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Full text of "Le Monde Diplomatique, 1993, France, French"

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Sans Visa/Espace européen 






BOURSE 


15 , « Falgôère, 75501 Pari» Cad» 15 


CINQUANTIÈME ANNÉE - N* 14563 7 F 


SAMEDI 6 MARS 1993 


****** 


FONDATEUR 


Violence 
et religion 
aux Etats-Unis 


Une semaine après l’attentat de New-York 


Le FBI a arrêté 


L ’AFFAIRE de la secte 
retranchée dans un ranch 
du Texas mêle deux phénomènes 
de la société américaine qui 
n'ont pas fini d'intriguer les 
étrangers : la prolifération des 
groupuscules religieux, dont le 
fanatisme n'a d'égal que l'obscu- 
rité de leur doctrine, et cel|e des 
armes à feu. Il faut remonter, 
dans l’un et l'autre cas. aux ori- 
gines des Etats-Unis pour [expli- 
quer ces comportements. • 
te premier amendement à la 
Constitution proclame eq effet 
qu'aucune confession ne doit 
avoir la caractère de « «*lB«»n 
établie», c'est-è-dire off^ielle. 
aux Etats-Unis, et que np n ne 
doit limiter le libre exercice d'un 
culte, quel qu'il soit. La second 
amendement affirme qüe «la 
droit du peuple de détenir et de 
porter des armes» ne pourra pas 
être remis en cause. Cas libertés 
font partie de l'héritage commun 
des Américains, forgé lors da la 
guerre d'indépendance contre la 
monarchie britannique. 


mi suspect palesümen 


Grâce à des concessions des Musulmans 


Les négociations sur la Bosnie 


Mohammed Salameh. un jeune Palestinien détenteur d un 
oasseoort égyptien , a été arrêté et inculpé, jeudi 4 mars, .dans le 

SW&ré sur rattentet du 26 

at l#n mMar de blessés au World Trade C enfer, a New 

Mohammed Salameh à ^" 

g data musulman ^.dBsmembmsont f ™ 

meurtre du rabbin Meir Kahane, en 1990. à New-yen. ez ^ 
i Zæssinat du président égyptien Anouar B Sadate. en 19B1. 

ii a l’un des 


NEW-YORK 


de notre correspondant 


M VERNON HOWELL, qui 
. se fait appeler; David 

Korosh et sa 

nation de Jésus-Christ n est ni 
le premier m le damier de ces 
Illuminés qui sont étonnamment 
bien tolérés par la société améri- 
caine. Mais son meeelaniame 
forme un mélange détonant avec 
l'arsenal quasi militaire « 


Le Fédéral Bureau of Investi^ 
lion (FBI) estimait mercredi 
encore qu’il lui faudrait beau- 
coup de temps et de patientes 
recherches avant de mettre la 
main sur les auteurs de Jattentat 
terroriste qui, le 26 février, a 
coûté la vie à cinq personnes et 
fait un millier de blessé* au 
World Trade Center de New- 
York. Mais la chance a soun aux 

enquêteurs. 


Jeudi 4 mars, six jours seule- 


ton, l’arrestation de l’un des 
auteurs présumés de 1 attentat. Il 
s’agit d’un homme de vingt-six 
ans, répondant au nom de 
Mohammed Salameh, et dont Je 
FBI se borne à indiquer qu Q est 
originaire «d'un pays du Proche- 
Orient ». Selon certaines sources 
policières, il s’agitait d’un Pales- 
tinien, né en Israël, et porteur 
d’un passeport égyptien. 

Mohammed Salameh avait été 
arrêté Ouelques heures aupara- 
vant à la sortie d’une compagnie 
de location de véhicules indus- 
triels appartenant à la chaîne 
n ■ .ihUa a ritv. une 


m 

Des progrès substantiels auraient été enregistrés . j^d soir 
A marfàNew-York dans les négociations sur l'avenir de (a 
ImJXoZ Selon les médiateurs, la délégation musul- 
Bbsme-HWTBgo tzetbeoovic, pourrait accepter le plan 

TejJTpaîe'de provinces auto- 

„™ ,J?SBrt>es de M. Radovan Karadzic continuant cepen- 

du regroupement des armes lourdas sous le contrôla dalONU. 


ci r ^ 

Paysage de ruines en Dalmatie 


tneis appaiivM« iifc * 

Ryder et située à Jersey City, une 
petite ville du New-Jersey qui 
ment apres i face m World Trade Center, 

ES- “ té de ,a riïi4re 


I ull uca JIMJA.WW, ■* .7, . 

fédérai du FBI, M. WiUiam Ses- 
sions, et le ministre de la justice 
Snntfrim, M. Stuart Ge^on, 
pouvaient annoncer, à Wasning 


SERGE MARTI 
Un la suite page 5 


ZADAR 


de notre envoyé spécial 


Ana est l’nne des rares habi- 
tantes de Posedarje, dans 1 ar- 
rière-pays de 2Uidar, à n avoir 
jamais quitté le petit port croate 
échoué sur l’une des rives du 
bras de mer de Maslemca et qui 
a servi de ligne de front, pendant 
des mois, entre forces croates et 
serbes. Sa petite boutique, sur le 
quai, dont les vitres sont restées 
miraculeusement intactes, est un 
poste d’observation idéal. 

De là, elle a vécu, le 21 
novembre 1991, /arrivée des 
chars serbes sur 1 autre rive du 
■bras de mer, à moins d on Kilo- 


mètre de Posedarje, dont les a 
délogés l’offensive croate du 
22 janvier 1993. 

Bien que régulièrement bom- 
bardé au mortier, le village d un 
neu plus de deux mille habitants 
S’a pas été détruit. La légende 
court ici que, si Posedarje n a 
• •- mu in radio 


jaTaUfté pris, c’estoue la radio 
serbe ne cessait d afu 


seroe ne cessait u ».ïirmer que 
g cinq mille ousiochis y étaient 
concentrés », ce qui dissuadait 
toute velléité d’attaque. Près 
d’une centaine de maisons ont 
été touchées. 


YVES HELLER 
Lire k suite page 4 
et Partide 

iPAFSANE Hissa POUR page 3 


Pas de révision 
pour Mis 
et Tbiennot 


rc 

tf 


La Commission de révision 
dos condamnations pénales 
a rejeté, vendredi 5 mars, la 
requête en révision deHay- 
mond Mis et Gabriel Thien- 
not, accusés du meurtre dun 
garde-chasse en décemore 
1946 « Nous nous battrons 
jusqu'à la fin de nos jours 
pour qu'on nous rende notre 
honneur », onr déclaré, peu 
après, les deux intéressés. 


por Jean-Marc ThéoBeyre 


Mis et Thiennot... Depuis 
plus de quarante ans, les qua- 
tre syllabes, soudées les tint» 
aux autres, résonnent pénota- 
quement dans la chronique 
judiciaire. Telles qu'elles se 
font entendre elles unissent 
plus que jamais deux hommes, 
devenus comme des frères 
jumeaux à la poursuite d'une 
réhabilitation qu'ils n'en finis- 
saient plus de réclamer. 

L'affaire, leur affaire, eut 
pour décor les horizons de 
l'Indre, un pays où les fermes 
se nomment «La Blrwrie » ou 
«Prends garde è ta», où I» 1 
passe du lieu-dit Les Loups 
aux bords de l'étang : les 
Hautes Rondières. C ôtait 
aussi, à la sortie des années 
de l'Occupation, la région ou 
dominait la famille Labaudy. 

Lire fa suite page 15 


b 


mois, at «ui a fini 

les autorités. Quatre agents 




IBS huiwihw -, 

fédéraux et trois membres de la 
secte ont déjà P^MoradeMM- 
saut hifructuauxmimé*rt«^to 
contre le raiu* de* « 

On peut Craindre que d autre» 
victimes ne soient d'ores et déjà 
è déplorer, et 

tau» disciples **J^ d *™£ 
ne suivent les puteMOS autoCe»- 
tructrices de leur chef^davait 
fêter vendredi son trente- tro l 
sième anniversaire 
être tenté da mourir au meme 
ftge que le Christ. 


Le M du pouvoir 


— i 

LWàe des écoutes téléphoniques est accueillie avec un cynisme tranquille 
par l'opinion et les responsables politiques 

• winr nstiTnire té 3. dont 


por Jeon-Morie Colombani 




avâfTérnlgré en Guyana sous la 
conduite du «rôvén 


j’ 


conduire bu 
jones, n'est guère /® s “ ra ']i 
Neuf cent vingt-troia da ses 
membres avaient P rocé ^ 6 ^" 
suicide coBectif. un peu contraint 

apparwrunent pour^iW ^ 

tra aux, en novembre 1978, «ans 
taZuteguyanalse. lorsqu'une 

JSSi tfSS*». JMgé- f ™ 

membre de *» Chambra dm 
raorésantants, ôtait venue spe- 
SHSE de Californie pour 
chercher à y «w ph» !d*air dans 

h» activités de cette (organisa- 
tion. 


«r Tout homme va toujours au 
bout de son pouvoir » : combien 
de fois François Mitterrand ne 
s’est-il pas servi de cette maxime 
de Thucydide pour convaincre 
les Français qu’il serait, lui, 
l'homme de culture pétri d his- 
toire et d’« humanités», mieux a 
même de résister à cette tenta- 
tion que M. Giscard d’Estamg, 
qu’il s’agissait alors de vaincre 
en le comparant à Louis XV . 
Combien de fois ne 1 a-t-on pas 


entendu proclamer, pour parfaire 
la démonstration, que « dange- 
reuses avant » lui, nos institu- 
tions le redeviendraient «après» 
lui? 


Douze ans plus tard, le pays 
accueille avec une relative indif- 
férence, et des réactions politi- 
ques convenues - «H J eut chan- 
ger l'atmosphère morale», dit 
M. Giscard d’Estaing, ne est 
inacceptable», dit M. Rocard, 
la révélation par Libération, et la 
confirmation par le Monde, de 
pratiques attentatoires aux liber- 


tés, dont ont été victimes au 
moins un avocat et des journa- 
listes. Le thème de la liberté est, 
certes, moins payant électoral e- 
ment que celui du chômage, 
pour lequel le président de 
l’UDF a trouvé un nouveau slo- 
gan en le qualifiant de « socia- 
liste ». 

lire b sn/te page 13 
et Peatzedea arec ht président 
de b Commission de contrôle 
des interceptions de sécurité 
page 12 


htti 

•» 


t $ 


• j* p 


wi 


E libre accès aux armes à 
.feu fut remis en .question 
i l'attentat cmnmw par un 
déséquilibré et qui avaR Wlli 

S b «ta. * 

au mésident Ronald Reagan. 
SLfta fogÏÏatioii n'a toujoura 

ïïfété SS!**»- Ûjÿre P^- 

Plu. de 210 mllhons 
d'armes è feu en mJJJJ 

aux Etats-Unis, pour mn 
tion de 254 mWions (f habitante, 
at le taux des homicides y est 

en reïïstré en Europe. LaRalre ne 
te^^de David Ij«h^ 
enfin fo problàm* du «ifirect» a 

la télévision- Celle-ci a ample- 
1 -»^ d « ta 

pollca contre las ** 

Sfinô l'action de cetto 
Rottgion. vit^ce «t mô^atiM 
tion outranclère se mêlent ainsi 
pour composer ca drame amé- 


ricain. 




n. 





Mort du Père 
Michel Piquet. 


Ancien rfetewit, P'Mmtwr 
da taient, le jésuite étart âgé 
de quatre-vingt-quatorze ans 


L'auteur des «Nuits fsuv® 81 
est décédé du sida à I âge 
de trente-cinq ans 

page 26 


ESPACE EUROPEEN 



Le secrétaire général du 
RPR se prononce pour une 
relance de la coopération 
franco-allemande, . une srttH 

tude plus ferme à I égard des 
Serbes, une particrFWtlon 
accrue au sein de I OTAN et 
un retour de la Russie sur la 
scène internationale. 


gOflfwn (u-jw-—- 

sur ha réfugiés» 
par SYLVIE KAUFFMANN 
pages 7 à 9 



£ 



HORS SÉRIE 


ANNÉE 1992 : 
LES CLÉS DE L’INFO 


Retrouvez toutes les « clés de l’jnfo » 
1992 reqroupées en un seul numéro, et 
complétées d'une chronologie etdun'ndex. 
Vous disposerez ainsi d une collection com- 
plète des clés et des repères 'ndispensabfe 
jour comprendre les grands événements de 

'actualité. 


E 


In venta dm, ton» tel ldwq»«» - M 1 


le Magnifique 

L’exposition du Grand Palais fait revivre 

. ... . j i un _ —Z. 



U wy/w i » lw " "" — , 

une brillante époque de l’Egypte antique 

_ ■ i t>,nM Pourtant. I’EeVDIC d 


por Yvonne Rebeyrol 


k Le ceeur de Sa Majesté se 
complaisait à faire beaucoup de 
grands monuments, comme u 
n’en a jamais existé avant depuis 
les temps primordiaux des Deux- 
Terres (1). » L.C long règne 
d’Aménophis 111 (1391-1353 av. 
J-C), un des pharaons de la 
XVIII» dynastie, est effectivement 
considéré comme ayant marque 
n«rtnrtes d SDOgée de 


une "dès” périodes d’apogée de 
l’Egypte antique, comme celui de 


tures. Pourtant, l’Egypte d’Amé- 
nophis III a maintenu son exten- 
sion territoriale. Directement, ou 
par l’intermédiaire de princes 
vassaux, elle dominait alors une 
très vaste région débordant large- 
ment l’Egypte traditionnelle, 
puisqu’elle allait du Nahanna (le 
sud de la Turquie et le nord de la 
Mésopotamie) jusqu’au pays de 
Karoy (ou de Kouch, au Soudan 
actuel). La capitale de la dynastie 
était Memphis (à quelque 
25 kilomètres au sud du Caire). 




son arrière-grand-père 

Thoutmôsis III (1479-1425) et 
celui de son successeur de la 
XIX' dynastie, Ramsès II (1290- 
1224). Mais Thoutmôsis III et 
Ramsès II furent des pharaons 
guerriers. 


Alors qu'Aménophis III a été 
un roi pacifique, soucieux avant 
toute chose de bâtir des temples 
et des palais superbes, ornes de 
colossales statues, de magnifiques 
bas-reliefs ou de «simples» pein- 


Mais, à la fin de son règne 
Aménophis III s’est installé à 
Tbèbes (entre les villes actuelles 
de Louxor et de Karnak), plus 
précisément dans l’ensemble 
palatial de Malgatta, quil fit 
construire - malheureusement 

pour nous, en briques crues — sur 
la rive gauche du Nil. 


Lin In sale page 16 


(I) Les Deux-Terre», c’est-à-dire U 
Haute et la Basse-Egypte. 


Le suwtht complet se marc | \ 1 1 14 krd: Espaont, i» pta ; 

L „ gp H -TUiMa ffiOffii AS^y. fgïlUïtiS:* « = ^ ^ ** *** ^ 


4 



2 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 • 


AU COURRIER DU 9 m h 


SOLIDARITÉ 

Le bombardement humanitaire 


À QUOI rime ce parachutage de vivres destinés 
aux enclaves musulmanes de Bosnie ? De nuit 
et en altitude, les avions américains larguent des 
vivres fantômes qui manquent leur cible, pour se 
retrouver en partie chez lès agresseurs. 

Les Occidentaux sont décidément tombés bien 
bas en ex-Yougoslavie. Des mois & assister à la 
barbarie sans intervenir. Et, pour couronner le 
tout, P« humanitaire propre», qui ne salit pas les 
mains, comme il y eut pendant le conflit du Golfe 
une prétendue guerre propre, qui n'aurait frappé 
que des cibles stratégiques. On sait aujourd’hui 
quelle mascarade fut cette frappe dite chirurgicale. 

Les Bosniaques pleurent de rage et d’ironie 
amère devant la lâcheté dont l’Occidcnt fait preuve 
face à leur drame. Quant à nous, les «humanitaires 


privés», les ONG, qui tentons de soulager les souf- 
frances sur 1c terrain, nous assistons à cette opéra- 
tion américaine avec, le sentiment de l’absurde : si 
l'on voulait discréditer à jamais l'action humani- 
taire à destination des peuples du Sud comme de 


l’Est, s'y prendrait-on autrement? Môme ce qui fait 
la spécificité de l’action humanitaire privée - 


savoir agir en finesse au sein même des popula- 
tions victimes - se trouve tourné en dérision au 
profit d'un nouveau concept, déjà inauguré avec un 
succès... meurtrier au Kurdistan en 1991 : le bom- 
bardement humanitaire. 


Les Kurdes sont aujourd'hui plus livrés  eux- 
mêmes que jamais. Somalie, 1 992 ? Les factions 
rivales n'attendent que de nous voir tourner le dos 
pour sortir les armes qu'elles ont cachées et repren- 
dre leurs massacres en toute impunité. Yougosla- 


vie, 1992 toujours? Là c’est encore plus simple : 
même pas la fiction de l'intervention, juste le 
mythe du camion de vivres salvateur, face à la 
«purification ethnique» et à l'anéantissement des 
peuples. Ne parlons pas du Cambodge, où les 
Khmers rouges n’ont pas renoncé et où TON U 
avoue sou impuissance malgré ses vingt-deux mille 
soldats; de Haïti, où l’embargo décrété par la com- 
munauté internationale ne pénalise que les plus 
pauvres; de la Birmanie, où une junte s’obstine en 
toute impunité à maintenir dans l’obscurantisme et 
la terreur un peuple otage; du Soudan, qui se paie 
une agence de relations publiques américaine pour 
se refaire une virginité internationale, alors qu'il 
n'a nullement cessé sa croisade religieuse et ethni- 
que contre les populations non aiabo-musul mânes. 

Est-ce cela le nouvel ordre international ouvert 
par la fin de l'affrontement Est-Ouest? Est-ce cela 
La pox omericana , désormais seule à imposer sa loi 
au monde? Une conception de la justice et de 
l'ordre mondial qui se résume à des parachutages 
honteux, furtivement menés? 

Les organisations humanitaires privées savent 
par expérience que leur action est limitée dans le 
temps et dans l'espace, que, bien que nécessaire 
pour soulager immédiatement (es souffrances, elle 
ne peut avoir un impact durable, si die n'est pas 
relayée par une action politique. Cette confusion 
des genres où le politique se lance dans l'humani- 
taire en guise de politique - et s'y lance mal - ne 
peut que conforter le sentiment d’impuissance qui 
nous saisit parfois face & l'inanité des efforts privés 
quand le public se refuse à jouer son rôle. 


TRAIT LIBRE 


SNCF 

Seuls dans le tunnel 


U. S. A. F MFtfj 




seule annonce pour nous rassurer, 
totale! 




Aux alentours de 21 h 30. avec l'aide des quelques rares passagers du 
deuxième wagon dans lequel nous nous trouvions, nous avons réussi à 


trouvions, 








SYLVIE BRUNEL 
directeur général de 
l'Action fhremat/bnafe contra la faim (AICF) 


Mess de PUS Air Force 
à Francfort (dessin paru 
dans The In dépendent]. 


YOUGOSLAVIE 

Sartre 

et le titisme 


SOCIALISME 

Un mot à changer 


D OBRICA COSIC. président de 
(a République fédérale de 


Yougoslavie, somme Edgar Morin 
d'apporter la preuve « de massa- 
cres, de viols et d’exactions » com- 
mis par des Serbes en Bosnie-Her- 
zégovine [le Monde du 17 février). 
Si les témoignages fui paraissent 
contestables, if aura en reyanebe 
du mal à démontrer qu'il ne se 
trompe pas en affirmant que Sartre 
(comme Eluard et Aragon) aurait 
excommunié la dissidence titiste en 
1948. 


P OUR notre génération qui 
n'avait pas dix-huit ans en 
1981, l’image de la gauche démo- 
cratique ne s’associe guère au mot 
socialiste qui a connu une histoire 
souvent noble, parfois tumultueuse, 
en France. L’nistoire de ce mot 
nous touche, mais elle n’est pas 
vraiment la nôtre. 


AGES 

Génération 
sacrifiée ? 


L e titre du livre de Gilbert 
Saint-Etienne, Génération 


Sartre t’a au contraire approuvée 
en préfaçant le livre de Louis Dal- 
mas, le Communisme yougoslave 
depuis là rupture àvec Moscoa (éd. 
Sulliver, 1950), préface reprise 
dans SituaiionsJPf, p. 23-68, sous 
le titre «t Faux savants ou faux liè- 
vres », où il écrit notamment : « Si 
le titisme a pour nous une impor- 
tance exceptionnelle, c'est qu'il 
aboutit à la subjectivité; mais 


aboutit a ta suojecimte ; mats 
celle -ci ne réapparaît pas comme un 
idéal formel: elle est produite 


idéal formel: elle est produite 
comme une réalité efficace à partir 
de l'objectivisme par le mouvement 
même de {‘histoire.» 


ANDRÉ GQRZ 
philosopha, Paris 


CHOMAGE 

B/g frang 


Qui s’est depuis 1989 frotté à 
l’Europe centrale et orientale 
n’ignore pas que le mot « socia- 
liste » y est soit à jamais banni par 
des générations auxquelles il est 
impossible d’expliquer que Fran- 
çois Mitterrand puisse être socia- 
liste, soit réutilise pour renommer 
tous les anciens partis commu- 
nistes totalitaires -(Parti socialiste 
du travail, en Roumanie, qui ras- 
semble les ultranationalistes et les 
nostalgiques de Ceaucescu, Parti 
socialiste serbe. Parti socialiste en 
Bulgarie, Parti socialiste des Serbes 
en Bosnie.-). 

Un des premiers partis politi- 
ques d’une des principales démo- 
craties occidentales peut-il avoir 
pour nom - ou à tout le moins 
conserver - un mot qui signifie, 
pour la moitié de l’Europe, l’an- 
goisse ou la haine ? 

Qui, nous devons changer le PS. 
Mais peut-on le changer sans en 
changer le nom ? Changer de nom, 
ce n’est iras renier une histoire. Le 
mot a fait son temps - de toute 
évidence, comme le parti dans sa 


sacrifiée, dont vous avez rendu 
compte dans le Monde du 30 jan- 
vier, est de nature & créer une 
guerre des générations. En effet, la 
génération actuelle des 20-45 ans a 
bénéficié d'une adolescence nette- 
ment plus douillette que les précé- 
dentes ; elle a été nourrie de 
fausses espérances. 

Des candidats au marché du tra- 
vail ont été persuadés de bénéficier 
de rémunérations que beaucoup 
n'atteignent pas au sommet de leur 
carrière. La déception est d’autant 
plus vive que ceux qui accèdent à 
un emploi se voient proposer le 
'tiers où îrf quart” «je ce qu'ils espé- 
raient 

La génération actuelle des retrai- 
tés qui vivent un «fige d’or» ou 
prétendu tel, a vécu des heures his- 
toriques qu’ils ont diversement 
appréciées : la grande dépression 
économique prolongée jusqu’à la 
guerre, la tension internationale, la 

S uerre, le désastre de 1940, suivi 
e cinq ans d’occupation avec son 
cortège d’horreurs : rafles, déporta- 
tions, camps de concentration, 
bombardements, le froid, la faim, 
et une pénurie qui s’est prolongée 
plusieurs années après la fin du 
conflit 


récent exemple. Le 28 janvier, 
notre ambassadeur à Kinshasa, 
Philippe Bernard, est tué dans son 
bureau - ainsi qu’un de ses colla- 
borateurs, dont on ne parle guère - 
par les reîtres de Mobutu, qui s’en 
donnent à cœur joie avec leurs 
armes automatiques et arrosent 
systématiquement les façades de 
notre ambassade et de quelques 
autres. 


La version de fa «balle per- 
due », immédiatement avancée en 
haut lieu, est péremptoirement et 
courageusement démentie par un 
membre du gouvernement. Le cer- 
cueil de notre ambassadeur est 
rapatrié en grande pompe, comme 
il se doit Des obsèques solennelles 
ont lieu le 3 février aux Invalides. 


CINQUANTENAIRE 

Le travail 
obligatoire 


D ES jeunes gens raflés dans les 
rues. & la sortie des stades. 


Le président de la République y 
assiste et le ministre des affaires 


étrangères prononce un discours 
émouvant C'est dire l’importance 
que de gouvernement français) 
entend attacher J à cet « incident 
diplomatique ». 


.^Quinze jours après, nous appre- 
nons que le president Mobutu, 
sujet à des maux de dents périodi- 
ques, se trouve sur le territoire 
français : il est venu, nous dit-on, 
consulter son chirurgien-dentiste a 
Monaco et, accessoirement, jouir 
du « somptueux refuge » que télé- 
vision et presse décrivent complai- 
samment, cependant que Les 
familles des victimes attendent 
réparation. 

L’extraordinaire mansuétude 
témoignée par le gouvernement 
français envers un dictateur afri- 


HENRY BADEL 
Lyon 


AV rues, & la sortie des stades, 
des facultés, des bureaux, des 
usines, traqués par la police dans 
les villes et par la gendarmerie 
dans les campagnes, gardés à vue 
comme des malfrats et* lorsqu’ils 
n’ont pas eu la -chance (ou les 
moyens) de, se cacher, bourrés de 
force dansndrMnâ^qmies emmè- 
nent, vers les usines de l’ennemi. 
Là-bas^ine soupe et. un qugnàn'de 
pain pouHâfeiiaôgte'w forçats ; 
le camp disciplinaire pour ceux qui 


UN LIVRE 


La convivialité molle 


S A peur, dans le noir, l’enfant 
croit la dominer en faisant du 


forme actuelle. Préférons^ ui, peut 
être, un nom plus « social-démo- 
crate » (mais les relations de notre 
pays avec la sociaWémocratie sont 
complexes). Pourquoi ne pas l’ap- 
peler alors, tout simplement: «la 
gauche»? 


O croit la dominer en faisant du 
bruit. La peur des ténèbres du 
chômage est-elle si grande, de la 
gauche à la droite, qif jl faille, pour 
eclipser ce chaos primordial, ni 


ZAÏRE 

Incident 

diplomatique 


cain dont il était pourtant censé 
souhaiter l’éviction apparaît 
comme un parfait exemple de cette 
démagogie tiers-mondiste dont les 
illustrations se sont multipliées au 
cours des dernières années et qui 
fut le jeu de l’extrême droite. 


NON A LA SOCIÉTÉ 
DÉPRESSIVE 

de Tony AnatreHa. 
Flammarion. 314 p., 120 F. 


B IBM sûr/ O y a le chômage.. 
Mais si, par miracle, un 


plus ni moins que le bruit de la 
Formidable explosion originelle: le 


Formidable explosion originelle: le 
Big Bang? 

Car il est un autre enfantillage 
coutumier aux hommes politiques: 
croire qu’ils ne sont plus vus, ni 
leurs malices, quand ils se mettent 
les mains devant les yeux. 

BERNARD TOUSLAAIC 
Hyènes 


En renonçant à un nam que 
l'histoire a rejeté, le parti « soda- 
liste » français pourrait alors se 
«réaxer» à gauche. Sans scrupule. 
Et sans que les démons de l'Est ne 
le condamnent définitivement au 
moment même où il joue sa der- 
nière chance de réforme. 


C OMME chacun le sait, les 
voies de la raison d’Etat sont 


Vy voies de la raison d’Etat sont 
impénétrables, et il n’est pas de 
bon ton de s’interroger sur les revi- 
rements et inconséquences de notre 
diplomatie à régara de tel pays ou 
telle personnalité étrangère. Mais ü 
est des cas où machiavélisme, 


FRÉDÉRIC MARTa 

étudiant, Paris 


hypocrisie, cynisme passent les 
bornes, et où le public en vient à 


Quoi qu’il en soit, accepter la 
présence de Mobutu sur le sol fran- 
çais après ce qui s’est passé voici 
un mois à peine à Kinshasa consti- 
tue une insulte caractérisée à la 
mémoire de l’ambassadeur Phi- 
lippe Bernard et de ceux qui ont 
trouvé la mort dans les mêmes cir- 
constances et un affront â leurs 
familles. 


se demander : « De qui se moque- 
t-on ?» Le Zaïre en est le plus 


ANDRÉ TRAVERT 
ancien ambassadeur 




REDACTION ET SIÈGE SOCIAL : 
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Edité par la SARL te Monde 
Dorée de la société : 


cent ans à compter du 
10 décembre 1944 


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indiquant leur numéro d'abonné. 1 proçres tn a&la/a dlmvrlmrrit. 

301 MON 01 PP-Paràs HP 


CI Mais si, par miracle, une 
reprise immédiate, exceptionnel- 
lement forte, venait bouleverser 
le marché de remploi; notre 
société déglinguée retrouverait* 
elte pour autant tm équilibre? 
Cesserait-elle . de nager dans la 
déprime? Chacun se rend bien 
compte que, le mal est plus 
profond. 

Ce mal-là, Tony AnatreHa, 
psychanalyste, spécialiste de 
('adolescence et des problèmes 
du couple, f explore en cBntcien, 
prolongeant un autre de ses 
ouvrages, le Sexe oublié, qui 
vient d'être réédité en collection 
dé poche (iChamps », Flamma- 
rion). Clinicien ne signifié pas 
nécessairement observateur 
froid. C'est un grand coup de 
gueule qui est poussé ici, par un 
homme résolument â contre- 
courant 

On rie trouvera dans son fivre 
aucune des idées è la mode, 
colportées de soir en soir par 
les écrans racoleurs de la télévi- 
sion. Aucune des découvertes 
soixante-huitardes qui ont 
débauché sur la « convivialité 
motte » d'aujourd'hui. Pour Tony 
Anatrefia, (a fatigue dont se 
plaignent tant de nos contem- 
porains est moins le résultat 
d'un surmenage que le 
■ symptôme d'une. # crise 
morale », car, dit-il, ce -sont les 
raisons de vivre qui font défaut 

K n’y a plus de vérités objec- 
tives, souligne ce chrétien.. Cha- 
cun bricole sa petite loi, se fixa 
ses propres limites. On vit au 
jour le jour, dans l'immédiat, 
sans enracinement, sans 
mythes et sans espérances. Ce 
qui manque, eh somme, c'est 
ffe refus de faüe fonctionner ta 
sens de tldée! ». Vola lâché un 
gros mot qui ne fait plus partie 
de notre vocabulaire. 

Sans Idéal, explique .le clini- 
cien, la vie psychique manque 


de nourriture symbolique pour 
s'humaniser et se socialiser. 
Chacun se retrouve seul en face 
de soi-même. Et, de plus en 
plus souvent, se prend comme 
cible de sa propre agressivité. 
Pour se sentir exister, l'incüvidu 
va - tenter de détruire et de déva- 
loriser les réalités avec les- 
quelles. B ne peut pas vivre. 

Tony AnatreHa analyse «qua- 
tre brisures du tien social» : le 
divorce; le suicide, l'homo- 
sexualité et la drogue. Le simple 
fait de les rapprocher lui vaudra 
sans doute des cris indignés. 
Mars notre psychanalyste n'en a 
cure. D est persuadé notamment 
que la < révolution sexuelle» n'a 
fait que fibérer la sexualité infan- 
tile : f Une sexualité non rela- 
tionnelle» dans laquelle l'autre 
est le grand absent. 

. Tony AnatreHa pense aussi 
que toutes les ' pratiques 
sexuelles ne se valent pas, et 
que f homosexualité ne doit pas 
être présentée comme un droit. 
Nous sommes envahis, dit-il, 
par dés modèles homosexuels 
privilégiant tout ce. qui est sem- 
Wabto- 


Ceta se vérifie, par exemple, 
dans le prévention du sida. Une 
e prévention fondée sur le 
latex», ét sur rien d’autre. 
L'amour n’a pas sa place dans 
cette éducation sexuelle, aux 
effets désastreux, qui présume 
le partenaire comme un danger 
dont fl facjitse protéger: 

La société dépressive n'est 
pas taie fatalité, affirme le psy- 
chanalyste. Nous disposo ns de 
savoirs, de traditions pleines de 
vitafité. Cessons de courir après 
ce qui nous fait peur et de reje- 
ter ce que nous possédons. 
Cessons d'évacuer la- transcen- 
dance, pour annoncer toutes les 
dix minutas ele retour de Dieu*. 
Cessons de vouloir t changer ta 
vie» au lieu de l'assumer... 

On sort! de cens lecture un 
peu secoué,, un. peu... déprimé. 

ROBERT SOLE 


n i> i! 


d-i; 

.4 - 


ui v J 


<. >ü 


RE R. Lorsque tout à coup, aux alentours de 20 h 30, le train s’est 
immobilisé dans le tunndentre les stations Saint-Ouen et Porte-Oichy. 


Nous avons attendu dix minutes, puis vingt, puis trente minutes. Pas une 
seule annonce pour nous rassurer-. Rien ! Le silence et parfois l’obscurité 


Nous avons continué è attendre, quarante minutes, cinquante, puis 
une heure 1 Mes filles pleuraient d'anxiété. 


Et je l'ai vu rapidement disparaître dans te tunnéL 

Avec les quelques rares passagers du wagon, nous avons alors décidé 
de quitter le train. Nous avons longé les mura du tunnel J’ai entendu une 
femme m'appeler par la fenêtre d’un autre wagon. Elle me suppliait 
d 'aller chercher de l’aide car elle était enceinte de sept mois et demi et 
commençait à se sentir mat. 


avoir traversé (es voies sans savoir si nous ne risquions pas de 
■ocuter, nous nous sommes retrouvés à la station Saint-Ouen, 


totalement désertée. Pas un guichetier; pas un cheminot, pas un 
contrôleur. Où se trouvait donc la SNCF ? Ensuite; nous nous sommes 


controleur. Où se trouvait donc ta SNCF ? Ensuite; nous nous sommes 
retrouvés dehors à une dizaine de personnes dans une zone industrielle 
sans finie qui vive. Pas une voiture, pas un taxi, pas un bus_ rien ! Nota 
avons marché longtemps. Arrivés boulevard Bessières, j’ai arrêté une 
voiture de police afin de porter secours au plus vite à la femme enceinte 
et aux autres voyageurs. Nous avons ensuite pris un taxi pour rejoindre 
notre domicile. 


Le lendemain, je me suis rendu aux services commerciaux de la gare 
: Saint-Lazare. Bien mal m’en a pris car je n’ai eu pour seule réponse que 
les sarcasmes de jeunes cheminots. 


Je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer si mes filles avaient été 
seules. 


ALAIN CHAROY 
Paris 


renâclent ; les bombardements ; la 
maladie trop souvent regardée 
comme un sabotage de l'effort de 
guerre^. 

U y a tout juste cinquante ans, le 
16 février 1943, une loi de Vichy 
instituait le service du travail obli- 
gatoire ($TO), reconnu par le tri- 
bunal de Nuremberg comme un de ' 
ces crimes de guerre qu'il ne faut à 
aucun prix oublier, on le répète 
avec raison. Mais jusqu’ici les . r 
médias n’ont guère prêté attention •« 
à ce cinquantenaire-là. Et pour- - 
tant... <Ils étaient un demi-million ; “ ’ 
ifs'avafeëf vftgt rans ; et- 60 000 -*■ 
d’entre eùx.ne sont jamais revenus. 

:t* t. ! JACQUES jEVRARD . 
historien, Toulouse 


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je?»... 

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X A 




La conférence de paix sur l’ex-Yougoslavie à New-York 


Lord Owen fait état de progrès avec les Musulmans 
dans les discussions sur le découpage de la Bosnie 


NEW-YORK (Nations unies] 
correspondance 

Si, comme on le laissait entendre, 
la stratégie des coprésidents de la 
cOnfërcnce de paix sur* l'ex- Yougos- 
lavie était d’obtenir des Musulmans 
leur plein accord sur leur plan - 
pour ainsi isoler les Serbes, toujours 
réticents - MM. Vance et Owen 
semblent en passe de réussir. 

Jeudi 4 mars, en fin de journée, 
on évoquait à New-York une possi- 
ble rupture des négociations. Mais, 
dans ta nuit, sortant d'une réunion 
avec M. Izctbegovic, le président 
musulman de Bosnie-Herzégovine, 
Lord Owen a brusquement parlé 
d ' « énormes progrès». Sans expliquer 
son optimisme, il a dit : « Lorsque 
les gens sont au boni de l’abîme et 
ne voient que la guerre. Us devien- 
nent réalistes .» 

Selon un diplomate proche des 
négociations!, les discussions ont sur- 
tout porté sur le découpage proposé 
de la Bosnie en dix provinces auto- 
nomes. Avant sa rencontre avec 
MM. Vance et Owen, le président 
bosniaque s'était entretenu avec le 
représentant américain aux négocia- 
tions, M. Rcginald Bartholcracw. Et 
selon un diplomate de l'ONU. «si 
progrès il y a. c'est sans doute dû au 
rôle joué par Washington ». Peu de 
progrès, en revanche, ont été accom- 
plis dans les discussions des coprési- 
dents avec la partie serbe. Appre- 
nant qu'un accord était sur le point 
d’être conclu entre MM. Vance et 
Owen et les Musulmans, te dirigeant 
serbe bosniaque a déclaré qu’il refu- 
serait de signer te plan de paix : «Il 
est intolérable que MM. Vance et 
Owen aient négocié sans nous», a 
dit M. Radovan Karadzic. Il a de 
nouveau insisté sur sa proposition 


de mettre les 30 % du territoire bos- 
niaque qui sont encore contestés 
sous contrôle international, proposi- 
tion refusée par les coprésidents. * Il 
est temps de téléphoner à Al. Milose- 
vic Il a tout intérêt à le remettre à 
sa place», aurait dit un des négocia- 
teurs internationaux faisant allusion 
à l’attitude do dirigeant serbe bos- 
niaque. 

Concernant le volet militaire du 
plan de paix et les modalités de la 
cessation des hostilités, qu'ils 
avaient pratiquement approuvés, 
en janvier à Genève, les Serbes de 


Bosnie multiplient maintenant les 
déclarations contradictoires. 
M. Karadzic a expliqué jeudi aux 
journalistes que, seule, la * surveil- 
lance » par la communauté interna- 
tionale de l'artillerie lourde serbe est 
acceptable et non pas le e contrôle ». 
comme l’exige le gouvernement 
musulman. De leur côté, les coprési- 
dents expliquent que, de toute 
façon, raccord militaire signé par les 
trois parties ne pourra pas entrer en 
vigueur avant un règlement global, 
lequel sera imposé par plusieurs mil- 
liers de «casques bleus», «rendant 


la différence entre la « surveillance v 
et le « contrôle » des armes lourdes 
sans objet». Selon M. Karadzic, le 
contrôle international des armes 
lourdes affaiblirait (es Serbes, car 
Croates et Musulmans disposent 
d'une infanterie plus importante. 
Les négociations des parties avec les 
coprésidents restent cependant très 
délicates puisque le président bos- 
niaque, M- Alija Izctbegovic, mena- 
çait de quitter New-York, vendredi, 
estimant qu'en tant que « chef 
d'Etat *‘\\ ne devrait pas négocier 
avec des « chefs de dan». Ce à quoi 


L’ONU va enquêter sur les charniers de Croatie 


GENÈVE 

i de notre correspondante 

t 

Les massacres perpétrés en Bos- 
nie ont été une fois de plus évo- 
qués, jeudi 4 mars, au Palais des 
nations. M. Tadeusz Maziowiccki, 
ancien premier ministre polonais, 
jet rapporteur pour l'cx-Yougoslavic 
jde la commission des droits de 
l'homme de l'ONU, a adressé une 
lettre ouverte à M. Mohamed 
Ennaceur (Tunisie), président de 
cette commission, pour iui faire 
pari de sa «profonde préoccupa- 
tien » devant fa nouvelle offensive 
serbe en Bosnie orientale. Dans 
cette lettre, M. Mazowiecki estime 
•de son devoir de rappeler que 
Cerska, ou ce qu’il en reste, «est 
dans une zone qui, aux termes du 
plan de paix Vance-Owen, serait 
une province musulmane entourée 
de territoires serbes bosniaques». 
Pour lui, «les forces serbes intensi- 


fient l'épuration ethnique et tentent 
de procéder à des gains territoriaux 
au moment où se déroulent les 
négociations de paix». Contraire- 
ment & ceux qui croient pouvoir 
juger que l'action humanitaire 
contribue à masquer les vrais pro- 
blèmes, te rapporteur estime que 
«la situation des droits de l'homme 
doit être prioritaire dans la 
recherche de (a paix». 

D’autre part, les experts de fa 
commission des Nations unies sur 
Ics crimes de guerre, que préside le 
professeur Frits Kalshovel (Pays- 
Bas), chargée d’eoquctcr sur les 
violations graves des conventions 
de Genève, a décidé d’envoyer une 
mission spéciale à Vukovar pour y 
recueillir le maximum d’informa- 
tions sur une douzaine de fosses 
communes découvertes autour de 
cette ville tombée sous les assauts 
des Serbes à la fin de ia guerre de 
Croatie. Des experts ont déjà 


entrepris i’examen d'une des 
fosses, à Ovcara, découverte l'cté 
dernier et qui semble contenir les 
corps de 200 hommes, croates, 
emmenés de ['hôpital de Vukovar 
lors de la chute de la ville. 

La mission d'enquête sera 
conduite par le professeur Fenrick, 
membre de la commission. Le 
Conseil de sécurité de l'ONU sera 
saisi de ses résultats vers la fin juil- 
let, de même que le tribunal inter- 
national chargé de juger les crimes 
de guerre, dès qu'il sera mis en 
place. Outre son enquête sur les 
charniers, la commission sur les 
crimes de guerre a inscrit à son 
ordre du jour les points suivants : 
« Responsabilité du commande- 
ment » ; « ordres d'un supérieur » ; 
<x nettoyage ethnique ». « viols » et 
«autres formes de violences 
sexuelles ». 

ISABELLE V1CHNIAC 


M. Karadzic a répondu : a Je ne 
négocie qu'avec M. Izctbegovic. TS'iï 
paru je partirai aussi. » 

Les Serbes ne sont pas «aussi iso- 
lés que l’on croit», a souligné 
M. Karadzic. « Les Russes, dit-il, res- 
tent nos grands amis et nos grands 
alliés. Les Grecs, les Roumains et les 
Bulgares sont aussi nos grands amis, 
la Chine et le Japon, et même l'Ita- 
lie. l'Espagne et la Grande-Bretagne 
comprennent notre position . » Au 
rang des «ennemis», M. Karadzic a 
cité la Turquie. l’Arabie Saoudite et 
l'Iran. Le dirigeant serbe a cepen- 
dant été humilié publiquement lors- 
que 1e secrétaire général de l'ONU, 
M. Bout ros-Gh ali, ainsi que 
MM. Vance et Owen lui ont 
: demandé officiellement de retirer 
une partie de ses déclarations 
publiées dans une Lettre ouverte au 
peuple américain. Dans cette lettre, 
distribuée au lendemain de l'explo- 
sion au World Trade Cerner ( le 
Monde du 3 mars), M, Karadzic 
exhortait te président américain, 
-M. Bill Clinton, à « montrer du cou- 
rage politique et cesser les largages» 
des vivres par avions en Bosnie-Her- 
zégovine. 

il écrivait par ailleurs: « L'inci- 
dent terroriste déplorable au World 
Tmde Cerner est un nouveau témoi- 
gnage du caractère explosif et des 
dangers liés à {'intervention exté- 
• rieure directe. » M. Karadzic regrette 
à présent, «ce désagréable malen- 
tendu » et, bien qu’il maîtrise parfai- 
tement l’anglais, explique que ses 
propos ont été « mutilés » par les 
traducteurs : «Je voulais dire que si 
un pays comme les Etats-Unis, qui 
ne veut faire que le bien, est la proie 
\de terrorisme, alors personne n'est à 
i l'abri.» 

1 AFSANÉ BASS1R-POUR 


Le général 
Philippe Morillon 
en mission 
à Cerska 

Les forces serbes ont accepté le 
principe d’une mission des 
Nations unies dans l'enclave 
.musulmane de Cerska (est de la 
Bosnie), où les combats font rage 
'depuis plusieurs jours, et de l'ou- 
verture d’un corridor humani- 
taire pour évacuer quelque i 500 
.blessés, a annoncé, jeudi 4 mars, 
un porte-parole de la FOR- 
IpRONU. Les négociations ont 
Jété menées par le général Ratko 
Mladic, pour la partie serbe, et le 
[générai Philippe Morillon, pour 
ll’ONU, qui a quitte, vendredi 
jmatin en hélicoptère, Sarajevo 
Ipour Tuzla et Cerska. 

Les habitants de Cerska, mis 
au courant des efforts de l'ONU, 
ont fait savoir qu'ils étaient d'ac- 
cord pour une évacuation des 
blessés, dans un but strictement 
humanitaire, mais qu'ils se refu- 
saient à quitter la ville et à prêter 
ainsi la main à une opération de 
nettoyage ethnique, selon des 
radioamateurs. Dans de nom- 
- breuses régions, les Serbes ont 
forcé les Musulmans de Bosnie à 
quitter leurs maisons, pour les 
remplacer ensuite par des popu- 
lations serbes. 

D'autre part, trois avions car- 
gos américains ont effectué une 
nouvelle mission de parachutage 
de vivres au dessus de la Bosnie, 
vendredi 5 mars à l’aube. A Mos- 
cou, des militaires américains 
ont discuté d'une participation 
de la Russie aux largages de 
nourriture et de médicaments en 
Bosnie, a déclaré un responsable 
russe. - (Ab'P, Reuter.) 


Avec l’envoi d’un chargé d’affaires en Irak 


2£S^^|S?!!L : ! k Turpie fait un geste en direction de Bagdad 


Chantal Godinot, aide-soignante, 
a été tuë&XU&ftlaile dans la tête, 
jeudi après-midi 4 mars, à Sara- 
jevo, par un tireur embusqué non 
loin de l'aéroport. Deux chauffeurs 
polonais du convoi de l'organisa- 
tion «Equilibre» ont été blessés 
dans la fusillade, qui s'est produite 
'à une cinquantaine de mètres d’un 
point de contrôle des «casques 
bleus» de la FORPRONU. 

Chantal Godinot, écrit notre cor- 
respondant à Lyon, Bruno Causse, 
s’était engagée dans l’association 
lyonnaise Equilibre en 1989. pen- 


dant la. .'révolution roumaine. 
Depuis, ^Ie..n^y^k,çpssé. .d’appor- 
ter son concours bénévole à Equili- 
bre, se chargeant notamment de la 
gestion de la pharmacie, de l’envoi 
des médicaments. C'était son 
deuxième séjour dans l’ex-Yougo- 
slavie. En novembre 1992, elle 
avait participé à l’évacuation de 
Bosnie d’un millier d’enfants et de 
leurs mères qui out été accueillis 
par des familles françaises. Agée 
d’une cinquantaine d’années, elle 
était mère de cinq enfants. 


La goutte d’eau 


Il n*y a pas que les combats 
qui se radical isent, dans l’ex- 
Yougoslavie. Les attitudes aussi, 
devant ce drame doublé, pour 
tes gens da bonne volonté, d’un 
scandale philosophique. 

Ou nous décrétons, _ nous 
autres spectateurs d’Occident : 
le Mai absolu est à l'œuvre, c'est 
la faute h Théodose, h quoi bon 
se faire trouer la peau pour ces 
fous sanguinaires et pour nos 
gouvernements qui les laissent 
tarai 

Ou bien on trouve que ta home 
de l'Impuissance ne suffît plus, 


que défiler en serrant dans ses 
poches sos poings de rage, c'est 
encore se croiser las bras, qu'il 
faut décidément y aller voir, sou- 
lager ce qui peut î'étra, opposer 
à l'océan du malheur sa goutte 
d'eau... 

La petite aide-soignante 
d'EquiRbre tombée h Sarajevo a 
suivi ia seconde voie, c'était plus 
fort qu'elle, t Fallait pas y aller », 
vont dire les cyniques. Aux 
autres, la question se pose : si 
c'était cala, la sainteté? 

B, P.-D. 


ITALIE 


Deux industriels en détention préventive 


Le président de la Sagat, ia 
société de gestion de l’aéroport de 
Casclle (Turin), M. Maurizio Bor- 
don, proche du Parti socialiste 
(PSD, a été placé, jeudi 4 mars, en 
détention préventive. Il est accusé 
d’avoir touché des pots-de-vin lors 
de l'adjudication de travaux 


éditions 

NIPPON 

LE JAPON DEPUIS 
1945 

William Horsley, 
Roger Buckley 

EN VENTE EN LIBRAIRIE 


.publics pour la construction d’une 
-nouvelle aérogare. Les enquêteurs 
itentcnt de déterminer si les 
sommes recueillies auraient pu ser- 
jvîr au financement d’un parti ou 
de personnalités politiques. 

( Le directeur générai d’Italim- 
l p rosse (la quatrième entreprise de 
,travaux publics), M. - Eugénie 
Rende, a subi le même sort pour 
■avoir versé des pots-de-vins. Les 
i magistrats de Milan lui reprochent 
! d’avoir « arrosé» des responsables 
de i’ENEL (producteur national 
d’électricité) en échange de 
contrats de construction de cen- 
trales électriques. Ces sommes se 
seraient ensuite retrouvées dans la 
caisse de certains partis politiques. 

Enfin, l’ancien secrétaire du 
j Parti socialiste italien, M. Bçttino 
fCraxi, devra se rendre mardi pro- 
; ehain devant la commission parte- 
memaire chargée d’une levée éven- 
tuelle de son immunité 
’ parlementaire. - (AFP. Reuter J 


■En applicatfoh d'une décision 
1 annoncée le 24 février dernier, 
la Turquie a envoyé, jeudi 
|4 mars, un chargé d'affaires à 
iBagdad, M, Sadi Calislar. 

■ a C'est un premier pas vers la 
reprise de bonnes relations bila- 
térales m. a commenté ie 
conseiller de l'ambassade d'Irak 
à Ankara qui a demandé au gou- 
vernement turc une aide huma- 
nitaire. La Turquie avait sus- 
pendu ses relations 
«diplomatiques avec Bagdad au 
ilendemain de l'invasion du 
| Koweït en août 1990. 

i ISTANBUL 

da notre correspondante 

A plusieurs reprises en 1992, les 
autorités turques avaient annoncé 
leur intention de renvoyer un diplo- 
mate de haut rang à Bagdad, mais à 
chaque fois, te gouvernement avait 
cède à la pression de scs alliés et 
renoncé à son projet 

Cette fois-ci, les autorités turques 
étaient déterminées et ont rencontré 
peu d'opposition. Le régime de Sad- 
dam Hussein ne semble pas près de 
i tomber et les Turcs éprouvent le 
'besoin d’obtenir plus d'informations 
sur la situation en Irak. «Nous n'al- 
lons pas embrasser Saddam Hussein 
sur les deux joues. expfiquc-t-on au 
ministère des affaires étrangères. 
Mais nous avons besoin de communi- 
quer.» Ses alliés occidentaux ont 
atdré l'attention de la Turqnie sur le 
lait que cette démarche risquait d’en- 
voyer des « signaux erronés » à l’Irak; 
les diplomates occidentaux admettent 
cependant qu’ils espèrent avoir accès 
aux informations recueillies par les 
Turcs. 

Depuis la guerre du Golfe, la Tur- 
quie tente de redéfinir sa politique 
au Proche-Orient. Selon un sondage 
effectué au début de cette année par 
le quotidien Turkish Daily News, 
75 % de la population et 89 % des 
parlementaires étaient en faveur d'un 
rapprochement avec l’Irak, premier 
partenaire commercial de ta Turquie 
dans la région avant la crise du 
Golfe, meme sî deux tiers de la 
population considèrent l’Irak comme 
«une menace potentielle. Le gouverne- 
ment souligne que des relations nor- 
males avec l’Irak ne sont pas possi- 
bles, aussi longtemps que le régime 
actuel reste au pouvoir ci refuse 
d’appliquer pleinement les résolu- 
tions des Nations unies; mais il est 
évident que la Turquie serait un des 
premiers pays à bénéficier d'une 
éventuelle réconciliation entre Bag- 
dad et la communauté internationale. 

Le manque à gagner dù à l'inter- 
ruption des échanges commerciaux 
avec l’Irak - et. A travere ce pays. 


avec’tf autres Etats 'de la région 
demeure une plaie ouverte dans le 
flanc de la Turquie. L'cnjcu de la 
tournée effectuée par le premier 
ministre, M. Derairel. à la fin du 
mois de janvier, dans les pays du 
Golfe, - Arabie Saoudite, Qatar, Bah- 
reïn et Emirats arabes unis - était 
donc économique aussi bien que 
politique. Il s’agissait de ranimer le 
commerce extérieur avec ces pays, 
qui a diminué de moitié depuis 
(990, les exportations turques ayant 
des difficultés à transiter par voie 
terrestre, et de rappeler une «petite 
note», notamment une tranche de 
2 00 millions de dollars de compensa- 
tion que le Koweït doit toujours à la 
Turquie pour la participation de 
cdlc-d i la coalition anti-irakienne. 

L’Irak et l'Iran ont fait l'objet de 
longues discussions au cours de celle 
tournée. Les pays du Golfe sont 
d’une part préoccupes par un déman- 
tèlement possible de l'Irak, mais sur- 
tout par tes efforts d'armement de 


l'Iran et ils voient en la Turquie un 
contrepoids à la puissance de Téhé- 
ran. 

La Turquie partage les soucis des 
‘pays arabes, mais bordée à sa fron- 
tière sud de voisins «difficiles» - 
l’Irak. l’Iran et la Syrie, - elle cherche 
à tout prix à éviter les crises et joue 
la carte de la stabilité. Ce souci de 
maintenir la paix régionale explique 
notamment la prudence avec laquelle 
le gouvernement turc a agi - ou 
plutôt s'est abstenu d’agir - après 
l’annonce, 1e 4 février dernier, d'une 
complicité iranienne dans plusieurs 
meurtres de personnalités laïques et 
de diplomates étrangers en Turquie, 
au cours des dernières années. 

Prudence ne signifie pas complai- 
sance. Un dossier prouvant, docu- 
ments à l'appui, la participation ira- 
nienne à ces meurtres, ainsi que 
l'existence d'un camp situé entre 
Téhéran et 0 dm. où des islamistes 
turcs étaient formés «au sabotage et 
à l’usage d'explosifs», a été remis aux 


autorités de Téhéran quï. jusqu'à pré- 
sent, n'ont pas fourni d'explications 
satisfaisantes. «Ne refusez pas votre 
coopérat ion pour résoudre ces affaires. 
Si vous ne contribuez pas à les résou- 
dre, vous allez atténuer les relations 
entre la Turquie et l'Iran de façon 
très sérieuse, » a dédaté M. Dcmircl. 

La Turquie soupçonne également 
l'Iran et la Syrie, malgré b signature 
d'accords de sécurité en 1992, d’aider 
les séparatistes kurdes du PKK. con- 
tre lesquels elle lutte depuis 1984. Le 
rétablissement de contacts diplomati- 
ques réguliers avec Bagdad lui per- 
mettra peut-être de convaincre le 
gouvernement irakien de meure tin à 
sa propre collaboration ara: te PKK. 

Unis par leur opposition à b fon- 
dation d'un Etat kurde indépendant 
au nord de f'frak. fa Turquie, fa 
Syrie, l’Iran et l’Irak demeurent 
cependant séparés par une forte 
méfiance mutuelle. 

NICOLE POPE 



Pour 15 F 

le mercredi 


Enquête sur g » ■ 

Journal 

utile 

pour monde 

compliqué 


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4 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •. 




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* 



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4 


EUROPE 


Paysage de ruines 


ai Dalmatie 

Suite de la première page 

La plus grande partie de (a popu- 
lation avait commencé à partir 
dès septembre (991, lorsque les 
forces serbes lancèrent leur offen- 
sive sur la côté d aima te, derrière 
laquelle les monts de la Krajina - à 
population serbe - forment uAë 
véritable muraille. Vendant jour- 
naux, cigarettes et bimbeloterie, 
Ana a mis un point d'honneur d 
ouvrir son échoppe le plus souvent 
possible, h quand c'était un peu 
calme», dit-elle. 

A soixante ans, Mate Brala, 
blessé au bras à ('automne 1991 
alors qu’il avait rejoint la garde 
nationale croate, a conservé un 
solide optimisme, à l'égal de son 
.pragmatisme. Lui qui dit avoir 
«tout fait dans la vie», raconte 
comment, après les bombarde- 
ments, (es quelques habitants restés 
au village allaient subrepticement 
en barque récupérer les poissons 
tués par les obus tombés a la mer. 
«Une fols, se sou vient-il dans un 
grand éclat de rire, j'en avais telle- 
ment pris que ma barque a cha- 
viré.» 

Maïs, à côté de Posedaije, que la 
.majorité de la population a mainte- 
.nant réintégré et qui tente de revi- 
vre bien qu'aucune activité écono- 
mique n’y soit encore permise, il y 
a Cmo, Murvîca, Policnik, Islam- 
Latinski, Islam-Grcki, Smilcic..., 
autant de villages croates dont il ne 
reste que le nom sur la carte et les 
pans noircis de maisons détruites. 
Un paysage de ruines, ponctué 
d'inscriptions en cyrillique et de ia 
fameuse croix serbe ornée des qua- 
tre «S» («Seule b solidarité sauve 
les Serbes»), témoignages de plus 
d’un an d’occupation. 

Dans le cimetière de Cmo. resté, 
lui, presque intact, un caveau en 
fin de construction est ouvert; des 
matelas et .des couvertures y 
traînent encore, oubliés par les sol- 
dats serbes qui en avaient fait leur 
casemate. A quelques mètres, 
l’église catholique Saint-Nicolas est 
comme évidée; seuls les murs sont 
encore debout; l’autel est couvert 
de boue. De là, on découvre, légè- 
rement en contrebas, les hauts 
immeubles des faubourgs 4c Zadar, 
à portée immédiate de tir. Le long 
de b route-étroite traversant le vil- 
lage désert; des cordons de plasti- 
que fluorescent signalent bas-côtés 
et ruines minés. 

Plantés sur le bord de b route 
rectiligne coupant Murvîca, deux 


hommes d’âge mûr regardent l’une 
des carcasses de maison composant 
aujourd'hui le village. Les murs 
tiennent toujours, mais il n’y a 
plus de toit ; le plancher est cou- 
vert de gravats noircis, de restes de 
mobilier calciné. C'est b première 
fois qu’ils reviennent ici, dans ce 
village qu’ils ont quitté lors de l'at- 
taque des forces serbo-yougoslaves, 
en septembre 199 t. Ils sont absor- 
bés dans b contemplation de la 
maison de leur voisin, un Serbe, 
qui n’avait pas foi à l’époque. Le 
jardin qui s'étend devant la 
construction est soigné; les planta- 
tions sont ordonnées, la petite 
vigne vient d'Stre taillée... A son 
tour, le voisin serbe a dû partir 
précipitamment le 22 janvier der- 
nier, sous b poussée croate. 

«En voyant ce qui était arrivé à 
leurs maisons, pillées et brûlées, des 
Croates revenus depuis la libération 
du village ont détruit tes maisons 
serbes; si mm ne pouvons plus uti- 
liser nos habitations, il ne faut pas 
qu’eux (les Serbes) puissent le 
faire ». dit l’un des deux hommes, 
qui vient de passer plus d'un an à 
Zadar - à dix kilomètres - comme 
« personne déplacée. 

Le pont, J 'aérodrome, 
le barrage 

Non loin de là, ce sont des sol- 
dats croates qui avancent prudem- 
ment entre les pins, fouillant le sol 
et les herbes de piques métalliques; 
ils déminent les abords de la base 
aérienne de Zemunik. Sur cette 
base, l'été dernier, deux officiers 
français de la Force de protection 
des Nations unies (FORPRONU) 
ont été tués par l’une des charges 
explosives qui truffent b piste de 
l’aérodrome et étaient - selon un 
rapport officiel établi à l'époque - 
télécommandées à distance par les 
Serbes. 

e Depuis . nous avons fait en sorte 
que ces mines ne puissent plus être 
activées, mais elles sont toujours 
présentes», explique un officier 
croate. Cest que b plupart des ins- 
tallations «stratégiques» 
construites du temps de b Fédéra- 
tion yougoslave - surannée, et qui, , 
depuis des dizaines d'années, se 
préparait à la troisième guerre 
mondiale - ont étfr conçues de i 
façon à recevoir des chaises pou- 
vant les détruire en cas d'attaque. 
L'aéroport 4e Zeraunik-Zadar était 
l’un des principaux objectifs de 
l’offensive croate du 22 janvier, 



avec le pont (détruit) de Masienica 
et le barrage (très endommagé) de 
Peruca. il reste pour l’instant tota- 
lement inutilisable. Outre le pro- 
blème des mines, les installations 
aéroportuaires ne sont que ruines. 

Ruines également autour de 
Peruca, entre tes monts Dinars et 
Svilaja, à moins de cinquante kilo- 
mètres au nord de Split, à com- 
mencer par celles de la petite cen- 
trale électrique, en contrebas du 
barrage, totalement saccagée. Les 
Serbes, qui ont contrôlé le barrage 
pendant des mois, avaient menacé 
de le faire sauter fin janvier, lors 
de l’offensive croate, ce qui aurait 
provoqué une véritable catas- 
trophe, la vallée de la rivière 
Cetina étant très habitée. 

1b n'ont finalement mis leur 
menace à exécution que partielle- 
ment. Le 28 janvier, une série d’ex- 
plosions ont retenti ; le jour même, 
l’armée croate reprenait Peruca. 
Aujourd’hui, la route qui court sur 
un demi-kilomètre au sommet du 
barrage de terre, d’argile et de 
rochers haut de trois cents mètres, 
est Assurée sur toute sa longueur et 
coupée en trois endroits. Au 
milieu, le rembbis de terre et de 

S ivier construit par tes Croates 
puis An janvier s’est affaissé de 
trois mètres. De plus, des explo- 
sions à b base du barrage ont fra- 
gilisé l’ensemble de l’ouvrage, qui 
date de 1959. 

Toutes vannes ouvertes, le 
niveau de la retenue d'eau baisse 
d’un mètre par jour, mais îljàudra- 
encore attendre! avant de pouvoir 
évaluer l’ampleur des dégâts, avant 
de savoir s’il pourra Être remis en 
état ou devra être complètement 
reconstruit. Trots autres centrales 


en aval - Zakucac, Dalc et KraJjc- 
vac - sont tributaires du débit de 
Peruca; or, dès que le niveau d’eau 
sera suffisamment descendu pour 
que l'examen de l'état du barrage 
puisse être effectué, les vannes 
seront fermées, réduisant ces trois 
centrales au «chômage technique» 
et accroissant encore les pénuries 
d'électricité dont souffre la Dalma- 
tie, comme d’ailleurs d’autres 
régions de Croatie. 

En lettres 
noires 

Ante Hrgovic a de b suite dans 
les idées. Il venait d'ouvrir son 
petit restaurant, à deux kilomètres 
de Peruca, lorsque la guerre a 
éclaté en Croatie. (I a entrepris 
aujourd’hui de nettoyer ce qui 
reste de son établissement ravagé 
par le feu, à quelques mitres de ce 
qui était encore il y a un mois une 
position d’artillerie; la « i n batte- 
rie de la gante serbe», à en croire 
les inscriptions qui s'étalent sur- les 
murs du hameau croate, dont les 
Serbes avaient fait une possession 
du e Royaume de Serbie ». 

g Nous n ‘avons pas encore le 
droit de nous réinstaller, mais je 
profite d’un moment de calme pour 
venir travailler», explique Ante, 
dont l’espoir est que le barrage soit 
rapidement reconstruit et effacés 
au plus vice lès ravages de la guerre 
et le souvenir de ceux qui la mène- 
rait, comme ce «Milan Kosanùvic, 
dé Kanjiza» (en Serbie), qui a tenu 
à signer en immenses lettres noires 
sur le mur de son restaurant 

YVES HELLER 


Citoyens en urnes sur le Août 

Tout au long de la me occupée par les Serbes 
les «territoriaux» de l’amée croate défendent leurs villages 

NOVIGRAD (Dalmatie) 


de notre envoyé spécial 

ils ont de dix-huit à soixante 
ana; les uns ont déjà repris leur 
village, même s'ils ne peuvent 
encore l'habiter; d'autres défen- 
dent leur foyer sur la ligne de 
front; les aunes, enfin, attendent 
avec impatience de pouvoir 
reconquérir leurs terres toujours 
aux makis das forces serbes. Ce 
sont les domobrani, cette 
défense du territoire, de création 
relativement récente et partie 
intégrante de l'armée croate en 
mutation, dont les membres - à 
l'image de l’armée suisse - 
conservent leurs armes en per- 
manence chez eux. 

Le visage h moitié caché par un 
passe-montagne kaki disparais- 
sant sous un casque hors d'Sge, 
engoncé dans un treillis légère- 
ment trop grand pour lui, une 
mitraillette datant des «triées 40 
h la main, Rajko Vlatkovic est 
retranché derrière un mur de sacs 
de sable disposé è l'entrée d'une 
casemate. Devant lui, un carre- 
four ob deux obus viennent 
encore de s'abattre. Derrftre hd, 
son village, Novigrad, et une ins- 
cription qu'il a lui-même peinte 
sur le rocher : v 25 janvier, 
13 heures». Cela faisait un peu 
plus de treize mois qui attendait 
ce moment, celui où son unité a 
réussi è repousser de 2 kilomè- 
tres les forces serbes qui occu- 
paient son viRage. Quant à sa 
maison, il va la voir tous les jours 
mais ne peut encore l’habiter. 


D’abord, elle a été pillée et a été 
touchée par des tirs d’artillerie; 
et puis les forces serbes, depuis 
qu'elles ont été obligées de bat- 
tre en retraite devant l'offensive 
croate déclenchée le 22 janwsr 
dentier, ne cessent de bombarder 
Novigrad. 'Rajko, un marin de cin- 
quante-six ans, porte ('uniforme 
depuis seize mois; c’est un 
domobrane, un «territorial », 
comme on peut en rencontrer sur 
presque toute l'étendue du front 
croate. 

L’ennemi 
i la lorgnette 

Sabljanci, tout petit village 
coincé entre (a route et la ligne 
de front, beaucoup plus au nord, 
a aussi ses domobrani : des fer- 
miers, un mendsïer, un plombier 
et bien d’autres. Dane, soixante 
ans, porte son fusil de guerre 
comme il devait porter son fusil 
de chasse il y a deux ans à 
peine ; d'un air absorbé, il tente 
de faire prendre le feu qu'il a 
allumé pour se réchauffer au fond 
d’un chemin creux et dont la 
fumée bleue se perd dans les 
branches d'arbre. Josïp, lui, est 
beaucoup plus jeune; il rit en 
regardant par-dessus une butte 
de terre qui forme le haut d’une 
sorte de tranchée. 

De ii, à la lorgnette, on distin- 
gue nettement les traînées de 
rouille sur les canons serbes et 
même tes traits des soldats qui 
s'activent â renforcer leurs posi- 
tions à quelques centaines de 


mètres de distance, au-delà de 
champs de mines. C'est comme 
cela qu'il n'y a pas si longtemps, 
Josip a reconnu dans les rangs 
ennemis l’un de ses cousins à 
ascendance serbe et croate. 

Bien que ses parents et son 
frise soient restés au village, ce 
cous ki a préféré passer ede /'au- 
tre côté» et rejoindre les tTchet- 
niks » serbes. Dans te silence 
hivernal, un bruit de tronçon- 
neuses monte des lignes serbes; 
depuis l’offensive croate du 
22 janvier en Dalmatte, les cfomo- 
brani de Sabljanci ont noté une 
montée de la tension sur «leur» 
front et constaté que leurs adver- 
saires passent leur temps à 
consolider leurs fortifications. 

Défendre 
sa maison 

«Les soldats chargés de défen- 
dre leur foyer, comme te sont les 
domobrani, sont ios plus 
farouches, et nous sommes par- 
tis du principe que quelqu’un qui 
défend sa maison le fait de la 
façon la phi s énergique er te plus 
efficace possible » : è quarante- 
deux ans, te commandant Vladi- 
mir Katic dirige une unité de « ter- 
ritoriaux » particulièrement moti- 
vés car 9 leur reste encore tout à 
faire, h savoir libérer leur ville, 
Slunj. que tes forces serbes ont 
conquise en novembre 1991 et 
qu'elles tiennent toujours. Pour 
l’heure, te commandant Katic 
ronge son frein, à une trentaine 
de kilomètres de sa ville natale 


où il est revenu à l'été 1991 pour 
y combattre contre l'armée ser- 
bo-yougoslave. 

Rien n’avait préparé 1e Croate 
Vladimir Katic au métier des 
armes ; peintre, H vivait depuis 
dix ans entre ' Rotterdam et 
Utrecht, après avoir fait sas 
études h Amsterdam; sa femme, 
néerlandaise, est restée aux 
Pays-Bas, tout comme ses trois 
enfants. Il est l'un de ceux qui 
ont organisé, après trois mois de 
siège, l'évacuation - par la Bos- 
nie-Herzégovine - de quelque 
18 000 personnes de la com- 
mune de Slunj avant que les 
Serbes ne la prennent. Sa maison 
a été pillée ; son onde et sa rame 
ont été tués, leurs corps ont été 
jetés dans les flammes de leur 
maison incendiée. 

Malgré tout, Vladimir Katic ne 
voit pas «pourquoi à l'avenir il ne 
vivrait pas de nouveau aux côtés 
de Serbes». Mais 9 se promet de 
«résister à tous ceux qui vou- 
draient encore le chasser » de 
chez U. Actuellement, sa préoc- 
cupation est de rentrer à Slunj, et 
il se dit ephis soucieux d'assurer 
l'existence (fun jeune Etat croate 
que de tuer trois Serbes». Et te 
paix une fois revenue? Le com- . 
mandant Katic assure qu’alors il 
reprendra sa palette et ses pin- 
ceaux, qu’il partagera son temps 
entra îa Croatie, les Pays-Bas et 
d’autres pays européens où te 
mènera son art 

YVES HELLER 


□ JVL Milan Panic retourne à son 
entreprise pharmaceutique. - L’an- 
cien premier ministre yougoslave, 
M. Milan Panic, démis de ses fonc- 
tions par le Parlement de Belgrade, 


il y a trois mots, rentre en Califor- 
nie pour y reprendre la direction 
de sa compagnie pharmaceutique 
qu’il quittée pour diriger le gouver- 
nement fédérât - (Reuter.) 

* i 


□ Signature d’un traité franco-let- 
ton. - Le président letton, M. Ana- 
tolijs Gorbunovs, et le président 
François Mitterrand ont signé, 
mardi 2 mars â Paris, un truité 


d’entente, d'amitié et de coopéra- 
tion. La France a déjà signé des 
traités similaires avec les deux 
autres Républiques baltes, la Litua- 
nie et PEstonie. 

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RUSSES 


Le Congrès des députés du peuple 
se réunira le 10 mars 


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'*.sr 




Le Parlement russe k décidé ven- 
dredi 5 mars de réunir le 10 mais 
le Congrès des députés du peuple, 
législatif élargi qui pourrait tran- 
cher le conflit opposant le prési- 
dent Boris Eltsine à la majorité 
conservatrice du Parlement. Le 
Soviet suprême a voté à une majo- 
rité écrasante en faveur d’un avan- 
cement de la date de la session du 
Congrès, normalement prévue 
en avriL 

M. Eltsine souhaite organiser un 
référendum le il avril prochain 
pour clarifier la question du par- 
tage des 'pouvoirs entre exécutif et 


législatif. Mais une partie des 
députés s’y opposent. Jeudi, 
ceux-ci avaient demandé au prési- 
dent, par le vote d’une résolution, ., 
de venir s'expliquer vendredi 
devant eux sur ses récentes déclara- 
tions à propos des g mesures 
extrêmes» auxquelles i! envisage- 
rait de recourir si la crise politique 
qui l'oppose au Parlement n'était 
pas résolue. M. Eltsine a fait 
savoir, selon Interfax, qu’il n’avait 
pas l’intention de répondre à- cette 
« invitation - (Reuter, AFP) 


La « mafia tchétchène » à Londres 

La, triste fin 

des conseillers du général Doudaev 


Non contents d'avoir exporté 
ses talents dans te plupart des 
capitales d'Ejurope de l’Est, la 
redoutable «mafia tchétchène» 
étendrait-elle déjà ses ramifica- 
tions jusqu'en Grande-Brer 
tagne? Le sojrt macabre réservé 
à deux frèrps originaires de 
cette remuante petite Républi- 
que du Nord€aucase, en «mis- 
sion» è Londres, n’aura nulle- 
ment étonné les policiers 
moscovites, désormais habitués 
à la criminalié (a plus brutale, 
maïs il ouvra sans doute de 
nouveaux 1 horizons aux 
enquêteurs de’Scotiand Yard. 

L'une desl deux victimes, 
Rouslan Oudsiev, trente-sept 
ans, se trouvait à Londres sur 
ordre du général Djokhar Dou~ 
daèv lui-même, personnage 
haut en couléur, ancien officier 
de l'armée soviétique reconverti 
dans 1e contrat pour la libéra- 
tion nationalelde le Tchétchénie, 
dont H est aujourd'hui te prési- 
dent. M. Outslev, affirme 
l’agence Tchétchenpress, était 
le conseiller présidentiel pour . 
«feq u^fres écomjfîtigues exté- 
rieures », et la « mission spé- 
ciale» dont il était chargé dans 
la capitale britannique concer- 
nait l'impression de passeports, 
de timbres-poste et de la future 
monnaie de cette République de 
moins d’un million d’habitants 
qui tient à quitter la Russie. Les 
meurtres auraient été perpétrés 
par das truands esitéressés par 
leur argent»... Voilà pour la ver- 
sion tchétchène. 

Il y avait de quoi être inté- 
ressé, en effet, puisque Rouslan 
Outsiev et son jeune frère Naza- 
bek, vingt et un ans, menaient 
grand train : achat d’une maison 
dans te quartier huppé (te Mary- 
lebone pour 1 million de livres 
(8 millians de frênes j, achat 
d’une autre maison è Harrow, 


Daimler avec chauffeur... «Suc- 
combant à des tentations, expli- 
que cette fois l'agence russe 
Tass, Us ont oublié pourquoi ils 
étaient venus à Londres et se 
sont tr»s i jeter l’argent par tes 
fenêtres. Us ont commencé è se 
foira à la réalité capitaliste» : 
vêtements de luxa, restaurants, 
caisses de whisky et de vexflea 
livrées è domicile, «sans oublier 
les prostituées : deux ou trois 
blondes tous les soirs». 

Leur fin fut moins drQte - très 
caucasienne, en somme. Le 
chauffeur d'une fourgonnette, 
chargé par deux Arméniens de 
livrer des peubles et des 
caisses dans la maison de Har- 
row, fut intrigué par une forte 
odeur émanant d'une des 
caisses. Alertés, .la polies y 
découvrit, te 1« mars, un sac en 
plastique qui hn-mème renfer- 
mait t le corps démembré» d'un 
des frères, tué par baltes. 

Dans ('autre appartement, on 
trouva te second cadavre, trois 
balles dans .le crâne. Donnée 
t par 'Tas?,' la version russe du 
meurtre dès deux Tchétchènes 
est cruelle : «Los maîtres des 
émissaires tchétchènes avaient 
été mis au couranr de leur vie 
de débauche, et l’ordre a été 
donné d'an finir. Cet ordre a été 
immétSàtément exécuté .» 

Depuis, lesi autorités tchét- 
chènes ont riposté avec une 
nouvelle version : c'est un coup 
des services secrets russes. 

Pour le Times de Londres, 
cette découverte a mis Scotiand 
Yard sur la piste d’une très 
grosse affaire de fraude, dans 
laquelle seraient aussi impliqués 
des hommes d'affaires alle- 
mands, sur tes ventes de 
matières premières. 

S. K. 


GRANDE-BRETAGNE : la réforme du système des honneurs 

M. Major sonhsûte que les distinctions 
soient davantage liées au mérite 


LONDRES 


de notre correspondant. 

Sans constituer une «rêve lo- 
tion», la réforme du système des 
honneurs proposée par le premier 
ministre va dans le sens de cette 
«Lclassless society » & laquelle se 
réfère souvent M. Major, c'est & 
dire une société oh chacun dispose- 
rait des mêmes opportunités. 

Le nouveau système remet en 
cause les critères sur lesquels 
repose le principe séculaire de Pat- 
tnbution de distinctions . Jusqu'à 
présent cependant, une part impor- 
tante de celles-ci étaient accordées 
de façon automatique et en tenant 
le plus grand compte de la classe 
sociale du bénéficiaire Désormais, 
a estimé M. Major, seul le mérite 
doit compter. 

Le changement le plus radical 
tient à la «démocratisation» du 
système ; dans le but d’étendre 
cehn-ci â tontes les couches de la 
société, chacun pourra écrire au 
10, Downmgstreet (la résidence du 
premier ministre) pour recomman- 
der telle ou telle personne, notam- 
ment, selon M. Major, ceOès qui se 
livrent dans l'anonymat au bénévo-' 
lat au sein dre organisations chari- 
tables ou humanitaires. 

Dans le mime souci de' promou- 
voir cette «société méntocrati- 
qne», une refonte des distinct ions 
est entreprise ; la distinction de' 
classe entre deux médailles, d'une 


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part la BEM (British Empire 
Medal) - jusque-là accordée aux 
«classes laborieuses» - d’autre 
part ta MBE (Member of the Bri- 
tish Empire), réservée aux mem- 
bres des professons libérales â des 
classes moyennes supérieures, est 
abolie. 

Seule ia MBE sera désormais 
accordée et tous les promus auront 
l’honneur supplémentaire d’être 
reçus au palais de Buckingham. 
D’antre part, le titre de chevalier 
ne sera plus conféré automatique- 
ment aux hauts fonctionnaires et 
. officiers supérieurs. Mais cette 
réforme a ses limites: les distinc- 
tions plus importantes, comme la 
. OBE (officier de l’ordre de l’em- 
pire britannique) et la CBE (com- 
mandeur de l'ordre de l’empire bri- 
tannique) ne disparaissent pas, et 
les juges de la Haute-cour conti- 
nueront & recevoir automatique- 
ment le titre de chevalier' au 
moment de leur désignation, cela 
afin de préserver s l'indépendance 
de fa justice» : 

L’opposition a accueilli favora- 
blement cette réforme, tout en 
regrettant que Ton continue à par- 
ler d’un « empire » qui a disparu, et 
surtout en constatant qu’il n’est 
pas question de remettre eu cause 
l’attribution de distinctions « politi- 
ques» pour remercier les protégés 
du para au pouvoir. 

LAURENT ZECCHIN1 




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EUROPE 






. ALLEMAGNE : un test pour le chancelier Kohl 

La campagne pour les municipales en Hesse est marquée 
par une crise de confiance envers les grands partis 


FRANCFORT-SUR-LE-MAIN 


de notre envoyé spécial 

Très loin des préoccupations 
économiques et sociales de Berlin 
on des nouveaux Lânder de Test, 
Francfort, la capitale financière de 
l'Allemagne, ' affecte un calme 
trompeur . La sécurité publique et 
l'environnement dominent une 
campagne pour les éjections muni- 
cipales du 7 mars où la coalition 
des sociaux-démocrates et des 
Verts qui dirige la ville depuis qua- 
tre ans a de Bonne chance de pas- 
ser avec succès son examen de pas- 
sage. 

De la réunification, l'opulente 
« Moin-halUm » a surtout retiré jus- 
qu’ici un surcroît de prospérité, qui 
n’a pas encore été entamé par la 
récession, et, rançon de ce succès, 
un accroissement sensible de la 
population étrangère (près de 20 
000 en 1992). L’extrème-droite, qui 
avait réussi son entrée au conseil 
municipal avec 7 % des voix pour 
le potü NPD en 1989, risque une 
nouvelle fois de mordre sur l’élec- 
torat des deux grands partis chré- 
tiens-démocrates et sociaux-démo- 
crates qui semblent d’accord sur un 
point : souligner la nécessité de 
restrictions budgétaires pour cause 
de réunification. 

Le maire social-démocrate sor- 
tant, M. Andréas von Schoeler, 
table sur une image de «stabilité» 
et de « tolérance » pour conjurer la 
confusion qui règne sur la scène 
politique allemande! en raison des 
incertitudes sur les sacrifices à 
venir. Avant les importantes 
échéances électorales de l'année 
prochaine, (es élections munici- 
pales en Hesse sont le seul test 
pour prendre le pouls d'un électo- 
rat inquiet. 

Et il est pris au sérieux. A peine 
rentré d’un voyage de deux 
semaines à travers l’Asie, le chan- 


. relier Kohl était jeudi 4 Mars à 
Francfort pour soutenir une der- 
nière fois les candidats de son parti 
et mobiliser son électorat. Tous les 
grands partis ont dépêché leurs 
ténors pour battre ces dernières 
semaines la campagne hessoise. Les 
régionales de l'année dernière au 
Bade-Wurtemberg et au Schleswig- 
Holstein, où la CDU et le SPD 
avaient lourdement chuté, sont gra- 
vées dans tous (es esprits. 

Ua formidable besoin 
d'orientation 

L'Allemagne n'échappe pas plus 
que les autres pays européens à 
une crise de confiance à l'égard de 
sa classe politique. B y a pour cela 
un mot local, « die Verdrossen- 
heit», que l’on peut traduire i peu 
prés par lassitude. Les «affaires» 
n’ont pas pris ces dernières années 
en Allemagne la même proportion 
qu'en France ou en Italie, même à 
elles ont mis en cause quelques uns 
des personnages les plus éminents 
de la classe politique. 

Ce qui a d’avantage été en cause 
est la sincérité des dirigeants politi- 
ques, leur capacité à faire passer 
l'intérêt public avant leurs intérêts 
partisans, leur capacité & diriger 
dans une situation difficile. « Nous 
avons affaire à un formidable 
besoin d'orientation dans la 
société», disait le président de la 
République allemande, M. Richard 
von Weizsàcker, dans un livre sur 
la classe politique, paru l’an der- 
nier et qui avait fait scandale. 

Cette crise de leadership a été 
illustrée par l’interminable querelle 
sur la réforme du droit d'asile, qui 
a focalisé toutes les frustrations de 
l’Allemagne mal réunifiée, débou- 
chant sur les violences que l’on 
connaît contre les étrangers. Mais 
tout avait commencé avec le 
«mensonge des impôts», la pro- 


messe non tenue du chancelier 
Kohl que la réunification n’impli- 
querait pas un accroissement de la 
pression fiscale. 

H est devenu aujourd'hui de bon 
ton d'affirmer en Allemagne qu'il 
faut être solidaire, que cette réuni- 
fication n’ira pas sans sacrifices à 
l'est comme à l'ouest du pays . 
Entre-temps pointant, le fossé d'in- 
compréhension s'est creusé. Et la 
mise en pratique de cette solidarité 
met une nouvelle fois les politi- 
ques, les syndicalistes et toutes (es 
forces vives au défi de sortir des 
schémas traditionnels. 

Forte tendance 
à l'abstention 

Les négociations sur le pacte de 
solidarité qui doit fixer sur le long 
terme l'effort financier de l'ouest 
pour permettre à l’est de décoller 
tournent à un combat de tranchée 
où l'électeur moyen a bien du mal 
à se retrouver. La majorité et Top- 
position, menée par les sociaux 
démocrates, sont divisées sur la 
nécessité de financer la solidarité 
par la réduction des dépenses 
publiques, y compris en matière 
sociale, ou par uae politique indus- 
trielle fondée sur l'augmentation 
des impôts. La ligne de partage 
n'est pas aussi claire qu'il n'y 
paraît. 

L’ex-chancelier social-démocrate 
Helmut Schmidt y va de sa plume 
cette semaine, l'hebdomadaire 
die Zeit, pour refuser un alourdis- 
sement immédiat de (a fiscalité qui 
mettrait en péril une reprise écono- 
mique seule susceptible, selon lui, 
de permettre le redressement de 
l'est. Dans le camp conservateur à 
l’inverse, les vieux adversaires de 
M. Kohl, avec è leur tète le minis- 
tre-président de Saxe, M. Kurt Bie- 
denkopf, et le vice-président de la 
CDU, M. Heîner Geissler, récla- 


ment eux aussi une politique inter- 
ventioniste radicale: 

Dans cette foire d’empoigne, 
M. Kohl jooe l'avenir de sa coali- 
tion Tannée prochaine. Faute de 
mobilisation nationale sur la 
reconstruction de l’est, chacun a 
tendance i ne voir dons les sacri- 
fices demandés que ce qu’il lui en 
coûte à titre personnel (augmenta- 
tion des charges sociales, de l’es- 
sence, risque de vignette autorou- 
tière). Les responsables de 
campagne électorale en Hesse 
notent que les manifestations élec- 
torales font le plein. Mais cela 
n'empêche pas, si Ton en croit un 
soudage publié par le Spieget. une 
forte tendance à l’abstention. Les 
deux grands partis - 35 % d'inten- 
tions de vote pour la CDU et 37 % 
pour le SPD - connaissent une éro- 
sion continuelle qui rendrait diffi- 
cile en cas d'élection aujourd'hui la 
formation d'une majorité gouver- 
nementale autre qu’une' grande 
coalition. 

HENRI DE BRESSON 


□ Verdict de démence pour 
M. Klaus Croissant. - L'ancien 
avocat des terroristes de la Frac- 
tion armée rouge (RAF), M. Klaus 
Croissant, a été condamné jeudi 
4 mars à un an et neuf mois de 
prison avec sursis pour avoir été 
un informateur de l'cx-policc 
secrète de la R DA communiste 
(Stasi). Le tribunal de Berlin a 
reconnu M, Croissant, soixante et 
un ans, coupable d'avoir espionné 
entre 1981 et 1989 la gauche ouest- 
allemande et le parti écolo-pacifiste 
des Verts, en particulier pour le 
compte des services de renseigne- 
ment de la RDA. Le procureur 
avait requis une peine de deux ans 
et demi de prison ferme. - (AFP.) 


