sous un dessin
de Hoviv - François Mitterrand affu-
blé de grandes oreilles tient sous 1e
bras son livre le Coup d’Etat per-
manent, - Philippe Reinhard écrit :
Mil ne faudrait pas se contenter de
frire payer à des subalternes le prix
.de cette infamie. La majorité de
demain devra (.J rechercher les res-
ponsabilités jusqu'au sommet de
l'EiaL Et traduire s'il le faut les cou-
pables devant la Haute Cour. Aux
Etats-Unis, Richard Nixon a été
contraint de démissionner à la suite
(. j du Watergpte. (...) L’homme qui
a ordonné ou laissé accomplir en
toute connaissance de cause un tel
Jorjaii n'a pas sa place à l'Elysée.»
Libération, qui a lancé Fafiaire le
4 mars sur cinq pages, y consacre de
nouveau l'essentiel de sa «une» avec
le titre : « Ecoutes : les oreilles de
l’Elysée sifflent.» Le quotidien pré-
cise que «de nombreuses plaintes ont
été déposées hier par les personnes
concernées» et ajoute, sous (a signa-
ture de Catherine Eriiel et de Patricia
Tourancheau : « Encore faut-il quaii-
"’it reièvent-
fier ces écoutes : de quel délit
e/tes ?»
Æ G.
Les atteintes à Mniité
de la vie privée
Les peines encourues vont
de deux mois à on an
Le code pénal précise que qui-
conque aura « volontairement porté
atteinte à l’intimité de la vie privée
d’autrui en écoutant, en enregis-
trant ou tra.ismeuant au moyen
d’un appareil quelconque des
paroles prononcées dans un lieu
privé par une personne sans le
consentement de ce/fcci » sera puni
d'une peine d’emprisonnement de
deux mois & un an ou d'une
amende de 2 000 à 60 000 F. Ces
peines ont été légèrement modi-
fiées par 1e code penal qui devrait
entrer en vigueur au mois de sep-
tembre : le fait, « commis de mau-
vaise foi», « d’intercepter . de
détourner, d'utiliser ou de divulguer
des correspondances émises, trans-
mises ou reçues par la voie des télé-
[cammunications ou de procéder à
I l’installation d’appareils conçus
pour réaliser de telles intercep-
tions » est toujours puni par un
maximum d’un an d emprisonne-
ment - toutes les peines planchers
ont disparu du nouveau code pénal
en matière correctionnelle, - mais
t’amende maximale est portée à
300 000 F. En plus de ces disposi-
tions, te respect de la vie privée est
protégé par l'article 9 du code civil
depuis 1970.
La loi du 10 IuïEfet 1991 sur les
écoutes a ajouté à ce dispositif un
article qui précise que (es fonction-
naires ayant « ordonné , commis ou
facilité, hors les cas prévus par la
loi. l’interception ou te détourne-
ment des correspondances émises,
transmises, ou reçues par la voie
des télécommunications, l'utilisa-
tion ou la divulgation de leur
contenu» seront punis d’un empri-
sonnement de trois mois à cinq ans
et d’une amende de S 000 F à
100 000 F. Cet article postérieur
aux faits ne peut toutefois pas s’ap-
pliquer en vertu du principe de
l'absence de rétroactivité de la loi
pénale.
Reste le problème de la prescrip-
tion, qui est de trois ans pour les
délits. Les faits ont été commis en
1986, ce qui indiquerait qu’ils sont
aujourd’hui présents; mais dans te
cas de certains délits, le point de
départ de la prescription com-
mence non pas lorsque le délit a
été commis, mais lorsqu’il a été
connu. 11 y a dans ce domaine une
jurisprudence complexe de la Cour
d’un phénomène hors du commun :
XANTIA
1) Une présence hors du commun
Fruit de la collaboration des cen-
tres de style CITROEN et Benone,
XANTIA innove en matière de
formes et de volumes. La pureté et
l’harmonie des lignes, les nervures
du capot plongeant sur des phares
en amande» confèrent à cette berline
un style dynamique, une élégance
naturelle, une vraie personnalité.
2 )
XANTIA crée un nouvel art de
vivre et de conduire. L'univers inté-
rieur est une véritable invitation au
voyage. Pour évoluer à son aise et se
sentir protégé, l’espace est convivial
et modulable: banquette arrière frac-
tionnable avec trappe à skis, largeur
aux coudes très importante, trois
vraies places à l’arrière.
Pare-brise, vitres latérales et lu-
nette arrière donnent à l'habitacle une
visibilité et une lumière optimales.
Enfin, élémenr indispensable du
confort et du bien-être: une venti-
lation parfaite et une isolation très
efficace des bruits extérieurs.
3) Une sécurité maximum
Bénéficiant de toute la culture tech-
nologique de CITROEN, XANTIA
garantit une tenue de route sans
égale.
4) Une nouvelle génération
de moteurs
Trois moteurs à injection équipent
la gamme XANTIA (1761 cm 3 ,
1 998 cm 3 et 1998 cm 3 16 soupapes).
Gage d'agrément et de respect de
l'environnement, ses motorisations
avec pot catalytique trois voies
garantissent une extrême souplesse
et une grande fiabilité. Le plaisir de
conduire n’en est que plus grand.
5) Modèle présenté
XANTIA 16 V VSX: 1998 cm 3
injection 16 soupapes - 155 ch OIN
(111,6 kW CEE).
Consommation normes CEE :
6,4 1 à 90 km7h - 8,2 1 à 120 km/h
et 12.2 1 en parcours urbain.
Direction assistée, freinage ABS
et suspension Hydractive 2 de série.
Autres motorisations à injecrion:
1 761 cm 3 et 1 998 cra-\
Relations clientèle 05 05 24 24
(appel graniir) ou minitel 36 15 code
CITROËN.
XANTIA, JAMAIS
LE PROGRÈS
N’A EU SI BELLE
ALLURE.
Le bout du pouvoir
Suite de la première page
Mais c’est peut-être aussi que le
pays s’est converti, en douze ans de
mitternandisme, non pas au socia-
lisme, mais à une sorte de cynisme
tranquille, qui lui fait considérer
■que ce genre d' «affaire» ne
taonoeme que 1e «microcosme», et
que peut-être, après tout, tes journa-
listes Font bien cherché...
Ce cynisme-là, conséquence du
cynisme officiel, est pourtant lourd
de conséquences. Parce qu’il va
figurer au bilan d'un homme, et
ternir, au-delà, celui d’un mouve-
ment collectif qui avait cru se
reconnaître en lui «J’ai déjà dit ce
que j'en pensais», a répondu récem-
ment, et sèchement, Lionel Jospin,
interrogé sur tes «affaires» (et qui
lui. Dieu merci, peut parler sans
crainte sur le sujet et promettre de
façon crédible un retour à «l'au-
thenticité»), comme si tout avait été
dît, au point que plus personne ne
puisse plus nourrir la moindre illu-
sion sur l'exercice du pouvoir. Tout
a été dit, en effet, sur le déficit
moral de la gauche. Alors, une
affaire de plus ou de moins, ce peut
être, au maximum, un point de
moins ou de plus dans les inten-
tions de vote en faveur des socia-
listes, mais cela ne change rien au
fond, ni véritablement au rapport
des forces. Ainsi va sans doute l'es-
prit public.
Carde
privée
En outre, si l’origine du délit est
avérée - des hommes au service du
président, - il n’existe aucune
preuve de l’existence d'un choix
politique de sa part Alors pourquoi
lui chercher querelle? Enfin le gou-
vernement a promis une enquête et
TElysée en fait une... Que demande
le peuple? comme dirait M. Pas-
qua. Autant passer à autre chose...
Mais cet épisode symbolise, pré-
cisément, les travers d’un homme
qui n’a pas su ne pas aller au bout
de son pouvoir. Car if s'agit là, ni
plus ni moins, de ta note à payer de
ce qui fut ta première affaire de ta
présidence, celle dite des «Irlandais
de Vincennes», dont ta clé est la
mise en place d’une véritable garde
privée dont tes membres se définis-
saient eux-mêmes comme « la cotte
de mailles du président», fi y a fort
& parier que la présidence paie
aujourd’hui 1e prix des dissensions
que la disparition de cette «cel-
lule», consécutive à l’affaire des
«Irlandais de Vincennes», a fait
naître parmi ses membres; d’autant
que certains ont été condamnés,
d’autres non. Dans ces conditions,
iJ n’est pas admissible que la
réponse soit : nous ne savions pas,
nous allons faire une enquête. Que
l’on sache, l’Etat a les moyens de
savoir, et te plus tôt sera te mieux.
On retrouve là, bien sûr. l’éter-
nelle dualité de François Mitter-
rand : d’un côté, la passion de
l’Etat de droit, qui fonde son enga-
gement politique; de Fautre, le goût
de la clandestinité, des systèmes
parallèles, qui lui vient des mille et
uns complots qu'il a dû affronter
dans sa vie publique, tant ses
adversaires ont été acharnés à sa
perte. Mais vient un moment oà les
progrès réels qui ont pu être accom-
plis dans le domaine des libertés se
trouvent éclipsés, gâchés par cer-
tains comportements, et notamment
celui-ci : des écoutes ont été prati-
quées au détriment de personnes
privées, qui ne sont ni (tes malfai-
teurs ni des terroristes, par quel-
ques-uns, qui se trouvaient être au
service d'un seul, celui-là même
qui, par la Constitution, est le gar-
dien, le garant de nos libertés;
celui-là même qui promettait que
tes institutions ne seraient pas dan-
gereuses avec lui
Que celui-là ait été impuissant à
corriger tes effets de l'indice Nikkei
sur le cours de l'économie française,
qu’il confesse honnêtement son dés-
arroi devant ia montée du chômage,
qui lui en voudra vraiment, une
fois passées les polémiques électo-
rales? Mais que sur son terrain de
prédilection, celui dont il dit si sou-
vent qu’il faut combattre sans
relâche pour te préserver, il ait, si
peu que ce soit, déçtf et fait preuve,
à tout te moins, de légèreté, voilà
qui est plus difficile à «avaler». Et
comment pe seraient-ils pas nom-
breux ceux qui aspirent à lui appli-
quer la sanction politique qu’il pro-
mettait naguère aux responsables
qui avaient eu la faiblesse de don-
ner raison à Thucydide?
JEAN-MARIE COLOMBANI
}
!
I
L
14 Le Monde • Samedi 6 mars 1993
SOCIÉTÉ
Les Tsiganes roumains de Nanterre
ne seront pas transférés au camp de Thol
Les Tsiganes roumains de Nanterre ne
seront pas transférés au camp de Thol dans
l'Ain. Jeudi 4 mars, le cabinet du premier
ministre a fait savoir que le plan d'occupa-
tion des sols de la commune de NeuviUe-sur-
Ain où se trouve (e camp ne 'permet pas la
construction des aménagements nécessaires
à raccueü des réfugiés. Un communiqué de
M. Michel Sapin, ministre de l'économie et
des finances et conseiller municipal de Nan-
terre (Hauts-de-Seine), annonçant l'arrivée
prochaine de 150 réfugiés - et non plus 80
Le flot des banlieusards pressés
file, tous phares allumés, de Nan-
terre vers le pont de Bezons, au
nord-ouest de Ram. Les Roumains,
eux, piétinent, dans la bouc et les
ordures, coincés entre ta station-ser-
vice et les palissades de la zone
industrielle, cette ZAC en construc-
tion gui en gagnant du terrain, ne
cesse de réduue le leur, ns sont là,
hommes, femmes, enfants, vieillards,
cent vingt Tsiganes au total sur un
terrain de 200 mètres carrés, confi-
nés dans des baraques glaciales de
tôle et de planches, aux toits mainte-
nus par quelques pierres. Certains
dorment dans des camionnettes ou
dans d’antiques caravanes rouillées,
parquées prés d'un enchevêtrement
de carcasses de voitures, de chariots
de supermarché et autres déchets de
la société de consommation. C'est
un bidonville comme on n’en voyait
plus à Nanterre depuis les
années 70.
Stefan, trente-huit ans, père de
quatre enfants, est arrivé en 1991 de
Tim isoara. Jamais il ne rentrera en
Roumanie, où il a lait de la prison
pour avoir, une première rais en
1988. demandé asile i la France en
vain. Un seul mot, répété à Tcovi,
concentre sa teneur : «commou-
niste». comme il dit. Aujourd'hui, il
brandit fièrement sa carte blanche
de réfugié politique et répète :
« Nous ne sommes pas pauvres à
mourir ; j’ai une caravane, une voi-
comme M. René Teulede, ministre des
affaires sociales l'avait affirmé au début de
la semaine. - avait dédenché, dans la mât
de mercretfi 3 au jeudi 4 mars à jeudi, la
colère des habitants du village et des com-
munes voisines.
Plus de 400 personnes avaient installé des
barrages, sdé des arbres, brûlé des pneus,
des planches et des palettes. Le veille, au
cours d'une conférence de presse tenue à
Bourg-en-Bresse, après avoir rencontré le
préfet de l'Ain, M. Jacques Boyon (RPR),
Nouveaux bidonvilles
e//c csf encore lofa.,/* France 7
turc. Nous ne foisons pas de bêtises.
Mds on veut du travail pour payer
un logement. » Rares sont les
hommes à s’exprimer comme lui en
français et à détenir des papiers en
règle. Alors ils travaillent au noir,
dans des garages, pendant que
femmes et enfants fout ta manche
(PubGâii)
dans le RER et le métro. Pour eux,
ni école, ni sanitaires, ni ramassage
d’ordures. Les bennes municipales
sont passées voici on an pour la
dernière fois, et pour les toilettes on
désigne un vague bosquet, près du
chemin de halage qui borde la Seine.
Les enfants courent, parfois les
Second a ppel
nu président de la RATP
Malgré notre premier appel, malgré une
enquête publique, la RATP continue de
s’opposer à l'amélioration du projet de station
Châtelet (ligne Meteor).
Nous vous avons proposé une solution de
rechange, qui est moins chère, de réalisation
plus rapide, équivalente du point de vue du
service public, et qui comporte beaucoup
moins d’inconvénients pour les habitants.
Un expert de haut rang a montré qu’elle
était praticable.
Alors, pourquoi s’obstiner ? En raison de
l’amour-propre de certains ingénieurs ?
Au surplus, la RATP refuse d’indemniser
des commerçants qui ont été victimes des
travaux: de mai à octobre 1992, effectués sans
permis de construire.
Monsieur le président, faites entendre la
voix du bon sens.
Association de Défense des Riverains
27, me de la Ferronnerie - 75001 Paris
député de b circonscription et candidat à sa
propre succession, avait déclaré que aies
élus et fa population focale s’opposeraient
par tous les moyens légaux et autres au
transfert des Tsiganes i Neuville a.
M. Boyon avait aussi fait part d'une lettre
qu'il avait écrite à M. Sapin pour souligner
que eta vdle de Nanterre et le département
des Hauts-de-Seine, le plus riche de France,
étaient mieux à même de procéder i I Inser-
tion des réfugiés roumains qu’une petite
commune rurale de 1 ISO habitants a.
pieds nus, sur l’aspbalte de la sta-
tion-service Total dont le robinet
sert d’unique point d’eau au campe-
ment et le pompiste, Michel, de ben
avec te monde extérieur. La clientèle
baisse : tes Tsiganes font peur.
L’échec
de la réinsertion
Le temps n’est plus où les Roms
de Nanterre, chassés par Ceauseyu,
suscitaient compassion et mobilisa-
tion. Les efforts du ministère des
affaires sociales pour les insérer pro-
fessionnellement dans, la «filière
bois», en 1990, se sont soldés par
un échec total Logés dans des vil-
lages de vacances en Haute-Loire et
en Lozère, les Tsiganes ont tous fini
par abandonner tes emplois -agricoles i
ou forestiers négociés pour eux.: .
Certains sont revenus à Nanterre, ,
où ils sont aujourd’hui environ huit
cents au total, entassés dans quatre I
bidonvilles : celui du pont de
Bezons (120 personnes) et trois
autres, proches de la cité déjà «sen-
sible» au Chemin de Pîle. Sous l’im-
mense viaduc en courbe du RER,
250 Tsiganes de Roumanie campent
depuis Tété dernier tandis que fon-
cent les trains. A remplacement où
se trouvaient autrefois le grand
bidonville de Nanterre puis la cité
de transit Gutenberg. Ils sont aussi
nombreux près du Cirque de .Paris .
et encore 150 près de la prison.
Accusés de chapardage, de provo-
1 cation sur tes marchés, mais oubliés
des politiques depuis des mois, les
Tsiganes sont devenus un objet de
campagne électorale. M" Fraysse-
Cazalis, sénateur (P CF) des Hauts-
de-Seine et maire de NanterTC,
dénonce les « conditions de vie inhu-
maines» des Tsiganes maïs explique
que ses nombreuses interventions
auprès du gouvernement sont restées
vaines. (Test M. Michel Sapin,
ministre de l’économie et des
finances, conseiller municipal (PS) à
Nanterre et candidat aux législatives,
qui a tenu à annoncer lui-même,
dimanche 28 février, 1e transfert de
Tsiganes au camp de Thol près de
Neaville-sur-Ain (Ain). L’informa-
tion était confirmée dès le lende-
main par le ministre des affaires
sociales, M. René Teulade.
Mais les réactions négatives du
maire de NeuvtlIe-sur-Ain
(l 159 habitante), M. Joseph Perrot,
et du député (RPR) local M. Jac-
ques Boyon, ont amené le ministère
des affaires sociales à un repli straté-
gique. Mercredi 3 mars, le camp
désaffecté de Thol, propriété du
ministère de la justice, ancien lieu
de détention de prisonniers FLN
pendant la guerre d’Algérie, puis
centre de réinsertion pour délin-
quante en En de peine, n’était plus
présenté que comme «l'une des solu-
tions passibles, pas la plus satisfai-
sante, loin de là», par M. Jean Bloo-
quaux. chargé du dossier auprès du
ministre des affaires sociales.
Cette prudence n’était pas ccOe de
M. Sapin, qui, te même jour, confir-
mait dans un communiqué les
« décisions prises par le gouverne-
ment pour mettre fin à la présence
de quatre campements de Tsiganes
roumains installés sur le territoire de
la commune», précisant que «les
contacts diplomatiques avec tes auto-
rités roumaines se poursuivent en vue
d’un retour dans leur pays d’ori-
gine». M. Sapin renvoyait au maire
de Nanterre k charge d’organiser le
* départ » des Tsiganes du pont de
Bezons, installés sur un terrain
municipal et lui demandait d’appli-
quer la loi Besson qui oblige toutes
les communes de plus de
S 000 habitants à réserver aux gens
du vqyage un terrain aménagé. Cest
précisément œ qu’attend depuis une
dizaine d’années la communauté de
gitans français installés aa pont de
Bezons, tout près dés Roumains,
-l l. ji ...
explique Paul qui paie le créât de
sa belle caravane jaune avec son
allocation d’adulte handicapé. On
aime la même musique qu’eux et je
ne suis pas contre les Roumains.
Mais il faudrait qu’on fasse aussi
quelque chose pour nous, même si
eux. c’est politique. »
PHILIPPE BERNARD
Le débat air l’acharnement thérapeutique
L’Âssociâüon médicale britannique reconnaît
à certains patients ie droit de «lonrir en pab
«! 1 ’ J»""
lr>
y • •. «:•
tony Btand, le malade en
«état végétatif permanent», est
mort, mercredi 3 mars, après
que (es médecins eurent Inter-
rompu (es soins médicaux. L'As-
sociation médicale britannique
vient, d'autre part de rappeler
que certains patients doivent
pouvoir mourâ en pàlx^
LONDRES
de notre correspondant
La mort de Tony BJand a eu lieu
'sans souffrance apparente, dans la
soirée de mercredi, comme l'avait
souhaité la Chambre des Lords, la
S us haute juridiction d'appel de
lande-Bretagne (le Monde du
6 février). Le 22 février, le docteur
Jim Hawe, médecin traitant de ce
jeune homme de vingt-deux ans
plongé dans le coma depuis avril
1989, a arrêté de nourrir, d’hydra-
ttr et d’administrer des antibioti-
ques à son patient Tony est mort
à la suite de l'arrêt du fonctionne-
ment de ses reins et non cf inani-
tion, comme le suggéraient les
adversaires de la décision de jus-
tice autorisant sa «moct paisible».
Ce décès ne dôt cependant pas
(e d&at sur l’acharnement théra-
peutique; L'association médicale
britannique (BMA) ainsi que ie
collège royal de l'infîrmene ont
publié, mercredi 3 mais, de nou-
velles directives destinées aux
médecins et aux personnels soi-
gnants.
de respect
Ces textes examinent le droit qui
doit être reconnu à certains
patients de mourir sans être sou-
mis à de lourds et douloureux trai-
tements de réanimation. Cette ini-
tiative traduit la préoccupation des
deux organisations devant la multi-
plication des cas de patients dans
A Marseille ..
Une femme séropositive
porte plainte
après nn refus
d’interruption volontaire
de grossesse
MARSEHJLE
de notre correspondant
Une jeune femme de vingt-sept
ans, M»* M., habitant Marseille,
vient de déposer plainte contre x
pour « discrimination en raison de
l’état de santé» (art. 416 du code
pénal loi du 12 juillet 1990), à la
suite du refus par la direction
d’une clinique chirurgicale de Mar-
seille de pratiquer une interruption
volontaire de grossesse sous lepré-
texte que la patiente est séroposi-
tive. M* M. avait réglé les formali-
tés administratives auprès du
bureau de la clinique auquel elle
avait déclaré sa séropositivité et.
dans une chambre qui lui avait été
attribuée le 29 janvier, attendait 4
jeun le médecin avec qui die avait
eu un entretien préalable. Celui-ci
vint alors r avertir que la direction
de rétablissement lui interdisait de
pratiquer l'intervention. M 8 * M. a
pu subir en urgence une IVG à
l’hôpital de la Conception & Mar-
seille, le 4 février.
L’association AfDES-Proveace a'
l’intention de se porter partie
civile. Son président, M. Alain
Moila, estime qu’il s'agit d'on cas
typique.. d’exclusion pour séroposi-
tivité, « discrimination encore plus
flagrante et scandaleuse , estime-t-il,
car elle se produit au sein d’un éta-
blissement de soins ».
EN BREF
□ M. Maurice Gardes, aosvesa
rice-c h a ac eli er des anfrersités de
Paris. - M. Maurice Garden, pro-
fesseur d’histoire, a été nommé vice-
chancelier des universités de Paris
par un décret du président de la
République paru au Journal officiel
de jeudi 4 mars. II remplace
M. Marc Javoy, qui occupait ce
poste depuis 1989. Agé de cin-
quante-sept ans, agrégé d’histoire et
docteur ès lettres, M. Garden a fait
ressentie! de sa carrière universitaire
à Lyon. U était, depuis 1989, direc-
teur scientifique, chargé du secteur
scieaoes humaines et sociales, à (a
direction de te recherche du minis-
tère de rédocation nationale.
a L’inceste plus sévèrement
réprimé en Irlande. - Le ministre
.irlandais .de la Justice, M"* Geo-
un «état terminal», objets de tels
traitements inutiles, simplement
parce que le personne! médical
n’est pas parvenu à tomber d’ac-
cord sur la conduite & adopter.
Les instructions adressées en
1991 par la BMA & tous les
hôpitaux leur demandant d’intro-
duire une «politique de réanima-
tion» n’ont, apparemment, guère
été suivies. Selon les nouvelles
directives, les patiente non soumis
à des traitements de réanimation
doivent être clairement identifiés :
ainsi, ai cas d’arrêt cardiaque, un
malade condamné n’aurait pas à
subir une réanimation cardio-pul-
monaire et serait autorisé à «mou-
rir en paix». Leç méthodes de réa-
nimation font souvent appel à une
thérapeutique traumatisante (pour
le malade, «» famille et les autres
patients) qui,, estime la BMA,
donne en outre l’impression d’on
manque de respect pour le mou-
rant.
La décision de ne pas utiliser de
méthode de réanimation sur cer-
tains malades doit être prise par le
médecin traitant, en consultation
avec le personnel médical, la
famille et' le malade lui-même :
e Ce que souhaite le patient doit
avoir me priorité absolue», estime
le docteur Fleur Fisher, chef du
département d’éthique médicale de
la BMA. Une. discussion sur ce
thème de racharnement thérapeuti-
que ne doit pas avoir tien avec
tous les patients dans un état
grave, mais, souligne la BMA, «ilv
a des circonstances où une étude
approfondie des souhaits du patient
doit -être entreprise». Selon une
étude (limitée a un seul hôpital),
que cite The Times , 60 % des
patiente victimes d’une attaque
cardiaque ont été réanimés avec
succès, mais te plupart sont tacots
peu de temps après. 3 % seulement
ont pu rentrer chez eux.
LAURENT ZECCHINI
«Réunion privée»
de skinheads ' ■
à Paris
Un rassemblement de skin-
heads devait se tenir, dans I a
soirée du vendredi 5 mars, h
Paris (salle Pierre-Nicole,
dans le 5« arrondissement), à
l'appel des Jeunesses natio-
nalistes révolutionnaires
(JNR), un groupuscule
d'extrême droite. La veiHe,
jeudi 4 mars, le préfet de
police de Paris avait interdit
te manifestation mate tes JNR
avaient aussitôt fait' savoir
qu’elles maintenaient cette
a réunion privée » des «si ün-
heads tTEumpe».
En fait de «réunion interna-
tionale », il s'agissait surtout
d'une opération médiatique
très parisienne, orchestrée
par le chef de file des JNR,
Serge Ayoub alfas «Batsk'm».
Las JNR comptent tout au
plus une dizaine de fnfttants.
Contrairement à ce qu’il pré-
tend. Serge Ayoub n'est nul-
lement représentatif du mou-
vement skinhead - et
cbooügan» en France. En
organisant ce meeting, it
espérait simplement attirer
ghegu-Quina, a annoncé, mercredi
3 mars, que son gouvernement
s'apprêtait à réprimer plus sévère-
ment l’inceste, qui actuellement,
est passible d’une peine maximale
de sept ans d’emprisonnement.
Cette décision fait suite à une
affaire d’inceste, entre un homme
et sa GUe, qui a duré seize ans. La
polémique a éclaté quand la jeune
femme a raconté sou cauchemar et
expliqué qu’elle redoutait la ven-
geance de son père à sa sortie de
prison. - (AFP.)
RADIO
4Te TÉLÉVISION
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c Mis et Bw» '
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quelques curieux et de nom-
; ,
breux journalistes.
Plusieurs organisations.
dont te groupe RPR au Sénat
'Cjais-' \’ ,rr
et le Mouvement contre le
racisme et pour l'amitié entre
tes peuples (MRAP), ont pro-
testé contre 1a tenue de ce
v > . ■
«meeting».
Ph. Br.
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■ Le Monde • Samedi 6 mars 1993 1 5
SOCIÉTÉ
JUSTICE
L'entrée en vigueur du nouveau code
M. Bérégovoy annonce des mesures d’accompagnement
à la réforme de la procédure pénale
Constatant que rentrée en
vigueur du nouveau code de procé-
dure pénale entraînait «ici et là»
des difficultés d'ordre pratique; 'le
premier ministre, M. Pierre Béré-
govoy, a annoncé, jeudi 4 mars,
des mesures d'accompagnement à
la réforme. «Dans les palais de jus-
tice. ce texte nécessite un effort
important des magistrats et Jonc-
tionnalres de justice, comme d’ail-
leurs des policiers et dès gendarmes,
a-t-il souligné. Les avocats ont pour
leur part compris qu’il s'agissait
d’un enjeu important pour les liber-
tés et la plupart d’entre eux se sont
organisés en conséquence. Le gou-
vernement se doit de soutenir ees
efforts en renforçant les mesures
a accompagnement déjà prises. »
Pour les palais de justice, trois
cents emplois de fonctionnaires
seront dégelés afin de renforcer les
effectifs actuels et des crédits sup-
plémentaires seront affectés aux
juridictions. Ces mesures n’ont
toutefois pas convaincu l’Associa-
tion française des magistrats ins-
tructeurs (AFMI), qui estime que
ces efforts représentent «une goutte
d'eàu». « Ces décisions ne permet-
tront pas de faire face aux nouvelles
tâches, a souligné M. Jean-François
Ricard, le président de l’AFMI.
Nous avons essentiellement besoin
de greffiers et Us ne pourront pas
être recrutés immédiatement, b
«Une question
éthique»
La grogne contre la réforme de
la procédure pénale vient égale-
ment des avocats. En l'absence
d’indemnisation de lenr interven-
tion auprès des gardés & vue, cer-
tains barreaux ont décidé de ne Des
se rendre dans lés locaux de poli ce
et de gendarmerie. D’autres ont
choisi de se mobiliser : l’Union des
jeunes avocats de Paris (t/JA)
estime ainsi que «les problèmes
matériels ne doivent pas occulter
cette avancée fondamentale». «Il
s'agit là, note rUJA de Paris, d’une
question d’éthique supérieure à
toute considération partisane ou
matérialiste. » En conséquence, les
quarante membres de la commis-
son permanente de l’UJA de Paris,
présidée par M> Edouard de
Lamaze, ont décidé de se porter
volontaires pour les permanences
organisées par Tordre des avocats
de Paris.
Afin de faciliter le succès de la
réforme, M, Bérégovoy a annoncé
que les barreaux qui ont mis en
place un système de permanence
recevront une aide supplémentaire
de 7 millions de francs « afin de
permettre aux avocats d’être
défrayés». Pour que les Bais d’avo-
cat soient pris en charge par les
crédits affectés à l'aide juridique, il
fallait en effet une modification de
la loi qui ne pouvait intervenir
avant la prochaine session parle-
mentaire. Pressé par les barreaux,
le gouvernement a donc déridé de
modifier (e décret de 1991 sur
l'aide juridique qui permet de
majorer la rétribution des barreaux
qui ont conclu avec l’Etat des pro-
tocoles pour une meilleure orpni-
sadon de la défense pénale.
a. c.
Pas de révision
pour Mis et Thiennot
Suite 4e la première page
Une grande famille qui avait fait
fortune dans (e sucre, avec son
château et ses hectares par cen-
taines. ses employés, ses régisseurs,
sa paissance et son entregent Le
29 décembre 1946, c’est précisé-
ment un garde-chasse dès terres
Lebaudy, Lucien Boistard, qui dis-
paraissait par un jour de brouillard
tel qu’on se devinait plus qu’on ne
se reconnaissait à 10 mètres. Le
corps devait être retrouvé le 31 au
matin en bordure de l’étang des
Hautes Rondières, où l'on consi-
dère qu’il avait été transporté par
les meurtriers,
D’enlblée lès enquêteurs et pour
commencer les gendarmes, allaient
suspecter Raymond Mis et Gabriel
Thiennot Agés de vingt ans. Les
deux jeunes gens n’avaient-ils pas
organisé, avec une dizaine de
camarades, une partie de chasse le
29 décembre 1946? Certains
témoins de cette équipée n’avaient-
ils pas déjà dit qu’il y avait eu une
altercation violente entre l’équipe
des chasseurs et le rigoureux
Lucien Boistard qui les tenait &
l'ail? Des menaces avaient été
proférées et elles avaient été enten-
dues. Une série de coups de feu
avait suivi, comme si Ton tirait sur
une cibla
«Des cris
affreux»
Dès lors, les choses étaient allées
très vite, d’autant plus que ces élé-
ments avaient été fournis & la gen-
darmerie avant même que Ton ait
retrouvé le corps de Lucien Bois-
tard, autrement dit avant même
qne Ton pnisse conclure au sort
qui avait été 1e sien. Et s'ajoutaient
a cela, en ces temps d'après Libéra-
tion, des rancunes, des suspicions
qui n’avaient fait qu'aggraver la
ligne de partage entre les «gens»
de la famille Lebaudy et les «rusti-
ques» peu on prou rebelles à une
Hégémonie d'un autre âge. Sans
compter les origines polonaises des
Mis et les penchants communistes
des Thiennot, qui avaient eu -un
des leurs fusillé par les Allemands,
auxquels il avait été dénoncé.
Dans ce climat détestable, la
police judiciaire de Limoges, en la
personne du commissaire Daraud,
prend le relais des gendarmes.
Tout se passe alors comme si
Tenqoiteur s’est convaincu de la
culpabilité de Mis et de Thiennot
et de la nécessité de leurs aveux
faute d’autres éléments détermi-
nants. Le commissaire établit ses
quartiers à la mairie de Mézières-
en- B renne. Durant une semaine
Mis et Thiennot y sont interrogés,
questionnés. En ce temps-ià, la
garde à vue n’est pas codifiée.
Cest aussi l'époque - d'autres
affaires criminelles de ces années-là
le confirment - où la police ne
s’est pas encore défaite des habi-
tudes et des méthodes que lui ont
inculquées quatre ans d’occupation
et une trop constante fréquentation
des nazis. Ce que furent les inter-
rogatoires conduits par le commis-
saire Daraud et ses hommes, on le
saura bientôt. Certes les aveux sont
là à la fin de la première semaine
de janvier 1947. Mais Mis et
Thiennot se rétractent presque
aussitôt en disant pourquoi Os ne
seront pas les seuls. Il y aura des
confidences, faites peu à peu, de
certains qui disent avoir entendu,
nuit après nuit, «les cris affreux »
venant de la mairie. Il y aura les
déclarations du surveillant-chef de
la maison d’arrêt de Cbâteauroux
qui attestera, ainsi qu’une infir-
mière, dn piètre état physique et
moral dans le ’iel lui Burent ame-
nés les deux incJpés.
Déjà la défense comprend qu’elle
ne parviendra pas à scandaliser en
dénonçant violences et tortures.
Mais elle dénoncera sans relâche
les singulières, parce que trop par-
faites, concordances entre des
aveux brandis comme « reine des
preuves» et des dépositions de
témoins qui accusent, tel cet Albert
Niceron, domestique d’un des fer-
miers de M. Lebaudy, qui s’était
rois à raconter le crime comme si
on y était Niceron, pins tard, se
plaira à dire qu'il fabulait Des
bizarreries H en est bien d’autres,
ne serait-ce que ces ratures relevées
dans le rapport d’autopsie qui fait
devenir bras gauche un bras droit
Ou encore cette expertise qui obli-
S era à reconnaître taches de sang
e lapin, les taches que l’enquête
proclamait de sang humain sur un
vêtement de Raymond Mis.
Deux
LteBEET SES CLERCS
• «
« Celui qiri provoque la méfiance
fiBKBramtthuniam^unvoteor»
• «On redemande pas la Kbertc à atë
• « Des hommes faillibles méritent
plus confiance qu’une institution
Mais tout cela ne saurait aujour-
d’hui compter sans l'apparition de
■ce « fait nouveau» ou de cm «élé-
ment inconnu de la Juridiction au
jour du procès » et «de nature à
faire naître un doute sur la culpa-
bilité du condamné». Car ainsi
parle l’article 622 du code de pro-
cédure pénale, issu de la loi du
23 juin 1989 : «de nature à faire
naître un doute » et un dus seule-
ment * de nature à établir l’inno-
cence».
Pourtant il convient de revenir
sur le passé. Car Mis et Thiennot
ont dû être jugés à trois reprises
javant que devienne définitive la
i peine dont fis demandaient à être
i lavés. Un premier proois s'acheva
le 25 juin 1947 devant la cour
d’assises de l’Indre par la condam-
nation de chacun à quinze ans de
travaux forcés. Cri arrêt sera cassé.
.L’affaire, renvoyée devant les
assises de la Vienne, a cette fois
pour épilogue deux pattes de vingt
ans de travaux forces, le 3 décem-
bre 1948. Ce nouvel arrêt sera
cassé à son tour par la chambre
criminelle. Voilà une persistance,
une insistance qui nécessite atten-
tion. Pourtant, le 5 juillet 1950, la
cour d’assises de la Gironde per-
siste die aussi : quinze ans de tra-
vaux forcés. Si Mis et Thiennot
avaient signé un troisiième pour-
voi, y aurait-il eu une troisième
cassation? Ils renoncèrent à ce
droit, découragés d’avoir eu tant
d’occasions d’espérances sans suite.
Aujourd’hui, on assure que le pré-
sident de la chambre criminelle de
l’époque, Maurice Patin, les tenait
pour innocents™
Le temps passa. En octobre 1954
les deux condamnés graciés par
René Coty, président de la Répu-
blique, retrouvent la liberté. Ils
reprennent,, comme ils peuvent, de
modestes activités d’ouvriers agri-
coles. La- région semble un moment
les oublier et eux-mêmes se laissent
oublier. Mais voilà qu’au début des
années 80, on parie d’eux. Un
comité les soutient. Ils espèrent à
nouveau. Un avocat de Château-
roux, M c Jean-Paul Thibault se
mue en détective. Sous contrôle
d’huissier, il reconstitue les trajets
que, selon l'accusation, Mis et
Thiennot devaient accomplir pour
transporter le corps de garde-
chasse dn lieu où le crime fut com-
mis à celui où Ton retrouve Louis
Boistard. Il constate alors que cela
reste incompatible avec un témoi-
gnage, ignoré lors des procès, et
selon lequel Gabriel Thiennot se
trouvait ce jour-là à 17 heures à
Méâères-en-Brenne, car l’accusa-
tion fixait à 17 heures l'heure de la
mort du garde-chasse. Ce témoin
se trouvait de surcroît être un gen-
darme, Fernand Sarraziu. Le
15 juin 1988, la chambre crimi-
nelle de La Cxt de cassation avait
jugé ce fait nouveau intéressant
mais non déterminant.
La révision judiciaire qu’espé-
raient Mis et Thiennot est en
France une longue patience. Si
Jean-Marie Deveaux, condamné à
Lyon en 1963 enleva à Dijon un
acquittement dès 1969, Alfred
Dreyfus, pour qui la bataille
connut la fureur, vit passer onze
ans entre la condamnation de 1894
et la réhabilitation solennelle de
1905. Envoyé aux travaux forcés
perpétuels en 1924, Guillaume Sez-
nec est mort sans obtenir une révi-
sion que ses descendants sollicitent
devant la même commission de la
Cour suprême qu'avaient saisie
Mis et Thiennot. Un petit-fils de
Gaston Dominici a engagé à son
tour le processus pour faire
reconnaître l'innocence d’un grand-
père ex-condamné & mort de 1954.
Quant à Joseph Lesurques, il n’a
eu que la ressource de soumettre
T affaire du courrier de Lyon aux
tréteaux de Robert Hossein™
JEAN-MABC THÉOLLEYRE
COMMUNICATION
Une machination avortée contre M. Bourges
Un journaliste de TF1 a essayé de faire publier par « le Figaro» un document
visant à impliquer le PDG de France Télévision dans l'affaire Botton
M. Hervé Bourges a déposé, jeudi
4 mars, deux plaintes contre X...,
Tune pour faux et usage de faux,
l’autre pour diffamation envers un
particulier, à la suite d’une machi-
nation avortée qui visait à le discré-
diter. U apparaît en effet qu’un
journaliste de TF 1 a tenté, en vain,
la semaine dernière, de faire publier
par le Figaro un document qui s'est
révélé un faux, dont l’auteur n’est
pas clairement identifié mais dont
Tobjectif était manifestement d’im-
pliquer le président-directeur géné-
ral de France Télévision (France 2
et France 3) dans l’affaire Botton.
L’existence d’une tentative de
machination contre M. Hervé
Bourges ne Tait aucun doute, ainsi
que l’indique le «film» de cette
affaire rocambofesque tel que nous
l’avons reconstitué à partir de
témoignages recueillis auprès de
certains des principaux intéressés
ou de leur entourage.
Le mercredi 24 février, en fin
d'apr&s-midi, un journaliste de
TF 1, Aymar du Chàtenet, accom-
pagné d un confrère, se présente à
la rédaction du Figaro porteur d'un
prétendu «scoop» : il propose à
son interlocuteur, rédacteur au ser-
vice des informations générales,
qu’il a préalablement prévenu de sa
visite, un document dont le contenu
semble révéler la participation du
président-directeur général de
France 2 et France 3, M. Hervé
Bourges, à Tune des sociétés
contrôlées par M. Pierre Botton.
l'homme d'affaires lyonnais inculpe
d’abus de biens sociaux. II s’agit
d’un exemplaire des statuts d'une
SARL créés en 1987, remis à jour
le 27 juillet 1989, la société EN. F.
IN. L’Agence (ENtrepreodre-Faire-
INnover), qui a «pour objet, en
France et à l’étranger, l’activité de
conseil, conception, production, com-
mercialisation. fabrication, édition,
organisation dans les domaines sui-
vants : communication audiovisuelle,
spectacles et manifestations publi-
ques de toutes natures, ouvres de
l’esprit», etc.
On lit dans ce document - pro-
venant, selon ceux qui le détien-
nent, du greffe du tribunal de com-
merce de Paris - que le capital
social de cette SARL est divisé en
-+000 parts tt réparties comnursuit :
à M. Pierre Botton, 698 parts; à
M. Hervé Bourges 300 pans: à
M. Yves Mourousi. 2 parts».
Le journaliste de TF I et son
accompagnateur insistent auprès du
rédacteur du Figaro pour que ce
document soit publié dans l'édition
en cours de montage. Ils expliquent
que leur appartenance à TF 1 leur
interdit de «sortir» eux-mêmes un
tel document mettant en cause le
PDG des chaînes de télévision
publiques.
Le rédacteur du Figaro n’est pas
vraiment surpris, ni par cette
démarche ni par la teneur du docu-
ment 11 sait que son confrère de
TF I, ancien collaborateur de La
Cinq, spécialisé dans les investiga-
tions, suit l'affaire Botton pour le
département «enquêtes et repor-
tages» de sa chaîne, en qualité de
pigiste permanent, et pour le maga-
zine «Le droit de savoir» qu'ani-
ment conjointement, sur TF I,
Patrick Poivre (TArvor, Gérard Car-
reyrou, Charles Villeneuve, Robert
Namias et Franz-Olivier Giesbert
son propre directeur de la rédac-
tion. En outre, cela faisait plusieurs
jours que certains de ces collabora-
teurs de TF 1 annonçaient «un gros
coup» à propos de M. Bourges, fi
mesure aussi l’intérêt politique du
dossier qu’on lui livre car il
n’ignore pas non plus que le présen-
tateur vedette de TF t, PPDA,
inculpé de recel d’abus de biens
sociaux et placé sous contrôle judi-
ciaire, doit être de nouveau convo-
qué à Lyon par le juge d’instruction
chargé du dossier Botton. Cette
convocation est en effet prévue
pour le lendemain.
Un détail, pourtant, trouble ce
rédacteur du Figaro : le journaliste
questions
poser» à M. Bourges. Cette «livrai-
son» trop bien ficelée lui inspire
des doutes, il joint au téléphone le
PDG de France Télévision.
M, Bourges dément formellement
sa participation au capital de cette
{société, affirme qu'il s'agit là, sans
Y.H. Yerushalmi
P.-A. TàgiriciT
Mars-Avril 1993
Métamorphoses du racisme
et de F antisémitisme.
Dérives de la critique littéraire.
Le numéro : 78,00 FF - Abonnement l an (10 numéros} ; 530 FF
212, rue Saint-Martin, 75003 PARIS - Tél. ; 48 04 08 33
aucun doute, d'un travail de faus-
saire et promet des suites judi-
ciaires si le Figaro prend la respon-
sabilité de publier ce document. Le
journaliste du Figaro expose la
situation à son directeur de la
rédaction et Franz-Olivier Giesbert
décide de différer la publication.
Le lendemain, 25 février, il suffit
à la direction de la rédaction du
Figaro et à l’avocat de M. Bourges
de faire quelques vérifications élé-
mentaires pour constater que ledit
document constitue un faux. Tels
qu’ils ont été déposés le 15 septem-
bre 1989 au tribunal de commerce
de Paris tes statuts de la SARL EN.
F. IN. indiquent que le capital de
celle-ci est réparti entre deux per-
sonnes seulement : Pierre Botton
(998 parts) et Yves Mourousi (2
parts). Le document proposé au
Figaro par Aymar du Chàtenet et
son accompagnateur constitue une
copie falsifiée de l'original : le nom
de M. Bourges a été ajouté aux
deux autres à des fins malhonnêtes.
dit : qui est l'auteur du faux et son
éventuel commanditaire? La direc-
tion générale de TF 1 se défend
vigoureusement de toute manoeuvre
maligne à l'encontre de ses concur-
rentes.
Selon certaines explications offi-
cieuses, le journaliste de TF l qui a
«livré» ce document au Figaro
l’aurait fait sans savoir qu'il s’agis-
sait (T un faux et il aurait agi de son
propre chef après avoir reçu ce
document d’une source anonyme.
Invité à s’expliquer, Aymar du
Chàtenet aurait reconnu, devant sa
direction générale, qu’avant de se
rendre au Figaro , le 24 février, il
n'avait montré ce document à
aucun de ses supérieurs hiérarchi-
ques. Menacé de licenciement, dans
un premier temps, puis rais en
conge, ii n'avait apparemment fait
l'objet, jeudi soir, d'aucune sanction
et devait reprendre normalement-
ses activités vendredi.
Mais si ce journaliste de TF 1 a
lui-même été «piégé», par qui Ta-
et TAUiffc hx MM,
ilfcWNUt fc* qui ? L-
m
En témoigne notamment une copie
(obtenue le 14 mars au tribunal de
commerce de Paris) du compte
rendu d'une assemblée générale
extraordinaire en date du 5 février
(990 qui indique que la SARL EN.
F. IN. L’Agence n'est composée que
de deux associés, Pierre Botton et
Yves Mourousi. Le Figaro a
échappé à une tentative de mani-
pulation tendant à discréditer le
PDG de France Télévision.
Un « mauvais
polar » ?
Bien que cette entreprise de
machination ait suscité un certain
émoi au sein de sa rédaction,, le
quotidien de M. Robert Hersant a
opté pour la discrétion. A propos
de fa plainte déposée par
M. Bourges il précisait brièvement,
en page 11, dans ses éditions du
vendredi 5 mars : « Un document
remis au Figaro comme la copie des
statuts de l’une des sociétés de Pierre
Botton tentait de faire croire
qu' Hervé Bourges aurait été l'associé
de Pierre Boltton dans cette société
Vérification faite par le Figaro - qui
n’a bien sûr rien publié - les vérita-
bles statuts déposés au tribunal de
commerce de Paris ne comportent
pas le nom d’Hervé Bourges : c’était
une grossière manipulation. »
A TF I, en revanche, depuis une
semaine, cette histoire de faussaires
provoque de gros remous. La seule
réaction officielle est venue du
directeur général de l'antenne,
Etienne Mougeotte, qui se déclarait,
jeudi, via i’AFP, « obligé de sou-
rire » à ce qu’il considère comme
«un mauvais polar». Mais Etienne
Mougeotte semble bien le seul à en
sourire. Car, si (a falsification sem-
ble établie, la question est de savoir
quelle a pu être, dans cette machi-
nation avortée contre le PDG de
France 2 et France 3, la part de
responsabilité de TF 1. Autrement
t-il été? Par l’auteur du faux ou par
un comparse de l’auteur du faux?
La clé de l'énigme se situe peut-
être derrière la personnalité du
journaliste pigiste qui accompagnait
Aymard du Chàtenet le soir du
24 février au Figaro et qui assistait
le journaliste de TF 1 dans son
enquête,
H s'agissait d'un ancien membre
de la rédaction en chef de l’Idiot
international, Philippe Paint, ancien
collaborateur de VSD. condamné au
civil, en octobre 1991, après avoir
publié, dans la revue Passages , au
grand dam du directeur de celle-ci,
de faux entretiens avec deux diri-
nts du Front national [le Monde
30 juillet 1991 et 29 octobre
1992).
A TF I, jeudi soir, on affirmait
tout ignorer des antécédents de ce
singulier pigiste qui affirme avoir
été lui aussi «pregé» ... Philippe
Palat nous a en effet confirmé, ven-
dredi matin, qu’il avait collabore,
dans cette affaire, avec Aymar du
Chàtenet mais qu'il avait simple-
ment retransmis au journaliste du
Figaro le document tel qu’il l’avait
lui-même reçu, par coumer, du tri-
bunal de commerce de Paris après
quatre démarches personnellement
effectuées sur place sans succès.
Interrogé sur le point de savoir s’il
avait identifié le faussaire, U nous a
indiqué qu’il avait «bien sur une
idée», en mettant en cause «une
personne qui travaille dans les ser-
vices du tribunal de commerce de
Paris v, sans autre précision.
Le président de ce tribunal,
M. Michel Rouger, a réagi à cette
affirmation en indiquant qu’un for-
mulaire de «demande d’un docu-
ment concernant la société EN. F.
IN. avait bien été rempli, avec nom
et adresse du demandeur » [Philippe
Palat], ainsi que le prévoit la procé-
dure d’envoi postal, mais «rien ne
permet de dire, nous a-t-il déclaré,
que l’original ail été modifié au tri-
bunal de commerce ».
Enquête du service
médias-communication
!EN BREF
a RTL 2, nouvelle télévision alle-
mande. - Avec plusieurs mois de
retard sur ses prévisions, une nou-
velle chaîne de télévision, RTL 2,
fera ses débuts samedi 6 mars en
Allemagne. Diffusée dans l’immé-
diat sur le câble et le satellite
Astra, elle espère obtenir des émet-
teurs terrestres pour toucher quinze
millions de foyers en fin d’année,
'avec un programme composé à
80 % de fictions, A l’origine, les
actionnaires actuels de la première
chaîne privée allemande, RTL-TV
(i’ex-RTL-Pius), devaient détenir la
^majorité de RTL 2 (le Monde du
12 janvier). Mais ces actionnaires,
)a Compagnie luxembourgeoise de
télédiffusion (CLT) et une filiale de
Bertelsmann, ainsi que le journal
Frankfurter Allgemeine Zeitung.
ont dû se contenter de 24,9 %,
pour apaiser les craintes des autori-
tés du Land de Hesse. A leurs
côtés, les groupes Télé München et
Bauer détiendront chacun 37,6 %
de RTL 2, qui prévoit un déficit de
1,3 milliard de francs environ et
espère atteindre une situation équi-
librée d’ici quatre ans.
