L'INTERMÉDIAIRE
DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
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LINTERMËDIAIRE
DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
FONDÉ EN 1864
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE, HISTORiaUE ET ARTISTIQUE
aUESTIONS ET RÉPONSES, LETTRES ET DOCUMENTS INÉDITS
COMMUNICATIONS DIVERSES A L'USAGE DE TOUS
LITTÉRATEURS ET GENS DU MONDE, PROFESSEURS, ARTISTES, AMATEURS,
BIBLIOPHILES, ÉRUDITS, COLLECTIONNEURS, ARCHEOLOGUES, GÉNÉALOGISTES, NUMISMATES, ETC.
42^ ANNÉE — 1906
PREMIER SEMESTRE
PARIS
L'INTERMÉDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX
31 bis, RUE VICTOR MA'SÉ, 31 bis
309
LIV Yolnme
428 Année
31 '".P. Victor Massé
PARIS (1X«)
Bureaux : de 2 à 4 heures
Paraissant les 10, 20 et )o de chaque mois 10 Juillet 1906.
QU^QUE
Cherchez et g /^M^^!^^ o ^' se faut
vous trouverez '^ ^t'^ÉSÎ^^ S entr'aider
N° II 16
31 '".r. Victor Massé
PARIS (IX«)
Bureaux : de 2 à 4 heures
€ 3nUx%\xihxa\xt
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
. I 2
(âueôtianô
\
Saint-Simoniens. — Existe-t-il en-
core des Saint Simoniens ?
Lettres de Mme de Sévigné
brûlées. — Je lis dans les Souvenirs de
France et d' Italie du comte d'Estourmel ;
« M. de Tréneuil, auteur du poème des
Tombeaux de Saint-Denis, me racontait
qu'il avait assisté à un déplorable auto-
dafé : M. de Cas..., à son lit de mort, or-
donna de jeter au feu un paquet de lettres ;
et ces lettres étaient de Mme de Sévigné.
— Leur publicité pourrait avoir des
inconvénients, disait-il».
Quel était ce Vandale ? Et quelque
collaborateur de l'Intermédiaire aurait-il
des renseignements complémentaires, un
peu moins succints, sur ce procédé de
collectionneur. .. à rebours ? d'E.
La reine Hortense et l'amiral
Ver Huell. — Il est admis que l'amiral
Verhuell fut le père de Napoléon 111 : à
mon humble avis, la chose est impossible
et je considère qu'il n'y a rien à ajouter à
ce qu'a écrit à ce sujet Frédéric Masson
dans Napoléon, et sa famille. Mais la lé-
gende est vivace et l'on peut dire : « que
sans avoir été le père il a été l'amant de
la reine ». Dans ce cas, je me permets de
poser la question suivante : Peut-on dire
à quelle époque la reine et l'amiral se sont
trouvés ensemble et combien de temps,
dans la même ville .?
Peut-on aller plus loin, et nous citer
un texte, un fait qui prouve que la reine
et l'amiral se sont seulement parlé ^ et
dans quelles circonstances ^
Germain Bapst.
La premièrj femme bachelière
en Franc tî. — Le féminisme est en
marche victorieusement. Il a marqué ses
conquêtes par l'abolition des privilèges
masculins. L'histoire sera curieuse de
savoir laquelle fut, pour chaque conquête,
la première. Aussi vais je poser ces
questions, qui sont déjà controversées; que
sera-ce plus tard,quandles témoins seront
disparus .?
Quelle a été la première femme bache-
lière en France ^
Dates. .
Ne remontons pas au déluge ; il s'agit
du féminisme contemporain. M.
Les premières femmes médecins
et internes. — Quelle a été la première
femme — française — reçue, à Paris,
docteur en médecine ?
La première femme étrangère, reçue
docteur en France .^
La première femme reçue docteur en
Amérique ?
La première femme reçue docteur en
Angleterre ?
La première interne dans les hôpitaux
français ?
La première femme médecin et phar-
macien à la fois?
Dates. .M.
LIV-1
N» 1117.
L'INTERMEDIAIRE
5
La première femme avocate. —
Quelle a été la première femme, en France,
qui fut avocate ?
La première femme étrangère qui fut
admise à soutenir sa thèse de doctorat ?
La première femme qui mit une robe
d'avocat ?
La première femme qui plai'^a, depuis
1870?
Et quand? M.
La première femme entrée aux
Beaux-Arts. — Qui fut la première
femme entrée à l'atelier de l'Ecole des
Beaux-Arts ?
La première médaillée des ateliers des
Beaux- Arts .? M.
La première femme conoourant
pour le prix de Rome. — Qui fut la
première femme reçue aux examens pour
le prix de Rome, en peinture, en sculpture,
en musique.? M.
La première femme inscrite sur
les listes électorales. — Qui fut la
première femme inscrite sur les listes élec-
torales ? Comment fut faite cette inscrip-
tion .? Quelle suite lui fut donnée f M,
Personnel de l'Abbaye aux Bois
en 1762. — Lucien Perey, dans sa vie
de la princesse de Ligne, semble bien ren-
seigné sur ce sujet, je pense donc qu'il
existe des documents aux Archives natio-
nales ou ailleurs. Pourrait-on me donner
ou me dire où trouver la liste du person-
nel complet des religieuses et surtout des
dames pensionnaires en 1762-1765 ?
Leslie.
Places et prix des places de
théâtre au XVIII« siècle. — Je viens
de feuilleter les registres de recettes et de
dépenses journalières de la Comédie Ita-
lienne, de 1744 à 1760, que le très ai-
mable conservateur de la Bibliothèque des
Archives et du musée de l'Opéra,
M. Malherbe, a bien voulu mettre à ma
disposition.
Or, sur ces registres, le caissier Linguet
porte, à l'article recettes, le prix perçu des
parterres, des premières, deuxièmes et
troisièmes loges. La Comédie Italienne
(ancien théâtre de l'Hôtel de Bourgogne),
avait cependant d'autres places, par
exemple, celles d'amphithéâtre et de théâ-
tre ; ces dernières étaient représentées
par des banquettes disposées sur la scène
et séparées des acteurs par une balustrade
incomplètement fermée. Mais qu'enten-
dait-on par amphithéâtre ? En tout cas,
les places d'amphithéâtre et de théâtre
ne figurent pas sur les registres de Lin-
guet ; et il n'est guère admissible qu'elles
fussent gratuites. d'E.
Les Maniotes. — On demande de
quelle population peut-il bien s'agir dans
cette phrase : « Toulon, juin 1770... Le
roi vient d'armer deux frégates et deux
chébecs dont le commandement sera
donné à M. de Sade, mais cet armement
regarde moins Tunis que le Levant, où les
Maniotes arrêtent notre commerce et jus-
qu'à ce que les troubles soient apaisés
nos vaisseaux marchands n'iront et ne
viendront qu'avec escorte. » P. F,
Evêsbé de Maillezais. — L'abbaye
de Maillezais (Vendée) fut le siège d'un
évêché depuis 13 17 jusqu'en 1648. Ya-t-il
un travail historique plus récent que
V Histoire de V abbaye de Maille:(ais^ par
l'abbé Lacurie (Fontenay, Filion, 1852) ^
L.
Généalogie de Déranger. — Dans
le premier volume de la Correspondance
de Béranger (Paris, 1860), page 3 à 13,
figure une généalogie qui est l'œuvre du
père de Béranger : « généalogie ridicule »,
a dit Sainte-Beuve {Nouveaux Lundis,
\, 169). Elle ne Test pas plus que beau-
coup d'autres.
L'éditeur, M. Paul Boiteau, a cité, à
l'appui de ce document, un certain
nombre d'actes authentiques qui avaient
été réunis par l'auteur de la généalogie,
et qui permettent de suivre avec sûreté
l'ascendance de Béranger jusqu'à trois
générations en arrière : ce qui donne huit
quartiers, huit familles qui, toutes, pa-
raissent être du peuple ou de la petite
bourgeoisie.
Mais, en remontant de deux degrés
encore, on arrive au quartaïeul du chan-
sonnier, Louis de Béranger, écuyer, sieur
de Formentel, qui épousa, en 1661, de-
moiselle Albertine de Mersix, « dernière
de son nom et de sa famille ».
Nous sommes là en pleine noblesse ; et
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
ïo Juillet 1906.
5
'1
un
si nous continuons à suivre la filiation,
nous trouvons, à la 6° génération,
personnage qui acheta, en 1614, le fief
de Formentel ; à la 7^, un ami du roi
Charles IX ; à la 8^, un gentilhomme
venu d'Italie, etc. ,
Le plus sage est de laisser de côté, au
moins pour le moment, cette prétention
du père de Béranger, de rattacher la ligne
de ses ascendants à une famille tloren-
tine. Mais il serait intéressant de savoir
que penser du sieur de Formentel et de
sa femme. Et d'abord, où sont situés le
fief de Formentel et le château de Mersix ?
Debasle.
Le fils de Douglas Home — La
princesse de Metternich dans ses mé-
moires raconte les scènes surprenantes
auxquelles la fit assister soit aux Tuileries
soit dans quelques salons parisiens le cé-
lèbre médium Douglas Home. Ce dernier
eut l'occasion de lui parler des phéno-
mènes médianimiques étonnants obtenus
également par son petit garçon alors âgé
de 3 ans (cela se passant en 1863) —
Qu'est devenu ce fils de Home ?
G. DE Massas.
Emma de Koîly, bibliophile. —
« Exemplaire imprimé pour la biblio-
thèque de Mlle Emma de Kolly ».
C'est une inscription à la presse, sur le
faux-titred'un petit ouvrage publié en 1821.
La reliure est en maroquin vert et
porte des armoiries que je crois pouvoir
lire ainsi : de... à la blinde d'azur, accom-
pagnée en chef d'une demi-ramure chevillée
de cinq dagues ; et en pointe d'une mâcle de
gueules. — Couronne de comte. — ■ Sup-
ports : deux lions.
Emma de Kolly est-elle la fille du
célèbre italien qui tenta de délivrer Fer-
dinand VII en 1810 ?
Ces armes sont- elles les siennes .? -f-
Famille de Pindray. — Y a-t-il
communauté d'origine entre les familles
suivantes :
De Pindray, marquis d'Ambelle, en
Saintonge ;
De Pindray, seigneurs de Lagayère,
Champagnac,le Roc, en Périgord ;
De Pindray de Millecens, Gadebors,
Champagne, Villars, la Brousse, Brie, ne
Saintonge ;
De Pindray de Saint-Flourens, les
Grandes-Places, la Salle, en Bordelais ?
Pierre Meller.
Le sieur Turot. — Cet homme
devenu de comédien secrétaire général de
la police, fut expédié, après le coup d'Etat
de Brumaire, de Saint-Cloudaux barrières
de Paris, avec une brigade d'agents, pour
empêcher les députés de rentrer dans la
ville. Mais Fouché, dont Bonaparte aurait
voulu se passer, avait prévenu Turot ; et
celui-ci trouva les postes occupés par
d'autres agents du « patron », que le
secrétaire général de la police avait espéré
« dégoter » suivant l'expression d'Ar-
nault dans ses Mémoires d'un sexagénaire.
A cette époque (1799), Turot était pro-
priétaire de la Gû:{etiede France, mais je
perds sa trace pendant la Restauration. Que
devint-il ^. Paul Edmond.
Armoiries à déterminer : d'ar-
gent, à la face de sinople. — D'ar-
gent, à la face de sinople, chargée de trois
cœurs d'or, et surmontée^ à dextre, d'un
croissant cle gueules.
Ces armoiries, peintes à la main, se
trouvent sur un exemplaire des œuvres de
Tite-Live (B. Prévost, 1559, in-fol.).
Z. Y. X.
Armoiries à déterminer : d'azur
au chevron d'or, accompagné. — •
Quelle famille portait les armoiries s'é-
nonçant ainsi : d'apir, an chevron d'or,
accompagné en chef de deux étoiles de même
et en pointe d'un mouton d'argent ?
Ces armoiries sont sculptées au dessus
de la porte d'une maison du hameau de
Saint-Julien, à Sennecey-le-Grand (Saône-
et-Loire. A. H.
Assiette de fayence armoriée :
écu à déterminer. — Sur une
assiette de vieux Rouen, se trouve cet
écusson ; Coupé de gueules, au lion passant
d'argent, et d'argent à une moucheture
d'hermine de sable ou de guetiles ?
Je remercie d'avance du renseignement
que l'on voudra bien me donner.
Leslie.
Armoiries de Sainte Beuve. —
11 y a déjà longtemps que dans V Intermé-
diaire (XV llï^ 143) il a été question de ces
N° 1117.
L'INTERMEDIAIRE
8
armoiries. M. de Beauchesne les avait
fait peindre dans une des salles de son
pavillon de Sainl -James : c'était dans les
premières années du règne de Louis-Phi-
lippe. Mais où est ce pavillon ? Et ces ar-
moiries qui ont été peintes il y a soixante-
dix ans, s'y voient-elles toujours ^
Le collaborateur qui a mis le premier
ce sujet sur le tapis (XVllI, 36) parlait
d'une lettre de Sainte-Beuve « où, à pro-
pos d'un projet de mariage en l'air il re-
vendique très sérieusement la particule
nobiliaire. » Cette lettre n'a jamais été
publiée. Userait intéressant d'en connaître
le texte. Debasle.
Le prince de Liaibourg et l'ordre
du Mérite de Srànî-Philippe. — Je
m'occupe d'un peintre de la fin du xviii^
siècle qui a annoncé dans les feuilles pu-
bliques de 1776, que le Prince régnant de
Limbourg l'a nommé son premier peintre
et créé, par lettres-patentes, chevalier
honoraire de l'Ordre du mérite de Saint-
Philippe.
Mes recherches sont demeurées vaines
pour identifier cette principauté et retrou^
ver cet ordre de chevalerie ; je prends la
liberté de m'adresser aux lecteurs de Vin-
termèdiaire pour obtenir de leur compé-
tence quelques renseignements ou indica-
tions de sources. H. B.
Christ et saints eaipailléd. — Ce
titre semble irrévérencieux ; et pour-
tant, comment dire .?
L'abbé Florens, le distingué curé de
Conques (Aveyron), a constitué, à côté
du célèbre trésor, un musée religieux qui
renferme plus d'une pièce intéressante, La
moins curieuse n'est pas, assurément, un
Christ en croix, de grandeur naturelle et
fait en peau bourrée. On raconte qu'une
paysanne, en voyant cette singulière
chose, s'écria :
— Ah ! mon Dieu ! On a écorché notre
Seigneur et en voici la peau !
Connaît-on d'autres exemples de Christ
ou de saints empaillés .? Iskatel,
Une citation de P^îontaigne. — Un
magistrat, dans une allocution toute ré-
cente à Bordeaux, a cité les paroles sui-
vantes de l'auteur des Essais : « Recevant
un jour, d'un fâcheux, le reproche de
n'avoir pas apprécié un litige comme
auraient fait Socrate et Caton, Mon-
taigne répondit : << Hélas ! je ne suis
qu'un homme, Caton et Socrate étaient
des dieux. Je me reconnais parfaitement
incapable d'imiter leurs vertus, et j'excuse
ceux qui, comme moi, ne peuvent s'éle-
ver à une aussi grande hauteur de perfec-
tion >>.
N'ayant pu découvrir ce passage, je
serais reconnaissant à celui des collabo-
rateurs de V Intermédiaire qui pourrait me
signaler le chapitre des Essais où il se
trouve. A. Jy.
Zanzé. — On connaît le gracieux épi-
sode de Zanzé, dans Le mie ' prigioni de
Silvio Pellico. L'auteur a publié ce livre
en 1832, soit onze ans après l'époque où
il était emprisonné à Venise, et avait
quelquefois l'occasion de s'entretenir avec
l'aimable fille de son geôlier.
L'année suivante, celle-ci prit connais-
sance du récit de Pellico. Elle en fut frois-
sée, et même indignée ; et elle exhala
son mécontentement dans un écrit de
quelques pages : Chateaubriand en a
donné le texte italien, et une traduction
française, dans la dernière partie des Mé-
moire d' Outre-Tombe, où il raconte son
voyage en Italie, au mois de septembre
1833. Entre les dires de Pellico et ceux
de Zanzé, Chateaubriand fait une cote
mal taillée, qui ne saurait satisfaire un
esprit critique. Il y aurait quelques re-
cherclies à faire : vérifier, par exemple,
l'assertion de Zanzé, qui prétend n'avoir
eu que treize ans en 1821.
Ces recherches ont-elles été faites ? Y
a t-il, sur cet épisode, une étude impar-
tiale, exacte et judicieuse ? Debasle.
P. J . Leroux ot son Dictionnaire.
— Selon nos encyclopédies (Biographie
Didot, Larousse, etc. ), P. J. Leroux serait
mort à Amsterdam « vers 1790 ».
Voilà un homme dont la vie aurait été
longue, car il avait publié son Diction-
naire comique en 17 18 et son Histoire du
Père La Chaise en 1693, soit 97 ans avant
sa mort.
Ne pourrait-on obtenir des renseigne-
ments un peu plus sérieux sur cet auteur ?
Certainement il n'existait plus en 17 50,
puisque une édition publiée à cette date,
et que j'ai entre les mains, parle de ses
Ijéritiers.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1900,
10
Leroux était réfugié en Hollande,
comme beaucoup d'écrivains français à
son époque. A-t-on lait des recherches
particulières sur la vie de nos littérateurs
dans les Pays Bas sous Louis XIV ?
Un Passant.
Bagaa marquise, — On sait qu'une
bague de forme elliptique porte ce nom.
Pourquoi ? U. L.
Patron Jacquet. — Tout le monde
connaît l'expression : « Se lever dès pa-
tron Jacquet ». Quelle est l'origine de
cette expression ? Est-il exact qu'autre-
fois on disait : « Poiltron Jacquet » ? Dans
ce cas (i) que signifie « Poiltron » .?
Ne dit-on pas parfois : Patron Minet ?
Un proverbe vendéen contient le mot
Jacquet, (facquet est à la porteX(^2).
Marcel Baudouin,
* *
V Intermédiaire a posé cette question en
1865 et en 1880. On a répondu : les réponses
sont contradictoires. On a répondu :
11 faut dire patron-minette ; patron dans
l'ancienne langue signifie petit. Se lever dès
patron minette, c'est se lever en même temps
que le petit de la chatte.
On dit ^ussi patron jacquet ou dès le paître
au minet et au jacquet. Le jacquet, c'est
l'écureuil.
La leçon est : dès le moment où le chat ou
l'écureuil va paître.
A Rouen, il y a la place jacquet oij se réu-
nissaient autrefois à l'aube les maraîchers. On
en concluait que « patron jacquet » était une
allusion à cette circonstance.
Balzac dit : « Us ont tous décanillé dès le
patron jacquet ».
Littré, Rozan, Genin, Lorédan Larchey, ne
sont pas d'accord sur le sens et le style de
cette expression. Les auteurs l'emploient de
différentes façons, le peuple aussi.
Se lever dès patron minette, dès patron
minet, dès poiltron jacquet ou patron jacquet,
c'est se lever de bon matin, mais pourquoi ?
les travaux c\qV Intermédiaire que nous venons
de résumer, ne nous ont pas apporté de solu-
tion. La question peut donc être posée à nou-
veau, niais les auteurs des réponses avertis se
dispenseront de répéter ce qui a été dit déjà
dans nos colonnes II, 419, 499, 564; XII, 740;
(1) Cette orthographe se trouve dans un
petit livre rare, et peu connu de 17 15 : La
peine et la misère des garçons chirurgiens, q\.c.
par un anonyme,
(2) Voir, sur sa signification : Rev, des
Trad.j Paris, 1906, juin, n* 178.
j Saint Christophe et l'enfant Jé-
sus. — Le petit musée du presbytère de
Conques (Aveyron), récemment constitué
par la réunion d'objets religieux prove-
nant de Conques même et des paroisses
voisines, renferme deux statues de saint
Christophe qui m'ont paru curieuses.
Dans l'une, l'enfant Jésus est à califour-
chon sur les épaules du saint ; dans l'au-
tre, il est debout sur l'épaule droite du
saint, qui le tient par la main.
Les peintres et les sculpteurs représen-
tent ordinairement l'enfant Jésus assis sur
l'épaule droite du saint.
Connaît-on d'autres exemples mar-
quants de la position à califourchon ou
debout ? IsKATEL.
Litanies de la Providence. —
Bernardin de Saint-Pierre a raconté que
dans une promenade qu'il faisait un jour
avec Jean-Jacques Rousseau, ils entrèrent
à la chapelle du Mont-Valérien. « où Ton
récitait, dit-il, les litanies de la Provi-
dence,qui sont très belles. Nous entrâmes
justement au moment où l'on prononçait
ces mots : Providence, qui avez soin des
voyageurs ! Providence, qui avez soin des
empires ! »
Je me suis adressé à un savant ecclé-
siastique, pour savoir où retrouver le
texte de ces litanies que Jean-Jacques et
son ami avaient admirées. 11 n'a pas pu
me donner le renseignement que je lui
demandais, et il m'écrivait à ce sujet :
« A part les litanies du saint nom de
]ésus, de la sainte Vierge, et celles de
tous les saints, qui sont admises, approu-
vées et fixées par l'Eglise, les litanies
sont une formule de prières laissées à la
libre inspiration des écrivains et des édi-
teurs. De là, une grande variété... » Et il
ajoutait que la bibliothèque épiscopale
d'une ville de province n'était pas assez
riche pour que s'y trouvassent tous les
livres de prières du xvm= siècle. C'est
dans un de ces livres — lequel ? — qu'on
retrouverait les paroles qui étaient restées
dans la mémoire de Bernardin de Saint-
Pierre :
« Providence, qui avez soin des voya-
geurs ! Providence, qui avez soin des
i empires ! »
Debasle,
N" 1117
L'INTERMEDIAIRE
1 1
12
Eéponôcô
Un oncle de Molière, marchand
de soi© (LUI, 836, 921, 973). — Louis
Pocquelin, frère consanguin du père de
Molière, était marguillier de sa paroisse
Saint-Germain-le-Viel et habitait le coin
du Marché Neuf où s'élève actuellement la
caserne de îa;Cité.ll était marchand de draps
de soie, receveur général des finances,
administrateur de l'hôpital de la Charité.
Il mourut en 1669, ayant eu de sa
femme, Marie Lempereur, cinq enfants,
dont Madeleine Pocquelin, qui épousa
François Gaultier, marchand de soie. Et
ce furent les époux Gaultier, cousins
germains de Molière, qui fournirent le
deuil d'Armande Béjart, en février 1673.
GEOrîGES MONVAL.
Procès-verbal sur le séjour de
Napoléon à l'île d'Ais(LlII,885,904).
— A propos du séjour de Napoléon à l'île
d'Aix, nous pensons qu'il est bon de pu-
blier tous les documents qui ont trait à
cette période de l'existence de l'empereur,
depuis le moment où il signe son abdica-
tion jusqu'à son arrivée à Sainte-Hélène.
Parmi les officiers qui se distinguèrent
par leur dévouement à l'empereur déchu,
il faut noter le jeune Sainte-Catherine
d'Audiffredy, un parent de l'impératrice
Joséphine, déjà signalé parles mémoristes
de répoque, pour la fidélité qu'il garda à
celui qui l'avait honoré de sa confiance.
La lettre suivante, inédite, adressée à
M. Sainte Rose Tascher, à Paris, contient
dans sa brièveté quelques détails intéres-
sants :
A bord du vaisseau amiral Portsmouth.
18 septembre 1815.
Tu ne saurais te faire une idée des tour-
ments que nous avons éprouvés dans ce
voyage, même dans quelques villes de
France, principalement à Saintes où nous
sommes restés avec le prince Joseph, pen-
dant 24 heures, pr sonniers par le peuple.
Depuis notre départ des frégates françaises
sur lesquelles nous n'aurions jamais dû nous
embarquer, nous avons été transportés sept
fois de vaisseaux en vaisseaux et de rades
en rades, sans jamais voir la terre que de
loin. Le général Bertrand, le général Mon-
tholon, le général Gourgaud, M. de Las
Cases, madame Bertrand et madame de
Mojitholon ont eu la permissipn d'aller à
Sainte- Hélène, où je n'ai point eu le bonheur
d'aller quoique j'en eusse fait plusieurs fois
la demande.
Signé : Sainte-Catherine d'Audiffredy.
P. ce. R. PlCHEVlN.
Le mur de Lutèce (LUI, 889, 99=;).
— D'une lettre que nous adresse M. Ca-
mille Piton :
Je crois que l'on fait fausse route en vou-
lant voir dans ces murs des murs d'enceinte;
on ne peut pas trouver enfoui le moindre
bout de mur dans la cité, sans les rattacher
au mur d'enceinte. A mon avis, c'est là de
l'exagération: si le mur d'enceinte, retrouvé
auparavant, qui est a 25 mètres des bords
du fîeuve est le vrai, comment ces modernes
murailles qui se trouvent à 50 mètres de la
Seine seraient-elles rattachées à l'autre?
*
Du Temps :
M. Héron de Villefosse annonce à l'Aca-
démie qu'on a retiré du mur antique décou-
vert au cours des fouilles entreprises au
marché aux Fleurs, derrière le tribunal de
commerce, plusieurs monuments nouveaux
du plus grand intérêt. Le 25 juin on a no-
tamment mis à jour un cippe funéraire en
forme d'autel, orné de volutes à la partie
supérieure et présentant sur la face anté-
rieure une inscription gravée dans un enca-
drement.
Le titre d'cxarchus qui accompagne le
nom du défunt donne à ce texte un intérêt
particulier. Dans la milice romaine des bas
temps, ce titre appartient à des officiers qui
ont le commandement d'un numerus ou
d'une ala. Ils paraissent toujours avoir été
placés à la tête d'une troupe montée.
Il est curieux de constater qu'il y avait en
Gaule à la tin du troisième siècle ou au
commencement du quatrième, un corps de
chevaliers dalmates. En 1890 on a retrouvé
les tombes de deux d'entre eux à Châlons-
sur-Marne.
Si on peut établir l'époque de l'appari-
tion de \'e,vai'clius dans l'armée romaine,
l'inscription nouvellement découverte aura
une importance spéciale pour préciser la
date de la muraille romaine de la Cité.
Jusqu'ici on a considéré que les textes
mentionnant les exarques étaient postérieurs
à Dioclétien et on ne les fait pas remon-
ter plus haut que les premières années du
quatrième siècle. Il est possible cependant
que le texte découvert à Paris appartienne
au troisième siècle.
Il y a aussi une autre question à ré-
soudre.
Il serait utile de savoir si les deux murs
parallèles retrouvés dans les fouilles du Mé-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
13
tropolitain appartiennent au mur d'enceinte
de lii Cité.
D'après les relevés faits en 1829 à Saint-
Landry et d'après ceux que l'archéologue
Vacquerre a exécutés en 1867 lors de la
construction du nouvel Hôtel-Dieu dans
les rues Milieu-des-Ursins, de Glatigny et
du Haut-Moulin, relevés qui ont été repor-
tés sur un plan de la Cité par les soins de
M. Ch. Sellier, inspecteur des fouilles ar-
chéologiques, il semble que le rempart de-
vait être plus voisin de la Seine et passer à
peu près à l'endroit où était autrefois la rue
de la Pelleterie.
Les bases des deux murs récemment re-
trouvés pourraient donc appartenir soit à
une construction intérieure de l'enceinte,
contemporaine du rempart, soit à une con-
struction postérieure faite avec des pierres
provenant de la muraille voisine.
Condamnation de Jésus (LUI, 553,
621, 685, 732, 789, 900. — Tacite est né
en 54 ou 55 après Jésus-Christ et non
avant J.-C.j mort en 130, après J.-C,
s'il était né avant l'ère chrétienne, il aurait
eu un âge inconnu dans nos temps mo-
dernes, Beaujour.
Monogramme du Christ (LUI, 162,
237, 299). — ^ Les sarcophages en plâtre
ont été assez peu employés. On en a
trouvé un certain nombre à Paris et dans
les environs. Il s'en trouve au musée Car-
navalet ; ces sarcophages datent générale-
ment de l'époque mérovingienne du v* au
vu' siècle et portent en relief des sym-
boles chrétiens, monogrammes, croix, etc.
Cependant Lacroix, dans sa Vie militaire
et religieuse au moyen âge.^ cite des cer-
cueils en plâtre moulé qu'il attribue du
IX* au xiv' siècle.
C. B. O.
Sépultures d'artistes (LI ; LU ; LUI,
37, 79, 180, 302, 826, 986). — Le tom-
beau de Louise de Lorraine. — M. G. Wil-
deman signale la tombe de Louise de
Lorraine, femme de Henri 111, parmi les
personnages célèbres inhumés au Père-
Lachai.se, et demande si ce tombeau existe
encore.
La sépulture de Louise de Lorraine se
trouvait au Père-Lachaise dans un terrain
situé entre le chemin Suchet et le chemin
Abadie, à l'endroit où l'avenue des Aca-
cias fait un coude pour rejoindre l'allée
transversale n° i . Elle a été remplacée par
la tombe de Rouillé des Coudras. Voir à
14 .
ce sujet le Guide dans les cimetières de
Paris., édité en 1865 par A. Faure, 166,
rue de Rivoli.
Louise de Lorraine fut exhumée du
Père-Lachaise,le 16 janvier 1817 et trans-
portée à Saint-Denis, dans le caveau des
Bourbons. Voir à ce sujet la curieuse
odyssée de son cercueil dans une plaquette
qui vient de paraître : Louise de Lorraine,
L'Odyssée d'un cercueil royal, par le
D"" Billard. Paris, Maretheux, i, rue
Cassette. M. B.
Uniforme des dragons Liancourt
(LUI, 331, 458). — Comme suite à deux
communications techniques, la pièce sui-
vante a son intérêt qui n'échappera pas aux
sociétaires de la Sabretache, ni aux maitres
du passe-poil : je sacrifie l'orthographe
corporative, qui n'est pas en cause ici
Mémoire pour Monsieur le Marquis de*
des ouvrages faits par Balas M^ tailleur rue de
Bussy, paroisse Saint-Sulpice :
17:
aune
.***
Une
'7>
et
juin 13
tiers drap dra-
gon pour un habit uni-
forme de Liancourt, à 29 L. 34 13
Pour drap rose aux parements
et revers 4 »
Une aune et sixième pour la
veste et la culotte, à 24 L. 28 10
Cinq aunes de voile blanc pour
doubler l'habit , la veste ,
à 4L. 20 »
Seize gros boutons uniforme
pour l'habit, à 3 L. 12 la
douzaine, 4 14
Pour répaulette,le nœud et les
quatre fleurs de lys, 27 »
Pour doublure et poches à la
culotte, 4
Pour façon de l'habit complet, 24
Quatre douzaines petits boutons
pour la veste et culotte, pa-
rements et revers, 7 17 6
1777, juin 16
Fourni un second habit com-
plet uniforme, 155 4 10
Pour avoir remis des jarre-
tières à une culotte de cal-
niande blanche — fourni
l'étoffe. I 15 »
Le total ne pouvait civilement être
énoncé que sur invitation... il s'élevait à
212 L., 7 s. avec une différence d'un sou,
en augmentation sur le service précédent :
heureux âge, et qui nous reporte aux
Dragons de Liancourt — représentation,
description et couleurs
10
»
»
I
N» m?'
L'INTERMÉDIAIRE
15
16
*
* *
Au Cabinet des Estampes,à part les dix-
sept gravures en taille-douce du « sieur de
Montigny »(Cf. pi. XII,p. 162). il ne reste
que les sept planches par Hoffmann, et
encore aucune d'elles ne donne de dragon
du 18% arme pro gemino certamine — à
pied et à cheval ! De plus, le recueil des
Uniformes militaires, imprimé en 1772, ne
représente-t-il pas un dragon de La Ro-
chefoucault, ex-d'Autichamp, avec les
types de 1776, et les poches en long de
1779, en dépit de la légende « poche or-
dinaire »? Sans qu'il y ait à insister autre-
ment, sur le ton — dans le goût de l'épo-
que — cramoisi, qualifié « couleur de
rose »; il appartientà l'uniforme de 1786,
comme la visière de cet autre « mise à
l'essai en 1786 », est de 1779. duant aux
quatre fleurs de lys, sur l'habit de capi-
taine, je ne lésai su voir que dans la note
du tailleur ! A défaut, et comme docu-
mentation complémentaire, je signalerai :
1° Baron A. de Marbot, 11, pi. 222.
C'est un capitaine du régiment de Damas
(12^) qui est figuré : il suffira donc de
changer les caractéristiques, pour obtenir
une représentation exacte et d'un mouve-
ment superbe.
2" Montigny, pi. 2 : Louis, dauphin de
France (1672) en colonel de son régiment
(6*) ; mais l'exécqtion n'est pas aussi heu-
reuse, ni le dessin si assuré.
3" Musée de Versailles : portrait peint
du Dauphin, fils de Louis XV, en colonel
général de dragons ; le casque avec sa
crinière votive est sous vitrine.
4° Avec un peu de patience, et beau-
coup de bonheur, peut-être découvrirait-
on le chevalier d'Eon, aide de camp du
maréchal de Broglie, en capitaine de dra-
gons d'Autichamp — son régiment et son
grade pendant la guerre de Sept Ans —
on la voit souvent en escrimeuse, et son
portrait a été gravé par Bradel, 1779.
* *
* *
Pour la tenue, l'équipement général des
dragons depuis 1761, c'est dans l'Histo-
rique du II" régiment de Dragons par le
futur général Savin de Larclause, qu'il les
faut chercher : c'est la description la plus
autorisée et la plus précise.
L'ordonnance du i'' mars 1763 simplifie
encore l'habillement... Ce nouvel uniforme
comporte l'habit vert à aiguillettes, une
épaulette, la vcstp chamois, la culotte de
daim, un manteau gris et un casque à cri-
nière flottante sans visière, dit casque à la
Schomberg. En même temps l'épaulette est
donnée aux officiers comme insigne des
grades. Ils portent l'aiguillette à droite et
l'épaulette à gauche, complètement en ar-
gent, sans frange. En 1779, on leur donne
la veste blanche et la culotte de peau blan-
che ; une visière est adaptée au casque et
des bottes longues remplacent les bottines
et les guêtres (pag. 04, 65, 66j.
Sauf à compléter pour les proportions,
réquipage et les accessoires, à l'aide de
Montigny (légende) et des Ordonnances
et Règlements (texte analytique).
* *
Restent les couleurs distinctives ou
types du régiment. Au iS*^, de 1776 a
1786, elles ont changé trois fois .• Rose,
Chamois, Cra.moisi ; les schémas conven-
tionnels figurent dans les publications
classiques : collet, parements — revers
agraffés ou boutonnés — couleur et nu-
méro du bouton — direction des poches
— patte, aiguillette, liséré — équipage du
cheval, etc., etc., différencient les unités
ou les seconds régiments de la Division et
forment autant de questions pour un
chapitre où le chapeau seul — je veux
dire la coiffure — reste la même, MM.
Lienhart et Humbert n'y consacrent pas
moins de 5 planches, à ces caractéristiques
avec 15 dessins (II, 29, 30, 31, 32, 33).
D'après les indications des éditeurs de
Leipzig, les dragons de La Rochefoucault
portaient en 1777 :
Colletvert rabattu; parements roses; revers
roses^ avec agrafes et sans boutons ; patte,
couleur de fonds ; tour de patte ^noir ; poches
en travers ; boutons godronnés blancs, tim-
brés aun° 18.
Faut-il conclure de là que le noble
client de M' Balas, tailleur rue de Bucy,
n'était pas à l'ordonnance en 1777, le
13 juin ? Alors il s'y mettait le 16 1
Après la guerre de Sept Ans, on trouve
le 18° Dragons à Nancy, 1774 : le régi-
ment eut-il à fournir l'escorte royale pour
les fêtes du Sacre ordonnées par le maré-
chal de Duras, le 1 1 juin 1775 ? c'est ce
que je n'ai pu contrôler. En 1778, il est à
Séez, et à partir de 1779, au camp de
Vaussieux, à Neuchâtel et à Rouen. Le
13 avril, 1779, la Ga{ct!e de France,
dans la partie que nous appellerions ofli-
cielle, publiait cette nouvelle de la Cour :
Le Roi et la Famille Royale signèrent le
mois le contrat de mariage du
6Sde
ce
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
17
18
Marquis de la Coste Messelière, Capitaine
au régiment de la Rochefoucaiilt-Dra-
gons, avec demoiselle de Saint-George-
Vérac.
Si tel est le point de départ des recher-
ches commencées sur l'uniforme des Dra-
gons de Liancourt, je m'assure que la cé-
rémonie eut lieu en habits de Cour et que
le prestigo de l'uniforme était inutile !
Mais n'est-ce pas quelque chose que feuil-
leter de beaux livres, et revivre des sou-
venirs qui nous sont chers. ?
POENSIN-DUCREST.
p. -S. — Un dessin adapté — 1772,
1891 — a fait que j'attribue à Montigny
une erreur qui n'est pas sienne : ce dragon
m'était connu, il appartient à l'auteur des
U ni foniifs jusqu'à. Isl poche exclusivement!
Mentionnerai-je le collet plat ou rabattu,
et le numéro du régiment : 10% 12"
(1775, 1776), iS" et II* actuel ? il n'est
plus temps. P.-D.
Bibliographie. — Uniformes militaires... de
1772, par de Montigny i vol in-12, Estam-
pes coloriées : O^ 98a ;
Costumes militaires français de I4yç à
iy8g,-ç2ix le baron A.de Marbot,2 vol,in-f'' :
Li^« 7 ;
Les Régiments sous Louis XV, par Lucien
Mouillard, Baudoin 1882, in-4 : Lf-W 129 -,
Historique des corps de troupes de U Armée
française de i^6g à içoo, Berger-Levrault,
1900, in-8 : Lf.-"^ 477 ;
Historique du 11' régiment de Dragons
(N° 18 La Rochefoucault-Dragons) par le
capitaine Savin de Larclause,Fontenay,i89i,
in-8 : Lf/^'^' 325 ;
Les Uniformes de l'Année française de
1660 à nos jours, par MM. Lienhart et
Humbevt, Leipzig, Ruhl, 1897, 4 vol, in-4° :
Liio 26.
E^at militaire de la France, par de l^l.
et Roussel, 1771. 30 vol. in-12 : Le ^*' 156.
Louis XVII. Sa mort au Temple.
Documents nouveaux. (T. G. 534 ;
XLIX ; L ; LI ; LU ; LUI. —
V Intermédiaire est essentiellement une
revue de controverses, la plus ardente de
toutes devait y trouver un écho ; aux parti-
sans de la survivance du Dauphin, comme
à leurs adversaires, en toute impartialité,
nous avons ouvert nos colonnes. La place
n'y est le monopole de personne. A vrai
dire, nous connaissions trop la violence des
passions qui s'agitent autour de cette affaire
pour ne pas redouter, malgré nos efforts,
nos prières, nos instances auprès des contra-
dicteurs en présence, que l'ardeur des explica-
tions n'aboutît à des polémiques personnelles.
Nous recevons une lettre en réponse à la
dernière démonstration de M. Otto Friedrichs
qui a trouvé à V Intermédiaire d'autant plus
large place, pour ses exposés, qu'il discutait
avec un plus grand nombre d'adversaires.
L'insertion de cette lettre nous est deman-
dée en vertu du droit de réponse ;
Monsieur le directeur,
Les procédés discourtois ne sont pas,
d'ordinaire, en usage à V Intermédiaire et
vous ne les laisserez certainement pas s'y
acclimater. J'informe donc ici M. Frie-
drichs qu'il peut, se livrer sur mon dos à
toutes les élucubrations possibles. Je ne
lui répondrai pas.
S'il plaît à d'autres de mes confrères
d'avoir sur l'incident auquel il fait allusion
de plus amples renseignements, je si|is
personnellement à leur entière disposition.
H. Baguenier Desormeaux.
3, rue Crevaux, Paris.
Nos collaborateurs comprendront que nous
avons le devoir de maintenir les controverses
historiques dans les limites d'une modération
et d'une courtoisie parfaites, ils voudront
bien faciliter notre lâche en écartant des dis-
cussions toute expression irritante et en n'ap-
portant dans ces débats que des faits. Nous
sommes surtout un recueil d'inédit.
Désormais, en dehors de documents prove-
nant de nouvelles découvertes, nous resterons
dans les traditions de V Intermédiaire en nous
abstenant de toute polémique.
A dater de ce iour, nous donnons à cette
rubrique ce titre, afin qu'il limite la question
et la précise : Louis XVH. Sa mort au
Temple, Documents nouveaux. M.
Les prêtres assermentés (LUI,
891). — Je ne puis répondre que partielle-
ment à cette question. Dans le district
d'Angers, 23 curés sur 51 prêtèrent le
serment ; il n'y en eut que quatre ou
cinq pour le refuser dans le Saumurois ;
dans le district de Cholet, 5 prêtres sur
88 ne furent pas réfractaires ; dans le
district de Saint-FIorent-le-Vieil, 4 curés
sur 40 prêtèrent le serment ; dans le dis-
trict de Vihiers, la proportion fut de 18
sur 45. Henri Jagot.
Les maison?, historiques (LUI, 844,
941,965). — L'anecdote sur la statue de
Danton que nous a si alertement contée
M. Y., est malheureusement erronée.
La statue n'est pas en face de la maison
habitée parle tribun, puisque cette mai-
N° 1117.
L'INTERMEDIAIRE
19
20
son, dont le porche servait d'entrée à la
Courdu Commerce, était située exactement
entre les deux terre-plein du boulevard
Saint-Germain, au droit du n° 93.
D'autre part, on ne l'a pas érigée, cette
statue, parce qu'un propriétaire se refusait
à l'établissement d'une plaque commémo-
rative sur la façade de sa maison ; celle-ci,
en effet, n'existait déjà plus en 1876 et la
statue de Danton n'a été dressée qu'en
1891.
Mais puisque j'ai été amené ainsi à dire
mon mot à propos desmaisons historiques,
que M. Y. me permette de lui dire combien
je partage son opinion sur les inscriptions
fantaisistes. Par exemple, on peut lire sur
la façade de la maison qui porte le n" 3,
de la place des Vosges : « Dans cet hôtel
est née, le 6 février 1620, Marie de Rabutin-
Chantal, marquise de Sévigné ». Or, tout le
monde sait que Tépistolière est née le 5.
Elle-même Ta dit et répété ; « II y a au-
jourdliui mille ans que je suis née. »
(Lettre du 5 février 1672). « 11 y a aujour-
d'hui bien des années, ma fille, qu'il vint
au monde une créature destinée à vous
aimer préférablement à toutes autres >>.
(Lettre du 5 février 1674). On pourrait
multiplier les exemples ; mais en voici
assez pour établir que la plaque de la mai-
son natale de la marquise la rajeunit...
d'un jour. Nothing.
Porte Maillot (LUI, 896, 999). —
Des Débats :
Tout le monde la connaît, tout le monàe
en parle, presque toujours avec inaprécision,
car on la confond avec sa voisine lu porte de
Neuilly ; or, bien qu'elles soient contiguës, il
y a entre elles deux un fossé, ou du moins il
y en avait un autrefois. Un des « chercheurs
et curieux » de V Intermédiaire a posé tout
récemment cette question : « Quel est le
grand homme — si c'en est un — qui a servi
de parrain à la porte qui se trouve au termi-
nus de l'avenue de la Grande-Armée ? » Ici,
la confusion est patente, puisque la question
a pour objet la porte Maillot, laquelle est
située en retour d'équerre du terminus de
ladite avenue. Point n'est besoin de dire que
la porte de Neuilly, ouverte dans la fortifica-
tion parisienne n'a pas d'histoire. 11 n'en est
pas de même de la porte Maillot, l'une des
entrées du bois de Boulogne, donnine de la
couronne, jadis entièrement clos de murs
depuis le moyen âge jusqu'au moment oi^i Na-
poléon 111 le céda à la Ville de Paris.
Un acte paroissial de Villiers-la-Garenne
(ancien chef-lieu de la paroisse de Neuilly)
Voir la table
trouvera cette
termes un peu
quième volume
mentionne en 1680 Pierre Barat, portier de 1^
porte Mahiaulx ; d'autres textes à peu prè^
contemporains, orthographient Maliiaii^ ou
Mahiot, ou Mayot iVoy. les additions à
l'Histoire du diocèse de Paris, de l'abbé
Leboeuf, p. 510). Il pariît probable que ce
nom fut celui d'un portier du Bois. Grand
homme ? Nous en doutons ; toutefois, n'était
pas qui voulait portier du roi, et pour avoir
la charge, il fallait commencer par la payer,
F. B.
Robert d'Arbrissel (LUI, 892). —
Les sources à consulter sont indiquées
dans le Répertoire des sources bist. du
moyen âge.(Bio-Bibliographie)^àt M. l'abbé
U. Chevallier, nouvelle édition au mot
Robert. Abbé Angot, Dict. de la Mayenne,
1, p. 58. C. Port. Dict. de Maine-et-Loire.
Louis Calendini.
générale (T. G. 54). On
question posée en des
différents dans le cin-
de \' Intermédiaire (col.
596) et plusieurs réponses dans ce même
volume et dans le suivant.
RoLiN Poète.
Bertin de Villars (LUI, 892). —
L Annuaire de la Noblesse de France (1860,
p. 399), cite Aimé Bertin, avocat au par-
lement, échevin de Lyon, 1734, et Fran-
çois Bertin de Villars, écuyer, avocat au
parlement, aussi échevin en 1771 i
d'azur .^ à 2 épées hautes d'argent.^ garnies
d'or., passées en sautoir., et accompagnées
en pointe d'une gerbe d'or., liée de gueules,
G. P. Le Lieur d'Avost.
Jeaii-Baptista Blondel, ingénieur
à Paris en 1794 (LIIî, 892). — Co Jean-
Baptiste Blondel était sans doute le mari ou
peut-être le fils de Manon Baletti, dont
Casanova avait longtemps désiré la main.
Au tome III de ses Mémoires (dans l'Edition
Rozez, Bruxelles, 1879) et à la page 496,
on trouve la lettre que Manon Baletti
écrivit à Casanova en lui renvoyant ses
lettres et son portrait, pour lui annoncer
que « demain à cette heure, je serai
« l'épouse de M. Blondel, architecte du
« roi et membre de son académie ». Casa-
nova ne donne pas la date de la lettre,
mais il dit qu'il la reçut le jour de Noël,
Manon lui écrivait de Paris et il était
alors à Amsterdam. Le mariage dut donc
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
21
22
avoir lieu aux environs du lo décembre.
Quant à Tannée, Casanova ne la donnant
pas non plus (il ne donne généralement
pas les années des faits qu'il raconte), on
peut déduire d'un passage voisin de ses
Mémoires (page 411, même volume) que
c'est Tannée ou M. de Bernis fut fait car-
dinal, et où le vénitien Rezzonico devint
pape sous le nom de Clément Xlll, soit
1758.
Bouillon cite deux architectes célèbres
(le premier surtout) du nom de Blondel,
savoir :
François B , auteur de la Porte Saint-
Denis, 1617-1686, et son neveu Jacques-
François B, 1705- 1774. C'est peut-être
celui-ci qui, en 1758, avait épousé Manon
Baletti. Mais alors ce ne serait pas lui
l'ingénieur au sujet duquel on cherche à
se renseigner, puisqu'en 1794, il était
mort depuis 20 ans. V. A. T.
La comtesse de Bucquoy (LUI,
835,914). — La comtesse de Bucquoy dont
il est question, était la femme du comte
Jean, née Thérèse, comtesse Paar.
Les Longueval, seigneur de Vaux et
comtes de Bucquoy, sont fixés en Autriche
depuis le xvi= siècle. A. de Doerr.
Le pasteur Clemenceau (LUI,
947). — D'après le Dictionnaire histori-
que et généalogique des familles du Poitou,
il laissa un fils,)acques, qui fit ses études
à Genève et que Ton trouve, comme mi-
nistre du Vigan de 1634 à 16^7.
Pierre Meller,
*
Il y eut un autre Clemenceau, que le
pasteur : c'était un prêtre qui fit parler
de lui, si j'en crois cette anecdote tirée
des Mémoiies secrets, de Bachaumont, à
la date du 7 janvier 1769. L'auteur cite
une lettre datée de Rennes :
11 court ici une caricature dort il faut
vous dire l'orgine. Un avocat, nommé Du
Père Poulain, tout dévoué aux jésuites et à
leur cabale, a été le défenseur du prêtre
Clemenceau dans l'affaire du poison, iugée
définitivement le 5 mai 1768. Ce dernier en
reconnaissance a fait, dit-on, tirer en grand
le portrait de ce moderne Cicéron. Le juris-
consulte est représenté en robe, avec la
croix de Saint-Michel par dessus ; il tient
d'une main ses Commentaires sur la cou-
tume de Bretagne, mauvais ouvrage, mal-
gré les éloges de Fréron, et de l'autre, sa
première requête pour Clemenceau. Il fixe
les yeux sur ses oeuvres avec un œil de
complaisance. Des plaisants ont fait graver
ce portrait et ont ajouté les deux quatrains
suivants. De la bouche de l'orateur, on a
fait sortir celui-ci en lettres d'or :
On dit mes ouvrages mauvais :
Oui, quelques sages les rejettent,
Mais plus de cent sots les achètent
C'est pour eux que je lésai faits.
Et au bas du portrait, on lit cet autre :
Efflanqué, longetplat, son style est son image
Détestable copie, insipide orateur,
A l'auteur on connaît l'ouvrage,
A l'ouvrage on connaît l'auteur.
Famille de Fiahaut (LUI, 893). —
César-Auguste Fiahaut, comte de la Billar-
derie, lieutenant général des armées du
roi, épousa Thérèse-Odile Cœuret, fille
de Louis, marquis de Nesle et de Hen-
riette-jeanne-Rosalie Le Bouc de Mont-
plaisir, dont, entre autres enfants :
i) Charles-Claude de Fiahaut, comte de
la Billarderie d'Angevilliers, directeur des
bâtiments et des jardins du roi, marié, au
mois d'août 178 1, avec E. Julie Delaborde,
veuve de Girard de Binet, baron de Marchais,
et fille de Jean-François Delaborde, fermier
général, et d'Elisabeth le Vassejr.
2) Charles-François de Fiahaut, comte de
la Billarderie, lieutenant général des armées
du roi, mort en 1793, épousa : 1° Françoise-
Louise Poisson, fille de François, seigneur de
Lucq, et de Marie-Madeleine de la Mothe ;
née le 15 mai 1724 et sœur de la marquise
de Pompadour ; 1" le 30 septembre 1779,
Adélaïde-Marie-Emilie Filleul, fille de Charles-
François et de Catherine-Irène du Buisson de
Longpré, et remariée avec dom José de Souza
Botelho ; elle décéda, à Paris, le 16 avril
1836. [« Abel-François Poisson, marquis de
« Menay, frère de la marquise de Pompadour
« et de la comtesse de la Billarderie, avait
« épousé, en 1767, Marie-Françoise-Julie-
Conatunce Filleul, fille naturelle de Loui s X.V»J.
Du second mariage :
Auguste-Charles-Joseph, comte de Fl.ihaut,
lieutenant général, grand-chancellier de la
Légion d'honneur, ambassadeur en Angle-
terre, etc., (le père du duc de Morny), né le
21 avril 1785, mort à Londres, le le"" sep-
tembre 1870, marié le 28 juillet 1817 avec
Marguerite Elphinstone, baronne de Kleith,
décédée à Paris, le 12 novembre 1867, dont :
(i) Emilie-Jeanne, morte à Londres au moi s
de juin 1895, avait épousé, le i*' novembre
1843, Henri, comte Shelbourne^ marquis de
Landsowne ;
(2) Clémentine-Marie-Hortense, décédée le
5 janvier 1836 ;
N' JI17.
L'INTERMEDIAIRE
23
24
{)) Georgette-Gabiielle, née en 1827, mariée,
en 1871, avec Chailes-Jean-Félix, marquis
de la Valette ;
(4) Adelaïde-Joséphine-EIisabeth ;
(5) Safah-Sopliie-Louise, morte le 8 juil-
let 1853.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
*
* *
Sur madame de Souza, voir l'article que
Sainte-Beuve lui a consacré. Voir aussi
les publications de M. Pelissier sur les
corntes d'Albany et beaucoup d'autres.
Sur M. d'Angevilliers, M. Renaud
d'Escles a-t-il cherché si sa correspon-
dance n'avait pas été publiée par la So-
ciété de l'Art français ?
Un rat de bibliothèque.
La Fâlcon (LHI, 782, 914). — Sa
maladie. — J'ignore si des médecins spé-
cialistes, c'est-à-dire des laryngologistes,
se sont jamais occupés du Cas de la Falcon,
qui, le6 mars 1837, fut prise subitement,
sur la scène de l'Opéra, d'une aphonie
telle qu'elle dut abandonner les planches
et qu'on dut remettre la représentation.
Mais je remarque que, puisque cette
jeune fille était née à Paris le 28 janvier
1814, elle n'avait à cette époque que
2} ans ! Je note aussi qu'elle essaya de
nouveau, le 15 mars 1840, c'est-à-dire
3 ans après, de se faire entendre à
l'Opéra, etqu'en entrant en scène elle eut
une syncope : ce qui l'empêcha de conti-
nuer. — A 26 ans donc, toute voix était
perdue.
Ce cas est véritablement très impres-
sionnant et extraordinaire-, même pour un
médecin. On est obligé, dans l'état ac-
tuel delà science, de songer à une affec-
tion nerveuse,disons le mot : à une pai'a-
lysie hystérique des cordes vocales, quoi-
que les accidents notés soient fort com-
plexes et aient duré bien lontemps !
Sait-on si Mlle Falcon a été soignée par
un médecin pour ce terrible accident ?Je
sais bien qu'à cette époque les laryngolo-
gistes n'étaient pas encore inventés !
Mais elle a sans doute dû consulter quel-
qu'un de connu. Pourrait-on savoir qui ?
De plus, M. Arthur Pougin, qui est très
documenté sur l'Opéra et ses prêtresses,
pourrait-il nous dire si, dans les annales
du théâtre lyrique, on connaît d'autres
faits aussi remarquables d'aphonie aussi
brusque et, en somme, incurable .?
Dr Marcel Baudouin.
Goethe. Son dernier mot (T. G.»
390). — On lit dans les journaux :
Une relation des derniers instants de
Gœths vient d'être mise au jour par les
Dernières Nouvelles de Munich. C'est une
lettre, jusqu'à ce jour inédite, de Mlle Louise
Seidier, amie de la famille Gœthe.
Eh bien ! Savez-vous ce que cette épître
nous apprend de plus neuf? Le voici :
Gœthe essaye d'écrire.. . A dix heures, il
ne profère plus que de brèves paroles :
« Assieds-toi près de moi, chère fille, tout
près... » Et, enfin, « Donne-moi ta chère
petite patte... »
Malgré la violence du combat suprême, la
tête et les mains demeurent immobiles.
Gœthe a les yeux mi-clos. Il ne les rouvre
que pour jeter un regard de tendresse au gra-
cieux visage qui se penche sur lui. Puis il
expire, le 22 mars 1832, à onze heures et
demie.
D'où il résulte que les derniers mots tradi-
tionnels du poète : « Plus de lumière ! » non
seulement n'ont pas le sens symbolique qu'on
leur prêtait, mais encore qu'ils sont controu-
vés.
Moniarnail do la Prade (LUI,
893). — La famille de Guizard de Mon-
tarnal est encore existante. Voir sa notice
dans X Annuaire de la Noblesse (1879,
p. 179) ; Barrau : Documents sur les fa-
milles du Ronergue (II, 663, III 783, IV
457) ; Bouillet : Nobiliaire d'AiiVi'rgne
(III, 251) ; Bonald. Docinneuis sur les fa-
milles du Rouer giie (p. 147).
L'on trouve rapporté par Barrau :
« N. de Guizard (fils de Jean de Guizard
« de Montarnal et de Marguerite Bouquier,
« mariés le 11 août 1755), capitaine au
« régiment de Noailles, cavalerie, devenu
« plus tard 15* dragons, mort sur l'écha-
« faud à Carcassonne, en 1793, victime
« de la Terreur » (IIL 786).
G. P. Le Lieur dAvost.
*
Cette famille est représentée à Paris.
LesBottins mondains donnent l'indication
cherchée.
Yvernel de MontHambert (LUI,
893). — A cette famille de Picardie, qui
portait pour armes ; de sable, à la bande
d'argent, charo-ée d'une étoile de sable,
appartenait Marie-Louise-justine Yvernel,
qui épousa, le 12 décembre 1754, Jean-
François de Comminges d'Escoubès.
G. P. Le Lieur d'Avost.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906,
25
26
François Pa^serst (LUI, 837, 974).
— U faudrait être brouillé avec la chro-
nologie pour être tenté de confondre
François Passerat qui vivait à la fin
du xvii^ siècle, avec le poète champenois
Jean Passerat, mort en 1602.
François Passerat était, dès 1680, comé-
dien à la cour de Hanovre avec sa femme,
et leur fille, Ursule Passerat, épousa le co-
médien Charles Pâtissier de Chàteauneuf.
A la date du 2q mars 1691, je trouve
une quittance donnée par Jean Loiseau et
Florentin de Philebois à Gabriel Passerat.
Peut-être s'agit-il ici du chirurgien Passe-
rat qui, en 1693, soigna Mme de Boislan-
dry avec son collègue Bessière. Mais j'i-
gnore si ce Gabriel était un parent du
comédien François Passerat.
Georges Monval.
La comtesse Plater (LUI, 947). —
La comtesse Plater appartenait à la fa-
mille des comtes Broel-Plater. On trou-
vera son portrait, des souvenirs à elle, et
tous les détails biographiques possibles,
dans le Musée et cians la Bibliothèque
(dirigée par le savant M. de Karczewski)
du Musée national polonais de Rapperswyl.
Le directeur de ce musée, un exilé polo-
nais, M. Ruciski de Rojenwedt, victime,
lui aussi, des répressions qui suivirent la
révolution polonaise de 1863, au cours de
laquelle la comtesse Plater fut pendue
« pour avoir porté le deuil d'un de ses
« frères massacrés par les Russes »,
pouna sans doute fournir à M. G. des
notes et souvenirs personnels.
Baron Albert Lumbroso.
Famille de la Poterie (LUI, 784,
922). — Voici ce que je sais sur une famille
Bouquain de la Poterie, fixée en Libour-
nais au xvii® siècle.
I. N. le Bouquain ou Bouquain, sieur
de la Poterie, habitant la haute Norman-
die, épousa Marguerite Denise d'où :
II. Jean Bouquain de la Poterie, écuyer,
capitaine de brûlot, puis capitaine de la
patache à Libourne, épousa dans cette
ville, le 12 janvier 1681, Jacquette Ray-
naud, dont : 1° Jean, né en 1681 ; 2"
Suzanne et Isabelle, nées en 1684:3^
Bernard né en 1684, père de François
1733-1742 ; 4° Alexandre qui suit.
III. Alexandre Bouquain de la Poterie,
employé au bureau des Fermes du roi,
épousa, en 1731, Philippe Cadran, dont
Jeanne, née en 174 1 ; Pierre, né en 1744;
Jacques né en 1745 .
Cette famille est encore représentée à
Libourne. Pierre Meller.
Famille hollandaise de Quay
(LUI, 893). — u est probable que, par
suite d'une mauvaise lecture, Buchon,
éditeur des lettres de madame Campan à
la reine Hortense, aura écrit de Guay
pour de Quay. Le 11 juillet 1806, ma-
dame Campan écrit à la reine : « Votre
Majesté est infiniment bonne d'avoir
daigné accueillir mes cousines de Guay.
M. l'Ambassadeur de Hollande m'a dit
que c'était une ancienne famille militaire
estimée dans la Gueldre ». Et, le 20 sep-
tembre, même année : <% J'ai, près de moi,
en ce moment, la famille de Gua}^ Le
colonel ressemble à mon oncle, le major
d'Arras, d'une manière surprenante, si le
degré de propre cousin germain ne ren-
dait pas cela fort naturel. La cousine a
beaucoup des manières de ma tante
Cardon, etc. ». Henriette Cardon, née de
Quay, serait donc la grand'mère de
Mme Campan ^ et la mère de Mme Genêt,
née Lise Cardon .? — M. Harlé sait-il
aussi quel est cet « oncle d'Arras » dont
parle Mme Campan ? Il aurait été « le
cousin germain » du colonel de Quay cje
1806, car le colonel de Quay, père d'Hen-
riettedeQuay, devait vivre sousLouis XIV?
M. Harlé sait-il que Mme Campan, née
Genêt, avait pour belle-mère Mme Cam-
pan, née Antoinette Gonet.^Je crois bien
me rappeler que la comtesse Oudinot de
Reggio possède le portrait de cette der-
nière.Je lui signale le fait qui peutl'intéres-
ser comme petit-neveu de Mme Campan.
C. DE LA Benotte.
D'après la généalogie très incomplète
de cette famille, un certain capitaine au
service des Etats-Généraux de Quay se
rendit en France, où il s'est marié à
une mademoiselle JVereest, dont trois
filles. Ce capitaine eut deux frères et
deux soeurs : a. Lndolf de Qtiay, seigneur
de Duckenburg, né en 1652, bailli et maî-
tredes-eaux à Grave et clans le pays de
Cuyk, décédé à Grave le 2. 11 . 1728. Il
s'est marié deux fois et a laissé plusieurs
enfants ; b. Aniold de Qitay, officier au
n» III7.
L'INTERxMEDIylRE
27
28
service des E. -G., s'est marié à Mastricht j ijoy-iy^ji. Pour plus de détails cf. La
le II. 5. 1708 en secondes noces à Anna
Maria Z,^mZ>^/-/ (veuve d'unofficier nommé
Boom) dont trois enfants ; c. Jacomina de
Qjiay qui vit encore en 1709 ; d. IViîhel-
viina Heniica de Qm^v, décédée à Grave le
23. 10. 1720, qui s'est mariée en 1687 à
Grave, au d' e. d. Albert de Grève, né
dans cette ville le 7. 10. 1655, échevin
là-bas, de 1678 à 1686, -j- à La Haye le
I. 12. 1703, filsde Willem de G., et de
Henrica Bongart.
Plusieurs membres de cette famille
se sont distingués au service militaire. —
Je cite entre autres : Carel Jacob de Quay
né à Mastricht en 1710, décédé dans
cette forteresse le 15. 10. 1798, colonel
dans le régiment du général Von DopfF.
Son petit-fils Cornelis Johannes de Quay,
né en 1794, fut major dans l'armée indo-
néerlandaise, chevalier dans les ordres
de Guillaume et de la Légion d'honneur.
11 mourut aux Indes le 2. 6. 1834.
Le fils aîné du colonel susdit, Petnis
FranciscHs Gerardus de Q_uaj', né à Mas-
tricht le 26. 5. 1753, lieutenant-colonel,
chevalier dans l'ordre de l'Union, est -|- à
Grave le 2. 11. 1834, dont une fille,
Rudolphine de Quay, qui s'est mariée à
Jean-Nicolas- Marie V Olivier, né 1792,
lieutenant général belge, commandeur
dans les ordres de la Légion d'honneur et
de Léopold.
La famille de Qjiay est encore repré-
sentée dans notre armée par le capitaine
au second régimentd'lnfanterie R.B.A.N
de Quay, en garnison à Bois-le-Duc (Bra-
bant Septentr. Pays-Bas) qui, sans doute,
pourra donner de plus amples informa-
tions. Si Monsieur Harlé voulait me com-
muniquer son adresse, je serais fort en-
chanté de pouvoir lui céder, à titre gra-
cieux,une assez jolie gravure coloriée aux
armoiries de la famille de Quay, qui sont :
d'argent, à h fasce de sinople, soutenant
une feuille de tilleul du même, la tige en
haut. M. G. WlLDEMAN.
Famille Rousselet ou Ranscelat
(LUI, 894, 976). — Un Rousselet, marquis
de Château-Renaud,fut maréchal de France.
La famille prit son surnom d'une terre de
Touraine érigée en maquisat en 1620.
Elle a donnédeux abbesses de Saint-Gene-
vièvedeMontsort (près Alençon):Louise R.
1694-1707 ; Thérèse- Henriette -Perrine
Chesnaye des Bois. Dict. de la Noblesse
d'or, à un arbre de sinople, fruité d'or .
Louis Calendini.
*
Le maréchal dont il s'agit est connu
sous le nom de Château-Renaud ; il était
originaire de Touraine. H. V.
Généalogie. Père Anselme : Histoire
généalooique et chronologique de la maison
royale de France, des pairs. Paris, 1733,
tome VII, p. 650-652,
*
La généalogie de la famille Rousselet,
qui a donné François-Louis Rousselet, mar-
quis de Châteaurenaud, maréchal de
France, mort en 17 16, est rapportée par
le P. Anselme : Hist. des grands officiers,
t. VII, p. 651. Ses armoiries étaient : d'or,
au chêne de sinople, englanté d'or.
G. P. Le Lieur d'Avost.
* *
La famille Rousselet porte : d'or à un
arbre de sinople fruité d'or. En voici une
généalogie sommaire :
I. Olivier Rousselet, échanson de Charles VII,
épouse Renée PaumArt, dont :
II. Jean Rousselet.
111 Jean 11 Rousselet, mort en 1520, épouse
Jeanne Lallemant, dont :
IV. François Rousselet épouse le 16 décem-
bre 1533, Méraude de Gondy, sœur aînée
d'Albert de Gondy, maréchal de France, et
du cardinal Pierre de Gondy^ évéque de
Paris.
V. Albert Rousselet, marquis de Château-
Renaud, épouse le 4 avril 1585 Madeleine Le
Maréchal, et mourut en 1621.
VI. François II Rousselet, marquis de Châ-
teau-Renaud, épouse, le 19 mars 1622, Louise
de Compans, et meurt en décembre 1677,
laissant entre autres enfants :
Vil. François-Louis Rousselet, comte, puis
marquis de Château-Renaud, vice-amiral,
Grand-Croix de Saint-Louis, maréchal de
France le 14 janvier 1703, mort le 15 novem-
bre 17 16 à 80 ans. II avait épousé Marie-
Anne-Renée de la Porte.
VllI. Emmanuel de Rousselet, marquis de
Château-Renaud. Il épouse en premières
noces Marie-Emilie de Noailles et en secondes
noces Anne-Julie de Montmorency-Fosseux.
Il mourut en 1739, ne laissant que deux
filles de son second mariage.
J'extrais ces renseignements d'une gé-
DES CHERCHIiURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
29
30
néalogie manuscrite comprenant 5 pages
in-4«. G.O . B.
* «
Si, un membre de celte famille ct^il
maréchal de France et est mort en 1706,
iM. R. M. pourrait nous dire comment il
s'appelait : un maréchal de F-'rance n'e«jt
pas un inconnu.
Un rat de hiiiuor»i(ivE.
Rayrialdo Loscure (LUI, 616, 74H,
tyj^). — Il faut lire, à la colonne 97O,
seigneur de G(r:^ant au lieu de seigneur
de Gcr/.at ; et au lieu de Couché, de
Couhé, prieur... M. A. V>.
François Thi<^rry, médecin fl. III,
83b). — A quel niomenl vivait ce doc-
teur Thierry r* M. d'Hpinoy ne le dit pas.
Dans une lettre de famille datée du
24 iTiars 1753, M. Duchesnay-Desprcz,
plus tard trésorier général du sceau de la
Grande Chancellerie de France, fit à son
père un récit lamentable d'une traversée à
Londres, cpji a duré 16 jours. 11 a été ma-
lade aflreusement : *< Je suis, dit-il, d'une
maigreur horrible ; de mollets il n'en est
plus question ; les couleurs et les jambes
je les ai volées à M. le docteur Thierry
ainsi que le visage à saint Charles Borro-
mée >/. Ce Thierry si maigre serait-il
celui de la question posée ? J'aimerais
aussi a avoir cjucUiues détails sur /«■ micn^
en tout cas. G, de la Benotte.
Le monautèro dfcs Hautes Bruyè
re8(LIU, 7^0,91 1,968).— liutre Monlfort
cl Coignières,à peu de distance et à l'ouest
de la grande route de Rambouillet, existe
une localité nommée Les Hautes-Bruyères.
D'après la carte de 1764, il y avait là
un prieuré de filles. Les gens du pays
m'affirment qu'il ne reste rien de l'église,
mais quelques vestiges de constructions
anciennes, enclavés dans les dépendances
d'une grande ferme qui, avec le château,
constitue maintenant toute la localité.
Fjetro.
* •
Mon collègue et ami M. Grave se
trompe certainement en plaçant dans la
commune de Saint-Hilarion l'abbaye des
Hautes-Bru3-ères ; ce nom ne désigne,
aussi bien sur la carte des Chasses ou sur
et celle de dorn Coutans que sur la carte
de lEtat-major, qu'un hameau sans im-
portance. Lorsqu'il y a (juinz.c jours, à
la conférence des sociétés Savantes de
Scine-ctOise, nous avons examiné en-
semble la magnifique carte qui se trouve
dans la salle du Conseil de l'Hôtel de
Ville de Rairibouillct, il aurait pu s'en
rendre compte.
Le monastère dont il s'agit se trouvait
sur le territoire de Saint-Rcmy-rHonorc
(canton de Chevrcuse) ; il est indi<juc sur
la carte de dom Coutans, feuille 10, et il
ne reste plus qu'une ferme sur son empla-
cement.(Voir Lorin ; Hxcursion au V^xx-^y ,
Saint- Hubert, etc. Mhnoim de la Sociiti
arihculoyi<^ue de Hniubouillfl, t. XVIII,
page 25 et dans les DocumenU pour servir
à l'hiitoire du département de Seine-et-Oiie
publiés par cette Société : L. Morixc, Le
canton de Chevreme, page 1 jO. Ce dernier
ouvrage contient un croquis représentant
ce qui reste de l'abbaye depuis l'incendie
de iH77dan5 lequel a disparu une grange,
remontant au xiv* siècle. Gomboust.
Le château do La Bordo (LUI 394,
5:^2). — Je remercie ('.. O. B. de m'avoir
indiqué rcxistcnce d une notice sur ce
château par Taillandier. Je le prie de vou-
loir bien compléter ce renseignement cl
de me dire dans quelle ville et à quelle
librairie elle a été publiée.
Merci d'avance. Lt&LU;.
Acteur» morts »ur le IhéâtrefLIll,
78,827,869). — Kn 1852, un artiste faisant
partie de la troupe de Spa, mourut le
jour même ou il devait jouer au théâtre,
dans le vaudeville intitulé : Un moniteur
qui veut exiiter. Albin Body.
Titre» de noblesse (LUI 895,980). —
L'usage d'après lequel, les fils cadets d'un
père titré prennent le titre ou le sous-titre
de leur père, en le faisant néanmoins pré-
céder de leur prénom, est-il conforme
aux règles de la noblesse française?
Absolument non, si vous parlez de l'an-
cienne noblesse; c'est un usage qui date du
commencement du xix* siècle. 11 n'existe
pas un seul cas que l'on puisse citer, dans
les familles de vieille extraction (avant le
XIX* siècle).
Un cadet n'avait aucun droit au titre
de comte le lendemain du jour où son aîné
avait vu ses terres érigées en marquisat
par letîrei patentes ; le troisième frcre
No 1117.
L'INTERMEDIAIRE
31
32
mais ces cadets
à ces titres qui
n'avait pas plus droit au titre de vicomte
que le quatrième au titre de hayon.
Au xvnl^ siècle surtout, on abusa des
titres de cotirtoisie, et beaucoup de cadets
furent autotîses à prendre un titre pour
aller à la coiir ou pour monter dans les
carrosses des rois, —
n'avaient aucun droit
n'étaient nullement héréditaires.
Y. Y.
P. S. — Je ne connais que la famille
de Brissac dont tous les cadets obtinrent
le droit, lors de la création du duché, à
prendre le titre de comte.
La règle juridique, aussi bien pour les
tittes de noblesse de l'ancien régime que
pour ceux concédés pendant le siècle der-
nier, exige que le titre ne soit porté que
par le bénéficiaire et l'aîné de ses descen-
dants en ligne masculine par ordre de
primogéniture, sauf stipulations spéciales
de l'acte de concession, stipulations fort
rares .
Sous l'ancien régime, certains titres du-
caux (ducs de Clievreuse, d'Ayen, etc.)
ont été concédés aux fils aîné de ducs.
Sous la Restauration, le fils aîné d'un
pair avait le droit de prendre le titre im-
médiatement inférieur à celui de son père,
les cadets, le titre inférieur à ce dernier.
Mais le fils aîné d'un marquis pair de
France prenait le titre de comte, ses ca-
dets, celui de vicomte. Cette prérogative
s'inspirait des titres de courtoisie portés
par les enfants des pairs d'Angleterre.
Quant aux titres d'origine allemande
ils peuvent en général être portés par
tous les membres de la famille, même les
femmes: il en est de même du titre de
prince que portent tous les membres
d'une famille considérée comme d'ori-
gine souveraine (les Rohan, la Trémoille,
etc., etc.)
Quant à l'usage cite par notre collabo-
rateur, il n'a aucune base juridique. En
fait, on petit porter dans le monde le titre
qu'on prend ou qu'on vous donne, quel-
que irrégulière qu'en soit l'origine.
A. E.
*
Sous l'ancien régime, les fils ané et
cadets d'un père vivant, n'avaient îpoint
droit à son titre. Après sa mort, le titre
revenait à l'aîné seul, et les cadets ne
pouvaient prétendre aux sous-titres, qu'ils
fussent précédés ou non, de leurs pré-
noms, — De l'usage contraire établi à
cet égard, n'a pu résulter qu'une simple
tolérance, sans conséquence légale.
Cette obligation d'ailleurs, a été consa-
crée par la ciixulaire du garde des sceaux
du 2 juillet 1874, qui a posé les règles qui
doivent être observées, par application
des principes généralement reconnus qui
régissent la matière. Elle s'exprime ainsi,
à ce sujet :
A part de rares exceptions crées pat les
lettres patentes ou résultant de dispositions
spéciales, les titres reposent sur une seule
tête, et les fils d'un titulaire appartenant
à l'ancienne noblesse, ou décorés d'un titre
postérieur à i8o8, n'ont droit ni à un titre
d'un degré inférieur, ni à plus forte raison^
au titre même porté par leur père.
Lors, donc, que des parents veulent
faire inscrire leurs enfants avec un titre
qu'ils portent eux-mêmes, ou avec un
titre d'un degré inférieur, en se fondant
soit sur l'usage, soit sur une révolution
qu'ils croient, à tort, conforme aux règles
reçues, l'officier de l'état-civil est le strict
observateur de son devoir en refusant
d'inscrire le titre réclamé.
V. Des modes de preuves en matière
d'état- civil .^ dans : Etat des personnes qui
ont fait modifier leurs noms patronymiques ,
par additions, substitutions ou autrement
{f partie.^ i8pi à igod), par C. de Saint-
Marc. Sparvus.
Livres aux armes du cardinal
Jeau-Jérôme Âlbani (LUI 833, 980).
— En examinant le timbre que portent les
pièces de la Bibliotlièque de la Ville, on
a, de prime abord, l'impression qu'il est
de facture xvi^ siècle : il ne paraît donc
pas téméraire d'attribuer la collection en
question au cardinal Gian. Girolamo
Albani. Néanmoins j'ai consulté mon
érudit confrère de la Nationale, M. L. Do
rez, justement réputé pour sa connais-
sance approfondie des auteurs italiens, et,
d'après son opinion, le cachet apposé sur
les pièces de notre bibliothèque serait
plutôt celui d'un membre plus moderne
de la famille Albani.
Il signale ce fait que la bibliothèque
Albani, qui se trouvait à la villa du même
nom, aux portes de Rome, fut pillée par
les troupes françaises lors de leur pre-
mière entrée dans cette ville, et que les
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
33
34
Inahuscrits, ou du moins les meilleurs
d'entre eux, furent apportés en France et
acquis en grande partie par la bibliothè-
que de la Faculté de Médecine de Mont-
pellier, où ils sont encore (?) Or, cette
collection de manuscrits aurait été surtout
réunie par deux neveux de Clément XIII,
le cardinal Annibale Albani (1682-1751)
et son frère cadet, Alexandre Albani.
Je me suis adressé, satis succès, à mon
collègue di la Faculté de médecine de
Montpellier, mais j'espère que quelque
confrère intermédiairiste fréquentant ladite
bibliothèque, voudra bien vérifier si les
inss Albaniens existent toujours dans ce
dépôt et portent le même timbre que celui
apposé sur les pièces de la Bibliothèque
de la Ville de Paris. P. Le Vayer.
Graveur du XVIÏ' siècle au mo-
nogramme S. A. entrelacés (LUI,
501). — Quelque intermédiairiste con-
naîtrait-il le petit in- 12 suivant : Perpétua
Crux, sive passio Jesu Christi, Cologne,
1650, par P. Andries S. J. Cet ouvrage
est-il illustré, et si oui, la signature du
graveur est-elle S. A. ? Je pense que cet
ouvrage correspond à celui en espagnol
que je citais, et s'il est plus connu que le
premier, pourrait peut-être nous amener
plus facilement à retrouver le nom du
graveur. C. B. O.
Un vers deBoileau: Rien n'est
beau que la vr&i (LIIl,9=;i). — Le
Dictionnaire de Trévoux a cité deux vers
qui se trouvent rimer, mais qui ne se sui-
vent nullement. Le second :
Lo vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable
est bien dans le livre III de l'Art poétique,
mais le premier est dans l'Epitre IX :
Rien n'est beau que la Vrai. Le Vrai seul est
[aimable.
Il doit régner partout et surtout dans la fable...
Le texte est tel, aussi bien dans les pre-
mières éditions de Boileâu que dans les
éditions actuelles. H. M.
Anagrammes trouvées par Pierre
de Saint-Louis (LUI, 449,703,819,928).
— Dans le désir d'être agréable au colla-
borateur Marco Besso, je suis allé à la
bibliothèque publique de la ville qui est
la mienne depuis bientôt 14 lustres,
comme on dit parfois en beau langage. Je
pensais que peut-être, dans un dépôt
constitué par d'anciens fonds provenant
des bibliothèques conventuelles nationa-
lisées à la Révolution, je rencontrerais un
exemplaire du poème du bon carme, et
me promettais quelque plaisir à le parcou-
rir, sans oublier les anagrammes fO«<:^;'-
iiant les papes. Mais la Magdaleneïde man-
que à la bibliothèque publique où je fré-
quente depuis ma toute première jeunesse
et je suis forcé de m'en tenir, pour la
connaissance du poème quasiment décou-
vert par Théophile Gautier, à l'article
cité des Grotesques. Loin donc d'apporter
la moindre clarté dans l'étude de la ques-
tion,c'est moi qui une fois de plus attends
la lumière de mes amis collaborateurs de
X Intermédiaire.
Une observation encore au sujet du
sexe donné au mot anagramme ; tandis
que je le fais féminin, d'autres le font mas-
culin. Qiii a raison ï Peut-être les uns et
les autres comme pour automne ; mais à
cause de l'analogie de construction avec
épigramme qui est incontestablement du
féminin, j'incline à mettre ici le même
genre. H. C. M.
« Seudis » et les « Larmes de saint
Pierre » (LUI, 897). — 11 est plusieurs
« Larmes de saint Pierre », entre faUtres
celles adressées à« M. Phél3'peaux (i6ob)»
avec dédicace signée R. E. (Robert
Estienne) ; mais les plus connues de
toutes, c'est encore le poème traduit du
Tansillo par Malherbe et dédié, en 1587,
à Henri III. L'auteur français y travailla
longtemps, suivant sa louable habitude,
mais moins, assurément, que le poète ita-
lien qui consacra à son œuvre 24 années
de son existence, pour n'en publier que
les 42 premières stances. II est vrai
qu'après sa mort Le Lagrime di san Pietro
parurent d'abord en 13 chants à Vico
Equense en 1585, puis en entier à Venise,
en 1602. d'E.
*
Allusion au poème bien connu de
Malherbe : Lc^ larmes de saint Pierre^
dédié à Henri III. Paul Cheronnet.
Leroy des trioiets (LUI, 897, 982).
— Il est publié dans le Recueil deSercj\o\i
dans celui de Barbin, qui date des der-
nières années du xvn« siècle. Mais, autant
qu'il m'en souvienne, l'Intermédiaire a
répondu jadis à cette question. Rip-Rap.
N» III7.
L'INTERMEDIAIRE
35
36
* *
Sur son auteur, Jacques de Ranchin,
on peut voir une Notice^ publiée dans les
Mémoires de V Académie des Se. S. et
B. L. de Toulouse, tome XI, année 1887.
Il y a un tirage à part. C. P. V.
L'histoire de la Perse. Son auteur
(LUI, 896). — Le Dictionnaire de Barbier
(III, p. 244) répond amplement à la ques-
tion. Celle-ci, je me le rappelle, a été
remise sur le tapis, il y a quelques
années; et je crois qu'entre autres nou-
velles attributions, il fut parlé de Mlle de
Lussan et plus encore de Toussaint, l'au-
teur des Mœurs par Panage.
SiR Graph.
On trouvera une longue notice sur cet
ouvrage dans Barbier, Dictionnaire des
ouvrages anonymes, Paris, 1875, tome 111,
col. 244-245. Paul Cheronnet.
M. GirafFe ou la Mort de l'Ours
blanc (LUI, 896), — Le Journal de VEm-
piredu 25 déc. 1806 dit:
La représentation au bénéfice de M. Per-
rot, caissier du théâtre Montansier, aura
lieu le 27 déc. Au nombre des pièces.,.
M. Giraffe ou la Mort de lOiirs bhinc,
folie à laquelle tous les auteurs qui connais-
sent M. Perrot ont voulu contribuer.
H. V.
* ♦
Je crois que Bernard, de la rue aux
Ours, est le pseudonyme collectif des dix
ou douze amis qui ont collaboré à la folie
intitulée : « M. GirafiFe ». Outre Ravrio,
Francis, Servières,Desaugiers,Courtin,Du-
mersan, sont parmi les complices. Quant
à l'anecdote dont parle P. de Thomières,
je ne la connais pas.
Ravrio ne s'appelait pas Adrien, mais
Antoine-André. Il était le père adoptif de
mon grand-pére ; son portrait par Riesncr,
grand ami de la famille, est au Louvre,
dans la salle des sept cheminées, un peu
à gauche de celui de Pie VII. Il était cise-
leur et avait une importante fabrique de
bronzes d'art. De plus, il a écrit quelques
vaudevilles, des recueils de poésies fugi-
tives ; il était membre du Caveau.
J. V. P.
*
Neuf auteurs pour ce vaudeville, dit
notre collaborateur P. de Thomières. Il
y en avait bien davantage, s'il en faut
croire la rédaction de VOpinion du par-
terre, almanach des théâtres pour 1807.
Celui ci relate ainsi la première représen-
tation de cette pochade : « 27 décembre
(1806). Au bénéfice de M. Perrot, cais-
sier du théâtre, qui a eu le malheur
d'être volé d'une somme de douze mille
francs : la première représentation de
M. Giraffe ou la Mort de l'Ours blanc,
folie-vaudeville en un acte, par M. Ber-
nard, de la rue aux Ours. Succès. (Plai-
santerie : la pièce a été faite, à ce que
l'on dit, par vingt-sept auteurs, réunis à
déjeuner et jaloux de contribuer à procu-
rer une bonne représentation à M. Perrot) ».
Et un autre almanach spécial, le Mémo-
rial dramatique pour 1807, enregistre
ainsi, de son côté, l'apparition de cette
espèce de parodie : « M. Giraffe ou la Mort
de VOurs blanc, vaudeville en i acte, par
M. Bernard de Montmartre. La Mort de
l'Ours blanc est un événement funèbre qui
fait beaucoup rire ; des détails très gais,
très burlesques, ont excité des applaudis-
sements continuels ; cette farce offre sou-
vent des traits spirituels, et ne présente
jamais rien d'ignoble et de choquant ».
Mais aucun des deux chroniqueurs ne
donne de détails sur les nombreux colla-
rateurs de M. Giraffe.
Arthur Pougin.
Chansons. « Jen'saurais danser ».
Texte à retrouver (LUI, 971). —
C'est une vieille ronde ou chanson à dan-
ser connue sous le titre de La Pantoufle.
L'air se trouve noté dans la « Clef du Ca-
veau » au no 266. F. Jacotot.
Légendes de Collin de Plancy
(LUI, 729, 871, 930). — Ce Collin de
Plancy, qui a fait de nombreux volumes
de légendes, édités chez Pion, générale-
ment sans date ; et aussi d'autre livres
fort orthodoxes, est-il le même qui publia,
de 18 18 à 1825, des ouvrages anti-reli-
gieux, tels que le Dictionnaire infernal,
i" édition, (les autres éditions furent très
modifiées) les Reliques et Images, le Dic-
tionnaire Féodal,\QS Mémoires d'un Vilain,
le Diable peint par lui-même., etc ?
D'autre part, j'ai de lui : la Fin des
temps, Pion 187 1. Cela fait plus de 50
ans de travaux littéraires.
Où trouver sa bibliographie, sa bio-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
37
38
graphie et surtout l'époque, les motifs et
les détails concernant sa conversion ?
Qiiels sont ses ouvrages les plus re-
cherchés et les plus estimés ?
ViLLEFRËGON.
Livres imprimés blanc sur noir
(LUI, 729, 871, 931,984). — A ce propos,
rappelons qu'il y a 30 ans, on imprima
un journal fantastique à Paris, en lettres
rouges sur fond noir, qui n'eut que peu
de numéros On dut y renoncer, parce
que le lecteur finissait par avoir la berlue ;
en le lisant dans la soirée, à la lumière
artificielle : on ne voyait plus que
les couleurs complémentaires ! Le journal
paraissait alors imprimé en vert, sur
du papier gris. D"" Bougon.
* *
Le journal V Autre inonde, journal des
trépassés, est un canard publié chez
J, Strauss, 3, rue du Croissant, qui eut au
moins deux numéros ; l'un qui porte l'in-
dication 3753® année et la date dimanche
i^r avril, est imprimé en blanc sur papier
noir ;rautre, 3754' année, mardi i*^"" avril,
est imprimé en jaune sur papier noir, et
contient des annonces à la 4' page.
Ces 2 N°* sont bien imprimés et très
lisibles.
Plus récemment, le 5 octobre 1904, un
journal publié sous le titre de Ytnvisible
et qui n'a pas volé son nom, 16, rue de
l'Echiquier ; ce dernier , d'un format
plus grand que l'autre, est également
imprimé en blanc sur papier noir.
I. C. WlGG.
* *
Dans sa réponse, notre collaborateur M.
René de Starn parle de « l'Autre Monde,
journal des Trépassés » et pose à ce sujet
une question à laquelle je puis répondre :
Ce journal a eu, à ma connaissance,
5 numéros. Je les ai sur ma table en écri-
vant ce mot. Leurs dates sont 1,8 avril,
15, 29 avril, 13 mai, 3 juin 1877 et non
pas 187 1. Le n'^ 5, dernier paru, je crois,
porte seul le millésime de 1877. Seul le
n° I est en blanc sur noir, et encore d'un
blanc violacé ; 'e n" 2 est en rouge, le
n° 3 en vert, le n° 4 en jaune (n° des
maris) ; n° 5 en gris ; sur le journal il y
a « en blanc d'argent. » Ce dernier n' est
très lisible, comme tous les autres. C'est
le n° imprimé en rouge qui est le moins
lisible. Chaque n" se vendait alors o fr.25.
Je suppose que la collection de ce curieux
périodique est assez rare. Si elle intéres-
sait un de nos collaborateurs,je serais dis-
posé à la céder. Ce qui me confirme dans
la pensée qu'il n'y a eu que 5 n°% c'est
que suivant la date du dernier n° du ^
Journal des Trépassés^ je trouve le Journal
des Cocottes, feuille humoristique sur
papier de couleur variable.
A. Hamon.
*
* »
j'ai eu sous les yeux un exemplaire de
« L'Autre IVlonde, journal des trépassés »
dont parle M. René de Starn. Ce numéro,
dont je ne puis préciser la date, répandait
une odeur de noir de fumée tellement désa-
gréable qu'on n'avait pas envie de le lire ;
et si on l'avait lu, on aurait eu certainement
les doigts tout noircis en peu de temps.
Cette innovation bizarre et sans raison
d'être, n'a pas dû être de longue durée.
^- ^ J-
La collection complète de l'Autre
Monde, journal des tre'passés, comprend
cinq numéros. Le n» i est imprirné en
blanc sur papier noir ; le n" 2, en
rouge; le n'' 3 ,en vert ; le n" 4, en jaune, et
le no 5, en rose. Un de nos collaborateurs,
M . Stirlino^,a fait don de cette petite curio-
sité à la Bibliothèque Saint Fargeau, où
M. René de Starn le pourra trouver sous
la cote 400 III. NoTHiNG.
Cartes postales (LU ; LUI, 98, 269,
489, 75q). — 11 a pu y avoir, dès 1878,
des tentatives individuelles qui sont res-
tées ignorées du public, mais je persiste à
dire que, pour les cartes postales illus-
trées de même que pour des inventions
récentes plus importantes, telles que les
tramways, etc., le mouvement n'a pris
en France que très tard. Ainsi, je me rap-
pelle fort bien avoir vu dans l'été de 1891
ou 1892, un étranger s'étonner très fort
de n'avoir pu découvrir une seule carte
postale illustrée à Trouville, alors que ce
système de correspondance était déjà ré-
pandu en Allemagne, en Italie, en An-
gleterre et ailleurs.
W.
Etymologie à rechercher (LUI,
842J. — A propos de l'origine du mot
dégobiller, ÎA. H. de D. appuie son dire
sur ce qu'en langage trivial on emploie
l'expression de faire un renard ou faire le
renard, pour vomir, etc. Or, il est bon de
N«
II 17,
L'INTERMEDIAIRE
3C>
remarquer que la langue wallonne n'a
d'autre mot pour exprimer cet acte, que
celui de renarder ou rinarder.
Albin Body.
Pourquoi aller chercher midi a
quatorze heures pour trouver l'étymolo-
gie de dégobiller. Celle que Littré a donnée
est excellente de tous points. Le radical
Goh, dans les langues celtiques, voulant
dire bouche et bec, l'argot n'a pas eu
besoin de recourir au renard, et a fait
franchement dégueuler et débecquer.
Dans le centre de la France, vallée du
Loir, on nomme Gobillon, la quantité qui
dépasse la mesure, qui dégobille par
dessus les bords. En cherchant dans
d'autres patois, nous trouvons Gobelle,
Gobet, petit vase, petite mesure. Dans
l'argot des prisons, la Gobette est une
mesure de vin de un décilitre qu'on vend
aux détenus. Martellière.
*
* *
Le mot dégobiller figure dans le patois
de Lille.
Dans son Dictionnaire du patois de Lille
et de ses environs^ M. Pierre Legrand lui
consacre l'article suivant :
Dégobiller, verbe neutre, littéralement,
c'est écorcher du renard, de Vulpes, Goul-
pil, dont on a tait également, Goupillon.
Tout le monde sait que le Goulpil a retenu
le nom de renard depuis le fameux roman
du xiue siècle, attribué k Jacquemars Giélée,
notre compatriotes. Dégueuler et Deloufer,
également dans le patois de Lille, ont la
même signification que dégobiller : les trois
sont synonymes de vomir.
Dégobilies ti même, espèce de malpropre.
{Pasquilles Lilloises de Desrousseaux).
Et ti, va manger six livr's de veau
Pour dégueuler comme un pourceau.
(Brûle maison, la tourquennoise et le
savetier.
Puis déloufant comme des pourchiaux.
(Brûle maison).
L. C. XVII,
TartempioD (LUI, 953). — Un jour-
nal assure qu'on lit ce nom sur le piédes-
tal d'une statue élevée en province à un
industriel:
Le travail est récompensé
Antoine Tartempion.
40
(LUI,
Pied de nez (LUI, 730, 824).
Cette expression vient naturellement de
ce que la main étendue mise au bout du
nez en forme comme un appendice, en
sorte qu'on semble avoir un nez d'un
pied. De là, l'inversion de la parole. D'au-
tre part, la grosseur du nez indique une
plus forte perception des odeurs, une per-
fection plus grande de cet organe qui lui
donne une supériorité sur les nez aplatis.
Faire donc un pied de nez à quelqu'un
est lui dire : J'ai un nez plus long que le
tien ; je suis plus fin que toi. C'est dans ce
sens que Martial a dit I, 42, non ciiicum-
que ifatuin est habere nasuni.
Je donne l'explication pour ce qu'elle
vaut : elle est vraisemblable.
Albert Battand;er.
En mettant les deux mains bout à
bout,les doigts écartés, à l'extrémitéde son
nez, on l'allonge ainsi d'environ un pied
(33 centimètres), plus ou moins, selon la
longueur et l'écartement des doigts.
Adresser ce geste à quelqu'un, c'est lui
dire : « Vous avez un nez de cette lon-
gueur-là ». On lui attribue ainsi un nez
long d'un pied, autrement dit un pied de
nez.
Le pied de nez avec une seule main est
un diminutif; aussi est-il moins injurieux
qu'avec les deux. O. D.
L'origine n'est pas douteuse. Faire un
pied de nez à quelqu'un, c'est, à l'aide
des doigts placés devant le nez, donner à
celui-ci une longueur d'un pied, c'est-à-
dire démesurée. On a dit pied de nez,
comme pied de langue (tirer ou montrer
un pied de langue), pied de rouge ou de
fard, pied de crotte (Scarron), etc., etc
Balzac : le Barbon (cité par Littré v° pied)
écrit : « Il est connu par un pied de nez
et par une aune et demie de barbe », et
l'on voit qu'ici pied de nez a encore sa
valeur propre.
La langue d'oc dit de même « pan de
nas », m. à m, ^< pan de nez »,
J. Charles-Brun.
De quand date la poulie (LUI, 777,
870). — 11 existe une antique poulme
égyptienne au British Muséum.
C. B. O.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 juillet 1906
41
Le septième garçon ou le sep-
tième enfant (LUI, 945). — Aujour-
d'hui encore, en Saintonge, le septième
garçon est regardé comme jouissant d'un
pouvoir guérisseur spécial. Je connais,
dans un village situé à 3 kilomètres de
Saintes, une famille où sept garçons sont
nés à la suite. Lorsque, il y a deux ou
trois ans, le septième garçon a quitté
l'école, après sa première communion,
on l'a mené chez un guérisseur connu
pour qu'il y fasse l'apprentissage des re-
mèdes, des formules et des passes en
usage dans ces médications superstitieuses
encore très en vogue dans nos campagnes
saintongeaises. Et maintenant, l'enfant
donne des consultations auxquelles on a
plus de confiance qu'aux soins des méde-
cins les plus sérieux. Et les consultants
qui affluent chez les guérisseurs ne sont
point tous des ignorants ou des pauvres,
comme on serait peut-être tenté de le
croire. A. D.
♦ *
L'Intermédiaire des chercheurs et curieux
s'est déjà occupé de cette question, mais
sous une rubrique différente (i). Ce qui
a déjà été publié dans cette revue et ce
que l'on sait (légendes et traditions popu-
laires d'ordre médical, etc.), montrent
que depuis longtemps, au moins dans
l'ouest de la Gaule, on s'est préoccupé
de ce phénomène, un peu insolite, même
autrefois, dans notre pays : la naissance
d'un septième enfant.
A propos du septième enfant, capable
de guérir les écrouelles ou autres mala-
dies, j'ai publié jadis sur ce sujet un
article intitulé : « Comment on peut deve-
nir médecin en naissant (Ga:(. méd. de
Paris, 1903, n'' 29, p. 241 ; et n" 34,
p. 282) ». Il faut y ajouter une note :
« Le médecin-né (Int. des ch. et cur., 1906,
30 mars, p. 380 et 483) », à laquelle je
renvoie. — J'ajoute qu'aux environs de
Corlay (Côtes-du-Nord) on retrouve les
coutumes que j'ai signalées en Vendée.
Partout, il faut sept enfants mâles de
42
suite, sans intercalation de filles
ne dit pas la lettre de 1709.
Pourquoi a t-on choisi le chiffre
C'est une question que j'ai
(LUI, p. 483), et à laquelle
répondu.
ce que
posée déjà
on n'a pas
(i) Les saints guérisseurs (LUI, 365, etc.).
Citons, enfin, que, dans le canton de
Corlay également, tout premier-né d'une
génisse appartient de droit à la Vierge.
Ce qui semble indiquer que les coutumes
de cette nature remontent au moins aux
premiers temps du christianisme, et peut-
être même aux traditions gauloises anté-
rieures. D»- Marcel Baudouin.
Mariages religieux par surprise
(LUI, 889, 991). — Pour comprendre cette
législation canonique du mariage. Un an-
cien magistrat pourra lire l'intéressant
volume de M. le chanoine F. Deshayes :
Questions pratiques de droit et de morale
sur le mariage, Paris, F. Lethielleux, in-8">
de xii-455 pages et, en particulier, les
pages 164-236 qui concernent l'Assis-
tance du curé et des témoins.
Louis Calendini.
» ♦
Le mariage contracté à Saint-Pierre-de-
Montmartre dans des circonstances singu-
lières est parfaitement valide aux yeux de
l'Eglise, quoique illicite. Les jeunes gens
ont commis une faute,mais il n'y a aucun
doute sur la validité de leur mariage, qui
est indissoluble, si par ailleurs il n'y
avait pas d'empêchements dirimants.
Le mariage est bien un sacrement, et
en général les évêques et les prêtres seuls
ont le droit d'administrer les sacrements,
mais il faut faire une exception pour le
sacrement de mariage,
sacrement de mariage
eux-mêmes, le prêtre
nécessaire des engage-
7« sacrement, le
Les ministres du
sont les époux
n'est que témoin
ments pris par les fiancés.
La publication des bans de mariage
doit être faite avant la célébration de
l'union, mais ce n'est qu'un empêchement
prohibitif, et non un empêchement diri'
mant .
Conclusion : Ce mariage est valide.^ mais
illicite.
*
* ♦
Le mariage chrétien ou mieux sacre-
ment de mariage, est ainsi défini : « Le
contrat légitime et indissoluble entre un
homme et une femme, par lequel on se
donne et on accepte la mutuelle puissance
sur le corps pour les actes aptes à la gé-
nération, et que Notre-Seig.ieur a élevé à
la dignité de sacrement. »
11 suit de cette définition que le sacre-
No II 17.
L'INTERMÉDIAIRE
45
44
ment n'étant autre que le contrat naturel
entre chrétiens suivant les lois de l'Eglise,
comme les chrétiens sont les auteurs du
contrat, ils sont les ministres du sacre-
ment. Et il est bon qu'il en soit ainsi pour
que rien ne vienne imposer son autorité
ou élever un obstacle là où le consente-
ment mutuel est tout.
Les cérémonies dont l'Eglise a entouré
ce sacrement sont des cérémonies décla-
ratoires ; par exemple la bénédiction du
prêtre dans la messe de mariage et autres.
On pouvait se marier sans la bénédiction
du prêtre avant le Concile de Trente, mais
l'Eglise demandait qu'on la reçût ; on
peut encore se marier sans cette bénédic-
tion dans tous les endroits où le fameux
décret Tametsi de ce même Concile n'a
point été promulgué, Par exemple, en
Angleterre deux chrétiens peuvent con-
tracter mariage par le seul consentement
mutuel en dehors de tout prêtre, mais ils
tiennent tous à mettre ce contrat sous
l'influence des bénédictions de l'Eglise,
et il en résulte aussi un autre avantage,
la publicité du contrat.
Dans les pays où le décret Tametsi est
promulgué enFrance, Italie, Espagne, etc. ;
et depuis Pâques 1906, l'empire Allemand,
ces mariages sans prêtre sont frappés de
nullité par l'empêchement de clandestinité
viciant le contrat qui n'aura point été fait
devant le curé et deux témoins. Ce curé et
ces deux témoins ne sont que des témoins
autorisés, il suffit qu'ils constatent que
deux chrétiens, non liés évidemment par
un autre empêchement, aient échangé en
leur présence les paroles par lesquelles ils
se donnent l'un à l'autre pour qu'il y ait
immédiatement contrat matrimonial et
par là même, sacrement de mariage.
De ce que Ton vient de dire, il est
clair que ie mariage en question était par-
faitement valide, que le vicaire devait en
donner déclaration authentique et aurait
fait une faute grave en s'y refusant. Cela
étant, il est bon de remarquer combien est
absurde la loi française imposant la pré-
séance du mariage civil sur le mariage re-
ligieux. Elle suppose que le prêtre est le
ministre du sacrement de mariage, ce qui
est absolument faux, et les pénalités du
code pénal, si elles devaient être efficaces,
devraient se reverser sur les jeunes gens
qui vont devant le curé avant de passer
par la mairie. Le curé est un témoin pure-
ment passif ; quand ses yeux ont vu ses
oreilles entendu, il n'a plus autre chose à
faire qu'à donner quittance. Le mariage
a eu lieu devant lui, mais il- n'a pas du
tout administré ce sacrement.
D^ Albert Battandier,
Un Stradivarius vendu en 1824
(LUI, 896). —J'ignore où celui de nos
collaborateurs qui signe Un Curieux a
trouvé le renseignement relatif au violon
de Viotti, vendu à l'hôtel Bullion (c'était
alors l'hôtel des commissaires- priseurs)
en 1824, au prix de 33.000 francs. L'ad-
mirable Viotti, aussi admirable comme
homme que comme artiste, avait aban-
donné la direction de l'Opéra, qui, par le
fait de l'assassinat du duc de Berry à ce
théâtre, n'avait eu pour lui que de cruels
déboires, et pour se reposer sans doute et
se distraire de ses ennuis, était allé faire
un nouveau voyage à Londres, longtemps
habitée par lui et où il avait laissé de
profondes amitiés. II y mourut le 3 mars
1823. Je crois bien qu'il n'avait d'autre
parent et successeur que son frère, qui,
naturalisé Français comme lui, était capi-
taine dans la garde royale. Dans ce cas,
et, quoique certains aient dit que la vente
des instruments de Viotti avait eu lieu à
Londres, il se pourrait bien que celui-ci
ait fait procéder à la vente des objets ap-
partenant à l'illustre violoniste, et par
conséquent de ses instruments. Mais, de
toute façon, je reste rétif au sujet du prix
atteint par son Stradivarius. D'abord,
33,000 francs à cette époque en représen-
teraient bien plus de 60.000 aujour-
d'hui, bien que ce soit Viotti lui-même
qui les ait introduits en France et qui en
ait fait apprécier l'incontestable valeur.
Dans son livre sur les Instruments des
écoles italiennes, J. Gallay, en efïet, a pu
écrire ceci :
Les beaux instruments italiens n'ont été
véritablement appréciés qu'au commence-
ment de ce siècle (le xix*"). Les violons et les
violoncelles de Stradivarius avaient cepen-
dant franchi la frontière dès 1796 ; mais il
est permis de croire que, sans l'arrivée à
Paris de Viotti, le nom de l'illustre chef de
l'école crémonaise serait demeuré inconnu
longtemps encore. C'est, en effet, au célè-
bre virtuose italien que les contemporains
durent la connaissance du nouveau maître.
Viotti possédait un admirable Stradivarius,
dont la sonorité fut une révélation. Les prix
de ces instruments étaient alors bien mo-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Juillet 1906.
45
46
destes : on pouvait rapporter d'Italie une
basse ou un violon moyennant trois ou
quatre cents francs ; encore les prix avaient-
ils singulièrement augmenté depuis la mort
de Stradivarius, qui ne vendait ses instru-
ments que quatre louis d'or. Tout ce que
racontait Viotti de la perfection des instru-
ments du maître crémonais excita au plus
haut degré le goût des riches amateurs ;
dès ce moment, le nom de Stradivarius
brilla du plus vif éclat, et la renommée
s'en empara pour ne plus l'abandonner.
Je me suis, naturellement, occupé des
violons de Viotti dans Tétude très éten-
due et très complète que j'ai publiée sur
cet artiste merveilleux. Mais je n'ai pas
connu la provenance de son Stradivarius,
et voici tout ce que j'en ai pu dire : —
« En quelles mains a passé le stradivarius
de Viotti ? Quel en est aujourd'hui l'heu-
reux possesseur ? C'est ce que je ne sau-
rais dire. On connaît le sort de celui de
Rode, qui a été acheté, il y a une ving-
taine d'années, par M. Charles Lamou-
reux ; de même, on sait que celui de
Rodolphe Kreutzer est depuis longtemps
la propriété de M. Massart, l'excellent
professeur du Conservatoire. Mais on
ignore — du moins j'ignore pour ma part
— ce qu'est devenu celui de Viotti. SMl
est vrai, comme on l'a dit, que la vente
des instruments de Viotti ait eu lieu à
Londres après sa mort, il est plus que
probable que ce violon, un des plus beaux,
paraît-il, qui soient sortis des mains de
Stradivarius, sera resté en Angleterre et
aura été acquis par un des amateurs, des
riches collectionneurs d'instruments ita-
liens qui ont toujours été si nombreux au
pays . » Arthur Pougin.
Les distractions d'Ampère (LUI,
946).
Une revue américaine collectionne —
pour la joie et surtout pour l'étonnement
de ses lecteurs — les faits et gestes des plus
célèbres distraits.
On y néglige peut-être un peu trop les
Français — et quelques-uns des plus illus-
tres.
Alfred de Musset était distrait au point
de mettre cinquante centimes dans une
tasse de thé que lui présentait une jeune
fille qu'il prit pour une quêteuse.
Mais ce fut sans doute Ampère qui mérita
le grand prix de la distraction .
On racontait de lui que, rentrant un soir
dans sa chambre tandis que tombait au
dehors une pluie abondante, Ampère mit
soigneusement son parapluie trempé dans
son lit et se plaça lui-même dans un coin
pour se laisser sécher.
On a souvent cherché le comble de la
distraction : Ampère semble l'avoir trouvé.
Figaro.
La lettre suivante adressée par Mme
Ampère à son mari justifie la réputation
de distraction faite à l'illustre géomètre :
De Lyon.
Mon bon ami.
Je suis bien aise que tu aimes tes cra-
vates. Tu les appelles des cadeaux ! Je ne
t'en ai jamais fait qu'unique j'apprécie beau-
coup, qui est bien à toi et qui est aussi à
moi ; tu le devines et me dis que tu aimes
mieux celui-là que les autres.
Je te trouve bien pastoral d'aller lire mes
lettres dans les prés: j'ai peur que tu ne les
sèmes en chemin et que tout ce que je
t'adresse ne tombe sous les yeux des pre-
miers venus.
Si je te connaissais plus soigneux, com-
bien je te confierais de jolies choses 1
Tu saurais que je t'aime bien, que j'ai
grande envie de te revoir, que tous les soirs
j'aurais mille choses à te conter, qui res-
tent là et qui me font soupirer, enfin, tu
sauras que lorsqu'on a tant fait de prendre
un mari, on l'aime trop pour en être séparé,
et que cette absence m'ennuie.
Julie.
Cette gentille lettre prouve — en de-
hors d'un exclusif amour — que la répu-
tation d'Ampère, comme distraction, était
si établie, dans la famille, que sa femme
hésitait à lui confier de ces secrets câlins,
que, si peu soigneux, il ne manquerait
pas de semer dans les près.
D^L.
La mort de Marat en complainte.
— Voici l'anniversaire de la mort de Ma-
rat, qu'il est question de glorifier à nou-
veau. M.Henry Vivarez nous communique
une chanson populaire qui fut faite sur
cet événement. Elle est curieuse ; elle
n'a jamais été citée, croyons-nous, dans
les diverses études consacrées à Marat.
L'air de cette complainte est celui de
la complainte de Fiialdès. On ignore géné-
ralement que cette dernière est écrite sur
un air dont l'origine est la complainte du
Maréchal de Saxe.
N» Il 17.
L'INTERMÉDIAIRE
47
- 48
COMPLAINTE
SUR LA MORT DE MARAT
U ami du peuple
Assassiné par Charlotte Cordet {sic)\z 13 juillet
1793 l'an 2 de la République Française,
par Beauchant, le Sans culotte.
Air du : Maréchal de Saxe
Dans toute la République
Le patriote est en deuil,
Voyant Marat au cercueil,
Par une fin bien tragique.
Nos regrets sont superflus,
Non, Marat, n'existe plus.
En sept cent quatre-vingt-treize,
Le treizième de juillet.
Une femme avec projet
Dit qu'elle serait bien aise
De dénoncer à Marat,
Un complot d'homme d'Etat.
On lui refuse l'entrée
En craignant quelques abus.
Elle, d'après ce refus,
Feignant d'être désolée
D'une conspiration
Pour avoir protection.
Marat fit ouvrir la porte
Ami de l'humanité,
Se croyant en sûreté
11 fit signe que l'on sorte
Pour entendre avtc raison
Cette conspiration.
Etant tous deux tête à tête
Pour la conversation :
« Caen est en rébellion,
« Ils ont juré la défaite
« Des citoyens de Paris
« Ils dévasteront le pays.
Marat lui dit : Citoyenne,
Cela n'ira pas si loin,
L'échafaud aura le soin
De leur épargner la peine
On saura bien à propos
Purger tout le Calvados.
A ces mots cette tigresse
Voyant Marat dans le bain
Lui plonge un poignard au sein ;
Oh, quelle scélératesse.
Elle lui perça le cœur ;
Ah ! pour nous quelle douleur.
Elle veut prendre la fuite.
Mais on l'arrête à l'instant.
Tenant en main le tranchant.
Récompensons son mérite,
Et pour punir son complot,
Elle ira sur l'échafaud.
Ah ! pour nous quel coup de foudre,
L'ami du peuple n'est plus,
Nos regrets sont superflus,
Enfin il faut nous résoudre :
Pleurons l'ami de nos loix.
Vrai défenseur de nos droits.
Vrais soutiens de la patrie,
Marat est dans le cercueil,
Nous avons la larme à l'oeil
Oh ! quel coup de barbarie,
Marat reçois nos regrets
Nous te perdons pour jamais.
Il n'est plus, Marat le Juste
Citoyen plein de vertu
Après avoir combattu
Nos ennemis ; que son buste
Soit dans le temple des loix,
Marat meurt couvert d'exploits.
Voilà donc dans une année
Trois généreux défenseurs,
Assassinés, que d'horreurs,
Pour nous quelle destinée.
S. Fargeau, Bourdon, Marat.
Peut-on plus grand attentat!
Ennemis des Sans culottes.
Monstres, vomis par l'enfer,
Sur nous vous portez le fer
En vrais soutiens des despotes
Nos regrets sont superflus,
L'ami du peuple n'est plus.
Amis de la République,
Plaignons son sort à jamais,
Que le Panthéon français
Place cette âme civique,
A côté de S. Fargeau,
Marat aura son tombeau.
Vous, enfants de la patrie,
Pleurez, pleurez tous Marat.
Il est réduit au trépas,
U a consacré sa vie.
En vaillant législateur.
Il était un défenseur.
Citoyens et citoyennes.
Parons sa tombe de fleurs,
Tous nos enfans par leurs pleurs,
Iront lui prouver leurs peines.
Gravons, gravons sur l'airain :
Marat fut Républicain,
FIN
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond,
LIV' Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mois 20 Juillet 1908.
420 Année
31 "".r . Victor Hïassé
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31 *",r. Victor Massé
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DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPOXSES LITTÉRAIBES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
49
Obligés de faire suivre souvent des ré-
ponses privées à l'adresse de correspondants
qui n'ont signé que par des initiales^ il est
indispensable que toute lettre sionée. soit d'i-
nitiales, soit d'un pseudonyme no)i habituel,
porte également le nom et l'adresse de
notre correspondant.
Les manuscrits qui ne rempliront pas
cette condition ne pourront être insérés.
iie0îiai!0
Mémoires inédits de la duchesse
d'Angoulême. — On a maintes fois
parlé du testament et des mémoires iné-
dits de la duchesse d'Angoulême ; il pa-
rait que ces pièces doivent être publiées
seulement en 195 i. Quelqu'un pourrait-il
donner des renseignements à leur égard,
— du moins quant à leur existence ?
G. T.
Ile découverte en 1772. — Dans
une lettre d'un officier de marine de Tou-
lon à un de ses camarades en congé, on
lit :
... On arme à Brest 4 à 5 bâtiments pour
l'île nouvellement découverte...
Quelle pouvait être cette ile ?
P. F.
La duchesse de Berry biblio-
phile \X. G., 107). —Je viens d'admirer
chez un bibliophile ami, un précieux vo-
lume in-4° relié au xviii' siècle, en maro-
50 .
quin vert, à large dentelle, avec recou-
vrement et serrure fermant à double tour.
C'est le plus bel exemplaire connu du
livre que le duc d'Aiguillon fit imprimer
secrètement avec la collaboration de la
duchesse: \q Recueil de pièces choisies ras-
semblées par les soins du cosmopolite et'dont il
ne fut tiré que 12 exemplaires (1735).
Pour ceux de nos lecteurs qui n'auraient
jamais eu entre les mains ni l'original ni
la réimpression moderne, disons que ces
«Morceaux Choisis » ne sont pas à l'usage
des pensionnats. La serrure ne s'explique
que trop.
Les exemplaires célèbres ont leurs an-
nales. On connaît la liste presque com-
plète des amateurs qui ont possédé celui-
ci depuis un siècle et demi, mais entre
M. Duriez (1827) et le duc de Rivoli
(1838), il y a une lacune. Comme
j'examinais la feuille de garde, j'y ai
trouvé une ligne au crayon, soigneuse-
ment effacée à la gomme, mais encore
très lisible dans sa mince écriture anglaise
allongée qui date de plus de soixante ans.
Exemplaire de la Duchesse de B.
A cette époque, une seule « Duchesse
de B. » était bibliophile, et l'on comprend
bien pourquoi un collectionneur respec-
tueux n'osa écrire que son initiale sur
un pareil livre. Sait-on qu'elle ait pos-
sédé quelques ouvrages libres en dehors
des romans légers qui parurent à sa
vente en 1837 et par hasard posséde-
rait on déjà un témoignage concernant le
séjour du fameux exemplaire dans sa bi-
bliothèque privée ? Un Passant.
LIV-2
N» «ii8.
L'INTERMEDIAIRE
51
52
Concours du prix d'Utilité mo-
rale, à l'Académie, 25 août 1830.—
U résulte d'une lettre que je possède de
Mlle |ulie Candeille, (devenue femme
Simons, puis femme Périé) que celle-ci,
sous le nom de madame Périé, sans doute,
avait concouru à ce prix. Comments'appe-
lait cet ouvrage ? A-t-il été récompensé ?
H. Lyonnet.
Chasseurs de Picardie et Royal-
Liégeois. — Je serais reconnaissant à
un aimable chercheur qui pourrait me
dire dans quelles villes résidaient le régi-
ment des chasseurs à cheval de Picardie
et celui du Royal-Liégeois (infanterie), de
1780 à 1791 et quels numéros portent
actuellement ces deux régiments.
DE G.
Alliance de la famille d'Harcourt.
— Un ex-libris de la première moitié du
XIX' siècle, signé Oblin, porte les armes
d'Harcourt accolées d'un écu portant :
d'a:(ur, à la fasce d'hermine, accompagnée
de trois cfoix rccroisetiées d'argent ; au chef
d'or, chargé d'un lion issant de gueules.
Couronne de comte sur les deux écus.
Supports : deux lions. Quelle était cette
alliance .? D. des E.
Aqua Bona et Aqua Puta. — Aqua
Bona désigne évidemment Eaubonne
(Seine-et-Oise), village qui dépendait de
la seigneurie de Montmorency et qui est
souvent cité sous cette forme, notamment
dans V Histoire de Montmorency^ par André
Duchesne (preuves, p. 61, 70,71, 119,
415)-.
Mais dans quelques textes antérieurs
au xni* siècle, on trouve un Aqua Puta.
Qu'est-ce que cet Aqua Puta ?
Est-ce par transposition Puteaux (Seine),
comme le veut la généralité des auteurs ?
Puta ne serait-il pas plutôt une ancienne
forme pour Bona, et Aqua Puta ne dési-
gnerait-il pas notre Eaubonne de la vallée
de Montmorency ^
En effet, putus, qui vient de la racine
pno, d'où aussi ^îr/c, signifie, en bonne
latinité, épluché, nettoyé, purifié, pur,
net, sans mélange. Il est ordinairement
joint à purus, punis putus, quelquefois
purus ac putus.
« Putare valet purum facere. Ideo anti-
qui purum putum appellarunt (Varron) ».
« Putus antiqui dicehant pro puro (Pau-
lus ex Festo) ».
« Quam honam mets putissimis orationi-
hus gratiam retulerit (Cicéron) ».
Auguste appelait plaisamment Horace
putissîJHum penem (Suétone). Voir pour
putus les Dictionnaires latins de Forcellini,
Freund, Quicherat, etc.
Aqua Puta équivaut donc absolument
à Aqua Bona .
De plus, la forme latine de Puteaux,
comme celle des nombreux Puiseux,
paraît avoir toujours été Puteoli, petits
puits, et non Puta aqua {Histoire du Dio-
cèse de Pans, par l'Abbé Lebeuf, première
édition, tome III, Eaubonne ; tome IV,
Puiseux ; et tome VII, Puteaux).
Enfin Aciua Puta est généralement cité
avec d'autres villages voisins d'Eaubonne
et même, dans un texte des environs de
833, il se trouve accolé au village d'Er-
mont, viculus Ermedonis, qu'Hilduin, abbé
de Saint-Denis, donne à son monastère,
et qui ne fait qu'un pour ainsi dire avec
Eaubonne [Histoire de l'Abbaye de Saint-
Denis, par Félibien, preuves n° 75 ; Car-
tulaire de Notre-Dame de Paris, par Gué-
rard, tome I, p. 40; Histoire de l'Abbaye
de Saint-Denis, par Doublet, p. 670 ; His-
toire de Montmorency, par André Du-
chesne, preuves p. 30 et 31 et texte
p. 84).
Au reste, André Duchesne traduit sans
héûiç-rVAqua Puta du texte de 1096, par
Eaubonne, et l'Abbé Lebeuf croit aussi
que Aqua Puta et Aqua Bona désignent
un seul et même village (voir à l'article
sur Puteaux, déjà cité, sa savante etcurieuse
dissertation sur Y Aqua Puta seu Salice
que Dagobert donne en 63 '5 à l'Abbaye de
Saint-Denis).
L'éminent M. Auguste Longnon lui-
même, paraît être de l'avis de l'abbé
Lebeuf [Examen géographique du tome /•'
des Diplomata Imperii, monumenta Ger-
maniœ historica, page 11, par Auguste
Longnon, Paris, 1873.
Quelle est, au sujet de cet Aqua Puta,
l'opinion de mes savants collègues de
V Intermédiaire .?
Pourrait-on me citer un texte où Aqua
Puta désigne, sans contestation possible^
Puteaux et non Eaubonne ?
Armand de Visme.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 juillet 190e.
53
54
Le château de Saint-Maurice. —
A la fin du xviii' siècle, ce château, situé
commune de ce nom, canton nord de
Dourdan, appartenait à IVl.Le Mairat, prési-
dent de la Chambre des comptes de Paris.
Sait-on s'il existe encore ? Si oui, quel
en est le propriétaire ?
Paul Pinson.
L'abbaye d'Hérivaux. — L'abbaye
d'Hérivaux,prèsLuzarches(Seine-et-Oise),
fondée en 1 130, n'existe plus qu'en partie,
mais comprend encore, outre un corps de
bâtiment servant d'habitation, les restes
d'une magnifique église.
Les Archives de Seine-et-Oise possèdent
d'assez nombreux documents sur celte
abbaye, entre autres un plan datant de la
première moitié du xviii* siècle, très pré-
cieux, sans doute, mais insuffisant en ce
qui concerne l'église.
Un intermédiairiste pourrait-il indiquer
un autre plan, ou tout au moins des cro-
quis anciens de ce beau monument .?
Z. Y. X.
Ouistreham (Normandie), et Wes-
terham (Angleterre). — Westerham,
dans le comté de Kent, Angleterre, fut
l'habitation de la branche anglaise de la
famille Le Marinier de Cany (Normandie),
depuis, au moins, le douzième siècle.
Leur habitation à Westerham s'appelait
« IVlariners ».
Le bel et ancien manoir est encore à
Westerham, il s'appelle encore « IVlari-
ners ».
Or, Westerham in « Domesday » est
appelé « Oistreham » — et, en 1253
s'appelait <> Ouistreham » = Ouest-
reham » = West (er) ham.
Il y a, à l'embouchure de la rivière,
Orne, (sur laquelle est situé Caen), un
petit village, Ouistreham. 11 semble plus
probable que Westerham, en Angleterre,
doit sa désignation à Ouistreham en Nor-
mandie, ainsi appelé par des Normano-
Français qui s'y établirent.
Ainsi, Ouistreham en Normandie fut
probablement l'habitation originale de la
famille de Mariniers.
D'où on peut déduire :
En II 66, il y avait en Angleterre, Ma-
nasser de Donmartin, chevalier, lié avec
Gautier de Meduana, et Guillaume de
Ros.
Et, en 1 199, i200,Albéric de Donmar-
tin, chevalier, per Cornes Boloniae.
Aussi, en 1201, 1212, Guillaume de
Warenne.
Qiie pense-t-on de cette déduction?
RÉv'ï Edwin Marriner.
Un peintre J.B.D.— J'ai une peinture
sur bois (de l'école de Boucher), représen-
tant Eve au paradis terrestre 40 sur 39) ;
elle est signée: }. D. P. 1790. Quel est le
nomde l'auteur ? T. y.
Le peintre Coutel. — • Coutel, élève
d'Ingres, entré à l'école des Beaux-Arts
en 1833, eut en son temps une certaine
réputation. J'ai vu de lui un portrait
signé et daté 1848 ; le sujet ressemble à
Musset ?
Pourrait-on savoir si le peintre Coutel
fut l'ami de l'auteur des Nuits... vers
cette époque? Martin E.
Lady Kerry. — Je désire être éclairé
sur ridentité, âge, noms de Lady Kerry,
qui avait un salon où l'on jouait beaucoup
avant 1789 ; madame de Béon attaché à
la princesse de Lamballe, madame de
Nontron, le chevalier de Fraguier gen-
tilhomme du prince de Conti M. de
Florac. H. G.
Favancourt, de Blaire, Belzunoe.
— On demande si le comte de Favan-
court, monsieur de Blaire, madame de
Belzunce qui tenaient un rang sous
Charles X, ont laissé des descendants.
V. U.
De Monbel, acteur. — Dans le
n* I II 3 de l'Intermédiaire, le confrère
Olim parle d'un M. de Monbel, grand
premier rôle au théâtre de Clermont-
Ferrand, qui serait mort subitement en
déclamant des stances de circonstance à
l'occasion de la fête des Alsaciens-Lorrains
en 1898.
Qu'est-ce que M. de Monbel ? A quelle
famille de Monbel appartenait-il ? Etait-ce
un vrai Montbel, ou bien un Baron, un
Thomassin, un Baylin^ un Surrel.^ un Viatel
de Monbel ou Montbel ? Brondineuf,
Le comte de Repenties. — Les
écrivains naundorffistes font mention d'un
certain comte de Repenties^ qui aurait été
^f<' iii8.
L'INTERMEDIAIRE
55
56
chargé par le duc de Berry d'une mission
en Allemagne concernant Louis XVII.
Qu'était-ce que ce comte de Repenties?
Existe-t-il encore de ses descendants ? Il
vait, je crois, une fille unique.
' G. T.
Les de Sathenat (Satanas), sei-
gneurs du Mont et de Launay. —
La famille de Sathenat que nous trouvons
installée à Mehun-sur-Yèvre dès le
XII' siècle, est une des plus anciennes du
Berry.
Petrus Sathanm était un des chevaliers
de Raoul, seigneur de Mehun, en 1193
(Fonds de Saint-Sulpice-AUogny, 12»
liasse); il achète des dimes à Vouzeron en
1213.
D'après la Thaumassière, la terre du
Mon/ était en 1293 un des fiefs de Pierre
de Sathenat, seigneur du Mont et de
Launay.
Désirant compléter le travail de la
Thaumassière sur les Sathenat, il nous
manque un chaînon pour la branche de
Launay. Serait-il possible d'obtenir sur
cette branche quelques renseignements
tirés d'ouvrages spéciaux ?
Une anecdote bien curieuse a été ra-
contée par M. de Raynal dans son His-
toire de Berry, vol. III, page 178, sur
Pierre de Sathenat {140^), mais il serait
trop long d'en donner ici le texte.
Disons que le dernier représentant'de
la branche du Mont a été massacré dix
ou douze jours après son mariage avec
Marie Agard, Vve de Charles de Fran-
çois, par un parent très proche de ce der-
nier ; la Thaumassière ne nomme pas le
meurtrier que nous avons découvert.
E. Tausserat.
Accolé de Savalette. — Un petit
ex-libris de style Louis XV porte deux
écus accolés ; le premier est : d'azur, au
chevron, accompagne en clef de deux lé-
sants et en pointe d'une molette, le tout d'or.
Le second est de Savalette de Lange et de
Buchelay : d'apir, à un sphinx d'or, sur-
monté dimc étoile du même.
Le premier écu pourrait appartenir à
Brossard de Cléry, mais alors le champ
devrait être de sable au lieu d'azur ; ou
bien à Sanlot de Bospin, et dans ce der-
nier cas, la molette devrait être remplacée
par une étoile. Je ne connais pas de généa-
logie de la famille Savalette et j'ai re-
cours à mes confrères de Y Intermédiaire
pour me renseigner. D. des E.
Les armes de Hongrie et les
Cruy-Chanell. — Il existe une famille
française des Comtes Cruy (ou Croy) —
Chanell (e) (?), qui porte dans ses armes
la couronne de Hongrie de Saint-Etienne
à la croix courbée et prétend descendre de
la première maison royale hongroise de la
famille des Arpads.
Peut-on me dire si cette descendance
est définitivement établie ?
Y a-t-il encore des Cruy-Chanells venant
de cette royale famille ? Quels sont ses
membres? Où vivent-ils ? Portent-ils tou-
jours les armes de Hongrie? D' P.
Bague avec devises. — Je possède
une bague qui me vient de mon bisaïeul
qui était très attaché à Louis XVIII. Cette
bague en or, d'un grand diamètre, proba-
blement pour mettre sur un gant, porte à
l'extérieur, sur le chaton, deux épées
entrecroisées, autour desquelles on lit :
«Vive le Roi quand même »;de chaque côté
du chaton sont gravées les devises sui-
vantes :
A Dieu mon âme
Mon cœur aux dames
Ma vie au Roi
L'honneur à moi.
à l'intérieur, la date, 1815 ; le nom du
possesseur, et sous le chaton un cœur
gravé, à l'intérieur duquel sont
les lettres : L. M. T. Que signifient
ces initiales P. A. et à quelle
occasion F. cette bague
a-t-elle pu être donnée ?
Henri de Bornier possédait la même,
elle avait été donnée à son grand-père ou
à son grand-oncle par Louis XVIII, alors
régent du royaume en 93. de G.
Médaille représentant Napo-
léon I*' sur une face, Napoléon III
sur l'autre. — A quelle occasion a été
frappée une médaille représentant Napo-
léon Y', empereur, sur une face, et Napo-
léon III, empereur, de l'autre côté ? La
pièce est un peu plus petite qu'une
pièce de 5 cent. Ky.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906
57
58
Supprimit orator... — Dans la se-
conde des Lettres sur la Nouvelle Héloïse,
censées écrites par le marquis de Ximenez,
Voltaire cite un hexamètre latin :
Supprimit orator quod rusticus edit inepte .
A quel poème appartient ce vers, et
quel en est l'auteur ? Debasle.
Saint Thomas d'Aquin, profes-
seur à l'Université d Angers, —
Dans son n° d'avril dernier, la Revue des
Sciences ecclésiastiques (Arras, Sueur) cite
un auteur du xvni* siècle qui affirme que
saint Thomas d'Aquin a été professeur à
l'Université d'ANGERs ? Que penser de
cette opinion ?
Le Bibliophile J. R. — J'ai entre
les mains une brochure intéressante qui a
pour titre : Notice sur les manuscrits à mi-
niatures, par le bibliophile]. R., membre
de plusieurs sociétés savantes (Paris : Li-
brairie M. Bouton [Arras imprimé] 1874).
Quel est le véritable nom du « Biblio-
phile J. R. ? NoxA.
Société anglaise de la civilisation
Européenne et pour l'amélioration
des races humaine et cavaline. —
j'ai en ce moment sous les yeux, dans un
dossier maçonnique, où la pièce se trouve
peut-être par erreur, un diplôme en fran-
çais de cette société, décerné à l'agro-
nome Dubignac, en récompense des nom-
breux services qu'il a rendus à la littéra-
ture, à l'agriculture et à sa chère sœur
la culture. Le diplôme est entouré de
dessins fantastiques à la plume, figurant
des animaux variés, des armes, des tours,
ponts, seringues, triangles maçonniques,
etc., il est daté de Londres, 30 avril 1837.
Cette société avait ses bureaux à Londres,
Warkest street, 72 bis ; elle avait un bu-
reau de correspondance à Paris (adresse
effacée). La pièce estsigiée : Le Directeur
général. Duc de Cumberland (Ernest-
Auguste, roi de Hanovre, oncle de la
reine Victoria) ; le Président : Lord John
Russel de Cantorbéry ; le secrétaire archi-
viste, Rochester ; le bibliothécaire, Wach-
meglée (?); le rédacteur du Bulletin, junus
Trouskoel. Les signatures paraissent au-
thentiques. Est-ce une plaisanterie?
J. G. Bord.
F. N. Dubois, de Rouen et son
« Histoire secrète v>. — Une épi-
gramme de l'abbé Yart, reproduite par-
tout, s'appliq le à ai ciftiii Dubois,
qui avait composé une Histoire secrète.
Barbier et Quérard ont supposé, puis
affirmé, qu'au milieu de toutes les His-
toires secrètes publiées au xviii' siècle,
celle des Femmes Galantes de V Antiquité
(1726) était visée par l'épigramme ; mais
comme toujours, ils s'abstiennent de
prouver leurs hypothèses si facilement
acceptées comme articles de foi par les
bibliographes.
S'ils ont raison, la méchanceté de l'abbé
Yart ne se comprend guère. Elle prétend
railler l'auteur sur le peu de lecteurs qu'il
a recueillis et il se trouve au contraire
que l'ouvrage en question n'a pas eu
moins de cinq éditions et contrefaçons de
1726 à 1745, bien qu'il soit en 6 vo-
lumes.
En outre, qui était « F. N. Dubois, avo-
cat au Parlement de Rouen » ^ La France
Littéraire de 1769 ne le connaît pas.
Vins d'honneur. — Où pourrions-
nous trouver quelques renseignements
sur les vins d'honneur ; sait-on de quelle
époque date cette coutume ancienne et
quelle est la région où elle a pris nais-
sance.''
Evidemment elle n'a pu être mise en
usage que dans une contrée vinicole.
Tout ce que l'on pourra nous appren-
dre sur ce sujet sera reçu avec vive re-
connaissance. F. L. A. H. M.
Vin de Beaune. — L'historien du
duché de Bourgogne, l'abbé Courtépée,
dit dans son ouvrage que Louis XIV per-
mit de transporter sur la Moselle et la
Meuse les vins de Beaune, dont il fait le
plus grand éloge dans l'arrêt de son con-
seil de 1662.
Nous aurions grand intérêt à connaître
le texte de cet arrêt que nous avons vai-
nement cherché. Pourrait-on nous indi-
quer où se le procurer ^
F. L. A. H. M.
N» m8.
L'INTERMEDIAIRE
59
60
Eép0nôeô
CondamDation de Jésus (LUI, 553,
621, 685, 732, 789, 900; LIV, 13). —
Les allégations de M. Dujardin étant
contredites par M. Revillout, j'ai demandé
des explications au premier qui me répond :
J'ai bien reçu votre lettre du 9 juin, et
j'aurais bien voulu vous donner une réponse
intéressante : malheureusement il n'y a pas
une question, si simple soit-elle, qui puisse
être traitée en quatre lignes. Or, le temps
me fait absolument défaut en ce moment.
Tout ce que je puis vous dire, c'est qu'il est
unanimement reconnu que le passage de Jo-
sèphe est interpolé ; les avis ne diffèrent que
sur la question de savoir si le passage est en-
tièrement apocryphe ou s'il est seulement
glose .
Excusez-moi de ne pas vous donner une
réponse détaillée qui nécessiterait un petit
article.
Croyez, Monsieur, à mes sentiments très
distingués.
Edouard Dujardin.
P. c. c. Paul Argelès.
Le mur de Lutèce (LUI, 889, 9^5 ;
LIV, 12). — Il semble qu'il convient
d'être circonspect au sujet des substruc-
tions que les fouilles du Métropolitain
ont miies à jour dans la Cité. Rien ne
prouve indiscutablement que Ton se
trouve en présence d'un fragment de la
muraille de Lutèce, et, au contraire, on
peut émettre des arguments en faveur
d'une opinion opposée.
On a découvert deux murs parallèles
qui n'ont ni l'aspect ni les mesures des
parties de l'enceinte antérieurement mises
à jour ; d'autre part, ils ne suivent nulle-
ment la direction, conjecturale, il est vrai,
mais extrêmement probable, de la muraille
gallo-romaine.
Enfin, pourquoi sont-ils deux ?
11 pourrait très bien se faire que ce ne
soit là que des murs d'une construction
quelconque, édifiés, peut-être, avec des
matériaux empruntés à la muraille d'en-
ceinte qui, très certainement, a été ex-
ploitée ainsi qu'une carrière par les habi-
tants de la Cité.
Quoi qu'il en soit, trancher la question
d'une façon catégorique me paraît peu
sage, peu prudent. 11 vaudrait mieux at-
tendre les résultats des fouilles que pour-
suit la Commission du Vieux Paris.
Pas d'emballement, conseillerait Tarta-
rin.
NOTHING.
*
* ♦
Depuis que la discussion est engagée
sur la récente découverte d'une construc-
tion gallo-romaine dans le sous-sol du
Marché aux fleurs, de nombreuses opi-
nions se sont fait jour. Des savants dis-
tingués ont notamment contesté que les
murs retrouvés fissent partie du rempart
de la Cité. Un de leurs arguments est
que la prétendue muraille se serait élevée
355 mètres de distance de la Seine. L'ar-
gument sans doute n'est pas sans valeur.
Cependant il est bon d'observer qu'en
1847, on retrouva, au droit du Pont-au-
Double, un fragment de la muraille gallo-
romaine exactement à la même distance
du fleuve. Le fragment découvert en
1898, rue de la Colombe, n'en était guère
moins éloigné.
Quant à la date du rempart, on me
permettra de revenir brièvement sur l'hy-
pothèse que j'ai émise ici, et d'après
laquelle le mur, construit d'après les
données de l'écrivain militaire Végèce,
pouvait être contemporain de Gratien et
du tyran Maxime.
A l'appui de cette hypothèse, voici une
nouvelle remarque : lorsqu'en 1829,
on creusa le sol à la place de l'église
Saint-Landry, on trouva, près de la mu-
raille gallo-romaine, douze médailles, dont
la plus récente portait le nom du tyran
Magnus Maximus (Voir Dulaure).
Il y eut, à cette époque, de graves évé-
nements à Paris, ainsi qu'en témoigne
cette phrase de la chronique de saint
Prosper d'Aquitaine :
In Britannià,per seditionem militum Maxi-
mus imperator est factus, quo mox ad Gallias
tranfretante, Gratianus Parisiis Merobaudis
magistri militum proditione superatus, et fu-
giens, Lugduni captus atque occisus est(Mi-
gne, Patrol. lut., tome 51, col. 585).
Une note de l'éditeur corrige ce texte
en ce qui concerne Mérobaude. Il faut
lire : « Mérobaude magistra militum ».
Et le sens est celui-ci :
En Bretagne, une sédition de l'armée fait
Maxime empereur. Il passe bientôt en Gaule.
Mérobaude était alors maître de la milice.
Giatien est vaincu par trahison à Paris. Il
s'enfuit, est capturé à Lyon et massacré.
Il y eut alors un siège de Paris, un
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906.
61
62
assaut que la trahison des soldats rendit
facile au tyran.
Il n'est peut-être pas hors de propos de
rappeler que dans les dernières fouilles
entreprise sous le Collège de France, on
trouva, dans les sous-sols d'un vaste bâ-
timent non encore identifié, une monnaie
de Gratien. Le monument en question
parut avoir été renversé, puis reconstruit
à l'époque Romaine,.., comme le rempart
de la Cité. Luc de Vos.
Uniforme des dragons-Liancourt
(LUI, 331, 458 ; LIV, 14). — Monsieur
Poënsin-Ducrest, dans la bibliographie
qu'il donne à la suite de son intéressante
communication sur l'uniforme des dra-
gons-Liancourt, omet quelques sources
que je me permets de lui signaler et qui
compléteront la liste des ouvrages à con-
sulter sur cette question :
A ce sujet, je dois dire que ma foi, jadis
aveugle, en Montigny, uniformes- 1772, a
été fortement ébranlée par ce fait qu'ayant
en 2 ans de travail colorié tous les corps
de troupes à pied de cette époque, d'après
les règlements, j'ai trouvé dans Montigny
des erreurs de coloris sur certaines
planches et des omissions sensibles sur
certaines autres. 11 est à remarquer, du
reste, qu'a partir du règne de Louis XV
jusqu'à la Révolution, le costume mili-
taire en France éprouva des changements
continuels.
Bibliographie. — Collection des ordon-
nances royales sur l'habillement et l'équi-
pement des troupes. Brochures ou cahiers
in-4'' et in-fo. Edition officielle imprimée
par l'Imprimerie royale. Edition in-i2de
1762 à la Révolution à Metz, chez Colli-
gnon.
Uniformes militaires des troupes fran-
çaises et étrangères, planches in-80 gra-
vées et coloriées, i feuille pour chaque
régiment ; les troupes à cheval sont mon-
tées.
r' édit. 1778, 2" édit. 1780,1a i'^ de
170 planches, la 2* de 182. Chez Juillette
graveur, la 2* édition chez Onfroy-lsnard :
Les nouveaux uniformes de tous les régi-
ments de dragons, à l'ordonnance de 1776
et Etat général des uniformes 1779, re-
cueils de planches sur bois coloriées. Les
cavaliers sont à pied.
CoTTREAU,
Louis X"VII. Sa mort au temple.
Documents inédits (T. G. 534, XLIX ;
L:L1;L1I; LUI; LIV, 17).— M. Otto
Friedrichs nous adresse la lettre suivante
dont il nous demande l'insertion:
Pointe du Bugull
Belle-lsIe-en-Mer
Morbihan
le 15 juillet 1906,
Monsieur le directeur,
Vous avez parfaitement raison de vouloir
écarter toute « poémique personnelle ».
Reste à savoir où commence une pole'mi-
que « personnelle ». M. Baguenier Desor-
meaux avait, le premier, commis une « per-
sonnalité » en se moquant de la « saveur »
de mon style. Croyant discuter avec un petit-
tlis de Voltaire, j'ai trouvé amusant de lui
retourner simplement, et sans me fâcher,
cette personnalité en lui prouvant qu'en guise
de saveur son style ne le cédait en rien au
mien. Je m'étonne que M. Baguenier Desor-
meaux ne puisse supporter cette innocente
démonstration.
Dans tout le reste de ma discussion avec
lui, il m'est impossible de découvrir rien de
personnel, car la Marie-Jeanne est un pro-
blème historique comme la question Louis
XVU. Tout au plus ai-je à ce sujet à me re-
procher d'avoir rappelé cette polémique,
ne ressortissant pas rigoureusement à la ques-
tion Louis XVU. j'aurais dû me tenir dans
ma diseussion, plus sévèrement à ce dernier
sujet.
Voilà mon mea ciilpa .
Il est presque inutile, je suppose, de dire
que dans toute cette polémique la personna-
lité privée de M. Bagueuier Desormeaux reste
à l'abri de toute attaque de ma part, je n'ai
pas l'honneur de la connaître et j'estime par
conséquent que je n'ai aucun droit de la sus-
pecter de quoi que ce soit de défavorable.
J'ajouterai à cette déclaration très sincère
que si les adversaires de Louis XVU agissaient
de même, ils n'écriraient pas tant d'eireurs
et tant de calomnies sur son compte, ce qui
simplifierait et adoucirait énormément les
polémiques. Justice, impartialité et vérité
pour tous^ y compris Louis XVIl-Naundorff,
voilà tout ce que je demande.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur,
l'expression de mes sentiments les plus dis-
tingués.
Otto Friedrichs.
Les prêtres assermentés (LUI, 891 ;
LIV, 18). — En Berry, la proportion des
prêtres qui, en 1791, prêtèrent serment à
la constitution civile du Clergé est consi-
dérable. Dans l'Indre, elle dépasse les
N» iii8.
L'INTERMEDIAIRE
51
CoDCours du prix d'Utilité mo-
rale, àlAcadéiKie, 25 août 1830.—
Il résulte d'une lettre que je possède de
Mlle |ulie Candeille, (devenue femme
Simons, puis femme Périé) que celle-ci,
sous le nom de madame Périé, sans doute,
avait concouru à ce prix. Comments'appe-
lait cet ouvrage ? A-t-il été récompensé ?
H. Lyonnet.
Chasseurs de Picardie et Royal-
Liégeois. — Je serais reconnaissant à
un aimable chercheur qui pourrait me
dire dans quelles villes résidaient le régi-
ment des chasseurs à cheval de Picardie
et celui du Royal-Liégeois (infanterie), de
1780 à 1791 et quels numéros portent
actuellement ces deux régiments.
DE G.
Alliance de la famille d'Harcourt.
— Un ex-libris de la première moitié du
XIX* siècle, signé Oblin, porte les armes
d'Harcourt accolées d'un écu portant :
d'aptr, à la fasce d'hermine, accompagnée
de trois cioix recroisettèes d'argent ; au chef
d'or, chargé dhin lion issant de gueules.
Couronne de comte sur les deux écus.
Supports : deux lions. Quelle était cette
alliance .? D. des E.
Aqua Bona et Aqua Puta. — Aqua
Bona désigne évidemment Eaubonne
(Seine-et-Oise), village qui dépendait de
la seigneurie de Montmorency et qui est
souvent cité sous cette forme, notamment
dans V Histoire de Montmorency.^ par André
Duchesne (preuves, p. 61, 70,71, 119,
415)-.
Mais dans quelques textes antérieurs
au xiii* siècle, on trouve un Aqua Puta.
Qu'est-ce que cet Aqua Puta ?
Est-ce par transposition Puteaux (Seine),
comme le veut la généralité des auteurs ?
Puta ne serait-il pas plutôt une ancienne
forme pour Bona, et Aqua Puta ne dési-
gnerait-il pas notre Eaubonne de la vallée
de Montmorencv ?
En effet, putus, qui vient de la racine
puo, d'où aussi puic.^ signifie, en bonne
latinité, épluché, nettoyé, purifié, pur,
net, sans mélange. Il est ordinairement
joint à purus., punis putus, quelquefois
purus ac putus.
' 52 •
« Putare valet purvim facere. Ideo anti-
quipurum putum appellarunt (Varron) ».
« Putus antiqui dicehant pro puro (Pau-
lus ex Festo) ».
« Quam honam mets puUssimis orationi-
hiis gratiam retulerit {Cïcéron) ».
Auguste appelait plaisamment Horace
putissinitim penem (Suétone), Voir pour
puttis les Dictionnaires latins de Forcellini,
Freund, Quicherat, etc.
Aqua Puta équivaut donc absolument
à Aqua Bona .
De plus, la forme latine de Puteaux^
comme celle des nombreux Puiseux,
paraît avoir toujours été Puteoli., petits
puits, et non Puta aqua {Histoire du Dio-
cèse de Pans, par TAbbé Lebeuf, première
édition, tome III, Eaubonne ; tome IV,
Puiseux ; et tome Vil, Puteaux).
Enfin Acjua Puta est généralement cité
avec d'autres villages voisins d'Eaubonne
et même, dans un texte des environs de
833, il se trouve accolé au village d'Er-
mont, viculus Ermedonis, qu^Hilduin, abbé
de Saint-Denis, donne à son monastère,
et qui ne fait qu'un pour ainsi dire avec
Eaubonne [Histoire de l'Abbaye de Saint-
Denis, par Félibien, preuves n*^ 75 ; Car-
tulaire de Notre-Dame de Paris, par Gué-
rard, tome I, p. 40; Histoire de l'Abbaye
de Saint-Denis, par Doublet, p. 670 ; His-
toire de Montmorencv , par André Du-
chesne, preuves p. 30 et 31 et texte
p. 84).
Au reste, André Duchesne traduit sans
\ïés\i&rV Aqua Puta du texte de 1096, par
Eaubonne, et l'Abbé Lebeuf croit aussi
que Aqua Puta et Aqua Bona désignent
un seul et même village (voir à l'article
sur Puteaux, déjà cité, sasavanteetcurieuse
dissertation sur VAqua Puta seu Salice
que Dagobert donne en 63 '5 à l'Abbaye de
Saint-Denis).
L'éminent M. Auguste Longnon lui-
même, paraît être de l'avis de l'abbé
Lebeuf [Examen géographique du tome Z"
des Diplomata Imperii, monumenta Ger-
maniœ historica, page 11, par Auguste
Longnon, Paris, 1873.
Quelle est, au sujet de cet Aqua Puta,
l'opinion de mes savants collègues de
l'Intermédiaire .?
Pourrait-on me citer un texte où Aqua
Puta désigne, sans contestation possible^
Puteaux et non Eaubonne ?
Armand de Visme.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 juillet 190e.
53
54
Le château de Saint-Maurice. —
A la fin du xviii'= siècle, ce château, situé
commune de ce nom, canton nord de
Dourdan, appartenait à M.LeMairat, prési-
dent de la Chambre des comptes de Paris.
Sait-on s'il existe encore ? Si oui, quel
en est le propriétaire ?
Paul Pinson.
L'abbaye d'Hérivaux. — L'abbaye
d'Hérivaux,prèsLuzarches(Seine-et-Oise),
fondée en 1 1 30, n'existe plus qu'en partie,
mais comprend encore, outre un corps de
bâtiment servant d'habitation, les restes
d'une magnifique église.
Les Archives de Seine-et-Oise possèdent
d'assez nombreux documents sur celte
abbaye, entre autres un plan datant de la
première moitié du xviii' siècle, très pré-
cieux, sans doute, mais insuffisant en ce
qui concerne l'église.
Un intermédiairiste pourrait-il indiquer
un autre plan, ou tout au moins des cro-
quis anciens de ce beau monument ?
Z. Y. X.
Ouistreham (Normandie), efWes-
terham (Angleterre). — Westerham,
dans le comté de Kent, Angleterre, fut
l'habitation de la branche anglaise de la
famille Le Marinier de Cany (Normandie),
depuis, au moins, le douzième siècle.
Leur habitation à Westerham s'appelait
« Mariners ».
Le bel et ancien manoir est encore à
Westerham, il s'appelle encore « Mari-
ners ».
Or, Westerham in « Domesday » est
appelé « Oislreham » — et, en 1253
s'appelait <> Ouistreham » = Ouest-
reham » = West (er) ham,
11 y a, à l'embouchure de la rivière,
Orne, (sur laquelle est situé Caen), un
petit village, Ouistreham. 11 semble plus
probable que Westerham, en Angleterre,
doit sa désignation à Ouistreham en Nor-
mandie, ainsi appelé par des Normano-
Français qui s'y établirent.
Ainsi, Ouistreham en Normandie fut
probablement l'habitation originale de la
famille de Mariniers.
D'où on peut déduire :
En 1166, il y avait en Angleterre, Ma-
nasser de Donmartin, chevalier, lié avec
Gautier de Meduana, et Guillaume de
Ros.
Et, en 1 199, i20o,Albéric de Donmar-
tin, chevalier, per Comes Bolonias.
Aussi, en 1201, 1212, Guillaume de
Warenne.
Qiie pense-t-on de cette déduction?
RÉvd Edwin Marriner.
Un peintreJ.B.D.— J'ai une peinture
sur bois (de l'école de Boucher), représen-
tant Eve au paradis terrestre 40 sur 39) ;
elle est signée: }. D. P. 1790. Quel est le
nomde l'auteur ? T. y.
Le peintre Coutel. — Coutel, élève
d'Ingres, entré à l'école des Beaux-Arts
en 1833, eut en son temps une certaine
réputation, j'ai vu de lui un portrait
signé et daté 1848 ; le sujet ressemble à
Musset .'*
Pourrait-on savoir si le peintre Coutel
fut l'ami de l'auteur des Nuits... vers
cette époque? Martin E.
Lady Kerry. — Je désire être éclairé
sur l^identité, âge, noms de Lady Kerry,
qui avait un salon où l'on jouait beaucoup
avant 1789 ; madame de Béon attaché à
la princesse de Lamballe, madame de
Nontron, le chevalier de Fraguier gen-
tilhomme du prince de Conti M. de
Florac. H. G.
Favancourt, de Blaire, Belzunoe.
— On demande si le comte de Favan-
court, monsieur de Blaire, madame de
Belzunce qui tenaient un rang sous
Charles X, ont laissé des descendants.
V. U.
De Monbel, acteur. — Dans le
n° II 13 de l'Intermédiaire^ le confrère
Olim parle d'un M. de Monbel, grand
premier rôle au théâtre de Clermont-
Ferrand, qui serait mort subitement en
déclamant des stances de circonstance à
l'occasion de la fête des Alsaciens-Lorrains
en 1898.
Qu'est-ce que M. de Monbel ? A quelle
famille de Monbel appartenait-il ? Etait-ce
un vrai Monibel, ou bien un Baron, un
Thomassiu, un Baylin^ un Surrel., un Viaîet
de Monbel ou Montbel ? Brondineuf.
Le comte de Repenties. — Les
écrivains naundorffistes font mention d'un
certain comte de Repenties, qui aurait été
N" 1118.
L'INTERMEDIAIRE
55
56
chargé par le duc de Berry d'une mission
en Allemagne concernant Louis XVII.
Qu'était-ce que ce comte de Repenties?
Existe-t-il encore de ses descendants ? Il
vait, je crois, une fille unique.
G, T.
Les de Sathenat (Satanas), sei-
gneurs du Mont et de Launay. —
La famille de Sathenat que nous trouvons
installée à Mehun-sur-Yèvre dès le
xn« siècle, est une des plus anciennes du
Berry.
Petrus Sathanas était un des chevaliers
de Raoul, seigneur de Mehun, en 1193
(Fonds de Saint-Sulpice-AUogny, 12"
liasse); il achète des dimes à Vouzeron en
1213.
D'après la Thaumassière, la terre du
Mon/ était en 1293 un des fiefs de Pierre
de Sathenat, seigneur du Mont et de
Launay.
Désirant compléter le travail de la
Thaumassière sur les Sathenat, il nous
manque un chaînon pour la branche de
Launay. Serait-il possible d'obtenir sur
cette branche quelques renseignements
tirés d'ouvrages spéciaux ?
Une anecdote bien curieuse a été ra-
contée par M. de Raynal dans son His-
toire de Berry, vol. 111, page 178, sur
Pierre de Sathenat {140^), mais il serait
trop long d'en donner ici le texte.
Disons que le dernier représentant'de
la branche du Mont a été massacré dix
ou douze jours après son mariage avec
Marie Agard, Vve de Charles de Fran-
çois, par un parent très proche de ce der-
nier ; la Thaumassière ne nomme pas le
meurtrier que nous avons découvert.
E. Tausserat.
Accolé de Savalette. — Un petit
ex-libris de style Louis XV porte deux
écus accolés ; le premier est : d'azur, au
chevron, accompagné en clef de deux he-
sants et en pointe d'une molette, le tout d'or.
Le second est de Savalette de Lange et de
Buchelay : d'a:{ur, à un sphinx d'or, sur-
monté d'une étoile du même .
Le premier écu pourrait appartenir à
Brossard de Cléry, mais alors le champ
devrait être de sable au lieu d'azur ; ou
bien à Sanlot de Bospin, et dans ce der-
nier cas, la molette devrait être remplacée
par une étoile. Je ne connais pas de généa-
logie de la famille Savalette et j'ai re-
cours à mes confrères de Y Intermédiaire
pour me renseigner. , D. des E.
Les armes de Hongrie et les
Cruy-Chanell. — Il existe une famille
française des Comtes Cruy (ou Croy) —
Cbanell (e) (?), qui porte dans ses armes
la couronne de Hongrie de Saint-Etienne
à la croix courbée et prétend descendre de
la première maison royale hongroise de la
famille des Arpads.
Peut-on me dire si cette descendance
est définitivement établie ?
Y a-t-il encore des Cruy-Chanells venant
de cette royale famille î Quels sont ses
membres ? Où vivent-ils ? Portent-ils tou-
jours les armes de Hongrie? D' P.
Bague avec devises. — Je possède
une bague qui me vient de mon bisaïeul
qui était très attaché à Louis XVIII. Cette
bague en or, d'un grand diamètre, proba-
blement pour mettre sur un gant, porte à
l'extérieur, sur le chaton, deux épées
entrecroisées, autour desquelles on lit :
«Vive le Roi quand même »;de chaque côté
du chaton sont gravées les devises sui-
vantes :
A Dieu mon âme
Mon cœur aux dames
Ma vie au Roi
L'honneur à moi.
à l'intérieur, la date, 181 5 ; le nom du
possesseur, et sous le chaton un cœur
gravé, à l'intérieur duquel sont
les lettres : L. M. T. Que signifient
ces initiales P. A. et à quelle
occasion F. cette bague
a-t-elle pu être donnée ?
Henri de Bornier possédait la même,
elle avait été donnée à son grand-père ou
à son grand-oncle par Louis XVIII, alors
régent du royaume en 93. de G.
Médaille représentant Napo-
léon I" sur une face. Napoléon IH
sur l'autre. — A quelle occasion a été
frappée une médaille représentant Napo-
léon P"", empereur, sur une face, et Napo-
léon III, empereur, de l'autre côté ? La
pièce est un peu plus petite qu'une
pièce de 5 cent. Ky.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906
57
58
Supprimit orator... — Dans la se-
conde des Lettres sur la Nouvelle Héloïse,
censées écrites par le marquis de Ximenez,
Voltaire cite un hexamètre latin :
Supprimit orator qiiod rusticus edit inepte .
A quel poème appartient ce vers, et
quel en est l'auteur ? Debasle.
Saint Thomas d'Aquin, profes-
seur à l'Université d Angers. —
Dans son n° d'avril dernier, la Revue des
Sciences ecclésiastiques (Arras, Sueur) cite
un auteur du xvui* siècle qui affirme que
saint Thomas d'Aquin a été professeur à
l'Université d'ANGERS ? Que penser de
cette opinion ?
Le Bibliophile J. R. — J'ai entre
les mains une brochure intéressante qui a
pour titre : Notice sur les manuscrits à tni-
niatures, par le bibliophile]. R., membre
de plusieurs sociétés savantes (Paris : Li-
brairie M. Bouton [Arras imprimé I i874_).
Quel est le véritable nom du « Biblio-
phile J. R. .f* NoxA,
Société anglaise de la civilisation
Européenne et pour l'amélioration
des faces humaine et cavaline. —
J'ai en ce moment sous les yeux, dans un
dossier maçonnique, où la pièce se trouve
peut-être par erreur, un diplôme en fran-
çais de cette société, décerné à l'agro-
nome Dubignac, en récompense des nom-
breux services qu'il a rendus à la littéra-
ture, à l'agriculture et à sa chère sœur
la culture. Le diplôme est entouré de
dessins fantastiques à la plume, figurant
des animaux variés, des armes, des tours,
ponts, seringues, triangles maçonniques,
etc., il est daté de Londres, 30 avril 1837.
Cette société avait ses bureaux à Londres,
Warkest street, 72 bis ; elle avait un bu-
reau de correspondance à Paris (adresse
effacée). La pièce estsig ée : Le Directeur
général, Duc de Cumberland (Ernest-
Auguste, roi de Hanovre, oncle de la
reine Victoria) ; le Président : Lord John
Russel de Cantorbéry ; le secrétaire archi-
viste, Rochester ; le bibliothécaire, Wach-
meglée (.''); le rédacteur du Bulletin ^]d,nns
Trouskoel. Les signatures paraissent au-
thentiques. Est-ce une plaisanterie ?
J. G. Bord.
F. N. Dubois, de Rouen et son
« Histoire secrète v>. — Une épi-
gramme de l'abbé Yart, reproduite par-
tout, s'appliq le à n cirtui Dubois,
qui avait composé une Histoire secrète.
Barbier et Quérard ont supposé, puis
affirmé, qu'au milieu de toutes les His-
toires secrètes publiées au xviii' siècle,
celle des Femmes Galantes de V Antiquité
(1726) était visée par l'épigramme ; mais
comme toujours, ils s'abstiennent de
prouver leurs hypothèses si facilement
acceptées comme articles de foi par les
bibliographes.
S'ils ont raison, la méchanceté de l'abbé
Yart ne se comprend guère. Elle prétend
railler l'auteur sur le peu de lecteurs qu'il
a recueillis et il se trouve au contraire
que l'ouvrage en question n'a pas eu
moins de cinq éditions et contrefaçons de
1726 à 1745, bien qu'il soit en 6 vo-
lumes.
En outre, qui était « F. N. Dubois, avo-
cat au Parlement de Rouen » ^ La France
Littéraire de 1769 ne le connaît pas.
Vins d'honneur. — Où pourrions-
nous trouver quelques renseignements
sur les vins d'honneur ; sait-on de quelle
époque date cette coutume ancienne et
quelle est la région où elle a pris nais-
sance?
Evidemment elle n'a pu être mise en
usage que dans une contrée vinicole.
Tout ce que l'on pourra nous appren-
dre sur ce sujet sera reçu avec vive re-
connaissance. F. L. A. H. M.
Vin de Beaune. — L'historien du
duché de Bourgogne, l'abbé Courtépée,
dit dans son ouvrage que Louis XIV per-
mit de transporter sur la Moselle et la
Meuse les vins de Beaune, dont il fait le
plus grand éloge dans l'arrêt de son con-
seil de 1662.
Nous aurions grand intérêt à connaître
le texte de cet arrêt que nous avons vai-
nement cherché. Pourrait-on nous indi-
quer où se le procurer ^
F. L. A. H. M.
N» ni8.
L'INTERMEDIAIRE
59
60
Ïlép0n0e0
Condamnation de Jésus (LUI, 553,
621,685,732, 789, 900; LIV, 13). —
Les allégations de M. Dujardin étant
contredites par M. Revillout, j'ai demandé
des explications au premier qui me répond :
J'ai bien reçu votre lettre du 9 juin, et
J'aurais bien voulu vous donner une réponse
intéressante : malheureusement il n'y a pas
une question, si simple soit-elle, qui puisse
être traitée en quatre lignes. Or, le temps
me fait absolument défaut en ce moment.
Tout ce que Je puis vous dire, c'est qu'il est
unanimement reconnu que le passage de Jo-
sèphe est interpolé ; les avis ne diffèrent que
sur la question de savoir si le passage est en-
tièrement apocryphe ou s'il est seulement
glose.
Excusez-moi de ne pas vous donner une
réponse détaillée qui nécessiterait un petit
article.
Croyez, Monsieur, à mes sentiments très
distingués.
Edouard Dujardin.
P. c. c. Paul Argelès.
Le mur de Lutèce (LUI, 889, 955 ;
LIV, 12). — II semble qu'il convient
d'être circonspect au sujet des substruc-
tions que les fouilles du Métropolitain
ont mises à jour dans la Cité. Rien ne
prouve indiscutablement que Ton se
trouve en présence d'un fragment de la
muraille de Lutèce, et, au contraire, on
peut émettre des arguments en faveur
d'une opinion opposée.
On a découvert deux murs parallèles
qui n'ont ni l'aspect ni les mesures des
parties de l'enceinte antérieurement mises
à jour ; d'autre part, ils ne suivent nulle-
ment la direction, conjecturale, il est vrai,
mais extrêmement probable, de la muraille
gallo-romaine.
Enfin, pourquoi sont-ils deux ?
II pourrait très bien se faire que ce ne
soit là que des murs d'une construction
quelconque, édifiés, peut-être, avec des
matériaux empruntés à la muraille d'en-
ceinte qui, très certainement, a été ex-
ploitée ainsi qu'une carrière par les habi-
tants de la Cité.
Quoiqu'il en soit, trancher la question
d'une façon catégorique me paraît peu
sage, peu prudent. II vaudrait mieux at-
tendre les résultats des fouilles que pour-
suit la Commission du Vieux Paris.
Pas d'emballement, conseillerait Tarta-
rin.
NOTHING.
*
Depuis que la discussion est engagée
sur la récente découverte d'une construc-
tion gallo-romaine dans le sous-sol du
Marché aux fleurs, de nombreuses opi-
nions se sont fait jour. Des savants dis-
tingués ont notamment contesté que les
murs retrouvés fissent partie du rempart
de la Cité. Un de leurs arguments est
que la prétendue muraille se serait élevée
355 mètres de distance de la Seine. L'ar-
gument sans doute n'est pas sans valeur.
Cependant il est bon d'observer qu'en
1847, on retrouva, au droit du Pont-au-
Double, un fragment de la muraille gallo-
romaine exactement à la même distance
du fleuve. Le fragment découvert en
1898, rue de la Colombe, n'en était guère
moins éloigné.
Quant à la date du rempart, on me
permettra de revenir brièvement sur l'hy-
pothèse que j'ai émise ici, et d'après
laquelle le mur, construit d'après les
données de l'écrivain militaire Vigtce,
pouvait être contemporain de Gratien et
du tyran Maxime.
A l'appui de cette hypothèse, voici une
nouvelle remarque : lorsqu'en 1829,
on creusa le sol à la place de l'église
Saint-Landry, on trouva, près de la mu-
raille gallo-romaine, douze médailles, dont
la plus récente portait le nom du tyran
Magnus Maximus (Voir Dulaure).
Il y eut, à cette époque, de graves évé-
nements à Paris, ainsi qu'en témoigne
cette phrase de la chronique de saint
Prosper d'Aquitaine :
In Britannià,per seditionem militum Maxi-
mus imperator est factus, quo mox ad Gallias
tranfretante, Gratianus Parisiis Merobaudis
magistri militum proditione superatus, et fu-
giens, Lugduni captus atque occisus est(Mi-
gne, Patrol. lai., tome 51, col. 585).
Une note de l'éditeur corrige ce texte
en ce qui concerne Mérobaude. II faut
lire : « Mérobaude magistra militum ».
Et le sens est celui-ci :
En Bretagne, une .«:édition de l'armée fait
Maxime empereur. Il passe bientôt en Gaule.
Mérobaude était alors maître de la milice.
Gratien est vaincu par trahison à Paris. II
s'enfuit, est capturé à Lyon et massacré.
11 y eut alors un siège de Paris, un
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906.
61
62
assaut que la trahison des soldats rendit
facile au tyran.
11 n'est peut-être pas hors de propos de
rappeler que dans les dernières fouilles
entreprise sous le Collège de France, on
trouva, dans les sous-sols d'un vaste bâ-
timent non encore identifié, une monnaie
de Gratien. Le monument en question
parut avoir été renversé, puis reconstruit
à l'époque Romaine..., comme le rempart
de la Cité. Luc de Vos.
Uniforme desdragons-Liancourt
(LUI, 331, 458 ; LIV, 14). — Monsieur
Poënsin-Ducrest, dans la bibliographie
qu'il donne à la suite de son intéressante
communication sur l'uniforme des dra-
gons-Liancourt, omet quelques sources
que je me permets de lui signaler et qui
compléteront la liste des ouvrages à con-
sulter sur cette question :
A ce sujet, je dois dire que ma foi, jadis
aveugle, en Montigny, uniformes- 1772, a
été fortement ébranlée par ce fait qu'ayant
en 2 ans de travail colorié tous les corps
de troupes à pied de cette époque, d'après
les règlements, j'ai trouvé dans Montigny
des erreurs de coloris sur certaines
planches et des omissions sensibles sur
certaines autres. 11 est à remarquer, du
reste, qu'à partir du règne de Louis XV
jusqu'à la Révolution, le costume mili-
taire en France éprouva des changements
continuels.
Bibliographie. — Collection des ordon-
nances royales sur l'habillement et l'équi-
pement des troupes. Brochures ou cahiers
in-40 et in-fo. Edition officielle imprimée
par l'Imprimerie royale. Edition in- 12 de
1762 à la Révolution à Metz, chez CoUi-
gnon.
Uniformes militaires des troupes fran-
çaises et étrangères, planches in-80 gra-
vées et coloriées, i feuille pour chaque
régiment ; les troupes à cheval sont mon-
tées.
i'"'édit. 1778, 2' édit. 1780, la V^ de
170 planches, la 2" de 182. Chez Juillette
graveur, la2« édition chez Onfroy-lsnard :
Les nouveaux uniformes de tous les régi-
ments de dragons, a l'ordonnance de 1776
et Etat général des uniformes 1779, re-
cueils de planches sur bois coloriées. Les
cavaliers sont à pied.
COTTREAU.
Louis X"VII. Sa mort au temple.
Documents inédits (T. G. 534, XLIX ;
L:L1;LII; LUI; LIV, 17). — M. Otto
Friedrichs nous adresse la lettre suivante
dont il nous demande l'insertion :
Pointe du Bugull
Belle-lsle-en-Mer
I^Iorbihan
le 15 juillet 1906,
Monsieur le directeur,
Vous avez parfaitement raison de vouloir
écarter toute « poémique personnelle ».
Reste à savoir où commence une pole'mi-
que « personnelle ». M. Baguenier Desor-
meaux avait, le premier, commis une « per-
sonnalité » en se moquant de la « saveur »
de mon style. Croyant discuter avec un petit-
fils de Voltaire, j'ai trouvé amusant de lui
retourner simplement, et sans me fâcher,
cette personnalité en lui prouvant qu'en guise
de saveur son style ne le cédait en rien au
mien. Je m'étonne que M. Baguenier Desor-
meaux ne puisse supporter cette innocente
démonstration.
Dans tout le reste de ma discussion avec
lui, il m'est impossible de découvrir rien de
personnel, car la Marie-Jeanne est un pro-
blème historique comme la question Louis
XVll. Tout au plus ai-je à ce sujet à me re-
procher d'avoir rappelé cette polémique,
ne ressortissant pas rigoureusement à la ques-
tion Louis XVII, J'aurais dû me tenir dans
ma discussion, plus sévèrement à ce dernier
sujet.
Voilà mon tnea culpa .
il est presque inutile, je suppose, de dire
que dans toute cette polémique la per5onna-
lité privée de M. Baguenier Desormeaux reste
à l'abri de toute attaque de ma part. le n'ai
pas l'honneur de la connaître et j'estime par
conséquent que je n'ai aucun droit de la sus-
pecter de quoi que ce soit de défavorable.
J'ajouterai à cette déclaration très sincère
que si les adversaires de Louis XVll agissaient
de même, ils n'écriraient pas tant d'eireurs
et tant de calomnies sur son compte, ce qui
simplifierait et adoucirait énormément les
polémiques. Justice, impartialité et vérité
pour tous, y compris Louis XVll-Naundorff,
voilà tout ce que je demande.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur,
l'expression de mes sentiments les plus dis-
tingués.
Otto Friedrichs.
Les prêtres assermentés (LUI, 891 ;
LIV, 18). — En Berry, la proportion des
prêtres qui, en 1791, prêtèrent serment à
la constitution civile du Clergé est consi-
dérable. Dans l'Indre, elle dépasse les
N" ni8.
L'INTERMEDIAIRE
67
68
étant à la campagne, le Moniteur du 30
thermidor an XIII, qui renferme le rap-
port du vice-amiral Verhuell à l'Empe-
reur, en date du 7 thermidor, donnant
le récit de son expédition. E. M.
Le droit d'asile dans la France
moderne (LUI, 844, 899). — Du Gil
Blas extrait du Cri de Paris :
Cette aventure rappelle — toutes propor-
tions gardées — qu'à la fin de la Commune,
alors que les Versaillais traquaient partout
les derniers insurgés, M. Gaston Jollivet vit
entrer chez lui un homme pâle et tremblant :
— Sauvez-moi ! s'exclama le malheureux,
il y va de ma vie. J'ai appartenu à la Com-
mune et ma tête est mise à prix.
— Vous êtes chez vous, répliqua simple-
ment M. Jollivet. Comptez sur moi...
Et l'homme fut, en effet, sauvé. Or, savez-
vous qui était ce « rescapé » de la grande
fusillade?
M. Ranc.
*
M.Jean-Bernard s'est adresse aux deux
intéressés. 11 a reçu les deux lettres sui-
vantes que publie V Indépendance belge :
Cher confrère,
L'anecdote me concernant dont vous me
demandez d'établir ou de contester l'exacti-
tude, a un fond de vérité, mais il y a lieu
cependant de la remettre tout à fait au
point.
Elle se place non vers la fin de la Com-
mune, maisvers la fin de l'Empire. Je croise
un soir sur le boulevard Laurier que je con-
naissais et qu'accompagnait M, Ranc, avec
lequel j'avais et j'ai toujours de cordiales
relations, quoique nous n'ayons changé
politiquement ni l'un ni l'autre, — peut-
être pour cela.
Laurier me dit : « Ranc a des raisons sé-
rieuses de ne pas coucher ce soir chez lui.
Pourriez-vous lui donner asile ?»
Je réponds tout de suite affirmativement,
Ranc passa la nuit dans mon lit, à son
corps défendant, car il voulait se contenter
du canapé sur lequel je m'étendis dans la
pièce à côté. Le lendemain, j'allai, sur sa
demande, m'enquérir auprès de Sarcey, qui
demeurait dans sa maison, du point et sa-
voir s'il y avait eu perquisition.
Sarcey s'informa et me répondit négati-
vement.
Je rapportai la réponse à M. Ranc, qui
rentra chez llui rassuré. A quelques heures
de là, je racontai la chose à J.-J. Weiss, au
ministère des beaux-arts. J.-J. Weiss m'ap-
prouva pleinement et peut-être, si le 4 Sep-
tembre n'était pas venu, m'aurait-il proposé
pour un avancement.
Veuillez agréer, cher confrère, l'assu-
rance de mes sentiments distingués.
Gaston Jollivet.
Mon cher Jean-Bernard,
Il y a comme toujours dû vrai et du faux
dans l'anecdote. D'abord, je vous prie de
croire que je n'ai jamais été « ni pâle ni
tremblant ».
Le vrai, c'est que dans une des dernières
années de l'Empire, en 1869 ou 1870, une
nuit je ne suis pas rentré chez moi, où
j'avais des raisons de croire que les agents
m'attendaient et que pendant quelques
heures j'ai reçu l'hospitalité de Gaston Jolli-
vet, que je venais de rencontrer sur les bou-
levards.
Sous la Commune, au contraire, c'est
moi qui ai rendu, non pas à Joli ivet, mais à
un de ses amis, un service du même genre.
Bien cordialement à vous.
A. Ranc.
Les premières femmes méde-
cins et internes (LIV, 2). — On par-
donnera à l'auteur des Femmes médecins
d'autrefois (Paris, Rousset,in-i2*'/^.), ré-
pondrede aux questions posées dans l'ordre
logique des faits :
1 " La première femme reçue docteur en mé-
decine, et par suite pourvue d'un diplôme
régulier donnant le droit d'exercer l'art de
guérir, est miss Elizabeth Blackvell, re-
çue en 1849 ^^ Biographie de cette
femme, qu'on appelle à juste titie aux
Etats-Unis le Pionnier de l'exercice de la
médecine par les femmes, est bien con-
nue. C'est le type du courao;e, de l'ini-
tiative et de la volonté, de l'apôtre con-
vaincu d'une idée nouvelle, d'une âme
vaillante au premier chef. D'origine an-
glaise, née le 3 février 1821, elle a ra-
conté elle-même ses débuts mouvementés,
dans un livre qui fait date en ces ques-
tions. Elle a exercé à New-York, puis
est venue à Londres, où elle vit encore.
Une de ses sœurs, Mlle Emily Black-
vell, a imité son exemple ; mais elle n'a
été reçue en Amérique, qu'après Amelia
Meyer (1850), Anna M. L. Potts(i85i).
Anna M. Longshore (1852), Hannoh É.
Longshore (1852^, Ann. Preston (1852),
femme poète, etc., etc., c'est-à-dire en
1854, la onzième de cette série américaine,
si remarquable.
C'est donc en Amérique^ que la pre-
mière femme se fait recevoir docteur en
médecine, dans les temps modernes.
Il ne faut pas oublier d'ailleurs qu'il y
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
69
20 Juillet içobi
a eu, en Allemagne et en Italie, même
avant la Révolution de 1793, des femmes
qui, à cette époque, ont été régulièrement
reçues « docteur en médecine » [Voir
I^einmes mkdecins d'autrefois ; entre autres
Dorothea Christina Leporin-Erxleben.
2* La première femme d'origine étratT
gère, reçue docteur en médecine, en
France, est Miss Elizabeth Garett-An-
DERSON. Sa thèse de doctorat date de
1870, et fut subie à Paris. Cette dame
est anglaise de naissance.
La vie de cette femme, d'une énergie
extraordinaire, est presque un roman .
Elle intenta vers 1860 un procès aux col-
lèges médicaux de Londres et d'Edim-
bourg, qui refusaient de l'inscrire, et, bien
entendu, elle le perdit, ce qui lui coula fort
cher, car elle épuisa toutes les juridic-
tions. Elle occupe actuellement à Londres
une grosse situation dans le monde médi-
cal, et a, je crois, une fille qui est méde-
cin aussi. Elle a épousé, en 187 1, M. An-
dersen, directeur d'une grande Compa-
gnie de navigation anglaise. Il faut citer,
à côté d'elle, Mme Morgan-Hoggan, an-
glaise, docteur de Zurich en 1870, égale-
ment.
La seconde femme, cette fois, d'origin^
iméricaine, reçue docteur en médecine en
^rance, est Mlle Mary Putman, épouse du
> Jacobi. Elle vient de mourir à New-
fork, et j'en ai récemment publié une
:ourte notice nécrologique dans le journal
e Temps. Elle était très connue aux Etats-
Jnis, où j'ai eu l'occasion de la revoir en
893. Elle a été reçue docteur de la Fa-
ulté de Paris en 1871 et est décédée le
ojuin 1906. Née à Londres le 31 août
842, elle était la fille de G. Palmer
'utman, fondateur d'une maison d'édi-
ions connue en Amérique. C'était une
ïmme supérieure; mais nous ne pouvons
;i publier à nouveau un long arcticle bio-
raphique.
3° La première femme, française, reçue
Paris docteur en médecine est Mme Vve
ladeleine Gébelin-Brès, dont la thèse est
î i87i5.Cette dame exerce encore à Paris ;
lie habite désormais, loi, rue de Miro-
lesnil.
4" La première femme, qui, en Angle-
;rre. s'est trouvée pourvue d'un diplôme
îgulier pour l'exercice de la médecine,
st donc, comme nous l'avons dit^Miss Ga-
- 70
qui fut
rett-Anderson, qui fut reçue en France»
après avoir étudié en Angleterre, en
Suisse et à Paris. La seconde est Mlle
Louisa Atkins, reçue à Zurich en 1872.
Mais la lutte a été surtout entreprise
par Miss Garrett, alors jeune fille, et par
une femme supérieure, qui fit des études
médicales, Mme Sophie Jex-Blake. Cette
dernière, pour le principe, soutint un
procès fameux en Angleterre, et dépensa
plus de 200.000 francs à cette occasion.
Depuis, la cause est gagnée (Blake fut reçu
en 1877); et les femmes médecins sont
extrêmement nombreuses aux pays d'Ou-
tre-Manche. C'est de là qu'est parti le fa-
meux mouvement féministe médical des
lndesAnglaises,quiestsi remarquable, mais
dont l'histoire nousentrainerait trop loin,
car elle nous entraînerait jusqu'en Chine
où il y a des femmes médecins d'origine
anglaise depuis 1881 .
A côté de l'effort tenté en Angleterre par
Miss Garrett et Jex-Blake, il faudrait citer
l'influence de l'école suisse et surtout de
la Faculté de Zurich, qui la première, en
Europe, dès 1864, ouvrit ses portes aux
étudiantes russes : dont Mme Sophia Na-
dedjajAKovLEVNA-SousLOWA, reçue docteur
en 1867 est devenue plus tard la célèbre
Mme Erismann ; Mlle Kochevareff", etc.
La première Suissesse qui suivit cet exem-
ple fut Mme Maria Voegtlin-Heim, née
en 1848, reçue en 1874.
5° La première interne des hôpitaux de
France. — Ici, il faut distinguer : Paris
et la Province, — a). Pour Paris, c'est
Mme Klumpke-Dejerine, interne de la
promotion de 1886. J'ai eu l'honneur de
subir le concours la même année qu'elle
et de passer l'épreuve orale, avec elle, le
même jour. Nous avons été enfermés en-
semble dans la cabine d'isolement où Ton
se recueille pour cette épreuve. Mme Dé-
jerine, est mariée au docteur Déjerine, ac-
tuellement professeur d'histoire de la mé-
decine à la Faculté de Paris, qui fut l'un
des collaborateurs du journal Le Progrès
médical, dont j'ai été le secrétaire de ré-
daction pendant douze ans.
b). Pour la Province, il faut citer Mlle
R0BINEAU qui, je crois, a été la première
reçue au concours à l'hôpital de Rouen.
Puis, à Bordeaux, son exemple a été suivi,
mais tout récemment.
6° La première femme médecin et phar-
macien à la fois, a). En 1865, Miss Garett-
No iiiS,
L'INTERMÉDIAIRE
71
— 72
Anderson obtint à Londres, la licence de
pratique en Pharmacie ; en 1870, elle était
reçue docteur en médecine à Paris. C'est
donc elle qui, en 1870, a été la première
femme médecin et pharmacien à la fois.
b). La première femme pharmacien et
docieur en médecine de France, est Mme
Hélina Leiannier-Gaboriau, épouse du
D'^ Gaboriau, qui habite Paris. Elle est
docteur de Paris et sa thèse de 1898. Elle
étudia d'abord en province.
Ces détails sont extraits d'une publica-
tion importante, en partie rédigée déjà,
qui aura pour titre \Les femmes médecins :
Histoire et sociologie.
Dr Marcel Baudoui>- .
La première femme concouranL
pour le prix de Rome (LIV, 3). —
La première femme qui s'est présentée
au concours de composition musicale pour
le prix de Rome est mademoiselle Hélène
Fleury, élève de M. Ch. M. Widor. Reçue
en 1904 au concours d'essai, elle obtint,
au concours définitif, le deuxième second
grand prix. A. P.
La preïsière femme inscrite sut
les listes élôctorales(LIV, 3). — Nous
recevons la lettre suivante:
^ionsieur,
J'ai été la première femme inscrite sur les
listes électorales, mais non maintenue.
C'était étl 1894, quoique demeurant à As-
hiètes, j'allai élire domicile à Saint-Ouen,
tue du Four-Saint-Ouén, car en ce pays
j'étais d'accord avec le maire pour tenter
l'aventure.
Le représentant de la préfecture vit mon
nom, le raya.
J'intentai un procès devant le juge de
paix, assistée de M. Jean-Bernard Passerieu.
l.ê jugé dé paix rendit le jugement suivant :
<• Attendu que la commission municipale
de Saint-Ouên,se basant sur l'article 14 de la
loi du 5 avril 1884,3 refusé d'inscrire ta dame
Vincent sur les listes électorales;
Attendu qus la dame Vincent prétend
que les lois en vigueur n'ont pas exclu les
femmes de l'exercice du droit électoral ;
Que le mot <\ Français » employé no-
tamment dans l'article 14 de la loi du 5 avril
1884 est générique et s'applique à tous les
Citoyeûs français de l'un et l'autre sexe ;
Attendu que le décret organique du 2 fé-
vrier iS^3 (article 12). la loi du 7 juillet
1874 (article 5), la loi du 30 novembre 187s
(article i*') et la loi du 5 avril 1884 (arti-
cle 14) forment aujourd'hui labiàe de notre
droit électoral ; . ...
Qu'il résulte dé l'ensemble de leurs dispo-
sitions que la qualité d'électeur appartient,
sous certaines conditions, aux citoyens âges
de vingt et un àHs, Aux Français jouissant
de leurs droits civils et politiques. i\\\"\\
s'agit uniquement de savoir si la femme
jouit, en France, de ses droits civils et poli-
tiques ;
Attendu que, dans l'etàt actuel de notr?
législation, la femme n'a pas la pléhltudï
desdits droits ; qu'elle ne peut faire fȈrtl<
du jury, être témoin dans les actes de l'éta
civil (article 37 du Code tivil) ni dans lei
actes notariés, être membre d'un conseil di
famille et tutrice, à moins qu'elle ne soi
mère ou aïeule de mineurs ou d'interdits, oi
femme d'interdit ; qu'elle ne peut, si ell<
est mariée, ester en justice sans autorisatioi
de son mari ou de justice ; qu'elle ne peil
même, si elle est commerçante, concouri
à là nomination des juges au tribunal d
commerce ; que cette qualité d'électeur coil
sulaire lui a été refusée, du moins momenta
nément, lors de la discussion de la loi di
8 décembre 1SS3 ;
Attendu que, la loi n'accordant le droit d
vote qu'aux citoyens français jouisssant d
la plénitude de leurs droits civils politique!
il faut en conclure que le législateur n'a ja
mais entendu que ce droit appartînt au
femmes qui ne réunissent pas touteslescôr
ditions légales qui font le citoyen français
Que, quelque intéressante qu'elle soit,
n'appartient pas au juge de discuter ur
thèse philosophique, politique et social'
qu'il a seulement le devoir d'appliqul
strictement la loi, et dans sa lettre et dai
son esprit ;
Par ces motifs, confirmons la décisio
prise par la commission municipale t
Saint-Ouen en date du 11 février du prés»
mois, et disons qu'il n"y a lieu d'inscrire
nom de la dame veuve Vincent sur les list
électorales de ladite commune.
Ce jugement a été conTirmé,
Un détail topique. Le juge de paix de Sain
Denis en rendant sort jugement m'avait di
« J'espère, madame, vous revoir l'année pr
chaîne. »
Il n'a pas été exactement prophète. Poui
tant, j'ai idée qu'il me reverra.
Recevez, etc.
V. Vincent.
Avant Mme Vincent, dès 1 880, Mme P
tonié Pierre, demandait son inscription ;
dixième arrondissement, et ne l'obtenj
point. On lui remettait un document do
voici les principaux passages :
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
73
20 Juillet 1906.
Nous, inaiie du dixième arrondissement
de Paris,
Vu la demande, etc.,
Vu les lois électorales actuellement en vi-
gueur ;
Considérant que depuis 1789 jusqu'à nos
jours, toutes les lois électorales qui se sont
succédé ont été, sans exception aucune, in-
terprétées et appliquées en ce sens qu'elles
ont conféré et confèrent des droits seulement
aux hommes et non aux femmes ;
« Considérant que la prétention forrtiulée
j?ar la réclamante de faire ressortir du texte
de ces lois une interprétation dont le résultat
serait de créer en faveur des femmes des
droits à l'electorat et d'éligibilité identiques à
ceux appartenant aux hommes constitue, dès
lors, une innovation politique dont il n'est
pas de notre compétence de déterminer ni lé
mérite iii la valeur légale ;
Considérant qu'il nous appartient encore
moins, pdr conséquent, de prendre sur nous
d'en admettre ia misé en pratique,
Décidons qu'en l'état actuel de la législa-
tion la demande de Mme Eugénie Pierre est
déclarée inadmissible.
Château de Hierges (LUI, 839,968).
— Hierges sur laMeuse, rive droite, à i lieue
de Charlemont, était une pairie de Bouil-
lon. Elle appartenait aux Berlaymont, et
entre autres au fameux Charles ; puis à
son flis aîné Gilles, tué à IVlaestricht, ert
1379, QU' ^t^'t connu sous le nom de
baron de Hierges. Puis à son frère cadet,
Florent, dont la fille, Marie-Marguerite, le
transmit par son mariage aux comtes
d'Egmont, princes de Gavre.
Procope François, comte d'Egmont,
mort en Catalogne, en 1709, laissa, faute
d'enfants, tous ses biens au fils de sa
sœur, Procope-Mariê-Antonin- Philippe-
Gharles-Nicolas-Augustin Pignatelli, duc
de Bisaccia, qui fut substitué au nom et
aux armes d'Egmont, de par le testament
de son dit oncle.
Les Pignatelli restèrent en possession
de Hierges pendant une bonne partie au
moins du xviii® siècle.
Voyez la description du château dans
Saumery. Les délices du Pays de Liège^
t. II, p. 366, et
même lieu.
uno vue du château au
P. c. c. Albin Body.
11 existe un château sur le bord de la
Meuse, à Hierges, non loin de Givet dans
les Ardennes. 11 ne subsiste de ce beau
château Renaissance, incendié en 1793,
que des ruines assez importantes d'ail-
74
leurs. Il doit appartenir à la famille
d Arenberg. Le propriétaire actuel dont
on pourrait connaître le nom certain en
écrivant au secrétaire de la mairie de
Hierges, fournirait certainement le ren-
seignement demandé. Mirefleur.
Le pont de Trécines à Saiht-i3e-
his-ea-Franc8 (LUI, 277,461,522, 578,
688, 948). — La voie romaine allant à
.^aint-Denis n'a jamais pu suivre ni dans
Saint-Denis ni hors Saint-Denis le tracé
indiqué par M. Armand de Vismes.
I. De Paris à Saint-Deyiis. — Le point
de départ n'a jamais pu être au sortir de
la Cité le Pont Notre-Dame. Ce pont ne
date qije de 1413 et je ne crois pas qu'il
y en ait jamais eu précédemment à cet
endroit.
Tous les historiens s'accordent à don-
ner à Plie de la Cité deux ponts : Le
petit pont qui la faisait communiquer avec
ia rive gauche de la Seine et le grand-
pont qui la faisait communiquer avec
la rive droite. Le pont au Change a été
construit un peu au-dessous de l'empla-
cement occupé autrefois par le Grand-
Pont.
Sur ia rive droite, c*est du grand pont
que devaient donc partir toutes les voies
romaines se dirigeant de Lutèce vers le
Nord.
Si la voie romaine se dirigeait directe-
ment sur Saint-Denis en passant par la
porte de la Chapelle actuelle, ce n'est
pas la rue Saint-Martin que cette voie a
pu emprunter.
il existe, en effet, un chemin fort an-
cien qui du Grand-Pont se dirigeait direc-
tement sur Saint-Denis, il suivait la rue
Saint-Denis, la rue du faubourg Saint-
Denis, ta rue de la Chapelle et PAvenue
de Paris qui, de la porte de la Chapelle,
mène à l'entrée même de Saint-Denis, à
ia porte de Paris. L'avenue de Paris
actuelle ne date que de 1750, l'ancien
chemin était un peu plus à l'est que la
route actuelle.
La voie romaine que j'ai
me servant des travaux de
quoi qu'en dise M. Armand
est, elle aussi, très ancienne
raison d'être ; elle
Ouen, à l'entrée
indiquée en
M. joliois,
de Vismes,
et avait sa
aboutissait à Saint-
même de la « Villa
Clippiacensis » qu'y possédaient les rois
mérovingiens, et de là, elle se dirigeait
N» 1118.
L'INTERMEDIAIRE
75
76
sur Saint-Denis en longeant le parc de la
villa par la route de la Révolte actuelle,
pour aboutir à la porte de Paris à Saint-
Denis.
L'histoire des monuments de la rue
Vivienne ne me paraît pas suffisante, pour
supprimer ce tracé,
M. de Ménorval, dans son ouvrage :
Paris depuis ses origines jusqu'à nos jours
— sur la carte qui y est jointe, indiquant
les voies romaines conduisant à Paris,
indique les deux tracés dont je viens de
parler.
2. Dans Saint-Denis. — M. de Vismes
nous indique, dans Saint-Denis, les rues
Catulienne et de la Charronnerie pour le
tracé de la voie romaine, et plus loin, il
paraît accepter le tracé qu'avait indiqué
M.JoUois et qui traversait l'Hermitage.
Ces deux tracés ne peuvent guère se con-
cilier.
M. Jollois,en effet, ne faisait pas passer
la voie romaine par la rue de la Charon-
nerie, il suivait la rue de Paris actuelle
dans toute sa longueur et se dirigeait par
là en ligne droite sur la Barre d'Enghien.
Ce tracé, indiqué par M. Jollois, est d'au-
tant plus incompréhensible que cette rue
de Paris n'existe que depuis lya^^ et
qu'auparavant il n'y avait aucun chemin
dans cette direction.
La rue Catulienne est ancienne très
certainement, on y a même relevé, il y a
près de cinquante ans, des traces de voies
romaines ; on en a trouvé également à
l'autre extrémité de Saint-Denis, près de
la Basilique, à l'entrée de la rue de la
Fromagerie.
Pour retrouver le tracé de la voie ro-
maine dans Saint-Denis, on est obligé de
se reporter aux limites de l'exemption de
fabbaye.
Cette division si curieuse de la ville de
Saint-Denisendeuxpartiesbiendistinctes,
relevant, tant au point de vue civil que
religieux, de deux autorités différentes,
n'a pu être arbitraire. On a dû se servir
d'une limite toute naturelle, celle de la
voie romaine.
II esta remarquer d'ailleurs qu'à cha-
que extrémité de la rue de la République
(autrefois rue Compoise) il a été retrouvé
des traces de voies romaines.
3. Le Pont de Trécines. — M. de Vis-
mes nous dit que « le pont de Trécines
« était soit au lieu dit l'Hermitage, soit
« près de l'abbaye, rue Compoise ou rue
« de la Boulangerie, et toujours sur le
« Croult ».
Il n'est pas possible de rechercher le
pont de Trécines vers la Basilique, il ne
faut pas oublier que pour y aller, le do-
cument cité nous fait passer par la rue de
la Charronnerie, qui se trouve à l'autre
extrémité de Saint-Denis, assez loin de la
Basilique.
De la rue de la Charronnerie, il n'y a
jamais eu de chemin permettant de tra-
verser « l'Hermitage y> ; on est obligé de
passer au long de ce lieu, en descendant
la rue de la Briche, et après avoir passé
le poni, on trouve un chemin qui descend
au « Vert Galant » et rejoint la route dont
parle M. Armand de Visme.
M. de Ménorval, dans l'ouvrage cité
plus haut, donne à Saint-Denis le nom de
Tîîcennes (pendant l'époque gallo-ro-
maine) et ajoute en note à la page 67 :
« Ce lieu sera plus tard Saint-Denis. Tri-
« cennes de Triceni, à trente stades de
« Paris ; comme Vincennes, de Viceni, à
« vingt stades de Paris ».
L'étymologie en est au moins curieuse,
en fait, ne serait-ce pas la vraie ?
G. La Brèche.
Anscebon (LUI, 842). — Je vois une
question relative au château d'Anscebon
situé près de Chéron (Indre). C'est sans
aucun doute Ciron qu'on a voulu écrire.
D'ailleurs Anscebon n'est pas absolument
près de Ciron. Auscebon est situé com-
mune de Rosnay et plus près de Rosnay,
de Douadic et de Ruffec-le-Château que
de Ciron. L'erreur provient sans doute de J
ce fait, que jusqu'à une date récente, Ans-
cebon était desservi par la poste de
Ciron.
Mais je relève une seconde erreur dans
la question posée. Le lieu dont il s'agit
ne s'appelle pas réellement Anscebon,
mais bien « Scebon » ou « Scébon ».
Cette dernière forme se rencontre sou-
vent sur les cartes géographiques. Au
xvni" siècle, on trouve aussi Cebon. Dans
mes archives familiales, liasse de Louis de
La Véronne, je possède une quittance de
rente noble et féodale, au nom de Baullu,
datée du 20 septembre 1739 et relative à
deux étangs dépendant du fief de Cé-
bon ». [Pour les gens qui connaissent les
lieux, jepeux même préciser que l'un de ces
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906,
77
70
tangs était l'étang « Fontenette » encore
distant aujourd'hui].
Scebon ou Cebon appartint, aux xv* et
VI* siècles, à la famille Loubes. Au
vil" siècle, il fut successivement la pro-
riété de Paul de Maune et de René du
Iher.
Scebon, qui se composait surtout de
ruyères, de « brandes » comme l'on dit
n Brenne, fut acheté, dans le courant du
ix« siècle, par M. Bénazet [qui fut long-
;mps député et sénateur de l'Indre' pour
n faire une propriété de chasse. Les plans
'aménagementdecette terre furentétablis,
it-on, par l'architecte-paysagistequi créa
; parc des Buttes-Chaumont. M. B. fit
onstruire comme rendez-vous de chasse
n coquet pavillon, qui, augmenté par les
ropriétaires successifs, est devenu le
hateau d'Anscebon, ou mieux, de Sce-
on.
Des mains de M. B., Scebon passa dans
elles de M. Gérard de Villesaison, puis il
evint la propriété de sa sœur Mme la
aronne de Boissieu. Enfin, il y a une
ouzaine d'années, M. et Mme de Boissieu,
endirent à M. et Mme Laurand, les
ropriétaires actuels.
Monsieur G. de Villesaison pratiquait
•équemment la chasse du renard sous
îrre ; il semble d'autre part avoir affec-
onné cet animal. C'est ainsi qu'il avait
lit mettre, au-dessus de la porte d'entrée
rincipale de Sceljon une tête de renard
n grès. Lors de la dernière vente, la tête
e renard ayant été enlevée par les ven-
eurs, fut remplacée par une tête de cerf.
L'appellation « d'Anscebon » remonte
u temps où M. de V. était propriétaire ;
tenait à cette forme et s'est efforcé de
i faire prévaloir.
11 me semble donc que l'on peut afifir-
ler, sans beaucoup de crainte de se trom-
er, que l'ex-libris dont parle D. des E.
^.nsV Intermédiaire du 10 juin dernier,
rovient de la bibliothèque de M. de Vil-
isaison. Geoffroy de La Véronne.
«
* »
\S Annuaire des Châteaux indique comme
ropriétaire de ce château, situé près de
aron (Indre) et non Chéron, (et que le
ottin nomme Scebon) le baron Salvaing
e Boissieu.
Je possède bien cet ex-libris que je n'ai
•as considéré comme absolument ano-
lyme, et j'en possède malheureusement
bien d'autres que je n'ai pu comprendre
dans mon essai ^ n'ayant pu découvrir le
nom de leurs propriétaires.
J. C. WlGG.
Familles à origine illustre très-
ancienne (LUI, 855, 961, 969) — A
ajouter aux familles irlandaises, la famille
O'Neill, descendant de Milesius, premier
monarque d'Irlande, en passant par Liga-
rius, vivant en 432 et premier roi chrétien
d'Irlande.
Les Reinach passent pour être un ra-
meau de la maison de Habsbourg.
La branche, qui se fixa, en Bordelais au
xv« siècle et qui y vivait encore au mo-
ment de la Révolution, occupait une situa-
tion relativement modeste.
Les
France
eu de
♦ ♦
familles irlandaises établies en
à diverses époques, ont toujours
grandes prétentions d'origine.
Qiielques-unes ne craignent pas de remon-
ter aux premiers siècles de l'ère chré-
tienne ; on sait cependant toute la diffi-
culté qu'il y a à prouver une filiation
depuis le xii' ou xiu' siècle.
LesO'Connelly seraient issus de Mahon,
frère puiné du roi Bryan-Borhimbe, qui
vivait en 1014. Ils descendaient tous deux
de Cormac-Cass de la race d'Heber, fils
aîné de Milesius, roi d'Espagne, auteur
des familles irlandaises.
Les Mac-Mahon, princes de Thomoud,
revendiquent aussi pour auteur le roi
Bryan-Borhimbe.
Une autre famille de Mac-Mahon remon-
terait à Heremon, le plus jeune fils de
Milesius, par Colla-Vais, roi d'Irlande,
qui vivait au commencement du iv* siècle.
Les Mac Carthy furent reconnus d'ori-
gine royale par lettres patentes de Louis
XVI et admis en cette qualité, aux hon-
neurs de la cour en 1777. Us établissent
leur filiation depuis Cairt'ac, roi de Des-
mond en 952.
Les O'Reilly prétendent appartenir à la
race d'Heremon, comme les Mac-.Mahon ;
ils occupaient dans l'aristocratie irlan-
daise le premier rang après les cinq rois
provinciaux et régnèrent de i i 54 à 1 583,
sur le Brefing oriental.
La maison Dillon, fixée en France au
xvii* siècle, serait issue de Logan, sur-
nommé Delion, troisième fils du roi
O'Neil qui vivait au vi"^ siècle.
N» Il 18.
L'INTERMEDIAIRE
— ■ 79
La famillç O'Maliony, descendrait d'un
prince de la ligne Eugenienne, du nom
de Cass, second fils de Cork, roi de tout
le Munster et dont le fils vivant en 489
fut le premier roi chrétien de la iVlomonie,
en Irlande.
Plusieurs familles irlandaises vinrent
se fixer à Bordaux à la fin du xvu ® siècle
et pendant tout le xviu« siècle ; elles
étaient toutes dans le négoce, mais malgré
cela se donnaient des origines anciennes
et illustres.
Tels les Lineh, établis à Gallway
depuis 1361 5 les French ; les Lee; les
Mac Carth.y qui ont voulu se rattacher à
ceux dont il est parlé ci dessus ; les Ger-
non qui remonteraient à Richard Gernqn,
du comté de Louth, vivant au xiu*^ siècle,
descendant d'une famille Normande qui
accompagna Guillaume le Conquérant, en
Angleterr,e le tableau généalogique, qui
remente à ce Richard Gernon est signé
par sir William Betham, roi d'armes de
toute l'Irlande « qui certifie, leôjuin 1820,
« que la généalogie de l'ancienne maison
« de Gernon a été extraite de documents
« authentiques. . . » les Mitchell ; les
Clarké ■; les O'Quin. Ces derniers qui ob-
tinrent des Ifettres de naturalisation en
17 10, prétendaient être issus de Cun des
ceht batailles, roi d'Irlande au u" siècle.
Son petit-fils Cormac fut le premier qui
porta le nom de Quin et qui fut monarque
d'Irlande, en 254. Pierre Meller.
♦
Presque toutes les fantaisies généalogi-
ques auxquelles fait allusion la question
dfe notre confrère Val Content, remontent
au xvl* siècle. La rhaisoli de Lévis n'est
pas la seule, en effet, que l'on ait affublée
d'origines fabuleuses. Je puis en citer une
autre plus modeste — puisqu'on s'est
contenté de la faire descendre de César, —
c'est la vieille famille chevaleresque des
comtes de Chastellûx. On raconte donc
que le fameux conquérant des Gaules,
passant par la Bourgogne, aurait eu des
bontés pourune jeuneetjolie indigènedont
le nom « romanisé » se serait transformé
eft « Lucia ». En ayant eu un fils, il lui
aurait constitué un domaine sur les bords
de la Cure, et fait construire un château
— Castellum Lucien — francisé plus tard
en « Chastellûx». Cette légende d'origine
étymologique vaut bien après tout, celle
des Léyis dont le seul document est le
80
curieux tableau représentant un membre
de cette famille, le chapeau à la mairi, de-
vant la Sainte Vierge qui lui dit avec ma-
jesté : Couvrez-vous, mon cousin ! Elle
sort, dans tous les cas, de la même fabri-
que, celle des généalogistes flagorneurs,
désireux de se faire payer le plus cher
possible, par des gentilhommes ignorants,
leurs sottes et ridicules flatteries.
LeBesacier.
iiécart, de Valeneiennes (Lni«
388, 580, 972). — M. Paul Pinson est dans
le vrai, en affirmant que le manuscrit d'Hé-
eart, /Inagiàphéana, n'a pas été imprimé.
Cet écrivain est mort en 1838, et la mêine
année, son ami Arthur Dinaux écrivait sa
biographie dans le recueil : Archives histo-
riques et littéraires du Nord de la France ;
au sujet de ce manuscrit il dit : « Parmi
ses nombreux manuscrits, il en est un
surtout que nous désirerions voir mettre
au jour ; c'est l'Anagraphéana ou biblio-
graphie spéciale des livres en ana, deux
parties.
« Cet ouvrage est plein de recherches et
fait en conscience. L'auteur a travaillé sur
les livres mêmes dont il parle, et il ré-
vèle plusieurs anecdotes littéraires cu=
rieuses et peu connues; (2' série, tome 2^
p. 1 56) ».
Nous pouvons certifier qu'il n'a pas été
imprimé depuis cette époque. Quant à
l'Anagraphéana, qu'il a signé du pseudo-
nyme Phitakaer, in-i2, i82i,Hécart lui-
même a écrit : « C'était un appel à tous
les savants, pour me procurer des ren-
seignements sur les livres en ana, dont
les titres ne se trouvaient pas dans ce ca-
talogue. » Un Vàlencibnnois,
Le général Humbert (ITÔt-lSaS)
(LUI, 667, 812, 957).— Article deM.Mar-
cellin Pellet dans la Révolution française :
14 juillet 1906.
Famille Komar (LUI, '446, 586,860).
— Un obligeant intermédiairiste qui
signe : Un Rat de bibliothèque, ren^
voie aux mémoires Jalabert pour avoir des
renseignements sur les Komar. Pousserait'
il l'obligeance jusqu'à indiquer de quelle
façon se procurer ces mémoires ; les li-
braires les ignorent, Ma^ko.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet i<)o6i
81
82
Familla hdllandkiSe de Quày
(LUI, 893 ; LIV,26).— Dans les longues re-
cherches que j'ai faites sur les familles dé
eette homonymie, j'ai rencontré, au xvi"
siècle, danslesPays-Bas, des de QLié^deCais
ou de Caye que je signale à notre confrère
M. Harlé. Un Louis de Caye fut abbé de
Bonneffe avant 1567 (Stanislas Bormans :
les Fiifs du comté de Namiir, 1877^ in-8,
p. 533). A corisulter encore : Chevalier
Schouteete de Tervarent : Anuennes ma-
gistratures du Pays de H/«w(Sàlnt-Nicolas,
1874, gr. in-B") et Inventaire des Archives
de Saint-Nicolas (Saint-Nicolas, 1877, gr.
in-8°). }e souhaite que cette indication
puisse niettre hotre confrère sur la trace
des origines de ses dé Quay de la Gueldre
et je reste à sa disposition, si je puis, en
quelque manière, l'aider en cette circons-
tance.
Comte de Caix de St-Aymour.
Rousselet ou Ranscôlat (LUI, 894,
976;L1,27).
Paris, 13 juillet içbô.
Monsieur le Directeur,
Eii riépôndaht à là question posée dàhs
Un de vos derniers nuriiéros par M. R. M.
sur la fariiilié de Rousselet, vos correspon-
dants ont négligé dédire que Frahçois-Louis
de Rousselet, l'illustre marin connu sous le
liorii de maréchal de Château-Renault, à eu
récemment les honneurs d'un livle paru éh
1903 chez Calmann-Lévy, et dont l'aUtéur
est M. Calriion-Muison. J*ajoiite qiié M Câl-
mon-Maison possède préciséméntle cliâtéàli
de Château-Renault (Indre-et-Loire) où sont
conservées et classées les riches archives
des RôUsselet. Nul doute que M. CàltiiOri-
Maison, dont le libéralisme égale lé talent,
ne se fasse un plaisir d'en permettre la con-
sultation à ^L R. M,
Recevez, Monsieur le Directeur, l'àssù-
raiice de mes sentiments distingués.
Ch. s.
Emma de Kolîy,bibliopîiile (LIV, 5),
— La Nouvelle Biographie Générale publiée,
à Paris, eh 1878, par MM. Firmin Didot
et C'°, sous la direction du docteur Hoefer,
contient une notice sur le baron de Kolli,
extraite des Mémoires du haroH de k'olli
et de la reine d'Etruriè ' Paris, 1823), dans
lesquels l'auteur se dit né en 1775, en
Piémont, et chassé de son pays par l'occu-
pation française . Cette origine et ce fait
ne sont point démontrés comme l'a prouvé
M. Léonce Grasiliei- dans son iritéréssant
livre intitulé : Le baron de Kôlli, édité en
1902J par la librairie Paul OUëndorff, à
Paris. En effet, il résulte dés documenta
originaux du Ministère de la Giiérreet des
Archives nationales, à Paris, qu'Un cer-
tain Jeah-Louis Collignon, caporal dans
un bataillon du régiment de Foix,i en gar-
nison alors à Toulon, y épousa lirie de-
moiselle Marie Marant.qui le rendit père^
en 1778, d'uh fils qu'on baptisa sous le
nom de Louis et qui n'est autre que TaU-
dacieux personnage qui tenta de délivrer
Ferdinand VII, interné à Valehçay erii8io.
Il prit d'àbord.lenoitîde Co//t,partie dé sort
nom patronymique — qu'il remplaça par
celui de de Kolli, porté par M. de Kolli,
commandant d'un régiment suisse de sbn
nom au service de l'ancienne monarchie;
Malgré nos recherches faites très rapide-
ment, nous n'avons pli encore troUver
les armoiries de ce véritable M. de Kollij
qui doivent exister dans les armbriaux
helvétiques. Mais par contre, nous voyons
dans la collection des Pièces originales dû
département des manuscrits de la Bi-
bliothèque nationale, que les Kolli ou
KoLY, originaires de la province du Zug
(Suisse) , reçurent du trésorier général
français des Ligues Suisses et des Grisons,
à différentes époques, des pensions annuel-
les. En etfet, le 10 décembre 1563, Hans
Koly, signe et scelle, à Zug* une quittance
de pension de 180 livres tournois ; lé
6 avril i^65,Lazarus Koly signe et scelle,
aussi à Zug, une quittance de pensioH de
20 livres tournois, et le 7 octobre 16015,
le même donne et scelle, à Soleure, une
quittance de cent livres en francs, pour
deux années de la pension artnijelle
« qu'il plaisià Sa Majesté me donher »
dit-il. Il signe Hauptmann Lazarus Koly,
c'est-à-dire capitaine Lazare Koly. Les
cachets apposés, en hostie blanche, sur
ces trois pièces montrent un écu chargé de
deux croix dé Calvaire dont les extrémités
inférieures se terminent en fers de lance, po^
sées en sautoir. On doit rémarquer que le nom
Kolli ou Koly est suisse, tandis que celui
Colli est italien,
A Milan, existe une famille CoLli-Mar-
CHiNi dont le blason porte : un fascé con-
tre fascé d'argent et de gueules de six pièces^
au pal d'argent brochant sur le tout : au
chef d'or chargé d'une aigle de sable cou-
ronnée d'or ; en Piémont fleurit encore la
Mo II 18.
L'INTERMEDIAIRE
83
84
famille d'ancienne noblesse des Colli,
MARQ.UIS DE Felizzano, qui a produit Vic-
tor-Anne Colli de Felizzano, né à Alexan-
drie, le II août 1787, lieutenant, cheva-
lier de la Légion d'honneur, nommé che-
valier de l'empire par lettres patentes du
13 avril i8ii, au port de ce blason:
tiercé en bande : d'argent^ à une montagne
de sinople^ surmontée d'un vol ouvert de
sable ; de gueules, au signe des chevaliers
légiomiahes ; et d'or à un lion de sable,
allumé et lampassé de gueules.
Le nom Colli a émergé autrefois en
la généralité d'Aix en Provence, élection
de Sisteron, où vivait Samuel Colly, lieu-
tenant de juge au lieu de Gigors (Basses-
Alpes), qui fit enregistrer, en 1700, à
Y Armoriai général officiel de France, le
blason : d' or, à un rocher de gueules, sur-
monté d'un corbeau de sable.
C'est à l'aide de ces faits amalgamés
que Louis Collignon, engagé volontaire
aux chasseurs à cheval le 13 frimaire
an VII se présente en 1803, à Bar-sur-
Ornain (Meuse), comme chef de bataillon-
adjoint aux Etats-majors des armées, ré-
formé et pensionné, sous le nom de
M. de Kolli. Il est accompagné d'une
femme qu'il appelle Ernestine de Kolli-
Vager.
En réalité, disent les rapports de po-
lice, elle se nomme Lorentz ; elle est née
à Altkirch où son père exerçait, avant la
Révolution, les fonctions de procureur
fiscal. AKehl, elle se serait unie à l'homme
qu'elle reconnaît pour le père de ses en-
fants, dont l'aîné est âgé d'environ qua-
torze ans (en 181 5). On peut présumer
qu'Emma de Kolly faisait partie de cette
progéniture.
A Madrid où il arriva, àlachute du ré-
gime impérial, le baron de Kolli est reçu
avec quelques honneurs et le roi Ferdi
nand Vil lui accorde l'ordre de Charles lll
qui confère la noblesse ; son fils aîné est
aussi chevalier, bien qu'il n'eût pas encore
seize ans ; enfin le baron obtint, par dé-
cret du 14 février 181 5, le grade de colo-
nel pour le jour où l'Espagne aurait be-
soin de ses services.
Après la publication des Mémoires du
baron de Kolli, en 1823, le silence s'est
fait sur ce personnage dont on n'a plus en-
tendu parler et dont on ignore la fin.
Jusqu'à preuve du contraire, nous
croyons que les armoiries de la biblio-
phile Emma de Kolly sont celles qu'avait
assumées son père en vertu de son brevet
de l'Ordre de Charles lll.
Elles ne contiennent pourtant aucun
symbole ou emblème de l'héraldique gé-
nérale d'Espagne.
O'Kelly de Galway,
Musset et le via. — Le grog est
fashionable (Lll). — Le Gaulois du
dimanche, 23-24 juin 1905, publie un
article de M. Léo Claretie. Cet article
mettant en cause, fort aimablement l'In-
termédiaire des chercheurs et curieux, nous
croyons devoir en reproduire le passage
essentiel. Il s'agit d'une Ode à l'absinthe
attribuée à Musset. On avait songé toute-
fois à nous demander, paraît-il, une en-
quête sur cette pièce : on ne l'a point fait
et la voici publiée.
Nous donnons cette ode ainsi que quel-
ques-unes des lignes qui la précèdent :
« Cher Monsieur,
« Mon cousin Veilhan m'a dit que vous
souhaiteriez avoir quelques indications sur
la provenance d'une « Ode à l'Absinthe »
que je vous ai transmise, en l'attribuant,
d'après une tradition, à Alfred de Musset.
« La tradition n'a que deux chaînons :
moi qui suis d'une absolue bonne foi, et
mon auteur, dont je n'ai pas sujet de sus-
pecter la véracité.
« Mon auteur est un de mes vieux voisins
de campagne du Midi, très aimable homme,
fort spirituel, ne s'adonnant pas lui-même
à la poésie : M. Edmond Dubois, Il est
mort depuis quelque quinze ans.
« Pour parfaire son éducation, M. Dubois
était venu à Paris, où il s'est attardé dans la
fréquentation des arbitres des élégances.
S'il y avait laissé le meilleur de son patri-
moine, il en avait rapporté des souvenirs,
dont des privations quotidiennes lui rappe-
laient durement le prix, et qu'il aimait à
raconter, pour se consoler de la perte de
ses rentes.
« Musset, qui était aussi de la « jeunesse
dorée » a, un jour, crayonné ces vers sur
une table de café, au milieu du groupe où
se trouvait M. Dubois. Celui-ci les a reco-
piés. Il les savait par cœur, et il me les a
récités ; je lésai retenus et transcrits. Voilà
toute la légende.
« Le morceau est-il réellement d'Alfred
de Musset ? Je n'oserai pas affirmer qu'il
ressemble comme un frère à toutes ses œu-
vres, mais il a bien un air de famille, et
quelques signes particuliers de reconnais-
sance . La rhapsodie ne l'a-t-elle pas ,
d'ailleurs, quelque peu défiguré et déformé?
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906.
85
86
« Est-il inédit? Je ne l'ai jamais lu im-
primé ; je confesse, cependant, que le res-
pect humain m'a empêché d'interroger à cet
égard V Intermédiaire, de peur d'être con-
vaincu d'ignorance candide, si, d'aventure,
il était aussi connu que la Nuit de Mai ou
les Stances à la Malibran.
« Vous êtes trop expert et trop averti
pour redouter semblable reproche. Je vous
ai donc livré ces vers, non pas comme une
trouvaille, mais comme un objet intéressant
à examiner, peut-être à mettre en lumière.
« Veuillez agréer, cher Monsieur, l'ex-
pression de mes sentiments bien distingués
et dévoués.
« Louis Ayral. »
Je n'ai pas [trouvé trace de publication de
ces vers, et V Intermédiaire des chercheurs
est resté muet.
Ode a l'Absinthe
Salut, verte liqueur, Némésis de l'orgie 1
Bien souvent, en passant sur ma lèvre rougie.
Tu m"as donné l'ivresse et l'oubli de mes maux :
J'ai vu plus d'un géant pâlir sou.^ ton étreinte !
Salut, sœur de la Mort ! Apportez de l'absinthe ;
Qu'on la verse à grands flots !
Il est temps à la On que je te remercie :
Celui qui ne sait pas toute la poésie
Qu'un tlacoB de cristal peut porter en son flanc,
Celui-là n'a jamais près d'une table ronde.
Vu d'un œil égaré les globes et le monde
Valser en grimaçant
Il ne soutiendra pas sans que son cœur défaille
Qu'il n'est pas sur la terre une chose qui vaille
De l'ivrogne absinthe le sommeil radieux,
Qui peut, quand il lui plaît, durant son rëveétrange.
Quittant le corps humain, sentir des ailes d'ange
L'emporter dans les cieux.
Moi, je l'aime! Aux mortels ta force est plus funeste
Que la loudre, le leu, la mitraille, la pesle.
Et je te vis souvent terrasser le soldat.
Insoucieux de tout, contentant son envie,
Quoique sachant trop bien qu'il te donne sa vie
Qu'épargna le combat
J'aime ta forte odeur et ton flot d'un vert sombre
Qui laisse s'élancer, au milieu de son ombre
Des feux couleur de sang tout le long du cristal.
Comme si le Seigneur, en signe de prudence.
Avait voulu mêler à ton vert d'espérance
Quelque signe fatal.
Belle comme la mer, comme ses flots cruelle.
Tu peux quand tu le veux aussi, cacher comme elle.
Sous un calme apparent tes instincts irritéi.
Et ton tluxfail tourner un océan de tôles.
Qui ballenl en riant, les soirs des jours de fûtes,
Les j.orles des cités.
Pour moi, qui ne veux pas atteindre la vieillesse.
Je veux contre ta force essayer ma faiblesse.
Combattre contre toi, l'étreindre corps à corps.
Je veux voir, aujourd'hui, dans un duel terrible,
Si lu peux soutenir ton litre d'invincible :
^'otre témoin sera la mort !
Montarnail de la Prade (LUI, 893 ;
LIV, 24). — La famille de Guirard de
Montarnai existe encore; elle est représen-
tée notamment par M. de Guirard de Mon-
tarnai qui demeure à Paris, 2 13, rue de l'Uni-
versité, auquel notre confrère Trabucayre
peut s'adresser. Le Besacier.
Paravicini (LI). — Dans une lettre
du baron E. Paravicini de Toulouse, du
20 janvier 1840, je trouve le passage :
Je suis dans ce moment occupé à des re-
cherches historiques et héraldiques sur ma
famille et je compte faire insérer cet
opuscule dans le Mémorial de la Noblesse
de France qui se publie à Paris.
J'aimerais pavoir si cet article a jamais
paru, et, dans ce cas, ce qu'il contient?
W. H. G.
M. de Saint-Aurant (LUI, 842,
976). — L'ex-libris décrites! celui de Mes-
sire Jean-Claude de Saint-Aurant^ sieur
de Marconine, conseiller à la cour des
comptes, aides et finances de Montpellier,
reçu en cet office, le 20 septembre 1720,
mort en 1781. Il avait épousé Marie de
Puj'ol de Beaiifort. Il était fils de Jean de
Saint-Aurant^ sieur de Marconine, aussi
conseiller en la cour des comptes, aides
et finances de Montpellier, mort en 1720.
Cette famille paraît bien originaire du
Bas-Languedoc ou du moins y était-elle
fixée depuis plusieurs générations, et on
ne lui connaît pas d'autre nom patrony-
mique que celui qu'elle portait. On trouve
en 1659 un Saint-Aurant, greffier en la
cour des conventions royaux de Nîmes.
En 1701, le sieur de Saint-Aurant était
directeur de la régie des biens des fugitifs
hors du royaume. Ecuodnof.
Famille Tascher (LUI, 499, 591,
645, 701. 746, 814, 865, 923, 977).
— A titre documentaire, je signale, en
cette note, une branche saonnoise (i) de
la famille de Tascher :
I. Samuel de Tascher, écuyer, seigneur
de Pouvrai et de la Grange (au Maine)
épouse : 1°) Suzanne de Cosnes, morte
à Bellème (Orne) 9 mars 1704 ; 2°) 25 no-
(i) Le Saonnois est une ancienne divi-
sion du Maine et comprend à peu près l'ar-
rondissement actuel de Mamers (Sarthe^.
N" Jii8.
L'INTERMEDIAIRE
87
88
vembre 1706, Marie-Marthe Petitgars,
d'une famille percheronne.
De sa première union il eut :
a) Alexandre-Samuel, écuyer, officier au
régiment de Vermandois ;
^) Pierre-Louis, qui suit ;
c) Cpinélie, \\pe 18 octobre 1693, enterrée
à Pouvrai, 24 décembre 1693 ;
d) Samuel-René, écuyer, seigneur de la
Grange et de Pouvrai, baptisé à Pouvrai,
12 juin 1695 ;
é)Corné!ie-Louise, née 6 décembre 1696,
épousa, 21 juin 1732, Adrien-Nicolas du Bosc,
seigneur d'Epinay et de Marchainville ;
/) Jean-Aptoine, bapt, 18 janvier 1698,
•{- 28 pctobre 1698.
g) Louis, écuyer, ondoyé^ ii novembre
1699, baptisé 7 oct. 17Q0 (marraine : Suzanne-
Françoise de Tascher de la Guérinière) ; ton-
suré ' au Mans, sept. 1720, curé d'Avezé
(Sarthe) où il fut inhumé le 9 juillet 1782 ;
h) Gilles, né et -j- en 1700 ;
2) Etienqe-René, f à 3 mois 1702.
}I. pjerj-e-Lpuis de T., chevalier, sei-
gnetir ^q la Grange, etc., né à Bellènie,
} jafjvier 1687, f à Bellè|Tie, 14 r(iars
1757. ÉpPHsa prançoise-Brigitte Le Eiret-
tpn, d'où :
a). pi^rrcrFrançois-Alexandre, qui suit ;
b) Pierre, né et rnqrt, 17 17 ;
c) Louis-François, né et ^ 172 1 ;
i?fN... née 22 janvier 1723 ;
/) Alexandre-François, bapt. 26 oct. 1728,
chevalier, seignepr de Rossai, lieutenant au
régiment royal d'artillerie, commissaire extra-
ordinaire de l'artillerie ;
^) Marthe-Suzanne, bapt. 1736.
III. Piefre-Françpis-Âlexandre de T.,
chevalier, seigneur de Pouvrai, etc.,
lieq|enant au régiment de Marsan, 1741,
•j- 4 rnafs 17^7. Epousa : 1°) lYlarie-Louise
de jiecqquiUé -|- oct. 1748, d'où :
a} pierre-Jean Alexandre de T., cheyaliçr,
seigneur de Pouvrai, né 1745, époux de Ca-
therme Flore Bigot, pair de France, ' f en
1822. Père de Jean-Samuel, comte de T., et
pair de France ;
b) Charles-François ;
'2''') 2^ juillet 1752, Marie-Henriette-
Philibert'e de Turin, d'où :
c) Louis-François-Philibert, né à Avezé,
1754. . . ■'' '
<i) Philibert-Louis-Alexandre, né mai 1768,
SI Pouvrai, époux de Marie-Elisabeth Bailly,
jaasirg du fi^ans, déput§ au corps législatif ;
-h à paris, 15 mai 582!;. La ville du Mans a
donné son nom à l'une de ses rues (se pro-
nonce au Mans : Rue de Tâche).
Registres de l'état-civil d'Ave\è, àe Pou-
vrai,'tic. — Revue hist. el arch.eol.du Maine,
t. XLV (1899). Annuaire àe la Sarthe, 1833.
Inventaite des minutes cmciennes dfs notaires
du Mans, pgr l'abbé Esnault, t. VI, p. |pa
sq, 161 sq.
* *
Alvîxandre François-Marie, vicomte de
Beauharnais, était, en e(fpt, fils de Fran-
çois, mc\rquis de Beauharnais, et de Ma-
rianne-Henriette de G^stuUé. Son gr^fjdr
père Claude, marquis de Beauharnais dg
Beaumont, avait épousé, en 1713, Renée
Hardouineau, fille de Pierre H. et de
Renée Pays, d'une famille du Maine. Il
était cousin éloigné de Jacques-Christophe
Gnillot de la Poterie, leurs aïeux communs
étant René Hardouineau et Madeleine
Milsonneau.
N. de Tascher, seigneur de Marcilly,
Bois Guillaume dans la généralité d'Alen-
çon est maintenu dans sa noblesse, 1667
et porte : (^e sinople., treilUssé d'argent^
charge çle troi!^ burelles de, tnct^ie au chef d'ai'-
gent, chargé de deux soleils de gueules. Le
maire du Mans portait : d'argent, à trois
bandes de gueules, chargées chacune de trois
flanchis d'argent. Les pairs de cette faniiHe
ont modifié un peu ce blason : d'argent., ç,
trois fasces d'azur, chargées chacune de trois
flanchis d'argent, 2 accompagnées en chef
de deux soleils de même. [Nobiliaire de Nor-
mandie, Courcelles. Dtçt. Univers, de la
Noblesse. Cauvin, Essai sur V armoriai de
Vancien dioc. du Mans. A. Lardier, Hisi.
biogr. de la Chambre des pairs, Paris, 1829).
Louis Calendini.
Van Blarenbergha (LUI, 781).
— C'est par erreii|' qfie le catalogue de
l'exposition d'œuvres d*î|rtdu xvni^ siècle
qui vient de s'ouvrir à la Bibliothèque na-
tionale, dit que la confusion faite entre
Louis Nicolas et son fils Henri Joseph,
provient « d'une fausse inscription sur
les registres de laniairieen 1781-1782».
C'est registres de la l^arlne que l'on
devrait y lire.
Il s'agit, en efïet, de deux registres
conserves aux archives de Ja Ma'fin^ 5^
Paris, dans lesquels on lit : *< Louis-Nico-
las Van Blarenberghe, peintre des ports
et côtes. — Brevet du 13 janvier 17715 ».
Cette inscription est exacte, et on le verra,
il n'y a là alicune confusion entre le père
et le fils.
M. "a. Jal, qpçien Iiisforiograpiie g|
archiviste de la Marine, dans son « Die-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906,
89
90
tionnaire critique de biographie et d'his-
toire»,Paris 1872, pages 224-228, adonné
un curieux article sur les Van Blarenber-
ghe. Dans cet article, il cite, outre ces
deux registres, des documents qu'il a vus
au Ministère de la Marine, et aussi
d-autres actes qui lui furent communi-
qués. — Mais comme il n'a pas eu alors,
sous les yeux, tous les documents de
Lille et de Versailles, il prit un person-
nage pour un autre et il attribua àHenri-
Désiré ce qui devait l'être à Louis-Nicolas.
C'est ainsi qu'il fut arnpné à dire que le
peiptre du Roi, aux départements de la
guerre et de la marine, À\t Henri Désiré,
que Louis-Nicolas était son fils, et qu'un
autre Louis-Nicolas pouvait être ' son
grand-père.
Le titre de cet article qui est ainsi
écrit :
Blarenberghe (Henri-Désiré Van). —
17341812.
Blarenberghe (Louis-Nicolas Van)?... ?
... ?
devrait être corrigé comme suit :
Blarenberghe (Louis-Nicolas Van). —
1716 ?.
Blarenberghe (F.-Henri-jqseph Van). —
26.
Et s'il est prouvé plus tard que cet
CROQUIS q^NEALpGIQUE DES VAN BLARENBERGHE
Henri, peintre
est décédé à Lille, paroisse Saint-André
le 13 mai 1712,
veuf de Jacqueline Vanderchamp^
qui mourut à Lille, St-André, le 4 décembre 17 10.
" I
Jacques Guillaurne, peintre,
né à Lille sur St-André, le 23 pctpbre 169^,
y a épousé, sur St-André, le 25 avril 1713*
Marie-Claire Delamotte.
11 y mourut le 1"' mai 1742.
Elle meurt »e 2 juillet 1763 sur Ste -Catherine.
Louis-Nicolas
= peintre-miniaturiste = peintre du Roi
est 'né à Lille, paroisse Sainte-Catherine,
le 15 juillet 1716.
11 y épousa, sur St-André, le 4 août 1739,
Marie-Jeanne Bassecour.
Il mourut. . . ?
Elle est morte le 18 décembre 1751, sur la
Madeleine,
Henri-Joseph
e;st né à Lille, St-André,
le 10 octobre 1741
Il y meurt, sur la
Macïeleine,
le 9 novembre 1746
âgé de 5 ans.
Henri-Désiré
est né à Lille sur St-André,
le 3 mars 1734.
Il eut pour parrain son frère aîné Louis-Nicolas.
il épousa à Paris (St-André des Arts),
le 16 mars 17Ô2,
Madeleine-Michelon.
Il mourut à Paris (aux Incurables),
le 23 septembre 1812.
i
Jean-Frànçois-Henri-Joseph
dit Henri-Joseph
peintre-miniaturiste,
maître de dessin des Enfants de France,
conservateur du musée de Lille,
né à Lille, paroisse de la Madeleine,
le 24 novembre 1750
et non le 10 octobre 1 741, sur St-André.
n a épousé à Versailles, paroisse de
Notre-Dame,
le 37 avril 1784, Mlle Damesme
(Charlotte-Rosalie)
femme de chambre de Mme Elisabeth.
Lui,niQUVUt ?i Lille Je J°' octobre ;826.
Elle, mourut aussi àLille, le 10 oct. 1837.
Antoine est
né à Paris, en 1765.
il y. meurt en
■ 1767-
Descendance connue.
N" III8.
L'INTERMEDIAIRE
91
92
Henri-Désiré fut aussi un artiste, il y
aurait lieu d'ajouter à ce nouveau titre :
Blarenberghe (Henri-Désiré Van). —
1734-1812.
Il faudrait, naturellement, aussi faire
dans le texte les changements néces-
saires.
La vérité est rétablie par le tableau gé-
néalogique ci-contre, dressé d'après des
documents d'archives authentiques et
inédits. — Le premier Van Blarenberghe
célèbre fut Louis-Nicolas ; le second, son
fils Henri-Joseph qui avait reçu au baptême
les prénoms de Jean-François Henri-losepb.
Henri-Désiré était un frère puiné de Louis-
Nicolas. Comme il n'a pas eu de fils né
à Lille vers 1753-1754, ce n'est pas lui
qui pouvait dire, écrivant au ministre en
1774, que son fils l'avait aidé dans ses
travaux en 1773.
Ce tableau permet encore de corriger
une autre erreur faite par des auteurs
lillois, à propos de la date de naissance
de J. F. Henri-Joseph. Ils l'ont confondu
avec son frère aîné, Henri-Joseph, né à
Lille, le 10 octobre 1741, et mort en cette
ville, le 9 novembre 1746, à l'âge de
5 ans. Cette confusion est venue de ce
que Jean-François Henri-Joseph, né le
24 novembre 1750, fut, probablement en
souvenir de son frère décédé, appelé de
ses deux derniers prénoms seulement.
Cette appellation fut cause qu'à son ma-
riage à Versailles en 1784 et à son décès
à Lille en 1826 on lui attribuai âge qu'au-
rait eu son aîné s'il n'était mort en bas
âge. Cela connu et sachant qu'il signait
H. Van Blarenberghe dans les actes offi-
ciels et autres, il est facile de comprendre
qu'il y ait eu confusion. Au décès deJ.F.
Henri-Joseph au 1" décembre 1826, on
l'avait d'abord inscrit sous ses véritables
prénoms : Jean-François-Henri-joseph,
puis on barra les prénoms Jean-François
pour ne laisser qu'Henri-Joseph.
Louis-Nicolas Van Blarenberghe était
fils et petit-fils de peintre. 11 naquit à
Lille, sur la paroisse Sainte-Catherine, le
15 juillet 1716. Il s'y maria, sur la pa-
roisse Saint-André, le 4 août 1739, avec
Mlle Marie-Jeanne-Joseph Bassecour. De-
venu veuf en 175 i, il paraît avoir quitté
Lille en 1753. En effet, il ne figure plus
sur les rôles de la capitation de 1753, et
au compte de la corporation des peintres
rendu en 1754, il est porté « absent ».Le
I*'" janvier 1789 il fut nommé peintre des
batailles au département de la guerre avec
3000 livres d'appointements. Le P"" jan-
vier 1773 il passa à la marine, aux mêmes
appointements. Le 18 janvier de cette
même année 11 partit et resta jusqu'au 2
avril à Brest, où, aidé de son fils, il exé-
cuta divers travaux de son art, comman-
dés par le Ministre. Le 13 janvier 1775, il
obtint le brevet de Peintre de la Marine.
Son fils, J. F. Henri-Joseph est né à
Lille, sur la paroisse de la Madeleine, le
24 novembre 1750. Dans son acte de
mariage, à Notre-Dame de Versailles, le
27 avril 1724, il est qualifié maître de
dessin des Enfants de France, et son
épouse, Damesme, Charlotte-Rosalie, est
dite femme de chambre de Madame Eli-
sabeth, 11 est mort à Lille, le premier dé-
cembre 1826, étant depuis longtemps
conservateur du musée de cette ville.
C'est lui, J. F. Henri-Joseph, qui, sur
une boîte ovale en or, exécuta et signa
« Van Blarenberghe, fils, 1769, », une
gouache représentant un bal dans une
salle de verdure. A la vente de M. Demf-
doflF, en janvier 1863, cet^e boîte fut pous-
sée jusqu'à 6 050 francs. En 1769, il avait
19 ans, et c'est le seul artiste qui alors
pouvait se dire « Van Blarenberghe
fils »>, puisqu'il avait encore son père,
alors que celui-ci et Henri-Désiré avaient
perdu le leur en 1742. C'est toujours sui-
vant ses mêmes erreurs que M. Jal donne
cette gouache comme étant de Louis-
Nicolas qu'il fait d'Henri-Désiré.
Bien que les documents des Archives
de la Marine, publiés par M. Jal, ne si-
gnalent pas les prénoms des intéressés,
il est certain maintenant que c'est bien
Louis-Nicolas qu'ils concernent. C'est
donc lui et son fils qui peignirent et ces
tableaux et ces gouaches, et ces belles
miniatures qui sont si appréciées des
connaisseurs.
Un grand journal parisien du 15 juin,
rapporte que dans une vente qui venait
d'être faite à l'hôtel Drouot, « une taba-
tière en or, du temps de Louis XVI, ornée
sur le dessus et le pourtour de cinq
gouaches à petits personnages, par Van
Blarenberghe, sur une demande de
20.000 francs a été adjugée 48.950 fr. à
M. Hamburger ».
L. Quarré-Reybcurdon.
A cet article étaient jointes les pièces justifi-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Juillet 1906.
93 —
de place
catives ; le défaut de place ne nous permet
point de les publier, mais notre collabora-
teur, M. F. H. s'il les désire, les recevra.
Titres de noblesse (LUI, 895, 980;
LIV, 30). — Pourrait-on indiquer la date
de l'Ordonnance de la Restauration?
Où peut-on la retrouver ?
Un abonné.
Origine du globe comme attribut
impérial (LUI, 728, 815, 924, 993). _
Avant les empereurs romains, les poten-
tats asiatiques semblent l'avoir porté. Chez
nous, on le retrouve sur le deini-cerde
vertical de la couronne, dans le cachet du
roi Dagobert ; qui porte une couronne im-
périale à calotte, pour cacher le sommet
de sa tête, sca/pé dans un combat contre
les Allemands, au temps de sa jeunesse.
Seulement, cette calotte n'est surmontée
que d'un seul cercle vertical, au lieu de
deux ; et c'est à son sommet, que se trouve
LE PETIT GLOBE . D^ BoUGON.
Armoiries à retrouver : d'azur,
semé de fleurs de lis d'or et de
clefs d'argent (LUI, 950). — Il me
semble que c'est une variante des armes
de la ville d'Angers,qui porte : de gueules,
à une clef d'argent^ posée en pal au chef
da^ur, chargé de deux fleurs de lis d'or.
Mon ami Saint-Saud trouvera un armoriai
des villes de France dans les Annuaires
de la noblesse de 1852, 1853, 1855, 1856,
'^57- Pierre Meller.
NN.SS. DadoUeet du Vauroux
(LUI, 786). — Je viens seulement de voir
une épreuve des armes de Mgr Dadolle ;
elles se blasonnent : Parti : au i d'azur à un
livre ouvert d'argent, surmonté d'une étoile
hérissée d'or ; au 2 de gueules à la croix
latine d'or. Devise : nos autem arma
Lucis. p. leJ,
Seize orbes (LUI, 672, 821, 989). —
Les seize orbes auxquels Voltaire fait allu-
sion sont ceux des planètes autour du
îoleil et ceux des satellites autour de plu-
sieurs de ces planètes. Or, il y en avait
bien seize connus de son temps, savoir :
six planètes : Mercure, Vénus, la Terre,
Mars, Jupiter et Saturne : la Terre a un
satellite ; Jupiter, en avait quatre ; Sa-
turne, 5 : 6 -f 1 +4-1-5 = ,6.
A. D.
94
Christ et saints empaillés (LIV, 7)
— Dans la cathédrale de Burgos, la cha-
pelle « del Santissimo Cristo » renferme un
Christ en peau de bête, Oexible à la pres-
sion du doigt. Il proviendrait de l'Orient
et serait attribué à Nicodème qui l'aurait
modîlé d'après le corps du Sauveur lors-
qu'on le descendit de la croix.
P. JOANNE.
La platopodologie de Mercier
(LUI, 951). — Voici un renseignement
que je puis donner à notre collaborateur
M. Marnix, sur l'opuscule attribué à Mer-
cier, relatif à la Platopodologie. J'ai pos-
sédé pendant plusieurs années une bro-
chure d'environ 200 pages, qui prétendait
indiquer la divination du caractère et des
tendances des individus par l'examen de
l'attitude des pieds et des mains. Toute-
fois, je ne saurais affirmer si cette étude
physico-psychologique était celle de Mer-
cier ; car elle paraissait sans noms d'au-
teur En s'adressant à M. Mondon, libraire
à Montré/eau (Haute-Garonne), ou à
son successeur, M. Marnix pourrait pro-
bablement obtenir aisément l'envoi de
cet ouvrage. Il m'avait été donné comme
prime de librairie en sus d'autres ouvra-
ges. On y relevait des observations cu-
rieuses et qui en général me parurent
justifiées. J'ai égaré ce petit volume à
l'occasion d'un déménagement.
Le prix coté de l'opuscule ne dépassait
pas 2 francs. Aug. Paradan.
« Chasseurs pris par la nuit » :
versa retrouver (LUI, 950). —
Chasseurs pris par la nuit, chasseurs lourds de
gibier,]
Nous rentrons au pays par un même sentier.
— Mais là-haut quelle flamme brille ?.,.
La pièce, intitulée : Une flamme, est de
Charles Coran, né en 1814, auteur d'Onyx.,
\x\-d, Masgana, 1841 et de Rimes galantes,
in-8, Amyot, 1847.
V. le recueil des « Poètes français >^
d'Eugène Crépet. Tome IV, p. 482, Ha-
chette, éditeur. A. Libert.
Même réponse P. de St-A.
Coli, gali, cari (LUI, 619, 758). —
Elymologie inconnue, disent les savants.
Quand la science se dérobe, elle laisse le
champ libre à l'hypothèse. N'a-t-on pas
dit que la science ne se composait que
N" 1118.
L'INTERMEDIAIRE
95
d'hypothèses vérifiées ? je me charge de
fournir les hypothèses ; je conjure mes
confrères en Intermédiaire de m'aider à les
vérifier. « De même qu'aucun homme, a
dit Renan, n'est inutile dans l'humanité, de
même aucun travailleur n'est inutile dans
le champ de la science. »
Le collabo Charlec (LUI, 758) s'est
prêté de bonne grâce à l'expérience, et je
l'en remercie, mais en supposant qu'il
faille chercher dans le celtique gwall l'ori-
gine du préfixe cali, comment rend-il
compte des désinences afre^ urin, abos-
ton, etc. .''
Dans les mots que j'ai l'honneur de
soumettre à l'examen de nos confrères, à
savoir califourchon^ caliborgne^ caJigâlôs^
caripète, galiphie^ galimatias^ galimafrée,
une chose frappe tout d'abord, c'est la si-
militude du préfixe, car pour qui connaît
la loi des permutations, c et g, r et /,
cari et gali s'équivalent. Donc il est pro-
bable à priori que tous ces préfixes ont la
même étymologie. Et, sans aller la cher-
cher bien loin, ne serait-ce pas l'adjectif
grec c^Z(95, dont le féminin cale sq prononce
en grecmoderneca/î7Prenons pour exemple
le mot galimatias. Dans cette hypothèse,
où il n'est plus question du coq de !\1a-
thias, la seconde partie du mot serait le
grec mathéya, prononcé à la moderne
tnathia., je transcris les lettres grecques en
caractères romains à la fois pour faciliter
la composition, et pour mieux indiquer la
prononciation romaïque. Galimathia^ la
belle science, la belle littérature, serait dit
ironiquement.
Mais si la seconde partie de ce mot se
rapporte bien avec la première, pourrons-
nous en dire autant des autres exemples
et en particulier de caligâlùs ? J'en étais
là de ces réflexions, lorsqu'en lisant un
des poèmes grecs les plus intéressants du
xV siècle, V/lpocoposde Bergaïs publié par
M. Legrand, je tombai sur le passage sui-
vant, p. 14, vs. 15 : « Kc agaligali épi-
gbèna, ^> c'est-à-dire « et doucement, dou-
cement, je m'avançai. » Ce fut pour moi
un trait de lumière. La désinence com-
mune des adverbes dans la langue parlée
estois ; agaligalôss est donc la forme po-
pulaire,dont agaligali est la forme poéti-
que ; phéresthé agaligalôss veut donc dire
être porté doucement (je répète l'adverbe
parce que le grec agaligali est formé de
deux adverbes soudés l'un à l'autre) sans
96
heurt, sans secousse, sans peine, sans fa-
tigue, comme lest le petit « mégnieau »
de la banlieue blaisoise, quand il est
porté à caligalôs.
Ainsi nous nous trouvons en présence
d'une double hypothèse. Le préfixe fran-
çais câli viendrait ou du grec cali ou du
grec agali. Goûtons et comparons.
Qiie de fois dans mon enfance, quand il
m'arrivait de tomber, et c'était assez fré-
quent, ai-je entendu quelqu'un de la fa-
mille s'écrier en manière de précaution et
comme pour prévenir mes larmes : « Ah !
il a fait la caùpcte », c'est-à-dire il est
tombé doucement, sans se faire de mal.
Et c'est précisément le sens de la locution
grecque agali pcto.^ je tombe doucement.
Les bacheliers d'antan doivent se rap-
peler que ^f/o est le primitif, seul usité
encore aujourd'hui dans le peuple, du
verbe classique pipto, pour pipeto.
En Normandie, faire des galipètes se dit
très bien des enfants qui jouent, folâtrent
et cabriolent sur la plage, mais s'applique
peut-être encore mieux aux chutes mo-
rales :
Ah ! n'msultez jamais une femme qui tombe,
écrit V, Hugo. Une femme qui tombe,
c'est une femme qui fait des galipètes :
« 11 a fait des galipètes avec elle » enten-
dais-je un soir à Rouen en sortant d'une
représentation du Sursis, c'est-à-dire ; il
a fait une douce chute avec elle,
Le beau vallon de Xamora
De leur doux péché fut complice.
(V.Hugo, Ballades).
Les exemples qui précèdent m'ont
donné à penser (Le grec du moyen âge
ayant beaucoup emprunté à l'italien) que
la locution adverbiale à califourchon pro-
venait d'un type romaïco-italien agalifor-
coni ou agaliforkiâni. Peut-être cette expli-
cation vaut-elle mieux que de supposer
l'accouplement de l'élément grec avec
l'élément d'apparence française /om?'c:/;o«.
J'en dirais autant de caliborgne « Les
Cypriens m'appelaient caliborgne. » {Té-
Innaqne travesti, p. 64 )
Caliborgne signifie non pas borgne,
mais louche, ce qui me porte à voir dans
la dernière partie du mot non pas l'adj.
français borgne, qui signifie privé d'un
œil, mais le qualificatif italien bornio, dont
le sens .est « qui a la vue basse, myope. »
Je sais que le mot caliborgnettes est usité J
Î)ÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
30 juillet 1906.
97
98
le nos jours en Normandie, mais je n'ai
jamais eu l'occasion de l'y entendre et je
serais reconnaissant à celui de nos con-
frères qui aurait l'obligeance de me ren-
seigner sur cette locution.
Faut-il voir dans galimafrée (pour gali-
maflée?) l'alliance du grec agali avec,
l'adj. franc, tnaflé qui comme nia/lii (La
Fontaine, Fables^^ III, 17) s'applique aux
bons vivants, qui ont les joues grasses et
rebondies ; dans galimatias, dont il a été
déjà question plus haut, le préfixe agali
ou le préfixe cali ; enfin dans carimari,
carimara :
Qui dans leurs temples leun dira
Carimari, Carimara ?
(D'Assoucy, Le Déluge).
un souvenir de la prière à la Panaghia,
commençant par Agali Maria ou cali Ma-
ria, à moins que ce ne soit une onomato-
pée .f* Je me contente de mettre en éveil
sur cette question la sagacité du lecteur et
pour ne pas finir par m'enliser dans le
sable mouvant des hypothèses, je clos ici
pour le moment mon enquête et mes con-
fidences. Lpt. du Sillon.
Chasselle. Comète (LUI, 952). —
J'ignorais la locution poitevine Comète
dans le sens de « cercueil » ! Mais il m'a
suffi de lire «Poitiers », à côté de ce terme,
pour y flairer de suite — en bon Vendéen
celtisant — une origine celtique ! Et mon
flair ne m'a pas trompé...
En eff'et, Komm, sub. masc. en breton
moderne, signifie Augs.^ ou pièce de bois
creusée, ou pierre creusée en auge,
servant à donner à manger aux bestiaux.
Or, tout le monde sait qu'en Bas-Poitou
surtout, les sarcophages mérovingiens
en pierre trouvés dans les champs sont
utilisés pour faire boire les animaux, sous
le nom de Timbres (dont l'étymologie a
été expliquée ici même). Il est donc indis-
cutable que Comète est un diminutif assez ré-
cent de Komm, petite auge, et par suite petit
sarcophage. Il est donc synonyme dtChas-
selle (Limousin), diminutif de châsse. En
conséquence, il faut écrire le mot poitevin
Commette et non comète, car il vient cer-
tainement du vieux celtique ou gaulois
d'avant César.
Ce mot ne se trouve pas dans les dic-
tionnaires classiques du patois poitevin.
M. A. B. a donc fait là une trouvaille des
plus intéressantes, très-utile à consigner.
D»" Marcel Baudouin.
Il n'y a pas qu'a Poitiers qu'on appelle
Comète, la petite civière dans laquelle on
transporte les enfants morts A Paris, je
Tai toujours entendu appeler ainsi !
J. C. WlGG.
Tartempion (LUI, 953 ; LIV, 39). —
J"ai eu autrefois entre les mains, c'était
antérieurement à 1848, un ouvrage en
deux volumes — du moins je n'en ai
connu que ces deux-là — Le Musée pour
rire, de même format et présentation que
les fameux Cent et un Robert Macaire de
Daumier.
II y avait du reste plusieurs Daumier
dans Le Musée pour rire dont les sujets
étaient empruntés à la vie bourgeoise, aux
mœurs contemporaines du théâtre et du
palais ; l'impression qui m'en est demeurée
est celle d'un recueil vraiment gai, texte et
planches, nullement pimenté et sans rien
de pornographique. Aussi, mes parents le
laissaient-ils très bien entre les mains du
jeune garçon de douze ans que j'étais
alors.
Or, un personnage reparait souvent
dans la série, celui de Tartempion, petit
bourgeois bedonnant, garde national con-
vaincu, digne d'être incorporé à la com-
pagnie modèle de Jérôme Paturot, et qui
pousse l'héroïsme militaire et civique
jusqu'à prendre son tour de garde le soir
même de ses noces. H. C. M.
La sensation du vol aérien pen-
dant le sommeil (LUI, 673, 766, 828,
878,936). — La question de ces rêves où
l'on croit s'élever, par une suite de vols
ambitieux, par dessus les maisons et les
clochers, m'a plus d'une fois aussi préoc-
cupé. Il m'arrive de temps en temps en
effet d'éprouver ce phénomène. Quant à
l'explication, elle m'a toujours échappé,
car ou le souvenir de mon rêve était de-
venu trop flou, ou je ne trouvais aucune
relation entre les préoccupations de la
veille et ces songes d'ascension. Ma santé
de vieux est encore bonne ; ma digestion
facile ; mes soucis fort endurables. J'avoue
cependant un début d'emphysème et
quelques battements de cœur nerveux.
J'ai cru que les rêves de vols coïncidaient
N' 1118.
L'INTERMEDIAIRE
105
104
gens, est toujours celle que signale la Pa-
latine. Mais il ne se contente pas de tou-
cher comme nos rois, il panse. Je ne puis
dire en quoi ce pansement consiste, mais
je sais que l'eflfet en serait nul si la malade
mangeait de la viande un jour de fête an -
nuelle.
On est donc condamné, une fois pansé,
à faire maigre ces jours-là jusqu'à la fm
de sa vie.
Le guérisseur s'attaque du reste à toutes
les maladies, notamment aux vents et au
vertaupe. J'avoue mon ignorance en ce
qui concerne cette dernière infirmité.
Il existe plusieurs guérisseurs dans nos
parages, qui sont dans le cas signalé par
notre confrère V. Mais je crois que le
plus connu exerce son industrie dans un
des villages qui bordent le marais de
Saint-André-de-Lidon. J'ajoute que les
services rendus par lui sont payés en na-
ture : jambon, blé, etc., et que son mé-
tier reposant sur une base aussi solide que
la bêtise humaine, me semble être de tout
repos. Champvolant.
RôTitrer en sa tour d'ivoira (LUI),
890), — Cette question est suivie d'une
note (de la Rédaction .?) qui renvoie au
Musée de la conversation de Roger Alexan-
dre, )'ai vainement cherché dans cet
ouvrage l'explication de cette locution,
M. Pierre Loti s'en est servi dans le
chap. xxxvn de l'ouvrage que vient de
publier la Revue des deux Mondes^ les Dé-
senchantées (15 mai 1906, page 279J...
« prise d'épouvante pour s'être trop avan-
cée, la petite princesse blanche se retirait
dans sa tour d'ivoire.., » J. Lt.
Cette expression a été appliquée pour la
première fois par Sainte-Beuve, au délicat
poète Alfred de Vigny.
Dans sa pièce de vers adressée à M. Vil-
lemain vers 1837, Sainte-Beuve, dressant le
bilan de la poésie française pendant les an-
nées précédentes, écrivait :
Lamartine régna : chantre ailé qui soupire,
Jl planait sans effort, Hugo dur partisan,
(Comme chez Dante, on voit, Florentin ou Pisan,
Un baron féodal), combattit sous l'armure.
Et tint haut sa bannière au milieu du murmure.
Il la maintient encore ; et Vigny plus secret,
Comm'3 en sa tour d'ivon-e, avant midi rentrait.
{pensées tVaoût: poésies complètes, 1863,
c. II, p. 251 ,
[Roger Alexandre, le Musée de la Con-
versation^2" partie, page 351. E, Bouillon,
Paris, 1902J.
Un ridicule — un réticule (T. G.,
773). — Il n'y a pas de nouvelles modes,
il n'y a que d'anciennes modes qui re-
viennent. Les femmes, faute de poche, ont
recours à un petit sac, providence des
filous. Ce petit sac, on l'appelle volon-
tiers un ridicule. Et c'est le bien nommé.
Mais les puristes nous reprennent et nous
font savoir qu'on doit dire un <* réticule »,
le mot venant du latin reticulum, petit
filet .
V Intermédiaire a soutenu cela, il y a
quarante ans ; mais je n'en suis pas du
tout convaincu.
Le ridicule date du commencement du
siècle. Et tout de suite, il s'est appelé ri-
dicule.
Recourez à une des premières revues :
Il faut un état ou la Revue de l'an six.,
qui fut jouée au Vaudeville, vous y trou-
verez cette scène :
DuvAL. — Comme la mode des poches
était passée pour nos dames, j'ai pensé
adroitement qu'il faudrait les remplacer
par quelque chose. On a des mouchoirs et
des clefs à porter, des billets doux à ca-
cher : alors j'ai imaginé ces meubles char-
mans.
Dupont. — Cela ? L'invention pas n'est
moderne; car j'ai vu ma grand-mère en por-
ter.
DuvAL. — Un nom nouveau les rajeunit.
Dupont. — Et cela s'appelle à présent ?
DuvAL. — Un ridicule.
Dupont. — Bien trouvé.
DuvAL. — Rien de plus commode ; et si
vous voulez faire un joli cadeau à quelque
belle...
Dupont. — Je vous remercie.
DuvAL. — Vous ne pouvez rien offrir de
plus agréable, et l'on ne peut s'en offenser.
Dupont. — Je connais cela.
Air : à' Arlequin afficheur ,
Autrefois les discrets amans.
Parlant tout bas de leur tendresse.
De leur belle, et dans leurs présens,
Ménageaient la délicatesse ;
Mais des modes prenant l'appui.
En public, l'amant, sans scrupule
Peut à sa maîtresse aujourd'hui,
Donner un ridicule.
Le Directeur- vèrant :
GEORGES MONTORGUEIL
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1864
QUESTIONS ET REl'OXSES LITTÉRAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ^T ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITES
10:
(âuesîiane
La duchesse de Berry et Charles
Albert. Découverte d'une corres-
pondance secrète. — On a publié à
Milan une curieuse brochure en français,
tirée à 250 exemplaires et non mise dans
le commerce, sous ce 1:1 re : Documents
inédits relatifs à madame la duchesse de
Berry ^ publiés par Henry Prior.
Ces documents qui ont été en la posses-
sion du marquis de Pallavicini, chambellan
et ami de Charles Albert, ont été commu-
niqués par la comtesse Arese, née Palla-
vicini. Ils ont été retrouvés ces temps
derniers, et d'une façon assez singulière,
dans la vache d'une petite berline de
voyage oubliée dans la remise d'une mai-
son de campagne.
Ce sont des lettres de Charles Albert,
xie la duchesse de Berry, de Bourmont,etc.,
et même des reçus qui établissent que
Charles Albert fit prêter des sommes im-
portantes à la duchesse pour organiser le
soulèvement de la Vendée.
Cette intéressante correspondance, qui
paraît expurgée, a-t-elle passé sous les
yeux du vicomte de Reiset, dont l'auteur
de la brochure, M. Henry Prior, salue en
■sa préface « l'œuvre magistrale » .''Nous ne
le croyons pomt, car il en aurait dit son
sentiment. Que pense-t-il de cette décou-
verte étrange et de cette correspondance
plus étrange encore ? Dans quel but
a-t-elle été faite. Son auteur, M.Henry
Prior s'est-il signalé déjà par des -travaux
[06
historiques ? Comment a-t-il été choisi par
la comtesse Arese pour la divulgation de
ce secret historique ? M.
Carte de France par M. de La-
borde. — A la date du 21 janvier 1790,
le Président de l'Assemblée Constituante
(Target) rend compte à l'Assemblée qu'il
a reçu une lettre de M. de la Borde,
ancien premier valet de chambre du feu
Roi, et fermier général, demandant à être
chargé de faire exécuter la carte de la
France, divisée dans les nouveaux dé-
partements et districts. 11 annonce qu'il
y a dix ans qu'il est occupé à en faire
une en neuf feuilles, dont l'exactitude
est portée jusqu'au scrupule, et qu^il ne
lui faudra plus que le temps d'y placer
les divisions ; qu'il ne demande rien
d'exclusif, ni qui puisse faire tort à
aucun ingénieur ni géographe, et qu'il
versera dans la caisse patriotique le béné-
fice qui pourra en résulter.
L'Assemblée renvoya cette proposition
au Comité de Constitution.
Qu'en est-il résulté ^ Connaît-on la
carte de M. de la Borde ? Nolliacus.
Guerre de 1870. — Premiers coups
de feu. — Derniers coups de feu.
Premières victimes. — Dernières
victimes. — C'est une mode. On cherche
à connaître quelles furent les premières
victimes de la guerre de 1870-71. On
vient d'élever un monument au premier
blessé à Bouzonville, 11 s'appellerait Mon-
ty.
LIV-3
N»
1119.
L'INTERMEDIAIRE
lo:
108
Pourquoi ne pas poursuivre ce petit jeu
historique ?
Monty fut-il réellement la première
victime du côté des Français ? Quelle fut
la dernière ?
Quelle fut la première victime du côté
des Allemands ? La dernière ?
Comment furenttirés les premiers coups
de feu ? Les derniers ? M.
Montreuil au conseil de guerre.
— Dans une lettre du marquis de Jau-
court au prince de Talleyrand, en date du
4 mars 1815 « Correspondance du comte
de Jaucourt avec le prince de Talleyrand
pendant le congrès de Vienne », je lis à
la page 222 : « On parait décidé à mettre
ce coquin de Montreuil devant un conseil
de guerre ». Quelqu'un pourrait-il me
dire quel est ce Montreuil et ce qui lui a
valu l'attention de Jaucourt ?
TiRGUEIL.
L'hôtellerie du Parc à Lyon. —
Dans une lettre datée de Lyon, le 19 août
1762 (lettre conservée au musée Carrer,
de Venise), Goldoni, raconte à son ami
Gabriel Cornet qu'il est descendu à Lyon,
à l'hôtel du Parc, où il faut payer la table
matin et soir, que l'on y prenne ou nom
son repas, coutume bizarre, ajoutet-il,
plus commode pour l'hôtelier que pour
les voyageurs.
Où se trouvait à Lyon cet hôtel du
Parc ? H. Lyonnet.
Jacques Batailhe de Francès.
— Un in termédiairiste pourrait-il me
renseigner sur la famille et l'origine de
Jacques Batailhe de Francès, écuyer, gen-
tilhomme ordinaire honoraire du roi,
ancien ministre plénipotentiaire de la
cour de France à Londres, décédé à
Seurre, le 15 septembre 1788?
Son acte de décès le porte âgé de
64 ans et natif de Strasbourg. A-t-il été
marié ?
Je sais qu'il n'a point laissé de descen-
dants légitimes, et qu'il a institué pour
légataire universel, son neveu, Antoine-
Louis Blondel, intendant des finances à
Paris. Qu'est devenu ce dernier ?
Les armoiries de Batailhe de Francès
sont : d'or y à l'arbre de sinople, terrassé de
même. P, M.
Le conventionnel Brunel. — An-
cien conseiller du Roi, lieutenant généra
de risle de France, Ignace Brunel élut do-
micile à Béziers ; fut nommé maire de
cette ville en 1792, puis député de l'Hé-
rault à la Législative et à la Convention.
Les Dictionnaires de biographies sont
muets sur la date et le lieu de sa nais-
sance. Les monographies locales se con-
tentent d'attester qu'il était étranger à Bé-
ziers.
Pourrait-on nous dire : la date de sa
naissance ; son lieu d'origine ; et nous
expliquer pour quels motifs il avait fixé sa
résidence à Béziers? A, V.
Familles Deschamps et Page de
Saint-Wast. — Quels sont les descen-
dants ou ayant cause de M. Désiré-Félix
Deschamps, et de son épouse, née Page de
Saint-Wast? Cette dernière famille a-t-elle
plusieurs représentants, et quels sont
leurs domiciles ? Armoiries ?
HOBRY.
Le tombeau de Josias, comte de
Rantzau. — Où fut inhumé Josias, comte
de Rantzau, maréchal de France, mort en
1650 ?
Existe-t-il encore des restes de son
tombeau ?
Quillet, dans ses Chroniques de Passy, dit
que ce tombeau se trouvait dans la cha-
pelle du couvent des Bons Hommes, mais
Millin est moins affirmatif.
C. Chandebois.
M. de Maleissye et la famille
royale. — Le Gil Blas du 29 juin dernier
contient une affirmation de Mme de Ma-
leissye, épouse divorcée du marquis d'Qs-
mond, au sujet de la survivance de
Louis XVII.
La spontanéité des confidences, faites
par le comte de Chambord, à la jeune
marquise d'Osmond, à l'exclusion des
personnes de son entourage, aurait été
provoquée par le souvenir de particulière
sympathie du prince pour le marquis de
Maleissye, grand-père de Mme d'Osmond.
Je ne retrouve dans aucun des livres
parlant de l'enfance du comte de Cham-
bord, le nom de Maleissye parmi les fa-
miliers de la famille Royale de 1820 a
1830, pas plus que plus tard en exil.
Je désirerais savoir quel rôle le marquis
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906
109
110
de Maleissye joua sous la Restauration
ou plus tard pour s'être « fait aimer » à
ce point de l'exilé de Frohsdorf.
TlRGUEIL.
Famille de Montmorency. — Le
29 juillet 1899, se mariait à Paris, Robert-
Geoffroy-Hervé-Marie de Montmorency,
fils de feu Robert-Auguste-Geoffroy et de
Marie-Arabella-Blanche de Buros, avec
Joséphine-Anne-Marie Clocquemin, fille
de l'administrateur de la G''- générale
transatlantique.
Pourrait-on me dire à quelle branche de
la famille de Montmorency (que je croyais
éleinte) il se rattache?
Pierre Meller.