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B générosité suspecte de M, Bjôm Engholm 


BERLIN 


de notre correspondant 

Enfant chéri des sondages de 
popularité, le président du parti 
social-démocrate allemand, 
M. Bjôm Engholm. se trouve à 
son tour au cœur d'une mauvaise 
polémique qui pourrait n'être pas 
sans conséquences sur son 
image. 

M. Engholm avait ôté élu mires- - 
tre-président du Schleswig-Hols- 
tein après que son prédécesseur, 
le chrétien démocrate Uwe Bar- 
schel, eût été convaincu de 
manœuvres déloyales à son 
encontre pour gagner les élec- 
tions régionales de 1987. Uwe 
Barscheî était retrouvé peu après 
mort dans une chambre d'un 
hôtel suisse. L'enquête concluait 
è un suicide. 

Ce scandale, qui avait donné 


une impulsion décisive à l'ascen- 
sion politique de M. Engholm, 
avait été déclenché è l’époque 
par les révélations de l'ancien 
porte-parole de M. Barschef, 
M. Reiner Pfeiffer. Or on vient 
d'apprendre qua celui-ci avait 
perçu du ' bras droit de 
M. Engholm, M. GOnther Jansen, 
ministre des affaires sociales du 
Schleswig-Holstein, une somme 
de 40 000 deutschenurrks (135 
000 bancs} en deux versements 
effectués en 1989 et 1990. 

M. Jansen a justifié ces verse- 
ments en indiquant qu'ii avait 
voulu venir en aide à un homme 
qui avait été abandonné de tous 
après avoir aidé la démocratie en 
révélant les agissements scanda- 
leux de son ancien patron. Cela 
semble insuffisant pour convain- 
cre les adversaires politiques de 
M. Engholm. L’opposition CDU 


au parlement régional de Kiel a 
déjà fait savoir qu'elle demande- 
rait une commission d'enquête 
parlementaire pour tenter de faire 
la lumière sur cette générosité. 

Ce rebondissement inattendu 
de ('affaire Barscheî va surtout 
avoir pour effet de troubler la 
sérénité d'un chef de parti sociai- 
démocrate, qui a défaut d'avoir 
vraiment apporté des idées nou- 
velles. avait su se créer, face au 
chancelier Kohl, une image de 
responsable honnête et rassu- 
rant. Il tombe au mauvais 
momant, en pleine discussion sur 
1e pacte de solidarité avec l’est, 
alors que les principaux respon- 
sables politiques, de la majorité 
comme de l'opposition, s’effor- 
cent de regagner un capital de 
confiance largement entamé.. 

Secouée dans les années qua- 
tre-vingts par 1e scandale Flick 


sur Je financement illégal d8s par- 
tis politiques, la classe politique 
allemande avait mis des années à 
se refaire une image de vertu. 1! 
n'en fallait pas beaucoup, en 
comparaison des scandales qui 
marquent actuellement la vie poli- 
tique italienne ou française, pour 
qu’un dirigeant soit contraint de 
quitter la scène. La démission 
spectaculaire, an 1991 du minis- 
tre-président du Bade-Wurtem- 
berg, M. Lot ha r Spath, accusé 
d’avoir tiré quelques bénéfices 
personnels de ses amitiés dans 
les milieux industriels de son 
Land, semblait montrer que la 
leçon avait été retenue. Pour les 
mêmes raisons, le ministre-prési- 
dent de Bavière. M. Max Srreibi, 
vient lui-même d’affronter une 
tempête politique qui l’a fragilisé. 

H. de B. 


EN BREF 

a ÉGYPTE : un officier de police 
assassiné en liante- Egypte. - Alors 
qu’ils se rendaient dans le village 
d'El Deweit, dans la région d’As- 
siout, en Haute-Egypte, un officier 
des renseignements généraux, le 
lieutenant-colonel Mahranc Abdel 
Rehim et son fils ont été tués, mer- 
credi 3 mars, par des intégristes, a 
indiqué jeudi la police. L’assassinat 
de l'officier porte à douze le nom- 


bre des policiers tués en un an par 
les intégristes. Par ailleurs, plus de 
cent cinquante islamistes ont été 
arrêtés au cours des dernières 
vingt-quatre heures en possession 
d'armes et de munitions dans plu- 
sieurs provinces égyptiennes. 1 
(AFP.) 

a ISRAËL : libération de deux 
Palestiniens expulsés. - De sources 
militaires israéliennes, on a indi- 


qué, jeudi 4 mars, que deux Pales- 
tiniens qui avaient été expulsés 
vers 1e Liban, le 17 décembre, puis 
rapatriés après être tombés 
malades, ont été libérés. 
MM. Zaoudi Tabili et Zouer 
Lubad ont été relâchés à Naplouse, 
en Cisjordanie, leur lieu de rési- 
dence. En revanche, us activiste 
palestinien originaire de Birkin 
(dans le nord de la Cisjordanie), 


M. Majed Karzan, a été expulsé 
mardi vers la Jordanie. Ayant 
reconnu appartenir & une o ionisa- 
tion illégale - qui n’a pas été nom- 
mée - et s’être livré à des actes 
hostiles à Israël, il a préféré être 
exilé pendant cinq ans en Jordanie, 
ont fait savoir les autorités israé- 
liennes. - (AFP.) 

□ Israël dénonce le nouveau statut 
da bureau de l'OLP à Bruxelles. - 
La représentation de l'OLP en Bel- 
gique a été élevée, jeudi 4 mars, au 
rang de délégation générale de 
Palestine, comme en France. La 
décision a été prise pour «souli- 
gner que. dans le contexte du pro- 
cessus de paix, rot F représente un 
partenaire essentiel qui rassemble 
les forces palestiniennes les plus 
modérées et pragmatiques ». a noté 
le ministère belge des affaires 
étrangères dans un communiqué. 
Israël a adressé une lettre de pro- 
testation au gouvernement de 
Bruxelles. - (AP. Reuter.) 





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• Le Monde • Samedi 6 mars 1993 5 

AMÉRIQUES 


ÉTATS-UNIS : l'attentat de New-York 

Le FBI a arrêté 
un suspect palestinien 


Suite de la première page 

Le présumé terroriste était venu 
se faire rembourser les 400 dollars 
en espèces qu'il avait déposés pour 
la location d'une camionnette nom 
il prétendait qu'elle lui avait cté 
volée sur le parking d’une épicerie, 
le 26 février dernier, le jour meme 
de l'attentat et qui avait, en fait, 
été garée dans les sous-sols des 
tours jumelles. 

Les enquêteurs du FBI et de (a 
police new-yorkaise on! pu remon- 
ter jusqu’à lui grâce à l’analyse des 
carcasses de voitures calcinées reti- 
rées du garage où s'était produite 
l'explosion et notamment de l’une 
d’entre clics dont les policiers pen- 
saient qu'efte avait servi au trans- 
port de la charge explosive. L’exa- 
men minutieux des différentes 
pièces avait permis de reconstituer 
le numéro de série d’un véhicule 
utilitaire Ford Econolinc E-350, de 
couleur jaune, immatriculé en Ala- 
bama. 

La police avait aussitôt alerté les 
compagnies de location de voi- 
lures. et c'est justement dans les 
locaux de l'une d'entre elles que 
Mohammed Salameh s'était pré- 
senté. mardi 23 février, pour louer, 
sous sa propre identité et en lais- 
sant son numéro de téléphone, une 
camionnette dont il devait déclarer 
le vol trois jours plus tard. Le 
mardi suivant l'attentat, il sc pré- 
sentait au même endroit pour 
rédamer le remboursement de son 
dépôt de garantie de 400 dollars, a 
expliqué, jeudi soir, M. James Fox, 
le directeur du FBI new-yorkais, au 
cours d’une conférence de presse. 
Mais les employés de Ryder, aler- 
tés par le FBI, prétextant la néces- 
sité d’une déclaration de vol, l'ont 
invité à repasser deux jours plus 
tard pour percevoir son dû. 

Une piste 
« procbe-orientale » 

Entre-temps le FBI et les poli- 
ciers ont pu effectuer toutes les 
vérifications nécessaires. Quand 
Mohammed Salameh est revenu, 
jeudi matin, les deux employés qui 
lui ont remboursé sa caution 
étaient .deux-agents du FBI portant 
('uniforme de Ryder, et ce sont 
leurs collègues qui. à la sortie de 
l’agence, ont arreté le suspect qui 
allait monter à bord d'un autobus. 

Les enquêteurs sc sont ensuite 
rendus au domicile de Mohammed 
Salameh. Ils y ont trouvé des outils 


et des instruments qui, de l'avis 
des policiers, « permettaient de 
fabriquer une bombe». Le jeune 
Palestinien qui. d'après les 
témoins, n'avait manifesté aucune 
émotion particulière lors de son 
arrestation et de la notification, b 
l'aide d'un interprète, des accusa- 
tions formulées contre lui, était 
inculpé dans la soirée pour «avoir 
contribué à endommager l'édifice 
du World Trade Center, à l'aide 
d’un engin explosif qui avait 
entraîné ta mort d'au moins cinq 
personnes» et aussitôt incarcéré. 
Son avocat, commis d'office, avait 
affirmé l’innocence de son client et 
demandé, en vain, sa libération 
sous caution de 5 millions de dol- 
lars. 

D’après les enquêteurs. Moham- 
med Salameh, domicilié à Jcrsey- 
City, fréquentait assidûment un 
mouvement intégriste animé par le 
cheikh Omar Abdel Rab marie. Ce 
religieux, âgé de cinquante-sept ans 
et aveugle avait été acquitté après 
avoir été mêlé à l'assassinat du 
président égyptien Anouar El 
Sadate, en 1981. Le cheikh Abdel 
Rahmaoe, très virulent contre les 
Occidentaux, est considéré comme 
l’un des instigateurs des attaques 
menées l'&nnce dernière contre des 
touristes circulant en Egypte. 

L'un des fidèles fréquentant sa 
mosquée de Jersey-City et parfois 
un autre lieu de prières à Brooklyn 
où se rendait également le cheikh 
Abdel Rahmane n'était autre que 
Sayid El Nosair, un intégriste inno- 
centé après le meurtre du rabbin 
Kahane en 1990 à New- York, mais 
inculpé pour détention d'armes. 
Peu de temps après Tanesiation de 
Mohammed Salameh, les 
enquêteurs ont perquisitionné l'ap- 
partement de Sayid El Nosair et 
arrêté son cousin. Ibrahim El 
Gabrowny. qui sc trouvait sur 
place, pour l'inculper ensuite d’en- 
trave à l'action de la police. 

Le président Bill Clinton est 
intervenu à la télévision pour 
exprimer sa satisfaction et adresser 
ses félicitations aux enquêteurs 
dont l 'action -acté* incroyablement 
rapide et impressionna nie ». Dans 
l'entourage du président, on sem- 
blait soulagé d'apprendre que 
l'enquête s'orientait vers une piste 
« proche-orientale » et que l’attentat 
n’était aucunement Hé à la politi- 
que suivie par les Etats-Unis à 
l'égard de l’ex-Yougoslavie. 

SERGE MARTI 


Un funambule au World Trade Center 


« Comment apporter clandesti- 
nement jusqu'aux cimes de ce 
bastion le matériel dont j'aurai 
besoin pour installer mon 
câble ?» Le bastion, c’est (e 
World Trade Center. L'homme 
qui s’interroge en 1974, Philippe 
Petit, est funambule. Son projet 
est de tendre un fil entre les 
deux tours, à 412 mètres de 
hauteur, et de passer ainsi de 
l’une à l'autre. Trois ans aupara- 
vant, en 1971, il avait franchi, de 
la même manière, l'espace entre 
las tours de Notre-Dame. 

En 1973 il avait jeté son fil 
entre les piles du Harbour Bridge 
de Sydney. En juin 1974, H 
arrive donc è New-York pour 
préparer son nouveau pari. Pas 
question de demander une auto- 
risation officielle qui lui sera 
sûrement refusée, il lui faut donc 
explorer minutieusement les 
lieux, puis amener clandestine- 
ment un matériel assez volumi- 
neux au sommet da l'un des édi- 
fices : 60 mètres de câble 
d'acier (la distance entre les 
deux bâtiments est de 
50 mètres), des paquets de 
cordes, des instruments (cavalst- 
tis, tirfors) pour tendre le cable 
et maintenir sa rigidité, un balan- 
cier. 

En dépit d'un entretien publié 
dans le Daily News où U annon- 


çait clairement sas intentions, 
Philippe Petit accomplit point par 
point son programme. La sécu- 
rité des deux tours jumelles était 
déjà parfaitement contournable. 
Une camionnette, chargée du 
matériel mis en caisse, s'intro- 
duit sans problème dans les 
sous-sols du World Trade Cen- 
ter. La demi-tonne d'équipement 
est stockée au sommât da l'édi- 
fice dans une pièce inoccupée du 
82* étage de la tour sud. Dans la 
nuit du 6 au 7 août, H se g fisse 
avec deux amis en haut du 
gratte-ciel. 

Grâce è un complice posté 
dans la tour nord, il peut tendre 
son fil entre les deux toits. A 
7 heures du matin, il entamme 
sa traversée, en dépit du vent. 
Après un aller et retour, abon- 
damment photographié, la police 
le cueille. Il sera condamné par le 
tribunal de New- York... è donner 
un spectacle pour les enfants 
dans Centrai Park, au-dessus du 
lac. Expérience qui C impression- 
nera beaucoup : «Je ne savais 
pas nager ». expliquera-t-il... 

E. de R. 

► Philippe Petit a raconté son 
expérience dans son livre Trois 
coups, publié en 1983 par les 
éditions Herscher (254 pages, 
95 F). 


□ Le général Sdmarzfcopf partici- 
pera sa (onrasge «Ton documentaire 
an Vietnam. - Le général Norman 
Schwarzkopf, héros américain de la 
guerre du Golfe et ancien combat- 
tant du Vietnam, doit participer en 
avril prochain dans cc pays au 
tournage d'un film documentaire 
de la chaîne de télévision CBS, 
a-t-on appris jeudi 4 mars de 
source officielle vietnamienne. - 
{AFP.) 

□ COLOMBIE : arrestation d’un 
membre de h Mafia italienne. - La 
police colombienne b annoncé, 
jeudi 4 mars, l’arrestation d’un 
membre important de la Mafia ita- 
lienne. Agé de trente-huit ans. 


K 


Paoio Pizano a été interpellé dans 
la localité de Santa-Rosa-de-Cabai, 
à ISO kilomètres à l'ouest de 
Bogota, eu possession d'un faux 
passeport au nom de Gallo Dôme- 
□ico. 11 s'agirait d'un lieutenant de 
Salvatore Totoriina, le «parrain 
des parrains», arrêté le mois der- 
nier en Italie où Paolo Pizano a été 
condamné par contumace à vingt- 
huit ans de prison pour trafic de 
drogue, attaque i main armée et 
association de malfaiteurs. U se 
trouvait apparemment en Colom- 
bie depuis 1989 et aurait échappé, 
le 12 janvier, à un réglement de 
comptes d Medellin. Il pourrait 
être extradé vers l’Italie. - (AFP. 
AP. Reuter.) 




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6 Le Monde • Samedi 6 mars 1393 • 




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CORÉE DU NORD 


Le maréchal Kim Il-sung 
et la «résurrection» du socialisme 


g Toute calomnie contre le 
socialisme est intolérable ». 
vient de déclarer à la revue du 
PC nord-coréen, Kulloja. le 
maréchal Kim Il-sung. Celui-ci 
affirme que «si fes ennemis du 
socialisme critiquent le socia- 
lisme en l'étiquetant comme 
« totalitarisme s. ou en le com- 
parant à la «caserne», ou 
encore en l’accusant d’être 
fondé sur le «système de com- 
mandement administratif », cela 
n’est qu’un pur sophisme » 
« saugrenu et absurdes. En s'ef- 
forçant bec et ongles de défen- 
dre l'Idéologie de son régime, le 
dirigeant nord-coréen reconnaît 
curieusement qu'elle est mori- 
bonde. car si, s à l’heure 
actuelle, les renégats s’activent 


plus que Jamais pour dénigrer le 
socialisme, cela fait partie de 
leurs efforts désespérés visant 
è Justifier leur trahison et à 
empêcher le socialisme de res- 
susciter ». II reconnaît également 
que * l’échec du socialisme » 
s s'explique principalement par 
le fait que les masses popu- 
laires n’ont pas ôté acquises 
eux idées socialistes a. Opti- 
miste malgré tout, le t grand 
dirigeant », qui fait face à un iso- 
lement crassane et à de graves 
difficultés économiques, affirme 
néanmoins que s le socialisme 
fondé sur le collectivisme a 
l'emportera finalement sur c/e 
capitalisme reposant sur Hndivi- 
duaffsme», intrinsèquement per- 
vers. 


La réunion à Chiang-Mai (Thaïlande) de l'Ecole française d’Kxtrêrae-Orient 

L’orientalisme français en quête 
d’un second souffle 


□ CAMBODGE' : attaque des 
Khmers ronges dans la province de 
Kompong-Thom. - Des Khmers 
rouges ont attaqué et occupé fa 
localité de Stung, fun des bastions 
du gouvernement de Phnom-Penh. 
dans la province de Kompong- 
Thom, au centre du Cambodge, et 
s’en sont retirés après * 3 voir pillé 
les bâtiments des Nations unies, a 
annoncé, jeudi 4 mars, le porte-pa- 
role de l’Autorité provisoire de 
l’ONU (APRONUC). Phnom-Penh 
a, pour sa part, affirmé qu’il s'agis- 
sait d’une offensive conjointe des 
Khmers rouges et des forces loyales 
au parti du prince Sihanouk, le 
FUNCINPEC. - (AFP.) 


maire de la capitale la semaine 
dernière, a été remercié après avoir 
été accusé par la presse d’avoir 
transformé en jardin privé un 
espace vert de 1,7 hectare. Le pré- 
sident Kim, entré en fonctions le 
25 février sur un programme de 
lutte contre la corruption, s’est 
engagé à ne pas accepter un seul 
centime - a pas même une (...) 
tasse de thé» - pour son parti poli- 
tique. - (Reuter) 


Vieille dame digne mais pau- 
vre. l'Ecole française d'Extrême- 
Orient (EFEÛj existe toujours. A 
quatre-vingt dix ans passés - 
elle est née à Hanoi, sous ce 
label, alors que ce siècle n'avait 
qu'un an - la voilà même en 
quête d'un second souffle. À 
cette école qui a tant fait pour 
ia connaissance des peuples et 
des cultures de (a péninsule 
indochinoise - et à laquelle le 
président François Mitterrand a 
rendu hommage lors de sa 
récente visite à Hanoi et à 
Phnom-Penh - le Cambodge et 
le Vietnam ont déjà rouvert 
leurs portas. Le Laos devrait en 
faire autant <fid peu. 


O CHINE : manifestation pour le 
Tibet a Puis, dimanche 7 mus. - 
La communauté tibétaine (28, rue 
Sorbier, 75020 Paris) organise, 
dimanche 7 mars à 15 heures, 
devant l’ambassade de Chine à 
Paris, II, avenue George- V (8*). 
une manifestation en faveur du 
respect des droits de l’homme au 
Tibet Cette manifestation sera sui- 
vie. à 17 heures, place du Troca- 
déro, d’une grande cérémonie tibé- 
taine. ' ' 

□ CORÉE DU SUD ; le président 
Kim Yoong-sani a révoqué le maire 
de Séoul pour corruption. - Le pré- 
sident sud-coréen, M. Kim Young- 
sam, a révoqué, jeudi 4 mars, le 
maire de Séoul, soupçonné de spé- 
culation immobilière illégale. 
M- Kim Sang-chul, juriste devenu 


□ HONGKONG : M. U Peng vent 
reprendre les discussions avec Lon- 
dres. - Le premier ministre chinois 
a déclaré, jeudi 4 mars, à Pékin, 
que la Chine et la Grande-Bretagne 
devraient reprendre les discussions 
sur l’avenir de Hongkong, «Ixl par- 
tie chinoise soutient que les deux 
parties devraient s’asseoir et discu- 
ter ». a dit M. Li Peng. - (AFP.) 


□ TIMOR-ORIENTAL : incident 
an procès du chef indépendantiste 
Xanana. - Le procès du chef indé- 
pendantiste de Timor-Oriental, 
M. Xanana Gusmao, a été ajourné, 
jeudi 4 mars, par ses juges indoné- 
siens, après qu’un témoin de l’ac- 
cusation eut crié en plein tribunal 
« Vive l’indépendance ! », et 
demandé qu*. non s’intéresse aux 
droits de l’homme en Indonésie». 
Le juge a suspendu l’audience pour 
permettre aux autorités de vérifier 
«fa santé mentale du témoin», qui 
a sur-le-champ été déclaré « menta- 
lement atteint». - (AFP.) 


CHIANG-MAI 


de notre envoyé spécial 


L’EFEO, si célèbre, surtout en 
Extrême-Orient, pour scs excep- 
tionnelles contributions à la 
connaissance de la région, est une 
école sans un sou vaillant. Et, puis- 


qu’elle s’est réunie au complet à 
Chiang-Mai (Thaïlande) rccem- 


menr, qui, par exemple, en dehors 
de cercles étroits d’initiés, a 
entendu parier du FEMCET, 
Fonds pour ('édition des manus- 
crits du Cambodge et de la Thaï- 
lande, que dirige sur place François 
Bizot? 


La grande œuvre de l’EFEO est 
la conservation du parc d’Angkor, 
de la redécouverte des temples h la 
connaissance de la civilisation de 
l'ancien empire khracr. L’EFEO en 
demeure aujourd’hui la mémoire. 
« L’école a également contribué à 
faire prendre conscience aux Viet- 
namiens de leur identité à l’égard 
de la Chine. Henri Maspero a créé 
la linguistique vietnamienne. 
L’EFEO est fa mère de la vietna- 
mologie moderne. Et. pour prendre 
un autre exemple, c'est txjuls 
Damais, son premier corresporuiant 
à Djakarta, qui a été l'initiateur de 
l’épi graphie indonésienne », rap- 
pelle Léon Vandérmeersch, émi- 
nent sinologue qui a dirigé l’EFEO 
depuis 1989 et vient de passer la 
main à Denys Lombard, un des 
grands spécialistes des sociétés des 
ues de la Sonde (IX 
L’école ne s’est pas, pour autant. 



; 




□ 


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endormie sur ses lauriers. François 
Bizot vient de publier le Chemin 
de Lanka, premier ouvrage d’une 
nouvelle collection, les «Textes 
bouddhiques du Cambodge». Les 
travaux de Georges C cédés sur 
l’épigraphic khmère et siamoise 
vont être réédités. Surtout, demeu- 
rant l’initiatrice de recherches, 
l’EFEO va publier, en pas moins 
de neuf volumes, les travaux 
menés, depuis 1982, par Pierre 
piebard sur les deux mille deux 
cents temples de Pagan. en Birma- 
nie. Les «ancêtres» de l’école - les 
Pelliot, Durand, Gaspardone - 
n’auraient pas A rougir de l’effort 
fourni de nos jours par de nou- 
velles recrues, tels Olivier de Ber- 
non, à Phnom-Penh, sur les 
manuscrits khmeis, ou John Lager- 
wey, sur les Hakkas de Chine. 


Une petite 
misère 


Mais voilà, l’ancienne Indochine 
française rouvre ses portes & 


priorité. Et ces chercheurs, ajou- 
tent-elles, devraient commencer 
par mieux se gérer, ne serait-ce, 
par exempte, qu’en commerciali- 
sant leurs écrits d’érudits que (e 
public ignore souvent 

Pour la première fois dans Fh&- 
toire de l’école, ils se sont donc 
réunis à Chiang-Mai, h l’occasion 
de trois journées d’études pour en 
discuter; mais ils u’ont pas trouv é 
de formula La prestigieuse EFEO 
est-elle condamnée & ne perpétuer, 
au mieux, que son passé? 11 lui 
faudrait une double canne : un ges- 
tionnaire et quelques crédits sup- 
plémentaires, en tout un double- 
ment de son budget, pour que le 
fleuron de la recherche française en 
Asie retrouve cous ses attraits et 
soit assuré d’un avenir. En tout, 
sans doute 50 petits millions de 
francs que personne, à ce jour, 
n’envisage de débourser. 

Au prix de ce qui n’est qu’une 
petite misère, la grande EFEO 
pourrait pourrai vre, sans se préoc- 


IVEFTÉO. Aptfc trentejquatre ans . de ^ rin8 de mois. üne 

d absence; l'école se réinstalle offi- • qui fail honneur à la culture 

c tellement h Hanoi, où l’un de ses 
jeunes correspondants se trouve 
depuis près de deux ans. EUe a 
déjà repris pied au Cambodge où 


française. 

JEAN-CLAUDE POMONTI 


les projets de restauration d Ang- 
kor - futur « 


i tri moine de l’hu- 
manité» - réclameront, pour être 
menés à bien, sa mémoire, son 
savoir et ses énergies. 

L’Indochine, son berceau, l’ac- 
cueille de nouveau après une lon- 
gue parenthèse de guerres. Mais ce 
défi, qu’elle souhaité bien entendu 
relever, se résume à une affaire de 
moyens. Les correspondants de 
l'EFEO, au cours des trois der- 
nières décennies, se sont ancrés ail- 
leurs, de Kyoto à Kuala-Lumpur 
en passant par TalpeL Faudrait-il, 
pour reprendre les études indodii- 


(l) Auteur de cette somme universi- 
taire qu’est le Carrefour Javanais, essai 


cthisnkre globale, éditions ds l’Ecole des 
hantes études en sciences sociales 
(3 vol), I 028 p., 550 F. 


APGHANKTAÎf : 

accord entre factions rivales 


ou m homme de son parti 


noises, renoncer à tel projet déjà 


avancé en Mélanésie ou dans 
monde chinois? 


L’école est pauvre : un budget, 
de 25 millions de francs. 


en 1992, 
dont 23 millions fournis par l'édu- 
cation nationale. A cette trentaine 


de correspondants qui, souvent, se 
débrouillent seoir pour dénicher 
quelques ressources supplémen- 
taires, faudrait-il imposer un choix 
douloureux? Les administrations 
publiques s’interrogent. Quel que 
soit le prestige, en Asie, de P EFEO, 
on ne la considère pas comme une 


BIBLIOGRAPHIE 


Saigon, 


/i • 


SAÏGON 1925-1945 
de (a «boO» colonie » 
à r éclosion 
révolutionnaire, 
ou kl fin dos dieux 
Mânes 

Autrement, 261 /jl. 120 F. 


Cette fois-ci. les éditions 
Autrement nous gflterrt. Les 
facettas du Saigon de l'entre- 
deux-guerres sont racontées 
par les meilleurs connaisseurs, 
6 commencer par celui qui a 
dirigé r ouvrage. PWKppe Fren- 
chw. 


Pour le colonial, l'initiation 
s'amorce sur le bateau. Mais 
rien n'est jamais simple et la 
«Perle d’ Extrême-Orient » et 
son annexe chinoise de Choton 
forment un ensemble com- 
plexe, des rites d’une cité 
blanche aux révoltes auto- 
chtones. Pour les Corses, l'In- 
dochine est une Amérique 
(Jean-Louis Pretenî). André 
Malraux, te mal-aimé, y perd 
son premier combat, et ï fafeh 
une Eurasienne (Kim Lefèvre) 
pour donner sa juste et impor- 
tante mesura au «sorafâge 
Indochinois», celui de l'cEvsg 
jaune». 

La naissan ce et te rôle d'une 
bourgeoisie autochtone (Pierre 
Broche ux), dans un milieu qui 
encaisse mal les effets de le 
dépression de 1929, ne sau- 
raient faire oublier (e rôle de 
pionnier de la révolution que 
Saigon a joué à l'époque (Daniel 
Hémery). Las Japonais, dont 
les ambitions demeurant 
aujourd'hui f&i Xuan Quang), 
attisent tes flammes, précipitant 
te perte des dieux blancs. Sai- 
gon, e blanche, métisse, 
rouge », a quelque chose 
d'tmsubmerstblg» : un dln 
d'cefl à l'Histoire pour conclure 
un heureux portrait qu'enrichis- 
sent des cSchés parfois inédts. 

J.>C. P. 


AFRIQUE 


SOMALIE 


Le désarmement des factions reste 
«la priorité numéro un» deTONU 


Selon le représentait de l’ONU en 
Somalie,' M. ismat Khtani, la «prio- 
rité numéro un» de ta force multina- 
tionale ONUSOftf-2, qui -doit pren- 
dre le relais, le l«mai, des troupes 
actuellement sous commandement 
américain (le Monde du S mars), 
demeure le « désarmement des fac- 
tions » somaücones. 


M. Kittani, qui a fait cette décla- 
ration, jeudi 4 mars; à MogaÆsdo, a 
souhaité que le Conseil de sécurité 
donne au secrétaire général de 


TONU *un mandat suffisamment 
ferme pour permettre défaire ce tnt- 


rail ». A Washington, le porte-parole 


du département d’Etat, M, Richard 
Boucher, § reconnu, jeudi, qu’il y 
avait encore «des choses à faire pour 
‘garantir la sécurité ‘de. Fende, humani- 
taire», tout en rappelant que la 
situation s’était «grandement amé- 
liorée » depuis F arrivée des troupes 
américaines, le 9 décembre. De son 
côté, ie Pentagone a précisé que le 
commandant de l'opération «Ren- 
dre l’espoir», le général Robert 
Johnston, devait être de retour aux 
Etats-Unis, avec les derniers élé- 
ments américains, «au plus tard 
dans le courant du mois de Juin». - 
(AFP. Reuter J 


□ ALGÉRIE : un policier assas- 
siné à Média. - La police a indi- 
qué, jeudi 4 mars, qu’un de ses 
agents et un fonctionnaire munici- 
pal avaient été assassinés mardi et 
mercredi par des hommes armés à 
Médéa, à 80 Kilomètres au sud 
d’Alger. C’est le premier policier 
dont l’assassinat est annoncé offi- 
ciellement depuis le début du 
ramadan, le 23 février. Depuis 
cette date, dix-sept islamistes 
armés ont été tués par les forces de 
l’ordre. - (AFP J 


à faeddent qui a causé, samedi, è 
Brazzaville, la mon par noyade 
d'au moins 147 Zaïrois expulsés de 
la capitale du Congo (le Monde du 
4 mars). Les expulsions, qui 
avaient commencé la semaine der- 
nière, ont continué jeudi. La veille, 
environ 900 Zaïrois en situation 
irrégulière ont été expulsés du 
Congo. Dix mille Pavaient déjà été 
depuis le début de l’opération. - 
(AFP. Reuter.) 


a NIGERIA : nomination d’un 
ambassadeur en IsraSL - Pour la 
première fois depuis vingt ans, le 
Nîgéria a nommé, jeudi 4 mars, un 
ambassadeur en israffl, M. Ignatius 
Chukwuemeka Oliscmeka, confir- 
.mant ainsi Paccord-de mai 1992 
prévoyant te rétablissement des 
relations diplomatiques entre (es 
deux pays. M. Oliscmeka, diplo- 
mate de carrière, était précédem- 
ment co poste au Canada. - (AFP) 


□ RWANDA gouvernement et 
retalies doivent combiner un cessez- 
le-feu. — Le gouvernement et les 
rebelles du Front patriotique rwan- 
dais (FPR) devaient reprendre, ven- 
dredi 3 mais, à Dar-és- Salaacn (Tan- 
zanie), leurs discussions, pour tenter 
de «consolider» raccord de ccsscz-to- 
feu, que le EPR a rompu, le 
8 lévrier, en tançant une vaste offen- 
sive contre les principales villes du 
nord du pays. La reprise de CCS pour- 
pariere a été annoncée au moment 
où, à Kigali, on confirmait, mercredi 
soir, T arrivée d’une délégation de 
PONU, chargée d’étudier les condi- 
tions d’un éventuel déploiement de 
«casqués bleus» le long de la fron- 
tière du Rwanda et de POuganda. - 
(AFP, Reuter.) 


a ZAMBIE : le chef de l’Etat a 
décrété Pétât d'urgence. - Le prési- 
dent Frederick Chiluba a décrété 
(’étàt d’urgence, jeudi 4 mars, en 
arguant des «menaces» qui pèse- 
raient, selon lui, sur la «jeune 
démocratie» zambienne. Il s’agi- 
rait, expliquent des observateurs, 
de contrer une campagne de dés- 
obéissance civile que se seraient 
apprêtés à lancer les partisans de 
P ancien régime, fidèles à M. Ken- 
neth Kaunda, battu lots de l’élec- 
tion présidentielle d’octobre 1991. 
Selon de récentes «révélations», 
publiées dans Ja presse locale, celte 
campagne prévoyait des grèves et 
des manifestations, visant à 1 paraly- 
ser l’activité économique, - (AFP.) 


a ZAÏRE ; les Congolais rivant à 
Kinshasa sont menaces de mort. - 
La télévision zaïroise a diffusé, 
mercredi 3 mars, des images mon- 
trant des individus appelant au 
meurtre des ressortissants congrus 
se trouvant au Zaïre. Ceb fait suite 


Ce IlloinC 
1 m i |l)N" 

COMMENT 
PENSER 
L'ARGENT ? 

Sous la direction de 
Roger- Pol Droit 



Un 6 


ntret'H 


Après us mois de combats meur- 
triers, et alors qu’une uève. fragile 
prévaut -à Kaboul, un accord s’est 
dessiné, jeudi 4 mars, entre la 
majorité des factions moudjahi- 
dines afghanes réunies à Istama- 
dad, a annoncé le premier ministre 
pakistanais M. Nawaz Sharif. Les 
principaux protagonistes sont 
convenus que M. Burhanuddin 
Rabbani restera président durant 
les dix-huit prochains mois et que 
le premier ministre sera son princi- 
pal adversaire, M. Guibnddin Hek- 
matyar, ou un homme de son 
parti, ta faction fondamentaliste 
Hezb-e-lslami. Les forces de 
M. Hekmatyar occupent les fau- 
bourgs sud de Kaboul, où elles ont 
résisté à un assaut lancé en janvier 
par les gouvernementaux. 

La principale question non réso- 
lue est la répartition des principaux 
portefeuilles au sein du futur gou- 
vernement. Elle est cruciale, puis- 
qu’elle laisse en suspens le sort du 
ministre de la défense et actuel 
«homme fort», le général Mas- 
soud. Un ou deux partis restent 
pourtant opposés à la prolongation 
du mandat de M. Rabbani, a 
ajouté M. Sharif. En outre, 
M. Yutius Kbalès, chef d'une dissi- 
dence du Hezb, a refusé de partici- 
per à la réunion d’Islamabad, dont 
le général Rashid Dostom, chef des 
milices ouzbèkes ex-communistes, 
est également absent - (AFP.) 


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ESPACE EUROPEEN 


‘ 11 


Un entretien avec M. Alain Juppé 

«La première initiative du nouveau gouvernement sera de relancer 
une coopération franco-allemande plus confiante», nous déclare le secrétaire général du RPR 


- ' , ‘ .rr 

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Avant les élections législatives 
des 21 et 28 mars, nous avons 
interrogé les dirigeants de la majo- 
rité et cfe l'opposition sur la pofth 
que européenne de la France. 
Après MM. Philippe Séguin, Valéry 
Giscard d'Estaing, Laurent Fabius 
et Antoine Waechter (le Monde 
des 6, 13, 20 et 27 février), nous 
publions un entretien avec 
M. Alain Juppé. 

a Comment le RPR voit-il la 
drvrsron des tâches entra le pré- 
sident de ta République et le pre- 
mier ministre en matière de poüti- 

3 ne étrangère dans l'hypothèse 
e b cohabitation ? 

- Ce st sans doute dans le 
domaine de (a politique étrangère 
que la cohabitation est, dans son 
principe le plus difficile à gérer. 
Même s'il n’existe pas de domaine 
réservé - M. Mitterrand Fa reconnu 
Iiri-même, - il est incontestable que 
te président a. en -la matière, on rôle 
important & jouer, n est non moins 
incontestable que le gouvernement, 
déterminant et conduisant la politi- 
que de la nation, a aussi son rôle à 
assumer. Donc, il y a là une coexis- 
tence à organiser, qui peut poser des 
problèmes secondaires, de caractère 
protocolaire, sur lesquels on doit 
pouvoir se mettre d’accord facile- 
ment, mais qui peut également poser 
des problèmes de fond. Cest à 
r usage que l’on verra comment les 
conflits éventuels peuvent être réso- 
lus. 

- Quelles leçons tirez-vous de 
rexpérience de b première coha- 
bitation 7 

- Au poste où j’étais, c’est-à-dire 
au ministère du budget, j’étais assez 
éloigné des préoccupations diplomati- 
ques, sauf en matière de -politique 
européenne: Globalement nous avons 
trouvé un modus vivendi, qui n’a pas 
paralysé. Faction 1 extérieure de là 
France et qui n'a pas amoindri sim 
influence ou son image extérieure. 
Mais dans la gestion quotidienne, 
eda a été difficile; il a fallu être â fa 
fois vigilant et parfois un petit peu 
pugnace. 

- Pensez-vous que le ministre 
des affairas étrangères, dans 
cette période de cohabitation, 
doive être un technicien ou plutôt 
un poétique? 

- Je crois que ce doit être un 
politique. Les bouleversements du 
monde auxquels nous avons assisté 
depuis novembre 1989 pour prendre 
une date un peu facile, sont tels 
qu’une approche politique est néces- 
saire aujourcThui. P ajoute que notre 
instrument diplomatique, c'est-à-dire 
le Quai d’Orsay, a besoin d’un 
patron politique et je crois qu’il l'at- 
tend. 

- Vous-même, êtes-vous inté- 
ressé par ce poste? 

- Je me suis fixé comme règle 
absolue de ne pas poser ma candi- 
dature i quelque fonction gouverne- 
mentale que ce soit, ce qui ne veut 
pas dire que je m’en désintéressa 


Des sources 
de cooSits potentiels 

- Vous partiez de conflits poten- 
tiels entre le gouvernement st fs 
président A quels domaines parti- 
culiers pensiez -voub? 

- Je ne veux pas en foire la lista 
Mais U est possible que, aussi bien 
sur les questions européennes que sur 
d'autres sujets, des conflits apparais- 
sent. Je ne dis pas qu’ils exploseront 
forcément ou qu’ils se transformeront 
en crise politique, mais il peut y 
avoir des occasions. Prenon&en une, 
puisque vous me demandez un 
exemple : je crois que Tattitude de la 
France vis-à-vis de la Communauté 
dans la conduite de la politique com- 
merciale extérieure, e( donc dans (es 
négociations du GATT, peut être une 
de ces occasions de conflit. La 
France doit être extrêmement ferme, 
plus qu’elle ne l’a été par le passé. 
J'ai vu que le discours «était raffermi 
depuis quelques mois; peut-être les 
choses ont-efies suffisamment évolué 
du côté de.VHysée pour qu’il rfy ait 
pas conflit, mais c’est un domaine ou 
le gouvernement pourrait être amené 
& être plus vigoureux qu’on ne le 
souhaiterait Arfcfysée. 

- B semble qu'à TBy sée k pré- 
sident soit m tram de créer une 
cattite cSptomatique très musclée. 

' - Nous savons cela. U se dote 
même de moyens techniques pour 
conduire cette action, notamment 
dans ses relations avec les postes 
diplomatiques. J’avoue que l'exis- 
tence; à TSysée, d’une cellule diplo- 
matique très politisée poserait un 


problème considérable. Ce serait à 
mon avis de fort mauvais augure 
pour la cohabitation, dans son prin- 
cipe même, et sûrement dans sa ges- 
tion. 

- Sur les sujets européens on a 
Hmpresshn que les divergences 
passent plutôt au sein des partis. 
moins entre (a RPR et rUOh d'ail- 
leurs, qu'au sein du RPR. Est-ce 
que c'est un débet qui risque de 
prendre des proportions gênantes 
pour l’action du futur gouverne- 
ment? 

- Personnellement je ne (e crois 
pas, puisque nous sommes arrivés à 
une plate-forme commune de gouver- 
nement. Nous avons un projet qui 
est le projet de Fanion pour la 
Fiance. En ce qui me concerne; je ne 
soutiendrai pas un gouvernement qui 
animerait une autre politique que 
celle-là. Les bases d’un accord au 
sein de la future majorité et du futur 
gouvernement ont été jetées. Qu’il y 


pourrions être, je crois, plus imagina- 
tifs. 

»Je pense au rôle politique de 
l’Allemagne dans le monde. C’est 
aujourd’hui une grande puissance 


dans les formations politiques de 
Factuelle opposition qui ait des 
visions differentes, on le sait, mais 
dans mon esprit cela n’engage pas ces 
formations qui, elles, ont condu un 
contrat de gouvernement. 


La stabilité de la monnaie 
n'est pas négociable 


- Vous serez cependant soumis 
à une forte pression du RPR. mais 
aussi du patronat des syndicats, 
afin de réviser b poBtfque moné- 
taire menée jusqu'à maintenant 
dans k but ée donner à b France 
une plus grande liberté de 
manœuvre sur les taux dlntérêt.. 

- Il y a pression -cPune partie du 
RPR mais aussi de FÜDF. Mais 
notre position offidefle est tout â fait 
détenmné& parfaftement jclaire. La 
stabilité de la monnaie est un objectif 
politique et économique qui n’est ras 
négociable, de même que la stabilité 
des prix et nous devons tout faire 
pour assurer cette double stabilité. Je 
pense {Taille on que c’est de nature i 
provoquer un déblocage de la situa- 
tion. assez rapide et assez spectacu- 
laire. 

» Nous pensons qn’un gouverne- 
ment fiançais qui serait de roc sur ce 
front-là, se rapprochant d’un gouver- 
nement allemand qui le serait aussi, 
pourrait conclure un accord déclen- 
chant une baisse rapide et substan- 
tielle des taux d'intérêt, n y a une 
marge de baisse, chiffrée à deux ou 
trois points, qui pourrait intervenir 
dans le courant de 1993. La fermeté, 
la détermination, voilà la bonne 
manière de faire baisser les taux 
d'intérêt plutôt que le laxisme ou 
l'annonce de je ne sais quel décro- 
chage. 

- Les taux d’intérêt en A/te- 
magne ne dépendent pas du gou- 
vernement mais de la Bundes- 
bank... 

- Certes. Mais la Bundesbank est 
aujourd’hui Fobjet de pressions fortes 
de tout le tissu industriel allemand, 
PAflemagne s’engageant dans la réces- 
sion, la Buba est obligée d'en tenir 
compte et puis, il lui arrive de céder 
au gouvernement, ou Ta bien vu au 
moment de la réunification. 

» En tout cas Tune des premières 
initiatives d’un nouveau gouverne- 
ment en matière de politique étran- 
gère devra être une remise à plat de 
nos relations avec FAlteraagpe. Tout 
le monde le sait, même si depuis 
quelques mois on a voulu jeter un 
voile pudique: la confiance et la 
compréhension entre la France et 
PAflemagne ont été fortement mises 
en cause par Fattitude de notre diplo- 
matie au lendemain de la réunifica- 
tion. fl faut clarifier tout cela, dans 
une discussion qui ne doit pas être 
simplement économique â monétaire 
mais aussi politique au sens le plus 
large du terme. Les Allemands sont 
demandeurs dans certains domaines, 
nous le sommes dans d’autres; il doit 
y avoir un vrai rendez-vous avec 


économique (elle T’est depuis long- 
temps, eue le devient encore plus 
parce que je suis convaincu que la 
réunification, même si elle pose des 
problèmes, sera à terme un atout très 
fort pour P Allemagne) et nous don- 
nons le sentiment que la France 
freine des quatre fera et redoute que 
cette puissance économique ne 
conduise rAllemagne à vouloir assu- 
mer un rôle politique. Prenons un 
exemple très précis qui est la reven- 
dication allemande d’un siège au 
Conseil de sécurité des Nations 
unies : il y a un blocage en France, 
même S’il n’est pas explicite. 

» Le problème du Japon se posera 
aussi un jour ou l’autre et je me 
demande ce que la France aurait à 
perdre en étant plus ouverte visà-vis 
de ces revendications. Je me 
demande même si cela ne serait pas 
pour elle une façon de stabiliser son 
propre siège au Conseil de sécurité. 
A choisir, je préférerais pour ma part 
la formule dans laquelle b France et 
l’Allemagne seraient présentes au 
Conseil de sécurité plutôt qu'une for- 
mule dans laquelle c'est la Commu- 
nauté qui les représenterait, comme 
certains Font demandé et comme il 
est exclu de l'accepter. 

- Vous pensez, pour l’Alle- 
magne, à un siège permanent 
avec ou sans droit de veto ? 

- C'est un point sur lequel on peut 
réfléchir. Les négociations seront lon- 
gues et difficiles. Raison de plus pour 
la France d’avoir une position 
ouverte et de relancer sur ces bases 
une coopération franco-allemande 
plus confiante, avec en retour un cer- 
tain nombre de satisfactions pour la 
•France, notamment dans le domaine 
.économique. On a beaucoup parié 
.d’une .initiative européenne de 
-■relance de la croissance, mais ce qui 

s’est passé à Edimbourg, c’est un peu 
la montagne qui accouche d’une sou- 
ris. J’ai entendu M“ Guigou illustrer 
cette initiative en disant que nous 
allions toucher 900 millions de francs 
pour refaire les pistes de Roissy l 
Cest une vraie relance germano-frao- 
çaise à laquelle il faudrait parvenir et 
eda peut être un élément de la négo- 


Mmtricht 

pratiquement dépassé 

- 0 y a. dans fa plate-forme 
commune de l'opposition, ridée 
d’une initiative franco-allemande 
en matière monétaire. En quoi 
consbtoait-eëa? 

- L’initiative franco-allemande en 
matière monétaire, c’est l'affichage 
résolu et déterminé de la France es 
de P Allemagne de maintenir un sys- 
tème monétaire européen solidaire, 
de te foire évoluer dans le sens d’une 
plus grande solidarité, et c’est une 
initiative de relance économique 
accompagnée par une détente des 
taux d’intérêt. 

- Cela veut dire, éventuelle- 
ment une mini-union monétaire si 
te majorité des pays membres 
n'est pas en mesure de remplir 
tes critères?... 


- A quoi viseraient ces tSscus- 
sons? 

- A rétablir un climat de 

confiance. . 

- Oui ne vous parait pas exis- 
ter? 

- Je crois qu’à l’heure actuelle, 
malgré tes déclarations officielles, il 
n’existe pas vraiment, parce que la 
période de 1989-1990 a laissé de 
mauvais souvenirs. Les tergiversa- 
tions de la diplomatie française au 
moment de la réunification, le 
voyage (te M. Mitterrand en RDA, 1e 
voyage du même Mitterrand à Kiev; 
n’ont pas été très bien admis par nos 
partenaires allemands. Par ailleurs, 
nous traînons les pieds dans un cer- 
tain nombre de domaines où nous 


rer le processus d union monétaire 
comme certains le disent. Je crois 
qu’Q fout afficher la volonté de tenir 
les objectifs, mais l’accélération me 
semblerait prématurée, compte tenu 
des différences de situation économi- 
que que connaissent encore la France 
et FÀllemagne aujourd’hui. En 
revanche, votre question pose un 
antre problème, qui est celui de la 
vision qu’on peut avoir aujourd’hui 
de rEurope au vingt et unième siècle. 
Pai voté «oui» au référendum sur 
Maastricht pour des raisons bien pré- 
cises. 

» Pai dit que je ne trouvais pas le 
traité bon. Pai voté «oui» parce que 
j’avais la conviction que te succès du 
«non» aurait déclenché une crise 
politique en Europe, et notamment 
une crise de confiance entre l’Alle- 
magne et la France, dont le prix 
aurait été beaucoup trop lourd à sup- 
porter. Il n’en reste pas moins qu’à 
mes yeux, même s’il est ratifié dans 
le courant de 1993, le traité de Maas- 
tricht est une étape pratiquement 
déjà dépassée et qu'il mut réfléchir à 
une architecture de la construction 
européenne pour Fan 2000, profon- 
dément differente de ce qu’on avait 
pu imaginer en 1957-1958 ou dans la 
foulée du traité de Romè. 

- Rendez-vous est pris pour 
1996. 

- Certes. Mais c’est un rendez- 


vous qui changera complètement la 
donne de ce traité. Pour deux ou 
trois raisons. La première, qui me 
paraît déterminante, c’est te proces- 
sus d’élargissement de la Commu- 
nauté. D est en route pour un certain 
nombre de pays de [AELE ; à mon 
avis il sera incontournable pour les 
pays d’Europe centrale et orientale. 
Je suis de ceux qui pensent qu'il faut 
vite un -geste ton, signifiant que nous 
accueillons ces pays dans la Com- 
munauté politique européenne, quitte 
à prévoir, comme on fa foit en d'au- 
tres temps pour les pays du Sud, des 
phases de transition un _peu longues 
en matière d’adhésion economique. 
Donc, nous aurons d’ici à 1995, à 
mon avis, une Communauté à 
quinze ou peut-être à dix-huit, et cria 




aura des conséquences considérables. 

» Conséquence institutionnelle : 
une 1 commission, on conseil des 
ministres, un Parlement dans lesquels 
seraient représentés dix-huit pays, 
cria ne peut plus fonctionner comme 
cria fonctionne aujourd’hui. 11 faut 
faire preuve d’imagination. 
Deuxième conséquence, de fond : 
tous ces pays ne pourront pas foire la 
même chose en même temps. Très 
longtemps M. Mitterrand a contesté 
ce point de vue, il a même réaffirmé 
à plusieurs reprises que Maastricht 
c’était tout le monde ou personne. 
Ce n’est pas vrai. Le Danemark, 
même s’il ratifie, est largement en 
dehors du coup, M. Major se flatte 
de l'être aussi en grande partie, 
notamment sur le plan social. Je 
pense que c'est la logique de la 
construction européenne, telle que 
l'élargissement l’infléchira. 

» n y aura une Europe à dimen- 
sions variables, une coopération éco- 
nomique et monétaire entre un cer- 
tain nombre de pays (la France, 
l’Allemagne, peut-être les pays du 
Nord, le Benelux et quelques autres), 
une coopération eu matière de sécu- 
rité, dont 1e socle sera évidemment la 
France, l’Allemaene, la Grande-Bre- 
tagne. peut-être T’Espagne. Il peut y 
avoir une politique de l'immigration 
commune à un certain nombre de 
pays seulement, et ainsi de suite. 


Réintégrer certains 
organismes de l'OTAN 


- A propos de b sécurité euro- 
péenne, êtes-vous de ceux qui 
pensent que les relations de te 
/rance avec F OTAN doivent évo- 
luer? 

- L’autre grand rendez-vous, après 
r alternance, outre cette remise à plat 
avec l’ Allemagne, c’est une clarifica- 
tion avec les Etats-Unis. Pouvons- 
nous conserver, au sein de l'OTAN, 
une attitude aussi bouaonne et aussi 
conservatrice que celle que nous 
avons actuellement? L'OtAN s’est 
engagée dans une réforme dont la 
France est spectatrice. Elle essaie de 
freiner des quatre fera sans vraiment 
pouvoir l’infléchir. Le moment est 
venu de se demander - compte tenu 
des bouleversements en Europe, du 
foit qu’il n'y aura plus 300 000 Amé- 
ricains, mas peut-être bientôt 70 000 
ou 50 000 - a nous ne devons pas 
poursuivre d'un même pas un double 
mouvement : d’abord le renforce- 
ment du pilier européen au sein de 
l’Alliance et, d’autre part, un certain 
nombre de gestes d’ouverture en 
direction de cette Alliance ainsi réé- 
quilibrée. Pourquoi ne pas participer, 
ans revenir bien entendu dans le 
dispositif militaire intégré, à un cer- 
tain nombre d’organismes de F Al- 
liance. comme le Comité des plans 
de défense? 

- On a l'impression que c'est 
Factuel gouvernement qui fait de 
l’archéogauŒsme, alors que cer- 
tains, dans te parti gaubste, veu- 


lent rompre avec b poétique défi- 
nie en 1966? 

- «Rompre avec la politique gaul- 
liste», c’est une formule que je 
récuse. Comment peut-on comparer 
la situation du monde en 1966 et en 
1993? L’une des grandes caractéristi- 
ques du gaullisme, c’est de s’adapter 
à son temps. Ce qui m’inquiète, c’est 
que des néophytes en matière d’ar- 
cbéogaullisme se cramponnent à des 
certitudes aujourd'hui complètement 
dépassées. Il ne s'agit pas pour la 
France de revenir sur ce qui a été 
fait en 1966, U s’agit simplement de 
se demanda* si, la donne stratégique 
ayant été complètement modifiée, la 
volonté de construire un système de 
sécurité collective où la responsabilité 
des Européens soit mieux affirmée ne 
nous rend pas plus facile la possibi- 
lité de revenir, dans une Alliance réé- 
quilibrée, au sein d’un certain nom- 
bre d’organismes pour peser 
davantage. 

- Croyez-vous que te nouvelle 
administration américaine soit dis- 
posée i prêter une oreille plus 
attentive que b précédente a ce 
projet de rééquilibrage de l 'Al- 
liance? 

- fi faut (e lui demander. On 
entend là-dessus des choses très 
contradictoires : on parle d'un pro- 
tectionnisme accru, pas seulement 
dans le domaine commercial, et en 
même temps on voit que la diplo- 
matie américaine est déjà plus active, 
notamment dans (e problème yougos- 
lave. Je crois qu’il faut prendre lan- 
gue assez vite, c’est pourquoi je parie 
d’un nécessaire grand rendez-vous 
avec les Etats-Unis aussi. 


Menace militaire 
en Yougoslavie 

- A propos de Fax-Yougoslavie, 
pensez-vous que les difficultés de 
la Communauté européenne à 
agir tiennent au fût qu a y a trop 
d’Europe, c'est-à-dire te recherche 
prioritaire du consensus, ou bien 
au fait qu'il n'y en a pas eu 
assez? 

- Je serais tenté de dire ni P un ni 
l’autre Je crois simplement qu’ü n’y 
a pas eu assez de France. La France 
n’a pas suffisamment assumé ses res- 
ponsabilités dans cette crise. Le fait 
de dire qu'il a fallu tenir compte de 
ce que l'Allemagne souhaitait ou de 
la passivité britannique n’est qu'un 
alibi ; rien ne nous aurait empêché. 
Si nous avions eu une vision plus 
claire des choses, de parler, ce qui en 
matière diplomatique est déjà une 
forme d'action, et d’entraîner peut- 
être la communauté internationale. 
Cela, nous l’avons dit, au RPR, de 
manière la plus explicite dès le 
début 

» Quelles sont les deux fautes que 
nous avons commises? La première 
a été - au nom d’une fidélité à une 
amitié franco-serbe à laquelle il n’est 
pas question de renoncer, mais qu'on 
a confondue avec une solidarité vis- 
à-vis d’un gouvernement peuplé à la 
fois de crypto-communistes et de 
néo-nazis- l’incapacité à désigner 
l'agresseur. La deuxième erreur a été 
de dire oui à l’humanitaire mais sur- 
tout pas au militaire. 

» Je pense que si en temps utile (a 
communauté internationale, spus 
l’impulsion de la France, avait pu 
dire : attention il y a une limite à ne 
pas franchir et nous nous donnons 
les moyens d’intervenir, je pense que 
cela aurait pu foire réfléchir le gou- 
vernement de Belgrade. On nous a 
expliqué à l'époque que tout ce qui 
pouvait cire (fit sur des frappes stra- 
tégiques à l’encontre de cibles mili- 
taires était «stupide» et «irresponsa- 
ble» et puis j’ai entendu récemment 
les plus hauts responsables civils et 
militaires dire des choses qui 

n’étaient pas fondamentalement dif- 
férentes de ce que nous proposions il 
y a plus d’un an. 

» On peut malheureusement 
redouter aujourd'hui que le stade de 
non retour soit atteint. Nous pour- 
rions au moins focaliser tous nos 
efforts pour éviter 1e risque de conta- 
gion. Au Kosovo et en Macédoine, 
une force d’interposition européenne 
ou internationale nombreuse aurait 
encore un sens. Se borner à critiquer 
l’opération américaine dont on ne 
sait pas très bien si elle a réussi ou 
échoué - mais je pense que l’idée est 
bonne,- j’ai peur que ce soit le fait 
d'un anvaméricanisme primaire. 

- Cette crise vous paraît-elle 
exemplaire de ce qui peut se pas- 
ser en Europe de l'Est? Comment 
voyez- vous ce mouvement vers 
l'autodétermination qui risque 
d'amener à la création de mini- 
Etats? 

- Ce n’est pas un risque, c’est ce 


qui se passe. Nous sommes confron- 
tés pour les dix ou quinze ans qui 
viennent à des risques de soubresauts 
considérables. Notre diplomatie a 
érigé en principes le respect des fron- 
tières existantes, la protection des 
minorités et, le cas échéant, de l’au- 
tonomie au sein de constructions éta- 
tiques décentralisées. Je pense que 
ces objectifs sont bons et que pour le 
Kosovo en particulier la Commu- 
nauté européenne devrait insister 
avec vigueur pour qu'un statut d'au- 
tonomie réelle soit donné à ce terri- 
toire. 

n Est-ce suffisant? Sûrement pas. 
Cest la raison pour laquelle il me 
semble indispensable d’associer (e 
plus vile possible un certain nombre 
de pays d’Europe centrale et orientale 
dans un système qui les sécurise. 
Nous n’avons pour l’instant pas 
répondu à cette demande 
extrêmement insistante de leur part 
d’être intégrés à un système de sécu- 
rité collective. Un geste politique 
consistant à dire que la Communauté 
européenne élargit à ces pays-là sa 
construction politique serait essentiel 
plutôt que de leur dire, comme 
M. Mitterrand l’a foit naguère à Pra- 
gue, son verra dans quelques dizaines 
dannéçsx. 

- Est-ce que vous craignez un 
retour sur te scène internationale 
de b Russie, avec une politique 
plus nationaliste? 

- La présence au cœur du conti- 
nent européen d’un Etat profondé- 
ment déstabilisé et inexistant au plan 
de la politique étrangère n’est pas 
une bonne chose Dune certaine 
manière, je souhaiterais que la Russie 
retrouve ses marques. Le pourra-t- 
elle, compte tenu de l’état de délabre- 
ment sans cesse accru de son écono- 
mie? Cest un autre problème. Nous 
devons tout foire en tout cas pour 1a 
stabilisation -de- la Russie et son 
retour à un rôle dans les affaires 
internationales, à condition qu’il soit 
stabilisateur. Cela ne vaut d’ailleurs 
pas seulement pour le continent 
européen, mais aussi pour le conti- 
nent asiatique. S'il s'agissait évidem- 
ment de recréer une sorte de condo- 
minium russe à la place de 
Fex-cmpire soviétique, je ne pense 
pas que ce sort une bonite formule. 


le retour 
an conservatisme 


- On assiste dans les pays ex- 
communistes au retour a un cer- 
tain conservatisme après la 
grande vague libérale. 

- Cétait totalement inévitable. Le 
camp soviétique a fait une révolution 
de même ampleur que celle de 1917 
et cela ne se passe pas dans le calme, 
sans excès. C’est vrai qu’il y a eu la 
croyance un peu naïve qu’il suffisait 
de privatiser, d’instaurer la converti- 
bilité des prix ou ta convertibilité des 
monnaies pour créer de la richesse 
Osciller, c’est un système en déséqui- 
libre, il y aura des coups de balancier 
pendant dix ans. D’où la nécessité 
d’avoir une Europe qui soit à la lois 
capable d’assurer sa sécurité collec- 
tive et qui tende ta main à ces pays. 
Qui les rassure et qui en même 
temps les aide. 

- Cote supposa des moyens. 

- Oui Mais que fait-on à l'heure 
actuelle? La Communauté a ten- 
dance à pratiquer le désarmement 
commercial unilatéral : elle laisse 
s'installer un système qui L’affaiblit et 
qui risque donc à terme de priver les 
pays de l’Est de l'aide que nous seuls 
pouvons leur apporter. II faut que 
nous réfléchissions à une autre politi- 
que commerciale extérieure de la 
Communauté. Il n'y en a pas aujour- 
d’hui. on le voit avec le GATT. 
L’Europe est chaque jour davantage 
une Europe passoire. L’avenir pour 
nous-mêmes et finalement aussi pour 
nos voisins est une Europe capable 
de s’organiser face aux dumpings 
déloyaux, une Europe qui ait une 
personnalité commerciale, bref qui 
sauve sa croissance, son emploi, son 
système productif pour- pouvoir 
continuer à aider les autres. » 

Propos recueillis par 
CUIRE TREAN 
et DANIEL VERNET 


La semaine prochaine : 

Un entretien avec 
M. Piene Bérégovoy. 









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' fc. 



•V>- 


8 Le Monde m Samedi 6 mars 1993 • 


ESPACE EUROPEEN 


La nouvelle errance des réfugiés 

Varsovie craint qu'en restreignant le droit d'asile Bonn ne veuille laisser 
aux pays pauvres d'Europe de l'Est le soin de régulariser les. flux migratoires 



VARSOVIE 


de notre envoyée spéciale 

I SMAIL est né le 12 février, au 
centre de réfugies de Nadar- 
zyn, dans les environs de 
Varsovie. Pour ses parents. 
Albanais du Kosovo, l'évé- 
nement fut un drame. Car Ismaïl, 
emmaillotté dans son berceau 
d’occasion trônant là, au milieu 
d'une grande pièce bordée de lits 
de fer, devait naître en Allemagne, 
pas en Pologne, et ils avaient tout 
fait pour ça ; jusqu'à s'enfuir une 
nuit de ce centre d'hébergement, à 
dix jours de la naissance, pour 
tenter de passer la frontière - 
après avoir payé un passeur, sans 
doute, «mais ils ne l'avoueront 
jamais » dit la directrice. - dans 
Pespoîr de demander l'asile politi- 
que en Allemagne. 

Les choses ne se sont pas pas- 
sées comme prévu. La police alle- 
mande a refoulé les trois familles 
d’ Albanais, qui n’ont plus eu qu'à 
regagner, penauds et déprimés, 
trois jours après leur «fuite», le 
foyer de Nadarzyn. D'autant plus 
déprimés qu'ils avaient dû déjà, 
une première fois, revenir avec 
tous leurs paquets parce que le 
passeur n'était pas au rendez-vous 
à Varsovie! Cela avait été alors 
moins humiliant, ils n'avaient été 
absents qu'une journée, et (es 
autres avaient fait semblant de ne 
rien remarquer. 

Négociations 

bilatérales 

Les voici donc à nouveau, bras 
ballants et yeux baissés, dans leur 
chambre austère avec son petit 
pensionnaire supplémentaire, 
«r trop choqués pour raconter», 
explique Elzbieta Przychodzcn, 
une ancienne de la Croix-Rouge 
polonaise qui dirige ce centre pour 
réfugiés ouvert l’an dernier <1308 
une caserne désaffectée, en pleine 
forêt. Des désespoirs comme ça, il 
va y en avoir de plus en plus puis- 
que, «compromis» politique 
oblige, l'Allemagne est en passe de 
limiter le droit d'asile aux deman- 
deurs arrivés directement sur son 
sol sans passer par un «pays sûr», 
c'est-à-dire présentant des garan- 
ties démocratiques suffisantes. 
Aux premières loges, la Pologne et 
la République tchèque, par les- 
quelles transitent la plupart des 
demandeurs d'asile, s'inquiètent 
de devoir faire face, par ricochet, 
à un afflux de réfugiés auquel elles 
, sont bien moins préparées que 
' l'Allemagne. 

Pour la Pologne, le problème a 
d'abord une dimension immé- 
diate : où vont échouer les deman- 
deurs d’asile déjà en Allemagne 


PUBLICATION JUDICIAIRE 


Par arrêt - devenu définitif - du 
18 avril 1991. la cour d’appel de 
ROUEN a condamné M. Didier 
PAITRE aux peines de 3 mois 
d'emprisonnement et 1S 000 F 
d'amende pour avoir, en sa qualité de 
syndic de copropriété, organisé la 
réception par des tiers, en fraude dis 
droits de l’exploitant, des programmes 
télédiffusés réservés à un public 
déterminé qui y accède moyennant 
rémunération rasée à l'exploitant du 
service, en l’occurrence la Société 
CANAL -h 

U a été. en outre, alloué à la Société 
CANAL + la somme de UN MILLION 
TRENTE MILLE FRANCS à titre de 
dommages-intérêts, outre CINQ 
MILLE FRANCS au litre de l'article 
475-1 du code de procédure pénale. 
Pour extrait, 

Jacques LE CALVEZ 
avocat & U Cour de Paris. 


Un jugement de la l>* chambre civile 
du tribunal de grande instance de 
CRÉTEIL du 26 février 1992 
condamne : 

- La VîIJe d'IVRY-SUR-SEINE à 
payer à la société C-ALE.D. de Mala- 
kofr la somme de 150000 F de dom- 
mages-intérêts, ht somme de 12000 F 
hors taxes au titre de l'article 700 du 
Nouveau Code de Procédure civile et 
aux dépens, en réparation du préjudice 
subi, en raison des voies de fait réité- 
rées commises par ladite ville à l’en- 
contre de la société C.M.E.D. toutes 
causes confondue?. 

Ordonne la publication de ce juge- 
ment, par extrait, dans trois journaux 
au choix de la société GV1LD, dont 
/PR Y MA VILLE, journal municipal 
d'information, et aux frais de la Ville 
d'IVRY-SUR-SEINE. 

Ordonne l'affichage par voie de pla- 
cards dans les espaces réservés à l'in- 
formation municipale du dispositif du 
jugement pendant une durée de trois 
mois et aux frais de la ville d'IVRY- 
SUR-SEJNE. 

Pour extrait : 

; M» Thierry LEVY, avocat à la cour. 


(440 000 en 1992) dont les dos- 
siers sont refusés ? Cette question 
fait l'objet de négociations bilaté- 
rales depuis janvier. « Les Alle- 
mands ont proposé une chose inac- 
ceptable pour nous : refouler tous 
ceux qui n’ont pas obtenu le droit 
d'asife, déclare Tomasz Lis, chargé 
du dossier au ministère des 
affaires étrangères. Nous avons 
refusé. » Côté polonais, en effet, le 
ton est à la fermeté : «Nous ne 
sommes pas une garderie pour 
réfugiés, ce sont des êtres humains, 
pas des marchandises qu'on se ren- 
voie d'un endroit à l’autre », s'in- 
digne le chef du bureau des réfu- 
gies, Tomasz Kozlowski. 

Un virage 
à 180 degrés 

« Nous n'acceptons pas que cette 
montagne soit répartie en monti- 
cules que [Allemagne va repousser 
chez ses voisins contre de l’argent, 
renchérit te vice-ministre de l’inté- 
rieur qui négocie avec les Alle- 
mands, Jerzy Zimowski. Pour 
nous, les termes de la négociation, 
c’est l'option zéro. L’Allemagne ne 
peut pas résoudre ses problèmes 
sociaux aux dépens de ses voisins, 
problèmes qu'elle s’est créés elle- 
même.» Face à cette superbe, 
Bonn a évidemment quelques 
arguments, qui vont de l'aide 
financière au rapprochement avec 
la CEE... 

Pour compliquer les choses, 
Varsovie a signé en (991, afin de 
bénéficier de la libre-circulation 
dans les pays du groupe de Scben- g 
gen, un accord de réadmissions 
avec Bonn, aux termes duquel la | 
Pologne s’engageait à reprendre 
ies étrangers admis à la frontière 
polono-allemande pour la durée 
de la procédure de demande 
d’asile. Aujourd'hui, explique 
Jerzy Zimowski. « nous remettons 
en cause cette disposition en vertu 
de la clause rébus sic stantibus; . 
nous ayons signé cet accord dans le 
contexte. d'une législation libérale 
sur le droit d'asile, qui ne pouvait • 
nous faire imaginer des expulsions 
massives. Or l'Allemagne est en 
train d'opérer un virage à 
180 degrés sur le droit d’asile ». 

A ce différend s’ajoute une que- 
relie sur les chiffres : Bonn 
affirme qu’environ on quart de ses 
demandeurs d’asiie, soit à peu 
près cent mille personnes, sont 
arrivés par la Pologne. Varsovie, 
bien sûr, réfute ces chiffres en 
avançant celui de trente raille. 

« Mais même ceux-là, assurent les 
officiels polonais, nous ne sommes 
pas en mesure de les accueillir. » 

L’autre aspect du problème, 
plus général, porte sur le sort des 





migrants en Europe lorsque l’Alle- 
magne aura restreint son régime 
de droit d’asife : c'est une ques- 
tion qui rejaillit sur toute la 
région, où l’on a la désagréable 
impression que les pays riches 
cherchent à se décharger dit far- 
deau sur l’Europe de l’Est. En 
dehors du cas de l'ex-Yougoslavie, 
il s’agit de migrations beaucoup 
plus économiques que politiques 
de ce point de vue, l'Europe de 
l’Ouest, même quand elle est sai- 
sie par la fièvre xénophobe, reste 
infiniment plus attrayante que 
celle de l'Est, même convertie à la 
démocratie. 

Mafia russe 

et travailleurs du bâtiment 

La Pologne connaît actuelle- 
ment - mais pour combien de 
temps? - une exception à cette 


règle avec l'énorme flux de ressor- 
tissants de la CEI (Ukraine, Rus- 
sie et Biélorussie surtout) qui 
commercent ej. travaillent sur le 
soV polonais ils sont en ce 
moment, selon des chiffres offi- 
ciels, plus de trots cent millq.à 
vivre en Pologne, qui a enregistré 
l'an dernier pas moins de boit mil- 
lions d’entrées à sa frontière 
orientale. 

Bien que la mafia russe ou 
tchétchène franchisse aussi allè- 
grement la frontière que les 
ouvriers du bâtiment, cette 
« invasion »-là n'est pas vue d'un 
trop mauvais ceil par les Polonais. 
Et, pour les « ressortissants de la 
CEI» livrés à tous les chaos, la 
liberté de voyager en Pologne est 
vitale, comme en témoigne un. 
incident survenu en janvier, lors- 
que les gardes-frontières polonais 
furent amenés à refuser l'entrée à 


Une politique généreuse mise à mal 
par les manifestations d’extrême droite 


Au commencement était le 
paragraphe 2 de ('article 16 de la 
Loi fondamentale de la Républi- 
que fédérale d'Allemagne, adop- 
tée le 30 mai 1949, faisant office 
de Constitution provisoire en 
attendant la réunification du 
pays : e Aucun Allemand ne peut 
être extradé vers l'étranger. Les 
persécutés poétiques jouissent 
du droit d'asile, a 

Cette politique généreuse en 
matière de droit d'osée se justi- 
fiait,, dans l'esprit des «pères» de 
la Loi fondamentale, par un souci 
de gratitude envers les pays qui 
avaient accueilli les opposants au 
nazisme pourchassés sous le 
Hh Reich. Elfe participait de cette 
volonté d'Ôire réadmis dans le 
giron des nations civilisées, tout 
comme (a reconnaissance de ta 
responsabilité collective du peu-' 
pie allemand dans la Shoah avait 
ouvert fe droit aux réparations 
aux victimes juives du nazisme et 
à l’Etat d'tsraél. 

La mise en œuvre de ce prin- 
cipe s'est appuyée sur une juris- 
prudence de la Cour constitution- 
nelle de Karlsruhe qui an 
renforçait encore ('efficacité. Au 
fil des années, on a reconnu le 
droit aux demandeurs d'asile poli- 
tique de bénéficier d’une autori- 
sation de séjour pendant la 
période d'examen de leur cas. A 
ce droit au séjour s’est ajouté le 
droit â des subsides permettant 
de se loger, ss nourrir et s'habil- 
ler. 

Cette pratiqua n’a pas posé de 


problème social et politique 
majeur pendait plus de quarante 
ans ; le nombre des demandeurs 
d’asile politique restait dans des 
limites acceptées par la popula- 
tion et, surtout, dans les années 
d'entrée massive de main-d'œu- 
vre étrangère (entre 1960 et 
1974|, leur « visibilité» n’était 
pas aussi grande qu’elle allait le 
devenir après les grands boule- 
versements de 1989-1990. 

L'année 1992 a été une année 
record d’afflux de demandeurs 
d'asile en Allemagne : 438 000 
ont été enregistrés. A titre da 
comparaison, la France n'a été 
saisie que de 80 000 demandes 
de ce type. 

La montée de l’extrême droite, 
qui a fait de ce thème le centre 
de son discours politique, las 
émeutes qui se sont multipliées 
contre les foyers de demandeurs 
d'asile depuis la fin de l'été 
1992, l'exaspération croissante 
de populations qui voyaient dans 
tous ces Tsiganes, Roumains ou 
Polonais arrivant dans leur pays 
des gens plus désireux de parta- 
ger le gflteau de la prospérité 
ouest-allemande que de fuir une 
réelle persécution politique, ont 
été h l'origine du débat le plus 
passionné de l'histoire de l'Alle- 
magne réunifiée. 

D'un côté, on trouvait les parti- 
sans d’une réforme de la Loi fon- 
damentale, supprimant purement 
et simplement Je passage de l'ar- 
ticle 16 relatif au droit d'asile. 
C'était la position des partis 


conservateurs, la CSU bavaroise 
jouant dans ce domaine un rôle 
de pointe. Mais, comme loiite 
réforme de la Loi fondamentale 
nécessite une majorité des doux 
tiers au Parlement, il fallait que 
l'opposition social-démocrate 
donne son aval à une modifica- 
tion de la législation. 

Un compromis hit trouvé, 
après de nombreuses péripéties, 
pendant l'automne 1992. Le prin- 
cipe du droit d'asile pour les per- 
sécutés politiques ne serait pas 
remis en cause, mais il serait pré- 
ci sé que les demandes ne 
seraient prises en considération 
que si les personnes concernées 
n’avaient pas transité par un 
«pays sûr», c'est-à-dire garantis- 
sant à ses citoyens les libertés 
fondamentales. Cane attitude - 
quelque peu hypocrite si l'on 
considère la position géographi- 
que de l'Allemagne par rapport 
aux principaux pays «fournis- 
seurs de demandeurs d’asile» - 
obfigait le gouvernement de Bonn 
à entamer de difficiles négocia- 
tions avec les pays frontaliers, 
essentiellement la Pologne et la 
République tchèque. Le Parti 
social-démocrate a en effet posé 
comme condition à son accepta- 
tion définitive du «compromis» 
avec la majorité CDU-CSU-FDP la 
conclusion d'accords sur cette 
question avec les pays voisins. 

LUC ROSEN ZWEIG 


un car de Russes dont l’un des 
occupants était mort d’une crise 
cardiaque ; les passagers avaient 
préféré placer le cotps sur- la ban- 
quette arrière et continuer plutôt 
que perdre leur place dans là file 
d'attente -de -plusieurs jours à la 
frontière. "■ 

Les autres migrants* moins 
nombreux, viennent de 
l’ex-Yougoslavie, d’Arménie, de 
Roumanie (Tsiganes pour la plu- 
part), de Bulgarie, ces deux der- 
niers groupes constituant l’essen- 
tiel du contentieux avec 
('Allemagne. Mi les uns ni les 
autres n’ont besoin de visas pour 
entrer en Pologne, mais .très peu 
entendent y rester. Pour eux, 
affirme Tomasz Kozlowski, nia 
Pologne est un pays de transit. Its 
ne demandent pas le statut de réfu- ■ 
gli. car leur destination finale c est 
l’Ouest, et. Us craignent que le 
dépôt d'une demande ici n'anéan- ' 
lisse leurs chances pour l’Occi- 
dent». 

Quatre-vingts 
essais manqués... 

Originaire du Haut-Karabakh, 
qu'il n foi à pied, à travers bois et 
neige, avec sa jeune femme et leur 
bébé de deux mois (ii en a onze 
aujourd'hui), Ovik Sarkissian, 
hébergé au centre de Nadarzyn 
depuis six mois, s'est retrouvé en 
Pologne par hasard, «parce qu’il 
n'avait pas assez d'argent pour 
aller plus loin r. Va-t-il rester? 
Geste évasif. « Ici , dit-il, on peut 
vivre avec peu d'argent, mais il y a 
beaucoup de chômage. » 

Pour tous ces déracinés, l’aspi- 
ration à une nouvelle vie est telle 
que même le spectacle des foyers 
de demandeurs d'asile en feu en 
Allemagne n’est pas dissuasif. . 
«r Lorsqu'ils voient les images à ta 
télévision, ça les impressionne, dit 
Elzbieta Przychoàzèn ; mais, lors- 
qu'on cesse d’en parier. Us 
oublient. •* Cest un Roumain qui 
détient Je record des tentatives de 
passer la frontière allemande,' avec 
quatre-vingts essais.- 

Alors, que faire? Imposer des 
visas pour entrer en Pologne? 
« C’est ce que les pays occidentaux 
voudraient que l'on fasse, sans le 


dire, depuis deux ans , affirme le 
chef du bureau des réfugiés. Mais 
ici, les visas, ça ' nous rappelle de 
mauvais Mipenimnous avions 
cru c6mp^éh8ré n tfui '‘Intendance 
était # rmiverturje.., et piqintenant 
l'ÙcctàenïJiousiatmahiU de lui 
servir de cordon sanitaire I» En 
dépit de la pression du parti chré- 
tien-national ZChN, membre de la 
coalition gouvernementale, le 
ministère des affaires étrangères 
résiste à l’instauration d’un régime 
de visas, auquel il préfère l’intro- 
duction d’un système plus strict 
d’invitations, d’autant plus que la 
liberté de circulation à l'Est pro- 
fite aussi aux minorités polonaises 
(deux millions et demi de per- 
sonnes) de Tex-C/RSS. 

Varsovie, qui plaide pour une 
solution régionale à la migration 
économique, cherche à signer des 
traités de réadmission avec tous 
ses voisins, et tente de coordonner 
sa politique avec Prague, Bratis- 
lava, Vienne, Ijubljana et Buda- 
pest : une réunion des ministres 
de l’intérieur de ces pays est pré- 
vue le 16 mars à Prague. 

Toutes ces recherches de solu- 
tion pourraient cependant être 
bouleversées par une dégradation 
de l’atmosphère en Pologne : l’ac- 
cueil relativement bon réservé au 
début par les Polonais aux étran- 
gers, y compris aux Tsiganes qui 
bivouaquent dans les- gares et (es 
passages souterrains de Varsovie, 
peut changer en fonction de la 
situation économique et de la 
montée du chômage. 

Déjà, la police relève des réac- 
tions négatives dans la population 
à l’égard de f aggravation de la cri- 
minalité. Selon un sondage publié 
la semaine dernière dans Polityka, 
33 % des Polonais souhaitent que 
les réfugiés soient placés dans des 
camps isolés, tandis que seuls 7 % 
voudraient les yoir vivre parmi 
eux. Pourquoi la Pologne serait- 
elle épargnée par les secousses qui 
agitent l'Allemagne? 

SYLVIE KAUFFMANN 


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GAGNEZ UN VOYAGE 1 

DANS L’OUEST AMERICAIN j 


pour deux personnes avec . "J 

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Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 9 


ESPACE EUROPEEN 


Sans domicile fixe à Copenhague 

L'Etat-providence danois, le plus généreux d'Europe, bat de sont 

de plus en plus nombreux alors que lo pression fiscale est très forte 

. . : ««.il HîTiiinK de Donsabi 


COPENHAGUE 


correspondance 


« 


L 


E repos est servi!».- 
Henning, la soixan- 
taine, bat le rappel 
en servant le pot-au- 
. feu à une nuée de 
jeunes agglutinés autour de la cui- 
sine-bar au Sjakket (L'Equipe), Je 
refuge des enfants des rues de 
Copenhague, ouvert jour et nuiL 
pans une vieille épicerie d un 
quartier populaire de Norrcbroe, 
au nord de la capitale., filles et 
garçons de quatorze & vingt-cinq 
ans ont pris place sur des bancs 
noirs rafistolés, autour de tables 
récupérées dans les débarras et 
éclairées par des bougies. Atmo- 
sphère douillette, feutrée, dans ce 
soir d'hiver. Certains jouent aux 
échecs, d’autres lisent les jour- 
naux. Inger seule égrène sa gui- 
tare en attendant son. tour de pas- 
ser & table. 

s Je viens ici pour être avec les 
autres, manger un plat bon mar- 
ché, souvent à l'ail quand je n ai 
i plus d'argent . » Hans, dix-sept 
km ans, foulard autour du cou, est un 
habitué du Sjakket U y vient tous 
les jours avec son Lukke (Bon- 
heur), un chien bâtard qui le suit 
à la trace, * J’ai rompu avec ma 
famille . dit-il- Il y avau trop de 
disputes, de cris, de pleurs. Je suis 
parti de l'école aussi etjai habité 
la rue depuis plus d'un an comme 
des centaines d'autres de mon âge. 
dormi dans les cages d’escaliers, a 
l'entrée des gares fermées ta nuiL 
Heureusement que le refuge a été 
ouvert. Je peux y dormir de temps 


rennes (4S millions de francs) 
pour alléger la misère de ces 
exclus de la société. 

«Je veux me battre toutes 
griffes dehors pour venir en aide a 
ces déshérites », proclame le 
ministre (social-démocrate) des 
a fia ires sociales, Karen Jespereen, 
qui gère le s — 


premier budget de 
l'Ètaf: SO milliards de couronnes 



en temps quanti il y a de la place, 
prendre une douche, parler avec 
les autres». 

Le cas de Hans n'est pas isolé. 
Des centaines de jeunes dans les 
grandes villes danoises sont dans 
la même situation, sans dpmicüe 
fixe et sans pouvoir bénéficier ae 
Taide de TEtat La loi. stipule que 
les enfants, jusqu’à dix-huit ans, 
sont à la charge de leurs parents 
et non de la société. Alors, il ne 
reste plus qu’une chose a faire 
pour survivre : commettre de 
menus larcins, des vols à 1 étalage, 
juste pour -calmer le ventre creux. 

Entre dix-huit 
et trente-cinq ans 

Au Sjakket, Soeren, animateur 
du refuge, est là pour aider « tes 
jeunes à trouver goût à la vie, 


en t993. La moitié de chaque 
couronne versée par les contri- 
buables (qui sont déjà les plus 
imposés de l’Europe communau- 
taire) sert à financer des trans- 
ferts sociaux. 110 milliards de 
couronnes ont été dépensés dans 
des indemnités dé boutés sortes 
aux cat " 
six ans. 

filet qui «. — — *• — - — 

du berceau à la tombe, est en 
train de se déchirer sous le poids 
de plus en plus lourd des assistés. 
Il n’y a plus assez de ressources 
pour subvenir aux besoins des 
citoyens qui sont réellement dans 
la détresse, constatent & l’unisson 
experts des agences pour 1 emploi, 
conseillers sociaux et sociologues. 

Un héritage 
de la prospérité 

La société-providence, bâtie par 
la social -démocratie à la fin des 
années 60, dans une ère de pros- 
périté, qui garantisMtt lebien-etre 
pour tous, s est lézardée. Cette 
vision généreuse, cette solidarité 
sans faille imposée par une, fisca- 
lité douloureuse, bat de 1 aile. La 
loi d’aide sociale a été adoptée le 
13 juin 1974 - les Danois la qna- 

a- - nriitertian 


radio, qui reçoit des dizaines de 
milliers de lettres de détresse de 
Danois dans le besoin, «la toi 
d’aide sociale est devenue une fail- 
lite. Avec autant de chômeurs, 
nous n'avons plus le temps de les 
conseiller, de les guider. On les 
fait juste passer à la caisse, en 
oubliant leurs problèmes qui ne 
sont pas uniquement materiels, 
mais aussi et surtout humains!» 
Dans les communes, les conseil- 
lères sociales sont souvent à bout 
de nerfs, comme à Copenhague, 
où Lotte s’avoue désemparée : 
* Sous avons des personnes qui 
sont de plus en plus agressives, qui 
ne comprennent pas pourquoi on 


npns — 

ronnes (environ 400 francs). par 
enfant, lis affirme ni qu ils nam- 
v€ftl pfl-î a joindre les deux 
bouts.» 


Entre soixante-quinze mille et 
cent mille chômeurs sont dans 
cette situation, sortis trop tôt de 
l’école, sans instruction et n ayant 
aucune chance réelle de s implan- 
ter sur le marché du travail, deve- 
nant des assistés perpétuels, a en 
préretraite à l’âge de trente ans ! X 
se lamente Christian. Les réfugiés 
(environ cinquante mille) sont 
parmi les plus exposés, condam- 
nés à vivre, pour 87 % d entre 
eux, en assisté. «U est peu vrai- 
semblable, avec le chômage actuel, 
qu’ils aient un jour du travail », 
confie Axne Pïel Chnstensen, 
secrétaire général de l’Association 
danoise de l’aide aux réfugiés. 
Les perspectives sont 

. <ic OL Am *nnK 


K riSSiS ef^yantes i»ur 75 % des jeunes 

aï MïiMS 


À mîïïëvolqnures^on^rap- 

• ÏÏSTÏÏ famille et essayer, sur- port d’un institut d’aide sociale à 


améliorer »«•»* — 

police, la famille et essayer, sur- 
tout. de les r amener sur les bancs 
de l'école qu’ils ont quittée trop 
tôt . sans instruction, et qui n ont 
comme seule perspective que de 
devenir des perdants et des panas 
de la société». . 

Entre dix mille et vingt mille 
Danois, dans un royaume de cinq 
millions d’habitants, sont hjem- 
loes\ c’est-à-dire sans domicile 
fixe. Un triste record dans un 
royaume qui s’est tomoure enor- 
gueilli d’être un modèle d Etat- 
providence. Et leur nombre aug- 
mente de jour en jour.. Les autori- 
tés danoises s en inquiètent d au- 
tant que les SDF ne sont plus, 
comme par le passé, des ajcooli- 
oues quadragénaires, mais des 
jeunes entre dix-huit et trente - 
cinq ans, issus de familles déchi- 
rées. victimes du chômage, de 
troubles psychiques, de 1 alcool et 
de la drogue. Le Parlement a 
décidé, en décembre dernier, de 
débloquer 50 millions de cou- 


sociaie au mutin* », » --- 

que où le Danemark avait trente 
et un mille chômeurs. Aujour- . 
d’hui, le royaume en compte 
dix fois plus, soit un niveau 
jamais atteint depuis la crise des 
années 30. 