□ M. Pierre S nard affirme n’avoir
entamé aucune négociation avec
M. Robert Hersant. - M. Suard,
PDG d’Alcatel Alsthom, a déclaré
au micro de «Radiocom» sur
Franoe Inter, jeudi 4 mars, qu'il
n’avait entamé aucune négociation
pour le rachat du groupe Hersant.
Il a également affirmé qu’après
étude il n'était pas «intéressé» par
(c groupe Expansion. Quant à
Havas, M. Suard « n'exclut pas des
réaménagements capitalistiques».
7
)
16 Le Monde * Samedi 6 mars 1 993
CULTURE
DANSE
«
t
*3
Des corps dans la mer
Une création d’Odile Daboc
ouvre la Biennale du Val-de-Marne
PROJET DE LA MATIÈRE
Ù Créteil
Voilà une pièce bien étrange, et
dérangeante. Une pièce molle,
comme les montres molles de Sal-
vador Dali ou les abstractions
coulantes de Tanguy. Liquide,
plutôt : invisible, smon inaudible
- force glouglous, bruits de ressac
ou de cailloux roulés par les flots
dans la bande-son, - l'eau envahit
l'espace scénique et l’imagination
des spectateurs, déforme (es mou-
vements, alanguit les corps. Dés
la première image, nous sommes
immergés : dans un petit rectan-
gle lumineux surgi au cœur des
ténèbres, une naïade nage volup-
tueusement dans d énormes
vagues de plastique. Superbe est
le tableau qui suit, lorsque le
rideau se lève : des corps figés
semblent avoir été abandonnés
sur quelque plage par la marée.
La beauté est partout au ren-
dez-vous : dans les éclairages de
Françoise Michel, dans le disposi-
tif d Yves Le Jeune, panneaux
gris passant de l’opacité à la
transparence, dans les subtils
maillots couleur d’huître de
Dominique Fabrègue. Comme
dans ces énormes galets conçus
par la plasticienne Marie-José Pil-
let, qui vont se révéler mois cous-
sins où les danseurs enfouissent
leur tête, jambes en l’air. Et, sou-
vent, dans ces mouvements
rêveurs, ralentis, ces poses d’en-
dormis ou de noyés, cette indiffé-
rence à la pesanteur.
Cessons de tourner autour du
pot : mis à part une brève
séquence de violents soubresauts
de poissons au fond d’une barque,
on a tout vu au bout de dix a
quinze minutes, la suite ne sera
qu'éternel ressassement {comme
la mer?). Les danseurs ont tra-
vaillé à partir des sensations
éprouvées au contact des objets
divers apportés aux répétitions
par la plasticienne : ce sont leurs
improvisations, intactes ou pres-
que, qu’a utilisées Dnboc. « U n'y
aura pas un pouce de moi dans la
chorégraphie, seulement mon uni-
vers j», avait-elle déclaré il y a
quelques semaines.
Elle, dont l’écriture est si ferme
sous son raffinement, a eu tort de
s’effacer à ce point. Les choré-
graphes d'aujourd’hui aiment de
plus en plus utiliser l’apport
«créatif» de leurs interprètes,
mais ceux-ci ont une invention
gestuelle souvent limitée, ce Pro-
jet de la matière en témoigne.
Sous les galets, l'ennui - ou, pour
certains, l'hypnose.
SYLVIE DE NUSSAC
► Maison des arts de Créteil,
place Salvador-Allende. Tél. :
49-80-18-88. Jusqu'au 6 mars.
20 h 45. 120 F.
MUSIQUES
Une histoire de cirque
Sous chapiteau, le mimodrame de Stravinsky
dans me version adaptée au jeune public
L’HISTOIRE DU SOLDAT
ou Crqfja Moreno
C’est un vrai cirque, avec une
vraie toile de tente rayée et une
grande piste circulaire recouverte
de sciure. U ne lui manque que
l’odeur âcre des fauves. Des sco-
laires l’envahissent bruyamment,
prennent d’assaut les gradins et la
quinzaine de tables qu’on a instal-
lées sous le chapiteau. C’est là, tout
à côté de la station de métro SulJy-
Morland, que fOpéra-BastiUe pré-
sente jusqu’au 1 1 mars l 'Histoire
du soldat, de Ramuz et Stravinsky.
Cette nouvelle production ras-
semble l’excellent ensemble Àrs
Nova, placé sous la direction de
Philippe Nahon, le Théâtre de
l’Unité et la compagnie foraine
Grand Ecart. Le metteur en scène,
Jacques Livchine, a donc imaginé
de donner cette Histoire du soldat
dans un cirque, où il a reconstitué
l’ambiance d’un bistrot Sa mise en
scène débute avant que ne com-
mence l’œuvre de Stravinsky : des
serveurs distribuent des jus
d’orange, des verres de vodka {très
allongée d’eau!), des toasts au
caviar, pendant qu’une dame de
salle commente ce qui se passe
avec insolence, et explique l'œuvre
aux enfants. Cest tonique et assez
drôle, plutôt virevoltant Les élèves
et leurs professeurs rient de bon
cœur.
Ramuz et Stravinsky «entrent en
scène». Le travail de Livchine n’a
rien d’outré, juste un peu confus
parfois. Les acteurs jouent de façon
vivante, s’adressent au jeune
public, le prennent à partie. Les
numéros s’enchaînent sans temps
mort, de numéros d’équiiibristes en
pièce d'anthologie humoristique. Et
l'on suit avec un émerveillement
d’enfant cette histoire terrible qui
conte le malheur d'un pauvre sol-
dai qui vend son âme et son violon
contre une richesse illusoire : «On
m’envie et je m’ennuie.»
Si ce spectacle n’a pas été conçu
pour des enfants (seule deux mati-
nées sont réservées aux classes), il
est évident qu'ils y prendront plus
de plaisir que les adultes souvent
un peu «coincés». A moins qu’ils
ne viennent avec leurs rejetons,
pour se donner bonne conscience.
Comme ils vont an cirque...
ALAIN LOMPECH
I» Parvis de la bibliothèque de
l'Arsenal, boulevard Henri-IV,
75004 Paris. Prochaines repré-
sentations, le 6 mars. A
14 fi 30; les 8, 10 et 11. A
20 heures. Tél. : 44-73-13-00,
de 11 heures, à 17 h 45.
Places: 120 F.
Aménophis
le Magnifique
i Suite de la première page
Lorsque Aménophis III succède
là son père Thoutmôsis IV
[(1401-1391), il n’a que dix ou
I douze ans. Sa mère Moutcmouia,
î qui était très probablement étran-
I gère, n’était qu’une épouse secon-
Idaire du pharaon défunt, mais, à
' partir de l’avènement du roi-en-
'• font, elle reçut, entre autres titres,
celui de «grande épouse royale».
La reine mère, qui vécut pendant
la plus grande partie du règne de
son fils, eut une influence qu’at-
testent ses nombreuses figura-
tions.
Comme tous les pharaons,
Aménophis III a sûrement eu de
très nombreuses épouses secon-
daires et concubines. Mais, dès
l’an 2 de son règne, il a épousé
Tiy, «gronde épouse royale», qui
a été une des plus grandes reines
de toute l’histoire égyptienne par
le rôle qu’elle a joué dans l’explo-
sion artistique du régne. Tiy lui a
donné quatre filles et au moins
deux fils.
L’aîné, le prince Thoutmôsis,
est sûrement mort avant son père.
Le cadet est devenu le roi Améno-
phis IV. Plus connu sous le nom
d’Akhénaton, le «pharaon héréti-
que», ce cadet a été l’époux de la
célébrissime Néfertiti et sans
doute le pire (par une autre
épouse) du non moins célébris-
sime Toutankhamon.
La famille et les familiers du
roi nous sont connus grâce.» à la
longueur exceptionnelle du
règne (2). Lorsqu'un pharaon était
sur le trône depuis trente ans, il
était fêté par un premier jubilé.
Lequel était suivi, si le régne
continuait, d'un ou plusieurs
autres - Aménophis III a eu droit
à deux autres jubilés pour célé-
brer la trente-quatrième et la
trente-septième année de son
règne - dont les festivités étaient
représentées sur divers monu-
ments.
Amenhotep,
81 s de Hapou
Aménophis HI a la réputation
d’un roi faible. On pourrait effec-
tivement le croire lorsqu’on énu-
mère quelques-unes des personnes
qui ont joué un rôle important
pendant son règne. Sa mère et la
«grande épouse royale» Tiy,
avons-nous dit plus haut, ont
exercé une influence certaine. Les)
parents de Tiy, Iouya et Touyou,
semblent n’avoir été que des
notables provinciaux, peut-être
d’origjne étrangère. Mais leur
importance était telle qu’ils ont ;
été enterrés dans la Vallée des
Rois, bien que n’étant pas de saog>
royaL Cela peut s’expliquer par lei
fait que outre diverses fonctions,!
Iouya était «père du dieu». Ce[
qui, sous le Nouvel Empire, dési-,
gnait certains hauts fonction-i
naires, dont le tuteur (gouverneur]
et précepteur) du jeune prince 1 ,
héritier. i
Autre personnage essentiel dul
règne, Amenhotep, î«is dej
Hapou (3). Originaire du delta, il;
est l’homme de confiance d'Amé-j
nopbis HI comme il l’avait été de<
ARTS
Le blanc de la peau
Une jeune artiste étrange pour une nourelle galerie
VALÉRIE FAVRE
à b galerie Nathalie Obodta
Valérie Favre peint des poulets;
des poulets morts, plumés, vidés
sans doute, exsangues assurément,
pendus par les pattes, la tête ballot-
tant misérablement, te bec entrou-
vert. Ces poulets sont effroyable-
ment blafards, d’une blancheur
crayeuse, sur fond blanc gris. Jus-
qu’ici, Valérie Favre peignait des
oreillers et des piles de chemises
blanches, sur le même fond blanc
gris.
L’idée qui commande ces œuvres
se conçoit aisément : il but faire
naître des objets, des formes, des
volumes, un espace à partir du
monochrome blanc tel que Ryman
l’a glorifié et popularisé. Valérie
Favre est de celte génération de
'peintres d’entre trente et trente-
cinq ans que ne satisfont ni (es
certitudes ni Jes répétitions de l’art
contemporain international et ins-
titutionnel. La mise en scène du
inresque rien les ennuie, l’ascétisme
'n’est pas leur fort. De to pagure,
.comme des autres techniques qu m
'emploient à l'occasion, ils «igent
qu'elle crée des objets, des images
et jusqu’à des sensations, ils réagis-
sent contre la mode précédente, en
somme, et leur réaction se mani-
feste quelquefois de façon fort
déconcertante.
Ainsi de ces cadavres à la pâleur
gênante. Desportes, Oudry, Char-
din, et Sootine lui-même, quand ils
peignaient des trophées de chasse
ou des cuisines, usaient largement
de la couleur et du trompe-l'œil As
, de Jean-Pierre SARRAZAC
4 mise en scène
Claude YERSIN »
T i H ë AT RE PARiS-ViLLETTc §3
prenaient plaisir à imiter les plu-
mages et leurs reflets. Des fruits et
de la vaisselle luisante ajoutaient
au charme de la nature morte. Ds
figuraient la mort avec tant d’art
que l’art prenait le dessus sur la
mort et b. vanité changeait de sens,
la, rien de tel : ni artifices, ni jeux
de nuances - rien que le blanc
plâtreux de la peau, comme éclai-
rée par le néon. Viennent à l’esprit
des visions de supermarché,
d’hôpicol et de morgue, tout cela
hygiénique, inerte, à peine suppor-
table.
Pour une première exposition
personnelle, dans une galerie qui
s’inaugure avec elle, Valérie Favre
se soucie peu de flatter ks regards
et d’enjôler les amateurs. Elle pré-
fère les méduser. L’entreprise est
audacieuse et parfaitement à con-
tre-oourant Il faut donc l’observer
attentivement et se soumettre à
répreuve d’une peinture qui sem-
ble aspirer à l'inhumanité.
PHILIPPE DAGEN
P 1 $, rue de Normandie. 75003,
Paris; tôl. : 42-74-87-68. Jus-
qu'au 17 mars.
î
Thoutmôsis IV et semble avoir
vécu au moins quatre-vingts ans.
Cet Amenhotep a cumulé de nom-
breuses fonctions sans avoir
jamais en le titre de «vizir» fies
deux «vizirs» avaient en charge,
dans tous les domaines, l’un la
Haute-Egypte, l’autre la Basse-
Egypte), ce qui ce l’a pas
empêché de détenir la réalité du
pouvoir.
Cultivé, compétent dans de
nombreux domaines, de bon
conseil, le roi Lui fit élever, hon-
neur unique, on temple funéraire
sur la rive gauche du Nil, juste
derrière le sien propre. Peut-être
faible, Aménophis 1H a eu néan-
moins le mérite de savoir s'entou-
rer. Ce qui lui a permis, avec la
paix qui a marqué son règne, de
satisfaire, de la Nubie au delta,
son goût des monuments et de
marquer ainsi de son empreinte
une des périodes les plus raffinées
de l’histoire égyptienne.
Le « temple
de milli ons d’années »
Malheureusement, une bonne
partie des monuments élevés sur
l’ordre d’Aménophis EU ont dis-
paru. Ce n’est pas à Karnak qu’il
faut chercher la «main» du pha-
raon bâtisseur, mais à proximité
de la ville, où Ü a fait élever les
temples de Montou (au nord) et
de Moût (au sud). A quelques
kilomètres de là, il a profondé-
ment marqué le temple de
Louxor : on lui doit le h ail d’enr
trée et ses colonnes campa ni-
formes ainsi que la grande cour
entourée d’un péristyle à
soixante-quatre colonnes.
Le chef-d’œuvre d’Araé-
oophis (H - dont il ne reste pas
grand-chose - a sans doute été
son temple funéraire, le « temple
de raillions d’années» (c’est-à-
dire de l’éternité), qu’il a fait
bâtir sur la rive gauche du Nil
dans la zone inondée par la crue
annuelle. Ce temple était un
gigantesque ensemble (de
600 mètres de côté?) regroupant
des sanctuaires, des magasins, des
logements pour les prêtres. Pour
s’en convaincre, il n’est que de se
rappeler les colosses de Memnon
(du nom qni leur a été donné par
les Grecs, admiratifs mais peu
exacts dans leurs transcriptions
des noms égyptiens), qui mar-
quent toujours l’entrée de l’édi-
fice.
Les colosses
de Memnon
Les deux statues, dont l’une a
été très abîmée et restaurée dès
l’Antiquité; représentent le roi
assis. Elles sont hautes de 13.60
mètres et posées sur un socle de
2,30 mètres. Elles ont été taillées
d’une seule pièce dans la pierre
favorite du pharaon, le quartzite
(un grès à ciment siliceux) rouge
et fin des carrières d'Héliopolis
(dans l’actuelle agglomération du
Caire). Nous n’avons plus que la
base et les pieds (longs de 2,90
mètres) de cette autre effigie
colossale (haute probablement de
Ig mètres), érigée sur la face sud
■ TSto cohssate
d’Aménoptm itt
du dixième pylône de Karnak. De
taille encore très respectable, les
treize statues d’Amênophis III
(usurpées par Ramsès fl, qui y fit
graver ses propres cartouches) se
dressent entre les colonnes de la
première cour du temple de
Louxor.
Le règne "d’Amériophis. .iil le
Magnifique fut une période où
fart égyptien a' atteint on de ses
apogées : même les colosses,
prouesses techniques, témoignent
d’une maîtrise extraordinaire
pour obtenir la beauté à l’état
pur. L’art plus réaliste, moins hié-
ratique, de la fin du règne d’Ami-
nophis HI a préparé la voie à
celai d’Aménophis IV, qni n’a pas
eu peur de montrer un pharaon
prognathe, doté d’un ventre pro-
éminent En faisant construire à
Karnak les temples de Montou et
de Mont, t( a été le créateur
d’axes nord-sud qui ont complété
les axes est-ouest traditionnels.
C’est lui qui a multiplié les très
longues allées bordées de sphinx
ou autres animaux, « inventées »
par son père Thoatmôsis IV, et
qui a fait reproduire les dieux
sous forme animale. Lui encore
qui a donné un essor remarquable
au culte ancien du taureau Apis a
a donc fait commencer, près de
Memphis, le serapeum où sont
réunis les tombeaux des Apis
défunts.
Le culte
d’Aton
Enfin, si Aménophis ’ IV -
Akhénaton - est resté dans l’his-
toire comme le pharaon qui a
révolutionné la religion égyp-
tienne en imposant le culte exclu-
sif d’un dieu unique, Aton, per-
sonnification dn disque solaire,
Aménophis ni fait inscrire, dès la
onzième année de son rèjpie, le
nom d’Aton sur la barque somp-
tueuse dans laquelle il va chasser.
A la fin de sa vie, il dédie un
temple à Aton dans le palais du
désert (Malgatta). Un de ses noms
préférés - les pharaons en ont une
ribambelle - est le «disque
solaire éblouissant», qui fait réfé-
rence à Aton. Pour la première
fois, Aménophis III Elit aménager
une cour de temple (la deuxième
de Louxor) en cour solaire
ouverte aux rayons du soleil, avec
son espace vide entouré de la
colonnade d’un péristyle. Ainsi
a-t-il bien préparé la révolution
religieuse que son fils et succes-
seur imposera pendant ses dix-
sept ans de tègiie et qui prendra
fin très vite, au début du règne de
Tbiitankhamôn, monté sur le
trône sous le nom de Tbutankha-
ton_
. YVONNE. REBEYROL
(2) Ramsès II le Int largement, avec
soixante-sept ans de règne et quatorze
jubilés.
(3) 0 Gmt préciser Amenhotep, Rb de
Hapou, car plusieurs autres Amenhotep
gravitaient autour <f Aménophis ÏIL
* A l'exposition da Grand Palais
Un pharaon, sa vie, pour l’éternité
Pour de nombreuses per-
sonnes, l'Egypte antique est
indissolublement liée à le mort.
Sens doute à cause des momies,
ces personnages fascinants qui
ont défié les millénaires et qui
sont parvenus jusqu'à nous
intacts (ou presque). Le propos
d'Elisabeth Detanga, conserva-
teur en ch ef au d épartement des
antiquités égyptiennes du Musée
du Louvre, est tout autre. Ef!e n’a
pas voulu, dans l'exposition
Aménophis Ht du Grand Palais
dont elfe est commissaire, mon-
trer la mort, mais ta via du pha-
raon, avec ses dieux, sa fantâle
et ses familiers telle qu'on peut
la retrouver dans quelque cent
cinquante objets prêtés par le
Musée du Louvre et les musées
égyptiens bien sûr, et aussi par
des musées américains et euro-
L'exposition, déjà présentée
en 1992 à CteveJand et à Fort-
Worth (Etats-Unis), est montée à
Paris oêce eux seules largesses
de la Réunion des musées natio-
naux et non à celles de mécènes
privés... L'espace est rythmé par
des «pylônes de lumière» - des
pyramides tronquées éclairées
de l'intérieur - et tes pinceaux de
puissants projecteurs illuminant
certains des objets présentés.
Les uns et tes autres rappellent,
pendant rout le parcours, l'im-
portance qu' Aménophis III accor-
dait au soleil éblouissant.
La première salle, consacrée
au roi et aux dieux, évoque la
situation exceptionnelle du tem-
ple funéraire d‘ Aménophis 111, qui
était construit dans la zone inon-
dable, et donc cultivée, de la rive
gauche du Nil, en face de Kar-
nak : trois têtes colossales du
pharaon, en granité rose ou an
granodiorite, sont perchées sur
de hauts socles jaillissant de
bassins dans le fond desquels un
.miroir donne l'illusion de l’eau ;
un des murs est peint en jaune
pour évoquer te désert, toujours
proche dans la vallée du Nil;
l’autre est vert par référence aux
cultures, indispensables aux
vivants.
Dans la dernière se dresse une
grande et superbe statue d'Amé-
nophis 111 en diorite d' Ass ou an,
grisé tachetée de rose, retrouvée
à Tarés, dans le delta , et dont la
face a été (visiblement) retou-
chée de façon à représenter
Ramsès ü... Ainsi, Aménophis HI
survit-il pour l'éternité h une
seconde mort.
La perfection
à Fétat pur
Certaines des statues annon-
cent le réalisme ds fart cfurôgne
d’ Aménophis IV-Akhénaton.
Amenhotep, fils de Hapou, est
représenté classiquement en
scribe poix attester de sa dignité
et de sa sagesse. Mas les trois
pRs-bourreiets bien marqués qui
barrent son estomac et sa tête
penchée qui fait un angle- très
particulier avec le cou sont là
pour montrer, nous semble-t-il,
le personnage dans son grand
âge. La revissante tête de Tiy en
bois d'if n’a que 9,5 centimètres
de haut. Sa bouche tombante et
son nez pointu expriment une
amertume certaine, très Inhabi-
tuefle dans l'art égyptien.
Nombre des chefs-d'œuvre
exposés démontrant d'une façon
éclatante à quelle perfection sont
parvenus les artistes du règne
d’ Aménophis III. Les bas-reliefs
représentant des personnages
sont d'ime extraordinaire finesse
et font contraster la simplicité
presque schématique des
visages et la précision frôlant le
maniérisme pour les coiffures.
Les peintures (sur bas-reRef, sur
coffre de bois, etc.) sont d'une
grâce immatérielle, que ce soit
pour représenter des person-
nages ou des animaux. Les
vases d'albâtre ont une pureté
de' formes incroyablement
moderne. La transparence des
jupes de mousseline ét des
robes longues et très moulantes
est parfaitement rendue sur le
bois, sur la pierre, sur les bas-re-
liefs, peints ou non. Tout comme
sont rendues sans ridicule les
extraordinaires tresses et bou-
clettes des volumineuses perru-
ques ou les crinières énormes
des babouins.
L'exposition a été l’occasion
de retrouvailles inattendues.
Lorsque les spécialistes du
Muséum of Art da Cleveland pré-
paraient sa première phase, Ds
ont reçu du Musée égyptien du
Caire une statuette sans tête en
stéatit» couverte de giacure bleu-
vert, et du Durham University
Oriental Muséum une tâte sans
corps en stéatite c nue i. Mira-
cle : te corps et la tête étaient
les deux morceaux de la même
statuette d'Aménophis 111,
comme en témoignent la symé-
trie de (a cassure et, surtout, (a
continuité de l'inscription figurant
sur le pilier où s’adosse le pha-
raon. On a de bonnes raisons de
penser que la statuette vient du
temple funéraire d'Aménophis lll,
mais on ne sait pas ouand elle a
été trouvée ni quand elle a été
cassée. Et aucun des responsa-
bles des deux musées ne
connaissait l'existence de l'autre
morceau. Réunis à Cleveland,
puis è Fort-Worth, pus è Paris,
les deux morceaux de la sta-
tuette seront de nouveau sépa-
rés è la fin de l'exposition...
Sans vouloir dénigra- la qualité
de la superbe présentation, il
faut signaler - pour de futures
expositions - que (a plupart des
étiquettes, en particulier celles
qui sont posées au pied des sta-
tues, sont écrites en. caractères
beaucoup trop petits.
Y. R.
► Galeries nationales du Grand
Palais è Parts (74. Entrée Cle-
menceau. Tel. : 44-13-1 7-17.
Du 8 mars au 31. mai. Ouvert
tous les fours, sauf le mardi,
de 10 heures à
20. heures (Jusqu'à
22 heures' le' mercredi).
Entrée: 42 F.
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• Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 1 7
CULTURE
CINÉMA
Les voix du silence
Un documentaire sur le monde des sourds, plein de gags poignants
LE PAYS DES SOURDS
de A&rote Phêbert
Nicolas Philibert est an docu-
mentaliste. Eclectique. Eclairé. Il
a, jusqu'ici, exploré aussi bien le
royaume fermé des patrons d’en-
treprise (la Voix de son maître),
que la Face nord du camembert,
ou, plus récemment, en 1989, et
de manière amoureuse et specta-
culaire, la Ville Louvre, sorti en
salle, déjà.
Cette fois, Philibert découvre
une pfanète très proche et très
lointaine, nous n*e» connaissions
rien, nous en avions un peu peur,
et il va nous apprendre beaucoup
sur elle, nous émouvoir, nous
faire rire. Ses habitants, bizarre-
ment, ont un «moins» qui se
transforme en «plus», plus de
chaleur, d'humour, de lucidité, de
perspicacité. Ils nous renvoient à
nos insuffisances.
Ce sont les sourds. Ils sont,
paraît-il, 3,5 millions en France
souffrant d'un déficit auditif. Phi-
libert ne s'intéresse qu’à une par-
tie d'entre eux, les sourds pro-
fonds. Ceux qui ne ne percevront
jamais une note de Mozart ni un
cri d'enfant, jamais le bruit du
vent. H en suit un certain nom-
bre, des petits garçons dans leur
école (Ah! ce Florent, malin et
tendre, qui pleure de temps en
temps de solitude dans son
silence, comme on l'aime...), un
professeur de langage des signes
(quel «bavard» celui-là 1), un
jeune couple qui va se marier.
Pas de tricherie avec le son, pas
d’«efTet de surdité». Un montage
sans esbroufe, parfois on peu plat,
ce sont les visages et les mains
qui parlent : des adolescents rac-
compagnent à Roissy leurs
copains américains. Le plaisir
d’avoir été ensemble, la tristesse
de la séparation. Dans le brou-
haha indiscernable, ce sont des
larmes douces et des étreintes, des
gestes de promesse et de regrets,
c'est l'amitié, à livre ouvert.
Nicolas Philibert enregistre
aussi des informations essen-
tielles, ainsi du «racisme» qui a
longtemps voulu que l’on
enseigne de force notre langage
sonore aux sourds, qu’on les
oblige à l'articuler de leur voix
inmodulable ; ainsi, au contraire,
de la richesse de leur propre lan-
gue muette, de la faculté confon-
dante qu’elle leur donne de com-
muniquer très vite avec leurs
frères de tous les pays, dans une
immense franc-maçonnerie du
silence. •
Le Pays des sourds regorge de
gags poignants : la fête après le
mariage, tout le monde danse, y
compris les jeunes épousés
sourds, très en rythme. Soudain,
ils se retrouvent seuls sur (a piste,
et continuent de danser, la musi-
que s’est arrêtée, ils ne le savent
pas, la musique est eu eux... II y a
aussi des «répliques» inénarra-
bles et éclairantes. Ses mains
volant dans une gesticulation
volubile, le professeur «raconte»
(les sous-titres comblent notre
«handicap») qu’il a eu un enfant
de sa première femme, que cet
enfant est entendant, mais qu’il
* l'aime quand même». Soudain,
le monde, notre monde, bascule,
la toute-puissance de notre verbe
vacille, nous rêvons un instant
d’un espéranto gestuel universel...
Nicolas Philibert s'inscrit avec
bonheur dans un courant récent
qui amène les documentaires au
grand jour de l'exploitation en
salles; récemment sont apparus à
l’affiche les Contes sauvages ou
Une brève histoire du temps (le
\ Monde du 27 février); en ce
moment se déroule à Paris, à
l’Utopia et à l'Entrepôt (I), un
cycle «Documentaires» sur grand
écran; le 10 mars sort l'Œil de
Vichy de Claude Chabrol; on
annonce pour le 12 mars les
débuts du Festival du réel, à
Beaubourg. La soif du vrai est
salutaire.
DANIÈLE HEYMANN
(1) Utopia, 9, nie Champoflioa, 75005
Paris. Tél. : 43-26-84-65, L 1 Entrepôt
7-9 rne Francis-dc-Pressensé, 75014
Paris. TéL : 45-40-78-38.
La mémoire du conteur
Une parabole sur la dignité africaine
JO M
d'Ababocar Samb Motharam
Ababacar Samb était sénégalais
de naissance, cinéaste, africain et
militant par passion, et par bon-
heur. U est mort en 1987. 11 n'aura
jamats.«U"SOfr-€(m distribué en
France, r ct c’est bien, injuste.
Découvrir aujourd'hui Jom, réalisé
en 1981, c'est retrouver les conven-
tions, mais aussi l'élan, le souffle
généreux d’une époque où les luttes
de libération ne faisaient pas
encore ricaner. «Jom» signifie
«dignité». Jom est un film de
dignité et de combat. Mais
«dignité», chez Samb, ne signifie
ni raideur ni respect
Vêtu de rouge et bleu comme sur
les images d’Epinaf Khaiy le griot,
incarnation de la mémoire afri-
caine, traverse les époques pour
témoigner de la résistance à l’op-
pression. Après un prologue de
comédie, qui fait la part belle aux
femmes, le film tisse trois récits
aux tonalités différentes, compose
une sotte de fugue vers la liberté.
Le premier thème évoque avec une
élégance de chorégraphie rituelle la
révolte, héroïque et désespérée, du
dernier prince sénégalais refusant
la colonisatioB, au début du siècle.
Le deuxième, un peu simpliste,
décrit l'affrontement entre un
patron lâche et manipulateur et les
grévistes de son usine.
Le troisième thème, le plus
réussi, dit comment les paysannes
chassées par la sécheresse vers la
ville, obligées de devenir domesti-
ques, maltraitées et humiliées par
des caricatures de bourgeoises afri-
caines, seront vengées par la danse
et les chants rebelles d’une artiste :
extraordinaire séquence d’explo-
sion sensuelle, où les rythmes, les
corps, les couleurs, s’embrasent en
un tourbillon de vie.
Le griot revient, entraîne tous
ses personnages en procession, en
manifestation de colère et de joie.
C'est fini, Ababacar Samb n’a pins
fait de film, après Jom. On ne
saura pas ce que lui auraient ins-
piré ces années de détresse afri-
caine, d’essor du cinéma africain
aussi Et cela manque.
J.-M. F.
Le projet des
nouveaux studios
de Boulogne-Billancourt
M. Paul Graziani, sénateur, maire
de Boulogne-Billancourt, a présenté
mercredi 3 mars le projet de nou-
veaux studios de cinéma dans sa
commune, affirmant que * dans les
mois qui viennent, les propos seront
suivis des faits : je bloquerai le per-
mis de construire [du site de} Silly
(logements), si Je n ai pas l'assurance
que le permis ae Billancourt (studios)
démarre en premier». Les «niveaux
studios, installés, quai du Point-du-
Jour, a l'emplacement des actuels
studios de Billancourt, devraient,
selon les plans de l’architecte Patrice
Novarina, comporter notamment un
grand plateau de 1000 m 2 et des
installation de post-production, sur
3 500 m 1 . L'inauguration est prévue
pour 1995.
Le sénateur maire a essayé de ras-
surer les professionnels, inquiets
d'un abandon sans contrepartie des
actuels studios de Billancourt. Ces
inquiétudes avaient été avivées par
l’importante prise de participation
de la Compagnie immobilière Phoe-
nix (CIP), maître d’ouvrage du pro-
jet (et de sa société mère, la Géné-
rale des eaux), dans les studios
berlinois de Babelsbeig. M. Jean-
Pierre Alessandri, président des Stu-
dios de Boulogne-Billancourt, mais
aussi responsable des activités
audiovisuelles de la CIP, a affirmé ;
«Ce projet va peut-être contribuer à
sauver le cinéma français. »
Une thèse coostestée par les pro-
fessionnels présents, dont le grand
chef décorateur Max Douy s’est fait
le porte-parole. L’ancien collabora-
teur de Renoir s’est insurgé : «■ Ce
projet est un projet pour la vidéo. Ce
projet équivaut à la mort du
émoi»
C. S.
Dérives
Deux films de jeunesse sur le mal de vivre
PARFOIS TROP D’AMOUR
de Lucas Behaux
SABINE
de Ph&ppe Faucon
• Ces deux «petits films», on
aurait préféré ae pas les réunir, ne
pas les emballer dans te même
paquet de déception. Parce qu’on
guettait avec intérêt les débuts de
réalisateur de Lucas Beivaux,
acteur doué et sympathique. Parce
qu’on attendait avec appétit le
deuxième film de Philippe Faucon,
après la réussite sensible et légère
de l’Amour , sorti il y a deux ans et
demi Parce qu'on les espérait, l’un
et fautre, singuliers, uniques. Dou-
ble désappointement, pour des rai-
sons finalement similaires.
Parfois trop d'amour accompagne
pas à pas la virée de trois copains,
deux garçons et une fille (David
Martin, Bernard Mazzmghi et José-
phine Fresson), partis au matin
d’une nuit arrosée de vin, vers la
mer qu’ils n’atteindront pas. Us
traversent les plats paysages du
Nord, des vallées de larmes exis-
tentielles, escaladent quelques
reliefs de tendresse, ou de désir.
Vite émoussé, le plaisir de
reconnaître ici un ctin d’œil à Jules
et Jim, là une allusion à Bande à
part , aux Valseuses, à Wenders, le
vide et la convention de ces petites
embardées dans le mai de vivre
piquent les yeux comme une mau-
vaise fumée. Si on en doutait. Par-
fois trop d'amour prouve qu’il y a
aussi un académisme du cinéma
moderne, et qu’on y verse aisé-
ment, par relâchement du scénario,
de la mise en scène et de l’interpré-
tation.
A première vue, le cas de Sabine
est inverse : Philippe Faucon
lorgne plutôt du côté de Pialat que
vers la nouvelle vague, et son scé-
nario est aussi rigide que celui de
Beivaux est lâche. Sabine aussi
accompagne une dérive : la lente
descente aux enfers d'une adoles-
cente d’aujourd’hui, maltraitée par
son papa, abandonnée par son
petit ami quand die est enceinte,
privée de son enfant par sa belle-
mère, camée, dealeuse, prostituée,
malade du sida, condamnée, fou-
tue. Très vite, dans cet
enchaînement mécanique, ce n’est
plus la société, ni le hasard, ni
même quelque méchant destin qui
sont responsables, mais le seul scé-
nario. 11 maltraite simultanément,
et gratuitement, le personnage et sa
méritante interprète, Catherine
Klein.
Excès de désinvolture ici. de sys-
tématisme là, deviennent ainsi les
deux faces d’une même complai-
sance. d’où s'échappent bientôt et
le cinéma, et la vie.
JEAN-MICHEL FRODON
Pince-sans-rire
LA SÉVILLANE
de Jean-Philippe Poussant
Un jeune homme, le narrateur,
veut apprendre à conduire. Il
s'adresse à une agence tenue par
une jeune femme. Pascale, et n’ar-
rivc pas à établir son dossier faute
de photos d'identité. 11 accom-
pagne Pascale pour acheter une
bonbonne de gaz. Et les voilà par-
tis, loin, tous deux, en voiture.
Le romancier Jean-Philippe
Toussaint recommence, en cou-
leurs, ce qu’il avait fait, en noir et
blanc, en 1989, avec Monsieur : la
mise en film d’une de ses œuvres
(ici, l’Appareil photo, publié aux
éditions de Minuit) selon ses prin-
cipes d’écriture minimale en litté-
rature. Les personnages se dépla-
cent dans l'espace mais il n’y a
pour ainsi dire pas d’événements,
au fil de petites scènes parfois rele-
vées d’un humour imperturbable à
la Buster Kcaton. S’ils vivent la
naissance d'un amour, Jean-Claude
Adelin a Mireille Perrier ne mani-
festent ni émotions ni sentiments.
Ils sont les êtres funambulesques
de l’univers hors du temps de
Jcan-Pbilippe Toussaint, mais par-
lent plutôt comme chez Ionesco.
Jean Yannc fait des apparitions
pittoresques. Il sc dégage de tout
cela un parfum de bizarrerie et de
mélancolie.
JACQUES SICUER
THEATRE
Souvenirs d’un tyran
Strindberg, la scène, les femmes, me femme
HARRIETT
de Jean-Pierre Sarrazac
au Paris- VSette
Un vieillard engoncé dans son
manteau grommelle, hargneux,
amer. Il s agit d’un personnage
public, un homme célèbre : August
Strindberg. fi a écrit des essais,
des romans, et surtout du théâtre
- cinquante-huit pièces, intimes,
tragiques, historiques, oniriques, fi
a frôlé la folie, a aimé et trompé,
en particulier des comédiennes.
Parmi celles-ci, Harriett Bosse,
avec qui il a eu une fille. Sans
aucun doute, il était pénible à
vivre. Harriett est partie rejoindre
un comédien. Gunnar Wingard,
qu’elle a également abandonné et
qui s’est suicidé.
Ces gens, ces situations se
retrouvent dans la pièce de Jean-
Pierre Sarrazac, Harriett, créée au
Nouveau Théâtre d’Angers dans la
mise en scène de Claude Yersin, et
qui se donne à partir du 5 mars au
Théâtre de Paris Villette. Ils s’y
trouvent, pris dans la chronologie
de la mémoire, temps enroulé en
boucle dans un mouvement pro-
pulsé par les émotions de celui qui
se souvient. Mieux vaut savoir à
l’avance qui parle et quels sont les
liens entre les personnages, car
Jean-Pierre Sarrazac ne leur a pas
donné d’identité.
Harriett (Catherine Gandois)
porte au moins son prénom, les
autres s’appellent l’Ecrivain (Feo-
dor AUdne). l’Acteur jaloux (Alain
Payen), le Régisseur (Lionel Pra-
velj, (a Petite, le Page - une jeune
comédienne qui ne voudrait pas
faire de théâtre, mais que Strind-
berg veut séduire - (Hélène Gay)
Merlin, l'Assistant, le Compagnon
au nom d'enchanteur (Yves Ker-
boul).
Composée en vers libres, la
pièce, écrit François Régnault
dans la préface, «se lit comme un
livret d’opéra qui se lirait comme
un poème». Claude Yersin joue à
fond l’abstraction, les personnages
sc déplacent dans un superbe
décor de Claire Chavanne : des
panneaux mobiles qui, dans les
lumières de Pascal Merat, dessi-
nent avec aisance des espaces
magiques. On est à la fois dans un
théâtre et dans la mémoire de
Strindberg.
Bien que paraissant sur le point
de mourir, il est le seul être
vivant, le seul qui possède une
densité. Les autres, et ce n’est pas
une sinécure pour les acteurs, exis-
tent seulement eu fonction de lui,
de ses désirs, de scs souffrances.
Féodor Atkiuc en fait une sorte de
monstre, inquiétant 'autant que
pathétique. On le sait excellent
comédien, là ii donne la mesure
de sa Force, des forces de destruc-
tion qui ['habitent. Le spectacle
vaut pour lui, et aussi pour une
ambiance poétique, mélancolique,
même si l’écriture de Jean-Pierre
Sarrazac paraît parfois inutilement
compliquée.
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métro Porte-da-Pantin. Du mardi
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AGENDA
THEATRE
AKTÉON -THÉÂTRE 143-38-74-62).
Quelles nouvelles de Maupassant? : 19 n.
fiai, dira, ton. Sans titre : von., sam., mar.,
mer., jeu. (dernière) 20 h 30. Lettre d'une
inconnue : yen., sam. 22 h.
AMANDIERS DE PARIS {43-68-42-17?. U
Tentation de saint An tome : ven., sam.,
mar.. mer., jeu. (dernière) 20 h 30 ; drm.
15 h 30. Lee Nonnes : mar. 20 h 30.
ANTOINE - SIMONE-BERRIAU
(42-08-77-71). L’Amour foor : 20 h 45 ;
sam. 17 h; dm. 15 h 30. ReL dm. soir, tua
ARCANE (43-38-19-70). Lee Vieux Os :
20 h 30 ; dm. 17 h. RW. jeu., dm. soir.
ARTISTIC-ATHÊVAINS (48-06-36-02).
Naître coupable, naître victime : 20 h 30 ;
jeu. 79 h ; sam.. dbn. 16 b. Bal. dim. soit.
ATALANTE (46-06-11-90). Le Péfcan :
20 h 30 ; dm. 17 h. RaJ. dim. soir, mar.
ATELIER (46-06-49-24). Les Passions :
21 h : dm. 15 h 30. ReL dm. soir, tua
ATHÉNÉE-LOUIS JOUVET (47-42-67-27).
Sade C. Bénrd. Le Pflote aveugle : 20 h 30 ;
dm. 16 h ; mar. 18 h 30. ReL dim. sofa-, ton.
Salie Louis Jouvet. Faust : 20 h 30 ; <fim.
16 It ; mar. 19 h. Ral. dm. sofa-, ton.
BATEAU- THÉÂTRE LA MARE AU DIA-
BLE-RIVE GAUCHE (40-46-90-72). Us
Voyageurs de carton : 21 h ; dm. 17 a Rel.
dm. s or, ton. Gtoeomo : mar. 19 h 30. Les
Voisins : ven., sam., dm. (dernière) 19 h.
BATEAU-THÉATRE OURAGAN
(4061-84-53). Petite salle. U» monde fou :
mer., [eu., ven., sam. 21 h.
BERRY-ZÉBRE (43-57-51-55). Les
Champêtres de J de : dm. 20 h 30.
BOUFFES PARISIENS (42-96-60-24). Les
Monstres sacrés : 20 h 30 ; sam. 17 h 30 ;
dm. 15 h 30. RaL dm. soir, kn
BOUFFONS-THÊATRE DU XIXE
(42-38-35-63). Qûchotte : 21 h ; dm. 17 lu
Rel. dm. soir. Les Mots en bahde ; jeu.
14b 30.
LA BRUYÈRE (48-74-76-99). Temps contre
temps : 20 h 30 ; dm. 15 h. ReL dm. soir,
ton.
CAFÉ DE (A GARE (42-7862-51). Laurent
Violet : 20 h. Rel dm, ton. Le Graphique de
Bostrop : 21 h 15. Rel. dm., ton. Gare aux
comiques : dim. TS h 30.
LE CARRÉ BLANC (42-81-27-14). Novo-
chnte, Novochnie, Novochnio : jeu., ven.,
mar. 19 h 45 ; sam. 17 h.
CARTOUCHERIE-THÉÂTRE DE IA TEM-
PETE (43-28-36-36). U Tempête :
20 h 30 ; dm. 16 h. Bel. dm. soir, ton. La
Pièce perdue : jeu., ven., sam. 21 h ; dim.
16 h 30.
CARTOUCHERIE- THÉÂTRE DU CHAU-
DRON (43-28-97-04). Woyzeck : mar..
mer, jeu. 21 h.
CAVEAU DE LA RÉPUBLIQUE
(42-78-44-45). Etats frères? Et U saur... :
21 h ; dim. 15 h 30. Rel. dm. soir. ton.
CENTRE CULTUREL DE LA CLEF
(43-31-49-27). Sand et Musset : ven., sam.,
mer, mer., jeu. (dernière) 21 h ; dim.
15 h 30.
CINQ DIAMANTS (45-8061-31). Le Bal <to
Hïautenam Heh : mer, jeu, ven, sam.
•20 h 30 ; dm. 17h30.
CIRQUE D'HIVER-BOUGLIONE
(47-00-80-12). Tournoi d’improvisation
théètraie 92/93 : ton. 21 h.
CIRQUE MORENO L'Histoire du soldat :
van, ton. 20 h ; sam. 14 h 30.
CITÉ INTERNATIONALE (45-89-38-69).
Le Resserre. Un chapeau de patte d'halle :
ton, mar, mer, jeu. 20 h 30. Terre ou
l'Epopée sauvage de Guénolé et Mattéo :
ven, sam, ton, mar, mer, jeu. 20 h 30 ;
dm. 16 li 30.
COLLÈGE NÉERLANDAIS (43-79-81-96).
On va faire la cocotte : mer, jeu, ven., sam.
20fi30;dtoL 15 h.
COMÉDIE CAUMARTIN (47-4243-47).
Didier Gustm dans Meurtres au music-hall :
vert, sam., ton, mar, jeu. (dernière) 21 h.
COMÉDIE DE PARIS (42-81-00-71). Vol-
taire-Rousseau : 2.1 h ; sam. 19 h, 21 h 30 ;
dm. 15 h. Raf. dm. soir, km.
COMÉDIE DES CHAMPS-ELYSÉES
147-20-08-24). L' Aide-mémoire : 21 h :
sam. 18 h ;dm. 15 h 30. Rel. dim. soir, lun.
COMÉOIE-FRANÇAISE (40-1 5-00-1 5).
Antigone : sam, jeu. fdemfee) 20 h 30. Bal
masqué : ton. 20 h 30. Les Précieuses rkfr-
cuJes ; nmpromrtu da Vecsefflae : mar.
20 h 30 ; don. 14 h. La Serva armxosa ;
vea. dm, mar. 20 h 30 ; sam, mer. 14 h.
COMÉDIE ITAUENNE (43-2 1-22-22).
L'Epouse prudente : 21 h ; dim. 15 h 30.
Rel. An. soir, km. Le doux baiser d’amour :
ton., mar. 20 h.
CRYPTE SAINTE-AGNÈS (EGUSE
SAINT-EÜSTACHEJ (4665-9841). Les
Récits d'un pèlerin russe : 21 h ; dm. 16 h.
Ret. tfcn. soir. ton. La Cantate h trais vota :
ven, sam. 18 h; dim. 18 h 30; ton.
20 h 30.
OAUNOU (426149-14). U Canard &
l'orange : 21 h ; dim. 15 h 30. Rel. mer,
dm. soir.
DÉCHARGEURS (TLD) (42-3640-02). Ger-
maine : 21 h ; dm. 15 h 45. BaL dm soir,
ton.
DEUX ANES (46-06-10-26). Tonton, pour-
quoi tu toussas? ; 21 b ; dim. 15 h 30. ReL
dm. sdr, ton.
DIX-HUIT THÉÂTRE (42-Z64747). K est
trop tard : ven, sam, mar, mar, jeu.
20 h 30 ; dbn. 16 h.
OUNOiS (4564-7240). Au rez-da-chaus-
Noos publions le vendredi (daté samedi ) la liste des
spectacles présentés à Paris et en région parisienne. Une
sélection commentée figure dans notre supplément « Arts et
Spectacles» du mercredi (daté jeodr?.
entre nous : 20 h 15 ; sam. 18 h- RaL dm,
ton. Tout est en ordre ; ven, sam, ton,
nw„ mer, jeu. (dernière) 22 h.
GUICHET MONTPARNASSE
(43-274841). La Chute ; 18 h 30. Ref.
dim, km. L'Atroce Fin d'un séducteur
20 h 30. Rel. dm, lun. S tu pars, je te
? iltta : 22 h 15. RaJ. dm. Qu) riz le tond).
est toujours ça de pris : ton. 19 h. Trais
mannes pour exister : ton. 20 h 30.
HÊBERTOT (4367-23-23). fl faut bien s'as-
seoir quelque part : 18 h 30. ReL sam, dim,
lun. Pyÿnafion : 20 h 45 ; sam. 18 h 30 ;
dm. la h. Rel. dm. soir, ton.
HUCHETTE (43-26-38-99). La Cantatrice
chauve ; 19 h 30. Rel. dim. La Leçon :
20 h 30. Ral. dim. L'Augmentation :
ZI h 30. Raf. dm.
INTERCLUB 17 (42-27-68-81). 71»Nasty
Horror Couda Show : mar, jeu, ven, mar.
20 h 30
LIERRE-THÉÂTRE (45-86-56-83). L’Epo-
pée des Cotas. L'Errance de Granité ; jeu,
vea, sam. 20 h 30 ; dim. 76 h. Trilogie
Il T1J
TEL. 44 41 36 36 ira MINITEL 3615 THEA
jODEON]
JOHN GABRIEL BORKMAN
de HENRIK IBSEN mise en scène LUC BONDY
avec
ri ol end Ar.sryfz • Catherine F r or • Bernard NissilU
Buüo Oaier • Miche' Piccoli
Naca Srrancor - Christine Vcuîiioz
A PARTIR DU 12 .MARS
sée d’un peut entrepôt précieux : ven, ton,
mar., jeu. 14 h 30 ; dm, mer. (dernière)
15 h; ton, mar. 20 h 30.
ELDORADO (42-4860-27). Les irih et une
nuits : sam., dm. 14 h.
ESPACE ACTEUR (4242-3540). Guide
pow étrangers : ven, sam., mar, mer, jeu.
20 h 30 ; dim. 16 h. L'Ecole des femmes :
mar. 20 h 30.
ESPACE HÉRAULT (43-2946-51). la
Ramessause da sarments : ven, sam, mar,
mer. (dernière) 20 h 30 : sam. 15 h.
ESPACE JEMMAPES (484333-22). Séré-
nité? : 18 h 30 ; dm. 14 h 30. Ral. dm.
soir. ton. Aiteqtfii serviteur de deux maîtres :
2 1 h ; dim. 1 7 h. Ral. dim. soir. lun. Les
Couleurs du rire : ton. 19 h.
ESPACE MARAIS (4844-91-55). La
Mariage forcé : 19 II BaL dbn.. ton. L'Iedss
esclaves : 19 h ; dm. 15 h. Rel. dm. soir,
ton. Danse avec tes fous : jeu, ven. 21 h ;
sam. 23 b ; dim. 19 h. Feu le mère de
madame : jeu, ven, sam. 20 h ; dim. 18 h.
Le Mariage de Figaro : dim. 16 h. Le
Mouette : sam. 21 h.
ESPACE SAINT-SABIN (4747-55-20).
IjrtBjjérae : jeu, ven, sam, ton. 20h ; dm.
E8SAJON DE PARIS (42-78-46-42). Satie L
Kafka - Auschwitz : ven, sam., mer, mer.,
jeu. 20 h 30 : dm. 16 h. Artoc ou le Grand
Voyage : sam. 16 h.
L'EUROPÉEN (4347-2948). U Banc :
21 h. ReL dm, km.
FONTAINE (48-74-74-40). Le Clan des
veuves : 20 h 45 ; sam, «fin. 15 h 30. Ref.
dim. soir, ton.
JLE FUNAMBULE THÉÂTRE (42-23-8843).
Le Karfa ; Boule de suif ; 20 h 30. Rsî. dm,
ton.
GAÎTÉ-MONTPARNASSE (43-22-16-18).
Ce qui arrive et oe qu'on attend : mar, mer,
jeu. 20 1) 45.