Portrait dedom Nicod. — Pourrait-
on me faire connaître s'il existe, et où, un
portrait de ce dernier vicaire général de
1 ordre de Grandmont ? A. V.
To'wiauski. — Je serais reconnais-
sant à Tintermédiairiste qui pourrait me
fournir des renseignements sur l'illuminé
polonais Towiauski et son rôle en 1848.
Persigny.
Armoiries à déterminer : d'ar-
gent, à l'arbre de sinopls — chargé
d'un griffon passant... an chef tVa^ur, chargé
d'un cœur et d'une croix. L. F. L.
Armoiries à déterminer : Accolé
d'argent — au chevron accompagné en
chef de 2 molettes et en pointe d'un cime-
terre tenu par un bras. L. F. L.
Armoiries. Ecartelê — au /"■ et au
4" d'argent : et au i"^ croix de Malte de ...
accompagné de d'or.
Au 2^ de... au lion d'argent et au ^',
d'argent.^ au noyer de sinople^ sur un sol de
même, chargé d'une mcrlette d'argent.
L. F. L.
Grands relieurs du XIX' siècle.
— De quelle date à quelle date se sont
établies chacune des marques suivant —
Bozérian. — Simier. — Bozérian jeune
— Vogel. — Bradel. — Thouvenin. —
Kœhler. — Bœrsch. — Bauzonnet. —
Bauzonnet-Purgold. — Purgold. — Bau-
zonnet-Trautz. — Traulz-Bauzonnet. —
Niédrée. — Belz-Niédrée. — Duru. —
Cape. — Hardy.
ron-Echaubard. -
— Thibaro'h — Thiba-
- Thi baron -Joly .?
S.
L'avocat du diable. — «Mémoires
historiques et critiques sur la vie et sur la
légende du pape Grégoire VU, avec des mé-
moires du même goiit sur la Bulle de cano-
nisation de Vincent de Paul.^ instituteur
des pères de la Mission et des pères de la
Charité. Tausin, Saint-Pourçain, 1743. »
Quel est le nom de l'auteur de cet ou-
vrage ? Le véritable nom de la ville où
il a été imprimé ?
L'auteur serait-il Bourbonnais ou reli-
gieux de l'ordre de Saint-Lazare, ayant
habité Saint-Pourçain .? L. G. M.
« Les voilà... ». — M. Edmond
Scherer a cité (Melchior Grimm, p. 438)
un dizain que madame d'Epinay, dans
les derniers temps de sa vie, a adressé à
Grimm en lui remettant de ses cheveux ;
— dizain qui commence ainsi :
Les voilà, ces cheveux que le temps a blanchis ;
D'une longue union ils sont pour vouslegage:
je ne regrette rien de ce que m'ôta l'âge :
11 m'a laisse de vrais amis.
On retrouve ce dizain dans les Œuvres
I du chevalier de Boufflers, Paris, 1817,
I tome \'^\ page 18. Dans ce recueil, il y a
d'autres pièces de vers qu'on avait de-
mandé à Boufîiers de rédiger, pour les
adresser au tiers et au quart. La maré-
chale de Luxembourg lui avait fait faire
des vers qu'elle voulait adressera la mar-
quise du Deffand ; le prince Henri de
Prusse lui en avait demandé pour célébrer
l'anniversaire de la naissance de sa sœur,
la duchesse de Brunswick ; une dame de
Tott, pour fêter un M. Dubreuil, etc.
Que faut-il penser de ce dizain adressé
à Grimm ? Debasle.
Les eaux de Vichy. — Dissertation
sur le transport de: eaux de Vichy du
D"" Tardy, intendant des eaux de Vichy
au XVII* siècle : (Jean Faure, 1755. Bru-
net attribue cette ouvrage à Tardin.
Existe-t-il un autre ouvrage sur le
même sujet et du xvii'' siècle?
L. G. M.
Lez ou lès. — Beaucoup de localités
de France portent deux noms unis pai^
cette préposition. Le dictionnaire n'admet
M»
1II9.
L'INTERMEDIAIRE
III
iiâ
les que comme pluriel de l'article, il veut
Ie{ dans le sens de : à côté d'eux. Exemple :
Plessis-lez-Tours.
Pourquoi le Dictionnaire des Postes or-
thographie-t-il toujours les ? Que doit-on
faire pour écrire correctement ? Cette
question a de l'importance et j'aimerais
à savoir ce qu'en pensent les auteurs du
Dictionnaire des Communes de France, La-
rousse, etc , donne lej^. 11 est vraiment
temps de réagir contre la rédaction, en
tout et pour tout déplorable, du Diction-
vaire des Postes et de supplier l'Instruc-
tion publique de ne pas ordonner d'accep-
ter ses orthographes et ses adjonctions de
noms (en forme de surnoms) comme
articles de foi. La Coussière.
Byrrh, apéritif. — Le Dictionnaire
de Larousse, 2" supplément, donne :
« Bj>rrh, s. m. Vin cuit à base de quinquina
et d'amers, de couleur brun foncé, cons-
tituant une liqueur dite apéritive. »
Sait-on quelle est l'origine de ce mot,
et à quelle date il a pris naissance ?
J. Lt.
Serpent. Anecdote extraordi-
naire contée par Michelet. — Mi-
chelet, dans r Oiseau, rapporte cette
aventure :
Une dame de nos parentes, qui vivait à la
Louisiane, allaitait son jeune enfant. Chaque
nuit, son sommeil était troublé par la sensa-
tion étrange d'un objet froid et glissant qui
aurait tiré le lait de son sein. Une fois, même
impression, mais elle était éveillée ; elle s'é-
lance, elle appelle, on apporte de la lumière,
on cherche, on retourne le lit ; on trouve
l'affreux nourrisson, un serpent de forte taille
et de dangereuse espèce.
\rOiseaii. Le Combat. Les Tropiques].
Sans faire injure à Michelet, on peut
concevoir quelques doutes sur la possi-
bilité d'un tel fait. Le récit est, au reste,
un peu impressionniste.
On serait heureux de connaître l'opi-
nion des collaborateurs de V Intermédiaire
à ce sujet. G. A.
La Trôle. — On parle de la suppres-
sion de la trôle. Q.u'est-ce au juste que la
trôle? i\i ''^
M. V.
* *
Nous pensons qu'il est inutile de laisser
s'égarer les réponses, et d'autre part nous
dmettons qu'il est bon que l'Intermé-
diaire contienne la définition de cette ex-
pression.
Nous ne saurions mieux faire que de
renvoyer au rapport de M. Maurice Quen-
tin, conseiller municipal de Paris, faite
au nom de la 2^ commission sur la sup-
pression du marché de la trôle (1906,
no 61). C'est un historique très complet
de cette coutume ouvrière, spéciale à l'in-
dustrie parisienne du meuble.
La trôle consistait pour le petit façon-
nier de l'industrie du meuble, à aller
offrir de porte en porte, aux marchands
de meubles, installés alors, soit au fau-
bourg Antoine, soit dans le quartier du
Sentier, les meubles qui avaient été cons-
truits au cours de la semaine, dans l'ate-
lier familial.
L'expression usuelle de la trôle provien-
drait précisément de ce fait, que les
meubles circulant ainsi sur de solides
épaules, les porteurs s'en allaient le long
des maisons en faisant le mouvement
rythmique de l'homme chargé d'un far-
deau, en se balançant, en trolant.
Ce mot pourrait encore venir de l'ex-
pression troler, <> aller ici et là ». Cette
définition semble plus juste.
Le commerce de la trôle avait fini par
s'immobiliser au faubourg Antoine, entre
la rue de Charonne et la rue Sainte-Mar-
guerite ; vers 1891, il fut transporté ave-
nue Ledru Rollin.
Là, le façonnier qui allait de porte en
porte, se fixe, et c'est le marchand qui
vient à lui et aussi le client.
Mais la présence du client va compro-
mettre les choses, car elle va substituer à
l'ancien ouvrier façonnier, un marchand
qui a acheté chez l'ouvrier et qui tra-
fique du produit du travail de celui-ci.
Le client croira traiter directement,
quand il passera en réalité par un inter-
médiaire.
Tour à tour attaquée et défendue, la
trôle a succombé. M. Maurice Quentin
a fait voter ce projet de délibération :
Art. I. — Le stationnement dénommé
marché de la trôle, toléré tous les samedis,
avenue Ledru-Rollin, est supprimé.
Art. II. — M. le préfet de la Seine et
M. le préfet de police sont invités à rendre
à la circulation la partie de l'avenue Ledru-
Rollin occupée chaque samedi par le marché
de la trôle, et à ne tolérer sur aucun point de
la voie publique une occupation nouvelle
destinée aux mêmes opérations.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
113
30 Juillet 1906,
Ïlépan$e0
114
Procès-verbal sur le séjour de
Napoléon à Pile d'Aix (LUI, 885,
904; LIV, II). — Dans le dernier nu-
méro de Vlniermédiaire, iVl. R. Pichevin
pense qu' « il est bon de publier tous les
documents qui ont trait à cette période
de l'existence de l'empereur ». — Je crois
pouvoir donner quelques renseignements
sur cette période.
Le grand-père de ma mère, l'enseigne
de vaisseau Pierre Salis (ou Saliz) fut un
des officiers qui voulurent faire évader
l'empereur de File d'Aix et le conduire
aux Etats-Unis. Ma famille possède les
notes manuscrites qu'il a laissées sur cette
tentative ; elles ont été écrites en marge
et^au bas des pages d'un exemplaire de
VHistoire des deux Restaurations (édition
de 1846, t. IX bis, pages 232, 235, 234 et
235) par Vaulabelle, où cet auteur fait le
récit des événements d'Aix en 1815. En
outre, P. Salis complète les notes de la
page 232 par son récit des faits auxquels
il a pris part.
Vu la longueur des notes et du récit, je
ne puis le transcrire à cette place ; je me
permettrai cependant d'en citer les der-
nières lignes :
«... Nous retournâmes à l'Aiguillon vers
dix heures. Peu après, la péniche de l'île
d'Aix vint nous apporter l'ordre de rentrer et
nous annoncer le parti funeste qu'avait pris
l'Empereur. Nous appareillâmes de suite et
furent bientôt rendus à l'Ile d'Aix. En dé-
couvrant la pointe de l'île de Ré, nous eûmes
le mal au cœur de voir YEpervicr près du
vaisseau anglais. Tout était consommé, Nous
mîmes à bord d'une goélette, commandée
par l'aspirant de première classe, Prion (de la
Saal), tous les effets que nous avions, plu-
sieurs malles de vaisselle en vermeil et une
ceinture en or, qui devait payer le passage
sur le premier navire marchand trouvé à la
mer. A plus de trente ans d'intervalle, j'ai
encore la chair de poule en pensant à ce
brig près du vaisseau. »
Celui dont j'ai l'honneur d'être descen-
dant avait pour chef le lieutenant de vais-
seau Genty, comm.andant une compagnie
du 14* de marine, — et pour compa-
gnons, les enseignes Peltier de Saint-
Paul, Chàîeauneuf, Doret, les aspirants
de !'■' classe, Châteauneuf et Moncouru,
4 sous- officiers et 2 matelots.
Tous furent frappés de la destitution
et cassation, sur ordre du gouvernement,
par le ministre de la marine, comte de
Jaucourt, et le préfet maritime, contre-
amiral, comte de Gourdon (Voir : Ar-
chives départementales de la Dordogne, —
Moniteur universel, 4 octobre 181 5,
no 277, — et Figaro, 28 sept. 1895, ar-
ticle de M. Louis Brunet, député).
P. Salis dut aller chercher fortune aux
Indes, découvrit une île (archipel des Ca-
rolines), et fut nommé chevalier de la
Légion d'honneur en 1846, en récom-
pense de ses brillants états de service
dans la marine de l'Etat et dans celle du
commerce (plusieurs certificats, brevets
et « hommages aux talents », que j'ai
entre les mains, en font foi).
Dorel, après avoir été aussi dans la
navigation de commerce, rentra, en 1830,
dans la marine royale ; il prit sa retraite
en 1846, comme capitaine de vaisseau,
fut nommé gouverneur de l'ile Bourbon
(1849), commandeur de la Légion d'hon-
neur (1850), et sénateur (1853).
Sur tous ces événements, on peut con-
sulter le Figaro (sup. litt.), du 24 août,
1895 (article de M. G. Larroumet) ; —
Vapereau, Dict. des contemporains, édit.
1856.
Dans son bel ouvrage, 181^, La Seconde
Abdication, M. Henry Houssayea raconté,
avec sa compétence et son grand talent,
la tentative d'évasion (Livre II, chap. viii,
p. 382 à 388), 11 cite comme références :
Beker (114-115); Mémoires manuscrits
de Marchand ; Mme de Montholon (12) ;
rapport du capitaine de vaisseau Coudein
commandant le 14^ de marine, 13 août
181 5 (Arch. Mar. BB^, 426) ; Las Cases
(I, 42); Montholon (I. 80-81). Lorsqu'il
a publié son volume, l'éminent historien
ignorait (je le sais) le manuscrit de Salis
Qiiant au rapport du commandant
Corties publié ici (10 juin 1906), par
M. Ch. Godard, — voici ce qu'on lit à la
page 581, note 3, du dit volume, liv. II,
chap viii) : « Selon les rapports oraux
recueillis par le commandant de place
Corties et consignés dans un procès-verbal
en date du 20 septembre 1861, l'empereur
prit gîte à l'hôtel de la Place, construit
en 1809, et une partie de sa suite occupa
la maison du génie. Ce procès verbal,
conservé à l'île d'Aix, à l'hôtel de la
Place, n'apporte aucun renseignement nou'
No iiip.
L'INTERMEDIAIRE
"5
i6
veau et contient plusieurs erreurs. Rien de
moins sîir que les témoignages oraux à vin
demi-siècle d'éloignement. »
J'ai souligné à dessein les dernières
lignes. Paul Lambert des Cilleuls,
*
Monsieur R. Pichevin pourrait-il avoir
l'extrême obligeance de se mettre en rap-
port avec moi au sujet de la famille d'Au-
diffredy à laquelle je suis allié ?
Je suis dénué de renseignements sur
elle depuis la fin du xvni' siècle.
Le grand-père du signataire de la lettre
qu'il cite avait épousé la sœur de ma qua-
trisaïeule, Thérèze d'Ebouiges. J'ai de lui
et de son fils toute une correspondance,
mais depuis la fin du règne de Louis XV,
je les perds complètement de vue.
Je remercie d'avance Monsieur Pichevin
et le prie d'agréer l'assurance de ma par-
faite considération. Champvolant.
Louis XVII. Sa mort au Temple.
Documents nouveaux (T, G., 534 ;
XLIX; L; Ll ; LU ; LHL 17. 63, 123,
290, 350, 399, 455, 514, 568, 625, 849,
960; LIV, 17.62). — Le document suivant
que nous communique M. Léon Grasilier,
ne jette aucun jour nouveau sur la ques-
tion. 11 prouve simplement que Voisin
était convaincu d'avoir creusé la fosse du
dauphin et de l'y avoir placé. 11 prouve
encore qu'il 2 déplacé subrepticement le
cercueil après l'avoir enterré, et qu'il l'a
transporté dans un lieu qu'il suffirait de
faire connaître.
C'est un document intéressant pour
l'histoire du cimetière Sainte-Marguerite
et du mystère qu'il garde :
('814)
A Son Excellence
Monseigneur le comte de Blacas
Ministre de la Maison Du Roi.
Monseigneur,
Le 3 septembre courant, j'adressai à Sa
Majesté notre Bon Roi, l'acte de Décès de mon
souverain Louis XVil. Dont on me fit con-
naître que la famille dézirerait sçavoir le
lieux de la sépulture de ce Monarque, Oui je
le sçais, je l'ait inhumé, comme il est cons-
taté par les pièces jointe à la pétition à Ma-
dame la duchesse D'angoulême, mais par dé-
licatesse addressé au Roi,
Monseigneur, Tandis que je suis du
monde je montrerai ou jay mis le corps pré-
cieux de mon roi, moi seul peut l'indiquer,
M, le Commissaire de Police qui me donna
la Commission existe et certifiera que j'étais
fossoyeur, de la Sect'on du temple, 6^ arron-
dissement de paris.
Veuillez me faire un mot de réponse.
Jay l'honneur d'être avec la plus haute
considération
Monseigneur,
Le très obéissant
serviteur
Voisin,
rue des petits carraux, n" 34 à Paris.
Les prêtres assermentés (LUI,
891 ; LIV, 18, 62). — Norbert Lallié,
dans son ouvrage très documenté, inti-
tulé: Le diocèse de Nantes pendant la Révolu-
tion donne les chiffres suivants, d'après
un rapport de Letourneur, procureur gé-
néral syndic :
Sur 614 prêtres fonctionnaires publics
153 prêtèrent le serment.
Lallié fait observer que sur ce nombre,
plusieurs firent le serment avec restric-
tion ou le rétractèrent par la suite.
D'après ses recherches, le nombre de
153 devrait être ramené à
mum ,
120 au maxi-
L. F. L.
L'idée de patrie existait-elle
avantlaFévolution(T.G.635 ;XXXV;
XXXVI; XXXVII; XXXVllI ; XLII ; LU).
— M. Antoine Thomas, dans la Revue
des idées, 15 juillet 1906, consacre un
article à cette recherche.
Il s'efforce d'établir que Jeanne d'Arc
n'a pu employer le mot patrie \ qu'elle a
employé le mot pays ; le mot patrie pour
remplacer le mol pays a été introduit à la
Renaissance, qui dans pairia., a changé
Va en e.
Reste à savoir si l'idée de patrie n'a pas
existé avant le mot, et si Jeanne d'Arc,
qui se battait pour son pays, ne se battait
pas, en réalité, pour sa patrie.
La reine Hortense et l'amiral Ver
Huell (LIV, 1,66). — A ma sortie de col-
lège, c'est-à-dire en 1866, j'ai souvent
entendu dire que l'amiral Ver Huell fut le
père de Napoléon III, On faisait remarquer
à ce sujet que le masque de Napoléon 111
n'avait rien de napoléonien comme celui
du prince Jérôme, son cousin, et on citait,
à l'appui de cette présomption de pater-
nité, les vers suivants des Châtiments.,
liv. VII, chapitre x :
Toi faux prince, cousin du blême hortensia.
Hidalgo par ta femme, amiral par ta mère.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
117
118
J'avoue que cousin du hlcine hortensia
me laisse rêveur.
Il serait intéressant de comparer les
portraits de l'amiral (s'il en existe) à ceux
de Napoléon III, pour qui l'impartiale his-
toire sera indulgente, car si son règne,
comme celui de Napoléon, a débuté par un
coup d'Etat et fini par un désastre, il n"a
pas été non plus sans gloire et sans pros-
périté pour la France. Th. Courtaux.
* *
Je m'empresse de donner les rensei-
gnements (que je puis) à M. Germain
Bapst qui prépare probablement un travail
sur le second Empire.
Je pense qu'il serait difficile d'aller à
rencontre de l'opinion générale sur l'o-
rigine de Napoléon III. L'amiral Ver
Huell a reconnu en pleine Chambre des
pairs sa paternité à lui.
Quand cette Chambre a prononcé la
peine de mort contre le prince Louis Na-
poléon, Ver Huell s'est levé et a supplié
ses collègues de faire grâce à son fils :
« C'est un père qui la sollicite » .
Quant au roi de Hollande, il écrivait au
Pape en parlant du prince Louis : « celui
qui usurpe mon nom ».
Je demandais un jour à Alexandre Ver
Huell. le célèbre dessinateur hollandais,
proche parent de l'amiral, ce qu'il pensait
de la paternité en question ^ — Il me ré-
pondit : «Mon excellent ami, vous devez
savoir que nous autres Hollandais, nous
ne nous embarrassons jamais des descen-
dances gauchères : j'ignore donc absolu-
ment ce qui en est. Donc : pour nous,
Louis N-^poléon est le fils légitime du roi
Louis, qui a été un des meilleures souve-
rains de la Hollande, et je vais saluer sa
veuve chaque fois que je passe en Suisse ! »
NOLLÉE DE NODUWEZ.
*
* »
Voici quelques notes . 16 février i8oj.
La reine et l'amiral Ver Huell sont pré-
sents au palais de la Haye, pendant la
distribution solennelle de l'Ordre de
l'Union, où l'amiral est nommé chevalier-
grand'croix. — 5 mai 1802. Décès du
prince Charles Napoléon à la Haye, en
présence de sa mère. — 10 Juin i8oj. La
reine Hortense arrive à Cauterets (Pyré-
nées). — 2J juin 1802. Le roi Louis de
Hollande arrive à Cauterets. — 10 aotit
i8oy. La reine Hortense part pour La Ral-
lière et le roi Louis pour TAriège. — 2^
septembre i8oy. Leurs Majestés rentrent
dans la résidence (c'est-à-dire La Haye).
D'après les dates susnommées, le roi
Louis pouvait bien être le père du prince
Napoléon, né à Padoue le 20 avril i8o8
[plus tard l'Empereur Napoléon III], car
l'enfant est né 8 mois et 10 jours après le
départ de la Reine, à quelques jours près,
donc neuf mois après les rapports conju-
gaux. Mais — il y a un «on dit » que
monsieur Décades et l'amiral Fer Huell
s'étaient rencontrés avec Hortense, aux
Pyrénées.
Quoiqu'il en soit, Ver Huell, en 1806,
le chef de la mission qui se rendit à Paris
pour solliciter auprès de l'Empereur la
nomination de son frère comme roi de
Hollande, doit avoir rencontré Hortense
pendant ce s,é]onx ,t\. sans aucun doute v^^^s
tard en Hollande, à la Haye et ailleurs, à
l'occasion des fêtes et des réceptions à la
Cour. [Cf. les Galettes de ce temps-là].
Ver Huell nommé ambassadeur à Paris,
dans le cours de l'année 1807, peut avoir
rencontré Hortense aux Pyrénées. C'est
par une correspondance particulière seu-
lement, qu'on pourrait établir cette con-
jecture, car il ne sera plus possible de
fixer le séjour de l'amiral pendant ses va-
cances d'après des pièces officielles.
Un Jh"" (Ecuyer) George-Jean-Emile Ver
Huell, né en 1852, habite encore Paris, je
crois. C'est lui, probablement, qui possède
la correspondance de l'amiral.
M. G. WiLDEMAN.
Relations de l'Empire romain
avec la Chine (LUI, 947). — Sous
l'empereur Vousti, de la dynastie des
Han (iio ans avant Jésus-Christ\ il pa-
rait certain qu'à cette époque, l'empire
romain envoya en Chine des ambassa-
deurs et que ses marchands avaient des
relations suivies avec le royaume du Mi-
lieu. Les auteurs chinois se faisaient une
très haute idée de la civilisation romaine.
L'un d'eux en porte ce curieux jugement :
Tout ce qu'il y a de précieux et d'admira-
ble dans les autres pays, dit-il, vient de cette
région ; on y fabrique des monnaies d'or et
d'argent. L'argent y a dix-huit fois moins de
valeur que l'or. Leurs marchands trafiquent
par mer, avec l'Inde et la Perse, et gagnent dix
pour un. Ce sont des hommes simples et
droitS; qui vendent à prix fixe, et consacrent
de grandes sommes d'argent au commerce.
Chez eux, le prix des céréales est très peu
N° 1119.
L'INTERMEDIAIRE
1 19
120
élevé. Lorsqu'on leiii envoie des ambassa-
deurs, ils ont soin de leur fournir des cha-
riots, pour les transporter à leur capitale et
de subvenir aux frais de leur séjour.
A l'époque où régnait Trajan (518-117
après J. C.) un général de l'Empereur
Tchatig-ti (un des souverains de la dynas-
tie Han) pénétra jusqu'aux rives de la
mer Caspienne et en rapporta la vigne.
Nul doute qu'antérieurement à cette
éf)oqUe les précieuîes marchandises que
fabriquait la Chine ne parvinssent en
Occident et notamment à Rome. Les
rrlarcharids occidentaux allaient-ils les
chercher jusqu'aux lieux mêmes de la
production ? Leur étaient-elles livrées par
lesnations intermédiaiies ; Llnde et les
peuples de l'Asie centrai e ? Leurs expédi-
tions avaient-elles lien par terre ou par
mer ? Leurs flottes s'arrêtaient-elles à
Tyr .f* Allaient-elles nioiiiller, au contraire,
dans le port de cette mystérieuse Càtta-
gara dont parle Ptolémée ? Leurs cara-
vahes pénétraient-elles par ces profonds
et dangereux défilés de la Perse et de la
Bactriane jusqu'à Thina dont fait mention
le célèbre géographe ?
Doit-on voir, dans cette dej-nière ville,
la cité qui porte aujourd'hui le nom de
Singan ou (chef-lieu du Chensi et jadis
capitale du royaume central, à l'époque
des Tsiri) et penser que, sur les ruines de
Cattagara s'élève aujourd'hui Foutchéou,
Amoy, Cantôti oli bieit Calcutta ? Les
Sinac et les Seres étaient-ils les mêmes
peuples ? Etaient-ils Indiens ou Chinois ?
Ce sont des points fort obscurs et que la
science des géogi'aphes n'a pas eiicore
fixés. On ne peut toutefois se refuser à
reconnaître que le jugement porté par
Animien Marcellin sur les Seres s'accorde
fort exàctemeht avec les mœurs des Chi-
nois. « Ils sont très soigneux, dit-il,
d'éviter tout contact avec lés autres peu-
ples du nionde ; ils ne font le cotlimerce
qu'à la frontière ; ils y apportent une
extrême méfiance et sont prêts à livrer
tout ce qu'ils possèdent pour de Largent
Du reste, tempérants, doux et paisibles, ils
professent une grande aversion pour la
guerre ». Ptolémée attribue au pays qu'il
appelle Serica des dimensions analogues
à celles que possédait la Chine à cette
époque, et il menlionae deux grands
fleuves (probablement le Yangtzekiang et
le Hoang-ho) qui le traversaient de l'ouest
à l'est.
Certainement une mission aux pays
qui produisent la soie fut envoyée par
Marc-Aurèle. On en trouve des traces
dans les annales historiques de la Chine.
Elles constatent qu'à cette époque un am-
bassadeur venant des grands royaumes
de l'Occident, Ta-tsin-kouoh, apporta
leurs tributs à l'empire du Milieu.
Les historiens chinois parlent aussi de
plusieurs missions envoyées par leurs
souverains aux « Ta-tsin kouoh >>. Au
delà des Taochi, disent-ils, on rencontre
une grande mer par laquelle, en navi-
guant vers l'ouest, il est possible d'atteni-
dre la région où se couche le soleil. Que
doit-on entendre par les Taochi et les Ta-
tsin-kouoli ?
Est-ce ia Perse, l'Inde, l'empire Ro-
main ?
On ne peut faire à ce sujet que des con-
jectures. E. M.
Personnel dô l'Abbaye aux-Bois
en 1762 (LIV, 3). — M. Leslic trouvera
vraisemblablement ce qu'il cherche dans
le travail très complet que vient de pu-
blier M. Lucien Lambeau : L'Abbaye-aiix-
Bo/s (h Paris {16^8 iç)o6). Coinmiision du
Vieux Paris, décembre 1905. Tirage à
part, in 40 sur 2 colonnes, 5 planches,
I plan. - E. Pic.
Le château de la Borde (LUI, 394,
523 ; LIV, 30). — La notice sur le chà
leau en question a paru dans la Revue ar-
chéologique, numéro du 15 mai 1856. Il y
en a un tirage à part, G. O. B.
Ecliblla da Lovaut (LUI, 564, 659'
7H, 754, 873, 932, 987). —Je constate
avec plaisir que nous sommes tous
d'accord pour faire dériver échelle de
scala ou scalo. Mais, à cette occasion, il
me semble assez curieux de montrer com-
bien certains auteurs vont souvent bien
loin pour donner des étymologies éloi-
gnées de la vérité.
Dans sa Relation d'un voyage du Levant
(Paris 17 17, in-4''), Tournefort s'exprime
ainsi :
Ce golphe d'Armantevi (Bosphore de
Tlirace) est désigné par Denys de Bysa ice
lous le nom de Golphe de l'Echelle, parce
que, dans ce temps-là, il y avait une fa-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906
121
I 22
meiise échelle ou machine composée de pou-
tres, laquelle était d'un giaat usage pour
charger ou décharger les vaisseaux, parce que
l'on y montait par degrés. Ces sortes de ma-
chines s'appelaientChelac,par je ne sais quelle
ressemblance qu'on y trouvait avec les pattes
des écrevisses : de chelac on fit scalac ; delà
vient que les ports les plus fréquentés du Le-
vant s'appellent deséclielles.
La gracieuse et vas<e baie de Bebek,
dans le Bosphore, était jadis désignée par
le nom de Cbelé ou Skely à cause des gra-
dins construits le long de la i)Iàge pour
faciliter le débarquement des passagers et
surtout des marchandises. Or, d'après
l'orientaliste et historien J. de Hammer,
Constantinopolis tmd du Bosporos, t. 2,
p. 217), c'est de ce nom de Cbelé ou
Skely, appliqué d'abord à la seule baie de
Bebek, que dériveraient les mots français,
italiens et turcs, échelle, scala^ Ukelé^ par
lesquels nous désignons, d'une manière
générale, tous les ports du Levant,
Non, échelle ne vient ni de chelac,
(pattes d'une écrevisse pour les latins) ni
de la baie de Bebek, mais uniquement de
scala. E. M.
Anscebon (LUI, 4vS2 ; LIV, 76). —
Colonne 77, lire Girard de Villesaison et
non Gérard.
Les Man'btes (LIV, 4). — Les Ma-
niotes sont les habitants du Magne ou
fvlaina, province grecque, ou pour être
plus précis, du sud de la Tvlorée. Us se
prétendent descendre des Spartiates leur
culte pour la liberté les a toujours pré-
servés de la domination turque à laquelle
ils ont opposé une invincible résistance.
Puissaniment organisés, en lutte conti-
nuelle avec les Turcs, ils ont eu plus d'un
acte de piraterie ou de brigandage à se
reprocher. 11 n'y a donc rien d'étonnant à
ce que nos bâtiments marchands dussent
être protégés en 1770 par des vaisseaux
de guerre. On trouvera dans le Diclion-
iiaire de géographie de Vivien de Saint-
Martin, un long article très complet sur
le Magne et ses curieuses populations.
G. M.
4.
On lit dans les O'oserv.ifwns curieuses
sur le voyage du Levant de Fermancl,
Fauvel, Baudouin et Stochove (Rouen,
1668, p. 145) :
Les i>lainotes, ainsi appeliez delà ville de
I Maina... et que par corruption on nomme
j Manioles. Ce sont peuples à demi sau-
j vages, intrépides et grands voleurs, qui
n'ont ni loix ni religion.
Les Mai notes ou Alaniotes habitent la
péninsule la plus méridionale de la Mo-
rée, celle qui se termine par le cap Ma-
ta pan. p. L — s.
*
* *
Les Maniotes habitaient cette presqu'île
de la Grèce nonimé le Magne ou Maina,
au sud de la Laconie. C'étaient des monta-
gnards intrépides et pillards qui vivaient
dans une sorte d'état féodal. Bonaparte
songea à s'en faire des alliés contre l'Em-
pire Ottoman, alors qu'à Milan, en 1796,
il rêvait de reconstituer Lempired'Alexan-
dre et se faisait envoyer des cartes détail-
lées du Bengale. Il y envoya comme am-
bassadeur un botaniste, Dino Stefa.iopoli,
qui a laissé une relation de son voyage,
Londres 1800. La lettre de Bonaparte aux
Aiaiiiotes se terminait par ces mots :'
« Les Maniotes sont les dignes descen-
dants de Sparte auxquels il n'a manqué,
pour être aussi renommés que leurs an-
cêtres, que de se trouver sur un plus
vaste théâtre. »
La ville principale du pays était fûo-
nembasie. Curiosus.
» *
Le document cité par Af. P. F. est
fautif en ce qui concerne la transcription
de ce nomde peuple Maniole. WÇ^ut lire et
écrire Maïnoles. En 1770, la Russie et
l'Angleterre étaient coalisées contre la
Turquie et la Pologne, que soutenait
d'autre part la France encore fidèle à la
p litique de Choiseul qui ne quitta le mi-
nistère qu'à la fm de 1770 (2./ déc ). Pour
la première fois la flotte russe parut daiis
les eaux de la Méditerranée ; elle ravagea
les côtes du Péloponèse, là Morée et en-
couragea l'insurrection des Ma'inotes con-
tre les Turcs. Ces Maïnotes, terribles
montagnards qui se prétendent les des-
cendants directs des anciens Spartiates,
habitent le sud de la Morée. Leur
principale ville est Ma'iiia^ indiquée sur
totites les cartes un peu complètes de la
Grcoz moderne, près du cap Matapan.
L'expédition préparée à Toulon avait pré-
cisément pour but, dans la pensée de
Choiseul, de venir en aide aux Turcs et
d'eiilpêcher les pirateries des Ma'inotes.
Aug.Paradan,
N° 1119.
L'INTERMÉDIAIRE
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élevé. Lorsqu'on leur envoie des ambassa-
deius, ils ont soin de leur fournir des cha-
riots, pour les transporter à leur capitale et
de subvenir aux frais de leur séjour.
A l'êpOque où régnait Trajan (98-117
après J. C.) un général de l'Empereur
Tchahg-ti (un des souverains de la dynas-
tie Han) pénétra jusqu'aux rives de la
mer Caspienne et en rapporta la vigne.
Nul doute qu'antérieuremerlt à cette
éj3oqde les précieuies marcliandises que
fabriquait la Cliine ne parvinssent en
Occident et notamment à Rome. Les
rharchailds occidentaux allaient-ils les
chercher jusqu'aux lieux mêmes de la
JDroduction ? Leur étaient-elles livrées par
les nations iritermédiaiies ; Tlnde et les
peuples de l'Asie centra e ? Leurs expédi-
tions avaient-elles lieu par terre ou par
hier ? Leurs flottes s'arrêtaient-elles à
Tyr ? Allaient-elles mouiller, au contraire,
dans le port de cette m3'stcrieuse Càtla-
gara dont parle Ptolcmée ? Leurs cara-
vahes pénétraient-elles par ces profonds
et dangereux défilés de la Perse et de la
Bactriàne jusqu'à Thina dont fait mentioii
le célèbre géographe ^
Doit-on voir, dans cette dernière ville,
la cité qui porte aujourd'hui le nom de
Singan ou (chef- lieu du Chensi et jadis
capitale du royaume central, à l'époque
des Tsiri) et penser que, sur les ruines de
Cattagara s'élève aujourd'hui Foutchéou,
Amoy» Cantôtl oh bieil Calcutta ? Les
Sinac et les Sei-es étaient-ils les mêmes
peuples ? Etaient-ils Indiens ou Chinois ?
Ce sont des points fort obscurs et que la
science des géogi"aphes n'a pas eiicore
fixés. On ne peut toutefois se refuser à
reconnaître que le jugement porté par
Ammicn Marcellin sur les Seres s'accorde
fort exâctemetit avec les mœurs des Chi-
nois. « Ils sont très soigneux, dit-il,
d'éviter tout contact avec lés autres peu-
ples du tiionde ; ils ne font le coriimerce
qu'à la frontière ; ils y apportent une
extrême méfiance et sont prêts à livrer
tout ce qu'ils possèdent pour de Largent
Du reste, térlipérants, doux et paisibles, ils
professent une grande aversion pour la
guerre ». Ptolémée attribue au pays qu'il
appelle Serica des dimensions analogues
à celles que possédait la Chine à cette
époque, et il mentionne deux grands
fleuves (probablement le Yangtzekiang et
le Hoang-ho) qui le traversaient de l'ouest
à l'est.
Certainement une mission aux pays
qui produisent la soie fut envoyée par
Marc-Aurèle. On en trouve des traces
dans les annales historiques de la Chine.
Elles constatent qu'à cette époque un am-
bassadeur venant des grands royaumes
de l'Occident, Ta-tsin-kouoh, apporta
leurs tributs à l'empire du Milieu.
Les historiens chinois parlent aussi de
plusieurs missions envoyées par leurs
souverains aux « Ta-tsin kouoh >>. Au
delà des Taochi, disent-ils, on rencontre
une grande mer par laquelle, en navi-
guant vers l'ouest, il est possible d'attein-
dre la région où se couche le soleil. Que
doit-on entendre par les Taochi et les Ta-
tsin-kouoh ?
Est-ce ia Perse, l'Inde, l'empire Ro-
main ?
On ne peut faire à ce sujet que des con-
jectures. E. M.
Personaeldô l'Abbayé aux-Bois
on 1762 (LIV, 3). — M. Leslie trouvera
vraisemblablement ce qu'il cherche dans
le travail très complet que vient de pu-
blier M. Lucien Lambeau : L'Abbaye-aux-
Bois lie Paris {i6}8ic)o6). Commission du
Vieux Paris^ décembre 1905. Tirage à
part, in 40 sur 2 colonnes, 5 planches,
I plan. - E. Pic.
Le châtoau de la Borde (LUI, 394,
522 ; LIV, 30). — La notice sur le châ
teau en question a paru dans la Revue ar-
chéologique^ numéro du 15 mai 1856. 11 y
en a un tirage à part. G. O. B.
EcliBlla du Lovaut (LUI, 564, 659'
711, 754, 873, 932, 987). —-Je constate
avec plaisir que nous sommes tous
d'accord pour faire dériver échelle de
scala ou scalo. Mais, à cette occasion, il
me semble assez curieux de montrer com-
bien certains auteurs vont souvent bien
loin pour donner des étymologies éloi-
gnées de la vérité.
Dans sa Relation if un voyage du Levant
(Paris 1717, in-4°), Tournefort s'exprime
ainsi :
Ce golphe d'Armantevi (Bosphore de
Thrace) est désigné par Denys de Bysa:ice
:ous le nom de Golphe de l'Echelle, parce
que^ dans ce temps-là, il y avait une fa-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906
121
1 22
meuse échelle ou machine composée de pou- f
très, laquelle était d'un giaut usage pour i
charger ou décharger les vaisseaux, parce que
l'on y montait par degrés. Ces sortes de ma-
chines s'appelaient Chelac, par je ne sais quelle
ressemblance qu'on y trouvait avec les pattes
des écrevisses : de chelac on fît scalac ; delà
vient que les ports les plus fréquentés du Le-
vant s'appellent des échelles.
La gracieuse et vaste baie de Bebek,
dalis le Bosphore, était jadis désignée par
le nom de Cbelé ou Skeiy à cause des gra-
dins construits le long de la plage pour
faciliter le débarquement des passagers et
surtout des marchandises. Or, d'après
l'orientaliste et historien J. de Hammer,
Constantinopolis und du Bosporos, t. 2,
p. 217), c'est de ce nom de Chclé ou
Skc'lf, appliqué d'abord à la seule baie de
Bebek, que dériveraient les mots français,
italiens et turcs, échelle, scala^ UkeU^ par
lesquels nous désignons, d'une manière
générale, tous les ports du Levant.
Non, échelle ne vient ni de chelac,
(pattes d'une écrevisse pour les latins) ni
de la baie de Bebek, mais uniquement de
scala. E. M.
Anscefoon (LUI. 4vS2 ; LIV, 76). —
Colonne 77, lire Girard de Villesaison et
non Gérard.
Les Man'bîés (LIV, 4). — Les Ma-
niotes sont les habitants du Magne ou
Maina, province grecque, ou pour être
plus précis, du sud de la Morée. Us se
prétendent descendre des Spartiates leur
culte pour la liberté les a toujours pré-
servés de la domination turque à laquelle
ils ont opposé une invincible résistance.
Puissamment organisés, en lutte conti-
nuelle avec les Turcs, ils ont eu plus d'un
acte de piraterie ou de brigandage à se
reprocher. Il n'y a donc rien d'étonnant à
ce que nos bâtiments marchands dussent
être protégés en 1770 par des vaisseaux
de guerre. On trouvera dans le Diction-
naire de géogrnphie de Vivien de Saint-
Martin, un long article très complet sur
le Magne et ses curieuses populations.
G. M.
*
4.
On lit dans les Ohservaiioiis curieuses
sur le voyage du Levant de Fermancl,
Fauvel, Baudouin et Stochove (Rouen,
1668, p. 145) :
Les Mainotes, ainsi appeliez delà ville de
Maina... et que par corruption on nomme
M-iniotcs. Ce sont peuples à demi sau-
vages, intrépides et grands voleurs, qui
n'ont ni loix ni religion.
Les Mainotes ou Maniotes habitent la
péninsule la plus méridionale de la Mo-
rée, celle qui se termine par le cap Ma-
tapan. p. L — s.
*
♦ *
Les Maniotes habitaient celte presqu'île
de la Grèce nommé le Magne ou Maina,
au sud de la Laconie. C'étaient des monta-
gnards intrépides et pillards qui vivaient
dans une sorte d'état féodal. Bonaparte
songea à s'en faire des alliés contre l'Em-
pire Ottoman, alors qu'à Milan, en 1796,
il rêvait de reconstituer l'empired'Alexan-
dre et se faisait envoyer des cartes détail-
lées du Bengale. 11 y envoya comme am-
bassadeur un botaniste, Dino Stefa.iopoli,
qui a laissé une relation de son voyage,
Londres 1800. La lettre de Bonaparte aux
Alaniotes se terminait par ces mots :'
« Les Maniotes sont les dignes descen-
dants de Sparte auxquels il n'a manqué,
pour être aussi renommés que leurs an-
cêtres, que de se trouver sur un plus
vaste théâtre. »
La ville principale du pays était Ko-
nemb.isie. CuRiosus.
* ♦
Le document 'cité par M. P. F. est
fautif en ce qui concerne la transcription
de ce nomde peuple Maniote.Whui lire et
écrire Maïnoles. En 1770, la Russie et
l'Angleterre étaient coalisées contre la
Turquie et la Pologne, que soutenait
d'autre part la France encore fidèle à la
P'iitique de Choiseul qui ne quitta le mi-
nistère qu'à la fin de 1770 (2./ déc ). Pour
la première fois la Hotte russe parut dans
les eaux de la Méditerranée ; elle ravagea
les côtes du Péloponèse, la Morée et en-
couragea l'insurrection des Maïnotes con-
tre les Turcs. Ces Alaïnotes, terribles
montagnards qui se prétendent les des-
cendants directs des anciens Spartiates,
habitent le sud de la Morée. Leur
principale ville est Muhia^ indiquée sur
toutes les cartes un peu complètes de la
Grèce moderne, près du cap Matapan.
L'expédition préparée à Toulon avait pré-
cisément pour but, dans la pensée de
Choiseul, de venir en aide aux Turcs et
d'empêcher les pirateries des Mainotes.
AuG. Parai? AN.
No 1119.
L'INTERMEDIAIRE
123
124
La Revue des Deux-Mondes de 1865 ren-
ferme une étude détaillée et complète sur
les Maïnoies.
*
Les Maïnotes sont les habitants de la
région méridionale du Péloponèse (Grèce
méridionale) dans la province de Laconie.
Le Magne forme l'extrémité la plus méri-
dionale de l'ancienne Eleuthéro-Laconie,
îa pointe s'appelle le cap Matapan. Les
côtes rongées-, environnées de récifs, ont
longtemps assuré un refuge aux pirates.
Les Maïnotes que les Turcs n'avaient ja-
mais pu soumettre entièrement, se disent
les descendants des Lacédémoniens.
Au xvii* siècle, les musulmans déso-
laient la Grèce. Pour échapper à leur
joug odieux, plusieurs familles de Maï-
notes abandonnèrent leur pays et deman-
dèrent asile à la République de Gènes qui
leur concéda, en 1676, un territoire en
Corse. Lors de la cession de la Corse à la
France, ils s'installèrent à Cargèse. Cette
colonie de Maïnotes subsiste de nos jours
avec ses traditions, ses usages, sa langue,
sa religion, avec ses cérémonies de rite
oriental.
11 y a dans la Grèce conlempoiainc
d'Edmond About deux ou trois pages sur
les Maïnotes, bonnes à lire. Laissant de
côté de nombreux ouvrages publiés sur
le Magne en Angleterre , j'indiquerai
parmi les publications françaises à con-
sulter sur les Maïnotes : Villemain, Etn
des d'histoire moderne. Essai sur l'Etat des
Grecs, chap. vi. — Yemeniz, le Magne et
les Maïnotes dans le n" du i*^"" mars 1865
de la Revue lies Deux-Mondes — Henri
Belle, Trois années en Grèce. (Paris lî^Si,
in-12, p. 321 et suiv.) E. M,
Familles àorigine ilL.stre très an
ciennô(Llll.875,96i,969;LIV,78).— je
neconnaispasl'ingénieur BERRUsdont vous
parlez (LUI, 835), mais je puis vous dire
qu'il existe de par le monde un grand
nombre de représentants d'une famille
BuRRus (ma mère était une demoiselle
Burrus) qui a la prétention plus ou moins
justifiée et démontrée de remonter au gou-
verneur de Néron.
Cette famille, d'après ce que ma mère
possible, parait-il. Malheureusement cesi-
piers ont été égarés il y a soixante-di>.u
quatre-vingtsans. Cette famille Burrus aé
assez florissante pendant plusieurs sièis
et a fourni particulièrement au clergé aa-
cien des personnages notables, évèque:m
abbés.
Si je ne me trompe, l'établissement la-
tral de la famille était, non loin du a-
meux mont Sainte-Odile, au village ie
Dambach. Ma nière était née prèjJe
là, au petit village d'ElcholTen. La farlle
fut d'ailleurs fort éprouvée parlesgutes
et les crises de hi Révolution et de 1 n-
pire.
Mon grand-pcre avait eu 15 cnf;ts,
garçons et lilles à peu prcs en noi >re
égal. Son frère aine, qui habitait L n-
bach, avait été aussi assez prolifique Jii
autre frerc, au contraire, est mort ns
postérité, vers 18^0, dans ce villag de
Marlenheim où est curé actucllenier;et
abbé Delsor dont l'expulsion somrire
de Lunéville a (ait si grand bruit 1 y
a deux ans.
Je suis loin de connaître tous les ur-
rus qui représentent aujourd'hui la farlle.
Des trois que je vous citerai, un :ul
m'est personnellement connu : c'est ion
cousin germain Louis Burrus, fonc:)n-
naire retraité de l'octroi de Pans, qi ha-
bite Sucy-en-Brie.
Un autre, qui habite, suivant la s; on,
Paris ou Sevran-Livry, s'appelle Brus
do D^ngérau : il a rédigé et rédige ut-
étre encore un journal diplomatique i"a-
t-on dit : on m'a dit également que lui-
là avait fait des recherches multiple sur
notre famille et doit être le plus cu-
menté à cet éganl.
Un troisième Burrus est fabricant ta-
bac en Suisse, à Boncourt : les cigattes
Burrus sont fort estimées de ce tins
fumeurs de là-bas.
Voilà ce que je puis vous dire poi ma
part. C.jH.
N'oici un petit fait qui, pour ne p re-
monter à la Genèse, à la mythogie
grecque, ou aux temps pharaoniqu , ne
laisse pas d'être quelque peu amusit- 11
"m? Z^*^'^ pl^|s d'une fois, serait venue y a 40 ans, j'ai connu à P un ssez
vieux monsieur, de très bonne c ip^-
gnie, qui avait des cartes de visite lin^i
libellées :
d'Italie pour s'établir en Alsace il y a huit
ou neuf siècles : des papiers authentiques
établissaient la chose sans contestation
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
125
126
Le duc de ROUSSILLON
DES Py de Gosprons
Dl PRINCES CARLOVINGIENS d'AcIUITAINE.
î crois, du reste, que ces cartes gran-
de quentes étaient surtout réservées aux
d' lacements ; mais en conversation le
p sonnage ne se faisait nullement prier
p r avouer, qu'il avait, en effet, droit à
c> beaux titres. Cela amusait fort l'ar-
clviste départemental. M, A..., qui ne
p dait pas une occasion publique ou pri-
v de dire ou d'écrire qu'il n'y avait
jnais eu de ducs de Roussillon. Mais en
n tière de généalogie, ces chartistes sont
d mécréants. H, C. M.
flobert d'Arbrissel(LlII, 892 ;LIV,
2(. — Je sais que M. l'abbé Cornilleau,
c "é de Fontevrault, prépare en ce mo-
r nt une étude sur rabba)'e de Fonte-
Mult. L'ouvrage paraîtra en 1907.
Bertin de Villars (LUI, 892 ; LIV,
2). — Auguste-François-Thomas Bertin
a Vaux, général de division, grand offi-
cr de la Légion d'honneur, ancien pair
c France, ancien officier d'ordonnance
c S. A. R. le duc d'Orléans, mourut au
citeaude Villepreux (Oise) le 30 sep-
tnbre 1879, à 81 ans. Il était le père de
1 comtesse de Rayneval.
Louis Calendini.
lean-Bapt^ste Elondel, 1794(LI1I,
i2 ; LIV, 20). — C'est Jacques Blondel
(Duen, 1705, Paris, 1774) qui a épousé
« n secondes noces, demoiselle Balletti >v
Marie-Madeleine, fille cadette de Joseph
Illetti, officier du Roi, et de Rose Be-
I zzi, sociétaire de la Comédie italienne
• Mario et Silvia du théâtre italien ~
uit née, rue Française, le 4 avril 1740,
fut filleule de M. de Verton, ambassa-
urà Saint-Pétersbourg Elle avait douze
s au départ de Casanova, et dix-sept à
n retour de Venise, en 1757. Séjour à
ris, voyagea Amsterdam, désenchante-
ent et surtout la mort de Silvia surve-
le le 18 septembre 1758, reportent
;ut-être ce mariage au delàde ladate in-
quée (1758). Il eut lieu à Paris, dans la
emière quinzaine de décembre, paroisse
lint-Sauveur.
La biographie de Jal ouvre sur ce re-
tour dramatique de Ca.sanova, rueFran-
çaise: comment expliquer dès lors la con-
statation qui la termine ? — Ce qu'est
devenue Manon ? Jal l'eût appris quelques
pages plus loin dans les Mémoires cités et
à défaut de la lettre de rupture, la Bio ■
graphie de Michaud aine en garde le se-
cret : « Demain, à cette heure, je serai
l'épouse de M. Blondel, architecte du roi,
et membre de son Académie ». La décla-
ration ne manque ni de crânerie, ni de
franchise.
Des Blondel (section d'architecture) il
n'en faut retenir que trois : je demande
pardon aux autres.
1° François Blondel, le Grand Bloîidel^
seigneur de Crozettes, dessinateur de la
porte Saint-Denis, qui est picard: Ribe-
mont, 1617, Paris, 1686. Cf. Voyage de
BlohJel à la Rochelle, par Ch. Lucas.
2° Jacques Blondel, qui est Normand :
Rouen, 8 janvier 1705, « architecte du
Roi et membre de son Académie » ; tra-
vaux nombreux à Metz et à Strasbourg ;
articles de l'Ecyclopedie sur l'architecture;
traités d'architecture française et d'archi-
tecture civile et professeur au Louvre.
C'est le gendre de Joseph Balletti — Sil-
via n'est plus ; et la mise en scène de sa
mort, dans son atelier du Louvre (2 jan-
vier, 1774) n'est pas indigne de son en-
tourage. Cf. I-Fr. Blondel, par Prost
Metz, 1860, in-8».
30 Jean-Baptiste Blondel, « architecte
des Académies de Paris, Rome et Londres,
dessinateur du Cabinet du Roi » et celui-ci
est Parisien : 17'* — 1825. Construction
avec Delannoy du marché du Temple et
du marché Saint-Germain ; auteur avec
Lusson des Plan, coupe, élévation et dé-
tails du NOUVEAU MARCHÉ Saint-Germain,
Paris, 18 16, in-f".
L'Assemblée nationale a reçu de J -B.
Blondel, le 30 septembre 1791, un projet
de médaille commémorative pour la pro-
clamation de la Constitution, et une péti-
tion pour une médaille allégorique dont il
donne la description Cf. Procès-verbal de
VA. n. no 782, p. 2.
Sa biographie reste à faire. Les notices
le donnent comme neveu par alliance de
Madeleine Balletti ; mais, on le sait : cri-
tique et biographie semblent s'exclure !
P.-D.
N" II 19.
L'INTERMEDIAIRE
127
:i8
Le pasteur Clénneîiceau (1.111,947 ;
LlV,2i).— Beauchet-Filleau (Z)/V/.£7'r5 fa-
milles du Poilou^ 2^ édit., t. li, p. 516)
donne une filiation détaillée de la famille
Clemenceau, originaire du Bas-Poitou
(c'est la famille du Ministre qui appartient
au rameau dit du Colombier), et quelques
personnages, issus probablement à la
même souche, mais sans jonction connue
avec elle.
C'est parmi ces derniers que l'on trouve
le pasteur Jacques Clemenceau, père au
moins d'un fils, aussi nommé Jacques, qui
fit ses études à Genève, et fut ensuite pas-
teur du Vigcan, de 1634 à 1637.
G. P. Le Lieurd'Avost.
Le général Duvi^nau (LUI, 836,
970). — Le 30 mars 1895 décédait à Ar-
cachon, dans sa soixantième année, Ma-
rie Gertrude Duvigneau , vicomtesse de
Pelleport-Burète, présidente des Dames de
la 14^ section bordelaise de la Société
française de secours aux blessés militaires,
membre du Conseil supérieur d'adminis-
tration de la Charité maternelle. Son
mari, le vicomte de Pelleport-Burète,
avait été maire de Bordeaux, et sénateur
de la Gironde et était alors chevalier de la
Légion d'honneur
{Biographie des sénateurs ci des députés^
par Félix Ribeyre, 1877, pp. 221-226),
Un des ses fils, le vicomte Pierre de P.,
a été capitaine de cavalerie et a démis-
sionné. Louis Calendini.
Famille Fia^aaiit (LUI, 893 ; LIV,
22). — LIV, colonne 22, ligne 41, lire
Menarset non Menay.
Où sont las dépouillçs mortelles
du cardinal de Fleury ? (LUI. 721,
795). - Le monument du cardinal de Fleu-
ry a bien été exécuté en entier. Il est possible
d'en retrouver la gravure dans la sixième
édition de x']']^ du Foyage piiloresque de
Paris, par Derollier d'Argenville.
Dans une brochure publiée autrefois
par Roserot, archiviste de la Haute-Marne,
on parle du concours ouvert en 1745
pour l'exécution du monument; Bouchar-
don l'emporta d'abord Puis une intrigue
enleva le travail à Bouchardon p^^ur le
confier à J.-B. Le Moyne.
Hnfin, dans un livre intitulé Ciirioaiirs
de Paris, par J.-A. Dulaure, et dédié au
roi de Suède en 1785, il est dit, page 387'
à propos de l'église Saint-Louis-du-Lou-
vre : « C'est dans cette église que l'on
voit le mausolée du cardinal de Fleury.
Le prélat y paraît étendu sur un tombeau
prêt à rendre les derniers soupirs entre
les bras de la Religion L'Espérance et la
France personnifiées caractérisent ce mo-
nument qui est de M. Le Moyne. >^
On voit que ces trois différents ouvra-
ges, publiés à des dates diverses, sont
bien d"accord pour affirmer l'exécution
du monument.
Mais il y a mieu,x. Chez un aimable
amateur d'objets d'arts, que je connais et
qui habite en Bretagne, se trouve la pla-
que tombale en marbre blanc de ce mau-
solée. Je n'ai pas été peu stupéfait de la
voir servir de garniture à une commode
style Louis XVI dans une chambre de
son habitation. Je lui demandai comment
elle se trouvait là, et il me raconta qu'il
avait jadis acheté, chez un antiquaire de
Versailles, la commode et son marbre;
seulement, au moment de l'achat, la pla-
que était retournée et mon hôte avait
lui-même remis l'inscription au-dessus.
Cette dernière prouve, à n'en pas dou-
ter, que le monument a été élevé aux
frais du Roi, car en dessous de tous les
titres du cardinal de Fleury, elle -porte
cette inscription : Bene uurito Rex mcmor
poni jussit. Si le Roi se fût désintéressé de
ce travail, comment aurait-on fait graver
cette épitaphe ^
Il résulte de cette rencontre qu'on n'a
pas attendu 181 1 pour détruire le monu-
ment ; il a dû l'être au moment de la dé-
vastation des églises en 1792-1793. La
commode recouverte de la plaque portant
l'inscription, le dit par elle-même : la
plaque, achetée sans doute par un fabri-
cant de meubles, fiit taillée pour les di-
mensions de la commode ; en effet, des
filets suivent exactement les contours du
meuble sur la face sans inscription, et sur
l'autre, l'inscription se trouve partielle-
ment rognée d'un côté. Or, le style du
meuble est bien de cette époque, et tout
le monde sait ce que les Vandales révolu-
tionnaires ont fait des restes que renfer-
maient les tombeaux. A. D.
Les amiraux d'H^^ctor, d'Albert
d- Rions et deFlot;e (L1]I).— j'ai reçu
dernièrement un prospectus d'estampes
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
129
130
publié par lamaison A. Geoffroy frères,
5, rue Blanche, Paris.
Dans ce catalogue, très intéressant et
instructif par lui-même, j'ai relevé l'ar-
ticle suivant, qui nous donne les dates et
les localités de naissance et de décès de
l'un des trois amiraux àonW Intermédiaire
s'est récemment occupé :
1552 Albert de Rions (Deux petites grav
de forme ronde. Diam. o,t 72 mil!. '
relatives au comte François-Hector d')'
chef d'escadre commandant à Toulon, né à
Avignon, m. à Anneyrou (Drôme), 1728-
1802. Ensemble. 15 fr.
Les bonnes actions valent mieux que les
belles actions. Paris, novembre, 17S9. —
M. d'Albert de Rions fait une belle action
se battant sur le Pluton contre iv vaisseaux.
V. A. T.
Famills Le Mpinp (LUI, 614,741,
661, 972). — Un Le Aloine figure comme
maïeur de Crécy-en-Ponthieu, dans 1:.
charte communale de ce bourg (i 194).
Le cardinal Le Moine (qui en 1301 fonda
à Paris le collège qui portait son nom)
était né à Crécy-en-Ponthieu. Il mourut à
Avignon en 13 13.
Son frère (ou son cousin germain) An-
dré,fut évêque deNoyon (1300- 13 14).
Les Le Moine de Crécy n'appartien-
draient ils pas à cette antique famille ^
J'ai ouï dire que le cardinal portait dans
ses armes trois clous de la passion. . ; peut-
être les trois mouchetures de sable des Le
Moine de Clermont.
A. C. d'Estrées.
P.-J. Leroux et son Diction-
naire (LIV, 8). — Dans le « Tydspie"
gel )> [revue mensuelle hollandaise] de
sept. 1904, M. le D'' W. Meyer, de la
Haye, a publié une étude fort intéres-
sante sur Jean-Maximilien Lucas, né à
Rouen en 1636 ou 1646, éditeur à Ams-
terdam dès 1673 et enterré à La Haye
en février 1697 .
Une de ses œuvres se trouve à la Bi-
bliothèque nationale (Paris), intitulé :
Réponse aux faussetts et aux invectives qui
se lisent dans la Relation du Voyage de
Sprhicre en Angleterre. Amsterdam 1675.
De sa main parut, en 1678, la traduction
du Théol. polit. Tractant de Spinoza,
cuib. 79 ; La vie et l esprit de Spinoza, en
i6?i6 ; Catalogue des Livres nouvellement
imprimes à Straeshurg et La Qidntessence
des Nouvelles., de 1689- 1697. M. le
D'' Meyer, un érudit spinoziste, est en
train de publier dans le Tydscbrift voor
Bock en Bibliotbeekwc:(en, une étude docu-
mentée sur les littérateurs français dans
les Pays-Bas, sous Louis XIV, et publiera
en même temps une liste complète des
œuvres de Lucas.
Dans l'article du « Tydspiegel » sus-
mentionné, on trouve plusieurs rensei-
gnements sijr Jean-Alexandre de la Fond
aussi cité par Hatin, dans sa Galette de
Hollande. Mais il y a eu deux J.-A de la
F. ; l'un est né à Vivarès dans le Langue-
doc, s'est marié à Amsterdam, le 16 juin
1668, à Magdeleine Rivière, de Zutphen,
veuf de Jeanne Boché, écrivain, demeu-
rant au Nieuwstraat.
D'après les registres d'enterrement,
Jean Alexandre de la Font est enterré à
Amsterdam, le u février 1673, éditeur
de la Ga:(ette ordinaire d'Amsterdam.
L'autre ).-A. de la F., dont le nom paraît
dans un exemplaire de la Galette d'Ams-
terdam de 1675 (Cf. Hatin, 144), se
nomme D. L. F. dans la Traduction libre
des Galettes flamandes, et est cité comrne
le fondateur des Nouvelles extraordinaires
de divers endroits dans le registre des pri-
vilèges de la ville de Leide, en 1738.
Celui-ci est enterré entre le 10 et le
17 nov. 1687, à Leide, dans TégliseSaiut-
Pancras. Son fils Anthony ou Antonius.,
né en Languedoc, obtint l'octroi de la
ville comme éditeur de la Ga:(ette de
Leide., en 1689.
Par ces trouvailles, les renseignements
de Bayle sont prouvés. L'un travaillait à
Amsterdam jusqu'en 16^
Leide, jusquen 1685. De l'un
l'autre a
existe un
portrait assez rare, dans lequel il est re-
présenté avec un numéro de V Ordinaire,
du 5 déc. 1667, tandis que le tout est
orné de ces mots de Santolinus Victor! -
nus :
Mille oculis videt hic Fondus,
Mille auribus audit.
Plus audit naso, plus videt ille
Suo.
Vers la fin du xvii^ siècle, un Guillaume
de la Fond vit en Hollande, étant marié à
Mme Des [houillères assez connue comme
poète. Il vint de Boisgerin [Cf. Nouvelles
Littéraires, IX, page 13]
Quant à Le Roux, est- il bien sûr qu'ii
N»
II 19.
L'INTERMEDIAIRE
Ï31
132
soit l'auteur de Histoire du Père La
Chaise ? éditée par Pierre Marteau à Co-
logne (c'est toujours Amsterdam !) Bayle
ne cite pas le nom de l'auteur.
La collection de fiches à Leide (Biblio-
thèque wallonne) contient 400 actes au
nom Leroux, mais l'acte de décès de
P.-J. L. n'y figure pas.
M. G. WiLDEMAN.
Ouistreham(Norraandie) et Wes-
terham (Angleterre) (LUI, 53). —
l'ai toujours entendu dire dans le pays
que Ouistreham venait de Oyster-ham, le
port aux huitres. Il paraîtrait, en effet, que
la culture des huîtres n'était j^as comme
aujourd'hui limitée au port voisin deCour-
seulles. P. G.
Un Valenciennois, agent de
rètranger en 1793 (LUI, 723, 848,
905). — Si Jean-Pierre Beaudet de Morlet,
commissaire des guerres à Bitche en 1749,
était le même que le commissaire Morlet
que cite la correspondance du général
d'Aoust, il devait être bien âgé en 1793,
puisqu'il était né en 1703, d'après le
vicomte Révérend (Titres de la Restaura-
tion, t. V, p. 204) qui ajoute qu'il mou-
rut vers 1790.
D'ailleurs il est probable que le commis-
saire de Bithe eut un nombre assez res-
pectable d'enfants, vu que l'un d'eux,
Charles-Michel Beaudet de Morlet, ayant
été nommé secrétaire du roi en 1746
{Potier de Coiucy : Continuation du
P. Anselme, t. IX. r* partie, page. 994)
devait être né vers 1725 ; deux autres en-
fants, les deux officiers du génie cités
par V Intermédiaire (dont l'un devint colo-
nel et l'autre maréchal de camp), naqui-
rent en 1748 et 1750 (^Vicomte Révérend,
Op. cit.). Entre ces dates extrêmes, l'on
peut trouver la place d'un autre Morlet,
qui aurait été le commissaire de Valen-
ciennes en 1793.
Et tous ces enfants devaient avoir aussi
la même mère, vu que jean-Pierre Beau-
det, puis Beaudet de Morlet, avait épousé
Angélique-Claire de Vatry-Morlet : c'est
elle qui porta sans doute ce nom de Mor-
let d'abord à son mari, ensuite à ses en-
fants.
Du mênie mariage devait aussi être
issue Anne- Angélique Baudet de Morlet,
femme de Nicolas Sézille, écuyer, con-
seiller du roi, secrétaire du roi; maison,
couronne de France et de ses finances,
trésorier général des bonnes œuvres de
S. M. (s/c), décédé à Paris le 9 février
1746 (Registre: de Saint-Roch, d'après :
Chastellux. Notes prises aux archives de
Vetat-civil de Paris, p. 569).
Quant à l'origine de cette famille,
d'après Potier de Courcy il faudrait con-
clure qu'elle était bourguignonne, puis-
que cet auteur lui attribue des armoiries
qui furent enregistrées sous le nom de
Beaudet, en Bourgogne, dans V Armoriai
général de i6ç6. Cependant, comme elles
sont tout à fait diftérentes de celles qui,
par lettres patentes du 29 août 1828, fu-
rent données au maréchal de camp du
génie, je crois que ce dernier n'avait au-
cune relation avec celui ou ceux qui firent
.enregistrer leurs armes en 1696, puis-
qu'en général les armoiries que donnaient
les lettres patentes de la restauration
étaient celles que portait déjà la famille.
G. P. Le Lieur d'Avost. ^
Le collaborateur S. Churchill me de-
mande de préciser ce que dit le général
d'Aoust au sujet du général Dagobert.
Voici ma réponse :
Dans une lettre adressée au Ministre de la
Guerre le 14 nivôse an 11(3 janvier '794)i
le général d'Aoust lui marque que mandé
à Paris par le pouvoir executif pour expli-
quer sa conduite et répondre aux dénon-
ciations dont il a été l'objet, il ne peut
abandonner le commandement en chef
provisoire en remplacement du général
Doppet malade, avant que les représen-
tants du peuple en mission lui aient donné
un successeur. '< j'ai l'empressement, dit-
il, bien naturel, de me rendre à Paris le
plus tôt possible, pour dissiper les nuages
que des intrigants ont pu élever contre
un général soldit qui a les preuves les
plus authentiques de la conduite républi-
caine et de la manière dont il s'est acquitté
de ses devoirs, et qui a eu le bonheur de
réussir, malgré toutes les machinations
de gens qui ne jugent que d'après les
événements ».
« je prends l'engagement de réfuter
jusqu'à l'évidence par pièces justificatives
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
133
134
les déclamations vagues du général Da-
gobert >i.
Or, il résulte de ce passage que le
général d'Aoust fut mandé à Paris pour
répondre aux imputations malveillantes
de son compagnon d'armes, et qui contri-
buèrent, selon toutes les probabilités, à sa
condamnation.
En dehors des archives nationales, dé-
partementales et communales, il existe,
chez des particuliers, des documents
restés inconnus, qui sont de nature à faire
ressortir bien des faits ignorée des histo-
riens sur certains personnages de la Révo-
lution que la légende a consacrés des héros,
alors qu'ils n'étaient que des bluffeurs. La
correspondance du général d'Aoust prouve
ce que j'avance, en ce sens qu'elle met
bien des choses au point et rectifie un
grand nombre d'erreurs mises en circula-
tion par des écrivains mus par la passion
ou mal documentés. D'un autre côté, elle
prouve que Dagobert éprouvait une cer-
taine animosité contre d'Aoust et cher-
chait à lui nuire dans l'esprit des repré-
sentants du peuple. Ainsi, le 13 pluviôse,
an II, c'est-à-dire trois semaines après
l'arrestation du jeune général, les conven-
tionnels .Milhaud et Soubrany écrivaient
au Comité de salut public que d'Aoust et
Ramel avaient fait échouer Dagobert.
« Peut-il exister des hommes aussi scélé-
rats et aussi perfides. Il est bon que vous
sachiez que d'Aoust avait eu avec Dago-
bert quelques propos relatifs au comman-
dement de l'armée ». 11 n'en fallait pas
davantage à cette époque pour conduire
un homme à l'échafaud .
Bien que Dagobert fût un brave soldat
et que par son âge et ses campagnes il
pouvait aspirer au commandement en
chef, il était peu apte à conduire une
grande armée, et il fit preuve en plusieurs
circonstances, d'une jalousie malveillante
à l'égard de ses chefs et envers ses égaux
plus jeunes que lui. Le général en chef de
Fiers qu'il desservit et dont il briguait le
commandement, fut guillotiné. Dagobert
était devenu populaire plutôt par ses in-
cursions audacieuses en Espagne, où ses
hommes indisciplinés jetaient la terreur
par les vols et les rapines, que par ses
talents militaires. C'était au fond un bon
chef de partisans ou un bon sous-ordres,
mais c'est tout. Paul Pinson.
Musset et Is vin. Le grog est fa-
sbionable (LU ; LIV, 84). — L'Ode à
l'absinthe est-elle de Musset.'' Je ne le crois
pas. L'expression y est trop molle, trop
commune ; les chevilles y sont trop nom-
breuses.
Le dernier des humains est celui qui
cheville, a écrit Musset. L'auteur de cette
pièce cheville presqu'à chaque vers. En
outre, il semble qu'Alfred de Musset n'eût
écrit ni (2^ strophe) : « Il est temps à la
fin »; — ni un seul vers de la 3" strophe;
— ni (4*= str.): « contentant son envie » ;
ni (s^ str.) : « au milieu dt son ombre...
tout le long du cristal., en signe de pru-
dence... à ton vert d'espérance » ; — ni
(6^ str.) : « Tu peux, quand tu le veux
aussi ». Musset est quelquefois incorrect ;
souvent il rime mal ; il n'est jamais plat,
ni vulgaire. 11 ne se répète pas comme
fait ici l'auteur. Ayant écrit dans la 6« stro-
phe : <!< Qiiand tu le veux... », il n'aurait
pas écrit dans la j" : « Pour moi, qui ne
veux pas... Je veux contre ta force... Je
veux voir aujourd'hui... »
Je ne crois donc pas à la paternité de
Musset. Mais quel que soit l'auteur, il me
parait évident que le dernier vers doit
être rectifié, et qu'au lieu de : Notre té-
moin sera la mort, il faut lire : Mon té-
moin est la mort. Le dernier vers de cha-
cune des autres strophes étant de six
pieds, il est inadmissible que le dernier
vers de la septième soit de huit,
H. M.
* *
J'apporterai à la question la contribu-
tion d'un souvenir personnel, déjà bien
éloigné, puisqu'il date de 1867 ou 1868,
mais qui pourra peut êtie aider à la solu-
tion du problème.
J'appartenais alors à la rédaction d'un
petit journal suburbain, 1'0î<«/ Parisien,
dont le directeur s'appelait Georges Châ-
telain. Ce publiciste qui avait activement
coopéré à la campagne électorale et au
succès de Jules Simon, comme député de
la circonscription, offrit à l'élu un banquet
chez Véfour. La rédaction de ïOiicst Pa-
risien y fut, bien entendu, invitée. Autant
qu'il m'en souvienne, figuraient, parmi
les convives, un bas bleu alors fort à la
mode, la belle Jenny Sabaticr ; une au-
tre, femme de lettres, la vénérable Her-
mance Lesguillon, flanquée de son époux,
petit vieillard tout guilleret, qui jonglait
No I 119.
L'INTERMEDIAIRE
135
136
avec les bouts-rimés, comme un prestidi-
gitateur avec ses muscades ; puis le jour-
naliste Jules Mahias, et peut-être son
fidèle Pylade, M. Jules Claretie ; je n'ose-
rais l'affirmer toutefois.
A l'heure des discours et des toasts,
après une spirituelle allocution du roi de
la fête et après les inévitables bouts-rimés
du papa Lesguillon, se leva un rédacteur
de V Ouest Paiisien^ nommé Vernier, poète
chevelu et bohème impénitent, qui dé-
bita, comme sienne, V Odâ à la muse Verte
(il prétendait avoir trouvé ce terme) iden-
tique, à quelques variantes près, avec la
poésie attribuée à Musset.Le mot ûi5/////;(?,
qui n'était pas encore passé dans la lan-
gue courante, m'avait particulièrement
frappé. A vrai dire, Vernier était plein de
son sujet ; et je me rappelle qu'au mo-
ment où on le félicitait, en lui demandant
si ces vers étaient imprimés, il répondit,
entre deux hoquets, qu'il les avait publiés
dans un volume de poésies parues sous
son nom. Je n'ai jamais eu la curiosité, je
Tavoue, de les y rechercher. d'E.
Philibert de l'Orme (LIII, 947). —
« Philibert de L'Orme (15 15 (?) - 1570)
laissa deux enfants naturels : un garçon
portant le prénom de son père, et une
fille nommée Charlotte ; l'un et l'autre
tout jeunes, puisque dans une clause de
son testament il est dit à propos du fils
« en attendant qu'il soit propre et fort
« assez pour être en collège ». 11 avait
deux sœurs : Jehanne De l'Orme, veuve
de Christophe de Burlet et Anne de
l'Orme, femme du contrôleur Martin, qui
vivaient au moment de sa mort ; elles
figurent au testament ainsi qu'un neveu,
fils de la première, et trois petits arrière-
neveux auxquels il légua diverses sommes
d'argent. »
[Les Artistes cèVehres. Philibert Delorme
par Marins Vachon, J. Rouam. Paris).
M. M.
*
♦ *
Je ne crois pas que l'architecte des Tuile-
ries pût laisser des descendants, ou s'il en
a eu, ils ne pouvaient être légitimes. C'est
ce que l'on apprend du titre de son ou-
vrage '< Nouvelles inventions pour bien
« bastir et à petits frais, trouvées naguère
« par Philibert de L'Orrne, Lyonnois,
«architecte, conseil"" et aumosnier ordi-
« naire du feu Roy Henry, et abbé de
Paris,
vivait
78,
aussi
« Saint- Eloy- lès-Noyon,
« in-40 ».
A la même époque
« Me Jehan de Lorme, M« -général des
« œuvres de maçonnerie du royaume »
qui, le II avril i 566, obtint de Charles IX
la permission de résigner sa charge à
Etienne Grant-Rcmy (Jal : Dict. critique
p. 798). G. P. Le Lieur d'Avost.
Fajïîilîe de la Poterie (LUI, 784,
922 ; LIV, 215). — Sans pouvoir donner
au Chercheur de B. de renseignements syr
les deux personnages qui lintéressent,
je puis lui fournir quelques indications
sur la famille de la Poterie.
Le 13 janvier 1674 fut passé un accord
devant le notaire de Foucarmont (Seine-
Inférieure) entre Messire Antoine de Ici
Poterie.^ chevalier, seigneur du lieu de
Pommerol, etc., et Thomas de la Mothq,
au sujet de l'héritage de Jacqueline de
Couty, femme de feu J^cob de la Mothe,
sieur de Be&upin.
Le 7 janvier 1703, testanipnt, reçu par
Rolland, notaire de Pézenas (Hérault), de
sieur François de la Poterie^ ci-devant
lieutenant de cavalerie dans le régiment
de Sorbon, natif de la paroisse de la
Potterie, de l'évêché de Linsiis (i.isieu>{ ?)
pays de Normandie, résidant depuis long-
temps à Pézenas. Ce testament fait
connaître DWtJeanue d'A^emar, s^ fejnme,
Dlles Louise et Jeanne de la Pottetie^ ses
filles ; cette dernière, femme de M. de Sqlr
son, capitaine. Ecuodnof.
La mort du duc de Praslin (LU ;
LUI). — Voir le Siècle, 22 juin 1906,
Mlle Henriette Delii^y, pi)r M. Marcellin
Pellet,
Benjamin Schlick (LIII, 948). —
Il existe dans ma famille, six aquarelles
représentant des vues de Sicile, ('monu-
ments et paysages) signées : chevalier
Benjamin Schlick.
Ces aquarelles sont encadrées sans mar-
ges avec un large passe-partout de velours
rouge ; les cadres en cuivre doré, ornés
aux angles, portent ciselé en haut : Sici-
lia ; le dos en tôle vernie, sauf au milieu-
où se trouve une plaque de verre sur la,
quelle repose l'aquarelle, qu'on peut voir
ainsi, à l'envers, par transparence ; cet en-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet J906.
137
138
cadrement bizarre porte sur une petite-
étiquelte de métal, au dos :
« Chevalier Schlick-patentee ».
J'ai entendu dire que ce peintre était
hollandais. J. LL.
François Thierry, médecin (LUI,
838 ; LIV, 29). — Le docteur Thierry
devait vivre a la fin du xviii^ s'ècle.Je pos-
sède une paire de flambeaux à ses armes,
qui fut offerte par lui à un de mes grands
parents. En voici la description :
Z)'^^?/r, à une pyramide d'or, an chef de
gueules^ chargé de ^ étoiles d'argent. Lé-
gende ; Fortitiido mea doiiiinum. d'Epinoy.
Le baron Thiers (LI ; LUI, 838,
9^.4\ — Parlant de M. Delorme, proprié-
taire,en 18^9, d'immeubles, rue de Cour-
celles, Lefeuve, dans ses Anciennes Mai-
sons de Paris, écrit ceci :
Ce Delorme, ex-avocat au Parlement de
Nancy, fut promu, à ce qu'on dit, d'un titre
de marquis, sans le porter davantage que
M. Thiers son titre presque inconnu de ba-
ron.. .
(Loc. cit. Edit. de 1873, tome IV, p. 387").
Si incomplète qu'elle soit, il me semble
que l'on peut toujours faire état de cette
réponse. Hector Hogier.
Piaoes et prix des places au
théâtre au XVÏiF siècle LIV, 5.)
— Le prix des places était le même à
la Comédie- Italienne qu'à la Comédie-
Française, soit: pour le théâtre et V amphi-
théâtre, 4 livres aux représentations or-
dinaires 4, 6 livres aux premières et au-
tres solennités dramatiques. (Voir De-
lèze, Etat de Paris, 1757, in-8, p. 177).
Qiiant à V amphithéâtre^ c'était, dit le
Dictionnaiie de V Académi'^ (1762 in-fol.)
un lieu élevé par degrés vis à vis le théâ-
tre. G. Capon.
Le prince de Limbourg et l'Or-
dre du Mérite de ï}aint-Fliilippo
(LIV, 7). — Le duché de Limbourg ap-
partenait, en 1776, à la maison d'Autri-
che, mais Philippe-Ferdinand de Lim-
bourg-Saint Yrum, qui vivait à cette épo-
que, était comte-souverain des Etats de
sa Maison, ou revendiqués tels par elle
11 était prince du S?int Empire, L'ordre
créé par lui ne semble pas avoir dû être
reconnu par l'Empire, c'était probable-
ment un Ordre dit de prétention, c'est-
à-dire pour affirmer les droits du prince
aux fragments d'Etats, allemands qui lui
étaient contestés. La Coussière.
+
♦ ♦
11 a été répondu à cette question.
Je rccom.mande particulièrement à l'atten-
tion de notre collaborateur la réponse si
complète du regretté Duc Job.
E M.
*
* *
J'ai dans mes papiers de famille un do-
cument qui aidera peut-être M. H. B. k
l'identification qu'il recherche.
C'est une procuration judiciaire sur une
seule feuille, de o m. 40 de côté, portant
cet entête imprimé :
Philippe de Limbourg, par la grâce de
Dieu, duc de Schlewig-Holstein, des Stor-
mariens et Dithmarsiens, de la Frise septen-
trionale, et de Wagrie, comte régnant de
Limbourg-Styru'.n, prince, comte de Hols-
tein-Schaumbourg et Pinnenberg, comte de
Bronckliorst et de Sternberg, seigneur de
Wisch, Borkelose, Ghemen, Oberstein et
Wilhemsdorf, seigneur banneret héréditaire
du duché de Gueldres et du comté cle Zut-
phen, grand-maître élu de l'illustre orc^re
d'ancienne noblesse et de celuy de Saint-
Philippe.
A la suite vient le texte de la procura-
tion en écriture ordinaire. Elle commence
ainsi :
L'an mille sept cent soixante et quinze et
le 17 de février, par devant moi Jean-Phi-
lippe Mans, conseiller aulique de la Régence
de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le
duc de Schleswig-Holstein, prince, comte
régnant de Limbourg et Styrum, seigneur
d'Oberstein,fut présent messire X... etc., etc.
' Signé ; Jean-Philippe Mans.
(Vn sceau en cire rouge).
Urtinot.
Armoiries à détermir^er: d'azur
au chevron d'or accompï^gné (LIV,
6) — en chef de deux étoiles de même
et en pointe d^iin mouton d'argent. Ce
sont les âmes des Séguier.
G. O. B.
. /. 3ir(:i:cf rc Sr-irtc-Idi-ve (IIV,
— Je ne sais si Sainte-Beuve, pendant
) période romantique, a été atteint de ce
mal qui sévissait alors, et que Victor
Hugo, qui en était parfaitement guéri et
revenu, qualifiait lui-même, bien des an-
N* 1119,
L'INTERMEDIAIRE
■ 139
nées après, « d'enfantillages héraldi-
ques ». — « Notre siècle de virilité, écri-
vait-il à mon ami Soûlas, de Montpellier,
qui lui avait envoyé quelques copies de
vieux papiers, où se trouvait le nom de
Hugo, notre siècle de virilité répudie ces
enfantillages héraldiques, mais n'est pas
insensible pour cela aux filiations de
famille. » (Lettre de 1853 ou 1854).
Quant à Sainte-Beuve, pendant les
huit dernières années de sa vie que j'ai
passées auprès de lui, jamais il n'a été
question d'armoiries, et je n'en ai pas
trouvé ombre dans ses papiers. 11 avait
un cachet, sur lequel était gravé le mot
Truth, qui répondait bien à son esprit de
recherche : le Vrai, h Vrai seul ; mais ce
cachet lui avait été donné par madame
d'Arbouville,afm, avait-elle ajouté, qu'il
lui dit toujours la vérité. — 11 ne s'agis-
sait pas de littérature.
En ce qui concerne sa généalogie, je
ne peux que renvoyer à la note qu'il me
dicta un jour, relative à sa prétendue pa-
renté avec le docteur Jacques de Sainte-
Beuve, et qu'on peut lire à la page 564
du tome IV de for/-/?oj'iï/. (Paris, Hachette,
1888) :
... Ma généalogie est courte et des
plus simples, y est-il dit : né à Bouiogne-
sur-Mer, le 22 décembre 1804, l'année
même du mariage et de la mort de mou
père, je n'ai pu recevoir de lui les tradi-
tions de famille, du côté paternel ; je nais-
sais orphelin. Mon père, dont lenom était
Charles-François de Sainte-Beuve, était né
au bourg de Moreuil en Picardie, le 6 no-
vembre 1752, d'un père qui y était contrô-
leur des actes. Tous ses frères et soeurs,
mes oncles et tantes de ce côté, qui étaient
nombreux, y naquirent également. Le nom
est donc identiquement le même que celui
du docteur et de ses parents en Normandie.
Je n'en sais pas plus long, n'ayant jamais
songé à faire des recherches sur ce point.
Si, pour mon compte, je n'ai pas pris ni
revendiqué la particule, quoiqu'elle appar-
tienne à mon nom de famille, c'est qu'elle
a été omise par la négligence des témoins
sur mon acte de naissance, et que n'étant
pas noble, j'ai tenu à éviter jusqu'à l'appa-
rence de vouloir, me donner pour ce que
je n'étais pas.
Jules Troubat.
Saint Christophe et l'Enfant Jé-
sus (LIV, 10). — Dans les représenta-
tions byzantines, l'enfant Jésus est sou-
vent à cheval sur l'épaule du saint, à la
140
façon dont maintenant encore on voit
porter les enfants en Orient. On en trou-
vera un exemple dans les caractéristiques
des saints du Père Cahier. Dans le même
ouvrage se voit également -la reproduc-
tion d'un plomb historié de corporations,
ou l'Enfant Jésus n'est pas non plus assis
sur l'épaule du saint. En répondant à la
question ci-dessus, pourrait-on me donner
quelque explication au sujet d'une étrange
représentation du même saint. Dans
l'église de Sedgford (Angleterre) le saint
porte sur l'épaule l'Enfant Jésus repré-
senté avec trois têtes. Quelle est l'explica-
tion de cette étrange représentation et en
existe-t-il quelque autre exemple ^
C. B. O.
Cadrans solaires àl'intérieur des
églises (LUI, 730, 878, 939). — Je me
permettrai de faire observer tout d'abord
que l'expression cadran solaire, employée
à l'occasion de l'intérieur des églises, est
impropre. Ce ne peut être qu'une simple
ligne méridienne tracée sur le sol et qui
indique midi tous les jours de l'année, au
moyen d'une ouverture percée dans le
toit ou dans l'un des murs de côté.
Le cadran solaire ordinaire, horizontaL
vertical ou déclinant, peut indiquer
l'heure toute la durée du jour, parce que
le style est toujours exposé aux rayons
solaires. L'ombre du style se déplace sur
le cadran à mesure que le soleil se déplace
sur l'horizon. Dans une église, il ne peut
en être ainsi, c'est un simple trou, un œil,
pour ainsi dire, qui, à une heure détermi-
née, celle de midi, reçoit une partie des
rayons solaires. Ceux-ci vont se projeter
sur un point du sol de l'église ; comme
le soleil varie tous les jours de hauteur,
la réunion de ces points constitue une
ligne droite ayant pour limites un maxi-
mum au solstice d'été et un minimum au
solstice d'hiver. Dans le cours d'une an-
née, le soleil décrit deux fois cette ligne.
Les plus célèbres méridiennes sont
celle de San Petronio, à Bologne, recti-
fiée par Cassini I*"' ; puis celle de Sainte-
Marie-des-Fleurs, à Florence, rectifiée par
le P. Ximenès en 1755 et par le professeur
Uzielli en 1890. Elle fut construite par
Paul Toscanelli en 1467 et on en a parlé
dans les colonnes de V Intermédiaire le
20 juillet 1905, col. 93. Il y en a encore
d'autres en Italie dans la cathédrale de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
141
142
Milan, et dans l'église des Chartreux de
Rome (1701).
En France, il n'y a guère que celle
de Saint-Sulpice, tracée en 1727 par
Sully, horloger anglais, et enfin celle de
Tonnerre, peut-être la plus précieuse de
toutes, construite en 1786 par Thorel et
calculée par doni Ferrouillat. La Société
astronomique de France a voté, l'an der-
nier, je crois, une subvention pour ne
pas la laisser s'endommager. A. D.
*
Il existeàBIoisunpavillon, dit« Pavillon
d'Anne de Bretagne », seul reste des con-
structions etornements des jardins qui dé-
pendaient du château. Dans la pièce du pre-
mier étage de ce pavillon, on remarque,
tracées sur les solives, des raies diver-
gentes sur lesquelles sont indiquées, en
chiffres romains, les heures du milieu de
la journée. Le soleil, pénétrant par la fe-
nêtre qui se trouve devant ce tracé, pro-
jetait sans doute l'ombre du jambage de
la fenêtre suivant les raies peintes sur les
solives. Très Artes.
*
* *
Une méridienne sur laquelle tombe un
rayon solaire est tracée sur le sol de
l'église Sainte Gudule à Bruxelles.
C. B. O.
M. M. s'étonne d'un tel titre qui le rend
réservé. — S'il veut bienjeteruncoupd'œil
sur un article de M. Fourdrignier, quia
paru dans le n° de juin du Bulletin de la
Société ptéhistoriqne de France^ il verra
pourquoi de tels cadrans pouvaient être
parfaitement utilisés, au moins dans les
anciennes églises, qui, à l'époque méro-
vingienne, entre autres, avaient, à leur
partie supérieure, un système de toiture
pourvue de réflecteurs pour la lumière
solaire. — Dans ces églises, les rayons du
soleil pénétraient très bien.
D"" Marcel Baudouin.
Saint-Jacques do Compostelle
(LUI, 277, 406,460, 520,633). — En oî un-
ie. — L'Intermédiaire, LUI, 634, contient
cette phrase : ... « Au mur se voyait encore
une peinture d'un homme nimbé, les bras
enorante ..>/ Comment s'explique cette
expression, qui, incontestablement, signi-
fie dansl'attitud^ede la prière'tlQ moi orante
ne se trouve pas dans les dictionnaires.
J- Lt,
Cette note a été communiquée à l'auteur
de l'expression qui répond en ces termes ;
Les premiers chrétiens avaient l'habi-
tude de prier debout, les bras étendus et
levés vers le ciel. La plupart des monu-
ments chrétiens des premiers siècles
offrent de ces figures, principalement des
figures de femmes représentées dans cette
attitude. L'orante est le symbole, soit de
l'âme chrétienne, soit de la prière, soit
de l'Eglise. Parfois même on peut y voir
utie représentation de la mère de Dieu.
Le iSonveau Larousse illustré donne le
mot orant, que j'ai rarement rencontré.
Des représentations d'orantes se rencon-
trent dans tous les ouvrages traitant de
l'iconographie des catacombes.
C. B.O.
« Le Jugement de Paris » et
« Vers funèbres » sur le prince
de Bourbon ; ouvrages anonymes
à déterminer (LUI, 10, 926). — Le
Jugement de Paris ts\. attribué, par M. Paul
Lacroix, à Nicolas-Horace de Ronsard,
sieur des Roches de Vouvray (sur Huisne),
de Boisguinant et de la Corvée, fils cadet
de Joachim de R. sieur des Roches et de
Vouvray et de Marguerite de Chabot,
dame de Boisguinant et de la Corvée.
(Haureau Hist. litt. du Maine ^ 1" éd.
t. IIL p. 283).
A propos de ce poète, ami de Robert
Garnier qui lui adressait des vers, La
Croix du Maine, dans sa Bibliothèque fran-
çaise,dit : « Nicolas de Ronsard, sieur des
Roches, gentilhomme du Maine, autre-
ment appelé Nicolas-Horace de Ronsard,
parent de Pierre de Ronsard, a escrit plu-
sieurs poèmes français lesquels ne sont en-
core en lumière. Il est excellent pour la
musique et jeu de luth et autres parties
requises à un gentilhomme... »
Malgré son intelligence et son savoir,
ce gentilhomme poète eut une fin déplo-
rable. A son instigation, son frère puîné
Gabriel, surnommé le prieur des Roches,
et deux de ses cousins assistés de quelques
valets, assassinèrent, le 14 mai 1573, en
sa maison de la Denisière, la veuve de
son frère aîné avec deux de ses domesti-
ques. Poursuivi avec ses complices, Nico-
las de Ronsard fut condamné par contu-
mace ; mais ayant été plus tard saisi, il
eut la tète tranchée en place de Grève à
Paris, le 29 mai 1584.
No 1119.
L'INTERMEDIAIRE
143
Quant aux Vers funèbres sur le trespas
du Prince de Bourbon, nous les attribuons
à Pierre Gravelle, sieur de V... (entre au-
tres seigneuries, la famille Gravelle, établie
C.U pays Chartrain, posséda les fiefs de
Vauterne et des Vaux), avocat au parle-
ment, bailli de Gallardon, de 1620 a 1663,
riiarié à Anne Nicole, et dont la fille aînée
Charlotte fut baptisée le 14 novembre
1619, en l'église Saint-Pierre-de-Dreux où
elle eut poUr marraine Cliarlotte-Anne de
Bourbon. H. de G.
Légndes de Colliu de Piaacy
(LUI, 723, 871, 930 ; L1V,36). — Voici,
pour la bibliographie de CoUin de Plancy
quelques titres de ses ouvrages qui sont à
ma connaissance ; Geneviève de Brahanl.
— Godet roy de Bouillon. — Histoire d'un
petit duc de Biahant. — La cloronique de
Gode froid de Bouillon. — La cour du roi
Dagoheri. — La reine Bcrthe ai( grand
pied. — La vie de la Sainte Vierge . — Le
champion de la sorcière. — Le docteur
Faust. — Le mènélrrer d'Echfernach. — Le
rûnian dil renard. — Les aventures de M.
Adàht Bord. — Le sanglier des Ardenncs.
— Les dou^e convives du chanoine de Tours.
— Les Jésuites, mystères enquatre cohues
à 100 personnages. — Les Jésuites.^ entre-
tiens des vivants et des morts à la fron-
tière des denx mondes. — Quelques scènes
du moyen âge. Légendes : de l'Ancien Tes-
tament, — du Nouveau Testament, — des
Commandements de Dieu, — des Comman-
dements de l'Eglise, — des Sept péchés capi-
taux, — de la Sàinte-Vierge, — de V His-
toire de France, — de la Province d'An-
it^rs, — des Origines, — des Femmes, etc.
Du baron de Nilinse (CoUin de Plancy).
Charles MàHel. — Récits du temps passé. —
Tm châsse aux prêtres, profils de ceux qui la
font et ce qu'ils en retirent. — Les biens des
Eglises, comment oh niella inain dessus et ce
qui s'en suit.
La (jdatrième édition de son : Diction-
naiie infernal, que j'ai sous la main,
porte l'approbation de Mgr AfTre, arche-
vêcjlie de Pétris.
Presque tons ces ouvrages soilt édités
par la Soc.Saint -Victor, j'ignore s'il y eut
plUsieui-s CoUin de Plancy.
Le baron de Nilinse était Savoyard, c'est
tout ce que j'en sais, je lirais avec plaisir
d'autres réponses faites à sort sujet.
A. H.
144
*
* ♦
}acques-Albin-Simon Colin ,dit de Plan-
cy,né à Plancy (Aube) le 30 janvier 1794,
mort à Paris le 13 janvier 1881, était, par
sa mère, cousin du conventionnel Danton.
Il publia, non pas de 1818 à 1825 (LIV,
56), mais de 1812 à 1833, des ouvrages
antireligieux tels que : Le Dictionnaire
Infernal, le Diable peint par lui-même, le
Dictionnaire de la Folie et de la Raison.
Les ouvrages composés entre ces deux
dates : 1812 et 1833, furent mis à \' Index.
A partir de 1833, Colin de Plancy
n'écrivit plus d'ouvrages antireligieux et
adora ce qu'il avait brûlé; il s'engagea
même à refaire ses précédents ouvrages
dans le sens catholique. C'est ainsi qu'il
fit imprimer un second Dictionnaire infer-
nal, conçu dans un tout autre esprit que
le premier, ses Légendes, etc.
En 1846, il constitua à Plancy (Aube)
et non à Paris, (LUI, 729) la Société de
Saint-Victor, pour la propagation des bons
livres. Cette Sociétéqui ne vécut guère que
dix années, imprima plus d'un million et
demi de volumes.
Après sa disparition, Colin entra dans
la maison Pion .
On trouvera une excellente notice sur
Colin de Plancy dans la Biographie des
personnages lemarquahles de Troyes et du
département de l'Aube, par Emile Socard
(Troyes, Lacroix, 1882) p. 103-105.
La liste complète de ses publications n'a
jamais été dressée ; la plupart existent à
la Bibliothèque de Troyes.
On trouvera quelques détails sur sa con-
version, qui remonte à l'année 1841, dans
l'article nécrologique que lui a consacré
M. Socard, dans la Revue de Champagne et
de Brie, t. X. (iS8i) p. 53^56.
O. B.
ZaïîZ:? (LIV, 8). — Il faut dire Zan^e
avec l'accent sur la première syllabe, et
non Zan^é avec l'accent sur la dernière,
ainsi que je le voit, imprimé p. S. M. De-
basle devra compàl"er l'édition annotée et
critique des Mémoires d' Outre-Tombe de
Chateaubriand pai- M. Edmond Biré (chez
Garnier), parue il y a cinq ans, avec les
travaux des spécialistes italiens auteurs
de travaux sur Pellico : les pi^ofesseurs
Mazzatinli, Domenico Chiattone et sur-
tout A Luzio, dii'ecteur des Archives de
MantoUê.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
M5
146
Le père Ilario Rinieri a publié, lui au.=si,
des livres sur Pellico, mais il imprime
mal les textes, et M. d'Ancona a prouvé
qu'il les défigure. Voir aussi tout ce qui
se réfère aux prisons des Pioinhi (dispa-
rues) du Musée de la ville de Venise (Mn-
seo Correr).
Baron Albert Lumbroso.
Le pluriel des mots en ant et en
ent (LU, 841, 989). — Je lis la phrase
suivante dans la Revue des Deux-Mondes
(i^' mai 1906, page 108) :
De voir cette intelligence de femme mêlée
de très près aux deux grands différens dog-
matiques qui troublèrent l'Eglise de son
temps...
Ce n'est donc pas le / seulement que la
Revue supprime au pluriel, mais aussi le
d. Je veux bien admettre qu'il n'y a pas
de raison d'écrire différend au lieu de dif-
férent ; mais c'est la loi jusqu'ici, nous
devons nous incliner ; et je mé croirais,
quant à moi, encore moins autorisé à
supprimer le d que le /.
Est-on de mon avis à \ InUrmediaU e .?
J. Lt.
Picard, nom d'un peuplier (LUI,
393,487, 651,711, 875, 988). — Peuplier
blanc, à grandes feuilles, ou Franc-Picard,
ou Grisaille de Hollande, improprement
Ipreau ; en flamand, Witte Populier,
Abcel-boom ou Vlauminck ; en wallon.
Picard , Blanc- boës.
Peuplier blanc, à petites feuilles pana-
chées, en wallon, picard à petites feuilles.
Cultivés partout en Belgique, mais sur-
tout dans les Flandres,
Consulter : de Poederlé — Manuel de
TArhoriste et du forestier belgiques —
Bruxelles, Boubers, 1772, pages 276-279.
H. Angenot.
Ohasselle Comète(LIII,952;LIV,97).
— La question offre un certain hitérêt.
Dans les cantons de Bussière-Badil et de
Jumilhac fDordogne) rapprochés du Li-
mousin, on trouve, dans les registres pa-
roissiaux du xvii^ siècle, la mention d'en-
terrements de petites chasselles ou petites
chancelles. A Périgueux, à Sarlat, etc,
ces chasselles sont appelées citernes ou
cistetnes. D'après certains documents, on
constate que les enfants mort-nés ou
morts sans baptême étaient enterrés dans
un coin particulier, dans une fosse spé-
ciale du cimetière. Dans un livre de rai-
son périgourdin, on lit :
Le cimetièie occupait la place oij il est...
il y avoit près des ruines de l'esglise un
bassin en pierre de taille et vousté avec une
ouverture pour jeter les enfans morts sans
baptesme.
Il est vraisemblable que cette ouverture
était cancellce (grillée), d'où les noms,
donnés à ces petits êtres, de cisternes ou
chasselles (le contenu pour le contenant).
On consultera à ce sujet le Bulletin de
la Société archéologique du Périgord, t. XI,
iio, 187, 285, 360; XIX, 453.
St-Saud.
^ laon (LUI, 730,824, 873). — Oui,assu-
rément,ce inot a deux prononciations et je
ne suis, quant à moi, pour- la suppression ni
del'une ni de l'autre. Les gens du bon ton,
c'est-à-dire l'infime minorité, disent tan.
Le reste, c'est-à-dire l'immense majorité,
celle qui fait l'usage, dit ton. Si l'Acadé-
mie préconise tan (LUI, 824), tarit pis
pour l'Académie qui, eii fait de pronon-
ciation, n'a qu'une chose à penser, enre-
gistrer ce qui est sans se mêler, ce dont
elle s'est mainte et mainte fois défendue,
de vouloir donner le ton. Son rôle est de
constater l'usage,
QueDipeiicsarbiCriumest eljusetnormaloquendi
et non pas de le morigéner. Or, l'usage
le plus commun est en faveur de ton, j'en
appelle au témoignage de ceux de mes
confrères qui vivent, non pas dans un
monde d'académiciens ou de diplomates,
mais au milieu de braves campagnards^
ou de bons bourgeois, simples, sans pré-
tention, restés fidèles aux vieilles tradi-
tions françaises. Je vais plus loin : je
prétends que ni les Académiciens ni les
intellectuels, ni les « débêteux » plus ou
moins officiels ne parviendront jamais à
insinuer tan dans la caboche de nos
paysans. Pourquoi ? Parce que dans l'es-
prit des ruraux il existe un rapport d'ho-
monymie entre le nom de l'animal et son
« vezonnement » Àsper, acerba sonans, dit
Virgile (Géoro.) Le paysan ne se préocupe
pas, lui, de nos étymologies classiques ; il
s'en crée. Qu'iriez-vous lui parler de ia-
banus, en vaudois, en provençal et en
v. fr. tavan ; esp. tabano ; it. tafano ?
Pour lui, c'est le bruit que fait le taon^
N° iiio.
L'INTERMEDIAIRE
- 147
148
c'est son ion et non son /j«,qui justifie son
nom. .
A mon tour, je me permettrai de poser
au collabo Adrien Marcel une question
qui n'est point sans rapport avec la
sienne. Pourquoi à Rouen (pron . Rouau)
dit-onSainl-Ouen (pron. 5t7m/-Om7n), tan-
dis que dans la banlieue parisienne on pro-
nonce communément 5"^/;// Ouin'^ Faut-il
prononcer d'une façon dans la Seine,
d'une autre dans la Seine-Inférieure ? 11
s'agit pourtant, dans les deux cas, du
même Sanctus Audoenus.
Lpt. du Sillon.
L'Oie (LUI, 952). — Oui, sans doute,
on a fait venir ce mot du bas latin auca,
élision d'avica, de avis, oiseau ; mais le
nom de l'oie (oi, oiié, en vieux français)
ne dériverait-il pas plutôt du grec aiiem,
soulier ? C'est qu'en effet ce gros oiseau
à long col produit un singulier sitïlement,
identique au souffle d'un jet de vapeur qui
s'échappe d'une chaudière, quand il est
attaqué : ichchch !
On aurait eu alors la série des mots
suivants : aiicin, ôe\ oué, oie en français
sans passer par le latin avis, oiseau .
D' Bougon.
Pied de nez (LUI, 730. 824 ; LlV,4o,
99). — Tout gavroche en donnerait, se-
lon moi, aisément l'explication :
Il suffit de lui avoir vu faire ce geste à
une certaine époque, déjà éloignée, car,
hélas ! tout s'en va.
Il portait le pouce à son nez et, levant
la jambe, il joignait le genou au coude, et
agitait le pied (exercice qui serait aujour-
d'hui assez difficile pour la plupart des
intermédiairistes.)
Donc le pied de nez, avec les deux pieds
à terre, n'est pas un vrai pied de nez.
G. Plaisant.
* *
« Pied de nez » se peut ; le nez s'est
allongé, signe admis de déception ; d"où
faire un « pied de nez » aux gens, c'est
se moquer de leur désappointement. Cela
me mène à « Pan de nez », qu'on dit sou-
vent, mais qui n'est qu'une corruption
d'« Empan de nez» ;et alors, comme pied,
signe d'allongement. « Empan », du ger-
manique spanna, mesure de la main éten-
due : et non x< pan », du latin panniis,
morceau, lambeau , à rejeter par les pu-
ristes, si du moins les puristes parht de
ces choses. Villefrecs,
Connu comme le loup lanc
(T. G., 536). — Je nesais sicettec.ires-
sion est courante ; mais je l'eiends
dire autour de moi et je m'en sers noi-
même, à l'occasion, en parlant, par <em-
ple. d'une personne très connue dar une
localité quelconque : « Vous y êtes )nnu
comme le loup blanc. — On le cor.ait à
X... comme le loup blanc ». Corne je
n"ai pas inventé cette manière de de —
pas plus que ceux qui s'en servent jtour
de moi - et que j'ai la certitude u'elle
est usitée et comprise dans la régn du
nord de l'Ile-de-France à laquelle j opar-
tiens, je serais curieux d'en coraitre
l'origine, si quelqu'un de nos confr es de
ï Intermédiaire pouvait l'indiquer.
Le Besacr.
Cette réponse a été posée XII et a ru des
réponses peu coiidu.iiiles ; clic a cl >o<ée
XXi.ct n'a pas re(,u de réponse du tOLN'otre
collaborateur sera-t-il plus heureux ins le
tome LIV ?
Les savants ennemis (LU 674,
82b,c)9i). — Il serait assez aisédc ce poser
un volume des traits d'inimitié, ufois
férocect toujourstcnace.que la jalcsie ou
l'envie a provoquée entre savants occu-
pant des mêmes sujets.
Ce serait, hélas! la divulpationiel'un
des plus vilains défauts de la natre hu-
maine.
Pour ne pas remonter trop ha dans
ks siècles passes, il ^ulïlrait de p courir
les œuvres des théologiens et pomisles
religieux du xvi« siècle. Je crois j'il est
préférable de ne pas citer les njures
grossières, ignobles, parfois atrces que
s'adressai*;nt mutuellement les a»ersai-
res. Il suffit de renvoyer le lecur cu-
rieux à leurs ouvrages et à leii- pam-
phlets .. Au xviM' siècle, nous ruvons
signaler les polémiques bien con:esdes
mathématiciens, les frères BernciHi, et
du neveu dejean. Daniel Bernouilli.-sque-
relles deMaupertuis et de la Concmine;
de Maupertuis et de Voltaire ; - Vol-
taire et de jean-jacques Roussiu ; le
persifflage cruel, mais trop :»uve''t
justifié dont use libéralement j'cph a^
Maistre dans son analyse de la iiiloso-
phie de Bacon, etc. Les exemps con-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906.
149
temprains ne sont pas rares, il s'en faut;
mai notre collaborateur Rip Rap con-
vienra que la réserve s'impose, surtout
s'il agit de savants encore vivants.
AuG. Paradan.
♦ *
Lî chimistes surtout, qui l'eût cru ? se
distiguent par leur malveillance r.xipro-
'" quel féroce L'animosité qui divisa Ber-
thek et Wurtz est célèbre, ainsi que la
hair deJ.-B. Dumas pour Gebhardt. Voir
les ouvenirs de jeunesse de Scheurer
Kesiér, pages 35 et 330-53 1 . A. B.
♦ *
Jdis ceci dans Boillon,D/c/. de botani-
queïomQ 1, p. 514 :
Brfonia. Genre d'AIsinacées, tribu^ ds
Euainées renfermant à peu près 1 1 esp ces
qui i trouvent dans les régions sèches et
pienuses de l'Europe australe et médiane,
de Asie Occidentale jusqu'aux limites de
rim Orientale et de l'Arabie.
G genre n'est d'aucune utilité à l'homme.
C) a dit que Linnée voulant se venger de
Butin, qui avait combattu ses doctrines,
ava changé le nom de Buffonia en celui de
Bufiia (de Bufo, crapaud). Mais le fait n'est
pas uffisam ment prouvé Nomen , dit Rich-
ter jm'gue Linnao in Biifoniam pro {Bu;-
foiv) mulatum esse probent ii narraul.
bus le voyez : /4dhuc suh jndice lis
est:X je crois que le doute doit profiter à
la lémoire du grand naturaliste qu'on
peujusqu'à preuve contraire, croire inno-
cer de ce mauvais jeu de mots et de cette
mejuine vengeance.
U N VIEUX LÉPIDOPTÉRISTE.
Le discussion s'était àprement poursuivie
ent les deux assyriologues les plus qualifiés
que nous possédions alors, M. Oppert et
M. lenant. Le vendredi suivant, M. Oppert,
voyit venir M. Menant, alla à sa rencontre
et'.i dit : « Mon cher collègue, vous ne
m'e voulez pas de ma petite querelle de
faue jour ? »
;. Menant, piqué, lui répondit : « Mon -
sie;, je ne vous connais pas ! » A quoi
M. 'ppert répliqua aussitôt : « Je ne suis
poUant pas un cunéiforme ».
\ilà, messieurs, quelles sont, à l'ordinaire,
ces isputes de savants 1 Rara concordia
fti: :im !...
(,arles Benoist, à la Chambre des de-
puis, !'•'= séance' du 12 février 1906 ;
Joi ml officiel, Chambre, in-extenso page
63V Sglpn.
150
Livres imprimés blanc sur noir
(1111,729,871, 931, 984; LIV, 37). —
Je possède une brochure in-12 de 32 p.,
intitulée : Fêtes religieuses qui doivent se
célébrer à Saint-Saulve (lez-Valenciennes)
à l'occasion de la consécration de l'église,
le 16 juillet 1865. Valenciennes, impri-
merie de E. Prignet, 1865 Une vignette
sur le titre et une autre au verso, le tout
imprimé blanc sur papier noir. L'impres-
sion est nette et très lisible. Le tirage a
été fait à la presse par les procédés ordi-
naires, l'exemplaire broché n'est pas
coupé et la justification contrôlée est iden-
tique à celle des exemplaires ordinaires,
tirés sur papier blanc. Point de bavures ni
apparence de poudre d'argent.
Ce tirage de fantaisie a dû être demandé
par quelque amateur-collectionneur d'ori-
ginalités. |e n'ai pu me renseigner près de
l'imprimeur décédé en 187 1.
Un Valenciennois.
La « \farseinaise » parodies (T.
G., 569 ; LUI, 764. 881, 929, 995)- — Je
retrouve, dans la Revue Bleue dn 9 juillet
1898, un très curieux article de M, Léo
Claretie, sur la traduction de la Mar-
seillaise, parue d'abord en vers latins,
puis en vers grecs. Les deux traductions
y sont données in-extenso,
AUBER.
*
♦ *
Parmi les nombreuses imitations et adap-
tât ions de la Marseillaise, que Rouget de
risle avait d'abord appelée : Chant de
V Armée du Rhin, il en est de très inté-
ressantes au point de vue historique. Ce
sont celles qui furent exécutées pendant
la Révolution ; on trouve ces hymnes
tantôt avec cette indication : Air des
Marseillais ; ou bien : Air de V Hymne des
Maiscillais ; ou encore : Sur l'air chéri.
Voici quelques-uns de ces morceaux que
vous pourrez citer si cela présente un in-
térêt quelconque :
Eloge de Thionville et dj Lille, 1792.
Hymne chanté sur le théâtre de la rue de
Louvois, 1792, par un anonyme : Sur l'atr
chéri.
Hymne chanté lors de la translation des
Archives des Liégeois à la Maison- Commune
de Paris, le 14 avril 779^. Air des Marseil-
lais.
Couplet chanté à la barre de la Couvert
No niQ.
L'INTERMEDIAIRE
15»
152 -
tion le 5 juillet 1793, par Chénard et Nar-
bonne,dela Comédie-Italienne.
Hymne religieux et patriotique fait pour
être chanté dans les fêtes nationales, juillet
1795. Sur l'air des Marseillais.
Couplets et Hymnes, chantés le jour de la
seconde décade du mois de Brumaire de
Van IP de la République Française une et
indivisible pour l' inauguration des Bustes
de Lepelleticr et Marat (2 couplets sur
VAir des marseillais, chantés à la y station
à l'Arc de Triomphe sur le boulevard).
Chant civique pour la fête du 10 août
1793 à Rouen. Air des Marseillais.
Hymne patriotique pour la fête de la
Réunion patriotique, chanté sur l'emplace-
ment de la Bastille, le 10 août 1793. Air
de la Marseillaise.
Aux Armes ! 24 septembre 1793. Hymne
dédié aux jacobins de Paris, par F. Le
Gall, jeune sans-culotte Bas-Breton. Air
des Marseillais.
Hymne funèbre pour la fête civique
donnée par la section des Gravilliers en
l'honneur de Marat et Lcpelletier et
chanté par les jeunes orphelins de la
Patrie, élèves de Legnard Bourron, mem-
bre de la Convention Nationale et par le
citoyen Moline, de la section des Gra-
villiers, secrétaire-greffier attaché à la Con-
vention Nationale, le 22 brumaire, l'an II
de la République Française une et indivi-
sible. Sur l'Air chéri.
Hymne à la Raison, an II de la Répu-
blique. Air : Allons enfants de la patrie.
La Repiise de la ville infâme de Toulon,
le 2S frimaire, 18 décembre lyç^, par les
braves soldats de la République. Par le
citoyen Salles. Air de la Marseillaise.
Strophes qui ont été chantées sur la
Montagne, au Champ de la Réunion, le
20 prairial, an II de la République Fran-
çaise. Paroles du citoyen j. Chénier, dé-
puté à la Convention Nationale. Air de
V Hymne des Marseillais.
Couplets chantés au théâtre lyrique
national. Ces couplets ont été insérés au
Bulletin, 17 pluviôse, an 11, de la Répu-
blique Française.
La Prise de Toulon. Stances chantées
sur le théâtre de la République, le i6 ven-
tôse, an IL Air dts Marseillais.
La Bataille de Fleurus, couplets chantés
au théâtre des Arts, par Chéron, le jour
de la nouvelle de cette victoire, le 9 mes-
sidor, an IL Paroles du citoyen Fabre-
Olivet. Air : Allons enfants de la patrie.
Hymne pour le jour de la fête de
P. Marat, Lami du peuple, martyr de la
liberté, 25 messidor, 10^ ipois de l'année
républicaine (13 juillet) — par le Répu-
blicain T. Rousseau. Air des Marseillais.
La Défaite de l' Armée Napolitaine, exé-
cuté sur le théâtre de la République et
des Arts, le lô nivôse, an VIL Air :
Allons enfants de la Patrie.
F. Jacotot.
Tartempion (LUI, 953). — Et moi
aussi j'ai lutté pour interpréter l'idée de
ce mot qui se retrouve dans hsintervieios:
Parade moderne du théâtre chimérique de
Jean Richepin. Tartempion et Barbanchu
sont deux caractères ou personnages de
la classe dçs Inconnus. Je résume l'expli-
cation que j'ai hasardé dans mon Choix
d'extraits de Jean Richepin ,quQ M. Richepin
a bien voulu autoris-^r (Silver, Burdett et
Company, Nev^-York, Boston, Chicago,
1905), Lorédan Larchey [Nouveau supplé-
ment du dictionnaire d Argot) dit : « Nom
servant à désigner la première personne
venue. — Date du Charivari de 1840 à
1850, où certains articles mettaient tou-
jours en scène les personnages imaginai-
res de Tartempion et Barbanchu. » Et
chose ! tu sais bien... Bibelot !
Tartempion ! « (Bouchor, 80). » Le
mot pourrait venir de tartines que Balzac
définit « immenses phrases lardées de
mots emphatiques, si ingénieusement
nommées tartines dans l'argot du journa-
lisme v>. Qiiant à Barbanchu, ce mot
viendrait aussi peut-être de barbu, qui fait
penser aux barbes de la bohème littéraire,
j'offre aussi cette explication pour ce
qu'elle vaut : avoir de la barbe indique
la vieillesse ; d'une histoire par trop bien
connue, on dit : elle a dé la barbe ; donc,
un homme répétant la même chose pour-
rait être qualifié barbanchu ; les typogra-
phes disent dans leur argot : barbe =
ivrognerie ; barbanchu indiquerait alors
les habitudes de boisson des bohémiens.
Enfin, voilà de modestes indications.
A. G. C.
Introduction du poivre en France
(XLIX; L;LIV, loi). —Pierre Poivre,
né en 17 19, mort en 1786, fit le com-
merce des épices, mais ne découvrit pas
le poivre qui existait bien avant lui en
^
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 1906
15?
154
France. Des textes connus des xwf et
XVII* siècle.prouvent son existence. L G.
Les épices, et notamment le poivre, ont
toujours été en faveur chez nous ; on
verra pourquoi tout à l'heure.
Déjà sous l'Empire, au temps des Gallo-
romains, le mot poivre, pipe)\ était em-
ployé non seulement dans le sens propre,
mais encore au figuré, par les auteurs du
iv^ et du V* siècle, à l'époque de l'inva-
sion des Barbares.
Alors que saint Jérôme emploie ce
substantif dans le sens de mots mordants,
rnots cruels ; Sidoine Apollinaire se sert
de l'expression piperata/ûcitndia, pour dire
un discours épicé.
Horace, Vitruve, Pline, parlent du
poivre ordinaire, /)/^t'r. Paulus nous donne
le mot piperatorimn, pour dire une poi-
vrière. Quant au gastronome Apicius, il
se sert de l'adjectif neutre piper atiun^ pris
substantivement, pour dire une sauce
poivrade !
Les anciens connaissaient encore le
piment, que Pline appelle piperitis ; q-ii est
un mot grec, latinisé dans ce but.
Nous croyons que le poivre n'a jamais
fait défaut dans nos épiceries, même aux
jours les plus sombres du Moyen Age et
de l'invasion des Barbares ; parce que les
navires de la Méditerranée, qui transpor-
tent chez nous les denrées de l'Orient,
ont toujours existé depuis l'empire ro-
main et que le commerce n'a jamais été
interrompu. Or, les Barbares raffolaient
de itout ce qui concernait le luxe de la
table, et notamment du poivre, qu'ils
trouvaient excellent pour la digestion.
Lors de la prise de Rome par Alaric I, roi
des Wisigoths, en 409, ce barbare réclama
tout d'abord 3 mille livres de poivre en
nature ! Gela tient à ce qu'on attribuait
alors au poivre des propriétés vitales
toutes particulières. Or, les petits se mo-
dèlent toujours sur l'exemple des grands.
D"' Bougon.
Vins d'honneur (LIV, 58).— Je crois
que « Vins d'honneur » est une accep-
tion toute moderne ; on disait plus volon-
tiers autrefois ; *,< Vins de ville ». Le vin
d'honneur ou vin de ville était, au moyen
âge, présenté à tous les personnages de
marque qui entraient dans une bonne
ville pour y séjourner ou la traverser. Ce
don souvent considérable, avait surtout
pour but de capter la bienveillance de ce-
lui à qui il était offert.
A Mantes, dont on a des comptes à par-
tir de' 138!, on trouve une liste considé-
rable de ces dons, aussi intéressante en
elle-même, que par les noms des personnes
auxquelles ce vin est présenté. En cette
année 1381, il fut offert à Ferry de Metz,
au bailli, à M" Loys Paste, conseiller du roi,
au doyen de Chartres maître des requêtes
du roi, à un échanson du roi, à l'archidia-
dre de Pincerais, au baron d'Ivry, à mes-
sire Gauvin de Dreux, à l'official de Char-
tres, au maire de Dreux, au général des
frères mineurs, à M" Berthaut Aladent, à
révêque de Chartres, à M. l'Estendart ca-
pitaine de Mantes, à l'abbéde Coulombs, à
Taupin de Ghantemesle, à Pierre Louvel,
à Gille le Gallois, à Robert et Guy Le
Baveux, etc. La dépense fut de 28 1. 6 s.
La coutume se prolongea. Plus tard elle
fut changée en un repas, souvent copieux
où les officiers de la ville étaient conviés.
Le, vin d'honneur moderne n'est donc
qu'une vieille coutume rajeunie et adoptée
à des habitudes nouvelles. E. Grave.
Le septième garçon ou le sep-
tième enfant (LUI, 945 ; LIV, 41, 102).
— Le nombre sept a joué un grand rôle,
chez les Juifs. La semaine était déjà com-
posée de sept jours et le septième et der-
nier jour était consacré au repos et aux
cérémonies du culte : c'était le sabkit.
Dans les dogmes et cérémonies du chris-
tianisme, le nombre sept jouit aussi d'une
grande influence. Il y a sept sacrements,
sept péchés capitaux, sept psaumes de la
pénitence, etc.
Sous l'ancienne monarchie, les pen-
sions se multipliaient à l'infini et l'arbi-
traire régnait pour leur distribution. Rien
ne réglementait la nature et la durée des
services qui pouvaient les faire obtenir,
rien ne réglementait également la quotité
des allocations. Il parait donc fort vrai-
semblable que certains rois aient accordé
une pension au père, lors de la naissance
d'un septième garçon.
Toutefois, malgré mes recherches sur
cette question, je n'ai trouvé, dans les
anciens textes de législation, aucun docu-
ment précis.
Montaigne nous apprend dans ses
£■55^/5 (liv. 2, chap, 7), qu'il fut un temps
N»
1119.
L'INTERMEDIAIRE
155
156
où « les gens de qualité avaient plus de
« jalousie des récompenses (honneurs) que
« de celles où il y avait du gain et du
profit ». Sous Henri IV, lorsque ce mo-
narque attirait à lui tous les cœurs de ses
peuples, cet heureux temps n'était déjà
plus. En 1600, le trésor de l'Etat se trou-
vait chargé de 3.000.000 de grâces an-
nuelles. Cependant, en 16 10, les pensions
se trouvaient réduites à deux millions :
si Henri IV avait été généreux, Sully avait
administré ses finances. Mais les trésors
amassés par Sully furent bientôt dissipés
et en 16 14, les pensions s'élevaient à
6.650.000 livres. Il se produisit des
plaintes, les pensions furent réduites, puis
elles augmentèrent, car il était difficile de
mettre un frein à ces sortes de grâces. Il
n'est pas douteux que Louis XIV n'ait
prodigieusement favorisé l'augmentation
de la masse des pensions. Cependant, par
la déclaration du 14 octobre 1710, elles
furent assujetties à la retenue du dixième.
D'autres déclarations augmentèrent les
retenues sous Louis XV, mais il semble
qu'elles furent constamment violées.
Necker fut impuissant dans ses tentatives
pour élever des barrières contre les abus
du régime des pensions. Après lui, la pro-
digalité fut portée à ses extrêmes limites
et, en 1789, les récompenses pécuniaires
s'élevaient à une somme dix-huit fois plus
considérable qu'au décès de Henri IV.
Par le décret du 30 août 1790, l'Assem-
blée constituante supprima les pensions
et autres grâces pécuniaires existantes au
!"■ janvier 1790 et établit des règles gé-
nérales pour leur rétablissement et pour
la concession de pensions et autres récom-
penses pour l'avenir. Diverses lois modi-
fièrent ce décret et la loi du 15 germinal,
an XI, vint établir les principes généraux
sur les pensions.
La loi du 29 nivôse, an XIII, relative à
l'organisation de l'instruction publique,
contenait la disposition suivante : « Tout
« père de famille ayant sept enfants vi-
<f vants pourra en désigner un parmi les
« mâles, lequel, lorsqu'il sera arrivé à l'âge
« de 10 ans révolus, sera élevé aux frais
« de l'Etat dans un lycée ou dans une école
« d'arts et métiers. Le choix du père sera
« déclaré au sous-préfet dans le délai de
« trois mois de la naissance du dernier
« enfant ; ce délai expiré, la déclaration
« ne sera plus admise. — Si le père dé-
« cède dans l'intervalle des trois mois, le
« choix appartiendra à la mère. Si la mère
« décède dans le même intervalle, le choix
« appartiendra au tuteur ». Mais cette loi
fut implicitement abrogée par les lois et
règlements relatifs à la collation des
bourses dans les lycées et collèges.
De nos jours, diverses lois ont accordé
certaines faveurs aux familles de sept en-
fants, mais presque toujours des restric-
tions y ont été apportées par des lois pos-
térieures.
La loi du 8 août 1885 stipule dans son
article 27 : « La loi du 29 nivôse, an 13,
est modifiée ainsi qu'il suit :
« Une bourse sera concédée dans un
<s établissement secondaire ou d'enseigne-
« ment primaire supérieur ou dans une
« école professionnelle, industrielle, com-
« merciale ou agricole de l'Etat, à Ten-
« fant âgé de neuf ans révolus au moins,
« appartenant à un père de famille ayant
« sept entants vivants, qui sera désigné
« par celui-ci. Toutefois cette bourse ne
« pourra être concédée qu'après que la
« situation nécessiteuse de la famille aura
« été constatée et que l'enfant aura subi
« les examens préalables exigés par les
« règlements en vigueur, pour l'obten-
« tion des bourses de l'Etat dans les éta-
« blissements sus désignés ».
Mais le législateur ne prit pas le temps
de rechercher si cette loi pouvait avoir
une influence sérieuse sur le développe-
ment de la population, et dans l'art. 41
de la loi du 26 février 1887, sans doute
sous la préoccupation des nécessités bud-
gétaires, il décidait : « Sont et demeurent
« abrogés la loi du 29 nivôse, an 13, et
« les art. 27 et 28 de la loi de finances
« du 8 août 1885 ».
La loi de finances du 17 juillet 1889,
dans son article 3, troisième paragraphe,
avait décidé que les père et mère de sept
enfants vivants légitimes ou reconnus ne
seraient pas inscrits au rôle de la contri-
bution personnelle et mobilière. Le nom-
bre des contribuables exonérés de cette
contribution dans les rôles de 1890 s'éleva
à 148.808. Le montant des dégrève-
ments dont ils profitaient était, en prin-
cipal et centimes additionnels, de
2.549.254 fr., y compris les cotes pour
lesquelles des dégrèvements seraient
encore accordés au cours de 1890. Dans,
l'art. 31 delà loi du 8 août 1890, le légis-'
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Juillet 190b,
157
158
lateur s'empressa de substituer un nou-
veau texte. Art. 31. Le troisième para-
graphe de l'art. 3 de la loi de finances
du 17 juillet 1889 est modifié ainsi qu'il
suit :
« Les père et mère de sept enfants
« vivants, mineurs, légitimes ou recon-
« nus, assujettis à une contribution per-
« sonnelle-mobilière égale ou inférieure
«à 10 fr. en principal, seront exonérés
«d'office de cette contribution. Les dé-
« grèvements seront imputés sur les fonds
« de non-valeurs ».
Dans la loi sur le recrutement de Tarmée
du 17 juillet 1889, Tart. 21 était ainsi
conçu : « En temps de paix, après un
« an de présence sous les drapeaux, sont
« envoyés en congé dans leurs foyers, sur
« leur demande jusqu'à la date de leur
«passage dans la réserve: 1°..., 2°...,
« 3*^ le fils unique ou faîne des fils d^une
« famille de sept enfants au moins ».
Mais la loi du 21 mars 1905 modifiant la
loi du 17 juillet 1889 sur le recrutement
de l'armée et réduisant à deux ans la
durée du service dans l'armée active, a
abrogé cette faveur.
Les Chambres viennent d'adopter une
loi établissant un jour de repos sur sept
en faveur de certains ouvriers et em-
ployés. Puisse ce vote les satisfaire et
leur procurer les joies du septième Ciel,
YSEM.
Les premières femmes médecins
et internes (LIV, 2, 68). — Mme Made-
leine Brès, reçue, en 1870, avec toutes
boules blanches.
M. Wurtz, alors doyen de la faculté,
trouva si grave de conférer un diplôme
de docteur à une femme, qu'il saisit de ce
cas le ministre Duruy ; celui-ci en parla
en conseil des ministres. Or, comme
l'empereur était au camp de Châlons,
l'impératrice, en sa qualité de régente,
présidait le conseil des ministres ; elle lui
demanda de créer un précédent en don-
nant à Madeleine Brès le diplôme qu'elle
méritait.
Quelle a été la première interne dans
les hôpitaux français ?
— Mlle Klumpke, d'origine améri-
caine, fut, en 1880, reçue interne provi-
soire des hôpitaux. Deux étudiants seule-
ment avaient obtenu autant de points
qu'elle.
En dépit de l'hostilité des professeur^
et des cris d'animaux poussés par les étu-
diants, Mlle Klumpke fut, en 1887, ad-
mise, avec le n* 13, interne titulaire des
hôpitaux.
Quelle a été la première femme reçue
docteur en Amérique ?
— Mlle Elisabeth Blackwell fut reçue
docteur en médecine à la faculté de Ge-
nève (Etat de New-York) en 1849.
Elle parvint difficilement à faire ses
études : Après avoir été repoussée des
cours officiels de Philadelphie, elle adressa
une demande d'admission aux dix-huit
facultés américaines. Douze répondirent
« qu'il serait immoral pour une femme
de s'instruire sur les lois de son orga-
nisme ». Enfin, la faculté de Genève
(Etat de New- York) l'admit à la suite
d'un vote des étudiants conforme à l'avis
favorable des professeurs.
Quelle a été la première femme reçue
docteur en Angleterre ?
— Miss Garrett qui obtint son diplôme
en 1865.
Quelle a été la première femme étran-
gère qui fut admise à soutenir sa thèse
de doctorat en droit ?
— Mlle Sarmina Bilcesca, roumaine.
Quelle a été la première femme bache-
lière en France ?
— Julie Daubié, l'auteur de La Femme
Pauvre au xix^ siècle, fut, en France, la
première bachelière, elle passa ses exa-
mens devant la faculté des lettres de
Lyon en 1862, à l'âge de 40 ans.
Après s'être difficilement fait admettre
à passer son baccalauréat, elle eut à sou-
tenir une véritable lutte avec Iç ministre
de l'Instruction publique pour obtenir son
diplôme qui ne lui fut délivré que grâce
à l'intervention de M. Arlès-Dufour.
En étudiant pour faire ouvrir aux
femmes les portes de l'Université, Julie
Daubié donnait des lîçonspour vivre...
Elle fut reçue licenciée ès-lettresen 1871
et se préparait à devenir docteur quand
la mort la terrassa en 1874.
HUBERTINE AUCLERT.
La première femme entrée à
l'Ecole des Beaux-Arts (LI'^, 3). —
Les journaux publient cette nouvelle :
Le féminisme gagne chaque jour du terrain
à l'Ecole des Beaux-Aits, Outre de nombreuses
artistes peintres et sculpteurs, on compte
N" 1119.
L'INTERMÉDIAIRE
i>9
déjà une femme architecte, une Américaine,
Miss Morgan, sortie récemment de notre pépi-
nière artistique. On en comptera bientôt
d'autres que séduit l'art de Vitruve.
Miss Morgan est probablement la pre-
mière femme architecte sortie de l'Ecole
des Beaux-Arts.
La première femme inscrite sur
les listes électorales (LIV, 3, 71). —
Beaucoup de femmes ont vainement de-
mandé leur inscription sur les listes élec-
torales. Pauline Roland en 1848, et, depuis
elle, des centaines.
HUBERTINE AUCLERT.
Roger de Beauvoir et la Esme-
ralda de Hugo. — Le bon Pothey, l'au-
teur de la Muette, a laissé des papiers in-
téressants qu'ilconservait religieusement.
Uncertain nombreaété recueilli par nous.
C'est ainsi que nous avons, sous les
yeux, dans son manuscrit original, cu-
rieusement raturé, ces vers que la chute
de la Esmeralda inspira à Roger de Beau-
voir . Nous les croyons inédits.
On sait que Victor Hugo, cédant aux
sollicitations de Bertm, directeur des Dé-
bats^ avait donné à Mlle Louise Bertin,
la fille de celui-ci, un poème tiré de Notre-
Dame de Paris. Elle l'avait mis en musi-
que. La représentation eut lieu à l'Opéra
le 14 novembre 1836. Ce fut un désastre.
Un critique disait plus tard : \< Le mot
ananké s'est manifesté terriblement dans
cette pièce. Mlle Falcon y a perdu sa
voix. Nourrit est parti de là pour aller se
tuer en Italie. Une jument, appelée Esme-
ralda, cette année-là, s'est cassé les reins
aux courses, et un bateau du même nom.
a péri en mer.»
Roger de Beauvoir a pris les choses
moins tragiquement :
ESMERALDA
Sainte-Beuve a mis sa lévite.
Pour aller voir, en cachemite,
L'opéra de son grand Victor.
Du cimetière qu'il habite.
Comme un dévot et sage hermite.
Sans bruit, par le derrière,il sort.
C'est un omnibus qui l'amène
Dans un quartier qu'il vit à peine
Un jour qu'il allait chez Pister
160
Dans le théâtre, il se hasarde
Et fait un salut, par mégarde,
A deux chasseurs galonnés d'or.
Antony, qui, de loin, l'avise.
Lui présente en capote grise
La face obligeante d'un mort
Tous deux prennent place au parterre
Près d'une barbe à caractère
Et d'un pétase à large bord
Vingt Velasquei, cent Véronèse,
Plus un Macaire en polonaise,
Viennent leur offrir du renfort
Foule, attentive, intelligente,
Noire, fatale et haletante,
C'est sérieux, vois-tu ? du Victor !
Le beau moral, le laid physique,
Quasimodo mis en musique.
C'est grave, c'est géant, c'est fort !
Phœbus bien no?^rr/(i), dit qu'il aime
Une fille belle et bohème,
Qu'il préfère au plus cher trésor.
C'est le laid bossu qui la sauve
Des griffes de Frollo, le chauve
Qui veut l'envoyer à la mort.
Et la cathédrale rugueuse
Est la carapace fameuse
De cet aimable hareng saur.
Les pont-neufs les plus frénétiques,
Ecrits en des tons chromatiques
Fiedonnent sur son triste sort,
Et cette foule intelligente
Noire, fatale et haletante
Devant l'œuvre du grand Victor,
En songeant à la Notre-Dame,
De tous ses nez fait une gamme,
Ferme tous ses yeux, et s'endort 1
Et Sainte-Beuve qui s'agite.
Trempe de sueur sa lévite
Et se trouble aux doux sons du cor.
Puis apercevant /« Syrène
Parmi les chameaux de la scène
11 s'élance vite en dehors,
Et tourne un vers sage et mystique,
Sur la Notre-Dame en musique
Qu'il va réciter chez Pistor.
Roger de Beauvoir.
(i) L'acteur Nourrit jouait Phœbus.
Le Directeur-gérant :
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TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
• l6l 162 •
Vierge, que Charlemagne portait toujours
sur lui, comme un talisman des plus pré-
cieux, et un os du bras droit du vieil
empereur lui-même.
Le chapitre de la cathédrale tint long-
temps secrète cette profanation exécutée
par Berdolet et les cadeaux qui furent
remis à Joséphine. Ces présents, ajoute
l'auteur anonyme de l'article en question,
passèrent par héritage entre les mains
d'Hortense et d'Eugène, puis entre celles
de Napoléon III d'une part et de la famille
de Leuchtenberg, descendant d'Eugène
de Beauharnais, d'autre part ; l'os du
bras de Charlemagne serait actuellement
en la possession de l'impératrice Eugénie,
Je donne ce récit pour ce qu'il vaut.
Tel qu'il est, j'estime qu'il ne peut nous
laisser indifférents. S'il est vrai qu'un os
autbentiquci du bras de Charlemagne se
trouve en la possession de notre ancienne
souveraine, il est très désirable qu'il reste
en France et qu'il soit légué à l'Etat.
Charlemagne nous appartient assez pour
que, à défaut de son tombeau, nous
possédions au moins son radius ou son
cubitus. Quelle plus belle relique natio-
nale peut-on souhaiter ? Iskatel.
Le bras droit de Charlemagne.
— On sait que, récemment, par ordre de
l'empereur d'Allemagne, on a ouvert le
tombeau de Charlemagne. Notre vieux
monarque, qui avait su réaliser l'union
des peuples francs et germaniques, depuis
lors toujours frères ennemis, a Tanière
destinée d'être troublé plus souvent qu'à
son tour dans son sommeil soi-disant
éternel, sans faire d'ailleurs aucune allu-
sion aux nombreuses et quantes fois où
Charles-Quint vient, sur les planches du
Théâtre Français, secouer la torpeur sécu-
laire de son illustre prédécesseur.
Or, à propos de la récente ouverture
de la tombe impériale, la Frankfurter
Zeitung du 3 août 1906 publie un article
qui, me semble-t-il, ne doit pas passer
inaperçu. On y raconte que, du 22 juil-
let au 2 septembre 1804, l'impératrice
Joséphine vint faire une cure à Aix-la-
Chapelle.
Napoléon avait récemment créé dans
•cette ville, au détriment de Cologne, un
siège épiscopal et l'avait confié à Berdolet,
précédemment prêtre assermenté.
Le nouvel évêque ne sut que faire pour
rendre le séjour de l'impératrice aussi
agréable que possible. Le i©'' août 1804,
il fit visiter à celle-ci le trésor de la cathé-
drale et, au nom du chapitre, lui fit pré-
sent d'un grand nombre de reliques et de
^ieux objets d'art religieux. Parmi ces
reliques figuraient des cheveux de la
Le sonnet d'Arvers est-il imité
de l'italien? — L'opinion la plus ré-
pandue est aujourd'hui que le sonnet
d'Arvers aurait été écrit pour Marie Nodier
(.Mme Mennessier). On prétend que le
titre Sonnet imité de l'italien aurait été
choisi pour ménager, soit la jalousie du
mari, soit la délicatesse de la femme, et
LIV-4
N
I 120.
L'INTERMÉDIAIRE
163
164
que l'original italien serait purement
imaginaire.
Ce titre se lit en eflFet dans la copie au-
tographe publiée par le Gaulois et dans le
livre Aies heures perdues^ mais précisé-
ment il ne se retrouve pas dans le texte
écrit par l'auteur sur l'Album de Mme
Mennessier.
Dès lors, il saute aux yeux que l'une
des deux hypothèses est fausse : ou le
sonnet n'a pas été écrit pour la fille de
Nodier, ou, s'il a été fait pour elle, le
titre n'avait pas pour but de dérouter la
famille.
Admettons que Mme Mennessier soit
la dédicatrice. Quel est le sonnet italien
qu'Arvers a mis en français ?
M. Léon Séché l'a demandé, paraît-il,
en Italie, aux « professeurs les plus re-
nommés des universités provinciales »
qui n'ont pu lui donner aucune indication,
mais ce résultat négatif ne saurait arrêter
les recherches.
Par contre, un correspondant écrit à
M. André Beaunier :
J'ai entendu soutenir cette opinion, que le
sonnet d'Aiveis serait la traduction ou 1 imi-
tation d'un sonnet italien du xvu* siècle.
Ne vous semblerait-il pas intéressant d'y
faire allusion sous forme de question posée à
vos lecteurs, afin de savoir si quelqu'un
d'entre eux serait en mesure de confirmer le
fait?
Cette question, nous la posons ici.
Napoléon et Madame Fourès —
On demande si jamais la liaison que Na-
p oléon noua pendant l'expédition d'Egypte
avec la belle Madame Fourès, épisode
raconté par M. Frédéric Masson au cha-
pitre v de son œuvre sur Napoléon et les
femmes, a été traitée comme sujet d'un
roman historique, ou d'une nouvelle du
même genre ? Et quand cela est, par quel
auteur et sous quel titre ? A. de W.
tJrie lettre de Napoléon III à
Pie IX. — De Rome à VEclair.
On affirme que parmi les manuscrits dé-
posés à la bibliothèque Vittorio-Emmanuele
de Rome se trouve le texte d'une lettre auto-
graphe de l'empereur Napoléon III à Pie IX,
dans laquelle, à la veille de la guerre, l'em-
pereur conseillait au Saint-Père de f.iire un
acte d'abnégation, en renonçant au pouvoir
temporel.
Cette lettre aurait été retirée récemment
des archives du Vatican et donnée à la biblio-
thèque. On l'a exhumée à propos de la polé-
mique — qui n'a pas encore cessé — sur
l'alliance italo-franco autrichienne, projetée
en 1869.
Serait-il possible de savoir ce
de vrai dans cette assertion ?
qu'il y
D-^L.
Le Régiment du Bourbonnais. —
Dans quelle bibliothèque publique ou
privée existe-t-il une brochure éditée en
lyôj à Paris, et consacrée au Régiment
du Bourbonnais ? Ce régiment est-il le
Royal Bourbonnois ? — ou le régiment
de Milice du Bourbonnais ?
L. G.
Le nom d'un colonel. — Quel était
en février 1865 le « colonel président »
du « régiment d'artillerie de la marine »
dont le « conseil d'administration central »
était à Lorient ? Louis Calendini.
Le cap des Aiguilles. — Pointe
extrême du sud de l'Afriijue, ce cap se
trouve à une petite distance à l'Est du
cap de Bonne-Espérance, au point de sé-
paration de l'Atlantique et de la mer des
Indes.
En 1497, Vasco de Gama fut le pre-
mier à le contourner pour pénétrer dans
l'Océan Indien.
D'où lui vient son nom de cap des Ai-
guilles et à quelle époque a-t-il com-
mencé à le porter .?
Cette pointe dangereuse est-elle appe-
lée Aiguilles (Agulhas), soit pour ses
nombreux pics granitiques, soit, disent
certains navigateurs, parce que jouant le
rôle d'un puissant aimant, elle fait affoler
les aiguilles des compas? E. M,
La terre du Temple près de
Roanne (Loire). — Quelque curieux
du centre et particulièrement de la ré-
gion de Roanne, peut-il nous fournir
quelque renseignement sur le propriétaire
de la terre ou domaine du Temple près
de Roanne au xviu' siècle et pendant la
Révolution? L. G. Moulins.
Adoption : la question du nom.
— L'adoption donne-t-elle, en même
temps que le droit d'ajouter au nom de
l'adopté celui de l'adoptant, le droit pour
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906.
165
166
le premier de porter le ou les titres du
second, si celui-ci en porte un ou plu-
sieurs ?
L'on demande de considérer le cas où
l'adopté n'est pas noble et le cas où il
l'est déjà par sa naissance.
On serait heureux d'avoir une réponse
à cette question, tant en ce qui concerne
la noblesse française de la royauté et de
l'Empire qu'en ce qui a rapport à la no-
blesse du Saint-Empire, de l'Allemagne,
de l'Autriche, de l'Italie, de l'Espagne et
du pape. Freiherr Léon.
Changement de genre de noms
propres. — Un de nos collaborateurs
pourrait-il brièvement nous faire con-
naître la raison pour laquelle certains
noms de fleuves ou de rivières de notre
pays, qui jadis avaient en latin le genre
masculin^ ont perdu ce genre pour pren-
dre dans le français moderne le genre
féminin? — Tels, par exemple: Liger,
la Loire ; Carontus, la Charente ; Veron-
//«laVéront, que nous écrivons TAveyron;
tandisque d'autres de môme terminaison,
ont conservé le genre masculin. — Ex
Caru.slc Cher ; et Danus, l'Ain ; auquel
mal-à-propos on a attribué une origine
arabe : Aïn (source) ; qui certainement
transcrit en langue latine ou française,
fut devenu Rhain ou Gha'in. 11 y a dans
ce petit fait philologique, une cause cu-
rieuse et encore ignorée qui peut conduire
à des déductions intéressantes.
A. P.
Famille de Aceyedo. — Un mem-
bre de cette famille espagnole serait parti
vers 1825 pour la Nouvelle-Grenade où il
aurait fait souche;où puis-je trouver trace
de cette émigration ? Quels sont les nobi-
liaires espagnols qui me donneraient des
renseignements sur cette famille de Ace-
vedo? Jehan.
Famille de Béthune. — Je vois,
mentionnés dans le Bottin mondain, des
Béthune (princes), etdesBéthune-Sully. —
Je sais que les premiers, de la branche
des seigneurs de Carency, prétendent au
titre de prince, comme étant issus de
Eugène-François-Léon de Béthune, mar-
quis d'Hesdigneul, député de la noblesse
des Etats d'Artois en 1639, 1715, 1725,
et qui obtint de l'empereur Joseph II,
dont il était chambellan, un diplôme pa-
lequel il fut créé prince de Béthune-Hesr
digneul.
Seulement ce titre de prince, d'origine
étrangère, n'a rien de commun, avec
celui de prince souverain d'Henrichemont
et de Boisbelle, autrefois porté par Maxi-
milien de Béthune, duc de Sully, dont la
postérité mâle est depuis longtemps éteinte.
En conséquence, il convient d'obser-
ver que le titre de comte de' Béthune-
Sully ne provient pas d'un droit de des-
cendance du premier duc de Sully, mais
qu'il a été substitué dans la famille de
Béthune des Planques à la suite de la
cession des terres de Sully, Béthune, Lens
et Montgommery, en 1808, par Alexan-
drine-Hortense d'Espinay-Samt Luc, veuve
du dernier duc et seigneur de Sully.
Les de Béthune des Planques se pré-
tendent issus d'un Baudouin de Béthune,
fils puîné de Robert l*"" de Béthune, de Ri-
chebourg et de Carency, vivant en 999,
et auteur de tous les vrais de Béthune
dont descendait Sully. — Comment les
de Béthune actuels justifient-ils aitthenti-
qiiement cette prétention, qui a pu seule
servir de base morale à leur reprise, (re-
connue d'ailleurs par un décret) du nom
de Sully, complètement étranger généa-
logiquement à leur branche, séparée du
tronc principal depuis neuf siècles .?
Hobby.
Bo... (F.). — Quel était cet artiste
qui a signé ainsi des recueils de dessins,
entr'autres : Livre de dessins d'architecture ;
Livre de tombeaux, chez la veuve de F.
Chéreau, rue Saint-jacques. Quelle est
l'époque de ces publications du xvni*
siècle t J.-C. WiGG.
Yves de Brinon, traducteur de
Tacite. — Connaîtrait-on une traduc-
tion de Cornélius Tacitus^ par Yves de
Brinon, gentilhomme de la chambre
de Henri H et de Charles IX, qui a U^-
diùt l'Histoire florentine de Machiavel, en
1577 ? N'aurait-ii pas fait éditer une tra-
duction de Tacite, en collaboration avec
Biaise de Vigenère (Bourbonnais)? L.G.
Les Cardilhao. Lettres à M. de
Villette. Testament, états de ser-
viceà retrouver. I, — Où trouverai-je
N" Il 20,
L'INTERMEDIAIRE
167
168
les originaux ou reproductions des 32
lettres écrites à son beau-frère, M, de
Villette, par Jeanne de Cardaillac (Car-
dilhac) femme de Constant d'Aubigné et
mère de Mme de Maintenon, — lettres
dont Honoré Bonliomme signale l'exis-
tence dans le Bulletin du, Bibliophile,
année 1860, page 1673, sous ce titre :
« Lettres et documents inédits relatifs à
Mme de Maintenon » ? ~ Ces lettres ont
été en la possession de Mme de Mainte-
non ainsi qu'en témoigne la déclaration
de celle ci, que reproduit Ap. Briquet
dans ce même Bulletin, même année 1860^
page 1501 .
II. — Où trouverai-je le contrat de
mariage du père de Jeanne de Cardaillac,
— de Pierre de Cardilhac (lieutenant du
duc d'Epernon et commandant du château
Trompette, à Bordeaux, en 1627), avec
Louise de Montalembert, contrat du 27
décembre 1609 ?
III. — Où trouverai-je les états de ser-
vices, des renseignements, et la trace du
passage au château Trompette de ce
Pierre de Cardilhac (seigneur de la Lane),
qui maria sa fille, Jeanne, à Constant
d'Aubigné, par contrat passé devant G. B.
Justian, not. royal à Bordeaux, du 27
décembre 1627, — dont j'ai l'expédition
dans mes archives ? Cardaillaco.
Famille Ganjoux en Amérique.
Je sais bien que mon titre est vague,
mais Y Intermédiaire est lu partout ; peut-
être, dans le Nouveau Monde, cet article
tombera-t-il sous les yeux d'un confrère
qui pourra me donner les nom et adresse
de quelque descendant d'un rommé Gan-
joux — mon très arrière grand- oncle —
qui partit pour l'Amérique peu après
1789, et dont la mère était une demoi-
selle Guidés ?Je serais désireux de complé-
ter cette branche de ma famille.
XVI B.
MademoiSf-113 Certain, poëtesse.
— En 1665 parut, chez Estienne Loyson
un volume intitulé : Nouvelles poésies ou
diverses pièces choisies tant en vers qu'en
prose, de [VJadcwoiselle Certain .
Viollet le Duc déclare n'avoir trouvé
aucun renseignement sur cet auteur. Le
nom de Certain n'est cependant pas in-
connu à l'époque. Douze ans plus tard,
La Fontaine chantait les louanges d'une
autre Mlle Certain (Marie-Françoise) que
Clairambault dit être <<■ une bourgeoise de
Paris, connue par ses talents pour la mu-
sique et le clavessin ». Des recueils ma-
nuscrits en ma possession la représentent
en outre comme « fille d'Opéra ». Jal lui
a consacré un petit article, mais ne dit
rien de sa famille, bien que sa mère soit
citée dans le Recueil Maurepas, avec une
note qui lui a échappé :
C'étoit une des laides, des impertinentes e
des vieilles créatures qui fût au monde et qu
néanmoins étoit fate, débauchée et trafiquoit
de sa fille. (Bibl. nat. Mss. f. fr. 12.620).
Mlle Certain, la poëtesse, appartenait-
elle à cette famille ? Son nom ne figure
pas dans la vaste bibliographie de M. La-
chèvre, mais notre savant collaborateur
doit être documenté sur elle. S.
Chouvigny, Chauvigny. Sa gé-
néalogie. — Les auteurs d'une généa-
logie de la famille de Chouvigny ou
Chauvigny de Blot, MM. Betlemont et
Huillot, étaient-ils du Bourbonnais ou
d'une province du centre .? Leur tra-
vail est contenu dans une brochure for-
mat in-4", éditée en 1783. En connait-on
quelques exemplaires dans les bibliothè-
ques publiques ou privées t
L. G. Moulins,
Mlle Clairon à Rouen. — Possède-
t-on un document quelconque sur le sé-
jour de Mlle Clairon à Rouen, sur le
théâtre où elle jouait, sur les rôles qui
lui furent confiés, sur l'accueil que lui fit
le public, — en deh. rs du pamphlet in-
titulé : ilistoire de Mlle Cronel, dite Fié-
lillon ? Un Passant.
M. Daymar. — Qui était ce M . Daymar
qui eut un ex-libris de style roccoco, por-
tant un écu : d'argent, à un arbre terrassé
de sinople, accosté à dextre d'un croissant
de gueules, et à séncstre d'une étoile du
même : au lévrier colleté de sable, passant
sur la terrasse et brochant sur le fût de l'ar-
bre. Daymar était-il son nom patronymi-
que et à quelle province appartenait il .?
D. DES E.
Fassie (M.). — Vivait à Paris en 1830,
Où mourut-il ? L. C,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
169
10 Août 1996
— 170
Foulard (Isidore). — Connaît-ton
ce personnage qui vivait à Paris en 1836
et années suivantes ? L. C,
Fournier de Lamartinie. — Des
membres de cette famille vivaient dans la
-Sarthe, il y a 25 ans Que
nus ? Leurs armoiries ?
sont-ils deve-
L. C.
Gorjy. — Depuis 1857, date de l'ou-
vrage de Ch. Monselet sur Les oubliés et
les dédaignéi du Xyill^ siècle, dans lequel
l'auteur regrette de n'avoir pu découvrir
où et quand naquit, où et quand mourut
Gorjy ou Gorgy, est-on parvenu à per-
cer le secret de la vie de ce romancier fé-
cond qui eut un assez vif succès littéraire
à la fin du xyiii" siècle?
On cite en particulier dans ses œuvres :
Nouveau voyage sentimental, 1785.
Les amours d'Arlequin et de Se'raphiiie,
1788.
Blançav, 1788, nombreuses éditions.
Fictorine, dédiée à la comtesse d'Ar-
tois, 1789.
Lidorie.
Saint Aime.
Annequin bredouille, 1791-92,
Tablettes sentimentales du bon Pani-
phile. 1791.
La plupart de ces ouvrages sont illus-
trées, composition et dessin, par lui-
même ; sa biographie intéresserait à la
fois le groupe des littérateurs et celui des
artistes. Je dévoile aux réponses qu'il fut
plagié par le marquis d'Aligre. Pigoreau
le portait encore vivant en 1821, tandis
que Qiiérard le fait mourir en 1795, ce
qui est erroné. Sus.
Guirotin. — Le docteur Guillotin,
l'ancien membre de la Constituante, celui
qui proposa à l'assemblée l'adoption de
l'instrument qui porte le nom de guillo-
tine, est mort en 1814. Sait-on où il a été
inhumé .? R. Pichevin.
Hébert (M.)- — Ancien notaire, 1830-
1840. Sait-on quelque chose sur ce no-
taire parisien ? ses descendants ?
L. C.
M. Mancal. — M. Em. Mancel eut
un ex libris gravé par Trouchou, portant
dans un écu ovoïde : d'a{nr,à trois lis de
jardin d'argent, posés en bandes, 2 et i.
Casque et lambrequins. L'écu posé su
deux ancres passées en sautoir et soutenu
d'une croix de la Légion d'honneur. 11
doit s'agir d'un officier ou d'un fonction-
naire de la marine ; à quelle province ap-
partenait-il ? Plusieurs familles Mancel
portent des armes différentes de celles-ci.
Par la même occasion, pourrait-on me
donner quelques renseignements sur le
graveur Trouchou dont je rencontre le
nom pour la première fois } D. des E.
Paganini, lettres et sources. —
Connaît-on des lettres autographes de Pa-
ganini, et dans quelles collections publi-
ques ou privées ? Connaît-on des sources
inédites de la Biographie de Paganini, an-
térieurement à 1828 .f" Existe-t-il un in-
ventaire des objets légués par lui à la ville
de Gènes ^. Cette ville possède-t-elle des
manuscrits du grand violoniste .? En
quelle année est mort son fils Achille ?
J.-G. Prod'homme.
Voltaire à Lausanne. — Peut-on
préciser la maison habitée par Voltaire à
Lausanne en 1756-1758 ? N'est-ce pas
celle située rue du Grand-Chêne, \\° 6
(actuel) ? C'est la tradition. Mais Voltaire
parle aussi de son « petit ermitage » de
Monrion. Or, ce point est situé beaucoup
plus bas, entre la ligne du chemin de fer
et Ouchy ^ La description qu'il a donnée
de sa maison à 1 5 fenêtres correspond
bien à celle de la rue du Grand-Chêne.
Que fait « Monrion » en cette affaire ^
Est-ce une autre maison d'été?
H. Lyonnet.
La Danaé du peintre Girodet. —
Il est admis que le tableau satirique exposé
par Girodet au Salon de l'an VII, repré-
sentait Mlle
Lange.
Le regretté M. Th.
Lhuillier. dans une étude fort documentée
sur Mlle Lange [V Amateur d'autographes,
avril 1906) partage absolument cet avis
et ajoute : « Delescluze a décrit le tableau
dans son étude sur Louis David, son école
et son temps ; mais, insuffisamment ren-
seigné, il fait confusion en attribuant l'a-
venture à Mme Simons-Candeille ».
Or, voici ce que je trouve dans une
lettre écrite par Mme Simons-Périé-Can-
deille (toujours la même, mariée trois
fois) en 1830 : elle recommande à un
journaliste ami, un ouvrage qu'elle vient
N« 1120.
L'INTERMEDIAIRE
171
172
de présenter à l'Académie, sollicite les
suffrages des académiciens et ajoute :
« M. Raynouard,qui en est aussi (de l'Aca-
démie) ne se prononcerait peut-être pas
{a.c\\emeT\i contre une amie de feuGirodet. »
Que signifie cette phrase? Qu'est devenu
le tableau de Girodet ? H. Lyonnet.
L'exemplaire de Manon Les-
caut, annoté et commenté par Ma-
rie DuplessisCLa Dame aux Camé-
lias). — Gustave Claudin. de regrettée
mémoire, qui d'ordinaire, dans ses chro-
niques, ne parlait que de ce qu'il savait,
a écrit ceci, page 194 de son petit volume
sur Paris. Dentu, grand in- 18, 1862 :
« Elle (la Dame aux Camélias) fut belle,
riche, ardente au plaisir, triste dans l'or-
gie, et, pour comble de bonheur, rendit
l'âme dans tout l'éclat de sa beauté. A sa
mort, on trouva dans ses boudoirs, ses
oratoires et ses alcôves, des hochets pré-
cieux que les marquises vinrent se dispu-
ter, et, dans sa bibliothèque, un exem-
plaire de Manon Lescaut, sur lequel cette
pauvre créature avait tracé des commen-
taires qui eussent fait rêver La Rochefou-
cauld, Vauvenargues et toute la bande
des moralistes etc. »
Sait-on ce qu'est aujourd'hui devenu ce
volume, dont n'ont parlé ni Alexandre
Dumas fils, dans sa célèbre préface de
l'édition Glady de Manon Lescaut (1875),
ni M. Georges Soreau, dans sa Vie de la
Dame aux Camélias^ petit vol. in- 16,
illustré de portraits et de fac-similés
d'autographes de Marie Duplessis et
d'Alexandre Dumas fils, du temps de
leur prime jeunesse (Paris, Rev. de
France, 1898) f Ulric R.-D.
Culture de la vigne. Ouvrage à
retrouver. — Depuis plusieurs mois
nous recherchons sans succès un Traité
sur la manière de cultiver la vigne^ qui,
d'après l'abbé Gandelot, Histoire de la
ville de Beaune et de ses antiquités, aurait
été imprimé à Iverdun (Suisse) et dans
lequel on trouvera, dit cet historien, une
dissertation du sieur Arnoux de Beaune
(probablement sur la culture de la vigne).
Cet ouvrage existe-t-il réellement .? Si
l'un de nos collègues en possédait un
exemplaire, nous lui aurions une recon-
naissance toute particulière de nous le
communiquer, F. L. A. H. M.
Le mot « sujet.» — En classant des
journaux datant du mois dernier, j'ai mis
la main sur une feuille à grand tirage,
laquelle, rendant compte du procès des
« faiseurs de bombes », disait à propos
de la déposition d'un des témoins de
l'affaire : « M. Rubanovitch, qui est su]et
français, reconnaît, etc.. »
Voilà, me suis je dit, un nouvel exem-
ple de la déformation de la langue fran-
çaise par les journaux.
je suis né sous la monarchie de juillet,
et j'ai vécu plus tard sous le second Em-
pire, j'ai donc été, suivant le langage
courant, le sujet du roi Louis-Philippe P^
puis celui de l'empereur Napoléon 111.
Mais je ne me figurais pas avoir été, sous
la seconde République, le sujet de Lamar-
tine et de Ledru-Rollin, ou celui du
président Louis-Napoléon Bonaparte, ni,
sous la troisième République, le sujet de
Trochu et de Jules Favre, puis celui de
Thiers, de Mac Mahon, de Jules Grévy,
deCarnot, de M. Casimir Périer, de Félix
Faure, enfin celui de M. Emile Loubet et
de M, Armand Fallières.
Je me croyais, je me crois toujours
citoyen français depuis le mois de septem-
bre 1870. 11 faudrait des raisons décisives
pour me faire admettre le contraire, et
ces raisons, je les attendrai longtemps
sans doute. F. R.
Le crapaud de Blois. — Quelqu'un
pourrait-il me renseigner à ce sujet } Voici
seulement ce que je sais :
Vers 1835, un habitant des environs
de Blois, en brisant une géode siliceuse
parfaitement close, affirma y avoir trouvé
— ce qui était déjà bien surprenant —
un crapaud — et, qui plus est — ce cra-
paud était vivant (!) Comme un fait aussi
formidable renversait les plus élémen-
taires lois de la biologie, et, par dessus
le marché, de la géologie, l'Académie des
sciences s'émut et nomma une commis-
sion d'enquête pour éclaircir la question.
A quoi cette enquête a-t-elle abouti ? Où
peut-on trouver le rapport de la commis-
sion ? Se trouvait-on en présence d'un
mystificateur ou d'une erreur de bonne
foi ? Autant de questions sur lesquelles je
serais heureux qu'un des Lcteurs de V In-
termédiaire pût me renseigner. F. V.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906.
173
74
Hipouôcô
Mémoires inédits de la duchesse
d'Angoulême (LIV. 49). — Je possède
une petite brochure de 72 pages intitu-
lée : Récit des événements arrivés au Tem-
ple^ depuis le 13 août 1792 jusqu'à la
mort du Dauphin Louis XVII. On y a
joint : Le testament de Louis XVII et de la
Reine^ etc. (Louvain 1823).
L'auteur, qui n'est autre que la du-
chesse d'AngouIême, y donne une foule
de détails très intéressants. A. H.
♦ »
La tradition d'un Testament politique
laissée par la duchesse d'AngouIême pour
être ouvert cent ans après sa mort, est une
pure légende qui ne repose absolument
sur rien. Comme je l'ai dit dernièrement
dans le Gaulois^ cette soi-disant confes-
sion suprême écrite de la main même de
la princesse et toute remplie de révéla-
tions et d'aveux, devait primitivement
être ouverte 50 ans après sa mort. Mais à
la date fixée et impatiemment attendue,
aucune communication n'a été faite et
rien n'est venu justifier cette prédiction
sensationnelle. Cette désillution n'a pas
découragé les esprits crédules qui espèrent
maintenant qu'en 195 1, à l'époque du
centenaire de l'anniversaire, les gardiens
inconnus qui détiennent dans un lieu
ignoré ce mystérieux testament, consen-
tiront enfin à le livrer au public.
Dans le Curieux de novembre 1884,
M. Nauroy faisait mention de cette com-
munication promise pour 1901, mais
n'ayant pas l'article sous les yeux je ne
puis dire de façon certaine à qui il en at-
tribuait la paternité. Quoique les Naun-
dorffistes se défendent maintenant d'avoir
parlé autrefois de cette date du cinquan-
tenaire, il me paraît pourtant difficile
d'attribuer ces prédictions aux adver-
saires du parti' de la survivance ! En tout
cas, le comte de Cornulier-Lucinière sem-
ble parler de la date de 195 i pour la pu-
blication du testament comme d'une
chose certaine ; peut-être pourrait-il, par
conséquent, donner à notre confrère G. T.
le renseignement demandé. Je dois ajou-
ter cependant que dans le numéro de juil-
let il semble se montrer moins affirmatif
à cet égard.
U serait également curieux de savoir
sur quoi est basée la légende du soi-disant
testament de Louis XVIII au profit de
Naundorff, testament brûlé par le comte
d'Artois. On parle également maintenant
d'un testament du comte de Chambord
remis à Léon XIII .? Le parti Naundorffiste
s'est souvent servi de ces faits qu'il est
facile d'avancer, mais dont il serait sans
doute beaucoup plus difficile de donner
les preuves ou mieux de montrer la pro-
babilité .f* Vicomte DE Reiset.
La reine Hortense et l'amiral
Veriiuel (LIV, i, 66, 116). — i" Le
portrait de l'amiral qui se trouve à Ver-
sailles, montre que la ressemblance entre
Verhuel et Napoléon est une légende.
2° Jamais l'amiral Verhuel n'a tenu les
propos qu'on lui prête à la Chambre des
Pairs. Je défie qu on me le prouve. Ja-
mais la Chambre des pairs n'a voté la
mort ; un seul membre l'a fait : d'Alton-
Shée ; 3° Jamais le roi Louis n'a écrit la
lettre en question au pape. Je défie égale-
ment qu'on me prouve l'existence de cette
lettre et de la phrase incriminée ; 4° Dans
ses notes, M. Wildeman a fait erreur sur
plus d'un point où il s'agit du frère de
l'amiral. Plus j'ai étudié la question, plus
j'ai été amené à conclure par la paternité
de Louis-Bonaparte. Je dirais même que
j'en suis certain, si l'on pouvait l'être en
de pareilles matières. André Lebey.
Je remercie M. de Noduwez de sa très
intéressante réponse : j'espère qu'il vou-
dra bien la compléter :
1° J'ignorais que Napoléon III fût ja-
mais condamné à mort. Quand le fi\t-il ?
2°J'ignorais aussique l'amiralVer Huell
siégeât dans la Chambre des pairs qui, en
1840 condamna Napoléon III à la déten-
tion perpétuelle ? Aussi M. de Noduwez
me rendrait grand service en me disant
où il a trouvé les paroles dudit amiral
dans cette assemblée .?
3° M. de Noduwez voudrait-il aussi me
donner les preuves de l'authenticité de la
lettre dont il cite une phrase, lettre que
personne n'a vue et qui, à mon avis, ne
peut pas avoir été écrite. Je le remercie
encore d'avance. Germain Bapst.
* ¥
A quoi fait donc allusion M. Vallée de
Noduwez en citant le fait de l'amiral
Ver Huell, demandant comme père, la
N» II20.
L'INTERMEDIAIRE
175
grâce de son fils Louis-Bonaparte, à la
chambre des pairs ?
A quelle séance le fait se produisit-il ?
Comment Ver Huell, hollandais, sié-
geait-il à la chambre des pairs fran-
çaise ?
M. D.
*
* ¥
Colonne 117, lire 5
juin 1807, au lieu de
mai 1807 et 25
1802. — Mons.
Th. Courtaux trouvera des portraits de
l'amiral dans : A. Maurice. Le vice-amiral
comte Ver Huell, Paris, Lacombe, 18^7.
].-H, Grand-Pierre. Notice sur... etc. Pa-
ris, L. R. de Lay, 1845, 80. —Je possède
son portrait en lithographie par Weissen-
bruch, d'après l'original peint à l'huile.
L'amiral est représente jusqu'à mi-corps,
de trois quarts à droite, en uniforme avec
deux plaques, un grand cordon, la croix
d'officier de la Légion d'honneur, celle de
chevalier de l'ordre militaire de Guil-
laume et la médaille de Doggersbank. Il
n'y a aucune ressemblancedansce portrait
avec les images de Napoléon 111. Les yeux
de l'amiral sont très expressifs, son nez
est très large et ses cheveux foncés sont
bouclés, tandis que sa bouche me semble
fort serrée. L'original de ce portrait se
trouvait en 1870, dans les collections du
Jh' H. T. A. Ver Huell à La Haye.
M. -G. WlLDEMAN.
Il existe une correspondance particu-
lière donnant, jour par jour, du 14 juin
au 9 août 1801 , les plus minutieux détails,
sur le séjour que firent le roi et la reine
de Hollande aux eaux des Pyrénées.
C'est celle de Boniface de Castellane,
alors préfet des Basses Pyrénées, avec son
fils, le futur maréchal de France. Une
partie de cette correspondance a été pu-
bliée dans un article de Lucien Pere}^,
paru dans la Vie Contemporaine, n" du
ler février 1894, et dans le livre intitulé :
Boniface- Louis- And ré de Castellane (Pa-
ris, Pion. i90î,in-8°), que la comtesse de
Beaulaincourt a consacré à la mémoire de
de son grand-père.
Par cti lettres, on constate la présence
simultanée du roi Louis, de la reine Hor-
tense et de Ver Huell à Cauterets, et celle
de Ver Huell seul, auprès de la reine, à
Saint-Sauveur. P. L. B.
176
La duchesse da Berry et Charles
Albert. — Découverte d'une cor-
raspondance secrète (LIV, 105). —
La brochure de M. Henry Prior est de
publication toute récente. 11 est possible,
probable même, qu'elle ait échappé jus-
qu'ici à la plupart des historiens. Invité à
exprimer son avis sur le fond même de la
trouvaille de M. Prior, M. de Reiset le
donnera avec cette compétence reconnue
de tous, qui fait justement caractériser
son travail sur Mme la duchesse du Berry
« d'œuvre magistrale ».
V Intermédiaire s'efforce d'éviter les
polémiques. Il me paraît donc sage, avant
même que M de Reiset ait pris la plume,
d'apprendre à nos confrères que M. Henry
Prior, après avoir fouillé beaucoup de
papiers, semble... malheureusement être
devenu Naundorffiste.
La préface de ses Documents inédits est
tout à fait curieuse. Je demande la per-
mission d'en citer un passage :
Cependant, dans ce mélange de qualités et
de défauts, il n'y a, à bien le considérer,
rien qui puisse justifier la résignation avec
laquelle Charles X accepta l'usurpation de
son cousin, les obstacles qu'il mit à la procla-
mation de son petit-fils et les manœuvres
auxquelles il eut recours pour faire éciiouer
les projets de la duchesse de Berry.
Une seule explication serait possible, mais
elle est difficile à formuler.
Ici nous touchons à un point de l'histoire,
qui a été mille fois discuté et jamais résolu,
tour à tour attaqué et soutenu avec une égale
violence, mais que de récentes publications
semblent avoir éclairé d'un nouveau jour.
Nous voulons parler de l'évasion du Temple
du Dauphin, fils de Louis XV! et, par consé-
quent, seul héritier légitime de sa couronne.
Le fait aurait été connu de Louis XVIIl. de
son frère et de la duchesse d'Angoulême,
bien avant la Restauration. Nous n'avons pas
à discuter les raisons pour lesquelles ils s'obs-
tinèrent à le nier. Lorsque le duc de Berry
connut ce secret, il se révolta contre l'injus-
tice qui condamnait son cousin à la pros-
cription et à l'obscurité ; il voulut plaider
la cause de l'orphelin, il le fit avec toute
l'ardeur d'un cœur généreux et d'une grande
âme.
Des scènes violentes eurent lieu aux Tuile-
ries.
La mort seule pouvait le réduire au silence.
Il mourut.
Mais, en dehors de la famille royale, un
autre personnage, depuis de longues années,
était également au fait de tout ce qui con-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1906
177
178
cernait le duc de Normandie et c'était le duc
d'Orléans.
A dater de la Restauration, il ne cessa de
se servir de ce secret, pour obtenir de ses
cousins la restitution de l'immense patrimoine
de sa famille, auquel il n'avait nul droit,
pour leur extorquer honneurs, faveurs, privi-
lèges, et il poussa l'avidité à un tel point
que tous les partis crièrent au scandale.
C'était un véritable chantage, organisé avec
une audace et une ténacité, dont Louis-Phi-
lippe seul pouvait être capable. Celui qui
avait tout fait pour dépouiller sa propre mère,
ne devait guère avoir de scrupules pour
s'emparer de la couronne de la branche aînée,
quand l'occasion s'en présenterait. Les jour-
nées de Juillet la lui fournirent et il joua ses
parents, avec l'habileté que Ton sait.
Le roi Charles X et les siens se seraient
tus devant la menace de révéler un secret
qui les aurait à jamais déshonorés et auraient
préféré le silence et l'exil à la honte, dont
cette révélation eût entaché leur mémoire.
Telle est la thèse qui est soutenue par de
nombreux historiens dignes de foi. Jules Favre,
qui était un honnête homme? et d'autres
écrivains également respectables, ne mettent
pas en doute l'existence de Louis XVll. 11 ne
nous appartient pas de décider du bien fondé
de ces assertions. Le temps viendra où les
archives du Vatican et celles de Berlin nous
diront leur secret.
Bornons-nous à constater que seule cette
version donnerait la clef des contradictions
que nous trouvons dans la manière d'agir de
Charles X et, pour ce qui se rapporte plus
spécialement à la présente publication, expli-
querait la raison pour laquelle la conduite de
la duchesse de Berry, avant 1834 — c'est-à-
dire avant qu'elle eût connaissance de ce fatal
secret — diffère si fort de l'attitude qu'elle
prit, depuis l'époque où il lui fut enfin ré-
vélé.
Comment! cette mère, qui, pendant trois
ans, méprise tous les dangers, bat à toutes
les portes, à Naples comme à Vienne, à Pé-
tersbourg comme à Turin, qui brave mille
fois la mort, sur une mer en furie comme au
fond des forêts de la Vendée, bien plus, qui
n'hésite pas à exposer son honneur de femme,
pour assurer à son fils cette couronne de
saint Louis, qu'elle croit fermement être sa
propriété légitime, nous la retrouverions, à
peu de mois de distance, et sans cause appa-
rente, calmement résignée à son sort, ayant
renoncé à toute tentative de revendication et
ne faisant plus, dans sa nombreuse corres-
pondance, aucune allusion à ces droits qu'elle
a crus siens? Non, un pareil changement ne
peut avoir qu'une raison, la conviction où
Madame est arrivée qu'elle a été trompée et,
aussitôt qu'elle est instruite de la vérité^ elle
renonce à lutter pour rentrer en possession
d'un héritage auquel elle sait n'avoir désor-
mais plus de droits.
La duchesse de Berry était un honnête
homme.
Elle suivit l'exemple de son mari et recula
devant la perspective d'assurer une couronne
à son fils, au prix du déshonneur et d'une
criante injustice.
Les Naundorffistes qui, en dehors de
la question de l'évasion de Louis XVII,
ont porté un coup d'oeil général sur l'his-
toire de France, n'ont jamais dit autre
chose. Je suis parmi ceux qui jettent un
blâme, sans restriction, sur la conduite
de Louis XVIII ; mais qui trouvent des
circonstances atténuantes à la conduite de
Charles X et des siens. Hélas, la ligne
mathématique, qui sépare les survivan-
tistes de l'histoire officielle, est si tran-
chée ou, plutôt encore, si tranchante,
qu'il n'est même pas possible de professer
des circonstances atténuantes Les jour-
naux, dans lesquels on souhaiterait les
établir, ne les acceptent pas. Les français,
dans aucun ordre idées, ne sont plus ni
« centre droit » p.i « centre gauche », ils
sont ultramontains, intransigeants, in-
tangibles et, naturellement, infaillibles.
Ils sont dans le train qui conduit aux pays
inconnus !
Dans une des lettres du travail de
M. Prlor, le comte de Lescarène, le 12 mai
1833, présente le marquis Eugène de
Montmorency au marquis Pallavicini,
dans les termes suivants :
M. de Montmorency est un excellent
homme, pieux, bon, confiant, royaliste
comme doit l'être un Montmorency ; mais,
croyant autant presque qu'en Dieu à l'existence
de Louis XVII, qui remettra l'ordre en Europe
et surtout en France.
Otiel mauvais accueil les intransigeants
du noble faubourg feraient à M. E. de
Montmorency, s'il était encore vivant !
Henry Provins.
Ile découverte en 1772 (LIV, 49).
— Cette question a déjà été posée dans
l'Intermédiaire {XUX, 51) et M. Gabriel
Marcel et moi y avons longuement ré-
pondu (même volume, 184, 46^).
Th. Courtaux.
Il s'agit de
♦ *
la terre de Kerguelen, que
nous avons encore la prétention de pos
séder.
Cl. Godard.
N» 1120.
L'INTERMEDIAIRE
179
•
Je crois pouvoir répondre avec une
presque certitude à la question de notre
collaborateur M. P. F. que l'ile nouvelle-
ment découverte dont parle l'officier bres-
tois, est l'ile de Kerguélen, située dans
l'hémisphère du Sud, à 1.000 kilom. du
cap de Bonne-Espérance. Elle fut en effet
découverte en 1772, par le capitaine bre-
ton Kerguélen-Trémarec que le ministre
de la marine avait envoyé à la décou-
verte des terres inconnues, en même
temps que le célèbre navigateur Cook sui-
vait, de son côté, les mêmes routes mari-
times, AuG. Paradan.
Tandis qu'en 1771 les plus habiles ma-
rins et les plus savants astronomes per-
fectionnaient dans l'hémisphère Nord la
géographie de l'Atlantique, d'autres
marins français se livraient dans le Sud à
la recherches des terres australes. M. de
Kerguélen parti de l'Ile-de-France le 16
janvier 1772, avec la flùic la Forl^uiie et la
flûte k Gros-Centre^ fit route directement
au sud et découvrit par 50" de latitude
une terre escarpée et stérile. Sans appro-
fondir cette découverte, il revint à l'Ile-
de-France, persuadé qu'il avait trouvé
l'un des caps du continent austral ; et de
là il s'empressa d'aller en France annon-
cer cette importante découverte.
L'enthousiasme qu'elle excita fut tel
que sur le champ le Ministre de la marine
ordonna, pour l'aller achever, l'armement
du vaisseau le Roland et de la frégate
rOisean. Cette expédition, commandée
par M. de Kerguélen, fut augmentée delà
corvette la Dai/pbine, lors de son départ
de l'Iie-de-France le 29 août 1773,
Kerguélen ayant fait route au Sud avec sa
petite division, se borna à reconnaître,
d'une manière un peu plus exacte, le pré-
tendu continent découvert l'année précé-
dente et le quitta brusquement, sans avoir
décidé si ce n'était qu'une île ou non. De-
puis, le capitaine Cook a résolu ce pro-
blème dans son troif-ième voyage (1776)
et a démontré que la Terre de Kerguélen,
qu'il appela île de la Désolation, n'est
qu'une île de peu d'étendue, absolument
déserte et aride.
Il est à présumer que, dans sa lettre à
son camarade, l'officier de marine, dont
parle notre collaborateur, voulait parler
180
de l'armement des bâtmients de la divi-
sion de Kerguélen. E. M.
Ccndamnation de Jésus (LUI, 553,
621,685,732, 789, 900 ; LIV, 13, 59). —
je trouve assurément intéressantes, les
réponses à cette question. Malgré mon
incompétence, j'avais été tenté de servir
ma pecite contribution ; mais je m'atten-
dais, au surplus, à voir apparaître bientôt
dans les colonnes de Y Intermédiaire ce
qui eût été' le seul éclaircissement dont je
dispose. A ma grande surprise, nul n'en
a parlé, et n'ayant toujours pas mon
auteur sous la main, j'en suis réduit à
l'indication strictement suffisante de ma
référence.
Pourquoi donc personne n'a-t-il ajouté
aux sources énumcrées,le Livre des singu-
larités de Gabriel Peugnot, qui renferme,
si ma mémoire est fidèle, trois ou quatre
variantes de la condamnation de Jésus ?
Hauïenclef.
» *
Chacun a dit son mot au sujet des
douze lignes du texte de Josèphe. C'est
pourquoi j'ose m'avenlurer dans cette
petite guerre à coups de plumes. Ce n'est
pas de la fatuité, c'est de l'épidémie.
A en croire M. Dujardin, « il est una-
nimement reconnu que le passage de
Josèphe est interpolé ; les avis ne différent
que sur la question de savoir si le passage
est entièrement apocryphe ou s'il est seu-
lement glose ».
Pour ne citer qu'un critique, non or-
thodoxe, mais rationaliste, ayant bien
voix dans la question, l'opinion de Renan
indique à elle seule que cette unaniiiiité,
dont parle M. Dujardin, est encore à dé-
montrer.
Voici comment s'exprime le savant
érudit au sujet du passage en question :
« Je crois le passage sur Jésus authen-
tique dans son ensemble. Il est parfaite-
ment dans le goût de Josèphe, et, si cet
historien a fait mention de Jésus, c'est
bien comme cela qu'il a dû en parler. On
sent seulement qu'une main chrétienne a
retouché le morceau, en y ajoutant
quelques mots sans lesquels il eût été
presque blasphématoire », (Renan fait ici
allusion à la parenthèse : s'il est permis de
l'appeler honnne) « peut-être aussi en re-
tranchant ou modifiant quelques expres-
sions >>. Au lieu de O y^piizo^ outoç-/jv, il y
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906,
i8i
182
avait probablement O X^io-to,- ù^ysio. (Note
de Renan). Ainsi, de l'avis du savant phi-
lologue, toute l'interpolation consiste au
plus en une parent'nèse et un mot.
A nos yeux, le morceau est si simple,
si sec, si peu coloré, qu'il nous parait
impossible qu'il ait pu être ajouté ou
retouché sous la forme qu'il présente.
Une main chrétienne n'eût point relaté
la vie et la mort de Jésus comme un fait
divers sans importance. D'ailleurs la pro-
testation interpolée {s il est permis de l'appe-
ler Loini/ie !) nous semble, à elle seule la
siofiiature de l'authenticité absolue du mor-
ceau
D'' Billard.
Saint-Jacques de Compostelle
(LUI. 277,406,460,520,633; LlV,i4i). —
Ainsi que son nom l'indique, Voranfe est
une figure qui prie. Les premiers chré-
tiens, en efl'et, avaient coutume de prier
debout, les mains étendues, un peu éle-
vées vers le ciel, et la face tournée vers
l'orient. Cette attitude de la prière symbo-
lisait la passion du Christ et sa croix :
« Et notre prière, dit saint Ambroise,
sera vite exaucée si notre corps repré-
sente ce Christ auquel nous pensons (i ). »
« Pour nous, dit aussi TertuUien, nous
ne nous contentons pas d'élever les mains
comme font les païens, mais nous les
étendons en souvenir de la passion du
Sauveur (2). » Prier les mains élevées,
était donc déjà une attitude naturelle à
tout homme qui s'adresse à la divinité.
Au musée Campana, on peut voir des
statues de Chiasi en terre cuite, dont les
bras sont ainsi étendus. L'orante existe
aussi sur certaines médailles romai-
nes (3).
Aux catacombes, il est facile de distin-
guer les orantes chétiennes des païennes
par une modestie plus grande. « Nous
n'élevons pas les mains avec ostentation,
écrit encore TertuUien, mais avec modes-
tie, avec modération (4) . »
Si l'orante implore la miséricorde di-
vine ou remercie le Seigneur, on comprend
(i) Sermon ^6.
(2) De orutione XI.
(3) Mionnet, Riireté des médailles ro-
maines 11, p. 13 .
(4) De oraiione XIII, H. Marucchi Elé-
ments d'Archéologie clirèlicmie .Notions gé-
nérales^ p. 274.
pourquoi certaines figures bibliques des
catacombes ont cette attitude : Daniel
sauvé des lions, par exemple (i).
Immuable est l'attitude de l'orante.
Mais son costume peut varier. C'est tantôt
le colohimn à plis droits, laissant les bras
nus avec le palHum ramené sur le front,
tantôt la penula ornée de larges bandes de
pourpre, tantôt la dalmatique (2). Elle
est parfois accostée de deux colombes,
symbole de la simplicité et de l'innocence
chrétiennes (3),
L'orante est presque toujours une
femme, bien que son image se rencontre
gravée sur des monuments d'hommes.
C'est que dans le symbolisme chrétien
cette oranie représente l'âme du mort de-
venue l'épouse de Jésus-Christ et admise
à ce titre au festin céleste (4), Sur la
tombe de Cœsidius Faustinus, au-dessus
de laquelle est gravée une crante, on lit
« Bon:€animte in pace (y) ».
L'attitude orante en usage dans les
premiers siècles de l'Eglise, est aujour-
d'hui encore observée par le prêtre à la
messe ; mais ajoutons que le rit de l'an-
tiquité est plus fidèle dans les litur-
gies lyonnaises et dominicaines.
Louis Calendini,
Chasseurs de Picardie et Royal-
Liégeois (LIV, 51). — Le régiment de
cavalerie Royal-Picardie tenait garnison,
en 1780, à Niort, en 1782, à Castres, en
1783, à Neuf-Brisach, en 1784, 1785 et
1786 à Saint-Avold, à Sarre-Louis en
1787, à Angers en 1788 et 1789.
je ne trouve pas dans les Etats Mili-
taires de ces années, de régiment d'infan-
terie Royal-Liégeois. G. O. B.
* *
Le régiment chasseurs de Picardie est
actuellement le 7'"'' chasseurs à cheval ; à
l'origine, il était le régiment des volon-
taires Royaux (1745) puis 1*=' chasseurs
(i) H. Marucchi ibid. André Perate l'^r-
chèologie chrétienne p. 75.
(2) Abbé Marùgny. Dictionnaire des Antt'
quités cliréticnnes au mot Prière (Attitude
de la) p. 667.
(3) L. Perret Les Catacombes de Rome t.
V, planche vu.
(4)H. Marucchi op. cit. p. 270.
(5) Martigny op. cit. p. 606. A. Perate
op. cit. p. 176, cf. aussi H. Maïucchi op. cit.
p. 276.
No 1120.
L'INTERMEDIAIRE
183
chas-
en 1779 — des Alpes en 1784 -
seurs de Picardie de 1788 à 1791.
Le régiment de Royal-Liégeois (1787-
1791) ne paraît avoir été créé qu'en 1787
(il constituait un régiment allemand levé
dans le pays de Liège) ; son drapeau était
blanc avec une croix blanche semée de
fleurs de lis d'or ; au centre un écusson
aux armes de Lyon, surmonté de la cou-
ronne royale. Aujourd'hui, c'est le 101*
régiment d'Infanterie de ligne.
Alexandre Rey.
*
¥ ¥■
Le régiment de chasseurs « des Alpes »,
en garnison à Landrecies, était comme les
corps de chasseurs, un régiment mixte.
Le 17 mars 1788, les deux armées furent
séparées et la cavalerie devint : Régiment
des chasseurs de Picardie (n° 7), ancêtre
du 7* régiment de chasseurs à cheval.
Le Royal-Liégeois fut levé par le prince
évêque de Liège, en vertu d'une conven-
tion signée à Versailles, le 8 juillet 1787,
par Gérard de llayneval, conseiller d'État,
et le comte Clément de Latour. Une or-
donnance royale du 18 novembre 1787
régla son organisation. Il prit rang après
le corps de Montréal.
Devenu, en 1701, le loi* d'Infanterie.
B. P.
* ±
de Picardie, par Charles
E. Dentu, 1888, un vol.
L. C.
Le Régiment
Desmaze, Paris
in-12 de 232 p.
* *
Ces deux régiments n'existent pas avant
1788.
Royal-Liégeois : créé par ordonnance
du 18 novembre 1787.
Colonel prop. : Comte de Latour.
Garnison : Givet.
Chasseurs de Picardie : créé par ordon-
nance du 17 mars 1788.
Colonel : comte de Nurange, garnison :
Douai.
Mêmes colonels et mêmes gariiisons en
1789, en 1790.
Royal-Liégeois a changé de garnison ;
il est à Avesnes, avec le même colonel.
Chasseurs de Picardie a comme colonel
le comte de Contades,et toujours à Douai.
En 1792, le Royal-Liégeois est devenu
le 10 1« d'infanterie. Colonel : M. de
James, garnison : Landau.
Chasseurs de Picardie est devenu
7^ chasseurs, pas de colonel,
MM. Schedelins-
Schelestadt.
Marquis de L.
— 184
Lieutenants-colonels :
ky, La Mure ; garnison,
*
Pour connaître les garnisons de 1780 a
1791 du régiment des chasseurs à cheval
de Picardie, il faut consulter X'Eiat Mili-
taire de France, par de Roussel qui l'in-
dique chaque année. Ne l'ayant pas ici
sous la main, je ne puis donner ce rensei-
gnement.
D'ailleurs les chasseurs de Picardie,
7% n'existaient pas en 1780, ni même,
en 1786 ; ils ont été créés tout à fait à la
fin de la monarchie et ont dû rester
7'= chasseurs jusqu'en 1815, la Révolution
n'ayant pu bousculer l'organisation des
troupes à cheval comme elle l'a fait pour
l'infanterie.
Royal-Liégeois infanterie fut créé seu-
lement le 18 juillet 1787 et licencié le
21 septembre 1792. Ses débris furent, je
crois, dispersés dans différents corps.
COTTREAU.
Plaques indicatrices des rues
(LU ; LUI, 323). — Le magistrat de Lille,
par résolution du 31 janvier 1759, affecta
une somme de 700 florins pour '< l'achat
de la même quantité de pièces de toile
qu'il ya de coings de rues dans la ville »
et pour l'inscription de chaque nom de
rues sur ces plaques ainsi que leur appo-
sition contre les maisons. De plus, il fut
enjoint à ceux qui par suite de travaux
de reconstruction, feraient disparaître les
inscriptions, de les rétablir à leurs frais.
Le 17 mars 1783, on décida de renou-
veler lesdites plaques « qui étaient faites
à l'huile sur du fer blanc et se trouvoient
tout effacées et éteintes parla rouille. »
Déjà, à cette époque, plusieurs proprié-
taires de maisons d'angle avait fait graver
le nom de la rue sur la façade de leur
immeuble ; j'en connais deux spécimens
dont l'un sur une maison portant la date
de 1782.
Au commencement du xix* siècle, la
ville fit poser des plaques en faïence ver-
nissée, avec le nom de la rue surmonté
de l'indication du canton et du numéro
de l'arrondissement, en lettres violet
manganèse, sur fond blanc. 11 en subsiste
de nombreux échantillons dans les diffé-
rents quartiers du Vieux-Lille.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906.
185
186
Vers 1850, on essaya les plaques en
fonte, avec lettres en relief, fort peu li-
sibles, comme il est encore possible de le
constater,
Enfin, depuis une vingtaine d'années,
on a généralement adopté, ici comme
ailleurs, la plaque émaillée avec lettre
blanche, sur fond bleu de Sèvres.
L. L.
La belle Imperia (T. G., 443). —
Je crois devoir signaler a la personne qui
a posé une question relative à Imperia, la
fameuse courtisane romaine, l'article très
documenté publié sur elle récemment dans
lialia Moderna Illitstrata, 1906, p. 361.
CuRiosus.
Le cbâteau de Saint-Maurice
(LIV, 53). — J'indique volontiers à notre
collègue, que dans le département de
Seine-et-Oise, un château desservi par le
bureau de poste de Saint-Chéron existe
sous le nom de Saint-Maurice ; à part une
cession de moins d'une dizaine d'années,
cette habitation appartiendrait encore à
Mme Derville.
Est-ce le même château que celui objet
de la question ? Je l'ignore.
Alexandre Rev,
*
♦ *
Réponse à côté à la question posée par
M. Paul Pinson.
Pierre Pecquot, secrétaire du roi en
1649, possédait la seigneurie de Saint-Mau-
rice, qu'il transmit à Pierre Pecquot, son
fils, conseiller au parlement de Paris (en
1784). et à Pierre-Claude Pecquot, son
petit-fils, président à la Chambre des comp-
tes de Paris en 1722. Marie-Thérèse Pec-
quot de Saint-Maurice, fille (unique ?) de
ce dernier, épousa Louis -Charles le Mai-
rat, dit le marquis de Bruyères-le-Châtel,
président à la Chambre des comptes de
Paris, dont :
1) Antoine-Henri-Laurent le Mairat ,
marquis de Bruyéres-le-Châtel, officier de
dragons au régiment de Damas, et en-
suite président à la Chambre des comptes
de Paris, célibataire.
2) Eustachie-Thérèse, sans alliance.
3) Louise-Thérèse-Charlotte, alliée, le
6 avril 1779, avec Pierre Annet comte de
Gibertès.
4'» Angélique-Pauline, qui épousa, le
19 février 1787, Marie-Joseph-Gabriel-
ApoUinaire, marquis de Morard, *
Je ne sais si le château de Saint-Maurice
a été porté dans l'une de ces famille de
Gibertès et de Morard, ou s'il a été vendu.
G. P. Le Lieur d Avost.
Le pont de Trécines à Saint-Denis
(LUI ; LIV, 74). — Oui Viceni (Vincennes)
veut dire à 20 stades de Lutèce et Triceni
(Saint-Denis, pont de Trécines), à 30 sta-
des ; comme Tricesmmm (Tricésimo),
dans l'itinéraire d'Antonin, veut dire à 30
milles d'Aquilée. Du reste, on trouve
Viceni, dans la table de Peutinger, en
France ; mais sans indication des dis-
tances.
D"" BOUQON.
Je suis désolé de contredire ainsi M. La
Brèche, mais je suis obligé de maintenir
ce que j'ai dit : la voie romaine traver-
sait Paris par la rue Saint-Jacques, le Petit-
Pont, le Pont-Notre-Dame et la rue Saint-
Martin,
Je cite tout au long un passage de
M. Fernand Bournon, le savant le plus
au courant de tout ce qui regarde l'his-
toire de Paris et du département de la
Seine :
Pour Lebeuf comme pour tous les érudits
des siècles passés, le premier pont mérovin-
gien reliant la cité à la rive droite corres-
pondait à l'emplacement du pont au Change
actuel. Les recherches de deux savants ar-
chéologues permettent maintenant d'affir-
mer que c'est là une complète erreur.
MM. Vacquer et Berty ont établi que le pont
de la rive droite était à l'époque romaine,
là où se trouve aujourd'hui le pont Notre-
Dame et dans l'alignement de la voie ro-
maine qui traversait Paris du nord au sud
en suivant le tracé des rues Saint-Martin et
Saint-Jacques, Plus d'une fois, au cours de
ce travail, nous aurons occasion de rappe-
ler cette importante constatation et d'en ti-
rer des conséquences qui, pour bien des
points, modifient singulièrement les don-
nées anciennes,
[Histoire au Diocèse de Paris, par l'abbé
Lebeuf Rectifications et Additions, par
Fernand Bournon, Paris, i90i,page2).
Nous renvoyons, pour les preuves, à
\di Revue archéologique, XII* année 1855,
qui contient un remarquable article de
M. Adolphe Berty, intitulé : Recherches sur
l'origine et la situation du grand pont de
Paris, du Pont-aux-Changenr, du Pont-
aux-Meniers, et de celui de Charles- le
N» II20.
■ ■ 187
Chauve ; et une Lettre à M. l'Editeur de
la Revue Archéologique sur la découverte
d'tme partie du Grand Pont de Paris bâti
par Charles-le-Chauve, par Théodore Vac-
quer.
M. Hippolyte Cocheris, dans son édi-
tion de l'abbé Lebeuf (Paris, 1863,
tome i'', page 32) ; et M. Gustave Pes-
sard,dans son Nouveau Dictionnaire histo-
rique de Paiis (Paris, 2' édition, 1904,
page iO-|o), sont absolument d'accord
avec MM. Adolphe Berty, Théodore Vac-
quer et Fernand Bournon.
Ainsi donc, la voie romaine conduisant
dans les provinces du Nord, traversait
Paris par la rue Saint-Jacques, le Petit-
Pont, le Pont-Notre-Dame et la rue Saint-
Martin, et non la rue Saint-Denis qui est
plus récente.
■ Le Pont-Notre-Dame existait avant
861 ; d'abord construit en bois, il s'appe-
lait le Pont-de-la-Planche-Mibray. Il fut
réédifié de 141 3 à 1420 et portait alors
soixiinte maisons, trente de chaque côté.
En 1499, le pont s'écroula et le cordelier
Jean Joconde, abbé de Saint-Germain-des-
Prés, fut chargé de sa reconstruction en
pierre (Gustave Pessard, loc. cit.).
Le tracé de M. GoUois par la porte ac-
tuelle de Clichy et la route de la Révolte
ne peut donc se soutenir. 11 est contraire,
du reste, au génie des Romains qui préfé-
raient la ligne droite et ne s'en ^^détour-
naient que quand ils ne pouvaient abso-
lument pas faire autrement, ce qui n'est
pas du tout le cas ici.
Il est très difficile, pour ne pas dire im-
possible, de suivre le tracé de la voie ro-
maine dans Saint-Denis.
Mais je ne crois pas que sa sortie par
les rues Catulienne et de la Charronnerie
puisse faire de doute ; de même que sa
continuation, par l'Hermitage, le Vert-
Galant et le chemin de grande communi-
cation n° 72 de Saint-Denis à Méru, par
Auvers-sur-Oise, car elle passait certaine-
ment à Eaubonne, Ermont, Pierrelaye et
Pontoise, où son tracé est encore parfai-
tement visible et a été constaté de tout
temps.
(Le tracé do la voie au sortir de Saint-
Denis se trouve bien indiqué sur la carte
de Tabbé de la Grivede 1740).
Quant à Tétymologie de Tricines, elle
reste encore à trouver, car l'abbé Lebeuf
et après lui M. Fernand Bournon (si mes
L'INTERMEDIAIRE
188
souvenirs sont exacts) ne veulent pas que
Tricines vienne de trente stades, pas plus
que Vincennes de vingt stades.
C'est Lancelot qui a lancé cette étymo-
logie dans son article sur Raoul de Presles
dans le tome XlIP des Mémoires de l'Aca-
démie des Inscriptions et Belles-lettres. C'est
ce même Raoul de Presles qui, allant
vers 1365, de Montmartre à Saint-Denis,
dit, dans son livre intitulé Musa :
Montempertranseo, dcscendo collem, Tri-
cinas pergo.^ et Catullmn suhintrans vicum,
vetustam concerna Basilicam.
Armand de Visme.
Le marquis d'Aligro accusé de
plagiat (LIII, 953). — Le G., dont le
marquis d'Aligre se para des plumes en
1818, dans les «Tablettes d'un voyageur
en Italie », n'est autre que celui-là qui
d'après Monselet {Les oubliés et les dédai-
gnés) a si bien caché sa vie, qui s'est tenu
si parfaitement en dehors des autres lit-
térateurs que l'on ne connaît de lui abso-
lument que des livres, non compris ceux
qu'on lui a subtilisés. II est vrai qu'un
de ses romans du xvui* siècle eut une vo-
gue extraordinaire en plusieurs langues
et que peu d'ouvrages eurent autant
d'éditions. On y trouve, à la première
page, le nom de l'auteur et l'écusson delà
colombe et des étoiles qui étaient les ar-
mes de M. de la Villeurnoy, son protec-
teur. A côté flotte une barque agitée
et amarrée à un obélisque avec la devise :
Sic nunc sic semper. La préface en donne
l'explication.
Ce roman a pour titre Blançay et l'au-
teur est Gorjy ou Gorgy ,dont l'orthographe
est indécise, de même que la vie de l'écri-
vain . Pour l'élucider, j'ouvre une question
à son nom. Sus.
Le baron d'Asfeld (XLVI ; XLVII).
— Les Bidal d'Asfeld ne sont pas origi-
naires d" « Agen en Agenais », comme
il est dit XLVII, 70, mais bien de la pa-
roisse de La Valette (Aude). Leur nom,
en français, devrait être écrit Vidal, dont
Bidal est la forme patoise. L'origine de
cette famille ne remonte pas plus haut
que les premières années du xvii= siècle.
A cette époque, un Bidal, homme de né-
goce, passa en Suède où il devint four-
nisseur de la reine Christine. Rentré en
France, il s'établit à Paris, rue Aux-Fers,
iSp
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Août 1906.
près des Innocents, et conserva la con-
fiance de sa royale cliente à laquelle,
d'après Guy Patin (lettre du 26 juillet
1650), il fournissait tous les ans pour
50.000 écus de soieries.
Après son abdication, Christine habita
quelque temps en France la belle demeure
que le négociant possédait à Vanves.
La reine anoblit Bidal qui lui avait
prêté de l'argent en une occasion pres-
sante. C'est en 1653 qu'il fut créé baron
d'Harsefied ou Asfeld, dans le duché de
Bulmin ; nom transféré, par la suite, à
Ecry-le-Franc (Ardennes).
Pierre Bidal, fils du précédent, résident
de France à Hambourg (1675, 1683,
1699), époux de Catherine Bastonneau
(1673) devint père de Claude-François
Bidal d' Asfeld, lieutenant général des
armées du roi en 1704, qui, employé en
Espagne, contribua puissamment au gain
de la bataille d'Almanza en 1707, prit
d'assaut les villes de Xativa et d'Alicante
en 1709,. . fut créé chevalier de la Toi-
son d'Or en 1715 ; de retour dans sa pa-
trie, il devint directeur général des forti-
fications,conseiller aux conseils de guerre,
et de la marine ; commanda en chef l'ar-
mée d'Allemagne après la mort du maré-
chal deBerwick, en 1734; se rendit maî-
tre de Philisbourg et mourut à Paris en
1743, Il était maréchal de France. (Cf.
Mahul. Cartulaire de Carcassonne).
Armes : d'argent, à l'ancre d'aiiir, posée
en pal, surmontée de deux flèches de même,
passées en santon, la pointe en haut.
Van Blarenberghe (LUI, 78 ; LIV,
88). — Je m'applaudis d'avoir posé la
question Van Blarenberghe dans les co-
lonnes de l'Intermédiaire, puisqu'elle a
fourni à M. Quarré-Reybourbon l'occa-
sion d'un article généalogique très inté-
ressant et très documenté.
Une lacune subsiste dans cet article :
la date et le lieu de décès de Louis-Nico-
las Van Blarenberghe. Voici un extrait
des registres d'état-civil qui me paraît dé-
cisif :
Ville de Fontainebleau
(Seine-tt-Marne)
2 mai 1794. Le treize tloréal an II, a été
déclaré le décès de Louis-Nicolas Vanbla-
renberghe, natif de Lille, artiste, décédé,
rue du Coq Gris, âgé de 78 ans, veuf de la
citoyenne Barboux,
F. H.
190
Le conventionnel Brunel (LIV1
108), — Une Petite Biographie convention-
nelle dit que le maire de Béziers fut en-
voyé à Lyon et ensuite à Toulon oii il se
brûla la cervelle, désespéré de n'avoir pu
empêcher les jacobins d'enlever les armes
de l'arsenal, je ne sais si ce petit rensei-
gnement peut intéresser l'auteur de la
question. E. Grave.
Le général Duvigneau (LUI ; LIV,
127). — La branche de la famille « Du-
vigneau » à laquelle appartenait la vi-
comtesse de Pelleport-Burète, était fixée
depuis le milieu du xviii« siècle dans la
Dordogne, aux environs de Saint-Michel-
Montaigne et de Montravel. Cette famille
existe toujours dans ce pays et possède de
nombreuses terres à Saint-Avit-de-Fuma-
dière, Saint-Claude, Saint-Michel-Monta-
gne, Villefranche, Montravel, Montcarret,
Saint-Seurin-de-Prat et La Motte-Montra-
vel. Cette branche du Périgord est origi-
naire de Castillon de Castets près La
Risle, 011 un de ses membres, Gaillard du
Vigneau, était curé en 1505 ; et le 6 no-
vembre 177^, Jeanne Duvigneau habitant
Castillon, donnait ses biens à son frère
Pierre, bourgeois, habitant le domaine
de Saint-Claud, juridiction de Montravel.
Cette famille était parente des « Du
Vigneau de Beaulieu ». Car dans les rares
papiers de famille que nous possédons, je
trouve une lettre, signée du duc de Choi-
seuil, priant le S. Duvigneau de se rendre
à Paris pour subir les examens d'entrée
dans le corps du Génie (5 novembre
1768). C'était très certainement Guil-
laume du Vigneau de Beaulieu, qui fut
capitaine du Génie et chevalier de Saint-
Louis, cousin du général dont on recher-
che l'origine.
Mon père a cherché vainement des ren-
seignements plus complets sur la famille
Duvigneau et sur le général, sans pouvoir
obtenir autre chose que la notice publiée
dansV Intermédiaire, LUI, p. 971.
Baron de Pelleport-Burète.
Alliance de la famille d'Harcourt
(LIV, 51). — Aglaé Terray, fille d'An-
toine-Jean, seigneur de Rozières et de la
Motte-Tilly, intendant des finances, et de
Marie-Nicoline Perreney de Grosbois, née
le 17 avril 1788, -f- à Paris, le 11 août
N" II20.
L'INTERMEDIAIRE
191
102
1867, épousa, le 14 avril 1807, François-
Eugène-Gabriel, duc d'Harcourt.
Armoiries de la famille Terray : d'aïur^
à la fasce d'argent., chargée Je 5 mouche-
tures d'hermines de sable., et accompagnée de
^ croisettes îrefflées d'or; au chef aussi d'or ,
chargé d'un lion issant de gueules.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Hécart,deValencienaes (LUI; LIV,
80). — Je remercie infiniment M. Paul
Pinson de sa réponse. Oui, le manus-
crit de Hécart est évidemment au-
tographe, car il correspond en écriture
avec la chirographiede beaucoup de notes
dispersées dans le reste de la collection.
Un point reste à élucider : serait il possi-
ble de trouver la filiation des détenteurs
de cette collection depuis les jours de Hé-
cart ? Les MM. Charavay d'aujourd'hui
pourraient-ils indiquer la provenance de
la collection vendue en 1857 ^ Et, alors,
depuis, où s'est-elle trouvée ? Les enquê-
tes particulières que j'ai entreprises n'ont
pas abouti. Pourtant il ne doit pas
être trop difficile de savoir la ligne des
collecteurs et des possesseurs. A. G, G.
Le fils de Douglas Home (LIV, 5),
— M. de Massas demande ce qu'est de-
venu le fils du fameux médium Douglas
Home, que son père disait posséder, à
l'âge de trois ans, un pouvoir semblable
au sien.
En 1886, quelques personnes d'Angers
se cotisèrent pour faire venir dans cette
ville un médium qu'on disait être le fils
de Douglas Home, et qui se présentait, en
effet, comme tel.
Chacun devait verser 20 francs pour le
prix d'une séance particulière donnée seu-
lement devant deux personnes. Il y eut
un certain nombre de ces séances, dans
un petit salon du Grand Hôtel. Je fus in-
vité à l'une d'elles, et je partis convaincu
que je venais d'assister à de grossières
supercheries.
Le soi-disant fils de Douglas Home était
accompagné d'un autre prétendu médium,
dont le nom m'échappe absolument.
Henry Jagot.
Lq tombeau de Josias, comte de
Rantzau (LIV, 108). — Voici, d'après
le Dictionnaire de Jal, Tacte de décès du
comte de Rantzau ;
Le 17 sept. 1650, a esté porté aux Mini-
mes de Nigeon {sic) M. Josias de Rantzau,
maieschal de France, gouverneur de Dunker-
que, lieutenant des armées du roy (mort
le 13) Lévy, Paré et Fog {sic) ont veillé
quatre jours et quatre nuits et accompagné
le corps à Nigeon. Reçu 40 L. pour les
droits.
E. M.
Famille de Montmorency (LIV,
109). — Les Montmorency de France
sont éteints, mais d'après des généalo-
gistes anglais (Forsbois peerage) les de
Montmorency d'Irlande, vicomtes Mount-
morres et Francfort de Mountmorency,
descendraient d Hervé de Montmorency,
grand bouteillier de France. Second fils,
Geoffroy, venu en Angleterre avec Guil-
laume le Conquérant, se serait établi à
l'île d'Anglesey, et ses enfants auraient
été dotés de domaines en Irlande.
Je ne sais sur quelles bases repose cette
filiation ; je dois ajouter que les pairs
d'Irlande précités ont les mêmes armoi-
ries que les Montmorency de France.
A. E.
La maison de Montmorency est étein-
te en ligne masculine ; elle est ac-
tuellement représentée en ligne féminine
par les Talleyrand-Périgord qui, par dé-
cret impérial du 14 mai 1864, ont été au-
torisés à relever letitrede duc deMontmo-
rency. La réponse à la question posée par
notre obligeant confrère Pierre Meller se
trouve à la page 351 de V Annuaire de la
noblesse de içoo du vicomte A. Révérend.
Le futur était fils de feu Robert-Auguste-
Geoffroy de Montmorency et de Marie-
Arabelle-Blanche de Buros.
Le mariage a eu lieu à Paris. La ques-
tion d'ailleurs demeure ouverte. A quelle
famille appartenait en réalité le futur .?
Th. Courtaux.
* *
M. de Montmorency, marié à Mlle
Clocquemin, se rattache à la famille de
Montmorency-Morres d'Angleterre, bran-
che, dit-on, de la grande maison de Mont-
morency établie au Royaume-Uni, lors de
la conquête normande.
Burke lui a consacré, si je ne me
trompe, une longue notice dans son
Peerage and baronetage.
Renault d'Escles.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906.
193
194
L'exécution de Henri de Mont-
morency (LU; LUI). - M. L. de S.
dans V Intermédiaire du 30 janvier 1906,
écrit que dix témoignages contemporains
prouvent que l'exécution s'est faite, selon
l'usage, par la hache ou par l'épée.
Peut-il fournir les indications biblio-
graphiques nécessaires à la vérification de
son affirmation, que je crois, du reste,
parfaitement exacte ? R. Pichevin.
De Monbel, acteu
Il n'existe aucun acteur
\' Annuaire des artistes
années 1897 et 1898 ; la
donymes n'en fait aussi
De Monbel (ou Monibel)
ne pas faire partie de la
nom est-il exact?
r (LIV, 54). -
de ce nom dans
dramatiques aux
table des pseu-
aucune mention.
pouvait fort bien
Société. Mais le
H. Lyonnet.
Montreuil au conseil de guerre
(LIV, 107). — «Ce coquin de Montreuil >>
comme on le fait dire à Jaucourt, c'est
Maiihreuil ! Le comte Guéry de Mau-
breuil, marquis d'Arvaux, qui vola la
reine de Westphalie, en avril 1814, de
400.000 fr. en or et de 5 à 6 millions de
bijoux, et bien qu'il eût agi « par ordre »,
fut, sur la plainte de la reine, déféré aux
tribunaux civils qui le renvoyèrent à la
justice militaire qui, elle aussi, se déclara
incompétente. L'odyssée de Maubreuil
est trop connue pour qu'il soit besoin de
la raconter à M. Tirgueil. Mais qu il me
soit permis de dire que mille Intermé-
diaire ne suffiraient pas s'il fallait rectifier
toutes les coquilles des ouvrages histori-
ques, LÉONCE Grasilier.
*
♦ *
M. de Mantenay, dans rC//»"wr5, apporte
la même correction.
Famille de Pindray (LIV, 5). — Le
Dictionnaire héraldique de M. de Grand-
maison n'indique qu'une seule maison no-
ble portant le nom de de Pindra\\ avec
les armoiries : d'argent, au sautoir de
gueules (Poitou). D'autre part :
Henry de Pindray, écuyer, seigneur de
la Roche d'Aurillac, figure, avec mêmes
armes, dans Y Armoriai de la noblesse du
Poîtou convoquée pour les Etats Gcnéraux,
en /y^Q, par Armand de la Porte (Poitiers,
1874).
Enfin, dans: Emigrés du Poitou et desan-
ciens grands gouvernements d' A ngoumois,
Aunis et Saintonge par C. de Saint-Marc
(Niort, 1906), I vol, in-S" de 212 pp. on
trouve mentionnés :
i" Pindrav, surnommé Dambelle, do-
micilié à Périgueux, émigré.
2'^ Pindiaj, domicilié et propriétaire à
Saint-Mégrin, district de Pons, (Charente-
Inférieure), émigré le i^"^ sept. 1792.
3' Pindray de la Roche (Pierre Naar de),
a fait la campagne de 1792 à l'armée des
Princes, dans une compagnie du Poitou.
— L'identité des armoiries de la fa-
mille de Pindray (Poitou) indiquées par
Grandmaison, avec celles attribuées aux
Pindray de la Roche, en la personne
d'Henry de Pindray de la Roche d'Auril-
lac, fait supposer une communauté d'ori-
gine entre les branches de la même mai-
son, établies en Saintonge, Périgord et
Bordelais,
N. B. — Parmi les noms mentionnés
dans les Emigrés du Poitou et des anciens
grands gouvernements d'Augoumois, Aunis
et Saintonge^ on peut citer ceux des fa-
milles, ci-après, avec renseignements d'é-
tat-civil,indications de domiciles,faits d'ar-
mes, dates d'émigrations, etc., etc. ;
Absac, Aiguillon, Aimé, Ambreuil, An-
gély, Argence, Asnières, Assailly, Au-
busson, Augier, Aulède, d'Aviau de Pio-
lant, d'Autichamp. Aymer de la Chevale-
rie, Babinet de Rencogne, Barbier, de
Bardin, Beaucorps, Reaumont, Beaupoil
de Sainte-Aulaire,Béchillon, Béjarry, Bel-
castel, Bellabre, Boscal de Real de Mor-
nac, Bourdeille, de La Bourdonnaye, de
Brach, de Brémond, du Breuil Hélion de
la Guéronnière, Brissac, Brochard de la
Roche-Brochard, Broglie, de la Broue de
Vareille, de Buor, des Cars, Castellane, de
Chabot, Chamborant,de Charette,de Chas-
teigner, de la Châtre, de Chouppes, de
Chévigné, du Chilleau, de Clervaux, de
Coigneux, Compaing de la Tour-Gi-
rard, de Coral, Couhé de Lusignan, de
Coussy, de Crussol, de Culant, de Cu-
mont, d'AIoigny, de Couet, Deleffe,
Desmier, du Chesne, du Gareau, Du-
pin de la Guérivière, de la Faire, du
Fay, Filleau, de Fouchier, Frottier, Gar-
nier de BoisgroUier, Girard de Pindray,
de Goulard, de Gourjault, Guerry de
Beauregard, de Hillerin Jzoré de Pleumar-
tin, Janvre de la Bouchetière, de Jourdain,
deJoulard,de Laage, Lacropte de Saint-
Abre, Lafayette, La Laurencie, de Lam-
N" 1120.
L'INTERMEDIAIRE
• 195
bertie.de Lastic, de Lauzon, Lescours, Li-
niers, de Lusignan, Malvaud, de Marans,
Marsault de Parsay, de Mascureau, de
Marconnay, Maupeou, Maussabré, Mont-
bel, Montalembert, Mondion, Mortemart,
Musset, Nossay, Nuchèse, Orfeiiille, Palu
du Parc, Panou, de Faymoreau, Pindray,
Pontjarno.Prévost-SansacdeTouchimbert,
Puy-d'Anché, de Réchignevoisin, Riche-
lieu, des Roches de Chassais, de la Roche
Saint-André, de Rochechouart, de la
Rochefoucault, de Sainte-Hermine, de
Saint-Marsault, de Salvert, de Savatte,
de la Sayette, de Ségur, de Tingny, de
Vasselot, de Vassoigne, de Vérac, de Ver-
non, Yongue de Sevret, etc., etc.
Sparvus.
*
* *
Je crois à la jonction des Pindray de
Gadebors et Champagne (Saintonge) avec
ceux de Périgord, parce que Jean de Pin-
dray, écuyer, seigneur de la Brousse en
Saintonge, marié en 1607, était oncle des
Pindray de Saint-Denis et de Boisbertrand
(en Saintonge), lesquels sont les mêmes
que ceux d'Ambelle, et parce que le juge-
ment de maintenue de 1703 concernant
ces derniers (M. Meller l'a certainement
consulté aux Archives dép. de la Gironde)
vise un jugement rendu à la même époque
pour les Pindray de Saintonge,
Il faut observer en outre :
1° Les Pindray d'Ambelle ne sont pas
du tout de la Saintonge, comme le dit
M. Meller. Us sont du Périgord, où est
leur château d'Ambelle qu'ils habitent
encore ; ils y furent maintenus dans leur
noblesse en 1667.
2° M. Meller trouvera la généalogie
ms. des Pmdray du Bordelais dans le
Fonds Drouyn, aux Archives municip.
de Bordeaux (notes Jude de la Rivière, de
Mauriac).
3° Foucaud Pindray d'Ambelle, avocat
au parlement de Bordeaux, épousa en
cette ville, en 1603, Charlotte de Thi-
bault.
4° Les Pindray d'Ambelle sont les
mêmes que les Pindray de Laforest (An-
goumois) et de Champagnac.
5'* Il y a encore en Périgord, à Mareuil
notamment, (donc à côté d'Ambelle) des
de Pindray, qui descendent d'une famille
de petite bourgeoisie de cette ville de la
Dordogne, qui a donné des juges à Ma-
reuil au xvu" siècle, et qui se qualifiait
, ig(f
de sieur de Beauclevaud. Ce n'est pas la
première fois qu'on trouve, gravitant
autour d'une famille de bonne noblesse,
une famille roturière de même nom.
6" Le tome III des Archives de la No-
blesse, par Laîné, donne une courte notice
généalogique sur les Pindray.
7' Le très aimable et érudit docteur
Vigen, à Montlieu, a des notes sur les
Pindray de la Saintonge.
St Saud.
Sathenat (Satanas), seigneurs du
Mont et de Launay (LIV, 55). — Il y
a quelques renseignements sur cette fa-
mille dans : ToulgoH Tréanim. Recherches
de la Noblesse de Berry, p. 51-52 et FJeury
Vindry. Dict. de V Etat-major français au
xvi' siècle, p. 216, mais je ne crois pas
qu'ils puissent résoudre la question posée
dans Y Intermédiaire.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Famillo Tascher (LUI, 499, 591,645,
701, 746,814,865,925, 977; L1V,86). —
Le comte de Chaban, « qui aurait joué un
certain rôle comme administrateur sous le
premier Empire », était conseiller d'Etat,
intendant général des finances ; il est mort
à Hambourg, en mars 1814, d'une maladie
prise dans les hôpitaux.
Le maréchal Davoust qui commandait
la place, le qualifie, dans son Mémoire
ail Roi, d'administrateur sage, éclairé, in-
tègre, qui périt victime du plus généreux
dévouement.
Son fils ancien page de l'Empereur, est
mort en 1833 ; son petit-fils, ancien con-
seiller de préfecture à Tours et à Amiens,
est mort en 1880.
La famille de Chaban n'a aucun souve-
nir d'un Chaban qui aurait été secrétaire
des lieutenants de police au xviii® siècle.
LesdeChaban sont de l'Aunis ; au viii®
siècle, l'un d'entre eux a épousé Mlle de
Beauharnais, tante du premier mari de
l'impératrice Joséphine, et un autre a
épousé Mlle de Tascher de la Pagerie.
Ces renseignements viennent de la fa-
mille de Chaban, dont un des membres,
fort distingué, écrit au Gaulois.
GÉo L.
Titres de noblesse (LUI, 895, 980 :
1 LIV, 30, 93). — Les titres de noblesse sont
■ exempts de privilèges au xx" siècle, seuls
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906,
197
198
les souvenirs et ks exemples passés les
font revivre et vivre. « Noblesse oblige... »
est encore d'actualité.
Du temps de l'ancien régime (avant
1789), les titres français de noblesse
n'étaient pas hiérarchisés comme ils le
sont de fait aujourd'hui. Les titres accor-
dés l'étaient à une seule personne et pas-
saient à la mortdes titulaires à leurs hoirs
mâles par ordre de primogéniture, A défaut
de descendance mâle en ligne directe, le
titre s'éteignait ipso facto, il arrivait rare-
ment que le roi de France accordât de le
relever dans ces conditions, quelquefois il
autorisait une substitution, mais alors
avec ré érection et nouvelles lettres pa-
tentes. 11 y eut aussi quelques titres per-
sonnels qui s'éteignaient à la mort du ti-
tulaire, mais ces titres étaient en petit
nombre. Dans un cadre fort restreint de
familles françaises des plus anciennes (du-
cales, marquisales, comtales), les cadets
portent tous de droit le titre de comte
(Castellane, Chabot, Choiseul.Crussol, etc.).
Au retour des Bourbons, il fut dit que
l'ancienne noblesse reprenait ses droits et
que la nouvelle noblesse (de l'empire fran-
çais) conservait les siens. Ce fut la Res-
tauration (1815) qui établit définitivement,
l'on peut dire, l'hérédité et la hiérarchie
des titres laïques en les réglementant par
des ordonnances concernant les membres
de la Chambres des pairs.
Ordonnance n" 87 — 19 août 1815 —
art, i»"" La dignité de pair est et demeurera
héréditaire, de mâle en mâle, par ordre de
primogéniture, dans la famille des pairs qui
composent actuellement notre chambre des
pairs — art. 2 — La même prérogative est
accordée aux pairs que nous nommerons à
l'avenir — art. 3 — Dans le cas où la ligne
directe viendrait à manquer dans la famille
d'un pair, nous nous réservons d'autoriser
la transmission du titre dans la ligne colla-
térale qu'il nous plaira de désigner ; auquel
cas, le titulaire ainsi substitué jouira du rang
d'ancienneté originaire de la pairie dont il
se trouvera revêtu — art. 4 — Pour l'e.xécu-
tion de l'article ci-dessus il nous sera pré-
senté incessamment un projet d'ordonnance
portant règlement, tant sur la forme dans
laquelle devra être tenu le registre matricule
où seront inscrites, par ordre de dates, les
nominations de pairs qu'il nous a plu ou
qu'il nous plaira de faire, que sur le mode
d'expédition et la forme des lettres-patentes
qui seront délivrées aux pairs en raison de
leur élévation à la pairie — art. 5 — ...etc.
OrdonnancenoaôSy — sjaoùt 1817 — ...Vu
l'article 4 de notre ordonnance du 19 août
1815.. . — art. 12 — Le fils d'un duc et pair
portera, de droit, le titre de marquis ; celui
d'un m.irquiset pair, le titre de comte ; celui
d'un comte et pair, le titre de vicomte ; ce-
lui d'un vicomte et pair, le titre de baron ;
celui d'un baron et pair le titre de chevalier.
Les fils puînés de tous les pairs porteront,
de droit, le titre immédiatement inférieur à
celui que portera leur frère aîné. Le tout
sans préjudice des titres personnels que les-
dits fils de pairs pourraient tenir de notre
grâce; ou dont ils seraient actuellement en
possession, en exécution de l'article 71 de
la Charte. — art. 13 — etc.
De nos jours, qui ne peut prétendre à
un petit pair de France, tout au moins
dans ses alliances ! Gaston Phœbus.
11 est question dans l'article 4 de l'or-
donnance du iç) août 1815, d'un registre-
matricule de pairs ; qu'est il devenu, et
où se trouve-t-il aujourd'hui? C^uelque
aimable intermédiairiste l'a-t-il jamais
rencontré dans ses recherches ^ G. P.
*
L ordonnance est du 25 août 1817. Il
est facile de la retrouver. J'en lis le texte
dans le Manuel de la Patrie (Paris, Didot,
1825), dans Borel d'Hauterive, Annuaire
de la noblesse^ 1883, p. 241,..
Le vicomte de Bonald.
Dans son article sous cette rubrique,
monsieur A. E. émet l'opinion suivante :
Quant aux titres d'origine allemande ils
peuvent en général être poités par tous les
membres de la famille, même les femmes :
il en est de même du titre de prince que por-
tent tous les membres d'une famille considé-
rée comme d'origine souveraine {les Rohan^
La Tremoille, etc.)
Je souligne le paragraphe sur la doc-
trine duquel je voudrais bien savoir s'il
y a des principes et des traditions éta-
blies. En effet, est-il bien établi que tout
fils d'un prince souverain a le droit de
prendre et de porter le titre de prince, et
toute sa descendance mâle légitime peut-
elle faire de même ? Cette tradition peut-
elle se maintenir dans des familles qui
ont été dépossédéesde leur souveraineté ?
Si je pose cette question c'est que je vou-
drais la voir réglée d'une façon défini-
tive, quoique, à mon avis, il me semble
que le titre de prince doive être inhéren t
au sang royal, quelle que soit la situation
où il se trouve. Zanoni,
N» II 20.
L'INTERMEDIAIRE
199
Quatre propriétaires d'ôx libris j
à personnifier (LUI, 895). — L'ex- ^
libris de style Louis XV est moderne ; il
appartient à M. Joseph Royer, artiste
peintre, à Langres, qui possède, avec son
frère Charles, une riche collection de re-
liures anciennes, de tableaux et de timbres-
poste.
M. Joseph Royer grava lui-même à
l'eau-forle son ex-libris, dont il se montre
peu satisfait, ayant trop laissé mordre la
planche. 11 a du être exécuté vers 1880.
D. DES E.
Armoiries à déterminer : d'azur,
au chovron d'or, accompagné (LIV,
6, 138). ~ Plusieurs familles ont porté ces
armes, entre autres l'illustre famille de
Séguier qui, je le crains bien, n'a jamais
eu rien de commun avec les parages de
Sennecey-le-Grand .
Les recherches pourraient porter sur
une famille franc-comtoise, dont Jacques
Beley, avocat, fit enregistrer les armes à
r Armoriai général de /6^6, bailliage de
Salins : d'azur, an chevron d'or^ accompa-
gné en chef de deux étoiles du même et en
pointe d'un mouton sautant d'argent.
P. leJ.
Armoiries à déterminer : d'ar-
gent, à la fasce de sinopla (LIV, 6,).
— Le Tite-Live sur lequel ces armoiries
sont peintes est tombé sous mes yeux
chez le relieur réparateur à qui on l'a
confié.
J'ignore son origine, mais pour la faci-
lité des recherches, il est bon d'ajouter
que l'écu est italien et que la reliure est
du XVI' siècle. Candide.
Armoiries à retrouver : d'azur
semé de flaurs de lis d'or et de
clefs d'argent (LUI, 950 ; LIV, 93). —
J'avais envoyé directement une réponse à
M. de Saint-Saud. Afin de fixer ce point
héraldique, je la donne ici. Les armes en
question sont celles du Chapitre du Mans
qui blasonnait d'apir^ semé de fleurs de lys
d'or et de clefs d'argent. Depuis le xix*
siècle, les clefs ne sont qu'au nombre de
trois, posées 2 et i. L. Calendini,
Jeton curieux (LUI, 949) — La pièce
décrite n'est pas un jeton, mais un token
(monnaie commerciale) anglais. James
200
Atkins a fait une classification de ces
pièces, en nombre considérable, sous le
titre : The Tradesmen' s Tokens of the Eigh-
teenih Century, et a ouvert une rubrique
pour le type de l'homme pendu : End of
pain (fin de la misère !). Je n'y trouve
pas le token avec le livre ouvert, qui, de
ce fait, doit être très rare, mais j'émets le
doute que la pièce faisant l'objet de la
question ait le poids et la valeur d'un
2 pence. 11 n'y eut pas de tokens en cuivre
de 2 pence ; les monnaies royales de
cette valeur avaient, à l'époque, un dia-
mètre de 40 millimètres, ce qui ne per-
mettrait pas de les comprendre dans un
rouleau de sous français. A mon avis,
c'est tout au plus un penny, et plutôt un
half penny.
La pièce de M. J. W ne porte-t-elle
pas sur la tranche une légende qui per-
mettrait de la classer à une ville ou à un
comté ^ PlCA'lLLON.
Saint Christophe et l'Enfant Jé-
sus (LIV, 10, 139). — Je ne suis pas
grand clerc en la matière, mais il me
semble que la figuration de l'Enfant Jésus,
représenté avec trois têtes, ne peut être
qu'une personnification du mystère de la
Trinité, Albert Gâte.
Une des plus anciennes gravures repré-
sentant saint Christophe, date de 1423.
Elle est en bois et conservée au cabinet
des Estampes. L'Enfant Jésus a les ge-
noux croisés sur le cou du géant. Cette
gravure a été publiée par le Magasin Pit-
toresque de 1834, p. 104.
Louis Calendini.
s< Lo jugement de Paris » et
« Vers funèbres » sur le prince de
Bourbon. Ouvrages anonymes à
déterminex' (LUI, lo, 926; LIV, 142).
— |e n'ai qu'une petite rectification à
faire ; ce n'est peut-être qu'une faute
d'impression. Pierre Gravelle ou de Gra-
velle était sieur de Bauterne et non
Vauterne. On connaît cette famille dans
le comté de Montfort dès 1230.
E. Grave.
♦
Une simple note.
Les fiefs de Boisguinant et de la Corvée
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906 ,
201
202
en Lavaré (Sarthe) appartenaient, de 1547
à 1=552, aux Ronsard de Monchenou, en
1606, à Marie de Ronsard, épouse de
Jacques de Perronel. Quant au fief des
Roches situé en Sceaux sur Huisne, dans
la famille depuis 1444, il était adjugé, en
1598, par ordre du roi, à Olivier du Bou-
chet [Cf. Annales Fléchoises^ t. VI, p. 187).
Louis Calendini.
Livres ayant appartenu au poète
Desportes (LU. 946) — J'ai dans ma bi-
bliothèque d'histoire locale le volume
suivant, dans sa reliure du temps en velin,
portant la signature- de Desportes, abbé de
Thiron :
« Henrici Kyspenningii venlonensis,
ecclesite coUegiatfe xantensis canonici,
precationes christian^ç, et gravissimœ ad
juste piéque vivendum admonitiones, ex
S, Scriptura et orthodoxis Patribus se-
lectcC.
(Marque de Arnold Birckman).
Coloniœ Agrippin;e
Apud hteredes Arnoldi Birckmanni
1581
Cum privilégie S. Caes. Majest,
Un des possesseurs de ce livre y inscri-
vit ce quatrain, sur la première page de
garde, en février 1868 :
Desportes, le poète, a possédé ce livre
Sur le titre duquel il écrivit son nom,
Alors qull jouissait partout d'un grand renom
Qui, depui"* trois cents ans, n'a pas cessé de vivre.
Georges Champagne.
Livres ayant appartenu à Ron-
sard (LUI, 945). — Le Celse de Ronsard
existe encore. C'est un exemplaire de
l'édition suivante :
Aurelii Cor. Ceisi deReMedica libri octo.
Q. Sereni médicinale poëma. Rhemnii Poë-
ma de Pond, et mensuris, Cum adnotationi-
bus et conectionibLis R. Constantini. —
Lugduni, apud Gullel Rouillium sub scuto
veneto. — M. D. LXVI.
Il est précieux non seulement par la
signature de Ronsard qui se lit en haut du
titre, mais parce que la même plume a
souligné une douzaine de passages dans
le texte.
Cet exemplaire, qui est dans son vélin
original, a appartenu au chirurgien Ant.
Louis (1723-1792) dont il porte l'exlibris.
Perdu pendant un siècle, retrouvé à Caen
chez un bouquiniste par Armand Gasté ;
il fait partie de ma bibliothèque depuis
trois ou quatre ans. Pierre Louys.
Patelin, employé comme terme
de îisu (LU, 730, 875). — Le soldat pari-
sien, traversant en manœuvre quelque
pauvre village, le salue volontiers du
nom de port de mer. L'Alsacien, moins
gouailleur et ignorant la mer, se contente
de rappeler petite ville d'eau^ hadlein,
qu'il prononce ^(j/Z^'m et qui est devenu
patelin. Il est donc fort inutile de recou-
rir pour cette étymologie à la littérature
du moyen âge. Un Gi^enadier.
Lèz ou lès (LIV, 1 10), — Le Diction-
naire des Postes donne l'orthographe offi-
cielle des noms de commune telle qu'elle
est indiquée au recueil du recensement
quinquennal de la population.
On doit reconnaître qu'il luiserait'diffi-
cile de trancher elle-même les contro-
verses que peutsoulever l'orthographe des
noms de lieu.
D'ailleurs, un certain nombre de com-
munes, comme Savigny, autrefois Savi-
gny-sous-Beaune, ont obtenu de rempla-
cer le sous par ces, sans accent ni z, de
crainte que l'ancienne appellation ne
fasse croire que leur altitude était infé-
rieure à celle de la ville voisine, ce qui
pouvait faire croire que leurs vins
n'avaient pas la supériorité résultant de
l'exposition de la vigne sur certains co-
teaux. A. E.
Patron-Jacquet (LIV, 9). — Recti-
fions d'abord l'orthographe et la pronon-
ciation du mot. On doit dire poitron-Jac-
qnct.
11 s'est levé dès le poitron-Jacquet, — de
très bonne heure.
OuDiN. Ciiriositei françaises, 1656, p. ^35,
La dame du poitron-Jacquei ne l'estoit pas
moins.
Mme DE SÉvioNÉ. Lettres. 1735, n* 271.
Maintenant, que signifie poltron ?
C'est vraiment un cas extraordinaire
que ni Littré, ni Génin, ni aucun de nos
collaborateurs, depuis quarante ans que
la question est posée ici, ne soit parvenu
à découvrir le sens de ce mot quand tous
les dictionnaires du xvii" siècle pouvaient
le leur donner.
Voulez-vous les énumérer PNous trou-
vons dans le Tesoro de Oudin (1607) : Le
poictron : le cul. — Dans Cotgrave
(161 1) : le poltron : the arse. — Dans
Ù" II20.
L'INTERMEDIAIRE
20}
204
DuEZ (1659), le poictron : il culo (i).
Arrêtons-nous là. Bornons-nous à signa-
ler dans Godefroy sept citations du même
mot dans le même sens et ajoutons- en
une huitième que Godefroy n'a pas notée :
le 100' vers du fabliau de la C cille noire ;
mais ce dernier passage, le plus clair de
tous, ne se peut imprimer ici. Il nous
donnerait pourtant la véritable orthogra-
phe du mot (poistroti) par laquelle nous
trouvons très simplement son étymolo-
gie {posteriorem, postérieur) Le xvi^ et le
xvii" siècle n'ont écrit poictron que par
une fausse assimilation avec poictrine.
Ensuite, que s\gn\f\Q Jacquet ?
Le jacquet, c'est le petit paysan, c'est
le valet villageois en service au château.
Sans doute il y a un second sens rare :
écureuil. Il y en a même un troisième :
membre viril. Mais cela ne compte pour
rien auprès du sens général. Le Jacquet,
c'est le valet.
Dès lors, comment une expression po-
pulaire a-t-elle pu adopter le poitron-Jac-
quet comme symbole de l'aurore ? C'est
un symbole grossier ; j'aime mieux
l'alouette de Roméo, mais en philologie
nous sommes bien forcés de prendre les
locutions telles que nos ancêtres nous les
ont léguées. Celle-ci n'a même pas be-
soin d'être expliquée, tant la raison en
est facile à trouver quand on a défini les
deux mots dont elle se compose.
Candide.
Coli, gali, cari (LUI, 619, 758 : LIV,
94). — Le patois bourguignon possède
également le mot cariheugncr , dont le
radical heugne est l'équivalent de heigne,
correspondant familier de coup, gifle, etc.
Cariheugner^ c'est cabosser un objet à
l'excès. M. M.
Serpent. Anecdote extraordi-
naire contés par Michelet (LIV,
m). — L'aventure est extraordinaire :
(i) Au xviii" siècle, le mot n'était plus
compris. Lacombe fait à ce propos une mé-
priseassez plaisante dans son Dictionnaire
du vieux Langage (1766) où il traduit : Poi-
TRON. Vieille femme ; anus.
1° cette dame était éveillée, et n'avait
qu'à porter la main à son sein pour re-
connaître son nourrisson, à sa froideur et
au contour de la tête ; 2"^ Le serpent
même d'espèce dangereuse; n'a pas une
langue conformée pour la succion ;
3*^ Quand on dérange un serpent dange-
reux de ses petites occupations, son pre-
mier mouvement est de mordre ; 4» etc.,
Quand un écrivain à imagination vive, se
risque sur le domaine des sciences exactes,
il lui arrive souvent d'en arriver à de
telles puérilités. E. Grave.
* *
La couleuvre, c'est une chose connue,
est très friande de lait ; — il est arrivé
fort souvent, qu'à la suite de remarques
sur la diminution inexplicable du lait
dans les mamelles d'une vache laitière,
on a surpris une grosse couleuvre qui
sintroduisait la nuit dans rétable,ct tétait
la vache — c'était surtout dans de petites
étables mal tenues, dans des maisons so-
litaires ou petites fermes situées dans les
bois et endroits isolés — la couleuvre
d'ailleurs, est un serpent qui devient fort
gros et est très inoflfensif. Voilà sans
doute ce qui a donné naissance à l'anec-
dote de Michelet. Il est fort improbable
que ce soit jamais arrivé à une femme, et
à ce point de vue, ledit conte doit
être tenu pour un conte à dormir debout.
K.
* ♦
L'histoire du serpent allaité par une
femme est bien connue chez les indigènes
de l'Algérie.
Les femmes arabes dorment ordinaire-
ment nues, mais celles qui couchent sous
la tente et dans les gourbis redoutent de
laisser leur sein découvert, de peur de
trouver un serpent suspendu à leur poi-
trine.
Dans les anecdotes de ce genre, le ser-
pent n'est jamais représenté comme dan-
gereux. II suce le lait de la femme, mais
il ne blesse pas sa nourrice endormie.
La légende se retrouve d'ailleurs chez
la plupart des peuples qui habitent les
pays chauds, j'ai à Paris des notes sur ce
sujet et je les résumerai ici à mon retour
de la campagne si la question intéresse
encore nos lecteurs. Un Passant.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 190e,
205
206
Epatant — Flapi (LUI, 172,317, 373,
597, 65^). — Le Dictionnaire Je Van-
demie langue française^ de Godefroy,
donne: Flapir, flapptr, foupit\ v. a., fri-
per ; fig., faner, flétrir, abattre; et, après
plusieurs exemples antérieurs, reproduit
ce vers du Jodelet de Scarron :
Eu me criant: vilain, tu foupis tout mon linge.
Centre de la France et Aunis, foupir,
chiffonner, friper. Dauphiné, flâpi, flétri.
Le Dictionnaire du vieux langage fran-
çais, de Lacombe, donne foupir^ ôter le
lustre des étoffes, et au suppléments^/),
marque, tache.
Foupir se trouve également dans le
Glossaire de la langue romane de Roque-
fort : ôter le lustre, délustrer .J. Lt.
Taon (LUI. 730, 824, 873, LIV, 146.)
— Tout le monde a raison dans les ques-
tions de prononciation. Ainsi M. Lpt. du
Sillon a probablement raison quand il pro-
nonce Rouan, Saint-Ouan et sûrement
Ecouan. Pourtant Saint-Ouin, saint nor-
mand a aidé à former le nom du village de
Oinville dans le canton de Meulan, et une
forme latine que je n'ai pas sous les yeux,
ne laisse aucun doute à ce sujet. A côté,
on trouve pour ce même village la forme
Huanville. Il y en a donc pour tous les
goûts. Si j'empiète sur un autre article,
je dirai que oie s'est prononcé simplement
OM^, d'où rue aux Ours,t\. que suivant les
lieux on dit en France, une ouàis dans le
Berry et une ouâ aux environs de Paris,
quand on parle bien. On peut choisir ;
In medio Veritas. E. Grave.
Cha8.«elle. Comète (LUI, 952 ; LIV ;
97,145). — Sarcophage servant d'auges.
En lisant cet intéressant article, je me suis
rappelé que pendant ma jeunesse j'ai
remarqué, dans la cour d'une ferme
nommée féolette, sise commune de Mou-
zeil (Vendée), sur les limites de la Plaine
et du Marais, un sarcophage en pierre
épaisse servant d'auge pour faire boire les
mules (très difficiles, comme on le sait,
sur la pureté de leur boisson).
Mais, et c'est ici qu'absolument igno-
rant en archéologie, je fais appel à mes
aimables et savants confrères de Ylnler-
médiaire.^ la ferme en question étant une
ancienne commanderie de l'ordre de
Malte et renfermant une petite chapelle
en ruines, mes fermiers paraissaient con-
vaincus que ce sarcophage qu'ils appe-
laient le timbre, provenait de la chapelle
et avait renfermé le corps d'un religieux
plus ou moins élevé en grade, peut-être
même du prieur ou de l'abbé.
En tout cas, peut-on affirmer que tous
les sarcophages trouvés dans le Bas-
Poitou sont des sarcophages mérovingiens
— et celui-là ne faisait-il pas exception
à la règle ?
Pour sa forme, je crois en avoir vu
au musée Carnavalet s'en rapprochant
beaucoup.
11 se trouvait dans la ferme en 1875 ; il
y est peut-être encore aujourd'hui, car
les paysans de la Vendée ne sont pas plus
que les autres grands amis du change-
ment, et c'est un morceau d'un monce-
ment difficile en cas de déménagement.
Un vieux poitevin.
Ridicule, réticule, T. G. 773 ; (LIV,
104) — C'est l'envie de ne pas dissimuler
les beautés plastiques de la nature, et de
se rapprocher par conséquent de la statue
antique dans son modelé et dans ses
grâces, qui fit adopter la robe athénienne
de linon rappelant Vénus Callipyge, et
dans laquelle naturellement la poche
n'avait plus sa place. Mais où mettre son
mouchoir et les petits riens que l'on peut
avoir à serrer ou à dissimuler ? Je sais
bien qu'à l'occasion les lettres et les pou-
lets pourraient se glisser dans les ombres
ou les demi-jours d'un corsage discret, et
l'on peut se souvenir à cette occasion,
d'une anecdote dont le peu galant
Louis XllI fut le héros ! Tout prince qu'il
fût, le fils du bon ami des Rochelais et
des Rochelaises, avait tellement peur de
se brûler les doigts au contact d'une
jeune et charmante demoiselle de compa-
gnie de la reine sa mère, qu'il se servit
de pincettes pour aller à la recherche
d'un billet que la belle enfant lui avait
volé et avait glissé, — pas intentionnelle-
ment, je veux le croire, — sous la den-
telle de sa collerette.
Donc, et pour revenir aux robes anti-
ques des belles du Directoire, et qui
comme celle de Dejanire, faisaient corps
avec le corps, il n'y avait ni coin ni re-
coin pour mettre le mouchoir. C'était ce-
pendant un objet indispensable, et il
n'eût pas été très élégant de suivre la
mode des religieux du moyen âge qui le
«»•
LTVTKy.ÉDIAItl
207
yrgp^^^gr*^' i la cordefiere d^it 1.5 se
csgaaÊaî: ks ref^j». L'a rryyren terra*» f r
Lrjivé. aiais ce rac
tûiœ sue ■ T : - ~ . tk'- .^-^ . î.
m. ie "i^ - - ^ change. C . : se
âirs =m"-»T= Xua dteralier ser-azt, por-
reur iii 2ïoadioir. et chargé, s'- j- ie !e
'---- -*: —-^-35 de rapporter aa n:,sc:ect
-r. Opsod la 5'"?'T'i'e dî*^^
et- ie dïeralîer cf:
2r eas-"
_ „ - . - -- i^raBer _ _ . .
ett vûlté ôfre le civalier se .
vcât. aa ^raad plaisr de .
:- --il à la main, dsns Ce -^
- - .'-îoa. P-jîS le chevalkr r .
- ::!eet î'oubuer arec le -
•n. as L ir^.-. s:2X ptedi _ _ -
belle ! .\::£S pofjr t^r^r 3 tr-c? ce:
véîrients. c'est - ;nta ie re-
o'ja à ce
_-_- _--;_r5en hoa-
2ear _ as. e: ajiq-e'. dit oc,
le 53' rie GiH aarsiî donné à
ce . ; - : — ie r ; - ■ ' -
- ■ . — -om:r. ^ : a ma-
rine : 35 ne sont ras
atteirfC lear *^»f» et rxihi bczar-
fKM» Itii/tçiÊti'x a Torig^
- * - - ^ ft â h rkiesse des
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: . - .j^ie.^ Juiie était
-- * .:,.-aaTec ■oenobede
â iRierode de
:?1
i XI* ^.
cis
L. Cli w Jt
lice, a une v-.-
frè^sà demi. Ce
qne les fa— mes ai—rnt 1 se rajr. .
jaser en tirant l'ai^jiHe. comme Parr ,
de popclaire mémotre. Je ne sais si i^s
"«isîtes, dites de cérémonia ' " ?a|ours
été anssi a la mC'de q'ie de r., ^ . _;s, mais
ce <pie je sais bien, c'est que les visites
de nos grand" mères étaient souver.t assez
loBgiîes pour qu'on eût le * ie tra-
'vailler cm pea. La convers -."v per-
dait rien d'aiHears. Chacune empo: :
arec elle son sac à O- .
arait les étoardîes qui r. _-..--. .>.. >-.
en chemin, et b^en d autres choses autre-
ment prèdeases. s Ton en croit n<otam-
ment Tbistorien Marre.
C est grâce à la nomenclature des
objets perdus, que nous avons pu faire à
La Rochelle, linventaire de toutes les ati-
riétes de sacs à oa"^iTages de ~~- --^--:_
mères. Peut-être les lectrices V : -
elle? de jolies m-Ddeles à imiter, tout au
moins dans les dernier? : ie Tanc"; -
régime, car les sacs a c - . . ,-i de la x;^
volutioa semblent perdre quelque peu de
kar élég-jince passée.
Nous so~- — f"? sous le règne de
Louis XVI. ; : : _ ; à laquelle les recher-
l
Faniss» ie ces tcilettes rec
les -e, aL
d'or. —
de îîDetîs cr: — i. . t: r
g-; mi dune pa: . : -:; — ca
bîmc brode e^i .j.—. a:? u u/^an:, — _. :_
blan>r brodé en or. — de tiretis rrse
, - denteîle d'argent. — ce ::arec^5
. : : j ;: ~--r — de
brode en or. — ie ta^etas bia- :
s sacs assec r is ce
z erses codeurs» — so« reîJccr a ia sini-
? c :f :. amoitîdrissentent des 5:r- -
ca ^— ;?; également exact. — cr: :
des sacs à cc%Ta-ges de basin, d'-nc-ernes
unie ou a de*urs. nocimmettta "b-d acre
> '"-:-^. mais -—"ct en rsankln V:*e
^,- : : s. en ■ : sac rrer^d le ncr:
de - ce qj .^ - ; : : . a ce nEOti-
:.! : mis io :: : " rs a péîtkr^r
0
". :,: contentt des sacsv à côîs des
:rs, des gunts avec ou saacs AS^:ts
- ,*s très en tisaa:* alorsX des c'e^
::res. de pièces de mooaaie. de pe~
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Août 1906,
209
210
tits couteaux, on y rencontre principale-
ment, ce qui contraste généralement avec
l'élégance du sac, des bas à tricoter,
presque toujours des bas de fil avec les
aiguilles et les pelotons.
Parmi les sacs les plus intéressants, je
relève le suivant, perdu le b février 1789:
« Une poche de basin contenant une
boite à mouches de nacre, doublée en or ;
une petite tabatière d'écaillé avec une pe-
tite étoile en or sur le dessus ; deux pe-
tites clés ; un petit couteau à ressort ; un
petit étui ; une paire de gants de peau
violets, un mouchoir de poche blanc. »
Je m'arrête dans cette énumération.
l'en ai assez dit pour montrer que les
grand'mères avaient trouvé avec Madame
Talien et même avant elle, le moyen de
résoudre ce problème, à savoir : de décou-
vrir pour le mouchoir et les bibelots, une
place ailleurs que dans les arrière-plans
et les arrière-dessous de la toilette.
Georges Musset.
Bœuf gras (T. G. 122), — On cite
fréquemment, à l'époque du bœuf gras,
des vers dune chanson en voafue sous
l'Empire, et on les cite ainsi :
■V'ià la peau d'àne qui ronfle
C'est l'instant du branle-bas
V'nez voir dans son tnomphle,
La déesse du bœuf gras.
Or, il me semble que ce quatrain de-
venu classique, fait partie d'une chanson
de Suzanne Lagier, On en may^ gérait, pa
rôles d"E. M. D., musique d'Henri Cellot.
Ecoutez, la peau d'âne ronfle.
Via le bastringue et l'branle bas,
Bons parisiens, c'est le triomphle
De la Déesse du Bœuf gras.
Maintenant, c'est peut-être là une pa-
rodie du vrai couplet.
L'Hôtellerie du Parc à Lyon
(LIV, 107). — En 1848, étant enfant et
voyageant avec ma famille, nous lo-
geâmes à l'hôtel du Parc, place des Ter-
reaux, situé vers le milieu de la rangée
qui fait face au palais Saint-Pierre.
C'était une ancienne et bonne maison qui
existait déjà en 1793, car son nom est lié à
un souvenir tragique de famille. C'est pro-
bablement Thôtellerie dont parle Goldoni.
Je note une faute d'impression dans la
communication ; il faut lire musée Correr
et non musée Carrer. H. CM.
Les tambours ; ce qu'on a dit
pour et contre eux (LI ; LU ; LIV,
99). — je répondrai à ce que dit G. de
Massas à la fin de sa notice, que \> l'efifort
humain » a tout de même trouvé un petit
système grâce auquel un tambour peut
battre la charge tout seul. Un industriel
oftVe actuellement cet appareil aux gardes
champêtres des environs de Paris et j'en
ai vu qui ne l'avaient pas reçu sans quel-
que mépris. Curiosus.
La première femme inscrite sur
ls.s listes électorales (LIV, 3, 71,
159). — C'est répondre à côté de la
question. Cependant, sous cette rubrique,
serat-il interdit de signaler à cette date
du 29 juillet 1906, la dépêche suivante
dun correspondant du Journal :
Le jour même de la dissolution de la
Douma, le Tsar sanctionna une loi accordant
à la Finlande le suffrage universel, y com-
pris les femmes. La Diète comprendra deux
cents députés élus tous les deux ans au suf-
frage direct universel et proportionnel. Le
droit de vote est accordé à tous les citoyens
finlandais âgés de 21 ans, sans en excepter
les femmes.
La Finlande devient ainsi le pays où les
femmes exerceront, pour la première fois,
leurs droits politiques comme les hommes.
Les premières femmes médecins
etintî^rnes (LIV, 2, 68, 157). — Que
madame Auclert veuille bien me per-
mettre de lui faire observer qu'il s'est
glissé une erreur dans sa si intéressante
communication, à propos de Mme Made-
leine Brès : En 1870, M. Duruy n'était
plus ministre.
2° L'Impératrice ne fut que trois fois
régente : en 1859, en 1865 et en 1870,
par conséquent une seule fois quand
M. Duruy était ministre : en 1865 non
pas pendant un séjour de Napoléon III au
camp de Châlons, mais pendant son
voyage en Algérie. Germain Bapst.
* ♦
Le rôle de la femme dans l'exercice de
la médecine n'est pas récent :
Dans Tantiquité, les femmes médecins,
médicœ^ étudiaient Tanatomie, Platon dit
qu'on leur confiait le soin d'assortir les
nouveaux mariés et d'empêcher les unions
disproportionnées. De même, dit ce phi-
losophe, qu'un agriculteur habile sait
confier à chaque champ la semence qui lui
N" lîso.
L'INTERMÉDIAIRE
211
les femmes
212
convient, ainsi les femmes médecins
savent parfaitement l'art d'assortir les in-
dividus, de la manière la plus propre à
donner à l'Etat des citoyens bien con-
formés. R. PlCHEVlN.
Tous ceux qui ont été dans le service
du professeur Gosselin à la Charité, en
1869, (et nous étions nombreux dans
son service chirurgical ! ont connu Miss
Garett, la première femme médecin reçue
doctoresse à Paris, d'origine anglaise. Elle
était petite, mince, brune et de figure
assez insignifiante (à notre point de vue
français), bien qu'ayant de beaux yeux,
grandement ouverts.Je puis certifier qu'elle
n'avait aucune espèce de coquetterie, et
qu'on voyait tout de suite, à sa tenue et à
ses manières, que ce n'était pas une fran-
çaise. Elle était très simple, très mo-
deste, et inspirait une grande réserve à
tout son entourage : c'était absolument
comme un jeune homme habillé en ju-
pons, à poitrine plate.
Par contre, elle était sensible à la moin-
dre attention que l'on avait pour elle ;
par exemple, si on s'effaçait devant elle,
pour lui permettre de voir de beaux cas.
Ou elle a beaucoup changé, ou bien elle
ne doit guère s'occuper de chirurgie ; car
je me souviens qu'un jour, elle se tourna
de mon côté en frissonnant, devant une
opération chirurgicale. 11 est vrai qu'il
s'agissait d'un vieux zouave de la garde
impériale, qu'on opérait pour une fistule
à l'anus et qui n'avait pas voulu être en-
dormi. Le malheureux sacrait alors
comme un pauvre diable ; et ce jour-là,
j'ai compris que, sous une apparence
assez indifférente, Miss Garrett avait un
cœur de femme. Du reste, cela lui fait le
plus grand honneur, en montrant qu'elle
savait exercer sur elle assez d'empire,
pour ne pas pâlir devant la souffrance et
pour surmonter la répugnance instinctive
que nous éprouvons tous devant la dou-
leur physique de nos semblables. Elle
portait des conserves, pour écrire. Elle
avait une figure sans âge déterminé ;
nous lui donnions tout aussi bien 20 ans
que 30 ans. Dans le doute, on disait 25
ou 26. Par le fait, elle était reçue docteur
un an plus tard. Les événements de la
guerre franco-allemande firent que nous
ne le fûmes que trois ans après elle.
D"" Bougon.
En 1873, nous avons connu une autre
étudiante en médecine, française, croyons-
nous, qui se tenait aussi très bien et qui
était très réservée vis-a-vis des étudiants.
En revanche, c'était une forte femme, qui
avait une poitrine pour deux et de larges
épaules ; mais nous l'avons très peu con-
nue.On voyait aussi ces dames aux cours,
soit à Ihôpital. dans les amphithéâtres,
soit à la Faculté de médecine. D'B.
S
fotc^, iv0UtiatU^B d (Curiosités
Les Derniers moments d'Alfred
de Vigny. — La récente publication de
la Correspondance d'Alfred de Vigny (i),
faite par les soins de Mademoiselle E. Sa-
kellaridè?, a rappelé l'attention sur les
croyances de l'auteur des Destinées. Deux
lettres écrites en 1862, un an avant sa
mort, nous montrent le poète toujours
aussi ferme, aussi absolu, dans ses con-
ceptions philosophiques.
Dans Tune, il gourmande Madame La-
chaud sur sa dévotion qu'il qualifie de
naïve ; et, après avoir déclaré qu'il ne
voudrait effeuiller, effleurer ou faner une
seule de ses illusions, car toutes celles
« qui fortifient la bonté et la patience
sont des fleurs qui ne peuvent être trop
soigneusement arrosées et conservées » il
ajoute cependant :
« Prenez garde de me forcera laisser tombei
sur vos litanies quelque grand coup de raison
pareil aux coups d'épée de Roland, qui fen-
daient un homme et son cheval de la tête aux
pieds... J'ai aussi fait voir du pays à bien
des abbés et même à des abbesses. J'évit«
avec vous ces petits duels de controverses,
de peur de vous faire du mal sans le vouloii
et malgré moi, emporté par les mouvements
d'une farouche sincérité, que jamais ni l'édu-
cation si sévère que vous savez, ni l'armée, n
le monde n'ont pu arrêter, lorsqu'elle veu
éclater »
Dans l'autre, il entretient Madame du
Pré de Saint-Maur, sa cousine, des tenta-
tives faites, pendant la maladie dont i
sortait, pour ménager près de lui l'accès
d'un confesseur, et il dit :
«Dans la simplicité de ces honnêtes person-
nes il n'entre pas assez d'idées saines et véri-
tablement graves. Elles ne considèrent pa;
qu'un homme qui a écrit ce qui est publit
(i) Paris, Calmann-Lévy, s.
in-i8 Jésus.
d. [1906]
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lO Août IQOb,
21
214
dans mes livres a depuis longtemps construit
en lui-même l'édifice immuable de ses idées
philosophiques.tliéologiques et théosophtques;
qu'il a étudié à fond toutes les doctrines et
les théodicées antiques et modernes et que, s'il
veut bien ne pas les exprimer et les dévelop-
per dans des livres, ni même dans des con-
versations passagères, c'est parce qu'il mé-
nage la faiblesse égoïste de pauvres âmes qui
s'appuient encore sur des pratiques païennes
et qui n'ont pas l'abondance de bonté qui de-
vrait leur suffire pour faire le bier. sans récla-
mer une récompense, y mettre un prix et
fixer des conditions, comme par un acte de
notaire ».
M. le D'' Cabanes a fait connaître {Mer-
cure de France, décembre 1900 : Une ten-
tative de conversion <X Alfred de Vigny)
quelques lettres du Père Gratryetdupoète.
Cette correspondance, plus affectueuse
chez l'un, plus froide chez l'autre, s'étend
d'octobre 1861 à juillet 1862. Le résultat
apparent de la tentative du P. Gratry fut
négatif, mais Vigny conserva un bon sou-
venir de l'oratorien dont les conversations
ne furent peut-être pas étrangères au dé-
nouement final.
Une lettre de JVlademoiselle C. d'Or-
ville, voisine d'Alfred de Vigny, à Ma-
dame J.du Pré de Saint Maur, véritable re-
lation des derniers moments du poète, pu-
bliée par M. Paul Lafond {i) nous apprend
que Vigny, quelques jours avant de se
mettre au lit pour ne plus se relever,
s'était confessé à un vieil ami (2), l'abbé
Vidal, curé de Bercy ; et que, avant de
mourir, il avait reçu Textrême-onction
par les soins d'un vicaire de sa paroisse.
Auguste Barbier, dans ses Souvenirs
personnels (^\ a confirmé le récit delà
confession ; mais il est un autre témoi-
gnage : celui de l'abbé Vidal, que nous
cherchions en vain depuis longtemps.
(i) Revue de Paris, 15 juillet 1900 : La
mort d'Alfred de Vigny.
(2) N .Correspondance d' Alfred de Vigny,
p. 118, lettre à Philippe Busoni du 20 octobre
1845 : « Vous trouverez... le mardi, l'abbé Vi-
dal, seul, prenant le ihé entre ma femme et
moi et partant h dix heures pour la Bastille .>>.
(3) « M. de Peyronnet, cousin par sa femme
3e M. de Vigny, m'a raconté qu'il avait
trouvé sur l'escalier du poète, quelques jours
avant sa mort, M. l'abbé Vidal, qui venait de
le voir et qui lui avait dit ceci : Je viens de
li'entretenir avec le pauvre mourant, la
chose est Jaite, il voulait parler de sa confes-
sion ».
Grâce à l'aimable obligeance de M. Henri
Maïstre, nous pouvons aujourd'hui repro-
duire ce précieux document qui n'a été
cité ni dans l'articlede IVÏ. Paul Lafond, ni
dans les plus récents ouvrages sur Alfred
de Vigny.
Sainte-Beuve venait de publier {Revue
des Deux Mondes, 15 avril 1864) son der-
nier portrait d'Alfred de Vigny. On y
lisait : « Ainsi M. de Vigny lui même,
cette noble nature qui n'eut d'autre visée
que de rester unie et fidèle à son premier
mot une fois proféré, ainsi, pareil en cela
à plus d'un, il vit se voiler en lui ses re-
ligions, s'éclipser et s'éteindre ses soleils,
et il fut réduit comme un autre, à dire
non et jamais après avoir dit oui et tou-
jours ».
Dans un article des Etudes religieuses,
historiques et littéraires (nouvelle série,
t. IV, 1864, p. 264-267) intitulé : A propos
de M. Alfred de Vigny, le Père L. Lan-
glois répondit :
« Voulez-vous savoir quelles étaient les
véritables pensées de cet homme qui ne
croyait pas ? Ecoutez le respectable préi re
qui a reçu ses dernières confidences et
qui, son ami depuis vingt ans, a eu le
bonheur de ramener à Dieu cette âme
égarée, mais non incrédule».
Suit la lettre de l'abbé Vidal dont voici
le texte :
Mon Révérend Père,
Vous m'avez fait l'honneur de me deman-
der des renseignements sur les derniers mo-
ments de M. Alfred de Vigny. Voici com-
ment les choses se sont passées.
Plusieurs fois j'avais parlé à M. de Vigny
de songer à la confession avant de paraître
devant Dieu, et, sans jamais me repousser, il
m'avait seulement témoigné le désir d'atten-
dre encore pour accomplir cette action.
Quinze jours environ avant sa mort, j'allai
le voir, et après une conversation très sé-
rieuse dans laquelle il me dit que sa famille
était une famille presque sacerdotale (i) ;
(i)Voici le récit de Mlle d'Orville dans
sa lettre du 19 septembre 1863 à Mme de
Sz'mi-^'lzux [Revue de Paris, 15 juillet 1900,
p. 305) : « M. le Curé me dit qu'il avait
confessé M. de Vigny dans sa dernière visite
et lui avait donné l'absolution, lui disant
qu'il allait partir pour les vacances, et qu'abso-
lument il ne voulait pas le laisser sans lui
avoir fait accomplir ce devoir. Qu'alors le
pauvre malade avait de lui-même ôté son
N« II 20.
L'INTERMEDIAIRE
215
216
qu'un de ses oncles était mort trappiste ;
qu'un autre, doyen du chapitre de Loches,
était, je crois, mort en exil, et que lui, M. de
Vigny, portait encore au doigt l'anneau de cet
-oncle, je crus le nioment venu de lui parler
de confession et d'en finir cette fois. Monsieur
de Vigny, lui dis-je, je pars un de ces jours
pour un long voyage, et je ne veux pas partir
sans vous avoir donné l'absolution. Tout aus-
sitôt il s'inclina, et me donna son plein con-
sentement. 11 prit un air extrêmement re-
cueilli, et après la confession il me dit ces
propres paroles : Je suis catholique el je
meurs catholique. Après cette profession de
foi, je lui donnai l'absolution. En ce mo-
ment, il était impossible d'exiger davantage.