(r Notre pays n’est pas du tout 
préparé à tant de chômeurs », 
constate le ministre des affaires 
sociales. La législation d assis- 
tance sociale doit être profondé- 
ment transformée si Ton veut pre- 
server & l’avenir une société de 
bien-être qui coûte, tout compris, 
quelque 180 milliards de cou- 
ronnes. En dépit de cette somme 
record, de plus en plus de 
citoyens passent à travers .les 
mailles du filet de la sécurité, 
secourus par- quelque quatre cents 
organisations privées et deux cent 
aille volontaires, selon un. rap s - 


pori 
Odense. 

Pour Hanne Reintoft,. anima- 
trice d’une émission sociale a la 


qui ont reçu une aide publique 
pendant une courte ou une longue 
période avant d'atteindre TSge de 
vingt-six ans. Bii^itte SimoMen, 
sociologue à l'université de Ros- 
kilde, auteur d’une enquête sur la 
jeunesse, constate e que le système 
social transforme cette catégorie 
de la population en assistés 
sociaux, criant une altitude nou- 
velle par rapport au travail. J ai 
Interrogé une centaine de jeunes et 
beaucoup d'entre eux _ sont 
convaincus que le travail n est pas 
une condition pour une bonne ne. 
L'Etat leur permet Me survivre, et 

la vie peut être vécue de beaucoup 
de manières, pensent-ils». 

Ce sentiment est partagé par la 
commission des affaires sociales 
qui a publié, à l’automne dernier, 
un volumineux rapport a ce sujeL 
«De plus en plus de jeunes comp- 
tent sur la manne providentielle 
des pouvoirs publics comme une 
source normale de revenu. Celte 
mentalité ne favorise guere la res- 


ponsabilité de subvenir soi-meme 
à ses besoins ou encore à ceux de 
sa famille», affirme le rapport. 
Cette loi d’aide sociale rend les 
gens passifs, créant un groupe de 
chômeurs à vie, reconnaît Aase 
Olesen, présidente de cette com- 
mission et ancien ministre des 
affaires sociales. « La particularité 
de notre Etat providence est qu il 
est financé par la fiscalité et que 
tous les citoyens ont droit a la 
même assistance quel que soit le 
montant des impôts qu'ils paient. 
C’est sa plus grande qualité, mais 
aussi son plus grand défaut, car 
les citoyens n'ont pas /"impression 
que ce qu’ils reçoivent coûte cher. 
La plupart des autres pays 
bâtissent leur bien-être social sur 
le rapport entre le nombre d an- 
nées passées sur le marché du tra- 
vail et les droits à la sécurité 
sociale. » 

Un système 
qui incite aux abus 

Un système trop généreux pour 
certains et qui incite aux abus : 
«Je gagne plus en restant a la 
maison près de mon enfant qu en 
allant travailler au supermarche», 
constate Lene, vingt-cinq ans, qui 
gagne environ 9 000 francs par 
mois et qui en recevra presque 
autant de la caisse d’allocation 
chômage. Pour d'autres, comme 
pour Jens, cadre de banque licen- 
cié, «c'est une catastrophe», car il 
faudra vendre maison, bateau, 
voiture et vivre misérablement en 
espérant un jour retrouver du tra- 
vail. 


Malaise macédonien 

Malgré b surenchère nationaliste, le premier ministre grec 
se dit prêt à accepter un compromis 

ATHENES 


« 




de notre envoyé spécial 

OUS sommes détermi- 
nés à accepter la 
décision de la com- 
mission d'arbitrage 
_ — des Nations unies. » 

En affirmant ainsi que la Grèce sc 
soumettra « obligatoirement » a la 
résolution de l'ONU sur la recon- 
naissance de Pex-république you- 
goslave de Macédoine, M. Constan- 
tin Mitsotakis, premier ministre 
grec, cherche de toute évidence a 
sortir son pays de V «impasse», 
malgré les attaques que lui vaut 
cette altitude au sein de son propre 
parti. L’opinion publique grecque, 
chauffée pendant des mois par a 
surenchère nationaliste à laquelle 
se sont livrés les partis sur la ques- 
tion de la Macédoine, reste 
extrêmement fébrile, et certains 
membres du parti de M. Mitsotakis 
(la Nouvelle Démocratie) comme 
M. Antonis Sa ma ras, ancien minis- 
tre des affaires étrangères limogé 
en avril 1992, n’entendent pas 
renoncer à cette mobilisation. 

M Mitsotakis est conscient du 
sérieux malaise social qulengcn- 
drent dans le pays les difficultés 
économiques, et qui trouve un exu- 
toire dans la fièvre nationaliste. 
Son but est de régler le contentieux 
macédonien, au moins d en réduire 
la charge émotionnelle actuelle, 
avant la prochaine échéance électo- 
rale. Pour « sortir de l’impasse», i] 
compte beaucoup sur la sondante 
des Etats membres de la CEE, 
notamment de la France, afin que 
les «arbitres» - qu’il espère être 


Quelque 70 % des Danois inter- 
rogés dans un récent sondage pen- 
sent pourtant que les plus nches 
profitent de ce système social 
généreux, et 52 % estiment que ce 
système est archaïque et doit cire 
réformé. Mais le Danemark pour- 
ra-t-ïl continuer sur cette voie 
avec la montée du chômage 
(11,6 % de la population active) 
et un déficit budgétaire de 
50 milliards de couronnes en 
1993. i 

Le premier ministre social- 
démocrate Poul Nyrup Rasmus- 
sen (arrivé au pouvoir le 25 jan- 
vier) devra faire face à un vén ta- 
ble défi : préserver la société de 
bien-être qui coûte de plus en 
plus cher à une période ou les 
Danois sont de moins en moins 
disposés à la financer par une 
nouvelle hausse des impôts, qui 
ont déjà atteint un seuil intoléra- 
ble pour beaucoup. ( Intérim ) 


U» - -r- 

M. Cyrus Vance et lord Owen - 

produisent «une proposition finale» 
qui lui permette de se dégager de 
manière honorable. 

Aujourd’hui, M. Mitsotakis sou- 
haiterait pouvoir revenir un an en 
arrière : «A ce moment-là, Skopje 
était prête à accepter le nom de 
Macédoine du Nord a Muta te 
autres conditions que posait laLt c., 
mais la Grèce refusait le principe 
d'une dénomination mixte. » Autant 
dire qu’il regrette amèrement 1 in- 
transigeance die l’époque et qu il 
serait prêt à accepter que la nou- 
velle république comporte le nom 
«Macédoine», avec une adjonc- 
tion. «Très probablement la déci- 
sion des médiateurs sera une Jor- 
mule de compromis » du type de 
« Macédoine du Nord», çstimc-t-il. 
Sa préférence va vers la «Macé- 
doine slave», mais sans doute a-t-ii 
conscience que M. Gligorov ne peut 
accepter cet adjectif alors que la 
population de Macédoine est com- 
posée d’au moins 20 % d Albanais 


et que le gouvernement de Skopje 
comporte cinq membres de cette 
communauté. 

Ccst en s’appuyant sur des docu- 
menis produits par les extrémistes 
slaves de Macédoine que les Gros 
- de l’homme de la rue qui parle 
des « Yougas», aux hommes d af- 
faires, en passant par les autorités - 
dénoncent les « visées expansion- 
nistes» de la Constitution macédo- 
nienne. Ainsi M. Michalis Papa- 
konstantinou, ministre des affaires 
étrangères, déploie une carte qui 
inclut à l’intérieur de frontières 
communes Skopje, la Macédoine 
grecque, une partie de la Bulgarie et 
de l’Albanie (région des lacs) et 
affirme que «c’est la carte uttlisee 
dans les écoles » de la nouvelle 
république. 

Des symboles 
provocateurs 

M. Mitsotakis se montre plus 
prudcnL sur ce point, tout en affir- 
mant : « La Grèce ne conteste pas 
cet Etat, mais son nom et son com- 
portement font problème. » « En 
outre, ajoutc-t-il, sa Constitution 
doit être changée ainsi que ses sym- 
boles qui sont une provocation pour 
les Grecs.» «Enfin, conclut-il, 
Skopje doit cesser sa propagande 
inamicale envers mon pays. » 

L’étoile à seize rayons (emblème 
de la dynastie macédonienne) qui 
figure sur le drapeau rouge de la 
Macédoine met les Grecs hors 
d'eux. En guise de réplique, des 
pîn’s représentant le soleil de Phi- 
lippe Il et d’Alexandre le Grand 
fleurissent dans les magasins 
d’Athènes et de Salonique avec 1 ex- 
plication suivante : «La Macedoine 
est et sera grecque pendant trois 
mille ans encore ; ceci est un fait his- 
torique indiscutable.» La colère de 
beaucoup de Grecs va au-dcla du 
voisin immédiat du nord. 11 nest 
pas rare d’entendre réclamer des 
mesures de boycottage contre les 
produits venant du. Danemark et de 
l'Italie depuis que leurs dirigeants 
ont critiqué la position dans 
laquelle les Grecs se sont enfermés. 

Les milieux gouvernementaux 
jugent «stupide» cette revendica- 
tion. En revanche, M. Mitsotakis 
menace d’interdire à nouveau les 
échanges commerciaux (en augmen- 
tation de 30 % en up an) entre 
Salonique et Skopje si la capitale 
macédonienne continue d’accuser 
la Grèce de violer l’embargo contre 
les Serbes. 


MARCEL SCOTTO 


Centre d’essai 

___ Du 4 au 21 mars 


MONDEO 


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Edrtô par la SARL La Monde 
Comité de direction : 

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Rédacteurs en chef : 

Robert Solé 

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venez faire l’essai privilégie de MONDEO 

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10 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •• 



POLITIQUE 


iUi. 


D'UNE RÉGION A L'AUTRE 


Pays de la Loire : le fief de la droite conservatrice 

Le RPR tente de réduire l’influence de l’UDF 
et la gauche s’efforce de sauver ses bastions traditionnels 


MANTES 

de notre envoyée spéciale 

1993, curieux pied de nez de l'his- 
toire dans (es Pays de la Loire. L’an- 
née des législatives coïncidera ici 
avec le bicentenaire du mythe Fonda- 
teur - le seul ? - de l'unité régio- 
nale : les soulèvements de 1793 con- 
tre la République, insurrection 
vendéenne au sud de la Loire, 
chouannerie au nord. Héritage com- 
mun aux cinq départements des 
Pays de la Loire (Loire-Atlantique, 
Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et 
Vendée), ces événements ont soudé 
les populations dans un conserva- 
tisme qui ne s'est guère démenti jus- 
qu'à nos jours. Hégémonique, la 
droite compte depuis 1988 vingt- 
trois députés sur les trente de la 
région. 

De tous temps minoritaires, les 
socialistes sont menacés dans au 
moins deux des sept circonscriptions 
qu'ils détiennent depuis les dernières 
législatives. Deux cents ans après la 
révolte antirépublicaine de 1793, les 
élections de 1993 consacreront la 
permanence de ce fief conservateur 
de l'Ouest, comme si évolutions 
sociales et économiques passaient 
sur ces contrées sans provoquer de 
mutation politique. 


Immobilisme 

politique 


Face h ce conservatisme, l’enjeu 
de 1993 est double : résistance de la 
gauche dans ses bastions tradition- 
nels, offensive du RPR contre la 
domination de l'UDF qui accapare 
quinze des vingt-trois sièges de 
droite. 

La permanence du paysage poli- 
tique se lit tout au long de la litanie 
des députés sortants de droite, 
immuables candidats, immuables 
réélus à chaque consultation. La 


des députés sortants de droite, 
immuables candidats, immuables 
réélus à chaque consultation. La 
Mayenne, le Maine-et-Loire, cer- 
taines circonscriptions de Sarthe, de 
Vendée ou de Loire-Atlantique en 
offrent des exemples caricaturaux. 
Au point que, dans ces régions, 
même les quelques personnalités 
marquantes de gauche - comme 
MM. André Pinçon, Claude Leblanc, 
Jean Monnier, respectivement 
maires de Laval, Mayenne et Angers 
- s'abstiennent de se présenter, tant 
le scrutin majoritaire ne leur laisse 
aucune chance. Seule la proportion- 
nelle de 1986 a permis aux socia- 
listes de placer deux députés (sur 
sept) dans le Maine-et-Loire et un 
(sur trois) en Mayenne. 

Depuis, le calme est retombé sur 
les campagnes. En Maine-et-Loire, 
M"* Roselyne Bachelot-Narquin 
(RPR) qui a succédé à son père 


en 1988, MM. Hubert Grimaolt, 
Edmond Alphandéry, Jean Bégault, 
Maurice Ltgpt, Hervé de Charette et 
Marc Laffîneur, tous UDF, peuvent 
se présenter en toute quiétude 
devant leurs électeurs, avec la béné- 
diction conjointe de l'UDF et du 
RPR. De même en Mayenne, 
MM. François d’Aubert (UDF), 
Henri de Gastines (RPR) et Roger 
Lestas (UDF). En pleine vague rose 
de 198], ces trois députés furent réé- 
lus au premier tour. 

Peuvent aussi faire preuve de la 
même tranquillité d’esprit : en Ven- 
dée, MM. Jean-Luc Préel, Philippe 
Mestre et Philippe de Villiers, 
député le mieux élu de France en 
1988 (74 % des voix), tous UDF: en 
Sarthe, MM. Gérard Chasseguet et 
François Fillon, tous deux RPR; 
enfin, en Loire-Atlantique, 
M“ Monique Papon (UDF) et Eli- 
sabeth Hubert (RPR) - deux élues 
de 1986 -, MM. Edouard Laodrain 
(UDF) et Olivier Guichard (RPR), 
députe depuis 1967. 

L’immuabilité du personnel poli- 
tique gagne même les candidats mal- 
heureux. Ainsi, M. Etienne Garnier 
(RPR) se présente pour la ênième 
fois - pour la dernière, dit-il - con- 
tre M. Claude Evin, député sortant 
socialiste de la circonscription de 
Saint-Nazaire en LoireAtlantique. 

Dans ce contexte morne, quel* 

S ucs-uns font dissidence à peu de 
rais. Histoire parfois de montrer 
leur impatience vis-à-vis«de vieux 
élus qui tardent à décrocher ou pour 
négocier une investiture dans la pers- 
pective de futures élections. Parmi 
ceux-ci : M. Pierre Hellier, UDF, 
dans la circonscription de M. Chas- 
seguet en Sarthe; ML Michel Scheer, 
conseiller général et régional UDF 
dans la circonscription de M. Roger 
Lestas en Mayenne; MM. Jean- 
Pierre Pohu,.d#ns la circonscription 
de M Jean Bégault, et Jean-Chartes 
Taugoordeau dans celle de 
M. Alphandéry, tous deux en Maine- 
et-Loire, classés divers droite, mais 
se disant proches du RPR. 


Le BPR 
contestataire 


Un tel immobilisme, selon 
M. Jean Renard, professeur i f uni- 
versité de Nantes, s’explique par le 
pouvoir des notables. « La profonde 
connivence entre le notable et le 
milieu Ait Que, dans l'Ouest, il est au 
cœur du maintien et de la perma- 
nence de A cane électorale, puisque 
son râle principal est de faire que 
rien ne change, si ce n'est sous sa 
houlette et avec son accord», écrit-il 
dans Géopolitiques des régions fran- 
çaises, soulignant, dans les zones 


rurales, qui constituent près de 60 % 
du territoire de la région, (de poids 
combiné de la grande propriété, du 
château et de la cure». 

Un poids incarné par tes notables 
UDF, descendants de famijles 
nobles, propriétaires terriens, élus 
locaux de pire en fils ou d’onde en 


locaux de pire en fils ou d’onde en 
neveu, et fidèles gardiens du conser- 
vatisme. Certains jeunes députés du 
RPR, comme M. François Fillon 
dans la Sarthe ou M •» Elisabeth 
Hubert dans la Loire-Atlantique, 
supportent mal cette hérédité f tire 
encadré), eux qui se veulent porteurs 
des valeurs dTine droite moderne, 


des valeurs d une droite moderne, 
ouverte et dynamique. 

M. Fillon a mé dans les bran- 
cards. eu partant, il y a un au, à 
l’assaut de la présidence du conseil 
général de la Sarthe, dévolue en 
principe à un UDF, le sénateur 
Roland du Luart (Le Monde du 
U mars 1992). Depuis, les tiraille- 
ments subsistent entre UDF et RPR 
dans 1e département 

D’autant que M. Fillon a mani- 
festement la volonté d’y consolider 
son influence (le RPR compte déjà 
deux députés sarthois). L'existence 
de primaires systématiques dans tes 
trois circonscriptions sarthoises dont 
le député sortant est un socialiste en 
est la preuve. *(t nous faut des éùu 
pour faire le poids face à l'UDF», 
affirme sans ambages M. Fillon, qui 
pense aussi aux municipales. En ten- 
tant de faire barrage aux socialistes 
en 1993, te RPR entend s’ouvrir la 
route vers la conquête des mairies 
du Mans et de La Flèche en 1995. 

M“ Hi yabeth Hubert aurait bien 
aimé qu’en Loire-Atlantique l’oppo- 
sition fesse preuve d’un peu plus de 
démocratie, en provoquant des pri- 
maires sur les trois circonscriptions 
des députés sortants socialistes. 

Las! Ici, il ne faut pas faire de 
vagues. La connivence entre Je pré- 
sident de la région des Pays* de la 
Loire, M. Olivier Guichard, député 
sortant RPR, maire de La Baulë, et 
le président UDF du conseilgénéral 
de Loire-Atlantique, M. Cnaries- 
Henri de Cossé-Brissac, empêche 
toute velléité de changement. 

Résultat : alors que trois primaires 
étaient envisagées, d ont deux sur des 
circonscriptions socialistes, il n’en 
reste désormais plus qu'une, sur la 
orcoascriptiou du pays de Retz, où 
M. Lucien Richard, RPR, député 
depuis 1962, ne se représente pas. 

Cela dit, même sans passe 
d'armes, le RPR sera le grand vain- 
queur de ces élections en Loire-At- 
lantique. Il a, d'ores et déjà, ravi 
deux des quatre circonscriptions à 
l'UDF : celle de Châteaubnant, où 
l'UDF Xavier Hunault, député 
depuis 1962. cède la place à son fils, 
M. Michel Hunault, RPR, et celle du 
Vignoble, où ['UDF Joseph-Henri 
Maujoüan dn Gasset, député depuis 
1967, passe la main au RPR Serge 


Sarthe : châtelains et roturiers 


LE LU DE 

de notre envoyée spéciale 

* Louis- Jean, c’est un sang- 
bleu. mais qui aime bien le petit 
rouge....» Celui qui rapporte en 
riant - et avec l’accent du terroir 
- ce propos d’un agriculteur du 
coin n’est autre que... Louis-Jean 
de Nicolay, quarante- trois ans, 
candidat UDF dans la troisième 
circonscription de la Sarthe dont 
le député sortant est le socialiste 
Guy-Michel Chauveau. 

Sa candidature a l’air de le 
mettre en joie, ce jeudi 
25 février, alors qu’il déjeune au 
milieu de sas pairs, en l’abbaye 
cistercienne de l'Epau, près du 
Mans, siège du conseil général da 
la Sanhe. Comme s'il ne la pre- 
nait pas au sérieux. Et pourtant 
c’est bien lui que M. Giscard 
d’Estaîng est venu soutenir la 
veilla ai serrant des mains sur le 
marché de La Flèche, à l’occasion 
de la traditionnelle Foire des cen- 
dres. 

Sa candidature n'a, après tout, 
rien d'exceptionnel dans cette 
province de la vallée du Loir. 
Dans la Sarthe comme dans les 
autres départements des Pays de 
la Loire, 3 est coutumier de voir 
un représentant de l’aristocratie 
locale, propriétaire d'un château 
dans le canton qu’il représente, 
briguer un mandat que ses 
ancêtres ont déjà exercé. 


Une tradition dont «Louis- 
Jeans se passerait peut-être 
bien, lui qui fait remarquer qu’on 
ne lu donne pas du «Monsieur le 
comte», qu'3 n'est pas maire de 
son vidage et qu'il dirige une 
société de courtage an réassu- 
rance. 

H n'en est pas moins châtelain 
du Lude, célèbre pour son son et 
lumière, premier spectacle du 
genre en France, bien avant que 
le Vendéen Philippe de Vüfiers ne 
lui chipe la vedette avec son 
spectacle du Puy-du-Fou. 
Châtelain et héritier d'une longue 
lignée de maires, conseillers 
généreux, sénateurs... On ne se 
défait pas si facilement du poids 
du passé, at son comité de sou- 
tien - qui compte nombre de 
consa/Eers généraux à particule - 
est là pour le lui rappeler. 

Tout comme M. François Fillon, 
député RPR, maire de Sablé et 
président du conseil général de 1 a 
Sarthe, grand pourfendeur de 
«cas notables qui se transmet- 
tent leurs mandats électifs 
comme des charges hérédi- 
taires». Tout le contraire de 
l'image de la droite moderne qu'3 
souhaite donner. Aussi est-ce 
sans états d'âme qu’il soutient la 
candidature d'un RPR de trente- 
sept ans, M. Antoine Joly, face à 
celle de M. de Nicolay. 

«La Sarthe a besoin d'hommes 
nouveaux», proclame M. Fillon, 


sur les affiches électorales de 
M. Joly. Avec quelque humour, 
puisque M. Jofy se fait facilement 
taxer de * parachuté», par ses 
concurrents de gauche comme 
de droite. Il est revenu en effet 
depuis deux ans dans son dépar- 
tement d'origine où ses parents 
étaient commerçants et ses 
grands-parents exploitants agri- 
coles. 

Sa candidature n'a guère plu à 
l'UOF, qui considérait la troisième 
circonscription de la Sarthe 
comme sa chasse gardée. Sous 
prétexte que le dernier député de 
droite battu aux législatives 
de 1981 par le socialiste Guy-Mi- 
chel Chauveau était UDF et que 
le WR n'était plus présent depuis 
une vingtaine d’années. 

S’il reconnaît sa «jeunesse» 
sur le terrain électoral, M. Joly 
compte en faire un atout : cJe 
suis celui qui incarne le plus te 
renouveSemanL » Son manque de 
notoriété ne peut cependant être 
qu’un handicap face à M. Chau- 
veau, député depuis 1981 et qui 
plus est maire de La Flèche 
depuis 1989. Mais M. Joly ne 
manque pas d’ambition : il a déjà 
les yeux rivés sur les munidpafes 
de 1995. 



Poignant, tout en restant son sup- 
pléant 

En Vendée, en revanche, 1e RPR a 
eu tontes les peines du monde à 
conserver la circonscription des 
Sabtes-d’OIonne sous sa bannière, 
alors que le député sortant RPR, 
M. Pierre Mauger, ne se représentait 
pas. Au terme de tractations hou- 
leuses, son prévisible successeur, 
M. Louis Guedon, maire des Sables, 
bénéficiant de l’investiture unique de 
l’opposition, mais plutôt en cour à 
l’UDF, siégera dans la prochaine 
Assemblée au banc du RPR. 


La résk 


Face à ces vastes espaces de 
droite, la gauche se réfugie dans 
quelques' îlots, agglomérations 
urbaines et ou vnères (Saint-Nazaire, 
banlieues de Nantes, Le Mans, Tnf- 
lazé— ) et vieilles terres rurales répu- 
blicaines (sud de la Vendée et sud- 
est de la Sarthe). Bien qu’elle ait 
réussi des percées en conquérant des 
villes au fil des municipales de 1977, 
1983 et 1989, elle reste isolée. Ce 
qui lui évitera peut-être de connaître 
le grand reflux annoncé dans d’au- 
tres régions. 

Dans les grandes consultations 
nationales, seules la Loire-Atlantique 
et b Sarthe donnent aux socialistes 
des scores équivalents ou supérieurs 
à la moyenne nationale. La conquête 
de la ville de Nantes en 1989 leur a 
permis, en Loire-Atlantique, de 
compter un deuxième sénateur en 
1992 (contre trois à la droite) et 
deux sièges de plus au conseil gêné- 
raL Aux cantonales de 1992, les 
socialistes n’obtiennent que quatorze 
carions sur rensçmblc des Pays fie 
là Loire alors que la droite en 
emporte quatre-vingt-huit. 

Des sept sièges socialistes de 1988 

S : étaient onze en 1986), quels sont 
plus menacés? 

En Vendée, 1e retrait de M. Pierre 
Métais, directeur d’école « tran- 
quille* élu de la circonscription de 
Fontenay-le-Comte depuis 1981, 
mettra te PS en difficulté. Bien que 
dans une région de tradition rèjïubfi- 
came (mais où la gauche n’avait plus 
eu de député depuis 1951), le candi- 
dat socialiste Jean-Claude Reznaud, 
conseiller général de Fontenay 
depuis 1988, aura du mai à s’impo- 
ser. Militant socialiste de fraîche 
date (depuis 1989), rocardien, ayant, 
refuse 1 alliance avec les commu- 
nistes aux municipales rte 1989 - ce 
qui lui a valu de rater la mairie de 
quelques voix, - il aura à faire lace à 
M. JoS Sariot, UDF de la mouvance 
de Villiers, un vétérinaire «qui passe 
bien», conseiller général depuis 1985 
et bénéficiant du soutien d une sup- 
pléante adjointe au maire RPR de 
Fontenay-fe-Corate. 

Les six autres circonscriptions 
socialistes voient leurs détenteurs se 
représenter : trois dans la Sarthe, 
trois en Loire-Atlantique. 

En 1988, la Sarthe avait provoqué 
la suiprise en élisant trois députés 
socialistes alors que la majorité avait 
toujours appartenu à (a droite. Le 
plus fragile risque d’être M. Jean- 
Claude Boulard, élu pour la pre- 
mière fois fl y a cinq ans avec une 
majorité de 50,46% m 521 voix 
d’avance. Dans 1e contexte actuel, sa 
situation est périlleuse. Bien 
implanté dans la partie rurale de sa 
circonscription, gui comprend aussi 
un secteur urbain, peu déstabilisé 
personnellement par l'effet des 
«affaires» de financement du PS qui 


ont éclaté d’abord au Mans, le plus 
grand danger viendra pour lui de la 
personnalité de son adversaire, 
M. Pierre Gascher, ancien député 
gaulliste du lieu, écarté en 1986 par 
le RPR' pour ses positions néo-calé- 
doniennnes «non conformes». H 
bénéficie de l’investiture du RPR 
national et d’une très bonne, cote 
personnelle. 

Les deux autres députés socia- 
listes, élus depuis 1981, ont moins 
de motifs d’inquiétude. M. Ray- 
mond Douyère, dans une circons- 
cription taillée pour la gauche, ne 
retrouvera pas ses scores de 1988, 
surtout en raison de la présence de 
L’écologiste Jean-François Faquin 
(Génération Ecologie). Quant & 
M. Guy-Michel Chauveau, sa posi- 
tion de maire de La Flèche devrait 
compenser Les inconvénients d’une 
primaire i droite. 

En Loire-Atlantique, les trois 
députés socialistes sont élus de cir- 
conscriptions trop ancrées à gauche 
pour réellement être mis en périL 
MM. Jacques Fîoch et Jean-Marc 
Ayrault, comptent sur leur action de 
maire, l'un de Rézé, l'autre de 
Nantes - a un travail de toute l'an- 
née» - comme meilleur atout dans 
Leur campagne. 

M. Claude Evin, élu de Saint-Na- 
zaire, n’a pas cet avantage. Mais son 
expérience cuisante lors de la par- 
tielle de septembre 1991 - il était 
revenu devant les électeurs après 
avoir été ministre de la santé de 
M. Rocard - est peut-être son meil- 
leur antidote. Confronté à un très 
fort taux d’abstention (plus de 60%) 
et à l’impopularité due à ses 
anciennes fonctions ministérielles, il 
avait récupéré son siège de justesse, 
daim un bastion pourtant de gauche. 
Il en. av.air tiré la leçon qu’il lui 
fallait assurer a 1 présence sur te ter- 
rain. Ce qu*»I n’a . cessé de faire 
dépars. 

Jouent .aussi en sa -faveur la per- 
sonnalité de son éternel challenger, 
M. Etienne Garnier, qu’il a toujours 
battu, la multiplicité des candida- 
tures» qui prive M. Gilles Deaigot. 
écologiste, leader des dockers, célè- 
bre pour sa dissidence vis-à-vis de la 
Fédération CGT des ports et docks, 
et te Vert JoQ Gicquiaud (qui avait 
recueilli 10 % des voix en 
septembre 1991) de scores significa- 
tif. S’A ne compte ni sur 1e soutien 
du maire socialiste de Saint-Nazaire, 
M. Joël Bat eux, un fidèle de 
M. Chevènement, ni sur celui des 
communistes, M. Evin, n’a pas d’in- 
quiétude excessive. En 1988, avec 
67,28 % des voix au second tour, il 
avait réalisé le treizième meilleur 
score des députés socialistes. Et la 
commande de deux paquebots, 
annoncée le 1“ mars par 1e gouver- 
nement français, rend sa situation 
plus confortable dans une région où 
le taux de chômage atteint 18 %. 

CLAIRE BLANDIN 

► Nous avons déjà analysé la 
préparation des élections légis- 
latives dans le limousin, en 
Alsace, en Languedoc- Roussil- 
lon. en Bourgogne, en Auvergne, 
en Bretagne, dans le Centre, en 
Champagne-Ardenne, en Corse, 
en Haut»-Nom»ndie, en Basse- 
Normandie. en Poitou-Cha- 
ventss, en Rhône-Alpes, en Lor- 
raine, en Provence-Alpes-Côte 
d’Azur, en Aquitaine et dans le 
Nord- Pas-de-Galafs (Je Monde 
des 3, 4, 5, 6, 10, 13, IB, 18, 
19. 23, 24, 26. 27 lévrier, 2, 3. 
4 et 5 mars). 


PROJET 


Débats sur Maastricht , politiques sociales, vie associa- 
tive, éducation .- partout se cherchent de nouveaux 
rapports entre Etat et société. 

CITOYEN, EN QUEL ÉTAT ? 

Avec, entre autres : 

J. Donzelot, A. Renaut, R. von Ttaadden, P. Thibaut!, 

A. Touraine, P. Vive ret, M. Wïervioriia... 

En vente dans les grandes librairies 




PROPOS 
ET DÉBATS 

M. BAUD1S (CDS) 

Eviter le piège 

Dans l'éditorial du journal du CDS 
Démocratie moderne, M. Dominique 
Baudis s'interroge sur l'opportunité 
d'une nouvelle cohabitation. «La 
course effrénée aux mervquhs, sous 
Ig regard narquois de François Mrfter- 
rand, constitue-t-elle la bonne 
réponse, b plus efficace et la pins 
digne ? se demande le président exé- 
cutif du CDS. A quelques sommes 
d'un scrutin décisif pour l'avenir de 
notre pays, les responsables de l’op- 
position ne devrrnem-Bs pas sa repo- 
ser ensemble b question de b coha- 
bitation avec François Mitterrand. 
S'il s se dispensaient de carte 
réflexion ultime, face à /'attitude si 
hostib et si provocatrice de Françob 
Mitterrand, bs états-majors de IUDF 
et du RPR commettraient peut-être 
une lourde erreur et courraient le ris- 
que de se couper du sentiment pro- 
fond de bue électorat J'ai b convic- 
tion que nous pouvons éviter le 
piège, dans HntérSt de b France, à 
condition de b vouloir tous ensem- 
ble, avec calme et fermeté.» 

M. JUPPÉ (RPR) 

Les généraux sortent 
de leur rôle 

M. Alan Juppé, secrétaire général 
du RPR. s'en est pris, jeudi 4 mars, à 
Chaponnay (Rhône), aux f généraux 
d'état-mÿor», qu’il a accusés de 
«faire des déclarations poétiques» en 
évaluant ie coût d'une armée de 
métier dont son parti a préconisé 
l'institution (b Monde du 4 mars). 

a Les généraux, a expliqué 
M. Jappé, commencent à dire que 
bs propositions de l'opposition ne 
sont pas convenables. Ce n'est pas 
bur rôte, et ce n'est pas dans b 
tradition de l'armée. Les officiers 
généraux, ne -sont pas ,, b pour être 
des comptables., Dim. que b profes- 
.. stormBsatkyi -de J'armée de terre 
coûtera 25 nffiaiùs de francs sup- 
plémentaire, c'est de l'Intox. La 
question est désamorcé qui est bon 
par b défense de b France. B est 
possible que cela coûte plus cher, 
mais, sic'eat nécessaire. pour nom 
défense, B faut te faire.» 

ML Juppé faisait alàision à des pro- 
pos du général Yves Crene, sous- 
chef d'état-major da l'année de tarie, 
qui - an réponse à des questions de 
journalistes au cours d'un petit-déjeu- 
ner de presse consacré à Ja 
«maquette 1997» de son armée -a 
estimé que le coût, sur sept ans. du 
passage à une aimée de cent quatre- 
vingt mSa professionnels se situerait 
entre 20 miBartis et 35 mHards de 
francs. 

[Le règeaeat de discipline générai*, u 
rigsesr dans les armées, et les instruc- 
tions d'application çd ont «M, imptï- 
«nt tpt lesmflicairra ea activité respec- 
tent des obligations de discrétion 
profenhùiicUe et de Bestialité. Mais, 
dûs le tas présent, le général Crue n’a 
dindgaf aucun stent, » && «me polé- 
mique. Ea effet, toutes tes douées flou- 
dires faH s «Tancées sont dan le 
domaine public, et rites Mt même été 
(tentes, à pbriems reprises, m rappor- 
teurs des coaraJssloiu parlementaires. 
M. FîUoa, tri-même, s’ea est hqrirè dans 
■es nopals. - J. L) 

m. smtuk 

(grand rabbin de France) 

Pas de *me juif», mais... 

Interrogé par l'hebdomadaire Tri- 
bune juive en date du 4 mars, 
M, Joseph Sltrok, grand rabbin de 
France, se déclare t surpris par b 
tentative de séduction de ta com- 
munauté Juive». Pour lui, «en dehors 
de certaines circonscriptions où B y 
a une forte population juive et un 
poids électoral certain, te «vota Juif» 
n'existe pas». 

Le grand rabbin entend, cepen- 
dant, ma nifester Vrrunanimitô» de la 
communauté juive sur certains 
points comme «b lutte contre b 
racisme. V antisémitisme et b xéno- 
phobie et b soutien à Israël». (I 
ajoute : ■■« Un candidat qui ne les 
défendrait pas ne pourrait pas s'atth 
I rar b sympathie de b communauté. 
Ce qui devrait bina pencher b 
balance m faveur de tel ou tel can- 
didat. c'est aussi /'attention qu'il 
portera aux problèmes spécifiques 
de b communauté : le développe- 
ment de l'école privée et une légbb- 
tktn plus ouverte qui permette la 
Sberté de otite an termes pka expS- 
dtes. Noos voùbns être de bons 
Français et de bons juBéi» 




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Le Monde • Samedi 6 mars 1993 1 1 


POLITIQUE 


"H les élections législatives 


Les assises du RPR vont tenter de masquer 
les divergences liées au traité de Maastricht 


A deux semaines du premier 
tour des élections législatives, le 
RPR réunît ses assises natio- 
nales, dimanche 7 mars au 
Bourget (Seine-Saint- Dente}, où 
trente mille à quarante mille 
militants sont attendus. Alors 
que subsistent d'importantes 
divergences entre ceux qui ont 
appelé à voter pour le traité de 
Maastricht et ceux qui s'y sont 
opposés, ce rassemblement a 
pour but dans l'esprit de la 
direction, de montrer l'unité et 
la mobilisation du mouvement 
néo-gaulliste. 

Au soir du 7 mars, M. Jacques 
Chirac sera toujours président. Au 
terme des assises nationales du RPR. 
Q aura été triomphalement réélu à la 
présidence du mouvement qu’il a 
fondé le 5 décembre 1976, après la 
brutale rupture d’une cohabitation 
houleuse de deux ans avec M. Valéry 
Giscard «fEstaing. Beaucoup moins 
bien disposé à l’égard de l’Europe 
qu’il ne Test aujourd’hui, l’ancien pre- 
mier ministre devait même accuser, 
dans son appel de Cochin du 
6 décembre 1978, le président de la 
République en titre d’être un repré- 
sentant du «parti de ('étranger». Dix- 
sept ans après, M Chirac, partisan de 
Maastricht, dirige toujours un parti 
qui est profondément anti-maastrï- 
düen mais qui, néanmoins, considère 
son chef comme le meilleur candidat 
de la droite dans la course à l’Elysée. 
Les sondages aussi. La programma- 


tion de cet avenir présidentiel expli- 
que le refus du maire de Paris de se 
présenter comme un hypothétique 
premier ministre d’une «troisième» 
cohabitation. Ce rôle est tenu par 
M. Edouard Balladur, dont le RPR 
voudrait bien qu’il devienne, pour 
M. François Mitterrand, une solution 
indiscutable au lendemain du second 
tour des législatives, le 28 mars. 

L’indépendance 
de la Banque de France 

Paradoxalement, f ancien ministre 
de l’économie et êtes finances, mis au 
repos ces derniers jotas mais présent 
aux assises, n’est pas prévu comme 
orateur {le Monde du 4 mars). Ce 
choix, et la décision symétrique de ne 
pas intégrer M. Philippe Séguin parmi 
les intervenants, est attribué à l'in- 
fluence de M. Alain Juppé. Le secré- 
taire général du RPR mit remarquer 
que cette réunion de l’instance 
suprême du parti néo-gaulliste se 
déroule sur un seul jour et empêche, 
par son caractère un peu exceptionnel, 
une inflation de discours. D’où la 
décision de limiter à quatre les inter- 
ventions de « poids lourds » 
'(MM. Chirac et Juppé, ainsi que les 
présidents des deux groupes parle- 
mentaires, MM. Charles Pasqua et 
Bernard Pons\ en dehors de la pré- 
sentation individuelle des candidats et 
de la description de la charte pour 
renvironnement par MM. Alain Cari- 
gnon, Michel Barnier « Jacques Ver- 
nier. 

Dans ce moment de mobilisation 
intense où elle veut, avant trait, don- 
ner une image unitaire, la direction 


tdu RPR ne souhaitait surtout pas 
[courir le risque, à quinze jours des 
législatives, de laisser transparaître un 
soupçon de divergence. Crainte qui 
peut sembler un peu vaine dans la 1 
mesure où l’on voit mal comment 
M. Séguin aurait pu prétendre «casser 
la baraque» devant une assemblée 
aussi euphorique. Mais la décision 
tient pour beaucoup à rin compté tor- 
sion tenace qui règne entre 
MM. Juppé et Séguin. Le premier 
n’a-t-il pas dénonce, jeudi 4 mars à 
Lyon, «le discours démobilisateur » de 
ceux qui «se bornent à promettre du 
sang, de ta sueur et des larmes »? 
Pensait-il, très Toit au second? 

Ce dernier est soupçonné par l’état 
major du RPR, pas complètement à 
tort, de se considérer périodiquement 
comme mal aimé par M. Chirac. Et 
de vouloir jouer une carte personnelle 
présidentielle. Compte tenu du rap- 
port de forces interne, cette dernière 
ambition, pour l’immédiat, serait sui- 
cidaire. Même s’il est incontestable 
que M. Séguin ne partage pas cer- 
taines propositions essentielles de la 
pblerome de fUPF et qu’il ne cesse, 
implicitement, dans cette campagne, 
de mettre en garde la future majorité 
sur l'application rigide d'une politique 
balladurienne appuyée par des cen- 
tristes pro-Maastncbt, k maire d’Epi- 


nal ne peut que «coDér» à M. Chirac. 
Et si, a un moment donné, il appa- 
raissait comme un recours, cela ne 
pourrait être qu’aux côtés, et non pas 
contre, le président du RPR-candidat 
à PElysée. 

Dans cette difficle gestion du dia- 
logue, M. Pons a des idées très 
arrêtées. Et très fermes. Le prérident 


du groupe RPR de l'Assemblée natio- 
nale devrait conduire une attaque 
frontale contre le président de la 
République, insistant notamment sur 
le fait que, après le 28 mais, une 
« lecture parlementaire» de l'article 20 
de (a Constitution - celui-ci stipule 
que le gouvernement détermine et 
conduit la politique de la nation - 
s'imposera à M. Mitterrand. Partisan 
du passage rapide de l'alternance par- 
lementaire à l’alternance présiden- 
tielle, M. Pons considère que «ta 
moindre discorde, la moindre finisse 
note et le moindre fractionnisme ne 
sont plus tolérables ». Il se fait fort de 
faire entrer les récalcitrants dans le 
rang. Cest évidemment M. Séguin 
qui est visé par cette menace de 
matraquage «SU n’est pas d'accord. U 
n'a qu’à fiire campagne avec Tartam- 
pion ou les écologistes », estime 
M. Pons, qui (raine un vieux conten- 
tieux avec Je- député des Vosges: Celle 
approche donne une idée de la teneur 
du «dialogue]» qui va inévitablement 
s’ouvrir sur une des premières 
mesures que compte prendre la future 
majorité : l’indépendance de la Ban- 
que de France. M. Chirac a récem- 
ment rappelé sa nécessité, alors que 
M. Séguin y est farouchement opposé. 
«Le débat sur la ratification du traité 
de Maastricht a révélé en notre sein 
des divergences tactiques mais n’a pas 
provoqué de cassure durable », écrit 
M. Juppé dans le rapport de synthèse 
qui devrait être adopté aux assises. 
L’avenir n'est écrit nul part. 

OLIVIER B1FFAUD 


POINT DE VUE 


La guerre n’aura pas lieu 


par Michel Charzat 


m JBfCHEC ROCARD est venu; B 
lyi a parié; B arété entendu 
ITI <4 «b$ ~bârigi* cfc projet 
résolument modème que les socia- 
listes avaient adopté, en 
décembre 1991, est enfin devenu 
audible. 

Nous n’avons pas su jusqu'à pré- 
sent concrétiser cet aggrormmento. 
B est vrai que tous les socaCstes ne 
s'étaient pas impliqués autant que 
Michel Rocard dans l'élaboration, 
tnhabituefement ouverte, du projet. 
Puis, lorsque Laurent Fabàis a sou- 
haité prolonger cette mise à jour 
idéologique par un congrès de réno- 
vation, la rigidité du système des 
courants l’en a empêché. 

Aujourd'hui, te chance de Michel 
Rocard, cette des sodaistes, est de 
pouvoir concevoir un nouveau com- 
mencement sans déchirement. Ras- 
semblés sur tes objectifs ' et la 
méthode, les socialistes ne cultive- 
ront pas d'artificieuses querelles 
doctrinales : la guerre des Anciens 
et des Modernes n'aura donc pas 
fieu. , 


Depujs te congrès de l'Arche, les 
socialistes font ta même analyse de 
te mondiafisaton de f économie et du 
débat Ss savent que nous abordons 
un nouvel âge de la démocratie, 
post-totalitaire ; ils veulent promou- 
voir leurs valeurs, par l'action collec- 
tive, au seai de ta nouvelle «société 
des individus:». Ils reconnaissent l'ef- 
ficacité de l'économie de marché 
mais affirment que C8«e-d peut don- 
ner (e jour à des conceptions 
concurrentes du bien commun. Leur 
raison d'être consista à réintroduire 
la délibération politique dans les 
zonas inexplorées du marché : édu- 
cation, culture, services pubScs. sau- 
vegarde de f environna ment. 

Abandonnant les vieilles illusions 
du «tout politique» et du «tout éco- 
nomique», les socialistes, d'une 
même voix, ont fait de l’invention 
démocratique te principe régulateur 
de leur action. D'où l’importance 
qu'ils accordent wx conditions éthi- 
ques, juridiques et poétiques permet- 
tant une discussion réglée. D’où éga- 
lement cette conception plus 


modeste de la politique dont on 
retrouve l’écho dans la campagne 
électorale des candidats sodafistes 
fondée sur f écoute, ta proximité et 
te contrat. 

U est désormais possible de pré- 
parer 1a suite sur la base de cette 
approche commune à tous les socia- 
listes. Le pari raisonné de Michel 
Rocard rencontre l'intuition de ta ptu- 
part des responsables de ta gauche, 
particulièrement cette de Pierre Béré- 
govoy. 

La gauche a su - hier - maintenir 
vivace ta mémoire des souffrances 
et des luttes du passé tout en susci- 
tant une poésie de r avenir. Demain 
{'édification, à jamais inachevée, 
d'une République moderne peut être 
l'ambition du virtuel parti du mouve- 
ment : la gauche, les écologistes, les 
progressistes. De nouvelles formes 
de représentation, de nouveaux 
acteurs collectifs seront requis. Mais 
les partis poürfquea demeureront te 
cœur du dispositif démocratique, 
dès lors qu'ils auront su adapter leur 
organisation è leurs missions : édu- 


quer pour la défibération, formuler 
les propositions centrales entre ies- 
queüeç; les citoyens ont à choisir. 

Pour avoir agi, au moment où ce 
n’était pss à la mode, an fevair du 
dépassement des courants, je pense 
pouvoir m’adresser aux responsa- 
bles socialistes. Réussissons notre 
révolution euhurette sans révolution 
de palais I Conduisons sereinement 
1a transmutation du parti d’Epinay 
dans le respect que nous nous 
devons, construisons avec de nou- 
velles forces, d’autres concours, un 
objet pofitique porteur de l'exigence 
démocratique I 

MoubDons pas ce que nous avons 
fait, ensemble, depuis 1981 et ce 
qui nous resta à accomplir I C'est la 
condition de fa renaissance de ta 


te Michel Charzat, député de 
Paris, est membre du secréta- 
riat national du PS, chargé du 
programme et des études. >1 a 
été le principal rédacteur du 
«projet» adopté par (e PS en 
décembre 1991, a Un nouvel 
horizon». 


Chef de file des Nouveaux Ecologistes 

M. ManoveUi se dit victime 
d’un « complot médiatique » 


Le PS sanctionne une cinquantaine 
de candidats dissidents 


M. Bernard ManoveUi. chef de 
'file des Nouveaux Ecologistes du 
rassemblement nature et animaux, 
qui présente des candidats dans 
toute la France (le Monde du 
2 mars), s’est dit, mercredi 3 mars, 
victime d’un «complot - médiati- 
que» visant à le présenter, fui et 
son mouvement, comme étant 
d’extrême droite. Pour sa part, le 
Front national a précisé qu’il «n'a 
jamais entretenu la moindre rela- 
tion» avec ce conseiller général 
(divers droite) des Bouches-du- 
Rhône présenté par le parti lepé- 
niste comme e maître d’aitvre de 


LÉGISLATIVES 

Demandez 
le programme 


l'opération politicienne des Nou- 
veaux Ecologistes » et soupçonné 
de « rouler pour une quelconque for- 
mation politique ». 

M. Antoine Wacchter, porte- pa- 
role des Verts, avait reproché, 
mardi, à M. Manovelli d’associer 
«te mot écologie à des idées 
d’extrême droite». Pour leur part, 
les deux principales associations de 
défense des animaux, la SPA et 
WWF-France (Fonds mondial de la 
nature), ont condamné la démarche 
politique de cet avocat marseillais, 
en affirmant que la défense des 
animaux doit faire partie du pro- 
gramme de tous les partis. 

Exclu du mouvement gaulliste à 
deux reprises, en 1973 et en 1983, 

fondateur de « Marseille-sécurité», 
association destinée è * libérer » la 
ville « des politiciens et des 
voyous», et d’un comité pour le 
rétablissement de la peine de mort, 
M. Manovelli, qui se prétend apoli- 
tique, traita M. Robert Badinter, 
en 1984, de «ministre des cra- 
pules», un propos que 1e conseil de 
Tordre des avocate de Marseille se 
contenus de juger «inqualifiable ». 
M. Manovelli a été condamné pour 
fraude électorale. 


Le bureau exécutif du Parti socia- 
liste a constaté, mercredi 3 mars, 
qu’une cinquantaine de membres 
du PS s’étaient « mis d'eux-mêmes 
hors du parti» en se présentant aux 
élections législatives contre les can- 
didats officiellement désignés. Qua- 
tre députés sortants figurent sur 
cette liste : M. Michel Suchod. 
proche de M. Jean-Pierre Chcvène- 
i ment, non réinvesti par les mili- 
tants du PS dans la deuxième cir- 
conscription de la Dordogne; 

1 M. Gérard Saumade, président du 
i conseil généra) de l'Hérault, qui dis- 
pute i M. Georges Frflehe, maire de 
Montpellier, la quatrième circons- 
' cription du département, dans 
I laquelle le maire se représente; 
M. André Bellon, président de fa 
1 commission des affaires étrangères 
, de l’Assemblée sortante, qui a 
décidé dé solliciter le rcnouvellc- 
1 ment de sou mandat dans la 
! deuxième circonscription des Alpcs- 
, de-Haute- Provence; M. Jacques 
Lavédrine. dans la quatrième du 
Puy-de-ÇXâme. 

M. Chevènement lui-mèmc a été 
régulièrement investi par les mili- 
tants du Territoire de Belfort, de 
même que les autres députés sor- 
tants de son courant. Socialisme et 
République, à l’exception de 
M. Suchod, Cependant, le Mouve- 
ment des citoyens, créé par l'ancien 
ministre de la défense, présente des 


candidats contre ceux du PS dans 
une cinquantaine de circonscrip- 
tions dont le député sortant n'est 
pas socialiste. Ceux d’entre eux qui 
sont membres du PS ont été décla- 
rés «auto-exclus», ce qui est le cas, 
notamment, de deux membres du 
comité directeur, M. Didier Mot- 
cbane, ancien député européen, can- 
didat dans la première circonscrip- 
tion de Paris, et Catherine 
Coutard, adjoint au maire de Saint- 
Denis, candidate dans la huitième 
circonscription de (a Seine-Saint- 
Denis. M. Jean-Luc Laurent, qui 
siège au bureau exécutif 3u titre du 
courant Socialisme et République, a 
voté contre ces décisions, en expri- 
mant le regret que «les règles du 
parti soient appliquées quand cela 
arrange ». 

□ M. de Charette (UDF) refase 
eue « co habitation de combat». - 
M. Hervé de Charette (UDF) s’est 
déclaré opposé, jeudi 4 mars 
sur RTL, à une «cohabitation de 
combat» et a appelé M. Mitterrand 
à ne pas mettre de «bâtons dans 
les roues» de la nouvelle majorité. 
«Je n’iral pas soutenir ou participer 
à une action dont la caractéristique 
principale serait la guerre entre le 
premier ministre ou le gouverne- 
ment et le chef de l'exécutif ». a 


QUEUE HISTOIRE i 

C ’ÉTAIT le rêve de ma 
vie : faire les marchés sur 
les talons d'un candidat à 
{'Assemblée nationale. Ça y 
est. ta I J'ai passé deux jours è 
Valence avec Roger Léron, 
socialiste bon teint. Le Palais- 
Bourbon, il en vient, ]J est 
député de la Drôme depuis 
1988. Pourquoi lui, plutôt 
qu'un autre? Parce qu'H nous a 
écrit en râlant : Au lieu de débi- 
ner la classe politique, la 
presse ferait mieux de valoriser 
fe travail d’un parlementaire de 
base. Prenez-moi, 
moi, j'ai été rap- 
porteur de plu- _ 

sieurs projets de / s\ 

loi, dont celui con- </ (J 
tre le bruit, mais « 
ça, personne n'en À r* 
parte- Ut fil 

Je l'ai donc pris 
en marche, ce 
père de trois 
enfants, veuf, quarante-huit 
ans, cheveux drus et blancs, 
solide, sympa, séduisant, qui 
promène sa compétence au 
quotidien, c'est le titre de son 
journal de campagne distribué 
- «Vous l’avez pas reçu? 
Tiens, comment ça se fait?» - 
entre les ôtais d'un marché 
tout neuf, celui de Fontbar- 
tertes. une ZUP à forte popula- 
tion maghrébine, au nord de la 
vffle. 

Sa ville. R fa connaît, pensez, 
ça va faire quinze ans qu'il est 
adjoint au maire. On s'arrête. 


Jours 
de marché 


PAR CLAUDE SARRAUTE 

sans frontières, qu' est-ce qu'ils 
en pensent? Rien. Sinon que 
ça va arriver de partout 1 Quoi, 
ça? Les étrangers. Déjà qu'on 
est obligés d'inscrire nos 
gamins dans des écoles pri- 
vées pour pas les forcer à 
apprendre le turc pendant 
les heures de classe... Imper- 
turbable, Roger Léron en 
appelle à leur sens du devoir et 
de la solidarité : SI on veut 
résoudre le problème de l'im- 
migration. faut développer 
l'aide aux pays d'origine... 

Vous croyez 7 
Dites donc, ça me 
fait penser, ma 
«un taxe d'habitation 
tf i j est plus élevée 

y que celle du voi- 
ivnltn sin, il n'y a pas de 
llLllt raisonl Et les pou- 
belles, quelle idée 
de tes ramasser è 
7 heures du matin, 
ça nous réveille I 
Le lendemain, rebelote. 11 a 
invité à déjeuner dans un res- 
taurant du centre-ville un cer- 
tain nombre de commerçants. 
Là, il insiste sur son rôle de 
législateur. Un député, c'est 
pas une assistante sociale. Je 
m'attendais à ce que ces 
déçus de la politique lui parient 
argent, l'argent sale qui a écla- 
boussé le règne de Mitterrand. 
Pas du toutl R a faUu qu'il les 
leur balance lui-même à la 
figure, avec une vigoureuse 
indignation, ces affaires de 







on serre des mains : Alors, ça 
marche, les affaires? Non? 
Faut patienter... La reprise, 
Maastricht... Ouais, ben, en 
attendant, m'sieur la premier 
adjoint, faudrait voir è installer 
des toilettes publiques parce 
que, là. Iss mecs, ils vont pis- 
ser sur les roues de nos 
camionnettes, il a dit oui è 
Maastricht. Roger Léron. C'est 
son dada. Mais chaque fois 
qu'il essaye de l'enfourcher, il 
se ramasse. 

Les préaux d'école, les 
grands meetings, fini, ça. ter- 
miné. On quadrfile, on discute. 
La veilie au soir, rencontre 
autour du pot, donné par un 
couple de ses amis, avec des 
habitants du quartier. Des gens 
ouverts, souriants, terre à 
terre : Qu’est-ce que vous pou- 
vez foire contre le chômage? 
Cesser d’automatiser è tout 
prix et multiplier les petits bou- 
lots, genre pompiste, gardien 
da parking ou d'immeuble. Ça 
tombe bien, R y en a un, là. Il 
approuve. La responsable d'un 
cabinet d'expertise-comptable 
est plus sceptique : Vu les 
paperasseries, les difficultés 
d’embauche, pourquoi se cre- 
ver au boulot quand on peut 
toucher les Assedic, ça n’ira 
pas loin. Alors quoi? 

Augmenter les allocations 
familiales, ça permettrait aux 
femmes de rester chez elles ou 
de confier leurs gosses à une 
assistante maternelle... Oui, 
ben justement, elles rament, 
les nourrices agréées, il n'y en 
a plus que pour celles qui bos- 
sent au noir... Quant à partager 
le temps de travail et ta masse 
salariale, va pour les jeunes et 
las vieux. Les quadras. surtout 
les cadres, très peu pour eux! 

Et Maastricht, et l'Europe 

indiqué le délégué général des 
Clubs perspectives et réalités. 

□ M. Georges Vedel jsge «ssugre- 
aae» l’idée d'abroger l'article 16. - 
M. Georges Vedel, président du 
comité consultatif pour la révision 
de (a Constitution, déclare dans un 
entretien au quotidien la Croix-l’E- 
vènemem daté du samedi 6 mars 
« se perdre en conjectures sur les 
rauons qui ont inspiré» au prési- 
dent de la République « l’idée sau- 
grenue de proposer la suppression 


crotte : Je refuse l'amalgame 
avec celles de la droite. Là, 
vous poussez, monsieur le | 
député I Je regrette, la gauche 
avait le monopole de la vertu, 
elle aurait dû le garder. D’ail- 
leurs quand, fin 92, son parti 
s’ast ravisé, refusant de tra- 
duire Fabius. Hervé et Dufoix 
devant la Haute Cour, il a pro- 
testé. Publiquement. 

- Même que ça m'a valu de 
passer au 20 heures sur 
France 2, rare honneur... U a un 
sourire doux-amer au volant de 
sa R 21. On va prendre un 
dernier verra chez lui, salon de 
cuir blanc entre terrasse et jar- 
din. A moi d'y aller de mes 
questions : Ses parents? Il ne 
les a pas connus. Orphelin au 
berceau. 

Elevé par son grand frère. 
Boursier. Oui. il en a bavé. 
Non, ce n’est pas par ambition 
qu’il s'est engagé dans la lutte, 
c'est pour améliorer te sort des 
gens. 

- Et votre sort à vous ? Avec 
neuf candidats pour un seul 
fauteuil de député, vous ris- 
quez de les perdre, ces élec- 
tions. Qu'est-ce qui vous res- 
tera pour vivre? 

- Mon salaire de conseiller 
régional. 1 5 000 F par mois. 
Celui d'adjoint au maire, je n’y 
touche pas, je le reverse à la 
caisse des élus. 

- Faudrait songer à chercher 
du travail, non? Si encore vous 
étiez fonctionnaire, vous 
retrouveriez un poste dans 
('administration, mais là... 

- Laissez-moi eu moins jus- 
qu'au 29 mars. Moi, je me ver- 
rais bien dans l’opposition. 
Sinon, qui sait avec un peu de 
chance, je pourrais peut-être 
foire concierge au Patais-Bour- 
bonl 

de l’article 16» de la Constitution. 
M. Vedel a en outre estimé, ven- 
dredi 5 mars, sur Europe 1, qu’une 
réforme de la Constitution telle 
qu’elle est proposée par le comité 
consultatif et qui serait votée par 
la nouvelle Assemblée «n'aurait 
pas d’effet sur le début de la cohabi- 
tation » maïs « sur la suite » dans la 
mesure où, selon lui. «une majo- 
rité, avec (es possibilités nouvelles 
données au Parlement, aurait plus 
d'influence ». 





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12 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 • 


L’AFFAIRE DES 


Le premier ministre et « le Monde » demandent une enquête 



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i * 




Malgré un silence persistant au sommet de l’Etat, 
une ligne de défense est en coars d’élaboration après les 
révélations de Libération sur les écoutes téléphoniques 
dont a été victime, à son domicile, au m ini m u m en fin 
1985 et au début 1986, notre collaborateur Edwy PleaeL 
U est désormais établi qu’une écoute a bien été réalisée 
sur la ligne privée d'un journaliste par des fonctionnaires 
de l’Etat, détachés à la présidence de la République, 
dans le cadre de leurs fonctions officielles au sein de la 
«cellule» animée par M. Christian' Prouteau à l'Elysée. 
U est même probable que ce ne fol pas la seule, d’autres 
journalistes ainsi que des avocats - et notamment 
M* Antoine Comte, avocat des Irlandais de Vincennes - 
ayant la conviction qu’ils ont, eux aussi, été écoutés par 
lé hommes de la «cellule». 

Ce constat pourrait suffire à susciter une réprobation 
unanime. Mais, au vu des décryptages d’écoutes obtenus 
par Libération, une contre-attaque se dessine dans les 
hautes sphères du pouvoir : il ne s’agirait pas d’une 


administrative, réalisée sur le contingent de vingt 
Avait k afScküanait attribué i la «cefinle» entre 1982 
et 1986, d’une éawre «sauvage», ce qui accrédite- 



comptes-rendus publiés par Libération ont été traites et 
mis en mémoire sur Je système informatique de la 
«cellule» de l’Elysée, à partir des décryptages fournis 
par le Groupement interministériel de contrôle (GIC). 

En effet, si les fiches d’écoutes publiées ne ressem- 
blent aucuneme nt à celles produites ordinairement par le 
GIC (qui sont, te plus souvent, manuscrites), ptusems 
rtérafk «mt conformes aux habitudes de ce groupement 
qui dépend du premier ministre : le tampon «Source 
secrète», utilisé quand ü s’agit d’une écoute particulières 
ment sensible qui ac doit pas circuler; FutilSafiûa d’un 
pseudonyme («Benet») pour désigner la personne écou- 
tée; enfin, le minutage précis, qui suppose rutifisation 


d’un compteur, des conversations. Q finit espérer que ces 
questions seront clarifiées par f enquête de la commis- 
sion nationale de contrôle des interceptions de sécurité, 
demandée par le premier ministre, M. Pierre Bérégovoy. 
Au nom du Monde et cTEdwy Plaid, M° Yves Bauddot 
a saisi, vendredi 5 mars, M. Paul Bouchet, président de 
cette commission, en lui demandant «de mener tes 
investigations qui s'imposent pour rechercher dans quelles 
conditions et sur l'initiative de qui il a été placé sous 
écoute » et «de rechercher la date à laquelle ont com- 
mencé ces écoutes, étant précisé que, si d/es se poursui- 
vent actuellement, U importe de savoir sur ordre de qui, et 
dans quel cadre Juridique ». 

Dans sa requête, M» Bauddot souligne que les docu- 
ments révélés par Libération e sont rédigés suivant un 
plan immuable qui fait successivement apparaître : Edwy 
Picod sous un nom de code, le nom de son interlocuteur, 
le nom des personnes citées au cours de la conversation, 
le nom des organismes cités : [Inventaire des sujets traités 


et un résumé des passages de la conversation qui sont 
apparus importants au transaipteur». « Un - tel esprit de 
système, condut-3, permet de penser que les écoutes n’ont 
pas été limitées à la période de temps évoquée par 
Libération.» 

Parallèlement, M* Baudelot, au nom du directeur du 
Monde et dTEdwy Plend, et M» Michel Laval, au nom de 
Nicole Lapterre, compagne de notre coflabontteur, dépo- 
seront, 8 mars, des plainte» contre X avec consti- 
tution de pairie dvik destinées à provoquer f ouverture 
d’ope information j udiciair e. La Société des rédacteurs 
dn Monde, qui a notamment pour vocation de détendre 
tes moraux des journalistes du Monde, en parti- 

culier leur indépendance' et leur liberté, a décidé de 
participer aux procédures engagées. Elle a chargé 
M* Jean Martin de se constituer partie civile en son 
nom. . 

ALAIN GIRAUOO 


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«Nous voulons éviter l’enterrement du dossier» 

nous déclare M. Paul Bouchet, président de la Commission de contrôle des interceptions de sécurité 




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Egalement à la tête de la Com- 
mission nationale consultative des 
droits de l'homme, le conseiller 
d’Etat Paul Bouchet, ancien 
bâtonnier de Lyon, préside la 
Commission nationale de contrôle 
des interceptions de sécurité. 
Chargée de surveiller la légalité 
des écoutes demandées par le 
gouvernement, cette commission 
créée par la loi du 10 juiBet 1991 
relative au secret des correspon- 
dances émises per voie de télé- 
communications est composée du 
député (PS} François Massât et du 
sénateur (Union centriste) Jacques 
Gotëet. 


a Comment apprédèz-vous te s 
écoutes opérées au domkSe cfun 
journaliste 7 

- Graves lorsqu’elles touchent 
n’importe quel citoyen, les atteintes 
au secret des communications le 
sont encore plus quand clics visent 
des professions «sensibles». Les 
journalistes et les avocats peuvent 
légitimement prétendre i une pro- 
tection particulière au titre du secret 
professionnel. Il n’est pas question 
qu’un journaliste se cache derrière 
sa carte de presse pour appartenir à 
un réseau de terroristes ou de trafic 
d’armes. Mais ce n’est évidemment 
pas le sujet : si les pouvoirs mettent 
sur écoutes des journalistes 
enquêtant sur de telles affaires, c’est 
pour connaître leurs sources d’infor- 
mation. 

» Depuis la loi de 1991, nous exi- 
geons que les services policiers et 
militaires demandant une écoute 
précisent la profession de la per- 
sonne concernée. L'an passé, nous 
avons refusé que soit mise sur 
écoutes une ligne installée dans un 
logement qui, appartenant à un jour- 
naliste, était occupé par une autre 
personne. Avant là loi, il n’y avait 


théoriquement que le contrôle 
interne exercé per le premier minis- 
tre, à ses appréciations discrétion- 
naires. 

- A première vue, les comptes- 
rendus des écoutes opérées cher 
Edwy Pierre l vous semblent-ils 
cordonnes i la réglementation or, 
vigueur en 1986? 

- A l’époque concernée, les 
écoutes demandées par les autorités 
gouvernementales devaient être éta- 
blies en conformité avec la décision 
«très secret» n a 1E prise en 
mars 1960 par le premier ministre 
Michel Debré. Elles auraient donc 
dû être centralisées au Groupement 
interministériel de contrôle (le GIQ, 
dont le commandant actuel était 
déjà en poste en 1985. Par ailleurs, 
il ne serait pas incompréhensible 
que le président de la République, 
chef des années, ait pu demander 
des écoutes sur le contingent du 
ministre de la défense. Mais la règle 
fixée per la circulaire Debré ne pré- 
voyait aucune exception : la 
demande du président de la Répu- 
blique devait être visée par le minis- 
tre de la défense et passer par le 
GIC. Enfin, ce serait aller vite en 
besogne de considérer que la cote 
de mars I960 aurait permis d’écou- 
ter un journaliste. 


Les micros 

du « Canard enchaîné » 


» S’agissant du cas d’Edwy Ple- 
ad, si tes faits sont établis ex sans 
préjuger de l’enquête, les comptes- 
rendus d’écoutes publiés dans la 
presse ne paraissent pas correspon- 
dre à (a présentation actuelle des 
documents émanant du GIC. On 
peut aussi envisager f éventualité de 
synthèses de comptes-rendus 
d’écoutes réalisées au GIC, à la 
demande du ministre de l’intérieur 


ou de son homologue de la défense : 
un policier ou un militaire aurait 
alors pu venir an GIC, à supposer 
qu’il ait été habilité au secret-dé- 
fense, afin d’avoir un accès direct 

aDX 

» Reste enfin l'éventualité d’un 
centre d’écoutes installé ailleurs 
qu’au GIC par une équipe éiyséenne 
qui s’est déjà fait connaître en n’hé- 
sitant pas à apporter des aimes au 
domicile des «Irlandais de Vïn- 


cennes» pour constituer de fausses 
preuves. L’hypothèse, que vous avez 
évoquée dans vos colonnes, d’un 
centre autonome de traitement 
informatique des écoutes & l’Elysée 
reste également à vérifier. Dès 
qu’elle sera saisie du dossier, la com- 
mission examinera ces diverses 
hypothèses, consultera tous les docu- 
ments disponibles, interrogera tes 
témoins et vérifiera les dispositifs 
utilisés. 


• - Ne redoutez-vous pas que 
l’on vous mette des bétons dans 
les roues ? 

- Quelle que soit l'explication à 
laquelle nous arriverons, nous vou- 
ions avant tout éviter te style d'en- 
terrement auquel avait eu droit r af- 
faire des micros du Canard 
enchaîné, le genre de dossier où l'on 
essaie de gagner du temps pour arri- 
ver à un non-lieu de résignation. Le 
dossier d'Edwy Pienel est béni, ou 


maudit comme vous voudrez, pour 
notre commission qui vent réveiller 
la conscience publique. Cette affaire 
ne se serait jamais , produite ri la loi 
du 10 juillet 1991 avait été créée 
plus tôt, ainsi que te préconisait dès 
1982 le rapport Schmelck. Cest 
l’intérêt bien compris de l'Etat de 
liquider ee type de pratiques inad- 
missibles.» 

recueflfts par 
ICH INCIYAN 



Zflf exaises de la majorité 

AL Bernard Poignant , député 
(PS) du Finistère, a adressé à 
notre cofeborareur Edwy Phnd 
b lettre suivante ; 

Monsieur, je ne vous connais 
pas. Vous ne me connaissez 
pas. Je lis vos articles. Parfois, 
9s m'irritent, mais je sais que la 
recherche de la vérité guide 
votre plume. Parfois, vous vous 
trompez ou vous êtes trompé, 
mais vous rectifiez. Dans les 
affaires judiciaires, le secret de 
l'instruction prend avec vous de 
sérieux coups, au moins indirec- 
tement; la présomption d’inno- 
cence aussi, dans la foulée. 

Vous l'avez compris, je ne 
suis pas un tncondhiormei de 
vos articles. 

Mais, là, c'est trop J Si tout 
cela est vrai, je ne peux l'ad- 
mettre. II y a une chose fon- 
damentale qui sépare la gauche 
de la droite : une certaine dis- 
tance avec le pouvoir, môme 
quand on l'exerce, et tout n’est 
pas permis; une certaine dis-' 
tance avec l'argent, môme 
quand on l'approche ou le fré- 
quente. 

Député socialiste du Finistère, 
maire de Quimper, comme 
beaucoup de mes cotôguea fen 
apprends tous les jours. Je 
tiens seulement b vous dire que 
je comprends et approuve votre 
réaction. 

Je ne sais si quelqu'un d'au- 
tre le fera, mais je vous pré- 
sente les excuses de la majorité 
à laquelle j'appartiens. 


Les reactions 

□ M. Bérégovoy : le premier minis- 
tre a annonce, jeudi 4 mats, au coure 
(Tua déplacement à Charievilto-Mé- 
zières (Ardennes), qu’il avait 
demandé à la commission de 
contrôle des interceptions de sécurité 
créée en 1991 l’ouverture d’une 
enquête pour vérifier les informa- 
tions de Libération, afin « que la 
lumière soit faite sur ce sujet-là». Au 
cours de son point de presse hebdo- 
madaire du jeudi matin, M. Bérégo- 
voy avait dit condamner les écoutes 
téléphoniques qui ne sont pas « léga- 
lement autorisées». «Il y a là-dessus, 
a-t-il dédoré, une loi qu’il faut res- 
pecter. La loi n’existait pas à cette 
époque (en 19861- 1* n’ai pas d’autres 
informations sur le sujet qui a été 
évoqué mais les écoutes, comme les 
investigations dans la vie privée de 
qui que ce soit, ne peuvent que ren- 
contrer mon opposition la plus for- 
melle.» 

□ M. Rocard : l’ancien premier 
ministre a jugé, jeudi 4 mars, sur 
France 3, « moralement scandaleux 
démocratiquement inacceptable et 
techniquement idiot » te recoure à des 
écoutes clandestines et il s'est déclaré 
«fier» d’avoir été à l'origine de la loi 
qui y a mis un tenue, sdou lui. 

□ M. Pasqua, président du poupe 
RPR au Sénat : «Lorsque nous étions 
au gouvernement, il ne nous serait 
pas venu à l’Idée une seule minute de 
faire écouler un journaliste. Je 
constate que chaque ministre de Un- 
teneur qui arrive annule les écoutes 
téléphoniques, ce qui signifie qu'entre- 
temps dus ont été rétablies.» 

a M_ Charles Mffloa, président do 
groupe UDF à f Assemblée nationale : 
«Ces écoutes sont la plus récente 
manifestation de l'immoralité soda- . 
liste. Les socialistes auront vraiment > 
fait l’inverse de tout ce qu'ils avaient f 
promis . C’est un scandale moral» , 





. ■ - 


CITROËN 





• Le Monde m Samedi 6 mars 1993 13 


ÉCOUTES TÉLÉPHONIQUES 


Le président et le « prototype » Prouteau 


*Ja su/s obligé do vous dire 
que J'ai la plus grande estime, 
que J'aime beaucoup le colonel 
Prouteau, qui est mon coSabom- 
teur et qui le reste, que j’ai 
pleine confiance en lui. Songez 
que c'est quand môme un 
homme extraordinaire I (...) Les 
Français, ils apprendront à res- 
pecter et à aimer le cafoneJ Prou- 
teau qui est pour moi le proto- 
type de ce que notre armée peut 
produire. Je l'estime désinté- 
ressé et Je fais confiance è son 
courage et à son sens de la 
vérité.» La 17 septembre 1987, 
peu de temps après l'inculpation 
de M. Christian Prouteau dans 
l'instruction sur le «montage» de 
l’affaire des irlandais de Vln- 
cennes, M. François Mitterrand 
n’hésitait pas b prendre publique- 
ment (a défense, sur TF 1, de cet 
officier devenu, depuis l'été 
1982, l’un de ses proches 
conseillers. 

La confiance du président de 
ia République à l’égard de celui 
qui fut. de 1982 à 1988, l'initia- 
teur et le responsable en titre de 
ta «ceHute» de l'Elysée ne s'est 
jamais démentie. Promu préfet 
malgré son inculpation, M. Prou- 
teau quitte ta présidence en sep- 
tembre 1988 pour prendre en 
charge ia sécurité des Jeux 
olympiques d'hiver d'Albertville 
de 1992. Mais, en septembre 


1991, 'ri est condamné en pre- 
mière instance & quinze mois de 
prison avec sursis pour compli- 
cité de subornation de témoins 
dans l'affaire des Irlandais, le 
jugement estimant établie sa par- 
ticipation «dans l'élaboration des 
mensonges destinés à couvrir 
les irrégularités». Une peine 
semblable à celle infligée au 
commandant Jean-Michel Beau 
dont le tribunal estimait qu’il 
avait obéi aux ordres. Le 15 jan- 
vier 1992, M. Prouteau est 
relaxé en appel, conformément 
aux réquisitions du parquet. A 
l'inverse, le commandant Beau 
avait droit en appel à une 
condamnation à un an avec sur- 
iris et 6 000 francs d'amende. 

«Confiance totale 
entre les deux hommes» 

Depuis, le préfet Prouteau - 
qui reste aujourd’hui silencieux 
après ta révélation par Libération 
des écoutes téléphoniques prati- 
quées par des membres de la 
c cellule» qu'ri dirigeât - a pour- 
suivi sa carrière, chargé récem- 
ment de la sécurité de ta Coupe 
du monde de footbaB de 1998. 
Le 14 juillet 1992, il a même été 
élevé au grade d'officier de ta 
Légion d'honneur. En 1990, cekâ 
qui lut, jusqu’en 1989, son suc- 
cesseur è la tête du GIGN, 
M. Philippe Legorjus, a décrit 


dans un livre de souvenirs (1). 
les relations de confiance et de 
fidélité nouées per M. Prouteau 
avec le président de ia Républi- 
que, surnommé par les hommes 
de ia cellule le «PR». «Le PR 
veut que l’on fessa ça. Quand la 
présidant me dit de faire, je 
fais» : ainsi s'exprimait M. Prou- 
teau devant ses collaborateurs, 
selon le témoignage de 
M. Legorjus, au retour de ses 
entretiens avec M. François Mit- 
terrand. 

«La confiance a été totale 
entre les deux hommes», ren- 
chérissait le colonel Jean-Louis 
Esquivié dans un long plaidoyer 
rédigé en 1985 (2} pour défen- 
dre le bilan des hommes de la 
ccefiute» de ['Elysée dont il résu- 
mait ainsi la mission : «If a' agit 
bien, version moderne, d'une 
nouvelle aventure des légen- 
daires mousquetaires. Us ser- 
vaient ia roi, ils servent aujour- 
d'hui le chef de l'Etat » 

EDWY PLEN EL 


(1) Philippe Legogus. la Morale ei 
F Action. Fixot, 1990. 

(2) Avec l’xateriatitti de ma tuteur, 
une version raccourcie de ce document 
intente à la «ceSuIe» fut publiée dans 
nos colonnes, les 13, 14 et 13 mars 
1983, nus le titre «Les mousquetaires 
antiterrorisme du président», avec 
pour signature te pseudonyme d'Ara- 

w>» 


Dans la presse parisienne 

De neuf lignes à l’éditorial 


La raultipUcaiion des «affaires» 
a-t-efle émoussé la capacité d 'indigna- 
tion de certains journaux parisiens? 
Les écoutes téléphoniques font-elles à 
ce point partie de la tradition répu- 
blicaine à la française que la levée 
d’un front journalistique soit inimagi- 
nable après les révélations de Libéra- 
tion'! 

Les Echos et la Tribune Desfossés 
peuvent arguer de teur spécificité 
économique et financière pour expli- 
quer te traitement de ^affaire en dix- 
neuf et vingt-sept lignes en dernière 
page. En revanche, quelles sont tes 
raisons pour lesquelles te Figaro n'y 
consacre pas plus de neuf lignes, 
page 1 1, sous le titre sybillin : 
«Ecoutes : plaintes contre X» dans 
une première édition et de titrer sur 
trois colonnes en pied de page 10 
dans la suivante : «Ecoutes : un jour- 
naliste sous surveillance»? 

Même si l'on partage les mimes 
locaux, on peut avoir un autre point 
de vue. Le second titre parisien du 
groupe Hersant, FranœSoir. y consa- 
cre cinq colonnes en page intérieure 
et un «appel» en «une». Sous un 
dessin de Trez - te président de la 
République est assis devant une table 
d’écoute, en présence de deux huis- 
siers dont l'un dît & l’autre : «r II ne lit 
plus le Monde... U l'écoute!», - un 
titre annonce : «Ecoutes : l'Elysée se 
fait tirer l'oreille.» L’éditorialiste 
politique, Jacques Malmassari, écrit 
dans son commentaire: « François 
Mitterrand ne risque donc absolument 
pas d’être importuné par les questions 
d’une quelconque autorité judiciaire, 
mais la révélation de ces écoutes télé- 
phoniques est un coup politique très 


SA TECHNOLOGIE 
PLUS QU’UNE 
AMBITION, 
UNE RÉALITÉ. 

Longtemps considérée comme annon- 
ciatrice de grands événements l’éclipse 
nous révèle aujourd'hui la naissance 


Associée à un freinage haut de 
gamme (quarte freins à disque, dis- 
positif ABS à quatre capteurs) à 
l’essieu avant auto-scabiiisanc et au 
fameux essieu arrière à effet auto- 
direcrionnel, Hydractjve 2, suspen- 
sion intelligente offre une sécurité 
remarquable et permet à chacun de 
choisir son mode de conduite en 
toute liberté. 


dur pour lui. ( J Une fois de plus, le 
président de la République se trouve 
pris au piège de ses propres discours 
et promesses, lorsque, député de l’op- 
position, il pourfendait le chef ae 
l’Etat, le gouvernement et les hommes 
politiques qui laissaient porter atteinte 
à là vie privée par des écoutes télépho- 
niques, ou, pis. tes ordonnaient eux- 
mêmes.» 

Pour le Parisien, titre du groupe 
Araaury, H ne s'agit pas non plus 
d'une affaire d'Etat. Consacrant sa 
«une» aux * confidences » de 
M. Edouard Balladur et au chanteur 
Michel Fusain, le quotidien titre ; 
«La cellule élyséenne écoulait le 
Monde», sur quatre colonnes 
page 10. L’article, illustré d’une 
photo du préfet Christian Prouteau. 
relate sobrement les faits pour 
conclure : « Une affaire d’autant plus 
gênante pour le president de la Répu- 
blique qu’elle touche à un domaine oà 
le pouvoir socialiste se voulait irrépro- 
chable. à savoir le rtspect des libertés 
publiques.» 

Le Quotidien de Paris ne manque 
pas à sa tradition polémique. Deux 
colonnes en «ouverture de une» 
annoncent : « Mitterrand ; allô ! 
j'écoute. ~ » avec, en sous-titre : «On 
savait depuis longtemps que le pou- 
voir n’avait jamais interrompu les 
pratiques inadmissibles que sont les 
écoules téléphoniques. Depuis hier, on 
a une nouvelle preuve. Michel Rocard 
parle de scandale » Sous un dessin 
de Hoviv - François Mitterrand affu- 
blé de grandes oreilles tient sous 1e 
bras son livre le Coup d’Etat per- 
manent, - Philippe Reinhard écrit : 
Mil ne faudrait pas se contenter de 
frire payer à des subalternes le prix 
.de cette infamie. La majorité de 
demain devra (.J rechercher les res- 
ponsabilités jusqu'au sommet de 
l'EiaL Et traduire s'il le faut les cou- 
pables devant la Haute Cour. Aux 
Etats-Unis, Richard Nixon a été 
contraint de démissionner à la suite 
(. j du Watergpte. (...) L’homme qui 
a ordonné ou laissé accomplir en 
toute connaissance de cause un tel 
Jorjaii n'a pas sa place à l'Elysée.» 

Libération, qui a lancé Fafiaire le 
4 mars sur cinq pages, y consacre de 
nouveau l'essentiel de sa «une» avec 
le titre : « Ecoutes : les oreilles de 
l’Elysée sifflent.» Le quotidien pré- 
cise que «de nombreuses plaintes ont 
été déposées hier par les personnes 
concernées» et ajoute, sous (a signa- 
ture de Catherine Eriiel et de Patricia 
Tourancheau : « Encore faut-il quaii- 
"’it reièvent- 


fier ces écoutes : de quel délit 
e/tes ?» 


Æ G. 


Les atteintes à Mniité 
de la vie privée 

Les peines encourues vont 
de deux mois à on an 


Le code pénal précise que qui- 
conque aura « volontairement porté 
atteinte à l’intimité de la vie privée 
d’autrui en écoutant, en enregis- 
trant ou tra.ismeuant au moyen 
d’un appareil quelconque des 
paroles prononcées dans un lieu 
privé par une personne sans le 
consentement de ce/fcci » sera puni 
d'une peine d’emprisonnement de 
deux mois & un an ou d'une 
amende de 2 000 à 60 000 F. Ces 
peines ont été légèrement modi- 
fiées par 1e code penal qui devrait 
entrer en vigueur au mois de sep- 
tembre : le fait, « commis de mau- 
vaise foi», « d’intercepter . de 
détourner, d'utiliser ou de divulguer 
des correspondances émises, trans- 
mises ou reçues par la voie des télé- 
[cammunications ou de procéder à 
I l’installation d’appareils conçus 
pour réaliser de telles intercep- 
tions » est toujours puni par un 
maximum d’un an d emprisonne- 
ment - toutes les peines planchers 
ont disparu du nouveau code pénal 
en matière correctionnelle, - mais 
t’amende maximale est portée à 
300 000 F. En plus de ces disposi- 
tions, te respect de la vie privée est 
protégé par l'article 9 du code civil 
depuis 1970. 

La loi du 10 IuïEfet 1991 sur les 
écoutes a ajouté à ce dispositif un 
article qui précise que (es fonction- 
naires ayant « ordonné , commis ou 
facilité, hors les cas prévus par la 
loi. l’interception ou te détourne- 
ment des correspondances émises, 
transmises, ou reçues par la voie 
des télécommunications, l'utilisa- 
tion ou la divulgation de leur 
contenu» seront punis d’un empri- 
sonnement de trois mois à cinq ans 
et d’une amende de S 000 F à 
100 000 F. Cet article postérieur 
aux faits ne peut toutefois pas s’ap- 
pliquer en vertu du principe de 
l'absence de rétroactivité de la loi 
pénale. 

Reste le problème de la prescrip- 
tion, qui est de trois ans pour les 
délits. Les faits ont été commis en 
1986, ce qui indiquerait qu’ils sont 
aujourd’hui présents; mais dans te 
cas de certains délits, le point de 
départ de la prescription com- 
mence non pas lorsque le délit a 
été commis, mais lorsqu’il a été 
connu. 11 y a dans ce domaine une 
jurisprudence complexe de la Cour 


d’un phénomène hors du commun : 
XANTIA 


1) Une présence hors du commun 

Fruit de la collaboration des cen- 
tres de style CITROEN et Benone, 
XANTIA innove en matière de 
formes et de volumes. La pureté et 
l’harmonie des lignes, les nervures 
du capot plongeant sur des phares 
en amande» confèrent à cette berline 
un style dynamique, une élégance 
naturelle, une vraie personnalité. 


2 ) 



XANTIA crée un nouvel art de 
vivre et de conduire. L'univers inté- 
rieur est une véritable invitation au 
voyage. Pour évoluer à son aise et se 
sentir protégé, l’espace est convivial 
et modulable: banquette arrière frac- 
tionnable avec trappe à skis, largeur 
aux coudes très importante, trois 
vraies places à l’arrière. 

Pare-brise, vitres latérales et lu- 
nette arrière donnent à l'habitacle une 
visibilité et une lumière optimales. 

Enfin, élémenr indispensable du 
confort et du bien-être: une venti- 
lation parfaite et une isolation très 
efficace des bruits extérieurs. 


3) Une sécurité maximum 

Bénéficiant de toute la culture tech- 
nologique de CITROEN, XANTIA 
garantit une tenue de route sans 
égale. 


4) Une nouvelle génération 
de moteurs 

Trois moteurs à injection équipent 
la gamme XANTIA (1761 cm 3 , 
1 998 cm 3 et 1998 cm 3 16 soupapes). 

Gage d'agrément et de respect de 
l'environnement, ses motorisations 
avec pot catalytique trois voies 
garantissent une extrême souplesse 
et une grande fiabilité. Le plaisir de 
conduire n’en est que plus grand. 

5) Modèle présenté 

XANTIA 16 V VSX: 1998 cm 3 
injection 16 soupapes - 155 ch OIN 
(111,6 kW CEE). 

Consommation normes CEE : 
6,4 1 à 90 km7h - 8,2 1 à 120 km/h 
et 12.2 1 en parcours urbain. 

Direction assistée, freinage ABS 
et suspension Hydractive 2 de série. 

Autres motorisations à injecrion: 
1 761 cm 3 et 1 998 cra-\ 


Relations clientèle 05 05 24 24 
(appel graniir) ou minitel 36 15 code 
CITROËN. 


XANTIA, JAMAIS 
LE PROGRÈS 
N’A EU SI BELLE 
ALLURE. 


Le bout du pouvoir 


Suite de la première page 

Mais c’est peut-être aussi que le 
pays s’est converti, en douze ans de 
mitternandisme, non pas au socia- 
lisme, mais à une sorte de cynisme 
tranquille, qui lui fait considérer 
■que ce genre d' «affaire» ne 
taonoeme que 1e «microcosme», et 
que peut-être, après tout, tes journa- 
listes Font bien cherché... 