GRAND EDGAR (4345-3241). Une file
pour im grain masque : vert, sam. 20 h 30 ;
dm. (dernière) I6h.
LUCERNAIRE FORUM (45-444744).
Théfltre noir. Le Petit Prince : 18 h 45. Ref.
dim. L'Escafier : 20 h. Ral. dm. Tout va bien,
je vais bienl : ven.. sam, mer, mer, jeu.
(dernière) 21 h 30. Théâtre muge. Les Peu-
plera d'Etretat : ven, sam., ton, mar, mer,
jea (dernière) 20 h. La S Jofie Vie de Sylvie
Joly : 21 h 30. ReL dm, ton. Sommer Lraht-
ntng ^ (en anglais), ven, sam. {derrière)
h. Ral.
78% 30. La MàreBe ; OidascaSes
dm.
MADELEINE (42-65-07-09). Monsieur
Kfebs et Rozafie : 21 h ; sam. 17 h ; dm.
15 b 30. Bel. dm. soir, ton.
MARAIS (42-78-03-53). L'Ecole des
femmes : 21 h. Rel. dim.
MARIE STUART (4543-17-80). Huis dos ;
sam. (dernière) 19 h 30. La la love you :
nv, mer., jeu. 22 h 15. Remords vivants :
yen. 20 h 15 ; sam. (derrière) 16 h.
MARJGNY (42-56-0441). Je ne sus ras
un homme facile : 21 h ; sam. 17 h 30 ;
dm. 15 h. ReL (fin. soir, tan.
MARIGNY (SALLE POPESCO)
(42-25-20-74). Suite royale : 21 h ; sam.
17 h 30 ; dim, mar. 15 h. Rel. dm. soir,
km.
MATHUR1NS (4245-9040). Les Palmes
de M. Schutz : 20 h 30 ; dim. 15 h. ReL
dm. sût. ton.
MÉTAMORPHOSIS (4241-33-70). MéSôs,
te m^gfciBnda récran: 21 h;dnu 15h-RsL
dim. sas, ton.
MICHEL (42454542). Se» & jalousie :
21 h; sam. 18 h, 21 h 15; dbn. 15 h 30.
Rel. dm. sdr, ton.
MtCHODIÉRE (4742-95-22). Partenaires :
ven, sam, mar, mer, jeu. 20 h 30 ; sam.
17 h ; dm. 16 h.
MONTPARNASSE (43-22-77-74). Morta-
dela ; 21 h; sam. 18 7», 21 b 15; dirtt
15 h 30. Rel. dm. soir, ton.
PARIS EN VISITES
SAMEDI 6 MARS
a Les Puces è Saint-Ouen. le plus
important marché mondial d'antiqui-
tés. Conférence déposée». 10 h 30.
métro Parte-de-Clignancourt, au
merce», 15 heures, 27. avenue de
Friedland ( M. Hager).
«Salons et jardin de l'hôte! de SeL-
tnelav» (carte d'identité. Nombre
fanion Paris autrefois.
«L'Académie française et les curio-
sités du quartier de l'institut de
France», 10 h 45. 23, quai Conti
(D. Fleuriot).
«A la rencontre des hommes célè-
bres dans leur dernière demeure : le
Père-Lachaise». 14 h 30, entrée prin-
cipale, boulevard da Ménilmontant
(Visite pour les jeunes ; Monuments
historiques).
«Rue Saint-Denis, de Saint-Leu-
Saint-Géles h ta tour Saint-Jacques»,
14 h 30, métro Etienne-Marcel (Paris
pittoresque et insofite).
«Les trésors de fa Cité interdite à
Chinagora», 14 h 30. métro Alfort-
Eode-Vétérinaîre, è l'arrêt de l'auto-
bus 181 (C. Merle).
«Dans les jardins de l'hôtel de
Biron, l'œuvre de Rodin», 14 h 30,
métro Varenne (Paris, capitale histori-
que).
«Des appariements royaux du Lou-
vre aux Noces de Cana de Véro-
nèse ». 14 h 30, métro Louvre (Art et
histoire).
«Fastes et mystères de l'Opéra
Garnier», 14 h 30. en haut des
manches è l'extérieur (Connaissance
de Paris).
«Mystérieuse Egypte au Louvre.
Vie quotidienne et symbolique des
pharaons», 14 h 30, sortie métro
Palais-Royal, terre -plein central
(I. Haute r).
«L'Institut de France dans le Col-
lège des Quatre-Nations», 16 heures.
23. quai de Conri (Monuments htstori-
«LTle de la Cité, naissance de
Paris, vieilles maisons de Chanoines »,
15 heures, 2, rue d'Arcole (Paris
autrefois).
■ Maison de Victor Hugo. Sa vie,
ses œuvres, ses amours. Place des
Vosges. Cours de l'hôtel de Sully ».
15 heures, 8, place des Vosges
(M. Brumfeid).
«Les salons de ('hôtel du comte
Potocki, siège de ta Chambre de com-
(D. Bouchard).
«Le salon Jérôme et le grand salon
du ministère de la culture ainsi que
les promenades du Palais-Royal (carte
d’identité), 15 heures, 3, rue de
Valois (Perte et son histoire).
DIMANCHE 7 MARS
« L' Hôtel-Dieu, l'ancêtre des
hôpitaux parisiens, et la médecine
autrefois». 10 h 30, entrée de
l' Hôtel-Dieu, côté parvis de Notre-
Dame (Paris autrefois).
«L 'hôtel de la PaTVa. Escalier
d'onyx et saRe de bains mauresque»
(limité è vingt-cinq personnes. Réser-
vation au 45-74-13-31), 9 h 30,
25, avenue des Champs-Elysées
|E. Romann).
«Mondanités et érotisme fin de siè-
cle pour l'exposition Henri Gervex»,
1 1 heures, 23, rue de Sévigné
(M. Hager}.
« L’endos de Repus, où reposent
les victimes de la Terreur, et le jardin
privé des sœurs», 14 h 30. métro
Nation, sortie avenue Dorian (D. Fleu-
riot).
«Salons Louis XV7 et Napoléon (H
du ministère de la marine» (carte
d'identité, nombre (imité). 14 h 30.
2, rue royale p. Bouchard).
«L* hôtel de Monaco, actuelle
ambassade de Pologne». 15 heures.
57, rue Saint-Dominique (S. Rojon-
Kem).
«L'Institut de France, du
des Quatre-Nations è la cou
académiciens», 14 h 30, 23. quai
Conti (Paris livre d'histoire).
«La Conciergerie, la Sainte-Chape lie
et l'histoire de (a Cité», 14 h 30.
1, quai de l'Horloge (Connaissance de
chef-d'œuvre da F. Mansart »,
15 heures, dans Je vestibule du
chdteau, côté parc, accès per RER.
Bgne A (Monuments historiques).
«Montmartre, une butte sacrée, un
village pittoresque et vivant».
15 heures, sommet Ai (uni cuistre, au
fanion Paris autrefois.
«L’ensemble dix-huitième siècle du
Musée Camond os. 15 heures,
63. rue de Monceau (Tourisme cultu-
rel).
«Le vieux quartier de la tour de
Nesle et la rue Visconti». 15 heures,
sortie métro Louvre-Rivoli (Résurrec-
tion du passé).
CONFÉRENCES
SAMEDI 6 MARS
Maison de La V&ette, angle du quai
de la Charente et de l’avenue Coren-
tin-Cariou, 10 heures : «L’architecture
du dix-neuvième arrondissement»,
et A. Orlartdmi (Maison de La Vil-
* La Jardin des plantes, sa vocation
d’origine, ses hommes célèbres»,
14 h 45, entrée, rua Geoffroy-Saint»
Hrfiars (Parte, capitale historique).
«Le château de Maisons-Laffitte.
Palais de la découverte, avenue
Franklin-Roosevelt, 15 heures :
«Ordre ou désordre dans les maté-
riaux?». par Y. Quéré.
Conservatoire national des arts et
métiers, 292, rue Saint-Martin,
15 heures : «A la conquête des
grandes profondeurs marines »,
conférence suivie d'un film : «Oasis
sous ta mer», par L Laubter. Entrée
libre (AFAS-Cité des sciences et de
rindusirie).
62. rue Samt-Anume. 16 heures :
«L'art en Toscane : le maniérisme et
la Florence des damiers Médicis»
(Monuments historiques).
DIMANCHE 7 MARS
1. rua des Prouvâtes, 15 heures :
«La destin du monde s'accélère de
1993 è 1998», par P. Rouelle;
«Paroles prophétiques d'hommes
célèbres», par Netya (Conférences
Natya).
62, n» Saint -A ni oins. 16 heures :
« Les rebelles de le foi : tas Jansé-
nistes, une révolte contre la roi a
(Monuments historiques).
MONTPARNASSE (PETIT} (43-22-7740).
Le Gatern : mar.. mer., jeu. 21 h.
NOUVEAU THÉÂTRE MOUFFETARD
(43-31-11-991. Retournements : 20 h 30 ;
don. 15 h 30. Rel. dm. soi r, ton.
NOUVEAUTÉS (47-70-52-76). Les Mal-
heurs d'un PDG : 20 h 30 ; sam. 18 h.
21 h ; (fin. 15 h. ReL (fin. eofr, ton.
ŒUVRE [48-7442-52). Roméo et Jean-
nette : 20 h 45 ; sam. 17 h ; <lm. 16h.ReL
(fin. soir, ton.
OPÉRA-BASTILLE (44-73-13-00). Benve-
nuto Cafeii ; sam., mar. 19 h 30.
OPÉRA-COMIQUE - SALLE FAVART
(42-886863). Mnefle : mar. 19 h 30.
PALAIS DES GLACES (GRANOE SALLE)
142-02-27-17), C'est vous qui voyez! :
20 h 30. M. dbîL, ton.
PALAIS-ROYAL (4267-5961). Une lofe ;
20 h 30 ; (fin. 15 h. ReL dkn. sdr. haï. .
PARIS- VILLETTE (42-02-02-68). Hamel :
van., sam., mar., mer., jeu. 21 h ; (fin.
18 h 30.
PAVILLON DU CHAR0LA1S (PARC DE LA
VILLETTE) (40-03-93-90). Les Rîtes du
5-10-15 c : 21 h ; (fin. 17 h. Rel. «fin. soir,
ton.
PETIT THÉÂTRE DE PARIS
. Quatre pièces en un acte de
m Guitry : vert, sam., (fin. 20 h 30 :
dkn. 15 h 3u.
POCHE-MONTPARNASSE (45486247).
Sa Sa l. Vingt-quatre heures de la vie d'une
femme : 2uh45; sam. 18 h ; (fin. 15 h.
Rd. dim. soir, km. Selle II. Montaigne ou
Dieu, que te femme me resta obscurel :
21 h ; dm. 15 h. ReL (Sm. soir, ton.
PORTE SAINT-MARTIN (42-086042).
Knock : 20 h 45 ; sam. 17 h ; dkn. 15 h.
ReL dim. soir, lut
LE PROLOGUE (45-7543-15). Ed g* et sa
bonne : jeu., sam., lun. 20 h 45 ; (fin.
15 h 30. L’Homme en morceaux : mer.,
ven., don. ’2Q h 45 ; sam. 16 h.
RANELAGH (42686444). Les Enfants du
silence : 20 h 30 ; dm. 17 h. Rel. (fin. soir,
ton. Les milia et une nuits d*Atetfef : ven.,
■ara, mar. 22 h 15 ; dm. 18 h 30. La Sur-
prise da l’amour : jeu., vea. sam., mer.
18 h 30; dm. 20 h 30.
LE RELAIS DU BOIS (4040-19-56).
davis : den. 15h30.
RENAISSANCE (4463-05-00). Ptiteou-
chnok : 20 h 30. tel (fin., ton.
ROSEAU-THÉATRE 142-71-30-20). Enfen-
tfiages r 18 h 30. Rel. dkn.. lun. L'homme
qui plantait des arbres : 20 h 30. Rel.. dm.,
ton.
SAINT-GEORGES (48-786347). Une aspi-
rine pour deux : 20 h 45 ; sam. 17 h 30 ;
dm. 15 h. Rel. (fia soir, ton.
SENTIER DES HALLES (42-3847-27). Une
borne voix pour toute : vea. sam. (denuère)
20 h.
SPLENDID SAINT-MARTIN
(42-08-21-93). Gisèle et Robert : 20 h 30.
ReL dm., lua ESe et Dieudonné : 22 h. ReL
dm.. Ml
STUDIO DES CHAMPS-ELYSÉES
(47-2048-24). Contre-jour : ven.. sam.,
mar., mar., jeu. 20 h 30 ; dm. 15 h.
THÉÂTRE 13 (456862-22). Sohess le
constructeur : 20 h 30 ; (fin. 15 h. ReL (fin.
soir. Ml
THÉÂTRE 14 - JEAN-MARIE SBIREAU
(464549-77). Le Repos du septième Jour :
vea. sam. 20 h 30 ; dm. (derrtièr^ 1 / h.
THÉÂTRE C1AVEL (42-05-94-57). Amour
Ô 0*o xy rte ; 20 h 30 ; (fin. 15 h 30. ReL
dim. sor. ton.
THÉÂTRE D'EDGAR (42-79-97-97). I faut
Cléo perte : 20 h 15. Rel. dim. Les
Monstres : 22 h. Rel. dm.
THÉÂTRE DE DIX-HEURES
(4646-10-17). Les MeSsures de Guy Mon-
tante : 20 h 30. ReL dm., ton. Vous aflez
rire : 22 II M. dm., ton.
THÉÂTRE DE L'EST PARISIEN
[43644060). Contes devant roubS ; mar.,
mer., jeu. 20 h 30.
THÉÂTRE DE LA MAIN-D'OII BELLE-DE-
MAI (48456769). Arène. L'Entretien du
sofitan ; 20 h 30 ; dm. 17 h. M. dm. sov.
Ml Bele do Ma. Au jotr te jour : 20 h 30 ;
dm. 17 h. Ral dm. soir, ton. Lang John Sè-
ver, tfre Pirate : tan. 14 h 30, 20 h 30. Ren-
dez-vous rue Watt : mer., jeu., vea, sam.
19 h. The Qephant Man : ton. 14 h 30.
20 b 30.
THÉÂTRE DE LA MAINATE
(424663-33). Les Zeppeurs : jeu., ven.,
sam.. Ml 20 h 30 ; dira. 18 b 307
THÉÂTRE DE LA VILLE (42-74-22-771.
Jacfcets ou te Main secrète : 20 h 30. Rel.
(fin., ton.
THÉÂTRE OE NESLE (466461-04). Juste
le temps de vois embrasser: rçiiReLdm.
Retour, retours : 20 h 45. Ru. dm. Le Bel
Indfférant : ven.. sam., ton., mer., mer., jeu.
(dwroèra) 20 h.
THÉÂTRE DE PARIS (48-74-2547). Kfri-
tage : 20 h 30 ; sam. 15 h ; dkn. 15 h 30.
BeL dim. sov. Mx
THÉÂTRE DU ROND-POINT RENAUD-
BAHRAULT (424660-70). Grande sale. Le
Siège de Numarice : 20 h 30 ; dkn. 17 h.
Rel. dm. soir, ton.
THÉÂTRE DU TAMBOUR ROYAL
(48-06-72-34). U-hautl : 20 h 45 ; mer.,
dm. 16 h. Rel. dm. soir, ton. Une éducation
manquée. Hits : sam. I6h ; dm., ton. 20 h.
THÉÂTRE OU TEMPS (43-56-1068). Ada-
chfgahsre et autres cornes : ven., sam.,
mar., mer., jeu. Jdemière) 20 h 30.
THÉÂTRE GflEVIN (42-4664-47). Eric
Thomas : 20 h 30. Rel. dra, too, n».
THÉÂTRE LUCIEN-PAYE (45696665).
Pedro et te Capitaine : mar., mer., jeu.
20 h 30.
THÉÂTRE MAUBEL-M1CHEL GALABRU
(40-4464-78). Vert pomme : veo.. sam..
dm., mar., jeu. jdemière) 19 h. Combat avec
l’ombre : ven., sam., mar., mer., jeu. (der-
nière) 20 fi 30 ; *a 75 h. Didar Fatârrânt :
22 h. ReL dm.. Ml ,
THÉÂTRE MONTORGUai (434762-84).
La Banquet du bouffon : ven., sam., mar.,
mer,, jeu. (dernière) 20 h 30. Quelque chose
de pouni dans la royaume : 20 h 30. fteL
dkn. L'Azote ; Edouard et Agrippine : Ml.
mar. 20D30.
THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT
(47-2761-15). Satta Gérréer. Rumera Mar-
lunmo : ven., sam., mar., mer., jeu.
20 b 30 ; (fin. 15 h. Saôe Jaan Vilar. Les
Fausses Confidences : 20 h 30 ; dim. 15 h.
Ref. dm. soir, ton.
THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON
(PETITE SALLE) (44-414568). Les dts de
tanière et d'amour : 18ft30. RsL ton
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLUNE
(4366-43-60). Grande salle. Demain, une
fenêtre sur rue : mar., mer., jeu. 20 h 30.
Petite saBe. Terres mortes : 20 h ; dm.
15 h. Rel. dm. sdr, ton. Staline : mar. 21 h.
THEATRE PARIS-PLAINE (40434162).
Petites Scènes pour se perde : vea. sam.,
rrw.. mer., jeu. 20 h 30 ; dm. 18 h.
THÉÂTRE SILVIA MON FORT
(4561-10-96). lundi, huit heures : ven.,
sam., mar., mer- jeu. 20 h 30 ; dm. 17 h.
THÉÂTRE VALHUBERT (45646060). Le
Roux de l’infortune : ven- sam., mar., mer.,
jeu. 20 h 30; sam., dm. 15 h.
TOUR70UR (484742-48). Verte» : 19 h.
ReL dm., ton. Les Petites Femmes de Mmi-
passam : 20 1» 30. ReL dm., ton. J'a» trois
md : dm. 20 h.
TRISTAN-BERNARD (45-2248-40). Marc
Jollvat : 21 h. ReL (fin.
VARIÉTÉS (42634962). Thé è te menthe
ou t'es citron : ven.. sam., mar.. mer., feu.
20 h 45; sam. 17h30;dka 15 h.
RÉGION PARISIENNE
ANTONY (THÉÂTRE FIRMIN-GÊMIER)
(46-65-02-74). Les Joueurs ; la Sortis (f un
théfltre *. 21 h;<ftn. 15 h. Rel dm. soir. ton.
AUBERV1LÜERS (THÉÂTRE DE LA COM-
MUNE) (48446747). Grande salle.
Madame Ktet : mer- mer., jeu. 20 h 30.
AU8ERVHJJERS (THÉÂTRE ÉQUESTRE
-7969).
69-7969). Opéra équestre :
1 30 - dte. 17630.
AULNAY-SO US-BOIS {ESPACE JAC-
QUES-PRÈVËRT) (4868-00-22). Le Jeu de
ramour et dû hasard î ven. (derréèrej 21 h.
BEZONS (CAC-PAUL-ELUARD)
(3962-20-88). Pierre et Jean: ven. 14 h. U
Veste Monde : mer., mer., jeu. (dernière)
20 h 30.
BOBIGNY (MAISON OE LA CULTURE)
{43-3 1-1 1-45). Grande safe. Les Marchands
de gloire : 20 h 30 ; dira 15ti30.Rd.imr.,
dm. soir, fua Lystetrate : vea 19 h.
80NNEUJL-SUR-MARNE ‘(SALLE
GBRARD-PHIUPE) (496037-48). Un fés
de notre temps : vea. ssm., mer- mer., jeu.
(dernière) 20 h 30 ; (fia 16 h 30.
BOULOGNE-BILLANCOURT (THÉÂTRE)
(46436044). L'Antrchambre : dm. 17 h ;
ton. 20 h 30.
BRÉT1GNY-SUR-ORGE (CC GÉRARD-
PHIUPE) (60646868). La Oispuu : sam.
21 h.
LA CELLE-SAINT-CLOUD (THÉÂTRE)
(30-73-10-70). Les Justes : van. 20 h 45.
CERGY-PONTOISE (THÉÂTRE DES
ARTS) {30606363). Pierre et Jean : ven-
sam., mar., mer., jeu. (dernière) 20 h 30 ;
dm. 16 h.
CHARENTON-LE-PONT (THÉÂTRE)
(43686561). Pierre Psfenade : sam. 21 h.
CHATENAY-MAIABRY (THÉÂTRE
CLAUDE-DEBUSSY) (4346-7767). Cui-
sine et Dépendances : sam. 20 h 46 ; (fia
16 h.
CKATENAY-MALABRY (THÉÂTRE LA
PISCINE) (4663-4566). Le Grand
Ménage : jeu., (fia. jeu. (dernière) 16 h 30 ;
vea, sam., mer., mer., jeu. 20 h 30.
CHELLES (THÉÂTRE) (6068-55-00). Oh,
Iss beaux [aurai : ven. 21 h.
CHOIS Y-LE-ROI (THÉÂTRE PAUL-
EUIARD) (48-9069-79). L'Amonoe faite h
Marie : dbn. 15 h. Le Matsgrsal : sam.
20 h 30.
CLAM ART (CENTRE CULTUREL JEAN-
ARP) (46-45-1 147). Ble et Moi- : mer.
20 h 30.
CLAMART {THÉÂTRE DÉS ROCHERS)
(46-42-02-83). La Menteur : sam. 21 h ;
(fia 15 h.
CLICHY (THÉÂTRE RUTEBEUF)
(47-39-28-58). Pien» Retonde : vea 21 h.
COLOMBES SALLE DES FÊTES ET DES
SPECTACLES) (47614942). Le Bour-
geofe gentilhomme : ssm. 20 h 30; dbn.
15 b 30. Quoi café Prévert : ven., sam.
19 h 30; sera 21 h.
COMBS- LA-VILLE (U COUPOLE)
(64-8659-1 IL Le Mouette : mer„ mer» jeu.
(derrière) 20 h 45.
CORBEIL-ESSONNES (MÉDIATHÈQUE)
(64-9663-67). Bonsoir et merci ou Non, le
théf ne ne remplacera jamais la télévision :
mer., mer., jeu. 21 h. ‘
CRÉTEIL (MAISON DES ARTS)
(4360-1868). Petite salle. Le Pare : van.,
sent, mar.. mer. 20 h 30 ;<fira 15 h 30.
EVRY (AGORA) (6467-22-99). Quincaille-
ries : veo, sam. 20 h 30.
FONTENAY-LE-FLEURY (THÉÂTRE)
(3460-2065). L* Antichambre : (fin. 17 h.
Plane Pédàn ; ven., sam. 21 h.
F0NTENAY-S0U5-80IS (SALLE JAC-
QUES-BREU (48-75-4468). Aria di Roma :
sem. 20 h 30.
FRANCONVILLE (CENTRE CULTUREL
SAINT-EXUPaTY) (34-1364-96). Popeck :
mar. 21 II
GAGNY JTHÉATBE ANDRÉ-MALRAUX)
(4361-7967). Enfin sedsi : van. 20 h 45.
Monsieur Amedée : ven. 20 h 45.
GENNEVILUERS (SALLE DES FÊTES)
(40656466). Alex Métayer : ven. 20 h 30.
GENNEVILUERS (THÉÂTRE)
(4763-266Q). Le Belvédère : van., mar.
20 h 30 ; dm. 17 h. Henry VL forage des
fous : saro. (fin. 20 h 30 ; (fia 16 h. Henry
V], Je cercle dans Teau : ven., mar. 20 h 30;
dim. 16 h. La Tonnelle ; sam., mer.
20 h 30; dm. 19 h 30.
HERBLAY (CENTRE CULTUREL)
(39-97-4060). Pierre et Jean ; mer.
14 h f 5. Dm Bophant Man (en anglais) :
vea 20 h 45.
LEVALL01S-PERRET (LE PETIT THÊA-
TRB (47-48-18-71). L’Epreuve du feu :
20 h 30. ReL dm., h».
IÉATRE ADOLPHE-
La .Contrebasse :
dm. 15 h. Jean-
Marie Bigard : sam. 21 h. Ne coupez pas
mes arbres .* dim. 21 h.
MAISONS-LAFFITE (CHATEAU)
(39-6263-64). Les Enfante tenWes: ven^
sa mer., mar.. jeu. 20 b 30 ; dim. 17 h.
MOISSY-CRAMAYEL (LA ROTONDE)
(60600263). Le Badge de Lénine : ssm.
2) h 45 ;dan. 17 h. Les Nouveaux: Nez dans
Ctoq foSes en cirque mineur : van. 20 h 45.
MONTREUIL (TJS) (486363-93). U Dis-
pute : vea, sam. 20 h 30 ; dm. 1/h.L'Ms-
tobe de rote : mer. 16 h ; dm. 17 h.
MONTROUGE (MAISON DE L'ACTEUR)
(47-356960). Choses lues ; vea, sam.,
mar. 20 h 15 ; dbn. 15 h.
NANTERRE (ESPACE CHORUS)
(42-386863- Raymond Devos : vea, sam.
20 h 30.
NANTERRE (THÉÂTRE DES AMAN-
DIERS) (46-14-706(9. Grande ssD& I ne
faut jurer de rien : vea, sam. 21 h ; dim.
16 h 30. On ne tadhM pas avec l'amour :
mar., mer., jeu. 21 tv
NEUILLY-SUR-SEINE (L'ATHLÉTIC)
(46-24-0363). U» -Naufrage du Tïttrec :
mer., jeu., ven., sam. 20 h 30.
NEUILLY-SUR-SEINE (THÉÂTRE SA1NT-
PfERRÇ (47-45-756CB. Le Médecin malgré
lui: vea (dsrraèra) 14 h 30.
NOISIEL (GRAND THÉÂTRE DE LA
FERME DU BUISSON) (6462-77-77).
Léonce st Léne : ven* sam., mer,, mer., jeu.
(dernière) 21 h ; dan. 15 h. Le Mafadebnaÿ-
nalre : ven., sam. (darraèra) 21 h.
NOISY -LE-GRAND (ESPACE MICHa-SI-
MON] (4361-0262). > Selon des auteura:
partir de 14 h sam., dira i. L'Anticham br e :
dm. 19 h. Cuisine et Dépendances : vea
21 b. Nous tes Eueupéens : sam. 19 h.
NOISY-LE-SEC (MAIRIE SALLE LOUIS-
JOUVET ) (434267-17). CéEne ou l'e x-
treonSnue épopée de Fenlinend Berdemu :
mar. 20 h 30. Mémoire fragmentée : sam.
20h 30. Passages d Arthur Rimbaud : sam.
20h30.
ORLY (SALLE ARAGON-TRIOLET]
(48-9269-29). U Guerre des corbeaux et
des hfioux : sam. 21 h. Pigeon vote : sam.
21 h.
LE PEUREUX (CENTRE CULTUREL DES
BORDS-DE-MARNE) (43-24-54-28). Le
Secret dre vieux: 20 h 30 ;<fin. 18 h. BeL
(fin. soir, ton.
LE PLESSIS-ROBINSON (AMPHITHÉÂ-
TRE PABLO-PICASSOI (466046-29). la
Mahon dé Bemarda Afee : vea. sam., mar..
mer., jeu. 2T fr ; dan. T7 h.
RIS-ORANGIS (CENTRE ROBERT-DES-
NOS) (69 -08-72-7-2). Grand-peur ex misère
du flte Reich : van. 10 h. 14 h 30 ; sam.
20 h 45. ' . _ TV ....
RUBL-MALMAISON fTHÉATRE-ANDRÉ-
MALRAUX) (4762-24-42). Dbfier Gustin
dots Meurtres au musfc-htil : vea 20 h 45.
Na coupez pas mes arbres : van. 20 h 45.
SAINT-DENIS (SALLE DE LA LÉGION
D'HONNEUR) (4243-17-17). la Cruauté :
mer., van. 20 h 45 : dim. 17 h.
L'Indigence : jeu., sam, mar. 20 h 45.
SAINT-GERMAIN- EN-LAYE (THÉÂTRE
ALEXANDRE-DUMAS) (3067-0767).
L’Antichambre : vea. sam. 20 h 45. Char
meiwecr : vea. sam. 20 h 45. Les Furetes
de l'alcôve : ven„ sam. 19 h ; mar., mer.,
jeu. 20 h 45.
S AWT-M AUR (THÉÂTRE ROND-POINT-
LIBERTE) 1486969-10). l'Amo ur des qua-
tre cokjnas : (fin. 15 h. L'Antichambre :
sam. 20 b 45. Oh, les beaux lotis) : sam.
20 h 45. 9ans renoua: sam. 20 h 45. ’
SAINT-OU0I (SALLE FLORÉAL-ESPACE
1789} (40-1 160-23). La Jeu de ramotr et
du hasard : mar. 20 h 3a Marcel Marceau :
vea 20 h 30.
SARTROUVILLE (THÉÂTRE)
(39-14-23-77). L’Annonce faite è Maria :
mar., mer., jeu. 21 h.
SÈVRES (SEL OEi
Au bal è BouSngdi : yen. 20 h 45.
SURESNES (THÉÂTRE. JEAN-VILAR)
(4667*38-10). Arieqtsn serviteur de. deux
maîtres : mar. 21 II
TREMBLAY-EN-FRANCE (CENTRE
CULTURa ARAGON) (4363-7060). Sto
et Moi-. : rrw. 21 h. L'fltotion comique ;
sam. 21 h. Noir baraque : vea, sam. 21 h.
VINCENHES (THÉÂTRE DAjNfEL-SO-
RANO) 143-74-73-7^. la Dtime au petit
chien : dkn.
18 h ; too. mer., jeu. 21 h.
CINEMA
LES FILMS NOUVEAUX
BODY. Frlm américain d’Uii Edei.
v.o. : Forum Horizon, 1« (45-08-
57-57, 36-65-70-83) ; Impérial. 2-
(47-42-7262) ; UGC Danton, S- (42-
25-1060, 3665-7068) ; UGC Nor-
mandie. 8« (45-63-16-16. 3665-
7062) ; v.f. : Rex (Je Grand Rex). 2*
(42-36-83-93, 3665-70-23) ; UGC
Montparnasse, 6- (45-74-9464, 36-
65-70-14) ; Paramount Opéra. 9*
(47-4266-31. 3665-70-18) ; Les
Nation. 12» (43-43-0467. 3665»
71-33) ; UGC Lyon Bsattte. 12* (43-
4361-59, 36-65-70-84) ; UGC
Gobeftw. 13- (4561 64-95. 3665-
70-45) ; Mistral 14- (3665-70-41) ;
Montparnasse, 14» (43-20-1266)-;
UGC Convention. 15- (45-74-93-40.
36-65-70-47) ; Pathé Wepier. 18»
(3668-20-22).
FACE- VALUE, film hollandais de
Johan Van da- Keuksrt, v.o. : Utopie,
5- (43-26-8466) .
JOM. Hlm sénégalais d’Ababacàr
Ssmb Makhersm, v.o. : L'Entrepôt.
14» (45-43-4163).
PARFOIS TROP D'AMOUR. Hbn
betge de Lucas Bateaux : l'Entrepôt,
14» (45-43-41-63).
LE PAYS DES SOURDS. Fütti fran-
çais de Nicolas PhSbôrt : 14 Juillet
Odéon, 6» (43-256363) ; Les Trais
Balzac, 8*. (4561-1060) ; Ranefegh,
16» (426364-44).
SABINE FBm français de Philippe
Faucon Cbrwnent inspiré du récit
d’Agnèa L’Herbier ; Escortai, )3»( 47-
07-2864).
SAMBA TRAORÉ. Film franc o-
suisse-buricinabé d'Idrissa Oué-
draogo, v.o. : Ciné Beaubourg, 3*
(42-716266) ; 14 Jufltet Odéon, 6-
(43-25-59-33) ; Les Trois Balzac, 8»
(4S61-1Q60) ; 14 Juillet BastiUe,
Tl» (43-57-9061) ; 14 Juillet Beau-
graneae, 15- (46-76-79-79) ; Bwnw-
nae Montparnasse, 15» (3666-
70-38).
SARAFJNA I FJJn» sud-africain de
Darrafl James Roodt, v.o. : Forum
Horizon, If (4668-5767. 3665-
7063) ; UGC Biarritz, 8» (4562-
20-40, 3665-70-81) : UGC Lyon
Bastille. 12» (43-4361-59, 3665-
7064) ; Mratral 1* (3365-70-41) ;
Sept Parnassiens. 14» (43-20-32-20).
LA SÉVÎLLANE F3m Franco-belge de
Jean -Philippe Toussemr librement
adapté da -son roman l'Appareil
photo : Europe Panthéon (ex-Reflat
Panthéon). 5- (4364-1564).
. TERCHRO MlLENiO. Film brésilien
de Jorge BodanzJcyet W^f Gauer,
v.o. : Utopte. 6* (43-Z6-84-65).
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ECONOMIE
• Le Monde • Samedi 6 mars 1993 19
- < :V-
\ *
BILLET
ÏÏHD : les Imites
à l’Euwpe industrielle
Après la misa en bière, la mise
en terre ? Un gros mois après
que Philips eut reporté sine die
le lancement de la production en
série des téléviseurs en HO Mac,
la norme européenne de haute
définition (images de
1 250 lignes et son numérique),
le PDG de sa branche française,
M. Pierre Steenbrink, a
prononcé, jeudi 4 mars, des
mots funèbres : «Le HD Mac est
mon.»
Non que la télévision à haute
définition (TVHD) ait son avenir
derrière elle. Mais elle est
comme l'horizon, qui s'éloigne
au fur et à mesure que l'on s'en
approche. Alors que la norme
HD Mac, développée depuis six
ans par les industriels européens
sous la houlette conjointe de
Philips et de Thomson dans le
cadre d'Eurfika, est prête, les
milieux politiques n'en finissent
pas de reculer. Après avoir
renoncé à l'imposer è court
terme aux diffuseurs de
programmes, les Douze ne sont
toujours pas parvenus è
débloquer les 500 millions
d’écus (3,35 milliards de francs)
devait aider ces derniers à
mettre sans plus attendre le pied
à l'étrier, et paraissent même
prêts è miser sur la norme de
transmission dite numérique. Or
le HD Mac numérique n'est pas
prévu avant 2005. A moins
d'opter pour la norme
américaine, annoncée elle pour
1995. Partie avec une bonne
longueur d’avance, l’Europe
tergiverse et «se met d la tralhe
des Etats-Unis ».
Bien que s’étant couvert en
s'impliquant, avec Thomson,
dans un consortium américain,
Philips éprouve un- «sentiment
de phénoménal gâchis». Des
milliards de francs pourraient
avoir été investis en quasi pure
perte, ou avec une perspective
de retour gravement différée ;
des ventes d'équipements
évaluées à 150 milBards de
francs d'ici è l’an 2000
s'évanouissent, et des milliers
d'emplois, créés ou potentiels,
sont menacés. Telle est la
coûteuse rançon payée par les
industriels européens - et tes
contribuables, notamment
français - à la t cacophonie des
hommes potitiques, qui se
plaignent pourtant assez du
manque de croissance et
d’innovation en Europe ».
Pour autant, Bruxelles
pouvait-elle forcer te main à un
Ruppert Murdoch, un André
Rousselet ou une CLT, qui
préfèrent la norme numérique
(qui accroît le nombre des
canaux de diffusion et qui est
plus économique)? «La TV est
faite aujourd'hui par les
diffuseurs», admet
M. Steenbrink. Ce qui pose, au
fond, la question de la politique
industrielle européenne : qui doit
l'impulser, et au nom de quels
intérêts? Les industriels, pour
leur part, n'ont plus * l'envie» -
c'est à dire tes moyens - de
» jouer les pionniers » pour
combler ce vide, qui renvoie
l'Europe è ses illusions.
CHRISTIAN CHARTIER
Les difficultés de l'électronique grand pablic
Philips supprimera de nouveau
de 10 000 à 15 000 emplois
Philips a du mai à cacher son
désarroi. Le géant néerlandais
de l'électronique, qui espérait
récolter, l'an dernier, les fruits
de son plan de restructuration -
l'opération Centurion - lancé en
1990, a, au contraire, replongé
dans le rouge. Et se voit
contraint de programmer de
nouvelles suppressions d'em-
plois et de ne pas distribuer de
dividende à ses actionnaires.
EWPHOVEN
de notre envoyé spécial
Groggy. Le président de Philips
Electronics NV, M. Jan D. Ti fil-
mer, était à l’image de son groupe,
jeudi 4 mars, en annonçant & la
a décidé de provisionner !,2 mil-
liard de florins sur l’exercice. Pour
restructu rations. Le groupe a, en
effet, décidé de supprimer de nou-
veau de 10 QOO à 15000 emplois là
structure comparable, les effectifs
ont déjà baissé l’an dernier de
10 200 personnes) fl). En cinq ans,
ce sont donc plus de 50 000 postes
qui auront été supprimés.
La France
épargnée?
Quelles usines seront frappées?
Quelles catégories de personnel?
M. Timmer a refusé de se faire
plus précis, remarquant simple-
ment que ces réductions, qui tou-
cheront « différents pays »,
devraient permettre de réaliser un
gain de productivité de 6 %. En
aparté, le PDG de la Compagnie
presse les pertes de 1992. Groggy française Philips, M. Pierre Sceen-
et désabusé. Au journaliste qui lui brinfc, assurait ou’ « aucun nouveau
rappelait son engagement de
démissionner en cas d’échec,
M. Timmer,. un battant que l’on a
souvent comparé à un «taureau»,
s’est contenté de répondre : «Je
m'étais forgé une certaine idée sur
la façon dont cette entreprise, cente-
naire. devait être rénovée. L’opéra-
tion Centurion, tancée à cet effet,
nous a remis sur la bonne voie.
Mais, l'an dernier, Philips a dû
affronter une situation comme nous
rren avions pas connue depuis la
seconde guerre mondiale. J'ai fait
mon examen de conscience; je n’ai
pas l’impression d'avoir manqué à
mes engagements, de n’avoir pas
tenu pâme.»
Cette nouvelle version du «res-
ponsable. mais pas coupable», était
toutefois battue en brèche par
M. Timmer lui-même, qui, quel-
ques instants plus tard, reconnais-
sait que son groupe avait sous-es-
timé « l'ampleur de la récession de
l’industrie électronique grand
public ». Une récession amplifiée
par une baisse des prix, évaluée
par le groupe à -r 3 % pour l’en-
semble de ses produits et i - 6 %
pour son activité électronique
grand publie. Une récession qui a
pesé lourd dans la stagnation du
chiffre d’affaires l’an dernier : 58,5
milliards de florins (175,5 milliards
de francs), en hausse de 3 % sur
1991, mais de 2 % seulement à
structure comparable.
Philips NV, qui avait affiché en
1991 un retour au bénéfice
(1,1 milliard de florins) après des
pertes «historiques* en 1990, a
replongé dans le rouge r an der-
nier : - 900 millions de florins
(- 2,7 milliards de francs). La mul-
tinationale néerlandaise, qui a vu
son résultat d’exploitation chuter à
2,48 milliards de florins (- 21 %),
□ M. Charles Barbeau nouveau
président an conseil de la concur-
rence. - M. Charles Barbeau,
conseiller d’Etat et directeur de
cabinet du Garde des Sceaux,
M. Michel Vàuzelle, a été nommé
président du Conseil de la concur-
rence par un décret publié au Jour-
nal Officiel du 4 mars. M. Raoul
Béteille est reconduit dans ses
fonctions de vice-président qu’il
occupait depuis 1987.
( Né le 23 décembre 1912, M. Barbeau
a notamment exercé plusieurs fonctions
bu BIT (Bureau international du travail),
avant d’être conseiller technique au cabi-
net de M. Joseph Fontanct, alors minis-
tre du travail, de remploi et de la popu-
lation (1969-1971). « fat notamment
directeur de la population et des migra-
tions au ministère du travail
(1971-1974), directeur de la réglementa-
tion et du contentieux au ministère de
rmtérieur (1977-1979) et h deux reprises
directeur général de la gendarmerie
nationale au ministère de la défense
(1979-1984 et «près 1989). Entre-temps,
B avait été chargé de mission auprès de
M. Pierre José au ministère de rinlérietir
(1984) et directeur général de l'adminis-
tration au même ministère (1984-1986x1
INDICATEURS
BRÉSIL m ,
• Production intérieure brute : - 0.93 % en 1992. - Le
produit intérieur brut (P1BÎ du Brésil a chuté an 1992 de 0,93 %
par rapport è 1991. Cette baisse est due surtout è une nette
diminution (4,06 %) de la production ^ industrielle GW
ment souffert J'induetria de transformation (- 4,9 1 W et la
construction {- 4.36 %>, qui «^"tent àeltes deux 30 * du
PIB. En revanche, le secteur agricole A augmenté de 5,96 Le
Brésil a cependant enregistré l'an dernier un excédent commercial
de 15,6 milliards de dollars (plus «te 87 mfflfands de francs).
ÉTATS-UNIS
• Revenus individuels : + 0,5 % en janvier. - Les revenus
Individuels (5 220 milliards de dollars) ont augmenté de 0,5 9b
en janvier alors que les dépenses de consommation croissaient de
0 3%. Depuis février 1991, les revenus individuels augmentent
régulièrement d'un mois sur l'autre. Seule exception,
novembre 1992 où Ils sont restés stables.
mue, assurait au «aucun nouveau
plan de grande ampleur n’était
prévu » dans l'Hexagone, les nou-
velles réductions ne devant concer-
ner que « moins de 10 %» de ses
16000 salariés. Les usines de
Dreiui, où 1 milliard de francs ont
été investis ces dernières années
dans la production de tubes catho-
diques - au nouveau format 16/9°,
notamment, - ne seraient pas, en
l'état actuel, sacrifiées.
Grundig, dont le groupe néerlan-
dais détient 31,6 % du capital et
dont ('intégralité des comptes ont
été pour la première fois l'an der-
nier consolidés dans ceux du néer-
landais, ne sera, en revanche, pas
épargné. Confrontée & des penes
sans précédent, la société alle-
mande qui avait jusque-là soigneu-
sement préservé son autonomie, a
dû reconnaître, comme le précise
Philips, qu’elle « n'avait pas la
taille requise». Ses activités
«magnétoscope» et «téléphone
sans fil» ont déjà été intégrées
dans celles de son partenaire. «//
est clair qu’une intégration plus
poussée est également requise dans
d’autres domaines, a précisé le
groupe néerlandais, ei que nies
intérêts de Philips et de Grundig
sont de plus en plus entremêlés».
Dans sa course à l'austérité, Phi-
lips, qui restructurera également
son activité «composants», procé-
dera aussi à des cessions d’activi-
tés. «Par de branche entière», a
précisé M. Timmer. EL en particu-
lier, pas sa filiale d'édition musi-
cale, Polygram, dont le chiffre d’af-
faires et les résultats ont atteint des
niveaux record. « Mais des activités
secondaires dont les bénéfices sont
insuffisants.» Plus inquiétant pour
l’avenir, les investissements seront
ralentis «dans une mesure impor-
tante ». Un coup de frein qui inter-
vient après un premier fléchisse-
ment des dépenses de recherche et
développement, l’an dernier (3,66
milliards de florins et 6,3 % du
chiffre d’affaires en 1992, contre
3,87 milliards et 6,7 % en 1991).
Cest bien une nouvelle traversée
du désert que le groupe néerlan-
dais, lourdement endetté, s'apprête
à affronter. Il n’est pas sûr que les
difficultés de ses concurrents - de
Thomson consumer electronics
(TCE) â l’ensemble des géants
japonais - suffisent à le rasséréner.
PIERRE-ANGEL GAY
(1) De nouvelles consolidai ions - celle
de Grundig notamment - ont bit croître
les effectif du groupe de 22400 per-
Une commande de 1 milliard de dollars
Les Chantiers de l’Atlantiqne
confirment leur premier rang mondial
dans la construction de paquebots
Dans la morosité ambiante,
l’évcncmcnl mérite d'être salué.
Les Chantiers navals de l'Atlanti-
que à Saint-Nazaire (groupe GEC
Als(hom) ont annoncé jeudi
4 mars une importante com-
mande de paquebots pour ('arma-
teur américano-norvégien Royal
Caribbean Croises LTD (RCCL).
U s'agit de deux navires et d’un
troisième en option, cette der-
nière étant à confirmer dans les
six mois.
Si le contrat est exécuté en
totalité, il représentera 10 mil-
lions d’heures de travail pour les
quelque 4 400 salariés du groupe
de b Basse-Loire (où menaçait le
chômage technique) et quasiment
autant en sous-traitance pour des
dizaines de corps de métier et
d’entreprises situés dans plus de
soixante départements français.
La livraison de ces navires
s’étalera jusqu'au printemps 1997.
li s'agit de bateaux de croisière
rapides qui pourront naviguer
dans les Caraïbes, en Méditerra-
née, dans le Pacifique ou en
Extrême-Orient. Leur capacité
sera de I 800 passagers et leur
vitesse de 24 noeuds.
Un financement
les effectifs du group<
sonnes, les ponant
31 décembre 1991
252 200 au
Sans doute ce contrat (l mil-
liard de dollars, soit environ
5,6 milliards de francs) a-t-il été
conclu grâce à une aide des pou-
voirs publics, limitée d'ailleurs,
en droiL à 9 % du prix, en vertu
d’une directive de la CEE. Mais
le plan de financement est origi-
nal Une société, créée par GEC
Alsthom et des banques, notam-
ment la Sociéré générale, com-
mande les navires et les cède
ensuite en leasing sur quinze ans,
selon des modaliLés complexes (y
compris en cas de remboursement
anticipé), à l'armateur de Miami.
« Nous avons dû aussi nous cou-
vrir pour nous préserver des fluc-
tuations éventuelles du dollar », a
indiqué le PDG des Chantiers.
M. Alain Grill.
Cette commande portera à sept
le nombre des paquebots de croi-
sière construits depuis 1985 par
les Chantiers de Saint-Nazaire
pour RCCL. La filiale de GEC
Alsthom confirme ainsi son rôle
de leader mondial sur ce créneau
qui connaît en ce moment une
période particulièrement faste.
Scs principaux concurrents sont
le finlandais Wansila Masa (qui
vient d'être repris par le groupe
norvégien Kvaerner et qui - ce
qui est une première - a enregis-
tré le mois dernier la commande
d'un paquebot pour l'armateur
japonais NYK. Lines) et l'italien
Êincanticri. La concurrence est
d’autant plus rude que les entre-
prises finlandaise et italienne
bénéficient de la très sensible
dévaluation de leurs monnaies.
Outre les paquebots, les Chan-
tiers de l'Atlantique se sont fait
une spécialité de la construction
des méthaniers qui transportent le
gaz naturel liquide à - 1 70 degrés.
Cinq navires géants seront
construits pour ia Malaisie d’ici â
1997.
AVIS FINANCIERS DES SOCIÉTÉS
oJ l/.
GROUPE
SUEZ
ESTIMATION DE RESULTATS 1992
Maintien du dividende
Le Conseil d'Administrauon de la Compagnie de Suez, réuni
sous la présidence de M. Gérard Worms, a examiné les
estimations de résultats consolidés du Groupe pour 1992.
• Estimation de résultats 1992
immobilière
impact de la crise
[en milliards de francs)
1991
1992
Résultat consolidé
(part du Groupe)
3,8
- 1,8 à - 1,9
L'évolution fortement négative du résultat s'explique par :
- l'impact de la crise immobilière et la volonté du Groupe de
couvrir Icj pertes et les risques qui en découlent Cet impact peut
être évalué à 4.2 milliards de francs. A fin 1992, le taux de
couverture des engagements du Groupe sur les professionnels
de l'immobilier devrait s'élever à 19 % ;
- le provisionnement de participations affectées par la
conjoncture, à hauteur de 0,8 milliard de francs ;
- l'effet de la conjoncture sur les résultats courants
(0,7 milliard de francs).
• Bon comportement de nombreux secteurs
Dans un environnement défavorable, de nombreux secteurs
du Groupe ont fait preuve d'un comportement satisfaisant au
cours de l'année écoulée.
L'amélioration du résultat courant de la Société Générale de
Belgique s'est confirmée. Les sociétés d'assurances en France et
en Allemagne ont compensé les difficultés de leur marché par la
sélection des risques et la réduction des coûts. Le revenu brut
d'exploitation de la Banque Indosuez est en croissance, de très
bonnes performances ayant été réalisées sur les marchés, la
banque privée et l'activité bancaire en Asie. Les activités de
crédit à la consommation (Banque Sofinco) et d'affacturage
(Factofrance Heller) ont enregistré d'excellents résultats.
» Soutien apporté aux banques
Le Groupe Suez apporte un soutien entier à celles de ses
filiales bancaires qui sont concernées, à des degrés divers,
par la crise immobilière.
La Banque Indosuez, dont les engagements sur les
professionnels de l’immobilier ne représentent que 4 %
du total du bilan, a vu ses fonds propres augmentés de
800 millions de francs en décembre 1992 et satisfait
largement aux normes Cooke.
La restructuration de Credisuez confortera la Banque La Hénin,
. en la situant dans un ensemble doté de fonds propres élevés.
• Restructuration de Credisuez
Sous réserve de l'approbation des autorités de tutelle, seront
rattachées à Credisuez, la Compagnie Foncière Internationale
(détenue, après la récente OPE, à 97,28 %) et la participation
de la Compagnie de Suez dans ISM. En contrepartie,
Credisuez cédera ses participations dans la Banque Sofinco,
Factofrance Heller, Fimagest et La Hénin Vie à la
Compagnie de Suez.
Le nouvel ensemble ainsi constitué, regroupant la Banque
La Hénin, CFI et ISM, disposera d'environ 6 milliards de
fonds propres et d'un ratio Cooke supérieur à 10 %.