Cet acte suprême fit sur lui la plus grande
impression : il me prit la main, m'attira à lui,
et m'embrassa en me disant avec une effusion
de cœur inexprimable : Ah ! quelle bonne
action vous Tcne^ de faire .^ Je n'oublierai ja-
mais cette parole et le ton dont elle fut pro-
noncée.
Pendant mon absence, il me demanda à
plusieurs reprises, et enfin, se sentant près de
mourir, il demanda lui-même un prêtre
pour recevoir l'extrême-onction. Sa bonne
courut h l'église et ramena un des vicaires,
qui put l'administrer. Il est bon de noter que
cette bonne était protestante, et que pendant
les derniers jours de sa vie, M. de Vigny lui
fit plusieurs fois l'éloge des prêtres. On pou-
vait assurément voir dans ses conversations
avec elle la pensée de la ramener à l'Eglise
catholique. En tout cas, c'est cette bonne qui
a raconté ces détails, et qui voyant mettre en
doute par un personnage connu (i) le fait de
la demande spontanée du prêtre par M. de
Vigny, répondit : « Monsieur, je suis protes-
tante, et c'est moi qui ai été chercher le prê-
tre à l'église pour l'administrer :>.
Voilà, mon Révérend Père, comment les
choses se sont passées. Je l'affirme.
Vidal, curé de N.-D. de Bercy.
P. S. Pendant les derniers jours de sa vie,
M. de Vigny a lu très attentivement mon
bonnet, qu'il avait tait la chose avec beau-
coup de respect, de sérieux, et, comme lui,
M. Vidal, le croyait, de conviction ; qu'en-
suite, ayant voulu lui serrer la main comme
pour le féliciter, M. de Vigny l'avait embrassé
en lui disant : Monsieur le Curé, vous vene^
de faire une bonne action. Qu'en continuant
de causer, il avait paru se plaire à rappeler
plusieurs de ses parentes qui étaient dans les
saints ordres, disant qu'il était de race reli-
gieuse et presque sacerdotale, et ajoutant ces
paroles : Je suis né catholique, et je meurs
catholique ».
(i) M. Louis Ratisbonne. Voir Revue de
Paris, 15 juillet 1900, p. 308.
Histoire de Saint Paul (1). Son exemplaire
est presque usé.
A ceci on objectera les paroles mêmes
de Vigny sur Un homme - d'' honneur , ce ro-
man resté à l'état de projet (1834) :
« L'honneur... c'est sa religion. Le
christianisme est mort dans son cœur. A
sa mort, il regarde la croix avec respect,
accomplit tous ses devoirs de chrétien
comme une formule et meurt en silence ».
Mais on pourrait leur opposer d'autres
fragments, d'autres pensées, qui témoi-
gnent d'un véritable sentiment religieux,
d'où la remarque de M. Dorison (Alfred
de Vigny, poète philosophe, p. 236-7) : «On
trouve chez Vigny le mélange d'une sé-
cheresse permanente avec les élans passa-
gers d'une foi demeurée presque toute
poétique ». Et encore : « Chez un homme
ordinaire, on oserait deviner sous ce
trouble de la soixante-sixième année un
prochain retour à la foi de son enfance ».
Que l'on se rappelle la crise religieuse
provoquée, en 1837, par la mort de sa
mère (2) ; on arrivera à cette conclusion
probable que — les mêmes causes pro-
duisant les mêmes effets — la mort de sa
femme, sa « chère Lydia », sa <s seule
amie », plus encore que toute exhortation
ramena le poète à la foi de sa mère, à la
foi (2) de son enfance. J. O.
(i) Saint Paul, sa vie et ses œuvres, par
M. Vi.lal, curé de N.-D. de Bercy, Paris, Va-
ton, 1863, 2 vol. in-8«.
(2) « Mon Dieu 1 mon Dieu ! avez-vous
daigné connaître mon cœur et ma vie ? Mon
Dieu ! m'avez-vous éprouvé à dessein ? Aviez-
vous réservé la fin de ma pauvre et noble
mère comme un spectacle pour me rendre à
vous plus entièrement?» — « Mon Dieu I je
me jette à genoux, à présent, je parle à vos
pieds, je m'abreuve de ma douleur, je m'y
plonge tout entiei ...»
(2) II l'avait perdue de bonne heure, car dans
les Conseils à mon fils commencés le jour de
son second départ pour Versailles le 2) fé-
vrier iSiy, publiés par Le Sillon {12-2^ jan-
vier 1905), Madame de Vigny dit à son fils :
(( Je combattrai les fausses maximes qu'on
t'a déjà fait adopter... les fausses opinions que
tu m'as fait déjà connaître ».
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
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LIV Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mois 20 Août 1906.
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET REPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
. 217 218
iT ARTISTIQUES
IC6UÛII0
Ce portrait du jeune souverain a été
gravé en couleurs, à la même époque et
dans le même sens, par Jacques Christo-
phe Le Blon. Une magnifique épreuve
figure actuellement sous le n» 688 à VEx-
Un portrait de Louis XV à re-
trouver. — Le croquis ci-dessous donne
une idée assez exacte d'un portrait de | position d'œiivres d'art du xviue siècle, à
Louis XV exécuté vers 1739, à Paris, par
1.
un peintre de nationalité anglaise nommé I
Nicolas Blakey. L'habit et le cordon sont j
bleu?, la cuirasse ornée d'un motif doré, | il est prudent de les interroger.
la chevelure légèrement poudrée. i
la Bibliothèque nationale ; une autre
i épreuve est exposée au Petit Palais dans
j la collection Dutuis.
I Je me recommande aux lecteurs de
i \ Intermédiaire pour savoir quelle est la
j collection, publique ou particulière, qui
! conserve ce tableau. Au surplus J'accueil-
lerai avec reconnaisance toutes références
I concernant la vie et les œuvres des gra-
' veurs en couleurs J.-C. Le Blon et Gau-
j tier-Dagoty.
\ Albert Vuaflart.
«c Cent ma guerre », mot attribué
à l'Impératrice Eugénie. — En par-
lant de la guerre sur le point de s'enga-
ger entre la France et l'Allemagne, l'im-
pératrice Eugénie aurait dit : « C'est ma
guerre, à moi ».
Apres trente-six ans, le mot appar-
tient à l'histoire ; on peut donc, dans un
recueil comme \ Intetmédiaire^ en discuter
l'authenticité.
Ce mot a-t-il été prononcé ?
Et en ce cas, dans quelles circonstan-
ces ?
Devant qui ?
11 reste encore des témoins de ces chosse.
Y-
rjv 5
"N" I 121,
L'INTERMÉDIAIRE
219
220
Asserrîblées relis-ieuses clandes-
tines tenues à Villiers-le-Bel. — Au
milieu du xviiie siècle, le bourg de Vi!-
liers-le-Bel, canton d'Ecouen, fut pendant
une vingtaine d'années, bouleversé par
des assemblées religieuses très suivies par
les habitants de la localité et des paroisses
voisines, qui se tenaient, les fêtes et diman-
ches, après les offices, dans la maison
d'un sieur Morillon, ancien marchand de
dentelles, tantôt sous sa présidence, tan-
tôt sous celle de sa femme et de sa
nièce. Le prieur, curé du lieu, s'étant
'plaint à l'intendant de la généralité de
Paris, celui-ci les défendit. Quelques
années plus tard, le sieur Morillon ayant
continué à tenir chez lui de nouvelles
réunions, l'archevêque de Paris, Christo-
phe de Beaumont, envoya le lieutenant de
police pour les faire cesser. Mais après
b'être soumis pendant quelque temps aux
volontés de l'archevêque, il recommença
ses conférences comme par le passé.
Un des collaborateurs de {'Intermé-
diaire, pourrait-il nous donner des ren-
seignements sur le sieur Morillon et sa
famille .f" 11 y a lieu de croire que les
assemblées qu'il tenait avaient pour but
de combattre la Constitution UuigciiiUis
et de propager les doctrines du jansénisme
dont l'archevêque de Paris était un des
adversaires des plus acharnés.
Il existe à la Bibliothèque de l'Arsenal
un recueil de papiers, lettres, etc., rela-
tifs au voyage en Hollande en 181 3 de
l'abbé Morillon de Villiers-le-Bel. Sait-on
si cet ecclésiastique était parent avec
celui qui fait l'objet de notre question ?
D'autre part, parmi les membres du Co-
mité qui informa l'Assemblée Nationale de
la prise de la Bastille, figure un Franc-
Maçon du nom de Morillon, qui pourrait
bien appartenir à la même famille.
Paul Pinson ,
Un porteur de ch-iise, des ^v Pré-
cieuses» — V. Fournel croit reconnaître
Du Parc (Gros René) dans ce passage de
la Vengeance des marquis^ scène V :
L'on pourrait encore contrelaire ce gros
porteur de chaise des Précieuses, lorsqu'il
joue un rôle sérieux. Ce serait quelque
chose de bien divertissant : on ne peut le
voir sans rire, et il n'y eut que lui qui fit
faire le brouhaha au Pnnce jaloux.
Or^ la première représentation des Pré-
cieuses eut lieu le 19 novembre 1659. Dui
Parc, avec sa femme, avaient quitté la
troupe de Molière pour celle du Marais,
le 13 avril précédent, pour n'y rentrer
que le 12 mars ibôo. II est donc inadmis-
sible que Du Parc ait pu figurer un por-
teur de chaise chez Molière, dans cet in-
tervalle.
On peut objecter qu'il se chargea plus
tard de cet emploi, par divertissement.
C'est possible. Mais il n'était pas de la
création. Quant à Don Garde de Navarre
ou le Prince jaloux, la première en eut
lieu le 4 février 1661, mais rien ne nous
indique si Du Parc (mort en 1664) était
de la distribution.
Bref, Du Parc (Gros René), figura- t-il
un porteur de chaise dans les Précieuses ?
Y faisait-il rire par son embonpoint t
Qu'en pense M. Monval .?
H. Lyonnet.
Le Nègre et le Maréchal. -— Quel
était le nom du saint-syrien « sénéga-
lais » {^) à qui le maréchal de Mac-Mahon
a posé la question fameuse :
— C'est vous, le nègre ?
On prétend que le Maréchal aurait
ajouté : « Eh bien, continuez ! » ; mais-
ce conseil parait apocryphe et. quoique
plus célèbre, il est peut-être moins drôle
que la question elle-même.
Connaît-on la date de la visite prési-
dentielle qui fut l'occasion de ces mémo-
rables paroles ? Un Passant.
Le Maréchal aurait prononcé ces pa-
roles, auxquelles on donna un sens ridi-
cule, qu'elles n'avaient point, (il félicitait
le nègre de son application), à Saint-Cyr,
au cours d'une revue. Le nègre s'appelait
M. Liontel, il était né à Cayenne en
1851.
Ayant quitté Saint Cyr, pour entrera
l'Ecole de droit, il débuta comme substi-
tut à Saint-Denis (Réunion) en 1875.
Il a été rappelé depuis.
On lui prêta des projets en politique
avancée ; on voit qu^il continue. mais dans
une autre voie que celle où la bienveil-
lance du chef de l'Etat l'engageait.
Telle est l'une des réponses qu'on peut
taire à cette question : peut-être est-elle-
incomplète.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1Q06
221
222
Tableau du XVIIP siècle à re-
trouver. — C'est une anecdote qui,
d'après certains détails, doit se passer
entre lyjo et 1770. Je la trouve dans un
livre de 1777:
Le vieux comte de la R... « l'homme
le plus voluptueux de son siècle », dit le
narrateur, rencontre une nuit, rue Saint-
Honoré, une fille publique d'aspect misé-
rable, qui l'accoste. 11 est frappé de sa
beauté, l'emmène chez lui et le lendemain
il l'accompagne chez un peintre célèbre
qui la fait poser nue.
« Ce tableau a été vendu 2000 écus ».
Six mille livres, c'est une grosse
somme pour l'époque. Le tableau devait
être un chef-d'œuvre. Quel était l'ama-
teur ? quel était le peintre ? et de quelle
toile s'agit-il ?
Le seul détail que je puisse ajouter à
cette histoire est que le modèle s'appelait
Adélaïde ; mais cela ne nous apprend
pas grand'chose, sinon qu'elle était née
après le 23 mars 1732, date à laquelle
Louis XV, en nommant ainsi Tune de ses
filles, mit le prénom à la mode chez les
filles du peuple. Un Passant.
Famille da Battine. — Le comte
Rodolphe, dernier descendant des Colomb
de Battine, est décédé au Mans en 1875.
Un intermédiairiste pourrait-il] me dire
quels étaient à cette époque les plus pro-
ches parents, côté paternel, du comte Ro-
dolphe ? Martin E.
De Castôlnau, peintre. — Un ta-
bleau, représentant une descente de croix,
a été donné à une église, en 1868, par le
ministre de la Maison de l'Empereur et
des Beaux-Arts : il est signé de Castelnau.
Je serais curieux de connaître quelques
particularités biographiques surce peintre.
D' C. V
Dntacq. — A quelle date M. Dutacq
entra-t-il à la rédaction du Charivari dont
il fut le propriétaire quelque temps ^
L. C.
La peintre Ph. Ledieu (1847)
et un prétendu portrait de Musset.
— M. Elle Thomas croit avoir trouvé un
portrait inconnu de Musset.
Un personnage blond 'qui a les traits du
poète et son élégance, est représenté à
cheval.
Le tableau est signé Ph. Ledieu rS^j.
Si ce n'est l'air de ressemblance, rien ne
permet de dire qu'il représente Musset.
Le possesseur l'a communiqué à Ma-
dame Martellet, qui fut au service de
Musset pendant dix ans. Nous avons vu
ce tableau chez elle : elle ne nie pas qu'il
y ait une certaine ressemblance, oh !
très vague, mais elle s'étonne que le por-
trait représente Musset à cheval.
Quand elle le connut, vers cette époque,
il n'était déjà plus un cavalier. Un peu
plus jeune, il avait monté à cheval avec son
ami Alfred Tattet, pour courir les bois de
Montmorency. 11 faudrait supposer qu'un
artiste l'a connu à ce moment et a fixé,
de mémoire, son] portrait sur la toile. Le
poète n'aimait pas poser.
La question serait donc celle-ci :
Le peintre Ledieu, dont Siret ne dit
rien, qu'Audray en son Supplément cite
parmi les étrangers et les ignorés, a-t-il pu
connaître Musset à Paris?
Que sait-on de cet artiste ?
A. B. X.
Un mot de Montesquieu (.''). — On
lit dans les Lettres Persanes (1. cxix) :
Les anciens rois de Perse n'avaient tant
de milliers de sujets qu'à cause de ce dogme
de la religion des mages, que les actes les
plus agréables à Dieu que les hommes pussent
l'aire, c'était de faire un enfant, labourer un
champ et planter un arbre.
Qu'en est-il de ce « dogme » ^ Et Mon-
tesquieu n'en serait-il pas l'auteur ?
G. A.
Une seconde dame de Polastron.
— Dans ma jeunesse, en 1865 ou 1866,
précisément à l'époque où il m'arriva de
donner le bras à lacomtessede Luxbourg,
mère du comte Léon, qu'elle avait eu de
Napoléon i'"", je fuc mené, une fois, à un
entresol de la rue de Provence, par une
vieille comtesse qui m'honorait de sa
bienveillance, chez une dame de ses amies
qu'elle appelait Mme de Polastron et
qu'elle me disait être la fille de Charles X.
Et, en effet, les traits de cette dame de
Polastron parvenue justement à l'âge
qu'avait ce roi en 1830 offraient avec les
siens une ressemblance frappante.
C'était apparemment la fille de la char-
U'
I 121
L'INTERMÉDIAIRE
223
224
mante Louise de Lussan d'Esparbès, vi-
comtesse de Polastron, qui montra tant
d'amour et de dévouement pour le comte
d'Artois pendant l'émigration et eut en
Angleterre une mort si édifiante, que ra-
conte en termes très émouvants la du-
chesse de Gontaut dans ses Mémoires.
Or, en ce qui touche celle que M. Char-
les Nauroy (Voir Les Derniers Bourbons)
qualifie de « dernière maîtresse du comte
d'Artois», et spécialement dans le passage
des Mémoires de la duchesse de Gontaut,
qu'il cite, il est bien question d'un jeune
Louis de Polastron, fils de l'infortunée vi-
comtesse et filleul de Louis XVI et de
Marie-Antoinette, lequel aurait été appelé
du collège anglais, où il faisait ses études,
pour être embrassé, une dernière fois, par
sa mère, mais il n'est rien dit de la dame
vue par moi en 1865 ou 1806 et qui ne
pouvait être que la fille de la mourante.
Quelque intermédiairiste a-t-il des ren-
seignements plus précis que les miens sur
cette seconde dame de Polastron qui, de-
meurée célibataire, aurait gardé jusqu'à
la mort le nom de son père putatif, ne
pouvant porter celui de son père réel ?
RusTicus.
Bigaisdot (M.). — Il tenait un hôtel
« hôtel de la Loire », rue des Mathurins-
Saint-Jacques, n" 4, en 1838. Q.u'est
devenu cet hôtelier ? Chez lui se réimis-
saient bon nombre d'artistes et des rédac-
teurs du Siècle. Louis Calendini.
Scalion de Virbluneau. — Ce
charmant poète du xvi® siècle, qui fut à
peu près découvert par Théophile Gau-
tier, a-t-il été l'objet d'une étude critique,
ou biographique, récente ?
A qui appartient aujourd'hui l'exem-
plaire de Gautier qui parut à sa vente
sous le n° 129 en 18^3 ?
Un Passant.
Madame de Sévigné à Bodégat.
-— Madame de Sévigné, l'illustre épisto-
lière, séjourna à différentes reprises au
château de Bodégat (en Mohon, près Jos-
selin, Morbihan) qu'elle avait de son
mari.
Je serais très désireux de connaître
toutes les sources auxquelles je pourrais
puiser, pour retrouver quelques souve-
nirs de cette noble dame à Bodégat.
Aurais-je chance de découvrir quelque
document intéressant sur ce sujet, soit à
la Bibliothèque nationale, soit aux Ar-
chives, soit dans une coUection particu-
lière ?
Quelle est l'édition la meilleure et la
plus complète des « lettres » ; où la trou-
ver ^ Du Halgouet.
Frédéric Tremel. — De ce guita-
riste et poète de talent, je désirerais quel-
ques notes biographiques. Son portrait,
imprimé chez E. Delancliy, à Paris, existe-
t-il ailleurs ? Ce poète dut perdre sa
femme à Bordeaux où il écrivit, vers
1878, les élégies A une mortel ]q connais
au moins dix volumes de lui. L. G.
Familles Boucher et Cbanlatte,
au Mans. — Je désirerais connaître les
père et mère et, si possible, les aïeul et
aïeule de Jacques Boucher, receveur des
tailles au Mans, puis secrétaire du Roi, et
de Geneviève Chanlatte, sa femme, cruci-
fiée au Mans, le 24 mai 17 14. (Esnault et
Chambois, Notaires du Mam.^ W, 75, 212,
213 ; m, 73 ; V, 5 ; VI, 185)
Je remercie d'avance le confrère qui
pourra me rendre le service de me pro-
curer ces renseignements et l'assure en
échange de mon dévouement. ''
Th. Courtaux.
Armoiries à déterminer : un
arbre et huit épis. — A quelle famille
appartenaient les armes suivantes, gra-
vées sur un cachet du xvii^ siècle, qui
provient vraisemblablement du midi de
la France : de... à la terrasse de... com-
plantée d'un arbre de... et de huit épis de...
quatre de chaque côté. Timbre ; un cas-
que de profil. A. L. S.
Les passages soulignés d'« An-
gola ». — Le roman d'Angola qui parut
en 1746, est bien connu des linguistes
par une singularité de son texte. Un
grand nombre de phrases sont imprimées
en italiques et Ton a voulu y voir une
liste d'expressions qui étaient alors nou-
velles dans la lanoue.
o
Qiie l'auteur ait entendu signaler par
là l'incorrection d'un certain style, ce
n'est pas douteux ; mais parmi les passa-
ges soulignés, il s'en trouve beaucoup
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906,
225
226
qui n'ont pu être à aucune époque des
locutions usuelles. Par exemple :
Vis à vis l'un de l'autre et à leur aise.
Et par décence elle faisoit des nœuds.
Et dont elle avoit tiré grand parti il y
avoit longtemps
Semblaient tacitement désigner l'usage
auquel elles étaient destinées.
Ces calios de doucereuses fadaises.
Etc.
Il semblerait plus vraisemblable que
l'auteur eût voulu se moquer d'un de ses
confrères en composant un centon de
phrases plates ou prétentieuses prises à
un récent ouvrage.
Mais de quel écrivain et de quel livre
/Angola serait-il la parodie ? H-
Le suicide de Rolla. — Qiiel est le
jeune homme dont Alfred de Musset a
conté la vie, la ruine et le suicide dans
son fameux poème de 1835 ?
On a donné son initiale dans X Intermé-
diaire en 1874. Est-i) permis aujourd'hui
d'écrire son nom en toutes lettres ? S.
Pulkriâka et Léontino. — Quels
sont Tauteur et la date de Pulkriska et
Léontino ou le crime et la vertu, par A. L.
à Paris, chez Tiger, imprimeur libraire,
rue du Petit-Pont, n° 10 ; in-12 de 106 p.
avec une gravure non signée ?
Louis Calendini.
L'Amour Saphiqua. — Le vénérable
doyen de la librairie française, l'éditeur
de la Patrologie Migne^ vient de publier
une monographie de 300 pages signée X...
et intitulée V Amour Saphiqiie. L'auteur
déclare qu'il n'est pas médecin, mais ro-
mancier. Toutefois son style ne permet
d'attribuer l'ouvrage à aucun romancier
connu.
Qui est X... .?
Le livre est publié sans notes ni réfé-
rences, ni bibliographie. Il traduit, p. 74,
à propos d'une princesse du xv" siècle, une
étrange narration qu'il dit extraite d'un
« manuscrit de la Bibliothèque nationale »,
mais dont il ne donne ni la cote ni même
le texte original Ce document contient
des détails qui peuvent faire naître les
doutes les plus sérieux sur son authenti-
cité. Quelle est son origine.'*
Il cite ensuite, p. 280, trois afifaires ci-
viles où des maris auraient demandé le
divorce « pour cause d'adultère » en n'ac-
cusant que des complices du sexe fémi-
nin. Ces procès ont-ils été plaides réelle-
ment .? et à quelles dates ?
Un Passant.
Les Bosc da la Calmette au su-
jet d'un ouvrage récent. — Le vo-
lume dont le titre suit, vient de paraître :
Nyt dansk Adelslexicon for egnelse over-
dansk Adel i Fortidog Nufid.Par « MM. Thi
set et Wittrup, Copenhague, Vilh. Tride
in-8° de 365 pages » — 2.000 notices,
avec descriptions d'armoiries et relevé des
variantes s'il y a lieu : indication du plus
ancien membre connu.
Les Bosc de la Calmette sont mention-
nés dans une note ; un obligeant con-
frère possédant l'ouvrage en question au-
rait-il l'extrême complaisance de m'en-
voyer une copie de cette note en m'indi-
quant à quel article elle se rapporte et
pour quel motif il est parlé dans cet ou-
vrage de cette famille française.
Auguste Béziès.
50, rue St-Guilhem, Montpellier.
L' « immortel » Pierre Maël. —
Diverses maisons d'édition, la maison
Flammarion, par exemple, et certains
journaux, — le Journal de la Jeunesse no-
tamment, — publient de temps à autre
des romans signés Pierre Maël. Ce roman-
cier, qui est décédé il y a quelques années,
s'appelait, de son véritable nom, Charles
Causse ; mais il a toujours figuré, sous le
pseudonyme de Pierre Maël, tant dans
l'Association des Journalistes parisiens
que dans celle des Gens de lettres, dont
il faisait partie. Ce nom de Pierre Maël
lui appartenait en propre et n'appartenait
qu'à lui. Nul, de son vivant, ne s'en est
servi et ne pouvait s'en servir : n'oublions
pas ce point.
Or, il paraît qu'après la mort de Pierre
Maël, sa famille ou ses ayants-droit ont
autorisé un ou plusieurs écrivains à se
servir de cette signature. Rien n'empê-
chera plus tard les héritiers de Pierre
Maël de transmettre ladite marque à
d'autres romanciers et ainsi de suite ; il
n'y a pas de raison pour que cela finisse,
et Pierre Maël peut ainsi vivre et revivre
in secula seculorum.
N« II2I.
L'INTERMÉDIAIRE
227
228
Connaît-on le nom des écrivi»ins qui
signent actuellement Pierre Maël, et
pourrait-on indiquer d'autres exemples de
cette bizarre transmission de nom, si in-
téressante pour l'histoire des mœurs litté-
raires de notre temps ? G. G.
Mémoires d'hommes d'Etat. — On
sait qu'un ancien ministre publie en ce
moment, dans un journal parisien, les
mémoires des faits qui se sont passés sous
son ministère.
Y a-t-il des d'hommes d'Etat qui l'ont
précédé dans cette voie ?
Quels sont leurs noms?
II n'est pas question de mémoires pos-
thumes, mais de ceux qui auraient été pu-
bliés par leurs auteurs à leur sortie des
affaires. César Birotteau.
Collection sur le Vieux Mont-
martre. — Pièces et documents concer-
nant l'Abbaye de Montmartre, de 1 1^3 à
1772. Un catalogue de Laverdet, de mai-
juin 1857, signale une importante collec-
tion de « titres divers, inventaires, pro-
cès, contestations, etc., entre l'Abbaye
de Montmartre et la Grande Boucherie de
Paris, de 1153 à 1772, dont un grand
nombre, du xv© siècle, et plusieurs si-
gnées par Pellisson Fontanier. Ces pièces,
au nombre de i6o environ, formaient
plus de 900 pages in-4° et in-f". On y
avait joint diverses pièces imprimées (64
pages in-4°). Cette collection était à ven-
dre au prix de 100 francs. Sait-on où elle
peut se trouver aujourd'hui ?
Le Vieux Montmartre.
Les bons ouvrages sont ceux qui
font pleurer — Lamartine, t. II, p. 34,
éd. 1893, dit en note : « Voltaire avait
dit : « Les bons ouvrages sont ceux qui
font le plus pleurer. » Où se trouve ce
passage
P. B
Aimer, c'est à vingt ans faire
acte de sagesse, - De qui est ce joli
vers, qui exprime d'ailleurs une si jolie
pensée ? Df C. V.
Traduction du mot latin « fun-
datUS ». — Dans le Liber Pontifical is
d'Anastase le bibliothécaire, nous lisons
que Léon III donna à l'église de Santa
Prisca calicem fîindaium superauratum
unum .
Que signifie le mot « fimdatum » qu'on
rencontre appliqué non seulement à des
objets d'orfèvrerie, mais aussi à des tissus-f*
C. B.O.
Secouer, branler, hocher la tête.
— Quelle différence y a-t il entre secouer,
branler, hocher la tête ? L'un de ces ver-
bes s'applique-t-il spécialement, soit au
mouvement dans le sens horizontal qui
.«signifie refus ou négation ; soit au mouve-
ment dans le plan vertical qui signifie
tantôt doute, tanlôt consentement, (répon-
dant dans ce dernier cas au latin an-
nue re) ?
Ni Littré ni Hatzfeld ne donnent de
renseignement à cet égard.
A. P. L.
Mo ndial. — Voici un mot qu'on ren-
contre, tous les jours dans la presse ; le
prochain dictionnaire de l'Académie va
peut-être le naturaliser. Je demande si
c'est uniquement parce qu'il est plus
court qu'on le préférerait à universel. Et
puis, est-il bien formé ? d'où, vient \'i
dont il est orné ? J. Lt.
Les roues de Fortune. — Dans
certaines églises ou chapelles de Bretagne,
se trouvent des roues de fortune (qu'on
appelle encore, à tort ou à raison : roues
à prières) auxquelles sont accrochées des
sonnettes que l'on met en branle à l'occa-
sion de différentes solennités.
Quelle est l'origine de ces roues et leur
usage primitif ?
J'en ai rencontré une à la cathédrale de
Tolède (Esp.) ; ce n'est donc pas une par-
ticularité de la Bretagne, En connaît- on
d'autres en France ou à l'étranger ?
Je serais très reconnaissant à mes con-
frères de V Intermédiaire, s'ils pouvaient
m'éclairer sur ces points et me commu-
niquer tout ce qui peul avoir rapport à
ces roues.
Je serais heureux de connaître égale-
ment un correspondant à Tolède qui pût
me renseigner sur l'usage qu'il est fait de
la roue de la cathédrale de cette ville.
Du Halgouet.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
229
20 Août 1906
230
Condamnation de Jésus (LUI; LIV,
13, 59, 180). — L'ingénieuse remarque
par laquelle M. le D"- Billard termine sa
communication, devrait clore toute con-
troverse.
Il est impossible d'imaginer un texte
chrétien provoquant l'annotation : « s'il
est permis de l'appeler homme ». C'est
une preuve par l'absurde, mais elle est
péremptoire.
Je m'en tiens donc à l'opinion de Renan
et de M. Revillout qui, d'ailleurs, parais-
sent plus qualifiés que M. Dujardin pour
juger de Tauthenticité d'un texte et de la
valeur historique d'un témoignage.
S.
Le bras droit de Charlernag.io
(LIV, 161). — Ce fut le 8 septembre
1804 que Napoléon visita la cathédrale
d'Aix-la-Chapelle , où reposent , depuis
l'an 1215, dans une châsse d'or et d'ar-
gent, les restes de son glorieux prédéces-
seur.
Si l'on interroge le Moniteur au sujet
du voyage du souverain àAix-la-Chapelle,
on y trouve seulement ces quelques li-
gnes :
Aix-la-Chapelle, 21 fructidor. — Un Te
Dciim a été chanté dans la cathédrale en
présence de Sa jMajesté à qui le clergé a
présenté les reliques de Charlemagne et les
différentes reliques dont cette église a été
nouvellement mise en possession. Moni-
teur au jeudi 26 fructidor an 12 de la Répu-
blique [\^ septembre 1804).
De ce simple entrefilet, il résulte déjà
que la date du premier août 1804 assi-
gnée à cette visite du Trésor par le jour-
naliste allemand, dans son acticle Fran/c-
fmier Zeitung, est inexacte.
Toujours est-il que le chapitre de la cathé-
drale présenta au nouveau souverain ce
qu'on appelle les grandes reliques, les mô-
mes qui furent envoyées en présent à Char-
lemagne par l'impératrice Irène : la robe
de la Vierge, les langes de Jésus-Christ, le
linceul ensanglanté dans lequel fut enve-
loppé le corps de saint Jean-Baptiste, et
le linge qui fut mis autour des reins de
Jésus-Christ sur la croix.
La magnifique châsse des quatre gran-
des reliques, du style roman tertiaire,
date de 1220, et l'exposition de ces der-
nières se fait encore tous les sept ans, en
juillet.
Pour revenir au bras droit de Charle-
magne, le fait est certain. Napoléon eut
la curiosité de contempler les ossements
du vieil empereur, il se fit ouvrir le reli-
quaire, et, comme il vou'ait emporter un
souvenir de sa visite, il ne trouva rien de
mieux que d'enlever un humérus de l'em-
pereur d'Occident, qui figura au Musée
du Louvre jusqu'en 1815, époque où les
alliés le mirent au nombre de leurs re-
vendications et crurent faire acte de déli-
catesse, en nous laissant vide le beau cof-
fret à arcature émaillée dit Reliquaire du
bras de Charlemagne, qu'on voit encore
aujourd'hui dans la galerie d'Apollon.
11 y a lieu de croire que l'ossement en
question alla rejoindre alors à Aix-la-
Chapelle ce qui restait des dépouilles vé-
nérées de l'homme qui avait fait trembler
le monde et que l'empereur Frédéric Bar-
berousse avait fait canoniser le 29 décem-
bre 1165, par l'antipape Paschal III.
D"^ Billard.
Comédiens français en Egypte
(LI; LU, 347,5 16; LUI, 629). —j'ai, dans
ma collection spéciale d'Autographes et de
Documents, sur l'Expédition française en
Egypte (1798-1 801), unecurieuse pièce, en-
tièrement autographe, émanant de la So-
ciété dramatiquede l'armée d'Egypte. C'est
une longuelettre de trois pages in-4'^, écrite
du Lazaret de Marseille, en l'an 9, pour de-
mander des secours, par le Régisseur de la
troupe, et dont le papier, pour éviter la
transmission de la contagion pestilen-
tielle orientale, fut, à l'époque, « passé
au vinaigre ».
Ce bain forcé, qui a fortement étendu
et jauni l'encre, primitivement noire, a
rendu un bon nombre des mots, presque
illisibles.
En voici, cependant, vu l'intérêt que
comporte par lui-même ce document, une
copie intégrale :
En quarantaine de Marseille.
Ce II fructidor an p (2c aoiit 1801).
La Société de Comédie Française de re-
tour d'Egypte.
Au citoyen Cljarenton^ Administrateur
de la Marine, à Toulon,
N" JI3I.
L'INTERMEDIAIRE
23
232
Citoyen
Nous avons, plus que jamais, besoin de la
Bienveillance que vous voulûtes bien nous
témoigner lors de notre embarquement à
Toulon. Peut-être êtes-vous déjà informé de
notre mauvaise fortune : Faits prisonniers
devant Alexandrie, le /p Prairial ; embar-
qués sur un parlementaire le /"■ Messidor, et
rendus à Marseille le 10 Fructidor courant,
nous n'avons absolument d'autres moyens
d'existence que le traitement de 45 1" par
mois, qui nous est accordé conformément
aux ordies du Ministre.
Veuillez, s'il est possible, nous faire tou-
cher ce secours à Marseille ; nous l'atten-
dons avec une extrême impatience et nous ne
doutons pas que vous n'accordiez, à notre
demande toute l'extension, de la Loi.
Salut et Reconnai:sance.
{Signe) F. Bernard,
Régisseur
et Agent.
Etat des Artistes présens, composant la So-
ciété dramatique, de retour d'Egypte en
France.
Citoyens :
Drouin,
Bourdais,
Dangeville,
Lasalle,
Calon,
Bernard,
Gaston,
Dorigny,
Dominique Drouin,
Casimir [ou Casinier] Talon.
(10 hommes).
Mesdames :
Drouin,
Bourdais,
Dangeville,
Breneseau,
Talon,
Dorigny,
Chevalier,
Renaldy,
Aglac, ^
Dorothée,
Caroline,
Ninette Ladrey,
Gaston,
Rose Le François.
Jeannette Chédeville,
Clara Bourdais.
(16 femmes) .
Certifié véritable, pour vingt-six per-
sonnes.
Ce H Fructidor an 9.
{Signe) : F. Bernard.
En tète de cette lettre, le citoyen
Administrateur de la Marine, Charenton,
écrivit, de sa main, cette annotation :
Autoriser le Citoyen Burgerie à leur faire
payer un à compte sur les fcmds qu'il a à sa
disposition qui sont le restant des 6.000 1"'
La lettre elle-même se termine par un
long Post-scriptum, autographe signé, de
Tun des artistes de la troupe, Bourdais,
lequel, tout à la fin, y prend soin de se re-
commander, près dudit citoyen Charen-
ton, de sa qualité de franc-maçon.
En reproduisant, in-extenso, ce Post-
scriptum, nous en respectons scrupuleuse-
ment Torthographe :
La bonté que vous avez daigné me témoi-
gner m'encourage à jouindre mes prières a
selles de mes camarades ; voilés,^ pillés par
quelques m:}lveillans français, le peut de bi-
joux, qui nous restait ont teté vandus à Malte,
pour nous proqurer l'extraime nessesaire.
Veuilles mètre le comble a vos bontés, en
nous faisant toucher le traitement que le mi-
nistre nous a acordé, cet notre seulle re-
source pour vivre pandant la quarantaine et
pour dessendre a terre, nous atandons cette
preuve de l'intérêt que vous avé daigné
nous témoigner. Je suis avec respect votre
serviteur et f. •.
{Signé) : Bourdais.
Comme on le voit de reste, cette
malheureuse Société dramatique ne paraît
pas avoir roulé sur l'or, en celte terre-
promise des Pharaons. Le brusque dé-
part d'Orient du général en chef Bona-
parte, l'assassinat de Kleber, puis ''in-
consciente incapacité de son triste suc-
cesseur, le général Menou, ne durent pas
peu contribuer à compléter la ruine de
tous ces pauvres diables. Qiiand survint
pour eux la catastrophe finale de l'Expé-
dition, leur comédie et ses fredons dut
avoir vite fait de tourner au drame.
En resta-t-il, seulement, de leur groupe,
qui, par la suite, surent se relever d'un
si noir désastre ?
Les trois « Drouin » que cite, en son
tableau, le régisseur Bernard, nous sem-
blent avoir été des parents de Madame
Préville (née Madel.-Michelle-Angélique
Drouin). Peut-être, aussi, les deux « Dan-
geville» étaient-ils des frères ou des ne-
veux de la célèbre soubrette de la Co-
médie française, Mlle Dangeville, morte
en 1796 ?
\J Intermédiaire a la bonne fortune de
compter, parmi ses rédacteurs accoutu-
més, deux érudits.fortau courant de tout
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906.
: 233
ce qui se rattache, de près ou de loin, aux
questions d^ théâtre, M. Georges Monval
et M. L. -Henry Lecomte. Peut-être pour-
raient-ils nous apporter, sur quelques-
uns de ces divers artistes, anciens
«Egyptiens », la lumière bienfaisante de
leurs lanternes ?
Ulric Richard-Desaix.
L'idée de patrie existait-elle
avaRtlaKévolutlon ?(T. G. ,385; XXXV
à XXXVni ; XLIl ; LU ; LIV, 116). —
Puisqu'on revient à cette question, voici
un texte relativement ancien où se ren-
contre non seulement le mot pairie, mais
celui de patriote^ plus rarement usité, je
crois, à cette époque !
Le notaire Jean Pichart, qui tint un cu-
rieux journal des événements du temps
de la Ligue, à Rennes, écrit à propos des
obsèques du président Bruslau de la
Musse :
Du jeudi, 24e dudit mois de febvrier
(1594), !e corps de deffunct messire Pierre
Bruslau... fut amené et conduict du chas-
teau de la Musse en cette ville par la porte
de Toussaincts et conduict à son logis avecq
tous honneurs que pouvait mériter un tel
personnage, et le lendemain, fut inhumé en
la chapelle de Sainct-Tomas, avecq grandes
pompes funèbres où assistèrent messieurs de
la cour de Parlement et sièe;e de Rennes en
corps et grande abondance de peuple, estant
icelui seigneur beaucoup regretté comme
bon paîriote et qui a faict de grands biens
aux pauvres. (Dom Morin, Hisioire de Bre-
tagne, Preuves, t. 111, coi, 1739)-
P. ou Guiî.
* *
On croit généralement que le mot pa-
trie date du règne de François I". 11 était
tellement nouveau en 1550, qu'on repro-
chait au poète du Bellay de l'employer
dans ses vers.
On voulait encore qu'on dWpays^ mot
purement matériel, et qui est loin de com-
prendre dans un même sentiment d'amour,
comme celui de pairie, et les institutions,
et les souvenirs, et le sol qui nous a vus
naître. Alexandre Rey.
La reine Hortense et l'amiral
Ver HuellfLlV, 1, 66, 116, 174).— Je
puis assurer M. A. Lebey, que iouics mes
notes publiées colonne n6, concernent
l'amiral Ver Huell, et non son frère l'am-
bassadeur Christian Anthonie Ver Huell
234
(1760-1832) J'ai pris mes notes sur des
actes officiels, tandis que pour le voyage
dans les Pyrénées j'ai consulté le docte
travail du D'' Cabanes : La guêrison du
croup mis au concours par Napolc'on, dans
Les indiscrétions de l'histoire, seconde
série.
Christian Anthonie Ver Huell sus-nom-
mé, bapt. à Doctincham 13.4. 1760 entra
dans le service maritime en 177 1, fut
lieutenant pendant l'affaire de Doggers-
bank et fut nommé aide-de-camp de l'a-
miral Van Hinsbergen, en 1794. Sous le
roi Louis il devint membre du conseil
d'Etat et plus tard ministre plénipoten-
tiaire en Espagne. En 1814, il se rendit à
Paris où il est décédé le 14-3-1832 et en-
terré au Père- La-Chaise II était com-
mandeur de l'ordre de l'Union (chevalier
uSo8), chevalier grand'croix de l'Ordre du
Mérite de Wurtembourg. Il s'était marié
deux fois : 1° au cap de Bonne-Espérance,
à Anna jacoba Bosch, f 1 1-2-1789 ; 2° à
Paris, en 1820, à Anna Catharina Reynell,
f à Pau, le 4-1 -1845. Du premier ma-
riage, deux fils, dont le second fut le
grand-père du Jh' Ver Huell qui habite
Paris.
Quant à la déclaration de M- Alexandre
Yer Huell, citée colonne 1 16, à quoi fit-elle
allusion ? Au tombeau de la reine Hor-
tense ? Car la reine étant décédée le
30 10 1837, M. Ver Huell avait alors
15 ans, étant né à Doesburg, le 7-3-1822,
comme fils de Qiiiryn Maurits Rudolph
V. H. et de Noble Dame Louisa-Christina-
Johanna Hester et Vaynes van Brakell.
M. -G, WiLDEMAN.
L'amiral Verhuell, nomme comte de
Sevenar par le roi Louis, en 1810, devint
français, peu après, à la suite de l'an-
nexion de la Hollande. En 181 1, il fut
nommé député, par l'Empereur, pour le
département de l'Issel-Supérieur et créé
comte de l'Empire. Au début de la pre-
mière Restauration, il obtint des lettres
de naturalisation, puis devint, en 1819,
membre de la Chambre des Pairs.
GoiMBOUST.
*
L'amiral Verhuell, créé comte par Na-
poléon en 181 1 .fut naturalisé français sous
la première Restauration, et nommé Pair
de France en 1819, ainsi que le constatent
Larousse, Bouillet et Dezobry.
N» 1121.
L'INTERMÉDIAIRE
235
236
Sur un « Pian figuratif de l'intérieur de
n la Chambre des Pairs, présentant le
« tableau nominatif des membres qui la
« composent, avec l'indication exacte des
« places qu'ils y ont adoptées », plan
gravé par E. Collin, en 1819, et qui se
vendait chez Delaunay et Pélicier, li-
braires au Palais-Royal, on voit que le
fauteuil n° 127 était celui du ^* comte de
Verhuell »,
11 siégeait entre le comte Truguet et le
comte de Labourdonnays-Blossac. Voilà
donc un point bien établi.
Quant à son intervention à la Chambre
des Pairs lors du procès de Louis-Napo-
léon, en 1840, il n'y aurait pas pris la
parole, d'après le Dictionnaire de Larousse,
qui s'exprime ainsi :
Lorsqu'en 1840, après l'échauffouiée de
Boulogne, la Chambre des Pairs se consti-
tua en tribunal chargé de juger Louis-Bona-
parte, le président Pasquier reçut de Verhuell
une lettre dans laquelle celui-ci lui disait
textuellement : « Ne le condamnez pas à
mort. Sauvez sa tête ; c'est un père qui vous
en conjure ».
E. D.
Chasseurs de Picardie et Royal
Liégeois (LIV, 51, 182). — Lire : au
centre un écusson aux armes de Liège —
au lieu de « aux armes de Lyon ».
Alexandre Rey.
Relations de l'Empire romain
avec la Chine (LUI, 947; LIV, 118).
— Bien que notre ophélète E. M. aille
beaucoup plus loin que nous dans sa rela-
tion, nous croyons qu'on peut répondre
avec certitude à ses questions intéres-
santes.
Les produits de la Chine étaient livrés
aux Romains par les nations intermé-
diaires, tant par terre que par mer ; en
passant : soit par la Bactriane, soit par
l'Océan Indien ; nous en avons les preuves
formelles par les auteurs. Nous savons
de plus que c'étaient surtout les Indiens,
les Perses et les Arabes, qui faisaient ce
commerce de transit par terre et par mer.
Enfin nous connaissons la voie principale
suivie par ce transit : Malacca, Ceylan,
golfe Persique ; et alors le transport par
caravane, en suivant la vallée de TEu-
phrate et la Syrie (pour la ligne médi-
terranéenne du Nord), l'Egypte (pour la
ligne du Sud),
Constance, croyons-nous (le nom im-
porte peu), avait proposé à Sapor II, roi
des Perses, dont le règne fut plus long
que la vie (il avait été couronné dans le
sein de sa mère) ; Constance avait pro-
posé (i), pour diminuer la fraude^ d'éta-
blir à Batné, ville municipale de LOs-
droène, la douane unique pour les impor-
tations dans l'empire ; mais Sapor s'y
refusa toujours. Or, pour que l'empereur
ait fait cette proposition, c'est que ce
devait être, semble-t-il, la voie la plus
fréquentée. Mais il va de soi que ce qui
passait par la mer Rouge et l'Egypte ne
venait pas toujours nécessairement du
golfe Persique.
C'est ainsi, par exemple, que l'Egypte
recevait les produits de l'Inde par au
moins quatre voies différentes : par l'E-
thiopie, par la mer Rouge, par l'Arabie
et même encore par la côte, c'est-à-dire
par la Syrie et la Palestine : nous croyons
que ce dernier détour trouve son expli-
cation dans les facilités que les banquiers
juifs donnaient au commerce chez leurs
compatriotes.
Oui, les Sina; (ou Sinaï) sont le même
peuple que les Sères ; parce que le pre-
mier nom esi le mot grec latinisé, et le
second, le mot latin. C'est comme pour
les mots Mysie et Mésie (Moésie).
Qiiant aux identifications des noms
anciens avec les noms modernes, on
pourra y arriver un jour quand on le
voudra. Il suffirait pour cela, à nos ma-
rins, de connaître les périples grecs. Ainsi
par exemple, la presqu'île de Malacca
(l) 11 est facile de deviner la véritable
arrière-pensée de ces deux souverains : Cons-
tance voulait que le transit ne s'opérât que
par une seule voie, afin de mieux surveiller
les espions de Sapor. Tandis que le roi des
rois (Saânsan) avait tout intérêt à ce que les
caravanes des Arabes fussent autorisées à
passer partout ; ceux-ci faisant toujours
meilleur ménage avec les Perses qu'avec les
Romains, bien que trahissant les deux partis
selon les circonstances. Les Perses mépri-
saient les Arabes, qui les respectaient ; tandis
que les Romains redoutaient les Arabes, qui
finissaient toujours par les trahir, pour se
livrer au plus offrant, quand ils s'étaient en-
foncés en Perse. Aussi Ammien Marcellin
souhaite-t-il aux Romains de ne pas avoir
affaire à eux, et de ne les avoir jamais pour
amis ni pour ennemis ! C'était un vœu irréa-
lisable,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
237
238
s'appelait en grec le cap Mégas (Mégalos),
on l'appelait même le cap, dans Marcien
Héracléote, comme nous disons le cap de
Bonne-Espérance et même le cap d'Antibes,
suivant le monde où Ton converse !
Des Bouches du Gange au cap Lem-
Chik, dans le golfe de Siam, il y a exac-
tement 37.3^0 stades, d'après M. Lapie ;
notre ancien auteur en donne 45.3^0.
C'est peut-être une faute de copiste ; mais
aussi ce peut être une fausse interpréta-
tion de l'auteur moderne ; car il y a :
jusqu'au peuple des nioniagnes de la Chine ^
dans le manuscrit grec.
On a la certitude que les auteurs gréco-
romains connaissaient le golfe de Canton .
Peut-être même étaient-ils allés plus loin
encore ; car la distance qu'ils donnent du
fond du golfe d'Accaba aux bouches du
fleuve Kottiare est plus grande que la
distance réelle qu'il y a de ce golfe à
celui de Canton ; 153 295 stades, au lieu
de 149,355 ; soit une différence de 4 mille
stades ou de 800 kilom., en nombres ronds,
20D lieues. Or ici, ce n'est pas une faute
de copiste ! D'' Bougon.
Fêtes, danses et spectacles nus
(LUI, 788, 935). — On nous pardonnera
de rappeler que, de nos jours, en plein
Paris, il y a encore de nombreusese fêtes
et spectacles nus. Sans cela, les cabinets
particuliers — un peu vasies — de cer-
tains restaurants bien connus n'auraient
pas souvent de clients ! — Faut-il citer les
tableaux vivants qu'on a donnés nus, ré-
cemment encore, dans divers grands cer-
cles parisiens ? 11 y a même des spécia-
listes en ces matières. — Enfin, récemment,
le Temps annonçait une descente de police
dans une maison où certain cinématogra-
phe déroulait, devant nombre de Pari-
siens, sa bande... trop joyeuse.
Marc Ell.
Le château de Saint-Maurice
(LIV, 53, 185). — Puisque Al. Le Lieur
d'Avost a bien voulu nous faire connaître
les noms des membres de la famille Le
Mairat, héritiers du château de Saint-
Maurice, nous croyons devoir lui signaler
quelques erreurs que nous avons remar-
quées, nous basant sur des documents
que nous possédons, c'est-à-dire sur
l'état des lieux et l'estimation de la terre
de Saint-Maurice et de ses dépendances.
20 Août 1906
in-folio de
fait au mois de juillet 1784,
540 pages.
Le président de la Chambre des Comptes
se nommait Antoine- Hilaire- Laurent.
L'aînée de ses sœurs Eustachie-Thérèse,
était mariée à Alexandre-Charles-Marie
Prévost, comte de Saint-Cyr, officier de
la Colonelle royale cavalerie. Quant à la
plus jeune, elle se nommait Angélique-
Paule et non Pauline et ne fut mariée que
plus tard, c'est-à-dire après la vente de la
terre de Saint-Maurice acquise par le
vicomte de Lubersac.
Le château dont parle M. Alexandre
Rey ne peut être celui qui fait l'objet de
notre question, car depuis que nous
l'avons posée, nous avons acquis la cer-
titude que le château de Saint-Maurice a
été démoli, fait rapporté par M. Joseph
Guyot dans son savant ouvrage : La
Chronique de Dourdan.
Paul Pinson.
Notre-Dame de Loretta (LUI, 777,
906). — La revue X Ami du clergé.^ dans
une série d'articles qui a duré au moins
deux mois, a publié, depuis janvier 1906,
tous les documents possibles sur N. D. de
Lorette.
Notamment, il )' estbrillamment prouvé
que, « la quadruple translation » n'est
pas restée ignorée « pendant deux siè-
cles ».
Monsieur U. C. trouvera dans la revue
indiquée tous les documents vrais et faux
publiés sur la question.
Il peut s'adresser à M. F. Perriot, di-
recteur en chef de VAmi du clergé^ mai-
son Saint-Pierre, rue Tassel, à Langres
(H. -M.). LÉON Desrues.
Ouistreham (Normandie) et Wes-
terham (Angleterre) (LIV, 53, 131).
— Ouistreham aurait le sens de village
des huîtres : Ostra ham.
j. Sévrette. Plages normandes^ 8* édit.
Paris (1905). p. 28. Sglpn.
Robert d'Arbrissel (LUI, 892 ;
LIV, 20 125). — Parmi les ouvrages à
consulter, on trouvera à la bibliothèque
d'Angers ;
I" Histoite de Fontevrault., par Honorât
Nicquet, de la compagnie de Jésus, ou-
vrage du xvii« siècle.
2° Fontevrault et ses monuments., par
N° I I 2 I .
L'INTERMEDIAIRE
^39
240
l'abbé Edouard : deux vol. in-8 (grande
imprimerie catliolique de France). Paris
1873.
Dans ce dernier ouvrage, l'auteur parle
avec indignation des accusations portées
contre Robert d'Arbrissel par quelques-
uns de ses contemporains , accusations
résumées sous ce titre ironique : Novum
ge nus martyr il. M.A. B.
Adoption: la question du hbm
(LIV, 164). — L'adoption, du point de
vue du droit strict, ne donne pas le droit
à l'adopté, qu'il soit noble ou non, de
porter le ou les titres de l'adoptant, sauf
autorisation spéciale de son souverain.
Vicomte de Mazières-Maulèon.
Directeur de la Revue Héraldique.
Bertin do Viilars (LUI ; LIV, 20,
125). — Erratum à la col. 125 : Le châ-
teau de Villepreux est situé non dans
rOise, mais en Seine-et-Oise. Villepreux-
les-Clayes, station après celle de Saint-
Cyr-l'Ecole, sur la ligne de Paris à Gran-
ville. Sglpn.
Famille do Bel kuay (LIV, 165) —
Au début du xviu" siècle, il y avait quatre
branches dans la maison de Béthune :
l'aînée, descendante du grand ministre,
dont le chef était duc du Sully ; elle
s'éteignit peu après. — 2° une branche qui,
à l'extinction de l'aîriée, obtint du roi de
relever le titre de duc de Sully ; elle s'est
éteinte vers 1804 — 3" la branche des
marquis de Chabris, encore représentée de
nos jours par Armand-Maximilien de Bé-
thune, marquis de Sully et Chabris (30,
avenue de Villiers, Pans). — 4" l.i bran-
che qui devait porter le titre de duc de
Béthune-Charost, et s'éteindre sous la
Révolution.
En dehors de ces Béthune d'estoc, qui
n'ont plus actuellement qu'un seul repré-
sentant, il y a les des Planques qui obtin-
rent dit conseil souverain d'Artois, au mi-
lieu du xviiio siècle, de relever le nom de
Béthune, en se prétendant issus d'un Bé-
thune du x" siècle. La postérité des des
Planques comprend actuellement deux
branches : 1" Les princes d'Hesdigneul
(titre des Pays-Bas). — 2^ les comtes de
Béthune - Sully , qui ont obtenu de
Louis XVIII l'autorisation de porter ce
nom de Sully. (Voir notamment C. d'E.
A. Diciionnairc des familles françaises., en
cours de publication.)
Vicomte de Mazières-Mauléon.
, 1794
A défaut de
Jo an-Baptiste Biondel
(LIil ;LIV, 20, 125). -
l'état-civil qui n'a pas été reconstitué,
quai Plenri IV, et en l'absence de tout
témoignage certain, on en est réduit
aux déductions. D'après le teinturier des
turpitudes ou des impostures de Casa-
nova :
1° Jacques Biondel, fondateur de la pre-
mière école publique d'architecture (fco/e
des Aris, rue La Harpe, 1740), et promo-
teur des concours à l'Ecole des Beaux-
Arts, par le marquis de Marigny, épousa
en secondes noces, Marie-Madeleine Bal-
letti, — après le deuil de Silvia — dans
la seconde quinzaine de décembre 1759,
paroisse Saint-Sauveur. «Je quittai Paris :
c'était le 1*'' décembre 1759 » (lll, 404).
2" A son retour à Paris « le dernier
jour de l'an 1761 », l'aventui-ier apprend
de Mme Carie Vanloo que madame
Biondel est mère « d'un joli poupon, et
qu'elle habite rue Neuve des-Petits-
Champs » : n'est-ce point là Jean-Baptiste
Biondel ?
30 Le 16 janvier 1794. à Wissous
(S.-et-O) Jean-Baptiste Biondel est té-
moin à l'acte de mariage de demoiselle
Balletti d'après les précédents (Cf. Ricco-
boni, Balletti, Behozzi) ce ne peut être
que comme allié de la famille ;
4° Enfin la date certaine de sa mort
(1825 : 6^ ans .?) ajoute encore à la vrai-
semblance de l'hypothèse : Jean-Baptiste
Biondel est petit-fils de Silvia, cousin
germain de Rosa Baletti et probablement
petit-neveu de François Biondel, archi-
tecte de la Bourse du Commerce 3. Rouen,
mais cette dernière conjecture, sur la foi
des biographes toujours tout prêts à faire
l'écho !
La Grande Encyclopédie., le Larousse
encyclopédique et le Larousse illustré ne
s'accordent- ils pas pour faire de , Rosa
Baletti, la fille de Mme Riccoboni, qui,
par un prodige renouvelé de Sara, en
eût été mère à cinquante-huit ans, l'année
des Lettres de là Milady Caleshy et,
comme si à cette invention la fantaisie
ne trouvait pas encore son compte, ils
nous la montrent en 1792, fuyant la tour-
mente révolutionnaire jusqu'à Stuttgard,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906.
241
où elle serait devenue cantatrice à la
cour du duc de Wurtemberg. Il n'en est
rien.
Le i®"' avril 1760, il signer met en
scène à Stuttgart, Baletti cadet, ma-
dame Baletti qu'il embrasse au saut du
mur et leur domestique (IV, 32-49') c'est
la famille de Rosina ; Rose-Barbe Baletti
est née quelque? années plus tard, le 6
octobre 1769 à Stuttgard, de Guillaume-
Louis et de Barbe Nestlé, A l'encontre
delà seconde information, des recherches
même sommaires dans les histoires du
premier empire, auraient permis de re-
trouver à la Préfecture de Moulins, la
future belle-mère du général Haxo et du
maréchal Vaillant. PoI^nsin-Ducrest.
Où sont les
du cardinal
795 ; LIV, 127).
tence, chez un
dépouilles mortôlies
Fleury ? (LUI, 721,
— On savait déjà l'exis-
amateur d'objets d'arts
habitant la Bretagne, de la plaque tombale
du cardinal de Fleury. L'ouvrage de
MM. die Guilhermy et de .Lasteyrie (/«s-
criptions Je la France du v^ ait xvni' siècle^
t. V, p. 114), relate ce fait et donne la
description de l'épitaphe tout entière.
Mais, de ce que le hasard ait permis de
retrouver cette très précieuse inscription,
il n'est pas pour cela nécessaire d'en con-
clure que le monument dont elle faisait
partie ait été détruit, et le corps qu'il
contenait profané, en 1792-93.
Rien n'autorise cette hypothèse et il
existe, au contraire, une preuve que le
mausolée et les dépouilles du célèbre mi-
nistre d'Etat étaient encore à Saint-Louis
du Louvre en 181 1 .
Un petit ouvrage, daté justement de
181 1 (A. Miéville, tombeaux du xvni''
siècle, p. 108), dit textuellement ceci à
propos d'une visite à l'église de Saint-
I.ouis du Louvre, et au tombeau du car-
dinal : « Ne sois pas surpris si je t'arrête
vers ce tombeau ; l'homme qui y est en-
fermé, etc. >>.
La question reste donc ouverte : que
sont devenues les dépouilles mortelles du
cardinal de Fleury après la démolition,
en 181 1, de l'église et dil mausolée }
A. V.
Santo Domingue (de). De Lau-
rencin (LUI, 948 ; LIV, loi). — San+o
Domingo, chevalier de Bigon : 10 avril
242
17^6, garde marine ; i"
gne ;
seau ;
Louis
25 avril
mai 1763, ensei-
1"' octobre 1773, lieutenant de vais-
8 mars 1777, chevalier de Saint-
9 mai 1781, capitaine de vaisseau;
1784, retiré. G. M.
renseignements
L'on trouve quelques
sur la famille de Saiito Domingo (sic) dans
V Annnaiie de la Noblesse i: France, 1869,
p. 408, et dans VHist. de la maison de
T Esperonnièie , par M. Th. Courtaux. Le
mariage Santo Domingo-Laurencin est
aussi rapporté, avec plusieurs autres actes
d'état-civil des Santo Domingo, par le
marquis de Granges de Surgères, d'après
les registres de la paroisse du Bignon,
arrondissement de Nantes {Revue histot ique
de l'Ouest, 1897).
Isabeau de Santo Domingo, -f- le 31 oc-
tobre 1903 à juillac, avait épousé, le
25 juin j 842, Joseph-Louis de Bousquet,
comte de Saint-Pardoux (fils de Louis,
comte de Saint-Pardoux et d'Amélie de
Laurencin, mariés le 23 juillet iBii);
elle en eut Emmanuel du Bousquet, comte
de Saint-Pardoux, capitaine d'artillerie,
né le 2 février 1851, qui, de son mariage
avec Marie Catrix, a eu au moins une
fille, Elisabeth, née le 25 janvier 1881
(Nadault. Nobil. du Liwousiu).
Je possède quelques notes isolées sur
les Santo Domingo, mais point de filia-
tion.
La généalogie de la famille de Lauren-
cin, en Beaujolais, est rapportée par la
Chesnaye des Bois (Dici. de la Nobl. t. XI,
p. 707) et par Saint- Allais (Nobil. nniv.,
t. IV. p. 94), d'après l'Annuaire de la
Noblesse (1868, p. 394). Germain-Pierre
Laurencin (de Nantes), qui fit enregistrer
ses titres de noblesse au conseil supé-
rieur de la Martinique, le 6 mars 1775,
descendant de deux secrétaires du roi (en
1707 et en 17 18), était issu de la même
famille, dont il portait aussi les armoiries.
(Quelques notes d'étal civil de ces Lauren-
cin sont rapportées par le marquis de
Granges de Surgères.
G. P. Le LIeur d'Avost.
A ma note précédente sur Mlle de
Santo-Domingo, j'ajoute que ses héritiers
furent « Messire Louis-Augustin de Ville-
Neufve du Cazeau demeurant au château
de Cazeau, paroisse de May et « Messire
Gabriel-Louis de Villeneufve, chevalier,
N* 1121.
L'INTERMEDIAIRE
243
244
seigneur du Cazeau, la Poizottière et au-
tres lieux » père du précédent. La vente
eut lieu le 4 juillet 1782 et s'éleva à
276 fr. I s.
Louis Calendini.
* ♦
VlntennéJiaire (XLIV, 730, 990 et
XLV, 600), s'est occupé d'un Santo-Do-
mingo, auteur des Tablettes romaines, des
Tablettes parisiennes^ et des Tablettes napo-
litaines, publiées à Bruxelles de 1824 à
1827. J. Lt.
*
Sur une liste des détenus au château de
Fontainebleau au 1*'' germinal an 11, on
trouve :
Madeleine Marge, veuve de Santo Domin-
got, âgée de 62 ans, ayant deux enfants, l'un
âgé de ^6 ans, l'autre de 34 ; l'aîné à Lusan-
cy ; — arrêtée le 3 octobre 1793 par ie Comité
comme Espagnole, a prouvé depuis être néeà la
Léogane française ; Revenu avant la Révolu-
tion, 13000 L., et depuis vivant de ses épar-
gnes, ayant tout perdu à Saint-Domingue ; —
fanatique, étant attachée aux anciens préju-
gés.
Elle a été mise en liberté en brumaire
an m. F. H.
* ♦
Sur la première de ces familles, qu'on
croit originaire de Burgos (Espagne) et
dont le nom s'est aussi écrit Santo-Do-
minguo et Santo-Domingo, on peut con-
sulter : Borel d'Hauterive, Anmiaire de la
noblesse de 1869. Bibl. Nat. Imprimés.
Indemnité de Saint-Domingue, 6 vol. in-40
(Lf "^^ ^5^ ; sux Arch. Nat. les dossiers
correspondants à cette Indemnité. Manus-
crit français 22317 fol. 187 (anoblissement
de la famille de Santo-Domingue en 1656).
Bibl. de l'Arsenal, manuscrit 3679,
p. 710 ; enfm mon Histoire généalogique
de la maison de rEsperonnière^^Pans, in-8",
1889, p. 81, 86, 87, 92, 93, 114, 143,
207.
On trouvera aussi à Nantes et à Tours
les actes suivants :
9 mars 1734, Mariage d'écuyer Ger-
main Laurencin et de Françoise Michel ;
à Saint-Nicolas-de-Nantes. — 9 février
1735. Baptême de Germain-François, né le
même jour, fils d'écuyer Germain Lauren-
cin et de Françoise Michel ; à Sainte-
Croix-de-Nantes. — 26 mai 1736. Bap-
tême de Jean-Elisabeth, né le même jour,
fils des mêmes ; à la cathédrale de Nantes.
— 14 sept. 1737. Baptême d'Anne-Fran-
çoise, fille des mêmes, née le même jour ;
à Saint-Martin de Tours. — 26 avril
172 1. Sépulture à Saint-Laurent-de-Nan-
tes de dame Céleste de Sancto Domingue,
femme de messire Louis Le Loup, cheva-
lier, seigneur de la Roberdière, âgée de
26 à 27 ans, décédée la veille, à Saint-
Laurent-de-Nantes. — 10 avril 1784. De-
vant Briand le jeune, notaire à Nantes,
contrat demariagede messire Joseph-Ama-
ble, comte de Santo-Domingue, capitaine
des vaisseaux du Roi, chevalier de Saint-
Louis, chevalier, fils majeur de feu mes-
sire Louis de Santo-Domingue, chevalier,
seigneur de la Bouvrais, et de dame Marie
Gervier, avec demoiselle Marie-Anne-
Désirée Laurencin, fille de feu messire
Germain Laurencin, écuyer, seigneur de
la Bergerie-Verte, et de Geneviève Jeanne
Febvrier, Th. Courtaux.
Jp. cques Gamelin (XXXVI ;
XXXVIl). — Si M. Arthur Lesœur qui,
le 10 novembre 1897, posa cette question
à laquelle il a été fort incomplètement ré-
pondu, lit encore V Intermédiaire, je me
permettrai de lui signaler l'ouvrage de
M. Alphonse Mahul, Cartulaire du dio-
cèse de Carcassonne (6 vol. in-4''), tome IV,
il y est parlé de Gamelin ; et le tome 1 des
Mémoires de la Société des Arts et sciences
de Carcassotme où est publiée, pages 388
et seq., la Biographie du bon peintre car-
cassonnais.
Guillotin (LIV, 169). — Le docteur
Ignace Guillotin mourut à Paris, le 26
mai 1814.
En consultant les derniers numéros de
mai du Moniteur Universel, ou du Journal
des Débats, ou de la Ga:^ette de France,
on trouverait peut-être des détails sur ses
obsèques et le lieu de sa sépulture.
La Biographie Saintongeaise de Rainguet
dit que la biographie de Guillotin, par le
docteur Réveilié-Parin a été publiée dans
le Moniteur du 25 février 1851.
E. D.
M. Mancel (LIV, 169). — Il y a deux
ou trois ans est mort à Nantes, 40, rue de
la Fosse, un graveur du nom de Trou-
chou. Il se disait ancien graveur de la
Banque de France, et avait résidé à Paris.
Sa spécialité, à Nantes, était de graver des
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906,
245
246
ex-libris et des armoiries. L'ex-libris de
M. Mancel pourrait bien être de lui.
A. M. M.
Famille de Pindray (LIV, 5,93).—
Pour compléter la question, il convient je
crois, d'ajouter aux Pindray de la Sain-
tonge, du Périgord et du Bordelais, les
Girard de Pindray du Poitou.
Au xviii^ siècle, cette famille était déjà
fixée depuis longtemps dans la localité
dont elle portait le nom.
En 1787, un Girard était seigneur de la
paroisse de Pindray, et son frère, ancien
capitaine de cavalerie au régiment de
Normandie, chevalier de Saint-Louis, ha-
bitait JVlontmorillon.
D'après Carré de Busserolles, les Girard
de Pindray portaient : d'argent, à ^fleurs
de lis d'à {tir, à la bordure chargée de
^ cœurs de gueules, un en chef, un à chaque
flanc. M. A. B.
* *
Mis aimablement en cause par un in-
termédiairiste, je puis dire en effet que je
possède des notes inédites sur les Pindray
de Saintonge,mais ces notes, qui sont loin
déformer une filiation complète, sont trop
étendues pour être insérées ici, et d'ail-
leurs ne répondent pas directement à la
question posée.
11 y a du reste aux Mss de la Biblio-
thèque nationale, Cabinet des titres,
no' 784 et 785, la Maintenue de noblesse
de Begon pour cette famille, en date du
17 juillet 1698 (f" 85). L'intéressé est Fran-
çois de P. seigneur de Saint-Denys en
Boisbreteau ; il est le cousin second de
Elie et Jacques de P.. sieurs de Vilars et
de Milcens, dont le père, Pierre de P.
avait été vérifié par d'Aguesseau, le 18
déc. 1668, et qui sont compris dans la
Maintenue de Begon. C. Vigen.
ï e comte de Repenties (LIV, 54).
— 11 existait en Touraine, ou plutôt à
Tours, au commencement du siècle der-
nier, un comte de Repentigny, qui passait
pour un partisan absolu de Louis XVll,
très persuadé de l'existence du pauvre
petit prince, par conséquent faisant partie
du clan des Naundorffistes.
Ce comte de Repentigny, d'ailleurs
homme fort estimable et fort honorable,
passait, en outre, pour être très adonné
aux sciences occultes, aux divinations et
autres évocations du monde surnaturel.
Marié à N., il eut une fille unique,
Mlle Xaverine de Repentigny, qui a dû
naître à Tours vers 1802 ou 1803. Cette
jeune personne, aussi charmante que dis-
tinguée, épousa, vers 1823 ou 1824, le
comte Urbain de Barbançois. Ce ménage
n'eut jamais d'enfants ; il habitait une jolie
propriété située à deux lieues de Tours,
environ . Le comte de Repenties, de X In-
ierniédiaiie, serait-il le même que ce
comte de Repentign}' ? C'est probable...
K.
To-wianski —
('LIV, 109). —On
et non Towiauski
trouve de nombreux
et intéressants renseignements sur To-
wianski, d'abord dans le Bulletin polonais^
littéraire, scientifiqueet artistique (pas:im),
publié par les soins des anciens élèves de
l'Ecole polonaise, et qui a son siège d'ad-
ministration, 14, rue Jean-Robert, Paris,
i8e arrondissement. Voir notamment le
numéro du 15 juillet 1902, qui contient
un important article de Gabriel Sarrazin,
sur le Romantisme polonais, h Messia-
nisme, etc., (pages 169-186), où plusieurs
ouvrages concernant Towianski sont cités
en notes. Voir aussi le livre que M. La-
dislas Mickiewicz a consacré à son père :
Adam Mickieioic{, sa vie et son œuvre
(Paris, Savine, 1888), où il est fréquem-
ment et longuement question de To-
wianski. Albert Cim.
Les derniers moments d'Alfred
de Vigny (LIV, 212). — le me permets
de rappeler que j'ai publié autrefois une
notice détaillée sur la Maladie et la mort
d'Alfred de Figny, dans lequel j'ai dé-
montré que l'illustre poète n'avait pas
succombé à la maladie que l'on avait dia-
gnostiquée ; et que l'affection qui l'avait
emporté était exactement la même que
celle qui avait atteint Napoléon 1"". Dans
quelques mois, je publierai une étude com-
plémentaire sur cette question, basée sur
la Correspondance que vient de faire pa-
raître Mlle Sakellaridès, et sur quelques
autres documents récents.
Di' Marcel Baudouin.
M. Léon Séché, l'auteur à'Alfred de
\ Vigny et de son temps, écrit à r£tAn>,qui
i' a rep'roduit l'article de Vlntermêdiairâ :
N" II2I
L'INTERMEDIAIRE
• 247
Dieppe (Seine-Inférieure), le 17 août (906.
Mon cher confrère,
Jd viens de lire, dans V Eclair de ce jour, la
lettre de l'abbé Vidai, qui reçut la confession
d'Alfred de Vigny.
Cette lettre confirme purement et simple-
ment le récit très circonstancié que j'ai pu-
blié, en 1901, sur les derniers moments du
poète. Car je n'ai jamais douté de ses ser.ti-
ments religieux. Et depuis l'apparition de
mon ouvrage, depuis, surtout, la découverte
que j'ai faite, au manoir du Maine-Giraud,
des livres jansénistes de son grand-oncle,
l'abbé de Baraudin, qui fut le précepteur de
sa sainte mère, c'est une opinion générale-
ment admise parmi ceux qui ne se paient pas
de mots et qui vont au fond de son pessi-
misme^ que Vigny est mort comme il avait
vécu, à la façon des derniers disciples de
Port-Royal. Qu'est-ce, en effet, que le jansé-
nisme, sinon du pessimisme ciirétien ?
Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assu-
rance de mes sentiments sympathiques et dé-
voués. Léon Séché.
* *
Col. 212, ligne 39, lire cùs petits diieh
de controverse, au lieu de controverses
Ligne 43, sévère au lieu de si sévère.
Col, 214, ligne 12, rester uni a.u lieu
de unie.
Titras de noblesse (LUI, 895, 980;
LlV, 30, 93, 195). — A la question posée
sous cette rubrique, à savoir si « l'usage
d'après lequel les fils cadets d'un père
titré prennent le titre ou le S'ous-titre de
leur père, en le faisant néanmoins précéder
de leur prénom, est conforme aux régies
de la noblesse française », on répond :
Non, sauf « sauf pour les enfants d'un
père portant un titre héréditaire prove-
nant de la paiHe ».
Cela est vrai pour les titres de la Res-
tauration, quoique, au dire de Pol de
Courcy, l'ordonnance du 25 août 181 7,
248
égard, que la déclaration très vague du 8
décembre 1699, et qui ne concerne que les
anciennes provinces de Flandre et d'Ar-
tois. On poursuivait bien l',usurpation de
la noblesse par la raison qu'elle intéres-
sait le Trésor, mais celle des titres n'était
pas l'objet de la même vigilance, le fisc
n'y voyant rien à perdre ou à gagner.
Supposons donc que les « règles » doi-
vent s'entendre de l'usage généralement
admis, lequel a passablement varié dans
le cours des siècles, et aussi suivant les
lieux.
Une différence radicale avec le temps
présent est que les titres dont on s'oc-
cupe (il y en avait bien d'autres et de
non moindre importance, comme ceux
. d'écuyer, chevalier, etc.) étaient atta-
chés à la terre et non à la personne.
Pour être comte ou marquis, il fallait
avoir une terre érigée en comté ou mar-
quisat pour soi-même ou pour les au-
teurs. Pourtant, à l'origine, de même que
les premiers saints mis sur nos autels le
furent par la voix publique plutôt que par
le souverain pontificat, de même certaines
seigneuries reçurent des qualifications
dont il est difficile de retrouver le prin-
cipe et furent considérées comme titrées
d'ancienneté, sans érection — officielle —
connue.
Ceci posé, étant donnée une terre ti-
trée, régulièrement transmise de père eh
fils, même une terre titrée d'ancienneté,
quand elle était de temps immémorial
dans la famille, pas de diftlculté pour le
possesseur. Mais quid pour les enfants, du
vivant de leur père, ou pour les cadets
par rapport à leurs aînés }
Incontestablement, le partage du titre
ou même sa graduation ne furent pas gé-
néralement usités. On les trouve cepen-
dant assez souvent pratiqués sous une
qui réglait la matière, ait été rapportée | forme ou sous une autre. Ici c'étaient
par celle du 24 août 1824, ce que je n'ai
pas, en ce moment, la possibilité de véri-
fier.
Mais les titres de la Restauration sont
le petit nombre auprès de ceux datant de
l'Ancien Régime, antérieurement à la Ré-
volution. Si nous remontons à ceux-ci, la
question se complique singulièrement.
Et d'abord qu'entend-on par « les rè-
gles de la noblesse française » ?
De rcgle^ il n'y en avait pas a propre-
ment parler. Je ne connais guère, à cet
deux ou plusieurs terres qui avaient été
unies au moment de l'érection en dignité ;
le père gardait le nom de la principale et
appliquait le titre pour ses fils aux diffé-
rents membres de la seigneurie. Ailleurs
on gardait le même nom, mais on chan-
geait le titre. Un exemple qui semble
assez autorisé est celui des trois frères
Vignerot, dotit l'ainé fut duc de Riche-
lieu, par substitution aux nom et armes
du cardinal, son oncle, et les deux autres
marquis et comte de Richelieu, Quelque-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Aoi*t 1906.
249
fois même, le titre que prenait le fils était
supérieur, — d'après l'échelle aujour-
d'hui admise, — à celui que portait le
père. C'est ainsi que Henri de Sévigné,
au lieu du titre paternel de baron de Sé-
vigné, porta celui qu'a tant illustré l'im-
mortelle correspondance de sa veuve ;
ainsi encore que le comte de Grignan ti-
trait, dès le berceau, son héritier marquis
de Grignan ; tout cela sans qu'il y parût
ombre de difficulté.
Dans quelques familles, il s'était établi
une sorte d'alternance. Le père était
comte, le fils marquis, mais le petit-fils
redevenait comte.
Le plus souvent de beaucoup, il arri-
vait que le même seigneur fût possesseur
de plusieurs terres titrées. On voit, dans
les énumérations de qualités, nombre de
vicomtes ou de baronnies suivre le titre
principal de comte ou de marquis ; alors
les enfants se partageaient ces terres avec
leurs qualifications, — en quoi leur droit
était incontestable — . Une remarque ce-
pendant à ce sujet, c'est que la plupart
des terres titrées d'ancienneté étaient des
châtellenies ou des bannières ; or ces
deux titres, longtemps prisés très haut,
tombèrent d'assez bonne heure en désué-
tude, et, à partir du xvi« siècle, on leur
en substitua généralement de nouveaux,
tout au moins celui de baronnie, ce qui
était peut-être moins régulier.
Qiioi qu'il en soit, le titre rappelant
toujours la terre, (nous ne parlons pas,
bien entendu, des titres de courtoisie,
non transmissibles, comme on l'a fort bien
dit,)jamaisori ne le fit précéder du prénom,
ce qui eût été un non-sens absolu. Mais
tout change avec le temps, et l'assiette
des titres aujourd'hui portés s'éloigne de
plus en plus de l'ancienne base territo-
riale. De là Tusage qui tend à se généra-
liser, comme le dit l'auteur delà question
posée ; usage qui nous vient d'Outre-
Rhin ; que la Belgique a adopté en le
poussant jusqu'à ses dernières limites, car
il y est appliqué même aux filles ; qui
n'est certes pas conforme aux « règles
de la noblesse française », autant qu'on
peut appeler s<. règles » les pratiques
du temps passé, mais qui n'en est guère
que l'équivalent, admissible, à mon sens
étant donné qu'on ne fera pas revivre
celles-ci, et à condiiion de respecter
la supériorité du titre aîné, suivant
250
l'esprit des anciens us, titre
suppose d'abord
que l'on
t toujours bien assis.
P. DU Gué.
Le reQ;istre
Gaston Phébus,
ministère de la
matricule dont parlé
se trouvait, en 1893, au
justice où je l'ai vu. il
contenait les noms et armes de chaque
Pair de France, avec la date de la nomi-
nation.
je ne suis pas tout à fait d'accord avec
Gaston Phébus, en ce qui concerne la
transmission des titres sous l'ancien Ré-
gime, Il dit que les titres se transmettaient
de mâle en mâle par ordre de primogéni-
ture.
Je ne crois pas que cela soit absolu-
ment exact. En effet, les titres étaient en
principe attachés à une terre, et ils sui-
vaient cette terre. Or, celle-ci n'allait pas
forcément à l'aîné des héritiers mâles.
L'aîné pouvait hériter d'Une .terre titrée,
mais les cadets pouvaient aussi hériter
d'autres terres titrées.
Au contraire, à l'heure actuelle, les
titres étant indépendants des terres, appar-
tiennent à l'aîné qui les possède tous.
Ainsi, dans une famille où il y a plusieurs
titres, c'est le chef de la famille qui seul
a le droit de les porter.
Quant au titre de comte donné aux
cadets de certaines maisons, c'est un titre
irrégulier et de courtoisie.
Le vicomte de Bonald.
Accolé de Savalette (LIV^ 55). —
je ne connais ni la famille qui portait les
armoiries décrites par M. D. des E., ni la
généalogie des Savalette. Cependant,
voici quelques noms de personnages
appartenant à cette dernière famille :
Pierre S., notaire, échevin de Paris,
en 1690.
Jacques S. , conseiller au grand con-
seil (1728), abbé de Néauffe-Ie Vieux
(diocèse de Chartres), visitateur général
des Carmes de France, doyen du chapitre
de Saint -Germain-l'Auxerrois, chanoine
de la métropolitaine de Paris, mort le
4 février 1752, âgé de 69 ans.
Henriette-Geneviève S., fille de Charles-
1
Pierre, seigneur de Magnanvillc et de
Marie-Angélique Joly de Choin {? ? sic :
Potier de Courcy {Conlin.?. Anselme),
morte du mois de février 1740, avait
N» II2I.
L'INTERMEDIAIRE
251
1735, Jacques-Dominique
252
épousé, avant
Barberie, marquis de Courteilles
Charles S., seigneur de Magnanville
(près Mantes 1, garde du Trésor royal,
fermier général, mari d'Anne-Geneviève-
Gilbert de Nozières, née vers 1693, -]- le
24 janvier 1774. [11 y a eu une famille de
Nozières, en Auvergne, dont quelques
personnages ont porté le prénom de Gil-
bert] dont au moins :
i) Marie-Joseph S., né le 15 juillet
1727.
2) Anastasie-Jeanne-Thérèse S., née le
15 sept. 1737, f en 1758, épousa, le 4
sept. 1752, François de Broglie, comte
de Revel.
Charles-Pierre S., seigneur deMagnan-
ville, baron de Langes, etc., conseiller
d'Etat, maître des requêtes (1738), inten-
dant de Tours (1745-1756), garde du
trésor royal, reprit en fief la seigneurie
de Lépinay (commune de Cras, Ain), le
6 avril 1769, et vivait encore en 1788. Il
avait épousé Marie-Emilie |oly de Choin,
fille du marquis de Choin et de Marie-
Olympie Poulletier, née vers 1726, f le
29 nov. 1776. Elle reçut en don, le 22
août 1767, la baronnie de Langes
(commune de Cras), de foseph-Emile joly
de Choin. Elle fut mère, au moins, de :
i) Charles-Pierre-Paul S., seigneur de
Langes, conseiller au parlement de Paris,
garde du trésor royal. Assemblée électo-
rale de la noblesse de Paris en 1789.
2) Charlotte-Emilie-Olympie S., née le
25 déc. 1747, -|- le 27 déc. 1779, femme
de Marc-Antoine-Charles Dupleix, sei-
gneur de Pernant.
3) jean-Baptiste-François S , né le 14
mai 1753, -j* le 23 juin 1757
Adélaïde Savalette de
épousa, le 2 février 1767, André-Claude
Thiroux, marquis de Gervilliers.
Louise S., vivante en 1785, avait
épousé, avant 1771, Alexandre-Marie -
François Dompierre, comte d'Hornoy.
Rose de S., femme, avant 1782, de
René-Aignan Sanlot, fermier général.
Anne S., alliée, au mois de juin 1783,
avec lean-Baptiste de Joly, avocat au par-
lement de Toulouse.
N. S., seigneur de Fortair (?), aide-de-
camp de Dumouriez. chef de la chancelle-
rie du secrétariat de la Légion d'honneur,
né en 1746, -|- en 1825.
N., baron de Savalette, père de :
Magnanville
Jeanne de S., qui épousa, le 12 oct.
1853, Ludovic - Scipion -Marie - François,
baron de Chazelles
G. P. Lr LœXir d'Avost.
*
Je connais Savalette de Lange, l'homme-
femme de Versailles, mais je ne sais pas
comment il se rattache aux deux Sava-
lette, de Magnanville et de Buchelay et
de beaucoup d'autres lieux. Pierre Sava-
lette, notaire au Chàtelet,eut pour fils (?)
Charles Savalette, d'abord sieur de la
Tuilerie. Traitant en 1716, il fut taxé à
90.000 1. (Buvat). Il acheta Magnanville
en 1720. Sa femme était Anne-Geneviève
Gilbert de Nozières. Leur fils fut Charles-
Pierre, qui avait épousé Emilie Joly de
Choin. (Armes : d'a:^ur. à fine étoile de
16 rais rayonnantes d'or, an chef de même,
chargé de ^ roses de gueules). Ruiné par
les dépenses faites à Magnanville, il ven-
dit cette terre en 1767. Dans la liquida-
tion intervenue entre lui et sa mère, on
ne voit pas de fille, ce qui expliquerait
seul le blason accolé à celui de Savalette.
La solution de cette question sera pour
moi très intéressante, si Y Intermédiaire la
publie. E. Grave,
Le prince da Limbourg et Tor-
dre du Mérite de Saint-Philippe
(LIV, 7, 137). — Le prince et son ordre,
ses ordres même, ont bien existé, de 1776
à 1781, mais on chercherait en vain des
renseignements sur tous deux dans les
ouvrages spéciaux. Il faut consulter les
Mémoires secrets de Bachaumont (15 sept.
1777 et 22 fév. 1781) et la Correspondance,.,
sur Louis XVI, Marie Antoinette, la Cour
et la ville de 1777 à i'jg2, publiée par de
Lescure (Paris, 1866, 2 vol. in 8" ; tome
I, pp. 100-297-298).
Le prince n'était qu'un aventurier dont
les escroqueries amusèrent Paris ; sa
cour et sa chancellerie tinrent d'abord
leurs assises dans l'hôtel d'une de ses
dupes, rue d'Enfer, puis dans un entresol
du Palais-Royal. L'illustre Ordre d'an-
cienne Noblesse et celui de Saint-Philippe,
faisaient bouillir sa marmite, et fort bien,
ma foi, si nous en croyons les Mémoires
que deux victimes désabusées adressèrent
au Parlement. A. V.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août IQ06
253
254
Favancourt , Blaire , Belzunce
(LIV, 54). — Faut-il identifier le comte
de Favancourt avec Louis-Eustache Borel
de Favencourt, sous-préfet de Compiègne,
né Vers 1771 et mort en 1842? De son
mariage avec Marie-Pauline de Nully d'Hé-
court il eut, au moins, Marie-Félicité-Pau-
line, née vers 1807, morte le 20 mai 1883,
auchàteau de la Cloutière (Indre et-Loire),
alliée avec Camille Onfroy de Breville,
inspecteur général des ponts et chaussées,
et aussi probablement Marie-Amélie Borel
de Favencourt, née vers 1798,-!- le 27 juil-
let 1868, à v'endegiels, femme de M. de
Lagrené ; Marie Bore de Favencourt née
vers 1802, -p le 12 septembre 1871 à Pa-
ris ; Léon-Xavier Borel de Favencourt, né
vers 1802 -|- le 23 mai 1867 à laGuerche,
(Cher).
Un monsieur de Blaire, ancien conseil-
ler à la cour des aides, mourut le 27 juil-
let 1844.
Madame de Belzunce était probable-
ment Zoë du Carreau de Saint-Aulaire
(fille de Pierre, comte du Carres et
d'Adélaïde de Beaupoil de Saint-Aulaire),
femme de Charles-Philippe-Henri-Louis,
vicomte de Belzunce, capitaine dan- la
garde royale sons Charles X, et gen,
tilhomme de la chambre du dernier prince
de Condé ; ells eut plusieurs enfants dé-
cédés en bas âge.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Armoiries à retrouver : d'azur,
semé de fleurs de lis d'or, et de
clefs d'argent (LUI, 950 ; LIV, 93, 199).
— J'ignore s 'ûex\î^\e un Ariiion'aJ des villes
de France^ mais ce que je puis affirmer,
c'est l'existence de Y Armoriai des chefs-
lieux des dcparienienîs français que.woh'Q
confrère, Monsieur de Saint-Saud, trou-
vera dans Y Atlas d Histoire et de Géogra-
phie de Bouillet. Paris, Hachette, 1865,
aux Éléments de l'art héraldique, pages
780, 781 et 782.
Les blasons coloriés sont aux planches
VII et VIII dudit ouvrage.
Marquis de L. C.
Armoiries à déterminer : d'azur
au cbevrondor, accompagné (LIV,
6, 138, 199). — Comme suite à ma pre-
mière réponse, je puis fournir une piste
plus sérieuse. La famille Bridet, origi-
naire de Cluny, portait, d'après la
d'a:(ur
Noblesse aux Etats de Bourgogne
au chevron d'or^ accompagné en pointe d'un
bélier passant d^argent. Ce furent sans
doute les armes primitives, car Madelaine
de Belouze, veuve de Louis Bridet, écuyer,
seigneur de Demiard (des Myards), fit en-
registrer à y Armoriai Général d< i6ç6,
bailliage de Maçon : d'azur au chevron
d'or^ accompagné en cl^ef de deux étoiles du
même et en pointe d'un bélier d'argent, sur-
monté d'un croissant du même. Ce sont ces
dernières armes qui ont été reproduites
par Adrien Arcelin dans Y Indicateur héral-
dique et généalogique du Maçonnais. Le
croissant doit être une brisure, et cette fa-
mille ayant toujours habité le Maçonnais
jusqu'à son extinction à la fin du
xviii^ siècle, l'écu sculpté de Saint-Julien
doit se rapporter à un de ses membres.
P. leJ.
Armoiries à déterminer : Accolé
d'argent (LIV, 109). — Duchastel, à
Paris et du Chastel, en Poitou, probable-
ment de la même famille, portent : d'ar-
gent, au chevron de gueules, accompagné en
chef de deux molettes de sable {alias, de si-
nople), et en pointe d'un dextrochère de car-
nation, paré de sinople, tenant une épée de
gueules.
Faut-il faire remarquer que les trois
questions héraldiques posées par L. F. L.
sont d'une rédaction peu compréhensible,
ce qui complique les recherches et peut
engendrer des erreurs. P. leJ.
Bague avec devises (LIV, 56). —
Louis, Marie-Thérèse, L. M. T. ; P. A.
Philippe-Artois ; F. Ferdinand de Berry,
autrement dit : Louis XVlll, la duchesse
d'Angoulème, le comte d'Artois, depuis
Charles X et le duc de Berry, représentés
par leurs initiales.
Un assez grand nombre de ces bagues
parurent à la 2* restauration, portées
surtout par des fidèles de Gand et par les
compagnies rouges licenciées le 31 dé-
cembre 181 5. Elles furent pour la plu-
part exécutées pour des royalistes fer-
vents. Voir ma notice dans le Carnet de
la Sabrctache. Cottreau.
Je possède une bague semblable qui me
vient de mon père, ancien mousquetaire
gris. J'ai toujours entendu dire que les
mousquetaires, supprimés à la seconde
No I 1 2 I ,
L'INTERMEDIAIRE
255
Restauration, avaient résolu, avant de se
séparer, de faire exécuter les bagues dont
il sagit. G. O. B.
*
* *
Les devises en question ont été très fré-
quemment utilisées, soit dans un ordre
différent, soit par fragments. Elles parais-
sent très répandues sur le globe, sans
doute partout où l'influence de la littéra-
ture française s'est fait sentir. En mars
1886, à Bahia (Brésil), une société anti-
esclavagiste faisait distribuer, à l'occasion
du carnaval et du rachat de jeunes filles
esclaves, des cartes lithographiées en j
2 couleurs (noir et rouge), portant d'un
côté l'inscription « Lembrança dos Tro- |
vadores do Cruz Vermelha » 1886, litté- j
ralement : souvenir des Troubadours de la j
Croix rouge — ; de l'autre côté, des attri- 1
buts de la chevalerie française — cimier, |
panaches, bouclier, etc., et dans le milieu 1
une croix de Malte en rouge. L'assem- !
blage des devises identiques et comme j
libellé à celles figurant à la question, n'en j
varie uniquement que par sa présentation |
faite en rimes, croisées au- lieu de rimes |
suivies ou plates. 1
Un héraldiste pourrait nous en indi- 1
quer la véritable origine. — Chevaliers
allant au tournoi ? Chevaliers de Tordre
de Malte ? Chevaliers de Rhodes, etc.,
cette ligne seule : Mon cœur aux dames »
démontre en tout cas un sentiment de ga-
lanterie et indiquerait une époque
Quant aux initiales elles peuvent former
les initiales du donateur et celles de celui
qui reçoit, comme également n'être que
les premières lettres d'une maxime, d'un
précepte en latin.
Plus récemment, en 1903, il m'a été
donné d'entendre — lors d'un banquet
mutualiste — porter un toast aux dames,
à l'aide de deux de ces devises :
Le preux chevalier du Moyen-Age; l'homme
galant de l'époque s'exprimait ainsi :
Mon cœur aux dames
L'honneur pour moi
A peine oserais-je, mesdames, etc. , etc.
Ces devises sont connues, les solutions
ne sauraient manquer. Alexandre Rey.
256
la famille r03^ale, dans les années d'é-
preuves qu'elle traversa, de 1789 à 181 5.
Mon arrière-grand-oncîe, le chevalier
de Rivière, qui fut attaché à la personne
de Louis XVlll pendant toute l'émigra-
tion, et devint ensuite, sous la Restaura-
tion, son écuyer calvacadour, portait une
chevalière du même genre, que possède
encore ma famille maternelle.
On voit sur le chaton les armes de Ri-
vière : d'oi' à trois épées de gueule soute-
nant une couronne royale du tnéme^ et
autour, cette devise presque identique à
celle que signale de G. :
Mon âme à Dieu^ mon épée au Roi^ mon
cœur aux dames.
Cet anneau est aussi de grandes dimen-
sions ; on voit également à l'intérieur, des
initiales gravées dans de petits cœurs
percés d'épée. Il m'a toujours été dit que
ceux-ci fixaient le souvenir des plus chères
conquêtes du galant chevalier, qui mourut
célibataire.
On peut donner la même explication
au cœur et aux initiales de la bague de de
G , en constatant que son ancêtre fut
plus constant que le mien : puisqu'il n'y
a qu'un cœur, c'est qu'il n'eut qu'une
passion ! Bergère ou princesse, on ne le
saura sans doute jamais, et les initiales
resteront discrètement énigmatiques.
Jehan.
La Tour d'JYoire (LUI, 890). — Nos
collaborateurs ont cité les textes de plu-
sieurs écrivains qui ont employé cette
expression : Alfred de Vigny .^ Haubert^
d\AitréviUv, etc., mais on n'a pas encore
suffisamment ^expliqué ni Vorigine de cette
locution, m le sens très précis qu'il fallait
lui attribuer Les divers auteurs cités se
rendaient-ils bien compte du sens de cette
locution ?.? J'insiste et je demande qu'un
de nos collaborateurs nous explique l'allu-
sion ou les allusions renfermées dans cette
phrase, couramment répétée par les au-
teurs contemporains. Je sais par exemple
d'où elle a été tirée et je l'indique ici,
afin d'aider à la solution de ce problème.
Cette expression, qui est vieille de plus de
trois mille, ans.^ est d'origine hébraïque et
se rencontre dans le Schir hasschirim :
» * j Cantique des cantiques (chap. Vil, v. 4).
Il est probable que les bagues dans le | Collum tuum sicut turris cburnea. Les Vita-
genre de celles dont parle oà G,., furent ( nies de la Vierge, renferment cette invo-
adoptées par les plus fidèles serviteurs de • cation ; Tunis cburnea, Aug. Paradan.
DES CHEP.CHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906.
257
258
« te malheurs évités lo bonheur
se compose » (LUI, 786, 995). — Ce
vers d'Alph. Karr se' trouve dans l'ou-
vrage les Feaimes, Ch. ** intitulé : Une
faute de bon sens^ Paris, Michel Lévy, 1860,
p. 207. P. B.
Le sonnet d'Arvers est-il imité
l'italien ? (LIV, 162). — Depuis quelque
temps on s'occupe beaucoup d'Arvers,
mais quoi que l'on fasse, il demeure tou-
jours l'homme du sonnet, et cela est fâ-
cheux pour un poète, un écrivain qui a
passablement produit en plusieurs genres.
Quant à la destinataire, l'inspiratrice de
ces quatorze jolis vers, on ne la connaît
pas d'une manière plus certaine que le
premier jour. Aussi, serais-je tenté de
croire que Félix Arvers a adressé son
sonnet moins à une personne vivante
qu'à cet être imaginaire, à cette dulcinée
sans réalité objective, que Chateaubriand
nommait la « sylphide ».
Pour ce qui est d'un prétendu original
italien, on l'a beaucoup cherché et on le
cherche encore. Mais un dénombrement
à peu près complet des sonnets qu'a pro-
digués par milliers la facilité italienne au
cours des siècles, est presque impossible.
11 y a donc peu à espérer, sinon d'un
hasard heureux. Qiii sait, d'ailleurs, s'il
ne s'agit pas d'un mot, d'un.: pensée déli-
cate perdue dans un livre, que le poète
français aura trouvé de bonne prise et
filiée en quatorze vers. Peut-être, après
tout, le fond et la forme lui appartiennent-
ils également, et est-ce par un artifice et
par jeu, qu'il s'est ainsi dépouillé d'une
partie de sa gloire, en se donnant comme
un modeste transcripteur d'une inspiration
étrangère.
Qiioi qu'il en soit, j'imagine que la
question du sonnet sera longtemps encore
un amusement de société, « fort propre à
passer le temps quand on n'a que faire »,
comme dit Harpagon. H. C. M.
*
Erratum, col. 163, 1. 16. j'avais écrit ^t'-
dicaiaire, on m'a imprimé dcdicatrice^ pro-
bablement parce que le premier mot n'est
pas dans le dictionnaire de l'Académie.
Mais le second non plus. Et comme l'un
est le contraire de l'autre, je demande la
permission de rectifier. S.
La jeune Elfride (Lll,i563). — Il y
a vingt ans, cette question fut posée, en
termes presque identiques, dans l'Inter-
médiaire {2'^ septembre 1886 (XIX, 549)
par M. Paul Masson, et personne n'a ré-
pondu. Souhaitons meilleure chance au
collaborateur Debasle.
Un mot de Lamartine (LU).— Emile
Deschanel,t.Il,p.290,ch. XXVI, III, Ed. 1893.
En 1850, il (Lamartine) crut bien faire de
dépenser beaucoup d'argent en a.monces
pour l'édition de ses œuvres choisies. Comme
quelques-uns de ses amis l'en dissuadaient :
« Votre nom n'a pas besoin de tous ces
coups de cloches »_, il répondait : « Ne dé-
daignons pas de sonner les cloches ; Dieu
lui-même a besoin qu'on le sonne. »
On lui (à Lamartine) reprochait de culti-
ver trop la Réclame. 11 se justifiait : — Eh!
Dieu lui-même a besoin qu'on l'annonce; il
a ses cloches — Léo Claretie — Les calem-
hoiirgs des gens sérieux. La Revue, n" du
i''' août 1906, p. 362. P. B.
Le grog est fa'^hionabie. Musset
et le vin. (LU ; LIV, 84, 134). ~
Valéry Vernier, né à Lille en 1828 et
mort il y a une quinzaine d'années, qui
a assidûment collaboré à la République
française., de Gambetta, et à la Vie litté-
. raiie, d'Albert Collignon, où il rédigeait
la chronique bibliographique, a fait de
nombreux pastiches d'Alfred de Mus-
set : voir notamment son recueil de vers
intitulé Aline., les Filles de minuit (Paris,
Charpentier, 1877). Il passe pour être le
véritable auteur de VOde à Vabsinthe.^ at-
tribuée à Musset. Albert Cim.
Litanies de la Providence (LIV,
10). — Dans les : Heures catholiques d'Ars
du Bienheureux J. M. B. Vianney, curé
d'Ars, on trouvera : Litanies de la Divine
Providence. A. H.
» »
Il a paru à Lille un grand nombre
de livres de prières et de piété pendant
les xvii^ et xviue siècles, j'en ai parcouru
un certain nombre dans l'espoir de trouver
les litanies de la Providence.
Cependant ces litanies étaient connues
dans le pays. Nous les trouvons au xix*
siècle dans plusieurs recueils de prières,
mais aucun ne porte le texte indiqué dans
\' Intermédiaire.
Chaque contrée a des litanies ; à part
celles du saint nom de Jésus, de la Vierge,
N" II2I.
L'INTERMEDIAIRE
259
260
dont les textes sont les mêmes partout, les
autres varient seîon les propres des diocèses.
Pour le Nord nous trouvons :
Litanies de la Providence, page 6.
Les litanies de la divine providence,
abrégées, page '^o, dans le Trésor des lita-
nies approuvé par Vévéché de Tournai^'XovLX-
nai, Casterman, 1864, volume grand in-32
de 749 p.
Les deux textes diffèrent.
Nous trouvons également les litanies de
la Providence dans le Nouveau Formulaire
dédié aux enfants de Marie^ édité par L.
Lefort, imprimeur de S. E. le cardinal ar-
chevêque de Cambrai, à Lille 1849, page
278. Ce livre a eu de nombreuses éditions.
Le texte des litanies est le même que
celui du Trésor des litanies^ P'ige 50.
Il a paru un recueil des litanies chez
Aubanel frères, éditeurs à Avignon,
Si vous désirez le texte des litanies de
la Providence éditées à Lille, je suis à
votre disposition pour vous les adresser.
L. Quarré-Reybourdon.
Livres imprimés bL^nc sur coir
(LUI, 729, 871,931, 984; LIV, 37, 150).
— J'ai lu, vers i86i ou 1862. un livre de
M. Thiaudière, imprimé blanc sur noir. Je
ne me rappelle plus le titre de cet ouvrage.
On y parlait de la mort. P. B.
Ouvrages sérieux mis en vers
(T. G. ; 66^ ; XXXV à XL ; XLIl ; XLIV à
XLIX ; L;Lr, LU; LUI 1212,254,3 16,430,
485,539, 649, 753, 931). — Nouveau
cours de philosophie en versfrançois^ par de
Chevalier. Provençal. Paris, 1655.
Commentaires en vers sur les aphorismes
d'Hyppocrate, par le sieur Cabotin, avocat
en parlement. Paris^ Guill. }assier, 1665.
Quatrains anatomiques des os et des mus-
cles du corps humain, ensemble un discours
de la circulation du sang.'p'àï le S. Claude
Bimet, maître chirurgien, juré de la ville
de Lyon. Lyon^ Marc-Ant. Gaudet, 1664.
Catéchisme en vers, dédié a monseigneur
h Dauphin, par M. d'Heauville, abbé de
Chantemerle. Paris. Fréd. Léonard, 1669.
Charte constitutionnelle, précédée de la
DéclarationdeSaiut-Ouen, miseenvers, par
L. M. G***. Paris, Guillaume et 0\ 1829.
Cet ouvrage est dédié à Sa Grandeur
Monseigneur le Garde des Sceaux, Mi-
nistre secrétaire d'Etat au département de
la Justice, Pair de France, Comte Portails.
F. Jacotot.
Culture da la vigne. Ouvrage à
retrouver (LIV, 171). — On peut con-
sulter à la Bibliothèque municipale de
Nancy le Traité complet sur la manière de
planter, d'élever et de cultiver la vigne,
Yverdon, 1768, 2 vol. in-12. Le chapitre
v (tome i»', pp. 148 à 192) y est intitulé :
-Dissertation sur la situation Je la Bour-
gogne et des vins quelle produit, par
M. Arnoux. J. F.
Monogénêse du langage (LUI, 845,
986). — Notre collaborateur Le Besacier
pourra très utilement consulter pour ses
recherches sur l'origine du langage et les
causes de la diversité des langues un très
docte ouvrage, œuvre de feu Mgr A.
Gilly, évêque de Nimes. Il a pour titre la
Science du Langage, i vol. de 300 p. en-
viron, édité à Paris, LibrairieCh. Douniol,
29, rue de Tournon (E. Téqui-Succès).
Cette très savante et conbciencieuse étude
résume fort bien les principaux travaux
parus en France, en Allemagne et en An-
gleterre, sur cette fort importante et diffi-
cile question. L'auteur qui avait été en-
voyé par son évêque Mgr Plantier, hé-
braisant érudit, à l'Université de Bonn,
avait réuni pendant son séjour en Alle-
magne de nombreux documents. J'ai éga-
lement vu
signaler
l'ouvrage italien de
M. Tomassi, mais je ne saurais en indi-
quer l'éditeur. Aug. Paradan.
Gouttière (LUI, 564, 756, 823). —
Dans la controverse établie coll. 564,
756 et 823, au sujet de ce mot fort em-
ployé par les praticiens du bâtiment, le
grammairien voudra bien permettre à
l'architecte de risquer un avis sur l'étymo-
logie et l'acception de ce mot technique.
Nous savons très bien qu'en province
et même à l'étranger, on appelle « gout-
tière » la fuite d'eau, l'inondation à
travers un comble, ou un tuyau d'eau.
Mais devons-nous nous en rapporter à des
Suisses ou à des Belges, pour la valeur
d'un mot français si souvent expliqué en
bon français par les auteurs français.
A tout seigneur, tout honneur ; ouvrons
le Dictionnaire de l' Académie, 11 le définit
(1878) « Petit canal par où les eaux de
pluie coulent de dessus les toits », D'à-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906.
261
262
près Boiste (1847, P. Didot), c'est « un
canal, tuyau de bois, de métal, etc., pour
les eaux de pluie des toits ». D'après La-
rousse : « un petit canal, souvent en zinc,
placé au bord d'un toit pour l'écoulement
des eaux pluviales ».
Parmi les encyclopédistes spéciaux,
nous voyons Viollet-le-Duc renvoyer le
lecteur au rnot « cheneau », sans même
mentionner qu'il puisse y avoir de syno-
nymie avec le mot « fuite ». Le diction-
naire des antiquités de Chéruel (P, Didot,
1861), dit que l'ornement nommé
« guttffi » représente « les gouttes d'eau
qui restent suspendues à des saillies de
corniche, modillon », etc., qui sont
placés à la base souvent nommée « égout »
des toits, et non en un point quelconque
de leur surface inclinée.
D'autre part, certains combles de tuiles
ordinaires, d'ardoises, de métal, ou d'autres
matériaux, ayant, par suite de détériora-
tions dans les bois de charpente, perdu au
point de vue planimétrique leur régularité
de pente, se creusent en forme de cu-
vettes, de « gouttières », amenant les eaux
en un point faible qui cédant à la pression,
laisse tomber cette eau dans l'intérieur
des habitations. C'est alors par corrup-
tion, ou mieux par similitude, que le mot
est appliqué en ce cas ; mais aucune lexi-
cographie générale ou spéciale n'a,
croyons-nous, consacré cette acception.
Nous pensons donc que théoriciens et
praticiens sont d'accord pour appeler :
tuiles ou infiltrations, les écoulements
d'eau, de neige ou de grêle fondue qui,
d'un comble en mauvais état, tombent
dans l'intérieur de l'édifice. Au contraire,
la « gouttière » est le conduit établi par
la volonté du constructeur, pour recueillir
les eaux tombées sur le comble, et les
diriger sur des gargouilles ou mieux sur
des tuyaux de descente.
EuG. Saint-Père.
Cadrans solaires à Tintéi ieur des
églises (Lin, 730, 878, 939 ; LIV, 140).
— 11 doit exister, dans un des apparte-
ments du château de Versailles, une ligne
méridienne encastrée dans le parquet,
analogue à cellede Saint-Sulpice. La pose
en est attribuée à Louis XVI, d'après ce
que j'ai oui dire. Sglpn.
*
. *
Je crois avoir vu dernièrement, dans
une chambre du château de Versailles,
une ligne méridienne tracée sur un carre-
lage. Je ne puis préciser dans quelle par-
tie du château E. G.
« Chasseurs pris par la nuit » :
vers à retrouver (LUI, 950 ; LIV, 94).
— Ces vers sont de Charles Coran ; ils
constituent la première strophe d'une poé-
sie intitulée Une flannne^ citée avec éloges
et reproduite par Sainte-Beuve dans le
tome 111 des Nouveaux Lundis.
P. S'-A.
Le texte entier est à la disposition de
G. A, s'il le réclame.
Les abeilles aiment la^ jastice
(LUI, 50,267,321, 381.436,600,716).—
En Angleterre, on dit : «Les abeilles!
Les abeilles 1 votre maître (ou maîtresse)
est mort ; soyez sages et travaillez pour
moi (ou pour Monsieur un tel) ».
Plusieurs nations d'outre-Rhin font
aussi à peu près de même. M. P.
Patron-Jacquet (LIV. 9, 202). —
Enaium. Au lieu àt poster iorem{co\. 203,
1. 12) WxQ posterionem et ajouter un astéris-
que pour indiquer que ce mot est con-
jectural. Candide.
Connu comme ie loup blanc (T.
G., 536, LIV, 148). — L'expression est
courante par toute la France et elle figure
dansles lexiques qui n'en donnent pas l'ex-
plication, la jugeant trop simple, je pense.
On a tôt fait de connaître son ennemi,
surtout quand il présente un signalement
très particulier. Pour mon compte, je me
rappelle fort bien qu'étant enfant, j'ai
maintes fois entendu parler du « chevaux »
(en morvandiau, chevaux est le singulier
du pluriel chevals) que l'on a bien chassé
toute une saison dans les bois de la Croi-
sette, de la Goulette, de la Selle-en-Mor-
van, etc., avant de réussir à le tuer. Le
chevaux était un gros sanglier baptisé ainsi
à cause de sa taille. 11 était parfaitement
connu dans toute la contrée. Un loup
blanc l'eût été de même. La célèbre Bête
du Gévaudan était, paraît-il, un loup-cer-
vier. G. de Fontenay.
Cette expression n'est pas spéciale à
la région du nord de l'Ile-de-France. Elle
est également très employée dans l'ouest
N» II2I,
L'INTERMEDIARE
263
264
de la France, la Saintonge, l'Aunis, le
Bas Poitou .. Elle sert à désigner une
personne connue de tous et qui ne peut
pas dissimuler son identité. Dans l'es-
prit de quelques uns, cela veut dire que,
quand un loup est blanc, sa couleur
anormale le fait facilement distinguer de
ses congénères, au poil fauve-grisâtre,
qui se confondent naturellement les uns
avec les autres. Il est d'autre part de
tradition que l'on a aperçu parfois un
loup blanc, sorte de loup-garou, qui na-
turellement a causé l'effroi chez les popu-
lations et a laissé dans leur esprit un tel
souvenir qu'on le reconnaît chaque fois
qu'il apparaît à nouveau. La .Mouche.
La TrôIe (LIV, 112). — Le mot est
bien loin de se présenter comme un nou-
veau ou un inconnu. Larousse lui-même
le donne avec son exacte définition
actuelle : « Sorte de commerce qui con-
siste à vendre à des ouvriers en boutique
les meubles qu'on a fabriqués soi-même.
— Ouvrier à latrôle : ouvrier qui fait un
commerce de ce genre ».
Pour les étymologisles et les philolo-
gues, qu'il me soit permis de rappeler
qu'en vénerie (dans le Poitou, du moins,
et la Vendée) frôler, c'est découpler les
chiens à la billebaude et battre un canton
de bois, jusqu'à ce qu'on mette sur pied
un animal. Le sens radical et propre du
mot serait donc selon moi : rôder en quê-
tant, avec l'indication secondaire que
l'on rôde en bande éparpillée. Cette indi-
cation, quoique secondaire, est bonne à
retenir, car dans les dérivés elle prend
toute sa valeur. On dira par exemple
d'une famille nombreuse : « Le père est
venu avec la mère et toute une trôlée (ou
une trâlée) d'enfants». On dit aussi trâ-
ler au lieu de frôler; mais, chose curieuse,
j'ai surtout entendu dire trôler et une trâ-
lée. Il est évident toutefois que c'est le
même mot. G. de Fontenay.
La sansation du vol aérieu pen-
dant le sommeil (LUI ; LIV, 98;. —
On a écrit que cette sensation était peut-
être un exemple d'atavisme, dû à ce que,
jadis, les Oiseaux ont fait partie des an-
cêtres de l'homme ! Evidemment, cette
explication n'a rien de scientifique, en ce
qui concerne les Oiseaux ; et il est pro-
bable qu'elle n'a pas plus de valeur, même
en ce qui a trait aux grands Reptiles vo-
lants fossiles (sans parler des Poissons,
bien entendu). Mais, cependant, il faut
songer à la chauve-souris, c'est-à-dire aux
Chéiroptères, constituant un ordre assez
rapproché des Bimanes, et surtout à cer-
taines espèces de Singes, qui se rappro-
chent de ces animaux. L'adaptation à la
locomotion aérienne des Chéiroptères est
en effet des plus intéressantes au point
de vue philosophique, et méritait d'être
citée Ici. Ell.
*
♦ *
Je me suis autrefois beaucoup intéressé
à cette question du sommeil et du rêve, et,
en me plaçant dans des conditions spécia-
les, j'étais arrivé à passer à volonté de la
veille au sommeil et réciproquement, ce
qui pouvait me permettre de continuer en
rêve telle pensée que j'avais avant de
m'endormir.
l'ai pu ainsi, certaine nuit dont je me
souviens parfaitement, reprendre le-
même rêve, deux fois interrompu par le
réveil, ce qui a suffi pour me convaincre
que, contrainement à ce que beaucoup de
personnes pensent, le rêve n'est pas ins-
tantané.
Cette remarque n'est pas inutile avant
de parler du vol aérien.
Comme tout le monde, j'ai souvent
éprouvé cette sensation, mais sans y at-
tacher autrement d'importance, car pour
moi elle correspond à un état physique
bien déterminé, et je n'ai jamais pensé
qu'il pouvait y avoir là un phénomène
mystérieux comme il s'en produit quel-
quefois, et comme j'ai pu m'en rendre
compte moi-même dans des circonstances
exceptionnelles (je dois ajouter qu'en rê-
vant je sais toujours que je rêve, ce qui,
dans certains cas, peut compliquer encore
le mystère).
Donc en lisant la question posée dans
V Intermédiaire par M. le colonel de Ro-
chas, j'ai voulu me rendre compte de ce
qui pouvait exactement se passer dans le
vol aérien.
M 'étant placé dans les conditions vou-
lues, j'ai pu, après plusieurs tentatives
infructueuses, m'endormir avec la pleine
maîtrise de ma volonté, et bien résolu à
m'envoler dans les airs...
Je pénétrai dans une grotte obscure et
je trouvai en face de moi un immense
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Août 1906.
265
266
distinguais
cependant
précipice dont je
très nettement le fond.
Mettant à exécution mon idée, je
m'élançai dans le vide (je répète que je
savais que ce n'était qu'un rêve et que,
sans deviner exactejnent ce qui allait se
passer, je ne me croyais pas en danger de
mort, je précise tous ces détails puisque
c'est l'objet même de la question).
Lorsque je me sentis suspendu dans
le vide, alors qu'il ne m'était plus possi-
ble de m'accrocher à quoi que ce soit,
j'éprouvai un moment d'angoisse, mais
voyant que les objets du fond ne grossis-
saient que très lentement, je compris que
ma chute était douce et je repris posses-
sion de moi-même. Portant alors toute
mon attention sur les mouvements que
je faisais, j'observai très bien que ces
mouvements étaient ceux d'un nageur qui
fait LA COUPE, je me sentais cependant
bien dans Tair, c'est-à-dire que mes mou-
vements ne rencontraient aucune résis-
tance (seule ma densité avait changé, elle
était celle de l'air au lieu d'être celle de
l'eau).
Arrivé au fond du gouffre, j'en aperçus
un second dans lequel je descendis de
même. Alors, levant les yeux pour me
rendre compte du chemin que j'avais par-
couru, je vis que j'étais dans une salle
carrée, de dimensions prodigieuses, toute
couverte de sculptures gothiques, je dis-
tinguai même à deux ou trois cents mè-
tres au-dessus de moi le point d'où j'étais
parti.
Comme la confiance m'était venue dans
la descente, j'essayai de remonter par le
même chemin, ce que je fis d'une seule
traite, mais avec beaucoup plus de peine...
Ce qui m'a surtout frappé dans tout
cela, c'est que la variation de l'aspect des
objets au fur et à mesure des déplacements
s opère suivant toutes les règles de la pers-
pective^ les objets se masquant ou se démas-
quant avec des vitesses inversement propor-
tionnelle àleur éloignement,sans que jamais
le changement de point de vue n'en vienne
altérer la forme ni modifier la régularité
mathématique des ombres portées.
11 est impossible de supposer l'esprit
seul capable d'une telle précision, et c'est
à se demander si véritablement il n'est
pas ailleurs et si l'on ne voit pas réelle-
ment ce qui ne semble qu'un rêve.
Dans d'autres cas plus extraordinaires
encore, toute autre explication serait bien
difficile.
Pour moi, c'est là qu'est le problême
Jean Pila.
Coutumes relatives au port des
sabots (LUI, 228, 380, 599). — Les ser-
viteurs arabes laissent toujours leurs
chaussures à la porte avant d'entrer dans
une pièce, quel que soit le nombre de fois
qu'on les appelle.
Le Mi)oir des JWodes, juin 190b, p. 63.
Sglpn.
întrod action du poivre en France
(XLIX ; L ; LIV, loi, 152). — Le poivre
était, en effet, connu et consommé au
moyen âge, et à dater de ces temps les
plus reculés. J'en trouve la preuve dans
une Enumération des Biens de la célèbre
et puissante abbaye de Prùm, fondée par
Pépin-le-Bref, sur un plateau sauvage de
l'Ardenne, et dotée royalement par ce
monarque, et par ses successeurs caro-
lingiens.
Ce cartulaire des droits et revenus du
dit monastère, est daté de l'an 893, et
fut commenté, dans la suite, avec le plus
grand détail, par l'abbé Césaire, en 1222.
J'y trouve le renseignement suivant re-
latif aux redevances de 6 villas ou ciirioi
que possédait l'abbaye du côté des Pays-
Bas, et dont le régisseur (Villicus) devait
payer annuellement au seigneur abbé,
4 livres de poivre, autant de cire, plus
deux peaux de corduan.
11 ne faudrait pas croire, toutefois, que
cette épice fût fort répandue.
C'était un condiment rare que la misère
des moyens de transport et de communi-
cation avec l'Inde, son lieu de prove-
nance, rendait fort coûteux.
LÉON Sylvestre.
Serpent. Anecdote extraordi-
naire contée par Micht let (LIV, ni,
203). — J'insiste de toutes mes forces
pour que la question de notre collègue
G. A. soit prise en sérieuse considération.
Je sais que les naturalistes qui faisaient
loi ces dernières années, n'a 'mettent pas
que les serpents puissent traite soit des
vaches, soit tout autre mammifère. Leur
anatomie s'opposerait, paraît-il, au mou-
vement de succion nécessaire. Je saisaussi
que V Intermédiaire n'est pas une revue de
No 1121
L'INTERMÉDIAIRE
■ — 267
268
sciences physiques ou naturelles. Mais,
d'autre part, la même école de savants
conteste la. fascination exercée par les ser-
pents sur de petits animaux tels que gre-
nouilles, crapauds, tourterelles, etc.. Or,
j'ai recueilli sur ce dernier point des té-
moignages tels qu'il m'est difficile de ré-
voquer en doute ladite fascination. (Je
n'ai cependant jamais pu l'observer moi-
même), je crois donc que l'on pourrait
joindre les deux questions et demander à
tous nos collègues de nous faire part des
observations qu'ils pourraient fournir (de
première main) sur les faits de traite ou
dt fascination, puisque les uns et les au-
tres sont niés par la science officielle et
affirmés par la voix populaire.
G. DE FONTENAY.
Je me permets de rappeler à ce propos
que la légende, si légende il y a, doit être
fort ancienne. A la partie gauche du por-
tail de l'église de Moissac, la luxure est
symbolisée par une femme décharnée
dont les deux mamelles pendantes sont
avidement sucées par deux longs serpents.
Ghampvolant.
Le crapaud de Blois (LIV, 172).—
ANoyon aussi, sur le mont Saint-Siméon,
ainsi que sur les montagnes voisines,
nous avons de ces rognons silico-cal-
caires. dans l'intérieur desquels on a pré-
tendu que l'on avait trouvé des crapauds
vivants ! Nous en savons la raison ; la
voici : Elle tient à une observation mal
interprétée de certains faits, qui sont très
justes par eux-mêmes ; car nous en avons
fait maintes fois l'expérience par nous-
même, il y a 30 et 40 ans.
On ne trouve jamais ("cela va de soi !)
des crapauds dans l'épaisseur même de
ces géodes siliceuses I IVlais d'une part,
pendant les grandes chaleurs, on voit de
gros crapauds se réfugier dans le sable
frais, au milieu duquel se trouvent ces
rognons ; et d'autre part, on voit parfois
ces géodes creusées d'une cavité cen-
trale, à leur intérieur, au milieu de la-
quelle se trouvent des concrétions cal-
caires de carbonate de chaux, plus ou
moins chargées de magnésie et de sable.
Ces concrétions sont de deux formes : les
unes en cristaux accumulés les uns sur
les autres ; les autres mamelonnées, qui
ont un peu l'aspect de gelée de gre-
nouilles (et non de crapauds) pétrifiée.
De là, l'idée assez naturelle de faire, de
ces cavités, l'empreinte du corps de cra-
pauds, qui y auraient séjourné pendant
un temps indéfini. Bien d'autres curio-
sités naturelles ont donné naissance à
des explications analogues, chez les gens
de nos campagnes. D' Bougon.
Je ne puis donner à notre collaborateur
M. F. V. aucun renseignement sur le Jait
particulier dont il parle : la découverte
d'un crapaud retrouvé vivant à Blois, en
\8-}^,dans une géode siliceuse parfaitement
close, mais avant de se prononcer sur Vim-
possibihté de la vie ralentie, sans doute,
mais persistante cependant, de reptiles ou
de batraciens, enfouis dans des roches
parfaitement closes, et cela pendant des
années, des siècles peut-être, il est bon
de se renseigner à bonne source. Voici, à
titre documentaire, trois faits que je
retrouve dans mes notes de vieux profes-
seur :
1°. — En 1862, un crapaud vivant fut
trouvé par les mineurs de Tilery, près
Nev/port (Angleterre) dans un bloc de
houille de 25 centimètres d'épaisseur sur
2 mètres de longueur.
Ce bloc était enfoui à 200 mètres de
profondeur et il fut précieusement con-
servé par les ingénieurs de la mine, pour
être exhibé dans une Exposition de pro-
duits houillers.
Consultez la Revue scientifique très con-
nue ZéCc>»;os( i"^ semestre i862,p. 406) pu-
blié (rue Bayard, 5, Paris) maison de la
Bonne Presse.
2°. — Vers cette époque ou à peu près
furent présentés au bureau de l'Académie
des sciences, 10 blocs Je chaux dans cha-
cun desquels on avait enfermé depuis dix
ans un crapaud vivant.
Les blocs furent brisés et 8 crapauds
siir 10 furent retrouvés parfaitement vi-
vants. L'expérience avait été faite par
M. Seguin, propriétaire et directeur de
cette même revue Le Cosmos, alors rédigée
par le très savant abbé Moigno.
3". — Le même journal citait comme
preuve de l'étonnante vitalité des reptiles
et batraciens ce fait : un gros crapaud
percé de part en part au milieu de l'abdo-
men par un pieu aigu et laissé fiché dans
le sol en plein air pendant^ mois et plus,
s'agitait encore vivement.
269
4"*. — M. F. V. n'ignore pas sans doute
que des grenouilles dècapilées vivantes ont
continué à nager pendant plusieurs heures
ou même plusieurs jours, j'ai, pour ma
part, entendu vingt fois affirmer par des té-
moins la trouvaille de crapauds et lézards
vivants, enfouis dans des roches closes.
AuG. Paradan.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
270
20 Août 1906
♦ *
L'histoire du crapaud de Blois est parfai-
tement authentique et n'est pas un cas
isolé dans cet ordre de faits.
J'ai publié, en 1885, 50us le titre : La
suspension de h vie, dans la revue La Na-
ture, une série d'articles que je regrette
de n'avoir pas en ce moment sous la
main. En tout cas, ils dépasseraient les
limites d'une réponse dans Vluterwc-
diaire. Albert de Rochas.
*
» ♦
Les archives du Musée de Blois permet-
tent de répondre aux questions posées
par M. F. V.
Ce n'est pas en 1835, mais en 1851,
exactement le 23 juin, qu'en cassant un
silex retiré du fond d'un puits que l'on
creusait en présence de plusieurs person-
nes dignes de foi , l'ouvrier, lorsque la
pierre se sépara en deux, vit un crapaud
blotti dans une cavité de la plus grosse
partie de la pierre, laquelle d'ailleurs
n'offrait extérieurement aucune trace de
trous ni de fissures. Touché avec le doigt,
l'animal, parfaitement vivart, fit quelques
bonds sur le sol
Avertie de cette découverte, l'Académie
des sciences demanda des explications. On
procéda à une enquête régulière, dont les
résultats paraissent concluants, et qui fut
envoyée à M. Duméril, le savant zoolo-
giste, membre de l'Institut. On envoyait
en même temps le crapaud et le silex au
Muséum d'histoire naturelle . J'ignore
s'ils y sont encore, et quelle a été sur cet
étrange phénomène, l'opinion de l'Acadé-
mie des sciences.
L'enquête et la correspondance avec
M. Duméril sont étendues tout au long
sur le Registre du A-lusée ; M. l'abbé
Bourgeois, le savant naturaliste de Pont-
levoy, s'est occupé de la question dans le
journal la France Centrale du 22 août
185 I ; enfin, le musée possède encore une
aquarelle d'après nature du crapaud et du
silex. L. B.
Conservateur du Musée de Blois. (
Lettres du coi-uétable de Mont-
morency et da Catherinb de Mé-
dics. — D'après le Phe Anselme,
t VII p. 92-93, Jean f o/o», sei'.yneur de
XaiiiU ailles,^ de Roques, de Salignac en
Limousin, et de Villelon, b.qiUi de Berry,
sénéchal du Limousin et du Bordelais,
maréchal de France, avait épousé avant
1437, Calherine Brachet, dame de Sali-
gnac, fille de Jean, seigneur de Pérusse et
de Montagne, et de Marie de Vendôme. Il
mourut sans enfants, et sa veuve se re-
maria le 23 septembre 1463, à Jean d'Es-
tuer, seigneur de Saint-Alégrin et de la
Bartlie. Il avait pour frère 2\\-\t.]can nre de
Xaintrailles, qui combattit au siège d'Or-
léans, et contribua par sa valeur, à la re-
prise de plusieurs villes des environs.
Le père Anselme n'indique pas quelle
a été la descendance de ce dernier, qui
assista au sacre du roi à Reims, en juillet
1429 ; mais nous pensons qu'il a laissé
pour héritier le ci-après, auquel furent
adressées, les deux lettres dont suit co-
pie. V. DE Saint-Marc.
I ° Lettre signée, adressée le 24 novembre
I y^O.pat leconnètahle Anne de Montmorency^
à Monsieur le sénéchal d' A génois [Poton de
Xaintrailles) chambellan Je monseigneur le
Dauphin. -- o'"36 sur o"'22. (Cachet ar-
morié)
Monsieur le seneschal, je vous avois en-
voie uiig chevaucheux descuyrie pour se
tenir au près de vous, et pour avoir de vos
nouvelles sitost que vous seriez arrivez à
Bury. Mesmes comme se porteraient mes-
seigneurs, madame et la Royue d'Escosse.
Et voiant qu'il ne revient poinct et aussi
que vous ne niavez poinct escript depuis
votre arrivée, je nay vouUu faillir de vous
faire la présente pour vous prier de nous en
mander. Et de lestât en quoy ils se trou-
vent et toute la compaignye. Et vous ferez
service au Roy et à la Roync fort agréable.
Priant Dieu qu'il vous donne ce que pré-
sentement desirez. De Marchesnay le xxiv°
jour de novembre au soir 1550.
On lit, en outre, un peu en retrait :
Je vous dépescbe ceste poste tout exprès
pour ce que le Roy et la Royne en sont en
peine, et seront bien aise d'en avoir des
nouvelles à leur lever.
2" Lettre signée : Caierinnh, adressée le
sooctobie 7562, parla Reine Catherine de
Médicis à « Monsicii de Poton., sénéchal
N° 1I2I.
L'INTERMÉDIAIRE
271 —
d'Agenois et capitaine de cent harguebu^iers
de la garde du Roy monsieu mon fil:^. »
(sic). — o"32 5 suro'°2i5.
Monsieur le sentschal Jay esté très aise
d'entendre par ce que monsieur de Burye
nous a mandé et la lettre que mavez es-
corpté que vous soyez trouve maintenant
en votre seneschaussée pour lasseurance que
Jay que pendant qu e vous y serez, toutes
choses y passeront en plus de tranquillité
quelles nont faict par le passé !
Je vous prie suivant ce que le Roy mon-
sieu mon filz vous en escript nen bouger
encore de quelque temps et tene la main
bien roidde que sil y a des folz séditieux
qui facent des scandalles quilz soient prins
et bien chastiez. En quoy je ne doulte
poinct que vous ne vous employez, de pa-
reille fuiéliié et dévotion que vous avez
tousjours faict en toutes choses qui se sont
présentées pour le service de ceste cou-
ronne. Et tenez vous certain que ny le Roy
mon filz ny moy noubliront poinct le ser-
vice que vous ferez. Priant Dieu monsieu le
seneschal vous avoir en sa sainte et digne
garde. De Saint-Germain-en-Laye le xx'
jour d'octobre 1562. caterinne.
Daudet et Mistral. — La lettre j
qu'on va lire a été trouvée dans les papiers j
d^Henry Fouquier. Le chroniqueur ne l'a |
jamais publiée. Depuis sa mort, s'est-il j
rencoîitré quelque friand de style exquis |
pour la donner au public? La vérification i
en a été faite sans succès. j
C'est sur l'ori^çinaî même que nous \
lisons cette lettre. 1! serait coupable de |
la laisser s enfouir dans la collection d'un
amateur d'autographes qui n'en jouirait
égoïstement que dans un très petit cercle
d'intimes.
Elle appartient à Lhistoire littéraire. Elle
nous renseigne sur la formation du talent
de Daudet qui avoue filialement devoir à
Mistral ce qu'a de tendre, de naïf et de lé-
gendaire, son œuvre lumineuse et parfu-
mée :
Ami Nestor,
je lis votre RoumaniUe de ce matin, bien
vu, bien rendu ; mais laissez-moi vous dire,
en ce qui me touche, que mon père et Numa
c'était le même homme. Je l'ai montré dans les
Jiois en exil, fiis de verdet, verdst lui-mèmc,
chantant Vive Henri IV,et gardant au chevet
de son lit une lettre encadrée de Henri V.
Ce n'est donc pas dans RoumaniUe que j'ai
pris le côté naïf, traditionnel et légendaire de
quelques-uns de mes contes, je n'ai eu qu'à
fermer les yeux et à me souvenir.
272
L'homme de là-bas qui m'a le plus servi,
le plus impressionné, mon maître, c'est Mis-
tral. Tout jeune, grâce à lui, j'ai regardé
près de moi, senti la périgoule qui froissait
mes pieds au lieu de célébrer des talus de
bibliothèque. Ce Muii dont nous sommes, je
l'ai compris, moins poétiquement, hautement
que lui, mais enfin je l'ai compris et ex-
primé à ma manière; et peut-être que si
Mistral ne m'avait pas aiguillé sur cette voie,
j'aurais filé droit sur Paris, sans arrêt à Taras-
con ni dans les moulins de sa banlieue.
Ah I la grande chambre de Mistral à Mail-
lane ! J'avais dix-huit ans, lui vingt-huit.
Son lit dans un coin, le mien dans l'autre,
et des causeries sans fin ; puis, quelques fois,
au milieu de la nuit : « Si nous allions en
Avignon, que? » Et nous voilà nous habil-
lant à tâtons, traversant pied nus, des bottines
à la main, la chambre voisine où dormait la
chère maman Mistral, derrière son paravent.
L'escalier, la porte, et ^o« dans le noir, dans
le vent de h vallée du Rhône En route pour
Graveson et le train d'Avignon. Ville papale,
orgiaque, et sardanapalesque où nous n'allions
pas réveiller RoumaniUe, c/c ségur !
A revoir, mon cher Fouquier, vous voyez
que je vous lis et que pour une ligne de
vous, je divague pendant trois pages. Ça me
ressemble peu. Alph. Daudet.
Fragonard propriétaire. — M.Hen-
ri Vial nous communique la pièce suivante
qui montre Fragonard s'achetant une mai-
son à Charenton :
Vente devant Rameau notaire à Paris, le
4 juillet 1782 par demoiselle Edmée-Anne
Bouquet, fille majeure dmt à Paris, rue de
Charenton, passage Sainte-Marguerite, au
S"" Jean-Honoi'é Frao-onard , peintre du
Roy et a a'etnoiselle Marie-Anne Gérard
son épouse, dmt au château du Louvre à
Paris, paroisse Saint-Germain - l'Auxerrois
d'une maison en deux corps de logis et
d'uneterrassedonnant sur la rivièrsde Marne
le tout situé aux Carrières de Charenton
propres à la demoiselle venderesse comme
seule et unique héritièredederaoiselle Anne-
Thérèse Bourrasset sa mère à son décès,
veuve de Jean-François Bouquet, concierge
du Garde meuble des mousquetaires, ladite
vente faite moyennant la somme de huit
mille onze livres quatre sols compris les
charges. Reça pour le droit quatre-vingt
livres deux sols quatre deniers.
(Registre du centième-denier.
B. de CharentO!^ 1777-1782, p. 1:9.)
Le Directeur- gérant :
GEORGES MONtORGUElL
Imp. Daniei-Qiambon, St-Amand-Mont-Rond.
LIV Volume
Paraissant les ro, 20 et ]o Je chaque mois 30 Août 1906
429 Année
31 •" r, Victor Massé
PASÏS (l.\«) Cherchez et
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'"" ra entr' aider
3
o
N° 1122
31"^" r VictorMassé
PARIS (IX«)
Bureaux : de 2 à 4 heures
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DES
CHERCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
18Ô4
iQUESTIOxXS ET RÉPONSES LITTÉRAiaES, HISTORIQUES, SCIENTiFIQUËS ^T ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
273
Obliges de faire suivre souvent des ré-
ponses privées à l'adresse de co>respondanis
qui n'ont signé que par des initiales, il est
indispensable que tout article signé^soit d'un
pseudonyme habituel, soit d'initiales, porte
également le nom et V adresse de notre cor-
rcspondant.
Les manuscrits qui ne rempliront pas
■cette condition ne pourront étrt insérés.
iie0tî0i!s
Mémoires do Lord Byron. —
Sait-on le nom des personnes qui déci-
dèrent de détruire les mémoires laissés
par Lord Byron ; et les motifs qui les
portèrent à cet acte regrettable ?
Albin Body.
Le coup de pistolet du 24 février.
— Le peuple armé en révolution, en fé-
vrier 1848, le 23, désarmait. 11 saluait de |
ses lampions la chute de Guizot : mais '
un coup de feu, tiré par on ne sait qui ni
comment, provoqua une fusillade, la re-
prise des hostilités, la journée du 24 et la
chute de la royauté.
Sur ce coup de feu, nous trouvons dans
un dossier une petite note manuscrite
anonyme qui attribue à la Guéronnière
l'opinion suivante:
Un fait qu'on n'ose écrire et que plusieurs
personnes savent en parfaite connaissance
de cause, c'est que Piétri est l'auteur du
274 '
coup de pistolet tiré sur la troupe^ au bou-
levard des Capucines, dans la nuit du 24 fé-
vrier. Il avait passé la nuit précédente et
une partie de la journée chez Rosine Stolz,
la cantatrice de l'Opéra, qui était alors la
maîtresse du prince Napoléon. A 9 heures,
il sortit de la maison, se rendit au boule-
vard des Capucines, et passa le reste de la
nuit à exploiter les conséquences de l'atten-
tat qu'il venait de commettre. Ainsi c'est
aux napoléoniens déguisés qu'il faut attri-
buer la responsabilité d'un acte dont La-
grange et les républicains se sont toujours
défendus.
Je cite cette note pour ce qu'elle vaut ;
elle paraît ne valoir guère. Ceux qui ont
connu M. de la Guéronnière lui ont-ils
jamais entendu tenir ces extraordinaires
propos?
Et cette pauvre Rosine Stolz, qui a
à peine un tombeau, et qu'on vient trou-
bler, dans son sommeil, par ces propos
qui en font une sorte de conspiratrice que
certainement elle ne fut pas. Y.
Le dimanche et le décadi. —
L'obligation du repos hebdomadaire rap-
pelle les obligations antérieures. Contre
le repos du dimanche, en dehors de la
lettre de Beaumarchais, et avant la Révolu-
tion, quelles critiques furent formulées ?
QLielles étaient les sanctions contre la
transgression du repos dominical sous la
Restauration ? Le décadi fut imposé sous
la Révolution : sur cette célébration ou
contre cette obligation, qu'a-t-il été écrit
de plus saillant ? D' L.
LIV-6
No II22.
L'INTERMEDIAIRE
275
276
La révolution en Normandie et
f n Bretagne — Trouve-t-on quelque-
fols, parmi les administrateurs départe-
mentaux créés après 1789, d'anciens noms
nobles de ces provinces ?
Albioni .
Le Théâtre français en 1847. —
Ligier, le tragédien, se trouvant à Béziers
le 19 juin 1847, écrit à son ami Gaillard,
l'auteur dramaiique : « 11 paraît que le
pauvre Théâtre français continue à ne pas
être heureux avec ses pièces nouvelles.
En voilà trois qui viennent d"y passer. »
A quels insuccès fait il allusion ?
H. L.
Le rôle de la comtesse deMercy-
Argenteau. — On vient de publier unt
bien curieuse correspondance de cette
femme avec Napoléon 111. Elle semble
avoir joué un certain rôle politique et di-
plomatique aux Tuileries. Qiiel fut-il
exactement. Se dégage-l-il de ce qu'on
sait ?
Un étudiaiit arriéricnfu, victime
du Sièg-'. — L'ancien préfet de police,
Monsieur Cresson, raconte dans : Cnii
jours du siège à lu prt'fcctni e de police
(2 novembre iS/O 11 fcvriei i8yi),
que le 17 janvier le bombardement fut
très violent et que le lendemain il alla vi-
siter l'ambulance américaine installée
avenue de l'Impératrice (aujourd'hui ave-
nue du Boisde-Boulogne). Là il trouva
mourant un jeune étudiant américain
;<rièvement blessé dans la chambre qu'il
habitait rue de rHcole-de-Médccinc. Ce
bel et brave enfant lui aurait dit ces quel-
ques nioîs touchants : « Bien merci !
vous ne pcuvoz voir tout le monde...
SouflVir et mourir pour la France ! je
buis Américain. »
Ne pouirait-on pas me donner quelques
renseignements- sur cette x-iciime de la
barbarie tudesque ?
Georges Bektin.
S. M riiiipéralr'c ^ Eugénie,
Bibliophile. — joannis Guigard, dans
son Nouvel Annorial du Bibliophile, {2"
édit. 1886), et M. Ernest Qiientin Bau-
chart, dans ses Femmes bibliophiles de
France, 1890, n'or.t point clas?c, à son
rang, le nom de l'Impératrice Eugénie,
parmi ceux des nombreuses illustrations
qu'ils y ont citéjs.
Toute politique mise à part, cet oubli
reste un tort, à leur charge.
L'Impératrice possédait, aux Tuileries,
une Bibliothèque et, dans cette dite biblio-
thèque, conservait toute une série de
beaux livres, fort élégamment reliés, tim-
brés de ses armoiries personnelles, frap-
pées en or, sur les deux plats de leur re-
liure.
Depuis le règne, si brillammeiit « éclai-
ré », comme on sait, de la Commune :
<<Flambe:^ finances ! >y, il m'a été donné, à
diverses reprises, d'acquérir, de mes de-
niers, à Paris même, dans des ventes pu-
bliques (celle, entre autres, de Philippe de
Saint-Albin et de Achille Jubinal), ou
chez des libraires fort honorablement con-
nus, des livres provenant, authentique-
ment, des Bibliothèques particulières, tant
de l'Impératrice Eugénie que de l'Empe-
reur Napoléon 111.
Je citerai ainsi :
jo Lugène Daui iac. A/'cj/zV^ hiofiraphique
ci kislorigiie sur le gcnéial J.-B. Du pin ^
baron de l'Empire. Pans, Impr. Paul Du-
pont, 1851, in-8". avec Portr. Lithog. —
Reliure en maroquin vert, t^ilcts ornés,
dorés, dentelles intérieures, tranches do-
rées. Sur le premier plat, se lit cette
Dédicace, imprimée, en or : « A S.
M. Eugénie, Impératrice des Français^
Epouse de Louis-Napoléon ill L' Grand,
sauveur de la France et de rEi:rope ».
Sur l'autre plat : Accolées sous le dia-
dème impérial et s^)Utcnues par une bran-
che de chêne et laiirier et une blanche de
roses, les armciiits impéiialcs et les ar*
moiries espagnoles des de Montijo, frap-
pées en or. L'Au'.cur, vraistnibh^'okment,
fut l'aimable Eu<rène d'Auri ic, que tous.
les hommes de nui généralion, un peu
clierclieurs, ont connu, autrci'ois, conser-
valeur à la Bibliollicqiie impériaie, S:!lle^
de travail.
2°'Xh.-V lullicn. La Rose, élude hisluri-
que, physiologique, horlieole, et entoinologi-
que, Reims P. Dubois, impr,, in-8'' de
259 pp. 1863. Exemplaire, à très grandes
marges, relié en maroq in vert, filets
ornés dorés, agrémeniés de roses sur le
dos et sur les plats, larges dentelles inté-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Août 1906
277
278
rieures, gardes en tabis crème, tranches
dorées. Sur les deux plats, frappées en or,
les armoiries impériales, surmontées du
diadème impérial. Celles-ci ont, ici, cela de
particulier, que, de chaque côté, le haut
des deux sceptres d'où partent les plis du
manteau impérial, est recouvert par un
chapeau emblématique, andaloux. La re-
liure est signée, en toutes lettres :
« A. Despierres, rel. de l'Empereur ».
3° Fastos de Napoleâo Primeiro por An-
dréa Appiani^ gravados por Ip''-, Longhi,
etc., dedicados a sua Magestade 'Napoleâo
ierceito por Pedro BarbogUo. Rio de Ja-
neiro, Typogr. de J. Villeneuve, in-8°,
1857. Reliure en maroquin vert, filets
dorés, avec de fins entrelacs, ornés aux
quatre angles des deux plats et sur le dos,
des chiffres entrelacés et couronnés :
L. N. E. -Armoiries impériales, surmon-
tées du diadème, frappées en or, sur les
deux plats. Larges dentelles intérieures.
Gardes en tabis vert, tranches dorées.
Reliure signée : « A. Despierres, rel. de
l'Empereur».
La publication de cette plaquette doit
être de la même époque que celle du
grand album très grand in-folio, oblong,
des Fastes de Napoléon /'', 35 planches,
(avec texte explicatif à l'appui), peintes
en forme de bas-reliefs, en largeur, et
pour les salons du Palais impérial de Mi-
lan, et gravées ici, d'après Andréa Appia-
ni, leur créateur, par des graveurs italiens.
Paris, Impr. Chardon aîné. Typ. de Pion
frères, impr.de l'Empereur. Ouvrage publié
sans date, sous les auspices de Napoléon lll,
et à lui dédié, par le même Pedro Barbo-
glio. De ce bel album, nous ne possédons
pâs V Exemplaire impérial^ nous en avons
seulement, deux autres exemplaires, l'un,
en grand papier, avec les planches sur
papier de Chine monté, l'autre, ordinaire,
avec les mêmes planches, imprimées sur
papier blanc.
4° Edmond Baudier. Histoire de la Vie
et de ï Administration du cardinal XiménèSy
par Michel Baudier. Seconde édition, pré-
cédée d'une Introduction et d'une Notice
sur l'auteur. Paris, Pion frères, in-S",
1855. Exemplaire sur grand papier vé-
lin, relié, en maroquin rouge, titre duré,
filets, nervures sur le dos et sur les plats,
et dentelles intérieures, le tout, frappés à
froid. Sur les plats, larges armoiries im-
périales, surmontées du diadème, frap-
pées en or. Ces Armoiries sont, ici, d'un
dessin plus soigné et d'une exécution plus
finie que dans celles du volume, numéro
3, qui précède.
Un petit détail à signaler ici : Dans ces
deux types des armoiries de l'Empereur,
le dessin, comme à l'habitude, comporte
la croix de la Légion d'honneur, appendue
au grand collier de l'Ordre, Dans les ar-
moiries des reliures de S. M. l'Impératrice
Eugénie, au contraire, cette même croix
n'existe pas.
Edmond Baudier, l'éditeur de ce vo-
lume, était bien connu, natif d'Issoudun
en Berry, il devint le gendre, puis le suc-
cesseur de M« Noël, l'un des notaires, à
Paris, de l'Empereur Napoléon III.
Connaîtrait-on d'autres livres, de ces
mêmes provenances napoléoniennes, qui
aient, ainsi que les miens, passé, à Paris,
en vente publique, depuis 1871 ?
A bien tout peser, je ne puis, pour mon
compte, admettre qu'il faille désespérer
de voir, un jour, réapparaître, — quand
son possesseur actuel aura jugé suffisant,
pour sa sécurité personnelle, le temps
de prescription légale qui se sera jus-
qu'alors écoulé, — le célèbre Voltaire,
édition de Kehl, en 70 volumes, grand
papier-vélin, enrichis des superbes des-
sins originaux de Moreau-le-Jeune, et que
possédait l'Impératrice Eugénie.
Les quatre volumes, reliés aux armes
impériales, que je viens de citer, ne prou-
vent-ils pas, surabondamment, par leur
présente existence même, que des filous,
— d'indignes filous, en quête de rapine,
— précédèrent, dans le palais, les in-
cendiaires lors de l'anéantissement des
Tuileries, en 1871 ?
Ulric Richard-Desaix.
Bibliophile de la famille impé-
riale. — L'écu port*; une aigle impériale
chargée d'une épée,la pointe en chef. Cas-
que de chevalier. Manteau d'abeilles dou-
blé dhermine. Croix de la Légion d'hon-
neur. Devise : Fay ce que do}\ advienne
que pourra.
Ces armoiries, hautes de 68 mill. sont
frappées sur l s plats d'unin-8 de 1806
relié vraisemblablement sous la Restaura-
tion. Un grand libraire de Munich m'en-
voie le volume comme étant « aux armes
de Napoléon » (!)
N» II22.
L'INTERMÉDIAIRE
279
280
Quel nom faut-il inscrire à la place de
celui-là? Un Abonné,
Origine de lanoblesse bretonne.
— Quelle a été l'origine même de la no-
blesse en Bretagne ?
D'où est sortiâ la qualité de « nohle
homme. » et qui Va accordée dans le prin-
cipe ? Comment enfin s'est formée cette
institution féodale ?
Autant de questions que je serais heu-
reux d'éclaircir, si toutefois elles peuvent
être éclaircies,
Y a-t-il un ouvrage ou une étude
quelconque traitant spécialement de cette
question ? de ,Poulpiq.uet.
L'ordre de l'hermine. — Jean IV,
duc de Bretagne, fonda, en 1381, Tordre
de l'hermine. L^insigne consistait en un
collier d'or chargé d'hermines, avec cette
devise : A ma vie !
On désire connaître les noms des pre-
miers chevaliers de cet ordre, notamment
les contemporains de Jean IV.
Albin Body.
Prononciation de lu en latin. —
Comment doit-on prononcer l'u latin ?
A-t-on des données sur la façon dont on
parlait cette langue à Rome ?
H. Angenot.
Bourbon-Penthièvre. — « Pierre
«de Courthille (né vers 1780) épousa
« Amable-Félicité de Lestoille, petite-fille
« d'une Bourbon-Penthièvre » (Nadaud.
Nohil. du Limousin, 1, 73s)-
Merci d'avance à qui aura l'obligeance
de me renseigner sur cette demoiselle de
Bourbon-Penthièvre.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Guymon de la Touche. — Je
serais reconnaissant aux érudits collabo-
rateurs de V Intermédiaire qui pourraient
me procurer quelques documents — je
ne parle pas des renseignements géné-
raux reproduits plus ou moins véridique-
ment dans tous les Dictionnaires, mais
de documents inédits ou peu connus —
sur le poète tragique, Jean-Claude Guy-
mon de la Touche (orthographe locale),
né à Châteauroux, le i6 octobre 1723
(Registres de Vétat-civil de cette ville;
date à retenir, parce qu'on ne la trouve
indiquée exactement nulle part), jésuite à
Rouen où, en 1748, il aurait fait jouer
une comédie de sa façon (son titre ^) dans
laquelle on aurait relevé certains traits
satiriques soi-disant à l'adresse de la Com-
pagnie de Jésus, ce qui lui aurait attiré
de tels désagréments qu'il aurait dû
quitter l'ordre et reprendre la vie civile.
C'est à Paris, où il se lia avec la mar-
quise de Grafifigny chez laquelle il habitait
alors, qu'il composa sa tragédie d'Iphigé-
nie en Tauride, représentée pour la pre-
mière fois sur la scène de la Comédie-
Française, le 4 juin 1757, avec un succès
retentissant.
Je sais qu'il mourut à Paris, le jeudi
14 février 1760, au moment où il tra-
vaillait à une seconde tragédie (laquelle ?
puisque Collé dément par de bonnes rai-
sons que ce soit Régulus, comme on l'avait
prétendu). Mais j'ignore, à mon grand
regret — mes nombreuses investigations
à ce sujet étant demeurées infructueuses
— où ses restes furent inhumés ; dans
quelle rue, dans quelle maison il rendit le
dernier soupir ; car il est difficile d'ad-
mettre sans preuve que ce fut dans l'ap-
partement de Mme de Graffigny qui
l'avait précédé de deux ans dans la tombe.
En tout cas, sait-on même où demeurait
Mme de Graffigny quand elle mourut .?
Pierre.
Famille PouUain de Trémons.
— D'après les jugements de réformation
des 23 septembre 1666 et 7 février 1667,
(M, du Puy, commissaire subdélégué de
M. Pellot intendant en Guienne^, une fa-
mille de ce nom a été maintenue dans sa
noblesse. Elle était fixée en Guyenne,
près de Villeneuve d'Agen,
L'un des maîtres généalogistes, colla-
borateurs de V Intermédiaire, pourrait-il me
dire d'où cette famille tire son origine et
si les renseignements que donne sur elle
le Dictionnaire de Courcelles (t. II, page
203) sont exacts ? Albinoni,
Flancher. — M. Emile Ollivier, dans
une étude sur ï Affaire Baudin (iSbS), que
publie la Revue des Deux Mondes (15 mai
1906, page 297) écrit cette phrase :
Leur souscription (pour un monument à
élever à Baudin) déjà ne prenait point feu ; elle
flanchait et n'allait sans doute pas tarder à
s'arrêter au milieu de l'indifférence générale.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906.
281
282
Est-ce que M. Emile Ollivier va deman-
der à l'Académie française, à laquelle 11
appartient, de donner place au mot flan-
cher à^ns la prochaine édition de son Dic-
tionnaire ? Jusqu'ici je ne Tai trouvé, et
avec un sens qui n'est pas celui de la
phrase citée, que dans le Dictionnaire de
la Langue verte, d'Alfred Delvau : Flan-
cher, V. n. se moquer, dans l'argot des
voyous ; et dans le Supplément an Dic-
tionnaire d'argot^ de Lorédan Larchey :
Flancher^ abandonner une affaire ; mot à
mot : tourner par le flanc, ne plus faire
face. J. Lt.
II y a des années où l'on n est
pas en train. — Jules Breton parle quel-
que part, dans La vie d'un artiste, je crois,
d'un paysagiste Nazon, d'une paresse in-
curable, qui serait Tauteur de ce mot.
Est-ce exact ï Gustave Fustier.
Envoyer à l'ours. — Lorsque j'ap-
partenais à l'armée, j'ai entendu maintes
fois les sous-ofificiers et brigadiers me-
nacer leurs inférieurs qui avaient commis
des fautes contre la discipline, de les en-
voyer à l'ours, c'est-à-dire à la salle de
police.
D'où vient cette expression ?
Un ancien Cul de singe.
Le théâtre en province. — Qui-
conque s'intéresse à l'histoire du théâtre
en France a l'habitude de ne s'occuper
que du théâtre à Paris. Il en résulte que
celui qui veut suivre les faits et gestes de
certains artistes en province, Mole, La-
rive, CoUot d'Herbois, Fabre d'Eglantine,
Mlle George, etc., est forcé de se livrer à
des recherches qui ne sont pas toujours
très faciles.
Grâce au regretté libraire et érudit Sa-
pin, j'étais arrivé à constituer une biblio-
thèque — combien incomplète — de Tliis-
toire locale du théâtre. Mais je manque
aujourd'hui de guide et d'indications. Je
voudrais donc, autant que possible, et
dans l'intérêt des chercheurs, établir une
liste des histoires locales du théâtre (hors
Paris).
Reims. Le Théâtre à Reims, p^r L. Paris.
Reims, Michaud, 1885.
Rouen. Histoire dti théâtre de Rouen par
J. E. B.,4vol. Rouen, Métérie, 1880.
Lille. Histoire du théâtre de Lille par
Léon Lefebvrc, 5 vol. Lille. Lefebvre-Du-
crocq, 1903-19 6.
Ce même auteur a publié diverses bro-
chures séparées.
Lille. Le théâtre à Lille avant la Révo-
lution par G. Lhotte, Lille, Danel, 1881.
Cambrai. Le théâtre à Cambrai, J. Re-
nault, éditeur. Cambrai, 1883.
Versailles. Le théâtre à Versailles et la
Montansier, par P. Fromageot, Versailles,
Aubert 1905.
Angers. Notice sur le théâtre d'Angers^
par E. Quernau-Lamerie, Angers^ Ger-
main, 1889.
Saint-Quentin. Histoire du théâtre de
Saint-Qjientin par G. Lecocq, Paris, R.
Simon, 1878.
Savoie. Le théâtre en Savoie par F. Mu-
gnier, Chambéry. Ménard, 1887,
Douai. Le théâtre à Douai avant la Ré-
volution par G. Lhotte, Douai, Crépin,
1881.
Lyon. Le théâtre à Lyon au XyiII' siè-
cle par E. Vingtrinier, Lyon, Meton,
1879.
Lyon. L'ancienne place des Célestins par
Armand Victorin,Lyon,Dijain et Richard,
1887.
Liège, Histoire du théâtre de Liège par
J. Martiny. Liège, Vaillant, 1887.
Belgique. Histoire du théâtre français en
Belgique par F. Faber, 5 vol. Bruxelles,
Olivier, 1878.
j 11 existe encore deux ouvrages sur le
Théâtre à Bordeaux^ un sur le Théâtre de
Beinay^ un sur le Théâtre de Genève^ ce
dernier par Besançon.
N'y a-t il rien sur Toulouse, Marseille,
Montpellier, Tours, le Havre i* — et aussi
Strasbourg .? Metz ? Dijon .? — à l'étran-
ger, sur le théâtre français à Saint Péters-
bourg ? Je serais bien reconnaissant à
ceux de nos confrères qui voudraient
compléter cette liste. H. Lyonnet.
Signe de la croix avec l'eau de la
mer. — Trois jeunes filles basques vont
se baigner sur la côte. A l'instant où la
vague atteint leurs pieds nus, toutes trois
s'inclinent, plongent la main droite dans
l'eau et font le signe delà croix.
Cette coutume se retrouve-t-elle ailleurs
i qu'en Gascogne .? Un Passant.
N» 1122.
L'INTERMEDIARE
283
284
ÎEléponôeô
Prêtres assermentés (LUI, 891 ; LIV,
18, 62, 1 16). — Comme modèle de rétrac-
tation de prêtres assermentés, celle de
l'abbé Berville est l'une des plus curieuses.
Elle nous est communiquée par M. Noël
Charavay :
Rétractation du sieur Berville, curé de
Saint-Ouen, Bosc.
Depuis longtemps je gémis sous le poid®
du serment que j'ay prêté le 6 juin 179I1
avec des restrictions que je crus alors vala-
bles, quoique je n'eusse intention que de ne
jurer qu'une pure soumission aux lois ci-
viles de l'Etat. Je ne me reproche pas moins
la faute de n'avoir pas assez écouté la
voix de l'Eglise et d'avoir scandalisé les
fidèles.
Délivré du tumulte du monde et dégagé
de tous ses embarras, qui ne m'ont que trop
longtemps retenu, je saisis avec joye l'oc-
casion de faire connaître les sentiments que
m'inspire la Religion catholique, apostolique
et romaine dans laquelle je veux et ai tou-
jours voulu vivre et mourir.
Pourquoi je déclare que je rétracte et
abjure dans les deux serments que j'ay
prêtés, tout ce qui est contraire à la foi ca-
tholique, apostolique, romaine, et tout ce
que la sainte église y proscrit et condamne.
Je crois d'une foi ferme et soumise tout
ce que cette sainte église romaine croit et
nous enseigne par la Bouche de ses véri-
tables et légitimes pasteurs.
Je ne reconnais enfin de vrais et légitimes
pasteurs dans l'église romaine que le pape
son chef visible sur la terre et tous les au-
tres pasteurs canoniquement par elles insti-
tués dans sa communion et vraiment unis à
la chaire de Saint-Pierre.
Tels sont les sentiments dans lesquels je
n'ai cessé de persévérer jusqu'à ce moment
et si, malheureusent j'ai paru m'en écarter
extérieurement, ils n'en ont pas été moins
intérieurement la règle de ma conduite et la
base de mes instructions.
Puissent donc les fidèles qui ont été scan-
dalisés de cette faute, trouver dans cette pro-
fession de foi la réparation du scandale que
j'aurais pu leur donner, c'est tout le vœu
de celui qui se recommande à leurs prières
pour en obtenir le pardon,
A Rouen, le deux mars, mille sept cent
quatre-vingt-quatorze.
Berville,
Curé de Saint-Ouen, Bosc.
*
* *
M. Alliot termine son intéressante com-
munication (LIV, 65) en faisant remar-
quer que le département de la Seine est
le seul où il ne soit pas possible de dé-
terminer le nombre des assermentés,
parce que les documents -officiels ont dis-
paru dans les incendies de 187 1 . M. Alliot
paraît ignorer que ces documents ont été
publiés dans les trois ouvrages dont les
titres suivent :
i" Tableau des ecclésiastiques de la ville
de Paris, qui ont prêté le serment ordonné
par décret de l'Assemblée Nationah, etc..
in-4° de 24 pages ; Lottin, imprimeur.
(Bibl. nat. Ld* 8035).
2° Histoire du serment à Paris, par
M. B. (Bossard), in-8'', 21 1 p. Paris, 1791.
(Bibl. nat. Ld3 163).
3® Tableau comparatif, exact et impartial
contenant les noms, offices et diocèses des
ecclésiastiques de la ville de Paris qui ont
prêté le serment civique les dimanches ç et
16 janvier, in-12 de 26 p. Paris, 1791.
(Bibl. nat. Ld^ 3250).
Ce dernier ouvrage publié par les ad-
versaires du serment, a pour but de prou-
ver que beaucoup des prêtres portés dans
la liste officielle n'appartenaient pas au
clergé de Pans.
Quoi qu'on puisse dire des rectifica-
tions proposées par les insermentés, il
résulte des documents que sur 771 ecclé-
siastiques constituant à un titre ou à un
autre le clergé de la capitale, il y en eut
308 qui refusèrent le serment et 463 qui
le prêtèrent Sur les 52 curés, 2 étaient
morts, 27 refusèrent le serment et 23
l'acceptèrent. Il est à remarquer que l'ap-
point qui donna la majorité aux jureurs
fut fourni par les prêtres qui remplissaient
des fonctions subalternes ou n'en rem-
plissaient aucune; ils sont plus de 150,
pendant que les prêtres sans situation qui
refusèrent le serment n'étaient qu'une
quinzaine. L'élite, ou, si l'on préfère, l'a-
ristocratie du clergé paroissial ne donna
que 252 serments contre 292 refus. Dans
les séminaires, un personnel de 55 prêtres
ne compta que 2 assermentés ; dans l'U-
niversité, comme dans le corps des aumô-
niers d'hôpitaux, il y eut un partage égal.
Les 41 aumôniers de la Garde Nationale
jurèrent tous ; ils étaient recrutés parmi
les prêtres qui s'étaient fait remarquer
par leurs idées avancées. En additionnant
ces diverses catégories, on arrive aux
totaux de 437 non-assermentés et 583
assermentés, au nombre desquels figurent
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
285
30 Août 1906.
286
35 religieux qui sont venus sans que rien
les y obligeât donner leur adhésion à la
constitution civile.
Si nous franchissons un espace de six
mois, nous trouvons le clergé constitu-
tionnel organisé à Paris. 11 existe aux ar-
chives départementales une série de re-
gistres de comptabilité contenant, entre
autres choses curieuses, renonciation des
sommes payées d'abord aux religieux qui
abandonnaient la vie commune, puis au
personnel des paroisses constitutionnelles
de Paris. Ce sont les registres de la caisse
des Biens Nationaux ; j'en dois la com-
munication à l'obligeance de M. Lazard.
Ces livres de comptabilité permettent
de reconstituer les cadres paroissiaux en
juillet 1791. Les 33 paroisses constitu-
tionnelles comptaient 441 ministres du
culte. Sur les 583 assermentés du mois
de janvier, on n'en retrouve que 282 au
mois de juillet ; il y a eu, à ma connais-
sance, une demi-douzaine de rétracta-
tions, mais par conire, des prêtres portés
six mois avant parmi les refusants pa-
raissent avoir changé d'avis, car ils sont
pourvus de postes qui supposent la pres-
tation de serment. Environ 300 des prêtres
parisiens assermentés avaient donc quitté
Paris ou du moins n'avaient pas pris place
dans les rangs du clergé des paroisses.
Aux 282 dont je viens de parler se sont
joints 92 séculiers et 68 religieux, ce qui
lionne pour le clergé paroissial organisé
à Paris en vertu de la constitution civile,
un total de 441 ecclésiastiques. Si nous
-y joignons les vicaires épiscopaux de
Gobel, qui étaient alors une quinzaine,
les aumôniers des hôpitaux et ceux de la
Garde Nationale, nous approchons du
chiffre de i^oo pour la ville, et il faut
compter environ une centaine de curés et
vicaires dans les 77 paroisses de la ban-
lieue.
Ces 600 prêtres se dispersèrent pendant
la Terreur ; la guillotine, la déportation
en diminuèrent le nombre ; les défections
se produisirent en grand nombre au cours
des années 1793 et surtout 1794 ; en 1795
commença le mouvement des rétracta-
tions qui continua jusqu'au Concordat.
Le 22 mai 1798, à l'un des scrutins pré-
paratoires qui précédèrent l'élection de
Roycr comme évêque de Paris, le clergé
constitutionnel se compta : il y eut 73
suffrages exprimés. P. P.
Mémoires inédits de la duchesse
d'Ângoulême (LIV,44,i74). — Colonne
174, ligne 10, lire même au lieu de mieux.
La duch?ss9 de Berry et Charles-
Albert. Correspondance secrète
(LIV, 105, 176). — Dans mon ouvrage
sur la duchesse de Berry p. 130 et suiv.
au chapitre intitulé : La duchesse de Berry
à Nantes et les Puissances étrangères^']' sa, le
premier, publié les rapports faits à Ma-
dame par son envoyé auprès du roi de
Sardaigne, Charles-Albert, rapports ex-
traits par moi, aux Archives nationales,
du dossier jusqu'alors secret, et par con-
séquent inédit, des papiers saisis à Nantes
en 1832. H. Thirria.
* *
Dans le dernier numéro de r/«/^;';7î^iw/;Y,
M. Henri Provins cite un fragment de la
préface de la brochure de M. Henri Prior,
sur la duchesse de Berry, et en tire la con-
clusion que l'auteur, après avoir fouillé
beaucoup de documents est devenu Naun-
dorffiste. M. Henri Provins s'est toujours
distingué par sa modération, sa bonne
foi et sa courtoisie dans toutes les discus-
sions qui se sont ouvertes dans le parti
de la survivance, et je suis d'autant
moins surpris de lui voir émettre cette
opinion que j'avais moi-même éprouvé
quelque étonnement à la lecture de cette
préface lorsque M. Prior m'a fait l'hon-
neur de m'adresser son volume.
Mais je lui ai écrit pour lui demander
quel était exactenient son sentiment et
dans sa réponse, il déclare formellement
qu'il n'est nullement Naundorffiste.
En voici le passage le plus important :
« Si j'avais lu plus tôt, a-t-il bien voulu
« m'écrire, vos très intéressants articles
« sur la question Naundorff, et ce qui a
« été publié dernièrement au sujet de
« Mgr le duc de Parme, il est bien certain
« que j'aurais modifié ou même que je
« me serais abstenu d'écrire la conclusion
« de ma préface. Je suis loin, en effet, de
« posséder toutes les pièces du procès,
« car il est difficile en Italie d'être au cou-
« rant de ce qui se publie en France. Ma
« conclusion est donc moins une opinion
« personnelle qu'une simple impression,
« n'ayant aucune valeur documentaire et
«qui, par conséquent, ne saurait avoir
« d'importance. J'ai été tout simplement
« trappe de la différence de conduite qui
N» II22,
L'INTERMEDIAIRE
- 287
288
« existe entre deux époques de la vie de
i< Madame, ce qui pourrait faire supposer
« qu'elle avait des raisons pour renoncer à
« revendiquer l'héritage de son fils. De là
« à être Naundurjfiste, il y a loin... »
M. Prier ajoute que le seul motif qui l'a
engagé à publier ces documents, c'est qu'il
les a jugés assez intéressants pour les sau-
ver de l'oubli et qu'il a pensé qu'ils pour-
raient être utiles aux historiens de cette
époque. Ils lui ont été confiés par la com-
tesse Arèse qui l'a autoriséà les publier à
l'occasion du Congrès de la Société Biblio-
graphique Italienne à titre de curiosité his-
torique, et M. Prior a intégralement re-
produit tout ce qui lui a été confié sans
se permettre d'y faire aucune coupure.
Quant à la lettre du 14 mai 1833, citée
par M. Provinsse l'interprète tout autre-
ment que lui, car elle change à mon avis
complètement de sens lorsqu'on la lit
tout entière. En effet, en écrivant au mar-
quis Pallavicini pour lui annoncer l'arri-
vée du marquis de Montmorency, M. de
Lescarène, qui a commencé par faire son
éloge, prévient son correspondant que cet
excellent homme est hanté par deux idées
fixes : sa croyance à la survivance de
Louis XVII et à l'identité de Louis-Philip-
pe avec Chiappini. Le comte de Lescarène
semble vouloir l'en excuser comme d'une
innocente manie, car il ajoute : .^ 11 ne
vous parlera pas d'autre chose et cela
pourra vous ennuyer. »
Puisqu'on veut bien me demander mon
opinion personnelle sur les documents pu-
bliés par M. Prior, mon avis est que ces
lettres que je n'ai pas connues lors de la
publication de mon livre sur Marie-Caro-
line, sont fort curieuses et que leur au-
thenticité ne saurait être mise en doute.
Mais les sommes fournies à la princesse
pour faciliter l'expédition de Vendée
ayant été prêtées directement à Charles-
Albert par le marquis Pallavicini, la du-
chesse de Berry ne pouvait, ce me semble,
en être responsable envers ce dernier.
C'est un don qu'elle avait reçu du roi
Charles-Albert, et c'est seulement entre
jui et le marquis Pallavicini que Temprunt
avait été négocié.
M. Henri Prior est un homme du
monde fort instruit, doublé d'un historien
de grand mérite. 11 a publié dernièrement
un article fort remarqué dans la Revue
de Paris, contenant les impressions du
comte Neipperg sur la bataille de Marengo.
Vicomte de Reiset.
Napoléon et madame Fourès
(LIV, 163). — Oui, la liaison de hlapo-
léon avec Mme Foiirès a été traitée comme
sujet de roman historique Le titre du ro-
man est Le baiser de la Déesse ; l'auteur,
M. Henri Guerlin. (Le roman a paru chez
l'éditeur Taillandier).
Un abonné.
La reine Hortense et l'amiral
Ver Huell (LIV, i, 66. 1 16, 174, 333).
— Dans mon histoire sur : Napoléon III
avant Vempire, tome i'^^ page 206, j'ai
mentionné, après l'avoir relevé moi-même
dans le Moniteur, comme s'étant abstenu
dans l'affaire de Boulogne, « le vice-amiral
comte Verhiiel. »
Si vous le voulez, nous écarterons, sans
discussion, ce qui peut se trouver dans le
Larousse.
L'existence de la lettre au pape n'a
jamais été démontrée.
Rien n'établit la paternité de Verheul,
Et l'histoire doit admettre celle du roi
Louis. H. Thirria.
« C'est ma guerre », mot attribué
à rioipératrice Eugénie fLIV, 218).
— La question a été traitée par le D"" Ca-
banes, dans sa deuxième série des Indis-
cret ions de l'Histoire. Il cite deux docu-
ments émanant de deux hommes vivant
aux deux pôles de la politique, qui sont
d'accord pour déclarer que l'Impératrice
n'a pas prononcé le mot néfaste.
Le premier est une lettre d'Emile OUi-
vier adressée au directeur même de la
Ch) on ique M édica le :
I" L'Empereur avait, en 1870, la pierre à
ce point que l'activité physique, intellec-
tuelle et même morale était complètement
paralysée : c'est ce qui explique les revers
du début de la campagne.
2" Le prince Napoléon a prétendu que
l'Impératrice avait connu la consultation :
elle le nie. Je n'ai pas d'opinion person-
nelle.
3° La connaissance de la consultation
n'aur.iit probablement pas empêché la
guerre, qui était !a réponse obligée à un
outrage prémédité, mais elle auiair certai-
nement changé les conditions dans les-
qnelids elle a été faite et la distribution des
commandemeiits.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
289
30 Août 1906,
guerre est ma guerre
40 L'impératrice n'a jamais dit : « Cette
« Emile Ollivier. »
Lç deuxième document est une com-
munication faite à mon distingué confrère
par M. Alfred Duquet, auteur de Paris,
histoire du siège de la capitale depuis
l'afïaire de Chàtillon jusqu'à la capitula-
tion ; nous la reproduisons tout entière :
Quant à la consultation médicale du
i^' juillet 1870, je pense que le conseil des
ministres l'a tenue secrète. Et, de fait, la
divulgation de l'avis des savants professeurs
eût été d'une suprême miprudence politi-
<iue.
Reste la fameuse phrase de l'impératrice :
C'est ma guerre à moi. Certes, le propos
n'a pas manqué d'être répété, écrit maintes
et maintes fois, maudit par les mères et par
les bons Français. Seulement, a-t-il été
tenu ? je ne crains point de répondre net-
tement: Non.
En cela, je ne suis pas influencé par mes
sentiments à l'égard de l'impératrice Eugé-
nie, pour laquelle j'ai toujours eu de l'an-
tipathie en raison de sa frivolité, de sa futi-
lité ; mais j'ai le malheur, en ce temps de
voUes-faces et de compromissions, de ne
jamais cacher Xa. vérité, même contre mon
propre intérêt, mes propres désirs, et je
confesse n'avoir pas eu sous les yeux une
preuve écrite sérieuse ou une affirmation
orale décisive au sujet de cette abominable
déclaration ,
A moins de nouveaux éléments de con-
viction, c'est la thèse que je soutiendrai
quand je raconterai les origines de la guerre
de 1870-1871, après avoir terminé le récit
des sanglants combats et des gigantesques
capitulations de l'année terrible.
« Alfred Duquet. »
Ainsi, il en serait de ce mot historique,
comme de tant d'autres du même genre,
qui n'ont pas été sténographiés (à peine
nos procès -verbaux sténographiés sont-ils
exacts), il aurait été fabriqué aprèscoup,
M. Emile Ollivier et M. Alfred Duquet le
déclarent loyalement, et la cause ne pou-
vait être plaidée par des plumes plus fer-
mes et plus autorisées.
D"" Billard.
Dans la Peliic République (août 1906),
M.Gustave Naquet écrit que M.Emile Olli-
vier tient à dégager l'impératrice de toute
immixion dans la déclaration de la guerre.
>< Sur ce point, ajoule-t-il, j'ai lieu de croire
qu'il dit vrai ». Pour preuve, M. Naquet
290
donne ce qu'il en sait parTachard, ancien
député républicain de l'Alsace au Corps
législatif et qui représenta le gouverne-
ment de la défense nationale à Bruxelles
pendant la guerre. Tachard, malgré ses
opinions, a sauvegardé l'impératrice dont
il est devenu l'ami .
Il l'a revue au cap Martin, il y a trois
ans environ, et c'est de lui-même que je
tiens le récit de cette entrevue, et là, l'ex-
impératrice lui déclara qu'elle n'avait janaais
poussé à la guerre de 1870, qu'elle n'avait
jamais dit : « Cette guerre est une guerre à
moi ». Elle ajoute qu'elle savait prendre la
responsabilité de ses actes ; qu'elle avait
exercé son influence en faveur de l'expédi-
tion du Mexique et que, malgré les tristes
conséquences de cette expédition, elle en
faisait l'aveu, mais qu'elle n'avait nullement
poussé h la guerre contre la Prusse et qu'elle
protestait contre la part qu'on lui attribuait
dans les résolutions qui nous conduisirent
aux abîmes. Elle pria M. Tachard de lui servir
d'interprète devant l'opinion, et M. Ta-
chard me denianda à son tour, de faire
connaître, si j'en avais l'occasion, cette pro-
testation qu'il savait être sincère.
I/idéa de patrie
exis'tait-alle
(T. G., 685 ;
LU ;LIV. 116,
avaat la Eévolutioii ^
XKXV à XXX Vm ; XLII
233). — On lit dans le Soleil (16 avril
1906), sous la signature de Furetières :
Pour la majorité de ceux qui se sont pro-
noncés, il semble que ce soit avec Jeanne
d'Arc que s'éveille le sentiment vrai du pa-
triotisme et de l'unité nationale. ^lais, si ce
sentiment, le plus élevé qui puisse dominer
les esprits d'un pays, s'affirme avec éclat et
par des actes, à ce moment où la Fiance est
envahie par l'étranger, on peut constater
qu'il existe depuis plus longtemps et qu'on
en retrouve l'expression dans les romans de
chevalerie. C'est au xii* siècle que, dans la
Chanson de Roland, on retrouve, à chaque
strophe de ce grand poème épique, le mot de
« Doulce France ». Roland est le héros et le
martyr de cette défense du territoire créée par
Chaiiemagne, qui tr^ça des Pyrénées au Rhin,
les limites de la grande nation continentale,
La doulce France I Roland, sur le point
d'expirer, l'appelle et contemple une der-
nière fois l'horizon de la contrée chérie qu'il
ne reveria plus. Et Durandal, la glorieuse
épée, est devenue comme un symbole, ainsi
que le sera, deux siècles plus tard, l'épée ds
Fierbras.
Légende, si l'on veut, mais légende qui
s'est immortalisée dans la brcclie de Roland.
Majestueuse, elle apparaît au haut du cirque
No 1122.
L'INTERMÉDIAIRE
291
292
de Gavarnie^ auquel on aboutit après le
passage de ce fameux chaos où les quartiers
de granit, dispersés par une révolution ter-
restre, apparaissent comme les vestiges d'une
bataille de géants.
Ce n'est pas là, pourtant, que s'accomplit
ce combat d'arrière-garde oij l'armée de
Charlemagne subit un échec dont l'histoire
n'a pas encore bien démêlé les causes. Il faut
aller au-delà de Pampelune, sur le territoire
espagnol, pour retrouver le défilé de Ronce-
vaux, l'abbaye oiJ l'on conserve encore quel-
ques souvenirs qui entretiennent la légende
et provoquent, toute l'année, un pèlerinage
de touristes, d'érudits et de patriotes, curieux
de tout ce qui touche aux origines nationales.
Le mot « sujet »(LIV,i72), — Littré
donne de ce terme une excellente défini-
tion « Celui qui est soumis à une autorité
souveraine, soit qu'il s'agisse d'un roi,
d'une République, ou de tout autre sou-
verain »
On n'est pas le sujet d'une personne; on
ne peut dire : Je suis sujet de M. Fallières,
mais bien sujet de la République Fran-
çaise : c'est-à-dire soumis aux lois de cet
Etat, en un mot citoyen.
Lorsqu'il s'agit d'un gouvernement des-
potique on peut dire indifféremment sujet
Russe ou sujet de l'empereur de Russie,
par exemple.
Dans le langage des chancelleries on
emploie le mot sujet pour dire qu'une
personne appartient à une nationalité dé-
terminée. Ainsi : sujet français, sujet alle-
mand, sujet japonais Mais ce terme n'in-
dique nullement qu'il existe un lien de
vassalité entre l'individu et le chef de
l'Etat désigné.
Un ancien Magistrat.
Lettres du connétable de Montmo-
rency et de Catherine de Médicis,
(LIV, 270). — Les deux lettres pu-
bliées dans Y Intermédiaire du 20 août
1906 ne sont pas adressées à un des-
cendant de Jean Poton, sire de Xain-
trailles, le compagnon de la Pucelle,
mais aux deux personnages suivants, fils
aîné et cadet de messire Antoine Raffin,
dit Po7oi<i ^S énéchal cf ^génois, s. du Puy-
Calvary,Beaucaire, Azay le Rideau, etc.
Capitaine des gardes de S. M. (L.-P. de
1530).
La première de ces missives, celle du
connétable, datée du 24 novembre 1550,
est destinée à Geoffroy Raffin, dit Poton
ou Pothon. Sénéchal d' À génois, i 548-1 553.
La seeonde, expédiée par Catherine de
Médicis à la date du 20 octobre 1562, est
sans nul doute, adressée au frère cadet
du précédent, messire François Raffin dit
Poton (il signait : Poton) s. du Puy-
Calvary, Azay le Rideau, etc. Sénéchal
d'Aocnois en 1553, chevalier de l'Ordre,
Capitaine des Gardes du Roy, etc., qui
épousa Nicole Le Roy, dame de Ballon au
Maine, fille et unique héritière de Guyon
Le Rov, s. du Chillon, vice-amiral de
France et de sa seconde femme Rade-
gonde de Maridort. Il en eut une fille
unique :
Anthoinette Raffîn-Poton, dame du
Puy-Calvary, Azay le Rideau, Ballon, etc.,
mariée le 4 aoiit 1471 à Guy de Saint-
Gelais, s. de Lansac de la maison de Lu-
signan, chevalier de l'Ordre du Roy. Séné-
chal d A génois (après son beau-pere), ca-
pitaine de cinquante hommes d'armes des
ordonnances, etc.
Les Raffin dits Poton, seigneurs de la
Raffinie (par. de Sainl-Cyr de laRaffinie,
diocèse de Rhodez) Aigues-Vives^ Pny-Ri-
caid, Pny-Calvaiy^ Savignac^ la Roque
Tiinbault, et autres places portaient :
d'azur à la fasce d'argent surmontée de ^
étoiles d'or, rangées en chef.
(Cf. Chérin, ms fr. 31.729. Dossiers
bleus, ms fr. 30.099.)
P. Le Vayer.
Képublique de Thélia (XLVII). —
Selon la tradition, dit Ad. Joanne, Bre-
tagne, 272 — un seigneur de Brieux, fait pri-
sonnier à la bataille de Pavie, en 1525, fut
racheté par ses vassaux. En reconnaissance,
il leur donna en toute propriété la lande de
Tlièlin qui fut transformée en république et
administrée par deux préfets, élus chaque
année à la fontaine de Bodine. Aujourd'hui,
il ne reste d'autre souvenir de cette curieuse
conununauté qu'une croix de pierre élevée,
d'après l'inscription qu'elle porte, * l'an mil
V" LX et six (1566) au Pont-Garin par les
Thélandays », près de la fontaine de Saint-
Fiacre.
Baptême (XLVll ; XLVllI ; L ; LU;
LUI, 180). — Je trouve dans Vier^on et
sei environs, ouvrage remarquable de
notre excellent confrère, M. E. Tausserat,
la note suivante :
La ville de Bourges, pour reconnaître le
services que lui avait rendus M. Dupré de
Saint-Maur, voulut servir de marraine et
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1Q06.
293
donna son nom à l'un Je ses fils, né en 1769.
Le baptême de Gtoxges-Bourges Dupré de
Saint-Maur fut donc l'occasion d'une fête à
laquelle ne manquèrent ni les harangues, ni
les poésies, ni les festins, ni les décharges
d'artillerie.
294
Familles à origine, illustre très
ancieiines (LUI, 83 ^ ; 951, 969J. — On
a très bien fait en plaçant sous cette ru-
brique, les familles de la noblesse celtique
d'Irlande.
En effet, il suffit de citer l'opinion non
suspecte du grand généalogiste anglais,
Sir Bernard Burte, pour être édifié sur la
valeur et l'ancienneté de leurs traditions
nobiliaires.
Voici ce qu'il dit à cet égard :
... Mais après une stricte recherche et en
examinant con-îciencieusement les faits à la
lumière de la critique de l'histoire, on trou-
vera peu de maisons ou peut-être aucunes sur
le Continent, supérieures en origine ou même
égalant celle des O'Brien, des O'Neiils, des
I^!c Carty ou des O'Conr.ors, d'Irlande, dont
les ancêtres étaient déjà princes souverains,
à l'époque de la première invasion anglaise.
11 n'y a aucune époque mieux établie que
celle du règne de Brian Boroimhe, vainqueur
des Danois à la célèbre bataille de Clantarp,
le 23 avril 1014.
Ce monarque était contemporain de Hugues
Capet, ce qui suffirait déjà sans plus de ré-
trogression (et bien peu aussi de générations
peuvent être authentiqueme^t établies) pour
placer ses descendants sur un pied d'égalité
avec les plus anciennes maisons royales d'Eu-
rope, même avec les Bourbons, incontesta-
blement la plus ancienne.
Les deicenlanls de Brian existent indubi-
tablement, ainsi que ceux d'autres princes
irlandais dont les droits sont aussi faciles à
établir, par l'examen de documents authen-
tiques comme le serait tout autre fait histo-
rique de l'époque.
Les grandes familles princières irlan-
daises peuvent faire remonter leur généa-
logie à des époques fort anciennes, car
une loi instituée bien avant l'ère chré-
tienne, avait déjà établi la plus grande
vigueur dans la conservation des docu-
ments historiques relatifs aux maisons
princières et souveraines. Il en est résulté
que toutes ces maisons princières tracent
leurs généalogies à des époques bien anté-
rieures à l'ère chrétienne et en les reliant
â leurs traditions celt-ibères elles remon-
tent facilement aux temps bibliques et y
rattachent ainsi, de père en fils, leurs gé-
néalogies royales. —J'ai sous les yeux un
document des plus intéressants donnant
la généalogie des O'Neiils, jusqu'à Noë,
par les ibères et les anciens scythes, re-
montant jusqu'à Niul, contemporain et
ami de Moïse ! Zanoni.
Madame d'Anjou (LUI, 946). —
Une famille Danjou ou d'Anjou habitait
le Berry au xvii" siècle. Madeleine Danjou,
fille de feu André Danjou, conseiller du
Roi et Elu à La Châtre et de Anne Daulne,
épousa, à Henrichemont, le 15 août 1695,
Nicolas Agard des Maisons Rouges. Cette
familie s'est éteinte, je crois, en la per-
sonne de Mlle d'Anjou, décédée, il y a peu
d'années, à Crésancy (Cher).
Em. -Louis Chambois.
Bénédictins francs-maçons (LI ;
LU). — Le 4 mars 1787, la R.-. L.'.
de Saint-Jean, constituée à Troyes ea
1786 sous le titre de la Régularité, par
les gardes du corps en garnison dans cette
ville, admit parmi ses membres « le pro-
phane révérend Antoine Germain, reli-
gieux supérieur du couvent des frères
mineurs(Cordeliers)de l'Orient deTroyes»,
et « le prophane Claude-Henry », frère
profès du même couvent. Ce dernier était
reçu comme « frère servant », et un sa-
laire fut prévu pour payer ses services.
L'atelier était d'ailleurs installé dans un
local du couvent des Cordeliers, tenu en
location par la Loge,
Deux prêtres en firent également par-
tie : l'abbé Natey , comme f . • . Hospitalier ;
l'abbé Lefebvre comme f .". Orateur.
En 1815 la loge de Saint-Jean de la Tri-
ple-Union de Reims invite V Union de la
Sincérité de Troyes à venir célébrer avec
elle, le 27 décembre, « la fête de l'illustre
Patron ». Il y aura une messe en l'église
de Saint-Jacques à 11 h.'. 1/2 ; les tra-
vaux s'ouvriront à midi précis et seront
suivis de ceux du Banquet qui auront lieu
à 2 h.*. 1/2. » (Bibl. deTroyes, coll.
Carteron.) L. M.
Famille deBéthune (LIV, 165,239).
— La question est aussi délicate qu'inté-
ressante Je vais résumer ce qui en est
dit d:!ns le tome IV du Dictionnaire des
Familles françaises (p. 188 ; 1905) :
La maison de Béthune est représentée
N« 1122.
L'INTERMEDIAIRE
295
encore de nos jours, elle ne s'est pas
éteinte, comme le croit M. Hobby, par la
mort du dernier duc de Sully. « Elle avait
reconnu comme ayant avec elle une ori-
gine commune, une famille Desplanques ^^.
Sur un mémoire de famille, que rien ne
justifie, La Chesnaye des Bois fit descendre
cette dernière famille d'un puîné des sires
de Béthune, décédé en 1037, do"^ un
descendant prit le nom de Desplanques,
d'une terre qu'il hérita. — En 1522, Mi-
chel Desplanques était lieutenant de la
ville de Béthune. Son fils, Pierre, semble
être le premier seigneur d'Hesdigneul ;
il eut Jean, que l'auteur suppose avoir été
anobli le 6 septembre 1606. Ce }ean eut
un fils « appelé Jean, qui le premier joi-
gnit à son nom celui de Béthune, soit
pour rappeler son lieu de naissance, soit
pour se distinguer de familles homo-
nymes... Son fils, Charles-François... se
fit appeler non plus Desplanques dit deBé-
thune,mais de Béthune dit Desplanques ».
La maison de Béthune ne protesta pas ;
même le duc de Béthune-Charost fut
parrain d'un fils de Charles-François. Les
Etats d'Artois, en 1720, rendirent une
sentence confirmant la prétention ; mais,
je le répète, cette prétention n'est pas
appuyée sur des titres authentiques connus.
Il y eut cependant des titres produits,
toutefois Chérin semble les avoir trouvés
faux, d'après une lettre, seule pièce qui
soit dans ses dossiers sur cette famille.
Les princes de Béthune-Hesdigneul sont
Belges, les comtes de Béthune-Sully des-
cendent de Georges Desplanques, frère de
Jean ci-dessus. Qiiant aux grands Béthune,
si l'on peut ainsi parler, ils existent tou-
jours. Le marquis de Béthune (Armand-
Maximilien) a épousé, en avril 1905, la
comtesse de Bréqueville, Oroel.
Armoiries à déterminer : Eeai-
telé.. (LlV,i09). — Lire ainsi la descrip-
tion qui a été publiée d'une façon erronée-
Armoiries : Ecartelé au i"^ et et ati ^^
d'argent, aux 5 croix de Malte de... ac-
compagné defasces d'or.
Au 2" de. . . au lion rampant de...
Au ^^ d'argent au noyer de siuople sur
un sol de même chargé d' une merlette d'ar-
gent. L. F. L.
Les Cardillac (LIV, 166). — Le
n° du 10 août de votre intéressant jour-
. 296 — ■ — — •
nal, pose, sous la rubrique : « les Cardil
lac » la question de savoir quelques ren-
seignements sur le passage de Pierre de
Cardaillac au Château Trompette. Je lis
deux faits : Vous jugerez s'il est bon de
leur faire place dans vos colonnes. Mé-
moires pour servir à l'histoire de Mme de
Maintenon et à celle du siècle passé. \omt 1*' :
1° Il est dit que Pierre de Cardaillac était
lieutenant au Château Trompette lors de
l'internement de son gendre Constant
d'Aubigné et « le duc d'Epernon gouver-
neur de Guienne (page 68) se vengeait sur
le fils des Tragiques, du père en donnant
des ordres rigoureux, dont Cardaillac
adoucissait la sévérité par égard pour sa
fille », qui avait voulu être enfermée avec
son mari ;
2° Qu'apparemment en 1630, avant la
naissance d'aucun des enfants d'Aubigné
(toujours en prison) « Cardaillac mourut
au Château Trompette — et d'Aubigné
fut plus étroitement resserré » page 70.
Ces mémoires portent : chez Pierre
Gosse, junior et Elie Luzac fils 1757. La
Haye et Leide. Et au-dessous du titre,
ainsi qu'à la i^^ page : « Madame C. C. de
Lunéville » ; ceci tracé à la main. Quelle
est cette dame ; est-ce l'auteur.'' Le livre
ne porte pas de mention de nom d'au-
teur. Marc Hus.
Mlle CLàiron à Rouen (LIV, i68)-
— Mlle Clairon, qui avait échoué à la Co"
médie italienne, à cause de son extrêm^
jeunesse — elle n'avait que 13 ans, 177"
— fut engagée à Rouen pour jouer le^
rôles de son âge, chanter et danser. EU^
resta quatre ans dans cette ville, dans 1*
troupe dirigée par La Noue, qui avai*-
pour associée Mlle Gauthier.
C'est pendant son séjour à Rouen que
parut le pamphlet dégoûtant intitulé His-
toire de Mlle Cronel, dit frélillon^ qu'on
attribua injustement au comte de Caylus,
et qui n'était l'œuvre que d'un soupirant
repoussé, nommé Gaillard, j'ai écrit dans
mon Dictionnaire des comédiens français
(article Clairon) :
Et l'on vit des littérateurs, tel Edmond de
Concourt, ramasser ces ordures pour en faire
là base d'un livre qui, sous son apparence
historique, ne vise absolument qu'au scan-
dale. — Que Mile Clairon ait eu des amants,
qui le nie? Mais Edmond de Concourt, après
avoir décalqué quelques pages des Mémoires
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906,
297
298
de son héroïne, sans même rectifier Tortho-
graphe de certains noms, —tel De Hesse, de
h Comédie italienne, qu'il appelle Deshais —
se complaît dans la fange ; il s'y vautre ; il
ne nous fait grâce d'aucun détail ; tous lès
libelles lui sont bons ; il accepte comme
amants véridiques tous ceux qu'on nomme ;
et fait œuvre de portier. Qii'est-ce que tout
cela peut bien faire à Thistoire du théâtre et
de la tragédie au xviu° siècle î
On a prétendu que Mlle Clairon et sa mère,
préposée au bureau de location, avaient
quitté Rouen à la suite de la publication du
pamphlet cité plus haut. Nous croyons bien
plutôt que les deux femmes suivirent à Lille
la troupe de La Noue, à laquelle Mlle Clairon
appartenait depuis quatre ans. C'est à Lille
que Garrick la vit jouer, etc.
H. Lyonnet.
Le général Duvignau (LUI, 836 ;
LIV, 127, 140). — Une famille du Vi-
gnau possède et, habite actuellement le
château des Radrets, en Sargé-sur-Braye
(Loir-et-Cher). Elle porte : d'or, au chevron
d'azur, accompagné de 9 trèfles de même,
2 en chef, i en pointe ; an- chef de gueules^
chargé de ^ couronnes d'or.
Je crois que le no.Ti patronymique est
Douhlard. Em. -Louis Chambois.
Fouroier d© Lam:-rîini9(LIV,i69).
— Qiiel est le nom de cette famille ? je
trouve dans mes notes :
Marie Fournie {sic), fille de Pierre, sei-
gneur de la Martignie, docteur en méde*
cine, et de Jeanne Poumarède, épousa, par
contrat, portant filiation, passé devant
Lantourne, notaire royal (à .''), le 29
décembre 1701, Jean de Bideran, écuyer,
sieur de Fontenelle,
VxarvQ Fournie {sic) de La Martinie^^capi-
taine en retraite, chevalier de la Légion
d'honneur, mort à Agen, au mois de jan-
vier 1866, âgé de 80 ans.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Gorjy (LIV, 169). — D'après Vape-
reau (Dictionnaire universel des littéra-
tures), Gorgy, Jean-Claude (et non Gorjy),
né à Fontainebleau en février 1753, est
mort à Pinceloup, près Rambouillet, en
1795. ^ J. Lt.
* *
Voici son acte de baptême :
Jean-Claude fils de Claude Gorjy, valet
de chambre de Monsieur le comte de Maille-
bois et de Claire françoise Plume, ses Père
et Î^Ière de la paroisse de Saint-Germain ^
Paris, né eu légitimé mariage le dix-neu
novembre mil sept cent cinquante-trois a
été baptisé le lendemain par moy soussigné
prêtre de la Concjréoation de la Mission fai-
sant les fonctions curiales. Le Parain â ete
Jean-Baptiste Lazard fils d'Etienne Lazard,
marchand de toile et la maraine Marie-Mag-
delaine Desrats lille de Jean-Baptiste Des-
rats lesquels ont signé avec nous ainsi que le
Père présent.
Jean Baptiste Lazard
Gorjy.
MM... Des(?ats
Sedainme, prêtre.
Borijfimirl Schlick (LUI, 948 ; LIV,
136). — Je remercie M. j. L. L. de ses
utiles renseignements. Depuis que j'ai
posé la question, j'ai pu établir l'identité
de ce Schlick qui fut un architecte aqua-
relliste Danois, correspondant de l'Aca-
démie des Beaux-Arts de France vers
1840. îl a, en effet, séjourné en Italie, où
il a exécuté de très belles aquarelles de
Pompéi.
Je reprends à présent ma question sous
une autre forme : J'ai entre lés mains un
magnifique album d'aquarelles originales;
il mesure 80 cm, de hauteur sur 60 de
large environ, et est contenu dans une
boite de palissandre incrustée de cuivre.
Le volume porte une belle reliure signée
Hering, Londres. Couverture avec incrus-
tations de cuivre^ deux dragons ciselés
dans chaque angle. A l'intérieur, aigle
impérial de Napoléon III. Les différents
théâtres en médaillons ; un groupe sym-
bolique avec Thalie, Melpomène, Apollon,
Erato,Terpsichore. Le Titre porte : Choix
et Collection de théâtres dessinés et mesti-
rés par Benjamin Schlick. Sept théâtres
de Paris et le théâtre de Bordeaux y figu-
rent en plans, coupes et élévations, avec
détail des décorations de plafonds, loges,
scènes, décors, etc. Ces aquarelles turetit
faîtes en 1829, pour Charles X ; la Ré-
volution l'empêcha de les accepter. Je
désire savoir d'où provient cet album et à
qui il a successivement appartenu.
LÉO Claretie.
Le baron Thiers (LI ; LUI, 838,
924 ; LIV, 137). — Je relève dans le der-
nier catalogue de la librairie Dorbon, rue
de Seine, l'ouvrage suivant :
468 Chanlaire (Léon de), Champenois. Le
martyre et la mort du Bizet. Poëme héroï-
comique par un homme d'état dédie, sa'is
No 1122.
L'INTERMEDIAIRE
• — 29Q — — —
permission, à S, E. Mgr le Baron Thiers,
président du conseil des ministres, grand
d'Espagne de par le Charivari et grand offi-
cier de la Légion d'honneur de par lui-
même, attendu sa maxime que le roi rèone
et ne gouverne pas. Paris, 1840.
Gustave Fustier.
Towianski (LIV. 109, 246).— 11 y a,
dans la France mystique d'Erdan, si la mé-
moire ne me trompe pas, toute une no-
menclature avec portrait consacrée à
Towianski. De même pour cette intelli-
gence si forte et si paradoxale : Vrenski.
Je crois me souvenir, sans rien assurer,
qu'il y est parlé du rôle de Towianski en
1848.
Mais M. Persigny doit sans doute con-
naître la fiance mystique. Aussi la citai-je
purement à titre de mémoire.
Peut être pourrait on trouver de Tiné-
dit à l'Ecole Polonaise qui possède
(paraît-il, je n'assure rien) une riche bi-
bliothèque (selon les uns, elle serait à la
Mazarine) des renseignements inédits sur
Towianski, le fonds proviendrait de legs
et contiendrait tous les livres de plusieurs
princes polonais ayant joué un grand
rôle dans les temps contemporains.
Les traditions, les souvenirs sont des
plus vivaces chez les familles polonaises.
II y a aurait peut-être là quelque chose de
nouveau à glaner sur ce sujet.
Marnix.
Les derniers moments d'Alfred
de Vigny (LIV, 212, 246). — Deux ob-
servations à propos de la lettre de
M. Léon Séché :
1° « Le récit très circonstancié que j'ai
publié, en 1901, sur les derniers moments
du poète ». — Ce récit (Voir : Alfred de
Vigny et son temps, p. 330-335) n'est autre
que la lettre de Mlle C, d'Orville, publiée
par M. Paul Lafond, l'année précédente,
dans la Revue de Paris.
2° « Qu'est-ce, en effet, que le jansé-
nisme, sinon du pessimisme chrétien .? »
— M. Emile Faguet {Les Religions de Vi-
gny, Revue latine, 25 mai 1903) a déjà
réfuté cette assertion :
«Rien n'est plus faux. Le jansénisme est un
christianisme rigoureux ; le jansénisme est
un christianisme effrayé et convaincu de
l'impuissance de l'homme h se sauver lui-
même ; le jansénisme est surtout un christia-
nisme individuel et qui tient peu de compte
300
de la monarchie ecclésiastique, et c'est en cela
qu'il a des analogies avec le protestantisme
et aussi, à un autre point de vue, avec le ré-
publicanisme ; mais pour pessimiste, servi-
teur, le jansénismene l'est absolument pas. »
Le Docteur Noir.
Col. 214, ligne 12 et col. 247 ligne 28, il
faut lire rester une, au lieu de unie ou uni.
Le monogramme du Christ (LllI^
LIV, 13).— M. Peigné Delacourt, dans son
supplément aux Recherches sur la bataille
d'Attila, nous donne la figure d'un petit
fragment de terre cuite, contenant l'ins-
cription d'une épitaphe gallo-romaine (du
sud de la Gaule), On y trouve encore les
deux extrémités de ce monogramme, ré-
duites à un point (pour le X) et à une
virgule (pour le P.)
Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'où
arrive à reconstituer cette épitaphe toute
entière \'i,'à\x{\ç, nom de la personne, qui
n'a rien d'intéressant par lui-même. Et
pourtant, il n'y avait de conservé que les
lettres soulignées ici : « In Christo ; hic
« jacet vir bonje memoriœ, qui vixit an
(nos) XXÏll, men(ses' III, J/(es)..., et
obéit in die K ^^^/(endarum), indictione
x, régnante Doiii[ino ;;(ostro) ^//(rismun-
do) rege V/isigothorum ».
Celte épitaphe date de l'an 4^2, à quel-
ques mois près, bien que le n" de l'indic-
tion nous manque ; en efi'et, ce roi ne ré-
gna que de 451 à 453. De plus, elle vient
d'Aquitaine ; car on y trouve écrit bixit
au lieu de vixit, comme les Basques
étaient autrefois les Vascons. Heureux
pays que la Gascogne, où hibere et vivere
sont le même mot. Là, le vin c'est la
vie ! Au reste, les mots vin et vie (hia en
grec) viennent du celtique vi, qui a le
sens de la force procréatrice ; c'est-à-dire
l'idée de la force, par excellence.
D"" Bougon.
Armoiries à retrouver : d'azur.se-
mé de fleurs de lis d'or et de clefs
d'argent (LUI ; LIV. 93, 199, 253). —
Je ne connais pas de ville en France por-
tant ces armoiries, mais elles appartien-
nent à l'Eglise du Mans qui, d'après V Ar-
moriai des généralités, blason nait ainsi :
d'a:(Hr, semé alternativement de fleurs de
lis d'or et de clés d'argent. Le sceau du
chapitre cathédral porte actuellement :
da:^ur, semé de fleurs de lis d'or, à ^ clés
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906,
301
d'argent posées 2 et i ; les deux premières
adossées. Em. -Louis Chambois.
Les tableaux de Van der ?vïeu.l6n
sur les victoires de Louis XÏV (LU;
Lin, 81). — Le conservateur du musée
de Villefranche veut bien nous adres-
ser la lettre suivante :
î^ionsieur,
Votre numéro de novembre 1905 contient
une question de M. Geo. Bernard, sur les
tableaux de Van der Meulen.
Le musée de Villefranche contient deux
tableaux de ce peintre, légués par Mme Vve
Boiron :
Siège ei prise de Lille ; Bataille de Fon-
tenoy .
Veuillez excuser ma réponse tardive et
agréez, Monsieur, mes respectueuses saluta-
tions.
DÉRESSE.
Un porteur de chaise des « ?ré-
c'euses » (LIV, 219). - La Vengeance des
Marquis est de 1663 et rien n'indique que
le passage cité par M. H. Lyonnet se
rapporte aux premières plutôt qu'aux der-
nières représentations des Précieuses ridi~
cille', et notamment à celles données du 13
avril au 26 septembre 1660. A cette
époque, Du Parc pouvait représenter l'un
des porteurs de chaise, mais s'il avait
remplacé Jodelet dans le personnage du
Vicomte, il est peu probable qu'il ait tenu
les deux rôles.
On connaît certainement les créateurs
des rôles de Mascariile (Molière), Jodelet,
La Grange et Du Croisy ; quant aux
autres, notre ami, M. Georges Monval,
le Moliériste par excellence, les a ingé-
nieusement distribué? de la façon sui-
vante (Le Moliériste^ septembre 1886,
p. 177) : Magdelon = Magdeleine Béjart ;
Cathos = Catherine de Brie ; Gorgibus =
François Bedeau, sieur de l'Espy : Alman-
zor = Villequin ; Marotte = Marie de
l'Etang.
Et les pc/rfours de chaise? -- M. Mon-
val ne les oublie pas ; il propose : « Louis
Béjard et... (pourquoi pas [OgierLalle-
des Mazur-. s ?) »
L'abbé de Pure.
mant, sieur
302
Le sonnet d'Ârvers est-il imité
dQl'iialieu? (LIV, 162, 257).
Agon (Manche)
Château des Pins,
17 août 1906.
Monsieur le Directeur à.e\' Intermédiaire
des chercheurs et curieux^
Dans votre numéro du 10 août, que m'en-
voie le Courrier de la Presse, vous posez la
question de savoir si le sonnet d'Arvers est
une oeuvre originale ou une simple imitation
dé l'italien .
Jusqu'ici, personne n'a encore pu découvrir
en Italie, le sonnet imité. Comme M. Léon
Séché, j'ai fait faire, il y a déjà plusieurs
années, grâce à mes relations amicales avec
un de nos ambassadeurs à Rome, des recher-
ches qui sont restées infructueuses.
Dès lors, comment s'expliquer qu'Arvers,
lorsqu'il a publié, en 1833, ses iî/t;«*'«/^r-
dues,?Àt placé en tête de son sonnet une indi-
cation fausse, qu'il n'avait pas mise en tête
de son sonnet écrit sur l'album de Mme Men-
nessier-Nodier, et qui était de nature à dimi-
nuer, sinon à lui retirer complètement le mé-
rite de cette charmante pièce devers ?
L'explication est facile, du moment qu'il
est établi que le sonnet avait été inspiré par
cette jeune femme, tout récemment mariée (le
17 février 1830), et l'indication erronée est
la preuve même qu'il n'y avait pas d'autre
inspiratrice. Il a voulu éviter d'éveiller tous
sentnnents de jalousie ou de susceptibiliié de
la part de son mari ou de son entourage.
Je pense donc qu'il est à propos de vous
envoyer une reproduction de l'article que
j'ai publié dans VEclair du i"" de ce mois,
pour établir péremptoirement que Marie No-
dier étaitbien l'inspiratrice du sonnet d'Arvers.
Agréez, monsieur, l'expression de mes sen-
timents distingués.
Louis AlGOlM.
iO
Arvers, publié
dans une autr^
Voici l'article auquel M. Louis Aigoin
renvoie nos collaborateurs :
Dans ma Notice sur Félix
chez Ollendorlf, en 1S97, et
brochure, imprimée en 1898, et intitulée Le
Mystère du Sonr.ei d'Arvers, j'ai soutenu
que l'inspiratrice de ce fameux sonnet était
Marie Nodier, mariée, le 18 février 1830, à
M, F.-J. Mennessier.
Votre journal me demande de fournir des
preuves à l'appui de mon affirmation. Je vais
les donner, en priant mes contradicteurs d'en
faire autant.
\J Intermédiaire des chercheurs et^ curieux
de 1874 contient, sin- la personnalité de l'hé-
roïne, une dissertation qui se termine ainsi :
« L'inconnue ne serait-elle pas plutôt la
N° 1122.
L'INTERMEDIAIRE
303
fille de Charles Nodier, Mme Meiif^essier ?
Je l'ai entendu direcomme de source certaine.
Pour détourner la pensée dès lecteurs, Félix
Arvers aurait indiqué que son sonnet était
« jine imitation de V italien . »
L'éditeur Hetzei, l'un des habitués du
salon de l'Arsenal, a reçu d'Arvers lui-même
la confidence qu'en composaiit son sonnet, il
avait pensé à la fille de Charles Nodier. C'est
ce que déclare M. Glinel, l'un des historiens
d'Arvers, et qui a été en relation avec M. d'A-
vrecourt, fils de l'un des collaborateurs dra-
matiques du poète. M. Glinel dit expressé-
ment dans Le Livre :
« Le sonnet célèbre a été inspiré, selon
moi, par la fille de Charles Nodier, Mme
Marie Mennessier, »
Cette assertion est reproduite^ d'une ma-
nière plu5 positive encore, dans un article
inséré au Figaro^ le 3 septembre 1893, c'est-
à-dire le surlendemain de la mort de Mme
Mennessier, et écrit par un ami intime de la
famille. « Le sonnet d'Arvers, dit-il, lui a
été adressé. »
M. Edouard Grenier, après avoir raconté
dans ses Souvenirs littéraires^ comment il lui
fut donné d'assister aux dernières soirées si
célèbres de l'Arsenal, s'exprime ainsi :
« Presque toujours, aux réunions du di-
manche, indépendamment des habitués, il
survenait des visiteurs irréguliers, comme
Arvers, à qui l'on faisait réciter son fameux
sonnet, écrit sur l'album de la fille de la mai-
son et composé 'pour elle, disait-il . »
Enfin, M. Thaïes Bernard, annotateur de la
Littérature Jrançaise du colonel Stapf, livre
au public une déclaration qui ne peut émaner
que de Mme Mennessier, bien qu'il ne la
nomme pas ; son nom est transparent.
« L'album de Mme XXX, dit-il, contient
le sonnet écrit de la propre main d'Arvers, et
cette dame avoue que le sonnet a été fait
pour elle, Arvers la croyait donc beaucoup
trop naïve, n
11 résulte de tout ce qui précède, qu'à
l'origine, Arvers, jeune clerc de notaire un
peu dépaysé dans un salon fréquenté par
toutes les célébrités littéraires de l'époque,
n'a pas osé avouer sa flamme à la fille de
Charles Nodier, encensée par tout son entou-
rage. De son côté, la jeune femme était trop
intelligente pour n'avoir pas deviné l'amour
de celui qui venait de déposer sur son album
cette charmante déclaration voilée. Mais, tout
récemment mariée et disposée à rester au
devoir fidèle, elle a feint, comme l'avait prévu
Arvers, de ne pas comprendre.
Quant aux familiers du salon de l'Arsenal,
ils n'ont pas été longtemps dupes de la
double discrétion du poète et de l'héroïne, et
ceux-ci ont fini par s'en relâcher, ainsi que
le prouvent leurs aveux réciproques ulté-
rieurs, dûment constatés.
304 .
Pour moi, qui ai été lié avec la famille
Mennessier, pour moi qui ai eu l'honheur
de recevoir à ma table, dans les dernières
années de sa vie, la fille de Charles Nodier,
je sais parfaitement à quoi m'en tenir. Son
fils et ses trois filles, dont l'ung vit encore,
n'ont jamais cherché à me dissimuler la
vérité. C'e^t même en présence de l'une
d'elles que, dans la séance publique de la
Société philotechnique du 16 mai 1897, dé-
voilant le mystère du sonnet d'Arvers, j'ai
hautement déclaré qu'il avait été fait pour la
fille de Charles Nodier.
Du reste, cette femme d'élite avait inspiré
bien d'autres déclarations poétiques. Son
album en fait foi. Il contient les vers à elle
dédiés par Sainte-Beuve, Théophile Gautier,
Emile Deschamps, Victor Hugo, Alexandre
Dumas père, et par beaucoup d'autres litté-
rateurs en renom.
On y trouve notamment les trois sonnets
adressés par Alfred de Musset à Mme Men-
nessier, et compris dans ses Poésies nouvelles.
Grâce à M. Edouard Grenier, qui les a pu-
bliées duns ses Mémoires littéraires, le public
peut connaître aussi les deux réponses en
sonnets adressées par elle à Musset.
Cette circonstance prouve combien M. Gre-
nier était au courant des choses de l'Arsenal.
11 faut donc l'en croire, quand il dénomme
l'inspiratrice du sonnet d'Arvers.
Louis AlGOIN.
Saint Christophe et l'enfant Jé-
sus LIV, 10, 13g, 200). — Sur la- route
qui va de Trouville à VillerSj se rencontre
le petit village de Bénervillê do rit l'église^
consacrée à saint Christophe ^ date du
xf siècle.
Une vieille statue en bois,da patron de
la paroisse, représente l'enfant Jésus à ca-
lifourchon sur les épaules du saint.
Pierre de Carnac.
La Logographie (1111,672,819,932).
—- Comme exemple remarquable d'un do-
cument offrant non seulement un double
sens^ mais, ce qui est plus rare encore, un
triple sens, contraire à chacun des deux
autres, pris à part, je puis oftrir aux lec-
teurs de V Intermédiaire le texte ci-joint,
il a paru, en 1864 ou 186^, dans unjour-
nal des Etats-Unis, à l'époque de la
guerre de la Sécession, et a été reproduit
dans le journal anglais Public-Opinion
d'où je le transcrivis alors, quelques jours
avant l'assassinat du président Lincoln.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906,
505
306
LES TROIS PARTIS EN CONFLIT AUX ETATS-UNIS EN 1865
Plate forme des [ tii^t» /^^,« ^.. L Plateforme de&
o ' ■ ■ i \ Ftaie forme au \ a ? / , ■ 2
ùecesstonistes ) n^^j; j; ^^^ j.- 1 Abolîtwnistes
,<, ^.j. < j {Parit démocratique l t-'j-
ou Lonfedeves des ) ^., j, ■ .,, ^ \ ou Fédéraux
n j. j c j) ( ^'' Umomsle j . r-j . , \t-. j
Etats du Sud \ f des Etats du Nofd
Hurrah for
The Sécession
We fight for
The Confédération
We love
The Rébellion
We glorify ourselves in
The séparation
We don't fight for
The Reconstitution
We Shall success
The union
We don't love
We never said that
We désire
Foreign intervention
We cheerish
The Sparred and Speckled flag
We Venerate
The susdish chivalry
Death to
Old Abe Lincoln
Down with
The Law and Order
The Old Union
Is cursed.
The Constitution
Is a league with hell.
The liberty of the lànguagé
Is a treason.
A free press
Shall not be tolerated
The liberty of tbe negroes
Will be obtained.
At Every hazard.
We love
The negroe.
Union Shall be dissolved
As it was ;
Is for ever lost.
The old flag
Is a mère lie.
Thé habeas corpus
Is hateful.
Jefferson Davis
Is not the governenient.
The mob lavvs
Shali triumph.
Séparatistes
I
TRADUCTION DES TROIS PLATEFORMiiS
Unionistes
2
Abolitionisies
3
Hourrah ! pour
La Sécession
Nous combattons pour
La Confédération
Nous aimons
La Rébellion
Nous nous glorifions dans
La Séparation
Nous ne combattons pas pour
La Reconstitution
Nous réussirons
L'Union
Nous n'aimons pas
Nous n'avons jamais dit qile
Nous désirons
L'intervention étrangère
Nous chérissons
Le drapeau étoile et bariolé
Nous vénérons
La chevalerie sudiste
Mort au
Vieux {Ab)\z\\2im Lincoln
A bas
La Loi et l'Ordre
(i) (Président du Sud),
La Vieille Union
Est maudite
La Constitution
Est une ligue avec l'enfer
La libeité de langage
Est une trahison
Une Presse libre
Ne sera pas tolérée
La liberté des nègres
Sera obtenue
A tout prix
Nous aimons
Les nègres
L'union sera dissoute
Telle qu'elle était
Est perdue pour toujours
Le vieux drapeau
Est tin pur mensonge
L'habeas corpus
Est détestable
Jefferson David (1)
Nest pas le gouverhéftleht
Les Lois Populaires
Triompheront 1
AuG. Paradan.
N" II
22.
L'INTERMEDIAIRE
307
308
Grands relieurs du XÎX^ siècle
(LIV, 109). - Dans le catalogue de la bi-
bliothèque de M. Lucien de Rosny, i'" par-
tie, dont la vente a eu lieu au mois de mai
1874, par les soins du libraire Chosson-
nery, celui-ci lui a ajouté un index des re-
lieurs artistes qui y figurent, dans lequel on
trouve les renseignements suivants s
quelques relieurs cités par le questionneu
Belz-Niedrée (}ean-Philippe) né à Franc-
fort-sur-le-Mein, en 1831, succède à Nie-
drée, en 1856.
Cape, né en i8o6 à Villeneuve-Saint-
Georges, a exercé de 1829 à 1867. Il a
eu pour successeurs Masson et Debon-
nelle, le premier, né à Genainville (Seine-
et-Oise), élève de Cape, le second, né à
Paris, en 18 16, élève de Thouvenin.
Duru (Marc-Hippolyte), né à Claye
(Seine-et-Marne) en 1803. élève d'Antoine
Chaumont, a exercé de 1840 à 186^.
Hardy (François-Nestor-Canaris), né à
Argentan (Orne) en 1825, élève de Nie-
drée, délégué de la ville de Paris à l'Ex-
position universelle de 1855.
Simier, élève de son père, a exccc jus-
qu'en 1847.
Thouvenin, élève de Bozcrian, le jeune,
mort en 1833.
Trautz-Bauzonnet (Georges), né à Pfor-
zheim (Bade) en 1808,
Vogel, né à Dresde (Saxe)
11 est fâcheux que l'initiative prise par
le libraire Chossonnery n'ait pas eu d'i-
mitateurs parmi ses confrères.
Paul Pinson.
« Cultor-^ de la vigne » Ouvrage
à retrouver (LIV, 171). — L'ouvrage en
question consiste en deux volumes de
format petit in-8''. En voici le titre exact :
TRAITÉ COMPLET || SU LA MANIERE || DE
PLANTER, d'Élever et i| de cultiver || la
VIGNE II .Extr.nf du grand Dictionnaire
Anglais de \\ Miller, par les soins de la so-
ciété Oecono- || miqiie, de Berne en Aile'
mand, traduit \\ de F Allemand et augmenté
par un membre \\ de la ditle société : on y
a ajouté la manière || de cultiver la vigne
dans le canton, tirée du \\ recueil oecono-
miqiie de la même Société \\ Yverdon, |]
M.DCC.LXVIII.
Cet ouvrage est divisé en quinze cha-
pitres : 1 à X pour le tome premier (260
pages), XI à xv pour le tome second
(280 pages). Le chapitre v (pages 148 à
192 du t. I) est intitulé : Dissertation sur
la situation de la Bourgogne, et des vins
quelle produit^ par M. Arnoux. — A la
tin du t. II est l'approbation, datée d'Y-
verdon, « ce 15 de may 1768 » et signé :
Pillichody, châtelain de Baulmcs. censeur.
Les deux volumes, reliés en un seul,
leron
thèque
Mèjanes de la ville d'Aix en Provence,
sous le n° 27384 de l'inventaire du fonds
Méjanes. E. Aude.
ur î avec à la suite une autre pièce (Le vigne
ir. expert, 1782), existent à la Bibliothè<
L'Avocat du Diable (LIV, iio). -
Cet ouvrage est généralement attribué à
l'abbé Adam, curé de Saint-Barthélémy
de Paris. Qiiant à son lieu d'impression,
Saint-Pourçain, c'est là évidemment une
souscription de fantaisie, car cette petite
ville ne renfermait aucune imprimerie.
P. Deschamps, dans son Dictionnaire
de géographie à l'usage des amateurs de li-
vres, croit bien que c'est un lieu supposé,
mais il ne donne pas le nom de l'impri-
meur, également supposé, que je crois
me rappeler avoir vu et qui serait Tous-
saint-Passaint, ce qui prouve bien une
indication facétieuse. J--C. Wigg.
Secouer, branler, hocher la tête
(LIV, 228). — J'ai toujours compris se-
couer la tête (secouer, du latin succutere :
remuer fortement et à plusieurs reprises)
soit : (la tète) la remuer transversalement
en sip^ne de refus, de désapprobation et de
négation. Branler, d'après les dictionnaires
de synonymes, exprime un mouvement
facile, qui demande peu d'efforts, et ne
marque pas le déplacement de l'objet :
branler la tète, c'est faire un simple mou-
vement de tête qui peut être dû à un état
physique de la personne ou à la vieillesse
du sujet — d'où mouvement instinctif —
naturel et irréfléchi. Hocher (l'origine du
mot vient du flamand hutsen ; hotsen
d'après les uns). Le Petit Larive et
Fleur y dit que hocher la tête signifie : la
remuer pour témoigner qu'on n'approuve
pas: cette expression serait déjà moins vi-
ri!e et donnerait lieu au doute, ou au dé-
faut de renseignements complémentaires.
Un conférencier ne doit pas s'effrayer des
hochements de tête qu'il peut surprendre
à quelques-uns de ses auditeurs, mais le
DÉNI à ses assertions sera sûrement mieux
manifesté par les secouements de tête (en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906,
309
iIO
l'espèce des mouvements plus rudes et
répétés) de ceux qui l'écoutent.
Alexandre Rey.
Le pluriel des mots ea ant et en
eut (LU, 841, 989 ; LIV, 145). —
L'usage de supprimer le t au pluriel est
une altération à laquelle je ne vois pas de
raison plausible, Je crois qu'il exista au-
trefois — il y a une soixantaine d'années
— et fut abandonné. La. Revue des Deux-
Mondes l'a fait revivre, mais sans avoir
eu, ce me semble, beaucoup d'imitateurs,
soit dans les livres imprimés, soit surtout
dans les correspondances.
Quant à la suppression du d dans diffé-
rend, elle est absolument inadmissible, et
bien que depuis Buloz, la Revue eut la
prétention généralement justifiée, d'ail-
leurs, d'être d'une correction typographi-
que impeccable, je crois volontiers à une
coquille.
M- J. LT. voit donc que j'ai le plaisir
d'être de son avis ; mais je serais tenté de
m'en écarter en ce qui concerne l'ortho-
graphe du mot différend; il n'est peut-
être pas mauvais que le subtantif se pré-
sente nettement d'une manière qui sup-
prime toute hésitation. A la vérité, on ne
s'y tromperait guère. H. G. M.
*
* *
J'adhère , de tout mon sentiment, à
l'opinion exprimée par M, J. LT. sur l'in-
convénienL de la suppression des t au plu-
riel,danscette catégorie de mots. J'admets
encore moins la suppression du d dans le
mot différend, lequel est un substantif
distinct, et sans rapport avec les adjectifs
et participes en ant et en eut.
LÉON Sylvestre.
i
Lez ou Lès (LIV, 1 10, 202). — Tout
en respectant le cas de Savigny-les-Beaune
qui, pour sauvegarder son commerce et
mieux se blasonner encore, eût aussi bien
fait d'adopter Savigny-de-Beaune,on peut
résumer ainsi la question :
Le:( signifie à côté de. proche, près de:
Plessis-lez-Tours et seuls les démolisseurs
jurés de la langue française peuvent
souhaiter le remplacement de ce le{ par
Ves qui, sans simplification, enlèverait aux
noms et leur caractère et leur significa-
tion.
Les indique une production du pays, ou
signale une particularité quelconque. Ce 1 Ouen, suivant les lieux, une prononcia-
les peut se comparer à celui de François-
les-Bas-Bleus ; Ex. : Villedieu-les-Poëles.
Les Poêles distingue le Villedieu où l'on
fabrique les poêles des autres Villedieu.
Pareillement, La Chapelle-aux-Pots et
Savignies-la-Poterie se distinguent de
leurs homonymes. On pourrait dire indif-
féremment,si toutefois cela ne contrariait
pas l'euphonie : Vil!edieu-aux Poêles, et
la Chapelle-les-Pots.
On peut aussi employer les avec un
nom patronymique, et particulariser ainsi
une localité en lui adjoignant le nom
d'une famille célèbre dont elle fut le ber-
ceau : Nohant-les-Sand, par exemple...
Mais, lorsqu'il s'agit de marquer la
proximité, ou qu'un lieu dépend d'un
autre lieu plus important — aujourd'hui
comme jadis — on ne peut employer que
le^ : Piessis-Zt'^-Tours, ce qui signifie
Plessis proche Tours, Plessis dépendant
de Tours.
Si vous écriviez Plessis-les-Tours, cela
voudrait dire que ce village est fameux
par ses tours et ses tourelles, et ce serait
stupide en même temps qu'inexact.
Loriot,
Horsain (L ; Lî ; LU).
Via biau temps que je le croyais déguerpi,
le camp levé, il devait retourner planter
ses choux dans son pays. N'est-il
pas des côtés de Pirou, ce horsaiii-là ?
Charles Frémine. Le Barbier de Monroc
dans « Poèmes et récits » 3* édit. Paris
(1904) p. 153.
Horain ou horsin, étranger, qui vient du
dehors.
J. Sévrette. Plages normandes, 8* édit.
Paris (1905), p. 41. Sglpn.
Taon (LUI, 730, 824, 873 ; LIV, 146,
205). — A proposde la prononciation tan et
ton, Lpt. du Sillon me demande pourquoi
on prononce Saint- Onan à Rouen et
Saint-Oiiin à Paris. Je lui réponds que le
cas n'est pas le même. La dénomination
Saint-Otien est, en quelque sorte, loca-
lisée ; elle appartient à quelques provinces
et s'y prononce suivant l'accent de ces
provinces. Mais le mot taon est d'un
usage général et, par conséquent, ne
doit avoir pour tout le pays qu'une
seule et même prononciation, une pro-
nonciation officielle. Qi.ron donne à Saint-
ti' ïiâ.
L'INTERMEDIAIRE
311
312
tion ou une autre, cela n'a qu'une impor-
tance relative ; mais si le mot taon doit
se prononcer ton, il s'ensuit que ceux qui
prononcent fan prononcent mal, et, en
sens inverse, si l'on doit dire tan, il est
évident que ton est fautif.
Francisque Sarcey reprochait aux ar-
tistes des théâtres de Paris de prononcer
mai avec 1'^ ouvert (fnl')^ tandis que par-
tout ailleurs on le prononce avec \'é fermé
(nié) et que les poètes le font rimer avec
les mots terminés en <? et en ai ; les
acteurs ont donc tort. Je lis dans Auguste
Barbier (ïambes. — Desperatio. — Edit.
1832, p. 144) :
Quan4 le froid de la mort, dénouant ta cer-
[velle,
Dans le creux de tes os fera geler la moelle.
Sans doute, Barbier est dans la tradi-
tion poétique, puisque J. du Bellay a
écrit :
N'eût ailumé dans mes froides moiielles
Le feu vengeur de ses flammes cruelles.
N'empêche que le mot a pu, depuis le
xvie siècle, changer de prononciation. Ce
qui était juste alors est illicite aujourd'hui.
Nos poètes ne font plus rimer mer et aimer,
lois et fiançais, etc.; ils ne doivent pas, en
conséquence, faire rimer moelle avec les
mots terminés en elle, puisqu'on pro-
nonce aujourd'hui moille : Barbier est
donc condamné. Je désire — pour en re-
venir à la question — qu'une enquête soit
faite au sujet de taon et qu'elle établisse
si la prononciation la plus répandue est
ton ou tan ; car, en cette matière, l'usage,
c'est la loi. Adrien Marcel.
« Républicaines» (LUI, 724,905). —
En réponse à ma question, M. Pierre Vi-
dal me fait connaître qu'il est l'auteur
d'une Histoire de la Révolution française
dans le département des Pyrénées-Orientales,
et qu'il serait disposé à s'entendre avec
moi pour éditer la correspondance du
général d'Aoust que je possède.
Son Histoire de la Révolution a-t-elle été
publiée ? Si oui, où et quand ?
Ses intentions sont-elles toujours les
mêmes au sujet de l'intéressante et pré-
cieuse correspondance du jeune général
qui périt victime de la délation ?
Paul Pinson.
Ohsssdllo. Comète (LUI ; LIV, 97,
145, 205). — J'ai dit, dans le n» du
20 juillet dernier, que l'étymologie du
mot timbre avait été don-née dans cette
revue. Or, un correspondant me fait re-
marquer qu'il ne la retrouve pas. C'est
qu'alors ce n'est pas dans V Intermédiaire
de Paris, mais dans l'Intermédiaire IVantaii,
que je l'ai donnée ; et, dés lors, je renvoie
à cette source, pour ne pas faire double
emploi.
Il est possible que les timbres-sarco-
phages ne soient pas tous mérovingiens.
11 est même certain qu'il y en a de carlo-
vingiens ! Il est probable même qu'il y
en a de plus récents encore ! Mais, d'or-
dinaire, les timbres-sarcophages sont an-
térieurs à xm^-xiv" siècle, en Bas-Poitou
au moins. Le mot timbre.^ dans le sens
d'auge, est connu de toute la Vendée ; et
il se trouve dans tous les glossaires du
patois poitevin. Je crois inutile d'insister.
D"" Marcel Baudouin.
*
Le timbre : terme générique désignant
en Vendée comme en Loire-Inférieure, et
sans doute dans d'autres départements,
les auges de pierre, quelles que soient
leur grandeur et leur forme, qui servent
à abreuver les bestiaux.
Beaucoup de ces monolithes mérovin-
giens, que connaissent tous les archéolo-
gues, ont servi et servent encore de tim-
bres-abreuvoirs dans les fermes et ailleurs.
Nous avons maintenant la preuve qu'ils
recevaient généralement les restes de
personnages importants ou ministres du
culte. Mais, pour répondre à la question
que nous adresse un vieux poitevin, j'es-
time que cela n'est pas suffisant pour
affirmer que « tous les sarcophages trou-
vés dans le Bas-Poitou soient des sarco-
phages Mérovingiens ».
J'habite uoe localité située sur un banc
assez étendu de calcaire tertiaire miocène
supérieur, exploité par les Mérovingiens
pour l'extraction de ces grands blocs mono-
lithes, et me tiens à la disposition de nos
collaborateurs pour donner, à ce sujet, les
détails locaux qui leur paraîtraient néces-
saires. FÉLIX CHAILLOy.
* *
Vlntcrmcdiairc s'est déjà occupé de la
Comète (année 1877, c. iio) et a donné
de ce mot une explication amusante. mais
peut-être fantaisiste. D'aucuns veulent
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
50 Août 1906,
313
que comète vienne de la petite comète
blanche peinte sur le corbillard.
Gustave Fustier.
Tart9mpion(LlII; L1V,39, 98, 1 52). —
En faisant appel à ses souvenirs, le colla-
borateur H. G, M, que je remercie par
avance, pourrait-il donner la date de pu-
blication du Musée pour rire ?
Gustave Fustier.
Connu comme le ioup blanc (T.
G, 536; LIV, 148, 262). — Le Diction-
naire des proverbes français et des façons de
parler comiques, burlesques et familières de
iy4Ç)^ dit à l'article loup : // est connu
comme h Loup ^ il est extrêmement connu,
et plus loin : // est décrié comme le loup
blanc. — En Bourgogne, on emploie beau-
coup cette expression et certains l'ont
conciergisée ainsi : « Connu comme le
houblon » et aussi « comme le houx blanc ».
Cette dernière manière serait plutôt iro-
nique et voudrait dire « peu connu », car
le houx blanc n'est pas commun.
F. Jacotot.
Piad denez(Llll, 730,824, LIV, 40,
99, 147). — J'ai toujours pensé — à tort
ou à raison — que le pied de ne^ faisait
partie de l'arsenal de ces gestes symboli-
liques dont la clarté ne réclame aucun
commentaire verbal. Telles encore les
cornes et la basane (mal portée en dehors
des corps de troupes à cheval). La fgue
a beaucoup vieilli, elle, et c'est justice ;
car s'il y aura toujours sur notre pauvre
globe terraqué des hommes déçus et des
maris trompés pour assurer l'actualité du
pied de ne:( et des cornes, il n'en va pas
de même de la. figue que nombre de mes
contemporams sans doute ne savent pas
faire (glisser le pouce entre l'index et le
médius), ce geste ne représentant plus
guère qu'un souvenir historique. C'était
jadis un sanglant outrage pour tout bon
Milanais, cette évocation mimée de la
honte imposée à ses ancêtres. On sait
qu'en un jour de rébellion contre Frédéric
Barberousse, ceux-ci avaientchassé l'impé-
ratrice hors de leur ville, la forçant de
chevaucher à rebours une vieille mule.
Par mesure de représailles, l'empereur
reprit Milan et contraignit les plus nota-
bles révoltés à arracher avec leurs dents
une figue enfoncée vous devinez où, à
314
l'ombre delà queue de Tacor (ainsi s'appe-
lait la mule qui servit tour à tour à l'in-
sulte et à la répression.)
G. DE FONTENAY.
Bœuf £'ra-5 (T. G, 122 ; LIV, 209).—
La chanson souvent citée est d'Elie Fré-
bault, musique de Paul Blaquière ; elle a
été créée à l'Alcazar, par Thérésa. Elle est
dédiée à Jules Noriac. Elle est intitulée La
déesse du Bœuf gras.
Cette chanson, d'une amusante couleur
triviale trace un pittoresque tableau du
Bœuf gras, sous l'Empire.
C'est moi qu'j'étais dans Ttemps, chez les
[artisses ;
A vingt sous l'heur' j'posais pour le poitrail ;
Fichu métier, j'passe à d'aut's exercices,
L'jour du bœuf gras, c'est mon jour de travail.
Couronnée ci'ros's, harnachée à l'antique
C'est moi qu'on voit plantée au haut du char,
Chaqu' carnaval en Vénus athlétique,
Avec l'amour que c'est mon jeun' moutard.
V'Ià la peau d'an' qui ronfle,
C'est l'instant du branl'bas,
Venez voir, dans son triomphle,
La déesse du Bœuf gras.
Uq septième gax'çon ou le
septièm:j enfant (LUI, 945 ; LIV, 41,
102, 154). — En Belgique, dans les familles
dotées de sept garçons consécutifs, il est
d'usage d"écrire au roi pour l'informer de
la naissance du septième enfant mâle. Le
roi accepte d'être le parrain, et se fait
représenter, soit par le bourgmestre, soit
par un autre fonctionnaire. 11 envoie aus?i
aux parents un léger cadeau pécuniaire
(ordinairement 50 francs.)
Voilà ce que je me rappelle avoir lu,
rarement, il est vrai, dans les journaux
locaux.
J'ai souvent entendu dire que le sep-
tième garçon est de droit filleul du roi,
mais je pense que cette croyance popu-
laire est dénuée de fondement, et qu'il
n'y a là qu'un procédé gracieux de la
part du souverain. H. Angenot.
Vins d'honn«ur (LUI; LIV, 58, 153).
— Il y a une quinzaine d'années, je me suis
présenté à la députation dans le départe-
ment de l'Aube.
Dans plusieurs communes de ma cir-
conscription, j'ai été invité à un « apéritif
d'honneur » (textuel). Vers cinq heures
du soir, mes aniis politiques m'ont reçu
N" 1122.
L'INTERMÉDIAIRE
— 315
au café, où on a bu différentes consom-
mations du plus complet éclectisme. Mon
adversaire, qui avait un excellent esto-
mac, a été élu. J. L.
Une inscription à traduire (XLVII,
XLIX ; L). — En un distique historique
(1845) et un quatrain fantaisiste : je n'ose
transcrire le texte en post-scriptum.
Ne me harcèle pas, signe- toi, téméraire,
Signe-toi sur le champ : Rome accourt pour
Delauney. [te plaire
Ecris ton nom : bien téméraire
Qui sur le mien porte la main ;
RoMA n'a qu'une volte à faire
Pour devenir Amor soudain.
VJtîtermédlaire rQCtxÙQva. aujourd hui un
« bourdon », ou une bourde vieille de
quinze siècles — de Sidoine Apollinaire
(^489) qui n'y était pour rien, à Etienne
Pasquier qui aurait pu s'y reconnaître --
en passant par Migne, Panckoucke, Dûb-
ner, John Valpy de Londres et B.-G.Teub-
ner à Leipzig :
Sole medere, pede eJe.peredemelos
Du soleil pour renaître, et dans un tourbillon.
Tournez, valsez, dansez, sylphide ou papillon
Quant à Sole, impératif de Solere (d'or-
dinaire !) il doit appartenir aux Causes
célèbres : les lois sont l'expression des
mœurs ;
Pour Sole, vocatif de Solus,\\ relève de
Calino : il faut être à deux pour s'inter-
peller ! voir toutefois dans Forcellini,
Priscien X, 723 ;
Enfin la quantité de Roina au premier
pied de l'hexamètre ou de l'élégiaque se
trouve dans Quicherat, de même le datif
d'avantage . Poënsin-Ducrest ,
Le crapaud ds Blois (LIV, 172,
267). — J'ai lu dans les souvenirs d'un
élève de l'Ecole de Rome, je crois bien
qu'il s'agit de Charles Garnier, que au
cours d'une excursion archéologique, ses
compagnons et lui trouvèrent un crapaud
vivant emprisonné dans une roche défor-
mation ancienne ou tout au moins dans
un antique murailiement.
Si la trouvaille, mettons si l'on veut la
prétendue trouvaille de Blois, remonte à
1857, c'est elle, sans doute, qui donna le
thème d'une revue de fin d'année, sortie,
je pense, de la fabrique Clairville et Cie
qui avait alors la spécialité du genre, et
dont le titre était ; Les ciapaiids immortels.
3 1 6
Le roi Ballon s'engageait à donner la main
de sa fille Nacelle à celui qui lui apporterait
un crapaud immortel, mais l'animal pré-
senté se changeait en , un canard, et
c'était le mot de la fin. H. G. M.
. * *
C'est aujourd'hui seulement que nous
avons connaissance des réponses adressées
à ce sujet, à V Intermédiaire des chei-
cheurs et curieux. Nous ne dirons qu'un
mot de critique, parce que ce mot nous
parait typique.
Comment nos érudits et savants ophé-
lètes ne comprennent-ils pas que, pour un
seul crapaud vivant découvert dans ces
géodes, on devrait trouver une quantité
de crapauds morts tX, à fortiori, des cen-
taines d'autres pierres contenant des sque-
lettes et des mvriides de débris de squelettes
de crapauds ? Or jamais on ne parle que
de crapauds vivants ; en dehors de l'expé-
rience citée facile à renouveler, et que
nous défions carrément de recommencer
jamais avec succès, si la fermeture est
hermétiquement close (comme elle l'est
dans la nature).
A Noyon,ces géodes (ou rognons silico-
calcaires) s'appellent vulgairement des
têtes de chat. Avec un peu d'h abitude,on
reconnaît au poids celles qui renferment
une cavité centrale , de sorte qu'on peut
les fendre avec précaution, ^ans broyer
en mille pièces les cristaux ou les mame-
lons brillants qui s'y trouvent, dont la
couleur rappelle celle des boules de
gomme arabique. IVlais si cette cavité cen-
trale était moulée sur le corps d'un cra-
paud, alors on ne pourrait plus la recon-
naître d'avance, au poids ; de sorte que
le coup de masse de fer des carriers ris-
querait d'écrabouiller le corps de son
malheureux locataire, au moins 9 fois
sur 10, faute de précautions préalables.
Or jamais il n'est question de cette mar-
melade, pourtant si naturelle ! Ab iino,
disce omnes.
Pour le crapaud vivant, montrez-nous
des quantités de débris de squelettes de
crapauds morts ; et alors, mais seule-
ment alors, nous pourrons y croire.
Sinon, nous aurons toujours une infinité
de raisons pour nous en défier ; en vertu
du proverbe : trop poli pour être honnête ;
ou ici, trop beau pour être véridique,
nous dirons même vraisemblable.
D'B.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906.
yS
Un crapaud, de l'espèce du bufo viridis
ou variabilis^ fut, en effet, découvert vi-
vant, non pas vers 1835, mais exactement
le 23 juin 185 1, dans un silex fort dur,
par des ouvriers occupés à creuser un
puits au lieu dit « le Pressoir blanc »,
proche la gare de Blois.
Cette découverte fut aussitôt commu-
niquée à la Société des Sciences et Lettres
de la ville de Blois.
A la suite d'une assez longue discus-
sion (11 juillet 185 1), une commission
composée de MM. du Plessis, Gaudeau,
Naudin, Richardon, Villers et Derouet,
était choisie à l'effet de prendre tous les
renseignements et de faire son rapport,
lequel était soumis à la Société dans la
séance du 18 juillet (i).
Le 21 juillet, le D' Monin, de Blois,
faisait part de cette trouvaille à \' Académie
des Sciences, par une note insérée dans le
tome XXXlll des Comptes rendus hebdo-
madaires des séances de cette Compagnie
(pp. 60-6 1).
Le 4 août suivant, M . Duméril, au nom
d'une commission dont faisaient partie
MM. Elie de Beaumont, Flourens et Milne
Edwards, donnait lecture d'un long rap-
port « sur un crapaud trouvé vivant dans
la cavité d'un gros silex où il paraît avoir
séjourné longtemps » (2).
L'importance de ce document m'em-
pêche de le reproduire ; mais je ne puis
passer sous silence l'intéressante biblio-
graphie, faisant suite à ce rapport, des
observations faites à ce sujet de 1546,
(Georges Agricola), à i84i,(C Duméril).
Le rapport de M. Duméril donna lieu
à l'Académie des Sciences, à des « Re-
marques » dubitatives de M. Magendie(3)
et de M. Serres, ce dernier faisant « re-
marquer à l'Académie que cette observa-
tion n'ajoute rien à la science » (4) .
(1) Mémoires de la Société des Sciences
et Lettres de la ville de Blois, tome V,
(1856), pp. CXUI-CXIV.
(2) Comptes-rtndus hebdomadaires des
séances de V Académie des Sciences, tome
XXXIII, juillet-décembre, 1851, pp. 105-
115.
(3) Ibid., pp. n 5-1 16.
(4) Ibid., p. 116,
Sous les n" 581 et 582, des daguerréo-
types, des photographies et une planche
au lavis figurent, au musée de Blois, du
silex du Pressoir blanc et de son pension-
naire, mort trente-huit jours après avoir
été rendu à l'air et à la lumière.
Pierre Dufay.
♦ *
Je ne sais rien de particulier sur le
crapaud de Blois. Tous ceux qui ont
vécu comme moi au milieu du peuple,
des ouvriers, des gens de la campagne,
connaissent cent histoires ou contes sem-
blables. On casse dans une carrière une
énorme pierre et au milieu on trouve un
crapaud encore engourdi naturellement
de se voir brusquement tiré de son som-
meil archi séculaire. Malheureusement il
n'y a jamais personne d'assez averti pour
contrôler de pareils faits qui viennent
grossir la somme considérable des er-
reurs populaires Parmi celles-ci, on peut
ranger hardiment les couleuvres qui tè-
tent les vaches et les épuisent, les arai-
gnées aspirées par les narines et qui se
développent dans le cerveau, les lézards
qui pénètrent dans l'estomac et dont un
spirituel chirurgien a trouvé le moyen de
débarrasser son patient J'ignore donc si
l'Académie des sciences a jamais délibéré
sur le crapaud de Blois, mais enfin con-
venons qu'il faut faire bon marché des
lois biologiques, pour admettre qu'une
géode de silex contemporaine d'une pé-
riode géologique, c'est-à-dire, âgée d'un
nombre infini de siècles, puisse renfer-
mer un crapaudvivant.il faudrait d'abord
se demander si ce batracien existait déjà à
cette époque. Les gens simples qui croient
de pareilles choses, sont certainement de
ceux qui se figurent que les pierres de
leur jardin sont toujours en formation
constante. 11 n'y a pas que les jardiniers
qui en soient encore là.
Du reste, le pauvre crapaud a bon dos.
Le paysan auquel on a jeté un sort, et
qui voit ses bestiaux périr, fait enlever le
seuil de son étable : invariablement on
dit qu'on a trouvé dessous un crapaud.
Le même a vu tomber des pluies de cra-
pauds, et l'explication qu'on en donne ne
lui sert de rien. Avaler un crapaud est
synonyme d'avaler des couleuvres, et cela
en dit plus long que toute ma glose.
E. Grave.
K» II22.
^'INTERMÉDIAIRE
319
320
^oi4^ irawratll^» tï ((^mmlié^
La vp-nte des msubles d? Dsnton,
à Sèvres, ap^ès son exécution. —
Danton fut-il vénal ? En tout cas, sa vé-
nalité ne Tenrichit guère, si l'on en juge
par le procès-verbal que nous commu-
nique M. Léonce Grasilier, et qui est celui
de la vente de ses meubles à Sèvres, après
son exécution.
Il occupait dans la maison de son beau-
père, un logement modeste, bourgeoise-
ment meublé, mais sans luxe. Par la pièce
qui suit, et qui a échappé à la sagacité du
docteur Robinet, on verra de quoi se
composait ce mobilier et comment il fut
dispersé.
On remarquera que les provisions de
bouche étaient assez abondantes et que
tout le pays, après la vente, a dû manger
du lard du citoyen Danton,
DirecHon des Domames (versement) Bureau
de Sèvres^ Dossier Danton^ condamné
(archives de Seine-et-Oise).
»
CoNDAMÉ Danton
Cejourd'hui huit prairial l'an second de la
République française une et indivisible trois
heures de relevée en vertu de la loi du douze
Germinal dernier et de l'arrêté du district de
Versailles aussi en date du
Le tout relatif à la vente des biens des
condamnés à mort et à la requête du citoyen
substitut de l'agent national du district de
Versailles y demeurant, je me suis Jean-Bap-
tiste Henault huissier audiencier au tribunal
Criminel du département de Seine et Oise
demeurant à Versailles, rue du Commerce
n' 17. Section des droits de l'homme, trans-
porte accompagné du Citoyen Rollaid, Com-
missaire nommé par le District pour être pré-
sent aux dites ventes en la Commune de Sè-
ves, à l'effet de procéder à la vente au plus
offrant et dernier enrecherisseur des meubles
eteffets, vaches, porcs, poule, pigeon, et voiture
appartenant cy devant à Danton, député con-
damné à mort, et qui sont déposes en la mai-
son du C'toyen Charpentier, en la dite Com-
mune de Sèves, compris en l'inventaire qui
en a été fait ce jourJ'hui en présence des
Officiers municipaux de Sèves et les mem-
bres composant le Comité de surveillance de
la dite Commune, où étant et parlant au ci-
toyen Dauvergne, gardien d'y ceux, je l'ai in-
terpellé de me faire la représentation des dits
effets, à quoi il a satisfait, et après avoir fait
annoncer la dite vente, tant en cette Com-
mune que Pont la Montagne et Meudon, par
le tambour ordinaire des dits endroits, et
qu'il s'y est assemblés quantité de marchands
Brocanteurs, Bouchers marchands de vaches et
autres cityoyens et citoyennes pour enchérir
et achapter, j'ai fait mettre un tapis à la
grille d'entrée à la dite maison, numéro 1 19,
et sur y celui une affiche indicative de la
dite vente, après quoi j'ai procédé à icelle en
présence du dit citoyen Rolland, Commissaire,
et des citoyens Chartier et Caron, notables de
cette Commune, ainsi qu'il suit:
Premièrement, une vache sous
poil roux vendue pour la
somme de six cent livres au
Citoyen Tisson 600 1.
2 Un morceau de lard gras faisant
partie de l'article 5 de l'inven-
taire vendu pour la somme de
quarante sous au Citoyen
Drouard 0.40
3 Item un petitmarcassin sanglier
vendu pour la somme de trente
huit livres au Citoyen Dauver-
gne 38-
4 Un autre petit marcassin san-
glier vendu pour la somme de
trente septl. 10 sous au Citoyen
Careau 37-
5 Item un âne très vieux pour la
somme de 156 1. au citoyen
Dauvergne 156
6 îtem dix neufs poulets et un coq
vendus pour la somme de 141 1.
13 sous au citoyen Dessenaux 141,
7 Item 21 paires de pigeons ven-
dus pour la somme de soixante
huit livres
00
10
12
à l'autre part
Un jeune chien de cour non in-
ventorié vendu pour la somme
de 8 1. au citoyen Bichet
Item 37 bouteilles de gros verre
vides vendues pour la somme
de 7 1. au citoyen Vazier
Item un morceau de gros lard
faisant partie de l'article 5 vendu
pour la somme de 40 sous au
citoyen Sorel
Item un autre morceau de lard
du dit article 5 vendu pour la
somme de 48 sous au citoyen
Coyanne
Item un autre morceau de lard
du dit article 5 vendu pour la
somme de ^6 sous au citoyen
Bichet
13 Item un autre morceau de lard
68
975.03
18
1 1
13
1.16
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Août 1906.
321
322
du dit article vendu pour la
somme de 30 sous au citoyen
Leblanc
14 Item un autre morceau de lard
du dit article 5 vendu pour la
somme de 38 sous au titoyen
Bouasse
15 Item un autre morceau de lard
gras dudit article 5 vendu pour
la somme de 30 s. au citoyen
Drouard
16 Item un autre morceau de lard
gras de l'article 5 vendu pour
la somme de 30 sous au ci-
toyen Richard
1 . 10
1 , 10
1 .10
I . 10
17 Item un morceau de pareil lard
dudit article 5 vendu pour la
sonime de 34 sous au citoyen
Riesmann
18 Item un morceau de lard dudit
article 3 vendu pour la somme
de 29 sous au citoyen Le Clerc
19 Item un morceau de lard du dit
article 5 vendu pour 28 sous au
citoyen Landry
20 Item un autie morceau de lard
gras du dit article 5 vendu pour
la somme de 33 sous au citoyen
La Treille
21 Item un morceau de salé du dit
article 5 vendu pour la somme
de 33 sous au citoyen Lecoq
23 Item un morceau de salé du dit
article 5 vendu pour la somme
de 35 sous au citoyen Man-
ceau
23 Item deux morceaux du même
article 5 vendus pour la somme
de 34 sous au citoyen Corley
34 Item deux morceaux de sale de
l'article 5 vendu pour la scanme
de cinq 1. un sou au citoyen
Solignar
35 Item une vache sous poil rouge
vendue pour la somme de 416 1.
au citoyen Lecoy Md Boucher
26 Item une autre vache sous poil
blanc et rouge vendue pour la
somme de 530 1. au citoyen Me-
trol
27 Item un morceau de jambon de
l'article 5 vendu pour la somme
de 6 1, au citoyen Perrin
28 Idem un morceau de jambon de
l'article 5 vendu pour la somme
de trois 1. onze sous au citoyen
Bonnet
29 Item un autie morceau de jam-
bon de l'article 5 vendu pour
la somme de quatre 1, 10 sous
au citoyen Pierre
1069.7
1.14
1.9
1.1:
'3
1 . 1=;
M
5.1
416
530
3.11
4. 10
30 Item un morceau de jambon de
l'article 5 vendu pour la somme
4 1. 10 sous au citoyen Hallier
31 Item un autre morceau de jam-
bon du dit article 5 vendu pour
la somme de 4 1. 6 sous au ci-
toyen Chauveusr
32 Item un autre morceau de jam-
bon de l'article 5 vendu pour
la somme de 5 1, au citoyen
Mignard
33 Item au morceau de jambon du-
dit article 5 vendu pour la
somme de 57 sous au citoyen
Devillieis
34 Item un morceau de jambon du
dit art. 5 vendu pour la somme
de 3 1. 13 sous au citoyen Bou-
cot
35 Item un morceau de jambon du
dit art 5 vendu pour la somme
de 3 1. 4 sous au citoyen Re-
nault
36 Item un morceau de jambon
dudit article vendu pour la
somme de cinquante sous au
citoyen Duclos
37 Item un autre morceau de jam-
bon de l'article 5, vendu pour la
somme de trois livres quatre
sous au citoyen Duclos fils
58 item un autre morceau de jam-
bon faisant le restant de l'article
5 vendu pour la somme de six
livres 16 sous au citoyen Co-
tressi
39 Item une douzaine de serviettes
et une nappe pleine, de l'article
32, vendues pour la somme de
76 livres onze sous au citoyen
Bazin
40 Item une douzaine de serviettes
et une nappe pleine, de l'article
?2 vendues pour la somme de
soixante deux livres 19 sous au
citoyen Charpentier
41 Item une douzaine de serviettes
et une nappe de toile pleine, ou-
vrée, de l'artiéle 32 vendues
pour la somme de 69 I. 10 sous
au citoyen Charpentier
42 Item douze serviettesouvrées,de
l'article 5, vendues pour la
somme de soixante quatre li-
vres 16 sous au citoyen Bouron
43 Item deux carions, un violon
mutilé non inventorié et une
paire de mule du Palais inven-
torié rendus pour la somme de
huit livres au citoyen Filliot
44 Item un Bidet à dossier couvert
de maroquin rouge avec sa cu-
vette compris en l'invejitaire
4,io
4.6
2.17
3.13
3-4
2. 10
3-4
6.16
76. 1 1
63. 19
69.10
64. 16
8
N» 1123.
L'INTERMÉDIAIRE
323
324
vendu pour la somme de quinze
1. 12 sous au citoyen Fiiliot 15.12
45 Item une redingolte et une veste
de ratine noisette et une culotte
de drap de soie jaulne très vielle
de différents articles vendus
pour la somme de soixante dix
sept livres 4 sous au citoyen
Devilliés 77.4
46 Item douze estampes enlumi-
nées, partie sous verre représen-
tant paysages dans leur bordu-
re de bois peint parties sous
verre formant l'article neuf du
dit inventaire vendues pour la
somme de cent soixante livres
dix neuf sous au citoyen Metrot 160. 19
47 Item un manteau de drap bleu
de l'article 35 vendu pour la
somme de cent trente deux 1.
19 sous au citoyen Métrot 133.19
2751.15
Et attendu qu'il est nuit fermée
nous avons clos la présente vaca-
tion et indiqués la continuation de
la présente vente à demain à qua-
tre heures de relevée et avons signé
avec les membres du Comité de
surveillance et notables de cette
commune.
Ainsi signé en la minute Caron
notable, Chartier Rolland et He-
naut.
Elle neuf Prérial, l'an second de
la république française une et indi-
visible, quatre heures de relevée,
nous avons procédé en présence
que dit est à la continuation de la
dite vente ainsi qu'il suit :
48 Item douze serviettes et une
nappe pleine, vendues pour la
somme de soixante huit 1. cinq
sous au citoyen Bazon
49 Item deux tayes d'oreiller ven-
dues pour la somme de neuf
livres au citoyen Charpentier
50 Item un couvre-pied piqué
vendu pour la somme de 37 1.
sou au citoyen Solignac
51 Item un autre couvre pied piqué
de même article vendu pour la
somme de trente livres au ci-
toyen Metrot
52 Item ime paire de drap de toile
blanche que le citoyen Charpen-
tier nous a représenté et nous a
dit appartenir à Danton laquelle
paire de drap n'est pas comprise
dans l'inventaire et vendu pour
la somme de trente livres un
50U au citoyen Morand
68,5
9
37
30
35
54
57
^0,1
Item douze serviettes et une
nappe ouvrées vendues pour la
somme de vingt une livres un
sous au citoyen Bozan 21.1
Item un petit nécessaire com-
posé de deux flacons, un en-
tonnoir, un pot à pommade,
deux peignes, un compas et
deux porte montres formant
l'article treize vendu pour la
somme de huit livres 15 sous au
- citoyen Signol 8. 15
55 Item 19 verres à patte et en cris-
tal formant l'article 4 vendu
pour la somme de 10 1. au ci-
toyen Bazan 10
56 Item quatre tabliers et un tor-
chon de grosse toile, vendu
pour la somme de 13 1, 5 sous 13. 5
Item 6 serviettes et une nappe
tant pleine qu'ouvrées vendues
pour la somme de 26 1. un sou
au citoyen Grelot 26. i
58 Item quatre cravattes et trois
mouchoirs de toile de l'article
34, vendus pour la somme de
cinquante huit livres au citoyen
Métrot 58
59 Item deux chemises de toile
blanche du même article ven-
dues pour la somme de qua-
rante une livre au citoyen
Fery 41
60 Item une paire de drap repré-
sentée par le citoyen Charpen-
tier comme appartenant à Dan-
ton et non compris en l'inven-
taire vendue pour la somme
de 45 1, six sous au citoyen
Vernon 45.6
61 Item une redingotte de piqué
de Marseille de l'article 35 ven-
due pour la somme de 37 1, au
citoyen Vernon 37
62 Item une paire de drap de toile
vendue pour la somme de 73 1.
19 sous au citoyen Garcelon 73-^9
6^ Item deux draps de toile ven-
dus pour la somme de 44 1,
10 sous au citoyen Vavasseur 44. 'O
64 Item 12 assiettes de porcelaine
vendue pour la somme de 18 1.
au citoyen Bazan 18
65 Item une soupière et son couver-
cle et une salière en navette le
tout de porcelaine vendues pour
la somme de huit livres un sou
au citoyen Vernont 8. 1
66 Item une paire de drap de toile
vendue pour la somme de 63 1.
10 sous au citoyen Vernon 63,10
67 Item douze assiettes de porce-
DES CHERCHEURS hT CURIEUX
;o
AoÛl
325
326
laine vendues paur la somme
de dix neuf livres au cit^'yen
Bazan 19
68 Item une paire de drap de toile
blanche vendue 76 1. 15 sous
au citoyen Metrot 76.15
69 Item un plateau et dix tasses le
tout en porcelaine vendus pour
la somme de huit 1. 10 sous au
citoyen Catrisse 8.10
70 Item une paire de drap de
toile blanche vendue pour la
somme de 76 1. 19 sous au ci-
toyen Gazelle 76. 19
71 Item un plat à barbe, une paire
de bas de coton et deux paires
d'Estomach vendus pour la
somme de 1 1 1. au citoyen
Daudart (ou Dandart) Il
72 Item un fusil de chasse non in-
ventorié vendue pour la somme
de quarante livres au citoyen
Chomet 40
73 Item un sommier de crin cou-
vert de toile à carreau vendu
pour la somme de cinquante
neuf livres 13 sous au citoyen
Charpentier 59- '5
74 Item une couverture de coton
vendue pour la somme de 80 li-
vres un sou au citoyen Bazin 80,1
75 Item un canapé avec son cous-
sin et 6 chaises de crin et cou-
verts en e'toffes de soie vendus
pour la somme de iSi livres au
citoven Prévost 181
76 Item un lit de coutil ren^.pli de
plume vendu pour la somme
de 145 livres au citoyen Char-
pentier 143
Item quatre tasses de porcelaine
vendues pour la somme de trois!.
10 sous au citoyen Bonastre 3.10
Item 0 chaises fouLées et cou-
vertes de crin vendues pour la
somme J.e 123 1. au citoyen
Bazaii 125
Item six autits chaises pareilles
et du même article vendues
pour la somme de 150 1. au
citoyen Bazan 150
Ilcm six chaises pareilles et de
même article ven.'ues pour la
somme de 122 1. au citoyen
Charpentier 122
Item six autres chaises sembla-
bles et de même article vendues
pour la somme de 130 1. au ci-
toyen Charpentier 130
Item six autres chaises encore
pareiiies vendues pour la somme
de 130 1. 10 sous au citoyen
Garcelcn 130
77
78
79
.^o
81
Hz
1 1
83 Item une cheminre en fer poli
laquelle n'étant point portée à
son piix ncus l'avons retirée
pour mémoire
S4 Item deux couchettes à fond
sanglées, roulettes à équerre et
non couvert faisant le restant de
l'ai ti;!e seize vendues pour la
somme de 136 1. un sou au ci-
toyen Bazan 136, j
2137.16
Et attendu qu'il ne reste plus que les objets
portés pour mémoire qui seront transportes à
Versailles pour y être vendus d'après les
ordres du directoire du District j'ai arretté la
présente vaccation et avons signé en la mi-
nute : Caron notable, Chaitier, Rolland et He-
nault.
Plus bas est écrit: Enregi-tré à Versailles le
douze ' rairénl l'an second de la République
reçu quarante neuf livres sur quatre mille
liuil cent quatre vingt neuf livres onze fojs.
Signé Dubouret.
HtNAULT.
Cette expédition a été déposée au bureau
de l'agent national de Sèvres le 16 Prairial
an deux.
Le Rat Magnitot,
receveur,
La vente monte à 4889,
a été versé 4838
reste du 51 ,
Sur quoi l'huissier prélèvera
I- l'enregistrement 49 '. 5 )
2' paye 3 ) 5^ •!'
reste par apperçu 00. 1 1
Au bas des procès-verbaux de vente des
meubles et effets de Danton condamné à
mort, est écrit ce qui suit:
Ce jourd'hui vingt neuf vendémiaire l'an
troisième de la république française une et
indivisible quatre heures de relevée. En con-
tinuant les procès veibaux de vente des au-
tres parts et à la requête du citoyen agent na-
tional du District de Versailles y demeurant
et d'après les ordres verbal à nioi donné par
l'admini^tralion du district de VersailLs moi
Jean Baptiste Henault huissier Commissaire
vendeur susdit et soussigné ai procédé en
présence du citoyen Hckard Commissaire du
District et du citoyen Pasquier et Marin tous
deux notables de la Commune de Sèvres à la
continuation de la vente d'une cheminée an-
glaise en for poli et d'une Bcrliiie qui appar-
nait ci devant à Danton ex députe, condamné
à mort, et lesquels objets n'ont pu être ven-
dus lors de la vente des autres parts attendu
qu'ils n'ont pas été à leur prix, ladite chemi-
née et Berline a été tiansportée et conduite
par le citoyen Dauvergne Gardien d'yceux en
! 1
N ■ î 122,
L'INTERMÉDIAIRE
327
la maison Brancas audit Sèvres ou le tout a
été vendu ainsi qu'il suit :
85 Item une cheminée à l'anglaise en
fer poli vendue à l'extinction des
feux conformément à la loi pour
la somme de deux cents quatre
vingt livres à la citoyenne Rougé si^ol.
86 Item une Berline fond brun srar-
nie de drap petit gris montée sur
ses quatres roues et essieux de
fer sans boettes vendues h
l'extinction des feux pour la
somme de 1000 livres au citoyen
Breton marchand à Paris 1000
1280 1.