Ce cynisme-là, conséquence du 
cynisme officiel, est pourtant lourd 
de conséquences. Parce qu’il va 
figurer au bilan d'un homme, et 
ternir, au-delà, celui d’un mouve- 
ment collectif qui avait cru se 
reconnaître en lui «J’ai déjà dit ce 
que j'en pensais», a répondu récem- 
ment, et sèchement, Lionel Jospin, 
interrogé sur tes «affaires» (et qui 
lui. Dieu merci, peut parler sans 
crainte sur le sujet et promettre de 
façon crédible un retour à «l'au- 
thenticité»), comme si tout avait été 
dît, au point que plus personne ne 
puisse plus nourrir la moindre illu- 
sion sur l'exercice du pouvoir. Tout 
a été dit, en effet, sur le déficit 
moral de la gauche. Alors, une 
affaire de plus ou de moins, ce peut 
être, au maximum, un point de 
moins ou de plus dans les inten- 
tions de vote en faveur des socia- 
listes, mais cela ne change rien au 
fond, ni véritablement au rapport 
des forces. Ainsi va sans doute l'es- 
prit public. 

Carde 

privée 

En outre, si l’origine du délit est 
avérée - des hommes au service du 
président, - il n’existe aucune 
preuve de l’existence d'un choix 
politique de sa part Alors pourquoi 
lui chercher querelle? Enfin le gou- 
vernement a promis une enquête et 
TElysée en fait une... Que demande 
le peuple? comme dirait M. Pas- 
qua. Autant passer à autre chose... 

Mais cet épisode symbolise, pré- 
cisément, les travers d’un homme 
qui n’a pas su ne pas aller au bout 
de son pouvoir. Car if s'agit là, ni 
plus ni moins, de ta note à payer de 
ce qui fut ta première affaire de ta 
présidence, celle dite des «Irlandais 
de Vincennes», dont ta clé est la 
mise en place d’une véritable garde 
privée dont tes membres se définis- 
saient eux-mêmes comme « la cotte 


de mailles du président», fi y a fort 
& parier que la présidence paie 
aujourd’hui 1e prix des dissensions 
que la disparition de cette «cel- 
lule», consécutive à l’affaire des 
«Irlandais de Vincennes», a fait 
naître parmi ses membres; d’autant 
que certains ont été condamnés, 
d’autres non. Dans ces conditions, 
iJ n’est pas admissible que la 
réponse soit : nous ne savions pas, 
nous allons faire une enquête. Que 
l’on sache, l’Etat a les moyens de 
savoir, et te plus tôt sera te mieux. 

On retrouve là, bien sûr. l’éter- 
nelle dualité de François Mitter- 
rand : d’un côté, la passion de 
l’Etat de droit, qui fonde son enga- 
gement politique; de Fautre, le goût 
de la clandestinité, des systèmes 
parallèles, qui lui vient des mille et 
uns complots qu'il a dû affronter 
dans sa vie publique, tant ses 
adversaires ont été acharnés à sa 
perte. Mais vient un moment oà les 
progrès réels qui ont pu être accom- 
plis dans le domaine des libertés se 
trouvent éclipsés, gâchés par cer- 
tains comportements, et notamment 
celui-ci : des écoutes ont été prati- 
quées au détriment de personnes 
privées, qui ne sont ni (tes malfai- 
teurs ni des terroristes, par quel- 
ques-uns, qui se trouvaient être au 
service d'un seul, celui-là même 
qui, par la Constitution, est le gar- 
dien, le garant de nos libertés; 
celui-là même qui promettait que 
tes institutions ne seraient pas dan- 
gereuses avec lui 

Que celui-là ait été impuissant à 
corriger tes effets de l'indice Nikkei 
sur le cours de l'économie française, 
qu’il confesse honnêtement son dés- 
arroi devant ia montée du chômage, 
qui lui en voudra vraiment, une 
fois passées les polémiques électo- 
rales? Mais que sur son terrain de 
prédilection, celui dont il dit si sou- 
vent qu’il faut combattre sans 
relâche pour te préserver, il ait, si 
peu que ce soit, déçtf et fait preuve, 
à tout te moins, de légèreté, voilà 
qui est plus difficile à «avaler». Et 
comment pe seraient-ils pas nom- 
breux ceux qui aspirent à lui appli- 
quer la sanction politique qu’il pro- 
mettait naguère aux responsables 
qui avaient eu la faiblesse de don- 
ner raison à Thucydide? 

JEAN-MARIE COLOMBANI 




} 


! 



I 


L 



14 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 


SOCIÉTÉ 


Les Tsiganes roumains de Nanterre 
ne seront pas transférés au camp de Thol 


Les Tsiganes roumains de Nanterre ne 
seront pas transférés au camp de Thol dans 
l'Ain. Jeudi 4 mars, le cabinet du premier 
ministre a fait savoir que le plan d'occupa- 
tion des sols de la commune de NeuviUe-sur- 
Ain où se trouve (e camp ne 'permet pas la 
construction des aménagements nécessaires 
à raccueü des réfugiés. Un communiqué de 
M. Michel Sapin, ministre de l'économie et 
des finances et conseiller municipal de Nan- 
terre (Hauts-de-Seine), annonçant l'arrivée 
prochaine de 150 réfugiés - et non plus 80 


Le flot des banlieusards pressés 
file, tous phares allumés, de Nan- 
terre vers le pont de Bezons, au 
nord-ouest de Ram. Les Roumains, 
eux, piétinent, dans la bouc et les 
ordures, coincés entre ta station-ser- 
vice et les palissades de la zone 
industrielle, cette ZAC en construc- 
tion gui en gagnant du terrain, ne 
cesse de réduue le leur, ns sont là, 
hommes, femmes, enfants, vieillards, 
cent vingt Tsiganes au total sur un 
terrain de 200 mètres carrés, confi- 
nés dans des baraques glaciales de 
tôle et de planches, aux toits mainte- 
nus par quelques pierres. Certains 
dorment dans des camionnettes ou 
dans d’antiques caravanes rouillées, 
parquées prés d'un enchevêtrement 
de carcasses de voitures, de chariots 
de supermarché et autres déchets de 
la société de consommation. C'est 
un bidonville comme on n’en voyait 
plus à Nanterre depuis les 
années 70. 

Stefan, trente-huit ans, père de 
quatre enfants, est arrivé en 1991 de 
Tim isoara. Jamais il ne rentrera en 
Roumanie, où il a lait de la prison 
pour avoir, une première rais en 
1988. demandé asile i la France en 
vain. Un seul mot, répété à Tcovi, 
concentre sa teneur : «commou- 
niste». comme il dit. Aujourd'hui, il 
brandit fièrement sa carte blanche 
de réfugié politique et répète : 
« Nous ne sommes pas pauvres à 
mourir ; j’ai une caravane, une voi- 


comme M. René Teulede, ministre des 
affaires sociales l'avait affirmé au début de 
la semaine. - avait dédenché, dans la mât 
de mercretfi 3 au jeudi 4 mars à jeudi, la 
colère des habitants du village et des com- 
munes voisines. 

Plus de 400 personnes avaient installé des 
barrages, sdé des arbres, brûlé des pneus, 
des planches et des palettes. Le veille, au 
cours d'une conférence de presse tenue à 
Bourg-en-Bresse, après avoir rencontré le 
préfet de l'Ain, M. Jacques Boyon (RPR), 

Nouveaux bidonvilles 


e//c csf encore lofa.,/* France 7 


turc. Nous ne foisons pas de bêtises. 
Mds on veut du travail pour payer 
un logement. » Rares sont les 
hommes à s’exprimer comme lui en 
français et à détenir des papiers en 
règle. Alors ils travaillent au noir, 
dans des garages, pendant que 
femmes et enfants fout ta manche 

(PubGâii) 


dans le RER et le métro. Pour eux, 
ni école, ni sanitaires, ni ramassage 
d’ordures. Les bennes municipales 
sont passées voici on an pour la 
dernière fois, et pour les toilettes on 
désigne un vague bosquet, près du 
chemin de halage qui borde la Seine. 

Les enfants courent, parfois les 


Second a ppel 
nu président de la RATP 


Malgré notre premier appel, malgré une 
enquête publique, la RATP continue de 
s’opposer à l'amélioration du projet de station 
Châtelet (ligne Meteor). 

Nous vous avons proposé une solution de 
rechange, qui est moins chère, de réalisation 
plus rapide, équivalente du point de vue du 
service public, et qui comporte beaucoup 
moins d’inconvénients pour les habitants. 

Un expert de haut rang a montré qu’elle 
était praticable. 

Alors, pourquoi s’obstiner ? En raison de 
l’amour-propre de certains ingénieurs ? 

Au surplus, la RATP refuse d’indemniser 
des commerçants qui ont été victimes des 
travaux: de mai à octobre 1992, effectués sans 
permis de construire. 

Monsieur le président, faites entendre la 
voix du bon sens. 


Association de Défense des Riverains 

27, me de la Ferronnerie - 75001 Paris 


député de b circonscription et candidat à sa 
propre succession, avait déclaré que aies 
élus et fa population focale s’opposeraient 
par tous les moyens légaux et autres au 
transfert des Tsiganes i Neuville a. 
M. Boyon avait aussi fait part d'une lettre 
qu'il avait écrite à M. Sapin pour souligner 
que eta vdle de Nanterre et le département 
des Hauts-de-Seine, le plus riche de France, 
étaient mieux à même de procéder i I Inser- 
tion des réfugiés roumains qu’une petite 
commune rurale de 1 ISO habitants a. 


pieds nus, sur l’aspbalte de la sta- 
tion-service Total dont le robinet 
sert d’unique point d’eau au campe- 
ment et le pompiste, Michel, de ben 
avec te monde extérieur. La clientèle 
baisse : tes Tsiganes font peur. 

L’échec 

de la réinsertion 

Le temps n’est plus où les Roms 
de Nanterre, chassés par Ceauseyu, 
suscitaient compassion et mobilisa- 
tion. Les efforts du ministère des 
affaires sociales pour les insérer pro- 
fessionnellement dans, la «filière 
bois», en 1990, se sont soldés par 
un échec total Logés dans des vil- 
lages de vacances en Haute-Loire et 
en Lozère, les Tsiganes ont tous fini 
par abandonner tes emplois -agricoles i 
ou forestiers négociés pour eux.: . 

Certains sont revenus à Nanterre, , 
où ils sont aujourd’hui environ huit 
cents au total, entassés dans quatre I 
bidonvilles : celui du pont de 
Bezons (120 personnes) et trois 
autres, proches de la cité déjà «sen- 
sible» au Chemin de Pîle. Sous l’im- 
mense viaduc en courbe du RER, 
250 Tsiganes de Roumanie campent 
depuis Tété dernier tandis que fon- 
cent les trains. A remplacement où 
se trouvaient autrefois le grand 
bidonville de Nanterre puis la cité 
de transit Gutenberg. Ils sont aussi 
nombreux près du Cirque de .Paris . 
et encore 150 près de la prison. 

Accusés de chapardage, de provo- 
1 cation sur tes marchés, mais oubliés 
des politiques depuis des mois, les 
Tsiganes sont devenus un objet de 
campagne électorale. M" Fraysse- 
Cazalis, sénateur (P CF) des Hauts- 
de-Seine et maire de NanterTC, 
dénonce les « conditions de vie inhu- 
maines» des Tsiganes maïs explique 
que ses nombreuses interventions 
auprès du gouvernement sont restées 
vaines. (Test M. Michel Sapin, 
ministre de l’économie et des 
finances, conseiller municipal (PS) à 
Nanterre et candidat aux législatives, 
qui a tenu à annoncer lui-même, 
dimanche 28 février, 1e transfert de 
Tsiganes au camp de Thol près de 
Neaville-sur-Ain (Ain). L’informa- 
tion était confirmée dès le lende- 
main par le ministre des affaires 
sociales, M. René Teulade. 

Mais les réactions négatives du 
maire de NeuvtlIe-sur-Ain 
(l 159 habitante), M. Joseph Perrot, 
et du député (RPR) local M. Jac- 
ques Boyon, ont amené le ministère 
des affaires sociales à un repli straté- 
gique. Mercredi 3 mars, le camp 
désaffecté de Thol, propriété du 
ministère de la justice, ancien lieu 
de détention de prisonniers FLN 
pendant la guerre d’Algérie, puis 
centre de réinsertion pour délin- 
quante en En de peine, n’était plus 
présenté que comme «l'une des solu- 
tions passibles, pas la plus satisfai- 
sante, loin de là», par M. Jean Bloo- 
quaux. chargé du dossier auprès du 
ministre des affaires sociales. 

Cette prudence n’était pas ccOe de 
M. Sapin, qui, te même jour, confir- 
mait dans un communiqué les 
« décisions prises par le gouverne- 
ment pour mettre fin à la présence 
de quatre campements de Tsiganes 
roumains installés sur le territoire de 
la commune», précisant que «les 
contacts diplomatiques avec tes auto- 
rités roumaines se poursuivent en vue 
d’un retour dans leur pays d’ori- 
gine». M. Sapin renvoyait au maire 
de Nanterre k charge d’organiser le 
* départ » des Tsiganes du pont de 
Bezons, installés sur un terrain 
municipal et lui demandait d’appli- 
quer la loi Besson qui oblige toutes 
les communes de plus de 
S 000 habitants à réserver aux gens 
du vqyage un terrain aménagé. Cest 
précisément œ qu’attend depuis une 
dizaine d’années la communauté de 
gitans français installés aa pont de 
Bezons, tout près dés Roumains, 

-l l. ji ... 


explique Paul qui paie le créât de 
sa belle caravane jaune avec son 
allocation d’adulte handicapé. On 
aime la même musique qu’eux et je 
ne suis pas contre les Roumains. 
Mais il faudrait qu’on fasse aussi 
quelque chose pour nous, même si 
eux. c’est politique. » 

PHILIPPE BERNARD 


Le débat air l’acharnement thérapeutique 

L’Âssociâüon médicale britannique reconnaît 
à certains patients ie droit de «lonrir en pab 


«! 1 ’ J»"" 

lr> 

y • •. «:• 


tony Btand, le malade en 
«état végétatif permanent», est 
mort, mercredi 3 mars, après 
que (es médecins eurent Inter- 
rompu (es soins médicaux. L'As- 
sociation médicale britannique 
vient, d'autre part de rappeler 
que certains patients doivent 
pouvoir mourâ en pàlx^ 

LONDRES 

de notre correspondant 

La mort de Tony BJand a eu lieu 
'sans souffrance apparente, dans la 
soirée de mercredi, comme l'avait 
souhaité la Chambre des Lords, la 

S us haute juridiction d'appel de 
lande-Bretagne (le Monde du 
6 février). Le 22 février, le docteur 
Jim Hawe, médecin traitant de ce 
jeune homme de vingt-deux ans 
plongé dans le coma depuis avril 
1989, a arrêté de nourrir, d’hydra- 
ttr et d’administrer des antibioti- 
ques à son patient Tony est mort 
à la suite de l'arrêt du fonctionne- 
ment de ses reins et non cf inani- 
tion, comme le suggéraient les 
adversaires de la décision de jus- 
tice autorisant sa «moct paisible». 

Ce décès ne dôt cependant pas 
(e d&at sur l’acharnement théra- 
peutique; L'association médicale 
britannique (BMA) ainsi que ie 
collège royal de l'infîrmene ont 
publié, mercredi 3 mais, de nou- 
velles directives destinées aux 
médecins et aux personnels soi- 
gnants. 


de respect 

Ces textes examinent le droit qui 
doit être reconnu à certains 
patients de mourir sans être sou- 
mis à de lourds et douloureux trai- 
tements de réanimation. Cette ini- 
tiative traduit la préoccupation des 
deux organisations devant la multi- 
plication des cas de patients dans 


A Marseille .. 

Une femme séropositive 
porte plainte 
après nn refus 
d’interruption volontaire 
de grossesse 

MARSEHJLE 

de notre correspondant 

Une jeune femme de vingt-sept 
ans, M»* M., habitant Marseille, 
vient de déposer plainte contre x 


pour « discrimination en raison de 
l’état de santé» (art. 416 du code 
pénal loi du 12 juillet 1990), à la 
suite du refus par la direction 
d’une clinique chirurgicale de Mar- 
seille de pratiquer une interruption 
volontaire de grossesse sous lepré- 
texte que la patiente est séroposi- 
tive. M* M. avait réglé les formali- 
tés administratives auprès du 
bureau de la clinique auquel elle 
avait déclaré sa séropositivité et. 
dans une chambre qui lui avait été 
attribuée le 29 janvier, attendait 4 
jeun le médecin avec qui die avait 
eu un entretien préalable. Celui-ci 
vint alors r avertir que la direction 
de rétablissement lui interdisait de 
pratiquer l'intervention. M 8 * M. a 
pu subir en urgence une IVG à 
l’hôpital de la Conception & Mar- 
seille, le 4 février. 

L’association AfDES-Proveace a' 
l’intention de se porter partie 
civile. Son président, M. Alain 
Moila, estime qu’il s'agit d'on cas 
typique.. d’exclusion pour séroposi- 
tivité, « discrimination encore plus 
flagrante et scandaleuse , estime-t-il, 
car elle se produit au sein d’un éta- 
blissement de soins ». 


EN BREF 

□ M. Maurice Gardes, aosvesa 
rice-c h a ac eli er des anfrersités de 
Paris. - M. Maurice Garden, pro- 
fesseur d’histoire, a été nommé vice- 
chancelier des universités de Paris 
par un décret du président de la 
République paru au Journal officiel 
de jeudi 4 mars. II remplace 
M. Marc Javoy, qui occupait ce 
poste depuis 1989. Agé de cin- 
quante-sept ans, agrégé d’histoire et 
docteur ès lettres, M. Garden a fait 
ressentie! de sa carrière universitaire 
à Lyon. U était, depuis 1989, direc- 
teur scientifique, chargé du secteur 
scieaoes humaines et sociales, à (a 
direction de te recherche du minis- 
tère de rédocation nationale. 

a L’inceste plus sévèrement 
réprimé en Irlande. - Le ministre 
.irlandais .de la Justice, M"* Geo- 


un «état terminal», objets de tels 
traitements inutiles, simplement 
parce que le personne! médical 
n’est pas parvenu à tomber d’ac- 
cord sur la conduite & adopter. 

Les instructions adressées en 
1991 par la BMA & tous les 
hôpitaux leur demandant d’intro- 
duire une «politique de réanima- 
tion» n’ont, apparemment, guère 
été suivies. Selon les nouvelles 
directives, les patiente non soumis 
à des traitements de réanimation 
doivent être clairement identifiés : 
ainsi, ai cas d’arrêt cardiaque, un 
malade condamné n’aurait pas à 
subir une réanimation cardio-pul- 
monaire et serait autorisé à «mou- 
rir en paix». Leç méthodes de réa- 
nimation font souvent appel à une 
thérapeutique traumatisante (pour 
le malade, «» famille et les autres 
patients) qui,, estime la BMA, 
donne en outre l’impression d’on 
manque de respect pour le mou- 
rant. 

La décision de ne pas utiliser de 
méthode de réanimation sur cer- 
tains malades doit être prise par le 
médecin traitant, en consultation 
avec le personnel médical, la 
famille et' le malade lui-même : 
e Ce que souhaite le patient doit 
avoir me priorité absolue», estime 
le docteur Fleur Fisher, chef du 
département d’éthique médicale de 
la BMA. Une. discussion sur ce 
thème de racharnement thérapeuti- 
que ne doit pas avoir tien avec 
tous les patients dans un état 
grave, mais, souligne la BMA, «ilv 
a des circonstances où une étude 
approfondie des souhaits du patient 
doit -être entreprise». Selon une 
étude (limitée a un seul hôpital), 
que cite The Times , 60 % des 
patiente victimes d’une attaque 
cardiaque ont été réanimés avec 
succès, mais te plupart sont tacots 
peu de temps après. 3 % seulement 
ont pu rentrer chez eux. 

LAURENT ZECCHINI 


«Réunion privée» 
de skinheads ' ■ 
à Paris 

Un rassemblement de skin- 
heads devait se tenir, dans I a 
soirée du vendredi 5 mars, h 
Paris (salle Pierre-Nicole, 
dans le 5« arrondissement), à 
l'appel des Jeunesses natio- 
nalistes révolutionnaires 
(JNR), un groupuscule 
d'extrême droite. La veiHe, 
jeudi 4 mars, le préfet de 
police de Paris avait interdit 
te manifestation mate tes JNR 
avaient aussitôt fait' savoir 
qu’elles maintenaient cette 
a réunion privée » des «si ün- 
heads tTEumpe». 

En fait de «réunion interna- 
tionale », il s'agissait surtout 
d'une opération médiatique 
très parisienne, orchestrée 
par le chef de file des JNR, 
Serge Ayoub alfas «Batsk'm». 
Las JNR comptent tout au 
plus une dizaine de fnfttants. 
Contrairement à ce qu’il pré- 
tend. Serge Ayoub n'est nul- 
lement représentatif du mou- 
vement skinhead - et 
cbooügan» en France. En 
organisant ce meeting, it 
espérait simplement attirer 


ghegu-Quina, a annoncé, mercredi 
3 mars, que son gouvernement 
s'apprêtait à réprimer plus sévère- 
ment l’inceste, qui actuellement, 
est passible d’une peine maximale 
de sept ans d’emprisonnement. 
Cette décision fait suite à une 
affaire d’inceste, entre un homme 
et sa GUe, qui a duré seize ans. La 
polémique a éclaté quand la jeune 
femme a raconté sou cauchemar et 
expliqué qu’elle redoutait la ven- 
geance de son père à sa sortie de 
prison. - (AFP.) 


RADIO 

4Te TÉLÉVISION 


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quelques curieux et de nom- 

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breux journalistes. 


Plusieurs organisations. 


dont te groupe RPR au Sénat 

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et le Mouvement contre le 


racisme et pour l'amitié entre 


tes peuples (MRAP), ont pro- 


testé contre 1a tenue de ce 

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«meeting». 


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■ Le Monde • Samedi 6 mars 1993 1 5 


SOCIÉTÉ 


JUSTICE 


L'entrée en vigueur du nouveau code 


M. Bérégovoy annonce des mesures d’accompagnement 
à la réforme de la procédure pénale 


Constatant que rentrée en 
vigueur du nouveau code de procé- 
dure pénale entraînait «ici et là» 
des difficultés d'ordre pratique; 'le 
premier ministre, M. Pierre Béré- 
govoy, a annoncé, jeudi 4 mars, 
des mesures d'accompagnement à 
la réforme. «Dans les palais de jus- 
tice. ce texte nécessite un effort 
important des magistrats et Jonc- 
tionnalres de justice, comme d’ail- 
leurs des policiers et dès gendarmes, 
a-t-il souligné. Les avocats ont pour 
leur part compris qu’il s'agissait 
d’un enjeu important pour les liber- 
tés et la plupart d’entre eux se sont 
organisés en conséquence. Le gou- 
vernement se doit de soutenir ees 
efforts en renforçant les mesures 
a accompagnement déjà prises. » 

Pour les palais de justice, trois 
cents emplois de fonctionnaires 
seront dégelés afin de renforcer les 
effectifs actuels et des crédits sup- 
plémentaires seront affectés aux 
juridictions. Ces mesures n’ont 
toutefois pas convaincu l’Associa- 
tion française des magistrats ins- 
tructeurs (AFMI), qui estime que 


ces efforts représentent «une goutte 
d'eàu». « Ces décisions ne permet- 
tront pas de faire face aux nouvelles 
tâches, a souligné M. Jean-François 
Ricard, le président de l’AFMI. 
Nous avons essentiellement besoin 
de greffiers et Us ne pourront pas 
être recrutés immédiatement, b 

«Une question 
éthique» 

La grogne contre la réforme de 
la procédure pénale vient égale- 
ment des avocats. En l'absence 
d’indemnisation de lenr interven- 
tion auprès des gardés & vue, cer- 
tains barreaux ont décidé de ne Des 
se rendre dans lés locaux de poli ce 
et de gendarmerie. D’autres ont 
choisi de se mobiliser : l’Union des 
jeunes avocats de Paris (t/JA) 
estime ainsi que «les problèmes 
matériels ne doivent pas occulter 
cette avancée fondamentale». «Il 
s'agit là, note rUJA de Paris, d’une 
question d’éthique supérieure à 
toute considération partisane ou 
matérialiste. » En conséquence, les 


quarante membres de la commis- 
son permanente de l’UJA de Paris, 
présidée par M> Edouard de 
Lamaze, ont décidé de se porter 
volontaires pour les permanences 
organisées par Tordre des avocats 
de Paris. 

Afin de faciliter le succès de la 
réforme, M, Bérégovoy a annoncé 
que les barreaux qui ont mis en 
place un système de permanence 
recevront une aide supplémentaire 
de 7 millions de francs « afin de 
permettre aux avocats d’être 
défrayés». Pour que les Bais d’avo- 
cat soient pris en charge par les 
crédits affectés à l'aide juridique, il 
fallait en effet une modification de 
la loi qui ne pouvait intervenir 
avant la prochaine session parle- 
mentaire. Pressé par les barreaux, 
le gouvernement a donc déridé de 
modifier (e décret de 1991 sur 
l'aide juridique qui permet de 
majorer la rétribution des barreaux 
qui ont conclu avec l’Etat des pro- 
tocoles pour une meilleure orpni- 
sadon de la défense pénale. 

a. c. 


Pas de révision 
pour Mis et Thiennot 


Suite 4e la première page 

Une grande famille qui avait fait 
fortune dans (e sucre, avec son 
château et ses hectares par cen- 
taines. ses employés, ses régisseurs, 
sa paissance et son entregent Le 
29 décembre 1946, c’est précisé- 
ment un garde-chasse dès terres 
Lebaudy, Lucien Boistard, qui dis- 
paraissait par un jour de brouillard 
tel qu’on se devinait plus qu’on ne 
se reconnaissait à 10 mètres. Le 
corps devait être retrouvé le 31 au 
matin en bordure de l’étang des 
Hautes Rondières, où l'on consi- 
dère qu’il avait été transporté par 
les meurtriers, 

D’enlblée lès enquêteurs et pour 
commencer les gendarmes, allaient 
suspecter Raymond Mis et Gabriel 
Thiennot Agés de vingt ans. Les 
deux jeunes gens n’avaient-ils pas 
organisé, avec une dizaine de 
camarades, une partie de chasse le 
29 décembre 1946? Certains 
témoins de cette équipée n’avaient- 
ils pas déjà dit qu’il y avait eu une 
altercation violente entre l’équipe 
des chasseurs et le rigoureux 
Lucien Boistard qui les tenait & 
l'ail? Des menaces avaient été 
proférées et elles avaient été enten- 
dues. Une série de coups de feu 
avait suivi, comme si Ton tirait sur 
une cibla 

«Des cris 
affreux» 

Dès lors, les choses étaient allées 
très vite, d’autant plus que ces élé- 
ments avaient été fournis & la gen- 
darmerie avant même que Ton ait 
retrouvé le corps de Lucien Bois- 
tard, autrement dit avant même 
qne Ton pnisse conclure au sort 
qui avait été 1e sien. Et s'ajoutaient 
a cela, en ces temps d'après Libéra- 
tion, des rancunes, des suspicions 
qui n’avaient fait qu'aggraver la 
ligne de partage entre les «gens» 
de la famille Lebaudy et les «rusti- 
ques» peu on prou rebelles à une 
Hégémonie d'un autre âge. Sans 
compter les origines polonaises des 
Mis et les penchants communistes 
des Thiennot, qui avaient eu -un 
des leurs fusillé par les Allemands, 
auxquels il avait été dénoncé. 

Dans ce climat détestable, la 
police judiciaire de Limoges, en la 
personne du commissaire Daraud, 
prend le relais des gendarmes. 
Tout se passe alors comme si 


Tenqoiteur s’est convaincu de la 
culpabilité de Mis et de Thiennot 
et de la nécessité de leurs aveux 
faute d’autres éléments détermi- 
nants. Le commissaire établit ses 
quartiers à la mairie de Mézières- 
en- B renne. Durant une semaine 
Mis et Thiennot y sont interrogés, 
questionnés. En ce temps-ià, la 
garde à vue n’est pas codifiée. 
Cest aussi l'époque - d'autres 
affaires criminelles de ces années-là 
le confirment - où la police ne 
s’est pas encore défaite des habi- 
tudes et des méthodes que lui ont 
inculquées quatre ans d’occupation 
et une trop constante fréquentation 
des nazis. Ce que furent les inter- 
rogatoires conduits par le commis- 
saire Daraud et ses hommes, on le 
saura bientôt. Certes les aveux sont 
là à la fin de la première semaine 
de janvier 1947. Mais Mis et 
Thiennot se rétractent presque 
aussitôt en disant pourquoi Os ne 
seront pas les seuls. Il y aura des 
confidences, faites peu à peu, de 
certains qui disent avoir entendu, 
nuit après nuit, «les cris affreux » 
venant de la mairie. Il y aura les 
déclarations du surveillant-chef de 
la maison d’arrêt de Cbâteauroux 
qui attestera, ainsi qu’une infir- 
mière, dn piètre état physique et 
moral dans le ’iel lui Burent ame- 
nés les deux incJpés. 

Déjà la défense comprend qu’elle 
ne parviendra pas à scandaliser en 
dénonçant violences et tortures. 
Mais elle dénoncera sans relâche 
les singulières, parce que trop par- 
faites, concordances entre des 
aveux brandis comme « reine des 
preuves» et des dépositions de 
témoins qui accusent, tel cet Albert 
Niceron, domestique d’un des fer- 
miers de M. Lebaudy, qui s’était 
rois à raconter le crime comme si 
on y était Niceron, pins tard, se 
plaira à dire qu'il fabulait Des 
bizarreries H en est bien d’autres, 
ne serait-ce que ces ratures relevées 
dans le rapport d’autopsie qui fait 
devenir bras gauche un bras droit 
Ou encore cette expertise qui obli- 

S era à reconnaître taches de sang 
e lapin, les taches que l’enquête 
proclamait de sang humain sur un 
vêtement de Raymond Mis. 

Deux 


LteBEET SES CLERCS 


• « 


« Celui qiri provoque la méfiance 
fiBKBramtthuniam^unvoteor» 

• «On redemande pas la Kbertc à atë 


• « Des hommes faillibles méritent 
plus confiance qu’une institution 



Mais tout cela ne saurait aujour- 
d’hui compter sans l'apparition de 
■ce « fait nouveau» ou de cm «élé- 
ment inconnu de la Juridiction au 
jour du procès » et «de nature à 
faire naître un doute sur la culpa- 
bilité du condamné». Car ainsi 
parle l’article 622 du code de pro- 
cédure pénale, issu de la loi du 
23 juin 1989 : «de nature à faire 
naître un doute » et un dus seule- 
ment * de nature à établir l’inno- 
cence». 

Pourtant il convient de revenir 
sur le passé. Car Mis et Thiennot 
ont dû être jugés à trois reprises 
javant que devienne définitive la 
i peine dont fis demandaient à être 
i lavés. Un premier proois s'acheva 
le 25 juin 1947 devant la cour 
d’assises de l’Indre par la condam- 
nation de chacun à quinze ans de 
travaux forcés. Cri arrêt sera cassé. 
.L’affaire, renvoyée devant les 
assises de la Vienne, a cette fois 
pour épilogue deux pattes de vingt 
ans de travaux forces, le 3 décem- 


bre 1948. Ce nouvel arrêt sera 
cassé à son tour par la chambre 
criminelle. Voilà une persistance, 
une insistance qui nécessite atten- 
tion. Pourtant, le 5 juillet 1950, la 
cour d’assises de la Gironde per- 
siste die aussi : quinze ans de tra- 
vaux forcés. Si Mis et Thiennot 
avaient signé un troisiième pour- 
voi, y aurait-il eu une troisième 
cassation? Ils renoncèrent à ce 
droit, découragés d’avoir eu tant 
d’occasions d’espérances sans suite. 
Aujourd’hui, on assure que le pré- 
sident de la chambre criminelle de 
l’époque, Maurice Patin, les tenait 
pour innocents™ 

Le temps passa. En octobre 1954 
les deux condamnés graciés par 
René Coty, président de la Répu- 
blique, retrouvent la liberté. Ils 
reprennent,, comme ils peuvent, de 
modestes activités d’ouvriers agri- 
coles. La- région semble un moment 
les oublier et eux-mêmes se laissent 
oublier. Mais voilà qu’au début des 
années 80, on parie d’eux. Un 
comité les soutient. Ils espèrent à 
nouveau. Un avocat de Château- 
roux, M c Jean-Paul Thibault se 
mue en détective. Sous contrôle 
d’huissier, il reconstitue les trajets 
que, selon l'accusation, Mis et 
Thiennot devaient accomplir pour 
transporter le corps de garde- 
chasse dn lieu où le crime fut com- 
mis à celui où Ton retrouve Louis 
Boistard. Il constate alors que cela 
reste incompatible avec un témoi- 
gnage, ignoré lors des procès, et 
selon lequel Gabriel Thiennot se 
trouvait ce jour-là à 17 heures à 
Méâères-en-Brenne, car l’accusa- 
tion fixait à 17 heures l'heure de la 
mort du garde-chasse. Ce témoin 
se trouvait de surcroît être un gen- 
darme, Fernand Sarraziu. Le 
15 juin 1988, la chambre crimi- 
nelle de La Cxt de cassation avait 
jugé ce fait nouveau intéressant 
mais non déterminant. 

La révision judiciaire qu’espé- 
raient Mis et Thiennot est en 
France une longue patience. Si 
Jean-Marie Deveaux, condamné à 
Lyon en 1963 enleva à Dijon un 
acquittement dès 1969, Alfred 
Dreyfus, pour qui la bataille 
connut la fureur, vit passer onze 
ans entre la condamnation de 1894 
et la réhabilitation solennelle de 
1905. Envoyé aux travaux forcés 
perpétuels en 1924, Guillaume Sez- 
nec est mort sans obtenir une révi- 
sion que ses descendants sollicitent 
devant la même commission de la 
Cour suprême qu'avaient saisie 
Mis et Thiennot. Un petit-fils de 
Gaston Dominici a engagé à son 
tour le processus pour faire 
reconnaître l'innocence d’un grand- 
père ex-condamné & mort de 1954. 
Quant à Joseph Lesurques, il n’a 
eu que la ressource de soumettre 
T affaire du courrier de Lyon aux 
tréteaux de Robert Hossein™ 

JEAN-MABC THÉOLLEYRE 


COMMUNICATION 


Une machination avortée contre M. Bourges 

Un journaliste de TF1 a essayé de faire publier par « le Figaro» un document 
visant à impliquer le PDG de France Télévision dans l'affaire Botton 


M. Hervé Bourges a déposé, jeudi 
4 mars, deux plaintes contre X..., 
Tune pour faux et usage de faux, 
l’autre pour diffamation envers un 
particulier, à la suite d’une machi- 
nation avortée qui visait à le discré- 
diter. U apparaît en effet qu’un 
journaliste de TF 1 a tenté, en vain, 
la semaine dernière, de faire publier 
par le Figaro un document qui s'est 
révélé un faux, dont l’auteur n’est 
pas clairement identifié mais dont 
Tobjectif était manifestement d’im- 
pliquer le président-directeur géné- 
ral de France Télévision (France 2 
et France 3) dans l’affaire Botton. 

L’existence d’une tentative de 
machination contre M. Hervé 
Bourges ne Tait aucun doute, ainsi 
que l’indique le «film» de cette 
affaire rocambofesque tel que nous 
l’avons reconstitué à partir de 
témoignages recueillis auprès de 
certains des principaux intéressés 
ou de leur entourage. 

Le mercredi 24 février, en fin 
d'apr&s-midi, un journaliste de 
TF 1, Aymar du Chàtenet, accom- 
pagné d un confrère, se présente à 
la rédaction du Figaro porteur d'un 
prétendu «scoop» : il propose à 
son interlocuteur, rédacteur au ser- 
vice des informations générales, 
qu’il a préalablement prévenu de sa 
visite, un document dont le contenu 
semble révéler la participation du 
président-directeur général de 
France 2 et France 3, M. Hervé 
Bourges, à Tune des sociétés 
contrôlées par M. Pierre Botton. 
l'homme d'affaires lyonnais inculpe 
d’abus de biens sociaux. II s’agit 
d’un exemplaire des statuts d'une 
SARL créés en 1987, remis à jour 
le 27 juillet 1989, la société EN. F. 
IN. L’Agence (ENtrepreodre-Faire- 
INnover), qui a «pour objet, en 
France et à l’étranger, l’activité de 
conseil, conception, production, com- 
mercialisation. fabrication, édition, 
organisation dans les domaines sui- 
vants : communication audiovisuelle, 
spectacles et manifestations publi- 
ques de toutes natures, ouvres de 
l’esprit», etc. 

On lit dans ce document - pro- 
venant, selon ceux qui le détien- 
nent, du greffe du tribunal de com- 
merce de Paris - que le capital 
social de cette SARL est divisé en 
-+000 parts tt réparties comnursuit : 
à M. Pierre Botton, 698 parts; à 
M. Hervé Bourges 300 pans: à 
M. Yves Mourousi. 2 parts». 

Le journaliste de TF I et son 
accompagnateur insistent auprès du 
rédacteur du Figaro pour que ce 
document soit publié dans l'édition 
en cours de montage. Ils expliquent 
que leur appartenance à TF 1 leur 
interdit de «sortir» eux-mêmes un 
tel document mettant en cause le 
PDG des chaînes de télévision 
publiques. 

Le rédacteur du Figaro n’est pas 
vraiment surpris, ni par cette 
démarche ni par la teneur du docu- 
ment 11 sait que son confrère de 
TF I, ancien collaborateur de La 
Cinq, spécialisé dans les investiga- 
tions, suit l'affaire Botton pour le 
département «enquêtes et repor- 
tages» de sa chaîne, en qualité de 
pigiste permanent, et pour le maga- 
zine «Le droit de savoir» qu'ani- 
ment conjointement, sur TF I, 
Patrick Poivre (TArvor, Gérard Car- 
reyrou, Charles Villeneuve, Robert 
Namias et Franz-Olivier Giesbert 
son propre directeur de la rédac- 
tion. En outre, cela faisait plusieurs 
jours que certains de ces collabora- 
teurs de TF 1 annonçaient «un gros 
coup» à propos de M. Bourges, fi 
mesure aussi l’intérêt politique du 
dossier qu’on lui livre car il 
n’ignore pas non plus que le présen- 
tateur vedette de TF t, PPDA, 
inculpé de recel d’abus de biens 
sociaux et placé sous contrôle judi- 
ciaire, doit être de nouveau convo- 
qué à Lyon par le juge d’instruction 
chargé du dossier Botton. Cette 
convocation est en effet prévue 
pour le lendemain. 

Un détail, pourtant, trouble ce 
rédacteur du Figaro : le journaliste 


questions 

poser» à M. Bourges. Cette «livrai- 
son» trop bien ficelée lui inspire 
des doutes, il joint au téléphone le 
PDG de France Télévision. 
M, Bourges dément formellement 
sa participation au capital de cette 
{société, affirme qu'il s'agit là, sans 



Y.H. Yerushalmi 
P.-A. TàgiriciT 


Mars-Avril 1993 


Métamorphoses du racisme 
et de F antisémitisme. 

Dérives de la critique littéraire. 

Le numéro : 78,00 FF - Abonnement l an (10 numéros} ; 530 FF 
212, rue Saint-Martin, 75003 PARIS - Tél. ; 48 04 08 33 


aucun doute, d'un travail de faus- 
saire et promet des suites judi- 
ciaires si le Figaro prend la respon- 
sabilité de publier ce document. Le 
journaliste du Figaro expose la 
situation à son directeur de la 
rédaction et Franz-Olivier Giesbert 
décide de différer la publication. 

Le lendemain, 25 février, il suffit 
à la direction de la rédaction du 
Figaro et à l’avocat de M. Bourges 
de faire quelques vérifications élé- 
mentaires pour constater que ledit 
document constitue un faux. Tels 
qu’ils ont été déposés le 15 septem- 
bre 1989 au tribunal de commerce 
de Paris tes statuts de la SARL EN. 
F. IN. indiquent que le capital de 
celle-ci est réparti entre deux per- 
sonnes seulement : Pierre Botton 
(998 parts) et Yves Mourousi (2 
parts). Le document proposé au 
Figaro par Aymar du Chàtenet et 
son accompagnateur constitue une 
copie falsifiée de l'original : le nom 
de M. Bourges a été ajouté aux 
deux autres à des fins malhonnêtes. 


dit : qui est l'auteur du faux et son 
éventuel commanditaire? La direc- 
tion générale de TF 1 se défend 
vigoureusement de toute manoeuvre 
maligne à l'encontre de ses concur- 
rentes. 

Selon certaines explications offi- 
cieuses, le journaliste de TF l qui a 
«livré» ce document au Figaro 
l’aurait fait sans savoir qu'il s’agis- 
sait (T un faux et il aurait agi de son 
propre chef après avoir reçu ce 
document d’une source anonyme. 
Invité à s’expliquer, Aymar du 
Chàtenet aurait reconnu, devant sa 
direction générale, qu’avant de se 
rendre au Figaro , le 24 février, il 
n'avait montré ce document à 
aucun de ses supérieurs hiérarchi- 
ques. Menacé de licenciement, dans 
un premier temps, puis rais en 
conge, ii n'avait apparemment fait 
l'objet, jeudi soir, d'aucune sanction 
et devait reprendre normalement- 
ses activités vendredi. 

Mais si ce journaliste de TF 1 a 
lui-même été «piégé», par qui Ta- 


et TAUiffc hx MM, 

ilfcWNUt fc* qui ? L- 

m 






En témoigne notamment une copie 
(obtenue le 14 mars au tribunal de 
commerce de Paris) du compte 
rendu d'une assemblée générale 
extraordinaire en date du 5 février 
(990 qui indique que la SARL EN. 
F. IN. L’Agence n'est composée que 
de deux associés, Pierre Botton et 
Yves Mourousi. Le Figaro a 
échappé à une tentative de mani- 
pulation tendant à discréditer le 
PDG de France Télévision. 


Un « mauvais 
polar » ? 


Bien que cette entreprise de 
machination ait suscité un certain 
émoi au sein de sa rédaction,, le 
quotidien de M. Robert Hersant a 
opté pour la discrétion. A propos 
de fa plainte déposée par 
M. Bourges il précisait brièvement, 
en page 11, dans ses éditions du 
vendredi 5 mars : « Un document 
remis au Figaro comme la copie des 
statuts de l’une des sociétés de Pierre 
Botton tentait de faire croire 
qu' Hervé Bourges aurait été l'associé 
de Pierre Boltton dans cette société 
Vérification faite par le Figaro - qui 
n’a bien sûr rien publié - les vérita- 
bles statuts déposés au tribunal de 
commerce de Paris ne comportent 
pas le nom d’Hervé Bourges : c’était 
une grossière manipulation. » 

A TF I, en revanche, depuis une 
semaine, cette histoire de faussaires 
provoque de gros remous. La seule 
réaction officielle est venue du 
directeur général de l'antenne, 
Etienne Mougeotte, qui se déclarait, 
jeudi, via i’AFP, « obligé de sou- 
rire » à ce qu’il considère comme 
«un mauvais polar». Mais Etienne 
Mougeotte semble bien le seul à en 
sourire. Car, si (a falsification sem- 
ble établie, la question est de savoir 
quelle a pu être, dans cette machi- 
nation avortée contre le PDG de 
France 2 et France 3, la part de 
responsabilité de TF 1. Autrement 


t-il été? Par l’auteur du faux ou par 
un comparse de l’auteur du faux? 

La clé de l'énigme se situe peut- 
être derrière la personnalité du 
journaliste pigiste qui accompagnait 
Aymard du Chàtenet le soir du 
24 février au Figaro et qui assistait 
le journaliste de TF 1 dans son 
enquête, 

H s'agissait d'un ancien membre 
de la rédaction en chef de l’Idiot 
international, Philippe Paint, ancien 
collaborateur de VSD. condamné au 
civil, en octobre 1991, après avoir 
publié, dans la revue Passages , au 
grand dam du directeur de celle-ci, 
de faux entretiens avec deux diri- 
nts du Front national [le Monde 
30 juillet 1991 et 29 octobre 
1992). 

A TF I, jeudi soir, on affirmait 
tout ignorer des antécédents de ce 
singulier pigiste qui affirme avoir 
été lui aussi «pregé» ... Philippe 
Palat nous a en effet confirmé, ven- 
dredi matin, qu’il avait collabore, 
dans cette affaire, avec Aymar du 
Chàtenet mais qu'il avait simple- 
ment retransmis au journaliste du 
Figaro le document tel qu’il l’avait 
lui-même reçu, par coumer, du tri- 
bunal de commerce de Paris après 
quatre démarches personnellement 
effectuées sur place sans succès. 
Interrogé sur le point de savoir s’il 
avait identifié le faussaire, U nous a 
indiqué qu’il avait «bien sur une 
idée», en mettant en cause «une 
personne qui travaille dans les ser- 
vices du tribunal de commerce de 
Paris v, sans autre précision. 

Le président de ce tribunal, 
M. Michel Rouger, a réagi à cette 
affirmation en indiquant qu’un for- 
mulaire de «demande d’un docu- 
ment concernant la société EN. F. 
IN. avait bien été rempli, avec nom 
et adresse du demandeur » [Philippe 
Palat], ainsi que le prévoit la procé- 
dure d’envoi postal, mais «rien ne 
permet de dire, nous a-t-il déclaré, 
que l’original ail été modifié au tri- 
bunal de commerce ». 

Enquête du service 
médias-communication 


!EN BREF 

a RTL 2, nouvelle télévision alle- 
mande. - Avec plusieurs mois de 
retard sur ses prévisions, une nou- 
velle chaîne de télévision, RTL 2, 
fera ses débuts samedi 6 mars en 
Allemagne. Diffusée dans l’immé- 
diat sur le câble et le satellite 
Astra, elle espère obtenir des émet- 
teurs terrestres pour toucher quinze 
millions de foyers en fin d’année, 
'avec un programme composé à 
80 % de fictions, A l’origine, les 
actionnaires actuels de la première 
chaîne privée allemande, RTL-TV 
(i’ex-RTL-Pius), devaient détenir la 
^majorité de RTL 2 (le Monde du 
12 janvier). Mais ces actionnaires, 
)a Compagnie luxembourgeoise de 
télédiffusion (CLT) et une filiale de 
Bertelsmann, ainsi que le journal 
Frankfurter Allgemeine Zeitung. 
ont dû se contenter de 24,9 %, 


pour apaiser les craintes des autori- 
tés du Land de Hesse. A leurs 
côtés, les groupes Télé München et 
Bauer détiendront chacun 37,6 % 
de RTL 2, qui prévoit un déficit de 
1,3 milliard de francs environ et 
espère atteindre une situation équi- 
librée d’ici quatre ans. 

□ M. Pierre S nard affirme n’avoir 
entamé aucune négociation avec 
M. Robert Hersant. - M. Suard, 
PDG d’Alcatel Alsthom, a déclaré 
au micro de «Radiocom» sur 
Franoe Inter, jeudi 4 mars, qu'il 
n’avait entamé aucune négociation 
pour le rachat du groupe Hersant. 
Il a également affirmé qu’après 
étude il n'était pas «intéressé» par 
(c groupe Expansion. Quant à 
Havas, M. Suard « n'exclut pas des 
réaménagements capitalistiques». 





7 


) 







16 Le Monde * Samedi 6 mars 1 993 


CULTURE 


DANSE 


« 


t 

*3 


Des corps dans la mer 

Une création d’Odile Daboc 
ouvre la Biennale du Val-de-Marne 


PROJET DE LA MATIÈRE 

Ù Créteil 

Voilà une pièce bien étrange, et 
dérangeante. Une pièce molle, 
comme les montres molles de Sal- 
vador Dali ou les abstractions 
coulantes de Tanguy. Liquide, 
plutôt : invisible, smon inaudible 
- force glouglous, bruits de ressac 
ou de cailloux roulés par les flots 
dans la bande-son, - l'eau envahit 
l'espace scénique et l’imagination 
des spectateurs, déforme (es mou- 
vements, alanguit les corps. Dés 
la première image, nous sommes 
immergés : dans un petit rectan- 
gle lumineux surgi au cœur des 
ténèbres, une naïade nage volup- 
tueusement dans d énormes 
vagues de plastique. Superbe est 
le tableau qui suit, lorsque le 
rideau se lève : des corps figés 
semblent avoir été abandonnés 
sur quelque plage par la marée. 

La beauté est partout au ren- 
dez-vous : dans les éclairages de 
Françoise Michel, dans le disposi- 
tif d Yves Le Jeune, panneaux 
gris passant de l’opacité à la 
transparence, dans les subtils 
maillots couleur d’huître de 
Dominique Fabrègue. Comme 
dans ces énormes galets conçus 
par la plasticienne Marie-José Pil- 
let, qui vont se révéler mois cous- 
sins où les danseurs enfouissent 
leur tête, jambes en l’air. Et, sou- 
vent, dans ces mouvements 


rêveurs, ralentis, ces poses d’en- 
dormis ou de noyés, cette indiffé- 
rence à la pesanteur. 

Cessons de tourner autour du 
pot : mis à part une brève 
séquence de violents soubresauts 
de poissons au fond d’une barque, 
on a tout vu au bout de dix a 
quinze minutes, la suite ne sera 
qu'éternel ressassement {comme 
la mer?). Les danseurs ont tra- 
vaillé à partir des sensations 
éprouvées au contact des objets 
divers apportés aux répétitions 
par la plasticienne : ce sont leurs 
improvisations, intactes ou pres- 
que, qu’a utilisées Dnboc. « U n'y 
aura pas un pouce de moi dans la 
chorégraphie, seulement mon uni- 
vers j», avait-elle déclaré il y a 
quelques semaines. 

Elle, dont l’écriture est si ferme 
sous son raffinement, a eu tort de 
s’effacer à ce point. Les choré- 
graphes d'aujourd’hui aiment de 
plus en plus utiliser l’apport 
«créatif» de leurs interprètes, 
mais ceux-ci ont une invention 
gestuelle souvent limitée, ce Pro- 
jet de la matière en témoigne. 
Sous les galets, l'ennui - ou, pour 
certains, l'hypnose. 

SYLVIE DE NUSSAC 

► Maison des arts de Créteil, 
place Salvador-Allende. Tél. : 
49-80-18-88. Jusqu'au 6 mars. 
20 h 45. 120 F. 


MUSIQUES 


Une histoire de cirque 

Sous chapiteau, le mimodrame de Stravinsky 
dans me version adaptée au jeune public 


L’HISTOIRE DU SOLDAT 

ou Crqfja Moreno 

C’est un vrai cirque, avec une 
vraie toile de tente rayée et une 
grande piste circulaire recouverte 
de sciure. U ne lui manque que 
l’odeur âcre des fauves. Des sco- 
laires l’envahissent bruyamment, 
prennent d’assaut les gradins et la 
quinzaine de tables qu’on a instal- 
lées sous le chapiteau. C’est là, tout 
à côté de la station de métro SulJy- 
Morland, que fOpéra-BastiUe pré- 
sente jusqu’au 1 1 mars l 'Histoire 
du soldat, de Ramuz et Stravinsky. 

Cette nouvelle production ras- 
semble l’excellent ensemble Àrs 
Nova, placé sous la direction de 
Philippe Nahon, le Théâtre de 
l’Unité et la compagnie foraine 
Grand Ecart. Le metteur en scène, 
Jacques Livchine, a donc imaginé 
de donner cette Histoire du soldat 
dans un cirque, où il a reconstitué 
l’ambiance d’un bistrot Sa mise en 
scène débute avant que ne com- 
mence l’œuvre de Stravinsky : des 
serveurs distribuent des jus 
d’orange, des verres de vodka {très 
allongée d’eau!), des toasts au 
caviar, pendant qu’une dame de 
salle commente ce qui se passe 
avec insolence, et explique l'œuvre 
aux enfants. Cest tonique et assez 
drôle, plutôt virevoltant Les élèves 


et leurs professeurs rient de bon 
cœur. 

Ramuz et Stravinsky «entrent en 
scène». Le travail de Livchine n’a 
rien d’outré, juste un peu confus 
parfois. Les acteurs jouent de façon 
vivante, s’adressent au jeune 
public, le prennent à partie. Les 
numéros s’enchaînent sans temps 
mort, de numéros d’équiiibristes en 
pièce d'anthologie humoristique. Et 
l'on suit avec un émerveillement 
d’enfant cette histoire terrible qui 
conte le malheur d'un pauvre sol- 
dai qui vend son âme et son violon 
contre une richesse illusoire : «On 
m’envie et je m’ennuie.» 

Si ce spectacle n’a pas été conçu 
pour des enfants (seule deux mati- 
nées sont réservées aux classes), il 
est évident qu'ils y prendront plus 
de plaisir que les adultes souvent 
un peu «coincés». A moins qu’ils 
ne viennent avec leurs rejetons, 
pour se donner bonne conscience. 
Comme ils vont an cirque... 

ALAIN LOMPECH 

I» Parvis de la bibliothèque de 
l'Arsenal, boulevard Henri-IV, 
75004 Paris. Prochaines repré- 
sentations, le 6 mars. A 
14 fi 30; les 8, 10 et 11. A 
20 heures. Tél. : 44-73-13-00, 
de 11 heures, à 17 h 45. 
Places: 120 F. 


Aménophis 
le Magnifique 


i Suite de la première page 

Lorsque Aménophis III succède 
là son père Thoutmôsis IV 
[(1401-1391), il n’a que dix ou 
I douze ans. Sa mère Moutcmouia, 
î qui était très probablement étran- 
I gère, n’était qu’une épouse secon- 
Idaire du pharaon défunt, mais, à 
' partir de l’avènement du roi-en- 
'• font, elle reçut, entre autres titres, 
celui de «grande épouse royale». 
La reine mère, qui vécut pendant 
la plus grande partie du règne de 
son fils, eut une influence qu’at- 
testent ses nombreuses figura- 
tions. 

Comme tous les pharaons, 
Aménophis III a sûrement eu de 
très nombreuses épouses secon- 
daires et concubines. Mais, dès 
l’an 2 de son règne, il a épousé 
Tiy, «gronde épouse royale», qui 
a été une des plus grandes reines 
de toute l’histoire égyptienne par 
le rôle qu’elle a joué dans l’explo- 
sion artistique du régne. Tiy lui a 
donné quatre filles et au moins 
deux fils. 

L’aîné, le prince Thoutmôsis, 
est sûrement mort avant son père. 
Le cadet est devenu le roi Améno- 
phis IV. Plus connu sous le nom 
d’Akhénaton, le «pharaon héréti- 
que», ce cadet a été l’époux de la 
célébrissime Néfertiti et sans 
doute le pire (par une autre 
épouse) du non moins célébris- 
sime Toutankhamon. 

La famille et les familiers du 
roi nous sont connus grâce.» à la 
longueur exceptionnelle du 
règne (2). Lorsqu'un pharaon était 
sur le trône depuis trente ans, il 
était fêté par un premier jubilé. 
Lequel était suivi, si le régne 
continuait, d'un ou plusieurs 
autres - Aménophis III a eu droit 
à deux autres jubilés pour célé- 
brer la trente-quatrième et la 
trente-septième année de son 
règne - dont les festivités étaient 
représentées sur divers monu- 
ments. 

Amenhotep, 

81 s de Hapou 

Aménophis HI a la réputation 
d’un roi faible. On pourrait effec- 
tivement le croire lorsqu’on énu- 
mère quelques-unes des personnes 
qui ont joué un rôle important 
pendant son règne. Sa mère et la 
«grande épouse royale» Tiy, 
avons-nous dit plus haut, ont 
exercé une influence certaine. Les) 
parents de Tiy, Iouya et Touyou, 
semblent n’avoir été que des 
notables provinciaux, peut-être 
d’origjne étrangère. Mais leur 
importance était telle qu’ils ont ; 
été enterrés dans la Vallée des 
Rois, bien que n’étant pas de saog> 
royaL Cela peut s’expliquer par lei 
fait que outre diverses fonctions,! 
Iouya était «père du dieu». Ce[ 
qui, sous le Nouvel Empire, dési-, 
gnait certains hauts fonction-i 
naires, dont le tuteur (gouverneur] 
et précepteur) du jeune prince 1 , 
héritier. i 

Autre personnage essentiel dul 
règne, Amenhotep, î«is dej 
Hapou (3). Originaire du delta, il; 
est l’homme de confiance d'Amé-j 
nopbis HI comme il l’avait été de< 


ARTS 


Le blanc de la peau 

Une jeune artiste étrange pour une nourelle galerie 


VALÉRIE FAVRE 

à b galerie Nathalie Obodta 

Valérie Favre peint des poulets; 
des poulets morts, plumés, vidés 
sans doute, exsangues assurément, 
pendus par les pattes, la tête ballot- 
tant misérablement, te bec entrou- 
vert. Ces poulets sont effroyable- 
ment blafards, d’une blancheur 
crayeuse, sur fond blanc gris. Jus- 
qu’ici, Valérie Favre peignait des 
oreillers et des piles de chemises 
blanches, sur le même fond blanc 
gris. 

L’idée qui commande ces œuvres 
se conçoit aisément : il but faire 
naître des objets, des formes, des 
volumes, un espace à partir du 
monochrome blanc tel que Ryman 
l’a glorifié et popularisé. Valérie 
Favre est de celte génération de 
'peintres d’entre trente et trente- 
cinq ans que ne satisfont ni (es 
certitudes ni Jes répétitions de l’art 
contemporain international et ins- 
titutionnel. La mise en scène du 
inresque rien les ennuie, l’ascétisme 
'n’est pas leur fort. De to pagure, 
.comme des autres techniques qu m 
'emploient à l'occasion, ils «igent 


qu'elle crée des objets, des images 
et jusqu’à des sensations, ils réagis- 
sent contre la mode précédente, en 
somme, et leur réaction se mani- 
feste quelquefois de façon fort 
déconcertante. 

Ainsi de ces cadavres à la pâleur 
gênante. Desportes, Oudry, Char- 
din, et Sootine lui-même, quand ils 
peignaient des trophées de chasse 
ou des cuisines, usaient largement 
de la couleur et du trompe-l'œil As 



, de Jean-Pierre SARRAZAC 
4 mise en scène 

Claude YERSIN » 

T i H ë AT RE PARiS-ViLLETTc §3 


prenaient plaisir à imiter les plu- 
mages et leurs reflets. Des fruits et 
de la vaisselle luisante ajoutaient 
au charme de la nature morte. Ds 
figuraient la mort avec tant d’art 
que l’art prenait le dessus sur la 
mort et b. vanité changeait de sens, 
la, rien de tel : ni artifices, ni jeux 
de nuances - rien que le blanc 
plâtreux de la peau, comme éclai- 
rée par le néon. Viennent à l’esprit 
des visions de supermarché, 
d’hôpicol et de morgue, tout cela 
hygiénique, inerte, à peine suppor- 
table. 

Pour une première exposition 
personnelle, dans une galerie qui 
s’inaugure avec elle, Valérie Favre 
se soucie peu de flatter ks regards 
et d’enjôler les amateurs. Elle pré- 
fère les méduser. L’entreprise est 
audacieuse et parfaitement à con- 
tre-oourant Il faut donc l’observer 
attentivement et se soumettre à 
répreuve d’une peinture qui sem- 
ble aspirer à l'inhumanité. 

PHILIPPE DAGEN 

P 1 $, rue de Normandie. 75003, 
Paris; tôl. : 42-74-87-68. Jus- 
qu'au 17 mars. 


î 


Thoutmôsis IV et semble avoir 
vécu au moins quatre-vingts ans. 
Cet Amenhotep a cumulé de nom- 
breuses fonctions sans avoir 
jamais en le titre de «vizir» fies 
deux «vizirs» avaient en charge, 
dans tous les domaines, l’un la 
Haute-Egypte, l’autre la Basse- 
Egypte), ce qui ce l’a pas 
empêché de détenir la réalité du 
pouvoir. 

Cultivé, compétent dans de 
nombreux domaines, de bon 
conseil, le roi Lui fit élever, hon- 
neur unique, on temple funéraire 
sur la rive gauche du Nil, juste 
derrière le sien propre. Peut-être 
faible, Aménophis 1H a eu néan- 
moins le mérite de savoir s'entou- 
rer. Ce qui lui a permis, avec la 
paix qui a marqué son règne, de 
satisfaire, de la Nubie au delta, 
son goût des monuments et de 
marquer ainsi de son empreinte 
une des périodes les plus raffinées 
de l’histoire égyptienne. 

Le « temple 
de milli ons d’années » 

Malheureusement, une bonne 
partie des monuments élevés sur 
l’ordre d’Aménophis EU ont dis- 
paru. Ce n’est pas à Karnak qu’il 
faut chercher la «main» du pha- 
raon bâtisseur, mais à proximité 
de la ville, où Ü a fait élever les 
temples de Montou (au nord) et 
de Moût (au sud). A quelques 
kilomètres de là, il a profondé- 
ment marqué le temple de 
Louxor : on lui doit le h ail d’enr 
trée et ses colonnes campa ni- 
formes ainsi que la grande cour 
entourée d’un péristyle à 
soixante-quatre colonnes. 

Le chef-d’œuvre d’Araé- 
oophis (H - dont il ne reste pas 
grand-chose - a sans doute été 
son temple funéraire, le « temple 
de raillions d’années» (c’est-à- 
dire de l’éternité), qu’il a fait 
bâtir sur la rive gauche du Nil 
dans la zone inondée par la crue 
annuelle. Ce temple était un 
gigantesque ensemble (de 
600 mètres de côté?) regroupant 
des sanctuaires, des magasins, des 
logements pour les prêtres. Pour 
s’en convaincre, il n’est que de se 
rappeler les colosses de Memnon 
(du nom qni leur a été donné par 


les Grecs, admiratifs mais peu 
exacts dans leurs transcriptions 
des noms égyptiens), qui mar- 
quent toujours l’entrée de l’édi- 
fice. 

Les colosses 
de Memnon 

Les deux statues, dont l’une a 
été très abîmée et restaurée dès 
l’Antiquité; représentent le roi 
assis. Elles sont hautes de 13.60 
mètres et posées sur un socle de 
2,30 mètres. Elles ont été taillées 
d’une seule pièce dans la pierre 
favorite du pharaon, le quartzite 
(un grès à ciment siliceux) rouge 
et fin des carrières d'Héliopolis 
(dans l’actuelle agglomération du 
Caire). Nous n’avons plus que la 
base et les pieds (longs de 2,90 
mètres) de cette autre effigie 
colossale (haute probablement de 
Ig mètres), érigée sur la face sud 



■ TSto cohssate 
d’Aménoptm itt 

du dixième pylône de Karnak. De 
taille encore très respectable, les 
treize statues d’Amênophis III 
(usurpées par Ramsès fl, qui y fit 
graver ses propres cartouches) se 
dressent entre les colonnes de la 
première cour du temple de 
Louxor. 

Le règne "d’Amériophis. .iil le 
Magnifique fut une période où 
fart égyptien a' atteint on de ses 
apogées : même les colosses, 
prouesses techniques, témoignent 
d’une maîtrise extraordinaire 
pour obtenir la beauté à l’état 


pur. L’art plus réaliste, moins hié- 
ratique, de la fin du règne d’Ami- 
nophis HI a préparé la voie à 
celai d’Aménophis IV, qni n’a pas 
eu peur de montrer un pharaon 
prognathe, doté d’un ventre pro- 
éminent En faisant construire à 
Karnak les temples de Montou et 
de Mont, t( a été le créateur 
d’axes nord-sud qui ont complété 
les axes est-ouest traditionnels. 
C’est lui qui a multiplié les très 
longues allées bordées de sphinx 
ou autres animaux, « inventées » 
par son père Thoatmôsis IV, et 
qui a fait reproduire les dieux 
sous forme animale. Lui encore 
qui a donné un essor remarquable 
au culte ancien du taureau Apis a 
a donc fait commencer, près de 
Memphis, le serapeum où sont 
réunis les tombeaux des Apis 
défunts. 

Le culte 
d’Aton 

Enfin, si Aménophis ’ IV - 
Akhénaton - est resté dans l’his- 
toire comme le pharaon qui a 
révolutionné la religion égyp- 
tienne en imposant le culte exclu- 
sif d’un dieu unique, Aton, per- 
sonnification dn disque solaire, 
Aménophis ni fait inscrire, dès la 
onzième année de son rèjpie, le 
nom d’Aton sur la barque somp- 
tueuse dans laquelle il va chasser. 
A la fin de sa vie, il dédie un 
temple à Aton dans le palais du 
désert (Malgatta). Un de ses noms 
préférés - les pharaons en ont une 
ribambelle - est le «disque 
solaire éblouissant», qui fait réfé- 
rence à Aton. Pour la première 
fois, Aménophis III Elit aménager 
une cour de temple (la deuxième 
de Louxor) en cour solaire 
ouverte aux rayons du soleil, avec 
son espace vide entouré de la 
colonnade d’un péristyle. Ainsi 
a-t-il bien préparé la révolution 
religieuse que son fils et succes- 
seur imposera pendant ses dix- 
sept ans de tègiie et qui prendra 
fin très vite, au début du règne de 
Tbiitankhamôn, monté sur le 
trône sous le nom de Tbutankha- 
ton_ 

. YVONNE. REBEYROL 


(2) Ramsès II le Int largement, avec 
soixante-sept ans de règne et quatorze 
jubilés. 

(3) 0 Gmt préciser Amenhotep, Rb de 
Hapou, car plusieurs autres Amenhotep 
gravitaient autour <f Aménophis ÏIL 


* A l'exposition da Grand Palais 

Un pharaon, sa vie, pour l’éternité 


Pour de nombreuses per- 
sonnes, l'Egypte antique est 
indissolublement liée à le mort. 
Sens doute à cause des momies, 
ces personnages fascinants qui 
ont défié les millénaires et qui 
sont parvenus jusqu'à nous 
intacts (ou presque). Le propos 
d'Elisabeth Detanga, conserva- 
teur en ch ef au d épartement des 
antiquités égyptiennes du Musée 
du Louvre, est tout autre. Ef!e n’a 
pas voulu, dans l'exposition 
Aménophis Ht du Grand Palais 
dont elfe est commissaire, mon- 
trer la mort, mais ta via du pha- 
raon, avec ses dieux, sa fantâle 
et ses familiers telle qu'on peut 
la retrouver dans quelque cent 
cinquante objets prêtés par le 
Musée du Louvre et les musées 
égyptiens bien sûr, et aussi par 
des musées américains et euro- 


L'exposition, déjà présentée 
en 1992 à CteveJand et à Fort- 
Worth (Etats-Unis), est montée à 
Paris oêce eux seules largesses 
de la Réunion des musées natio- 
naux et non à celles de mécènes 
privés... L'espace est rythmé par 
des «pylônes de lumière» - des 
pyramides tronquées éclairées 
de l'intérieur - et tes pinceaux de 
puissants projecteurs illuminant 
certains des objets présentés. 
Les uns et tes autres rappellent, 
pendant rout le parcours, l'im- 
portance qu' Aménophis III accor- 
dait au soleil éblouissant. 

La première salle, consacrée 
au roi et aux dieux, évoque la 
situation exceptionnelle du tem- 
ple funéraire d‘ Aménophis 111, qui 
était construit dans la zone inon- 
dable, et donc cultivée, de la rive 
gauche du Nil, en face de Kar- 
nak : trois têtes colossales du 
pharaon, en granité rose ou an 
granodiorite, sont perchées sur 
de hauts socles jaillissant de 
bassins dans le fond desquels un 
.miroir donne l'illusion de l’eau ; 
un des murs est peint en jaune 
pour évoquer te désert, toujours 
proche dans la vallée du Nil; 
l’autre est vert par référence aux 


cultures, indispensables aux 
vivants. 

Dans la dernière se dresse une 
grande et superbe statue d'Amé- 
nophis 111 en diorite d' Ass ou an, 
grisé tachetée de rose, retrouvée 
à Tarés, dans le delta , et dont la 
face a été (visiblement) retou- 
chée de façon à représenter 
Ramsès ü... Ainsi, Aménophis HI 
survit-il pour l'éternité h une 
seconde mort. 

La perfection 
à Fétat pur 

Certaines des statues annon- 
cent le réalisme ds fart cfurôgne 
d’ Aménophis IV-Akhénaton. 
Amenhotep, fils de Hapou, est 
représenté classiquement en 
scribe poix attester de sa dignité 
et de sa sagesse. Mas les trois 
pRs-bourreiets bien marqués qui 
barrent son estomac et sa tête 
penchée qui fait un angle- très 
particulier avec le cou sont là 
pour montrer, nous semble-t-il, 
le personnage dans son grand 
âge. La revissante tête de Tiy en 
bois d'if n’a que 9,5 centimètres 
de haut. Sa bouche tombante et 
son nez pointu expriment une 
amertume certaine, très Inhabi- 
tuefle dans l'art égyptien. 

Nombre des chefs-d'œuvre 
exposés démontrant d'une façon 
éclatante à quelle perfection sont 
parvenus les artistes du règne 
d’ Aménophis III. Les bas-reliefs 
représentant des personnages 
sont d'ime extraordinaire finesse 
et font contraster la simplicité 
presque schématique des 
visages et la précision frôlant le 
maniérisme pour les coiffures. 
Les peintures (sur bas-reRef, sur 
coffre de bois, etc.) sont d'une 
grâce immatérielle, que ce soit 
pour représenter des person- 
nages ou des animaux. Les 
vases d'albâtre ont une pureté 
de' formes incroyablement 
moderne. La transparence des 
jupes de mousseline ét des 
robes longues et très moulantes 
est parfaitement rendue sur le 


bois, sur la pierre, sur les bas-re- 
liefs, peints ou non. Tout comme 
sont rendues sans ridicule les 
extraordinaires tresses et bou- 
clettes des volumineuses perru- 
ques ou les crinières énormes 
des babouins. 

L'exposition a été l’occasion 
de retrouvailles inattendues. 
Lorsque les spécialistes du 
Muséum of Art da Cleveland pré- 
paraient sa première phase, Ds 
ont reçu du Musée égyptien du 
Caire une statuette sans tête en 
stéatit» couverte de giacure bleu- 
vert, et du Durham University 
Oriental Muséum une tâte sans 
corps en stéatite c nue i. Mira- 
cle : te corps et la tête étaient 
les deux morceaux de la même 
statuette d'Aménophis 111, 
comme en témoignent la symé- 
trie de (a cassure et, surtout, (a 
continuité de l'inscription figurant 
sur le pilier où s’adosse le pha- 
raon. On a de bonnes raisons de 
penser que la statuette vient du 
temple funéraire d'Aménophis lll, 
mais on ne sait pas ouand elle a 
été trouvée ni quand elle a été 
cassée. Et aucun des responsa- 
bles des deux musées ne 
connaissait l'existence de l'autre 
morceau. Réunis à Cleveland, 
puis è Fort-Worth, pus è Paris, 
les deux morceaux de la sta- 
tuette seront de nouveau sépa- 
rés è la fin de l'exposition... 

Sans vouloir dénigra- la qualité 
de la superbe présentation, il 
faut signaler - pour de futures 
expositions - que (a plupart des 
étiquettes, en particulier celles 
qui sont posées au pied des sta- 
tues, sont écrites en. caractères 
beaucoup trop petits. 

Y. R. 

► Galeries nationales du Grand 
Palais è Parts (74. Entrée Cle- 
menceau. Tel. : 44-13-1 7-17. 
Du 8 mars au 31. mai. Ouvert 
tous les fours, sauf le mardi, 
de 10 heures à 
20. heures (Jusqu'à 
22 heures' le' mercredi). 
Entrée: 42 F. 





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• Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 1 7 


CULTURE 


CINÉMA 


Les voix du silence 


Un documentaire sur le monde des sourds, plein de gags poignants 


LE PAYS DES SOURDS 

de A&rote Phêbert 

Nicolas Philibert est an docu- 
mentaliste. Eclectique. Eclairé. Il 
a, jusqu'ici, exploré aussi bien le 
royaume fermé des patrons d’en- 
treprise (la Voix de son maître), 
que la Face nord du camembert, 
ou, plus récemment, en 1989, et 
de manière amoureuse et specta- 
culaire, la Ville Louvre, sorti en 
salle, déjà. 

Cette fois, Philibert découvre 
une pfanète très proche et très 
lointaine, nous n*e» connaissions 
rien, nous en avions un peu peur, 
et il va nous apprendre beaucoup 
sur elle, nous émouvoir, nous 
faire rire. Ses habitants, bizarre- 
ment, ont un «moins» qui se 
transforme en «plus», plus de 
chaleur, d'humour, de lucidité, de 
perspicacité. Ils nous renvoient à 
nos insuffisances. 

Ce sont les sourds. Ils sont, 
paraît-il, 3,5 millions en France 
souffrant d'un déficit auditif. Phi- 
libert ne s'intéresse qu’à une par- 
tie d'entre eux, les sourds pro- 
fonds. Ceux qui ne ne percevront 
jamais une note de Mozart ni un 
cri d'enfant, jamais le bruit du 
vent. H en suit un certain nom- 
bre, des petits garçons dans leur 
école (Ah! ce Florent, malin et 
tendre, qui pleure de temps en 
temps de solitude dans son 
silence, comme on l'aime...), un 


professeur de langage des signes 
(quel «bavard» celui-là 1), un 
jeune couple qui va se marier. 

Pas de tricherie avec le son, pas 
d’«efTet de surdité». Un montage 
sans esbroufe, parfois on peu plat, 
ce sont les visages et les mains 
qui parlent : des adolescents rac- 
compagnent à Roissy leurs 
copains américains. Le plaisir 
d’avoir été ensemble, la tristesse 
de la séparation. Dans le brou- 
haha indiscernable, ce sont des 
larmes douces et des étreintes, des 
gestes de promesse et de regrets, 
c'est l'amitié, à livre ouvert. 

Nicolas Philibert enregistre 
aussi des informations essen- 
tielles, ainsi du «racisme» qui a 
longtemps voulu que l’on 
enseigne de force notre langage 
sonore aux sourds, qu’on les 
oblige à l'articuler de leur voix 
inmodulable ; ainsi, au contraire, 
de la richesse de leur propre lan- 
gue muette, de la faculté confon- 
dante qu’elle leur donne de com- 
muniquer très vite avec leurs 
frères de tous les pays, dans une 
immense franc-maçonnerie du 
silence. • 

Le Pays des sourds regorge de 
gags poignants : la fête après le 
mariage, tout le monde danse, y 
compris les jeunes épousés 
sourds, très en rythme. Soudain, 
ils se retrouvent seuls sur (a piste, 
et continuent de danser, la musi- 
que s’est arrêtée, ils ne le savent 


pas, la musique est eu eux... II y a 
aussi des «répliques» inénarra- 
bles et éclairantes. Ses mains 
volant dans une gesticulation 
volubile, le professeur «raconte» 
(les sous-titres comblent notre 
«handicap») qu’il a eu un enfant 
de sa première femme, que cet 
enfant est entendant, mais qu’il 
* l'aime quand même». Soudain, 
le monde, notre monde, bascule, 
la toute-puissance de notre verbe 
vacille, nous rêvons un instant 
d’un espéranto gestuel universel... 

Nicolas Philibert s'inscrit avec 
bonheur dans un courant récent 
qui amène les documentaires au 
grand jour de l'exploitation en 
salles; récemment sont apparus à 
l’affiche les Contes sauvages ou 
Une brève histoire du temps (le 
\ Monde du 27 février); en ce 
moment se déroule à Paris, à 
l’Utopia et à l'Entrepôt (I), un 
cycle «Documentaires» sur grand 
écran; le 10 mars sort l'Œil de 
Vichy de Claude Chabrol; on 
annonce pour le 12 mars les 
débuts du Festival du réel, à 
Beaubourg. La soif du vrai est 
salutaire. 

DANIÈLE HEYMANN 


(1) Utopia, 9, nie Champoflioa, 75005 
Paris. Tél. : 43-26-84-65, L 1 Entrepôt 
7-9 rne Francis-dc-Pressensé, 75014 
Paris. TéL : 45-40-78-38. 


La mémoire du conteur 

Une parabole sur la dignité africaine 


JO M 

d'Ababocar Samb Motharam 

Ababacar Samb était sénégalais 
de naissance, cinéaste, africain et 
militant par passion, et par bon- 
heur. U est mort en 1987. 11 n'aura 
jamats.«U"SOfr-€(m distribué en 
France, r ct c’est bien, injuste. 
Découvrir aujourd'hui Jom, réalisé 
en 1981, c'est retrouver les conven- 
tions, mais aussi l'élan, le souffle 
généreux d’une époque où les luttes 
de libération ne faisaient pas 



encore ricaner. «Jom» signifie 
«dignité». Jom est un film de 
dignité et de combat. Mais 
«dignité», chez Samb, ne signifie 
ni raideur ni respect 

Vêtu de rouge et bleu comme sur 
les images d’Epinaf Khaiy le griot, 
incarnation de la mémoire afri- 
caine, traverse les époques pour 
témoigner de la résistance à l’op- 
pression. Après un prologue de 
comédie, qui fait la part belle aux 
femmes, le film tisse trois récits 
aux tonalités différentes, compose 
une sotte de fugue vers la liberté. 
Le premier thème évoque avec une 
élégance de chorégraphie rituelle la 
révolte, héroïque et désespérée, du 
dernier prince sénégalais refusant 
la colonisatioB, au début du siècle. 
Le deuxième, un peu simpliste, 
décrit l'affrontement entre un 
patron lâche et manipulateur et les 
grévistes de son usine. 

Le troisième thème, le plus 
réussi, dit comment les paysannes 
chassées par la sécheresse vers la 
ville, obligées de devenir domesti- 
ques, maltraitées et humiliées par 
des caricatures de bourgeoises afri- 
caines, seront vengées par la danse 
et les chants rebelles d’une artiste : 
extraordinaire séquence d’explo- 
sion sensuelle, où les rythmes, les 
corps, les couleurs, s’embrasent en 
un tourbillon de vie. 

Le griot revient, entraîne tous 
ses personnages en procession, en 
manifestation de colère et de joie. 
C'est fini, Ababacar Samb n’a pins 
fait de film, après Jom. On ne 
saura pas ce que lui auraient ins- 
piré ces années de détresse afri- 
caine, d’essor du cinéma africain 
aussi Et cela manque. 

J.-M. F. 


Le projet des 
nouveaux studios 
de Boulogne-Billancourt 

M. Paul Graziani, sénateur, maire 
de Boulogne-Billancourt, a présenté 
mercredi 3 mars le projet de nou- 
veaux studios de cinéma dans sa 
commune, affirmant que * dans les 
mois qui viennent, les propos seront 
suivis des faits : je bloquerai le per- 
mis de construire [du site de} Silly 
(logements), si Je n ai pas l'assurance 
que le permis ae Billancourt (studios) 
démarre en premier». Les «niveaux 
studios, installés, quai du Point-du- 
Jour, a l'emplacement des actuels 
studios de Billancourt, devraient, 
selon les plans de l’architecte Patrice 
Novarina, comporter notamment un 
grand plateau de 1000 m 2 et des 
installation de post-production, sur 
3 500 m 1 . L'inauguration est prévue 
pour 1995. 

Le sénateur maire a essayé de ras- 
surer les professionnels, inquiets 
d'un abandon sans contrepartie des 
actuels studios de Billancourt. Ces 
inquiétudes avaient été avivées par 
l’importante prise de participation 
de la Compagnie immobilière Phoe- 
nix (CIP), maître d’ouvrage du pro- 
jet (et de sa société mère, la Géné- 
rale des eaux), dans les studios 
berlinois de Babelsbeig. M. Jean- 
Pierre Alessandri, président des Stu- 
dios de Boulogne-Billancourt, mais 
aussi responsable des activités 
audiovisuelles de la CIP, a affirmé ; 
«Ce projet va peut-être contribuer à 
sauver le cinéma français. » 

Une thèse coostestée par les pro- 
fessionnels présents, dont le grand 
chef décorateur Max Douy s’est fait 
le porte-parole. L’ancien collabora- 
teur de Renoir s’est insurgé : «■ Ce 
projet est un projet pour la vidéo. Ce 
projet équivaut à la mort du 


émoi» 


C. S. 


Dérives 

Deux films de jeunesse sur le mal de vivre 


PARFOIS TROP D’AMOUR 

de Lucas Behaux 

SABINE 

de Ph&ppe Faucon 

• Ces deux «petits films», on 
aurait préféré ae pas les réunir, ne 
pas les emballer dans te même 
paquet de déception. Parce qu’on 
guettait avec intérêt les débuts de 
réalisateur de Lucas Beivaux, 
acteur doué et sympathique. Parce 
qu’on attendait avec appétit le 
deuxième film de Philippe Faucon, 
après la réussite sensible et légère 
de l’Amour , sorti il y a deux ans et 
demi Parce qu'on les espérait, l’un 
et fautre, singuliers, uniques. Dou- 
ble désappointement, pour des rai- 
sons finalement similaires. 

Parfois trop d'amour accompagne 
pas à pas la virée de trois copains, 
deux garçons et une fille (David 
Martin, Bernard Mazzmghi et José- 
phine Fresson), partis au matin 
d’une nuit arrosée de vin, vers la 
mer qu’ils n’atteindront pas. Us 
traversent les plats paysages du 
Nord, des vallées de larmes exis- 
tentielles, escaladent quelques 
reliefs de tendresse, ou de désir. 

Vite émoussé, le plaisir de 
reconnaître ici un ctin d’œil à Jules 
et Jim, là une allusion à Bande à 
part , aux Valseuses, à Wenders, le 
vide et la convention de ces petites 
embardées dans le mai de vivre 


piquent les yeux comme une mau- 
vaise fumée. Si on en doutait. Par- 
fois trop d'amour prouve qu’il y a 
aussi un académisme du cinéma 
moderne, et qu’on y verse aisé- 
ment, par relâchement du scénario, 
de la mise en scène et de l’interpré- 
tation. 

A première vue, le cas de Sabine 
est inverse : Philippe Faucon 
lorgne plutôt du côté de Pialat que 
vers la nouvelle vague, et son scé- 
nario est aussi rigide que celui de 
Beivaux est lâche. Sabine aussi 
accompagne une dérive : la lente 
descente aux enfers d'une adoles- 
cente d’aujourd’hui, maltraitée par 
son papa, abandonnée par son 
petit ami quand die est enceinte, 
privée de son enfant par sa belle- 
mère, camée, dealeuse, prostituée, 
malade du sida, condamnée, fou- 
tue. Très vite, dans cet 
enchaînement mécanique, ce n’est 
plus la société, ni le hasard, ni 
même quelque méchant destin qui 
sont responsables, mais le seul scé- 
nario. 11 maltraite simultanément, 
et gratuitement, le personnage et sa 
méritante interprète, Catherine 
Klein. 

Excès de désinvolture ici. de sys- 
tématisme là, deviennent ainsi les 
deux faces d’une même complai- 
sance. d’où s'échappent bientôt et 
le cinéma, et la vie. 

JEAN-MICHEL FRODON 


Pince-sans-rire 

LA SÉVILLANE 

de Jean-Philippe Poussant 


Un jeune homme, le narrateur, 
veut apprendre à conduire. Il 
s'adresse à une agence tenue par 
une jeune femme. Pascale, et n’ar- 
rivc pas à établir son dossier faute 
de photos d'identité. 11 accom- 
pagne Pascale pour acheter une 
bonbonne de gaz. Et les voilà par- 
tis, loin, tous deux, en voiture. 

Le romancier Jean-Philippe 
Toussaint recommence, en cou- 
leurs, ce qu’il avait fait, en noir et 
blanc, en 1989, avec Monsieur : la 
mise en film d’une de ses œuvres 
(ici, l’Appareil photo, publié aux 
éditions de Minuit) selon ses prin- 
cipes d’écriture minimale en litté- 
rature. Les personnages se dépla- 
cent dans l'espace mais il n’y a 
pour ainsi dire pas d’événements, 
au fil de petites scènes parfois rele- 
vées d’un humour imperturbable à 
la Buster Kcaton. S’ils vivent la 
naissance d'un amour, Jean-Claude 
Adelin a Mireille Perrier ne mani- 
festent ni émotions ni sentiments. 

Ils sont les êtres funambulesques 
de l’univers hors du temps de 
Jcan-Pbilippe Toussaint, mais par- 
lent plutôt comme chez Ionesco. 
Jean Yannc fait des apparitions 
pittoresques. Il sc dégage de tout 
cela un parfum de bizarrerie et de 
mélancolie. 

JACQUES SICUER 


THEATRE 


Souvenirs d’un tyran 

Strindberg, la scène, les femmes, me femme 


HARRIETT 

de Jean-Pierre Sarrazac 
au Paris- VSette 


Un vieillard engoncé dans son 
manteau grommelle, hargneux, 
amer. Il s agit d’un personnage 
public, un homme célèbre : August 
Strindberg. fi a écrit des essais, 
des romans, et surtout du théâtre 
- cinquante-huit pièces, intimes, 
tragiques, historiques, oniriques, fi 
a frôlé la folie, a aimé et trompé, 
en particulier des comédiennes. 
Parmi celles-ci, Harriett Bosse, 
avec qui il a eu une fille. Sans 
aucun doute, il était pénible à 
vivre. Harriett est partie rejoindre 
un comédien. Gunnar Wingard, 
qu’elle a également abandonné et 
qui s’est suicidé. 

Ces gens, ces situations se 
retrouvent dans la pièce de Jean- 
Pierre Sarrazac, Harriett, créée au 
Nouveau Théâtre d’Angers dans la 
mise en scène de Claude Yersin, et 
qui se donne à partir du 5 mars au 
Théâtre de Paris Villette. Ils s’y 
trouvent, pris dans la chronologie 
de la mémoire, temps enroulé en 
boucle dans un mouvement pro- 
pulsé par les émotions de celui qui 
se souvient. Mieux vaut savoir à 
l’avance qui parle et quels sont les 
liens entre les personnages, car 
Jean-Pierre Sarrazac ne leur a pas 
donné d’identité. 