• Poursuite des améliorations de gestion et du recentrage
du Groupe
Les difficultés conjoncturelles rencontrées par le Groupe
confirment la nécessité de poursuivre à un lythme accéléré la
stratégie menée depuis deux ans et visant à :
- se désengager d'activités et de participations n'ayant pas de
cohérence forte avec le reste du Groupe. Plus d'un tiers du
programme de cessions de 5 milliards de francs (hors immobilier)
annoncé en octobre dernier a d'ores et déjà été réalisé ;
- améliorer la rentabilité récurrente des différents secteurs par une
restructuration des organisations et une réduction des charges ;
- se développer sélectivement dans les services financiers
(services financiers aux particuliers, banque d'affaires et de
marché, assurances) et utiliser le fort potentiel de synergies
existant entre certaines activités.
Malgré un environnement économique qui reste très défavorable,
les mesures prises et l'effort de provisionnement déjà réalisé
devraient permettre au Groupe de retrouver dès 1993 des
résultats bénéficiaires qui marqueront une première étape
dans le redressement de sa rentabilité.
• Maintien du dividende
Se fondant sur la solidité financière du Groupe et de ses grandes
filiales ainsi que sur les perspectives découlant des mesures
décrites ci-dessus, le Conseil d 1 Administration prévoit de
proposer à l'Assemblée le maintien du dividende à un niveau
égal à celui de 1991 . Le dividende sera détaché le 29 juin 1993.
Le 3 mars 1993
Pour toute information,
Suez Actionnaires. Direction de la Communication.
I, rue d'Astorg 75008 PARIS, Tel. 40.06.64.00. Minitel 36 15 SUEZ
r
20 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 ••
V
I
f
•>
ÉCONOMIE
ÉTRANGER
La préparation du pacte de solidarité en Allemagne
i»i* i_i
La coalition gouvernementale approuve
les grandes lignes du plan de soutien à l’ex-RDA
BONN
de noire correspondant
Avant le prochain round des
négociations avec les laender sur le
pacte de solidarité, qui doit inter-
venir le 11 mars, le gouvernement
a adopté, jeudi 4 mars, en conseil
des ministres, les grandes lignes de
son projet de consolidation finan-
cière à partir de 1995 pour suppor-
ter les charges de la réunification.
Celui-ci prévoit essentiellement la
reconduction d’un impôt de solida-
rité exceptionnel qui rapporterait
environ 1 2 milliards de marks
(40,8 milliards de francs) en 1995.
La hauteur de cet impôt dépen-
drait cependant du montant de
l'apport financier des lander de
l’ouest à ta reconstruction de l’est,
qui est encore loin d'être réglé. Le
gouvernement, qui a adopté un
supplément au budget de 1993 de
4,3 m illards de DVL, est décidé à
financer ce surcroît de dépense par
un accroissement de l'endettement.
Celui-ci est porté à 51 milliards de
DM (8 milliards de plus que
prévujL Les dirigeants de la coali-
tion continuent à s'opposer ferme-
ment à une hausse immédiate des
impôts pour ne pas accroitre la
récession.
La Bundesbank assouplit
légèrement le crédit
A l'occasion d'un appel d’ofTres
sur le marché monétaire, vendredi
5 mars, la Bundesbank a légère-
ment assoupli le crédit. Elle a en
effet ramené le taux de ses prises
en pension, auquel elle approvi-
sionne le marché monétaire à très
court terme, à 8,25 9b contre
8,49 % lors de la dernière opéra-
tion de ce type. Les gouverneurs de
la banque centrale allemande, réu-
nis jeudi 4 mars à Francfort,
avaient pourtant choisi de ne pas
modifier l’escompte et le lombard,
les deux principaux taux directeurs
allemands qui avaient été ramenés
i 8 % et 9 % respectivement le
4 février. L'opération du 5 mars
s’est traduite par un net raffermis-
sement du dollar.
En revanche, l’accord auquel
étaient parvenus les chefs de la
coalition mercredi 3 mars au soir
pour financer la reforme des trans-
ports a été bloqué Jeudi par le
groupe parlementaire chrétien
démocrate. Le compromis sur
lequel s’étaient entendus les diri-
geants des trois partis de la coali-
tion gouvernementale, sous la pré-
sidence du chancelier Kohl,
prévoyait une hausse de 13 pfennig
de (a taxe par litre de carburant à
partir du 1* janvier 1994.
Les parlementaires chrétiens
démocrates souhaitent une hausse
moins forte de la taxe et, en
contrepartie, l'introduction d’une
■vignette automobile à laquelle les
libéraux s'opposent avec véhé-
mence.
Le produit de la nouvelle taxe,
qui aurait rapporté 8 milliards de
DM, doit notamment permettre de
réduire l’endettement des chemins
de fer, dont le gouvernement vient
d’adopter en février une entière
réorganisation afin de rendre leur
gestion autonome. EQe est indépen-
dante de l'introduction éventuelle
d'un droit de péage sur les auto-
routes, qui, s’il était autorisé par la
Communauté européenne, permet-
trait d’envisager une privatisation
& terme du système autoroutier.
H. de B.
M. Delors plaide pour une accélération de Mon monétaire
Face aux dévaluations en cas-
cade de plusieurs monnaies euro-
péennes - qualifiées de «détrico-
tage » du système monétaire
européen (SME) - M. Jacques
Delors préconise d’accélérer la pro-
cédure pour aboutir à une monnaie
unique européenne, même sans la
Grande-Bretagne et le Danemark.
Ce serait, selon le président de la
Commission européenne, qui était
l’invité jeudi 4 mars du Forum de
l’Expansion, «un geste de crédibi-
lité pour éviter [a désintégration du
SME», qualifiée de * poison le plus
mortel qui puisse frapper la Com-
munauté européenne ». Pour
autant, M. Delors juge irréaliste de
vouloir pousser (es feux de l'inté-
gration européenne avant la mi-
1994, échéance pour la création de
l'Institut monétaire européen.
C'est également à une défense du
SME que s'est livré M. Michel
Camdessus, directeur général du
Fonds monétaire international
(FMI). Dans cette optique, a-t-il
précisé, le gouvernement français
«a raison de tenir bon » dans sa
politique de défense du franc
«même si le prix à payer est élevé.
(~.) En faisant cela, on est en train
de sauver tes chances de voir un
jour apparaître (en Europe] la mon-
naie unique. Cela en vaut le prix. »
.IMLRaàe : ....
pas de déflation
S'adressant par vidéo aux chefs
d'entreprise invités dn Forum,
M. Raymond Barre a abondé dans
ce sens. Plaidant pour la stabilité
monétaire, i’ancien premier minis-
tre a rappelé que « les fondamen-
taux de l’économie française sont
bons (et que) personne ne compren-
drait une dévaluation du franc».
Evoquant la baisse de la produc-
tion industrielle enregistrée dans
l'Hexagone en décembre 1992,
M. Barre s’est voulu rassurant La
France, a-t-il expliqué, n’est pas en
déflation. «Nous n’avons pas connu
de baisse des prix de 40% comme
lors de la grande dépression. Il n’est
pas sérieux de crier à la déflation
lorsque l’on voit une inflation radie
pendant un mois ou deux »
- Plus généralement, selon l’anewr
premier ministre, «nous sommes à
la Jm d’un processus d'ajustement»,
mais, a ajouté M, Barre, a le
chômage ne reculera que si l’on
prend les nécessaires mesuras struc-
turelles. en particulier celles qui
concernent la formation et l’adapter
lion de l’offre d’emplois à la
demande des entreprises. »
INDUSTRIE
Matra conteste le soutien de Bruxelles
au consortium créé par Ford et Volkswagen
BRUXELLES
(Communautés européennes)
de notre correspondant
Le groupe Matra-Hachette, pro-
ducteur, associé à Renault, de /'Es-
pace, accentue son offensive contre
le soutien de la Commission euro-
péenne à la construction par Ford
et Volkswagen, au Portugal, d'une
usine commune destinée à la pro-
duction de 190 000 voitures de
type «monocorps» par an.
Après avoir contesté, devant la
Cour européenne de justice de
Luxembourg, le montant « exorbi-
tant» de l'aide accordée - un total
de 750 millions créais (5 milliards
de francs) -, il a annoncé, jeudi
4 mars, qu'il venait de déposer un
second recours mettant en cause la
décision d’exempter le consortium
Ford-Volkswagen des dispositions
du Traité de Rome (art.85) interdi-
sant les ententes.
Parmi (es nombreuses «anoma-
lies» relevées, M. Frédéric d’AIlest,
directeur généra] du groupe Matra-
Hachette, a souligné le montant
lourdement surestimé du devis qui
correspondrait à deux fois et demi
l'investissement normal nécessaire
et a servi d’assiette pour établir le
montant « totalement démesuré »
de l’aide. Les services de la Com-
mission répliquent que «l’aide ne
sera délivrée qu'en fonction de l'in-
vestissement réel». En outre, ils
accueillent avec scepticisme ce
second recoure, s'étant récemment
prononcés en faveur de tels accords
de coopération, fis se proposent
d'accueillir avec ta même bienveil-
lance le projet d'extension de rac-
cord de coopération liant Peugeot
4 Fiat. Limité aujourd'hui aux
petits véhicules utilitaires, il sera
étendu précisément à la production
de «monocorps» .
PHILIPPE LEMAITRE
En dépit des menaces de rétorsion
Les Etats-Unis confirment leur volonté
de taxer certains types d’acier importé
Mauvaise nouvelle pour les sidé-
rurgistes français, britanniques,
allemands et brésiliens. L’Interna-
tional Tradc Commission, une
commission fédérale compétente
en matière de conflits commer-
ciaux. vient de juger recevables les
plaintes pour anti-dumping sur les
barres au plomb et aciers au bis-
muth déposés par les producteurs
américains.
La decision, rendue publique
jeudi 4 mars, permet au dcpanc-
ment du commerce de transformer
les droits de douane provisoires
fixés sur ce type d'acier en octobre
1992 (le Monde du {“octobre
1992), en surtaxes définitives. Uni-
métal, la filiale d’Usinor Sacrlor
qui produit cette spécialité, est
frappée par un droit d’entrée de
78 9b pour chaque tonne de barre
au plomb exportée aux Etats-Unis.
Au total, 192 000 tonnes d'acier
représentant en valeur 90,8 mil-
lions de dollars (environ 490 mil-
lions de francs) sont concernées.
En 1991, ces importations comp-
taient pour 43 % de la consomma-
tion américaine globale.
L’avis de PITC sur les barres au
plomb - considéré comme un
«galop d’essai» par tes sidérur-
gistes européens - Jais» présager
une decision similaire pour les pro-
duits plats. Deux millions de
tonnes de tôles en provenance de
la CEE pourraient ainsi être defini-
tivement taxées de droits de
douane supplémentaires, avec une
incidence économique beaucoup
plus grave, cette fois, pour les pro-
ducteurs de {a Communauté.
C. M.
DES LEXIQUES
BILINGUES
Pour nndustrie,
le commerce,
l’entreprise...
À partir de 75,00 F
0
HACHETTE
Technique
SOCIAL
Afin de développer la retraite par capitalisation
Des sénateurs proposent de créer des fonds de pension
1 Un groupe de sept sénateurs
.RPR, centristes et UDF ont pré-
senté jeudi 4 mare une proposition
de loi facilitant la constitution, par
les entreprises, de fonds de pension
par capitalisation qui s'ajouteraient
aux prestations de la Sécurité sociale
et des régimes complémentaires
fonctionnant selon le mécanisme de
la répartition (les cotisations des uns
financent la retraite des autres).
Selon M. Philippe Marini, séna-
teur RPR de rOisc, ce texte, qui
«ouvre des possibilités d'épargne lon-
gue sur la base du volontariat »,
s'inscrit dans le cadre des proposi-
tions de la plalo-formc de l'opposi-
tion qui entend « favoriser la consti-
tution d’une épargne retraite
complémentaire, grâce à un avantage
fiscal». Ses auteurs se disent d'ores
et déjà «rassurés d’emporter l’adhé-
sion d'une mqjoriti de sénateurs ».
Les sommes versées facultativement
par les salariés bénéficieraient des
mêmes avantages que les cotisations
sociales. Déductibles du revenu
imposable « dans la limite du pla-
fond annuel retenu pour le calcul des
cotisations de Sécurité sociale», dira
pourraient s'accompagner d’un ver-
sement de l’employeur et donne-
raient Ucu à l'attribution d'une rente
imposable à partir de soixante ans.
Les fonds seront confiés non pas. A
l'entreprise mais à des organismes
extérieurs relevant du code des assu-
rances. du code de la mutualité ou
des institutions de prévoyance dont
tes opérations seront supervisées par
la commission de contrôle des assu-
rances, chargée de veiller an respect
de règles prudentielles (diversifica-
tion des placements, dispersion des
risques, notamment). En cas de
licenciement ou de démission, le
salarié pourra transférer son épargne
dans un nouveau fonds de pension
ou conserver ses droits.
Les sénateurs, qui ne peuvent
encore évaluer le coût budgétaire lié
aux incitations fiscales, n'ônt pas
précisé s ces fonds seraient régis par
la règle de la prestation définie ou
(te la cotisation défraie. Très influen-
cés par tas propositions des assu-
reurs, les auteurs du projet comptent
sur d’augmentation des salaires
directs préconisée par l'opposition
(grâce à la fiscalisation progressive
des allocations familiales) pour
encourager la création de fonds de
pension.
J.- M. N.
q Retraites bancaires : F AFB dési-
gne u négociateur. - L'Association
française des banques (AFB) a
annoncé, jeudi 4 mars, que
M. Georges Dumas, ancien prési-
dent du CtC, dirigera la délégation
chargée de négocier la «réforme
nécessaire du régime de retraite de
la profession bancaire ». Des dis-
cussions doivent avoir lieu avec Ira
syndicats mais également avec les
régimes complémentaires de l’ AR-
RCO et de l’AGlRC.
AFFAIRES
Après des pertes historiques
Les actions Suez
font l’objet
de rameurs
et de ramassage
en Bourse
Paradoxe dont la Bourse rat cou-
tumière, au lendemain de l’an-
nonce d’une perte historique de
plus de 1,8 milliard de francs par
la Compagnie financière de Suez
(le Monde du S mars), l'action
Suez a gagné 2,9 % et atteint 305
francs dans des volumes de tran-
sactions considérables le lende-
main, vendredi 5 mars, le titre
gagnait encore en début d'après-
midi .5%, avec 1,2 million de titres
majorés. Déjà, près de 1,2 million
d'actions Suez ont été échangées à
Ta Bourse de Parîrct-800 000 'àü
Londres - en tout 1,4 % du capital
- sur (a seule séance du jeudi
4 mare. Les rumeurs de ramassage
et même d’OPA n’ont cessé de
prendre de l'ampleur au long de la
journée.
Si, pour certains analystes, le
marché boursier a salué avant tout
l’opération vérité des comptes faite
par la direction de Suez et le « net-
toyage» des bilans bancaires, Pim-
portance des volumes de transac-
tions étonne. Des spéculateurs
considèrent que tes difficultés de la
Compagnie financière renforcent
rhypolbêse d'un raid boursier et
d'un démembrement. La décote
entre le cours et la valeur d'actif
par action (480 francs) reste consi-
dérable et près de 5 % des titres
ont changé de mains lors des deux
dernières semaines . Un éventuel
attaquant - les noms de
MM. Jimmy Goldsmith et Marc
Fournier (président de la Compa-
gnie de navigation mixte) - ont été
évoqués, bénéficierait peut-être du
soutien de certains actionnaires de
la Compagnie, comme l'UAP ou
AXA.
L’hypothèse paraît tout de même
audacieuse. Parce que prendre
20 % du capital de la compagnie
financière coûterait tout de même
8,5 milliards de francs au cours
actuel et ne garantirait pas pour
autant la possibilité pour l’agres-
seur de brader des actifs. Enfin,
Suez est passé maître dans les
batailles boursières. «La vieille
dame» de la rue d’Astorg n’en a
jamais perdu une. Elle l'a prouvé &
maintes reprises, encore l’an der-
nier, lors de l'OPA victorieuse de
son allié Nestlé sur Pcrrier.
E. L
a BNP : résultat net de l'ordre de
2.1 milliards de francs en 1992. -
Dans un communiqué publié ven-
dredi 5 mars dans la matinée, la
Banque nationale de Paris (BNP) a
dévoilé des estimations de résultat
net part du groupe de 2,1 milliards
de francs pour 1992. Les bénéfices
de (a banque nationalisée seraient
en baisse de 27,5 % par rapport &
ceux de 1991 (2,9 milliards de
francs) «affectés par la croissance
des provisions notamment dans le
tlotnaine de l'immobilier d’entre-
prise». Les estimations do résultats
font aussi état d’une progression de
5. 2 % du produit net bancaire à
40 milliards de francs. Le résultat
d’exploitation du groupe atteint
11,8 milliards de francs en hausse
de 8,9 %.
[Publiait)
Rectificatif à ('avis d'enquête paru le 26-02-93
DÉPARTEMENTS DE L’ISÈRE ET DE L'AIN
AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE
concernant le renouvellement de l’autorisation de
la centrale nucléaire de CREY .S-lSf AT .VTT ,T .E (Isère) équipée
d’un réacteur à neutrons, rapides.
ICLE 2 - L’enaufite sera ouverte i compter du 30 mus 1993 et ius-
i 30 avril 1993 Indus.
ABTing l" - Par anfité interpréfectoral du 15 février 1993, une enquête
publique a été prescrite concernant (a demande présentée per la société
NERSA eu vue du raKwveUemear de l'autorisation de la centrale nucléaire
de CREYS-MAL VILLE.
ARTU
qu'au
flCLE 3 - La commission d’enquête est composée de M M. Jea n PRO-
T, expert près ta' cour d'appel de Paris; Maurice EKENSTHN, ingé-
nieur de l 'environnement ; Francis CHASSfN, Ingénieur en chef du génie
rural en retraite ; Lucien PEJU, ingénieur divisionnaire des travaux publics en
retraite : M. AUBOIN, cfafdr la section de radia protection du CENG hono-
raire - ainsi que M. Jean CHIA VER JN A, ingénieur EPP et ISF en qualité de
membre suppléant.
Elle sera présidée par M- Jean PRONOST.
ARTICLE 4 - Le dossier d’enquête sera déposé i ta préfecture de l'Isère, A ta
préFecture<fe FAm. à-ta soB^préfecture de LA iCQÜR~DU?PIN (Isère),. à la
•oua-prtfecture de B ELL E Y (Ain) et dons las mairies citées d-aprés pendant
' an délai de t~moIi du 30 inart au3(7tfVriIl993 lndi*C ïï=r ~'-
Toute' personne" poürraeri prendre connaissance suiT pteôe, dausTeslieux
précités, aux jours et houes habituels d’ouverture au public indiqués d-des-
MJU».'
Pour le département de ririre :
• Préfecture de GRENOBLE, du lundi au vendredi, de 9 h à 16 h.
• Sous-préfecture de LA TOUR-DU-PIN, du' lundi au vendredi, de 8 h 30
à 12 h et de 13 h 30 à 16 h.
• BOUVESSK QUÏRJEU :
Lundi, de 8 h 30 A 1 1 h et de 14 h A 17 h; mardi, de 14 h à 17 h ;
mercredi, de 8 h 30 à 11 h ; Jeudi, de 14 h A 17 h. ; vendredi, de 8 h 30 & 1 1 h
etde I4hà 16 h ; samedi, dé 8 h 30 A U h.
• CREYS MEPŒU z
Lundi, de 14 b à 18 b; jnanU.de 14 hé 18 h ; mercredi, de 14 fa A 18 b ;
Jeudi, de 14 h à 18 h ; vendredi, de 14 h à 18 h,
• SAINT-VICTOR-DE-MORESTEL :
Mardi, de 10 h à U h 30 et de 17 h 30 à 19 h ; vendredi, de 15 h à 19 h ;
samedi, de 10b à II h 30.
■ ARANDON:
Mardi, de 16 h i 1 9 b ; vendredi, de 16 b A 19 h ; samedi, de 9 b à 1 1 h.
• OOURTENAY:
Lundi, de 13 h à 19 h ; m e r credi, de 15 h A 19 h ; samedi, de 8 h A U b.
Peur te dé pa rte me nt de l'Ain :
- Préfecture de BOURG-EN-BRESSE, du lundi au vendredi indus ; de
9 h 30 à 11 h 45 et de 14 h à 16 h.
- - Sous -préfecture de BELLEY, dn Lundi au vendredi indus : de 9 h i
H il 45 et de 13 h 45 à 16 h 30.
• Mairie de BRrORD:
Mardi, de 8 h4J d 12 h et de 14 h A 18 h ; jeudi, de S h 43 à 12 h et de
14 h à 1 8 h ; samedi, de 9 h 15 A 12 h.
• Mairie de MONTAGNIEU r
Manfi.de 14h A 17h ; jeudi, de 14 hà 17 h ; samedi, de 9 h A 12 h.
• Mairie de SERRIÈRES-D E-BRIORD :
Lundi, de 8 h 30 à 11 h 30 et de 13 h 30 A 18 h 30 ; mardi, de 8 h 30 A
11 h 30 et de 13 h 30 A 18 h 30 ; mercredi, de 8 h 30 A M hlo : jendi, de
8b3OAllb3OetdeJ3h30A 18 h 30; vendredi, de 8 tr 30 i N fa 30 et de
13 h 30 à 18 h 30 vsanwdî, de 8 h 30 A 11 h 30.
• Mairie de LHUISi
Mardi, de 8 h 30 à 1 6 h 30 ; mercredi, de 8 h 30 À 1 6 h 30 ; vendredi, de
4 h 30 à 16 h 30 ; samedi, de 9 h à 12 h.
• Mairie de MARCHAMP:
Mardi, de 14 h 30 à T6 h 30 ; réndredi, de 14 h 30 A 16 fa 30.
• Mairie de SE1LLONNAZ :
Mardi, de 9 h & l \ h ; vendredi, de 9 b A J 1 h.
• Mairie de LOMPNAZ :
Mardi, de 13 h 30 i 15 h 30 ; vendredi, de 13 h 30 à 15 h 30.
Le dossier d’enquête sera également A la disposition de quiconque dési-
rant en prendre connaissance aux jour» et berne» non ouvrable» suivants, dans
les lieux indiqués ci-dessons ;
- Mairie de CREYS-MEPIEU : le 3 avril, de 9 h à 12 h.
- Sous-préfecture de LA TCKJR-DU-PIN, le 3 avril, de 9 h A 12 h.
- Préfecture de BOURG ; te 10 avril, dn 9 h à 12 h.
- Préfecture de GRENOBLE : le 17 avril, de 9 h A 12 h.
- Sous-préfecture de BELLEY, le !7 avril, de 9 fa A 12 h.
ARTICLE S - Les intéressés pourront consigner directement leurs observa-
tions sur les rssiahss ouverts à cet effet, établi! sur forâtes mut mobiles,
cotés et pnraphés par l’un des membres de ta conunteion d’eoqoéce ou les
adresser par écrit â ; M. le Prérident de la commission tTcoquete pour ta
centrale ùe CREYS-MAL VILLE, BP 50 - 383S2 LA TOUR-DÜ-PCN, qui les
visera et les annexera à ces registres.
ARTICLE 6 - Le président ou l'un des membres dé ta «onumtrioa d'enquête
sa tiendra a ta disposition des personnes ou des représentants d’ associations
qui demanderont a être entendus aux. lieux; jours et heures -suivants : .
- Mairie de CRJEYS-MJEPIEU : Je 3 avril, de 9 h A 12 h.
- Sous-préfecture de LA TOUR-DU-PIN, le 3 avril, de 9 h à 12 h.
- Préfecture de GRENOBLE : le 17 avril, de 9 h à 12 h.
- Sous-préfecture de BELLEY, te 17 avril, de 9 h A 12 b.
- Mairie dé BOUVESSE-QUIRIEU, le 21 avril, du 9 fa à 12 h.
- Mairie de LHUIS, ta 28 avril, de 9 b A 12 ta
ARTICLE 7 - Copie du rapport et des ««durions motivées du président de
la commission d'enquête sert tenue & 1a disposition dn publie dans les pré-
fectures des départements de liséré et de PAm, dans tes sous-préfectures de
LA TOUR-DU-PIN (Isère) et de BELLEY (Ain) et d&ns les mairies risées A
l'article 4, pendant un an & compter de la date de clôture de l’enqufcte.
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• Lé Monde « Samedi 6 mars 1993 21
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ÉCONOMIE
un vrai travail à
par Martine Aubry
temps choisi
POINT DE VUE
Pour
P UISQUE le partage du tra-
vail est l'un des thèmes
forts de cette campagne
électorale, espérons pue le débat
n'en restera pas à quelques pro-
pos de circonstance. La question
est essentielle.
Le chômage augmente en
France comme partout en Europe,
mais nos moyens d'action tradi-
tionnels ne suffisent plus pour
l'enrayer. Il fellah rendre notre
marché du travail plus efficace.
Nous l'avons fait il faudra pour-
suivre. Aujourd'hui, la croissance
ne suffit plus. Elle est indispensa-
ble, mais même lorsque l'on crée
800 000 emplois, comme entre
1987 et 1989, le chômage ne
recule pas. Voilà pourquoi la
question est importante : c'est
l'une des pistes qu'il nous faut
mettre en œuvre rapidement.
Levons tout de suite certaines
ambiguïtés. Plaider pour un autre
partage du travail ne signifie pas
faire du rafistolage pour mieux
répartir la pénurie. Le seul enjeu
est que l'organisation de la pro-
duction et ce8e de notre société
soient plus efficaces, plue
proches des attentes des Fran-
çais et assurent une meilleure
cohésion sociale. J'entends donc
plaider pour un partage du travail
dynamique, qui améliore bien sûr
l'emploi, mais qui d&ouche aussi
sur une meilleure qualité de vie.
A cet égard, parler de c partage a
du travail est une idée généreuse
mais trompeuse. J’ai toujours
préféré parler d’un travail à
temps choisi.
Depuis un siècle, le durée du
travail a été divisée par deux.
Dans (es dernières décennies, la
baisse a été régulière parce que
le surplus dégagé par la crois-
sance a été réparti, selon les cas,
entre des hausses du pouvoir
d'achat et des baisses du temps
travaillé. La durée hebdomadaire
du travail ■ -est- passée de
46 heures en 1960 à 42 heures
en 1970, à un peu plus de
39 heures en 1983. Les deux
semaines de congé de 1936 sont
devenues trois en 19S6. quatre
en 1969 et cinq en 1982. Par
ailleurs, l’évolution rapide de la
croissance et de la productivité
du travail a permis d’assurer un
accroissement continu des rému-
nérations.
Un puissant facteur
de compétitivité
S'il y avait là un incontestable
progrès social, en revanche la
durée d'utilisation des équipe-
ments avait diminué et cela
n'avait guère modifié notre orga-
nisation du travail. C’est seule-
ment dans la dernière décennie
que l’on a enfin compris que l’or-
ganisation du temps de travail
pouvait être un puissant facteur
de compétitivité. Les ordon-
nances de 1982 et les évolutions
législatives récentes ont ouvert la
voie à des organisations plus
souples et plus diversifiées du
temps de travail.
La durée d'utilisation des équi-
pements a alors commencé à
augmenter, des accords de
modulation des horaires se sont
multipliés, mais, dans le même
temps, la baisse de ia durée du
travail s'est arrêtée, à l'inverse
de ce qui s'est produit en Alle-
magne. Pis, la reprisa économi-
que de 1987-1989 a augmenté le
temps de travail sous l'effet des
heures supplémentaires.
En guise de partage, la société
a organisé le partage entre ceux
qui disposent d'un emploi et les
autres. Et les Français ont égale-
ment opté pour un partage tavo-
risé. par les cessions anticipées
d'activité, volontaires ou
contraintes. Conséquence : notre
taux d'activité entre 55 ans et
59 ans est le plus fable des pays
indusuiaÇsés. Partir en préretraite
à 55 ans, après une vie profes-
sionnelle difficile, se justifie plei-
nement. Mais n’abusons pas! La
pré-retraite reste pour les entre-
prises un moyen commode de
gérer ('emploi; elle exonère (es
responsables économiques et
sociaux d'une réflexion sur la
réorganisation du travail et per-
met d'éluder la question de la
« maintenance professionnelle »
des salariés âgés. Bref, c'est une
solution ds facilité qui, de
surcroît, laisserait croire aux
Français que l'on peut se payer la
retraite à 55 ansl
Comment Incher et inviter à
d'autres comportements?
- Il faut d'abord disjoindre le
temps travaillé individuellement
et le temps de fonctionnement
des machines ou d'ouverture des
fieux publics. Cela suppose des
organisations de travail plus sou-
ples permettant des horaires
diversifiés. Seules des négocia-
tions décentralisées au niveau
des branches et des entreprises
permettraient de préserver l’équi-
libre des intérêts : ceux de l'en-
treprise soudeuse d’améSorer sa
productivité, ceux des salariés
préférant des horaires adaptés à
leurs besoins.
- li faut ensuite concevoir le
temps de travail sur l'ensemble
de la vie active. Est-il normal que
les jeunes entrent sur le marché
du travail de plus en plus tardive-
ment et que les entreprises ne
conçoivènt plus de plans de car-
rière au-delà de 50 ans? N'est-il
pas paradoxal que l'on travaille le
plus entre 25 et 49 ans, un
moment de la vie où Ton souhai-
terait s'occuper de ses enfants
ou envisager une reconversion
professionnelle ? Puisque l'inno-
vation technique permet plus de
production pour moins d'heures
de travail, tirons-en toutes les
conséquences sur l'organisation
de notre société I La gestion du
temps tout au long de la vie
active est désormais nécessaire ;
elle est possède.
Cette autre conception du
temps de travail nécessite l'ins-
tauration d'un revenu de substitu-
tion. On pourrait, par exemple,
concevoir un système permettant
aux salariés d> épargner» du
temps à certains moments de
leur vie professionnelle pour ne
pas travailler ou réduire leur
temps de travail à d'autres
moments, sans que cela entraîne
une baisse proportionnelle de
leurs revenus. Ce système
d'c épargne-temps a mutualisé
pourrait être alimenté par des
prélèvements sur les revenus du
travail, par des contributions des
entreprises et, pourquoi pas, par
une aide de l'Etat.
Revenu
de substitution
- Cela nous conduit à évoquer
une autre question : la réduction
du temps de travail doit-elle être
Intégralement compensée ? H faut
être lucide : on ne peut réduire
signifîcativement la durée du tra-
vail sans toucher aux revenus,
sauf è entraîner un accroissement
des coûts, à altérer la compétiti-
vité des entreprises et donc l'em-
ploi. Mais B va de soi que l'on ne
peut demander le même effort
aux smicards et à ceux qui
gagnant cinq fois plus. Les
salaires les plus élevés doivent
prendre une part plus grande à
l’effort de redistribution. En per-
mettant aux entreprises de réor-
ganiser leur production, en allon-
geant la durée d'utilisation de
leurs équipements et en amélio-
rant la qualité de vie des salariés,
en définitive tout le monde y
gagnera I
- Reste à savoir comment
relancer le processus 7 L’objectif
des 35 heures est réaliste. Mais il
ne sert à rien de proclamer les
35 heures tout de suite, voire de
renchérir, comme certains, en
parlant de la semaine de 30 ou
32 heures. Tout cela n'est pas
sérieux I Nous avions estimé, et
nous avions raison, qu'il n'était
pas souhaitable de mettre en
œuvre une règle unique et géné-
rale au niveau national, laissant à
ia négociation entre les parte-
naires sociaux le soin de fixer les
conditions d’un partage du travail
qui préserve à fa fois les équili-
bres et qui soit réellement favora-
ble à l'emploi. Ceia n'a pas eu les
résultats escomptés, malgré quel-
ques initiatives récentes. Pour
que le mouvement s'engage, il
est maintenant souhaitable de
fixer par la loi la durée légale heb-
domadaire à 37 heures en 1996,
laissant ainsi à la négociation le
choix des formes de la réduction
du temps de travail et la fixation
des modalités de compensation.
Il faut être aujourd'hui plus
directif. Nous aurions sans doute
pu commencer plus tôt lorsqu'il
est apparu évident que la crois-
sance ne permettait plus à elle
seule de faire baisser le
chômage.
Voilà rapidement esquissé ce
qui pourrait constituer les élé-
ments d'un véritable débat sur le
temps de travail. Puisque cela
met en jeu un projet de société
qui touche à la fois à la compéti-
tivité de nos entreprises, à la
gestion du temps pour chacun,
les jugements à l'emporte-pièce,
les slogans simplistes, les solu-
tions toutes faites ne sont pas de
mise. Ordonnons une conception
moderne et dynamique du temps
de travail, choisi collectivement
et individuellement, plutôt que de
subir un partage sauvage et
contraint.
b- Martine Aubry est ministre
du travail, de l'emploi et de la
formation professionnelle.
Grève
dans le métro parisien
le 10 mars
Les syndicats de conducteurs du
métro parisien (CGT, SAT-auto-
noroe, GATC-autonome et indé-
pendants) appellent à la grève,
mercredi IÛ mars, pour s’opposer
au projet de réforme de la profes-
sion de conducteur élaboré par la
direction. Celle-ci souhaite intro-
duire plus de souplesse dans les
horaires des personnels concernés
et mettre en place une évaluation
professionnelle individualisée, en
échange de primes et d'améliora-
tion du déroulement de carrière.
Toutes les autres catégories de l'en-
treprise sont concernées par cette
démarche de modernisation qui
avait déjà provoqué des arrêts de
travail chez les conducteurs
en novembre 1992.
Afin d’éviter cette grève, la
direction a saisi l’instance de
conciliation présidée par
M“ Simone Rozès, ancien premier
président de la Cour de cassation,
qui devrait faire connaître son avis
le lundi 8 mars.
Clarion (autoradios)
a nnonce sept mois
de chômage partiel
L’usine Clarion (autoradios)
implantée à Custines, près de Nancy
(Meurthe-et-Moselle), va placer la
majeure partie de ses cent cinquante-
trois salariés en chômage partiel pen-
dant fri us de sept mois, du 17 mars
au 31 octobre. Rendue publique
jeudi 4 mars par la direction de l'en-
treprise, cette décision est la consé-
quence de l'accumulation d'un
important stock représentant cinq
mois de production" au rythme men-
suel de 14 000 appareils alors que les
réserves ne doivent pas dépasser, en
règle générale, quinze jours d’activité.
Les mesures de chômage partiel ne
concerneront que les services de pro-
duction de cette entreprise - dont la
main d’œuvre est essentiellement
féminine - qui ne travailleront désor-
mais que le lundi, le mardi et le
vendredi. La perte de salaire devrait
être comprise entre 8 et 15 %.
La matière
première
du nucléaire.
Au cœur de la production d'électricité d'origine
nucléaire, figure un élément naturel : f uranium.
Avant de devenir le combustible nucléaire, l’uranium
subit une série de transformations qui reposent sur des
procédés de haute technologie. Il est extrait de la mine,
puis après conversion il est enrichi et transformé en
combustible.
Après utilisation dans le réacteur des centrales
nucléaires, le combustible usé est retraité pour séparer
les matières énergétiques destinées à être recyclées et
les déchets qui sont conditionnés en vue de leur
entreposage.
C'est l'ensemble de ces opérations, en amont et en
aval de la production d’électricité, que l’on appelle le
“cycle du combustible nucléaire".
Cogema avec ses filiales françaises et étrangères est
aujourd'hui le seul groupe au monde à maîtriser et à
commercialiser l'ensemble des opérations qui constituent
ce cycle ainsi que son ingénierie.
Extraire.
Le Groupe Cogema est présent dans des mines
situées notamment en France, au Niger, au Gabon, aux
Etats-Unis, au Canada.
Enrichir.
Après une étape de conversion chimique, l'enrichis-
sement est l'opération qui permet de donner à i’aranium
les qualités nécessaires à nn combustible nucléaire dans
la plupart des réacteurs actnels.
Fabriquer.
L’uranium enridti est ensuite conditionné dans une
enveloppe métallique pour constituer les éléments
combustibles prêts à alimenter lecteur du réacteur de la
centrale nucléaire et à produire de l'électricité.
Retraiter - Recycler.
Cogema retraite les combustibles usés après trois ou
quatre ans d’utilisation en réacteur.
Ceux-ci contiennent 97 % de matières énergétiques
récupérables, uranium et plutonium- Ces matières sont
destinées à être recyclées après réintroduction dans le
cycle de fabrication.
Les 3 % de déchets sont intégrés dans du verre,
conditionnement de haute sécurité, pour être stockés,
dans les meilleures conditions.
De la sécurité à l'environnement.
Sûreté, sécurité et protection de l’environnement
sont des préoccupations inhérentes, dès leur conception,
à toutes les activités de Cogema et ont toujours constitué
des impératifs absolus.
Ainsi, le Groupe Cogema entend-il contribuer au
respect de l'environnement et à la sécurité des personnes
en s’imposant l'observation des normes les pins sévères
avec des coefficients de sécurité importants.
Par ailleurs, depuis l'origine, la gestion des déchets
est une priorité conduisant Cogema à développer le
recyclage des matières.
Cogema, acteur clé de Pîmiépendance éoergétique.
Avec 16000 collaborateurs, réalisant plus de
22 milliards de chiffre d'affaires dont près du tiers à
l'exportation. Cogema contribue de manière significative
à l'indépendance énergétique de la France et à sa puis-
sance économique. Fournisseur principal en combus-
tibles nucléaires d'EDF, le Groupe est également le
partenaire privilégié de plus de 60 compagnies d’élec-
tricité en Europe, aux Etats-Unis et en Extrême-Orient,
pour le cycle du combustible nucléaire
COGEMA
»
l
*
9 -
22 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 ••
VIE DES ENTREPRISES
Afin de stabiliser
son actionnariat
SEB institue
le dividende majoré
Jugeant un actionnariat
stable indispensable pour
construire une stratégie à
long terme, les dirigeants de
SES ont décidé d'innover err
créant le dividende majoré.
Pour cela, le groupe de petit
électroménager aux marques
SEB, Calor, Rowenta et Tôfal
proposera, lors de rassem-
blée générale du 28 avril. que
les actionnaires gardant leurs
dires pendent deux ans puas-
sent percevoir un dividende
augmenté de 10 % par rap-
port au montant du dividende
net versé. Concrètement, les
détenteurs d'actions ayant
opté pour cette solution
devront d'ici au 31 décembre
inscrire leurs titres au nomi-
natif. S’ils conservent leurs
actions deux années de suite,
ils bénéficieront de cet avan-
tage en 1996 au titra de
l'exerdce 1995.
Pour le président de SEB,
M. Jacques Gairard. cette
«première», présentée mer-
credi 3 mars devant le Club
Presse Finance, ta J'avantage
de la simplicité et de rége-
nté». H ne s'agit pas de créer
une nouvelle sorte de titres,
et cette option s'adresse aux
9 00 0 actionnaires, queis
qu'as soient Et cette majora-
tion des sommes versées ne
devrait pas altérer la politique
de distribution normale. Au
cours de ces dix dernières
années, le .groupe a assuré
une croissance moyenne
annuelle du dividende de
10 %.
Pour SEB, cette mesure
permettra non seulement
d’identifier ses actionnaires,
grâce à la mise au nominatif
de ces titres, mais aussi de
les fidéliser, sans pour autant
affecter le marché du titra en
Bourse, car tous les déten-
teurs d'actions n’opteront
pas polir ce bonus. Actuelle-
ment., le capital est contrôlé à
52,1 % par le groupe fonda-
teur, 23,6 % sont entre Iss
mains d’investisseurs institu-
tionnels français, 14,3 %
dans celles d'investisseurs
étrangers et 10 % répartis
entre des petits actionnaires.
«il ne faut pas se faire d’il-
lusion. la reprise générale
aura lieu peut-être en 1994.
mais pas tout de suite», a
indiqué également M. Gai-
rard. refusant cependant
t toute frilosité et slnistrose».
Après un exercice stable
(+2,5 % du chiffra d'affaires
è 8,279 milliards de francs et
+ 1 % du bénéfice net à
314 millions), c/e groupe
table sur un résultat courant
de 12 % du chiffre d’affaires
en 1996. contre 9 % l’en
dernier », a précisé M. Ber-
trand Dupont, directeur finan-
cier. Mais pour 1993, dans
un contexte de faible crois-
sance, l'heure est à une ges-
tion rigoureuse, au renforce-
ment dans des pays où le
groupe se développe, comme
les Etats-Unis, l’Europe de
l’Est, la CEI, voire peut-être la
Chine et le Pakistan. Quant
aux investissements, estimés
à près de 470 millions, ils
seront concentrés sur Ie9
produits nouveaux, en parti-
ciper dans le domaine de la
domotique.
DOMINIQUE GALLOIS
Pour la première fols de son histoire
Barclays annonce des pertes
de 242 millions de livres
LONDRES
de notre correspondant
M. Andrew Buxton, président de
Barclays, s'est contenté d’un laco-
nique « C’est très décevant >, en
annonçant, jeudi 4 mars, la pre-
mière perte de l'histoire de la ban-
que dont il est aussi le directeur
général. Elle s’élève à 242 millions
de livres avant impôts (1). Bardays
est la seule des quatre grandes ban-
ques de dépôt britanniques à avoir
annoncé des pertes pour 1992,
alors qu’elle était la plus profitable
des quatre l'année précédente.
En dépit de la crise
Les avHHme&rs tablent
sur oie croissance anaoeOe
de pbs de S ï du trafic
Boeing et Airbus sont d’accord
pour prédire que le trafic aérien
oontmoera à croître rapidement, mal-
gré la crise économique. L’améric ain ,
numéro un mondial, s'attend à une
croissance de 5,4 % des voyages d’ici
Tan 2010, et l’européen, légèrement
moins optimiste, pense pourtant mie
tes résultats des compagnies, actuelle-
ment catastrophiques en raison de
leur surinvestissement et des baisses
de tarifs, devraient s'améliorer au
milieu de la d é ce n nie.
Les deux avionneurs évaluent les
besoins en avions nouveaux de façon
voisine : d’ici 2010, Boeing table sur
un marché de 12 000 appareils et
Airbus, sur 1 1 600. Tous deux chif-
frent à 45 milliards de dollars par an
la facture de ces livraisons. Tous
deux encore pensent que la taille
moyenne des avions va croître pour
des raisons de rentabilité et d'encom-
brement de l’espace aérien et des
aéroports.
Ce déficit est l’un des plus
importants jamais enregistré par
une banque de dépôt, Lioyds ayant
cependant annoncé des pertes de
715 roittions de livres en 1989. En
1988, Barclays avait réalisé un
bénéfice avant impôt de 1,39 mil-
liard de livres. La situation est
bien différente aujourd'hui, la ban-
que étant obligée de réduire de
moitié le dividende versé aux
actionnaires, ce qui devrait permet-
tre d*« économiser » quelque
98 millions de livres.
Ce déficit est lié au montant
record des provisions pour mau-
vaises dettes, qui s’élève i 2,5 mil-
liards de livres, celles-ci provenant
notamment de prêts accordés à des
compagnies immobilières et des
sociétés de construction (pour
1,96 milliard de livres), l’essentiel
de ces opérations ayant été réalisé
au Royaume-Uni. Parmi les princi-
[ paux bénéficiaires de ces prêts.
figurent le groupe de promotion
immobilière Imry, ainsi que Olym-
pia & York, la compagnie qui a
assuré la construction du complexe
de Canary Wharf, cet ensemble
immobilier situé dans la zone des
Doc kl an ds, î- l’est de Londres.
M. Buxton, qui a récemment rem-
placé Sir John Quinton à la prési-
dence de Bardays, n'a pas caché
que ces mauvais résultats sont la
conséquence de décisions impru-
dentes en matière de prêts, de
1980 i 1990.
Barclays, qui a déjà procédé à
6 400 suppressidns d’emplois et
fermé 189 succursales en 1992,
pourrait être amenée à procéder i
9 000 nouvelles suppressions de
postes (et fermer plus de 300 suc-
cursales) au coure des trois pro-
chaines années.
L Z.
(t) Une livre vaut 8 francs.
Faillite de ia Sasea
Le Crédit Lyonnais en butte
à la justice suisse
La justice helvétique a temporai-
rement suspendu, jeudi 4 mars, le
droit du Crédit Lyonnais Bank
Nederiand, la filiale néerlandaise
de la banque nationalisée, à se por-
ter partie civile dans Paf&ire de la
faillite à Genève de la Sasea. Ce
holding suisse, que présidait
l’homme d'affaires italien Florio
Fiorini, aujourd’hui en prison, était
notamment partie prenante dans la
célèbre OPA tancée i l’automne
1990 par un autre financier italien
controversé, M. Giancario Parretti,
sur le studio de cinéma américain
MGM (Métro Goldwyn Mayer).
Pour le juge genevois, M. Jean-
C II I F F R E S E T .MOUVEMENTS
RESULTATS
□ DSM : chute de 57 % do béné-
fice net. - Le groupe chimique
néerlandais DSM a dégagé en 1992
un bénéfice net de 224 millions de
florins (672 millions de francs) en
baisse de 57 % par rapport à l’an-
née précédente (516 millions de
florins). Le chiffre d’affaires a et de
DSM a régressé de S % pour s’éta-
blir à 8,907 milliards de florins
contre 9,347 milliards en 199 (.
Cette régression est duc d’une port
i la baisse des prix de vente
(- 9 %) et d’autre part aux effets
du change (- 1 %). Le résultat
d'exploitation après impôts a
atteint 257 millions de florins en
1992 contre 503 millions l’anode
précédente (-49 %). DSM a déblo-
qué en 1992 un montant de
’l,l milliard de florins pour des
investissements et des acquisitions
contre 1,8 milliards en 1992.
a Allianz : perte de 137 militons
de marin en 1992 dans 1 Assurance
dommages. - L’assureur allemand
Allianz a enregistré en 1992 une
paie opérationnelle dans te secteur
domestique des assurances de biens
matériels de 137 millions de Deut-
schemarks (465 millions de francs),
selon des chiffres provisoires pré-
sentés jeudi 4 mars & Munich. La
filiale d’assurances dommages,
Allianz Versicberungs-AG, à
Munich, a enregistré une hausse
sensible des sinistres particulière-
AVIS FINANCIERS DES SOCIÉTÉS
En 1992. le dùf&e «fafütires consolidé est <fe 1,495 min >00 et to commande* reçues de
I JI8 nuflion.
Le rénbv m cooscéidê iooL ooo swüié. w ooe pei» de IMbUDre® avant MU mïJUwu
tf a mottmemeni «Tirait d’acqviKitvm.
Cc rtadui déficitaire en ta conséquence d'une opération de rcnrudamlma de grande
(mpinr e m epris e en toc tf adapter la Grave i b station du manié aéronautique «
ntitoge. id qu'on peu l'envisager pouf le practe futur. Cette opératio n , «nouent plus
tmporuaie qu'iratiskincnl envisagé, s’est induite vu une Owge nette de 66 mdlioos dont
38 minions correspondent i des opérations i réaliser en 1993. Une opé rat i on de mène «rare
avait déjà été catfeprâe en 1992, pour oo coût uct de 36,7 nriJBcm pour Penawnhte de
l'opération.
Le résultat net consolidé des opération est de 49,2 nattions, soit 3446 do ctuffre tfaÆmcs.
Chiffres d'autant pins comcmbta que li efcaqp unie d’études auTOfinaucécs a augmenté de
9,4 mitions par rapport 6 1991. et que le marché aéronautique s*« profondément dégradé en
1992.
foi 1991. le düITre d’affiüres ta* de 1 484 mütioas. les co n n nan d e» reçues de I 302 m2-
tüM&, Ce résultat net (obi consolidé bénéficiaire de 50,2 mnfiow avant 64 mutioas iTsnKxtEBo
ment d'écart d’noquailioa, k résulta net hors opérations déficitaire de 36,7 mfflianc, le rfsolnt
uei des opération bénéficiaire de S&9 adUras.
Cootiaaot à auaéQorcr « ««pétai «t* an airau modal le groupe Imrrtreftgiqne main-
tiendra sqo eflort d'étude* autofinancées « 1993 an même niveau qu’en 1992. Le résultat net
craaolidé total prévisiooiief do groupe» 1993 est bénéficiaire.
ment importante dans le secteur
voitures, mais aussi dans celui des
logements.
a Sema Group : progression de
30 % des résultats api» impôts. -
La firme franco-britannique de ser-
vices informatiques Sema Group a
annoncé, jeudi 4 mais, «de s résul-
tats d’autant plus satisfaisants qu’ils
s’inscrivent dans un environnement
troublé, l’industrie des services
informatiques n’ayant pas été épar-
gnés par ta crise générale de l’éco-
nomie». Le chiffre d'affaires
consolidé i structure comparable a
progressé de 12,9 % (416,7 millions
s’est apprécié de 30 % (13,6 mil-
lions de livres). Ces données ne
prennent pas en compte le gain
exceptionnel ( 1 5,4 millions de
livres) du à la cession de la Sofres.
A l’amélioration de sa rentabilité
s’est ajoutée disparition de l'endet-
tement net Concernant le dévelop-
pement, le gro u p e a créé au début
de Tannée une joint ventura dans
le domaine des télécommunica-
tions civiles avec France Télécom
qui est entré récemment dans son
capital (e Monde du 18-19 octobre
1992).
□ Saab-Scania : bénéfice est baisse
de 19,5 % es 1992. - Le groupe
suédois Saab-Scania Holdings a
enregistré un bénéfice net de
716 millions de couronnes sué-
doises (515 millions de francs) en
baisse de 19,5 %. Le chiffre d’af-
faires a atteint 26,9 milliards de
couronnes (19,4 milliards de
francs), en baisse de 10,3 %. Les
ventes de ia division camions et
autobus ont chuté pour ta troi-
sième année consécutive, tombant
à 2 1,3 milliards de couronnes con-
tre 22,9 milliards de couronnes en
1991. Cette division a enregistré
un bénéfice net de 1.6 milliard de
couronnes contre 1.9 milliard en
1991. Les ventes de la branche
automobile ont chuté de 2 %, et tes
pertes ont atteint 2,7 tnüKards de
couronnes contre une perte de
2,2 milliards de couronnes en
1991. En revanche ta branche avia-
tion de Saab a accru son bénéfice i
163 millions de couronnes en -J 992
contre 150 millions en 1991. Le
chiffre d'affaires de (a division est
passé de 4,9 milliards de couronnes
en 1991 à 3,9 milliards en 1992.