Le tout étant vendu sans les objets de ré-
quisition, j'ai clos la dite vente et le montant
de la présente vaccation sera par moi déposé
<lans le délai de la loi et main du receveur
de l'agent national et ai signé avec le citoyen
Eckard et les citoyens Pasquier et Marin no-
tables présents a la dite vente ainsi signée en
la minute du présent Marin, Pasquier Eckard
et henauit au dessous est écrit enregistré à
Sèvres le 20 Vendémiaire an troisième de la
République reçu douze cent quatre vingt
treize livres.
Signé Le Rat.
Déclaré conforme à la minute par moi
Commis,saire vendeur
Soussigné HtMAL'LT.
La présente expédition a été déposée a Sè-
vres le premier Brumaire troisième année ré-
publicaine Albert.
par nous expert vendeur et receveur sous-
signé
Le Rat, Henault.
Je soussigné receveur de l'agent national a
l'enregistrement certifie avoir reçu le montant
de cette vente le 25 brumaire an 3°"' sur la-
quelle j'ai transpoite a l'huissier de 21 livres
14 0 d. pour frais provision. Denis.
Le Rat .
Parmi les acquéreurs mentionnés dans
l'acte que l'on vient de lire, quelques-uns
sont connus pour notables habitants de
Sèvres :
Charpentier est le propriétaire de la
Alaison de la Fontaine-d'Amour et le
beau-père de Danton.
Dauvergne était le jardinier de Danton ;
Bo{an habitait la Croix Boisset ; Bonastre
était officier de santé ainsi que Bonron.
Eckard était notaire ; Garceloii, ferblan-
tier ; Boucot^ géomètre ; Caron, perruquier
dans la maison Laurent-Lecointre ; Lecocq,
boucher ; Chartier, vigneron. Catrice était
le propriétaire de l'impasse qui porte son
nom, rue de Villedavray.G/'^/o/ était l'en-
trepreneur de maçonnerie à qui fut adju-
328
gée la démolition du clocher, en 1789,
Les Bonnet^ DeviUicrs^ Landry^ Morin,
Pasquier, Drouard^ sont des citoyens de
Sèvres, et la famille du .dernier figure
aux actes depuis 1456.
Nous devons cette intéressante commu-
nication à la gracieuseté d'un érudit,
M. Montaubry, un vieux sèvrien pour qui
le pays n'a plus de mystères historiques ;
nous lui adressons tous nos remercie-
ments. L. Grasilier.
Nécrologie
Nous avons le profond regret d'ap-
prendre la mort de deux de nos plus an-
ciens collaborateurs.
M. Auguste Lesouëf, le bibliophile bien
connu, est décédé à Paris, en son domicile,
boulevard Beaumarchais, 109.
11 était âgé de 77 ans.
*
♦ *
L' Intermédiaire a le regret d'annoncer
d'autre part la mort d'un autre de ses plus
anciens collaborateurs, M. Jacquemont du
Donjon.
Nous emprunterons à notre émhient
collaborateur M.Jules Claretie, les lignes
émues qu'il lui a consacrées :
Je tiens à donner un salut à un de mes
camarades disparus, Victor Jacquemont du
Donjon, le neveu de l'illustre naturaliste,
dont le rfw;/'^ annonçait hier la fin. Ancien
officier, sous-préfet, administrateur, lettré,
M. Victor Jacquemont avait publié naguère
de curieux et précieux Souvenirs de la cam-
pagne de Russie, rédigés par un de ses on-
cles. 11 s'occupait, à Pouilly-en-Auxois, où
il s'était retiré, de travaux littéraires. Et en
ces derniers temps, il se préoccupait sur-
tout du monument que la ville de Hesdin,
en Artois, doit et va élever à l'auteur des
^àmivihXts Lettres sur Vlnde. Victor Jacque-
mont, le savant mort si jeune, aura son
effigie en sa terre natale, grâce un peu aux
efforts de Victor Jacquemont, le sous-pré-
fet, écrivain aussi. L'inauguration du monu-
ment doit avoir lieu en septembre, et le ne-
veu du naturaliste n'y sera pas. Cette su-
prême joie lui est refusée. Mais son nom
très aimé ne sera jamais oublié quand on
citera le nom célèbre dont il était fier et
qu'il porta dignement. Ce fut un' ami de
ma jeunesse. Ils deviennent rares, hélas î
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
) Imp. Dani£L-Chambon, St-Amand-Aiont-Rond.
LIV* Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mois 10 Septembre 1906
42» Année
-31 '".r.VIctorMassé
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N° 1123
31»".r Victor niasse
PARIS (1X0
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES iiT ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
329
Obligés de faire suivre souvent des ré-
ponses privées à l'adresse de correspondants
qui n'ont signé que par des initiales, il est
indispensable que tout article signé, soit d'un
pseudonyme habituel, soit d'initiales, porte
également le nom et l'adresse de notre cor-
respondant.
Les manuscrits qui ne rempliront pas celte
condition ne pourront être insérés.
(Èlucetio
116
Le comte de Moret, fils naturel
d'Henri IV, s'esi-il fait ermite ?
— 11 y a deux versions : pour les uns, le
comte de !V!oret est mort à la bataille de
Castelnaudary ; certains auteurs contem-
porains soupçonnent qu'il a survécu et
s'est fait ermite.
Y a-t-il une preuve — en dehors des
ouvrages contemporains — pouvant
appuyer l'une ou l'autre version ? D' L.
Les descendants de Bruneau,
l'un des prétendus Dauphins . —
Un Bruneau, qui se disait Louis XVII, fut
condamné à Rouen. Après avoir passé
par la prison centrale de Gaillon, il fut
transféré au Mont-Saint-Michel ; il y mou-
rut en 1822.
A-t-il laissé des descendants connus ?
Y.
Coûtes orientaux jetés au feu. —
Le célèbre voyageur anglais, Richard-
Francis Burton, avait, paraît-il, recueilli,
au cours de ses multiples vo}'ages, de
^30 ■
très nombreux et très curieux contes,
parmi lesquels il en était de fort licen-
cieux. A la mort de l'explorateur, sa veuve
fit jeter au feu ces contes restés inédits.
Elle était née Arundell et de religion ca-
tholique ; cette dernière particularité
expliquerait en partie, l'autodafé du ma-
nuscrit de Burton, intitulé, nous dit-on :
Le jardin des parfums,
Isidore Liseux, qui publia, en 1885, sa
première édition du Jardin parfumé du
Cheikh Nef :^avin, manuel d'Erotologie aiabe,
xvi"^ siccle, aurait-il eu connaissance du
recueil de R. F. Burton ? Albin Body.
S. Mallarmé, professeur d'an-
glais. — Avant de rendre son nom no-
toire par ses publications poétiques, ne
fut-il pas professeur d'anglais au l)'cée
Condorcet ?
* •
Nous avons reçu la question ci-dessus,
anonyme. Nous eussions préféré qu'elle
fût signée. Nous jugeons inutile de la
donner sans réponse immédiate.
C'est Mallarmé lui-même qui y répon-
dra, par une lettre à Verlaine, en date du
16 novembre 1885 ;
Oui, né à Paris, le 28 msrs 1842, dans la
rue appelée aujourd'hui passage Laferrière,
mes familles paternelle et maternelle présen-
taient depuis la Révolution, une suite inin-
terrompue de fonctionnaires dans l'adminis-
tration de l'enregistrement, et bien qu'ils
eussent rempli presque toujours de hauts em-
plois, j'ai esquivé cette carrière, à laquelle
on me destina dès les langes. J'ai retrouvé
trace du goût de tenir une plume pour autre
Liy-7
N. 1123.
L'INTERMÉDIAIRE
351
332
chose qu'enregistrer des actes, chez plusieurs
de mes ascendants : l'un, avant la réactior. de
l'enregistrement sans doute, fut syndic li-
braire sous Louis XVI et son nom m'est appa-
ru au bas d'un Privilège du roi placé en
tête de l'édition originale française du Va-
thek de Beckford, que j'ai réimprimé. Un autre
écrivait des vers badins dans les Almanachs
des Muses et les Etrennes aux Dames, J'ai
connu, enfant, dans le vieil intéiieur de bour-
geoisie familiale, M. Magnien, un arrière
petit cousin qui avait publié un volume ro-
mantique à toute crinière appelé Ai)£e ou
Démon, lequel reparaît quelquefois, coté
cher dans les catalogues des bouquinistes que
je reçois.
Je disais famille parisienne, tout à l'heure
parce qu'on a toujours habité Paris, mais
les origines sont bourguignonnes, lorraines
aussi et même hollandaises.
J'ai perdu tout enfant, à sept ans, ma
mère ; adoré d'une grand'mère qui m'éleva
d'abord ; puis j'ai traversé bien des pensions
et des lycées, d'àme lamartinienne, avec un
secret désir de remplacer un jour Béranger,
parce que je l'avais rencontré dans une mai-
son amie. Il paraît que c'était trop compliqué
pour être misa exécution ; mais j'ai longtemps
essayé dans cent petits cahiers de vers qui
m'ont toujours été confisqués, si j'ai bonne
mémoire.
11 n'y avait pas, vous le savez, pour un
poète à vivre de son art, même abaissé de
plusieurs crans, quand je suis entré dans la
vie : et Je ne l'ai jamais regretté. Ayant appris
l'anglais simplement pour mieux lire Poë, je
suis parti à vingt ans en Angleterre^ afin de
fuir principalement, mais aussi pour parler la
langue et l'enseigner dans un coin tranquille-
ment et sans autre gagne-pain obligé : je
m'étais marié et cela pressait.
Et plus loin :
J'ai dû faire, dans des moments de gêne ou
pour acheter de ruineux canots, des besognes
propres et voilà tout, (Dieux antiques, Mots
anglais) dont il sied de ne pas parler. Mais à
part cela, les concessions aux nécessités
comme aux plaisirs n'ont pas été fréquentes.
Si, à un moment pourtant, désespérant du
despotique bouquin, lâché de moi-même,
j'ai après quelques articles colportés ici et de
là, tenté de rédiger tout seul, toilettes, bijoux,
mobiliers, etc., jusqu'aux hôtes et aux me-
nus du dîner, un journal, la Dernière mode
dont les huit ou dix numéros parus servent
encore, quand je les dévêts de leur poussière,
à me faire longtemps rêver.
Au fond, je considère l'époque contempo-
raine comme un interrègne pour le poète qui
n'a point à s'y mêler : elle est trop en désué-
tude et en effervescence préparatoire pour
qu'il y ait autre chose à faire qu'à travailler !
avec mystère en vue de plus tard ou de ja"
mais, et de temps en temps, envoyer aux vi-
vants sa carte de visite, stances ou sonnet,
pour n'être point lapidé d'eux; s'ils le soup-
çonnaient de savoir qu'ils n'ont pas lieu.
La solitude accompagne nécessairement
cette espèce d'attitude ; et à part mon che-
min de la maison (c'est 89, maintenant, rue
de Rome), aux divers endroits où j'ai dû la
dîme de mes minutes : lycée Condorcet, Jan-
son de Sailly, enfin collège RoUin, je vague
peu, préférant à tout dans un appartement
défendu par la famille, le séjour parmi quel-
ques meubles anciens et chers, et la feuille
de papier souvent blanche. Mes grandes ami-
tiés ont été celles de Villiers, de Mendès, et
j'ai dix ans vu, tous les jours, mon cher Ma-
net, dont l'absence aujourd'hui m'apparaît
invraisemblable.
J'abrège la copie de cette lettre fort cu-
rieuse pour la biographie de Stéphane
Mallarmé, nen retenant que la preuve
demandée. Oui, Mallarmé enseigna l'an-
glais à Condorcet, ainsi qu'à Janson de
Sailly et à Rollin...
Le premier évêque de Moulins
(Allier). — Connaît-on, particulièrement
en Angleterre, des détails sur le séjour de
Mgr Etlenne-)ean-Baptiste-Louis des Gal-
lois de la Tour, évêque désigné de Mou-
lins (27 avril 1788), déporté en 1790, ré-
fugié en Angleterre ; aumônier de Mes-
dames, tantes de Louis XVI, en Italie ;
de nouveau en Angleterre jusqu'en 181 5,
mort archevêque de Bourges en 1820? Où
est son portrait ^ L. G.
Diverse , Dinverse , Dinurce ,.
Dynurce , Dyvurce , d'Inverse ,
d'Iversay. — La petite ville de Ballon
(Sarthe) n'a conservé de son ancienne,
église ( presqu'entièrement reconstruite
vers 1830) qu'une chapelle, dite de Notte-
Dame^ édifiée au commencement du xvi"
siècle par les châtelains d'alors, Jeanot
Dynurce (?) et Radegonde de Maridot, sa-
femme, comme en témoigne la clé de
voûte, décorée de leurs armoiries.
jehannot Dynurce, Dyverse, Diverse,.
d'Iversay, etc ,(car on rencontre son nom.
sous ces diverses formes) nous est connu
comme écuyer d'écurie du duc d'Orléans,
Milan, 1490 ; écuyer de service ordinaire
du roi, 1499 ; dès 1506 il est qualifié sei-
gneur châtelain de Ballon, Coiiibres, etc.
Enfin sa présence est constatée parmi les
membres de la noblesse d'Anjou et du.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
333
Maine assistant à la publication de la Cou-
tume de ces provinces, en septembre
1508. Entre temps (7 février 1502-octo-
bre 1507) il exerça les fonctions de con-
seiller maître à la Cour des comptes, à
Pans, sous le nom de )eannot d'iversay,
Ecuyer d'écurie du roi (Cf. Constant
d'Yanville).
11 pouvait être le très proche parent, le
frère, peut être, de certain Boniface Di-
verse « Escuier d'Escurie de Monseigneur
le duc d'Orléans » 1490-1497, Ce nom
n'appartient pas à l'onomastique fran-
çaise.
Jehannot et Boniface Diverse, étaient-ils
des Diversi de Milan, Pavie et Lucques,
où le vocable est connu ? D'autre part, la
forme Dyvurce, par sa terminaison, peut-
elle être rapprochée du nom bien connu
de Trivulce (forme française de Trivul:{io)
le maréchal de France d'origine milanaise,
auquel, Charles Vlll donna entre autres
seigneuries, la baronnie de Château-du-
Loir, au Maine ? Jehannot qui paraît avoir
été, dans une mesure moindre, l'objet de
la faveur royale, aurait-il reçu en don la
châtellenie de Ballon ? Nous ne sommes
pas renseigné à cet (gard. Peut-être le
chartrier de Ballon qui a été réuni à celui
de la châtellenie de Sables, au château de
Davière, et. se trouve aciuellement aux
mains de M. le comte de Mailly-Châlon,
fournirait-il d'utiles indications. r'
Q.uoi qu'il en soit, nous avons pensé
que quelque collaborateur de Vlnteimé-
diaire, versé dans la connaissance des fa-
milles italiennes qui ont suivi la fortune
de Charles Vlll et de Louis XII, pourrait
nous fixer sur la forme originelle du nom
qui nous occupe.
Nous pouvons ajouter que Jacques
d'Inurce, fils de Jehannot et de Radegonde
de Maridort précités, rendit aveu au roi
le 25 décembre 1556 pour sa châtellenie
de Ballon et mourut à Angers le 24 jan-
\ier 1570 ; son corps fut ramené au
Maine pour être inhumé dans l'église
Saint-Georges-de-Ballon. L'acte de décès
porte : Jacques Dyvurce. L'aveu de 1570,
est signé et paraphé : Jacques Dinvurse.
Armes : d'a:(nt\au lion d'or, parti: d'apir^
à tiois gerbes de blé d'or, 2 et i qui est Ma-
ridort.
Patri de Chources.
10 Septembre 1906.
334 ^
Portrait?, à retrouver : Caroline
d'Autri'he, Perranot Granvelle.
Pierre MareschaL — Pourrait-on in-
diquer où se trouve un portrait (peinture
ou estampe) de :
1° Caroline d'Autriche (1595- 1663) (fille
naturelle et reconnue de Rodolphe II, em-
pereur d'Allemagne et de Euphémie Ro-
senthai), princesse du Saint-Empire,
2" François-Thomas Perrenot de Gran,'
velle, prince de Cantecroix dit d'Oyselet
(mort à Besançon, le 5 janvier 1629) et
de leur fils :
30 Etigène-Léopold Perrenot de Gran-
velle, mort en 1637, à Besançon, pre-
mier époux de Béatrix de Cusance.
4° Pierre Mareschal, procureur général
de la Grùyerie au comté de Bourgogne
(1599 1664). D' Ph. M.
Guissart, du Beauvaisis. — Un
aimable chercheur pourrait-il fournir des
renseignements, antérieurement au xvii«
siècle, sur une famille Cuissart, actuelle-
ment éteinte, du Beauvaisis, dont les pre-
miers membres connus habitaient, vers
1600, Sacy-le-Grand, Ladrancourt, Rieux,
Laigneville, etc.. près de Pont-Sainte*
Maxence ? Un Cuissart, officier de la vé-
nerie de Louis XIV, fit enregistrer, en
1697, à l'Armoriai général, les armes sui-
vantes : d'or, à une cotte d'armes d'azur,
surmontée d'un arc de gueules couché en
chef. La famille se croyait originaire de
l'Anjou ou du Poitou ; une tradition vou-
lait qu'elle vînt d'un homme d'armes qui,
à la bataille de Poitiers, en 1356, faisait
partie du corps du duc d'Orléans et qui,
après la défaite, se réfugia à Pont-Sainte-
Maxence ou à Senlis. Cette famille compte-
telle parmi ses membres un Pierre Cuis-
sart, exempt des gardes écossaises de
Louis XI, qui épousa, en 1498, Françoise
l'Epervier, d'une famille de FAnjou ou du
Poitou, ainsi que les armoiries citées plus
haut sembleraient le faire croire ? La
cotte d'armes et Farc ne rappelleraient-ils
pas l'archer ^ de C.
Portrait de F'eury. — Pourrait-on
me faire savoir s'il existe, et où .? un
portrait d'André-Hercule de Fleury, re-
présentant le futur ministre d'Etat avant
son élévation à FEpiscopat, c'est-à-dire à
l'époque où il n'était encore qu'abbé de
Fleury .? A. V.
U'
I l'J^.
L'INTERMEDIAIRH
. 335
Griffet de la Baume, ingéBieur
des Alpes-MariîiniQs e tre 1790
et 1810. — Quelque intermédiairiste
voudrait-il nous donner des renseigne-
ments sur le se'joui et les fondions de
Charles Griffet de la Beaume, ingénieur,
mort à Nice, le lo mars iSio? C'est un
descendant d'une famille noble du Bour-
bonnais. 11 a laissé un traité théorique des
routes plates — un mémoire (Théorie et
pratique des annuités décrétées par l'As-
semblée nationale de France pour les rem-
boursements du prix des acquisitions, des
biens nationaux) Roanne et Paris, 1791,
un volume in-S». L. G.
Famille de Montigny. — Pierre de
Montigny, écuyer, seigneur de la Boisse
ou de Bouesche, pourvu le 23 juillet
1479, '^^ l'office de maître des eaux et
forêts du Vendômois, et décédé avant le
13 juin 1489, épousa, en 1479, Mathu-
rine de Vendôme (fille de Jean de Bour-
bon, bâtard de Vendôme, seigneur de
Préaux, Vanssay et Bonneval, et de Gil-
lette Pèrdriel), qui testa le 5 mars 1483,
dont, au moins :
François, seigneur de Montigny, était,
en 1489, sous la tutelle de Jean de Ven-
dôme, curé de Lunay , son oncle, et
épousa, ensuite, Madeleine des Fiez, dont ;
Foy de Montigny, fenime de Jacques
de Villiers, seigneur de Mondon, et mère
de Louise de Villiers, alliée avec Jean de
Launay, seigneur de d'Onglée et chevalier
de l'Ordre du roi, gouverneur de Meaux.
Je m'adresse à l'érudition, aussi bien
qu'à l'obligeance des collaborafeurs de
V Intermédiaire pour être renseigné sur
cette famille de Montigny, et sur ses ar-
moiries. G. P. Le Lieur d'Avost.
L'ordre de l'Eperon d'or. — Pour-
rait-on me dire : ce qu'était l'Ordre de
l'Eperon d'or ? Son origine ? Son but ? Sa
diffusion ? Existe-t il encore des cheva-
liers ou autres membres de cet ordre ^
]. E. A.
VoirXLlVel Milice dorée XL ; XLI ; XLIIl.
Emblèm S héraldiques, armoi-
ries et sceaux ecclésiastiques mo-
dernes. — Ne comprenant ni ceux des
évQques, ni ceux des abbés, abbayes ou
prélats romains, dois-je ajouter. j
(3^
D'aucuns disent qu'il y a des égoïstes à
V Intermédiaire ; qu'on donne beaucoup et
qu'on reçoit peu. Je ne partage pas, en ce
qui me concerne, cette manière de voir,
j'ai trouvé dans nos colonnes d'excellen-
tes réponses aux questions que j'ai posées
et je me suis fait un devoir de reconnaître
dans l'introduction de VÀrmoirial des pré-
lats français du x\x^ siècle (que je viens de
publier) combien les aimables correspon-
dants de notre revue m'avaient secouru.
Eh ! bien, je viens encore avoir re-
cours à leur obligeance extrême. A cette
époque de l'année, on est souvent en va-
cances, en villégiature, à la campagne ou
dans de petites localités. Je serais heu-
reux de recevoir soit dans V Intermédiaire,
soit directement (à la Roche-Chalais,
Dordogne) des descriptions, et même et
surtout des empreintes d'emblèmes reli
gieux plus ou moins héraldiques, armoi-
ries, sceaux, etc., de simples prêtres,
d'églises paroissiales, de couvents, de
chapelles, de pèlerinages, de collèges ou
institutions ecclésiastiques (hommes et
femmes j, de chapitres, de communautés,
congrégations ou instituts religieux ;
toutes choses qu'on trouve en province
plus qu'à Paris.
Pour répondre à une sollicitation- de di-
recteur d'une revue héraldique, je com-
mence à réunir des documents sur ce su-
jet. Je sais que je puis compter pour cela
sur V Intermédiaire.
Comte DE Saint-Saud.
Devise : Morosovem'attaco. ~ Je
serais très reconnaissant au correspondant
de V Intermédiaire qui voudrait bien m'in-
diquer à quelle famille appartient cette
devise, C. B.
Les rédacteurs de la«G0ZQfade
Lisboa », en 1723 eî da la « Ga-
ceta de îvsadrid », en 1724. — Un
hasard a fait tomber entre mes mains un
recueil assez curieux : ce sont les premiers
numéros de ces deux gazettes, pour les
années 1723 et 1724.
Elles sont rédigées avec des correspon-
dances de divers pays. On a joint aux
numéros du journal, les correspondances
originales, mêmes. Les correspondances
parisiennes émanent de deux sources diffé"
DES CHERCHEURS ET CURIEUX lo Septembre 1906
337
338
rentes. Elles sont minutieuses et fort inté-
ressantes. Elles ne sont pas signées.
Pourrait-on savoir quels étaient à Paris,
en 1723 et 1724, ces nouvellistes si admi-
rablement renseignés ? Y.
La Famille malheureuse, par Pru-
d'hoïî. —Je désirerais savoir en quelles
mains a passé successivement et se trouve
aujourd'hui, le tableau de Prud'hon, Une
famille malheureuse, qui appartenait à la
duchesse de Berry et fut vendu 15.000 fr.
à sa vente le 19 avril 1865.
H. G. M.
[A l'Exposition des œuvres de Prudhon
au profit de sa fiUe, à l'Ecole des Beaux-
Arts, en mai 1874, figurait, « n° 92, La
Famille malheureuse, collection de M. le
comte de Lariboisière »].
Vers sur Heni'i ÏV. — Un de nos
collaborateurs pourrait-il nous dire de qui
sont les vers suivants, s'ils ont été impri-
més et où ?
Sur Henri IV
Superbes monuments, que votre vanité
Est inutile pour la gloire
Des grands héros dont la mémoire
Mérite l'immortalité I
Que sert-11 que Paris, au bord de son canal
Expose de nos rois, ce grand original
Q_ui sut si bien régner qui sut si bien com-
[battre ?
On ne parle point d'Henri Q.uatre :
On ne parle que du cheval!
jACaUES DE S.
L'odeur ranco des prostituées. —
M. le D' Cabanes (Les Curiosités de la mé-
decine. Ed. 1900, p. 163) parle delà rance
odeur des prostituées décrites par Juvénal.
Où le satirique latin en a-t-il parlé .''
P. B.
Autobus. — Les journaux annoncent
la création dans Paris de nouvelles lignes
d'autobus. 11 ne s'agit pas d'obus partant
tout seuls, mais bien d'omnibus automo-
biles. Je ne demande pas qu'on interdise
la chose : en usera qui voudra ; mais n'est-
il pas permis de protester contre l'intro-
duction dans notre langue d'un mot aussi
monstrueusement hybride ? J. Lt.
Gérardmer — Comment doit-on
prononcer ? GèrarJinèr, en faisant sonner
l'r, comme dans la mèr ? ou bien Gérai d-
me\ comme le fromage de Gêromé, le pro-
duit renommé du pays? J. Lt.
Mutualité. — Un intermédiairiste
pourrait-il m'indiquer l'ouvrage le plus
récent et le plus complet sur la mutualité,
contenant son historique, ses avantages
et ses désavantages ? P. B.
Les compagnies d'assurances —
Origine — Qiielle est la première com-
pagnie d'assurance connue ? Date de sa
fondation et son but ? H.
Danses espagnoles et arabes, —
Quel est le meilleur traité de chorégraphie
concernant les danses nationales de l'Es-
pagne : la jota, le flamenco, le boléro, la
sevillana, etc. ?
Même question pour les danses arabes.
Eteignoirs . — Existe-t-il encore,
dans certaines villes de province, aux
portes d'anciennes demeures de la riche
bourgeoisie ou de la noblesse, quelques-
uns de ces grands eteignoirs destinés à
éteindre les torches que les valets por-
taient devant leurs maîtres, au temps où
l'éclairage des villes était chose incon-
nue ?
Je n'en connais qu'un seul à Paris et
deux ou trois en pays flamand.
PlETRO.
Château de Montaigne. — Qiiels
ont été, depuis iMichel de Montaigne, les
propriétaires successifs du château et de
la terre de Montaigne, en Périgord ?
A. H.
Pauline Alexandre Panam. —
Cette femme, qui fut séduite par le duc de
Saxe-Cobourg, avait écrit des mémoires ;
elle négocia le prix du silence. Cependant
ses mémoires ont dû paraître, mais en ce
cas, où et sous quel nom ? A. B. X.
N" 1123
L'INTERMEDIAIRE
339
- 340
ïléj3on6C0
Le rôle de la comtesse de Mercy-
Argenteau. (LIV, 275)— Vers 1880, j'ai
eu entre les mains, chez M.Gabriel Chara-
vay, alors, 8, quai du Louvre, un dossier
volumineux et important qui compléterait
la correspondance de la comtesse deMercy-
Argenteau avec Napoléon III. Ce dossier,
dont on demandait 30.000 fr., a été ven-
du,paraît-il, à M. P banquier à Gênes.
Après avoir compulsé le dossier, en ren-
trant chez moi, je l'ai résumé ; mes notes
ne sont plus en ma possession. Autant
qu'il m'en souvienne, le dossier contenait :
1° Une correspondance avec Bismarck
(dont 3 lettres fort aimables de ce minis-
tre) relatives aux bases d'un traité de paix
(octobre-novembre 1870).
La dernière lettre de Bismarck était une
fm de non-recevoir.
2° Plusieurs minutes de mémoires en-
voyés à Metz à M. X ; très importants.
3° Deux minutes de mémoires adressés
à l'Impératrice dont les originaux ne sem-
blent pas lui être parvenus.
4° Un grand nombre de lettres en alle-
mand que je n'ai pu déchiffrer,
5° La plus grande partie du dossier
était une correspondance échangée avec
un inconnu habitant Bruxelles (octobre
1870-février 187 1).
En résumé, les bases du traité proposé
stipulaient une indemnité de 3 milliards
sans cession de territoire et le retour de
« la dynastie napoléonienne sur le trône
de France », sans déterminer si le repré-
sentant de la dynastie serait Napoléon III,
ou son fils avec un conseil de Régence.
Je le répète, je ne possède plus mes
notes prises au moment même, mais je
sais qui les possède actuellement.
Il est probable que le banquier de Gênes
qui a payé ce dossier 30.000 fr. ne l'a
pas acheté sans raisons *. Le détruire ?
pourquoi ^ Il est tout à l'honneur du pa-
triotisme de la comtesse de Mercy-Argen-
teau. Il faut espérer qu'un jour ou l'autre
il sera publié pour compléter la corres-
pondance de la comtesse avec Napoléon
m. J. G. Bord.
La reine Hortense et l'amiral Ver
HuelI(LIV, 1,66,116, 174,233, 288). —
Nous supposons la lettre suivante inédite.
Nous pensons qu'elle peut prendre place
sous cette rubrique. Elle est adressée par
le roi de Hollande à un témoin de sa vie.
■Toutefois, elle ne peut contribuer en rien
à résoudre le problème qui est posé et qui
est, à la vérité, bien délicat. Q.uoi qu'on
dise ou fasse, Napoléon III est et reste his-
toriquement, . sans conteste, le fils du roi
de Hollande :
Rome, ce 24 mars
Monsieur,
1817,
je viens vous demander : 1° Si vous vous
rappeliez tout ce que je vais vous retracer dans
cette lettre ; 2° si vous voudrez le déclarer
devant l'évêque du lieu où vous demeurez ;
3° quel est le lieu de votre résidence actuelle
et de quelle diocèse il dépend ?
Je vous ai connu dans mon enfance. Vous
êtes venu servir dans mon régiment bien
avant mon mariage. Peu de temps après vous
vîntes demeurer chez moi, vous m'accompa-
gnâtes au camp de Compiègne et ensuite aux
boues de Saint-Amand, dans l'année 1804
ou 1805.
A peu près à l'époque de mon mariage,
comme après cette époque je vous ai confié
ma situation intérieure et tous les secrets y
relatifs. Vous fûtes témoin de mon chagrin et
de ma profonde affliction, je vous confiai
que j'avais été forcé à contracter ce nœud par
les motifs les plus impérieux, que je m'en
étais défendu pendant plusieurs années, heu-
reusement, mais qu'enfin j'avais été obligé
de céder. Que c'était pour éviter ce mariage
et dans l'espoir que pendant mon absence elle
se marierait à celui qu'on croyait qu'elle
aimait, que je partis pour la Prusse à la fin
de Tannée 1799 et ce fut aussi par le même
motif que l'année suivante je me rendis en
Espagne, etc., etc.
Vous devez vous rappeller mes confidences
et les tristes conversations que vous eûtes
avec moi durant notre séjour à Saint-Amand,
vous devez vous rappeller que je vous confiai
que nous ne vivions pas ensemble quoiqu'ha-
bitant sous le même toit ; vous devez vous
rappeller tout ce que je vous dis sur mon
espoir de parvenir à faire reconnaître l'invali-
dation de mon mariage, etc., etc.
Je n'oublie pas que nous sommes séparés
depuis de longues années et que peut être
vous ne serez pas disposé à faire ce que je
vous demande ; cependant si vous vous rappel-
liez encore toutes les souffrances et toutes les
peines d'un nœud mal assorti, si vous vous
rappelliez encore tout ce que vous avez su et
tout ce que vous avez vu sur la répugnance
réciproque et la contrainte de ce lien, je me
flatte que vous voudrez contribuer à libérer
celui que vous appelliez autrefois votre ami et
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
349
liance de la troisième (rencontrée aussi
dans le Nobiliaiie universel de Saint-
AUais, art. Prévost) et qui a rectifié le
nom du président de la chambre des
comptes que j'avais aussi tiré des ta-
bleaux de parentés cités plus haut.
G. P. Le L'.eur d'Avost.
Le poiît de Tj écia.s à Saint-De-
Eis(Llll ; LIV, 74, i86). — i" La grande
voie romaine qui traversait Paris et con-
duisait dans les provinces du Nord, n'a
jamais passe par Saint-Denis, elle passait
par le lieu appelé aujourd'hui les Qiiatre-
Chemins, entre Aubervillicrs et Pantin.
Aussi, malgré l'insistance de M. Ar-
mand de Visnies,je ne puis admettre le
tracé qu'il indique dans Paris pour la voie
romaine qui traversait Saint-Denis.
2° La voie romaine qui traversait Saint-
Denis, est celle qui allait à Pontcise. Entre
Paris et Saint-Denis, cette route longeait
la butte Montmartre. Des deux chemins
que j'ai indiqués, l'un (celui de M. Gollois
par la porte de Clichy) passe à gauche de
la butte ; l'autre (par la rue Saint-Denis)
passe à droite.
-3° jamiais aucun chemin quelque peu
ancien n'a traversé VHeimilage. Pour
atteindre le l^ert Galant^ il n'y avait pas
d'autre route, au sortir de la rue de la
Charronnerie, que celle appelée aujour-
d'hui rue de la Briche.
4° Q.uant aux voies romaines, elles
étaient toujours droites, à condition tou-
tefois qu'aucune raison ne les oblige à
modifier leur cours M. Armand de Vismes
ne doit pas oublier qu'autour de Saint-
Denis se trouvaient des villas qui ont né-
cessairement influé sur le tracé de cette
route allait à Pontoise. Ce sont : la
s< Villa Clippiacensis » dont l'emplacement
est marqué aujourd'hui par le champ de
course de Saint Oucn et le collège Sainte-
Anne ; venait ensuite la villa appartenant
à la « gens Catullus » à Saint Denis ; enfin
à Epinay se trouvait une troisième villa
où mourut Pagobert. C'est là plus de
motifs qu i! n'en faut pour que cette voie
romaine, après tout secondaire, se soit
quelque peu écartée de la ligne droite.
Enfin, M. F. Bournon, lui-même, n'a
jamais songé à emprunter la rue Saint-
Martin pour aller à Saint-Denis.
G. La Brèche.
10 Septembre 1900.
350
Adoption. La question du nom
(LIV, 164, 239). — L'opinion de M. le vi-
comte de Mazières-Mauléon paraît fort con-
testable en droit.
L'effet de l'adoption est de conférer à
l'adopté tous les droits, quels qu'ils
soient, de l'enfant légitime. Or, ce dernier
a le droit de porter le nom de son père, y
compris les titres nobiliaires. Je n'ai ja-
mais vu dans le covle civil d'exception à
cette règle C'est aussi l'avis de plusieurs
jurisconsultes auxquels j'ai soumis la
question.
Un ancien Magistrat.
Etynaologie des noms de famille
(T. G,, 643). — Il doit exister des ou-
vrages sur l'étymologie des noms de fa-
mille. Un collègue serait-il assez aimable
pour m'en indiquer quelques-uns en pré-
cisant, si possible, leur valeur et leur
exactitude .? A. E.
I Famille de Acevedo (LIV, 16^).
I — Le titre ci-dessus donne la prononcia-
I tion, mais non l'orthographe du nom,
qui s'écrit Azevedo.
On nous interroge sur les Azevedo de
PAmériquedu Sud. Une branche de cette
famille s'est fixée à Rio de Janeiro où elle
est très connue, et plusieurs de ses mem-
bres sont revenus de là en Europe, mais
pour habiter Paris. Une Mlle de Azevedo
a épousé M. Carvalho, l'importateur de
cafés. -{-
Le marquis d'Aligre fccusé de
plagiat (LUI, 933 ; LIV,- 188). — Je re-
mercie M. Sus de son intéressante com-
munication qui me surprend un peu.
Aura-t-il la bonté de me dire ce qui l'a
amené à identifier Gorgy et G....^Le petit
manuscrit que j'ai cité est écrit en si mau-
vais français que si je n'avais pas sup-
primé la moitié des mots, certaines phrases
eussent été incompréhensibles. Il me
semblait bien que son auteur n'avait pas
du tout l'habitudj de la rédaction, ni à
plus forte raison du style.
Il est d'?illeurs aisé d'éclaircir cette
question puisque G. . nous donne son
titre.
Qui était, en 181 1, secrétaire de la mu-
sique de la chapelle des concerts, fêtes et
spectacles de la cour pendant le séjour de
No 1123.
L'INTERMEDIAIRE
55Ï
352
Napoléon en Hollande ? V Almanach Impé-
rial doit répondre. Mais s'il répond Gorgy,
je ne lirai jamais Annequin hedoiiille.
Familles Bouclier et Chanlatte,
au MaijS (LIV, 224). — Après sa
femme, lire « cette dernière veuve, le 24
mai 1714, et demeurant paroisse du Cru-
cifix au Mans », au lieu de Crucifiée.
Th. Courtaux.
Nicolas Chanlatte, directeur du com-
merce des Indes, échevin de Paris, en
1670, épousa Marie Soulet, dont, au
moins, Miclielle Chanlatte. femme de
Jacques Fallu, seigneur d'Andigné, con-
seiller au grand conseil. Armes : d' argent.,
au chevron d'azur., accompagné de ^ mou-
chetures d'hermines [Annuaire de la No-
blesse, 18^9, p. 392 ; La Chesnaj^e des
Bois : .Dictionnaire de la Noblesse : Art.
Fallu). G. P. Le Lieur d'Avost.
F. N, Dubois de Rouen et son
«Histoire secrète» (LIV, 58). — Cet
abbé Yart était coutumier du fait. Peu lui
importait l'auteur, son mérite personnel,
son sexe, la valeur de l'ouvrage, pourvu
qu'il plaçât son épigramme. C'est ainsi
qu'il décochait ce trait peu galant à
Mme Du Boccage sur le Paradis perdu,
poème de cette femme de lettres :
1
Sur cet écrit, charmante Du Boccage,
Veux-tu savoir quel est mon sentiment?
Je compte pour perdus, en lisant ton ouvrage :
Le Paradis, mon temps,
Ta peine et mon argent.
d'E.
Dutacq (LIV, 221). — Armand Dutacq,
appelé le Napoléon de la presse, acheta le
Charivari.^ au prix de 35 .000 francs, le
28 décembre 1836,3 M. Lefebvre, notaire,
lequel l'avait payé 12.000 francs à M. Phi-
lipon, le fondateur. Il remplaça les rédac-
teurs en chef (Ch. Desnoyers et Altaro-
che) par Taxile Delord qui dirigeait le
Corsaire. En somme, il fut plutôt le pro-
priétaire que rédacteur-collaborateur.
D^ Billard.
Guymon de la Touche (LIV, 279).
— La Correspondance littéraire de Grimm
ne contient rien qui réponde à la ques-
tion. Pourtant ce ne serait pas seulement
dans sa tragédie anonyme que l'ex-jésuitc
aurait attaqué l'ordre religieux auquel il
avait appartenu. Lorsqu'après sa mort,
en 1766, parurent Les Soupirs du cloître oic
le Triomphe du fanatisme., le baron en fait
suivre l'annonce de cette réflexion :
« L'auteur avait été jésuite, et cette célèbre
société n'est pas flattée dans ses vers. Cet
ouvrage manque de facilité et de grâce ».
j'ajoute que Grimm note la mort de Guy-
mond de la Touche au mois d'avril 1760,
et non au mois de février. E. Grave.
Le comts de R -.penties (LIV, 54,
245). — La comtesse de Birbançois, née
Dauphine-Xaverine LeGardeur de Repen-
tigny, née vers 1804, est décédée à Tours,
le 17 janvier 1878.
Louis-Gaspard le Gardeur, comte de
Repentigny, lieutenant des vaisseaux du
roi, chevalier de Saint-Louis, en 1784,
assista, en 1789, aux assemblées électo-
rales de la noblesse de Tours.
G P. Le Lieur d'Avost.
Un monument élevé par Tàlraa
(LUI, 619, 699, 745). — Consulter le
Tombeau de Narcissa, suivi d'une réponse à
l'article de la Ga:(ette médicale de Mont-
pellier du 15 avril 18150, par M. de Terre-
basse. Lyon, L. Perrin, i8jo.
H. QUINNET.
Scalion de Virblunc-au (LIV, 223).
— Mérite-t-il vraiment l'épithète de
« charmant », le poète amateur découvert
par Théophile Gautier ? Il me demeure
plutôt de la lecture des Grotesques., l'im-
pression d'un bonhomme assez ridicule,
comme le sont facilement, d'ailleurs, les
amoureux transis qui prennent pour con-
fident le public, à moins qu'ils ne soient
Catulle, Pétrarque, Henri Heine ou Mus-
set. En tout cas, laissant de côté la ques-
tion d'identification historique à laquelle
peuvent s'intéresser les érudits, il me
semble que sur le poète il n'y a plus rien
à dire après l'article charmant (l'adjectif
est, cette fois, à sa place) de Théophile
Gautier, H. C. M.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
353
Titres de noblesse (LUI, 895, q8o ;
LIV, 30, 93, 195, 245). — Le registre
matricule dont parle Gaston Phébus et qui
se trouvait, en 1893, au ministère de la
justice, est-il à la disposition du public ?
J'ai acheté, il y a quelques années,
soixante-neuf blasons coloriés, chacun sur
un carton de vingt-six centimètres de
hauteur. Ces cartons ne portent aucun
nom et je désirerais savoir à quelles fa-
milles appartiennent ces armoiries.
Beaujour.
Origine de 1- noblesse bretonn^i
(LIV, 279). — On ne peut répondre à
M . de Poulpiquet d'une façon très catégo-
rique, car l'institution de la noblesse n'a,
pas plus pour la Bretagne que pour les
autres provinces, d'origine déterminée.
Sur ce sujet, il n'y a et il n'y aura jamais
rien de codifié.
Le vicomte de Lisle a donné quelques
pages sur la noblesse bretonne en tête du
livre : La noblesse de Bretagne^ ouvrage
qui n'a pas fini de paraître, car son au-
teur, le marquis de l'Estourbeillon de La
Garnache, député de Vannes, s'occupe
maintenant de politique, ayant, à regret,
abandonné les études généalogiques.
On lit dans cette introduction que « le
trait le plus saillant de la noblesse bre-
tonne est son opiniâtreté à repousser toute
influence du dehors pour garder son ca-
ractère national. » Pour avoir une vue
d'ensemble de l'aristocratie bretonne,
ajoute M de Lisle, il faudrait examiner
les principaux faits de l'histoire de cette
province, mais les érudits n'ont pas encore
réuni assez de matériaux pour cela.
Le principe de la force de la noblesse
du pays d'Armor ne venait pas du prince,
mais du pays lui même. Mais quant à la
rech.erche île l'origine des familles, elle
est des plus ardues, et pourtant cette
recherche « aide à retrouver les sources
de la noblesse ». Mais elle est à faire au
point de vue historique, et la question
posée embrasserait trop de pages pour
qui voudrait la traiter dans nos colonnes.
St-Saud.
Baguy avec devises (LIV, 56,254).
— Je possède plusieurs bagues en cuivre
(l'une d'elles, plus petite, en or, dut être
faite pour la femme de Lofficier comman-
dant) ; elles portent une grenade, mais pas
10 Septembre 190e.
. _ 354
de devise : le nom du soldat est gravé
dans l'intérieur. Elles appartenaient aux
grenadiers de la Garde, licenciés en 1815.
Il était donc d'usage de porter des ba<yues
quand on servait dans la Garde .? Cela
resort des réponses précédentes.
Je possède une autre bague de la même
époque. Sur le chaton : deux mains unies
et la devise : Unis et fidèles. On dit que
c'est la bague des pages de Louis XVllI .?
Est-ce exact ? Il est temps de s'occuper de
ces questions de menus détails, car il ne
faut pas laisser passer un siècle sur ces
sujets, sinon on se priverait des lumières
des enfants de ceux qui en sont l'objet ;
or ils sont déjà âgés. St.-Saud.
Un porteur de chaise, v< des Pré-
cieuses » (LIV, 219, 301). — Comme le
fait justement remarquer M. Lyonnet, Du
Parc ne put être de la création éQS Précieuses.^
puisqu'il avait suivi sa femme au théâtre
du Marais, et il estprobable qu'il ne rentra
au Petit-Bourbon que pour remplacer le
vieux Jodelet qui venait de mourir.
Nous savons, au contraire aussi bien
qu'Almanzor, que de Brie put créer l'un
des porteurs des Précieuses., et ce fut lui
sans doute qui joua le bout de rôle de
l'écuyer Don Pèdre dans Don Garcie de
Navarre, lequel rentrait dans son emploi
des grandes utilités et confidents.
Voilà pourquoi je pense, malgré l'auto-
rité de feu V. Fournel, que « le gros por-
teur » visé par la Vengeance des marquis
est, non pas Du Parc, mais son camarade
De Brie qui, sans être aussi bien « entri-
paillé », eut assez d'embonpoint pour lui
succéder dans le personnage de Gros René.
Georges Monval.
Le Théâtre-Français ' n 1847(L1V,
275). — On n'a que l'embarras du choix.
Depuis le commencement de l'année la
Comédie-Française avait — à ce moment
(19 juin 1847) — donné successivement,
sans trouver un succès :
Le Vieux de la Montagne., tragédie en
cinq actes et en vers, par LatourdeSaint-
Ybars, représentée 7 fois du 6 février au
9 mars, avec une moyenne de i.678fr. 50,
et encore grâce à la présence de Raohel,
dont les recettes, avec Phèdre ou Aihalie.,
étaient de 4 à 5 mille francs.
Notre fille est princesse, comédie en cinq
actes et en prose de Léon Gozlan, repré-
N" II 23.
L'INTERMEDIAIRE
355
sentée 13 fois du 23 mars nu 5 mai, sans
pouvoir dépasser une moyenne de 720
francs 95, même avec des renforts de cinq
actes, comme le 25 avril où l'on joua, en
plus, Valérie et le Dépit amoureux ;
Un poèfe^ drame en cinq actes et en
vers, par Jules Barbier, représenté 8 fois
du 16 avril au 1 1 mai, avec une moyenne
de 558 fr. 95 ;
Robert Bruce^ tragédie en cinq actes et
envers, par Beauvallet, qui, représentée
pour la première fois le 31 mai, en était
à sa septième représentation (14 juin),
avec une moyenne de 229 fr. 40, malgré
la présence de l'auteur jouant le rôle de
Ronald ;
Pour ai river ^ comédie en trois actes,
en prose, d'Emile Souvestre, qui avait
été jouée quatre fois sans attirer le pu-
blic aux spectacles dont elle faisait partie :
La recette, à la première, le 8 juin, est de
919 fr. 55 ; à la quatrième, le 14 juin,
2kV te Robert Bruce, elle est de 193 fr. 80.
Les trois insuccès dont parle Ligier
sont probablement les derniers : Un poète,
Robert Bruce, Pour arriver.
Nous avons éc3rté,comme ne formant pas
spectacle. Un coup de lansquenet, comédie
en deux actes et en prose de Léon Laya,
jouée 22 fois depuis le 30 janvier, et
Scaramouche et Pascariel, comédie en un
acte, en vers, de Michel Caire, jouée
8 fois depuis le 28 mai j. Ct.
Le théâtre en province (LIV, 281).
— je puis signaler à M. Lyonnet un inté-
ressant travail, le Théâtre d'Angers, pu-
blié, il y a deux ans, par mon excellent
ami Jules Breton, et qui, sous une forme
concise, mais avec une rare précision,
donne un tableau complet de l'histoire du
théâtre angevin. 11 n'est pas inutile de
rappeler que ju'es Breton, directeur du
Grand-Théâtre d'Angers, porta cette scène,
de concert avec l'Association ar'.istique
que dirigeait si bien Louis de Romain, à
un degré artistique qu'elle n'avait effleuré
que sous la direction de feu Mark, qui fut
plus tard à la tête de TOdéon, et qu'elle
n'a pas atteint depuis. H. Jagot.
*
Comment M. H. Lyonnet n'a-t il pas
compris, dans sa liste des théâtres de
province, celui de Nantes qui occupe ce-
, 356 .
pendant le 5' rang (peut-être même le 4
parmi les scènes provinciales de France ?)
S'il veut être bien documenté à ce sujet,
il n'A qu'à se procurer le Théâtre à Nantes
depuis ses origines jusqu'à nos jours., i^^o?-
iSç], par Etienne Destranges (de son
vrai nom Rouyer, bien connu à Nantes
comme dilettante très avisé en matière
théâtrale et ultra wagnérien), i vol. de
504 pages. Paris, librairie Fischbacher,
rue de Seine, 33, 1893. Il y trouvera, j'en
suis sur, de quoi les satisfaire amplement.
Un vieux Nantais.
* *
Quelques titres d'ouvrages, pour la liste
des histoires locales du théâtre (hors Paris),
Le Théâtre de Monte-Carlo, par Maurice
Du Seigneur, 1880.
Le Théâtre de Saint-Cyr (1689-1792),
par Achille Taphanel, 1876.
Le Théâtre de la cour à Compiegne, pen-
dant le règne de Napoléon III., par Alphonse
Leveaux, 1882.
Les origines lin Tbéalie de Lyon, par
C. Brouchond, 1865.
Histoire de Mlle Cronel^ dite Fretillon
{Dite Clairon) actrice de la Comédie de
Rouen, écrite par elle-même (publiée par
Gaillard de la Bataille, trésorier de France).
La Haye^ (Rouen), 1743- 17 52.
Sur le Théâtre de Dijon. Paris, Huzard,
1809, brochure in-8°.
Notes et documents pour servir à l'histoire
du Théâtre à Dijon, du ^ novembre 1828
au 25 avril i88j, avec un aperçu de cette
histoire depuis l'ji'j, par Milsand. Dijon,
Darantière, 1888, in 8°. F. Jacotot.
Pht;ro:aGir}i-;s ^iyan?; été des sa-
vants (XXXIX , LUI, 44. 255, 370).—
Aux articles parus sur ce sujet dans 1'//?-
termédiaire^ il convient d'ajouter quelques
I lignes consacrées à Pierre Figuier.
} Né à Sommières (Gard), en 1759, et dé-
cédé à Montpellier, le 28 mars 1817, Fi-
guier fonda dans cette dernière ville une
importante officine qu'il continua même à
diriger, après qu'il eut été nommé profes-
seur de chimie, à l'Ecole supérieure de
pharmacie ; il était membre de la Société
Royale des Sciences de Montpellier. Bien
qu'il soit mort depuis près d'un siècle, son
officine se recommande encore de lui et
porte toujours le nom de Pharmacie du
professeur Figuier.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX lo Septembre 1906.
341
que vous joindrez aussi vos efforts pour lui
rendre la tranquillité.
Je. vous p;ie de me faire savoir si vous êtes
disposé de répondre couforméiiient à ce que
je vous demande, je vous aurai beaucoup d'o-
bligation. L. de St-Leu.
(M, François Mésangère, ancien trésorier
général de la couronne de Hollande).
«
* *
Encore une autre version. Le prince
Pierre Dolgoroukow nous apprend dans La
France sous le régime Bonapartiste, Lon-
dres, 1864 :
La rumeur publique lui (Napoléon III) a
donné pour père tantôt le général comte de
Flahaut, tantôt l'amiral comte Ver Huell, à
cette époque-là ambassadeur de Hollande à
Paris plus tard naturalisé français et mort
pair de France. Ni l'un ni l'autre de ces deux
bruits ne sont fondés ; nous tenons notre
narration de sources bien sûres : directe-
ment du comte BIondow,en i8..8 secrétaire
de la légation en Hollande, et de notre
grand'oncle le prince Serge Dolgoroukow.
Le véritable père du despote actuel de la
France fut le comte de Eylandt, général
major au service hollandais, chambellan du
roi Louis et l'oncle de M. le comte de
Eylandt, aujourd'hui ministre des Pays-Bas
à Constantinople(i864). Dans les derniers
jours d'avril 1S08 le roi Louis, qui se trou-
vait en HoUandt, reçut la nouvelle que le
20 du mois sa femme était accouchée à
Paris d'un fils. 11 ne voulait point recon-
naître cet enfant, comme plus tard il n'a
jamais voulu reconnaître î^i. de Morny,
lorsqu'arrivèrent de P.-ris la nouvelle que
le nouveau-né allait être baptisé comme
prince français et prince hollandais, et
l'ordre impérieux de Napoléon au roi Louis
d'avoir à reconnaître l'enfant immédiate-
ment, ordre daté de Bayonne, où se trou-
vaient alors Napoléon avec Joséphine. En
même temps arriva Je comte de Eylandt
auquel l'Empereur avait fait intimer l'injonc-
tion d'avoir à quitter la reine Hortense et de
se rendre dans son pays natal. Le roi Louis
quoique de fort mauvaise grâce, se soumit
cependant. La nouvelle de la naissance fut
annoncée au pub'.i- hollandais, un Te Deuin
solennel fut chanté ; mais le roi Louis n'y
parut point, sous le même prétexte, aucune
réception à la cour, et le comte de Eylandt
reçut la défense de se présenter devant le
souverain, dont il était le chambellan. Le
comte de Eylandt est mort octogénaire
(1852). »
Il s'agit ici sans doute du comte Charles
Adam de Bylandt, né à La Haye le 22 oc-
tobre et baptisé là-bas le 24 octobre 1773,
colonel de cavalerie, plus tard colonel
342
d"un régiment de chasseurs au service
hollandais, aide de camp du roi Louis,
chevalier de la Légion d'honneur et de
l'Ordre de l'Union (1807), décédé aliéné
à Laon le 5 juillet 1857. Il laissait un
fils naturel, Charles de Bylandt, officier
dans le second bataillon de chasseurs,
chevalier de l'ordre militaire de Guillaume,
dont les dates de naissance et de décès ne
me sont pas connues.
M. G. WlLDEMAN.
La vente des maubles do Danton
à Sèvrts, après son exécation (LIV,
319). — [Vi. Etienne Charles, qui est l'un
des fureteurs les plus sagaces de la chro-
nique parisienne, ne pouvait laisser passer
sans le souligner le document que V Inter-
médiaire a publié sur Danton.
Dans la Liberté, il fait deux remarques
que nous avons faites nous-même, mais
sans les formuler :
Hénault, huissier audiencier au tribunal
criminel du département de Seine-et-Oise,
qui procéda aux opérations, vendit deux
« petits marcassins sangliers », dix-neuf
poulets, un coq, vingt et une paire de pi-
o-eons, une quantité considérable de « mor-
ceaux de jambon » et une telle quantité de
« morceaux de lard » que V Intermédiaire
peut dire avec raison que « tout le pays », après
la vente, a dû manger du « lard du citoyen
Danton ».
Il l'a dû d'autant plus probablement que,
chose singulière, le jambon et le lard, divisés
le premier en douze morceaux, le second en
dix huit — en tout trente morceaux, ne fu-
rent pas répartis entre moins de vingt-huit
acheteurs, alors qu'ils ne composaient qu'un
seul article de l'inventaire 11 y a là un petit
mystère qui nous échappe et que je signale à
la curiosité des crudits et des chercheurs.
En effet, pourquoi a-t-on vendu ce porc
en détail, quand on vendait, sur pied, les
trois vaches ?
Notre confrère met encore un point
d'interrogation à la suite de
« Deux paires d'estomach »
Q.u'est-ce que cela pouvait bien être, en
effet que ces deux paires d'estomach.dans
une ffarde robe d'homme qui n'avait ja-
mais tenu a passer pour une tcmme, si
l'on en juge par ce qu'il léguait à Robes-
pierre ?
Alloue (Charente), 4 septembre 1906.
Monsieur et honoré confrère,
Quand vous avez publié dans votre numéro
N" 1123
L'INTERMÉDIAIRE
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d'Egypte en France ». Ellcomprenaitdix
hommes « Les Citoyens v Drouin, Bour-
dais. Dangevillc, Lasalle, jlon, Bernard,
Gaston. Dorigny. Doniiniue Drouin, Ca-
simir Talon ; et seize fcsmes : « Mes-
dames » Drouin, Bourd», Dangeville,
Bréneseau, Talon, Doripv. Ciicvalier,
Renaldy, Aglaé. Dorothét. Caroline. Ni-
nette Ladrcy, Gaston. Rœ le François,
Jeannette CÎiédeville.Clar. 'ourdais.
L'unde cesartistes,lc F. iourd.iis.dans
un curieux post-scriptum j^nt ses prières
a celles de ses camarades voilés, pillés,
par quelques malvcillans ançais » dont
le peu de bijoux épargnés ot été vendus
à Malte pour leur <* procrer lextraime
nésésaire »v J. Kappa.
du 30 août 1906, le procès-verbal de la vente
des meubles'de Danton, vous ignoriez sans
doute que ce document avait déjà été publié
par moi, dans la revue la Révolution fran-
çaise, n» du 14 juillet 1905.
Veuillez agréer, Monsieur et honoré con-
frère, l'expression de mes sentiments les plus
distingués
A. AULARD.
Ne voyez dans ce mot aucune récrimination
(pareille chose m'advint plus d'une fois, dans
la Revue que je dirige), J'ai voulu seulement
vous avertir que le document avait déjà été
publié.
M. Aulard a raison de penser que nous
ne nous étions point rappelé la publica-
tion de ce document dans la Revue qu'il
dirige et où il aurait dû ne pas nous
échapper. Notre collaborateur, M. Léonce
Grasilier,le croyait inédit.
Il devient indispensable de dresser une
table de tous ces documents précieux pu-
bliés dans les revues d'histoire et d'érudi-
tion : il y a là des trésors considérables
que les chercheurs égarés ne soupçonnent
pas.
Comédiens français en Egypte
(Ll ; LU ; LUI ; LIV, 230). —Le dernier nu-
méro (juillet 1906) des Lt'Ht es aiitcgtiiplys,
l'intéressant bulletin de la maison Noël
Charavay, catalogue une leitre écrite, le
Il fructidor an IX (29 août 1801), par
P. Bernard, comme régisseur de « la So-
ciété de Comédie Française de retour
d'Egypte y et adressée au citoyen Charen-
ton, administrateur de la marine à Toulon.
Les comédiens, en quarantaine à Mar-
seille, se rappellent la bienveillance que
leur a témoignée le i;ito}'en Charenton lors
de leur embarquement à Toulon et lui ex-
posent leur mauvaise fortune : s< Faits
prisonniers devant Alexandrie le 19 prai-
rial (8 juin 1801) ; tmbarqués sur un par
lementaire le i'"" messidor (20 juin), et
rendus à Marseille le 10 frutidor (28 août)
courant », ils n'ont « absolument d'autres
moyens d'existence que le traitement de
45 liv, par mois v> qui leur %< est ac-
cordé conformément aux ordres du Minis-
tre », et ils voudraient pouvoir toucher à
Marseille ce secours qu'ils attendent « avec
une extrême impatience ».
Un « Etat des artistes présens » joint à I ^«,,^
cette lettre, nous donne la composition | ce Dangeville. l'acteur tragiqi et comi
de « La Société dramatique de retour ' que qui faisait les beaux jourdu théâtre
M. Ulric Richard Desaixtrouvera les
renseignements dont il a be.»in sur la per-
sonnalité des c '' ns fraraisen Egypte
dans mon J\. Aire .s coi>:i\iietis
français (10.000 biograph
Comme il serait fort Ion- . reproduire
ici des notices concernant :> personnes,
je me bornerai a lui fournir oelques indi-
cations, me tenant à sa diwsition pour
les autres, si nécessaire :
Bourdiiis, Mme Bourdai'! Chr3 Bour-
d.iis. - Vieille famille de -mediens à
laquelle se rattachent les Baptiste et
Mme Dorval. J'.ti donné les i.1ications re-
cueillies sur Bourdiiii jeunnsn 1792, le
m«;me qui devient Boni Jais pe. en 1805.
C'était le père de Marie Boidais. femme
de Baptiste l'ancien. 11 étai par consé-
quent, l'oncle de Baptiste aîn de Baptiste
cadet, et grand-père maternel e Mme Dor-
val— Th. du Marais, 1792 - grime et
administrateur à la Porte Saii-Martin, en
1805-07. On trouvera dansîe Diction-
vaire des notices sur dix auts Bourdais
(hommes et femmes) paraissit se ratta-
cher à la même famille.
La biographie assez complète Pierre-
Ciisimir Talon a été écrite pai'îM. E. D.
de Manne et C. Ménétrier, CorUmcnt de
la troupe de NicoJet, p. 50 et i. vantes. Il
existe plusieurs portraits de Tlon qui fut
le grand premier rôle de TAibigu (ne a
Paris, le 5 avril 1754, mort à'oitiers, le
4 janvier 1826).
Dangeville. je crois recinaitre en
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
345
d'Anvers en 1793. Il venait d'Angers
(an VIII) ù la critique le taxait « d'excel-
lent coiriien ».
Mme utigeville, femme du précédent,
bonne sobrette, venait d'Angers (an
VIII).
Dorigt'., peut-être celui du Th. Molière,
en 1792 :
i)roMr.'ivait passé par Bordeaux. Jeune,
possédant un beau talent, il avait débuté
àl'Odéonen 1797. En 1801. on le revit
à Angers u il est jugé « acteur estima-
ble ». En 1814, il était premier rôle à
Lille — esans doute père noble dans la
même vihet à Tournai, en 1822-23.
Mme D)uin, sa femme « actrice de ta-
lent », paia par Angers, en iSoi.
Il résul'.''ait que ces éléments n'étaient
pas preci^olent à dédaigner, et que l'en-
semble puvait constituer Téquivalent
d'une bonc troupe de province.
H. Lyonnet.
La ducessedôEeriy et Charles-
Albert. Joirespondance secrète
(LIV, 105. > 76, 286). — Le changement
survenu das l'état de la duchesse par
suite de so second mariage, ne suffirait-il
pas àexpliuer,sans autre mystère, qu'elle
ait consid'é sa carrière politique comme
terminée? H. C. M.
S. M. i -ip.4ratrice Eugénie bi-
bliopiiileLlV, 27s). — Comme toute
souveraine [ui se respecte, l'impératrice
Eugénie zwt une bibliothèque ; nul
doute qu'il e s'y trouvât des livres rares
et curieux, iais sans manquer le moins
du monde a respect dû à l'infortune, ce
serait aller eaucoup trop loin de dire que
l'impératric était bibliophile : des biblio-
thécaires î chargeaient d'alimenter la
collection, lais la souveraine n'en avait
guère souci elle n'estimait guère que les
volumes a\nt une très riche reliure. Je
Suppose ce: idant qu'elle avait quelque-
fois la cur , îé de regarder ce qu'il y
avait deda;
Qu'il nu oit permis de rappeler un
fait à ce suc. Vers i86o, un artiste de
mes amis a-^it exécuté une série de mi-
niatures su;-.élin, représentant l'enfance
etréducati . e Louis XII, d'après .Mellin
de Saint-Gc.is. Il avait donné à son héros
les traits d jeune prince Impérial. Cet
10 Septembre 1906,
346 —
alla trouver un littérateur connu, artiste
lui-même ayant ses entrées à Compiègne,
en le priant de présenter son œuvre. Le
volume grand in-4'' était relié par un des
plus célèbres relieurs, en maroquin vert,
très sobre et même sévère.
« Mon cher ami, lui dit l'homme de
lettres, vous ignorez probablement qu'il
n'y a pas d'ariistes dans la maison. Per-
sonne ne regardera votre volume ; repor-
tez-le chez le relieur et demandez qu'on
y mette beaucoup d'or, ça sera de mau-
vais goût, mais ça plaira. »
Le relieur sachant qu'il travaillait pour
la cour, arriva à faire un chef-d'œuvre de
dorure et de mauvais goût. Mais le re-
cueil de miniatures fut favorablement ac-
cueilli.
j'ignore ce qu'a pu devenir cette œuvre
qui aurait une véritable valeur artistique.
Les miniatures étaient signées Ulysse à
Blois ; c'est celui qui avait fondé une
faïencerie artistique qui eut une certaine
réputation. Martellière.
Dans son intéressante communication
du 30 août, col. 275 à 278, M. Ulric Ri-
chard-Desaix cite le Voltaire, éd. de Kehî.
1784-89, 70 vol in-8*', contenant les des-
sins originaux, de Moreau le jeune, et nous
donne à entendre que ce précieux exem-
plaire n'aurait pas été détruit dans l'incen-
die des Tuileries, en mai 1871, ainsi que
l'indiquent les diverses éditions du Guide
(Cohen-Mehl de Portails) de l'Amateur
des livres à figures du xvine siècle.
Il serait heureux que cette nouvelle
trouvât sa confirmation.
Cet exemplaire avait été acheté pour
l'Impératrice à la vente Double, en 1863,
et payé 9025 francs. (Quelle plus-value il
aurait acquise_depuis lors !
Victor Deséglise.
« C'est ma guerre » mot attribué à
l'impératric8Eugéni9(LlV, 218, 288).
Je* ne viens pas non plus défendre 1 im-
pératrice Eugénie, mais simplement ap-
porter le témoignage d'un contemporain
sur un point que je connais encore mal.
Je me rappelle avoir entendu dire par
mon grand père, que jamais l'impératrice
Eugénie n'avait prononcé la phrase en
N°. 2113
L'INTERMEDIAIRE
347
348
Mémoires d'hommes d'Etat (LIV,
227). — L'ancien ministre qui publie, en
ce moment, dans un journal parisien, les
mémoires des faits qui se sont passés sous
son ministère, a été précédé dans cette
voie par un homme d'Etat éminent, qui
publia aussi de son vivant, en 1859 —
quinie ans avant sa mort -^ ses Mémoires
pour servir à Jlnstoire de mon temps ^ où, à
rencontre de l'ancien ministre en question,
sans renoncer à aucune de ses opinions,
il ne froisse aucun adversaire. 11 ne ressort
de tout son ouvrage ni un sacrifice ni une
blessure : il se borne à écrire ce qu'il a
pensé, senti et voulu dans son concours
aux affaires du pays, où il s'était attiré
les sympathies de tous les partis par sa
science, son éloquence ferme et élevée,
son intégrité et ses vertus privées.
D"' Billard.
J'en vois deux à l'époque de la Révolu-
tion, et un depuis. Ils ne sont sans doute
pas les seuls. A l'époque de la Révolution,
Bertrand de Molleville, ministre de la
marine (octobre 1791-mars 1792), dé-
crété d'accusation après le 10 août, mort
en 18 18, a publié, en 1816, des Mémoires
particuliers pour servir à l'h istoire de la fin
du règne de Louis Xyi{2 vol. in-8°).
Dumouriez, ministre de la Guerre (mars
à juin 1792), mort à Turville-Park (comté
de Buckingham) en 1823, a publié en
1795 des Mémoires (2 vol. in-8") souvent
réimprimés depuis.
De notre temps, Guizot, président du
Conseil des Ministres du roi Louis-
Philippe, mort le 12 septembre 1874, a
publié des Mémoires pour servir à l'histoire
de mon temps (9 vol. in-8°, 1858-1808),
qui contiennent de très remarquables por-
traits. T.
L'idée de patrie axisîait-elleavarAt
la Révolution? (T. G , 385; XXXV
à XXXVIll ; XLli ; LU ; LIV, 116, 233,
290). — Le Gamoëns (Louis de Camoëns)
(1524-1579), célèbre poète portugais, a
immortalisé le peuple portugais tout en-
tier, en racontant les exploits et les aven-
tures des intrépides navigateurs qui, sous
la conduite de Vasco de Gima, affrontè-
rent les périls et les tempêtes de l'Océan.
Ce qui caractérise son œuvre des Lu-
slades, c'est avant tout, et l'on pourrait
dire exclusivement, V Amour de la patrie,
qui éclate
amour ardent, enthousiaste
dans toutes les strophes.
Le poème est écrit en stances de huit
vers et comprend dix chants. Dès le dé-
but, l'illustre poète indique quelle en sera
la note générale :
Veiais anior da pilria naô movido
De preaiio vil, mas alto e quasi eterno,
(Vous trouverez ici l'amour de la patrie
que ne dicte aucun intérêt vil, mais qui est
toujours élevé et en quelque sorte éternel.)
Les Lusiades (os Lusiados) furent impri-
mées pour la première fois à Lisbonne en
'572-
L'expression vulgaire de la langue por-
tugaise dit : terra pour désigner le lieu
où l'on est né : Le mot patria (patrie)
comportait déjà à cette époque dans l'es-
prit du « Camoëns » l'idée plus élevée de
« nation » au lieu de simplement « pays ».
Alexandre Rey.
*
Ligne 8, supprimer le point d exclama-
tion.
Lignes 12 et 16, au lien de : Bruslau,
lire : Bruslon.
Avant-dernière ligne, au lieu de : Dom
AI0RIN, lire : DoM AIaurice.
P. DU Gué.
Le cap des Aigalles (LIV, 164).
— La Vendée possède son Cap des Aiguilles.
C'est celui qui correspond à la pointe de
terrain schisteux, sur lequel est construite
la Chaume, près des Sables d'Olonne.
(Nous avons montré jadis que ce nom,
d'origine ancienne, dû à la forme très
ttfilée et très allongée du promontoire à
l'époque romaine, était en rapport avec
le rocher sous-marin de Roche:onne et les
rochers des Barges d'Olonne, et que vrai-
semblablement c'était le Promontorium
Pictonum des géographes anciens. La
Vendée possède deux bourgades à noter :
L A:gnillon-sur-Vie (pour voie^àt z^w), et
V Aiguillon-sur-Mer.
U Marcel Baudouin.
Le châtôim de Saint-rvîaurice (LIV,
53, 185, 237). — D'après les « Tableaux
de parenté » par le baron de Saint-Pern,
les trois filles issues du mariage Le Mal-
rat-Pecquot seraient décédées sans alliance.
J'avais déjà pu relever que deux d'entre
elles s'étaient mariées. Mille remercie-
ments à M. Pinson qui m'a appris l'ai-
DÉS CHERCHEURS ET CURIEUX
565
Lez ou lè3 (LIV, 110, 202, 309). —
L'intéressante réponse de M. Loriot est
très exacte. 11 faut absolument que 17»-
teiniédiaire proteste, toutes les fois que
l'occasion s'en présentera, contre les fautes
graves que contiennent les livres officiels.
S'il est naturel d'écrire : Lussac /«-
Châteaux, Saint-Gevrais- /«-Trois-Clo-
chers, Saint-Georges- /«-Mines, -Villedieu-
/«-Poëles, Vals-/t'5-Bains, il est stupide
enmême temps qu'inexact de voir le Dic-
tionnaire des Postes (et dire qu'il fait foi !)
orthographier, même sans accent grave
sur l'e : Plessis-/«-Tours (près de Tours),
Mont-Zt'i-Neurchâteau (commune de Neuf-
chàteau, Sainte - Céronne- les - Mortagne
(arrond. de Mortagne ; Châteauneuf-/«-
Martigues, id. /e^-Moustiers (cant. de
Martigues et de Moustiers) ; Sainte-Foy-
les-Lyor\ (arrondissement de Lyon) ; Vil-
Ieneuve-Z«-Charleville ; Saint Germain-
/«-Arlay, id. /«-Arpajon (^situés près
d'Arlay et d'Arpajon) ; Cercelles-Z^'i-Cî-
teaux(Côte-d'Or) ; la Chapelle- /i;5-Luxeuil
(cant. de Luxeuil) ; "Villeneuve-/«-Mague-
lonne, Lavaur, Montréal, situés près des
trois localités de ce nom ; Saint-Pierre-
/fs-Elbeuf (canton d'Elbeuf), etc., etc., etc.
Qji'en pensent les « démolisseurs jurés
de la langue française » ? St-Saud.
Cali, gali, cari (LUI ; LIV. 94, 203).
— Merci mille fois à l'aimable Bourgui-
gnon, qui m'apprend Texistsnce du verbe,
caribeugner avec le sens de cabosser à
l'excès. C'est une présomption de plus en
faveur de mon hypothèse.
Bigne, baigne, beiigne sont des formes
bien connues :
Et une fois il se fit une bigne,
Bien m'en souvient, à Testai d'un boucher.
(Villon, éd. Jannet, 1854, p. 135).
c'est-à-dire une contusion, et, comme
nous disons familièrement, une bosse.
Voir Scheler, au mot higne. C'est de beigne
qu'est venu le nom de la pâte frite qu'on
appelle beignet ; et dans l'argot des escar-
pes, un beigneiir, c'est celui qui excelle à
f. Are des beignes, autrement dit, à « flan-
quer
des coups », en bon français, a
« faire des contusions ». «Je lègue ce que
j'ai à mon ami Le Beigneur », déclara
devant le tribunal, Sellier, le complice
d'AUorto, dans l'assassinat de Nogent-sur-
Marne.
Que l'on ne trouve point extraordinaire
10 Septembre 1906,
366
de voir un adverbe grec qui signifie dou-
cement, posément.^ bellement.^ prendre le
sens de très.^ beaucoup, extrêmement. 11 en
est de même de l'adverbe joliment en
français. L'exclamation rurale : « Vlà
eune castrole joliment cabossée ! » se
traduit élégamment dans Tidiôme acadé-
mique par : « Voilà une casserole afl"reu-
sement bosselée ! »
C'est ainsi que galipète qui mot-à-mot
signifie une douce chute (voir Interm.
LIV, 96) s'emploie très bien pour désigner
les sauts les plus périlleux, les grégades
les plus fantastiques : « Ils (Footitt et
Chocolat) entamèrent une série de gali-
pettes (sic) indescriptibles », {Patrie du
30 octobre 1905, p. 2, col. 4).
Lpt. du Sillon.
Taon (LUI ; LIV, 146, 205, 310). —
Comment uniformiser la prononciation si
on ne veut pas en venir à une orthogra-
phe phonographique ? Pour une foule de
mots et de noms, l'accent local et même
la fantaisie individuelle régnent.
En ce qui concerne taon, j'ai entendu
prononcer ton par mon entourage, dans
ma jeunesse, en Seine-et-Oise ; et tan, ré-
cemment, par un originaire de Saint-
Etienne (Loire).
En Cotentin, j'ai entendu dire la mé
pour la mer ; à Versailles : Le parc de la
m'e pour la Maye ; à Briançon : La Grande
Maille pour Grande Maye ; un obus,
d'après les dictionnaires se dit obuze : les
artilleurs cependant prononcent obu ; ...
on pourrait allonger indéfiniment, hélas !
SCLPN.
Flancher (LIV, 280). —je ne m'occupe
guère d'argot, mais ce mot vient si singu-
lièrement sous la plume de M. Emile OUi-
vier, qu'on peut bien s'y arrêter un ins-
tant, je ne l'ai jamais entendu dire avec
le sens de moquer, mais bien plutôt avec
celui de fléchir, baisser, reculer. L'ouvrier
qui dit à son camarade ou à son adver-
saire : Tu flanches ! lui dit au propre,
tu fléchis sous le poids d'un fardeau, ou
au figuré tu recules, par faiblesse ou par
lâcheté. E. Grave.
Secouer, branler, hocher la tête
(LIV. 228, 308). —Il serait peut être bien
subtil de préciser le mouvement indiqué par
chacun de ces verbes, et bien téméraire d'at-
N» 1123,
L'INTERMEDIARE
367
tribuer à chacun des gestes une significa-
tion universelle ; ils sont instinctifs, ou
imités ataviquement, mais peuvent diffé-
rer et changer de signification d'un indi-
vidu à l'autre, en dépit des dictionnaires.
Voici mon auto-examen : Pour moi :
secouer la tête, c'est l'agiter de petits
mouvements rapides et réitérés dans le
sens d'une rotation horizontale autour de
l'axe du corps ; c'est le <■< tourner », mais
vif, répété et sur un arc très court. Le
chien, jouant avec une vieille savate la
secouerait, (s'il se tenait debout), du
même geste dont j'accentue la négation,
le refus. . .
Branler la tête, c'est l'agiter d'avant
en arrière et d'arrière en avant, comme
pour suivre le battant d'une cloche mon-
tée sur tourillons scellés à la muraille.
J'accueille de ce geste une démonstration
trop longue à mon gré, une explication
qui m'agace...
Hocher la tête, c'est la balancer dans
un plan vertical, de droite à gauche et de
gauche à droite : mouvement du hochet
tenu à poignée et agité par torsion du
poignet ; je hoche la tête sous une im-
pression de doute, de souci, pendant
une recherche laborieuse... Les artilleurs
ont le mot déhocher : un objet cylindri-
que étant partiellement engagea frotte-
ment dans un tube fendu à l'orifice sui-
vant une génératrice on déhoche, l'objet
pour faire bailler la fente et la rendre
plus visible (Comité technique de l'artil-
lerie. Instruction du 7 novembre 1902
sur la visite des douilles... de 75, art. 6).
Le tremblement, par suite de faiblesse,
combine, à mon sens, involontairement,
deux ou même trois des mouvements
visés ci-dessus.
Je n'espère guère me rencontrer avec
les maîtres de la langue ; j'attends cu-
rieusement leur ou leurs avis.
Sglpn.
Nom d'unc'nien ! (T. G ,642, 379).—
Le 10 octobre 1875. un de nos collabora-
teurs,M. B. de L. nous a demandé l'origine
de cette expression. 11 avait sujet de poser
la question, car ;uicun dictionnaire ne la
résout exactement. Je ne lui ai pas répondu
parce que j'étais alors bien jeune et que
je ne jurais pas encoie; mais avec l'âge,
les mauvaises habitudes me sont venues
et aussi le désir de les excuser par des
368
précédents historiques ou -tout au moins
traditionnels. Je regrette bien que la si-
gnature de M. B. de L. ait disparu de
Y Intermédiaire pour une cause probable-
ment nécrologique, au moment où je re-
trouve dans un vieux numéro cette ques
tien laissée sans réponse.
■ « Nom d'un chien » est une faute d'or-
thographe pour « non » ; et voici com-
ment l'expression est entrée dans la
langue.
Tout le monde sait qu'au xvui^ siècle,
les <<> jurements par le nom de Dieu »
étaient sévèrement punis, surtout en cas
de récidive. La déclaration royale du
30 juillet 1666 édicté les pénalités sui-
vtes :
. . . pour la sixième fois seront menés et
conduits au Piloiy et là auront I.i lèvre de
dessus coupée d'un fer chaud ; et la septième
fois seront menés au Pilory et auront la lèvre
de dessous coupée d'un fer chaud ; et si par
obstination et mauvaise coutume invétérée,
ils continuent après toutes ces peines à pro-
férer lesdits juremens et blasphèmes, voulons
et ordonnons qu'ils ayent la langue coupée
tout juste, afin qu'à l'avenir ils ne les puissent
plus proférer (Code pénal, 17^5, p. 7).
Pour éluder ces peines tout en conti-
nuant à jurer, les sacreurs inventèrent
des euphémismes, mais il est inexact de
dire que « nom d'un chien » remplaçait
pour eux «N... de D... ». Ce second
juron n existait pas. On jurait parla tête,
par le ventre, par le sang, par la mort de
Dieu, et c'était là ce qiion appelait pirer
par son nom. Le mot des personnages de
Zola est purement xix^ siècle ; loin d'avoir
précédé <^ nom d'un chien », il en dérive
au contraire. C'est un des phénomènes les
plus singuliers de notre bas langage.
Les vieux jurons, morbleu, ventrebleii
avaient déjà perdu sous Louis XV toute
leur force de blasphème. On voulut dési-
gner d'une façon plus neuve et partant
plus énergique, celui qu'on n'osait pas
nommer. Et l'on se mit à dire couram-
ment :
Ventre... non pas d'un chien 1
Mort.. . non pas d'un chien !
Expressions qui se retrouvent dans
toutes les pièces du temps écrites en style
populaire et notamment dans une parade
bien connue : La Comtesse, 1765, p. 33
et 47.
^< Ventre non d'un chien ! » devint
elliptiquement «... non d'un chien »,
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
369
Au début, ceux qui trouvèrent cette
formule savaient bien ce qu'ils voulaient
dire, mais la génération suivante ne les^
comprenait déjà plus. Alors qu'ils juraient
par le corps de Celui qui est au plus haut,
comme le chien est au plus bas, leurs fils
crurent qu'ils juraient par le nom de je ne
sais quel chien inexplicable dont ils accep-
tèrent l'invocation, simplement parce que
« cela se disait ».
De là à remplacer le nom de cet animal
par celui de Dieu lorsqu'on abolit l'or-
donnance contre le blasphème, il n'y avait
qu'un pas. Néanmoins, il ne fut pas fran-
chi tout de suite. Le second juron, d'a-
bord rarement employé, ne s'est imposé à
la langue populaire qu'au xix^ siècle. —
Il est curieux de constater qu'étymologi-
quement la nouvelle formule ne signifie
rien. En effet, « ... non d'un chien » avait
précisément pour but de suggérer l'idée
de Dieu par antithèse, mais dès qu'on
soumet le mot Dieu au même régime, il
est annulé par la négation. L'ancien juron
était à demi blasphématoire ; le nouveau
ne l'est plus du tout. Candide.
Ridicule, réticule (T. G., 773 ; LIV,
104,206). — Quicherat écrit dans son //w-
ioire du Costume en France ( 1 87 5 , p. 642) :
Les modistes ressuscitèrent le sac à ouvrage
des grand'nières de l'ancien régime. Mais il
lui fallait un nom antique pour cadrer avec
les robes à l'antique. II fut baptisé du nom
de réticule qui avait été celui de la gibecière
romaine ; et réticule se transforma en rid -
cule àa.ns la bouche des dames qui se procu-
rèrent cet objet comme dans celle des mar-
chandes qui l'avaient vendu.
H. QuiNNET.
Pied de nez (LUI, LIV, 40, 9g, 147,
313). — j'ai lu quelque partdans r/«/tT/»<?-
diaiie que le geste appelé pied de nez pro-
vient de l'ancienne coutume de se délier
en plaçant le pouce, non pas au bout de
l'appendice nasal, mais dans la bouche.
Ceci n'expliquerait pas le mot lui-
même, mais pourrait être mtéressant à
roter comme origine du geste.
RoLiN Poète.
*
Je retrouve dans mes cartons une gra-
vure en taille douce, sans nom d'auteur ni
10 Septembre 1906.
370
de la calige romaine, un pied, dont les
cinq doigts sont remplacés par autant de
nez. Au-dessous est écrit Pied de l'er-
mite DE Sainte-Hélène. C'est un pied de
nez à l'adresse de Napoléon P"", prison-
nier de l'Angleterre. Sait-on si cette déli-
cate allusion au vaincu de Waterloo est
connue et quelle en est l'origine ?
Fêtas dsnsGs et spectacles nus
(LUI, 788, 935 ; LIV, 237), — Je ne sais
si l'on a rappelé que, il y a une soixan-
taine d'années, un impressario nommé
Keller vint donner à Paris des spectacles
et tableaux vivants, mais les personnages
nus portaient des maillots. La troupe se
composait de la famille Keller et de quel-
ques pensionnaires des deux sexes , on
admirait beaucoup la beauté plastique de
Mlle \Yilhelmine Keller représentant la
fameuse Ariatie sur une panthère de
Danneker qui passe à Francfort-sur-le-
Mein pour un des chefs-d'œuvre de l'art
moderne. V Illustration publia un article
sur les exhibitions de la famille Keller,
avec plusieurs gravures, entre autres celle
de l'Ariane.
Alphonse Karr parla aussi du spectacle
Keller dans ses Guêpes^ et s'égaya aux dé-
pens du bourgeois qui y courait tout al-
lumé par la perspective de voir des femmes
nues, et ne rencontrait pas le plaisir es-
péré. Le satirique lui traduisait à sa ma-
nière le mot de Diderot : « Je veux bien
voir des nudités, mais je n'aime pas qu'on
me les montre ». Je ne cite pas tout à fait
le propos, le langage de Diderot étant
trop souvent de ceux qu'il taut un peu
arranger pour le présenter en bonne com-
pagnie. D'ailleurs je ne suis pas bien cer-
tain que l'auteur des Salons où il se trouve
de si vilaines choses parmi de si admira-
bles pages, eut tant d'aversion pour cer-
tains spectacles offets.
Alphonse Karr ajoute que les femmes
de la troupe Keller n'étaient pas toutes
« rigoureusement » belles, et que le mail-
lot abolissait assez fâcheusement les
fermes.
Il nous apprend encore que Keller
exhibait au besoin, mais pour des socié-
tés choisies, son personnel vraiment nu.
Bien entendu, les amateurs invoquaient
les droits sacrés de l'art et du beau, re-
d'imprimeur ; mesurant 0.270 X 207, ! frain connu et toujours démode. Je re-
marges comprises, représentant chaussé [ connais, du reste, que l'éloignement et
N» 1123.
L'INTERMEDIAIRE
37
rimmobilité des personnages en scène,
devaient ôter en partie au spectacle son
caractère sensuel. Mais le mélange de
personnes plus ou moins nues avec des
gens vêtus et en mouvement, qui serait
sn usage dans certains bals soit disant ar-
tistiques, est toute autre chose. Et sans
être un pharisen, j'estime que cette ma-
nière de s'amuser dépasse quelque peu la
liberté permise.
)e ne suis nullement surpris d'appren-
dre que l'on a fait servir le cinématographe
à des exhibitions un peu trop... joyeuses,
pour emprunter son expression au colla-
borateur Marc-EU ;cela devait-être. Dira-
ton encore qu'il s'agissait d'art, d'études
de mœurs ou de physiologie ? H. C. M,
* *
Il y eut, en ce genre spectacle public et
payant suivi de procès, mais où ?
Les roues de fortuna (LIV, 228).
— Cesroues se trouvent dans les grandes
églisesd'Espagneoù leur usage a toujours
été de sonner pour les fêtes carillonnées .
Je fus abasourdi, dernièrement, à Barce-
lone par le bruit de l'une d'elles et le ton-
nerre des orgues ; il est vrai qu'il s'agis-
sait d'imiter le bruit que le Saint-Esprit
fit en descendant sur les Apôtres.
L'intérêt de la question réside dans un
fait de plus, à ajouter à ceux relevés,
d'usages espagnols importés en Bretagne,
tels que balayages des rues au profit des
hospices certams jours, la valeur de
25 centimes appelée un rai par le peuple,
ce mot étant la corruption de l'espagnol
real (qui représente cinq sous), etc..
M, du tlalgouet serait fort aimable de
signaler les usages singuliers de son
pays se rapprochantde ceux usités dans la
Péninsule.
Il y aurait là matière à une petite étude
intéressante et rentrant bien dans le cadre
du cher Intermédiaire.
El conde de Torla.
* *
La traditionnelle promenade de Gayant
qui se fait chaque année à Douai, com-
porte une roue de Fortune. On lit dans
Souvenirs d'un homme d' Douai.... croquis
historiques en patois douaisien par L. D.
Douai, juin 1857, p. 147-148 :
Et l'reue d'Foitune aile arrive a sin tour :
aile tourne tondis, sinon chelle déesse qu'aile
est tout in haut et qu'un 11 a mis un mou-
chot à ses yus comme quin nousjuottés à
372
cache-cornet ; tous l'z'autes y passent tertous
in d'zous pindant qu'aile leu présente euue
corne plein d'cosses qu'y n'peuvent point attra-
per. Un vot là un procLueur à 'côté d'un avo-
cat qui pleume eune poule sans l'faire crier,
un financier, eune fille d'Joie, un soldat
suisse et un Espagnol
Acoutons incor ichi chelle vielle canchon :
Te verras chelle belle Reue d'Fortune,
Rouler et courir à grands pas :
Chet peu t'dire équ'tout l'monde va
Et tintôt haut et tintôt bas :
Argintier, avocat, païsan.
Chacun jue sin rôle in courant ».
Un autre petit ouvrage : « Qu'est-ce
que Gayant, Toutes les réponses plus
une. Notice sur les mannequins de la fête
communale de Douai, par Théophile
De'iis 1862 » donne quelques indications
sur la roue de fortune. 11 est fait men-
tion de la roue de fortune dans un mémo-
rial de la fin du xvii^ siècle. Elle était
jadis l'attribut des charrons et des tonne-
liers. Elle suivit toujours le sort du Gayant,
et chaque fois qu'on le restaura, elle fut
en même temps remise en état, aux dé-
pens du budget municipal. Anciennement,
processions de Gayant et processions reli-
gieuses étaient fusionnées ; la roue de for-
tune en faisait partie ; le mystique et le
grotesque y voisinaient, et cela n'éton-
nait personne en ces temps là.
La roue de fortune douaisienne n'a
certes pas droit à la qualification de
« roue a prières », mais qui sait par quels
avatars oubliés elle a passé ^ Bien qu'on
ne la remise pas à l'église comme celles
de Bretagne, je la crois fermement leur
cousine ; la cousine aussi des moulins à
prières de l'Extrême-Orient, et de nos
chapelets, et de nos cierges, et du pho-
nographe qui, du ventre du petit Jésus de
ma paroisse chantait, à Noël dernier: «Sau-
vez Rome et la France », et de tout le ma-
tériel dont s'alourdissent les cultes, même
les moins fétichistes. Sglpn
*
» *
}e ne crois pas qu'il ait jamais été parlé
de la roue de Tolède.
11 en existe au moins une autre en Es-
pagne, vers la frontière française, près de
Luchon, à Bosost, si mes souvenirs sont
fidèles.
On peut consulter à ce sujet M. le
professeur Henri Gaidoz, 22, rue Servan-
doni.
Après m'être trompé une première fois
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
357
Chimiste distingué, il perdit un œil en
faisant une expérience, ce qui donna l'occa-
sion à un de ses confrères, de faire un joli
mot en disant : « Le professeur Figuier
fait de la chimie à perte de vue ! »
En 1810, Pierre Figuier, témoin des
infructueux essais que faisaient ses amis,
Chaptal et Bérard, pour obtenir du sucre
de betteraves incolore, eut l'idée, connais-
sant l'emploi du charbon de bois pour dé-
colorer — bien légèrement — les liquides,
de préparer, pour ce même usage, un
genre de charbon alors inconnu, en calci-
cinant dans un creuset des os d'animaux
de boucherie ; il appelle ce produit : char-
bon animal, noir d'os et noir animal — ce
dernier mot lui est resté.
Figuier, en essayant celte nouvelle ma-
tière, fut étonné de son pouvoir décolo-
rant. Il imagina même d'utiliser encore la
poudre ayant servi à la décoloration en
calcinant dans un creuset fermé le char-
bon usagé : la matière organique colo-
rante est alors, en effet, détruite par la
chaleur; c'est ce que l'on appelle aujour-
d'hui revivifier le noir animal.
Cette merveilleuse propriété du noir
animal une fois constatée, fut appliquée
par l'inventeur de ce produit à la décolo-
ration de matières employées, soit dans la
pharmacie, soit dans les arts.
Une telle découverte pouvait donner la
fortune à son auteur, mais Pierre Figuier
ne faisant que de la science, il se contenta
de livrer sa trouvaille au public, bien qu'il
prévit dès le début — ainsi qu'il le dit dans
un mémoire présenté, au mois de décem-
bre 1810, à la Société Royale des Sciences
el des Lettres de Montpellier — que les pro-
priétés décolorantes du charbon animal
pourront recevoir «desapplications utiles>*.
Aujourd'hui, le nom de Pierre Figuier
est inconnu de la plupart de ceux mêmes
dont l'industrie repose sur l'emploi du
produit qu'il a imaginé et dont il a dé-
montré les propriétés.
Ces quelques renseignements eont ex-
traits, par un de ses arrière-petits-
neveux, d'un article paru dans le numéro
de janvier 189^ du Moniteur scientifique,
du D'' Qiiesneville, article qui était une
oeuvre posthume de LouisFiguier, l'homme
de lettres connu par ses travaux de vul-
garisation, neveu de Pierre Figuier.
XVI B.
10 Septembre 1Q06.
358
Le sonnet d'Arvers est-il imité
de ritc=l;en .? (LIV, 162, 257, 302). —
M. François Carez vient de publier, dans
la Ga:(cUe de Liège, le sonnet suivant qui
a été reproduit déjà en 1883, par le Gior-
nale degli eiuditi, et qui est identique à
celui d'Arvers :
Un segreto lio nel core, ed un mistero
Ha la inia vita : di repente preso
lo fui d'amor : taccio, perché dispero ;
Ne 'I sa colei, ch'ha tanto foco acceso.
Sempre a suo fianco ; e pur pel mio sentieio
lo men vo solitario e non compresse ;
Morirô senza diile il mio pensiero,
Senza un suo sguardo si gran tempo atteso.
Ella, benchè si tenera di core,
Andrà per la sua via senza avvedersi
Di questo lungo mormorio di amore
Che le tien dietro. Austera e pia fanciulia
Ella dira, leggendo questi versi :
« Per chi son essi ? » ne saprà mai nulla.
Ce sonnet fut donné comme « décou-
vert dans un vieux portefeuille». — mais
vieux de quarante ans, ou de soixante en
1883 .^ C'est toute la question. -f-
«Lo giog estfashionnable». Poé-
sie de Musset sur l'absinthe (LU ; LIV ,
84, 134, 250). — « L'ode à l'absinthe »,
publiée dans l'Intermédiaire est-elle d'Al-
fred de Musset .?
je voyais, hier, Mme Martellet, à qui je
posai, précisément, cette question, et qui
me fit la réponse négative la plus catégo-
rique.
! M'est avis qu'en présence de ce témoi-
l'incident est clos.
Ceux qui ont eu, — et le directeur de
Ylntermédiaiie est du nombre, — la bonne
fortune de rendre visite à Mme Martellet,
et de l'entretenir seulement quelques ins-
tants, savent tout ce qu'il y a en elle de
droiture, de présence d'esprit, de sùrtté
dans les souvenirs, et combien on pcui
avoir en elle de confiance. L. de Lehus.
*
* *
C'est bien en 1865 que paraissait V Ouest
Parisien.^ le directeur n'était pas Georges
Châtelain, mais linghie Châtelain. Il de-
meurait alors rue Saint-Honoré. Dans son
salon, très littérairement fréquenté, vtrs
la même époque, j'ai entendu JitUs Ver-
nier dire cette pièce de vers, sans me rap-
peler s'il s'en donnait comme l'autour. Il
aurait pu en être l'auteur toutefois, car ni
lui, ni Châtelain ne manquaient de talent.
g'^ab-,
No 1123,
L'INTERMÉDIAIRE
_, . ., .. 35Q _
Châtelain a pris le chemin de l'odl
après la Commune à laquelle il avait par-
ticipé.A son retour, il collabora à plusieurs
publications révolutionnaires, entre autres
le Coup de feu. Il est mort il y a peu
d'années. Il a été incinéré au Père La-
chaise.
Quant à Jules Vernier qui disait VOdeà
l'absinthe^ il était assez dans ses habitudes
de ne pas dire les vers des autres, ce qui
autorise à penser que ces vers attribués à
Musset pourraient fort bien être de lui.
A. Patay.
P. -S. M. Albert Cim attribue cette pièce
à Valéry Vernier. Ne confond-il pas avec
Jules Vernier, le collaborateur assidu de
360
l'Ouest Parisien ?
A. P
- Jaiiâeures,
Labourasse,
reprod
en
Jean d'Heurs (LUI). -
ahhaye et domaine, par H.
Bar-Ie-Duc, 1899, in-8, pi.
phototyp., br. 4 fr.
Envoi a. s. de l'auteur.
(Archives du bibliophile, mai-juillet,
1906, n" 579).
Malgré la différence d'orthographe,
n'est-ce point le lieu dit dont il est fait
mention dans V Intermédiaire, Ull^ 812 .?
Sglpn.
La Marseillaise, parodies (T. G.
569, LUI ; LIV, 150).'— Pendant les
guerres de la Vendée, les blancs eurent leur
Marseillaise comme les bleus. A ce propos,
M. Sebillot, dans la Revue des traditions
populaires, 1889 p. 209, écrivait :
A l'époque des guerres civiles, bleus et
blancs chantèrent : il y eut des refrains
guerriers pour exciter au combat et les Ven-
déens répondirent à \à Marseillaise par une
chanson patoise sur le même air : il suffira
de citer les deux premiers vers du premier
et du dernier couplet de cette parodie pour
montrer qu'elle est due, ainsi que le fait
observer Bujeaud,à un prêtre r.éfractaire :
Allons, armées catholiques.
Le jour de gloire est arrivé, etc.
O Sainte Vierge Marie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
On trouvera le reste dans le t. II des
Chants populaires de l'ouest, de Bujeaud.
Lorsque j'avais l'honneur de porter
l'uniforme militaire, j'entendais souvent
chanter une Marseillaise de la classe qui
commençait, je crois, par ces deux vers :
Allons les enfants de la classe
Le jour de boire est arrivé.
J.-R. Marboutin.
« Les voilà...» (LIV, 1 10). — Consul-
ter les tables de \ Intermédiaire où l'on
trouvera cités les vers en question ; et
en réponse, plusieurs indications sur leur
auteur présumé.
Absent de Paris pour le moment, je ne
puis préciser davantage.
PlETRO,
ij « immortel » Pierre MaëL —
Pierre Maël est le pseudonyme qu'adop-
tèrent d'un commun accord deux rédac-
teurs de la Galette de France ^ÎANi. Charles
Vincent et Charles Causse.
M. Charles Vincent écrivait les romans.
M. Châles Causse les plaçait.
Voilà quel était, très exactement, le
rôle de chacun.
M Charles Causse mourut en 1904.
M. Charles Vincent a continué, comme
parle passé, d'écrire des romans.
La mort de M. Charles Causse ne pou-
vait pas empêcher M. Charles Vincent
d'utiliser le pseudonyme de Pierre Maël.
Un traité, conclu entre les deux amis,
comportait d'ailleurs le maintien du pseu-
donyme. .J.
Li?rô3 imprimés bîanc sur noir
(LUI ; LIV, 37, 150, 259). — Mis en
cause d'une manière nullement désobli-
geante, mais très imprévue, par l'intermé-
diairiste qui signe des initiales P. B., à
propos d'un de mes livres dont il a ou-
blié le titre, je dois préciser et rectifier.
Il s'agit d'un roman, le premier que j'aie
écrit et le premier même de tous mes ou-
vrages, qui a paru en 1861 sous ce titre ;
Apprentissage de la vie. Il n'était pas si-
gné de mon nom, mais du pseudonyme
Edmond Th\\ que, je ne saurais dire
pourquoi, je n'ai jamais employé depui-,
quoique j'aie usé, soit pour des ouvrages
de librairie, soit pour des articles de jour-
naux ou de revues, de quelques pseudo-
nymes tels que Frédéric Stampf, Lord Hu-
mour, Philippe Marsal, etc., etc. (Voir les
Diction n a ir es biograph iq ues) .
J'avais dédié ce roman à la Mort, dans
une lettre fantaisiste, où l'on pouvait lire
notamment ceci : « Peu de gens vous font
la cour. Madame, ce qui ne vous empêche
point de très bien accueillir leurs ouvra-
361
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
ges. Soyez aussi bonne pour le mien, je
vous en prie. A vous seule, vous valez
tous les lecteurs. »
En priant mes lecteurs d'aujourd'hui de
vouloir bien pardonner, au vieil écrivain
devenu très respecteux de quiconque lui
fait l'honneur de le lire, la juvénile im-
pertinence d'un garçon de vingt-trois ans,
je crois inutile d'ajouter que « Madame la
Mort » accepta très bien ma dédicace, et
la preuve, c'est quo P B. est peut-être le
seul avec moi à se rappeler ce livre de
début, lequel pourtant ne passa pas alors
inaperçu, car il en fut parlé dans une dou-
zaine de publications parisiennes Ulrich
Guttinguer, le vieil ami .l'Alfred de Mus-
set, y prit un sonnet qu'il reproduisit dans
sa causerie littéraire de la Galette de
France en confrontation avec le sonnet de
Charles Baudelaire sur le serpent jaune et
en donnant, fort injustement d'ailleurs, la
palme au mien. Albéric Second en dit
quelque bien dans sa chronique de V Uni-
vers illustré, tant en son nom qu'au nom
d'Arsène Houssaye. Léon de 'VVailly,
dans sa chronique de V Illustrai ion, alla
jusqu'à prétendre que certaines scènes de
ce roman faisaient songer, sans qu'il y
eût imitation, aux plus jolies scènes des
Confessions de Jean-Jacques.
Mais tout cela n'empêcha pas ce pau-
vre livre de trépasser, ainsi que tant d'au-
tres, et P. B., qui dit l'avoir lu, en a tout
oublié : titre et physionomie.
En effet la couverture seule dudit vo-
lume était noire avec des inscriptions
en lettres argentées. Qjiant au texte, il
était imprimé comme tous les autres :
noir sur blanc.
Ce roman qui doit être aujourd'hui in-
trouvable, soit sous son vêtement maca-
bre, soit sous Ihabit vert-pomme, qui v
fut substitué plus tard par un rhabil-
leur, et dont je ne possèd.:: moi-même
qu'un exempk-.ire , était, à beaucoup
d'égards, autobiographique, ou tout au
moins, le héros : Rémy Doxal dans les
confidences qu'il faisait à son ami André,
formulait les idées que j'avais déjà sur
lexistence humain-^ et que l'âge a plutôt
mûries que changées en moi.
On peut y voir le prodrome de la série
de « Notes d'un Pessimiste », qui devait
commencer à paraître vingt-cinq ans plus
tard, en 1886, avec La Proie du Néant,
dédiée cyniquement à Léa et à Mosès, mes '
10 Septembre 1996,
^62
deux chiens, hélas ! morts depuis, et don*
le bon Victor Meunier a célébré les hauts
faits dans son livre ; Les Animaux per-
fectibles. Edmond Thiaudière.
P. S. — Puisque j'ai l'occasion, que je
n'ai pas cherchée, d'évoquer les mânes
de V Apprentissage de la vie, qu'il me soit
permis d'en profiter pour exprimer un
vœu, c^est que parmi les lecteurs de V In-
termédiaire, il s'en puisse trouver un qui
sache et me fasse savoir ce qu'est devenu
un exemplaire de ce livre que j'avais
donné avec une dédicace à Emile Monté-
gut, qui l'avait prêté à Mme Solange
Clésinger, la fille de George Sand, et que
finalement un de mes amis a vu jadis,
malheureusement sans l'acheter, dins la
boîte d'un bouquiniste sur les quais, non
seulement portant toujours ma dédicace à
Emile Montégut, mais revêtu de notes de
la main de Madame Clésinger. j'achè-
terais volontiers cet exemplaire, s'il était
à vendre et si je savais où le trouver.
E. T,
Outillage gallo-roinain
LI ;
578,
(L ;
U\\, 26, 129, 178, 23Ï, 35=5, s\^,
686, 937). — Pointes en os. Elles figurent
parmi les premiers outils de l'homme dès
i âge de la pierre, nombreuses même à
l'époque Magdalénienne. Disons quelques
mots au point de vue comparatif des 27
exemplaires qu'ont exhumés nos fouilles.
Epingle : sbinula diminutif de spina.
C'est le type de notre vulgaire épingle
de toilette, que les hommes de mon âge
ont vue si grossière encore au milieu du
XIX* siècle, et qui semble aujourd'hui par-
venue aux derniers perfectionnements.
Faite d'un os dur et brillant, qui joue
presque l'ivoire, elle dépasse à peine la
grosseur d'une épingle ordinaire et n'a
que 45 millimètres. Le travail en est si
parfait qu'on la dirait tournée Cette belle
pièce, assurément rare,
neum à 1.20 de profondeur.
Epingle à cheveux : A eus crinalis. A tête
arrondie, elle est généralement renflée
vers son milieu, commune dans tous les
musées et même dans les collections par-
ticulières. Nous en avons 19 depuis 7
jusqu'à 13 centimètres; plusieurs sont
fragmentées.
Une autre porte une tête beaucoup
plus large, ^platc et percée d'un trou. Voir
gisait dans le hal-
N" 1123.
L'INTERMEDIAIRE
363
364
pour ce type, Anthony Rich, au mot
Acus 2.
Toutes ces épingles à cheveux -étaient
fabriquées à la station même des Ciéons ;
et l'une d'elles, la plus grande, bien dé-
gagée comme forme, est demeurée à l'état
d'ébauche Le renflement, au milieu, des
épmgles à cheveux, avait un double but :
augmenter la résistance de l'objet et le
fixer dans la chevelure.
Aiguilla. Cette autre sorte d'/lciis n'est
pas renflée comme les précédentes ; mais,
elle s'appointe plus finement et porte un
ou plusieurs chas. Notre musée local en
possède deux : Tune de 8 centimètres avec
chas arrondi devait être employée comme
nos aiguilles ordinaires ; l'autre de o "". 14
en ivoire, a trois chas : celui du milieu
est allongé en forme de mortaise, les
deux autres sont ronds. Elle représente
notre passe-lien actuel.
Pointe a écrire : Stylus. Trois pointes
de 145, 79 et environ 60 millimètres,
cette dernière étant fragmentée. On sait
que ces pointes, employées pour tracer
des caractères sur des plaquettes garnies
de cire, n'existent plus dans notre outil-
lage moderne ; elles sont remplacées avec
avantage par nos diverses sortes de bu-
rins.
Poinçon : Verucnhiin ou Tcrehia. Os
noirci, presque triangulaire vers la
pointe, élargi et aplati de l'autre bout,
pour faciliter la préhension. Il a 72 mil-
limètres.
Comment se fait-il que ces primitives
pointes en os aient été, en dépit de leur
fragilité et des progrès toujours croissants
de la civilisation, si longtemps fabriquées
et si généralement utilisées par les an-
ciens ? C'est, peut-être, en raison de la
diftkulté qu'on éprouvait, à fondre en
bronze ou à forger en fer et en acier d'aussi
petit objets, la tréfilerie des métaux étant
alors inconnue. Félix CHAiLLou.
Inscriptions des cadrans solair s
(T. G., 158 ; XLVI ; XLVll ; XLVIII ; L ;
LI ; LU). — L'ancienne « Salle Favart »
construite par l'architecte Hcurtier, dans
le jardin de l'hôtel de Choiseul, avait été
inaugurée par la Troupe italienne, le
lundi 28 avril 1783, en présence de la
reine Marie-Antoinette. Un auteur dont
les pièces étaient alors diversement accueil-
lies, Augustin de Piis ^des Augiistines !)
proposa d'établir sur le frontispice exté'
rieur du nouveau théâtre, un cadran so'
laire au-dessus duquel serait placée « la
tête de Phœbus » avec cette légende :
Intus Apollo Sol Extra
et aux côtés duquel on inscrirait sur deux
colonnes, ces vers :
Sous mes deux noms dans ces demeures,
Marquant tour à tour mon pouvoir,
A midi, je fi.xe les Iieures
Qiie je fais oublier le soir.
{Jourtial de Paris, 22 inars 1784).
C'est là ce que Colnet, dans les Etremies
de l'Institut, osait appeler plus tard une
PllSADE. POENSIN-DUCREST.
Traduction du mot laîin« funda-
tus » (LIV, 227). — Ne pourrait-on pas
traduire calicem fnndatum siiperauratum
uninn, par : i" Calice doublé d'une feuille
d'or, le rendant plus épais (mot à mot :
plus solide) .r"
Dans le cas de tissus, ce participe passé
signifierait alors : tissus rendus rigides,
par les fils d'or entrant dans leur compo-
sition (mot à mot : solidijiés).
D'" Bougon.
La réponse me paraît contenue au mot
fuiidatns [Glossaire de moyenne et basse
latinité^ de Ducange) et notamment dans
le paragraphe ci après :
Bulengero Fundatus est auro te.xtus acu-
pictus, ce que nous appelons vulgairement
« estoffe à fond d'or. ». — Drappo di fundo
d'oro — Domenico Magrio.
On l'appliquenussi aux vases d'argent et d'or.
— Calix fundatus argenteus ; Anastasius, in
vitis P. P. p. .OQ. Coiix major fundatus,
p. 126, p. 13 .. Cabota aurea fundata. p. 122,
etc.
Pour les objets en métal d'or ou d'ar-
gent, je ne vois pas bien, dit Ducange,
comment ce terme peut être tiré — « de
acupictili ». Il faut peut-être comprendre
que par extension, le même mot fundatus
s'est appliqué à des étoffes à broderies d'or
et à des objets en métal précieux et cise-
lés, en quelque sorte brodés (acupicti).
C'est une explication profane que je sou-
mets à ceujv de mes collègues intermédiai-
ristes, plus versés que moi en archéologie.
Dehermann,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
373
dans une citation faite de mémoire, j'ai
pu enfin l'aviser sûrement.
M. Henri Gaidoz a publié dans la Rev.
Arch. 1884 et 1885 : Le Dieu gaulois du
soleil et le symbolisme de la roue. Tir. à
p. av, I pi. et 26 fig. dans le texte. Paris,
Ernest Leroux, 1886. Leda.
Dans l'église de Golleville, près de Va-
lognes (Manche), on avait l'habitude, à
certains jours, pendant l'office religieux,
de mettre en mouvement une roue en fer
d'environ soixante-dix centimètres de dia-
mètre. Cette roue a trois rayons ; la jante
qui a quatre millimètres d'épaisseur et
trois centimètres d: largeur est garnie de
douze clochettes de grosseur inégale. La
roue est suspendue à deux mètres au-des-
sus du sol au mur latéral de droite dans
le sanctuaire, tout près de l'autel, du côté
de répître.
Le son de ces clochettes est aigu et per-
çant qnind on met la roue en mouve-
ment.
Dans 1 circonscription territoriale où
habitaient les familles gauloises de la peu-
plade des Unelli et que représente aujour-
d'hui le territoire des arrondissements de
Cherbourg et de Valognes, existaient, il y
a quelques années encore, dans plusieurs
églises, des roues en ter chargées de clo-
chettes et destinées au même usage que la
roue de Golleville : à Couville près Cher-
bourg, à Fresville près Valognes. etc., etc.
Couville et Fresville sont aujourd'hui
deux stations de la ligne de Caen à Cher-
bourg.
A Fresville la roue était garnie de
vingt clochettes.
Ces roues peuvent avoir une haute an-
tiquité, appartenir aux pratiques de reli-
gions bien antérieures au christianisme et
être un reste de S3'mboles religieux d'une
peuplade gauloise ; on sait en eftét qu'il
n'était nullement contraire au christia-
nisme de penser que quelques cérémonies
du culte payen aient pu être adoptées par
les premiers prédicateurs de l'Evangile et
on remarque dans l'histoire que quelques
parties du culte des payens étaient conser-
vées.
Dans quelques églises de la Flandre
Française, on se sert, non d'une roue,
mais d'un hémisphère de métal dans l'in-
rérieur duquel sont suspendues beaucoup
de clochettes d'inégale grosseur ; l'hémi-
10 Septembre 190e.
374
sphère est percé de plusieurs trous pour
donner au son un plus libre passage.
A Montebourg et à Emondeville, deux
communes de l'arrondissement de Valo-
gne, on voit ou on voyait tout récemment
encore plusieurs sonnettes d'inégale gros-
seur réunies pour le même usage.
A Caen, à l'église Notre-Dame, il y
avait un appareil muni d'une seule son-
nette.
A Cretteville près Coutances (Manche),
il y avait plusieurs sonnettes inégales,
réunies en ligne droite sur un même axe
et suspendues au sanctuaire pour servir
pendant l'office. Beaujour.
*
» *
En 1455, on joua à Nantes le Mystère
du Bien advisé et mal advisé.
En lisant dans les comptes de la Ville
la note de Pierre Leflô, receveur et miseur
des œuvres et réparations de la Ville, je
trouve que ledit Leflô « supplie lui être
« fait raison des paine et travault que il
« eust et soustint aux jeux de Bien advisé
« et mal advisé que le duc (de Bretagne)
« et la ville firent joer dernièrement au
« Bouffay de cette dite ville, tant pour
« fére férer la roc de for tune ^ pour fere
« charier le boays d'icelle, etc. »,
Cette roe de foitmte était-elle une ma-
chine, un truc de théâtre usité à l'époque,
ou bien la reproduction des roues de for-
tune, roues à prières, usitées en Bretagne,
dont parle M du Halgouet.
Cette dernière hypothèse n'a rien de dé-
raisonnable, la pièce jouée étant un Mys-
tère représenté dans une ville Bretonne
et dont l'auteur était probablement un
Breton ?
Dehe^jmann.
Le crapaud de Blois(LIV, 172,267,
315). — Sans connaître le fait de 1835,
j'avais déjà entendu raconter plusieurs
fois, à la campagne, des faits analogues...,
mais dont les narrateurs n'avaient pas
été témoins.
Tous les ruraux, d'ailleurs, savent que
le crapaud est doué d'une vitalité très ré-
sistante, car il n'est guère de tortures que
leurs gamins n'imaginent de lui faire souf-
frir et, pour son malheur, il les endure
longtemps sans y succomber.
Mon père m'a conté avoir vu plusieurs
fois, pendant la moisson, des crapauds
supporter, sans être écrasés, le passage
N.
H 33.
L'INTERMEDIAIRE
375
sur leur dos de la roue d'une voiture
chargée, et s'enfuir ensuite, laissant dans
l'ornière l'empreinte de leur corps. Il
croit que le crapaud est très résistant aussi
à l'asphyxie et au jeûne, mais que Ihis-
toire du casseur de pierres a dû être un peu
brodée. Sglpn.
* ♦
L'histoire du crapaud de Blois paraîtra
certainement moins difficile à comprendre
quand on connaîtra celle-ci.
Une personne de ma connaissance rece
vait de la C'« des Eaux, une eau détes-
table (ce n'était pas à Paris), cette eau était
débitée par un robinet jauge, c*est-à dire
par une sorte de manchon percé d'un trou
très petit qui, d'un bout de l'année à
l'autre, devait laisser couler dans un ré-
servoir la quantité d'eau représentant le
montant de l'abonnement.
Un jour, cette personne me fit constater
que l'eau ne coulait plus dans son réser-
voir alors qu'aucune fuite n'existait et que
le trou du robinet jauge n'était pas bou-
ché, cela nous amena à faire couper le
tuyau de plomb entre le robinet jauge et
le réservoir. Alors, si l'ouvrier de Blois
fut surpris en voyant un crapaud, nous
ne le fûmes pas moins en voyant une an-
guille énorme qui bouchait le tuyau (ce
n'était pas non plus à Marseille).
L'explication ne fut pas difficile à trou-
ver ; l'anguille, à peine au sortir de l'en-
fance, était entrée par le trou du robinet
jauge, lequel n'avait pas un millimètre de
diamètre ; là, pendant un certain temps
elle avait tranquillement vécu de toutes
les matières que lui apportait avec abon-
dance l'eau de la ville, mais, lorsqu'elle
voulut repasser par le trou du robinet, en
supposant qu'elle y ait pensé, elle était
devenue trop grosse, ce qui l'obligea à
rester dans le tuyau.EUe y serait peut-être
encore si elle avait compris que trop
manger causerait sa perte — elle avait
cependant le temps de réfléchir — ; mais
elle mangea tellement qu'elle finit par
boucher complètement le tuyau, et, en le
coupant on lui coupa aussi la tête.
Dans ces conditions, nous dûmes nous
borner à constater que l'anguille était en-
tièrement blanche, qu'elle était longue
d'environ 80 centimètres, et que sa tête,
que le propriétaire a conservée, pouvait
avoir 10 centimètres de long.
L'aventure du crapaud doit être la
, 3-76
même que celle de l'anguille, il était entré,
alors qu'il n'était que têtard, par un petit
trou dans une poche où il resta trop long-
temps pour pouvoir sortir, ce qui l'obli-
gea à passer un certain nombre d'années
dans sa prison, mais de là à le croire con-
temporain de la pierre dans laquelle il
était, c'est-à-dire âgé de quelques cen-
taines de mille ans, il y a loin. Je sais
bien qu'on n'a trouvé aucune trace du
trou, mais qu'est-ce que cela prouve ^
Tout simplement que ce trou était très
petit et qu'il a été bouché, ce qui est très
naturel et s'explique fort bien.
Jean Pila.
Signe de îa croix avec de l'eau
de la mer (LIV, 282), — Les femmes,
surtout les anciennes, généralement éle-
vées au couvent ou au moins à l'école des
Sœurs, faisaient le signe de la croix au
commencement de maintes actions J'ai vu,
dans ma famille, imiter le geste des bai-
gneuses basques avec l'eau de la toilette
du matin ; faire le signe de la croix sur le
pain à entamer, avec la chemise blanche
à mettre et enseigner cette pratique à de
tout jeunes enfants. . . et cela se passait
très au nord de la Garonne et même de la
Loire. Sglpn.
Je crois que le rite accompli au pays
basque se retrouve un peu partout, j'ai
vu maintes fois des baigneurs d'eau douce
faire ce signe de croix avant de se mettre
à l'eau. C'est un reste de ces vieilles habi-
tudes auxquelles il faut ajouter celle de
faire avec un couteau, le même signe sur
le pain qu'on va entamer.
E. Grave.
* *
Cette coutume se retrouve dans le Trc-
gor et dans le pays de Plestin-les-Grèves.
Je l'ai vu maintes fois à Saint-Michel-en-
Grève, Port-Blanc, et autres plages de
cette côte. Les femmes, jeunes filles et
enfants du pays font le signe de la croix
avant de prendre un bain. Les hommes et
les jeunes gens s'en abstiennent le plus
souvent. A. Hamon.
Les savants ennemis (LUI ; LIV,
148). — L'anecdote rapportée par Rip-Rap
se trouve également dans le Dictionnaire
de la conversation et de la lecture, dirigé
par Duckett, 1855, avec de légères va-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX lo Septembre 190a.
377
378
riantes ; à l'article Buffon, Virey écrit :
11 fut injuste à l'égard de Linné ; mais
celui-ci, sans répondre directement à ses
attaques, se vengea de son rival en lui dédiant
une plante marécageuse sous laquelle s'a-
britent les crapauds, avec le nom de Buffo-
nia.
Dans un autre article du même ou-
vrage, je trouve encore ceci :
Bufone (de bufo, crapaud) genre de plantes
de la famille des polycarpées, ainsi nommé
parce que le crapaud aime, dit-on, ci se cacher
dans les touffes de ces plantes chétives.
C'est Sauvages qui a établi ce genre de
plante sous le nom de Bufonia et non de
Buffonia^ ainsi que l'écrivent plusieurs bo-
tanistes.On aurait donc calomnié Linné, selon
M. Hœfer, en lui attribuant la dénomination
de ce genre, et en la regardant comme une
basse vengeance des critiques répandues
contre lui dans les ouvrages de Buffon.
Après avoir lu deux articles aussi con-
tradictoires, je suis allé aux sources.
Dans le Systenia Vegeiabiliiim de Linné,
j'ai trouvé la description du genre Bufonia
(avec un f), et dune seule espèce ; la Bu-
fonia ternui folia^ décrite d'après : Magn.
monsp. 97, t. 97, ce qu'il faut traduire à
mon avis par :
Magnol Botanicum Monspeliense, p. 97,
tabiilce, 97.
Cet ouvrage a été édité, en 1686, à
Lugd., et en 1698, à Montpellier.
Donc, la plante décrite par Linné est
une plante française, appartenant à la
flore de Montpellier.
On pourrait en trouver la description
dans : Boissier de Sauvages — Meihodiis
foliorum, seu planta; Jiorœ mompeliensis,
Hagîe — Comit. 1751, in-8 ; mais je ne
possède pas cet ouvrage.
L'anecdote en question reposerait donc
sur une erreur de copiste, erreur commune
à des savants, puisque Brongniart, dans
son \. Enumération des genres de plan-
tes »... du Muséum, 1843, tout en attri-
buant le baptême du genre à Sauvages,
écrit lui-même ButTonia erreur partagée
par Le Maout et Decaisne.dans leur «Flore
des jardins et des champs » où ils écrivent :
Buftbnia, dédié à Buffon^ naturaliste fran-
çais.
Au reste, il n'était pas nécessaire que
Linné intervînt pour créer un jeu de
mot : que l'on écrive Bnjfonia ou Bufonia.,
on peut traduire par plante à Buftbn, à
bouffon ou à crapaud, selon que l'on pro-
nonce à la française ou à l'italienne :
Buffon, buffone etbuffo (crapaud en ita^
lien) sont proches parents, au point de
vue linguistique C'est une fatalité qui
n'enlève rien à la valeur d'un homme.
H. Angenot.
La dimanche et le décadi (LIV,
274). — A vrai dire, la nouvelle loi du
13 juillet 1906 sur le Repos hebdomadaire
ne date pas d'hier : on la découvre telle
quelle, en cherchant sous les débris de
seize siècles, et l'on peut constater qu'il
n'y a rien de nouveau ni de changé entre
l'édit du fils de Constance Chlore et la loi
nouvelle signée de M. Fallières ; hormis
naturellement les effets d'optique, les dé-
corations et les accessoires de ce théâtre
où l'homme joue toujours le drame de
ses passions ou la comédie de ses inté-
rêts.
Ce fut Constantin, en effet, qui, le pre-
mier, en 321, interdit, par une loi, tout
travail, sauf celui de la campagne, les di-
manches et jours de fête. Ce dernier fut
même défendu en 538, par le troisième
concile d'Orléans. Les prohibitions rela-
tives au dimanche se renforcèrent jus-
qu'au XIII* siècle, où on commença à se
relâcher de l'ancienne sévérité. Après
l'apparition du protestantisme, il y eut
comme un retour à la règle: on sait qu'en
Angleterre, en Espagne, etc., le repos du
dimanche est strictement observé. Il en
fut de même jusqu'à la Révolution. La
Convention, qui avait changé l'ère gré-
gorienne en ère républicaine (22 sep-
tembre 1792), décrété des mois de trente
jours divisés en trois dizaines de jours
nommés décades, consacra le dixième
jour de chaque décade au repos et rem-
plaça ainsi l'ancien dimanche. On n'avait
plus que trois dimanches au lieu de qua-
tre : la Révolution préconisait le travail.
En 1802, une loi rétablit l'ancien di-
manche et décréta la fermeture des tri-
bunaux et le repos des fonctionnaires.
Bientôt survint la Restauration. Une
ordonnance de Beugnot du sept juin 1814
interdisait, les jours et fêtes, tout travail
et tout commerce, défendait d'ouvrir les
ateliers, chantiers et boutiques, de faire
déménagement ou transport de matériaux,
décrétait la fermeture des cafés, restau-
rants et cabarets pendant la durée des
offices ; le tout prescrit sous peine dç
irrï.
L^!fTSCX£DLàIK£
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ssècss^ Ijt^ïs. b3r:i£sw 'r-^cc:!. i'Sr'Sàleî et
ax'^r-s sac-cfi 5«rsas tr^rir^srir cjmaas ^
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fonde en
1804
<}rK.<TlOX.<; KT UKiWNSKS
iirrhUAiRK^. HiîSToîuorRs. saïKMiFiorKs
r Ainisnoi'Ks
dlucotiono
La fillo dt> 1 illustro ohantour Ga-
rât demande ^auln^^ue.
(."tn lii.i
pUîs loin une Icttio .jui n'ot.iit p.v> vlosti-
noe .1 l.i piiblicilé et v^ui est .ibsolument
inédite. HUe est .ulressee par Av.hille jubi-
n;il .ui b.iion T.i\ lor. 11 lui reOvMU'.n.inJe
la tîlle du ch.\nteiif Ci.uat.
Ci.w.w — et y\. Artliur Pougin en a fait
un portrait tort remarqii.ible dans la
oV.jn./.- /:«. V. 7o^'./j> — a ete le chanteur
accompli que l'on sait. applaudi de Marie-
Antoinette, coqueluche du Oirectoire.
sous lequel il lut le chef des incro\ ables
— des »V^<^M•,;^/<•.\■ — .
Sa tîlle, en iS(>-\ nièce du sénateur da-
rat, en et.iit réduite ^ demander la ch.i-
rite:
Coips
Législatif
P.uis le Samedi ; iii.us iSoj.
iNteii cher lUioii,
M^vlfinoiselle (.îui:it, lilU> du gr;«nd chan-
teu!, nieiubic de votie société des imisicieiis,
nie transmet l.i dcnuiide ci- jointe, appuyée
p.ii W.itelfl et pnr M. de Saint -Albin, con-
seil Icm à la Cour iinpciiale.
J'ai, comme vous save^, rhonnour vie la
connaître liepuis de lonj^nes années. Sa sitna-
tioii est des plus iiitéiessantes. Née dans une
noble , et très noble famille, élevée pai le
sénateui Oarat ^son onclo\ illustre par von
père, elle s'est vu dépouiller de tout par une
suite inouïe de niallieuis, de drames, de véii-
tablc* if; ;/;«•.< commis ù son préjudice.
HUe est aujourd'hui, non pas sur le seuil
de la niisèie, mais dans /.j inisrrf.
le viens donc invoquer pour elle votre syni»
pathie, Ne pouve^-vous U ta»ie uvsctire (tVi/
«rN «ow j/VwA;#yel qui illustrerait votre liste)
au t\ou\bie de vos /«f«.\V«)«-w«i«>yA« ou tout m\
moins de vos Sfttmrm ? Vous ferea là ^v«uvre
pie. et cô serait \\\\ j^rand bienfait accompli
.\ so»> égard.
Je vous recommande donc sa don»ande de
tout mon ctvui. C'est une i>e>sonaô aussi
honoiable que malheureuse,
A vous toujours, partout et en tout, f&n U
A. JUBWAU,
o, rue Boudreau.
Aclulle jubinal parle ^^ d'une suite de
m.dheurs inouïs, de drames, de véritables
crimes comn\is à son préjudice v». Qjne
veut- il dire ? l es malheurs, on les soup-
>;onne ; mais les dr.uues' m.>is les crimes?
M.
La main droito do Louis XV. —
]e lis d.ms la ChiiUiiqu.- ./.- /'.</(.< du 50
août 179a :
M. Ma:.ers de l.atude a deniandé â la
con\n\uue de Paris la main droite de la
statue de Louis XV qui a sijvné la lettre de
cachet qui l'a retenu pendant 10 années
dans les ters. Sa demande lui a été acooulée
p.ir un an t'ié .
l"sl-ceque l.atudeaete misen possession
de l.» m.iin .(ccordee ?
Oii'est-elle devenue ?
]. C>. HoRi^.
Papiuoau ot los troubles du Ca
nada. — On lit M/moi/Y.'! J<- li Si\i<'t<^
</(• shiiitiquc iifi 2-^. \" série t. \'1II,
I.IV s
N» 1124.
L'INTERMEDIAIRE
387
388
184^-44, 117, sous la signature d'Appo-
lin Briquet qui n'est pas sans notoriété :
Papineau dont le nom est devenu célèbre
depuis les derniers troubles du Canada. En
effet, cet illustre défenseur de la liberté de
son pays, est originaire de Niort (2-5).
On demande quels furent ces troubles
dont la date n'est pas donnée et surtout
quel rôle y joua ce Papineau. Toutes
choses aujourd'hui complètement oubliées
en son pays natal. Léda,
Iles Anglo-Normandes. — Lors-
qu'on visite ces îles, il est impossible,
pourvu que l'on soit un peu chercheur et
curieux, de n'être pas frappé du grand
nombre de noms précédés d'une particule
qui figurent au-dessus des magasins et
de ne pas se demander le pourquoi de cet
état de choses.
Rien qu'à Saint-Hélier on peut remar-
quer : de Gruchy — de La Haye — de
Bosch — de Boursier — de Lamare — de
Paye — de Sainte Croix — de La Pé-
relle, etc., etc.
Ce sont des noms à consonnance bien
française ; plusieurs sont encore portés et
même connus en France.
Comment expliquer l'existence et la si-
tuation de ceux qui les portent dans le
Chanell Isîand .?
Leur immigration y date-t-elle de la
Révocation de TEdit de Nantes, de la Ré-
volution ou d'une autre perturbation so-
ciale ? Sont-ce des cadets des provinces
françaises voisines venus tenter la fortune
commerciale .?
Sait-on si ces familles ont conservé
quelques souvenirs de leur origine fran-
çaise, de la situation que leurs ascendants
ont pu avoir sur le continent ? Sait-on si
elles possèdent de simples traditions orales
ou au contraire des documents écrits,
prouvant leur rattachement à la souche
française .f* Existet-il un ou plusieurs ou-
vrages traitant de ces familles }
II. A côté de ces familles qui n'ont
gardé qu'un des signes de la noblesse —
et non le plus certain — il en est d'autres
chez qui a subsisté le titre — qu'on aurait
pu qualifier autrefois en France de crité-
rium de la noblesse — d'écuyer. Sur un
assez grand nombre de tombes ou d'ins-
criptions commémoratives figure le titre
écuyer ; (Très fréquemment il n'accompa-
gne point un nom à particule.), mais les
exemples découverts remontaient tous à
un certain nombre d'années, une quaran-
taine. 11 n'a pas d'ailleurs été, fait de re-
cherches spéciales.
En Angleterre, si je ne me trompe, le
titre d'écuyer. 5^M/rÉ', n'est pas vraiment
un titre de noblesse, mais une qualifica-
tion honorable.
En est-il de même dans les îles, ou, au
contraire ce titre a-t il gardé la valeur
qu'il avait jadis en France ^ Et, s'il en est
ainsi, quelle situation vis-à-vis de la no-
blesse anglaise ont les écuyers des îles
normandes .?
111. En 1563, la reine Elisabeth d'An-
gleterre constitua Sercq en fief de hau-
bert qu'elle donna en toute propriété à
Hélier de Carteret, seigneur de Saint-
Ouen, en Jersey. De la famille de Carte-
ret, Sercq passa, en 1737, à la famille Le
Pelley (il existe en France une famille Le
Pelley-Dumanoir) qui, en 1852, vendit l'île
aux Collings, les seigneurs actuels.
Cette île est toujours divisée entre 40
tenancier?, comme au xvi" siècle.
Existe-t-il encore une postérité authen-
tique des Carteret ?
A Sercq, sur une très modeste boutique
de marchand de tabac et d'épicerie (près
l'hôtel Bel-Air) on ht : « J. P. de Carte-
ret. »
On ne peut s'empêcher de penser au
bénéficiaire de la charte de 1563, avec
ou sans raison ?
G. DE La Véronne.
La fontaine Saint-Valery à Mont-
morency. — En 1735, Crozat-le-Pauvre,
propriétaire du château de Montmorency,
eut à soutenir un procès contre les habi-
tants du lieu, au sujet de la fontaine Saint-
Valery dont l'eau avait cessé de couler.
En connait-on l'issue .? Cette fontaine
existe-t-elle encore ? Paul Pinson.
Sainte-Beuve et M. Dubois. —
Dans le compte rendu de l'Académie des
sciences morales, no de mars 1904, page
595 et suivantes, M. Adolphe Lair a ra-
conté la querelle qui a amené le duel de
Sainte-Beuve avec M. Dubois (septembre
1830).
D'après ce récit, qui est emprunté aux
Souvenirs inédiis de M. Dubois, la que-
relle aurait eu lieu à Paris pendant les
journées de juillet 1830, après la publica-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
589
tion faite, le lundi 26, des Ordonnances
datées de la veille ; et avant que la lutte
fût terminée, puisque M. Dubois raconte
qu'il aurait passé une des nuits qui suivi-
rent la querelle, en veillant et causant
avec Farc)^^!), qui fut tué le troisième
jour du combat, le jeudi 29.
Mais ce récit se heurte contre le fait
que Sainte-Beuve n'était pas à Paris pendant
les journées de juillet : il l'a dit à cette
époque même, dans son article du 4 no-
vembre 1830 sur la seconde édition des
Poésies de Joseph Delorme (Premiers lun-
dis, I, 41 1). Il l'a répété plus tard dans sa
biographie :
La Révolution de juillet arriva. J'étais
absent pendant les trois journées, et en
Normandie , à Honfleur, chez mon ami
Ulric Guttinguer.
Troubat, Souvenirs et indiscrétions, page
Enfin, dans une lettre du i^ février
1867, adressée à M. Jules Claretie, et lui
parlant de l'arme qu'il avait à la main
dans ce duel:
Le pistolet, dit Sainte-Beuve, était un pis-
tolet d'arçon que Fontancy avait conquis
sur un gendarme dans les journées de Juil-
let ; car c'est peu après ces journées qu'eut
lieu cette querelle, et la fièvre qui régnait
alors dans l'air n'y nuisit pas.
Le récit de M. Dubois est d'ailleurs
étrange : il y aurait eu un soufflet donné
au mois de juillet, et le duel n'aurait eu
lieu que deux mois après, le 20 sep-
tembre !
Evidemment, M. Dubois, en rédigeant
ses Souvenirs sur le tard, a commis une
erreur de mémoire ; il a antidaté de deux
mois le soufllet qu'il a donné à Sainte-
Beuve, Celui ci n'a raconté nulle part
comment cette querelle avait commencé :
il sentait sans doute que sa vivacité l'avait
mis dans son tort, (iuant aux contempo-
rains, leurs souvenirs ne se sont attachés
qu'au parapluie que Sainte-Beuve a tenu à
garder, dans ce duel au pistolet.
La querelle parait bien avoir éclaté,
(i) Dans sa notice sur George Farcy,
Sainte-Beuve raconte en effet que celui-ci
passa la nuit du mercredi au jeudi dans la
maison de santé de M. Pinel, à Chaillot,
où était détenu M. Dubois. Q.uoique détenu]
il allait et venait, dans ces jours où tout
était sens dessus dessous.
20 Septembre 1906,
390 .
comme le récit de M. Dubois l'indique, à
propos d'une question relative à la pro^
priété du Ghbe. Seulement, elle n'eut pas
lieu lors de la crise subite et rapide que
provoquèrent les Ordonnances. Elle se
produisit quelques semaines plus tard,
dans des circonstances que le récit de
M. Dubois a défigurées, et qu'Userait inté-
ressant de préciser.
Ya-t-il quelque part, — dans les jour-
naux de l'époque, par exemple, — des
renseignements qui compléteraient ou
corrigeraient ceux que je viens de résu-
mer .? Debasle.
Les débuts de M.Anatole France.
— Où parurent les premiers articles pu-
bliés par M. .Anatole France pendant ses
années de début, alors qu'il était employé
à la librairie de son père ? -H
La faïence du seigneur de la
Roche Cbandry. — Avant 1530, un
sieur de la Roche Chandry envoyait à ses
amis des vases en faïence blanche que
sans doute, il fabriquait lui même.
Je voudrais savoir quel était ce sei-
gneur et surtout le lieu où il habitait afin
de déterminer le lieu de fabrication.
J'ajoute que les fabriques de faïence étaient
loin d'être rares à cette époque dans notre
région,
J'ai vainement consulté le P. Anselme,
Quenot, Statistique de la Qoarente : 18 18,
J. L. Michon, Statistique monumentale de
la Charente. 1844. Paul Sazerac de Forges.
Note sur les seigneurs et le château Je la Ro-
chechandiy (à 12 kil. d'Angoulème, com-
mune de Mouthiers sur Boëme) Bulletin
de la société at chéolooique et historique de
la Charente, T. I, 1845, i'" trim, p. 50.
Je ne trouve nulle part une bonne généa-
logie de cette famille à laquelle je puisse
me fier.
J'observe que le P.Anselme dit toujours
Roche Andry.
J'adresse à mes collègues d'instantes
prières, ayant besoin d'être renseigné à
assez court délai, les assurant de ma vive
reconnaissance
A t on d'autres traces de cette fabrica-
tion.''
Bonnafré,dans l'inventaire de Catherine
de Médicis,dit ces vases de faïence blanche
fabriqués à Modène, à Revers et à Royen
,N. 1124.
L'INTERMÉDIAIRE
391
392
Or j'ai tout lieu de croire qu'on en faisait
ailleurs en France.
Ces vases devaient avoir une certaine
valeur, car ce sont les seules poteties que
mentionne un important inventaire de
château du Poitou en 1530. Il s'agit d'une
buire et d'un vase à rafraîchir.
LÉDA.
Familles de Gouy, de Postel, de
Touzin. — Jacques de Bourbon-Ven-
dôme, seigneur de Levigny et de Cour-
celles, décédé en 1632, épousa Louise de
Gouy, fille de Jacques, seigneur de Cour-
nehaut, et de Marguerite de la Chaussée,
dont, entre autres :
i) Marguerite de Bourbon-Vendôme,
,alliée 1° avec Jacques de Monchy, sei-
gneur de Lamberval ; 2° avant le 14 fé-
vrier 1644 avec Antoine de Postel, sei-
gneur de la Grange.
2) Antoinette de Bourbon-Vendôme
épousa, en 1626, Alexandre de Touzin,
seigneur de Berois, chevalier de l'ordre
de Saint-Michel, chevau-Iégerde la garde
du roi, et lietitenant au gouvernement
d'Ardres, dont elle était veuve et siuis
enfants, en 1658.
Merci d'avance à qui me renseignera sur
ces familles de Gouy, de Postel et de
Touzin.
Les frères de Sainte-Marthe donnent
pour armoiries à Louise de Gouy : parti
d'or et d'a:(ur^ à ^ fleurs de lis au pied
coupé de gueules^ ce qui porte à conclure
qu'elle ne' devait pas appartenir aux
Gouy d'Arsy et d'Ansereul. Ces armoi-
ries sont les mêmes que donne La Ches-
naye des Bois aux articles Govie, Gou^ de
Montgiron et de Gouy^ seigneur de Châ-
teauthouars, en Normandie, anobli au
mois de février 1700, D'ailleurs Magny
dit qu'Antoine de Gouy, seigneur de
Montgiron, obtint ses lettres de mainte-
nue de noblesse et d'anoblissement en
tant que de besoin, en février 1700, et
qu'il portait : pariid'or et d'azur, à ^fleurs
de lis de gueules, posées 2 et i , les deux du
chef de Vun à Vautre, et celle de la pointe
de l'un en Vautre {Nobiliaire de Nonnan-
die^ t. Il, p. 121 et 209).
Pour la famille Postel, je ne crois pas
qu'il s'agit de celle des seigneurs des Mi-
nières et d'Orvaux, en Normandie, mais
plutôt qu'il faut lui rattacher Pierre-
Fursy Postel, écuyer, seigneur de la |
Mothe, qui fit enregistrer dans \ Armoriai
gênerai de 1696, à Boulogne-sur-Mer :
d'azur ^ à une gerbe de blé d'or, accostée de
2 étoiles du même, et les seigneurs de la
Mothe et du Clivet, encore représentés au
commencement du xix* siècle (Saint-
Allais, Nobiliaire universel, t. 111, p. 195).
Alexandre de Touzin est cité dans les
lettres de déclaration de noblesse qu'obtint
en 1660, Claude de Touzin, seigneur de
Mercy, son cousin, fils de Pierre de Tou-
zin, seigneur de Mercy, Saint Prix et Lar-
gillac, natif de Guyenne, et établi en
Bourgogne (Arbaumont, Les Anoblis de
Bourgogne). 11 appartenait aussi proba-
blement à la même souche que noble
Jacques, alias Melchior de Touzin, qui
épousa en 1656 Anne de la Devèze,
remariée, avant 1664, avec N. Dutaut de
la Peyrière (Bourrousse de Laffore : Nobi-
liaire de Gascogne et de Guyenne, t. 111,
p. 48). Dans les armoriaux que j'ai con-
sultés,je n'ai jamais rencontré des armoi-
ries sous ce nom de Touzin.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Médaille par Depaulis et Jeuf-
froy. — Je possède une médaille au buste
de Louis XVII, bronze, diamètre : 6 cm.
Avers : buste du Dauphin à gauche,
signé Depaulis au bas, et en haut les mots :
REGNl. TANTUM. IVRA., dont je de-
mande le sens, en faisant la supposition
que le verbe est sous-entendu. Et quel
verbe i*
Le revers est signé Jeuffroy, lequel, né
en 1749 et mort en 1826, fut Directeur de
la Monnaie sous le Consulat et l'Empire,
et, graveur émérite, eut, entre autres, pour
élève, Fiolier-le-Jeune.
Ce revers représente un ange debout,
tenant élevée dans sa main gauche, une
couronne royale, et dans la main droite,
un flambeau abaissé. L'ange se tient sur
un autel à l'angle duquel on voit une
chaîne et une draperie ; l'autel est au
centre de la cour d'un donjon — le Tem-
ple sans aucun doute, — et l'ange est sur
le point de s'élancer hors cette cour.
Au dessus du personnage la légende :
aUAM. REDDAT. HAEREDl.
Je demande aux érudits numismates :
1") A quoi se rapporte ce QUAM ^ à la
couronne que tient l'ange ?
2°) La date de l'émission de cette mé-
daille est-elle connue ?
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
393
3°) Quelle valeur cette médaille peut-elle
apporter à la thèse de l'évasion ?
4°) Si la frappe est antérieure à 1815,
dans quel but a-t-elle été faite et par qui ?
l'observe encore qu'au bas du revers
on lit :
LUDOVICVS. XVll. IN. VINCVLIS.
OCCVMBIT. Vlll. IVN. MDCCLXXXXV.
Il y a certes contradiction entre cette
affirmation de décès et l'attitude de l'ange
qui a tout l'air d'un libérateur rechercliant
un prisonnier pour lui remettre une cou-
ronne ! Mais je ne conclus pas... je cher-
che à comprendre. M. B. B.
Armoiries à déterminer : da
gueules à 2 roses d'argent. — A
quelle famille de Bourgogne ou de Fran-
che-Comté appartiennent les arm.es sui-
vantes : de gueules^ à 2 roses d^argent, en
chef, un croissant de même en pointe et une
étoile d'or en abîmée Nice.
Armoiries à déterminer : d'or au
chevron de gueules... — 1° D'oi\ au
chevron de gueules, accompagné en chef de
deux trèfles de sinople et en pointe d'une
tête de sanglier de sable.
2° D'azur, au chêne d'or, parti de gueules.,
à trois étoiles d'or posées en pal. H. V.
Sainte Mafalcla. — Pourrait-on me
procurer quelques renseignements sur la
vie de cette sainte ? La seule information
que j'ai est qu'elle était princesse portu-
gaise et épouse d'un roi de Castille. Où
pourrais-je me procurer la vie de cette
sainte en quelque langue que ce soit '<!
C. B. O.
Saint Arnould, patron des bras-
seurs. — Saint Arnould est en Bel-
gique — et peut-être en France — re-
connu comme le patron des brasseurs.
Jadis il était très fêté le 18 juillet de cha-
que année. Cette coutume tend à dispa-
raître. Pourrait-on me dire pourquoi
saint Arnould est le patron de la brasse-
rie .^ A-t-il été brasseur ?
Eglises disproportionnée':!. — Il
y a dans plusieurs villages du Vimeu des
églises dont l'abside est très forte propor-
tionnellement au reste du monument.
C'est tout à fait comme si, ayant com-
mencé par l'abside sur un plan assez
20 Septembre 1906,
394 — '
grand, avec des fonds suffisants, on avait
dû achever sur un plan plus modeste.
Est-ce là l'explication ? V.
__ )
Prix académique décerné en ca-
cîiette. — La poésie couronnée en 1717
par l'Académie Française, était du trop
célèbre Gâcon, partant si mauvaise, que
l'Illustre Compagnie, n'osant décerner pu-
bliquement le prix à l'auteur, le lui en-
voya en cachette. Est-ce exact .? Et con-
naît-on d'autres faits du même genre ?
A ce propos, comment les sujets de
concours étaient-ils choisis autrefois ?
Comment le sont-ils aujourd'hui ?
Alpha,
L. D. S. E. Q. V. — J'ai dans ma
bibliothèque un livre : Poésies diverses, par
L. D. S. E. O. V. Paris, 1689, avec
ex-libris manuscrit, dej. P. Loret.
Peut-on déchiffrer ces initiales ^
Thix.
Bibliographie Napoléonienne.
— Existe-t-il un ou plusieurs ouvrages fran-
çais indiquant tout ce qui a été écrit sur
Napoléon i", son entourage et son
temps?
Je connais seulement la Bibliographie
Napoléonienne, ouvrage allemand, de
F. Kircheisen, traduit en français, mais
qui est loin d'être complet. Elpéa.
Le père Adry et les Anas. —
Qui était le père Adry ? et où est son
manuscrit sur les ^4 ;?as (1803) vendu le
5 février 1857, P^'^ ^- Charavay ?
A. G.C.
Tarot des bohémiens et le livre
de Thot. — Qu'est-ce exactement que
le livre de Thot et le tarot des bohé-
miens ? Quels sont les derniers et les
meilleurs travaux sur ce sujet ? Du H.
Pauvres, éclairez-vous. — J'ai
trouvé la pensée suivante dans un recueil
manuscrit. Je l'ai retrouvée dans Portraits
et maximes 1799-1889, publiée en 1900 à
Bruxelles.
Pauvres, cclairez-vous, rarement on écrase
les vers luisants.
De qui est-elle ? Ch. Lefebure.
No 1124.
L'INTERMEDIAIRE
395
Le 'mot stciff. — C'est, personne ne
l'ignore, une matière plastique dont on
se sert beaucoup pour la décoration des
édifices publics et privés. Depuis 1900,
et même, si ma mémoire est bonne, de-
puis 1889, les Expositions universelles
ont acclimaté, chez nous, ce néologisme,
d'origine anglaise, — d'après Larousse.
If Or, je ne l'ai, jusqu'à présent, trouvé
dans aucun dictionnaire anglais, à la Bi-
bliothèque nationale ou ailleurs. Quelle
étymologie peut-on assigner au mot
staff, qui a donné staffer (verbe) et staf-
feur>ubstantif) ? E. X. B.
Le vin. Anciennes expressions.
-— Dans d'anciens documents d'archives,
on trouve des expressions proverbiales,
par lesquelles, en Bourgogne, on dési-
gnait autrefois le vin, suivant la diversité
des effets qu'il produit :
Vin d'âne, qui rend la personne assou-
pie après avoir trop bu.
Vin de cerf, qui fait pleurer.
Vin de lion, qui rend furieux et querelleur.
Vin de pie, qui fait bavarder.
Vin de porc, qui fait rendre gorge.
Vin de renard, qui rend subtil et ma-
licieux.
Vin de singe, qui fait sauter et rire.
Vin de Nazareth, qui passe au travers
du nez.
Vin de mouton, qui rend doux etsoumis.
Je ne sais si cette nomenclature est
complète. En tout cas, il serait curieux
de savoir si dans le Bordelais on trouve
des expressions analogues. E. M.
La droite d'un tableau, d'un édi-
fica. — Est-ce le côté que le spectateur,
qui regarde le tableau ou l'édifice, a à sa
droite ? 11 n'en est pas ainsi de la droite
d'une armée, qui est h droite du front de
l'armée, à la gauche de l'ennemi en pré-
sence. Et la droite du Sénat ou de la
Chambre ? est-ce la droite du Président ?
les loges de droite d'un théâtre sont-elles
à la droite de l'acteur ou du spectateur ?
J. Lt.
Fournisseurs de la Cour. — De
quand datent les brevets de fournisseurs
délivrés aux commerçants par les maisons
souveraines et princières .^^
A quelles conditions sont-ils ordinaire-
ment accordés de nos jours ? ,. -|-
396
Donner le bras. — Jadis, quand on
disait Monsieur X donnait le bras à sa
femme, ou Madame X donnait le bras à
son mari, cela représentait la même idée ;
c'est-à-dire, l'avant bras de la femme
croisé et appuyé sur l'avant-bras de
l'homme ; mais, maintenant qu'on ren-
contre beaucoup de promeneurs dans une
position toute contraire, ce qui donne un
peu à l'homme l'air d'un aveugle ou d'un
convalescent, comment doit-on s'y pren-
dre pour exprimer d'une fai,"on compré-
hensiblC; chacune des deux manières .''
CÉSAR BiROTTEAU.
L'action inspiratrice intellec-
tuelle des aliments solides. Y a-t-il
des écrivains qui aient considéré
cette question ? — Cette question, en
apparence assez singulière, demande une
explication.
Nous avons quatre sens topiqiws locali-
sés dans une partie du corps (vue, ouïe,
odorat, goût) et des sens épipoliques,
c'est-à-dire répandus sur toute sa sur-
face.
Un des sens épipoliques, le tact, consti-
tue avec les quatre autres, les cinq sens
classiques. Mais il y en a bien d'autres,
comme le sens thermique, le sens élec-
trique, etc.
Les organes du sens thermique, par
exemple, sont des points terminaux su-
perficiels,récepteurs du froid et des points
terminaux superficiels, récepteurs de la
chaleur.
Qiiant au sens électrique, Dagiiin ob-
serve très justement dans son Traité de
Physique que l'absence (pour moi seule-
ment apparente) des sens explique pour-
quoi les phénomènes électriques ont été
les derniers à être découverts.
L'alimentation, dont le sens du goût
est le diapason, constitue la base du fonc-
tionnement de tous les sens.
Eh bien ! les lois tlu goût nous sont
presque inconnues. Or les demi-savants
qui sont la majorité des savants, mépri-
sent ce qu'ils ne connaissent pas. Aussi
le goût est-il le cendrillon des sens. Mais
quelle doit être sa fonction ?
On a célébré souvent l'influence intel-
lectuelle desaliments'Iiquides. A-t-on'ja-
mais célébré l'action inspiratrice intellec-
tuelle des aliments solides ?
B.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Septembre 1906.
397
398
ïléponôcô
Comme quoi nous devons au
grand-père de M. William Bus-
nach d'avoir conquis l'Algérie
(LUI, ^50, 632, 772) — Un coup d'éven-
tail a-i-il décidé de la conquête ? —
M. Gustave Rouanel, dans l'Humanité^
conteste le coup d'éventail ; nous don-
nons la partie essentielle de son arti-
cle qui ouvre la porte à une intéressante
controverse :
M. Aumérat, doyen de la presse algérienne,
affirme que notre consul ne fut pas frappé.
Il a connu les personnes qui assistèrent, le
30 avril 1827, à l'altercation au cours de la-
quelle le dey se serait livré à l'acte de vio-
lence raconté, M. Casimir Jobert, beau-frère
de notre consul, M. Deval, était présent ;
M. Schultz, consul général de Suède, égale-
ment ; d'autres personnes encore, qui. en
1842, racontèrent à M. Aumérat l'altercation
qui a donné lieu à la légende. Voici la vé-
rité toute nue :
Le 30 avril 1827, à l'occasion de la fête du
Beïram, le dey recevait le corps consulaire.
Le dey était dans une cour, à l'extrémité,
assis sur un divan, à la mode des Orientaux,
c'est-à-dire les jambes croisées, à demi-cou-
ché. Les membres du corps consulaire étaient
debout, rangés en ordre, devant lui, à une
certaine distance. 11 ne peut y avoir de doute
sur la nature des mouvements que le dey au-
rait dû faire pour frapper M. Deval au vi-
sage. 11 eût dû se lever, avancer de quelques
pas pour atteindre le consul français. Les té-
moins de l'altercation ne purent donc se
tromper sur ce qui se pa^sa.
L'altercation, à laquelle, nous dit M. Au-
mérat, « on prit à peine garde sur le mo-
ment » fut courte. Le dey se plaignit à notre
consul de n'avoir encore reçu aucune réponse
à une lettre envoyée précédemment par l'in-
termédiaire de ce fonctionnaire français à
Charles X. M. Deval répondit, avec une hau-
teur que je me permettrai de trouver un peu
cavalière :
— Le roi de France ne correspond pas
avec un dey d'Alger.
Le dey, alors, fit ce que tout autre, vous
ou moi, aurait fait, si quelqu'un, reçu dans
une maison, prenait une attitude de provoca-
tion pareille envers sou hôte. 11 eut un geste
de colère et prononça les mots suivants :
— lio/ih ! Roumi, hen el Kelb ! (Sors !
chrétien ! fils de chien 1)
M. Aumérat fait observer que ces mots
n'ont pas, dans la bouche d'un musulman,
la gravité d'injure qu'ils ont dans notre lan-
gue, « Lils de chien » est un juron qui re-
vient, à chaque instant, sur les lèvres de
l'Arabe, et il n'y attache pas le caractère ou-
trageant qu'un Européen y trouve. Aussi, les
paroles du dey furent-elles d'abord jugées
sans imp^tance. Le soir, o 1 en discuta dans
la colonie européenne et, sauf le consul an-
glais, un Saint-John, qui joua un rôle singu-
lièrement équivoque .Uns les complications
qui précédèrent l'expo litio:i de IS30, per-
sonne ne vit là, assurait le consul de Suède
en 1842 à M. Aumérat. un incident gros de
conséquences. Le consul français rendit
compte à son gouvernement, sans attribuer
au fait une gravité exceptionnelle...
Dans tout cela, on le voit, il n'est pas
trace de coup d'éventail. M. Deval mourut
un an après, en 1828. Deux ans plus tard,
en 1830, une flotte expéditionnaire passait la
Méditerranée pour aller à Alger « venger le
coup d'éventail », dit Louis Blanc dans son
Histoire de Dix ans. Mais dans les pages
qui précèdent, l'historien avait noté, bien
avant le « coup d'éventail », les incertitudes
et les hésitations du gouvernement de
Charles X au sujet de l'expédition d'Alger,
projetée, abandonnée, reprise, rejetée, avant
que notre consul s'attirât du dey, par son
arrogance, l'épithète de « fils de chien ».
Je suis convaincu que la plupart des préten-
dus incidents, à l'occasion desquels on tire
l'épée pour venger l'honneur national outra-
gé, sont aussi vrais que le coup d'éventail du
dey d'Alger. L'histoire les enregistre cependant,
et on continuera encore, longtemps après la
communication formelle de M Aumérat, à ra-
conter, en France et en Algérie, qu'un coup
de dey nous valut la conquête de l'Afrique
du Nord .
Maintenant, qui donc a le premier mis en
circulation l'histoire de l'éveritail ? Je pose la
question à V Intermédiaire des chercheurs et
curieux, sans espoir d'une réponse précise
et satisfaisante.
Le comte de ]V[oret,fils naturel de
Henri IV, s'est-il fait ermite? (LIV,
329). — Antoine de Bourbon, comte de
Moret, serait mort à la bataille de Castel-
naudary.
Mais les événements trop matériels dé-
plaisent aux imaginations ardentes. Et là
encore, une légende que rien n'est venu
plus asseoir que toutes les légendes de
cette sorte, s'est formée, qui a prêté à la
fin du comte de Moret, un caractère ro-
manesque. L'origine de la légende est
dans La vie du véritable Pi-re José f capucin
nommé au cardinalat, chez Guillaume de
Voys. La Haye. 1705, p. 282,
No î 124,
L'INTERMEDIAIRE
399
400
11 est mort de nos jours, le 24 décembre
1691, un fameux ermite proche l'abbaye
d'Anièies, à trois lieues de Saumur en Anjou,
qui a passé partout où il a demeuré pour le
comte de Moret, parce qu'il avoit beaucoup
d'air d'Henri-le-Grand. Un jour une per-
sonne de qualité l'étant allé voir, fit apor-
ter un portrait de ce Prince fort bien fait,
pour voir si effectivement il lui ressembloit,
et s'étant placé devant le Père, un gentil-
homme présenta le portrait derrière lui au-
dessus de sa tête sans qu'il s'en aperçût. Eu
sorte qu'il étoit aisé de confronter les
traits de l'un avec ceux de l'autre, et s'étant
trouvés tous semblables, on lui demanda, en
le faisant détourner pour lui montrer le ta-
bleau, s'il connaissoit bien celui à qui il res-
sembloit : il n'est pas difficile, dit-il, puis les
larmes lui vinrent aux yeux tout aussitôt,
et il quitta la compagnie pour qu'on ne
l'aperçut pleurer. Le Roi ayant apris cette
circonstance fit écrire à l'abbé d'Anières par
monsieur le marquis de Chàteauneuf, secré-
taire d'Etat le 30 octobre 1687, pour avoir
l'éclaircissement du bruit qui couroit alors
que Frère le:in-Baptiste Ermite etoit fils na-
turel du roi Henri IV. L'abbé répondit que
depuis onze ans et demi que cet Ermite étoit
dans son voisinage, on n'avoit rien pu décou-
vrir de sa naissance, de sa famille, de son
pars et de son âge : qu'ayant été malade h la
mort, le plus ancien de ses frères qu'il ché-
rissoit beaucoup, le conjura au nom de Dieu
de se faire connaître au moins à eux, lui
promettant de n'en jamais parler à personne
qu'après sa mort. 11 le rebuta, en lui disant,
il y a près de quarante ans que je ti-availle à
me cacher et vous voulez me faire perdre un
travail de tant d'années dans un quart
d'heure ; il est vrai, continua monsieur l'abbé
d'Anières, que dans la Province de Bourgo-
gne où il a demeuré, le biuit a couru qu'il
étoit le fils naturel d'Henri IV et qu'aussitôt
qu'il a été en celle ci le même bruit s'y est
répandu : ce qui a donné lieu à cela autant
que j'en puis juger, c'est sa grande prestance,
son air majestueux, ses manières nobles et
aisées, son visage dans lequel on remarque
beaucoup de traits de celui d'Henri-le-Grand.
Voilà ce que je sais de sa vie, et ce que j'ai
appris de lui-même, que jusques à l'âge de
20 ans, il avait été bien nourri et bien élevé,
ce qui étoit cause de sa grande vigueur, qu'il
avoit porté les ârmessans avoir été blessé, que
pensant à se retirer du monde, il avoit exa-
miné toutes les différentes manières de vivre
des ordres religieux et que rien ne lui avait
tant plu que la vie Eiémitique ; de la façon
qu'elle subsistait du temps des premiers soli-
taires d'Orient : que c'étoit celle-là qu'il avait
embrassée : que pour celle-là, il avoit passé
en Italie, et s'étoit retiré dans une forêt qui
appartient à la République de Venise, dont
les fréquentes visites de ceux du païs l'avoient
chassé : que de là il était allé en Allemagne
et que pour voir un brave Ermitç il faisoit
volontiers trois ou quatre cents lieues ; que
s'étant depuis retiré dans ce Royaume, il
avoit demeuré en Lorraine, en Champagne,
dans le Lybnnois, en Bourgogne et enfin en
Anjou, et que partout il s'étoit bâti des ermi-
tages et avoit assemblé des congrégations. Le
Roi ayant eu la lecture de cette lettre, dit
avec'sa sagesse ordinaire, il suffit que cet
Ermite soit homme de bien, puisqu'il ne
veut pas être connu, il faut le laisser en paix
et ne nous point opposer à ses desseins.
L'imposture éclate dans ces lignes. Il
était de notoriété publique que le comte
de Moret avait été tué le i"^ septembre
1632. Comment détruire l'histoire si
claire et si logique au bénéfice de ce
conte de bonne femme ?
On invoqua des témoignages : celui de
M. de Grandval, officier de la compagnie
des Gardes, qui le reconnut formellement,
celui de M. Thomas, prêtre de Saumur,
soutenant que l'ermite lui avait confié
avoir assisté à la bataille de Castelnau-
dary.
Cet abbé avait sept autres raisons, et
non moins de témoignages.
On savait que le duc de Mazarin, le
comte de Serran, la duchesse de la Meille-
raye, le marquis de Brézé, qui avaient des
terres près de cet ermitage l'avaient re-
connu.
Je doute fort que les historiens soient
parvenus à établir la réalité de cette lé-
gende. A. DUFOUR,
* *
M. Joseph Graudet, le père de l'histoire
angevine, a publié, à Paris, en 1699,
chez Coustelier, un volume in-i2 de 334
pages, intitulé : La Vie d'un solitaire in-
connu, mort en Anjou en odeur de sainteté.
Dans cet ouvrage, l'auteur donne des
preuves que ce « solitaire » était le
comte de Moret. F. U.
L'exécution dô Henri de Tvlont-
moreiîcy à Toulouse (LU; LUI ; LIV,
193). — M. Pichevin doit connaître
le Madame de Montinorencv... Maric-
Fclicie des Ursws, par le comte de
Bâillon (Paris, Didier et Cie, 1880).
Sans bibliographie, ce volume contient
pourtant des renseignements qui pour-
raient mettre sur la voie, tels les Mémoires
de Puységur et autres. A. G. C.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
401
Une second© inadanie do Polas-
tirôri fLIV, 222). — je viens de terminer
une étude sur Mme de Polastron, destinée
à paraître prochainement avec celle que
j'ai consacrée à Mme de Balbi.
Grâce à l'extrême obligeance de ses
petits-neveux, j'ai eu entre les mains de
nombreux documents et une volumineuse
correspondance de Mme de Polastron et
delà famille d'Esparbès de Lussan.J'ai en
outre soigneusement recherché tout ce qui
pouvait se rapporter à la fidèle amie du
comte d'Artois aussi bien à Versailles
qu'à Coblentz ou à Londres et dans les
différentes étapes de son exil. Or, non
seulement je n'ai jamais trouvé la plus
légère trace de la naissance d'une fille
qu'elle aurait eue du comte d'Artois, mais
il me paraît absolument certain que c'est
une légende tout à fait fantaisiste. Mme de
Polastron n'eut jamais qu'un fils, Louis,
dont j'ai pu reconsti'uer à grand'peine la
courte existence et la fin prématu.rée. Mais
à l'égard de ce fils la paternité du vicomte
de Polastron n'a jamais été mise en doute,
et c'est la première fois que j'entends par-
ler de la naissance d'un autre enfant.
Il faudrait savoir en outre pourquoi la
personne dont parle notre confrère Rusti
eus s'appelait Madame de Polastron et
non Mademoiselle, ce qui eût été plus lo-
gique, puisqu'elle portait le nom de son
père putatif. Ce qui me semblerait vrai-
semblable, c'est que la dame en question
appartenait à la famille d'Irisson qui, en
1859, obtint Tautorisation d'ajouter à son
nom celui de Polastron, mais il me paraît
impossible qu'elle fût la fille du comte
d'Artois et de sa séduisante amie.
Vicomte de Reiset.
Prêtres assermentés (LUI ; LIV,
iS, 62, 1 16, 283). — Nous croyons pou-
voir publier, sous cette rubrique, la let-
tre suivante adressée à Camille Desmou-
lins :
Paris, 14 mai 1790.
Monsieur le procureur général,
Le serment civique que j'ai eu riionnciii
de prêter m'impose l'obligation de rendre
publiques les persécutions lourdes et les
traverses que le protestantisme éprouve
dans les séminaires de la capitale. Les misé-
rables jongleurs qui les dirigent paraissent
s'être fait un point de conscience d'écarter
20 Septembre 1906.
402
des ordres sacrés tous les sujets qui ont eu
l'imprudence de laisser percer des senti-
ments favurables à la Révolution. Le sanc-
tuaire s'ouvre devant lés aristocrates, mais
pour les patriotes on leur en ferme la porte
au nez. Il ne s'agit plus d'avoir des mœurs,
du savoir, de la piété, il faut encore croire
aux Actes des apôtres de Gattey (i), à la
résurrection glorieuse de toutes les aristocra-
ties de l'ancienne loi et à la damnation
éternelle des hérétiques qui nient le dogme
lucratif de la pluralité des bénéfices.
J'ai l'honneur d'être, avec un profond
respect. Monsieur le procureur général,
Votre très alTectionné serviteur.
L'abbé DE Pavillon.
A monsieur
Monsieur Camille Desmoulins,
Rue de Tournon
à Paris.
Camille Desmoulins n'ayant jamais
rempli la fonction de procureur général
de la commune, il s'en suit que cette let-
tre lui était adressée en vue d'une repro-
duction dans son journal.
La reine Hortensa et l'amiral
Verliueli(LlV, 1,66, 116, 174,23^,288,
339). — LeJ.-H. Grandpierre qui a écrit la
Notice sur {Ver Hiiell), Paris, L. R. de
Lay, 1845, ^'^ serait-ce le pasteur de ce
nom, de l'église de l'Oratoire du Louvre,
président du Consistoire réformé, et qui,
si je ne me trompe, taisait aux Tuileries,
à l'occasion des fêtes de l'an, l'adresse à
l'empereur, de la part des protestants de
France ? Alors, pourquoi serait ce lui qui
aurait écrit cette notice ? A. G. C.
Le général Duvigasau (LUI ; LIV,
127, 190, 297). — Le général Duvignau
et non Duvigneau est né à Mézières, le
17 novcmbr^i 1770 ; son père était
maréchal de camp des armées du Roi,
chevalier de Saint-Louis, directeur des
fortifications et de l'école royale du génie.
Voici les états de services du fils :
Duvignau BtiiNARD-ETir.NNE-MARiE
Garde dii corps, 29 novembre 17S4 ;
Kang de capitaine, 17 novembre 1788;
Aide de camp du général Laroque,
1"' avril 1791 ;
Aide de camp du général Rochambeau,
1" octobre 179 1 ;
Chef de bataillon , adjudant général,
23 mai 1792 ;
(i) Gattey, libraire du Palais- Royal, édi-
teur du journal de Peitier,
N» 1124,
L'INTERMEDIARE
403
404
Chef de brigade du i8» régiment d'infan-
terie, 8 mars 1793 ;
Général de brigade par les représentants
du peuple près les armées de Rhin-et-Mo-
selle , 20 frimaire an 3.
Confirmé dans ce grade le 26 nivôse an 3 ;
A fait les campagnes de 1792- 1793 an 2
et partie deran3,ans4, 6,7, et partie de l'an 8.
Réformé le 21 thermidor an 8.
Retraité du 25 mai 1811 ;
Remis en activité par ordonnance du
12 juin 1814 ; a commandé provisoirement
la place de Longwy ;
Réadmis à la retraite le 24 décembre 18 14 ;
Employé à l'armée des Alpes le 9 juin
1815 ;
Rentré dans la retraite en vertu de l'or-
donnance du I août 1815.
Campagnes
Celles de 1792-1793, armées du Rhin.
Celles des ans 11 et 111, armées du Rhin.
En Alleniaorne 6 mois de l'an IV.
Aux armées d'Italie et de réserve du
15 messidor an Vil au 21 thermidor an VlU.
Un grand malheur brisa sa carrière; il
ne fut pas présent et resta à l'ambulance
le jour de la bataille de Marengo. Le pre-
mier Consul le mit d'urgence en réforme
pour ce fait et, malgré quatorze années
de supplications, ne lui rendit pas son
épée.
Cependant cette accusation était peut-
être injuste, à en juger par cette lettre du
futur duc de Bellune:
Au quartier général de Milan,
le 6 messidor an VIII.
J'ai appris avec peine, citoyen général,
l'événement fâcheux qui vous est arrivé.
J'ai fait part au Premier Consul de l'avis
que vous m'aviez donné le 25 prairial au
matin, de l'impossibilité où vous étiez de
continuer votre service, mais nous étions à
la proximité de l'ennemi et le Premier Con-
sul n'a pas appris votre i. épart sans être ex-
trêmement fâché. Si je puis atténuer la ri-
gueur de la punition qui vous a été infligée
comptez que je n'épargnerai pas mes dé-
marches. Je vous salue.
Lieutenant général Victor.
Le général Duvignau se retira à Col-
mar où il vécut onze ans ; c'est de cette
ville que sa mère, veuve de soldat, et lui
implorèrent bien souvent Napoléon, no-
tamment par cette lettre extraordinaire :
Dans le nom de Napoléon le Grande on
trouve le mot de pardon.
Dans celui de Bonaparte, on trouve celui
de bonté.
Ah I sire, c'est dans votre cœur aussi
grand que vous-même que tout est.
Je viens l'implorer, le louer aux pieds de
Votre Majesté pour mon malheureux fils qui
périt de désespoir.
Veuve- DuviGNAU.
Napoléon fut inflexible, Louis XVIII
nomma le général gouverneur de Longw^y,
(ce qui ne lui donne cependant rien de
commun avec la famille Duvignaud de
Longw^y dont parle notre co-lntermé-
diairiste.
Il sollicita à nouveau de Carnot du ser-
vice pendant les Cent jours, en obtint
pour quelques jours.
Et après sa mort, survenue en 1827,
sa veuve, la même année, sollicite et re-
çoit un secours du ministère de la guerre.
Geo L.
Le coup de pistolet du 24 février
(LIV, 273). — Dans le septième volume
(p. 455) de son Histoire de la monarchie
de juillet., M. Thureau-Dangin parle assez
longuement du coup de feu qui, le 24 fé-
vrier 1848, devint le signal d'une dé-
charge des soldats du 14* de ligne, qui fit
de nombreuses victimes sur le boulevard,
devant l'ancien Ministère des affaires étran-
gères. Comment expliquer cette catas-
trophe ? D'où était parti le premier coup
de feu ? Sur le moment, on ne l'a pas su,
et ce mystère a donné naissance à beau-
coup de suppositions. On avait cru d'a-
bord que l'auteur du coup était un nommé
Lagrange, connu par ses opinions révolu-
tionnaires. Mais il fut prouvé qu'à ce mo-
ment, Lagrange était au Gros-Caillou.
D'autres ont raconté que le coup avait été
tiré par des agents du Prince Napoléon,
si ce n'est par lui-même, mais rien ne le
prouve et ce fait semble peu probable.
D'après une explication plus simple et par
cela seul plus plausible, le coup de feu
aurait été tiré par un sergent du 14*, pour
défendre son lieutenant-colonel attaqué
par un \ns\xrgè {Souvenirs de Vannée 18^8.
par Maxime du Camp). E. M.
S. M. l'impératrice Eugénie,
bibliophile (LIV, 275, 345). — Les ar-
chives de la Société Française des Collec-
tionneurs d'Ex-libris de 1894 ont publié,
page 67, quelques mots sur de rares
livres ayant appartenu à l'impératrice Eu-
génie, et ont reproduit son fer de reliure
composé d'un E majuscule romain orné,
portant au centre un écu à l'Aigle Im-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
405
périale, supporté par des amours ; le tout
surmonté d'une couronne impériale, sup-
portée également par deux amours volti-
geant.
Mais tout cela ne prouve pas que l'im-
pératrice Eugénie ait été bibliophile ;
quant au volume dont parle l'auteur de la
question, il parait bien ne s'agir là que
d'exemplaire de dédicace , comme un
peu partout et à toutes les époques, en
ont reçu les grands personnages.
J. CWlGO.
Le Nègre et le Maréchal (LIV,
220). — Dépourvu de tout renseignement
sur le fait en question, mais quelque peu
habitué au langage et aux boutades mili-
taires, je suis convaincu : 1° que la ques-
tion « C'est vous, le nègre ? » n'a jamais
été posée ; 2° que l'encourageant « Eh
bien, continuez ! » ne s'est jamais rapporté
à autre chose qu'aux preuves d'application
déjà données par l'élève.
Quand un vieux général dit à un jeune
officier : « Ah ! . .. c'est vous, Untel ? » il
n'attend pas la réponse : « Oui, mon gé-
néral, je suis Untel » 11 indique par cette
phrase et par l'intonation qu'il lui donne,
une familiarité le plus souvent bienveil-
lante, à un inférieur déjà connu, ou si-
gnalé par un chef intermédiaire. Un brave
pourra aussi s'entendre dire : « C'est
vous, grand pourfendeur de pirates ». Ou,
au cours d'une inspection, le vieux géné-
ral, après avoir interrogé quelqu'un, dira
au suivant : « A vous, N... » ou « A
vous... le fourrier », ou « A vous... le
nègre ». Puis, s'il est satisfait, et surtout
si on lui rend compte que bien faire est
l'habitude du sujet, il conclura : « C'est
bien... continuez ». Toute la gent mili-
taire entend cela clairement, dans le sens
qu'il faut. Quant aux équivoques qu'on
peut insinuer après coup, elle ne demande
qu'à s'en amuser, à y collaborer même ;
j'ai la persuasion qu'ainsi est née l'anec-
dote du Nègre et du Maréchal.
Sglpn.
L'abbaye d'Hérivaux (LIV, 53).—
L'abbaye d'Hérivaux fut vendue 2 200 li-
vres, le 16 novembre 1791, comme bien
national, à un nommé Gressier, de Paris.
Mais n'ayant pu payer le prix de vente,
il fallut procéder, le 27 mars 1792, à une
nouvelle adjudication. Les sieurs Remy
20 Septembre 1906,
— 406
et Collin furent déclarés adjudicataires
conjointement avec le sieur François Pe-
tit. Celui-ci, qui devint ensuite seul pro-
priétaire du domaine, le vendit, le II bru-
maine an V, à Benjamin Constant.
Le 26 pluviôse an X, M. Berlin de
Vaux du Journal des Débats en fit l'acqui-
sition.
Il appartient actuellement par héritage,
depuis le mois de- décembre 1891 et après
avoir eu huit propriétaires depuis M.
Bertin de Vaux, à M. Gustave Habert,
secrétaire général des chemins de fer de
Paris-Lyon -Méditerranée, qui a réuni un
grand nombre de documents manuscrits
et iconographiques sur ce monastère. Là,
peut-être, le questionneur trouvera le
plan qui fait l'objet de ses recherches.
Paul Pinson.
Le monastère des Hautes-Bruyè-
res (LUI ; LIV, 29). — Le tome XXXIX,
page 140 du Magasin pittoresque (année
1871) produit une gravure d'après un
dessin de le Pippre, représentant tout ce
qui reste du « Prieuré de Haute-Bruyère »
(sic), soit lessubstructions de la chapelle
et quelques arcades du cloître.
Châteaux de France (T. G., 197).
— Je trouve dans un des derniers numéros
de notre confrère anglais Notes and Que-
ries une question qui peut se rattacher à
celles qui ont été récemment traitées dans
Ylntennédiaire à propos des demeures sei-
gneuriales.
On demande à être renseigné au sujet
de certains châteaux du midi ou du centre
de la France, ayant existé avant la Révo-
lution : Cazenac, la Douze, Mayac, Li-
merac et Mondiole. Le seigneur de Mon-
diole, Henri d'Abzac, s'était
Angleterre, à la révocation de
Nantes, mais conserva jusqu'à sa mort
des relations avec ses parents en France.
On voudrait savoir si son château ou ceux
de sa famille ont survécu à la Révolution.
Old Pot.
Adoption : La question du nom
(LIV, 164,239,3:50). — En vertu de l'article
347 du Code ci vil, l'adoption confère le nom
de l'adoptant à l'adopté, en l'ajoutant au
nom propre de ce dernier.
En ce qui concerne les titres de no-
blesse, la chancellerie admet, depuis
réfugié en
redit de
N"» 1124.
L'INTERMEDIAIRE
407
1870, que l'adoption les transmet de plein
droit à l'adopté.
Par conséquent, peu importe que l'a-
dopté soit noble ou non.
C'est également l'opinion de i\l. Demo-
lombe qui, dans le tome 6 de son Cours
de droit civil (n° 144 bis De l'adoption)
estime que l'adoption transmet de plein
droit à l'adopté les titres de noblesse et
les armes de l'adoptant, et que l'adopté,
sous ce rapport, doit avoir les droits de
l'enfant né en mariage .
Cependant, un arrêt de la Cour de
Paris du 18 juillet 1893 a décidé dans une
affaire Clary que Tadopté n'avait droit au
titre de comte que s'il justifiait d'une
autorisation du Gouvernement.
11 en était ainsi en 1808 (art. 35 et 36
du décret du i'"'' mars, relatif aux majo-
rats). Ce décret autorisait la transmission
du titre aux enfants adoptifs du titulaire,
mais exigeait l'autorisation du chef de
l'Etat.
M. Freiherr Léon trouvera dans les
Codes Etrangers de M. de Saint- Joseph les
renseignements qu'il demande relatifs à la
législation des nations modernes, concer-
nant la Prusse, TAutriche, la Bavière, le
Danemark, la Suède, la Russie, la Loui-
siane,les Deux-Siciles,les Etats-Sardes, etc.
Il verra qu^en général, outre un certain
nombre de conditions, il faut une permis-
sion du Souverain pour que la noblesse et
les armes de l'adoptant passent à l'adopté.
Depuis 1876, l'adoption existe à peu
près dans tous les Etats civilisés, sauf en
Angleterre.
En Russie, l'adoption est facilement
conférée, sauf quand l'adoptant possède
la noblesse héréditaire, le noble ne peut
adopter que des parents légitimes et seu-
lement pour perpétuer le nom de la fa-
mille ; il faut en outre l'approbation de
l'empereur. L'adoption ne confère eii Rus-
sie aucune préférence en matière de suc-
cession.
Dans l'antiquité, l'adoption a existé à
Rome, où un plébéien pouvait adopter un
patricien ; mais où le contraire était dé-
fendu ; à Athènes, où il en était de même ;
de plus l'adopté devait être enfant légi-
time et issu d'un citoyen et d'une ci-
toyenne; cliez les Barbares qui ont envahi
l'Empire romain ; en Chine, etc.
En France, l'adoption s'acclimata diffi-
cilement ; ce n'est à proprement parler
408 — — •
qu'à la Révolution, et après de nombreu-
difficultés, que l'adoption entra au Code
civil. Beaujour.
*
Il convient, je crois, de distinguer les
anciens titres des ordres de l'Empire et de
ceux de la Restauration.
Pour les premiers, ils étaient transmis-
sibles en ligne adoptive, à la condition
que l'adoptant obtiendrait des lettres du
Roi, condition irréalisable aujourd'hui.
D'après l'art. 35 du deuxième décret
sur les titres, les titres de l'Empire sont
transmissibles en ligne adoptive.
QLiantà ceux de la l'estauration, ils ne
le sont qu'en ligne directe légitime et na-
turelle par ordre de primogéniture et de
mâle en mâle. (Voir Lallier,Z)<'5 noms et des
titres). Le vicomte de Bonald.
Familles à origine illustre très an-
cienne (LUI ; LIV, 78,123,293). — Notre
collaborateur Zanoni ayant un document
donnant la généalogie des O'Neill, jusqu'à
Noë, pourrait nous dire si le contre-ami-
ral O'Neill descendait des anciens princes
souverains d'Irlande. Trois officiers de
marine de ce nom fiourent encore dans
l'Annuaire de la marine.
E M.
Robert d'Arbrissel (LUI ; LIV, 20,
125, 238). — j'indiquerai encore les deux
volumes suivants, parce qu'ils sont ac-
tuellement devenus rares.
Leur rédaction de Jjelle iufidcle, un peu
trop clinquantée peut-être, pour un sujet
grave, est encore allongée par de nom-
breux dialogues, à la manière de ceux des
romans« historiques v> anglais de sir Wal-
ter Scott :
Ernest Menard. Robert d'Arhrissel Ro-
man historique. Paris, L. de Potter, libr.-
édit.. 1844, 2 volumes in-S", de 309 et
302 p. p. plus trois feuillets de notes his-
toriques, non chilTrés. Couvertures de
brochure imprimées. Ces deux vol. ne
comportent pas de Titres de chapitres ni
de Tables. Ulric R.-D.
Famille de B;;Uinô (LIV, 221).—
j'ai connu, en 1862, à Hong-Kong (Chine)
une baronne de Battine, originaire de
Nancy. }e désirerais savoir si cette dame
appartenait à la famille qui fait l'objet de
la question posée par notre collaborateur,
E, M.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Septembre 1906.
409
410
Jean-Bap'iste Elondel (LUI, 892 ;
LIV, 20, 125,240). — Plus explicite encore
que je n'osais l'espérer, l'acte visé de 1794
porte en toutes lettres : « Jean-Baptiste
Blonde].. . âge de vingt-neuf ans, domicilié
rue de l'Arbre-Sec, section du Muséum,
ami des futurs conjoints ». — Alors?
â) Jacques Blondel (1705-74) neveu de
François Blondel de Rouen, et gendre de
Rosa Balletti — Silvia — deviendrait
l'oncle à la mode de Bretagne, de Rosina
Balletti. Le ton de la notice qu'il consacre
à son éminent confrère (Archit. fran-
çaise 11, p. 114) tendrait à établir qu'ils
ne sont pas parents ; la précaution ora-
toire pourrait aussi prouver exactement
le contraire. C'est à lui du moins qu'il a
confié la gravure des planches les plus
importantes de ses quatre in-folio : La dé-
coration du chœur de N.-D. ; les quatre
façades principales du Louvre ; V église des
Oiiatre-Nations ; Saint-fean en Grève, etc.,
œuvre remarquable (RÉs. 396,. 399). (i).
b) Jean-Baptiste Blondel « âgé de vingt-
neuf ans en 1794 » serait donc né en 1765 .?
à Paris sans doute où il mourut, en 1825 .
N'appartiendrait-il point — petit-fils —
à la famille de François Blondel (1683-
1756) de Rouen, architecte du Roi et
membre de son Académie (1728) venu
jeune encore à Paris, où il fut chargé de
travaux importants à Notre-Dame, à Saint-
Jean en Grève, à Saint-Sauveur, à l'Hôtel
des gardes de Versailles, etc., et où il
dirigea (Cf. Pd^ 94, 95) les fêtes des deux
mariages, 1745, 1747, du premier Dau-
phin, père de Louis XVI .? (Cf. Grande
Encyclop. VI, 1 170 !) Dans l'affirmative,
il serait alors cousin, issu de germains de
Marie-Madeleine Blondel, et par elle, il
fréquenterait chez les Balletti, sans leur
être allié : '< ami des futurs conjoints »
comme le porte l'acte de mariage.
c) Dernière hypothèse : les six Blondel
de Picardie, de Normandie, de l'Ile-de-
France — tous architectes — sont étran-
gers les uns aux autres ! A Rouen, la ques-
tion aurait peut-être une réponse ; à Paris,
nous n'avons plus d'état-civil avant 1871 !
Par impression, et sur la foi de Mme Van-
loo, j'avais fait (LIV, 240) de Jean-Baptiste
Blondel — témoin effacé... et rajeuni de
(i) Pour 4 vol., la Bibl. nationale cote 396..
399.
cinq ans .? le fils de Jacques Blondel (1760)
et le cousin-germain de Rosina Balletti ;
je ne suis pas encore persuadé du con-
traire, passons :
En 1756, l'adresse de Jacques Blondel
était à la rue du Croissant — « chez
l'Auteur»; en 1760, « il demeure au
Louvre, et madame habite rueNeuve-des-
Petits Champs... il soupe tous les soirs
avec elle... il dit que cela entretient l'a-
mour ! » (V, 78). Mais alors, atelier et
logement réunis, le maître ne se serait
pas fait transporter au Louvre, à ses der-
niers moments, « pour mourir au milieu
des chefs-d'œuvre? » — en vue de l'A-
cropole !
Et l'autre légende, celle de Bennozzi,
« le père aveugle, suivant en France, Sil-
via », Autigone nouvelle, avec deux gar-
çons et deux autres filles (Boindin, cité
par G. Larroumet, p. 53) survivra-t-elle
à la lecture du billet à ordre sur la ga-
rantie du père, souscrit le 10 mars 17 17,
à Jean-Baptiste Crevel, tapissier, et signé :
Giovanina (sic) Beno:^p, dita Silvia, pro-
metto quanto di sopra, et Benozzi, c'est le
père, demeurant rue Pavée ? (Arch. iiAT.^
Y 14 638^. La scène de l'œdipe qui
écrit — « raye, barre et surtout... bâ-
tonne », manquait dans les Deux Aveugles !
N'était-il pas entendu d'ailleurs que le
bon génie — mettons l'interprète — de
Marivaux, Silvia, pensionnaire de la Co-
médie italienne, a vu le jour en 1700, et
non point en 1701, à Toulouse ? le père
apparemment a dû l'y précéder... J'ajou-
terai, pour rassurer les nombreux amis
des Arts, que le fameux pastel de Qiientin
de La Tour, \< qui n'est ni au Louvre, ni
au Musée de Saint-Quentin » (G. Larrou-
met, p. 56) a toujours été en lieu sûr. Il
fut gravé, en sens inverse (o'"8oXo"35)
par Pierre-Louis Surugue, le fils, en
1755 : Cabinet des Estampes, Suppl. AA*^,
épreuve avant la lettre ; et Table alphabé-
tique N2, état ordinaire, avec le millésime
de la naissance : 1700. A supprimer par
intuition, l'encadrement imaginé par le
graveur (p. 280), les de Concourt montrè-
rent ce qu'ils étaient. C'est l'original o™6o
X 0'" 48 ; la réplique appartient à M. le
duc de Portland, qui en 1904, à l'occa-
sion du bi-centenaire de M. — Q.. de La
Tour, en fit exécuter une copie pour le
Musée de la Comédie française (J. des
DÉBATS, 9 sepi. içof)M y a également un
N"
1 124.
L'INTERMÉDIAIRE
411
412
portrait sur toile de Rosina Balletti (1769-
1835) signé (?) Simanovitch.
Je dois à l'obligeance de M. O'KelIy de
Galway, le généalogiste héraldiste bien
connu, la cote aux Archives nationales
(K. 175) des lettres de naturalisation
(1723) de Louis Riccoboni, beau-frère de
Silvia et de sa famille. Le directeur de la
Comédie italienne n'avait dû qu'à une
faveur royale, de pouvoir, en 1723, héri-
ter de son camarade Bissoni (Campardon,
II, 87) ; désormais à l'abri du droit d'au-
baine, il allait pouvoir se réclamer du
beau titre de << bourgeois de Paris, demeu-
rant rue Française », qui lui est donné
au mariage de Marie de Laboras de Mé-
zières — Mme Riccoboni (Cf. Jal). Faut-il
admettre d'après le mémorialiste cité,
Maître Jacques, septuagénaire (II, p. 42)
qu'Antoine Balletti — le voisin de table
à Milan (1748) « le Français» et l'ami
dans la suite — avait italianisé son nom,
et que dès lors ces lettres patentes lui
étaient inutiles .? Le témoignage de Gol-
doni en contradiction formelle, est anté-
rieur de dix ans. Le poète avait été, vers
la fin d'avril 1746, à Mantoue, l'hôte de
Mme Balletti. « C'était, écrit-il, une an-
cienne comédienne, qui, sous le nom de
Fravoletta, avait excellé dans l'emploi de
soubrette, qui jouissait dans sa retraite,
d'une aisance fort agréable, et conservait
encore, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans,
des restes de sa beauté et une lueur assez
vive et piquante de son esprit », etc.
(MÉMOIRES,!, p. 242). C'est le souvenir qui
a fourni aux éditeurs de Leipzig l'épisode
à peine démarqué de nom, et de date (II,
52), de Fragoletta, la sibylle de Cythère —
une simpletransposition dans Tignoble ! —
En 1787, Antoine Balletti, oncle paternel
de Rosina, vivait encore, son nom figure
dans la liste des souscripteurs aux Mé-
moires de Goldoni, son ami à Venise et à
Paris, Quoi qu'il en puisse être de ce
bluff, on trouve à Paris, en i66b, Pierre
Ballet, argentier de l'écurie du Roi (Dos-
siers BLEUS, 53-1243).
Les bibliographes apprendront peut-
être avec curiosité, d'après les Dossiers
t/^-Ms (154-1491 : Riccoboni) l'existence de
Lettres anglaises, espèce de roman qui au-
raient été traduites (1760) par Flaminia,
— Hélène Balletti, et qui ne sont pas les
Lettres de Mlle R^^^ à l'abbé C ,, (l'A. B. C.
— most honible !) démasquées par Barbier
(Balletti-Conti, II, 1177). Cette note en
surcharge ne concernerait-elle pas plutôt
la belle-fille, Mme Riccoboni, né de Heur-
las .? La traduction d'Amélie (1762) et le
Théâtre anglais (1768-69) porteraient à le
penser : la fiche se trouve rue Richelieu !
Elena Balletti, décédée le 30 décembre
1771, reposait dans la crypte de la cha-
pelle de la Vierge, paroisse Saint-Sauveur.
Reste à identifier le joli poupon signalé
par Mme Carie Vanloo, en 1760 (V. 78).
POËNSIN-DUCREST.
Mandrin (LUI).— Histoire et iconogra-
phie. — Il existait à la Bibliothèque
nationale sous la cote L f 89/9, un ou-
vrage intitulé : Projet pour la suppression
des douanes dans l'intérieur du royaume^
avec des anecdotes — (sans nom d'auteur),
Avignon, aux dépens de l'auteur, 1763,
in-i2, 132 p.
Ce livre, qui a disparu de la Bibliothè-
que nationale, contient, pp. 66-76, une
étude sur les faits et gestes du célèbre
contrebandier Louis Mandrin, qui, d'après
des notes que j'ai sous les yeux, doit être
d'un vif intérêt. D'ailleurs, l'ouvrage tout
entier doit être très curieux pour l'his-
toire de la perception des traites et ga-
belles sous l'ancien régime. Serait-il pos-
sible d'en retrouver un exemplaire dans
quelque bibliothèque publique ou privée .?
G. Vallier, dans la Revue belge de nu-
mismatique, année 1888, p. 1 38 sq, si-
gnale une médaille frappée en l'honneur
de Mandrin, dont il donne la reproduction,
d'après l'exemplaire conservé dans la col-
lection de feu M. Algan de Nantes. 11 en
aurait connu un second exemplaire dans
une collection particulière de Grenoble,
mais dont il ne donne pas l'indication.
L'un des côtés de la médaille présente
Mandrin à mi corps, d'après le fameux
portrait qui fut fait de lui lors de son
passage à Bourg, en 1754 ; l'autre côté
représente le buste du contrebandier. Le
module est de 43 millimètres. Pourrait-on
me signiiler l'un ou l'autre exemplaire de
cette médaille .''je serais heureux d'en
orner l'histoire de ce m;!gnifique « parti-
san » que je suis à la veille de remettre à
l'imprimeur.
FuANTz Funck-Brentano.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
413
Pauline-Alexandre Panam (LIV,
338). — Un amour clandestin du duc de
Saxe-Cobonrg . — Ces mémoires ne sont
pas introuvables, mais il faut les cher-
cher sous ce titre : Mémoires d^ime jeune
grecque, Mme Pauline- Alexandre Panam
contre S . A Sérénissime le prince de Saxe-
Cobourg [Paris, chez l'auteur, rue Louis
Le Grand, n° 22, et chez BrenotThevars,
rue de Richelieu. n° 72, 1823].
Les exemplaires sont signés à la main :
Ad. Alexandre Panam.
Elle se disait fille d'un grec de Smyrne,
venu à Marseille rétablir sa fortune, puis
parti à Montpellier où il ouvrit un atelier
de teinture qui ne prospéra pas. Avec sa
mère devenue veuve, et une sœur, elle
s'installa à Paris. Elle était jolie, elle fré-
quenta les milieux où l'on remarque les
jolies femmes. Elle rencontra le prince
duc régnant de Cobourg et ne lui fut point
cruelle. Elle en eut un enfant. Le prince
regagna ses Etats, et permit à la jeune
mère de 14 ans de venir l'y rejoindre en
secret, sous des habits d'homme, d'abord ;
plus tard elle ne put l'aborder que sous
divers accoutrements. La duchesse mère
trouva cette liaison fâcheuse et s'employa
à la rompre. Mais la jeune grecque n'était
point d'humeur accommodante ; cette rup-
ture ne fut qu'une succession d'épisodes
à la fois tristes et comiques, et de traités
de paix, vraiment extraordinaires. Et cela
jusqu'au jour où, finissant, commefinissent
à peu près toutes ces délaissées de cour,
la jeune grecque écrivit ses mémoires.
La partie la plus curieuse, c'est la cor-
respondance du prince. Comme exemple,
voici la première lettre qu'il lui adressa
dans le projet de l'instruire de ce qu'elle
avait à faire en arrivant ;
Ma chère petite, dans le cas que je ne soi
pas ici quand vous arrivés, car je suis forcés
de faire un voyage pour quels ques jours, je
vous adresse et confie au directeur des pati-
nient, Eberhard (c'est un très honnêt homme)
il vous mènera en atandant à une ferme, à
une lieu d'ici ou vous atenderais mon retour.
Je vous prévien davance que vous y serais
très mal et q'il faudras avoir de l'indul-
gence, mais je connais ta bonté chère petite,
vous vous résignerais pour le moment, je
vous prie aux nom du ciel, soit bien discre,
cache vous pour tout le monde, que personne
ne tévine qui vous ete. Cet homme a qui je
vous confie ne sai rien, il vous pran pour le
fils d'un monsieur de ma connaissance, qu'il
20 Septembre 1906,
414
a fait un voyage en Prusse et qui vous a con-
fiés a moi, ne trahise don rien. Si vous voules
quelque chose, vous prouves seulement d'a-
dresser à M. Eberhard, il se chargeras de tous.
Sois bien sage, et crois que rien ne me feras
plus de plaisir que de vous voir.
Que la petite ne bavarde pas.
Et dans une autre lettre, pour l'inviter à
se mêler à une fêle de la cour, il dit :
je vous prie encore une fois de ne pas faire
de folies, de ne pas danser et courir. Desides
vous même s'il convient de vous mette en
passanes ou en habit français, dans tous les
cas, évites autant que possible d'être remar-
ques.
11 paraît qu'elle dansa et courut, ce
dont il fut très contrarié. Pauline invo-
qua ses quatorze ans et l'amour de la
danse. L'excuse avait son prix. Mais les
princes ont leurs exigences. Y.
Marc Ducloux (LU, 55). — Marc
Ducloux était de nationalité suisse. Il na-
quit à Neuchâtel, canton de ce nom, le
3 avril 1810, mais il vint habiter de
bonne heure le canton de '/aud, d'où il
était originaire. A 17 ans il était commis-
sionnaire dans les bureaux d'un journal
paraissant à Lausanne, le Nouvelliste van-
dois .
11 s'instruisit surtout lui-même, et dans
le milieu où il se trouva placé, il prit du
goût pour les choses de l'imprimerie. Ce
fut vers 1830 ou 1832 qu'il s'établit im-
primeur, libraire et éditeur dans le chef-
lieu du canton de Vaud. Sa maison devint
bientôt la plus considérable de la Suisse
de langue française. Il fut lié avec les au-
teurs vaudois les plus marquants de cette
époque : Alexandre Vinet, Juste Olivier,
Charles Monnard, Charles Secrétan et
d'autres. Il le fut aussi avec Sainte-Beuve
qui vint, en 1837, professer à l'Académie
de Lausanne un cours sur Port-Royal,
Le nom de Ducloux se rencontre fré-
quemment dans la correspondance de
l'illustre critique avec M. et Mme Juste
Olivier (Paris, 1904).
Les luttes politiques et religieuses dont
Lausanne et le canton de Vaud furent le
théâtre vers l'année 1844, firent naître
chez Marc Ducloux le désir de s'expatrier.
En cette année, il remit son imprimerie à
MM, Bonamici et Cie, et sa librairie et
son fonds d'éditions à M. Georges Bridel.
Il avait acquis une honorable situation de
fortune. Il forma le projet d'aller en Amé-
N" 1124.
L'INTERMÉDIAIRE
423
424
Lorsque, par exemple, une poésie grec- | Arvers a préféré dire qu'il était imité de
que imite le bêlement des brebis par cette
syllabe : Bu, il ne peut y avoir d'incerti-
tude sur la manière de prononcer.
Il conviendrait aussi de consulter les
inscriptions latines du Corpus : elles
abondent en orthographes très différentes
de l'écriture admise dans les manuscrits
et les livres imprunés.
Juste Lipse a composé un traité sur
l'écriture du latin ancien : De vetcre Lati-
norum icriptura. Il débute par cette obser-
vation que les anciens, pour écrire « idem
jus » mettaient « eidem jous ». Le traité
entier est à lire. Il est évident que l'écri-
ture était le reflet de la prononciation.
Enfin, pour avoir une idée de la pro-
nonciation antique du latin, il faudrait te-
nir compte de la manière dont parlait le
peuple. Car le peuple romain ne comprit
jamais rien aux mille difficultés de la lan-
gue savante que parlaient ses poètes et
ses orateurs ; il abondait en solécismes.
Plaute a conservé quelques phrases de la
langue populaire : elles causaient sans
doute aux lettrés une sainte horreur.
Apulée a aussi quelques mots de ce parler
barbare. Cicéron recommande à l'orateur
d'éviter ce jargon, et Jules César tut uni-
versellement félicité pour sa tentative de
relèvement de l'instruction publique,
Luc DE Vos.
Le sonnet d' Arvers est- il imité
de l'italien ? (LIV, 162 257, 302,358).
Connaît-on la Plainte amoureuse de
Cocquard ^
Est-il tourment plus rigoureux
Que de brûler pour une belle
Sans oser déclarer ses feux ?
Hélas 1 tel est mou cas affreux
Quoi que je sois tendre et fidèle 1
L'espoir qui des plus malheureux
Adoucit la peine mortelle
Ne saurait me flatter comme eux,
Et ma contrainte est si cruelle
Que celle à qui tendent mes ziœux
Lira- ce récit malheureux
Sans savoir quil est fait pour elle.
C'est en 1754 que Cocquard se plai-
gnait de la belle à qui il n'osait déclarer
ses feux, et c'est un siècle plus tard
qu'Arvers écrivit son sonnet imité de
Vitalien qui semble plutôt imité de Coc-
quard,
Probablement que ne voulant pas dire
que son sonnet était imité de Cocquard,
l'italien, comme il aurait dit de l'espagnol
ou de l'anglais ; il n'est donc pas surpre-
nant qu'on ne retrouve pas l'original en
Italie.
IVlais alors, j'ai dans l'idée qu'Arvers
ne devait pas être aussi amoureux qu'on
le croit. Jean Pila.
« Le grog est fashioànable >\ (LU ;
LIV, 84, 134,358). — Poésie de Mnssetsur
l'ahsintloe. — C'est bien a Valéry Ver-
nier, et non à Jules Vernier, que j'ai
entendu attribuer la paternité des vers
de Musset sur l'absinthe, et c'est à la
rédaction de la Vie littéraire, de
M. Albert Collignon, où collaboraient,
outre Valéry Vernier, Paul Arène, Gus-
tave Isambert, Maxime Rude, Carjat, etc.,
que ce propos a été tenu, vers 1877. Par
qui? Je ne pourrais le dire exactement;
peut-être p;)r Paul Arène ; peut-être aussi
M. Albert Collignon, aujourd hui maire
de Giverny, près de Vernon (Eure), pour-
rait-il préciser mes souvenirs. Ce qu'on
peut aisément constater, c'est que les ré-
miniscences de Musset abondent dans
les vers de Valéry Vernier, notamment
dans son volume Aline^ les Filles de mi-
nuit (? ans, Charpentier, 1877). Voir, par
exemple, p. 367 et suiv. les vers qu'il
consacre à la mort d'Alfred de Musset :
Celui-là qui rêva Ninon et Bernerette,
Aœant d'une marquise, aimé d'une grisette, etc.
Page 45 :
C'est étrange, il ne faut qu'une simple romance,
Le souvenir lointain d'un air de notre enfance,
Pour rendre à notre ca:'ur, etc.
Et Musset {Rolla, Poésies Nouvelles,
page 20) :
Ah ! comme les vieux airs (^u'on chantait à douze
lans
Frappant droit dans le cœur, etc-
Page 389 :
Et toi, nature, et toi, courtisane acharnée.
Tu gardes sur ta bouche un sourire éternel...
Et Musset [la Coupe et les lèvres.^ Pre-
mières Poésies, p. 257) :
Et toi morne tombeau, tu m'ouvres ta mâchoire, etc.
Page 389 :
C'ebt le matin, après l'orgie,
Qu'il faut la voir se réveillant ! etc.
Cf. V Andalouse àt Musset, etc., etc.
Valéry Vernier était d'ailleurs réputé,
il y a\ingt-cinq ou trente ans, pour ses
continuels pastiches de Musset.
Albert Cim,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX"
20 Septembre 1906.
425
Le bibliophile J. R. (LIV, 57). -
Le bibliophile J. B. et non]. R., auteur
de l'opuscule : Notice sur les manuscrits à
426
miniatures, est M . J.
Bouton.
Paul Pinson.
Etymologie à rechercher (LUI,
842 ; LIV,38j. — DégohiUer. —A mon
humble avis, dégobiller vient directement
de gober, avaler avec avidité. Pourquoi
a-t-on fait dégobiller au lieu de dégober,
qui eût semblé plus grammatical ?
Je pense que c'est parce que dégobiller
est plus musical, plus onomatopéïque. Si
le verbe y^ gobe exprime admirablement
une action rapide, instantanée, dégobiller
donne l'idée d'unecertainc durée. Le verbe
dégober eût été trop court, quoique très
énergique.
Il y a évidemment parenté entre ces
termes, les mots engouler, dégouler, dé-
gueuler, etc., et le gob gaélique, qui si-
gnifie bouche.
Le mot gob peint admirablement le
mouvement d'une bouche qui se ferme.
Voyez un chien avalant les morceaux
qu'on lui jette. Coïncidence curieuse, le
chien mâle en w^allon s'appelle go. Com-
parez au go:^ provençal et au go:(o portu-
gais.
Le verbe dégobiller existe en wallon
verviétois, ainsi que : vomi (vomir), ru-
mett (remettre), runordé (renarde), qui
s'emploient au sens propre : les trois pre-
miers pour les personnes, le dernier pour
les jeunes animaux trop goulus.
Je pense qu'il n'y a pas identité d'ori-
gine entre dégobiller et renarder,
Renarder est entré dans la langue à
cause de l'habitude qu'a le renard de dé-
gorger une certaine quantité d'os, de poils
ou de plume avalés en même temps que
la nourriture, habitude qui ne lui est pas
spécifique, mais appartient aussi à d'au-
tres carnassiers et même aux ruminants:
ceux-ci rejettent les poils qu'ils ont avalés
en se léchant, et qui ont formé parfois
une assez grosse pelote. Certains oiseaux
renardent aussi pour nourrir leurs petits.
Il ne s'agit donc pas là de vomisse-
ments, mais d'une fonction naturelle.
Je n'ai jamais entendu appliquer le
terme renarder aux personnes : cela serait
considéré comme une inconvenance.
H. Angenot.
Flancher (LIV, 280, 366). — j'entends
tous les jours employer le mot « fiancher >>
comme synonyme de « tirer au flanc »,
dans le sens de fainéanter, surtout lorsque
la besogne négligée retombe sur les com-
pagnons de labeur. C'est ce qui se passe,
par exemple, lorsqu'une équipe de ma-
nœu\res porte une charpente, un rail, si
un des porteurs « plie le flanc », ** fléchit
la hanche » ; et il est concevable que le
« flanchard » ne soit bien vu ni de ses
camarades ni du patron. SclpiN.
*
L'expression employée par M. Emile
Ollivier, bien qu'étonnante sous la plume
d'un académicien, me parait l'être à peu
près dans sa véritable acception. Flancher
a toujours signifié : reculer au dernier
moment, manquer de décision !
CÉSAR BiROTTEAU.
Autobus (LIV, 337). — Certains
journaux ont déjà protesté contre ce bar-
barisme. Un lecteur de la Presse (n° du
10 septembre 1906) propose Auiomnibus,
contraction de auto et omnibus.
Gustave Fustier.
» *
Il y a quelque temps, un journal alle-
mand, de Berlin, je crois, mit au con-
cours le nom le plus propre à désigner
les nouveaux omnibus automobiles.
Parmi les jolies inventions que suscita
ce concours, se trouve aussi la dénomina-
tion d'autobus.^ qui, paraît-il, fut goûtée !
11 serait incroyable qu'en France, on se
décidât à emprunter aux Allemands et à
adopter un terme aussi inepte !
Prendre la dernière syllabe du mot
omnibus, laquelle dès lors n'a plus de
sens, pour l'accoler au mot auto, quel
barbarisme, et encore importé de l'étran-
ger ! LÉON Sylvestre.
-i'atron-Jacquet (LIV, 9, 202, 262).
— Très ingénieuse Létymologie préconisée
par Candide. Il a grandement raison de
marquer postcrionem d'un astérisque ; ce
mot est en eflèt bien conjectural et le
changement de r en n aurait grand besoin
d'être appuyé d'exemples analogues. En
existe-t-il ? Je me contenterais d'un seul.
Je me permets de proposer, et cela bien
timidement, Franconville, qu'une charte
de 832 désigne sous le nom de Francorum
villa et qui par un exemple probablement
N* 11524.
L'INTERMEDIAIRE
427
428
unique de permutation ou plutôt de cor-
ruption populaire, peut-être aussi sousTin-
fluence d'une forme latine postérieure,
Francovilla, attestée par les monuments,
aurait passé de la forme régulière Fran-
corville (Cf. Francourvt'Ueen Eure et-Loir)
à la dénomination actuelle Franconville.
Dans le pays Blaisois et dans les con-
trées où j'ai séjourné d'occasion (l'Anjou,
le Maine, la Touraine, le nord de l'Ile de
France), je n'ai jamais entendu dire que
patron-minet. Lpt du Sillon.
Aux ablatifs absolus comme : à la
garde montante, au soleil levant, au
chant du coq, la rancune devait ajouter :
au patroyi-jaquet c'est à-dire au boniment
du patron passé jacquet^ et le jaquemart
bat cette heure-là avant toutes les au-
tres ! Jaquet est donc une apposition, té-
moin Jean Nicot (1606) qui définit le
mot : assentator, parasitus., emhahouineur ;
et Cotgrave (1611) qui le transpose par
sycophant, clawbanck pickt hank, etc.
Ce n'était pas l'heure encore pour les
dormeurs : survient le patron, boute-en-
train, bon vivant, il gasconne : « Ohé, la
coterie ! »il joue la comédie, Jait le jaque,
pour prendre sur le sommeil des gens, pour
rogner déjà sur la part des autres, et il
y réussit, sans que la besogne commande.
Le scène, on le voit, est renouvelée de
La vieille et les deux Servantes , mais
sur le mode joyeux et le ton gaillard.
Jaquet, pince-sans-rire pour les gars, se
fait patelin — câlin, félin, chattemite —
avec les chambrières, et la variante le
dit: au patron minet ! maître de l'heure et
des gens, réveille-matin à sa manière.
Cette synonymie fait ressortir encore le
naturel et la vraisemblance de l'explica-
tion fournie.
Cela à défaut de mieux ! et sans pré-
judice pour les cinq ou six autres versions
rapportées par les auteurs (Comte JAU •
BERT Glossaire, p. 496) et dont la plus
autorisée doit être celle de Fr. Génin
dans V Illustration, 1855, p. 270. N'écar-
tons pas non plus, dans leurs textes si
précis, les sous-entendus de la vie, — je
ne dirai pas amoureuse, la cote toutefois
le dit (Geoffroy, IV, 625-3°) '• ^i'^^i ^^-
tinant/ti^M^/, des patrons qui auront tou-
jours leurs dévots ! Que cela se passe au
chant de l'alouette (Shakespeare) ou au
réveil du coq gaulois : c'est, dit-on, de
très bonne heure ! PoiÏNsiN-DucREST.
Le théâtre en province (LIV, 281
355). — La bibliothèque municipale de
Dijon possède, sous le n° 18.178 ter (a) :
Le Théâtre de Dijon, par Nicolas Fétu ;
in-16. Dijon, 1863.
11 a été publié dans \e Journal de la Côte-
d'Or, dans les n°* des 26, 29, 31 mars
1859, une série d'articles sous le titre :
Le Théâtre à Dijon, ce qu'il a été, ce quil
est, ce qu'il peut être.
Le Progrès de la Côte-d'Or, n"^ des 17,
21 août 1878, sous le titre : JRevue rétros-
pective.^ par Dumont. La Bibliothèque de
Dijon possède la collection de ces deux
journaux.
P. M.
L'Exil d'Ovide (XLIV, 889). ~ La
réponse à la question se trouve dans
Y Eclair du 29 juin 1006, dont je cite les
principaux passages :
Sulmona, l'antique Sulmode Samaium,
a décidé d'élever un monument à l'un de
ses plus glorieux enfants, au charmant
poète Ovide ..
Gabrièle d'Annunzio a tenu à réparer
l'outrage fait au vieux poète latin et à
venger Ovide des rigueurs d'Auguste. Le
comité qu'il présidait a trouvé rapidement
les fonds nécessaires pourl'érectiondu mo-
nument qui sera prochainement inauguré.
Ovide appartient à l'humanité, et les
nations civilisées se réjouiront de l'entre-
prise menée à bien par d'Annunzio ; la
France toutefois a, plus qu'une autre, le
droit de se réjouir des honneurs tardifs
qui vont lui être décernés, car c'est à elle
qu'appartient la gloire d'avoir découvert
le lieu de sa mort.
Durant la première partie de la guerre
de Crimée, un corps d'armée français lan-
guit longtemps dans les marécages de la
Dobroulcha, L'armée périssait d'ennui,
de maladies et d'inaction. Quelques offi-
ciers, et parmi eux l'intendant général
Charles Robert, étaient des archéologues
et des épigraphistes. Le sol était parsemé
de débris antiques. On pratiqua des
fouilles, ce qui procura quelques distrac-
tions aux soldats inoccupés. Celles que
dirigea l'intendant Robert, amenèrent, ni
plus ni moins, la découverte de l'épitaphe
d'Ovide, dans le village moderne de Kus-
tendjé.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
429
fondateur et vulgarisateur
Ce Tomes lointain et mystérieux où
Ovide était mort est maintenant identifié.
Z.
Pharmaciens -yant été des sa-
vants (XXXIX; LUI; LIV, 356). — On
peut encore citer plusieurs noms illustres
parmi les pharmaciens ayant été des sa-
vants :
1° Chaptal, homme d'Etat et auteur de
nombreux travaux sur les arts chimiques ;
2° Baume
de l'aréométrie ;
3° Labarraque, qui vulgarisa l'emploi
des hypochlontes dans l'hygiène publique
en commençant par l'assainissement des
boyauderies ;
4° Menton, qui a été apprenti chez un
pharmacien de Grantham, nommé Clarke ;
5° Humphry Davy fut de même apprenti
chez un pharmacien de Penzance, nommé
Borlase ;
6° Liebig, le chimiste allemand.
Enfin, pour terminer un détail que beau-
coup ignorent peut-être : le Dante Ale-
ghieri a été inscrit sur le registre des méde-
cins et apothicaires de Florence, et lors-
qu'il se réfugia en France, c'est à un phar-
macien de Paris qu'il demanda l'hospita-
lité. J. Bauché.
Portraits à retrouver : Oaroline
d'Autriche, Perre not df3 Gran - elle,
Pierre vïaresclaal (LIV, 334). — Col.
334, ligne 9, ajouter : « Epouse de ».
Eiivoyôr à l'ours (LIV, 280. —
C'est à Vourse^ je pense, qu'il faudrait
dire, et voici, en attendant mieux, mes
conjectures. Je crois que le mot est d'ori-
gine saint-cyrienne. Les salles de police,
à Saint-Cyr, étaient sous les toit-, et l'on
y gelait. Le froid arctique que l'on y
subissait et qui rendait la punition réelle-
ment pénible en hiver, le voisinage aussi
des constellations, dut faire baptiser ainsi
par quelque loustic les locaux discipli-
naires. Qiioi qu'il en soit, le nom était
déjà traditionnel et d'origine indéterminée
en 1881. En cette année de grâce, à Saint-
Cyr, on ne vous envovait pas à l'Ourse.
On vous faisait graviter à VOiinc. Et
voici comment j'explique encore cette lo-
cution. La salle de police était, je le ré-
pète, sous les toits, soit au quatrième
étage. On commença donc par dire tout
20 Septembre 1906.
_ 430
naturellement : gravir à V Ourse. A Saint-
Cyr, nous n'étions pas commandés uni-
quement par des officiers et des lettrés. II
y avait tout un personnel inférieur d'adju-
dants, de sous-maîtres, de sergents mo-
niteurs de gymnastique, etc., qui avaient
le droit de nous punir. Sans doute quel-
qu'un d'entre eux, quelque jour, dans un
accès de violente colère contre un de nos
grands-anciens, aura perdu de vue la con-
jugaison des verbes en ir et se sera écrié :
« Gravitez, Monsieur, gravitez à l'Ourse ».
Un mot si heureux, parce que double-
ment astronomique, n'était pas près de se
perdre, recueilli par tant d'oreilles aver-
ties.
Maintenant, veuillez observer que Saint-
Cyr déverse annuellement dans les corps
de troupes une moyenne de deux cent
cinquante à trois cents officiers. L'Ourse
primordiale donna le jour à beaucoup de
petits ; mais comme dans les régiments,
les salles de police sont en général au
rez-de-chaussée, l'expression graviter a dû
tomber d'elle-même, car elle se trouvait
en même temps fausse et à peu près in-
compréhensible pour de simples troupiers.
Dès lors on s'est contenté de dire : En-
voyer à r Ourse. G. DE FONTENAY.
*
J'ai été personnellement « à l'ours », un
jour même, circonstance agravante, « de
pied ferme ^v Plus tard j'ai conduit, sinon
condamné, quelques-uns de mes « bleus»
« à l'ours » à leur tour. Je connais donc
bien le local ; l'intérieur était meublé som-
mairement, sans souci de confortable, ni
même d'hygiène ; on l'a un peu amélioré
depuis. Les environs étaient invisibles ;
les fenêtres, munies de hottes, laissaient à
peine entrevoir un petit rectangle de ciel,
l'en ai conclu que la salle de police avait
dû être nommée d'abord « la fosse aux
ours ». , bien que ce fût calomnier cette
dernière. Sglpn.
Introduction du poivre en Fi ance
(XLIX ; L ; LIV, 101, 152, 266). — le ne
sais si l'on a cité ce fait qui prouve que
les barbares du v" siècle connaissaient et
appréciaient fort le poivre. En tout cas,
voici : lorsque en ^08 eut lieu le premier
siège de Rome par Alaric,la Ville éternelle
capitula moyennant une rançon de cinq
mille livres pesant d'or, trente mille
livres d'argent, quatre mille pièces de
N» 1124.
L'INTERMEDIAIRE
43'
432
soie, trois mille de pourpre et trois mille
livres de poivre. H. C. M.
Signe de la croix avec l'eau
de la merfLIV, 282,376).— Si ce « Pas-
sant » venait par hasard sur nos côtes
bretonnes, il verrait souvent le fait se
produire, très naturel du reste de la part
de croyants qui, pour conjurer les nom-
breux accidents pouvant survenir au bain
(lame de fond, congestion, crampes, etc.)
cherchent à attirer sur eux le regard de
la Providence . Du H.
Les savants ennemis (LUI ; LIV,
148, 376). — je trouve dans les Curiosi-
tés littéraires de Ludovic Lalanne le pen-
dant, à peu près à la même époque, de la
vengeance de Linné contre Buffon :
Lliéiitier, botaniste français du xviii" siècle,
se vengea de son adversaire Buchoz, botaniste
comme lui, en donnant le nom de Bucho^ia
à une plante fétide.
d'E.
Le crapaud de Blois (LIV, 172,
267, 315, 374)- — La Revue Les Crapauds
immortels est de 1851 et non de 1857.
*
La grande question n'est pas de savoir
si le fait est possible, car toul est possible
dans la nature, puisque l'homme ne peut
pas avoir la prétention d'imposer des
limites à sa puissance !
La question est, avant tout, de savoir si
le fait est réel ; et si on ne s'est pas laissé
tromper par des circonstances imprévues,
accidentelles, en dehors du problème qu'il
s'agit de résoudre.
Sans cela, au point de vue théorique,
ce ne serait pas absolument impossible ;
parce qu'on ne sait pas au jusle combien il
faut de temps, dans la nature, pour qu'il se
forme une prison infranchissable autour
du crapaud, endormi dans l'épaisseur du
sol. Or ce temps pourrait très bien être
inférieur à la durée de la vie de cet ani-
ma), du moins dans certains cas particu-
liers. Voici en elTet comment les choses
se passent, à Noyon, en pareille circons-
tance :
Nos montagnes présentent, de haut en
bas, trois couches successives de terrains.
L'humus, riche en acide carbonique, qui
dissout le carbonate de chaux du calcaire
grossier situé en dessous, en le transfor-
mant en bicarbonate soluble dans l'eau
de pluie qui a pénétré à travers ces deux
premières couches : aussi- avons-nous là
des sources pétrifiantes.^ comme à la fon-
taine à Ressons (ressacs, ressauts) ; ainsi
nommée à cause de ses cascatelles, à Sa-
îency, sallentiacm, salientinm aquarum
acns), lieu des eaux bondissantes.
En pénétrant dans la 3^ couche de sa-
bles jaunes argileux, cette eau (chargée
de carbonate de chaux) abandonne son
acide carbonique et laisse déposer son
calcaire, au milieu des sables, pour y for-
mer ces rognons siliceux, têtes de chat
ou géodes, qui augmentent en nombre ou
en épaisseur avec les siècles, ou même
avec les années. Il ne serait donc pas im-
possible qu'un animal, vivant dans le sa-
ble, s'y trouvât encastré pour toujours ;
mais alors, on devrait en voir à tous les
états, et surtout des cadavres ! (i)
D"" Bougon.
Les roues de Fortune (LIV, 228,
371). — Cetteappellation, aussi peu justifiée
ici que celle de « roues à prières », me
parait devoir être réservée aux roues sym-
boliques dont la cathédrale d'Amiens et
l'église Saint-Etienne de Beauvais mon-
trent de si curieux exemples, et que
MM. Jourdain et Duval ont étudiées dans
le tome XI du Bulletin monumental.
Elle n'a rien à voir avec la roue à clo-
chettes (rota cum tintitinabulis, de Du
Gange), suspendue à côté de Pautel et qui
était mise en branle pendant la célébra-
tion de la messe, au moment de l'éléva-
tion.
« Dans quelques églises, écrit M. J.-D.
Blavignac, la sonnette du chœur est rem-
placée par une machine qualifiée, ici. de
Rouet de sain' Martin, là, à' Etoile d'or.
C'est une sorte de roue suspendue et gar-
nie de sonnettes qui en font un instrument
trop bruyant peut-être, mais qui paraît
bien ancien puisque l'inventaire du trésor
de l'abbaye de Prum, dans le diocèse de
Trêves, mentionne déjà son existence en
852 : « Coram altare penJetrota cum tin-
tinnabulis fabricata. »
(i) On devrait y trouver des crapauds mo-
mifiés, transformés (avec les siècles) en pétri-
fications réelles, par h transformation de
leurs tissus en carbonate calcaire, molécule à
molécule. Or cela ne se voit jamais, chez
nous !
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
433
« Le plus beau rouet du moyen âge qui
soit encore conservé est celui de l'an-
cienne abbaye de Fulda, en Allemagne.
M. Gailhabaud en a donné un beau dessin
dans son Architecture du V au xwf siècle.
C'est une étoile à quatorze rayons, toute
en bronze travaillé à jour ; elle est garnie
de plusieurs centaines de clochettes et de
grelots. Cette machine, suspendue au mi-
lieu du chœur, a vingt-quatre pieds de
diamètre, on la met en mouvement par
un treuil placé sur les voûtes. Elle date
de 1415, suivant l'inscription circulaire
qui suit la base des rayons stellaires :
ANNO DOMINl MILLESIMO Q.VADR1NGENTES1M0
XIIUI ».
Ces roues, affirme M. Victor Gay,
étaient encore en usage, dans la première
moitié du dernier siècle, en plusieurs
églises de Palerme, Qu/Esitor.
* k
Voici les quelques indications que je
puis fournir sur les « roues de For-
tune » dont M. du Halgouet se préoccupe
dans V Intermédiaire du 20 août :
Il dit qu'il en a rencontré une à la ca-
thédrale de Tolède, et il s'informe si l'on
en connaît d'autres à l'étranger ? Ces
temps derniers (le 3 juin, jour de la Pen-
tecôte), je me trouvais pendant la grand'
messe dans la cathédrale de Barcelone
(Espagne), lorsqu'au moment de l'éléva-
tion, mes oreilles furent tout à coup frap-
pées, désagréablement, je l'avoue, par un
bruit cacophonique, étrange, strident au
point de dominer la voix de l'orgue et la
sonnerie des cloches, bruit de clochettes
tintinnabulant, non pas toutes à la fois,
mais au contraire l'une après l'autre à des
intervalles extrêmement rapides, mais
réguliers ; ce qui semble indiquer que
les sons étaient produits à l'aide d'un ap-
pareil rotatoire, et non par un carillon,
d'autant que c'était, non pas un air, mais
une simple sonnerie de 4 ou "j notes se
succédant dans une monotone, égale et
vive alternance, je n'ai rien z'/^, j'ai seu-
lement entendu ! et je crois que ce tinta-
marre était produit par une de ces « roues
de Fortune » mise en branle. Donc la
chose nécessite une vérification.
Ensuite M. du Halgouet demandequelles
sont l'origine et la signification de ces
roues ? Déjà dans l'antiquité on attribuait
une roue à la Fortune pour indiquer son
20 Septembre 1906.
434 _
inconstance, et à Némésis, pour désigner
le supplice des méchants. Le symbolisme
chrétien s'est emparé à son tour de cet
emblème, dans les mêmes sens, en y
ajoutant toutefois d'autres significations.
Ainsi la roue, selon Bourassé, marquerait
l'action delà Providence dans tous les évé-
nements de la vie.
Ce serait aussi une allégorie delà révolu-
tion des mondes, du cours du temps : Di-
dron cite une fresque de l'église de Sopha-
lès en Thessalie où l'on voit deux femmes
tirer alternativement à elles une roue
avec une corde : l'une des femmes tout
en blanc, figurerait le jour, et l'autre,
vêtue de noir, la nuit.
Du reste, Jupiter, le maître du ciel et de
la terre, et le dieu gaulois du Soleil
n'avaient-ils pas également pour attribut
une roue ^
On veuty trouver encore la personnifica-
tion de l'heur et du malheur, élevant et
rejetant tour à tour ce jouet de la desti-
née qui s'appelle l'homme : '< tel se voit
au haut de la roue, a dit Saint-Evremond,
qui s'en voitprécipitéun moment après ».
En elîet, la roue — et ainsi se justifie
son appellation de fortune, bonne ou mau-
vaise — est surtout prise comme l'image
de la vie humaine dans son évolution,
dans son renouvellement, dans sa briè-
veté, dans son ballottement, dans son
inégalicé, dans ses écueils, dans ses vicis-
situdes ; c'est la rotam vitœ ou naiivitatis
nostrœ de l'Ecriture, dont on trouve de
saisissantes représentations dans les roses
(qui ne sont en somme que des roues) de
la cathédrale d'Amiens et de l'église
Saint-Etienne de Beauvais, par exem-
ple. Les « roues de Fortune », ces emblè-
mes de la fragilité et des chutes de notre
misérable humanité, ont été introduites et
mises en action dans les églises, au moyen
âge, pour frapper plus vivement l'imagi-
nation du populaire et provoquer ses sa-
lutaires méditations, ses ardentes oraisons
en vue de conjurer le mauvais sort dans
ce monde et dans l'autre (d'où le nom de
roues à prières).
On les a munies de sonnettes, bruyam-
ment avertisseuses jusqu'à l'obsession ,
comme, chez les Romains, on attachait
au char du triomphateur une clochette avec
un fouet, « pour lui rappeler qu'il était sujet
aux vices et auxinfirmités de la nature hu-
maine et qu'il pouvait mériter d'être con-
Ko 1124.
L'INTERMÉDIAIRE
- 435
436
damné à des peines infamantes ». Pour le
chrétien, ce sont les peines de l'autre vie:
l'expiation dans le Purgatoire ou le feu de
l'Enfer éternel. Pierre.
J^ota. — M. Henri Gaidoz s'est particu-
lièrement occupé de cette question dans les
Bulletins de la Société des antiquaires de
France, dans la Revue Archéologique, etc.,
que je n'ai pas la possibilité de consulter en
ce moment.
Les mansardes célèbres (LUI, 49,
207). —
La mansarde de Hiigo. — A cette époque,
le grand poète était installé rue du Dragon,
po 30. 11 faisait ménage avec un jeune cou-
sin, fils du frère de Mme Hugo, venu de
Nantes pour étudier le droit. Ils avaient loué
en commun une mansarde à deux comparti-
ments. L'un était leur salon de réception.
Sa splendeur consistait en une cheminée de
marbre, au-dessus de laquelle était accroché
le lis d'or des jeux Floraux. L'autre com-
partiment était un boyau mal éclairé et
qui avait grand peine à contenir les deux
lits.
Les cousins avaient à peine à deux une
armoire. On pensera que c'était beaucoup.
C'était beaucoup pour Victor qui avait en
tout trois chemises. Mais le Nantais était
doué de linge comme un provincial. Les
rayons pliaient sous le poids énorme de ses
chemises dont il avait un soin respectueux et
qu'il envoyait lessiver à Nantes.
Victor s'entundait à merveille avec son cou-
sin qui était un bon cœur et un esprit labo-
rieux. D'autre part, sa mansarde commençait
à être visitée. M. Soumet lui amena plusieurs
amis : MM. Alexandre Guiraud, Pichot, Jules
Lefèvre.
{Victor Hugo, racojité par un témoin de
sa vie).
« A cette époque », c'est à l'époque de
son mariage.
On sait que M. Louis Kock, neveu de
Mme Drouet, a identifié cette mansarde.
Toutefois, aucune pièce n'existe entre les
mains des propriétaires actuels, qui éta-
blisse le passage du poète.
Cependant, on peut penser que le nu-
mérotage n'a pas dû changer et que le
30 actuel est bien le 30 d'alors.
La Commission du Vieux Paris a publié
un tableau établissant la concordance
entre le numérotage actuel d'un certain
nombre de maisons de l'ancien Paris et
les différents numérotages que les mêmes
maisons ont portés à diverses époques.
Nous voyons que le 34 de l'année 1821
de la rue du Dragon (qui s'est appelée
d'abord rue du Sépulcre), est encore au-
jourd'hui le 34. Si la maison du 34 n'a pas
changé de numéro, il y a de "fortes pré-
somptions pour que celle du 30 n'en ait
pas changé davantage.
Mais le cadastre peut donner d'autres
preuves. En réalité il semble bien qu'on
ne s'égare pas comme il arrive si souvent,
et que la mansarde dont on parle est bien
celle qu'à l'époque de son mariage et de
la composition de ses Odei^ Victor Hugo
habita.
La mansarde de Bonaparte. — On vient
de découvrir la mansarde de Victor Hugo, rue
du Dragon. Cette découverte a mis en goût
d'autres chercheurs. L'un d'eux croit avoir-
trouvé la mansarde de Bonaparte, 5, quai
Conti. 11 a vu, au moins, dans le couloir de
cet immeuble une plaque de marbre noir, et
il y a lu une inscription dont les lettres dorées
commencent à s'effacer, où il est attesté par
Napoléon III, que Bonaparte, officier ^ de
marine à Brienne, y aurait habité au cinquième
étage de cette maison, en 1785.
... 11 est une ancienne chambre d'hôtel à
Paris qui mentionne mieux que celle du quai
Conti, une indication du séjour qu'y tit Bo-
naparte : c'est la maison q.ii porte le n" 33
de la rue Vauvilliers, près des Halles. En 1787,
quand Bonaparte vint y habiter, cette maison
était l'hôtel de Cherbourg : la rue s'appelait
alors rue du Four-Saint-Honoré. La maison a
été à l'usage d'hôtel meublé jusqu'en 1878.
On a changé complètement le rez de-
chaussée et l'entresol ; mais le reste de l'im-
meuble est à peu près tel qu'à l'époque où
Bonaparte y avait son domicile. On croit qu'il
habitait la chambre n° 9 au troisième étage.
Il payait quatre écus par mois.
... Il y a enfin, rue d'Aboukir, une maison,
mais laquelle? où logea Bonaparte au rno-
ment où devait enfin se décider sa destinée.
La rue d'Aboukir s'appelait alors la rue des
Fossés-Montmartre.
Il n'est pas impossible que l'immeuble de
la rue d'Aboukir, qui portait à cette époque
l'enseigne de l'hôtel de la Liberté, subsiste
encore tel qu'il était alors. Quelle aubaine
ce serait pour les adeptes du culte des man-
sardes, si quelqu'un avait la bonne fortune
de la découvrir.
FÉLICIEN Pascal {Figaro, 11 septembre
1906). ^
La mansarde de Béranger, ou pour mieux
dire, le grenier.
Eugène Baillet, notre regretté collabora-
teur, m'a arrêté, un jour,sur le boulevard
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Septembre 1906
437
438
Saint-Martin, et, me montrant une man-
sarde au 50 de la rue de Bondy, à l'angle
de la rue de Lancry, il me dit :
— J'avais parfois le plaisir de me promener
sur ce boulevard avec Béranger. Un jour^ il
me montra cette maison et me dit : Tenez,
cette fenêtre là-haut, c'est celle du grenier.
Savinien Lapointe dit dans ses Souve-
nirs :
Tous les jours du chansonnier n'ont pas été
bons, il a eu ses jours de pluie et de soleil,
l'habit râpé : [depuis dix ans je te brosse
moi-même) ; il a eu ses jours oià il vivait de
pommes de terre et de panades qu'il faisait le
plus souvent lui-même, dans son grenier,
rue de Bondy, qu'il chanta à vingt ans de
distance ; il passa un jour avec un ami devant
cette demeure dont la fenêtre donnait sur le
boulevard : Oh 1 dit-il, c'est là bas : nous
étions heureux alors Et voilà la chanson
du Grenier.
M. Paul Boiteau, dans sa Vie de Béran-
ger, qui parle de cette maison et du gre-
nier, dans son dénombrement des domi-
ciles du chansonnier, note :
Rue de Bondy et boulevard Saint-Martin,
78 (le fameux grenier), en 1800 et 1801 .
Il dit encore :
11 avait de très bonne heure habité dans
une maison de la rue de Bondy et du boule-
vard Saint-Martin, cette mansarde qui restera
fameuse sous le nom de grenier à vingt ans.
La note de Paul Boiteau serait faite pour
nous égarer, si nous n'avions eu un té-
moignage écrit contemporain. Dans Bé-
ranger et ses chansons, d'après des docu-
ments fournis par lui-même, et avec sa colla-
boration, par Joseph Bernard. (Paris, Den-
tu, 1858) on dit, dans le chapitre consa-
cré à la chanson du Grenier :
Dans la partie de la rue de Bondy donnant
sur le boulevard, à un sixième étage, était la
mans.irde dont il s'agit; car de grenier pro-
prement dit il ne s'en voit guère à Pans ;
on y connaît trop le prix du moindre empla-
cement.
Donc, c'est bien rue de Bondy que de-
meurait Béranger, dans une maison don-
nant sur le boulevard -j c'est bien la situa-
tion de celle que Baillet m'a montrée,
d'après Béranger lui-même, et que désigne
aussi M. Savinien Lapointe.
Pense-t-on, d'après ce qui précède,
qu'on peut l'identifier avec le 50 actuel,
et que ce petit grenier qu'on voit encore
est bien celui où Bérang. r était si bien à
-vingt ans ? G. M.
Le dimanche et le décadi (LIV,
274, 378). — On discute aujourd'hui sur
la façon d'observer le repos hebdoma-
daire ; sous la première République, l'ad-
ministration semble ne s'être point pré-
occupée des opinions et des préférences de
chaque citoyen ; elle faisait observer la
loi qui était plus dure que sous le tyran,
et qu'elle ne le fut sous l'Empire et sous
la Restauration.
Si, sous l'ancien régime, l'ouvrier se re-
posait en moyenne six fois par mois :
dimanches et fêtes, la Révolution, en adop-
tant un nouveau calendrier, réduisit le
repos à /roz'5 jours par mois, non comptées
les fêtes nationales. L'Empire rétablit les
52 dimanches et les 4 fêtes mobiles ; la
Restauration et les autres gouvernements
qui se sont succédé ont maintenu ce
nombre de 56. La troisième République a
ajouté six autres jours fériés (14 juillet,
l'r de l'an et lendemain des diverses fêtes)
ce qui fait 62 jours de fermeture légale,
soit 1/6 de l'année.
A la fin du Directoire et dans les pre-
mières années du Consulat, l'esprit reli-
gieux ayant repris son cours, il n'était pas
rare de voir des gens observer le décadi
légal et le dimanche religieux, ce qui fai-
sait 7 jours de repos par mois.
On trouvera en abondance dans Tou-
vrage de M. Aulard : Paris sous la réaction
thermidorienne, des rapports de police
sur la non observation du décadi et la cé-
lébration plus ou moins clandestine du
dimanche.
Le document suivant, que nous croyons
inédit permettra déjuger comment en lan
VII l'administration faisait observer la loi
au nom de l'Egalité et de la Liberté :
Le vingt ventôse an sept de la Républi-
que Française une et indivisible, huit heures
du matin, moi Jean-Michel Lebau, com-
missaire de police de la Division des Quinze-
Vingts à Paris, faisant ma ronde de police,
j'ai remarqué que la citoienne Rome, mar-
chande frippière, demeurant, marché Beau-
veau à droite en y entrant par la rue de Cote,
avait étalé des bardes, des mouchoirs et au-
tres objets sur une corde tendue dans sa
boutique près la porte extérieure qui était
ouverte, malgré que dans mes rondes les
jours de décadis précédents j'avais déclaré à
cette citoyenne qui avait formé le même
étalage, que quoique les hardes et autres
objets qu'elle étalait et exposait en vente
N« 1124.
L'INTERMÉDIAIRE
439
440
n'étaient point en dehors de sa boutique,
elle se trouvait par le fait en contravention
à l'article huit de la loi du dix-sept thermi-
dor an six, qui ordonne les jours de décadi
et fêtes nationales la fermeture des bouti-
ques, magasins, etc., puisque lesdites har-
des étaient en vue publique.
J'ai obligé la citoyenne Rome à détallerf'^/c^
et attendu que ptir ses récidives je ne pou-
vais plus penser que c'étaitpar erreur qu'elle
se trouvait en contravention, j'ai dressé le
présent procès-verbal dont expédition sera
envoyée au citoyen Commissaire du Direc-
toire exécutif près le 8° arrondissement pour
agir en vertu d'icelui ainsi qu'il appartien-
dra et ai signé en cet endroit.
Lebau.
Ce même commissaire avait déjà dressé
procès-verbal, le décadi précédent, contre
un autre fripier nommé Leroi, 35, rue
Lenoir, qui s'était permis d'étaler des
hardes hors de son échoppe ; le cas était
plus grave.
Prendra-t-on modèle sur les ancêtres?...
Optimi consiiltores mortui. . .
LÉONCE Grasilier.
Une lettre inédite de la reine
Victoria à la reine Amélie. — Par
ce temps d'entente cordiale, on lira avec
intérêt ce petit billet familier adressé par
la reine Victoria à la reine Amélie. Le ton
en est le plus bourgeois du monde, et
cette particularité n'ôte rien à sa saveur,
au contraire:
Château de Windsor,
29 septembre 1840
Madame, •
Je me suis hâté de répondre à la lettre si
bonne et si aimable que Votre Majesté a bien
voulu m'écrire, à l'occasion de la perte que
nous venons d'éprouver, et que j'ai reçue
hier.
J'étais bien sûre de la part que vous pren-
driez,madame, ainsi que le Roi à la mort de
la bonne et excellente tante, qui m'a bien
affigée. Pour elle-même, c'est un bonheur
que ses affreuses souffrances supportées avec
un courage et une patience vraiment angéli-
ques soient terminées.
C'est un grand plaisir pour moi d'appren-
dre que le cher petit Paris soit mieux et
qu'Hélène avance heureusement dans sa gros-
sesse. Vous avez la bonté, madame, de me
demander après ma santé ; elle est, Dieu
merci, parfaite ; et je ne me ressens que très
peu des inconvénients de ma position.
Oserais-je prier Votre Majesté de dire à
Madame Adélaïde que je répondrai à sa bonne
lettre demain, comme je n'ai malheureuse-
ment pas le temps aujourd'hui ?
Je prie Votre Majesté de me mettre aux
pieds du Roi et de toute la famille et de leur
exprimer en mon nom toute ma reconnais-
sance pour leur aimable souvenir.
Albert me charge de vous offrir ses respec-
tueux hommages, et je vous prie de me croire
pour la vie, madame, de votre Majesté la
toute dévouée sœur.
Victoria R.
La bonne Spith est partie aujourd'hui, et
est bien heureuse de penser qu'elle sera au-
près de vous tous, madame, vendredi pro-
chain.
(Communiqué par le docteur Pichevin).
NÉCROLOGIE
Un nouveau deuil, et des plus cruels, a
frappé Y Intermédiaire : le doyen de la
presse française, notre collaborateur Phi-
libert Audebrand, est mort le 10 septem-
bre, à Paris, 25, rue Lepic, assisté du doc-
teur Billard, et dans les bras de son fidèle
Jules Troubat.
11 était né en 181 5 et depuis l'âge de
vingt ans, tenait une plume, on sait avec
quelle vaillance et quelle verve renseignée
sur les hommes et sur les choses. Son
œuvre se compose de romans et de chro-
niques ; mais c'est comme chroniqueur
qu'il laissera un nom. Le probe et gra-
cieux écrivain, admirable à la fois par le
caractère et le talent a eu, — sans fleurs,
ni discours, ni piquet d'infanterie, quoi-
qu'il fût décoré — de belles funérailles.
La presse, par ses voix les plus autorisées,
a apporté sur le cercueil de son doyen, la
branche de lauriers mêlés au cyprès, dont
il avait fait le titre de l'un de ses récents
ouvrages.
L'Intermédiaire s'enorgueillit d'avoir
été, comme l'a dit M. Jules Claretie, dans
sa chronique du Temps, le dernier jour-
nal de Philibert Audebrand. Les articles
qu'il y a donnés étaient dignes de sa plus
verte jeunesse : ils ne trahissaient son
grand âge que par la précieuse abondance
de leurs lointains souvenirs.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Danœl-Chambon, St-Amand-Mont-Rond ,
LIV' Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mois 30 Septembre 1906.
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET REPONSES LITTERAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
441
442
Nous renouvelons la prière à nos collabo-
rateurs de vouloir bien accompagner leur
pseudonyme ou leurs initiales de leur nom.
Cette précaution est indispensable pour nous
permettre de faire suivre les lettres dont
nous sommei chargés.
Si chaque pseudonyme nouveau doit être
suivi du nom, tout pseudonyme appityè du
nom une première fois nous étant connu.,
n implique plus ce rappel.
(^m^Xmw
La comtesse ob?cure. — Serait-il
possible d'avoir quelques renseignements
sur la personne mystérieuse qui fut jadis
connue sous le nom de la Dûnkelgrafin
(la comtesse obscure), décédée au château
de Lishausen près Mildbourghausen, et
enterrée sur le Schulenberg ?
Cette mystérieuse personne vivait dans
ce château sous la garde du comte Vevel
de Versay, autrement dit Van der Valck,
et devait être bien connue des rois Louis
XVIll et Charles X.
Comte de Cornulier-Lucinière.
Un monumentaux frères Mont-
golfier. — Dans son journal — son dé-
licieux journal '^traduit par M. Delphin
Balléguier , Perrin , éditeur, 1896),
Mme Craddok écrit à la date du 7 juillet
1784:
Aujourd'hui au vieux Louvre... nous des-
cendîmes à la sculpture. Nous vîmes les six
modèles d'obélisques commandés parle roi
et dont l'un doit être choisi par lui pour
être placé dans les jardins des Thuileries
en l'honneur des frères Montgolfier, inven-
teurs des ballons. Le i^"" décembre 1783,
ils partirent des Thuileries, et firent une as-
cension en présence du roi, de toute la cour
et de plusieurs milliers de spectateurs.
Deux modèles surtout me plurent : le pre-
mier affectait la forme d'un ballon un peu
allongé, déjà à moitié gonflé par l'air in-
flammable ; sur la terre reposait la nacelle
près de laquelle se tenaient les deux frères
et les aides employés à préparer le ballon.
Dans le second modèle, le ballon auquel est
suspendue la nacelle, s'élève dans les airs.
La corde tenant la nacelle, et montant jus-
qu'au nuage en les divisant est un excellent
effet.
Ce monument a-t-il été exécuté ? Qu'est-
11 devenu ? Y.
Camp de César à 'Wissant. —
Quelqu'un pourrait- il me donner des ren-
seignements sur le camp de César qui se
trouve à Wissant, dans le Pas-de-Calais^
entre le cap Gris-Nez et le Blanc-Nez, ou.
du moins, m'indiquer les livres dans les-
quels je serais à même d'en trouver. Je
serais heureux également de savoir si des
fouilles ont été opérées dans cette région»
notamment à Tardinghen, où le terrain
laisse croire qu'elles pourraient être fruc-
tueuses, et à quelle date. Persigny.
Documents à retrouver sur le Jo-
delle. — Dans un journal qui parut
à la fin du siècle dernier, mais dont nous
ignorons la date précise de publication, Z,c«
Cinq Centimes,nous trouvons, sous la si-
LIV 9
No
I I2S.
L'INTERMEDIAIRE
443
444
gnature A. de Lavoipierre, un article sin-
gulier sur le poète Estienne Jodelle. Nous
en détachons ces lignes d'autant plus cu-
rieuses qu'elles semblent, tout d'abord,
apporter quelque lumière sur la vie du
célèbre ami de Ronsard :
Jodelle naquit a Paris, d'une famille noble,
en 1532. Son père qui était seigneur de Ly-
modin, lui transmit le titre de sa seigneurie
avec des dettes considérables. Le jeune
Etienne, qui venait d'achever ses études au
collège de Navarre, lorsque son père mou-
rut, vendit l'héritage de ses ancêtres pour
payer les dettes contractées par l'auteur de
ses jours, et devenu tout à coup pauvre par
ce généreux abandon, il demanda aux arts
qu'il avait jusqu'alors cultivés par délasse-
ment les moyens de vivre en gentilhomme,
en épicurien et m sage
Il voulut être peintre, et il étudia la pein-
ture avec Ruggieili, l'un des élèves du Pri-
matice ; il voulut connaître l'architecture, et
il reçut des leçons de Philibert Delorme,
l'immortel architecte des Tuileries et du
château d'Anet. La sculpture le charmait et
il quitta souvent son élégant habit de cour-
tisan pour s'affubler de la mandille des élevés
de Germain Pilon. Il voulut être graveur et
il réussit si bien dans cet art merveilleux que
Miche! Laotie, le plus habile graveur du
XVI* siècle, lui disait: « Ne faites plus de vers;
soyez graveur, et je vous prophétise un nom
et des richesses comparables au nom et aux
richesses de mon savant maître Benvenuto
Cellini... »,
Faisant ensuite allusion aux ouvrages
et au caractère privé du poète, l'auteur
de l'article ajoute :
... Le Rouet que Jodelle composa pour j
une fête de la cour, et qui fut joué au Lou- j
vre par l'escadron volant de Catherine de \
Médicis, est une petite pièce remplie de sel,
d'esprit et de gaîté. Il existe encore une co-
médie inédite de Jodelle dans les manuscrits
de la Bibliothèque nationale : c'est le Maure
blayichi^ dont le sujet est grotesque, mais
dont les détails sont pleins d'observations
fines et d'allusions malicieuses.
Malgré le succès de ses vers à la cour et à
la ville, malgré les piquantes et nombreuses
représentations de ses pièces de théâtre, Jo-
delle mena constamment une vie qui côtoyait
l'indigence... Les fêtes splendides du Lou-
vre ne suffisaient pas à étancher sa soif de
plaisir, et il employait les libéralités royales à
gorger de fleurs, de sucreries et de parfums
les séduisantes sirènes dont Paris fourmillait
alors comme aujourd'hui. L'élégance et par-
fois la magnificence de ses habits absor-
baient aussi une partie de ses ressources. Un
jour qu'avec Ronsard il était allé faire sa cour
au roi Charles IX, le prince, frappé de l'écla-
tante parure du poète, lui dit : « Jodelle, au-
cun seigneur de ma cour ne porte un justau-
corps aussi brillant que le- vôtre ; combien
vous coûte-t-il?» — « Sire, répondit le poète,
i je suis une de vos étoiles, et je mets ce que
i j'ai de plus beau pour m'approcher du so-
leil ». — « Vous ne répondez pas à ma ques-
j tion, reprit le roi, combien vous coûte votre
; habit ?» — « Une bagatelle, sire >. —
j «Mais encore je veux le savoir.* — «Eh bien,
j le pourpoint et le manteau ne me reviennent
qu'à six cents pistoles. » Or, Charles l'avait
! gratifié la veille d'une bourse de cinq cents
j pistoles, et la réponse de Jodelle pouvait
passer pour une épigramme. Le roi fit
une légère grimace et lui dit finement :
« Prenez garde, Jodelle, les femmes, les fleurs
et les poètes ne durent que peu de jours,
et malheur aux femmes si elles n'ont pas
d'esprit, malheur aux fleurs si elles n'ont
pas de parfum, malheur aux poètes s'ils
n'ont pas de prévoyance. j>
La leçon royale ne profita point à jodelle.
Un jour il reçut du roi de Hongrie, auquel il
avait adressé des vers grecs et des vers latins,
— car Jodelle excellait dans ces deux idiomes
et composait de très bons vers dans tous les
deux — , un présent de mille écus. 11 dispa-
rut tout à coup de Paris, fut un mois entier
sans paraître au Louvre, et consterna la
Pléiade qui le croyait assassiné. Ronsard, à
force de persévérantes recherches, le trouva
enfin dans une petite masure du village des
Prés-Saint-Gervais,à une lieue de Paris. L'au-
teur de Didon et de Clèopâtre rajeunissait
dans cette solitude les plus voluptueux passa-
ges de VEnéide, en tête à tête avec une reine
de Carthage, mêlait aux doux récits de la
grotte mystérieuse les nocturnes orgies des
banquets de Trimalcion.
L'âge ralentit un peu cette ardeur pour
le plaisir ; mais l'indigence fit place à la
pauvreté, et la misère ne tarda pas à rempla-
cer la pauvreté L'infortuné poète, dé-
poi^sédé de la faveur de son roi, abandonné
de ses amis et presque aussi de Ronsard, son
maître qui s'était retiré de la cour depuis la
funeste journée de la Saint- Barthélémy, pour
aller se confiner dans son abbaye de Saint-
Côme-les-Tours, végéta quelques mois dans
le taudis qu'il habitait à la montagne Sainte-
Geneviève. Un jour, son hôte, ne l'ayant
pas vu descendre à son heure accoutumée,
monta dans sa chambre et le trouva presque
expirant, étendu sur son lit. Jodelle mourut
le 14 juillet 1573, cent ans juste avant la
mort de ce Molière dont il avait préparé la
voie.
Sans examiner ce qu'il y a de fantai-
siste dans ces lignes où, par surcroît, les
inexactitudes abondent, nous serions eu-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
445
30 Septembre 1906.
446 ■
rieux de savoir où l'auteur a puisé les | Dépôt des chartes des colon'es.
renseignements douteux qu'il nous fournit 1 — Un état de juin 1776, disposa que «CO'
sans contrôle et sans indication de sources.
Existe-t-il en réalité une pièce de Jo-
delle intitulée le Rouet ? Nous avons cent
raisons d'en douter. On a tout lieu de
croire, d'autre part, que ce poète n'écri-
vit point la Comédie du Maure blanchi, le
département des manuscrits de la Biblio-
thèque nationale n'en possédant aucun
texte.
Enfm peut-on prêter foi à cette opinion
de l'auteur de l'article cité lorsqu'il
affirme que Jodelle hérita de son père, de
la seigneurie du Lymodin, et ensuite
qu'il mourut dans un taudis de la monta-
gne Sainte-Geneviève ? Nous trouvons
bien dans TAnnuaire des postes, un Liino-
diii, situé dans l'arrondissement de Cou-
lommiers (Seine-et-Marne), mais ce lieu
est-il celui qui nous intéresse, et d'ail-
leurs, Jodelle (qui se fit appeler sieur de
Lymodin) posséda-t-il jamais une terre ?
Pour ce qui touche à la fin du poète, le
récit qu'on nous en offre nous paraît
aussi inexact que le reste. Ne sait on pas,
d'après Leheui {Hisi. diiDioc. de Paris ^\.
pp. 51-52) que le « poète Jodelle, mort
en 1573, avait sa maison sur la paroisse
Saint-Germain-l'Auxerrois, rue Champ-
fleury » .'' Ad. van Bever.
Louis XVI etla franc-maçonnerie.
— Je lis dans la Revue des Cours et Confé-
rences^ n° du 3 mai 1906, une conférence
de M. Desdevises du Dézert, intitulée;
L Eglise et V Etat en brance depuis l'Edii
de Nantes jusqu'à nos jours. — L'Eglise et
les Philosophes :
En France, les bulles pontificales n'empê-
chaient pas le pieux Louis XVI d'être afiilié
à la franc-maçonnerie.
Sur quel document original s'est appuyé
l'auteur pour affirmer l'affiliation de
Louis XVI à la franc-maçonnerie? P. B.
Le petit homme rouge des Tuile-
ries et Napoléon V". — Une légende
veut qu'un petit homme rouge ait apparu
aux Tuileries à Napoléon, à la veille des
circonstances tragiques. 11 le revit à
Moscou et à Fontainebleau la nuit de
l'abdication.
Cette légende a-t-elle fait l'objet d'une
étude particulière ?
Rev. Edw de Mariner,
pie des actes d'état civil et autres des Co-
lonies serait déposée à Versailles au Dépôt
des chartes des colonies ». Ce Dépôt
existe-t il encore .? Où .? Quelle autorisa-
tion est nécessaire pour y consulter les
dits actes ? B. A. H.
Publication d'indulgences en
faveur de l'hôpital des Quinze-
Vingts. — J'ai sous les yeux un placard
destiné à être affiché aux portes des égli-
ses afin de solliciter, moyennant une con-
cession d'indulgences, des aumônes en
faveur des Quinze- Vingts de Pans. C'est
une feuille grand in-folio, imprimée en
minuscule gothique à une date intermé-
diaire aux années 1526 et 1533. En voici le
titre :
Le grant pardon gênerai de pleniere re-
mission donne a perpétuité aux bienffaicteurs
des Qiiinze Vingtz de Paris : tant pour la
réparation et bastiment de l'église que pour
l'entretenement et nourrisseaient des povres
Aveugles: nouvellement conferme et donne
par nostre sainct père le pape Clément
septiesme qui est a présent régnant au
sainct siège apostolique.
A la fin, on lit :
Le pardon commencera la veille de Noël
a vespres et finera ledict jour de Noël a so-
leil couche pour le premier jour. Et pour le
second commencera le jour sainct Estienne
a vespres et finera le jour de sainct Jehan a
soleil couche.
L'église députée pour visiter en laquelle
sera le tronc pour mettre les aulmosnes est
l'église de céans.
Connaît on d'autres exemplaires de
cette pièce et a t-elle été publiée ?
Helenus. — Dans la généalogie de
Voltaire, on rencontre trois personnages
qui re nommaient Helenus Arouet, et qui
vivaient en Poitou aux xvi"etxvii^ siècles.
Il y a deux saints du nom d'Helenus :
un moine d'Egypte, saint Aémère : son
culte n'est pas rattaché à un jour particu-
lier ; — et un solitaire qui vivait, au vu'
siècle, et qui est honoré le 4 mai.
Quel est celui de ces deux saints qu'il
faut identifier avec saint Helenus, assez
connu en Poitou pour que son nom au-
trefois fût donné à des enfants, à leur
\ baptême ^
N» 1123.
t'iNTERMÉDIAIRÉ
447
448
Et Saint-Hélen, localité du départe-
ment des Côtes-du-Nord, tire-t-elle son
nom de ce même saint qui est honoré en
Poitou ? Debasle.
Mont-Dauphin. — Un régiment que
je suppose appartenir au génie, tenait
garnison dans cette ville des Alpes, dès
1774. Pourrait-on connaître sa composi-
tion à cette date, les noms, l'uniforme de
ses officiers ? Je remercie vivement à l'a-
vance le collaborateur qui me renseigne-
rait : l'éloignement ne me permettant pas
de faire la recherche moi-même.
Albinoni.
Le château de Haut Kœnigs-
bourg. — Existe-t-il, en France, des
documents susceptibles de fournir des
renseignements sur l'état ancien du châ-
teau de Haut Kœnigsbourg, en Alsace ?
Comte J. B.
Mme du Châtelet et son valet de
chambre. — Un intermédiairiste pour-
rait-il dire quel texte imprimé a consulté
Perrens, Les libertins en Fiance au xvii'
siècle^ ch. VI, 11, p. 322, quand il a écrit :
Mme du Châtelet paraissant nue devant
son valet de chambre, qui pour elle n'était
pas un homme, ne faisait donc que conti-
nuer la tradition.
P. B.
Descendance du duc de Dantzig.
— Le duc de Dantzig h.issa-t-il plusieurs
enfants ^ Quelques mémoires parlent avec
très peu de détails et encore moins de
précision d'un fils qui serait mort à Wilna
pendant la retraite de Russie. Etait-il
malade ou blessé ? Son père, obligé de
suivre l'armée qui quittait Wilna, dut
l'abandonner et se borner à le recomman-
der au général Tithakow qui allait entrer
dans la ville à la tête de l'armée russe.
Le malheureux jeune homme (qui portait
le titre de comte de Dantzig) mourut le
19 décembre 1812. Il aurait été soigné
par le baron Desgenettes, qui était pri-
sonnier à Wilna. Tous ces détails sont-ils
exacts ^ Pourrait-on me donner les pré-
noms de ce jeune officier, sa date de
naissance et quelques renseignements sur
sa carrière? Ses restes furent ils rapportés
en France après la guerre .?
C. DE LA BenOTTE.
Faye de Brys, médecin en pre-
mier de l'arméa du Midi (avril
1792, au 20 nivôse an, III). — Quels
sont les états de service de François Faye
de Brys, né à Moulins le lo juillet 1745,
docteur de la faculté de Montpellier, con-
seiller du roi, 1776, intendant des eaux
minérales et thermales de Bourbon-l'Ar-
chambault depuis 1784.? Nous savons
qu'il fut élu maire de Bourbon en 1790
et conserva ces fonctions jusqu'en 1792.
Nommé médecin à l'armée du Midi, il
fut dénoncé comme suspect en l'an II. Il
revint à Bourbon présenter un certificat
de civisme le 25 ventôse an II.
Il mourut à Chambéry le 20 nivôse
an III. L. G.
Foigny de Varimont. — Pierre-
François-Xavier de Foigny de Varimont,
écuyer, baron et commandeur des ordres
du roi, eut un ex-Iibris, très mal gravé,
qui porte un écu : Ecartelé : aux i et ^
d'or^ à la croix de sable ; aux 2 et ^ d'argent^
à nii arbre terrassé de sinoph^ accosté de
deux étoiles de gueules. Sur le tout d'argent.,
à trois roses d'azur. A quelle province
appartenait cette famille? Les émaux sont-
ils corrects ? D. des E.
Gœthe et Mérimée. — Il existe un
mot de Gœthe sur les Mécontents., de Pros-
per Mérimée, Il compare cette pièce à une
horloge, dont le cadran est en cristal,
dont les aiguilles sont en or et dont les
heures sont en rubis. Cette phrase de
Gœthe, où se trouve-t elle ?
D'' Stephan Kekule von Stradonitz.
Les trônes. — Nous avons le trône
de Dagobert ; le trône de Napoléon,
encore dans les magasins du garde-meu-
ble, va être transporté au Louvre. Nous
l'avons vu à l'Exposition de 1900.
A ce sujet, est-il permis de demander
ce que sont devenus les trônes de nos rois?
Qiiels sont ceux qui ont une légende ? Le
trône de Louis-Philippe a été biûlé solen-
nellement : les autres, quel fut leur sort ?
Ne serait-elle pas curieuse à écrire,
l'histoire ces meubles prestigieux ?
A. B. X.
L'fj'ùul de M. Emile Ollivier. —
D ans un volume qui vient de paraître. Vie
de M. Emile 0///i'/>r,parMgrFèvre,proto-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
449
notaire apostolique, je vois que l'aïeul de
M. Ollivier, le père de Démostbènes OIK-
vier, père d'Emile, était breton et quitta
sa Bretagne pour aller à Paris en prenant
le uom d'Ollivicr. 11 ne s'appelait donc
pas Ollivier ? Comment s'appelait-il ?
Après avoir habité Paris, le jeune bre-
ton partit pour la Provence et fut institu-
teur au Beausset, patrie de Portalis, près
des gorges d'OUioules.
Pourrait-on me donnerle véritable nom
du breton devenu ainsi provençal? Après
tout, Mgr Fèvre se trompe peut-être.
Ego.
Un marquis de la Pailleterie. —
D'après le Dictionnaire de Bouillet, le gé-
néral Dumas, père d'Alexandre Dumas
père, faisait précéder ce nom du nom de
Davy. Il était fils du marquis de la Paille-
terie, riche colon de Saint Domingue, et
d'une négresse.
Quelqu'un des lecteurs de V Intermédiaire
pourrait-il me donner des renseignements
biographiques et généalogiques sur ce
marquis de la Pailleterie ? Son nom patro-
nymique ne serait il pas David ou Davy ;
et dans ce cas ne serait-il pas membre
d'une famille noble de ce nom, connue
dès le xiv* siècle dans l'élection de Mon-
targis, gouvernement de l'Orléanais, et
qui y subsista jusqu'à la Révolution?
C. N.
Un Bichaud de Beauvillars. —
A Seyne, dan-; les Basses Alpes, on cite
parmi les célébrités locales, un certain
Richaud qui serait parti de Saint Pons,
hameau à 2 ou 3 kilomètres de Seyne,
connue soldat, vers le milieu du xviir'
siècle.
Il aurait reparu à Digne, une trentaine
d'années après, en costume de colonel,
avec plusieurs croix, et tenu comme gou-
verneur d'une place du nord de la France,
Valenciennes, dit-on.
Un jour qu'il se promenait, sur le cours
de Digne - maintenant le cours Gas-
sendi — l'épée en vcrrouil, il aurait en-
tendu un hobereau dire derrière lui :
<< Depuis quand les croquants portent- ils
l'épée ? — Depuis qu'ils savent s'en ser-
vir », répondit le colonel.
On serait allé sur le terrain, et le cro-
quant, régulièrement anobli sous le nom
de Richaud de Beauvillars, d'autres disent
30 Septembre 190e
_ 450
« de Beaudinard », aurait laissé le noble
seigneur sur le terrain.
L'histoire me parait suspecte, d'abord
parce que l'anecdote du duel est racontée
un peu partout, ensuite parce que à
Seyne on ne rattache ce Richaud à au-
cune famille par un souvenir précis. On
dit seulement qu'il était apparenté aux
Richaud, de Saint-Pons.
Cela m'amène à demander si on trouve
ailleurs des traces de ce vilain anobli par
les armes ;
Des détails sur les faits qui lui ont valu
pareille fortune ;
Sur la date de sa naissance et de sa
mort ?
Ce qui me porterait à croire qu'il y a
quelque chose de vrai dans ces traditions,
c'est que « Beauvillars », dont on lui
donne le titre, est un domaine entre
Seyne et Saint-Pons.
Par contre, je ne connais pas de Beau-
dinard, en dehors d'un hameau de la
commune d'Aubagne dans les Bouches-
du Rhône, célèbre par ses cultures de
fraises des quatre saisons.
Pour circonscrire la question, je dois
dire qu'il ne paraît rien y avoir de com-
mun entre le héros de cette histoire et les
Richaud de l'Ours ou de Richaud du Dau-
phiné, dont on connaît l'entrée à l'assem-
blée de Vizille. Eumée.