Harriett (Catherine Gandois) 
porte au moins son prénom, les 
autres s’appellent l’Ecrivain (Feo- 
dor AUdne). l’Acteur jaloux (Alain 
Payen), le Régisseur (Lionel Pra- 
velj, (a Petite, le Page - une jeune 


comédienne qui ne voudrait pas 
faire de théâtre, mais que Strind- 
berg veut séduire - (Hélène Gay) 
Merlin, l'Assistant, le Compagnon 
au nom d'enchanteur (Yves Ker- 
boul). 

Composée en vers libres, la 
pièce, écrit François Régnault 
dans la préface, «se lit comme un 
livret d’opéra qui se lirait comme 
un poème». Claude Yersin joue à 
fond l’abstraction, les personnages 
sc déplacent dans un superbe 
décor de Claire Chavanne : des 
panneaux mobiles qui, dans les 
lumières de Pascal Merat, dessi- 
nent avec aisance des espaces 
magiques. On est à la fois dans un 
théâtre et dans la mémoire de 
Strindberg. 

Bien que paraissant sur le point 
de mourir, il est le seul être 
vivant, le seul qui possède une 


densité. Les autres, et ce n’est pas 
une sinécure pour les acteurs, exis- 
tent seulement eu fonction de lui, 
de ses désirs, de scs souffrances. 
Féodor Atkiuc en fait une sorte de 
monstre, inquiétant 'autant que 
pathétique. On le sait excellent 
comédien, là ii donne la mesure 
de sa Force, des forces de destruc- 
tion qui ['habitent. Le spectacle 
vaut pour lui, et aussi pour une 
ambiance poétique, mélancolique, 
même si l’écriture de Jean-Pierre 
Sarrazac paraît parfois inutilement 
compliquée. 

COLETTE GODARD 

► 211, avenue Jean-Jaurès, 
métro Porte-da-Pantin. Du mardi 
au samedi à 21 heures. 
Dimanche à 16 heures. Du 
5 mars au 10 avril. T6I. : 
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Une Ville. Un Film. Une Passion. 


CE SOIR CHEZ BERNARD PIVOT 


DE CULTURE 


Mercredi 10 Mars sur vos écrans 







18 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 


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AGENDA 


THEATRE 


AKTÉON -THÉÂTRE 143-38-74-62). 
Quelles nouvelles de Maupassant? : 19 n. 
fiai, dira, ton. Sans titre : von., sam., mar., 
mer., jeu. (dernière) 20 h 30. Lettre d'une 
inconnue : yen., sam. 22 h. 

AMANDIERS DE PARIS {43-68-42-17?. U 
Tentation de saint An tome : ven., sam., 
mar.. mer., jeu. (dernière) 20 h 30 ; drm. 

15 h 30. Lee Nonnes : mar. 20 h 30. 
ANTOINE - SIMONE-BERRIAU 
(42-08-77-71). L’Amour foor : 20 h 45 ; 
sam. 17 h; dm. 15 h 30. ReL dm. soir, tua 
ARCANE (43-38-19-70). Lee Vieux Os : 
20 h 30 ; dm. 17 h. RW. jeu., dm. soir. 
ARTISTIC-ATHÊVAINS (48-06-36-02). 
Naître coupable, naître victime : 20 h 30 ; 
jeu. 79 h ; sam.. dbn. 16 b. Bal. dim. soit. 

ATALANTE (46-06-11-90). Le Péfcan : 

20 h 30 ; dm. 17 h. RaJ. dim. soir, mar. 
ATELIER (46-06-49-24). Les Passions : 

21 h : dm. 15 h 30. ReL dm. soir, tua 
ATHÉNÉE-LOUIS JOUVET (47-42-67-27). 
Sade C. Bénrd. Le Pflote aveugle : 20 h 30 ; 
dm. 16 h ; mar. 18 h 30. ReL dim. sofa-, ton. 
Salie Louis Jouvet. Faust : 20 h 30 ; <fim. 

16 It ; mar. 19 h. Ral. dm. sofa-, ton. 
BATEAU- THÉÂTRE LA MARE AU DIA- 
BLE-RIVE GAUCHE (40-46-90-72). Us 
Voyageurs de carton : 21 h ; dm. 17 a Rel. 
dm. s or, ton. Gtoeomo : mar. 19 h 30. Les 
Voisins : ven., sam., dm. (dernière) 19 h. 
BATEAU-THÉATRE OURAGAN 
(4061-84-53). Petite salle. U» monde fou : 
mer., [eu., ven., sam. 21 h. 

BERRY-ZÉBRE (43-57-51-55). Les 
Champêtres de J de : dm. 20 h 30. 
BOUFFES PARISIENS (42-96-60-24). Les 
Monstres sacrés : 20 h 30 ; sam. 17 h 30 ; 
dm. 15 h 30. RaL dm. soir, kn 
BOUFFONS-THÊATRE DU XIXE 
(42-38-35-63). Qûchotte : 21 h ; dm. 17 lu 
Rel. dm. soir. Les Mots en bahde ; jeu. 
14b 30. 

LA BRUYÈRE (48-74-76-99). Temps contre 
temps : 20 h 30 ; dm. 15 h. ReL dm. soir, 
ton. 

CAFÉ DE (A GARE (42-7862-51). Laurent 
Violet : 20 h. Rel dm, ton. Le Graphique de 
Bostrop : 21 h 15. Rel. dm., ton. Gare aux 
comiques : dim. TS h 30. 

LE CARRÉ BLANC (42-81-27-14). Novo- 
chnte, Novochnie, Novochnio : jeu., ven., 
mar. 19 h 45 ; sam. 17 h. 
CARTOUCHERIE-THÉÂTRE DE IA TEM- 
PETE (43-28-36-36). U Tempête : 

20 h 30 ; dm. 16 h. Bel. dm. soir, ton. La 
Pièce perdue : jeu., ven., sam. 21 h ; dim. 
16 h 30. 

CARTOUCHERIE- THÉÂTRE DU CHAU- 
DRON (43-28-97-04). Woyzeck : mar.. 
mer, jeu. 21 h. 

CAVEAU DE LA RÉPUBLIQUE 
(42-78-44-45). Etats frères? Et U saur... : 

21 h ; dim. 15 h 30. Rel. dm. soir. ton. 
CENTRE CULTUREL DE LA CLEF 
(43-31-49-27). Sand et Musset : ven., sam., 
mer, mer., jeu. (dernière) 21 h ; dim. 
15 h 30. 

CINQ DIAMANTS (45-8061-31). Le Bal <to 
Hïautenam Heh : mer, jeu, ven, sam. 
•20 h 30 ; dm. 17h30. 

CIRQUE D'HIVER-BOUGLIONE 
(47-00-80-12). Tournoi d’improvisation 
théètraie 92/93 : ton. 21 h. 

CIRQUE MORENO L'Histoire du soldat : 
van, ton. 20 h ; sam. 14 h 30. 

CITÉ INTERNATIONALE (45-89-38-69). 
Le Resserre. Un chapeau de patte d'halle : 
ton, mar, mer, jeu. 20 h 30. Terre ou 
l'Epopée sauvage de Guénolé et Mattéo : 
ven, sam, ton, mar, mer, jeu. 20 h 30 ; 
dm. 16 li 30. 

COLLÈGE NÉERLANDAIS (43-79-81-96). 
On va faire la cocotte : mer, jeu, ven., sam. 
20fi30;dtoL 15 h. 

COMÉDIE CAUMARTIN (47-4243-47). 
Didier Gustm dans Meurtres au music-hall : 
vert, sam., ton, mar, jeu. (dernière) 21 h. 
COMÉDIE DE PARIS (42-81-00-71). Vol- 
taire-Rousseau : 2.1 h ; sam. 19 h, 21 h 30 ; 
dm. 15 h. Raf. dm. soir, km. 

COMÉDIE DES CHAMPS-ELYSÉES 
147-20-08-24). L' Aide-mémoire : 21 h : 


sam. 18 h ;dm. 15 h 30. Rel. dim. soir, lun. 
COMÉOIE-FRANÇAISE (40-1 5-00-1 5). 
Antigone : sam, jeu. fdemfee) 20 h 30. Bal 
masqué : ton. 20 h 30. Les Précieuses rkfr- 
cuJes ; nmpromrtu da Vecsefflae : mar. 
20 h 30 ; don. 14 h. La Serva armxosa ; 
vea. dm, mar. 20 h 30 ; sam, mer. 14 h. 
COMÉDIE ITAUENNE (43-2 1-22-22). 
L'Epouse prudente : 21 h ; dim. 15 h 30. 
Rel. An. soir, km. Le doux baiser d’amour : 
ton., mar. 20 h. 

CRYPTE SAINTE-AGNÈS (EGUSE 
SAINT-EÜSTACHEJ (4665-9841). Les 
Récits d'un pèlerin russe : 21 h ; dm. 16 h. 
Ret. tfcn. soir. ton. La Cantate h trais vota : 
ven, sam. 18 h; dim. 18 h 30; ton. 
20 h 30. 

OAUNOU (426149-14). U Canard & 
l'orange : 21 h ; dim. 15 h 30. Rel. mer, 
dm. soir. 

DÉCHARGEURS (TLD) (42-3640-02). Ger- 
maine : 21 h ; dm. 15 h 45. BaL dm soir, 
ton. 

DEUX ANES (46-06-10-26). Tonton, pour- 
quoi tu toussas? ; 21 b ; dim. 15 h 30. ReL 
dm. sdr, ton. 

DIX-HUIT THÉÂTRE (42-Z64747). K est 
trop tard : ven, sam, mar, mar, jeu. 
20 h 30 ; dbn. 16 h. 

OUNOiS (4564-7240). Au rez-da-chaus- 


Noos publions le vendredi (daté samedi ) la liste des 
spectacles présentés à Paris et en région parisienne. Une 
sélection commentée figure dans notre supplément « Arts et 
Spectacles» du mercredi (daté jeodr?. 


entre nous : 20 h 15 ; sam. 18 h- RaL dm, 
ton. Tout est en ordre ; ven, sam, ton, 
nw„ mer, jeu. (dernière) 22 h. 
GUICHET MONTPARNASSE 
(43-274841). La Chute ; 18 h 30. Ref. 
dim, km. L'Atroce Fin d'un séducteur 


20 h 30. Rel. dm, lun. S tu pars, je te 

? iltta : 22 h 15. RaJ. dm. Qu) riz le tond). 

est toujours ça de pris : ton. 19 h. Trais 
mannes pour exister : ton. 20 h 30. 
HÊBERTOT (4367-23-23). fl faut bien s'as- 
seoir quelque part : 18 h 30. ReL sam, dim, 
lun. Pyÿnafion : 20 h 45 ; sam. 18 h 30 ; 
dm. la h. Rel. dm. soir, ton. 

HUCHETTE (43-26-38-99). La Cantatrice 
chauve ; 19 h 30. Rel. dim. La Leçon : 
20 h 30. Ral. dim. L'Augmentation : 
ZI h 30. Raf. dm. 

INTERCLUB 17 (42-27-68-81). 71»Nasty 
Horror Couda Show : mar, jeu, ven, mar. 
20 h 30 

LIERRE-THÉÂTRE (45-86-56-83). L’Epo- 
pée des Cotas. L'Errance de Granité ; jeu, 
vea, sam. 20 h 30 ; dim. 76 h. Trilogie 


Il T1J 

TEL. 44 41 36 36 ira MINITEL 3615 THEA 


jODEON] 

JOHN GABRIEL BORKMAN 

de HENRIK IBSEN mise en scène LUC BONDY 
avec 

ri ol end Ar.sryfz • Catherine F r or • Bernard NissilU 
Buüo Oaier • Miche' Piccoli 
Naca Srrancor - Christine Vcuîiioz 


A PARTIR DU 12 .MARS 


sée d’un peut entrepôt précieux : ven, ton, 
mar., jeu. 14 h 30 ; dm, mer. (dernière) 
15 h; ton, mar. 20 h 30. 

ELDORADO (42-4860-27). Les irih et une 
nuits : sam., dm. 14 h. 

ESPACE ACTEUR (4242-3540). Guide 
pow étrangers : ven, sam., mar, mer, jeu. 

20 h 30 ; dim. 16 h. L'Ecole des femmes : 
mar. 20 h 30. 

ESPACE HÉRAULT (43-2946-51). la 
Ramessause da sarments : ven, sam, mar, 
mer. (dernière) 20 h 30 : sam. 15 h. 
ESPACE JEMMAPES (484333-22). Séré- 
nité? : 18 h 30 ; dm. 14 h 30. Ral. dm. 
soir. ton. Aiteqtfii serviteur de deux maîtres : 

2 1 h ; dim. 1 7 h. Ral. dim. soir. lun. Les 
Couleurs du rire : ton. 19 h. 

ESPACE MARAIS (4844-91-55). La 
Mariage forcé : 19 II BaL dbn.. ton. L'Iedss 
esclaves : 19 h ; dm. 15 h. Rel. dm. soir, 
ton. Danse avec tes fous : jeu, ven. 21 h ; 
sam. 23 b ; dim. 19 h. Feu le mère de 
madame : jeu, ven, sam. 20 h ; dim. 18 h. 
Le Mariage de Figaro : dim. 16 h. Le 
Mouette : sam. 21 h. 

ESPACE SAINT-SABIN (4747-55-20). 
IjrtBjjérae : jeu, ven, sam, ton. 20h ; dm. 

E8SAJON DE PARIS (42-78-46-42). Satie L 
Kafka - Auschwitz : ven, sam., mer, mer., 
jeu. 20 h 30 : dm. 16 h. Artoc ou le Grand 
Voyage : sam. 16 h. 

L'EUROPÉEN (4347-2948). U Banc : 
21 h. ReL dm, km. 

FONTAINE (48-74-74-40). Le Clan des 
veuves : 20 h 45 ; sam, «fin. 15 h 30. Ref. 
dim. soir, ton. 

JLE FUNAMBULE THÉÂTRE (42-23-8843). 
Le Karfa ; Boule de suif ; 20 h 30. Rsî. dm, 
ton. 

GAÎTÉ-MONTPARNASSE (43-22-16-18). 
Ce qui arrive et oe qu'on attend : mar, mer, 
jeu. 20 1) 45. 

GRAND EDGAR (4345-3241). Une file 


pour im grain masque : vert, sam. 20 h 30 ; 
dm. (dernière) I6h. 

LUCERNAIRE FORUM (45-444744). 
Théfltre noir. Le Petit Prince : 18 h 45. Ref. 
dim. L'Escafier : 20 h. Ral. dm. Tout va bien, 
je vais bienl : ven.. sam, mer, mer, jeu. 
(dernière) 21 h 30. Théâtre muge. Les Peu- 
plera d'Etretat : ven, sam., ton, mar, mer, 
jea (dernière) 20 h. La S Jofie Vie de Sylvie 
Joly : 21 h 30. ReL dm, ton. Sommer Lraht- 
ntng ^ (en anglais), ven, sam. {derrière) 


h. Ral. 


78% 30. La MàreBe ; OidascaSes 
dm. 

MADELEINE (42-65-07-09). Monsieur 
Kfebs et Rozafie : 21 h ; sam. 17 h ; dm. 
15 b 30. Bel. dm. soir, ton. 

MARAIS (42-78-03-53). L'Ecole des 
femmes : 21 h. Rel. dim. 

MARIE STUART (4543-17-80). Huis dos ; 
sam. (dernière) 19 h 30. La la love you : 
nv, mer., jeu. 22 h 15. Remords vivants : 
yen. 20 h 15 ; sam. (derrière) 16 h. 
MARJGNY (42-56-0441). Je ne sus ras 
un homme facile : 21 h ; sam. 17 h 30 ; 
dm. 15 h. ReL (fin. soir, tan. 

MARIGNY (SALLE POPESCO) 
(42-25-20-74). Suite royale : 21 h ; sam. 
17 h 30 ; dim, mar. 15 h. Rel. dm. soir, 
km. 

MATHUR1NS (4245-9040). Les Palmes 
de M. Schutz : 20 h 30 ; dim. 15 h. ReL 
dm. sût. ton. 

MÉTAMORPHOSIS (4241-33-70). MéSôs, 
te m^gfciBnda récran: 21 h;dnu 15h-RsL 
dim. sas, ton. 

MICHEL (42454542). Se» & jalousie : 
21 h; sam. 18 h, 21 h 15; dbn. 15 h 30. 
Rel. dm. sdr, ton. 

MtCHODIÉRE (4742-95-22). Partenaires : 
ven, sam, mar, mer, jeu. 20 h 30 ; sam. 
17 h ; dm. 16 h. 

MONTPARNASSE (43-22-77-74). Morta- 
dela ; 21 h; sam. 18 7», 21 b 15; dirtt 
15 h 30. Rel. dm. soir, ton. 


PARIS EN VISITES 


SAMEDI 6 MARS 


a Les Puces è Saint-Ouen. le plus 
important marché mondial d'antiqui- 
tés. Conférence déposée». 10 h 30. 
métro Parte-de-Clignancourt, au 


merce», 15 heures, 27. avenue de 
Friedland ( M. Hager). 

«Salons et jardin de l'hôte! de SeL- 
tnelav» (carte d'identité. Nombre 


fanion Paris autrefois. 

«L'Académie française et les curio- 
sités du quartier de l'institut de 
France», 10 h 45. 23, quai Conti 
(D. Fleuriot). 

«A la rencontre des hommes célè- 
bres dans leur dernière demeure : le 
Père-Lachaise». 14 h 30, entrée prin- 
cipale, boulevard da Ménilmontant 
(Visite pour les jeunes ; Monuments 
historiques). 

«Rue Saint-Denis, de Saint-Leu- 
Saint-Géles h ta tour Saint-Jacques», 
14 h 30, métro Etienne-Marcel (Paris 
pittoresque et insofite). 

«Les trésors de fa Cité interdite à 
Chinagora», 14 h 30. métro Alfort- 
Eode-Vétérinaîre, è l'arrêt de l'auto- 
bus 181 (C. Merle). 

«Dans les jardins de l'hôtel de 
Biron, l'œuvre de Rodin», 14 h 30, 
métro Varenne (Paris, capitale histori- 
que). 

«Des appariements royaux du Lou- 
vre aux Noces de Cana de Véro- 
nèse ». 14 h 30, métro Louvre (Art et 
histoire). 

«Fastes et mystères de l'Opéra 
Garnier», 14 h 30. en haut des 
manches è l'extérieur (Connaissance 
de Paris). 

«Mystérieuse Egypte au Louvre. 
Vie quotidienne et symbolique des 
pharaons», 14 h 30, sortie métro 
Palais-Royal, terre -plein central 
(I. Haute r). 

«L'Institut de France dans le Col- 
lège des Quatre-Nations», 16 heures. 
23. quai de Conri (Monuments htstori- 


«LTle de la Cité, naissance de 
Paris, vieilles maisons de Chanoines », 
15 heures, 2, rue d'Arcole (Paris 
autrefois). 

■ Maison de Victor Hugo. Sa vie, 
ses œuvres, ses amours. Place des 
Vosges. Cours de l'hôtel de Sully ». 
15 heures, 8, place des Vosges 
(M. Brumfeid). 

«Les salons de ('hôtel du comte 
Potocki, siège de ta Chambre de com- 


(D. Bouchard). 

«Le salon Jérôme et le grand salon 
du ministère de la culture ainsi que 
les promenades du Palais-Royal (carte 
d’identité), 15 heures, 3, rue de 
Valois (Perte et son histoire). 

DIMANCHE 7 MARS 

« L' Hôtel-Dieu, l'ancêtre des 
hôpitaux parisiens, et la médecine 
autrefois». 10 h 30, entrée de 
l' Hôtel-Dieu, côté parvis de Notre- 
Dame (Paris autrefois). 

«L 'hôtel de la PaTVa. Escalier 
d'onyx et saRe de bains mauresque» 
(limité è vingt-cinq personnes. Réser- 
vation au 45-74-13-31), 9 h 30, 
25, avenue des Champs-Elysées 
|E. Romann). 

«Mondanités et érotisme fin de siè- 
cle pour l'exposition Henri Gervex», 
1 1 heures, 23, rue de Sévigné 
(M. Hager}. 

« L’endos de Repus, où reposent 
les victimes de la Terreur, et le jardin 
privé des sœurs», 14 h 30. métro 
Nation, sortie avenue Dorian (D. Fleu- 
riot). 

«Salons Louis XV7 et Napoléon (H 
du ministère de la marine» (carte 
d'identité, nombre (imité). 14 h 30. 
2, rue royale p. Bouchard). 

«L* hôtel de Monaco, actuelle 
ambassade de Pologne». 15 heures. 
57, rue Saint-Dominique (S. Rojon- 
Kem). 

«L'Institut de France, du 
des Quatre-Nations è la cou 
académiciens», 14 h 30, 23. quai 
Conti (Paris livre d'histoire). 

«La Conciergerie, la Sainte-Chape lie 
et l'histoire de (a Cité», 14 h 30. 
1, quai de l'Horloge (Connaissance de 


chef-d'œuvre da F. Mansart », 
15 heures, dans Je vestibule du 
chdteau, côté parc, accès per RER. 
Bgne A (Monuments historiques). 

«Montmartre, une butte sacrée, un 
village pittoresque et vivant». 
15 heures, sommet Ai (uni cuistre, au 
fanion Paris autrefois. 

«L’ensemble dix-huitième siècle du 
Musée Camond os. 15 heures, 
63. rue de Monceau (Tourisme cultu- 
rel). 

«Le vieux quartier de la tour de 
Nesle et la rue Visconti». 15 heures, 
sortie métro Louvre-Rivoli (Résurrec- 
tion du passé). 

CONFÉRENCES 

SAMEDI 6 MARS 

Maison de La V&ette, angle du quai 
de la Charente et de l’avenue Coren- 
tin-Cariou, 10 heures : «L’architecture 
du dix-neuvième arrondissement», 
et A. Orlartdmi (Maison de La Vil- 


* La Jardin des plantes, sa vocation 
d’origine, ses hommes célèbres», 
14 h 45, entrée, rua Geoffroy-Saint» 
Hrfiars (Parte, capitale historique). 

«Le château de Maisons-Laffitte. 


Palais de la découverte, avenue 
Franklin-Roosevelt, 15 heures : 
«Ordre ou désordre dans les maté- 
riaux?». par Y. Quéré. 

Conservatoire national des arts et 
métiers, 292, rue Saint-Martin, 
15 heures : «A la conquête des 
grandes profondeurs marines », 
conférence suivie d'un film : «Oasis 
sous ta mer», par L Laubter. Entrée 
libre (AFAS-Cité des sciences et de 
rindusirie). 

62. rue Samt-Anume. 16 heures : 
«L'art en Toscane : le maniérisme et 
la Florence des damiers Médicis» 
(Monuments historiques). 

DIMANCHE 7 MARS 

1. rua des Prouvâtes, 15 heures : 
«La destin du monde s'accélère de 
1993 è 1998», par P. Rouelle; 
«Paroles prophétiques d'hommes 
célèbres», par Netya (Conférences 
Natya). 

62, n» Saint -A ni oins. 16 heures : 
« Les rebelles de le foi : tas Jansé- 
nistes, une révolte contre la roi a 
(Monuments historiques). 


MONTPARNASSE (PETIT} (43-22-7740). 
Le Gatern : mar.. mer., jeu. 21 h. 
NOUVEAU THÉÂTRE MOUFFETARD 
(43-31-11-991. Retournements : 20 h 30 ; 
don. 15 h 30. Rel. dm. soi r, ton. 
NOUVEAUTÉS (47-70-52-76). Les Mal- 
heurs d'un PDG : 20 h 30 ; sam. 18 h. 
21 h ; (fin. 15 h. ReL (fin. eofr, ton. 
ŒUVRE [48-7442-52). Roméo et Jean- 
nette : 20 h 45 ; sam. 17 h ; <lm. 16h.ReL 
(fin. soir, ton. 

OPÉRA-BASTILLE (44-73-13-00). Benve- 
nuto Cafeii ; sam., mar. 19 h 30. 
OPÉRA-COMIQUE - SALLE FAVART 
(42-886863). Mnefle : mar. 19 h 30. 
PALAIS DES GLACES (GRANOE SALLE) 
142-02-27-17), C'est vous qui voyez! : 
20 h 30. M. dbîL, ton. 

PALAIS-ROYAL (4267-5961). Une lofe ; 

20 h 30 ; (fin. 15 h. ReL dkn. sdr. haï. . 
PARIS- VILLETTE (42-02-02-68). Hamel : 
van., sam., mar., mer., jeu. 21 h ; (fin. 
18 h 30. 

PAVILLON DU CHAR0LA1S (PARC DE LA 
VILLETTE) (40-03-93-90). Les Rîtes du 
5-10-15 c : 21 h ; (fin. 17 h. Rel. «fin. soir, 
ton. 

PETIT THÉÂTRE DE PARIS 
. Quatre pièces en un acte de 
m Guitry : vert, sam., (fin. 20 h 30 : 
dkn. 15 h 3u. 

POCHE-MONTPARNASSE (45486247). 
Sa Sa l. Vingt-quatre heures de la vie d'une 
femme : 2uh45; sam. 18 h ; (fin. 15 h. 
Rd. dim. soir, km. Selle II. Montaigne ou 
Dieu, que te femme me resta obscurel : 

21 h ; dm. 15 h. ReL (Sm. soir, ton. 

PORTE SAINT-MARTIN (42-086042). 
Knock : 20 h 45 ; sam. 17 h ; dkn. 15 h. 
ReL dim. soir, lut 

LE PROLOGUE (45-7543-15). Ed g* et sa 
bonne : jeu., sam., lun. 20 h 45 ; (fin. 
15 h 30. L’Homme en morceaux : mer., 
ven., don. ’2Q h 45 ; sam. 16 h. 

RANELAGH (42686444). Les Enfants du 
silence : 20 h 30 ; dm. 17 h. Rel. (fin. soir, 
ton. Les milia et une nuits d*Atetfef : ven., 
■ara, mar. 22 h 15 ; dm. 18 h 30. La Sur- 
prise da l’amour : jeu., vea. sam., mer. 

18 h 30; dm. 20 h 30. 

LE RELAIS DU BOIS (4040-19-56). 
davis : den. 15h30. 

RENAISSANCE (4463-05-00). Ptiteou- 
chnok : 20 h 30. tel (fin., ton. 
ROSEAU-THÉATRE 142-71-30-20). Enfen- 
tfiages r 18 h 30. Rel. dkn.. lun. L'homme 
qui plantait des arbres : 20 h 30. Rel.. dm., 
ton. 

SAINT-GEORGES (48-786347). Une aspi- 
rine pour deux : 20 h 45 ; sam. 17 h 30 ; 
dm. 15 h. Rel. (fia soir, ton. 

SENTIER DES HALLES (42-3847-27). Une 
borne voix pour toute : vea. sam. (denuère) 
20 h. 

SPLENDID SAINT-MARTIN 
(42-08-21-93). Gisèle et Robert : 20 h 30. 
ReL dm., lua ESe et Dieudonné : 22 h. ReL 
dm.. Ml 

STUDIO DES CHAMPS-ELYSÉES 
(47-2048-24). Contre-jour : ven.. sam., 
mar., mar., jeu. 20 h 30 ; dm. 15 h. 
THÉÂTRE 13 (456862-22). Sohess le 
constructeur : 20 h 30 ; (fin. 15 h. ReL (fin. 
soir. Ml 

THÉÂTRE 14 - JEAN-MARIE SBIREAU 
(464549-77). Le Repos du septième Jour : 
vea. sam. 20 h 30 ; dm. (derrtièr^ 1 / h. 
THÉÂTRE C1AVEL (42-05-94-57). Amour 
Ô 0*o xy rte ; 20 h 30 ; (fin. 15 h 30. ReL 
dim. sor. ton. 

THÉÂTRE D'EDGAR (42-79-97-97). I faut 
Cléo perte : 20 h 15. Rel. dim. Les 
Monstres : 22 h. Rel. dm. 
THÉÂTRE DE DIX-HEURES 
(4646-10-17). Les MeSsures de Guy Mon- 
tante : 20 h 30. ReL dm., ton. Vous aflez 
rire : 22 II M. dm., ton. 

THÉÂTRE DE L'EST PARISIEN 
[43644060). Contes devant roubS ; mar., 
mer., jeu. 20 h 30. 

THÉÂTRE DE LA MAIN-D'OII BELLE-DE- 
MAI (48456769). Arène. L'Entretien du 
sofitan ; 20 h 30 ; dm. 17 h. M. dm. sov. 
Ml Bele do Ma. Au jotr te jour : 20 h 30 ; 
dm. 17 h. Ral dm. soir, ton. Lang John Sè- 
ver, tfre Pirate : tan. 14 h 30, 20 h 30. Ren- 
dez-vous rue Watt : mer., jeu., vea, sam. 

19 h. The Qephant Man : ton. 14 h 30. 

20 b 30. 

THÉÂTRE DE LA MAINATE 
(424663-33). Les Zeppeurs : jeu., ven., 
sam.. Ml 20 h 30 ; dira. 18 b 307 
THÉÂTRE DE LA VILLE (42-74-22-771. 
Jacfcets ou te Main secrète : 20 h 30. Rel. 
(fin., ton. 

THÉÂTRE OE NESLE (466461-04). Juste 
le temps de vois embrasser: rçiiReLdm. 
Retour, retours : 20 h 45. Ru. dm. Le Bel 
Indfférant : ven.. sam., ton., mer., mer., jeu. 
(dwroèra) 20 h. 

THÉÂTRE DE PARIS (48-74-2547). Kfri- 
tage : 20 h 30 ; sam. 15 h ; dkn. 15 h 30. 
BeL dim. sov. Mx 

THÉÂTRE DU ROND-POINT RENAUD- 
BAHRAULT (424660-70). Grande sale. Le 
Siège de Numarice : 20 h 30 ; dkn. 17 h. 
Rel. dm. soir, ton. 

THÉÂTRE DU TAMBOUR ROYAL 
(48-06-72-34). U-hautl : 20 h 45 ; mer., 
dm. 16 h. Rel. dm. soir, ton. Une éducation 
manquée. Hits : sam. I6h ; dm., ton. 20 h. 
THÉÂTRE OU TEMPS (43-56-1068). Ada- 
chfgahsre et autres cornes : ven., sam., 
mar., mer., jeu. Jdemière) 20 h 30. 
THÉÂTRE GflEVIN (42-4664-47). Eric 
Thomas : 20 h 30. Rel. dra, too, n». 
THÉÂTRE LUCIEN-PAYE (45696665). 
Pedro et te Capitaine : mar., mer., jeu. 
20 h 30. 

THÉÂTRE MAUBEL-M1CHEL GALABRU 
(40-4464-78). Vert pomme : veo.. sam.. 
dm., mar., jeu. jdemière) 19 h. Combat avec 
l’ombre : ven., sam., mar., mer., jeu. (der- 
nière) 20 fi 30 ; *a 75 h. Didar Fatârrânt : 

22 h. ReL dm.. Ml , 

THÉÂTRE MONTORGUai (434762-84). 
La Banquet du bouffon : ven., sam., mar., 
mer,, jeu. (dernière) 20 h 30. Quelque chose 
de pouni dans la royaume : 20 h 30. fteL 
dkn. L'Azote ; Edouard et Agrippine : Ml. 
mar. 20D30. 

THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT 
(47-2761-15). Satta Gérréer. Rumera Mar- 
lunmo : ven., sam., mar., mer., jeu. 
20 b 30 ; (fin. 15 h. Saôe Jaan Vilar. Les 
Fausses Confidences : 20 h 30 ; dim. 15 h. 
Ref. dm. soir, ton. 

THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON 
(PETITE SALLE) (44-414568). Les dts de 
tanière et d'amour : 18ft30. RsL ton 
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLUNE 
(4366-43-60). Grande salle. Demain, une 
fenêtre sur rue : mar., mer., jeu. 20 h 30. 
Petite saBe. Terres mortes : 20 h ; dm. 


15 h. Rel. dm. sdr, ton. Staline : mar. 21 h. 
THEATRE PARIS-PLAINE (40434162). 
Petites Scènes pour se perde : vea. sam., 
rrw.. mer., jeu. 20 h 30 ; dm. 18 h. 
THÉÂTRE SILVIA MON FORT 

(4561-10-96). lundi, huit heures : ven., 
sam., mar., mer- jeu. 20 h 30 ; dm. 17 h. 
THÉÂTRE VALHUBERT (45646060). Le 
Roux de l’infortune : ven- sam., mar., mer., 
jeu. 20 h 30; sam., dm. 15 h. 

TOUR70UR (484742-48). Verte» : 19 h. 
ReL dm., ton. Les Petites Femmes de Mmi- 
passam : 20 1» 30. ReL dm., ton. J'a» trois 
md : dm. 20 h. 

TRISTAN-BERNARD (45-2248-40). Marc 
Jollvat : 21 h. ReL (fin. 

VARIÉTÉS (42634962). Thé è te menthe 
ou t'es citron : ven.. sam., mar.. mer., feu. 
20 h 45; sam. 17h30;dka 15 h. 

RÉGION PARISIENNE 


ANTONY (THÉÂTRE FIRMIN-GÊMIER) 
(46-65-02-74). Les Joueurs ; la Sortis (f un 
théfltre *. 21 h;<ftn. 15 h. Rel dm. soir. ton. 
AUBERV1LÜERS (THÉÂTRE DE LA COM- 
MUNE) (48446747). Grande salle. 
Madame Ktet : mer- mer., jeu. 20 h 30. 
AU8ERVHJJERS (THÉÂTRE ÉQUESTRE 
-7969). 


69-7969). Opéra équestre : 
1 30 - dte. 17630. 
AULNAY-SO US-BOIS {ESPACE JAC- 
QUES-PRÈVËRT) (4868-00-22). Le Jeu de 
ramour et dû hasard î ven. (derréèrej 21 h. 
BEZONS (CAC-PAUL-ELUARD) 
(3962-20-88). Pierre et Jean: ven. 14 h. U 
Veste Monde : mer., mer., jeu. (dernière) 

20 h 30. 

BOBIGNY (MAISON OE LA CULTURE) 
{43-3 1-1 1-45). Grande safe. Les Marchands 
de gloire : 20 h 30 ; dira 15ti30.Rd.imr., 
dm. soir, fua Lystetrate : vea 19 h. 
80NNEUJL-SUR-MARNE ‘(SALLE 
GBRARD-PHIUPE) (496037-48). Un fés 
de notre temps : vea. ssm., mer- mer., jeu. 
(dernière) 20 h 30 ; (fia 16 h 30. 
BOULOGNE-BILLANCOURT (THÉÂTRE) 
(46436044). L'Antrchambre : dm. 17 h ; 
ton. 20 h 30. 

BRÉT1GNY-SUR-ORGE (CC GÉRARD- 
PHIUPE) (60646868). La Oispuu : sam. 

21 h. 

LA CELLE-SAINT-CLOUD (THÉÂTRE) 
(30-73-10-70). Les Justes : van. 20 h 45. 
CERGY-PONTOISE (THÉÂTRE DES 
ARTS) {30606363). Pierre et Jean : ven- 
sam., mar., mer., jeu. (dernière) 20 h 30 ; 
dm. 16 h. 

CHARENTON-LE-PONT (THÉÂTRE) 
(43686561). Pierre Psfenade : sam. 21 h. 
CHATENAY-MAIABRY (THÉÂTRE 
CLAUDE-DEBUSSY) (4346-7767). Cui- 
sine et Dépendances : sam. 20 h 46 ; (fia 
16 h. 

CKATENAY-MALABRY (THÉÂTRE LA 
PISCINE) (4663-4566). Le Grand 
Ménage : jeu., (fia. jeu. (dernière) 16 h 30 ; 
vea, sam., mer., mer., jeu. 20 h 30. 
CHELLES (THÉÂTRE) (6068-55-00). Oh, 
Iss beaux [aurai : ven. 21 h. 

CHOIS Y-LE-ROI (THÉÂTRE PAUL- 
EUIARD) (48-9069-79). L'Amonoe faite h 
Marie : dbn. 15 h. Le Matsgrsal : sam. 
20 h 30. 

CLAM ART (CENTRE CULTUREL JEAN- 
ARP) (46-45-1 147). Ble et Moi- : mer. 
20 h 30. 

CLAMART {THÉÂTRE DÉS ROCHERS) 
(46-42-02-83). La Menteur : sam. 21 h ; 
(fia 15 h. 

CLICHY (THÉÂTRE RUTEBEUF) 
(47-39-28-58). Pien» Retonde : vea 21 h. 
COLOMBES SALLE DES FÊTES ET DES 
SPECTACLES) (47614942). Le Bour- 
geofe gentilhomme : ssm. 20 h 30; dbn. 
15 b 30. Quoi café Prévert : ven., sam. 

19 h 30; sera 21 h. 

COMBS- LA-VILLE (U COUPOLE) 
(64-8659-1 IL Le Mouette : mer„ mer» jeu. 
(derrière) 20 h 45. 

CORBEIL-ESSONNES (MÉDIATHÈQUE) 
(64-9663-67). Bonsoir et merci ou Non, le 
théf ne ne remplacera jamais la télévision : 
mer., mer., jeu. 21 h. ‘ 

CRÉTEIL (MAISON DES ARTS) 
(4360-1868). Petite salle. Le Pare : van., 
sent, mar.. mer. 20 h 30 ;<fira 15 h 30. 
EVRY (AGORA) (6467-22-99). Quincaille- 
ries : veo, sam. 20 h 30. 
FONTENAY-LE-FLEURY (THÉÂTRE) 
(3460-2065). L* Antichambre : (fin. 17 h. 
Plane Pédàn ; ven., sam. 21 h. 
F0NTENAY-S0U5-80IS (SALLE JAC- 
QUES-BREU (48-75-4468). Aria di Roma : 
sem. 20 h 30. 

FRANCONVILLE (CENTRE CULTUREL 
SAINT-EXUPaTY) (34-1364-96). Popeck : 
mar. 21 II 

GAGNY JTHÉATBE ANDRÉ-MALRAUX) 
(4361-7967). Enfin sedsi : van. 20 h 45. 
Monsieur Amedée : ven. 20 h 45. 
GENNEVILUERS (SALLE DES FÊTES) 
(40656466). Alex Métayer : ven. 20 h 30. 
GENNEVILUERS (THÉÂTRE) 
(4763-266Q). Le Belvédère : van., mar. 

20 h 30 ; dm. 17 h. Henry VL forage des 


fous : saro. (fin. 20 h 30 ; (fia 16 h. Henry 
V], Je cercle dans Teau : ven., mar. 20 h 30; 
dim. 16 h. La Tonnelle ; sam., mer. 

20 h 30; dm. 19 h 30. 

HERBLAY (CENTRE CULTUREL) 
(39-97-4060). Pierre et Jean ; mer. 
14 h f 5. Dm Bophant Man (en anglais) : 
vea 20 h 45. 

LEVALL01S-PERRET (LE PETIT THÊA- 
TRB (47-48-18-71). L’Epreuve du feu : 
20 h 30. ReL dm., h». 

IÉATRE ADOLPHE- 
La .Contrebasse : 
dm. 15 h. Jean- 
Marie Bigard : sam. 21 h. Ne coupez pas 
mes arbres .* dim. 21 h. 
MAISONS-LAFFITE (CHATEAU) 
(39-6263-64). Les Enfante tenWes: ven^ 
sa mer., mar.. jeu. 20 b 30 ; dim. 17 h. 
MOISSY-CRAMAYEL (LA ROTONDE) 
(60600263). Le Badge de Lénine : ssm. 
2) h 45 ;dan. 17 h. Les Nouveaux: Nez dans 
Ctoq foSes en cirque mineur : van. 20 h 45. 
MONTREUIL (TJS) (486363-93). U Dis- 
pute : vea, sam. 20 h 30 ; dm. 1/h.L'Ms- 
tobe de rote : mer. 16 h ; dm. 17 h. 
MONTROUGE (MAISON DE L'ACTEUR) 
(47-356960). Choses lues ; vea, sam., 
mar. 20 h 15 ; dbn. 15 h. 

NANTERRE (ESPACE CHORUS) 
(42-386863- Raymond Devos : vea, sam. 

20 h 30. 

NANTERRE (THÉÂTRE DES AMAN- 
DIERS) (46-14-706(9. Grande ssD& I ne 
faut jurer de rien : vea, sam. 21 h ; dim. 
16 h 30. On ne tadhM pas avec l'amour : 
mar., mer., jeu. 21 tv 

NEUILLY-SUR-SEINE (L'ATHLÉTIC) 
(46-24-0363). U» -Naufrage du Tïttrec : 
mer., jeu., ven., sam. 20 h 30. 
NEUILLY-SUR-SEINE (THÉÂTRE SA1NT- 
PfERRÇ (47-45-756CB. Le Médecin malgré 
lui: vea (dsrraèra) 14 h 30. 

NOISIEL (GRAND THÉÂTRE DE LA 
FERME DU BUISSON) (6462-77-77). 
Léonce st Léne : ven* sam., mer,, mer., jeu. 
(dernière) 21 h ; dan. 15 h. Le Mafadebnaÿ- 
nalre : ven., sam. (darraèra) 21 h. 

NOISY -LE-GRAND (ESPACE MICHa-SI- 
MON] (4361-0262). > Selon des auteura: 
partir de 14 h sam., dira i. L'Anticham br e : 
dm. 19 h. Cuisine et Dépendances : vea 

21 b. Nous tes Eueupéens : sam. 19 h. 
NOISY-LE-SEC (MAIRIE SALLE LOUIS- 
JOUVET ) (434267-17). CéEne ou l'e x- 
treonSnue épopée de Fenlinend Berdemu : 
mar. 20 h 30. Mémoire fragmentée : sam. 
20h 30. Passages d Arthur Rimbaud : sam. 
20h30. 

ORLY (SALLE ARAGON-TRIOLET] 
(48-9269-29). U Guerre des corbeaux et 
des hfioux : sam. 21 h. Pigeon vote : sam. 
21 h. 

LE PEUREUX (CENTRE CULTUREL DES 
BORDS-DE-MARNE) (43-24-54-28). Le 
Secret dre vieux: 20 h 30 ;<fin. 18 h. BeL 
(fin. soir, ton. 

LE PLESSIS-ROBINSON (AMPHITHÉÂ- 
TRE PABLO-PICASSOI (466046-29). la 
Mahon dé Bemarda Afee : vea. sam., mar.. 
mer., jeu. 2T fr ; dan. T7 h. 

RIS-ORANGIS (CENTRE ROBERT-DES- 
NOS) (69 -08-72-7-2). Grand-peur ex misère 
du flte Reich : van. 10 h. 14 h 30 ; sam. 
20 h 45. ' . _ TV .... 
RUBL-MALMAISON fTHÉATRE-ANDRÉ- 
MALRAUX) (4762-24-42). Dbfier Gustin 
dots Meurtres au musfc-htil : vea 20 h 45. 
Na coupez pas mes arbres : van. 20 h 45. 
SAINT-DENIS (SALLE DE LA LÉGION 
D'HONNEUR) (4243-17-17). la Cruauté : 
mer., van. 20 h 45 : dim. 17 h. 
L'Indigence : jeu., sam, mar. 20 h 45. 
SAINT-GERMAIN- EN-LAYE (THÉÂTRE 
ALEXANDRE-DUMAS) (3067-0767). 
L’Antichambre : vea. sam. 20 h 45. Char 
meiwecr : vea. sam. 20 h 45. Les Furetes 
de l'alcôve : ven„ sam. 19 h ; mar., mer., 
jeu. 20 h 45. 

S AWT-M AUR (THÉÂTRE ROND-POINT- 
LIBERTE) 1486969-10). l'Amo ur des qua- 
tre cokjnas : (fin. 15 h. L'Antichambre : 
sam. 20 b 45. Oh, les beaux lotis) : sam. 
20 h 45. 9ans renoua: sam. 20 h 45. ’ 
SAINT-OU0I (SALLE FLORÉAL-ESPACE 
1789} (40-1 160-23). La Jeu de ramotr et 
du hasard : mar. 20 h 3a Marcel Marceau : 
vea 20 h 30. 

SARTROUVILLE (THÉÂTRE) 
(39-14-23-77). L’Annonce faite è Maria : 
mar., mer., jeu. 21 h. 

SÈVRES (SEL OEi 
Au bal è BouSngdi : yen. 20 h 45. 
SURESNES (THÉÂTRE. JEAN-VILAR) 
(4667*38-10). Arieqtsn serviteur de. deux 
maîtres : mar. 21 II 

TREMBLAY-EN-FRANCE (CENTRE 
CULTURa ARAGON) (4363-7060). Sto 
et Moi-. : rrw. 21 h. L'fltotion comique ; 
sam. 21 h. Noir baraque : vea, sam. 21 h. 
VINCENHES (THÉÂTRE DAjNfEL-SO- 
RANO) 143-74-73-7^. la Dtime au petit 
chien : dkn. 


18 h ; too. mer., jeu. 21 h. 


CINEMA 


LES FILMS NOUVEAUX 


BODY. Frlm américain d’Uii Edei. 
v.o. : Forum Horizon, 1« (45-08- 
57-57, 36-65-70-83) ; Impérial. 2- 
(47-42-7262) ; UGC Danton, S- (42- 
25-1060, 3665-7068) ; UGC Nor- 
mandie. 8« (45-63-16-16. 3665- 
7062) ; v.f. : Rex (Je Grand Rex). 2* 
(42-36-83-93, 3665-70-23) ; UGC 
Montparnasse, 6- (45-74-9464, 36- 
65-70-14) ; Paramount Opéra. 9* 
(47-4266-31. 3665-70-18) ; Les 
Nation. 12» (43-43-0467. 3665» 
71-33) ; UGC Lyon Bsattte. 12* (43- 
4361-59, 36-65-70-84) ; UGC 
Gobeftw. 13- (4561 64-95. 3665- 
70-45) ; Mistral 14- (3665-70-41) ; 
Montparnasse, 14» (43-20-1266)-; 
UGC Convention. 15- (45-74-93-40. 
36-65-70-47) ; Pathé Wepier. 18» 
(3668-20-22). 

FACE- VALUE, film hollandais de 
Johan Van da- Keuksrt, v.o. : Utopie, 
5- (43-26-8466) . 

JOM. Hlm sénégalais d’Ababacàr 
Ssmb Makhersm, v.o. : L'Entrepôt. 
14» (45-43-4163). 

PARFOIS TROP D'AMOUR. Hbn 
betge de Lucas Bateaux : l'Entrepôt, 
14» (45-43-41-63). 

LE PAYS DES SOURDS. Fütti fran- 
çais de Nicolas PhSbôrt : 14 Juillet 
Odéon, 6» (43-256363) ; Les Trais 


Balzac, 8*. (4561-1060) ; Ranefegh, 
16» (426364-44). 

SABINE FBm français de Philippe 
Faucon Cbrwnent inspiré du récit 
d’Agnèa L’Herbier ; Escortai, )3»( 47- 
07-2864). 

SAMBA TRAORÉ. Film franc o- 
suisse-buricinabé d'Idrissa Oué- 
draogo, v.o. : Ciné Beaubourg, 3* 
(42-716266) ; 14 Jufltet Odéon, 6- 
(43-25-59-33) ; Les Trois Balzac, 8» 
(4S61-1Q60) ; 14 Juillet BastiUe, 
Tl» (43-57-9061) ; 14 Juillet Beau- 
graneae, 15- (46-76-79-79) ; Bwnw- 
nae Montparnasse, 15» (3666- 
70-38). 

SARAFJNA I FJJn» sud-africain de 
Darrafl James Roodt, v.o. : Forum 
Horizon, If (4668-5767. 3665- 

7063) ; UGC Biarritz, 8» (4562- 
20-40, 3665-70-81) : UGC Lyon 
Bastille. 12» (43-4361-59, 3665- 

7064) ; Mratral 1* (3365-70-41) ; 
Sept Parnassiens. 14» (43-20-32-20). 
LA SÉVÎLLANE F3m Franco-belge de 
Jean -Philippe Toussemr librement 
adapté da -son roman l'Appareil 
photo : Europe Panthéon (ex-Reflat 
Panthéon). 5- (4364-1564). 

. TERCHRO MlLENiO. Film brésilien 
de Jorge BodanzJcyet W^f Gauer, 
v.o. : Utopte. 6* (43-Z6-84-65). 


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ECONOMIE 


• Le Monde • Samedi 6 mars 1993 19 


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BILLET 

ÏÏHD : les Imites 
à l’Euwpe industrielle 

Après la misa en bière, la mise 
en terre ? Un gros mois après 
que Philips eut reporté sine die 
le lancement de la production en 
série des téléviseurs en HO Mac, 
la norme européenne de haute 
définition (images de 
1 250 lignes et son numérique), 
le PDG de sa branche française, 
M. Pierre Steenbrink, a 
prononcé, jeudi 4 mars, des 
mots funèbres : «Le HD Mac est 
mon.» 

Non que la télévision à haute 
définition (TVHD) ait son avenir 
derrière elle. Mais elle est 
comme l'horizon, qui s'éloigne 
au fur et à mesure que l'on s'en 
approche. Alors que la norme 
HD Mac, développée depuis six 
ans par les industriels européens 
sous la houlette conjointe de 
Philips et de Thomson dans le 
cadre d'Eurfika, est prête, les 
milieux politiques n'en finissent 
pas de reculer. Après avoir 
renoncé à l'imposer è court 
terme aux diffuseurs de 
programmes, les Douze ne sont 
toujours pas parvenus è 
débloquer les 500 millions 
d’écus (3,35 milliards de francs) 
devait aider ces derniers à 
mettre sans plus attendre le pied 
à l'étrier, et paraissent même 
prêts è miser sur la norme de 
transmission dite numérique. Or 
le HD Mac numérique n'est pas 
prévu avant 2005. A moins 
d'opter pour la norme 
américaine, annoncée elle pour 
1995. Partie avec une bonne 
longueur d’avance, l’Europe 
tergiverse et «se met d la tralhe 
des Etats-Unis ». 

Bien que s’étant couvert en 
s'impliquant, avec Thomson, 
dans un consortium américain, 
Philips éprouve un- «sentiment 
de phénoménal gâchis». Des 
milliards de francs pourraient 
avoir été investis en quasi pure 
perte, ou avec une perspective 
de retour gravement différée ; 
des ventes d'équipements 
évaluées à 150 milBards de 
francs d'ici è l’an 2000 
s'évanouissent, et des milliers 
d'emplois, créés ou potentiels, 
sont menacés. Telle est la 
coûteuse rançon payée par les 
industriels européens - et tes 
contribuables, notamment 
français - à la t cacophonie des 
hommes potitiques, qui se 
plaignent pourtant assez du 
manque de croissance et 
d’innovation en Europe ». 

Pour autant, Bruxelles 
pouvait-elle forcer te main à un 
Ruppert Murdoch, un André 
Rousselet ou une CLT, qui 
préfèrent la norme numérique 
(qui accroît le nombre des 
canaux de diffusion et qui est 
plus économique)? «La TV est 
faite aujourd'hui par les 
diffuseurs», admet 
M. Steenbrink. Ce qui pose, au 
fond, la question de la politique 
industrielle européenne : qui doit 
l'impulser, et au nom de quels 
intérêts? Les industriels, pour 
leur part, n'ont plus * l'envie» - 
c'est à dire tes moyens - de 
» jouer les pionniers » pour 
combler ce vide, qui renvoie 
l'Europe è ses illusions. 

CHRISTIAN CHARTIER 


Les difficultés de l'électronique grand pablic 

Philips supprimera de nouveau 
de 10 000 à 15 000 emplois 


Philips a du mai à cacher son 
désarroi. Le géant néerlandais 
de l'électronique, qui espérait 
récolter, l'an dernier, les fruits 
de son plan de restructuration - 
l'opération Centurion - lancé en 
1990, a, au contraire, replongé 
dans le rouge. Et se voit 
contraint de programmer de 
nouvelles suppressions d'em- 
plois et de ne pas distribuer de 
dividende à ses actionnaires. 

EWPHOVEN 

de notre envoyé spécial 

Groggy. Le président de Philips 
Electronics NV, M. Jan D. Ti fil- 
mer, était à l’image de son groupe, 
jeudi 4 mars, en annonçant & la 


a décidé de provisionner !,2 mil- 
liard de florins sur l’exercice. Pour 
restructu rations. Le groupe a, en 
effet, décidé de supprimer de nou- 
veau de 10 QOO à 15000 emplois là 
structure comparable, les effectifs 
ont déjà baissé l’an dernier de 
10 200 personnes) fl). En cinq ans, 
ce sont donc plus de 50 000 postes 
qui auront été supprimés. 

La France 
épargnée? 

Quelles usines seront frappées? 
Quelles catégories de personnel? 
M. Timmer a refusé de se faire 
plus précis, remarquant simple- 
ment que ces réductions, qui tou- 
cheront « différents pays », 
devraient permettre de réaliser un 
gain de productivité de 6 %. En 
aparté, le PDG de la Compagnie 


presse les pertes de 1992. Groggy française Philips, M. Pierre Sceen- 
et désabusé. Au journaliste qui lui brinfc, assurait ou’ « aucun nouveau 


rappelait son engagement de 
démissionner en cas d’échec, 
M. Timmer,. un battant que l’on a 
souvent comparé à un «taureau», 
s’est contenté de répondre : «Je 
m'étais forgé une certaine idée sur 
la façon dont cette entreprise, cente- 
naire. devait être rénovée. L’opéra- 
tion Centurion, tancée à cet effet, 
nous a remis sur la bonne voie. 
Mais, l'an dernier, Philips a dû 
affronter une situation comme nous 
rren avions pas connue depuis la 
seconde guerre mondiale. J'ai fait 
mon examen de conscience; je n’ai 
pas l’impression d'avoir manqué à 
mes engagements, de n’avoir pas 
tenu pâme.» 

Cette nouvelle version du «res- 
ponsable. mais pas coupable», était 
toutefois battue en brèche par 
M. Timmer lui-même, qui, quel- 
ques instants plus tard, reconnais- 
sait que son groupe avait sous-es- 
timé « l'ampleur de la récession de 
l’industrie électronique grand 
public ». Une récession amplifiée 
par une baisse des prix, évaluée 
par le groupe à -r 3 % pour l’en- 
semble de ses produits et i - 6 % 
pour son activité électronique 
grand publie. Une récession qui a 
pesé lourd dans la stagnation du 
chiffre d’affaires l’an dernier : 58,5 
milliards de florins (175,5 milliards 
de francs), en hausse de 3 % sur 
1991, mais de 2 % seulement à 
structure comparable. 

Philips NV, qui avait affiché en 
1991 un retour au bénéfice 
(1,1 milliard de florins) après des 
pertes «historiques* en 1990, a 
replongé dans le rouge r an der- 
nier : - 900 millions de florins 
(- 2,7 milliards de francs). La mul- 
tinationale néerlandaise, qui a vu 
son résultat d’exploitation chuter à 
2,48 milliards de florins (- 21 %), 


□ M. Charles Barbeau nouveau 
président an conseil de la concur- 
rence. - M. Charles Barbeau, 
conseiller d’Etat et directeur de 
cabinet du Garde des Sceaux, 
M. Michel Vàuzelle, a été nommé 
président du Conseil de la concur- 
rence par un décret publié au Jour- 
nal Officiel du 4 mars. M. Raoul 
Béteille est reconduit dans ses 
fonctions de vice-président qu’il 
occupait depuis 1987. 

( Né le 23 décembre 1912, M. Barbeau 
a notamment exercé plusieurs fonctions 
bu BIT (Bureau international du travail), 
avant d’être conseiller technique au cabi- 
net de M. Joseph Fontanct, alors minis- 
tre du travail, de remploi et de la popu- 
lation (1969-1971). « fat notamment 
directeur de la population et des migra- 
tions au ministère du travail 
(1971-1974), directeur de la réglementa- 
tion et du contentieux au ministère de 
rmtérieur (1977-1979) et h deux reprises 
directeur général de la gendarmerie 
nationale au ministère de la défense 
(1979-1984 et «près 1989). Entre-temps, 
B avait été chargé de mission auprès de 
M. Pierre José au ministère de rinlérietir 
(1984) et directeur général de l'adminis- 
tration au même ministère (1984-1986x1 


INDICATEURS 

BRÉSIL m , 

• Production intérieure brute : - 0.93 % en 1992. - Le 
produit intérieur brut (P1BÎ du Brésil a chuté an 1992 de 0,93 % 
par rapport è 1991. Cette baisse est due surtout è une nette 
diminution (4,06 %) de la production ^ industrielle GW 

ment souffert J'induetria de transformation (- 4,9 1 W et la 
construction {- 4.36 %>, qui «^"tent àeltes deux 30 * du 
PIB. En revanche, le secteur agricole A augmenté de 5,96 Le 
Brésil a cependant enregistré l'an dernier un excédent commercial 
de 15,6 milliards de dollars (plus «te 87 mfflfands de francs). 

ÉTATS-UNIS 

• Revenus individuels : + 0,5 % en janvier. - Les revenus 
Individuels (5 220 milliards de dollars) ont augmenté de 0,5 9b 
en janvier alors que les dépenses de consommation croissaient de 
0 3%. Depuis février 1991, les revenus individuels augmentent 
régulièrement d'un mois sur l'autre. Seule exception, 
novembre 1992 où Ils sont restés stables. 


mue, assurait au «aucun nouveau 
plan de grande ampleur n’était 
prévu » dans l'Hexagone, les nou- 
velles réductions ne devant concer- 
ner que « moins de 10 %» de ses 
16000 salariés. Les usines de 
Dreiui, où 1 milliard de francs ont 
été investis ces dernières années 
dans la production de tubes catho- 
diques - au nouveau format 16/9°, 
notamment, - ne seraient pas, en 
l'état actuel, sacrifiées. 

Grundig, dont le groupe néerlan- 
dais détient 31,6 % du capital et 
dont ('intégralité des comptes ont 
été pour la première fois l'an der- 
nier consolidés dans ceux du néer- 
landais, ne sera, en revanche, pas 
épargné. Confrontée & des penes 
sans précédent, la société alle- 
mande qui avait jusque-là soigneu- 
sement préservé son autonomie, a 
dû reconnaître, comme le précise 
Philips, qu’elle « n'avait pas la 


taille requise». Ses activités 
«magnétoscope» et «téléphone 
sans fil» ont déjà été intégrées 
dans celles de son partenaire. «// 
est clair qu’une intégration plus 
poussée est également requise dans 
d’autres domaines, a précisé le 
groupe néerlandais, ei que nies 
intérêts de Philips et de Grundig 
sont de plus en plus entremêlés». 

Dans sa course à l'austérité, Phi- 
lips, qui restructurera également 
son activité «composants», procé- 
dera aussi à des cessions d’activi- 
tés. «Par de branche entière», a 
précisé M. Timmer. EL en particu- 
lier, pas sa filiale d'édition musi- 
cale, Polygram, dont le chiffre d’af- 
faires et les résultats ont atteint des 
niveaux record. « Mais des activités 
secondaires dont les bénéfices sont 
insuffisants.» Plus inquiétant pour 
l’avenir, les investissements seront 
ralentis «dans une mesure impor- 
tante ». Un coup de frein qui inter- 
vient après un premier fléchisse- 
ment des dépenses de recherche et 
développement, l’an dernier (3,66 
milliards de florins et 6,3 % du 
chiffre d’affaires en 1992, contre 
3,87 milliards et 6,7 % en 1991). 

Cest bien une nouvelle traversée 
du désert que le groupe néerlan- 
dais, lourdement endetté, s'apprête 
à affronter. Il n’est pas sûr que les 
difficultés de ses concurrents - de 
Thomson consumer electronics 
(TCE) â l’ensemble des géants 
japonais - suffisent à le rasséréner. 

PIERRE-ANGEL GAY 

(1) De nouvelles consolidai ions - celle 
de Grundig notamment - ont bit croître 
les effectif du groupe de 22400 per- 


Une commande de 1 milliard de dollars 

Les Chantiers de l’Atlantiqne 
confirment leur premier rang mondial 
dans la construction de paquebots 


Dans la morosité ambiante, 
l’évcncmcnl mérite d'être salué. 
Les Chantiers navals de l'Atlanti- 
que à Saint-Nazaire (groupe GEC 
Als(hom) ont annoncé jeudi 
4 mars une importante com- 
mande de paquebots pour ('arma- 
teur américano-norvégien Royal 
Caribbean Croises LTD (RCCL). 
U s'agit de deux navires et d’un 
troisième en option, cette der- 
nière étant à confirmer dans les 
six mois. 

Si le contrat est exécuté en 
totalité, il représentera 10 mil- 
lions d’heures de travail pour les 
quelque 4 400 salariés du groupe 
de b Basse-Loire (où menaçait le 
chômage technique) et quasiment 
autant en sous-traitance pour des 
dizaines de corps de métier et 
d’entreprises situés dans plus de 
soixante départements français. 

La livraison de ces navires 
s’étalera jusqu'au printemps 1997. 
li s'agit de bateaux de croisière 
rapides qui pourront naviguer 
dans les Caraïbes, en Méditerra- 
née, dans le Pacifique ou en 
Extrême-Orient. Leur capacité 
sera de I 800 passagers et leur 
vitesse de 24 noeuds. 

Un financement 


les effectifs du group< 
sonnes, les ponant 
31 décembre 1991 


252 200 au 


Sans doute ce contrat (l mil- 
liard de dollars, soit environ 
5,6 milliards de francs) a-t-il été 
conclu grâce à une aide des pou- 
voirs publics, limitée d'ailleurs, 
en droiL à 9 % du prix, en vertu 
d’une directive de la CEE. Mais 
le plan de financement est origi- 
nal Une société, créée par GEC 
Alsthom et des banques, notam- 


ment la Sociéré générale, com- 
mande les navires et les cède 
ensuite en leasing sur quinze ans, 
selon des modaliLés complexes (y 
compris en cas de remboursement 
anticipé), à l'armateur de Miami. 
« Nous avons dû aussi nous cou- 
vrir pour nous préserver des fluc- 
tuations éventuelles du dollar », a 
indiqué le PDG des Chantiers. 
M. Alain Grill. 

Cette commande portera à sept 
le nombre des paquebots de croi- 
sière construits depuis 1985 par 
les Chantiers de Saint-Nazaire 
pour RCCL. La filiale de GEC 
Alsthom confirme ainsi son rôle 
de leader mondial sur ce créneau 
qui connaît en ce moment une 
période particulièrement faste. 

Scs principaux concurrents sont 
le finlandais Wansila Masa (qui 
vient d'être repris par le groupe 
norvégien Kvaerner et qui - ce 
qui est une première - a enregis- 
tré le mois dernier la commande 
d'un paquebot pour l'armateur 
japonais NYK. Lines) et l'italien 
Êincanticri. La concurrence est 
d’autant plus rude que les entre- 
prises finlandaise et italienne 
bénéficient de la très sensible 
dévaluation de leurs monnaies. 

Outre les paquebots, les Chan- 
tiers de l'Atlantique se sont fait 
une spécialité de la construction 
des méthaniers qui transportent le 
gaz naturel liquide à - 1 70 degrés. 
Cinq navires géants seront 
construits pour ia Malaisie d’ici â 
1997. 


AVIS FINANCIERS DES SOCIÉTÉS 

oJ l/. 


GROUPE 


SUEZ 

ESTIMATION DE RESULTATS 1992 
Maintien du dividende 


Le Conseil d'Administrauon de la Compagnie de Suez, réuni 
sous la présidence de M. Gérard Worms, a examiné les 
estimations de résultats consolidés du Groupe pour 1992. 


• Estimation de résultats 1992 
immobilière 


impact de la crise 


[en milliards de francs) 

1991 

1992 

Résultat consolidé 
(part du Groupe) 

3,8 

- 1,8 à - 1,9 


L'évolution fortement négative du résultat s'explique par : 

- l'impact de la crise immobilière et la volonté du Groupe de 
couvrir Icj pertes et les risques qui en découlent Cet impact peut 
être évalué à 4.2 milliards de francs. A fin 1992, le taux de 
couverture des engagements du Groupe sur les professionnels 
de l'immobilier devrait s'élever à 19 % ; 

- le provisionnement de participations affectées par la 
conjoncture, à hauteur de 0,8 milliard de francs ; 

- l'effet de la conjoncture sur les résultats courants 
(0,7 milliard de francs). 

• Bon comportement de nombreux secteurs 

Dans un environnement défavorable, de nombreux secteurs 
du Groupe ont fait preuve d'un comportement satisfaisant au 
cours de l'année écoulée. 

L'amélioration du résultat courant de la Société Générale de 
Belgique s'est confirmée. Les sociétés d'assurances en France et 
en Allemagne ont compensé les difficultés de leur marché par la 
sélection des risques et la réduction des coûts. Le revenu brut 
d'exploitation de la Banque Indosuez est en croissance, de très 
bonnes performances ayant été réalisées sur les marchés, la 
banque privée et l'activité bancaire en Asie. Les activités de 
crédit à la consommation (Banque Sofinco) et d'affacturage 
(Factofrance Heller) ont enregistré d'excellents résultats. 

» Soutien apporté aux banques 

Le Groupe Suez apporte un soutien entier à celles de ses 
filiales bancaires qui sont concernées, à des degrés divers, 
par la crise immobilière. 

La Banque Indosuez, dont les engagements sur les 
professionnels de l’immobilier ne représentent que 4 % 
du total du bilan, a vu ses fonds propres augmentés de 
800 millions de francs en décembre 1992 et satisfait 
largement aux normes Cooke. 


La restructuration de Credisuez confortera la Banque La Hénin, 
. en la situant dans un ensemble doté de fonds propres élevés. 

• Restructuration de Credisuez 

Sous réserve de l'approbation des autorités de tutelle, seront 
rattachées à Credisuez, la Compagnie Foncière Internationale 
(détenue, après la récente OPE, à 97,28 %) et la participation 
de la Compagnie de Suez dans ISM. En contrepartie, 
Credisuez cédera ses participations dans la Banque Sofinco, 
Factofrance Heller, Fimagest et La Hénin Vie à la 
Compagnie de Suez. 

Le nouvel ensemble ainsi constitué, regroupant la Banque 
La Hénin, CFI et ISM, disposera d'environ 6 milliards de 
fonds propres et d'un ratio Cooke supérieur à 10 %. 

• Poursuite des améliorations de gestion et du recentrage 
du Groupe 

Les difficultés conjoncturelles rencontrées par le Groupe 
confirment la nécessité de poursuivre à un lythme accéléré la 
stratégie menée depuis deux ans et visant à : 

- se désengager d'activités et de participations n'ayant pas de 
cohérence forte avec le reste du Groupe. Plus d'un tiers du 
programme de cessions de 5 milliards de francs (hors immobilier) 
annoncé en octobre dernier a d'ores et déjà été réalisé ; 

- améliorer la rentabilité récurrente des différents secteurs par une 
restructuration des organisations et une réduction des charges ; 

- se développer sélectivement dans les services financiers 
(services financiers aux particuliers, banque d'affaires et de 
marché, assurances) et utiliser le fort potentiel de synergies 
existant entre certaines activités. 

Malgré un environnement économique qui reste très défavorable, 
les mesures prises et l'effort de provisionnement déjà réalisé 
devraient permettre au Groupe de retrouver dès 1993 des 
résultats bénéficiaires qui marqueront une première étape 
dans le redressement de sa rentabilité. 

• Maintien du dividende 

Se fondant sur la solidité financière du Groupe et de ses grandes 
filiales ainsi que sur les perspectives découlant des mesures 
décrites ci-dessus, le Conseil d 1 Administration prévoit de 
proposer à l'Assemblée le maintien du dividende à un niveau 
égal à celui de 1991 . Le dividende sera détaché le 29 juin 1993. 

Le 3 mars 1993 


Pour toute information, 

Suez Actionnaires. Direction de la Communication. 

I, rue d'Astorg 75008 PARIS, Tel. 40.06.64.00. Minitel 36 15 SUEZ 


r 



20 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •• 



V 

I 


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•> 


ÉCONOMIE 


ÉTRANGER 


La préparation du pacte de solidarité en Allemagne 

i»i* i_i 


La coalition gouvernementale approuve 
les grandes lignes du plan de soutien à l’ex-RDA 


BONN 


de noire correspondant 

Avant le prochain round des 
négociations avec les laender sur le 
pacte de solidarité, qui doit inter- 
venir le 11 mars, le gouvernement 
a adopté, jeudi 4 mars, en conseil 
des ministres, les grandes lignes de 
son projet de consolidation finan- 
cière à partir de 1995 pour suppor- 
ter les charges de la réunification. 
Celui-ci prévoit essentiellement la 
reconduction d’un impôt de solida- 
rité exceptionnel qui rapporterait 
environ 1 2 milliards de marks 
(40,8 milliards de francs) en 1995. 


La hauteur de cet impôt dépen- 
drait cependant du montant de 
l'apport financier des lander de 
l’ouest à ta reconstruction de l’est, 
qui est encore loin d'être réglé. Le 
gouvernement, qui a adopté un 
supplément au budget de 1993 de 
4,3 m illards de DVL, est décidé à 
financer ce surcroît de dépense par 
un accroissement de l'endettement. 
Celui-ci est porté à 51 milliards de 
DM (8 milliards de plus que 
prévujL Les dirigeants de la coali- 
tion continuent à s'opposer ferme- 
ment à une hausse immédiate des 
impôts pour ne pas accroitre la 
récession. 


La Bundesbank assouplit 
légèrement le crédit 


A l'occasion d'un appel d’ofTres 
sur le marché monétaire, vendredi 
5 mars, la Bundesbank a légère- 
ment assoupli le crédit. Elle a en 
effet ramené le taux de ses prises 
en pension, auquel elle approvi- 
sionne le marché monétaire à très 
court terme, à 8,25 9b contre 
8,49 % lors de la dernière opéra- 
tion de ce type. Les gouverneurs de 


la banque centrale allemande, réu- 
nis jeudi 4 mars à Francfort, 
avaient pourtant choisi de ne pas 
modifier l’escompte et le lombard, 
les deux principaux taux directeurs 
allemands qui avaient été ramenés 
i 8 % et 9 % respectivement le 
4 février. L'opération du 5 mars 
s’est traduite par un net raffermis- 
sement du dollar. 


En revanche, l’accord auquel 
étaient parvenus les chefs de la 
coalition mercredi 3 mars au soir 
pour financer la reforme des trans- 
ports a été bloqué Jeudi par le 
groupe parlementaire chrétien 
démocrate. Le compromis sur 
lequel s’étaient entendus les diri- 
geants des trois partis de la coali- 
tion gouvernementale, sous la pré- 
sidence du chancelier Kohl, 
prévoyait une hausse de 13 pfennig 
de (a taxe par litre de carburant à 
partir du 1* janvier 1994. 

Les parlementaires chrétiens 
démocrates souhaitent une hausse 
moins forte de la taxe et, en 
contrepartie, l'introduction d’une 
■vignette automobile à laquelle les 
libéraux s'opposent avec véhé- 
mence. 

Le produit de la nouvelle taxe, 
qui aurait rapporté 8 milliards de 
DM, doit notamment permettre de 
réduire l’endettement des chemins 
de fer, dont le gouvernement vient 
d’adopter en février une entière 
réorganisation afin de rendre leur 
gestion autonome. EQe est indépen- 
dante de l'introduction éventuelle 
d'un droit de péage sur les auto- 
routes, qui, s’il était autorisé par la 
Communauté européenne, permet- 
trait d’envisager une privatisation 
& terme du système autoroutier. 

H. de B. 


M. Delors plaide pour une accélération de Mon monétaire 


Face aux dévaluations en cas- 
cade de plusieurs monnaies euro- 
péennes - qualifiées de «détrico- 
tage » du système monétaire 
européen (SME) - M. Jacques 
Delors préconise d’accélérer la pro- 
cédure pour aboutir à une monnaie 
unique européenne, même sans la 
Grande-Bretagne et le Danemark. 
Ce serait, selon le président de la 
Commission européenne, qui était 
l’invité jeudi 4 mars du Forum de 
l’Expansion, «un geste de crédibi- 
lité pour éviter [a désintégration du 
SME», qualifiée de * poison le plus 
mortel qui puisse frapper la Com- 
munauté européenne ». Pour 
autant, M. Delors juge irréaliste de 
vouloir pousser (es feux de l'inté- 
gration européenne avant la mi- 
1994, échéance pour la création de 
l'Institut monétaire européen. 

C'est également à une défense du 


SME que s'est livré M. Michel 
Camdessus, directeur général du 
Fonds monétaire international 
(FMI). Dans cette optique, a-t-il 
précisé, le gouvernement français 
«a raison de tenir bon » dans sa 
politique de défense du franc 
«même si le prix à payer est élevé. 
(~.) En faisant cela, on est en train 
de sauver tes chances de voir un 
jour apparaître (en Europe] la mon- 
naie unique. Cela en vaut le prix. » 

.IMLRaàe : .... 
pas de déflation 

S'adressant par vidéo aux chefs 
d'entreprise invités dn Forum, 
M. Raymond Barre a abondé dans 
ce sens. Plaidant pour la stabilité 
monétaire, i’ancien premier minis- 
tre a rappelé que « les fondamen- 
taux de l’économie française sont 


bons (et que) personne ne compren- 
drait une dévaluation du franc». 

Evoquant la baisse de la produc- 
tion industrielle enregistrée dans 
l'Hexagone en décembre 1992, 
M. Barre s’est voulu rassurant La 
France, a-t-il expliqué, n’est pas en 
déflation. «Nous n’avons pas connu 
de baisse des prix de 40% comme 
lors de la grande dépression. Il n’est 
pas sérieux de crier à la déflation 
lorsque l’on voit une inflation radie 
pendant un mois ou deux » 

- Plus généralement, selon l’anewr 
premier ministre, «nous sommes à 
la Jm d’un processus d'ajustement», 
mais, a ajouté M, Barre, a le 
chômage ne reculera que si l’on 
prend les nécessaires mesuras struc- 
turelles. en particulier celles qui 
concernent la formation et l’adapter 
lion de l’offre d’emplois à la 
demande des entreprises. » 


INDUSTRIE 


Matra conteste le soutien de Bruxelles 
au consortium créé par Ford et Volkswagen 


BRUXELLES 


(Communautés européennes) 
de notre correspondant 

Le groupe Matra-Hachette, pro- 
ducteur, associé à Renault, de /'Es- 
pace, accentue son offensive contre 
le soutien de la Commission euro- 
péenne à la construction par Ford 
et Volkswagen, au Portugal, d'une 
usine commune destinée à la pro- 
duction de 190 000 voitures de 
type «monocorps» par an. 

Après avoir contesté, devant la 
Cour européenne de justice de 
Luxembourg, le montant « exorbi- 
tant» de l'aide accordée - un total 


de 750 millions créais (5 milliards 
de francs) -, il a annoncé, jeudi 
4 mars, qu'il venait de déposer un 
second recours mettant en cause la 
décision d’exempter le consortium 
Ford-Volkswagen des dispositions 
du Traité de Rome (art.85) interdi- 
sant les ententes. 

Parmi (es nombreuses «anoma- 
lies» relevées, M. Frédéric d’AIlest, 
directeur généra] du groupe Matra- 
Hachette, a souligné le montant 
lourdement surestimé du devis qui 
correspondrait à deux fois et demi 
l'investissement normal nécessaire 
et a servi d’assiette pour établir le 
montant « totalement démesuré » 


de l’aide. Les services de la Com- 
mission répliquent que «l’aide ne 
sera délivrée qu'en fonction de l'in- 
vestissement réel». En outre, ils 
accueillent avec scepticisme ce 
second recoure, s'étant récemment 
prononcés en faveur de tels accords 
de coopération, fis se proposent 
d'accueillir avec ta même bienveil- 
lance le projet d'extension de rac- 
cord de coopération liant Peugeot 
4 Fiat. Limité aujourd'hui aux 
petits véhicules utilitaires, il sera 
étendu précisément à la production 
de «monocorps» . 

PHILIPPE LEMAITRE 


En dépit des menaces de rétorsion 

Les Etats-Unis confirment leur volonté 
de taxer certains types d’acier importé 


Mauvaise nouvelle pour les sidé- 
rurgistes français, britanniques, 
allemands et brésiliens. L’Interna- 
tional Tradc Commission, une 
commission fédérale compétente 
en matière de conflits commer- 
ciaux. vient de juger recevables les 
plaintes pour anti-dumping sur les 
barres au plomb et aciers au bis- 
muth déposés par les producteurs 
américains. 

La decision, rendue publique 
jeudi 4 mars, permet au dcpanc- 
ment du commerce de transformer 
les droits de douane provisoires 
fixés sur ce type d'acier en octobre 
1992 (le Monde du {“octobre 
1992), en surtaxes définitives. Uni- 
métal, la filiale d’Usinor Sacrlor 
qui produit cette spécialité, est 
frappée par un droit d’entrée de 
78 9b pour chaque tonne de barre 
au plomb exportée aux Etats-Unis. 


Au total, 192 000 tonnes d'acier 
représentant en valeur 90,8 mil- 
lions de dollars (environ 490 mil- 
lions de francs) sont concernées. 
En 1991, ces importations comp- 
taient pour 43 % de la consomma- 
tion américaine globale. 

L’avis de PITC sur les barres au 
plomb - considéré comme un 
«galop d’essai» par tes sidérur- 
gistes européens - Jais» présager 
une decision similaire pour les pro- 
duits plats. Deux millions de 
tonnes de tôles en provenance de 
la CEE pourraient ainsi être defini- 
tivement taxées de droits de 
douane supplémentaires, avec une 
incidence économique beaucoup 
plus grave, cette fois, pour les pro- 
ducteurs de {a Communauté. 

C. M. 


DES LEXIQUES 
BILINGUES 



Pour nndustrie, 
le commerce, 
l’entreprise... 


À partir de 75,00 F 

0 


HACHETTE 

Technique 


SOCIAL 


Afin de développer la retraite par capitalisation 


Des sénateurs proposent de créer des fonds de pension 


1 Un groupe de sept sénateurs 
.RPR, centristes et UDF ont pré- 
senté jeudi 4 mare une proposition 
de loi facilitant la constitution, par 
les entreprises, de fonds de pension 
par capitalisation qui s'ajouteraient 
aux prestations de la Sécurité sociale 
et des régimes complémentaires 
fonctionnant selon le mécanisme de 
la répartition (les cotisations des uns 
financent la retraite des autres). 

Selon M. Philippe Marini, séna- 
teur RPR de rOisc, ce texte, qui 
«ouvre des possibilités d'épargne lon- 
gue sur la base du volontariat », 
s'inscrit dans le cadre des proposi- 
tions de la plalo-formc de l'opposi- 
tion qui entend « favoriser la consti- 
tution d’une épargne retraite 
complémentaire, grâce à un avantage 
fiscal». Ses auteurs se disent d'ores 
et déjà «rassurés d’emporter l’adhé- 
sion d'une mqjoriti de sénateurs ». 
Les sommes versées facultativement 
par les salariés bénéficieraient des 


mêmes avantages que les cotisations 
sociales. Déductibles du revenu 
imposable « dans la limite du pla- 
fond annuel retenu pour le calcul des 
cotisations de Sécurité sociale», dira 
pourraient s'accompagner d’un ver- 
sement de l’employeur et donne- 
raient Ucu à l'attribution d'une rente 
imposable à partir de soixante ans. 
Les fonds seront confiés non pas. A 
l'entreprise mais à des organismes 
extérieurs relevant du code des assu- 
rances. du code de la mutualité ou 
des institutions de prévoyance dont 
tes opérations seront supervisées par 
la commission de contrôle des assu- 
rances, chargée de veiller an respect 
de règles prudentielles (diversifica- 
tion des placements, dispersion des 
risques, notamment). En cas de 
licenciement ou de démission, le 
salarié pourra transférer son épargne 
dans un nouveau fonds de pension 
ou conserver ses droits. 

Les sénateurs, qui ne peuvent 
encore évaluer le coût budgétaire lié 
aux incitations fiscales, n'ônt pas 


précisé s ces fonds seraient régis par 
la règle de la prestation définie ou 
(te la cotisation défraie. Très influen- 
cés par tas propositions des assu- 
reurs, les auteurs du projet comptent 
sur d’augmentation des salaires 
directs préconisée par l'opposition 
(grâce à la fiscalisation progressive 
des allocations familiales) pour 
encourager la création de fonds de 
pension. 

J.- M. N. 


q Retraites bancaires : F AFB dési- 
gne u négociateur. - L'Association 
française des banques (AFB) a 
annoncé, jeudi 4 mars, que 
M. Georges Dumas, ancien prési- 
dent du CtC, dirigera la délégation 
chargée de négocier la «réforme 
nécessaire du régime de retraite de 
la profession bancaire ». Des dis- 
cussions doivent avoir lieu avec Ira 
syndicats mais également avec les 
régimes complémentaires de l’ AR- 
RCO et de l’AGlRC. 


AFFAIRES 

Après des pertes historiques 

Les actions Suez 
font l’objet 
de rameurs 
et de ramassage 
en Bourse 

Paradoxe dont la Bourse rat cou- 
tumière, au lendemain de l’an- 
nonce d’une perte historique de 
plus de 1,8 milliard de francs par 
la Compagnie financière de Suez 
(le Monde du S mars), l'action 
Suez a gagné 2,9 % et atteint 305 
francs dans des volumes de tran- 
sactions considérables le lende- 
main, vendredi 5 mars, le titre 
gagnait encore en début d'après- 
midi .5%, avec 1,2 million de titres 
majorés. Déjà, près de 1,2 million 
d'actions Suez ont été échangées à 
Ta Bourse de Parîrct-800 000 'àü 
Londres - en tout 1,4 % du capital 
- sur (a seule séance du jeudi 
4 mare. Les rumeurs de ramassage 
et même d’OPA n’ont cessé de 
prendre de l'ampleur au long de la 
journée. 

Si, pour certains analystes, le 
marché boursier a salué avant tout 
l’opération vérité des comptes faite 
par la direction de Suez et le « net- 
toyage» des bilans bancaires, Pim- 
portance des volumes de transac- 
tions étonne. Des spéculateurs 
considèrent que tes difficultés de la 
Compagnie financière renforcent 
rhypolbêse d'un raid boursier et 
d'un démembrement. La décote 
entre le cours et la valeur d'actif 
par action (480 francs) reste consi- 
dérable et près de 5 % des titres 
ont changé de mains lors des deux 
dernières semaines . Un éventuel 
attaquant - les noms de 
MM. Jimmy Goldsmith et Marc 
Fournier (président de la Compa- 
gnie de navigation mixte) - ont été 
évoqués, bénéficierait peut-être du 
soutien de certains actionnaires de 
la Compagnie, comme l'UAP ou 
AXA. 

L’hypothèse paraît tout de même 
audacieuse. Parce que prendre 
20 % du capital de la compagnie 
financière coûterait tout de même 
8,5 milliards de francs au cours 
actuel et ne garantirait pas pour 
autant la possibilité pour l’agres- 
seur de brader des actifs. Enfin, 
Suez est passé maître dans les 
batailles boursières. «La vieille 
dame» de la rue d’Astorg n’en a 
jamais perdu une. Elle l'a prouvé & 
maintes reprises, encore l’an der- 
nier, lors de l'OPA victorieuse de 
son allié Nestlé sur Pcrrier. 


E. L 


a BNP : résultat net de l'ordre de 

2.1 milliards de francs en 1992. - 
Dans un communiqué publié ven- 
dredi 5 mars dans la matinée, la 
Banque nationale de Paris (BNP) a 
dévoilé des estimations de résultat 
net part du groupe de 2,1 milliards 
de francs pour 1992. Les bénéfices 
de (a banque nationalisée seraient 
en baisse de 27,5 % par rapport & 
ceux de 1991 (2,9 milliards de 
francs) «affectés par la croissance 
des provisions notamment dans le 
tlotnaine de l'immobilier d’entre- 
prise». Les estimations do résultats 
font aussi état d’une progression de 

5. 2 % du produit net bancaire à 
40 milliards de francs. Le résultat 
d’exploitation du groupe atteint 
11,8 milliards de francs en hausse 
de 8,9 %. 


[Publiait) 


Rectificatif à ('avis d'enquête paru le 26-02-93 

DÉPARTEMENTS DE L’ISÈRE ET DE L'AIN 

AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE 

concernant le renouvellement de l’autorisation de 
la centrale nucléaire de CREY .S-lSf AT .VTT ,T .E (Isère) équipée 
d’un réacteur à neutrons, rapides. 


ICLE 2 - L’enaufite sera ouverte i compter du 30 mus 1993 et ius- 
i 30 avril 1993 Indus. 


ABTing l" - Par anfité interpréfectoral du 15 février 1993, une enquête 
publique a été prescrite concernant (a demande présentée per la société 
NERSA eu vue du raKwveUemear de l'autorisation de la centrale nucléaire 
de CREYS-MAL VILLE. 

ARTU 
qu'au 

flCLE 3 - La commission d’enquête est composée de M M. Jea n PRO- 
T, expert près ta' cour d'appel de Paris; Maurice EKENSTHN, ingé- 
nieur de l 'environnement ; Francis CHASSfN, Ingénieur en chef du génie 
rural en retraite ; Lucien PEJU, ingénieur divisionnaire des travaux publics en 
retraite : M. AUBOIN, cfafdr la section de radia protection du CENG hono- 
raire - ainsi que M. Jean CHIA VER JN A, ingénieur EPP et ISF en qualité de 
membre suppléant. 

Elle sera présidée par M- Jean PRONOST. 

ARTICLE 4 - Le dossier d’enquête sera déposé i ta préfecture de l'Isère, A ta 
préFecture<fe FAm. à-ta soB^préfecture de LA iCQÜR~DU?PIN (Isère),. à la 
•oua-prtfecture de B ELL E Y (Ain) et dons las mairies citées d-aprés pendant 
' an délai de t~moIi du 30 inart au3(7tfVriIl993 lndi*C ïï=r ~'- 

Toute' personne" poürraeri prendre connaissance suiT pteôe, dausTeslieux 
précités, aux jours et houes habituels d’ouverture au public indiqués d-des- 

MJU».' 