CESSIONS
□ United Biscuits vend tes choco-
lats Terry’s i Philip Morris- - Le
groupe alimentaire britannique
United Biscuits a annoncé, mer-
credi 3 mais, ia vente du fabricant
de chocolats Terry’s Group è Kraft
General Foods International, la
division alimentaire du groupe
américain Philip Morris, pour
220 millions de livres (1,760 mil-
liard de francs). L’acquisition
représente une nouvelle expansion
des activités européennes de confi-
serie de Kraft General Foods, qui a
racheté le suisse Jacobs Sucfaard en
1990 et a conclu l’an dernier la
reprise de Freia Marabou, le plus
important producteur de confise-
ries et de chocolats eu Scandinavie.
Terry’s (153 millions de livres de
chiffre d’affaires en 1991 détient
environ 3 % du marché en Grande-
Bretagne et a des divisions en
France, en Italie et aux Etats-Unis.
□ CarnaodMetalbox : la CGUP
attend désormais tes propositions de
MB-Caradon. - La CGIP, action-
naire & 25,3 % de CarnaudMetal-
box «n’a pas encore été saisie
d’une offre» du groupe britannique
MB-Caradon qui a décidé de ven-
dre les 25 9b qu’il détenait dans le
leader européen de l’emballage, a
indiqué jeudi 4 mars un de ses
porte-parole. Réunie le 4 mars à
Londres, l’assemblée générale
extraordinaire des actionnaires de
MB Caradon a approuvé la cession
de la participation du groupe dans
Carnaud Métal box. «ns nous ont
avisés de leur décision mais elle n’a
été assortie d’aucune proposition
précise à notre égard », a ajouté le
porte-parole. « C’est à eux désor-
mais de nous faire une offre», a-t-il
précisé.
CRISE
□ Plaa de sauvetage pour 1e sidé-
n agis te tltenand Eko Stahl AG. -
Le conseil de surveillance du plus
grand complexe sidérurgique de
l’ex-RDA, Eko Stahl AG, a adopté
un plan de sauvetage du groupe
qui prévoit l 500 nouvelles sup-
pressions d’emplois « on milliard
de maria (3,39 milliards de francs)
•d'investissements publics, * indi-
qué mardi 2 mars la direction
d’Eko Stahl. Le plan, qui doit être
encore approuvé par le gouverne-
ment fédéral all e ma n d et la Com-
mission européenne, propose que
le site, actuellement géré par l’Of-
fice des privatisations à l’est (Tren-
handanstalt), continue & être
financé par les pouvoirs publics
jusqu’en 1996/97. Le projet vise à
transformer Eko Stahl, situé à
Eisenhuettenstadt près de la fron-
tière polonaise, en an complexe
entièrement intégré. 3 600 per-
sonnes sont encore employées par
Eko Stahl AG. 2 000 doivent rester
aux termes du processus de restruc-
turation prévu.
MARCHÉS FINANCIERS
PARIS, 5 mars = Interrogations autour de Suez
Après une vive haussa an début de
■ journée, rkxflca CAC 40 s'appréciant
jusqu'à 1.47 %, (a tendanca positiva
e’érodeh doucement eu H de» heures.
Tant et ri bten qu’en début d'après-midi,
(a baissa était de retour. VMae CAC 40
revenait è T équilibra (+0,12%) è
1 889,12 points vers 14 heures dans un
marché psrtiaAramsot actif, la votera
das éehangas. portant alors sur plus de
2 mKsrds da francs. Deux événements
auront dominé ia séance : h détente das
taux allemands et la ramassage das
titras Soez. .
Los investisseurs an actions at surtout
ceux opérant sur la MATTF ont salué
vendredi en début da Journée r annonce
par la Bundesbank d’uns prisa an pen-
sion mercredi p rochain avec un taux an
baisse revenu è 8.25 % pour ('opération
è 14 jours. Une opération rintirira avait
été réalisée lu mercredi précédent au
taux da 8.48 %■ U banque contrats alle-
mande a effectué vendredi une opération
h 6 jours au aux de 8,40 %.
La ramassage des actions Suez brorf-
gurit éhormémemant Isa intervenants. 9
jeuefl phn da 2 mftBons d'action», soit
1,4 % du capital, ont changé de mahe
au le nde ma in do l'annonce des pertes du
gnxjM, vendrai, en début d’après-midi,
encore un autre irarion da titras étaient
échangés provoquant one hausse de
6 % du titre. Ou côté das autres gains
figuraient les Froma ge ries Bri et Lagar-
dère Grotq>. En baisse on notait BoVoré,
Seoa et Vriéo.
NEW-YORK, 4 mars 4 Prises de bénéfice
Louis Crochet, e/e Crédit lyonnais
doit prouver qu'il a été victime
d’actes illégaux de la part de per-
sonnes agissant pour la Sasea». En
clair, le Crédit lyonnais, le pins
gros créancier de la Sasea, n’a plus 1
accès pour l'instant aux résultats
de ('enquête en cours. Celle-ci tente
de déterminer s’il y a eu faillite
frauduleuse. L’enjeu est de taille
pour le Lyonnais, soupçonné par le
procureur suisse, M. Laurent Kas-
per-Ansermet, d’avoir été « admi-
nistrateur de fait» de la Sasea. La
banque pourrait être condamnée à
combler une partie du passif.
Wall Street a terminé en briase
jeudi 4 mare, après avoir évolué en
dents de sda pendent l'essentiel da
la séance, et n’a pas bénéficié cette
foie de la nouvelle chut» das taux
d'intérêt sur le marché obligataire. *
L'Indice Dow Jones des valeurs
vedettes s'est inscrit en fin da jour-
née è 3 398.91 points, en baissa de
5,13 pointa <0.16 %}. Quelque
230 mafions d'actions ont été échan-
gées. Lee ti tres an haussa ont toute-
fois - été plus nombreux que les
valeurs en baisse : 959 contre 936.
Selon les analystes, da nombreux
investisseurs ont préféré prendre des
bénéfices avant ia publication, ven-
dredi, des chiffres du chômage améri-
cain en février. L'annonce je»* d’une
hausse de 26 OOO. è 351 000. des
demandes d'allocations chômage
pour 1a semaine achevée le 20 février
est un trouvais présage.
Sur le marché obligataire, le ceux
d'intérêt sur les bons du Trésor è
trente ane. principale valeur de réfé-
rence, a reculé è 8,72 % contra
8,78 % la voûte au soir. Il avait briè-
vement testé la niveau de 6,87 96.
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LONDRES, 4 mars 4- L'effet Bardays
Affafcte par les résultats très infé-
rions aux prévirioas de te première ban-
que anglaise, te Barclays, et per Tab-
1 sortes d’une baisse des taux d'intérêt
allemands, la Sourea da Londres a perdu
icb terrain jeudi 4 rare. LTndfce Footste
des cent grande s vateras é’aat inscrit en
Idôtura en baisse ds 13.8 points (OA K)
>à 2 90A8 points. I avait pourtant atteint
■un nouveau record absolu de
*2 922J5 points dans te matinée.
Les partes ont cepend a nt été Imitées
par le s en ti ment que te feaidesbanfc bais-
sera peut-être ses taux directeurs te
18 mare. Las fonds d'Etat ont perdu
-■ TOKYO, 5 mars
La Bourse de Tokyo é clôturé en
hausse vendredi 6 mare, PincSca N&ksi
'gagnant 58,09 points, soit 0,35 %,
pour terminer à 16 817,70 points dans
un volume d'environ 270 millions de
titres, contra 230 mlfions jeudi. Dans
l’ensemble, la marché marquait une
pause avant te fin da Tannée fiscale, te
31 mars. Seul le titra du groupe de
,téiéoommunicationa NTT se distinguait.
I gagnait 39 OOO yen* è 705 000 yans
'en clôtura, eües echets spéeufetife par-
tent sur NTT. un symboie de ta ùttffe
apdeuteUva das années 1800, et Éeffet
se propega à Teneembt o du marché». .
déclarait un boursier. Lee investisseurs
l é ag tee s tent peu è l'annonce de te nou-
velle hausse de 83 %. par rapport è
près d’un quart de point. Le vofcme des
échanges s dkninué è 660,1 mirions de
titres contra 708.2 mfEons h varie.
Gonds Canada
San 4m
B.TJL
Qéber — -
t tfger gajn if ç . -
janvier. 1991, da l’excédant japonais
des comptes courants extérieure. Ce
damier a atteint en ja nviBr damier
5,2 mritards de dotera, il est toutefois
nettement Inférieur aux 1 1,5 müfiards
da dollars dégagés an décembre der-
nier.
COM ita
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6 RM
1 1SO
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1760
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17»
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490
3420
1410
CHANGES
Dollar :5,5910 F t
Le dollar s'inscrivait en hausse
vendredi 5 mars, après la baisse
surprise du taux des prises en
pension annoncée par la Bundes-
bank. A Paris, la monnaie amé-
ricaine cotait 5,5910 francs con-
tre 5,5560 francs jeudi au cours
indicatif de la Banque de
France.
KÏSsr:
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BOURSES
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fSBF, base 100 : 31- 12-8 1)
l«Sce général CAC 53^37 528£S
(SBF. base 1000 : 31-12-87}
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communiqués es fin de matinée per b salie des marchés de la BNP.
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MARCHÉS FINANCIERS
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3200 3150
541 540
671 675
9160 9280
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1326 1348
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2580 229
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5285 52»
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660 6»
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25330 253
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471 472
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1021»
3032»
19025 84
12896
94241?
10» 27
114022
03
102416»
30728000
Parias Ogparasvm...
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Poste Genon- — —
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St Honoré Padipra —
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Sogeolnnce Cranta—
SogmfeancaOiuribUL.
SortJwgtB—
Soginto
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Sdttce.
Sara Strea Aa. Eut . .
SwnSbttt AttFrta.
St Se. AaJbpoo.—
SnoSffiMEmer.MB
SLSmtQATPta..-.
SatéEja Action. —
13181 12824
62 586»
Pli 23828
01
38
Marché des Changes
COURS DES BUHS| MONNAIES
ET DEVISES
Marché libre de l’or
COURS) la bourse sur minitel
” 36-15
TAPEZ IE MONDE
PUBLICITÉ
FINANCIÈRE
Renseignements :
46*62-72-67
Marché à terme international de France MAT IF
Cotation du 4 mars 1993
NOTIONNEL 10 %.
Nombre de contrats estimés ; 23S 976
Dernier _ 114,46 126,72
Précédent 1K62 116,72
y.
24 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 ••
MÉTÉOROLOGIE
SITUATION LE 5 (MARS 1993 A O HEURE TUC
PRÉVISIONS POUR LE 6 MARS 1993
1EGBSE
O
b eaaïf
^Ï^SS^I
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N9BE
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nam
CMOS
~
BUB ET
EROUUMD
SENS DE
DBt/Ca/Bff
Samedi. Fs&tes préc ip it a t io ns sur
la Nord-Est et la Centre-Est. - Des
pays de Loba au Centre-Est et jusqu'au
Nord, h journée débutera sous un ciel
couvert, avec de faibtea pMes près des
frontières et de la neige des Vosges au
nord des Alpes, toutefois, sur.- le sud
du Jura et le nord ‘dès Alpes, les
chutes de neige ne’ seront pas significa-
tives. L'après-midi, des éclaircies
apparaîtront sur ta plupart des réglons.
Etes seront plus tardves près des fron-
tières suisses.
Partout afltaure, la sotoil sa montrera.
De ta Bretagne è ta Nomiandto, fl sam
pàis généreux raprès-mfcfi. C'est sur le
aud de ta Francs que ta journée sera le
plus ensoleillée avec un ciel souvent
peu nuageux. Le mistral et ta tramon-
tane souffleront jusqu’à 70 km/h.
(f fera toujours frais pour ta saison.
Las températures minimales, auront
comprises entra 1 et 3 degrés sur le
Nord-Ouest, entre 0 et - 3 degrés au-
teurs, è ('exception de la bordure môcff-
tamnéanna où sflas s'étendront do 3 à
B degrés.
L'après-midi, las températures attein-
dront généralement 4 è 6 degrés sur le
Centre-Est, 7 à 10 aileurs, jusqu'à 12 è
14 degrés près de ta Médtterrênée.
PRÉVISIONS POUR LE 7 MARS 1993 A 0 HEURE TUC
CARNET DU Mimée
Décès
TEMPÉRATURES maxime - mlnlma at temps observé
Valeurs anrêroas ralevé» rom» le 5-3-93
ta 4-3-1993 è 18 heures TUC et ta 6-3-1993 è 6 heures TUC
FRANCE
LMCOD
BIARRITZ
BOHOKADX —
BOURGES
BREST
CAEN
CHERBOURG—
mmsmm.-
ÎM8
GBBHUS
UU4-
UHOQS
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RENNES.
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SIKéSSOUSG. 1 -4 S
TODUHISE 8 -S D
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MADRID if
MARRAKECH- 19
MEXICO 22
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MOSCOU -B
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PÉBN.
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ROME
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SÉVELfi
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STOCKHOLM—
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22
38
1
21
13
17
-4
8
-1
14
B
6 K
-13 D
-2 D
-7 ’
TUC » temps universel coordonné, c'est-à-dire pour la France : heure légale
moins 2 heures en été ; tours (égale moine ? heure en hiver.
(Document établi arec le support technique spécial de la Météorologie natkmabtj
- René Anglade.
son mari,
Dora Ruhl,
Hannelore Ruhl.
Hddeotaric Wotacfa.
WoUrm® Walsch,
sa maman, ses saura, son beau-frère,
Claire et René Signât,
Evelyne Anglade.
Canne, Amélie, Armelicse,
Sa famille,
Ses petiCs-eafhnCs d’adoption,
Donuca. Olivia, Christophe, Betty.
Et ses étudiants qu’elle aimait,
ont (a grande douteur de faire part du
décès, survenu le 26 février 1993, de
Gabrïete ANGLADE,
née Ruhl,
agrégée de rUmvereité,
maître de conférences
A l'université Charles-de-Gau Uc,
à Lille.
L'incinération a eu lieu le 3 mars,
dans l'intimité.
« Le temps d’apprendre à vivre, il
est déjà trop tard. »
Originaire d’Allemagne de l’Est, elle
avait Fui l'op p ression communiste. Pas-
sionnément française, elle le frit dou-
blement : par son mariage avec René
Anglade, par son amour de la liberté,
de la vérité, de la justice. Elle avait été
l'élève, en Allemagne, de Gerhard
Friche et de Werner KcUer, en Fiance
d’Alfred Gulh et de Roger Ayrault EUc
avait appartenu à L’équipe Heine du
CNRS, avant d'étre nommée à l’uni-
versité de Lille. Après ses premières
publications sur Wilhelm Raabe, Hein-
ricta Heine, Goethe, elle travaillait k
une thèse que la maladie a interrom-
pue- '
- Le président de l'université Char-
Ics-de-GauIlc-LiUe-ni,
LUFR des études germaniques de
runivnsïté Charies-dt-Ga ulte-UH e-1 TI,
ont le regret de frire part du décès de
Gabriel ANGLADE,
enseignante en allemand,
survenu le 26 février 1993, à Paris.
Ses ftruéraiUes ont en lieu le mercredi
3 mars, à 14 heures, an funérarium de
Vahmton (Val-de-Marne).
- La Garenne-Colombes.
On nous prie d’annoncer le décès de
M. Edmond ASSOUS,
survenu le 27 février 1993;
." •*
L'inhumation tetigteuse aura (leu le
lundi 8 mars, à 14 b 30, au cimetière
'parisien de Bagnétix.
On se réunira à la porte principale.
De la part de
M- Edmond Assous,
née Gina Mcsftah,
son épouse.
Des CuniUes Assous, Koskas, Moatti,
Cbemla, Coben, Masfiah et Pierre,
ses parents « alités.
63, avenue du GénéraLde-GauIlc,
92230 La Garenne-Colombes.
- Evelyne et Jean-Paul Bon,
Danièle Longinier et Jean-Pierre
Bon,
Aurélia et Céline,
Usa et Julia,
Yann ManncTi
font part du retour vers le Père, fe
28 lévrier 1993, de
Paulette BOU,
leur mère, grand-mère et beHo-mèra.
L'office religieux aura lieu en l’église
Saint-Germain, 2, rue du Lavoir, 6
Cbâfeoay-MaJabry, le lundi S mars, à
14 heures.
Inhumation an cimetière de Mont-
rouge { porte de Obâtilton).
Cet avis tient Gcu de faire-part.
SPORTS
□ FOOTBALL : le président de
l’I/EFA propose une fusion de lu
Coupe des dsbs champions et de la
Coupe de ITJEFA. - Le président
de rUnioa européenne de football
(UEFA), le Suédois Lennart
Johansson, a proposé, jeudi 4 mars
à Madrid, la fusion entre la Coupe
d’Eunope des clubs champions et la
Coupe de EU EF A à partir de la
saison 1994-1995. Les 128 clubs
qui participeraient à cette compéti-
tion s'affronteraient d’abord par
groupes géographiques, avec des
têtes de série. Les seize meilleurs
clubs, qualifiés pour la phase
finale, disputeraient ensuite un
championnat. M. Johansson pré-
sentera ce projet * personnel • au
comité exécutif de TUEFA, chargé
de la restructuration des coupes
d'Europe, le 21 avril en Suisse.
□ ATHLÉTISME : nouveau record
du inonde du 60 mètres haies fémi-
nin en salle. - Ludmita Narozhi-
lenko a amélioré jeudi 4 mars, à la
réunion internationale de Séville,
son record du monde du 60 mètres
haies en salle. Agée de vingt-huit
ans, la Russe a parcouru la dis-
tance en 7 s 63 contre 7 s 66
réalisées, une heure auparavant, en
demi-finales. Mardi, à Saint-Sébas-
tien, elfe avait déjà battu son
record en 7 s 68. - (AFP.)
- L’ambassade du Canada frit part
du décès, A Paris, de
Cbrade Talbot CHARLAND,
ambassadeur du Canada en France,
survenu le 3 mars 1993.
Un livre de condoléances scia ouvert
à r ambassade du Canada, 35, avenue
Montaigne, de 10 heurt» A 18 heures,
les 3, 8 et 9 mars.
Une messe commémorative aura Gcu
le 9 msn. à 18 heures, en l'église Soint-
Séverin, 1, nie des Prêtres-Saint-Séve-
rin. Paris-S*.
Ni fleurs ni couronnes. Dca dons
peuvent être, envoyés à l'Arche, a/s
M. Jean Varier, BP 35, 60350 Trosly-
BreoU, ou A la Société canadienne du
cancer, 200, avenue Mdrose, Ottawa,
Ontario K.1Y 4K.7.
Cet avis tient lien de faire-part.
(Le Monde du S mars.)
- Le pasteur et M“ François Cor-
mouls-HouWs,
Mariette. Sylvie, Laurence et Anne
Connouta-Houlès,
M- Jacky Qjrmcmla-Hoclès,
Nicolas et Marie Cbrmoub-Houlès,
Pascale et Olivier Igon,
Emmanuelle,
Olivia et Henry Dumons,
Floric Cormouta-Houlès.
M“ Isabelle Carra oota-Houlès,
M. et M"* Max Comtoub-Honlès,
M. et M- Piètre Cormouls-Houlés,
M* Delphi»: Cormouta-Houlès,
M* 1 F1i*a* Renlsch,
mit la doulenr de frire part du décès, le
21 février 1993, de
M-
CORMOULS-HOf
née Andréa Owmools-Houlès,
dans sa q uaire- vingt -ai-ti ème année.
Le service religieux a en lieu le
24 février, au temple pentecôtiste de
Toulouse, et l’inhumation an dmetiète
protestant de Mazamet (Tarn).
*■ Ta Parole est une lampe à mes
pieds et une lumière sur mon sen-
tier. a
Psaume 119/ LO 5.
36, rue de Dam marie.
77000 Mefun.
5, rue André-Chénier;
3 1500 Toulouse.'
- On nous prie d'annoncer le décès
de
M. Léon DAVJDOVSKI,
ancien combattant . 4939-1945,
médaille du combattant volontaire ■
avec agrafé EV,
interné combattant volontaire
de h Résistance,
médaille
de renseignement technologique,
survenu le 27 février 1993, i l’âge de
quatre-ringt-quatre ans.
L’inhumation a eu lieu dans l’inti-
mité, an cimetière de Montmartre, A
Paris- 18c.
Gez avis lient lieu de faire-part.
- Catherine; Christophe et Sabrina
ont la douleur d’annoncer le décès de
Ono GHEDHXN,
(boutique VeMzfrao),
leur mari et père.
L’iabmaatîon a eu lieu A Saint-Ma r-
tin-en-Bière, dans la plus stricte inti-
mité.
3, rue de la Fortt-Macberia,
77630 Barbizon.
16, rue des Orteaux,
75020 Paris.
Bénédlct REMUND,
artiste sculpteur,
né à Bâle en 1904,
a été inhumé à Théméricourt, le
26 février 1993.
De la paît de
Sa famine
Et de ses unis.
95450 Théméricoun.
— M“ Hélène Franck.
Le professeur et M« André Roussel,
Leurs enfants et pet rts-enfante
M. Jean-Pierre Lange,
M** Brigitte Yeh
et leur fils,
M”" Simone Fafetti,
ont le regret d’annoncer le décès de
M. René LANGE, .
survenu è son. domicile, è Paris, dans
sa quatre-vingt^iuariènie année.
Les obsèques ont eu lien dans une
stricte intimité, selon la volonté du
défunt.
Qne ceux qui le souhaiteront
envoient, en souvenir de lui, un don à
la Fédération des aveugles de France,
58, avenue Bosquet, Parw-7*.
14, rue Saint-Paul,
92200 Netrilly.
6, avenue de Friedland,
75008 Paris.
- Bordeaux. Brive. Pau.
On nous prie d’annoncer le décès,
survenu le 4 mais 1993, de
M- Jaqqqes RAYNAL,
née Simone Jugea,
De ta part de
M. François fUy&aL
M. Mare Raynal
(Maud Molyneux), _
ses enfants,
M. Fabrice Raynal,
M_ Gauthier Raynal,
ses petite-enfants.
La crémation aura lieu, le lundi
8 mars, à 10 h 30, au cimetière du
Père-Lachaise.
r
Cet avis dent lieu de faire-part
26, rue Vavin,
75006 Paris.
- M- Jean-Pierre Scherding.
son épouse,
Ses enfants
Et perits-enfancs.
Sa famille.
Ses amis,
ont la tristesse de faire part du décès
du
docteur. Jean-Pierre SCHERDING,
survenu le 4 mus 1993, à l'âge de
soixaototreize ans.
Le service religieux aura lien le lundi
8 mais, à 14 h 30, en relise du plateau
d'Assy, suivi deTin^umatioô au cime-
tière de Passy 1 (r&üte^vojej,
Nî fleura ni couronnes.'' .•
2, hameau des Ch a rm cttes.
38120 Saint-Egrève.
- Taluyera. Lyon. Vburies,
M* Renée Guyot,
M. Roger Tayot,
son époux,
Louis et Marion Tayof,
Patrick et Pascale Tayot,
Catherine Tayol et Thierry Le vail-
lant,
ses enfants,
Nicolas, Anaïs, Jeanne, Jules,
Manon,
ses petira-enfante
Ainsi que toute sa famiüe^
ont r immense douleur de frire part du
décès de
M- Yvonne TAYOL»
née Guyot,
survenu le 3 mors 1993, à l'âge de
souaure-trois ans, des suites d’une lan-
gue et terrible maladie.
Cérémonie religieuse en l'église de
Taluyera, le samedi 6 mars, à
lO.heuxes.
Seule la famille assistera â l’inhuma-
tion.
Nos abonnés et nos actionnaires,
binffldant d'une réduction sur tes
. iruxëüons du • Carnet du Monde >,
sont priés de bien vouloir nous com-
rmniquer leur numéro de référence
WEEK-END D'UN CHINEUR
PARIS
Samedi 6 mars. - Dronot-Rkhe-
lies, 14 h : Stylos, tapis.
Dimanche 7 mars. - Dronot-
Montaijpre, 15 h 30 : tapis anciens.
Maison de la chimie, 14 h 30 :
mobilier, objets d’art. Passage du
Nord-Onest (13 Fbg-Montm artre),
14 h : affiches, matériel de cinéma.
ILE-DE-FRANCE
Samedi 6 issus. - Cerbefl, 14 b :
mobilier, objets d’art Engtüen,
14 h 30 : vins, alcools. Mandrea-
lea-Roses, 14 h 30 : livres, archéo-
logie. NeuîHy-sar-Seine, 15 h :
mobilier, tableaux,
Dimanche 7 mars. - Chartres,
10 h 30 et 14 h : photographies,
cartes postales. Provins, 14 h :
vins, alcools. Saiat-Gerania-ea-
Lnye, 14 h 30 : tableaux et sculp-
tures modernes. Sens, 14 h 30 :
mobilier, tableaux. Ver non,
14 h 30 : mobilier, tableaux. Ver-
sailles (Rameau) 14 h 30 : arts
d’Asie. Versailles (chevau-tégeis)
14 h 15: argenterie, livres.
t
PLUS LOIN
Samedi 6 mars. - Bordeaux
(Chartrons) L4 h : archéologie,
Extrême-Orient. Cabras, 10 h. et
14 h: mobilier, objets d’art, Mar-
seille (Prado), 14 b 30 : vins,
alcools. MarseiUe' (Jean Martin),
14 h 30 : livres. Sarlat, 14 h
mobilier, objets d’art.
Dimanche 7 mars. - Anbagne,
14 h 30 : mobilier, objets darL
Avrancfaes, 14 h 30: mobilier, '
tableaux. Bayoox, 14 h 15 : atelier
de peintres. Bériâuieox, 14 h 30 :
mobilier, objets d’art. Gfen, 14 h :
aits.de la table, mobilier. Granville,
14 h 30 : Jouets, dentelles . Ron-
fleur, 14 fi 30 : mobilier, objets
d’art. Limoges, 14 h : mobilier,'
tableaux. Lons-le-Saunier, 14 h :
mobilier, argenterie. Lonviers,
14 h 15 : dessins, mobilier. Pont-
Andenwr, 14 fa 30 : curiosités,
objets de marine.
FOIRES ET SALONS
Saiat-Quentin (02), Bastia, Blois,
ÏSSOire, Savigny-sar-Orge, L’isle-
Arbun, Cmdmn, Traudas, Mdaa.
Errata
- Dans Paris du décès, parues date
du 2 mars 1993, de
ML JeanTORTEL,
la famille nous prie de préciser qu'il
fallait lire également :
De la p an de . .
M. et M*- André Fellet.
Remerciements
- M“ Jean TorteL
Sa famille.
Ses proches,
Et ses amis,
remercient tons ceux qui, par leur pré-
sence, taure envois de fleure et de mes-
sages, ont voulu s'associer i leur dou-
leur, lois du décès de
M. Jean TORTEL.
Anniversaires
- fl y a cinquante ans
Abcam LILIENBAUM,
daquanto-neuf ans;
et son fils, . ■
Joseph UUENBAUM,
trenle-troîs ans,
arrêtés par la police de Vichy, internés
à Gare et 3 Dnuicy. ont étédéportés à
Maîdsnck oh Us furent assassinés
(convoi n° 51, du 6 mare 1943).
Nous ne les oublierons jamais.
Les familles Bender, Dreymann,
Gold&rb et Ulieubaum.
— il y a cinquante an< .
Samuel (Szmul) ZlVtE,
âgé de soixanto-neuf ans, arrêté par fai
police française dans la rafle du
Il février 1943, interné à Drancy,
déporté le 2 mars (convoi o* 49), était
assassiné à Auschwitz. ,
Ses enfante
Ses. petits-enfante
Ses arrière-petits-enfante
n’oubÜeronl jamais.
Communications diverses
- Ecole blltngne franco-allemande
pont les 2-6 ans organise une opération
portes ouvertes le- samedi 13 mare
1993, de 10 heures i 16 heures, au
134, rue du Faubourg-Sa int-Mart in,
Pam-10». . a-.y . 3 r,s\‘' ^
• 4 -sa aéta-i
- La soutenance de thèse de
M. François Lcncll, à l'Institut d’art et
d’archéologie, qui devait avoir Heu le
6 mars. 1993, i 10 heures, n’aura pas
lieu ce jour-là.
'CARNET DU MONDE
Ransaégnamants : 40-66-29*94
Tarif : la ligne JHLT.
Toutes rubriques 109F
Abonnés et actionnaires - 90 F
Caamnkat dfrmes 105 F
Thèses étadnurts 60 F
DEFENSE
□ M. Charles Barbeau reconduit à
.b présidence du Musée de l'aimée.
- Directeur du cabinet de
M.' Michel Vauzelle,- garde des
sceaux et mmîstre de b justice,
M. Otaries Barbeau a été reconduit,
par décret du ministre de b défense
au Journal officiel du 27 février,
dans ses fonctions - qu’il occupe
depuis octobre 1989 - de président
du conseil d'administration du
Musée de l’année, A Paris. Cette
décision de M- Pierre Joxe met un
terme -aux rumeurs sur b nomina-
tion à ce poste d’un officier général.
La communauté militaire s’atten-
dait, en effet, à obtenir cette fonc-
tion en compensation du fait que fe
poste de directeur du Musée de t'ar-
mée, généralement attribué i un
général du cadre de réserve, est,
pour b première fois depuis avril
1992, détenu par un fonctionnaire
civil, M. Jacques Pérot, conserva-
teur en chef des Musées de France
(le Monde dû 6 avril 1992).
Contrairement aux espoirs des mili-
taires, M. Joxe vient de maintenir
M. Barbeau A son posta
a Deux fiés plus d'appelés pour on
service long. - Le nombre des appe-
lés de l'armée de terre ayant choisi
de frire un. service long a doublé en
deux ans, malgré (a décision de
déduire le service militaire de douze
à . dix mois,, selon le général Yves
Crcne, sous-chef « organisation et
ressources humaines» à l’état-ma-
jor. Sur 148 000 appelés, 21 000
effectuent aujourd'hui un service
long (VSL) - de deux i quatorze
mois supplémentaires - contre
10 000 il y a deux ans. Une
enquête de motivation menée sur
les 600 premiers appelés à partir
pour l'ex-Yougoslavie a montré
qu’ils pariaient d'abord en vertu
d'un eidèaf ONU » de maintien de
(a paix, ensuite par goût de l'aven-
ture, enfin par motivation finan-
cière. A tour retour, une deuxième
enquête fait apparaître aune désil-
lusion sur la dureté et l’inefficacité
des marions humanitaires ».
fe<$
¥
y"
*■■■■’. , :
. •■-j' ■*
-h,-
,j- ■ ■
•j.-tSHT- :is i
— BE- ti'i'i •"»
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•t "*1 J. 1 *
Le Monde • Samedi 6 mars 1993 25
/ /
RADIO-TELEVISION
IMAGES
DANIEL SCHNEIDERMANN
La tentation du Somerset
I L s'appelle Don Mc Cuffin. La
télévision ne kil a pas offert
d'hommage très marquant,
et pourtant il fut l'un des plus
redoutables chasseurs d'images
des dernières décennies. Repor-
ter de guerre. Don Mc Culiin a
photographié te Bangladesh, le.
Biafrs, le Vietnam. Dans l'expo-
sition qui lui est actuellement
consacrée au Palais de Tokyo, à
Paris, ce cortège d'horreurs
défile dans son asphyxiante
noirceur, sans la moindre bouf-
fée d'air,, sans le moindre
espoir. Jusqu'au jour où Don
Mc Cu Win en eut assez de saisir
des cadavres. S’étant retiré
dans un coin du Somerset -
premier comté laitier d'Angle-
terre, comme chacun sait -, il
n'a eu de cesse d'en photogra-
phier les sous-bols crépuscu-
laires, honorables et mornes. De
cette lassitude, il se justifie en
une phrase : «A certains
moments , quand des hommes
sont morts devant vous et der-
rière vous, on finit par avoir le
sentiment irrépressible qu’ils
sont morts pour vous. » Devant
nous, ou pour nous? Voici
posée, où on ne l'attendait pas,
toute, la question des «reality
shows». Car tout sa passe
comme si, imperceptiblement,
(a télévision était en train de
changer de position- Avant Jac-
ques Pradel et Mireille Dumas,
on pouvait encore faire sem-
blant de croire que l'actualité
télévisée déroulait ses drames
devant nous, sans que nous
soyons obligés de nous sentir
durablement concernés. Des
figures lointaines mouraient,
pleuraient ou criaient Nous n'en
étions que spectateurs, et en
rien responsables.
Avec leur sourire penché sur
nos malheurs, Pradel et Mireille
Dumas ne font plus seulement
de ta télé devant nous, mais
aussi pour nous, pour sauver
nos amours en danger, retrou-
ver nos frères perdus de vue,
ou jeter è bas les masques qui
nous oppressent. Etonnante
mutation génétique, voici que
poussent sur notre téléviseur
des oreilles pour écouter nos
jérémiades, une bouche pour
nous chuchoter des conseils,
des jambes pour poursuivre le
bonheur ou les escarpes. D'une
certaine façon, c'est moins
hypocrite - tous les spectacles
ne sont-ils pas effectivement
fabriqués pour nous? - mais
plus encombrant. C’est pour
nous désormais que l'on pleure,
que l'on rit, que l'on fait le bien.
D'où le soupçon, contagieux,
immédiat : n'est-ce pas aussi
pour nous, et seulement pour
nous, que l’on porte du riz aux
Somaliens, que l'on meurt en
direct è Sarajevo, que l'on
donne, cas jours-ci encore, l'as-
saut aux forcenés américains ?
Jusqu'à quand supporterons-
nous le fardeau de ces
offrandes-là ? Chacune ne nous
rapproche-t-elle pas de la tenta-
tion. honorable et morne, de la
fuite au Somerset?
Les programmes complets de radio et de télévision sont publiés chaque
semaine dans notre supplément daté dimanche-lundi.
Signification des symboles : ► signalé dans « la Monda ratfio-télévf-
slon a ; □ Film i éviter ; a On peut voir ; ■■ Ne pas manquer ;
■■a Chef-d'œuvre ou classique.
Vendredi 5 mars
TF 1
20.45 Magazine :
Les Marches de la gloire.
L'échappés sauvage ; Une
apprentie trop pressée; Gaz à
tous les étages; Le plongeon
du canard.
22.20 Côté enfants.
2225 Magazine : Ushuafa. Au
Mexique (1* partie}. Espaça
vital ; Hauts voùlge. de Frédé-
ric Potier; Sur les traces de
Vasco de Baltes; Naissance
d'une corda, de Jeen-Afaert
Lièvre.
2 3 . 2 5 Divertissement :
Sexy Dingo.
23.55 Série : Les Enquêtes
de Remington Steele.
0.45 Divertissement ;
Le Bébête Show.
0.50 Journal et Météo.
FRANCE 2
20.50 Série : Les Cinq
Dernières Minutes.
Meurtre en Ardèche, de
Gérard Vergez.
22.30 Magazine :
Bout bon de culture.
Spécial Badin. Invités : Oarnel
Barenbotm. cHracwr murfcal
du Staatsoper, Opéra de I ex-
Berlin-Est; Mfchefll Denard.
directeur de te danse è
l'Opéra de Berlin; Maurice
Béjart qui crée au Staatsoper,
le 12 mars, deux botes : te
Nuit transfigurée et te «***►■
rin merveilleux: Volker
Schlûndorff, directeur des
studios de cinéma de Babets-
berg.
23.50 Journal et Météo.
0.10 Cinéma :
La Marseillaise. ■■■
FHm français de Jean Renoir
(1937).
FRANCE3
1.45 ► Magazine : Thalassa.
Marchands d'hommes.
.50 Magazine:
Faut pas rêver. . „
Invité : Gffles Vïgnaauft. Rus-
sie : les parités mains «fci Bai-
chot; Malaisie : tes fils cto la
princesse Hang U Po; Nor-
vège : te temps des rennes.
L50 Journal et Météo.
1.15 Magazine : Le Divan.
Présenté par Henry Chapter.
Invitée : Anne de Gaspen, en-
tique de cinéma au Quotidien
de Paris.
1.40 Série :
Les Incorruptibles.
Le Bouc émissaire.
CANAL PLUS _
*5 Série : Antoine Rives,
le juge du terrorisme.
L'Affaire Kamal Benam», de
Phflippe Lefebvre.- avec Jac-
ques Weber, Jean-Plane Bis-
son.
)5 Documentaire :
Les Surprises du sexe.
La sexualité des bôtas.
2. Une question de choix.
i5 Flash d'informations.
23.00 Cinéma ;•
Kîckboxer 2,
le successeur. □
Film américain d'Albert Pyun
. (1990).
0.30 Cinéma : L’Eveil. ■
FHm américain de Penny
Marshall (1990) fv.o).
ARTE _____
20.40 Magazine : Transit Spé-
cial campagne électorale.
Reportages : scénario de
r opposition 7 ; la gauche en
crise ? ; les écolos a réprouva
du pouvoir? Invités : Hervé
de Charette, Claude Cheys-
son, Roland Leroy, Noôl
Mamôre, Bruno Mégret.
Dominique Perben et Antoine
Waechter.
22.10 Magazine : Macadam.
Eric te Lam à la trompette,
de Valérie Stroh.
23.1 5 Documentaire :
Les Mémorables.
De Jean-Marie Droc Alberto
GtecomettL
Dans cette collection propo-
sée par Pierre Dumeye t ran-
' i créatrice de l'artiste
par Dm.
0.10 Magazine : Rencontre
(rediff., 35 min).
M 6
20.45 Téléfilm
Machination diabolique.
De Peter Smith.
22.35 Série : .
Mission impossible,
vingt ans après.
23.30 Magazine : Emotions.
0.00 Magazine : Culture rock.
La saga de Dire Straits.
0.25 Informations :
Six minutes
première heure.
0.35 Magazine : Rapline.
FRANCE-CULTURE
20.30 Radio archives.
Marie-Hélène Vieira Da SOv*.
21.28 Poésie sur parole.
21.32 Musique ; Black and
Bfue.
22.40 Les Nuits magnétiques.
Tebucchi à Lisbonne.
0.05 Du jour au lendemain.
Dans la bibliothèque de...
Marcelin Pleynet.
0.50 Musique : Coda.
FRANCE-MUSIQUE
20.05 Concert (en direct de Franc-
fort) ; Symphonie en ut
majeur, da Stravtosky ;
Concerto pour vtotonceSe et
orchestra n* 2, de Kaba-
levski: Symphonie n* 41 en
23.09 Feuilleton ; Maldoror.
23.19 Jazz' club Par Claude Car-
rière et Jean Delmas. En
direct de la VQIa à Paris : le
tromboniste Bob Brookmeyer
et te pianiste Kris Goessens.
1.05 Papillons de nuit
Samedi 6 mars
TF 1
13.15 Magazine : Reportages.
Deux femmes dans la po&ce.
de Jane Lagier et Jean-Claude
Bruzzi.
13.50 Jeu : Millionnaire.
14.10 La Une est à vous
(et è 16.45).
15.10 Série:
Les Douze Salopards.
Mission suicida, de Lee H.
Kactin.
1 7.30 Magazine :
Trente mOfions d'amis.
17.55 Côté enfants (et à 22.25).
18.00 Divertissement :
Les. Roucasseries.
18.30 Divertissement:
Vidéo gag.
19.00 Série : Beverly HIOs.
19.50 Tirage du Loto
(et è 20.40).
20.00 Journal, Tiercé et Météo.
20.45 Variétés :
Spécial Restes du cœur.
Les Enfoèés chantent Srar-
mania.
22.30 Téléfilm :
La Dernière Heure.
De WHSam Sachs
0.05 Magazine :
Formule sport.
Football ; Ski ; Boxe ; Voile.
FRANCE 2
SAMEDI • 13H20
Géopolis
Namibie :
Après l’Apartheid
13.25 Magazine :
Géopolis. .
Présenté par Claude Sérfllon.
Namibie ; après l'apartheid.
14.15 Magazine:
Animalia.
Présanté par A Bain Bougrain-
Dubourg. Un nuage de pépi-
ions au Mexique.
1 5.1 5 Magazine :
Sport passion.
A 15.15, Tiarcé, en direct
d’Evry; A 15.45, Rugby
(Tournoi des Cinq Nations):
Angleterre-Ecosse; A 17.30,
Football (32- de finale de la
Coupe de Fiance) : Toiriouse-
Auxerre. *
19.25 INC.
TF 1
11.05 Magazine : Têlefoot.
Coupes d’Europe; 32- de
finale de la Coupe de France.
1 1 .55 Jeu : Millionnaire.
12.18 Météo.
12.20 Jeu : Le Juste Prix.
12.50 Magazine : A vrai dire.
12.55 Météo, Trafic infos et
Journal.
13.15 Côté enfants (et à 17.50).
1320 Série ; Rick Hunter
inspecteur choc.
14.15 Série : Peny Mason.
15.50 Sport: Football. 32- de
finale de la Coupe de France :
Strasbourg- PSG, en cfirect de
Strasbourg ; A 16.45, mi-
temps ; A 17.00, 2» mi-
temps.
17.55 Divertissement;
Vidéo Gag.
18.30 Magazine : 7 sur 7. Invi-
tés : Nicolas Sarkozy, Hem
Emmanuelli, Marie-France
Stirbds, Bernard Stasi.
20.00 Journal, Tiercé et Météo.
20.40 Cinéma :
Retour vers le futur. ■■
Fïlm américain de , Robert
Zemeckls (1985).
22.45 Magazine:
• Ciné dimanche.
22.55 Cinéma : CJérambard. ■
Fflm français d'Yves Boisseï
(1969).
0.35 Journal et Météo.
FRANCE 2
11.00 Messe. Célébrée en l’égfise
Salnt-Ma rtln-Saint-Laurent
d’Orsay (Essonne).
12.00 Magazine :
L'Heure de vérité.
Invitée ; Nicole Notât secré-
taire général de la CFDT.
Journal et Météo.
Dimanche Martin.
Série :
Mission casse-cou.
Dimanche Martin (suite).
Documentaire :
L’Odyssée sous-marine
de l'équipé Cousteau.
Magazine : Stade 2.
Résultats : images de la
semaine; Athlétisme; Rugby;
Moto ; Ski ; Basket-ban ;
Cyclisme; Tir è l'are; Foot-
ball.
12.59
13.20
14.50
15.45
17.25
18.15
19.30 Série ; Maguy.
20.00 Journal, Journal des
courses et Météo.
20.50 Magazine : Frou-frou.
Spécial beaux mecs.
22.25 Magazine : ArdimaL
Invités : Tom Novembre.
Michel Fugan.
23.40 Journal et Météo.
23.55 Magazine :
La 25* Heure.
Présenté par Jacques Perrin.
Adagio, de Giancàrio Gamin,
avec Gten Wakefield, Bernard
Strother.
0.20 Sport : Rugby.
Tournoi des Cinq Nations :
pays de Galles-Jrtande.
FRANCE 3
13.00 Samedi chez vous (et è
14.50, 16.45). Télévision
régionale.
14.00 Série :
La croisière s'amuse.
Série : Matlock.
15,55
17.40
18.25
18.50
19.00
20.05
20.15
20.45
99 9n
22.45
23.40
0.25
Magazine : Montagne.
Hanrubal mécanique, de Denis
Ducroz. Invité : Gérard
Jugnot.
Jeu : Questions
pour un champion.
Animé par Julien Lepers.
Un livre, un jour.
Voyous et Gentlemen, une
histoire du rugby, de Jean
La couture.
Le 19-20 de l'informa-
tion. De 19.09 à 19.31, le
journal de la région.
Jeu :
Hugodéiire (et è 20.40).
Divertissement : Yacapa.
Présenté par Pascal Brenner.
Téléfilm : Le vin qui tue.
De Josée Dayan.
Journal et Météo,
h- Magazine : Repères.
Présenté par Jean-Pierre
Elkabbach. Invités : Claude
Chabrol, Robert 0. Paxton,
Bernard Kouchner, Don Ame-
deo.
Magazine : Musiques
sans frontière.
Présenté par Medy Tran.
Moyen-Orient : Egypte, Jor-
danie et Syrie.
Continentales Club.
Meilleurs moments de la
semaine.
CANAL PLUS
13.30 Mai
M aga zir
L'CBl du
me :
du cyclone.
14.00 Concert :
Hommage à Bob Dytan.
15.30 Le Journal du cinéma.
16.15 Documentaire;
Les Allumés...
Chassa au trésor à Porque-
rolles, d'Alain Tiqüu.
16.40 Sport:
Basket-ball américain.
Match de championnat de la
NBA. Ortando-San Antonio.
En clair jusqu'à 20.30
13.00 Dessin animé :
Les Razmoket.
18.25 Décode pas Bunny.
19.20 Animaux superstars.
19.30 Flash d'informations.
19.35 Le Top.
20.30 TéléfSm :
Epreuves d'amour.
De Stephen Gyllenheal.
22.00 Flash d’informations.
22.05 Sport : Boxe. Championnat
du monde lourds-légers
WBC : Anaclet Wamba
(Francej-Oavid Vedder (Etats-
Unis) ; Championnat du
monde super-coq WBA :
Wllfredo Vasquez (Porto -
Rico) - Luis Mendoza (Colom-
bie): Championnat d'Europe
super-légers : Valéry
Kayumba (France)-Mark
McCreath [Grande-Bretagne),
en direct de Levaiïois-
Perret.
0.00 Le Journal du hard.
0.05 Cinéma :
Mes nuits avec...
Alice. Pénélope. Arnold,
Maude et Richard.
FHm français, classé X. de
Frédéric Lansac (1976).
ARTE
— Sur le câble jusqu'à 19.00 —
17.00 Magazine: Transit.
De Daniel leconte (rediff.).
19.00 Magazine : Via Regio!
Les régions européennes.
1 9.30 Documentaire :
Histoire parallèle.
Actualités françaises et bri-
tanniques de la semaine du
6 mars 1943.
20.20 Chronique :
Le Dessous des cartes.
De Jean-Christophe Victor.
Zones grises.
20.30 8 1/2 Journal.
20.40 Documentaire :
Chronique
paysanne en Gruyère.
De Jacqueline Veuve.
Les jours et les gestes d“ une
famille au fH du temps et des
saisons, par la réaEsatrice des
Métiers du bois.
22.10 Série :
Histoires russes.
Dimanche 7 mars
19.25 Série: Maguy.
20.00 Journal, Journal des
courses et Météo.
20.50 Cinéma : Tchao Pantin. ■
Film français de Claude Berri
(1383).
22.25 Cinéma :
Osterman Week-End. ■■
Film américain de Sam
Pecklnpah (1983).
0.05 Journal et Météo.
FRANCE 3
11.00
12.00
12.05
12.45
13.00
13.30
14.00
14.50
17.30
18.00
19.00
20.10
20.45
22.05
22.50
23.15
Magazine : Musicales.
Cycle Rachmaninov (1* par-
tie). Concerto pour piano et
orchestre rr 1, par ['Orches-
tre symphonique français, drr.
Laurent Petitgsrard; sol. ; Var-
dan Mamikoraan.
Flash d'informations.
Télévision régionale.
JoumaL
Magazine :
D'un soleil à l'autre.
Jeu : Au pied du mur.
Série :
La croisière s'amuse.
Magazine :
Sports 3 dimanche.
Tir è l’arc : finale des cham-
pionnats du monde en salle,
en direct de Perpignan ; A
15.00, Basket-ball : finale du
Tournoi des As: A 15.40.
Tiercé, en direct d'AuteuH ; A
16.05, Tir è l’arc (et è
16.55) ; A 16.45, Cycflsme :
résumé du prologue de Paris-
Nice, à Forrtsnay-sous-Bors.
Dessin animé :
Les Simpson.
Magazine :
Jamais sans mon livre.
Spécial Journée des femmes.
Invitées : Gisèle Halimi; Ger-
maine Aaz. auteur de Anima/
Zone: JuTntte Boisrfveaux, de
CosmopoBtan. à propos cfu
Plan infini, d’isabel AB onde;
Catherine David, du Nouvel
Observateur, à propos du
Marri astronome, de Chet
Raymo, et de Je suis f argile,
de Chtfm Potok.
Le 19-20 de
tîon. Spécial l<
Invité
sident d’honneur du
marre de Fréjus.
Série : Benny Hill.
Spectacle :
Le Grand Cirque
du Bolchof.
Magazine :
A vos amours.
Bécaud.
Journal et Météo.
Cinéma : Enquête
sur un citoyen au-dessus
de tout soupçon. ■■
Film italien d’Elio Pétri
(1969) (v.o.).
informa -
islarives ;
Gilbert
CANAL PLUS
1 1 .00 Cinéma : Kîckboxer 2,
le successeur. □
Fflm américain d’Albert Pyun
(1990).
— — En ciair jusqu'à 14.00
12.30 Flash d'informations.
12.35 Magazine :
Télés dimanche.
13.30 Divertissement :
La Semaine
des Guignols.
14.00 Téléfilm :
Le Complot du bâtard.
De Cofln Bucksey.
15.50 Sport : Athlétisme.
Championnat de France de
cross-country, en cfirect de
Marignane.
16.35 ► Documentaire:
Au-delà du visible.
D'Alex Gregory.
17.00 ► Documentaire :
La Nuit des Mayas.
De Christine Varedy.
18.00 Cinéma :
Les Rois du soleil. ■
Fflm américain de Jack Lee
Thompson (1963).
— En dair jusqu'à 20.35 —
19.45 Flash d'informations.
19.55 Çacartoon.
20.25 Magazine : Dis Jérôme ?
20-30 Le Journal du cinéma.
20.35 Cinéma : L'homme
qui a perdu son ombre. ■
Film franco-suisse d’Alain
Tanner (1991).
22.10 Flash d'informations.
22.20 Magazine :
L'Equipe du dimanche.
Football Vofleiy-balL
0.50 Cinéma :
L'Amour en deux. ■
Film franco-belgo-sulsse de
Jean-Claude Gafiotta (1991).