MM. de Valmale, chevaliers de
Malte. — Sur le catalogue des chevaliers
de Malte, de Louis de la Roque, figurent
Guillaume de Valmale, en 1255, et Ray-
mond de Valmale, en 1309. Quelque ai-
mable correspondant pourrait-il me donner
quelque renseignement sur eux, leur fa-
mille, leurs armes? Le moindre document
serait accueilli avec joie et reconnaissance.
XVI B.
Pierre "Vinçart et le Siège de
Paris, — Pourrait-on me dire si les
notes prises par cet écrivain durant le
siège de Paris ont été piibliées? j'en ai vu
le manuscrit chez un collectionneur.
Et quelque confrère pourrait-il me
donner des indications biographiques sur
cet homme de lettres qui eut du talent à
son heure, chansonnier saint-simonien ?
Je crois bien qu'en 1870-71, Pierre
Vinçard était employé au chemin de fer
de l'Est. Ego.
N.
1125.
L'INTERMÉDIAIRE
451
Bibliothèque de Saint- Philippe. \
— L'ex-libris de cette bibliothèque porte
deux écus accolés : I. — D'argent, à trois
losangesde sable(D3imp\erre). II. — D'aïur^
au chevron d'or^ accompagné en chef de
deux étoiles d'argent, et en pointe d'un oi-
seau dn même. Couronne de vicomte.
Quelle futcette alliance ? L'ex-libris paraît
être de la première moitié du xix« siècle.
D, DES E.
Uae médaille da fondation sur
Saint-Sulpice. — Onlit dans la Libre
Parole :
Ce que l'on vient de trouver rue Riche-
lieu, au coin du boulevard.
Un maçon qui travaillait aux réparations
du café Cardinal, a mis brusquement à jour
un objet rond enveloppé d'une feuille d'étain
repliée en portefeuille. La feuille dépliée lui
fit voir une pièce d'argent d'une parfaite
conservation, avec tout le brillant de sa pre-
mière patine.
En voici la description : au droit, le buste
de Louis XV, avec cette légende : ludovicus
XV. Pins. Muni ficus et la signature 7?. Fi-
lius ; au revers, la vue cavalière de Saint-
Sulpice achevée, avec la place, les deux fon-
taines et les tours coiffées d'une toiture ;
autour, cette légende : BasHicce et urbi
additum decus . S. Sulpitii area. MDCCLIV.
La signature Roettiers, fiHus se lit au bas
du plan cavalier, entourée d'un semis de
perles.
Saint-Sulpice est loin du boulevard. D'oij
vient, dès lors, qu'une pièce commémorative
de son achèvement se trouve dans la maison
du café Cardinal ? Espérons que prochaine-
ment V Intermédiaire des chercheurs viendra
nous donner la clé de l'énigme.
M. Charles Sellier interrogé par
IM. Charles Vogel a répondu (G/7 Blas
20 septembre 1906) :
« L'immeuble dont vous me parlez, nous
dit M. Sellier, a été habité par Regnard —
or l'auteur du Légataire universel n'avait
aucune raison de s'intéresser particulièrement
à l'église Saint-Sulpice — j'ajoute qu'il est
mort en 1709, quarante-trois ans avant la
date qui figure sur la nTHiaille en question,
par conséquent . ..
« II est possible qu'un ecclésiastique ou
qu'un fidèle, soucieux de témoigner de son
attaciiement respectueux h la mémoire du
bienheureux à qui a été consacrée l'ancienne
chapelle gothique, succur.sale de Notre-Dame,
complètement disparue et qu'a remplacée
l'édifice constiuil d'après les >icssms do
Gamart, et dont, le 20 février 1646, Anne
d'Autriche posa la première pierre, il est
452
possible, dis-je, qu'un ecclésiastique ou un
fidèle ait enfoui, dans la maison oij il logeait,
une médaille commémorative de l'achève-
ment du monument, mais en tout cas, reli-
gieux ou laïque, le locataire, fervent de saint
Sulpice, n'est point une pi;rsonnalité histo-
rique. Regnard est le seul homme célèbre qui
ait habité là.
« D'autre part, cette date de 1754 ne me
paraît marquer rien de saillant dans les
annales de l'église qui nous occupe. La pre-
mière pierre, je vous le répète, en fut posée
en 1646 ; on y travailla jusqu'en 1678, époque
à laquelle les travaux furent interrompus,
pour être repris en 17 18, grâce aux libéralités
du chanoine Laurent de Gergy et aussi au
rendement d'une loterie autorisée par le
régent, en 1721.
« En 1 733, Servandoni fit terminer le grand
portail ; en 1749, l'architecte écossais Mac-
Laurin construisit l'une des tours, l'autre
tour, de Chalgnn, date de 1777..-
« L'année 1754 n'offre aucune particularité
intéressant l'église Saint-Sulpice, de sorte que
je ne m'explique pas le millésime de la mé-
daille, »
Après avoir, sans résultat, consulté en
notre présence, l'ouvrage bien connu de
Pessard ; le livre de l'abbé Duplessis : Paris
religieux, et divers documents oi!i il pensait
pouvoir trouver quelques indications, le bon
M. Sellier conclut ainsi : « Voilà de la be-
sogne pour V Intermédiaire des chercheurs
et curieux, et ses correspondants ».
Nous ne posons pas cette question sans
quelque inquiétude : quand un érudit
comme M. Charles Sellier ignore une
chose, c'est que la connaissance de cette
chose est bien peu commune.
Lettres de noblesse de 1625. ~
Où trouver le texte de lettres de noblesse
enregistrées à la cour des aides de Nor-
mandie en 1625, et d'autres lettres véri-
tlées en la Cour (à Paris) le 5 février
1629 (27e vol. fol. 138 .? B. A. H.
Armoiries à déterminer : de
gueules, à la tour d'argent. — Deux
écussons accolés portant : l'un de gueules,
à la tour d argent ; Tautre. d'azur, au
lion d'or. Couronne de marquis. Sup-
ports : deux lévriers. B. A. H.
Armoiries des familles de Morat
et d'Hauterive au XVÏP siècle ~
|c serais reconnaissant à l'interuiédiairiste
qui pourrait m'indiquer les armoiries des
familles de Morat et Henry d'Hauterive.^
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
453
familles existant en Lorraine et en Cham- \
pagne à la fin du xvii* siècle. G. R.
Un mystère au XVIP siècle. —
Dans l'église de Deuil (Seine et-Oise) est
le monument funéraire de Marguerite de
la Croix, veuve de Charles Hofman,
écuyer et secrétaire de la reine Elisabeth
d'Autriche, morte en 162 1. L'épitaphe,
après avoir dit les vertus de la dame,
ajoute :
Oncques ne refusa, mais elle est plus louée
D'avoir voulu la mort de son fils pardonner.
Quel drame se cache sous cet éloge ?
Ardouin-Dumazet,
« L'Egypte et Moïse », par Aa-
cessi. — La première partie de cet ou-
vrage a paru en 1875 (Leroux; Paris)
avec le sous-titre : Les vêtements du grand
prêtre et des lévites, et le sacrifice des
colombes, d'après les peintures et les mo-
numents égyptiens contemporains de
Moïse. — J'ai entendu dire que les docu-
ments pour la continuation de cet ou-
vrage, avaient été, en grande partie, ras-
semblées par l'auteur avant sa mort. Ces
notes existent-elles encore, et si oui, y
aurait-il quelque moyen de les consulter?
A-t il paru depuis, quelque autre élude
complétant les recherches de l'abbé An-
cessi, sur les vêtements du grand prêtre?
C. B. O.
Le tribunal arbitral de La Haye.
— On désire savoir s'il existe un travail
quelconque, livre, brochure ou articles
de vues spéciales, concernant le tribunal
d'arbitrage de la Haye et s'il est publié
des comptes rendus de ses travaux.
M. deJouy.
La société des Eclectiques. —
Cette réunion amicale qui publia chez
Al. Lemerre un Almanach du Vieux Paris ^
pour 1884^ existe-t-elle toujours ^ Qui l'a-
vait fondée ?
V,' Almanach en question contient une
notice sur Edmond Morin, le dessinateur,
et un portrait à l'eau-forte accompagné
d'un Sonnet à Edmond Morin, par !û. Geor-
ges Théorin.
Où se réunissaient (peut-être se réu-
nissent-ils encore) les Eclectiques ?
Ego.
30 Septembi'e 1906.
454 •
La lanterne de Panurge. — Ren-
dant compte de la fête célébrée le 5 dé-
cembre par les canonniers de Rouen en
l'honneur de sainte Barbe, leur ancienne
patronne, l'auteur d'un manuscrit appar-
tenant à la Bibliothèque de Rouen dit:
Le dernier (objet comique) était l'image
de sainte Barbe, en r lief, posée sur une
bastille renfermée dans la lanterne dont on
se sert au théâtre pour !a représentation de
l'opéra de Panurge, ce qui était volumi-
neux.
On désirerait savoir à quelle scène de
l'opéra de Panurge l'auteur du manuscrit
fait allusion. E. C.
Sîifelius. — A Gênes, et peut être
aussi dans d'autres villes d'Italie, la re-
dingote est connue sous les noms de
financier ti de stifelius. Le premier de ces
noms se comprend de reste, mais le se-
cond est d'allure vraiment étrange :
quelle peut en être l'origine ? La redin-
gote (riding coat) étant primitivement un
habit pour monter à cheval et le costume
du cavalier étant complété par des bottes,
je présume quece mot singulier de 5//'/t'///<5
répond précisément à cette idée : il déri-
verait donc de l'allemand Stiefel, botte.
j'ai noté ailleurs un certain nombre de
mots allemands passés dans la langue
italienne, comme niil^a, rate, stivale
bottine, tasca, poche, snello, rapide
dans le dialecte vénitien), etc. On en
aurait donc ici un nouvel exemple, et non
le moins curieux. Iskatel.
Partir à... ou partir pour. —
Q_uestion posée aux puristes de Vlnternic-
diaire. On disait autrefois «Je vais à Paris,
et je pars pour Orléans ». Mais l'usage
parait s'implanter de dire « Je pars à Pa-
ris ». Des personnes même instruites, di-
sent couramment « Je pars à la campa-
gne ». J'avais toujours cru que cette forme
ttait spéciale à ma portière.
MARTELLlÈiRE.
Prendre congé —Je lisais ce matin,
dans un journal de Paris, que <' M le Pré-
sident de la République prit congé du
directeur de l'exposition de Marseille... »
]e croyais que seuls les inférieurs pou-
vaient prendre congé de leurs supérieurs.
Qii'en pensent les intermédiairistes ?
X. O. z.
N. ï«25.
L'INTERMÉDIAIRE
455
léponôcô
Lecomte deMoret,filsi3aturelde
Henri ÏV, s'est-il fait ermite? (LIV,
329,398). — Voici les ouvrages à consulter
sur ce sujet, qui pourrait faire l'objet d'une
belle thèse de doctorat ès-lettres :
Journal des savants, février 1700.
Bibliothèque historique de la France, édi-
tion Fevret de Fontette , tome ^^
n° 13.334.
D'Avrigny, Mémoires pour servir a
l'histoire universelle dé V Europe depuis
1600 jusqu'en lyiô^ par le P. Griffet,
I" septembre 1632.
Mémoires de Trévoux, avril 1 7 58. Griffet :
Traité des différentes sortes de preuves qui
servent à établir la vérité de l'histoire
(Liège, 1769, chapitre xii.)
Revue d'Aquitaine année 1867.
F. U.
. L'idée de partie existait-elle
avant la Révolution .? (T. G. 385 ;
XXXV à XXXVIU ; XLil ; LU ; LIV, 1 16,
233, 290, 347). — Parmi les nombreux
témoignages répondant d'une manière
affirmative à cette question, je ne sais si
l'un de nos confrères a déjà invoqué celui
de Bossuet qui déclare, dans sa Politique
(1. 1, art. 6, prop. i), au chapitre où il
traite de V amour de la patrie : « Il faut être
citoyen et sacrifier à sa patrie, dans le
besoin, tout ce qu'on a de plus précieux ».
Ce témoignage me paraît assez formel.
Le regretté Albert Sorel (l'Europe et la
Révolution française, tome 1, p. 1159) cite
aussi ce mot de Saint-Simon : « Vauban,
aussi bon patriote que grand preneur de
places » [Parallèle, p. 277). J. W.
*
* *
Elle existait certainement en Hollande.
Une note de Brossette sur l'épitre IV de
Boileau : Passage du Rhin, l'atteste claire-
ment.
« Il y avait, dit-il sur les drapeaux
hollandais : Pro honore etpatria».
Et les vers de Boileau lui-même qui ont
motivé cette note :
Grands arbitres,' dit-il, des querelles des rois,
Est-ce ainsi que votre âme aux périls aguerrie
Soutient sur ces remparts l'honneur et la/'^/r/t'?
D. R.
45^ —
*
♦ *
L'idée de patrie existe dans la cons-
cience de tous les peuples, depuis que ce
mot a été créé, dans leur langue ; c'est-
à-dire depuis Dieu sait combien de siècles
avant la Révolution !
Vercingétorix l'avait bien nette dans
son esprit quand il disait : Du jour où la
Gaule sera unie, elle sera invincible !
C Bougon.
La vente des meubles de Danton
à Sèvres, après som exécution (LIV,
319, 342). — Dans l'inventaire en ques-
tion, qui offre tout l'intérêt romanesque
d'un catalogue de charcuterie, on trouve,
entre deux morceaux de lard, la consi-
gnation de deux paires d'estomach.
Qu'e.st-ce que cela pouvait bien être
dans la garde-robe du ronventionnel qui
avait révolutionné le monde î
Au dix-septième siècle, on désignait
souvent sous le nom d'esloviac la partie
des armures qui recouvrait la poitrine :
« Là, il fut reçu d'une sentinelle perdue,
qui sans parler, lui planta une harquebu-
sade dans l'estomac de sa cuirasse ».
D'Aubigné, Hist. uuiv. II 380. On em-
ployait couramment, en tout cas, le mot
estomac comme synonyme des termes
plus élégants de poitrine et de gorge :
Je vais lui présenter mon estomac ouvert.
Le Cid. V, i.
Depuis longtemps, les catalogues cou-
rants d'objets de toilettes désignent les
seins postiches sous le nom de fausses
gorges ; on vend des plastrons, pour
préserver la poitrine du froid, en forme
de double bavette couvrant la poitrine et
le dos — on les appelle vulgairement
devants de poitrine.
Or, nul doute qu'une paire d'estomach
n'était autre chose qu'un plastron hygié-
nique, dans un siècle où les grandes
dames connaissaient aussi bien qu'aujour-
d'hui les perfidies du coton et de l'ouate,
mais où leurs maris n'avaient pas assisté
au triomphe du gilet de flanelle.
D'' Billard.
Les descendants de Bruneau,run
des prétendus Dauphins (LIV, 329).
— De tous les faux dauphins, — l'histoire
en compte 31, dont un nègre — Mathurin
Bruneau fut un de ceux qui firent le plus
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
4=i7
de bruit et le plus de dupes. La fin de sa
vie est loin d'être élucidée. En tout cas,
si. comme l'admet le correspondant de
Vlntetmédiaire^ il mourut en 1822, il n'y
a pas de doute ; le sabotier, qui se préten-
dait roi, serait mort sans enfants.
11 débar lUait seul en France, en effet,
sans femme et sans enfants, au mois de
septembre 181 5, après neuf ans de séjour
en Amérique, gagnait l'Anjou, son pays
natal, vivant de vols et d'expédients. Il
ne tardait pas à être arrêté: mis en prison
d'abord à Saint-Malo, puis à Rennes, il
était ensuite transféré à Rouen, dans la pri-
son de Bicêtre,où il se mita fabriquer pai-
siblement des sabots.
C'était le moment où, avec une certaine
vraisemblance, un horloger de Spandau
se disait le fils de Louis XVI et réclamait
son trône. Il y avait là un danger ou,
tout au moins, un ridicule pour le roi de
France. Le ministre Decazes, pour rui-
ner Naundorff, émit des faux dauphins,
comme on émet des actions de Sarra-
gosse ou de la Vieille Montagne.
Un beau matin, M. Bruneau quittait
ses sabots et déclarait tout haut dans sa
prison \s qu'il était Louis XVII, soustrait
par la ruse et la fidélité à la surveillance
du barbare Simon ». La prison devient
un Eden pour les prisonniers : on boit,
on mange, on joue aux cartes chez le
geôlier Livois ; on laisse Bruneau voisiner
avec un ancien huissier et un faux prêtre
condamnés pour escroqueries, qui de-
viennent les secrétaires attitrés du prince.
Le concierge prête ses appartements, et
Mathurin a toute une cour : il lance des
proclamations au pays, on vient des quatre
coins de la France contempler en prison le
souverain légitime, et un vieux royaliste
va jusqu'à prêter serment de fidélité sur
les Saintes Ecritures, dans la loge même
du concierge (i).
Mais, si je bavarde et semble beaucoup
m'étendre en dehors de la question, c'est
pour démontrer qu'à l'encontre de Naun-
dorff qui ne cessaitd'entretenir le public de
sa femme et de ses enfants, Mathurin Bru-
neau, et pour cause, n'y fit jamais allusion.
Dans l'interrogatoire qu'on lui fit subir
le 19 février 18 18, il est question de son
(i) Un faux dauphin et la police du roi
Louis XVIII^ par M. Henri Allais, la Revue,
!•' juin 19^01,
30 Septembre iyo6.
4^8 .
âge, mais nullement de son état-civil au
point de vue du mariage,
Il est bon d'en citer un extrait pour
faire voir que le faux dauphin était devenu
littéralement fou et bien peu en mesure
de contracter mariage d'ici longtemps :
D. — « Quel est votre âge ? lui demande
le Président.
R. — »< je n'en sais sacredieu rien. Je
m'en f. .. Allez à Versailles, vous le trou-
verez à la Bibliothèque, ou aux Tuileries.
D. — « Quelle est votre demeure ^
R. — « Ma foi, pas d'asile, je suis au
Panthéon.
D. — « Votre état ?
R. — « Je suis chef de tous les
Etats (1) ».
Mathurin Bruneau fut condamné à cinq
ans de prison et à 300 francs d'amende,
plus à deux ans de supplément pour son
attitude aux débats.
Quoi qu'il en soit, après l'émission
d'un tel faux dauphin, on pouvait
croire tout mouvement dangereux arrêté
pour longtemps.
Bruneau fut tranféré dans la prison de
Gaillon, où Mme Atkyns, qui venait
pourtant de se laisser prendre à l'impos-
ture du fils d'un tailleur d'habits, Hcrva-
gault, allait épuiser Inutilement ses der-
nières ressources pour favoriser l'évasion
de l'ancien sabotier (2).
Le correspondant de V Intermédiaire fait
mourir Mathurin Bruneau en 1822. Selon
plusieurs auteurs, il vivait encore à
Cayenne en 1844, où il se livrait au cabo-
tage sur la côte. Se serait-il marié là-bas ?
On l'ignore. D'". Billard.
*
* ♦
M. Henri Provins a publié, dans
Le Dernier roi légitime en France, l'extrait
suivant d'une lettre qu'il avait reçue de
Cayenne en 1885 :
Parmi les employe's actuels du service de
la marine il existe un nommé Bruno àtïé de
45 a 50 ans, natif de Cayenne, fils de feu
Mathifrin Bruno, lequel se disait Louis XVI!.
Ce Mathurin Bruno était-il simplement un
imposteur, ou bien avait-il quelque raison de
s'attribuer le nom d'un descendant des rois
de France? Tel est le point sur lequel je ne
pourrais vous éclairer et qu'il serait peut-être
bon d'examiner Tout ce que je puis vous
( 1) Le même.
(2) Frédéric Barbey, Mme Atkyns, Perrin,
Paris 1905.
N' 1125.
L'INTERMEDIAIRE
. 45q
dire, c'est que ce Mathuiin Bruno est mort à
Cayenne, après avoir occupé de son vivant
divers emplois dans l'administration. j
Si Mathurin RruneauestmortàCayenne, |
il n'est pas mort au Mont Saint-Michel, et
s'il a eu un fils vers 1835 ou 1840, il
n'était pas mort en 1822 Cela prouve
tout simplement que l'acte de décès de
1822 est faux. On en avait déjà f it un
pour Louis XVII (c'est du moins mon opi-
nion) un autre pour Herwagault, il n'y
avait pas de raisons pour qu'on n'en fit i
pas autant pour Mathurin Bruneau, car \
c'est bien le vrai Mathurin Bruneau qui i
est mort à Cayenne, et c'est le faux qui
est mort au Mont Saint-Michel.
Comme tout ce qui touche à la question
Louis XVII est rempli de dessous mysté-
rieux, il ne pouvait en être autrement
pour l'histoire de Mathurin Bruneau, cette
affaire est cependant pleine de simplicité
dans sa complexité.
Mathurin fut choisi en 1818, pour être
jugé au lieu et place du prisonnier de
Rouen, le fameux prétendu Louis XVII,
dont l'arrestation en 1816 fit tant de
bruit et que la duchesse d'Angoulême
voulut voir (que probablement, même,
elle vit et reconnut). On ne pensa pas un
seul instant à faire comparaître en per-
sonne ce prétendant, il avait trop de par-
tisans, et surtout le grand tort de ressem-
bler extraordinairemenf à Louis XVI.
Ce n'est pas que Mathurin Bruneau
ressemblait à Louis XVI, il ne lui ressem-
blait ni de près ni de loin, il fut néan-
moins, pour différentes raisons, chargé
de remplacer le prétendant.
Mathurin Bruneau, qui était sabotier
de son état, vint donc à l'audience réci-
ter la leçon qu'on lui avait apprise et
soutenir que, lui Mathurin, était bien le
Dauphin, fils de Louis XVI !
Comme chacun s'en doute, il fut par-
faitement grotesque. Finalement, démas-
qué par sa sœur, il se vit octroyer cinq
ans de prison, que l'on fit faire au Mont
Saint-Michel, par l'autre, le prétendu
Louis XVII, qui était resté en prison pen-
dant le procès.
Peut être va-t-on croire que c'est lui
qui est mort en 1822 ? Pas du tout, c'est
encore un autre. Le prétendu Louis XVII
ne tarda pas à s'évader du Mont Saint-
Michel, il passa en Italie où le Gouverne-
ment le fit arrêter et emprisonner à Milan.
460
D'autre part, il fallait retrouver le pri-
sonnier au Mont Saint-Michel à l'expira-
tion de sa peine, c'est à-dire,au commen-
cement de 1823, ce qui évidemment
n'était pas facile ; heureusement que la
mort d'un autre prisonnier, en 1822, vint
tout arranger, on Tenterra sous le nom
de Mathurin Bruneau et toui fut dit.
Quant au vrai Mathurin, après le procès
de Rouen, oii il avait été condamné à
cinq ans de prison, il fut expédié à
Cayenne, non pas comme forçat, mais
comme fonctionnaire ; on changea son
nom de Bruneau en Bruno et on le mit
dans l'administration pour récompenser
ses services exceptionnels.
En France il aurait pu parler, on pensa
que là-bas, à Cayenne, il vivrait et
mourrait ignoré de tous, ce en quoi on
s'est trompé, comme le montre la lettre
écrite à M. Provins
Mais pourquoi Mathurin racontait-il
qu'il était Louis XVII .?
Peut-être avait-il fini par croire que
c'était arrivé. Jean Pila.
La reine Hortense et l'amiral
Ver Huel (LIV, i, 66, 116, 174, 233,
288, 339, 402). — La lettre du roi Louis,
donnée dans le no du 10 septembre, n'est
pas inédite, elle a été publiée dans un opus-
cule contenant les lettres de Louis Bona-
parte à son ami Mésangére.
Il me semble que toutes les supposi-
tions insultantes, inventées par les enne-
mis de Napoléon III, touchant le soi-
disant mystère de sa naissance, tombent
peu à peu d'elles-mâmes.
Si le roi Louis avait eu quelques doutes
sur sa paternité à l'endroit de cet enfant,
aurait-il écrit, peu après son abdication,
étant à Tœplitz, à son oncle Fesch, que
toute son ambition à présent serait de se
retirer en Corse avec son second fils
(Louis-Napoléon), le futur Napoléon III ?
Je suis absolument sûre du fond de cette
lettre, mais je ne puis en donner le texte
en ce moment, étant loin de toute biblio-
thèque. On la trouvera d'ailleurs dans Les
rois, frcies de NapoUon, par le baron Du-
casse, soit à la partie consacrée au roi
Louis, soit à l'Appendice.
C'est bien, en effet, le comte de Bylandt
qui fut chargé d'aller annoncer en Hol-
lande, au roi Louis, la naissance de son
fils, en 1808. S'il y avait eu le moindre
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
461
30
462
Septembre 190e,
soupçon que le comte de Bylandt pût être
le père du nouveau-né, est-il vraisem-
blable qi'on l'eût justement choisi pour
remplir une pareille mission ? C'est ab-
surde à soutenir. Et il en est à peu près
de même pour toutes les autres prétendues
paternités, C. d'Arjuzon.
S. M. l'impératrice Eugénie, bi-
bliophile (LIV, 27^,345, 404). — J'ai si-
gnalé cet article à M.d'Auriac, l'aimable et
bienveillant bibliothécaire des imprimés de
la Bibliothèque nationale, qui en a été vi-
vement touché, sous cette réserve, cepen-
dant, que son père, Eugène d'Auriac, a
collaboré, pendant tout le second Empire,
au principal journal de l'opposition Le
Siècle ; qu'il n'a dû son emploi de conser-
vateur-adjoint aux Imprimés de la Bibl.
nat. qu'à ses longs services (52 ans) et
qu'il est par suite impossible qu'il soit
l'auteur de la dédicace en question, qui
est plutôt le fait de la famille Dupin, de
rimprimeur de la brochure ou du relieur.
Dont acte. Th. Courtaux.
*
» »
Erratum. Ligne 20. Au lieu de : qui
aurait une véritable valeur — lire qui
avait. Martellière.
Mémoires d'hommes d'Etat (LIV,
227, 347.
Il y a, ce me semble, une
différence à noter entre les mémoires pu-
bliés-par le journal Le Matin^ et ceux de
Guizot, il est entendu que je ne parle pas
de la valeur littéraire. Mais en constatant
la belle tenue, la dignité que Guizot a
mises dans son œuvre, je ferai remarquer
qu'il écrivait, ou du moins publiait ses
Mémoiies, en iSïç. par conséquent onze
ans après les événements auxquels il avait
été mêlé, et que pendant cette période
s'étaient produitesdeux révolutions, celles
du 24 février 1848 et du 2 décembre 185 i.
Ainsi le temps écoulé et les circonstances
reculaient dans le passé les faits, les pas-
sions et les hommes. Ces conditions se ren-
contrent-elles dans les souvenirs actuelle-
ment égrenés dans Le Matin? Il est permis
d'en trouver la publication plutôt préma-
turée.
Les mémoires de Bertrand de MoUeville,
Beugnot, Pasquier, et de maints autres
hommes d'Etat français ont paru de même
plus ou moins longtemps après les événe-
ments politiques. Quant aux Mémoires de
Talleyrand publiés un demi-siècle après sa
mort, on sait que malgré de très beaux
passages, ils ont été bien au-dessous de
ce qu'en attendait l'opinion. On s'est
même demandé s'ils n'avaient pas été
tronqués par ceux qui avaient *< procuré »
l'édition, comme on disait au xvii' siècle.
Les mémoires du cardinal Consalvi et
de Metternich ont été également publiés
longtemps après les événements et la
mort des auteurs.
On a cité, et la comparaison se présen-
tait d'elle-même à l'esprit, le cas de Du-
mouriez faisant paraître ses Mémoires dès
1795. iVlais en mettant à part son minis-
tère de quatre mois en 1792, et les débuts
de sa campagne de 1792- 1793 commencée
par le coup sauveur de Valmy, terminée
par la défaite de Néerwinden et la trahi-
son du 3 avril, en somme, un éclair dans
une carrière de 84 ans, Dumouriez n'est
pas de ces hommes avec qui un rappro-
chement est flatteur. Les Mémoires publiés
en Angleterre deux ans après les faits,
sont plutôt, en effet des mémoires en dé-
fense produits par un accusé qu'un ou-
vrage historique. H. C. M.
Iles Anglo-Normandes (LIV, 387).
— L'existence de tant de noms à CDnson-
nance française, dans ces iles Anglo-Nor-
mandes dont le sol fertile et la végéta-
tion magnifique leur ont fait donner le
surnom de Y Emeraude de l'Angleterre^
s'explique non par des considérations
d'immigration, comme le pense M. de la
Veronne, mais par la simple histoire des
cataclysmes géologiques et maritimes
dont cet archipel fut la conséquence
Ces îles anglo-normandes faisaient jadis
partie du continent. En 709, la marée
équinoxiale de mars, poussée par une
grande tempête de l'Ouest, fut si violente
qu'elle brisa les remparts de rochers qui
protégeaient les côtes, et la portion du
territoire qui constitue aujourd'hui les iles
anglo normandes fut presque complète-
ment séparée. Ce fut en 1203 que les
terres qui reliaient encore Jersey à la côte
française disparurent, l'année même où
après l'assassinat d'Arthur 1", duc de
Bretagne, par Jean Sans Terre. Philippe-
Auguste fit citer le roi d'Angleterre devant
la cour des pairs.
II ne s'agit pas là d'histoire et de géo-
graphie conjecturales: on possède une co-
N*» ii25.
t'iMTERMEDIAIRE
463
pie datée de 1714 d'une carte dressée en
1406, avec lettres diixin^ siècle, prouvant
qu'elle a été copiée elle-même sur une
carte plus ancienne. Elle donne uh gra-
phique des plus nets : i° d'une iilimense
île formée par la réunion de Guernesey
et Serck ; 2° et d'une prescju'île (Jersey)
largement reliée au continent. (Deschamp-
Vadeville, cité par Alix dans son livre La
haie de Saini-Mah.)
Les îles anglo-normandes représentent
donc une portion de l'ancien territoire
français, ce qui suffît à expliquer l'origine
des noms français des habitants. Et voici
maintenant, sans accepter d'autre lumière
que celle des faits, la raison non discuta-
ble de cette conservation des noms fran-
çais dans cet archipel de quelques îles,
débris de l'ancien dUché de Normandie.
Après Charlemagne — qu'on me per-
mette un petit bout d'histoire — la Nor-
mandie fut ravagée par les Scandinaves
ouNorthmans,et leur chef Rollon reçut en
912, au traité de Saint Clair-sur-Epte,
l'investiture du duché de Normandie qui
ne revint à la France que sous Philippe-
Auguste, à l'exception des îles en ques-
tion.
Or, Rollon avait divisé les îles en
quatre grands fiefs, qui furent plus tard
divisés en Un nombre infini de petits fiefs,
conservés intacts jusqu'à nos jours, tous
fol-mant de véritablesmajorats indivisibles
dont hérite seul l'aîné de la famille. Et
voilà comment l'ancienne race des vain-
cus s'est maintenue dans l'archipel, où
elle n'a pas seulement conservé ses noms,
mais aussi sa langue française et ses cou-
tumes normandes. D' Billard.
Familles à origine illustre très
anc>enn'- (LUI; Ll'V^, 78, 123, 293, 408 )
— N'iiUblions pas la famille d'Adam, le-
quel, à en croire le R P. Garasse, S. J.
« avoit pour armoyries trois feuilles de
figuier. AL Pasquier s'en gausse, ajoute -
t-il,sans se prendre garde que. etc. » Voir
la suite dans les Recherches des Recherches,
Paris, Chappelet, 1622, in-B", p. 469.
Lpt. du Sillon.
Origine de la noblesse bretonne
(LIV, 279,353,,<|i7). — Tout ce qu'il peut
y avoir de particulier dans cette origine,
c'est, comme l'a remarqué dom Lobitteau
avec son habituelle sagacité, que les émi-
464
grés de la Grande Bretagne ne se sont
point établis dans l'Armorique par con-
quête. « Il faut donc, continue l'illustre
historien, chercher l'origine de la noblesse
bretonne ailleurs que dans le droit des
armes... Les nobles, parmi les premiers
bretons, étaient ceux qui s'étaient tirés de
l'égalité commune par le mérite, les em-
plois, le commandement, la force et les
richesses. »
Rien de plus simple, et cependant, rien
à ajouter, je crois.
Vicomte du BreIl de Pontbriand.
Titres de noblesse (LUI ; LIV, 30,
93, 195, 245, 353). — Etant allé au mi-
nistère de la justice demander quelques
renseignements sur les formalités exigées
pour l'investiture des titres, le chef de bu-
reau qui me recevait me montra un re-
gistre dans lequel je vis peintes les armes
de ma famille et je me souviens qu'au-
dessoUs de l'écusson étaient écrits ces
mots : « Vicomte de Bonald, Pair avec In-
vestiture ».
j'ignore si n'importe qui peut obtenir
communication de ce registre, mais il
serait facile de se renseigner sur ce point
au ministère de la justice.
Le vicomte de Bonald.
Adoption. La question du nom
(LIV, 164, 239, ^<^o, 406). — Une co-
quille a rendu incompréhensible ma ré-
ponse parue dans le dernier n°.
On m'a fait dire : « Il convient de dis-
tinguer les titres anciens des orJies de
l'Empire et de ceux de la Restauration >>,
j'avais écrit : « Il coilvient de distinguer
les titres anciens Je ceux de l'Empire et de
ceux de la Restauration ».
J'ajouterai, en réponse à M. Beaujour,
qu'à l'heure actuelle, en droit strict, on ne
peut légilement porter un titre qu'en
vertu d'un arrêté d'investiture délivré par
le Garde des Sceaux lors de chaque trans-
mission. Or, je doute fort que la chancel-
lerie consente à investir un enfant adoptif,
excepté quand elle ne peut faire autrement,
par exemple, si elle est liée par les Lettres
Patentes portant concession du titre.
L^oj-inion de M. Dem.>lombe a la plus
grande valeur, niais n'oublions pas que
les tribunaux ne sont pas compétents pour
la transmission des titres, ils n'ont d'autre
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Septembre 1906.
465
466
rôle que celui de faire respecter les déci-
sions de la chancellerie.
Le vicomte de Bonald,
Robert d'Arbrissel (LUI ; LIV, 20,
125,238,408). — I. Du P. Honoré Nicquet :
1°) H is foire de V Ordre de Font-Evtaud.
A Paris, chez Michel Soly, 1642, 4",
pp. 547. — L'Histoire de l'Ordre de Fcnte-
vrault, contenant la vie et les merveilles
de la Sainteté de Robert d'Arbricelle et
l'Histoire chronologique des y^bbesses. An-
gers, 1642, 1686, 4".
2°) Un ms. intitulé : Histoire de l'Ordre
de Fonfevraiid, par le P. Honorât Nicquet.
Ce ms. se trouve à la Bibliothèque de
Poitiers et non à celle d'Angers, d'après
Sommervogel : Bibliothèque de la C'* de
Jésus.
II. Du P. Jean Chevalier (1607-49) *
y if a B. Roberti Arhressellcnsis^ institutori^
Ordints. Fontis Ebraldi, 1647.
III. Du P. Cosnier Michel : Fie de Robert
d'Arbrisselles, 1634. (Cet ouvrage paraît
perdu).
IV. Du P. Lacdrry Gilles : Dissertaiio
de anno et die ohitus S . Roberti. Claramonti,
1674^ 4°, PP- 8.
V. Du P. Raynaiid Théophile : Trias
Fortiiiin.. Rohertits de Arbrisiello... Lug-
duni, 1657, 4°, pp. 496. P. Darbly.
Diderot enterré à Saint-Roch (LUI),
— Pour ce qui concerne Diderot, s'adres-
ser à son neveu et héritier, M. le comte
Albert de Vandeul.
Un rat de BlBLIOTHÈaUE,
Griffet de îa Baume, ingénieur
des Alpes-Maritirnes entre 1790 et
1810 (LIV, 335).— On lit dans Xs, Bio-
graphie universelle pubUée chez L. G. Mi-
chaud, en 18 17 : «Charles Griffet Labaume,
frère d'Antoine-Gilbert, né à Moulins, en
1758, mort à Nice le 10 mars 1800, ingé-
nieur en chef des Alpes-Maritimes, a
donné une Théorie et pratique des annuités
décrétées par V Assemblée nationale de
France pour les remboursements du prix des
acquisitions des biens nationaux., n9^i
in-8. Quelques personnes lui attribuent la
traduction de Daniel, qu'avec le plus
grand nombre nous avons comptée parmi
les ouvrages de son frère ».
Complétons ces renseignements som-
maires.
Griffet de Labaume (ou de La Baume,
ou de La Beaume), entré à l'école des
Ponts et Chaussées le 5 novembre 1776,
quitte cet établissement en 1 781. Nommé,
en 1782, sous-ingénieur, et plus tard, in-
génieur des Ponts-et-Chaussées dans la
généralité de Lyon, département de
Rhone-et-Loire, avec résidence à Roanne
età Montbrison. Arrêtéen 1793 et nommé
à sa libération ingénieur de la Drôme en
résidence à Montélimar. Passe dans le dé-
partement des Alpes-Maritimes, en rési-
dence à Nice, où il est nommé ingénieur
en chef le 10 germinal an 4 et où il meurt
en 1800.
Les archives de l'école des Ponts et
Chaussées, 28, rue des Saints-Pères, pos-
sèdent plusieurs manuscrits de Griffet de
Labaume. Ils sont à la disposition de qui
voudra les consulter. Notons en passant
qu'il résulte d'une notice autographe
écrite par Griffet de Labaume sur ses ou-
vrages, qu'il est bien l'auteur de la tra-
duction de l'ouvrage allemand Daniel.^
contrairement à ce qui est dit plus haut.
Jean P.. .E
Famille Lemoine (LUI, 6 14, 741, 861,
972;LIV,I2q). — Des circonstances indé-
pendantes de ma volonté ne m'ont pas per-
mis de remercier plus tôt mes aimables
collègues, le comte de Caix, et M . Le
Lieur d'Avost, des renseignements qu'ils
ont bien voulu me donner sur la famille
Lemoine. Serait-ce abuser de leur obli-
geance que de leur soumettre les objec-
tions que soulèvent leurs communica-
tions ?
Le comte de Caix assigne Clermont-en-
Beauvaisis comme berceau de la famille
Lemoyne, et les pièces qu'il cite à l'appui
ne laissent aucun doute sur la question.
D'autrepart,il existaiten Champagne^^kChà.-
lons,unefamiIlenobleet ancienne dumême
nom à laquelle M. Le Lieur d'Avost ratta-
che celle qui nous intéresse. En d'autres
termes, les Lemoine de Clermont seraient
un rameau détaché des Lemoine de Châ-
lons. Il m'intéresserait particulièrement
que le fait fût établi. Saint-Allais cite les
Lemoine de Chàlons, sous la rubrique :
Lemoine de Villarsy, et donne l'état de
cette famille qui avait encore des repré-
sentants à l'époque de la publication de
N»
1125.
L'INTERMÉDIAIRE
471
472
dont elle est extraite, me fut dictée par
Sainte-Beuve. C'est ce dont je puis ré-
pondre. Jules Troubat.
Towianski (LIV, 109, 246, 299). —
La biographie de l'illuminé polonais
Towianski, avec de nombreux extraits de
ses œuvres, a été publiée, en 1897, par
Tancrède Canonico, président du Sénat
italien, soUs ce titre : André Towianski^
traduction de l'italien par E. Bouriiier.
Turin, imprimerie Vincent Bona, i vol.
in-8, IV et 406 p., avec un portrait. Dans
une note de sa préface, l'auteur écrit :
«î Le souvenir des choses qu'à faites cet
homme, se trouve dans les trois volumes
intitulés Ecrits d'André Totvianski, dont
j'ai extrait ceux que je rapporte ici ».
A consulter encore l'ouvrage suivant :
Quelques actes et documents concernant
André Towianski et la France (18^2-
i8ji). Reims, imprimerie coopérative, 24,
rue Pluche, 1905, î vol. in-8, 241 pages.
L^éditeur, Emile Bournier, indique dans
l'avant-propos que les deux volumes se
trouvent dans toutes les bibliothèques
municipales de France. J. Lt.
*
* ♦
M. Marnix'a signalé avec justesse une
étude très intéressante sur Towianski
dans la France mystique d'Erdan. M. Per-
signy y trouvera un portrait de l'illuminé,
qui se croyait chargé par Dieu de prépa-
rer la résurrection de la Pologne, et tous
les détails possibles sur le rôle qu'il a
joué en France en 1848. L'ouvrage con-
tient un extrait assez étendu de son fa-
meux manuscrit divin, écr\t. disait-il, sur le
champ de bataille de Waterloo, et qui
portait ce titre : le Banquet.
Je mets à la disposition delM. Persigny,
dans le cas où la communication lui se-
rait utile, le second volume de ce cu-
rieux ouvrage : La France mistique (sic),
par Alexandre Erdan. Coulon Pineau, Pa-
ris. D'- Billard.
Les derniôrs moments d'Alfred
de Vigny (LIV, 212, 246, 299). — Il
semble tout à fait inexact de voir, avec
M. Séché, un janséniste en Alfred de
Vigny. p. D.
Voltaire à Lausanne (LIV, 170.) —
ia lettre parfaitement aimable que m'a, sur
ce Stijet, adressée M. le Syndic de Lau-
sanne lui-même ;
« Des recherches que nous avons faites,
m'écrit-il, à la date du ^ septembre 1906,
il résulte que Voltaire habita la campagne
de Montriond, située entre la ville et le
lac, et qu'il occupa aussi, pendant un cer-
tain temps, une maison située dans la rue
du Grand-Ch<ine.
« La campagne de Montriond a appar-
tenu :
« Dès 1722, à Jean-Daniel de Cronsay,
contrôleur, et à son fils David ;
« Dès 1746, à Jean-François Panchaud ,
« Dès 1765, à Friedrich Crinsoz ;
« Dès 1770, au professeur et au capi-
taine Tissot ;
«Dès 1798, à Jean-Marie-Louis-Samuel
Dapples, et à ses descendants.
« Elle fut habitée successivement par
Voltaire, par le comte de Golowskin, et
par le prince de Wurtemberg.
« Cette propriété d'une contenance de 7
ou 8 hectares, a été vendue, il y a quatre
ans, à des spéculateurs, parl'hoirie Dapples,
et se couvre encore de constructions,
« La maison du Grand-Chêne, qui por*-
tait jadis, sur le fronton, les armoiries
des Chandieu, a appartenu, dès 1726, à
Jacques de Montrond, puis, au colonel
Benjamin de Chandieu ; dès 1788, à la
comtesse Anne-Pauline-Marie-Adrienne de
Nassau, fille de Benjamin de Chandieu ;
plus tard, à la famille Gottofrey, d'où
elle a passé, par héritage, à la famille
Gaulis, qui vient de la vendre.
« Ce Benjamin de Chandieu avait une
autre fille, Henriette, qui épousa Juste de
Constant, père du célèbre Benjamin de
Constant.
« 11 avait aussi deux autres filles qui
épousèrent, l'une, — l'aînée, — un M. de
Sivery, dont la postérité vit encore, et
l'autre, — la cadette, — un M. de Luys,
dont les descendants ont associé le nom
de Chandieu au leur, la postérité mâle de
Chandieu étant éteinte. »
L. DE Leiris.
Armoiries à retrouver : d'azur
semé de fleurs da lis d'or et de
clefs d'argent (LUI ; LIV, 93, 199,
253, 300). Comme suite à la note que
Je ne puis mieux faire, pour répondre à la j'ai déjà envoyée à V Intermédiaire, je puis
question, que de reproduire textuellement > indiquer une autre voie. Guilbert, dans
II
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
m
son Histoire des villes de Fiance, publiée
chez l'éditeur Furne en 1845, donne les
blasons coloriés de 123 villes de France.
La petite ville de Malle en Poitou n'y
figure point parce que ses armoiries sont
relativement récentes.
Elles furent composées peu après 1870,
par le sculpteur Pairault (de Niort) sous
l'inspiration de l'archéologue Rondiet.
Melle blasonne :
D'a:(ur à trois pièces de monnaie carolin-
gienne d'argent, posées 2 et r . Couronne
murale, au-dessus de laquelle se trouve
une banderolle avec le vieux nom de la
ville : Metullum.
Tenant : 2 Mélusines.
Marquis deL. G.
Bague avec devises (LIV, 56, 254,
353). — Dans une plaquette, intitulée:
Le cceiir vendéen (bijou populaire ancien)
(Paris, 1903, 2^ édition, p, 62), j'ai con-
sacré un paragraphe aux bagnes à cœur^
d'origine bretonne et vendéenne. J'y ai
signalé la bague, dite de roulier^ qui
porte souvent une devise, sous forme de
charade. Par exemple : L. ou V., enlacés
avec un cœur. Ce qui signifie: «Mon
cœur à elle (L) » ; ou « Mon cœur à vous
(V) ! >>
On trouvera un certain nombre de ba-
gues de cette sorte au Musée Dobrée, a
Nantes, en particulier dans la vitrine de
la collection Parenteau, ancien conserva-
teur de ce Musée archéologique.
D"" Marcel Baudouin.
Croix Huguenote ( LUI, 950 ; LIV,
417). — Croix cévenole — Saint-E^piit —
XVI B. voudrait-il avoir l'amabilité
dedécrire la croix Huguenote que je ne
trouve décrite nulle part ? C. B, O.
* *
Originaire des Cévennes ; c'était le
signe distinctif des dames protestantes,
les dames catholiques portant une croix
de la forme ordinaire.
Cet objet, en or, semble dater du com-
mencement du règne de Louis XIV En
voici la description : en haut, un anneau
pour l'attacher, ensuite, une couronne
avec deux barres en croix, puis le Saint-
Esprit (sous la forme d'un oiseau). Après
la révocation de 1 Editde Nantes, le Saint-
Esprit a été remplacé par une larme.
Il y a une vingtaine d'années^ on trou-
30 Septembre 190e.
474
vait aisément ce bijou dans les famille^
du Gard ; il est maintenant d'une rareté
extrême et d'un prix fou, parce qu'on en
a envoyé à la fonte une grande quantité
et que les amateurs de bibelots se sont
mis à le rechercher.
Les bijoutiers de Nîmes et surtout d'A-
lais vendent des fac-similé au prix de 18
à 20 fr.
Les protestantes, avant la Révocation,
portaient cette croix au cou, et plus tard,
quand ce fut un signe séditieux, sur l'é-
paule gauche et dissimulée dans un nœud
de rubans. A Paris, actuellement, des
dames appartenant à la Religion déformée
portent cet objet en breloque. T -Y.
Eteignoirs (LIV, 338). — On ren-
contre fréquemment à Londres ces an-
ciens eteignoirs pour torches. Nombreuses
sont les vieilles demeures ayant conservé
les deux potences en fer forgé où se pla-
çaient les grosses lanternes pour éclairer
le seuil, et c'est au montant de ces po-
tences qu'on retrouve ces eteignoirs ac-
colés. C. B. O.
*
* *
Dans mon étude sur le Couvre-fèu^ pa-
rue dans les Annales Fléchoises de 1903,
j'ai rappelé cette coutume des torches
portées le soir par les valets des grands
seigneurs ( t. i, pp. 225-226). L'exemple
de Charles VI demandant ces torches pour
aller voir le connétable blessé est typi-
que. De Caumont mentionne des modèles
d'éteignoirs dans soft Abécédaire d'archéo-
logie. Archéologie civile et militane,
p. 350. N'ayant pas près de moi cet ou-
vrage, je ne puis les noter ici
Louis Calendini,
* * .
Il existe — ou existait encore il y a
quatre ou cinq ans — à Nancy, une
dizaine d'anciens hôtels, ayant à leur porte
un ou deux eteignoirs destinés à éteindre
les torches portées par les valets. Ces etei-
gnoirs fort simples étaient fixés contre le
mur, à droite et à gauche de la porte
d'entrée. La petite noblesse n'avait droit
qu'à un éteignoir, les grandes familles en
avaient deux à leur porte. Je me souviens
fort bien en avoir vu plusieurs spécimens
dans la rue du Haut Bourgeois, à Nancy.
Dans cette rue se trouvaient, au temps du
roi Stanislas, les principaux hôtels des
grandes familles lorraines. Consulter VHis-
N» 1125.
L'INTERMÉDIAIRE
- 475
476
toire des maisons de Nancy, par Combe. Je
suis actuellement loin de mes livres, mais
dès mon retour chez moi, je pourrai
donner à M. Pietro des renseir/nements
complémentaires. Tennocram.
* *
Il existe à Aix-en-Provence plusieurs
anciens hôtels, notamment ceux des
d'Esticnne de Saint-Jean et des Robinson
de Beaulieu, qui possèdent encore, à
droite et à gauche de leur porte d'entrée,
les vieux éteignoirs qui servaient à
éteindre les torches que portaient les la-
quais accompagnant les chaises à porteur.
On voyait même, il n'y a que quelques
années encore, au dessous de ces grands
éteignoirs, les marques noircies des tor-
ches. P-
Etymologiô des nom? de famille
(T. G., 643 ; LIV, Y-,0). — Tout cher-
cheur qui s'occupe de cette question ne
peut ignorer les deux ouvrages suivants
de Loiédan Larchey publiés le premier en
1880, le second en 1881 :
jo, — Dictionnaiie des noms contenant
la recherche étymologique des formes an-
ciennes.
2». — Ahnanach des noms expliquant
2800 noms de personnes. G. DE Massas.
♦
M. LoréJan Larchey, mort en 1900 à
Menton, et qui fut un collaborateur as-
sidu de \' Intermédiaire, a publié un dic-
tionnaire des noms de famillj. Je ne cer-
tifie pas l'exactitude du titre et j'ignore
l'éditeur, Tennocram.
*
¥ *
Pour les familles bretonnes, voyez le
Nobiliaire de Potier de Courcy, tome 111,
ouvrage très documenté. Du H.
Une inscription latine à traduire
(XLVl, à L ; LIV, 315) — C'est un
sort sur cet élégiaque de malheur : le
« bourdon » signalé est désormais à
mon compte ! Pour être sur pieds, et se
scander en mesure, le pentamètre de
Sidoine Apollinaire doit s'écrire :
Sole medere, pede ede, edl, perede melos.
Les homonymes : edo et edo., se distin-
guent à la quantité d'après un vers mné-
monique connu.
Non edo cœnatus, tune edo pœmata lœtus
P. D.
Le sonnet d' "^ rver.* est-il imué
de 1' talion? (LIV, 162; 257, 302, 358,
423). — Le sonnet en italien produit par
M Garez est trop identique à celui d'ArverS
pour n'en être pas cru a priori une traduc-
tion aussi élégante que fidèle. Les cir-
constances très vaguement déterminées de
la découverte, en rendent d'ailleurs plus
que suspectes l'authenticité et l'antériorité-
J'attends donc de meilleures preuves en
ayant quelque idée qu'on n'en produira
T-.OC H, C M.
pas.
Mys-ti-fi-ca-ti-on ?
Lpt. du Sillon,
Le pluriel des mots en ant et en
ent (LU ; LIV, 145.309)- — I^ "'^^ ^."^"'^
droit de parler au nom de l'Intermédiaire,
mais individuellement, j'ai bien quelque
droit de m'étonnerqu'un écrivain qui pros-
crit le d dans la désinence en ends le con-
serve dans la désinence en ands^ et qu'il
écrive deux grands différens là où l'on s'at-
tendait à rencontrer deux grans différens,
ou deux grands différends.
Lpt. du Sillon.
Les bons ouvrages sont ceux qui
font pleurer (LIV, 227). — Deschanel,
dans son ouvrage sur Lamartine, etc. Le
reste comme on l'a imprimé.
Le théâtre en province (LIV, 281,
335,428).— M.F.HoUapublié.ily aquel-
ques années, dans les Petites Affiches de
Strasbourg, disparues depuis deux ans
après une existence de prés de deux siè-
cles, une série de chroniques historiques
et anecdotiques sur le théâtre de Stras-
bourg depuis sa fondation jusqu'en 1870.
Grâce à la fondation de M. Apfel qui lui
légua plusieurs millions, le théâtre de
Strabourg eut au milieu du xix" siècle et
jusqu'en 1870, une longue période de
prospérité inouïe sous la direction Ha-
lanzier, plus tard directeur de l'Opéra de
Paris. Le ténor Renard, Déjazet, et tant
d'autres firent leurs débuts à Strasbourg
avant de se faire consacrer par Paris.
En s'adressant à M. HoU, rédacteur
thcâtral du journal d' Usa:e à Strabourg,
je suis convaincu que l'on obtiendrait to is
renseignements désirés.
Tennocram.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
— 477
*
A ajouter : Spa. Le théâtre et la imisique
à Spa au temps passé et au temps présent,
par AlbinBody. Deuxième édition, Bruxel-
les, veuve Rozer, 1884, in-S" 250 pp.
Un mot deî Lamartine (Ll ; LU ; LIV,
258). — Lire : Emile Deschanel ; Lamar-
tine, t. II, etc., etc. P. B
Les pantalons d--. femîTaes(LlI;LIII).
— Ce n'est pas, ainsi que le présume M.
Jean Pila, la Révolution qui a changé chez
elles, la culotte en pantalon. Témoin cet
avis qui figure dans la Liste des Seigneurs
et Dames venus aux Eaux minérales de Spa
Van iTJ^.
N. Pantalon, connu sous ce nom par la
quantité qu'il en a faits, tant pour hommes
que pour femmes, très commodes pour
monter à cheval, demeure rue de la Sau-
venière à Spa, (N° du 23 août 1773).
Albin Body.
L'action inspiratrice et intellec-
tuelle des aliments solides. Y a-t-il
des écrivains qui aient considéré
cette questi in ? (LIV, 396). — La
science du goût n'a pas des laboratoires ;
elle n'a que des cuisines.
Voilà le mal essentiel.
Le comble d'une cuisine, c'est d'être un
paradis gastronomique, c'est-à-dire d'à voir
pour but de remplir le ventre de la façon
la plus agréable possible, mais aussi le
plus possible.
En réalité, le problème à résoudre est
tout différent. En voici l'énoncé :
L' alimentation doit donner au corps avec
la sensation gustativc la plus agréable pos-
sible et dans un minimum de temps, le plus
de force physique possible en laissant un
maximum de temps disponible pour qti'un
cerveau donné puisse faire le maximum de
travail intellectuel possible .
Comme je ne peux pas développer ici,
d'une façon complète, toutes les considé-
rations nécessaires pour résoudre ce pro-
blème, je me bornerai à faire quelques
observations.
D'abord il faut réserver le nom de
gastronomie (règle du ventre) à l'art qui a
seulement pour but de remplir le ventre
de la façon la plus agréable possible et le
plus possible.
30 Septembre içob,
478
La bible de la gastronomie, c'est La
Physiologie du goût de Brillât Savarin
En effet, avec Carême et d'autres illus-
tres cuisiniers et sans être cuisinier, je
retiens que Brillât- Savarin était plutôt un
grand mangeur qu'un véritable connais-
seur de Tart. Je donne le nom de tropho-
noinie (règle de l'alimentation) à la
science qui a pour but de déterminer l'ali-
mentation qui peut fournir les forces
physiques et intellectuelles maximum
compatibles avec un corps et avec un
cerveau donnés.
A la gastronomie s'applique le vers de
Musset :
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse
La trophononiie \\' ^dmQ\. pas que la fonc-
tion du goût soit de donner l'ivresse, mais
qu'il doit servir à établir l'harmonie entre
l'esprit et le corps.
Mes recherches sur Talimentation dans
les rapports avec la vie physique et la vie
intellectuelle m'ont conduit à formuler
certaines règles auxquelles je dois la par-
faite santé dont je jouis. En voici quel-
ques-unes :
1° En général, toutes les personnes,
compris les gens aisés et riches, mangent
trop et mal.
2° Quand l'appétit dépasse de trop une
valeur minimum, on est entraîné à excé-
der dans l'alimentation avec une progres-
sion accélérée en vertu du dicton : ubi
stimulus ibi fluxus.
3° L'activité assimilatrice physique et
l'activité intellectuelle ne doivent pas agir
simultanément d'une façon intensive,
4° Les médecines dont on connaît assez
complètement l'action physiologique et
thérapeutique générale, c'est-à-dire sur
tout l'organisme, sont très rares. Je cite-
rai le fer, le quinine, le mercure, l'iode ;
pour la plupart, on connaît l'action bien-
faisante sur un organe donné, mais on
ignore, ou on néglige l'action nuisible
qu'elles peuvent exercer sur d'autres or-
ganes.
D'un autre côté, beaucoup de substan-
ces alimentaires exercent une action thé-
rapeutique excellente, bien qu'elle puisse
varier d'individu à individu.
5° La peur des maladies est cause de
maladie.
6° La douleur peut diminuer l'appétit ;
mais quand l'appétit diminue chez les
N° II 25,
L'INTERMEDIAIRE
479
480
amoureux par l'action de l'amour même,
on a la preuve que cet amour est dû plus
à une attraction physique qu'à une attrac-
tion intellectuelle; Cela en retenant exacte
}a définition de Chamfort : L'amour, c'est
réchange de deux fantaisies et le contact
de deux épidémies
7° La tranquillité d'esprit est une con-
dition essentielle d'une bonne digestion ;
par conséquent l'ambition, la pusillani-
mité et la colère peuvent être causes de
maladie et sont toujours nuisibles au bien-
être physique.
Revenons maintenant aux sens en gé-
néral et à l'estime dans laquelle ils sont
tenus.
Les phénomènes dépendant de la vue
sont essentiellement la base de l'esthéti-
que grecque et l'on peut ajouter aussi de
la moderne ; les phénomènes dépendants
de l'odorat sont la base de l'esthétique
biblique, témoin le verset du cantique des
Cantiques :
« Ses joues sont comme de petits par-
« terres de plantes aromatiques qui ont
<* été plantés par les parfumeurs ; ses lè-
« vres sont comme des lis qui distillent la
« myrrhe la plus pure ».
Les phénomènes intellectuels, dépen-
dants de l'alimentation doivent être la
base de l'esthétique future.
Mais hélas ! jusqu'à présent, par un
singulier préjugé, l'alimentation est con-
sidérée comme chose prosaïque et vul-
gaire. Toutes les littératures dans tous les
temps d'Homère à Rabelais, de Rabelais
à Brillât Savarin, tous les proverbes de
tous les peuples, mentionnent des repas,
mais toujours pour leur action sensuelle
directe. Les aliments liquides seulement
c'est-à-dire le vin, le café, le thé, etc.. ont
eu l'honneur d'être chantés par des poètes
de toutes les époques soit séparément, soit
quelquefois ensemble, pour leur influence
esthétique grecque (couleur) ou sémitique
(odeur), comme par Théophile Gautier :
De là naissent ces sympathies.
Aux impérieuses douceurs
Par qui les âmes asservies
Partout se reconnaissent soeurs ;
Docile à l'appât d'un arôme
D'un rayon, ou d'une couleur
L'atome vole vers l'atome
Comme upe abeille vers la fleur.
De son côté, Baudelaire dit :
Comme de longs échos qui de loin se con-
[fondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums. les couleurs et les sons se con-
[fondent.
Dans les vers de Théophile Gautier,
on sent l'influence de Goethe qui, dans
son roman Les affinités électives a essayé
de fonder une chimie intellectuelle cor-
respondante à la chimie matérielle de La-
voisier.
Ce qui est sûr, c'est que l'alimentation
plus que toutes les autres conditions où
peuvent se trouver les hommes, développe
en eux le sentiment de la fraternité.
C'est ainsi qu'en 1438, le cardinal Ce-
sarini réussit au concile de Ferrara, con-
tinué l'année suivante à Florence, à éta-
blir, au moyen de bons dîners une par-
faite cordialité entre les ecclésiastiques
bizantms et romains, d'abord très mal
disposés les uns envers les autres. C'est
ainsi qu'un bon cuisinier est indispensable
à un diplomate, car une bonne pplitique
est inséparable d'une bonne cuisine.
A.
Les roues de fortune (LIV, 228, 371,
432). — Récemment, pendant un court
séjour dans les Côtes-du-Nord, à Saint-
Mayeur, une dame rappela devant moi
que, dans une église voisine, il y avait
une roue de fortune ou de mariage (je ne
puis pas préciser) ; malheureusement, j'ai
oublié le nom du village.
En Bretagne, il doit persister encore
des roues de cette nature. Il serait bon
d'en faire le dénombrement.
D"" Marcel Baudouin.
Je remercie particulièrement M. de
Torla de sa communication.
Il ne m'est pas possible, malheureuse-
ment, de répondre à sa question sur les
usages bretons d'origine espagnole, con-
naissant trop peu ceux de la Péninsule.
Les relations politiques et commer-
ciales entre les deux pays, ont certaine-
ment introduit en Bretagne, plus d'un
mot espagnol ; au mot rai (real) j'ajoute-
rai Jopc{ qui, dans le pays des Bigoudens,
est employé pour désigner un lourdaud.
Du H.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
481
Pied de nez (LUI ; LIV, 40, 99,147,
313, 369). — L'histoire de la figue mi-
lanaise est connue et faire la figue en pas-
sant le pouce entre l'index et le doigt ma-
jeur est un geste familier et parfois
d'expression grivoise. 11 a pourtant une
autre signification en Grèce : il sert à
conjurer le sort. Pour plus de sûreté, les
Grecs portent souvent une sorte d'amu-
lette où le geste est permanent, comme
par exemple un morceau de bois sculpté
où un pouce est glissé sous l'index d'une
main. C'est en voyant une canne en bois
d'olivier venant d'Athènes, dont la crosse
était ainsi sculptée, quej'ai été informé de
cette singulière signification.
E. Grave.
Serpent . Anecdote extraordi-
naire contée par Pvîichelet (LIV, 1 1 1 ,
203,266) — Voici ce que me raconte un de
mes amis à ce sujet :
« Ayant été élevé chez mes grands pa-
« rents, dans le canton d'Argueil (Seine-
« Inférieure), je me rappelle fort bien,
« alors j'avais 839 ans, et ce fait est
« resté fort gravé dans ma mémoire,
« avoir vu, enroulée autour de la jambe
« droite d'une vache bretonne, une cou-
« leuvre trayant ma petite vache. A plu-
« sieurs reprises, il m'est arrivé de cons-
« tater ce fait, car mes grands parents se
« faisaient un plaisir de m'éveiller de
« grand matin, pour me fairevoir que non
« seulement, il n'y avait pas que sur ma
« petite bretonne que la chose se produi-
« sait, mais ausi sur d'autres de ses con-
« génères.
« Il y a de cela 45 ans, et je puis affir-
« mer avoir vu ce cas de traite par des
« couleuvres, que certains naturalistes en
« chambre mettent en doute, et qui a
« pourtant bien existé, et existe encore. »
CÉSAR BiROTTEAU.
*
Nous aussi, nous croyons que les ser-
pents peuvent têter le pis des vaches et
fasciner leurs victimes ; mais il faut bien
s'entendre.
Voici un cas de fascination tout à fait
authentique , et qui cependant n'en
est pas un ; on verra bientôt pourquoi.
Du côté des Deux-Sèvres, un homme
de confiance nous a cité le fait suivant : je
voyais un oiseau se débattre en criant,
sans que je puisse m'en expliquer la cause.
30 Septembre 1906.
482
Au moment où j'allais l'atteindre, j'aper-
çus avec effroi une tête de vipère le saisir
et l'avaler d'un seul coup ! A l'instant, je
frappai la vipère avec ma canne ; et je la
tuai, en lui faisant rendre l'oiseau qu'elle
avait fasciné, avant de l'avaler. C'est
bien un cas de fascination, semble-t-il !
Hé bien ! non : Et voici pourquoi :
Si c'était une couleuvre, on ne pour-
rait peut-être pas être aussi affirmatif ;
mais nous le sommes absolument, en
cas de vipère.
En effet, la vipère commence toujours
par piquer l'oiseau ; puis elle attend que
sa victime ne se débatte plus, après a
piqûre, qui est généralement mortelle.
C'est alors seulement, qu'elle l'englou-
tît. L'oiseau qu'avait vu notre correspon-
dant, avait donc déjà été piqué et ne se
débattait que parce qu'il était à l'agonie.
Aussi était-il déjà mort, quand la vipère
l'a rendu, avant de mourir elle-même.
D' Bougon,
*
Ceci n'est pas de la politique, mais de
la science très exacte. On n'a qu'à con-
sulter les récits des missionnaires ca-
tholiques ou protestants aux tropiques,
les récits des voyageurs dans les deux
Amériques, et, si je me le rappelle bien,
des cas particuliers parmi les Hindous,
les Indiens des Etats-Unis, et les Mexi-
cains. A. G. C.
*
* *
Le Petit Journal du 2 septembre donne
le télégramme suivant :
Reims. — Un serpent qui s'est échappé
d'une ménagerie et qui vit dans les bois de
Saint-Imoges, vient d'être blessé dans les
circonstances suivantes : Hier soir vers
quatre heures, au cours d'une battue, un
chasseur l'aperçut qui buvait au pis d'une
vache. Saisissantson couteau, il frappa l'ani-
mal en plein corps.. .
Alors !.. de deux choses l'une : ou ce
serpent a « la langue conformée pour la
succion », ou il appartient à l'espèce ca-
nard } Quid !
L'odeur rance des prostituées
(LIV 337). — Dans la Revue d'Italie^
l'excellent écrivain qui signe « Italo » dé-
crit dans sa chronique romaine du mois
d'août, la population des bas-fonds de la
Ville éternelle. Venant à raconter ce qu'il
a vu dans la salle d'audience du palais de
N" 1125.
L'INTERMEDIAIRE
483
484
justice, il parle « de l'air irrespirable qui
y règne : les odeurs fortes de mâles en
sueur se mêlaient aux parfums rances de
femmes échappées de maisons closes. »
La coïncidence méritait au moins d'être
signalée. Albin Body.
*
L'allusion doit reporter à la sixième sa-
tire de |uvénal, vers 132.
11 y est question, à vrai dire, du relent
de Suburre, {fœtov snhuranus) plutôt que
du bouquet ... de la mariée {Odor Ve-
neris mcreîricis) ; c'est tout ce que l'on
trouve, et c'est Messaline qui est la parfu-
meuse :
Obscuris que genis turpisfumoque lucernas
Fœda, lupanaris tulit ad pulvinar odorem.
Elle rentre au palais hideuse, échevelée,
Elle rentre, et l'odeur autour d'elle exhalée
Va, sous le dais sacré du lit des empereurs.
Révéler de sa nuit les lubriques fureurs.
Thomas.
M. Edouard Drumont, dans La Fin
d'un monde, célèbre cependant une hé-
roïne (ce n'est pas sainte Zette) qui em-
bauma Antioche du parfum de ses vertus.
P.-D.
* *
Dites « des prostituées romaines » Les
vers de Juvénal qu'on nous demande de
retrouver s'appliquent aux filles de s m
temps et ne peuvent pas être cités à pro-
pos de la prostitution moderne. On va
voir pourquoi.
A Rome, la fille libre faisait son métier
dans une petite cellule isolée, sorte de
boutique en maçonnerie pleine, ouvrant
au rez-de-chaussée sur la rue par une
porte basse, sans fenêtres et sans commu-
nication avec l'intérieur de l'immeuble.
Cette niche à femme pouvait cuber de
6 à 8 me d'air (moins de 2 m. dans les
trois dimensions). Au dessus de la porte
il y avait un écriteau avec le nom de la
prostituée ; sous l'écriteau une lampe fé-
tide et près de la lampe, la fille debout.
Chez les esclaves des lupanars, la disposi-
tion ne différait pas sensiblement.)
Dans le cadre de sa petite porte, la fille
publique était donc sans cesse baignée
par la fumée de sa lucei na comme par les
parfums d'une cassolette ; et cette lampe
qui brûlait une substance brute, impure,
chauffée à sa propre flamme, était dou-
blement nauséabonde par son huile chaude
et sa mèche fumeuse. Un visiteur entrait-
il, c'était pis encore. On posait la lampe
à l'intérieur de la petite pièce où l'atmos-
phère serait devenue bientôt irrespirable,
n'eût été la porte, toujours ouverte ou à
peine voilée par un haillon d'étoffe sus-
pendu au linteau
Telleest l'odeur (huileuse et non fémi-
nine) à laquelle Juvénal tait allusion à
propos d'une impératrice qui courait les
mauvais lieux (Sat. VI. v. 130) :
Obscurisque genis turpis, fumoque lucernae
Fœda, lupanaris tulit ad pulvinar odorem .
Les prostituées de Rome étaient pro-
pres ; elles se baignaient assurément plus
que les nôtres et surtout plus que les
femmes honnêtes de nos classes popu-
laires ; mais l'odeur de l'huile s'attachait
à leurs corps, imprégn.ait leurs vêtements,
décelait leur profession.
Aussi, par un phénomène d'association
d'idées qui ne surprendra aucun psycho-
logue, cette odeur d'huile et de fumée de-
vint pour les Romains un parfum essen-
tiellement voluptueux.
« La fille debout dans sa niche empes-
tée » était l'image même de la tentation
pour certains patriciens riches. C'est ce
que dit Horace (Sat. II, v. 28-30) ;
. . . Sunt qui nolint tetigisse.. .
nullarn nisi olente in fornice stantem...
Aux personnes qui ont un amour im-
modéré pour la campagne, l'odeur du fu
mier n'est pas moins agr'able, dit-on,
que celle de la prairie. Qu'elles ne soient
pas surprises, si par un sentiment analo-
gue et très humain, les amis d'Horace
unissaient tout naturellement la senteur
de l'huile chaude au parfum de la beauté,
Candide.
Autobus ,LIV, 337, 426). — Ce mot
n'est pas hybride, mais imagé, dans une
couleur essentiellement parisienne; formé
de deux abréviations, il en constitue une
troisième, qui dit bien ce qu'elle veut dé-
nommer, pour toute la clientèle de la
Compagnie des omnibus. Notre collabora-
teur j L. T ignore peut être que le plus
grand nombre de ces voyageurs dit : le
bas » pour l'omnibus. « Je vais prendre le
bus» est une locution courante. De même,
dans le monde de l'automobilisme, on a
coutume de dire simplement auto pour
automobile, je vais en auto ; je prends le
bus. La formation du mot autobus est,
DES CHERCHEURS- ET CURIEUX
485
tout naturellement, la conséquence de ces
deux abréviations, et que, M. J. L. T. me
pardonne, je trouve logique cette forma-
tion, bien qu'au point de vue euphonique
ce néologisme laisse quelque peu à dési-
rer. Albert Gâte.
* ♦
Le nombre et la complexité des in-
ventions nouvelles ont rendu i<bsolu-
mcnt impossible dans bien des cas la
création de mots nouveaux construits
sur des bases étymologiques rigoureuses.
S'il fallait traduire en grec ou en latin
l'idée d'une voiture couverte actionnée par
un moteur pour le tianspoit des voyageurs
en commun, o^ aurait un mot de douze syl-
labes que le public rejetterait sans hésiter
parce qu'il n'a pas le temps de se livrer
à des exercices d'articulation pour faire
plaisir aux hellénistes.
Ce sont les médecins qui ont inventé
ces néologismes elliptiqu s dont on fait
aujourd'hui grand usage. Dans l'expres-
sion salicylate de phc'noî, par exemple, ils
prennent la première et la dernière syllabe
et créent le mot salai qui est clair pour
eux et facile pour nous. Ils ont raison,
parce que s'ils n'abrégeaient pas, le pu-
blic s'en chargerait lui-même et qu'il
abrège toujours très mal. C'est ainsi qu'il
appelle hisnuM le sous-nitrate de bis-
muth, en confondant le sel avec le mé-
tal. J'aime mieux satol qui du moins
ne fait pasamphibologie.
Quant à autobus, ne remontons pas à
Pindare pour l'expliquer. C'est un terme
formé très simplement par la juxtaposi-
tion de deux mots français du langage fa-
milier : le mot auto qui signifie « voiture
automobile » et le mot bus qui, à Paris
comme à Londres, signifie « voiture om-
nibus ». PulypoJitautocinétharui.vinaxe ne
serait pas plus clair ; et, malgré son gra-
cieux aspect, il n'a aucune chance d'être
adopté. Candide.
Fêtes, danses et spactacleg nus
(LUI ; LIV, 237, 370). — L'année der-
nière, à pareille époque, parut à l'Olym-
pia, Mata-Hari dans ses danses indoues.
Cette artiste, lady X. femme d'un officier
des Indes, d'origine indoue, avait vécu,
disait-on, quelque temps dans les temples
de l'Inde et avait appris les danses sacrées.
Son numéro se composait de plusieurs
scènes, danses guerrières, danses reli-
30 Septembre 1906,
486 — -
gieuses, et dans une dernière scène, elle
offrait à son dieu, ses voiles de pureté,
d'amour et enfin de chasteté. A l'Olym-
pia, Mata-Hari avait en plus de son cos-
tume indou, (un corselet et quelques bi-
joux pendant sur le ventre) un maillot
dit académique.
Mais pendant tout l'hiver 1904-1905,
Mata-Hari avait donné de nombreuses
représentations payées dans des salons
parisiens et dans de grands cercles. Le
maillot faisait absolument défaut, et après
avoir sacrifié à son dieu son voile de
chasteté, l'artiste restait toute nue avec
pour seul voile ses bijoux orientaux et sa
coiffure indoue. Elle faisait aussi, sur des
improvisations au piano, dans son très
léger costume, une série de danses lentes,
ou de poses plastico-religieuses. Son dé-
but eut lieu dans un salon très connu à
Paris, chez la comtesse de T. . devant
une cinquantaine de spectateurs ou spec-
tatrices du meilleur monde. Puis elle se
produisit moyennant finances dans d'au-
tres salons et dans les grands cercles de
Paris et même de Nice. J'ajoute, qu'au
dire de tous ceux qui l'ont vu, ce spec-
tacle était très gracieux et artistique et
nullement pornographique.
Tennocram.
*
* ♦
Le mouvement actuel en faveur du nu
s'est manifesté vers 1890. Il a pris nais-
sance dans les ateliers de peintres et dans
les jeunes revues. Son origine est indis-
cutablement artistique et littéraire, et
c'est ce qui le rend intéressant.
Si je ne me trompe, on n"a encore re-
présenté publiquement aucune pièce com-
portant des personnages nus ; mais il
s'en faut de peu. Vers 1892, M. Paul Fort
étant directeur du Théâtre d'Art, je me
souviens d avoir vu une représentation
du Faust de Marlowe où l'une des femmes
qui tenaient les rôles des Sept Péchés ca-
pitaux entrait en scène avec une simple
étoffe autour des reins et un voile derrière
le dos ; je vois encore la stupéfaction de
mon voisin Sarcey devant cette poitrine
toute nue que le jeune public de la salle
accueillait S3nnpathiquement. Depuis, le
mouvement a gagné peu à peu tous les
théâtres. On a préparé le public par une
série de transitions naturelles, en substi-
tuant au costume l'apparence du costume :
le voile transparent, la résille de poitrine
N* 1135.
L'INTERMÉDIAIRE
487
488
sans doublure, ou même le simple maillot
anatomique, horrible accoutrement qui,
celui-là n'a pas été inspiré par les artistes.
Le théâtre des familles, l'Opéra-Gomique
lui-même, a subi l'influence nouvelle avec
l'approbation de la critique ; dans la der-
nière pièce montée place Boïeldieu, Mlle
Régina Badet danse nue jusqu'à la cein-
ture avec des bijoux : deux petites tou-
ches de blanc gras suffisent à dissimuler
les détails que l'ancien corset avait mis-
sion de couvrir.
N'oublions pas Mlle Isadora Duncan
qui a mis à la mode les jambes nues, et
Mme Mata Hari qui est allée beaucoup
plus loin, non pas dans les cercles fermés,
mais dans les soirées ouvertes, dans le
monde, devant des maris accompagnés de
leurs femmes. Pourquoi l'a t-on invitée et
applaudie ? Parce que sa danse était belle
et son intention artistique. L'intérêt du
mouvement actuel est précisément de
tracer une ligne de démarcation très nette
entre le nu de l'art et ce qu'on pourrait
appeler le nu du commerce. Les généra-
tions de 1860. et de 1875, puritaines ou
naturalistes, confondaient volontairement
la fenime nue et la courtisane. Celle de
1900 distingue.
Cette confusion contre laquelle l'opi-
nion moderne proteste, a bien souvent
entraîné des conséquences singulièrement
opposées à toute morale, en n'autorisant
le nu vivant, que s'il avait la débauche
pour prétexte et pour cadre. On sait quelle
beauté certaines danses espagnoles ac-
quièrent à être dansées nues ; les peintres
ne cachent pas leur admiration pour ces
tableaux du mouvement et de la passion
dans la forme humaine ; or Alger est la
seule ville française où l'on en donne le
spectacle, et le gouverneur ne l'a autorisé
qu'aune condition, c'est qu'il se réfugiât
dans la maison la plus mal famée de la
ville. Ballet, on l'eût fermé ; bouge, on le
protège. C'est absurde, et si Mme Mata-
Hari n'avait fait que nous prouver en cela
notre inconséquence, il faudrait pour cette
seule raison nous féliciter de son succès.
Un Abonné.
Livres imprimés blanc sur noir
(LUI ; LIV, 37, 150, 259, 360). — Il y a
une confusion de mots.
Il n'existe pas de livres, ni de brochu-
res Imprimés directe/neni blanc sur noir,
par la bonne raison qu'il n'existe pas d'en-
cres blanches, capables de couvrir direc-
tement de blanc un fond de couleur.
A la rigueur, on peut imprimer d'une
encre d'apparence argentée, — mais en-
core trop transparente, — des cartons de
couleur. Cela se fait dans l'impression des
boîtes pliantes : je citerai quelques boîtes
de savonnier fabriquées par la cartonne-
rie Saint-Charles et des boîtes de bougie
fabriquées par la stéarinerie Fournier : à
ma connaissance, il n'y a pas, en France,
15 modèles ainsi imprimés.
Mais pour obtenir du vrai blanc, on
imprime indirectement, c'est-à-dire qu'on
fait une première impression avec une
encre incolore, mais épaisse. On saupou-
dre cette impression de poudre impalpa-
ble métallique blanche (étain ou alumi-
nium), comme on le fait pour les impres-
sions dites dorées.
Quand il s'agit de petites quantités,
cette opération se fait en apportant cette
poudre avec des tampons d'ouate. Après
avoir tapoté sur l'impression de ce vernis,
toute la partie fluide est absorbée par la
poudre qui se fixe sur l'encre qui n'a pas
séché. Par suite les moindres traces d'im-
pression, même les plus fins linéaments,
apparaissent en blanc argenté. Il suffit
■Je donner un coup avec la patte de lièvre
ou un nouveau tampon d'ouate pour en-
lever l'excédent.
Quand le tirage est important, on em-
ploie la machine à broyer usitée pour les
impressions en or. Elle répand et enlève
mécaniquement la poudre métallique.
Je ne sache pas — mais ce n'est pas
impossible — que l'on ait tiré tvpogra-
phiqiiement du papier noir avec ce pro-
cédé indirect d'impression en argent.
Mais, depuis longtemps on a imprimé li-
thographiquement du bristol noir brillant,
lorsqu'il était de mode dans le Sud-Est, et
spécialement à Marseille, de faire des car-
tes de deuil de quarantaine. On adressait,
quarante jours après le décès, des cartes
de visite tirées ^>;^é;n/ (c'est-à-dire poudre
métallique blanche) sur carte noire ; les
cartes portaient les noms des plus pro-
ches parents du défunt. Elles étaient en-
voyées à toutes les personnes qui avaient
signé sur les cahiers déposes à cet eff'et,
dans le tambour de l'entrée de la maison
mortuaire.
Cette coutume, tombée en désuétude
f
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
489
30
490
Septembre 1906.
complète, depuis une quinzaine d'années,
à Marseille tout au moins, tend à re-
vivre, et j'ai revu trois ou quatre de ces
cartes depuis deux ans.
Il ne s'agit donc pas d'impression de
blanc sur noir, mais d'argent sur noir, et
non de livres, mais de cartes de visite,
de couvertures de livres, de brochurettes
de quelques pages, de réclames...
Un ancien président de l'Union
DES Maîtres Imprimeurs
DE France.
Les mansardes célèbres (LUI, 49,
207, 435). — Déjeunant par hasard dans
le voisinage de la Porte Saint-Martin et
ayant trouvé, également par hasard, dans
ma poche la découpure de ïlntermédhïre,
relatif à la mansarde de Béranger, je me
dirigeais par la rue Bondy, vers le petit
logement de cette vingtième année qui
dure si longtemps pour les uns et qui est
si brève pour les autres.
Tout ce quartier nord du boulevard
Saint-Martin, qui fut avec le boulevard du
Temple le centre des théâtres parisiens
pendant près d'un siècle, a conservé
encore quelques empreintes du passé ; les
théâtres y sont moins nombreux : disparu
le théâtre de la rue de Bondy (52 de la
rue et i de la rue de Lancry) ; disparu le
Waux-hall d'été construit en 1761, par
Torré, à l'angle de la rue de Lancry et de
la rue Neuve Saint-Nicolas. Mais, en re-
vanche, entre midi et une heure, quelle
fourmilière dans les cours des anciens
hôtels transformés en impasses : à l'abri
des voitures, chanteurs des rues et musi-
ciens ambulants s'en donnent à cœur joie.
Je traverse le boulevard et j'examine le
coin de la rue de Lancry, à droite, le res-
taurant Lecomte.
j'ai apporté, encore par hasard, un
calque du plan de Jacoubet avec les nu-
méros des immeubles ; de 1806 jusqu'au
numérotage actuel, les deux coins ne
portaient pas de numéro sur la rue de
Bondi ; aujourd'hui ils sont englobés dans
les no» 50 et 52.
Est-ce que cette petite mansarde du
50 avec sa grille de fer est bien le grenier
de Béranger ? A-t-il porté le n" 78 .?
Hélas ! non, la maison contiguë au 2 de
la rue de Lancry, a porté le n» 30 et celle
voisine du n° i a porté le n° 52,
Par contre, coïncidence singulière, par-
tie du 78 actuel me paraît bien être l'an-
cien 50; le 78 comprend en effet deux
immeubles : l'un, en retrait le 3'"% sur la
rue a quatre fenêtres de façade, cinq
étages surmontés de quatre mansardes ;
l'autre, avec trois fenêtres sur la rue, n'a
que trois étages et en haut, à droite, deux
mansardes, qui pourraient bien être le
fameux grenier. M. Paul Boisteau me
semble donc avoir raison, je n'ose dire
plus.
Pour vous convaincre, j'ajouterai que
les greniers, eux aussi, ont leur été de la
Saint-Martin et que les deux immeubles
réunis sous le n° 78 portent le nom
d'Hôtel de la Renaissance. Décidément,
si le grenier de la vingtième année n'est
pas là, il a vraiment tort.
Mais, me dira-t-on, du boulevard on
ne voit pas ce grenier ? C'est vrai, mais
la vérité serait encore plus complète en
disant qu'on ne le voit plus. Autrefois, en
efïet, le terrain du boulevard était plus
haut de tout le surplomb des trottoirs et
les maisons entre l'Ambigu et la Porte
Saint-Martin étaient beaucoup plus basses;
je ne sais même pas s'il y en avait par-
tout.
Ce problème est certes
que '
tenay ou le 18 Brumaire, et ne vaut pas
qu'on s'y attarde indéfiniment ; mais
puisque cependant on a estimé qu'il n'était
pas sans intérêt, ne pourrait-on pas con-
sulter à nouveau les quelques médaillés
de Sainte-Lisette qui survivent encore ;
mais qu'on se dépêche, ils n'ont plus
vingt ans. Gustave Bord.
Le dimanche et le décadi (LIV,
274, 378, 438). — 11 est, je crois, utile
de compléter les communications précé-
dentes, car, de leur examen, il semblerait
résulter qu'avant la Révolution et sous la
Restauration, l'interdiction de travailler
ou de faire du commerce le dimanche
était absolue et religieusement observée.
Or, il y a là une erreur, et il est facile
de démontrer qu'à aucune époque, en
France, la loi — qui n'a, d'ailleurs, jamais
été appliquée dans toute sa rigueur — n'a
contenu une interdiction aussi formelle
et aussi générale.
L'empereur Constantin, qui, le premier,
moms grave
le traité d'Utrecht, la bataille de'Fon-
N" lia^.
L'INTERMEDIAIRE
491
492
a ordonné robservation du dimanche,
avait fait une exception en faveur des
« gens de la campagne qui peuvent tra-
« vailler en cas de nécessité pendant le
« temps de la moisson, n'étant pas juste
« de laisser périr les biens que la provi-
« dence nous donne. »
En 595, une ordonnance de Clotaire II
portait que « les personnes libres qui
« n'observeront pas les dimanches et
« fêtes en s'abstenant de toute œuvre
« servile, excepté la préparation des
« vivres, seront condamnées à l'amende :
« un français à 1 5 sols, un romain à 7 sols
« 6 deniers, un esclave à 3 sols, et, s'ils
« ne peuvent payer, seront battus sur le
« dos ».
Plusieurs autres ordonnances et un
grand nombre d'arrêts des cours ont re-
nouvelé cette prescription, mais en sup-
primant la peine corporelle infligée précé-
demment aux délinquants.
En réalité, à cette époque, toutes les
occupations ayant pour objet le trans-
port, la préparation et la conservation
des choses nécessaires à la vie, étaient
tolérées le dimanche.
Aussi bien, puisque l'observation du
dimanche avait un caractère religieux,
une consultation de la Faculté de théolo-
gie de Paris, en 1426, indiquera dans
quelles limites la loi devait être interpré-
tée et exécutée ;
La Faculté de théologie émettait l'avis:
« 1° Que Ton pouvait exercer, le dnnan-
« che, les œuvres libérales, spirituelles ou
« corporelles qui regardaient le service de
« Dieu ou la charité envers le prochain ;
2" Que l'on n'était point obligé de
« s'abstenir des œuvres serviles néces-
« saires pour la conservation du corps ;
3° Que Ton pouvait, les dimanches et
« {èlQS^vendre et acheter les choses nécessaires
« à la vie ;
4° Que, quand il y avait nécessité, on
« pouvait même îr,waiîler aux autres œu-
« vres serviles v>.
Le 15 octobre 11588, un nouvel arrêt
■ du Parlement enjoint à toutes personnes
d'observer les saints jours et leur défend
de « travailler, vendre ni étaler à bouti-
« que ouverte ».
Le commerce n'était donc pas interdit;
il suffisait de ne pas exposer les mar-
chandises à la vue du public, et de lais-
. ser simplement une porte ouverte.
En ce qui concerne plus particulière-
ment les boulangers, bouchers, traiteurs,
barbiers, etc., ils pouvaient" exercer libre-
ment leur profession, le dimanche comme
les autres jours.
Jusqu'au xv" siècle, cependant, les bou-
langers devaient tenir leurs boutiques
fermées, mais on leur permettait de ven-
dre au parvis Notre-Dame %< pour les ou-
« vriers et les pauvres qui ne pouvaient
« s'approvisionner la veille ». Ce marché
fut transféré place Maubert, le 5 août
1488. Enfin, à la suite de nombreuses ré-
clamations populaires, on laissa vendre le
pain dans les boutiques, le dimanche,
mais on interdit la cuisson pendant la
journée.
Les pâtissiers jouissaient d'une faveur
plus grande, car non seulement ils te-
naient boutique ouverte, mais encore cui-
saient le dimanche.
Les barbiers tenaient également bouti-
que ouverte, et des objections leur furent
faites à ce sujet, en 1635 ; mais ils répon-
dirent que « leur état était destiné à la
« propreté, et que ces soins étant recom-
« mandés par le concile d'Orléans en
« 538, le synode de Paris en 755, la dé-
« crétale d'Alexandre III en 1160, ils
« avaient le droit de travailler le diman-
« che ; » et... on les laissa tranquilles.
En résumé, jusqu'à la Révolution,
l'observation du dimanche ne fut jamais
extrêmement rigoureuse, et les infractions
à la loi ne furent pas réprimées avec une
bien grande sévérité. Cela est si vrai que
toutes les ordonnances et arrêts interdi-
saient les danses et les divertissements,
les dimanches et jours de fêtes ; or, il est
certain que nos pères ont toujours bu et
dansé ces jours-là sans aucun empêche-
ment, sauf pendant les heures des offices
religieux.
Sous la Restauration, la tolérance était
la même. 11 suffit de lire l'art, i*"" de la
Loi du 18 novembre 1814 pour constater
qu'il était seulement « défendu aux mar-
« chands de tenir lésais et volets des bouti-
« ques ouverts pour vendre, et d'étaler
« leurs marchandises » ; il n'était donc
pas détendu de vendre.
Pouvaient vendre à boutique ouverte
les pharmaciens, épiciers, boulangers,
charcutiers, traiteurs, pâtissiers, etc ; pou-
Naient également fonctionner les services
de transports et « les usines dont le ser-
DES CHERC.HEURS ET CURIEUX 30 Septembre 1Q06.
493
494
« vice ne pouvait être interrompu sans
dommage ».
Quant aux artisans et ouvriers, Tart.!*'
de cette même loi leur défendait de tra-
vailler extérieiiremenl , c'est-à-dire publi-
quement^ mais rien ne les empêchait de
travailler dans un atelier fermé.
Revenons à la période révolutionnaire
pendant laquelle le dimanche était rem-
placé par le décadi. Observait-on davan-
tage ce dernier r Cela est douteux, car je
relève dans la Société française sous le
Directoire^ des frères de Concourt, le pas-
sage suivant :
La décade avait été plutôt subie qu'obéie,
et il fallait aux hommes de France un effort
de mémoire pour ne pas boire, aux filles de
la République, \y.n sacrifice d'habitude pour
ne pas danser le dimanche. Thermidor em-
porta les protecteurs du décadi
Les manufactures du gouvernement, Sè-
vres, par exemple, sonnaient bien la cloche
du travail le dimanche et ne la sonnaient pas
les jours décadaires, mais c'était là une son-
nerie de comédie convenue avec les ouvriers
qui faisaient les sourds à la cloche du di-
manche et venaient travailler les dècadis,
sans être appelés, pour ne pas perdre leur
paye.
... Vainement, le ministre delà justice,
Génissieux s'indigne publiquement contre
un commissaire du pouvoir executil près les
tribunaux civils du département du Bas-
Rhin, lui demandant de tenir audience les
jours de décadi et de vaquer les dimanches.
Peu à peu, malgré les ordonnances de
l'administration centrale, les marchands
s'enhardissent à fermer le dimanche, rédui-
sant les marchands du Palais-Royal, à une
minorité imperceptible de décadins.
Ainsi donc, commerçants et ouvriers
qui, avant 1789, protestaient souvent
contre le repos religieux du dimanche,
chômaient volontairement ce même jour,
pendant la Révolution et travaillaient le
décadi, malgré les défenses légales. N'est-
ce pas là un des traits de notre caractère,
national, frondeur et indépendant.?
En résumé, à toutes les époques, le
commerce et l'industrie ont joui d'une
certaine latitude en ce qui concerne
l'observation du dimanche et, sans émettre
la moindre appréciation ni l'ombre même
d'une critique, on peut affirmer qu'à tort
ou à raison, la loi de 1906 sur le repos
hebdomadaire est beaucoup plus rigou-
reuse dans ses dispositions et dans ses
sanctions que les lois antérieures.
L'ancien ministre de Louis XVI.Necker,
s'il vivait encore, verrait avec plaisir le
triomphe des idées qu'il préconisait au
xviii* siècle.
Je dois, dit-i!, dans son livre de V Impor-
tance des opinions religieuses, montrer que
le jour du repos consacré parmi nous à
l'observation du culte public, ne porte point
du dommage à la force politique et qu'une
semblable institution, loin d'être contraire
aux intérêts du peuple, les protège et les fa-
vorise.
On aurait tort de croire que, dans un
espace de temps donné, les hommes obligés,
par l'inégalité des propriétés, à vivre du tra-
vail de leurs mains, eussent plus de moyens
d'améliorer leur situation si, par les lois de
la religion, ils n'étaient pas dans l'obligation
de cesser chaque semaine ce travail pendant
un jour.
S'il était possible que, par une révolution
de la nature, l'homme vécût et conservât ses
forces, sans destiner chaque jour quelques
heures au repos et au sommeil, il est hors
de doute qu'on lui demanderait, en peu de
temps, un travail de vingt heures pour le
même prix accordé maintenant à un travail
de douze.
Or, par une assimilation parfaite à l'hypo-
thèse que je viens de présenter, supposé
qu'une révolution morale permît à tous les
ouvriers de travailler 7 jours de la semaine
on exigerait d'eux le travail de ces 7 jours
pour le même prix accordé aujourd'hui au
travail de six, et ce nivellement s'exécuterait
par la baisse successive du prix de la journée.
Les hommes dénués de propriété, après
avoir été trompés quelque temps, ne gagne-
raient donc qu'un accroissement de travail à
l'abolition du jour de repos ; et comme cette
vérité ne se présente pas naturellement à
l'esprit, on doit considérer comme un ser-
vice essentiel de la religion, d'avoir garanti
le plus grand nombre des hommes d'un degré
d'opression au devant duquel ils seraient
allés aveuglément s'ils avaient été libres de
faire un choix.
Les travaux journaliers d'une des classes
de la Société surpassent la mesure raisonna-
ble de ses forces et avancent les jours de sa
décrépitude : il était donc d'une nécessité
absolue que le cours habituel de ces travaux
fût de temps en temps suspendu. Mais,
comme le peuple, environné de besoins de
tout genre, doit être séduit par la plus légère
apparence d'un nouveau profit, il fallait en-
core, pour son bonheur, que l'interruption
de ses fatigues, fixée par un devoir religieux,
ne lui parût pas le prix volontaire d'un sacri-
fice de fortune et ne lui laissât pas de re-
N* 1125.
L'INTERMEDIARE
495
grets. Enfin, il se complaît dans ces époques
qui, de sept en sept jours, apportent un peu
de changement à son genre de vie, et il a
besoin de ce changement pour n'être point
attristé par une suite continuelle et mono-
tone des mêmes occupations et des mêmes
efforts. Aussi quand on prétendrait subtile-
ment que le peuple est moins heureux dans
son jour de repos que dans ses jours de tra-
vail, il serait au moins vrai que ces derniers
sont adoucis par la perspective de l'autre. 11
est des hommes si malheureux, si étroite-
ment circonscrits daiîs leurs sentiments d'am-
bition que la plus petite variété leur tient
lieu d'espérance. Il me semble encore qu'il
se glisse dans le cœur des gens du peuple
quelques pensées propres à relever leurs sen-
timents abattus, lorsqu'un jour par semaine,
ils se revêtent d'un habit qui les rapproche
extéiieurement des autres citoyens, lorsque
ce jour, ils sont maîtres absolus de leur
temps et peuvent se dire ainsi quelquefois :
et moi aussi je sn;s libre.
Quelle que soit la sévérité de la loi
actuelle, il est certain cependant qu'elle
est loin d'atteindre celle des pays protes-
tants, où le repos du dimanche est absolu,
et il est présumable que nous n'arrive-
rons pas au degré de rigorisme signalé
par le Sorheriana dans lequel il est dit :
« qu'un marchand anabaptiste de
« Rotterdam ayant, un dimanche matin,
« payé à ses ouvriers, leur journée de la
« semaine précédente, fut mandé au con-
« sistoire, vertement censuré et suspendu
« de la cène comme violateur du jour de
« repos Un autre, à Amsterdam, se pro-
« menant un dimanche au soir, ne voulut
« pas dire le prix du loyer de sa maison
« à M. de Courcelles qui le lui deman-
« dait ».
Enfin, si l'exécution de la loi présente
aujourd'hui des difficultés, je signalerai
comme remède, une ordonnance de po-
lice assez singulière, mais nullement
comminatoire pour le délinquant, publiée,
autrefois, dans quelques parties de l'Alle-
magne, pour réprimer l'usage de fréquen-
ter les cabarets pendant le service divin :
« Toute personne qui, le dimanche ou
« tout autre jour de fête, boira dans un
« cabaret pendant le service divin, est au-
« torisée à sortir sans payer ».
11 est certain que ce serait là une mé-
thode efficace et que, si elle était adoptée,
l'intervention de l'autorité en vue de fer- i
mer les magasins le dimanche deviendrait
inutile. Eugène Grécourt.
496
Les ouvrages des arsenaux sous
la Révolution. — Il y a une question
des arsenaux. Elle est toujours d'actua-
lité et toujours aiguë. On trouve dans ces
arsenaux une population ouvrière qui
échappe à toute discipline et raille toute
autorité. ^ Elle entend, pour un salaire
qu'elle n'estime jamais assez élevé, tra-
vailler de moins en m.oins.
On s'imagine que cette déplorable atti-
tude est le fruit de notre temps, c'est une
erreur.
Les ouvriers des arsenaux ont, de tous
temps, été persuadés qu'ils devaient être
payés à ne rien faire. Sous la première
République comme sous la troisième, ils
revendiquaient déjà, par la réduction
des heures de travail, le droit à la pa-
resse.
Ceci ressort du document manuscrit
suivant, tiré des précieuses archives de
l'expert en autographes !V! . Noël Chara-
vay, qui nous autorise gracieusement à en
prendre copie :
Port-Ia-Montagne (Toulon),
21, thermidor an II (8 août 1794).
Le Représentant du peuple dans les dépar-
tements maritimes de la République
à l'agent maritime.
Je suis informé, citoyen agent, que les ou-
vriers sont entrés fort tard aujourd'hui à
l'arsenal, et ce qui me choque et m'indis-
pose bien davantage, c'est que les commis
préposés aux appels, qui devraient y être
au son delà cloche, y sont arrivés beaucoup
plus tard encore.
Je te prie de me donner les noms de ceux
qui étaient chargés de cette fonction, afin
que je puisse prendre à leur égard les me-
sures convenables.
Jeanbon Saint-André.
Nous ignorons la suite qui fut donnée
à cette enquête. Il est probable que les
paresseux furent déplacés, et que les au-
tre se gardèrent de protester en chantant
la Carmagnole^ encore que ce chant joyeux
était dans toute sa nouveauté. D'^ L.
^m^A
Le Directeur-gérant :
j GEORGES MONTORGUEIL
I Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond,
LIT* Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mois
10 Octobre 1906
42« Année
SI *",r. Victor Massé
PAS18 (LV)
Bureaux : de 2 à 4 heures
QU^QCE
Cherchez et
vous trouverez
g II se faut
2 entr'aider
O
N° 1126
31*",r Victor Massé
PARÏâ (IX»)
Bureaux : de 2 à 4 heures
nUxmtoxaxxt
DES G
iERCHEURS
Fondé
en
ET CUR
1864
EUX
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
497 ■ — — 498 ■
Ces Farnèse étaient employés à la ma-
nufacture d'armes de Mutzig, et quand
celle-ci fut transportée à Saint Etienne, ils
la suivirent dans cette ville où ils sont
encore.
On voudrait pouvoir compléter ces
renseignements et savoir aussi le degré de
confiance qu'il faut leur accorder.
Albert Battandier.
Nous renouvelons la prière à nos collaho'
rateurs de vouloir bien accompagner leur |
pseudonyme ou leurs initiales de leur nom.
Cette précaution est indispensable pour nous
permettre de faire suivre les lettres dont
nous sommei chargés.
Si chaque pseudonyme nouveau doit être
suivi du fiom, tout pseudonyme appuyé du
nom une première fois nous étant connu.,
n^ implique plus ce rappel.
<Ê.mMm
m
Les Farnèse. — On s'accorde à dire
que la famille des princes Farnèse, qui a
donné à l'Eglise le Pape Paul III, est com-
plètement éteinte. Voilà cependant quel-
ques indications; elles prouveraient qu'elle
a encore des descendants, et je prie-
rais un aimable intermédiairiste de les
compléter.
Au xvni* siècle, un Farnèse se maria à
une demoiselle Coloredo, d'Udine, dans
l'église paroissiale de Saint-André. Cette
branche alla ensuite s'établir en Lorraine,
et habita Mirecourt.
Après la Révolution française, existait
à Mutzig (Alsace), un abbé de Farnèse,
qui, avant la Révolution, était chanoine
de Saint-Pierre-le-Jeune, à Strasbourg. Il
descendait de... toujours est-il que des
membres de cette branche firent recon-
naître leur titre par Napoléon III qui leur
faisait donner sur sa cassette une modeste
subvention de 50 ou 60 francs par mois.
Colonie anglaise dans le Berjt-y.
— Il existe à la Borne, près d'Henriche-
mont dans le Berry, une colonie de quel-
ques centaines d'individus, tous potiers,
qui, depuis cinq cents ans, exploitent un
banc de terre glaise dont l'épuisement
est prochain (une trentaine d'années en-
viron). Ce sont des gens de haute stature,
roux, du type anglo-saxon bien prononcé.
Leurs noms, où lesTalbot sont communs,
ont nettement une consonnance anglaise.
Leur poterie, de forme caractéristique, est
\ transportée par canaux et rivières jusqu'à
cent kilomètres à la ronde.
Leurs procédés de fabrication sont
spéciaux et semblent remonter à quelques
siècles en .arrière. Ces potiers se considè-
rent comme des descendants d'Anglais
établis dans le pays depuis la guerre de
Cent ans. Peut-on me fournir des rensei-
gnements sur ce groupement ethnique ?
Tennocram.
Dumont d'Ur ville. — En quelle
maison parisienne est mort l'amiral Du-
mont d'Urville ? A. T.
UV-IO
N» 1126.
L'INTERMEDIARE
499
Convents maçonniques au XVII'
siècle. — Où pourrait-on trouver des
comptes rendus des convents maçonni-
ques en Hainaut en 1782, et à Paris en
1785 et 1786 ? Z. Y. X.
Le nom de Jeanne d'Arc écrit
Johanna en Angleterre. — Pour-
quoi les Anglais, qui ont dans leur langue
le nom Jane, Tappelent-ils Johanna ?
CÉSAR BlROTTEAU.
Famille Delas . — Quelque obli-
geant confrère (V Intermédiaire est lu par-
tout) pourrait-il me donner la biographie
de Jean Delas, fils de Marie Aldigé, époux
de Marie Baylac (?) père de François,
Jeanne-Bernard, Marie et Bernade Delas,
né à Montestruc (Gers) arrondissement
de Lectoure,en 1738, etdisparu du pays
en 1760. Pourrait-on indiquer la descen-
dance directe de ce Jean Delas ?
B. F. D.
Mlle Marie Favart. — Cette actrice
a quitté la Comédie-Française le 16 jan-
vier 1881. Depuis cette époque, quelle a
été sa carrière artistique .?
En Russie, en 1883, avec Coquelin aîné ?
Des tournées en France et à l'étranger ?
Qiielles tournées ? A-t-elle reparu sur un
théâtre à Paris ? Ne la vit-on pas encore
cette année dans une représentation ex-
traordinaire ? H. L.
Fabre de l'Aude. — Ce Fabre de
l'Aude qui fut Sénateur et Pair de France, a
joué un certain rôle dans la maçonnerie.
J'ai ouï dire qu'il avait laissé des papiers.
Quelqu'un pourrait-il dire ce qu'ils
sont devenus ? A. B.
Madame Grassan, cantatrice. —
Où pourrai - je trouver des renseigne-
ments sur la carrière artistique de ma-
dame Grassari qui chantait à l'Académie
royale de Musique à la fin de la Restau-
ration ? MÉLOMANE.
500
Mgr Louis de Grimaldi. — En
quelle année Mgr Louis de Grimaldi,
évêque de Noyon en 1777, devint-il prieur
commendataire du prieuré de Saint-Pierre
d'Abbeville. ? E. Bulot.
Le colonel Labédoyère. — Pour-
rait-on m'indiquer quelques ouvrages re-
latifs à l'évasion du colonel Labédoyère
et au rôle joué par les trois officiers an-
glais ? Capitaine B.
Dom Marcland.— Quel était le dio-
cèse d'origine de Dom Marcland, prieur
commendataire du prieuré cluniste de
Saint-Pierre-d'Abbeville en 1759?
E. BuLOT.
Montesson; le nom et la terre. —
Madame de Montesson, qui épousa secrè-
tement, en 1772, le duc d'Orléans, petit-
fils du Régent, était, à ce moment, veuve
du marquis de Montesson, lieutenant gé-
néral.
D'où vient le titre de marquis de Mon-
tesson ? A-t-il quelque rapport avec la
localité de Montesson, voisine, en Seine-
et-Oise, de Saint-Germain, de Chatou et
de Croissy ^ A. F.
Mario Uchard : les deux ver-
sions de « Mon oncle Barbassou ».
— Mario Uchard a écrit un livre char-
mant : Mou oncle Barhassou. 11 en a été
fait, je crois, plusieurs éditions. Je n'en
ai en ce moment que deux sous les yeux :
la première, celle de chez Lemonnyer,
Paris, 1884, I vol. in-8, illustré par
P. Avril ; la deuxième, de chezOUendorfF,
Paris, 1897, I vul. in-i6, ill. par R. Le-
long et B. Borrione.
Or, vers la fin, le roman varie consi-
dérablement. Pourquoi .?
Qiielle est la première version de
M. Uchard et quelle est la seconde?
Enfin pourquoi l'auteur a-t-il cru devoir
modifier son roman ?
Je serais, pour ma part, curieux de le
savoir. A. T.
Jean -François Villemin, curé de
Cocquerel. — De quel diocèse et de
quelle paroisse était Jean-François Ville-
( min (ou Vuillemin) né en 1733, d'abord
vicaire à Meudon près Paris, puis curé de
Cocqucrel- sur-Somme où il mourut en
janvier 1793 ? E, Bulot.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906.
501
502
Monsieur le chanoine. — L'Inter-
médiaire s'est occupé à plusieurs reprises
de l'origine des titres de « monseigneur»
et de « monsieur l'abbé » devenus habi-
tuels pour les prélats et autres membres
du clergé catholique, 11 en est un autre,
très répandu aujourd'hui, mais qui est
d'un usage très récent. On dit et on
écrit maintenant « monsieur le cha-
noine X... » Quand et par qui cette
appellation de courtoisie, qui date à
peine de vingt ans, a-t-elle commencé ?
Le plus joli, c'est que, neuf fois sur dix,
elle s'applique à des prêtres qui n'ont
jamais appartenu à aucun chapitre et
n'ont du chanoine que le costume.
QUARTEBLANCHE.
Une ancienne église de Paris à
retrouver. — J'ai toujours trouvé par
V Intel médiaire les renseignements qui
m'étaient nécessaires en ce qui concerne
la topographie historique de Paris.
Aujourd'hui je fais un nouvel appel à
nos érudits correspondants spécialistes,
pour savoir si l'on pourrait m'indiquer le
lieu où se trouvait une petite église dédiée
à Sainte-Marie dans le faubourg Saint-
Germain, j'ai une indication de son exis-
tence au xvu^ siècle, F. Hardin.
Une école religieuse de ûlles en
1860. — Quelque vieux Parisien aurait-
il connaissance de l'existence, vers 1860,
petit poème plaisant du célèbre docteur
spécialiste Philippe Ricord, et datant de
l'époque de sa jeunesse : La Dhiiisyade,
composé de 180 vers alexandrins, fort élé-
gamment tournés.
Ricord avait la réputation d'être un
homme de beaucoup d'esprit.
Les échos de la rue de Tournon, où se
trouvait son hôtel, auraient-ils conservé
le souvenir d'autres vers de ce grand chi-
rurgien
Truth.
Un homme pris pour une femme.
— Les étrangers ont sur nous un grand
avantage : ils lisent nos journaux français
et ne nous laissent passer aucune erreur.
En quoi ils ont raison. Mais comme nous
ne lisons pas les leurs, ou fort peu, ils
peuvent impunément dire tout ce qui
leur plaît sans être jamais repris. Conclu-
sion : si nous nous trompons une fois,
nous passons pour fort légers. Quant à
eux, ils peuvent se tromper fort à leur
aise au sujet de nos atïaires. On les croira
toujours fort bien renseignés et docu-
mentés.
On connaît l'histoire de cet individu qui
prit le Pirée pour un nom d'homme. En
voici le pendant :
La Lcttura de Milan, qui s'inspire du
journal allemand « Auessere » (no 6 delà
Lettura, 1906, pages 528 et suivantes)
dans un article intitulé : « L'homme est-
il indispensable sur la scène ? » non seu-
d'une école rehgieuse de filles ayant od 1 liment prend un homme - 1 acteur Ver-
cupé la maison du n» .6 de la rue de ! "f* Charles - pour une femme, mais pu-
Varennes? Les titres de propriété ne don- ! ^Y^ ^^;°'^ ^^ ^" portraits, en Jocrisse, _ en
nent aucune indication à ce sujet et les
propriétaires ne peuvent rien établir de
positif pour cette époque, quoique la mai-
son fut déjà dans leur famille.
F. Hardin,
Un mot de Broussais. — Le célè-
bre chirurgien Broussais aurait dit, parait-
il :«,< J'ai disséqué beaucoup de cadavres et
je n'ai jamais trouvé d'âmes sous mon
scalpel. »0ù, quand ce mot a-t-il été pro-
noncé ? P, NlPONS,
Las Poésies du docteur Ph, Ri-
cord. — Dans le Feuilleton de sa revue
médicale : Le Médecin praticien, Aw 26 fé-
vrier 1881 (in-8°), le docteur Paul La-
barthe a publié, à titre de curiosité, un
chevalier moyen-âge et en vieux portier,
rôle de Pipelet, avec trois fois cette lé-
gende renversante « la Vernet ». Je cite
le texte : « Paris a eu, il y a déjà nombre
d'années, une phénoménale artiste dans
ce genre : la Vernet. Celle-ci jouait des
rôles populaires, etc.. £//c^ était vraiment
typique dans le rôle de Pipelet. »
La biographie de Vernet a été écrite
tant de fois, et notamment par M. E, D.
De Manne, Troupe de Nicoîet que je ne m'y
arrête pas. Vernet, né à Paris, en 1789,
fit pendant près de 40 ans les beaux jours
du théâtre des Variétés où il joua 300
rôles. La Vernet, comme l'appelle notre
confrère, épousa la fille d'un employé de
ministère, devint veuf, se remaria, et
mourut le 7 mai 1848.
Je demande seulement si cette erreur
N° 1126.
L'INTERMEDIAIRE
- 503
504
est fréquente, et si l'on a souvent pris
des hommes pour des femmes, ou réci-
proquement,avec leurs portraits à l'appui.
H. Lyonnet.
Le feuilleton parlé. — Quinze ou
vingt ans avant que le regretté La Pomme-
raye n'inaugurât à la salle des Capucines,
le feuilleton parlé, un professeur de se-
conde dans un lycée de Paris, spectateur
assidu des premières, en rendait compte
le lendemain à sesélèves, faisant, lui aussi,
son « feuilleton parlé ». Ce mode d'ensei-
gnement dramatique n'ayant pas agréé
au grand maître de l'Université, le pro-
fesseur dut donner sa démission et devint,
paraît-il, un auteur à succès.
Sait-on quel était ce professeur ?
SiR Graph.
Bâtons de Maréchal de Castel-
lane et de Bousquet. — Toujours
occupé d'une histoire sur les maréchaux
de France, il m'intéresserait de savoir entre
les mains de qui se trouvent les Bâtons
du Maréchal Castellane, 2 décembre 1852,
et du Maréchal Bousquet, 18 mars 1856,
qui, d'après certains écrivains, avaient
comme emblèmes, des Abeilles au lieu
d'Aigles.
Peut-être trouverait-on enfin une ré-
ponse à la question posée vol. LU, sous
la rubrique « Bâton de Maréchal, LU,
500 856, 917.
Je n'ai trouvé jusqu'ici que sur le Bâton
du Maréchal Marmont, comme Emblèmes,
des Aigles avec têtes à gauche, non
couronnées et (fait bizarre) alternées
d Abeilles brodées.
Ce bâton (un peu fantaisiste) se trouve
en effet, comme l'indique le D'' Lejeune,
LUI, 252, au musée de Chatillon-sur-
Seine (Côte-d'Orj.
J. DE Sandt.
Chanson antibonapartîste. — Al-
phonse Daudet cite quelques vers d'une
chansonnette antibonapartiste qu'on fre-
donnait, vers la fin du second Empire,
sous le manteau (Les Rois en exil, éd.
Flammarion, p. 64) :
Q.uand Napoléon
Vous donnant les étrivières
Aura tout de bon
Endommagé vos derrières...
Quelqu'un, parmi nos savants intermé
diairistes, saurait-il où "trouver le texte
complet de cette chansonnette .?
Baron Albert Lumbroso.
In-8, in-12, in-16, etc. — Ma ques-
tion aura le don de faire tressauter quel-
ques bibliophiles. Mais j'ai le courage de
demander tout haut ce que beaucoup
demandent tout bas.
Je m'étais figuré dans mon ingénuité
qu'un livre était classé in-8, in-12, in-16,
etc., etc. selon que la feuille de tirage
était pliée en 8, en 12, en 16. Ceci n'est
pas toujours exact. 11 est facile de s'en
convaincre en feuilletant les livres d'une
bibliothèque. Tient-on compte seulement
de la grandeur, du format ? le le croirais
plutôt. Alors pourquoi ne pas classer le
livre suivant sa hauteur en centimètres ?
Un ignorant.
Reprendre du poil de la bête. —
D'où vient cette expression qui signifie
reprendre le dessus après avoir été acca-
blé, soit par les événements, soit par
l'infortune ou la maladie ? P. Ipsonn.
En purette. — D'où vient cette ex-
pression qui se dit encore dans quelques
provinces et qui signifie « en chemise » ?
+
Tenir tête et tenir la tête. — -
j'avais toujours entendu employer l'ex-
pression tenir tête à quelqu'un dans le sens
de tenir compagnie à une seule personne.
Depuis quelques années, j'entends dire
dans le même sens : « tenir la tête » à telle
personne, jusqu'à présent, je croyais que
l'on se servait de ce dernier terme impro-
prement et voilà que dans la belle pièce
« Paraître » de Maurice Donnay, Acte 111,
scène viii, je lis :
M. Marges. — Le Baron te tiendra la tête,
n'est-ce pas, vieux?
Le Baron. — Certainement.
Madame Marges. — Je n'ai pas besoin
qu'on me tienne la tête.
Qu'en pensent mes confrères } Est-ce
français .? C. de la Benotte.
Châteaux hantés. — La plupart des
lecteurs de cette revue connaissent la eu-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906,
505
506
rieuse pièce de théâtre, actuellement en-
core représentée au Vaudeville, et qui a
pour tilre la Chaîne anglaise.
11 y est question des châteaux hantés
en Angleterre. Je serais heureux de voir
dresser la liste des châteaux français,
qu'on dit aussi hantés : il y en a un cer-
tain nombre !
En ce qui concerne les châteaux mo-
dernes, je crois que la théorie donnée
dans la pièce, explique parfaitement les
prétendus fantômes, ayant observé des
faits analogues chez nous. Mais la même
explication tient-elle pour les vieux châ-
teaux ? Marcel Baudouin.
Pierre philosophale dans un pi-
lier de Notre-Dame. — Les occul-
tistes modernes répètent que lors de la
construction de Notre-Dame de Paris, une
petite quantité de pierre philosophale fut
scellée dans l'un des piliers. Peut-on pré-
ciser lequel ? Quelle est l'origine de cette
légende dont Louis Figuier ne fait pas
mention, je crois, dans son ouvrage :
l'Alchimie et tes Alchimistes t J. D.
Est-ce un écusson ? — Dans une
collection, je vois un tableau ancien re-
présentant une petite fille assise dans une
voiture à laquelle est attelé un cliien. Elle
est sans doute de noble extraction, car à
l'angle supérieur droit de la peinture se
trouve un écusson dont la partie supé-
rieure représente une tète de canard, et
l'inférieure, les deux pattes du même
animal. Au dessous des armes se lit ce
nom : « Andriès Vanderhuis » — On de-
mande si ces armes sont sérieuses ou
plaisantes et si le nom ci-dessus men-
tionné est connu dans l'histoire ou le bla-
son flamands. Y. L.
Mots d'académiciens moroses. —
Il y aurait un livre à faire sur les visites
académiques et surtout sur les réponses,
généralement revêches, qu'on prête à nos
immortels sollicités par ceux qui aspirent
à le devenir... immortels.
Par exemple, Royer-Collard aurait dit
à Vigny, je crois, qui lui parlait de ses
livres :
— Je ne lis plus, je relis.
Et le duc d'Audiffret-Pasquier, récem-
ment décédé, aurait tenu un propos à peu
près semblable, dans une circonstance
analogue ;
— A mon âge, on ne lit plus guère
que les traités d'agriculture.
Ces deux mots, en somme peu aimables
pour des gens qui se sont donné la peme
de vous envoyer leurs oeuvres, ont-ils été
réellement prononcés par les académi-
ciens qui en ont fait les éditeurs respon-
sables. Paul Edmond.
Les 8"boyeuses de Josselin. — Je
lis dans une revue sérieuse qu'un prêtre
du diocèse de Vannes va publier une
étude sur les Aboyeuses de Josselin : cha-
que année, le jour de la Pentecôte, un
certain nombre de femmes de ce village
breton seraient prises d'une agitation
épileptiforme, proférant des aboiements,
cherchant à mordre, etc..
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce cas,
ce n'est pas à proprement parler la réa-
lité de ce phénomène (si tant est qu'il ait
existé à Josselin), mais bien la périodicité
de la date à laquelle il se reproduirait
chaque année, assertion qui semble plus
qu'extraordinaire.
Quelqu'un de nos co-abonnés pourrait-
il nous renseigner sur ce sujet ?
G, DE Massas.
Les plus vieilles tragédiennes,
comédiennes, cantatrices du temps
présent. — La Ristori vient de mourir,
âgée de 85 ans. Bien des gens la croyaient
morte. Ce fut le même étonnement pour
La Falcon, pour la Staltz, pour la Grisi.
Quelles sont, à cette heure, les femmes
qui ont brillé, sur le théâtre, d'un grand
éclat, qui en sont retirées, et qui, à la
surprise de la foule, vivent encore ^
En un mot, quelles sont les plus
vieilles de ces gloires défuntes — dont le
rayonnement subsiste — et qui triom-
phent de l'âge ? Y,
Mémoires de Gabrielle dEstrées.
— Qiii est l'auteur des Mémoires admi-
rables mais apocryphes, sous ce nom ?
(Mame, 1829, 4 volumes). A. C. G.
Bois de sape. — On lit dans Ma-
dame Bovary (édit. Lemerre,!, 109):
Les stalles du chœur en bois de sape sont
restées sans être peintes.
Qu'est-ce que ce bois de sape ?
N» II86.
L'INTERMEDIAIRE
507
508
iî0e0
Louis XVÎ et la franc-maçonns-
rio (LIV, 445). — Une légende qui a
cours en franc maçonnerie veut que
Louis XVI ait été reçu franc-maçon en
177 S ainsi que ses deux frères, le comte
de Provence et le comte d'Artois, à la
loge des Trois Frères à l'Orient de la
Cour, à Versailles, loge instituée spécia-
lement pour la circonstance parmi les
gardes du corps. Les papiers de cette
loge existeraient encore ; je laisse à ceux
que cela intéresse le soin de s'en assurer.
Un de nos anciens collaborateurs, dont je
regrette de ne plus lire les communica-
tions à V Intermédiaire^ a déjà cité, à pro-
pos de la question (XXXVII, 804) une lec-
ture faite à la Sorbonne par H. Monin et
publiée dans la Revue Bleue du 25 mai
1895.
En ce qui concerne Louis XVlll et
Charles X, il est certain que ni Tun ni
l'autre ne prirent jamais aucune mesure
contre cette institution, je citerai même
une médaille maçonnique frappée à Veffi-
gie de Louis XVlll à l'occasion de l'élec-
tion (en 1818) du comte Decazes à la di-
gnité de grand-maître d'un des ordres
maçonniques. On sait également que le
dernier duc de Berry était franc maçon.
Le fait n'aurait donc rien d'extraordi-
naire, car l'ordre maçonnique était alors
dans sa plus grande vogue, les deux
bulles papales n'avaient pas été enregis-
trées par le parlement et comme dit
H. Monin : « Les Rois les plus religieux
ont toujours tenu à leur indépendance
temporelle, ils n'ont jamais permis au
Saint Siège de se mêler trop directement
de l'administration et de la police du
royaume de France. » Fietro.
Prêtres assermentés (LUI; LIV, 18,
62, 1 16, 283, 401). — Est-ce que Camille
Desmoulins ne se donnait pas lui-même
le titre de « Procureur Général de la Lan-
terne » ce qui expliquerait l'appellation
dont se sert l'abbé de Pavillon dans une
lettre dont le fond me parait plus sérieux
que la forme? H. C. M.
L'idée de patrie exiblait-ella
avant la Révolution ? (T. G. 385 ;
XXXV à XXXVIII ; XLll ; LU ; LIV, 116, chimiste Berthollet réclame impérieusement.
233, 290, 347, 45:5). — Je n'ai jamais
douté, pour ma part, que l'idée de patrie
existât avant la Révolutioji, mais je re-
connais aussi qu'elle n'avait pas le carac-
tère exclusif et jaloux qu'elle a pris en
1789 et qu'elle semble perdre un peu
sous la poussée internationaliste et huma-
nitaire. A cet état ancien des esprits, il y
avait diverses causes : d'abord l'esprit
féodal qui produisit tant de révoltes et
prises d'armes contre l'autorité royale, et
dont la dernière fut la Fronde ; ensuite
l'identification du monarque et de la
nation, c'était du reste une façon de par-
ler autant qu'une réalité. Mais l'idée de
la patrie était si peu enracinée profonde
dans les cœurs que quitter le service du
roi pour celui d'une puissance étrangère,
et toute puissance étrangère est ou peut
être ennemie, paraissait une chose des plus
naturelles. Exceptions, soit ; cependant
personne ne songeait à qualifier un tel
fait de crime, comme nous le ferions
ajourd'hui au cas où par impossible il se
produirait.
Mais la nation, chose et nom, existait
sous Louis XIV, et que dites-vous de ce
passage dans lequel le Roi Soleil raconte
le passage du Rhin } « J'étais présent au
passage, qui fut hardi, vigoureux, plein
d'éclat et glorieux pour la nation ».
«J'étais présent », peut-on mieux et
plus simplement dire ? Ainsi c'est sur
la nation que le roi reporte la gloire d'un
beau fait d'armes accompli sous ses yeux ;
tout de même ce fut un roi national que
Louis XIV. H. C. M.
Le dimanche et le décadi (LIV,
274, 378, 438, 490), — Dans une intéres-
sante étude, Le Théâtre à Auch sous la Ter-
reur (Auch, imp. J. Copin, 1890, 16 p.),
M. Bénétrix parle des représentations qui
se donnaient le décadi, sur le théâtre de-
venu un lieu d'éducation révolutionnaire.
<i. L'auscitaine, dit-il, qui affecte de
paraître aux clubs, ignore ou feint d'i-
gnorer l'existence d'un calendrier nou-
veau >^
C'est le jour « du cy- devant dimanche »
qu'elle muscadine dans les mes et sur nos
places. A peine met-on fin aux rassemble-
ments féminins dominicaux, en envoyant
toute citoyenne parée, le dimanche en
corvée au Jiois d'Auch, brûler des broussa/iles
et activer la fabrication du salpêtre que le
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1906.
509
510
Le jour du décadi, on avait la préten-
tion de faire jouer certaines citoyennes
d'Auch désignées par le comité.
<<> Art. 2. Le comité désignera les cito-
yens et citoyennes qu'il croira propres à
remplir des rôles et trois décades à
Tavance les invitera à s'en charger : »
(Quelquefois les choses se faisaient militai-
rement, dit M. Bénétrix, s'il nous est permis
d'employer cette expression, c'est ce que
prouve la déposition que fit, lors d'une infor-
mation contre le représentant du peuple, en
mission dans le Gers, Dartigoeyte, la ci-
toyenne Catherine-Jeanne Deschamps, femme
Guerard. — « Un jour, un gendarme vint
porter à Victoire (fille de la déposante) une
réquisition à peu près en ces termes : « Tu
as joué la comédie sous l'ancien régime ;
sous celui-ci tu es républicaine. Tu auras
pour agréable de te tenir prête à jouer, pour
le prochain décadi, Licinia, dans la tragédie
des Gracques. »
Signé : Gkos, commandant de la force
armée et Lantrac, procureur général syndic.
Ainsi, voilà qui est net : interdiction
aux femmes de se rassembler le dimanche
sous peine de corvée ; obligation à cer-
taines de jouer sur le théâtre, le jour du
décadi, niaiiii militari.
Le représentant du peuple en mission y
tenait la main. Ce n'était point qu'il fût
des arts, un ami très éclairé. Après la
Terreur, il passa en jugement, comme
ayant fait l'éloge de la prostitution au
théâtre, où il trônait en chapeau à plumes
tricolore, et pour s'être montré tout nu
pendant un entr'actc. Il fut déporté.
Les descendants de Bruneau
l'un des prétendus Dauphins (LIV,
329, 456), —Je remercie MM. le D'' Bil-
lard et Jean Pila de leurs réponses, mais
ce n'est pas des enfants que Bruneau,
évadé, eût pu avoir, que je veux parler,
c'est de ceux dont il est question :
— 1° Dans le rapport de M. Verdière,
juge d'instruction, i*^"" décembre 1817
(manuscrit de la bibliothèque Carnavalet
n? 1737, dossier VI/ 19.
1° Feuille 37/c , déposition Brunet
« ... Il m'a dit ensuite qu'il avait épousé
une américaine dont il avait deux en-
fants... »
2" Feuille 43/c ; déposition de Rose
Bodé, femme Briand : « ...J'ai demandé
à la femme Delaunay de qui il portait le
deuil ; elle m'a répondu qu'il lui avait dit
qu'il avait épousé la fille d'un milord an-
glais dont il avait deux enfants, qu'il
avait perdu sa femme dont il avait deux
enfants... »
3'' Feuille 44/c ; déposition de la dame
Jaffard « .. Il lui a fait ensuite des contes,
disant... qu'il s'était marié en Amérique,
qu'il avait laissé plusieurs enfants ;
— 2° Dans le manuscrit : Affaire du
faux Dauphin. C'est le compte rendu, le
procès-verbal de cette affaire ; audiences
des9, 10, II, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18,
et 19 février 181S, il est ainsi terminé :
coUationné conforme par nous, greffier
en chef soussigné, et délivré à M. le Pré-
fet sur sa réquisition. Floquet. Archives
départementales, Rouen. Les 3 passages
ci-dessus font partie des dépositions des
lyrae^ 20"°% 2ime témoins.
— 3° Dans le petit volume intitulé :
Histoire et procès complet du faux Dauphin,
à Paris, chez Pillet, 1818, bibliothèque
Carnavalet n° 10. 444,
On n'y trouve pas les passages ci-des-
sus, mais, page 20, le procureur du roi
dit : « ... 11 prétendait, dans le départe-
ment de Maine-et-Loire en octobre 1815,
qu'il avait épousé la fille d'un riche lord,
laquelle était décédée aux Etats-Unis
après Lavoir rendu père de plusieurs en-
fants... »
Enfin dans une lettre possédée par Bru-
neau à Bicêtre, prison de Rouen mais ve-
nant on ne sait d'oii, datée du 24 juillet
sans désignation d'année et dont le Pré-
fet, ni le minisire ne purent avoir la clef,
Bruneau ayant constamment refusé de
l'expliquer, on lit : « . . . Mais une autre
phrase de votre lettre m'arètte tout court,
vous paraissez sur que (i) la fidèle por-
tière de la pension, jimagine qu'on ne
séparrera point les deux amie, voilà cequi
ine rassure, vous-mèine, vous dite que
vous pouries peutaitre aller à la campa-
gne... » (orthographe conservée.)
Ces « deux amie » seraient-ils les deux
enfants de Charles qu'il aurait été ques-
tion de mettre dans deux maisons, deux
familles différentes après le décès Je leur
mère ?
(i) Pour que la phrase ait un sens, il fau-
drait de au lieu de que. Charles disait que
cette lettre lui avait été envoyée par une per-
sonne de distinction ; peut-être n'est-ce
qu'une copie, cependant neu ne l'indique.
No 1 126.
L'INTERMEDIAIRE
511
512
Dans cette même lettre on lit encore :
«... Comment en effet quand on a un
procès, peut-on le suivre quand l'argent
manque pour les hommes d'affaire ! 11 n'y
a, suivant moi, de confiance à avoir
qu'en Dieu qui mettra dans le cœur de
quelques personnes de bien l'intelligence
et les moyens nécessaires pour arriver à
gain de cause, d'autant plus qu'elle est
juste (orthographe corrigée). Roue, Arch.
départ., dossier Bruneau, pièce 15.
J. DE Saint-Léger.
Napoléon et madame Fourès
(LIV, 163, 288). — Dans V Intermédiaire
du 30 juillet 1902, p. 148, M. P. Pinson
accuse Et. Geoffroy Saint-Hilaire d'avoir
commis unt erreur en écrivant que Bona-
parte avait pour maîtresse une dame
Torry.
La vérité est qu'il ne s'agit ici que d'une
erreur de lecture d'un texte manuscrit ;
Fourès, écrit en lettres irrégulières, a été
lu Torry. D'' A. T. Vercoutre.
Le peiit homme rouge des Tui-
leries et Napoléon 1''' (LIV, 445). —
Le Rev. Edw. de Mariner pourra peut-
être trouver des renseignements dans P.
Christian : L'homme rouge des Tuileries,
in- 12, i863,et Beaujoint : Histoire des Tui-
leries depuis les origines jusqu'à nos jours,
drames politiques, vie privée des souverains,
révélations^ etc. 1881, in-4''. L. D.
*
Voir Alfred Delvau, le Petit homme
rouge. Lecrivain, 1861, in-8.
BOOKWORM.
Papineau et les troubles du
Canada (LIV, 386). — Joseph Papineau
était un patriote canadien qui, de 1826 à
1837, joua dans son pays le même rôle
que le patriote Adrien d'Epinay jouait, au
même moment, à l'Ile Maurice, mon pays
natal (ancienne Ile de France). L'un et
l'autre, tribuns à l'éloquence persuasive,
réclamaient de l'Angleterre l'exécution
des garanties données aux colons français
lors de la conquête de ces deux colonies
par les Anglais ; il s'agissait de la con-
servation de leurs lois, de leur langue, de
leurs usages ; les traités leur avaient pro-
mis qu'ils seraient considérés comme des
sujets anglais et non comme des sujets
conquis. Le gouvernement anglais n'ayant
pas tenu ses promesses, la lutte com-
mença, légale et pacifique du côté des
colons.
Il n'existe dans le Grand Larousse et
dans la Grande Encyclopédie aucune no-
tice biographique sur Papineau , mais en
revanche, dans deux excellents articles de
: M. Victor du Bled, parus dans la Revue
\ des Deux Mondes des 15 janv. et i^ fév
: 1885, on peut suivre les péripéties de la
lutte de Papineau contre le gouvernement
1^ anglais.
I En ce qui concerne .Adrien d'Epinay,
; des notices qui ont paru dans le second
j supplément de Larousse, dans le Nouveau
\ Larousse illustré et dans la Grande Ency-
j clopédie racontent la même lutte à l'Ile
i Maurice, au même moment. On peut, par
I ces divers articles, se rendre compte des
j événements qui se passent simultanément
j dans les deux colonies conquises ; ce sont
j les mêmes haines, les mêmes complots
! inventés à dessein, les miêmes accusations
1 mensongères, les mêmes demandes de
i poursuites et de punitions exemplaires,
I la même tyrannie, enfin la même accusa-
I tion de rébellion des deux colonies afin
d'obtenir leur indépendance.
En 1837, la révolte éclata au Canada ;
! elle fut cruellement réprimée ; Papineau
put fuir à temps et gagner les Etats-
Unis et l'Europe. En 1834 et 1835, pen-
dant qu'Adrien d'Epinay, qui avait été
député par ses compatriotes de l'Ile
Maurice à Londres, finissait par obtenir
justice, son irère aîné Prosper d'Epinay,
resté à l'Ile Maurice, dans un procès poli-
tique célèbre, prouvait la fausseté des
accusations du gouvernement anglais et
du procureur général Jérémie, envoyé de
Londres à Maurice, avec des troupes nou-
velles, pour réprimer une soi-disant
révolte à main armée des colons de cette
île et faire quelques terribles exemples, en
réclamant les têtes des chefs de cette
prétendue révolte. « L'Angleterre, dit le
Nouveau Larousse illustré, préféra avoir
Prosper d'Epinay pour allié que pour
ennemi ; il fut nommé procureur général
et conseil de la Couronne, »
Th. Courtaux.
Comme quoi nous devons au
grand-pèra de William Busnach
d'avîijr conquis l'Algérie (LUI, 550,
632, 772 ; LIV, 397). — J'ignore le rôle
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906.
513
514
important joué par le grand-père de Bus-
nach, mais voici un passage de la plai-
doirie de M= J. B. Rivière, avocat du
comte Henri Clauzel (succession du maré-
chal comte Clauzel) ; ce doit être le même
personnage :
Une partie des biens achetés par M. le
maréchal Clauzel, l'avait été par l'intermé-
diaire d'un juif algérien nommé Busnach.
C'était le domaine de Bab-Ali. Busnach
avait traité le maréchal en vrai juif doublé
d'arabe. Il avait fait le traité en se réservant
un quart de l'acquisition. M. le maréchal
protesta : Busnach n'osa élever aucune
réclamation et tout fut dit.
A la mori du Maréchal, on mit en vente
le domaine. Il fallut assurer à l'acheteur une
possession complète et paisible.
Or, passant par Marseille, l'homme d'af-
faires représentant les intérêts de la partie
adverse, le vicomte Bertrand Clauzel et
madame Bourlon, sœur de ce dernier, ren-
contra par hasard Busnach et lui proposa de
lui racheter le dioit au quart de la propriété
que ce dernier n'avait pas osé revendiquer.
Busnach accepta, bien entendu.
Segro.
La comtesse obscure (LIV, 441).
— IVl le comte de Cornulier-Lucinière
trouvera 145 pages de détails sur cette
personne, dans un ouvrage en 3 volumes,
intitulé : Personnages énigmatiques, histoires
mystérieuses, événements peu ou mal connus,
par Frédéric Bulau, traduit de l'allemand,
par W. Duckett (tome i^i', pp. 1-145).
— Paris, Poulet- Malassis et de Braise, 1861 ,
in-i2.
J'ajoute que l'auteur, aprèsavoir proposé
différentes solutions au sujet de l'identité
de la comtesse, ne conclut pas.
Lucien Morel.
» ♦
Notre digne collaborateur M. Otto
Friedrichs pourra sans doute renseigner
M- le comte de Cornulier-Lucinière.
M. G. WiLDEMAN.
Camp dà Cé-ar à Wissant (LIV,
442). — Feu le chanoine D. Haigneré a
publié dans le D'dionnaire Historique et
Archéologique du département du Pas-de-
Calais (arrondissement de Boulogne, III,
pages 272 à 301), une intéressante notice
sur Wissant. Page 276, il est sommaire-
ment question du monument d'archéolo-
gie militaire dit Fort de César, que Ton a
longtemps cru un vrai camp de César.
Actuellement, les savants sont d'avis que
le Fort de César ne remonte pas plus haut
que le moyen âge.
* +
La Société prehistoi ique de France vient
de nommer une Commission qui est char-
gée de centraliser tous les documents
publiés relatifs aux Enceintes préhistoriques
et protohistoriques.
Cette Commission connaît depuis long-
temps le camp de César à Wissant. Il suf-
fira au collaborateur Persigny d'écrire à
M. le D'' Guébhard, président de cette
Commission, 4, rue Abbédel'Epée, Paris,
pour avoir la bibliographie complète de la
question. Il faut aussi se renseigner auprès
du Président de cette société, M. Adrien
de Mortillet, le préhistorien bien connu.
D"" Marcel Baudouin.
♦ ♦
J'ai fait, en 1893, des fouilles à Tar-
dinghen et j'ai publié, à la suite, une
brochure que l'on trouve aujourd'hui
difficilement en librairie : Tardingljen et
les sépultures sous dalles. Je me ferai un
plaisir de la prêter à M. Persigny.
J'ai repris ces travaux ultérieurement à
Tardinghen même, puis à Wissant, non
pas au camp romain, mais plus près du
rivage, dans un champ, où j'ai découvert
des sépultures mérovingiennes. Le récit
inédit de ces secondes fouilles a été prêté
par moi à la Commission des monuments
historiques du Pas-de-Calais. J'autorise
bien volontiers notre confrère à deman-
der communication de mon manuscrit
illustré qu'il voudra bien me remettre
après l'avoir lu ; écrire pour cela au Bi-
bliothécaire de la Commission des monu-
ments historiques à Arras.
Chanoine Henri Debout.
L'exil d'Ovide (XLIV ; LIV, 428). —
Nous avons la preuve formellement expri-
mée par un auteur de la fin de l'empire ro-
main (1), que l'exil d'Ovide était dû a ce
qu'il avait osé lever les yeux sur la fille
de l'empereur Auguste, qu'il avait dû sé-
duire par ses belles poésies. 11 n'en fallait
pas tant pour obtenir ses faveurs, car
elle avait un tempérament de feu, la fa-
meuse Julie.
Il y avait plusieurs villes du nom de
(1) Sidoine Apollinaire, je crois^ ou peut-
être bien Ausone.
N» 1126.
- 515
(ou Tomaï,
Tomis, Tomes (ou Tomaï, en grec), si-
tuées sur les bords occidentaux de la mer
Noire. Il est probable que c'est pour éviter
la confusion, que l'empereur Constance
avait donné son nom à l'une d'elles ; car
Kustendjé s'appelait alors Constantiana^ et
c'est là qu'on a retrouvé le tombeau d'Ovide.
Un de ces "Xomis était Tom/'svar,
Maintenant, de ce que le poète Ovide a
été exilé à Tom«, il ne s'ensuit pas fata-
lement qu'il y ait été enterré ; mais ce
qu'il y a de positivement certain, c'est
que Kustendjé s'était appelé Constancie
au iv^ siècle, et que c'est là que son tom-
beau a été découvert en 1854, lors de
l'expédition dans la Dobroutcha, avant la
campagne de Crimée. D' Bougon.
* *
Le renseignemeni; donné par le collabo-
rateur Z est conforme à mes souvenirs,
sauf en un point qui, à la vérité, est im-
portant. Oui, ce sont les Français qui, en
1854, pendant la meurtrière et inutile
campagne de la Dobroutcha, ont identifié
le village moderne de Kustendjé avec le
Tomes où fut relégué et mourut Ovide,
Mais c'est la découverte d'une inscription
dédicatoire et non celle de l'épitaphe du
poète, qui a fait reconnaître la bourgade
lointaine où un motif jusqu'aujourd'hui
inconnu, fit exiler le poète aimable des
Métamorphoses et des Fastes, trop aimable
des Amours et de VArt d'aimer. SeuU'Eu-
dore de Chateaubriand a vu le tombeau
d'Ovide.
Avec la férocité des amateurs de belles
choses, ne pourrait-on pas dire que l'u-
kase d'Auguste a rendu un vrai service,
sinon à la personne du pauvre Ovide, du
moins au poète, en lui inspirant ces
chants d'exil qui sont la partie la plus
originale, la plus humaine de son œuvre .?
Et à sa mémoire donc I Voyez-vous Ovide
vieillissant à Rome à côté de Corinne
vieillie, et dans cet état de ramollissement
lent, fin ordinaire de ceux qui ont trop
célébré dans la pratique l'art d'aimer ?
Ainsi a fini Gentil-Bernard, que, bien en-
tendu, je suis très éloigné de mettre en
parallèle avec Ovide, sans toutefois élever
celui-ci au rang de Lucrèce et de Virgile.
En vérité. Tomes est une belle consé
cration à une vie de poète, comme Sainte
Hélène à celle de Napoléon. Quand je par-
lais de la férocité des curieux de beaux
spectacles historiques ?
L'INTERMÉDIAIRE
— 5 1 6
Lorsque Catherine II
fit dans les pro-
vinces méridionales de son empire ce
voyage machiné par Potemkin comme
une pièce de théâtre, ce dont malgré tout
son esprit, l'impératrice amie de Voltaire
ne s'aperçut pas un instant, — sur un point
perdu du littoral, on lui fit conter des tra-
ditions maintes fois séculaires concernant
un étranger mort là, en exil, dans les
temps très anciens. Il parlait la langue de
Rome et le miel coulait intarissable de ses
lèvres ; par son charme et sa tristesse, il
avait apprivoisé les Sarmates grossiers
chez qui ne périt jamais sa mémoire.
C'était Ovide, et sentimentale comme
tout son temps, ce qui ne l'empêchait pas
d'être très pratique dans la conduite de
son « petit ménage ». Catherine écouta
charmée, émue d'avoir retrouvé la trace
du poète et ordonna aussitôt la fondation
en ce lieu d'une ville qui se nommerait
Ovidiopol. En fut-il davantage, et Ovi-
diopol existe-t-il comme Odessa, la ville
d'Ulysse ^ Je ne sais, mais de tous les mi-
rages évoqués par Potemkin au cours de
ce voyage prestigieux, l'invention de la
légende d'Ovide est assurément le plus
réussi. H. C. M.
Saint Arnould, patron des bras-
seurs (LIV, 393). — Le P. Cahier, dans
ses Caractéristiques des Saints (Fourche,
p. 434), ne voit pas quelle circonstance
particulière aurait donné lieu au choix
qu'on a fait de ce saint pour protéger les
brasseurs. L'explicalion qu'il hasarde est
que le saint, d'après la légende, multiplia
un jour du pain et du vin pour nourrir
une troupe de pèlerins, et comme le vin
est plutôt rare en Flandre, on lui aurait
recommandé la boisson nationale, la
bière.
Peut-être trouverait-on quelque autre
explication, soit dans sa vie écrite par
LizARD, évêque de Soissons, auteur con-
temporain et par Harnulphe, abbé d'At-
DENBURG, soit daus la Flandria Illustrata
de Sandkrus, avec les additions de Fop-
PENs ou la Gallia Christ. Nova (tome 9,
p. 450) que je ne puis consulter moi-
même pour le moment. C. B. O.
*
* *
Trois saints : Arnould, Médard et Ni-
colas, ont reçu mission de protéger les
brasseurs ; aucun, que je sache, n'est
charge de protéger les buveurs de bière
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906.
517
518
contre les tripotages modernes de cette
boisson chère aux Anglais et aux Alle-
mands. Aucun de ces trois saints per-
sonnages ne fut brasseur, pas plus que
sainte Anne ne fut meniiisièn', tourneuse
ou hoisselière. Tous trois, de familles no-
bles, furent évèques : l'un de Metz, l'au-
tre de Noyon et le dernier de Myre.
Les maîtres des métiers presque par-
tout au moyen âge, commencèrent par se
réunir en communautés presque reli-
gieuses, et comme telles, se mettaient
sous la protection de quelque saint. Si les
cbairecnitiers avaient saint Antoine, cela
s'explique assez. Mais pour les brasseurs,
ils ont dû être guidés par les patrons des
villes où les communautés se formèrent.
Par analogie, d'autres choisirent le saint
d'une communauté voisine ou connue.
La pluralité des patrons n'est pas le
fait unique des brasseurs. Les forgerons
qui fêtent saint Eloi, surtout en France,
ont en:ore pour patrons saint Galmer et
saint Léonard ; les fondeurs ont saint
Eloi, saint Hubert et saint Pierre-ès-Liens ;
les cuisiniers ont saint Just, saint Laurent
à cause de son gril et la Nativité ; les
orfèvres, saint Eloi et saint Luc ; les men-
diants, saint Alexis et saint Lazare. Avant
d'écrire : etc, je dois dire que les labou-
reurs sont les mieux partagés. Ils ont
pour protecteurs : saint Eloi, saint Isi-
dore, saint Jean-Baptiste, saint Lambert,
saint Léonce et sainte Lucie. Malgré cela,
ils éprouvent bien des contre-temps.
E. Grave.
*
**
En Belgique et dans le nord de la
France, saint Arnould est bien le patron
des brasseurs sans jamais avoir exercé
cette profession.
11 est issu d'une noble famille flamande
(xi8 siècle 1087). 11 embrassa de bonne
heure la profession des armes et, dans
diverses campagnes au service de l'empe-
reur d'Allemagne, puis du roi de France,
il se fit un véritable renom. Après la
mort de son père, il prit congé de sa
mère, sous prétexte de se rendre à la
cour de France, et vint se réfugier dans le
monastère de Saint-Médard de Soissons,
où il demanda l'habit de Saint-Benoit. 11
vécut dans la plus grande austérité. 11 fut
porté malgré lui sur la chaire abbatiale.
et devint ensuite évêque de Boissons, il
se retira en Flandres, dans le monastère
d'Oudenbourg qu'il avait fondé et où il
mourut saintement.
Saint Arnould est également invoqué
pour les femmes enceintes.
Il ne m"a pas été possible de trouver
l'époque où saint Arnould est devenu le
patron des brasseurs, je peux assurer que
c'est au xvii' siècle et probablement anté-
rieurement,en ayant la preuve certaine.
Je possède un vitrail garni de plomb de
o, 50 c. de hauteur X 0.30 de largeur.
Ce vitrail vient des ancêtres de Mgr
Dehaines qui exercèrent la profession de
brasseur.
La grande partie de ce travail est occu-
pée par un médaillon ovale représentant
le patron des brasseurs, saint Arnould,
en ornements sacerdotaux, mitre en tête
et attributs en mains; au dessous se trouve
un autre cartouche, en forme de parallé-
logramme, contenant l'instruction sui-
vante :
Sainct Arnoult, o bon patron, je vous requier
Qu'il vous plaise me laisser boire vostre bière;
En s'y long temps que voste bière beuveray
Tous les jours de rae vye je vous serviray.
Anno 1638
Et plus bas :
Sans porter querelle à personnes
Toute ma vie Dehaines seray
C'est ce souvenir de famille, et, en
même temps, ce jeu de mots deux fois sé-
culaire, que Mgr Dehaisnes avait voulu
faire revivre en sa devise (armes de pré-
lat romain).
Ce vitrail qui m'a été légué par Mgr
Dehaisnes, fait partie de ma collection.
Chaque année, la corporation des bras-
seurs fait chanter une messe dans la basi-
lique de Notre-Dame de la Treille, à Lille.
(La statue de saint Arnould se trouve
dans le chœur).
L. QuARRÉ Reybourbon.
Le château de Haut-Kcenigs-
bourg (LIV, 447). — Je ne connais le
château de Hœkœnigsburg - — il me sem-
ble que le nom est écrit ainsi dans les
publications allemandes — que pour
l'avoir vu de la plaine de Colmar et de
très loin, et aussi par un article avec gra-
vures publié, il y a quelques années,
dans YlUustririe Zeihung. C'était au temps
où l'empereur Guillaume faisait préparer
la restauration aujourd'hui commencée du
Coucy de l'Alsace. Mais voici un rensei-
N- 1126.
L'INTERMEDIAIRE
5iq
520
gnement qui intéressera peut-être M. le , Château de Montaignn (LIV, 338).
comte ). B. Il y a deux ans, environ, 1 — Je serais très reconnaissant à M. A. H.
l'architecte chargé du travail de restitu- ! de vouloir bien me faire connaître dans
tion, eut une mission officielle en France, quel but il a posé la question, à laquelle
pour y étudier l'architecture militaire et | je me fais un vrai plaisir de répondre:
civile du xv« siècle; il vint à Dijon, où il i Hclie-Isaac de Ségur, baron de Monta-
se mit en rapport avec M. Charles Suisse, i zeau, épousa, le i" mai 1675, Claude-
architecte en chef des monuments histo- | Madeleine de Lur-Saluces, fille de Marie
riques. M. Suisse était d'autant mieux j de Gamaches, dont la mère, Eléonore, était
à portée de guider cet architecte — j'ai | fille unique de Michel Montaigne. Claude
oublié son nom, mais je le retrouverais i eut Montaigne dans sa fortune. Ils eurent
au besoin — qu'il venait de restaurer, | iean, marié en 1705, àRose de Gaufreteau.
avec M. Louis Sauvageoî, la grande salle j Ceux-ci eurent Alexandre-François, marié
du palais ducal de Dijon, reconstruite par \ a Jeanne Sans et à AnneBoyrie. Le fils de
Philippe le Bon, et poursuivait en même | ces derniers, Jean-François, se faisait
tempis la restauration, pour M. le capitaine î appeler le comte de Ségur-Montaigne, il
Sadi Carnot, du château de Larochepot, j mourut à Mussidan, en 1819. Comme il
canton de Nolay (Côte-d'Or). De plus, i émigra, Montaigne fut mis sous séquestre ;
M. Suisse avait minutieusement étudié, \ mais son frère, Jean Alexandre, y ayant
mais sur le papier, seulement, celle du j des droits, cette terre lui fut attribuée,
château de Châteauneuf, canton de | Comme ce dernier n'eut pas d'enfants de
Pouilly (Côte d'Or) confisqué par Philippe ] Thérèse de Galathot,il vendit Montaigne, le
le Bon sur la dernière héritière des Châ- 31 mai 181 1, à M. du Bue de Marcussy,
teauneuf, à la suite d'un crime passionnel,
et donné par lui à son filleul, Philippe Pot. dernier, vendit Montaigne au baron Curial,
M. Frédéric de Beauroyre, gendre de ce
qui le reconstruisit presque entièrement.
Châteauneuf, moins ruiné que Larochepot,
appartient à M. le comte Arthur de
Vogue.
Conduit par M. Suisse au palais ducal,
à Larochepot, à Châteauneuf et ailleurs ;
mis en présence des relevés du château
de Dijon, construit par Louis XI et
aujourd'hui détruit, l'envoyé fut frappé
de certaines ressemblances de structure et
de détails qui ne lui parurent pas ex{)li- commune de l'Aiguillon-sur-Vie. — Jadis,
le 3 décembre 1853. ^^^ui ci le céda, en
1860, à M. Magne, ministre, dont la fille,
la marquise de Reverseaux, femme de notre
ambassadeur en Autriche, est la propriétaire
actuelle de ce château. St-Saud.
Hslenu'^} (LIV, 446). — Nous avons,
en Vendée, c'est-à dire en Poitou, un
village très-ancien, qui s'appelle Saiut-
Héleii ou S-iintc-Hélcne^ actuellement
cables par les seules influences générales;
avant la création de cette dernière com-
pour lui, celle Je l'art bourguignon était mune, c'était Sainte-Hélène qui était la
évidente, mais [Ki.r quelles voies s'était- \ paroisse; il y avait là une église, qui est
elle manifestée jusqu'en Alsace ^ A la I détruite depuis longtemps. Récemment,
vérité, la politique des ducs de Bourgo- on y a mis au jour des sépultures, corres-
gne cherchait de longue date à dominer | pondant sans doute à l'ancien cimciicre.
dans la vallée du Rhin : toutefois, en l'état,
le comment ne peut être déterminé et ne |
le sera peut-être jamais. i
Par mes r;ipports avec M. Suisse, mon j
ami et mon confrère dans une Société |
d'archéologie locale, j'ai été mis au cou- j
rant de ces faits, sans, du reste, avoir eu \
de contacts avec l'envoyé de l'Fmpereur i
Guillaume. Malheureusement M. Suisse ;
est mort en août ticrnier, et je ne sais si |
quelque chose de ses entretiens avec l'ar- {
chilecte germanique se rett cuverait dans \
ses papiers ou dans les souvenirs de ses
employés. H. G. M.
Une curieuse légende (Voir Vendée his-
torique, 1897, p 229) se rattache à Sainte-
Hélène; M. Debasle doit la lire. — )'ai
dit ailleurs C[n Aigail Ion-sur ■ Vie signifiait :
Pointe à voie winaiue {via^ voie). En
effet, Sainte-Hélène s'élève sur une pointe
tournée à l'ouest, au confluent du Jaunay
et du Gué-Gorand, où il pourrait bien y
avoir des restes romains, car jadis ces
lieux et: ient pris de l'Océan.
D' Marcel Baudouin.
* *
(LIV col. 446, li!:,;ie 47), lire Saint aé-
mère — (qui signifie dont le culte n'est
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 190e.
521
522
pas rattaché a un jour particulier),
non Saint Aémère.
et
Famills d'origine illustre très
ancieona (LUI ; LIV, 78, 123, 293,
408, 463). — Notre collègue E. M., à
propos de ma notice sur la maison O'Neill,
anciens souverains d'Irlande, veut bien me
demander si le contre-amiral O'NeilI rat-
tachait l'origine de sa famille à cette fa-
mille prmciere. J'ai eu l'honneur de rece-
voir de l'amiral lui-même une lettre, dans
laquelle il m'informait qu'une vieille tra-
dition de famille le faisait descendre de
cette même souche, mais qu'il n'avait
aucun document, ni aucunes données his-
toriques sur lesquelles il pût établir sa
généalogie. Je possède beaucoup de notes
sur la famille actuelle,
La maison princière d'O'Neill est re-
présentée aujourd'hui dans la ligne mâle
seulement par les O'Neill, du Portugal,
qui représentent la branche aînée, et ceux
d'Espagne, dont chef est le marquis delà
Granja.
En France comme en Autriche, la vieille
et illustre famille n'a plus de représen-
tants que par les femmes, et en Irlande
Lord O'Neill, lui-même, a hérité du nom
par les Chichester. Zanoni.
*
* *
Le général O'Neill, aujourd'hui décédé,
qui a exercé un important commandement
en Algérie, était, disait-on, de cette illus-
tre origine irlandaise. A. D.
Le marquis d'Aiigre accusé de
plagiat (LUI, 953 ; LIV, 188, 350). —
Le rapprochement que j'avais cru pouvoir
effectuer entre le G. de 181 1 ou 1818 et
Gorjy, m'avait été inspiré par son blason
qu'il décrit ainsi : « Si l'Empereur a son
aigle et ses étoiles, j'ai ma colombe et
mes étoiles aussi ». Toutefois, j'ai conclu
de mémoire, n'ayant pu remettre la main
sur mon exemplaire de Blançay : il con-
viendrait donc de consulter le titre de cet
ouvrage qui porte la vignette à laquelle
j'ai fait allusion.
D'autre part, malgré le succès de Blan-
çay en particulier, Monselet se borne à re-
connaître que Gorgy avait l'étoffe d'un
bon romancier, sans être un rhétoricien
achevé ; il était d'ailleurs en progrès évi-
dent dans Ann'quin Bredouille sur ses
oeuvres précédentes.
Outre son titre de romancier et d'au"
teur dramatique, il paraît avoir exercé le^
fonctions de secrétaire ou d'intendan^
auprès de M. de la Villeurnoys. Nou^
avons dit qu'il dessinait les vignettes de
ses ouvrages et de plus dans Ann'qiiin
Bredouille, œuvre posthume de lacqueline-
Lycurgues, actuellement fifre major au
greffe des menus derviches, il paraît
révéler sa qualité de musicien.
Toutefois, n'ayant pas à ma disposition
V Almanach impérial de 1811^ je ne puis
préciser davantage cette attribution.
La date de sa mort en 1795, col. 169,
avait déjà été indiquée telle par Qiiérard,
mais elle a été contestée par Pigoreau et
par Monselet et ne semble pas résolue.
Sus.
Jacques Batailhe de Francès(LIV,
107 ) — L'Etat de la France en 1749 cite
Jacques-François Batailhe de Francès, se-
crétaire du roi en 1736.
G. P. Le Lieurd'Avost.
Famille de Battine(LIV, 221, 408).
— Je possède l'acte de décès de madame la
baronne de Batines, morte l'année 1863, à
Victoria Hong-Kong.
Jules Colomb de Batines. .
Les Cardilhac (LIV, 166, 295). —
Comme suite à mes questions (LIV, 166)
et à l'obligeante et très intéressante ré-
ponse à l'une aelles de Marc Hus (295),
je désirerais, encore et surtout, savoir où
je pourrai retrouver i'' [\q. portrait et des
lettres de Jeanne de Cardilhac (Cardaillac,
mère de Mme de Maintenon) ; et 2° le
portrait et des lettres de son mari, Cons-
tant d'Aubigné, en dehors des lettres pu-
bliées dans les Archives historiques de la
Gironde, tome P^ Cardaillaco.
Antony Deschamps, sa -vie, son
œuvre (LU). — Dans un petit recueil
de Poésies, grand in-12, de viii-316
pages, avec fig. grav., d'après Horace
Vernet, et qui fut publié à Paris, à l'occa-
sion du retour des cendres de l'Empereur
en 1840: Couronne poétique de Napoléon.
— Hommage de la Poésie à la Gloire, Paris,
Amyot, édit., 1840, je trouve, pages 89
à 97, de Antony Deschamps, un petit
poème, composé de 98 vers: Dernier retour
de Napoléon, lequel, vraisemblablement,
N" 1126.
L'INTERMEDIAIRE
523
524
n'a jamais été réimprimé dans aucun autre | tide a peut-être les titres de propriété
volume de poésies de ce même auteur.
Ulric R. D.
Madame du Châtelet et son valet
de chambre (LIV, 447). - Longxliamp
raconte avec détails, dans ses Mémoires^
comment il entra, le 16 janvier 1746, au
service de Mme du Châtelet. Le lende-
main, quand il pénétra dans la chambre
à coucher, la marquise se leva, laissa
tomber sa chemise et « resta nue comme
une statue de marbre ».
Quelques jours après, Mme du Châtelet
prenant un bain, elle sonne Longchamp
et lui ordonne de rajouter de l'eau chaude
au moyen d'une bouillotte. Le valet de
chambre, fort ému de ce qu'il voit, obéit
assez maladroitement : « Mais prenez
donc garde, vous me brûlez, lui crie la
marquise indignée ; regardez ce que vous
faites !» G. M. Z.
Famille de Grouchy (Ll; LU). — j'ai
beaucoup cherché, ainsi que M. Laurence
de Gruchy, juré justicier de l'île, l'origine
des Gruchy de Jersey, mais sans parvenir
à élucider la question, les archives de
Saint-Hélier n'existant plus.
Le maréchal de Grouchy avait reconnu
la parenté et fut visiter des homonymes à
lui, auxquels il donna son portrait : ces
messieurs portent nos armes sculptées
sur la porte d'une maison dite «lagruchet-
terie ».
Les Gruchy étaient établis à Jersey avant
1300.
Par ailleurs, il y a aux Archives natio-
nales les papiers d'un certain Jean de
Grouchy qui eut de fâcheux démêlés
avec la justice du roi de France Jean le
Bon, pour avoir livré Carentan aux An-
glais, et qui fut gracié. 11 peut fort bien
avoir passé à Jersey et y avoir fondé une
famille qui a pullulé.
En somme, la question, fort obscure,
est loin d'être éclaircie.
Vicomte de Grouchy.
Documents â retrou v-:r sur Jo-
delle (LIV, 442). — A propos de jo-
deîle.«LeLymodin» est un petit château,
moitié ferme, moitié château, ayant en-
core un peu une allure moyenâgeuse ; il
est habité actuellement par M. Bastide,
ancien sénateur de Seine-et-Marne. M. Bas-
pouvantéclairer Tintermédiairiste Ad. Van
Bever. Ch. Delaunay.
Jeanne Ménestrier (LUI ; LIV,
417). — Jeanne-Marie Françoise Mènes-
trier, l'actrice charmante qui fit pendant
plus de vingt ans les délices du public du
Vaudeville^ sous le pseudonyme original
de Mmette, était fille d'un maître tailleur
de Besançon, où elle naquit le 6 février
1789. C'est en 1804, c'est-à-dire à peine
âgée de quinze ans, qu'elle entra au Vau-
deville ; je n'ai pu découvrir la date pré-
cise de son début.
Mais, ce qui est assez singulier, c'est
que, appartenant à ce théâtre depuis plu-
sieurs années déjà, elle eut l'idée d'entrer
au Conservatoire et s'y fit admettre en
effet ; cela indique à tout le moins une
rare conscience artistique et un réel amour
de sa profession. Elle n'eut pas à se re-
pentir d'ailleurs de sa résolution, puis-
qu'elle se vit décerner un second prix de
comédie en 1810 et le premier en i8i i,
tout en continuant son service au Vaude-
ville. On assure qu'en raison de ce succès,
elle avait formé le projet de demander à
débuter à la Comédie-Française, mais
qu'elle n'y donna pas de suite.
C'est, paraît-il, une injustice dont elle
fut victime de la part de la direction du
Vaudeville qui lui fit quitter ce théâtre en
1828. Le Gymnase, heureux de pouvoir
conquérir une telk; artiste, l'appela aussi-
tôt à lui, et Minette débuta sur la scène
du boulevard Bonne-Nouvelle, le 13
septembre 1828, dans Caroline. Rodolphe
et le Nouveau Poiirccauo^nac .Wvq. sans dire
qu'elle y retrouva le succès. Cependant,
au bout de quelques années, son mari,
Margueritte, qu'elle avait épousé le 25 no-
vembre 1824 et dont la fortune était de-
venue considérable, l'obligea non seule-
ment à quitter le théâtre, mais encore,
dit-on, à cesser toute espèce de relations
avec les artistes, ses amis et ses cama-
rades. On peut trouver qu'il avait pris le
temps de la réflexion. Elle se résigna tou-
tefois et se retira alors à Neuilly, où elle
faisait discrètement beaucoup de bien et
où elle mourut le 20 juin 1855.
On assure que Minette s'était donné
elle-même une sérieuse instruction, qu'elle
parlait parfaitement l'italien et l'anglais,
et que même elle faisait agréablement les
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906,
525
5-
Au
vers. AU reste, un chroniqueur disait
d'elle : « Mlle Minette est une femme
d'esprit : on la dit auteur de plusieurs
vaudevilles charmants ». Ce qui est cer-
tain, c'est que le Vaudeville donnait, le
25 juillet 18 10, la première représentation
d'un petit ouvrage en un acte, intitulé
Piroii che:^ Procope, signé d'elle et de
Pélicier. Et ceci dénote de sa part une sin-
gulière activité d'esprit, puisque l'appari-
tion de cet ouvrage eut lieu entre ses deux
heureux concours du Conservatoire, alors
qu'elle ne cessait de poursuivre sa carrière
au théâtre.
On a aussi parlé d'une sœur de Minette
qui, comme elle ayant pris un pseudo-
nyme, aurait appartenu àl'Odéon. Le fait
est exact, et il est constaté par un petit
recueil du temps (Petite Biographie des
acteurs et actrices)^ qui nous apprend que
« Mlle Minette est sœur de Mlle Milen, de
rOdéon ». Mlle Milen débuta à l'Odéon
dans l'emploi des soubrettes, comme sa
sœur, le 18 décembre 181 5, dans la
Vieille Tante et le Jaloux malgré lui. Elle
y obtint des succès et y resta jusqu'en
1828. Je ne sais ce qu'elle devint ensuite.
Arthur Pougin.
Famille de Montigny (LIV, 355,
468) . — La famille de Montigny dont parle
M. G. P. Le Lieur d'Avost est celle qui
lire son nom de la seigneurie de Mor.li-
gny-sur-le-Loir, dit Montigny-le-Gane-
lon ('canton de Cloyes, Eure-et-Loir). Elle
passe pour avoir fourni le Pierre ou Jean
de Montigny qui porta l'oriflamme à Bou-
vines. — La généalogie de Montigny de-
puis le xi^ siècle jusqu'au milieu du xvi^
se trouve dans la Notice d'Introduction du
Cartulaire de Marmoutiers pour le Danois,
par Emile Mabille, (Paris, Dumoulin,
1874).
Les armoiries de cette famille de Monti-
gny aujourd'hui éteinte se trouvent
sculptées sur une pierre provenant, dit-on,
du château du Fresne d'Authon, qui
appartint aux Montigny, et actuellement
encastrée dans un mur intérieur de l'église
en ruine de l'ancierne abbaye de l'Etoile,
même commune d'Authon,canton de Saint •
Amand. (Loir-et-Cher). Elles sont repro-
duites en dessin (assez imparfaitement),
écartelées de Vendôme ancien, dans le
Vendomois, Epigraplne et Iconographie^ du
marquis de Rochambeau (Paris, Cham-
t. II, p. 428 ; et décrites au
la Société archéologique du
1888, p. 244, ainsi
pion, 1894),
Bulletin de
Vcndoniois, année
qu'il suit : d'or^ à Vécu deoiieules, et un
orle de 8 coquilles d'a{ur. (Voir cette note
pour ses commentaires). II y a à la Biblio-
thèque nationale un dossier généalogique
sur les Montigny de Ganelon. — Voir
aussi dom Villevieille, au mot Montigny.
St-Venant.
Un marquis de la Pailleterie
(LIV, 449). — Dans un article publié en
1874 (je crois) par la Société d' Archéologie
lorraine^ on voit que M. Davy de la
Pailleterie habitait la Lorraine dont sa fa-
mille était originaire. En 1760, M. de la
Pailleterie quitta le pays et acheta le trou
de Jérémie à Saint-Domingue. 11 s'y maria,
et son fils fut le général Alexandre Dumas.
G. M. Z.
De Pouilly (LUI, 726, 863). — Il est
à supposer qu'Albert-Louis, baron de
Pouilly, comte de Rousoy en Luxem-
bourg, né en 173 1 , à Pouilly, près Stenay,
en Clermontois, maréchal de camp en
1784, député de la noblesse de Verdun
aux Etats généraux, émigré et mort en
Allemagne en 1795, appartenait à la même
famille. D'après certains auteurs, il avait
épousé la sœur de Custine. Mais Saint-
Allais (XVII, 347) lui fait épouser, en
1762, Marie-Henriette de Vassinhac d'I^
mécourt. Peut-être était-ce en secondes
noces ?
Au moment de son émigration, M. de
Pouilly avait fait prendre à ses fils le
nom de Mensdorf, village dépendant de
son comté de Rousoy. L'un d'eux, Emma-
nuel, comte de Mensdorf-Pouilly, devint
Feld-Maréchal-Lieutenant (général de di-
vision) dans l'armée autrichienne, vice-
président du Conseil Auliquc, chambellan
de l'Empereur d'Autriche, grand Croix
de l'Ordre du Bain, en Angleterre. Sans
doute qu'il devait en partie ces distinc-
tions au mariage « inouï dans les fastes
de l'Allemagne » (expression de Puyniai'
gre), qu'il contracta en 1804, avec une
princesse de Saxe-Cobourg-Gotha, sœur
du futur roi des Belges, Léopold I''^ Par
suite de ce mariage, ses descendants (il
mourut en 1852) sont actuellement alliés
aux familles impériales et royales de
Russie, d'Allemagne, d'Angleterre, de
No 1126.
L'INTERMEDIAIRE
527
528
Bourbon-Orléans, de Belgique, de Portu-
gal, etc. L'ambassadeur d'Autriche-Hon-
grie en Angleterre est, en ce moment, si
nous ne nous trompons, le comte Albert
Mensdorff. ami du roi Edouard VU et son
petit cousin.
En 1789, un autre Louis-Albert Genne-
vry de Pouilly était capitaine comman-
dant au régiment de Vexin. A la fin de
1792, il était colonel de ce régiment, de-
venu 72*, à l'armée de Dumouriez, en
Belgique. Faut-il rattacher ce Pouilly à la
branche des Pouilly, seigneurs de Gin-
vry ? S. Churchill.
La véritable mentalité du mar-
quis de Sade (LU ; LUI). — Des Dè-
bats, 19 sepembre 1906 :
Dans Vlntennédiaire des chercheurs et
curieux, le poète Charles-Adolphe Cantacu-
zène a ouvert, il y a juste un an, une enquête
sur la véritable mentalité du « divin mar-
quis » .
C'est à croire que la réputation de M. de
Sade est imméritée : pas de pièces officielles ;
des rapports de police de Marais l'aîné où il
y a le mot «- horreurs remployé couramment
sous Louis XV et Louis XVI pour la moindre
fredaine de petite maison ; simplement des
lettres et narrations fantaisistes, et qui ne
sont pas d'accord, de Waipole, de Mme du
Deffand, Brière de Boismoni, sur le goût
sanguinaire de Sade ! Si l'on ajoute à cela
que le marquis a été jugé, en l'absence des
Parlements congédiés, par des commissions
nécessairement sévères et dont les arrêts n'ont
pas même été maintenus, on est loin de ne
pas être embarrassé.
Quant aux oeuvres, il y faudrait voir l'exas-
pération d'un homme dont la captivité a
égalé celle de Latude. Encore s'y mêle-t-il,
à côté de choses triviales et infâmes, des
choses si fantaisistes qu'elles font sourire
(« l'orgie d'un octogénaire, d'un nain ou
d'un dindon 2>), et des récits d'une doctrine
où paraît un goût de spéculatioii risiblement
philosophique, avec une arrière-pensée de
pédanterie gracieuse. Mais on y professe le
végétarisme, la protestation contre les tor-
tures infligées aux animaux et des pensées
touchantes sur la séparation éternelle. Du
donjon de Vincennes, Sade parle de sa femme
comme un Laclos soudainement touché. Le
« divin marquis » ne serait qu'une victime
grotesque de ceux qui l'enfermèrent à Charen-
ton comme fou, alors que, dit M Cantacu-
zène, il y donnait la comédie d'un homme
bien élevé « d'une politesse un peu outrée,
mais presque suave » — jusqu'à sa mort en
1814. Tous les vieux beaux de la Restaura-
tion ne voyaient-ils pas d'ailleurs, dans le
marquis de Sade « un aimable mauvais su-
jet >>? M. Cantacuzène croit voir en Sade:
« le premier des neurasthénicfues et le dernier
des galants marquis ». Seulement il faudrait
le prouver.
M. de Saint- Aurant (LUI; LIV, 86).
— On trouve ce nom écrit sous différentes
formes :
1 597-1701. — De Saint-Aurent.
1700. — De Saint-Thorant.
1714. — De Saint-Oran.
1771. — De Saint-Horent.
1790. — De Saint-Thorent.
mais, dans aucun des actes dont la date
est citée ci-dessus, il n'est question d'un
ï\t{ appelé fief de Saint- A uient.
8 janvier 1697 ; mariage entre Jehan de
Saint-Aurent, sieur de la Bordière, fils de
Jehan sieur du Planchât et de feue Françoise
de Turenne. de la paroisse de Vaufran-
che — et Françoise Bécas, fille de Gabriel
sieur du Plaix et de Catherine Masson.
1700. Pierre de Saint-Thaurent, procu-
reur d'otfice en la châtellenie de Boussac,
demeurant à Bussière, paroisse de Mous-
sais, époux de Marguerite Mallet, veuve
de Gilbert Chabridon sieur de Chi^mpoix,
(Moussais — Allier — canlon de Saint-
Désité).
17 14. Mariage de Gilbert Moutonnet
sieur des Goûts, officier de la grande
écurie de France, avec Anne-Françoise de
Saint-Oran (la future signe Anne de Sainct
Horent.)
1771. Anne et Marguerite Denizou,
filles de feu Gabriel, mariées à messieurs
de Saint Horent frères à Coursay.
1783. Baptême de Marie Thérèse de
Saint-Horant, née le 30 novembre 1783
de Pierre Bernard de Saint-Horent, sieur
de Lioudais et de Thérèze-Apolline Dela-
varenne, en la paroisse de Thiel.
1790. De Saint-Thorent, demeurant à
Château-Gaillard, paroisse de Reuilly
(Indre.)
Ce nom de famille, très connu dans
l'Indre et le Cher (à Lury-sur-Arnon), ne
s'écrit plus qu'en un seul mot ; de Sain-
t horent.
M. Belleau, juge d'instruction à Châ-
teauroux a pour aïeule une de Sainthorent,
E. Tausserat.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre 1906.
529
530
Madame de Sévigné à Bodégat
(LIV, 223). — Je ne crois pas que Mme de
Sévigné ait jamais séjourné à Bodégat,
ni même qu'elle y soit allée. On lui attri-
bua pour ses reprises, cette terre qui
appartenait à son mari, et Charles de Sé-
vigné dit qu'il n'y avait là, ni château, ni
manoir.
La meilleure et la plus complète des
éditions de Mme de Sévigné avec des
tables excellentes, est celle publiée par
Hachette en 1862, et années suivantes,
annotée par M. Monmerqué, et de la
collection des grands écrivains français,
plus 2 vol. de lettres inédites publiées par
M. Capmas en 1876. En tout, 16 vol. in-
8°, plus un album de vues et d'armoiries.
Leslie.
Pierre Vincard et I9 siège de
Paris (LIV, 450). — 11 y a deux Vincard :
l'oncle et le neveu. L'oncle a publié les
souvenirs d'un chansonnier saint-simo-
nien. Il est mort à Saint-Maur-les-Fossés,
le 12 novembre 1882.
L'autre, Pierre Vincard, a été employé
dans les bureaux du chemin de fer ; mais
il a été aussi secrétaire, à la Presse, de
Girardin.
11 était infirme et se traînait sur des
béquilles. Il a dû mourir peu après son
oncle, l'ai été le voir, chez lui, vers
1881 ; il possédait une certaine bibliothè-
que et surtout des monceaux de notes sur
Paris et les corporations ouvrières, lia
publié un volume sur ce sujet, qui devait
être suivi d'autres volumes : ils n'ont, je
crois, jamais paru.
Il avait deux enfants, dont une fille,
qui fut institutrice, rue de Paris, à Belle-
ville. Très méritante, elle est morte à la
peine. Son frère était décorateur sur por-
celaine. Peut-être vit-il encore. Il a dû, à
un moment donné, vendre les papiers de
Pierre Vincard ; car j'ai vu sa correspon-
dance, chez un libraire, qui ne m'a pas
i dit de qui il la tenait. A. Patay.
.. Les mansardes célèbres (LUI ;
'1 LIV, 4-J5, 489). — La mansarde de Bona-
! parte, s, quai Conti, n'est pas une dé-
|i couverte ; tous les vieu;< Parisiens la
connaissent depuis longtemps, puisque la
plaque qui a été vue dans l'intérieur de
ji la maison, était jadis appliquée à l'exté-
rieur. En voici le texte :
Souvenir HisTORiauE
L'Empereur Napoléon Bonaparte,
Officier d'Artillerie
sortant de l'Ecole de Brienne
demeurait au cinquième étage
de cette maison.
Autorisation spéciale
de S. M. Napoléon III
en date du 14 octobre 1853.
Il est probable que cette plaque aura
été déplacée à la chute du second Em-
pire.
Quant aux autres maisons habitées par
Bonaparte, on doit en trouver la mention
dans un ouvrage intitulé : les Habitations
Napoléoniennes, publié en 1844, 2 vol.
in-8, par Emile Marco de Saint-Hilaire.
J. G. WlGG.
Armoiries à déterminer : de
gueules, à 2 roses d'i^rgcnt (LIV,
393). — Ce sont les armes de la famille
de Marconnay, en Bourgogne. Vorle de
Marconnay, conseiller du roi et assesseur
criminel au bailliage de la Montagne, les
fit enregistrer à V Armoriai Général de
1696. P. leJ.
Armoiries à déterminer : d'or, au
chevron de gueules (LIV, 393). —
La famille de Vaynes, en Gueldre, bla-
sonne : d'or an chevron d'azur, acconipagné
en chef de deux Uèjîes de sinople , et eu pointe
d'une hure de sanglier de sable ; le chevron
chargé sur la cime d'un écusson de gueules,
à trois bandes d'or, qui est de Veynes, en
Dauphiné. Malgré la différence de cou-
leur du chevron, les recherches pour-
raient se diriger de ce côté ; il doit s'agir
d'une famille protestante réfugiée dans les
I Pays-Bas, et c'est le seul exemple que
I j'aie rencontré d'un chevron accompagné
I de deux trèfles et d'una hure de sanglier.
1 _ P. LEj.
j Origine du globe comme atti-ibui
1 impérial (LUI ; LIV, 93). - Les Grecs,
! dit le collaborateur Candide, savaient tout
I sans avoir ri-jn appris. 11 eslbienvrai qu'ils
1 furent admirables. )e demanderai licence
! cependant de faire une petite remarque
i au sujet des deux intéressantes commu-
I nications de Candide et de Aug.Paradan.
i Sans nier que Lon puisse peut-être, à
; un point de vue philosophique, égaler le
! raisonnement des Grecs à notre expé-
N° 1126.
L'INTERMEDIAIRE
53'
rience, si l'on s'en tient au sens précis
des termes, cette vérité : la terre est
ronde, n'avait pas tout à fait pour les an-
ciens l'aspect qu'elle a pour nous. Nous
« savons » que la terre est ronde, tandis
que les anciens le << croyaient», quoiqu'ils
en ens'ient. Il y a bien de la différence
entre une vérité d'expérience et une pro-
position fondée sur le raisonnement. On
resterait, ce semble, dans une note plus
juste en disant — non que les Iiommes
instruits de l'antiquité n'ignoraient pas la
forme réelle de la terre, mais — que les
hommes intelligents parmi les anciens
croyaient la terre ronde.
Pourquoi M. Aug. Paradan dit-il du
mouvement de la terre autour de son axe
dans l'espace que les initiés le connais-
saient .'' Qui étaient ces initiés ? G. A.
Une médaille de fondation sur
Saint-Sulpice (LIV, 451). — L'inscrip-
tion de la médaille dit clairement qu'il
s'agit de la place et non de l'église, et,
M. Sellier aurait certainement répondu à
la question si il n'avait pas été interrogé
d'une façon hâtive et si on lui avait mis
la pièce sous les yeux.
Le 2 octobre 1755, M. leducde Gesvres
posa, au nom du roi, la première pierre
de la nouvelle place Saint-Sulpice. Il suffi-
rait de quelques recherches pour trouver
la date des Lettres Patentes relatives à ces
travaux de voirie. Je ne les trouve pas
dans le Recueil (ni dans les Suppléments)
publié de nos jours par la Municipalité ;
elles expliqueraient probablement la date
de 1754 que porte la pièce. D'après Vitu,
la propriété en question (angle impair de
la rue Richelieu et du boulevard) appar-
tint, de 1703 a 1784,3 la famille Huet,
puis à la famille Bigot. C'est peut-être de
de côté qu'il faudrait chercher l'explication
de la trouvaille faite en ce lieu. P. Lbe.
La petita médaille comméraora-
tive du b apte il e du Prince Impé-
rial (1856) (XLVll ; L). — Outre la
charmante petite médaille du graveur Ca-
que^ il en existe une autre, moins artistique
d'exécution, peut-être, mais tout aussi cu-
rieuse, sur ce même sujet, et dont un de
mes amis de l'Intermédiaire me fait la
gracieuseté de m'envoyer un exemplaire
de choix.
532
Bague avec devis-^s (LIV, 56, 254,
353, 473). — j'ai eu entre les mains une
bague en or, très mince,avec chaton tour-
nant. D'un côté, le chaton émaillé repré-
sente une pensée avec la devise : « à mon
amie ». De l'autre un médaillon doré por-
tant la tête de Napoléon l. Cette bague
sous la Restauration, était portée par les
anciens de la garde impériale. Elle servait
de signe de reconnaissance, et pouvait
être classée parmi les bijoux séditieux.
Martellierk.
Sépultures d'artistes célèbres
(Ll; LU; LUI ; LIV, 13). — Ferdinand
Berthoud (1727- 1807), horloger célèbre
dont les travaux sont la base de la chro-
nométrie actuelle et qui publia ses travaux
dans de nombreux écrits, est enterré
à Groslay (Seine-et-Oise). La très simple
pierre tombale qui énumère très longue-
ment ses titres et qualités, sera rempla-
cée par un monument qui doit être inau-
guré le 23 juin 1907, jour du centenaire
de sa mort. M. M.
Le P. Adry et les Anas (LIV, 394).
— Les manuscrits de l'érudit oratorien
ont figuré à maintes reprises sur les cata-
logues d'autographes. Beaucoup ont été
acquis autrefois par le P. Ingold, de l'O-
ratoire. Ce religieux réside maintenant à
Colmar. 11 pourrait dire, peut être, où se
trouve actuellement le mss. qui intéresse
notre confrère A. G. C.
Publica ion d'indulgences en fa-
veur de l'hôpital des Quinze-Vingts
(LIV, 446). — Ces documents sont rares
et curieux et ont, dès longtemps, attiré l'at-
tention des érudits. La bibliographie qui
les concerne est tellement copieuse que
j'abuserais de l'hospitalité de Vlnter-
meduire si je tentais de la dresser ici.
Ces pièces (il en fut imprimé dès le
XV* siècle) intéressent l'histoire locale,
l'histoire religieuse, l'histoire morale et
l'histoire de l'imprimerie. Si notre colla-
borateur veut bien me faire savoir à quel
point de vue il les étudie, je me ferai un
plaisir de le diriger dans ses recherches,
j'ai dans mes notes l'indication des cotes
de celles que possède la Bibliothèque na-
tionale,avec quelques sources des travaux
qu'elles ont suscités. Ignotus.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
533
Bibliographie Napoléonienne
(LIV, 394). — On peut signaler, en plus
de la bibliographie de Wircheisen qui est
sans valeur aucune, celle du baron Lum-
broso, conçue sur un plan très vaste, mais
malheureusement non achevée.
Une référence assez bonne, mais trop
ancienne, se trouve au tome 2 de Bour-
quelot et Louandre, Littérature française
contemporaine (pp. 222-332). L'article in-
titulé les '< Bonaparte littéraires » est ré-
digé en grande partie par Quérard. — Ra-
petti, dans le tome 37 de la Biographie
Hoefer donne une Bibliographie napo-
léonienne qui occupe 39 colonnes d'un
texte serré (carton venant après le folio
448 dudit tome 37).
Enfin, la meilleure source de renseigne-
ments est le catalogue général des livres
d'histoire de la Bibliothèque nationale,
tome III. L. D.
1° F. Kircheisen, Bibliographie napo-
léonienne. Collection des sources classées
par ordre des matières. Paris, R. Chape-
lot, 1902, in-8.
2° Alberto Lumbroso. Saggio di una
bibJiogiafia ragionata pet se) vire alla sto-
ria dell epoca napoleoiiica. Modena. A
Namias. 1894, in 8. R. Pichevin.
Livres imprimé.s blanc sur noir
(LUI ; LIV, 37, 150,259,560,487).— L'in-
termédiairiste qui signe P. B. est M. Paul
Brunaud, avoué à Saintes, juge suppléant
à ce tribunal, ancien premier adjoint au
maire de Saintes. En i86i, il était étu-
diant en droit, à Poitiers. Alors comme
aujourd'hui, il lisait tous les livres qui
paraissaient. Qu'il soit bien excusé d'avoir
prétendu que le livre dont il parlait était
signé Edmond Thiaudièrc, au lieu du pseu-
donyme Edmond Thy. Depuis 1861, on
peut lui pardonner cette défaillance de
mémoire. Si, au lieu du pseudonyme il a
donné le nom de l'auteur, c'est qu'il le
tenait de son intime ami, Louis Eprin-
chard, alors clerc de notaire, chez M* Ces-
bron, à Poitiers, depuis, notaire et juge
suppléant à Melle (Deux-Sèvres). Ah !
qu'il voudrait bien relire V Apprentissage
de la Vie. Cela lui rappellerait 'x le Bon
Temps » Où est-il ce Temps où, on allait
faire la lecture à Poitiers, chez un bouqui-
niste, demeurant près du café deCastille ?
C'est là que
la Vie.
P. B,
10 Octobre 1906
534 ' — ■
a lu V Apprentissage de
P. B.
Célibat ecclésiastique (XLl ; XLU ;
XLIV ; XLV ; XLVIII ; XLIX ; LI ; LU , LUI,
649). — Pour augmenter les listes précé-
dentes :
Nature et virginité, considérations phy-
siologiques sur le célibat religieux.^ par
Dufieux. Lyon, 1858, in-8.
Le Célibat ecclésiastique jusqu'au Concile
de Trente, Paris, 1895, in-8.
Paul Pinson.
La théâtre en province (LIV, 281,
385, 428,476). — En matière de bibliogra-
phie, on ne saurait jamais trop accumu-
ler les renseignements. C'est pourquoi, en
consultant le catalogue de ma bibliothè-
que, je viens continuer la liste des publi-
cations déjà indiquées sur ce sujet :
Lille. — Les premières au théâtre de
Lille., iSç}-i8giy, par A. Gaudefroy (Lille
1895, in-8°).
Lille. — Les premières au théâtre de
Lille, i8ç^-i8çj, par A. Gaudefroy.
(Lille, 1897, in-8).
Lille. — Les premières au théâtre de
Lille, iSçy-iSgç. par A. Gaudefroy,
(Lille, 1899, in-8).
Lille. — Les premières au théâtre de
Lille, iSçp-ipoi, par A. Gaudefroy. (Lille,
1901, in-8).
Lille. — Les premières au théâtre de
Lille, ipo^-ipo6, précédées d'une notice
sur le théâtre provisoire, par A. Gaude-
froy (Lille, 1906, in-8, avec une vue du
théâtre).
Lille. — Le théâtre de Lille il y a cent
ans, par Léon Lefebvre (Lille, impr. Le-
febvre-Ducrocq, 1889, in-8).
Lille. — Un chapitre de l'histoire du
théâtre de Lille^ par Léon Lefebvre. (Lille,
id., 1890, in-8).
Lille. — Souvenirs de théâtre d'un L-il-
lois, recueillis par Léon Lefebvre, (Lille,
id., 1894, in-8).
Lille. — Le théâtre de Lille au XVIIl^
siècle, auteuis et acteurs, par Léon Le-
febvre (Lille, id., 1894, in-8).
Lille. — Les origines du théâtre à Lille
aux XV^ et XVI" siècles, par Léon Lefeb-
vre (Lille, id., 1905, in-8).
Lille. — Spectacle de Lille on Calendriet
historique et chronologique du théâtre
pour l'année 1769, avec les noms des
N' 1136.
L'INTERMEDIAIRE
535
536
acteurs et actrices (Lille, Lemmens, s. d.,
in- 18).
Bordeaux. — Ahnanach des spectacles
de Bordeaux, par Sainte- Luce. Année
théâtrale de Quasimodo 1792 aux Ra-
meaux 1793 (à Bordeaux, l'an 2^ de la
République, in-i8).
Le Havre. — Statistique du théâtre du
Hâvrc^ par M. Ph. T. (Au Havre, Faure,
i827,in-32). — Id. 2^ année, 1828, in-i8.
Nimes. — Coup d'œil sur le tl)éâtre de
Nîmes à la fin du XVIII^ siècle^ '7^9' -
lySç^ par Paul Clauzel (Paris, typ. Pion,
1903, in-8).
Le Mans. — Notice sur le théâtre et sur
les anciennes salles de spectacle du Mans,
(Le Mans, Pellechat, 1885, in 8). —Mo-
difications apportées à la salle de spectacle
CK / 55(5^, (Le Mans, 1886, impr. Drouin,
in-8).
De la situation des théâtres dans les dé-
partements, par A. J. Dumaniant, (Paris,
Barba, 1823, in 8).
Qiielques mots sur le théâtre en province^
par H. Villa (.Moulins, Desrosiers, 1862,
in- 12).
La question théâtrale^ par un comédien
de province (Moulins, Enaut, 1863, in-8).
Et voici en ce qui touche, en dehors de
France, les pays de langue française :
Bruxelles. — Théâtre de la Monnaie de
Bruxelles sous la régie de M. J. Dubus.
Etat, par ordre de dates, des pièces qui
ont été représentées depuis le i"'' Floréal
an XII jusqu'au 30 Germinal an XllI.
(S. 1. n. d. [Bruxelles, an Xlll], impr.
Foublon, in-8).
Bruxelles. — Le Théâtre de la Monnait:
depuis sa fondation Jusqu'à nos jours, par
Jacques Isnardon. Préface d'Arthur Pougin
(Bruxelles, Schott, 1890, m-8).
Spa. — Histoire a/iecdotiqne du théâtre
de Spa^ par AibinBody (Spa, impr. Han-
rion, i8;2, in-!2),
bpa. — Le théâtre et la musique à Spa,
au temps passé et au temps présent, par
Albin Body. (Bruxelles, Royez, 188s,
ini2).
Le théâtre villageois en Flandre^ his-
toire, littérature, musique, religion, poli-
tique, mœurs, d'après des documents en-
tièrement inédits, par Edmond Vander
Straeten ('Bruxelles, Claassen,2 vol. in-8).
Giiîde dramatique belge ^ par A.Dupont,
(Liège, impr. Vaillant-Carmanne, 1870,
in- 12).
Félix
Bruxelles. — Annuaire dramatique^ [^-ax
Delhasse), 1839- 1847 (Bruxelles,
Tarride, 9 vol. de divers formats).
Anvers. — Annales du théâtre d'An-
vers^ par Clément Bovie. 1834-1878 (An-
vers, 1866 1884, 8 parties in-12).
Bruxelles. — Ahnanach historique et
chronologique de la Comédie Française éta-
blie à Bruxelles sous la direction de S.A.R.
le prince Charles de Lorraine, (1754,
in-i8).
Bruxelles. — Spectacle de Bruxelles ou
Calendrier historique et chronologique du
théâtre, etc. pour l'année 1767 (Bruxelles,
Boucherie, in-i8). Il existe une seconde
année.
Bruxelles. — Almanach du spectacle de
Bruxelles, contenant un abrégé chronolo-
gique de ce théâtre, etc. (En Brabant,
Delahaye, 1792, in 18),
Bruxelles. — Etrennes aux sociétés qui
font leur amusement déjouer la comédie,
ou Catalogue raisonné et instructif de
toutes les tragédies, comédies des théâ-
tres Français et Italien, actes d'opéra,
opéras-comiques, pièces à ariettes et
proverbes, qui peuvent facilement se re-
présenter sur les théâtres particuliers
(A Bruxelles, Bradel, s. d., in-12.
Arthur PouGiN.
Je peux signaler deux opuscules concer-
nant les théâtres de Caen et de Cher-
bourg :
M. Leflaguais : Inauguration du théâtre
de Caen en 1838 ;
M. Geflfroy : Construction d'un théâtre
à Cherbourg en 1873. Beaujour.
*
♦ ♦
Le Théâtre du château de Malicorne par
le baron de la Bouillerie. Revue Archéol.
et Histor. du Maine, t. XXVII, p. 235.
Le Théâtre chrétien dans le Maine au
cours du moyen âge, par le R. P. dom Pio-
lin, ibid., XXIX, XXX, XXXI, XXXII.
Le Théâtre au Mans pendant la Révolu-
tion, par R. Deschamps la Rivière ibid ,
t. XLIX, LU. Louis Calendini.
Il existe de M. L. Decombe, directeur
du Musée archéologique de Rennes, mort
récemment : « Recherches de l'histoire
locale, notes et souvenirs : Le Théâtre à
Rennes. »
Rennes, Simon, 1899, in-8.
Leslie.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Octobre 1906,
537
5?8
Pour faire suite : Le Théàbe à Dijon,
1422-1790, par Louis de Gouvenain, in-
4°, Dijon, 1888, imp. Eug. Jobard.
On me dit qu'il existe un Théâtre à
Nîmes (Ouvrage sur le). Quel est le titre
exact? H. L.
*
* *
J'ai établi sur fiches, pour mon usage,
une bibliographie des théâtres de France
(Paris excepté), depuis les origines gallo-
romaines jusqu'à nos jours, que j'ai lieu
de croire complète et q ;e je continue de
tenir au courant. Ce catalogue comprend
plus de 500 numéros.
Indépendamment de ce qui touche l'his-
torique des salles de spectacles, j'ai noté
les ouvrages relatifs au théâtre des collè-
ges, aux sociétés d'amateurs, sans oublier
l'histoire de la musique dramatique.
J'ai ébauché un travail analogue pour
les théâtres français de l'étranger, mais les
moyens de recherche me font malheureu-
sement défaut.
Pour gouverne, je possède des rensei-
gnements biographiques sur les théâtres
des villes énumérées dans la question po-
sée, c'est-à-dire : Toulouse, Marseille,
Montpellier, Tours, le Havre, Strasbourg,
Metz et Dijon,
Il ne me serait pas possible de me des-
saisir de mon travail pour le communiquer,
mais je me mets bien volontiers à la dis-
position des collaborateurs de Vlntermé-
diaire. Il leur suffira de m'indiquer la ville
sur laquelle on désire être renseigné ; je
me ferai un plaisir de fournir copie des
notes que je possède à son sujet.
L. L.
U « immortel » Pierre Maël (LIV,
226, 360). — Il est un peu tard pour appor-
ter en cette question mon témoignage ;
j'arrive de la campagne et prends connais-
sance des derniers numéros de Vlnterinè-
diaire. je n'ai d'ailleurs qu'un mot à dire :
l'explication donnée par l'ophélète J. est
absolument exacte ; la convention dont il
parle m'est connue. Iskatel.
Prononciation de TU en latin
(LIV, 279, 420). — La question a été traitée
bien des fois, et elle est d'ailleurs assez
facile à résoudre en consultant les an-
ciennes inscriptions romaines latines
faites par des gens du peuple qui écri- ,
valent le latin comme ils le prononçaient-
Voici, par exemple,une inscription latine
écrite en lettres grecques (Cor/'Ms inscr. de
De Rossi, t. I, n" 11) elle est datée de 269
et nous fait lire pour la date. .. noneis tio-
bembreibous deie Bener'^s louna XXIII. Et
encore cette autre de l'année 345 [Corpus
Insc. de Rossi. n» 85). Deposeitons IV Kal.
oct. . Annoiis in Pake. On peut aussi voir
la célèbre épitaphede Severa,qui a fourni,
au P. Lupi, matière à une docte disserta-
tion sur le sujet qui nous occupe. Les Ro-
mains prononçaient l'w ou ; ils le font
encore, et il n'y a guère que les Français
qui ont donné à l'u le son dur qu'il a chez
eux, et aussi dans le dialecte piémontais,
qui sous ce rapport est tributaire de la
France. D"' Albert Battandier.
* *
Consulter Georges Edon, Ecriture et
prononciation du latin savant et du latin
populaire.^ i vol. in-8. Paris, Eugène Belin,
1882, p, 29 et sqq. On trouvera là toutes
les données sur la façon dont se parlait le
latin à Rome.
Lpt. du Sillon.
Lez ou lès (LIV, 1 10, 202, 304, 365).
— Nous trouvons dans VEst Républicain
(29 septembre 1906), la lettre suivante:
Monsieur le Directeur,
je viens de recueillir dans V Intermédiaire
des chercheurs et curieux :
« Lez ou Lès : Beaucoup de localités de
France portent deux noms unis par cette
préposition. Le dictionnaire n'admet /^5 que
comme pluriel de l'article ou du pronom ; il
veut le^ dans le sens de, à côté de. Exemple :
Plessis-lez-Tours. Pourquoi le Dictionnaire
des Postes (pourquoi aussi les cartes géogra-
phiques et les pièces officielles, surtout en
Meurthe-et-Moselle ?) orthographie-t-il tou-
jours lésl Que doit-on faire pour écrire cor-
rectement? Cette question a de l'importance,
et j'aimerais à savoir ce qu'en pensent les
auteurs du Dictionnaire des Postes. La-
rousse, etc., donnent le^. II est vraiment
temps de réagir contre la rédaction, en tout
et pour tout, déplorable du Dictionnaire des
Postes, et de supplier l'instruction publique
de ne pas ordonner d'accepter ses orthogra-
phes et ses adjonctions de noms (en forme
de surnoms) comme article de foi.
(La CoussiÈRE.)
L'Intermédiaire pourrait aussi demander
pourquoi, partout, même dans les papiers
officiels, on écrit Sainl-Nicolas-J;/-Port, au
lieu de de Port j pourquoi les Parisiens et
N. 1126.
L'INTERMÉDIAIRE
539
540
les écrivains s'obstinent à écrire et à pronon- ? Deliciœ generis humani Titus Jérusalem
cer Sedan, Domrémj), Noinény^ au lieu de j oppugnavit .
Maxéville, au lieu
Sedan, Domremy, Nomeny ; pourquoi les
maires et les instituteurs laissent prononcer
Laxou au lieu de Lachou
de Machévillâ?
Veuillez agréer, etc.
X.
Etymologie des noms de famille
(T. G. 643; LlV,3i50,475). — Consulter :
Lorédan Larchey : Dictionnaire étymologi'
que des noms propres. L'ouvrage est devenu
assez rare. La librairie du Petit Journal a
aussi donné sur ce sujet un volume dont
le titre m'échappe et qui a, je crois, pour
auteur M, Sabatier. — Consulter encore :
Salverte : Essai sur les noms d'hommes.
Gustave Fustier.
♦
i® La découverte des étymologies etc. par
L. N. H. L. Saint-duentin, 1846, in-8.
2° Noms de famille normands^ par Henri
Moisi, in-8° 1875.
30 Larcher ; Explication de 2.800
noms de personnes^ 188 1. Beaujour.
•
•»■ ♦
N'y a-t-il pas le Dictionnaire étymologi-
que des noms propres de Lorédan Larchey .?
Edmée Legrand.
Diable de lilla (LU, LUI). -- Les
Grecs qui disaient patriotiquement : Hijù^
oTEAAïjve,- ne disaient-ils pas par exception :
~0 EùfpùTriç, r^n-^-jrjç, ? La contre-épreuve par
le masculin est plus concluante encore à
cause de la transposition facultative et de
l'accord :
Ce mauvais sujet de Gustave, ou « Gus-
tave le mauvais sujet » (P. de Kock) ;
Cette fine mouche de Dnpin restait muet
à son fauteuil, soit Ptipm la fine mouche
etc. ;
R... cafce câlin, T... cette servante;
V. Hugo. Châtiments, 1852
dans la langue des dieux, deviendrait,
sertnone pedestri: Cette catin de R...,
cette servante de T..., et l'accord indique
l'idée dominante ou mot principal. Par
contre, le latin nous ramène à l'explica-
tion classique, c'est affaire aux auteurs
anciens ;
... Urbem pulcherimam Syracusas quœ...
claiidehalur (Cic. Verr II. 4)
Constiterunt in urba CoriiUlio, Coriniiho
in urbe (Lh).
Satisne cum isTO
Vappa frigora famemq-ue tulistis ?
(Cat. xxvni 4.)
Mais je ne saurais assez le dire, mon
avis en tout ceci n'est pas autorisé : c'est
une antienne que je porte.
POËNSIN-DUCREST.
Patroii-Jaquet (LIV, 9, 202, 262,
426). — « Quand le président des
"Assises visita Lacenaire dans sa prison, il
le questionna sur un méfait que Lacenaire
niait : %< Qui a fait cela ? » demanda le
président. Lacenaire fit une réponse énig-
malique pour le magistrat, mais claire
pour la police — C'est peut-être Patron-
minette (V. Hugo) et de trois : on a
désormais l'état dernier de la locution ;
patron-minette.
Lacenaire aurait pu répondre avec la
même franchise et moins de profondeur :
« C'est le chat » il préféra se payer la
tête du président, à charge de revanche !
Qu'il y ait eu, sous Louis-Philippe, une
association de malfaiteurs, « la bande des
Pation-minette » ou Tôt levés, c'est fort
possible; mais en 1835, il y avait belle
lurette qu'aux champs et à la ville, on se
levait au Patron-jaquet ou à Patron-
minet, c'est-à-dire au premier éveillé.
Inutile d'ajouter que jaquemard est un
augmentatif et non point, comme le sup-
pose Furetière, une transposition, de
Jacques Marc, du nom de son inventeur :
autant vaudrait dire qu'à la cathédrale de
Strasbourg, des douze apôtres, Jacques,
Marc étaient les plus populaires ! ou
encore que dans le défilé de midi, l'avant-
dernier é\.2i\\. Jacques.^ Marc le dernier ! Je
préfère m'arrêter à un vers quelque peu
embarrassant de La Fontaine :
Guillot le S)'<?c/>/;a«/(? approche doucement,
(La Font. III, 3).
« Ce mot ne se trouve ni chez Nicot,
ni chez Richelet, ni chez Furetière »
Ad. Régnier, Les Grands écrivains., xi,
369). Malgré son etymologie et les sou-
venirs de l'agora, le mot appartient à la
« seconde antiquité ». U Intermédiaire l'a
indiqué ou du moins le laissait pressentir
dans le n" du 20 septembre :
Vn\sc\uc jaqiict signifie sycophant (CoT-
GRAVE DJd~, 1611) et que sycophanl in., seule
forme retenue, est défini par le même
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobra 1906,
541
542
philologue : a sycophant, huffoon, parasite» ] leurs, le chapiteau a été posé sens dessu^
(CoTGRAVE Dcid -161 1) l'auteur de cette j dessous, et j'avoue que sans l'indication
mascarade, « \t Loup devenu berger,» Guil
lot le sycophante ,dev\ent Guillot le masque^
le bouffon, le jaquet pitoyable trompeur,
cela va sans dire, mais quel jaq.uet ! C'est
inédit : est-ce moins probable ? alors
droits réservés ! Poënsin-Ducrest.
Quelqu'un a-t-il songé à rapprocher de
Patton-J acquêt (Se lever dès), l'expression
Faire le Jacques, qu'il vaudrait peut-être
mieux écrire Faire le jaque, si l'explication
donnée est la bonne ?
Ce « Jacques ;•> ressemble, en tout cas,
joliment à « )acquet » 1
Marcel Baudouin.
Etyraologie à rechercher (LUI ;
LIV, 38, 425). - « Je n'ai jamais
entendu appliquer le terme renarder aux
personnes : cela serait considéré comme
une inconvenance », dit M. H. Angenot.
On lit dans Balzac (Modeste Mignon,
p. 255-256 ; Paris, Librairie nouvelle,
1856) :
Adieu, mon maître ! reprit le clerc en criant
à tue-téte. Vous nie permettez d'aller re-
narder dans le kiosque de manie (madame)
Amaury ?. ..
Albert Cim.
Mutualité (LIV, 138). — J'indi-
querai à M. P. B. Les Sociétés de secours
mutuel, leur rôle économique et social, par
E. Dedé ; lettre-préface de M. le comte
A. de Mun. Ouvrage couronné par l'Aca-
démie française, — Un vol. in- 12 de 334
pages. — Port, o fr. 55. Publié par la
maison de la Bonne Presse (5, rue Bayard,
Paris, VllI). Cet excellent manuel a obtenu
un prix de 500 fr. accordé par l'Académie
française (prix Montyon). A. P.
Les docuraents phalliques (L ; Ll;
LU). — Dans la revue qui a été faite ici de
monuments du Priapisme, on a omis, je
crois, de signaler une pierre très curieuse
conservée au musée municipald'Alise. Un
chapiteau, trouvé jadis non loin de l'en-
droit où s'élève la statue de Vercingéto-
rix, porte sur chacune des quatre faces
de sa corbeille un phallus dont les dimen-
sions ne purent convenir qu'au dieu pré-
posé à la garde des jardins. Pour épar-
gner sans doute la délicatesse des visi-
du cicérone qui me faisait les honneurs
du musée, je serais passé devant ce qua-
druple document sans l'apercevoir. La
perte, du reste, n'eût pas été grande. Ce
que l'on cherche à Alise est d'un ordre
tout différent.
Mais, puisque ce chapiteau existe, il
faut bien en conclure que le souvenir de
la guerre de l'indépendance n'hypno-
tisa pas les Gaulois, et que, devenus Ro-
mains, ils adoptèrent les bizarres prati-
ques si crûment décrites par Pétrone. Sur
le mont Auxois retentirent les vers de la
vieille Enothea : « Qiiidquid in orbe vides,
paret mihi... » Voir les derniers chapitres
du Satyncon. Une prêtresse aux mœurs
étranges veilla sur les oies sacrées chères
aux matrones : « Occidisti Priapi deli-
cias, anserem omnibus matronis acceptis-
simum ». Un temple abrita des cérémo-
nies qui feraient frémir la médecine mo-
derne. Luc DE Vos.
Outillage gallo-romain (L ; LI ;
LUI ; LIV, 361). — Treuil de puisatier.
— Pour exécuter les puits funéraires,
bien connus en Vendée maritime, les
Gallo-romains avaient des instruments en
j fer, qui sont connus (i). Mais connaît-on
le moyen dont ils se servaient pour mon-
! 1er à la surface les débris rocheux prove-
nant du fond de ces puits, ayant parfois
15 mètres de profondeur? — Oui. — On
connaît au moins un exemplaire de cette
mnchine utilisée en l'espèce. Il a été trouvé
dans le puits n^ XXII, de la nécropole de
Trousse.poil, au Bernard, par l'abbé
F. Baudry, tn 1873. — En a t-on rencon-
tré d'autres exemplaires ^ — 5/ oui, oii, et
dans quelles conditions ?
Ce treuil était en bois, long cl? 0.70 cm ,
avec tambour et 2 roues en bois, nyant
chacune 2 manivelles à main en bois
(sorte de queues arrondies, adhérentes aux
roues). Les roues étaient denticuUes ; et
c'est dans les échancrures des denticules
que les ais formant le tambour étaient
fixés, au moyen de clous en fer, à tète
plate et large.
Cette importante trouvaille du Bernard
a d'ailleurs disparu ! D"" Marcel Baudouin.
(1) Pioche, marteau, etc.
K* II 26.
LiNTÈRMEDIAIRÈ
547
*
♦ *
548
Mes souvenirs confirment ceux de
M. de Fontenay, mais ils sont — hélas !
— beaucoup plus anciens. J'ai connu
l'ours de Saint -Cyr (je crois que, nous
faisions le mot masculin) en 1857, et le
vocable, comme Tinstitiition, paraissait
avoir tous les caractères d'une vénérable
antiquité.
On disait dans ce temps là, non pas
gravir ni graviter, mais grimper à l'ours :
« Monsieur, grrrimp-pez » était nième
une invitation suffisante, quoique abrégée.
|e me figure qu'il devait y avoir une
relation plus ou moins confuse avec l'as-
cension de l'ours à son échelle.
On sait du reste que Littré enregistra
au mot ours l'acception de salle de police.
sans en donner autrement l'explication.
Vicomte du Breil de Pontbriand.
11 n'y a pas qu'à Saint-Cyr que «l'ours »
est en faveur ! Je crois que dans bon
nombre de lycées de France, il y a un
« ours », qui a vu de rudes... citoyens !
En tout cas, en 1871, j'étais interne au
lycée delà Roche-sur-Yon ; et, dès cette
époque, « l'ours » y était un petit c^c/jo/ du
troisième étage, où nombre de camarades
écrivirent force pensums! — Cette insti-
tution, qui m'a paru depuis bien... élevée
(elle se trouvait sous les combles !), mais
peu favorable aux progrès d'une bonne
éducation, est donc fort appréciée (encore
sans doute) de l'Université, qui est notre
mère à tous, et qui a inventé mieux 1
Vient-elle de Saint-Cyi, au moins
comme dénomination f C'est possible;
mais cela ne me semble pas prouvé par
ce qui a «'e dit jusqu'à présent.
Pour moi, « l'ours » porte ce noTi, parce
qu'on envoyait à ce cachot les jeunes
gens, peu dégourdis, qui se laissaient
prendre en faute..., qui étaient des
« ours », c'est-à-dire des enfants «mal
léchés », peu dégrossis, pas assez dé-
brouillards pour éviter l'œil du pion !
« L'ours » est-il connu dans les lycées
de Paris, sous cette même dénomination ?
— C'est un point intéressant à consigner,
étant donné la discussion actuelle.
D' Marcel Baudouin.
La Marseillaise, parodies (T. G.,
569 ; LUI ; LIV, 150, 359). — Puisqu'on
parle de parodies de la MajseiUaise, au-
cune, semble-t-il, ne sera plus à propos
recueillie par l'Intermédiaire que celle que
vient d'écrire M. Joussein, barbier du
Sénat. Ce Figaro poète, a saisi au bond
l'actualité, et écrit d'inspiration, en une
nuit, comme son illustre modèle, la Mar-
seillaise du repos hebdomadaire . Sa spon-
tanéité, sa flamme, son émotion, sa sin-
cérité, son patriotisme, en font un docu-
ment unique :
I
Grâce à nos bons parlementaires,
Le Français Jouit maintenant
De ce repos hebdomadaire
Qu'on lui promit pend:int trente ans, (bis)
Désormais, riche ou prolétaire.
Le Dimanche, chacun pourra
Faire à son gré ce qu'il voudra
Ou^ s'il le préfère, ne rien faire I
Refrain
Déposons nos outils, fermons nos magasins
Le verre en main,
Gais et dispos ,
Célébrons le repos,
II
Après six jours entiers d'ouvrage
Est-ce trop d'un jour de loisir ?'
L'ère de l'antique esclavage
Camarades, vient de finir (bis)
Et d'ailleurs, le bon Dieu lui-même.
Nous racontent les Livres Saints,
Après six journées de turbin
Se donna vacance le septième.
Refrain.
m
Nous partirons pour la campagne,
l^e bon matin, jeunes et vieux.
Nos enfants et notre compagne
Nous verront enfin auprès d'eux, (his)
Loin des logis où l'on étouffe,
Nous irons, sur l'herbe des prés.
Respirer l'air pur qui nous fait
Trouver délicieux tout ce qu'on bouffe.
Refrain.
IV
Couplet patriotique
Mais si jamais à la frontière
Il faut partir, fusil au bras.
Plus de repos hebdomadaire ;
Pour la France, on ne flanche pas (bis)
Et qu'il soit dimanche ou semaine,
Pour défendre son sol sacré,
Ses enfants seront toujours prêts,
Leur ardeur sera toujours la même,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Octobre looc.
549
550
Refrain
Déposons nos outils, fermons nos magasins,
Fusil en main.
Tous réunis,
Marchons à l'ennemi,
E. JOUSSEIN.
Barbier-poète.
Le nègre et le maréchal (LIV,
220, 405). — Des naïvetés sans nombre
attribuées, autant par malice que par
habileté politique, au maréchal de Mac-
Mahon, il n'en est pas de plus connue que
l'anecdote du s< nègre », racontée en 1877
par Edmond About, adversaire acharné
du Cabmet réactionnaire, et qui devint le
point de départ d'une série de traits du
même genre dont on cribla l'infortuné
maréchal-Président, lequel aurait pu ré-
pondre aux mauvais plaisants par le mot
si pittoresque de Bugeaud :
« Il n'est pas nécessaire qu'un soldat
ait inventé la poudre : l'essentiel est qu'il
sache s'en servir >>.
Ecoutons M. Emmanuel Arène qui
assista en quelque sorte à l'éclosion du
mot resté fameux : on verra qu'il y a loin
de la légende à l'histoire :
«On était alors sous le 16 Mai. En
visite officielle à Saint-Cyr, le maréchal de
Mac-Mahon, la revue d'honneur terminée,
se fit présenter, selon l'usage, par le gé-
néral commandant l'Ecole, les élèves les
mieux notés. De ce nombre était un jeune |
nègre, fils d'un chef africain très dévoué 1
à la France — originaire de Cayenne,
suivant d'autres — :
— Eh bien, mon ami, demanda le Pré- !
sident, en frappant familièrement sur >
l'épaule du jeune homme, vous plaisez-
vous beaucoup en France .?
— Oui, monsieur le maréchal.
Alors, se tournant vers le général Direc-
teur, Mac-Mahon ajouta :
— Et vous êtes content de lui, général?
— Très content, monsieur le prési-
dent. Excellent élève, très travailleur, très
discipliné.
— Bravo ! fit le maréchal.
Et, donnant au jtune nègre une vigou-
reuse poignée de mains :
— Continuez ! lui dit-il cordialement. »
Rien de moins éloquent, à la vérité,
mais, on le voit, rien de plus simple, de
plus naturel. Or, le soir même, à un dîner
chez Mme Adam, où je me trouvais,
Edmond About, qui était l'esprit et la gaîté
de ces soirées politiques, rapporta l'anec-
dote en l'enjolivant à sa manière. Il y
avait là Gambetta, Girardin, John Le-
moine, Challemel-Lacour, Le Royer, d'au-
tres encore, qui rirent aux larmes lors-
qu'About, avec son mordant habituel,
leur conta l'histoire ainsi accommodée :
— Ah ! Ah ! aurait dit le maréchal a-u
jeune homme, c'est vous qui êtes le nè-
gre ?
— Oui, monsieur le maréchal.
— Eh bien I mon ami, continuez !
Le lendemain, cette phrase saugrenue
courait tout Paris, faisant au brave maré-
chal de Mac-Mahon une réputation de
naïveté qui, par la force toute-puissante
du ridicule, ne contribua pas médiocre-
ment à la chute du gouvernement impo-
pulaire du 16 Mai ».
En résumé, de tous les mots prêtés gé-
néreusement à Alac-Mahon, un seul, en
réalité, est revêtu d'un véritable cachet
d'authenticité et celui-là est héroïque.
C'est le fameux : «J'y suis, j'y reste ! »
griffonné au crayon par le valeureux sol-
dat sur un carré de papier à cigarettes, le
8 septembre 1855, après l'assaut victo-
rieux du fort Malakoff, à Sébastopol.
A. LlBERT.
La tante de Joséphine. — La
tante Renaudin est une figure curieuse.
Fille du grand-père Tascher de la Page-
rie, elle était entrée dans la maison du
tnarquis de Beauharnais comme demoi-
selle de compagnie. Elle s'était mariée
avec un M. Renaudin, mais elle avait
abandonné son n.ari pour venir en France
où elle s'était acheté ui^e petite maison à
Noisy-le-Sec ; elle y avait installé son
filleul Alexandre de Beauharnais. Elle
l'endoctrina en lui parlant de l'une de ses
nièces restées au pa3'S : Joséphine. Elle
mena les choses rondement, en femme
de tête, et le mariage, en France ne tarda
guère à être célébré. Elle était charmante,
la petite épouse, mais Beauharnais
n'appréciait point son espièglerie encore
un peu gauche. Elle lui donna un garçon,
le prince Eugène, et une fille, Hortense,
qu'il attendait moins et dont la venue
même le déconcerta. Us se séparèrent.
N" 1126.
L'INTERMEDIAIRE
551
552
Elle employa son temps de son mieux :
réfugiée chez la tante Renaudin, elle alla
dans le monde en se façonnant aux belles
manières. Elle eut des rapports très
suivis avec les gens du pouvoir ; ce qui
ne l'empêcha pas de rejoindre en prison
son mari. En face de la mort on se récon-
cilie. Beauharnais fut exécuté. Elle le
remplaça, et vous savez si son choix fut
glorieux.
Mme Renaudin aussi s'était remariée :
elle avait épousé le vieux marquis de
Beauharnais. Mais, au rebours de sa
nièce, qui deven.îit digne des faveurs de
la fortune : elle restait toujours un peu
la femme d'afïaires et d'entreprises qui, de
toutes les combinaisons, retirait ses épin-
gles.
Dans la lettre qu on va lire, et dont
nous avons eu l'original sous les yeux,
elle donne Une amusante idée du genre
de personnage qu'elle est ; elle s'y plaint
avec amertume de cette nièce qui est
arrivée et qui ne pense plus à "^a vieille
tante :
A Fontainebleau, ce 4 prairial an 7
je me hâte de vous répondre, citoyen, sur
la lettre que vous me demander pour le gé-
néral Lespinasse, il m'est venu voir en pas-
sant icy, et m'a demandé a déjeuné dans
quinzaine qu'il repassera pour Paris, vous
avez donc le temps de me dicter ce qu'il faut
que je lu)'' demande pour votre parens et de
m'envoyer son nom sy vous possédé une
lettre que vous Uiy remettre vous-même. Vous
me juger bien, en ne doutant pas de mon
zelle a vous servir. C'est bien la moindre
chose pour toutes les peines que je vous
cause.
Cy joint deux lettres que je désire qui soit
remise aux personnes a qui je les adresse, il
m'importe quels ne le puisse nier les avoir
reçu, oh pour le coup je casse les vitres.
Lisez-les et surto"* qu'elles leur parviennent
après que ^ous aurez bien voulu les cacheté.
Je ^tîsirerais que vous fussiez témoin de
l'impression qu'elles feront, sans avoir l'air
d'en connaître le contenu, enfin sur cela
j'en refaire à vous-même.
Vous ne donnez donc pas de vos nouvelles
à la C'ine A...., elle m'a dit qu'elle ne vous
écrivait pas parceque vous ne luy répondiez
pas, mais qu'elle désiroit savoir sy vous étiez
rentrer dans ce qui vous était dû pour les frais
du service que vous lui avez rendu, dont elle
vous avait marqué dans les temps sa recon-
naissance elle est effectivement bien sensible
au service que vous luy avez rendu.
Ne m'oublies pas près de Mme Godard, je ■
suis touché de la savoir ainsy que vous dans
l'inquiétude dès que vous aurer des nouvelles
faites m'en part. II a passé ses jours-cy un
courrier de Buonaparte, ayant passé la nuit,
il m'a fait dire que tout allait bien en Egypte.
Sy vous en aprener davantage je compte sur
vous.
Je viens d'écrire quatre lignes à ma nièce,
bien à mon corps deffendant pour luy recom-
mandé la personne qui vous remettra cette
lettre. Son insouciance à notre égara, est
impardonnable, et je ne vois que trop que
c'est a luy,que je dois celuy que nous éprou-
vons, aussy nous ne respecterons personne
que nous-même. Aux grand maux les grands
remèdes !
Adieu citoyen, vos lettres au moins nous
consolle
Lapagerie Beauharnais.
Vous penses bien que je dois être dans une
grande détresse payant tout les jours la
dépense, depuis mon retour, à l'exception des
gages et des contributions qui vont leur
train, comme sy mon mary avait la pension
de 1000 francs et moy mes rentes, aussy, ce
a été réduit depuis la dernière récepte, à
mille francs de pension en bons qui sont de
500 liv. tout les six mois. Ma foy, voilà un
beau sort pour un vieillard de 86 ans.
Convenez citoyenne buonaparte que c'est
encore trop pour la part que vous y prener.
Nécrologie
Nous apprenons, avec une profonde
tristesse, qu'un nouveau deuil frappe
\' Intermédiaire des chercheurs et curieux^
M. Louis Talbert, vient de mourir. Pro-
fesseur honoraire au Prytanée militaire de
la Flèclie, ancien professeur à l'Institut
catholique d'Angers, docteur ès-lettres,
chevalier de la Légion d'honneur, il
s'occupait particulièrement dans nos co-
lonnes, d'étymologie.
Son pseudonyme était Lpt. du Sillon.
Il n'en faisait pas secret. 11 a signé ainsi
les articles les plus érudits et les plus ju-
dicieux. Il se plaisait aux solutions ardues
qui mettaient en éveil son sens aigu de
parfait linguiste.
Dans ce numéro même, on lira une de
ses réponses ; c'est malheureusement sa
dernière et libérale contribution à l'œuvre
commune.
Il est décédé le 5 octobre 1906, à Saint-
Denis. Il était âgé de 78 ans.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond.
XIV Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mois
20 Octobre 1906
429 Année
31 *",r. Victor Massé
PARIS (IX°)
■Bureaux : de 2 à 4 heures
QUjEQHB
Cherches et
vous trouverez
g II se faut
entr' aider
N" 1127
31 '"r Victor Massé
PARIS (IX«)
Bureaux : de 2 à 4 heures
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
-12UESTI0NS ET REPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
•'■-"-" b53
Nous renouvelons la prière à nos collabo-
rateurs de vouloir bien accompagner leur
■pseudonyme ou leurs initiales de leur nom.
-Cette précaution est indispensable pour nous
permettre de faire suivre les lettres dont
nous sommes chargés. ^ '.""
Si chaque pseudonyme nouveau doit être
suivi du nom., tout pseudonyme appuyé du
nom une première fois nous étant connu.,
n implique plus ce rappel.
(!llliieôticTii6
Lettres du grand Frédéric à Vol-
taire. — En juillet 1906,00! été vendues
chez Sotheby, à Londres, en vente publi-
-que, 18 lettres du grand Frédéric à Vol-
taire et achetées par un amateur particu-
lier, M. Maltby. La maison Sotheby ne
-connaît pas son adresse. Un aimable
collègue la connaitrait-il ?
D'' Stephan Kekule von St^îadonitz.
Une fille naturelle de Jérôme
Bonaparte. — Horace de Vieil-Castel,
dans ses « Mémoires sur le règne de Napo-
léon III (tome III », page 228) écrit les
lignes qui suivent :
Ce pauvre vieux mauvais sujet (Le roi
Jérôme) est entouré de bâtards. Il en a de
tous les côtés. 11 mariait une fille, il y a peu
de temps. Une autre de ses filles, qui le
soignait pendant sa maladie, est une supé-
rieure du couvent des Oiseaux, etc. . .
Cest sur cette seconde fille Pauline., en
religion Sœvir Marie de la Croix., que je dé-
554
sirerais obtenir quelques renseignements.
Connaît-on le nom de sa mère et l'épo-
que de sa naissance ?
Où a-t-elle été élevée .?
Quelles sont les dates de son entrée en
religion et de sa mort ?
}e conserve dans ma collection d'auto-
graphes, deux lettres très curieuses, à
elle adressées par son père et par le
Prince Napoléon.
Le roi Jérôme écrit à sa fille au mois de
décembre 185 1, pour la rassurer sur les
suites du coup d'Etat :
Tout ira mieux que ce que le monde croit.
Nous sommes tellement les instruments de
la providence, que nous n'avons qu'à nous
résigner et nous persuader que l'avenir n'est
pas un livre aussi noir que les âmes crainti-
ves le supposent, etc.. etc...
Il ira la voir demain et en attendant la
presse sur son cœur.
La lettre du Prince Napoléon adressée
à « Ma chère Pauline » est des plus affec-
tueuses et témoigne qu'il n'a fait sa con-
naissance qu'au chevet de leur père.
Arm. D.
Le véritable Charles ^^ —J'ai lu
récemment, dans une revue, que Van-
Dyck avait toujours plus ou moins embelli
ses modèles. Je m'en doutais un peu et ai
toujours pensé que les images de leurs
contemporains, surtout de leurs contem-
poraines, que nous ont laissées certains
maîtres, pourraient bien être de belles in-
fidèles. Mais l'auteur ajoute que le pinceau
de Van-Dyck a tranformé en un élégant
gentilhomme iusqu'à ce « gnome » de
Liv-n
N° 1127.
L'INTERMÉDIAIRE
555
Charles P"", terme qui me surprend, appli-
qué au petit-fils de Marie-Stuart, tandis
qu'il conviendrait parfaitement au pauvre
Charles II d'Espagne.
Poui- le roi anglais, jai accepté jusqu'à
présent le type consacré par maints ori-
ginaux de Van-Dyck, un corps droit et
souple de gentilhomme chasseur surmonté
d'une tête au long visage, dont l'expres-
sion est mélancolique et haute, sans qu'on
y démêle cette fausseté qui causa en
grande partie les malheurs du second des
quatre Stuarts.
Quel était donc au physique le véritable
Charles 1"? H. CM.
De Profundis. — D'après la Vul-
gate, le texte des 5* et 6® versets du De
Profundis est le suivant :
S'ustinuit anima inea in verbo ejus ; spe-
ravit anima mea in Domino.
A ciisiodia maluiina usque ad noctem
speret Israël in Domino.
Ce dernier verset peut être traduit de
diverses façons plus ou moins littérales :
une de celles qui se rapproche le plus du
texte latin est celle-ci : « Depuis le matin
jusqu'au soir, qu'Israël espère dans le
Seigneur ».
Or j'ai souvent entendu la traduction
suivante, qui me paraît devoir se rappor-
ter à la 2" partie du 5® verset et à la pre-
mière du 6^ : V Mon âme attend le Sei-
gneur avec plus d'impatience que la sen-
tinelle attend le lever de l'aurore ».
Cette traduction est des plus libres, si
elle s'applique au texte de la Vulgate,
puisqu'elle contient un grossier contre-
sens.
Quelque aimable collègue, versé dans
les Ecritures saintes, pourrait m'indiquer
l'origme de cette traduction : serait-elle
calviniste ou janséniste, ou bien est-elle
inspirée du texte hébreu ou de celui des
Septante ? A. E.
La valeur de l'écu et de la livre
aux différentes époques. — J'aurai
recours à l'obligeance d'un aimable in-
termédiairiste pour connaître la valeur
approximative par rapport au franc de
nos jours, de l'écu et de la livre aux xv^,
xvi«, xvu'^ et xvnic (époque révolution-
naire). De p. du h.
550
Les seigneurs de Franconville.
— Pourrait-on connaître les noms des
anciens seigneurs de ce lieu entre 1760
et 1800 ? Le château existe-t-il encore.?
Toute indication fournie par l'un des ai-
mables collaborateurs de V Intermédiaire
sera reçue avec reconnaissance. Albinoni.
Famille d'Aoust. — Le général
d'Aoust qui a commandé l'armée des
Pyrénées-Orientales à la fin de l'année
1793 et qui fut guillotiné au mois de
juillet 1794, avait deux frères qui servaient
dans cette armée ayant le grade de capi-
taine,Joseph-EustacheetBernard-Eustache,
Celui-ci, qui lui servait d'aide de-camp. fut
chargé de porter à la Convention nationale-
les six étendards pris aux Espagnols à la
bataille de Peyrestortes.
Pourrait-on me faire connaître le lieu
et la date de leur mort .'' Ont-ils laissé
postérité .? Je recevrais avec reconnaissance
des détails généalogiques sur cette fa-
mille d'origine normande qui s'est ins-
tallée au château de Cuincy, près Douai,
au commencement du xviu" siècle.
Un ancien cul de singe.
Chasssbras de Cramailles. —
D'après Laine, [Archives de la noblesse)
Jacques Chassebras de Cramailles, com-
plice d'Haudicquer de Blancourt dans la
fabrication des faux-titres, dont ils ont
infesté la Picardie, se cassa la tête dans sa
prison, à la Bastille, le 19 octobre 1700,
pour échapper à l'ignominie du supplice.
Ils avaient, paraît-il, fait insérer dans
leur nobiliaire une fausse généalogie de
la famille Chassebras. Pourrait-on retrou-
ver cette généalogie et me donner les
alliances que Jacques Chassebras de Cra-
mailles s'était octroyées, ainsi que le nom
de ses père et mère .?
Par anticipation, tous mes remercie-
ments à l'aimable confrère qui voudra
bien me renseigner. A, de R,
Famille de Chazot. — Claude- Armand
de Chazot, écuyer, ancien gendarme du
roy,et son frère François-Biaise de Chazot,
sieur des Mousseaux, étaient fils de Pierre
de Chazot et de dame de Pacdrony de
Molaincourt son épouse.
On voudrait avoir tous les renseigne-
ments possibles sur leurs ascendants.
Adhé.
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre igob.
557
558
Le chansonnier Emile Debraux.
— Je désirerais avoir des renseignements
sur Emile Debraux, né le 30 mars 1796, à
Ancerville (Meuse), mort à Paris, le 12
février 1831, au n" 39 de la rue des Lom-
bards {Constitidionncl du 13 février
1831).
je sais qu'il fut employé à la Bibliothè-
que de la Faculté de Médecine (j'ignore la
date d'entrée et la date de sortie, ainsi
que la rue où il habitait) de 1816 à 1817.
11 habita le village de Courcelles près de
Paris (j'ignore la date), demeura au no 8
de la rue du Mail en 1824 (j'ignore le
mois et le quantième), et mourut, comme
je l'ai dit plus haut, 39, rue des Lom-
bards, (alors 6e arrondissement).
Je désire savoir également s'il y a des
descendants actuels d'Emile Debraux
J. G.
Delsart, secrétaire des audiences
et cérémonies royales. — Je fais
appel à la bonne confraternité des inter-
médiairistes qui auraient des documents,
notes ou renseignements sur Delsart, de
vouloir bien les consigner dans V Intermé-
diaire.
Delsart aurait-il des descendants con-
nus qui pourraient donner toutes indica-
tions utiles pour une biographie ; notam-
ment un portrait ?
Delsart est né à Valenciennes le 26 no-
vembre 1789, auteur de nombreux tra-
vaux, membre de l'Institut historique de
France, nommé Sténographe du Roi le 7
décembre 1825, et, en 1848, secrétaire
des audiences et cérémonies royales. Mort
à Paris le 28 avril 1855, rue du faubourg
Saint- Honoré, x\° 106,
Paul de Rosnay.
Forestier, peintre de bannières.
— N'y eut-il pas un Forestier, vivant au
xviii^ siècle, qui fut connu comme peintre
— ou tout au moins comme peintre de
bannières d'églises? du H.
Lamartine et Mme de Girardin.
— Lamartine, dans son Cours familier de
littérature^ tome I", pages 157-158,
cite une lettre de Mme de Girardin, dans
laquelle il y a cette phrase : « J'ai beau-
coup espéré autrefois de l'amitié de M. de
Lamartine. Je l'ai trouvé toujours gra-
cieux et bon avec moi, mais jamais com-
plètement dévoué. Cette froideur a été
mon premier désillusionnement dans la
vie. » Cette phrase ne permet-elle pas de
croire que Mme de Girardin aima l'au-
teur de Rapliacl ? Cette question fut-elle
déjà agitée ^ Si oui, par qui ? Si non^
pourrais-je avoir, à ce sujet, l'opinion de
quelques intermédiairistes ?
A. Chesnier du Chesne.
Famille de Lorme. — D'après
Y Annuaire de la Noblesse (i868)la famille
de Jean-Baptiste de Lorme, à la Martini-
que, lequel fit enregistrer ses lettres pa-
tentes de noblesse au conseil souverain de
Pile du i^"" mars 1779, se rattacherait à
celle des de Lorme de Pagnat^ en Bour-
bonnais.
Je suis bien certain, d'autre part, que
ledit y. -5, de Lorme était petit fils d'un
notaire de Lyon et arrière petit-fils d'au-
tre/fa/i de Lor})ie, lequel était originaire
de Saint-Symphorien d'Ozon en Dau-
phiné, et probablement issu de Thomas de
Lorme^ vivant en cette localité en 1609.
Les de Lorme du Bourbonnais ont-ils
eu une branche fixée en Dauphiné, d'où
seraient sortis ceux de Saint-Symphorien,
de Lyon et de la Martinique ? Par qui et à
quelle époque ?
Les armoiries de J.-B. de Lorme ne
sont pas celles des de Lorme du Bourbon-
nais.
Mais les registres paroissiaux de Saint-
Symphorien portent le nom de Lorme
ainsi orthographié aux actes concernant
les aïeux de Jean-Baptiste . On trouve
ensuite De l'Horme, Delhorme. etc.
Je remercie vivement d'avance l'inter-
médiairiste qui pourra me renseigner.
Je serais très heureux, d'autre part,
d'avoir des renseignements biographiques
sur Thomas de Lorme, natif de la Côte-
Saint-André (Isèrej, auteur de la Mitse
nouvelle, parue à Lyon, en 1665. Peut-
être se rattache-t-il à la famille ci -dessus
mentionnée. Baron A. H.
Souvenirs de madame Récamier.
— Il est possible que ma question soit
naïve et que je demande qu'on me révèle
le secret de Polichinelle, mais je voudrais
bien savoir quelle est la femme qui a pu-
blié deux volumes in-8 (Michel Lévy,
1859). Sous le litre de Souvenirs et Corres-
N* I12Ji
L'INTERMÉDIARE
559
pondance, tirés des papiers de madame
Récamier. N. A. M. Giles.
Maurice Roilinat. — La fin de iVlau-
rice Roilinat donna lieu à de passionnées
controverses. 11 est impossible qu'on ne
puisse pas l'établir avec exactitude.
N'est-ce à pas VlnierméJtaiie que cette
tâche incombe ? Y.
de Jules Simon en
14 novembre 1863, Jules
personnage
a un
dont
nom, une lettre dont voici le
Un duel
1863. — Le
Simon écrivait
j'ignore le
résumé :
J'apprends que vous avez adressé une de-
mande d'explication à M. de ^lontalembert
pour une expression contenue dans une
lettre qu'il m'avait écrite. — Cette lettre,
dans la pensée de M. de Montalenibert,
devait rester exclusivement entre nos mains;
elle n'a été communiquée qu'à son insu.
Par conséquent, je suis seul en cause ; et je
prie mes amis MM. Marie et Glais-Bizoin de
se mettre immédiatement à vos ordres.
A qui cette lettre était-elle adressée .? *
Où trouver le texte de la lettre de
Montalembert.r'
L'affaire a-t-elle été arrangée, ou a-
t-elle eu une suite sur le terrain ?
Arm. D.
1193,
Un portrait du député Vidalin,
an lïî. — Connait-on un por-
trait d'Etienne Vidalin, imprimeur à Mou-
lins (Allier), représentant à la Conven-
tion Nationale ?
Et. Vidalin fut élu le 12 novembre
1792 en remplacement de Vernin ; il sié-
geait à la Montagne. La Convention le
nomma commissaire à l'armée du Nord,
dans les premiers jours de pluviôse an II,
il mourut en Brumaire an 111.
L. G. Moulins.
Vanio et 'Vanloo . — En 1628,
Bernard Vanlo, Vandelo , ou Vandolo
(on trouve ces trois formes) faisait à
Laval deux statues pour les Ursulines
de cette ville. L'année suivante, il tra-
vaillait à Mayenne et sculptait trois bas-
reliefs : La Résitrreciion de Lazare , un
autel du Rosaire , un devant d'autel de
cinq personnages dans des niches ; il faisait
aussi une Cène pour la commanderie de
Quittay. Je crois qu'il résidait alors à
l'abbaye de Fontaine-Daniel. 1
560
Je désirerais savoir s'il exista au xvii*
siècle une famille Vandolo ayant donné
un artiste à cette époque, ou si ce Ber-
nard Vandolo, doit figurer parmi les an-
cêtres de J. B et Carie Vanloo.
Jean des Pinoy.
Les officiera de l'état civil e t
les titres de noblesse. — D'après les
dires de M. de Bonald qu' « à l'heure ac-
tuelle, en droit strict, on ne peut légale-
ment porter un titre qu'en vertu d'un
■arrêté d'investiture » (LIV, 464), les offi-
ciers de l'état civil auraient le droit de
refuser d'introduire un titre quelconque de
noblesse, dans un acte, lorsqu'il n'y a pas
eu investiture préalable, par le garde des
sceaux.
Jusqu'à quel point ce droit leur est-il
donné (surtout pour un titre ancien)?
Sur quel texte de loi, ce droit s'affirme-
t-il .? DE LA Salante.
Etolo de saint Guthbert à Du-
rham (Angleterre). — Dans quelle
revue archéologique ou scientifique, ou
dans quel ouvrage français pourrais-je
trouver des renseignements sur cette
étole .? C.B. O.
Etole de saint Thomas de Can-
torbèry à Sens. — Même question. —
Où pourraisje m'adresser pour en obte-
nir une bonne photographie ^
C. B. O.
Les relimes de la Bibliothèque
de r « Isle Savary ». — On trouve
encore, assez souvent, dans le Bas-Berry,
j et je possède ainsi, moi-même, des livres,
le plus généralement des romans légers
du xvni" siècle, ornés de gravures, de
format grand in-S", et qui, le plus habi-
tuellement, sont reliés, fort soigneuse-
ment, mais aussi fort simplement, en
très beau veau fauve, avec filets dorés,
dos ornés, par des papier peigne et
tranches rouges. — ou encore très beau
veau marbré ou granité, sans filets.
Le premier des plats de ces reliures est
uniquement orné de cette marque, tou-
jours la même, tracée sur deux lignes, en
gros caractères et frappée en or : « IsJe
Savary ».
Le château de Ylsie Savary est un su-
perbe et remarquable château du xvi' siè-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906,
IIIÉI liiTT'T '
561
562
Simple Ferme-Ecole.
c!e, ornés de hautes tours carrées, à mâ-
chicoulis, entouré d'eau et situé sur le
bord même de la vallée de l'Indre, non
loin de Clion, dans l'arrondissement de
Chàteauroux.
De chute en chute, et malgré son
grand air seigneurial d'ancienne demeure
historique, il est actuellement tombé au
rang plébéien d'un
<* Faut de l'Engrais ! »
Q.iiel est donc le Bibliophile pour le-
quel furent exécutées ces élégantes et co-
quettes petites reliures du xvuP siècle, à
la marque de V«hle Savnry » ?
Ulric Richard Desaix.
Le sapeur Rocher. — Ce person-
nage appartient à l'histoire du Temple,
pendant la captivité de Louis XVI. Les
contemporains l'on représenté sous les
plus noires couleurs. C'était le type du
geôlier classique à la physionomie re-
poussante et féroce; aux longues mous-
taches, grossier, brutal, ignoble agitant
avec frénésie son trousseau de clefs et
prenant un malin plaisir à enfumer de sa
pipe Madame Elisabeth.
Grand ami d'Hébert, le rédacteur du
Père Diichesne, il échangeait avec lui des
correspondances, dans le goût et dans le
style du « vieux marchand de fourneaux ».
Il dut certainement à cette haute protec-
tion son poste de « porte-clefs » à la
Tour. Mais il n'y resta guère que quatre
mois. Il fut congédié pour cause d' « inci-
visme. »
Comment en un plomb vil, etc.
Serait-ce que ce Rocher n'était butor
qu'à la surface et que, sous cette fausse
apparence, il favorisait les intelligences
des prisonniers avec le dehors? d'E.
Dame de lit. — C'est le titre d'une
charge à la cour au xvni" siècle. En quoi
consistait-elle? V.
La souper d3 Grimod de la
P-eynière. — On assure que les amis de
Grimod de la Reynière reçurent, en 1783,
ce billet :
Vous êtes prié d'assister au convoi et en-
terrement d'un gueuleton, qui sera donné le
samedi premier février, par messiie Baltha-
zar Grimod de la Reynière, écuyer, avocat
au Parlement; correspondant, pour la partie
dramatique, du Journal de Neufchâtel, en sa
maison des Champs-Elysées.
On se rassemblera à neuf heures du soir
et le souper aura lieu à dix.
Vous êtes prié de ne point amener de la-
quais,parce qu'il y aura des servants en nom-
bre suffisant.
Le cochon et l'huile ne manqueront point
à souper.
Vous êtes prié de rapporter le présent bil-
let, sans lequel on ne pourra entrer.
Ce billet que je trouve dans un recueil
du temps, a-t-i! été réellement envoyé ;
ce qui revient à demander : la fètea-t-elle
réellement eut lieu ? Des biographes l'as-
surent, mais sans preuves. Où trouverait-
on des détails et des preuves ? D"^ L.
Les chiens sauveteurs. — ... Il
me serait agréable de savoir s'il a été
prouvé, jusqu'ici, que les chiens, dits de
Terre-Neuve ou autres, soient, par leur
instinct et leur dévouement, des auxiliai-
res etïectifs des pompiers et des membres
de sociétés de sauvetage, dans les incen-
dies, submersions de personnes, etc.
Georges H...
Bisannuel et biennal. — Les dic-
tionnaires s'accordent à donner la même
signification à ces deux mots dont l'un
est surtout employé en botanique.
Comment désigner un fait qui revient
deux fois dans une année ?
RoLiN Poète.
signi-
Usuriers de Cahors. — Que
fie cette expression que je trouve dans une
traduction en français et en prose de
V Enfer du Dantej au chant XI« ; le tra-
ducteur affirme au surplus qu'aucune
expression du grand poète n'a été altérée.
Or, on lit exactement : « Dans le second
« (sous Pentendu cercle) sont enchaînés
« ceux qui ont levé sur eux-mêmes une
« main sanguinaire, avec les blasphéma-
« teurs, les usuriers de Cahors, etc., etc. »>.
}c serais reconnaissant à l'intermédiai-
riste érudit qui voudrait bien me fixer sur
cette désignation spéciale du Dante }
I. P. K.
Se mettra le doigt dans l'œil. —
A quelle époque cette locution familière
apparaît-elle dans notre langue ?
Alpha.
N® 1127.
L'INTERMEDIAIRE
563
564
épanscs
le dimanche et le décadi (LIV,
274,378,438,490,508). — Il n'est peut-être
pas inutile de faire remarquer que le tri-
bunal révolutionnaire de Paris se permit
lui-même parfois de déroger à la loi du
repos décadaire, ou, si l'on préfère, au
respect commandé du décadi, sinon en
tenant séancece jour-là, du moins en faisant
exécuter ses sentences. D'après les pièces
officielles, en effet, il y eut 20 exécutions
capitales le 10 brumaire, an 11, 9 le 10
frimaire, 8 le 20, une le 10 pluviôse, 3 le
20 du même mois, une le 20 ventôse,
enfin 22 le 10 thermidor,
P. Darbly.
Le nom de Jeanne d'Arc écrit
Johanna en Angleterre (LIV, 499).
— N'y a-t il pas quelque malentendu ?
J'entends généralement dire en anglais
joan of Arc. Ce nom dont je figurerais, en
français, la prononciation par Djaun,
m'avait déjà intéressé lors dune ques-
tion posée il y a quelques mois (LUI) au
sujet de l'ancienne prononciation de
Jean-ne pour le nom de Jeanne d'Arc. Si
comme le disait alors le regretté Lpt du
Sillon, la prononciation moderne du nom
de Jeanne est empruntée à l'anglais (LUI,
566), les Anglais ont-ils emprunté aux
Français le nom de Joan ? C. B. O.
Le comte de Moret, fils naturel
de Henri IV, s'est-il fait ermite ?
(LIV, 329, 398, 455). -- En 1695, le
frère Norbert Moret est prieur de l'ermi-
tage des Camaldules de Bessé-sur-Braye
(Sarthe). Né à Saint-Germain-en-Laye, il
était d'abord entré dans l'ordre des cha-
noines réguliers de Prémontré. Après
30 ans de résidence, il obtint du Saint-
Siège la permission de se réunir aux Ca-
maldules, ce qui eut lieu le 7 août 1695. Il
y était encore en 1710.
(Revue Hist. etArchéol. du Maine, t. II,
p. 201). Louis Calendini.
Camp de César à Wissant (LIV,
443, 513). — Des fouilles ont été opérées,
en effet, à Tardinghem, sous la direction
de M. le chanoine Debout, auteur de la
si complète et remarquable f^ie de Jeanne
d'Arc, aujourd'hui curé de l'église d^
Sacré-Cœur, à Saint Pierre-les-Calais.
Notre savant et sympathique collègue
— car il écrit aussi dans V Intermédiaire —
a publié une très intéressante brochure
sur Tardinghem, qui parut à Arras en
1894, sous le titre de «Tardinghem et les
Sépultures so::s dalles ».
Il nous en donne lui-même la division
en ces termes :
La nécropole de Tardinghem nous a
offert un sujet d'étude forï intéressant. Sa
découverte est très importante pour l'histoire
locale ; de plus elle nous fournit l'occasion
de nous étendre sur un mode de sépulture
connue depuis longtemps, mais non com-
plètement de'crit jusqu'à ce jour.
Le présent travail est divisé en deux par-
ties : une notice aussi complète que possi-
ble sur Tardinghem, théâtre des fouilles, et
une étude détaillée des sépultures elles-
mêmes. . .
L'analyse de cet important travail nous
entraînerait trop loin. Disons seulement
que les premières fouilles eurent lieu en
juin 1892. Sous une couche d'un mètre
d'épaisseur de terre végétale, dans un
limon quaternaire argileux sec, à 20 cen-
timètres de profondeur, on trouva trois
dalles juxtaposées bout à bout sous les-
quelles se trouvèrent des squelettes dont
les ossements fiirent étudiés par le doc-
teur Lestoquoy, lequel fit un rapport à
ce sujet.
Après la lecture de ce rapport, 100
francs furent votés par la Commission des
Monuments Historiques du Pas-de-Calais
pour la continuation des fouilles.
Les secondes fouilles eurent donc lieu
les 2.\ et 25 avril 1893.
De nouvelles sépultures furent mises
à jour en deux groupes superposés, le
groupe supérieur ne comprenant que
deux sépultures, et l'inférieur offrant qua-
tre rangées parallèles de dalles dispo-
sées sur un niveau à peu près régulier.
Les troisièmes fouilles enfin, eurent
lieu le 28 septembre 1893 Plusieurs
fosses et tranchées furent creusées, qui
mirent à jour de nombreuses sépultures
sous dalles, mais qui avaient été violées,
à part une seule. Celle-ci comprenait cinq
pierres dont la rangée était orientée. Le
squelette, en mauvais état, était accom-
pagné d'objets fort curieux.
L'auteur, dans sa conclusion, fait re-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906.
565
566
monter ces sépultures au ix^ siècle ou
peut-être à la fin du via'-'.
Marquis A. B. L.
* »
Nous ne pouvons pas répondre directe-
ment à la question ; mais nous sommes
en mesure d'y apporter une rectification
intéressante.
On sait qu'une foule de camps, dits de
César, sont tout simplement des camps
romains, dont la plupart peuvent dater de
bien d'autres époques que de celle de
César. Nous pensons que c'est le cas ici,
et voici pourquoi :
Les deux grandes flottes de César n'au-
raient pas eu assez de place, pour se réunir
à Wissant (portus Itius) ; tandis qu'elles
n'avaient l'espace nécessaire qu'a Isques
fportus Iccius)^ dans la baie de la Liane,
à Boulogne-sur-Mer. Le fait, confirmé par
Napoléon r^, lors de ses préparatifs de des-
cente en Angleterre, ne fait pas l'ombre
d'un doute. Ce n'est donc pas un camp de
César, très probablement; mais c'est un
auiie camp romain, que Von a découvert à
W tssant.
Ce sont les copistes, qui ont écrit indif-
féremment ces deux noms latiiiS pour
Boulogne (i) (Isques). Or, ces deux mots
n'ont pas le même sens : IVissnnd est
un mot gallo-belge, qui veut dire Les
blancs sables ; tandis que portus Iccius,
Isques en français, est le poit if Iccius ou
d'Iccig.
Le port de Rutopie, où aboutit César à
sa seconde expédition en Angleterre, est
sûrement Sandvich (le vicus. ou bourg
Jcs sdb/es). Nous le savons pour deux mo-
tifs précis, absolument indiscutables, con-
firmés d'ailleurs par bien d'autres encore ;
notamment par César et par les Bretons
de la Grande Bretagne
D'' Bougon.
L'idée de patrie existait-elle
a-^ant la Révolution.? (T. G. 385;
XXXV à XXXVIII ; XLI! ; LIV, 1 16, 233,
290,347,4^5,508). — Dans les poésies de
Charles d'Orléans f i 391-1464) retrouvées
en 1808 dans la bibliothèque de Greno-
ble, par Chalvet, figure celle : La Patrie
absente. On sait que ce prince français,
père de Louis XII et grand oncle de Fran-
(i) Boulogne s'appelait alors Gessoriaoum
lieu du lu\vre ; et c'est à partir de Constance
Chlore, qu'on l'a appelée Bononia.
çois I^"', blessé et fait prisonnier à la ba-
taille d'Azincourt, fut retenu 25 ans en
Angleterre. Ses instincts poétiques, dé-
veloppés de bonne lieure par les soins de
Valentine de Milan, sa mère, trouvèrent
dans les douloureux loisirs d'une longue
captivité, un aliment, qui leur eût man-
qué peut-être dans les conditions ordi-
naires de la vie féodale au xv^ siècle. S'il
eût passé les plus belles années de sa
jeunesse à ferrailler sur les champs de
bataille, ou si son ambition l'eût poussé,
comme les autres princes du sang royal,
à prendre un rôle dans les factions qui
déchiraient alors la France, il est pro-
bable que nous n'admirerions pas aujour-
d'hui dans ses ballades cette grâce à la
fois souriante et mélancolique, cette veine
de sentiment et d'émotion qui les distin-
guent entre toutes les compositions poé-
tiques de la même époque.
Alexandre Rey.
Voici un cas dans lequel le doute n'est
pas permis, et dans lequel il ne peut y
avoir aucune confusion entre l'idée de Pa-
trie et celle de royauté, qui pour beau-
coup se confondent, car dans ce cas la
Pairie est directement opposée au Roi :
« Il n'est pas possible que le Roi d'Angleterre
ne réfléchit... que le gouverneur d'une for-
teresse ou d'une ville, s'y croit moins placé
par le Roi que par la Nation, et que s'il
imagine qu'il est de l'intérêt de la Patrie
de délivrer un prisonnier, il ne tardera pas
à ]emett:e en liberté. »
Cet extrait des Essais histon'cptes sur
Paris, de Saint Foix, a paru en 1776.
Evidemment, il ne remonte pas à Char-
lemagne, mais il suffit qu'il soit antérieur
à la Révolution pour répondre à la ques-
tion d'une façon incontestablement affir-
mative. Jean Pila.
*
Sans répondre absolument à la ques-
tion posée, les lignes suivantes auront
sans doute quelque intérêt pour les lec-
teurs de {'Intermédiaire. Il est en tous les
cas, frappant d'entendre le chancelier
d'Aguesseau parler ainsi en pleine monar-
chie. (Mercuriale XII". L'Amour de la Pa-
trie, prononcée à la Saint-Martin, 1715) :
« Lien sacré de l'autoiit' des Rois et de
l'obéissance des peuples, l'amour de la Patrie
doit réunir tous leurs désirs. Mais cet amour
presque naturel à l'homme, cette vertu quç
N^
1 127,
-567
L'INTERMEDIAIRE
nous connaissons par sentiment, que nous
louons par raison, que nous devrions suivre
même par intérêt, jette-t-elle de profondes
racines dans notre cœur ? et ne dirait-on pas
que ce soît comme une plante étrangère dans
les monarchies, qui ne croisse heureusement et
qui ne fasse goûter ses fruits précieux que
dans les Republiques?
« Là, chaque citoyen s'accoutume de bonne
heure et presque en naissant, à regarder la
fortune de l'Etat comme sa fortune particu
568
quence pour la gloire et l'avantage de ce
royaume-cj », (p. 218.)
On voit que le prince et son ministre
parlaient le même langage, et pensaient
Fun et l'autre à la patrie;
P. Darbly.
Pai
pineau et les troubles du Ca-
nada (LIV, 386, 511). — Il est suppo-
Hère. Cette égalité parfaite et cette espèce de > sable que les ancêtres de Louis-Joseph
fraternité civile, qui ne fait de tous les ci-
toyens comme une seule famille, les intéresse
tous également aux biens et aux maux de leur
patrie. Le sort d'un vaisseau dont chacun
croit tenir U gouvernail ne saurait être in-
différent. L'amour de la patrie devient une
espèce d'amour-propre. On s'aime véritable-
ment en aimant la République et l'on parvient
enfin à l'aimer plus que soi-même.
LÉO M.\RY.
* *
Aux témoignages affirmaiifs produits
précédemment, on peut ajouter le suivant.
Il a, me seml^Ie-t-il, une saveur, d'autant
plus spéciale qu'il émane d'un homme
accusé dp s'être, pour ses avantages per-
sonnels, mis aux gsges de l'Angleterre. II
s'agit du fameux cardinal Dubois, l'ami du
Régent. Je le prends dans l'une des cir-
constances les plus minortantes de sa vie :
pendant les négociations de la Triple Al-
liance. Or, voici quelques extraits de ses
dépêches d'alors, extraits tirés de l'ou-
vrage de M. P. Bliard : Dubois cardinal et
premier ministre.
On constatera que si l'idée de son
maître ne le quitte pas. celle de la patrie
lui est semblablement souvent présente.
Parlant du traité qu'il venait de con-
clure avec la Grande-Bretagne, il disait :
«Je suis venu à bout, comme par mira-
cle, de la seule chose qui pouvait assurer
la paix du royaume t\ mettre M. le duc
d'Orléans hors de toute atteinte (I, p
Papineau furent originaires de Niort ; je
serais fort surpris si lui ne fut pas né Ca-
nadien. Mais si dans son pays d'origine
on a oublié son nom, il faut toujours se
souvenir que nul n'est prophète dans son
pays, et, quoique inconnu à Niort, il vit
toujours dans les souvenirs des Canadiens-
Français de la Nouvelle-France.
Papineau eut une heure de grande célé-
brité, il eut même l'orgueil de voir, un
jour, un peuple entier debout derrière lui,
parce qu'il incarnait en sa personne les
aspirations d'un million d'hommes, et que
sa parole vibrante savait les exprimer à la
tribune.
Je n'ai pas l'intention de retracer la vie
de Papineau, mais je veux montrer dans
quelles circonstances il s'est illustré.
Après la défaite de Monîcalm sur le
plateau d'Abraham et la mort de son vain-
queur Wolfe, après la cession .défmiti\e
du Canada au traité de Paris en 1763,
l'Angleterre soumit les anciens colons
français au régime militaire et voulut,
malgré les clauses formelles du traité,
leur enlever le libre exercice de leur reli-
gion et de leur langue.
Ne pouvant se révolter, car ils n'étaient
pas les plus forts, ils souffrirent en si-
lence.
En 1774,1e gouvernement civil fut ins-
titué et exerça la même pression. Rien
n'y fit : les Canadiens-Français parlèrent
184). Cette conclusion était plus néces- j leur langue et pratiquèrent leur religion
saire aux Anglais qu'au royai;nie(p. 189,
note 2)... Je suis heureux que la Provi-
dence se soit servie de moi pour procu-
rer au royaume et à un maître que
j'adore... le plus grand bien qu'on pût
espérer... » (p. 220). Voir, même ou-
vrage, 1, pp. 190, 215, 340, etc., nombre
d'autres textes pareils.
Je termine par ce mot de Philippe
d'Orléans lui-même, écrivant à son pléni-
potentiaire : « je n'ai jamais douté que
ce traité ne fût d'une très grande consé-
en cachette et en silence. En 1792, un
Parlement leur fut accordé en récompense
de leur loyalisme dans la guerre de l'In-
dépendance américaine. Ils y portèrent
leurs doléances, mais ne furent pas écou-
tés. Les lois étaient cassées selon le bon
plaisir des gouverneurs. Malgré cela, en
181 2, les Canadiens donnèrent encore la
mesure de leur loyalisme dans une nou-
velle lutte entre les Etats-Unis et l'Angle-
terre.
Cola n'emppcha pas qu'en 1831, au
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre iqcô
569
?/"
cours d'une lutte électorale, les troupes
métropolitaines intervinrent et tirèrent
sur les Canadiens-Français. Cette fois, la
mesure était comble : la crise, jusqu'alors
contenue, éclata ouvertement dans le
peuple canadien.
Louis-Joseph Papineau se mit à leur
tète. Membre du Parlement canadien, ora-
teur d'une rare envergure, il rédigea le
ManifesU des g2 Résolutions qui fut appuyé
par des milliers de signatures. On le pré-
senta au Çureau Colonial, et le bruit cou-
rut que ce dernier n'accepterait pas les
revendications. Instantanément, la révolte
éclata. Ce fut la « Rébellion de 1837».
Les insurgés se battirent avec rage ; ils
avaient un seul canon de bois en leur
possession. Papineau essaya de les calmer,
ils ne voulurent rien entendre. Sir John
Colborne, avec deux milliers d'hommes
de l'armée régulière, les mit en déroute
et fusilla tout ce qui tomba en son pou-
voir. Mais le résultat se fit sentir en
1840 ; r Angleterre, instruite sans doute
par la guerre de l'Indépendance améri-
caine, accorda au Canada le droit de se
gouverner comme il l'entendrait, et les
Canadiens-Français eurent le droit de pra-
tiquer leur religion et de parler leur
langue.
Papineau fut donc la cause directe du
gouvernement autonome du Canada, et
les quatre millions de Canadiens Fran-
çais qui vivent aujourd'hui sur les bords
du Saint-Laurent et de la baie d'Hudson
n'oublieront jarnais son nom. A. D.
Louis XVII. Sa mort au Temple.
Documents nouveaux (T. G. 534 ;
XLIX â LUI; LIV, 17, 62, 115). —Les
qbjections toujours les mêmes, les ar-
gurnents ^^ toujours les mêmes «. N'est-
ce pas naturel ? Pourtant, j'ajoute sou-
vent des
de même plus loin
Certes, j'ignore si peu <* l'existence de
l'article de M. de Reiset », et pême les
articles de M. de Reiset, que leur réfuta-
tion complète, depuis le premier argu-
ment jusqu'au dernier, paraîtra dans la
Revue histoiique de la Ojicsiion Louis XVII.
Pourquoi me supposer de prime-abord
capable ou désireux d' s< ignorer », c'est-à-
dire d'esquiver les objections, moi qui
prouve tous les jours que je ne suis pas
liorTîOTS à fpcpurir à ce genre de procé-
arguments nouveaux et en ferai
dés .? Qiioi qu'il en soit, en lisant ma ré-
ponse dans la Revue susdite, M. Echarpe
pourra se rendre compte que M. le vi-
comte de Reiset n'a rien « réduit à
néant ».
Si -M. Echarpe connaissait la haute in-
telligence, la noblesse de caractère et \di
franchise admirable de Mme de Maleissye,
marquise d'Osmond, à l'époque où e]le
eut la conversation avec le comte de
Chambord, il ne la jugerait pas comme
il la juge. D'ailleurs, son témoignage déjà
raconté à Laurent Tailh^de, ily a vingt
ans, n'est pas isolé. Il est corrobo^"é par
d'autres témoignages, sans entente préala-
ble possible.
Notez que Mme de Maleissye ne s'est ja-
mais occupée de « Naundorffisme ». Mais
quel intérêt lui supposer autre que celui
de la vérité ?
Qu'on réponde donc au cardinal de la
Fare, à Mme de Gontaut, à Mgr Thorin,
au général comte de la Rochejaquelein, à
tant d'autres qui se convainquirent de
l'évasion de Louis X'VIl, la plupart —
chose amusante, et... attristante : à la
cour même de Charles X et dont les té-
moignages confirment celui de Mme 'de
Maleissye !
Mme de Maleissye a d'ailleurs mainte"
nu hautement son témoignage. Il suffit
de lui parler cinq minutes pour se rendre
compte que c'est un témoignage absolu-
ment sincère et sérieux. Et, tenez, qu'af-
firme donc, dans le Gil Blas du 5 juillet
dernier, le marquis de Guiry filleul de
Monseigneur le comte de Chambord et de
Mme la duchesse d'Angoulême, et ancien
oflficier d'artillerie de l'armée française ^
11 affirme : %* Le comte de Chambord
cro3'ait à l'évasion de Louis XVI], Unie
Va dit dans son fumoir à Gorit:^, quelques
rnois avant la tentative de restauration. »
Que signifie contre de pareilles for-
melles assertions la parole politique du
duc de Parme niant une conversation qu'il
peut d'autant moins nier qu'il n'y a pas
assisté ? Il tombe sous le sens que le duc
de Parme ne peut pas « déclarer de la fa-
çon la plus péremptoire que jamais son
oncle, le comte de Chambord, n'a pro-
noncé de telles paroles ». Tout au plus
peut-il déclarer qu'il n'y croit pas. Au
reste, je me réserve de répondre en détail
dans la Revue de Louis XVII à tous les
arguments produits par le vicomte de
U° i :27.