Pour le département de ririre : 

• Préfecture de GRENOBLE, du lundi au vendredi, de 9 h à 16 h. 

• Sous-préfecture de LA TOUR-DU-PIN, du' lundi au vendredi, de 8 h 30 
à 12 h et de 13 h 30 à 16 h. 

• BOUVESSK QUÏRJEU : 

Lundi, de 8 h 30 A 1 1 h et de 14 h A 17 h; mardi, de 14 h à 17 h ; 
mercredi, de 8 h 30 à 11 h ; Jeudi, de 14 h A 17 h. ; vendredi, de 8 h 30 & 1 1 h 
etde I4hà 16 h ; samedi, dé 8 h 30 A U h. 

• CREYS MEPŒU z 

Lundi, de 14 b à 18 b; jnanU.de 14 hé 18 h ; mercredi, de 14 fa A 18 b ; 
Jeudi, de 14 h à 18 h ; vendredi, de 14 h à 18 h, 

• SAINT-VICTOR-DE-MORESTEL : 

Mardi, de 10 h à U h 30 et de 17 h 30 à 19 h ; vendredi, de 15 h à 19 h ; 
samedi, de 10b à II h 30. 

■ ARANDON: 

Mardi, de 16 h i 1 9 b ; vendredi, de 16 b A 19 h ; samedi, de 9 b à 1 1 h. 

• OOURTENAY: 

Lundi, de 13 h à 19 h ; m e r credi, de 15 h A 19 h ; samedi, de 8 h A U b. 
Peur te dé pa rte me nt de l'Ain : 

- Préfecture de BOURG-EN-BRESSE, du lundi au vendredi indus ; de 
9 h 30 à 11 h 45 et de 14 h à 16 h. 

- - Sous -préfecture de BELLEY, dn Lundi au vendredi indus : de 9 h i 
H il 45 et de 13 h 45 à 16 h 30. 

• Mairie de BRrORD: 

Mardi, de 8 h4J d 12 h et de 14 h A 18 h ; jeudi, de S h 43 à 12 h et de 
14 h à 1 8 h ; samedi, de 9 h 15 A 12 h. 

• Mairie de MONTAGNIEU r 

Manfi.de 14h A 17h ; jeudi, de 14 hà 17 h ; samedi, de 9 h A 12 h. 

• Mairie de SERRIÈRES-D E-BRIORD : 

Lundi, de 8 h 30 à 11 h 30 et de 13 h 30 A 18 h 30 ; mardi, de 8 h 30 A 
11 h 30 et de 13 h 30 A 18 h 30 ; mercredi, de 8 h 30 A M hlo : jendi, de 
8b3OAllb3OetdeJ3h30A 18 h 30; vendredi, de 8 tr 30 i N fa 30 et de 
13 h 30 à 18 h 30 vsanwdî, de 8 h 30 A 11 h 30. 

• Mairie de LHUISi 

Mardi, de 8 h 30 à 1 6 h 30 ; mercredi, de 8 h 30 À 1 6 h 30 ; vendredi, de 
4 h 30 à 16 h 30 ; samedi, de 9 h à 12 h. 

• Mairie de MARCHAMP: 

Mardi, de 14 h 30 à T6 h 30 ; réndredi, de 14 h 30 A 16 fa 30. 

• Mairie de SE1LLONNAZ : 

Mardi, de 9 h & l \ h ; vendredi, de 9 b A J 1 h. 

• Mairie de LOMPNAZ : 

Mardi, de 13 h 30 i 15 h 30 ; vendredi, de 13 h 30 à 15 h 30. 

Le dossier d’enquête sera également A la disposition de quiconque dési- 
rant en prendre connaissance aux jour» et berne» non ouvrable» suivants, dans 
les lieux indiqués ci-dessons ; 

- Mairie de CREYS-MEPIEU : le 3 avril, de 9 h à 12 h. 

- Sous-préfecture de LA TCKJR-DU-PIN, le 3 avril, de 9 h A 12 h. 

- Préfecture de BOURG ; te 10 avril, dn 9 h à 12 h. 

- Préfecture de GRENOBLE : le 17 avril, de 9 h A 12 h. 

- Sous-préfecture de BELLEY, le !7 avril, de 9 fa A 12 h. 

ARTICLE S - Les intéressés pourront consigner directement leurs observa- 
tions sur les rssiahss ouverts à cet effet, établi! sur forâtes mut mobiles, 
cotés et pnraphés par l’un des membres de ta conunteion d’eoqoéce ou les 
adresser par écrit â ; M. le Prérident de la commission tTcoquete pour ta 
centrale ùe CREYS-MAL VILLE, BP 50 - 383S2 LA TOUR-DÜ-PCN, qui les 
visera et les annexera à ces registres. 

ARTICLE 6 - Le président ou l'un des membres dé ta «onumtrioa d'enquête 
sa tiendra a ta disposition des personnes ou des représentants d’ associations 
qui demanderont a être entendus aux. lieux; jours et heures -suivants : . 

- Mairie de CRJEYS-MJEPIEU : Je 3 avril, de 9 h A 12 h. 

- Sous-préfecture de LA TOUR-DU-PIN, le 3 avril, de 9 h à 12 h. 

- Préfecture de GRENOBLE : le 17 avril, de 9 h à 12 h. 

- Sous-préfecture de BELLEY, te 17 avril, de 9 h A 12 b. 

- Mairie dé BOUVESSE-QUIRIEU, le 21 avril, du 9 fa à 12 h. 

- Mairie de LHUIS, ta 28 avril, de 9 b A 12 ta 

ARTICLE 7 - Copie du rapport et des ««durions motivées du président de 
la commission d'enquête sert tenue & 1a disposition dn publie dans les pré- 
fectures des départements de liséré et de PAm, dans tes sous-préfectures de 
LA TOUR-DU-PIN (Isère) et de BELLEY (Ain) et d&ns les mairies risées A 
l'article 4, pendant un an & compter de la date de clôture de l’enqufcte. 


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• Lé Monde « Samedi 6 mars 1993 21 








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ÉCONOMIE 


un vrai travail à 

par Martine Aubry 


temps choisi 


POINT DE VUE 


Pour 


P UISQUE le partage du tra- 
vail est l'un des thèmes 
forts de cette campagne 
électorale, espérons pue le débat 
n'en restera pas à quelques pro- 
pos de circonstance. La question 
est essentielle. 

Le chômage augmente en 
France comme partout en Europe, 
mais nos moyens d'action tradi- 
tionnels ne suffisent plus pour 
l'enrayer. Il fellah rendre notre 
marché du travail plus efficace. 
Nous l'avons fait il faudra pour- 
suivre. Aujourd'hui, la croissance 
ne suffit plus. Elle est indispensa- 
ble, mais même lorsque l'on crée 
800 000 emplois, comme entre 
1987 et 1989, le chômage ne 
recule pas. Voilà pourquoi la 
question est importante : c'est 
l'une des pistes qu'il nous faut 
mettre en œuvre rapidement. 

Levons tout de suite certaines 
ambiguïtés. Plaider pour un autre 
partage du travail ne signifie pas 
faire du rafistolage pour mieux 
répartir la pénurie. Le seul enjeu 
est que l'organisation de la pro- 
duction et ce8e de notre société 
soient plus efficaces, plue 
proches des attentes des Fran- 
çais et assurent une meilleure 
cohésion sociale. J'entends donc 
plaider pour un partage du travail 
dynamique, qui améliore bien sûr 
l'emploi, mais qui d&ouche aussi 
sur une meilleure qualité de vie. 
A cet égard, parler de c partage a 
du travail est une idée généreuse 
mais trompeuse. J’ai toujours 
préféré parler d’un travail à 
temps choisi. 

Depuis un siècle, le durée du 
travail a été divisée par deux. 
Dans (es dernières décennies, la 
baisse a été régulière parce que 
le surplus dégagé par la crois- 
sance a été réparti, selon les cas, 
entre des hausses du pouvoir 
d'achat et des baisses du temps 
travaillé. La durée hebdomadaire 
du travail ■ -est- passée de 


46 heures en 1960 à 42 heures 
en 1970, à un peu plus de 
39 heures en 1983. Les deux 
semaines de congé de 1936 sont 
devenues trois en 19S6. quatre 
en 1969 et cinq en 1982. Par 
ailleurs, l’évolution rapide de la 
croissance et de la productivité 
du travail a permis d’assurer un 
accroissement continu des rému- 
nérations. 

Un puissant facteur 
de compétitivité 

S'il y avait là un incontestable 
progrès social, en revanche la 
durée d'utilisation des équipe- 
ments avait diminué et cela 
n'avait guère modifié notre orga- 
nisation du travail. C’est seule- 
ment dans la dernière décennie 
que l’on a enfin compris que l’or- 
ganisation du temps de travail 
pouvait être un puissant facteur 
de compétitivité. Les ordon- 
nances de 1982 et les évolutions 
législatives récentes ont ouvert la 
voie à des organisations plus 
souples et plus diversifiées du 
temps de travail. 

La durée d'utilisation des équi- 
pements a alors commencé à 
augmenter, des accords de 
modulation des horaires se sont 
multipliés, mais, dans le même 
temps, la baisse de ia durée du 
travail s'est arrêtée, à l'inverse 
de ce qui s'est produit en Alle- 
magne. Pis, la reprisa économi- 
que de 1987-1989 a augmenté le 
temps de travail sous l'effet des 
heures supplémentaires. 

En guise de partage, la société 
a organisé le partage entre ceux 
qui disposent d'un emploi et les 
autres. Et les Français ont égale- 
ment opté pour un partage tavo- 
risé. par les cessions anticipées 
d'activité, volontaires ou 
contraintes. Conséquence : notre 
taux d'activité entre 55 ans et 
59 ans est le plus fable des pays 
indusuiaÇsés. Partir en préretraite 


à 55 ans, après une vie profes- 
sionnelle difficile, se justifie plei- 
nement. Mais n’abusons pas! La 
pré-retraite reste pour les entre- 
prises un moyen commode de 
gérer ('emploi; elle exonère (es 
responsables économiques et 
sociaux d'une réflexion sur la 
réorganisation du travail et per- 
met d'éluder la question de la 
« maintenance professionnelle » 
des salariés âgés. Bref, c'est une 
solution ds facilité qui, de 
surcroît, laisserait croire aux 
Français que l'on peut se payer la 
retraite à 55 ansl 

Comment Incher et inviter à 
d'autres comportements? 

- Il faut d'abord disjoindre le 
temps travaillé individuellement 
et le temps de fonctionnement 
des machines ou d'ouverture des 
fieux publics. Cela suppose des 
organisations de travail plus sou- 
ples permettant des horaires 
diversifiés. Seules des négocia- 
tions décentralisées au niveau 
des branches et des entreprises 
permettraient de préserver l’équi- 
libre des intérêts : ceux de l'en- 
treprise soudeuse d’améSorer sa 
productivité, ceux des salariés 
préférant des horaires adaptés à 
leurs besoins. 

- li faut ensuite concevoir le 
temps de travail sur l'ensemble 
de la vie active. Est-il normal que 
les jeunes entrent sur le marché 
du travail de plus en plus tardive- 
ment et que les entreprises ne 
conçoivènt plus de plans de car- 
rière au-delà de 50 ans? N'est-il 
pas paradoxal que l'on travaille le 
plus entre 25 et 49 ans, un 
moment de la vie où Ton souhai- 
terait s'occuper de ses enfants 
ou envisager une reconversion 
professionnelle ? Puisque l'inno- 
vation technique permet plus de 
production pour moins d'heures 
de travail, tirons-en toutes les 
conséquences sur l'organisation 
de notre société I La gestion du 


temps tout au long de la vie 
active est désormais nécessaire ; 
elle est possède. 

Cette autre conception du 
temps de travail nécessite l'ins- 
tauration d'un revenu de substitu- 
tion. On pourrait, par exemple, 
concevoir un système permettant 
aux salariés d> épargner» du 
temps à certains moments de 
leur vie professionnelle pour ne 
pas travailler ou réduire leur 
temps de travail à d'autres 
moments, sans que cela entraîne 
une baisse proportionnelle de 
leurs revenus. Ce système 
d'c épargne-temps a mutualisé 
pourrait être alimenté par des 
prélèvements sur les revenus du 
travail, par des contributions des 
entreprises et, pourquoi pas, par 
une aide de l'Etat. 

Revenu 

de substitution 

- Cela nous conduit à évoquer 
une autre question : la réduction 
du temps de travail doit-elle être 
Intégralement compensée ? H faut 
être lucide : on ne peut réduire 
signifîcativement la durée du tra- 
vail sans toucher aux revenus, 
sauf è entraîner un accroissement 
des coûts, à altérer la compétiti- 
vité des entreprises et donc l'em- 
ploi. Mais B va de soi que l'on ne 
peut demander le même effort 
aux smicards et à ceux qui 
gagnant cinq fois plus. Les 
salaires les plus élevés doivent 
prendre une part plus grande à 
l’effort de redistribution. En per- 
mettant aux entreprises de réor- 
ganiser leur production, en allon- 
geant la durée d'utilisation de 
leurs équipements et en amélio- 
rant la qualité de vie des salariés, 
en définitive tout le monde y 
gagnera I 

- Reste à savoir comment 
relancer le processus 7 L’objectif 
des 35 heures est réaliste. Mais il 
ne sert à rien de proclamer les 


35 heures tout de suite, voire de 
renchérir, comme certains, en 
parlant de la semaine de 30 ou 
32 heures. Tout cela n'est pas 
sérieux I Nous avions estimé, et 
nous avions raison, qu'il n'était 
pas souhaitable de mettre en 
œuvre une règle unique et géné- 
rale au niveau national, laissant à 
ia négociation entre les parte- 
naires sociaux le soin de fixer les 
conditions d’un partage du travail 
qui préserve à fa fois les équili- 
bres et qui soit réellement favora- 
ble à l'emploi. Ceia n'a pas eu les 
résultats escomptés, malgré quel- 
ques initiatives récentes. Pour 
que le mouvement s'engage, il 
est maintenant souhaitable de 
fixer par la loi la durée légale heb- 
domadaire à 37 heures en 1996, 
laissant ainsi à la négociation le 
choix des formes de la réduction 
du temps de travail et la fixation 
des modalités de compensation. 

Il faut être aujourd'hui plus 
directif. Nous aurions sans doute 
pu commencer plus tôt lorsqu'il 
est apparu évident que la crois- 
sance ne permettait plus à elle 
seule de faire baisser le 
chômage. 

Voilà rapidement esquissé ce 
qui pourrait constituer les élé- 
ments d'un véritable débat sur le 
temps de travail. Puisque cela 
met en jeu un projet de société 
qui touche à la fois à la compéti- 
tivité de nos entreprises, à la 
gestion du temps pour chacun, 
les jugements à l'emporte-pièce, 
les slogans simplistes, les solu- 
tions toutes faites ne sont pas de 
mise. Ordonnons une conception 
moderne et dynamique du temps 
de travail, choisi collectivement 
et individuellement, plutôt que de 
subir un partage sauvage et 
contraint. 

b- Martine Aubry est ministre 
du travail, de l'emploi et de la 
formation professionnelle. 


Grève 

dans le métro parisien 
le 10 mars 

Les syndicats de conducteurs du 
métro parisien (CGT, SAT-auto- 
noroe, GATC-autonome et indé- 
pendants) appellent à la grève, 
mercredi IÛ mars, pour s’opposer 
au projet de réforme de la profes- 
sion de conducteur élaboré par la 
direction. Celle-ci souhaite intro- 
duire plus de souplesse dans les 
horaires des personnels concernés 
et mettre en place une évaluation 
professionnelle individualisée, en 
échange de primes et d'améliora- 
tion du déroulement de carrière. 
Toutes les autres catégories de l'en- 
treprise sont concernées par cette 
démarche de modernisation qui 
avait déjà provoqué des arrêts de 
travail chez les conducteurs 
en novembre 1992. 

Afin d’éviter cette grève, la 
direction a saisi l’instance de 
conciliation présidée par 
M“ Simone Rozès, ancien premier 
président de la Cour de cassation, 
qui devrait faire connaître son avis 
le lundi 8 mars. 

Clarion (autoradios) 
a nnonce sept mois 
de chômage partiel 

L’usine Clarion (autoradios) 
implantée à Custines, près de Nancy 
(Meurthe-et-Moselle), va placer la 
majeure partie de ses cent cinquante- 
trois salariés en chômage partiel pen- 
dant fri us de sept mois, du 17 mars 
au 31 octobre. Rendue publique 
jeudi 4 mars par la direction de l'en- 
treprise, cette décision est la consé- 
quence de l'accumulation d'un 
important stock représentant cinq 
mois de production" au rythme men- 
suel de 14 000 appareils alors que les 
réserves ne doivent pas dépasser, en 
règle générale, quinze jours d’activité. 

Les mesures de chômage partiel ne 
concerneront que les services de pro- 
duction de cette entreprise - dont la 
main d’œuvre est essentiellement 
féminine - qui ne travailleront désor- 
mais que le lundi, le mardi et le 
vendredi. La perte de salaire devrait 
être comprise entre 8 et 15 %. 




La matière 
première 

du nucléaire. 


Au cœur de la production d'électricité d'origine 
nucléaire, figure un élément naturel : f uranium. 

Avant de devenir le combustible nucléaire, l’uranium 
subit une série de transformations qui reposent sur des 
procédés de haute technologie. Il est extrait de la mine, 
puis après conversion il est enrichi et transformé en 
combustible. 

Après utilisation dans le réacteur des centrales 
nucléaires, le combustible usé est retraité pour séparer 
les matières énergétiques destinées à être recyclées et 
les déchets qui sont conditionnés en vue de leur 
entreposage. 

C'est l'ensemble de ces opérations, en amont et en 
aval de la production d’électricité, que l’on appelle le 
“cycle du combustible nucléaire". 



Cogema avec ses filiales françaises et étrangères est 
aujourd'hui le seul groupe au monde à maîtriser et à 
commercialiser l'ensemble des opérations qui constituent 
ce cycle ainsi que son ingénierie. 


Extraire. 

Le Groupe Cogema est présent dans des mines 
situées notamment en France, au Niger, au Gabon, aux 
Etats-Unis, au Canada. 


Enrichir. 

Après une étape de conversion chimique, l'enrichis- 
sement est l'opération qui permet de donner à i’aranium 
les qualités nécessaires à nn combustible nucléaire dans 
la plupart des réacteurs actnels. 


Fabriquer. 

L’uranium enridti est ensuite conditionné dans une 
enveloppe métallique pour constituer les éléments 
combustibles prêts à alimenter lecteur du réacteur de la 
centrale nucléaire et à produire de l'électricité. 


Retraiter - Recycler. 

Cogema retraite les combustibles usés après trois ou 
quatre ans d’utilisation en réacteur. 

Ceux-ci contiennent 97 % de matières énergétiques 
récupérables, uranium et plutonium- Ces matières sont 
destinées à être recyclées après réintroduction dans le 
cycle de fabrication. 

Les 3 % de déchets sont intégrés dans du verre, 
conditionnement de haute sécurité, pour être stockés, 
dans les meilleures conditions. 

De la sécurité à l'environnement. 

Sûreté, sécurité et protection de l’environnement 
sont des préoccupations inhérentes, dès leur conception, 
à toutes les activités de Cogema et ont toujours constitué 
des impératifs absolus. 

Ainsi, le Groupe Cogema entend-il contribuer au 
respect de l'environnement et à la sécurité des personnes 
en s’imposant l'observation des normes les pins sévères 
avec des coefficients de sécurité importants. 



Par ailleurs, depuis l'origine, la gestion des déchets 
est une priorité conduisant Cogema à développer le 
recyclage des matières. 

Cogema, acteur clé de Pîmiépendance éoergétique. 

Avec 16000 collaborateurs, réalisant plus de 
22 milliards de chiffre d'affaires dont près du tiers à 
l'exportation. Cogema contribue de manière significative 
à l'indépendance énergétique de la France et à sa puis- 
sance économique. Fournisseur principal en combus- 
tibles nucléaires d'EDF, le Groupe est également le 
partenaire privilégié de plus de 60 compagnies d’élec- 
tricité en Europe, aux Etats-Unis et en Extrême-Orient, 
pour le cycle du combustible nucléaire 



COGEMA 



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* 



9 - 


22 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •• 


VIE DES ENTREPRISES 


Afin de stabiliser 
son actionnariat 

SEB institue 
le dividende majoré 

Jugeant un actionnariat 
stable indispensable pour 
construire une stratégie à 
long terme, les dirigeants de 
SES ont décidé d'innover err 
créant le dividende majoré. 
Pour cela, le groupe de petit 
électroménager aux marques 
SEB, Calor, Rowenta et Tôfal 
proposera, lors de rassem- 
blée générale du 28 avril. que 
les actionnaires gardant leurs 
dires pendent deux ans puas- 
sent percevoir un dividende 
augmenté de 10 % par rap- 
port au montant du dividende 
net versé. Concrètement, les 
détenteurs d'actions ayant 
opté pour cette solution 
devront d'ici au 31 décembre 
inscrire leurs titres au nomi- 
natif. S’ils conservent leurs 
actions deux années de suite, 
ils bénéficieront de cet avan- 
tage en 1996 au titra de 
l'exerdce 1995. 

Pour le président de SEB, 
M. Jacques Gairard. cette 
«première», présentée mer- 
credi 3 mars devant le Club 
Presse Finance, ta J'avantage 
de la simplicité et de rége- 
nté». H ne s'agit pas de créer 
une nouvelle sorte de titres, 
et cette option s'adresse aux 
9 00 0 actionnaires, queis 
qu'as soient Et cette majora- 
tion des sommes versées ne 
devrait pas altérer la politique 
de distribution normale. Au 
cours de ces dix dernières 
années, le .groupe a assuré 
une croissance moyenne 
annuelle du dividende de 
10 %. 

Pour SEB, cette mesure 
permettra non seulement 
d’identifier ses actionnaires, 
grâce à la mise au nominatif 
de ces titres, mais aussi de 
les fidéliser, sans pour autant 
affecter le marché du titra en 
Bourse, car tous les déten- 
teurs d'actions n’opteront 
pas polir ce bonus. Actuelle- 
ment., le capital est contrôlé à 
52,1 % par le groupe fonda- 
teur, 23,6 % sont entre Iss 
mains d’investisseurs institu- 
tionnels français, 14,3 % 
dans celles d'investisseurs 
étrangers et 10 % répartis 
entre des petits actionnaires. 

«il ne faut pas se faire d’il- 
lusion. la reprise générale 
aura lieu peut-être en 1994. 
mais pas tout de suite», a 
indiqué également M. Gai- 
rard. refusant cependant 
t toute frilosité et slnistrose». 
Après un exercice stable 
(+2,5 % du chiffra d'affaires 
è 8,279 milliards de francs et 
+ 1 % du bénéfice net à 
314 millions), c/e groupe 
table sur un résultat courant 
de 12 % du chiffre d’affaires 
en 1996. contre 9 % l’en 
dernier », a précisé M. Ber- 
trand Dupont, directeur finan- 
cier. Mais pour 1993, dans 
un contexte de faible crois- 
sance, l'heure est à une ges- 
tion rigoureuse, au renforce- 
ment dans des pays où le 
groupe se développe, comme 
les Etats-Unis, l’Europe de 
l’Est, la CEI, voire peut-être la 
Chine et le Pakistan. Quant 
aux investissements, estimés 
à près de 470 millions, ils 
seront concentrés sur Ie9 
produits nouveaux, en parti- 
ciper dans le domaine de la 
domotique. 

DOMINIQUE GALLOIS 


Pour la première fols de son histoire 

Barclays annonce des pertes 
de 242 millions de livres 


LONDRES 

de notre correspondant 

M. Andrew Buxton, président de 
Barclays, s'est contenté d’un laco- 
nique « C’est très décevant >, en 
annonçant, jeudi 4 mars, la pre- 
mière perte de l'histoire de la ban- 
que dont il est aussi le directeur 
général. Elle s’élève à 242 millions 
de livres avant impôts (1). Bardays 
est la seule des quatre grandes ban- 
ques de dépôt britanniques à avoir 
annoncé des pertes pour 1992, 
alors qu’elle était la plus profitable 
des quatre l'année précédente. 

En dépit de la crise 


Les avHHme&rs tablent 
sur oie croissance anaoeOe 
de pbs de S ï du trafic 

Boeing et Airbus sont d’accord 
pour prédire que le trafic aérien 
oontmoera à croître rapidement, mal- 
gré la crise économique. L’améric ain , 
numéro un mondial, s'attend à une 
croissance de 5,4 % des voyages d’ici 
Tan 2010, et l’européen, légèrement 
moins optimiste, pense pourtant mie 
tes résultats des compagnies, actuelle- 
ment catastrophiques en raison de 
leur surinvestissement et des baisses 
de tarifs, devraient s'améliorer au 
milieu de la d é ce n nie. 

Les deux avionneurs évaluent les 
besoins en avions nouveaux de façon 
voisine : d’ici 2010, Boeing table sur 
un marché de 12 000 appareils et 
Airbus, sur 1 1 600. Tous deux chif- 
frent à 45 milliards de dollars par an 
la facture de ces livraisons. Tous 
deux encore pensent que la taille 
moyenne des avions va croître pour 
des raisons de rentabilité et d'encom- 
brement de l’espace aérien et des 
aéroports. 


Ce déficit est l’un des plus 
importants jamais enregistré par 
une banque de dépôt, Lioyds ayant 
cependant annoncé des pertes de 
715 roittions de livres en 1989. En 
1988, Barclays avait réalisé un 
bénéfice avant impôt de 1,39 mil- 
liard de livres. La situation est 
bien différente aujourd'hui, la ban- 
que étant obligée de réduire de 
moitié le dividende versé aux 
actionnaires, ce qui devrait permet- 
tre d*« économiser » quelque 
98 millions de livres. 

Ce déficit est lié au montant 
record des provisions pour mau- 
vaises dettes, qui s’élève i 2,5 mil- 
liards de livres, celles-ci provenant 
notamment de prêts accordés à des 
compagnies immobilières et des 
sociétés de construction (pour 
1,96 milliard de livres), l’essentiel 
de ces opérations ayant été réalisé 
au Royaume-Uni. Parmi les princi- 
[ paux bénéficiaires de ces prêts. 


figurent le groupe de promotion 
immobilière Imry, ainsi que Olym- 
pia & York, la compagnie qui a 
assuré la construction du complexe 
de Canary Wharf, cet ensemble 
immobilier situé dans la zone des 
Doc kl an ds, î- l’est de Londres. 
M. Buxton, qui a récemment rem- 
placé Sir John Quinton à la prési- 
dence de Bardays, n'a pas caché 
que ces mauvais résultats sont la 
conséquence de décisions impru- 
dentes en matière de prêts, de 
1980 i 1990. 

Barclays, qui a déjà procédé à 
6 400 suppressidns d’emplois et 
fermé 189 succursales en 1992, 
pourrait être amenée à procéder i 
9 000 nouvelles suppressions de 
postes (et fermer plus de 300 suc- 
cursales) au coure des trois pro- 
chaines années. 

L Z. 

(t) Une livre vaut 8 francs. 


Faillite de ia Sasea 


Le Crédit Lyonnais en butte 
à la justice suisse 


La justice helvétique a temporai- 
rement suspendu, jeudi 4 mars, le 
droit du Crédit Lyonnais Bank 
Nederiand, la filiale néerlandaise 
de la banque nationalisée, à se por- 
ter partie civile dans Paf&ire de la 
faillite à Genève de la Sasea. Ce 
holding suisse, que présidait 
l’homme d'affaires italien Florio 
Fiorini, aujourd’hui en prison, était 
notamment partie prenante dans la 
célèbre OPA tancée i l’automne 
1990 par un autre financier italien 
controversé, M. Giancario Parretti, 
sur le studio de cinéma américain 
MGM (Métro Goldwyn Mayer). 

Pour le juge genevois, M. Jean- 


C II I F F R E S E T .MOUVEMENTS 


RESULTATS 

□ DSM : chute de 57 % do béné- 
fice net. - Le groupe chimique 
néerlandais DSM a dégagé en 1992 
un bénéfice net de 224 millions de 
florins (672 millions de francs) en 
baisse de 57 % par rapport à l’an- 
née précédente (516 millions de 
florins). Le chiffre d’affaires a et de 
DSM a régressé de S % pour s’éta- 
blir à 8,907 milliards de florins 
contre 9,347 milliards en 199 (. 
Cette régression est duc d’une port 
i la baisse des prix de vente 
(- 9 %) et d’autre part aux effets 
du change (- 1 %). Le résultat 
d'exploitation après impôts a 
atteint 257 millions de florins en 
1992 contre 503 millions l’anode 
précédente (-49 %). DSM a déblo- 
qué en 1992 un montant de 
’l,l milliard de florins pour des 
investissements et des acquisitions 
contre 1,8 milliards en 1992. 

a Allianz : perte de 137 militons 
de marin en 1992 dans 1 Assurance 
dommages. - L’assureur allemand 
Allianz a enregistré en 1992 une 
paie opérationnelle dans te secteur 
domestique des assurances de biens 
matériels de 137 millions de Deut- 
schemarks (465 millions de francs), 
selon des chiffres provisoires pré- 
sentés jeudi 4 mars & Munich. La 
filiale d’assurances dommages, 
Allianz Versicberungs-AG, à 
Munich, a enregistré une hausse 
sensible des sinistres particulière- 


AVIS FINANCIERS DES SOCIÉTÉS 


En 1992. le dùf&e «fafütires consolidé est <fe 1,495 min >00 et to commande* reçues de 
I JI8 nuflion. 

Le rénbv m cooscéidê iooL ooo swüié. w ooe pei» de IMbUDre® avant MU mïJUwu 
tf a mottmemeni «Tirait d’acqviKitvm. 

Cc rtadui déficitaire en ta conséquence d'une opération de rcnrudamlma de grande 
(mpinr e m epris e en toc tf adapter la Grave i b station du manié aéronautique « 
ntitoge. id qu'on peu l'envisager pouf le practe futur. Cette opératio n , «nouent plus 
tmporuaie qu'iratiskincnl envisagé, s’est induite vu une Owge nette de 66 mdlioos dont 
38 minions correspondent i des opérations i réaliser en 1993. Une opé rat i on de mène «rare 
avait déjà été catfeprâe en 1992, pour oo coût uct de 36,7 nriJBcm pour Penawnhte de 
l'opération. 

Le résultat net consolidé des opération est de 49,2 nattions, soit 3446 do ctuffre tfaÆmcs. 
Chiffres d'autant pins comcmbta que li efcaqp unie d’études auTOfinaucécs a augmenté de 
9,4 mitions par rapport 6 1991. et que le marché aéronautique s*« profondément dégradé en 
1992. 

foi 1991. le düITre d’affiüres ta* de 1 484 mütioas. les co n n nan d e» reçues de I 302 m2- 
tüM&, Ce résultat net (obi consolidé bénéficiaire de 50,2 mnfiow avant 64 mutioas iTsnKxtEBo 
ment d'écart d’noquailioa, k résulta net hors opérations déficitaire de 36,7 mfflianc, le rfsolnt 
uei des opération bénéficiaire de S&9 adUras. 

Cootiaaot à auaéQorcr « ««pétai «t* an airau modal le groupe Imrrtreftgiqne main- 
tiendra sqo eflort d'étude* autofinancées « 1993 an même niveau qu’en 1992. Le résultat net 
craaolidé total prévisiooiief do groupe» 1993 est bénéficiaire. 


ment importante dans le secteur 
voitures, mais aussi dans celui des 
logements. 

a Sema Group : progression de 
30 % des résultats api» impôts. - 
La firme franco-britannique de ser- 
vices informatiques Sema Group a 
annoncé, jeudi 4 mais, «de s résul- 
tats d’autant plus satisfaisants qu’ils 
s’inscrivent dans un environnement 
troublé, l’industrie des services 
informatiques n’ayant pas été épar- 
gnés par ta crise générale de l’éco- 
nomie». Le chiffre d'affaires 
consolidé i structure comparable a 
progressé de 12,9 % (416,7 millions 


s’est apprécié de 30 % (13,6 mil- 
lions de livres). Ces données ne 
prennent pas en compte le gain 
exceptionnel ( 1 5,4 millions de 
livres) du à la cession de la Sofres. 
A l’amélioration de sa rentabilité 
s’est ajoutée disparition de l'endet- 
tement net Concernant le dévelop- 
pement, le gro u p e a créé au début 
de Tannée une joint ventura dans 
le domaine des télécommunica- 
tions civiles avec France Télécom 
qui est entré récemment dans son 
capital (e Monde du 18-19 octobre 
1992). 

□ Saab-Scania : bénéfice est baisse 
de 19,5 % es 1992. - Le groupe 
suédois Saab-Scania Holdings a 
enregistré un bénéfice net de 
716 millions de couronnes sué- 
doises (515 millions de francs) en 
baisse de 19,5 %. Le chiffre d’af- 
faires a atteint 26,9 milliards de 
couronnes (19,4 milliards de 
francs), en baisse de 10,3 %. Les 
ventes de ia division camions et 
autobus ont chuté pour ta troi- 
sième année consécutive, tombant 
à 2 1,3 milliards de couronnes con- 
tre 22,9 milliards de couronnes en 
1991. Cette division a enregistré 
un bénéfice net de 1.6 milliard de 
couronnes contre 1.9 milliard en 
1991. Les ventes de la branche 
automobile ont chuté de 2 %, et tes 
pertes ont atteint 2,7 tnüKards de 
couronnes contre une perte de 
2,2 milliards de couronnes en 
1991. En revanche ta branche avia- 
tion de Saab a accru son bénéfice i 
163 millions de couronnes en -J 992 
contre 150 millions en 1991. Le 
chiffre d'affaires de (a division est 
passé de 4,9 milliards de couronnes 
en 1991 à 3,9 milliards en 1992. 

CESSIONS 

□ United Biscuits vend tes choco- 
lats Terry’s i Philip Morris- - Le 
groupe alimentaire britannique 
United Biscuits a annoncé, mer- 
credi 3 mais, ia vente du fabricant 
de chocolats Terry’s Group è Kraft 


General Foods International, la 
division alimentaire du groupe 
américain Philip Morris, pour 
220 millions de livres (1,760 mil- 
liard de francs). L’acquisition 
représente une nouvelle expansion 
des activités européennes de confi- 
serie de Kraft General Foods, qui a 
racheté le suisse Jacobs Sucfaard en 
1990 et a conclu l’an dernier la 
reprise de Freia Marabou, le plus 
important producteur de confise- 
ries et de chocolats eu Scandinavie. 
Terry’s (153 millions de livres de 
chiffre d’affaires en 1991 détient 
environ 3 % du marché en Grande- 
Bretagne et a des divisions en 
France, en Italie et aux Etats-Unis. 

□ CarnaodMetalbox : la CGUP 
attend désormais tes propositions de 
MB-Caradon. - La CGIP, action- 
naire & 25,3 % de CarnaudMetal- 
box «n’a pas encore été saisie 
d’une offre» du groupe britannique 
MB-Caradon qui a décidé de ven- 
dre les 25 9b qu’il détenait dans le 
leader européen de l’emballage, a 
indiqué jeudi 4 mars un de ses 
porte-parole. Réunie le 4 mars à 
Londres, l’assemblée générale 
extraordinaire des actionnaires de 
MB Caradon a approuvé la cession 
de la participation du groupe dans 
Carnaud Métal box. «ns nous ont 
avisés de leur décision mais elle n’a 
été assortie d’aucune proposition 
précise à notre égard », a ajouté le 
porte-parole. « C’est à eux désor- 
mais de nous faire une offre», a-t-il 
précisé. 

CRISE 

□ Plaa de sauvetage pour 1e sidé- 
n agis te tltenand Eko Stahl AG. - 
Le conseil de surveillance du plus 
grand complexe sidérurgique de 
l’ex-RDA, Eko Stahl AG, a adopté 
un plan de sauvetage du groupe 
qui prévoit l 500 nouvelles sup- 
pressions d’emplois « on milliard 
de maria (3,39 milliards de francs) 
•d'investissements publics, * indi- 
qué mardi 2 mars la direction 
d’Eko Stahl. Le plan, qui doit être 
encore approuvé par le gouverne- 
ment fédéral all e ma n d et la Com- 
mission européenne, propose que 
le site, actuellement géré par l’Of- 
fice des privatisations à l’est (Tren- 
handanstalt), continue & être 
financé par les pouvoirs publics 
jusqu’en 1996/97. Le projet vise à 
transformer Eko Stahl, situé à 
Eisenhuettenstadt près de la fron- 
tière polonaise, en an complexe 
entièrement intégré. 3 600 per- 
sonnes sont encore employées par 
Eko Stahl AG. 2 000 doivent rester 
aux termes du processus de restruc- 
turation prévu. 


MARCHÉS FINANCIERS 


PARIS, 5 mars = Interrogations autour de Suez 


Après une vive haussa an début de 
■ journée, rkxflca CAC 40 s'appréciant 
jusqu'à 1.47 %, (a tendanca positiva 
e’érodeh doucement eu H de» heures. 
Tant et ri bten qu’en début d'après-midi, 
(a baissa était de retour. VMae CAC 40 
revenait è T équilibra (+0,12%) è 

1 889,12 points vers 14 heures dans un 
marché psrtiaAramsot actif, la votera 
das éehangas. portant alors sur plus de 

2 mKsrds da francs. Deux événements 
auront dominé ia séance : h détente das 
taux allemands et la ramassage das 
titras Soez. . 

Los investisseurs an actions at surtout 
ceux opérant sur la MATTF ont salué 
vendredi en début da Journée r annonce 
par la Bundesbank d’uns prisa an pen- 
sion mercredi p rochain avec un taux an 


baisse revenu è 8.25 % pour ('opération 
è 14 jours. Une opération rintirira avait 
été réalisée lu mercredi précédent au 
taux da 8.48 %■ U banque contrats alle- 
mande a effectué vendredi une opération 
h 6 jours au aux de 8,40 %. 

La ramassage des actions Suez brorf- 
gurit éhormémemant Isa intervenants. 9 
jeuefl phn da 2 mftBons d'action», soit 
1,4 % du capital, ont changé de mahe 
au le nde ma in do l'annonce des pertes du 
gnxjM, vendrai, en début d’après-midi, 
encore un autre irarion da titras étaient 
échangés provoquant one hausse de 
6 % du titre. Ou côté das autres gains 
figuraient les Froma ge ries Bri et Lagar- 
dère Grotq>. En baisse on notait BoVoré, 
Seoa et Vriéo. 


NEW-YORK, 4 mars 4 Prises de bénéfice 


Louis Crochet, e/e Crédit lyonnais 
doit prouver qu'il a été victime 
d’actes illégaux de la part de per- 
sonnes agissant pour la Sasea». En 
clair, le Crédit lyonnais, le pins 
gros créancier de la Sasea, n’a plus 1 
accès pour l'instant aux résultats 
de ('enquête en cours. Celle-ci tente 
de déterminer s’il y a eu faillite 
frauduleuse. L’enjeu est de taille 
pour le Lyonnais, soupçonné par le 
procureur suisse, M. Laurent Kas- 
per-Ansermet, d’avoir été « admi- 
nistrateur de fait» de la Sasea. La 
banque pourrait être condamnée à 
combler une partie du passif. 


Wall Street a terminé en briase 
jeudi 4 mare, après avoir évolué en 
dents de sda pendent l'essentiel da 
la séance, et n’a pas bénéficié cette 
foie de la nouvelle chut» das taux 
d'intérêt sur le marché obligataire. * 
L'Indice Dow Jones des valeurs 
vedettes s'est inscrit en fin da jour- 
née è 3 398.91 points, en baissa de 
5,13 pointa <0.16 %}. Quelque 
230 mafions d'actions ont été échan- 
gées. Lee ti tres an haussa ont toute- 
fois - été plus nombreux que les 
valeurs en baisse : 959 contre 936. 

Selon les analystes, da nombreux 
investisseurs ont préféré prendre des 
bénéfices avant ia publication, ven- 
dredi, des chiffres du chômage améri- 
cain en février. L'annonce je»* d’une 
hausse de 26 OOO. è 351 000. des 
demandes d'allocations chômage 
pour 1a semaine achevée le 20 février 
est un trouvais présage. 

Sur le marché obligataire, le ceux 
d'intérêt sur les bons du Trésor è 
trente ane. principale valeur de réfé- 


rence, a reculé è 8,72 % contra 
8,78 % la voûte au soir. Il avait briè- 
vement testé la niveau de 6,87 96. 


vsin-B I Comiti Cauwdi 
VALRRJ I Jggj 4 m 


Boas — — — 

FM 

Grari Stade 


tMnCBti* 

IHMTtch. 


LONDRES, 4 mars 4- L'effet Bardays 


Affafcte par les résultats très infé- 
rions aux prévirioas de te première ban- 
que anglaise, te Barclays, et per Tab- 
1 sortes d’une baisse des taux d'intérêt 
allemands, la Sourea da Londres a perdu 
icb terrain jeudi 4 rare. LTndfce Footste 
des cent grande s vateras é’aat inscrit en 
Idôtura en baisse ds 13.8 points (OA K) 
>à 2 90A8 points. I avait pourtant atteint 
■un nouveau record absolu de 
*2 922J5 points dans te matinée. 

Les partes ont cepend a nt été Imitées 
par le s en ti ment que te feaidesbanfc bais- 
sera peut-être ses taux directeurs te 
18 mare. Las fonds d'Etat ont perdu 


-■ TOKYO, 5 mars 

La Bourse de Tokyo é clôturé en 
hausse vendredi 6 mare, PincSca N&ksi 
'gagnant 58,09 points, soit 0,35 %, 
pour terminer à 16 817,70 points dans 
un volume d'environ 270 millions de 
titres, contra 230 mlfions jeudi. Dans 
l’ensemble, la marché marquait une 
pause avant te fin da Tannée fiscale, te 
31 mars. Seul le titra du groupe de 
,téiéoommunicationa NTT se distinguait. 

I gagnait 39 OOO yen* è 705 000 yans 
'en clôtura, eües echets spéeufetife par- 
tent sur NTT. un symboie de ta ùttffe 
apdeuteUva das années 1800, et Éeffet 
se propega à Teneembt o du marché». . 
déclarait un boursier. Lee investisseurs 
l é ag tee s tent peu è l'annonce de te nou- 
velle hausse de 83 %. par rapport è 


près d’un quart de point. Le vofcme des 
échanges s dkninué è 660,1 mirions de 
titres contra 708.2 mfEons h varie. 


Gonds Canada 
San 4m 


B.TJL 

Qéber — - 


t tfger gajn if ç . - 

janvier. 1991, da l’excédant japonais 
des comptes courants extérieure. Ce 
damier a atteint en ja nviBr damier 
5,2 mritards de dotera, il est toutefois 
nettement Inférieur aux 1 1,5 müfiards 
da dollars dégagés an décembre der- 
nier. 


COM ita 
4m 

Comda 
6 RM 

1 1SO 
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1760 
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1 180 
12» 
17» 
12» 
1(00 
490 
3420 
1410 


CHANGES 


Dollar :5,5910 F t 

Le dollar s'inscrivait en hausse 
vendredi 5 mars, après la baisse 
surprise du taux des prises en 
pension annoncée par la Bundes- 
bank. A Paris, la monnaie amé- 
ricaine cotait 5,5910 francs con- 
tre 5,5560 francs jeudi au cours 
indicatif de la Banque de 
France. 


KÏSsr: 

«tetiWltan 


BOURSES 

3mus 4 mm 
fSBF, base 100 : 31- 12-8 1) 
l«Sce général CAC 53^37 528£S 

(SBF. base 1000 : 31-12-87} 
Indice CAC 40 — 1 995^4 I 986,75 

NEW-YORK Qn&ce Dow Joneaj 

3 au 4 mars 

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LONDRES Qnfàx r Financial Times *) 


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MARCHÉ INTERBANCAIRE DES DEVISES 


COURS COMPTANT 


COURS TERME’ 



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TAUX D'INTÉRÊT DES EUROMONNAIES 


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Umxigw 6 1/ 3 t tU 515» 6 1/16 511/16 513/16 

Pésete (MO) ... U 17 14 318 15 3/8 13 1/4 14 

ftmcfranç s b Il ÿI6 II 11/16 U 506 11 V4 10 1/4 10 3/4 

Ces cours indicatif*, pratiqués sur le m a rch é interbancaire des devises, noos sont 
communiqués es fin de matinée per b salie des marchés de la BNP. 


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MARCHÉS FINANCIERS 

BOURSE DE PARTS DU 5 MARS 


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1820 UH) 

1090 1095 

830 812 

71 B 727 

795 789 

855 633 

1683 1700 

34080 342 

560 590 

1272 1230 

«2 16S 

8640 67 | 

778 777 

*76 30 48020 ! 
695 700 

1236 1240 

400 398 

1133 WD 

1120 1120 

16390 16390 
506 510 

SM 500 

3200 3150 

541 540 

671 675 

9160 9280 

362 S62 

1326 1348 

19250 19450 
229» 230 

2580 229 

154» 156 
W4B0 104» 
558 560- 

24290 244» 
i- 35» 35» 

<31 431» 

174» 172 
5285 52» 

409 407 

98» 98» 

1231 1231 

2 » 2 » 

29910 304 
1176 1)85 

660 6» 

12» 1286 

25330 253 

567 667 

310 310 

570 670 

43170 431» 

952 964 

219 .... 

12» 1281 


5350 

961 -093 


VALEURS 25WW 
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1270 1-078 


282 285 

1078 1095 I 

41050 4 tZ 
510 514 

1340 1345 

520 520 

3470 3470 

3» 394» 

283 2» 

MS 1425 
493 5» 

44» 45 

78 78 

305 305 

453 4SI 
138 137 

2322 2339 

770 762 

440 440 

37640 383» 
MCI 1063 
2E1 256 

633 6» 

4»» 46510 
213 212» 

748 750 

1626 1631 

5» 514 

81 25 81 » 

«MO KM0 

3940 39 

135 1» 

3» 315 

748 749 

37» 37» 

U» .... 

399 J0 387» 
383 3» 

1375 1378 

569 663 

m 724 

575 595 

405 » 406» 
1620 1649 

471 472 

249 250 

385 387 

148 146 

16260 15220 
B700 86» 

485 477 

485 485 

1045 10» 

5» 5» 

672 975 

3» 3» 


UgsAnGmii. 
Ubw 


lUÿrtPV— 

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LVJrLH 

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Montai PM-..- 

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Cous Praxair J Danser % 

precéd. cm I on +* 


97 +265 

287 + 02S 

4545 + 0H 

2401 -079 

192 -103 

7» +308 

3270 -142 

453» -011 


Cm I Pnorirl Darder 
pricédl cm I cnm 


Prabs* 

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PaeTÉsriaV- 
PranocUfcstl 


| Priai Exlratfafr. 


ftnsnp» — — 


RaSotedn 

Monts 84 

Rotor CortnML 

HPotacA 

KPotacCF 


390 +023 

3S5 +313 

1395 + 146 


: sadlfcW—. 

UbapiLv 

SrtoffM 

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Srtmooly— — 
StirapraPM — 

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Sdaaüv-. _ 

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S oaéiéSéa d — 
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Amer tarie* — 
Amsr Eajaaaa— 

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Angb Aiwr.C — 

Amgt*L 

Banco Sanander- 

SASI. 

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Btaobnnc 

m ta i-J ... 

aJantBOTL 

Cbase Mardi — 

Douta Bh 

De Sam 

DeeaticBank.-. 

DruferacBanL— 

Drainun 

Dotas-Nen — 
EmnanKott*— 

OElnSBÛ-.. 

EdroBty — . 

Licmm 

Ericsson—. , 

Exxon Corp~— 


Fort Mater 

r ij 

nïBgoia — 

Gaaw 

GéaBett 

Sb-Moun. — 
Gbâdg«Uft— 
GdMftropd — 
Gmn — — 

Hantas PLC 

HanotiyGoU 

Hanta PadanL- 

Jftacb. 

HoedHL.- — 

ICI 

LUI 

LT.T 

IsYokadD 

Uatta 

McDtxrtrTs 

Man* 

KavsmaM.— 

IfUita 

MoUctàp 

itagatrJP 

VwtL 

NonkHydro 

OP» 

Ptota 

PMplhxiK 

Pbit» 


284 

-035 

77 

PtaarDonra. 

25510 

+ 147 

275 

Plncar Gâtais.- 

1703 

+ 196 

173 

Unta... 

»1 

+ 011 

17 a 


103 

-019 

2» 

Rma Pal tarai 


(toydOradL....- 

RTZ 

Sac&Saaadi.-. 

Si Hâtai 

Schfambetgr 

Mmp 

SâmtK 

Sony— 

StaionoSM— 

TÜJL 

Tdoforica 

T«Ma. 

Udow 

UnàTedm 

IM Ma. 

Voftsmgm 

Vota 

WaaiDNp. 

XwnC&tp 

Yansraril — 
ZaaéuCop 


Comptant (sélection) 


SICAV (sélection) 


4/3 


Obfîg 

SuOlK 

5 

ErraJi»l«78_ 

-JOOc 

633 

IdflWTSflM 

101- 

-5» 

Erapfrat 0.4S83- 

10265 

271 

KL28%tan88— 


1006 

0AT 10% 6/2000— 

mm 

772 

DAT 9P* 1271997. 

109 75 

222 

QATUtt WV996- 

îœæ 

091 

mil 21 85. 

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276 

CfflOÆSrara». 

11325 

9» 

CHAUX 1979 — 

101 

034 

CNB Bran 5000F— 

» 

149 

CW Praiaa 6000F. 


149 

QB Sun 5000F 

97 65 

149 

CK 1/82 5000F — 

9905 

149 

0179 X88 

MD» 

736 

CRHUUOXdfcPS 

m» 

1 74 

CHAHS FΠ3X100. 



DCA 

IflJK 


Ly.EeawWX— 
Ttaratcv 12X88. 

798 

796 



FJLA£ 

FondfcapaL-^ 


FrattonlAJuj 

Franc# SA 14 

ftom. PrHtawt- 



InS-uhpôc — — 

UWDfelové— 


(Md P) 

QtrgnyMwToiiB — 

WaNomaott— . 
PArtltanora 


Paria Oritas 

MHitantt — ~ 
PprHAMacl— ■ 


ftomodteW?-. 
Pohim — 






Cours I Dentier 
préc. 


AsutanaMnei— 
Barra f’apria Erp#- 
RJtogtannnalnt__ 
CtaPacSq» 

□aytacàp- 


OonmezbeA — 
DowCbeBÉal 


370 

GncaaadColW].. | 212 
HouyMlta.ln._. i 176 

Jnbuetoa» | 56» 

Knâédtanuned- 






312» I 313» 


7 

573 
» 
810 
38640 
230 50 
10 » 

OBcsCaninm. 844 
Pansâp.Pw*r — 1» 

RortnoPLV 254» 

StGcbanâMigB 1720 
SriMuntagrU — 491 • 

&JLPP 

£M.r.eouiié — 

5PA aa B 

Wvran 


1» 

254 » 25520 


Second marché (sélection) 


725 725 

272 272 


AtandCBAs 

BAC. 

Brtmtri 

Baiwnf-ynn) 

CALiWY.IMD- 

Ctibnon 

CwfiL 

CEGPP 

CPP.1 

CJUM 

Coda a» 

Daete 

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Drraéay 

Dotai 

BiWmiic ( USiiil 

Eorop.PropdBt» — 

Finacar 

6PJ. ÿtep. fani) _ 
GUI 


Cours 1 Mntier 
prie. | cours 


492 498 

2370 .... 

4 80 48? 

248 240 

740 725 

275 282 

MO 900 

1» 

206 

1152 1 1161 

288 

1 »» 11010 

270 283» 

1108. 11» 
119 
1» 


405 i 407 


Drouot fane#— 
DranStaitA. 

Eeocic — 



ItbaHSm 
beu. Cnmpnar 
LP AM 


NSCattnuigar. 

"urimui; 

nCfAW Co i . - - ^.+. 

BtaneAbEwtï)- 

SatacttataU— 


121 » 

36» ... 

187 187 

TCO 736 

700 700 

317 317 


154» 164» 

351 351 

461 471 10 

33510 

217 } 217 

130 { 130 

796 



20793 
3064828 
3064928 
740493 
656 33 
701103 
3131968 
110431 
45261 
11» 21 
178464 
18411 
858029 
91564 
81372 
12645 

unes 

12054 
15192 
13428 
12309 
150 7B 
!»2S 
106144 
XM635 
105933 
574619 
7069 71} 693109 
M»I4| 143856 
140532 


Ftwci+gan 

Francs Garance — 
France CWgnws^ 


Fmic F1ana_ 

FranocHegcm 

Fiuo+AanetaBs— 



Imc'lil i r -n 

m:- i ■ :i 


16197 15725 

72356 17 72K617 
4238734 4238734 
2611 68 2611 66 
2072 20 206168 

12133 117» 

27681 
38» 18 



50 6173» 

46 1556946 
30 1058891 
CH 28451 
28 50820 

47321 
10627 
11» 44 
37 81 
46 51 
23995 
96582 
94428 
531302 
160*12 B2 


112059 109648# 


I f I '• 


W7747 31 
1529825 
521» 
154 33 
302 75 
84 
40 
22 
52 
06 
29179 12 
590 87 
725 55 
17618 
[014033 
73514 72 
3898144+ 
4417836 
1448303 
1021» 
3032» 
19025 84 
12896 
94241? 
10» 27 
114022 
03 




102416» 

30728000 



Parias Ogparasvm... 
tataftinriM. — 
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SogmfeancaOiuribUL. 

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SwnSbttt AttFrta. 
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SatéEja Action. — 


13181 12824 

62 586» 

Pli 23828 
01 
38 


Marché des Changes 


COURS DES BUHS| MONNAIES 
ET DEVISES 


Marché libre de l’or 










COURS) la bourse sur minitel 

” 36-15 

TAPEZ IE MONDE 


PUBLICITÉ 
FINANCIÈRE 
Renseignements : 
46*62-72-67 





Marché à terme international de France MAT IF 

Cotation du 4 mars 1993 


NOTIONNEL 10 %. 

Nombre de contrats estimés ; 23S 976 


Dernier _ 114,46 126,72 

Précédent 1K62 116,72 
































































































































y. 






24 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 •• 

MÉTÉOROLOGIE 


SITUATION LE 5 (MARS 1993 A O HEURE TUC 



PRÉVISIONS POUR LE 6 MARS 1993 



1EGBSE 

O 

b eaaïf 

^Ï^SS^I 

« 


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OBOXM? 

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OÜ^RUNE 

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N9BE 

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CMOS 

~ 

BUB ET 
EROUUMD 


SENS DE 
DBt/Ca/Bff 


Samedi. Fs&tes préc ip it a t io ns sur 
la Nord-Est et la Centre-Est. - Des 
pays de Loba au Centre-Est et jusqu'au 
Nord, h journée débutera sous un ciel 
couvert, avec de faibtea pMes près des 
frontières et de la neige des Vosges au 
nord des Alpes, toutefois, sur.- le sud 
du Jura et le nord ‘dès Alpes, les 
chutes de neige ne’ seront pas significa- 
tives. L'après-midi, des éclaircies 
apparaîtront sur ta plupart des réglons. 
Etes seront plus tardves près des fron- 
tières suisses. 

Partout afltaure, la sotoil sa montrera. 
De ta Bretagne è ta Nomiandto, fl sam 
pàis généreux raprès-mfcfi. C'est sur le 


aud de ta Francs que ta journée sera le 
plus ensoleillée avec un ciel souvent 
peu nuageux. Le mistral et ta tramon- 
tane souffleront jusqu’à 70 km/h. 

(f fera toujours frais pour ta saison. 
Las températures minimales, auront 
comprises entra 1 et 3 degrés sur le 
Nord-Ouest, entre 0 et - 3 degrés au- 
teurs, è ('exception de la bordure môcff- 
tamnéanna où sflas s'étendront do 3 à 
B degrés. 

L'après-midi, las températures attein- 
dront généralement 4 è 6 degrés sur le 
Centre-Est, 7 à 10 aileurs, jusqu'à 12 è 
14 degrés près de ta Médtterrênée. 


PRÉVISIONS POUR LE 7 MARS 1993 A 0 HEURE TUC 



CARNET DU Mimée 


Décès 


TEMPÉRATURES maxime - mlnlma at temps observé 
Valeurs anrêroas ralevé» rom» le 5-3-93 

ta 4-3-1993 è 18 heures TUC et ta 6-3-1993 è 6 heures TUC 


FRANCE 


LMCOD 

BIARRITZ 

BOHOKADX — 

BOURGES 

BREST 

CAEN 

CHERBOURG— 

mmsmm.- 

ÎM8 

GBBHUS 

UU4- 


UHOQS 



PAflBWfB— 

PAO 

PSfiSUff 

WWfcMm. 

RENNES. 

srsnEWΠ


-2 D 


SIKéSSOUSG. 1 -4 S 

TODUHISE 8 -S D 

tWBS S -J D 

ÉTRANGER 

ALGOL. 



A 

B 

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D 

N 

O 

P 

T 

* 

arane 

brunie 

cial 


M 

ruageax 

otage 

(taie 












MADRID if 

MARRAKECH- 19 

MEXICO 22 

MILAN U 

MONTRÉAL 0 

MOSCOU -B 

NAIROBI 24 

NEV-DELHT 26 

NBW'TDRK 3 

P ALMA IS 


-1 N 


PÉBN. 

vmjmw. 

ROME 

fiONCKONG— 

SÉVELfi 

SSTCAPOüR 

STOCKHOLM— 
SYBNKT 

iwra 

TTOB8 

VARSOVIE 

VENISE 


-V 

-IB 

U 

U 

1 

0 

4 


12 2 D 


22 

38 

1 

21 

13 

17 

-4 

8 

-1 


14 
B 
6 K 
-13 D 
-2 D 
-7 ’ 


TUC » temps universel coordonné, c'est-à-dire pour la France : heure légale 
moins 2 heures en été ; tours (égale moine ? heure en hiver. 

(Document établi arec le support technique spécial de la Météorologie natkmabtj 


- René Anglade. 
son mari, 

Dora Ruhl, 

Hannelore Ruhl. 

Hddeotaric Wotacfa. 

WoUrm® Walsch, 

sa maman, ses saura, son beau-frère, 
Claire et René Signât, 

Evelyne Anglade. 

Canne, Amélie, Armelicse, 

Sa famille, 

Ses petiCs-eafhnCs d’adoption, 
Donuca. Olivia, Christophe, Betty. 

Et ses étudiants qu’elle aimait, 
ont (a grande douteur de faire part du 
décès, survenu le 26 février 1993, de 

Gabrïete ANGLADE, 
née Ruhl, 

agrégée de rUmvereité, 
maître de conférences 
A l'université Charles-de-Gau Uc, 
à Lille. 

L'incinération a eu lieu le 3 mars, 
dans l'intimité. 

« Le temps d’apprendre à vivre, il 
est déjà trop tard. » 

Originaire d’Allemagne de l’Est, elle 
avait Fui l'op p ression communiste. Pas- 
sionnément française, elle le frit dou- 
blement : par son mariage avec René 
Anglade, par son amour de la liberté, 
de la vérité, de la justice. Elle avait été 
l'élève, en Allemagne, de Gerhard 
Friche et de Werner KcUer, en Fiance 
d’Alfred Gulh et de Roger Ayrault EUc 
avait appartenu à L’équipe Heine du 
CNRS, avant d'étre nommée à l’uni- 
versité de Lille. Après ses premières 
publications sur Wilhelm Raabe, Hein- 
ricta Heine, Goethe, elle travaillait k 
une thèse que la maladie a interrom- 
pue- ' 

- Le président de l'université Char- 
Ics-de-GauIlc-LiUe-ni, 

LUFR des études germaniques de 
runivnsïté Charies-dt-Ga ulte-UH e-1 TI, 
ont le regret de frire part du décès de 

Gabriel ANGLADE, 

enseignante en allemand, 

survenu le 26 février 1993, à Paris. 

Ses ftruéraiUes ont en lieu le mercredi 
3 mars, à 14 heures, an funérarium de 
Vahmton (Val-de-Marne). 


- La Garenne-Colombes. 

On nous prie d’annoncer le décès de 
M. Edmond ASSOUS, 

survenu le 27 février 1993; 

." •* 

L'inhumation tetigteuse aura (leu le 
lundi 8 mars, à 14 b 30, au cimetière 
'parisien de Bagnétix. 

On se réunira à la porte principale. 

De la part de 
M- Edmond Assous, 
née Gina Mcsftah, 
son épouse. 

Des CuniUes Assous, Koskas, Moatti, 
Cbemla, Coben, Masfiah et Pierre, 
ses parents « alités. 

63, avenue du GénéraLde-GauIlc, 
92230 La Garenne-Colombes. 


- Evelyne et Jean-Paul Bon, 
Danièle Longinier et Jean-Pierre 
Bon, 

Aurélia et Céline, 

Usa et Julia, 

Yann ManncTi 

font part du retour vers le Père, fe 
28 lévrier 1993, de 

Paulette BOU, 

leur mère, grand-mère et beHo-mèra. 

L'office religieux aura lieu en l’église 
Saint-Germain, 2, rue du Lavoir, 6 
Cbâfeoay-MaJabry, le lundi S mars, à 
14 heures. 

Inhumation an cimetière de Mont- 
rouge { porte de Obâtilton). 

Cet avis tient Gcu de faire-part. 


SPORTS 

□ FOOTBALL : le président de 
l’I/EFA propose une fusion de lu 
Coupe des dsbs champions et de la 
Coupe de ITJEFA. - Le président 
de rUnioa européenne de football 
(UEFA), le Suédois Lennart 
Johansson, a proposé, jeudi 4 mars 
à Madrid, la fusion entre la Coupe 
d’Eunope des clubs champions et la 
Coupe de EU EF A à partir de la 
saison 1994-1995. Les 128 clubs 
qui participeraient à cette compéti- 
tion s'affronteraient d’abord par 
groupes géographiques, avec des 
têtes de série. Les seize meilleurs 
clubs, qualifiés pour la phase 
finale, disputeraient ensuite un 
championnat. M. Johansson pré- 
sentera ce projet * personnel • au 
comité exécutif de TUEFA, chargé 
de la restructuration des coupes 
d'Europe, le 21 avril en Suisse. 

□ ATHLÉTISME : nouveau record 
du inonde du 60 mètres haies fémi- 
nin en salle. - Ludmita Narozhi- 
lenko a amélioré jeudi 4 mars, à la 
réunion internationale de Séville, 
son record du monde du 60 mètres 
haies en salle. Agée de vingt-huit 
ans, la Russe a parcouru la dis- 
tance en 7 s 63 contre 7 s 66 
réalisées, une heure auparavant, en 
demi-finales. Mardi, à Saint-Sébas- 
tien, elfe avait déjà battu son 
record en 7 s 68. - (AFP.) 


- L’ambassade du Canada frit part 
du décès, A Paris, de 

Cbrade Talbot CHARLAND, 
ambassadeur du Canada en France, 

survenu le 3 mars 1993. 

Un livre de condoléances scia ouvert 
à r ambassade du Canada, 35, avenue 
Montaigne, de 10 heurt» A 18 heures, 
les 3, 8 et 9 mars. 

Une messe commémorative aura Gcu 
le 9 msn. à 18 heures, en l'église Soint- 
Séverin, 1, nie des Prêtres-Saint-Séve- 
rin. Paris-S*. 

Ni fleurs ni couronnes. Dca dons 


peuvent être, envoyés à l'Arche, a/s 
M. Jean Varier, BP 35, 60350 Trosly- 
BreoU, ou A la Société canadienne du 


cancer, 200, avenue Mdrose, Ottawa, 
Ontario K.1Y 4K.7. 

Cet avis tient lien de faire-part. 

(Le Monde du S mars.) 


- Le pasteur et M“ François Cor- 
mouls-HouWs, 

Mariette. Sylvie, Laurence et Anne 
Connouta-Houlès, 

M- Jacky Qjrmcmla-Hoclès, 

Nicolas et Marie Cbrmoub-Houlès, 
Pascale et Olivier Igon, 

Emmanuelle, 

Olivia et Henry Dumons, 

Floric Cormouta-Houlès. 

M“ Isabelle Carra oota-Houlès, 

M. et M"* Max Comtoub-Honlès, 

M. et M- Piètre Cormouls-Houlés, 
M* Delphi»: Cormouta-Houlès, 

M* 1 F1i*a* Renlsch, 

mit la doulenr de frire part du décès, le 
21 février 1993, de 

M- 

CORMOULS-HOf 
née Andréa Owmools-Houlès, 

dans sa q uaire- vingt -ai-ti ème année. 

Le service religieux a en lieu le 
24 février, au temple pentecôtiste de 
Toulouse, et l’inhumation an dmetiète 
protestant de Mazamet (Tarn). 

*■ Ta Parole est une lampe à mes 
pieds et une lumière sur mon sen- 
tier. a 

Psaume 119/ LO 5. 
36, rue de Dam marie. 

77000 Mefun. 

5, rue André-Chénier; 

3 1500 Toulouse.' 


- On nous prie d'annoncer le décès 


de 


M. Léon DAVJDOVSKI, 
ancien combattant . 4939-1945, 
médaille du combattant volontaire ■ 
avec agrafé EV, 
interné combattant volontaire 
de h Résistance, 
médaille 

de renseignement technologique, 

survenu le 27 février 1993, i l’âge de 
quatre-ringt-quatre ans. 

L’inhumation a eu lieu dans l’inti- 
mité, an cimetière de Montmartre, A 
Paris- 18c. 

Gez avis lient lieu de faire-part. 


- Catherine; Christophe et Sabrina 
ont la douleur d’annoncer le décès de 

Ono GHEDHXN, 

(boutique VeMzfrao), 

leur mari et père. 

L’iabmaatîon a eu lieu A Saint-Ma r- 
tin-en-Bière, dans la plus stricte inti- 
mité. 

3, rue de la Fortt-Macberia, 

77630 Barbizon. 

16, rue des Orteaux, 

75020 Paris. 


Bénédlct REMUND, 
artiste sculpteur, 
né à Bâle en 1904, 

a été inhumé à Théméricourt, le 
26 février 1993. 

De la paît de 
Sa famine 
Et de ses unis. 

95450 Théméricoun. 


— M“ Hélène Franck. 

Le professeur et M« André Roussel, 
Leurs enfants et pet rts-enfante 
M. Jean-Pierre Lange, 

M** Brigitte Yeh 
et leur fils, 

M”" Simone Fafetti, 
ont le regret d’annoncer le décès de 

M. René LANGE, . 

survenu è son. domicile, è Paris, dans 
sa quatre-vingt^iuariènie année. 

Les obsèques ont eu lien dans une 
stricte intimité, selon la volonté du 
défunt. 

Qne ceux qui le souhaiteront 
envoient, en souvenir de lui, un don à 
la Fédération des aveugles de France, 
58, avenue Bosquet, Parw-7*. 

14, rue Saint-Paul, 

92200 Netrilly. 

6, avenue de Friedland, 

75008 Paris. 


- Bordeaux. Brive. Pau. 

On nous prie d’annoncer le décès, 
survenu le 4 mais 1993, de 

M- Jaqqqes RAYNAL, 
née Simone Jugea, 

De ta part de 
M. François fUy&aL 
M. Mare Raynal 

(Maud Molyneux), _ 

ses enfants, 

M. Fabrice Raynal, 

M_ Gauthier Raynal, 
ses petite-enfants. 

La crémation aura lieu, le lundi 
8 mars, à 10 h 30, au cimetière du 
Père-Lachaise. 

r 

Cet avis dent lieu de faire-part 

26, rue Vavin, 

75006 Paris. 


- M- Jean-Pierre Scherding. 
son épouse, 

Ses enfants 
Et perits-enfancs. 

Sa famille. 

Ses amis, 

ont la tristesse de faire part du décès 
du 

docteur. Jean-Pierre SCHERDING, 

survenu le 4 mus 1993, à l'âge de 
soixaototreize ans. 

Le service religieux aura lien le lundi 
8 mais, à 14 h 30, en relise du plateau 
d'Assy, suivi deTin^umatioô au cime- 
tière de Passy 1 (r&üte^vojej, 

Nî fleura ni couronnes.'' .• 

2, hameau des Ch a rm cttes. 

38120 Saint-Egrève. 


- Taluyera. Lyon. Vburies, 

M* Renée Guyot, 

M. Roger Tayot, 
son époux, 

Louis et Marion Tayof, 

Patrick et Pascale Tayot, 

Catherine Tayol et Thierry Le vail- 
lant, 

ses enfants, 

Nicolas, Anaïs, Jeanne, Jules, 
Manon, 

ses petira-enfante 
Ainsi que toute sa famiüe^ 
ont r immense douleur de frire part du 
décès de 

M- Yvonne TAYOL» 

née Guyot, 

survenu le 3 mors 1993, à l'âge de 
souaure-trois ans, des suites d’une lan- 
gue et terrible maladie. 

Cérémonie religieuse en l'église de 
Taluyera, le samedi 6 mars, à 
lO.heuxes. 

Seule la famille assistera â l’inhuma- 
tion. 


Nos abonnés et nos actionnaires, 
binffldant d'une réduction sur tes 
. iruxëüons du • Carnet du Monde >, 
sont priés de bien vouloir nous com- 
rmniquer leur numéro de référence 


WEEK-END D'UN CHINEUR 


PARIS 

Samedi 6 mars. - Dronot-Rkhe- 
lies, 14 h : Stylos, tapis. 

Dimanche 7 mars. - Dronot- 
Montaijpre, 15 h 30 : tapis anciens. 
Maison de la chimie, 14 h 30 : 
mobilier, objets d’art. Passage du 
Nord-Onest (13 Fbg-Montm artre), 
14 h : affiches, matériel de cinéma. 

ILE-DE-FRANCE 

Samedi 6 issus. - Cerbefl, 14 b : 
mobilier, objets d’art Engtüen, 
14 h 30 : vins, alcools. Mandrea- 
lea-Roses, 14 h 30 : livres, archéo- 
logie. NeuîHy-sar-Seine, 15 h : 
mobilier, tableaux, 

Dimanche 7 mars. - Chartres, 
10 h 30 et 14 h : photographies, 
cartes postales. Provins, 14 h : 
vins, alcools. Saiat-Gerania-ea- 
Lnye, 14 h 30 : tableaux et sculp- 
tures modernes. Sens, 14 h 30 : 
mobilier, tableaux. Ver non, 
14 h 30 : mobilier, tableaux. Ver- 
sailles (Rameau) 14 h 30 : arts 
d’Asie. Versailles (chevau-tégeis) 
14 h 15: argenterie, livres. 


t 


PLUS LOIN 

Samedi 6 mars. - Bordeaux 
(Chartrons) L4 h : archéologie, 
Extrême-Orient. Cabras, 10 h. et 
14 h: mobilier, objets d’art, Mar- 
seille (Prado), 14 b 30 : vins, 
alcools. MarseiUe' (Jean Martin), 
14 h 30 : livres. Sarlat, 14 h 
mobilier, objets d’art. 

Dimanche 7 mars. - Anbagne, 
14 h 30 : mobilier, objets darL 
Avrancfaes, 14 h 30: mobilier, ' 
tableaux. Bayoox, 14 h 15 : atelier 
de peintres. Bériâuieox, 14 h 30 : 
mobilier, objets d’art. Gfen, 14 h : 
aits.de la table, mobilier. Granville, 
14 h 30 : Jouets, dentelles . Ron- 
fleur, 14 fi 30 : mobilier, objets 
d’art. Limoges, 14 h : mobilier,' 
tableaux. Lons-le-Saunier, 14 h : 
mobilier, argenterie. Lonviers, 
14 h 15 : dessins, mobilier. Pont- 
Andenwr, 14 fa 30 : curiosités, 
objets de marine. 

FOIRES ET SALONS 

Saiat-Quentin (02), Bastia, Blois, 
ÏSSOire, Savigny-sar-Orge, L’isle- 

Arbun, Cmdmn, Traudas, Mdaa. 


Errata 

- Dans Paris du décès, parues date 
du 2 mars 1993, de 

ML JeanTORTEL, 

la famille nous prie de préciser qu'il 
fallait lire également : 

De la p an de . . 

M. et M*- André Fellet. 

Remerciements 

- M“ Jean TorteL 
Sa famille. 

Ses proches, 

Et ses amis, 

remercient tons ceux qui, par leur pré- 
sence, taure envois de fleure et de mes- 
sages, ont voulu s'associer i leur dou- 
leur, lois du décès de 

M. Jean TORTEL. 


Anniversaires 

- fl y a cinquante ans 

Abcam LILIENBAUM, 

daquanto-neuf ans; 

et son fils, . ■ 

Joseph UUENBAUM, 
trenle-troîs ans, 

arrêtés par la police de Vichy, internés 
à Gare et 3 Dnuicy. ont étédéportés à 
Maîdsnck oh Us furent assassinés 
(convoi n° 51, du 6 mare 1943). 

Nous ne les oublierons jamais. 

Les familles Bender, Dreymann, 
Gold&rb et Ulieubaum. 


— il y a cinquante an< . 

Samuel (Szmul) ZlVtE, 

âgé de soixanto-neuf ans, arrêté par fai 
police française dans la rafle du 
Il février 1943, interné à Drancy, 
déporté le 2 mars (convoi o* 49), était 
assassiné à Auschwitz. , 

Ses enfante 

Ses. petits-enfante 

Ses arrière-petits-enfante 

n’oubÜeronl jamais. 


Communications diverses 

- Ecole blltngne franco-allemande 
pont les 2-6 ans organise une opération 
portes ouvertes le- samedi 13 mare 
1993, de 10 heures i 16 heures, au 
134, rue du Faubourg-Sa int-Mart in, 
Pam-10». . a-.y . 3 r,s\‘' ^ 


• 4 -sa aéta-i 

- La soutenance de thèse de 
M. François Lcncll, à l'Institut d’art et 
d’archéologie, qui devait avoir Heu le 
6 mars. 1993, i 10 heures, n’aura pas 
lieu ce jour-là. 


'CARNET DU MONDE 

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Tarif : la ligne JHLT. 

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Caamnkat dfrmes 105 F 

Thèses étadnurts 60 F 


DEFENSE 

□ M. Charles Barbeau reconduit à 
.b présidence du Musée de l'aimée. 
- Directeur du cabinet de 
M.' Michel Vauzelle,- garde des 
sceaux et mmîstre de b justice, 
M. Otaries Barbeau a été reconduit, 
par décret du ministre de b défense 
au Journal officiel du 27 février, 
dans ses fonctions - qu’il occupe 
depuis octobre 1989 - de président 
du conseil d'administration du 
Musée de l’année, A Paris. Cette 
décision de M- Pierre Joxe met un 
terme -aux rumeurs sur b nomina- 
tion à ce poste d’un officier général. 
La communauté militaire s’atten- 
dait, en effet, à obtenir cette fonc- 
tion en compensation du fait que fe 
poste de directeur du Musée de t'ar- 
mée, généralement attribué i un 
général du cadre de réserve, est, 
pour b première fois depuis avril 
1992, détenu par un fonctionnaire 
civil, M. Jacques Pérot, conserva- 
teur en chef des Musées de France 
(le Monde dû 6 avril 1992). 
Contrairement aux espoirs des mili- 
taires, M. Joxe vient de maintenir 
M. Barbeau A son posta 

a Deux fiés plus d'appelés pour on 
service long. - Le nombre des appe- 
lés de l'armée de terre ayant choisi 
de frire un. service long a doublé en 
deux ans, malgré (a décision de 
déduire le service militaire de douze 
à . dix mois,, selon le général Yves 
Crcne, sous-chef « organisation et 
ressources humaines» à l’état-ma- 
jor. Sur 148 000 appelés, 21 000 
effectuent aujourd'hui un service 
long (VSL) - de deux i quatorze 
mois supplémentaires - contre 
10 000 il y a deux ans. Une 
enquête de motivation menée sur 
les 600 premiers appelés à partir 
pour l'ex-Yougoslavie a montré 
qu’ils pariaient d'abord en vertu 
d'un eidèaf ONU » de maintien de 
(a paix, ensuite par goût de l'aven- 
ture, enfin par motivation finan- 
cière. A tour retour, une deuxième 
enquête fait apparaître aune désil- 
lusion sur la dureté et l’inefficacité 
des marions humanitaires ». 



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Le Monde • Samedi 6 mars 1993 25 


/ / 


RADIO-TELEVISION 


IMAGES 


DANIEL SCHNEIDERMANN 


La tentation du Somerset 


I L s'appelle Don Mc Cuffin. La 
télévision ne kil a pas offert 
d'hommage très marquant, 
et pourtant il fut l'un des plus 
redoutables chasseurs d'images 
des dernières décennies. Repor- 
ter de guerre. Don Mc Culiin a 
photographié te Bangladesh, le. 
Biafrs, le Vietnam. Dans l'expo- 
sition qui lui est actuellement 
consacrée au Palais de Tokyo, à 
Paris, ce cortège d'horreurs 
défile dans son asphyxiante 
noirceur, sans la moindre bouf- 
fée d'air,, sans le moindre 
espoir. Jusqu'au jour où Don 
Mc Cu Win en eut assez de saisir 
des cadavres. S’étant retiré 
dans un coin du Somerset - 
premier comté laitier d'Angle- 
terre, comme chacun sait -, il 
n'a eu de cesse d'en photogra- 
phier les sous-bols crépuscu- 
laires, honorables et mornes. De 
cette lassitude, il se justifie en 
une phrase : «A certains 
moments , quand des hommes 
sont morts devant vous et der- 
rière vous, on finit par avoir le 
sentiment irrépressible qu’ils 
sont morts pour vous. » Devant 
nous, ou pour nous? Voici 
posée, où on ne l'attendait pas, 
toute, la question des «reality 
shows». Car tout sa passe 
comme si, imperceptiblement, 
(a télévision était en train de 
changer de position- Avant Jac- 
ques Pradel et Mireille Dumas, 
on pouvait encore faire sem- 
blant de croire que l'actualité 
télévisée déroulait ses drames 
devant nous, sans que nous 
soyons obligés de nous sentir 


durablement concernés. Des 
figures lointaines mouraient, 
pleuraient ou criaient Nous n'en 
étions que spectateurs, et en 
rien responsables. 

Avec leur sourire penché sur 
nos malheurs, Pradel et Mireille 
Dumas ne font plus seulement 
de ta télé devant nous, mais 
aussi pour nous, pour sauver 
nos amours en danger, retrou- 
ver nos frères perdus de vue, 
ou jeter è bas les masques qui 
nous oppressent. Etonnante 
mutation génétique, voici que 
poussent sur notre téléviseur 
des oreilles pour écouter nos 
jérémiades, une bouche pour 
nous chuchoter des conseils, 
des jambes pour poursuivre le 
bonheur ou les escarpes. D'une 
certaine façon, c'est moins 
hypocrite - tous les spectacles 
ne sont-ils pas effectivement 
fabriqués pour nous? - mais 
plus encombrant. C’est pour 
nous désormais que l'on pleure, 
que l'on rit, que l'on fait le bien. 
D'où le soupçon, contagieux, 
immédiat : n'est-ce pas aussi 
pour nous, et seulement pour 
nous, que l’on porte du riz aux 
Somaliens, que l'on meurt en 
direct è Sarajevo, que l'on 
donne, cas jours-ci encore, l'as- 
saut aux forcenés américains ? 
Jusqu'à quand supporterons- 
nous le fardeau de ces 
offrandes-là ? Chacune ne nous 
rapproche-t-elle pas de la tenta- 
tion. honorable et morne, de la 
fuite au Somerset? 


Les programmes complets de radio et de télévision sont publiés chaque 
semaine dans notre supplément daté dimanche-lundi. 
Signification des symboles : ► signalé dans « la Monda ratfio-télévf- 
slon a ; □ Film i éviter ; a On peut voir ; ■■ Ne pas manquer ; 

■■a Chef-d'œuvre ou classique. 

Vendredi 5 mars 


TF 1 


20.45 Magazine : 

Les Marches de la gloire. 
L'échappés sauvage ; Une 
apprentie trop pressée; Gaz à 
tous les étages; Le plongeon 
du canard. 

22.20 Côté enfants. 

2225 Magazine : Ushuafa. Au 

Mexique (1* partie}. Espaça 
vital ; Hauts voùlge. de Frédé- 
ric Potier; Sur les traces de 
Vasco de Baltes; Naissance 
d'une corda, de Jeen-Afaert 
Lièvre. 

2 3 . 2 5 Divertissement : 

Sexy Dingo. 

23.55 Série : Les Enquêtes 
de Remington Steele. 
0.45 Divertissement ; 

Le Bébête Show. 

0.50 Journal et Météo. 

FRANCE 2 

20.50 Série : Les Cinq 
Dernières Minutes. 
Meurtre en Ardèche, de 
Gérard Vergez. 

22.30 Magazine : 

Bout bon de culture. 

Spécial Badin. Invités : Oarnel 
Barenbotm. cHracwr murfcal 
du Staatsoper, Opéra de I ex- 
Berlin-Est; Mfchefll Denard. 
directeur de te danse è 
l'Opéra de Berlin; Maurice 
Béjart qui crée au Staatsoper, 
le 12 mars, deux botes : te 
Nuit transfigurée et te «***►■ 
rin merveilleux: Volker 

Schlûndorff, directeur des 
studios de cinéma de Babets- 
berg. 

23.50 Journal et Météo. 

0.10 Cinéma : 

La Marseillaise. ■■■ 

FHm français de Jean Renoir 
(1937). 


FRANCE3 


1.45 ► Magazine : Thalassa. 
Marchands d'hommes. 

.50 Magazine: 

Faut pas rêver. . „ 
Invité : Gffles Vïgnaauft. Rus- 
sie : les parités mains «fci Bai- 
chot; Malaisie : tes fils cto la 
princesse Hang U Po; Nor- 
vège : te temps des rennes. 
L50 Journal et Météo. 

1.15 Magazine : Le Divan. 

Présenté par Henry Chapter. 
Invitée : Anne de Gaspen, en- 
tique de cinéma au Quotidien 
de Paris. 

1.40 Série : 

Les Incorruptibles. 

Le Bouc émissaire. 

CANAL PLUS _ 


*5 Série : Antoine Rives, 
le juge du terrorisme. 
L'Affaire Kamal Benam», de 
Phflippe Lefebvre.- avec Jac- 
ques Weber, Jean-Plane Bis- 
son. 

)5 Documentaire : 

Les Surprises du sexe. 

La sexualité des bôtas. 

2. Une question de choix. 
i5 Flash d'informations. 


23.00 Cinéma ;• 

Kîckboxer 2, 
le successeur. □ 

Film américain d'Albert Pyun 
. (1990). 

0.30 Cinéma : L’Eveil. ■ 

FHm américain de Penny 
Marshall (1990) fv.o). 

ARTE _____ 


20.40 Magazine : Transit Spé- 
cial campagne électorale. 
Reportages : scénario de 
r opposition 7 ; la gauche en 
crise ? ; les écolos a réprouva 
du pouvoir? Invités : Hervé 
de Charette, Claude Cheys- 
son, Roland Leroy, Noôl 
Mamôre, Bruno Mégret. 
Dominique Perben et Antoine 
Waechter. 

22.10 Magazine : Macadam. 
Eric te Lam à la trompette, 
de Valérie Stroh. 

23.1 5 Documentaire : 

Les Mémorables. 

De Jean-Marie Droc Alberto 
GtecomettL 

Dans cette collection propo- 
sée par Pierre Dumeye t ran- 
' i créatrice de l'artiste 
par Dm. 

0.10 Magazine : Rencontre 
(rediff., 35 min). 

M 6 


20.45 Téléfilm 

Machination diabolique. 
De Peter Smith. 

22.35 Série : . 

Mission impossible, 
vingt ans après. 

23.30 Magazine : Emotions. 

0.00 Magazine : Culture rock. 
La saga de Dire Straits. 

0.25 Informations : 

Six minutes 
première heure. 

0.35 Magazine : Rapline. 

FRANCE-CULTURE 


20.30 Radio archives. 

Marie-Hélène Vieira Da SOv*. 

21.28 Poésie sur parole. 

21.32 Musique ; Black and 
Bfue. 

22.40 Les Nuits magnétiques. 
Tebucchi à Lisbonne. 

0.05 Du jour au lendemain. 
Dans la bibliothèque de... 
Marcelin Pleynet. 

0.50 Musique : Coda. 

FRANCE-MUSIQUE 


20.05 Concert (en direct de Franc- 
fort) ; Symphonie en ut 
majeur, da Stravtosky ; 
Concerto pour vtotonceSe et 
orchestra n* 2, de Kaba- 
levski: Symphonie n* 41 en 



23.09 Feuilleton ; Maldoror. 

23.19 Jazz' club Par Claude Car- 
rière et Jean Delmas. En 
direct de la VQIa à Paris : le 
tromboniste Bob Brookmeyer 
et te pianiste Kris Goessens. 

1.05 Papillons de nuit 


Samedi 6 mars 


TF 1 


13.15 Magazine : Reportages. 
Deux femmes dans la po&ce. 
de Jane Lagier et Jean-Claude 
Bruzzi. 

13.50 Jeu : Millionnaire. 

14.10 La Une est à vous 
(et è 16.45). 

15.10 Série: 

Les Douze Salopards. 
Mission suicida, de Lee H. 
Kactin. 

1 7.30 Magazine : 

Trente mOfions d'amis. 
17.55 Côté enfants (et à 22.25). 

18.00 Divertissement : 

Les. Roucasseries. 

18.30 Divertissement: 

Vidéo gag. 

19.00 Série : Beverly HIOs. 

19.50 Tirage du Loto 

(et è 20.40). 

20.00 Journal, Tiercé et Météo. 
20.45 Variétés : 

Spécial Restes du cœur. 
Les Enfoèés chantent Srar- 
mania. 