ARTE
câbl e jusqu'
1 7.00 Série : Histoires russes.
Le Qé. de Pave! Tchoukhraî
(rediff.).
18.00 Magazine : Via Regio.
18.25 Documentaire : Palettes.
0’ Alain Jaubert (retfiff.J.
1 9.00 Série : Trois étoiles.
D'Antoni Janes (4- épisode).
19.30 Magazine : Mégambe.
De Martin Moisson nier.
20.30 8 1/2 Journal.
20.40 Feuilleton :
Die Zweite Heimat
D’Edgar Reitz, avec Daniel
Smith. Henry Arnold. 2. Des
yeux étrangers.
22.35 Cinéma :
Je veux vivre. »
Film américain de Robert
Wise (1959).
La dé, de Pavai Tchoukhraî.
1917 à Petrograd. Un riche
banquier est retrouvé mort.
Occuhée par les tourments de
l'Histoire, r affaire Fisher reste
une énigme. D'après l'œuvre
de Marx Aldanov.
23.05 Musique :
Montreux Jazz Festival
23.35 Série : Monty Python's
Ffying Circus (rediff.).
0.05 Magazine : Rencontre,
(rediff., 45 min).
M 6
13.55 Série ; Supercopter.
14.50 Série : Les Champions.
15.40 Variétés : Matchmusic.
1 6.40 Magazine : Culture rock.
La saga de Dire Straits.
17.10 Série ; Le Saint.
1 8.1 5 Série : Les Tètes brûlées.
19.05 Magazine : Turbo.
Le Salon de Genève.
19.54 Six minutes d’informa-
tions. Météo.
20.05 Série :
Cosby Show.
20.35 Divertissement ;
Tranche de rire.
20.40 Téléfilm : Onassis,
l'homme le plus riche
du monde.
De Waris Hussein.
23.55 Série : L'Exilé.
0.40 Informations :
Six minutes
première heure.
FRANCE-CULTURE
20.30 Photo- portrait
Sylvain Dubuisson, designer.
20.45 Dramatique. Le Secret du
Sauft, de Roxane Rtzvi.
22.35 Musique : Opus.
L’opéra au lycée.
0.05 Rencontre au clair de la
nuit... Avec Yvon Pères
(Chemin de halage).
FRANCE-MUSIQUE
18.00 Soirée lyrique, (en direct de
l’Opéra national du pays de
Galles) : Tristan et Isolde. de
Wagner, par la Chœur et l'Or-
chestre de l’Opéra royal du
pays de Galles, dlr. Chartes
Mackerras; sol. : Anne
Evans. Jeffrey Lawton, Peter
Rose. John Harris.
0.30 Cabaret- Par David Jisse.
Hélène DolavauSt et Berfin.
1 .02 ' Maestro. Rafael KUbelflc, par
David Jisse.
M 6
12.00 Série :
Mariés, deux enfants.
12.30 Série:
Ma sorcière bien-aimée.
12.55 Série : Booker.
13.45 Série : Cosmos 1999.
14.45 Série :
Soko, brigade des stups.
1 5.40 Magazine ; Fréquenstar.
Serge Gainsbourg.
1 6.35 Musique : Flashback.
Spécial Shefla.
17.05 Série : L'Exilé.
17.50 Série : Clair de lune.
18.55 Série : O'Hara.
19.54 Six minutes d'informa-
tions, Météo.
20.05 Série : Cosby Show.
20.35 Magazine : Sport 6.
20.45 Magazine ;
Zone interdite.
22.20 Magazine ; Culture pub.
Les Anglais sont-ils perfides ?
23.00 Téléfilm ;
Emmanuelle à Venise.
De Francis Leroi.
0.05 Informations : Six
minutes première heure.
0.15 Magazine ; Nouba.
Paul McCartney, Sylvie Maré-
chal, Tas min Archer.
FRANCE-CULTURE
20.30 Atelier de création radio-
phonique. RAP. reconnais-
sance automatique de la
parole.
22.25 Poésie sur parole.
22.35 Musique : Le Concert
(donné le 28 octobre 1992
au Festival de Lille). Evalyn
Gl sn nie, percussions; Phfflp
Smith, piano.
0.05 Ciair de nuit.
FRANCE-MUSIQUE
20.35 Concert (donné le 14 mai
1992, lors du Festival de
Vienne) : Trio à cordes an si
bémol majeur D 471, de
Schubert ; Quintette pour
piano et vents en nti bémol
majeur op. 16, de Beetho-
ven ; Duo pour flûte et piano,
de Copland; Quintette pour
piano et cordes en ut majeur
op. 60, de Brahms, par te
Boston Symphony Chamber
Players, dir. ; Gilbert Kafish.
22.33 Autoportrait. Henri Barraud,
par Catherine Paycheng.
23.35 L’Oiseau rare. Par Michèle
• Lejeune et Maguy Lovano.
Concerto pour violon. Trois
Esquisses symphoniques.
Rhapsodie roumaine n» 1. de
Bobeseu.
1.00 Les Fantaisies du voya-
geur.
*7
26 • Samedi 6 mars 1993 ••
La campagne pour les élections législatives
M. Rocard précise p le «big bang» ne s’adresse pas
qu’aux électeurs attirés par les écologistes
M. Michel Rocard a participé,
jeudi 4 mars, à SaJnt-Brïeuc, à
un meeting régional du Parti
socialiste, réunissant l'ensemble
des candidats de ce parti aux
élections législatives en Bre-
tagne. L'ancien premier ministre
a précisé, à cette occasion, que
son appel à un «big bang» poli-
tique n'a pas seulement pour
ambition de ramener au PS des
électeurs attirés par les écolo-
SAINT-BRIEUC
de notre envoyé spécial
La colère des marins-pêcheurs
était la seule menace qui pesait sur
le voyage de M. Rocard, jeudi, à
Saint-Bneuc. Dans cette ville dont
le maire de l'époque, M. Yves Le
Foll, fut le seul représentant du
PSU - sou ancien parti - & ['As-
semblée nationale il y a vingt ans,
dans ces Côtes-d'Armor dont le
président du conseil général,
ML Charles Josselin, est un de ses
partisans de longue date, dans cette
région dont le principal représen-
tant au gouvernement, depuis
1981, est un de ses amis, M. Lotus
Le Pensée, M. Rocard était assuré
que son «big bang» et lui-même
seraient bien accueillis. N'étaient
les pêcheurs, qui lui donnaient du
souci.
Or, M. Josselin, secrétaire d'Etat
à la mer, avait bien fût les choses
avant même l’arrivée de
M. Rocard. Entouré, i l'aéroport,
par une trentaine de marins, dont
certains portaient les stigmates
inquiétants d'affrontements récents
avec les forces de l'ordre, ('ancien
premier ministre a pu apprécier,
alors, le «travail a’orfèvre» de
M. Josselin. Appuyé sur une
connaissance des dossiers sans
défaut, auréolé par la fermeté avec
laquelle il avait traité ^affaire à
Bruxelles, rompu au dialogue avec
ces professionnels qui sont, aussi,
des électeurs bretons, le secrétaire
d'Etat a soigneusement déminé le
terrain et permis & son hôte d’op-
poser, lui, à des questions trop pré-
cises, que «c’est dévaloriser la
parole politique que de parler quand
on n’a pas la technique derrière ».
Pour le reste, M. Rocard a mis
en garde ses interlocuteurs contre
« Vhyperlibéralisme » et ses dangers
de dislocation des rapports
sociaux, et concédé que «certains
règlements communautaires sont
presque organisateurs de double
marché». Ce langage épineux n’a
pas rencontré de contradicteur. Le
maire de Conflans-Sainte-Honorine
a pu se féliciter, le soir, devant les
participants au meeting pour lequel
il était venu, des vertus démocrari-
3 ues de «courtoisie » et de «respect
e l'autre» démontrées par ses
interpe dateurs. Allons, la politique
n’est pas forcément devenue un
métier de chien!
Devant mille cinq cents per-
sonnes, M. Rocard a procédé i une
sorte d'explication de texte du dis-
cours qu'il avait prononcé & Mont-
Ion is-sur- Loire le 17 février der-
nier. Après avoir rendu hommage
au «modèle breton du socialisme »,
S [ui est « la synthèse entre la ville et
a campagne, entre l’humanisme
laïc et fe christianisme social, entre
l'attachement à me identité et l’ou-
verture sur le monde », l’ancien pre-
mier ministre a précisé le sens de
son intervention dans la campagne
des élections législatives en indi-
quant : «Je n'entends pas me satis-
Jaire d'une sorte de vases communi-
cants entre les écologistes et nous.
Mon propos est, bien entendu, de
convaincre un maximum de gens de
voter pour notre transformation,
mais j aurai d'autant plus de plaisir
encore à voir revenir vers nous ceux
qui auront, un moment, songé à
voter pour la droite. »
Soulignant «le contraste entre
tute droite égale à elle-même et une
gauche fidèle à elle-même, entre
une gauche qui veut se transformer
et une droite qui n’entend pas bou-
ger », M. Rocard a expliqué que
«le « big bang». c'est la consé-
quence nécessaire, des changements
au monde etde 'la France qui. sur
le fond; ont. Jtéf beaucoup plus
considérables qu’on ne l'avait dit,
jusqu'à présent, dans le discours
politique». Cette initiative, a-t-il
insisté, ne doit pas être réduite «à
SOMMAIRE
AU COURRIER OU MONDE
Solidarité : le bombardement
humanitaire. SNCF : seuls dans le
tunnel 2.
ÉTRANGER
Lord Owen fait état de progrès
avec les Musulmans dans les dis-
cussions sur le découpage de la
Bosnie 3
La Turquie fait un geste en direc-
tion de Bagdad 3
Les élections municipales en Atte-
magne 5
L'orientalisme français en quête
d'un second souffle 6
ESPACE EUROPÉEN
Un entretien avec M. Alain Juppé
« Différend germano-polonais sur
les réfugiés • Sans domicile fixe à
Copenhague • Malaise macédo-
nien 7 à 9
POLITIQUE
La campagne pour les élections
législatives : (e fief de la droite
conservatrice dans les Pays de (a
Loire 10
Les assises du RW vont tenter dé
masquer les divergences Mes au
traité de Maastricht — 11
Quelle histoire I : «Jour de mar-
ché», par Claude Sarraute 11
SOCIÉTÉ
L’affaira des écoutas téléphoni-
ques 12 et 13
Las Tsiganes roumains de Nan- ,
terre ne seront pas transférés au !
campdeThol 14
M. Bérégovoy annonce des mesures
d'accompagnement à la réforme de
ta procédure pénale 16
CULTURE
Au Grand Palais : un pharaon, sa
vie, pour l’éternité 16
Cinéma ; les voix du silence. I
Théâtre: souvenirs d*un tyran,... 17 1
ÉCONOMIE
Philips va supprimer de 10 000 à
15 000 emplois supplémentaires 19
Les Chantiers de l’Atlantique
confirment leur premier rang mon-
dial dans la construction de paque-
bots 19
Les actions Suez font l'objet de
rumeurs et de ramassage en
8 oursa 20
Point de vue : «Pour un vrai travail
à temps choisis, par Martine
Aubry ..— 21
Bardays annonce des pertes de
242 millions de livras 22
SANS VISA
• Les Iles François-Joseph répon-
dent encore • Cane blanche chez
les Lapon 8 « Ici, clos Delteil
• Chroniques d'un Japon oublié
• Tabla : è Ménilmontant m Le
«Michelin» reste le «Michelin»
• Vamse-sur-mar 27 à 34
Services
2
Annonces classées ....
6
24
.... 32
Marchés financiers
22 à 23
24
2fi
Spectacles
18
Week-end d’un chineur 24
La télématique du Monda :
361 5 LEMONDE
3675 LM
Ce numéro comporte un cahier
«Sans visa»
folioté 27 è 34
Le numéro de « Monde »
daté 5 mars 1993
a été tiré à 505 652 exemplaires.
Demain dans « îe Monde »
« Heures Mes» : la Côte-d'Or en mal d’emplois
L'annonce du transfert des activités de Koover en Ecosse a
révélé l'absence de cohérence de la politique économique menée
par les élus locaux. Les coUectn/hés territoriales tentent aujour-
d'hui de coordonner leurs efforts pour séduire les éventuels
investisseurs.
un simple slogan, ni, même, à un
combat d'appareils ».
Pour lui «donner sa dimension
vraie», le candidat «naturel» des
socialistes & l'élection présidentielle
future veut le situer dans « une
vision nouvelle de l’action de trans-
formation sociale». « Alors . a-t-il
dit, iV en résultera des mutations,
des transformations dans nos orga-
nisations politiques, et le « oig
bang » aura lieu. Quiconque le limi-
terait à des affaires de bataille poli-
ticienne se tromperait et. pire,
condamnerait même l'opération. »
Entouré de l'ensemble des candi-
dats du PS en Bretagne, à l'excep-
tion du maire de Rennes,
M. Edmond Hervé, retenu dans sa
ville par une autre réunion publi-
S ue, M. Rocard ne dontait pas
'avoir fait son devoir.
PATRICK JARREAU
M. Rapond Barre
imité du «Grand Jury
RTL-/? Monde»
M. Raymond Barra, ancien
premier ministre, sera l’invité de
l’émission hebdomadaire «Le
grand jury RTL -te Monde »
dimanche 7 mars de 18 h 30 à
19 h 30.
M. Barre, député apparenté
UQC, qui se représente dans la
quatrième circonscription du
Rhône, répondra aux questions
de Daniel Carton et d'André
Pasaeron, du Monde,, et de
Richard Arzt et de Jean-Yves
HoBnger, de RTL, lé débat étant
dirigé par Henri Marque.'
Deux disparitions
Le «Père Michel Riquet
ÿnie.Père jésuite Michel Riquet, l’un
“dès plus célèbres prédicateurs catholi-
ques français et auteur de nombreux
ouvrages de théologie, est décédé
vendredi S mats & Paris, à l’âge de
quatre-vingt-quatorze ans.
[Né le 8 septembre f89E i Paris, doc-
teur en théologie, Micbd-LoDtS Riquet
est ordonné prêtre de Ja Corop»*nie de
Jésus en 1920. Il devient directeur de b
Conférence Laënnec des médecins catho-
liques en 1930 et prend, sous r Occupa-
tion. me part très importante à la résis-
tance contre le nazisme (réseaux .
«Hector», «COmète»). Arrête par la .
Gestapo en Janvier 1944, le Père Riquet
en interné a Compïègne, puis déporté à I
Msutiwusen. ptôs Dachau jusqu'en mai 1
1943. A son retour de déportation, et
jusqu’en 1 935, le cardinal de Paris loi
confie b prédwathw de carême i Notre-
Dame. n est aumônier de la Société
médicale Saint-Luc de 1932 L 1961, puis
aumônier national des écrivains catholi-
ques de 1972 é 1981. Chroniqueur au
Figaro depuis 1931, le Père Riquet était
grand officier de la Légion d’honneur,
président «Tbomiear de rUnkm nationale
des déportés, «ireptésïdenl de r Office
national des anciens combattants, prési-
des! d’honneur du Réteac du Souvenir
et vicesRérident de la Ligne internatio-
nale contre le rarisnw et rantisém itisme.
Les éditions catholiques Marne doivent
publier prochainement U Rebelle disd-
pUné, on livre d'entretiens du Père
Le cinéaste Cyril Collard
Le cinéaste et écrivain Cyril
Collard est mort, le vendredi
5 mars, du sida. N était âgé de
trente-cinq ans.
Cyril Collard avait débuté
comme assistant de René Allio et
de Maurice Pi ata t, puis avait réa-
lisé des courts métrages {Alger la
blanche), des dips, des reportages.
pare chez Flammarion, il publiait
deux ans plus tard, chez le même
éditeur, un roman très autobiogra-
phique, les Nuits fauves. Sous le
même titre. Il donnait l’an dernier
ce qni restera comme son unique
long métrage : le récit boulever-
sant, et d’une étonnante liberté de
styfe, d’une existence en danger,
moins un film sur ic sida qu'une
extraordinaire leçon de vie et
d'amours, dont il était lui-même
l'interprète principal, aux côtés de
Romane Bobringer.
IjCs Suifs fauves a connu un suc-
cès public, avec déjà 900 000 spec-
tateurs en France depuis sa sortie
le 21 octobre 1992. Le film est un
des grands favoris de la cérémonie
des Césars, qui se déroulera hindi
prochain 8 mars, avec sept nomi-
nations, dont celles du meilleur
film, du meilleur premier film cl
dç la meilleure mise en scène.
Après Tavis défavorable de la Commission consultative du parquet
M. Franck Terrier retire sa candidature a poste
de procureur de la République de Créteil
La Commission consultative
du parquet Instituée par la foi
organique sur le statut de la
magistrature de 1992 a émis
mardi 2 mars un avis défavora-
ble sur la nomination de
M. Franck Terrier, actuel direc-
teur des affaires criminelles et
des grâces, au poste de procu-
reur de te République de Créteil.
En conséquence, dans une lettre
adressée mercredi 3 mars au
garde des sceaux, M. Terrier
demande à M. Michel VauzeJJe
de renoncer à cette nomination.
Composée pour moitié de repré-
sentants élus par les magistrats et
de représentants de la chancellerie,
la Commission consultative du
parquet est chargée depuis le début
de vannée de donner un avis sur
tes propositions de nomination qui
concernent le parquet. Ses avis
sont consultatif^, ils ne concernent
pas les procureurs généraux, mais
us constituent pour les magistrats
du ministère public une garantie de
transparence et d’équité qui n’exis-
tait pas auparavant.
La Commission s’était déjà réuni
au début du mois de février mais
la proposition de nomination de
M. Terrier était le premier dossier
véritablement délicat qui loi était
soumis. Entré dans la magistrature
en 1978 comme Juge d'instruction
au Havre, M. Terrier avait été
nommé douze ans plus tard au
poste prestigieux de directeur des
affaires criminelles et des grâces. Il
parachevait ainsi une ascension
exceptionnement rapide : substitut
an parquet de Pans, M. Terrier,
qut avait été remarqué par le pro-
cureur général de la Cour de cassa-
tion, M. Pierre Arpaillange, était
devenu en 1986 secrétaire général
du parquet générai de la Cour de
cassation avant de rejoindre en
1988 le cabinet du nouveau garue
des sceaux, M. Arpaillange. En
devenant deux ans plus tara direc- I
teur des affaires criminelles et des |
grâces, M. Terrier accédait à qua-
rante et un ans A (a direction la
plus «sensible» de la c h a n celle ri e.
En proposant de nommer
M. Terrier procureur de la Répu-
blique de Créteil, te ministre de la
justice, M. Michel Vauzdie, pre-
nait te risque de lancer à la veille
(tes élections une polémique sur tes
nominations «politiques». M. Ter-
rier, dont l'ascension a Tait bien
des envieux, est une personnalité
contestée - il s’était rendu dans te
bureau de M. Tapie, alors ministre
de la ville, lors de PaHaire Toshiba
- et sur la liste établie par ancien-
neté des candidats au pente de pro-
cureur de Créteil, il était seulement
vingt-neuvième sur trente. A peine
connue, cette promotion avait
d’ailleurs suscité l'indignation de
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P Union syndicale des magistrats
<(USM, modéré) et de l'Association
professionnelle des magistrats
(APM, droite), qui avait immédia-
tement dénoncé une «provocation
signant ta décomposition morale
d'un dan qui a perdu toute ver-
gogne» (le Monde du 12 février).
Un désaveu
pour ht chancellerie
Avant cette affaire, la Commis-
sion consultative du parquet, qui a
examiné 210 propositions de muta-
tion depuis sa première réunion de
travail, le 3 février, avait déjà émis
quatre avis défavorables, mais ils
étaient fondés sur des considéra-
tions « techniques »- Celui qui vise
la candidature de M. Terrier est
d’une nature différente : en s’oppo-
sant i la promotion du directeur
des affaires criminelles et des
grâces, la commission inflige un
véritable désaveu à la chancellerie.
Au regard des textes, le mode des
sceaux n’était pas tenu ae suivre
cet avis, mais plutôt que d’accéder
i ces nouvelles fonctions au beau
milieu des polémiques, te directeur
des affaires criminelles et des
grâces a préféré renoncer. Dans
une lettre adressée mercredi 3 mais
i M.- Vauzdle, M. Terrier annonce
au garde des sceaux qu’il retire sa
candidature au poste de procureur
de la République de Crétefl.
La Commission consultative est
loin d'être aux magistrats du par-,
quet ce que 1e Conseil supérieur de
la magistrature est aux magistrats
du siège, mais ce précédent donne
incontestablement du poids à une
instance encore jeune qui avait sus-
cité lors de sa création un certain
scepticisme. «Cette instance pari-
taire aurait pu être une simple
chambre d "enregistrement, note
.ainsi M. Valéry Turcey, le secré-
taire général de l’Union syndicale
des magistrats (USM, modérée).
Cette décision prouve qu’il s'agit
d'un organisme crédible et nous
espérons qu’à l’avenir les avis de la
commission seront systématique-
ment suivis par la chancellerie.»
L'Association professionnelle des
magistrats (APM, droite) saine la
décision de la CCP mais elle reste
prudente. «La Commission a
acquis une certaine crédibilité mais
nous restons vigilants, constate sbn
secrétaire général, M. Dominique
Matagrio. Elle perdrait ce crédit si
elle avalisait dans l’avenir la pro-
motion de M. Terrier à un nouveau
poste hors hiérarchie. » Quant au
Syndicat de la magistrature (SM,
gauche), il se félicite de ces nou-
velles garantit» tout en «x >ulignant
les limites de ces nouvelles disposi-
tions. «La Commission introduit
de la transparence et de la clarté,
explique M. Alain Vogelweith, te
secrétaire général du SM. mais
nous regrettons qu’elle ne puisse pas
étudier toutes les candidatures pré-
sentées et que ses avis ne soient pas
motivés. Il faudrait que les carrières
des magistrats du parquet soient
gérées par un Conseil supérieur de
la magistrature rénové.»
ANNE CHEMIN
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Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 27
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1 S • 1
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S A
Les îles François-Joseph
Pat 80 degrés de latitude nord, an coeur de
l’archipel François-Joseph, les météorolo-
gistes de Krenkel montent la garde. Double-
ment isolés, an pays des glaces, par le climat
et par les incertitudes de la politique rosse,
ils espèrent tirer parti de leur situation
extrême pour susciter l’intérêt des Occiden-
taux. Expédition à ht dernière station avant
le pôle.
L E pôle n'existerait pas si des
marins ne l’avaient rêvé. S’ils
ne l’avaient rêvé si fort ensemble
qu’il s'était mis i leur ressembler.
A prendre la forme d’une mer qui
pourrait les réunir, séparés des ter-
riens, libérés de la servitude des
ports par une simple digue de
glace. Une mer idéale. Une fin.
C’est ainsi que le dix-neuvième
siède envisageait notre pôle. Res-
tait & convaincre les marins de
mettre pied sur la glace pour l’aller
vérifier. Mais qui aurait pu les y
contraindre?
Les pouvoirs ne s’y intéressaient
guère. Ils songeaient aux terres A
s’approprier, et aux chemins pour
relier ies terres. Dès le seizième
siècle, afin de faire pièce à l’Es-
pagne et au Portugal installés sur
les mutés du Sud, Anglais et Hol-
landais tournaient leurs regards au
septentrion à la recherche d’une
autre voie maritime vers les
Indes : le passage du Nord-Est Les
AU SOMMAIRE
Japon,
mémoires ’
au quotidien — ........... P. 30
coufeS dé neige p. 28
Delteii
sur ses terres
du Midi ~~ - P.’ 29
Ménifmontant,
tables de quartier ........ p. 33
j. • (p t& ta
répondent encore
Vikings, qui avaient poussé par-
delà le cap Nord jusqu’à la mer
Blanche, n’avaient pas eu de suc-
cesseurs. Les récits de chasseurs de
phoques et de baleines valaient ce
que vaut l’anonymat Seule une
expédition aimée de ce qu’il fallait
de bannières pouvait prétendre
maîtriser ces eaux inconnues. En
déposer la carte aux pieds d’un
souverain.
En 1594, Willem Barents attei-
gnait la cote occidentale de la
Nouvelle-Zemble. En y retournant
deux ans plus tard, il est bloqué
par les glaces près de la côte orien-
tale. li laissera, avec son nom, sa
vie à la mer qu’il avait traversée,
et le prototype des aventures cir-
cumpolaires à venir durant plus de
deux sièdes. Un navire immobilisé
par les glaces et bientôt broyé par
elles. L’obligation pour l’équipage
d'hiverner. Du froid sans fin, des
nuits sans jour, la folie parfois, le
scorbut toujours, la mort comme
une tentation. La retraite eu
traîneau ou en chaloupe des survi-
vants jusqu’à un humble baleinier.
Un triomphe an retour.
A l'approche de notre siède, les
journaux de bord allaient inciter,
dans ces situations extrêmes, à ser-
vir la plume avant la barre. De
s’orienter avec elle, d’y trouver sa
voie, d’ajouter aux moyens les rai-
sons de lutter. A bord des navires
immobilisés, dans le silence d'ho-
rizons chaotiques dérivant avec
eux, ils passaient à la littérature
msensibleinent, manière de ne pas
céder au désespoir, de s'affirmer
plus fort que des forces qui les
dépassaient. Au besoin, il se trou-
vait à terre un inconnu pour faire
le récit de leur récit, donner forme
à l'attente des autres, comme ce
débutant auteur d’Un hivernage
dans les glaces : Jules Verne.
U consistance du pôle impor-
tait assez peu à ces équipages. Ils
se retrouvaient en avant-garde
venue au nom de l’humanité
affronter le Mal absolu : la glace.
l
Là où il acceptait de dévoiler son
vrai visage, au-dessus de 75 degrés
de latitude nord. Là où l'eau fami-
lière se faisait soudainement écueil
sous les coques, avant d'emprunter
aux sirènes l'étreinte fatale. Ses
imprévisibles alternances sem-
blaient celles d’un vaste poumon
par lequel respirait le pôle. Une
fêlure et elle octrovait la liberté;
une pression de plus ei c"e don-
nait la mort
Tous ne piriualent pas, mais
presque tous écrivaient. Hiver
après hiver, ligne après ligne, leur
constance était égale ; ils ne
cédaient rien, ne regrettaient rien.
Au printemps, lorsque le jour leur
prêtait à nouveau un reflet, leur
regard croisait celui d’un homme
nouveau. Celui qui pour survivre
avait bu le sang de ses chiens de
traîneau en potage, mordu à même
le corps encore palpitant d'un
morse, celui qui n’avait sans doute
pas cédé devant la chair humaine.
Où qu’elles aient entraîné, les
ices avaient conduit au Styx.
iC rescapé cachait un ressus-
cité. Qui pouvait s’intéresser
encore au pôle face à l’au-delà? Au
retour, dessinateurs et graveurs
ajoutaient l'emphase du trait aux
mots arrachés à la « mort
blanche». Des fictions s’efforçaient
de- rivaliser avec ies témoignages
dans l’horreur vraisemblable. Un
réalisme ourlé de fantastique réa-
nimait te romantisme finissant. Un
sentiment de la nature inédit se
répandait
ir 26 septembre 1893. - Dans la
monde puisse finir dans la désola-
tion et dans le néant. Pourquoi
alors toute cette beauté, s'il n'existe
plus aucune créature pour en jouir?
Je commence à deviner ce secret :
voici la terre promise qui unit la
beauté à la mort »
Au moment même où Nansen
enfonçait volontairement son
bateau (le Fram) dans le pack pour
étudier les courants arctiques où il
allait dériver trois années durant,
le jeune André Gide envoyait son
Urien en voyage vers le nord
absolu. Son pôle, imaginaire, lac
blanchâtre entouré d’un mur de
glace, adoptait les traits supposés
du pôle rêeL Las, il n'était qu’un
lieu où convergent les déceptions,
dont seule U recherche exaltait ;
ses purs! carrières salines!
morDres blancs des sépulcres!
micas/ C’est la blancheur des ténè-
bres... Nous allions, fiers et forts,
au-delà des pires détresses : où trou-
ver de la pure joie.»
Pour manifester parfois moins
de lyrisme, les journaux de bord,
lettres ou textes ne conduisaient
pas à des conclusions fort diffé-
rentes. Ainsi, ceux des Autrichiens
Cari Weyprecht et Julius Payer,
respectivement commandant en
mer et commandant sur terre de
V Admirai- Tegetthoff, goélette-bar-
que qui quitte flambant neuve en
1872 le port de Brême pour le
Grand-Nord avec raille jours de
provisions. «Le pôle, en tant que
point, n’a aucune espèce d’impor-
tance pour la science. S’en appro-
cher sert tout au plus à satisfaire la
vanité», préviendra le premier.
La second sera plus ettsert, mais
tout aussi définitif : « C'est par 20
merveilleusement beau que cette à 30 degrés Réaumur au-dessous de
nuit arctique. C’est le pays des zéro (I) que la graine de la sagesse
rêves, coloré des teintes les plus fut semée dans les fils de la nature,
délicates qu’on puisse imaginer: Cependant, ce climat n'était pas
c’est la codeur irréelle l Le ciel est fait pour qu’elle prospère. La décep-
une immense coupole bleue au tion jut douloureuse quand on prit
zénith, passant vers l’horizon au conscience de ce qu’était le pôle
vert, puis au lilas et au violet Non. Nord et du fait qu'il n'aüalt rien
jamais je ne pourrai Croire que le rapporter; que ce n’ètail ni une
terre, ni an royaume à conquérir,
mais seulement le point de rencon-
tre de lignes convergentes, un lieu
où il n’y avait en réalité rien ù
voir!» Tous deux n’afTîrmaiem
rechercher que la «route blanche
des Indes». Pierre le Grand avait
fait dresser entre 1733 et 1742 un
tracé de la côte sibérienne jusqu'à
baron
1824,
mais personne n'avait réussi à
joindre le cap Nord au détroit de
Béring (ou l’inverse). A leur tour.
IIUW Ml# IM Wl^ IVIUIV
la Kolyma, complété par le
de Wrangel entre 1820 et
Weyprecht et Payer allaient être
bloqués par les glaces à proximité
de la Nouvelle-Zemble. En plein
mois d'août. L ’Admirai-Tegetthoff
dérivait et plongeait dans la nuit
polaire. L’hiver, le printemps, Tété
à nouveau passaient sans que la
glace cède. Ils étaient implacable-
ment entraînés vers le nord. Us
menaient la vie de prisonniers,
dont la seule récréation esc de
chasser l’ours sur la banquise.
De notre envoyé spécial
Jean-Louis Peiner
Lire la suite page 31
(i) Entre moins 24 et moins 37 degrâ
Celsius environ.
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r
t
/
■L
I
5
28 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •
SMS ♦ VISA
ESCALES
Carte blanche chez les Lapons
KEMI
O N arrive toujours dans un
pays avec des images dans
la tête. Pour la Finlande, par
exemple, celles de la Fille aux
allumettes , un film d’Aki Kau ris-
maki. Un regard aussi noir que
dévastateur. Ni hymne à la
nature ou à la dure vie paysanne,
ni récit de la dernière guerre, ni
sombre description de L affronte-
ment entre la mystique et la
chair, mais l'univers glauque
d'un univers industriel avec,
pour héroïne, une ouvrière coin-
cée entre ses rêves minables et
un destin qui ne l'est pas moins.
Un ton aussi surprenant que le
décor. -Une sorte de cruauté,
déroutante et rigolarde, mas-
quant (peut-être) un romantisme
désespéré. Une ironie froide
devant la laideur, un sens rigou-
reux du dérisoire, l'absence de
toute concession. Mêmes images,
même regard, à La télévision cette
fois, avec, notamment deux films
de Matti (jas, les Lutteurs (une
histoire de vieux pensionnaires
fous) et la Valse du mariage, une
cérémonie catastrophique dans
une petite ville au nord du pays.
Même humour impavide et juoi-
Jatoire face à une humanité qu'il
faut bien supporter, malgré tout.
On arrive donc en Finlande
avec des images de quais mouil-
lés, de décors nocturnes, dans un
pays imaginé un peu désespérant,
peuplé de prolétaires mais aussi
de personnalités fortes, de
«caractères» comme on dit, qui
pratiquent l'humour sombre et
un peu dingue, histoire de résis-
ter aux aubes sales, aux brouil-
lards qui enveloppent les ports et
au vent qui siffle dans les rues.
On découvre une capitale austère
- Helsinki, - avec ses grands
bâtiments néoclassiques, ses
immenses parcs, ses larges ave-
nues, une certaine beauté froide
qui fait immédiatement aimer
l’intérieur chaud des restaurants.
Enfin, on découvre le blanc.
La blanc à l’infini. A l’échelle
d’un pays. Le blanc partout, sur
les villes et dans les forêts, sur
les routes, sur les rivières et les
lacs gelés. La Laponie, l’hiver,
c'est, & moins de deux heures
d'avion d'Helsinki, des milliers
de kilomètres carrés d’un man-
teau éblouissant. La neige
comme à la montagne, à la diffé-
rence près que ce n’est justement
pas la montagne. C’est d'ailleurs
ce qui surprend le plus au pre-
mier abord. C'est tout plat, à
peine vallonné, avec des milliers
de pins, de sapins et de bou-
leaux.
Située sur le golfe de Bothnie,
Ketni semble comme engourdie
sous l'épaisseur de cette ouate
glacée. Curieuse ville, tirée au
cordeau, avec des immeubles
plantés comme des cubes au
milieu de grands espaces. Le
relief des rues s'est estompé. Les
sons paraissent étouffés. Etrange
silence d'une ville qui ressemble
plus à une bourgade tranquille
qu'à un port considéré comme
verre pilé, pour se reformer pres-
que aussitôt après le passage du
navire. Grands blocs qui se sépa-
rent, bouillie de glace, impres-
sion de fin du monde. Un soleil
d'hiver très bas, globe jaune
fouetté par un vent coupant.
Paysage sans couleur.
Ceux qui cherchent des émotions
plus fortes ont une solution :
plonger dans les glaces, en com-
binaison de survie. Alourdi par
une tenue quasi lunaire, on des-
cend, difficilement, du bateau
chalets de bois ou des tentes
chauffées) et la motpneige qui
permet de traverser à vive allure
forêts, rivières gelées et lacs
immaculés, de virer dans les
petits chemins de campagne, de
slalomer entre les sapins avant
de filer droit devant soi, jusqu’à
l'horizon.
Quand le soleil est encore bas,
les congères prennent des teintes
dorées. Ombres sur l'horizonta-
lité. Les lignes sont épuiéees par
le froid. Univers lisse, arctique.
très important pour le commerce
finlandais. De Là partent en effet
chaque année, à destination de
l'Europe du Sud, 2 millions de
tonnes de marchandises : papier,
bois, acier, etc. Mais U est vrai
aussi que,- de décembre à fin
avril, les (râteaux sont figés dans
la banquise où, chaque jour, les
brise-glace doivent leur frayer
une voie.
A Kemi, on peut monter sur
l'un de ces derniers, mis à la
retraite pour le plus grand bon-
heur des touristes italiens, alle-
mands ou français qui y embar-
quent pour des minicroîsières.
Après vingt-cinq ans de bons et
loyaux services, le Sampo
accueille sur son pont de petits
groupes qui regardent l’énorme
bateau fendre lentement cette
mer solidifiée. Spectacle gran-
diose. La glace cède sous le poids
des 3 300 tonnes, se brisant en
mille morceaux, dans un bruit de
Moto neige sur les glaces.
pour s'asseoir au bord de la
glace— les pieds dans l’eau. Diffi-
cile de reculer. On se laisse donc
glisser. Non seulement on flotte
mais, on nage et on ne sent rien.
Ni chaud, ni froid. Le bonheur,
simplement, notamment celui de
fixer sur la pellicule la preuve de
son exploit—
Après quoi, toutes les épreuves
proposées paraîtront un jeu d’en-
fant. Conduire un renne, par
exemple, assis ou à genoux sur
un traîneau. Pas si évident qu’il
y paraît, en raison du caractère
d'un animal qui peut, selon son
humeur, freiner des quatre fers
ou, au contraire, ne pas vouloir
s’arrêter. Expérience trop brève,
malheureusement, au terme de
laquelle un Lapon en costume
remet un permis de conduire un
peu bidon. Reste, bien sur, le ski
de fond (on peut parcourir 30 à
40 kilomètres par jour pendant
six jours en couchant crans des
Guide
m Y aller. La compagnie fin-
nair |11, rue Auber, 75009
Paris, tél. : 47-42-33-33 et
numéro vert 05-36-61-77) relie
tous les Jours Paris à Helsinki en
trois heures (environ 3 300 F
A/ R) avec dos correspondances
g our Kemi ou Rovaniemi.
onsulter également les bro-
chure Visit Europe (groupe Air
France qui assure également
une desserte aérienne quoti-
dienne) et Nouvelles Frontières.
Formalités. Carte d’identité
ou passeport valide. Pas de
visa.
Quand? En Laponie, l'hiver
dure de novembre à mi-avril,
voire jusqu'au 25 avril dans le
nord de cette région. Mais d’au-
tres périples et d’autres activi-
tés sont ensuite programmées
au «pays des 10000 lacs».
Avec qui? Alentours (5, rue
Danielle-Casanova, 75001
Paris, tél. : 42-98-59-78), un
des bons spécialistes de la des-
tination (avec Scandhours, Ben-
nett, Natures, Zig-Zag et Borea-
lis Voyages), propose un large
choix de formules destinées aux
sportifs (même débutants)
amoureux de nature et de pay-
sages immaculés. Les prix
varient en fonction du pro-
gramme choisi et de la durée du
séjour (week-end, cinq ou huit
jours). Il s’agît, en majorité, de
voyages Individuels hormis ceux
pour lesquels un minimum de
participants est requis. Incondi-
tionnel de la Finlande, Gérard
Aiant a été parmi (es premiers à
promouvoir la Laponie en hiver.
A noter que la brochure « Fin-
lande-Laponie, hiver 92-93»
affiche des tarifs inférieurs de
10 à 25 % à ceux de l’an der-
nier.
Les safaris. A conseiller aux
esprits épris d’aventure et de
paysages grandioses étant
entendu qu i) existe des for-
mules plus familiales (visite à
une ferme d'éleveurs de rennes,
par exemple, ou visite au Père
Noél). proposant des activités
diverses, adaptées au niveau
sportif de chacun avec, en
vedette, le ski de fond auquel il
est possible de s'initier. Pour
ceux qui n’ont pas froid aux
yeux, safaris à motoneige (une
ou plusieurs journées) ou mini-
croisière sur un brise-glace
(avec ou sans bain). Une ran-
donnée à ski de huit jotas (35 à
45 km par jour) revient à
8 200 F par personne (quatre
participants minimum, pro-
chains départs les 13 mars et
10 avril) avec l’avion, les dépla-
cements, rhébergement en vil-
lages de vacances, refuges ou
tentes chauffées, les repas et le
guide. Une randonnée è moto-
neige de sept jours (étapes quo-
tidiennes de 100 à 160 km),
aux confins des trois Laponies
(finlandaise, norvégienne et sué-
doise) coûte 12 500 F par per-
sonne (prochains départs les 4,
11, 18, 25 avril), tout compris,
avec te matériel; l’essence et te
guide. Le «safari au clair de
lune», une randonnée en moto-
neige (60 à 100 km par jour)
dans le spectacle féerique de la
nuit polaire, au moment de la
pleine lune, coûte, tout compris,
pour cinq jours, 9 300 F
(départs les 19 ou 22 mars). Le
«grand safari arctique» (100 è
1 50 km par jour en motoneige),
du cercle arctique au lac Iran,
coûte, tour compris, 15 300 F
(départs les 6 mars et 15 avrfi)
pour huit jours avec héberge-
ment en hôtel, à la fenme, en
chalets et en refuges. Le «safari
du contrebandier», randonnée à
motoneige de quatre jours, du
golfe de Bothnie au cercle
polaire, est proposé pour
7 900 F (départs les 6 et
8 mars) tout compris avec
hébergement en hôtel et en
auberge. Sont également pro-
grammées des formules « week-
end » à 4 455 F et des
semaines è 6 950 F.
Equipement. Il fait froid, bien
sûr. mais pas plus qu'au cœur
des massifs français, avec un
mercure oscillant entre
- 10 degrés et - 1 5 degrés.
Prévoir un bon anorak, des
après-skis, de gros gants, des
sous-vôtements chauds, des
pulls, un bonnet de fourrure ou
de cuir recouvrant les oreilles,
une cagoule, de grosses chaus-
settes et une écharpe. Des
vêtements isothermiques (ainsi
que des bottes et un casque)
sont fournis sur place pour tes
balades en motoneige*, véhi-
cules accessibles à tous, à
condition de ne pas avoir de
problèmes de dos. Pour les
grandes expéditions, mieux vaut
être en bonne forme physique.
En janvier, le soleil ne brille que
quelques heures. A 15 h 30, la
nuit tombe mais, à cheval sur
son scooter des neiges, botté,, cas-
qué, enfoui dans -une combinai-
son thermique, on. poursuit son-
chemin à la lueur, des phares.
Vision irréelle, fantasmagorique,
plus enivrante encore. La longue
file de petits bolides suit le
guide, un Lapon reconverti au
tourisme sportif. L’idée de se
perdre fait naître les frissons. On
pense aux loups et aux ours,
mais surtout au jus d’airelles
chaud et aux tranches de renne
fumé qui attendent à la pro-
chaine étape. Sans oublier le
sauna et le dîner avec, en"
vedette, le saumon cuit à la
manière lapone : grillé - on dît
«crucifié» - debout, à l’exté-
rieur, près d’un feu de bois.
De notre envoyée spéciale
Catherine Hmnbiot
La Plagne
côté fmsons
A savourer. Les spécialités
finlandaises et lapones : pois-
sons (de mer, de rivière et de
lac), viande de renne et renne
fumé, accompagnés de purée.
Goûter la vodka Finlandia, l'eau
de vie Koskenkorva et les nom-
breuses liqueurs de baies
diverses (framboises arctiques,
baies des marais, airelles).
Essayer le cocktail « larmes de
renne » (vodka finlandaise, une
goutte de Cointreau et deux
airelles).
Visiter. L'Arktikum, è Rova-
niemi, ouvert depuis décembre.
Une curiosité architecturale :
très moderne, H s'ag/t d'un long
tube en verre construit en partie
sous terre. 11 abrite è la fois le
musée provincial de Laponie
(expositions sur i'hisîoire, la
géographie et la population) et
le Centre international de
recherches arctiques.
A lira. Le Guide bleu Finlande
(Hachette) ; les Lapons, peuple
du renne , de A. Spencer
(Armand Colin) ; Kalevata. épo-
pée des Finnois, en deux tomes
(Gaflimand) ; le Livre d'un été. de
T. Jansson (Albin Michel) ; Une
histoire de corde, de V. Meri
(Plein chant) ; Voyage en Lapo-
nie, de Jean-François Regnard,
auteur du Légataire universel qui
se rendit en Laponie en 1681
(Griot, 95 F).
Se renseigner. Auprès de
l'Office du tourisme de Finlande,
13, rue Auber, 75009 Paris,
tél. : 42-66-40-13, Minitel
3615 FINLANDE. •
Sous (es spatules, la pente est
vraiment très raide. Un soupçon
de surplomb avant de basculer
dans une plongée de 200 à
300 mètres au pourcentage
impressionnant. Même attaqué
par son « petit départ-», situé &
plus de 3 000 mètres d’altitude, te
hors-piste de la face nord de
Bellecôte reste le juge de paix du
domaine skiabte de La Plagne.
Une. fois surmontée cette délicate
entrée en. matière, l’impétueux
skieur, impérativement
accompagné d’un moniteur,
découvrira un véritable rêve :
deux heures et demie de neige
profonde et de poudreuse vierge
de toute trace. Avec, le fin du fin,
dans la dernière section de (a
descente, un long déboulé sur la
coulée blanche de Bellecôte. Après
quoi «L’Ancolie» s’impose. Niché
aux abords du village de
ValLandry, à égale distance des
Arcs et de La Plagne, ce restaurant
de montagne propose une table
sans chichis mais non dépourvue
de finesse. A ne manquer sous
aucun prétexte, la terrine de foies
de volaille aux noix, relevée d’une
larme de génépi Une seule
obligation : il faut absolument
réserver.
Plus qu’une station, La Plagne est,
au creurde teTarentaise, une
constellation de dix sites (six
stations d’altitude et quatre
stations-villages) disséminés, entre
1 250 et 3 4(7 mètres, tout au
long des 210 kilomètres du
domaine skiable. Un espace de
10 000 hectares. De plus, associé
aux douze sites olympiques
voisins et grâce à ta polyvalence
des forfaits proposés, U offre aux
courageux 1 500 km de pistes et
cinq cent quatre-vingt-cinq
remontées mécaniques! La Plagne
soigne également (es autres sports
de neige avec, eu yedette, la piste
olympique de bobsleigh- Ainsi, les
amateurs .de "sensations fortes
peuvent-ils, jusqu’en mars;
dévaler, à 80 ou . • v ::
120 kHoraètres/heure, en
bobsleigh ou en luge, tes
1 500 mètres de la rampe . .
olympique (renseignements au
79-09-12-73). Egalement au
programme de la station, te
championnat de France de ski
alpin, du 24 mars au 4 avril et le
championnat d’Europe de
télémark, du 26 au 28 mars, i
Moatchavm-tesrCoches.
Si, dans les sites, 1e couvert est
généralement de qualité, le gîte,
lui, est plus commun. Station
champignon, La Plagne a
privilégié tes résidences plus que
tes hôtels et de nombreux
appartements sont en cours de
réhabilitation. Parmi les bonnes
adresses, la résidence Maeva «Les
Choucas» (Tune des quatre de la
station, téL : 79-09-28-29), située
à La PLagne-Montalbert (studio
quatre personnes de l .350 à
4 160 F suivant la saison), les
clubs Méditerranée et Aquarius,
les résidences Pierre et Vacances
et, côté restaurants, « L’Ancolie»,
déjà mentionné (180 F par
personne le menu gourmand, téL :
79-55-05-00). Renseignements et
centrale de réservation ; office du
tourisme de La Plagne, Le Chalet,
6.P. 62, 7321 1 Aime Cedex, téL :
79-09-79-79, Minitel 3615 LA
PLAGNE.
G. D.
L’évasion
planifiée
Constatant qu'un nombre de plus
en plus important de candidats à
l'évasion souhaitent organiser
eux-mêmes leurs déplacements, tes
brochures des voyagistes font la
part de plus en plus belle aux
voyages «à la carte». Force est
cependant de reconnaître qu'il
n’est pas toujours évident de s'y
retrouver dans le maquis de
tableaux dissuasiveraent -
rébarbatifs, de déchiffrer des
grilles de prix et, en l'absence de
véritable mode d'emploi,
d’assembler, judicieusement, des
prestations présentées ainsi en
vrac. D'où l’initiative de - .
Scanditours, grand spécialiste dé
la Scandinavie, qui propose
désormais à ses clients te « petit
outil malin» susceptible dé les
aider à préparer le voyage
correspondant à leurs souhaits.
Une initiative d’aiitant plus
opportune que In moitié de te
nouvelle a copieuse brochure
estivale de Scanditours (dans les
agences de voyages et à la Maison
de la Scandinavie et des pays
nordiques, 36, rue Tronchet,
75009 Paris, tél. : 47-42-38-65) est
consacrée à des formules de
voyages indépendants qui
s’ajoutent aux circuits organisés et
accompagnés et permettent de
découvrir, de toutes tes manières
possibles (dont la croisière), la
Scandinavie, l’Islande, le
Groenland, les pays baltes et la
Russie.
Baptisé «Scandipianner», l'outil
en question est inséré dans la
brochure. Imprimé sur du papier
mat et fort, il permet au candidat
au voyage d’y consigner les dates
et les étapes de sou itinéraire ainsi
que le détail des diverses
prestations et leur coût. Outre un
calendrier 1993 y figurent
également quelques « tuyaux»
utiles. Une fois te document
rempli, il ne reste plus qu'à le
remettre à son agent de voyages
(auquel on aura, en quelque sorte,
mâché te travail), lequel pourra
éventuellement solliciter
l’assistance du voyagiste (pour
établir un devis précis, par
exemple) avant d’effectuer les
réservations nécessaires.... et de
toucher sa commission. Cela dit,
1e «petit outil malin» mis ainsi au
service du client souligne aussi,
indirectement, les lacunes d’un
réseau de distribution auquel rat
encore trop souvent reproché de
n’être pas toujours â la hauteur de
sa mission d'assistance et de
conseil
Vacances
en vitrine
Rendez-vous annuel des
professionnels du tourisme avec la
clientèle française, le dix-huitième
Salon mondial du tourisme se
tiendra du J 2 au 15 mars, porte
de Versailles, à Paris. Avec, d’un
côté, six cents exposants,
producteurs; offices de tourisme,
transporteurs et prestataires de
services et,. de l’autre, quelque dix
.mille visiteurs professionnels,
doql une majorité de distributeurs
(les agences dé voyages); venus
découvrir (a mode estivale et
faire, en quelque sorte, leur
marché au même titre que le
grand public (quatre-vingt mille
visiteurs attendus). (Jn public de
consommateurs exigeants qui,
selon une enquête réalisée lors du
précédent Salon, privilégie la
découverte culturelle (67 %X la
détente, les vacances « vertes» et
1e sport (47 %) et la recherche du
soleil (36 %), et qui attend des
exposants informations et
conseils. Pour être en mesure de
comparer et, éventuellement, de
réserver leurs vacances sur place
en bénéficiant des offres
promotionnelles proposées
pendant le Salon.