L'INTERMEDIAIRE
571
57-
Reiset. Ceux que la question intéresse
suflfisamment peuvent s'y reporter et ju-
ger le pour et le contre.
Le bref de Grégoire XVI se vengeait
des attaques religieuses de « Naundorff »
(dont la prétendue origine prusso juive
fut — on ne saurait trop le répéter —for-
gée de toutes pièces par le gouvernement
de Louis-Philippe) voilà tout. Et si l'on
veut prétendre que Grégoire XVI a eu le
temps d'étudier la question Louis XVII et
a pu ainsi condamner « Naundorff » en
connaissance de cause, j'ai le droit de ré-
pondre que Léon Xlll, par ses bénédic-
tions à Amélie, fille aînée du prétendu
Naundorff, et Fie X, par ses bénédictions
envoyées à plusieurs descendants du
même soi disant Naundorflf, ont revisé et
effacé la condamnation prononcée par
leur devancier. Ils pouvaient le faire avec
d'autant plus de raison que depuis 1843 à
nos jours une quantité d'autres faits et
témoignages ont projeté plus de lumière
sur cette ténébreuse histoire. Les béné-
dictions de Léon XlII et de Pie X sont
aussi certaines et authentiques que la
« malédiction » de Grégoire XVI. Mais
j'aime mieux être sincère avec moi-même
et dire ma vraie pensée qui est que ces
bénédictions, pas plus que cette malédic-
tion, ne sauraient être invoquées comme
une preuve historique pour ou contre
l'évasion et l'identité de Louis XVU.
je dois depuis longtemps une réponse
à M. J. S. L. Je ne l'esquive pas iMais
cette réponse exigeant des citations, dont
je ne puis pas encore rechercher le texte,
je le prie de bien vouloir patienter en-
core. Otto Friedrichs.
Le petit homme rouge des Tuile-
ries et Napoléon V (LIV, 445, 511).
— Dans ses Mémoires (tome I, p. 407),
Napoléon écrit :
— Je rentrais un soir, lorsque dans ma
chambre à coucher, sur la cheminée et à la
pendule, je vis une enveloppe qui me
frappa par sa couleur : elle était rouge et
lecachet noir.
— Qu'est-ce } demandai-je à mon do-
mestique.
— Citoyen général, je n'en sais rien.
— Ce n'est pas toi qui l'as apportée
ici?
-.- Non.
— A qui l'a-t-on remise ?
— Je ne le sais pas.
Je fais appeler Junot, il n'avait rien vu,
son camarade n'avait pas apporté le pli ni
vu personne.
Je me fâchai, ce fut en vain : je dis au
domestique de me donner la lettre : je
l'ouvris... Il y avait dedans cet hémistiche
d'une tragédie de Ducis :
... Tu seras roi, Macbeth !
et plus bas ces mots : V Homme Rouge.
Dirai-je qu'une vive émotion me saisit ?
Je sentis le feu me monter au visage ; mes
aides de camp étaient là, ils m'exami-
naient... Je ne balançai pas, et m'appro-
chant de la cheminée, je fis une boule de
la lettre, de l'enveloppe et jetai le tout
au milieu du brasier ardent.
M'annoncer que je serais roi et après le
13 vendémiaire, c'était de l'insolence et
cela venait certainement d'une main enne-
mie.
Vhomine rouge, sotte plaisanterie, im-
pertinence dont je n'étais pas dupe... Moi,
roi comme Macbeth... Lui l'avait été par
un crime, par un assassinat de son roi,
son parent, son hôte, son ami : Fimite-
rais-je ?... moi roi !... moi, général de la
République!... Mais au milieu de cette
perplexité, la faiblesse humaine me saisis-
sait au cœur ; mille pensées tumultueuses
venaient m'assaillir... J'aurais voulu con-
naître cet homme rouge, le voir, lui par-
ler... punir son audace ; car était-il possi-
ble qu'un jour j'eusse à récompenser sa
perspicacité.
En ce moment et sans réflexion, poussé
comme par une volonté irrésistible, je
m'avançai près d'une fenêtre et me mis à
regarder le ciel. 11 y avait presque au-
dessus de moi une étoile, mais si belle, si
rayonnante que j'en fus ébloui ; les nuages
passaient autour d'elle sans la voiler, la
vivacité de ses feux semblait dissiper les
vapeurs .. fe ne sais quelle voix intérieure,
mais que j'entendis néanmoins très dis-
tinctement, me dit : « Cet astre, c'est le
tien, tu vois comme il brille ; eh bien,
ton éclat sera pareil. » Alors mille pen-
sées de gloire, mille éclairs de génie se
croisèrent et resplendirent à moi ; le
monde me sembla presque éteint et je me
demandai s'il suffirait à renfermer mon
avenir : je regrettai alors d'avoir brûlé la
prophétie audacieuse ; mes espérances
me la rappelèrent et je crois qu'en m'en-
dormant, mes lèvres, sans que je le vou-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906,
573
574
lusse, balbutièrent les mots qu'elles | travaux de l'église. Il en est un particuliè-
avaient prononcées un moment aupara
vant : Macbeth, tu seras roi.
LÉO Mary.
Pierre pliiIo?opîiale dans un
pilier do Notre-Dame (LIV, ^05). —
Les occultistes modernes sont de la fa-
mille des stylistes, leurs contemporains :
ils peuvent dire ce qui leur passe par la
tête. La première condition pour enfer-
mer quelque part un morceau de pierre
philosophale, c'est d'en posséder. Or, il
est certain que si les alchimistes Tont
cherchée, il est plus certain encore qu'ils
ne l'ont jamais trouvée, lis ont fait
mieux : car d'erreur en erreur, ils ont
aidé puissamment à créer les sciences
chimiques, et ils ont rendu plus de ser-
vices au monde, en découvrant des corps
plus utiles que la transmutation des mé-
taux en or. E. Grave.
Une mèda lia da fondation de
Saint-Sulpice (LIV, 451, 531). — La
description du revers de la médaille qui
aurait été trouvée au cours des répara-
tions effectuées au café Cardinal, rue de
Richelieu, au coin du boulevard, montre
qu'il ne s'agit pas de l'état de l'église
Saint-Sulpice en 1754 En effet, à cette
époque il n'y avait pas encore 'e place
Saint-Sulpice et l'étroite rue Féron qui
séparait l'église de l'ancien séminaire, con-
duisait à la rue du Vieux Colombier, sur
la petite place formée à droite de la rue
des Canettes pour la construction de la
maison type dont il sera parlé un peu
plus loin.
Quand la place fut formée au xix'' siècle,
une fontaine y fut érigée ; c'est celle qui
précéda la fontaine de Visconti actuelle et
qui fut reléguée dans le marché Saint-
Germain où elle est connue sous le nom
de Fontaine de la Paix. Il n'y eut jamais
deux fontaines.
Qiiant aux tours, il y eut plusieurs pro
jets relatifs à leur achèvement ; le projet
primitif de Servandoni prévoyait une ai-
guille dans le genre de celle qui surmonte
la lanterne du Dôme des Invalides. Il ne
fut pas exécuté. Les plans originaux qui
sont conservés dans les archives de l'é-
glise Saint-Sulpice sont très précieux
à l'égard des projets des divers architectes
qui se succédèrent dans la conduite des
rement, qui esi l'œuvre de Servandoni et
qui consistait à isoler l'église dans une
immense place bordée par des maisons
symétriques dont un type fut exécuté et
existe encore, au coin de la place et de la
rue des Canettes. Ce projet grandiose ne
fut pas mis à exécution ; il permettait de
mettre en valeur l'immense loggia des-
tinée, dans l'origine, à la célébration de
pompes religieuses en présence de la
foule massée sur la place.
La loggia étant devenue inutile faute de
l'aménagement de la place projetée par
Servandoni, les dispositions destinées à
faciliter son accès furent abandonnées ;
actuellement on ne monte dans les étages
que par d'étroits escaliers à vis.
La date de 1754 ne se rapporte à aucun
des événements marquants des périodes
d'activité ou d'abandon des travaux de
construction de l'église ; ou du moins l'on
n'a pas connaissance d'un fait particulier
à cette époque. L'église Saint-Sulpice que
nous admirons aujourd'hui, malgré l'iro-
nie d'une plaisanterie de Victor Hugo,
recèle dans ses substructions les vestiges
des deux édifices qui l'ont précédée en ce
même emplacement ; la première, église
gothique, fut démolie, mais non complète-
ment détruite en 1643 > "^^ parties qui en
sont conservées sont très visibles dans les
curieux sous-sols actuels ; une autre église
fut ensuite construite assez rapidement.
Elle était irrégulière. Puis reconnue in-
suffisante, pour les besoins du bourg
Saint-Germain qui se développait et se
peuplait avec une rapidité extrême, l'é-
glise fut condamnée sans hésitation, et le
20 février de l'année 1646, la première
pierre de l'église actuelle était posée. La
seconde église dont l'existence éphémère
est peu connue, a laissé néanmoins des
traces considérables En effet, l'édifice ne
fut pas démoli, il fut seulement dérasé ;
en sorte que certains points d'appui de
l'ég'ise actuelle se trouvent sur d'an-
ciennes fondations. De plus, le plan de la
nouvelle église ne fut pas orienté exacte-
ment sur le plan de l'ancienne, en sorte
que le sous-sol de l'église Saint-Sulpice
se trouve être extrêmement curieux, sur-
tout sous la nef. Si l'on ajoute à cela
qu'un grand nombre de sépultures an-
j ciennes sont englobées et agglomérées
i dans la construction dernière, l'on se
N °i'27.
L'INTERMEDIAIRE
575
rend compte du caractère particulier de
l'asp'ect de ces dessous.
Si la médaille en question que je n'ai
ipâs vue se rapporte à l'église Saiht-Sul-
pice, elle vise probablement un projet d'a-
chèvement. Et certes il n'en manqua pas
de projets, car la construction fut fré-
quemment interrompue et la liste des
architectes qui y travaillèrent est longue
et variée. Ce qui n'empêche pas l'église
Saint-Sulpice d'être lin tnonument de pre-
mier ordre dont plusieurs parties extrê-
mement intéressantes ne sont pas mal-
hèùr'eusement d'un accès facile.
Louis Tesson.
Uiie ancienne église de Paris à
retrouver (LIV, 501). — Notre collabo-
rateur, F. Hardin, trouvera les indications
qu'il désire dans le Z)/<://o«n(7/r^ des frères
Lazare (édition de 185=5) au mot : Marie
S'àint-Gennâin [rue Sainte).
J'ajouterai qUë la rue Sainte-Marie
Sâint-Germain est aujourd'hui la rue
AUent. NoTHiNG.
*
Cette petite église, dédiée à Sainte-
Marie, se voyait encore, au milieu du
ivn* siècle, erttl-e la rue de Bourbon (au-
jôui-d'hui rue de Lille) et celle de Verneuil,
exactement entre le n'' 15 et le n° 17 delà
rUe de Lille. Elle fut démolie entre 1652
et 1672. À cette dernière date, oh rie la
trouve plus sur le plan de Joiivin de Ro-
chefort, où felle est remplacée par une
petite rue, pëixée sur son emplacement
et qui poi-ta, jusqu'à la fin du xvnr siècle,
le norii de rue Sainfe-Màrie. Cette rue,
qu'on appelait plutôt rite Sainie-Marie
S aîni-GerWiaih , pour là distinguer d'une
autre rue Sainte-ÎMarie située à Chaillot, a
changé de nom en 1854. Elle est dé
hommée aujourd'hui rue Allent.SouvmoN.
*
L église Sainte-Marié dont il est ques-
tion doit être là chapelle du couvent de
la Visitation situé rue du Bac, entre les
i-ues de Grenelle et de iSâiht-Dominiqué.
Lés Filles de Sainte-Marie s'y établirent
•éh 1675. Le couvent de la Visitation fut
détruit à là Révolution et rertiplâcë par le
Passage Sainte-Marie, actuellement rues
Paul-LoUis-Courier et de Saint-Simon,
î^rês lé boulevard Saint-Gerttlain.
Comte d'AUcoùRt.
Même réponse : Géo.
57^
tJne école religieuse dô HUaS eii
1860 (LIV, 501). — Aux archives de la
Seine, 30, quai Henri IV, on conservé les
cadastres de 1855 et de 1860. Chaque
immeuble possède un dossier ; celui de
la rue de Varennes, n° 16, contiendra
peut-être un article relatif à cette école
de filles. Monsieur Hardin verra même
dans quelle partie de la maison était
installé ce pensionnat, si toutefois il â la
chance de trouver le dossier du n° 16^
car je sais qu'il existe quelques lacuneSi
H. VlAL,
■ *
Le tribunal arbitral de La
Haye (LIV, 453). — 11 n'existe pas des
comptes rendus officiels. Si M. de jouy
va consulter VArgns de la Presse.^ il
trouvera sans doute tout ce qu'il veut sa-
voir.
M. G. WlLDEMAN.
îles anglo-normandes (LIV, 387,
462). — il y a toujours une famille de
Carteret à Jersey. Elle possède, dans cette
île, le beau château de Saint-Ouen qui a
été récemment restauré et que le public
n'est plus admis à visiter comme autre-
fois. . J. W.
n>
Mont-bauphih (LIV, 447). — il
avait point de régiments du génie dané
l'ancienne armée ; mais le corps des irt-
génieurs militaires qui comprenait dés
directeurs de fortifications, des ingénieurs
en chef et des ingénieurs ordinaires, plus
une école du génie.
En 1774, Moht-Dauphin était la rési-
dence de M. l'ingénieur eh chef des PoHis
de Pardhaillan ; en 1775, de M. l'nigé-
nieuren chef Bouchet ; de même ert 1776
Par ordonnancé du 31 décembre 1776,
le corps des ingénieurs hlilitaires fut
remanié.
Il prît dorértavaht le nom de Corps
royal du génie, composé de 329 officiers,
qui sont répartis en 21 brigades, dont les
chefs avaient la commission de coloiiel.
Les 2 1 Directions, ci-devant existantes
furent réduites à 12.
En 1778 : Direction du Dàuphiné et de
la Provehcé, M. Pontleray, brigadier, di-
recteur à Grenoble.
si Brigade de Grenoble :
577
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Chef: M. du Vigneail, à Versailles;
sous- brigadier : M. Scry, au Mont-Dauphin,
Major : M. Michau-Darçon,à Grenoble.
Capitaines en premier : MM. Vallier
de LapeyrousCjà Grenoble ; de Salonnyer,
au Mont-Dauphin ; de Chantemerle, à
Embrun ; Crublier d'0pterre,3 Toulon.
Capitaines en second: MM. Tardy, à
Grenoble ; Legier Duplan, à Briançon ;
Bejay de la Coche, à Grenoble ; Gamond
de Monval, à Grenoble; d'Hauterive, à
Valence.
Lieutenants en premier : MM. le ch.
de Saint-Paul, ail Mont-Dauphin ; Miletde
Mureau, au Mont-Dauphin; Morlet de
Boisset, 3 Grenoble.
Unifoiine ; Habit bleu de roi, pare-
ments de velours noir, doublure veste et
culotte rouges ; l'habit garni de boutons
de cuivre doré jusqu'à la taille, cinq sur
chaque poche et autant sur les manches.
Marquis A. B. L.
Châteaux do France (T. G., 197;
LIV, 406). — Au kilomètre 12 de la route
de Cosnc à Samt-Amand et à 4 kilomètres
de Saint-Verain, dans le département de
la Nièvre, se trouve situé un château. Ce
château se riorrime Jérusalem, un cours
d'eau coule à pieu de dislancé dfe ses fossés,
le Jourdain ; aux aletttours il y a Nazareth,
BethUein, Jéricho... On désire connaître la
provenance de ces norhs. G. H.
*
Il y a encore un château de Mondiol,
non loin de Belvès, dans un pli écarté du
Périgord noir, commune de Doissac,
Peut-être cette demeure répond-elle à la
question posée par Old. Pot.
A. D.
Adoption. La question du nom
(LIV, 164, 239, 350, 406, 464). — Une
personne noble qui adopte un roturier ne
peut lui transmettre la noblesse, seul
droit qui appartient à un souverain. Dans
aucun cas, un adoptant ne peut, pour la
même raison, transmettre son titre à un
adopté.
Le titre ne peut être transmis qu'à une
personne qui descend en ligne directe:, de
mâle en mâle et par ordre de priinogéniture
de l'ancêtre à qui le titre a été accordé
ou qui le portait régulièrement, ou à une
personne qui porte le même nom patro-
nymique. Or, un adopté porte un nom
20 Octobre 190e.
578
patronymique différent de l'adoptant,
puisque là loi l'oblige z faire prttJder sosi
nom de celui de l'adoptant.
11 faut, pour que l'adopté puisse porter
le titl-e de l'adoptant, une nouvelle créa-
tion ou une confirmation de titre concédée
par le souverain. La législation me sem-
ble être très précise à cet égard.
L'article 35 du décret dû l'^'mars 1808
est ainsi conçu :
Le titre sera affecté exclusivement à
celui en faveur duquel la création aura eu
lieu at passera à sa descendance .légitime,
naturelle ou adoptive àQ mâle en mile — par
ordre de primogéniture. — Toutefois, ajoute
l'article 36 du même décret, aucun de nos
sujets, revêtu d'un titre, ne pourra adopter
un enfant mâle suivant les rôles déterminée
par le Codé Nàpolébn, oit transrriettre le
titre... à uri enfant adopté... si ce n'eit
avec notre autorisation, énoncée dans nos
lettres patentes destinées à cet effet. Celui
qui voudra obtenir la dite autorisation se
pourvoira devant notre cousin le prince
archi-chancclier.
Sous la Restauration, où les titres sur-
girent d'un peu partout, on ne tint guère
compte de cette réglementation, mais la
loi du 28 mai 1858 confirma te décret de
1808, en obligeant rado};té à solliciter
l'agrément du souverain.
Tous ceux qui voulurent que leurs
titres fussent régulier àiïenl inscrits se
conformèrent à la loi. De nbUvëllès lettrés
patentes étaient nécessaires poiir la trans-
mission du titre, si cette transmissiori
n'avait pas été spécifiée dans les lettres
d'adoption.
Le duc d'Audiffret-Pasquier, adopte Ife
16 décembre 1844, par son grand-onclë;
le duc Pasquier, demanda et obtint, le 2
janvier 1863, des lettres de confirmation
du titre de duc, . . , ,
Le 3 juin 1 857, monsieur Samuel Welles
fut adopté par le marquis de la Valette ;
en 1863, l'empereur lui conféra Ife titre de
comte avec transmission éventuelle du titre
de marquis de son père adoptif.
Le marquis Dalon obtint, le i6 octo-
bre 1867, cîes titres patentés qui l'autori-
sèrent à adopter son petit-neveu Marie-
Joseph-Henri de Rolland et à lui trans-
mettre son titre de marquis.^ à défaut d'en-
fant mâle.
Si la loi les avait autorisés à porter lés
titres de leurs pères adbptifs, mess ieuts
d'Auditïret, Welles et de Rolland h'au-
N' ilST.
L'INTERMEDIAIRE
— 51^
raient pas été obligés d'obtenir du souve-
rain des créations ou des confirmations de
titres ; tous ceux qui étaient dans le même
cas auraient dû suivre leur exemple.
Pierre Meller.
Descendaiica du duc de Darstzig
(LIV, 447). — Le récit très émouvant de
la mort du fils du duc de Dantzig, à
Wilna, se trouve dans les Mémoires de
Louise Fusil. L. de S.
Duraont d'Ur ville (LIV, 498). —
Elu membre de la Société de géographie et
nommé contre-amiral, Dum.ont d'Uiville
venait de commencer la publication de son
Voyage au pôle sud et en Océauie, quand il
périt, brûlé dans un wagon, avec sa
femme et son fils, lors de la cata;.trophe
du chemin de fer de Versailles, rive
gauche, le 8 mai 1842. E. Al.
* ♦
En quelle maison parisienne est mort
l'amiral Dumont d'Urville ? Dans quelle
maison fut transporté le corps de l'amiral,
devrait-on lire, car personne, je crois, n'i-
gnore que le fameux navigateur périt vic-
time de l'accident du chemin de fer de
Saint-Germain, le 8 mai 1842.
Moniteur du 1 1 mai 18^2
Les journaux du matin ont annonce une
perte de'plorable et qui ne paraît que trop
réelle, celle du célèbre navigateur, M . le
contre-amiral, Dumont-Durville. Quelques
personnes de son intimité ont cru le recon-
naître aujourd'hui, ainsi que sa femme et son
fils, âgé de 14 ans, parmi les morts exposés
dans un local dépendant du cimetière de
l'Ouest.
12 mai 1842
Faits divers. — Paris. On a reçu au mi-
nistère de la marine le procès-verbal qui cons-
tate la mort du contre-amiral Dumont-d'Ur-
ville, de sa femme, de son unique jeune
enfant âgé de quatorze ans. Les cadavres de
cette malheureuse famille ont été reconnus par
plusieurs personnes, et, comme on l'a dit,
une lettre trouvée dans les vêtements du
contre-amiral n'avait pas permis de douter
un seul moment de son identité.
M. Dumont-Diirvilie, qui avait commandé
aux expéditions de circumnavigation, et
affronté tant de dangers et de maladies dans
ces deux voyages, et pendant une carrière de
trente-cinq années, n'était âgé que de cin-
quante et un an et quelques mois. 11 était
contre-amiral depuis le 31 décembre 1840.
On se rappelle que ce célèbre navigateur
580
avait donné le nom de sa femme h la région
qu'il avait découverte dans la dernière expédi-
tion, et qu'il avait appelé la terre Adélie.
D'après les ordres de M. l'amiral Duperré,
une commission s'est transportée cette après-
midi au domicile de M. Dumont-d'Urville
pour y recueillir tous les papiers qui pour-
raient intéresser le service de la marine ou
de la science.
Samedi 14 mai 1842
Des services funèbres ont été célébrés au-
jourd'hui à dix heures du matin, dans toutes
les églises de Paris, en mémoire des victimes
de l'événement du 8 mai. Un catafalque avait
été dressé, à l'entrée du choeur, dans chaque
église et le maître -autel était recouvert d'une
draperie noue coupée par une large croix d'ar-
gent. Indépendamment des parents et amis
des victimes, un grand nombre de personnes
ont assisté à c^s pieuses cérémonies.
Les obsèques de M. le contre-amiral Du-
mont d'Urville, de Mme Dumont-d'Urville,
née Adèle Pépin, et de M. Jules Dumont-
d'Urville, leur fils, auront lieu à l'église de
Saint-Sulpice, lundi prochain, à dix heures du
matin.
On prie de vouloir bien y assister les per-
sonnes qui n'auraient pu recevoir les lettres
d'invitation que, en l'absence de tout membre
de la famille des décédés, ont di^i leur adresser
MM. Hombron, chirurgien-major de la cor-
vette l'Astrolabe, et Vincendon-Dumoulin,
ingénieur hydrographe de l'expédition au
pôle sud, délégué par M. le ministre de
la marine pour présider aux funérailles de
ces victimes d'un malheureux événement.
On se réunira rue Madame, w sd, à la
maison qiihahUait M. le conire-am'ral
Dumont d'Urville.
P. ce.
H, VlAL.
Mlle Marie Favart (LIV, 499). —
Marie Favart a reparu à l'Odéon le 28
janvier 1905, à l'occasion de la 500^ re-
présentation de V Ailésienne ; elle jouait
dans cette pièce le rôle de la Renarde.
L.-H. L.
Foignj' de Varimont (LIV, 448). —
Xavier de Foigny de Varimont était l'un
des quatre chevaliers de la Sainte Am-
poule nommés aux sacres des rois
Louis XIV et Louis XV. Ceux-ci ayant
régné 64 et 72 ans, ces chevaliers se
trouvaient de l'ordre le moins nombreux.
Nous avons vu ,lorsde la vente des papiers
de la chevalière d'Eon, faite il y a quelques
années rue des Bons Eia'"ants, une bien
curieuse lettre de ce personnage. Elle était
signée Foigny de Blammonf^ baron et com-
mandeur honoraire de Tordre roval et mili-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 190b.
581
582
taire de la Sainte-Ampoule et de celui de
Notre-Dame de F Etoile ; il donnait son
adresse à Chaslons en Champagne, rue du
ColVeoe. La lettre était datée du 6 février
1782, elle était adressée a la Alademoi-
selle d'Eon de Beaumont. Vieux courtisan,
vieux militaire^ veuf depuis 18 mois, il de-
mandait à la chevalière d'Eon si elle vou-
lait l'épouser ! Le sens de la lettre était
plaisant et humoristique, mais la proposi-
tion était sérieuse, car Xavier de Foigny
élève de Benvenuto Cellini (?). Quel est-ce
Michel Laone ?
11 semblerait bien qu'il faut lire Michel
Lasne ; mais cela est impossible, puisque
ce graveur habile, mais peut-être pas le
plus habile du xvii'^ siècle, est né à Caen
en 1595 ou 1596; alors que Jodelle et
Benvenuto étaient tous deux morts depuis
plus de 20 ans. J. G. Wigg.
*
* *
Voici, d'après Jal, copie d'un document
qui prouverait que Jodelle n'était pas
donnait des détails sur ses grades univer
sitaires, sa demeure, son service militaire, | dans la misère au moment de sa mort
etc., etc., et il concluait ainsi : décoré de
deux ordres militaires, je peux coucher sauf
meilleur avis, avec mie chevalière de Saint-
Louis.
A cette lettre était jointe l'enveloppe
avec cachet de cire noire, armoirié, et ca-
chet de la poste de Châlons.
Varimont est situé dans l'arrondisse-
ment de Sainte-Menehould.
S.. .Y.
M. Hébert (LIV, 169). — Ce que je
sais sur M. G. B. Hébert, notaire hono-
raire à Rouen, rédacteur au journal la
Presse, c'est qu'il a publié un grand nom-
bre de brochures sur le notariat et les
matières administratives. On lui doit
aussi un ouvrage qui fit quelque bruit
chez les bibliographes, lors de son appa
rition. intitulé : Essai sur la formation
d'un Catalogue général des livres et ma-
nuscrits existant en France à l'aide de
l'immatriculation. Paris, Gormon, 1848,
in-8. Paul Pinson.
Documents à retrouver sur Jo-
delle (LIV, 442, 523). — Les dictionnaires
biographiques donnent bien Estienne de
Jodelle, comme seigneur du Lymodin. 11
prend d'ailleurs lui même ce litre sur le
Recueil des inscriptions, etc., etc , qu'il fit
pour la fête donnée à l'Hôtel-de-Ville de
Paris, !e 17 février 1558, à l'occasion de
la prise de Calais, in-4'', publié chez I
André Wéchel, la même année. On le lui
donne encore sur l'édition de st-% Œuvres
publiée chez Nicolas Ghesneau, et Mamert
Pâtisson, en 1574; donc, sur ce point,
pas de doute.
Il n'en est pas de même, quant à son
talent de graveur et aux encouragements
que lui aurait donnés Michel Laone (?) .
A Estienne jaudelle(5/V) sieur de Limoduy
l'ung des poètes dud. seig"' la somme de
soo L. dont Sa Majesté luy a faict don, en
corsidération des services qu'il kiy a ci-de-
vant et de longtemps faits en son dict estât,
et mesme pour luy donner moyen de se
faire penser {sic) et guarir d'une maladie de
laquelle il est à présent détenu et supporter
les frais et despens qu'il est contraint faire à
ceste occasion, et ce oultre et par dessus les
autres dons et bienfïaitz qu'il a cy devant eus
dudict seign'.
(Archives nationales. Epargne du R.
Charles IX : 1572. K. K. 133, fol. 2. 549),
Jodelle donna quittance le 29 octobre
1572 et mourut peu de mois après, le
14 juillet 1573. E. M.
Le colonel Labédoyére^ (LIV,
500). — Le correspondant de Vlntermé-
diaire qui demande quelques indications
sur << des ouvrages relatifs à l'évasion du
colonel Labedoyère et au rôle joué par Its
trois officiers anglais ;> a commis assuré-
ment un lapsus de plume ou de réflexion.
Les trois officiers anglais qui ont joué un
rôle si curieu.x et si important dans l'éva-
sion du général Lavalette, Robert-Tho-
mas V/ilson, )ohn-Eiy Hutchinson, et
Michel B;uce — il faut, pour être exact,
en ajouter un quatrième, Eliister — ont
toute leur histoire dans un recueil appelé
le Procès des trois Anglais, contenant
l'acte d'accusation, les plaidoiries et la
relation exacte de la fuite de Lavalette,
écrite par Dupin, avocat des trois An-
glais, Londres. 1826.
La biographie sur l'évasion de Lava-
lette remplirait deux colonnes de V Inter-
médiaire.
je me borne à citer :
1° Comme sources manuscrites, le
dossier Lavalet'.e, Archives nationales
F7 4775 13 et 4591 ;
N'o ii27,
L'INTERMÉDIAIRE
5«;
3' Kt, comrn'e imprimés, ks M'éMoireî de
Lavalettc, t. II, et un ouvrage récemment
Jiai-U, qui résUilie admirablement là ques-
tion en 152 pages : Les drames die V His-
toire (Mesdames de France, Madaiiie La-
yâlèttè, Gaspard Hauser) par le comte
Fleliry, Hachette, Paris, 1905, 3 fr.50
JD" Billard.
Je ne comprends pas la question posée ;
le géhéràl de Lâbéddyère — Napoléori avait
fait le colonel général — ne s'évada pas
puisqij'il futpassé Jîar les arines le 19 août
1815 . Il y eut, à la vérité, une tentative
d'évasion, mais te ne filt peut-être qu'une j
rhachirlation policiëi-e. En tout cas, il n y
eut aucune intervention d'officiers anglais
comme dans l'affaire dii comte de Lava-
lette. Encore ces officiers s'employèrent-
ils non à faire évader le condamné de la
Conciergerie, ce qui fut l'œuvre de
Mme de Lavalette seule, mais à faire sortir
son mari de PaJ-is et de France. Ces Anglais
étaient le général sir Robert Wilson, et
MM; Hutchinson, capitaine auX gardes
anglaises, et Bruce, je flaire ijrle ériorrne
coquille. H. C. M.
M^me observation : H. V,
L'« immortel *> Pierre Maël (LIV,
226 360, 537). — Avant d'être journaliste
et romancier, Charles Vincent était profes-
seur de philosophie à Bordeaux. En 1879,
il me prépara à mon examen de philoso-
jshie ; c'était un professeur remarquable.
Esprit très cultivé et très Imaginatif^ ses
leçons s'écartaient parfois du programme
du baccalauréat, mais combien intéres-
santes étaient-elles ! Que de discussions
attachantes, dans son cours ! Quelle pa-
role facile et élégante ! Pendant deux
heures, j'étais sous le charme de sa cau-
serie philosophique.
Nous en arrivions parfois tous deux à
oublier que nous avions un programme
froid à suivre. Malgré cela, je dois dire
que je fus honorablement reçu à mon
examen. 11 y a bien longtemps que je ne
l'ai rencontré, et c'est un de mes grands
regrets. Pierre Meller.
S. Mallarmé, professeur d'atiglais
(LIV, 330, 468.) — J'ai connu Stéphane
Mallarmé à Sens, où son père était conser-
vateur des hypothèques. Impatient de lit-
térature, il se trouvait à l'étroit dans
_ 5^4 _^__
cette petite ville et dans un milieu fami-
lial d'ailleurs excellent et distingué. Il
n'eut du reste que de bons procédés avec
tous Ses parents ; car c'était avant tout
un homrne affectiieilx et délicat. Je ve-
nais d'arriver à Sens comme professeur
agrégé au lycée, à ma sortie de l'école
Normale Supérieure.
Stéphane rechercha ma compagnie et
me montra ses premiers vers. Je fus
à là fois frappé de la tinesse subtile de
son esprit et de son manqued'abondancé,
comparativement aux amis que je laissais
à Paris et qui devaient former le groupe
parnassien. Je le mis en relations avec
mes camarades parisiens, Albert Glati-
gny, Catulle Mendès, Henri Cazalis (Jean
Lahor), Armand Renaud. Ses productions
initiales me saisirent pourtant par leur
irrécusable originalité.
Au bout de deux ans, je le vis partir
pour l'Angleterre d'où il revint pour
prendre le diplôme d'anglais. Marié très
jeune à une femme d'un grand cœur, il
fût excellent époux et père non moins à
la haùtelir de ses devoirs. Il ti'eut pas à
se plaindre de l'Université ; car 11 obtint
des postes hdnorables avant la guerre,
Tournori, Avignon, et fut appelé par fa-
veur excef)tionnelle à Paris où _ll ensei-
gna successivement à COtldorcet.à Jânsoh
de Sailly, à Rollin.
Une fois dans la capitale il recevait
cordialement des poètes de talent, pres-
que tous les Parnassiens, quelqUes-uns des
futurs symbolistes. Il s'était lié dépuik
longtemps avec Coppée, Mérat, Blémont,
Anatole France, Verlaine, Villiers de l'isle
Adam,Dierx et le plus jeune de nous tous,
Henri Roujon. L'été, il villégiaturait près
de Fontainebleau. C'est pendant ces der-
nières années qu'il composa ses sonnets
trop souvent ténébreux, après les avoir fait
précéder par la splendide et fragmentaire
Hérodiade et les beautés intermittentes de
V Après-midi d'un faune. Son entretien était
des plus brillants et des plus suggestifs.
Ses vers restent d'une inégalité pénible
pour cetix qui l'ont aimé et ne peuverit
en toute franchise voir dans son œuvre
qu'une ébauche par moments éblouissante,
une nuit sillonnée d'éclairs. Il n'en laisse
pas moins le souvenir d'un homme loyal
et charmant entre tous et d'un poète de
vocation auquel il n'a manqué, pour être
DES CHERCHEUÉS ET CURIEUX
20 Octobre 1^08.
585
586
complet, que la qualité suprême, l'inspi-
ration.
Emmanuel des Essarts.
Uii marquis de la Pailleterie
(LIV, 449, 526). — Avant de s'en aller
en Lorraine, les Davy de la Pailleterie
ont habité l'Ile-de-France. En 17 lO,
Anne-Pierre Davy, chevalier, seigneur de
la Pailleterie, iet Suzanne Monginot, sa
femme, achetèrent le château d'Autouillet,
de Antoihe Gréby, valet de chambre de la
duchesse douairière d'Orléans. C'est là
certainement un des ascendants des trois
Dumas. Le château d'Autouillet passa,
avant 1730, à Jacques-Jules Le Bel de
BUssy. Sa veuve, Gabrielle de Loynes,le
légua, en 173 1 , à Jeanne Cordier de Lau-
nay, la célèbre baronne de Staal, l'auteur
des Mémoires. Je cortnais des Davy ou
David dans la région mahtaise, mais
j'ignore d'où vient le titre de la Paille-
terie. E. Grave.
Môiisièut" le chanoiiio (LIV, 501).
— Comme le remarque fort judicieuse-
ment M. Q.uarteblanche, nous marchons
rapidertieiit vei"s le moment où tout ecclé-
siastique sèi'â: M. le chanoine. Tel a été, à
la fin de l'ancien régime,lesort de l'appella-
tion : M. l'abbé.
Avant 1789, les chanoines étaient exclu-
sivement les membres participants des
nombreux chapitres : ils jouissaient d'une
prébende, parfois grasse, parfois maigre ;
ils assistaient aux offices longs et solen-
nels du ci.ceur, et il n'y avait de chanoines
honoraires que les anciens chanoines ; on
était « chanoine honoraire », comme
maintenant on est « notaire honoraire »
ou « chef de bureau honoraire ». En Bel-
gique, où on a su conserver quelques
nuances de notre vieux parler français, on
dit : Chanoines émérites. ce qui est don-
ner aii qualificatif émérite sa seule et véri-
table signification.
Au début du xix* siècle, les évêques
réservaient le titre de chanoine honoraire
aux prêtres qui se retiraient après une
carrière méritante : c'était une honorable
fin dé carrière. Mais on rte donnait pas
encore ce titre à ceux qui restaient ert
fonctions ; en 181 1, le cardinal Maury,
archevêque de Paris, malgré le Pape, crut
se faire bifen venir du clergé en donnant
êh bloc le canonicat honoraire à tous les
s ■'
curés de Paris (je ne dis pas aux déséël'-
vants) ; iliais le Chapitre refusa de leà
recevoir.
Cependant on en vint petit à petit I
décerner ce titre aux ecclésiastiques dont
on voulait récompense)' les « services
exceptionnels », et aujourd'hui, un prêtre
aî^rive à la mosette, comme un officier à là
croix d'honneur.
Ceux qui hfe sont pas chanoines hono-
raires du diocèse où ils sont employés,
reçoivent ce titre soit dans leur pays d'ori-
gine, soit dans des diocèses où il ont
rendu quelques services pab leur parole
ou par leur plume ; enfin, pour les autres^
il existe des chapitres plus ou moins exo-
tiques et beaucoup moins difficiles sur leS
titres.
Il n'y a pas bien longtemps, 20 ou
25 ans, que s'est introduit, parmi les
gens du monde, l'usage de donner du
«M. le Chanoine » aux chanoines hono-
raires. Ce titre était jusque-là réservé aux
chanoines, je ne dirai pas actifs^ car ils
ont généralement dépassé l'âge de la
grande activité, mais effectifs, capitulants,
ayant « voix au Chapitre ».
Ceux qui usent de cette manière de
parler ne se rendent pas compte qu'un vi-
caire général, un curé de grande paroisse
de Paris ou de grande ville de province;
sont autrement qualifiés par leur haut
emploi que par une distinction qu'ils par-
tagent avec une foule d'autres. Il n'y à
qu'un curé de Sainte-Clotilde ou dft là
Madeleine, tandis qu'il y a, si je ne me
trompe, environ 80 chanoines à Paris,
sans parler de ceux qui sont poUrVus de
canonicats d'origine extérieure.
Je ne sais d'ailleurs pas s'il est possible
de réagir contre cette tendance qui dé-
forme Ifes rrlots ou les détourne de leur
acception logique. Autant essayer dé
faire comprendre qu'un « professeur émé-
rite » est celui qui ne professe plus, et
qu'un « joueur émérité » est celui qUl a
renoncé au jeu. Unus.
Je crains que M. Qtiàriehln'nché rië
commette une erreur en disant qUe deà
prêtres poftent le costume de chanoine
sans appartenir à un chapitre. Un simple
prêtre ne peut pas plufe s'habiller eh cha-
noine Du en évêque qu'un âoldat eh capi-
taine OU colonel. 11 serait vite interdit.
De tout temps, on a souvent traité un
N 1127.
L'INTERMÉDIAIRE
i87
588
chanoine de : uiomieiir le Chanoine .CtXXo.
appellation de politesse est encore plus
fréquente pour le clergé que celles de :
monsieur le Doyen, monsieur V Archiprétre^
monsieur le Vicaire génér al.
De tout temps aussi, un jeune prêtre,
habitué à dire, au séminaire : monsieur le
supérieur.^ monsieur le Direclenr ,2. traité de
monsieur le Chanoine\t prêtre appartenant
à un chapitre, ne fut-ce qu'à titre : hon-
neur. La CoussiÈRE.
*
* *
Dans la plupart des diocèses, il y a, en
dehors des chanoines titulaires, des cha-
pitres qui, seuls, prennent part à l'office
canonial et à l'élection des vicaires capi-
tulaires et même parfois des évoques, des
chanoines honoraires qui ont les insignes
canoniaux et qui ont droit au titre de
chanome. A. E.
L'ordre do l'Eperon d'or (LIV,
335)- — ^o'f 1^ Revue du collège héraldi-
que de Rome, 1903, p, 606. Le père Pal-
mini a donné les notices les plus com-
plètes sur cet ordre dans un article très in-
téressant. Comte Pasini Frassoni.
Est-ca un écusson ? (LIV, 505). —
je serais di,-;posé à le croire, j'en étais
arrivé, en lisant la question, à la descrip-
tion du blason, lorsque je pressentis un
écusson flamand. Le mot Vanderhuis me
prouva que c'était exact. J'ai souvent vu
des armoiries flamandes avec des oies et
des cygnes.
Le Dictionnaire des figures héraldiques
de Renesse, qui donne tant de blasons
flamands, n'indique pas le nom de
van Derhuis aux écus avec oies, mais il
indique une famille van der Sluys por-
tant une tête et deux membres de cygne.
Que le nom s'écrive en un, deux ou trois
mots, peu importe, les lettres S l peuvent
bien être prises pour un h. 11 doit d'autant
plus s'agir de cette famille van der Sluys
ou Vandersluis que le dit Dictionnaire in
dique que l'écusson porte, outre une
tête de cygne, comme je l'ai dit, deux
pattes en dessous. St-Saud.
Croix Huguenote (LUI, 930 : LIV,
417, 473). — Je remercie tout d'abord le
collaborateur T. -Y . de son intéressante |
réponse et, pour satisfaire les correspon- î
dants Qucesitor et C B. O., j'ajoute en
core quelques lignes sur ce sujet :
La croix huguenote est assez répandue
dans la région des Cévennes, il est, toute-
fois, très rare aujourd'hui — ainsi que le
fait remarquer T. -y. — de trouver à en
acheter une authentique, mais on en
trouve, chez les grands bijoutiers, des re-
productions d'après des modèles anciens ;
on porte ce bijou, soit en breloque, soit au
cou par une petite chaîne. La forme est
celle d'une croix de Malte à huit pointes
très accentuées et pommetées ; chaque
branche est réunie à sa voisine par un
morceau de métal en forme d'accent cir-
conflexe, placé plus près de l'extrémité
que du centre, et quelquefois orné au
milieu, d'un fleuron, quand la croix est
assez grande — relativement, car je n'en
ai pas vu dépassant trois centimètres ;
dans l'échancrure aiguë des pattes du haut
et du bas est laissé un anneau : l'un sert
à suspendre la croix, l'autre supporte. soit
un Saint-Esprit — colombe, découpée
dans une feuille plate de métal, avec quel-
ques traits au burin. les ailes étendues, le
bec en bas et attachée par la queue — soit
une larme, c'est à-dire un ornement en
relief, renflé, composé de deux boules
soudées ensemble la plus petite dessous —
rappelle un bourdon de pèlerin un peu
allongé.
Toutes les croix huguenotes que j'ai
vues sont en or et à quatre branches or-
nées de traits gravés variables, exception
faite d'une, de même métal, à cinq bran-
ches -- comme la Légion d'honneur — et
aussi d'une autre, en argent, que l'on m'a
assuré avoir été copiée d'après une au-
thentique appartenant à une vieille fa-
mille protestante, mais qui, encore qu'on
l'appelle croix, n'était qu'une sorte de pe-
tite rosace à jour soutenant un Saint-Es-
prit.
Au sujet de ce dernier objet, je suis fort
obligé à M. Qussitor de m'avoir appris
qu'en Normandie, dès le xvu* siècle, il
était porté par les protestantes, car je
l'ignorais pour cette région. Je puis dire
que cet usage a existé aussi dans le
Languedoc, c'était même encore de mode
il y a une quarantaine d'années, parait-il,
— et la croix huguenote ne l'était plus.
On portait au cou, suspendu par une chai-
nette, le Saint-Esprit qui était petit — et
garni au milieu, d'une pierre plus ou
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906
5^9
590
moins précieuse, ornement qui ne se met
pas sur la colombe accessoire de la croix.
Dans l'Hérault et le Gard, la croix hu-
guenote est actuellement beaucoup portée
et se donne très souvent à l'occasion de
la première communion.
XVI. B.
huguenote,
il
Au sujet de la croix
en existe encore en pays cévennol, dans
quelques vieilles familles protestantes.
Cette croix constitue, en effet, un bijou
très délicat et artistique. Et puisque l'in-
termédiairiste signant Quœsitor voit l'uti-
lité d'une description de cette croix, je
peux la luidoi:ner sur une datant du xviue
siècle, d'or jaune et légère. Sa forme est
celle d'une croix de Malte aux quatre
bras très échancrés, d'un diamètre de
4 centimètres environ ; des rayons gravés
partent du centre au milieu des bras.
Ainsi, avec ses huit pointes figure-t-elle
aussi bien une étoile ; car on la porte,
faut-il ajouter, dans le sens d'une croix
de Saint-André. Une colombe d'or aux
ailes éployées, suspend par deux petites
chaînettes, à deux bras de la croix. Celle-
ci n'a pas de coulant : deux petits anneaux
tlxés au milieu des bras supérieurs la
relient à une chaîne, car on la porte sus-
pendue au cou et descendant assez bas
sur la poitrine.
La croix que je cite a beaucoup d'analo-
gie, comme travail, avec les grandes
boucles d'oreilles à breloques, usitées au-
trefois dans le pays ; aussi, elle doit être
de fabrication locale ou du moins régio-
nale et peut différer beaucoup de croix
existant en Normandie ou ailleurs qui
toutes ont dû se ressentir d'influences
artistiques propres à ces pays.
Marc Hus.
Publicatioîis d'indulgences en
faveur d-^. Thôpital des Quinza-
Vingta (LIV, 446, =532). — Pour n'être
pas unique en son genre, la pièce signalée
par l'intermédiairiste Qiiaesitor n'en est
pas moins intéressante.
Les placards d'indulgences de par l'u-
sage même auquel ils étaient destinés
n'ont jamais eu grande chance de se con-
server longtemps, surtout à une époque
où l'activité des collectionneurs ne s'exer-
çait pas encore sur des objets contempo-
rains. Ces curieux monuments de l'his-
toire locale et de la typographie du xvi*'
siècle ne nous sont le plus souvent parve-
nus que grâce à l'emploi qu'en firent les
relieurs.
C'est dans ces cartonnages si fructueu-
sement explorés par lui que M. Delisle en
a retrouvé plusieurs 11 les a pour la plu-
part présentés à la Société de l'Histoire de
Paris {Bulletin, passiin). C'est encore dans
une reliure que le regretté J. Coura}'e du
Parc a retrouvé un placard d'indulgences
de l'Hôtel-Dieu qui fut affiché en 1555, au
Mont Saint-Michel.
Ce dernier placard publié par Couraye
du Parc lui même, dans le Bulletin de la
Société des antiquaires de Normandie,
t. XVIII a été acquis par la Bibliothèque
nationale à la vente de la bibliothèque de
son propriétaire : il a fait l'objet d'une
communication à la Société de l'Histoire
de Paris (séance du 11 avril 190=;, Bulle-
tin, XXXII, p. 107).
M. E. Coyecque a, dans une publica-
tion de la même Société intitulée VHôtl-
Dieu de Paris an Moyen Age, donne t, I,
p. 142. 144 et 395 une liste de quelques
placards d'indulgences qui nous sont par-
venus, et fourni, ?5/'(/. p. 138-1 39, des ren-
seignements sur leur confection. En ce
qui concerne plus particulièrement les
placards des Quinze- Vingts, M. Léon le
Grand, dans sa monographie de cette
maison [Mémoires de la Société de V His-
toire de Paris t. XIII, p. 248 et suiv.) a
cité divers articles de comptes relatifs à
la confection des affiches d'indulgences et
au fonctionnement des Pardons organisés
au profit des aveugles et {ibid. t. XIV,
p. 79 et 165) reproduit des placards des
Oiiinze-Vingts de 1610 et de 1503-1513.
La Bibliothèque nationale possède une
assez riche collection de placards d'indul-
gences, elle a été patiemment constituée
par M. Delisle et une notice générale avec
catalogue en sera prochainement publiée.
J'y relève pour les Qui/i^e-Vingts les
placards suivants :
Années 1503-1513. Rés. E. 3999.
Années 1523-1534. Rés. E. 1659 (5).
Année 1539. ^^s- ^- i^^^-
Année 1339 (?) Rés. E. 1665.
Année 1575. Rés. E. 1685 (2).
Année 1677. Rés. E. 1690.
Année 1729. Rés. 1666.
A. VlDlER
N. 11257.
L'H^TERMÉDJAIÏIE
— — 591 ■ —
|L.^a ta^le^ux de Van àer P^euie^
sur le§ victoires de Louis XîV (Lîl;
fllî ; LIV, 3Q1. 418). — Le Musée çle
Douai possède de ce peintre les tableaux
ci-dessoqs décrits :
l"' Portrait équestre de Louis XIV. Ce
ppftrait a été donné par le roi à la, ville de
Douai, le 28 juillet 1678, un an après la
prise de cette place ;
2" Entrée de Louis XIV et de la reine
Marip-Jhérèse à Douai, le 23 juillet
1667 ;
3° L'armée de Louis XIV devant la
place de Lille, côté du prieuré 4e Fives,
août 1667. Paul Pinson.
Dépôt des chartes des colonies
(L^V, 44^). — Le dépôt des archives de
la rnaripe et des colonies était logé à
f'aris, en 1699, dans un pavillon situé au
bout du jardin des Petits-Pères. Il fut
transféré à Versailles en 1763, dans
l'hôtel des affaires étrangères et ramené
a Paris, 2, rue Royale, le 3P juin 1837.
Déjà le Dépôt des cartes et plans avait
été (jirigé sur Paris le 2Ç> mars 1775 et se
tfouvp de nos jours au Dépôt des cartes,
plans et journaux delà marine. (Service
hydfog^aphique, 15, rue de l'Université).
Les archives de la pnarine antérieures à la
révolution ont été versées aux Archives
nationales en juin 1899. Les archives des
Colonies sor(t passées au ininistère des
Coipnies lors de sa création. C'est dans
ce dernief établissement que notre colla-
borateur trouvera les documents qu'il
désire consulter. Lecnam.
Mémoires de Gabrielle d'Estrées
(LIV, 506). — Qiiérard. Supercheries,
tome l"^"', 12 156. e. les attribue à Paul Ln-
croix, bibliophile Jacob. L. D.
*
* *
C'est M. E. L. de Lamothe Langon,
auteur de nombreux pseudo-mémoires, et
romancier connu sous la Restauration et
sou? Charles X, qui publia, mais en 2
volumes seulement, ep 1829, les Mé-
moires de Gabrielle d'Estrées, duchesse
de Beaufojt. R. Bizet.
Lb lanterne, ^e Pî),ïiurge(LIV, 454).
— Il faiit lire : 5 décembre ijpi.
E. C.
592 ~
Le Théâtre em provii^ce (LIV, 281,
355,428,476,534). — Indépendaniment
des ouvrages cités déjà dans l'Intermé-
diaire, je possède :
Le Théâtf;e à Artfas ava.n,t et après la Ré-
volution, par Adolphe de Cardev^cque ;
Arras, 1884,
Le Théâtre à Auch sous la Terreur, par
P. Bénétrix ; Auch. l8qo.
HistoixA du Théâtre de ^aypnne^ paf
E. Duceré ; Bayonne, i88^.
Histoire des Jhéâtres de Bordeaux, par
Arnaud Detcheverry ; Bordeaux, 1860.
Les Théâtres de Bordeaux p^t^da^nt, la
Terreur ; Bordeaux, 1868.
Le Théâtre à Bordeaux, par Hippolyte
Minier et Jules Delpit ; Bordeaux, Chollet,
1883.
Notice illustrée sur le Théâtre du Peuple
de Bussa^ng, par un spectateur ; Les Cha-
telles et Paris, 1897.
Le Théâtre à Caen, par Paul de Longue-
mare ; Paris, Picard, 1895.
Le Théâtre à Cambra,i avant et depuis
i88q, par A. Durieux ; Cambrai, J. Re-
naut, 188?.
Les Origines du Théâtre à Colmar, par
X. Mossmann ; Colmar, 1878.
Le Théâtre à Doué, par Célestin Port ;
s. d.
Voyage à travers le Théâtre du Havre,
par L. P. ; Le Havre, 1863.
Ls Théâtre de Lille en 1844 ; Lille, Vanac-
kère, 1844.
Le Théâtre d Arras et à Lille en 168 j,
par Victor Advielle ; Paris, Tresse, 1893.
Etudes sur le Théâtre en, Lorraine, par
Henri Lepage ; Nancy, 1849.
Recherches sur les mystères qui ont été
représentés dans le Aiaine, par Dom P. Pio-
lin, Angers, 1858.
Marseille, notice historique sur les théâtres
privilégiés, par un ancien amateur ; Mar-
seille, Camoin, 1863.
Histoire du théâtre à Marseille, le Graud-
Théâti:e^ par Léandre Moreau ; Marseille,
1872.
La Comédie a I^arseille, historique ; Mar-
seille, 1893.
Notice historique suir le Th^âtxe, de
MmUs ; Hantes, 1825.
Le Théâtre de Reims à P.aris, par N. Da-
vid ; Reims, 1851.
Les Tljéâjres de société de Rouen, par J.-E.
B. ; Rouen, 1877.
Recherches si.(r le, Théâi,re_ à Troyes au
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 190Ô.
?93
— 594
xv° siècle^ par Théophile Bqutiot ; Troyes,
1854.
Le Thcâtre de l ancien collège de Troya.,
par Alt'ert Babeau ; Troyes, 1881.
Recherches sur le Théâtre de Valenciennes,
par G. A. j. H*** (Hccart) ; Paris, Hécart,
1816.
Sans compter des études copsacrées aux
théâtres antiques (Chaniplieu, Orange) et
nombre de brochures émanant de divers
directeurs provinciaux.
L. -Henry Lecomte,
» *
Le théâtre à Bordeaux^ étude histori-
que par H . Minier, suivie de la nomen-
clature des auteurs dramatiques bordelais
et de leurs ouvrages, par F. Delpit, Bor-
deaux 1884, ipO pp.
Histçire du théâtre de Bordeaux par
Detcheverry.
Il existe à la Bibliothèque municipale
de Bordeaux un très curieux nianuscrit,
donnant au jour le jour, le nom de toutes
|es pièces qui ont été représentées sur la
scène du grand théâtre de Bordeaux, à la
fin du xvni^ siècle. On jouait pendant
toute l'année deux pièces par soirée ; le
théâtre n'était fermé que pendant la se-
maine sainte et les jours de grande fête.
L'année théâtrale commençait le lundi
de Pâques et se terminait le samedi précé-
dant la semaine sainte.
L'inauguration du grand théâtre de
Cordeaux se fit le 7 avril 1780. La
troupe se composait pour la tragédie et
la comédie, de 17 hommes et 10 femmes ;
pour l'Opéra, l'Opéra « bouffon >\ de 1 1
hommes et 10 femmes, de 10 choristes
hommes et 10 choristes femmes ; pour le
ballet, d'un maître de ballet, 4 premiers
danseurs, 2 enfants, 9 danseurs, 4 pre-
mières danseuses, 12 « figurantes >'> ; pour
l'orchestre de 2 '/ maîtres de musique >■>
et 21 musiciens.
Pendant cette année théâtrale, qui prit
fin le 7 avril 1781, il fut donné 36 tragé-
dies {Athalie et Thomas Kourikan furept
jouées 6 fois chacune) ; 44 comédies en
5 actes, [Le Barbier de Séville fut joué 7
fois); 38 comédies en 3 actes [V Officieux,
6 fois et le Dépit amoureux 4 fois) ; 46 co-
médies en un acte : 57 opéras et opéras
bouffes [L' Amant jaloux, 17 fois) et 60
ballets.
Les trois premiers joursd'ina^uguration,
le même spectacle fut représenté : Le ju-
gement d'Apollon et Athalie . P.ar\s le
cours'^de Tannée, des troupes de passage
s'arrêtèrent au théâtre de Bordeaux ,
entre autres le q janvier 17Ô1, les Bouffes
Italiens qui jouèrent A? Sciara riçouv-iota,
opéra bouffe.
Je conseille à tous çevx qui s'occupent
du théâtre ancien en province de consul-
ter cet amusant et précieux manuscrit de
la Bibliothèque de Bordeaux dont je ne iT|e
rappelle plus la cote, mais que le com-
plaisant conservateur, monsieur Céleste,
connaît très bien. Ils pourront également
consulter un dossier aux Archives muni-
cipales de Bordeaux (CG. 307) dont j'ai
publié, un extrait dans le tome XXXV de
la Société des A rchives historiques de la Gi-
ronde et qui mentionne les appointements
ç^e chaque artiste, j\insi que l'état finan-
cier de la Société a^xA dirigeait ,1e théâtre.
Pierre Meller.
Une pièce de y?VS napoléoniei^s
dugrauclBerryer(Î8iO)(Lll).— Jene
connais pas de reproduction de la pièce de
Berryer relevée sur un exemplaire de l'édi-
tion originale, restée unique, vraisembla-
blement.
Elle n'est ni citée, ni reproduite, dans
la Couronne poétique de Napoléon le Gr^nd,
in-80, avec fig., Paris, Arthus Bertrand,
1807 ; — dans F Hymen et la Naissance,
(recueil réuni par Àrnault) in-8?, Paris,
Firmin-Didot, 1812^ — dans les Hommages
poétiques à leurs Majestés Impériales et
Royales sur la Naissance de S. M. le Rot
de Rome, recueillis et publiés p^f Lucet et
Eckard, Paris, ipipr. de Prudhpmme fils,
2 vol. in-8'^ avec deux fig., i8u ; — ni
même dans la Couronne poétique de Napo-
léon. Hommage de la Poésie à la Gloire.^
I vol. gr. in- 12 av. fig., grav. d'apr. Hor.
Vernet, Paris, Amyot, 1840.
Il existe ui^e autre petite pièce, de la
même année de pviblication que celle de
Berryer (1810), portant un titre presque
analogue au titre de celle-ci, et ayant
pour auteur un homonyme du grand
Berryer, mais qui, toutefois, n'est pas le
nôtre .
Cette pièce que je possède comme celle
de Perryer, en édition originale, et qui
n'est, pas plus que celle-ci, reproduite
d^ns les recueils cités plus haut, est inti-
tulée : Ode à. Le^rs ^I,aJ,e.stés impériales et
royales Napoléon le. Grand, et Me^i;ie-Lo;i^,ise^
N" 1127.
L'INTERMEDIAIRE
595
par J.-F.C. Berrier, Paris, Impr. de Mi-
chaud frères, in 8° de huit pages, sans
couvert, de brochure, imprim.
Ce Jean-François-Constant Berrier (avec
un i, celui-là), né à Aire en Artois en
17Ô6, mort à Paris, le 12 juin 1824, était
un littérateur connu.
Le recueil des Hommages poétiques, de
181 1, tome 11, pages 233 à 237, renferme
de lui, des Stances : Le Livre du Destin^
sur la naissance du Roi de Rome.
Ulric Richard Df.saix.
Le Spirituslisrne. Les reven-uits
XXXIX). — «11 a été imprimé en 1665,
à Orléans, un livre dont on désirerait
retrouver un exemplaire. Ce livre a pour
titre « Histoire récente pour servir de
preuve à la vérité du purgatoire contre
Lopinion des Calvinistes et à l'immortalité
de l'âme contre le sentiment des athées,
vérifié par des procès verbaux dressés ès-
années 1663 et 1664, avec un abrégé de
la vie et de la mort du sieur André
Bugnot, colonel d'infanterie; par Etienne
Bugnot, gentilhomme ordinaire de la
Chambre du roi ». {Intennédiaire 22 juin
1869).
11 existe un exemplaire de cet ouvrage
à la Bibliothèque nationale, 27 L N 3233.
(Voir Généalogie des Bugnot^ publiée à
Orléans en 1905. Goût et C'« éditeurs,
par E. Tausserat, page 13. G. H.
« Coriolan » ou « Coricla.n choz les
Volsques » (LUI, 11, 195,43-) — 11
existe encore une tragédie sur « Corio-
lan ■» (Caïus J^Aarcius) en cinq actes et en
vers, par le comte de Ségur, alors colonel,
plus tard pair de France et meriibre de
l'Académie française.
Cet ouvrage fut composé à bord du
<\ Northun berland v> en juin 1783, et re=
présenté devant l'impératrice de Russie,
Catherine II, sur son théâtre de l'Ermi-
tage, à Saint-Pétersbourg, en août 1787.
Alexandre Rey.
Stifelius (LIV, 454). — II y a quel-
ques années surtout, on appelait ainsi, en
Italie, la redingote, appelée également
finan:(iera et mieux prefette^ia (préfecto-
rale).
Ce surnom, stifelius, parut vers 1850
ou 1855 • ^o" origine ne serait pas alle-
maude, mais bien... française.
596
Il viendrait simplement ou plutôt il
vient du drame insensé d'E. Souvestre et
Bourgeois, intitulé : Stifelius.
(Actuellement, on écrit Stiffelius sui-
vant Petrocchi Panzini, etc.)
Piave en tira un livret Stifelio que
Verdi mit en enseigne et fit représenter
en 1850, au théâtre Civico de Trieste.
L'opéra ne put malgré tout réussir,
Verdi le retirage remania et en fit Aroldo
qui ne réussit pas mieux.
C'est ce double usage d'une partition
q.ui aura fait donner ce nom à un habit
d'usages multiples. P. T. Bergame,
Une médaille gastronomique (LI,
108). — Je remercie tardivement notre
Directeur : grâce à Vhitermédiaire, une
pièce curieuse a été retrouvée, qui évo-
que les souvenirs de l'Année terrible, et,
avec elle, les noms des quinze « Spar-
tiates » fidèles au dîner de (Quinzaine.
Oui, certes, il y avait-là un mémento
plutôt qu'un hosanna,et la fièvre obsidio-
nale devait être pour quelque chose dans
cettemanifestation commémorative — oh !
combien ... Les hôtes du Salon rouge ont
fait maigre chère, c'est entendu, —
comme tous les Parisiens — les deux
millions « d'âmes » assiégées :
J'ai payé quinze fra ucs quatre œuf s frais noa pour moi*
Victor Hugo.
Notre siège était fait à cet égard ; mais
encore, faudrait-il ne pas montrer plus de
conviction que les convives eux-mêmes !
Philippe Burty s'est défilé à l'anglaise et
Edmond de Concourt, si communicatif
d'ordinaire, ne souffle mot de l'Adresse
à l'Amphitryon : le fait a son éloquence !
Décidément, je crois bien que c'est à
l'absent, au convive honteux qu'iront les
sympathies. Voici les autres noms: Ernest
Renan, P. de Saint-Victor, M. Berthelot,
Ch. Blanc, Schérer. Dumesnil,A. Neflftzer,
Ch. Edmond, Thénot, J. Bertrand, Marey,
Ed. de Concourt, A. Hebrard. (Figaro, 6
février, 1880).
Avec le mot âmes, l'inscription, sinon
l'initiative, semble être de Renan.
PoënsinDucrest.
Couvents maçonniques au X^HIc
S'ècle (LIV, 499) - Voir Barruel: Mémoi-
I res pour servir à l'Histoire du Jacobinisme.
I Ouvrage édité en 1818, chez Théodore
I Pitrat à Lyon.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906.
597
598
Les aboyeuses de Josselin (LIV,
50b. — M. de Alanes trouvera des rensei-
gnements sur cette question dans : L.
Hamon. Les ahoyenses de Josselin. Les envi-
rons de Josselin. Combat des ^o, etc. Rennes,
1889, in- 12°, broché, avec gravures hors
texte. — Je puis procurer ce volume ;
mais je ne Tai pas actuellement en main.
D'' Marcel Baudouin.
Bibliographie napoléonienne
(LIV, 394, 533). — M. Wircheisen nous
fait l'honneur de nous adresser la lettre
suivante :
Genève, Petit-Lancy,
14. 10. 06.
A Monsieur le Directeur de
V Intermédiaire des chercheurs et curieux
Paris.
Monsieur,
On me communique le n" du 20 septem-
bre de V Interviédiairt des chercheurs et
curieux oi\ se trouve une notice relative à
ma « Bibliographie napoléonienne ».
Cet ouvrage a paru en 1902, d'abord en
édition allemande ; quelques semaines plus
tard, son contenu restant absolument le
même, des éditions française, anglaise et
i alienne ont été publiées, le titre, ainsi que
la préface, ayant seuls été traduits.
Cette bibliographie n'a pas la prétention
d'être complète, n'étant qu'un petit extrait
critique d'une grande collection manuscrite
delà bibliographie générale de la Révolution
et de l'Empire, collection encore inachevée
et comprenant déjà à l'heure actuelle plus de
60.000 ouvrages.
Au commencement de l'an 1907, paraîtra
u: e autre édition de la bibliogiaphie de
l'époque napoléonienne, plus importante et
comprenant au moins 5 fois plus de titres
que l'édition de 1902.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de
mes sentiments distingués.
Frédéric M. Wircheisen.
Physionotraco (T. G., loi, XXXVI;
XXXVIII ; XXXIX ; LUI). - Je viens d'ac-
quérir deux portraits au Physionotrace,
dont l'originalité et l'anonymat piquent
ma curiosité.
L'un représente un officier supérieur
revêtu d'un uniforme brodé, vu de trois
quarts, ce qui est rar-^ ; c'est vraisembla-
blement un officier de marine, un amiral,
car, à la loupe, on distingue une ancre
sur les boutons de son habit.
Ce portrait, gravé par Quenedey en
181 7, ne porte aucun nom. Mais une
main inconnue a écrit au dos celui-ci, au
crayon : Clebas Duchillon ou Duchillau.
L'autre, gravé par Bouchardy, est
celui d'un homme portant moustaches et
favoris ; à la boutonnière de sa redingote
pend une croix de la Légion d'honneur.
L'allure est celle des officiers de l'Empire,
en demi-solde sous la Restauration, et le
quatrain ci-après qui l'accompagne rend
cette hypothèse vraisemblable :
D'un arrêt infamant ma tète fut frappée,
De vingt ans de combats ce fut l'indigne prix.
Plus j'ai souffert pour lui, plus j'aime mon
[pays ;
Pour le défendre encore, il me reste une épée,
Puis-je espérer que quelque collègue éru-
dit et subtil pourra me renseigner sur ces
deux personnages, me donner leurs noms
exacts et les particularités de leur exis-
tence "ï
je lui en serai très reconnaissant.
Henry Vivarez.
Les Compagnies d'assurances,
leur origine (LIV, 338). — \S Histoire
Générale de ? Assurance en France et à
V Etranger donne une réponse à cette
question. Ce livre est déposé à la Biblio-
thèque nationale. Editeurs Giard et Brière,
rue Soufflot, auteur Georges Hamon.
Un article intitulé s< Les origines par
la médaille des Assurances maritimes,
incendie, vie, de 1600 à 1830», publié dans
\ Assurance Moderne., 28 février 1906,
n° S40, 97 boulevard Port-Royal, répond
également au correspondant de \' Intermé-
diaire. Ajoutons que le dit journal d'assu-
rances contient de nombreux documents
anciens et qu'actuellement il fait paraître
le répertoire des médailles d'Assurances
au nombre de 400. La direction de V As-
surance Moderne fait appel à ses confrères
de V Intermédiaire dans le cas où ceux-ci
posséderaient d'anciens documents sur
les assurances. G. H.
In-8" ; in-12 ; in-16 (LIV, 504) —
La question est au contraire très intéres-
sante, et pour m;i part j'attends les ré-
ponses qui y seront faites.
Des in-8° sont tirés comme des in 4°,
c'est certain ; cela est exigé par q^iclques
auteurs, par exemple lorsque le papier de
leur ouvrage est assez fort. En elTet, la
pliure se faisant sur moins de pages, cette
sorte d'irrisure, si je puis ainsi parler, de
N*
11Î7.
L1NTERMÉDIAIRB
603
604
Cette petite historiette date de 1859,
Les ouvriers qui travaillaient alors, à
Saint-Denis, au caveau impérial, rencon-
trèrent plusieurs tombes en pierre, par-
faitement scellées, de rois mérovingiens
ou carlovingiens. Or, quel ne fut pas leur
étonnement, en ouvrant ces tombes, de
voir s'en échapper une quantité incroyable
de mouches d'aspect noirâtre et de gros-
seur moyenne. Ce fut une nuée s'abattant
sur les autels et jusque dans les burettes.
Parmi les assistants, beaucoup en détrui-
sirent, d'autres en emportèrent pour les
examiner. Un naturaliste, à qui un prêtre
de Saint-Denis, l'abbé Delon, en avait
soumis l'examen, pensa que la reproduc-
tion de ces mouches avait dû se faire de
siècle en siècle, en se mangeant de géné-
ration en génération.
Plusieurs mouches furent mises sous un
verre, mais elles moururent au bout de
deux heures. Détail piquant : beaucoup
d'assistants que ces insectes avaient tou-
chés, virent apparaître sur leur peau, de la
rougeur, de la tuméfaction, et certains
mêmes une inflammation véritable.
Je laisse à d'autres le soin de mettre au
point l'explication de ce phénomène dont
l'authenticité est incontestable.
En tout cas, ce que je puis avancer sans
conteste, c'est que l'historiette en question
n'a rien de contradictoire, pour un temps
assez long du moins, avec les données
actuelles de la science. Les mouches du
genre Calliphora, Sarcophaga^ Lucilia ca-
daverina ^ (\\x\ sont les travailleuses de la
mort, ne vivent que sur les cadavres. Ce
sont leurs innombrables larves ou asticots
qui détruisent en partie les tissus cadavé-
riques. Ces larves se développent très
rapidement, mettent moins d'un mois
pour arriver à l'état de nymphe, autant
pour arriver à l'état parfait. « Une géné-
ration a de six semaines à deux mois
d'existence, et celles qui suivent augmen-
tent en nombre, suivant une progression
géométrique croissante » (Mégnin). Cela
explique la fameuse nuée. Mais étant
donnée la dessication totale des ossements
trouvés, il faut admettre que pour se re-
produire, les mouches en étaient réduites
à se manger de génération en génération,
ce qui, jusqu'à un certain point, est très
admissible, puisque ces insectes ne vivent
que de cadavres gros ou petits, et alors
de ce qu'ils trouvent.
Est-ce à dire, pour cela, que l'origine an-
cestrale de cette colonie fût contemporaine
de Mérovée ou de Childéric III? Je suis
loin de le penser, et je. laisse la parole à
des intermédiairistes plus ferrés sur la
faune des tombeaux. D"" Billard.
La société des Eclectiques (LIV,
453). — J'ai sous les yeux un certain
nombre de cartes d'invitations aux réu-
nions des éclectiques des années: 1873-
74-87-95, qui me viennent de feu mon
ami Alexis Martin. Ces cartes sont des
eaux -fortes, dont quelques-unes sont
signées de :
O. Vilpelle — Guillomin — Aglaùs
Bouvenne — Letourneaux.
Le lieu des réunions n'est généralement
pas indiqué ; ce qui laisse supposer qu'il
était toujours le même, et connu des invi-
tés. Cependant, sur deux d'entre elles de
1873, la réunion a lieu « chez Laffite ».
CÉSAR BiROTTEAU.
Les mansardes célèbres (LUI, LIV,
435, 489, 529). — La minsarde de Bona-
paite. — Ce n'est pas au n'' 5 que logeait
Bonaparte, élève de Brienne, puis officier
d'artillerie, quand il faisait séjour à Paris.
La mansarde du quai Conti n° 5 , est une
légende dont Auguste Vitu a fait justice
depuis longtemps.
Il faut chercher le « Nid de l'aigle » au
n° 13, ancien hôtel de Sillery qu'occu-
pait, en ce temps-là M. de Permont, et
c'était une jolie petite chambre au 3^ étage;
elle existe encore, Nothing.
Mots d'académiciens moroses
(LIV, ^05). — Je lisais justement, ces
jours ci, un livre de Mary-Lafon (Cin-
quante ans de vie littéraire^ Calmann-
Lévy, 1882) et j'y copie ceci :
Se tournant alors majestueusement
vers moi :
Monsieur, me dit Royer-CoIIard, d'un ton
d'augure, depuis dix ans, je ne lis rien.
Alors, répliquai-je, en regardant les livres
épars sur la table, vous devez être bien au
courant.
11 bondit sous ce coup de pointe
N.-A. M. GiLEs.
* *
Le mot de Royer-CoUard : « A mon
âge on ne lit plus, on relit » a été certai-
nement prononcé.
Alfred de Vigny le rapporte dans son
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Octobre 1906.
605
606
journal, à la date du 30 janvier 1842.
Etonné de cette réponse, Vigny de-
manda à l'académicien, comment il fai-
sait pour donner sa voix. Ce dernier lui
répondit: «Je la donne... je la donne...
«Je vais aux élections... je ne peux pas
« vous dire comment je la donne, mais je
« la donne enfin. »
Tout permet de croire que cette ré-
ponse est véridique, car l'illustre auteur
d'Eloa n'avait aucun intérêt à inventer
cette boutade qui était plutôt à son désa-
vantage. A. Chesnier du Chesne.
«Il y a des années où l'on n'est
pas en train » (LIV, 281, 543). — Ce
n'est pas le peintre Jules Breton qui, dans
son autobiographie, La Vie d'un artiste^
attribue ce mot au paysagiste Nazon. Le
rédacteur de la présente note est peut-
être responsable de la confusion commise
par M. Gustave Fustier. Il avait, en effet,
au lendemain de la mort de Jules Breton,
publié dans la Liberté (n° du 7 juillet
1906), un article où il citait un certain
nombre de souvenirs de ce peintre re-
gretté, d'après sa Vie d'un artùte et, che-
min faisant, il donnait une nomenclature
sommaire des personnalitésartistiques qui
défilent dans ce livre et parmi lesquelles il
mentionnait «Nazon, autre paysagiste,
d'une paresse incroyable, 1 auteur de ce
mot : Il V a des années où Von n'est pas en
train. » M. Gustave Fustier, soit qu'il ait
lu cet article dans le journal où il a paru,
soit qu'il en ait lu la reproduction par-
tielle dans d'autres journaux, a cru que le
rédacteur citait ce mot d'après Jules Bre-
ton lui même ; son erreur s'explique tout
naturellement.
C'est à la page 260 de sa Vie d'un ar-
tiste que Jules Breton parle du peintre
Nazon. Voici, d'ailleurs, en quels termes :
« Je voudrais dire deux mots aussi de no-
tre ami Nazon que nous fréquentions beau-
coup alors et qui, Dieu merci, est encore bien
portant (en 1S90, année de la publication de
la Vie d'un artiste) ; mais, comme il s'est
volontairement retiré de la scène oi^i nous le
pensions appelé à un rôle sérieux, comme il
vit obscur dans son pays, je crois qu'il est
bon de le rappeler au souvenir de ceux qui
l'ont connu.
Nazon ressemblait alors (vers 1856) à un
Etrusque, la tète au profil d'une simple li-
gne, recouverte de cheveux drus et épais qui
.se dressaient sur son front en cimier.
11 allait distrait, arpentant les rues de ses
grandes jambes, les pieds un peu en dedans,
la poitrine en avant et haussant, au-dessus
d'une écharpe enroulée au cou, son long nez
pointu de fourmilier, comme pour aspirer les •
nouvelles qui couraient dans l'air.
Car c'était un causeur intarissable et d'infi-
niment d'esprit, cet excellent camarade aux
allures cordiales quoique dédaigneuses pour
toute vulgarité.
Il avait brillamment débuté comme pein-
tre. Je me rappelle certain paysage du Midi
où fuyait un long mur aux courbes pleines de
style, sur lequel s'appuyait une fillette gar-
dant un essaim de dindons ; tableau d'un
grand charme, d'une coloration sobre et fine,
absolument original au moment où il parut.
Nous attendions de lui un grand paysagiste,
et dire qu'il a préféré aller planter ses choux
à Montauban I
C'est tout. Comme on le voit, Jules
Breton ne fait même pas allusion à la pa-
resse de Nazon. Le mot en question est
rapporté, non par Jules Breton dans sa
Vie d'un artiste, mais par M. Ch. Moreau-
Vauthier dans un livre récent : Gérômé,
peintre et sculpteur , et c'est laque le ré-
dacteur de la présente note Favôit trouvé.
M. Ch. Moreau Vaulhier énumère les
artistes qui habitaient, rue Notre Dame-
des-Champs, l'un de ces ateliers dont
l'ensemble portait, dans les premières an-
nées du second Empire, le nom de Botte
à thé : |.-L. Gérôme, Brion, Toulmouche,
Lambert, Schutzberger, etc. « On travail-
lait avec ardeur dans cette communauté
d'artistes » dit-il, et il ajoute (page 134):
« Au milieu de tous ces travailleurs, le
paysagiste Nazon prononçait !e mot cé-
lèbre : Il y a des années oit l'on n'est pas
en train. >>
J'ignore si, comme le croit le D"" Cordes,
le mot figure dans les Scènes de la vie de
bohème. Mais alors même qu'il y figure-
rait, il n'en résulterait point forcément
que la paternité de cette amusante formule
doive être retirée à Nazon et transférée à
Murger. Je sais bien que les Scènes de la
vie de bohème ont paru en 1851, antérieu-
rement, par conséquent, à la formation
du groupement de la « Boite à thé ». Mais
M. Ch. Moreau-Vauthier ne dit pas que
Nazon ait prononcé le mot alors qu'il
fréquentait la « Boite à thé ». Au surplus,
peu importe que le mot ait été emprunté
par Murger à Nazon ou par Nazon à Mur-
ger. Ce n'est pas une de ces paroles his-
toriques dont l'origine et l'authenticité
H "27.
L'INTERMEDIAIRE
— 607
608
sollicitent impérieusement l'attention des
chercheurs et des curieux.
Etienne Charles.
Les plus vieilles tragédiennes,
comédiennes, cantatrices du temps
présent (LIV, 506). — Parmi les comé-
diennes et comédiens, on peut citer :
Mme Caroline Bader, gymnase enfan-
tin, Vaudeville, Variétés, née en 1827.
Vit à Saint-Gratien.
Mme Raucourt Anna, Odéon, sœur de
Baron des Variétés, née en 1834. Vit à
Paris.
Mme Zulma BoufFar, une des reines de
l'Opérette, née en 1843, pensionnaire de
la maison des com.édiens à Pont-aux-
Dames.
Lassouche, le joyeux comique du Palais
Royal, né en 1828. Habite Paris.
Bouyer, l'artiste de drame, né en 1843.
Directeur de la maison des comédiens à
Pont-aux-Dames.
Brelet, qui créa le rôle d'Arthur dans
]di Grâce de Dieu. Né en 1826. Habite Bicè-
tre.
Laclaindière, ex-jeune premier à l'Am-
bigu, né en 1836. Vit à Paris,
Mme Jeanne Clarence, qui fut une
actrice applaudie à l'Ambigu, veuve de
l'artisle Clarence, née en 1835. Habite
Asnières.
Mme Moïna Clément, qui fut une bonne
actrice de drame, née en 1843. Vit à
Paris.
Mme Marie Delaporte, la jeune première
idéale du Gymnase, née en 1838. Habite
Paris.
Mme Judith, de la Comédie française,
née en 1827. Habite Paris. Mme Judith
est retraitée depuis 1866.
Frédéric Febvre, de la Comédie Fran-
çaise, né en 1833. Habite Paris.
Mme Desmonts, qui brilla dans les
travestis à la Gaîtc, veuve de Desmonts
des Bouffes, née en 1838. Habite Tours.
Mme Irma Crosnier, l'excellente duè-
gne de l'Odéon, née en 1820. Habite
Paris.
Mme Pauline Granger, de la Comédie
Française, née en 1833. Habite Paris.
Mme Guyon, veuve d'Alex. Guyon,
qui fut elle-même Mlle Jarry, des Folies
dramatiques, née en 1836. Habite La Va-
renne.
Hadingue, l'ancien premier rôle de
Marseille, le père de Mme Jeanne Hading
(Hadingue ditej, né en 1820. Vit à Mar-
seille, • > •i -
Mme Victoria Lafontaine, de la Comé-
die française, veu\'e de l'artiste de ce
nom, née en 1840. Habite Versailles.
Laroche, de la Comédie Française, né
en 1841. Vit à Redené.
Mme Clara Lemonnier, née en 1840.
Paris et Bruxelles.
Mme Lacressonnière, seconde du nom,
veuve de Lacressonnière, actrice de drame,
née en 1840. Habite Paris.
Mme Daudoin, qui fit les beaux jours
des Variétés, vers 1850-60, née en 1831.
Vit au Vésinet.
Mlle Van Ghell, la créatrice du Petit
Faust et des Cent-Vierges., née en 1844.
Habite Quinson.
Mme Naptal-Arnault, premier rôle à la
Gaité et à Saint-Pétersbourg, née en
1825. Habite Paris.
Pacra de l'Eldorado, né en 1832. Habite
Paris.
Mme Claudia, qui fut la comère de
tant de Revues de fin d'année, née en
1835. Habite Orléans.
Mme Honorine, qui créa la Vie Pan-
sienne^ devenue Mme Péricaud, née en
1833. Habite Paris.
Mme Périgat, acteur de drame qui eut
son heure de célébrité, née en 1837.
Habite Paris.
Régnier, le jeune premier de l'Ambigu,
né en 1839. Habite Nogent-sur-Marne.
Mme Edile Riquier,de la Comédie Fran-
çaise, née en 1832. Habite Paris,
Mlle Scrivaneck, l'émule de Déjazet,
née en 1823. Vit à Sainte-Périne.
Mme Tordens, de la Comédie Française,
qui fut lectrice de la Reine des Belges, née
en 1842. Habite Uccle.
Mme Paul Deshayes, actrice de drame,
veuve de l'artiste- de ce nom, née en
1848. Habite Paris.
Mlle Marie Favart, de la Comédie Fran-
çaise, née en 1833, retirée de la rue Ri-
chelieu depuis 1881. Habite Paris.
Mmes Thérésa, Rousseil, etc.
A l'étranger : Thomas Salvini, à Flo-
rence, H. Lyonnet.
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
•QUESTIONS ET REPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITES
609
Nous renouvelons la prière à nos collabo-
rateurs de vouloir bien accompagner leur
pseudonyme ou leurs initiales de leur nom.
Cette précaution est indispensable pour nous
permettre de faire suivre les lettres dont
nous sommes chargés.
Si chaque pseudonyme nouveau doit être
suivi du nom, tout pseudonyme appuyé du
nom une première fois nous étant connu.^
n implique plus ce rappel.
a3lue0ttaiî0
La comtesse d'Egmont. — La
célèbre fille du maréchal de Richelieu a
eu pour biographe la comtesse d'Armaillé
qui n'a pas voulu s'occuper des « accusa-
tions dont souffrait sa réputation » et qui
prétend écarter « ce côté pénible de son
histoire »,
A quoi ces lignes font-elles allusion ?
-\-
La rue de Poitiers. — La rue de
Poitiers ne compte que quelques numé-
ros, et la plupart en immeubles neufs.
Connaît-on l'emplacement exact de
l'hôtel où se réunissait, en 1851, le club
royaliste qui prit une si large part au ré-
tablissement de l'Empire? M. P.
Les rapports d3s ambassadeurs
vénitiens à la cour de France. —
Pourrait-on me dire quels sont les ou-
vrages qui donnent les rapports des am-
bassadeurs vénitiens à la cour de France,
610
i notamment pendant le règne des Valois ?
M. Baschel, dans son ouvrage sur les
Archives de ^^«/5^, mentionne l'existencede
ces rapports et les noms des ambassa-
deurs; mais il n'en donne pas le texte, Par
qui ont-ils été publiés ? E. M, n.
Le comte Hang^witz à la vaille
d'Austerlitz. — Un de nos érudits in-
termédiairistes pourrait-il nous signaler
un ou plusieurs ouvrages historiques,
traitant spécialement des négociations
entre Napoléon et la Prusse, qui précé-
dèrent les événements qui aboutirent à la
bataille d'Austerlitz, et du rôle que joua,
dans cette circonstance, le comte Hang-
witz ? P. et W.
Les filles de Georges IIÏ. — Un
lecteur pourrait-il me donner des rensei-
gnements biographiques et bibliographi-
ques sur les filles du roi d'Angleterre
Georges III, notamment les princesses
Amélia et Sophia ?
La chronique scandaleuse du temps
s'en est beaucoup occupée, mais à quelles
sources puiser pour préciser les on-dit et
la vérité ^ Quels mémoires anglais con-
sulter ? N'y a-t-il pas aussi des mémoires
ou papiers d'émigrés français dépeignant
la vie à la Cour d'Angleterre, aux envi-
rons de 1800 ? R.
La fuite de Louis Philippe. —
Dans sa fuite, Louis-Philippe passa par
Dreux (25 fév.), Anet, Evreux et gagna
ensuite Honfleur et le Havre. Me serait-il
LlV-12
N- 1128.
L'INTERMEDIAIRE
611
612
possible de connaître l'itinéraire exact
parcouru par la famille royale depuis les
Tuileries jusqu'au Havre avec les dates
de passage ? M. M.
Gambetta et la dame du minis-
tère de l'intérieur. — Dans son inté-
ressant Gambetta inconnu (Gounouihou,
Bordeaux, 1905), M. André Lavertujon,
ancien secrétaire du gouvernement de la
Défense nationale, raconte une particula-
rité ignorée de la vie de Gambetta. L'état
de la gorge de Gambetta, l'a contraint à
aller faire une cure à Ems, en 1869. Il
évite toute rencontre :
Gambetta , écrit M . André Lavertujon ,
n'avait pas voulu voir M. Ratazzi qui, au
surplus, n'en avait manifesté le désir que
très indirectement, en laissant parler sa
femme. Dans plusieurs autres circonstances
assez intéressantes, l'état de la gorge de mon
malade nous dicta pareille réserve. 11 y eut
quelqu'un qui dut en être fort mécontent.
Au lieu de quelqu'un, c'est « quelqu'une »
que je devrais dire, et vous m'excuserez si,
pour ne pas pontifier toujours, je rapporte
cette anecdote. Une actrice de petit théâtre,
devenue notoire par sa liaison avec un critique
dramatique assez tristement fameux, fit pour
nous approcher des efforts tellement entêtés
et tenaces que nous ne savions comment les
expliquer. Douze mois plus tard, [nous trou-
vions la clef — et de quel style ! — au minis-
tère de l'intérieur, dans les cartons de la sû-
reté générale.
Peut-on mettre — sans scandale — les
points sur les i .? Y.
Le Parc des Princes. — D'où vient
cette dénomination appliquée au quartier
qui sépare la commune de Boulogne-sur-
Seine de son Bois ? Est-elle antérieure à
la Révolution .? En quoi consistait ce parc ?
En reste-t-il quelque chose ? A. d'E.
Jean d'Anet, dominicain. — Pour-
rait-on me donner des renseignements
sur la vie et les œuvres de lean d' Anet,
écrivain du xv^ siècle, faisant partie de
l'ordre de Saint-Dominique? M. M.
Un fermier général à la Bas-
tille : Durand de Mézy. — Un finan-
cier très habile du nom de Durand de
Mézy, fermier général, destitué en 1726,
par le cardinal de Fleury, aurait été mis
à la Bastille, pour avoir adressé au roi
un mémoire manuscrit qui attira l'indi-
gnation du cardinal et du contrôleur gé-
néral Orry, intitulé : Dissertations sur les
fermes générales du Roi, et sur les diffé-
rentes variations qui sont arrivées dans leur
administration depuis la mort de Colbert.
Je désirerais savoir la date de son en-
trée et de sa sortie de cette prison d'Etat.
Quelles étaient ses armoiries ^
Paul Pinson.
Créli Donato, peintre, — Un éru-
dit lecteur de V Intermédiaire pourrait-il
me faire connaître les tableaux de Créli
Donato, né, d'après la biographie de
Michaux, à Crémone, en 1 671, et décédé
en 1749, à Bologne, et ceux de Fernivoli
et J. du P. Mirandol .? Je n'ai trouvé au-
cun renseignement sur ces deux der-
niers.
Le graveur Laurent Cars, né à Lyon en
1703, toujours d'après Michaux, n'aurait-il
pas reproduit par la gravure des tableaux
des ces trois peintres ? Lesquels ^
DoÉ.
Le marquis Dalou. — M. Pierre
Meller, dans un article excellent sur VA-
doption, a cité celle de M. de Rolland, par
le marquis Dalou. Je désirerais savoir
quelle est l'origine nobiliaire du marquis
Dalou, qui fut préfet du Cher sous la Res-
tauration. T. H.
Inscription tombale a. b. i. d. —
Francops. — Dans notre vieille église
de Fontenay-aux-Roses, aujourd'hui dé-
molie, se trouvait gravée sur la pierre une
généalogie figurative des Héristal. Au
bas, on lisait : Pro Petro Francops^ dit de
Colonnia, ora virgo henigna, et autour, en
lettres gothiques, à intervalles inégaux :
a. h. i. d. g. n. 0. v. f.
Connaît-on ce Francops, donateur, sans
doute, du monument .? Que signifient les
4 premières lettres a. h. i. d., le reste
étant le nom de Geneviève ? Les génové-
fains étaient seigneurs pour partie de
Fontenay. Val Content.
A. Lavallée. — Où trouver quelques
renseignements biographiques sur ce per-
sonnage, qui, au mois de fructidor an X,.
était attaché à la personne ou au cabinet
du premier consul ^ Arm. D.
Î)ÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906.
613
614
Hippolyta de La Porte. — Même
question pour Hippolyte de la Porte, dont
je suis en train de dépouiller la correspon-
dance.
Elle révèle son intimité avec madame
de Staël, Chateaubriand, Esménard, .Mi-
chaud, le prince de Broglie, etc. etc.
Arm, D,
César de Martimprey. — Sau-
rait-on où est mort, vers 1732, et où a
été enterré Jean-François-César de Mar-
timprey, maréchal de camp?
ViLLEFOND.
Dumay, directeur des cultes. —
M. Dumay, directeur des cultes, qui
vient de mourir, était auteur dramatique.
On lui attribue un certain nombre de
pièces ou jouées, ou en portefeuille. On
lui attribue aussi certaines brochures et
notamment une plaquette intitulée : A
bas les calicots.
Serait-il possible d'établir une biblio-
graphie de ses oeuvres ? Ses amis ne croi-
raient-ils pas intéressant de dégager du
fonctionnaire, la physionomie moins con-
nue et assez inattendue de l'écrivain ?
D'L.
L'homme sauvage en héraldique.
— Diverses armoiries, monnaies, ensei-
gnes, etc., nous présentent soit un, soit
deux hommes sauvages, soit même un
homme et une femme sauvages, j'entends
ici par « sauvages » des individus nus ou
imparfaitement vêtus de peaux de bêtes
et velus sur tout le corps, à la façon des
singes, la paume des mains, la plante des
pieds, les coudes et les genoux restant
glabres.
Quelque ouvrage parle-t-il de l'homme
sauvage en héraldique ? Quelle significa-
tion a-t-il? Est-il de pure fantaisie ou est-
il l'expression de croyances relatives à
l'homme primitif ? Dans quel pays faisait-
on le plus couramment usage de cet em-
blème ? J'en connais des exemples en
France, en Suisse et en Allemagne. De
quand date-t-il ?
Une documentation aussi variée et aussi
complète que possible me serait très
utile. Mille remerciements aux aimables
ophélètes qui auront la bonté de me ré-
pondre. ISKATEL.
La main de justice. — Le sceptre,
dans tous les temps et chez toutes les
nations, a été la marque du pouvoir. La
main de justice n'est entrée que depuis
quelques siècles dans les attributs de nos
monarques. Le premier roi à qui l'on voit
cette marque de dignité royale est Hugues
Capet. Quelle a été la vue de ce prince en
rétablissant ? C'est sur quoi on n'a que
des conjectures, du moins nous semble-
t il. Nous avons cherché sans succès un
texte qui autorise, non à soupçonner, mais
à préciser pourquoi Hugues Capet a
adopté cet emblème. A. B. X.
Les appellations honorifiques
dans l'armée. — A quelle date re-
monte l'origine de l'expression « mon »,
mon lieutenant, mon capitaine, placé de-
vant chaque grade, en s'adressant à un
supérieur ?
Y a-t-il un règlement pour prescrire ces
appellations, ou ont-elles, seulement, été
consacrées par l'usage ?
C'est à ce dernier avis que je me range,
ayant, vainement, recherché, au minis-
tère de la guerre, trace d'un document
relatif à ce sujet. Lieutenant G. P.
Gouvernail des jonques chinoi-
ses. — Les jonques qui naviguent dans
les mers du sud de la Chine ont presque
toutes un gouvernail fort curieux. Sus-
pendu à un treuil, pour être enfoncé ou
élevé, suivant le besoin qu'on a de sa
pression, il est manœuvré par une barre
d'une grande longueur ; la force en est
encore augmentée par une ingénieuse dis-
position. Pensant avec raison que la ré-
sistance à l'eau est rendue plus forte si,
au lieu de lui opposer une barrière plane
et compacte, on perce cette barrière d'une
quantité de trous en forme de losange,
les Chinois ont modifié en conséquence
les gouvernails de leurs jonques. L'eau,
alors, ne glisse plus simplement contre le
gouvernail, mais elle fait un effort pour
se précipiter, en tourbillonnant, au tra-
vers de ces ouvertures étroites. Cette lutte
engendre nne action efficace qui donne
plus de facilité pour virer sur place. Je
désirerais savoir si ce procédé est ou a été
expérimenté en Europe. E. M.
Cadrans solaires en couleurs. —
— Où pourrait-on trouver des dessins
N» 1128,
L'INTERMEDIAIRE
615
616
en couleurs de cadrans solaires avec de-
VlLLEFONT.
vise?
Jehan Flamel, de la « Gazette
rimée>*. — Qui signait de ce pseudonyme
à la Ga{ette rimée ? D' Heilly ne le dit
pas.
Y.
Les petites cours allemandes
au XVIP siècle, par Paul de Saiat-
Victor. — Pourrait-on me dire où avait
paru ce chapitre de son volume pos-
thume : Anciens et modernes (Calmann-
Lévy, 1886 ) ? L. R.
Vers attribués à André Chénier.
— Les vers suivants sont donnés comme
étant d'André Chénier. On ne les retrouve
dans aucune édition de ses œuvres. Je
croirais volontiers cette attribution erro-
née. Que taut-il en penser ?
L'AMOUR
Pour mes songes heureux d"espoir, de poésie,
C'est toi, dans mon sommeil, que mon àme a choisie;
Comme une étoile en feu qui descend et qui fuit.
Ton image hrillante apparaît dans la nuit ;
Et la vive clarté de l'Aurore nouvelle
Comme toi, fraîche et pure, à mes yeux se révèle.
On prétend que l'amour a troublé ma raison ;
On dit que ma voix tremble en prononçant ton nom.
Que je cherche tes traits dans le cours des fontaines,
Que j'écoute l'écho de quelques voix lointaines
Et qu'égarant mon cœur dans un autre univers,
A ma lyre, en ton nom, je demande des vers .
Mais toi, tu ne sais pas, je ne sais pas moi-même,
Si cet enchantement annonce que je t'aime,
J'ignore quel pouvoir l'abandonne mes jours,
Et si je le savais, je le tairais toujours ;
Car je ne voudrais pas dans cette ardente flamme,
Entraîner avec moi l'innocence d'une âme.
Je ne veux pas livrer ta jeunesse aux douleurs,
Effacer ton sourire et t'apprendre mes pleurs.
P. C. C, LÉDA.
Les Lettres àTÉtrangèi'©, par Ho-
noré de Balzao. — Quel est le véri-
table éditeur de cette publication, qui au
vif regret des Balzaciens, marche pede
claudo ? Deux volumes en vingt ans !
Je sais que les originaux de ces admi-
rables lettres sont la propriété de notre
éminent collaborateur, Monsieur le vi-
comte de Spoelberch de Lovenjoul ; mais
tous ceux qui connaissent ses remar-
quables études sur Balzac et son œuvre,
si documentées, si impeccables à tous
égards, présentées avec un soin, j'allais
dire méticuleux, penseront peut-être avec
moi, que s'il a fourni la matière, il est
resté étranger à la mise au jour des Lettres
à l'Etrangère. Tous les lettrés lui seraient
reconnaissants de bien vouloir faire con-
naître quelle part il a réellement prise à
leur publication. " Arm. D.
Termes de métier. — Le langage
des marins, comme celui des chasseurs,
est riche d'expressions pittoresques, d'ima-
ges heureuses.
Théophile Gautier recommandait fort
la connaissance des termes de métiers. Il
existe certainement des vocabulaires spé-
ciaux ; un aimable intermédiairiste vou-
drait-t-il en citer ?
N'existe-t-il pas également un diction-
naire groupant tous les termes de mé-
tiers, de marine, de vénerie ?
D. H. D.
Voyages de Gulliver, par Swift.
— La traduction française de l'abbé Des-
fontaines est, paraît-il, largement expur-
gée. Y en a-t-il une qui ne le soit pas ?
Quelle est sa meilleure édition ?
Sglpn.
Tant qu'à faire. — Cette locution
est-elle française ^ Je la croyais tout à fait
vicieuse, et voilà qu'à mon grand étonne-
ment je la trouve dans Les Désencljantées,
de Loti, page 85. En parlant des habitants
de la Lune : « Un Lunois, tant qu'à faire,
il me semble que ce serait indiqué. »
j'ai entendu soutenir qu'il fallait dire
tant à faire. Ne serait-ce pas plutôt :
tant que faire ? Qu'en pensent les inter-
médiairistes î
C. DE LA BeNOTTE.
Bougeotte ou tracassin ? — Grâce
au progrès des exercices sportifs et parti-
culièrement de la bicyclette et de l'auto-
mobile, nos contemporains sont en proie
à un excessif besoin de déplacement. En
juillet dernier, dans une de ses spirituelles
chroniques du Temps, M Jules Glaretie a
désigné sous le nom de bougeotte cet im-
périeux besoin de locomotion.
Lancé par une telle autorité, le mot ne
pouvait manquer d'être accueilli. Me per-
mettra-t-on pourtant d'invoquer une prio-
rité d'environ trois années en faveur d'un
vocable non moins expressif, qui remplit
le même usage ?
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906,
617
6i8
Je fréquente peu la rive droite, bien que
je la voie souvent des quais où je bou-
quine; contrairement à l'étudiant limou-
sin, il est rare que je transfète la Séquane
pour déambuler par les vies de l'urbe ;
j'ignore donc si le mot dont je parle est
courant dans les « nouveaux quartiers»,
encore que j'y connaisse des personnes
qui en font usage. Mais ce que je sais
bien, c'est que, dans mon vieux faubourg
Saint-Germain, voilà environ trois ans
que s'est répandu le terme de tra-
cassinj que maintenant une foule de gens
comprennent et emploient. D'où venait-
il ? qui l'a lancé? Je ne saurais le dire;
toujours est-il que, répondant à un état
nouveau, il a été accueilli avec faveur.
Le tracassin de la rive gauche, c'est la
bougeotte de l'éminent chroniqueur du
Temps. Ainsi va le monde ; ainsi se diffé-
rencient les langues ; ainsi naissent les
idiomes.
Les deux termes sont synonymes, et
Dourtant ils ne me suggèrent pas une
pensée identique.
De même qu'une œuvre d'art m'émeut
par sa forme, sa substance ou sa couleur,
.le même un mot m'impressionne par sa
structure, dont l'harmonie est rompue ou
■améliorée, suivant les cas, par un simple
;:hangement orthographique ; il évoque
'm moi une image déterminée.
■ La bougeotte m'apparaît comme l'ex-
■3ression d'une agitation intérieure, comme
;e résultat d'une surexcitation nerveuse ;
e tracassin est plutôt la réponse de l'or-
ganisme aux excitations venues de la
'■Jature ambiante. Iskatel.
Lapsus au théâtre. Contre-pette-
•ies célèbres. — Le Gil Blas citait
'autre jour quelques contre-petteries au-
hentiques et célèbres:
L'un, jeune premier fameux, voulant s'é-
rier : « Un mot de vous, madame, un seul
lot de vous », s'exclnme : « Un mou de
eau, madame, un seul mou de veau. »
L'autre déclare placidement : « J'e'tais assis
ur le seuil de ma pipe, occupé à fumer ma
orte. . . »
Une autre fois — c'était Febvre, dans
illc de la Seiglière — Je vous vénère, je
ous bénis, devient : « Je vous bénère, je
ous vernis,
Worms, dans VAnii des Femmes, sauf
erreur, propose à un de ses partenaires de
boire une cigarette et de fumer une tasse de
thé.
Un tragédien célèbre, disant la Grève des
Forgerons, déplore son sort en ces termes
un peu shoking, mais amusants :
Ma fille a mal tourné.mon gendre est mort en couches..
On n'en finirait pas, si l'on voulait relater
tous ces petits incidents comiques. Antoine,
commençant ainsi, en tournée, la plaidoirie
de la Fille Elisa : « Messieurs de la cour,
messieurs les cuiés ». Et tant d'autres qu'on
ne pourrait pas dénombrer.
Pourquoi pas ? Ce ne sont pas là des
problèmes historiques, mais telles de ces
catastrophes ont eu leur heure de popu-
larité. Et entre tant de mots qui font rire,
ceux-là, du moins, ne font de tort à per-
sonne.
N'en pourrait-on allonger la liste ?
A. B. X.
Les jaquemarts de France. —
Les jaquemarts sont ces automates gro-
tesques actionnés par un mouvement
d'horlogerie et directement ou indirecte-
ment intéressés aux sonneries de l'heure,
du quart et des demies.
Qiiels sont ceux qui restent en France
et en Alsace-Lorraine ? Signalement ; état-
civil.
P. D.
Les pigeons-voyagaurs du siège
de Paris. — Dans l'histoire du siège de
1870, les pigeons ont joué un rôle plus
que touchant. A qui revient cette idée
d'employer les pigeons à la défense natio-
nale .? A M. Steneackers qui s'en vante,
comme M. Segalas ? à M. Cassiers qui
paraît le prouver ? Que sont devenus les
pigeons, héros des principales prouesses ?
Le masque mortuaire de Beran-
ger et Chintreuil. — Le masque mor-
tuaire de Béranger est à Carnavalet.
Chintreuil en possédait un également,
qu'il légua à Desbrosse?.
A Carnavalet, on prétend avoir l'origi-
nal. Chintreuil le prétendait aussi. Qiielle
est la vérité.? Et qui, depuis la mort ré-
cente de Desbrosses, possède le masque
de Béranger .? V.
N- 1128.
L'INTERMÉDIAIRE
619
620
epon^eo
Notre-Dame de Lorette (LUI ;
LIV, 238,419). — II m'est d'autant plus
agréable de répondre à l'invitation for-
mulée par Ouv^siTOR que mon Etude
historique sur V auiljenticiié de la Santa
Casa est menacée de devenir l'apanage
exclusif des érudits. Déjà le maître du
s. palais du Vatican, le P. Lepidi, domini-
cain, en la déclarant irrépréhensible au
point de vue de la doctrine, l'a dit « faite
pour les savants ». Je profite donc volon-
tiers de l'occasion pour la faire entrer
dans le grand public.
Il y a lieu tout d'abord de fixer le lec-
teur sur les faits à examiner. Une légende
est, de sa nature, difficile à saisir : elle ne
se fixe qu'à la longue. A la différence des
faits certains, dont le souvenir s'efface
avec le temps, le merveilleux d'une lé-
gende va toujours grandissant. Voici,
d'après Jérôme Angelita, qui dédia une
Histoire de la translation de la maison de
Lorette au pape Clément VII en 153 i, les
événements mémorables qui se seraient
produits :
9/10 mai 1291. Arrachée de ses fonde-
ments par les anges, la s. Casa de Naza-
reth est transportée par eux à Rauniza,
entre Fiume et Tersatto (Dalmatie). Appa
rition et discours
curé (?) Alexandre
1292. Envoi de quatre délégués illy-
riens de Tersatto à Nazareth, pour vérifier
les dimensions respectives du sanctuaire
et de ses anciennes fondations.
i^:., 10 décembre 1294. La s. Casa reprend
son vol, traverse la mer Adriatique et
vient se poser dans le territoire de Reca-
nati .
10 août 1295. Nouveau transport de la
s. Casa à peu de distance, dans le do-
maine des frères Antici.
9 septembre 1295. Envoi par la ville de
Recanati d'un ambassadeur au pape Boni-
face VIII, pour lui annoncer l'arrivée de
la maison de Nazareth sur leur territoire.
' 2 décembre 1295. Quatrième et der-
nière translation de la s. Casa au lieu de
Lauretum.
1296. Apparition de la vierge Marie à
un anachorète.
Même année. Envoi de seize délégués à
Nazareth pour vérification comme dessus.
de la sainte Vierge au
Nul document, contemporain d'aucun
de ces huit événements, ne nous est par-
venu, n'a même probablement existé :
ces dates sont inconnues des historiens de
Lorette, antérieurs à Angelita, qui en de-
meure aux yeux de la postérité l'éditeur
responsable, car les documents sur les-
quels il prétend appuyer ses dires, n'ont
jamais été vus par personne.
Mon ouvrage est divisé en deux parties,
consacrées, l'une à l'histoire du sanctuaire
del'Annonciation à Nazareth, l'autreàcelui
de la nativité à Lorette ; chacune est par-
tagée en trois périodes, suivies de résu-
més récapitulatifs des documents. 11
serait trop long de reproduire ici, même
en les abrégeant, ces résumés, car ils
occupent 53 pages, et les auteurs cités
sont au nombre de près de 1 100. Il suffira
d'ailleurs de préciser mes conclusions.
Je fournis, en plus grand nombre que
mes devanciers, des textes constatant la
destruction de la maison de la sainte
Vierge à Nazareth antérieurement à 1291 ;
j'établis ensuite, par les réciti des pèle-
rins, que le lieu qui avait été le témoin
du mystère de l'Annonciation continua,
après cette date, à être, comme par le
passé et dans les mêmes conditions,
l'objet de la vénération des visiteurs et le
but de leurs pèlerinages, ce qui exclut
nécessairement le miracle de la transla-
tion.
La partie de beaucoup la plus considé-
rable de mon travail consiste dans la cri-
tique de la légende, j'établis, par les
chroniques orientales et les récits des pè-
lerins que le fait de l'enlèvement de la
maison de la sainte Vierge est demeuré
inconnu à Nazareth et dans tout l'Orient,
et que le récit du miracle y a été une
importation de l'Occident au xvi' siècle.
Je démontre : par les chartes, qu'il exis-
tait à Lorette une église de Sainte-Marie,
non distincte de la s. Casa actuelle, avant
cette même translation ; par un classe-
ment chronologique rigoureux des docu-
ments et par l'élimination légitime des
pièces fausses, qu'il n'a pas été question
à Lorette ni ailleurs de cette translation
avant 1472.
Les annalistes italiens sont tous, sans
exception, muets touchant l'arrivée de la
s. Casa en Italie. J'ai montré que Jean
Villani ne pouvait ni l'ignorer ni la taire.
Dante n'y a pas fait allusion dans trois
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
621
30 Octobre 1900.
622
vers fameux de sa Divine Comédie et
Boccace y contredit. Pétrarque, Platina,
saint Antonin de Florence n'en disent
mot.
N'ayant pas de documents véridiques à
invoquer, on en a inventé de faux. C'est
d'abord une lettre des prieurs de la com-
mune de Recanati au pape Boniface VIU,
du 9 septembre 1295, pour porter à sa
connaissance la translation de la s. Casa
dans la propriété des frères Antici ; puis
une autre à'un ermite Paul au roi de
Naples (?), du 8 juin 1297, pour lui ra-
conter les trois dernières translations.
La fabrication de ces deux pièces fausses
ne remonte pas au delà du milieu du
xvii* siècle.
On a rapporté, pour le besoin de la
cause, à un évêque de Macerata de 1330
environ, une « Legenda antica délia
s. Casa di Loreto », qui doit dater des
alentours de 1575 et perd de ce chef la
valeur qu'aurait une pièce presque con-
temporaine des événements.
Un autre faux, mis en circulation par
le franciscain Franc. Quaresmio, est la
légende de l'évêque de Nazareth qui, par
crainte de la mort, renie sa foi, troque sa
mitre contre un turban et entraine ses
diocésains dans l'apostasie. J'ai établi que
l'évêque de cette époque est qualifié de
honœ- mémouœ par le pape, dans la bulle
qui lui donne un successeur.
En 1472, 'e gouverneur de Lorette,
Pierre Tolomei, prévôt de Teramo (d'où
le nom de Teramano sous lequel il est
connu), rédigea une notice sur la transla-
tion miraculeuse de l'église. Il est indu-
bitable que cette pièce n'a pas le ton d'un
document d'histoire véridique et que ses
assertions n'ont aucun fondement dans le
passé.
Le récit de la quadruple translation y
figure pour la première fois, car je suis
arrivé à éliminer le prétendu témoignage
de Jean Germain, évêque de Chalon-sur-
Saône, qui en aurait fait mention, en
1450, dans sa Mappemonde spirituelle. En
remontant à l'original français de cet
ouvrage, conservé à la bibliothèque du
palais Saint-Pierre à Lyon, j'ai constaté
que cette mention en est absente : c'est
une addition des traducteurs latins de
cet ouvrage, à partir de i486.
Les « innombrables » bulles des sou-
verains pontifes en faveur de Lorette ne
commencent à parler de la transformation
qu'en i 507 — etencoreavec une faute énor-
me : Bethléem au lieu de Nazareth, — soit
215 ans aprèsl'événement prétendu. Avant
cette date, Lorette ne possède, aux yeux
des Papes, qu'une église rurale (1320),
de simple pèlerinage ( 1 387). On a cherché
à plaider Valibi, en soutenant que l'église
Sainte-Marie de Lorette, mentionnée dans
les documents antérieurs à 1294 est diffé-
rente de la s. Casa. Cette supposition est
réduite à néant par une bulle de Jean XXII,
de 1320, qui, en la traitant d'église rurale,
parle des dévastations dont elle avait été
l'objet (en 1313-14) de la part des gibe-
lins du pays ; ceux-ci avaient dépouillé
la statue de ses vêtements précieux :
c'était donc bien l'église du pèlerinage,
l'ai été heureux de publier, pour la pre-
mière fois, cette pièce, restée inconnue
jusqu'ici aux historiens de Lorette.
Un mot, en finissant, sur la portée de
la quasi-unanimité des auteurs en faveur
de la translation : elle est, comme je l'ai
dit (p. 471), pour produire une illusion
d'optique. Bon nombre d'auteurs expri-
ment d'une manière correcte, mais non
convaincue, l'opinion qui prévalait à leur
époque : dans le fond, leur sentiment
intime ne lui était pas favorable, on le
sent. Ils pèchent, comme Vogel, par
respect humain. Voltaire lui-même n'est
pas sarcastique à son habitude. Les Bol-
landistes, en attendant que le général de
leur compagnie leur interdise ce sujet, ne
font aucune allusion aux preuves du fait
qu'ils mentionnent par occasion ou font
des réserves. Ce qui est plus caractéristi-
que, ce sont les bénédictins de premier
ordre, Mabillon et Montfaucon, qui ra-
content leur passage à Lorette sans pro-
noncer le mot translation : ils ont cru
simplement de bon ton de n'y pas con-
tredire publiquement ; peu après, leur
confrère Calmet n'hésita pas à le faire.
Parmi les tenants du miracle, combien
y en a-t-il qui aient cherché son fonde-
ment historique ? Infiniment peu, et
jamais sans idée préconçue. Partant de la
certitude du miracle de la translation
comme fondée sur une tradition indiscu-
table, ils se sont efforcés de réunir des
preuves en sa faveur ; puis ils ont cherché
à répondre aux objections. Les procédés
de la critique historique sont différents,
et je crois les avoir appliqués exactement.
N- 1128.
L'IMTERMEDIAIRE
623
En terminant, j'ai circonscrit le rôle de
mes contradicteurs aux trois points sui-
vants :
1° Trouver un chroniqueur oriental ou
un pèlerin occidental qui, pendant les
deux siècles après la prétendue transla-
tion, ait constaté à Nazareth l'absence de
la s. Casa ;
2° Découvrir en Occident la moindre
trace du fait delà translation dans un do-
cument authentique antérieur au dernier
quart du xv"= siècle ;
ou 3° Prouver l'authenticité des trois
narrations de 129^,1297 et 1330 environ.
Tant que ces points ne seront pas résolus
dans le sens de la légende, le récit de la
translation restera frappé de faux.
Ulysse Chevalier.
Iles Anglo-Normandes (LIV, 387,
462,576). — Je remercieM.leD' Billard de
son obligeante réponse, mais outre qu'elle
ne porte que sur un point, je me permets
de ne pas la trouver absolument convain-
cante. Je n'ignorais pas les cataclysmes
géographiques dont il parle ; mais, à mon
modeste avis, ils ne suffisent pas à expli-
quer l'existence et surtout la persistance
de notre langue, et de noms français,
dans les îles Anglo-Normandes.
En 709 et même en 912, la langue
n'était pas formée, les noms de famille
n'existaient pour mieux dire pas. S'il n'y
avait pas eu rapports constants et émi-
gration fréquente du continent aux îles,
il est probable que le <;< Jersyan » ne
ressemblerait pas autant au Français, et
qu'on ne trouverait pas, dans le Lhanell
Island, autant de noms de famille iden-
tiques à ceux du continent.
On sait, d'ailleurs, que pendant la
guerre de Cent ans, les Français firent
plusieurs incursions dans les îles. En
1368, des soldats espagnols à la solde de
Charles V s'emparent de Guernesey. Plus
tard, après la Saint-Barthélémy, ce sont
des réfugiés français qui importent la
Réforme. Et, comme il y eut en Norman-
die et sur les confins de la Bretagne des
centres protestants assez importants
(comme Vitré, si je ne me trompe), les
émigrants durent être assez nombreux.
D'autre part, dans le n" du 10 octobre,
une communication du vicomte de Grou-
chy nous apprend que les de Gruchy, de
Jersey (cités en première place dans ma
624
question du 20 septembre) pourraient
bien descendre de « Jean de Grouchy qui
eut de fâcheux démêlés avec la justice du
Roi de France, Jean-le-Bon, pour avoir
livré Carentan aux Anglais, et qui fut
gracié.»
C'est un nouvel indice qu'au temps des
guerres avec l'Angleterre, les gentils-
hommes qui avaient pris le parti de l'é-
tranger pouvaient être tentés de se réfu-
gier dans les îles.
Mais nous en sommes toujours aux
hypothèses et mes questions du LIV,387,
demeurent entières.
Quant aux coutumes, toutes ne re-
montent pas aux établissements du duc
Rollon. C'est ainsi que les « Etats »
(assemblée locale) furent établis par Mau-
levrier qui pendant trois ans occupa une
partie de jersey au nom de Louis XI
(1461-1463).
Sercq fut aussi occupée un certain
temps par les Français. Elle devint en-
suite un nid de pirates. Son organisation
ne remonte qu'à la charte de 1563, par
laquelle la reine Elisabeth d'Angleterre
la donnait à Helier de Carteret.
G. DE La Véronne.
Colonie anglaise dans la Berry
(LIV, 498). — Cette colonie a sans doute
une origine identique à celle des Fovétins
dont V Intermédiaire a parlé jadis et aux-
quels notre collaborateur Ardouin-Duma-
zet a consacré un intéressant chapitre
dans le 26* volume de son Voyage en
France. Ces Forêtins descendent des Ecos-
sais de Charles VII, garde fidèle de ce
souverain qui leur concéda les forêts
d'Allogny et de Saint-Palais, à charge de
les défricher. A. D.
Louis XVI et la franc-maçonne-
rie (LIV, 445,507). — Je ne crois pas
que Louis XVI ait été initié et qu'il ait eu
à subir aucune épreuve : il accepta ainsi
que ses frères le rôle de protecteur insi-
gne. (Voir mes articles du Correspondant
des 10-25 mai 1906).
En 1818 et surtout en 1823, après le
congrès de Laybach, elle fut sur le point
d'être supprimée, tout au moins en
France. Elle fut sauvée par le duc Decazes.
I. G. Bord.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
625
30 Octobre 1906,
626
Le dimanche et le décadi (LIV,
274, 378,438,490, 508,563). —L'obser-
vation du décadi ne dut pas être exigée
strictement partout, ni celle du dimanche
plus interdite.
Au rapport de mon père, ses parents
avaient connu une vieille femme qui,
pendant le règne du calendrier républi-
cain, s'obstina, seule du village, à faire
toilette et à chômer les dimanches ; elle
ne fut jamais inquiétée. Sglpn.
Le petit hommo rouge des Tui-
leries et Napoléon I*'' (LIV, 445,
511, 571). — La Révolution française ùq
Charles d'Héricourt a publié une estampe
représentant un petit homme rouge ber-
çant son fils.
Cette gravure est accompagnée de la
légende suivante :
« Le petit homme rouge, c'est le diable ;
son fils, dont le maillot est entouré de
bandelettes tricolores, c'est Napoléon P^
Cette estampe est la reproduction, sous
une forme sensible, d'une légende fort
répandue pendant les premières années
du XIX* siècle et consignée tout au long
dans le numéro 288 (avril 18 14) du Jour-
nal des Arts, des Sciences et de la Littéra-
ture. D'après cette légende, Bonaparte \
aurait dû ses succès à la protection de
r« homme rouge », auquel il était lié par
un pacte conclu en Egypte, pour dix ans,
la veille de la bataille des Pyramides, et
renouvelé pour cinq ans seulement, quel-
ques jours avant celle de Wagram.
« Sans attribuer à ces contes populaires
plus d'importance qu'ils ne méritent, la
gravure ci -contre rend assez naturel le
rapprochement de deux mots, l'un de
Joseph de Maistre « La Révolution est
satanique dans son essence », l'autre de
Bonaparte lui même : « On veut détruire
la Révolution en s'attachant à ma per-
sonne, je la défendrai, car je suis la Révo-
lution, moi, moi ! » (Thiers, Histoire du
Consulat et de V Empire, V, p. 14).
E. Manson.
* *
Louis Ulbach, en fait une nouvelle dans
Les Secrets du Diable. Paris, Michel Lévy,
1858, I vol. in-i6,
* *
Une nouvelle, publiée il y a déjà
quelques années, par M. de Nion dans le
Gaulois., si j'ai bonne mémoire, rappelait
cette légende du petit homme rouge et
les souvenirs qu'il évoquait dans l'âme de
Marie-Antoinette. Louis Calendini.
Le Nègre et la Maréchal (LIV,
220. 40t, 549). — Je ne sais s'il faut
adopter l'opinion d'About ou celle de M.
Libert, mais je pencherais plutôt pour la
première, car M. Libert se trompe sûre-
ment à propos du «J'y suis, j'y reste »,
et les erreurs se suivent, même quand
elles ne se ressemblent pas. Or, le géné-
ral de Mac-Mahon n'a jamais prononcé
cette phrase aussi concise qu'héroïque
Après toutes les enquêtes et recherches
indispensables pour l'étude d'une question
historique, voici ce que j'écrivais dans la
Revue politique et lUtéraiie du 30 octobre
1880. « Les Français se consolident dans
MalakofF; aux travaux de défense som-
maires s'ajoutent des monceaux de morts
et de blessés ; nous retournons les pièces
russes contre les batteries qui nous fou-
droient, et seulement alors le général
Mac-Mahon peut envoyer dire à Pélissier :
« Je suis dans Malakofï et je suis sûr de
m'y maintenir ». Il n'a jamais prononcé
les fameuses paroles : «J'y suis, j'y reste.»
Alfred Duq.uet.
* *
La parole « C'est vous le nègre ?» a
bien été prononcée, mais pas sous la forme
de question.
Une honorable famille du Midi avait
du sang mulâtre dans les veines. Un de
ses membres fut admis à Saint-Cyr.
Le jeune homme était malheureux,
quoique nullement nègre, son physique
indiquait son origine, il en souffrait et
craignait les moqueries possibles de ses
camarades.
Sa famille était très liée avec des pro-
ches parents du Maréchal et on lui fit de-
mander une parole d'encouragement pour
ce jeune homme s'il allait visiter l'école.
Le Maréchal, au cours d'une inspection
à Saint-Cyr, se trouva en face du jeune
homme et son physique lui rappela subi-
tement la recommandation.
11 pensa tout haut : « C'est vous le
nègre ? »
Regrettant alors une exclamation qui
allait à l'encontre du but cherché et vou-
lant être bienveillant, il termina sa
phrase en aioutant:« Eh bien, continuez ! »
V. R.
No 1128.
627
Dans le numéro de V Intermédiaire du
10 octobre, j'ai lu la version « véridi-
que » de M. E. Arène, relative au nègre
de Saint-Cyr.
En voici une autre tout aussi véridique
et que je tiens d un de mes oncles qui,
élève à Saint-Cyr, se trouvait être voisin
du nègre célèbre, lors de l'inspection que
passa le maréchal de Mac Mahon.
Il est habituel que la musique ouvre le
ban dans ces sortes de solennités et joue
les plus brillants morceaux de son réper-
toire à l'arrivée du personnage attendu et
pour qui se donne la fête.
11 est habituel, également, qu'elle
interrompe son concert, au moment où
l'autorité passe devant la troupe, et ce,
pour ne pas couvrir le bruit de ses pa-
roles.
Or, fidèle à la consigne, le chef or-
donna de cesser de jouer, ce qui fit dire
par le maréchal, placé, à cet instant, assez
près de la musique, et, au moment où on
venait de lui faire l'éloge du nègre devant
lequel il se trouvait alors, la fameuse pa-
role : « Continuez ».
Et les cuivres reprirent de plus belle.
Mais que de bruit pour peu de chose,
pourrait-on ajouter ?
Lieutenant G. P.
Helenus (LIV, 446, 520). — Les ha-
giographes ne comprennent aucun saint
Helenus, mais la question est de solution
facile. Hélène étant un nom de femme, il
est probable qu'une marraine a donné
son nom à un garçon. Pour éviter la con-
sonnance, on en a fait Helenus, et le prê-
tre, en administrant le sacrement, a cer-
tainement dit Helenus. 11 existe d'autres
exemples analogues : le plus topique que
je connaisse, est celui de Catherin, nom
d'homme, genre masculin de Catherine.
Il est fréquent dans l'état civil ancien de
la ville de Mantes.fOn pourrait y ajouter
Lticasse féminin de Lucas, ou Thomasse
trouvés également dans un registre de
paroisse. E. Grave.
*
* -*
Dans l'article Helenus, VdidjtcWi aémère
•— qui signifie : dont le culte n'est pas
rattaché à un jour particulier — a été im-
primé comme si c'était un nom propre :
saint Aémère. Debasle.
L'INTERMEDIAIRE
628
Familles d'origine illustre t es
ancienne, (LUI; L1V,78, 123,293.408,
463, 521). — l'ai fait, en 187 1, le voyage
d'Irlande, en compagnie du vicomte
O'Neill de Tyrone et de 'M. Henri O'Neill,
alors lieutenant aux chasseurs à cheval
français. Le premier était considéré
comme le descendant des fameux O'Neill,
et, le soir du banquet qui nous fut offert
par la municipalité de Dublin, le lord-
maire, M Campbell, dit textuellement :
« 11 y a là, le vicomte O'Neill de Tyrone,
petit-fils d'un illustre Irlandais, et le duc
de Feltre, également d'origine irlandaise.»
A Cork, la foule acclamait O'Neill comme
le représentant de la grande famille. Je
suis resté l'ami du vicomte et il m'a plu-
sieurs fois expliqué sa glorieuse généalo-
gie que personne, à ma connaissance, n'a
eu l'idée de contester.
Alfred Duq.uet.
Dumont d'IIrviUe (LIV, 498, «579).
— L'amiral, on le sait, est mort bn'dè vif
dans la catastrophe du chemin de fer de
Versailles, le 8 mai 1842, dans la tran-
chée de Bellevue. Cet événement est rap-
pelé par une petite chapelle, fort dissi-
mulée aujourd'hui. - A. D.
Marc Ducloux (LU; LIV, 414). —
Je remercie vivement notre confrère L. Y.
de ses précieux renseignements ; mais
veut-il bien me permettre de lui deman-
der quelques détails complémentaires
sur les indications bibliographiques et
la correspondance de Sainte-Beuve,
sources auxquelles il a puisé pour la rédac-^
tion de sa réponse ?Je désirerais vivement
avoir connaissance de ces sources.
Paul de Rosnay.
Le P. Adry et les Anas (LIV, 394,
532). — Adry était bibliothécaire de
l'Oratoire à Paris, à la suppression en
1790 Un autre manuscrit bibliographique
du Père Adry est maintenant en la Biblio-
thèque pour Bibliothécaires, fondée par M.
Thomas Greenwood, à la Bibliothèque
municipale de Manchester. Noxa.
UnmotdeBroussais. —(LIV, 501).
— A propos du mot attribué à Broussais,je
puis certifier le fait suivant. — J'ai revu, il
y a peu de temps, un livre de classe ayant
servi à un élève du lycée de la Roche-sur-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906.
629
630
Yondans la classe de quatrième, vers 1875.
Sur le revers de la couverture de ce livre,
l'écolier avait écrit (il avait alors 14 ans);
« Je ne croirai à Tâme que lorsque je
l'aurai trouvée sous mon scalpel ! » Cette
phrase, qu'autrefois le frère de ce jeune
homme, plus jeune que lui de deux ans,
avait vue et avait trouvé insensée (c'est son
expression), s'explique par ce fait que,
dès son jeune âge, ledit élève (qui resta
toujours en tète de sa classe), voulait être
médecin ; et, en effet, c'est aujourd'hui un
médecin connu à Paris. Mais où diable
cet écolier a-t-il pu dénicher cette phrase,
et en faire sa devise à 14 ans ? — 11 est
bien évident qu'il n'avait ni les Broussais,
ni les philosophes, en quatrième ! —
Explique qui pourra !
D"' Marcel Baudouin.
Madame Grassari, cantatrice (LIV,
499). — Il s'agit sans doute, non de
Mme Grassari, mais de Mme Grassini, la
cantatrice célèbre sous le Premier Empire
et la Restauration, et sur laquelle Auber
nous a laissé d'amusants souvenirs,
celui-ci, entre autres, dont Napoléon !"•
s'amusa fort :
A titre de récompense, l'Empereur avait
décidé d octroyer au fameux soprano Cres-
centmi, de passage à Paris, en 1810,
l'Ordre de la « Couronne de fer », déco-
ration Italienne des rois Lombards, im-
portée par lui-même en 1805.
Le scandale d'une telle faveur accor-
dée à un « castrat » fut énorme dans les
milieux mondains. Un soir, à l'Académie
impériale de musique, comme on s'élevait
contre une dérogation si choquante aux
usages établis, la belle Mme Grassini se
leva majestueusement de son siège et
s'écria du ton le plus théâtral :
« Et sa « blessoure », je vous prie, et
sa « blessoure», pour quoi la comptez-
vous ? »
Un rire général accueillit cette naïveté,
et Crescentini, défendu avec tant de con-
viction, resta décoré. A. Libert.
Bien que sa carrière ait été courte,
naademoiselle (et non madame) Grassari
— qui n'était point italienne, comme
pourrait le faire croire la désinence du
nom qu'elle avait adopté au théâtre et qui
n'était pas le sien - paraît avoir été une
artiste intéressante et distinguée, et elle a
tenu pendant douze ans une place impor-
tante à l'Opéra, aux côtés de l'admirable
Mme Branchu, avec qui elle partageait
l'emploi de « premier sujet ». Les notices
sur elle sont extrêmement rares ; de l'une
d'elles, très particulièrement informée,
j'extrais ces renseignements précis ;
... Au nombre des artistes recomman'
dables qui font la gloire de notre première
scène lyrique et qui en sont les plus fermes
soutiens, on doit placer en première ligne
Mlle Grassari. Appelée par sa naissance à
occuper un rang distingué dans la société,
elle s'est vue contrainte à embrasser la car-
rière du théâtre pour arracher une mère à
l'infortune.
Mlle Grassari naquit à Tongres en Belgique.
Elle est l'unique fruit d'un mariage contracté
entre le baron Gérard, lieutenant général, et
la fille du bourguemestre de la ville de Ton-
gres. Par suite d'un divorce entre les auteurs
de ses jours, Mlle Gérard fut placée sous la
surveillance immédiate de sa mère, jusqu'en
1814, époque à laquelle elle fut conduite à
Paris auprès de son père (i).
Les événements de la guerre en Belgique
ayant détruit la fortune de Mme Gérard, soa
aimable fille ne voulut consentir à s'en sépa-
rer qu'autant que le général lui assurerait
une pension. Sa demande n'ayant point été
accueillie, Mlle Gérard sacrifia les brillants
avantages d'un établissement pour ne point
laisser sa mère dans la détresse. Douée d'heu-
reuses dispositions et stimulée par le désir
d'assurer une existence honorable à l'auteur
de ses jours, elle se décida à embrasser la
carrière du théâtre^ et à faire jouir ainsi le
public des talents qu'elle avait acquis pour
:on seul agrément.
Les protecteurs ne manquèrent point à
Mlle Gérard lorsqu'on sut qu'elle se desti-
nait à notre première scène lyrique ; mais,
modeste autant que sage, elle ne voulut devoir
qu'à elle-même son admission à l'Académie
royale de musique Elle fut reçue à ce théâtre
au commencement de l'année 1816, et y dé-
buta le 13 février de la même année, par le
rôle d'Antigone de l'opéra d'Œdipe (2). Son
succès, qui fut des plus brillants et des mieux
mérités, lui valut de suite une pension de
1200 francs, et cinq mois après, le titre de
premier remplacement (3).
(i) Un autre biographe écrivait, en 1824,
qu'elle était âgée de 31 ans. Elle serait donc
née vers 1793 .
(2) Œdipe à Colone, de Sacchini, un chef-
d'œuvre égal à ceu.x de Gluck.
(3) Galerie biographique des artistes dra-
matiques des théâtres royaux. i8a6.
N" 1128.
L'INTERMEDIAIRE
631
632
Le début de Mlle Grassari dans Œdipe
avait eu de l'éclat, et le public avait fait
un accueil chaleureux à la jeune artiste.
L'épreuve était pourtant redoutai le pour
une débutante qui n'avait jamais encore
paru sur une scène quelconque. Elle avait
d'ailleurs tout ce qu'il fallait pour réussir,
si Ton peut s'en rapporter à ce portrait
que traçait d'elle un chroniqueur : —
« De la grâce, de la noblesse, une grande
justesse d'intonations, une voix étendue,
une élégante taille, une jolie figure, telles
sont les qualités qui la distinguent. Ajou-
tons que Mlle Grassari est aimée du pu-
blic, qu'elle est pleine de décence sur là
scène comme hors de la scène, et femme
de bon ton dans toute l'étendue du mot ».
Elle joignait encore, à ses qualités phy
siques et vocales, l'avantage d'être excel-
lente comédienne, ce qui n'est pas préci-
sément fréquent chez les chanteurs, et
d'être douée d'une émotion communica-
tive.
En dehors de ses créations, que je vais
énumérer, elle reprit avec succès un
grand nombre de rôles du répertoire,
dans lesquels elle fit preuve d'évidentes
qualités dramatiques, particulièrement
Amazily de Femaiid Coi'te^^ Spinette de
Tarare, Arnn'de, Iphigénie en Aulide^
Olympié^ etc. On assure que lorsqu'elle
chantait, au second acte de Fernand
CofUi( :
Je n'ai plus qu'un désir, c'est celui de te plaire,
Je n'ai plus qu'un besoin, c'est celui de t'aimer.
le public faisait à l'artiste lapplication de
ces deux vers, et l'applaudissait avec cha-
leur.
Voici une liste, que je crois bien près
d'être complète, des créations faites à l'O-
péra par Mlle Grassari î Parthénope. dans
les Dieux rivaux ou la Fête de Cythère,
ouvrage de circonstance écrit à la course
par Spontini, Persuis, Berton et Kreutzer,
à l'occasion du m.ariage du duc de Berry ;
Alexis dans Nathalie ou la Famille rifsse,
de Reicha ; Aspasie dans Aspasie et Péri-
clès, de Daussoigne-Méhul ; Stratonicedans
le chef-d'œuvre de Méhul adapté à l'Opéra ;
Almazie dans A ladin ou la Lampe mer-
veilleuse, de Nicolo et Benincori ; Virginie
dans Virginie, dé Berton ; Lasthénie dans
Lasthénie, d'Hérold ; la Reine dans l^ett-
dôme en Espagne, autre ouvrage de cir-
constance, d'Auber et Hérold ; Zènaïrc
dans Ipsiboe\ de Kreutzer ; Zuîêma dans
les Deux Salem, de Daussoigne-Méhul ; la
Belle dans la Belle au bots dormant^ de
Carafa ; Phédora dans Phaiamond, troi-
sième ouvrage de circonstance, écrit par
Boieldieu, Berton et Kreutzer, à l'occasion
du sacre de Charles X ; enfin Elzire dans
Don Sanche ou le Château d'amour, seul
essai dramatique de l'enfant prodige, alors
âgé de quatorze sns, qui avait nom Franz
Liszt. A cela, il faut ajouter la part que
prit Mlle Grassari dans Tunique exécution
qui eut lieu à l'Opéra du célèbre oratorio
de Tabbé Stadler, la Délivrance de Jéru-
salem .
Mlle Grassari eut le tort involontaire
d'appartenir à l'Opéra à l'époque de la
crise lamentable par sa stérilité, que
subit ce théâtre entre le départ de Spontini
et l'arrivée de Rossini, alors que le nou-
veau répertoire ne s'alimentait que d'ou-
vrages éphémères, sans puissance et sans
portée, et qui disparaissaient d'eux-mêmes
après quelques représentations, si bien
qu'elle n'attacha son nom à aucune œuvre
intéressante et digne d'attention.
l'ai dit que sa carrière fut courte Elle
ne dépassa pas douze années en effet,
puisque, entrée à l'Opéra en 1816, la can-
tatrice quitta ce théâtre en 1828. Chose
assez singulière, dès ce moment on n'en-
tendit plus jamais parler d'elle, et il n'en
fut plus question d'aucune façon, bien
qu'elle fût encore dans toute la force de
l'âge, puisqu'elle ne devait pas avoir dé-
passé trente-cinq ans. Il me parait bien
avéré qu'on ne la vit plus jamais sur au-
cun théâtre, et même les échos des con-
certs sont muets à son égard. Je ne connais
guère d'exemple d'une éclipse aussi com-
plète. S'éloigna telle de l'Opéra pour se
marier, ce dont d'ailleurs on ne trouve
pas trace ? ou fut- elle atteinte d'une de
ces maladies qui condamnent leur vic-
time à un silence et à un isolement com-
plets } Ce qui est certain, c'est que son
nom disparut absolument, à ce point que
malgré mes recherches je n'ai même
jamais pu découvrir la date de sa mort.
Mais ce qui est certain aussi, c'est que,
comme je le disais en commençant,
Mlle Grassari fut une artiste intéressante
et distinguée, réunissant l'intelligence et
la beauté à de rares qualités vocales et
scéniques, et que pendant les douze
années de son séjour à l'Opéra elle occupa
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
40 Octobre 1906,
633
634
une place non seulement honorable, mais
aussi brillante que le permettaient les cir-
constances et la valeur malheureusement
négative des œuvres auxquelles elle prêtait
le charme et l'appui de son incontestable
talent, Arthur Pougin.
fÀgr Louis de Grimaldi (LIV,
499). — Dom Piolin, dans son Histoire
de l'Eglise du Mansi.Vl, p. 515) ne
parle point de ce prieuré. Louis de Gri-
maldi fut, en effet, évèque du Mans de
1767 à 1777. Le P. îean, dans son ou-
vrage Les Évêqiies et archevêques de France
de 1682 ail Concordat, toujours bien ren-
seigné, n'en dit mot. L. C.
Le souper de Grimod de la Rsy-
ïiière (LIV, 561). — Si le D^ L. veut
prendre la peine de consulter un livre
très connu de Paul Lacroix : Xnil^ siècle :
Institutions, usages et costumes. France^
lyoo-ijSç, il trouvera, page 403, un bois
accompagné de ce commentaire : « Sou-
per des funérailles, donné par Grimod de
la Reynière, le fils, dans son hôtel des
Champs-Elysées, à Paris, le i" février
1783. (D'après une gravure rare attribuée
à Binet, communiquée par M. Fontaine) ».
Le texte ajoute l'explication suivante :
... Grimod de la Reynière essaya pendant
le carnaval de 1783, de réhabiliter l'esprit h
table, en offrant à vingt-deux amis de la joie
et de la bonne chère, une fête nocturne qui
n'était funèbre et lugubre que d'entrée de
jeu et qui se termina par un magnifique sou-
per, composé de neuf services, dont chacun
n'était que d'une seule espèce de viande
accommodée de vingt-deux manières différen-
tes.Tout Paris, pendant quinze jours, s'occupa-
de ce souper étrange, qui ressemblait à un
repas de funérailles.
*
Ce souper fut donné le samedi i''^' fé-
vrier 1783. Il y eut 22 convives, dont
deux femmes habillées en hommes ; et
300 spectateurs furent admis à passer
dans la salle du festin.
Sur cette fête qui coûta, dit-on, plus de
10.000 livres, on trouvera les détails les
plus complets dans les Mémoires secrets
des 7, 1 1 et 19 février, ainsi que dans la
Correspondance secrète du 15 février 1783.
D'après les Mémoires secrets, le souper
eut lieu en réalité en 1783.
Le rédacteur en rend compte ainsi :
Lorsqu'on est venu au rendez-vous, on a
d'ibord trouvé un premier suisse placé
ad hoc, qui demandait au convive s'il allait
chez M d€ la Reynière, Voppresseur du
peuplg, ou chez >L de la Reynière, le dé-
fenseur du peuple ? Après avoir répondu
qu'on allait chez le défenseur du peuple, il
faisait une première corne au billet, et vous
passiez dans un lieu en forme de corps de
garde où étaient des hommes armés et vêtus
à l'antique, comme des hérauts d'armes ;
ceux-ci vous introduisaient dans une pre-
mière pièce oi!i était une espèce de frère ter-
rible, un inconnu, le casque en tète, la vi-
sière baissée, la cotte d'arme endossée, la
dague au côté, il faisait une seconde corne
au billet, et vous introduisait dans la se-
conde salle. Là, se présentait un homme en
robe, en bonnet carré, qui vous questionnait
sur ce que vous vouliez, sur votre demeure,
vos qualités, dressait du tout procès-verbal,
etj après avoir pris votre billet, vpus annon-
çait dans la salle d'assemblée, où deux ga-
gistes vêtus en enfants de chœur commen-
çaient par vous encenser.
Les convives réunis au nombre de vingt-
deux, dont deux femmes habillées en
homme. On a traversé une pièce noire, et
ensuite s'est levée une toile de théâtre qui a
laissé voir la salle du festin. Au milieu de la
table pour surtout était un catafalque : du
reste, dès lampes à l'antique, des devises et
une illumination superbe de trois cents bou-
gies environ.
On s'est mis à table. Le souper a été
magnifique au nombre de neuf services,
dont un tout en cochon. A la fin de celui-ci,
'bl. de la Reynière a demandé aux convives
s'ils le trouvaient bon ; tout le monde ayant
répondu en cliorus \ excellent, il a dit :
Messieurs, cette cochonaille est de la façon
du charcutier un tel, demeurant à tel en-
droit et le cousin Je mon père,
A un autre service où tout était accom-
modé à l'huile, l'amphytrion ayant égale-
ment demandé si l'on était content de cette
huile, il a dit : elle m'est fournie par l'épi-
cier un tel, demeurant à tel endroit, et le
cousin de mon père, je vous le recommande,
ainsi que le charcutier.
Autour de la salle du festin était une gale-
rie destinée aux spectateurs qui voudraient
jouir du coup d'œil de la lete. M. delà
Reynière avait distribué environ 300 billets
de cette autre espèce, et à l'heure indiquée,
il a dit qu'on pouvait laisser entrer ; mais
il n'était pas permis de rester : on ne pou-
vait que traverser pour faire place à d'autres.
^L l'abbé de Jarente, le coadjuteur de
l'évèque d'Orléans et l'oncle de l'amphy-
trion, ayant eu la curiosité de juger par lui-
N» 1128.
L'INTERMEDIAIRE
635
même de cette folie, il ne lui a pas été libre
de rester plus longtemps que les autres et son
neveu a ordonné qu'on le fît sortir.
M. de Bonnières, jeune avocat qui com-
mence à acquérir de la réputation et qui
était à table à côté de la Reynière, en
voyant le public assister ainsi au souper, ne
put s'empêcher de lui dire : « En vérité,
mon cher ami, cela devient trop farce, on va
nous mettre aux petites maisons en sortant
d'ici. — Qiioi ! lui a répondu l'amphytrion
avec inquiétude, cette plaisanterie m'em-
pêcherait-elle d'être mis sur le tableau. J'en
serais au désespoir. »
La fin de cette fête qui tenait beaucoup
d'une fête maçonnique n'a pas répondu au
commencement et n'a rien eu de singulier ;
chacun s'en est allé après une séance de
plusieurs heures à table, trop longue et
ennuyeuse conséquemment.
Cette description n'est donnée que sous
bénéfice d'inventaire. D"" L.
L' « immortel » Pierre Maël (LIV,
226, 360, 537, 583). — Pierre Maël était
membre du comité de la Société des gens
de lettres, à l'époque où j'en étais vice-
président. C'était un bon garçon, boiteux,
mais habitué aux exercices physiques et
faisant parade de sa force herculéenne,
on peut le dire. On assurait qu'il écrivait
ses romans en collaboration avec notre
confrère Vincent : il ne le reconnut
jamais, du moins devant moi, et je n'au-
rais pas voulu lui faire la peine d'une
question à ce sujet. Alfred DuauET.
Mandrin (LUI; LIV;4 12).— Le savant
M.Frantz Funck-Rrentano n'ignore certai-
nement pas que le baron d'Espagnac (gou-
verneur de l'Hôtel des Invalides, de 1766 à
1783, année de sa mort) commandait, en
1754, dans la Bresse où il eut la principale
part à la destruction des bandes de Man-
drin. Il y a même, à ce sujet, diverses anec-
dotes, malheureusement, je n'ai pas sous
la main les documents pour les lui four-
nir, peut-être les retrouverait-il dans les
ouvrages du comte de Seilhac ?
G. DE La Véronne.
Wontesson.-lenom etlaterre(LIV,
500). — Borel d'Hauterive, Annuaire de
la noblesse, 1863, p. 246, Notice histori-
que et généalogique sur la maison de Mon-
tesson. Ce nom vient du château de Mon-
tesson situé à Bais, dans la Mayenne. Dès
1370 se rencontrent là les de Montesson
636
qui possèdent encore le château. Le titre
de marquis fut octroyé en 1660 à Charles
de Montesson, né 1608, époux de Marie
Prévost de Saint-Cyr (1636).
Charlotte-Jeanne de Beraud de la Haie
du Riou qui, à 18 ans, avait épousé Jean-
Baptiste, marquis de Montesson (il en
avait 72) en devint veuve en 1769, et
épousa morganatiquement le duc d'Or-
léans.
Cf. Abbé Angot, Dict. de la Mayenne,
t. 111, pp. 81-82. Louis Calendini.
L'abbé M ichon est-il l'autear du
« Maudit »? — .L'abbé Michon et la
science graphologique (T. G. 590).
-— Dans un grand nombre de volumes de
V Intermédiaire, de 1877 à 1891, ces deux
questions sont posées et discutées. Sur la
personnalité de l'auteur du Maudit, de la
Religieuse, etc., qui sont des pamphlets
contre le clergé et les congrégations, on
s'est égaré jusqu'à la mort de l'abbé
Michon. Après, on a tout su : c'était lui.
Les réponses sur la découverte de la
graphologie en tant que méthode raison-
née, ont été plus faibles. La lettre que
publie V Annteur d'autographes (octobre
1906) éclaire-t-elle la question ? Cette
lettre est de Desbarolles qui s'attribue le
mérite de la découverte — en France —
découverte dont l'abbé Michon, un ins-
tant, son collaborateur, l'aurait frustré.
Desbarolles parle sous le coup de la co-
lère,et son ressentiment a pu l'amener à
formuler des accusations que les amis de
l'abbé Michon, aujourd'hui encore, tien-
dront, sans doute, à détruire.
"Voici cetle lettre :
9 octobre 1875
Vous me demandez ce que c'est que l'abbé
Michon : c'est le prétendu auteur du Mau-
dit. Il a laissé croira qu'il avait commis cette
gentillesse, parce qu'il y avait scandale et
que tout lui est bon pour se faire remar-
quer. C'est une des plus cyniques canailles
que Je connaisse, ayant d'ailleurs, assure-
t-on, de tous côtés, jeté le froc aux orties. 11
s'est trouvé mon collaborateur dans le
Livre des mystères, et voici comment :
Au retour d'un voyage en Allemagne en
1864, Je traduisis un livre allemand sur la
graphologie, et j'y ajoutai tout ce que
20 années d'études et de recherches m'avaient
donné. J'avais connu l'inventeur à Leipzig
et il jouissait d.ins toute l'Allemagne d'une
réputation immense, et son système affirmé
par 1000 gravures était très juste.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906.
637
638
Après l'avoir suffisamment expérimenté,
j'annonçai en 1868, dans VAlmanach delà
main publié au Petit Journal que j'allais pu-
blier un livre intitulé : Les mystères de V écri-
ture ^{^\s^x\\. naturellement suite aux mystères
delà main. L'almanach, naturellement, avait
été éciit en 1867. Deux ans après, en 1869,
je rencontrai chez M. de Saulcy, cet abbé
qui s'était fait régaler d'un voyage en Orient
par notre grand numismate. Là, je parlai de
mon livre, de mes études, et alors tout d'un
coup il m'apprit qu'il avait un système qu'il
tenait de son prof esseur l'abbé FLindrin. 11
me proposa de concourir à son livre : j'y con-
sentis après av'ir examiné sa méthode qui
était tout à fait la niême que celle de l'Alle-
mand : je lui donnai toute ma traduction,
toutes mes notes de 20 ans, lui expliquai une
à une toutes les gravures, enfin, j'allai en
toute confiance avec lui. Nous écrivîmes le
livre en collaboration ; nous devions donner
des conférences alternées, le guignon voulut
que j'attrapasse (bigre quel chique de lan-
gage) une bronchite qui m'empêcha de parler
en public pendant tout cet hiver. 11 en pro-
fita, donna conférences sur conférences et
finit peu à peu par laisser entendre qu'il
était l'inventeur de la graphologie, que son
maître (auquel il avait malheureusement con-
sacré une magnifique tartine dans notre livre
(où il le disait bel et bien son professeur et
l'inventeur du système), que son maître,dis-je,
ne lui avait rien montré du tout, et un beau
jour il osa afficher, publiquement, qu'il était
le seul inventeur de la graphologie. Je le
citai immédiatement devant le comité de la
Société des gens de lettres de Paris, consti-
tué en tribunal arbitral.
Je produisis toutes mes pièces, je présentai
mon almanach qui donnait une date certaine.
Je produisis le livre allemand publié en
1862, d'une antériorité incontestable, par con-
séquent, et je donnai la traduction du livre.
Lui, il ne produisit rien du tout, et il fut
condamné, comme l'indique ie papier ci-
inclus.
QLiinze jours après, lui, un ecclésiastique,
il jetait sa paiole par dessus les moulins, et
envoyait une circulaire à tous les journaux de
province où il se disait encore l'inventeur de
la graphologie. J'envoyai aux journaux de
province le petit billet ci-join^, alors il m'atta-
qua dans une espèce t... c. . , papier chan-
delle imprimé à la main, une ordure com-
plète Je lui répondis par huissier et il fut
obligé de cesser son feu. Je l'avais complète-
ment roulé dans son journal même. Mainte-
riant il publie un livre qui n'est qu'un sale
écho du livre des Mvstères de r Ecriture. 11
n'a pas osé m'attaquer jusqu'ici, mais il paraît
qu'il s'émoustille.
Reiidez-moi donc le service de m'indiquer
les articles qui paraîtront sur lui en me don-
nant seulement le nom du journal et la date-
Alors je répondrai dans ces journaux en leur
envoyant la décision du comité : je ne peux
pas le laisser gambader ainsi sans le museler
un peu puisqu'il veut ainsi s'émanciper. II
s'escrime contre Gall, contre la chiromancie,
parce que la chiromancie, ajoute à la gra-
phologie et la perfectionne, il en a grand
peur.
Mais j'arrête là mes bavardages pour vous
serrer bien affectueusement les mains. La
jeune Clémentine vous dit mille choses
aimables.
Votre vieux camarade,
Ad. Désbarolies.
Cette lettre, dont le ton est trop vio-
lent, pour qu'on n'en doive pas rejeter une
grande part, fait allusion à un procès-
verbal rédigé à la Société des gens de
lettres. Ce document serait fort intéres-
sant à connaître. L.
Un marquis de ia Paillet0rie(LlV,
449, 526, 585; — Alexandre Dumas, né
le 24 juillet 1802, à Villers-Cotterets
était, d'après son acte de naissance, fils
d'Alexandre Davy-Dumas de la Pailleterie,
général de division, né à Jérémie, ile et
côte de Saint Domingue, et de Elisabeth
Labouret. Par un jugement rectificatif du
27 avril 1813 du tribunal de Soissons,
l'acte de 1802 fut rectifié, en ce qui tou-
che les noms du père et de l'enfant.
D'après la rectification faite sur le regis-
tre de l'état-civil , les noms du père
sont : Thomas-Alexandre Dumas-Davy
de la Pailleterie, au lieu de Alexandre
Davy-Dumas de la Pailleterie et ceux de
l'enfant : Alexandre Dumas Davy de la
Pailleterie, au lieu de : Alexandre Dumas.
D'après le registre des actes de l'état-
civil de Villers-Cotterets, le père du grand
romancier s'était marié le 28 novembre
1792. Suivant l'acte, le citoyen Thomas-
Alexandre Davy de la Pailleterie (izt;), âgé
de 30 ans et 8 mois, né à la Cuinodée, au
Trou-Jérémie, en Amérique, était fils de
feu Antoine-Alexandre Davy de la Paille-
terie , ancien commissaire d'artillerie ,
mort à Saint-Germain-en-Laye, en 1786,
et de feu Marie-Cossette Dumas, décédée à
la Guinodée en 1772 C'est à cet Antoine-
Alexandre, qu'appartenait par héritage la
terre de la Pailleterie érigée en marquisat
par Louis XIV, en 1707. Dans ses Mé-
moires, Alexandre Dumas a donné la des-
cription des armoiries de son aïeul pater-
No 1128.
L'INTERMEDIAIRE
639
640
nel. Marie-Cessette Dumas était une né-
1702, le chef d'escadre
gresse.
Le i®"^ juillet
Bailli de la Pailleterie, sorti de Nieuport
avec six galères du roi, enleva, à quel-
ques milles au large, le vaisseau zélandais
la Licorne, de 56 canons.
Le rapport sur cette affaire, qui a été
fort célèbre en France et chez nos enne-
mis, adressé par de la Pailleterie à Pont-
chartrain, est intéressant. Il a été repro-
duit par le P. Daniel, dans son Histoire de
la milice françoise^ (t. Il, p. 766). En con-
sultant aux Archives nationales (anciennes
archives de la marine. C '' 165) le dossier
individuel du chef d'escadre de la Paillete-
rie, il est probable qu'il serait facile de
s'assurer si ce marin avait un lien de pa-
renté avec les aïeux de Alexandre Dumas.
Ë. M.
Santerre (T. G., 820 ; LUI, 617).
— 11 y aura lieu également de se
reporter au tome LUI, 442, 507, 567,
623, 733, 845. Articles importants, à peu
près entièrement consacrés à Santerre.
M. Henri Vial a consacré à Sanierre à
Reuilly (et à la rue Santerre) dans la
Correspondance historique et archéologique^
(Fontemoing, 4, rue Le Goffic, août-
septembre 1906,) un article du plus haut
intérêt et documenté comme le sont tous
les articles de ce remarquable historien de
Paris.
Voltaire à Lausanne (LIV, 1 70,47 1 ).
— La première résidence de Voltaire en
Suisse fut le château de Prangins, près
Nyon. Il habita successivement à Lau-
sanne, l'agréable campagne de Monlriond,
entre la ville et Cuchy, acquise dans la
suite par le médecin Tissot, le n" 6 de la
rue du Grand-Chêne, puis la villa des
Délices et de Tourney, près de Genève,
enfin le château de Ferney, dans le pays
deGex,sur la frontière suisse, mais appar-
tenant à la France.
C'est du Grand-Chêne à Lausanne, que
Voltaire enthousiasmé écrivait : <« Je me
suis arrangé une maison qu'on appellerait
un palais en Italie ; quinze croisées de
face, en cintre, donnent sur le lac à droite,
à gauche et par devant. La pointe du sérail
à Constantinople n'a point une plus belle
vue. Cent jardins sont au-dessous de mon
jardin. Le grand miroir du lac les baigne.
Je vois toute la Savoie au-delà de cette
petite mer >" etc..
Voltaire eut un moment quatre proprié-
tés à la fois, « quatre pattes au lieu de
deux », comme il disait en plaisantant.
Montriond était « sa petite cabane, son
palais d'hiver, son ermitage à l'abri du
cruel vent du Nord ».
Cette ville tire -son nom d'une colline
isolée en forme de pain de sucre, aujour-
d'hui promenade publique, au pied de
laquelle elle a été bâtie.
D"" E. BORGEAUD.
Emblèmes héraldiques, armoi-
ries et sceaux ecclésiastiques mo-
dernes (LIV, 335). — Si M. de Saint-
Saud ne connaît pas déjà le Traité d'ico-
nographie chrétienne, ainsi que le Traité
pratique de V ameublement et de la décora-
tion des églises^ par Mgr X. Barbier de
Montault, les chapitres sur les armoiries
ecclésiastiques et sur les armoiries des
ordres religieux l'intéresseront peut-être.
Des sceaux ecclésiastiques étrangers, an-
glais,par exemple, pourraient-ilslui rendre
service.'' C. B. O.
Monsieur le chanoine (LIV, 501,
5815), — En 1850 et durant les années
suivantes, vivait à la ville haute de Bar-
le-Duc un « prêtre habitué » de la pa^
roisse de Saint-Etienne, M. Trancart,
chanoine honoraire de Nancy et de Toul,
qui , lorsqu'on l'appelait « Monsieur
l'abbé », savait très bien vous répondre :
« Dites Monsieur le chanoine, je vous prie;
c'est mon titre exact ». Et, en efïet, bien
qu'en parlant de lui on ne le désignât ja-
mais que sous le nom de « l'abbé Tran-
cart », on disait : <» Monsieur le cha-
noine » lorsqu'on lui adressait la parole.
Albert Cim.
Le collaborateur Quarte-blanche ou-
blie que, en dehors des chanoines capitu-
laires, il existe, et en grand nombre dans
chaque diocèse, des chanoines honoraires
qui ne prennent point part aux délibéra-
tions du chapitre, mais portent les insi-
gnes canoniaux et ont parfaitement le
droit d'être appelés chanoines. Toutefois,
tant qu'ils sont curés, l'usage est, je
crois, de les appeler de leur titre curial.
Du reste, beaucoup de curés, curés-
poyens, et archiprêtres ou simples abbés
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906,
641
642
sans charge d'âmes, sont chanoines d'un
diocèse autre que le leur et en portent les
insignes particuliers. H. C. M.
L'ordre de l'Hermine (LIV, 279,
417), — Pour ajouter aux premiers titu-
laires cités dans le n° du 20 septembre
dernier : Henry (alias Hémery) Hérault,
chevalier de l'Hermine en 1445.
G. HÉRAULT DE La VÉRONNE.
Inscriptions des cadrans solaires
(T. G. ; 158 ; XLVI , XLVII ; XLVIII ;
L ; LI ; LU ; LIV, 363). — Au pignon
d'une maison proche de l'église de Bue
(Seine-et-Oise):
« Aspicetitaspiciar, 1863. »
Sglpn.
Eglises disproportionnées (LIV,
393), — A Mont-Dauphin (Hautes-Alpes),
quand l'abside fut construite, on la mura ;
et elle sert d'église ainsi. Mont Dau-
phin (i) est d'ailleurs une ville avortée,
trop à l'aise dans sa ceinture de remparts,
à l'inverse de sa voisine Briançon.
Arsenal, presbytère, bureaux militaires,
embryon de village, hôpital, caserne,
manutention, salle d'artifices, cimetière,
église, lavoir, magasins à munitions,
forment un curieux mélange autour de la
Plantation. Même et amusant amalgame
(du moins quand j'y séjournai, il y a
quelques années), dans la vie municipale,
militaire et religieuse ; le Service du Gé-
nie entretient les rues ; le cuié dit la
messe à l'heure voulue par les femmes
de la garnison, et joue aux boules avec
soldats et pékins... Pourquoi donc cette
commune sui generis n'a-t-elle pas son ar-
ticle dans la Grande Encyclopéuie ?
Sglpn.
La droite d'un tableau, d'un édi-
fice (LIV, 393). — A mon avis, la droite
d'un tableau, d'un édifice est la partie
située à droite de l'observateur, comme
la droite de la route ; on écrit au tableau
noir, de la gauche à la droite. La droite
d'un groupe, d'une assemblée, est à la
droite des individus qui les forment. La
droite des mobiles, rivière, voiture, est à
(1) Auquel se
447-
rapporta la question I.IV,
la droite du spectateur regardant dans le
sens du mouvement.
C'est, ce me semble, ce qu'il faut
admettre pour s'embrouiller le moins
possible ; car je reconnais qu'il est des
cas un peu cacophoniques ; ainsi le bras
droit d'un personnage peint est indiscuta-
blement à la gauche de l'observateur, et
vers la gauche du tableau, selon ma for-
mule ; il n'en est plus de même dans un
nairoir !... j'en suis navré !,., mais com-
ment faire ? Sglpn.
♦ *
Comme le trouve }, Lt, cette manière
de s'exprimer est généralement amphibo-
logique.Pour éviter cette difficulté, pour-
quoi ne pas employer régulièrement les
termes héraldiques, dextre et sénestre
d'un tableau, ces termes étant absolument
clairs? C. B. O.
Distique à attribuer (LU). —
J'apporte une réponse — un peu tardive
cependant — à la question posée par
Y Intermédiaire .^sur le distique «Inveni por^
tum.... »
J'en trouve le i*' vers dans les Contes
d'Biitrapel^ de Noël du Fail, qui les a
publiés, comme on sait, en 1585 :
[Je me retire]. .. à ma maison aux champs,
que J'ai accommodée par ces années et ren-
due au terme d'une vraie habitation philoso-
phale et de repos ; à l'entrée et au front de
laquelle Janvier, ce gentil maçon de saint-
Erblon,a gravé ces mots :
Inveni porttim : Spes ci Fortuna valete.
Adieu le monde et V espoir : Je suis hidji.
{Contes et discouis d'Bntrapel^ tome II,
page 265. Edition Hippeau, Librairie des
Bibliophiles, 1875). P. E. Nugon.
Les documents phalliques (L ;
LI ; LU ; LIV, 541). — Je ne viens pas
briser une lance en faveur du comédien
archéologue Beaumesnil, J'observe seule-
ment que jusqu'à ce que le P. C. de la
Croix eût retrouvé des représentations de
cette nature au temple de Mercure à Poi-
tiers, on n'y connaissait guère que la bri-
que de la collection Bonsergent figurée
dans l'Art de terre de B. Fillon, et qu'à
Limoges et aliàs autour de nous, on n'en
citait aucune, ce qui paraît bien anormal.
D'où je conclus que Beaumesnil ne fut
peut-être pas toujours un faussaire.
LÉDA.
N» 1128.
L'INTERMEDIAIRE
643
644
Le bibliophile J. R. (LIV, 57,
425), — Mille remerciements à M. Pinson
pour sa réponse à ma question sur « le
bibliopiiile J. R. » Mais l'exemplaire de
cette brochure que j'ai entre les mains,
porte très distinctement, sur le titre,
j. R. et non j. B., comme dit M. Pinson.
Est-il possible qu'il y ait deux éditions,
l'une avec J. R. et l'autre J. B. ?
NOXA.
Contes orientaux jetés au feu
(LIV, 329). — Burton a occupé la der-
nière année de sa vie en traduisant The
Scenied Garden, c'est-à-dire que l'ouvrage
a été écrit en 1889-90. Or, comme la
traduction du livre du Cheikh Nefzavin
était publiée en 1885, il est impossible
que Lisieux ait eu connaissance de l'œu-
vre de Burton. Noxa.
L'auteur des « Carnets du Roi »
(XLVII). La librairie Lequesne annonce
ainsi cet ouvrasre :
o
Les Carnets du roi, Paris-Genonceaux.
1903, in-12, 62.
Ce livre, qui fit grand bruit au moment de
son apparition, est de Léopold II, roi de Bel-
gique.
Ce livre est de M. Paul Gerardy. Il a
été en relation avec de hautes personna-
lités, il a pu connaître les sentiments du
roi. N'est-ce pas créer une légende que
d'attribuer au roi la paternité du livre?
Y.
Les p antalons des femmes (LU ;
LUI ; LIV, 477). — Dans les Bigarrures
et Touches, du seigneur des Accords (Pa-
ris, J. Richer, 1582. chap. viii) se
trouve le passage suivant :
On dit que quand les Dames de la Cour
commencèrent à porter des hauts de chausses,
elles firent une convocation générale pour
savoir comme elles les nommeraient à la
différence de celles des hommes : Enfin du
consentement de toutes, elles furent surnom-
mez de ce nom Caleson.
Et notre Tabourot en profite pour faire
sur ce mot des contre petteries qu'il serait
malséant de placer ici. Donc, que l'appel-
lation soit : pantalon, culotte, caleçon ou
haut-de-chausse, le vêtement dont parle
l'auteur bourguignon est incontestable-
ment le même que celui que nous appe-
lons de nos jours : Pantalon. Les jeux de
mots de Tabourot dévoilent sans équivo-
que la raison d'être de leur usage.
M. M.
Célibat ecclésiastique (XLI ; XLII;
XLIV ; XLVIll ; XLIX ; L ; Ll à LUI ; LIV.—
534). Col. 534, ligne 11, lire par Bocquet.
Livres imprimés blanc sur noir
(LUI ; LIV, 37, 150, 259, 360, 487, 533).
- Lor.squMl y a plus de quarante ans, je
gérais provisoirement le Consulat de
France à Canton, il m'a été assuré, par un
mandarin fort instruit, que dans les temps
anciens on avait imprimé en Chine quel-
ques ouvrages avec des lettres blanches
sur un fond noir. Pour cela, les ouvriers
gravaient les caractères en creux, puis ils
imprimaient par le moyen ordinaire.
On sait que le procédé d'imprimer avec
des planches en bois et caractères fixes
était déjà usilé dans le Céleste Empire à la
fin du vi*^ siècle de notre ère. E. M.
In 8, in-12, in-16, etc. (LIV, 504,
1598). — Sur la question si complexe des
formats, qu'il serait bien préférable, en
effet, de désigner par leurs mesures métri-
ques, ce que font d'ailleurs déjà nombre
d'éditeurs et de libraires, voici quelques
détails empruntés à l'ouvrage de notre
collaborateur Albert Cim, le Livre (t. III,
Fabrication du livre : Papier, Format,
Impression, Illustration, Reliure) :
... De ce que nous avons dit de la fabri-
cation actuelle du papier, fabrication méca-
nique sur la toile sans fin, et non plus uni-
quement à la forme, il résulte que les pa-
piers d'aujourd'hui n'ont plus de dimensions
régulièrement et fixement délimitées. II con-
vient d'observer aussi tout d'abord que ces
expressions ; in-octavo, in-douze, in-seize,
in-dix-huit, etc., s'appliquant exclusivement
au mode de pliage de la feuille (in-octavo
indique que la feuille a été pliée de façon
à former 8 feuillets ou 16 pages ; in-douze,
de façon à former 12 feuillets ou 24 pages ;
in-seize, de façon à former lô feuillets ou
32 pages ; etc.), sans faire cor.'.aître les di-
mensions premières Je cette feuille, ne si-
gnifient pour ainsi dire rien. Elles n'ont et
ne peuvent avoir un sens précis qu'à condi-
tion d'être suivies de la désignation catégori-
que du papier, du nom du format des
feuilles : in-octavo jèsus, in-douze raisin,
in-seize cavalier, etc., nom qu'on omet ce-
pendant très souvent dans le langage usuel.
Pour savoir la dimension d'une quelcon-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
o Octobre iQoo.
645
646
que de ces pages, d'une page in-8, par
exemple, il est donc nécessaire de connaître
d'abord, comme nous le disions tout à
rheure, la dimension de la feuille qui a été
pliée et a fourni les 16 pages de cet in-8. 11
est évideiit que plus cette feuille sera grande,
plus ces pages le seront.
C'est précisément ce que l'épithète Jésus,
raisin, cavalier, etc., nous apprend. Ainsi
le papier jésus ayant o m. 55 de haut sur
o m. 70 de long, nous pouvons, grâce à ces
chiffres, parvenir à nous faire une idée
exacte de l'in-S jésus et en calculer la dimen-
sion.
Mais dans le papier mécanique, fabriqué
en bandes, continu, puis sectionné à vo-
lonté, ces termes provenant des anciens pa-
piers à la forme : jésus, raisin, cavalier, co-
lombier, etc., n'ont plus de raison d'être,
plus de sens : il n'y a plus de forme d'abord;
il n'y a plus de monogramme du Christ,
plus de grappe de raisin, plus de cavalier,
de colombe, etc., en filigrane dans la pâte
du papier ; lien n'en fait plus reconnaître à
première vue l'espèce et les dimensions. 11
serait donc bien plus logique, plus clair et
plus simple de désigner présentement les
formats par leurs dimensions réelles, expri-
mées en centimètres ou en millimètres ; au
lieu d'in-8 jésus, de dire o m. 175 sur
o m. 275, ou, par abréviation, 17s X 275 ;
au lieu d'in-i8 jésus, o m . 117 sur 0 m. 183
(117X183).
D'autant plus qu'avec le système bâtard
actuellement en usage, on arrive à des résul-
tats singuliers : un volume de format in-4,
par exemple, se trouve être plus petit qu'un
volume de format in-8, un in-8 plus petit
qu'un in-12, etc. (in-4 écu = 0,20 X 0,26;
in-8 colombier :=: 0,205 X 0,315 ; in-8
écu = 0,13 X 0,20 ; in-12 jésus = o,i38x
0,233 ; etc.).
... Chaque première page d'une feuille
porte, dans sa partie inférieure de droite,
sous la dernière ligne ou ligne de queue, un
chiffre, dit sli^nature, qui indique le numéro
de cette feuille.
La signature permet, ou plutôt devrait
permettre de déterminer facilement le format
d'un livre.
Puisque nous savons, par exemple, que
rin-4 a sa feuille pliée de façon à donner 8
pages, il est clair que la deuxième feuille
commencera à la page 9 (8 + ') ^^ ^^^ ^'^^^
au bas de cette page 9 que figurera la signa-
ture 2. Le chiffre 3 se trouvera de même au
bas de la page 17 (8 + 8 + i) ; le 4, au
bas de la page 25 (S + 8 -|- 8 -(- i) ; etc.
Mais les feuilles destinées à fournir beau-
coup de pages, à fournir, pour préciser, des
formats plus petits que l'in-S, ne se plie-
raient pas aisément en un aussi grand nom-
bre de fois^ surtout si le papier était un peu
fort, on le comprend de reste ; elles renfle-
raient, gondoleraient, auraient trop gros dos,
et se prêteraient difficilement au brochage ou
à la reliure. Parfois même V imposition, per-
mettant, après le tirage, de plier la feuille
dans l'ordre numérique des pages, ne pour-
rait pas s'effectuer. On sectionne donc ces
feuilles, on les partage en cahiers, cartons
ou en arts, qui tous nécessairement portent
aussi une signature, afin qu'on puisse les
classer et assembler, d'où une nouvelle cause
de confusion pour la détermination du for-
mat. Chaque feuille d'un volume in-12, par
exemple (24 pages), au lieu d'être entière,
pourra se composer de deux cahiers, l'un
in-8 (16 pages) et l'autre in-4 (^ pag^s), re-
cevant chacun une signature. Chaque feuille
d'un volume in- 18 (36 pages) pourra se faire
en deux cahiers, l'un in-12 (24 pages) et
l'autre in-6 (12 pages) ; ou bien en trois
cahiers de 12 pages chacun et ayant tous les
trois leur signature propre. Souvent même
ces divisions sont encore plus compliquées.
Ajoutons que la signature d'un carton ou
encart est d'ordinaire la même que celle du
cahier dans lequel il doit entrer, être eticartè;
la seule distinction consiste dans l'addition
d'un point au pied du chiffre, indice de cette
signature. Ainsi la signature i. sur un car-
ton indique que ce carton doit entrer dans
le cahier signé i ; le carton signé 2. dans le
cahier 2 ; 3. dans le 3 ; etc.
Diable de fille (LU ; LUI ; LIV, 539).
— Un changement de nombre suffit pour
mettre en évidence le rôle du diable dans
cette locution - exclamative ou non.
Ces diables de gens {Suite du Ment. I, i).
Et tu m'oses jouer de ces diables de tours !
(Mol., Sgan. ô).
Quels diables de propos metenez-vousdonclà?
(Gresset) .
De vos diables de vers détestant la manie 1
(PiRON, M.éiroin. 1,8).
Ces diantres de chemins (Sévigné, 335).
Diables est ici adjectif, il s'agit en effet
de tours diaboliques de méchantes gens, de
propos insensés, de mauvais vers^ de vilains
cliemins. De même au féminin :
Quelle diable de conversation [Pourc. 1,8).
Q^uelle diable de fantaisie {Mal. imag. I).
Cette diable de femme ! Hamilton, Gram).
Quelle diantre de cérémonie est-ce là ?
{V Avare, 111, 5).
signifient : quelle conversation singii-
licre., quelle fantaisie étrange, cette femme
déconcertante, endiablée, cette cérémonie
bimane, et diable est encore adjectif. C'est
la doctrine de Littré, précise, formelle,
cette fois. « On remarquera que, en cet
N» 1128.
L'INTERMEDIAIRE
647
648
emploi, diable, si le substantif est fémi-
nin (?) devient adjectif;» (II, 1 145-12). De
sorte qu'on n'hésitera pas à écrire au
pluriel : Diable;; de filles. Mais que devient
l'accord en genre? —L'exception, plutôt
curieuse, n'est pas réelle, car il faut le
dire, avec toute la modestie que cette cons-
tatation impose... ange n'a pas de fémi-
nin ! Victor Hugo a bien écrit :
Par votreange envolée ainsi qu'une colombe,
mais de la syllepse, résulte comme un mi-
rage, et c'est la princesse Marie d'Orléans
qui apparaît entre deux immortalités. Par
un juste retour, diable n'en a pas davan-
tage, il est masculin au sens propre ; et
au figuré, il garde la même signification,
sinon le même rôle !
Cette diablesse de Mme R***(SÉviGNt, 17,
I, 89).
Votre diablesse d'imagination (Volt. Fréd.
129).
Littré, en effet, semble établir une dis-
tinction, suivant qu'il s'agit du masculin,
du féminin ou du pluriel, et il renvoie à
« la construction de DE entre un substan-
tif... et un autre substantif, dans laquelle
le nom construit avec de ne fait que dé
terminer le nom précédent », puis, do-
miné sans doute par l'analogie grecque ou
latine ('Po' Je? h -j-nso^^^V île deRhodes; flmnen
Arar auoo), il analyse : complément dé-
terminatif ou apposition :
« Un fripon d'enfant (La Font. IX, 2),
« c'est un fripon qui est un enfant ; Mon bour-
be reau de maître, c'est mon bourre.ui qui est
« mon maître et ainsi de suite », ajoute-t-il
(H. 957-3°)-
De sorte que
Un diable de ménage {suite du Ment. I, i)
serait non point un ménage infernal.^
mais un diable qui serait un ménage —
ou ménager ?
Sa chienne de face {Ecole des F. IV, 2)
donnerait : sa chienne qui est sa face , à
moins que ce ne soit sa figure qui est
cynique ?
t'n diable de neveu
Me fait par ces excès mourir à petit feu
[Métiom. II, 4)
C'est ce qui fa obligée de signer ce diantre
de formulaire (Sévigné, 20, XI, 64).
On a, dans ces citations, des exemples
de gallicismes différents et de généralisa-
tions outrées : Cette diable de femme, ce
démon de femme (Sga'harulle ?) ne sauraient
se résoudre en éléments analytiques sem-
blables ; Un saint homme de chat (La Font.
vil, 16) n'est pas un saint qui serait un
chat, mais un chat qui pose pour la sain-
teté ; dans Ce nigaud de Louis, c'est Louis
qui est suspecté de niaiserie ; C'est une
drôle d'idée, c'est insensé de raisonner ainsi !
donne à l'analyse : de raisonner ainsi,
cela est insensé, cela en est une d'idit
drôle! Conclusion, voir LIV-S39.
POËNSIN-DUCREST.
Partir à... ou parlir pour (HV,
454), — j'ai entendu aussi : « Partir sur
Paris » ; tout cela me semble également
mauvais. Ne devrait-on pas dire : Partir
^oMr, aller à... Partir sur la route de...
Partir dans la direction de...
Ou mieux : Partir vers. . .
Mais pourvu qu'on soit compris !,..
Sglpn.
* *
« Partir à » au lieu de s< partir pour »
n'est pas français, mais tend à s'intro-
duire dans la langue, et je crains fort
qu'il n'y réussisse, à voir la façon fré-
quente dont on emploie aujourd'hui cette
locution.
Ce sera grand dommage, car, si l'on
doit admettre les mots nouveaux expri-
mant des choses qui n'ont pas encore de
vocable, je ne saisis pas très bien l'utilité
qu'il peut y avoir à créer des expressions
qui font double emploi avec celles qui
existent déjà.
Pourquoi s'efforcer, par exemple, d'in-
troduire le mot « solutionner >> alors que
nous possédons « résoudre » ? Tout au
plus pourrait-on l'adopter, en style de
laboratoire, pour signifier « faire une
solution », et encore... !
Si l'on adopte « partir à ^ pourquoi ne
dirait-on pas aussi « aller pour » ^
Je prévois l'objection que l'on ne man-
quera pas de faire : la langue française,
comme toute langue vivante, est essen-
tiellement changeante, et elle est gou-
vernée par l'usage dont les grammairiens,
comme l'Académie, doivent enregistrer
les volontés souveraines. Lorsque l'usage
de dire « partir à » se sera définitive^
ment établi, il faudra bien s'y soumet-
tre.
En admettant que tout cela soit vrai,
il faut cependant reconnaître qu'à l'heure
actuelle, <,< partir à » comme « causer à »
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Octobre 1906.
649 650
et « malgré que » (1) n'appartient qu'au
«stvle parisien > pour employer l'expres-
sion quelque peu ironique de M. Faguet.
C'est une locution qui doit sa fortune, pour
une bonne part aux reporters qui l'em-
ploient chaque jour dans leurs articles rédi-
gés à la hâte, et qu'ils n'ont certainement
pas la prétention de donner comme des
modèles de correction. (On écrirait un
chapitre bien intéressant à propos de Tin-
flucnce du journalisme sur les transfor-
mations de la langue à notre époque).
C'est l'usage, dira-t-on, et l'on croit
avoir tout dit !
Mais il y a usage et usage. Or, c'est le
bon us»ge qui est le maître de la langue,
d'où il suit « que ceux-là se trompent
« qui en donnent toute la juridiction au
« peuple, abusés par l'exemple de la lan-
« gue latine mal entendu, laquelle, à la
« vérité, reconnaît le peuple pour son
\< souverain : et ils ne considèrent pas la
« différence qu'il y a entre « Populus » en
« latin et « peuple » en français, et que
« ce mot de peuple ne signifie aujour-
« d'hui pour nous que ce que les Latins
« appellent « plebs » qui est une chose
« bien différente et au-dessous de « popu-
« lus >^ en leur langue... Selon nous, /^
« piitple n'est le maître que du mauvais
« usnge^ et le bon usage est le maître de
« notre langue. »
Ainsi s'exprime Vaugelas, et je crois
qu'il a raison, jadis le bon usage était
celui « dont la plus saine partie de la
Cour et des auteurs du temps étaient
d'accord. » Aujourd'hui qu'il n'y a plus
de Cour, c'est chez les bons auteurs qu'il
faut aller le chercher : je doute que l'on
y trouve beaucoup d'exemples de « par-
tir à*. Le vicomte de Bonald.
S*inte-Beuve (T.G.813). —Alfred
de Vigny et Samte-Beuve. Un ar-
ticle non recueilli de l'auteur
des « Lundis >". — M. Jules Troubat,
qui a réuni, avec tant de soins et souvent
avec beaucoup de difficultés, les articles
qui forment les trois volumes des Pre-
miers Lundis, écrivait,en 1874, dans Lavant-
propos de ce recueil :
(i) Malgré que n'est français que dans la
locution « malgré qu'il en ait » et autres
semblables où le verbe avoir est pris dans ce
inénie sens.
« Nous avons tâché de rendre cette collec-
tion aussi complète et définitive que possible.
11 se peut néanmoins que quelque morceau
important nous ait échappé ; et dans ce cas
nous serions reconnaissant au lecteur qui
voudrait bien nous signaler des lac.nies de
ce gsnre : elles disparaîtraient dans un der-
nier volume de Mélanges».
Depuis, en 1896, M. Victor Giraud a
signalé {Revue d' Histoire littéraire de la
France, 111,613-615) Quelques articles per-
dus de Sainte-Beuve ; et, en 1904,
dans la Bibliographie de Sainte-Beuve que
nous avons dressée à l'occasion du cente-
naire de la naissance du critique {Le Livre
if or de Sainte-Beuve,^). 3 53-440) nous
disions :
«Le Catalogue des autographes composant
le Cabinet de feu M. Antoine de Latour
(Paris, E. Charavay, 1885; in-8), mentionne,
sous le n" 143, une lettre d'Alfred de Vigny),
du II mai 1834, adressée « à un ami »,
pour le féliciter de « son bel article sur La
Menrais et lui rappeler celui qu'il a promis
de faire sur le peintre Ziégler». Or, la
Rev . des D.M. avait publié le i»' mai un
article sur les Paroles tfuii Croyant \ et, le
15 mai, à la fin de la Chronique de quin-
:^aine, on pouvait lire (p. 495-6) une ' note
anonyme sur Eloa ou la sceur des anges, par
M. Zicgler, compositions au trait sur le
poème de M.Alfred ds Vigny. L'article du
i"' mai étant de S.-B., il y avait tout lieu
de penser que la note du 15 est de lui et que
le correspondant du Poète n'est autre que le
Critique. Il ne peut plus y avoir de doute, si
l'on remarque que tout le passage relatif à
Eloa et à Vigny, dans la note sur Ziégler, se
retrouve dans l'étude de S.-B. sur M. de
Vigny, insérée le 15 octobre 1835 dans la
Rev. des D.-M. Voici notamment quelques
lignes empruntées à l'une (p. 496) et repro-
duites dans l'autre (p. 218) : Or, suivant
nous, toute poésie de M. Alfred de Vigny
est engendrée par un procédé asse{ semblable,
par un mode de transfiguration exquise et
merveilleuse [Dans le nouveau texte, il y
a : aussi merveilleuse, bien que plus doulou-
reuse.\ Il ne donne jamais dans ses vers,
ses larmes à l'état de larmes, mais il les mé-
tamorphose, il en fait cclorc des êtres comme
Dolorida, S v met lia, Eloa. S'il veut exhaler
les ansoisses du génie et la solitude de cœur
du poète, il ne f'en décharge pas directement
par une effusion toute lyrique, comme le
ferait M. de Lamartine, mais il crée
Moïse » .
La lettre d'Alfred de Vigny, du 1 1
mai 1834, n'a pas été retrouvée. — Peut-
être se trouve-t-elle entre les mains de
l'un de nos aimables collaborateurs? —
M. 1128,
L'INTERMÉDIAIRE
651
mais voici la réponse de Sainte-Beuve
que M. Louis Gillet vient de publier
(Lettres de Sainte-Beuve à Alfred de Vi-
gny^ Revue de Paris ^ i 5 août 1906, p. 700) :
Je n'avais pas oublié, mon cher ami, la
page sur M. Ziégler, elle est faite et à Tim-
primerie. Si elle n'a pas été donnée à temps
pour l'autre numéro, c'est qu'outre cet ar-
ticle de Lamennais à faire, je n'avais pas en-
core reçu le livre qui ne m'est arrivé que la
veille de mai [sic] au soir, et je voulais relire
Eloa.
Votre bien dévoué de cœur,
Sainte-Beuve,
Ce 12 mai [1834] .
L'article est donc bien de Sainte-Beuve ;
aussi, les premières années de la Revue
des Deux-Mondes étant fort rares et man-
quant à beaucoup de collections, nous
avons pensé être agréable aux admira-
teurs de Vigny et de Sainte-Beuve en re-
produisant cette page, avec la bienveil-
lante autorisation de M. Jules Troubat et
de MM. Calmann-Lévy. J. Ct.
Eloa, ou la sœur des anges, par
M. Ziégler, compositions au trait sur
LE poème de m. Alfred de Vigny. —
C'est une heureuse idée que d'avoir voulu
appliquer cette manière au trait de Flaxman
et de Cornélius à une œuvre française, h
tloa, à cette Béatrix déchue, à cette Margue-
rite si angélique aussi, quoique abusée. Il y
a d'ailleurs, dans le talent et la manière de
M. Ziégler, des affinités secrètes qui devaient
diriger le choix de son crayon sur M. Alfred
de Vigny préférablement à tout autre. Ce qui
semble distinguer jusqu'ici
les artistes ses contemporains, c'est une
fine et savante, une étude lente et conscien-
cieuse qui n'ôte rien à la délicatesse ni à
l'efflorescence, c'est une inspiration méditée,
élaborée et sincère. Or ces traits, dont
M. Ziégler nous offre quelques-uns, sont
applicables surtout à M. Alfred de Vigny et à
sa muse d'un goût si rare. Au commence-
ment d'Eloa, on voit naître cette vierge-
archange d'une larme que Jésus a versée sur
Lazare mort. La divine larme est recueillie
par l'urne de diamant des séraphins, et por-
tée aux pieds de l'Eternel, dont un regard y
fait éclore une forme blanche et grandissante.
M, Ziégler a montré cette présentation de
la divine larme dans la première de ses com-
positions. Or, suivant nous, toute poésie de
M. Alfred de Vigny est engendrée par un
procédé assez semblable, par un mode de
tranfiguration exquise et merveilleuse. Il ne
donne jamais dans ses vers ses larmes à l'état
de larmes, mais il les métaniorphose, il en
fait éclore des êtres comme Dolorida, Symé-
652
exhaler les angoisses du
de cœur du poète, il ne
M. Ziégler entre
grâce
tha, Eloa. S'il veut
génie et la solitude
s'en décharge pas directement par une effu-
sion toute lyrique, comme le ferait IVl. de La-
martine, mais il crée Moïse^, Un tel poète est
favorable, on le sent, au crayon, et il pré-
sente, jusque dans son monde le plus idéal,
des tableaux et des formes qui se peuvent
saisir. Girodet, s'il eût vécu, et s'il se fût
appliqué à ce jeune poète qu'il aimait déjà,
y eût excellé plus que personne. L'œuvre de
iM. Ziégler sur Eloa se compose de douze
dessins, dont les sujets sont : 1" La présenta-
tion de la divine larme dans l'urne par deux
séraphins ; 2° l'éclosion de la vierge-archange,
dont l'aile tout d'abord s'enfle du bonheur
de vivre et qui répond me voilà à l'ordre de
Dieu ; 3° la modestie pudique, l'aile rubani-
sée et les yeux voilés de la vierge sous les
hommages et les pluies de fleurs que lui pro-
diguent ses compagnes ; 4° sa studieuse gra-
vité au milieu des anges réunis pour l'ins-
truire ; cette composition nous a semblé la
plus belle de toutes peut-être. L'œil ouvert
et attentif d'Eloa, lorsqu'on lui raconte
l'ange déchu, contraste avec toutes les pau-
pières baissées des anges enseignans :
Et l'on crut qu'Eloa le maudirait... mais non,
L'ellroi nailéra point son paisible visage.
La cinquième composition, qui exprime sa
rêverie solitaire et vague aux confins du ciel,
est d'une expressive simplicité. Les suivantes
représentent les diverses scènes à distance
avec l'archange mystérieux qu'elle a enfin
aperçu. Mais les deux dernières, par leur
contraste rapide, traduisent surtout admira-
blement la pensée du poè'e. Cet archange si
soumis, si suppliant et si beau, qui, par la
magie de sa prunelle, force la vierge pure,
la fille d'une larme de Jésus, à descendre
vers lui, tremblante et subjuguée, de même
que Béatrix élevait Dante aux sphères du
ciel par la force de son regard, cet archange
est le même qui, l'instant d'après, ravit et
froisse d'un bras impitoyable la vierge qui a
cédé. Le moment qui précède et le moment
qui suit toute séduction trouvent là des types
accomplis qui, une fois vus, ne s'oublient
pas. Le dessinateur a dégagé et rendu plus
réelle la moralité et le sens final du poème.
Félicitons M. Ziégler d'avoir donné chez nous
l'exemple de cette manière simple, en même
temps que profonde et sentie, d'illustrer de
belles œuvres et d'interpréter un art par un
autre.
Rabelais et Pascal (LU ; LUI, 37).
— Marguerite de Navarre {Dernières poé-
sies^ p. 212-3) •
Je suis qui suis fin et commencement
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906.
655
654
Celui qui est fait du tout ce qu'il veut
Du cercle rond sans la circonférence
Le cercle suis dont toute chose vient.
Marsile Ficin {Tbéologicc Platoaîcœ] de
Iiiimorfalitab aniiiiœ, 1641, p. 393) :
<» Quid igitur Deus ? Circulus spiritua-
lis, cujus centrum est ubique, circumfe-
rentia nusquam. »
Cusa. (De ludo globi^ 15 '4' P- 229^:
« Deus circulus, cujus centrum est ubi-
que. » Même image dans Gerson (éd.
1606, t. I, p. 366) et Vincent de Beau-
vais (Spéculum naturah^ t. 1, p. 4).
La source dont Rabelais tira sa défini-
tion, c'est très propablement X Ordre de
Chevalerie de son ami Symphorien Cham-
pier (1510) qui débute ainsi :
A l'honneur d'iceluy, qui par sa provi-
dence coUoca la terre au centre du monde...,
qui est une sphère inintelligible, duquel le
centre est partout et la circonférence en
nul lieu.
(Voy . la Revue des Etudes rabelaisiennes,
1906, fasc. III, p. 264-7). J- B.
Autobus (LIV, 337, 426, 484). — Ce
mot excite la sympathique curiosité d'un
correspondant anglais de Notes and Qiie-
ries, et cela se comprend, le mot bus étant
depuis longtemps d'usage courant en An-
gleterre pour désigner les voitures publi-
ques.
Quant à moi, vieux parisien, je n'ai
jamais, dans aucune classe de la société,
entendu personne se servir du mot bus.
Du reste, je n'ai pas la prétention de
m'élever contre l'éclosion spontanée de
ce néologisme qui, au point de vue éty-
mologique, figurera en bonne place avec
beaucoup d'autres servant à désigner
toutes sortes d'inventions nouvelles en
drogueries, cirages spéciaux, etc., etc.
Old Pot.
« Les voilà »...(T. G., 134 L; IV, 110,
360). — Je rectifie mon indication. C'est
sous la rubrique Boufflers ou d' Epinav ?
Madrigal, que Ton trouve cette question
traitée en 1883 (vol. XVI, 449. 502,537).
PlETRO.
En purette (LIV, 504). — Etre en pu-
rette ne veut pas dire tout à fait en che-
mise, c'est au contraire par : sans che-
mise et nu, qu'il faut comprendre ce mot.
Tous les dictionnaires le traduisentpar : pur
être: in puris naturalibus. E. Grave.
Excusez du peu ! (LIII^. — Bien
avant Rossini (1867) et Jules janin [Jour-
nal des enfants^ 1840), Balzac avait em-
ployé cette locution . Dans le Colonel
Chabert, écrit en février-mars 1832 (édi-
tion de la Librairie nouvelle, Paris, 1856 ;
volume intitulé Honorine, le Colonel Cha-
bert, etc., p. 1 11), on lit : « Murât vint
à mon secours, il me passa sur le corps, lui
et tout son monde, quinze cents hommes,
excusez du peu ! » Albert Cim.
Reprendre du poil de la bête
(LIV, 504). — Parce que, quand on a été
désarçonné, on reprend la crinière de la
bête pour remonter dessus. Curiosus.
*
Les ivrognes, au lendemain d'une
orgie, se remettent à boire, disant qu'il
n'est meilleur moyen de retrouver son
état normal, opinion généralement accep-
tée en Poitou. Cela s'appelle se guérir
avec \e poil de la bête. Cette réponse d'à-
côté aidera à déterminer le sens cherché,
LÉDA.
Envoyer à l'ours (LIV, 281, 429,
546). — Le niot « ours » de cette locu-
tion ne serait-il pas la corruption d'un
terme argotique '^
L'hôpital de Loiuxine était, je crois,
autrefois un hôpital-prison, dans le genre
de notre Saint-Lazare actuel, où étaient
envoyées d'office les avariées préfecto-
rales. Et, dans un monde spécial, on a pu
dire par apocope : « une telle a été envoyée
à Lource », comme on dit aujourd'hui, à
Saint-Lago,
Une autre explication peut être suggé-
rée : l'ancienne prison de la Force était
communément nommée en argot « Lorce-
fée » (voir \c Nouveau dictionnaire d'argot
par un ex- chef de brigade sous M.Vidocq,
Paris 1829). Or, de Lorcefée à l'Ours,
pour qui connaît l'extrême mobilité de la
formation argotique, il n'y a pas loin, et,
par les Bataillons d'Afrique, la cloison qui
sépare la caserne du monde de la Pègre
n'est pas absolument étanche. Cela peut
expliquer la localisation de l'expression
« Envoyer à l'Ours » dans le monde
militaire, où elle aura trouvé son havre.
W. B. SULPHOCA.
Mo iiaâ.
L'INTERMÉDIAIRE
659
660
Biographie, Béranger n'est pas très expli-
cite. Cependant, il insiste sur ce grenier
qu'il habita en 1800 et 1801.
11 parle d'une mansarde sur le boule-
vard — et paraît vouloir dire qu'elle
donne du côté du boulevard, mais il ne
dit pas qu'elle y a vue ; il ne fait même
aucune allusion à la vie de la rue ; son re-
gard ne descend pas : il plane.
J'habitais une mansarde au sixième étage,
sur le boulevard Saint-Martin. De quelle
belle vue je jouissais là ! Qi,ie j'aimais, le soir,
planer sur l'immense ville, lorsqu'aux bruits
qui s élèvent sans cesse, venait se mêler
le bruit de quelque orage. Je m'étais installé
dans ce grenier avec une satisfaction indici-
ble, sans argent, sans certitude d'avenir, mais
heureux d'être enfin délivré de tant de mau-
vaises affaires qui, depuis mon retour à
Paris, n'avaient cessé de froisser mes senti-
ments et mes goûts.
Et plus loin :
Mais revenons à 1801 ; dans mon grenier
du boulevard Saint-Martin.
La Société des Eclectiques (LIV,
453, 604). — Je suis au nombre des sur-
vivants, bien peu nombreux, je crois, qui
prirent part à la fondation de ce dîner
mensuel imaginé par Aglaiis Bouvenne
et Alexis Martin, et inauguré le 8 avril
1872. Le nombre des membres ne devait
pas, au début, excéder vingt, mais cet
article du règlement quelque peu draco -
nien, promulgué par le brave Bouvenne,
fut, si je ne me trompe, modifié plus tard.
Le personnel primitif se renouvela d'ail-
leurs plusieurs fois, à l'exception du seul
Alexis Martin, resté jusqu'au bout fidèle
à l'œuvre qu'il avait fondée. Parmi les
convives de la première levée, je puis
nommer Edmond Morin, Frédéric Règa-
mey, Charles et Karl Fichot, le statuaire
Emile Guillemin, les frères Flament, ar-
chitectes, Ernest Causin, caissier de l'im-
primerie Lemercier, etc. D'autres noms
plus ou moins obscurs sont sortis de ma
mémoire et se retrouveraient dans les
procès-verbaux de chaque séance, car il y
avait des procès-verbaux, généralement
facétieux, en vers ou en prose, autogra-
phiés à petit nombre. Il y avait aussi
des invitations gravées à tour de rôle par
tous ceux d'entre nous qui savaient ma-
nier la pointe ou qui s'y essayaient.
Si beaucoup de ces cartes sont médio-
cres ou même pis, il en est de charmantes
dues à Edmond Morin. et à Frédéric Réga-
mey ; l'une de celles-ci, nous conviant a
un dîner qui tombait le 2 décembre, re-
présentait un Badinguet émergeant d'une
soupière et la censure préalable — on
était encore sous le régime de l'état de
siège — fit mine de vouloir interdire sa
distribution, mais on s'expliqua et l'inci-
dent n'eut pas de suite.
Les réunions n'avaient pas toujours
lieu au même, restaurant, comme le
suppose César Birotteau, et quelques-unes
même se tinrent, au printemps et en été,
dans les jardins et bosquets de la banlieue.
Mais, ainsi qu'il advient d'ordinaire pour
les groupements de cette nature, la mort,
les changements de résidences ou de si-
tuation, les accidents de santé, les diver-
gences politiques, les dissentiments per-
sonnels, firent des vides dans la primitive
phalange, et si ht. Société des Eclectiques
eut une longévité exceptionnelle, je ne
sais plus rien de son histoire intérieure à
partir du moment (1875 et 1876; où je
cessai d'en faire partie.
Maurice Tourneux.
La barbe d'Henri IV et le mé-
daillon de Mlle Pluche. — Henri IV
avait de la barbe, et même une très belle
barbe, il n'est un français qui ne le sache.
Lorsque son tombeau fut violé, à Saint-
Denis, il apparut admirablement con-
servé. On le plaça debout contre un pilier.
D'abord, il fut regardé avec une curiosité
craintive et presque respectueuse. Puis la
fureur qui animait les profanateurs se ma-
nifesta en brutalités sur ce cadavre. Il fut
jeté à terre et frappé. Ce fut au cours de
cette scène que sa barbe fut coupée. Mais
on n'est pas d'accord pour dire de quelle
manière ni par qui.
Un médecin fait ce récit (Voyez Inter-
médiaire VII, 127):
Mon grand-père du côté maternel, le comte
de J... avait été élève chez les bénédictins
de Lagny, où il avait eu, pour précepteur,
l'un d'eux, nommé Dom Coutance,
Quand le couvent fut fermé, ce moine,
revêtu d'habits séculiers, se mêla à tous
les événements. 11 était à Saint-Denis au
milieu des furieux qui frappaient à coups
de sabre le cadavre du roi.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Octobre 1906.
661
662
Dom Coutance profita du tumulte et de la
confusion qui accompagnèrent cette trjste
scène pour se saisir d'une grosse poignée de
la barbe du Béarnais, dont il fît cadeau à son
ancien élève, comme d'une précieuse reli-
que. Mais cette relique ne m'est pas parve-
nue : mon grand-père, n'avait, comme on dit
vulgairement, rien à lui, et ce qu'il ne don-
nait pas, il le laissait le prendre aux amis :
la bnrbe d'Henri IV est sortie de ses mains.
Cette version ne ressemble pas à celle
de Lenoir qui, lui aussi, témoigne que la
barbe d'Henri IV a été dérobée pendant
cette scène d'odieux tumulte.
Une femme s'avança vers lui et lui repro-
chant le crime irrémissible d'avoir été roi^ lui
donna un soufflet, et le fit tomber par terre.
Soit que les militaires aient, dans le caractère,
plus de générosité, soit qu'ils ne considéras-
sent Henri IV que comme un grand capi-
taine, ils ne partagèrent point, en cette occa-
sion, la fureur de la populace ; un soldat qui
était présent, mû par un martial enthou-
siasme, au moment de l'ouverture du cer-
cueil,se précipita sur le cadavre du vainqueur
de la Ligue, et, après un long silence d'ad-
miration, il tira son sabré, lui coupa une
longue mèche de sa barbe qui était encore
fraîche, s'écria en même temps, en termes
énergiques et vraiment militaires : « Et moi
aussi, je suis soldat français ! Désormais je
n'aurai pas d'autre moustache». Et plaçant
cette mèche précieuse sur sa lèvre supérieure :
« Maintenant, je suis sûr de vaincre les
ennemis de la France et je marche à la vic-
toire. » 11 se retira.
On se demandera après ce pillage de
la barbe, comment le célèbre moulage de
la tête du roi qu'on nous dit avoir été fait
à Saint-Denis, porte encore trace d'un
aussi abondant ornement pileux.
Si nous tenons ces récits pour véridi-
ques, nous nous demanderons également
ce que ces barbes sont devenues.
Le soldat n'a pas dû combattre avec
cette moustache postiche, moins héroïque
que ridicule : alors qu'a-til fait de son
royal trophée ?
Peut être iVl. Léonce Grasillier nous
apporte-t-il la réponse à cette question
dans la pièce qu'on va lire et qu'il copia,
à l'intention de \'Interiiiédiaiie,-dux Archi-
ves nationales. Est-elle inédite ? Nous ne
savons pas qu'elle ait été éditée. Le D"'
Billard ne la cite pas dans son travail sur
les tombeaux de Saint Denis. Quoi qu'il en
soit, elle figurera honorablement à cette
place, et nous sera un nouveau motif de
discussion.
Voici, dans son texte fort original, ce
curieux manuscrit :
Hommage fait à Sa. Majesté le roi de
France d'un médaillon reyifermant de la,
barbe de bon roi Henry IV, son auguste
ayeul.
Par sa dévouée servante et fidelle sujette
Marie-Louise Pluche, native de Noyon, ren-
tière demeurant à Parisjue du Four Saint-
Germain, n. 46.
Celte barbe coupée avec le sabre de l'un
des gardes des sépultures royales de Saint-
Denis, à la figure du roi Henry IV, lors de
l'exhumation impie des tombeaux de cette
église royale, a été remise de suite, à son ins-
tante et pressante prière à M. Maurice, na-
tif de Nancy, ancien peintre de LL. MM.
Impériales de Russie Elisabeth et Cathe-
rine II, qui curieux de revoir les restes de
ses anciens souverains, se rendit à St-Denis,
et parvint à pénétrer dans les soutterrains de
fabbave avec un de ses amis ancien officier
supérieur des gardes-françaises qui voulait
aussi jouir, une dernière fois, de la vue de
ces royales et précieuses reliques.
M. Maurice qui avait habité la Russie,
Moscou plus particulièrement, pendant 15
ans, en revint pour se fixer en France, et se
rapprocher de sa vieille mère, avec une for-
tune de trente mille livres de rentes, qu'il
avait amassée par son travail, il la perdit pen-
dant la Révolution, ayant été incarcéré pen-
dant fort longtemps et fut sur le point de
perdre la tète sur l'échafaud révolutionnaire.
Cet artiste connu de tout Paris par son ta-
lent, était lié avec les Princes et Grands de
Russie qui lui témoignaient une vénération
et une estime toutes particulières.
II a pendant tort longtemps fait les achats
de tableaux et d'antiquités pour Lord Sey-
raour avec lequel il était lié d'amitié.
C'est lui qui arrangea la belle galerie de
tableaux de feu Delaborde, banquier de la
Cour, avec lequel il était également lié
d'amitié.
Ces antécédents de feu M. Maurice sont
consignés ici pour donner une idée de son
goût particulier et faire connaître combien
il avait de satisfaction de posséder ces restes
d'un grand roi, qu'il fit mettre avec un soin
religieux dans un médaillon qui est ci-joint
et qu'il s'empressait de faire admirer à toutes
ses connaissances qui étaient nombreuses.
M. Maurice est mort en mai 1820, à l'âge
de 90 ans.
Les témoins qui attestent avoir vu chez ce
peintre le médaillon dont il s'agit et qui en
ont signé le certificat ci-annexé sont :
1° Le jeune Prince Emmanuel de Galit-
line qui habite toujours Paris, avec la Prin-
cesse sa mèie qui honorait M, Maurice d'une
amitié toute particulière.
N° 1:28.
L'INTERMEDIAIRE
663
664
2" M. Denon^ ami inlime de M. Maurice,
lequel a gravé son portrait.
3° M. Lange, sculpteur et restaurateur des
antiques du Muséum, ami de M. Maurice.
4» M. Langlois, père, peintre en minia-
ture et ami de M. Maurice.
s" M. Leroux, ancien commissaire de Po-
lice depuis la restauration et maintenant em-
ployé près de M. le Préfet de Police, M. De-
laveau.
Ce Médaillon a été donné par M. Maurice,
avant sa mort, ù Mlle Pluche qui lui avait
prodigué ses soins pendant 12 ans et à la-
quelle il portait une grande amitié, et dans
laquelle il avait la plus entière confiance, il
lui a fait en outre un testament mobilier.
Cette demoiselle désirant faire hommage
de ce médaillon à Sa Majesté, à laquelle sa
famille et elle sont dévouées et attachées de
cœur, elle ose prendre la liberté d'avoir l'hon-
neur de la supplier de vouloir bien agréer ce
gage de son amour et de sa fidélité pour l'au-
guste famille des Bourbons.
Elle vous supplie de vouloir bien agréer le
très profond respect avec lequel elle a l'hon-
neur d'être
Sire,
de Votre Auguste Majesté
La très dévouée et fidèle
servante et sujette.
M. L. Pluche.
Paris, le 23 mars 1824.
Nous soussignés certifions que depuis long-
temps que nous connaissions Ad. Maurice,
ancien peintre, jusqu'à sa mort arrivée en
mai 1820, nous avons toujours vu chez lui,
attaché à son secrétaire placé près de son lit,
le médaillon c\-]om\.,renfer7na7it de la barbe
du feu roi Henry Quatre, à' ^v>vqs ce que nous
a dit plusieurs fois M. Maurice, qui nous a
raconté souvent la manière dont il a obtenu
cette barbe, lors de l'exhumation des tom-
beaux de l'église royale de St-Denis : récit
qui nous a paru plein de vérité, ayant connu
M.Maurice pour un parfait honnête homme,
et incapable de faire un mensonge qui n'avait
aucun intérêt pour lui, puisqu'il tenait beau-
coup h posséder ces précieuses reliques
royales.
En foi de quoi nous avons signé le présent
à Mlle Louise Pluche, pour attester connaî-
tre le médaillon dont elle est possesseur de-
puis la mort de M. Maurice.
Paris, le 10 mai 1823.
Le Prince Emmanuel de Galit^tne,
Le Baron Denon.
Langlois, père, peintre en miniature.
Leroux, ancien coni''' de Police,
B. Lange, statuaire du Musée royal,
restaurateur des antiques. j Imp. Daniu-Chambon, St-Amand-Mont-Rond
« Cette barbe coupée avec le sabre de
l'un des gardes des sépultures royales »:
cette phrase serait pour donner à croire
qu'il s'agit bien du soldat dont parle Le-
noir. 11 n'en a pas fait un gage de vic-
toire si, séance tenante,, il a remis cette
moustache à M. Maurice ; mais il n'est
pas interdit de penser qu'il ne tarda pas
à trouver cet ornement mal commode ;
ce qui lui fit consentir assez vite à s^en
séparer.
Il ne pouvait le faire au profit d'un dé-
positaire plus digne. Mlle Pluche, de son
côté, en l'offrant au roi, rendait à cette
relique des devoirs délicats. La pièce que
nous publions étant aux Archives Natio-
nales, c'est qu'apparemment, la relique
qu'elle accompagnait fut acceptée. Qu'est-
elle devenue ? Où est la barbe d'Henri IV,
donnée à Louis XVIII, par Mlle Pluche .?
Nécrologie
En pleine maturité, dans tout l'éclat
d'une réputation solide et brillante, M.
Henri Bouchot a été frappé par la mort.
Il dirigeait le Cabinet des Estampes à la
Bibliothèque nationale, avec une compé-
tence indiscutée. Son esprit bien français,
avide de toutes les manifestations de l'art
et de la pensée, s'est prodigué en des œu-
vres d'histoire et de critique, où le ta-
lent du lettré se confond avec la science
du critique. Femmes du xvi" siècle ou de
l'empire ; gravures modernes ou bois an-
ciens ; maîtres de notre école dont il
affirmait la supériorité et l'antériorité sur
les maîtres flamands ; miniaturistes en
lesquels il saluait les précurseurs de
notre art national : sa curiosité intelli-
gente se promenait partout et partout fai-
sait autorité.
L'accueil de l'homme sincère, robuste,
et droit était en harmonie avec son œuvre.
Il meurt trop tôt puisqu'il ne l'a pas
accomplie toute.
Nous garderons, comme un honneur, le
souvenir de son passage à l'Intermédiaire,
où sous son nom et sous des pseudonymes,
il a fourni une collaboration longue et
précieuse.
Le Directeur-gérant :
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1864
(!lllue6îiûii6
La table du pape Benoît XIV. —
Dans ses Mémoires^ mon trisaïeul raconte
qu'en 1757, au cours d'un voyage d'a-
grément en Italie, il passa les fêtes de
Pâques à Rome, où il séjourna douze jours.
Et il ajoute que, durant ce laps de temps,
« il mangea trois fois à la table du pape
Benoit XIV ».
Gomment expliquer ce fait ? Etait-il
d'usage, au xvin^ siècle, que le Souverain
Pontife nourrît les pèlerins étrangers qui
se trouvaient à Rome à l'occasion des
grandes fêtes religieuses ? Il est à noter
que mon trisaïeul n'était qu'un sim-ple
touriste, sans aucune qualité officielle. 11
avait, toutefois, retrouvé quelques amis
dans la Ville éternelle.
JACaUES DE BaRTIER.
Les femmes - confesseurs . —
D'après les Souvenirs de la baronne de
Montet, les diaconesses de Berlin, en 1838,
recevaient la confession auriculaire des
pauvres femmes protestantes. Je sais
bien que sous l'ancien régime, certaines
abbesses prétendirent confesser leurs re-
ligieuses ; et on lit même dans les Ar-
chives de la Bastille^ que des femmes ou
filles jansénistes pratiquaient entre elles
la confession auriculaire ; mais l'Eglise ca-
tholique a toujours sévèrement interdit de
tels agissements.
Etaient-ils donc tolérés dans la religion
protestante en 1838 ? H, Quinnet.
1}UESTI0NS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES. HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
6b5 666 •
Encore une légende qui s'en va.
Le pont Notre-Dame et le frère
Joconde. — M. Marins Vachon, qui a
déjà démontré — au fait, est-ce bien dé-
montré ? — que THotel de Ville de Paris
n'était pas l'œuvre de Dominique de Cor-
tone, dit le Boccador, mais de Pierre
Chambiges, d'un Italien, mais d'un Fran-
çais, vient de faire une nouvelle décou-
verte. Le vieux pont Notre-Dame, qu'il
est question de remplacer par un pont
plus moderne, mais moins pittoresque,
passe pour l'œuvre de frèrejean Joyeux, dit
joconde, un pontife italien. Dans La Petite
Gironde du 26 septembre 1906, M. Va-
chon fait remarquer que du 7 novembre
1499, date à laquelle la reconstitution du
pont a été décidée, jusqu'au 6 juillet 1 500,
il n'est « pas trace de frère Joconde dans
les Registres des délibérât ions du Bureau de
la ville de Paris. » Si les registres nous le
montrent contrôlant la pierre le 25 no-
vembre 1302, nivelant le pont le 20 juil-
let 1503, M. Vachon n'en conclut pas
moins que <\ frère Jean Joconde doit aller
rejoindre le Boccador là où l'on remise les
vieilles lunes >> ; et il demande que dans
une inscription placée sur le nouveau pont
il soit fait « honneur à Jehan de Doyac et à
CoUinot de la Chesnaye du vieux pont
historique du temps de Louis XII ».
Que pensent de cette attribution les
Félibien, les Lebeuf et les Jaillot de \' In-
termédiaire ?
11 ne nous paraît pas inutile de rappe-
ler que Sauvai, Histoire et recherches des
Antiquités de la ville de Paris,Pa.r\s, 1733,
LIV-13
N' II2<
L'INTERMEDIAIRE
667
668
in-f°, t. I, p. 230) parlant de ce pont, « le
plus beau et le mieux bâti de Paris et du
Royaume », concluait, cent soixante treize
ans avant M. Marius Vachon :
« On voit manifestement que Didier de
Félin avait la surintendance de cette en-
treprise ; par conséquent qu'il en a donné
le dessin, et que frère Jean Joconde n'avait
que la conduite des pierres qu'on em-
ployait ».
Pour Sauvai, Jean Doyac, frère Joconde
et frère Jean Joyeux étaient « même per-
sonne ». Quidam.
La France et ses limites natu-
relles.— Dans les yœux d'un Gallopbile,
du baron de Clootz du Val de Grâce
(1786), de ce même baron qui devait être
guillotiné, en 1794, comme Hébertiste,
je vois que ce gentilhomme prussien,
ami déterminé de la France, lui assigne,
comme limites naturelles, les bords du
Rhin.
Cette question avait-elle été traitée
avant lui ? Et qui l'avait agitée le pre-
mier.? SiR Graph.
Les chevau-légers. — ' Qiielles
étaient les conditions pour être chevau-
léger de la garde du Roy ? N'exigeait-on
pas les preuves de noblesse ? Lesquelles ?
Quel était l'uniforme aux environs de
1716 ?
Les gendarmes de la garde du
Roy. — Mêmes questions pour les gen-
darmes de la garde du Roy, vers 1770.
Adhé.
La guillotine à l'eau de rose. —
Dans leur Histoire de la Soc/été française
pendant la Révolution (page 461), les
Goncourt parlent d'une singulière distrac-
tion qui occupait les loisirs des royalistes
avant et pendant l'émigration.
On disposait sur une table une minia-
ture de guillotine en acajou. Puis on
poussait sous le couperet des poupées qui
figuraient Bailly, Lameth, Lafayette, etc.
Un déclic faisait tomber le couteau. La
tête roulait, et du corps décapité on
voyait jaillir un flot de pourpre. Chacun,
en riant, y trempait son mouchoir. Or, la
poupée n'était qu'un flacon, et le sang
une eau parfumée.
L'anecdote est piquante ; mais est -elle
vraie ? Suivant leur habitude, les Con-
court ne citent aucune source. Et, d'ordi-
naire, toutes ces histoires de guillotines-
joujoux ou de guillotines-bijoux sont
controuvées, sauf toutefois pour le cachet
à la guillotine dont Bégis a donné le fac-
similé dans sa plaquette sur Saint-Just.
d'E.
Lalégislation antique et ancienne
concernant les vignes et leur cul-
ture.— Quelle était la législation viticole,
au point de vue des restrictions ou condi-
tions imposées à la plantation et à la cul-
ture de la vigne sous les Valois?
Q.uelle était la législation romaine sous
Numa Pompilius et ses prédécesseurs ou
successeurs immédiats?
En un mot, je tiendrais à connaître
dans quelles mesures et sous la menace
de quelles pénalités, obligation était faite
de cultiver les vignes et de ne les point
laisser dépérir .?
Pour citer un exemple, il était défendu
d'employer pour la messe, ou pour les sa-
crifices païens, des vins produits par des
vignes non taillées par le fer, ou encore
de consacrer des terres de blé à l'exploi-
tation des vignes non cultivées ou insuffi-
samment cultivées.
Sur ces législations ou ces coutumes,
existe-t-il un ouvrage contenant des
textes ? Dans les diverses archives, sait-on
des textes manuscrits relatifs à cette inté-
ressante question trop peu étudiée ?
Croqueville.
Les inspiratrices bienfaisantes.
— Balzac eut pour inspiratrices Mme de
Berny ; Mérimée eutjenny Dacquin.Les ins-
piratrices de Stendhal, de Hugo, sont con-
nues. Mais les autres grands écrivains du
xix" siècle, et les peintres, les sculpteurs,
les hommes politiques eurent aussi leurs
inspiratrices que l'on connaît moins.
Qiielles furent, parmi celles-ci,je ne dis pas
les plus célèbres, mais les plus originales,
les plus « sur-femmes », celles qui, auprès
de l'homme de génie, remplirent complè-
tement leur mission d'inspiratrices ?
D. H. D.
Le président Bocliart de Saron.
— Un obligeant confrère pourrait-il me
dire si Jean-Baptiste-Gaspard Bochard de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1906.
669
670
Saron, premier président au Parlement
de Paris, marié à Françoise-Rosalie
d'Aguesseau et mort en 1794, a 'aissé un
fils ou un petit neveu de son nom t je
suis certain de l'existence d'un Bochart
de Saron au commencement du xix"
siècle, mais je voudrais savoir quels
étaient ses prénoms et s'il était fils ou pe-
tit neveu du personnage en question.
E. B.
Le Chevalier de la Cresson-
nière. — Qiii était « le chevalier de la
Cressonnière, officier au régiment de la
Vieille iMarine, à Calais, en 1754 » .''
Je possède un curieux exemplaire du
Dictionnaire de Leroux auquel il avait
ajouté un travail manuscrit de 70 pages
surlalangue populaire du xviii® siècle et qui
porte son nom frappé en lettres d'or sur
le premier plat de chaque volume.
Connaît-on d'autres livres qui lui aient
appartenu ^ Un Passant.
Famille Faucle. — Porte de gueules,
chargé de ^ licornes d'argent, 2 et / . Y
a-l-il des descendants de cette famille ?
A. N. C. H. F.
Paris de la Montagne. — 11 y eut
un Paris de la Montagne, receveur géné-
ral, duelqucs détails sur ce personnage
dont je ne puis retrouver les origines
certaines permettraient d'éclairer un docu-
ment important. de L.
Descendance de Mlle Caroline de
Nerciat. — Sous la Restauration,
Mlle Caroline de Nerciat épousa Jacques
Pelleport, capitaine des vaisseaux du roi,
officier de la Légion d'honneur, chevalier
de Saint-Louis. De ce mariage naquit une
fille qui devint Mme Froidure, et celle-ci
eut une fille qui peignait. A-t-elle laissé
une descendance ? Qj:elle est elle ? B.
Famille de Piles. — Un confrère
obligeant pourrait-il me donner des ren-
seignements sur la famille de Piles, à
laquelle appartenait Roger de Piles qui a
laissé une certaine réputation d'érudition
au xvii* siècle <: Ce Roger de Piles avait été
le précepteur de Michel Amelot, marquis
de Gournay, ambassadeur en Suisse, à
Venise, en Portugal, et enfin en Espagne,
où, selon l'expression de Saint-Simon, il
régna de concert avec la princesse des
Ursins, près de dix ans, et contribua puis-
samment à l'afifermissement de la nouvelle
monarchie. Amelot avait emmené comme
secrétaire à Lisbonne son ancien précep-
teur de Piles, qui a laissé, sous forme de
mémoires adressés à la présidente Amelot,
mère de l'ambassadeur, des souvenirs
très intéressants sur les mœurs portu-
gaises au xvii' siècle.
Nous trouvons encore Ludovic Fortia
de Piles, baron de Baumes, capitaine
commandant un bataillon du régiment de
la marine. Ce fut lui qui tua en duel le fils
du célèbre Malherbe.
Comte de Varaize.
Pierre Thuin, évêque constitu-
tionnel. — Je serais très reconnaissant
au lecteur de V Intermédiaire qm me donne-
rait quelques délails biographiques précis
sur Pierre T/iuin, élu, le 27 mars 1791,
évêque constitutionnel de Seine-et-Marne.
P. Darbly.
Famille "Villaret de Joyeuse. —
Je désirerais savoir si l'amiral, mort en
1812, a laissé des fils et si l'un, notam-
ment, n'a pas été dans l'armée. GÉo L.
Armoiries à déterminer : un ba-
quet et uae tour. -— Cachet du xviii^
siècle : d'a^nr à un baquet et une tour de...
posés en fasce.^ accompagnés en chef d'une
étoile de...., et en pointe d'ime plante arra-
chée de... Couronne de marquis.
S. L. A.
Armoiries à déterminer : à trois
cygnes de... — De quelle famille sont
ces armes, frappées aussi sur une re-
liure ?
Ecartelè an /"" et au ^.^ de. . . à J cygnes
de..., au 2 et ^ de... au griffon de.., écu
timbré d'un casque, etc.
Un ex-libris assez laid, entouré du col-
lier des Ordres du roi, Saint-Esprit, et
. Saint-Michel, ce qui devrait rendre facile
son identification, qui, je l'avoue,
m'échappe complètement. H porte de... à
j c \gnes de .
Leslie.
Armoiries à déterminer : Mon-
tauvril. — Claude de Montauvril des
Chauvières était prieur commandataire de
Saint-Pierre Chimiliensis (je pense que
N° 1129.
L'INTERMEDIAIRE
671
c'est Chiniilin dans l'Isère). 11 a donné
un prix dans une distribution à Nantes
en 1687, au collège des Oratoriens.
Ce volume porte sur les plats les ar-
moiries ci-dessus : de... à r arbre de... en
pointe, au chef de... chargé de ^ roses de...
Le tout est surmonté des insignes d'un
prélat sans mitre, mais crosse, chapeau et
glands. Etaient-ce bien les armes de
Claude de Moniauvril ? Leslie.
Cheminées ayant servi de ca-
chettes ; plaques retournées. — le
serais reconnaissant à Lintermédiairiste
qui voudrait bien m'indiquer où je pour-
rais trouver des documents totichant :
1° L'arrestation de la duchesse de Berry,
uniquement au point de vue de la cons-
truction de la cachette dans laquelle elle
fut prise ;
2" D'autres exemples de fonds de che-
minées ayant été truqués de manière à
constituer des cachettes ;
3° Sur le danger que faisait courir pen-
dant la Terreur la possession de plaques
de cheminées en fonte présentant des
<< signes de féodalité v ;
4" Sur la tolérance qui permit de con-
server certaines de ces plaques en les re-
tournant, la face ornée se trouvant alors
contre le mur du fond.
Pour ces deux dernières questions, je
possède déjà, des archives de la préfecture,
la pièce 13365 et la pièce 13454.
Henri Carpentier.
L'escargot de îa cathédrale de
Troyes. — Les archéologues savent
qu'à la cathédrale de Troyes il existe
plusieurs piliers dont le chapiteau, dé-
coré de feuilles de choux, perte en même
temps un gros escargot de pierre qui
semble se promener sur ces feuilles.
Quand j'étais au collège, un professeur
nous lut un jour, dans un journal de
littérature pour la jeunesse, genre Musée
des Familles ou Magasin piiiorcsque.^ une
légende relative à cet escargot. J'ai oublié
la légende, mais je me rappelle ces détails
essentiels. Le sculpteur qui travaillait à l'un
de ces chapiteaux avait, pour le servir, un
jeune apprenti. L'ayant rudoyé et bruta- ,|
lise, il fut aussitôt puni de sa méchanceté
par une intervention miraculeuse de l'es-
cargot, qui s'anima et se mit à ramper en
dévorant les feuilles de choux au fur et à
672
mesure qu'elles sortaient du ciseau du
sculpteur.
Un intermédiairiste pourrait-il m'indi-
quer l'auteur de cette légende et dans
quel ouvrage je pourrais, la retrouver?
Lucien Morel.
Une histoire de la guerre de
Vendée. — Qii"est-ce que VHistoire de
la guerre de Vendée.^ par le général Jauf-
fray, dont parle un journal d'Angers,
VArni des Principes.^ dans son n° du 22
juin 1797 ? U.
Ouvrages sur Louise do Durfort,
duchesse dâ M^zarin. — Louise de
Durfort, duchesse de Mazarin, morte en
1781, eut une certaine célébrité, grâce à
sa fortune, sa beauté et ses succès galants.
Je serais très reconnaissant à qui vou-
drait bien m'indiquer les ouvrages et mé-
moires du temps, donnant le plus de dé-
tails possible, sur la personne et la vie
de cette duchesse et sur tout ce qui la con-
cerne. H. H .
« Gamoens », drame de V. Perrot.
— Théodore de Banville parle, dans sa
préface des Ci7/-/t7//Vfo (20 septembre 1842)
d'un drame de Victor Perrot intitulé Ca-
moens, dont on « attend » à cette date, la
première représentation. Ce drame a-t-il
été représenté ? Quand .? A quel théâtre?
Avec quel succès ?
J'ai cherché en vain des traces de ce
Camoens et de son auteur dans les dic-
tionnaires,biographies, bibliographies, etc.
Je sais pourtant qu'il a écrit pour le théâtre
et qu'il a fait représenter un Jacques Callot
en 1850, mais rien de plus.
F. P.
Lion monosyllabique. — Peut-on
ne faire qu'une syllabe du mot lion, en
dépit de tant d'exemples contraires '^ Un
livre vient de paraître : Pages choisies, de
Louis 'Veuillot où se trouvent (page 363)
ces deux vers :
No5 lions paraissent enragés. . .
Soudain nos lions se font bergers,. .
Louis Veuillot est en général un écri-
vain correct. N'est-il pas surprenant de
trouver ces deux vers sous son nom ?
A. I.
Carrelage à retrouver. — Au châ-
teau de Grézieux-le-Marché (Rhône) ayant
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
673
10 Novembre 1906,
-674
appartenu au lieutenant général de Sou- ! ment. 11 est destiné à remonter le Danube
vigny, se trouvait, il y a une vingtaine \ jusqu'à Ulm. Ce bateau doit faire le chemin
d'années, un vieux carrelage en faïence ! P'^'^ vite que les bateaux ordinaires tirés par
représentant le siège de Kosas auquel
avait assisté le lieutenant général. A cette ! ^
Alinanach sous verre
sions fut vendu, probablement à un anti- 'i° '88
quaire de Lyon. Qui pourrait me dire où
il se trouve aujourd'hui ^ Baron A. H.
Bernique. — D'où vient le mot ? A
quelle époque est-il devenu français t
Hatzfelvl, Darmesleter et Thomas n'en
connaissent pas d'exemple antérieur au
Dictionnaire de Trévoux (177O qi-ii l'écrit
bernicles et ils en concluent que celte
forme était celle du xvni" siècle. C'est
inexact Les lexicographes de Trévoux
avaient pris bernicles dans le Dictionnaire
du yieux Langage de Lacombiï (1766), qui
l'interprète ainsi :
Bernicles: rien, nihillp. 65).
Lacombe le premier, ayant trouvé le
mot dans Du Gange (où il a une toute
autre signification, d'ailleurs) a confondu
un substantif de Joinville avec une inter-
jection qui pourrait être de Collé. Les
bernicles étaient des instruiiients de torture
inver.tés par les Sarrazins « Bernicles est
le plus grief tourment que l'on puisse
souffrir » dit Joinville. C'est autre chose
que rien.
Des lors, l'erreur d'orthographe étant
connue, ne serait-il pas permis de s'arrê-
ter à la seconde étymologie discutée par
Littré : aber nicht ï Liitré voulait dire sans
doute aber uichls, qui dans certains dialec-
tes voisins de notre frontière, se prononce
aber uil^s, et peut se traduire exactement
par : « Ah ! bernique I » transcription
presque littérale.
Au xvni' siècle, par nos soldats revenus
d'Allemagne et par les Suisses à nos
gages, notre langue s'enrichit de beau-
coup de mots nouveaux qui sont de pures
transcriptions de l'allemand. Chenapan
(Schnapphahn) brandcvin (brantwein)
liir>ch (kirschwasser) vasistas (w^as ist das ?)
Est-il vraiment nécessaire d'écrire
encore, avec Hatzfeld ou avec Stappers :
BERNIQ.UE : origine inconnue ?
Candide.
B".teaux à rouas en 1779. —
« On voit à Vienne, en Autriche, un bateau
ayant des roues, que le feu met en mouve-
les chevaux. 11 est de l'invention d'un frau-
de 1779, p. 62^
Est-ce que ce bateau a fonctionné avec
succès ^ Quel est le nom de l'inventeur .?
J. -G Bord.
L'Anglais qui veut voir mangor
le dompteur. — Sur quel fonds de
vérité repose cette histoire de l'Anglais
qui suivait le dompteur pour le voir
manger ? V.
Le saule de Musset aux Champs-
Elysées. — Du journal des Débats :
novembre 1906 :
II y avait dans les Chàmps-EIyse'es un
arbre presque aussi populaire que le marron-
nier du 20 mars. 11 vient de mourir. C'était
un saule pleureur qui mirait sa ramure'dans
une jolie fontaine, près de l'avenue Gabriel.
Une légende attache à ce saule — co.mme à
celui du cimetièie — le souvenir de Musset.
On prétend que son feuillage éploré abrita
! plus d'une fois les rêveries du poète ; on ra-
conte que pour le conserver et par respect
pour cette relique, on n'avait point voulu
modifier le tracé de l'avenue quand on dota
d'une porte monun:!entale le jardin de l'Ely-
sée. V Intermédiaire des chercheurs et cu-
rieux devrait nous dire si cette légende est
de l'histoire.
Barbaze, 1756. —Je possède le ca-
talogue de la Vente des livres de M. Bar-
baze, s"" de Saint-Qiientin, qui eut lieu à
Lille en mars 1756. Un intermédiairiste
pourrait-il me renseigner sur ce person-
nage, grand amateur de musique et de
théâtre, ainsi que le prouve la quantité
considérable d'œuvres dramatiques et
musicales que renfermait sa collection ?
L. L.
Birocho, voiture du XVIir siè-
cle. — Un collaborateur de X Intermé-
diaire pourrait-il me donner quelque des-
cription d'une voiture appelée biroche, ou
birocl:et, par les Mémoires du temps ?
C'est dans ce véhicule que l'Empereur
Joseph II fit modestement son entrée à
rans en 1777.
Z. Y. X.
N« 1129.
L'INTERMEDIAIRE
675
676
rô
Le comte de Moret, fils naturel
de Henri IV, s'est-il fait ermite P
(LIV, 329, 398, 455, ^6}). — Voir aussi
à ce sujet Le Mercure oalant^ février 1692,
p. 105, et L. Sandret : Uhermite des Car-
délies (Revue historique^ nobiliaire et bio-
graphique, 1876, p. 243.)
G. P. Le Lieur d'Avost.
41
* »
De l'Univers, i^' décembre 1906 :
A en croire presque tous les historiens,
Diipleix, du Gros, Moreri, doai Vaissète,etc.,
Moret, qui avait pris parti pour Gaston d'Or-
léans et combattait les troupes royales, aurait
été très gravement blessé à l'affaire de Cas-
telnaudary et serait mort, sinon sur le champ
de bataille, du moins quelques heures après,
dans le carrosse de Monsieur, où on l'avait
transporté.
Telle aurait été la fin de ce prince de
« gentil esprit et de belle espérance »,
comme dit Dupleix. Aucun historien, d'ail-
leurs, ne fait connaître le lieu Je sa sépul-
ture .
Seul, un Jésuite d'esprit pénétrant et de
sagacité remarquable, le PèreGriffet, — celui-
là même qui publia un si curieux ouvrage sur
l'homme au masque de fer — affirma que le
comte avait terminé ses jours dans un mo-
nastère, plus de cinquante ans après la ba-
taille de Casteinaudary . Le Père Griffet avait
été intrigué par un mot du maréchal de
Schomberg : — « Le comte de Moret fut
blessé d'une mousquetade dont on le crut
mort. » — et par ce passage des Mémoires
de Brienne : « On disait que le comte de
Moret avait été tué. »
Le Père Griffet commença donc ses le-
cherches et il constata qu'un curé d'Angers
avait relaté en 1692 la mort d'un « solitaire
inconnu » qui vivait depuis longtemps à
Saumur et qu'on croyait être le comte de
Moret. Il était de tradition dans le pays que
Louis XIV, s'étant ému des bruits qui cou-
raient, avait expédié l'abbé d'Asnières au
mystérieux pénitent, pour lui demander s'il
était bien l'oncle naturel du roi : « Je ne le
nie ni ne l'assure ; qu'on me laisse en repos »,
avait répliqué l'ermite.
L'envoyé du roi aurait alors présenté le
portrait du Béarnais au solitaire qui n'aurait
pu retenir'^ ses larmes. Griffet releva encore
la déclaration d'un certain frère Hilarion,
lequel ayant appris incidemment à l'ermite
la mort toute récente de l'abbesse de Fonte-
vrault, fille naturelle d'Henri IV, avait provo-
qué chez son interlocuteur la plus viveémotion'
Or, V Intermédiaire cite aujourd'hui ce
curieux extrait de la Revue liis torique et ar-
chéologique du Maine :
« En 1695, le Frère N >rbert Moret est
i prieur de l'ermitage des Camaldules de Bessé-
j sur-Braye (Sarihe), Né à Saint-Germain-en-
Laye, il était d'abord entré dans Tordre des
chanoines réguliers de Prémontré, Après
trente ans de résidence, il obtint du Saint-
Siège la permission de se réunir aux Camal-
dules, ce qui eut lieu le 7 août 169=;. 11 y
était encore en 1710. »
Si cette dernière date est exacte, le comte
de Moret serait donc mort plus que cente-
naire, puisqu'il était né en 1607 ? Et puis,
d'oi^i vient ce prénom de «Norbert»? Le
comte s'appelait Antoine et s'il avait voulu
changer de prénom pour dérouter les curieux,
il n'aurait évidemment pas conservé son nom
de Moret. Enfin, le fils naturel d'Henri IV
était né à Fontainebleau, non à Saint-Germain-
en Laye ?
La Revue du Maine ne pourrait-elle préci-
ser î En tout cas, il faut rendre justice à ces
érudits modestes qui apportent à l'histoire
une contribution si précieuse, en fouillant
les archives locales. Le problème en question
est intéressant. Et il serait curieux que les
dires des historiens fussent victorieusement
infii mes par une revue de province.
J. Mantenay.
* *
En réponse au renseignement donné
par M. Louis Calendini, je me permettrai
de faire observer qu'il est invraisemblable
que le fils àH HenyilV, -- lequel fut assas-
siné, comme chacun sait en 1610 — vécût
encore en 1710 ! J. W.
Le colonel Labédoyère (LIV, 500,
582). — Puisqu'un collaborateur de \ Inter-
médiaire a manifesté le désir d'avoir quel-
ques détails sur la prétendue tentative d'é-
vasion, qui n'a été, comme le dit très bien
l'honorable correspondant H. G. M ,
qu'une machination policière — tentative
d'évasion, dis-je, pour sauver Charles de
la Bédoyère — j'emprunte le passage sui-
vant concernant cette tentative à une rela-
tion, inédite., m.alheureusement inachevée,
d'autant plus malheureusement qu'elle s'ar-
rête au moment le plus intéressant — le
plus poignant, — écrite par Mlle Gabrielle
de Ghastelhix, sœur de Mme Charles de la
Bédoyère. Cette relation a pour titre :
« Récit du mois (i), le plus douloureux de
notre vie ».
(i) Août 181 5.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
677
Vers la fin de la matinée, Mlle Dupont,
(1) me prit àpartet me dit: Duchemin {2) est
venu. U demandait à voir Mme de La Bédo-
yère.
Une dame qu'elle connaît l'a chargé de lui
faire des propositions pour faire évader son
maii. Elle donnera si l'on veut 6 000 fraies.
Si Duchemin ne peut voir Mme de La
Bédoyère, il voudrait parler à quelqu'un de
la famille.
Cette proposition me parut avoir beaucoup
d'importance.
Elle pouvait nous tirer tous d'affaires en
quelques heures ou nous plonger dans un
gouffre de maux.
j'en parlai à mes frères Henri et César de
Chasteliux, à maman. Ils jugèrent comme
moi qu'il fallait qu'aucun de nous ne parût,
pas même Georgine (^) Duchemin revint:
elle le vit. Il lui nomma Mme de S. (4"» et
lui dit qu'elle pouvait faire rendre réponse
parP. S. (3).
Nous lui conseillâmes d'en aller parler à
ma tante, la marquise de Chasteliux née
Plunkett, dame d'honneur de Mme ia Du-
chesse d'Orléans Penthièvre et veuve de l'a-
cadémicien (6), qui lui promit d'aller le lende-
main samedi chez Mme de S. Elle vint après
cette visite ; Georgine était sortie. Mme de
S. lui avait dit que si Georgine voulait don-
ner 100.000 francs, 10.000 en or et le reste
en billets, on sauverait son mari, que la
chose paraissait sûre, étant proposée, à ce
qu'on croyait, par un homme de la police,
qu'il n'y avait pas un moment à perdre et
que l'exaspération générale ne laissait pas
d'autre espérance. . .
Maman, au désespoir d'être mise dans cette
confidence, le dit assez sèchement k la mar-
quise. U lui paraissait fort triste que si la
chose devait se faire on pût dire que la famille
avait été de moitié dans cet arrangement.
Elle dis.iit avec raison que pour Georgine
elle-même, ceux qui pouvaients'intéresser à
elle, feraient bien mieux de la servir sans la
consulter, qu'on ne pouvait douter qu'elle ne
remplisse tous les engagements qu'on aurait
pris pour sauver son mari.
Georgine arriva. La Marquise et elle allèrent
chez sa belle-mère (7) qui devait signer aussi
le billet, et du consentement de laquelle
Georgine avait besoin pour autoriser le sien.
Cette proposition mit Mme de La Bédoyère
dans un affreux état. C'était une révolte
contre l'autorité. Elle se voyait entre le
10
678
Novembre 1900^
(i) gouvernante,
(2) intendant,
{3) Mme Charles de La Bédoyère.
(4) probablement Mme de Souza.
(5) très probablement Philippe de Ségur.
(6) probablement M'"e de Pracontal.
(7) comtesse de La Bédoyère, née des Barres
malheur et le crime. L'abbé Dulondel qu'elle
demanda à consulter combattit pourtant ses
scrupules. 11 dit que la religion ne défendait
point à un prisonnier de chercher à se sau-
ver, et la femme pouvant être considérée
comme une seule et même chose avec lui,
tout de sa part était légitime.
Mme de La Bédoyère se retira chez elle
avec une très forte attaque de nerfs, ne vou-
lut pas revoir Georgine et lui fit dire qu'elle
ne s'opposerait à rien et l'aiderait h acquitter
les dettes qu'elle pourrait contracter.
A 9 heures du soir, Mme X. vint chez
Georgine et lui proposa d'aller à la Concier-
gerie.
Rien, disait-elle, n'était plus facile: l'homme
qui avait fait la première proposition de ce
projet tenait à la police, on croyait le con-
cierge déjà prévenu. Vcci quel était le plan :
aller tout droit chez cet homme et lui faire
la proposition de livrer le prisonnier; s'il
acceptait, convenir de l'heure, déposer sur la
table les 10.000 francs en or, revenir à
l'heure désignée avec 90.000 francs en billets
et deux passeports, l'un pour Charles, l'autre
pour Georgine, Une Maison était préparée
pour les recevoir, au bout de 8 jours, ils
seraient sortis de Paris et auraient été se
! cacher à 10 lieues. Georgine vint sur le
I champ nous le dire, elle éta't dans un état
1 d'agitation difficile à rendre ; notre angoisse
fut égale à la sienne. Nous ne connaissions pas
cette femme. Georgine non plus (i). Nous
savions seulement qu'elle tenait au par-
ti. Ne voulait elle pas faire de Georgine
et de ses 100.000 fr. des instruments à de
mauvais desseins ?
On ne parlait que de conspirations et de
tentatives manquées. Ses intentions, même
supposées aussi pures que les nôtres, sa
j tête était-elle assez bonne pour faire réussir
i un projet aussi difficile et dont le mauvais
i succès pouvait si horriblement compromettre
j Georgine et sa famille ?
j Le plan paraissait mal conçu. Comment un
! prisonnier sortirait-il de sa prison par la
I porte sans qu'on eût gagné toute la garde .''
! Une heure peut-elle suffire pour de tels
! arrangements?
' L'assurance de cette femme était-elle fon-
i dée sur des choses qu'elle ne voulait pas
dire? était-elle seulement la suite d'une im-
piudente légèreté ?
Si elles étaient arrêtées toutes deux, Geor-
j gine perdait toute espèce de moyens de ser-
1 vir son mari, mais vu l'exaspération générale,
; le moyen était peut-être le seul au monde
! de le sauver. Pourrait-on alors le rejettcr
\ sur des apparences et des soupçons?
' (1) Alors, cette femme n'était ni Mme de
Souza,ni Mme de la Valette. Voir plus loin
s colonne 680,
H° 1129.
L'INTERMEDIAIRE
679
680
Nous étions réunis, maman, mes frères et
moi, dans une fièvre de sentiments et de pen-
sées dont rien ne peut rendre la souffrance ;
tantôt les dangers du moment, tantôt les re-
grets possibles de l'avenir s'offraient en foule
et à la fois pour nous faire frémir,
Georgine revenait au désespoir. Cette
femme m'assure, disait-elle, que c'est ma
seule espérance, je n'ai plus qu'un instant
pour me décider ; demain, plus de moyen :
après demain, tout sera fini pour lui et pour
moi.
Rien n'est comparable à la perplexité de
cette affreuse heure.
Nous pensâmes que cette femme se char-
gerait peut-être d'aller seule à la Conciergei le.
Georgine, sans expérience et la tête pres-
que perdue d'effroi, ne pouvait être d'ungrand
secours pour assurer :e succès et s'il man-
quait, libre et non compromise, elle pourrait
faire agir d'autres moytns.
Elle le proposa, cette femme ne le voulut
pas.
Enfin, l'heure s'écoula dans ces affreuses
angoisses et elle se retira vers minuit laissant
encore quelque espoir pour le lendemain.
Je ne me rappelle jamais cette cruelle nuit
sans frémir. Oh I mon Dieu ! qu'il est
affreux d'avoir à prendre un tel parti ?
La Providence offrait-elle dans ce mo-
ment à la malheureuse Georgine le seul se-
cours qu'elle voulût lui donner ? Est-ce elle
qui la retenait au contraire au bord de
l'abîme ?
M. Gomel qui avait été le matin à la Con-
ciergerie, nous avait dit que le concierge
avait reçu les ordres les plus rigoureux sur la
manière de garder ce malheureux jeune
honame. 11 lui était enjoint de ne pas s'absen-
ter une minute de la prison, de ne laisser en-
trer qui que^ce soit dans sa chambre. « Voui
en répondez sur votre tête, lui avait dit
M. de Gaze. »
Le lendemain, la pauvre Georgine courut
chez matante avec cette daine pour examiner
encore le projet et se décider à l'exécuter
peut-être dans la soirée.
Ma tante fit beaucoup de questions à
cette femme et ne trouvant pas dans sa réponse
l'assurance et la clarté qui peuvent inspirer
confiance, il fut décidé que M. Gomel irait
de nouveau sonder le concierge, ils se con-
naissaient beaucoup .
Après quelques mots de douleurs sur le
sort de cet infortuné jeune homme, il lui
dit : « il appartient à deux famille:, bien in-
téressantes et qui certainement feraient tout
ce qui dépendrait d'elles pour le coirserver».
Cet homme l'arrêta ; « Si vous étiez tout
autre, je vous arrêterais sur le champ, lui
dit-il, et vous mènerais au préfet de police. »
M. Gomel nia aucune arrière-pensée et se
retira. j^""
Depuis, cet homme a quitté cette place
et lui a conté à lui-même que le matin, M.
de Caze l'avait fait venir et lui avait dit : « On
viendra vous faire des propositions pour
sauver M. de La Bédoyère ; on vous présen-
tera 10 000 fr, en or et 'on vous en pro-
mettra 90.000 fr. ; arrêtez sur le champ la
personne quellequ'elle soit et amenez-la moi».
Cet homme ajoutait : « Je tremblais que
vous n'en disiez davantage. »
Pendant que la pauvre Georgine cour-
rait d'un bout de Paris à l'autre pour tâcher
d'assurer le succès de son projet, M. Ja-
gault vint chez nous pour nous avertir qu'on
avait découvert une conspiration dans la
j nuit, qu'il en avait entendu parler aux prus-
1 siens qui étaient chez M. de Lorge, qu'il y
avait un plan pour forcer les portes de la
Conciergerie qui avait manqué l'on ne sa-
vait pourquoi, qu'on était dans l'inquiétude
et qu'on. . .
Le manuscrit s'arrête brusquement là.
Voici encore relativeiiient à celte ten-
tative d'évasion (LIV, 500), un extrait
des Mémoires sur l' Impératrice Joséphine,
tome 2, page 306. Bruxelles 1828 — sans
nom d'auteur — « Le retour de l'Ile
d'Elbe, n
Un voile lugubre doit être jeté sur cette
époque fatale, qu'il me soit permis d'en sou-
lever un coin pour montrer l'héroïsme d'une
femme qui se dévoua complètement pour
sauver un parent malheureux. Elle n'est plus !
mais elle a laissé des enfants pour lesquels la
noble conduite dj leur mère est un bel héri-
tage.
Lors de l'arrestation de M. de la Bédoyère,
plusieurs de ses compagnons d'armes voulu-
rent le sauver. Ils s'entondirent avec Mme la
Marquise de La Valette, sa cousine, pour
faire réussir le plan arrêté pour son évasion.
Elle risqua des démarches d'une difficulté
extrême et vendit une propriété afin de se
procurer l'argent nécessaire.
Dénoncée à la police, elle fut obligée de se
cacher; une de nos plus célèbre ; actrices,
Mlle Duchesnois, qui la connaissait très bien,
ne craignit pas de se compromettre en la
recueillant chez elle. Mme de La Valette y
fut six semaines entourée des soins les plus
tendres, et lorsqu'après un jugement qui l'ac-
quitta, elle alla en Amérique et chargea sa
généreuse amie de veiller sur ses enfants qui
restaient en pension à Paris, Mlle Duchesnois
leur rendit mille services et fit pour eux, ce
qu'une sœur eût pu faire.
«Ces mémoires sur l'Impératrice Joséphine
sont de Georgette Ducrest, nièce de Mme de
GeiiUs, Ils contiennent un grand nombre de
pièces fausses avec beaucoup de renseigne-
ments très vrais. J'ai une lettre de la reine
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1906.
681
-682
Hoitense qui se plaint précisément de cette
publication de faux documents d'auta .t plus
impardonnables que cette Georgette Ducrest
avait vécu dans l'intimité de Joséphine ».
(No;e de Mme C, d'Arjuzon).
L. B.
Ainsi, d'après Georgette Ducrest, la
femme qui mena le complot de l'évasion
serait Mme de La Valette, mais l'impres-
sionnant récit de Mme de Chastellux,
sœur de Mme de la Bédoyére, ruine cette
opinion, puisque la femme qui faisait ces
démarclies imprudentes n'était pas con-
nue de la famille. Qui donc était-elle ? Et
pourquoi et pour qui agissait-elle ?
La barbô d'Henri IV et le médail-
lon de Mlle Pluche (LIV, 660). — Le
fait d'une mèche de barbe, enlevée au
bon roi Henri IV est attesté par des té-
moins si nombreux et si dignes de foi,
qu'il est impossible d'émettre un doute
au sujet de ce petit sacrilège.
L'argument, tiré de l'absence de trace
de cette profanation sur le moulage de la
tête du roi, ne tient pas debout. 11 ne
s'agit, sans doute, que de quelques poils
dérobés, et en tout cas, le moulage, dû au
sculpteur Compeyrot,a pu être pris avant
cette soustraction à la barbe du roi.
Je considère, pour ma part, que plus
d'un assistant dut dérober quelques poils
à la barbe du Béarnais.
Outre le curieux document cité par
\' Inteimédiaire du 30 octobre, nous possé-
dons ;
1° La relation d'un fait du même genre,
rapporté par le Journal de Paris, à la
date du 29 août 1814, qui signale « que
M. le chevalier Dubos, sous-préfet de
Saint-Denis, avait eu l'honneur de pré-
senter au roi un tableau sur lequel sont
fixés », avec plusieurs autres reliques du
même genre, des fragments de la « mous-
tache » de Henri IV, recueillis, « à l'é-
poque de la profanation des tombeaux,
par feu le sieur Desingy, alors suisse de
l'abbaye, qui les a sauvés, au risque de sa
vie ; ils étaient restés jusqu'à présent
entre les mains de sa veuve, qui aspirait
depuis longtemps à les rendre à la famille
de nos souverains »,
2° Et une lettre publiée en 1866, dans
le Figaro, par M. Claretie à qui elle était
adressée, et que G. d'Hcilly a rapportée
dans son ouvrage sur Saint-Denis. Nous
la reproduisons tout entière :
Charlieu (Loire) 27 décembre i866.
Monsieur,
Je vois, en lisant dans mon journal, votre
chronique d'avant-hier, qu'un bourgeois de
Montmartre conserve sous verre la partie
gauche de la moustache de Henri IV.
En est-i! bien certain? cela ne fait pas de
doute; mais ces précieux débris ont-ils bien
appartenu à l'inventeur de la poule au pot?
je viens du fond de h province, d'un trou,
vous apporter une histoire vraie à cet égard.
Seulement, si elle devait troubler la quiétude
du bourgeois de Montmartre, n'en parlons
pas.
A l'époque oij les sépultures royales de
Saint-Denis furent brisées, et tout à fait au
retour de l'équipée, une espèce de géant à
tournure farouche entra, à Saint-Denis même,
avec quelques-uns de ses camarades, chez un
marchand de vins où ils firent un repas à la
fin duquel le colosse sortit de sa poche un
papier qu'il tendit à une jeune personne de
la maison, en lui disant : « Tiens, citoyenne,
j'ai coupé les moustaches au tyran Henri IV,
je t'en fais cadeau ».
La jeune femme accepta avec plus de
crainte que de plaisir, mais conserva cepen-
dant les moustaches.
Vingt-cinq ans ou trente ans après, celte
femme avait pour voisin, un négociant de
notre ville, lequel avait son centre d'affaires,
son magasin, presque en face de l'établisse-
ment des demoiselles des légionnaires de
Saint-Denis.
11 y a 24 ans, j'ai encore vu son enseigne,
et je trouverais sa maison, si Saint-Denis n'a
pas été éclairci comme Paris.
Ce négociant avait, comme bien d'autres, la
manie des vieilles choses.
Un jour qu'il montrait avec beaucoup d'in-
térêt je ne sais quelle vieille défroque, la
femme aux moustaches lui raconta le don qui
lui avait été fait et lui offrit de s'en dessaisir
à son profit. 11 accepta de grand cœur,
mais la difficulté était de retrouver cela.
Pendant des années, toutes les fois que
l'occasion s'en présenta, il demanda toujours
à cette femme la remise des précieuses mous-
taches.
« Mais elles sont perdues ! » disait-il.
Cette dame lui répondit que lors de son
dernier déménagement, elle était sûre de les
avoir vues enveloppées dans le même papier,
qui n'avait jamais été ouvert.
« Je consacrerai une journée entière à cette
recherche, et je les retrouverai *
Ce monsieur vint passer quelques jours ici,
^ à Charlieu, dans sa famille. Pendant son
N-
1 129.
L'INTERMEDIAIRE
68^
684
absence, cette femme mourut. Son mobilier ;
fut vendu. \
A son retour, notre compatriote s'emnressa j
de faire des démarclies pour connaître le sort
des précieuses moustaches. 11 apprit que dans
un meuble rempli de linge on avait trouvé,
sur le plus haut rayon, derrière une pile de
draps, un vieux papier dans lequel étaient
effectivement des moustaches ou de la barbe.
Mai3 on ajouta que sur l'observation du com-
missaire, que c'était certainement un soiix>e-
7iir de jeunesse conservé par la dc/unle, les
héritiers,par respect pour sa mémoire, jetèrent
au feu le papier et les moustaches qu'il con-
tenait.
Celui qui m'a donné ces détails est mort
depuis 4 ou 5 ans ; ses héritiers habitent
Paris, dans une ruf de la rive gauche. 11 a dû
leur faire part de ces détails; moi-même je
les racontais dans une réunion, il y a environ
quatre mois. S'ils sont vrais, les moustaches
qui sont sous verre à Montmartre ne seraient
guère authentiques ; mais si leur possesseur
les tient pour officielles, elles lui feront le
même usage.
P. c. c. D"" Billard.
Levé.isable Charles r^(LIV,554).
— Qj.ie le pinceau de Van Dick ait un peu
ajouté de grâce et de souplesse au phy-
sique du petit-fils de Marie Stuart, nous
le croyons sans peine de la part du
peintre que le monarque combla de ri-
chesses et d'honneurs. Mais il est difficile
d'admettre que Van Dick ait transformé
en un élégant gentilhomme le gnome mal
bâti de Charles V" , qui a toujours passé
jusqu'ici pour un homme bien constitué
et qui, mort à 49 ans, avait donné à sa
femme six enfants.
)e n'en veux pour preuve que la ré-
flexion de Cromv/el qui voulut, après le
supplice du monarque, voir le cadavre
du roi étendu dans son cercueil. L'ayant
considéré attentivement, nous dit Guizot,
et soulevant de ses mains la tête, comm^
pour s'assurer qu'elle était bien séparée
du tronc : « C'était là un corps bien cons-
titue, dit-il, et qui promettait luie longue
vie ». D' BiLLAKD.
Les rapports des ambassadears
vénitieT s à ia coax- de France (LIV,
609). — • N, Tommaseo a publié dans la
Collection des documents inédits sur VHis
toire de France publiée par le Ministère
de l'Instruction Publique : Les relations
des ambassadeurs vénitiens sur les affaires de
France au XVI" siècle (Recueil, traduc-
tion^, 1B38, 2 vol.
Octave Beuve.
la fuite do L«':U's-PAiiipp9 (LIV,
610). — Imbert de SaintAmand {La Révo-
lution de 1848^ pages 309 à 325) donne
un itinéraire du voyage du Roi, de Paris
à Honfleur qui, peut-être, donnera satis-
faction à la que.stion posée. Thix.
*
♦ *
Il était une heure de l'après-midi,
quand la famille royale sortit par la
grande allée du jardin des Tuileries, le
roi suivi des princes et princesses, accom-
pagné de quelques aides de camp et d'une
trentaine de personnes dévouées. Louis-
Philippe était à pit:d, en habit noir et
chapeau rond, son bras droit passé dans
le bras gauche de la reine sur lequel il
s'appuyait fortement, et celle-ci marchant
d'un pas ferme. Ils s'arrêtèrent un instant
à l'asphalte de l'obélisque, au milieu de
groupes qui ne comprenaient rien à ce
qui se passait ; puis ils retournèrent sur
leurs pas à très peu de distance de là, oii
stationnaient deux voitures noires, basses
et attelées chacune d'un cheval. Deux
jeunes enfants se trouvaient dans la pre-
mière ; Louis-Philippe prit la gauche, la
reine la droite ; les enfants se tinrent
debout, le visage collé sur la glace ; le
cocher fouetta vigoureu'-ement, et la voi-
ture partit, entourée et suivie des gardes-
nationaux et des dragons présents ; puis
la deuxième voiture, où se placèrent d'au-
tres membres de la famille royale, se mit
en route. L'escorte pouvait s'évaluer à
deux cents hommes environ : elle prit le
bord de l'eau et se dirigea au grand galop
vers Saint-Cloud.
La famille royale n'y séjourna qu'un
moment. Deux omnibus loués à Saint-
Cloud la transportèrent jusqu'à Trianon.
Le général Dumas se procura deux berlines
et une somme de 1.200 francs qu'il em-
prunta à un ami particulier, car le roi
était parti sans ime obole. On arriva à
Dreux au milieu de la nuit du 24 au 25,
et le lendemain il fut décidé qu'on se reti-
rerait à Honfleur quelques jours, là où
M. de Perthuis, officier d'ordonnance du
roi, possédait une villa.
Une berline fut réservée pour îa prin-
cesse Clémentine et son mari, le prince
de Saxe-Cobourg, leurs trois enfants, la
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre jg^ô.
68=
686
petite-fiUe du duc de Nemours, la prin-
cesse Marguerite, le docteur Pigache et
Mme Angelot, qui filèrent directement
sur Boulogne.
Les autres membres de la famille
royale occupèrent la deuxième berline et
un des omnibus loués à Saint-Cloud, et
l'on partit pour Evreux le 26 au matin.
On reconnut le roi à Anet et on le
salua d'acclamations sympathiques ; à
Saint-André, jour de marché, des groupes
hostiles se formèrent autour de la voiture,
ce qui décida à ne pas traverser Evreux.
On s'arrêta à gauche de la route de la
ville, dans un petit château appelé Malle-
ville, appartenant à un royaliste, et le
fermier, Renard, conduisit lui-même le
roi seul à Ronfleur, dans une carriole, au
milieu de la nuit.
La reine avait suivi le roi dans une ber-
William Smith et ne s'exprimant qu'en
anglais, la reine, toujours sous le nom de
Mme Lebrun, se rendent le 2 mars au
quai d'Honfleur, chacun par un chemin
différent, montent au quai sur un paque-
bot le Courrier, qui les dépose au Havre,
où les fugitifs prennent Y Express, amarré
le long du quai.
Ils débarquèrent le 3 mars de bonne
heure à New-Haven, arrivèrent à la sta-
tion de Croydon, et le 4 ils étaient à
Claremont, résidence que le roi des
Belges avait fait préparer pour eux.
D"" Billard.
*
* *
M. Thureau-Dangin dans son Histoire
de la monarchie de Juillet (t. Vil, p. 522)
donne des détails intéressants sur la fuite
du roi Louis Philippe, depuis son départ
line, tous deux voyageant sous le nom de i ^^5 Tuileries jusqu'à son installation au
M. et Mme Lebrun
L'asile oflert aux fugitifs se trouvait
rue des Rosiers, en face la rue de la Mer,
dans une pauvre petite maison qui n'a |
point changé d'aspect et qui se loue au
premier étranger venu, moyennant quel- j
ques centaines de francs pour la saison.
Louis-Philippe n'y perd pas son temps:
il envoie à Trouville un émissaire dévoué,
un matelot nommé Hulot, qui s'entend
avec le patron d'une barque et fait un
traité pour le transport en Angleterre,
moyennant 3.000 francs.
château de Claremont, après son débar-
quement à Newhaven. E, M.
Una fille naturelle de Jérôme
I Bonap&î't-^ (LIV, 5:53). — Il y a une
! quinzaine d'années, j'ai vu plusieurs fois
à la mairie du 18' arr,, une dame qu'on
I appelait la princesse Bonaparte, et qui
habitait le quartier de la Goutte-d'Or,
peut-être bien la rue de Chartres. Cette
dame se disait fille du roi Jérôme, et s'oc-
cupait d'un procès en revendication de
Le 28 au matin, le roi en cabriolet s domaines situés dans la région Rhénane,
s'y dirige, conduit par Racine, le jardinicf j et qui auraient appartenu à son père,
de M. dePerthuis;maislamer est houleuse. | Elle paraissait jouir d'une modeste ai-
et le temps devient si mauvais que le j sance. César Birotteau.
matelot ne pouvait amener son bateau \
qui se trouvait dans une petite rivière.
Le roi trouva une autre barque, mais le
patron de la première, auquel on ne vou-
lait remettre que la moitié du prix con-
venu en rompant le marché, voulut dé-
noncer le roi qui eut le temps de s'enfuir
en pleine nuit et par une pluie battante.
Il regagna la maison d'Honfleur, et y
resta compléteinent démoralisé jusqu'au
I" mars au soir, où il apprit une bonne
nouvelle. Le consul anglais, résidant au
Havre, avait reçu des instructions de son
gouvernement et annonçait que Y Express,
bâtiment à vapeur faisant le service entre
la F/'ance et l'Angleterre, prendrait à son
bord les fugitifs.
Le roi, déguisé, prenant le nom de
Le Nègre, et le r«faréchal (LIV,
220,405, 549, 626) — Les renseigne-
ments donnés sont contradictoires.
D'après M. Emmanuel Arène, le mot
aurait été dit en 1877, alors que le Maré-
chal de Mac-Mahon était Président de la
République.
Au contraire, d'après les notes si pré-
cises publiées ici-même le 20 août dernier
(col 220), le nègre Liontel n'aurait été
saint-cyrien que sous l'Empire, puis-
qu'ayant quitté Saint-Cyr pour entrer à
l'Ecole de Droit, il était déjà substitut en
1875.
Est-ce en 1869, est-ce en 1877 que se
place 1 incident ? Un Passant.
N° 1J29.
L'INTERMEDIAIRE
687
688
Je crois que c'est perdre son temps que
de chercher des circonstances atténuantes
au maréchal de Mac-Mahon pour la phrase
qu'on lui attribue : « C'est vous qui êtes
le nègre ? eh bien, continuez ! » Car l'opi-
nion dans l'armée était alors qu'il ne
l'avait pas dite, ni rien d'approchant.
Interrogez en effet tous les vieux mili-
taires et ils vous diront que depuis près
d'un demi-siècle la même naïveté était
attribuée traditionnellement, par les lous-
tics de régiment, à tous les généraux ins-
pecteurs qui — soit à Saint-Cyr, soit
dans les autres corps de troupe — aper-
cevaient un homme de couleur dans les
rangs qu'ils avaient à passer en revue.
Les généraux inspecteurs futurs, placés
dans les mêmes circonstances, auraient
sans doute été encore, pendant plusieurs
générations, l'objet de la même plaisante-
rie si cette vieille giberne usagée ne s'était
arrêtée et définitivement fixée sur le dos
du vainqueur de Magenta.
Recueillie et colportée par un homme
d'esprit dans un milieu peu au courant
des plaisanteries militaires, et d'ailleurs
particulièrement hostile au Maréchal,
cette facétie cadrait trop bien dans la
série des naïvetés qu'on s'ingéniait à por-
ter à son compte, pour qu'on ne lui fît
pas un sort définitif.
C'était du « vieux » qui, comme il
arrive souvent, fut accepté par les ba-
dauds comme du « neuf» et fit fortune.
A. B,
Châteaux de France (T. G., 197;
LlV,4o6, 577). — Betliléemest depuis )22!5
le siège d'un évêché sans diocèse, qui était
occupé, dès 1754, par Ch. Marie de Que-
len, et en 1777, par François-Camille de
Duranti de Lironcourt. J--C. Wigg.