22.30 Téléfilm : 

La Dernière Heure. 

De WHSam Sachs 
0.05 Magazine : 

Formule sport. 

Football ; Ski ; Boxe ; Voile. 

FRANCE 2 



SAMEDI • 13H20 


Géopolis 

Namibie : 

Après l’Apartheid 


13.25 Magazine : 

Géopolis. . 

Présenté par Claude Sérfllon. 
Namibie ; après l'apartheid. 

14.15 Magazine: 

Animalia. 

Présanté par A Bain Bougrain- 
Dubourg. Un nuage de pépi- 
ions au Mexique. 

1 5.1 5 Magazine : 

Sport passion. 

A 15.15, Tiarcé, en direct 
d’Evry; A 15.45, Rugby 
(Tournoi des Cinq Nations): 
Angleterre-Ecosse; A 17.30, 
Football (32- de finale de la 
Coupe de Fiance) : Toiriouse- 
Auxerre. * 

19.25 INC. 


TF 1 


11.05 Magazine : Têlefoot. 

Coupes d’Europe; 32- de 
finale de la Coupe de France. 

1 1 .55 Jeu : Millionnaire. 

12.18 Météo. 

12.20 Jeu : Le Juste Prix. 

12.50 Magazine : A vrai dire. 

12.55 Météo, Trafic infos et 
Journal. 

13.15 Côté enfants (et à 17.50). 
1320 Série ; Rick Hunter 

inspecteur choc. 

14.15 Série : Peny Mason. 

15.50 Sport: Football. 32- de 
finale de la Coupe de France : 
Strasbourg- PSG, en cfirect de 
Strasbourg ; A 16.45, mi- 
temps ; A 17.00, 2» mi- 
temps. 

17.55 Divertissement; 

Vidéo Gag. 

18.30 Magazine : 7 sur 7. Invi- 
tés : Nicolas Sarkozy, Hem 
Emmanuelli, Marie-France 
Stirbds, Bernard Stasi. 

20.00 Journal, Tiercé et Météo. 
20.40 Cinéma : 

Retour vers le futur. ■■ 
Fïlm américain de , Robert 
Zemeckls (1985). 

22.45 Magazine: 

• Ciné dimanche. 

22.55 Cinéma : CJérambard. ■ 
Fflm français d'Yves Boisseï 
(1969). 

0.35 Journal et Météo. 

FRANCE 2 

11.00 Messe. Célébrée en l’égfise 
Salnt-Ma rtln-Saint-Laurent 
d’Orsay (Essonne). 



12.00 Magazine : 

L'Heure de vérité. 

Invitée ; Nicole Notât secré- 
taire général de la CFDT. 
Journal et Météo. 
Dimanche Martin. 

Série : 

Mission casse-cou. 
Dimanche Martin (suite). 
Documentaire : 

L’Odyssée sous-marine 
de l'équipé Cousteau. 
Magazine : Stade 2. 
Résultats : images de la 
semaine; Athlétisme; Rugby; 
Moto ; Ski ; Basket-ban ; 
Cyclisme; Tir è l'are; Foot- 
ball. 


12.59 

13.20 

14.50 

15.45 

17.25 


18.15 


19.30 Série ; Maguy. 

20.00 Journal, Journal des 
courses et Météo. 

20.50 Magazine : Frou-frou. 

Spécial beaux mecs. 

22.25 Magazine : ArdimaL 

Invités : Tom Novembre. 
Michel Fugan. 

23.40 Journal et Météo. 

23.55 Magazine : 

La 25* Heure. 

Présenté par Jacques Perrin. 
Adagio, de Giancàrio Gamin, 
avec Gten Wakefield, Bernard 
Strother. 

0.20 Sport : Rugby. 

Tournoi des Cinq Nations : 
pays de Galles-Jrtande. 

FRANCE 3 

13.00 Samedi chez vous (et è 
14.50, 16.45). Télévision 
régionale. 

14.00 Série : 

La croisière s'amuse. 
Série : Matlock. 


15,55 

17.40 


18.25 

18.50 

19.00 

20.05 

20.15 

20.45 

99 9n 

22.45 

23.40 

0.25 


Magazine : Montagne. 
Hanrubal mécanique, de Denis 
Ducroz. Invité : Gérard 
Jugnot. 

Jeu : Questions 
pour un champion. 

Animé par Julien Lepers. 

Un livre, un jour. 

Voyous et Gentlemen, une 
histoire du rugby, de Jean 
La couture. 

Le 19-20 de l'informa- 
tion. De 19.09 à 19.31, le 
journal de la région. 

Jeu : 

Hugodéiire (et è 20.40). 
Divertissement : Yacapa. 
Présenté par Pascal Brenner. 
Téléfilm : Le vin qui tue. 
De Josée Dayan. 

Journal et Météo, 
h- Magazine : Repères. 
Présenté par Jean-Pierre 
Elkabbach. Invités : Claude 
Chabrol, Robert 0. Paxton, 
Bernard Kouchner, Don Ame- 
deo. 

Magazine : Musiques 
sans frontière. 

Présenté par Medy Tran. 
Moyen-Orient : Egypte, Jor- 
danie et Syrie. 
Continentales Club. 
Meilleurs moments de la 
semaine. 

CANAL PLUS 


13.30 Mai 


M aga zir 
L'CBl du 


me : 

du cyclone. 

14.00 Concert : 

Hommage à Bob Dytan. 
15.30 Le Journal du cinéma. 


16.15 Documentaire; 

Les Allumés... 

Chassa au trésor à Porque- 
rolles, d'Alain Tiqüu. 

16.40 Sport: 

Basket-ball américain. 
Match de championnat de la 
NBA. Ortando-San Antonio. 

En clair jusqu'à 20.30 

13.00 Dessin animé : 

Les Razmoket. 

18.25 Décode pas Bunny. 

19.20 Animaux superstars. 

19.30 Flash d'informations. 
19.35 Le Top. 

20.30 TéléfSm : 

Epreuves d'amour. 

De Stephen Gyllenheal. 

22.00 Flash d’informations. 
22.05 Sport : Boxe. Championnat 

du monde lourds-légers 
WBC : Anaclet Wamba 

(Francej-Oavid Vedder (Etats- 
Unis) ; Championnat du 
monde super-coq WBA : 
Wllfredo Vasquez (Porto - 
Rico) - Luis Mendoza (Colom- 
bie): Championnat d'Europe 
super-légers : Valéry 

Kayumba (France)-Mark 
McCreath [Grande-Bretagne), 
en direct de Levaiïois- 
Perret. 

0.00 Le Journal du hard. 

0.05 Cinéma : 

Mes nuits avec... 

Alice. Pénélope. Arnold, 
Maude et Richard. 

FHm français, classé X. de 
Frédéric Lansac (1976). 

ARTE 

— Sur le câble jusqu'à 19.00 — 

17.00 Magazine: Transit. 

De Daniel leconte (rediff.). 

19.00 Magazine : Via Regio! 

Les régions européennes. 

1 9.30 Documentaire : 

Histoire parallèle. 
Actualités françaises et bri- 
tanniques de la semaine du 
6 mars 1943. 

20.20 Chronique : 

Le Dessous des cartes. 
De Jean-Christophe Victor. 
Zones grises. 

20.30 8 1/2 Journal. 

20.40 Documentaire : 
Chronique 

paysanne en Gruyère. 

De Jacqueline Veuve. 

Les jours et les gestes d“ une 
famille au fH du temps et des 
saisons, par la réaEsatrice des 
Métiers du bois. 

22.10 Série : 

Histoires russes. 


Dimanche 7 mars 


19.25 Série: Maguy. 

20.00 Journal, Journal des 
courses et Météo. 

20.50 Cinéma : Tchao Pantin. ■ 

Film français de Claude Berri 
(1383). 

22.25 Cinéma : 

Osterman Week-End. ■■ 
Film américain de Sam 
Pecklnpah (1983). 

0.05 Journal et Météo. 

FRANCE 3 


11.00 


12.00 

12.05 

12.45 

13.00 

13.30 

14.00 

14.50 


17.30 

18.00 


19.00 


20.10 

20.45 

22.05 

22.50 

23.15 


Magazine : Musicales. 

Cycle Rachmaninov (1* par- 
tie). Concerto pour piano et 
orchestre rr 1, par ['Orches- 
tre symphonique français, drr. 
Laurent Petitgsrard; sol. ; Var- 
dan Mamikoraan. 

Flash d'informations. 
Télévision régionale. 
JoumaL 
Magazine : 

D'un soleil à l'autre. 

Jeu : Au pied du mur. 
Série : 

La croisière s'amuse. 
Magazine : 

Sports 3 dimanche. 

Tir è l’arc : finale des cham- 
pionnats du monde en salle, 
en direct de Perpignan ; A 
15.00, Basket-ball : finale du 
Tournoi des As: A 15.40. 
Tiercé, en direct d'AuteuH ; A 
16.05, Tir è l’arc (et è 
16.55) ; A 16.45, Cycflsme : 
résumé du prologue de Paris- 
Nice, à Forrtsnay-sous-Bors. 
Dessin animé : 

Les Simpson. 

Magazine : 

Jamais sans mon livre. 
Spécial Journée des femmes. 
Invitées : Gisèle Halimi; Ger- 
maine Aaz. auteur de Anima/ 
Zone: JuTntte Boisrfveaux, de 
CosmopoBtan. à propos cfu 
Plan infini, d’isabel AB onde; 
Catherine David, du Nouvel 
Observateur, à propos du 
Marri astronome, de Chet 
Raymo, et de Je suis f argile, 
de Chtfm Potok. 

Le 19-20 de 
tîon. Spécial l< 

Invité 

sident d’honneur du 
marre de Fréjus. 

Série : Benny Hill. 
Spectacle : 

Le Grand Cirque 
du Bolchof. 

Magazine : 

A vos amours. 

Bécaud. 

Journal et Météo. 

Cinéma : Enquête 
sur un citoyen au-dessus 
de tout soupçon. ■■ 

Film italien d’Elio Pétri 
(1969) (v.o.). 



informa - 

islarives ; 


Gilbert 


CANAL PLUS 


1 1 .00 Cinéma : Kîckboxer 2, 
le successeur. □ 

Fflm américain d’Albert Pyun 
(1990). 

— — En ciair jusqu'à 14.00 

12.30 Flash d'informations. 

12.35 Magazine : 

Télés dimanche. 

13.30 Divertissement : 

La Semaine 
des Guignols. 

14.00 Téléfilm : 

Le Complot du bâtard. 

De Cofln Bucksey. 

15.50 Sport : Athlétisme. 

Championnat de France de 
cross-country, en cfirect de 
Marignane. 

16.35 ► Documentaire: 
Au-delà du visible. 

D'Alex Gregory. 

17.00 ► Documentaire : 

La Nuit des Mayas. 

De Christine Varedy. 

18.00 Cinéma : 

Les Rois du soleil. ■ 

Fflm américain de Jack Lee 
Thompson (1963). 

— En dair jusqu'à 20.35 — 
19.45 Flash d'informations. 
19.55 Çacartoon. 

20.25 Magazine : Dis Jérôme ? 
20-30 Le Journal du cinéma. 

20.35 Cinéma : L'homme 

qui a perdu son ombre. ■ 
Film franco-suisse d’Alain 
Tanner (1991). 

22.10 Flash d'informations. 
22.20 Magazine : 

L'Equipe du dimanche. 
Football Vofleiy-balL 
0.50 Cinéma : 

L'Amour en deux. ■ 

Film franco-belgo-sulsse de 
Jean-Claude Gafiotta (1991). 

ARTE 

câbl e jusqu' 

1 7.00 Série : Histoires russes. 
Le Qé. de Pave! Tchoukhraî 
(rediff.). 

18.00 Magazine : Via Regio. 

18.25 Documentaire : Palettes. 
0’ Alain Jaubert (retfiff.J. 

1 9.00 Série : Trois étoiles. 
D'Antoni Janes (4- épisode). 

19.30 Magazine : Mégambe. 

De Martin Moisson nier. 

20.30 8 1/2 Journal. 

20.40 Feuilleton : 

Die Zweite Heimat 
D’Edgar Reitz, avec Daniel 
Smith. Henry Arnold. 2. Des 
yeux étrangers. 

22.35 Cinéma : 

Je veux vivre. » 

Film américain de Robert 
Wise (1959). 


La dé, de Pavai Tchoukhraî. 
1917 à Petrograd. Un riche 
banquier est retrouvé mort. 
Occuhée par les tourments de 
l'Histoire, r affaire Fisher reste 
une énigme. D'après l'œuvre 
de Marx Aldanov. 

23.05 Musique : 

Montreux Jazz Festival 
23.35 Série : Monty Python's 
Ffying Circus (rediff.). 

0.05 Magazine : Rencontre, 
(rediff., 45 min). 

M 6 


13.55 Série ; Supercopter. 

14.50 Série : Les Champions. 

15.40 Variétés : Matchmusic. 

1 6.40 Magazine : Culture rock. 
La saga de Dire Straits. 

17.10 Série ; Le Saint. 

1 8.1 5 Série : Les Tètes brûlées. 

19.05 Magazine : Turbo. 

Le Salon de Genève. 

19.54 Six minutes d’informa- 
tions. Météo. 

20.05 Série : 

Cosby Show. 

20.35 Divertissement ; 

Tranche de rire. 

20.40 Téléfilm : Onassis, 
l'homme le plus riche 
du monde. 

De Waris Hussein. 

23.55 Série : L'Exilé. 

0.40 Informations : 

Six minutes 
première heure. 

FRANCE-CULTURE 

20.30 Photo- portrait 

Sylvain Dubuisson, designer. 

20.45 Dramatique. Le Secret du 
Sauft, de Roxane Rtzvi. 

22.35 Musique : Opus. 

L’opéra au lycée. 

0.05 Rencontre au clair de la 
nuit... Avec Yvon Pères 
(Chemin de halage). 

FRANCE-MUSIQUE 

18.00 Soirée lyrique, (en direct de 
l’Opéra national du pays de 
Galles) : Tristan et Isolde. de 
Wagner, par la Chœur et l'Or- 
chestre de l’Opéra royal du 
pays de Galles, dlr. Chartes 
Mackerras; sol. : Anne 

Evans. Jeffrey Lawton, Peter 
Rose. John Harris. 

0.30 Cabaret- Par David Jisse. 

Hélène DolavauSt et Berfin. 

1 .02 ' Maestro. Rafael KUbelflc, par 
David Jisse. 


M 6 

12.00 Série : 

Mariés, deux enfants. 

12.30 Série: 

Ma sorcière bien-aimée. 

12.55 Série : Booker. 

13.45 Série : Cosmos 1999. 

14.45 Série : 

Soko, brigade des stups. 
1 5.40 Magazine ; Fréquenstar. 
Serge Gainsbourg. 

1 6.35 Musique : Flashback. 
Spécial Shefla. 

17.05 Série : L'Exilé. 

17.50 Série : Clair de lune. 

18.55 Série : O'Hara. 

19.54 Six minutes d'informa- 
tions, Météo. 

20.05 Série : Cosby Show. 

20.35 Magazine : Sport 6. 

20.45 Magazine ; 

Zone interdite. 

22.20 Magazine ; Culture pub. 
Les Anglais sont-ils perfides ? 

23.00 Téléfilm ; 

Emmanuelle à Venise. 

De Francis Leroi. 

0.05 Informations : Six 

minutes première heure. 
0.15 Magazine ; Nouba. 

Paul McCartney, Sylvie Maré- 
chal, Tas min Archer. 

FRANCE-CULTURE 

20.30 Atelier de création radio- 
phonique. RAP. reconnais- 
sance automatique de la 
parole. 

22.25 Poésie sur parole. 

22.35 Musique : Le Concert 
(donné le 28 octobre 1992 
au Festival de Lille). Evalyn 
Gl sn nie, percussions; Phfflp 
Smith, piano. 

0.05 Ciair de nuit. 

FRANCE-MUSIQUE 

20.35 Concert (donné le 14 mai 
1992, lors du Festival de 
Vienne) : Trio à cordes an si 
bémol majeur D 471, de 
Schubert ; Quintette pour 
piano et vents en nti bémol 
majeur op. 16, de Beetho- 
ven ; Duo pour flûte et piano, 
de Copland; Quintette pour 
piano et cordes en ut majeur 

op. 60, de Brahms, par te 

Boston Symphony Chamber 
Players, dir. ; Gilbert Kafish. 

22.33 Autoportrait. Henri Barraud, 
par Catherine Paycheng. 

23.35 L’Oiseau rare. Par Michèle 
• Lejeune et Maguy Lovano. 

Concerto pour violon. Trois 
Esquisses symphoniques. 

Rhapsodie roumaine n» 1. de 
Bobeseu. 

1.00 Les Fantaisies du voya- 
geur. 


*7 




26 • Samedi 6 mars 1993 •• 


La campagne pour les élections législatives 

M. Rocard précise p le «big bang» ne s’adresse pas 
qu’aux électeurs attirés par les écologistes 


M. Michel Rocard a participé, 
jeudi 4 mars, à SaJnt-Brïeuc, à 
un meeting régional du Parti 
socialiste, réunissant l'ensemble 
des candidats de ce parti aux 
élections législatives en Bre- 
tagne. L'ancien premier ministre 
a précisé, à cette occasion, que 
son appel à un «big bang» poli- 
tique n'a pas seulement pour 
ambition de ramener au PS des 
électeurs attirés par les écolo- 


SAINT-BRIEUC 

de notre envoyé spécial 

La colère des marins-pêcheurs 
était la seule menace qui pesait sur 
le voyage de M. Rocard, jeudi, à 
Saint-Bneuc. Dans cette ville dont 
le maire de l'époque, M. Yves Le 
Foll, fut le seul représentant du 
PSU - sou ancien parti - & ['As- 
semblée nationale il y a vingt ans, 
dans ces Côtes-d'Armor dont le 
président du conseil général, 
ML Charles Josselin, est un de ses 
partisans de longue date, dans cette 
région dont le principal représen- 
tant au gouvernement, depuis 
1981, est un de ses amis, M. Lotus 
Le Pensée, M. Rocard était assuré 
que son «big bang» et lui-même 
seraient bien accueillis. N'étaient 
les pêcheurs, qui lui donnaient du 
souci. 

Or, M. Josselin, secrétaire d'Etat 
à la mer, avait bien fût les choses 
avant même l’arrivée de 
M. Rocard. Entouré, i l'aéroport, 
par une trentaine de marins, dont 
certains portaient les stigmates 
inquiétants d'affrontements récents 
avec les forces de l'ordre, ('ancien 
premier ministre a pu apprécier, 
alors, le «travail a’orfèvre» de 
M. Josselin. Appuyé sur une 
connaissance des dossiers sans 
défaut, auréolé par la fermeté avec 
laquelle il avait traité ^affaire à 
Bruxelles, rompu au dialogue avec 
ces professionnels qui sont, aussi, 
des électeurs bretons, le secrétaire 
d'Etat a soigneusement déminé le 
terrain et permis & son hôte d’op- 
poser, lui, à des questions trop pré- 


cises, que «c’est dévaloriser la 
parole politique que de parler quand 
on n’a pas la technique derrière ». 

Pour le reste, M. Rocard a mis 
en garde ses interlocuteurs contre 
« Vhyperlibéralisme » et ses dangers 
de dislocation des rapports 
sociaux, et concédé que «certains 
règlements communautaires sont 
presque organisateurs de double 
marché». Ce langage épineux n’a 
pas rencontré de contradicteur. Le 
maire de Conflans-Sainte-Honorine 
a pu se féliciter, le soir, devant les 
participants au meeting pour lequel 
il était venu, des vertus démocrari- 

3 ues de «courtoisie » et de «respect 
e l'autre» démontrées par ses 
interpe dateurs. Allons, la politique 
n’est pas forcément devenue un 
métier de chien! 

Devant mille cinq cents per- 
sonnes, M. Rocard a procédé i une 
sorte d'explication de texte du dis- 
cours qu'il avait prononcé & Mont- 
Ion is-sur- Loire le 17 février der- 
nier. Après avoir rendu hommage 
au «modèle breton du socialisme », 

S [ui est « la synthèse entre la ville et 
a campagne, entre l’humanisme 
laïc et fe christianisme social, entre 
l'attachement à me identité et l’ou- 
verture sur le monde », l’ancien pre- 
mier ministre a précisé le sens de 
son intervention dans la campagne 
des élections législatives en indi- 
quant : «Je n'entends pas me satis- 
Jaire d'une sorte de vases communi- 
cants entre les écologistes et nous. 
Mon propos est, bien entendu, de 
convaincre un maximum de gens de 
voter pour notre transformation, 
mais j aurai d'autant plus de plaisir 
encore à voir revenir vers nous ceux 
qui auront, un moment, songé à 
voter pour la droite. » 

Soulignant «le contraste entre 
tute droite égale à elle-même et une 
gauche fidèle à elle-même, entre 
une gauche qui veut se transformer 
et une droite qui n’entend pas bou- 
ger », M. Rocard a expliqué que 
«le « big bang». c'est la consé- 
quence nécessaire, des changements 
au monde etde 'la France qui. sur 
le fond; ont. Jtéf beaucoup plus 
considérables qu’on ne l'avait dit, 
jusqu'à présent, dans le discours 
politique». Cette initiative, a-t-il 
insisté, ne doit pas être réduite «à 


SOMMAIRE 


AU COURRIER OU MONDE 

Solidarité : le bombardement 
humanitaire. SNCF : seuls dans le 
tunnel 2. 

ÉTRANGER 

Lord Owen fait état de progrès 
avec les Musulmans dans les dis- 
cussions sur le découpage de la 

Bosnie 3 

La Turquie fait un geste en direc- 
tion de Bagdad 3 

Les élections municipales en Atte- 

magne 5 

L'orientalisme français en quête 
d'un second souffle 6 

ESPACE EUROPÉEN 

Un entretien avec M. Alain Juppé 
« Différend germano-polonais sur 
les réfugiés • Sans domicile fixe à 
Copenhague • Malaise macédo- 
nien 7 à 9 

POLITIQUE 

La campagne pour les élections 
législatives : (e fief de la droite 
conservatrice dans les Pays de (a 

Loire 10 

Les assises du RW vont tenter dé 
masquer les divergences Mes au 

traité de Maastricht — 11 

Quelle histoire I : «Jour de mar- 
ché», par Claude Sarraute 11 

SOCIÉTÉ 

L’affaira des écoutas téléphoni- 
ques 12 et 13 

Las Tsiganes roumains de Nan- , 
terre ne seront pas transférés au ! 

campdeThol 14 

M. Bérégovoy annonce des mesures 
d'accompagnement à la réforme de 
ta procédure pénale 16 

CULTURE 

Au Grand Palais : un pharaon, sa 
vie, pour l’éternité 16 


Cinéma ; les voix du silence. I 
Théâtre: souvenirs d*un tyran,... 17 1 

ÉCONOMIE 

Philips va supprimer de 10 000 à 
15 000 emplois supplémentaires 19 
Les Chantiers de l’Atlantique 
confirment leur premier rang mon- 
dial dans la construction de paque- 
bots 19 

Les actions Suez font l'objet de 
rumeurs et de ramassage en 

8 oursa 20 

Point de vue : «Pour un vrai travail 
à temps choisis, par Martine 

Aubry ..— 21 

Bardays annonce des pertes de 
242 millions de livras 22 

SANS VISA 

• Les Iles François-Joseph répon- 
dent encore • Cane blanche chez 
les Lapon 8 « Ici, clos Delteil 

• Chroniques d'un Japon oublié 

• Tabla : è Ménilmontant m Le 
«Michelin» reste le «Michelin» 

• Vamse-sur-mar 27 à 34 


Services 



2 

Annonces classées .... 

6 


24 


.... 32 

Marchés financiers 

22 à 23 


24 


2fi 

Spectacles 

18 


Week-end d’un chineur 24 

La télématique du Monda : 
361 5 LEMONDE 

3675 LM 

Ce numéro comporte un cahier 
«Sans visa» 
folioté 27 è 34 
Le numéro de « Monde » 
daté 5 mars 1993 
a été tiré à 505 652 exemplaires. 


Demain dans « îe Monde » 

« Heures Mes» : la Côte-d'Or en mal d’emplois 

L'annonce du transfert des activités de Koover en Ecosse a 
révélé l'absence de cohérence de la politique économique menée 
par les élus locaux. Les coUectn/hés territoriales tentent aujour- 
d'hui de coordonner leurs efforts pour séduire les éventuels 
investisseurs. 


un simple slogan, ni, même, à un 
combat d'appareils ». 

Pour lui «donner sa dimension 
vraie», le candidat «naturel» des 
socialistes & l'élection présidentielle 
future veut le situer dans « une 
vision nouvelle de l’action de trans- 
formation sociale». « Alors . a-t-il 
dit, iV en résultera des mutations, 
des transformations dans nos orga- 
nisations politiques, et le « oig 
bang » aura lieu. Quiconque le limi- 
terait à des affaires de bataille poli- 
ticienne se tromperait et. pire, 
condamnerait même l'opération. » 

Entouré de l'ensemble des candi- 
dats du PS en Bretagne, à l'excep- 
tion du maire de Rennes, 
M. Edmond Hervé, retenu dans sa 
ville par une autre réunion publi- 

S ue, M. Rocard ne dontait pas 
'avoir fait son devoir. 

PATRICK JARREAU 


M. Rapond Barre 
imité du «Grand Jury 
RTL-/? Monde» 

M. Raymond Barra, ancien 
premier ministre, sera l’invité de 
l’émission hebdomadaire «Le 
grand jury RTL -te Monde » 
dimanche 7 mars de 18 h 30 à 
19 h 30. 

M. Barre, député apparenté 
UQC, qui se représente dans la 
quatrième circonscription du 
Rhône, répondra aux questions 
de Daniel Carton et d'André 
Pasaeron, du Monde,, et de 
Richard Arzt et de Jean-Yves 
HoBnger, de RTL, lé débat étant 
dirigé par Henri Marque.' 

Deux disparitions 

Le «Père Michel Riquet 

ÿnie.Père jésuite Michel Riquet, l’un 
“dès plus célèbres prédicateurs catholi- 
ques français et auteur de nombreux 
ouvrages de théologie, est décédé 
vendredi S mats & Paris, à l’âge de 
quatre-vingt-quatorze ans. 

[Né le 8 septembre f89E i Paris, doc- 
teur en théologie, Micbd-LoDtS Riquet 
est ordonné prêtre de Ja Corop»*nie de 
Jésus en 1920. Il devient directeur de b 
Conférence Laënnec des médecins catho- 
liques en 1930 et prend, sous r Occupa- 
tion. me part très importante à la résis- 
tance contre le nazisme (réseaux . 
«Hector», «COmète»). Arrête par la . 
Gestapo en Janvier 1944, le Père Riquet 
en interné a Compïègne, puis déporté à I 
Msutiwusen. ptôs Dachau jusqu'en mai 1 
1943. A son retour de déportation, et 
jusqu’en 1 935, le cardinal de Paris loi 
confie b prédwathw de carême i Notre- 
Dame. n est aumônier de la Société 
médicale Saint-Luc de 1932 L 1961, puis 
aumônier national des écrivains catholi- 
ques de 1972 é 1981. Chroniqueur au 
Figaro depuis 1931, le Père Riquet était 
grand officier de la Légion d’honneur, 
président «Tbomiear de rUnkm nationale 
des déportés, «ireptésïdenl de r Office 
national des anciens combattants, prési- 
des! d’honneur du Réteac du Souvenir 
et vicesRérident de la Ligne internatio- 
nale contre le rarisnw et rantisém itisme. 
Les éditions catholiques Marne doivent 
publier prochainement U Rebelle disd- 
pUné, on livre d'entretiens du Père 


Le cinéaste Cyril Collard 

Le cinéaste et écrivain Cyril 
Collard est mort, le vendredi 
5 mars, du sida. N était âgé de 
trente-cinq ans. 

Cyril Collard avait débuté 
comme assistant de René Allio et 
de Maurice Pi ata t, puis avait réa- 
lisé des courts métrages {Alger la 
blanche), des dips, des reportages. 


pare chez Flammarion, il publiait 
deux ans plus tard, chez le même 
éditeur, un roman très autobiogra- 
phique, les Nuits fauves. Sous le 
même titre. Il donnait l’an dernier 
ce qni restera comme son unique 
long métrage : le récit boulever- 
sant, et d’une étonnante liberté de 
styfe, d’une existence en danger, 
moins un film sur ic sida qu'une 
extraordinaire leçon de vie et 
d'amours, dont il était lui-même 
l'interprète principal, aux côtés de 
Romane Bobringer. 

IjCs Suifs fauves a connu un suc- 
cès public, avec déjà 900 000 spec- 
tateurs en France depuis sa sortie 
le 21 octobre 1992. Le film est un 
des grands favoris de la cérémonie 
des Césars, qui se déroulera hindi 
prochain 8 mars, avec sept nomi- 
nations, dont celles du meilleur 
film, du meilleur premier film cl 
dç la meilleure mise en scène. 


Après Tavis défavorable de la Commission consultative du parquet 

M. Franck Terrier retire sa candidature a poste 
de procureur de la République de Créteil 


La Commission consultative 
du parquet Instituée par la foi 
organique sur le statut de la 
magistrature de 1992 a émis 
mardi 2 mars un avis défavora- 
ble sur la nomination de 
M. Franck Terrier, actuel direc- 
teur des affaires criminelles et 
des grâces, au poste de procu- 
reur de te République de Créteil. 
En conséquence, dans une lettre 
adressée mercredi 3 mars au 
garde des sceaux, M. Terrier 
demande à M. Michel VauzeJJe 
de renoncer à cette nomination. 

Composée pour moitié de repré- 
sentants élus par les magistrats et 
de représentants de la chancellerie, 
la Commission consultative du 
parquet est chargée depuis le début 
de vannée de donner un avis sur 
tes propositions de nomination qui 
concernent le parquet. Ses avis 
sont consultatif^, ils ne concernent 
pas les procureurs généraux, mais 
us constituent pour les magistrats 
du ministère public une garantie de 
transparence et d’équité qui n’exis- 
tait pas auparavant. 

La Commission s’était déjà réuni 
au début du mois de février mais 
la proposition de nomination de 
M. Terrier était le premier dossier 
véritablement délicat qui loi était 
soumis. Entré dans la magistrature 
en 1978 comme Juge d'instruction 
au Havre, M. Terrier avait été 
nommé douze ans plus tard au 
poste prestigieux de directeur des 
affaires criminelles et des grâces. Il 
parachevait ainsi une ascension 
exceptionnement rapide : substitut 
an parquet de Pans, M. Terrier, 
qut avait été remarqué par le pro- 
cureur général de la Cour de cassa- 
tion, M. Pierre Arpaillange, était 
devenu en 1986 secrétaire général 
du parquet générai de la Cour de 
cassation avant de rejoindre en 
1988 le cabinet du nouveau garue 
des sceaux, M. Arpaillange. En 
devenant deux ans plus tara direc- I 
teur des affaires criminelles et des | 
grâces, M. Terrier accédait à qua- 
rante et un ans A (a direction la 
plus «sensible» de la c h a n celle ri e. 

En proposant de nommer 
M. Terrier procureur de la Répu- 
blique de Créteil, te ministre de la 
justice, M. Michel Vauzdie, pre- 
nait te risque de lancer à la veille 
(tes élections une polémique sur tes 
nominations «politiques». M. Ter- 
rier, dont l'ascension a Tait bien 
des envieux, est une personnalité 
contestée - il s’était rendu dans te 
bureau de M. Tapie, alors ministre 
de la ville, lors de PaHaire Toshiba 
- et sur la liste établie par ancien- 
neté des candidats au pente de pro- 
cureur de Créteil, il était seulement 
vingt-neuvième sur trente. A peine 
connue, cette promotion avait 
d’ailleurs suscité l'indignation de 


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P Union syndicale des magistrats 
<(USM, modéré) et de l'Association 
professionnelle des magistrats 
(APM, droite), qui avait immédia- 
tement dénoncé une «provocation 
signant ta décomposition morale 
d'un dan qui a perdu toute ver- 
gogne» (le Monde du 12 février). 

Un désaveu 
pour ht chancellerie 

Avant cette affaire, la Commis- 
sion consultative du parquet, qui a 
examiné 210 propositions de muta- 
tion depuis sa première réunion de 
travail, le 3 février, avait déjà émis 
quatre avis défavorables, mais ils 
étaient fondés sur des considéra- 
tions « techniques »- Celui qui vise 
la candidature de M. Terrier est 
d’une nature différente : en s’oppo- 
sant i la promotion du directeur 
des affaires criminelles et des 
grâces, la commission inflige un 
véritable désaveu à la chancellerie. 
Au regard des textes, le mode des 
sceaux n’était pas tenu ae suivre 
cet avis, mais plutôt que d’accéder 
i ces nouvelles fonctions au beau 
milieu des polémiques, te directeur 
des affaires criminelles et des 
grâces a préféré renoncer. Dans 
une lettre adressée mercredi 3 mais 
i M.- Vauzdle, M. Terrier annonce 
au garde des sceaux qu’il retire sa 
candidature au poste de procureur 
de la République de Crétefl. 

La Commission consultative est 
loin d'être aux magistrats du par-, 
quet ce que 1e Conseil supérieur de 
la magistrature est aux magistrats 


du siège, mais ce précédent donne 
incontestablement du poids à une 
instance encore jeune qui avait sus- 
cité lors de sa création un certain 
scepticisme. «Cette instance pari- 
taire aurait pu être une simple 
chambre d "enregistrement, note 
.ainsi M. Valéry Turcey, le secré- 
taire général de l’Union syndicale 
des magistrats (USM, modérée). 
Cette décision prouve qu’il s'agit 
d'un organisme crédible et nous 
espérons qu’à l’avenir les avis de la 
commission seront systématique- 
ment suivis par la chancellerie.» 

L'Association professionnelle des 
magistrats (APM, droite) saine la 
décision de la CCP mais elle reste 
prudente. «La Commission a 
acquis une certaine crédibilité mais 
nous restons vigilants, constate sbn 
secrétaire général, M. Dominique 
Matagrio. Elle perdrait ce crédit si 
elle avalisait dans l’avenir la pro- 
motion de M. Terrier à un nouveau 
poste hors hiérarchie. » Quant au 
Syndicat de la magistrature (SM, 
gauche), il se félicite de ces nou- 
velles garantit» tout en «x >ulignant 
les limites de ces nouvelles disposi- 
tions. «La Commission introduit 
de la transparence et de la clarté, 
explique M. Alain Vogelweith, te 
secrétaire général du SM. mais 
nous regrettons qu’elle ne puisse pas 
étudier toutes les candidatures pré- 
sentées et que ses avis ne soient pas 
motivés. Il faudrait que les carrières 
des magistrats du parquet soient 
gérées par un Conseil supérieur de 
la magistrature rénové.» 

ANNE CHEMIN 


du vendredi 5 mars 
au samedi 20 mars 



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Le Monde • Samedi 6 mars 1 993 27 






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Les îles François-Joseph 


Pat 80 degrés de latitude nord, an coeur de 
l’archipel François-Joseph, les météorolo- 
gistes de Krenkel montent la garde. Double- 
ment isolés, an pays des glaces, par le climat 
et par les incertitudes de la politique rosse, 
ils espèrent tirer parti de leur situation 
extrême pour susciter l’intérêt des Occiden- 
taux. Expédition à ht dernière station avant 
le pôle. 




L E pôle n'existerait pas si des 
marins ne l’avaient rêvé. S’ils 
ne l’avaient rêvé si fort ensemble 
qu’il s'était mis i leur ressembler. 
A prendre la forme d’une mer qui 
pourrait les réunir, séparés des ter- 
riens, libérés de la servitude des 
ports par une simple digue de 
glace. Une mer idéale. Une fin. 
C’est ainsi que le dix-neuvième 
siède envisageait notre pôle. Res- 
tait & convaincre les marins de 
mettre pied sur la glace pour l’aller 
vérifier. Mais qui aurait pu les y 
contraindre? 

Les pouvoirs ne s’y intéressaient 
guère. Ils songeaient aux terres A 
s’approprier, et aux chemins pour 
relier ies terres. Dès le seizième 
siècle, afin de faire pièce à l’Es- 
pagne et au Portugal installés sur 
les mutés du Sud, Anglais et Hol- 
landais tournaient leurs regards au 
septentrion à la recherche d’une 
autre voie maritime vers les 
Indes : le passage du Nord-Est Les 


AU SOMMAIRE 



Japon, 

mémoires ’ 

au quotidien — ........... P. 30 

coufeS dé neige p. 28 

Delteii 

sur ses terres 

du Midi ~~ - P.’ 29 

Ménifmontant, 

tables de quartier ........ p. 33 

j. • (p t& ta 


répondent encore 


Vikings, qui avaient poussé par- 
delà le cap Nord jusqu’à la mer 
Blanche, n’avaient pas eu de suc- 
cesseurs. Les récits de chasseurs de 
phoques et de baleines valaient ce 
que vaut l’anonymat Seule une 
expédition aimée de ce qu’il fallait 
de bannières pouvait prétendre 
maîtriser ces eaux inconnues. En 
déposer la carte aux pieds d’un 
souverain. 

En 1594, Willem Barents attei- 
gnait la cote occidentale de la 
Nouvelle-Zemble. En y retournant 
deux ans plus tard, il est bloqué 
par les glaces près de la côte orien- 
tale. li laissera, avec son nom, sa 
vie à la mer qu’il avait traversée, 
et le prototype des aventures cir- 
cumpolaires à venir durant plus de 
deux sièdes. Un navire immobilisé 
par les glaces et bientôt broyé par 
elles. L’obligation pour l’équipage 
d'hiverner. Du froid sans fin, des 
nuits sans jour, la folie parfois, le 
scorbut toujours, la mort comme 
une tentation. La retraite eu 
traîneau ou en chaloupe des survi- 
vants jusqu’à un humble baleinier. 
Un triomphe an retour. 

A l'approche de notre siède, les 

journaux de bord allaient inciter, 
dans ces situations extrêmes, à ser- 
vir la plume avant la barre. De 
s’orienter avec elle, d’y trouver sa 
voie, d’ajouter aux moyens les rai- 
sons de lutter. A bord des navires 
immobilisés, dans le silence d'ho- 
rizons chaotiques dérivant avec 
eux, ils passaient à la littérature 
msensibleinent, manière de ne pas 
céder au désespoir, de s'affirmer 
plus fort que des forces qui les 
dépassaient. Au besoin, il se trou- 
vait à terre un inconnu pour faire 
le récit de leur récit, donner forme 
à l'attente des autres, comme ce 
débutant auteur d’Un hivernage 
dans les glaces : Jules Verne. 

U consistance du pôle impor- 
tait assez peu à ces équipages. Ils 
se retrouvaient en avant-garde 
venue au nom de l’humanité 
affronter le Mal absolu : la glace. 


l 


Là où il acceptait de dévoiler son 
vrai visage, au-dessus de 75 degrés 
de latitude nord. Là où l'eau fami- 
lière se faisait soudainement écueil 
sous les coques, avant d'emprunter 
aux sirènes l'étreinte fatale. Ses 
imprévisibles alternances sem- 
blaient celles d’un vaste poumon 
par lequel respirait le pôle. Une 
fêlure et elle octrovait la liberté; 
une pression de plus ei c"e don- 
nait la mort 

Tous ne piriualent pas, mais 
presque tous écrivaient. Hiver 
après hiver, ligne après ligne, leur 
constance était égale ; ils ne 
cédaient rien, ne regrettaient rien. 
Au printemps, lorsque le jour leur 
prêtait à nouveau un reflet, leur 
regard croisait celui d’un homme 
nouveau. Celui qui pour survivre 
avait bu le sang de ses chiens de 
traîneau en potage, mordu à même 
le corps encore palpitant d'un 
morse, celui qui n’avait sans doute 
pas cédé devant la chair humaine. 
Où qu’elles aient entraîné, les 
ices avaient conduit au Styx. 
iC rescapé cachait un ressus- 
cité. Qui pouvait s’intéresser 
encore au pôle face à l’au-delà? Au 
retour, dessinateurs et graveurs 
ajoutaient l'emphase du trait aux 
mots arrachés à la « mort 
blanche». Des fictions s’efforçaient 
de- rivaliser avec ies témoignages 
dans l’horreur vraisemblable. Un 
réalisme ourlé de fantastique réa- 
nimait te romantisme finissant. Un 
sentiment de la nature inédit se 
répandait 

ir 26 septembre 1893. - Dans la 


monde puisse finir dans la désola- 
tion et dans le néant. Pourquoi 
alors toute cette beauté, s'il n'existe 
plus aucune créature pour en jouir? 
Je commence à deviner ce secret : 
voici la terre promise qui unit la 
beauté à la mort » 

Au moment même où Nansen 
enfonçait volontairement son 
bateau (le Fram) dans le pack pour 
étudier les courants arctiques où il 
allait dériver trois années durant, 
le jeune André Gide envoyait son 
Urien en voyage vers le nord 
absolu. Son pôle, imaginaire, lac 
blanchâtre entouré d’un mur de 
glace, adoptait les traits supposés 
du pôle rêeL Las, il n'était qu’un 
lieu où convergent les déceptions, 
dont seule U recherche exaltait ; 
ses purs! carrières salines! 


morDres blancs des sépulcres! 
micas/ C’est la blancheur des ténè- 
bres... Nous allions, fiers et forts, 
au-delà des pires détresses : où trou- 
ver de la pure joie.» 

Pour manifester parfois moins 
de lyrisme, les journaux de bord, 
lettres ou textes ne conduisaient 
pas à des conclusions fort diffé- 
rentes. Ainsi, ceux des Autrichiens 
Cari Weyprecht et Julius Payer, 
respectivement commandant en 
mer et commandant sur terre de 
V Admirai- Tegetthoff, goélette-bar- 
que qui quitte flambant neuve en 
1872 le port de Brême pour le 
Grand-Nord avec raille jours de 
provisions. «Le pôle, en tant que 
point, n’a aucune espèce d’impor- 
tance pour la science. S’en appro- 
cher sert tout au plus à satisfaire la 
vanité», préviendra le premier. 

La second sera plus ettsert, mais 
tout aussi définitif : « C'est par 20 
merveilleusement beau que cette à 30 degrés Réaumur au-dessous de 
nuit arctique. C’est le pays des zéro (I) que la graine de la sagesse 
rêves, coloré des teintes les plus fut semée dans les fils de la nature, 
délicates qu’on puisse imaginer: Cependant, ce climat n'était pas 
c’est la codeur irréelle l Le ciel est fait pour qu’elle prospère. La décep- 
une immense coupole bleue au tion jut douloureuse quand on prit 
zénith, passant vers l’horizon au conscience de ce qu’était le pôle 
vert, puis au lilas et au violet Non. Nord et du fait qu'il n'aüalt rien 
jamais je ne pourrai Croire que le rapporter; que ce n’ètail ni une 



terre, ni an royaume à conquérir, 
mais seulement le point de rencon- 
tre de lignes convergentes, un lieu 
où il n’y avait en réalité rien ù 
voir!» Tous deux n’afTîrmaiem 
rechercher que la «route blanche 
des Indes». Pierre le Grand avait 
fait dresser entre 1733 et 1742 un 
tracé de la côte sibérienne jusqu'à 
baron 
1824, 

mais personne n'avait réussi à 
joindre le cap Nord au détroit de 
Béring (ou l’inverse). A leur tour. 


IIUW Ml# IM Wl^ IVIUIV 

la Kolyma, complété par le 
de Wrangel entre 1820 et 


Weyprecht et Payer allaient être 
bloqués par les glaces à proximité 
de la Nouvelle-Zemble. En plein 
mois d'août. L ’Admirai-Tegetthoff 
dérivait et plongeait dans la nuit 
polaire. L’hiver, le printemps, Tété 
à nouveau passaient sans que la 
glace cède. Ils étaient implacable- 
ment entraînés vers le nord. Us 
menaient la vie de prisonniers, 
dont la seule récréation esc de 
chasser l’ours sur la banquise. 

De notre envoyé spécial 
Jean-Louis Peiner 
Lire la suite page 31 


(i) Entre moins 24 et moins 37 degrâ 
Celsius environ. 


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28 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 • 


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Carte blanche chez les Lapons 


KEMI 

O N arrive toujours dans un 
pays avec des images dans 
la tête. Pour la Finlande, par 
exemple, celles de la Fille aux 
allumettes , un film d’Aki Kau ris- 
maki. Un regard aussi noir que 
dévastateur. Ni hymne à la 
nature ou à la dure vie paysanne, 
ni récit de la dernière guerre, ni 
sombre description de L affronte- 
ment entre la mystique et la 
chair, mais l'univers glauque 
d'un univers industriel avec, 
pour héroïne, une ouvrière coin- 
cée entre ses rêves minables et 
un destin qui ne l'est pas moins. 
Un ton aussi surprenant que le 
décor. -Une sorte de cruauté, 
déroutante et rigolarde, mas- 
quant (peut-être) un romantisme 
désespéré. Une ironie froide 
devant la laideur, un sens rigou- 
reux du dérisoire, l'absence de 
toute concession. Mêmes images, 
même regard, à La télévision cette 
fois, avec, notamment deux films 
de Matti (jas, les Lutteurs (une 
histoire de vieux pensionnaires 
fous) et la Valse du mariage, une 
cérémonie catastrophique dans 
une petite ville au nord du pays. 
Même humour impavide et juoi- 
Jatoire face à une humanité qu'il 
faut bien supporter, malgré tout. 

On arrive donc en Finlande 
avec des images de quais mouil- 
lés, de décors nocturnes, dans un 
pays imaginé un peu désespérant, 
peuplé de prolétaires mais aussi 
de personnalités fortes, de 
«caractères» comme on dit, qui 
pratiquent l'humour sombre et 
un peu dingue, histoire de résis- 
ter aux aubes sales, aux brouil- 
lards qui enveloppent les ports et 
au vent qui siffle dans les rues. 
On découvre une capitale austère 
- Helsinki, - avec ses grands 
bâtiments néoclassiques, ses 
immenses parcs, ses larges ave- 
nues, une certaine beauté froide 
qui fait immédiatement aimer 
l’intérieur chaud des restaurants. 
Enfin, on découvre le blanc. 

La blanc à l’infini. A l’échelle 
d’un pays. Le blanc partout, sur 
les villes et dans les forêts, sur 
les routes, sur les rivières et les 
lacs gelés. La Laponie, l’hiver, 
c'est, & moins de deux heures 
d'avion d'Helsinki, des milliers 
de kilomètres carrés d’un man- 
teau éblouissant. La neige 
comme à la montagne, à la diffé- 
rence près que ce n’est justement 
pas la montagne. C’est d'ailleurs 
ce qui surprend le plus au pre- 
mier abord. C'est tout plat, à 
peine vallonné, avec des milliers 


de pins, de sapins et de bou- 
leaux. 

Située sur le golfe de Bothnie, 
Ketni semble comme engourdie 
sous l'épaisseur de cette ouate 
glacée. Curieuse ville, tirée au 
cordeau, avec des immeubles 
plantés comme des cubes au 
milieu de grands espaces. Le 
relief des rues s'est estompé. Les 
sons paraissent étouffés. Etrange 
silence d'une ville qui ressemble 
plus à une bourgade tranquille 
qu'à un port considéré comme 


verre pilé, pour se reformer pres- 
que aussitôt après le passage du 
navire. Grands blocs qui se sépa- 
rent, bouillie de glace, impres- 
sion de fin du monde. Un soleil 
d'hiver très bas, globe jaune 
fouetté par un vent coupant. 
Paysage sans couleur. 

Ceux qui cherchent des émotions 
plus fortes ont une solution : 
plonger dans les glaces, en com- 
binaison de survie. Alourdi par 
une tenue quasi lunaire, on des- 
cend, difficilement, du bateau 


chalets de bois ou des tentes 
chauffées) et la motpneige qui 
permet de traverser à vive allure 
forêts, rivières gelées et lacs 
immaculés, de virer dans les 
petits chemins de campagne, de 
slalomer entre les sapins avant 
de filer droit devant soi, jusqu’à 
l'horizon. 

Quand le soleil est encore bas, 
les congères prennent des teintes 
dorées. Ombres sur l'horizonta- 
lité. Les lignes sont épuiéees par 
le froid. Univers lisse, arctique. 



très important pour le commerce 
finlandais. De Là partent en effet 
chaque année, à destination de 
l'Europe du Sud, 2 millions de 
tonnes de marchandises : papier, 
bois, acier, etc. Mais U est vrai 
aussi que,- de décembre à fin 
avril, les (râteaux sont figés dans 
la banquise où, chaque jour, les 
brise-glace doivent leur frayer 
une voie. 

A Kemi, on peut monter sur 
l'un de ces derniers, mis à la 
retraite pour le plus grand bon- 
heur des touristes italiens, alle- 
mands ou français qui y embar- 
quent pour des minicroîsières. 
Après vingt-cinq ans de bons et 
loyaux services, le Sampo 
accueille sur son pont de petits 
groupes qui regardent l’énorme 
bateau fendre lentement cette 
mer solidifiée. Spectacle gran- 
diose. La glace cède sous le poids 
des 3 300 tonnes, se brisant en 
mille morceaux, dans un bruit de 


Moto neige sur les glaces. 

pour s'asseoir au bord de la 
glace— les pieds dans l’eau. Diffi- 
cile de reculer. On se laisse donc 
glisser. Non seulement on flotte 
mais, on nage et on ne sent rien. 
Ni chaud, ni froid. Le bonheur, 
simplement, notamment celui de 
fixer sur la pellicule la preuve de 
son exploit— 

Après quoi, toutes les épreuves 
proposées paraîtront un jeu d’en- 
fant. Conduire un renne, par 
exemple, assis ou à genoux sur 
un traîneau. Pas si évident qu’il 
y paraît, en raison du caractère 
d'un animal qui peut, selon son 
humeur, freiner des quatre fers 
ou, au contraire, ne pas vouloir 
s’arrêter. Expérience trop brève, 
malheureusement, au terme de 
laquelle un Lapon en costume 
remet un permis de conduire un 
peu bidon. Reste, bien sur, le ski 
de fond (on peut parcourir 30 à 
40 kilomètres par jour pendant 
six jours en couchant crans des 


Guide 


m Y aller. La compagnie fin- 
nair |11, rue Auber, 75009 
Paris, tél. : 47-42-33-33 et 
numéro vert 05-36-61-77) relie 
tous les Jours Paris à Helsinki en 
trois heures (environ 3 300 F 
A/ R) avec dos correspondances 

g our Kemi ou Rovaniemi. 

onsulter également les bro- 
chure Visit Europe (groupe Air 
France qui assure également 
une desserte aérienne quoti- 
dienne) et Nouvelles Frontières. 

Formalités. Carte d’identité 
ou passeport valide. Pas de 
visa. 

Quand? En Laponie, l'hiver 
dure de novembre à mi-avril, 
voire jusqu'au 25 avril dans le 
nord de cette région. Mais d’au- 
tres périples et d’autres activi- 
tés sont ensuite programmées 
au «pays des 10000 lacs». 

Avec qui? Alentours (5, rue 
Danielle-Casanova, 75001 
Paris, tél. : 42-98-59-78), un 
des bons spécialistes de la des- 
tination (avec Scandhours, Ben- 
nett, Natures, Zig-Zag et Borea- 
lis Voyages), propose un large 
choix de formules destinées aux 
sportifs (même débutants) 
amoureux de nature et de pay- 
sages immaculés. Les prix 
varient en fonction du pro- 
gramme choisi et de la durée du 
séjour (week-end, cinq ou huit 
jours). Il s’agît, en majorité, de 
voyages Individuels hormis ceux 
pour lesquels un minimum de 
participants est requis. Incondi- 
tionnel de la Finlande, Gérard 
Aiant a été parmi (es premiers à 
promouvoir la Laponie en hiver. 


A noter que la brochure « Fin- 
lande-Laponie, hiver 92-93» 
affiche des tarifs inférieurs de 
10 à 25 % à ceux de l’an der- 
nier. 

Les safaris. A conseiller aux 
esprits épris d’aventure et de 
paysages grandioses étant 
entendu qu i) existe des for- 
mules plus familiales (visite à 
une ferme d'éleveurs de rennes, 
par exemple, ou visite au Père 
Noél). proposant des activités 
diverses, adaptées au niveau 
sportif de chacun avec, en 
vedette, le ski de fond auquel il 
est possible de s'initier. Pour 
ceux qui n’ont pas froid aux 
yeux, safaris à motoneige (une 
ou plusieurs journées) ou mini- 
croisière sur un brise-glace 
(avec ou sans bain). Une ran- 
donnée à ski de huit jotas (35 à 
45 km par jour) revient à 
8 200 F par personne (quatre 
participants minimum, pro- 
chains départs les 13 mars et 
10 avril) avec l’avion, les dépla- 
cements, rhébergement en vil- 
lages de vacances, refuges ou 
tentes chauffées, les repas et le 
guide. Une randonnée è moto- 
neige de sept jours (étapes quo- 
tidiennes de 100 à 160 km), 
aux confins des trois Laponies 
(finlandaise, norvégienne et sué- 
doise) coûte 12 500 F par per- 
sonne (prochains départs les 4, 
11, 18, 25 avril), tout compris, 
avec te matériel; l’essence et te 
guide. Le «safari au clair de 
lune», une randonnée en moto- 
neige (60 à 100 km par jour) 
dans le spectacle féerique de la 


nuit polaire, au moment de la 
pleine lune, coûte, tout compris, 
pour cinq jours, 9 300 F 
(départs les 19 ou 22 mars). Le 
«grand safari arctique» (100 è 
1 50 km par jour en motoneige), 
du cercle arctique au lac Iran, 
coûte, tour compris, 15 300 F 
(départs les 6 mars et 15 avrfi) 
pour huit jours avec héberge- 
ment en hôtel, à la fenme, en 
chalets et en refuges. Le «safari 
du contrebandier», randonnée à 
motoneige de quatre jours, du 
golfe de Bothnie au cercle 
polaire, est proposé pour 

7 900 F (départs les 6 et 

8 mars) tout compris avec 
hébergement en hôtel et en 
auberge. Sont également pro- 
grammées des formules « week- 
end » à 4 455 F et des 
semaines è 6 950 F. 

Equipement. Il fait froid, bien 
sûr. mais pas plus qu'au cœur 
des massifs français, avec un 
mercure oscillant entre 
- 10 degrés et - 1 5 degrés. 
Prévoir un bon anorak, des 
après-skis, de gros gants, des 
sous-vôtements chauds, des 
pulls, un bonnet de fourrure ou 
de cuir recouvrant les oreilles, 
une cagoule, de grosses chaus- 
settes et une écharpe. Des 
vêtements isothermiques (ainsi 
que des bottes et un casque) 
sont fournis sur place pour tes 
balades en motoneige*, véhi- 
cules accessibles à tous, à 
condition de ne pas avoir de 
problèmes de dos. Pour les 
grandes expéditions, mieux vaut 
être en bonne forme physique. 


En janvier, le soleil ne brille que 
quelques heures. A 15 h 30, la 
nuit tombe mais, à cheval sur 
son scooter des neiges, botté,, cas- 
qué, enfoui dans -une combinai- 
son thermique, on. poursuit son- 
chemin à la lueur, des phares. 
Vision irréelle, fantasmagorique, 
plus enivrante encore. La longue 
file de petits bolides suit le 
guide, un Lapon reconverti au 
tourisme sportif. L’idée de se 
perdre fait naître les frissons. On 
pense aux loups et aux ours, 
mais surtout au jus d’airelles 
chaud et aux tranches de renne 
fumé qui attendent à la pro- 
chaine étape. Sans oublier le 
sauna et le dîner avec, en" 
vedette, le saumon cuit à la 
manière lapone : grillé - on dît 
«crucifié» - debout, à l’exté- 
rieur, près d’un feu de bois. 

De notre envoyée spéciale 

Catherine Hmnbiot 


La Plagne 
côté fmsons 


A savourer. Les spécialités 
finlandaises et lapones : pois- 
sons (de mer, de rivière et de 
lac), viande de renne et renne 
fumé, accompagnés de purée. 
Goûter la vodka Finlandia, l'eau 
de vie Koskenkorva et les nom- 
breuses liqueurs de baies 
diverses (framboises arctiques, 
baies des marais, airelles). 
Essayer le cocktail « larmes de 
renne » (vodka finlandaise, une 
goutte de Cointreau et deux 
airelles). 

Visiter. L'Arktikum, è Rova- 
niemi, ouvert depuis décembre. 
Une curiosité architecturale : 
très moderne, H s'ag/t d'un long 
tube en verre construit en partie 
sous terre. 11 abrite è la fois le 
musée provincial de Laponie 
(expositions sur i'hisîoire, la 
géographie et la population) et 
le Centre international de 
recherches arctiques. 

A lira. Le Guide bleu Finlande 
(Hachette) ; les Lapons, peuple 
du renne , de A. Spencer 
(Armand Colin) ; Kalevata. épo- 
pée des Finnois, en deux tomes 
(Gaflimand) ; le Livre d'un été. de 
T. Jansson (Albin Michel) ; Une 
histoire de corde, de V. Meri 
(Plein chant) ; Voyage en Lapo- 
nie, de Jean-François Regnard, 
auteur du Légataire universel qui 
se rendit en Laponie en 1681 
(Griot, 95 F). 

Se renseigner. Auprès de 
l'Office du tourisme de Finlande, 
13, rue Auber, 75009 Paris, 
tél. : 42-66-40-13, Minitel 
3615 FINLANDE. • 


Sous (es spatules, la pente est 
vraiment très raide. Un soupçon 
de surplomb avant de basculer 
dans une plongée de 200 à 
300 mètres au pourcentage 
impressionnant. Même attaqué 
par son « petit départ-», situé & 
plus de 3 000 mètres d’altitude, te 
hors-piste de la face nord de 
Bellecôte reste le juge de paix du 
domaine skiabte de La Plagne. 

Une. fois surmontée cette délicate 
entrée en. matière, l’impétueux 
skieur, impérativement 
accompagné d’un moniteur, 
découvrira un véritable rêve : 
deux heures et demie de neige 
profonde et de poudreuse vierge 
de toute trace. Avec, le fin du fin, 
dans la dernière section de (a 
descente, un long déboulé sur la 
coulée blanche de Bellecôte. Après 
quoi «L’Ancolie» s’impose. Niché 
aux abords du village de 
ValLandry, à égale distance des 
Arcs et de La Plagne, ce restaurant 
de montagne propose une table 
sans chichis mais non dépourvue 
de finesse. A ne manquer sous 
aucun prétexte, la terrine de foies 
de volaille aux noix, relevée d’une 
larme de génépi Une seule 
obligation : il faut absolument 
réserver. 

Plus qu’une station, La Plagne est, 
au creurde teTarentaise, une 
constellation de dix sites (six 
stations d’altitude et quatre 
stations-villages) disséminés, entre 
1 250 et 3 4(7 mètres, tout au 
long des 210 kilomètres du 
domaine skiable. Un espace de 
10 000 hectares. De plus, associé 
aux douze sites olympiques 
voisins et grâce à ta polyvalence 
des forfaits proposés, U offre aux 
courageux 1 500 km de pistes et 
cinq cent quatre-vingt-cinq 
remontées mécaniques! La Plagne 
soigne également (es autres sports 
de neige avec, eu yedette, la piste 
olympique de bobsleigh- Ainsi, les 

amateurs .de "sensations fortes 

peuvent-ils, jusqu’en mars; 
dévaler, à 80 ou . • v :: 

120 kHoraètres/heure, en 
bobsleigh ou en luge, tes 
1 500 mètres de la rampe . . 
olympique (renseignements au 
79-09-12-73). Egalement au 
programme de la station, te 
championnat de France de ski 
alpin, du 24 mars au 4 avril et le 
championnat d’Europe de 
télémark, du 26 au 28 mars, i 
Moatchavm-tesrCoches. 

Si, dans les sites, 1e couvert est 
généralement de qualité, le gîte, 
lui, est plus commun. Station 
champignon, La Plagne a 
privilégié tes résidences plus que 
tes hôtels et de nombreux 
appartements sont en cours de 
réhabilitation. Parmi les bonnes 
adresses, la résidence Maeva «Les 
Choucas» (Tune des quatre de la 
station, téL : 79-09-28-29), située 
à La PLagne-Montalbert (studio 
quatre personnes de l .350 à 
4 160 F suivant la saison), les 
clubs Méditerranée et Aquarius, 
les résidences Pierre et Vacances 
et, côté restaurants, « L’Ancolie», 
déjà mentionné (180 F par 
personne le menu gourmand, téL : 
79-55-05-00). Renseignements et 
centrale de réservation ; office du 
tourisme de La Plagne, Le Chalet, 
6.P. 62, 7321 1 Aime Cedex, téL : 
79-09-79-79, Minitel 3615 LA 
PLAGNE. 

G. D. 

L’évasion 


planifiée 


Constatant qu'un nombre de plus 
en plus important de candidats à 
l'évasion souhaitent organiser 
eux-mêmes leurs déplacements, tes 
brochures des voyagistes font la 
part de plus en plus belle aux 
voyages «à la carte». Force est 
cependant de reconnaître qu'il 
n’est pas toujours évident de s'y 
retrouver dans le maquis de 
tableaux dissuasiveraent - 
rébarbatifs, de déchiffrer des 
grilles de prix et, en l'absence de 
véritable mode d'emploi, 
d’assembler, judicieusement, des 
prestations présentées ainsi en 
vrac. D'où l’initiative de - . 
Scanditours, grand spécialiste dé 
la Scandinavie, qui propose 
désormais à ses clients te « petit 
outil malin» susceptible dé les 
aider à préparer le voyage 
correspondant à leurs souhaits. 
Une initiative d’aiitant plus 
opportune que In moitié de te 
nouvelle a copieuse brochure 
estivale de Scanditours (dans les 
agences de voyages et à la Maison 
de la Scandinavie et des pays 


nordiques, 36, rue Tronchet, 

75009 Paris, tél. : 47-42-38-65) est 
consacrée à des formules de 
voyages indépendants qui 
s’ajoutent aux circuits organisés et 
accompagnés et permettent de 
découvrir, de toutes tes manières 
possibles (dont la croisière), la 
Scandinavie, l’Islande, le 
Groenland, les pays baltes et la 
Russie. 

Baptisé «Scandipianner», l'outil 

en question est inséré dans la 
brochure. Imprimé sur du papier 
mat et fort, il permet au candidat 
au voyage d’y consigner les dates 
et les étapes de sou itinéraire ainsi 
que le détail des diverses 
prestations et leur coût. Outre un 
calendrier 1993 y figurent 
également quelques « tuyaux» 
utiles. Une fois te document 
rempli, il ne reste plus qu'à le 
remettre à son agent de voyages 
(auquel on aura, en quelque sorte, 
mâché te travail), lequel pourra 
éventuellement solliciter 
l’assistance du voyagiste (pour 
établir un devis précis, par 
exemple) avant d’effectuer les 
réservations nécessaires.... et de 
toucher sa commission. Cela dit, 

1e «petit outil malin» mis ainsi au 
service du client souligne aussi, 
indirectement, les lacunes d’un 
réseau de distribution auquel rat 
encore trop souvent reproché de 
n’être pas toujours â la hauteur de 
sa mission d'assistance et de 
conseil 

Vacances 
en vitrine 

Rendez-vous annuel des 
professionnels du tourisme avec la 
clientèle française, le dix-huitième 
Salon mondial du tourisme se 
tiendra du J 2 au 15 mars, porte 
de Versailles, à Paris. Avec, d’un 
côté, six cents exposants, 
producteurs; offices de tourisme, 
transporteurs et prestataires de 
services et,. de l’autre, quelque dix 
.mille visiteurs professionnels, 
doql une majorité de distributeurs 
(les agences dé voyages); venus 
découvrir (a mode estivale et 
faire, en quelque sorte, leur 
marché au même titre que le 
grand public (quatre-vingt mille 
visiteurs attendus). (Jn public de 
consommateurs exigeants qui, 
selon une enquête réalisée lors du 
précédent Salon, privilégie la 
découverte culturelle (67 %X la 
détente, les vacances « vertes» et 
1e sport (47 %) et la recherche du 
soleil (36 %), et qui attend des 
exposants informations et 
conseils. Pour être en mesure de 
comparer et, éventuellement, de 
réserver leurs vacances sur place 
en bénéficiant des offres 
promotionnelles proposées 
pendant le Salon. 

Présents, comme chaque année, 
les divers styles de vacances 
s'inscriront cette fois sous forme 
de parcours thématiques et 
géographiques, le Salon 1993 étant 
divisé en cinq zones 
correspondant aux cinq 
continents. En vedette, et avec 1e 
soutien de la CEE, les Caraïbes, te 
Pacifique et P Afrique, continent 
qui, avec dix pays présents et un 
programme d'animations variées, 
entend mettre en valeur^ malgré 
un environnement politique 
parfois instable, ses atouts 
touristiques et son dynamisme. A 
noter, le 1 1 mars à 10 h 30, une 
table ronde sur le thème 
«Contraintes et opportunités du 
tourisme en Afrique». Au total, 
près de quatre-vingt-dix pays 
représentés (dont la Croatie), avec 
te retour: de l'Autriche et de te 
Pologne et Parrivée du Danemark, 
du Costa-Rica et du Venezuela. 

La France ne sera pas en reste, 
avec une participation importante 
de la Maison de la France qui, sur 
plus de 130 mètres carrés, 
illustrera la richesse d'une offre 
déclinée par grands thèmes : 
tourisme des jeunes, naturisme, 
nature et découverte; vacances 
actives (golf, pêche, etc.) et 
manifestations culturelles. Une 
vitrine hexagonale complétée par 
de nombreiixstands régionaux et; 
départementaux, et la présence 
d’otganismes divers, dontrUnion 
nationale des associations de 
tourisme. Côté voyagistes, (a 
plupart des leaders seront aH 
rendez-vous (Fram, Kuoni, Forum 
Voyages, te Tourisme français, 
Terres d’aventure. Voyageurs du 
monde, etc.), rejoints cette année 
par (e Club Méditerranée, 
Transtours et l’UCPA. ' 

► Salon montfial du tourisme. du 
.11 au 15 mars, porte de Ver- 
sanies, hall 7/2, de 10 heures è 
-19 heures. Prix d'entrée : 4S F. 


Ici. 


1 ... 

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SMS ♦ VISA 

PARCOURS 


• Le Monde « Samedi 6 mars 1 993 29 


J!*;--'." - 


Ici, 

clos Delteil 


Comme Rimbaud qui, disait 
Joseph Delteil, était «parti 
après le travail, tout simple- 
ment.. », ce dernier quitte 
Paris, en 1937, pour s’ins- 
taller sur la commune de 
Grabels, à quelques kilomè- 
tres de Montpellier. En 
jouant au viticulteur pour 
dore sa vie de littérateur. 

C ’EST mars, et ce jour est 
« tempétueux », comme il 
dirait : alternance de «bourras- 
ques et de soleillées», violentes 
éclaboussées bleues qui, chassant 
l’ombre violette, ramènent snr la 
Tuilerie de Massane de grands 
pans de lumière. Ombre et or, 
espoir et désolation, gloire et 
oubli, folie et quiétude*.. C’est 
dans ce mas édifié en 1603 par 
Pierre de Massanes, un conseiller 
du roi, sur la commune de Gra- 
bels, à quelques kilomètres de 
Montpellier, que vécut de 1937 & 
1978, date de sa mort, Joseph 
Delteil, (Été dans les années 20 
comme l’un des écrivains les plus 
originaux de sa génération par 
Gide, Drie#La Rochelle, Claudel, 
Valéry, Montherlant, Tzara, célé- 
bré puis piétiné par André Breton, 
ami des Delaunay, vénéré toute sa 
vie par T Américain- Henry Miller 
que la lecture de Delteil « saoulait 
comme un pape», élevé au rang de 

de . 

Richaud, jSx .,71 m sj. 

Quinze ans après le décès de cet 
enfant terrible de la littérature, 
tout encore dans ce lieu respire le 
mélange de feu et de paix que fut 
la vie de l'auteur de Jeanne d'Arc : 
un livre qui lui valut en 1925 le 
Prix Femina, les faveurs de Cari 
Dreyer qui le sollicita pour écrire 
le scénario de sou film, mais aussi 
d’être au cœur d’une brûlante 
bataille littéraire - les uns, jusqu’à 
l’empereur du Japon Hirohito lui- 
même, encensant l'ouvrage tandis 
que Les autres lui reprochaient 
d'avoir enfanté une Jeanne d'Arc 
qui «bave, rote, pisse». 

u Voyez, au/ourd’hvlll serait ià. à 
ramasser les feuilles, à faire ses 
petits tas, à y mettre le feu-. ». dit 
en souriant Jean-Claude Poude- 
vigne, qui vit id depuis que Del- 
teil, en 1957, céda sa propriété en 
viager à son père Maurice. Poude- 
vigne, en langue d’oc, veut dire 
«tailler la vigne». Sur les cent 
hectares que comptait le domaine 
agricole acqnis le 15 octobre 1937 
pour un montant de 300 000 F 
aux noms de M 1 ** Marie Delteil, 
sœur de récrivain, et de Caroline, 
son épouse, une trentaine étaient 
plantés en vignes. Jean-Claude, le 
dernier habitent de la Tuilerie, 
ajoute dans un éclat de rire : 

* Joseph , une sorte de pyromane, 
quoi f» Sa maison, c'était celle qui 
jouxte la partie du mas où Jean- 
Claude Poudevigne demeure. 
L’homme hésite : «Je veux bien 
vous la faire voir, mais elle est 
insalubre, on ne peut plus rien en 
faire. » 

On entre pourtant depuis la 
cour intérieure, laissant la véranda 
- aux vitres cassées - sur la 
gauche et montant quelques 


ISLANDE 
geysers 
et volcans 

avec votre voiture 

es'-Tsrry "Norrôna" 
:.:o )« Smyril Line 


marches. Le vestibule puis la salle 
à manger vide et désolée avec, 
boulonnés sur le mur qui fait face, 
des rails : ils servaient à. guider et 
hisser l’ascenseur, pied de nez à la 
maladie que Delteil, fatigué du 
cœur, et privé de I*usage de. son 
poumon droit, avait fait installer 
pour monter jusqu’à sa chambre, 
où il écrivait 

« Cet ascenseur ! Un tas de fer- 
raille tout à fait dans le style du 
dépouillement qu'il avait recherché 
en venant vivre Ici», commente le 
médecin de Grabels, Jacques Cha- 
baud, qui, le 12 avril 1978, 
accompagna Delteil dans ses der- 
niers moments. Il est mort de 
sénescence, «le plus simple possi- 
ble», se aou vient le docteur, 
comme il l’avait rêvé : «J 1 aime- 
rais que le dernier mot soit le 
. même que le premier, le seul mol . 
dont Je rêve pour mon épitaphe : 
innocent» (2). 

La pleurésie tuberculeuse 
contractée en 1931, celle qui le 
priva de ce poumon, Pavait amené 
jusque dans cette garrigue des 
environs de Montpellier, ville 



’■ Va 

1 \ \Vv; 

V .. : ? >' 

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Vltf K: 


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I • ï- s v ' 

’f, . . •- v'.'y • ’• 


Joseph Deltail dans ses vignes, près de Montpellier. 


réputée pour ses médecins. Der- 
nière étape au terme d’une tour- 
née de plusieurs années dans le 


Midi guérisseur : Vence, Brian- 
çon, Toulon et jusqu’en Italie, 
Santa-Mârgherita de Ligure. 


L'écrivain s’installe dans cette 
ancienne fabrique de tuiles avec 
sa femme^ Caroline Dudley de son 
nom de jeune fille, une «jeune 
Américaine dans le vent ». habi- 
tuée du salon parisien de Gertrude 
Stria et créatrice; eu France, de la 
fameuse Revue Nègre où dansa r 
Joséphine Baker, :où : Sidney 
Bechet souffla dans sa clarinette. 
Sur leurs pas, arrivent la sœur de 
l’écrfvain, Marie, son père, 
bûcheron-charbonnier, sa mère 
analphabète qui avait espéré une 
carrière de prêtre pour son fils. 
Les parents de l’écrivain mourront 
tous deux à la Tuilerie. 

« J'étais à un carrefour. Il y a 
dans la vie des Périodes, des Epo- 
ques. J'avais écrit une trentaine de 
livres, d’un seul mouvement. 
J’étais las de as qui commençait à 
devenir un méfier: le métier 
d’homme de lettres avec ses servi- 
tudes. Un livre par an. J’avais faim 
d’un Nouveau Monde - est-ce ce 
qu’on appelle la crise mystique ? Je 



partis, je ne sais jamais revenu », 
lit-on, écrit de la petite écriture 
irrégulière, sur le dos d'une enve- 
loppe du fonds Delteil de la 
bibliothèque municipale de Mont- 
pellier. 

Le petit rédacteur du ministère 
de la mariné marchande, né en 
1894 à Vülar-en-Val, dans l’Aude, 
et « monté » à Paris en 1 920, 
quitte une gloire foudroyante. 
Cette terre d’oc, tout ensemencée 
de ramaconilh, Taspeige sauvage, 
et dorée d*tujalas, le genêt épi- 
neux, sera son Harrar : « Entre 
nous . écrit-ü, j'ai ma théorie sur 
Rimbaud, une théorie tome pay- 
sanne : il est parti après le travail, 
tout simplement- Après la Saison 
en Enfer, la saison en Harrar. rien 
de plus. (3) » Pendant dix ans, 
Delteil ne publie pratiquement 
plus, écrit peu sinon sur ces 
papiers volants, ces dos d'enve- 
loppe. Paris l’oublie, Montpellier 
sait à peine qu’il est là, à ses 
portes. 

Il entend vivre désormais en 
viticulteur. 11 achète deux gros 
chevaux, pour labourer, prend des 
employés pour l'aider, fournit sa 
récolte de raisins à la coopérative 
de Grapels tout en se réservant, en 
contrebas du parc, un rectangle de 
vignes pour sa « blanquette », 
comme celle de son Aude natale, 
qu’il vinifie et met en bouteilles 
ltn-mème. Sur les goulots des bou- 
teilles, il pose des cônes de papiers 
où il note « vieille lune », « vent 
nord-ouest», répertoriant soi- 
gneusement le moment astral ou 
climatique correspondant à la 
mise en bouteille ; « le vin, c'est 
un être vivant », aime-t-il à décla- 
rer. 

Les Grabellois 1e prennent pour 
un fantaisiste. Alphonse, l’un de 
ses employés d’alors, qui n'est 
resté que six mois au service de 
Delteil, ronchonne encore aujour- 
d’hui ; « C'était un mauvais 


patron, un faux paysan, un drôle 
de pistolet. // était fort, oui. pour 
bricoler, faire ses expériences, ses 
combines sur son carré de vignes. 
Il croyait savoir , guérir les ceps. 
Nous, on le regardait faire : ça ne 
marchait jamais, évidemment. » 
Jean Sanchez resta, lui, quatorze 
ans au service de Joseph. Sa fille 
se souvient avec émotion de cet 
«homme un peu extravagant. 
Caroline aussi était très gentille. 
EUe portait des pyjamas de satin, 
on voyait tom à travers ! ». Et 
quelle aventure que ce fameux 
jour où, dans la grande cave, un 
foudre de vin éclata, une trappe 
Rouvrit, et Marie, la sœur du- 
poète, tomba dedans ! Elle- but 
plusieurs tasses: «-Il lui fallut' des ■ 
heures pour dessàouler ! » 

Joseph Orfix était le berger dont 
Delteil laissait paître le troupeau 
sur ses terres, en échange d’une 
rémunération - 12 500 francs de 
l’époque, en 1949 - et d’nn 
agneau à livrer, précise ('acte nota- 
rié, « vers Pâques ». Ortiz est mort 
mais sa Bile boulangère se rappelle 
un « homme très doux qui discu- 
tait souvent avec [son] père ». 
Henry Fleury tailla lui aussi la 
vigne à la Tuilerie. U raconte : « Il 
n 'était pas luxueux, avec ses pan- 
talons troués, coupés. Je l’aurais 
rencontré la nuit... » Le jour, il le 
voyait souvent se promener sur 
ses terres accompagné de son épa- 
gneul et muni d’un fusil, mais 
sans jamais rapporter de lapin. 
Alors, il s’étonna : « Delteil m'a 
lancé : je prends le jusil pour faire 
plaisir à mon chien ! » 11 croit 
entendre encore les cris aigus de 
Caroline qui appelle : « Jousê ! 


Jousé ! » Il rit : « Joseph faisait 
semblant de ne pas entendre... » 

Plus étrange, on voit l'écrivain 
derrière ses fenêtres scruter la 
nature à l’aide de jumelles ! Avant 
de mourir, U les offrira au docteur 
Jacques Chabaud. Les femmes de 
ménage, M™ Bousquet, M fc Lydie, 
se passent le mot : M. Joseph 
déteste qu’on fasse son lit et que le 
chiffon à poussière se pose snr le 
bric-à-brac qui au fil des ans enva- 
hit la maison : morceaux de bois 
aux formes primitives, figurines 
de glaise que sculpte le jeune 
Jean-Claude Poudevigne, fils du 
métayer, qui a l'instinct créateur, 
tartre à la belle co.uleur pourpre 
ramassé au fond ées bouteilles et 
pétrifié..'. Off l’entepd rêvée. tout, 
haut 'de créer une communauté 
dans son mas. Lui, si discret, 
prend position bruyamment, à la 
fin de sa vie, se souvient fédileur 
Max Chaleil, contre les centrales 
nucléaires. 

« C’était un poète, il n'avait pas 
le sens pratique. » Henk Breuker. 
qui fut l'ami intime de Delteil, de 
1946 jusqu’à sa mort, sourit de ces 
rumeurs. « Je ne connais pas un 
auteur qui ait autant fait étinceler 
une langue ». lâche-t-il avec son 
fort accent hollandais, ajoutant 
encore : « Il me disait : nous avons 
une chose en commun : nous écri- 
vons tous les deux dans une langue 
étrangère. » 

En 1947, Joseph Delteil fait 
avec Jésus II son retour dans le 
monde parisien des lettres. Mais 
son ancrage dans ce qu’il appellera 
la « paléolithie », c’esr-à-dire « le 
monde d'avant la civilisation , 
d'avqnt la cuisson comme dirait 
Lévi Strauss ». précise-t-il, est 
définitif. Avec méthode, il 


recherche en lui l'homme brut, 
l'homme cru. A la Tuilerie, il vît 
en ermite. S’il ignore Grabels, le 
village voisin, U va à peine plus à 
Montpellier, au marché de la place 
des Arceaux rarement, poussant 
quelquefois sa vieille 203 noire 
jusqu’à la caLhédrale Saint-Pierre 
où Joseph Roucayrol, l’ancien 
curé de Grabels. est organiste. 
L’écrivain Frédéric-Jacques Tem- 
ple, qui fut son ami, se souvient 
d’avoir réussi cet « exploit », le 
faire sortir un soir au cinéma pour 
voir le Cuirassé Potemkine : 
Henry Miller était de passage ! 
Par contre, il aime que les autres 
viennent à lui, ses fidèles, sa cour 
de « françoisiers » comme il dit, 
ses disciples, disciples de saint 
François, son grand homme, le 
sujet de son chef d’œuvre peut- 
être, François d‘ Assise, qui 
paraîtra en I960. 11 encourage les 
jeunes talents. En 1951, trois 
poètes, Henk Breuker, François 
Cariés et Frédéric-Jacques Tem- 
ple, ouvrent au numéro 15 de la 
rue Saïnl-Firmin, dans le vieux 
Montpellier, une maison d'édi- 
tion, la Licorne. « Il nous a acheté 
une presse â bras », s’exclame 
Henk. Jacques Laurans, qui doit à 
Delteil sa vocation d’écrivain, fut 
ému de «r la foi qu’il avait en 
nous » (4). 

Les repas pris en communion 

avec celui qui était devenu « pres- 
que un parent » sont un brûlant 
souvenir - la lenteur quasiment 
sacrée, le cérémonial : « Il avait 
plusieurs sortes d'Opinel. un par 
mets : un jour, je coupai le pain 
sans faire le signe de la croix, il 
m'en fil la remarque. A Noël, je 
me souviens, il y avait toujours des 
marrons sur le feu. Il nous en 
offrait. » 

Delteil avait du style dans la 
gloire comme dans l’ascèse. * fl 
achetait ses gilets de flanelle par 
paquets de vingt et pouvait en 
changer jusqu ’à dix fois par jour», 
raconte encore F.-J. Temple. Sur- 
tout l’été, avec la sueur. Son pou- 
mon défaillant appelait ces pré- 
cautions, mais il choisissait scs 
gilets avec recherche tout comme 
les petits lacets qu’il se nouait 
autour du cou. Son béret, arié- 
geois, il le portait bords dressés, 
« comme une casserole sur la 
tête», précise Tarai Henk. 

Car cette plongée du fils du 
bûcheron à (a reconquête de ses 
origines, de l'origine de l'homme, 
fut bien une ascèse. « C'est à force 
d'avoir renoncé qu 'il parvint à cette 
paix intérieure que j'allais chercher 
prés de fui », nous dira le profes- 
seur François-Bernard Michel, 
pneumologue de renom, qui soi- 
gna aussi l’écrivain dans son ser- 
vice, à T hôpital de Saint-Eloi puis 
dans celui d’Aiguelongue où il 
exerce aujourd’hui (5). Renoncé à 
sa santé : « C'était un tout petit 
oiseau frêle. » Economisé ses appé- 
tits. Pour un homme « très coquet 
de sa renommée » - Henk Breuker 
le confirme. - la rupture de l’écri- 
vain adulé avec Paris ne se fit pas 
sans douleur, explique le profes- 
seur Michel. Il en tient pour 
preuve la formule que fui lança 
Delteil, un jour, alors qu’il louait 


sa bonté : *■ La bonté, c’esi notre 
revanche sur le malheur. » 

La ville modeme, avec sa Zolad 
- zone de laboratoires et d’aména- 
gements divers, - son part: euro- 
médccinc, a rattrapé aujourd'hui, 
dévoré le domaine de Delteil. En 
1965 déjà, comme le rappelle le 
Grabeilois Paul Couderc dans son 
étude sur les origines du Mas de la 
Tuilerie, il ne restait plus que 
12 hectares de vignes sur les 30 
qui composaient le domaine 
acheté par les Delteil en 2937. 
«En 1970, moins de 6. de 1977 à 
I9S0 pas tout à fait 3. de 1981 à 
1986, à peine plus, de I hectare, 
en 1989, pas le moindre pied. » 

Si! H font bien chercher, démêler 
les ronces et les lierres, pousser 
plusieurs barrières de barbelés 
pour retrouver, cachés dans une 
sorte de clairière éternelle une 
dizaine de ceps abrités par deux 
palmiers : l'oasis que chantait le 
poète dans la Detleillerie : « Donc, 
il y avait là-bas dans les garrigues 
de Montpellier une espèce de vieille 
métairie à vins, à lavandes et à 
kermès . à demi-abandonnée, et 
dont j'ai fait une oasis dans le 
désert, un point de vie comme il y 
a des points d’eau. » Rebelles au 
temps et à ses ravages, bien 
enfouis, les ceps, eux, ne voient ni 
les tours si voisines du grand 
ensemble de La Pailla de ni [es 
toits plats de la Zolad. Tout près, 
dans la cave du poète, reposent 
encore quelques blanquettes bou- 
chées de sa main. Jean-Claude 
Poudevigne plonge le bras dans 
l'ombre et ramène une bouteille. 
Plus d’étiquette, plus de mention 
de «la lune vieille». Ja cire même 
est tombée. Mais l’alcool, à travers 
la poussière, est rose comme la 
peau d’un nourrisson. Delteil 
disait indifféremment «je suis né 
ce malin» ou «j'ai cent mille 
ans»... 

De notre envoyée spéciale 

Sylvie Crossmaji 


(1) Vie Je saint DeltriL André de 
Rtëhaud, 1929, U Nouvcilè Société tPEdi- 
t ion. 

(2) lo la Detleillerie, 1968, Grasset. 

(3) ln la Detleillerie. 1968, Grasset. 

(4) Jacques Laurans a consacré un essai 
à Joseph Delteil, Vllabiioiion d'un poêle, 
1985, Editions Terriers. 

<5) Le professeur François-Bernard 
Michel est notammeni Fauteur du Souffle 
coupé, 1964, Gallimard, un livre sur les 
rapports entre te souffle et récriture. 

► Jusqu'au 25 mars, au Pavillon 
du Musée Fabre, ta bibliothèque 
municipale de Montpellier pré- 
sente, sous la direction de 
M. Gilles Gudin de Vallarin et sa 
collaboratrice Gladys Bouchard, 
« En amitié avec Joseph Delteil », 
une exposition de son fonds Del- 
teil et en particulier des der- 
nières acquisitions : manuscrits, 
tapuscrits, papiers divers de Del- 
teil, premières éditions. 

» Une étude sur Delteil, écrivain 
du Sud, signée Jean-Louis Mai- 
vès, vient de paraître aux Edi- 
tions Loubatières. Delteil en 
habit de lumière, avec des photo- 
graphies de Charles Camberoque 
(175 p., 140 F). 


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30 Le Monde • Samedi 6 mars 1993 


m ♦ visa 

ÉPOQUE 


Chroniques d’un Japon oublié 


Portraits, destinées, souve- 
nirs de la vie Quotidienne 
des habitants de Tsuchiura, 
agglomération proche de 
Tokyo, où le docteur Junichi 
Saga a recueilli, depuis 
vingt ans, les témoignages 
issus du petit peuple et 
transcrit dans ses livres 
cette histoire orale. Pour 
qu’elle ne soit pas enfouie 
sous le bitume de la moder- 
nisation. 




mm 












tê I À, passait la rivière. Ici. les 
ff la enfants jouaient le long du 


if la enfants jouaient le long du 
canal.» Aujourd’hui, la rivière 


n’est qu’un égout sous une grande 
nie et le canal a été comblé. Tout 


rue et le canal a été comblé. Tout 
en marchant, le docteur Junichi 
Saga renoue tes fils de la mémoire 
de Tsuchiura, une agglomération 
ordinaire à 65 kilomètres de 
Tokyo, qui, comme la plupart des 
villes nippones, a enfoui son passé 
sous l’asphalte et troqué ses mai- 
sons de bois et ses venelles de 
terre pour le paysage anonyme où 
foisonnent les volumes et dans 
lequel l’habitat se confond aux 
grandes surfaces et pachinho (sorte 
de flipper nippon). 