Présents, comme chaque année,
les divers styles de vacances
s'inscriront cette fois sous forme
de parcours thématiques et
géographiques, le Salon 1993 étant
divisé en cinq zones
correspondant aux cinq
continents. En vedette, et avec 1e
soutien de la CEE, les Caraïbes, te
Pacifique et P Afrique, continent
qui, avec dix pays présents et un
programme d'animations variées,
entend mettre en valeur^ malgré
un environnement politique
parfois instable, ses atouts
touristiques et son dynamisme. A
noter, le 1 1 mars à 10 h 30, une
table ronde sur le thème
«Contraintes et opportunités du
tourisme en Afrique». Au total,
près de quatre-vingt-dix pays
représentés (dont la Croatie), avec
te retour: de l'Autriche et de te
Pologne et Parrivée du Danemark,
du Costa-Rica et du Venezuela.
La France ne sera pas en reste,
avec une participation importante
de la Maison de la France qui, sur
plus de 130 mètres carrés,
illustrera la richesse d'une offre
déclinée par grands thèmes :
tourisme des jeunes, naturisme,
nature et découverte; vacances
actives (golf, pêche, etc.) et
manifestations culturelles. Une
vitrine hexagonale complétée par
de nombreiixstands régionaux et;
départementaux, et la présence
d’otganismes divers, dontrUnion
nationale des associations de
tourisme. Côté voyagistes, (a
plupart des leaders seront aH
rendez-vous (Fram, Kuoni, Forum
Voyages, te Tourisme français,
Terres d’aventure. Voyageurs du
monde, etc.), rejoints cette année
par (e Club Méditerranée,
Transtours et l’UCPA. '
► Salon montfial du tourisme. du
.11 au 15 mars, porte de Ver-
sanies, hall 7/2, de 10 heures è
-19 heures. Prix d'entrée : 4S F.
Ici.
1 ...
s fi* vr r
• ^ -• •* - '
*■
• * * . j.|£i '
■ aïs* 1
■..tu***
SMS ♦ VISA
PARCOURS
• Le Monde « Samedi 6 mars 1 993 29
J!*;--'." -
Ici,
clos Delteil
Comme Rimbaud qui, disait
Joseph Delteil, était «parti
après le travail, tout simple-
ment.. », ce dernier quitte
Paris, en 1937, pour s’ins-
taller sur la commune de
Grabels, à quelques kilomè-
tres de Montpellier. En
jouant au viticulteur pour
dore sa vie de littérateur.
C ’EST mars, et ce jour est
« tempétueux », comme il
dirait : alternance de «bourras-
ques et de soleillées», violentes
éclaboussées bleues qui, chassant
l’ombre violette, ramènent snr la
Tuilerie de Massane de grands
pans de lumière. Ombre et or,
espoir et désolation, gloire et
oubli, folie et quiétude*.. C’est
dans ce mas édifié en 1603 par
Pierre de Massanes, un conseiller
du roi, sur la commune de Gra-
bels, à quelques kilomètres de
Montpellier, que vécut de 1937 &
1978, date de sa mort, Joseph
Delteil, (Été dans les années 20
comme l’un des écrivains les plus
originaux de sa génération par
Gide, Drie#La Rochelle, Claudel,
Valéry, Montherlant, Tzara, célé-
bré puis piétiné par André Breton,
ami des Delaunay, vénéré toute sa
vie par T Américain- Henry Miller
que la lecture de Delteil « saoulait
comme un pape», élevé au rang de
de .
Richaud, jSx .,71 m sj.
Quinze ans après le décès de cet
enfant terrible de la littérature,
tout encore dans ce lieu respire le
mélange de feu et de paix que fut
la vie de l'auteur de Jeanne d'Arc :
un livre qui lui valut en 1925 le
Prix Femina, les faveurs de Cari
Dreyer qui le sollicita pour écrire
le scénario de sou film, mais aussi
d’être au cœur d’une brûlante
bataille littéraire - les uns, jusqu’à
l’empereur du Japon Hirohito lui-
même, encensant l'ouvrage tandis
que Les autres lui reprochaient
d'avoir enfanté une Jeanne d'Arc
qui «bave, rote, pisse».
u Voyez, au/ourd’hvlll serait ià. à
ramasser les feuilles, à faire ses
petits tas, à y mettre le feu-. ». dit
en souriant Jean-Claude Poude-
vigne, qui vit id depuis que Del-
teil, en 1957, céda sa propriété en
viager à son père Maurice. Poude-
vigne, en langue d’oc, veut dire
«tailler la vigne». Sur les cent
hectares que comptait le domaine
agricole acqnis le 15 octobre 1937
pour un montant de 300 000 F
aux noms de M 1 ** Marie Delteil,
sœur de récrivain, et de Caroline,
son épouse, une trentaine étaient
plantés en vignes. Jean-Claude, le
dernier habitent de la Tuilerie,
ajoute dans un éclat de rire :
* Joseph , une sorte de pyromane,
quoi f» Sa maison, c'était celle qui
jouxte la partie du mas où Jean-
Claude Poudevigne demeure.
L’homme hésite : «Je veux bien
vous la faire voir, mais elle est
insalubre, on ne peut plus rien en
faire. »
On entre pourtant depuis la
cour intérieure, laissant la véranda
- aux vitres cassées - sur la
gauche et montant quelques
ISLANDE
geysers
et volcans
avec votre voiture
es'-Tsrry "Norrôna"
:.:o )« Smyril Line
marches. Le vestibule puis la salle
à manger vide et désolée avec,
boulonnés sur le mur qui fait face,
des rails : ils servaient à. guider et
hisser l’ascenseur, pied de nez à la
maladie que Delteil, fatigué du
cœur, et privé de I*usage de. son
poumon droit, avait fait installer
pour monter jusqu’à sa chambre,
où il écrivait
« Cet ascenseur ! Un tas de fer-
raille tout à fait dans le style du
dépouillement qu'il avait recherché
en venant vivre Ici», commente le
médecin de Grabels, Jacques Cha-
baud, qui, le 12 avril 1978,
accompagna Delteil dans ses der-
niers moments. Il est mort de
sénescence, «le plus simple possi-
ble», se aou vient le docteur,
comme il l’avait rêvé : «J 1 aime-
rais que le dernier mot soit le
. même que le premier, le seul mol .
dont Je rêve pour mon épitaphe :
innocent» (2).
La pleurésie tuberculeuse
contractée en 1931, celle qui le
priva de ce poumon, Pavait amené
jusque dans cette garrigue des
environs de Montpellier, ville
’■ Va
1 \ \Vv;
V .. : ? >'
"• \
Vltf K:
| > •’ |v ; ‘\.X. ÿ’’
I • ï- s v '
’f, . . •- v'.'y • ’•
Joseph Deltail dans ses vignes, près de Montpellier.
réputée pour ses médecins. Der-
nière étape au terme d’une tour-
née de plusieurs années dans le
Midi guérisseur : Vence, Brian-
çon, Toulon et jusqu’en Italie,
Santa-Mârgherita de Ligure.
L'écrivain s’installe dans cette
ancienne fabrique de tuiles avec
sa femme^ Caroline Dudley de son
nom de jeune fille, une «jeune
Américaine dans le vent ». habi-
tuée du salon parisien de Gertrude
Stria et créatrice; eu France, de la
fameuse Revue Nègre où dansa r
Joséphine Baker, :où : Sidney
Bechet souffla dans sa clarinette.
Sur leurs pas, arrivent la sœur de
l’écrfvain, Marie, son père,
bûcheron-charbonnier, sa mère
analphabète qui avait espéré une
carrière de prêtre pour son fils.
Les parents de l’écrivain mourront
tous deux à la Tuilerie.
« J'étais à un carrefour. Il y a
dans la vie des Périodes, des Epo-
ques. J'avais écrit une trentaine de
livres, d’un seul mouvement.
J’étais las de as qui commençait à
devenir un méfier: le métier
d’homme de lettres avec ses servi-
tudes. Un livre par an. J’avais faim
d’un Nouveau Monde - est-ce ce
qu’on appelle la crise mystique ? Je
partis, je ne sais jamais revenu »,
lit-on, écrit de la petite écriture
irrégulière, sur le dos d'une enve-
loppe du fonds Delteil de la
bibliothèque municipale de Mont-
pellier.
Le petit rédacteur du ministère
de la mariné marchande, né en
1894 à Vülar-en-Val, dans l’Aude,
et « monté » à Paris en 1 920,
quitte une gloire foudroyante.
Cette terre d’oc, tout ensemencée
de ramaconilh, Taspeige sauvage,
et dorée d*tujalas, le genêt épi-
neux, sera son Harrar : « Entre
nous . écrit-ü, j'ai ma théorie sur
Rimbaud, une théorie tome pay-
sanne : il est parti après le travail,
tout simplement- Après la Saison
en Enfer, la saison en Harrar. rien
de plus. (3) » Pendant dix ans,
Delteil ne publie pratiquement
plus, écrit peu sinon sur ces
papiers volants, ces dos d'enve-
loppe. Paris l’oublie, Montpellier
sait à peine qu’il est là, à ses
portes.
Il entend vivre désormais en
viticulteur. 11 achète deux gros
chevaux, pour labourer, prend des
employés pour l'aider, fournit sa
récolte de raisins à la coopérative
de Grapels tout en se réservant, en
contrebas du parc, un rectangle de
vignes pour sa « blanquette »,
comme celle de son Aude natale,
qu’il vinifie et met en bouteilles
ltn-mème. Sur les goulots des bou-
teilles, il pose des cônes de papiers
où il note « vieille lune », « vent
nord-ouest», répertoriant soi-
gneusement le moment astral ou
climatique correspondant à la
mise en bouteille ; « le vin, c'est
un être vivant », aime-t-il à décla-
rer.
Les Grabellois 1e prennent pour
un fantaisiste. Alphonse, l’un de
ses employés d’alors, qui n'est
resté que six mois au service de
Delteil, ronchonne encore aujour-
d’hui ; « C'était un mauvais
patron, un faux paysan, un drôle
de pistolet. // était fort, oui. pour
bricoler, faire ses expériences, ses
combines sur son carré de vignes.
Il croyait savoir , guérir les ceps.
Nous, on le regardait faire : ça ne
marchait jamais, évidemment. »
Jean Sanchez resta, lui, quatorze
ans au service de Joseph. Sa fille
se souvient avec émotion de cet
«homme un peu extravagant.
Caroline aussi était très gentille.
EUe portait des pyjamas de satin,
on voyait tom à travers ! ». Et
quelle aventure que ce fameux
jour où, dans la grande cave, un
foudre de vin éclata, une trappe
Rouvrit, et Marie, la sœur du-
poète, tomba dedans ! Elle- but
plusieurs tasses: «-Il lui fallut' des ■
heures pour dessàouler ! »
Joseph Orfix était le berger dont
Delteil laissait paître le troupeau
sur ses terres, en échange d’une
rémunération - 12 500 francs de
l’époque, en 1949 - et d’nn
agneau à livrer, précise ('acte nota-
rié, « vers Pâques ». Ortiz est mort
mais sa Bile boulangère se rappelle
un « homme très doux qui discu-
tait souvent avec [son] père ».
Henry Fleury tailla lui aussi la
vigne à la Tuilerie. U raconte : « Il
n 'était pas luxueux, avec ses pan-
talons troués, coupés. Je l’aurais
rencontré la nuit... » Le jour, il le
voyait souvent se promener sur
ses terres accompagné de son épa-
gneul et muni d’un fusil, mais
sans jamais rapporter de lapin.
Alors, il s’étonna : « Delteil m'a
lancé : je prends le jusil pour faire
plaisir à mon chien ! » 11 croit
entendre encore les cris aigus de
Caroline qui appelle : « Jousê !
Jousé ! » Il rit : « Joseph faisait
semblant de ne pas entendre... »
Plus étrange, on voit l'écrivain
derrière ses fenêtres scruter la
nature à l’aide de jumelles ! Avant
de mourir, U les offrira au docteur
Jacques Chabaud. Les femmes de
ménage, M™ Bousquet, M fc Lydie,
se passent le mot : M. Joseph
déteste qu’on fasse son lit et que le
chiffon à poussière se pose snr le
bric-à-brac qui au fil des ans enva-
hit la maison : morceaux de bois
aux formes primitives, figurines
de glaise que sculpte le jeune
Jean-Claude Poudevigne, fils du
métayer, qui a l'instinct créateur,
tartre à la belle co.uleur pourpre
ramassé au fond ées bouteilles et
pétrifié..'. Off l’entepd rêvée. tout,
haut 'de créer une communauté
dans son mas. Lui, si discret,
prend position bruyamment, à la
fin de sa vie, se souvient fédileur
Max Chaleil, contre les centrales
nucléaires.
« C’était un poète, il n'avait pas
le sens pratique. » Henk Breuker.
qui fut l'ami intime de Delteil, de
1946 jusqu’à sa mort, sourit de ces
rumeurs. « Je ne connais pas un
auteur qui ait autant fait étinceler
une langue ». lâche-t-il avec son
fort accent hollandais, ajoutant
encore : « Il me disait : nous avons
une chose en commun : nous écri-
vons tous les deux dans une langue
étrangère. »
En 1947, Joseph Delteil fait
avec Jésus II son retour dans le
monde parisien des lettres. Mais
son ancrage dans ce qu’il appellera
la « paléolithie », c’esr-à-dire « le
monde d'avant la civilisation ,
d'avqnt la cuisson comme dirait
Lévi Strauss ». précise-t-il, est
définitif. Avec méthode, il
recherche en lui l'homme brut,
l'homme cru. A la Tuilerie, il vît
en ermite. S’il ignore Grabels, le
village voisin, U va à peine plus à
Montpellier, au marché de la place
des Arceaux rarement, poussant
quelquefois sa vieille 203 noire
jusqu’à la caLhédrale Saint-Pierre
où Joseph Roucayrol, l’ancien
curé de Grabels. est organiste.
L’écrivain Frédéric-Jacques Tem-
ple, qui fut son ami, se souvient
d’avoir réussi cet « exploit », le
faire sortir un soir au cinéma pour
voir le Cuirassé Potemkine :
Henry Miller était de passage !
Par contre, il aime que les autres
viennent à lui, ses fidèles, sa cour
de « françoisiers » comme il dit,
ses disciples, disciples de saint
François, son grand homme, le
sujet de son chef d’œuvre peut-
être, François d‘ Assise, qui
paraîtra en I960. 11 encourage les
jeunes talents. En 1951, trois
poètes, Henk Breuker, François
Cariés et Frédéric-Jacques Tem-
ple, ouvrent au numéro 15 de la
rue Saïnl-Firmin, dans le vieux
Montpellier, une maison d'édi-
tion, la Licorne. « Il nous a acheté
une presse â bras », s’exclame
Henk. Jacques Laurans, qui doit à
Delteil sa vocation d’écrivain, fut
ému de «r la foi qu’il avait en
nous » (4).
Les repas pris en communion
avec celui qui était devenu « pres-
que un parent » sont un brûlant
souvenir - la lenteur quasiment
sacrée, le cérémonial : « Il avait
plusieurs sortes d'Opinel. un par
mets : un jour, je coupai le pain
sans faire le signe de la croix, il
m'en fil la remarque. A Noël, je
me souviens, il y avait toujours des
marrons sur le feu. Il nous en
offrait. »
Delteil avait du style dans la
gloire comme dans l’ascèse. * fl
achetait ses gilets de flanelle par
paquets de vingt et pouvait en
changer jusqu ’à dix fois par jour»,
raconte encore F.-J. Temple. Sur-
tout l’été, avec la sueur. Son pou-
mon défaillant appelait ces pré-
cautions, mais il choisissait scs
gilets avec recherche tout comme
les petits lacets qu’il se nouait
autour du cou. Son béret, arié-
geois, il le portait bords dressés,
« comme une casserole sur la
tête», précise Tarai Henk.
Car cette plongée du fils du
bûcheron à (a reconquête de ses
origines, de l'origine de l'homme,
fut bien une ascèse. « C'est à force
d'avoir renoncé qu 'il parvint à cette
paix intérieure que j'allais chercher
prés de fui », nous dira le profes-
seur François-Bernard Michel,
pneumologue de renom, qui soi-
gna aussi l’écrivain dans son ser-
vice, à T hôpital de Saint-Eloi puis
dans celui d’Aiguelongue où il
exerce aujourd’hui (5). Renoncé à
sa santé : « C'était un tout petit
oiseau frêle. » Economisé ses appé-
tits. Pour un homme « très coquet
de sa renommée » - Henk Breuker
le confirme. - la rupture de l’écri-
vain adulé avec Paris ne se fit pas
sans douleur, explique le profes-
seur Michel. Il en tient pour
preuve la formule que fui lança
Delteil, un jour, alors qu’il louait
sa bonté : *■ La bonté, c’esi notre
revanche sur le malheur. »
La ville modeme, avec sa Zolad
- zone de laboratoires et d’aména-
gements divers, - son part: euro-
médccinc, a rattrapé aujourd'hui,
dévoré le domaine de Delteil. En
1965 déjà, comme le rappelle le
Grabeilois Paul Couderc dans son
étude sur les origines du Mas de la
Tuilerie, il ne restait plus que
12 hectares de vignes sur les 30
qui composaient le domaine
acheté par les Delteil en 2937.
«En 1970, moins de 6. de 1977 à
I9S0 pas tout à fait 3. de 1981 à
1986, à peine plus, de I hectare,
en 1989, pas le moindre pied. »
Si! H font bien chercher, démêler
les ronces et les lierres, pousser
plusieurs barrières de barbelés
pour retrouver, cachés dans une
sorte de clairière éternelle une
dizaine de ceps abrités par deux
palmiers : l'oasis que chantait le
poète dans la Detleillerie : « Donc,
il y avait là-bas dans les garrigues
de Montpellier une espèce de vieille
métairie à vins, à lavandes et à
kermès . à demi-abandonnée, et
dont j'ai fait une oasis dans le
désert, un point de vie comme il y
a des points d’eau. » Rebelles au
temps et à ses ravages, bien
enfouis, les ceps, eux, ne voient ni
les tours si voisines du grand
ensemble de La Pailla de ni [es
toits plats de la Zolad. Tout près,
dans la cave du poète, reposent
encore quelques blanquettes bou-
chées de sa main. Jean-Claude
Poudevigne plonge le bras dans
l'ombre et ramène une bouteille.
Plus d’étiquette, plus de mention
de «la lune vieille». Ja cire même
est tombée. Mais l’alcool, à travers
la poussière, est rose comme la
peau d’un nourrisson. Delteil
disait indifféremment «je suis né
ce malin» ou «j'ai cent mille
ans»...
De notre envoyée spéciale
Sylvie Crossmaji
(1) Vie Je saint DeltriL André de
Rtëhaud, 1929, U Nouvcilè Société tPEdi-
t ion.
(2) lo la Detleillerie, 1968, Grasset.
(3) ln la Detleillerie. 1968, Grasset.
(4) Jacques Laurans a consacré un essai
à Joseph Delteil, Vllabiioiion d'un poêle,
1985, Editions Terriers.
<5) Le professeur François-Bernard
Michel est notammeni Fauteur du Souffle
coupé, 1964, Gallimard, un livre sur les
rapports entre te souffle et récriture.
► Jusqu'au 25 mars, au Pavillon
du Musée Fabre, ta bibliothèque
municipale de Montpellier pré-
sente, sous la direction de
M. Gilles Gudin de Vallarin et sa
collaboratrice Gladys Bouchard,
« En amitié avec Joseph Delteil »,
une exposition de son fonds Del-
teil et en particulier des der-
nières acquisitions : manuscrits,
tapuscrits, papiers divers de Del-
teil, premières éditions.
» Une étude sur Delteil, écrivain
du Sud, signée Jean-Louis Mai-
vès, vient de paraître aux Edi-
tions Loubatières. Delteil en
habit de lumière, avec des photo-
graphies de Charles Camberoque
(175 p., 140 F).
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/
30 Le Monde • Samedi 6 mars 1993
m ♦ visa
ÉPOQUE
Chroniques d’un Japon oublié
Portraits, destinées, souve-
nirs de la vie Quotidienne
des habitants de Tsuchiura,
agglomération proche de
Tokyo, où le docteur Junichi
Saga a recueilli, depuis
vingt ans, les témoignages
issus du petit peuple et
transcrit dans ses livres
cette histoire orale. Pour
qu’elle ne soit pas enfouie
sous le bitume de la moder-
nisation.
mm
tê I À, passait la rivière. Ici. les
ff la enfants jouaient le long du
if la enfants jouaient le long du
canal.» Aujourd’hui, la rivière
n’est qu’un égout sous une grande
nie et le canal a été comblé. Tout
rue et le canal a été comblé. Tout
en marchant, le docteur Junichi
Saga renoue tes fils de la mémoire
de Tsuchiura, une agglomération
ordinaire à 65 kilomètres de
Tokyo, qui, comme la plupart des
villes nippones, a enfoui son passé
sous l’asphalte et troqué ses mai-
sons de bois et ses venelles de
terre pour le paysage anonyme où
foisonnent les volumes et dans
lequel l’habitat se confond aux
grandes surfaces et pachinho (sorte
de flipper nippon).
Ce sont moins les bombarde-
ments américains, qui avaient
réduit en cendres une bonne par-
tie de la «ville basse» de Tokyo,
que la course & la modernisation,
à la suite des Jeux olympiques de
1964, qui a transformé Tsuchiura,
emporté ses demeures patri-
ciennes et leurs jardins, ses petites
boutiques et ses maisons de geis-
has.
Moins qu’à l’aspect physique de
la ville, le docteur Saga s’est atta-
ché à la mémoire de ses habitants,
à ces perdurances infimes qui tis-
sent le quotidien. Pendant de lon-
gues heures, il a enregistré les
récits de ses patients et reconstruit
le puzzle d’un univers matérielle-
ment disparu en d’extraordinaires
chroniques de vies, fl en a fait des
livres illustrés des dessins de son
pire qui, à plus de quatre-vingts
ans, s’emploie à recréer de
ans, s’emploie à recréer de
mémoire la ville où il a vécu.
Médsdn do quartier, sa grosse
trousse d'urgence fatiguée à la
main, le docteur Saga fait chaque
jour la tournée de ses patients.
Salutations, échanges de propos de
voisinage, il parcourt les rues,
pénétrant dans les coulisses de ce
Japon productif et que l’étranger
imagine riche.
Intérieurs étonnamment
modestes que ceux de ces «gens
de peu» pour qui l’endurance
demeure un principe et les bon-
heurs simples restent la rétribu-
tion des efforts. Des petites gens
qui ne sont pas les «acteurs
sociaux» des sociologues «sur-
font» à la crête de la société mais
des Japonais ordinaires, tels que
Ton peut en rencontrer aux quatre
coins de l’archipel, de ceux qui
louvoient entre les déterminismes
et les contraintes : employés ano-
nymes des trains de banlieue,
foule de ceux qui exercent les
petits métiers, filles et voyous,
paysans ou pêcheurs. Des femmes
et des hommes, ballottés plus sou-
vent qu’à leur tour par la vie, qui
nagent dans le courant.
De ces existences obscures, le
docteur Saga a recueilli des bribes
de mémoire, brossant le portrait
d'un Japon pas si lointain, simple.
brutal, chaleureux et bon enfant
Des histoires de joie comme de
peine, de maladie, de travail, de
plaisir : «On y entend le bruit des
pas. des outils, des fêtes, des rires
des enfants, les clochettes des
enterrements, les sabots des che-
vaux, le grincement des roues des
charrettes, le tambour d'alarme de
l'inondation », écrit Geneviève
Navarre, ethnologue, qui a traduit
et présenté Mémoires de paille et
de soie, composé pour l’édition
anglaise à partir du premier livre
de Junichi Saga, Village de Tsu-
chiura (Tsuchiura no sato).u
Ni misérabiliste ni passéiste, le
docteur Saga, simplement attentif.
Dans les pratiques ordinaires de
ce petit peuple se love une conti-
nuité, un fond d’expérience qui
permet à beaucoup, aujourd’hui
encore, de se repérer dans un
monde en mutation. Gestes quoti-
diens, rythmes du temps, appro-
priation de l'espace, façons de
vivre la peine ou la joie : autant
d’usages qui s’infléchissent assuré-
ment mais forment cette trace sur
laquelle chaque génération pose le
pied, prend appui pour construire
sa propre vie dans cette étrange
simultanéité sociale qui fait
coexister ceux qui ont connu d’au-
tres temps - où, par exemple,
manger du poisson était une liesse
- et les adolescents fréquentant les
fast-foods.
«r Quand je suis revenu au Japon,
il y a vingt ans, après un séjour à
Hawaii, je n'avais pas d'autre
choix que de rester ici, et j'ai com-
mencé à regarder autour de moi »,
explique le docteur Saga. Située
dans la large plaine bordant le lac
Kasumigaura (aujourd’hui, pol-
lué), battue par le vent glacé qui
hurlait ce jour-là sur la route tra-
versant les champs inondés de
lotus miroitant sous le soleil d’ou
émergeaient des paysans plongés
dans l’eau jusqu’à la taille pour en
arracher les racines, Tsuchiura,
petite agglomération de
1 10 000 habitants, est générale-
ment ignorée : Mito, la ville voi»
GAGNEZ UN VOYAGE
DANS L’OUEST AMÉRICAIN t
pour deux personnes avec y
HAVAS 1
36.15 LE MONDE I
Vc
sine, a accaparé l’Histoire,' le
mont Tsukuba, avec ses deux pics,
l’un masculin et Fautre féminin.
autrefois grand point de repère de
la plaine du Kanto avec le mont
Fuji, a bénéficié des légendes, et la
cité scientifique de Tsukuba a
monopolisé la notoriété, à la
région. Tsuchiura est resté un
point sur la carte.
La ville n’était connue que pour
sa base militaire où s'entraînaient
les p ilotes-suicides, et pour ses
quartiers de plaisir destinés aux
soldats et aux officiers. Ils
s’étaient développés à l’époque
Edo (dix-septième siècle-milieu du
économique», qui, pour la plu-
part, peuplent déjà le royaume des
ombres, histoires qui se lisent
comme des destinées.
Au bout da cette ruelte de terre
battue bordée de maisons basses J
de bois ou de bâtiments préfabri-
qués, où un chien aboie à l’ap-
Un peu plus loin, dans la gri-
proche des visiteurs, habite M"
Tai Terakado, quatre-vingt-treize
ans. Autrefois, vivaient dans son.
voisinage an prêteur sur gages,
une couturière, une prostituée et
un policier. C’était un quartier de
nagaya (les « maisons en lon-
gueur»), qu’habitait encore au
lendemain de la guerre le petit
gnoire individuelle »->ü était char-
pentier (les baignoires étaient
alors de bois). Dans les deux
pièces de l’humble maison trônent
une télévision flambant neuve et
dix-neuvième siècle), lorsque
Tsuchiura était une ville-étape sur
la route menant vers le nord.
Toutes les auberges avaient alors
des serveuses prostituées que Ton
appelait les « femmes préparant le
rtc».
«Peu à peu, dit encore le méde-
cin, j’ai découvert le trésor de la
mémoire populaire : cette histoire
onde que négligent les gens culti-
vés. On pense que la culture du
Japon ne peut venir que de Kyoto
ou de Tokyo. La vraie culture, celle
que les hommes pratitment sans le
■savoir, est là. dans la vie quoti-
dienne. Ces petites gens sont à la
base de ce qu'est devenu le Japon
aujourd'hui Chez le médecin, on
parle sans honte D'abord, j'ai pris
des notes et condensé ce qu’on me
racontait. Puis j’ai pensé que je
perdais beaucoup par cette réécri-
mre et j'ai simplement retranscrit
leurs récits avec leurs propres
mots. » Brassée d’histoires d’êtres
peuple. Les toilettes et le puits
étaient communs. « Avant guerre,
ces logements appartenaient à de
riches propriétaires terriens oui les
louaient et obtenaient ainsi de Ten-
graû pour leurs terres». commente
Te docteur Saga.
Mr* Terakado sourit et soupira.
Née dans une famille de huit
enfants, elle fut servante chez des
paysans riches. Elle se souvient
que l'infanticide était encore cou-
rant et que la terrible pratique à
laquelle on recourait s’appelait « le
meurtre m mortier» (usugoroshi).
Dans les familles pauvres, des
enfants supplémentaires étaient
une calamité, une charge que l’on
ne pouvait supporter. Sa mère
mourut jeune. «Elle accouchait
toujours seule dans la montagne
ou sur le plancher- de la cuisine» ;
jusqu'au jour où elle enfanta sa
propre mort Naître, mourir. La
mort indissociable de la vie. En
formant la piétaille du «miracle, outre, beaucoup de filles de la
Dessms ifiustrairt
f édition japonaise
du livre de Junichi Saga
sur la vie à Tsuchiura.
près de Tokyo.
principe de sa profession était
à'eqffrir le meilleur de soi-même à
ceux qui entraient dans notre uni-
vers»; récits de la vie du dernier
bourreau ; des pêcheurs nomades
du lac, errant sur l’eau pendant
plusieurs mois d’hiver pour y tra-
quer le poisson et dont; en été, 1a
famill e vivait à moitié nue sur la
grève; des femmes de la haute
société repliées au fond de leurs
demeures; les secrets des coiffures
féminines dont toutes indiquaient
un état, un statut social; l’image
d es enfants faisant leurs devoirs à
la lumière des sacs en papier où
avaient été enfermées des
lucioles.»
campagne étaient vendues aux
« marchands de femmes» parcou-
rant les campagnes pour approvi-
sionner les bordels, rappelle
M“ Terakado. . .
saille diluée du paysage, habite
M»° Matsu Watanabe. Elle aussi
M*° Matsu Watanabe. Elle aussi
fut servante, mais dans une
auberge, puis elle épousa l’homme
qui, un jour, lui proposa de pren-
dre un bain «dans une vraie bai-
le point d’avaler une pivoine au
milieu des pétales dé laquelle se
milieu des pétales de laquelle se
tenait une femme, avait pâli avec
r§ge, rappelle le docteur Saga.
ale truand volt l’envers de la
société admise. Autant qu'une des-
cription du monde de la pègre, de
ses régies, de sa violence et de sa
solitude le récit qu'il me fit est une
sorte de vision en creux de la
société. Sans doute ne puis-je dire
que je l’ai bien connu. Mais il m’a
semblé honnête. Il parlait longue-
ment, comme si d’égrener des mots
lui procurait un soulagement , une
certaine sérénité. Parfois, en regar-
dant son large visage presque
serein, je pensais à un moine en
quête de cet éclat de vérité qu'est le
satori. Ce qui me reste de ces
conversations aujourd’hui, c'est
l’ùnage d’un homme profondément
seul. Il n’y a pas de romantisme
dans la vie d’un truand. C'est un
mondé dur, brutal, qui parie à une
partie de nous-même, à la zone
d'ombre que chacun porte en sol.
Eiji, lui, disait qu’il avait vu l’en-
fer.» -
Jeux de. l'enfance, blessures de
la vie, fragments du monde qui ne
prétendent pas à Fexhaustif : les
chroniques du docteurs Saga sont
faites de joies et de peines parta-
gées par des gens qui ont lutté,
souffert ensemble, sans se
connaître, dans le microcosme
d’an petit univers provinciaL Des
témoins du passé. Sans doute...
Mais un passé qui forme un
amont du présent : l’irréalité
même du temps enfui, devient
l'aune de la réalité contemporaine.
En musardant chez les petites
gens, le- docteur Saga révèle des
paru de ta vie ooilecüve, on patri-
moine aux contours indécis résis-
tant aux turbulences de la moder-
nité. Dans sa grisaille percée de
néons clinquants, une petite ville
ordinaire dévient un «lieu de
mémoire;». .
fautel des ancêtres, tout aussi
rutilant, sur lequel a été posée la
photographie du mari défunt Le
fils, en pyjama bien qu’il soit
midi, est vautré sur (es nattes. Il
vit d’expédients. Son luxe est sa
moto, n ne se lèvera que pour
apporter une cuvette d’ean chaude
au docteur Saga après que celui-ci
eut examiné sa mère alitée:
. Dans la campagne dés environs,
les maisons de paysans cossus voi-
sinent avec les fermes abandon-
nées: les filles ne veulent plus
épouser des paysans. Chez les
Yoshida» autrefois une famille de
couvreurs de chaume, on cultive
désormais les roses: lé lotus n’est
plus rentable. Quatre générations
vivent sous le même toit, mais les
jeunes travaillent en ville.
Misère des uns, extravagances
des antres t par exemple, lTustoire
du riche marchand d'engrais qui
fît visiter une mine de charbon à
des geishas, racontée par l'une
d’entre elles qui rappelle qu’un
Dç notre correspondant
Philippe Fous
► tss éditions Picqufer ont publié
deux livres de Junichi Saga, tra-
(fufts.de T;
Navarre: i
Navarre : Mémoires de peine et
de sofa (307 p.. 128 K 1931) et
Confessions d'un loueur (223 p.,
160 F, 1992). -• ■ .. ..
V-"
F -riVi! V
i*»'-' 1 '
' - n. n i
L'en des poflents qui a le plus fas-
ciné le docteur Saga était un
truand : E ÿr Ijichi, joueur profes-
sionnel qui sévissait dans le quar-
tier d’Asakusa, à Tokyo. Fils d’un
boutiquier de la ville d’Utsuno-
tniya, il était devenu l’amant de la
maîtresse d'un juge de la ville et
s’était enfui avec âle vers la capi-
tale. Journalier chez les mar-
chands de bois du quartier de
Fukagawa, il s'initia au jeu, fré-
quenta les «femmes Je l’ombre»,
filles qui n'avaient qu'une natte
pour se prostituer, connut la pri-
son, prit sa maîtresse au chef
d’une bande rivale et dut enfin se
résoudre à faire amende honora-
ble dans la tradition de la pègre :
en se .coupant l’auriculaire qu'il
remit enveloppé d’un tissu blanc à
l’offensé.
Le docteur Saga lui a consacré
nn (ivre (pani en français sous le
titre Confessions d’un joueur). Bji
Ichiji finit sa vie dans une maison
près de Fanden quartier de plaisir
de Tsuchiura. Son large tatouage
dorsal, représentant un dragon sur
* usa .
Z3T.fr
EZ&r y-
x i
. -tîujr -
T; v
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■•'••i «.•; ‘ . ■
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3 >.
mm
• Le Monde ■ Samedi 6 mars 1993 31
SANS ♦ VISA
VOYAGE
Les îles François-Joseph
répondent encore
Suite de la page 27
30 août 1873, à proximité du
parallèle, une cime émerge de
la brume. <r Des milliers d'années
■J étaient écoulées, sans que jamais
les hommes eussent soupçonné
l existence de cette terre. Et voici
qu'à présent une modeste troupe de
semi-naufragés la découvraient -
voyant ainsi récompensées leur
espérance, leur persévérance et les
souffrances sans cesse surmon-
tées», note Payer. Ils continueront
de dériver deux mois, la terre en
vue, avant de parvenir A y planter
ie drapeau de rem pire.
Mais ils doivent patienter un
biver encore pour commencer
l'exploration de l’archipel qu’ils
ont nommé terre François-Joseph.
An printemps 1874, alors qu’ils en
amorcent la cartographie, les tem-
pératures descendues au-dessous
de moins 50 *C freinent leur pro-
gression. Du cap Fiipefi, dans (île
Rodolphe, où ils interrompent
leur ascension vers le nord, s’es-
quissent des eûtes plus septentrio-
nales encore. Illusion d’optique.
Ils n’ont plus devant eux que
900 kilomètres d'eau et de glace
jusqu'au pôle. Ils ont atteint la
terre la plus au nord du continent
euro-asiatique. .
Fatalité géographique), P archipel
François-Joseph devient une
plate-forme vers le pôle - ou une
base de repli Nansen, qui a aban-
donné le Front à son équipage
pour se hisser 1e plus loin possible
au nord, parvient A s’y réfugier
après une interminable retraite
vers te sud. e Sauvage en haillons,
enveloppé d’une longue chevelure
et d'une épaisse barbe, absolument
incultes, couvert de crasse et de
suie», suivi par son compagnon
mourant, le Norvégien tombe sur
un Anglais «ren complet élégant,
tiré à ■ quatre épingles, ; répandant
une bonne odeur de savon» qui lui
tend la main et lui demande :
* Comment allez-vous ?» Mais te
New York Herald de Gordon Ben-
nett, qui après celle de Stanley, a
financé L’expédition de la Jean-
nette (tentative désastreuse d’ef-
fectuer le passage du Nord-Est par
Pest), n’est pas là pour annoncer la
rencontre au monde.
Eva et Lîv : le grand Nansen
aura donné les noms de sa femme
et de sa fille aux premières îles
non identifiées rencontrées dans
l’archipel, bien avant de songer A
son roi : déjà, nous sommes au
vingtième siècle. La course au
pôle devient un événement sportif
international Jackson (1894) -
l’élégant Britannique - qui
hiverne trois ans, l’Américain
Wellman (1898), le duc des
Abruzzes (1900) dont l'équipe
atteint la latitude record de
96 B 34’N, Balwin-Ziegler (1901),
Fiola-Ziegler (1903) choisissent
François-Joseph. Mais c’est par
P américaine terre d’EUesmere que
Peary l’emporte en 1909.
Cari Weyprecht, lui, plus que
jamais, songeait à la scrence. Il
avait lancé l’idée d’une Année
polaire internationale qui conduit
A l’installation en 1882-1883 de
onze stations autour de l’Arctique.
Expérience élargie en 1932-1933,
préfigurant l’Année géophysique
internationale, qui couvrira 1e
globe en 1957-1958. Impercepti-
blement, le désert blanc où,
comme le disait un compagnon de
Barents «l'on entend la rumeur du
soleil qui se lève», se peuple.
Peut-on dire s’humanise? En 1929
et 1930, le brise-glace Sedov trans-
porte ses premiers pensionnaires
dans l’archipel, passé, avec ie nom
de l'empereur d’Autriche, entre les
mains soviétiques.
Deux ans plus tard, lorsque le
brise-glace Sibûiakov parcourt le
passage du Nord-Est pour la pre-
mière fois en une saison (2), vingt-
quatre stations polaires sont ins-
tallées en URSS. Elle sont quatre-
vingts en 1948 et plus de cent en
1970. Un peuple nouveau, sans
doute celui rê vé de s Grecs sous le
nom d’Hyperboréens, s’est levé.
Car Staline aime la glace. Il y
investit Pour qu’elle lui rapporte
des héros neufs. Des hommes
venus du peuple qui, triomphant
des pires difficultés, convaincront
le peuple de supporter les souf-
frances qu’il lui dispense: La ban-
quise est un terrain idéal où semer
cette idée-là.
En 1937, nn quadrimoteur
soviétique décolle de François-
Joseph et dépose au pôle quatre
hommes dirigés par Ivan Papa-
nine. C’est 1e co mmuni sme vain-
queur, innovateur, qui s’installe
sur Taxe de la Terre pour y lancer
la première base dérivante. Les
courants laisseront huit mois plus
tard Papanine et son radeau de
glace sur la dite du Groenland.
Trente autres bases, dispersées
dans T Arctique, suivront Cosmo-
nautes du pack, leurs équipages
n'étaient pas abandonnés aux
glaces seulement pour collecter
des données scientifiques. Leur
déplacement, dans son irrésolu- .
tion même, démontrait la stabilité
de l’empire, sa cohésion, sa puis-
sance. L’absolue impossibilité
d’une quelconque dérive.
Fondé on 1934 dons l’égBse
Saint-Nicolas A Saint-Pétersbourg,
le musée de l’Arctique (on y
ajoute PAntarctique en 1958) a
conservé tous les traits de ce culte
polaire. La tente d’Ivan Papanine
occupe 1e chœur. De droit là pein-
ture (art majeur) a pris le relais
des icônes, au haut des mors. Les
hommes, toujours en action, dans
une apoplexie sursignifiantede
rouge, semblent y laisser te privi-
lège de l’humanité pensante aux
pingouins, dont l'ombre longue
atteste famé, résurgence romanti-
que dérivée d’un Caspar David
Friedrich. A mi-hauteur, des pho-
tographies (art mineur). En bas,
des animaux empaillés, des objets.
Un simple héliographe semble
aussi mystérieux qu’un tabouret
en vertèbres de baleine. On vou-
drait goûter le biscuit exposé en
écoutant la mécanique qui fait
surgir des aurores boréales au
mur.
La muséographie désuète, tout
empreinte d’une politique dispa-
rue, enchante, instruit. Elle ne
devrait pas être altérée depuis
qu’une association française,
devant les menaces de Fermeture
du musée, a entrepris de rassem-
bler des moyens pour l’aider.
Dans la débâcle de la monnaie, 1e
montant constant des crédits
publics fond et les institutions tes
plus solidement installées cher-
chent désespérément un continent
où s’accrocher. A défaut, elles ten-
tent de s’arrimer les unes aux
autres pour offrir plus de résis-
tance le temps que durera la
tempête.
L’installation, avec le concours
de la même association, d’une liai-
son satellitaire entre le musée et la
base de Krenkel, dans Plie de
Heissa, au centre de l’archipel
François-Joseph fournira des don-
nées en temps réel aux visiteurs.
Un élément de pédagogie sensible-
ment plus contemporain, quoique
complémentaire de ceux dispensés
par un guide armé d’une longue
baguette. Surtout, elle offrira aux
scientifiques et au personnel de la
base des possibilités élargies de
communiquer avec l'extérieur.
Car lè-hant, A sept ou huit heures
de vol de Saint-Pétersbourg, les
enfants des héros du communisme
ont découvert un besoin neuf de
dialoguer. Pour comprendre
d’abord. Ils se croyaient encore
des pionniers, ils s’aperçoivent
loin A Farri ère-garde, négligés. On
les avait nourris d’épopées, et ils
doivent goûter au drame bour-
geois. Ils découvrent la rapacité
des fins de mois, l’angoisse des
comptes au jour te jour, la dicta-
ture de l’argent frais. Qu’ont-ils
fait pour mériter l’injustice qui les
fait misérables?
Leurs difficultés renforcent leur
exécration du communisme et de
Gorbatchev. Ils veulent vivre
comme nous. Avec noos. Sans
attendre. En finir avec leurs ins-
truments plus que trentenaires,
«de l’âge de pierre» comme dit
l’un d'eux en riant, dont iis
auraient honte s’ils ne leur parais-
saient encore une arme contre
l'adversité, la manifestation de
leur propre ingéniosité puisqu'ils
sont utiles, la preuve enfin, devant
l’étranger, qu’ils ont bien été
floués.
Mais ils seront vigilants à ne
plus l’être, y compris par leurs
nouveaux amis, mais ne savent
trop comment Us ne veulent plus
être dépossédés. Ils n'accepte-
raient pas que l'on utilise leurs H es
comme on exploite l’unique
matière première d’un pays du
tiers-monde. Lear immense appé-
tit de techniques nouvelles passe
par des expériences conjointes
dont il faut savoir leur offrir 1e
contrôle, comme celle qui doit
A KrenkeJ, où vivent vingt-sept personnes, le mécanicien diéséliste de la base météorologique.
être menée au printemps avec le
CNRS (3) sur l’énergie thermique
des vents polaires.
Sur un territoire où la monnaie
n’existait pratiquement pas (ils
sont logés, nourris, blanchis), son
ombre s’est imposée dans toutes
les pensées. Avec 50 % d’inflation
par mois, leurs salaires nets, pour-
tant doubles de ceux du continent,
ne valent plus à la fin de l’année le
prix du billet d’avion qui les
ramènerait chez eux. Une dent
d’ours blanc vendue en dollars à
un scientifique de passage rap-
porte l'équivalent de trois mois de
salaire. Aussi, les effectifs fondent-
ils avec tes moyens.
«l'an passé , j'ai cru que c'était le
début de la fin, dit le patron des
trente-deux stations météorologi-
ques de la région de Dickson qui
couvre les îles et cette partie de la
côte nord de Russie. Maintenant
ils reviennent car ils sont météoro-
logues et ne peuvent pas trouver de
travail ailleurs. Mais pour les
mécaniciens, c'est un problème. »
Cette année, Krenkel a dû se pas-
ser de médecin. Lorsque l’affai-
risme capte les énergies, des bases
ferment, d’autres se vicient lente-
ment. Ce n’est pas simplement la
science ou la météorologie russe
qui sont touchées, mais l’ensemble
Guide
• Y aller. En coopération
avec la société russe V1CAAR,
composée de chercheurs de
l’Institut de recherche arctique et
antarctique de Sam-Pétaretxxirg,
la société ParaBèle 90 organise à
partir d’avril des voyages dans
l'archipel François-Joseph et au
pôle Nord. Parallèle 90, 67, nie
Traversera, 75012 Paris (tél. :
43-44-90-90). En vente chez
Esprit d'aventure (tél. :
43-29-94-50) et Exptorator (tél. :
42-06-66-24).
Lire. Les citations de Cari
Weyprecht et Julius Payer sont
extraites de l’indispensable
roman de Christoph Ransmayr
les Effrois de la glace et des
ténèbres (Seuil, «Points». 226p.,
42 F). Le Passage du Nord-Est
rassemble trois récits publiés
dans les fascicules du «Tour -du
monde » du début du siècle :
l'Odyssée du «Tegetthoff», le
Naufrage de la « Jeannette », et le
Périple de NordenskjOld (Phébus,
408 p., 139 F). •
du réseau terrestre qui perd des
mailles. Car si l’on veut prévoir le
temps qu’il fera à Paris dans cinq
jours, il faut savoir l’orage d’Aus-
tralie, la tempête du Hors et la
chute de neige sur François-Jo-
seph. Nous sommes^ dit-on à
Paris, « solidaires et condamnés à
les aider».
La double monnaie a remplacé
le double langage. Pour tenir, les
scientifiques doivent apprendre à
passer sans cesse d’un cours à l’au-
tre, d’un métier (1e leur) à un
autre (1e commerce - souvent le
troc), d’une époque à l’autre. Cest
1e bateau (annuel) venu de Riga et
qui ne veut plus être payé autre-
ment qu’en monnaie forte. Cest
l’Aeroiîot (les journaux, la poste,
les denrées fraîches) qui fait pas-
ser l’heure d’hélicoptère de
6 000 roubles l’an dernier à
270 000 en février. Ils sont
condamnés à inventer, au cœur de
la banquise, une économie paral-
lèle qui permettrait de rapprocher
des niveaux séparés de trente
années.
Les fidèles de Krenkel, parfois
installés dans la base depuis vingt
ans, veillent. Pour continuer de
vivre et de travailler sur la terre
difficile qu'ils ont élue, ils vien-
nent d'aménager simplement l’un
des bâtiments en gîte arctique.
Ouvrant la table d’hôte la plus
septentrionale de la planète. Ils y
attendent les quelques touristes
qui, à partir du printemps pro-
chain, y séjourneront deux ou
trois jours avant de tenter en héli-
coptère le saut au pôle. Pour
autant, ils n’entendent pas trans-
former François-Joseph en un
autre Resolute-Bay, cette base du
grand nord canadien qui s'est fait
une réputation de marier dans le
blanc absolu, déposant d’un bimo-
teur au pôle les couples, le temps
d’y sabler le champagne. Krenkel
attend de ses invités curiosité et
échanges. Des rencontres.
Dans l’île la plus orientale de
l'archipel, Graham-BeU, où se
trouve une base militaire, on lève
te siège. Ces jeunes gens ont cou-
vert la retraite soviétique en
Afghanistan, ici c'est la leur qu’ils
découvrent Ils n’ont plus qu’un
souci : eux-mêmes, rentrer chez
eux. L’Ukrainien, veillé par huit
Schwarzenegger et un Jean-Claude
Van Damme jure qu'il roulera
bientôt dans Kiev au volant d’une
Cadillac, une Américaine en
bikini à son côté. Le Turkmène
court chercher les photos de sa
famille. Le Biélorusse s’inquiète
de l’immersion de déchets
radioactifs en
Nouvelle-Zemble (4). Qu’en
savons-nous, nous qui, forcément,
savons? Tous ont déjà ficelé leurs
maigres bagages en tête. Seuls,
quelques géophysiciens resteront.
La piste qui devait assurer la
logistique arrière des bombardiers
intercontinentaux (Tupolev 160,
dits Backfire par POTAN) sera
libre pour les premiers touristes.
Qui se plaindrait du change?
«Zemlia Frantsa iosofa (5). Les
anciens noms sont encore en
vigueur. C'est ma terre, dis-je.
Mais les signes sur les canes signi-
fient Zone interdite, signifient que
l'on doit ni y pénétrer, ni y voya-
ger, que l'on ne doit pas la survo-
ler. C'est une terre interdite; plus
déserte et inaccessible que jamais,
inaccessible aussi pendant les élis
doux où la glace est bien répar-
tie. v Sur la terre maudite dont 1e
romancier autrichien Christoph
Ransmayr observait la carte en
1984, pour en finir avec les
« effrois de la glace et des ténè-
bres», le mot interdit est tout sim-
plement en train de s’effacer.
De notre envoyé spécial
Jean-Louis Perrier
(2) La «première» appartient sans
conteste au baron Nordenskjdld (1878),
mais il avait dû hiverner.
(3) Laboratoire des sciences du génie
chimique de Nancy (B. Scbwarzcr, H. Le
GoffelP. LeGoff.)
(4) Le Monde du 6 Février
(5) Terre François-Joseph, en russe.
QUAND LA LIVRE SE FAIT PETITE,
SUCCOMBEZ AUX TENTATIONS DU SERPENT MONÉTAIRE.
Bien sûr, les soldes sontfmies ! Mais, comme lalivre ne se porte pas très bien, l'intérêt
00 P IavieDX *“ les cachemires > les kmbswool ou les
trench Mats restent de saison. ’ . „ , .
EL en plus de cela, SEALINK vous fait de tout petits prix pour un aller/retour.
C’est une affaire A ne pas manquer!
AlIer/refoarO Josrs
mari bd simple
AHer/rettnr
Jusqu'à 5 Jours
AQer/retoor
fBsqn’à 10 jours
ABer/reteor
tongnedirée
Mme
2i$pentnKf
Toiture
2 à 5 personnes
Toiture
2 à 5 personnes
Triture
2à5peraoones
69 OP
800 F
980F
UHF
■T*
t
32- Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •
m ± visa
JEUX
Bridge
n° 1526
LA VALEUR
D’UN 2
Un 2 est la carte la plus précise du
paquet. En effet, il .indique souvent
avec exactitude la distribution d une
couleur et il peut constituer en même
temps un relus de la couleur. Mais,
dans le jeu de la carte, il peut, lni
arriver de jouer un rôle décisif,
comme dans cette donne publiée par
le champion américain Jim Jacoby
pour le concours de Bols.