Les officiers de l'état-civil et les
titres de noblesse (LIV, 560). — L'ar-
ticle 15 du décret du le"" mars 1808 est
ainsi conçu : « Défendons à tous nos
sujets de s'arroger des titres et qualifica-
tions que nous ne leur aurions pas confé-
fés, et aux officiers de l'état civil, notaires
et autres, de les leur donner ; renouvelant,
autant que besoin serait, contre les con-
trevenants, les lois actuellement en vi-
gueur v>. Tel est le seul texte que nous
connaissions ; à ce propos M .Huttcaud'O-
rigny exprime le regret qu'il n'ait pas été
renouvelé. De plus, dans l'article 259
du Code pénal (Loi du 28 mai 1852)
punissant d'une amende de cinq cents à
dix mille francs quiconque modifie le
nom que lui assigne l'état civil ou prend
un titre ; rien ne concerne les officiers
de l'état civil, qui ne sont pas passibles
des peines portées. La mauvaise foi ne
pourrait pas résulter du défaut de s'être
fait représenter les décrets d'investiture,
si l'officier de l'état civil avait eu des
doutes sur les titres dont on a demandé
l'inscription.
Baron du Roure de Paulin,
Avocat à la Cour.
Les seigneurs de Franconville
(LIV, 556). — Une seigneurie de ce nom
entra, par alliance, à la fin du xiv° siècle,
dans la famille d'O, qui en obtint l'érec-
tion en marquisat, par lettres patentes du
mois de juin 16 19. Adélaïde Geneviève-
Félicité d'O, marquise de Franconville,
l'apporta en dot, le 27 août 1731, à son
mari, Louis, duc de Brancas et de Lau-
raguais, dont la postérité s'est éteinte au
siècle dernier dans les familles de Com-
maille et Hibon de Frohen.
Le marquisat de Franconville est-il sorti
de cette lignée? Voilà une question dont
je renvoie la solution à un confrère mieux
renseigné que moi à ce sujet.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
» *
Le domaine de Franconville (Franconis-
Villa) existait en 832 et ses revenus étaient
affectés à l'entretien des habits et de la
chaussure des religieux de SaintDenis.
Franconville fut érigé en marquisat au
bénéfice de Jacques d'O. Une de ses plus
belles villas abrita la vieillesse de Louis-
Elisabeth de laVergne, comte de Tressan,
membre de l'Académie française, mort en
1783. D. R.
*
* *
Si notre confrère, M. Albinoni, entend
parler de Franconville, arrondissement de
Pontoise (Seine-et-Oise), je puis, à défaut
de renseignements sur ses anciens sei-
gneurs, lui répondre que le château existe
encore, quoique très remanié, sinon rebâti
par son propriétaire actuel, M. le duc de
Massa. Les serres de Franconville sont
célèbres dans le monde entier.
Comte de Varaize.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1906.
Ô89
690
Fannllô rt'Aoust (LIV, 556). —
J'ai connu autrefois, il y a de cela vingt
ou vingt-cinq ans, Mme la comtesse
d'Aoust, née Feutrier, morte en 1890, si
j'ai bonne mémoire, au château de Saint-
Maurice, près de Troissereux (Oise) et
dont la famille, je crois bien, était origi-
naire du Nord. Elle était veuve et n'a pas
laissé d'enfants, E. X. B.
* »
Cette famille, que le Nobiliaire du Pon-
thieii.,pav M. Reileval, dit originaire du vil-
lage d Aoust, près d'Eu, d'après le Diction-
naire des familles françaises, psLV M.Ch. d'E.
A. (I, 261), a pour auteur Jacques Aoust,
argentier, échevin et procureur fiscal à
Abbeville. anobli au mois de février 1454
(ou août 1453 ?) par lettres patentes du
roi Charles Vit. Ses derniers représen-
tants, alliés avec les familles de Gantés,
de la Croix de Chevrières, Feutrier, Robin
de Barbentane, Verger, etc., établis au
château de Saint-Léger (Pas-de-Calais)
étaient-ils issus de l'un des frères du gé-
néral ? G. P. Le Lieur d'Avost.
Bâtons de maréchal do Casîellane
et de Bousquet (LIV, 503). — Les En-
virons de risle Barbt\ par M. L. Niepce,
donnent (p. 320) le portrait du maréchal
de Castellane qui porte pour emblèmes,
sur son bâton, des aigles.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Famille de Chazot (LIV, 556). — La
famille de Chazot appartient au Parlement
de Metz, et c'est dans les ouvrages sur
cette province que notre confrère trou-
vera les renseignements qu'il cherche.
Elisabeth de Chazot, dont la mère était
Montholon, épousa, en 1760, René Chop-
pin, 6* du nom, seigneur d'Arnouville.
Leur fille Claire épousa le vicomte de
Morel Vindé, dont il a été récemment
question dans V Intermédiaire.
Comte de Varaize.
*
* *
La Chesnaye des Bois a fait une généa-
logie de cette famille, et M. d'Arbaumont
lui a consacré une notice dans son Ar-
moriai de la Chambre des comptes de Dijon.
L'une et l'autre sont incomplètes ou
inexactes.
Les Chazot sont d'origine bourgui-
gnonne et fort obscure. Au xv° siècle,
I ils étaient répandus dans plusieurs villages
du nord de la province. Une branche ha-
bitait Salives, dans le Châtillonnais, c'est
un de ses rameaux qui vint à Dijon et y
fit fortune dans la robe, à la faveur des
troubles de la Ligue. Une autre vint ha-
biter Nolay, une autre passa en Prusse,
où elle fit également fortune. Des descen-
dants de cette famille fort honorable et
honorée existent en Normandie, sous le
nom de comtes de Chazot. D'autres se
retrouvent encore en Bourgogne sous le
nom primitif Chazot ou Chazaud.
Dans les minutes de Morel, notaire, on
trouve, en i 591 , le contrat de mariage de
Robert Chazot, cordonnier, natif de Sa-
lives et demeurant à Dijon, avec Antoi-
nette Varin.
Par une délibération des Etats de Bour-
gogne,en 1646, Bénigne Chazot, marchand
à Châtillon-sur-Seine, fut exempté de
tailles comme empereur au noble jeu de
rA.rbalète.
L'origine chevaleresque attribuée aux
Chazot est une pure légende.
Dont Care.
Dôscendance du duc de Dantzig
(LIV, 447, 57q) — Je connais le récit
de Louise Fusil, mais je me demande
jusqu'à quel point on s'y peut fier. Cer-
taines parties de ses Mémoires ont un
accent de vérité indéniable, mais à côté,
on sent parfois Varrangement, sinon l'in-
vention.
Ainsi l'histoire de Nadèje est racontée
de manières différentes suivant les édi-
tions de ses mémoires, et dans sa revue
Proserpine à Paris : tantôt elle prétend
avoir ramassé l'enfant dans la neige,
tantôt on la lui apporte, etc., etc. Cette
Nadèje, croit-on, était sa fille ; sans doute,
en ce cas, elle l'avait amenée de Moscou
avec elle, et cachée dans sa voiture.
Quelle confiance, au surplus, peut-on ac-
corder à cet ouvrage ?
N'est-il pas l'œuvre de Martainville ?
C. DE LA BeNOTTE.
Deis'irt, secrétaire des audien-
Côs et Cérémonies royales (LIV,
557). — Dinaux a publié sur Delsart,
l'année même de la mort de ce sténogra-
phe, une notice succincte, dans les Ar-
chives Jiistoriqncs et littéraires du Nord de
la France et dn Midi de la Belgique, y se
N* 1120.
L'INTERMÉDIAIRE
691
692
rie, t. V, p, 103 (Valenciennes, 1855,
in-S"). Delsart avait lui-même publié dans
ce recueil (2" série, t. II, p. 273) un
« Précis historique des réunions de la
Société du Nord à Paris depuis sa fonda-
tion en 1825 jusqu'en 1840 ». On y lit
que dès l'origine, « M. Auguste Delsart,
rédacteur du Moniteur, sténographe du
Roi, y fut admis comme membre rési-
dant ».
Il serait étonnant que les traits de Del-
sart n'eussent pas été conservés, car son
fils, si je ne me trompe, fut photographe-
peintre à Valenciennes. Je possède des
portraits de famille provenant de cet ate-
lier. Peut-être trouverait-on quelque chose
dans le musée de la Société historique de
Valenciennes. De Mortagne.
Le général Buvigaeau (LUI ; LIV,
127, 190, 297, 402). — Je remercie bien
sincèrement les aimables intermédiairistes
qui ont répondu à ma question sur les
origines du général Duvigneau. Comme
cette question avait pour but principal
de savoir si ledit personnage appartient à
une famille dont je m'occupe, — les Duvi-
GNEAUD ayant habité Longwy à la fin du
xvii« siècle et au commencement du xvni*^,
— je me permets de préciser ma de-
mande par les indications suivantes :
Jean-Baptiste Duvigneaud (1692-1761),
maître chirurgien juré pour le civil et le
criminel au bailliage et siège royal de
Longwy, eut, notamment deux fils, qui
sont : 1° Simon-Joseph D., né à Longwy,
le 3 juillet 1732; et 2° Jacques D., né
dans la même ville, le 16 janvier 1738.
L'un de ceux-ci n'était-il pas le père
du général, né à Mézières en 1770 ?
11 est à remarquer que la différence
dans l'orthographe du nom importe peu,
car les D. deLongwy, quoique signant t( u-
jours : Duvigneaud, sont appelés indis-
tinctement,dans les actes: Duvignot, Du-
vigneau, Duvignau, Duvignauld, Duvi-
gneaud, Duvignaud, Duvigneaut, Duvi-
gniau, etc. Spécialement, Simon-Joseph,
qui précède, est qualifié: Duvignau, comme
le général, dans son acte de baptême.
Autre question. Dans son acte de ma-
riage dressé àLongwyen i683,JacquesD.
(l'acte porte : Duvignot), chirurgien, pèrede
Jean-Baptiste ci-dessus cité, est natif
de Galapiait, en Gascogne. Je serais très
reconnaissant à l'obligeant généalogiste
qui pourrait me renseigner sur la famille
gasconne de ce nom à laquelle se ratta-
cherait le susdit Jacques D.
Un abonné.
Fabre de l'Aude. (LIV, 499). — Jean-
Pierre Fabre, né à Carcassonne le 8 décem-
bre 1755, et mort à Paris du choléra, le 6
juillet 1832, joua un rôle secondaire dans
la maçonnerie officielle de l'Empire, bien
qu'ayant été Grand Expert du G.". O.". (29
décembre 1806) et député de la Loge Impé-
riale des Francs Chevaliers à l'O.". de Pa-
ris. Les papiers laissés à ses successeurs,
papiers que j'ai pu parcourir en partie,
m'ont paru avoir la même provenance
que le fonds Peyrusse légué à la bibliothè-
I que de Carcassonne.
I Fabre de l'Aude épousa à Carcassonne,
le 12 juin 1781, Rose-Marguerite Moffre,
née à Carcassonne le 23 mars 1763,
-}- dans cette ville le 2 octobre 1823. Cer-
tains dictionnaires prétendent qu'il eut
26 enfants de la même femme, je laisse
aux collaborateurs de Carcassonne le soin
de vérifier cette assertion qui ir.e parait
une légende.
Quoi qu'il en soit, le seul descendant
qui ait fait souche, à ma connaissance,
est Fidèle-Désiré-Achille qui mourut en
1858 à Figueras, d'un accident de chasse.
En 1829, il aurait épousé Mlle de Maus-
sion (-j- 1888). Cette dernière avait une
fille qui devint Mme du Peyron.
Achille, F. de l'A., eut trois fils :
1° Anatole-Gaston, né en 1833, {■ en
1869, à Caldas de Malavella. Il épousa
Mlle Cari ion laFuente, d'où :
a. Léon, officier carliste f à Marseille.
b. Marcelline, qui épousa Alejandro
Alvarez y Serrano, d'où 9 enfants, dont
8 vivants ; joachim, Conduta. Alejandro,
Antonio, Marcellina, Juanita, Federigo,
Paquita (f 190s) et Ramon (né en 1900).
c. Pilar, -f- en 1895, sans postérité ;
2° Charles Ferdinand, artiste peintre, né
en 1836, ■\- à Paris le 30 novembre 1894,
laissa sa fortune à un fils.
3° Ferdinand-Gaston Léon, né en 1838,
qui épousa Mlle Concha Puyg, qui se
noya dans nn puits à Marseille (avant
1892).
J'ai des raisons particulicres de croire
que le fils de Charles Ferdinand possède
une partie des papiers de F» de l'A.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Novembre 1906.
693
694
J'ai emprunté une partie de ces rensei-
gnements (généalogiques aux ouvrages du
vicomte Révérend, c'est-à-dire à la source
la plus abondante et la plus sûre.
F. G. Bord.
Les débuts de M. Anatole France
(LIV, 390/ — M. France nous a récem-
ment conté l'histoire d'un jeune homme
nommé Réginald qui, chargé de copier
des textes anciens dans le Départe-
ment des Manuscrits, trouve plus simple
de les inventer sur un banc du square
Louvois avec une jolie personne pour
laquelle il se nomme « Régi » dans l'inti-
mité.
Ce Réginald n'est autre que AI. France,
enfant. L'auteur de Svlvstre Bonnatd a
débuté dans la littérature par un essai de
mystification qui d'ailleurs a échoué
comme celui de Réginald. Pourquoi lou-
blierions-nous puisqu'il prend la peine de
nous le rappeler ?
Le 10 août 1864, une savante revue
qui venait de naître, publia de bonne foi
un petit poème que M. France lui appor-
tait et qu'il signait André Chénier,
tout simplement. Ces vers, il les avait
trouvés, disait-il, en marge d'un Virgile
in-40 ayant appartenu d'abord à André,
puis à Marie-Joseph Chénier. Paul Lacroix,
qui ne manquait pas une erreur en ma-
tière d'attribution, fut tenté de les croire
authentiques ; mais quelques jours à
peine après la publication, Gabriel de
Chénier prouva que la pièce était fausse :
i"" Parce qu'André Chénier n'écrivait
pas en marge de ses auteurs latins ;
2° Parce qu'il n'avait jamais eu de Vir-
gile in-4'';
3° Parce que Marie-Joseph n'en avait
pas eu davantage.
On ne saurait penser à tout... Et l'ar-
gument de la fin était le plus cruel.
4° Enfin une dernière raison qui prouve-
rait à elle seule que les dix vers en question
ne sont point d'André, c'est leur facture.
Alors même qu'il se négligeait le plus, il
n'en faisait pas de pareils.
M. France avait vingt ans. C'étaient
ses débuts en poésie comme en histoire
littéraire 11 se retira en silence et on n'a
pas entendu dire que depuis cet incident
de jeunesse il ait jamais tenté de mystifier
personne. Candide.
(VoirT» G. 20i).l
Le souper de Grimod de la Rey-
nière (LIV, 561, 633). — Le souper dit
des funérailles eut lieu le i*'' février 1783,
dans l'hôtel des Champs-Elysées. Il en
existe une gravure assez rare, qui a été
reproduite par Paul Lacroix et Kellerwen
dans l'ouvrage intitulé : XVIII^ siècle^
insiiiiitions, usages et costumes. Paris, Fir-
min Didot frères, 1875.
Martellière.
La faïence du seigneur de la
Hoche Chandry (LIV, 390;. — Voir
une notice très sommaire de cette famille
dans Les fiefs de l'évcché d' Angoulême^
par Séménaud. Vers 1530, la famille était
représentée par Philippe, baron de la
Roche-Chandry, (ou la Roche-Andry), fils
de Jean, seigneur de la Roche-Chandry,
de Vernon, Coulonges, etc., et de Re-
née du Bec, et marié avec Jeanne de
Beaumont-Bressuire, fille de Jean de
Beaumont, seigneur de Glenay, et de
Catherine Ratault.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Famille de Lorme (LIV, 558). —
Le personnage qui, d'après VAnuuaire
de la noblesse, fit enregistrer ses titres au
Conseil souverain de la Martinique en
1779, était Jean de Lorme. A la même
époque vivait dans cette île Jean-Baptiste
Delhorme, négociant à Saint-Pierre, fils de
Joseph Delhorme, aussi négociant à Saint-
Pierre, mais originaire de Lyon, et père
du baron Delhorme de Vlsle (Vicomte Ré-
vérend : Titres de la Restauration, 11, 322).
G. P. Le Lieur d'Avost.
*
Est-ce que le miniaturiste de Lorme ou
Delorme, qui vivait vers 1830, apparte-
nait à cette famille ?
Où peut-on trouver des renseignements
sur lui ? Tyrone.
Un marquis de la Pailleterie
(LIV, 449. =i26, "585, 638). — La notice
de la famille Davy delà Pailleterie, dont
étaient issus les deux Alexandre Dumas,
a été donnée par Borel d'Hauterive, dans
la Revue historique de la noblesse (t. IV,
370) et dans V Annuaire de la noblesse de
France (184s, p. 209). Le père du géné-
ral Thomas-Alexandre Dumas-Davy (qui
prenait son nom de Marie Cessète Dumas,
négresse, sa mère) était Alexandre-An*
N" Ï129.
L'INTERMEDIAIRE
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696
toine Davy de la Pailleterie, écuyer, sei- l
gneur et patron de Bielleville, commis-
saire d'artillerie, qui se fixa à la Guinodée,
près du trou de Jérémie, dans l'ile de
Saint-Domingue, mais qui revint en
France, puisqu'il mourut àSaint-Germain-
en-Laye, le 15 juin 1786.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Maurice Rollinat (LIV, 559) —
La Revue du Sé'/Tv, publiée à Châteauroux,
dans son numéro d'octobre 1906, donne
un excellent article de IVl. Joseph Pierre sur
Maurice Rollinat et les erreurs de ta Presse,
qui établit avec exactitude et redresse les
passionnées controverses sur la fin de notre
regretté poète berrichon.
Victor Deséglise.
* f
Le sculpteur Rodin a exécuté sur Roi
linat un bas relief qui a été posé contre
le mur de l'église de Fresselines.
On avait d'abord écrit que ce monu-
ment serait placé dans l'intérieur de
réglise. Une polémique s'était engagée à
ce sujet qui dicta au curé de Fresselines,
l'abbé Boithier, successeur de l'abbé Daure,
ami personnel de Rollinat, la lettre sui-
vante adressée au Figaro. C'est un docu-
ment qui a sa place dans nos colonnes.
Fresselines par Dun (Creuse) le 26 août 1906.
Monsieur le directeur,
On vient de me communiquer un numéro
où je lis que j'ai été l'ami de Maurice Rolli-
nat. Or, monsieur, ma nomination de curé
de Fresselines a été faite quinze jours après
son suicide, et je n'ai jamais vu ni aperçu
votre poète.
Quant à demander son buste ou un bas-
relief de Rodin pour mon église, veuillez
vous rappeler que l'Eglise n'ouvre la maison
de Dieu qu'aux images des saints, je ne sache
pas qu'elle y ait introduit jamais « sous au-
cun geste » les illustrations à la mode.
Elle a pu, tout au plus, ainsi que le décrit
Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire d'ar-
chilecture, établir à l'extérieur, sous la vous-
sure de ses portails, le Jugement dernier, et
sur les frises de ses contreforts, les Péchés
capitaux, les rejetant hors de l'enceinte,
comme un spectacle destiné à faire réfléchir
ses enfants et ses fidèles.
Je reste, monsieur, tout curé de campagne
que je suis, trop respectueux des coutumes
palité de Fresselines, sans lui apporter la
moindre opposition, donner l'autorisation
d'adosser ce monument commémoratif aux
murs de mon église.
Mon intention, là dedans, vous le voyez,
est donc entièrement passi,ve, sans autre ca-
ractère.
Veuillez, monsieur, recevoir cette rectifi-
cation avec mes salutations respectueuses,
BOITHIER,
Curé de Fresselines.
Le 21 octobre, la cérémonie de la re-
mise du monumenta eu lieu, à Fresselines,
Discrète, et touchante, elle ne réunissait
que les amis du poète les plus soucieux de
sa mémoire, auxquels s'était joint un mem-
bre de la famille. M. Octave Uzanne pré-
sidait cette cérémonie.
La fin de Maurice Rollinat a pu donner
lieu à de passionnées controverses, mais
la vérité a été établie maintes fois par le
récit de ses amis, les articles documentés
précis de certains de ses confrères, les
lettres même des docteurs qui le soi-
gnèrent jusques à la dernière seconde.
11 est actuellement démontré que le
poète des Névroses n'a point succombé à
la blessure peu grave qu'il s'était faite à
l'aide d'un petit revolver sans puissance.
Lorsqu'il eut recours à cette arme, ce fut
dans une crise de désespoir et, pour ainsi
dire, par effroi de ta mort qui, déjà descen-
dait en son être. Cette tentative de sui-
cide n'avança même point son heure der-
nière ,1a petite plaie de la voûte du palais
s'étant cicatrisée presque aussitôt. Mau-
rice Rollinat mourut le 28 octobre 1903,
du marasme physiologique que les spé-
cialistes désignentsous le nom de cachexie
neurastéiiiqiic. Il avait conservé toute sa
raison. Son corps avait atteint à un état de
maigreur et de dessèchement comparable
à celui des victimes de la famine de l'Inde,
que nous montrèrent certaines photogra-
phies. Il était semblable aux squelettes qu'il
s'était tant plu à chanter dans son œuvre
macabre 11 s'en est allé « fantômal »,
comme ilavait vécu dans son rêvemorbide.
Octave Uzanwe .
Les plus vieille!» tragédiennes,
coirsédiennes, cantat iceRdu temps
préstjnt (LIV. 506, 607). — Au lieu de
MmeDf7Mi/o///,Mme Tordens.^ [Amo-Scriva-
necli, lire Dandoird, Tordeus., ^criwaiieck,
DES CHERCHEURS ET CURIEUXio
Novembre iqob.
697
698
Mme Périgat « actrice » et non « ac-
teur ».
Armoiries des familles de Morat
et d'Hau^erive au XVIÏ* siècle
(LIV, 452). — Parmi les ancêtres de la
maréchale Augereau, issue de la famille
Bourlon de Chavanges, V Annuaire de la
noblesse de France (1894, 491) rapporte
des alliances avec les familles Morard
(sic) et Henry d'Hauierive, mais sans in-
dication d'armoiries. Les Bourlon appar-
tenaient à la Lorraine, où je ne connais
pas de famille du nom de Morard ou Mo-
rat. Rietstap (Armoriai général, I, 929)
donne les armoiries d'Henry dObéville en
Lorraine, anobli i''' mai 1641 : taillé
d'or sur argent : au lion de gueules.^ bro-
chant sur le tout, et chargé d'une croix de
Lorraine d'argent.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Les tableaux de Van der Menlen
sur ie8 victoires de Louis XIV (LU ;
LUI; LIV, 301, 418, 591). — Trois ré-
ponses à la question posée en novembre
dernier par M. Géo. Bernard, nous ont
fait connaître des Musées de France, pos-
sesseurs de tableaux de Van der Meulen.
Je demande à mon tour : « D'où vien-
nent ces toiles ?» — Dans ses mémoires,
Mlle de Montpensier écrit, en parlant de
sa maison de Choisy, à la date de 1680 :
« En tout, la maison est commode : il y a
un petit cabinet où toutes les conquêtes
du roi sont en petit, par Van der Meulen,
un des meilleurs peintres de cette ma-
nière ».
Choisy, transformé par Louis XV, fut
démoli à la Révolution. Que sont devenus
ces tableaux ? — Il n'y a pas lieu de
penser qu'ils aient été détruits lors de la
démolition du château. Léon Riq.uet.
Souvenirs de Mr/ie Récamier
(LIV, 558). —M. N. A. M. Giles a rai-
son : il ne nous laisse à enfoncer qu'une
porte dès longtemps ouverte. L'ouvrage :
Souvenirs et correspondance tirée des pa-
piers de Mme Récamier., (2 vol. in-8, Paris
3® édition, 1860) a été publié par les
soins de sa nièce et fille adoptive, Mme
Charles Lenormant, femme du célèbre
archéologue et mère de François Lenor-
mant, archéologue, lui aussi, et membre
de l'Institut. Née Amélie Cyvoct en 1810'
Mme Ch. Lenormant est morte en 1893'
A. LiBERT.
Les intéressants souvenirs de Madame
Récamier, publiés en 1859 (^^ réédités
depuis, si je ne me trompe), ont pour au-
teur sa nièce et pupille, madame Lenor-
mant, née Cyvoct, femme de l'illustre
Charles Lenormant et mère du savant ar-
chéologue François Lenormant, mort en
1883.
Madame Charles Lenormant, dont le
salon était fréquenté par beaucoup d'aca-
démiciens et de littérateurs connus, est
morte à Paris, en 1893, âgée de 89 ans.
Une de ses filles avait épousé M. de Lo-
ménie de l'Académie française.
J.W.
Les reliures de la bibliothèque
de r « Isle Bavary » (LIV, 560). — Li-
gne 39 : Au lieu de : Format grand in-S",
lisez : Format petit in-8° ou grand in-12.
Tous les volumes de cette bibliothèque
étaient d'un petit format, facile à porter.
Ligne 43 : Au lieu de : par des papiers
peigne, lisez : gardes papier peigne.
Ul. R.-D.
Le théâtre en province (LIV, 281,
355, 428, 476, 534, 592), —je signalerai
à M. Lyonnet, le petit volume, fort bien
documenté et devenu rare, dont voici le
titre :
Le Théâtre au Puy-en-Velay. Notes histo-
riques, par Henry Mosnier. Le Puy, typ,
et lith. Miirchessou fils, 1880, in-12 de
viir, 84 pages. La couverture porte :
H, Champion, libraire à Paris, chez le-
quel très probablement il doit se trouver
encore des exemplaires. L.
* *
Les premières années du théâtre de Mâ-
con{i-]']2-i-]g2)y p. L. Lex, Paris, Plon-
Nourrit et C'*^, 1901, in-80, 23 p., 2 pi.
BiBL. Mac.
Documents relatifs aux représentations de
comédies castillanes qui eurent lieu à Per-
pignan de 162) à i6^y. Publié par B.
Alart, dans Revue des Sociétés savantes des
départements, 6^ série, t. III, mai-juin
1876.
Cf. Histoire de la ville de Perpigi^an^
par Pierre Vidal, p. 535.
N'
1 129.
L'INTERMEDIAIRE
699
■00
Les anciens théâtres de Perpignan^ par
Pierre Vida!. Dans Le Papillon, iomnal de
Perpignan, n°« 135, 136, 137. 138, 139,
4* année, 1885.
Une saison théâtrale à Perpionaii, 1 777-
1778, par F. Buet. Dans Remte d'histoire
et d'archéologie du Roussillon, 1900. t. I,
P- 97-1^3- Pierre Vidal.
Autobus fLIV, 337, 426, 484, 653).—
Les Annales politiques et littéraires (21 oc-
tobre 1906, p. 260) publient la commu-
nication suivante de M. Auguste Renard;
Mais il est joli, tout à fait joli, ce mot 1
Que lui reproche-t-ou ? d'avoir perdu quel-
ques-uns de ses membres à la bataille ?
Mais s'il a meilleure grâce ainsi ?
C'est là une aventme commune en gram-
maire. Des mots souvent s'abrègent, se
resserrent, se contractent, les uns au com-
mencement, d'autres au milieu, d'autres à la
fin ; Apouille (Apulia), Aguienne (Aqui-
taine), Aboutique {apot/ieca), sont devenus.
par abréviation, — par aphérèse, disent les
grammairiens, — Fouille, Guyenne, bouti-
que ; paragraphe s'est contracté en parapha
(ce sont là deux formes différentes d'un
même mot). Enfin, on ne dit plus : je pèse
cent kilogrammes, mais cent kilos, et l'admi-
nistration elle-même n'impose plus les vélo-
cipèdes, mais les vélos. Economie de temps.
Puisque automobile omnibus, trop long,
n'aurait jamais été accepté du public, qu'il
fallait l'amputer , mieux valait pratiquer
l'opération tout de suite. Elle a réussi : le
public se montre aussi satisfait du mot. qui
est commode, que de la chose, qui ne l'est
pas moins.
Donc, tout est ?u mieux. Va pour au-
tobus. J. Lt.
Mondial (LIV, 228, 543). — On nous
demande pourquoi on préfère mondial à
universel. Mais on ne le préfère pas. On
emploie les deux mots tour à tour.
Univers a son adjectif; pourquoi monde,
au même sens, n'aurait-il pas le sien ?
On demande encore si l'Académie va
« naturaliser » le mot. Mais il est natu-
ralisé depuis quatre cents ans. II se trouve
dans les Epitres de J Bouchet, dans les
vers de Pierre Gringoire, dans ceux d'Oc-
tavien de Saint-Gelais et jusque dans les
Chronicques Margariticques de julien Fos-
setiir qui naquit au milieu du xv' siècle.
On nous demande enfin si le mot est
bien formé, et d'où vient 1'/ de sa dési-
nence* Il vient tout simplement du latin.
Mundialis est un mot du second siècle»
qui est dans tous les dictionnaires.
Terre, à lui seul, possède quatre adjec-
tifs admis par rAcadémie : terrestre, ter-
rien, terreux et ter raqué. Ce n'est pas trop
que monde en ait deux pour distinguer
des significations aussi différentes que
celles de mondial et de mondain.
Candide.
Tant qa'à faire (LIV, 616). — Rien
d'étonnant à ce que M. Loti ait employé
la locution tant qu'à faire. C'est une locu-
tion du Poitou, de l'Aunis et de la Sain-
tonge. Elle veut dire à peu près : « pen-
dant que vous y êtes ». — « Si vous allez à
Biard, tant qu'à faire, allez jusqu'à Vou-
neuil ».
C'est un solécisme irréductible à toute
syntaxe. Tant à faire et tant que faire ont
contre eux qu'ils ne sont pas plus fran-
çais, qu'ils ne sont pas plus réductibles à
une syntaxe quelconque et qu'ils ne sont
pas usités.
La véritable locution est « à tant faire
que''de...^> ou << 5/ l'on fait tant que de... »
— •»< Si vous faites tant que d'aller à Bourg-
la-Reine, poussez jusqu'à Robinson ». —
« A tant faire que d'aller à Etampes, on
peut pousser jusqu'à Paris ». — Tantquà
faire est évidemment une ellipse, gauche
et boiteuse, de « A tant faire que de. . . »
Emile Faguet.
Lt^ sonEftt d'Arvers est-il imité
de Fitalian (LI*/, 262, 257, 302, 358,
423,476). — Je suis vieux, hélas! et j'ai
déjà un pied dans le tombeau, et je ne veux
pas mourir avec le remords d'avoir été le
complice d'une mystification littéraire si
petite qu'elle soit. La question du sonnet
d'Arvers a été soulevée, le 26 mai 1883,
dans mon Giornale, par un illustre poète
italien, encore vivant, M, Olindo Guer-
rini, qui, lui aussi, a mystifié le monde
littéraire en publiant ses premières poésies
sous le nom d'un mort Lorenzo Stecchetti,
qui n'avait jamais existé.
Dans le numéro du 9 juin suivant, un
autre illustre poète italien, le regretté
abbé Giacomo Zanella, publiait un sonnet
italien, qui n'était qu'une traduction fort
élégante de celui d'Arvers et qu'il préten-
dait avoir trouvé dans un vieux cahier.
Le 21 juillet, j'intervenais moi-même
dans la question, et sous un de mes pseu-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre iQOb.
701
702
donymes habituels Un cnrioso napoletano^
j'exprimais l'avis que le sonnet italien
devait être une imitation, du français et
qu'Arvers n'avait imité personne, parce
que c'était son amour pour M""^ Marie
Nodier qui lui avait inspiré son sonnet.
Qiielques jours plus tard, ayant rencon-
tré M. l'abbé Zanella, celui-ci m'avoua en
riant que j'avais devine juste, qu'il était
bel et bien l'auteur du sonnet italien.
La question n'eut pas de suite dans
mon journal et elle ne pouvait pas en
avoir, parce qu'Arvers n'a rien imité du
tout.
Peut-être, en écrivant les mots imité
de ritaIien,\Q poète français s'est il rapptlé
ces vers du Tasse, dans le 11" chant de la
GerusaJennue Uherata :
El che modeste è si, comm' essa è bella,
Biama assai,poco spera e nulla chiede,
Ne sa scoprirsi, o non ardisce ; ed alla
O lo sprezza, o nol vede, o non s'awede.
Cosi finora il misero ha servito
O non vlsto, 0 mal noto,o mal gradito.
Jacques Trêves, doct. jur.
ancien directeur du Giornale degli
O
Einditi e dei Curiosi, de Padoue
In-8,in-12, iïï-16,9tc.(LlV,504.=;98,
694). — Oh ! oui ! que ne classe-ton les
livres suivant leurs dimensions métriques !
Ce serait beaucoup plus intelligible pour
tous. Je ne vois guère que les plieurs à
avoir quelque intérêt à conserver les ex-
pressions in 8, in-12, etc.
Si encore tous les in-8 avaient la même
taille, tous les in-12 aussi, etc ; mais hélas
non !
« Le format des papiers, dit La Grande
Encyclopédie t. 6, p. 628, peut modifier
beaucoup les dimensions au formai biblio-
graphique : un in-8 couronne correspond
presque exactement à un in 18 jésus.
Aussi est-il nécessaire de mentionner la
nature du format du papier d'un livre,
lorsqu'on veut donner une idée exacte de
ses dimensions : in-8 couronne, ècu, co-
quille ou carré, cavalier, raisin, jésus, etc.
Chacune de ces appellations correspond à
des dimensions différentes de papier. »
«... il n'est pas toujours facile, dit en-
core le même ouvrage t. 17, p. 810, de
déterminer à la vue le format d'un ou-
vrage, car rim{)rimeur employant quel-
quefois un papier plus grand ou plus pe-
tit, on peut prendre un in-folio pour un
in-quarto, im in-12 pour un in-octavo et
réciproquement. En général, c'est aux si-
gnatures des feuilles qu'on reconnaît le
format, bien que cette donnée ne soit pas
toujours d'une certitude absolue. »
Et celte Encyclopédie sans pitié, tome
25, p. 986, énumére avec leurs dimen-
i siens et poids, une vingtaine de formats
de papiers « les plus répandus dans le
commerce. »
La Science en famille^ 1893, juin i, pa-
ges 197 à 199 a essayé d'aider un peu les
malheureux bibliographes et bibliophiles.
Sur les formats adoptés en librairie, est
dressée une corrélation commode à con-
sulter entre les formats bibliographiques
et les dimensions des livres ; il y a. je
crois, quatre-vingt-quatorze formats!
J'avoue préférer des indications métriques.
Le Chasseur français de Saint-Etienne les
met assez souvent dans ses annonces bi-
bliographiques ; exemple, dans le n° du
1" octobre 1906, page 39 : « Manuel du
serrurier, par François Husson... Volume
broché, format 18x12 364 pages, 126
figures, prix net 3 fr. 50. Franco 4 fr. »
Avec un sommaire de cinq lignes qui est
donné, voilà l'acheteur possible renseigné;
et ces annonces feraient de bonnes fiches
bibliographiques si , pour des raisons
commerciales, il n'y manquait toujours
ou à peu près, le nom de l'éditeur, l'a-
dresse, et la date de publication.
L'adoption du format métrique en bi-
bliographie ne serait pas sans soulever
quelques hésitations sur le choix des ba-
ses de mesures. Sera-ce en centimètres
ou en millimètres qu'on mesurera ; la
brochure, ou le volume avec couverture;
le papier, ou l'étendue couverte de texte ;
sur le volume relié, tiendrait-on compte
de la concavité de la tranche, de la con-
vexité du dos ; un bibliographe décrivant
un exemplaire ancien, rogné par plusieurs
relieurs successifs lui trouvera un format
exceptionnel ; le lecteur du catalogue se
demandera s'il a atTaire a une édition
jusque-là inconnue de lui ; que sais-je
encore ! 11 faudrait d'abord s'entendre.
Puis vaincre la même routine qui perpé-
tue l'usage de tant de mesures non métri-
ques : calibres d'armes, de plomb de
chasse, pas de vis, pointures, vieilles ex-
pressions de surfaces agraires, etc, etc.
Pour finir : je trouve archaïques, inin-
telligibles et détestables les « in-quarto
N" 1129.
L'INTERMÉDIAIRE
703
couronne » et les « in- 18 jésus », mais je
n'ose espérer leur abandon, et crains
bien de disparaître avant eux.
Sglpn.
Tenir tête et tenir la tête (LIV,
504). — On tient tête à quelqu'un quand
on lui résiste ; on lui tient la tête quand
on s'intéresse à lui et qu'il est sous le
coup d'une révolte de l'estomac. Mais
Corneille, Molière, Bossuet, Voltaire ou
Musset auraient-ils cent fois employé
l'expression tenir la tête^ dans le sens de
tenir compagnie à une seule personne,
que jamais je ne risquerais un pareil cha-
rabia. Alfred DuauET.
♦
* *
Il faut beaucoup d'honnête naïveté,
pour s'étonner des formes et tournures
des écritures nouvelles. Chaque écrivain
se fait un style à lui, et si par hasard
on se risque à une timide observation,
les jeunes répondent que la langue se
transforme comme toutes choses. L'autre
jour, un écrivain de mérite nous parlait
des langes jomanes de la civilisation, alors
que jusqu'ici nos langes avaient été blancs
ou douillets. Etait-ce erreur ou néologie ?
Tenir tête généralement signifie s'opposer,
résister. Dans le sens de tenir compagnie,
l'acception est plus rare et plutôt mo-
derne. Quant à tenir la tête, au figuré,
c'est venir en première ligne et par ce
temps de courses de toutes sortes on en a
assez usé. Au propre, c'est encore assister
quelqu'un souffrant de nausées, au mo-
ment où le corps s'abandonne aux envi-
rons de la syncope.
Dans l'exemple cité, pris isolément, le
sens paraît ambigu, et sans la question on
ne devinerait pas qu'il s'agit de rester
avec quelqu'un. Mais si M. Maurice
Donnay lui, veut donner ce dernier sens,
il se trouvera bien quelque snob pour
faire sienne à l'avenir une expression
nouvelle, mais moins expressive et
moins claire que l'ancienne, « Nous fai-
sons la langue » disent les maîtres . Les
ouvriers n'ont qu'à subir leur bon plaisir;
il n'y a pas de syndicat contre ce patro-
nat. E. Grave,
BisaiiJiual et biennal (LIV, 562).
■— Rolin Poète trouvera dans le Diction-
naire deLittré : « Semi-annuel, elle ; qui se S celui-ci
704
fait tous les six mois ». Ce mot est de
même formation que : semi-mensuel, etc.
D'' Cordes.
j'ai toujours cru que biennal voulait di-
re : qui dure deux ans, ou qui se reproduit
tous les deux ans. C'est l'interprétation de
Larousse. Bisannuel a pour synonyme se-
mestriel, au moins aussi employé.
E. X. B.
En purette(LlV, 504,653). — Hécart,
dans son Dictionnaire rouchi- français , sou-
vent déjà cité dans Vlntennédiaire, donne
cette explication :
Pureté (être en), être vêtue d'un simple
corset, d'un seul jupon, et avoir les bras nus.
En usage dans les villages du Soissonnais, dit
M. Loriu. Boiste le rend par état de nudité,
pur être. Cela me paraît tiré d'un peu loin.
On dit qu'un homme est en pureté lorsqu'il
a mis habit bas ; il n'est pas nu pour cela.
J.Lt.
Bois de sape (LIV, 506, 599). — Je
me suis informé ici, auprès de grands
marchands de bois.
Il n'est connu que le bois de sap (sans e
à la fin), expression en usage dans des
contrées montagneuses de France, ainsi
qu'en Norwége, et qui ne serait autre
qu'un diminutif de « sapin », mais sapin
blanc, moins commun que le sapin connu,
d'une nuance foncé ou rougeâtre.
L'on en conclut que Flaubert aurait pu,
par erreur, écrire « sape » ou que le
« typo » qui composa Mme Bovary .aurait
commis une « coquille » non relevée par
l'auteur, à la correction.
Henry Petit.
Usuriers de Cahors (LIV, 562). —
Le passage est celui-ci :
E pero lo minor, giron suggella
Del segno suo, e Soddoma, e minor' giron
[Caorsa,
E chi, spregiando Dio, col enor favella.
Ce que Brizeux traduit ainsi : « Voilà
pourquoi le plus petit giron (cercle) tient
scelle de son sceau Sodome et Cahors, et
quiconque méprisant Dieu l'injurie dans
son discours et dans son cœur », ce qui
me paraît, d'ailleurs, plutôt paraphrasé
que traduit.
Le dernier vers du tercet précédent est
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
705
E spiegiando natura, e sua boutade :
Et méprisant la nature, et sa bonté (Je Dieu).
Il en résulte que Dante met sur le même
rang, comme outrageant également la
nature et la loi divine, la plus célèbre des
villes maudites de la Pentapole, et Cahois
fameux au moyen âge par ses usuriers
juifs ou lombards.
Les puritains étaient très sévères au
moyen âge pour les usuriers ou prêteurs
à intérêt, ce qui se valait, suivant eux. Ils
invoquaient l'axiome des canonistes —
Peciiriiam non parit pecunicum — fondé
sur :
Lévitique XXV, 36 Pecuniam tuam non
dabisfratri itio ad iisnram ; et Luc, VI, 34.
Date nminum nec indc speranie.
Si l'on voulait raffiner à outrance, on
pourrait voir dans le tercet vengeur une
allusion au pape Jean XXII, Jacques d'Euse
ou Dueza, né à Cahors et pape de 1316 a
1334, qui a laissé une mauvaise réputa-
tion financière. Mais Dante, né en 1265
est mort en 1321, et certainement l'Enfer
était écrit lorsque Jean XXII monta sur le
trône pontifical d'Avignon. C'est donc un
rapprochement que j'indique seulement
pour mémoire. H. G. M.
Il n'est pas question d'usuriers dans le
texte.
E pero lo minor giron suggella
Del segno suo e Sodoma e Caorsa
{Infcrno, xi, 17).
(Ainsi la plus étroite enceinte marque de
5on signe et Sodcme et Cahors).
Mais il est vrai que si Cahors est ici
maudite, c'est à cause de la réputation
d'usure qu'avaient ses habitants au xiu*
siècle. Caorsin était alors synonyme d'u-
surier.
Les Juis et les caaiirsitis qui prestent
Li caorsins qui prestent et destruient le pays...
Li caursiits et usurers...
Ces citations et d'autres qu'on peut lire
dans Godefroy (I, 778) sont assez claires
pour ne pas être développées.
Le plus curieux de cette histoire dan-
tesque, c'est que les usuriers de Cahors
liaient italiens. Candide.
*
♦ ♦
Vers 1330, une colonie lombarde de
banquiers se fixa à Cahors ; du nom de la
^ille où ils se trouvaient établis on les
10 Novembre 1909.
706 •
appelait des Caorsins Ils étaient mal
famés et accusés de pratiquer l'usure.
C'est sans doute au mauvais sens attaché
à ce terme de caorsin qu'il faut attribuer
le changement dii nom ancien et exact
de la province, Caorsin^ en un 'oarba-
risme, Quercy, stupide à tous les points
de vue, car on n'aurait pas pour cela pris
les habitants de la province pour des usu-
riers lombards. Encore, dans la langue
actuelle du pays, dans la langue autochtone,
on ne dit pas Quercy, mais dans le Haut-
Caorsin, lo Co/i/jdans le Bas-Caorsin,
lou Corsi : contractions de Caorsin (i aigu).
B.-F.
* *
Voir dans le Dictionnaire de l'ancienne
langue française, de Godefroy, au mot
Caorsin. Ce mot signifiait ai'.trefois habi-
tant de Cahors et en même temps ban-
quier, prêteur d'argent, usurier. Ce n'est
pas seulement, semble-t-il, en leur qua-
lité d'usuriers que le Dante a placé là
les Caorsins :
E pero lo minor giron suggella
Del segno suo e Sodoma e Caorsa.
Après avoir résumé les e>plica1ions et
hypothèses de divers auteurs touchant
l'origine du sens attribué au mot Caorsin,
M. Godefroy termine ainsi son article :
Les Caorsins, remarque Sainte-Palaye,
avaient fort mauvaise réputation du côté des
moeurs. Caorstni, capti propter bulgariam,
dit du Gange, au mot Bulgari. Le Dante les
damne avec les Sodomites... Comme on les
emprisonrait souvent pour les punir de leurs
désordres, c'est de là qu'est veiui notre pro-
verbe : Enlever comme un corps saint, par
altération de enlever comme un caonin ou
comme un corsin.
Voir aussi Le Roux de Lincy, Le livre
des Proverbes français., t. I, p. 9.
De AlORTAGNE.
* *
Les vers de Dante visés dans la ques-
tion de monsieur I. P. K. sont exacte
ment les suivants :
E pero, lo minor giron suggîlla
Del segno suo en Sodoma e Caorsa.
Que l'on peut traduire :
Et pour cela, l'enceinte la plus petite,
scelle de son sceau e Sndome et Cahors.
Qu'est-ce à dire ?
Cahors, oui, la bonne ville de Cahors
était, à l'époque où Dante écrivait son
poème, renommée pour ses banquiers.
M«
129.
L'INTERMEDIAIRE
707
C'étaient des changeurs italiens qui
avaient fait de cette ville le centre de leurs
opérations ; on les appelait tantôt Ui ca-
hoisins^ tantôt les lombards.
Je n'oserais croire que tous ces ban-
quiers fussent en même temps des usuriers ;
mais la voix publique n'y regardait pas de
si près, et ce n'est pas seulement au
moyen âge que ces deux mots sont facile-
ment pris comme synonymes.
Or, Dante, dans le chant onzième,
et avec une subtilité qui nous étonne au-
jourd'hui, cherche à établir que la pra-
tique de l'usure est une offense à la Nature.
(Voir le vers 109 du même chant).
Rien d'étonnant alors, à ce qu'il mette
dans le même sac... pardon ! dans le
même cercle, Sodome et les usuriers ;
j'avoue cependant que, malgré mes efforts,
je ne vois pas bien la ressemblance !
JACQ.UES BlZE.
L'usure était tellement répandue à cette
époque à Cahors, que Caorsin était devenu
synonyme d'Usurier. Mathieu Paris, dans
son Historia major, datée de 1235, raconte
qu'ils tenaient dans leur filet presque
toute l'Angleterre. J. H. D. R.
Fêtes, danses et spectacles nus
(LUI ; LIV, 237, 370, 485). — Le 13 juin
1784, dimanche suivant la Fête-Dieu, le
duc de Chartres avait projeté de faire au
Palais Royal une fête qu'on appela d'a-
vance la Folle Nuit, par allusion à la Folle
Journée :
Le jardin devoit être ouvert du soir au
matin et servir de seconde salle de bal à l'O-
péra. Le seul bruit de cette fête nouvelle et
singulière y avait attiré plus de 200.000
âmes. Trois filles seulement ont à peu près
réalisé l'idée qu'elles s'étoient faites de cette
assemblée nocturne. N'ayant pour tout vête-
ment que ces larges robes que nos dames
ont adoptées pour le matin et qui ne sont
fermées qu'au moyen d'une ceinture, elles
avoient à découvert tout ce que je n'ose
nommer et percèrent ainsi hardiment au mi-
lieu de la foule. La nouveauté du spectacle
leur fit d'abord ouvrir le passage, mais bien-
tôt entourées et accaparées de ces jeunes gens
capables de réaliser ce que dit Piron, à la
barbe des Athéniens, les gardes se sont hâtés
de prévenir un plus grand scandale en les
chassant.
Les lignes qui précèdent sont extraites
de la Correspondance de Métra, t. XVI,
p. 254. S.
708
Sans doute chez quelques personnes très
imprégnées d'esthétique supérieure, le sen-
ment du beau éliminera l'autre devant
les nudités offertes en spectacle, mais ce
sera, selon moi, une minorité infinitési-
male, et le plus grand nombre des spec-
tateurs ne sera mù que par une curiosité
toute sensuelle. Et comme quiconque a
dans sa poche de quoi payer sa place,
collégien curieux, bourgeois égrillard, ou
vieux marcheur, est appelé au régal, je
considère de tels tableaux animés et vi-
vants comme pernicieux.
On s'en va répétant que les artistes en
viennent à contempler avec une parfaite
indifférence la beauté dévoilée de leurs
modèles, est-ce aussi absolu que cela .?
Pradier, et assurément il avait l'habitude
de voir les plus belles filles se déshabiller
devant lui, eut autrefois une aventure
avec certaine grisette bien portante que,
en dépit de Phidias, il allait tranformer
en une Atalante ou une Phryné, et il me
souvient, c'est presque d'hier, d'avoir en-
tendu conter que certain peintre de grand
talent était mort pour avoir trop admiré,
lui vieux, un jeune et plantureux modèle
de Nymphe des eaux.
A la vérité, dans VAjfaire Clemenceau
de Dumas II, le jeune homme admis pour
la première fois dans l'atelier du statuaire
Ritz,où une femme pose \' ensemble, n'est
saisi que par le côté artistique de la nu-
dité révélée, et ne s'en montre pas plus
ému que le vieux maître. C'est pourtant
un violent et un sensuel, mais aussi un
être si merveilleusement doué pour les
arts, que l'idée charnelle n'effleure même
pas son esprit. Néanmoins, pour un début,
c'est un peu fort ; mais nous sommes
dans le roman, non dans la vie.
«On sait, écrit U}i a&owwr quelle beauté
certaines danses espagnoles acquièrent à
être dansées nues ». je confesse que je
n'en savais rien du tout, et demande à
notre collaborateur la permission de dou-
ter.
je connais l'Espagne et, comme tout le
monde, j'ai assisté à des danses très sa-
voureuses qui étaient la mimique plus ou
moins ardente ou contenue, du désir et de
lamour. Cela me parut et me paraît en-
core à distance d'une sensualité très ac-
j ceptable ; mais faites tomber jusqu'au
i dernier voile, et au lieu d'un spectacle ai-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
lo Novembre 1906,
709
710
nable, vous n'aurez plus qu'une danse de
inges, plutôt répugnante. Et s'il y a un
lanseur, comme il y en a le plus souvent,
le sera-ce pas à se sauver .''
Au temps des empereurs, et ce n'est
las une très bonne recommandation, les
lomains aimaient fort ces spectacles-là ;
2 ne parle pas, bien entendu, des Sellai ia
t des Spintriœ de Tibère à Caprée.
/lais les danseuses gaditanes, les ancêtres
les Andalouses, nues sous ses amples
oiles faits de cette gaze de Cos que l'on
omparait à de l'air tissé, étaient un nu-
iiéro très apprécié du programme des
êtes patriciennes. Et pour le grand pu-
»Iic il y avait les gambades nues des
ourtisanes aux jeux floraux, la Majituia,
es exercices de natation exécutés par des
emmes nues.
J'imagine que les Romains, patriciens
•u plèbe, auraient plutôt ri au nez du mo-
aliste qui serait venu leur dire que, en
ontemplant ces choses ils faisaient acte
le dévotion à l'art et au beau. Je laisse
le côté l'esthétique néronienne, telle que
'analyse Renan dans son Antéchrist, et
[ui est du pur sadisme élevé à la hauteur
le la dépravation romaine. Sans doute,
es Romains, Néron surtout, malgré sa
négalomanie, se connaissaient en belles
hoses , vivantes ou inanimées , mais
étaient aussi des sensuels, et, si vous
^oulez, des hommes tout court.
Remarquons-le, du reste, et cela me
emble significatif, c'est qu'on nous parle
oujours de beauté fémmine, jamais de
'autre. Qiioi, nous avons un plaisir
l'ordre élevé à contempler non seulement
es Vénus célèbres de Florence, de Paris.
le Naples et de Rome, mais aussi la
)eauté virile et sereine du Thésée, de
'Hermès, de l'Apollon, du Méléagre, de
'Achille, des captifs de Michel-Ange, et
(ersonne ne paraît soui^cr à l'olïrir vi-
'ante à notre admiratiun ? Goethe ne se
)laisait-il pas à voir un de ses amis, jeune
;t beau, marcher nu dans une prairie,
ivocpiant ainsi les images plastiques qu'il
limait .?
Pourquoi n'en pas essayer dans des spec-
acles publics .? Le> beaux modèles mas-
:ulins ne sont pas plus rares que les au
res. Eh bien, qu'on en fasse rex[)Jrience,
[u'un impressario annonce un spectacle
le tableaux vivants où sans mélange
l'éléments féminins, l'on verra repro-
duites en belle chair vive par des hommes
nus, les plus célèbres antiques grecques
et romaines, et aussi les œuvres les plus
renommées de l'art moderne. Je gage
que le directeur ne fera pas ses frais et
aura pour spectacteurs quelques rares ar-
tistes, peut-être une poignée de femmes
déséquilibrées et vicieuses, et surtout. ..
« Vous me ferez dire quelque sottise. »
Il y a une jolie scène de tableau vivant
indiquée à la fin d'un dialogue grec, le
Banquet, celui non de Platon mais de
Xénophon. C'est l'union de Bacchus et
d'Ariane dont au son des flûtes on régale
les convives, et ils en sont si charmés
qu'ils se lèvent aussitôt et courent cher-
cher chez eux, ou ailleurs, les joies dont
on venait de leur présenter l'image ou
plutôt les prémisses, nous sommes en
Grèce, en bonne compagnie et non chez
Néron. C'est, si l'on veut, le mot de la
fin et ce sera aussi le mien, laissant les
amis lecteurs tirer comme bon leur sem-
blera, la moralité générale de l'exemple
cité.' H. C. M.
Termes de métier (LIV, 616). —
J'ai publié en 1868, chez l'éditeur Hetzel,
un Dictionnaire des Tenues techniques. Cet
ouvrage, qui m'avait coûté plusieurs an-
nées de travaU, a été cité avec éloges par
plusieurs écrivains, entre autres par
Alexandre Dumas fils qui déclarait l'avoir
constamment sur sa table et me félicitait
d'avoir accompli l'œuvre rêvée par Théo-
phile Gautier.
Une obligation imposée aux livres de
ce genre est d'être tenu au courant des
additions continuelles résultant du déve-
loppement — si rapide à notre époque —
des sciences, de l'industrie, des arts, du
commerce, etc. Malheureusement cette
nécessité s'est trouvée en opposition avec
l'intérêt de l'éditeur — ou du moins ce
qu'il croyait son intérêt. L'ouvrage a été
cliché, c'est-à-dire immobilisé ; et c'est
vainement que j'ai proposé, dix ans après
sa publication, d'y introduire les termes
nouveaux ayant acquis droit de cité depuis
1868, cette introduction équivalant à
refaire la composition en entier. Ce qui
n'a pas empêché de maintenir le Diction-
naire des Termes techniques dans le cata-
logue de l'éditeur où il figurait encore
assez récemment. Souviron.
No 1139,
L'INTERMEDIAIRE
711
Louis XVI et la franc-maçon-
nerie (LIV, 445, 507). — M'est-il per-
mis de rappeler, sur cette question, un
fait d'histoire doublé, pour moi, d'un
événement familial ?
L'Ordre de la Franc-Maçonnerie dont
parle notre collaborateur Pietro, n'était
pas, en effet, anti-religieux ; il s'occupait
largement de solidarité humaine au com-
mencement du xix^ siècle, et je lui dois
vraisemblablement l'existence.
Sorti de l'Ecole Polytechnique, engagé
volontaire à 19 ans, comme officier, pour
la campagne de 1812, celui qui devint
mon père était prisonnier de guerre
depuis 14 mois. Libéré après l'abdication
de Fontainebleau, malade et malheureux,
sans nouvelles de sa famille ; cheminant
avec peine vers la frontière russe, il
venait de la franchir lorsqu'arriva la nou-
velle du débarquement à Cannes, qui
contraignit ses compagnons d'infortune,
moins avancés que lui, à retourner en
arrière, pour continuer leur captivité
pendant les Cent jours. C'est alors que
mon père, reconnu par un frère de
l'ordre maçonnique, fut secouru sur le
champ et mis en état de regagner sa
patrie. Quidonc.
Les Jacquemarts de France (LIV,
618). — Il y a 30 ans, on en voyait en-
core un, en costume Louis XV, à l'hôtel
de ville de Montdidier. Nous l'avons revu
descendu du clocher, dans le musée de
feu M. Hourdequin, qui appartient au-
jourd'hui à M. Lepage, so.i neveu.
D"' Bougon.
Femmes : les premières conque
rantes des diplômes masculins
(LIV, 2, 3, 68, 71, 157, 158. 159, 210).
— Sous ce titre, nous engloberons les
diverses questions posées : Premières
femmes médecins, premières femmes avo"
cates, etc. Il y a intérêt à les grouper.
Première femme à l'Ecole des Chartes.
De la Presse.^ 30 octobre 1906 :
A la suite des épreuves écrites et orales qui
viennent d'avoir lieu pour le concours d'ad-
mission de 1906 à l'Ecole des Chartes, le
jury a déclaré admise Mlle Âclocque.
C'est la première fois qu'une femme est
admise à rÉcole des Chartes.
712
Le pèro du Bridge (L ; LUI). —
Si l'origine même du mot « bridge »
semble bien difficile à établir , ainsi
que Font prouvé les réponses publiées
à diverses reprises dans Y Intermédiaire
à ce sujet , il doit être relativement
facile de trouver la date à laquelle ce
néologisme, dans sa forme actuelle,
venu d'Angleterre ou des Etats-Unis, a
fait son apparition chez-nous.
Qjiel journal, quelle publication, quel
traité de jeux de cartes a, le premier, en-
registré le mot dont il s'agit ^ M. Henry
Houssaye, le très aimable immortel, un
des importateurs du bridge en France,
vers l'année 1885, serait plus à même
que quiconque de fixer ce petit point de
linguistique, — qui a son importance.
E. X. B.
Le canot automobile (L, 449, 592,
696). — De M. Auguste Renard, dans les
Annales politiques et littéraires (21 octo-
bre 1906, p. 260) :
Vous souviejît-il que les Annales ont, au-
trefois, demandé à leurs lecteurs de proposer
un terme pour désigner ces bateaux minia-
tures, ces petites merveilles de vitesse qu'on
a admirées tout récemment sur hi Seine, et
qu'on appelle, aujourd'hui, d'un nom qui
n'en finit plus, nom que le public n'adoptera
jamais : canots automobiles ? Mal xommode
à prononcer, long comme un train de mar-
chandises, ce nom désigne un objet court,
qui passe comme l'éclair : n'est-ce pas un
contre-sens ?
Il faudrait un terme bref. Pour l'obtenir, le
moyen est simple De même qu'on a rac-
courci les automobiles omnibus en aulohus,
qu'on réduise, par abréviation, les cinots
automobiles en canobiles.
Canohiles ! Court, sonnant clair, d'une
physionomie bien française, ce mot, il me
semble, fera merveille sur les affiches et sur
les catalogues. Les constructeurs l'adopteront
avec enthousiasme.
Soit ; mais quelle belle carrière ou-
verte aux fantaisies des étymologistes de
l'avenir ! J. Lt.
Les Compagnies d'assurances,
leur origine (LIV, 338, 598). — On
trouvera des renseignements intéressants
à ce suiet dans la revue spéciale Zeits-
chrift des Vereins fur Hanibiirgische Ges~
chicljte, l'article écrit par C. Amisnck sur
les premières Compagnies d'assurances de
la grande ville hanséatique.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1906.
7'3
714
On y fait mention des efforts faits par
les grands négociants de l'époque, pour
établir la première Compagnie, parmi les-
quels figuraient les meilleurs noms de la
place d'Hambourg , qui s'assurèrent
d'abord l'appui du président de la Cham-
bre, Henri Torlade ou Thorlade, un des
plus estimés d'entre eux. Dans peu de
jours, une Compagnie fut créée dont le
capital s'éleva à environ 8 millions de
mark Banco, soit à peu près 13 à 14 mil-
lions de mark de la monnaie actuelle.
premier président fut le susdit H. Tor-
lade. Ce financier illustre était à cette
époque aussi le président de la Commis-
sion des fortifications, ce qui à Hambourg
était l'équivalent du ministère de la
guerre, et il est curieux de constater que
ce fut son successeur Jean Torlade qui
fonda en Portugal la maison de banque
qui porte encore aujourd'hui son noni.
Tyrone.
* *
Les marchands génois et espagnols
établis à Bruges, formèrent, dès le xv*
siècle, des compagnies d'assurances ma-
ritimes, garantissant les cargaisons, non
seulement contre les risques de naufrage,
mais aussi contre ceux résultant d'actes
de piraterie. Voir à cet égard : Gilliodts
van Severen, Inventaire des Archives de la
ville de Bruges, tome V, p. 276. On y
trouvera l'analyse d'une police, datée de
Séville, le 11 janvier 1445, souscrite par
deux négociants espagnols pour l'assu-
rancede marchandises expédiéesà Bruges.
L'engagement cessera son effet 24 heures
après que le navire et sa cargaison seront
arrivés à L'Ecluse. Voir aussi : Jules Fi-
not, Etude historique sur les Relations
comiiieycialâs entre la Flandre et l'Espagne
au moyen âge, p. 256-257, En 1568, les
consuls et les négociants d'Espagne rési-
dant à Bruges, jugèrent nécessaire, dans
le but d'éviter entre eux les contestations
et les procès, d'élaborer, en vertu d'un
privilège obtenu jadis des comtes de
Flandre, certaines ordonnances sur les as-
surances maritimes à « observer et à
avoir seulement entie eux ». Ces ordon-
nances furent codifiées par frère Alonso
de Sarillan, de l'ordre de Saint-Dominique,
licencié en théologie et confesseur de la
communauté espagnole à Bruges. Elles
forment, dit M. E. van den Bussche,
dans un opuscule intitulé : Un livre rare.
Code d'assurance tnanlime à l'usage des
Espagnols résidant à Bruges (La Flandte,
tome XI, p. 66) %< un petit volume in-4°
de 29 feuillets, chiffrés, au recto seulement
1 à xxix, précédé d'un titre et de sept
feuillets non chiffrés formant la table. Au
recto du premier feuillet, le titre au-des-
sous duquel sont imprimées les armes
d'Espagne, porte : ilordenauias echas por
los Consules de la Naccion de Espana rési-
dentes en esta ciutad de Brujas, para los
Un corps de directeurs fut créé, dont le sotopuestos de dicha Nacyon^ sobre los segii-
10S j' Poliras de Seguritad. Au verso du
titre : V Extrait du privilège, soussigné : I.
de la Torse. Le texte de la table est en-
cadré. Voici sa suscription : Tabla de los
Titulos y Hordenan^as contenidos en esto
quaderno para que mas facilemente se aile la
nmteiia de que trata el dicho titulo v hor-
denan^as.
On trouvera aussi dans le Cartulaire
du Consulat d'Espagne à Bruges et dans
celui de VEstaple de la même ville, pu-
bliés par [VI. Gilliodts van Severen, de
nombreux renseignements sur les diffi-
cultés qui ont surgi, dans le cours des
XV* et xvi" siècles, entre les marchands
espagnols, génois, florentins, etc., au
sujet de l'exécution des contrats d'assu-
rances maritimes. J. FmoT,
Le crapaud de Blois (LIV, 172,
267, 315, 374, 43 1 1 544, 602). — A rap-
procher de l'histoire du crapaud de Blois.
Il y a quelques années, dans un château
du département de l'Eure, on avait re-
marqué qu'un certain endroit de la mu-
raille sonnait le creux. La châtelaine, cu-
rieuse de voir ce qu'il y avait derrière, fit
ouvrir le mur. Au lieu d'un trésor qu'on
espérait vaguement y découvrir, on ne
trouva là dedans qu'un gros crapaud vi-
vant. Comment ce crapaud avait-il pu pé-
nétrer dans cette excavation .f* Comment y
avait-il pu vivre ^ Autant de questions
que l'on se posa et qui restèrent sans ré-
ponses. Je tiens l'anecdote de la châte-
laine elle-même. Son château a été com-
mencé sous Henri IV et fini sous
Louis XIII. C. DE LA Benotte.
*
* *
Les mouches de notre savant confrère
ont un double intérêt pour tout le monde ;
et Lavoisier n'aurait pas manqué de citer
ce fait, s'il avait pu le connaître à temps,
N* 1129.
L'INTERMÉDIAIRE
7'5
716
comme une preuve éclatante de son fa-
meux principe : Rien ne se perd, rien ne
se crée I Principe vrai, dans le sens ou il
l'entendait, naturellement ; mais qu'il ne
faudrait pas, non plus, trop prendre à la
lettre. Ne voyons nous pas, tous les jours,
se créer de nouvelles variétés de fleurs et
de fruits? sans compter le reste, au grand
désespoir des misonéistes !
Mais la découverte, citée par le D"" Bil-
lard (dont le nom propre a un sens bien
différent, comme tant d'autres ! du mot
commun qu'il représente ; puisqu'on peut
le traduire, comme Béliard, par « le bel
adventureux », en gaulois), nous en rap-
pelle une autre, faite également dans les
tombeaux de nos rois à Saint-Denis, tom-
beaux qui ne sont pas généralement méro-
vingiens^ comme on pourrait le croire,
mais plutôt qui appartiennent à d'autres
dynasties que celle des rois de la première
race. Il s'agit effectivement ici d'une
tombe de la famille des Capétiens ; de celle
de Charles Martel, enterré à Saint-Denis,
tout comme le roi Dagobert 1.
Quelque temps après sa mort, on ne
fut pas peu étonné d'apercevoir un serpent
(couleuvre ou vipère, je suppose) sortir
de son tombeau, alors qu'on avait eu
occasion de l'ouvrir, po.ir un motif dont
nous ne nous rappelons plus le sujet.
Seulement dans ce temps-là, où l'on s'oc-
cupait moins de biologie et plus de reli-
gion qu'aujourd'hui, les savants du temps
croyaient formellement que c'était le
diable en personne ! C'était son âme per-
fide qui avait pris la forme immonde du
reptile tentateur, d'après les idées des
plus gros bonnets du temps.
D' Bougon.
Vers l'an 18,^9, on traçait la route dé-
partementale de Dijon à Châtillon-sur-
Seine, par Recey-sur-Ource.
Dans cette dernière localité, le tracé
passait près du presbytère actuel. Un
obstacle se trouvait près de cet endroit,
un vieux colombier dont les angles étaient
en magnifiques pierres de taille.
On le démolit, et je ne sais pourquoi,
ont eut besoin d'une de ces pierres de
taille qu'on choisit au hasard. Pour la par-
tager sans la détériorer, on commença par
la scier jusqu'à une certaine profondeur,
puis on employa des coins de bois pour
• finir de l'écarteler.
Nous étions alors présents une dizaine
d'enfants à peu près de mon âge ou un
peu plus vieux, et sept ou huit ouvriers
terrassiers et autres.
Quelle ne fut pas k surprise de tous,
quand la pierre fut entièrement partagée :
on aperçut un crapaud de belle taille,
couché dans son trou qu'il remplissait
exactement. Je me rappelle très bien lui
avoir vu faire quelques pas. Quelle fut sa
fin, elle est sortie de ma mémoire : périt-il
de lui même ? le tua-t-on ? le l'ignore ^
Après de si nombreux siècles passés
sans voir le jour, sa couleur native n'avait
pas subi d'altération, elle était d'un très
beau jaune d'or ; voilà tout ce dont j'ai
été témoin oculaire, je ne puis rien dire
de plus.
Ce fai[ m'a tellement frappé que, même
aujourd'hui, je vois encore la scène
comme si elle se passait actuellement.
Comment expliquer la présence de cet
animal dans cette pierre? On dira peut-
être qu'il fut emprisonné au -moment où
les éléments de la pierre se soudèrent en-
semble pour la former ; mais cette forma-
tion n'eut pas lieu en un jour, une
semaine, pas même en une année, à
moins de circonstances particulières ; il
fallut donc à la bête un prodige de pa-
tience dans son immobilité pour se laisser
ainsi enfermer.
D'un autre côté, il n'a certainement pas
pu pénétrer dans cette pierre, lorsqu'elle
fut devenue pierre.
Autre difficulté. Comment respirer et
se nourrir ? Quelqu'un me demandait
si la pierre n'avait pas de fissure. Non,
elle n'en avait aucune. De plus, on
ne place pas dans l'angle d'une construc-
tion, une pierre qui a des défauts. Le soin
que l'on prit pour la partager en deux
parties prouve bien qu'elle était saine.
Sans doute les pierres les plus denses
ont des pores, mais ils sont de si faibles
dimensions qu'on ne comprend guère
qu'ils fournissent une quantité d'air suf-
fisante pour entretenir la vie d'un être
respirant par les poumons. Et la nourri-
ture d'où lui venait elle .?
Dans tout cela, je n'ai fait que narrer,
reconnaissant ma complète ignorance
pour donner une explication quelconque.
Beaune le 9 septembre 1906.
Mairetet, prêtre habitué.
P. c. c. S. M. P.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Novembre 1906.
717
718
Les aboyeuses de Josselin (LIV,
506,597). — Je trouve dans le catalogue
(10 octobre 1906) de la librairie Clavreuil
et Rieffel, 2, rue de Furstenbergin' 5727
Hamon (L.). Les Aboyeuses de josselin. Les
environs de Josselin. Combat des ^o. Mer-
lin l'Enchanteur . Rennes, 1889, in- 12.
Gravures hors texte Br. 2 fr. Efeey.
Patien:(a ! Quand l'abbé X aura publié
son étude, on verra. Pourquoi demander
à être renseigné auparavant ?
Ce qui serait intéressant, c'est d'élargir
la question et, — sans rien préjuger —
tout en admettant la possibilité de la
chose, s'informer si ailleurs, en France
ou à l'étranger, des faits semblables ou
similaires ont été observés. Oroel.
Le phénomène qui caractérise cer-
taines malades de Josselin est réel. Une
plaquette illustrée de M, Louis Hamon :
Les aboyeuses de Josselin (in- 12, Rennes,
CaïUères, 1889) s'étend longuement sur
ce sujet. L'auteur a vu le fait et le décrit
avec détails. Les femmes en proie à cette
névrose (chorée des muscles expirateurs
et laryngiens) jettent de petits cris rau-
ques, assez semblables au grognement du
chien. Peu à peu la voix s'éclaircit et
s'épand en appels sonores, précipités, ai-
gus comme les notes du clairon ; cela
devient un véritable aboiement dont le
timbre s'élève par degrés avec la progres-
sion de la crise.
Après la période de paroxysme, l'into-
nation baisse et s'exhale en une sorte de
hurlement plaintif qui rappelle celui du
chien en détresse. Malgré la ressemblance
de ces cris avec ceux du chien, il n'y a
point similitude complète ; du moins jus-
tifie-t-elle le nom que l'on donne à ces
femmes. Toutes celles vues par M. L. Ha-
mon étaient d'un âge mûr. On ne voit
pas d'homme atteint de ce mal. Etranger
à la faute originelle — dit la légende bre-
tonne — leur sexe échapj)e à l'expiation.
Les aboyeuses ne se montrent qu'à josse-
lin et aux fêtes de la Pentecôte. Ce jour-là,
dès le matin, de solides paysans s'empa-
rent de ces femmes et les mènent de gré
ou de force baiser un reliquaire, puis
boire l'eau d'une source, ce qui doit gué-
rir leur mal. Le cas se présente quelque-
fois ; mais il faut plutôt attribuer la cessa-
tion des aboiements à l'apaisement et
l'épuisement du système nerveux que la
contrainte a exaspéré. Peut-être y a-t-il
aussi des cas de guérison nerveuse.
Voici donc, la malheureuse malade,
nullement surprise par l'arrivée de ses
bourreaux, les attend avec une anxiété fé-
brile, consciente qu'elle est de son mal ;
de plus elle connaît la tradition, la cou-
tume, elle a donc compté les jours, elle
sait celui de l'expiation arrivé, aussi son
délire a-t-il été toujours augmentant,
atteignant son paroxysme à l'église et à
la source, s'atténuant alors et disparais-
sant enfin par la détente, le soulagement
de son affection.
Il y a encore quelques rares aboyeuses
à Josselin. M. M.
Jotc^, i^vourailU^s «t OluvicHitcB
Une lettre de la jeunesse de
Gambetta. — La lettre qu'on va lire a
été adressée par Gambetta à son ami
Laurier. Elle donne quelques intéressants
détails sur sa vie du jeune avocat, sur ses
fréquentations au Procope, sur sa ren-
contre avec M. Henri Brisson. Les mali-
cieux souriront de l'impression pre-
mière que produit l'actuel président de la
Chambre sur l'exubérant méridional, qui
lui trouve « l'air de la tempérance en épi-
gramme.» Lajeunesse de M. Brisson avait
déjà au Procope la gravité de l'âge mur :
Paris le jeudi 1862.
Mon cher ami.
Tu es un homme terrible et charmant, et
j'allais avec en train prendre celui qui mène
à Lépineau, mais en voici bien a'une autre,
— l'affaire que je devais plaider ce matin
(piètre bien, mais il n'y a que les mauvaises
cordes qui résistent) me revient pour jeudi.
Je joue de malheur, mais le diable s'en mê-
lerait que lundi en huitaine je pars, j'arrive
et je me fais pardonner d'être si traînard.
Mais pour ce dernier incident je te jure
bien que je suis innocent du contretemps.
Enfin. . .
J'ai vu ce soir ton ami M. Brisson, nous
avons longuement causé au Procope, il est
bien agréable, mais trop sobre, en face de
moi il avait l'air de la tempérance en épi-
gramme.
J'ai eu bientôt pris mon parti quoique
vraiment je puisse t'assurer qu'il m'est tou-
jours pénible de boire seul, la choppe a
N" 1129.
L'INTERMEDIAIRE
719
toujours besoin d'être partagée comme la
causerie.
La Cour d'assises est pire encore que l'a-
vare Achéron. Impossible de lui faire lâcher
sa proie, je suis allé réclamer ton manuscrit,
on m'a supplié de le laisser avec des paroles
attendrissantes. Evidemment, ils attendent
d'avoir quelques sous pour achever cette
publication. Je n'ai pas eu le cœur de le
leur arracher, après tout cela eut été fort
difficile, car dans la confusion qui règne là
dedans, il est fort épineux de deviner s'il
est à l'imprimerie comme l'affirme la vieille,
ou est resté au bureau, comme semble le
laisser croire le vieux, tu sais celui qui ne
parle pas.
Dis-moi si tu m'autorises à aller jusqu'aux
voies de fait, car je vais leur faire un beau
ramage à la réception de ta lettre. Voilà une
réplique féconde en pourparlers. Dis-moi
catégoriquement s'il faut le laisser en atten-
dant une impression durable ou le retirer vif
unguibus et rostro.
Je t'annoncerais au cas où l'Opinion na-
tionale ne parviendrais pas jusqu'à Lépineau
que Sarcey a fait à l'occasion de la Dolorès
de L. Bouilhet, une critique dramatique fort
remarquable, qui a été remarquée ici, voire
richement saupoudrée du sel, du meilleur.
Rara avis.
Tu dois trouver que je suis un bien
fâcheux bavard, mais je songe que tu me
l'aurais reproché et je m'absous de ton
silence.
J'ai eu aussi la visite de Beaupré, au Pro-
cope, il était superbe, fortes moustaches,
tournure martiale exceptionnelle, ajoute à ce
décor le pantalon de garde national qu'il
n'avait pas quitté de la journée : il était im-
posant. Malgré ces dehors un peu effrayants
nous avons largement ri et devisé bo s
proupos.
Je ne peux mieux clore ce commérage
qu'en te disant qu'ils m'ont chargé de leurs
amitiés pour toi (voilà un pluriel énigmati-
que Brisson et Beaupré).
Je mets toutes les miennes à la suite. Je te
prie d'offrir mes respects à Mme Laurier et
de m'écrire encore le plus tôt possible.
Ania vale scribe
Tout à toi,
L. Gambetta.
Pendant l'occupation française à
Berlin (1806-1906). — Le 27 octobre
i8o6, treize jours après léna, Napoléon
entrait à Berlin. Il nommait Clarke, gou-
verneur de la ville et Hulin, l'homme de
la Bastille et de Vincennes, commandant
de la place. Les Berlinois ne gardèrent pas
rancune à leurs vainqueurs, lesquels,
cependant, par précaution, les désarme-
720 .
rent. C'est à cette occasion que le vieux
maréchal de Mollendorf écrivit au géné-
ral Hulin la lettre suivante. Il avait été
fait prisonnier à Auerstaedt, le même jour
qu'Iéna, et blessé, mais lui non plus
n'avait aucun ressentiment contre les
Français. Il avait offert des pistolets aux
aides de camp de Clarke, il avait mis ses
bottes pour rendre visite à Napoléon. Il
était dans les termes les plus cordiaux
avec les envahisseurs de son pays.
, Cet état d'esprit est très remarqua-
ble et la lettre que nous publions est
tout à fait typique à cet égard. Elle fait
partie du cabinet de M. Noël Charavay.
Mon Général,
Je serais venu moi-même me présentera
Votre Excellence, mais mes blessures m'em-
pêchent de satisfaire à mon devoir et au plai-
sir de faire votre connaissance, puisque la
blessure au pied a empiré, ayant mis des bottes
hier pour me présenter à Sa Majesté l'Em-
pereur et roi d'Italie qui me [1'] avait ordonné,
je viens donc de présenter ma très humble
piière par écrit avec une main tremblante. Le
magistrat d'ici m'a ôté mes fusils de chasse,
un couple de paires de pistolets dont j'avais
fait présent aux aides de camp du général
Clarke qui, comme le général, m'ont comblé de
bienfaits et de politesses, même mon épée
que je porte. Je viens donc prier humble-
ment Votre Excellence de donner ordre qu'on
me les rende et j'enverrai un homme qui les
connaît et qui en a donné la liste. Je donne
ma parole d'honneur que personne ne s'en
doit servir, que je les mettrai sous clés et je
suis responsable de tout. On m'a dit que je
devrais seulement m'adresser à vous et que
vous ne me refuseriez pas cette humble
prière, de plus comme le magistrat avait
surpassé ses ordres. Donc, mon général, si
vous autorisez cette grâce j'enverrai un
homme qui les connaît et qui en a donné la
liste. Tous vos princes et généraux me com-
blent de politesses, donc mon cœur est rem-
pli de reconnaissance, par conséquent je n'hé-
site de m'adresser directement à Votre Excel-
lence en y joignant les sentiments de la con-
sidération la plus parfaite et l'estime particu-
lière avec lesquels j'ai l'honneur d'être de
Votre Excellence, le très hamble et très obéis-
sant serviteur.
Le maréchal Mollendorf.
De Berlin, le 6 de novembre 1806.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Danii-l-Chambon, St-Amand-Mont-Rond.
LIV" Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mois 20 Novembre 1906
42e Année
-31 »", r. Victor Massé
PAFIS (IX«) Cherchez et
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entr'aider
N" 1130
31 '".r.Victor Massé
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DES CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 18Ô4
•QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
721 722 ■
(âueetians
Théroigne de Méricourt et l'em-
pereur d'Autriche. — Est-il établi,
comme semble le dire M. Costa de Beau-
regard, dans le Roman d'un royaliste (Sou-
venirs du comte de Virieu^ 1892), que
l'empereur d'Autriche, Léopold, ait eu un
caprice pour Théroigne de Méricourt,
alors prisonnière dans les prisons impé-
riales ? Sir Grapu.
Un Carrier Belleuse en 1794. —
Bégis, dans une plaquette qu'il fit parai- ( sculpteur;
fouir chez lui, « sous un pavé », la liste
en question et ne l'avait communiquée au
Comité de Salut public, qu'après le 8
Thermidor, «. comme propriété du Gou-
vernement ».
Or, sur cette liste figurait au second
rang :
« Carrier Belleuse noble, arrêté ».
Ce Carrier Belleuse, de Soissons, devait
être de la même famille que les artistes de
ce nom, dont le chef de la dynastie le
grand sculpteur Carrier de Belleuse, est
né le î2 juin 1824, à Anizy-Ie-Château,du
département de l'Aisne, comme Soissons.
Le suspect, porté sur la liste de Le-
jeune, n'était-il pas le grand-père du
d'E.
tre, il y a dix ans, Saint -Just et les bureaux
de la police générale, publie un rapport
très curieux d'un certain Lejeune, de Sois-
sons, à qui le Conventionnel, membre du
Comité de Salut public, avait imposé
d'office les fonctions de chef des bureaux
de la police générale. S'excusant de les
avoir acceptées, par cette seule considé-
ration qu'elles lui avaient permis d'empê-
cher beaucoup de mal, Lejeune en apporte
une preuve des plus topiques.
Un jour, Robespierre l'invite à faire un
rapport, qu'il devait « convertir en acte
d'accusation », sur une dénonciation qui lui
avait été adressée avec cet en-tête :
« Liste de quelques aristocrates de Sois-
sons,insignes ennemis de la Révolution et
bons pour la guillotine ». A l'exemple de
Charles Labussière et de son collègue Fa-
bien Pillet, Lejeune s'était empressé d'en-
Amoral, areligieux. — Qui n'est
ni moral, ni immoral, est amoral. Un mi-
nistre vient de dire du régime qu'il repré-
sente, qu'il n'est ni religieux, ni irreli-
gieux, mais areligieux. Le langage philo-
sophique emploie certainement ces expres-
sions, au moins la première.
La structure sociale, en effet, est, en réalité,
imparfaite, amorale ; la morale est une per-
fection irréalisée.
(Paul Simon. La morale scientifique.
Revue des Idées, n" 35, p. 855),
La doctrine impose à la longue ces
expressions, Littré ne les connaît point,
l'académie les ignore, le peuple ne es
emploie pas. Que valent-elles .'^
D' L.
LIV-14
N' II
30.
L'INTERMEDIAIRE
723
Rabasteins, histoire racontée par {
M. Lenôtre. — Je lis dans VBcho de \
Paris du ^ octobre (le Trottoir roulant, \
par« Sparklet») une tragique histoire ra- i
contée dernièrement dans un salon par |
M. G. Lenôtre, comme s'étant passée au j
xvui® siècle, dans un château du Nord. !
Il s'agit d'une demoiselle de Rabastens \
qui aurait disparu, le jour de ses noce?, |
au cours d'une partie de cache-cache or- \
ganisée dans ce château. Son corps au- |
rait été retrouvé un siècle plus tard, en i
1850, par un jeune marié, fils des acqué- 1
reurs du château, qui, le jour de son ma- ,
riage, se serait amusé, lui aussi, à y jouer ■
à cache-cache avec ses invités! Ici je cède
la parole au narrateur ;
Le jeune marié s'est embusqué derrière
une porte, dans un couloir. Mais il n'est
qu'à demi caché par le battant ; il voit ve-
nir à lui la jeune fille qui le cherche ; il
s'aplatit le plus qu'il peut contre la muraille,
les paumes des mains collées à la boiserie. . .
Le panneau cède derrière lui , s'enfonce
doucement. Il entend passer celle qui le cher-
che, il retient sa respiration, ravi de cette
porte inconnue que sa pression a fait ouvrir
ainsi avec tant d'à-propos. Mais à peine a-t-il
reculé d'un pas que la boiserie se referme de-
vantlui ,11 tâtedes deux mains, il tape du pied.
Il est prisonnier, il appelle 1... Ses yeux s'ha-
bituent à l'obscurité qui n'est qu'incomplète,
une lueur tombe de la cheminée, et, se dif-
fusant dans la chambre, éclaire une personne
assise qui sommeille sur une chaise. Notre
jeune homme respire. Il est chez une ser-
vante 1 II écarte un meuble qu'on a dû traî-
ner devant l'âtre, vient à la femme, la prend
par la m<iin... Mais avec la main desséchée
le bras se détache... C'est une momie qui est
là, près de lui, un cadavre habillé d'une soie
couverte de poussière... Mlle de Rabastens !
« C'était donc vrai! » s'écrie !e nouveau ma-
rié... Mais, pareil à Roland gonflant les ar-
tères de son cou, il enfle ses poumons et ap-
pelle plus fort. .,
M. Lenôtre ajoute que l'on finit par l'en-
tendre et par venir, avec des pioches, le dé-
livrer... Ainsi se trouva divulgué le mys-
tère qui avait plané sur le mariage de Mlle de
Rabastens...
L'histoire, qui a donné lieu à ce récit,
se trouve racontée tout au long dans un
livre publié en 1843, par M. Alexandre
Mazas (et plusieurs fois rééditée depuis)
sous ce titre : le Dernier des Rahasteins.
La tragique aventure serait arrivée au
xvin* siècle, en effet ("vers 1720), non
dans un château du Nord, mais au châ-
724
teau de Montségur dont les ruines exis-
tent encore, aux environs de Grignan,
dans la Drôme. La victime serait, non
Mlle de Rabasteins, mais Mlle Lucie de Pra-
comta!,et le cadavre de l'infortunée aurait
été découvert une trentaine d'aimées plus
tard, à peu près, dans les circonstances
que raconte M. Lenôtre, par un jeune
homme de 16 ans, « le dernier des Ra-
basteins », qui au cours d'une partie de
cache-cache avec des amis, resta enfermé
à son tour dans le fatal réduit. On ne
le retrouva, (dit le livre de M. Mazas),
qu'au bout de plusieurs jours, évanoui,
presqu'expirant. Dans lintervalie, sa
mère était morte de chagrin.. .
Je n'ai pas le Dernier des Rahasteins sous
les yeux en ce moment, mais je me rap-
pelle ces détails pour les avoir lus et re-
lus maintes fois dans mon enfance. Un de
nos confrères de Provence (où ce sou-
venir a dû se conserver) pourrait-il me
dire ce qu'il y a de vrai dans ce récit ? La
famille de Pracomtal est bien connue, mais
a-t-il existé une famille de Rabasteins, et
son dernier rejeton a-t-il eu réellement
cette tragique aventure, ainsi que d'autres
encore racontées dans le curieux volume
de Mazas ^
J'ajoute que , d'après ce livre, la ca-
chette de Montségur, qui faillit devenir le
tombeau du jeune de Rabasteins après
avoir été celui de Mlle de Praco ntal, au-
rait jadis servi de refuge au baron des
Adrets pendant les guerres de religion.
J. W.
La seigneurie de Châtenay. —
Par contrat du 20 janvier 1687, le mar-
quis de Signelay se rendit acquéreur de la
terre et seigneurie de Châtenay, possédée
jusque-là p;!r messieurs du Chapitre de
l'Eglise de Paris.
Vers 171 s- 1720, on trouve, comme
seigneur de Châtenay, un sieur Abraham
Duval ou du Val, dont un des descen-
dants, Abraham - Louis Duval , écuyer,
conseiller, secrétaire du roi maison et
couronne de France , possédait encore
cette terre en 1784.
Pourrait-on être renseigné sur ce sieur
Abraham Duval, devenu seigneur de
Châtenay ; sa famille habitait-elle le pays,
quelles étaient ses alliances ? Quelle est
la date exacte de l'acquisition de cette
seigneurie ?
725
DÉS CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Novembre 190e.
■ 726
L'ouvrage de M. de Launay sur la val- | Quelles sont ses armoiries ?
lée d'Aulnay 2.000 ans d'histoire, Paris, ! A t-il laissé des descendants ? Si oui,
Flammarion, est muet sur ce point. ' que sont devenus ces derniers ?
T. L.
Le district des Cordeliers en
1789. — Je possède un certificat de
bonne coi^.duite délivré à Fabre d'Eglan-
glantine par le district des Cordeliers, en
date du 28 août 1789.
Un collègue très ferré sur les noms de
la Révolution pourrait-il m'aider à lire
les signatures qui figurent au bas de celte
pièce ?
Prudhomme, Président.
Pernot Duplessis (?) Vice-Président.
Louttier (?) ou Poultier
Deblois f?) ou Debloir.
Brune; tous trois secrétaires. H. L.
Noms de famille et titre. — En
France, comme ailleurs, a-t-il toujours
été d'usage de porter le nom de famille
relié au titre, comme par exemple :
comtes Chandon de Criaille, Champion
de Nansouty, de Chaptal de Chanteloup.
A-t-on toujours relié le nom de famille
au nom de la terre dans renonciation
d'un titre ? Zanokm.
Aristide Ferrère. — Quel est le
nom véritable que cache ce pseudonyme ?
Aristide Ferrère, banquier, a raconté lui-
même, dans un livre, la propagande qu'il
fit en 1848 pour le prince Louis-Napoléon.
Dans le volume, il en annonçait un se-
cond qui n'a jamais paru, du moins à ma
connaissance. Rosey,
Louis de Lesclade, professeur de
philosophie. — Serait-il possible de
trouver quelques renseignements sur Louis
de Lesclade .? Ce personnage, né près de
Clermont, enseigna la philosophie avec
succès vers la fin du xvii° siècle, à Paris
d'abord, puis à Grenoble et à Lyon. Il
s'était marié avec une de ses élèves, mais
ses infortunes conjugales firent grand
bruit. E. J.
Le comte J an-Henaud Ciirli-
Rub> 1. — Pourrait-on avoir des rensei-
gnements sur l'économiste italien Jean-
Renaud Carli-Rubbi, né à Capo-d'Istriaen
1720 ?
Un Cavalier.
De Leusse : le nom et la terre?
— Un intermédiairiste pourrait-il me
donner des renseignements sur l'origine
de cette ancienne famille ? I. P. K.
Marinier, Hardouin dô Chalon de
la IVîarinière. — Le premier écrit de
Besançon, une lettre diplomatique à Mar-
guerite de Savoie (Lettres et papiers étran-
gers et domestiques d'Henri yill). Y avait-
il des Marinier à Besançon ?
Le second était page du roi en 1707.
Qiie sait-on de sa famille ? M. E.
Guillaume de Vandenesse, sa fa-
mille. — On lit dans Moréry, Supplé-
ment 1735, tome II, folio 430, article
Vandenesse, que Guillaume de Vandenesse,
pasteur de l'église de Sainte-Catherine de
Bruxelles né en 1654, mort en 1716, était
fils de Martin de Vandenesse, receveur de
la ville de Bruxelles, et d'Anne Vander Elst.
On désirerait savoir si ce Martin de
Vandenesse, père de Guillaume, n'a pas
eu d'autres enfants parmi lesquels :
Nicolas de Vandenesse, bourgeois de
Bruxelles, époux deThcrèse-Thomasse de
Brie.
Leur fils, Guillaume-François, vint s'éta-
blir en France et s'y maria, en 1728, à
demoiselle Madeleine Gal'.et , d'une fa-
mille de Paris. T. L.
Armoiries à retrouver : châ-
teau de Grezieux. — Au château de
Grezieux-le Marché (Rhône) ayant appar-
tenu au lieutenant général de Souvigny,
est un écusson^en clef de voûte, portant :
parti, nu i de à ^ fasces de.... , an 2
de à J bandes de A quelle famille
appartient-il ^ Baron A. H.
Armoiries à rechercher : che-
vron accompagné en chef. — ]e dé-
sirerais savoir à quelle famille attribuer
les armoiries suivantes :
Un chevron accompagné en chef de tfois
étoiles et en pointe de trois porcs-épics. Ces
armes sculptées sur bois ne portent pas
d'indication d'émaux. Mordet,
N° 1130.
L'INTERMEDIAIRE
727
728
Ex-libris de médecins français.
— Il a paru, il y a quelques années, dans
Vlniermédiaire^ une suite de reproductions
d'ex-libris, sous la signature du dessina-
teur Henry-André.
Je retrouve ce nom dans la Chronique
Médicale^ au bas d'une étude sur les
ex-libris de médecins.
Cette monographie S;! intéressante me
semble cependant incomplète : où pour-
rais-je trouver une liste de tous les méde-
cins français possédant des ex-libris .?
Valéry Decroix.
Gond de porte. — Dans les salles
nouvellement ouvertes au Louvre, et
parmi les très curieuses pièces provenant
de la mission Morgan, on voit plusieurs
pierres plates de forme ovoïde et présen-
tant à leur surface une dépression ou
creux qui servait à recevoir les pivots de
porte des anciens édifices.
Or, ces pierres sont étiquetées comme
gonds de porte, ce qui me semble une
erreur de nos savants archéologues. Les
gens de métier désigneraient peut-être
sous le nom de crapaudine ou de salière
les objets de ce genre, mais on ne se ser-
virait certainement pas du mot gond qui
a conservé une signification distincte et
parfaitement définie. Cerameus.
« Le Courrier de Londres » . — Quel-
que obligeant lecteur de V Intermédiaire
pourrait-il me dire dans quelle bibliothè-
que publique ou privée, française ou
étrangère, je trouverais une collection
complète du Courrier de Londres, un des
périodiques de l'Emigration : le British
Muséum ne le possède qu'à partir du
tome 57 (1805), la Bibliothèque nationale
n'en a que quelques numéros de 1802.
r . u.
Initiales a dévoiler. — Je possède
un livre intitulé : Notice sur la vie d' An-
gèle de Saint- C*** comtesse de P*** et de sa
fille Marie de P"*^, élèves de la congrégation
de Notre-Dame, maison dite des Oiseaux. —
Paris .1 Poussielgiie-Rusand, 18^^ (sans nom
d'auteur). La comtesse de P., est-il dit en
tête, décéda à 28 ans, le 3 mai 1845, et
Marie,
ans.
le !*'■ juin 1847. — {
Comme il y a 60 ans de cela, pourrait-on
savoir de qui il s'agit.? La Coussière.
Chansons lorraines antérieures
au XIX" siècle. — D'aimables « cher-
cheurs » voudraient-Ils communiquer, ou
bien indiquer où trouver des chansons du
pays Messin et de la Lorraine : rondes,
airs populaires, romances, refrains de
soldats antérieurs au xix* siècle ?
Le moindre renseignement au sujet des
couplets ou des airs anciens vaudra la re-
connaissance de jeunes Lorrains qui ne
veulent pas se déraciner. Loherain.
Lenepveu et « Jeanne d'Arc ».
— L'Opéra n'avait-il pas accepté en 1868
un opéra de Lenepveu, intitulé Jeanne
d'Arc ? Cet opéra a-t il été joué ?
S'il ne l'a pas été, quelles en sont les
raisons ? Le dit opéra a-t-il été représenté
ailleurs qu'à l'Opéra, soit en France, soit
à l'étranger ? Merci d'avance à qui me
donnera lerenseignement dont j'ai besoin.
Champvolant.
*
* ¥
Avant de poser cette question, nous l'avons
soumise à M. Arthur Pougin qui est l'histoire
théâtrale faite homme, il nous donne cette
réponse qui clôt sans doute tout débat :
En 1868, Lenepveu était encore à Rome
comme pensionnaire de l'Académie de
France (grand prix de 1865), et ne pen-
sait encore ni à l'Opéra, ni à Jeanne d'Arc.
U n'a donc pu se faire refuser une Jeanne
d'Arc 3 ce théâtre. L'ouvrage qu'il a écrit
(beaucoup plus tard) sous ce titre, est un
drame lyrique (je dirais presque volon-
tiers un oratoire), en trois parties, sur
un poème de M. Paul Allard. Cette
Jeanne d'Arc a été exécutée solennelle-
ment, le i*»" juin i886, dans la cathé-
drale de Rouen, en présence du car-
dinal archevêque, M. de Bonnechose.
Des fragments en furent entendus ensuite
dans nos grands concerts, je crois qu'on
l'exécuta aussi dans la cathédrale de
Reims, mais je suis certain qu'elle fut exé-
cutée intégralement, le 12 février 1901,
dans la cathédrale de Tunis.
En dehors de ce drame lyrique. Le
nepveu (qui est Rouennais) a écrit aussi
une Ode triomphale à Jeanne d'Arc, qui a
été exécutée de même à Rouen le 30 juin
1892. Arthur Pougin.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1906.
729
730
Rentrer ou entrer. — L'usage est
généralement répandu dans la presse,
d'écrire le mot rentrer, au lieu du mot en-
trer. Les exemples sont journaliers. En
voici un pris au hasard :
Depuis quelque temps, les anarchistes de
France, Espagne, Belgique, Hollande, Alle-
magne et Angleterre travaillaient à former
cette immense association appelée « Interna-
tionale rouge », qui est maintenant un fait
accompli, et dans laquelle rentrent les anar-
chistes de tous les pays sans exception.
Dans les conversations quotidiennes, i
en est de même. Ce matin, un jeune
homme me disait : « Je rentre dans telle
banque ». Or, jamais il n'avait été em-
ployé dans cette banque, ni dans aucune
autre, d'ailleurs.
Est-il devenu français d'employer indif-
féremment entrer ou rentrer, pour dire
entrer .? J- L.
Un lâcheur. — Le mot a aujourd'hui,
dans la langue, ses lettres de grande na-
turalisation. De quelle époque date-t-il ?
Littré le cite sans l'accompagner d'exem-
ples. Larchey,dans son Dictionnaire d'Ar-
got.^ lui donne pour premier parrain Au-
rélien SchoU, en 1858.
Or, dans un article fort intéressant de
M. Léon Séché sur la « Marraine d'Alfred
de Musset », Mme C. jaubert [Revue de
Paris, i" novembre 1906), je vois, d'après
une lettre adressée par cette dame à son
frère d'Alton-Shée, en 1848- 1850, que
Roqueplan considérait le docteur Féron
comme « im grand lâcheur ».
L'origine du terme remonte t-elle plus
haut encore .? d'E.
Au bloc ! — Qiielle est l'origine de
cette locution si fréquemment employée
encore dans la langue militaire ^
Alpha.
« Tu n'es qu'un Givors I » — D'où
provientcette expression qu'on entend dans
la flotte : Tu n'es qu'un Givors? et que
peut-elle signifier ? L P. K.
Une question d'esthétique fémi-
nine. — Pourquoi la plupart des pein-
tres, entre le xv'^ et le commencement du
xvn» siècle, ont ils gratifié les fennnes de
ventres d'une dimension que les meilleurs
esprits peuvent à bon droit qualifier
d'excessive?
Nous disons : jusqu'au commencement
du xvue siècle. Le .Musée royal de La
Haye possède, en eff'et,un portrait de Franz
Hais, celui de Aletta Hanemann, daté de
1625, et cette jeune femme de dix-neuf
ans présente non pas un demi-terme,
comme disaient les couturiers du second
Empire, mais un bon terme et demi Et
Rubens donne souvent aussi dans le même
travers.
On a cherché à expliquer cette mons-
truosité bizarre en disant que les femmes
du XV* siècle portaient des coift\ires hautes
et lourdes, comme le hennin, et devaient
se cambrer pour rétablir leur équilibre, ce
qui faisait saillir le ventre. On a mis er
cause ensuite les modes du temps de
François F"" et de Henri III, avec leurs
corps de jupes rigides, buses, vertuga-
dins, etc.
Qii'on aille au musée de Bàle. Ce sera
une occasion de revoir les Holbein qui
fournissent d'ailleurs des arguments à
l'appui de notre remarque. Il y a là un
Jugement de Paris, d'un peintre du xv* siè-
cle dont j'ai oublié le nom quoiqu'il ait
souvent fait mon bonheur. Vénus hanche
au premier plan et présente de profil un
abdomen qui présage la naissance pro-
chaine de deux jumeaux au moins. Or la
déesse est nue comme un ver : ce n'est
donc pas le costume qui la déforme.
Est ce qu'autrefois les femmes étaient
construites autrement qu'aujourd'hui ?
C'est peu probable. Est-ce que les peintres
les voyaient ainsi ? 11 y en a bien aujour-
d'hui qui voient les arbres bleus et les
chairs violettes. Mais le daltonisme dé-
forme la couleur, non le dessin. A-t-on
jamais donné une explication plausible du
regrettable phénomène esthétique que
nous signalons ? O. S.
Il faut bien que je les suive, puis-
que je suis leur chef. — De qui est
cette expression si souvent citée ?
BOOKWORM.
Quai Malaquais
Origine du nom ?
Un lorrain.
(Voyez Nomenclature des rues : « Ancien
lieu dit le Port Malaquest »).
N« 1130.
L'INTERMÉDIAIRE
731
732
lé|30n$e$
Les «Lettres à l'Etrangère », par
Honoré de Balzac (LIV, 615). —
Ainsi que le suppose mon aimable ques-
tionneur, je ne suis en effet pour rien
dans la mise au jour des Lettres à V Etian-
gere^ et je saisis avec empressement l'occa-
sion qui m'estofferteicidel'affirmerunefois
déplus. Sans cesse et partout, le fait de \t\'x
publication, alors que mon nom ne figure
pourtant pas au titre de l'ouvrage, m'est
faussement attribué. Récemment, et en
toute bienveillance d'ailleurs, M. Brune-
tière me l'imputait encore dans son re-
marquable livre : Honoré de Bal:(ac. On le
voit donc, malgré de continuels démentis
émanés de mes amis ou de moi, la légende
persiste obstinément, j'espère, toutefois,
qu'il n'en sera plus de même dorénavant.
A vrai dire, j'ignore par qui les Lettres
à l'Etrangère ont, en dernier ressort, été
préparées pour la mise en vente. Après
leur collationnement avec les autographes,
exécuté par moi, elles ont passé, je crois,
par diverses mains plus ou moins autori-
sées. Mais je n'ai pas été tenu au courant
de ce quia été fait à ce sujet. Je ne puis
donc répondre à ce qui m'est demandé
concernant leur véritable éditeur respon-
sable.
Quant à ma part de concours, il serait
impossible d'entrer à cette place dans tous
les détails que comporterait un pareil ex-
posé. Je me borne donc, ici, à décliner de
nouveau et absolument toute responsabi-
lité dans la mise au jour des deux premiers
volumes des Lettres à l'Etrangère, aussi
bien en ce qui concerne leurs modifica-
tions, annotations inexactes, etc., etc.,
qu'à propos du déplorable maintien des :
« pigeonneries » imprimées dans l'ouvra-
ge,maintien dont plusieurs écrivains ont
déjà exprimé le regret dans leurs études
critiques.
Je la décline non moins complètement
pour les deux tomes qui restent à pa-
raître, et dans lesquels la suppression de
beaucoup de détails par trop intimes s'im-
pose obligatoirement, à mon avis. Je tiens
d'autant plus à repousser toute responsa-
bilité à propos de ces tomes, qu'étant
donné mon âge, j'ai pris le parti de ne
plus participer personnellement en rien à
la publication de la fin de l'œuvre. Et
d'ailleurs, puisqu'en vingt ans deux vo-
lumes seulement ont paru, je serai mort
sans doute quand l'impression de cette
admirable correspondance s'achèvera. Il
est donc indispensable ,de prendre mes
précautions à l'avance, et. dès aujourd'hui,
de désavouer formellement aussi toute
participation qui pourrait m'ètre attribuée
à la mise au jour des deux derniers vo-
lumes, actuellement encore inédits, des
Lettres à l'Etrangère.
En ce qui touche l'avenir, je souhaite
vivement qu'il voie se réaliser les hautes
et consolantes prévisions, qu'à propos
d'une future réimpression de ces Lettres
destinée aux érudits, M. Hanotaux, l'émi-
nent académicien, résumait en ces termes
dans le Journal du 6 octobre dernier :
« Un jour viendra où une édition com-
<<' plète et classique sera publiée, et, alors,
« cet envers étonnant de la Comédie Hu-
« mahie qu'est la Correspondance appa-
« raîtra dans sa vérité et sa sincérité. On
« avait l'œuvre, on aura l'ouvrier ».
Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.
Une fille naturelle de Jérôme
Bonaparte (LIV 553,686). — Je possède
de mon côté une lettre autographe, signée
seulement d'une N , adressée à sa « chère
Pauline » par le Prince Napoléon. J'ai
appris, par une personne bien renseignée,
que cette lettre était destinée plus que
probablement à la femme d'un officier
supérieur en garnison à Lunéville ; la fin
de la lettre me laisse pourtant perplexe
et semble donner créance à l'assertion de
M. Arm. D. relative à la vie religieuse de
la destinataire.
Quoiqu'il en soit, voici le texte de cette
lettre :
Paris, ce 6 mai 1851.
J'ai eu bien du plaisir, chère Pauline, à
recevoir votre lettre de Lunéville, où Papa
m'avait déjà annoncé votre arrivée. Parler
politique avec vous, grand Dieu, je m'en gar-
derai bien, vous êtes du si petit nombre de
bons amis auxquels je puis ouvrir mu vie in-
time et vous voulez que je vous traite comme
tout ce monde que je vois, avec lequel je
suis obligé de vivre et qui ne comprend que
le langage froid et sec de l'intérêt et de l'am-
bition ; non, le cœur de Pauline m'est plus
cher et je veux causer quelques instants avec
vous pour vous dire que je vous aime avec
bien de la tendresse, ma bonne et chère Pau-
line.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1906,
733
734
Mon pauvre Père est toujours triste ; ces
temps de luttes, de combats où nous vivons,
ne sont pas faits pour lui. Je le trouve sou-
vent bien abattu et j'en souffre profondément.
Je ne sais ce qui se passe avec la Marquise
dont vous savez qu'il ne me parle jamais.
Elle est toujours ici, se dit malade, mais ce-
pendant elle vient dîner et sort. Elle doit
partir dans quelques jours.
Soignez vos yeux, ne vous fatiguez pas à
écrire ; ce qu'il me faut, c'est que vous reve-
niez bien portante et calme au physique,
sans douleur, comme vous devez l'être au
moral, admettant que la religion change la
nature de l'être humain, ce que je ne crois
pas, vous le savez.
je vous embrasse de tout mon cœur.
(Signé) N.
P. S, Depuis quelques jours, nous avons
un temps affreux, de la pluie continuellement,
la fête du 4 mai a été noyée. Le 5, la céré-
monie aux Invalides s'est bien passée.
La Marquise était la commensale assi-
due du Prince Jérôme, ex-roi de West-
phalie, père du Prince Napoléon.
La fête du dimanche, 4 mai 1851, célé-
brée à Paris par un temps affreux, corres-
pondait à l'anniversaire de la proclama-
tion, en 1848, par la nouvelle Assemblée
Constituante de la République déjà pro-
clamée le 25 février 1848, par le Gouver-
nement provisoire.
Enfin, la cérémonie aux Invalides était
consacrée à l'anniversaire de la mort de
Napoléon I", décédé à Sainte-Hélène, le
5 mai 1821. C. H. G.
La fuit© dô Louis-Philippe (LIV,
610, 684). — La Revue firitanniqiie (mars
1850) ainsi qu'une relation publiée dans la
Revue catholique rie Normandie (septembre
1891) sous ce titre : « Un chapitre inédit
d'histoire contemporaine » permettent de
résumer ainsi l'itinéraire :
Jeudi 24 février 1848. La famille royale
sort de Paris, passe à Saint-Cloud et à
Trianon, arrive au château de Dreux où
elle s'installe pour la nuit.
Vendredi 2--, février. Les augustes fugi-
tifs quittent Dreux dans la matinée. Afin
de laisser croire qu'ils se rendent à Eu,
selon les projets d'-^bord formés, la ber-
line suit la grande route de Verneuil,
tourne à droite, après avoir dépassé cette
ville, et se dirige vers Anet par la forêt
de Dreux. Au sortir d'Anet, ordre est
donné aux postillons de gagner Saint-
André par un chemin de traverse qui
coupe la forêt d'Ivry ; à Saint-André on
prend la route d'Evreux. Vers deux
heures, arrêt à Melleville, au château de
M. d'Orvilliers situé à trois quarts de
lieu d'Evreux, et repos jusqu'au soir. Dé-
part à sept heures par un chemin détourné
qui procure le moyen d'éviter presque
complètement la traversée d'Evreux. Par
mesure de prudence, le roi continue seul
dans un cabriolet attelé de deux chevaux
et conduit parle fermier de Melleville. La
reine et les personnes qui l'accompagnent
suivent dans la berline pour laquelle se
trouveront au hameau de la Commande-
rie (commune deSainte-Colombe-la-Cam-
pagne), de nouveaux, chevaux de poste
que l'on n'avait pas osé demander au re-
lais d'Evreux.
Samedi 26 février. On est à Pont-Au-
demer dans la nuit, à quatre heures du
matin, à la côte de Tontainville et un peu
après six heures à Honfleur. Séjour au pa-
villon de M. de Perthuis, gendre du géné-
ral Dumas, durant toute la journée du
samedi et la nuit suivante.
Dimanche 27 février. Embarquement.
Qy^^siTOR.
Voir \' Histoire de Louis 'Philippe^ par le
marquis de Fiers.
Un rat de BIBL10THÈQ.UE.
*
♦ ♦
Dans la Revue catholique de Normandie
du 15 septembre 1891, a paru, sous la si-
gnature M. Melle, un article intitulé « Un
chapitre inédit d'histoire contemporaine :
Passage du roi Louis-Philippe dans l'Eure
lors de la Révolution de 1848, raconté
par M. Renard, fermier de Melleville
(Eure) » (pp 1 13-123.)
Le CORBEILLER.
L'idée de patrie existait-elle en
France avaDtla Révolution.^ (T. G.,
385 ; XXXV à XXXVIII ; XLII ; LU ; LIV,
1 16, 233, 2QO, 347, 455, 508, 565). — Au
sujet du mot patrie employé avant la Ré-
volution, tous mes confrères intermédiai-
ristes — sauf un qui a reproduit un vers de
Boilcau de 166 |. — ont fait des citations
plus ou moins anciennes empruntées seu-
lement aux prosateurs.
Voici le résultat de mes recherches
chez les poètes et les tragiques français
aux xviii" et xvu" siècles :
N" 1130,
L'INTERMEDIAIRE
735 -=~=
Le bonheur le plus grand, le plusdjgne d'envie
Est celai d'étie utile et cher à sa patrie.
BoissY. Le Sage étourdi,
acte 2, se. 2.
Je ne puis fournir la date de cette comé-
die ; mais l'auteur est né en 1694 et mort
en 1758.
Je suis toujours sensible au bien de ma patrie.
Gresset, Le Méchant,
acte 3, se. 9 (1747)-
H çst toujours honteux d'accabler sa patrie.
Campistron, Alcihiade^
acte 3, se. 2 (1685).
Il est doux de revoir les murs de sa patrie.
P. Corneille, Serforius,
; ete 3, se. 2 (1662).
D^ Billard.
Le sapeur C ochjçr (LIV, 561). —
J'ai, dans un encadrement moderne, une
vieille image ou fragment d'image popu-
laire de la révolution, représentant les
geôliers du Temple. Dans cette image en
coloris du temps et en forme de médail-
lon, on voit deux geôliers au premier
plan, le Temple dans le fond. L'un d'eux,
grand, maigre et osseux, est coiffé d'un
bonnet à la dragonne avec bandeau de
fourrure et drapé dans une longue lévite
rougeâtre à doublure bleu-tendre fort
bizarre ; il fume une longue pipe. L'autre,
gros et court, en carmagnole et pantalon
bleu, coiffé d'un bonnet de fourrure haut
comme un eolback, fume une pipe moins
longue. Ces deux personnages ont leur
trousseau de clefs, insignes de leur pro-
fession.
Le plus gros pourrait être le sapeur
Rocher attendu que les sapeurs de la
garde nationale, indispensables ornements
de toutes les fêtes civiques de la Terreur,
se distinguaient par un embonpoint qu'on
peut constater dans toutes les estampes
du temps et qui jusqu'à la fin du 2"* em-
pire fut traditionnel dans le corps des
porte-hache civiques.
L'image dont je parle est de très petite
dimension. Légende ; les geôliers du
Temple. Cottreau.
Les filles de Georges III (LIV,
610). — Elles furent :
I" Charlotte- Augusta, née le 29 septem-
736
l bre 1766, qui épousa, le i^"" mai 1797, le
1 duc de Wurtemberg, et mourut le b oc-
I tobre 1828, sans enfants;
I 2» Augusta-Sophia née le 8 novembre
I 1768: morte, sans alliance, le 22 septem-
bre 1840;
y Elizabeth, née le 22 mai 1770, qqi
épousa, le 7 avril 1818, Philippe-Auguste,
prince de Hesse-Homburg et décéda le
lo janvier 1840;
4° Mary, née le 25 avril 1776, qui
épousa, le 23 juillet i8i6,son cousin le
duc de Gloucester, et mourut, sans en-
fants, le 30 avril 1857 '
5° Sophia, née le 3 novembre 1777.
Elle vécut beaucoup au palais de Ken-
sington, elle mourut aveugle, le 27 mai
1848. Elle fut enterrée au cimetière de
Kensal Green à Londres ;
6" Amélia, née le 7 août 1788, qui
mourut sans alliance à 'Windsor, le 2 no-
vembre 1816 : fille favorite du roi Geor-
ges 111, dont la folie incurable date de
cette époque. Elle fut enterrée au Royal
Mausoleum, à Windsor.
Les mémoires anglais qu'il faut consul-
ter sont :
The Greville Mémoirs, parC.-C. F.Gre-
ville;
Secret History of the Courts of Geor-
ge m and IV, par Lady Ann Hamilton ;
un livre très rare.
F. E. R. Pollard-Urquhart.
Uns médailla de fondation sur
Saint-Sulpice (LIV, 451, 531, 573). —
Les deux réponses données précédem-
ment, fort intéressantes et très exactes,
pouvant laisser encore quelque doute sur
l'origine de cette médaille, je me permets
de les compléter.
Et d'abord il peut être utile de rappeler
que cette médaille a été très répandue et,
qu'encore maintenant, tout le monde peut
l'acheter à la Monnaie, moyennant la mo-
dique somme de 2 fr. 20.
Ceci dit, il est incontestable qu'elle se
rapporte non pas à l'édification de l'église
Saint-Sulpice, mais à une place faite ou
àfair» devant le portail. Les légendes du
revers l'indiquent clairement : Basilicœ et
urbi additum decus et au-dessous : S. Sid-
piiii area.
Il est non moins certain, en second
lieu, qu'en 1754, date de la médaille,
aucune place n'existait à cet endroit.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1906
737
C'est seulement en 1802, qu'on ordonna
les démolitions nécessaires pour la créa-
tion d'une place demi-circulaire qui fut
plus tard agrandie, puis transformée, et
finalement ornée, en 1844, de la fontaine
monumentale qu'on connaît.
Mais, dès 1745, Servandoni ayant
achevé le portail de Saint-Sulpice et tra-
vaillant à la construction des tours, avait
fait, probablement sur la demande du
fameux curé Languet de Gergy, le plan
d'une grande place à créer devant l'égUse.
Tout autour, les maisons à édifier de-
vaient avoir des façades décorées suivant
un dessin uniforme. L'argent manquant,
ses projets grandioses restèrent en sus-
pens aussi bien que l'achèvement même
des tours. Cependant, quelques années
après, M. Dulau d'AUemans, devenu curé
de Saint-Sulpice, étant propriétaire de la
maison qui devait former le coin de la
rue des Canettes sur la future place, ré-
solut de donner un commencement d'exé-
cution au plan de Servandoni en la faisant
reconstruire conformément au dessin
adopté. La première pierre de cet édifice
modèle fut posée le 2 octobre 1754. De
là, évidemment, le motif de la médaille
en question portant la date de 1754 et re-
présentant la place projetée. P. F,
Les rapports des ambassadeurs
vénitiens à la cour de France (LIV,
609, 683). — 11 en est qui sont publiés
dans la collection des Documents inédits ;
mais la collection complète en a été copiée
à Venise et existe au département des ma-
nuscrits, à la Bibliothèque nationale, où
l'on peut les consulter.
Un rat de bibliothèque.
Le petit homme rouge des Tui-
leries (LIV, 445, 511, 571,625). —Je
remercie L. D. et Bookworm de leurs ré-
ponses (LIV, 51 1), ainsi que M. Léo Mary
pour son extrait des Mémoires de Napoléon
(LIV, 57 1) et MM. E. Manson et Calendini.
La légende veut que \q petit homme ronge
soit apparu à Napoléon lorsqu'à Fontaine-
bleau il voulut s'empoisonner. Mais vou-
lut-il s'empoisonner ? Rev. Martiner.
Poype (T. G. 724 ; XXXV). — L ou-
vrage de M. Guigues visé par Effem
(XXXV 207) est la s< Topographie de l'Ain. »
Voie; ce qui y est dit des Poypes :
738
C'est très probablement vers la tin de l'é-
poque du bronze que furent érigés le$
menhirs de Simandre et de Toussieux
C'est aussi à cette époque que furent élevés
les retranchements d'Aignoz et des bois de
Samans ainsi que les énormes monticules,
ordinairement de forme conique, ceints d'uri
double fossé et connus sous le nom de
poypes, qui couvraient jadis la partie plane
du département.
Je crois, en effet, que ces monticules sont
aussi anciens que les dolmens, les menhirs,
les cromlechs de l'ouest de la France et que
les hommes qui ont construit les dolmens de
Lockmariaquer et de Kerangouez étaient
les contemporains de ceux qui ont édifié les
poypes des Dombes. Les uns et les autres,
dans les même buts, ont mis en œuvre les
documents qu'ils avaient sous la main. Les
premiers ont recueilli les gigantesques esquil-
les détachées des masses rocheuses par l'ac-
tion des gelées et par les trépidations sou-
terraines, ou tout simplement dégagé et
dressé les blocs ératiques qui gisaient à la
surface du sol, tandis que les seconds, au
prix d'efforts moins rudes mais plus soute-
nus, ont, à défaut de pierre, entassé la terre
pour honorer leurs morts, élever des autels
à leurs dieux, asseoir le tribunal de leurs
juges, etc. La constitution géologique de la
région a seule motivé la différence qui existe
dans la forme et dans les matériaux des divers
monuments d'un même âge. C'est du reste
ce qyi se déduit tout au long dans un livre
écrit près de 1500 ans avant notre ère, dan»
la Bible. Suivant la nature des lieux, les
Hébreux élevaient, soit en pierre, soit en
terre, leurs monuments commémoratifs, au-
tels ou tombeaux.
Iles Auglo-Normandes (LIV, 387,
462, 576, 623). — Dans sa question sur
les Iles Anglo-Normandes , M. de la Vé-
ronne note que «■ Sercq fut aussi occupée
un certain temps par les Français ». —
Si peu que le renseignement ait d'intérêt
pour notre confrère, je puis ajouter qu'en
effet, un ancêtre à moi, François du Breil,
dit le capitaine Breil de Bretagne, aidé de
ses deux frères, le capitaine la RocI)e et le
capitaine la Touche, s'empara de Sercq au
commencement de 1549, et fit de là
une descente à Guernesey, le 31 juillet,
et une autre, un peu plus tard, à jersey,
mais sans réussir à prendre pied dans ces
deux dernières îles.
Il est encore dit s< gouverneur et lieute-
nant pour le Roy aux isles de Sercq et de
Chausey et capitaine de 500 hommes de
N" 1130.
L'INTERMEt)IAIRË
739
guerre », le 20 mars 1551 ; mais au com-
mencement de l'année suivante, il servait
sur le continent. Néanmoins, les Français
continuèrent d'occuper Sercq jusqu'en
1558, et n'en furent chassés que par une
insigne perfidie combinée entre les An-
glais et un capitaine hollandais.
Voir Le capitaine Breil de Bretagne,
baron des Hoinmeaiix, par le comte de
Palys. — Rennes. Plihon et Hervé. (1887).
Vicomte du Breil de Pontbriand.
Le pont de Trécine à Saint-Denis
(LUI; LIV, 74, 186, 349). — Je rentre seu
lement de voyage et je trouve un nouvel
article de mon irréductible contradicteur.
Je ne puis lui faire de concession que
sur un seul point.
La voie romaine qui conduisait de Paris
à Rouen et à Beauvais par Saint-Denis,
Pontoise et Petromantahun (station ro-
maine aux environs immédiats de Magny-
en-Vexin), n'était pas, en effet, la seule
voie romaine qui menait de Paris dans les
provinces du nord.
11 y en avait une autre, fort impor-
tante aussi, qui conduisait de Paris
à Reims par Louvres, Senlis et Soissons,
et qui passait sans doute près d'Auber-
villiers, en laissant Saint-Denis sur la
gauche. Cette route, pour la partie com-
prise entre Senlis et Reims, est décrite
dans le fameux Itinéraire d'Antonin [Géo-
graphie de la Gaule Romaine, par Ernest
Desjardins, tome IV, p. i9ï)-
De plus, il semble bien qu'il y ait eu
deux autres voies romaines, se détachant
de notre voie de Pontoise au nord de
Saint Denis et conduisant, d'un côté vers
Creil par La Morlaye et de l'autre côté
vers Beauvais par Beaumont, où l'on re-
trouve un fort ancien passage de l'Oise
(Consulter le très remarquable ouvrage de
M. Graves : Notice archéologique sur le dé-
partement de rOise^ 2" édition, Beauvais,
1856, page 203 et suiv. ; et Recherches
sur les routes ancienns dans le départe-
ment de Seine-et-Oise, par A. Dutilleux,
Versailles, 1881J.
Je ne puis admettre, je le répète, le
tracé de M. Jollois par la porte de Clichy
et la route de la Révolte, tracé qui n'a
aucune raison d'être et qui n'est appuyé
sur aucune preuve. Quant aux villas
royales de Clichy et d'Epmay, elles n'ont
74Û
rien à voir dans la question, car notre
voie romaine de Pontoise fut très proba-
blement construite vers l'an 50 avant
Jésus-Christ, tandis que les premières
mentions des villas susdites ne datent
que du vn« siècle après Jésus-Christ.
Armand de Visme.
Le Parc des Princes (LIV, 611). —
La forêt des Princes faisait jadis partie des
bois qui s'étendaient jusqu'à Auteuil, avant
la construction des fortifications.
La région était très giboyeuse et avant
la Révolution, les princes y venaient sou-
vent chasser.
Sous le second empire, un spéculateur,
au moment où Alphand transforma le bois,
demanda à lotir une partie du parc, ce
qui fut accordé. L'avenue des Princes (Ave-
nue Victor-Hugo) est encore aujourd'hui
entretenue aux frais de la Ville de Paris.
Et par similitude, on appela cette en-
clave de l'ancien bois « Parc des Princes »,
comme on avait appelé les terrains boisés
de Neuilly « Parc de Neuilly ».
George Prod'homme.
Châteaux de France (T. G., 197 ;
LIV, 406, 577, 6S7). — La question inci-
dente qui vient d'être posée s'adresse plus
particulièrement aux intermédiairistes ni-
vernais. A eux de nous dire si les noms
de lieu palestins que signale le collabora-
teur G. H. auraient quelque origine com-
mune avec la Maison-Dieu du faubourg de
Pantenor, à Clamecy, léguée par Guil-
laume IV, comte de Nevers, aux évêques
de Bethléem, lesquels, après y avoir trans-
porté leur siège, lui transmirent égale-
ment le nom de la ville sainte dont ils
se voyaient contraints de s'éloigner, chas-
sés par l'invasion musulmane.
F. Bl.
♦ »
Une propriété dans la Nièvre s'appelle
Jérusalem. Voici pourquoi : « Un duc de
Nevers, fou ou malade, résolut d'aller
aux croisades en Terre Sainte. Pour le
calmer, on lui fit faire un voyage dans
ses Etats et son duché, lui persuadant
qu'il arrivait en Terre Sainte, à Jérusalem,
Bethléem , Nazareth , Jéricho et autres
lieux. Ces noms ont été conservés aux
bourgades, ainsi que le nom du Jour-
dain ». Telle est la tradition.
COW-BOY.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1906,
741
742
Famille d'Aoust(LIV, 556,689).— Il
est certain que des deux frères d'Aoust,
dont parle notre confrère Un ancien Cul
de singe, au moins l'un laissa postérité, et
mourut à un âge très avancé, rue Saint-
Dominique, n° 52, aux environs de 1850.
Son fils, le marquis d'Aoust, avait
épousé Mlle de Sayve. La marquise
d'Aoust, si connue dans la haute société
par son esprit et sa beauté, n'est morte
qu'il y a quelques années, laissant une
fille unique, la marquise de Barbentane,
qui elle-même a plusieurs enfants.
11 y a encore un marquis d'Aoust, beau-
frère ou cousin-germain de la marquise
d'Aoust, dont j'ai parlé et qui est le doyen
du Cercle Agricole, Je ne crois pas qu'il
ait d'enfants. Comte de Varaize.
Famille de Battine (Batines, ort.
rectifiée) (LIV, 221, 408, 522). — 11 est
plus que probable que la baronne de Ba-
tines, originaire de Nancy, appartenait à la
famille faisant l'objet de ma question. Le
grand-père paternel du comte Rodolphe
— Abel-Etienne - Florimond, comte de
Colomb de Batines — habitait Nancy, où
il avait épousé Mlle Thérèse-Sidonie de
Pochard.
La famille de Colomb de Batines date
du XIV* siècle et est originaire de la Côte-
Saint-André en Dauphiné. Martin E.
Les informations qui suivent me sont
données par un de mes amis, le comte
Jules Colomb de Batines lui-même.
La demande faite par M.E. Martin con-
tient quelques inexactitudes.
Le nom de cette famille est Colomb de
Batines et non Colomib de Battine.
Ce n'est pas Rodolphe, mais son père
César-Charles-Florimond-Léopold de Ba-
tines, qui est décédé au Mans le 21 jan-
vier 1875, en laissant pour héritier son
fils Rodolphe qui habitait Paris et qui est
mort avant le mois d'octobre 1871 ; ce
qui résulte d'une note possédée par le
comte lulcs-Colomb de Batines, qui lui
a été envoyée par le parquet de la Cour
d'Assises du Mans (Sarthe) le 30 octobre
1891 .
Rodolphe, fils de César Colomb de
Batines, ne fut pas le dernier de cetle
famille, qui est représentée actuellement
par le comte Jules Colomb de Batines, au-
quel appartient le titre de comte depuis
la mort du comte Rodolphe.
Jules est fils du vicomte Paul-Cyrus-
Etienne Colomb de Batines, célèbre érudit,
et qui a initié l'étude sérieuse et appro-
fondie de la Divine Comédie du Dante
avec la Bibliographie Dantesque, ouvrage
écrit en français, imprimé en italien à
Prato, Tip. Giachetti, en 1845-48, 2 vol.
in-4, et dont la suite a été publiée, sans
le consentement des héritiers, en 1888.
Pour les autres ouvrages de Paul, nous
renvoyons à la Grande Encyclopédie et à
Ottino e Fumagalli, Bibliotheca Bibliogra-
phica Italica, Roma 1849, un vol., avec
Suppléments.
Paul Colomb de Batines avait pour
frère aîné Jules Colomb de Batines, con-
seiller à la Cour Impériale de Lyon, mort
depuis longtemps, sans descendants.
Le comte de Batines actuel demeure
à Florence, où il est né l'année même,
dans laquelle son père venait de s'y éta-
blir après avoir quitté la France, c'est-à-
dire en 1844, en conservant toujours des
relations avec les Colomb de Batines du
Mans : mais le comte Jules n'a jamais eu
occasion d'avoir de relations directes
avec son cousin le comte Rodolphe.
Toutefois il a conservé sa qualité de
citoyen français et comme tel il a été
appelé à concourir à la formation du con-
tingent de la classe de 1865, département
du Rhône (Lyon).
Jules Colomb de Batines, dernier et
seul descendant vivani de sa famille,
n'a pu me donner aucun renseignement
ou éclaircissement sur la baronne de
Battine, originaire de Nancy.
Maintenant, à la demande du comte
Jules Colomb de Batines, je prie M. E.
Martin de vouloir bien faire connaître la
raison pour laquelle il désire savoir quel
était, en 1865, le plus proche parent côté
paternel du comte Rodolphe.
Le comte Jules me dit que suivant une
tradition de famille, celle-ci serait origi-
naire de Gênes et peut-être aurait quelques
rapports avec celle de Christophe Colomb.
Je crois qu'il est plus probable qu'elle des-
cend de Colomb, l'amiral de Louis XL
Qiioi qu'il en soit, il est curieux que la de-
vise de Colomb de Batines soit en italien.
Prof. LuiGi P.
N" 1130.
L'INTERMÉDIAIRE
743
Chassebràs dé Cramailles (LIV,
556). — L'histoire ecclésiastique cite Ro-
dolphe de Cramailles qui, vers 1134,
fonda, en Dauphiné (Drôme), l'abbaye du
Val-Chrétien, de l'ordre de Préhiontré.
744
*
11 y aurait un volume à écrire sur les
deux faussaires Haudicquier de Blancourt
et Chassebràs. Nous nous bornerons à
utie simple esquisse.
Au mois d'août 1700, Louis XIV ayant
été informé que plusieurs particuliers fai-
saient un commerce public de faux titres
pour ceux qui étaient assignés par maître
Charles de la Cour de Beauval, chargé de
la recherche des faux nobles dans tout le
royaume, donna les ordres nécessaires
pour faire arrêter les trois principaux cou-
pables : Jean Haudicquier de Blancourt,
auteur du Nobiliaire de Picardie, Jacques
Chassebràs, seigneur de Cramailles, avocat
en Parlement, et Jean-Pierre de Bar. Hau-
dicquier fut trouvé, le 17 août 1700, dans
le cabinet de sa maison de la rue Saint-
Hyacinthe, sur les fossés Saint-Michel, à
l'enseigne du duc de Modène, en compa-
gnie de Jean Le Pic, demeurant rue Mon-
torgueil, et de Pierre de Châteauneuf, de-
meurant sur les fossés de l'Estrapade, qui
comptaient à Haudicquier, en argent blanc
et or, 25 louis, reliquat d'une somme de
30 louis, due à Haudicquier pour la fabri-
cation de trois titres que Le Pic avait
cachés dans la basque de son justau-
corps.
Haudicquier et Chassebràs furent écroués
à la Bastille.
Haudicquier et ses complices avaient
fabriqué de si nombreux titres que leur
procès criminel dura plus d'un an. Par
sentence de la Chambre séante extraordi-
nairement à l'Arsenal du 3 sept. 1701,
Haudicquier, reconnu faussaire, fut con-
damné
« à faire amande honnorable au devan de la
porte du chasteau de l'Arsenal, oi:i la Cham-
bre est establie, et là, estant à genouils, la
corde au col, luid en chemise, tenant en ses
mains une torche ardente de ciie jaune, du
poids de deux livres, dire et déclarer, à haute
et intelligible voix, que, méchamment et
cdmme mal avisé, il a faussement fabriqué et
falciffié tous les faux actes cy dessus men-
tionnés, fait commerce public, vendu à prix
d'argent des faux titres de touttes qualités, et
d'avoir, par mauvaises voyes, soustrait et
tiré les registres de minuties de notaires de
divers lieux, desquels il a esté trouvé saisy,
dont il se repend, en demande pardon à
Dieu, au Roy et à justice ; ce fait, être con-
duit aux galleres pbilr y servir Sa Majesté,
en qualité de forçat, à perpétuité, ses biens
acquis et confisqués au proffit de qui il appar-
tiendra, etc. (Arch. nat. U.- 1046, p. 1719);
Par ordre du Roi, il fut conduit dans la
tour du château de Caen, où il tiiourut en
mars 1704, de misère, dit Charles d'Ho-
zier, auquel nous empruntons une partie
de cette notice.
Quant à Jacques Chassebràs, il avait
échappé, par le suicide, à la condamna-
tion qui Tattendait, en se cassant la tête
contre les murs de sa prison, le 19 cet.
1700.
Gabriel Chassebràs, secrétaire du garde
des sceaux, puis conseiller du Roi en ses
conseils et en sa cour des Monnaies, et
maître des requêtes de la Reine mère,
épousa, le 10 avril 1628, à Saint-Nicolas
des Champs, Geneviève Chippart, dont il
eut huit enfants, entre autres Jacques
Chassebràs, seigneur de Cramailles, le
faussaire en question, baptisé en la même
église, le 23 nov. 1637. Jacques Chassé-
bras était petit-fils de Claude Chassebràs,
marchand apothicaire et épicier à Paris,
puis commissaire au Châtelet dé cette
ville, et de Marguerite Le Maçon, mariés
le 27 novembre 1584, et arrière-petit-fils
de Gérard Chassebràs, marchand apothi-
caire et épicier à Paris, en 1570, et dé
Catherine Bagoré (Bibl. nat. Pièces origi-
nales, 695, cote 16.143, fol- 49 verso).
Les fausses généalogies de cette famille
se trouvent à la Bibl. nat. dans le Dossier
bleu, 172, cote 4.548, où l'on peut voir
les alliances illustres que Chassebràs avait
octroyées à sa famille : Antoinette de
Melun, des vicomtes de Melun et de Tan-
carville ; Antoinette Balue ; Madeleine de
la Haye ; Jeanne Vivien ; Ysabeau de
Viliers ; Jean de Montlyart, écuyer, sei-
gneur de Fromont; Antoinette et Madeleine
Royer; N... du Frfesnoy ; Denise Ches-
nard ; Anne du Chesne ; Vincent de Brus-
coly; le sieur de Suramond ; Madeleine
d'Archambault ; Nicole de Nyeslé ; Dreux
de Budé, écuyer, seigneur d'Yerres. etc. Il
se peut que quelques-unes de ces alliances
soient exactes ; je les ai énumérées en
bloc et suis à la disposition de l'auteur de
la question pour de plus amples rensei-
gnements sur l'alliance qui l'intéresse.
Th. Courtaux.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
745
*
* *
D'après Le Lahoureur (Mazures de l'isle-*
Barbe), la généalogie de cette tamille a
été donnée par Duchesne ; Histoire des
chancellieiR. Voir aussi Le Mercure galant^
juin 1680, p. 2 10 ; octobre 1691 , p. 1 52,
G. P. Le Lieur d'Avost.
Cuissârt, duBsauvaisiîi (LIV, 334).
— L' Etude historique sur les Foiiquet de Bel-
lisle^ par L. T''^ Juge (de Tulle) cite Mar-
guerite Cuissârt, fille de Pierre Cuissatd,
exempt des gardes écossaises, et de Françoise
de l' Espervier, qui épousa, par contrat
du 4 septembre i'5i3, Mathurih Fouquet,
Seigneur de Moulins Neufs. Mais le Dic-
tionnaire des familles du Poitou, par Beau-
chet-Filleau (II, 764) et la Continuation
du P. Anselme, par Potier de Courcy (art;
Fouqiiel) disent qu'elle était fille de Gérard
Cuissard, seigneur du Pin (ou de la Richar-
dière ?) et de Perrette de Villeprouvée,
Q.uoi qu'il en soit, les armoiries de cette
famille, éteinte en 1849, étaient : d'ar-
gent (alias d'or) au chef de sable, chargé
de ^ croisettes (ou plutôt crou:(illes, (c'est-
à-dire : coquilles) d'argent. C'est ainsi
qu'elles sont décrites par les auteurs cités
plus haut, par Carré de BusseroUes {Ar-
moriai de Touraine, p. 313), par Cham-
bois et de Fa rcy (/?f<: /;<?/-£:/;£; de la noblesse
de la généralité de Tours^ p. 247) et par
Rietstap (Armoriai généraU I, 495) qui
donne crou^illes {enceinte de filets). Il n'y
a là rien qui rappelle la charge d'exempt
(ou d'archer ?) de la garde écossaise. Les
Mss. d'A. Duchesne, à la Bibliothèque
nationale (L . 24 ou Z) donnent la notice
d'une famille Cuissârt : est-ce la précé-
dente ou celle de Beauvaisis ^ Voilà une
question que pourra résoudre quelque
obligeant confrère, résidant à Paris.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Le chansonnier Emile Debraux
(LIV, 557), —V. Y Intermédiaire XLI et
XLII. G. P. Lë Lieur d'Avost.
F. N. Dubois de Rouen et son
« Histoire secrète >> (LIV, 58, 351). —
L'auteur de l'Histoire secrète des femmes
galantes de l'anfiq^'itê (6 vol. in- 12, Paris,
Ganeau, 1726, 1732 et 1745) était origi-
naire de Saint-Lô. 11 fut avocat au Parle-
ment de Normandie et mourut en 1740.
On a aussi de lui une Hist. des infor-
20 Novembre 1906
746 .
tunes d'Abélard et d'Hèloïsê, Bruxelles
(Rouen), 1707, in-12, et la Haye, 171 1,
in-i3 (j. M. ciuérard, France littéraire^
E. Frère, Bibliogr. norm.). Qu/es.
M. Hébert (LIV, 169, 581). — Le
président de la Chambre des notaires de
Rouen donnera certainement des rensei^
gnements sur Hébert.
J'ajouterai, à la note de notre confrère
Paul Pinson, que M. Hébert était doyen
des notaires de Rolien et l'un des fonda'*
teurs du Comité général des notaires.
Il a publié en outre de l'ouvrage indi'-
que par notre confrère :
De quelques modifications importantes à
introduire dans le Régime hypothécaire, et
Considérations sur l'utilité d'un système
propre à justifier de la capacité civile de
chaque contractant. Rouen, 1841, grand
in- 18, plus 3 tableaux.
Cet ouvrage n'est pas une simple criti-'
que de notre système hypothécaire ; c'est
un plan tout nouveau que trace l'atiteur,
une idée qui n'a aucun rapport avec ce
qui existe et qu'il a développée dàris les
brochures suivantes :
I. De l'utilité d'un système général dlm-
mairiculation des hommes, des immeubles et
des titres, et de quelques points se rattachant
au notariat. Rouen, 3 livraisons in-8*,
1844, 1845, 1846.
II. Exposé cohiplet d'un système général
d'immatriculation des personnes et des titfes.
Quati-ième livraison, 1H47, in-8".
III. Ma carte de visite à MM. les repri-
sentants de V Assemblée nationale et attires
personnes notables, au sujet de la Réforme
hypothécaire. Paris, 1849, '"-S"
(Bibliographie raisonnée du droit civil,
par Dramard).
Défense du régime dotal et apefçii d'uh
système d'immatriculé propre à justifier de
ta capacité civile de chaque contractant ;
rapport fait à l'Association tiofttiahde.
Rouen, 1842, in-80.
Lettrés sur les Projets de Réformes hypo-
thécaires{]. du Not , n» des 24 septembre,
15 novembre, 26 novembre et 10 dé-
cembre 1844 ; 12 février 1845 ; 14 avril
et 31 juillet 1847 ; 15 février 1851.)
Je n'ai pas sous la main la facilité de
retrouver quel est le détenteur des mi-
nutes de l'étude Hébert à Rouen ; mais,
je le répète, ce renseignement sera fouriii
à notre confrère par le président de la
N" 1130.
L'INTERMEDIAIRE
747
Chambre des notaires de Rouen et, très
certainement , son successeur pourra
donner, sur son confrère, d'utiles rensei-
gnements. Paul de Rosnay.
Hécart de Valenciennes (LUI ; LIV,
80, 191, 416). — La bibliothèque de
Valenciennes possède un grand nombre
de manuscrits de Gabriel-Antoine-Joseph
Hécart, qui fut, dans toute la force du
terme, un polygraphe. On y trouve no-
tamment, sous le n° 607, le manuscrit
autographe des Aiuiotapheana, 2 vol, in-S"
sur papier, écriture à longues lignes de
1822. J'extrais ce qui suit du catalogue de
Mangeart :
Voici le titre plus complet qu'on lit en
tète du premier volume : « Anagrapheana,
ou Bibliographie spéciale des livres en ana,
et autres qui y ont rapport, tels que Esprits,
Génies, Maximes, Pensées, etc., extraits des
différens auteurs dont ils portent le nom, ou
recueillis de leur conversation. Nulliim esse
îibriimtam tnalum, ut non aliquâ parte pro-
desset. Plin. Epist. 5, lib. 111.
« Nota. — Anagraphe signifie... Dire que
C8 livre est bien fait, c'est ce que je n'oserais
assurer. J'y ai mis tous mes soins et je ne
sais si j'ai réussi. Les bibliographes en juge-
ront... »
Dans une notice qu'il a publiée sur Hé-
cart (Voir Arch. hist. et litt. du Nord de la
France et du Midi de la Belgique, 2* série,
t. Il, pp. 1 51-157), peu de temps après la
mort de ce dernier, le bibliophile valen-
ciennois Dinaux, bien placé pour être
exactement renseigné, disait : « Parmi ses
nombreux manuscrits, il en est un surtout
que nous désirerions voir mettre au jour :
c'est VAnagraphe'ana ou bibliographie
spéciale des livres en ana, 2 parties in-8°.
Cet ouvrage est plein de recl!%rches et
fait en conscience. L'auteur a travaillé sur
les livres mêmes d<jnt il parle, et il ré-
vèle plusieurs anecdotes littéraires cu-
rieuses et peu connues. »
De Mortagne.
Le comte Haugwitz à la veille
d'Austerlitz (LIV, 610). — Voir Bio-
graphie moderne, Leipzig, 1807, in-80,
3« édition, t. IL L'Intermédiaire a imprimé
par erreur Ha«gwitz. Voir aussi Rabbe,
Biographie universelle des Contemporains.
Paris, in-8°, 1834, t. II.
Th. Court aux.
, 748
Hippolyte de La Porte (LIV^
613). — Hippol3'te, marquis de Laporte
ou La Porte, né à Paris en 1770, mort en
janvier 1852. Fils du dernier intendant de
la province de Lorraine Avait été élevé
au collège de Juilly. Il émi-gra en Italie et
rentra en France après le 18 Brumaire. Il
a donné quelques romans et des traduc-
tions ou adaptations de nouvelles alle-
mandes et de nombreuses notices biogra-
phico-critiques. 11 collabora à la Biogra-
phie Michaud, où il donna de nombreux
articles, notamment ceux concernant
Mme Geoffrin, Mlle de Lespinasse, Mme
de Pompadour. Il aurait même revu toutes
les épreuves de ce recueil et les aurait
corrigées sous le rapport du style.
La Biographie universelle et portative des
contemporains, de Rabbe, Boisjolin et
Sainte-Beuve, l'appelle un « homme de
goût qui ne cultive la littérature qu'en
amateur ».
L'érudit et heureux collectionneur qu'est
M. Arm. D. trouvera des renseignements
plus circonstanciés sur H. de La Porte,
dans tous les dictionnaires biographiques
du XIX® siècle. H, B. D.
* *
On trouvera des renseignements dé-
taillés sur Hippolyte de La Porte et sa
famille, dans l'ouvrage ayant pour titre :
Le Vendômois, Epigraphie et Iconographie,
par le marquis de Rochambeau, t. I'',
p. 181 et suiv. (Paris, Champion, 1889).
Comme aussi dans une brochure intitu-
lée : M. Hippolytf de La Porte, par
M. Richard de La Hautière, avocat à
Blois (in-8, 32 p. Vendôme, Devaure-
Henrion, 1868). Saint-Venant.
Famille Lemoine (LUI ; LIV, 129,
466). — Les quelques auteurs que j'ai
sous la main, ne me permettent pas de
répondre aux nouvelles questions que
vient de poser M. le comte de Varaize,
sur cette famille : au lieu de les résoudre,
ils les confondent de plus en plus. Quoi
qu'il en soit, voilà le résumé de ce que
j'en ai tiré :
D'après Magny {Nobiliaire de Norman-
die, ni" partie, p. 163), le baron Lemoine
était oncle de Henri Lemoine de Sainte-
Marie, auquel il attribue pour armoiries :
d'argent, à une bande de gueules, accompa-
gnée en chef de ^ mouchetures d'hermine, et
en pointe d'un fer de moulin de sable,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
749
accosté de deux épis âe blé au naturel ; tan-
dis que le baron lui-même reçut, pour
règlement d'armoiries ; d'argent, au che-
vron de gueules, accompagné de ^ mouche-
tures de sable, 2 et i (Vicomte Révérend :
Titres et anoblissements de la Restauration,
IV, 301).
D'ailleurs, tandis que les armoiries des
Le Moine de Villarsy « reçues et enregis-
« trées à l'armoriai général, dans le re-
« gistre coté Champagne, par M. d'Ho-
« zier, garde de rArmorial de France, le
« 22 du mois de mai 1698, et (peintes)
« sur les vitraux de l'église cathédrale de
« Chaalons », sont, d'après Saint-AUais
(Nobiliaire universel, XII, 196) : d'argent,
au chevron de gu-eules, accompagné de ^
mouchetures d'hermine de sable, Borel d'Hau-
\tx\vQ [Annuaire de la noblesse de France,
1863, p. 154) dit que la famille Le Moyne
de Villarsy reconnue par lettres royales
du 9 juillet 1490, avait pour armes :
d'argent, à la bande de gueules, accompa-
gnée en chef de ^ mouchetures d'hermine,
et, en pointe, d'un fer a moulin de sable,
accosté de 2 épis au naturel. Ce sont aussi
les armes que donne Rietstap (II, 274) à
cette famille.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Famille de Lorm > (LIV, 558, 694).
— Le baron A. H. consultera avec intérêt
l'ouvrage de R. de Quirielle, Bio-Biblio-
graphie des Ecrivains anciens du Bourbon-
nais [m-Q" Moulins, 1899).
Il y est parlé longuement du célèbre
médecin Jean de Lorme, d'une famille
moulinoise ancienne et marquante Son
aïeul, Jacques de Lorme, escuier, seigneur
de la Jolivette et de Franger, après avoir
été nommé commissaire des grands jours
de Bourbonnais, 3 septembre 1496, devint
président de la cour des comptes à Mou-
lins. (28 novembre 1507)
Charles de Lorme, fils de Jean, fut aussi
un médecin célèbre de son temps.
A. Vayssière, archiviste de l'Allier, a
publié également, dans les Annales bour-
bonnaises, i''' année, pp. 19-27, un article
sur w Les deux de Lorme et les Bains de
Bourbon au xvi^ et au xvii" siècle ».
Le tome des Archives départementales
de l'Allier, Série E. supplément de l'In-
ventaire, fait souvent mention de cette
famille, dans les analyses des registres
20 Novembre 1906.
750
paroissiaux de l'église Saint-Georges de
Bourbon - l'Archambault. On sait que
Charles de Lorme se fit faire intendant des
eaux de cette ville, puis vendit cette
charge. L. Grégoire-Moulins.
Jeanne Ménestrier (LUI ; LIV, 417,
524). — Dans l'Intermédiaire du 10 oc-
tobre, M. Arthur Pougin nous donne de
très intéressants souvenirs sur Minette. Il
ne répond pas toutefois à la question
posée dans le n° précédent, sur la descen-
dance de la charmante artiste. Je suis en
mesure de combler cette lacune.
Minette a une double descendance natu-
relle et légitime. Elle était, dans les pre-
mières années du siècle passé, la maîtresse
d'un des élégants du jour, Clément-Marc
Osmont du Tillet, né en 177 1, mort céli-
bataire à Paris, le 14 juillet 182c, 3* fils
de Marc Juvénal Osmont, écuyer, sei-
gneur d'Amilly et de Villarceaux, prési-
dent trésorier de France de la généralité
de Paris, où il mourut le 11 mai 181 3, et
de Françoise-Geneviève-Rose Chastelain.
M. Osmont du Tillet eut de Minette deux
enfants qu'il reconnut par acte passé
devant Colin de Saint-Menge, notaire à
Paris, le 19 janvier 1812 :
1° Sophie-Alexandrine- Caroline, mariée
à Jean-Henri-Edouard Guyot, dont elle
n'eut pas d'enfants ;
2° Clément- Auguste-Louis-Edouard,
dont j'ignore la descendance, si elle
existe.
Il est vraisemblable que M. Osmont du
Tillet Ait pour quelque chose dans la cul-
ture et l'instruction de Minette dont
M. Pougin lui laisse tout le mérite.
Le 25 novembre 1824, elle épousait en
justes noces, Louis-César-Auguste Mar-
gueritte, directeur de la Compagnie du
gaz, dont au moins un fils, Louis-Joseph-
Frédéric, marié le 14 décembre 1853,
avec Anna-Adèle moïana, fille de Antoine
Moïana, négociant, rue le Pelletier.
Comte de V.\raize.
Montesson ; le nom et la terre
(LIV, 500, 635). — C'est au Maine
qu'appartient la terre de Montesson,
dont le nom a été adopté par une famille
Hubert qui existe encore : elle a donné
le marquis de Montesson, dont la
N' 1130.
L'INTERMÉDIAIRE
751
752
veuve, née Béradd de là Haye de Riou,
épousa, lei3 avril 1773,1e dUc d'Orléans.
G. P. Le Lieur d'Avost.
Un marquis de la Pailleteriô(LlV,
449, 526,585, 638, 694). — Le Collabo-
rateur illustré des érudits et des curieux
(n" du 15 mars 1896, 001.69-71)3 donnée
sous la signature du marquis de la Ramée^
une généalogie des Dumas-Davy de la
Pailleterie à laquelle M. G. N, pourra re-
courir. 11 y trouvera la filiation de cette
famille d'origine normande depuis Olivier
Davy (\ avant 1529), qui aurait été ano-
bli le II août 147 ij jusqu'à Alexandre
Dumas ('Davy de la Pailleterie) le célèbre
romancier et auteur dramatique.
QU/ESITOR.
Paris de la Montagne (LIV, 669).
— Pour référence, je recours, imprudem-
ment peut-être, à un pamphlet : Mémoires
pour servir à Vhistoire du puhlicanisme^ ou
Vorigine des receveurs généraux des fermes
du royaume. Editée par M. le comte E. de
Barthélémy :
Paris de la Montagne, du Dauphiné. Avo-
cat au Parlement de Grenoble avec son frère
aîné, ayant fait parfaitemeiit leurs études, ce
ce que n'ont pas fait du Vernay et Montmaf-
tet, leurs cadets. Voici leur coup de fortune;
leur mère, riche hôtelière, eut le bonheur
de loger chez elle Madame la duchesse de
Bourgogne arrivant en France pour son ma-
riage. Après le repas, Madame Paris présenta
ses quatre fils à la princesse qui lui fit la
grâce de lui dire qu'elle songerait à eux et
dit à M. de Noailles, son écuyer, de l'enfîMre
ressouvenir. La bonne princesse, étant mariée,
fut à la Ménagerie, près de Versailles, et ayant
fait la collation, la concierge, nommée la
Montagne, présenta ses quatre filles à la prin-
cesse qui se souvint des quatre Paris, et dit à
M. de Noailles de faire venir les deux aînés
pour épouser les deux aînées la Montagne, ce
qui fut exécuté au bout de quelques jours,
dont le second Paris prit le nom de sa femttie,
et M. de Noailles eut ordre de les faire em-
ployer dans les vivres de l'armée, lesquels
prirent soin de leurs jeunes frères. Caractères
des quatre : le premier, capable de tout en-
fanter ; le second, de tout exécuter ; le troi-
sième, de tout débiter ; le quatrième, de tout
compter.
D'or, à la face d^a^ur, chargée d'une
pomme d'or, tigéc de sinople.
Dé Pouilly (LUI ; LIV, 526). — Al-
bert-Louis, baron de Pouilly, épousa :
1° Mafie-Henrietté de Vassinhac d'imé-
court ; 2° Marié-Antoinette-Joséphine de
Custine. C'est de ce second mariage que
sont sortis les comtes ' de Mensdorfî-
Pouilly et les princes de Dietfichteiri,
établis en Allemagne.
G. P. Le Lieur d'Avost.
ï^ierro Vinçard et le siège de
Paris (LIV, 450, 529). — 11 s'agit de
Louis Vinçard et non de Pierre Vinçard^
son frère aine, qui a été tué à l'armée,
pendant la grande invasion.
Après la mort de Pierre, il a signé
Vinçard aîné, ce qui a fait croire à plu-
sieurs de ses biographes que c'était lui le
plus âgé. Ils étaient trois frères, le plus
jeune s'appelait Jules. Louis, le chanson-
nier s?int-simonien, était né à Paris, rue
de la Calandre, le 30 juillet 1796; il est
mort à Saint-Maur-les-Fossés, lé 12 no-
vembre 1882.
Il avait vécu du métier dé son père,
qui était fabricant de mesurés linéaires,
mais il avoue lui-même qu'il fut toujours
un mauvais ouvrier.
11 commença d'écrire vers 1830 et fut
un des principaux fondateurs de la Ruche
populaire^ journal d'économie sociale où
collaboraient des écrivains prolétaires, des
ouvriers poètes^
La première de ses publications intitu-
lée : Chants de Vinçard, date de 1834.
Plus tard, il publia les Chants du Tiavail-
leur, dont il fit les paroles et la musique ;
puis, enfin, Mémoires épisodiques d'un
vieux chansonnier saint-simonien (Dentu
1878). C'est bien là l'œuvre d'un sincère
enfant du peuple né visant point à l'effet.
Toute la vie de Louis Vinçard est là.
Voici quelques titres de ses plus belles
chansons : En Avant ! — Le Prolétaire. —
Ramons tous à bord. — La Fraternité. —
La Ronde des Saint-Simoniens. — Le Tra-
vail. — La Paille et la Poutre.^ etc. ^ etc.
QUant à ses notes sur le siège de Paris,
elles doivent être encore manuscrites,
c'est à peu près certain, et dans ses mé-
moires, qui ont été publiés en 1878, il
n'en est pas question.
Vinçard était entré à la Lice chanson-
nière en 1840. 11 fut très lié avec le pauvre
Ch. Gilles et là plupart des chansonniers
\ de son époque. Etienne MARGENACi
DES CHERCHEURS Et CURIEUX 20 Novembre 1906;
753
754
Portrait de femme par Jouvenet
(XLIX). — La question est restée en
suspens. On aurait pu tout au moins, ne
fut-ce qu'en ouvrant le Dictionnaire des
artistes français^ de Bellier de la Chavigne-
rie et Auvray, rappeler le portrait de la
femme de Jouvenet par lui-même (au
musée de Nancy). D'autre part, la Revue
de l'art français (N, A. III, 216) a publié
un mémoire et quittance de ce peintre
pour un portrait posthume, exécuté en
1689, de là princesse de Conti.
QU.€SIT0R,
Sainte Mafalda (LIV, 393) — Sur la
hienheitrense Mafalda, fille de Sanche I*^
roi de Portugal, qui, après avoir été ma-
riée à Henri P"", roi de Castile, se fit mo-
niale cistercienne à Arauca et mourut le
2 mai 1252, voir : Acta SS. des Bollan-
distes, 2 mai, I, App. 764 ; — Henriquez,
Lilia Cistercii, Douai, 163 3, in- fol.,
p. I52-156; — Fortunato de S. Bona-
ventura, Memorias para a vida da C» Ma-
falda^ rainha de Casiella, reformadora do
mosteiro de Aronca, Coïmbre, 1814, in-S"
(D'après la Bio-bibliogr. de Ulysse Che-
valier. QU^SITOR.
Saint dhristôphe et l'enfant Jésus
(LIV, 10, 139,200, 304, 419). — Dans
l'église de Bourgeauville (Calvados) il y a
une statue de Saint Christophe dont les
proportions sont phénoménales. Le saint
porte l'enfant Jésus, mais les pieds de l'en-
fant sont posés sur les mains du sain,
A la « Ferme du Home >> ancienne de-
meure seigneuriale située, hameau du
Home, commune et paroisse de Merville
(Calvados), il y avait autrefois une cha-
pelle sous le vocable de saint Christophe.
A la Révolution, la chapelle disparut,
mais la dévotion resta et la statue aussi.
Là, saint Christophe est placé dans une
niche qui domine la maison des maîtres,
et il porte l'enfant Jésus sur ses épaules.
LÉbN DesrIjes.
Gouvernail des jonques chinoi-
ses (LIV, 614). — La théorie du Gouver-
nail « troué » est connue des gens du mé-
tier. Elle s'applique non-seulement à l'ac-
tion de l'eau, mais à celle du vent.
Cette théorie a fait l'objet de discus-
sions dans la presse technique, il y à
quelques années.
Je crois même me souvenir, qu'à cette
époque des essais ont été faits sur lés
voilures de navires, italiens, je crois.
Thix.
L'homme sauvage en héraldi-
que (LIV, 613). — D'excellents spéci-
mens d'hommes et de femmes sauvages
héraldiques se trouvent reproduits dans
l'ouvrage « Heraldischer Atlas » par H.E.
Stroehl (Jules Hoffmann, éditeur, Stuttgart
1899).
C'est surtout le seizième siècle qui les
aime et qui les plante dans et sur les ar-
moiries. Un homme sauvage très typique
se trouve sur le cimier des armoiries de
notre famille, armoiries données par l'em-
pereur Ferdinand au xvi^ siècle. En voici
un dessin pour votre « Iskatel ». En Alle-
magne et en Suisse ces hommes sauvages
sont les plus fréquents ; ils s'y trouvent
déjà sur des tapisseries du xv* siècle, sur
des travaux de dinanderie et sur des pla-
ques de poêles. D'' R. Forrer.
*
L'usage des tenants, c est-a-dire dé
figures d'hommes, moines, sauvages et
autres personnages nus ou vêtus de cos-
tumes divers, ne remonte pas au-delà du
xiv« siècle. Il ne faut pas les confondre
avec les supports, figures d'animaux oii
d'êtres chimériques, tous deux placés
extérieurement aux flancs de l'écu qu'ils
semblent supporter ou tenir. Primitive-
ment,ces ornements extérieurs de l'écu ne
pouvaient être portés que par les souve-
rains, les princes et les membres de là
plus haute noblesse. Par suite de nom-
breux abus, le prestige et là valeur histoi-i-
que de ces pièces ont été anéantis. Eh
Allemagne, il n'en est pas ainsi, et la
grande noblesse du pays à su conserver
l'esprit de souvenir et de vérité attaché à
ces ornements extérieurs. De Magny, dans
la science du blason, (p. 64) donne un
tourt historique des supports et tenants.
Dans Tarmorial qui fait suite à cet ou-
vrage, je trouve les familles de Sarrazin,
de Caulaincourt et de Dauvet ayant des
sauvages comme tenants,
E. M.
Les armes de Hongrie et les
Croy-Chanel (Ll ; LU ; LIV, 56). -
i«) 11 existe effectivement une famille
française de « Croy-Chanel de Hongrie »
qui dit descendre de la première maison
N* 1130.
L'INTERMEDIAIRE
dé-
snr
im-
57'
755
royale hongroise des Arpads. Certains
membres de cette famille en Touraine
sont probablement les héritiers d'André-
Raoul-Claude-François-Siméon, comte de
Croy-Chanel de Hongrie et de Victorine
de Voyer d'Argenson. Une autre branche
existe peut-être en Hongrie où Francois-
Nicolas-Jean-Henri comte de Croy-Chanel,
aurait obtenu le titre de magnat hongrois,
par décision des députés de la Hongrie,
en date du 27 octobre 1854.
2° Les armes de cette famille sont
crites dans une Notice généalogique
la maison de Croy-Chanel de Hongrie^
primée à Châtellerault en 1859 (in-8°,
viii pp.)
Ecartelé au premier deFrance; au deuxième
de Sassenage qui est burelé d'argent et
d'azur, de dix pièces, au lion de gueules,
armé, lampassé et couronné d'or ; au troi-
sième de Voyer de Paulmy d'Argenson qui
est d'azur à deux lions léopardés d'or, cou-
ronnés de même, armés et lampassés de
gueules ; au quatrième de Pons qui est d'ar-
gent à la fasce {sic) bandée d'or et de gueules
de six pièces et brochant sur le tout de Hon-
grie, qui est de Croy,qui porte fascé d'argent
et de gueules de huit pièces ; le tout sur-
monté d'une couronne d'or antique en forme
de demi-globe , surmontée d'une petite
croix terminée en fer de lance d'or : ladite
couronne ornée de chaînes et de petites croix
qui pendent sur le devant et sur les côtés,
cette couronne est celle de Saint-Etienne,
premier roi de Hongrie.
Elles sont un peu différentes de celles
qui sont figurées dans la Chronologie his-
torique des ducs de Croy. Imp. à Grenoble
chez J. M. Cuchet, en 1790, in-4'', où le
quartier des armes de Voyer d'Argenson
manque et où l'on trouve les armes de
Narbonne ancien.
Les dimensions de cette note ne per-
mettent pas d'exposer tout au long les
prétentions successives de cette famille.
On dira donc seulement que ces pré-
tentions ne datent que des derniers
jours de l'ancien régime. Elles ont com-
mencé avec un « Claude-François Chanel
« fils de Claude Chanel, avocat et lieute-
« nant de milices à Saint-Domingue
« ayant paru comme simple membre du
« Tiers-Etat aux assemblées de sa pro-
« vince convoquées pour les Etats Géné-
« raux de 1789 ; il avait eu pour ayeul
« Jean-Claude Chanel, substitut au parle-
« ment de Grenoble ; pour bisayeul.
, 756 ■
« Claude Chanel, bourgeois et greffier de
« l'élection de Grenoble en 1723, pour
« troisième ayeul, Claude Chanel, aussi
« greffier au bailliage de Gresivaudan en
« 1670, et pour quatrième ayeul, un ser-
« gent-major du fort Barraux en 1642. »
[Texte des considérants de Vatrêl de la cour
toyale de Paris du 12 mai 1821]. Elles se
sont formulées seulement au grand jour en
1790, avec la Chronologie historique des
ducs de Croy citée plus haut, alors que les
chefs de la maison de Croy dont l'histoire
n'est plus à faire, Anne-Emmanuel, duc
de Croy, et Îoseph-Maximilien, duc
d'Havre et de Croy, étaient déjà émigrés,
et ont acquis un semblant d'autorité par
suite d'un simple arrêt sur requête de la
Chambre des comptes de Grenoble du
26 mars 1790, rendu sans jugement con-
tradictoire, qui reconnaissait la noblesse
des « Croy-Chanel ».
Ces prétentions consistaient à se dire de
la même maison que les ducs et princes
de Croy et à descendre, par conséquent,
comme eux, ainsi que le veut la tradition,
de Marc, fils d'Etienne IV, roi de Hongrie.
Rejetées une première fois par le maré-
chal duc de Croy en 1780, puis en 1791
et en 1794 par Emmanuel de Croy, prince
de Sobre et par le duc d'Havre, elles furent
néanmoins conservées par les Chanel, qui
obtinrent de l'empereur Napoléon, un dé-
cret impérial par lequel il accordait le
titre de comte à l'un d'eux (9 mars 18 10).
Au début de la Restauration, les Chanel
prétendirent forcer le ducdeCroy,le prince
de Sobre et le duc d'Havre à les recon-
naître comme les deicendants d'une bran»
che aînée de leur famille. Par exploit du
15 mars 1819, après un appel en conci-
liation devant le juge de paix du X* arr,
de Paris du 16 février 1819, ils les assi-
gnèrent à cette fin devant le tribunal de
première instance. Le jugement rendu le
25 août 1820 les débouta : ils firent appel
et l'arrêt de la cour du 12 mai 1821 régla
la question. On l'aurait du moins pu
croire. Après un rejet de pourvoi en cas-
sation du 25 février 1823, ils n'en persis-
tèrent pas moins dans leurs prétentions.
Un nouveau jugementjdu 9 juillet 1830,
qui obligeait les officiers de l'état civil à
rayer le nom de Croy des actes dans les-
i quels les Chanel l'avaient pris, fut exécuté,
I sans qu'on pût empêcher les neveux des
1 Chanel condamnés par l'arrêt du 17 mai
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Novembre 1906.
757
758
1821 à abandonner le nom de Croy. Ils
prétendirent n'avoir pas été parties au
procès. Même en 1860, l'un d'eux pré-
senta une requête devant la (Commission
Impériale du sceau de France pour qu'on
lui reconnût le titre de prince de Crouy-
Chanel ; requête qui avait été repoussée
par ladite Commission le 6 mai 1821.
Enfin en 1865, un héritier Chanel intenta
un procès au duc de Modène, en qualité
d'héritier des Arpads.
Les mémoires et publications sur les
différentes affaires que suscitèrent ainsi
ces prétentions, sont trop nombreux pour
qu'on songe à les indiquer ici. Un cer-
tain nombre d'entre eux sont cités par
Guigard (J.) Bibliothèque héraldique de la
France, p. 362 et autres.
La généalogie véritable de la maison de
Croy. généalogie qu'il est possible d'ap-
puyer sur des milliers de pièces, a été pu-
bliée plusieurs fois La meilleure est celle
qui se trouve dans le tome Vil de l'His-
toire généalogique des Pairs de France, du
marquis de Courcelles. Celle qui a été don-
née par Saint-Allais et le Nobiliaire Uni-
versel de France ou Recueil général des gé-
néalogies historiques des maisons nobles de
ce royaume... t. XIII (18 18), a été faite
d'après la généalogie de 1790. Elle n'a
aucune valeur, Robertot.
Devise : Moro sove m'attaco
(LIV, 336). — Il faut dire : Moro dove
m'attacco (où je m'attache, je meurs). Cette
devise fait allusion au lierre.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Monsieur le chanoine (LIV, 501,
58:5, 640). — Notre érudit collaborateur
Unus dit : *.< Aujourd'hui un prêtre arrive
à la mosetle comme un officier à la croix
d'honneur ». Il me permettra de ne pas
être du tout, mais du tout, de son avis.
La mosette (qui comporte le rochet au
lieu du surplis) se donne de droit aux
doyens (curés de cantons), aux vice-
doyens, quand il y en a d'établis, généra-
lement aux curés, et même aux vicaires,
des grandes paroisses des villes. Cela n'a
rien avoir avec l'âge Plusieurs d'entre
eux sont jeunes. Combien je connais de
prêtres méritants, âgés, qui n'ont pas la
mosette.
Je me demande ce que la mosette (co-
lonne 586 du no 1 127) vient faire dans la
question, et quel rapport elle peut avoir
avec le canonicat. M. Unus n'aurait-il pas
employé ce mot à la place de celui de
camail? En tout cas, que M. Unus regrette
le nombre de canonicats honoraires et
d'honneur (il y a ces deux catégories en
sus de celles de titulaires et de prébendes),
bien ; mais quand il désapprouve qu'on
appelle un chanoine : monsieur le chanoine
et ajoute << que nous marchons rapidement
vers le moment où tout ecclésiastique
sera : M. le chanoine », il
de ne pas être de son avis
naissant l'importance et 1
sa réponse.
me permettra
tout en recon*
i courtoisie de
St.-Saud.
PhysionotraGe(T. G., 701 ; XXXVI;
XXXVlll ; XXXIX ; LUI ; LIV, 597). —
Le premier portrait indiqué par M. Viva-
rez n'est il point celui de Jean-Félix Cla-
bat du Chillou, l'un des premiers chefs
du soulèvement vendéen, en mars 1793?
Ce du Chillou habitait la Gaubretiêre
(Vendée) ; il avait épousé mademoiselle
Boisy, sœur de Boisy du Sourdis, l'ami
intime de d'Elbée. Du Chillou et sa femme
furent désignés, en 1799, par le Direc-
toire du département de la Vendée pour
répondre, comme otages, de la nouvelle
prise d'armes des royalistes. La famille
de Boisy est représentée aujourd'hui à la
Gaubretiére par les enfants de l'Intendant
général de Kervenoaël.
L'armoriai de Rietstap signale de nos
jours, en Poitou, une famille de Clabat.
J'ai tendance à croire que c'est celle de
l'ancien officier vendéen, laquelle, suivant
un usage qu'on peut dire constant dans
nos provinces de l'Ouest, a transposé la
particule devant son nom patronymique.
Il existe aussi en Poitou et en Bretagne
une famille de Chilleau-Airvault , qui ne
parait pas avoir la même origine que les
Clabat du Chillou. H. B. D.
Les jaquemarts de France (LIV,
618). — Dans les départements du Midi,
le jaquemart de Lavaur est célèbre. D'uri
toqué on a l'habitude de dire : Il a été
frappé par le jaquemart de Lavaur. Es-
toucat dou jacoumart de Labaou.
Un jaquemart sonne (ou sonnait?) les
heures en la tour de l'hôtel de ville d'A-
vignon. Je crois bien en avoir vu un sur
une des portes de la ville de Saint-Omer.
N" 1130.
LUNTERMÉDIAIRE
759
*
* *
A titre de memoireje rappellerai l'hor-
loge surmontant le portail du château de
Diane de Poitiers à Anet (E.-et-L.).
Ce mécanisme (construit en 1554) qui
sonnait les quarts, communiquait avec un
cerf et quatre chiens en bronze, grandeur
naturelle. Une des jambes du cerf était
mobile, se levait et frappait autant de
coups qu'il y avait d'heures à sonner. Les
chiens dont l'attitude semble mettre le
cerfs aux abois, ouvraient la gueule à
chaque quart de la sonnerie. Leur voix
était simulée par des cloches de notes diffé-
rentes dont les battants correspondaient
par des fils à leur mâchoire inférieure et
la faisaient ouvrir et fermer lorsque le
mécanisme était en mouvement. Outre
ces fonctions un peu enfantines, cette ma-
chine horaire donnait diverses indications
astronomiques intéressantes, telles que la
position des signes du zodiaque, les mois,
les quantièmes et l'âge de la lune.
Elle fut vendue, en l'an II de la i^^ ré-
Dublique, lors de la confiscation du châ-
te^ijj comme bien national, pour le prix
de ,505 fr. Elle a été remplacée en 1856
par une autre entièrement moderne, et les
çl?iens et le cerf, vendus avec l'horloge,
ptït été remplacés par ceux en terre cuite
jDfonzée que l'on voit aujourd'hui.
A cela près, je réponds exclusivement
à la question ! M, M.
*
Jl y en a un ,3 Moulins (Allier), bon-
homme, bonne femme, deux enfants. Le
bonhomme sonne les heures, la bonne
femme les demi-heures, l'un des enfants
Jes quarts et l'autre les trois quarts.
E. F.
* *
A l'^église Notre-Dame de Dijon,
les jaquemart^ sonnent l'heure depuis
l'ai) 1^82. Il existe également des jaque.-
maris au beffroi d'Avignon ainsi qu'à
l'hôtel de ville de Compiègne ; ces derniers
automates sont désignés sous le nom de
piquanliiis.
Les jaquematis^ qui ornent encore au-
jourd'hui l'église Notre Dame de Dijon
furent, d'après l'histoire, enlevés à Cour-
trai par Philippe II le Hardi, duc de Bour-
gogne, en 1382, après la victojre de
Roosebecque (27 novembre 1382), avec
l'intention bien évidente d'en doter sa
capitale.
760
Courtrai possédait depuis longtemps
cette horloge.
Bien que l'horloge fût inventée par un
pape français, le savant Gerbert, on n'en
constate guère d'authentiques avant le
xiv" siècle. La régularité de l'horloge fit
l'émerveillement de tout le moyen âge. Il
sembla que ce fût une révolution dans la
vie sociale que de savoir dorénavant
l'heure, et que, dès lors, la régularité
morale, l'exactitude dans les devoirs,
la vertu dussent s'ensuivre fatalement.
Les plus grands personnages de la
terre s'occupèrent à perfectionner cette
machine créée par un pape, témoin Char-
les-Quint qui cherchait à se consoler des
déboires des heures passées en mesurant
plus exactement les heures à venir. Les
perfectionnements étaient, les uns utiles,
les autres purement agréables et pittores-
ques. On attachait aux mouvements de
l'horloge de petites figurines de bois ou
de métal, da, automates qui annonçaient
l'heure de mille manières.
Parmi ces horloges à personnages faut-
il retenir la plus fameuse d'entre elles :
l'horloge astronomique de la cathédrale
de Strasbourg commencée en 1352 et ter-
minée en 1842 ? Evidemment non. A vou-
loir établir une comparaison entre un tel
chef-d'œuvre de mécanique et les sim-
ples jaquemarts ou les coucous, on
éprouve la même déception produite par
le parallèle des vers libres, des bouts-
rimés, des mots alignés par des rimail-
leurs avec la poésie sublime...
Les bourgeois des villes dotées au
moyen âge de ces horloges théâtrales
étaient tellement fiers et jaloux d'en con-
server le secret, qu'ils faisaient tout au
monde pour empêcher le constructeur
d'aller ailleurs en organiser de pareilles.
On raconte qu'au xvi^ siècle, l'horloger
Clavelé fut brûlé vif ainsi que Syppins,
qui fit, en 1598, l'horloge de Lyon.
Ce sont des légendes, mais elles prou-
vent la grande admiration qu'inspirèrent
les premières horloges.
Alexandre Rey.
Etsignoirs (LIV, 338, 474, 658). —
A Bruges et à Gandon voit encore d'assez
nombreuses maisons seigneuriales où, de
chaque côté de la porte d'entrée, restent
attachés deux éteignoirs de métal dans
lesquels les valets plongeaient les torches
DES CH5IIÇHEURS ET CURIEUX
20 Novembre iqo6.
761
762
éclairant la marche de leurs maîtres.
Il en existe encore, mais en petit nom-
bre, dans quelques autres villes anciennes
du pays tlamand ; je n'en ai jamais vu
dans les autres parties de la Belgique.
E. T,
J'ai vu tout récemment en Italie, dans une
ancienne maison de Foggia, des masques
en bas-relief, situés le long des escaliers,
dont la bouche béante servait d'éteignoir
pour les torches ; elles en conservent
encore les traces,
G. P. Le Lieur d'Avost.
L'auteur de « Les Carnets du roi »
(XLVII ; LIV, 643). — L'attribution de
de ce pamphlet au roi Léopold 11 est tout
siniplement absurde ; il suffit d'y avoir
jeté un coup d'œil pour s'en assurer.
L'auteur a ramassé quelques potins
traînant un peu partout, généralement
aussi authentiques que la légende de Cleo
de Mérode; il les a assez habilement, il faut
le reconnaître, adaptés et cousus, le tout
assaisonné d'une sauce prise dans le
Prince, de Machiavel. E, T.
*
Lion monosyllabique (LIV, 672).
— Certes oui, Louis Veuillot écrivait cor-
rectement. Aussi n'est-il pas coupable des
deux vers faux que M. A. 1. a relevés
dans les Pages choisies. Veuillot a écrit
un sonnet fort spirituel : La diva, que
M. Albalat a bien fait d'imprimer dans
son recueil. Voici de ce sonnet le deuxième
quatrain (dernier texte, extrait de Les cou-
leuvres, 1869, p. 45) :
Tous nos lions sont enragés
Quand vous chantez un air de guerre ;
Chantez-vous un air de bergère,
Soudain nos lions sont bergers.
Le sonnet avait paru d'abord, en 1863,
dans Satires (p. 163) sous le titre : Une
diva. Dans ce premier texte, on lisait :
Les lions semblent enragés. , •
Soudain les lions sont bergers.
Ni dans l'un ni dans l'autre texte,
Veuillot n'avait fait des vers faux. C'est
l'éditeur des Pages choisies qui a délibéré-
ment changé les d'^ux vers Cet éditeur
passe cependant pour un lettré. Comment
admettre qu'il n'a jamais entendu ce vers
de Lafontaine :
Le lion tint conseil et dit.. , ?
Ou ce vers de Barbier :
Bondn- et rebondir le lion populaire?
Ou ces vers d'Hugo :
C'était l'heure tranquille ou les /j'(?«5vont boire..
Vous êtes mon lion superbe et généreux î
Mais non. 11 s'est boijté dans la cervelje
que lion est monosyllabe ; il a corrigé (?)
les vers de Veuillot, et fait écrire à celiji-
ci ces deux vers de neuf pieds :
Les lions paraissent enragés...
Soudain les lions se font bergers.
Et ce n'est pas le seul endroit où il en
ait usé avec sans-gêne. Il donne de Veuillot
deux sonnets sans les blancs néçessairies
entre les strophes : ils n'ont plus mine de
sonnets. Il change les titres. 11 change la
ponctuation, à laquelle Veuillot était si
attentif. Dans la dernière pièce d^e vers
qu'il reproduit : Marsyas, il n'y a pas moins
de huit fautes, dont une donne un vers
faux (par l'écriture encore au lieu d'encor),
dont une autre par la substitution d'un mot
à nn autre (vie pour voix) modifie fâcheu-
sement le sens. Une troisième procure un
véritable non sens. 11 s'agit d'un campa-
gnard riche, et les Pages chosisies impriment :
J'ai femme, chiens, troupeaux, et vingt écus
[de rente.
là où Veuillot avait écrit (Satires^
P- 35) :
j'ai femme, chiens, troupeaux, w'«// mille
[écus de rente.
Peut-on s'imaginer la fureur de Veuillot,
de ce puriste,
Du malheureux lï-on languissant, triste et
[morne,
à voir son texte ainsi tripatouillé ?
Encore une observation. Lorsqu'un édi-
teur tait un recueil d'œuvres ejioisies d'un
maître, il devrait scrupuleusement, me
semble-t-il, s'en tenir aux derniers textes
donnés par celui-ci. Qiielques-unes des
poésies qu'a reproduites M. Albalat ont
été publiées par Veuillot dans Satires, en
1863, puis, avec de légers changements,
en 1869, dans Les couleuvres : c'est le
texte de 1869 que les Pages choisies eus-
sent dû reproduire. H. M.
Le théâtre en province (LIV, 281,
355,428,476,534, 592,698). ~ Le théâtre
de Dunkerquc, depuis les origines jusqu'à
nos Jours, par Albert Bril :
I. Avant la Révolution. — Les rays-
N" i Î30.
L'INTERMEDIAIRE
763
764
tèrcs au moyen âge. -— « T'Krebbetje ».
— Sociétés de Rhétorique . — Micliel de
Swaen. — Théâtre des Jésuites. - Nos
premières salles de spectacles. II. Sous la
Révolution. 111 Sous l'Empire. IV. Sous
la Restauration. V, Sous le gouvernement
de 1830. La nouvelle salle de spectacle.
VI. Sous la seconde République. VII. Sous
le second Empire. (Théâtre contempo-
rain non encore paru).
Ce travail a été inséré dans le Bulletin,
t. VUl, année 190^. (p. 97-327) de l'Union
Faulconnier. Société historique et archéo-
logique de Dunkerque et de la Flandre
maritime. E. M.
*
* *
PoupÉ (Edmond) : Le Théâtre à Toulon
(i 791- 1792) dans le Bulletin historique et
philologique^ 1905, p. 346-348.
Octave B.
Prononciation de l'U enlatin(LIV,
279, 420, 537). — M. l'abbé de la Gué-
ronnière, actuellement curé de Veneux-
Nadon-l es- Sablons (Seine-et-Marne) a pu-
blié une série d'articles sur la prononcia-
tion du latin à Rome.
L'auteur de la question pourra s'adres-
ser à lui. L. Desrues.
Lez ou lès (LIV, 1 10, 202, 309, 365,
538, 655). — Ne pas confondre avec lay
ou laye, voie, chemin ou layon ; Saint-
Germain-en-Laye, la Lay Saint-Christo-
phe, et autres noms analogues.
D"" Bougon.
Partir à... ou partir pour (LIV,
454, 648). — Les maux que l'on ne peut
enrayer ni guérir, il est doux de les expli-
quer (c'est la fonction sociale des méde-
cins) et poli de les dissimuler — de les
orner tout au moins (et c'est la tâche des
malades qui ont un peu de monde). — Je
partage Lavis de M le vicomte de Bonald.
Partir à... est incontestablement une
faute de français, mais une faute contre
laquelle on ne réagira plus : il est trop
tard. Je voudrais au moins expliquer sa
raison d'être, qui est son excuse, et pro-
poser au tout-puissant qui-de-droit un
biais pour la commettre — puisque l'on
y tient — sans trop de remords.
D'abord pourquoi la commet-on ?
Parce que, le plus souvent, on veut indi-
quer aussi brièvement que possible où
l'on va et pour combien de temps. « Je
pars pour Paris, pour trois jours ». Deux
pour en sept mots I On en remplace un
et l'on dit (à tort, c'est entendu) : « Je pars
à Paris pour trois jours ». Je doute que
l'on remonte un pareil courant, car je ne
vois aucun moyen d'exprimer correcte-
ment et en aussi peu de mots le même
nombre d'idées précises ; or vous connais-
sez la loi du moindre effort.
11 nous faudra sans doute" vivre avec
notre mal. Pouvous-nous en moins souf-
frir ? Peut-être. Que MM. les puristes
veuillent bien décréter que lorsqu'on part
à Paris ou en Suisse, le participe présent
allant est sous-entendu, élidé. 11 n'y aura
plus solécisme, mais ellipse [egote baptiso
carpani) ellipse hardie sans doute et que
Lon ne rencontre pas à tous les tournants
de phrase de Bossuet, Pascal et autres sei-
gneurs sans importance, mais que déjà
nos immortels d'aujourd'hui immortali-
sent à l'envi et que je crois bien avoir
trouvée (sauf erreur) dans la prose fluide
de M. Anatole France. Comment dire
alors que ce n'est pas français } — Hélas !
le sage que choque la réalité nue doit
apprendre parfois à la cacher sous d'agréa-
j blés draperies. L'abbé Jérôme Coignard
I lui-même, j'en suis sûr, approuverait
I cette maxime. G. de Fontenay.
I Tant qu'à faire (LIV, 616, 700). —
j l'ai souvent entendu dire, et par des gens
j se piquant de bien parler, à tant faire. Or
cette locution me parait assez correcte et
préférable à celles de : tant à faire., ou
tant qu'à faire. Cette dernière est très usi-
tée. Oroel.
En purette (LIV, 504, 633, 704^. —
Ce mot existe dans toute la partie wallon-
ne de la Belgique, avec la signification de :
en chemise. E. T,
*
♦ *
C'est probablement une transformation
par le langage familier de l'ancienne ex-
pression en pur., ou en pure.
Littré : anciennement. En pur chef,
tête nue. Entre autres exemples à l'histo-
rique : l'homme... en pur le corps, c'est-
à-dire sans manteau (Lacurne) ; et me
mettrai en pur ma chemise (Froissart).
Godefroid : pur., nu, simple. Avec le
même sens, en pur, accompagné d'un
substantif: en pur le corps, en pur ma
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
765
50 Novembre 1906,
cemise, en pure la coite. Absolument, en
pure, nu. J. Lt.
Bougeotte ou tracassin ? (LIV,
616). — De ces deux mots :
Le premier désignerait plutôt un état
épidémique : picote, cocotte, bougeotte ;
Le second s'applique à merveille à l'in-
dividu et à son action : tracassin, marcas-
sin, fantassin, matassin ;
Mais pour la « folie de l'espace », l'ex-
pression est à trouver :
Ne ces se est
Indiciis monslrare receniibus abdita. rerum.
{Hor. ad Pis., 48).
Un mot avec suffixe en ite, qui exprime
ce besoin d'agitation et de mouvement,
cette manie ambulatoire, si favorable de
nos jours, à la vie intérieure, au recueil-
lement et même au travail... cinésilè ai-
gué ? alétite, alaumonite aiguë? bal/adite?
aiguë toujours : Le mot est au concours.
Thhobald.
Les deux mots, selon moi, ne sauraient
être synonymes, l'unvient du verbe bou-
ger, l'autre du verbe tracasser. C'est bien
parce que l'honorable officier général
commandant la ... division de cavalerie
à avait Vespnt traca:isier que ses su-
bordonnés, il y a 15 à 16 ans, ne le dé-
signaient entre eux que sous le nom de
tracassin.
La bicyclette, ni l'automobile n'ont
rien de commun avec ce mot expressif
qui ne saurait avoir aucun rapport avec
la monomanie actuelle de déplacement.
Autant vaudrait y rattacher ladurujte qui
fut quelque peu à la mode, non pas
aux temps mérovingiens, mais aux temps
napoléoniens, vers 1863-64.
L. DU Crabe.
. , * *
je ne puis repondre de façon précise à
la demande de votre spirituel collabora-
teur Iskatel, sur le point de savoir d'où
vient et qui a lancé le mot tracassin, vo-
cable synonyme de bougeotte, mais,
comme lui, je puis justifier de la priorité
qu'il invoque en faveur de tracassin qu'il
fait remonter à trois ans.
Bien avant que ce terme de tracassin
fût compris et répandu dans le vieux fau-
bourg Saint Germain, je l'avais entendu
employer ; cela date de 15 ans, je faisais
à cette époque mon service militaire à
766
la ..; division de cavalerie, et c'est sous
I ce nom^ qu'un de mes officiers supérieurs,
I aujourd'hui général, homme de très
j grande distinction et de valeur militaire,
1 désignait dans l'intimité le commandant
de la division.
Emile V.
Reprendre du poil de la bête
(LIV, 504,654). — Il suffit de complé-
ter la phrase pour qu'elle s'explique
d'elle-même. Abrégée, on en cherche le
sens. Un ivrogne dissipe le malaise du
matin en buvant de nouveau. D'où le dic-
ton, alors entier: « Reprendre du poil du
chien qui vous a mordu » D'autres ap-
plications sont aisées, mais par comparai-
son seulement, comme pour tous prover-
bes, adages et sentences. Villefregon.
♦ »
Cette expression est très répandue en
Belgique, non pas avec la signification
que lui donne le confrère Curiosus, mais
avec celle du confrère Leda dans le nu-
méro du 30 octobre.
Les ivrognes, au lendemain d'une orgie,
se remettent à boire prétendant que le
meilleur moyen de se guérir de cette
affection spéciale qu'on appelle mal aux
cheveux est de reprendre du poil de la
bête qui vous a mordu. E. T.
Tenir tête et tenir la tête (LIV, 504,
703). — Je n'ai jamais entendu employer
l'expression : Tenir tête ou tenir la tête dans
le sens de tenir compagnie, mais dans les
suivants : Tenir tète, discuter avec une
personne qui n'est pas de votre avis, ne
pas céder, lui tenir tète, — et tenir la
tête... à quelqu'un qui a le mal de mer?
Mais du moment que Maurice Donnay
l'emploie autrement, il doit avoir raison ;
ï Intermédiaire est trop répandu pour que
la q'.:estion n'arrive pas jusqu'à lui, cela
nous vaudra peut-être la bonne fortune
de quelque réponse, soit ici, soit ailleurs,
et ce sera toujours un régal pour les ama-
teurs d'esprit. J. V. P.
Usuriers de Cahors (LIV, 562. 704).
— Dans ma communication : seconde
ligne, lire Caors ; dernière ligne, Hre Io;i.
Car si. B. F.
Signe de la croix avec de l'eau
j de mer (LIV, 282, 376, 431, 544,658.)
! — Oui, cette coutume existe sur toute la
N-
1130.
L'INTERMEDIAIRE
767
768
côte de Normandie. Baigneurs et pêcheurs
n'entrent jamais dans l'eau de mer sans
se signer.
La raison qu'on donne de cet usage est :
i' Que la mer étant un immense cime-
tière, son eau est respectable ;
2° La mer étant une féconde nourrice,
il faut en remercier Dieu ;
3° Quand on entre dans Teau on n'est
pas certain d'en ressortir, et il faut faire
un acte de foi .
« Camoëns », drame de V. Perrot
(LIV, 672). — Camoëns^ drame en 5 actes,
par Victor Perrot et Armand du Mesnil,
représenté sur le théâtre de l'Odéon, le
29 avril 1845, avec un demi-succès et
imprimé la même année (Paris, Beck,
Tresse, in-8 à 2 col. de 34 p.).
L.-H. L.
en prose, de Victor
Dumesnil, fut joué à
quelque succès, à la
les premiers jours de
mai 1845. Les deux principaux rôles de
cet ouvrage étaient tenus avec talent par
Bignon, qui devait prendre bientôt une
place si importante au fameux Théâtre-
Historique d'Alexandre Dumas , et par
Mlle Fitz-James. je ne sais rien de l'écri-
vain dramatique qui signait Victor Perrot.
Quant à son Camo'éns^ on trouverait vrai-
semblablement tous les renseignements
désirables en consultant les feuilletons du
temps. Entre autres, Théophile Gautier en
rendit compte dans la Presse du 5 mai
1845. A. P.
Camoëns, drame
Perrot et Armand
rOdéon, non sans
fin d'avril ou dans
♦ *
M. Nadar a bien connu Perrot et pour-
rait se le rappeler en mettant en ordre
ses prodigieux souvenirs.
Contes orientaux jetés au feu —
Burton(LIV, 329, 643).— L'histoire du
manuscritde Burton jetéaufeu,a été racon-
tée dans la Revue d'Edimbourg d'octobre
1893. Lady Burton était bien catholique,
en effet ; mais, quoiqu'elle eût aidé son
mari à préparer la traduction des Mille et
une nuits, qui est assez scabreuse, elle n'y
avait point trouvé matière à s'effaroucher.
Elle se préparait donc à publier \t Jardin
parfumé du Sheik El-Ne/^aoni, à le céder
pour 3.000 guinées à un éditeur de ses
atnis, lorsque l'énormitédes propositions
qui lui furent faites par un autre éditeur,
assurant 1.500 souscripteurs (les Nuits
n'avaient été tirées intégralement qu'à
1,000 exemplaires (1) et offrant d'avance
6.000 guinées, lui ouvrit les yeux. Elle
relut le manuscrit, et sans hésiter, déli-
bérément le jeta au feu, sacrifiant ainsi
d'un beau geste 160.000 fr.
La Revue d'Edimbourg approuve ce sa-
crifice. En principe, oui. Cependant mieux
eût valu, ce semble, donner le manuscrit
au British Muséum, ouïe tirer à quelques
exemplaires confiés aux seules Bibliothè-
ques publiques de première importance.
Burton, qui possédait environ vingt-cinq
langues orientales, qui avait longtemps
fait la police, sous toutes sortes de dégui-
sements sur la frontière de l'Inde, pour
le compte du gouvernement anglais, con-
naissait à fond l'intimité des mœurs orien-
rientaies. On sait qu'en Orient, si la mai-
son privée est hermétiquement close aux
étrangers, s'il est même interdit en Perse
de demander à un mari des nouvelles de
sa femme, cependant, entre gens du pays
ou crus tels, les langues marchent ; et de
bazar en bazar circulent les propos médi-
sants, les aventures amusantes, et jus-
qu'aux secrets d'alcôves. 11 y a, dans ces
confidences indiscrètes, dans les racon-
tars et le focklore indigènes, bien des dé-
tails qui souvent expliquent des choses
autrement incompréhensibles. Il se pour-
rait que tel passage d'un Pèlerinage en
Terre-Sainte et en Egypte imprimé récem-
ment dans la Bibliothèque de l'Ecole des
Chartes, s'expliquât par une référence
aux notes de Burton dans les Mille et une
nuits ; de même que tel autre passage
d'un article nouvellement paru dans la
Revue des Deux-Mondes^ sur les esclaves
chrétiens d'Alger, s'éclaircirail peut-être
par un renvoi à Brantôme.
Je dirai de plus qu'étant, pour ma part,
hostile au divorce, il est une assertion de
Burton qui m'a fait comprendre le dan-
ger de vouloir inconsidérément l'étendre,
soi-disant au profit des femmes, dans des
conditions qui ne tarderaient pas à tour-
ner contre elles.
(l) Il en a été fait depuis lors deux édi-
tions mitigées, l'une un peu plus complète
que l'autre ; mais la réimpression' totale ne
devra jamais être autorisée d'après l'engage-
ment pris par l'auteur.
7%
Ï)ÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
II s'en faut de beaucoup, du reste, que
toutes les notes de Burton, ajoutées au
textQ fussent objecf louables Un grand nom-
bre pourrait s'adjoindre à la plus inoffen-
sive des traductions , même pour les
jeunes gens des deux sexes, sansrien per-
dre de leur saveur. Les articles de la
Revue d'Edimbourg, si durs pour Burton,
ont été, croyons-nous, écrits par l'orien-
taliste Stanley Lane-Poole, neveu de
Lane, le premier traducteur anglais des
Mille et une nuits.
On trouvera des appréciations plus
justes de Burton dans les critiques et cor-
respondances à son sujet que le Times lit-
téraire a publiées en mars dernier, 1906.
Quant d.u Jardin parfum':, il en existait,
dit-on, des traductions manuscrites ou
lithographiées qui circulaient parmi nos
jeunes officiers d'Algérie. Peut être est-ce
l'une d'elles qui aura servi de texte à
l'édition Liseux, que je ne connais point.
Bbitannicus.
Distique à attribuer (LU ; LIV,642).
— Inveni portum.. A peu près à moitié
chemin de Menton à Vintimille, sur la
terre italienne, à 6 kilomètres de cette
dernière ville, à la pointe de la Mortola
(forme dialectique de Mortel'.a-Myrte), on
traverse une propriété qui porte le même
nom et qui appartient aujourd'hui à
M. Hanbury. Elle comporte plusieurs
bâtiments. La maison ancienne date,
dit-on, de 4 à "^oo ans. Elle appartenait
très anciennement à la famille patricienne
des Lanteri de Vintimille qui l'a vendue,
au xv" siècle, à la famille Orengo. A l'en-
trée principale de la maison, on voit une
mosaïque représentant Marco Polo avec
la devise : Marcus Polus Fenetus nat
MCCLiy ; ob. MCCCXXIV. Sinae pere-
grinator primus . Au dessus et sur le devant
de l'arc du portique le fameux distique :
Inveni portum \ spes et foriuna valete,
S ai me lusistis | ludite nunc altos.
La tradition veut-elle que Marco Polo
ait eu une résidence d'agrément à la Mor-
tola et le distique s"applique-t-il au pro-
priétaire actuel ou à Marco Polo ?
M. Hanbury, qui est un parfait gentle-
man, pourrait éclaircir ce point.
L. Depal.
20 Novembre 1909,
770 _
La législation antique et an-
cienne concernant les vignes et
leur culture (LIV, 668). — Consulter
J. Dujardin : Rccheichcs rétrospectives sur
la culture de la Vigne à Pais. Paris, 1902,
in-8. — G. Cartel : La Vigne et le Vin
chéries Rowai)is. Paris, C. Naud, 100:5 :
in-8. B.i;
*
* *
Planchenault (Nicolas) : Notice histori-
rtque et pratique sur la culture de la vigne,
spécialement en Anjou.
(Mémoires Soc. Acad. Maine-et-Loire,
année i8ô6, Tome XIX, p. 41.)
0. Beuve.
Le masque mortuaire de Déran-
ger et Chintreuii (LIV, 618). — Chin-
treuil avait contracté une grosse dette de
reconnaissance envers Béranger. Le poète
avait été son premier amateur ; c'était lui,
qui, le premier, plus touché par l'infor-
tune de l'artiste que par son talent, lui
avait payé une toile soixante francs.
Usant de son crédit, il l'avait recommandé
à ses amis et pas un instant, jusqu'à sa
mort, il ne lui marchanda la précieuse
ressource de ses relations.
Chintreuii ne l'oublia point. Un coin
de son atelier fut réservé à ce cher sou-
venir. Il y disposa un masque mortuaire
de Béranger, un plâtre dont l'original est
à Carnavalet. Il le légua à Jean Desbrosses,
son ami le plus intime, qui avait connu
les relations de Chintreuii avec Béranger
et n'en parlait jamais qu'avec des larmes.
Desbrosses avait ce masque dans son ate-
lier. Il est encore au milieu des toiles de
Chintreuii et des toiles de Desbrosses
dont les héritiers feront une vente quelque
jour.
Comme on le voit, il ne s'attache à ce
plâtre, que la valeur d'un touchant sou-
venir.
Les pigeons voyageurs du siège
de Paris (LIV, 618). —D'après le Maré-
chal Canrobert, de Germain Bapst (tome
1)1), ce serait au colonel Govone, depuis
général, que reviendrait l'honneur d'a-
voir appliqué à la guerre ce mode de
correspondance. De Visu.
N"
1136,
L'INTERMEDIAIRE
771
772
Encore une légende qui s'en va.
Le pont Notre-Dame et le frère
Jean Jaconde (LIV, 666). — M. Va-
chon se trompe en affirmant que Jehan de
Doyac et Colinet de la Chesnaye avaient
été nommés « superintendants de Tou-
vraige » postérieurement à 1502 ; c'est
en effet le 24 février 1500, quatre mois
avant l'apparition du nom de frère Jehan
Joyeulx parmi les maçons et tailleurs de
pierre chargés de la construction, que
cette commission leur est délivrée. A par-
tij de 1501, on n'entend plus parler
d'eux.
Dès le 7 novembre 1499, le Bureau de
la Ville s'était assemblé pour délibérer
sur la construction du pont, et le 4 no-
vembre de la même année, Jehan le Conte,
maistre des œuvres de maçonnerie de
Rouen, et Pierre Tarizel, maistre des œu-
vres de maçonnerie d'Amiens, présen-
taient un rapport à cet effet. Le 6 Juillet
1500, on voit Jehan Joyeulx figurer pour
la première fois dans les délibérations ; il
est en désaccord avec Didier de Félin et
« autres maistres maçons et tailleurs de
pierre », relativement à la hauteur des
arches, et le Bureau de la Ville leur en-
joint de présenter chacun « ung pour-
traict » du pont. L'accord ne s'établit que
le 20 juillet 1504.
On peut donc considérer comme les
véritables architectes du pont Notre-Dame
le frère Joconde dit Jehan Joyeulx et
Jehan de Félin qui avait été commis-
sionné, comme superintendant du pont le
1*"" octobre 1501, en remplacement de
son père.
Sauvai se trompe en supposant que
Jehan de Doyac et Jehan Joyeulx étaient
s< même personne » puisque tous deux
prennent part à une délibération du Bu-
reau de la Ville, le 11 juillet 1500.
GOMBOUST.
La main de justice (LIV, 614). —
Sans répondre directement — et pour
cause — à la question posée, je signalerai
l'ouvrage suivant que je tiens à la dispo-
sition de M. A. B. X , s'il le désire :
Dissertations sur différents sujets de F his-
toire de France,par Ni.Bullet... M. DCCLIX.
A la page 107, il trouverait uuq Disser-
tation (20 pages) sur la main de justice.
Efbey,
t *
A. B. X. remercie Efbey ; on vient de
lui procurer l'ouvrage.
Il y est en effet question de la main de
justice, d'une manière intéressante.
Le premier roi à qui l'on voit porter
cette marque est Hugues Capet. Quelle a
été la vue de ce prince en établissant cette
nouvelle marque de la dignité royale ?
Bullet avoue en être réduit aux conjec-
tures. Est-ce parce que les rois, à leur
sacre, étendaient la main sur les évan-
giles ? Certains tableaux montrent, au-
dessus des images de Charlemagne et de
Charles le Chauve, des mains ouvertes.
Est-ce parce qu'il est dit, dans l'Ecriture,
que le nom de Dieu était avec le patriar-
che Joseph, et que l'assistance de Dieu est
ainsi exposée par sa main ?
Le sceptre était le symbole de l'autorité
et de la justice tout ensemble. Hugues
Capet trouva à propos d'établir un sym-
bole pour la justice, «une verge d'équité».
A côté du sceptre se dressa désormais la
main de justice, main qui inflige les châ-
timents, distribue les dons, arrête les mé-
chants, soutient les faibles, relève les op-
primés.Et cette main fut d'ivoire pour ex-
primer qu'elle doit être nette et sans venin.
Les reines aussi avaient la main de jus-
tice ou de miséricorde.
Explications qui ne sont que des hypo-
thèses. Il reste encore à dire, me semble-
t-il, avec A. B. X. qui, le premier, adopta
la main de justice, fut-ce bien Hugues Ca-
pet .? et le sens qui était réellement attaché
à ce'symbole royal. Y.
fj Le Nègre et le Maréchal (LIV, 220,
405, 549, 626, 686). — Est-ce que l'ex-
plication ne se trouverait pas dans l'argot
des Saint-Cyriens ? L'élève le mieux noté,
celui qui travaillait le plus dur, était,
paraît-il, qualifié de nègre. Dès lors, le
compliment du Maréchal se justifie et ne
peut en rien prêter à rire. ]. Lt.
Les roues de Fortune (LIV, 228,
371, 432.480, 545' 601,657). — Personne
n'ignore qae l'allégorie de la roue est
commune aux mythologies du paganisme
et à la littérature chrétienne. Si Anacréon
a usé de cette comparaison :
Tpoxoi c/.pixa.iOi yjp oicf.
(Od, IV, 7-8;.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Novembre 1906,
77?
774
Tapôtre saint Jacques, de son côté, as-
simile la vie de l'homme et son cours à la
prompte révolution d'une roue qui tourne
sans arrêt sur son axe (Voy. Ep. III, 6).
Aussi les imagiers et peintres du moyen
âge en ont-ils fait un thème iconographi-
que, l'image de la destinée humaine et de
ses vicissitudes, débuts pleins d'espoirs et
de promesses, ascension progressive vers
un instable zénith, suivie bientôt d'un
inévitable et rapide déclin. C'est ce que
figurent de petits personnnges suspendus
au pourtour de la roue, emportés par elle
jusqu'au point le plus élevé du cercle par
un mouvement giratoire qui les renverse
ensuite et précipite leur inévitable déca- |
dence (Roses de Saint-Etienne de Beau-
vais et de la cathédrale d'Amiens ; minia-
tures des manuscrits, Biblioth. nat., ms
6877, biblioth. d'Amiens, ms 216 ; fres-
ques de la cathédrale de Rochester et de
l'église de Sophalès).
Dans cette dernière représentation,
nous apprend Didron, deux femmes, l'une
en vêtements blancs, l'autre complète-
ment voilée de noir, — le jour et la nuit,
l'heur et le malheur , — halant le cor-
dage qui commande la roue du Destin,
tour à tour élèvent et précipitent les pau-
vres humains.
Qii'ont à voir avec tout ce symbolisme
les appareils de sonnerie existant ou ayant
existé en quelques églises, les roues à
clochettes [rota cum tintinnabiiJis de Du
Gange) ? Elles n'ont jamais, que je sache,
été appelées, jusqu'alors, du nom de
« roues de Fortune ». En les désignant,
dans renoncé de la question comme dans
les réponses, par un terme qui ne leur
convient en aucune manière, on s'expose
à créer une confusion des plus regretta-
bles. F. Bl.
* *
Dans son explication du symbolisme
de la roue, M. Pierre dit qu'elle est prise
comme l'image de la vie humaine dans
son évolution. L'église de Benouville, can-
ton de Douvres (Calvados) renferme une
preuve manifeste de cette assertion. Sur
le mur septentrional de la nef on a re-
trouvé, sous une épaisse couche de badi-
geon, des restes de peintures à fresque
qui peuvent remonter au xvi« siècle. Mal-
gré leur détérioration, on peut ainsi re-
constituer l'ensemble. La partie supé-
rieure du mur représente le dit des Trois
morts et des trois vifs, trois tableaux.
Au-dessous, à gauche, on voit l'enfer.
Des démons torturent les damnés. A re-
marquer le supplice de l'ivrogne. Sus-
pendu au bout d'une corde passée dans
une poulie, des démons le plongent dans
un puits d'où ils le retirent pour le re-
plonger ensuite.
Sur le même plan est représentée une
roue à 6 rayons, haute d'environ 70 cen-
timètres. C'est la roue de vie. Au bas à
droite, se trouve un tout jeune enfant ;
plus haut, on voit un adolescent ; au
sommet se tient un homme dans l'âge
mûr ; en redescendant à gauche, c'est un
vieillard qui semble retomber dans le
vide. Le mauvais état de la fresque empê-
che d'en distinguer davantage. A droite
de cette roue, une autre fresque repré-
sente le ciel. Un ange tient une bande-
roUe avec cette inscription : « Gloria in
excchis Deo ». Au-dessous de lui se
trouve un groupe d'élus, le martyr avec
le glaive, instrument de son supplice, le
religieux avec le froc et la tonsure, etc.
Bref, l'ensemble représente bien l'image
de Va. vie considérée au point de vue chré-
tien, la vie avec ses différents degrés
symbolisés par la roue, et son exilns bon
ou mauvais symbolisés par le ciel et l'en-
fer. Frédéric Alix.
« Mutualité » (LUI ; LIV, 358,541).—
Personne, jusqu'à ce jour, n'a répondu
catégoriquement à la question posée dans
le numéro du 10 septembre 1906, par
notre collègue P. B.
Un ouvrage contenant le pour et le
coutie de la mutualité n'existe pas. Très
complet et définissant les faits et gestes
des mutualistes de tous rangs, de toutes
capacités, de tous genres etc., etc., cette
curieuse publication formerait à elle
seule un véritable bric-à-brac littéraire.
Cette rétrospection, au demeurant, facile
à établir en collectionnant les articles,
les discours, les progrc'.mmes de mutua-
listes ou de soi-disants mutualistes relatés
dans d'innombrables feuilles de petites
localités — intéresserait nos contempo-
rains.
Dans cet ordre d'idées, je donne volon-
tiers communication de quatrains trouvés
dans une revue médicale de province.
N» 1130.
L'INTERMEDIAIRE
775
SUR LA MUTUALITE OFFICIELLE
1
Dans cette bonne Mutualité,
On ne sait ce que l'intrigue y secrète ;
Beaucoup s'y trouvant en sécurité,
Pour peu que leur naturel s'y prête.
Il
Pourquoi ce marchepied est-il dressé?
Jadis, on faisait le bien sans tapage:
Au vrai dévoûment désintéressé,
Cet objet tant prôné forme un barrage.
m
Mais, aujourd'hui, c'est la rivalité
Qui veut accaparer la bienveillance,
Avec cette particularité
Q_u'elle espère avoir une récompense
P. c. c.
Les éditeurs (spécialistes en thèses)
seraient à consulter. Nombreux sont, en
effet, les étudiants ayant subi avec succès
des examens sur les questions de solida-
rité et de prévoyance.
Alexandre Rey.
Le marquis de Carabas (T. G.,
167; XL). — Le marquis de Carabas a exis-
té : il s'appelait Robert.
C'est la Vendée historique qui nous le
révèle et qui en prend pour garants :
Célesîin Port, l'excellent historien ; Gibert,
secrétaire de Stofflet ; l'abbé Deneau ; Ed-
mond Biré.
Ce marquis de Carabas n'est pas celui
du conte de Perrault : il pourrait être
celui de la chanson de Béranger.
Tisserand ou cabaretier, avant les
guerres de Vendée, ensuite petit proprié-
taire, affligé d'une certaine vanité, il avait
pris lui-même le titre de marquis de Ca-
rabas.
Ce fut lui qui aida à porter le corps de
d'Elbée à la région occupée par Charette.
Avec Cathelineau, il organisa la petite
guerre et fit assez peur aux républicains
pour que l'adjudant Savary écrive à Can-
claux :
Le fameux marquis de Carabas rôde dans
les environs de Baupréau ; j'écris au comman-
dant de ce poste pour lui recommander de
le faire rechercher, afin de le réduire à l'im-
possibilité de faire du mal.
Après la grande guerre, domicilié à la
Poitevinière, il y vivait dans le besoin.
M. Henri Bougeois relève ses états de ser-
vice en 1814 :
Robert (dit marquis de Carabas, colonel,
aide de camp, propriétaire à la Poitevinière,
blessé).
776
Etats de service. — A fait toute la guerre
de la Vendée, en qualité d'aide de camp des
généraux Stofflet et d'Autichamp, s'est tou-
jours conduit avec bravoure et distinction.
Demande. — Une pension dont il a grand
besoin.
Observation. — Aide de camp de MM. Stof-
flet et d'Autichamp ; a très bien servi dès
le commencement ; est dans le besoin.
Aux Cent-jours, il courut aux armes. Il
devait être l'une des premières victimes
de cette dernière et éphémère insurrec-
tion ; il fut tué dès le début, dans une
rencontre avec les gendarmes, près de la
Poitevinière.
Une belle fin de héros. Chapeau bas
devant le marquis de Carabas !
L'Anglais qui veut voir manger
le dompteur (LIV, 674). — Peut-être
sait-on le nom de cet Anglais aussi patient
que féroce.
Pierre-Amédée Pichot raconte qu'un
Anglais suivait le dompteur Martin dans
cette cruelle espérance. Voyez Mémoires
d'un dompteur .1 p. 158 :
Il y eut un Anglais qui, lorsque Martin
était à Vienne, assistait régulièrement à toutes
les représentations dans l'espoir de voir
manger le dompteur. Cet original, devenu
un personnage légendaire, en quête d'émo-
tions vives, tit preuve d une véritable téna-
cité, car Martin l'avait retrouvé plus tard à
Paris, oij il s'installait dans une loge le plus
près possible de la scène ; un domes-
tique en livrée lui apportait les journaux
qu'il lisait attentivement jusqu'au moment
où Martin entrait dans les cages. Alors l'An-
glais était tout yeux et tout oreilles : il sa-
vourait les rugissements, escomptait les coups
de griffe et s'extasiait derrière sa lorgnette,
sur la longueur des crocs des terribles fauves,
attendant, avec un beau calme, le moment
où les poignards d'ivoire s'enfonceront dans
la chair palpitante de leur maître terrassé.
Ce moment n'arriva jamais. Martin
devint un aimable petit vieillard, qui
mourut fort tranquillement dans son lit.
Y.
Le Directeur-gérant :
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1864
'QUESTIONS ET RÉl'OXSES LITTÉRAIRES. UISTOUIQUES. SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
777 778
// nous faut répéter à nos correspondants
qu'il est nécessaire qu'ils signent leurs en-
vois, ou de leurs noms, ou d'un pseudonyme
déjà adopté par eux, ou qu'ils adoptent
pour la première fois en le faisant connaître.
S ils emploient des initiales, nous les prions ,
j)Our éviter toute confusion, d'adopter des
initiales qui ne sont pas déjà une signa-
turc en usage. S'il en était autrement ils en
seraient avisés.
Nous sommes corttraintsà chaque instant,
de faire suivre des réponses directement : il
est donc indispensable que nous sachions à
qui les faire tenir.
Le secret des pseudonymes est rigoureuse-
ment gardé.
Toute lettre anonyme ou signée d'un
pseudonyme inconnu sera considérée comme
non avenue.
(âiîcôîioiiô
L'empereur Guillaume est-il en-
tré dans Paris en 1871 ? — Ce sont
les petits problèmes très précis dont la
solution nous regarde. Aussi ne pouvons-
nous nous désintéresser de celui qui a,
un instant, retenu ces jours-ci, l'attention
des journaux. Guillaume I'^'" est-il entré à
Paris, après la reddition en 1871 ?
Si quelque chose peut donner une idée
de nos infirmités en matière d'histoire,
c'est qu'une telle question, touchant à
un fait capital de l'histoire du monde, un
fait d'ordre matériel et public, puisse res-
ter sans réponse.
Hohenlohe, qui commandait l'artille-
rie allemande, dit que le roi est entré,
en voiture, ei a été reconnu par les pari-
siens. La plupart des contemporains, au
contraire, non sans vraisemblance sou-
tiennent que Guillaume n'entra pas dans
Paris.
Quelle est la vérité ^ Y.
Moïse et la croyance à l'immor-
talité de l'âme. — Le 27 décembre
1869, M. Jules Oppert, mort récemment,
membre de l'Institut, orateur du grand
Orient de France, lors d'une fête solsti-
ciale prononçait un discours dans lequel
se rencontrait cette opinion ;
Sans le troisième paragraphe du pacte so-
cial de la franc-maçonnerie, Moïse, le grand
législateur, initié dans les mystères d'Egypte,
serait exclu des nôtres : car s'il ne l'a jamais
niée, il n'a pas affirmé l'immortalité de l'âme.
Le judaïsme moderne admet cette croyance,
antérieurement de plusieurs siècles à l'ère
chrétienne ; le fondateur de la religion même
n'en a pas laissé la moindre trace dans le Pen-
^ateuqiie.
Traduisons : \< Moïse ne croyait pas à
l'immortalité de l'âme. » Cette opinion
m'apparaît paradoxale surtout si j'ai le
Pentateuque sous les yeux. Ne le saurais-
je point lire que j'y voii, si nombreuses,
les affirmations de la croyance en cette
immortalité ?
Je ne sais si l'opinion de M. Oppert a
été réfutée quelque part, ou approuvée,
et si elle a donné lieu à des controverses.
D^ L.
LlV-45
N-
1 131.
L'INTERMEDIAIRE
— 779
Vous êtes mon lion... — Question
posée à M. Gustave Simon, qui sait tout
de Victor Hugo, et poursuit avec tant de
talent et de succès l'édition définitive de
ses œuvres.
Dans Victor Hugoracoulé, il y a au se-
cond volume un chapitre consacré à Her-
nani, aux répétitions, aux luttes des pre-
mières représentations. L'auteur a incor-
poré à son texte quelques pages des
Mémoires de Dumas père (sans du reste
inarquer nettement où finit la citation).
Dumas, avec beaucoup de brio et de préci-
sion, narre les péripéties du combat qui
s'engagea entre Mlle Mars et Victor Hugo
au sujet du fameux vers :
Vous êtes mon lion superbe et ge'ne'reux.
Mlle Mars, classique de tradition, crai-
gnait que ce vers soulevât des tempêtes.
Elle voulait être autorisée à dire :
Vous êtes mon seigneur superbe et généreux
Hugo n'y consentit pas. A chaque répé-
tition, l'actrice revenait à la charge, et
chaque fois l'auteur opposait une résis-
tance invincible. Mlle Mars dut céder,
mais il y eut dès lors un froid entre elle
et Victor Hugo,
Yidor Hugo raconté, écrit, du vivant du
poète, dans sa famille, sanctionne le récit
«n le reproduisant.
Or, voici ma question :
Comment cette belle histoire se conci-
lie-telle avec le fait qu'au moment des
répétitions le vers sur lequel se livraient
ces batailles n'existait pas ? 11 ne se trouve
pas en effet dans la première édition
d'Hernani. 11 est remplacé (acte 111, se. 5,
p. 71) par celui-ci (assez semblable à ce-
lui qu'aurait proposé Mlle Mars) :
Vous êles monseigneur, vaillant et généreux.
La troisième édition donne également
ce vers, avec la virgule après le mot 5^/-
gneur (Toute cette scène a été plus tard
remaniée et très augmentée).
11 va de soi que la pièce n'a été imprimée
qu'après la représentation. Le même li-
vre [Victor Hugo raconté) nous fait con-
naître comment, le soir de la première,
l'éditeur Mame se rendit maître du ma-
nuscrit en le payant 6.000 fr.
H. M.
Lagrande princesse et sespages.
— Sénac de Meilhan, Considération sur
les mœurs, éd. 1787, p. 227, en note, parle
780
d'une grande princesse qui était flattée
des désirs qu'elle inspirait à ses pages
et leur donnait de l'argent pour éteindre
ailleurs les flammes qu'elle faisait naître.
A quelle princesse Sénac de Meilhan.
fait-il allusion ? " P. B.
Desfontalnes. — Un intermédiairiste
possèderait-il l'ouvrage suivant attribué
à Desfontaines : Le Poète chrétien passant du
Parnasse au Calvaire, qui ne se trouve
dans aucune des grandes bibliothèques
publiques de Paris .? Si oui, pourrait-il me
dire si ce volume renferme une para-
phase en vers du Mémento homo dont,
voici le premier vers :
Esclair qui ne luis qu'un moment ?
Lach.
Boissières (Jean de). — Jean de
Boissières, à la suite de ses Secondes Œu-
vres, a publié un recueil collectif de poé-
sies intitulé : L'estrilîe et drogue au que-
releux pédant, ou Régent du collège de Cler-
mont en Auvergne jadis farceur de Reims,
en Champagne avec les épigramines de tous
les poètes françois de ce temps contre luy.
Sait-on le nom de ce Régent du collège de-
Clermont d'Auvergne ? Lach.
Fechter. — Le créateur d'Armand
Duval dans la Dame aux Camélias. (1852).
Les uns le font naître à Londres, le 23
octobre 1823, Vapcreau le fait naître à,
Belleville, le 23 octobre 1824. Où est la
vérité ? On sait que cet artiste abandonna
tout à coup la carrière dramatique fran-
çaise pour embrasser la même profession
en Angleterre, puis en Amérique, c'est-à-
dire pour jouer en anglais.
A ce propos, connaît-on des exemples-
de comédiens français ayant joué en lan-
gue étrangère ? Talma, élevé en partie en
Angleterre, savait admirablement l'an-
glais, mais je n'ai jamais entendu dire
qu'il se soit risqué à réciter en cette lan-
gue. MmeRistori joua5^a/;7x,deLegouvé,
en français.
On cite, de nos jours, Mme Lebargy,
qui joue indifféremment en français, en
anglais ou en allemand. — Frédéric
Achard avait essayé de chanter l'opéra-
comique en anglais. Je ne parle pas des
chanteurs qui presque tous savent chanter
en italien. Parmi les acteurs étrangers^
les frères Rosa, de Lisbonne, donnent
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1Q06.
781
782
parfaitement la réplique en français à nos
artistes.
Autre chose, toujours à propos de
Fechter : Qu'est-ce que l'édition de Sha-
kespeare dont il s'est occupé? Dans une
lettre de lui, en notre possession, nous
lisons : « Mon édition de Shakespeare est
déjà épuisée et une seconde à moitié enle-
vée. Mais, grand Dieu ! quel travail in-
cessant ! »> Lettre écrite d'Angleterre, sans
date. Que sait-on sur ses dernières an-
nées ? (Mort en Amérique, août 1879),
H. Lyon NET.
Lettres de Lavater . — Lavater
n'a-t-il pas eu une correspondance mys-
térieuse avec « la comtesse du Nord » ?
Cette correspondance, qui a dû être pu-
bliée, à Saint-Pétersbourg, il y a une cin-
quantaine d'années, ne roule-telle point
déjà sur une doctrine qui ressemble fort
au spiritisme ?Je la vois invoquée en té-
moignage, dans un ouvrage spécial, mais
sans noms précis, sans dates, sans réfé-
rences. Y,
Marthe Le Hayer. — Possède-t-on
quelques renseignements sur cette mai-
heureuse jeune fille que Corneille Blesse-
bois a mis tant d'acharnement à déshono-
rer après avoir été aimé d'elle ?
Elle appartenait à une famille très con-
nue en Normandie et qui compte plu-
sieurs personnages célèbres, entre autres
le poète Pierre Le Hayer, Elle a dû naî-
tre à Alençon vers 1650. A-t-on fait des
recherches dans les actes baptistaires ? -\-
Tourreil, révélateur de la loi de
Fusion. — Qu'est-ce que ce Tourreil,
mort récemment, si je ne m'abuse:
qu'est devenue sa chapelle ? où sont ses
disciples ? Se réunissent ils encore quel-
que part ? A. B. X.
Villiers de l'Isle Adam. — Un de
mes confrères pourrait-il me dire où je
trouverais la preuve (si elle existe) que
acques de Villiers le Bel de la Grange
JNevelon ou Nyveloii, est le père de Vil-
liers de risle Adam, Grand maître de l'Or-
dre de Malte au xv^ siècle ? Z. Y. X.
Le Moulin-Joli. — On voudrait sa-
voir les propriétaires du Moulin Joli avant
y^aUlet et l'histoire de cette résidence
pendant que Watelet en a été propriétaire
et après la mort de Watelet.
S. Le Lys.
La médaille magique de Cathe-
rine de Médicis. — Prosper Marchand
l'a décrite en quatre pages de son Dic-
tionnaire (\n-{o\\o^ 1758, t. I, p. 165-169)-
Au xvni* siècle, elle appartenait à la fa-
mille de Mesmes. Où se trouve-t-elle au-
jourd'hui ?
Comment explique-t-on ses figures et
ses mystérieuses inscriptions ? -|-
Almireou Almyre Gandonnière.
— A-t-on des renseignements biographi-
ques ou autres sur ce personnage, qui ré-
digea, en 1846^ les Archives de la Banlieue^
journal imprimé à Montmartre. Il collabo-
rait la même année avec Berlioz, au livret
de la Damnation de Faiist^ et publiait, en
1848, une « cantate républicaine » le
Tour du Monde. Connaît-on d'autres ou-
vrages de Gandonnière ? Quand est-il
mort .? J.-G. P.
Armoiries à déterminer : à la
croix d'or potencéà. — Surun in-12
La Religion , poème par M. Racine ,
M. DCG LXllI, donné en prix par le
« Coll. Toi. P. P. Doct. Christ.), dont le
fer aux attributs de la passion orne un
plat ; nous avons les armoiries : de... au
chef de /leurs de lis sans nombre ; à la croix
d'orpotencée et encerclée d'or supportée par
un agneau de.., accolée de deux tours de...
une couronne de comte au sommet de
l'écu ; pour supports des branches tleu-
ries et des palmes. L. Grégoire.
A enquerre. — Ces mots du langage
héraldique s'appliquent à tout ce qui est
contraire aux règles ordinaires du blason.
Comme, par exemple, un métal sur un
autre métal, etc. Cela est assez rare et je
ne crois pas que les armoiries qui sont
dans ce cas soient obligées de contenir
ces deux mots pour le faire remarquer au
spectateur.
Cependant, sur un ex-libris au nom de
François Borelli, dont le blason est paie de
sable et de gueules, à la bande d'azur, on
lit au-dessous, dans une banderolle « à
enquerre».
Est-ce l'habitude ou un cas exception-
nel ? CÉSAR BlROTTEAU,
No 1131
L'INTERMÉDIAIRE
783
784
« Isabelle grosse par vertu. » —
Cette parade de Fagan que M. Maurice
Tourneux et plusieurs autres critiques re-
gardent comme le chef-d'œuvre du genre,
n'aurait pas été imprimée, dit M. Tour-
neux, dans les œuvres de son auteur.
Elle figure dans mon exemplaire qui est
celui de Soleinne, p. 339-408 dut. IV.
Le texte est meilleur que celui publié par
Corbie dans Is Théâtre des Boulevards^
mais il n'est pas encore complet. Un ma-
nuscrit que j'ai entre les mains donne
trois couplets inédits (et pour cause) à la
suite des deux que l'on connaît, en fin de
parade.
/5(3te//^manquait évidemment aux exem-
plaires que M. Tourneux a étudiés et je ne
serais pas surpris qu'elle formât un carton
secret ajouté à quelques tomes IV et non
protégé par le privilège. Qii'en pensent
les lecteurs de Fagan, s'il en est parmi
nos abonnés? Candide.
« Les Sonnettes ou Mémoires du
marquis D... » Noms à trouver, —
On a publié à Bruxelles, chez Gay et
Douce, en 1881, une brochure de 142 pp.
intitulée : les Sonnettes ou Mémoires de M.
le marquis D. .., auxquels on a joint l'his-
toire d'une comédienne qui a quitté le spec-
tacle. Sur Timprimé à Londres, 1781.
Quel est le marquis ?
Qiielle est la comédienne? H. L.
La table de Métra. — M. Charles
Mehl, un vieil érudit, possédait cette ta-
ble manuscrite qu'il avait composée lui-
même. A sa mort, il laissa la plus grande
partie de sa bibliothèque au musée Car-
navalet ; mais ladite table ne s'y trouve
pas actuellement.
Où est-elle ? D'autre part, je crois que
M. Bertall avait entrepris semblable tra-
vail, il y a quelques années, pour la Na-
tionale. Qu'en est-il advenu 1
La Résie.
La vie est une tragédie pour ceux
qui sentent, une comédie pour
ceux qui pensent. — Est-ce Sw^ift,
est-ce Horace Walpole qui a dit cela .?
En quelle occasion f Dans quel ouvrage ?
BOOKWORM.
Randouiller. Emmarvoyer, Touil-
ler. — Voici quelques mots encore em-
ployés dans la Flandre française, et dans
les provinces belges avoisinantes.
Randouiller. Chercher, fouiller dans un
tiroir en faisant du désordre.
Emmarvoyer. Tourmenter quelqu'un, le
chicaner.
Touiller. Remuer la salade.
Ces mots, assez pittoresquement signi-
ficatifs, sont-ils en usage dans d'autres
parties de la France et avec quelle signifi-
cation ? E. T.
Quincampoix. •— Il y a en France
et en Belgique plusieurs villages qui por-
tent ce nom. Quelle est son origine ^ On
a assimilé quincampoix à qui qu'en poise.,
qui qu'en grogne, mais le nom du village
de Normandie auquel nous faisons allusion
est beaucoup plus ancien que l'expression
qui qu'en grogné, Roll.
Les ifs près des églises. — Y
avait-il une raison quelconque « au temps
jadis » à planter des ifs près des églises et
des chapelles ? du H.
Voir T. G. 440; LI).
La seconde vue. — Quelques per-
sonnes ont la faculté de percevoir, dans
certains cas, des événements qui se pas-
sent en dehors de leur vue normale.
Ce phénomène, encore inexplicable avec
les théories scientifiques actuelles, a été
observé un assez grand nombre de fois,
dans les temps modernes, notamment
chez les saints et les somnambules, pour
qu'on puisse le regarder comme certain.
Il me semble qu'on en a peu parlé dans
l'antiquité et je serais reconnaissant aux
confrères qui voudraient bien me signaler
les cas rapportés par les historiens grecs
et romains. A. de Rochas.
Une mine d'or peu commune. —
On rne signale de Besançon le fait singu-
lier que voici. C'est qu'à T usine des monteurs
de boîtes de montre, quand on vide la
fosse d'aisances, on porte ce que vous sa-
vez à la forêt et on le brûle pour en ex-
traire 6.000 francs d'or environ, prove-
nant des poussières avalées par les ou-
vriers, faimerais avoir confirmation du
fait. Et connaît-on des faits analogues ?
H. DE Varigny.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1906.
78;
785
Eép0nôe0
Le général La Bédoyèrô. Un
projet d'évasion {Tilre rectifié) (LIV,
500, 582, 676). — Il serait intéres-
sant de connaître le nom de la dame qui
était venue voir Mme Charles de La Bé-
doyère pour lui proposer de sauver son
mari et lui soumettre le plan et les condi-
tions de l'évasion.
Madame de Souza (en premières noces
Mme de Flahaut), narre, dans deux lettres
adressées à Mme Charles de la Bé-
doyère, la triste position de Mme de La
Valette. (1)
Le récit de Georgette Ducrest (LIV,
680J sur le rôle joué par Mme de La Va-
lette pour sauver le général de la Bé-
doyère, est parfaitement exact.
Il y aurait donc eu deux projets d'éva-
sion : l'un proposé par cette dame encore
inconnue aujourd'hui de la famille, et
l'autre par madame de La Valette.
Voici les principaux passages des lettres
de Mme de Souza à Mme Charles de La
Bédoyère :
Mercredi 30 août 1815. (2)
Je ne puis vous exprimer combien votre
lettre m'a touchée et les larmes que j'ai ver-
sées sur vous, ma très chère Madame, et sur
le sort de celui que je n'oublierai de ma vie,
de celui dont les brillantes qualités et la jeu-
nesse devaient vous promettre un avenir si sa-
tisfaisant.
Le courage de celui que nous pleurons
pouvait promettre une glorieuse carrière.
Mais moi qui depuis 25 ans connaît tout
ce que l'esprit de parti a. de cruel, je n'ai pas
espéré un instant pour lui dès qu'il a été
arrêté.
Vous le savez, je n'ai jamais espéré.
Je suis charmée qu'il ait écrit à sa mère.
Qu'elle doit souffrir ! Je n'ai pas trouvé le
courage de lui écrire et cependant j'ai été bien
occupée d'elle.
Madame de L. V. est toujours arrêtée ; on
ne veut pas lui rendre les 10 mille francs en
or qu'elle portait sur elle le jour où, si celui
(i) Mme de la Valette était la parente de
Mme de Souza, elle ét.Mt née La Billarderie.
Le marquis de La Valette, ministre sous
l'Empereur Napoléon 111, devait être son fils.
(2) Cette lettre est la réponse à celle de
Mme de la Bédoyère que l'on trouve dans les
Mémoires de Mlle Cochelet, vol. III, page
336.
que nous pleurons avait voulu y consentir,
il vivrait encore.
On a ôté à son mari sa place, mais elle ne
regrette pas ce qu'elle a fait.
Avec quelle joie, quel orgueil (m'a-t-elle
écrit) je l'aurais rendu à sa femme et à sa fa-
mille.
Si dans quelque temps. Monsieur votre
frère (1) aîné veut parler pour qu'on rende à
son mari sa place ou une équivalente, je
pense que cène sera que justice et d'ailleurs
une bien bonne action car ils ont cinq en-
fans et aucune fortuhe.
Je n'ai point encore reçu de lettres de mon
fils (2). Qu'il sera malheureux !
C'est seul qu'il apprendra cette perte
affreuse dont son cœur saignera toute sa vie.
Ce qui doit vous donner une espèce de con-
solation (s'il en peut être), c'est l'intérêt gé-
néral que votre mari a inspiré. Excepté deux
personnes, deux femmes, tout le monde en a
dit du bien, tout le monde a pleuré sur lui et
sur vous, mais celles-là sont folles.
Dans le moment où chacun devrait chercher
à rallier tous les esprits, tous les intérêts au-
tour du Roi, on ne s'occupe qu'à récriminer,
à aigrir et ce sont les personnes qui se disent
les plus attachées k sa cause qui, en profes-
sant des haines irréconciliables, éloignent tous
ceux qui voudraient de bonne foi servir le
Roi et n'être que Français.
Adieu encore I — que je vous plains ! que
je sens toutes les peines qui doivent briser
votre pauvre cœur. Donnés-moi quelquefois
de vos nouvelles, de celles de ce pauvre
petit enfant qu'il aimait tant. Permettes
moi de vous embrasser et de vous assurer
que personne au monde n'a plus partagé
tous vos sentiments que moi — avec quelle
profonde douleur je l'ai pleuré — Ah [que
je souffre et que j'ai souffert de cet hor-
rible malheur, etc.
5 septembre 1815.
Mme de L. V. est toujours en pri-
son — elle n'en veut point sortir qu'on ne
lui rende les 10.000 frs en or qu'elle avait sur
elle lorsqu'on l'a arrêtée dans la rue. '4
Les avocats disent que la loi est formelle
et qu'on doit les lui rendre. }<\. le Préfet de
Police lui a proposé de vous les faire payei
puisque c'était pour sauver notre pauvre
ami — elle s'y est refusée absolument et a
dit que jamais elle ne réclamerait de vous
une somme pour une chose qui n'avait pas
réussi ; et vous n'tn entendrés jamais parler.
Zéphirine de Damas, veuve du comte de Vo-
gué.
(2) Comte de Flahaut. MM. de Flahaut et
de La Bédoyère étaient tous deux aides-de-
camp de l'Empereur Napoléon l"*.
N« 1131.
L'INTERMEDIAIRE
787
788
J'admire son courage, sa résolution que je
ne suis pas à même de diriger ni combattre
puisque je suis toujours bien malade dans
mon lit.
Permettez-moi de vous embrasser, de vous
assurer du plus véritable attachement et
d'embrasser aussi ce pauvre petit.
Adèle.
11 y a encore une preuve de l'existence
d'un projet d'évasion dans la lettre de Ma-
dame Charles de La Bédoyère adressée,
très probablement, à Mme de La Valette :
^6 h. 3/4
Je n'ai pas de réponse, Madame, mais je
suis horriblement effrayée de ce projet et je
crois mieux d'y renoncer ; nous n'en vien-
drons pas à bout et ce serait peut-être la cause
de malheurs incalculables. D'ailleurs il a été
impossible de trouver ma belle-mère.
Je suis la plus malheureuse de toutes les
créatures.
Veuillez recevoir, Madame, la nouvelle
assurance de toute ma sensibilité et de ma
reconnaissance.
Ch.LaB.
Note inédite du comte de Chastellux
écrite le 25 janvier 1843 :
Monsieur de Poret racontait l'autre jour
qu'en 1815 étant alors dans l'Etat-major au
moment de l'arrestation de mon oncle de La
Bédoyère, il s'était trouvé chez Madame de
Flahaut-Souza. Elle l'engagea à aller sou-
vent le voir à l'Abbaye, facilité que lui don-
nait son grade.
Il retourna chez elle pour lui donner des
nouvelles d'une visite qu'il lui avait faite.
Elle s'ouvrit alors à lui du projet qu'elle
avait formé et pour l'accomplissement duquel
elle comptait sur lui.
Qiielques amis avaient réuni 50.000 frs.
(comme l'on pense bien une grande partie de
cette somme était donnée par la reine Hor-
tense) ;
Il s'agissait de séduire le geôlier et de pro-
curer à Charles de La Bédoyère les moyens
de s'évader.
En même temps, elle lui remit un passe-
port signé parFouché,
Monsieur de Poret dont le dévouement ne
connaissait aucun obstacle demanda et obtint
la permission d'en parler au duc Charles de
Damas pour lequel il avait une i;rande con-
sidération. Celui-ci l'y encouragea beaucoup
et lui promit son appui s'il résultait l'e cette
affaire quelque chose de désagréable pour
lui.
Alorsil n'hésita pas à se rendre à l'Abbaye.
Madame de La Valette attendait à quelque
distance dans une voiture de poste.
Mats Monsieur de La Bédoyère refusa
opiniâtrement.
Le geôlier qui écoutait voyant que cett^
occasion d'argent lui échappait, voulut s'en
faire une autre par ses dénonciations.
Madame de La Valette fut arrêtée et les
8o.oo.> frs confisqués.
Monsieur de Poret eut la triste consolation
d'accompagner Charles de La Bédoyère à la
plaine de Grenelle.
M. Decaze apporta à Louis XVIII le passe-
port signé par Fouché.
M. de Talleyrànd qui l'avait procuré,
l'avait durement refusé à mon père, mécon-
naissant les liens du sang.
Peut-être voulut-il épargner les apparences
et se réserver de travailler en sous-main. Au
moins ne lui en a-t-on jamais su gré.
Ces documents inédits se trouvent dans
les papiers de la famille La Bédoyère. Ils
jettent un peu de lumière sur cette très
réelle tentative d'évasion.
Madame de La Valette a certainement
joué le rôle principal dans cette affaire ;
elle a dû en être l'âme.
Quant à la dame inconnue de madame
de La Bédoyère et de la famille de Chas-
tellux, on ne sait encore si elle faisait
partie du complot La Valette ou si elle
agissait pour son propre compte.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le gé-
néral de la Bédoyère a refusé cnergique-
mcnt de s'évader, les notes inédites qu'on
vient de lire le prouvent. Madame de
Souza le dit formellement, dans sa lettre
du 30 août 181 5 et M. de Chastellux, dans
sa note écrite en 1843. L. B.
Les rapports des ambassadeurs
Vénitiens à la cour de France (LIV,
609, 683, 737). — Ces rapports ont été
aussi publiés en italien sous le titre de :
Rela{ioni degli ambasciatori veneli al-
senato^ raccolte^ annotate, ed édite da Eu-
génie Alberi, Ni cola Baioni e Gugliel-
1110 Berchet, Firenj^e, Tipografia alVinsegna
deW Olio i8^ç-i8y8, 25 vol. in-S".
Cette collection est ainsi composée :
Pour le XVI* siècle, les 6 premiers volu-
mes sont consacrés à l'Europe, moins
l'Italie. Les volumes 7 à 11, à l'Italie ;
12 à 14, aux Etats Ottomans, et le 15* en
forme l'Appendice.
Pour le xvn" siècle, les volumes 16-17
comprennent l'Espagne ; 18 à 21 , la
France ; 22-23, Roiie. 24, l'Angleterre
et 25 la Turquie.
Dans le 1"^ volume figurent les rela-
tions des ambassadeurs avec la France,
pendant les années 1535, 1538 et 1546.
789
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Novembr» 190e.
Dans le 2*, les années 1547, 1554 et 1558 ;
et dans le 3' l'année 1561. Le 4'' vol. est
consacré en entier à la Fritnce (année
1492, 1542, 1551, 1562, 1569, 1572,
1574, 1575, 1578, 1582 et 1600).
Cette collection est à la disposition du
public, dans la salle de travail du dépar-
tement des imprimés de la Bibliothèque
nation, lie. Adrien Ludolphe.
Le véritable Charles 1"(L1V, 554,
603). — Je partage l'avis du D'' Billard.
Charles l^' était loin d'être un avorton.
Mais, d'autre part, les peintres de por-
traits sont loin d'être des Burrhus. Ils ne
savent que trop « farder la vérité ». On a
pu le constater, dans le salon d'art russe
de V Exposition d' Automne^ pour les por-
traits de Paul 1", qui avait, paraît-il, le
masque d'une tète de mort. Doù il résulte
que les effigies des personnages illustres
du temps passé ne sont pas toujours les
représentations exactes de ces mêmes per-
sonnages. Mais les épreuves photogra-
phiques qui devraient être l'expression
sincère de la physionomie, ne sont-elles
pas, elles aussi, bien souvent maquillées ^
Alpha.
La barbe d'Henri IV et la mé-
daille de Mlle Pluche (LIV, 660, 681).
— Il y a environ quinze ans, j'ai vu entre
les mains de M. Thierry de Ville-d'Avray,
sous-intendant militaire à Mâcon, un
masque en plâtre du roi Henri IV, dans
lequel était pris un poil blanc de la mous-
tache. BiBL. Mac.
Louis XVI et lafranc-noaçonne-
rie (LIV, 445, 507, 624, 71 1).— Je trou-
ve dans les mémoires du comte de Roche-
chouart, édités chez Plon-Nourrit en 1889,
page 200, un trait analogue à celui rap-
pelé par notre collègue \< Quidonc >>.
C'est une nouvelle preuve de ce qu'était
déjà la diffusion de la franc-maçonnerie,
au commencement du siècle dernier, aussi
bien en France qu'en Russie.
Le comte de Rochechouart, aide de
camp de l'Empereur Alexandre, faisait
alors partie de l'état-major du comte de
Langeron, qui poursuivait les troupes de
Napoléon sur la route de Vilna, après le
désastreux passage de la Bérézina,
Voici ce quil raconte :
790
En traversant cette malheureuse ville
d'Oschmiana, nous vîmes une centaine d'of-
ficiers prisonniers entassés dans la geôle de
l'endroit, derrière les fenêtres garnies de
barres de fer; ces malheureux étaient en
manchesdechemi^e, ayant été dépouillés par
les Cosaques de leurs habits, pantalons, etc.,
ils demandaient à manger et du feu, et joi-
gnaient de grands gestes à leurs ciis déchi-
rants. Des spectacles aussi tristes se renou-
velaient à chaque pas ; je fus donc bien sur-
pris de voir nos camarades s'approcher, leur
faire distribuer le reste de nos provisions et
quelques vêtements, puis se rendre chez le
Starotz, nom slave donné au maire en chef
du district. Ils exigèrent qu'on chauffât le
poêle de leur prison ; enfin ils laissèrent de
l'argent pour qu'on leur achetât des vête-
ments, du pain et de la viande, menaçant
d'une punition sévère, si l'onn'avaitpas égard
à leurs ordres. Je demandai à Wlodeck le
motif de cet intérêt extraordinaire, il me
répondit ; «Ce sont des francs-maçons; ils
nous ont fait le signe de détresse; étant
francs-maçons nous-mêmes, nous avons dû
secourir nos frères, puisque nous le pou-
vions. »
La solidarité entre francs-maçons est
donc bien étroite, puisqu'elle leur fait un
devoir de secourir leurs frères, fussent-ils
les ennemis de leur patrie.
Va-t-elle, cependant, aussi loin que la
charité chrétienne, qui oblige tout chré-
tien non seulement à aimer et à secourir
son prochain^ mais à pardonner encore à
son ennemi personnel^ à l'assister au
besoin ? A. B, L.
Les gendarmes de la garde du
roy (LIV, 667). — Ce fut peu de temps
après l'avènement de Louis XIll que la
compagnie des gendarmes créée par
Henri IV, en qualité de compagnie d'or-
donnance pour le Dauphin, fut érigée en
compagnie de la garde du roi. Les deux
cents hommes d'armes qui constituaient
cette compagnie, portaient le titre d'écuyer,
et jouissaient des privilèges de commen-
saux de la maison du roi. L'uniforme
était de drap écarlate chargé d'agréments
et galons d'or sur toutes les coutures,
sans mélange d'argent. En 17 15 on y
ajouta des parements de velours noir, qui
avaient fait partie de l'ancien uniforme.
L'histoire détaillée de cette compagnie se
trouve dans VHistoire de la milice fran-
çaise du P. Daniel (t. II, 1. X chap. 11).
E. M.
N" 1131.
L'INTERMÉDIARE
791
792
Louis ^yil. Sa mort au Temple
Poouments nouveaux (T. G., 534,
XUXàUIl;LlV, 17, 62. 115, 569) —
11 faut lire, col. 569 : A objections tou-
jours les mêmes, les arguments « tou-
jours les mêmes » etc.
La phrase suivante a été omise par mé-
garde :
'^< Si l'autorité de la « chose jugée 5» est
un argument, que vient-on encore défen-
dre Louis XVI contre l'accusation d'avoir
été le tyran et l'assassin de son peuple, et
Marie-Antoinette d'avoir été une Messa-
line '... Précisément des hommes de la
couleur politique de M. de Reiset et du
duc de Parme ne devraient pas utiliser
Vipe « preuve » semblabje.
J'ai invité les adversaires de la survie
de Louis XVII à réi)( ndre au cardinal de
La Fare, à Mme de Gontaut, à Mgr Tha-
rin,au général comte delà Rochejaquelein,
tousconvaincusdel'évasion de Louis XVII.
A ces royaUstes fervents, je puis ajouter
les Nicolaï et les Cathelineau.
Le marquis de Nicolaï répondit, en
1833, au secrétaire de Mgr Tharin, évê-
que de Strasbourg : « Monsieur l'abbé, la
famille royale croit aussi fermement que
vous et moi à l'existence de Louis XVII ».
N'oublions pas que la marquise de Nico-
laï fut gouvernante de la sœur du comte
de Chambord.
La comtesse de Kerstrat, petite-fille de
Cathelineau, le célèbre chef vendéen, m'a
dit à moi-même, en présence d'une amie
commune, la comtesse de Courte, née
Riario Sforza, qu'elle a été « élevée »
dans la croyance à l'évasion de LouisXVII.
La réponse du marquis de Nicolaï est
nette et formelle. De tels royalistes au-
raient-ils fait de tels aveux si en effet la
famille royale n'avait pas su elle-même à
quoi s'en tenir .''
Otto Friedrichs.
Pendant l' occupation française à
B»jrlin(1806)(LIV, 719).— Les bonnes
dispositions des Prussiens pour les Fran-
çais existaient encore en 181 2, à la veille
4e la campagne de Russie, ou du moins
les Français le croyaient. Je le vois dans
la lettre suivante, trouvée dans les pa-
piers de ma famille, qui a été écrite par le
maréchal Ney à mon arrière arrière-grand-
père, M Auguip. Pour coiriprendre toute
cette lettre, il est bon de savoir que
M. Auguié était le père de la maréchale
Ney, de Mme Gamot et de Mme de Broc;
que la maréchale portait le prénoin
d'Eglé ; qu'elle venait d'accoucher de son
quatrième fils :
Berlin, le 3 avril 1813.
Je 5uis bien irnpatient, rnon cher Auguié
d'avoir des nouvelles plus rassurantes sur I4
santé de ma bonne Eglé. J'espérais en rece-
voir à Leipzig avant mon départ, maisje vois
que je ne pourrai en espérer qu'à frankfurth
sur l'Oder, où je vais établir mqn quartier
général ; nous sommes ici au rnilieu des
Prussiens qui paraissent en gépéral bien sa-
tisfaits de l'alliance, tous désirent donner des
preuves de zèle et de dévouement pour le
service de l'Empereur — pour cette fois je les
crois sincères et en vérité ils avaient besoin
d'un aussi grand protecteur que l'Empereur,
pour les retirer un peu du sable où ils s'en-
gravaient chaque jour de plus en plus.
Adieu mon cher Auguié mille choses à
Gamot et à sa famille, à Mme Debrocq et un
souvenir pour mes trois grands garçons, j'es-
père que le 4*^ se porte bien.
Ainsi, d'après cette lettre, au début de
1812, les Prussiens sont dévoués à Napo-
léon, et ils ont bien raison, car en les
battant et les dominant, Napoléon leur a
rendu le plus grand service. Harlé.
L'idée de patrie existait-elle
avantlaRévolution(T.G. 385 ; XXXV
àXXXVlII; XLIl;LIV, 116,233,290,347,
455, 508, 565,734). — Dans VAdnuntia-
tio régis qui fait partie des Capitula Pis-
iensia (ordonnances de Pistes, aujourd'hui
Pitres, au confluent de l'Andelle et de
l'Eure avec la Seine), au mois de juillet
869, le roi Charles le Chauve, voulant
réchauffer le zèle de ses sujets contre les
Normands, s'exprime ainsi : « Et volmnus
et juhemus omnes ita sint paiatt^ ni, si no-
bis nécessitas cvenerit^ad defensionem patriœ
cçntia paganos aut contra alias Dei et nos-
tros inimicos... passint venire; » c'est-à-
dire : « Et nous voulons et ordonnons
que tous soient préparés de telle sorte
qu'en cas de nécessité ils puissent concou-
rir à la défense de la patrie contre les
païens ou contre les autres ennemis de
Dieu et de nous-mêmes. » Il est évident
que le mot patria est employé ici dans le
sens que noijs Iqi donnons aujourd'hui en
français.
Voir '• Monnuicnta Germaniœ.Legei: sec-
tion II. Capitiilaria regwn Frifiiconmi,
tome II, page 337.
H. PEJlQyVMENl.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
793
30 Novembre 1900
794 —
victoire de Nortlingen,
Mme de JMotteville, Mémoires. XI, dit
Parlant de la
me de JMottevi
L'émotion que l'amour de la patrie inspire
ms les cœurs se fait toujours sentir en de |
P. B.
da
telles occasions
l'ai remarqué dernièrement, au musée
de Rouen, un superbe cadre Louis XIV,
doré, ancien et encadrant le « Tableau
commémoratif des grands gardes de la
corporation des merciers-drapiers de la
ville de Rouen, provenant de l'ancienne
salle d'assemblée de cette corporation *>.
Ce tableau contient la liste des dignitaires
de la corporation de 1 741 à 1789.
Le cadre que j'ai tout lieu de croire de
l'époque, porte à son fronton cette devise :
Nos imiis Patrice consociavit aiiior. Il sem-
ble que le mot patria peut s'appliquer non
à la ville natale (ce qui serait exprimé
autrement) mais à la France elle-même,
ce qui contribuerait a faire résoudre d'une
façon affirmative la question posée.
MmPFLEUR.
La France et ses limites natu-
relles (LIV, 667). --^ En lisant dans
l'Echo de Paris du 16 novembre 1906, un
article de M. André Mévil, je trouve la
phrase suivante :
Un historien qui s'appelait Jules César a
écrit au commencement de ses Commen-
taires cette phrase qu'on ferait bien de mé-
diter en Allemngne « La Gaule est borriée pgr
le Rhin ».
Tabac,
*
« ^
Jules César avait indiqué le Rhin
comme formant la limite des Gaules vers [
la Germanie. !
encore cà la France, et qu'un siècle d'in-
corporation l'aurait francisé.
Toutefois, il convient de considérer
que le cours d'un fleuve ne saurait cons-
tituer proprement une frontière naturelle,
attendu que les habitants de ses deux
rives et d'une même vallée ont toujours
une communauté d'origine, de race et de
langue.
Si le massif des Alpes sépare les natio-
nalités italienne, française et allemande ;
si la chaîne des Pyrénées trace une limite
si nette entre Français et Espagnols, je
ne vois nulle part qu'un fleuve soit une
démarcation ethnographique entre deux
peuples. Or, il est incontestable que ja-
dis comme de nos jours, la rive gauche
du Rhin est habitée par une population
autochtone purement allemande.
Que la revendication de la rive gauche
du Rhin puisse paraître légitime à notre
patriotisme, j'en conviens, surtout après
que l'Allemagne s'est annexé sans scru-
pule la ville et le pays si français de
Metz ; mais on peut admettre que de nos
jours cette revendication attardée est pé-
ri niée ; car, depuis 181 5, elle n'a été
qu'une prétention déclamatoire, non ap-
puyée par la force capable de la réaliser .
Léon Sylvestre.
Le Nage et lo Maréchal (LIV, 220,
405, 549,626, 686). —M. Alfred Duquet
a tort de contester le mot de Mac-
Mahon : «J'y suis, j'y reste ». }l a bien
été prononcé ; cela ressort d'une lettre
demandée par M. Germain Rapst à lord
Bidduph chef du télégraphe sous-marin
au quartier de Saint-Georges.
C'est à lord Bidduph que la réponse fut
faite. Il avait reçu de lord Raglan, l'auto-
Depuis, et jusqu'aux temps des guerres \ risation de se rendre au quartier général.
de la Révolution et de l'Empire, il n'a
piMS été question de cette prétendue fron-
tière naturelle, par la raison que, durant
cette longue période de l'histoire, il exis-
tait, interposé entre la France et l'Alle-
magne, un Etat considérable, le royaume,
plus tard le duché de Lorraine, Ce ne fut
qu'après l'absorption de l'Alsace et de la
Lorraine qu'il put être question, pour la
France, dé la frontière naturelle du Rhin.
H est vraisemblable que sans l'ambi-
tion démesurée de Napoléon, la rive gau-
che du Rhin, s'il avait voulu s'en conten-
ter, en temps opportun, appartiendrait
11 se plaça à côté de Mac Mahon et con-
templa la lutte. Et alors, c'est lord Bid-
duph qui parle :
Quand j'eus contemplé ce spectacle pen-
dant quelque temps, je m'approchai du gé-
néral Mac Mahon et je lui proposai, après lui
avoir fait connaître que je faisais partie du
quartier général, de me fournir l'occasion de
lui être utile, en allant prévenir le général
en chef anglais de sa situation. Le général
Mac-Mahon, qui était demeuré d'un calme
superbe, répondit à ma demande que tQljt
allait bi.-n. « Vous pouvez dire au général
anglais, ajouta t-il, que fy suis, et que j'y
reslc *
N°
113]
L'INTERMEDIAIRE
795
* *
Il y a plusieurs années, un journal, dont
je ne puis me rappeler le titre, a donné cette
explication : à Saint Cyr, on appelait autre-
fois lencgre le premier desa promotion, par
allusion au nègre qui, avant la Révolution,
était timbalier et allait à cheval, devant
certains régiments. Je pense que le com-
pliment du maréchal se justifie ; les jour-
nalistes ont fait un contre-sens fort singu-
lier. A, Lascombe.
Un incendie violenta Corbeil en
1775 (XLII). — L'auteur de cette ques-
tion pense que j'y peux répondre, c'est
possible, mais dans une faible mesure,
parce que les archives de Corbeil ne con-
tiennent que fort peu de choses sur cet
événement. Cette réponse, je l'avais pré-
parée, puis elle s'est trouvée égarée et je
viens seulement de la retrouver. La voici
et je m'excuse de son retard :
Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1775,
le feu se déclara dins la maison des
frères Leleu, les meuniers des moulins de
Corbeil, qui était contiguë aux dits mou-
lins ; maison et moulins étaient situés à
la porte de Paris, là où est encore aujour-
d'hui une partie des grands moulins de
Corbeil. Les registres municipaux de Cor-
beil, où je puise ces quelques détails, ne
parlent de ce sinistre que pour donner
une longue liste des habitants qui se sont
dévoués pour couper et arrêter l'incendie
et auxquels des gratifications furent ac-
cordées par la ville, gratifications dont le
total s'éleva à 81 livres.
Jean Coq.uatrix.
Le Parc des Princes (LIV; 611,740)
— Du Journal des Débats, 20 nov. 1906 :
Un des « curieux » de V Intermédiaire
demande à être renseigné sur le Parc des
Princes. Tentons de lui donner ici satisfac-
tion. Le nom ancien était Fonds des Princes
ifundus, domaine), parce que Louis XV en
Conit fait un apanage pour les princes de
avait, qui y allaient chasser le lapin . C'é-
tait à l'extrémité méi dionale du bois de
Boulogne, mais dans le périmètre de sa clô-
ture, un canton broussailleux plutôt que
boisé, situé à gauche du grand chemin qui
mène d'Auteuil à Boulogne. Quand, après
bien des variations, l'Etat eut cédé le Bois à
la ville de Paris en 1852, celle-ci continua à
laisser dans l'isolement le Fonds des Princes
sans l'incorporer aux limites de la nouvelle
promenade. La partie la plus voisine des
, 796
fortifications conserva ses maigres taillis
jusqu'à ce que, en 1894, on l'ait heureuse-
ment transformée pour y installer le fleuriste
de la Ville ; le reste fut loti et sillonné de
belles voies (boulevard d'Auteuil, avenue
Victor-Hugo, rue Gutenberg,etc.) que bordent
maintenant de charmantes propriétés, en
pleine verdure. L'opération produisit plus
de deux millions. Les terrains du Fonds des
Princes couvraient une superficie totale de
416,456 mètres Si l'on veut se rendre compte
du tracé que suivait de ce côté la clôture de
l'ancien bois de Boulogne, il suffit de prendre
l'axe de la rue Denfert-Rochereau, de la
porte de Boulogne à la rue de Paris, et l'axe
de cette rue jusqu'à l'Avenue de la Reine.
Cette dernière section de la rue de Paris se
nommait alors rue de la Queue-du-Bois et
l'on y voit encore un fragment, le seul resté
debout, du vieux mur.
Fernand Bournon.
Rabasteins, histoire racontée par
IVI. Lenôtre (LIV, 723). — Moi aussi,
j'ai lu, ^nï^ni, le Dernier des Rabasteins, et
même, en cherchant bien, je le retrouve-
rais peut-être sur quelque rayon. Mais,
de mémoire et sauf erreur, je me permet-
trai une légère rectification à la note de
notre collègue J. W. C'est une famille de
Pracomtad, et non de Praconital, qui fait
l'objet du récit. Je n'ai aucun texte sous
les yeux, mais on connaît la persistance
des premières impressions. Le Dernier des
Rabasteins me fut conté avant même que
j'apprisse à lire; les Pracomtal habitent
dans mon voisinage, et, du plus loin qu'il
me souvienne, j'ai été frappé par l'analo-
gie et cependant par la différence des
deux noms. Praconitad est de fantaisie ;
Rabasteins est historique ; l'aventure pour-
rait bien être imaginaire. Qu'importe ?
Elle a fait la terreur et les délices de toute
la génération des jeunes personnes nées
vers 183^. C'est quelque chose, — et ce
sera beaucoup si M. Lenôtre parvient à
lui refaire une virginité. (Je veux parler
de l'aventure). G. de Fontenay.
*
* ♦
J. W. a parfaitement raison ; l'anecdote
tragique que m'attribuait si généreuse-
ment Sparklett, je l'ai lue, il y a bien des
annéeSjétant enfant, dans un volume qu'on
m'avait donné en prix. Elle m'est restée
dans l'esprit comme une chose terrible-
ment impressionnante ; j'avais le souve-
nir très net que ce drame avait eu pour
théâtre un château du Midi, et je n'ai pas
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1906»
797
798
été peu surpris, en l'entendant conter, il
y a quelques années, comme s'étant passé
dans un château du Nord, Sebourg, Roi-
sin ou l'Ermitage, je ne sais.
Je me joins au collabo J . W. pour expri-
mer le vœu qu'un intermédiairiste du
Midi — ou du Nord — dégage ce qu'il y
a de vrai dans l'aventure.
G. Lenotre.
Familles à origine illustre très
ancienne (LUI ; LIV, 78, 123, 293, 408,
463,521.628). — M.Alfred Duquet informe
qu'il a fait le voyage d'Irlande en 1871,
en compagnie du vicomte O'Neill de Ty-
rone. À cette époque, une commission
française avait été nommée pour aller
en Irlande remercier les irlandais de leur
généreuse et sympatique initiative en
faveur de la Croix-Rouge française, lors
de la guerre franco-prussienne. M. O'Neill
de Tyrone était en effet le représentant
d'une des branches de cette famille prin-
cière, souveraine en Irlande jusqu'au
xvii^ siècle. Il représentait toutefois une
branche cadette. Sa famille est éteinte au-
jourd'hui dans les mâles, et l'on peut s'en
rendre compte en consultant l'excellent
Annuaire de la Noblesse de France, de
M. le vicomte Révérend, publication
qui a déjà atteint sa 64' année, et qui
contient un article sur cette maison, dans
son chapitre sur les maisons princières
et ducales d'Europe. On peut constater
dans ce livre ainsi que
annuaire anglais de la
Peerage) que cette famille
aujourd'hui dans la ligne
dans le grand
Pairie (Burke's
est représentée
mâle aînée par
les O'Neill du Portugal. J. Sallatty,
Adoption : la question du nom
(LIV, 164, 239, 350, 406, 464, 577). -
Colonne 578, au lieu de: Le marquis Dalon
obtint, le 16 octobre 1867, des titres paten-
tés ; lire: des lettres patentes. P. M.
Famille d'Aoust (LIV, 5 56,689, 741).
— En 1849, on rencontrait assez souvent,
en ville, à Arras, un vieillard qu'il était
difficile de ne pas remarquer, parce qu'il
portait culotte courte et catogan. Il était
connu sous le nom de marquis d'Aoust.
Si mes souvenirs sont exacts, il est décédé
à Arras et son acte de décès pourrait
fournir quelques renseignements à l'auteur
de la question, L. Depal.
Le pi'ésident Bochart de Saron
(LIV, 668). — D'après les Notes de l'état-
civil de Paris, par le comte de Chastellux
(p. 70) il eut au moins trois filles (dont
l'une alliée dans la famille de Menou), et
deux enfants, Tun décédé en bas âge,
l'autre, Auguste-Jean -Gaspard, né le
6 avril 1776, et dont j'ignore le sort.
Magny [Nobiliaire de Normandie, II*
partie, p. 235) dit qu'il était père du
marquis de Champigny, comparu à l'as-
semblée de la noblesse du baillage d'E-
vreux, en 1789. Le petit-fils de ce der-
nier, Jean Bochard, marquis de Champi-
gny (au château de Normanville, par
Evreux, Eure), épousa, le 5 juin 1843,
Louise-Victorine-Laure de Jaham de Cour-
cilly, dont un fils unique, Marie-Boniface-
Michel-Victor-Thibault Bochart, comte
de Champigny, lieutenant de mobiles, né
le 6 juin 1846, mort le 12 janvier 1871,
au château de Normanville, à cause des
blessures qu'il avait reçues dans un com-
bat. (Voir aussi : Etat présent de la No-
blesse. Bachelin-Defiorenne, 1884, col.
743)
Si le marquis de Champigny, convoque
aux assemblées de 1789, était en réalité
issu du mariage de Bochart-Daguesseau
(qui datait de 1762), je ne crois pas qu'il
faut l'identifier avec Auguste-jean-Gaspard
qui n'avait que treize ans en 1789, mais
qu'il s'agit d'un fils né dès les premières
années du mariage.
G. P. Le Lieurd'Avost.
Bâtons des maréchaux de Cas-
tellane et Bosquet (LIV, 503, 689).—-
Le bâton du maréchal Bosquet a été donné
par les héritiers, et à l'instigation du gé-
néral Fa}', au musée de Pau ; celui du
maréchal de Castellane est au comte Bon
de Castellane.
D'après Germain Bapst, le maréchal de
Castellane avait fait faire pour lui un
petit bâton qu'il a légué au maréchal Can-
robert. Madame de Navailles possède ce
dernier bâton. Fo.