Ce sont moins les bombarde- 
ments américains, qui avaient 
réduit en cendres une bonne par- 
tie de la «ville basse» de Tokyo, 
que la course & la modernisation, 
à la suite des Jeux olympiques de 
1964, qui a transformé Tsuchiura, 
emporté ses demeures patri- 
ciennes et leurs jardins, ses petites 
boutiques et ses maisons de geis- 
has. 








Moins qu’à l’aspect physique de 
la ville, le docteur Saga s’est atta- 
ché à la mémoire de ses habitants, 
à ces perdurances infimes qui tis- 
sent le quotidien. Pendant de lon- 
gues heures, il a enregistré les 
récits de ses patients et reconstruit 
le puzzle d’un univers matérielle- 
ment disparu en d’extraordinaires 
chroniques de vies, fl en a fait des 
livres illustrés des dessins de son 


pire qui, à plus de quatre-vingts 
ans, s’emploie à recréer de 


ans, s’emploie à recréer de 
mémoire la ville où il a vécu. 


Médsdn do quartier, sa grosse 


trousse d'urgence fatiguée à la 
main, le docteur Saga fait chaque 


jour la tournée de ses patients. 
Salutations, échanges de propos de 


voisinage, il parcourt les rues, 
pénétrant dans les coulisses de ce 
Japon productif et que l’étranger 
imagine riche. 

Intérieurs étonnamment 
modestes que ceux de ces «gens 
de peu» pour qui l’endurance 
demeure un principe et les bon- 


heurs simples restent la rétribu- 
tion des efforts. Des petites gens 


qui ne sont pas les «acteurs 
sociaux» des sociologues «sur- 
font» à la crête de la société mais 
des Japonais ordinaires, tels que 
Ton peut en rencontrer aux quatre 
coins de l’archipel, de ceux qui 
louvoient entre les déterminismes 
et les contraintes : employés ano- 
nymes des trains de banlieue, 
foule de ceux qui exercent les 
petits métiers, filles et voyous, 
paysans ou pêcheurs. Des femmes 
et des hommes, ballottés plus sou- 
vent qu’à leur tour par la vie, qui 
nagent dans le courant. 

De ces existences obscures, le 
docteur Saga a recueilli des bribes 
de mémoire, brossant le portrait 
d'un Japon pas si lointain, simple. 


brutal, chaleureux et bon enfant 
Des histoires de joie comme de 
peine, de maladie, de travail, de 
plaisir : «On y entend le bruit des 
pas. des outils, des fêtes, des rires 
des enfants, les clochettes des 
enterrements, les sabots des che- 
vaux, le grincement des roues des 
charrettes, le tambour d'alarme de 
l'inondation », écrit Geneviève 
Navarre, ethnologue, qui a traduit 
et présenté Mémoires de paille et 
de soie, composé pour l’édition 
anglaise à partir du premier livre 
de Junichi Saga, Village de Tsu- 
chiura (Tsuchiura no sato).u 
Ni misérabiliste ni passéiste, le 
docteur Saga, simplement attentif. 
Dans les pratiques ordinaires de 
ce petit peuple se love une conti- 
nuité, un fond d’expérience qui 
permet à beaucoup, aujourd’hui 
encore, de se repérer dans un 
monde en mutation. Gestes quoti- 
diens, rythmes du temps, appro- 
priation de l'espace, façons de 
vivre la peine ou la joie : autant 
d’usages qui s’infléchissent assuré- 
ment mais forment cette trace sur 
laquelle chaque génération pose le 
pied, prend appui pour construire 
sa propre vie dans cette étrange 
simultanéité sociale qui fait 
coexister ceux qui ont connu d’au- 
tres temps - où, par exemple, 
manger du poisson était une liesse 
- et les adolescents fréquentant les 
fast-foods. 


«r Quand je suis revenu au Japon, 
il y a vingt ans, après un séjour à 
Hawaii, je n'avais pas d'autre 
choix que de rester ici, et j'ai com- 
mencé à regarder autour de moi », 
explique le docteur Saga. Située 
dans la large plaine bordant le lac 
Kasumigaura (aujourd’hui, pol- 
lué), battue par le vent glacé qui 
hurlait ce jour-là sur la route tra- 
versant les champs inondés de 
lotus miroitant sous le soleil d’ou 
émergeaient des paysans plongés 
dans l’eau jusqu’à la taille pour en 
arracher les racines, Tsuchiura, 
petite agglomération de 
1 10 000 habitants, est générale- 
ment ignorée : Mito, la ville voi» 


GAGNEZ UN VOYAGE 
DANS L’OUEST AMÉRICAIN t 

pour deux personnes avec y 

HAVAS 1 

36.15 LE MONDE I 


Vc 





sine, a accaparé l’Histoire,' le 
mont Tsukuba, avec ses deux pics, 
l’un masculin et Fautre féminin. 


autrefois grand point de repère de 
la plaine du Kanto avec le mont 
Fuji, a bénéficié des légendes, et la 
cité scientifique de Tsukuba a 
monopolisé la notoriété, à la 
région. Tsuchiura est resté un 
point sur la carte. 

La ville n’était connue que pour 
sa base militaire où s'entraînaient 
les p ilotes-suicides, et pour ses 
quartiers de plaisir destinés aux 
soldats et aux officiers. Ils 
s’étaient développés à l’époque 
Edo (dix-septième siècle-milieu du 


économique», qui, pour la plu- 
part, peuplent déjà le royaume des 
ombres, histoires qui se lisent 
comme des destinées. 


Au bout da cette ruelte de terre 

battue bordée de maisons basses J 
de bois ou de bâtiments préfabri- 
qués, où un chien aboie à l’ap- 


Un peu plus loin, dans la gri- 


proche des visiteurs, habite M" 
Tai Terakado, quatre-vingt-treize 
ans. Autrefois, vivaient dans son. 
voisinage an prêteur sur gages, 
une couturière, une prostituée et 
un policier. C’était un quartier de 
nagaya (les « maisons en lon- 
gueur»), qu’habitait encore au 
lendemain de la guerre le petit 


gnoire individuelle »->ü était char- 
pentier (les baignoires étaient 
alors de bois). Dans les deux 
pièces de l’humble maison trônent 
une télévision flambant neuve et 




dix-neuvième siècle), lorsque 
Tsuchiura était une ville-étape sur 
la route menant vers le nord. 
Toutes les auberges avaient alors 
des serveuses prostituées que Ton 
appelait les « femmes préparant le 
rtc». 

«Peu à peu, dit encore le méde- 
cin, j’ai découvert le trésor de la 
mémoire populaire : cette histoire 
onde que négligent les gens culti- 
vés. On pense que la culture du 
Japon ne peut venir que de Kyoto 
ou de Tokyo. La vraie culture, celle 
que les hommes pratitment sans le 
■savoir, est là. dans la vie quoti- 
dienne. Ces petites gens sont à la 
base de ce qu'est devenu le Japon 
aujourd'hui Chez le médecin, on 
parle sans honte D'abord, j'ai pris 
des notes et condensé ce qu’on me 
racontait. Puis j’ai pensé que je 
perdais beaucoup par cette réécri- 
mre et j'ai simplement retranscrit 
leurs récits avec leurs propres 
mots. » Brassée d’histoires d’êtres 


peuple. Les toilettes et le puits 
étaient communs. « Avant guerre, 
ces logements appartenaient à de 


riches propriétaires terriens oui les 
louaient et obtenaient ainsi de Ten- 
graû pour leurs terres». commente 
Te docteur Saga. 


Mr* Terakado sourit et soupira. 

Née dans une famille de huit 
enfants, elle fut servante chez des 


paysans riches. Elle se souvient 
que l'infanticide était encore cou- 


rant et que la terrible pratique à 
laquelle on recourait s’appelait « le 
meurtre m mortier» (usugoroshi). 
Dans les familles pauvres, des 
enfants supplémentaires étaient 
une calamité, une charge que l’on 
ne pouvait supporter. Sa mère 
mourut jeune. «Elle accouchait 
toujours seule dans la montagne 
ou sur le plancher- de la cuisine» ; 
jusqu'au jour où elle enfanta sa 
propre mort Naître, mourir. La 
mort indissociable de la vie. En 


formant la piétaille du «miracle, outre, beaucoup de filles de la 


Dessms ifiustrairt 
f édition japonaise 
du livre de Junichi Saga 
sur la vie à Tsuchiura. 
près de Tokyo. 


principe de sa profession était 
à'eqffrir le meilleur de soi-même à 


ceux qui entraient dans notre uni- 
vers»; récits de la vie du dernier 
bourreau ; des pêcheurs nomades 
du lac, errant sur l’eau pendant 


plusieurs mois d’hiver pour y tra- 
quer le poisson et dont; en été, 1a 
famill e vivait à moitié nue sur la 
grève; des femmes de la haute 
société repliées au fond de leurs 
demeures; les secrets des coiffures 
féminines dont toutes indiquaient 
un état, un statut social; l’image 
d es enfants faisant leurs devoirs à 
la lumière des sacs en papier où 
avaient été enfermées des 
lucioles.» 


campagne étaient vendues aux 
« marchands de femmes» parcou- 
rant les campagnes pour approvi- 
sionner les bordels, rappelle 
M“ Terakado. . . 


saille diluée du paysage, habite 
M»° Matsu Watanabe. Elle aussi 


M*° Matsu Watanabe. Elle aussi 
fut servante, mais dans une 
auberge, puis elle épousa l’homme 


qui, un jour, lui proposa de pren- 
dre un bain «dans une vraie bai- 


le point d’avaler une pivoine au 
milieu des pétales dé laquelle se 


milieu des pétales de laquelle se 
tenait une femme, avait pâli avec 
r§ge, rappelle le docteur Saga. 


ale truand volt l’envers de la 

société admise. Autant qu'une des- 
cription du monde de la pègre, de 
ses régies, de sa violence et de sa 
solitude le récit qu'il me fit est une 
sorte de vision en creux de la 
société. Sans doute ne puis-je dire 
que je l’ai bien connu. Mais il m’a 
semblé honnête. Il parlait longue- 
ment, comme si d’égrener des mots 
lui procurait un soulagement , une 
certaine sérénité. Parfois, en regar- 
dant son large visage presque 


serein, je pensais à un moine en 
quête de cet éclat de vérité qu'est le 
satori. Ce qui me reste de ces 
conversations aujourd’hui, c'est 
l’ùnage d’un homme profondément 
seul. Il n’y a pas de romantisme 
dans la vie d’un truand. C'est un 
mondé dur, brutal, qui parie à une 
partie de nous-même, à la zone 
d'ombre que chacun porte en sol. 
Eiji, lui, disait qu’il avait vu l’en- 
fer.» - 

Jeux de. l'enfance, blessures de 
la vie, fragments du monde qui ne 
prétendent pas à Fexhaustif : les 
chroniques du docteurs Saga sont 
faites de joies et de peines parta- 
gées par des gens qui ont lutté, 
souffert ensemble, sans se 
connaître, dans le microcosme 
d’an petit univers provinciaL Des 
témoins du passé. Sans doute... 
Mais un passé qui forme un 
amont du présent : l’irréalité 
même du temps enfui, devient 
l'aune de la réalité contemporaine. 
En musardant chez les petites 
gens, le- docteur Saga révèle des 
paru de ta vie ooilecüve, on patri- 
moine aux contours indécis résis- 
tant aux turbulences de la moder- 
nité. Dans sa grisaille percée de 
néons clinquants, une petite ville 
ordinaire dévient un «lieu de 
mémoire;». . 


fautel des ancêtres, tout aussi 
rutilant, sur lequel a été posée la 
photographie du mari défunt Le 
fils, en pyjama bien qu’il soit 
midi, est vautré sur (es nattes. Il 
vit d’expédients. Son luxe est sa 
moto, n ne se lèvera que pour 
apporter une cuvette d’ean chaude 
au docteur Saga après que celui-ci 
eut examiné sa mère alitée: 

. Dans la campagne dés environs, 
les maisons de paysans cossus voi- 
sinent avec les fermes abandon- 
nées: les filles ne veulent plus 
épouser des paysans. Chez les 
Yoshida» autrefois une famille de 
couvreurs de chaume, on cultive 
désormais les roses: lé lotus n’est 
plus rentable. Quatre générations 
vivent sous le même toit, mais les 
jeunes travaillent en ville. 

Misère des uns, extravagances 
des antres t par exemple, lTustoire 
du riche marchand d'engrais qui 
fît visiter une mine de charbon à 
des geishas, racontée par l'une 
d’entre elles qui rappelle qu’un 


Dç notre correspondant 

Philippe Fous 


► tss éditions Picqufer ont publié 
deux livres de Junichi Saga, tra- 


(fufts.de T; 
Navarre: i 


Navarre : Mémoires de peine et 
de sofa (307 p.. 128 K 1931) et 
Confessions d'un loueur (223 p., 
160 F, 1992). -• ■ .. .. 



V-" 


F -riVi! V 

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' - n. n i 


L'en des poflents qui a le plus fas- 
ciné le docteur Saga était un 
truand : E ÿr Ijichi, joueur profes- 
sionnel qui sévissait dans le quar- 
tier d’Asakusa, à Tokyo. Fils d’un 
boutiquier de la ville d’Utsuno- 
tniya, il était devenu l’amant de la 
maîtresse d'un juge de la ville et 
s’était enfui avec âle vers la capi- 
tale. Journalier chez les mar- 
chands de bois du quartier de 
Fukagawa, il s'initia au jeu, fré- 
quenta les «femmes Je l’ombre», 
filles qui n'avaient qu'une natte 
pour se prostituer, connut la pri- 
son, prit sa maîtresse au chef 
d’une bande rivale et dut enfin se 
résoudre à faire amende honora- 
ble dans la tradition de la pègre : 
en se .coupant l’auriculaire qu'il 
remit enveloppé d’un tissu blanc à 
l’offensé. 


Le docteur Saga lui a consacré 
nn (ivre (pani en français sous le 
titre Confessions d’un joueur). Bji 
Ichiji finit sa vie dans une maison 
près de Fanden quartier de plaisir 
de Tsuchiura. Son large tatouage 
dorsal, représentant un dragon sur 






* usa . 

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• Le Monde ■ Samedi 6 mars 1993 31 


SANS ♦ VISA 

VOYAGE 


Les îles François-Joseph 
répondent encore 


Suite de la page 27 

30 août 1873, à proximité du 
parallèle, une cime émerge de 
la brume. <r Des milliers d'années 
■J étaient écoulées, sans que jamais 
les hommes eussent soupçonné 
l existence de cette terre. Et voici 
qu'à présent une modeste troupe de 
semi-naufragés la découvraient - 
voyant ainsi récompensées leur 
espérance, leur persévérance et les 
souffrances sans cesse surmon- 
tées», note Payer. Ils continueront 
de dériver deux mois, la terre en 
vue, avant de parvenir A y planter 
ie drapeau de rem pire. 

Mais ils doivent patienter un 
biver encore pour commencer 
l'exploration de l’archipel qu’ils 
ont nommé terre François-Joseph. 
An printemps 1874, alors qu’ils en 
amorcent la cartographie, les tem- 
pératures descendues au-dessous 
de moins 50 *C freinent leur pro- 
gression. Du cap Fiipefi, dans (île 
Rodolphe, où ils interrompent 
leur ascension vers le nord, s’es- 
quissent des eûtes plus septentrio- 
nales encore. Illusion d’optique. 
Ils n’ont plus devant eux que 
900 kilomètres d'eau et de glace 
jusqu'au pôle. Ils ont atteint la 
terre la plus au nord du continent 
euro-asiatique. . 

Fatalité géographique), P archipel 
François-Joseph devient une 
plate-forme vers le pôle - ou une 
base de repli Nansen, qui a aban- 
donné le Front à son équipage 
pour se hisser 1e plus loin possible 
au nord, parvient A s’y réfugier 
après une interminable retraite 
vers te sud. e Sauvage en haillons, 
enveloppé d’une longue chevelure 
et d'une épaisse barbe, absolument 
incultes, couvert de crasse et de 
suie», suivi par son compagnon 
mourant, le Norvégien tombe sur 
un Anglais «ren complet élégant, 
tiré à ■ quatre épingles, ; répandant 
une bonne odeur de savon» qui lui 
tend la main et lui demande : 
* Comment allez-vous ?» Mais te 
New York Herald de Gordon Ben- 
nett, qui après celle de Stanley, a 
financé L’expédition de la Jean- 
nette (tentative désastreuse d’ef- 
fectuer le passage du Nord-Est par 
Pest), n’est pas là pour annoncer la 
rencontre au monde. 

Eva et Lîv : le grand Nansen 
aura donné les noms de sa femme 
et de sa fille aux premières îles 
non identifiées rencontrées dans 
l’archipel, bien avant de songer A 
son roi : déjà, nous sommes au 
vingtième siècle. La course au 
pôle devient un événement sportif 
international Jackson (1894) - 
l’élégant Britannique - qui 
hiverne trois ans, l’Américain 
Wellman (1898), le duc des 
Abruzzes (1900) dont l'équipe 
atteint la latitude record de 
96 B 34’N, Balwin-Ziegler (1901), 
Fiola-Ziegler (1903) choisissent 
François-Joseph. Mais c’est par 
P américaine terre d’EUesmere que 
Peary l’emporte en 1909. 

Cari Weyprecht, lui, plus que 
jamais, songeait à la scrence. Il 
avait lancé l’idée d’une Année 
polaire internationale qui conduit 
A l’installation en 1882-1883 de 
onze stations autour de l’Arctique. 
Expérience élargie en 1932-1933, 


préfigurant l’Année géophysique 
internationale, qui couvrira 1e 
globe en 1957-1958. Impercepti- 
blement, le désert blanc où, 
comme le disait un compagnon de 
Barents «l'on entend la rumeur du 
soleil qui se lève», se peuple. 
Peut-on dire s’humanise? En 1929 
et 1930, le brise-glace Sedov trans- 
porte ses premiers pensionnaires 
dans l’archipel, passé, avec ie nom 
de l'empereur d’Autriche, entre les 
mains soviétiques. 

Deux ans plus tard, lorsque le 
brise-glace Sibûiakov parcourt le 
passage du Nord-Est pour la pre- 
mière fois en une saison (2), vingt- 
quatre stations polaires sont ins- 
tallées en URSS. Elle sont quatre- 
vingts en 1948 et plus de cent en 
1970. Un peuple nouveau, sans 
doute celui rê vé de s Grecs sous le 
nom d’Hyperboréens, s’est levé. 
Car Staline aime la glace. Il y 
investit Pour qu’elle lui rapporte 
des héros neufs. Des hommes 
venus du peuple qui, triomphant 
des pires difficultés, convaincront 
le peuple de supporter les souf- 
frances qu’il lui dispense: La ban- 
quise est un terrain idéal où semer 
cette idée-là. 

En 1937, nn quadrimoteur 
soviétique décolle de François- 
Joseph et dépose au pôle quatre 
hommes dirigés par Ivan Papa- 
nine. C’est 1e co mmuni sme vain- 
queur, innovateur, qui s’installe 
sur Taxe de la Terre pour y lancer 
la première base dérivante. Les 
courants laisseront huit mois plus 
tard Papanine et son radeau de 
glace sur la dite du Groenland. 
Trente autres bases, dispersées 
dans T Arctique, suivront Cosmo- 
nautes du pack, leurs équipages 
n'étaient pas abandonnés aux 
glaces seulement pour collecter 
des données scientifiques. Leur 
déplacement, dans son irrésolu- . 
tion même, démontrait la stabilité 
de l’empire, sa cohésion, sa puis- 
sance. L’absolue impossibilité 
d’une quelconque dérive. 

Fondé on 1934 dons l’égBse 

Saint-Nicolas A Saint-Pétersbourg, 
le musée de l’Arctique (on y 
ajoute PAntarctique en 1958) a 
conservé tous les traits de ce culte 
polaire. La tente d’Ivan Papanine 
occupe 1e chœur. De droit là pein- 
ture (art majeur) a pris le relais 
des icônes, au haut des mors. Les 
hommes, toujours en action, dans 
une apoplexie sursignifiantede 
rouge, semblent y laisser te privi- 
lège de l’humanité pensante aux 
pingouins, dont l'ombre longue 
atteste famé, résurgence romanti- 
que dérivée d’un Caspar David 
Friedrich. A mi-hauteur, des pho- 
tographies (art mineur). En bas, 
des animaux empaillés, des objets. 
Un simple héliographe semble 
aussi mystérieux qu’un tabouret 
en vertèbres de baleine. On vou- 
drait goûter le biscuit exposé en 
écoutant la mécanique qui fait 
surgir des aurores boréales au 
mur. 

La muséographie désuète, tout 
empreinte d’une politique dispa- 
rue, enchante, instruit. Elle ne 
devrait pas être altérée depuis 
qu’une association française, 


devant les menaces de Fermeture 
du musée, a entrepris de rassem- 
bler des moyens pour l’aider. 
Dans la débâcle de la monnaie, 1e 
montant constant des crédits 
publics fond et les institutions tes 
plus solidement installées cher- 
chent désespérément un continent 
où s’accrocher. A défaut, elles ten- 
tent de s’arrimer les unes aux 
autres pour offrir plus de résis- 
tance le temps que durera la 
tempête. 

L’installation, avec le concours 
de la même association, d’une liai- 
son satellitaire entre le musée et la 
base de Krenkel, dans Plie de 
Heissa, au centre de l’archipel 
François-Joseph fournira des don- 
nées en temps réel aux visiteurs. 
Un élément de pédagogie sensible- 
ment plus contemporain, quoique 
complémentaire de ceux dispensés 
par un guide armé d’une longue 
baguette. Surtout, elle offrira aux 
scientifiques et au personnel de la 
base des possibilités élargies de 
communiquer avec l'extérieur. 

Car lè-hant, A sept ou huit heures 
de vol de Saint-Pétersbourg, les 
enfants des héros du communisme 
ont découvert un besoin neuf de 
dialoguer. Pour comprendre 
d’abord. Ils se croyaient encore 
des pionniers, ils s’aperçoivent 
loin A Farri ère-garde, négligés. On 
les avait nourris d’épopées, et ils 
doivent goûter au drame bour- 
geois. Ils découvrent la rapacité 
des fins de mois, l’angoisse des 
comptes au jour te jour, la dicta- 
ture de l’argent frais. Qu’ont-ils 
fait pour mériter l’injustice qui les 
fait misérables? 

Leurs difficultés renforcent leur 
exécration du communisme et de 
Gorbatchev. Ils veulent vivre 
comme nous. Avec noos. Sans 
attendre. En finir avec leurs ins- 
truments plus que trentenaires, 
«de l’âge de pierre» comme dit 
l’un d'eux en riant, dont iis 
auraient honte s’ils ne leur parais- 
saient encore une arme contre 
l'adversité, la manifestation de 
leur propre ingéniosité puisqu'ils 
sont utiles, la preuve enfin, devant 
l’étranger, qu’ils ont bien été 
floués. 

Mais ils seront vigilants à ne 
plus l’être, y compris par leurs 
nouveaux amis, mais ne savent 
trop comment Us ne veulent plus 
être dépossédés. Ils n'accepte- 
raient pas que l'on utilise leurs H es 
comme on exploite l’unique 
matière première d’un pays du 
tiers-monde. Lear immense appé- 
tit de techniques nouvelles passe 
par des expériences conjointes 
dont il faut savoir leur offrir 1e 
contrôle, comme celle qui doit 



A KrenkeJ, où vivent vingt-sept personnes, le mécanicien diéséliste de la base météorologique. 


être menée au printemps avec le 
CNRS (3) sur l’énergie thermique 
des vents polaires. 

Sur un territoire où la monnaie 
n’existait pratiquement pas (ils 
sont logés, nourris, blanchis), son 
ombre s’est imposée dans toutes 
les pensées. Avec 50 % d’inflation 
par mois, leurs salaires nets, pour- 
tant doubles de ceux du continent, 
ne valent plus à la fin de l’année le 
prix du billet d’avion qui les 
ramènerait chez eux. Une dent 
d’ours blanc vendue en dollars à 
un scientifique de passage rap- 
porte l'équivalent de trois mois de 
salaire. Aussi, les effectifs fondent- 
ils avec tes moyens. 

«l'an passé , j'ai cru que c'était le 
début de la fin, dit le patron des 
trente-deux stations météorologi- 
ques de la région de Dickson qui 
couvre les îles et cette partie de la 
côte nord de Russie. Maintenant 
ils reviennent car ils sont météoro- 
logues et ne peuvent pas trouver de 
travail ailleurs. Mais pour les 
mécaniciens, c'est un problème. » 
Cette année, Krenkel a dû se pas- 
ser de médecin. Lorsque l’affai- 
risme capte les énergies, des bases 
ferment, d’autres se vicient lente- 
ment. Ce n’est pas simplement la 
science ou la météorologie russe 
qui sont touchées, mais l’ensemble 


Guide 


• Y aller. En coopération 
avec la société russe V1CAAR, 
composée de chercheurs de 
l’Institut de recherche arctique et 
antarctique de Sam-Pétaretxxirg, 
la société ParaBèle 90 organise à 
partir d’avril des voyages dans 
l'archipel François-Joseph et au 
pôle Nord. Parallèle 90, 67, nie 
Traversera, 75012 Paris (tél. : 
43-44-90-90). En vente chez 
Esprit d'aventure (tél. : 
43-29-94-50) et Exptorator (tél. : 
42-06-66-24). 


Lire. Les citations de Cari 
Weyprecht et Julius Payer sont 
extraites de l’indispensable 
roman de Christoph Ransmayr 
les Effrois de la glace et des 
ténèbres (Seuil, «Points». 226p., 
42 F). Le Passage du Nord-Est 
rassemble trois récits publiés 
dans les fascicules du «Tour -du 
monde » du début du siècle : 
l'Odyssée du «Tegetthoff», le 
Naufrage de la « Jeannette », et le 
Périple de NordenskjOld (Phébus, 
408 p., 139 F). • 


du réseau terrestre qui perd des 
mailles. Car si l’on veut prévoir le 
temps qu’il fera à Paris dans cinq 
jours, il faut savoir l’orage d’Aus- 
tralie, la tempête du Hors et la 
chute de neige sur François-Jo- 
seph. Nous sommes^ dit-on à 
Paris, « solidaires et condamnés à 
les aider». 

La double monnaie a remplacé 
le double langage. Pour tenir, les 
scientifiques doivent apprendre à 
passer sans cesse d’un cours à l’au- 
tre, d’un métier (1e leur) à un 
autre (1e commerce - souvent le 
troc), d’une époque à l’autre. Cest 
1e bateau (annuel) venu de Riga et 
qui ne veut plus être payé autre- 
ment qu’en monnaie forte. Cest 
l’Aeroiîot (les journaux, la poste, 
les denrées fraîches) qui fait pas- 
ser l’heure d’hélicoptère de 
6 000 roubles l’an dernier à 
270 000 en février. Ils sont 
condamnés à inventer, au cœur de 
la banquise, une économie paral- 
lèle qui permettrait de rapprocher 
des niveaux séparés de trente 
années. 

Les fidèles de Krenkel, parfois 
installés dans la base depuis vingt 
ans, veillent. Pour continuer de 
vivre et de travailler sur la terre 
difficile qu'ils ont élue, ils vien- 
nent d'aménager simplement l’un 
des bâtiments en gîte arctique. 
Ouvrant la table d’hôte la plus 
septentrionale de la planète. Ils y 
attendent les quelques touristes 
qui, à partir du printemps pro- 
chain, y séjourneront deux ou 
trois jours avant de tenter en héli- 
coptère le saut au pôle. Pour 
autant, ils n’entendent pas trans- 
former François-Joseph en un 
autre Resolute-Bay, cette base du 
grand nord canadien qui s'est fait 
une réputation de marier dans le 
blanc absolu, déposant d’un bimo- 
teur au pôle les couples, le temps 
d’y sabler le champagne. Krenkel 
attend de ses invités curiosité et 
échanges. Des rencontres. 

Dans l’île la plus orientale de 
l'archipel, Graham-BeU, où se 
trouve une base militaire, on lève 
te siège. Ces jeunes gens ont cou- 
vert la retraite soviétique en 


Afghanistan, ici c'est la leur qu’ils 
découvrent Ils n’ont plus qu’un 
souci : eux-mêmes, rentrer chez 
eux. L’Ukrainien, veillé par huit 
Schwarzenegger et un Jean-Claude 
Van Damme jure qu'il roulera 
bientôt dans Kiev au volant d’une 
Cadillac, une Américaine en 
bikini à son côté. Le Turkmène 
court chercher les photos de sa 
famille. Le Biélorusse s’inquiète 
de l’immersion de déchets 
radioactifs en 

Nouvelle-Zemble (4). Qu’en 
savons-nous, nous qui, forcément, 
savons? Tous ont déjà ficelé leurs 
maigres bagages en tête. Seuls, 
quelques géophysiciens resteront. 
La piste qui devait assurer la 
logistique arrière des bombardiers 
intercontinentaux (Tupolev 160, 
dits Backfire par POTAN) sera 
libre pour les premiers touristes. 
Qui se plaindrait du change? 

«Zemlia Frantsa iosofa (5). Les 
anciens noms sont encore en 
vigueur. C'est ma terre, dis-je. 
Mais les signes sur les canes signi- 
fient Zone interdite, signifient que 
l'on doit ni y pénétrer, ni y voya- 
ger, que l'on ne doit pas la survo- 
ler. C'est une terre interdite; plus 
déserte et inaccessible que jamais, 
inaccessible aussi pendant les élis 
doux où la glace est bien répar- 
tie. v Sur la terre maudite dont 1e 
romancier autrichien Christoph 
Ransmayr observait la carte en 
1984, pour en finir avec les 
« effrois de la glace et des ténè- 
bres», le mot interdit est tout sim- 
plement en train de s’effacer. 

De notre envoyé spécial 

Jean-Louis Perrier 


(2) La «première» appartient sans 
conteste au baron Nordenskjdld (1878), 
mais il avait dû hiverner. 

(3) Laboratoire des sciences du génie 
chimique de Nancy (B. Scbwarzcr, H. Le 
GoffelP. LeGoff.) 

(4) Le Monde du 6 Février 

(5) Terre François-Joseph, en russe. 


QUAND LA LIVRE SE FAIT PETITE, 
SUCCOMBEZ AUX TENTATIONS DU SERPENT MONÉTAIRE. 



Bien sûr, les soldes sontfmies ! Mais, comme lalivre ne se porte pas très bien, l'intérêt 

00 P IavieDX *“ les cachemires > les kmbswool ou les 

trench Mats restent de saison. ’ . „ , . 

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■T* 


t 


32- Le Monde • Samedi 6 mars 1993 • 




m ± visa 
JEUX 


Bridge 


n° 1526 


LA VALEUR 

D’UN 2 

Un 2 est la carte la plus précise du 
paquet. En effet, il .indique souvent 
avec exactitude la distribution d une 
couleur et il peut constituer en même 
temps un relus de la couleur. Mais, 
dans le jeu de la carte, il peut, lni 
arriver de jouer un rôle décisif, 
comme dans cette donne publiée par 
le champion américain Jim Jacoby 
pour le concours de Bols. 

♦ DV 10763 

tfA5 

O A 4 

♦ 10 S 3 

+ 984 u ♦ A R 2 

9 9 643 n P 9 RDV19H2 

O D 2 ü s fc Ô- 

+ 98 72 5 1 ♦ A R P 

V- 

0RV109S765J 

♦ V 6 4 

Ann. : E. don. E.-0. vuln. 

Ouest Nord Est Sud 

69 7 0 

pas» pas» contre passe.» 

Ouest ayant cru bon d'entamer le 
4 de Coeur, comment Sud a-t-il gagné 
ce GRAND CHELEM A CAR- 
REAU ? Quelle est la défense qui 
aurait pu le foire chuter dans la suite 
du coup? 

Réponse 

Le déclarant a pris avec l’As de 
Cœur sur lequel il a défaussé son 
singleton à Pique, puis il a joué la 
Dame de Pique couverte par l'As. Il 
a pris soin de couper avec le S de 
Carnau et il a joué le J de Carreau 
pour le 2 et le 4 qui a fait la levée : 
ensuite, il a rejoue le Valet de Pique 
couvert par le Roi coupé pour libérer 
toute la couleur. Enfin, il a tiré l’As 
de Carreau pour utiliser les Piques 
affranchis et défausser les trois Trè- 
fles perdants. Au total, treize levées 
et I 650 (en tournoi) au lieu de qua- 
tre de chute si Quest, entame Pique 
ou Trèfle ! • 

Malgré son entame désastreuse, 
Ouest aurait pu cependant faire chu- 
ter ce grand chelem s'il avait fourni 
la Dame de Carreau quand Sud a 
jouéle3 de Carreau au premier tour 
d'atout. En effet, il était facile de 
voir que le 4 de Carreau ne pouvait 
pas au tour suivant servir de rentrée 
au mort puisque tous les Carreaux de 
Sud étaient maintenant plus gros que 
le 4 de Carreau. 

Ouest pouvait-il imaginer cette 
défense ? Oui, à cause de l'ouverture 
de 6 Cœurs sans l'As de Coeur. U est 
donc évident qu’Est n’a pas de per- 
dantes immédiates dans les autres ' 
couleurs et, par conséquent, qu’il a 
chicane à Carreau-. 


A LA MANIÈRE 
DE HOUD1NT 


ë 


Parmi tes joueurs dont cm parie 1e 
us, 1e Pakistanais Zia est peut-être 
plus brillant, il n’y a guère de 
chronique qui ne raconte un exploit 
de ce riche play-boy aussi fort en 
tournoi qu’en partie libre. Obser- 
vez-ie tfang cette donne d’un cham- 
pionnat d’Amérique : 

♦ R 7 
9632 
0 R 1042 
48 75 2 


♦ V 5 
9 R V 9 

0 AV 7 5 3 

♦ D V 3 


N 

O E 
S 


+ D 10963 
9 D 8 7 
OD986 
+ 10 


+ A 8 4 2 
9 A 10 5 4 
0- 

+ A R 9 6 4 

Ann. : N. don. N.-S. vuln. 

Ouest Nord Est Sud 

EkeÜad Deutsch Sukoneck Zia 

pas» pas» 1 + 

10 2+ TO 5* 

Malgré l’entame normale de l’As 
de Carreau (qui libérait le Roi), le 
contrat semblait encore infaisable car 
il y avait toujours deux Cœurs et un 
atout à pérore. Mais, après avoir 
coupé le 2 de Carreau et tiré As Roi 
de Trèfle, Zia a gagné CINQ TRE- 
FLES contre toute défense. Comment 
a-t-il joui ? 

■ Note sur les enchères 

Dans les annonces compétitives, 
un soutien à saut (« 3 Carreaux ») 
est normalement un barrage mais il 
aurait été difficile d’arrêter Zia avant 
une manche. 

COURRIER DES LECTEURS 
La convention Truscott 

» On m’a certifié, écrit R.M- que 
le Truscott n’a pas été invente par 
Alan Truscott. mais par l'Américain 
Jordan. » 

Cette convention (qui est excel- 
lente parce qu’dk ne peuf être une 
source de-imfefireudu) consiste, sur 
le contre d’appel de l’adversaire. & 
déclarer 2 SA avec quatre atouts et 
une dizaine de points d’honneur. 
Exemple : S. : I v; 0. : contre ; N. : 
2 SA. Sud ne peut se méprendre sur 
la signification spéciale de 2 SA car, 
avec 1 1 ou 12 points, Nord aurait 
surcontré. L’avantage du Truscott est 
que, à Nord, sur le contre, déclare 3 
Cœurs au lieu de 2 SA, il s'agit d’un 
barrage avec une main faible. 

Cest en... 1954 que Truscott a été 
le premier A proposer cette conven- 
tion. Or, curieusement, beaucoup de 
Français ne l’utilisent pas, peut-être 
parce que la plupart des auteurs n’en 
ont pas parie, 

Philippe Brugnon 



Anacroisés 


(R) 


n- 757 


2223» 


3M0 


Lesutcrobés 
sait des uta 
misés <taH ks 



Le s chiffr es 
qri siéent cer- 
tiiss linges 
corre s po nd rai 

ru 




tel 

Ceiat aa 

Scrabble, on 

ikdaiM 
flunoldau 
rOffid'l in 

Sernbblt 

(Uroesse). 


HORIZONTALEMENT 

1. AŒIRTUV (+ 2). - 2. CEHO- 
RUV. - 3l - AEEMNPRT (+ 3). - 

4. EEGIINN. - 5. AEEINRTT 
(+ 10). - 6. EIIMNOS (+ 3). - 
7. EINORSSU (+ 1). - 8. EHRSSU 
(+ 1). - 9. EEINNRV (+ i)„ - 
10. ADEERS (+ 2* - II. EOSSTT. 

12. AAENSUX. 

13. DDEINSTU. - 14. EEIIMSX. - 
15. CDEÏ10SS (+ 1). - 16. BEH- 

NOST. - 17. ÆINNORT (+ 3). - 

18." EEIRRTU. — ■ T9. DEEfRSTF 
(+ 3). - 20. EÈÏMRSX. - 
2r."ÂAERSSSS (K?).? ' 

VERTICALEMENT 
22. AEIIMNOS. 

23. CDEORTU. - 24. ACIINOTV 
(+ l). - 25. EEGMNTTU. - 

26. AEEIRSTT (+ 8). - 

27. AEEINNRV (+ 1). - 28. EEE- 

NOSU. - 29. EEERRTU. - 
30. DDEEEOR (+ 1). - 31. AEIl- 
MORS (+ l). - 32. EEERSSUV 
(+ 3). - 33. ABEESST (+ 2). - 

34. EEENORSU (+ 2). - 

35. EHNRST (+ II). - 36. AEER- 
SUX (+ 1). - 37. AORSTX. - 
38. EEHINST (+ 2). - 39. DEEIR- 
RSU. - 40. AEEKRSU. 


SOLUTION DU N® 756 
I. COUPABLE - 1 ECOTENT, enlèvent 
les côtes de tabac: - 3. LITERIES 
(LITIERES). - 4. BOUVRJLS. fieu pour 
bonis dans tes abattoirs. - S. PELADES 
(DESALPE PEDALES). - 6. ELITISTE. - 
7. CAGETTE. - g. TINETTE. - 
9. AORISTES (RK3TASSE-). - 10. SEN- 
SEUR. - II. CROSSER. - 12. ANACRUSE, 
(mus.) note faible. - 13. ENVIABLE - 

14. RURALES (LEURRAS RALEURS). - 

15. REEXAMEN. - 16. SERDEAU 
(RADEUSE). - 17. MAHARANL - 
18. ABOUTIE. - tbP PSCREWC. v-t- 
20. ERRASSES (SERRASSE). - 21. SEN- 
SEES/'*- 22. CAHUTES. HÜ CLAPETS? 
(P LACETS). - 24. ALARMAIS (MALA- 
RIAS). - 25. OISELIER - 26. NIABLE. - 
27. UNNEEN. - 28. PENATES (NEPETAS 
PATENES PESANTE). - 29. NORMALES 
(LAMERONSl - 30. ARIDITE (DETIRAl 
TIEDIRA). - 31. ESTUAIRE (SAUTERIE). 
- 32. STERNAUX. - 33. ABRASIFS. - 
34. ACCLAME (CLAMECA). - 35. CORRE- 
LER. - 36. COUMAR0U, arbre qui produit 
la lève ton Ica. - 37. -ENDOSSA. - 
38. VAGISSES (VISSAGES). - 39. TER- 
FESSE. - 40. CACHOU (COUCHA). - 
4L EMIETTE. - 42. ABOULENT (EBOU- 
LANT). - 43. TERRIER (RETIRER). - 
44. TESTES. - 41 IRREFUTES. 

Michel Charlemagne 
et Michel Daguet 


Scrabble 


(R) 


n° 417 


PARTIE POUR SIRE 


Si vous êtes un « faible en 
thème», déprimé par la concen- 
tration angoissée et le silence tom- 
bal qui régnent dans les tournois, 
vous n’aimez guère les parties 
commentées : il est déplaisant de 
constater qu’on a manqué le top, 
les sous-tops aussi, et qu’on a 
négligé en fin de partie les pense- 
bête dobt on avait constellé sa 
grille. Pourtant nous vous propo- 
sons aujourd’hui une telle partie : 
en effet, les commentaires sont 
instructifo, beiges et drôles. 


Utilisez un cache afin de ne 
voir que le premier tirage. En 
baissant le cache d’un cran, 
vous découvrirez la solution et 
les commentaires. Sur la grille, 
les rangées horizontales sont 
désignées par une Iettre.de A à 
O ; les colonnes, par un 
numéro de I i 15. Lorsque la 
référence d’un mot commence 
par une lettre, il est horizon- 
tal ; par un chiffre, il est verti- 
cal. Le tiret qui orécède parfois 


un tirage signifie que (e reli- 
quat du tirage précédent a été 
rejeté, faute de voyelles ou de 
consonnes. Le dictionnaire de 
référence est l’Officiel du 
Scrabble (Larousse). 


I. AANRTW? 

Le WA(R)KANT, H4, 100, est un 
titre de garantie... d’une partie 
torride Retournez le W, c’est bien 
plus marrant- 
1 AEFINOS 

Foin de FENAISON, 9F, 64. Sept 
joueurs baraqués trouvent 
FO0QAINES. 6F, 70. 

3. ABHILRU 

U fout connaître ie verbe WAR- 
RANTER et HALBI, boisson -nor- 
mande faite d’un mélange de 
pommes, de poires (et de scotrbi- 
dous). HALBI, UG.36. 

4. RU+DELMX * - 

Tirage classé X qui exploite, au 
mieux: un “petit' MERDE UX, 12, 
56. A défaut',' il fabt tricoter 
Lt/REX, I2K, 50 (c’est un fii 
gainé de polyester). 

5. L+AEIRTU 

LUTERAI se cimente en maçon- 
nerie pour 89 points, mais pour 
faire monter l’ardoise on joue 
HUILERA, 12H, 92. 

6. DEIOPQR ' . 

Pas de U dans ce tirage méchant 
comme une teigne, brayant pas 
trouvé IXODE, 8K, 45, je tique. 

7. - AGLOPQU 

Le U étant au rendez-vous, on 
joue PLAQUA. N1G, 42. 

8. GO+IPRTV . 

Point de salut hors du subjonctif 


imparfait : GIVRAT, I5J, 42, ou, 
mieux, POIVRAT, 151, 48. 

9. G+AEEF1U 

Ce n'est pas l'heure du T, impos- 
sible de jouer FATIGUÉE... 
FUMAGE, 2J, 38. 

10. EI+BCESU 

Un R aurait fort couler beaucoup 
d’ancres avec ÉCUBŒRS (ce sont 
des yeux i la coque). SUBIE, IG, 

28. 

U. EC+AEMTZ 

Il faut réussir son ECZEMA, 2B, 
46. 

12. T+EEKLOV 

Le X et le Y refusent de se 
marier. Le premier procure 
41 points avec KO TE, 10F, te 
second 36 grâce à COTVLE, C2. 
En revanche, le Y convole volon- 
tiers avec le Z déjà placé : 
ZLOTY, D2, 46. 

13. EEK+ACHL 

36 points: le LEK valait ça, 
comme disait un certain ex -syndi- 
caliste. LÉCHÉE, OI, 45. 

14. AK+EMNS? 

Les «forts en thème» rêvent de 
MALINKES, MAKHZENS. KAN- 
TISME, et oublient (L)EKS, 7À, 
46. 

15. AMN+EISU 

Cest Byzance l AMENUISE, B5, 
65, MENUÏSAT, 10A, 68, 
A(L)UNIMES, A(L)UMINES et 
MHLJUNAIS triplent sur le rouge 
Nord A(L)UMINES, A6, 77. 

16. ENNORST 

ENTRONS et RENTONS, impla- 
çables, scrabblent sur neuf lettres 
d’appui, mais pas sur le N dispo- 
nible. NOTER, BJ0, 24. 

17. NS+EURT 

Pour quatre lettres, 28 points : 
JASE en Ml. Pour- trois lettres, 
trois points de plus : JET, IftF, 
31. 

18. NSIRT+EN 

Un coup élémentaire pour vous : 
SIDÉRÉ, en collante et en double 
appui, 5J, 22.. Satisfaction supplé- 
mentaire : I» concurrents ne l’ont 
pas ûtwv+et se-oontentenLde US, 
Hl, 22. •_ v‘ 

19. NÎRfâviS.:.*,-r: < 

Bis repetita placenta (ou quelque 
chose comme ça). En- six minutes, 
les nullards n’ont toujours pas 
trouvé SIDÉRÉ. Us se contentent 
de SANIES, Ml, 2L Et pourtant 
ils ont fait ce qu’ils ont pus... 

20. RTN+DGOV 

Si rONDIN vous a échappé, c'est 
parce qu’il est beaucoup {dus rare 
que l’ondine, dlxit le PLI. 
ONDIN, K5, 23- 
Total : 935. 

(D’après la partie commentée, 
par Albert Bastia, parue dans le 
Scrabbleur de janvier 1993.) 

Michel Charlemagne 


Mots croises 

n° 756 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 



VIII 


HORIZONTALEMENT 
I. Maximalistes, elles ont dû sou- 
vent en rabattre, et parfois s’autodis- 
soudre. - IL Bouquet d’arbres. Fis un 
redressement. - III. Aujourd'hui, elle 
est loin d'être décorative. Fil passer au 
premier plan. - IV. Fait phu dans le 
sucre que dans le sel. Pour le bon 
choix. - V. Préposition. Son cimetière 
est un site classique sinon classé. Ont 
pris quelques rides. - VL Pbur faire 1e 
plein aux rayons. Dans tes Vosges. - 
VTL Se dit doublé. Mettre â cuire. - 
VIIL Sa grandeur ne pourrait être que 
morale. Envoya le signal. Apparu. - 
IX. Va plutôt vite. EDe est malheureu- 
sement collante. - X Elles ont eu la 
préférence. 

VERTICALEMENT 
1. Emigrants i durée limitée. - 2. Se 
lit « (oit) s’ausculte. En surface. - 

3. Ne dit pas tout. Combat la fièvre. - 

4. A croquer ! - 5. Haussent ie ton. 
Pour le reste. - 6. Voyelles. Sur la 
roule. Conjonction. - 7. Fondement. - 


8. Fait souvent tousser. Cest lui qui 
mène la danse. - 9. Gardera tout pour 
lui. Cest lui qu'on manipule et c’est 
lui qui surveille. - (0. Multinationale. 
Tous VIP. - 11. Sur l’agora. Pronom. 

- 12. Doublé, fait jeune et branché. 

Revu. - 13. Ne sont plus que raines et 
deuils. 

SOLUTION OU N- 755 
Hor izonta lement 
I. Balkanisation. - II. Oléines. 
Maria. - III. Spart. Ombrien. - 
IV. Nid. Relaie*. - V. Inélégants. GI. 

- vi. Aéra Etat Pas. - VII. Qs. Bar. 
Geôles. - VIII. Nos. Neurone. - 
IX. Ecouteurs. Ion. - X. Stérilisèrent 

Verticalement 

1. Bosniaques. - 2. Alpines. Ct. - 
3. Leader. Noé. - 4. Kir. Labour. - 
5, Antre. Asti. - 6. Ne. Eger. El. - 
7. Isolât Nui. - 8. Managers. - 

9. Ambitieuse. - 10. Tares. Or. - 
11. Iris. Ploie. - 12. Oie. Guenon. - 
13. Nantissent 

François Dorlet 


TOURNOI 
OPEN DE GENF, 
Février 1992 
GOLUBEV (Ukraine). 
Noirs : SCHER (Russie). 

Partie française. 


« 

<15 

dx*4(a> 

M7(W 


LM 
Ld4 

3. Cç3 

4. CW4 

5. CI3 

6. F43 

7. M(d) 

8- Cép.'(é) bétO 
9. OtmS(g) bë6 
10lFf6+ RM 

11. Mfb) Fxfl 

12. DxB Cb6 (i) 


07 F $ 


13. Télï(j) 

14. Tx«2aJHw6(o 

15. 062+ ! (n) Cé3(o) 

16. DxéU RM 

17. Ds3+!(pî 

18. Dç3+! 

19. DW+ ! (r) Rc6 

».FM fo 

21. Tçl+ Bb6 

22. »! b) W5H) 

23. Fxç7+ Sb7 

24. Fé4S (n)ibudOD (v) 


a) Le « systi 
à réduire h 


NOTES 

Ëme Rubinstem » vise 
tension centrale et â 
simplifier fa position, en attendant 
d’Bmùuer le pion d4 par la contre- 
attaque ç7-ç5. Son inconvénient est 
d’abandonner l’espace central aux 
mains des Blancs. 

b) La variante principale consiste 
en 4.~, Cb-d7 ; 5. Cf3, Cg-f6 ; 6. 
Cxfct. Orfï ; 7. Fd3, Fé7 ; 8. OO, 
0-0; 9. Dé2, b6 ; 10. Tdl, Fb7. 
D’autres idées de moindre valeur 
ont été expérimentées : 4..^ Cf6 ; 
4..^ Dd5 ; 4..., b6 4.... Fé7 ; U 
variante 4.^, Fd7 ; 5. CD, Fç6 ; 6. 
Fd3 jouit d’une certaine mode 
depuis une dizaine d’années. 

ç) Le théoricien L. Pachmon 
condamne cette sortie du C-D à 
laquelle il préfère la suite 6..., 
Fxé4 ; 7. Fxé4, ç6. Cependant, 
après 6..„ Fxé4 ; 7. Fxé4, ç6 ; 8. 
04), CHS ; 9. Fd3, g6 ; 10.63, Fg7; 


Echecs 


n° 1529 


1 l.Fa3, Ff8 ; 12. Fb2, F^7 ; 13. ç4, 
0-0 ; 14. Dé2 l’avantage des Blancs 
est clair Don tchev- Hansen, Olym- 
piade de Thessalonique, 1988). 
d) Ou 7. 04, Fxé4; 8. F*é4, ç6 ; 
i-re ; 10. Fç2, Fé7 ; (ou 


9. 0-0, Cg- 


10. ^ç2, Fé7 

10-, Fd6"; IL Tél, W); ïZ_Dd3, 


Dç7 ; 13. Fg5, Ff4 ; 14. Fh4, Tf-éS ; 
15. Ta-dl, T^çS ; 16. Dç3, a6 ; 17. 
Cé5 ! P sach is-Skem bris , Belgrade, 
1988) ; IL FF4, 0-0 ; IZ Dd3. Té8 ; 
13. Ta-dl, g6 ; 14. Tf-él, Ff8 : 15. 
Cé5, Ch5 ; 16. Fd2, avec toujours 
aux Blancs (Gaüa- 


un net av 
gber-Orr, 198 

è) Pendant de nombreuses 
années, on a poursuivi dans cette 
position par 8. Çg3. Fé7 ; 9. ç4 ou 
y. Tél ou 9. b3 eu conservant le 
plus souvent une certaine initiative 
jusqu’à ce que Kor- tchnoT découvre 
la suite venimeuse 8. Cé-g5 ! lors de 
sa partie contre Dreev à Brno, Tan 
dernier. 

fl 8 ..., Fé? ne suffit pas non plus : 

9. Od7 ! Rxf7 ; 10. Cg5+, RgS ; IL 
G*é6 avec une forte attaque. 8_., 
Fd6 est sans doute fa réponse uni- 
que. La partie Golobev-Jespischine 
du même tournoi de Genf confia bs 
ainsi : 8_ M Fd6 ; 9. Tél, h6 1 (si 9_, 
0-0, : 10. Cé5 » ; 10. Ch3 (et non 

10. iScéfrf ?, Rf8 !), b6 (10^., Pxf3 r 

U. DxO, ç6 ; 1Z CW, 00 - et non 
12 , Dç7 1 ; 13. Txé6+ 1 - est pré- 

férable) ; 1 L Cé5 J, Fb7 ; 12. Fb5 L 
0-0 ; 13. Fç6, Tb8 ; 14. Fxb7, 
Txb7 ; 15. Dfi, Dç8 ; 16. Dg3, 
Rh7 ; 17. Db4, çS et les Blancs 
gagnèrent brillamment par 18. 
Khô U, ; 19. Cg5+, Rg7 ; 20. 
Té3 î, çxd4 ; 21. Tg3 1. 

g) La mite de ridée empoisonnée 
8. Cé-g5 ! 

hj Ou 1 1. Tél. Pbur le C sacrifié, 


les Blancs ont obtenu use dange- 
reuse attaque directement sur le R 
ennemi. Les Blancs menacent d’ou- 
vrir les lignes par 12. d5. 

0 Sur 12~, ç6, les Blancs peuvent 
poursuivre tranquiltenent ■ par. 13. 
Ff4 - 14. Tél et 15. Ta-dl ou par 
13. Tél et 14. d5. Le C-D cède au 
R noir une case de fuite en d7. 

n Sans s’inquiéter des pions ç4 et. 


Ré7 ; 16. Fé3, Dé4 (OU g4); 17. 
Fç5+, Rd8; 18. Tdl+, (3x17; 19. 
1xd7+ 1, Cxd7 ; 20. Dxé4 (ou g4) et 
les Blancs gagnent mais l’affaire est 

moins claire après 16 Dxç4 ; 17. 

Fç5+, Rd8 ; 18. Tdl+, Cb-d7. 
Cependant, sur L3_, Dxd4, le sacri- 
fice de fa T n’est pas nécessaire. 

0 Eliminant le dernier ram part 
du R noir. 

m) Forcé. Si 14_ Rd7 ; 15. Ff5 ! 
Cdo ; 16. TbdÇ+, Orf5 ; 17. Dxf5+. 

n) Observons maintenant com- 
ment l'araignée entraîne sa imne du 
côté qu’elle a choisL 

O) Ou 15^ Rd6 ; 16. Ff4, Rd7 ; 
17. Ff5 mat 

p) Attirant le R sur raile-D où la. 
coonèmion des forces blanches 
(D+T+F) conduira au mat ' 

q) Si 17.-, Rd7 ; 18. Dhih-, Ré7 ; 
19. Dé3+, Rd7 ; 70. Ff5+, Rd6 : 21. 
Dé5f et le R noir est obligé de se 
rendre en ç6. 

r) Cédant fa cofonué ç à la T-D. 

s) Menaçant maL 

() Si ZL-, a6 ; 23, Fitç7+, Dxç7 ; 
24. aS+ I, Rxb7 ; 25.‘ Df3+. Rb8 ; 
26. Txç7, Rxç7 ; 27. Dxa8 et les 
Blancs gagnent focSemêaL 


q) Elégante estocade, 
vj Si 24..., DxéM24..^ 0<é4 7 ; 


25 

Fa5+, 

mat 


i. Dxd5+); 25. Dxb5+ r Rç8; 26. 
l5+, Dç 6 (ç2) ; 27. Dxç6 CDeç2+) 


SOLUTION 
DE L’ÉTUDE N* 1528 
Y. HOCH (1985) 

(Blancs : Rç2. Cd8 et é8, Pb2_ 
Noirs : Rai, Cgfi, Pa2, b7, é3, h4). 

L C66 L é2; 2. Cc5, éI = C+j 
3. Rçl, Cd3+; 4. Cxd3, Cf4 ; 
S. Cxf4, b3 ; 6. Cxh3. b5 ; 7. CfZ, 
b4 : 8. Cdl, b3 ; 9. RÆ2, Rbl ; 10. 
Cdo, al = D -, II. Cç5+, 8xb2 ; 12. 
Cç4 sut ! 


ÉTUDE N- 1529 
V. KALANDADZE 
(1984) 



Blancs (5) : Rh8, Pé2^ 67, g3, g7. 
Noirs (6) ; Rhô, G&, Pu2, h6, gS, 
6. • . ' 
La Blancs jouent et gagnent ' 

diode Lemoine. 




f. 


A 


i 





Le Monde m Samedi 6 mars 1993 33 


Qx 







SANS ♦ VISA 
TABLE 


ÉTOILES 

Le «Michelin» 
reste 

le «Michelin» 

L E guide rouge 1993 vient de 
paraître. Sans beaucoup de 
changements. On murmure que 
les « rapports » proposaient 
nombre d'éliminations d’étoilés, 
mais que, par les temps difficiles 
que nous vivons, cela risquait 
d’enlever encore quelques clients 
à ces étoilés alors que déjà on 
est loin de refuser du monde. 

Passons. Mais peut-être eût-il 
mieux valu ôter quelques étoiles 
à certains de ceux des grands 
dont le «m’as-tu-vuisme» 
entend passer pour de Tait culi- 
naire. 

Pas de « big bang » donc. Un 
seul nouveau «trois étoiles». 
Pierre Gagnaire, à Saint- 
Etienne, installé depuis peu dans 
un nouveau cadre {le Monde du 
3 mars). Cest là certes un cuisi- 
nier de talent et d’invention, 
aimant travailler le gibier et les 
champignons. On notera aussi 
(ou plutôt Gault et Millau ont 
noté) sa laitue farcie de tour- 
teaux aux petits oignons, glacée 
coulis de groseilles et jus de 
griottes au quinquina! Et aux 
dernières nouvelles, Gagnaire 
compte ouvrir un bistrot 
annexe, de prix doux, actualité 
obligea. 

S IX nouveaux «deux 
étoiles», dont le célèbre 
Négresco niçois, qui les méritait 
depuis longtemps pour son chef, 
Dominique Le Stang; L'Auberge 
du Cep, à Fleurie, en Beaujolais; 
La Belle Otero (restaurant du 
Cari ton de Cannes) et enfin le 
Domaine des Hauts de Loire, à 
Onzain. Ainsi qu’à Paris Le Pré 
Caielan et Goumard-Prunier. 
hommage ici bien mérité au 
rénovateur de riUustre enseigne. 

Une bonne trentaine d’étoiles 
nouvelles, parmi : lesquelles je 
relève, à Biarritz, Les Platanes 
(et la cuisine d’Arnaud Daguin, 
Fils d’André, le mousquetaire 
d’Audi en Gascogne), à Genève 
Le Neptune (restaurant de 
rHôtel du RhôneX et à Paris Le 
Vancouver (4, nie Arsène-Hous- 
saye) et Les Elysêes du Vernet 
(25, rue Vemet), dont je fus l’un 
des premiers à signaler les 
mérites. 

A Paris encore, quelques nou- 
veaux inscrits : Le Poquelin 
fl 7, rue Molière), Le Petit Bour- 
bon (15, rue du Roule) Cam- 
pagne et Provence (35, quai de la 
Tournelle), L’Œillade (10, rue 
Saint-Simon). Mais je ne m'ex- 
plique point la perte de l’étoile 
de Jacques Hébert (rue Sébas- 
tien-Mercier), non plus que celle 
de La Barrière de Clkhy. 

Et surtout je pense que 
Michelin -ses inspecteurs 
comme sa direction - devrait 
être plus attentif è la vraie qua- 
lité simple, à l'artisanat honnête 
du métier de cuisinier que tout 
aujourd'hui a tendance à démo- 
nétiser, en faveur du faire-valoir, 
de l'esbroufe, du compliqué, de 
la facilité aussi des conserves et 
surgelés. Ainsi seraient mieux 
honorés les patrons qui sont en 
cuisine. Je pense à Yves Quin- 
tard (rue Blomet), à René 
Marin, en sa Ferme des Malhu- 
rins. rue Vignon, à Daniel 
Metery, complètement oublié, 
lui. rue de l'Arcade, et à quel- 
ques autres dont l’absence 
devrait faire rougir le guide plus 
encore. Mais, on ne saurait le 
nier, le «Michelin» reste le 
«Michelin», indispensable aux 
vacanciers comme aux voya- 
geurs. 

L.R. 

► «Guide Michelin 1993». 
130 F. 


it IÏÏoiuV 
r i>JT!O v 

1 96 M 990 
Du mur de Berlin à 
l'unification allemande : 
reconstitue; les nls 
Je l’histoire. 
Consulte: 

L’HISTOIRE 

AU JOUR LE JOUR 


A Ménilmontant ! 



L A chanson résonne encore, 
mais, en réalité, c’est dans 
le vieux village de Belleville, 
créé en 1789 puis agrandi au fxl 
des ans et supprimé en 1860, 
qu’il faut chercher le souvenir 
du petit hameau formé autour 
d’un «mesnil» (villa) dit du 
mauvais temps (mesniolum 
malis temporis) et qui allait 
devenir Ménilmontant. Un 
quartier du vingtième arrondis- 
sement de Paris qui semble 
lointain pour beaucoup, et que 
l’on n’imagine pas gastronomi- 
que. Et pourtant quelques 
adresses perdurent ou s’affir- 
ment. 

Voici d’abord l’éternel- 
Aux becs fins (44, boulevard de 
Ménilmontant ; tél. : 
47-97-51-52. Fermé le 
dimanche), où Edith Lefebvre, 
dans ses deux salies au décor 
d’auberge (et la terrasse l’été), 
alterne la brandade de morue et 
le foie gras de canard, la sole 
meunière et le gras-double, 
avec un cassoulet sur com- 
mande. Menu à 180 F ; à la 
carte, compter 300 F-400 F. 

De là on pourra découvrir A la 

courtille (1, rue des Envierges ; 
tél. : 46-36-51-59. Ouvert tous 
les jours). Cet ancien sentier 
abrite le bar à vins de Bernard 
Pontonnier, venu des Champs- 
Elysées sur (es hauteurs de Bel- 
leville pour servir avec le même 


sourire ses «meilleurs pots» 
arrosant sa soupière de moules, 
sa morue en croûte de pommes 
de terre, son effilochée de 
queue de bœuf. Le midi, menu 
à 120 F; & la carte, compter 
180 F-220 F. 

Puis on passera par la rue de 
la Chine (elle porte ce nom 
depuis 1 830 et d’une construc- 


tion de style chinois). Au n a 145 
existe encore 1a maison des 
saint-simoniens, mais c’est au 
12 bis que vous trouverez Le 
Vingtième de Thérèse et Jean- 
Louis Decelle (tél. : 
43-66-05-54. Fermé dimanche 
soir et lundi), avec leurs ril- 
lettes de lapin aux trois poivres, 
le saumon poché sur lit d’épi- 


nards beurre nantais, le rouget 
à ta moelle de bœuf, etc. Avec, 
au dessert , une « marronnade 
de chocolat sauce pistache ». 
Compter 220 F-350 F. 

La rue do Surmelin n’est pas 
loin. Elle longeait en 1730 les 
murs sud du château de Mônil- 
montani. Et elle marquait les 
limites de Belleville, Ménil- 
montant et Charonnc. C’est là 
que l’ami Lechcvallier a installé 
son Bistrot du vingtième 
(44. rue du Surmelin ; tél. : 
48-97-20-30. Fermé samedi et 
dimanche). La cuisine du mar- 
ché et de l’inspiration du 
patron (fonds d’artichaut frais 
aux lardons, pétoncles aux 
tagliatelles, filet mignon à la 
moutarde de Meaux). Menus : 
80 F à midi et 180 F le soir ; et 
la carte. 

Enfin, nous terminerons par 
la rue des Grands-Champs. Au 
n D 71, vous ferez une décou- 
verte. Olivier, le cuisinier, a 
rencontré Annette il y a quel- 
ques années. Tous deux travail- 
laient chez Dalloyau. Voici le 


couple Patcyron installé enfin 
chez lui, dans un cadre clair et 
net, deux petites salles bien 
décorées. Et proposant un 
menu à... 78 F ! Une carte entre 
180 F et 250 F (avec des vins 
bons et surtout bon marché). 
Fricassée de crevettes en persil- 
lade, thon en brochette flambé 
et accompagné d’une marme- 
lade tomatée au gingembre, 
croustillants de filets de sole, 
bœuf aux morilles, rognon de 
veau aux pleurotes, onglet sur 
cèpes à la bordelaise. Un excel- 
lent brie de Meaux ou un 
camembert au lait cru, des des- 
serts agréables. Ce sont Les 
Allobroges (71, rue des Grands- 
Champs; tél. : 43-73-40-00. 
Fermé dimanche). 

Voilà ! Vous aurez ainsi fait 
le tour gastronomique -d’un 
arrondissement dont on ne 
parle guère sur ce plan. Un peu 
loin du centre, c'cst vrai, mais 
qui, scion la formule, vaut le 
voyage. 

La Reynière 


VACANCES-VOYAGES 

HÔTELS 


Semaine gourmande 


Campagne 
et Provence 

C’est Pandenne petite maison 
de Gilles Epié, parti « Miravil- 
ler » du côté de l’Hôtel de Ville. 11 
y a installé Alain Gérard et 
J. -Y. Peltier pour offrir une cui- 
sine bien annoncée par l'enseigne : 
salade niçoise, raesdun aux olives, 
salade de pâtes au pistou, omelette 
de ratatouille, stockfisch et pissa- 
lat en tartines, pieds et paquets, 
daube provençale, etc. Belle carte 
des vins (au verre notamment). A 
la carte, compter 200 à 300 F. 

► Campagne et Provence, 
25, quai de la Tournelle (5«). 
Tél. 43-54-06-17. Fermé samedi 
midi et dimanche. Carte bleue. 

Pile ou face 

lis sont trois amis se relayant ici 
tandis que les deux autres, dans 
leur oasis d’Eure-et-Loir, s’éver- 
tuent à bien cultiver de bons pro- 
duits fermiers et élever de savou- 
reux poulets (et leurs œufs!). De 
plus, ils font sur place, deux fois 


par jour, leur pain, leurs petits 
fours et chocolats. 

Capables de tels soins, on ima- 
gine qu’ils s'occupent aussi d'avoir 
une belle cave; mais l’addition 
côté' face peut atteindre 400 à 
450 francs. Côté pile, une nou- 
veauté : la cane-menu au déjeuner 
(235 F). Je choisirais entre sept 
entrées les œufs brouillés de la 
ferme purée de morilles, puis le 
filet mignon de porc aux oignons 
nouveaux, avant (e fromage et le 
dessert. 

► Pile ou face. 52 bis, rue Notre- 
Dame-dos- Victoires (2 a ). Tél. : 
42-33-64-33. Fermé samedi et 
dimanche. Parking : Bourse. 
Carte bleue. 

Le Croquant 

Provincial, presque campa- 
gnard, ce mini-restaurant aux pou- 
tres d’autrefois fut lancé, il y a des 
lustres, par l’ami Peytour, à l’ac- 
cent en communion d’avec sa cui- 
sine. Puis, après un bon succes- 
seur (le cher Hervé Rumen, 
aujourd'hui à tous Landès), la 
maison déclina lamentablement. 



GASTRONOMIE 


Au cœur ds St-Gemcin-des-Prés 1 
Ce 12 h à 3 h du matin 

lARBUCj 

25 rue de Buci - 6 e 
Tél. : 44.41.14.14 

)A 2 2 Ci VS ■ j U SOU A L AV SS 


iMarajajï 

CADRE LUXUEUX 

TOUTE LA DÉLICATESSE 


Elle vient d’être reprise par le 
jeune Christophe Barré (qui fît ses 
premières armes avec Rumen) et 
c’est de nouveau la « bonne cro- 
que » au Croquant, très Sud- 
Ouest on l’imagine. Foie gras lan- 
dais, nature ou poêlé, confit de 
canard en terrine ou croustillant, 
cou de canard farci et magret 
(fumé ou cuit sur sa peau), coq de 
Cfaalosse au madtran, et bien 
entendu le cassoulet. Quelques 
clins d’œil maritimes : saint-jac- 
ques au vermouth du Roussillon, 
filets de barbet tapenade. Excel- 
lents desserts et gentils vins du 
pays et de Bordeaux. A la carte, 
compter 250 à 3 50 F, avec un 
menu à 175 F et un autre, 
« dégustatif », à 260 F. Accueil et 
service aimables de Diane. 

► Le Croquant, 28, rue Jean- 
Maridar (15')- Tél. : 
45-58-50-83. T.l.j. 

Aux Senteurs 
de Provence 

Ici, c’est le Midi seulement, 
mais un Midi d’éblouissement que 
les connaisseurs connaissent bien, 
avec la bourride, les pieds et 
paquets, la daube provençale, 
l’aïoli (le mercredi) et la bouilla- 
baisse éblouissante de Léonard 
DelTOmo et de son chef. Dans un 
très moderne, frais et élégant 
décor que les vins de Cassis 
égaient encore plus. Un menu, 
« Les plaisirs du jour », entre 148 
et 190 F, et la carte de 300 à 
480 F. 

» Aux Senteurs de Provence, 
295, rue Lecourbe (15*). Tél. : 
45-57-1 1 -98. Fermé samedi et 
dimanche. 


Côte d’Azur 



Montagne 


NICE 

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33, boulevard Victor-Hugo 
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RELAIS BELLMAN, 37, r. Fra>ç.-I“, 
47-23-5441 Jusqu. 22 h 30. Cadre élég. 


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I C Ï1CV nie Ctoix-Nivert, 

Lt Ut T Mm. Ion. Tfl. : 48-28-81-64 

Couscous et spécialités algéroises 
Menu : 115 F. Tagine du jour : 70 F. 


ODEON 


LE PROCOPE, 13, rue de l’Ancienno- 
Comédic, 43-26-99-20. T.Lj. jusq. 1 h. 
Le café rive gauche à fa mode, 
cuisine bourgeoise et inventive. 
Merveilleux banc de coquillages. 
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LOUIS XIII SS 

8, rue des Grands-Augustins, 6» 
Menu déj. 190 F, Menu din. 350 F 
(services, taxes et café compris). 


SAINT- GERMAIN-DES-PR ES 


L'AKBUCI, 

25. rue de Buci, 44-41-14-14. 
T.lj. jusqu'à 3 h. 

Cuisson à la broche pour des viandes 
et poissons pleins de saveurs. 
DINERS JAZZ CLUB de 21 h à Toute. 


COPENHAGUE, 

FLORA QÂNICÂ, wmmn 

SAUMON, RENNE, CANARD SALÉ. 
142. av. des Champs-Elysées. 
44-13-86-26 


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Spécialités vietnamiennes. 


LE SUQUET, 

48, rue de Clichy (9*). 
Tél ï 48-74-25-66. 
Cuisine du Sud-Est 
F/sam. et dim. 















Il n’aura guère été question 
de Venise dans la célébra- 
tion de 1492. La Sérénis- 
sinte, pourtant, soi Fait les 
événements à la loupe. 
Toute cette agitation sur 
mer, malgré les multiples 
soucis qui sont les siens en 
cette fin du quinzième siè- 
cle, lui importait 


C E jour-là, jour d’ Ascension, il 
était véritablement le char, le 


était véritablement le char, le 
vaisseau de l'Etat, ce navire cal- 
faté d’or, ce Buccentatue avec à la 
barre son grand timonier, épaulé 
d’hermine, coiffé de sa tiare répu- 
blicaine, le como. Partout, le da- 
pot des rames laissait entendre 
l’hymne de la Sérenissime. Le 
doge partait vers le port du Lido 
où il allait jeter un anneau d’or 
dans les flots en prononçant les 
mots rituels qui lui faisaient, à 
chaque fois, se hérisser le poil de 
plaisir : «Nous t’épousons, ô mer, 
en signe de véritable et perpétuelle 
possession. » Devant tant de déter- 
mination et de certitude, le Grand 
Turc aura cette réplique assez 
drôle : «Il veut se marier avec la 


mer... Un Jour, je lui ferai consom- 
mer ses noces... » Rare trait d'hu- 


mour que Ton ait jamais hasardé à 
propos de cette sévérissime cité, 
monstre de travail et de réussite, 
de puissance et d'orgueil, de four- 
berie et de munificence. Il venait 
de L'Ottoman. L'écharde dans la 
patte du lion de Saint-Marc. 

Centre universel de cure lagu- 
naire, Venise est une ville d'eau 
que l’on fréquente pour accentuer 
les troubles circulatoires que l'âme 
accorde aux esprits curieux qui ne 
craindraient pas de prendre froid 
dans les grands royaumes humides 
de La rêverie; Premières victimes. 


les amants, qui s’y chamaillent 
sous des ciels de lit trop vastes 
pour eux avant d’admettre que 
l'amour est d'abord un combat 
avant d'être un paysage ; constat 
aggravé chez les littérateurs qui, 
malgré tous leurs efforts, se par- 
viennent que rarement à reculer 
les (imites de leur art et & redon- 
ner au sujet un peu de ce mordant 
métaphorique, dont il n'a au 
demeurant que faire. Quant au 
reste de la population voyageuse, 
elle flotte, heureuse et béatifiée 
par le charme sans limites de l’en- 
droit 


Ce qu'il y a du surprenant et de 
plus spectaculaire, dans Venise, 
n’est pas tant le panorama qu'elle 
développe avec redondance depuis 
qu'elle a pour mission d’émouvoir 
le reste du monde, mais ce qu'il 
lui a fallu de hargne et de préten- 
tion à survivre pour laisser les 
signes de cette météorite aber- 
rante, éclaboussements lumineux 
élevés de mains d’hommes jus- 
qu'au défi le plus tangent de tous 
les équilibres. Equilibre politique. 


équilibre des formes, équilibre des 
lois. Equilibre de la mémoire. Une 


lois. Equilibre de la mémoire. Une 
ville se balance sur 1e f3 de r éter- 
nité. Elle a crédité ses frayeurs et 
ses angoisses, ses prétentions et 
ses réussites, ses fiascos et tous les 
coups bas, et plus bas encore, dont 
elle a lardé son destin. La voilà 
offerte en exemple d'esprit d'indé- 
pendance et parée de toutes les 
vertus de résistance que l’on 
accorde aux esprits forts qui ont 
su ne pas plier la nuque. Lissée de 
faiblesse aussi, d'éphémère, car les 
tempêtes devaient avoir raison de 



Venise-sur-Mer 


cette fille de la mer, jusqu'à celles, 
douceâtres et mortelles, qui vin- 
rent la tourmenter et la ronger 
dans son cœur même, la mena- 
çant, comme en signe de 
châtiment suprême, de l’envoyer 
rejoindre ses limons d’origine. 


croire, comme éclose d’une image- 
rie de cartes postales - celles que 
peignait déjà Guardi pour les tou- 
ristes avant de devenir Guardi, - 
Venise fixée sur ses pilotis de bois. 


grandes chutes catastrophiques 
dans Tau-delà. Certains Vénitiens 


enchâssée de plomb, qui n’a plus 
d'autre destin à espérer que de 


Foraldabla prouesse, pourtant, 
que celle d’avoir, durant dix siè- 
cles, imposé son image de marque 
et su griffer de son label les avan- 
cées culturelles et marchandes qui 
séquençaient la longue marche 
que l’Occident entreprenait pour 
conquérir la Renaissanc e . Elle fut 
souvent en avance sur son temps 
cette cité-Etat, repliée et dépliée à 
la fois, pourrait-on dire, sur ridée 

S ju’eile se faisait d’elle-même, du 
bnd de sa lagune du début des 
âges, qui aurait pu tris tôt lui ser- 
vir de tombeau lacustre, mais que 
son insolente précarité allait ran- 
ger parmi les grandes places fortes 
Jamais imaginées par l'homme 
pour enhardir ses expéditions, 
tout en gardant obstinément en 
tête le cheminement de la route 
des retours. Tout Venise est là. 
Dans la rassurance du foyer primi- 
tif; dans les éclats que lance le 
phare de cette maison-mère 
amniotique d'où partent et vers 
laquelle reviennent des enfants 
fidèles, le plumage lustré à des 
vents inédits, les mains gantées de 
sel, d’or et «fépices. 


d autre destin a espérer que ae 
continuer à être Venise, Venise 
aura mérité d'êire cette citadelle 
du trouble et de l’étrange au 
regard du très méthodique vaga- 
bondage que ses citoyens ne cessè- 
rent jamais de développer pour 
meubler leur cité de tous les tré- 
sors qui fixaient sa respectabilité 
et lui offraient la curiosité ombra- 
gée d’une Europe qui mettrait du 


temps â émerger de la gangue du 
Moyen Age. Elle était fragile et 


dansTau-dèlà. Certains Vénitiens 
avaient tenté des expéditions Sur 
les marges océaniques de l’Afri- 
que, mais à l’évidence la Sérénis- 
sune ne pouvait raisonnablement 
songer à s’engager dans le défi 
atlantique. Le territoire que cou- 
vraient ses vaisseaux était déjà 
vaste, et si ses laboratoires carto- 
graphiques rendaient des travaux 
très convaincants, ii ne sera 
jamais question de se colleter avec 
les brumes du Nord qu’en laissant 
partir à rythme régulier - expédi- 
tions déjà tris remarquables - ses 
convois vers l'Angleterre et les 
Flandres. Au demeurant, alors 


Comme à Nègrepont, èn mer 
Egée, où Nicolo Da Canal, le capi- 
taine général, se frît bousculer par 
la flotte turque qui s’était décou- 
verte à lui sous la forme peu 
réjouissante d’une véritable e forêt 
sur la mer*. 1470. Le lion ne rugit 
plus seuL 

Il est pourtant toujours en 
grande et vigoureuse forme et ue 


relâche en rien les prêtai lions qui 
sont les siennes à entrer dans fan 


sont les siennes à entrer dans fan 
1500 avec encore des exploits à 
signer. Constance de Venise. Les 


échecs sont motifs & punition pour 
les coupables et à réflexion pour la 


jalousée cette République conqué- 
rante qui essaimait, tout au long 
de son avancée, ses commis les 
plus déliés pour entretenir les 
rouages délicats du grand négoce 


même que les nouveaux conqué- 
rants portugais, espagnols et hol- 
landais préparaient leur saut vers 
les promesses de l’inconnu, 
Constantinople, en 1453, tombait 
aux mains des Turcs. Apres Gênes 


communauté; les déconvenues, 
eües, amènent à des jeux politi- 
ques plus corsés encore. Comme 
la désastreuse nouvelle que rap- 
porte Vasco de Gaina en annon- 
çant que les Indes désormais pou- 


vaient être jointes parla cap de 
Bonne-Espérance. La . Bourse du 


« Depuis' toujours élevés dans 
l'eau », selon l’expression, les 


Vénitiens ne trouvèrent de meil- 
leure manière de fortifier leur 
mouvant territoire qu’en en proje- 
tant les limites hors du périmètre 
sacré où le lion, logo et symbole 
du jeune Etat, venait d'installer 
ses quartiers. L'Adriatique - le 
golfe de Venise comme on la nom- 
mera, - n’autorisait qu’une seule 
pensée, qu’une seule route, celle 



Entrée de f arsenal 


de la Méditerranée sur laquelle le 
démantèlement de l’Empire 
byzantin laissera bientôt glisser les 
galères du doge. Sur la carte stra- 
tégique plaquée au mur du bunker 
du palais ducal s’inscrivaient les 
places conquises : Eu bée, Corfou, 
Candie, Naupiie. Et comme il fal- 
lait faire argent de tout et ne 
jamais rien céder qui ne pût 
contribuer à installer la puissance 
de la République, ou troqua le 
transport des croisés contre un 
coup de main sur Constantinople 
avant de les lâcher sur Jérusalem 
où, paraît-il, ils avaient des 
comptes à régler. L'Egypte et 
Alexandrie devenaient plus 
proches et plus, proche aussi le 
lourd butin, que les transitaires 
qui arrivaient de l’Inde et de la 
Chine avaient à proposer. 

Venise que fou visite sans y 


international. Ils étaient partout, 
« honorables correspondants », 
marchands, aventuriers, diplo- 
mates. Au courant de tout. En 
avance sur tout A croire qu’a y 
avait un style vénitien pour 
emporter tes marchés et inspirer la 
confiance en même temps que la 
crainte. □ fallait savoir se battre 
en affaires avec ces rapaces qui ne 
tardèrent pas à employer la politi- 
que de la canonnière pour faire 


- le vieil ennemi,- c'est avec 
Istanbul que Venise, désormais, 
devra apprendre à partager ses ter- 
ritoires maritimes. 


La combat naval change de 


nature. A l'artillerie embarquée, 
dont on juge encore mal les effets, 


respecter leurs droits et en pro- 
mulguer de nouveaux. Venise 
intelligente, rapide d'esprit, inso- 
lente d'indépendance; dégagée de 
l’obédience que iemonde chrétien 
devait à Rome. Seule. Admirable- 
ment. Dangereusement. 

La Méditerranée n’était plus 
tout à fait une mer fermée : on. 
savait franchir les Colonnes 
d’Hercuie sans redouter les 


dont on juge encore mal les effets, 
Vient s'ajouter une sauvagerie 
dans la gestuelle guerrière qui dit 
toute la crainte qui s’est éveillée 
dans la cité des lagunes en décou- 
vrant la puissance de son nouvel 
adversaire. La rencontre armée 
entre gens civilisés est terminée. 
Désormais, on fera l'économie des 
prisonniers. Esclaves, on merce- 
naires &ecs qui servent sur les 
bâtiments ottomans, seront systé- 
matiquement taillés en pièces, 
manière pour les Vénitiens de 
faire des coupes franches dans te 
personnel qm travaille chez l'en- 
nemi. Cria ne suffit pas toujours. 




blent les pièces dn damier de la 
puissance militaire. Les foudres de 
la dissuasion ne ré représentant 
pas, l’endroit est d’une grande 
austérité. On le ceinture même, 
volontairement de murs obsolètes 
pour que le citoyen n’aille pas 
croire que ce qui s'y construit 
pourrait être un jour tourné contre - 
lin, mais seulement pour en proté- 
ger les techniques et les secrets 
contre irespion.1 qui , \ à\ Venise! ne 
cessera jamais de rôder autour du 
périmètre interdit. Aujourd’hui 
encore, le lieu reste protégé par ce 
vieil atavisme, comme si la ville, 
fouaillée, fouillée, violée, souhai- 
tait conserver encore un peu de 
son intimité en ne permettant pas 
que l’on entre chez les fantômes 
comme dans n’importe quel mou- 
lin. 

On a fût beaucoup de cas des 
émotions de Dante, éberlué par le 
souffle magistral qui balayait les 
chaînes de montage d’où sortaient 
les {galères sitôt construites, sitôt 
prêtes au combat. Pour lui, une 
estampe noire sortie de l’enfer du 
monde ouvrier. Ce devait être 
pire. Le Sénat tenait son pouvoir 
des corporations, les corporations 
leurs droits, de leur savoir-faire. 
L’équilibre de la terreur se jugeait 
au rendement. Le contremaître, le 
proto, avait l’affaire en main. Nul 
ne pouvait fui contester ses préro- 
gatives et aucun régner & sa place 
sur les chantiers où, maintenant, 
la performance le disputait à 
t’adresse. Il savait tout en n’ayant 
jamûs rien appris, ne connaissait 
ni Eoclide, ni Apolloaios, ni la 
mécanique des fluides, ni ie traité 
sur (es sections coniques ; son ait 
tenait & sa mémoire et & la dexté- 
rité à transmettre les bonnes cotes 
et à les frire respecter. Quand il 
fallut accélérer les cadences et 
tenir près d’une centaine de 
navires en état de continuer à 
enrichir la cité tout en la déga- 
geant des mêlées féroces qui rou- 
gissaient le pourtour méditerra- 
néen, le peuple de l’arsenal 
répondit comme un seul homme à 
l’effort de guerre. Les ordres du 
charpentier de marine se frisaient 
entendre jusque dans les couloirs 
dn Sénat. L’aristocratie du monde 
du travail reversait à celle qui 
avait su lui conserver ses libertés, 
les intérêts de sa confiance. 


poivre en fut perturbée, mais 
Venise, d’alliances en traités, de 
promesses en patience, ne tarde- 
rait pas à voir la mer Rouge rede- 
venir son grand circuit d’approvi- 
sionnement. On a dit qu’elle 
formait des énarques, plutôt de 
fins négociateurs, la dague à la 
ceinture, le dessous-de-table géné- 
reux. 

Sa task force, rite la construisait 
dans son arsenal, «le plus grand 
chantier de l'Occident », comme 
on a pu le dire. Une ville dans la 
ville, une forteresse républicaine. 
Un sanctuaire. II y a trois centres 
solaires dans cette ville-Etat: 
Saint-Marc, où la fille aînée de 
l’ancienne Rome donne les atten- 
dus de sa rhétorique politique; le 
Rialto, où s'exprime la courtoise 
rigueur du monde marchand ; l'ar- 
senal, où se forgent et s’assem- 


L’Europe continuait de gronder 
contre cette petite puissance toute- 
puissante. Les Turcs ne lâchaient 
plus leur proie. Imperturbable, 
L’arsenal construisait ses trirèmes, 
ses quadnrèmes, ses quinqué- 
rèmes. Survint la bataille de 
Lépante. 7 octobre 1571. Venise 
s’allie & l’Espagne et à Rome pour 
en terminer avec les prétentions 
des maîtres de la Corne d’Or. Et 
gagne, en faisant tonner ses 
galéasses, les nouveaux cuirassés 
sortis des chantiers de l'Arsenale 
Novissimo. Cervantès, on le sait, 
perdra ce jour-là la main gauche - 
«pour la gloire de la droite » - et 
Chypre restera sous le contrôle des 
vaincus, mais Venise avait fût la 
démonstration, une fus encore, de 
son habileté à se battre et à se 
déplacer sur feau. 


Jean-Pierre Quélîn 


> A lire, dan» la série 
« Mémoires», chez Autrement, 

Venise 1500. ta triompha du 
mythe; avec notamment l'étude 
consacrée .à l'arsenal par l'un de 


ses' grands spécialistes. Entrio 
Conçu», 120F. 


- ► Ventes, une MjpuMJgûs mari 
t/ma, da Frédéric C. La ns. 
« Champs », Flammarion, 57F. 


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