♦ DV 10763
tfA5
O A 4
♦ 10 S 3
+ 984 u ♦ A R 2
9 9 643 n P 9 RDV19H2
O D 2 ü s fc Ô-
+ 98 72 5 1 ♦ A R P
V-
0RV109S765J
♦ V 6 4
Ann. : E. don. E.-0. vuln.
Ouest Nord Est Sud
69 7 0
pas» pas» contre passe.»
Ouest ayant cru bon d'entamer le
4 de Coeur, comment Sud a-t-il gagné
ce GRAND CHELEM A CAR-
REAU ? Quelle est la défense qui
aurait pu le foire chuter dans la suite
du coup?
Réponse
Le déclarant a pris avec l’As de
Cœur sur lequel il a défaussé son
singleton à Pique, puis il a joué la
Dame de Pique couverte par l'As. Il
a pris soin de couper avec le S de
Carnau et il a joué le J de Carreau
pour le 2 et le 4 qui a fait la levée :
ensuite, il a rejoue le Valet de Pique
couvert par le Roi coupé pour libérer
toute la couleur. Enfin, il a tiré l’As
de Carreau pour utiliser les Piques
affranchis et défausser les trois Trè-
fles perdants. Au total, treize levées
et I 650 (en tournoi) au lieu de qua-
tre de chute si Quest, entame Pique
ou Trèfle ! •
Malgré son entame désastreuse,
Ouest aurait pu cependant faire chu-
ter ce grand chelem s'il avait fourni
la Dame de Carreau quand Sud a
jouéle3 de Carreau au premier tour
d'atout. En effet, il était facile de
voir que le 4 de Carreau ne pouvait
pas au tour suivant servir de rentrée
au mort puisque tous les Carreaux de
Sud étaient maintenant plus gros que
le 4 de Carreau.
Ouest pouvait-il imaginer cette
défense ? Oui, à cause de l'ouverture
de 6 Cœurs sans l'As de Coeur. U est
donc évident qu’Est n’a pas de per-
dantes immédiates dans les autres '
couleurs et, par conséquent, qu’il a
chicane à Carreau-.
A LA MANIÈRE
DE HOUD1NT
ë
Parmi tes joueurs dont cm parie 1e
us, 1e Pakistanais Zia est peut-être
plus brillant, il n’y a guère de
chronique qui ne raconte un exploit
de ce riche play-boy aussi fort en
tournoi qu’en partie libre. Obser-
vez-ie tfang cette donne d’un cham-
pionnat d’Amérique :
♦ R 7
9632
0 R 1042
48 75 2
♦ V 5
9 R V 9
0 AV 7 5 3
♦ D V 3
N
O E
S
+ D 10963
9 D 8 7
OD986
+ 10
+ A 8 4 2
9 A 10 5 4
0-
+ A R 9 6 4
Ann. : N. don. N.-S. vuln.
Ouest Nord Est Sud
EkeÜad Deutsch Sukoneck Zia
pas» pas» 1 +
10 2+ TO 5*
Malgré l’entame normale de l’As
de Carreau (qui libérait le Roi), le
contrat semblait encore infaisable car
il y avait toujours deux Cœurs et un
atout à pérore. Mais, après avoir
coupé le 2 de Carreau et tiré As Roi
de Trèfle, Zia a gagné CINQ TRE-
FLES contre toute défense. Comment
a-t-il joui ?
■ Note sur les enchères
Dans les annonces compétitives,
un soutien à saut (« 3 Carreaux »)
est normalement un barrage mais il
aurait été difficile d’arrêter Zia avant
une manche.
COURRIER DES LECTEURS
La convention Truscott
» On m’a certifié, écrit R.M- que
le Truscott n’a pas été invente par
Alan Truscott. mais par l'Américain
Jordan. »
Cette convention (qui est excel-
lente parce qu’dk ne peuf être une
source de-imfefireudu) consiste, sur
le contre d’appel de l’adversaire. &
déclarer 2 SA avec quatre atouts et
une dizaine de points d’honneur.
Exemple : S. : I v; 0. : contre ; N. :
2 SA. Sud ne peut se méprendre sur
la signification spéciale de 2 SA car,
avec 1 1 ou 12 points, Nord aurait
surcontré. L’avantage du Truscott est
que, à Nord, sur le contre, déclare 3
Cœurs au lieu de 2 SA, il s'agit d’un
barrage avec une main faible.
Cest en... 1954 que Truscott a été
le premier A proposer cette conven-
tion. Or, curieusement, beaucoup de
Français ne l’utilisent pas, peut-être
parce que la plupart des auteurs n’en
ont pas parie,
Philippe Brugnon
Anacroisés
(R)
n- 757
2223»
3M0
Lesutcrobés
sait des uta
misés <taH ks
Le s chiffr es
qri siéent cer-
tiiss linges
corre s po nd rai
ru
tel
Ceiat aa
Scrabble, on
ikdaiM
flunoldau
rOffid'l in
Sernbblt
(Uroesse).
HORIZONTALEMENT
1. AŒIRTUV (+ 2). - 2. CEHO-
RUV. - 3l - AEEMNPRT (+ 3). -
4. EEGIINN. - 5. AEEINRTT
(+ 10). - 6. EIIMNOS (+ 3). -
7. EINORSSU (+ 1). - 8. EHRSSU
(+ 1). - 9. EEINNRV (+ i)„ -
10. ADEERS (+ 2* - II. EOSSTT.
12. AAENSUX.
13. DDEINSTU. - 14. EEIIMSX. -
15. CDEÏ10SS (+ 1). - 16. BEH-
NOST. - 17. ÆINNORT (+ 3). -
18." EEIRRTU. — ■ T9. DEEfRSTF
(+ 3). - 20. EÈÏMRSX. -
2r."ÂAERSSSS (K?).? '
VERTICALEMENT
22. AEIIMNOS.
23. CDEORTU. - 24. ACIINOTV
(+ l). - 25. EEGMNTTU. -
26. AEEIRSTT (+ 8). -
27. AEEINNRV (+ 1). - 28. EEE-
NOSU. - 29. EEERRTU. -
30. DDEEEOR (+ 1). - 31. AEIl-
MORS (+ l). - 32. EEERSSUV
(+ 3). - 33. ABEESST (+ 2). -
34. EEENORSU (+ 2). -
35. EHNRST (+ II). - 36. AEER-
SUX (+ 1). - 37. AORSTX. -
38. EEHINST (+ 2). - 39. DEEIR-
RSU. - 40. AEEKRSU.
SOLUTION DU N® 756
I. COUPABLE - 1 ECOTENT, enlèvent
les côtes de tabac: - 3. LITERIES
(LITIERES). - 4. BOUVRJLS. fieu pour
bonis dans tes abattoirs. - S. PELADES
(DESALPE PEDALES). - 6. ELITISTE. -
7. CAGETTE. - g. TINETTE. -
9. AORISTES (RK3TASSE-). - 10. SEN-
SEUR. - II. CROSSER. - 12. ANACRUSE,
(mus.) note faible. - 13. ENVIABLE -
14. RURALES (LEURRAS RALEURS). -
15. REEXAMEN. - 16. SERDEAU
(RADEUSE). - 17. MAHARANL -
18. ABOUTIE. - tbP PSCREWC. v-t-
20. ERRASSES (SERRASSE). - 21. SEN-
SEES/'*- 22. CAHUTES. HÜ CLAPETS?
(P LACETS). - 24. ALARMAIS (MALA-
RIAS). - 25. OISELIER - 26. NIABLE. -
27. UNNEEN. - 28. PENATES (NEPETAS
PATENES PESANTE). - 29. NORMALES
(LAMERONSl - 30. ARIDITE (DETIRAl
TIEDIRA). - 31. ESTUAIRE (SAUTERIE).
- 32. STERNAUX. - 33. ABRASIFS. -
34. ACCLAME (CLAMECA). - 35. CORRE-
LER. - 36. COUMAR0U, arbre qui produit
la lève ton Ica. - 37. -ENDOSSA. -
38. VAGISSES (VISSAGES). - 39. TER-
FESSE. - 40. CACHOU (COUCHA). -
4L EMIETTE. - 42. ABOULENT (EBOU-
LANT). - 43. TERRIER (RETIRER). -
44. TESTES. - 41 IRREFUTES.
Michel Charlemagne
et Michel Daguet
Scrabble
(R)
n° 417
PARTIE POUR SIRE
Si vous êtes un « faible en
thème», déprimé par la concen-
tration angoissée et le silence tom-
bal qui régnent dans les tournois,
vous n’aimez guère les parties
commentées : il est déplaisant de
constater qu’on a manqué le top,
les sous-tops aussi, et qu’on a
négligé en fin de partie les pense-
bête dobt on avait constellé sa
grille. Pourtant nous vous propo-
sons aujourd’hui une telle partie :
en effet, les commentaires sont
instructifo, beiges et drôles.
Utilisez un cache afin de ne
voir que le premier tirage. En
baissant le cache d’un cran,
vous découvrirez la solution et
les commentaires. Sur la grille,
les rangées horizontales sont
désignées par une Iettre.de A à
O ; les colonnes, par un
numéro de I i 15. Lorsque la
référence d’un mot commence
par une lettre, il est horizon-
tal ; par un chiffre, il est verti-
cal. Le tiret qui orécède parfois
un tirage signifie que (e reli-
quat du tirage précédent a été
rejeté, faute de voyelles ou de
consonnes. Le dictionnaire de
référence est l’Officiel du
Scrabble (Larousse).
I. AANRTW?
Le WA(R)KANT, H4, 100, est un
titre de garantie... d’une partie
torride Retournez le W, c’est bien
plus marrant-
1 AEFINOS
Foin de FENAISON, 9F, 64. Sept
joueurs baraqués trouvent
FO0QAINES. 6F, 70.
3. ABHILRU
U fout connaître ie verbe WAR-
RANTER et HALBI, boisson -nor-
mande faite d’un mélange de
pommes, de poires (et de scotrbi-
dous). HALBI, UG.36.
4. RU+DELMX * -
Tirage classé X qui exploite, au
mieux: un “petit' MERDE UX, 12,
56. A défaut',' il fabt tricoter
Lt/REX, I2K, 50 (c’est un fii
gainé de polyester).
5. L+AEIRTU
LUTERAI se cimente en maçon-
nerie pour 89 points, mais pour
faire monter l’ardoise on joue
HUILERA, 12H, 92.
6. DEIOPQR ' .
Pas de U dans ce tirage méchant
comme une teigne, brayant pas
trouvé IXODE, 8K, 45, je tique.
7. - AGLOPQU
Le U étant au rendez-vous, on
joue PLAQUA. N1G, 42.
8. GO+IPRTV .
Point de salut hors du subjonctif
imparfait : GIVRAT, I5J, 42, ou,
mieux, POIVRAT, 151, 48.
9. G+AEEF1U
Ce n'est pas l'heure du T, impos-
sible de jouer FATIGUÉE...
FUMAGE, 2J, 38.
10. EI+BCESU
Un R aurait fort couler beaucoup
d’ancres avec ÉCUBŒRS (ce sont
des yeux i la coque). SUBIE, IG,
28.
U. EC+AEMTZ
Il faut réussir son ECZEMA, 2B,
46.
12. T+EEKLOV
Le X et le Y refusent de se
marier. Le premier procure
41 points avec KO TE, 10F, te
second 36 grâce à COTVLE, C2.
En revanche, le Y convole volon-
tiers avec le Z déjà placé :
ZLOTY, D2, 46.
13. EEK+ACHL
36 points: le LEK valait ça,
comme disait un certain ex -syndi-
caliste. LÉCHÉE, OI, 45.
14. AK+EMNS?
Les «forts en thème» rêvent de
MALINKES, MAKHZENS. KAN-
TISME, et oublient (L)EKS, 7À,
46.
15. AMN+EISU
Cest Byzance l AMENUISE, B5,
65, MENUÏSAT, 10A, 68,
A(L)UNIMES, A(L)UMINES et
MHLJUNAIS triplent sur le rouge
Nord A(L)UMINES, A6, 77.
16. ENNORST
ENTRONS et RENTONS, impla-
çables, scrabblent sur neuf lettres
d’appui, mais pas sur le N dispo-
nible. NOTER, BJ0, 24.
17. NS+EURT
Pour quatre lettres, 28 points :
JASE en Ml. Pour- trois lettres,
trois points de plus : JET, IftF,
31.
18. NSIRT+EN
Un coup élémentaire pour vous :
SIDÉRÉ, en collante et en double
appui, 5J, 22.. Satisfaction supplé-
mentaire : I» concurrents ne l’ont
pas ûtwv+et se-oontentenLde US,
Hl, 22. •_ v‘
19. NÎRfâviS.:.*,-r: <
Bis repetita placenta (ou quelque
chose comme ça). En- six minutes,
les nullards n’ont toujours pas
trouvé SIDÉRÉ. Us se contentent
de SANIES, Ml, 2L Et pourtant
ils ont fait ce qu’ils ont pus...
20. RTN+DGOV
Si rONDIN vous a échappé, c'est
parce qu’il est beaucoup {dus rare
que l’ondine, dlxit le PLI.
ONDIN, K5, 23-
Total : 935.
(D’après la partie commentée,
par Albert Bastia, parue dans le
Scrabbleur de janvier 1993.)
Michel Charlemagne
Mots croises
n° 756
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
VIII
HORIZONTALEMENT
I. Maximalistes, elles ont dû sou-
vent en rabattre, et parfois s’autodis-
soudre. - IL Bouquet d’arbres. Fis un
redressement. - III. Aujourd'hui, elle
est loin d'être décorative. Fil passer au
premier plan. - IV. Fait phu dans le
sucre que dans le sel. Pour le bon
choix. - V. Préposition. Son cimetière
est un site classique sinon classé. Ont
pris quelques rides. - VL Pbur faire 1e
plein aux rayons. Dans tes Vosges. -
VTL Se dit doublé. Mettre â cuire. -
VIIL Sa grandeur ne pourrait être que
morale. Envoya le signal. Apparu. -
IX. Va plutôt vite. EDe est malheureu-
sement collante. - X Elles ont eu la
préférence.
VERTICALEMENT
1. Emigrants i durée limitée. - 2. Se
lit « (oit) s’ausculte. En surface. -
3. Ne dit pas tout. Combat la fièvre. -
4. A croquer ! - 5. Haussent ie ton.
Pour le reste. - 6. Voyelles. Sur la
roule. Conjonction. - 7. Fondement. -
8. Fait souvent tousser. Cest lui qui
mène la danse. - 9. Gardera tout pour
lui. Cest lui qu'on manipule et c’est
lui qui surveille. - (0. Multinationale.
Tous VIP. - 11. Sur l’agora. Pronom.
- 12. Doublé, fait jeune et branché.
Revu. - 13. Ne sont plus que raines et
deuils.
SOLUTION OU N- 755
Hor izonta lement
I. Balkanisation. - II. Oléines.
Maria. - III. Spart. Ombrien. -
IV. Nid. Relaie*. - V. Inélégants. GI.
- vi. Aéra Etat Pas. - VII. Qs. Bar.
Geôles. - VIII. Nos. Neurone. -
IX. Ecouteurs. Ion. - X. Stérilisèrent
Verticalement
1. Bosniaques. - 2. Alpines. Ct. -
3. Leader. Noé. - 4. Kir. Labour. -
5, Antre. Asti. - 6. Ne. Eger. El. -
7. Isolât Nui. - 8. Managers. -
9. Ambitieuse. - 10. Tares. Or. -
11. Iris. Ploie. - 12. Oie. Guenon. -
13. Nantissent
François Dorlet
TOURNOI
OPEN DE GENF,
Février 1992
GOLUBEV (Ukraine).
Noirs : SCHER (Russie).
Partie française.
«
<15
dx*4(a>
M7(W
LM
Ld4
3. Cç3
4. CW4
5. CI3
6. F43
7. M(d)
8- Cép.'(é) bétO
9. OtmS(g) bë6
10lFf6+ RM
11. Mfb) Fxfl
12. DxB Cb6 (i)
07 F $
13. Télï(j)
14. Tx«2aJHw6(o
15. 062+ ! (n) Cé3(o)
16. DxéU RM
17. Ds3+!(pî
18. Dç3+!
19. DW+ ! (r) Rc6
».FM fo
21. Tçl+ Bb6
22. »! b) W5H)
23. Fxç7+ Sb7
24. Fé4S (n)ibudOD (v)
a) Le « systi
à réduire h
NOTES
Ëme Rubinstem » vise
tension centrale et â
simplifier fa position, en attendant
d’Bmùuer le pion d4 par la contre-
attaque ç7-ç5. Son inconvénient est
d’abandonner l’espace central aux
mains des Blancs.
b) La variante principale consiste
en 4.~, Cb-d7 ; 5. Cf3, Cg-f6 ; 6.
Cxfct. Orfï ; 7. Fd3, Fé7 ; 8. OO,
0-0; 9. Dé2, b6 ; 10. Tdl, Fb7.
D’autres idées de moindre valeur
ont été expérimentées : 4..^ Cf6 ;
4..^ Dd5 ; 4..., b6 4.... Fé7 ; U
variante 4.^, Fd7 ; 5. CD, Fç6 ; 6.
Fd3 jouit d’une certaine mode
depuis une dizaine d’années.
ç) Le théoricien L. Pachmon
condamne cette sortie du C-D à
laquelle il préfère la suite 6...,
Fxé4 ; 7. Fxé4, ç6. Cependant,
après 6..„ Fxé4 ; 7. Fxé4, ç6 ; 8.
04), CHS ; 9. Fd3, g6 ; 10.63, Fg7;
Echecs
n° 1529
1 l.Fa3, Ff8 ; 12. Fb2, F^7 ; 13. ç4,
0-0 ; 14. Dé2 l’avantage des Blancs
est clair Don tchev- Hansen, Olym-
piade de Thessalonique, 1988).
d) Ou 7. 04, Fxé4; 8. F*é4, ç6 ;
i-re ; 10. Fç2, Fé7 ; (ou
9. 0-0, Cg-
10. ^ç2, Fé7
10-, Fd6"; IL Tél, W); ïZ_Dd3,
Dç7 ; 13. Fg5, Ff4 ; 14. Fh4, Tf-éS ;
15. Ta-dl, T^çS ; 16. Dç3, a6 ; 17.
Cé5 ! P sach is-Skem bris , Belgrade,
1988) ; IL FF4, 0-0 ; IZ Dd3. Té8 ;
13. Ta-dl, g6 ; 14. Tf-él, Ff8 : 15.
Cé5, Ch5 ; 16. Fd2, avec toujours
aux Blancs (Gaüa-
un net av
gber-Orr, 198
è) Pendant de nombreuses
années, on a poursuivi dans cette
position par 8. Çg3. Fé7 ; 9. ç4 ou
y. Tél ou 9. b3 eu conservant le
plus souvent une certaine initiative
jusqu’à ce que Kor- tchnoT découvre
la suite venimeuse 8. Cé-g5 ! lors de
sa partie contre Dreev à Brno, Tan
dernier.
fl 8 ..., Fé? ne suffit pas non plus :
9. Od7 ! Rxf7 ; 10. Cg5+, RgS ; IL
G*é6 avec une forte attaque. 8_.,
Fd6 est sans doute fa réponse uni-
que. La partie Golobev-Jespischine
du même tournoi de Genf confia bs
ainsi : 8_ M Fd6 ; 9. Tél, h6 1 (si 9_,
0-0, : 10. Cé5 » ; 10. Ch3 (et non
10. iScéfrf ?, Rf8 !), b6 (10^., Pxf3 r
U. DxO, ç6 ; 1Z CW, 00 - et non
12 , Dç7 1 ; 13. Txé6+ 1 - est pré-
férable) ; 1 L Cé5 J, Fb7 ; 12. Fb5 L
0-0 ; 13. Fç6, Tb8 ; 14. Fxb7,
Txb7 ; 15. Dfi, Dç8 ; 16. Dg3,
Rh7 ; 17. Db4, çS et les Blancs
gagnèrent brillamment par 18.
Khô U, ; 19. Cg5+, Rg7 ; 20.
Té3 î, çxd4 ; 21. Tg3 1.
g) La mite de ridée empoisonnée
8. Cé-g5 !
hj Ou 1 1. Tél. Pbur le C sacrifié,
les Blancs ont obtenu use dange-
reuse attaque directement sur le R
ennemi. Les Blancs menacent d’ou-
vrir les lignes par 12. d5.
0 Sur 12~, ç6, les Blancs peuvent
poursuivre tranquiltenent ■ par. 13.
Ff4 - 14. Tél et 15. Ta-dl ou par
13. Tél et 14. d5. Le C-D cède au
R noir une case de fuite en d7.
n Sans s’inquiéter des pions ç4 et.
Ré7 ; 16. Fé3, Dé4 (OU g4); 17.
Fç5+, Rd8; 18. Tdl+, (3x17; 19.
1xd7+ 1, Cxd7 ; 20. Dxé4 (ou g4) et
les Blancs gagnent mais l’affaire est
moins claire après 16 Dxç4 ; 17.
Fç5+, Rd8 ; 18. Tdl+, Cb-d7.
Cependant, sur L3_, Dxd4, le sacri-
fice de fa T n’est pas nécessaire.
0 Eliminant le dernier ram part
du R noir.
m) Forcé. Si 14_ Rd7 ; 15. Ff5 !
Cdo ; 16. TbdÇ+, Orf5 ; 17. Dxf5+.
n) Observons maintenant com-
ment l'araignée entraîne sa imne du
côté qu’elle a choisL
O) Ou 15^ Rd6 ; 16. Ff4, Rd7 ;
17. Ff5 mat
p) Attirant le R sur raile-D où la.
coonèmion des forces blanches
(D+T+F) conduira au mat '
q) Si 17.-, Rd7 ; 18. Dhih-, Ré7 ;
19. Dé3+, Rd7 ; 70. Ff5+, Rd6 : 21.
Dé5f et le R noir est obligé de se
rendre en ç6.
r) Cédant fa cofonué ç à la T-D.
s) Menaçant maL
() Si ZL-, a6 ; 23, Fitç7+, Dxç7 ;
24. aS+ I, Rxb7 ; 25.‘ Df3+. Rb8 ;
26. Txç7, Rxç7 ; 27. Dxa8 et les
Blancs gagnent focSemêaL
q) Elégante estocade,
vj Si 24..., DxéM24..^ 0<é4 7 ;
25
Fa5+,
mat
i. Dxd5+); 25. Dxb5+ r Rç8; 26.
l5+, Dç 6 (ç2) ; 27. Dxç6 CDeç2+)
SOLUTION
DE L’ÉTUDE N* 1528
Y. HOCH (1985)
(Blancs : Rç2. Cd8 et é8, Pb2_
Noirs : Rai, Cgfi, Pa2, b7, é3, h4).
L C66 L é2; 2. Cc5, éI = C+j
3. Rçl, Cd3+; 4. Cxd3, Cf4 ;
S. Cxf4, b3 ; 6. Cxh3. b5 ; 7. CfZ,
b4 : 8. Cdl, b3 ; 9. RÆ2, Rbl ; 10.
Cdo, al = D -, II. Cç5+, 8xb2 ; 12.
Cç4 sut !
ÉTUDE N- 1529
V. KALANDADZE
(1984)
Blancs (5) : Rh8, Pé2^ 67, g3, g7.
Noirs (6) ; Rhô, G&, Pu2, h6, gS,
6. • . '
La Blancs jouent et gagnent '
diode Lemoine.
f.
A
i
Le Monde m Samedi 6 mars 1993 33
Qx
SANS ♦ VISA
TABLE
ÉTOILES
Le «Michelin»
reste
le «Michelin»
L E guide rouge 1993 vient de
paraître. Sans beaucoup de
changements. On murmure que
les « rapports » proposaient
nombre d'éliminations d’étoilés,
mais que, par les temps difficiles
que nous vivons, cela risquait
d’enlever encore quelques clients
à ces étoilés alors que déjà on
est loin de refuser du monde.
Passons. Mais peut-être eût-il
mieux valu ôter quelques étoiles
à certains de ceux des grands
dont le «m’as-tu-vuisme»
entend passer pour de Tait culi-
naire.
Pas de « big bang » donc. Un
seul nouveau «trois étoiles».
Pierre Gagnaire, à Saint-
Etienne, installé depuis peu dans
un nouveau cadre {le Monde du
3 mars). Cest là certes un cuisi-
nier de talent et d’invention,
aimant travailler le gibier et les
champignons. On notera aussi
(ou plutôt Gault et Millau ont
noté) sa laitue farcie de tour-
teaux aux petits oignons, glacée
coulis de groseilles et jus de
griottes au quinquina! Et aux
dernières nouvelles, Gagnaire
compte ouvrir un bistrot
annexe, de prix doux, actualité
obligea.
S IX nouveaux «deux
étoiles», dont le célèbre
Négresco niçois, qui les méritait
depuis longtemps pour son chef,
Dominique Le Stang; L'Auberge
du Cep, à Fleurie, en Beaujolais;
La Belle Otero (restaurant du
Cari ton de Cannes) et enfin le
Domaine des Hauts de Loire, à
Onzain. Ainsi qu’à Paris Le Pré
Caielan et Goumard-Prunier.
hommage ici bien mérité au
rénovateur de riUustre enseigne.
Une bonne trentaine d’étoiles
nouvelles, parmi : lesquelles je
relève, à Biarritz, Les Platanes
(et la cuisine d’Arnaud Daguin,
Fils d’André, le mousquetaire
d’Audi en Gascogne), à Genève
Le Neptune (restaurant de
rHôtel du RhôneX et à Paris Le
Vancouver (4, nie Arsène-Hous-
saye) et Les Elysêes du Vernet
(25, rue Vemet), dont je fus l’un
des premiers à signaler les
mérites.
A Paris encore, quelques nou-
veaux inscrits : Le Poquelin
fl 7, rue Molière), Le Petit Bour-
bon (15, rue du Roule) Cam-
pagne et Provence (35, quai de la
Tournelle), L’Œillade (10, rue
Saint-Simon). Mais je ne m'ex-
plique point la perte de l’étoile
de Jacques Hébert (rue Sébas-
tien-Mercier), non plus que celle
de La Barrière de Clkhy.
Et surtout je pense que
Michelin -ses inspecteurs
comme sa direction - devrait
être plus attentif è la vraie qua-
lité simple, à l'artisanat honnête
du métier de cuisinier que tout
aujourd'hui a tendance à démo-
nétiser, en faveur du faire-valoir,
de l'esbroufe, du compliqué, de
la facilité aussi des conserves et
surgelés. Ainsi seraient mieux
honorés les patrons qui sont en
cuisine. Je pense à Yves Quin-
tard (rue Blomet), à René
Marin, en sa Ferme des Malhu-
rins. rue Vignon, à Daniel
Metery, complètement oublié,
lui. rue de l'Arcade, et à quel-
ques autres dont l’absence
devrait faire rougir le guide plus
encore. Mais, on ne saurait le
nier, le «Michelin» reste le
«Michelin», indispensable aux
vacanciers comme aux voya-
geurs.
L.R.
► «Guide Michelin 1993».
130 F.
it IÏÏoiuV
r i>JT!O v
1 96 M 990
Du mur de Berlin à
l'unification allemande :
reconstitue; les nls
Je l’histoire.
Consulte:
L’HISTOIRE
AU JOUR LE JOUR
A Ménilmontant !
L A chanson résonne encore,
mais, en réalité, c’est dans
le vieux village de Belleville,
créé en 1789 puis agrandi au fxl
des ans et supprimé en 1860,
qu’il faut chercher le souvenir
du petit hameau formé autour
d’un «mesnil» (villa) dit du
mauvais temps (mesniolum
malis temporis) et qui allait
devenir Ménilmontant. Un
quartier du vingtième arrondis-
sement de Paris qui semble
lointain pour beaucoup, et que
l’on n’imagine pas gastronomi-
que. Et pourtant quelques
adresses perdurent ou s’affir-
ment.
Voici d’abord l’éternel-
Aux becs fins (44, boulevard de
Ménilmontant ; tél. :
47-97-51-52. Fermé le
dimanche), où Edith Lefebvre,
dans ses deux salies au décor
d’auberge (et la terrasse l’été),
alterne la brandade de morue et
le foie gras de canard, la sole
meunière et le gras-double,
avec un cassoulet sur com-
mande. Menu à 180 F ; à la
carte, compter 300 F-400 F.
De là on pourra découvrir A la
courtille (1, rue des Envierges ;
tél. : 46-36-51-59. Ouvert tous
les jours). Cet ancien sentier
abrite le bar à vins de Bernard
Pontonnier, venu des Champs-
Elysées sur (es hauteurs de Bel-
leville pour servir avec le même
sourire ses «meilleurs pots»
arrosant sa soupière de moules,
sa morue en croûte de pommes
de terre, son effilochée de
queue de bœuf. Le midi, menu
à 120 F; & la carte, compter
180 F-220 F.
Puis on passera par la rue de
la Chine (elle porte ce nom
depuis 1 830 et d’une construc-
tion de style chinois). Au n a 145
existe encore 1a maison des
saint-simoniens, mais c’est au
12 bis que vous trouverez Le
Vingtième de Thérèse et Jean-
Louis Decelle (tél. :
43-66-05-54. Fermé dimanche
soir et lundi), avec leurs ril-
lettes de lapin aux trois poivres,
le saumon poché sur lit d’épi-
nards beurre nantais, le rouget
à ta moelle de bœuf, etc. Avec,
au dessert , une « marronnade
de chocolat sauce pistache ».
Compter 220 F-350 F.
La rue do Surmelin n’est pas
loin. Elle longeait en 1730 les
murs sud du château de Mônil-
montani. Et elle marquait les
limites de Belleville, Ménil-
montant et Charonnc. C’est là
que l’ami Lechcvallier a installé
son Bistrot du vingtième
(44. rue du Surmelin ; tél. :
48-97-20-30. Fermé samedi et
dimanche). La cuisine du mar-
ché et de l’inspiration du
patron (fonds d’artichaut frais
aux lardons, pétoncles aux
tagliatelles, filet mignon à la
moutarde de Meaux). Menus :
80 F à midi et 180 F le soir ; et
la carte.
Enfin, nous terminerons par
la rue des Grands-Champs. Au
n D 71, vous ferez une décou-
verte. Olivier, le cuisinier, a
rencontré Annette il y a quel-
ques années. Tous deux travail-
laient chez Dalloyau. Voici le
couple Patcyron installé enfin
chez lui, dans un cadre clair et
net, deux petites salles bien
décorées. Et proposant un
menu à... 78 F ! Une carte entre
180 F et 250 F (avec des vins
bons et surtout bon marché).
Fricassée de crevettes en persil-
lade, thon en brochette flambé
et accompagné d’une marme-
lade tomatée au gingembre,
croustillants de filets de sole,
bœuf aux morilles, rognon de
veau aux pleurotes, onglet sur
cèpes à la bordelaise. Un excel-
lent brie de Meaux ou un
camembert au lait cru, des des-
serts agréables. Ce sont Les
Allobroges (71, rue des Grands-
Champs; tél. : 43-73-40-00.
Fermé dimanche).
Voilà ! Vous aurez ainsi fait
le tour gastronomique -d’un
arrondissement dont on ne
parle guère sur ce plan. Un peu
loin du centre, c'cst vrai, mais
qui, scion la formule, vaut le
voyage.
La Reynière
VACANCES-VOYAGES
HÔTELS
Semaine gourmande
Campagne
et Provence
C’est Pandenne petite maison
de Gilles Epié, parti « Miravil-
ler » du côté de l’Hôtel de Ville. 11
y a installé Alain Gérard et
J. -Y. Peltier pour offrir une cui-
sine bien annoncée par l'enseigne :
salade niçoise, raesdun aux olives,
salade de pâtes au pistou, omelette
de ratatouille, stockfisch et pissa-
lat en tartines, pieds et paquets,
daube provençale, etc. Belle carte
des vins (au verre notamment). A
la carte, compter 200 à 300 F.
► Campagne et Provence,
25, quai de la Tournelle (5«).
Tél. 43-54-06-17. Fermé samedi
midi et dimanche. Carte bleue.
Pile ou face
lis sont trois amis se relayant ici
tandis que les deux autres, dans
leur oasis d’Eure-et-Loir, s’éver-
tuent à bien cultiver de bons pro-
duits fermiers et élever de savou-
reux poulets (et leurs œufs!). De
plus, ils font sur place, deux fois
par jour, leur pain, leurs petits
fours et chocolats.
Capables de tels soins, on ima-
gine qu’ils s'occupent aussi d'avoir
une belle cave; mais l’addition
côté' face peut atteindre 400 à
450 francs. Côté pile, une nou-
veauté : la cane-menu au déjeuner
(235 F). Je choisirais entre sept
entrées les œufs brouillés de la
ferme purée de morilles, puis le
filet mignon de porc aux oignons
nouveaux, avant (e fromage et le
dessert.
► Pile ou face. 52 bis, rue Notre-
Dame-dos- Victoires (2 a ). Tél. :
42-33-64-33. Fermé samedi et
dimanche. Parking : Bourse.
Carte bleue.
Le Croquant
Provincial, presque campa-
gnard, ce mini-restaurant aux pou-
tres d’autrefois fut lancé, il y a des
lustres, par l’ami Peytour, à l’ac-
cent en communion d’avec sa cui-
sine. Puis, après un bon succes-
seur (le cher Hervé Rumen,
aujourd'hui à tous Landès), la
maison déclina lamentablement.
GASTRONOMIE
Au cœur ds St-Gemcin-des-Prés 1
Ce 12 h à 3 h du matin
lARBUCj
25 rue de Buci - 6 e
Tél. : 44.41.14.14
)A 2 2 Ci VS ■ j U SOU A L AV SS
iMarajajï
CADRE LUXUEUX
TOUTE LA DÉLICATESSE
Elle vient d’être reprise par le
jeune Christophe Barré (qui fît ses
premières armes avec Rumen) et
c’est de nouveau la « bonne cro-
que » au Croquant, très Sud-
Ouest on l’imagine. Foie gras lan-
dais, nature ou poêlé, confit de
canard en terrine ou croustillant,
cou de canard farci et magret
(fumé ou cuit sur sa peau), coq de
Cfaalosse au madtran, et bien
entendu le cassoulet. Quelques
clins d’œil maritimes : saint-jac-
ques au vermouth du Roussillon,
filets de barbet tapenade. Excel-
lents desserts et gentils vins du
pays et de Bordeaux. A la carte,
compter 250 à 3 50 F, avec un
menu à 175 F et un autre,
« dégustatif », à 260 F. Accueil et
service aimables de Diane.
► Le Croquant, 28, rue Jean-
Maridar (15')- Tél. :
45-58-50-83. T.l.j.
Aux Senteurs
de Provence
Ici, c’est le Midi seulement,
mais un Midi d’éblouissement que
les connaisseurs connaissent bien,
avec la bourride, les pieds et
paquets, la daube provençale,
l’aïoli (le mercredi) et la bouilla-
baisse éblouissante de Léonard
DelTOmo et de son chef. Dans un
très moderne, frais et élégant
décor que les vins de Cassis
égaient encore plus. Un menu,
« Les plaisirs du jour », entre 148
et 190 F, et la carte de 300 à
480 F.
» Aux Senteurs de Provence,
295, rue Lecourbe (15*). Tél. :
45-57-1 1 -98. Fermé samedi et
dimanche.
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Il n’aura guère été question
de Venise dans la célébra-
tion de 1492. La Sérénis-
sinte, pourtant, soi Fait les
événements à la loupe.
Toute cette agitation sur
mer, malgré les multiples
soucis qui sont les siens en
cette fin du quinzième siè-
cle, lui importait
C E jour-là, jour d’ Ascension, il
était véritablement le char, le
était véritablement le char, le
vaisseau de l'Etat, ce navire cal-
faté d’or, ce Buccentatue avec à la
barre son grand timonier, épaulé
d’hermine, coiffé de sa tiare répu-
blicaine, le como. Partout, le da-
pot des rames laissait entendre
l’hymne de la Sérenissime. Le
doge partait vers le port du Lido
où il allait jeter un anneau d’or
dans les flots en prononçant les
mots rituels qui lui faisaient, à
chaque fois, se hérisser le poil de
plaisir : «Nous t’épousons, ô mer,
en signe de véritable et perpétuelle
possession. » Devant tant de déter-
mination et de certitude, le Grand
Turc aura cette réplique assez
drôle : «Il veut se marier avec la
mer... Un Jour, je lui ferai consom-
mer ses noces... » Rare trait d'hu-
mour que Ton ait jamais hasardé à
propos de cette sévérissime cité,
monstre de travail et de réussite,
de puissance et d'orgueil, de four-
berie et de munificence. Il venait
de L'Ottoman. L'écharde dans la
patte du lion de Saint-Marc.
Centre universel de cure lagu-
naire, Venise est une ville d'eau
que l’on fréquente pour accentuer
les troubles circulatoires que l'âme
accorde aux esprits curieux qui ne
craindraient pas de prendre froid
dans les grands royaumes humides
de La rêverie; Premières victimes.
les amants, qui s’y chamaillent
sous des ciels de lit trop vastes
pour eux avant d’admettre que
l'amour est d'abord un combat
avant d'être un paysage ; constat
aggravé chez les littérateurs qui,
malgré tous leurs efforts, se par-
viennent que rarement à reculer
les (imites de leur art et & redon-
ner au sujet un peu de ce mordant
métaphorique, dont il n'a au
demeurant que faire. Quant au
reste de la population voyageuse,
elle flotte, heureuse et béatifiée
par le charme sans limites de l’en-
droit
Ce qu'il y a du surprenant et de
plus spectaculaire, dans Venise,
n’est pas tant le panorama qu'elle
développe avec redondance depuis
qu'elle a pour mission d’émouvoir
le reste du monde, mais ce qu'il
lui a fallu de hargne et de préten-
tion à survivre pour laisser les
signes de cette météorite aber-
rante, éclaboussements lumineux
élevés de mains d’hommes jus-
qu'au défi le plus tangent de tous
les équilibres. Equilibre politique.
équilibre des formes, équilibre des
lois. Equilibre de la mémoire. Une
lois. Equilibre de la mémoire. Une
ville se balance sur 1e f3 de r éter-
nité. Elle a crédité ses frayeurs et
ses angoisses, ses prétentions et
ses réussites, ses fiascos et tous les
coups bas, et plus bas encore, dont
elle a lardé son destin. La voilà
offerte en exemple d'esprit d'indé-
pendance et parée de toutes les
vertus de résistance que l’on
accorde aux esprits forts qui ont
su ne pas plier la nuque. Lissée de
faiblesse aussi, d'éphémère, car les
tempêtes devaient avoir raison de
Venise-sur-Mer
cette fille de la mer, jusqu'à celles,
douceâtres et mortelles, qui vin-
rent la tourmenter et la ronger
dans son cœur même, la mena-
çant, comme en signe de
châtiment suprême, de l’envoyer
rejoindre ses limons d’origine.
croire, comme éclose d’une image-
rie de cartes postales - celles que
peignait déjà Guardi pour les tou-
ristes avant de devenir Guardi, -
Venise fixée sur ses pilotis de bois.
grandes chutes catastrophiques
dans Tau-delà. Certains Vénitiens
enchâssée de plomb, qui n’a plus
d'autre destin à espérer que de
Foraldabla prouesse, pourtant,
que celle d’avoir, durant dix siè-
cles, imposé son image de marque
et su griffer de son label les avan-
cées culturelles et marchandes qui
séquençaient la longue marche
que l’Occident entreprenait pour
conquérir la Renaissanc e . Elle fut
souvent en avance sur son temps
cette cité-Etat, repliée et dépliée à
la fois, pourrait-on dire, sur ridée
S ju’eile se faisait d’elle-même, du
bnd de sa lagune du début des
âges, qui aurait pu tris tôt lui ser-
vir de tombeau lacustre, mais que
son insolente précarité allait ran-
ger parmi les grandes places fortes
Jamais imaginées par l'homme
pour enhardir ses expéditions,
tout en gardant obstinément en
tête le cheminement de la route
des retours. Tout Venise est là.
Dans la rassurance du foyer primi-
tif; dans les éclats que lance le
phare de cette maison-mère
amniotique d'où partent et vers
laquelle reviennent des enfants
fidèles, le plumage lustré à des
vents inédits, les mains gantées de
sel, d’or et «fépices.
d autre destin a espérer que ae
continuer à être Venise, Venise
aura mérité d'êire cette citadelle
du trouble et de l’étrange au
regard du très méthodique vaga-
bondage que ses citoyens ne cessè-
rent jamais de développer pour
meubler leur cité de tous les tré-
sors qui fixaient sa respectabilité
et lui offraient la curiosité ombra-
gée d’une Europe qui mettrait du
temps â émerger de la gangue du
Moyen Age. Elle était fragile et
dansTau-dèlà. Certains Vénitiens
avaient tenté des expéditions Sur
les marges océaniques de l’Afri-
que, mais à l’évidence la Sérénis-
sune ne pouvait raisonnablement
songer à s’engager dans le défi
atlantique. Le territoire que cou-
vraient ses vaisseaux était déjà
vaste, et si ses laboratoires carto-
graphiques rendaient des travaux
très convaincants, ii ne sera
jamais question de se colleter avec
les brumes du Nord qu’en laissant
partir à rythme régulier - expédi-
tions déjà tris remarquables - ses
convois vers l'Angleterre et les
Flandres. Au demeurant, alors
Comme à Nègrepont, èn mer
Egée, où Nicolo Da Canal, le capi-
taine général, se frît bousculer par
la flotte turque qui s’était décou-
verte à lui sous la forme peu
réjouissante d’une véritable e forêt
sur la mer*. 1470. Le lion ne rugit
plus seuL
Il est pourtant toujours en
grande et vigoureuse forme et ue
relâche en rien les prêtai lions qui
sont les siennes à entrer dans fan
sont les siennes à entrer dans fan
1500 avec encore des exploits à
signer. Constance de Venise. Les
échecs sont motifs & punition pour
les coupables et à réflexion pour la
jalousée cette République conqué-
rante qui essaimait, tout au long
de son avancée, ses commis les
plus déliés pour entretenir les
rouages délicats du grand négoce
même que les nouveaux conqué-
rants portugais, espagnols et hol-
landais préparaient leur saut vers
les promesses de l’inconnu,
Constantinople, en 1453, tombait
aux mains des Turcs. Apres Gênes
communauté; les déconvenues,
eües, amènent à des jeux politi-
ques plus corsés encore. Comme
la désastreuse nouvelle que rap-
porte Vasco de Gaina en annon-
çant que les Indes désormais pou-
vaient être jointes parla cap de
Bonne-Espérance. La . Bourse du
« Depuis' toujours élevés dans
l'eau », selon l’expression, les
Vénitiens ne trouvèrent de meil-
leure manière de fortifier leur
mouvant territoire qu’en en proje-
tant les limites hors du périmètre
sacré où le lion, logo et symbole
du jeune Etat, venait d'installer
ses quartiers. L'Adriatique - le
golfe de Venise comme on la nom-
mera, - n’autorisait qu’une seule
pensée, qu’une seule route, celle
Entrée de f arsenal
de la Méditerranée sur laquelle le
démantèlement de l’Empire
byzantin laissera bientôt glisser les
galères du doge. Sur la carte stra-
tégique plaquée au mur du bunker
du palais ducal s’inscrivaient les
places conquises : Eu bée, Corfou,
Candie, Naupiie. Et comme il fal-
lait faire argent de tout et ne
jamais rien céder qui ne pût
contribuer à installer la puissance
de la République, ou troqua le
transport des croisés contre un
coup de main sur Constantinople
avant de les lâcher sur Jérusalem
où, paraît-il, ils avaient des
comptes à régler. L'Egypte et
Alexandrie devenaient plus
proches et plus, proche aussi le
lourd butin, que les transitaires
qui arrivaient de l’Inde et de la
Chine avaient à proposer.
Venise que fou visite sans y
international. Ils étaient partout,
« honorables correspondants »,
marchands, aventuriers, diplo-
mates. Au courant de tout. En
avance sur tout A croire qu’a y
avait un style vénitien pour
emporter tes marchés et inspirer la
confiance en même temps que la
crainte. □ fallait savoir se battre
en affaires avec ces rapaces qui ne
tardèrent pas à employer la politi-
que de la canonnière pour faire
- le vieil ennemi,- c'est avec
Istanbul que Venise, désormais,
devra apprendre à partager ses ter-
ritoires maritimes.
La combat naval change de
nature. A l'artillerie embarquée,
dont on juge encore mal les effets,
respecter leurs droits et en pro-
mulguer de nouveaux. Venise
intelligente, rapide d'esprit, inso-
lente d'indépendance; dégagée de
l’obédience que iemonde chrétien
devait à Rome. Seule. Admirable-
ment. Dangereusement.
La Méditerranée n’était plus
tout à fait une mer fermée : on.
savait franchir les Colonnes
d’Hercuie sans redouter les
dont on juge encore mal les effets,
Vient s'ajouter une sauvagerie
dans la gestuelle guerrière qui dit
toute la crainte qui s’est éveillée
dans la cité des lagunes en décou-
vrant la puissance de son nouvel
adversaire. La rencontre armée
entre gens civilisés est terminée.
Désormais, on fera l'économie des
prisonniers. Esclaves, on merce-
naires &ecs qui servent sur les
bâtiments ottomans, seront systé-
matiquement taillés en pièces,
manière pour les Vénitiens de
faire des coupes franches dans te
personnel qm travaille chez l'en-
nemi. Cria ne suffit pas toujours.
blent les pièces dn damier de la
puissance militaire. Les foudres de
la dissuasion ne ré représentant
pas, l’endroit est d’une grande
austérité. On le ceinture même,
volontairement de murs obsolètes
pour que le citoyen n’aille pas
croire que ce qui s'y construit
pourrait être un jour tourné contre -
lin, mais seulement pour en proté-
ger les techniques et les secrets
contre irespion.1 qui , \ à\ Venise! ne
cessera jamais de rôder autour du
périmètre interdit. Aujourd’hui
encore, le lieu reste protégé par ce
vieil atavisme, comme si la ville,
fouaillée, fouillée, violée, souhai-
tait conserver encore un peu de
son intimité en ne permettant pas
que l’on entre chez les fantômes
comme dans n’importe quel mou-
lin.
On a fût beaucoup de cas des
émotions de Dante, éberlué par le
souffle magistral qui balayait les
chaînes de montage d’où sortaient
les {galères sitôt construites, sitôt
prêtes au combat. Pour lui, une
estampe noire sortie de l’enfer du
monde ouvrier. Ce devait être
pire. Le Sénat tenait son pouvoir
des corporations, les corporations
leurs droits, de leur savoir-faire.
L’équilibre de la terreur se jugeait
au rendement. Le contremaître, le
proto, avait l’affaire en main. Nul
ne pouvait fui contester ses préro-
gatives et aucun régner & sa place
sur les chantiers où, maintenant,
la performance le disputait à
t’adresse. Il savait tout en n’ayant
jamûs rien appris, ne connaissait
ni Eoclide, ni Apolloaios, ni la
mécanique des fluides, ni ie traité
sur (es sections coniques ; son ait
tenait & sa mémoire et & la dexté-
rité à transmettre les bonnes cotes
et à les frire respecter. Quand il
fallut accélérer les cadences et
tenir près d’une centaine de
navires en état de continuer à
enrichir la cité tout en la déga-
geant des mêlées féroces qui rou-
gissaient le pourtour méditerra-
néen, le peuple de l’arsenal
répondit comme un seul homme à
l’effort de guerre. Les ordres du
charpentier de marine se frisaient
entendre jusque dans les couloirs
dn Sénat. L’aristocratie du monde
du travail reversait à celle qui
avait su lui conserver ses libertés,
les intérêts de sa confiance.
poivre en fut perturbée, mais
Venise, d’alliances en traités, de
promesses en patience, ne tarde-
rait pas à voir la mer Rouge rede-
venir son grand circuit d’approvi-
sionnement. On a dit qu’elle
formait des énarques, plutôt de
fins négociateurs, la dague à la
ceinture, le dessous-de-table géné-
reux.
Sa task force, rite la construisait
dans son arsenal, «le plus grand
chantier de l'Occident », comme
on a pu le dire. Une ville dans la
ville, une forteresse républicaine.
Un sanctuaire. II y a trois centres
solaires dans cette ville-Etat:
Saint-Marc, où la fille aînée de
l’ancienne Rome donne les atten-
dus de sa rhétorique politique; le
Rialto, où s'exprime la courtoise
rigueur du monde marchand ; l'ar-
senal, où se forgent et s’assem-
L’Europe continuait de gronder
contre cette petite puissance toute-
puissante. Les Turcs ne lâchaient
plus leur proie. Imperturbable,
L’arsenal construisait ses trirèmes,
ses quadnrèmes, ses quinqué-
rèmes. Survint la bataille de
Lépante. 7 octobre 1571. Venise
s’allie & l’Espagne et à Rome pour
en terminer avec les prétentions
des maîtres de la Corne d’Or. Et
gagne, en faisant tonner ses
galéasses, les nouveaux cuirassés
sortis des chantiers de l'Arsenale
Novissimo. Cervantès, on le sait,
perdra ce jour-là la main gauche -
«pour la gloire de la droite » - et
Chypre restera sous le contrôle des
vaincus, mais Venise avait fût la
démonstration, une fus encore, de
son habileté à se battre et à se
déplacer sur feau.
Jean-Pierre Quélîn
> A lire, dan» la série
« Mémoires», chez Autrement,
Venise 1500. ta triompha du
mythe; avec notamment l'étude
consacrée .à l'arsenal par l'un de
ses' grands spécialistes. Entrio
Conçu», 120F.
- ► Ventes, une MjpuMJgûs mari
t/ma, da Frédéric C. La ns.
« Champs », Flammarion, 57F.
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