Chassebras de Cramailles (LIV,
556, 743). — Chassebras possédait une
riche collection de curiosités d'Italie et du
Levant, d'estampes, de monnaies (etc.);
il était propriétaire d'un immeuble, rue
du Cimetière Saint-André ; c'est le n<' 1 1
actuel de la rue Suger.
N' H31
L'INTERMÉDIAIRE
799
800
(Voir Henri Vial : Monographie de la
rue Suger.)
)^e chevalier de la Cressonnièra
(LIV, 669). — M. de Pas a publié, l'an
dernier, une étude sur les ex-libris gravés
par Pierre Merlot, à Saint- Orner (17 13-
1782). Parmi ceux-ci, il signale celui de
]ean-Baptiste-Joseph d'Amplernan, dit le
chevalier de la Cressonnière, qui habitait
les environs d'Ardres en Calaisis.
On trouvera la reproduction de cet ex-
libris dans les Archives des collectionneurs
d ex-libris, n° 11, nov. ipo^ avec des notes 1
très intéressantes sur le personnage en *
question. S y
* *
Il a existé en Normandie une famille
Le Sec de la Cressonière. Colin Le Sec,
reconnu noble, en 1463, par Monfault,
commissaire du roi en Normandie, était
fils de Robert Le Sec, seigneur de la Cres-
sonière, etc. Détails empruntés aux Preu-
ves pour servir à Vhistoire de la maison de
Touchet (Normandie et Angleterre), que
je viens de publier.
Th. Courtaux.
Descendance du duc de Dant-
zig (LIV, 447, 579, 690). — C. de la
Benotte pourrait peut-être trouver quel-
ques renseignements utiles dans le Carnet
de là Sahretache^ année 1901, pages $52
et Suivantes.
Une Sabretache.
Le marquis Dalon (LIV, 612). —
La faniille Dalort (et non Dalou)d'origine
bourgeoise, anoblie par les charges parle-
mentaires, s'est répandue en Bordelais et
en Béarri.
Elle compte Un pretnier président
(1703), deux avocats généraux et trois
conseillers âu parlement de Bordeaux fet
deux premiers présidents au parlement de
Navarre :
I. Loys Dalon, procuieur nu parlement de
Bordeaux, épousa Isabeau de Redon dont :
II. Barthélémy Dalon, jurât de Bordeaux,
marié le 10 janvier 1617, à M. de Lavialie,
dont : i» Raimond qui suit ; 2" Jeah-Barthé-
leni}', marié, le as juin 1672, à Adrienne de
Guillemotte.
ÎIl . Raimond Dalon, mort le 23 avril 1 701 ,
avocat général au parlement de Bordeaux, le
6 juin 1664, et premier président au parle-
ment de Navarre le 3 juin 1685, épousa Ca-
therine du Ribau, dont cinq enfants : 1° Ro
main qui suit ; 2'' Raymond, conseiller au-
parlement, abbé de Saint-Pé ; 50 Raymond-
Barthélémy, né en 1676^ colonel, et deux
filles.
IV. Romain Dalon, né -à Bordeaux le
21 septembte 1664, avocat général au parle-
ment de Bordeaux, le 8 octobre 1689, pre-
mier président au parlement de Navarre, en
remplacement de son père, le 22 juin 1701,
et premier président au parlement de Bor-
deaux le 10 juin 1703, démissionnaire en
1713. Marié : 1° le 31 juillet 1696, àMarie-
An'ne du Val de Tercis ; 2" le 24 juin 1701,
à jearitië-Mâdeleine Choart de Banville,
dont au moins: 1® Raymond qui suit;
2° Jeanne-Madeleine, mariée à François-Pau-
lin de Raymond de Lancre.
V. Raymond Dalon, chevalier, dit le mar-
quis Dalon, comte, de Benauges, conseiller
au parlement de Bordeaux, épousa, le ix sep-
tembre 1736, Jacquette du Mirât, dont :
1° Romain, qui suit ; 2° N. Dalon ; 3'^ Made-
leine-Emilie, rhariée le 13 janvier 1763, K Jo-
seph du Val de la Graige.
VI. Romain^ marquis Dalon, conseiller au
parlement en 1760, épousa Henriette-Fran-
çoise de Rolland, dont :
VII. Jacques-Joseph-Guillaume, marquis
Dalon, maître des requêtes au Conseil d'Etat,
marié, à Paris, le 4 septembre 1822, à Marie-
Daly de Peyrdnnet, morte le 28 mai 1829,
fille du ministre de Charles X. Il était préfet
du Cher en 1825.
Armes : d'or, à deux cœurs viiidés et
entrelaces de gueules^ anchcf d''a{ur^ chargé
de deux étoiles d'or.
Pierre Mellër.
Le général Diivigneau (LUI ; LIV,
127, 190, 297, 402, 691), — A propos
du général qui fut « garde du coi-ps », j'ai
entendu dire dans la famille Duvigneau
habitant actuellement le Périgord (Cf.
articles précédents) qu'il était de tradition
qu'un de leurs parents avait été garde du
corps.
Je dois aussi ajouter un nouveau ren-
seignement. Une branche de la famille
avait acquis dans la juridiction d'Aiguil-
lori, la terre noble du Verger Plusieurs
dé ses membres furent dans l'armée.
1° Un Duvigneau reçut, en 1728, une
Commission de lieutenant dans une com-
pagnie d'Invalides. C'était très certaine-
ment une retraite.
2° Son fils fut major au régiment de la
Morliére, puis lieutenant colonel du corps
des volontaires de HainautJl était cheva-
lier dé Saint-Louis.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
}0 Novembre I9®Ô,
801
802
3° Son fils, Jean- François, entra à
l'école de Mézières, d'où il sortit , en
1791, ingénieur militaire. Retraité en
1810, comme chef de bataillon ; chevalier
de Saint-Louis et de la Légion d'hon-
neur, il mourut en 1812. Il était de tradi-
tion dans sa famille qu'il était lié d'ami-
tié avec Carnot.
La terre de Galapian devait être dans
l'Agenais, Le 3 avril 1721, Pierre-Moïse
Balguerie, bourgeois de Bordeaux, afferme
à messire Claude Pellot, chevalier, baron
de Galapian, la dite terre de Galapian
pour la somme de 80D0 livres (Minutes
de Barennes, notaire à Agenj. Il n'y a donc
pas erreur dans l'acte de naissance.
Baron de Pelleport.
Projet de mariage dô Grambetta
(L ; Ll). — Mme Léonie Léon, morte à
Auteuil, rue Lafontaine, a été enterrée à
Montpariiasse, vendredi 16 novembre
dernier. Ses obsèques ont été aussi dis-
crètes que sa vie. Elle à succombé à line
opél-ation pratiquée par le docteur Lanne-
longue, qui avait également donné ses
soins à Gâmbetta auxjardies. Très pieuse,
elle avait appelé à son chevet le Père Jan-
vier.
D'après M. Joseph Reinach, Gambettâ
avait aperçu pour la première fois, Mme
Léonie Léon, dans une tribune du Corps
Législatif, en 1870 : il fut frappé par sa
beauté, et l'ah d'après, en octobre 1871,
étant député à Versailles, il l'aperçut à
nouveau, dans une tribune et lui fit tenir
un billet auquel elle ne répondit pas.
Mais quelques jours après, au cours d'une
visite chez la mère d'uh de ses amis, il
se rencontra avec son inconnue, et lui fut
présenté. Une liaison allait commencer,
qui ne devait finir qu'à la mort de Gâm-
betta.
Le projet de mariage de Gâmbetta avec
Mme Léonie Léon est avoué aujourd'hui,
par les amis du tribun.
Dès le début de sa liaison, dit encore
M. Reinach, Gâmbetta voulut épouser
Mme Léon : il lui donna presque tout de
suite une bague portant cette devise :
Hof< cet nnuél, point nest cf amour, mais
Mme Léonie Léon se refusa constamment
à accéder à ce désir
Cependant, vers 1882, elle céda à ses
instahces.
Le 19 novembre 1882, Gâmbetta écri-
vait à Mme Léon :
Ah ! que j'ai d'impatience d'en finir avec
cette vie hachée, dépensée à courir l'un après
l'autre. Il faut terminer un supplice qui est
d'autant plus intolérable que nous sommes
seuls maîtres de tie pas Ife subir. Je me con-
sole en songeant que nous touchons au ter-
me et que bientôt nous ne nous quitt«rons
plus. Je t'embrasse comme je t'aime, à l'iil-
fini.
Gâmbetta blessé à la main et à l'avant-
bras par la balle du revolver qu'il maniait
imprudemment, dut s'aliter. Cette bles-
sure fut la cause déterminante de la ma-
ladie intestinale dont il mourut. Mm»
Léonie Léon resta à son chevet. Peu
d'amis l'y purent cependant rencontrer :
elle se retirait à chaque visite.
Toutefois, le jour de la mort, elle veilla
le corps jusqu'à deux heures du matin. A
ce moment, on annonça Mme Lèris,sœur
de Gâmbetta : elle sortit et ne revint
plue.
MM . Scheurer-Ketsner,Guichard, Ruyz,
Etienne et Reinach lui constituèrent la
pension dont elle vécut. Elle ne resta pas
en relation avec l'entourage de Gâmbetta :
ses idées religieuses l'avaient rapprochée
du monde du Vatican.
Elle avait un neveu dont elle surveillait
l'éducation.
Le jour de la mort de Mme Léonie Léon,
Mme Léris-Gflmbetta a fait publier cet
avis :
Mme Léris-Gambetta, sœur et unique héri-
tière de Léon Gâmbetta, nous prie de décla-
rer que, conformément à son droit, elle a
l'intention formelle de s'opposer à toute, pu-
blication des lettres de son frère qui serait
faite sans son autorisation.
Cette note est une précaution prise
contre toute publication possible des
lettres que Mme Léon avait reçues de
Gâmbetta pendant dix ans, de 187^ à
1882. Conme ils vivaient chacun de son
côté, il lui écrivait tous les jours, même
les jours où ils s'étaient vus. M. Reinach
dit de cette correspondance : «< Ce sera
un des monuments politiques et littéraires
les plus extraordinaires du xix« siècle.
Dans ses lettres, Gâmbetta s'exprime
avec une franchise absolue sur tous les
événements et sur tous ses contempo-
rains... C'est toute l'histoite politique de
la troisième République, de 1873 à 1882^
N» 1131,
L'INTERMEDIAIRE
803
804
et une partie de l'histoire diplomatique de
l'Europe à la même époque. »
On paraît vouloir faire de cette corres-
pondance une édition mitigée. 11 serait
peut-être mieux de n'en rien publier du
tout momentanément et de la réserver
pour un temps où elle pourra être mise à
jour en toute liberté.
Que n'irait-elle rejoindre, à la Biblio-
thèque nationale, ces correspondances
intimes, historiques ,sur lesquelles les hé-
ritiers mettent une réserve de dix, quinze
ou vingt ans ?
«
* ¥
M. Gaston Calmette, directeur du Fi-
garo, a reçu la lettre suivante du com-
mandant JouinotGambetta à propos de la
mort de Mme Léon :
Cahots, 20 novembre.
Mon cher Calmette,
Je viens de lire l'article du Figaro Intitulé
<( l'Amie de Gambetta ». Permettez-moi
d'avoir recours à votre coutumière obligeance
pour m'aider à réparer l'oubli involontaire
qu'il contient.
Avant que les amis de Gambetta se réunis-
sent pour aider Mme Léonie Léon, Mme Lé-
ris-Gambetta avait prié, dès la mort de son
frère, son mari d'offrir à celle qui restait
sans ressources une rente viagère.
Le capital seul lui fut versé par les soins
de M* Huillier, notre notaire, chargé de la li-
quidation de la succession de mon oncle. Je
possède le reçu de cette somme.
J'ajoute que de loin, très discrètement, la
famille de Gambetta ne manqua jamais de
suivre Mme Léonie Léon dans les différentes
étapes de la vie cachée qu'elle avait désirée
et qu'elle seule s'était faite.
Avec mes sentiments les plus cordiaux,
agréez,
ments.
mon cher ami, tous mes remercie-
Commandant Jouinot-Gambetta.
De Leusse : le nom et la terre
(L1V,726). — Notre confrère devrait de-
mander à Tun des nombreux représen-
tants de cette famille ce qu'il désire con-
naître.
ht^Tout Paris lui donnera le nom de
ses divers représentants : il n'aura que
l'embarras du choix.
Un rat de BlBLIOTHÈaUE.
[Par complaisance pour des recher-
ches personnelles, nous posons sou-
vent, en généalogie, des questions que
nous préférerions éluder, tant leur solu-
tion nous apparaît là où on omet de la
chercher tout d'abord. On nous dira que
rien ne nous serait plus facile que d'orien-
ter l'interrogation sur la bonne voie ; à quoi
nous répondrons que, sauf pour les tra-
vaux présentant un caractère nettement
historique, nous nous abstenons de toute
immixtion personnelle dans ces recher-
ches]. L' Intermédiaire.
*
» *
La famille de Leusse est d'origine ita-
lienne, mais établie en Dauphiné de-
puis la fm du xin" siècle ou le com-
mencement du xiv®. On peut consul-
ter sur sa généalogie, Lachenaye-Desbois,
Dictionnaire de la Noblesse, t. X, p. 586,
et Ernest Lehr, Y Alsace noble, t. II, p. 311.
L'une des branches de la famille de Leusse
possède depuis près d'un demi siècle le
château de Reichshofen, en Alsace, par
suite du mariage du comte Paul de Leusse
avec Mlle de Bussierre en 1856.
Paul.
Lenepveu et « Jeanne d'Arc »
(LIV, 728). — Je puis compléter la ré-
ponse de IVl. A. Pougin. L'œuvre de Mes-
sieurs Lenepveu et Allard (deux rouennais)
a été écrite à la demande de l'archevêque
de Rouen, pour l'anniversaire du supplice
de Jeanne d'Arc dans cette ville. La pre-
mière audition a eu lieu le i*"' juin 1886,
dans la cathédrale de Rouen, avec le con-
cours de plus de six cents exécutants, y
compris l'orchestredelOpéra. Depuis, d'au-
tres auditions en ont été faites à Bordeaux,
Caen, le Havre, Douai et Dijon.
C'est sur le Grand Théâtre de cette der-
nière ville que, le mardi 9 février 1892,
Jeanne d'Arc fut représentée. M. Ch.
Lenepveu dirigeait lui-même l'orchestre.
M. M.
Famille de Lorme (LIV, 558, 694,
749). — y^aw de Lorme tX Jean-Baptiste Del-
lorme sont un seul et même personnage. 11
ne faut pas s'en rapporter à l'orthographe
de ce nom de famille pour les différencier
l'un de l'autre : elle varie d'un acte à
l'autre. J'ai en mains copie des lettres de
noblesse du 21 novembre 1778 dt Jean-
Baptiste de l'Horme (sic), fils de Joseph de
l'Horme {sic), et aussi l'extrait des Regis-
tres du Conseil souverain de la Martini-
nique, concernant Tenregistrement, le
1^' mars 1779, des lettres de noblesse
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
805
30
806
Novembre 1906
accordées à Jean Delhorme (sic) le 2 1 no-
vembre 1778. Dans les actes et pièces de
famille, Jean-Baptiste de l'Horme est fré-
quemment appelé simplement Jean de
i'Horme. Baron A. H.
Mandrin (T. G., 554; LI; LU; LUI;
LIV, 412, 635). — 1° Au Congrès
de Chambéry, en 1890, communication
de M. le chanoine Ducis : Les Mandrin en
Savoie^ Chambéry, in-8°.
2° Trois cotes aux Archives départe-
mentales, à Annecy :
E. 1008. — Exploits d'une bande de
Mandrins à Megève, 1760- 1762.
E. 97. —
a) L'avoyei- de Berne au sujet de la bande
de Claude Mandrin ;
b) Vol chez M" Rendu notaire par la bande
des î>Iandrins - cachet en cire d'Anthoine
Mandrin, 1759, P'èce i et 2 ;
c) Signalement de Mandrin, pièce 3 ;
d) Enquête sur le vol Burlot, pièce 4.
E. 443 — Famille Mandrin d'Annecy,
1551, sq.
3° Dans la vallée du Guiers, où la lé-
gende de Mandrin est restée si vivace, les
Archives communales, Minutaires, Char-
tiers de famille, Secrétariats des sociétés
savantes pourraient être consultés utile-
ment, aux Echelles, aux deux Pont-de-
Beauvoisin, aux Abrets, à Aoste, à Saint-
Genix-sur-Guiers, où la tour dite de
Mandrin se profile encore à l'horizon, à
Morestel,à Saint-Jean d'Avelanac, au châ-
teau, à la paroisse, etc. — de visu, de
préférence.
4° Ensemble l'histoire et la
locales :
Louis Mandrin, par l'abbé Re'gley, Cham-
béry, Gorrin, édit., I755,in-i2;
Louis Mandrin, par Joseph Terrier de Clé-
ron. Besançon (?) i755,in-i2.
La Madrinade ou histoire curieuse et re-
marquable de Louis Mandrin, àSaint-Geoirs,
1735, in-12 ;
avec la bibliographie générale portée à
l'Inventaire ou au Répertoire. F.-D.
Jeanne viénestrier (LUI , LIV, 417,
524, 750). — Un des derniers catalogues
de Mme Charavay . contenait n» 261,
une lettre autographe de Minette (Marie
Ménestrier. dite) Cette lettre, datée du
31 décembre 1821 , était adressée à
M. Deville. Est ce par erreur que l'actrice
est ici appelée Marie ? E. Grave.
légende
Nous pouvons compléter la descen-
dance de la spirituelle actrice du Vaude-
ville.
Anna-Adèle Moïana s'appelait Emma-
Adèle. Née le 9 mai 1832, elle tut dé-
clarée fille d'Emmanuel-Antoine, âgé de
31 ans, négociant, rue du Mail, n'> 32, et
adoptée seulement en i8bi, après,
croyons-nous, la régularisation du ma-
riage de son père et de Adèle Potier, dé-
cédée le 10 avril 1861.
Adèle Potier, femme Moïana, née le
19 messidor an II, (7 juillet 1794) avait
épousé — 10 janvier 181 3 — Siméon-
Narcisse Dandeville, artiste peintre, dont
au moins un fils, Edouard-Siméon-Nar-
cisse, né le 27 mai 18 17 et décédé le 24
décembre 1860.
Emmanuel-Antoine Moïana, riche négo-
ciant en diamants, rue Le Peletier n" 4,
est né à Champlain (Seine-et-OiseJ le 3
prairial an 7 — 22 mai 1799 — de Pascal
Moïana, vivant de son revenu en la com-
mune, âgé de 56 ans, et de Anna Lam-
bert, 32 ans, Emmanuel-Antoine est mort
le 28 décembre 1876, chevalier de la Lé-
gion d'honneur depuis le 27 juillet 1850.
Margueritte (Louis-Emmanuel-Frédé-
ric) fils de Louis-Joseph Frédéric et d'Em-
ma-Adèle Moïana, est né à Paris, le 8 oc-
tobre i8s5. Engagé volontaire le 27 sep-
tembre 1874, sous-lieutenant au 5^ spahis
le 16 mai 1881, il épousa (18 avril 1883)
Marie Mocquart, fille de Constant-Amédée,
notaire honoraire, ancien notaire de Na-
poléon III, et de Jeanne-Louise Montagut.
L'ancien notaire était frère de Jean-Fran-
çois-Constant Mocquart, ancien secrétaire
particulier de Napoléon III. sénateur de
l'Empire le 27 mai 1863.
Démissionnaire le 3 juin 1884, Margue-
ritte fut nommé officier territorial de ca-
valerie. Il est mort le 19 juillet 1896,
laissant progéniture, croyons-nous.
Segro.
Famille de Montmorency (LIV,
109, 192). — J'ai lu dans le journal la
Vérité^dw 9 novembre, que M. le docteur
des Watines venait de célébrer ses noces
d"or à Passy.
Monsieur le curé, dans le discours qu'il
adressa aux vénérés jubilaires, salua et
reconnut en M. des Watines « un vrai
Montmorency, descendant direct et légi-
N» it)i.
L'INTERMÉDIAIRE
807
808
time, à la neuvième génération, de Louis
de Montmorency, vivant en 1462 ».
M. le docteur des Watines appartient-
il aux Montmorency d'Irlande ? ou se
rattache-t-il à un rameau français peu
connu jusqu'ici ? Marquis A. B. L.
Descendance de Mademoiselle
de Nerciat (LIV, 669). — J'ai assisté
aux premiers succès artistiques de made-
moiselle Eugénie Froidure, il y a une
quinzaine d'années, alors que j'étais secré-
taire général de la Société artistique et
littéraire de l'Ouest. Depuis, la jeune et
sympathique artisteestdevenue Mme Faux.
Elle signe Faux-Froidi&e des œuvres qui
lui ont acquis une enviable situation parmi
les femmes-peintres de notre époque.
Si je ne me trompe, M. FaUx-Froidure
est originaire du Mans et habite à Paris,
dans le 17^ arrondissement. H. B. D.
Paris de la Montagne (LIV, 669,
752). — Claude Paris de la Montagne, sei-
gneur de Treffonds, Serpaize, lUins, Moi-
rans,SurieUi etc., secrétaire du roi, tréso-
rier général de l'armée de Flandre, receveur
général des finances, était l'un des frères
Paris, les célèbres financiers du xvii^ siècle.
Il était fils de Jean PâHs, dit la Masse,
bourgeois et maire perpétuel de Moirans,
et de Justine Trenonay la Montagne, et il
était né le 7 août 1670. Il est l'auteur de
la famille Paris d'illins qui vient de s'é-
teindre daris les familles Gosset, de Gues-
tiers, et le Grand de Cloizeaux.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
* *
Jean Paris, dit La Masse, bourgeois,
maire et hôtelier de Moirans en Dauphiné,
à l'enseigne de La Montagne, dont le
second de ses fils garda le nom, épousa
Justine Trénoiliay et en eut les quatre
frères Paris qui prirent une grande part à
l'administration des finances à la fin du
règne de Louis XIV et sous celui de
Louis XV. Le second de ces quatre frères,
Claude Paris, dit Là Montagne, sieur de
Moirans et de Treffonds ou Trois-Fon-
taines, trésorier de l'armée de Flandre, né
le 7 août 1670, mort vers 174^, épousa,
par contrat du 14 janvier 1708, Marie-
Elisabeth-Jemne de la Rciche dont il eut :
i" Claude-Geoffroy Paris, mort jeune ;
2^ Anne-Emilie-}ustine Paris de la Mon-
tagne, qui épousa, le 18 marâ 1734,
Maxilnilién-Jean de Choiseul, colonel du
régiment de son nom, marquis de Meuse,
j'emprunte ces détails à une généalogie
manuscrite de la famille Paris, que j'ai
dressée. Th. Courtaux.
Un marquis delà Pailleterie (LIV,
449. 526, 585, 638, 694, 791). — Je fe-
mercie leâ différents coUaborateUrà qiii
ont répondu à ma question au sujet du
père du général Dumas. Le collaborateut-
qui signe E. M. pourrait-il me dire où se
trouve la terre de la Pailleterie ? A titre dé
renseignements, voici les noms deS mem-
bres de cette famille que je trouve dans
les registres paroissiaux de l'église Sainte-
Marie-Madeleine de Montargis :
1° Marie-Anne-Charlotte-Achille Davy de
la Pailleterie, femme de Louis-Léon-Eugène
comte de Maulde, marquis de la Bussière,
colonel du régiment de Forez, citée en 1768-
1769, d'où ;
a) Charlotte-Eugénie-Félicité, marraine à
J^Iontargis le 13 juin 1769.
b) Marie Tuffé, femme de *** Davy, mar-
quis de la Pailleterie, assiste à un mariage à
Montargis le 20 juin 1768.
3* Louis-François-Thérèse Davy, chevalier
de la Pailleterie, chevalier de Saint Louis,
colonel au corps roial et commandant l'artil-
lerie à Dieppe et dépendances, frère de la
comtesse de Maulde, parrain de son neVeu
Léon-Adélaide-Louis, le 29 août 1769.
C. N.
* *
Je me perds tout à fait dans les déposi-
tions diverses recueillies par V Intermédiaire
sur les Dumas-Davy-de-la Pailleterie.
La Normandie aurait-elle produit une
race noire ou est-ce ma vétusté qu'atteint
la berlue quand je vois encore, chez lui,
(alors rue Bleue) Alexandre Dumas le père,
me montrant un grand portrait du père,
peint en pied, costume de général '— et
parfaitement nègre, comme mon grahd
ami était mulâtre, — portrait qu'il mè
pria de lui photographier et dont j'ai là
encore une épreuve à votre disposition.
N...R.
Famille de Piles (LIV, 66c(). — Il
y a eu aussi une autre famille qui a pos-
sédé une seigneurie du norh de Piles,
celle de Clettnont, établie dès le xv^ siècle
à Bergerac, et éteinte, vers la fin dll
xvn« siècle, dans la famille de Durfort de
Boissières.
Une bf-anche de la famille de Gironde,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1909
809
810
possédait une seigneurie de Pilles^ dont
elle portait encore le nom au commence-
ment du xix" siècle.
A ajouter enfin la famille à' Andrée de Re-
noard qui a porté le titre, dès le commence-
ment du xviii'^ siècle, de baron de Pilles.
Potier de Coure)' {Contimuition du P.
Anselme \ Art. Faudoas) cite Jacqueline de
Pilles alliée , vers i 500 , avec Arnaud
Raffm, seigneur de Péricard, mais il n'en
donne pas les armoiries. Peut-être faut-il
l'identifier avec Françoise de Sales de la
Pile, qui épousa, le 24 mai 1 502, Armand
de Raffin (Fleury-Vindry : Dictionnairede
l'Etat major français au xvi* siècle^ p. 277).
G. P. Le Lieur d'Avost.
*
Ludovic ou Loîiis de Fortia de Piles., ba-
ron de Baumes était le 5"^* enfant de Paul
de Fortia (1559-1621), lequel était chef de
la branche des Fortia de Piles, barons de
Baumes, seigneurs de Piles, d'Aubers et
de Costechaude, au Comtat Venaissin,
puis seigneurs de Sainte- Galle, à Carpen-
tràs et à Marseille. 11 fut premier capi-
taine, commandant un bataillon du régi-
mens de la marine. Après plusieurs cam-
pagnes, il quitta le service de terre et
passa dans celui des galères, dont il com-
manda une escadre au siège de Roses. Il
se trouva parmi les volontaires au siège
de Pol"to-Longone, où ayant repoussé les
ennemis jusque dans leurs retranche-
ments,il fut emporté d'un coup de canon.
La généalogie des de Fortia se trouve
dans Saint-Allais, Nobiliaire universel, ix,
273, et XVI, 1. La branche rf<? Piles s'est
éteinte eh la personne de Gabrielle-Phi-
lippine de Fortia de Piles, morte à Mar-
seille le 18 mai 1867, laquelle ne laissa de
son mariage avec Jean- François Folt:^,
colonel d'artillerie, que deux filles mariées,
l'une à M. C/;a?;25/e/, l'autre au général C/;i7r-
les de V H or nie.
Je puis donner a M. le comte de Va-
raize la descendance de la branche de Piles
depuis Alphonse-Toussaint de Fortia de
Piles^ gouverneur de Marseille, dernier
de ce nom cité par Saint-Allais.
Saint-Allais ne mentionne pas Roger de
Piles, Baron A. H.
s^Q
comte J àr-Renatid C-tU
Fubbi (LIV, 725). — On peut facile-
ment trouver des documents sur le conite
G. R. Carli Rubbi.
I» Dans la Biographie universelle., par
Michaud, tome 6, p. 683, 2* col.
Il" Dans la Nouvelle Biographie Géiié-
rale., publiée par Firmin Didot, frères,
sous la direction du D'' Hoefert en 1855,
tome 8, page 742,
111° Dans le Dictionnaire de V Economie
politique de Ch. Coquelin et Guillaumin,
tome P'", p. 289 (édité en 1873).
IV° Dans Y Flogio storico di Gian-Rinal-
do Carli par Rossi.
Vo dans la Biografia degli Italiani
illustri par Tipaldo
On trouve aussi quelques renseigne-
ments sur ce grand économiste dans
Adi'lung., supplément àjocher, AUgem,
Gelehrsen Lexicon et Sax Anomasti-
con VII. A. Chèsnièr du CheSne.
Famille de Tascher (LUI ; LIV, 86,
196). — Extraits des registres de la pa-
roisse d'Avezé (Sarthe) :
1732, 21 juin. — i^Iariage d'Adrien-Nico-
las du Bosc, chevalier, sieur d'Epinay, fils
de Claude du Bosc, sieur d'Epinay, Marchain-
ville et autres lieux, et de dame Jeanne de la
Vove, avec demoiselle Louise Cornélie de
Tascher, fille de feu Samuel de Tascher, che-
valier, sieur de Pouvray, et de dame Suzanne
de Cosne.
1753, 27 juillet. — Mariage de Pieire-
François-Alexandre de Tascher, chevalier,
sieur de la Salle et autres lieux, lieutenant
des maréchaux de France et juge du point
d'honneur au pays chartrain, avec demoiselle
Marie-Henriette-Philiberte de Turin, fille de
Cyprien de Turin, marquis de Ceton, sei-
gneur de Glée, et de Marie-Charlotte de
Bonvoust.
1754, 17 août. — Baptême de Louis-
François-Philibert de Tascher, fils des précé-
dents.
1782, 9 juillet. — Inhumation de Louis de
Tascher, ancien curé à Avezé, né au château
de Pouvray, en 1699.
Pierre Thuin, évêque conçtitu-
tionuBel(LIV, 670). — Voir sur lui : 1°
Chronique des èvêques de MeâuX, par Mgr
Allou, évêque de Meaux,Meaux, 1876, in-8,
p. 140-144 . 2° Pierre Thuin, évcque cons-
titutionnel de Seine-et -Mante par Th.
Lhuillier, dans là reviie La Révolution
fra-rtçaise, numétos de septembre et octo-
bre 1885. Il y en a un tirage à part.
Paris, Charavay frères, 1885, in-8°, 39 p.
G. O. B.
Même réponse : P. de M., F, H.
N»
113'.
L'INTERMEDIAIRE
811
812
*
Monsieur le chanoine Pisani, docteur
ès-lettres, docteur en théologie, va faire
paraître chez Picard, un Répertoire biogra-
phique de VEpiscopat constitutionnel {1791-
1802), qui donnera la réponse demandée
sur cet évêque, et sur tous les évèques de
même origine. L'immense correspondance
de Grégoire a fourni à l'auteur, en dehors
des Archives Nationales, de nombreux do-
cuments originaux et inédits.
Famille Vïllaret de Joyeuse (LIV,
670). — Alexis-Jean-Marie Villaret de
Joyeuse, lieutenant de vaisseau, chevalier
de Tordre de Saint-Louis, en 1817, né
vers 1788, mort à Versailles, le 22 jan-
vier 1873, était fils de V Amiral (annuaire
de la Noblesse, 1874, p. 349).
Ce même Recueil cite (1871-72, p. 387)
Marie-Thomas-Louis Villaret de Joyeuse,
capitaine d'infanterie, fils unique du der-
nier rejeton mâle du noin^ mort le 21 juin
1871, âgé de 43 ans, blessé le 22 mai à
l'attaque de Vanves. Il était fils d'Auguste-
Marie Villaret de Joyeuse, officier supé-
rieur, chevalier de Saint-Louis (en 1823),
et d'Aglaé-Juli^e d'Eschallard : il avait
épousé, le 21 juin 1868, Antoinette-
Marie-Zoé de Marseul, (fille du comte de
Marseul et de Françoise-Antoinette-Zoé de
Beaurepaire), dont au moins une fille,
Marie- Antoinette -Georgine- Louise-José-
phine, alliée, le 11 avril 1888, avec Alain
de Lorgeril. 11 avait une sœur, Marie-lde-
Jeanne Villaret de Joyeuse, décédée le 13
février 1894, à Versailles.
G. P. Le Lieur d'Avost.
T • * *
Le vicomte Alain de Lorgeril, château
delà Ville-Chaperon, par Moncontour-de-
Bretagne (Côtes - du - Nord) a épousé
Mlle Villaret de Joyeuse. Peut-être pour-
rait-on s'adresser à lui. Albert Desc.
Monsieur le chanoine (LIV, 501,
585. 640,757). — Que nos collaborateurs
H. C. M. et LaCoussière se rassurent, je
n'oubliais pas l'existence, dans la plupart
des diocèses français, de « chanoines ho-
noraires » et n'aurais pas eu la simplicité
d'imaginer qu'un prêtre, sans y avoir été
autorisé par l'évèque, allât s'aviser de
« s'habiller en chanoine ».ll m'avait sem-
blé seulement que le titre et le costume,
en pareil cas, ne répondaient à rien de
réel. Aurait-on donc adapté au mond^
ecclésiastique les singulières pratiques d^
certaines républiques américaines où se pa-;
vanaient tant de colonels de parade qu'
n'ont jamais eu à conduire un régiment ?
L'un des deux correspondants ajoute :
« De tout temps, on a traité un chanoine
de monsieur le chanoine ». Cela est bientôt
dit, et cependant, si les preuves font dé-
faut, ce n'est pas un exemple isolé comme
celui de la paroisse Saint-Etienne de Bar-
le-Duc, qui suppléera à leur absence. J'en
crois plutôt l'auteur de la première ré-
ponse reportant à 20 ou 25 ans les ori-
gines de la qualification qui nous occupe,
mais ne pourrait-il préciser davantage,
surtout à propos d'un usage aussi ré-
cent ?
Ne pourrait on, du même coup, nous
apprendre si le cardinal Maury doit être
regardé comme l'inventeur de ces cano-
nicats fictifs qui ont pullulé depuis le dé-
but du xix' siècle? 11 y eut, c'est entendu,
avant 1790, des chanoines honoraires qui
furent, pour employer l'expression fort
juste de Unus, des chanoines « émérites »
et que j'appellerais aiissi volontiers des
chanoines « vétérans ». Le Chapitre, par
une délibération spéciale, accordait l'ho-
norariat et le droit de porter, — selon le
langage du temps — , l'habit et les « draps
de l'église » à des membres de la compa-
gnie qui abandonnaient leur prébende, par
démission ou résignation, après l'avoir
possédée au moins vingt ans, et étaient
jugés dignes de cette distinction. Il
en va tout autrement aujourd'hui. Faut-
il croire que NN. SS. les évèques ont
voulu, à l'instar de principicules alle-
mands, créer un ordre destiné à décorer
les secrétaires formant leur petite cour,
témoigner de la bienveillance aux prêtres
amis ou récompenser des « services ex-
ceptionnels » ? Quoi qu'il en soit, je se-
rais désireux de savoir à quelle année re-
monterait l'innovation et quel prélat en
eut le premier l'idée.
Quarte Blanche.
Armoiries à déterminer : à trois
cygnes de... (LIV, 670). — On trouve
généralement ces marques sur les livres
donnés en prix au collège du Mont à
Caen, les armoiries sont celles de Thomas
Morand du Mesnil-Garnier, qui fonda des
prix à ce collège. S y.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Novembre 1906.
813
814
L'homme sauvf ge en héraldique |
(LIV, 613, 754). — Les armoiries confé- i
rées à Pierre du Bue, l'un des premiers ;
colons delà Martinique (Cf. LUI, 6, 140), j
en mai 1701, portaient d'azur au sauvage \
d'or, et an chef de gueules chargé de trois
dards d'argent, posés en fasce V un sur Vau- \
tre. Le sauvage qui figure dans ces armes,
rappelle les combats de Pierre du Bue
contre les Caraïbes : <* 11 a beaucoup con-
« tribué à chasser les sauvages des quar-
« tiers de la Capesterre qui troublaient les
« habitants, ayant même, par ordre du
« Sieur de Baas, gouverneur et lieutenant
« général audit pays, pris leurs chef et
« capitaine qui sont morts en prison au
« fort Saint-Pierre ». (Cf. Dictionnaire
des anoblissements de Chevillard, — et
pour le dessin des armoiries : Preuves
reçues par d'Hozier pour les Ecoles mili-
taires de Joseph du Bue de Marcussy :
Cabinet des titres, XXVlll, 32087, année
1777, Normandie, preuve 53).
Baron A. H.
La main de justice (LIV, 614,
j-ji). — Sur cette question, on pourrait
utilement lire tout ce que Miehelet dit du
symbole de la main dans ses Origines du
droit français, pp. 129 et suiv. Si l'on se
rappelle que le bon bâton, baculus, hacu-
lum ou sceptron était dès la plus haute an-
tiquité un signe du commandement, on
comprendra mieux comment Hugues Ca-
pet fit placer une main sur son sceptre pour
en faire la verge d'équité. De l'insigne de
la puissance il faisait en même temps un
symbole, car le roi donne, confirme ou
fait grâce. E, Grave.
L'escargot de la cathédrale de
Troyes (LIV, 671). — Les imagiers et
ornemanistes de l'époque médiévale
étaient des observateurs amis de la nature
familière. De même qu'ils prenaient les
modèles de leurs feuillages non dans les
pierres antiques fort abondantes alors sur
notre sol, mais dans les plantes de nos
bois, de nos prairies et de nos fontaines,
ils se plaisaient à reproduire les bestioles
les plus humbles de notre faune. Les mar-
ges des livres d'Heures sont remplies d'in-
sectes divers voltigeant parmi les tiges
fleuries et les rameaux ; rien d'étonnant,
par suite, que le ciseau des sculpteurs se
soit amusé à faire le portrait du moUus- i
que à coquille qui pullule dans nos régions
françaises. Et, en vérité, il n'est pas né-
cessaire pour expliquer le fait, de recourir
à des légendes et à des interprétations un
peu bien tirées par les cheveux.
On ne comprend pas assez l'âme naïve
de l'homme du moyen âge ; c'était assu-
rément un subtil comme tous les primitifs,
mais on lui a prêté beaucoup, je connais
maints escargots sculptés dans la pierre
et chacun a sa légende plus ou moins
dramatique ou plaisante ; la réalité me
parait beaucoup plus simple. H. CM.
Outillrige gallo-romain (L ; Ll ;
LUI ; LIV, 362, 542). - Crapaudine. —
Encore un objet d'origine ancienne que
nous avons conservé en l'améliorant.
Ecartons, de prime abord, tous les frot-
tements sur roues et sur billes, comme
tous ceux de la mécanique moderne, pour
voir uniquement, ici, le simple point d'ap-
pui d'un portail à bourdonnière.
Cette crapaudine ancienne, trouvée dans
la couche archéologique au milieu des
constructions de notre villa romaine, est
un morceau de fer aplati, presque carré et
dont l'oxidation profonde permet encore
de mesurer en millimètres les dimensions
suivantes : largeur du grand côté 69, de
l'autre 65 ; épaisseur 14.
Sa face supérieure montre une emprein-
te circulaire ayant 45 millimètres de dia-
mètre et 6 de profondeur. Fixée dans un
corps dur, elle supportait évidemment la
base d'un cylindre métallique servant de
pivot. Le mode de crapaudine actuel qui
s'en rapproche le plus ne porte pas d'em-
preinte ; mais, à son centre, un simple
point d'abaissement, presque impercepti-
ble, qui reçoit le sommet d'un cône ren-
versé, et suffit à conserver la verticale de
la bourdonnière, tout en réduisant au
moindre frottement et par suite au moin-
dre effort, le mouvement du portail en
question.
Pour les portes plus pesantes, on rern-
place le cône renversé par une demi-
sphère. FÉLIX Chaillou.
La législation antique etancienne
concernant les vignes et leur cul-
ture (LIV, 668, 770). — 1°) Estienne
(Charles) : C agriculture et maison rus-
tique (Paris, Jacques Du Puis, 1565).
N" 1131,
L'INTERMEDIAIRE
819
820
le sens des mots dans notre langue et leur
emploi régulier ? Pourquoi le Ministère
de l'Instruction publique s'occupe-t-ild'une
affaire que la tradition et la convenance
ont confiée à la haute autorité des Im-
mortels ?
Oui, comme le dit fort bien Vaugelas,
le peuple n'est le maître que du mauvais
usage, et lebon usage est le maître de notre
langue. Oui, comme l'ajoute M. le vi-
comte de Bonald, cest che:( les bons au-
teurs qu'il faut aller le chercher, non chez
les illettrés, ou chez certains journalistes
trop peu cultivés.
Syola.
Bernique (LIV, 673), — Le Diction-
naire étymologique de Charles Toubin
donne l'étymologie suivante: Berniquc^àt
vere nichi/., rien, absolument rien, avec
changement régulier de v en b. On sait
qu'en France, nihil s'est écrit longtemps
avec un c comme en Italie, témoin ces
deux passages des Cent nouvelles nouvelles:
« Mais du parfait, nicbil ». « Après je ne
sçays quants simples baisiers qu'elle eut
de lui, mais du surplus, nichil ». (Nou-
velles 28 et 30). — Jean comptait rece-
voir aujourd'hui de l'argent, mais vere
J. Lt.
nichil, bernicle.
*
* *
Patella vulgata. Nommée flie, bernicle
ou jambe en Normandie, bernique ou bas-
sin en Bretagne. Ce mollusque gastéro-
pode sa mange cru ou cuit sur le gril
avec un assaisonnement. Sa chair est peu
savoureuse et très coriace.
Voici le renseignement à la fois scien-
tifique et gastronomique que je lis sur la
Bernique bretonne, dans ï Atlas de poche
des coquilles des côtes de France, excellent
ouvrage d'un . savant conchyliologue ,
M. Ph. Dauizenberg (Paris, Klinksieck,
1897).
Ma réponse à l'article de Candide est
en même temps une interrogation. Quel
rapport y a-t-il entre notre bernique , co-
quille bien connue des côtes de TOuest et
le mot faisant l'objet de l'article ?
Je dois ajouter qu'à Nantes où ce mol-
lusque est très apprécié dans les petits
ménages , j'ai souvent entendu , dans
mon enfance, les gavroches nantais se
servir du mot « bernique » comme d'in-
terjection analogue à notre zut !
Un vieux Nantais.
Autobus (LIV, 3 37, 426, 484, 653, 699).
— Comme le confrère Old Pot, je suis un
vieux parisien (antérieur à 1830 !), jamais
je n'ai entendu dire bus pour omnibus. Je
demande la permission "d'ajouter que ce
mode d'abréviation, en ne conservant que
la finale, n'est pas dans les habitudes des
parisiens ni des français.
Nous connaissons tous le Boul'Mich ;
les tram., les auto ; les Bat d'af. (Batail-
lons d'Afrique) ; et, au moins de réputa-
tion, les Bénef. (Bénéfices) ; les Sous-off.;
les Zou-Zou, etc. mais je ne vois aucune
abréviation ne gardant que la finale d'un
mot ; et cela me parait logique, bus étant
la finale d'abus, d'obus, de rébus, comme
d'omnibus. L. Depal.
Bisannuel et biennal (LIV, 562,
703). — Avec raison, Y Intermédiaire
s'occupe de questions philologiques,
grammaticales ou autres 11 approuve ou
désapprouve des mots nouveaux. Com-
ment désigner une publication, une revue
qui paraît tous les 2 mois '^ Bimensuel
veut dire : deux fois par mois. Puisqu'on
dit trimestriel, semestriel, je propose hum-
blement : bimestriel, et si de nos chers
collègues en intermédiairisme sont de cet
avis, qu'ils emploient cette expression qui
a son utilité. Oroel.
Cali, gali, cari (LUI; LIV, 94, 203,
365). — Beugne, pour bosse, que cite
M. Lpt. du Sillon, rappelle, aussi comme
prononciation, un mot du patois de la
ville de Bologne, en Italie, bogn, qui si-
gnifie bosse.
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Se mettre le doigt dans l'œil
(LIV, 562). — Je ne réponds pas directe-
ment à la question, mais ce doigt dans
l'œil me fait penser à la poutre dans
l'œil, et à la paille dans celui du voisin.
J'ai découvert àCôme, sur les murs d'une
petite église, proche la place du Dôme,
et vis-à-vis, dans une rue dont le nom
m'échappe, la singulière fresque que
voici : deux personnages bibliques sont
assis ; l'un des deux semble faire un ser-
mon à l'autre parce qu'il aune paille dans
l'œil, tandis que lui-même a une poutre
énorme dans l'un des siens.
Le sujet était au moins hardi à traiter
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Novembre 190^.
821
822
:n peinture. En connaît-on d'autres exem-
ples ? H. L.
Grands relieurs du XIX* siècle
LIV, 109, 307). — Dans une préface à un
;atalogue devenu rare, celui de la secon-
le vente Crozet (1841), Charles Nodier
oue à la fois «les habiles essais de Thou-
'enin et les merveilleux travaux de Bau-
onnet ». La gradation des épithètes prou-
'e assez que Thouvenin n'était nullement
e relieur rêvé des romantiques.
D'une notice écrite par M. Quentin-
lauchart sur M. de La Roche Lacarelle,
'extrais le passage suivant :
Lui pailait-on de nos relieurs modernes, il
l'en connaissait qu'un : Trautz I Les autres
['existaient pas. Il répétait invariablement
|ue s'il était jamais damné, son enfer serait
e remuer une reliure de Cape ou de Lortic.
Trautz, né en 1808, devient chef d'ate-
ier chez Bauzonnet en 1840, succède à
on patron en 185 i et meurt en 1879.
C'est lui, sans doute, que Nodier admi-
ait déjà sans le connaître, lorsqu'il par-
ait des « merveilleux travaux de Bauzon-
let » en 1841.
Il est bien singulier que notre meilleur
elieur (je ne dis pas cela pour diminuer
^apé qui était un doreur de grand méri-
e) nous soit venu de ce pays allemand
'ù pendant toute la durée du xix* siècle,
a reliure a été quelque chose d'infâme et
l'innommable dans aucune langue.
S.
Les jaquemarts de France (LIV,
>i8, 711, 7'58). — La cathédrale de
Hermont-Ferrand possède un curieux
aquemart qui représente le Temps
Tempus) assis, accompagné de Mars et
"aune, qui frappent les quarts et les
leures, sur une cloche qui lui sert de cas-
[ue ou bonnet. Combien ce joujou de nos
»ères a réjoui mon enfance ; et je lui
ouhaite de longs jours encore. Il remonte
plus de 3 siècles à Clermont-Ferrand,
yant été porté dans cette ville, en 1577,
près le siège de la ville d'Issoire qui fut
omplètement détruite par l'armée royale
ur les protestants. C'est alors que ce
jaquemart qui était celui de l'hôtel de
nlle d'Issoire fut acheté par un habitant
ppelé Rigoulet et revendu pour l'église
le Saint-Genès, de ladite ville, où il resta
usqu'en 1793 que l'église Saint-Genès fut
démolie par l'effet de la Révolution et le
susdit jaquemart transféré aans la cathé-
drale de Clermont où il fait la joie des
petits et grands. Il a été tiré des cartes-
postales récentes représentant ce jaque-
mart. Ces images populaires ne sont
certes pas banales dans un temps où des
milliers de cartes postales sont, souvent,
d'un ridicule complet.
Ambroise Tardieu
Les plus connus des jaquemarts sont
ceux de Notre-Dame de Dijon où Philippe
le Hardy les fit placer après les avoir en-
levés à Courtrai, au moment de la ba-
taille de Rosebecque, en 1382,
Ils sont intéressants en ce sens qu'ils
furent les premiers mis en mouvement
par des poids à la place de l'eau utilisée
dans les anciennes clepsydres. Les jaque-
marts de Dijon marquent l'ère des nou-
veaux moteurs. Le nom viendrait de
Jacques Aymar, le premier constructeur,
ou de Jacques Mart, pour Marteau. Et le
nom de jaquemart qui appartient en
propre aux automates de Dijon, fut en-
suite souvent donné aux personnages
frappant des heures sur des cloches.
Remarquons que l'horloge de Stras-
bourg, construite en 1352, aussi bien
que celle de Beauvais qui nous est con-
temporaine, sont des clepsydres plus ou
moins compliquées, et non des jaque-
marts.
En 1714, on a ajouté à Dijon un enfant
pour sonner les quarts.
A Cambrai se voient Martin et Martine
datant de 1385 et représentant deux
Maures qui frappent sur la cloche.
L'horloge de Clermont-Ferrand était à
Issoire antérieurement à 1577. Cette der-
nière ville fut alors mise à sac par les
troupes royales qui combattaient les pro-
testants. Le chapitre collégial de Saint-
Genès l'acheta alors à un nommé Rigou-
let, et la mit dans son église où elle resta
jusqu'en 1793. A cette époque, elle arriva
dans la cathédrale. Les sujets se compo-
sent de trois personnages dont deux
frappent sur la cloche, et représentent
Mars et un Faune. Le troisième est un
Temps ayant le cadran placé à la partie
inférieure du corps.
Celle de Lyon, terminée en 1598, avait
des figures sonnant les heures sur des
cloches. Elle était surmontée d'un coq
N* 1131.
L'INTERMEDIAIRE
823
824
qui, aux heures, chantait. Je ne sais si
elle existe encore.
Vers 1400, fut construite l'horloge de
l'hôtel de ville de Compiègne, dans le
clocher de laquelle trois guerriers appelés
Piquentins frappent encore de nos jours
trois cloches à leurs pieds.
Enfin, à Avignon, au beffroi, un homme
et une femme en costume du pays, frap-
pent également les heures.
Ce sont, je crois, les principaux jaque-
marts de France. Je ne puis cependant
passer sous silence ceux si connus de la
place Saint-Marc à Venise,
Albert Desc.
* *
A propos du populaire jaquemart de
Dijon, je ferai remarquer que pas une
molécule de l'appareil actuel ne remonte
au xiv' siècle ; la cloche env03'ée de
Courtray par Philippe 11 le Hardi, arri-
va cassée et fut refondue, c'est celle qui
est encore en place. La cage de fer qui
l'abrite date de 16 10 et est toute différente
de ce qu'était à l'origine l'édicule exté-
rieur ; l'homme fut refait une première
fois en 1500, puis en 16 10 et toujours sur
un nouveau type ; on lui donna une
femme en cette même année ibio, et
quatre ou cinq ans plus tard, un premier
enfant. Le second a été placé seulement
après la restauration générale de l'église,
dans la seconde moitié du xix^ siècle.
Je n'ai jamais su pourquoi, au lieu de les
habiller comme leurs parents, on les a
représentés nus, ce qui les fait ressembler
à deux gros bébés incassables sortis des
grands magasins du Bon-Marché ou du
Louvre. H. C. M.
Les roues de Fortune (LIV, 228,
371, 432, 480, 545, 601, 657, 772). —
En ce qui concerne les paroisses de GoUe-
ville, Couville, Fresville, Montebourg,
Emondeville, dans la Manche, Caen,
Notre-Dame (Calvados), M. Beaujour a
pris pour des roues de fortune, ce qui
n'était que de simples carillons. Nous
possédons ces « carillons » sous diverses
formes, soit que les clochettes soient
montées sur une roue, soit sur une tra-
verse simple, soit sur un triangle. Mais
quel que soit le mode de monture, la ro-
tation est employée pour obtenir le son
de toutes les clochettes et c'est ce qui a
fait adopter « la roue » comme moyen
plus commode de mise en mouvement-
Il n'y a là rien de païen.
M. Sglpn a certainement raison de se
moquer des « Jésus chantants » et autres
imageries de ce genre qui alourdissent le
culte. Mais il fait tort à ses connaissances
en mettant le « chapelet » sur le même
rang. 11 pourrait, avec fruit, lire la vie de
saint Dominique et se renseigner sur l'o-
rigine, l'usage et la pratique du chapelet
dans l'Eglise catholique,
LÉON Desrues.
Les pigeons voyageurs du siège
de Paris (LIV, 618,770).
M. Ségalas, le mari de Mme Anaïs Séga-
las, connue par ses poésies charmantes que
les contemporains n'ont pas oubliées, avait
eu l'idée de recueillir une certaine quantité
de pigeons, pour les renfermer dans la tour
qui domine l'hôtel de l'Administration cen-
trale des lignes télégraphiques, rue de Gre-
nelle-Saint-Germain, n" 103. Le 5 septembre
1870, il vint me trouver, pour m'entretenir
du projet qu'il avait conçu ; je l'accueillis
avec enthousiasme et lui donnai toutes les
autorisations dont il eut besoin, pour réunir
et établir auprès de nous ces gentils messa-
gers dont il était trop facile de prévoir l'uti-
lité prochaine. Voilà la vérité des faits. Que
M. Rampont se soit occupé de pigeons, qu'il
se soit servi de l'idée de M. Ségalas, j'y
consens très volontiers, mais i! ne s'en est
servi qu'après, comme moi-même, et selon
moi il convient de laisser à M. Ségalas ce
qui n'appartient ni à M. Rampont, ni à
M. Steenackers, mais bien à M. Ségalas.
{Les Télégraphes et les Postes pendant la
guerre de 1870-yi, par Steenackers, page
i6x).
* *
Les organisateurs du service des pigeons
voyageurs sont MM. Cassiers, Derouard
et Traclet.
M. Cassiers, venu à Paris, comme
comptable, avait apporté de Belgique la
passion du pigeon voyageur qu'on com-
mençait à dresser pour les courses. Il
existait, en France, quelques sociétés co-
lombophiles. La société l'Espérance avait
son siège chez Bardin, cafetier, 42, rue
Notre-Dame de Nazareth. M. Cassiers qui
était parmi les plus ardents — il avait
dans son grenier jusqu'à une cinquantaine
de jeunes pigeons, — présidait aux desti-
nées de la société. Tout l'été de 1870, on
s'était prodigué en des tournois entre la
France et la Belgique.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
825
La subite arrivée des événements de la
guerre avait interrompu ces exploits. Les
désastres se succédaient. Dans le petit
café de la rue Notre-Dame de Nazareth.
les colombophiles Cassiers, Derouard,
Traclet, échangeaient sur les événements
leurs impressions inquiètes — le moins
attristé n'était pas ce Belge qui faisait,
sans optimisme, des vœux pour la vic-
toire. N'était-il pas du devoir de chacun
de s'ingénier, dans sa sphère, à multiplier
les ressources de la défense ?
Sitôt dit, sitôt fait. On court : M. Gus-
tave Traclet à l'Intérieur ; M. Cassiers au
Gouvernement; Trochu le fait recevoir par
un des officiers chargés des communica-
tions, M. Usquin.
M. Cassiers a cette scène présente à la
mémoire. 11 se revoit dans le cabinet de
ce soldat, élève de Polytechnique, à qui
le dressage des pigeons voyageurs n'est
pas très familier. 11 en devine toutefois
l'intérêt ; il questionne, insiste, veut com-
prendre ; il a compris.
Plus tard, le lieutenant-colonel Usquin
se rappellera le visiteur qui lui a révélé
un moyen ingénieux, Paris étant assiégé,
de donner de ses nouvelles à la France et
d'en recevoir. Il écrira au préfet de la
Seine, à l'heure des compétitions, cette
lettre au sujet de M. Cassiers :
Monsieur le Préfet,
On m'apprend que la Vaille de Paris va dé-
cerner des médailles d'encouragement à
quelques-unes des personnes qui s'occupent
de la transmission des dépêches au moyen
des pigeons. Je crois remplir un devoir.
Monsieur le Préfet, en vous recommandant
de la manière la plus instante M. Ed. Cas-
siers, porteur da cette lettre, président de la
Société colombophile VEspérance. Dès les
derniers jours du mois d'août 1870, M. Cas-
siers est venu mettre à la disposition du
gouvernement de Paris, des pigeons, son
expérience et son temps, et c'est à lui que
nous sommes redevables des quelques com-
munications que nous avons pu recevoir du
dehors. Il a été choisi par le gouvernement
de Paris pour porter au général Bourbaki des
dépêches secrètes et un chiffre particulier de
correspondance, et il a été assez grièvement
blessé dans l'accomplissement de sa mission
pai lachutedel'aérostatqui leportait. Arrivé en
province, il s'est mis à la disposition delà Dé-
légation du gouvernement, à Tours, et a orga-
nisé des envois de pigeons messagers, et je dois
déclarer que nous n'avons jamais pu faire
accepter à M, Cassiers aucune somme, en J
30 Novembre 1906,
826
dédommagement de son temps et de sa peine.
Il a donc servi l'Etat avec autant de dévoue-
ment que de désintéressement.
Une distinction honorifique accordée à
M. Cassiers ne serait donc que l'acquit d'une
dette contractée envers lui par la ville assié-
gée.
Mon ami intime, M. E. Gouin, membre
du Conseil municipal, pourra vous renseigner,
Monsieur le Préfet, sur ma personne et sur
la valeur du témoignage que je porte sur le»
services de M. Cassiers.
J'espère donc, Monsieur le Préfet, que
vous pourrez acquitter la dette contractée
envers M. Cassiers, et je vous prie, etc.
Usquin,
Lieutenant-colonel du génie, professeur à
l'Ecole polytechnique, attaché pendant le
siège de Paris à l'état-major du général
gouverneur et chargé du service des aéros-
tats et correspondances militaires.
*
Edgard Quinet demandait que le pigeon
fût placé dans le blason de la Ville de
Paris.
Le pigeon qui, le premier, a apporté la
nouvelle de la formation des armées de se-
cours, ne nous a pas trompés. Je sollicite pour
lui qu'il soit placé à perpétuité en haut du
mat de la nef des armoiries de Paris.
Que sont devenus ces pigeons ? Mon
Dieu, ils ont été mangés, tout simple-
ment, sauf deux ou trois. Quelques mois
après la guerre, on lisait dans un journal :
Une vente très intéressante vient d'avoir
lieu au dépôt du mobilier de l'Etat, rue des
Ecoles. 11 s'agissait des pigeons voyageurs
qui nous rendirent tant de services pendant
le siège, en nous apportant des nouvelles de
la province. Eh bien, malgré les souvenirs
que rappellent ces messagers fidèles, ils ont
été adjugés pour la plupart à des prix bien
modestes : i fr. 50 en moyenne. Toutefois
deux pigeons ont été vivement disputés et
rachetés au prix de 26 fr. par leur proprié-
taire.
M. Cassiers a fait naturaliser deux des
pigeons qui ont fait ces voyages et les a
donnés à un jardin zoologique en Belgi-
que.
M. Rosebeke a conservé, avec sa petite
cage, un de ces pigeons. Le 5 novembre
1870, venant de Tours, ce pigeon était tué
près de Blois.M. Roosebeke a conservé sa
dépouille. '11 garde chezlui, à l'état naturel,
le héros ailé dont le vol, dans notre triste
ciel, par quatre fois, fit battre le cœur de
la cité,
N- 1131.
L'INTERMEDIAIRE
827
828
• *
Du Temps, 23 novembre 1906:
Les pauvres pigeons qui traversaient les
lignes allemandes pour porter au monde les
angoisses de Paris méritaient bien un tel
hommage. Je vois dans V Intermédiaire que
ce serait le colonel italien Govone — ce bon
soldat qui, devenu général et ministre de la
guerre en 1870, voulait combattre avec nous
contre l'Allemagne — qui aurait, le premier,
utilisé en temps de guerre les pigeons voya-
geurs comme porteurs de messages. On
pourra vérifier.
Ce qui est certain, c'est que les pigeons du
siège de Paris eurent leur part de dévoue-
ment et — ne riez pas — d'héroïsme. Ils
partaient, ces admirables petits messagers,
emmenés vers la province en ballon, puis
revenaient porter à Paris les nouvelles des
absents, le cri même de la France. Quelle
émotion et quelle joie lorsque sur un toit
couvert de neige les Parisiens apercevaient
ce porteur de lettres, ce facteur ailé I Un
pigeon I
Eh bien, dans une des pages du maître
livre que M. Picard publie sur l'Exposition
universelle de 1900, savez-vous ce que je
trouve, sous la plume de M. L. Grandeau,
directeur de la station agronomique de l'Est?
Je trouve ceci : « Les pigeons du siège
furent honteusement vendus à l'encan au dé-
pôt du mobilier de l'Etat. s>
Voilà donc le loyer de la fidélité !
s'écriait Agrippa d'Aubigné devant le chien
fidèle chassé de la cour du Béarnais.
Et croira-t-on ce qui va suivre ? C'est le
sublime dans l'instinct. Non, disons dans
l'intelligence et dans le cœur. Le cœur mer-
veilleux des bêtes I
Les Prussiens avaient capturé un de ces
pigeons. On allait le tuer, lui tordre le cou,
comme aux autres, les pigeons étant traités
par les Allemands comnie des francs-tireurs
de l'espace. Le prince Frédéric-Charles le
sauva, le prit et l'envoya à sa mère qui en-
ferma le pigeon français dans une volière.
Un prisonnier comme un autre.
La guerre finit, la paix fut signée, le pi-
geon était toujours captif.
— Où est votre pigeon français ?
On le montrait, on s'en amusait.
Quatre ans après — quatre ans 1 — un
jour, la porte de la cage étant ouverte, le
petit pigeon s'enfuit. Il battit des ailes dans
l'air libre. 11 s'échappa de Berlin, il reprit la
route de France.
Oui, quatre ans après, on vit revenir à
l'ancien pigeonnier de la rue de Clichy, « ti-
rant le pied » comme le pigeon de La Fon-
taine, un des braves petits pigeons du siège.
Je n'invente rien. J'en appelle à M, Gran-
deau.
Le pigeon prisonnier en Allemagne pen-
dant quatre ans vécut quatre ans encore dans
sa patrie. Il est mort en 1878, au Jardin d'ac-
climatation.
On érige tant de statues à tant de grands
et demi-grands hommes I On aurait pu dans
un coin du jardin (et peut-être l'a-t-on fait)
placer une pierre toute petite sur la terre où
fut enfoui le pauvre et brave pigeon du siège
de Paris, prisonnier, comme tant de nos sol-
dats, du prince Frédéric-Charles.
Jules Claretie.
Une question d'esthétique fémi-
nine (LIV, 729). — Question d'anthro-
pologie et non d'histoire.
Cette proéminence du ventre chez la
femme est un caractère ethnique de la
race teutonne, aujourd'hui comme au-
trefois. Si les tableaux du xvi^ siècle en
offrent de nombreux exemples, c'est que
le seizième siècle est la grande époque de
l'école allemande. On chercherait vaine-
ment le même caractère dans les tableaux
français ou italiens du même temps, ou
chez les poètes.
On y trouverait plutôt l'excès opposé.
Qiiand Gabriel de Minut décrit la nudité
de la belle Paule qui est pour lui la
beauté parfaite, il dit qu'elle a le ventre
petit (1587). De même un des auteurs des
Blasons anatomiques (i 5 50) :
O ventre uny, rond et dur ti petit
Chair délicate et douce à l'attoucher
Heureux est cil qui te peut approucher!
Mais plus généralement Testhétique du
XVI* siècle est conforme au type normal
de la femme latine. On connaît le De
Pulchro d'Agostinus Niphus où le corps
de Jeanne d'Aragon est décrit de la tête
aux pieds coinme un modèle de toutes
les perfections physiques : elle avait, dit
Niphus, « le ventre exactement propor-
tionné à la poitrine, ainsi que les flancs
tWts secretiora » ; proportion qu'illustrent
Titien et Giorgione par cent exemples.
Durer, au contraire, n'ayant connu que
des nudités allemandes, préconisa une
esthétique inspirée d'elles et qui se trouve
aux antipodes de l'idéal grec. La diffé-
rence entre les deux types peut aisément
s'exprimer par des chiffres. Prenons
comme exemples (A) la flûtiste grecque
du bas-relief Ludovisi, qui est un magnifi-
que spécimen de l'art attique, et (B) le
profil de la femme proportionnée 8 têtes,
dans le grand ouvrage théorique de Durer
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Novembre 1906.
829
830
(f 9). Si nous exprimons par 100 la lar-
geur du profil à la hauteur des seins,
nous obtenons pour le ventre les chif-
fres suivants :
A B
Profil au niveau des mamelons 100 100
Profil maximum du ventre 73 143
Différence
— 27 +43
Candide.
Hôlenus (11X^,446,520.627). — A-t on
cité ce fait que certains menhirs des en-
virons de Qiiiberon sont des soldats pé-
trifiés par sainte Hélène, comme à Carnac
ce sont des soldats pétrifiés par saint
Cornély (ou Corneille) ? — 11 faut rappe-
ler que dans le Morbihan, il y a une
commune qui s'appelle Sainte-Hélène.
Cette légende peut donner une indica-
tion intéressante relative à ce personnage,
homme ou femme ; plutôt homme, puis-
qu'il s'agit de soldats ?
Marcel Baudouin.
Lapsus au théâtre. Contre-pette-
ries célèbres (LIV, 617). — Dans une
pièce dont l'action se déroule à la fin du
xvuo siècle, un chef huguenot s'écrie :
« Cette femme nous dupe, elle est folle de
la messe ! » Il se trompe et dit : « Cette
femme nous dupe, elle est molle de la... »
J'ai lu dans un livre d'Armand Silves-
tre, je crois, qu'un colonel, après avoir
fait manœuvrer son régiment devant le
ministre de la guerre, commande, troublé
par la présence du grand chef : « Fessez
les morceaux ! » au lieu de : « Formez les
faisceaux ! »
On voit que ces contre-petteries tour-
nent autour du même rond ! Les plus
amusantes sont celles qu'on ne peut
raconter qu'au fumoir, après diner, entre
hommes. Flacdal.
*
Guillaume Tel/,n.u lieu de : « Il frissonne,
il chancelle » : « 11 chansonne, il fricelle.»
Au roi Louis-Pnilippe, réponse d'une
personne intimidée :
Question : Quand partez-vous.'*
Réponse : Vendrechain prodi, pour ven-
dredi prochain et se reprenant : vendrechi
prodain. Curiosus.
• *
Dans une des dix premières représenta-
tions du Baiser de Banville.^ aux Français,
Cadet a dit :
Un vin fait pour les reines
Avec les noirs coteaux des raisins de Suiènes.
Je signale ce fait grave au confrère
A. B. X. C'est un document à joindre à
ceux qui serviront à nuire à l'histoire de
la fin du xix"= siècle.
Et cela l'apprendra sans doute à Coque-
lin, à moins que cela ne le lui rappelle
simplement. Audivi.
Un étranger qui parle fort bien le fran-
çais, a commis un jour une contre-petterie
assez drôle parce qu'elle était involon-
taire. Hn parlant de la grève générale des
mineurs, il nous a dit : la grève minérale
des gêneurs, ce qui était tout d'actualité,
car on était en hiver.
Qiiant à celles qui sont un peu cher-
chées, j'en pourrais allonger la liste,
comme on le demande, mais Y Intermé-
diaire ne la publierait pas, et il aurait
raison.
On en trouverait toute une série du
même genre, dans les albums de La Pe-
tite vache., à la Bibliothèque nationale.
RoLiN Poète.
♦ *
J'ai souvent entendu raconter par mes
parents les... accidents oratoires dont a
été victime un certain abbé B. , curé d'une
jolie ville du département des Vosges,
sous le second Empire.
Ainsi, ayant été l'objet d'une faveur de
Napoléon 111, décoré peut-être au cours
d'un des voyages de ce souverain dans
l'Est, il le remercia en ces termes : « Ma-
jesté, votre sire est trop bonne... ».
Une autre fois, s'adressant aux sapeurs-
pompiers de la localité qui avaient prêté
leur concours à quelque cérémonie reli-
gieuse, il les apostropha ainsi : s- Braves
sapiers pompeurs... ».
Etc.. etc. BiBL. Mac.
Reprendre du poil de la bête
(LIV, 504, 654, 766). — Le Dictionnaire
étymologique et explicatif de la langue fran-
çaise et spécialement du langage populaire,
par Charles Toubin (Paris, Ernest Le-
roux, 1886, in-8) donne cette explication
v° bête, p. 126 : Reprendre du poil de la
N° 1131.
L'INTERMEDIAIRE
831
832
hête, chercher un remède dans la chose
même qui a causé le mal, comme fai-
saient les Romains qui, au dire de Pline
(xxix, 32), employaient contre la rage la
chair de chiens morts enragés.
Del cane che morde il pelo sana^ dit un
proverbe italien traduit par Gabriel
Meurier de la façon suivante :
Contre morsure de chien de nuit,
Le mesnie poil très bien y duit.
et par Ch. Bovelle dans cet autre distique
(Proverbes, livre II) :
Du poil de la beste qui te mordis
Ou de son san sera guéris.
La locution reprendre du poil de la hête
ne s'emploie plus aujourd'hui qu'en par-
lant de certains buveurs effrénés qui dis-
sipent le malaise que leur a causé
rivresse de la veille par l'ivresse du len-
demain, témoin le quatrain suivant donné
par la Bibliothèque Paul Janet (t. 11, p.
41):
Si, pour trop boire, le lendemain
Vous trouble teste, bras ou main,
Avoir vous faut sans contredit
Du poil du chien qui vous mordit,
__ J. Lt.
Les aboyeuses de Josselin (LIV,
506, 597, 717). — Le phénomène des
aboyeuses n'est pas particulier à Josselin.
Je connais une de ces névrosées qui est
prise de ces accès aussi bien sur le « ter-
rain » de Sainte-Anne que sur celui de
N. D. du Roncier de Josselin. Pour être
complet, il faut ajouter qu'elle en eut
même sous son propre toit, les jours de
grandes fêtes.
Ces crises sont ordinairement précédées,
et de vingt-quatre heures parfois, d'un
trouble général, pendant lequel le sujet
sent en lui le sang « bouillir » .
C'est une erreur aussi de croire que
TafTection ou plutôt le mal soit hérédi-
taire.
La névrose des aboyeuses est bien cu-
rieuse et mériterait d'attirer davantage
l'attention de ceux qui prétendent qu'au-
cun phénomène ne résiste à la science.
Vicomte Hervé du Halgouet.
La valeur de l'écu et de la livre
(tournois) aux différentes époques
(LIV, 555). — Consulter dans l'ouvrage
de M. le vicomte G. d'Avenel, le résumé
de son Histoire économique: La Fortune
privée à travers sept siècles. (Colin édit.).
Aperçu de la dépréciation de la livre tour-
nois :
1° A l'avènement de Saint-Louis (xiu"
siècle) i.ooo livres tournois équiva-
laient à une honnête aisance : 98.000 fr.
Elles procuraient 9.800 fr. de rente ;
2° En 1300, les 1000 livres ne sont plus
que 64,000 francs, et le revenu n'en est
plus que de 6.400 francs ;
3°En i400,durantla guerre de Cent Ans,
les 1000 livres correspondent encore à
33.880 francs et rapportent 3.388 francs ;
4° En 1500, sous le règne de Louis XII,
la livre continuant à décroître, mais le
pouvoir d'achat de Targent étant plus
grand, la vie moins chère, les mille livres
valent 27.840 francs et donnent 2,319 fr.
de rente ;
50 En 1600, le rentier n"a plus de quoi
vivre sans travailler ; ses 1000 livres ne
correspondent qu'à 6,42^ francs actuels et
lui valent 417 francs de rente, sous le
règne d'Henri IV ;
6° En 1700, son revenu n'est plus que
de 222 francs dans les dernières années
du règne de Louis XIV. C'est un paysan
possédant quelques économies ;
7° Au moment de la Révolution, en
1800, son capital est réduit à 1900 francs,
dont il tire un revenu de 95 francs ;
8° Enfin en 1900, les mille livres tour-
nois équivalent à 950 francs et, au lieu
de 72.900 fr. qu'elles rapportaient sous
Charlemagne (premières années du ix® siè-
cle) le rentier ne touche annuellement que
38 francs. C'est un simple ouvrier possé-
dant un livret de caisse d'épargne.
Si, comme il est possible, le pouvoir
d'achat de la monnaie diminuait encore,
si le taux de l'intérêt venait à tomber à
2 p. 100, le revenu de notre richard de
l'époque carolingienne, de notre bourgeois
des temps féodaux, de notre petit rentier
d'il y a trois siècles, représenterait à peine
le prix de la journée de travail, dans une
grande ville, pour les professions quelque
peu rétribuées. Alexandre Rey.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond
XIV Volume
Paraissant les lo, 20 et ^o de chaque mois 10 Décembre 1906.
42« Année
31 "".r. Victor Massé
PABIS (1X0 Cherchez et
QUiEQCE
VOUS trouverez
Bureaux : de 2 à 4 heures
g II se faut
entr'aider
N" 1132
3 1'",!*. Victor Massé
PARl!9 (IX»)
Bureaux : de 2 à 4 heures
ntexmé
DES
CHERCHEURS
Fondé en
ET CURIEUX
1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTOaiQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
: 833 — 834 .
// nous faut répéter à nos cotrespondants
qu'il est nécessaire qu'ils signent leurs en-
vois, ou de leurs noms, ou dun pseudonyme
déjà adopté par eux, ou qu'ils adoptent
pour la première fois en le faisant connaître.
S^ ils emploient des initiales, nous les prions,
pour éviter toute confusion, d'adopter des
initiales qui ne sont pas déjà une signa-
ture en usage. S'il en était autrement ils en
seraient avisés.
Nous sommes contraints à chaque instant,
de faire suivre des réponses directement : il
est do?ic indispensable que nous sachions à
qui les faire tenir.
Le secret des pseudonymes est rigoureuse-
ment gardé.
Toute lettre anonyme ou signée d'un
pseudonyme inconnu sera considéice comme
non avenue.
<k
Biribi. — On va supprimer Biribi,
c'est-à-dire les compagnies de discipline.
Que signifie le mot Biribi appliqué à ceb
compagnies ? D'où vient-il ? Les diction-
naires d'argot sont muets. Il est impossi- '
ble de voir dans cette expression une
allusion quelconque au jeu de biribi.
M.
Dieu protège la Franco. — C'est
la devise inscrite sur la tranche de nos
pièces de cinq francs ; elle doit disparaî-
tre dans les frappes prochaines. La cou-
tume d'apporter des entraves à l'émission '
de la fausse monnaie par la gravure de
ces devises est assez ancienne. Qjielle
pièce a porté la première devise en fran-
çais « Dieu protège Lz France » ? Existe-
t-il une pièce avec cette devise antérieure
à la loi de 1803 ? D' L.
La situation des prêtres mariés
après la Révolution. — Le pape
Pie VI, dit un journal, régularisa la si-
tuation de certains prêtres qui avaient
contracté sous la Révolution, des unions
illicites aux veux de l'Eglise. Ces régula-
risations ont-elles été rendues publiques?
En connaît-on ? P. de M.
Les mandats royiux du camp
des alliés. — M. Dewamin, dans son
remarquable atlas Cent ans de numisma-
iiqu''., publie le fac simile de ce mandat :
Mandat royal
Nous, Louis Dix-HUiï, roi de France et de
Navarre, ordonnons à notre ministre des Fi-
nances de faire payer par notre trésor Koyal
à notre fidèle sujet porteur de ce mandat et à
sa présentation, la somme de dix mille
francs, dans la première année où j'entrerai
en possession de mon Royaume, laquelle
somme a été reçue pour le service de l'état
et l'intérêt de ma couronne.
Donné sous notre sceau royal, au camp des
alliés, en notre quartier général de Francfort
de l'autre côté dv Rhin, le 24 novembre de
la quatorzième année de notre Règne. Aa
1813.
Louis DlX-HUlT.
A-t-il été délivré de ces mandats.? Ea
a-t-il été payé ? A. B. X.
LIV-46
H' 1132.
L'INTERMEDIAIRE
— 835
Le puits de la Nadée. Les puits
de Paris. — Une ordonnance de police
du 28 juin 1743 prescrit les réparations
à faire au puits de la Nadée proche le
monastère des Visitandines, au faubourg
Saint-Jacques, et règle les mesures à
prendre pour l'usage de ce puits par les
habitants du quartier.
On demande :
i" où se trouvait exactement ce puits ;
a signification de son
83b
2° l'origine et
nom ;
3° serait-il possible d'avoir la liste
des puits banaux de Paris?
G. M. Parisien.
Cbâteau de Marines. — Au xix*
siècle, la bibliothèque de ce château eut
un ex-libris portant deux écus accolés. Le
premier est de Gouy d'Arcy : EcarieU :
aux I et 4 d'argent à l'aigle èployée de sa-
ble, becquée et menibrce de gueules ; aux 2
et ^ de gueules à la bande d'or.
Le second est : d'argent au chevron de
gueules, accompagné de trois trèfles de
sinople. Qiielle est cette alliance ? Les
familles portant ces dernières armes sont
assez nombreuses : Anselin, Belleau, du
Buisson, le Couteulx, Darquistade, Fré-
mont, Harembert, Onfroy, etc. 11 est
difficile de faire un choix. D. des E.
En ce qui concerne les généalogies des
familles existantes qui peuvent être utilemeyit
et facilement consultées, nous prions nos col-
laborateurs de bien vouloir, au préalable,
diriger, sans notre concours, leurs recherches
de ce coté.
Colnel Elondel de Joigny. —
D'après un tableau généalogique conservé
dans le Nouveau d'Ho:{ier, à la Biblio-
thèque nationale, Colnel (alias Nicolas)
Blondel de Joigny, maître d'hôtel du roi,
bailli et capitaine du Choquel et d'Etaples,
était fils naturel de Jean Blondel, seigneur
d'Argoules et de Grevilliers. Il aurait reçu
des lettres de légitimation en novembre
1480, probablement au moment de son
mariage avec Marguerite de Fiennes,
héritière de l'importante baronnie de
Bellebrune, une des douze baronnies du
Boulonnais. Ces lettres de légitimation
existent-elles ? Un aimable collègue pour-
rait-il m'en donner une transcription ré- |
sumée? p.p. j
comte de Borch»
aise d'avoir quelques
Michel-Jean,
— Je serais bien
renseignements sur les dernières années
de Michel-Jean, comte de Borch, natura-
liste et voyageur delà fin du xviii* siècle.
La Biographie universelle affirme qu'on
n'a jamais su l'époque et le lieu de sa
mort ; on lit ailleurs qu'il décéda « vers
1810 ». Une date précise ferait bien mon
affaire. G. T.
Les Bricquemaut. — Je serais
très reconnaissant à l'intermédiairiste qui
pourrait me fournir des précisions sur la
date de naissance, de décès, et sur les
faits saillants de la vie des deux béarnais,
DE BRICQUEMAUT, père et fils qui furent
les compagnons d'armes de Henri IV.
Cardaillaco.
Victor Considérant et sa doc-
trine. — 11 y a quelques années est
mort Victor Considérant, le phalansté-
rien. On avait annoncé que ses amis al-
laient publier une étude avec des docu-^
ments laissés par lui ^ Où en est ce pro-
jet .? Cette étude devait fixer la doctrine^
qui apparaît un peu nébuleuse. V.
Le peintre Decheon. — Cet artiste
vivait au xvii* siècle. 11 peignait certaine-
ment des natures mortes. Quels rensei-
gnements a-t-on sur lui .?
G. C. Blois.
Griscelli. — Le corse Griscelli, agent
secret de Napoléon III, connu aussi sous
le nom de Baron de Rimini, après avoir
vendu à un éditeur belge le manuscrit de
ses Mémoires (publiés depuis, en 1871)
disparut tout à coup de Bruxelles.
Cela se passait au commencement de
1867.
Quelque intermédiairiste pourrait-il me
dire ce que Griscelli est devenu depuis ?
Sait-on quand et où il est mort ? Y a-t-il
d'autres livres, passages et fragments qui
pourraient être consultés comme sources
pour la biographie de ce bizarre person-
nage en dehors des Mémoires ci -dessus
mentionnés ? Italicus.
Hugues des Hozards. — L'église
de Blénod-les-Toul renferme le tombeau
de Hugues des Hozards, évêque de Toul^
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1906,
837
838
décéJé en 15 17. Je serais heureux d'avoir
quelques détails sur sa parenté.
Rev. Marriner.
Lettres de MonsiPfny et de Se-
daine — Les lettres du compositeur Mon-
signy sont extrêmement rares ; pour l'être
moins, celles de son collaborateur Se-
daine ne sont pas absolument communes.
Pour un travail important, je recherche
en ce moment avec ardeur les unes et les
autres. Si quelques collectionneurs. parmi
nos excellents confrères intermédiairisîes,
en possédaient quelques unes, et qu'ils
voulussent bien m'en donner communi-
cation, je leur en serais tout particulière-
ment reconnaissant.
Arthur Pougin.
Une lettre de Rotrou sur l'épidé-
mie de 1650. — Je serais reconnaissant à
pourrait me dire l'époque à laquelle on
trouve pour la première fois mention de
la fameuse lettre de Rotrou sur l'épidé-
mie, où il est dit que les cloches son-
nent pour le 22*^ décès, mais qu'il s'en
remet à Dieu, etc., etc. — Sait-on qui a
fait connaître cette lettre ? — A-t-on
quelques renseignements sur le sort et
l'histoire de cet autographe ^
Georges Champagne.
Famille Souhigaray, — Je ne sais
point l'existence de descendants d'une fa-
mille de ce nom qui, si j'en juge par la
terminaison du nom, était originaire du
sud ouest. Quelles sont ses alliances et ses
armoiries ? L. H. L.
Alliance de Poirrier d'Amfra-
vilie. — Un ex-libris du xvui' siècle
porte deux écus accolés : le premier est de
Ponrier d'Amfreville, en Normandie :
D'a{ur,au chevron if or, accompagne en chef
de trois étoiles d'argent, et en pointe d'an
croissant du même. Le second : D'a^nr, au
chevron d'or, accompagne' de trois besaiits
du même,^ est commun à un grand nom-
bre de familles, et la question ne peut
être résolue qu'à l'aide d'une généalogie
des Poirrier. D. des E.
Armoiries à déterminer : d'or, à
la croix ancrée. — A qui appartien-
nent les armoiries suivantes gravées sur
un très bel ex-libris de 1830 : d'or, à la
croix ancrée de sable chargée d'un écusson
(écu anglais) de gueules, à trots gerbes d'or
2 et I ? La Sangliette.
Es-libris à déterminer : de si-
nople... — De sinople, au lion passant
d'argent, à la main issante de ? Couronne
de marquis surmontée d'un sanglier.
Supports : 2 cerfs. Devise manuscrite :
Fini (sic) vidi,! vici. O. D...X.
Ex-libris avec cygnes et amours.
— Sur un livre du xviu* siècle, je trouve
collée une étiquette qui, par sa position,
son genre, ses dimensions(8cx8c), indique
bi^n qu'il s'agit d'un ex-libris,, quoiqu'il
n'y ait ni nom de propriétaire, ni nom
d'habitation. Voici sa description : écu
ovale rocaille : d'azur, an cygne d'argent,
sur ttne onde du même en pointe,^ an chef
cousu de gueules chargé de ^ roses d'argent
{on d'or). Un i"' amour, issant de roseaux
à dextre, tient une couronne comtale sur
reçu, à côté de laquelle, couché comme
en cimier, un 2* amour ht dans un livre,
qu'un y placé à sénestre tient élevé et
ouvert. Un grand cygne à sénestre est
chevauché par un 4= amour. Deux autres
amours jouent à dextre, vers le bas, avec
un autre cygne qu'ils entourent d'une
guirlande de roses. Le tout placé sur un
rocher, d'où coule une petite fontaine en-
tourée de branchages. La pièce est signée :
C Cochin filins inv. — C. O, Galimard
sculp.
A qui appartenait cette délicieuse pièce
du xviu'' siècle ? St-Saud.
Florin rémois. — Dans le tableau
commémoratif d'une fondation faite à la
chartreuse de Bâle, par la duchesse de
Bourgogne, Isabelle de Portugal, femme
de Philippe le Bon, le montant de la do-
nation est évalué en florins rémois, flo-
rinorum remensium .
Entendant peu de chose aux monnaies
anciennes, je serais fort reconnaissant à
ceux de nos confrères en Intermédiaire qui
voudraient bien me renseigner sur ce
qu'était et valait le florin rémois. Je ne
crois pas avoir commis une erreur de lec-
ture. H. C. M.
Titre d'un ouvrage do 1609 à
retrouver. — Je possède un ouvrage
1 dépourvu de son titre. C'est un gros in-Sg
N» ii^i.
L'INTERMEDIAIRE
839
840
de 10694- 52 pp., imprimé vers 1605,
traitant d'Histoires anciennes et modernes
appariées. Je désirerais en connaître le
titre et le nom de l'auteur, qui devait être
un religieux cordelier, originaire du Pon-
thieu. A. L.
Le simple soldat mis au théâtre.
— M. Robert de Fiers, dans sa Chroni-
que théâtrale du Figaro (25 novembre),
déclare, à notre grande stupéfaction, que
le pioupiou est un personnage tout à fait
moderne au théâtre ! Je cite textuellement:
« Jusqu'à ces dernières années, je ne vois
qu'une pièce qui ait discrètement et gaie-
ment tenté cette satire : c'est la Grande
ditcbesse de GéroJstein, un chef-d'œuvre.
Lorsque Scribe ou Labiche ont recours à
l'uniforme, ils se gardent de donner à
leurs acteurs un grade inférieur à celui
de colonel. »
Les « colonels » de Labiche ! c'est
déjà raide et la Grande Duchesse dont l'ac-
tion se passe dans un monde de fantaisie
citée à l'appui des pioupious mis au
théâtre ! Mais passons.
Je regrette de dire à M. Robert de Fiers
qu'il a sauté à pieds joints par dessus
l'ancien répertoire du Palais-Royal et des
Variétés. Il se serait aperçu, en y regar-
dant de plus près, que bien avant le ser-
vice obligatoire, le simple soldat avait été
mis à la scène sous toutes les formes.
Seulement ce n'étaient pas des 28 Jours
ou des /j jours, puisqu'il n'y en avait
pas encore, mais des troupiers du moment
et souvent aussi des alsaciens. Levassor,
Ravel, Lassagne, Brasseur père, Lacombe,
Gabel se firent applaudir dans des rôles
d' exhilarants troupiers. Je mentionnerai
de mémoire, car je n'ai pas de catalogues
dramatiques sous la main: Le Troupier qui
suit les bonnes. Brelan de troupiers, le
Conseil de révision, les Deux Grivet, le
Pioupiou, le Tourlourou. le Caporal et la
payse, la Consigne est de ratifier, le Sapeur
et la maréchale, le Théâtre des :(0iiaves, la
Revanche de Fortunio, Adélaïde et Ver-
mouth, la Nuit du 75 octobre, etc., etc. Je
ne me souviens pas bien des « colonels »
de Labiche, mais je me rappelle parfaite-
ment l'inoubliable cuirassier ou dragon
de la Sensitive. Le Gymnase lui-même n'a
pas exhibé que des « colonels ». Le Fils
de famille qui eut un si retentissant suc-
cès, mettait en scène tout un escadron de
lanciers où figuraient le naïf Canard et
l'épique « Marchef » représenté par Le-
sueur.
Que M. Robert de Fiers nous dise que
le soldat au théâtre s'es,t démocratisé en
même temps que l'armée, soit. Et cepen-
dant il était bien « populo » ce brave
soldat du cirque impérial, représenté par
Colbrun ou VoUet, ce conscrit poltron
qui, devant le danger, devenait un héros
et conduisait ses camarades à la victoire.
Le soldat n'a donc pas été introduit
d'hier au théâtre. Autres temps, autres
mœurs, voilà tout. Nos auteurs contem-
porams qui ont passé par la caserne ne
peuvent pas nous peindre des types à la
« Fanfan la Tulipe » ou à la«Jolicœur >>.
— Peut-on à l'appui de ma ihèse, citer
d'autres pièces où le simple soldat donne à
1 ire avant l'institution du service obliga-
toire, bien entendu .?
Henry Lyonnet.
Anciens termes, anciennes for-
mes au pays de Bretagne, — Je
serais bien reconnaissant à l'intermédiai-
riste qui m'indiquerait un dictionnaire
explicatif des anciens termes, des an-
ciennes formes et expressions employés
en Bretagne aux différentes époques du
régime féodal et dans la suite jusqu'à la
Révolution. Korrigan.
Moire. — Je cherche, depuis près de
trois ans, sans pouvoir la trouver, l'éty-
mologie du mot moire. Darmesteter, après
Ménage et quelques autres, dit « moire,
de l'anglais mohair, dérivé de l'arabe
mokkayar ».
Or, tous les dictionnaires anglais que
j'ai pu consulter, à la Bibliothèque natio-
nale comme au British Muséum, disent
« moire, mohair, du vieux français mou-
haire ».
Dans quel pays et à quelle époque ce
mot étrange, que les linguistes anglais et
français se renvoient à tour de rôle, a-t-il
pris naissance ? E. X, B,
Venir à son devant. — Venir à son
devant pour venir au devant de quelqu'un
est une forme provençale qui a le don de
nous mettre en gaieté toutes les fois que
nous l'entendons. Mais je viens de la lire
dans le Temps (18 novembre 1906), Je
me demande si elle est française ou s'il ne
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1906,
841
842
s'agit tout bonnement, que d'une rémi-
niscence du parler natal de l'auteur, car
je crois M. Raymond-Recouly d'origine
méridionale. Eumée.
Avoir dufoia dans ses bottes. —
D'après Charles Toubin {Dictionnaire éty-
mologique de la langue française ^W^ Butte)
c'est « être riche, ne manquer de rien »,
locution inexplicable, si on prend ici le
mot foin dans son sens ordinaire, parce
que, s'il arrive à des paysans de mettre
de la paille dans leurs sabots pour réchauf-
fer leurs pieds, il n'est jamais arrivé à
personne de mettre du foin dans ses bottes,
ce qui serait fort gênant et pourrait
blesser. Au temps de nos pères, l'impor-
tance d'une personne se mesurait souvent
au bruit que faisaient ses souliers au mo-
ment où elle entrait dans un lieu public.
Ducange parle d'une ancienne chaussure
appelée crépita^ à cause du bruit qu'elle
faisait pendant qu'on marchait (quia cre-
pitatur amhulando) ; cette chaussure était-
elle la même que les bot f es à cr éperon qui,
selon Monteil, tiraient leur nom du même
fait ? Delvau dit à son tour : « croque-
neaux, souliers, dans l'argot des faubou-
riens qui les font croquet (crier) quand ils
sont neufs ; on les appelle aussi souliers à
musique ». Ce bruit S7U gentris s'appelait
à Paris flic -/lac. « Je dirai, dit le Moyen de
parvenir, comme notre vieux curé qui
disait en son prosnc : Il y en a qui ont
des pantoufles qui vont faisant flique-
flaque ». En Franche-Comté, on l'appelle
vûiiin-vouin, ou simplement vouin. Oh !
oh ! tu as des bottes qui chantent ! Com-
bien as-tu donné au cordonnier pour y
mettre du vouin ou du vouin-vouin ? Mettre
du foi fi dans ses bv)ttes, par altération,
pour y mettre du vouin ; faire l'homme
d'importance ; être un des gros bonnets
du pays.
Doit-on s'en tenir à cette explication ?
J. Lt.
Les dames russes et leurs camé-
ristes : supplicas extraordinaires.
— En parcourant dans le Tour du Monde,
(année 1865, 2" semestre), le récit du
voyage de d'Henriet dans les provinces
russes de la Baltique, je lis avec surprise
le passage suivant (p. ii8) :
Je ne parle pas de certains supplices infli-
gés par des dames mécontentes àleurscamé-
ristes et qui, sortant de l'ordinaire, forment
exception.
Pùurrais-je savoir, par un de nos col-
laborateurs bénévoles, au courant des
faits de la vie intime et domestique de la
Russie à cette époque, ce que pouvaient
bien être « des supplices sortant de l'or-
dinaire », infligés à des caméristes par
leurs maîtresses mécontentes ^
Il y avait donc des supplices ordinai-
res ?
Cela semble d'un autre âge et rappelle
les récits des auteurs latins sur les rap-
ports des dames romaines avec leurs es-
claves. A. M.
Restitutions anonymes. — On lit
dans les journaux :
Il a été versé, à titre de restitution ano-
nyme à l'Etat, la somme de 8.000 fr., dont
il a été fait recette par le caissier-payeur
central du Trésor public.
Il a été versé, à titre de restitution ano-
nyme à l'Etat, à la caisse du trésorier géné-
ral du Calvados, la somme de i fr. 95 dont
il a été fait recette par le caissier-payeur
central du Trésor public.
La personne qui a restitué anonyme-
ment I fr. 95 avait des scrupules honora-
bles ; celle qui a restitué 8.000 francs a
obéi à des scrupules plus impérieux.
Comment se font ces restitutions ano-
nymes, par qui, pourquoi? Y a-t-il des
exemples de restitutions célèbres suppo-
sant un remords héroïque ? "Y".
Le plus haut prix d'un livre. —
Un libraire allemand met en vente au
prix de 10.000 mark (12.200 fr.) une
plaquette de quatre feuillets, le MunJus
Novus d'Améric Vespuce, imprimé vers
1503, relié en simple vélin.
Trois mille francs le feuillet, c'est, à
ma connaissance, le plus haut prix qui
ait jamais été demandé pour aucun livre.
La Bible de quarante-deux lignes elle-
même ne vaut pas cela.
Connaît-on des évaluations supérieures.?
Un Passant.
Civitas Victoriacensis. — Quelle
est la ville de France dont le nom est, en
latin, Civitas Victoriacensis?
H. ViVAREZ.
N' 1133.
L'INTERMEDIAIRE
843
844
pon^eô
L'empereur Guillaume 6st-il entré
dans Pans ea 1871 ? (LIV, 777). —
On a demandé à l'auteur de la question
de publier le document sur lequel il
s'appuie. C'est ce passage des mémoires
du prince Kraff de Hohenlohe, comman-
dant en chef de l'artillerie allemande
devant Paris :
Quand la revue fut terminée, l'empereur
alla à cheval jusqu'à sa voiture et retourna à
Versailles. Le lendemain, sans escorte, accom-
pagné de son adjudant, le prince Radzivil!,
et avec un chasseur sur le siège, il fit tout
seul une promenade dans Paris en voiture
ouverte, attelée à deux chevaux. Le courage
qu'il montrait ainsi sera seulement apprécié
quand on saura qu'il recevait alors chaque
jour des lettres de menaces qui lui annon-
çaient sa mort prochaine et dont la plus polie
commençait par ces mots : << cochon de
Guillaume ». 11 parcourut aussi les rues de
la ville très écartées et Radzivill me dit qu'il
avait entendu plus d'une fois ces exclama-
tions : « Qu'est-ce que ceci? mais c'est
Guillaume ! Tiens, il a osé ».
1° L'armée allemande n'a occupé dans
Paris que le rectangle compris entre les
fortifications, les quais de la rive droite,
du pont du Point du Jour au pont de la
Concorde, la place de la Concorde, la rue
Royale, le faubourg Saint-Honoré et l'a-
venue des Ternes;
2° Tous les ponts, la place et les rues
aboutissant à ce parcours étaient défendus
de la façon suivante : à la tète des ponts,
une première barricade composée de
caissons vides et avant-trains enchevêtrés
gardée par l'armée active ; à l'autre extré-
mité des ponts ou à environ 100 mètres,
dans les mêmes rues, une deuxième barri-
cade, cette fois gardée par la garde natio-
nale ;
3" Le passage qui y était ménagé était
assez étroit, car il n'y avait guère que
deux ou trois personnes qui pouvaient y
passer de front., par conséquent il eût été
impossible de passer en voiture ;
4° Le passageétant étroit, si Guillaume P""
s'y était hasardé, sa physionomie était
tellement connue que cette action témé-
raire eût été signalée.
D'autre part, une voiture, surtout dé
couverte, eût certainement attiré l'atten-
tion dans Paris à ce moment où elles étaient
excessivement rares, tous les chevaux de
fiacre, d'omnibus et de particuliers ayant
été réquisitionnés pour la nourriture et
le transport du matériel de guerre.
A. Bardel.
Le comte Tronhenberg, délégué des
chevaliers de Saint-Jean, et aide de camp
du Kronprinz, donne de l'ahsiention du
roi un mobile supérieur :
YerSiiilles, i" mars. — A une heure, la revue
(à Longchamp) est terminée ; les troupes
entrentdans Paris. L'empereur, c'est vis'ble,
désirerait faire son entrée à leur tête, mais
il écoute la voix de la raison, et en compagnie
de son fils, retourne directement à Versailles.
C'est une preuve qu'il n'est pas entré à
Paris.
Exécution de Henri de Mont-
morency à Toulouse (LU ; LUI ; LIV,
iq}, 400). — Un des savants les plus au-
torisés de la « cité Palladienne » nous fait
l'honneur de nous adresser la note « con-
fidentielle » ci-dessous. Nous la publions,
néanmoins, assurés d'avance que nos lec-
teurs nous saurons gré de l'indiscrétion
dont nous ne us rendons coupables à leur
profit.
Rien de ce qui sort de la plume de
notre éminent correspondant n^ saurait
passer inaperça et d'ailleurs quoique
sous une forme imprécise, le problème
ne se trouve-t-il pas ainsi résolu ?
Vous m'aviez invité à faire quelques re-
cherches au sujet du supplice de Montmo-
rency, en vue de X Ititermédi.iire. ]'ai pioché
la question si consciencieusement et ai trouvé
tant de documents contradictoires que je ne
me suis pas senti en état de formuler une
opinion. Les témoignages contemporains sont
en désaccord. Il paraît prouvé que l'exécu-
teur fut le bourreau de l'armée royale, ce
qui écarte l'histoiie de la prétendue guillo-
tine locale. Un imprimé du temps dit que le
duc recommanda au bourreau de frapper
juste, ce qui écarte également l'hypothèse
d'un appareil mécanique.
Qiiant au couteau que l'on montre, à l'hô-
tel de ville de Toulouse, il a été confectionné
seulement au xvine siècle pour la décolla-
tion des gentilshommes verriers, et la date
qu'il porte, 1622, y a été gravée après coup,
comme le démontre le caractère tout moderne
des chiffres.
Dans ces conditions, le silence m'a paru
d'obligation. Ce n'est pas la peine de parler
pour ne rien dire de décisif.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
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10 Décembre 1906.
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Une fil'e naturelle de Louis XIV
(XLVIII ; L). — Voltaire parle, dans le
Siècle de Louis XIV^ vers la fin du cha-
pitre 28, d'une fille naturelle de ce mar-
quis qui l'avait eue d'une demoiselle atta-
chée a Mme de Montespan. Elle fut ma-
riée à un gentilhomme appelé de la
Queue, des environs de Versailles,
V. A. T.
Le district des Cordeliers en
1789 (LIV, 725). — La bibliothèque de
la ville de Paris, si riche en documents de
ce genre, ne contient de pièces sur le
district des Cordeliers qu'à partir de sep-
tembre 1789. Je n'y vois aucun des noms
indiqués par notre collaborateur , mais
ceux, bien connus, de d' Anton (sic), Faire
d'£glunfine, Paré, Labbé, Sentex, etc.
d'E.
Cambronne àWaterloo(T.G., 163 ;
L;LIII). — Dans ma brochure : la Phrase
et le Mot de IV tî/^r/oo, j'ai omis, parmi
les auteurs de la phrase ou d'une phrase
semblable, le général Ledru des Essarts
qui, pendant la retraite de Smolensk à
Orcha, sous les ordres de Ney, aurait ré-
pondu à un officier russe : « Les Français
combattent, mais ne se rendent pas ».
Le fait est rapporté par le général
J. D. Freytag dans ses Mémoires (Paris,
1824). Marquiset.
La fuite de Louis-Philippe (LIV,
610, 68,^, 733J. — Se rappelle-t-on la
lettre ci-après qui a été, à l'époque, re-
produite en fac-similé :
Dreux, jeudi 24 février 1848.
Mon cher comte, Parti sans une obole, il a
fallu emprunter à Versailles pour notre ché-
tif voyage. Nous sommes très bien arrivés
ici à cinq heures du soir C'était le mieux. A
présent, il faut faire arranger le plutôt (sic)
possible notre voyage à Eu. II faut des voi-
tures et vous me fériés (sic) plaisir de vous y
mettre pour m'apporter l'argent dont je vous
remets les ordres, et pour concerter avec vous
les horribles et effrayants arrangements de
ma nouvelle position, et j'espère que vous
pourrés venir. Bon soir.
Et sur la feuille suivante :
J'autorise le comte de Montalivet à faire
porter au crédit de mon compte particulier
une somme de trente mille francs (ci-
30.000 fr.).
Ce 24 février 1848.
Louis Philippe.
P. c. c. O.
Une fille naturelle de Jérôme Bo-
naparte (LIV,553,686,732). — La mère
Marie de la Croix dont il est question,
était en effet religieuse au couvent des
Oiseaux.
Mais elle n'a jamais été supérieure.
Elle était religieuse de chœur.
La mère Marie de la Croix est morte le
27 novembre 1873.
Le prince Jérôme avait épousé en Amé-
rique Mme Patterson. mariage parfaite-
ment en règle. Par conséquent, la mère
Marie de la Croix était bien leur fille légi-
time.
Ce prince eut L^ faiblesse de subir la
volonté de l'Empereur et de devenir
l'époux d'une princesse de Wurtemberg.
Malgré cela, même au couvent des Oi-
seaux, on croyait la naissance de cette
religieuse irrégulière, et beaucoup de
personnes le pensaient à cause de la mé-
salliance.
J'ignore la date de sa naissance, ainsi
que celle de son entrée au couvent.
P. Taffin.
La France et ses limites natu-
relles (LIV, 667, 793). — C'est une pure
querelle d'allemand, que de revendiquer
à la France l'Alsace Lorraine qui,géogra-
phiquement, fait partie de la Gaule, ainsi
qu'historiquement parlant, d'aussi haut
qu'on puisse remonter, même avant notre
ère. De tout temps, au contraire, on voit
les migrations de l'est à l'ouest des peu-
ples barbares envahir nos chères pro-
vinces, toujours reprises par nous avec
le temps et toujours envahies de nouveau
par des populations germaniques et ger-
manico-slaves successives ; depuis les
Suèves jusqu'aux Borusses ou Prussiens,
en passant par les Huns ou Hongrois.
Mais il y a bien mieux encore ! bi
l'on prétendait que le Rhin n'est pas une
barrière, nous montrerions que depuis
( quinze siècles, les Français ont possédé la
I Franconie, qui se trouve de l'autre côté
' du Rhin et qui confine à la Thuringe ! De
sorte qu'on pourrait dire (avec bien plus
juste raison encore que les Allemands),
N° 1132.
L'INTERMEDIAIRE
851
Rétablis pendant les Cent jours , ils j
firent partie des quatre compagnies rouges j
— chevau-légers , mousquetaires gris,
mousquetaires noirs (1), gendarmes.
Les chevau-légers formaient un corps de
456 hommes, tous, même les non gradés,
ayant le rang de sous lieutenant. La solde
était très faible, variant entre 600 et 800
francs par an ; mais la grosse dépense
pour le roi était les che\aux, l'équipe-
ment et le brillant uniforme.
Dans les quatre compagnies rouges, les
plus aristocratiques de la maison du roi,
tous les hommes étaient nobles, à quel-
ques exceptions près (2). C'étaient d'an-
ciens gardes du corps de Louis XVI, de
Vendéens, de soldats de Condé, d'anciens
émigrés. A peine âgé de seize ans, le
coriite Alfred de Vigny entra dans les
compagnies rouges de la maison du
roi.
852
*
La gendarmerie de France était compo-
sée, en i6ç)0, de 16 compagnies; 10 de
gendarmes et 6 de chevau-légers. Les
privilèges, charges, emplois, etc., des
chevau légers étaient équivalents à ceux
des gendarmes.
Cette troupe se recrutait par engage-
ment volontaire des gentilshommes no-
bles ou non qui voulaient servir. Après
vingt ans de service, une déclaration du
roi conférait la noblesse personnelle
Des renseignements sur la création, le
recrutement, l'organisation, etc., de cette
troupe sont donnés dans Les régiments
sous Louis Xy^ par Lucien Mouillard.
Beaudoin, 1882, p. 97 et 109.
Des planches en couleurs à la fin du
volume donnent les uniformes des gendar-
mes et des chevau-légers de 1 737 à 1774.
L'Histoire des 16 covipaguies de la gen-
Les chevau-légers furent supprimés en damier ie de France. Gouaches, 1724, dé
1815.
2° Les gendarmes de la garde du roi.
Sous Louis XIV, ils marchaient après
les gardes du corps et avaient le pas sur
les chevau-légers. L'effectif de ce corps
était, en 1715, de 16 compagnies, savoir:
10 de gendarmes et 6 de chevau-légers.
L'uniforme était à peu près le même
que celui des chevau-légers, en 171 5,
avec cette différence qu'ils portaient le ra-
bat. Tous les officiers étaient montés sur
des chevaux gris, et les gendarmes sur j gnale l'erreur que j'ai commise en affir-
mant qu'en 1-]^.^ aucune place ney.\s\a\tk
pôt de la guerre, donnerait peut-être l'u-
niforme des chevau légers aux environs
de 1716.
h' Etat militaire pour l'année 1772 de
Roussel, que j'ai sous les yeux, donne la
description de l'uniforme des gendarmes,
p. 156. Ex-LiBRIS.
Une n éda lie do fondation sur
Saint-Î^ulpice (LIV, 451, 531. 573.
736). — Un excellent collègue me si-
des chevaux bais.
Licenciés en 1787, le corps des gen- ' côté de l'église Saint-Sulpice. Je m'em-
darmes de la garde du roi fut rétabli sous j presse de rétablir la vérité d'après ses
la Restauration, et fit partie, con me nous
l'avons dit plus haut, des quatre compa-
gnies rouges.
Les gendarmes du roi, au nombre de
456, comme les chevau-légers, étaient
presque tous nobles.
Lors de la réorganisation de l'armée en
181 5, ils disparurent avec la suppression
des compagnies rouges. D' Billard.
(i) Les mousquetaires de la première com-
pagnie, qui avaient le bouton et la bouton-
nière d'or, montaient des chevaux gris ; les
mousquetaires de la d.Hixième compagnie
(bouton et boutonnière d'argent) montaient
des chevaux noirs, ce qui amena les dénomi-
nations de mousquetaires gris t\. àtmousque-
taires noirs .
(2) H, Houssaye, 18 j^, t. I, p. ai.
indications.
Dès 1754, il existait une petite place
qui n'était qu'une sorte d'amorce de la
grande place projetée par Servandoni.
Elle comprenait l'espace, resté libre ac-
tuellement encore, entre l'entrée de la rue
des Canettes et la façade latérale de l'é-
glise, et portait le nom dt place de Saint-
Sulpice. Elle fut inaugurée avec pompe
en 1754 et un arc de triomphe de circons-
tance y fut érigé en l'honneur du roi. II
est d'ailleurs bien évident que la médaille
dont il est question n'en représente pas
l'aspect, mais se rapporte au projet de
Servandoni. P. F.
Moï<^e et la croyance àTimmor-
i t^litô de l'âmo (LIV, 778). — Il me
' semble que la réponse à notre honoré
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
8S3
10 Décembre 1906,
854
collègue dépend beaucoup du point de
vue auquel on se place.
Pour un croyant, la Thorah est un li-
vre saint et contient par conséquent, à
priori, les dogmes fondamentaux de sa
religion. Un agnostique, au contraire, y
trouvera des affirmations nettement con-
traires à l'immortalité de l'àme ; ainsi
Gen. m, iQ «comme poussière toi. et en
poussière tu retourneras » Des expres-
sions comme, Gen^ XV, 15 : « tu iras vers
tes pères en paix, dans une bonne vieil-
lesse, et tu seras enterré » signifieront
simplement « tu mourras» etc. Le terme
de scbeol est employé dans Nombtes xvi,
33 dans le sens de <\ trou, fosse » ; il
signifie « vallée » dans Dent^ xxxu, 22;
« tombe » dans Gen. xiji, 38.
Sans remonter jusqu'aux célèbres que-
relles des Pharisiens et des Saducéens,
M. le D"" L. peut consulter à l'appui de
son opinion, H^Xévy (Mélattges de crUi-
que et d'histoire, 1885, p 368 s.). Le sa-
vant hébraisant fut vivement combattu
sur ce point, à l'Institut, par MM. Op-
pert et Derenbourg Voyez aussi Grunei-
sen. Der ahnen cultus nnd die Urrelicrion
o
hraels. Halle, 1900, p. 65, etc.
N. DouM.
♦ ♦
A cette opinion de M.Oppert exprimée
comme orateur du Grand-Orient : « Moïse
ne croyait pas à l'immortalité de l'âme,
il n'a pas laissé la moindre trace de cette
croyance dans le Pentatcnqiie », un polo-
nais, M RoUer, a répondu au congrès des
orientalistes de 1873 .
Il a fait d'abondantes citations pour dé-
montrer le contraire.
« L'Eternel est celui qui fait mourir et
qui fait vivre, qui fait descendre au sé-
pulcre et qui en fait remonter. » [Sa-
muel., II, 6),
Ensuite lorsque le fils de la femme veuve
à Sarepta, chez laquelle logeait le pro-
phète Elle, venait d'expirer, la Bible té-
moigne du fait suivant : « Puis, il cria à
l'Eternel et dit : Eternel, mon Dieu, je te
prie que l'âme de cet enfant rentre en
lui 2». Alors l'Eternel exauça levœu d'Elie,
et l'âme de l'enfant rentra en lui, et il re-
couvra la vie (1. Rois, ch. xvn, 21-22).
Enfin on trouve : « Et que la poudre
retourne dans la terre, comme elle y
avait été. et que l'Esprit retourne à Dieu
qui l'a donné ». (/ïcclésiasie., xii, 9).
« Ce qui prouve, dit M. RoUer, suivant
les prophètes, que l'âme des justes ne
s'éteint pas et qu'elle est sûre d'avoir sa
récompense dans la vie future. Je pourrais
encore citer bien des phrases de ce genre,
mais je me borne à prouver que toutes ces
idées de l'immortalité de l'âme ressortent
. de l'école de Moïse. »
Helenus (LIV, 446, 520, 627, 829).
— Je crois qu'il faut traduire Helenus,
non par Hélène, mais par Héleii. Il y a
non seulement une paroisse de Saint
Hélen dans les Côtes du-Nord. mais une
autre de Lanhélen (territoire de saint
Hélen) dans l'IUe et-Vilaine, et le prénom
de Hélen se rencontre assez fréquemment
en Bretagne, dans les anciens actes de
l'état-civil. Je puis citer comme me tou-
chant un peu : //^/e;z-Claude- François
Olivier, seigneur de Kervégan, marié, le
8 mai 173 1, à Louise-Marguerite du Breil
de Pontbriand, veuve de François-Joseph
de Robien.
Vicomte DU Breil de Pontbriand.
Châteaux de France (T. G., 197 ;
LIV, 406, 577, 687, 740). — L'évêché de
Bethléem, dont il a été incidemment
parlé, était situé à Clamecy, dans le
Nivernais, et il n'est peut-être pas inutile
de rappeler comment il avait été fondé.
Guillaume IV, comte de Nevers, tomba
malade de la peste en Palestine, et se
voyant à toute extrémité, voulut faire
son testament. Comme il avait une dévo-
tion particulière pour Bethléem, il ordonna
que son corps y fût inhumé, et légua à
cette église l'hôpital de Pantenor de Cla-
mecy, avec les biens qui en dépendaient
afin que l'évèque pût y faire sa retraite,
dans le cas où les Sarrasins parviendraient
à le chasser de son siège. Guy I", frère et
successeur de Guillaume IV, approuva
cette donation, la signa et la fit signer
par tous ses barons. Guillaume étant
mort peu de temps après (24 octobre
1 168), fut inhumé à Bethléem.
Guy revint bientôt en France, emme-
nant l'évèque de Bethléem qu'il mit en
possession de son hôpital de Pantenor ;
dès lors, ce lieu prit le nom de Bethléem
et fut le siège d'un évêché. La comtesse
Mahaud, en 1223, et le roi Charles VI, en
14 12, confirmèrent les dons faits à cette
N" 1 132,
LlNTERiMEDlAlRE
855
856
église ; le même roi ordonna que les titu-
laires qui seraient originaires de France,
ou qui y auraient demeuré depuis long-
temps, jouiraient des mêmes privilèges
que les autres évêquès du royaume.
M. de Soultrait, dans V Armoriai du
Nivernais^ donne la liste chronologique
des évêques de Bethléem, au nombre de
55, depuis 1223. Le dernier titulaire fut,
comme le dit M.J.-C. Wigg, François-
Camille Duranti-Lironcourt, sacré en
1778. D. DES E.
Sépultures d'artistes célèbres
(U; LiI;LllI;LlV, 13, 5 3 2J. — Monsieur
Ambroise Firmin-Didot (1790-1876) le
distingué imprimeur, écrivain et biblio-
phile, est enterré à Sorel-Moussel (Eure-et-
Loir) où sont établies les usines à papier
de cette illustre famille. M. Al.
*
* *
Au Père-la-Chaise, dans la 59* division,
longeant le boulevard Ménilmontant, se
trouve la sépulture Deburaii-Ciiif^ dont le
monument, actuellement en granit, a été
refait récemment, il porte comme simple
inscription :
Deburau
ij juin 18^6
Veuve Deburau
y février IQO^
E. G. Taverny.
Baptême (noms de ville donnés)
(^XLVll; XLVIU; L; LU; LUI ; LIV, 292).
— Le fils du maréchal deTessé reçut, au
baptême, les prénoms de René-Mans.
Lieutenant général des armées du Roi
et des provmces du Maine, Perche et
comté de Laval, premier et grand-écuyer
de la Reine, il mourut, dans la 615* année
de son âge, le 21 septembre 1746, en son
hôiel au Mans, paroisse de Saint-Vincent.
Em. -Louis Chambois.
Famille de Batinep (LIV, 221, 408,
522, 741). — \J Armoriai du Dauphiné.,
par G. de Rivoire-la-Batie, donne une no-
tice sur la famille du colonel de Batines,
connue à la Côte-Saint-André dès l'an
1380 et fixée, depuis le commencement
du XIV* siècle, dans le Maine,
La notice se termine par la phrase sui-
vante :
""Quant au littérateur dauphinois connu
sous le nom de Paul Colomb, vicomte de Ba-
tines, il était fils d'un avocat général à la
cour royale de Paris, né à Gap, qui s'appe-
lait Colomb tout court et qui s'était fait,
croyons-nous, créer vicofnte à l'époque de
la Restauration, sous le nom de Colomb de
Batines.
X.
Le chevalier de la Cressonnière
(LIV, 669, 799).— Jean-Baptiste Ampleman,
chevalier de la Cressonnière, était le
deuxième fils de Marc-Antoine Ample-
man, vicomte d'Olfus, seigneur de la
I Cressonnière, en Artois, et de Marie-
Françoise Huguet de Sémonville.
D'abord sous-lieutenant au régiment
de la Marine, dont il devint lieutenant, il
passa, le 21 janvier 1760, dans celui de
Poli cavalerie, où il avait le grade de
cornette. Il en était, en 1762, à sa sep,
tième campagne, et servait en Allemagne-
sous les ordres du prince de Condé. Ayant
reçu un coup de feu au bras, il fut ré-
formé en 1763, à la suite de cette blessure
et fut fait chevalier de Saint-Louis. Il
résida en Touraine où il prit part à
l'assemblée électorale de la noblesse, en
^789-
Ces notes sont empruntées à M. A. de
Remâcle qui a décrit son ex-libris dans
les Archives de la Société française^ mais
qui n'a pas parlé de livres portant son
nom.
Les armes de la famille Ampleman
étaient : d'argent, à trois aigles éployées de
sahle^ que les cadets hx\sd\t'n.\. d'un chevron
d'a:^nr.
*
* ¥
Je possède un ex-libris de ce chevalier :
d'argent, an chcvion d'a:(ur, accompagné
de ) aigles à 2 têt- s de sable, au vol éployé
2 et I . Couronne de marquis. Supports :
2 licornes.
Famille Cuissart, du Beauvaisis
(LIV, 334, 745)- — Je remercie bien vi-
vement M. Le Lieur d'Avost ainsi que les
aimables cliercheurs qui pourront me
renseigner encore.
DE C.
Marc Ducloux(LlI ; LIV, 414, 628).
— La principale source où j'ai puisé les
éléments de ma réponse à la question
Marc Ducloux a été la brochure de
M. L. Mogeon.
Mes souvenirs de lectures, les notes de
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre juo6
857
858
quelques livres indicatives d'éditions, des
cataloguas, m'ont été utiles.
J'ai enfin trouvé, ainsi que je l'ai dit, le
nom de Ducloux maintes fois répété dans
les lettres de Sainte-Beuve à M. et à Mme
juste Olivier Elles ont été publiées dans
la Revue des Deux-Mondes en 1903 et
1904, par M. Léon Séché, et ont ensuite
paru en un volume in 12, édité par la
Société du Meraire de France (Paris,
1904).
M. Philippe Godet, professeur à la fa-
culté des lettres de Neuchàtel, a publié,
en 1904. dans la Bibliothèque Universelle
de Lausanne, n"' de février à mai, trente-
cinq lettres de M. et de Mme Juste Oli-
vier à Sainte-Beuve ; ce sont les seules
qui aient été conservées ; elles ont été
communiquées par M. le vicomte de Spœl-
berch de Lovenjoul. Ces lettres sont re-
liées entre elles par un texte explicatif de
M. Godet ; elles ont trouvé place dans le
volume de M. Léon Séché, mais sans ce
texte.
Juste Olivier (1807- 1876), poète, his-
torien, romancier, avait fait la connais-
sance de Sainte-Beuve en 1830, dans un
séjour de quelques mois à Paris. Rentré
dans sa patrie, juste Olivier n'oublia pas
le poète et critique français ; des lettres
furent échangées, mais les véritables rela-
tions d'amitié et la correspondance pro-
prement dite entre ces deux hommes da-
tent de 1837, année où Sainte-Beuve
vint en Suisse, fut reçu dans la famille
Olivier et professa à l'Académie de Lau-
sanne son cours sur Port-Royal. Elles du-
rèrent jusqu'à la mort de Sainte-Beuve
(1869).
Juste Olivier avait étudié la théologie en
vue du pastorat protestant, mais il re-
nonça à cette carrière, pour se consacrer
à l'enseignement supérieur et à la culture
des lettres : il fut professeur de littéra-
ture à Neuchàtel, puis d'histoire à l'Aca-
démie de Lausanne. Il dirigea, pendant
près de trois ans, la Revue Suisse que
Marc Ducloux avait fondée en 1838.
Sainte-Beuve lui adressait de Paris des
lettres-chroniques qui parurent dans la
Revue, sans nom d'auteur, et qui oit été
rééditées, après la mort du critique, par
M Jules Troubat, en un volume, sous le
titre de : Chroniques parisiennes (Paris,
1876).
La révolution vaudoise de 1845 obligea
Olivier à quitter son pays natal pour aller
s'établir à Paris où la vie ne lui fut pas
facile et où il eut à essuyer bien des de-
boires. 11 fut prote dans l'imprimerie de
son compatriote Marc Ducloux, trouva
aussi l'emploi de ses facultés dans l'ensei-
gnement officiel et dans l'enseignement
privé et ouvrit dans sa maison une pen-
sion destinée aux jeunes gens étrangers
qui venaient terminer leurs études à Pa-
ris.
Plusieurs de ses œuvres littéraires vi-
rent le jour dans cette ville. La guerre de
1870-1871 le retint en Suisse où il était
venu faire un séjour de vacances et où il
acheva sa carrière. Il mourut à Genève.
Mme Juste Olivier, poète aussi, a été la
collaboratrice de son mari.
La publication de M. Godet dans la Bi-
bliothèque Universelle aura révélé à plu-
sieurs lecteurs la personnalité sympathi-
que d'un ami de George Sand, Jules Né-
raud, botaniste et grand voyageur. En
1841, il fit une excursion en Suisse et fut
reçu par M. et Mme Olivier qui le mirent
en rapport avec Marc Ducloux. Néraud
avait composé un petit traité de botani-
que destiné à la jeunesse. Ducloux en ac-
quit la propriété, l'imprima, mais le
garda en feuilles non assemblées ; Geor-
ges Bridel, son successeur, mit la der-
nière main à cette publication. L'ouvrage
parut en 1847, sans nom d'auteur, sous
le titre de Botanique de l'enfance, avec
une préface de George Sand. Le libraire
Hetzel en a publié une nouvelle édition,
revue par Jean Macé. Jules Néraud mou-
rut en 1855, âgé de 59 ans.
M. Godet cite, dans l'un de ses arti-
cles, (n" de mars), des extraits de cinq
lettres inédites de George Sand à Jules
Néraud.
Je dois rectifier en un point ma pre-
mière réponse. La révolution vaudoise de
1845, qui eut un contre-coup dans le
monde ecclésiastique, fut bien, suivant
Eugène Rambert (1830-1886), biographe
d'Olivier, et M. Léon Séché, la cause de
l'exode de Ducloux à Paris, mais il ne
parait pas que des troubles politiques et
religieux Paient déterminé à la cession
qu'il fit, en 1844, de ses établissements
de Lausanne à iVlM. Bonamici et C" et
Georges Bridel. L. Y.
N" 113-2.
L'INTERMÉDIAIRE
859
860
Dumay, directeur des cultes (LIV,
5i^). — Avant d'occuper ses hautes
fonctions, Charles-Frédéric Dumay avait
fait jouer à Paris:
Seul, Un monsieur dont le ne:( remue ^
vaudeville en 1 acte (Délassements-Comi-
ques, 1" décembre 1868). Non imprimé ;
En collaboration avec Edouard Cadol,
Le Puits de Carnac, drame en 4 actes
(Château-Eau, 14 avril 1870). Dentu, édi-
teur ;
En collaboration avec François Oswald,
Du pain s. v. p., comédie en i acte
(Cluny, 15 mars 1873). Non imprimé ;
La Belle et la Bête^ pièce en 2 actes
(Renaissance, 12 avril 1873). Non im-
primé ;
Dans le Bottin, vaudeville en i acte
(Folies-Dramatiques, 19 juillet 1873.) Non
imprimé ;
Un beau dévouement , comédie en i acte
(Vaudeville, 15 janvier 1875). Michel
Lévy, éditeur ;
En eau trouble^ vaudeville en i acte
(Variétés, 25 mai 1875). Michel Lévy,
éditeur.
II publia en outre, chez Dentu, une
pièce intitulée : Le Fils légitime (5 actes,
1878).
Sur le faux titre du Fils légitime sont
indiqués deux autres ouvrages qui n'ont
été ni représentés ni imprimés: Û Affamé,
comédie en i acte, et En Alsace^ drame
en I acte.
A bas les calicots ! n'est point de Char-
les, mais de Léon Dumay.
L. -Henry Lecomte.
Projet de mariage de Gambetta
(L ; Ll ; LIV, 801). — Du Figaro, 6 no-
vembre 1906 :
Où se trouvent actuellement les lettres de
Gambetta î quel est le dépositaire du volumi-
neux dossier formé par cette correspondance?
On savait que jadis Mme Léonie Léon en
avait fait, par testament, un legs spécial qui
devait, à sa mort, revenir à l'un des amis les
plus dévoués de Gambetta, M. Marcellin Pel-
ïet, ancien député du Gard, et aujourd'hui
ministre de France à La Haye. Mais à me-
sure que les années passaient, Mme Léon, qui,
déjà, du vivant même de Gambetta, était
loin de partager les opinions philosophiques
et religieuses du grand tribun et de ses amis,
s'éloignait davantage encore du milieu politi-
que qui avait été celui de Gambetta. Vivant
dans la retraite et dans la piété, perdant peu
à peu tout contact avec l'entourage de l'illus-
tre homme d'Etat, elle s'était fait une existence
de recluse. Sa petite maison de la rue Perri-
chon était comme un couvent oij elle aurait
résolu de passer ses derniers jours, et lors-
qu'une maladie grave la força d'envisager la
mort, ce fut une religieuse, une sœur béné-
dictine qu'elle institua sa légataire univer-
selle.
Lettres de Lavater (LIV, 781). —
On veut sans doute parler de la « Corres-
pondance inédite de Lavater avec l'impé-
ratrice de Russie, sur l'avenir de l'âme ».
(A. Lacroix, Verbœchoven, 1868.)
Les lettres dont il s'agit se trouvent au
château grand ducal de Powlov/sk. Elles
sont datées de Zurich 1798. Seize ans au-
paravant, Lavater avait eu l'occasion de
faire à Zurich et à Schaffouse, la connais-
sance du comte et de la comtesse du
Nord (c'est sous ce nom que le grand duc
de Russie et sa femme voyageaient en
Europe) et de 1796 à 1800, il envoyait à
l'impératrice .Marie, des réflexions sur la
physionomie, auxquels il joignait des let-
tres ayant pour but de dépeindre l'état de
l'âme après la mort.
Ces lettres de Lavater furent décou-
vertes pendant une revision de la biblio-
thèque grand ducale, par le docteur
Minzloflf, conservateur de la Bibliothèque
impérialede Pétersbourg et mises en ordre
par ce dernier. Elles ont été publiées à
Saint-Pétersbourg en 18^8, aux frais de
la Bibliothèque impériale Cet ouvrage a
été offert en hommage au Sénat de l'Uni-
versité d'Iéna à l'occasion du 300' anni-
versaire de sa fondation.
Ces lettres font penser à la fois à la
théosophie et au spiritisme qui ni l'une ni
l'autre n'existaient encore.
La traduction même est anonyme. En
réalité elle est d'un M. Alfred Véron.
Si l'auteur de cette question y voit un
intérêt, je puis lui signaler un exemplaire
annoté.
Cette note inédite pourra lui être utile ;
c'est l'histoire de la brochure :
Lorsque je publiai cette correspondance
j'espérais que la notoriété de l'auteur ainsi
que la qualité des personnages à qui ces let-
tres étaient adressées, appelleraient l'attention
du public sur cette grande question de l'âme,
si discutée aujourd'hui dans le monde en-
tier.
Soit indifférence, soit le mysticisme des
pensées intimes que le célèbre physionomiste
ne confiait qu'à des amis dont il savait être
DES CHERCHEURS ET CURIEUX lo Décembre 1906
861
862
compris, cette publication ne fit pas grand
bruit et un bon nombre d'exemplaires me
resta.
Destiné à être distribué dans le cercle de
mes relations, j'en ai souligné quelques pas-
sages afin d'en élargir le sens et de donner
aux principes émis par Lavater l'appui de la
révélation des esprits.
« Il n'y a point de surnaturel dans la na-
ture, mais beaucoup d'incompréhensible.
« Deux éléments ou si l'on veut deux forces,
régissent l'univers , l'élément spirituel et
l'élément naturel.
« De l'action simultanée de ces deux prin-
cipes naissent des phénomènes spéciaux qui
sont naturellement inexplicables si l'on fait
abstraction de l'un des deux. »
J'engage le lecteur à méditer ces véritésphi-
losophiques, en attendant le prononcé de la
science, et à étudier la doctrine spirite qui
parle à l'âme et en démontre l'existence.
Alfred Veron.
57, rue N.-D.-de-Lorette. 1872.
Le même écrivain a écrit de sa plume,
à la main, en tête de sa brochure particu-
lière cette pensée de Renan :
« J'ai rapporté du seuil de l'infini une foi
plus vive que jamais dans la réalité supé-
rieure du monde idéal. C'est lui qui ^5^ et le
monde physique parait être. Ce que dix
d'entre vous ne veulent pas entendre aujour-
d'hui, demain dix mille le liront. »
Renan.
A ses collègues de l'Institut 1862.
Comment Renan, en 1862, a-t-il pro-
noncé ces paroles ^
Les lettres de Lavater sont signées tan-
tôt :
Jean-Gaspar Lavater.
Avec la permission de Dieu, la suite dans
huit jours.
prochainement si Dieu veut le
ou encore :
La suite
permettre.
Pour produire plus d'effet il y a joint :
« La lettre d'un esprit bienheureux à son
ami de la terre sur la première vue du
seigneur » qui est signée « Makariose-
nagape ». Puis '< La lettre d'un défunt à
son ami sur les rapports qui existent entre
les esprits et ceux qu'ils ont aimés sur
la terre. >v
Ce sont des récits sur le monde invisi-
ble par des « esprits désincarnés » qui
l'habitent. Lavater est bien là le précur-
seur d'AUan Kardec. L.
Louis de Lesclade , professeur
dô philosophie (LIV, 725). — Mais ce
Lesclade est une vieille connaissance pour
Yfnfetmédiaire ; n'est-ce pas le Lesclache à
qui le Moliériste de notre ami iVlonval a
consacré jadis des pages si intéressantes
et qui, de temps à autre, réveille la cu-
riosité de nos collaborateurs .?
Alpha.
L'Abbé Prlichon est-ill' auteur du
« Maidit». — L'abbé Michon et la
science graphologique (T. G., 590 ;
LIV, 636). — L'abbé Michon a pris soin
de répondre lui-même aux accusations de
DesbaroUes et il l'a fait assez longuement
dans son Système de graphologie. En
voici quelques extraits :
i'^ Relativement à la collaboration de
DesbaroUes, dont il n'aurait été, au dire
de celui-ci, que le secrétaire, l'abbéMichon
répond :
D'après cette splendide version, d'une
hardies-e plus que bouffonne, j'ai été tout
bonnement un secrétaire.
Or voici ce qu'il avait écrit précédemment
sur la valeur d'Adolf Henze : Le grapholo-
giste allemand ne m'avait inspiré qu'une
demi-confiance, parce qu'il n'établit pas une
seule fois une méthode. Il ne prouve rien. II
est par trop fantaisiste, paradoxal.
Son livre n'est autre chose que la collec-
tion des réponses faites à un journal. Chez
nous, elles ne seraient pas sérieuses. Et
ailleurs : Chez lui, il est impossible de dé-
couvrir une méthode. 11 donne des applica-
tions, jamais la règle.
Voilà la méthode consacrée depuis sept ans
que m'apportait cet homme. Voilà le rudi-
ment des démonstrations de mon livre.
Quelle honteuse contradiction ! La tête d'un
septuagénaire déménage quaid elle écrit de
telles choses. J'ai composé la méthode gra-
phologique sur la méthode d'un homme qui
n'établit pas une seule fois une méthode. On
croit rêver. Et l'on débite ces fadaises au
public parisien !
Mais si Adolf Henze n'a pas de méthode,
M. Michon en a-t-il une? Ecoutons notre
homme.
« Un beau jour je fis la rt*ncontre d'un sa-
vant d'un nom connu (M. Michon), qui
s'occupait, comme moi, i.\-: l'étude des écri-
tures et qui m'en donna à 1 instant des preu-
ves. Il avait tout un système, avec des règles,
des signes, une véritable science, en un mot.
J'eus bientôt fait connaissance avec l'érudit
graphologiste, et je l'engageai à concourir à
mon œuvre en apportant toute sa grammaire
N 1 132,
L'INTERMEDIAIRE
863
864
à la perfection de la cience que je me pro-
posais de publier. »
Nous sommes bien loin maintenant delà
fable de l'homme qui ne fait que servir de
secrétaire. Cette fois il apporte une véritable
science, « toute sa grammaire ». Des secré-
taires de ce genre ressemblent beaucoup à
des maîtres.
Cf. Système de graphologie. Additions^
corrections et éclaircissements, note B.
page 2j.
2" Quelques pages plus loin, l'abbé
Alichon, faisant allusion à l'intervention
de la Société des «ens de lettres, écrit :
Ces quelques lignes, d'une extrême indul-
gence, sont une allusion à un rapport fait au
comité de la Société des gens de lettres, à
propos d'un procès que mon collaborateur
éditeur m'avait intenté devant le tribunal de
commerce. Ce tribunal, bien avisé, ne voulut
pas connaître de l'affaire et la renvoya au co-
mité de la Société des gens de lettres.
Le comité me débarrassa de cet homme en
annulant le traité littéraire qui me liait à lui.
Mais, allant plus loin, et sur les clameurs du
personnage, qui se disait déshonoré dans le
monde des lettres s'il n'était pas établi qu'il
était pour une part dans l'invention de la
graphologie, le comité adopta les conclu-
sions de son rapporteur, que M. Michon
n'était pas le seul inventeur de la science
graphologique, mais que le personnage avait
travaillé à formuler une science, et que
M. Michon n'était que son collaborateur.
Le comité des gens de lettres sortait là de
ses attributions. Le tribunal de commerce
lui donnait un traité littéraire à discuter et
un litige pécuniaire à juger, et nullement la
mission de chercher quel était l'inventeur
ou le seul inventeur de la science grapholo-
gique. Le comité s'avisait là d'aborder une
question qui est de la compétence du public,
mais non de la sienne. Il faisait un excès de
pouvoir au premier chef. J'avais donné ma
signature en blanc pour accepter son juge-
ment ; oui, mais naturellement sur le litige
que le tribunal de commerce soumettait à
sa juridiction, puisque mon collaborateur et
moi nous étions membres de la Société des
gens de lettres, mais non sur la question de
savoir qui avait ou qui n'avait pas inventé
la science graphologique.
Le rapporteur avait fait son travail avec
une partialité révoltante : il avait complai-
samment exposé les réclamations de mon
adversaire ; il n'avait pas eu la loyauté de
me demander les miennes.
Le comité des gens de lettres me faisant
la défense de me dire le seul inventeur de la
science graphologique, prenait, en matière
de science, un pouvoir directorial risible.
i Comment des hommes de lettres un peu sé-
rieux peuvent-ils s'oublier à des prétentions
si étranges ? On croit rêver.
Evidemment je n'ai tenu aucun compte de
la belle décision. Je ne suis certainement pas
le seul inventeur de la graphologie.
L'observateur des vieux temps qui trouva
que tous ceux qui mettent les points sur les
i sont des prudents, des attentifs, des méti-
culeux, découvrait le premier signe grapho-
logique. La décision du comité des gens de
lettres était donc un enfantillage.
En réalité, il s'agissait non d'invention de
science, mais d'un système publié. Or je
suis parfaitement le seul inventeur de mon
système. Mon collaborateur lui-même avait
donné sur ce point un démenti énergique et
formel au comité des gens de lettres. Il
m'écrivait, le 6 septembre 1870 : Je dis dans
ma préface que vous allez exposer votre sys-
tème au public, je n'ai nulle envie d'exploi-
ter votre science. Je vous ai dit que j'ai un
autre système. Si je cite le vôtre, ne vous
plaignez pas. Mon nom a encore une auto-
rité Je ne vole personne. Je recommande.
Ce qui est plus fort, s'il est possible, c'est
la lettre suivante, du 30 août 1871, à Emilie
de Vars : Nous devions donner chacun notre
système : mais lui (M. Michon) lorsque je ré-
glais mon œuvre, a apporté un système tout
fait. M. Michon n'a jamais voulu adapter
son système à ma science. Il se refuse abso-
lument à ce mélange.
Les lettres de ce pauvre homme lui tom-
bent maintenant comme une lourde tuile sur
la tête. Impossible de se contredire plus bru-
talement. Voilà la réponse à M le rappor-
teur du comité des gens de lettres. Si mon
collaborateur a un autre système, s'il ne veut
pas exploiter ma science, s'il expose mon
système, si je n'ai pas voulu adapter mon
système à sa science, j'ai donc un système,
l'ai donc une science, je suis donc l'inven-
teur de mon système, de ma science. Logique
humaine !
Si je suis revenu sur ce triste épisode de
ma vie littéraire, c'est par loyauté. Je n'ai
pas voulu paraître jeter un voile sur l'étrange
décision du comité des gens de lettres au su-
jet de l'invention de la science graphologi-
que,Je tenais à déclarer cette décisio 1 comme
radicalement nulle, puisqu'elle était prise en
dehors de la juridiction du comité, qui n'avait
à s'occuper que d'un traité et d'un conflit
pécuniaire. 11 s'agissait de 80 francs.
Cf. Opnscitato, note D page 5.
Les archives de la Société des gens de
lettres ne conservent-elles pas quelques
traces de cette intervention ?
G. LA Brèche,
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
865
10
866
Décembre iyo6.
Un marquis de la Pailleterie
(LIV, 449, 526, 585,638,694,751,808).
— Col. 808 : Au lieu de :
b) Marie Tuffé, etc..
lire :
b) Léon-Adélaïde-Louis, baptisé à Mon-
targis le 29 août 1769 (ligne oubliée).
20 Marie Tuffé, femme de...
G. N.
Famillô Tasclier (LUI ; LIV, 86,
196, 810). — Extrait des regisUes de la
paroisse de Saint-Victem (Sarthe) :
1652. 26 juin. — Mariage de M''^ Jean-
Baptiste de Tascher, chevalier, seigneur de
Boisgontier, veuf de Charlotte de Courtoux,
avec Marie Prud'homme, de la paroisse de
Fyé, veuve d'Honorat Le Royer, chevalier,
seigneur du Mesnil-Samson.
1653.3 mars. — Baptême de Jean-Baptiâte,
fils des précités.
Extrait des registres de la paroisse de
Fyé (Sarthe) :
1677, 24 novembre. — Mariage de René
de Tascher, écuyer, seigneur de Marsilly,
avec Marie-Renee-Angélique de Tragin.
Em. -Louis Chambois.
Guillaume de Vaudenesse et sa
famille (LIV, 726). — Tous les rensei-
gnements touchant cette famille, trop
longs à donner par écrit, se trouvent aux
Archives de la noblesse, Collège héraldique
de France, qui possèdent des chartes origi-
nales très curieuses sur cette famille.
J. Martinon.
♦ *
Dans un ancien caveau de l'église de
Taverny, se trouvent ces épitaphes :
« Cy git Louise de Vandenesse. fille de
M. N. de Vandenesse et de Catherine
Léauté (ou Léaulté) -^ 13* ae juin 1727 ».
Dans le même caveau :
« Messire Guillaume-Philippe Léauté,
curé de cette église, -[- 1741. »
E. G. YvERNAT,
Armoiries à dôtarrainer : d'or,
au chevron de gueules (LIV, 393,
530). — La fani'lle de Vaynes, réfugiée
dans les Pays-Bas, a résidé à Leyde, La
Haye et autres villes de la Hollande. Je
viens de glaner les actes suivants, tous
extraits de registres officiels.
1603. Février i. — Reçu membre de
l'Eglise Wallonne de Leyde : Collette
par témoignage de l'église de
Vaines
Bréda.
ifc)8o. Juin 21. — Baptisée à La Haye,
dans l'église de Saint-Jacques : Catharina-
Elisabeth, fille de Guillaume de Vaynes
et Sophia Verstege.
1682, Mars 20. — Baptisée à la Haye,
dans l'église dite du Cloître : Rozoura,
fille de Guillaume de Vaynes et Sophia
Voorstech.
1683. Décembre 22. — Baptisé à La Haye,
dans l'église de Saint-Jacques : Pierre,
fils de Guillaume de Vaynes et Sophia
Vinstech.
1686. — Dans les Résolutions des Etats-
généraux figure le nom de Pierre de Vai-
nes, officier réformé.
1687. Décembre 14. — Baptisé à La Haye
dans l'église de Saint-Jacques : Gidion,
fils de Guillaume de Vaynes et Sophia
Versticht.
1609, Mars 6. — Baptisé à la Haye,
dans l'église de Saint-}acques : Pierre fils
de Guillaume de Vaynes et Sophia Voors-
tegh.
U va sans dire que c'est toujours une
dame Sophie Versteegh ou Verstege qui
est la mère des enfants nommés ci dessus.
1689. Juillet 28. — Guillaume de Vay-
nes, nommé aide-de-camp (Résol. des
Etats-Généraux) .
1696-1697. — Guillaume de Vaines,
aide-de-camp du lieut. général, le mar-
quis de Montpouillan.
1700. Février 11. — Guillaume de
Vaynes, ancien aide-de-camp du marquis
de Montpouillan, mis à la retraite, de-
mande payement de son traitement.
1706. Février 11. — Est nommée une
veuve du capitaine C. Blondel, née
Johanna de Vainnes — (Résol. des E G.).
1709. Résol., E.-G. Gidéon de Vaines,
nommé enseigne 25 avril, et lieutenant
4 septembre 17 10.
17 10. Septembre 10. — de Vaynes,
rég. d'Inf. de Crcmmelin.
(1750. Septembre 15. — de Vaynes,
capitaine).
17 19. Novembre 26. — Mariés à la
Haye, Benjamin de Vaines, jeune homme,
et Anna Seghbroek, jeune fille, tous les
deux nés à la Haye et y demeurant.
1720 Mars 27. — Enterré à la Haye,
Guillaume de Vaines.
1720. Novembre 10. — Mariés à la
Haye, Gédéon de Vaynes, j. h. né ici,
N° 1132 .
L'INTERMEDIAIRE
867
868
lieutenant et Johanna van Brakel, j f.,née
à Brielle.
1727, Octobre 21. — Par acte des
E. G , Gédéon de Vaines est nommé Ser-
geant-major (lieut.- colonel ?)
1728. Octobre 18. — Enterré à la
Haye, Dominicus de Vaines, dans la
classe de Prodeo.
1730. Septembre j8, — Gédéon de
Vaines, nommé capitaine.
1782. Mars 31. — Mariés à la Haye :
Petronella Hendrik,Tliomas Meynsma.
D'après le : NederJand's AdeI<.hoek,iC)Ob,
la famille Van Vaynes van Brakell, éteinte
en ligne mâle, est originaire du Dauphiné,
dont la généalogie commence avec Guil-
laume de Vaynes (venu en Hollande avec
Louise de CoUigny) marié à Catherine de
Levin.
Gédéon de Vaynes s'est marié. en 1720,
à Johanna van Brakell, dont la postérité
est connue sous le nom de : de Vaynes
van Brakell. Par décret royal du 2çmars
184^^ n- 7^, Guillaume (Willem) de Vay-
nes van Brakell est anobli avec le prédi-
cat de jonkheer (Ecuyer). La généalogie
est dressée comme suit :
I. Guillaume de. Vaynes, se marie à Ca-
therine de Levin.
II. Pierre de Vaynes, intendant ge'néral des
Armées, se marie h Anna Stempel.
III. Guillaume de Vaynes, né en juillet
1650, général major, •\ 21 mars 1720, se
marie à Voorburg près La Haye, le 19 no-
vembre 1679, à Sophia Versteeg, -J- le 11
mai 1817.
IV. Gédéon de Vaynes, baptisé à La Haye
le 14 décembre 1687, major, f le i juillet
1747, se marie à Schéveningue le 24 novem-
bre 1720 à Johanna Van Brakell.
V. Paulus de Vaynes van Brakell, né à
Ypres le 29 mars 1725, chanoine de Sainte-
Marie, t à Ysselstein le 20 novembre 1786,
se marie, le 30 juin 1749, à Hester-Hendrica
Baers, née à Utrecht, le 6 juillet 1723, f à
Ysselstein le 15 décembre 1788.
VI. Jonkheer (Ecuyer) Willem de Vaynes
van Biakell, né au château de Zeevliet, près
d'Ysselstein, le 18 octobre 1743, lieutenant-
colonel d'Etat-major, f à Doesburg le 7 avril
1843, se marie à Arnhem, le 4 février 1794,
h Johanna-Elisabeth Eytelwyn, née à Ams-
terdam le 10 octobre 1772, -|- au Château
« de Plak » près de Bommel le 19 mars
1808. Dont :
I. Paulus-Frans-Willem de Vaynes van
Brakell, ré à Arnhem le 9 novembre 1794,
t à Doesburg le 16 août i8i i, comme élève
à l'école militaire.
2. Noble demoiselle Christma-Louisa-
Johanna-Esther de Vaynes van Brakell, née
à Zutphen le 23 mai 171)6, -J- à Arnhem le 3
avril 1803, se marie à Doesburg, le 11 mai
1821 ; à Quiryn-Rudolf-Maurits Ver Huell,
né à Zutphen le 11 septembre 1787, contre-
amiral, -|- à Arnhem le 10 mai 1860.
3. Noble demoiselle Johanna-Henrietta-
Susanna de Vaynes van Brakell, née h Zut-
phen le 10 septembre 1797, -|* à Arnhem le
6 janvier 1804.
4. Jan-Daniel de Vaynes van Brakell, né
au château « de Plak* près de Bemmel le 11
août 1799, •]* à Salatiga. le 15 mai 1830.
5. Jh'' (Ecuyer) Reinhart-Godfried-Benja-
min de Vaynes van Brakell, né au château
« de Plak » près de Bemmel ; le 2 mars
1801, directeur du corps du Génie aux Indes
Orientales, colonel, -\- à Arnhem le 27 dé-
cembre 1862. Se marie là-bas, le 5 août 1841,
à Sara-Petronella-Catharina Royaards, né à
Arnhem le 28 juin 1809, -f- là-bas le 19 dé-
cembre 1862.
6. Noble demoiselle Johanna-Christina-
Frederica-Elisabelh de Vaynes van Brakell,
née au château « de Plak » le 24 avril 1802,
-}- Deu Helder le 12 janvier 1884, se marie à
Doesburg le 23 septembre 1826 à Jan-Frederik-
Daniel Bouricius, né à Arnhem le 23 juillet
1799, vice-amiral, inspecteur de la Marine
néerlandaise, aidede camp e. s. e., de S. M.
le Roi, -^ en pleine mer, le 4 mai 1859.
7. Henri-Jean-Léopold-Théodore (qui suit
Vil).
8. Noble demoiselle Françoise-Sophia-
Cornelia de Vayr.es van Brakell, née au châ-
teau « de Plak » le 11 juin i8os, "^ àArnhem
le 21 septembre 1842, se marie à Doesburg,
le 10 mars 1831, au d"" e. d. Sjoerd jacobus
van Overveldt, juge à Arnhem, né 1792,
t .854.
9. Noble demoiselle Hélène Caroline de
Vaynes van Brakell, née au château « de
Plak » le 4 octobre 1806, f à Arnhem le
1°' décembre 1889, ^e marie à Doesburg le
22 avril 1S40, à Conraad-johannes Buys, re-
ceveur de l'enregistiement, né en 18.13, i" en
1833.
10 Le jh"" et d"" e d. Louis de Vaynes van
Brakell, né au château « de Plak » le 6 mars
1808. -|* à Arnhem le 16 février 1841 .
Vil. Le Jh"" Henri-Jean-Léopold-Théo-
dore de Vaynes van Brakell, né au château
« de Plak » le i""" mai 1804, capitaine de
vaisseau, -j- à Arnhem le i"" décembre 884.
Se marie à Doesburg le 18 février 1836, à
Jacoba-Gésina van Overveldt, née là-bas le
31 octobre 18 14, f à Arnhem le ;i mai
1851. Dont :
I , Noble demoiselle Wilhelmina-Johanna-
Paulina-Hesther de Vaynes van Brakell, née
à Arnhem le 11 décembre 1836, •]- à Soester-
berg le 20 août 1879 ; se marie à Arnhem le
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
869
10 Décembre 1906.
n juin 1845 à Louis-Henri Alexandre de
Chalmot, inspecteur des postes royales né
1828, t 1883.
2. Théodorus-Adrianus de Vaynes van
Brakell, né à Deu Helder 1838, -j- i8:}9.
3. Le Jhr Wilhem-Gérard-Livius de Vaynes
van Brakell, né à Deu Helder le 4 janvier
1839, lieutenant de hussards, •]- à Montreux le
23 août 1867 .
4. Samuel-François-Théodore (qui suit
VIII).
VIII. Lejh' Samuel-François-Théodore de
Vaynes van Brakell, né à Arnheim le 28 dé-
cembre 1842, ancien lieutenant de vaisseau,
f à Arnheni le 4 octobre 1886. Se marie à
Ginniken le 31 août 1871, à Anne-Benine
Stratenus,née à Zeist le 19 août 1853. (Elle
habite Arnhem) Dont :
Noble demoiselle Henriette-Wilhelmine-
Jacqueline de Vaynes van Brakell, née à
Breda le 6 juillet 1872. (Elle habite Arnhem).
M. G. WlLDEMAN.
La Haye.
Armoiries à déterminer: de.., à
trois cygnes de... (LIV, 670,812) — La
maison de Widrange (Wittringen) en Lor-
raine porte : d'a:[ui\à trois cygnes cf ai gent,
becqués et pattes de gueules. Les seigneurs
de ce nom étaient titrés barons du Saint-
Empire, et notre confrère Leslie, en re-
cherchant dans les alliances de cette fa-
mille d'origine chevaleresque , aurait
chance de rencontrer celle qui s'armait
d'un griffon, figurant aux 2 et 3 de
l'écartelé représenté sur Tex-libris en
question.
Une famille, entre autres , celle des
Doujat portait : d'azur, an griffon d'or.
Patri de Chources.
les armes de Hongrie et les
C:oy-Ch nel (Ll ; LU; LIV, 56, 754).
— Le 14 juin 1733, M"= Revol, notaire à
Grenoble, dressa le contrat de mariage
« entre noble François Chanel, avocat
consistorial au parlement de Dauphiné,
fils à défunt sieur Claude Chanel, bour-
geois de cette ville, et à défunte demoi-
selle Elisabeth Pison, mariés, d'une part ;
demoiselle Françoise Marguerite Samuel,
fille de noble Claude Samuel, ancien
conseiller du Roy, secrétaire au parlement
du Dauphiné, et de dame Eméraniane
Denantes, aussi mariés, d'autre part ».
François de Rochas, premier commis
du bureau de la Guerre, demeurant à
Versailles, intervient, en la personne de
M» Jean-François Barnave, procureur au
870
parlement de Grenoble, pour faire un don
de dix mille livres à la future épouse, sa
parente. A. R,
Bâtons des maréchaux de Cas-
teilane et Bosquet (LIV, 503, 689,
798). — C'est dans son ouvrage, le Maré-
chal Canroberf, que M. Germain Baspt
fournit l'indication relative au bâton du
maréchal de Castellane.
Lire madame de Navacelles, et non de
Navailles.
Etole de Paint Cuthbert àDurham
(■îngl- terre) (LIV, 560). - D'après
l'inscription qu'elle porte, l'étole dite de
saint Cuthbert a été faite pour Frithestan,
évêque de V/inchester, sacré en 905,
c'est-à-dire 218 ans après la mort de
saint Cuthbert. Il est probable qu'elle fut,
avec d'autres trésors, offerte, en 934 ou
938, à la châsse du saint par le roi Athels-
tan, et qu'ensuite on la plaça sur le corps
du saint même. A consulter : Raine,
saint Cuthbert, Durham, 1828, pp. 202-
207 ; ou G. W. Kitchin, Victoria County
Historieo, Durham, 1, 256.
Les renseignements que donne Raine
sont plus détaillés et accompagnés d'un
plus grand nombre d'illustrations que ne
l'est le récit de M. le doyen Kitchin ; par
contre, les illustrations de ce dernier sont
mieux exécutées et son ouvrage est d'une
date plus récente. Je ne connais aucun
ouvrage français qui contienne des ren-
seignements sur ce sujet.
J.T. FowLER, D. C. L., F. S.A.
Les jaquemarts de France (LIV,
618,71 1,758,821 ). — A Aigueperse (Puy-
de-Dôme), on remarque, à l'entrée de la
mairie, une tour beffroi pourvue d'une
horloge à jaquemarts.
Le couvent de la chartreuse de Port
Sainte-Marie près de Pontgibaud, possé-
dait, avant la Révolution, cette belle et
ancienne horloge. La ville d'Aigueperse
en fit l'acquisition en 1791, et sa munici-
palité n'hésita pas devant les frais d'une
installation monumentale.
Aujourd'hui, les habitants de cette pe-
tite ville, une des plus intéressantes de la
Limagne, par son site, et par quelques
anciens monuments, sont fiers de leur
beffroi et de leurs jaquemarts.
Il est à remarquer que chez eux, cette
No 1112,
L'INTERMEDIAIRE
871
872
dénomination s'applique à chacun des per-
sonnages mis en mouvement par le mé-
canisme et non pas à l'ensemble de l'œu-
vre. Aussi, vous disent-ils, qu'ils ont une
horloge à trois jaquemarts. M. A. B.
* ♦
Dans l'ancien ouvrage des Origines des
chevaliers de Cl. Fauchet, édité à Paris
1600, on lit à la page 9 :
Qu'au xii° siècle, le? chevaliers qui n'é-
taient pas employés en guerre, étaient entre-
tenus dans des exercices d'assemblées, nom-
més Tournois, en ce que ces chevaliers y
étaient appelés par Tour : rompant premiè-
rement leurs bois ou lances contre uneQuin-
tainc ou Jaquemar plâté à terre jusques à la
hauteur d'un cheval, ayant l'aspect d'une
statue d'homme couvert d'un écu, un bras
étendu, avec une masse était, cette statue
appelée Jaquemar, placée sur un pivot. De
manière que le chevalier, heurtant de sa
lance contre cet écu barré (pour retenir la
lance) il fallait qu'il eût de l'adresse, s'il ne
recevait un coup de la masse !
Plus tard, pour mieux représenter la
guerre, ce jçu se renforça, et les chevaliers
coururent les uns sur les autres.
P. ce. E. G. YVERNAT.
Une question d'esthétique fémi-
nine (LIV, 729, 828). — Les réflexions
de Candide sont très justes. Vérifiez ce
qu'il dit, en parcourant l'excellent livre du
D' Stratz sur la « Beauté de la femme. »
A la page 52 de l'édition française récente,
vous trouverez un profil de femme, qui
donnera :
Profil mamelonnaire — 200 ; soit 100.
Profil abdominal — 150; soit 7s.
Or, les chitfres du sujet A de Candide
sont 100 pour 73, — Même chose pour
le profil de la page 103.
A la page i s 5 , vous trouverez, par contre,
le profil d'uneK/6'«Ko/55, qui donne 200/200,
soit 100/ 100. Ce qui n'est pas encore le
100/143 du sujet B de Candide ; mais la
véritéest enmarche... sur cesfigurestypes.
Donc la Viennoise moderne a le ventre
plus saillant que la femrne classique, ou
modèle idéal La proportion est presque
la même pour le profil d'une Berlinoise
(p. 79), etc.
A quoi est d^i^ cette proéminence du
ventre, caractère ethnique chez les Teu-
tons ? Sans doute, comme le dit Stratz, à
l'alimentation.
Ce sont là des études fort intéressantes
et très-scientifiques. Mais il faudrait les
refaire sur les modèles vivants de l'é-
poque actuelle : ce qui pourrait entraîner
très loin...
Arrêtons-nous donc.
D'' Marcel Baudouin.
Ouvrages sur Louise de Durfort,
duchesse de Mazarin (LIV, 672, 816).
— Deux chiffres à retourner. J'avais écrit
que la duches.se de Mazarin était morte
dans la nuit du 16 au 17 mars 1781 et
non 1718. S.
Vous êtes mon lion... (LIV, 779).
— Tout en reconnaissant l'indiscutable
compétence de M. Gustave Simon, je re-
commande à M. A. M, de lire un article
de B. Jouvin dans le Figaro an 21 mai
1854, où le gendre, très averti et très
documenté , de Villemessant , rendant
compte des Contemporains du trop fameux
lacquot (Eugène de Mirecourt), rappelle
d'après lui, la lecture d'Hernani par
V. Hugo à Mlle Mars. A l'épisode du lion
se lie celui de Concubine, terme que la
comédienne entendait remplacer par le
mot plus décent pour le public du Théâ-
tre Français, de Favorite.
Et Jouvin constate que Mirecourt a
copié textuellement son anecdote dans
les Mémoires de ce même Dumas que
jacquot vilipendait de la belle façon
comme directeur d'une fabrique de ro-
mans qui portaient sa signature, sans
qu'il en eût seulement écrit une ligne.
d'E.
* *
Dans le manuscrit autographe d'Her-
nani — que Victor Hugo voulait léguer à
la Comédie-Française, comme un glorieux
trophée au champ de bataille — nous
voyons, f" 28 v°,que la version primitive
est bien :
Vous êtes mon lion superbe et généreux !
Sur la copie qui servit aux représenta-
tions, ce vers a été gratté et remplacé par
le suivant :
Vous êtes monseigneur vaillant et généreux I
Ce Monseigneur est imprimé en deux
mots : mon seigneur, dans l'édition origi-
nale (Paris, Mame et Delaunay-Vallée,
1830, in-80, p. 71).
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre
«73
1906.
Par suite de ce changement, la réplique
de Dona Sol ;
Je t'aime !
Monseigneur 1 Je vous aime et Je suis toute à
[vous,
devint :
Je t'aime !
Hernani I Je vous aime et je suis toute à vous.
Pour la reprise du 20 juin 1867, on
recopia :
Vous êtes monseigneur vaillant et généreux I
874
peint assez bien les misères d'un chef de
parti :
« J'étais, dit-il, leur chef, il fallait bien
les suivre ».
Chansons lorraines antérieures
au XIX' siècle (LIV, 728).— Je ne puis
qu'indiquer à M.Loherain quelques ouvra-
ges sur ce sujet, sans pouvoir, à mon re-
gret, les accompagner de renseignements
bibliographiques. Mais enfin, avec les ti-
Mais, aux répétitions, le texte primitif | très, on peut retrouver les publications.
fut rétabli et M. Jules Claretie a noté,
dans son feuilleton de U Opinion nationale
(24 juin 1867), que le soir de cette re-
prise « au moment où le vers fameux qui
choquait si fort Mlle Mars » est sorti de la
bouche de Mlle Favart :
Vous êtes mon lion superbe et généreux !
ça été un hourra et un bravo immenses ».
Rabasteins (LIV, 723, 796). — Dans
ma plus tendre jeunesse, c'est-à dire vers
1835, à rage où les enfants entendent
avec plaisir les contes, une vieille bonne
me racontait l'histoire de la mariée per-
due, « il y a très-longtemps, avant la
Révolution », mais elle ne citait aucun nom.
Il y avait à l'histoire une variante :
Ce n'était pas dans un cabinet secret
que la jeune femme s'était cachée, mais
dans un immensecoffre, dans un garde-meu-
ble ; elle n'avait pas pu soulever le couver-
cle, ce qui est plus vraisemblable que la
cachette secrète inconnue des habitants du
château. Ces cachettes secrètes existent
encore dans plusieurs maisons. J'en con-
nais une dans une maison du xvi* siècle,
à Vendôme ; mais c'est à peine si l'on
peut s'y tenir debout. Dans cette maison,
pendant la terreur, un prêtre était re-
cueilli, et lors d'une perquisition il s'était
dissimulé dans le local secret, et n'avait
pu être trouvé. Martellière.
« Ilfaut bien que je les suive, puis-
que je ;^uis Idur chef ! » (LIV, 730). —
Dès les premières réunions de la nouvelle
Assemblée Législative (1849), Ledru llollin
avait accentué de nouveau ses protesta-
tions contre l'expédition de Rome. Poussé
par les impatients du parti, il finit par se
déterminer à sortir des voies légales. Il a
lui-même caractérisé son rôle en cette
Puymaigre : Chants populaires recueillis
dans le pays messin, 2 volumes,
Puymaigre : Folk- tore.
R. Grosjean : Airs des no'éls lorrains.
louve : Chansons en patois vosgien.
'** : Poésies populaires de la Lorraine.
A. P.
» *
son roie en
circonstance par un mot spirituel
qui
Loherain n'a qu'à rendre visite au dépar-
tement des Manuscrits de la Bibliothèque
nationale : II y trouvera une collection
aussi complète qu'intéressante sur le
Folk-Lore de France, qui doit assurément
contenir les chansons lorraines qu'il de-
mande. d'E.
Initiales à dévoiler (LIV, 727). —
Voici, sur l'ouvrage, en question, les indi-
cations demandées : Notice sur la vie
d' An gèle de Sainte-Croix.^ comtesse de
Ponlevoj\ et de sa fille Marie de Ponlevoy,
élèves de la congrégation de Notre-Dame,
maison dite des Oiseajix,pa.r la Mère Saint-
Jérôme, P, Darbly,
Livres imprirnés en blanc sur
noir (LUI ; LIV, 37, 150, 259, 360,487,
533, 644, 818). — Il s'agit, cette fois, non
d'un livre, mais d'une afTiche. L'auteur
du Déserteur et de Rose et Colas, Monsi-
gny, était mort à Paris le 14 janvier 181 7.
(^atre jours après, le 18, l'Opéra-Comi-
que donnait, « en l'honneur de sa mé-
moire, » un spectacle composé de deux
de ses chefs-d'œuvre, Félix et le Déser-
teur, « tous les acteurs » devant paraître
ûdiws Félix. Et le 31 janvier, le théâtre
Royal de Bruxelles, qui s'est toujours mo-
delé sur ceux de Paris, donnait une repré-
sentation dans le môme but. Or, l'aiTiche
annonçant cette représentation était im-
primée d'une façon particulière, ainsi que
nous l'apprend cette note insérée dans les
Annales politiques du 4 février 181 7 ;
N* 1132.
L'INTERMÉDIAIRE
875
876
— « Les affiches du théâtre royal de
Bruxelles (31 janvier), annonçant l'y^^o-
théose de Monsigny^ étaient imprimées, dit
\& Journal de la Belgique, sur papier noir
avec de l'encre blanche ». A. P.
In-8 ; in-12 ; in-16, 6rc.(LIV, 504,
598,644, 701). — « Distinguo ! » Si j'ai à
faire à un libraire, nul doute que les ex-
pressions indiquées ne marquent, comme
autrefois, le pliage, surtout si la dimen-
sion du papier est inférieure aux ancien-
nes mesures en usage (par exemple, celles
de l'arrêté du 18 septembre 1741). Cela
permet de publier d'alléchants catalogues,
au point de vue hon marché naturellement.
Par contre, mon relieur, tout à fait in-
différent à la considération étymologique,
quand il m'envoie sa note, appellera in- 18
tout livre ne dépassant pas 15 c. X9 c. ;
in-12, depuis cette mesure jusqu'à
19 cent. X 12 cent. ; in 8° carré, jusqu'à
22 X 14 ; in-8° raisin, jusqu'à 25 X 16 ;
in-80 Jésus, jusqu'à 27 X i8 ; in-4" carré,
jusqu'à 28X22; in-4° raisin, jusqu'à
32X25. Au-delà, il n'a plus de dénomi-
nation, et aussi, hélas ! plus de tarif.
Dans ma bibliothèque, au contraire, la
hauteur seule du livre m'inquiète, afin de
me permettre de le placer sur les rayons.
Mais ici, avouons-le, l'accord est loin
d'être complet. L'Université de France ne
compte que 3 ou 4 formats : in-folio au-
dessus de 35 ; in-4" au-dessus de 25 ;
in-8'^ pour le reste, jusqu'à 20 c/c ; où
sont les in-12 .? 11 y a aussi des grands et
des très grands in-folio, l'oublie qu'au-
dessus de 50 sont les « Atlantiques » ;
(expression à tournure géographique, qui
vient, paraît-il, d' « atlas » !) Ce genre de
classement, aujourd'hui bien connu, et du
reste le seul pratique, s'appelle le système
Soboltschicoff.
Les variétés les plus connues en sont,
en dehors de l'Université de France, sys-
tème indiqué ci dessus, celui du Congrès
de Philadelphie (1887), savoir : F ou in-
folio au-delà de 30 ; Q.ou in -4" 25 — 30;
O ou in-octavo 20 — 25 ; D ou in-12, de
17 à 20 ; S ou in-16, de 15 à 17. La
Nationale compte trois formats par 52, 31,
25. A Florence, il y en a 6: in-32, in-24,
in-16, in-8" in 4°, in-folio, suivant que le
livre ne dépasse pas en hauteur 10, 15,
20, 28, 38 centimètres.
Dans les bibliothèques d'amateur, tout
dépend du genre de collection suivi. En
somme, le procédé Soboltschicoff, suivi
presque partout, offre dans son applica-
tion tant de variétés, que le mieux est de
se renseigner chaque fois sur la base
adoptée, quand on a affaire dans une bi-
bliothèque inconnue. El Kantara,
Isabelle grosse par vertu (LIV,
783). — Au lieu de p. 339-408, lire
p. 389-408. Candide.
Quincampoix (LIV, 784). -— Les
villages de ce nom ont certainement une
origine commune avec la rue de Paris de-
venue célèbre, lorsque Law y eut installé
les bureaux de sa banque.
La rue Quincampoix existait déjà sous
Philippe-Auguste. Des actes de 1210 lui
donnent cette dénomination, avec l'or-
thographe Qiiinquenipoit. Dans son His-
toire et recherches des antiquités de la ville
de Pans, imprimée en 1724, Sauvai dit
que le nom de cette rue lui vient d'un
seigneur Quinquempoit, qui en avait fait
construire la première maison
D'' Billard,
Bisannuel et biennal (LIV, 562,
703, 820). — Bisannuel, comme biennal,
éveille l'idée de « tous les deux ans » et
non pas de « deux fois par an » Bimen-
suel signifie mot à mot « tous les deux
mois », bien qu'on le prenne souvent au
sens de *< deux fois par mois ».
Pourquoi ne pas lui conserver sa véri-
table signification ? S'il fallait créer un
mot, ce serait pour exprimer « deux fois
par mois » et comme le proposait M. Des-
chanel, semi mensuel pourrait être adopté.
Le vicomte de Bonald.
Autobus (LIV, 337, 426, 484, 653,
699, 820). - Je puis affirmer au collabora-
teur L. Depal qu'à Paris on entend fré-
quemment, encore de nos jours, dire :
« Je vais prendre le bus », pour V omnibus.
— Ma bonne, qui n'est pas parisienne,
répétait ce mot ces jours derniers ! C'est
là une abréviation qui se comprend d'elle-
même, puisqu'0/«»/&«5 est un mot savant.
Or le peuple écorche — avec une facilité
rare et sans la moindre vergogne — tous
les mots dont il ne comprend pas le sens
vrai et dont il ignore l'origine,
D' Marcel Baudouin.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre iqo6 .
877
878
Bougeotte OU tracassin? (LIV, 616,
765). — On doit fatalement découvrir
que l'expression il est aitcint du tracassin,
est ancienne.
Nos colonies françaises conservent beau-
coup de vieux mots et de vieilles expres-
sions aujourd'hui oubliés dans la mère
Patrie.
En 1856, me trouvart à l'Ile-de-France
en visite chez un ami. je vis entrer un
jeune homm.e qui, (après avoir salué et
échangé quelques mots avec les person-
nes présentes), s'agita un instant sur sa
chaise, comme le ferait un homme impa-
tient de s'en aller, et, effectivement, il
balbutia quelques mots au maître de la
maison, et prit congé de la société.
« Quel charmant jeune homme, s'il lié-
« tait atteint de cette iimlljenreiise maladie
« du tracassin ?/ me dit mon ami.
Je demandai une explication, on me
répondit :
« C'est la maladie de ne pouvoir rester
« en place, et de ne songer qu'à s'en aller,
« une fois arrivé quelque part. »
C'est, par le fait, une agitation ner-
veuse qui nous oblige à un mouvement
perpétuel. En France, j'ai souvent entendu
dire : « Cet enfant ne tient pas en place ».
Là bas, c'est synon3'me de « cet enfant
est atteint du tracassin ».
Un vieux colon.
RaD douiiler. Emmaivoyor. Touil-
ler (LIV, 784). — )"ai fréquemment en-
tendu !e mot touiller au jeu de dominos.
11 signifie inclev. Ainsi la partie achevée,
avant d'en recommencer une autre, on I
touille, c'est à-dire on remue, on déplace,
on mélange les dominos, de manière à
n'avoir pas les mêmes qu'à la fois précé-
dente. P. Darbly.
*
* *
Le terme tculler n'est pas spécial à la
Flandre. Je l'ai entendu dire dans le dé-
partement de Loir-et-Cher avec le sens de
remuer des objets ; touiller du linge dans
l'eau pour le rincer, on dit aussi latouil-
ler. Même à Paris, qui n'a pas entendu
Bernique (LIV, 673, 819). — Ne pas
confondre l'exclamation bernique, avec les
berniques ou patelles , coquillages en
forme de cône largement évasé, qui
abondent sur les rochers des bords de la
mer.
Vlnteruicdiairc a donné Fétymologiede
l'exclamation bernique ; voici maintenant
celle du sublantif, qui désigne le nom de
ce petit coquillage : il est en effet cou-
vert de côtes extrêmement rugueuses et
grossières, alternant avec des sillons ; or
ici, bernique est le diminutif de hctne ;
qui, en vieux français, a le sens de cou-
verture, ou manteau d'étoffe grossière.
U Bougon.
L'étymologie de Toubin me paraît
dériver de vere nihil comme jadis A Ifana
venait d'Bquus, mais le sens de « rien,
absolument rien » et même de « zut ! »
me semble très acceptable, seulement,
j'ai entendu souvent accoupler à titre
augmentatif, sans doute, les deux mots :
bernique sansonnet. Alpha.
*
11 n'y a pas un vendéen qui ne con-
naisse le mot patois Bernique.^ .onné au
mollusque comestible que les zoologistes
appellent Patella vulgata, et qui ne sache
d'autre part, que « bernique », aux Sables-
d'Olonne comme à Nantes, est une in-
terjection, dont le sens est connu de tous
désormais.
A mon avis, il n'y a aucun rapproche-
ment à établir entre ces deux mots, qui
se ressemblent simplement au point de
vue phonétique. Les étymologies doivent
être très différentes.
Pour mon compte, au cours de mes
études sur l'origine gauloise du patois
vendéen maritime, j'ai trouvé — à ce que
i je crois du moins — rct\'mologic du iriot
I Bernique, signifiant Patella vulgita, et
synonyme de Jambe, en Vendée tout
comme en Normandie (D:;!i.s notre pays
même, on emploie plus souvent le terme
jambe que celui de bernique). Et bernique a.
pour origine, — à mon sens - deux mots
gaulois, ou plutôt rieux celtique.^ a}ant
donné en breton moderne : bern, nuilon
i (mulon de foin, de paille) ; ;uV//\7, voier
des joueurs de dominos dire : touille^, j (c'est à-dire se déplacer à l'aide des ailes
c'est-à-dire mêlez les dominos. Je sais que
certains disent : A vous de faire la salade.
Martellière.
En effet, rien ne ressemble phisà une petite
meule de foin qu'une patelle ! D'autre
part, quand elle se déplace sur les ro-
N» 1132.
L'INTERMEDIAIRE
879
chers couverts d'a\gues, souvetH couverte
d'algues elle-même, elle a l'air de voler
(puisqu'elle n'a pas de « jambe » !), avec
des sortes d'ailes que lui constituent les
petites algues qui ont poussé à son som-
met.
Cette étymologie, si pittoresque et si
jolie, si expressive pour un naturaliste
celtisant, ami de la mer bretonne (et ven-
déenne),est si belle etsi poétiquequ'elle de-
vrait faire sourire le «savant»! Pourtant,
au risque de déconsidérer notre culture
scientifique, nous n'hésitons pas à l'ad-
mettre, convaincu que nous sommes que
notre vieille race a été un grand poète !
Cette explication permet de comprendre
aussi la dénomination de jamhe (1), qui
est plus moderne peut-être, en songeant
à une figure bien connue en philologie.
Mais il ne faut pas oublier que le radical
gain, aller (en sanscrit), a donni gamha
(d'où jambe), et que «jambe », signifiant
patelle, peut très bien aussi avoir pour
origine un terme vieux celtique ('a)''ant
donné par exemple gamin, boiteux, de-
venu katn/n, en breton moderne) ; le ra-
dical gam est d'ailleurs l'origine de gar,
jambe (en breton de nos jours).
La Bernique est appelée bernicle et
jamhe par Pierre Garcie Ferrande,dans son
Grand Routier, qui date du début du xvi"
siècle. Notre premier auteur hydrographe
la signale à l'Ile-d'Yeu (Vendée). )'en ai
trouvé dans des dolmens de Vendée ;
mais elles ne sont pas préhistoriques, k mon
avis. D'' Marcel Baudouin.
En purette(LIV, 504, 653, 704,764).
— Je trouve dans le Glossaire étymologi-
que du patois picard de Cor blet :
Habit bas, bras nus. Un homme est en
purette quand il s'est dépouillé de son habit
et une femme quand elle n'a qu'un simple
corset et un jupon sans manches. Cette
expression est également usitée à Metz,
Rheims, Valenciennes, etc. Synonymes : En
pures les manches, en pilémanche. On
trouve dans le Roman de Ham en pur les
manches, pour le chef découvert.
0. D...X.
880
♦ *
En wallon verviétois,ily a une expres-
sion presque identique : è peur, qui signi-
fie : en manche de chemise.
H. Angenot.
(1) En Bretagne , on dit parfois Pied
charnu, expression facile à comprendre .
Les Maniottes (LIV, 4). — Les Ma-
niottes sont un peuple du Péloponèse,
demeurant en Laconie et divisés en une
vingtaine de villages près de Sparte. Les
Grecs modernes prétendent même que ces
Maniotes sont les exemplaires purs de
l'ancienne race hellénique, restée exempte
de tout croisement avec les races alba-
naise, esclavonne, turque et italienne, qui
composent, comme on sait, le fond du
type anthropologique des Grecs mo-
dernes. COLOCCl.
La table de Métra (LIV, 783). —
j'en puis parler sciemment, sinon savam-
ment. Oui, l'ancienne bibliothèque Car-
navalet possédait avant son transfert à
l'hôtel Le Pelletier de Saint-Fargeau, des
fiches servant de table à la correspondance
de Métra. Je ne saurais affirmer qu'elles
fussent établies sur un manuscrit de
l'honnête homme et du grand érudit
qu'était le patriotealsacien. Charles Mehl;
mais j'ai vu, de mes yeux vu, le brave
capitaine Vallette, le « calligraphe »,
comme feu Cousin dénommait cet auxi-
liaire, confectionner ces fiches, trop sou-
vent inexactes, dont je lui fis souvent cor-
riger les références, je fais appel ici aux
souvenirs d'un de mes vieux amis et
excellents confrères, Henry Céard, ce dis-
tingué bibliothécaire dont l'esprit fin et
délicat se montrait toujours si accueillant
pour les travailleurs.
Depuis, quand la bibliothèque de la
Ville de Paris fut transportée à Saint-
Fargeau, je réclamai à maintes reprises
la consultation de ces fiches.
M. Edouard Beaurepaire, avec sa com-
plaisance parfaite, s'employa de son mieux
à les rechercher ; ce fut peine inutile,
M. Poëte, le conservateur actuel de la
bibliothèque, se mit à ma disposition avec
la même obligeance. El M.Etienne Clou-
zot, un jeune chartiste d'avenir, fouilla
nombre de cartons à mon intention.
En somme, toutes ces recherches fu-
rent vaines.
Mais, puisque je suis sur ce chapitre,
i j'adresserai une instante requête au per-
sonnel si aimablement zélé de la biblio-
thèque de la ville. Ses tables et ses fiches
de l'œuvre si importante de Mercier, le
Tableau de P^n's, demandent une sérieuse
révision : peut-on l'espérer prochaine et
définitive? d'E.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
10 Décembre 1906.
881
882
Le crapaud de Blois (LIV, 172,
267, 315, 374, 431' 544. 602, 714). —
Dans son Hisioire de la langue et de la lit-
térature française an moyen âge (Paris,
Belln, 1878; 2 vol. in-8), Charles Auber-
tin relate, à la page 355 du volume II,
qu'un sermonnaire du xiv" siècle s'aperce-
vant que ses auditeurs partaient au mo-
ment du sermon, leur dit : « Vous faites
comme les botériaux (= crapauds), quand
la vigne fleurit, le parfum de la fleur les
chasse ou les tue ; de même la douceur
de la parole de Dieu vous met en fuite ».
L'odeur fade et douce que répand la vigne
au moment où elle est en pleine floraison,
a-t-elle une influence sur les batraciens
dont il s'agit ? Le fait est-il connu ? A-t-il
été signalé ^ En tout cas il paraît être en
désaccordavec l'idée généralement admise ;
même en dehors du fait du « crapaud de
Blois », les crapauds ont la vie très dure.
L. Depal.
Bague avec devises (LIV, 56, 254,
353473, 532). — Depuis les plus vieux
âges, l'homme connut la Bague, l'anneau
symbolique. Le musée du Louvre possède
des bagues qui datent des premières dy-
nasties égyptiennes quelques-unes munies
de hiéroglyphes que l'on peut comparer à
des devises.
Chez les Grecs et les Romains, l'usage
voulait que chacun portât un anneau ser-
vant de cachet ; celui-ci oflrait sur le cha-
ton une pierre gravée, représentant soit
l'image d'un dieu, soit celle d'un grand
homme, soit même un événement duquel
on pouvait tirer vanité, ou un symbole à
allusion personnelle. La bague de Sylla
montrait Bocchus lui livrant Jugurtha ;
celle de Pompée portait un lion ; César
avait sur la sienne une tète de Vénus, et
Auguste un sphinx ou un profil
d'Alexandre.
Sous l'Empire romain, le luxe et la pro-
fusion des bagues n'eurent pas de limites.
Il y eut des bagues pour chaque saison,
de légères pour l'été, de plus lourdes
pour l'hiver. Héliogabale se distingua en
ne portant jamais deux fois les mêmes
bagues. A partir du moyen âge, les rois
portèrent tous au doigt un anneau gravé,
qui leur servait de sceau. Les doges de
Venise, qui se considéraient comme les
maîtres et les époux de l'Adriatique,
jetaient dans la mer, le jour de leurs fian-
çailles, un gros anneau d"or en signe
d'alliance. Ces anneaux, retrouvés plus
tard par les pêcheurs, devinrent des objets
de haute curiosité historique. Vers la fin
du XV® siècle, à l'époque où les empoison-
nements étaient fréquents, on fit usage,
en Italie, et particulièrement à Venise,
d'un modèle de bague appelé anneau de
la mort^ renfermant un poison subtil se
communiquant à deux invisibles pointes
d'acier, dont la plus légère piqûre suffisait
pour entraîner la mort, à l'échange d'une
poignée de main. Venise, au xvi* siècle,
avait également mis à la mode les ricor-
dini^ échangés par les amoureux.
La bague de Bayard otïrait sa devise :
Sans peur et sans reproche. Charles l^''
d'Angleterre portait une bague ornée de
son portrait en émail, surmonté d'une
tête de mort, avec une couronne et les
initiales C. R.
On connaît la légende (légende d'amour
et de sang 1) de la bague du comte d'Essex
(i!^67-i6oi) favori dElisabeth, reine d'An-
gleterre.
Vers 1785, pendant quelque temps, la
mode fut aux Bagues à rébus.
Après la prise de la Bastille, les Pari-
siens portèrent des bijoux à la Constitution
et, notamm.ent des bagues enchâssées de
molécules de pierres provenant de la
vieille prison. Les alliances étaient émail-
lées aux trois couleurs. Pour faire oppo-
sition à l'alliance civique^ la jeunesse
royaliste voulut porter des bagues d'é-
caille, avec cette légende : « Domine sal-
vum fac regem ». Pendant les plus mau-
vais jours de la Révolution, on fit de
larges anneaux en argent, offrant, sur un
chaton d'or ou simplement doré, les por-
traits de iVIarat, de Chalier ou de Lepelle-
tier Saint-Fargeau. Alexandre Rey.
Signe de la croix avac de l'eau
de la mer (LIV, 282, 376, 431, 544,
658, 766). — Dans une ville du midi de
l'Italie, j'ai vu un polisseur de souliers se
S'gner avec lapremière pièce de cinq cen-
times qu'il gagnait dans la journée,
G. P. Le LiEUR d'Avost.
Les ifs près des églises (LIV,
784). — Les ifs, comme certains autres
conifères , ont toujours été regardés
N" II32.
LâNTERMEDIAIRÊ
883
884
comme l'ornement des morts. Pendant
de longs siècles, on ne sépara pas les ci-
metières des églises, et aujourd'hui en-
core des milliers de cimetières de campa-
gne sont placés à l'ombre des églises,
avec ces arbres allégoriques comme or-
nement. Même dans les villages où l'on a
changé le lieu des sépultures, on a conser
vé les arbres anciens ou remplacé les
ifs morts par des arbres de ce genre, par
la seule raison de l'habitude ou de la tra-
dition. D' Billard.
Les aboyeuses de Josselin (LIV,
506, 597, 717,831). — La névrose des
aboyeuses de Josselin n'est nullement dé-
daignée par ceux qui prétendent qu'aucun
phénomène « ne résiste à la science » ; et
elle a depuis longtemps attiré leur atten-
tion.
Si, personnellement, je n'en ai pas
encore parlé ici-même, c'est parce que je
n'ai pas eu, par moi-même^ l'occasion de
voir un cas de cette maladie, à Josselin
du moins, lors d'un récent voyage en
Morbihan .
Mais tous les médecins d'origine ven-
déenne, qui s'occupent de neurologie,
savent que l'hystérie est très fréquente
dans notre Haut-Bocage (Voir les travaux
de M. le D'' Terrien, actuellement à Dou-
lon, L -I, et le marais breton (Recherches
inédites du regretté D"" Gibotteau et de
nous-même), et que ce qui s'observe à
Josselin et à Sainte-Anne se rencontre
quelquefois, sous une forme plus ou moins
analogue, chez les populations du sud de
la Loire, très émotives, aussi émotives
même que celles des landes bretonnes !
Il serait très aisé à un spécialiste d'éti-
queter les « aboiements de Josselin » ;
mais, franchement, est-ce bien le lieu
dans une revue comme celle ci .^ Je n'in-
sisterai que si c'est nécessaire.
D' Marcel Baudouin.
Le nègre et le maréchal (LIV, 220,
405, 549, 626, 686, 772, 794). — M.
Maximilien Liontel, procureur général
près la Cour d'appel de Cayenne, en mis-
sion en France, nous adresse la lettre sui-
vante :
1'' décembre 1906.
A monsieur Georges Montorgueil^ direc-
teur de V Intermédiaire des chercheurs et cu-
rieux .
Monsieur le directeur,
Dans le n" de X Intermédiaire du 20 août
dernier « Un Passant » a demandé quel était
le nom du saint-cyrien à qui le maréchal de
Mac Mahon a posé îa question fameuse :
« C'est vous le nègre?., continuez. »
Des renseignements contradictoires fous
ayant été fournis me mettent en cause, vous
avez pensé bien faiie en vous adressant à
moi.
Que vous ai-je fait, monsieur ? Pourquoi
vouloir me dépouiller d'une propriété légiti-
mement, presque légalement acquise?... par
prescription ? Voilà près de 30 ans que je
possède la qualité de nègre de Mac Mahon.
Nègre, je le suis sans conteste, et saint-
cyrien aussi. Si vous voulez vous reporter à
V Annuaire delà promotion du Shah (1872-
1874) vous verrez figurer, parmi les camara-
des ne faisant plus partie de l'armée active,
la nom de Liontel, réformé, quelques lignes
avant celui du lieutenant-colonel en réforme
Picquart.
Ne sont-ce pas là des titres suffisants pour
me laisser celui de nègre du maréchal? Son-
gez, monsieur, songez à ce que peut valoir
un nom historique, à Paris surtout I
P.>rti de rien, sans fortune, boursier, avoir
lutté contre les préjugés ou préventions, être
arrivé procureur général, peuh ! mais être le
nègre de Mac Mahon, quel bonheur ! Ah 1
ma sœur, c'est à lui, à lui-même, que le ma-
réchal s'est adressé !
Pour parler sérieusement, monsieur le di-
recteur,jene croispasque le maréchal se soit ja-
mais adressé, à Saint-Cyr, à un noir, d'an-
cienne colonie française.
En ce qui me concerne, si je l'ai aperçu
quelquefois de loin, comme tout le monde,
jamais je n'ai eu l'honneur de lui parler.
Qlie la légende ait été racontée par About,
Arène ou tout autre, qu'importe. Monsieur
Tout le monde n'a-t-il pas plus d'esprit que
Voltaire. Mais sans vous offenser, si vous faites
preuve de conscience et d'érudition, vous ne
montrez pas un esprit bien avisé en vous
mêlant de détruire une légende. La mienne
vous enterre:a, le plus tard possible, je l'es-
père. Et en dépit de la vérité, des démentis et
de moi-même,
Je resterai et signe votre
Nègre de Mac Mahon.
M. Liontel.
Il est impossible de s'exprimer avec
plus de bonne humeur et d'esprit.
Pour que Mac Mahon se fût adressé à un
nègreà Saint-Cyr, il fallait qu'à Saint-Cyr
il 3' eût un nègre.
11 y en avait un : c'était M. Liontel.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
885
10 Décembre 1906,
886
M. Liontel consulté répond que Mac- I
Mahon ne l'a jamais passé en revue et ne
lui a jamais parlé.
La question est jugée : le mot est
apocryphe.
^oh^, §r0utîaill4S ^t (Curiosités
La manufacture de Sèvres pen-
dant l'occupation prussienne(i870)
— Le père d'Henri Regnault. — La
manufacture de Sèvres a considérable-
ment souffert du siège de Paris. Placée
entre deux feux, elle a subi les prussiens
et les obus qui, de Paris essayaient de dé-
loger les prussiens.C'estde ces événements
tragiques que la lettre inédite qu'on va lire
retrace l'histoire. Elle a été écrite par
Victor Regnault, père d'Henri Regnault,
administrateur de la manufacture de
Sèvres et adressée à M. Peligol.
Elle nous est communiquée par le
maître graveur Bracquemont, avec une
note que M. Hallion, ancien chef d'atelier,
a bien voulu y joindre.
C'est une intéressante page d'histoire
inédite, dont l'Intermédiaire est très re-
connaissant à l'éminent artiste :
. . . Les Prussiens sont arrivés à Sèvres le I
19 septembre, ont occupé immédiatement
le haut de la Ville et la Mairie; les bois de
Sèvres, de Meudon, Bellevue et Saint-Cloud
étaient occupés par les troupes Françaises.
Nous avons été pendant trois jours dans
la fusillade, jusqu'à ce que les Français se
soient retirés au delà de Meudon, ou sur
l'autre rive de la Seine. Le pont de Sèvres
avait sauté le premier jour.
L'ambulance de la Manufacture avait re-
cueilli 5 ou 6 blessés français de ces pre-
mières journées. 11 restait une vingtaine de
mes employés et ouvriers, mais en outre
une cinquantaine de gens de toutes sortes :
vieillards, femmes et enfants du pays s'é-
taient réfugiés, s'y croyant plus en sûreté
que chez eux.
La malheureuse idée de construire un fort
sur la hauteur Delisle nous a été fatale. Vous
savez que tous les arbres de ce parc ont été
complètement rasés et qu'on avait construit
à grands frais une vaste plateforme pouvant
recevoir do pièces de canon — jamais un
canon français n'y a été posé — par contre
les Prussiens s'y sont établis immédiatement,
ont amené des batteries qu'ils ont caché
provisoirement à Bellevue. Mais comme ils
faisaient des travaux de défense sur ces hau-
teurs, les batteries françaises de Billancourt,
les canonnières, etc., ont commencé un tir
continu sur ces hauteurs et les 3/4 des bou-
lets tombaient de plein fouet sur notre mal-
heureuse Manufacture, qu'ils transperçaient
de part en part.
Le premier jour de ce tir, en moins d'un
quart d'heure^ nous avons reçu 6 obus qui
ont éclaté dans la Manufacture. L'un de ces
obus a éclaté au milieu du Magasin d'entrée,
a fracassé tous les meubles et les porcelaines
qui s'y trouvaient. Un second a enfdé le
i" étage, a pulvérisé l'appartement de Ro-
bert, cloisons, planchers et meubles... le
troisième a traversé le mur de la cour d'hon-
neur, a percé le mur du grand bâtiment à la
hauteur de ma salle à manger, dont le pla-
fond s'est effondré. Deux autres ont traversé
l'appartement de l'agent-comptable. M, Ma-
quette, qu'ils ont également pulvérisé, et le
long corridor du Musée où tout est saccagé...
Vous comprenez la terreur qui est surve-
nue dans tout mon personnel^ j'en ai profité
pour faire déguerpir une grande partie de la
bohème qui s'était réfugiée chez moi. Le
plus grand nombre ne se sont pas fait prier,
les autres ont été mis à la porte.
L'ambulance des blessés était établie le
long des grands magasins du décoré, dont
Toutes les porcelaines avaient été expédiées à
Paris.
La nuit fut passée à déménager les blessés,
à installer l'ambulance dans les bas fossés, à
loger le personnel dans les caves où l'on
transporta ce que l'on put des meubles
encore intacts, etc., etc. Bref, nous sommes
restés 3 semaines, couchant dans les caves,
ou dans les carrières, passant les journées à
recevoir les Prussiens, qui doivent toujours
s'établir dans la Manufacture, mais qui s'en
allaient ensuite quand les obus et les bombes
leur prouvaient que le séjour n'était pas
sain. Quant à nous, nous avions fini par
nous y habituer. Lorsque le tir commençait
— et cela presque tous les jours — nous
descendions dans les sous-sols ; et nous re-
montions quand le calme recommençait. Nos
cours, nos jardins sont remplis d'éclats d'o-
bus, et d'obus fichés en terre. Nous en
avons plusieurs centaines, les bâtiments sont
transpercés dans tous les sens, les planchers
défoncés, etc., etc. Enfin, après 3 semaines
passées dans ce tohu-bohu avec tous les
ennuis et désagréments imaginables, les
Prussiens ont fait évacuer tout le pays entre
Versailles et la Seine. Un bataillon est venu
occuper la Manufacture, le commandant a
exigé toutes les clefs — et nous a donné 1/4
d'heure pour préparer notre départ. Nous
avons été conduits ainsi jusqu'à Chaville et
Versailles entre 2 haies de soldats et ne por-
tant avec nous que ce que nous pouvions
tenir au bout de nos deux bras. On nous a
permis de nous arrêter dans le haut de
Sèvres, à l'hospice, parce que nous avons dû
N» 1132.
L'INTERMEDIAIRE
887
888
y faire transporter sur des brancards les
5 blessés qui restaient à la Manufacture.
Nous nous sommes installés dans des mai-
sons abandonnées oîi nous avons trouvé la
literie nécessaire : Riocreux, Robert, Salvé-
tat, Maquette, sont restés dans une maison
auprès de l'hospice. Je me suis rendu à Ver-
sailles où M. Dufrayer m'a donné l'hospita-
lité.
Je me suis mis immédiatement en quête
des autorités Prussiennes pour chercher à
sauver le plus possible de ce qui restait de
notre malheureux établissement. L'opération
n'a pas été facile. Enfin, je suis parvenu à
aborder le Prini.e Royal qui m'a reçu avec
la plus grande affabilité. 11 a mis à ma dispo-
sition troupes et fourgons pour porter au
Palais de Versailles ce que je voudrais de la
Manufacture.
Les intentions étaient t es bonnes, mais
les moyens d'exécution pas
milieu d'une fusillade continuelle et des
bombes qui venai^^nt à la fois de Billancourt,
d'Issy et du Mont-Valérien. j'ai pu faire ainsi
3 expéditions qui n'ont pas été aussi fruc-
tueuses que Je l'aurais voulu, parce que les
officiers pressaient toujours le départ et ne
voulaient pas exposer plus longtemps leurs
hommes. Néanmoins, j'ai pu sauver les
dessins, les registres de la Manufacture qui
formaient une masse considérable, la moitié
environ de ma bibliothèque. . j'ai fait 3 ten-
tatives pour aller à la Nouvelle Manufacture,
accompagné malheureusement par les Prus-
siens ; je suis parvenu chaque fois jusqu'à
mon laboratoire, que j'ai trouvé assez dé-
vasté, mais je n'ai pu aller plus loin, à cause
des barricades que les Prussiens y ont établies
et sur lesquelles on tire continuellement. Je
suis parvecu cependant une fois jusque
devant le grand bâtiment, mais j'ai été
obligé de déguerpir bien vite, parce qu'on a
tiré sur moi de toutes les fenêtres des mai-
sons de l'autre côté de l'eau.
La Nouvelle Manufacture était bien moins
abimée que l'ancienne, parce qu'elle n'avait
pas reçu d'obus — mais elle était toute
piquée de balles.
Je ne puis rien dire de votre château qui
doit être fort habité ; le propriétaire aura
probablement à faire un nouvel état de lieux.
Après un séjour de 10 jours à Versailles,
je songeais à aller rejoindre mes entants,
que j'avais envoyés à Belley, dans le dépar-
tement de l'Ain et à me rapprocher de Léon
dont je n'avais aucune nouvelle depuis 6 se-
maines. Je demandai au Prince Royal un
sauf-conduit et une permission de circula-
tion sur les lignes Prussiennes pour me ren-
dre à Genève.
Des permissions et des recommandations
par écrit me furent facilement octroyées, mais
\
le tout était de s'en servir. Le départ de
Versailles et le voyage jusqu'à Corbeil se fit
très bien par la poste Prussienne ; mais à
partir de là jusqu'à Strasbourg, j'ai roulé
pendant 8 jours dans les conditions les plus
abominables: tantôt dans les charrettes, cou-
ché sur des sacs avec les soldats blessés qu'on
envoyait aux ambulances allemandes, tantôt
avec des prisonniers français.
Sur le chemin de fer faisant 12 à 15 lieues
par jour dans des wagons à bestiaux avec
les convalescents qu'on renvoyait en Alle-
magne, assis sur des petits bancs en sapin,
sur lesquels on passait la nuit sans pouvoir
en sortir, parce que le train ne marchait pas
plus tard que 5 heures, et s'arrêtait dans des
stations désignées où il y avait une forte
garnison prussienne.
Pour toute nourri Une, du pain noir et
quelques fois un peu de viande salée. Du
commodes, au | schnaps pour se rafraîchir.. .
! M. Haillon fait siiivre l'extrait de cette
j lettre, de ce souvenir sur Henri Regnault:
i Cette lettre me rappelle M. Regnault ve-
nant un jour nous voir dans le grand atelier
I de peinture où nous étions réunis et nous
j faire, pour ainsi dire, ses adieux.
I — Je connais beaucoup les Allemands,
! nous dit-il, ayant passé un temps assez long
en Allemagne : ils sont forts et très discipli-
I nés : ils sont prêts pour la guerre depuis long-
1 temps et nous ne le sommes pas. Je crains
! beaucoup'pour notre pays : nous serons vain-
cus! Personnellement, je crains pour mon fils
Henri, actuellement à Tanger; car s'il apprend
que la guerre est déclarée, il quittera tout,
prendra sa valise et viendra se faire tuer.
L'émotion qu'il éprouvait l'empêcha d'en
dire davantage.
En effet, en lisant un journal qui parlait
de la guerre, Henri Regnault quitte Tanger
et arrive à Paris, s'enrôle dans une compagnie
de marche et meurt à Buzenval le 19 janvier
1871, au moment où le combat cessait et
alors qu'il voulait, a-t-il dit, user ses derniè-
res cartouches.
La lettre du père est datée de Genève, du
20 décembre 1870 : le fils est mort un mois
plus tard.
Je crois que c'est à peu près la dernière
lettre de M. Regnault. A son retour à Sèvres,
après la guerre, il est venu souvent revoir
son ami Peligot, mais quels changements [
Sa belle intelligence avait disparu ; il se lais-
sait conduire comme un enfant et il ne devait
pas tarder à aller rejoindre son fils,..
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TROUVAILLES ET CURIOSITÉS
889 890 •
// nous faut répéter à nos cet respondants
qu'il est nécessaire qu'ils signent leurs en-
vois, ou de leurs noms, ou d'un pseudonyme
déjà adopté par eux^ ou qu'ils adoptent
pour lapremière fois en le faisant connaître.
S'ils emploient des initiales, nous les prions,
pour éviter toute confusion, d'adobter des
initiales qui fie sont pas déjà une signa-
ture en usage. S'il en était autrement Jls en
seraient avisés.
Nous sommes contraints à chaque instant,
de faire suivre des réponses directement : il
est donc indispensable que nous sachions à
qui les faire tenir.
Le secret des pseudonymes est rigoureuse-
ment gardé.
Toute lettre anonyme ou signée d'un
pseudonyme inconnu sera considérée comme
non avenue.
Nous renouvelons la prière à nos colla-
borateurs, d'écrire d'un seul côté de la
feuille, et de consacrer, autant que possible,
une feuille différente pour chaque article
différent.
a!Ilueôttou6
Calvin et le hameau d'Enfer. —
Dom Toussaint Duplessis, dans sa Des-
cription géographique et histotique de la
Haute-Normandie (Paris, 1740), dit, en
parlant d'Enfer, hameau de la commune
-de Wy-joli-Village (canton de Magny-en-
Vexin, Seine et-Oise ):
Enfer. Ce hameau n'est remarquable dans
l'histoire que par le Manoir de Hazeville qui
en fait partie. C'est là où Calvin, poursuivi
par le bras séculier, se réfugia pendant
quelque temps, et où il pervertit bien des
seigneurs du Vexin. Obligé enfin de quitter
cet asile, il y laissa l'original de son Institu-
tion Chrétienne, que les seigneurs d'Haze-
ville, zélés calvinistes, ont conservé long-
temps. Un d'entre eux, étant enfin rentré
dans le sein de l'Eglise, le jeta au feu à la
persuasion du curé d'Avernes.
Après Toussaint Duplessis, plusieurs
auteurs, et notamment le Président Lé-
vrier (1746-1823), dans son Essai manus-
crit sur l'histoire de Meulan ; Armand
Cassan, dans sa Statistique de l'arrondisse-
ment de Mantes (Mantes, 1833) ; et
M. Feuilloley, dans sa Notice sur le can-
ton de Magny-en-Vexin (Magny, 1884),
ont répété que Calvin avait habité le châ-
teau d'Hazeville et qu'on donna depuis le
nom d' Enfer au hameau voisin du châ-
teau où il s'était réfugié.
La France Protestante,!"^ et 2" éditions,
et M. Doumergue, dans son magistral
ouvrage, en cours de publication, intitulé
Jean Calvin ; les hommes et les choses de son
temps (tome I"", p. 359), reconnaissent
seulement qu'il n'y a rien d'impossible à
ce que Calvin ait passé quelque temps
chez son ami, le seigneur d'Hazeville,
avant d'aller à Angoulème, probablement
à la fin de l'année 1533. Mais ils n'osent
rien affirmer, car « depuis le moment où
Calvin s'enfuit de Paris, jusqu'au moment
où il sort de France, s'étend une période
de sa vie particulièrement agitée, et parti-
culièrement obscure. L'historien ne sait
UV.17
N« 1133.
L'INTERMEDIAIRE
891
892
trop comment distinguer entre tous ces
voyages, les uns authentiques et les
autres imaginaires» (Doumergue).
Ainsi Pierre Bayle, dans son fameux
Dictiormaire historique et critique (article
Louis de Dieu, édition de 1820) parle d'un
voyage que Calvin aurait fait en Angle-
terre, à une époque inconnue, avec Louis
de Dieu, favori de Charles-Quint, auquel
il aurait appris, sur le navire, à ne pas
jurer en jouant aux cartes ! Quoi qu'il en
soit, le château d'Hazeville, reconstruit,
existe encore, et on y montre un joli
pavillon où la légende assure que le cé-
lèbre réformateur aimait à travailler et
d'où Ton jouit d'une vue étendue sur une
grande partie du Vexin français.
L'un de mes savants collègues de Yln-
iermédiaire pourrait-il m'apporter quelque
lumière sur ce séjour de Calvin à Haze-
ville?
Le hameau d'Enfer ne s'appelait-il pas
déjà ainsi, longtemps avant la venue de
Calvin, probablement à la fin de l'année
1533?
Enfer ne viendrait-il pas simplement de
la situation du hameau plus bas que les
lieux qui l'avoisinent ?
Ne doit-on pas rapprocher cet Enfer de
la rue d'Enfer à Paris, plus basse que la
rue du faubourg Saint-Jacques, et qu'on
appelait pour cette raison via inferiot.via
inféra^ d'où, par corruption, Enfer, comme
le dit très bien jaillot dans ses Recher-
ches sur la ville de Paris (tome V, Luxem-
bourg, p. 38) ? Armand de Visme.
Un couvent à proximité de la
porte Dauphine en 1770. — Pour-
rait-on m'indiquer quel était le couvent
situé dans Paris, à proximité de la porte
Dauphine actuelle, et dans lequel étaient
élevées, vers 1770, plusieurs filles de
qualité, entre autres Adélaïde Filleul, qui
devint Mme de Flahaut ^ Le jardin du
couvent était petit. Un hôpital, paraît-il,
y était annexé. Les religieuses en étaient
connues sous leurs propres noms, car
Tune d'elles y était appelée madame
Trent. Renault d'Escles.
Abbaye cistercienne de Her-
ckenrode. — Où pourrais-je trouver
des renseignements sur cette ancienne
abbaye des environs de Liège (Belgique)
et principalement sur les vitraux de son
ancienne chapelle? Ceux-ci ont été vendus
en Angleterre pendant la Révolution et se
trouvent actuellement à Lichfield, et à»
Shrewsbury. - C. B. O.
Gai. Christ. 111, 1 132.
Le théâtre français à Batavia. —
Pendant le courant du xix* siècle, on
trouve la trace de nombreux engagements
d'artistes français à Batavia.
Batavia est, comme on sait, la capitale
de l'île de Java, dans les Indes hollan-
daises. Qiie sait-on sur ce théâtre /ranfa/'s
qui subsista au moins 20 ou 30 ans à
Batavia ? Existe-t-il encore .? H. L.
Jules Auvillain. — Pourrais-je obte-
nir quelques détails sur le bibliophile
Jules Auvillain, avocat à la cour de Paris,
mort vers 1864 ?
La vente de ses livres eut lieu à la salle
Silvestre, du 20 février au 2 mars 1865,
par les soins du libraire Miard. Le cata-
logue est précédé d'une insignifiante no-
tice qui ne donne pas même la date de
naissance du collectionneur. S.
Fugène Barré. — Dans V Annuaire
de la Société des auteurs et compositeurs ré-
cemment paru , M . Romain Coolus a
commis une erreur. Dressant la liste des
sociétaires morts au cours de l'année
1905, il y fait figurer « Eugène Barré, le
collaborateur attitré de Piis, Radet et
Desfontaines. ». Les dictionnaires le fai-
sant naître en 1766, ce vaudevilliste au-
rait ainsi vécu 1 39 ans ! — Barré (P. Yon-
et non Eugénej quitta ce monde le 9 mai
1852, dans sa 86* année, ce qui est déjà
bien raisonnable. Mais quel est le Barré,
Eugène, pleuré par M. Coolus, et de
quelles œuvres a-t-il enrichi notre théâ-
tre ? L.
Un Bourbon du Maine, comte
des Minières. — Un Louis-Antoine, se
disant Bourbon, comte des Minières, né à
Paris le 29 juillet 1691, baptisé au com-
mencement du mois d'août suivant à Cot-
tinville, commune de Méréville (près
d'Etampes) et fils légitime de Louis -Au-
guste de Bourbon, duc du Maine, et de
Louise-Elisabeth de Rochefort de Brilhac,
passa en Espagne et fut reçu à la Cour et
à l'armée, où il était toujours appelé Bour-
bon sous le règne de Philippe V . Que
DÈS CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906,
893
894
sait-on de l'origine véritable de ce per-
sonnage, qui n'est cité nulle part en
France ? Ce qui rend son identification
fort difficile, c'est que les registres parois-
sia ux de Cottinville ont été lacérés de
1687 à 1702? A. R.
Drouyn de Lhuis et rimitation
de J. C. — Est-il exact que ce ministre
de Napoléon 111 aurait composé un com-
mentaire de V Imitation ? Pourrait-on en
savoir plus long à cet égard ? Un éloge
de ce livre par ce personnage ne serait
pas banal. Dom Vuillemin vient de faire
paraître chez Desclée une nouvelle traduc-
tion de cette œuvre, avec citations d'appré-
ciations de saints, d'écrivains, de person-
nages au bas de chaque chapitre. 11 n'y a
pas celle du dit ministre dans ce livre.
St-Saud.
Alexandre Farnèse. — i° Alexan-
dre Farnèse, duc de Parme, fils d'Octave
et de Marguerite d'Autriche, né vers 1545,
décédé à Arras en 1592, fut élevé à la
cour de Philippe II, roi d'Espagne, son
oncle.
Quels sont les documents imprimés
ou manuscrits qui pourraient fournir des
renseignements sur sa vie et principale-
ment sur sa jeunesse ?
2° Le musée national de Naples pos-
sède un tableau attribué au Parmesan,
représentant Alexandre Farnèse dans les
bras de la ville de Parme. Ce portrait ne
peut être celui d'Alexandre né vers 1545,
quelques années après la mort du Parme-
san ; serait-ce celui d'Alexandre Farnèse,
fils aîné de Pierre- Louis, né en 1520, car-
dinal à 14 ans, bien que le tableau re-
présente un jeune homme revêtu d'une
armure .? Florentin.
Mlle Ida Ferrier. — Ne fut-elle pas
la femme légitime d'Alexandre Dumas ?
Elle débuta au Palais-Royal en 1832,
fut pensionnaire de la Comédie Française
en 1837, et parut au théâtre de la Renais-
sance en 1839.
Que sait on de sa biographie }
Vadius.
Portrait du comte de Fersen. —
Connaît-on des portraits originaux du
comte de Fersen, indépendamment de la
miniature, appartenant à
Gyldenstolpe, que M. G.
produit dans son ouvrage
Varennes ?
la comtesse de
Lenôtre a re-
; Le Drame de
X.
Isidore Flammarion. — Le 22 dé-
cembre 1824, un auteur de ce nom, qui
tenait aussi les seconds rôles à l'Odéon,
fit jouer sur ce théâtre, en collaboration
avec Lockroy, une tragédie en trois actes,
la Vestale. Ce Flammarion, que nous
retrouvons père noble à Boulogne en 1826,
à Nantes en 1827, à Lyon en 1829, est-il
un ascendant de la famille Flammarion
qui nous donna des libraires et un astro-
nome? H. L.
Femmes du harem mariées en
France. — A propos du roman les Dé-
senchajitées, ne pourrait-on pas citer des
femmes turques qui, depuis 1453, se
sont sauvées du harem où elles étaient
enfermées et sont venues se marier en
France ^ Z.
Une femme des « Emaux et Ca-
mées » et du Deux -décembre
1851 : Mme Kalergi. — J'ai lu dans
le Siècle du 2 décembre 1906 :
Tous les lettiés connaissent la Symphonie
en blanc majeur, cet hymne à la beauté
dont Théophile Gautier para ses Emaux et
Camées.
Peu de personnes, en revanche, savent
pour qui et à propos de qui est écrit ce
poème.
L'héroïne, le modèle, en fut une Mme Ka-
lergi qui florissait en beauté en 1852. L'ad-
miration de Gautier pour sa beauté n'avait
rien d'excessif.
Ce fut Mme Kalergi qui, dans la nuit du
2 décembre, alla porter à l'Imprimerie Na-
tionale le texte des proclamations de Louis
Napoléon.
C'était une très bel'e femme. Un époux
qu'elle avait eu, avait été une manière de
banquier levantin ; il marquait peu dans sa
vie. Mme Kalergi était impérialiste, comme
c'était alors la mode parmi les élégantes trop
élégantes.
La destinée de Mme Kalergi après le coup
d'Etat fut mouvementée, elle épousa le gé-
néral Mouravieff.
L'article est signé: Gustave Kahn.
Que sait-on de plus de Mme Kalergi ?
Madame Vincent,
N* 1133.
L'INTERMÉDIAIRE
895
89b
Le comte de Montijo en i814.
— Dans sa proclamation pour annoncer
son mariage, Napoléon III dit que le
comte de Montijo avait défendu Paris en
1814, à la tête de l'Ecole Polytechnique.
Comment l'établit on ? F. d'A.
Baron Saint-Félix. — Alexandre
Saint-Félix, né à Paris en novembre
1780, fut aide des cérémonies de France
et chef d'escadrons, puis colonel de la
garde nationale de Paris ; il fut créé ba-
ron héréditaire par lettres-patentes du
14 août 1818. Pourrait-on indiquer ses
père et mère et sa postérité s'il a été ma-
rié, et la date et le lieu de son décès?
A R.
Sayda de Bellecôte. — Albertine
Sayde de Bellecôte, autorisée en France à
porter le titre de baronne par lettres-paten-
tes du 9 mars 1826, est dite née à Bruxel-
les,le 1 1 janvier 1785, fille de )ean-Gabriel,
baron du Saint Empire(?)pa''diplômedu24
août 1787. Son acte de baptême n'a pu
être retrouvé à Bruxelles. Peut-être est-
elle née dans une commune voisine.
Connaît-on des détails sur sa famille,
son origine ? A. R.
La noblesse sous la troisième
République. — Dans la séance de la
Chambrede vendredi dernier (voir Officiel
du 15 décembre), à propos de la discussion
de la loi sur les titres de noblesse, deux ré-
vélations ont été faites par le rapporteur
général.
La première, c'est qu'en 1876, la Répu-
blique aurait dû — pour des raisons
diplomatiques — reconnaître un titre
conféré par le pape ; la seconde, c'est qu'il
y a trois ou quatre ans un M. de la Roche-
foucault avait été autorisé à verser 5000 fr.
pour l'investiture d'un titre.
Quelqu'un pourrait-il compléter ces in-
téressants renseignements en nous faisant
connaître : i« le nom du bénéficiaire de
la première mesure ; 2° quel est le titre
pour lequel un membre de la famille de
La Rochefoucault a cru devoir réclamer
l'investiture, moyennant un droit de
chancellerie ?
A. B.
La Vénus héraldique — Beaucoup
de familles, surtout à l'étranger, portent
yne femme nue dans leurs armoiries ;
quelques-unes avec des attributs extraor-
dinaires.
yae:( de Mola : femme nue issante
d'une tour laquelle est issante d'une mer,
accompagnant un homme nu issant de la
mer et offrant une couronne à la femme,
et accompagnant un bras tenant une épée
supportant une tête humaine ;
Harsy : femme nue assise à califour-
chon sur un dauphin ;
Venvel : femme nue, les cheveux épars,
tenant une roue de Sainte-Catherine ;
Pirch (Poméranie) : femme nue se
frottant le corps avec une queue de re-
nard qui lui passe entre les jambes ;
Etc.
duelle est la signification de ces singu-
lières armouies et à quelle époque le
« meuble » féminin s'cst-il introduit dans
l'art héraldique } -\-
Jetons de Templiers. — Au-des-
sous d'un portrait de )acques de Molay
inséré en tète des TeiupJien de Raynouard,
sont reproduits deux jetons ; une note
apprend que ce sont deux jetons des
Templiers, ayant appartenu à M. Fauris
de Saint-Vincent. A-t-on retrouvé beau-
coup de ces jetons et à quoi servaient-ils ?
- ). G.
Ordre souverain de la Sainte Mi-
lice de Salomon. — On demande
l'adresse d'un alfilié de Y Ordre souverain
de la Sainte Milice du temple de Salomon.
Cet ancien ordre n'est ni éteint, ni dis-
persé. Il est complètement indépendant
de tout autre. On en retrouve la trace
orthodoxe en France jusqu'en 1863, et
jusqu'en 1894 à Bruxelles.
Il s'agit de remettre à l'Ordre des do-
cuments importants au sujet de ses schis-
mes, de son autorité religieuse et occulte,
de sa filiation ininterrompue et de sa com-
plète indépendance.
Si aucune réponse n'est parvenue avant
le i"^ mars 1907, les dits documents se-
ront déposés à la Grande Chancellerie des
Ordres au Vatican. V. U. B.
La vraie traduction de l'Aico-
ran. — Je possède deux traductions de
l'Alcoran. La première, imprimée à Lis-
bonne, en 1861, se àonnt covnxnç, traduc-
tion texhielk de l'arabe faite par Fatnia-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906,
897
898
Zaïda, Djariê'Odalik-Doul den Benïamin
Aly ».
Cette traduction débute par un petit
discours aux lecteurs où la traductrice
les met en garde contre d'autres versions
du livre sacré des Maliométans. Elle écrit:
« en Perse on suit un Koran soi-disant
écrit par Aly, le gendre du prophète. Les
changements étranges qui existent dans
ce Koran, prouvent la fausseté de cette
assertion. Comment Aly, qui souvent
écrivait sous la dictée du prophète, eût-il
ainsi composé un livre contraire à l'Alko-
ran .? » « Les somates du Koran persan ont
des titres comme des chapitres de ro-
mans... J'ai lu cet Alkoran traduit en
français, et moi, Musulmane, je n'y ai
rien compris ».
Eh bien, dans la collection de l'abbé
Migne. il y a deux volumes, où sont réu-
nis « Les livres sacrés de toutes les reli-
gions, sauf la Bible ». Le Koran, traduit
par M. Kasimirski, y figure ; mais c'est
bien le Koran dont parle Fatma-Zaïda.
Les somates ont des titres, comme des
chapitres de romans : La vache, la famille
d'Innan, les femmes, etc.
Quel est donc le vrai Koran ? Quel est
le Koran que les autorités religieuses font
enseigner à Conslantinople .? C'est ce que
je voudrais demander à la science de
quelque intermédiairiste.
Si quelqu'un peut le demander à l'un des
représentants de la France en Turquie,
peut-être ce représentant pourra t-il trouver
facilement la réponse authentique, auprès
de l'Inspecteur général de l'Enseignement
théologique. Hahl Boua Herck.
Cupido triumphans. — Un petit
livre sur les femmes a paru sous ce titre
à Utrecht (1644) en réponse à VHippo-
lytus rediviviis.
Son auteur, un hollandais de Frise, se
cache sous les initiales H. H. V. O. G.
(peut-être Van O... G... r)
Qiiel est son nom ? Brunct ne le sait
pas. S.
La biograph'e de Galilée. — Au-
rait-on l'obligeance de m'indiquer une
bographie complète de Galilée ? Et d'au-
tre part une édition des Œuvres du
même philosophe traduites en français ?
H,N.
Parchappe : Galilée, sa vie et ses décou.
vertes. Paris 1866.
Trouessart : GaliUe, sa mission scienti-
fiqite, sa vie, son procès. Paris, 1865.
Castelnau : Galilée 1870.
Th. Henri Martin : Galilée. Paris,
1868.
Première édition . — Les frères
Haag, dans une note qui ferme le tome xi
de La France protestante,s' expriment ainsi :
« Bien qu'il soit vrai de dire, avec un
écrivain célèbre, qu'une première édition
n'est jamais qu'un essai... » Quelqu'un
pourrait-il indiquer quel est cet « écrivam
célèbre »? H. M.
Paul et Virginie : Exemplaires
et dessins à retrouver. — Dans le
catalogue de vente après décès d'Aimé
Martin (Techener, 1847) on trouve :
N° 711. Paul et F//'ir/>;'>, édition Curme r
1838 ; gr. in-8,niav. bleu, doublé (Niedrée);
exempl. en grand papier vélin, autographes
ajoutés,
11 a été retiré de la vente.
Dans le catalogue de vente après décès
de Renouard (Potier, 1854) je lis :
N" 2088. Paul et Virginie. Paris. Didot
l'aîné, 1806, gr. in-4». Seul exemplaire
impr. sur VÉLIN. Vendu 211 fr.
N" 2089. Six grands dessins faits pour
cette édition par Laffitte, Géiard, Girodet.
Isabey, Moreau, Prudhon ; in folio; conte-
nant d'autres dessins dont la liste est au ca-
talogue. Vendus 1510 fr.
Qiiels sont les possesseurs actuels .?
J. Brivois.
L'Orôlaïde. — Parmi les émeutes
d'étudiants, dont la Faculté de médecine
de Paris fut le théâtre, la plus célèbre
eut lieu en 1836, cà propos du concours
pour la nomination d'un professeur d'ana-
tomie. Orfila était doyen ; il eut forte-
ment maille a partir avec les perturba-
teurs. Un poème héroi comique de 800
vers, intitulé VOrfitaïde et signé « le Pho-
céen, » fut écrit à ce propos par un nomme
Fabre. Qiiel aimable ophélète pourrait
me donner copie de ce poème ou, s'il a
été publié, m'indiquer où je pourrais le
trouver ? Iskatel.
N" 1133.
L'INTERMEDIAIRE
899
900
« Que fais-tu dans ce bois, plain-
tive tourterelle » ? — On me demande
de qui sont ces deux vers :
Que fais-tu dans ce bois, plaintive tourterelle?
Je gémis, j'ai perdu ma compagne fidèle.
Un aimable intermédiairiste voudrait-il
me fournir la réponse à faire ? Ecolu,
Sensationnel. — Le mot sensationnel,
qui a fait son apparition cliez nous vers
1890, n'est-il pas d'importation britanni-
que ? Cela paraît être l'opinion de M. Petit
de Julleville, dans son Histoire de la Lan-
gue et de la Littérature Française (t. VIII).
Mais peut-on me fournir une filiation pré-
cise? E. X. B.
Deux citations latines : Patere
legem...; Quos vult perdere... — On
rencontre souvent les deux mots sui-
vants :
1°) Patere legem quam ipse tulisli.
2°) Quos vult perdere Jupiter dementat.
Je serais reconnaissant au collabora-
teur de V Intermédiaire qui me dirait :
1') Si ces citations sont exactes ;
2°) De qui elles sont ;
3°) Dans quel passage de l'auteur in-
diqué on les trouve. P. Darbly.
Les mémoires de madame de
Boigne. — Ces mémoires seraient en
trois copies : les deux premières conser-
vées par les exécuteurs testamentaires de
l'auteur, et une troisième. Entre les
mains de qui serait cette troisième copie?
Le possesseur ne désire-t-il pas la faire
imprimer ? Un rat de BiBLioTHÈauE.
Déménager à la cloche de bois-
— Quelle est l'origine de cette expression
qu'on trouve dans tous les dictionnaires
avec la signification donnée par Alfred
Delvau [Dict. de la langue verte) à la lo-
cution déménager à la ficelle : déménager
à l'insu du propriétaire, la nuit, avec ou
sans cordes, par la fenêtre ou par la porte ;
dans l'argot des bohèmes.
D'après Lorédan Larchey {Excentricités
du langage) : déménager furtivement en
tamponnant la clochette d'éveil adaptée
aux portes de beaucoup d'hôtels garnis.
N'y a-t-il pas d'autre explication ? Je ne
vois pas là de cloche de hois. J. Lt,
L'éléphant en danger. — La Boëtie,
dans La servitude volontaire^ avance que
l'éléphant :
sur le poinct d'estre prins... enfonce ses
maschoires, et casse ses dents contre les ar-
bres;... le grand désir qu'il a de demeurer
libre, comme il est nay, lui faict de l'esprit,
et l'advise de marchander avecques les chas-
seurs, si, pour le pris de ses dents, il en sera
quite, et il sera receu à bailler son yvoire et
payer cette rençon pour sa liberté.
Trouve-t-on ailleurs mention de ce
trait de mœurs .? Sglpn.
Anecdote sur M. de Goislin et
une vieille bouteille de Sauternes.
— Elle est célèbre en Angleterre. On la
cite là-bas comme l'exemple-type de la
courtoisie française ; mais je la crois peu
connue en deçà du détroit :
M. de Coislin voyageait un jour dans
le Northumberland lorsqu'il fut reçu par
un vieil anglais presque aveugle et fort
amateur de vins.
« — Je vais vous présenter, lui dit son
hôte, un Sauternes que j'ai dans ma cave
depuis trente-cinq ans... Je suis sûr que
vous n'en boiriez pas de pareil à Bor-
deaux.
« — Je le crois volontiers, fit M. de Cois-
lin ».
On monta la bouteille avec mille pré-
cautions, sous sa vénérable poussière et
dans un long panier couché. Le Sauternes
était devenu onctueux, mais il conservait
une belle couleur d'or que le vieillard
admira de ses yeux affaiblis.
« — Buvez cela. Vous m'en direz des
nouvelles ».
M. de Côislin prend une gorgée, la dé-
guste, l'avale respectueusement...
« — C'est une merveille I » dit-il en
fermant les yeux.
A son tour le bon hôte veut goûter de
son vin, mais à peine y a-t-il trempé le»
lèvres qu'il jette le verre, crache, tousse,
quitte sa chaise, fait un bruit de tous les
diables : on s était trompé de bouteille.
Le vieux crû que M. de Coislin n'avait
pas voulu trouver mauvais parce qu'il lui
était offert, c'était de l'huile à quinquet.
A quelle époque remonte cette histoire ?
et quel est le marquis de Coislin qui en
est le héros ? Si c'est le maréchal, on peut
juger du courage qu'il montrait en guerre
par celui qu'il savait conserver à table.
P. L— s.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembie 1906.
901
902
eponsee
La barb . d'Henri IV. Le médail-
lon de Mli^ Piucbfa. Uoe lettre de
Beugnot (LIV, 660,681,789). — Depuis
que Vlniermcdiaire a publié la lettre de
Mlle Piuclie à Louis XVllL que notre di-
recteur m'avait demandée, j'ai retrouvé,
dans mes notes, l'anecdote suivante, et à
propo? du fait, je joins une lettre fort inté-
ressante du comte Beugnot, que les lec-
teurs trouveront assurément moins longue
que ma prose.
Le Bulletin Je la Direction de la Police
Générale du Royaume portant la date du
/" septembre 181A, renferme la mention
suivante qui fait probablement allusion à
un bruit public ou à quelque entrefilet de
journaux :
Un particulier disait hier : Le sous-Préfet
de Saint-Denis aurait dû consulter M. le
comte Beugnot, avant d'offrir au Roi les
moiislaches et quelques dents de Henri IV.
M , le comte Beugnot l'aurait certaiiiement
empêché de faire, ou du moins de rendre
publique une démarche qui prête aux lazzis
et aux mauvaises plaisanteries des Français,
qui, maintenant, trouvent à tout un côté
plaisant ou ridicule.
Le propos est plus méchant qu'il n'en a
l'air. En effet, ce n'est pas en tant que
Directeur de la Police du Royaume, que
ce sous-préffct de Saint-Denis aurait àù.
consulter le comte Beugnot, mais bien en
tant que l'un des acteurs supposés de la
violation des tombeaux royaux, et, en
cette qualité, il devait être fort compétent
sur la valeur des reliques d'Henri IV
offertes à Louis XVllI.
Depuis quelque temps le bruit courait,
non seulement à la ville mais aussi à la
cour, que le comte Beugnot avait parti-
cipé à l'affaire de Saint-Denis. Déjà, le
21 juin précédent, la chose avait été dite
en plein salon, chez la duchesse d'Angou-
lème. Beugnot informé, ne voulut pas
rester sous le coup de cette grave accusa-
tion et deux jours après il remettait au
roi la lettre suivante (que je crois inédite)
pour se justifier contre la calomnie. S'il
parvint à convaink:re le roi et la cour, il
n'en fut pas de même à la ville ; les
malveillants exploitèrent longtemps en-
core le propos dirigé contre le Directeur
de la Police.
Les Mémoires du comte Beugnot parlent
évidemment de tout ce dont il est ques-
tion dans cette lettre ; mais celle-ci nous
a paru fort intéressante par son objet et
fort curieuse par sa forme. Si elle ne
répond en rien à la question d'authenti-
cité des si nombreuses reliques d'Henri IV,
elle se rapporte du moins à celle de la
violation des sépultures royales. Nous
Lavons extraite des papiers de Beugnot
qui ont été donnés par son petit-fils aux
Archives nationales.
LÉONCE Grasilier.
Lettre du comte Beugnot u roi.
Sire,
On a dit hier, de moi, dans le salon de
Madame la duchesse d'Angoulême, que j'étais
du nombre de ceux qui avaient été à Saint-
Denis, violer les tombeaux des rois.
A cette époque, j'étais à la Corciergerie du
Palais, accusé d'avoir eu des intelligences
avec la Cour.
Mais cette accusation me donne le droit de
mettre aux pieds de Votre Majesté le compte
de ma conduite durant la Révolution.
Cette Révolution a commencé en 1788,
j'acceptais alors une place de judicature, et
j'étais en même temps procureur syndic
d'une assemblée provinciale. Dans la lutte
avec les Parlements je me prononçai pour
l'autorité royale, et j'acceptai une place de
lieutenant général des bailliages créés par les
édits de mai de cette année.
En 1789, je me trouvai à l'assemblée des
trois ordres à Chaumont. J'y combattis opi-
niâtrement un cahier dont M. l'abbé Sièyes
avait rendu porteur M. le vicomte de Laval.
Je fus éconduit avec violence de l'assemblée
(le procès-verbal en fait fo:).
En 1790, le Roi me fit l'honneur de me
nommer son commissaire pour l'organisation
du département de l'Aube (à Troyes). Par
suite de la confiance de S. M. je fus nommé
procureur général de ce département où le
roi avait conservé beaucoup de sujets fidèles.
On peut les consulter encore sur mes prin-
cipes et ma conduite.
En 1791, je fus lommé député à l'Assem-
blée législative et mes opinions sont impri-
mées.
J'eus alors l'occasion de rendre un témoi-
gn.-ige particulier à M. le Garde des Sceaux,
de la pariaite ignorance oii la reine avait été
de l'affaire du Collier, et de défendre S. M.
contre des imputations fausses, absurdes et
cependant accréditées.
La Reine en fut instruite et daigna m'en
savoir gré.
No II j.
L'INTERMEDIAIRE
903
904
Il s'établit alors en raison des circons-
tances politiques, une coriespondance entre le
château et un petit nombre de députés. J'étais
de ce petit nombre. Cette correspondance
passait par l'intermédiaire de M. de Mont-
morin, gouverneur de Fontainebleau.
Le 20 juin 1792, j'étais accouru auprès
du Roi, je ne l'ai pas quitté un instant. C'est
moi qui sommai le maire de Paris, en ter-
mes fort énergiques, de mettre fin à cette
horrible scène, en reportant le roi dans ses
appartementsje reçus un coup de bayonnette
dans la cuisse, mais je crois par hasard plu-
tôt qu'à dessein .
Le même jour fort tard, et lorsque les
faubourgs eurent évacué le château j'y fus
appelé. J'eus l'honneur d'entretenir le roi et
de lui remontrer l'extrême nécessité où il se
trouvait de prendre un parti contre cet excès
d'anarchie.
Les circonstances étaient plus fortes que
tout ce qu'il fut posible d'y opposer jus-
qu'au 10 août. Mais dans cet intervalle, j'ai
osé tout ce que j'ai pu. Ce jour là et à mi-
nuit, j'étais encore au château.
Depuis le 10 aoiit, je n'ai pris aucune part
aux délibérations de l'Assemblée.
Peu de jours après, M .de Montmorin fut
arrêté. On trouva chez lui des notes qui me
compromettaient. Un ordre de m'arrèter moi-
même fut lancé. Je fus obligé de me sous-
traire.
J'ai été caché dans l'hôtel de Mme la mar-
quise de Mesgrigny, rue de l'Université, vis
à vis la rue de Beaune depuis le jour où
j'ai cessé d'aller à l'Assemblée jusqu'à celui
où ayant eu l'imprudence de me montrer, je
fus pris le lendemain matin et conduit à la
Conciergerie comme accusé d'avoir eu des
correspondances avec la Reine qui tendaient
à anéantir la représentation nationale, etc..
(Toute la famille de Mesgrigny existe).
J'y fus tenu pendant deux mois au cachot,
puis replacé entre le commun des prison-
niers. C'est là qu'un jour un homme du
même nom que woi,(i) membre de la Com-
mune du 10 août, et à ce titre inspecteur
des prisons, me prit à part en faisant sa
(i) Beugneau (et non Beugnot) Nicolas-
Marie-Jean architecte, fut écroué au Luxem-
bourg le 20 vendémiaire an 11 sur Tordre des
administrateurs de police. Fouquier-Tinville
le fit transférer à la Conciergerie le 25 bru-
maire. Bien que le tribunal révolutionnaire
l'eût acquitté le 29 du même mois, il fut
néanmoins gardé dans cette prison jusqu'au
13 thermidor suivant. Transféré aux Ecossais,
il y demeura jusqu'au 26 brumaire, an ill.
Transféré encore une fois au Luxembourg, i!
y resta trois semaines. Le comité de sûreté
générale le mit enfin en liberté le 13 frimaire
suivant.
visite et me demanda si je connaissais la
reine .
Je crus apercevoir un piège; cependant il
fallait répondre et je le fis avec mesure, mais
avec vérité. Cet homme rrie dit : « Ne crains
« rien, je ne te veux point de mal ; mais
« c'est que la reine m'a déjà demandé deux
« fois si j'étais ton parent e: si je savais ce
« que tu étais devenu ». (C'était le langage
du temps et même de l'homme).
Quelque temps après, le même homme
fut accusé et mis dans la même prison que
moi , pour avoir procuré les moyens d'ap-
procher de la reine à quelques personnes,
notamment à un chevalier de Saint-Louis (i)
qui lui apporta u:i œillet, et on voy;iit dans
cet œillet une conjuration toute entière.
J'eus le temps de faire sa connaissance. Il
n'avait rien de commun avec moi que le nom.
Il était né à Paris et maçon de son métier.
J'ignore s'il s'est souillé de l'horreur des
tombeaux de Saint-Denis, mais il cachait
sous les formes les plus rudes un cœur com-
patissant. Il avait fait pour la Reine tout ce
dont on l'accusait, et avait le regret de
n'avoir pas fait plus. Madame la Duchesse
d'Angoulême en a peut-être gardé le sou-
venir.
J'appris alors plus particulièrement com-
bien la reine avait daigné exprimer d'intérêt
pour moi, lorsque cette Princesse avait
appris que j'avais l'honneur de partager ses
fers.
Ce même homme de mon nom fut mis en
jugement devant le Tribunal révolutionnaire
et condamné, autant que je me le rappelle,
à quelque temps de réclusion (Le jugement
fut imprimé). Je ne l'ai pas revu depuis (2).
J'ai dû mon salut, durant ma longue dé-
tention, à une sorte de marché. On était
convenu pour moi avec Fouquier Tinville de
lui payer une somme déterminée par mois,
tant que je vivrais. Il ne s'était engagé à
autre chose que d'avoir toujours mon acte
d'accusation sur son bureau, mais de ne le
faire passer au tribunal que si on parlait de
moi au Comité de salut public.
Sorti de prison à la fin de 1794, je me
suis retiré dans ma province, où j'ai cessé de
remplir des fonctions publiques jusqu'en
1800 que je fus appelé à Paris par des per-
sonnes respectables pour organiser le Minis-
tère de l'Intérieur.
Après avoir achevé cette organisation, j'ai
passé à !a préfecture de Rouen, que j'ai
occupée de 1800 à 1806. Je crois n'avoir pas
démérité de cette province.
Appelé au Conseil d'Etat en 1806, j'en
étais sorti en 1807 pour aller organiser la
(1) Rougeville.
(2) Beugnot se trompe, son homonyme
fut acquitté.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906.
905
Westphalie. où j'ai rempli le ministère des
finances jusqu'en 1808.
Depuis 1808, jusqu'en 1813, j'ai adminis-
tré le Grand Duché de Berg. Je ne crois pas
avoir laissé en Allemagne une réputation
équivoque.
J'étais en mission à Lille, comme Conseil-
ler d'Etat, lorsque j'appris que le gouverne-
ment m'avait choisi pour remplir provisoire-
ment le ministère de Tintérieur.
On ne pouvait pas m'envoyer de courrier;
je ne fus instruit de ma nomination que par
une feuille publique.
Cependant, je n'hésitai pas de partir, bien
convaincu que je hasardais ma tète, et je ne
suis arrivé qu'à travers plus d'un genre de
danger.
Depuis, le roi sait ce que j'ai fait.
11 ne fallait rien moins que la calomnie
ou le quiproquo dont j'ai été le sujet, pour
que j'aie osé entretenir le roi de ma personne.
Je suis avec le plus profond respect,
Sire,
de Votre Majesté
Le très humble, très obéissant serviteur
et très fidèle sujet.
906
Paris, le 23 juin 1814.
(Non signée)
Uns fille n- turelie de Louis XIV
(XLVlll ; L ; LIV, 845). — Si cette ques-
tion, ancienne déjà, intéresse encore quel-
ques lecteurs de Vlnierniédiaire, on trou-
vera une partie des éclaircissements de-
mandés dans l'article assez long : Des
Prez de la Queue, inséré dans le Supplé-
ment au Nobiliaire et A) mariai de Mont-
fait que je viens de publier. Saint-Simon
qui avait parlé de Mademoiselle de Mai-
son-Blanche, s'est trompé, je crois, sur
ses origines et la date de sa naissance.
Elle épousa à Paris, vers le 17 avril 1696,
Bernard, chevalier des Prés de la Queue.
Elle mourut ou fut inhumée à Galuys,
sous le nom de « Louise de Maison Blan-
che Bourbon, fille naturelle du roi Louis
quatorze » le 13 septembre 1718 << aagée
de quarante deux ans » Elle était donc née
vers 1676. Enfin un témoin de son inhu-
mation était Alexandre Le Rahier, sieur
de la Ribotière ; elle s'appelait donc Le
Rahier, nom d'une vieille famille de
Montfort, possédant fiefs avant 1612. Des
Rahier figurent au xi« siècle dans le Liber
Testamentotum de Saint - Martin des
Champs. E. Grave.
*
♦ *
£rratuni. — Col. 84^, lignes 4 et 5, au
lieu de marquis, lisez monarque.
Les filles ôe Georges lil (LIV,
610,735). — M F.-E.-R. PollardUr-
quhart a eu l'obligeance de les énumérer
et de citer des mémoires à consulter.
Je voudrais savoir si c'est à dessein
qu'il a omis le mariage de la princesse
Sophia avec un certain colonel Garth,
dont elle eut deux fils.
Elle eut une vieillesse malheureuse et mi-
sérable. Ce scandale a défrayé la chroni-
que du temps (Voir entre autres les let-
tres de la prmcesse de Liéven).
Quant à la princesse Amélia, un doute
plane sur le roman de sa vie. Maints his-
toriens anglais, parlant de la folie de
Georges 111, en attribuent la cause ou l'oc-
casion à des révélations laites à ce prince
par sa fille bien-aimée à son lit de mort.
M. Pollard-Urquhart, ou un intermé-
diairiste au courant de ces questions,
pourrait-il me fournir des renseignements
à ce sujet ? C. R.
Le duc d'Enghien au fossé dé
Vincenaas fXLV;; XLVII.) — Dans un
volume in-8 que j'ai trouvé à Nancy, à
côté de plusieurs brochures, toutes rela-
tives à Biianaparte (entre autres celles de
Chateaubriand) reliées ensemble, est un
manuscrit d'une écriture très soignée,
vieille écriture de Tépoque, 1820, presque
un fac-similé d'imprimerie, intitulé :
« Assassinat du duc d'Enghien ».
Voici la note, manuscrite aussi, qui
précède ce récit :
On peut ajouter foi entière à la relation
qu'on va lire : elle offre les lésumés de notes
prises dans le temps et de traditions sûres.
On les a comparées avec différents écrits qui
ont parlé de ce malheureux événement et l'on
a même puisé dans ceux-ci ce qui pouvoit en
confirmer la véracité et les détails.
Or, à la page 1 1 de ce manuscrit, il est
dit :
Buonaparte, son frère Louis, Munit, les gé
néraux Duroc et Savary étoient piésents à cette
exécution. Louis s'évanouit lorsqu'il vit pas-
ser le Duc que l'on conduisait dans le fossé.
Buonaparte s'élança aussitôt sur son frère, et
le jeta par terre à coups de pied.
Nulle part ces faits ne sont racontés.
Je n'y ajoute pas foi, car M.Henri Wels-
chinger. toujours si bien infoimé, n'a pas
hésité à m'alTirmcr qu'ils ?onl faux excepté
pour Savary. Je voudrais seulement sa-
voir si ce récit est original ; s'il n'est
N» 1133,
L'INTERMEDIAIRE
907
908
qu'une copie d'un récit imprimé que je
ne connais pas ; d'où est venue cette lé-
gende de la présence de Bonaparte, de
son frère Louis, de Murât et de Duroc.
Un Lorrain.
La situation des prêtres mariés
après la Révol'iti 'ii (LIV, 834). -
Je ne sais si le pape jPie VI régularisa la
situation des prêtres qui avaient contracté,
sous la Révolution, des unions illicites
mais le pape Pie VIL par son légat le
cardinal Caprara, accorda bon nombre
de rémissions de dispenses à la suite du
Concordat de 1802.
Les Archives du cardinal Cuprata ren-
ferment dou;(e cations contenant les péti-
tions de prêtres et de religieux mariés pour
maintenir leur mariage, avec réponses favo-
rables, de 1802 à 1808.
Par contre, il n'y a que deux cartons
pour les pétitions qui ont reçu des ré-
ponses défavorables.
Rares aussi sont les refus de réintégra-
tion ; ils atteignent plus particulièrement
les religieux et les religieuses dont quel-
ques-uns sollicitèrent leur réadmis-
sion dans le cloître, non pour y faire
pénitence, mais pour s'assurer une exis-
tence exempte de tourments matériels.
Si quelques religieuses, contraintes par
la force de transgresser le vœu de chas-
teté sont devenues veuves, la réintégra-
tion est admise.
Je crois que dans l'intérêt des familles,
les documents de cette nature, d'une
façon générale, ne sauraient être publiés.
LÉONCE Grasilier.
Le général Labédoyère. Tenta-
tive d'évasion (LIV, 500, 1582, 676,
785). — Je ne partage pas l'avis de
M. L. B. qui estime que les documents
publiés dans les derniers numéros de
\' Intermédiaire, jettent un peu de lumière
sur la question.
En etîet, ces lettres et notes, quoique
émanant de parents on d'amis de Mme de
Labédoyère, contiennent des indications
contradictoires sur les auteurs de la ten-
tative d'évasion aussi bien que sur la
tentative elle même.
Selon Mlle de Chastellux, M. de La-
bédoyère est incarcéré à la Conciergerie
où il reçoit les visites de M. Gomel.
Si l'on en croit, au contraire, M. de
Chastellux, c'est à la prison de l'Abbaye
que M. de Porel — et non plus M. Gomel
— entretient M. de Labédoyère d'un
projet d'éviision .
Suivant le récit de Mlle de Chastellux,
personne ne connaît la femme qui a eu la
première idée de ce projet.
M. de Chastellux, de son côté, déclare
que Mme de Flahaut-Souza est l'âme de
la tentative d'évasion et qu'elle pousse
M. de Porel à f^u're les démarches néces-
saires pour en amener la réussite ; puis,
tout à coup, au moment de l'exécution,
et sans qu'on s'explique pourquoi, appa-
raît Mme de La Valette.
Or, la lettre de Aime de Flahaut-Souza
(LIV, 785) est elle même en contradiction
avec les versions précédentes.
N'est-il pas singulier que les membres
de la famille Labédoyère ne soient pas
plus d'accord sur les circonstances d'un
drame qui les touche de si près et dont ils
ont été les témoins ^
N'est-il pas plus singulier encore qu'au-
cun d'eux ne fasse allusion au rôle joué
dans cette affaire par un familier de leur
maison, rôle qu'ils n'ont pu ignorer puis-
que c'est ce familier qui a fait échouer la
tentative.
La vérité me paraît plus simple et il
suffit, je crois, de s'en tenir aux récits
publiés par d'anciens fonctionnaires de la
police, tels que Froment, chef de la bri-
gade politique sous la Restauration, Canler,
chef de la sûreté, etc . qui, bien rensei-
gnés par profession, avaient plutôt intérêt
à travestir les faits en évitant de dévoiler
la conduite odieuse d'un de leurs collè-
gues.
La famille Labédoyère avait, en eflFet,
élevé et comblé de bienfaits un nommé
Dabassequi, devenu inspecteur de police,
continua d'être reçu par elle.
Dabasse fut mis au courant du projet
d'évasion par une domestique de la fa-
mille à laquelle il promit d'ailleurs son
concours pour faciliter la fuite de M. de
Labédoyère.
C'est cette domestique qui fut chargée
de remettre les 10.000 francs promis au
geôlier de l'Abbaye, mais elle fut arrêtée
par Dabasse lui-même, au moment où
elle allait pénétrer dans la prison, et mise
à la disposition du duc Decazes, préfet
de police.
D'après Froment et Canler, les 10.000 f
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906.
909
iio
saisis furent remis à Dabasse à titre de
gratification, et peu de temps après ce
triste individu fut promu au grade d'offi-
cier de paix, mais il ne bénéficia pas
longtemps du prix de sa trahison, car ses
collègues indignés le mirent en quaran-
taine et, en 182 1, le préfet de police crut
devoir se débarrasser de ce serviteur dont
les antécédents ne lui inspiraient qu'une
médiocre confiance.
Dabasse se rendit alors en Russie, puis
revint à Paris.
Qj-ielques années après, on trouva dans
une chambre d'hôtel un cadavre suspendu
à l'extrémité d'une corde ; le commissaire
de police chargé du constat reconnut
Dabasse.
L'ancien officier de paix protégé de la
famille Labédo3'ère dont il avait si indi-
gnement trahi la confiance, venait de se
condamner lui même.
Eugène Grécourt.
L'empereur Guillaume est-il en-
tré dans Pans en 1871 (LIV, 777,
843). — Voici, je crois, la réponse à cette
question. On lit dans mon volume Paris,
la Capitulation et l'Entrée des Allemands :
« Si nous avions prévu, dit M. de Bismarck
à M. Jules Favre, que votre Chambre pût
examiner et ratifier le traité en vingt-quatre
heures, nous aurions pris d'autres disposi-
tions. :^ Le mécontentement du chancelier
n'était rien auprès de l'irritation qu'alljient
éprouver l'Empereur et les généraux. Guil-
laume avait fixé son entrée triomphale au ^:
il ne lai était plus possible de la faire. (Page
326.)
Un peu plus loin, j'ai écrit, dans le
même volume :
Quand les Français entraient à Vienne ou à
Berlin, ils n'étaient pas parqués comme les
Allemands le furent, en mars 187 i, à Paiis ;
nos soldats pouvaient pénétrer dans tous les
quartiers de la ville rendue, selon la fantaisie
de leurs chefs, et leur séjour n'était pas
limité à une durée véritablement ridicule.
De plus, leur empereur marchait en tête des
régiments victorieux ; il ne craignait pas de
se montrer aux vaincus dans tout l'éclat de
sa gloire, il allait habiter le palais des sou-
verains en fuite et ne prenait conseil que de
son bon plaisir.
Guillaume, à l'inverse, n'osa pas galoper,
sur un cheval, figurant, dans j'avenue des
Champs-Elysées, s'installer aux Tuileries et
braver l'indignation des Parisiens. Il se con-
tenta, prudemment, de passer, le i" mars,
vers onze heures, après l'entrée de l'avant-
garde allemande, une revue sur le champ de
course de Longchamps, à l'endroit même où
Napoléon III, en 1867, avait eu la naïveté
de le traiter en ami et de faire défiler devant
lui et MM. de Bismarck et de Moltke, l'ad-
mirable Garde Impériale de Malakoflf, de
Magenta et de Solférino, les beaux régiments
de cette armée française que la trahison de
Bazaine, l'ineptie stratégique et tactique de
ses maréchaux et de la plupart de ses géné-
raux devaient conduire, tout entière, trois
ans plus tard, captive en Allemagne.
Puis le nouvel empereur s'en était retourné
misérablement à Versailles. Le souvenir de
Berezowski, tirant sur le tsar, avait été pour
quelque chose dans cette reculade. Gi^illaume,
sur les conseils du chancelier, avait préféré
renoncer à une entrée triomphale, à la tête
de la Garde royale, plutôt que de risquer le
coup de fusil ou de revolver d'un Parisien
justement exalté par les désastres de la Patrie.
(Pages 338 et 339).
Et je mis en note de cette dernière page,
comme justification, le passage suivant de
Louis Schneider, le Joinville de l'Empe-
reur Guillaume, qui a écrit ses Souvenirs
intimes, revus et annotés par l'Empereur
sur le manuscrit original :
L'Empereur, renonçant à entrer à Paris,
retourna à Versailles. 11 me tomba un poids
de dessus le cœur, quand je vis sa voiture
rentrer sans accident dans la cour de la Pré-
fecture (tome III, page 234).
Qiiant à être entré, en cachette, dans
Paris, pour parcourir les Champs-Elysées
qu'il connaissait à merveille, je ne pense
pas qu'on doive s'arrêter à cette hypo-
thèse : le prince de Hohenlohe n'a pas réflé-
chi quand il a avancé, sans preuves, un
fait tout au déshonneur de son souverain.
Alfred Duq.uet.
Notre-D3me-de-Lorette(LllI ; LIV,
238, 419, 619). — Les lecteurs du ré-
sumé que j'ai donné ici de mon Etude
historique sur I authenticité de la santa
Cjsa de Lorette ont pu se demander
comment j'ai expliqué la formation d'une
légende aussi étrange.
La chose n'était pas facile « d'autant
plus que l'origine de cette créance a pu
dépendre d'un incident fortuit, insaisis-
sable à distance et dont il n est pas resté
trace ». J'ai d'abord passé en revue les
explications émises par divers auteurs.
La plus obvie, c'est que des pèlerins au-
raient apporté de Nazareth des pierres en
sutTisante quantité pour édifier à Lorette
la S. Casa, en mémoire et sur le modèle de
N- n33,
U'INTERMÉPIAIRE
911
912
la maison de la sainte Vierge. D'autres
ont particularisé. Au xii» siècle, une fa-
mille Anges ("Ayyeiot) branche (par les
femnies) de la maison impériale des Com-
nènes, fonda en Epire une despotie ;
chassés à la fin du siècle suivant par les
Vénitiens, les Anges se rendirent en Italie,
vers Ancône et Recanati, et furent les
constructeurs ou les bienfaiteurs de Lo-
rette. De là l'expression « per manus an-
gelorum », c'est-à-dire des 'Ay^sAoï. Cette
version a une variante : ces parents d'un
empereur Comnène obtinrent de lui l'au-
torisation de transporter les pierres de la
maison de la sainte Vierge en Italie, et
c'est avec ces pierres qu'ils construisirent
la chapelle de Lorette ; comme elles ne
furent pas en suffisante quantité, on
acheva le sanctuaire avec des pierres du
pays.
Pour M. de Mély (frases de Cana), la
maison de Lorettea <^tout simplement été
construite par un pieux fidèle nommé
De Aitgeh's. » D'après M. de Narfon ( Vers
l'Eglise libre) « l'architecte de Angelis en a
rapporté le plan pour en construire à Lo-
rette une exacte reproduction. On a dé-
couvert dans les archives du Vatican, la
preuve de cette mission de l'architecte de
Angelis ». Si ce document existe en réa-
lité, il n'a pas encore été publié et j'ai
fait de vains efforts pour en avoir commu-
nication.
Tout au plus, pourrait-on dire, par
conjecture, que la légende de la s. Casa
en Dalmatie provient de l'origine dal-
mate de l'architecte de Téglise du xv*^
siècle. Marin Marci, de Zara.
Partant de cette supposition, fort plau-
sible, que « \aSanta Casa de Lorette serait
précisément une imitation ou reproduc-
tion, construite par des gens de Recanati
à la suite d'on ne sait quel pèlerinage, et
avec une assez grande approximation »,
M. l'abbé A, Boudinhon a donné l'ex-
plication suivante : « La chapelle, connue
dès 1193, est devenue un lieu de pèleri-
nage ; il a plu à Dieu d'y accorder de
nornbreuses faveurs, et aux âmes et aux
corps ; la renommée du sanctuaire s'en
est accrue d'autant Mais la véritable rela-
tion de la Santa Casa avec Nazareth s'est
obscurcie ou mieux s'est transformée dans
l'esprit du peuple ; ...le fac-similé a été
regardé comme loriginal, à peu près
comme ce qui devait arriver pour le
Saint-Suaire de Lirey, si célèbre depuis
son transfert à Chambéry et à Turin.... La
maison de la sainte Vierge... a été trans-
portée sur les ailes desanges, tout comme
tant et tant d'images vénérées que les
légendes font venir d'Orient en Occident.
; Et la translation, une fois admise reçoit
les preuves légendaires habituelles, les
I visions et les révélations. »
i Mettant ensuite à profit les conjectures
' émises par une revue italienne, le savant
canonif.te rappelle que. dans sa bulle
; d'indulgences en faveur de Lorette (1470),
le pape Paul 11, « s'inspirant, sans doute,
i des termes de la supplique, ne dit pas en-
I core que la chapelle a été miraculeuse-
i ment apportée du dehors, mais bien
: qu'elle est miraculeusement fondée et,
: de plus, que la statue y avait été placée
j par les anges. Mais un édifice sans fon-
I déments n'a pas été construit sur place ; il
i vient d'ailleurs, puisqu'il a été simple-
j ment posé sur le sol ; et, dès lors, pour-
I quoi n'aurait il pas été apporté par les
i anges aussi bien que la statue, ou mieux
I avec la statue : Telle est bien la marche
I des légendes. Le fait que la chapelle a
! été trouvée sans fondements, et qui pour-
I rait s'expliquer naturellement, provoqua
! l'imagination de certains , qui dirent
qu'elle ne pouvait se Trouver ainsi, à
moins d'être venue de loin, et donc de
Nazareth, parce que peut-être elle avait
été faite sur les mesures de (la chapelle
de) l'Annonciation de cette ville. ».
Ces diverses conjectures ne sont pas mal-
heureusement appuyées de documents ;
elles ne sont pas davantage corroborées
par ceux que j'ai publiés en grand nom-
bre dans mon volume.
Paul II ignorait certamement la lé-
gende de la translation en 1470 ; Jules II
fait venir la s. Casa de Bethléem, en
1507: c'est entre ces deux dates que
Rome eut connaissance — vague encore
— de la tradition qui prenait corps.
Cette constatation, d'après les textes,
en amène une autre, qui a l'avantage de
donner, peut-être, la clef de l'énigme. Les
mots aliiiœ domns désignère^it tout d'abord
(vers 1428), les constructions dépendan-
tes du sanctuaire où l'on recevait les pè-
lerins, et l'hôpital même, où affluaient
les pauvres et les malades : inutile de
I reproduire ces textes. L'emploi du mot
I donnis^ au singulier, pour désigner le
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
P'3
sanctuaire lui-même, est postérieur ; mais
n'oublions point que de longtemps il ne
sera pas question de translation « Les
figures de rhétorique entraînent à des
hardiesses très explicables. Q_u'en des
sanctuaires fac-similé, un orateur s'écrie :
Oui, c'est bien ici que... Quoi de plus
naturel ! Et quoi de plus naturel aussi
que les auditeurs répètent : C'est ici
que... Une prosopopée n'est pas un men-
songe, certes, mais elle peut parfois se-
mer une légende » (Lettre de M. Le
Hardy). Sans connaître nos textes, M.
l'abbé Chabot s'était, d'instinct, arrêté à
cette explication :
« Pour ma part, je crois qu'il y avait
d'abord à Lorette une Domtis Beaice f^ïr-
ginis (analogue à nos Hôtels-Dieu, Mai-
sons-Dieu), et plus tard, l'origine et la
destination primitive de cet édifice étant
oubliées, l'imagination populaire en a
fait la vraie maison de la sainte Vierge »,
Ulysse Chevalier.
Relations de l'eTipire romain
avec la Chine (LUI; LIV, 1 18, 235) —
Nous pouvons aller plus loin encore, dans
notre réponse à la question si intéressante
qui a été posée par notre savant ophélète,
E. M.
Nous avons vu que les navigateurs
de l'Extrême-Orient étaient surtout des
Arabes, des Perses et des Indiens. Mais il
y avait aussi des Grecs, c'est à dire des
Romains de l'empire d'Orient parlant la
langue grecque, comme le prouvent les
médailles syriennes de cette époque, dont
Texergue est en lettres grecques, surtout
depuis la fondation de Constantinople
par l'empereur Constantin le Grand.
En effet, les auteurs anciens nous ap-
prennent trois choses, d'une importance
capitale, à cet égard :
1° Alexandre le Grand avait fondé des
villes grec lues, aussi bien sur la côte de
la mer des Indes qu'à l'intérieur des terres
au voisinage de l'Indus et jusque dans la
direction de Samarcande ;
2° Les Perses avaient, dans leur em-
pire, plusieurs villes (ou bourgs), exclusi-
vement habitées par des Grecs. C'est
ainsi qu'il y avait, à Ninive, une colonie
grecque importante. Ammien Marcellin
nous apprend qu'il y avait des villes
grecques, de son temps, au nord du golfe
Persique, telles que Térédon et Coréma-
20 Décembre i';o6.
914 _
nis. Au reste, Ctésiphon, la capitale des
Perses, est un pur nom grec, qui a le sens
de consiructio}is hrillantes ;
3° Toutes les distances sont données
en stades, mesures grecques : aussi bien
celles du détroit de Bab el-Mandeb à l'Indus
que de Llndus au Gange ; des embou-
chures du Gangeàsa source, quede cesem-
bouchures au golfe de Siam ; et du golfe
de Siam à Canton, ou à Fou-Tchéou, Il
est donc certain que de.*; navigateurs de
l'empire d'Orient allaient dans les Indes
et en Chine, au temps des Romains, alors
que Nankin était la capitale du sud,
Ammien Marcellin est un auteur d'une
importance considérable, qui a été étran-
gement méconnu par son traducteur
M. Nisard, membre de l'Académie fran-
çaise, dont nous n'en sommes plus à
compter les contre-sens.
C'est ainsi qu'il traduit les archers de
bonne famille de la Cotnpagnie de Varc^
Sagitarii Comités, par les archers com-
tes 1 et le corps des Reges, composé pri-
mitivement de sous officiers (comme nos
sergents de ville) par le corps des rois I
Et bien d'autres fautes du même genre,
notamment à propos des Lètes.
La vérité est qu'Ammien Marcellin est,
à nos yeux, le plus extraordinaire de tous
les anciens historiens : on dirait tout à
fait un homme de notre temps égaré
1500 ans trop tôt, dans l'empire romain.
11 a des pages qu'on croirait détachées de
La Bruyère ; et d'autres qu'on croirait
écrites par M. Camille Flammarion. Bien
loin d'être suspect de christianisme, com-
me le croit M Nisard, il en parle absolu-
ment comme en aurait parlé Voltaire, s'il
avait vécu à cette époque ; en se moqu mt
des évêques encombrant les routes, pour
se rendre aux conciles si célèbres, du
temps de Constantin et de son fils Cons-
tance.
11 fait ressortir les travers des papes con-
temporains et leurs richesses, acquises
à leur profit par les donations des dames
romaines. Partout au contraire, il nous
montre la ferveur de son paganisme et
sa croyance sincère dans les augures et les
songes ! C'était à la fois un savant, un
philosophe et un officier d'état major de
valeur. 11 est impartial et rend justice à
chacun de toute sa conscience !
Il connaissait la grande Muraille de
N-
"33-
L'INTERMEDIAIRE
915
Chine mieux qu'on ne la connaissait en
France, avant le célèbre voyage en ïar-
tarie et au Thibet des pères Hue et Ga-
bet. C'était un géographe, qui en a copié
de plus savants que lui ; pour nous don-
ner de précieux détails, sur la géographie
de tous les pays compris entre lEuphrate
et rindus ; c'est-à dire de l'Arabie aux
Indes, sous le noms de géographie de
l'empire des Perses, Alors que M. Duruy
confond le fleuve royal ou Nahar-Malcha
avec le canal de Trajan, qui n'en est
qu'un tout petit embranchement, il a
bien soin de nous indiquer les villes où il
commence et où il finit, ainsi que celles
qui se trouvent au commencement et à la
fin du canal de Trajan, dont la longueur
n'est que de quelques kilomètres.
II croyait que la soie était une pro- j
duction cotonneuse des feuilles du mûrier. I
11 ignorait absolument que c'était tout 1
simplement la coque de la chrysalide du
sphynx de cet arbre. D' Bougon.
Rue de la Paroisse (XLVI ; L). —
Autant que possible, les questions posées
ici ne doivent jamais rester sans solution :
c'est pourquoi je me permets, aujour-
d'hui, de me répondre à moi même sur
un petit problème de topographie pari-
sienne soumis, il y a quatre ans, aux
collaborateurs de \ Intermédiaire.
La rue de la Paroisse, dont il et ques-
tion, a bien existé, ainsi que je le présu-
mais, aux environs de l'église Saint-
Germain des Prés ; et Laloi, président de
la Convention, ne s'était pas trompé d'a-
dresse en envoyant sa missive de félicita-
tions au citoyen Morel, habitant de la
section de l'Unité. Le document suivant,
qui m'a été obligeamment communiqué
par le très aimable sous-archiviste de la
Seine, M. Lucien Lazard, le démontre pé-
remptoirement :
6 fructidor an II! (23 août 1795). Le se-
cond lot d'une maison sise à Paris, Rue de
la Paroisse, cy devant dite Fursfeuiberg,
n" 24, section de l'Unité, provenant de l'é-
migré Balainvilliers, a été adjugé à Siivain
Boissel, entrepreneur de bâtiments, rue Ser-
pente n" 5, moyennant la somme de 322 100
livres.
Acquisition déclarée au profit du citoyen
Lazard Bonardot, serrurier, rue Caumartin,
n° 794. (Fonds des Domaines, 617-1912).
La rue de la Paroisse, on le voit, n'est
autre que la rue de Furstemberg s'ou
916
vrant devant le palais abbatial de Saint-
Germain des Prés et par conséquent à
proximité de l'église, ce qui justifie son
vocable nouveau.
Ce nom de rue de là Paroisse ne fut
pas éphémère comme on pourrait le
croire, car nous le trouvoiis en 1793 et il
devait dater de la fin de Taiinée 1791, au
moment où le vieux sanctuaire des Béné-
dictins fut érigé en paroisse du quartier.
La pièce que nous venons de citer est de
179^, c'est donc pendant plusieurs années
que le qualificatif de Paroisse a été em-
ployé pour cette rue. Il est au moins sin-
gulier qu'il n'ait jamais été relevé. Quoi
qu'il en soit, voilà un nom nouveau à
ajouter à la nomenclature incomplète des
rues de Paris à l'époque de la Révolution.
Henri Masson.
Le Moulin- Joli (LIV, 781). — On
trouvera quelques renseignements sur ce
domaine, dépendant de la commune de
Colombes, dans la monographie de Co-
lombes {Notice historique.^ par M. F. Bour-
non, pp. 15-17), qui fait partie de l'Etat
des coiitfiiunes du département de la Seine
à la fin du xix** siècle^ publié par la Pré-
fecture de la Seine. Viator,
Le pont de Tiéoines à. Satat-De-
iiis(LllI ; LIV, 74, 186, 349, 739). — Si
je suis toujours irréductible, cela tient à
ce que M.Armand de Visme ne m'a donné
aucune raison sérieuse de changer d'opi-
nion.
J'ai indiqué pour la voie romaine de
Paris à Saint-Denis, deux tracés, qui exis-
taient certainement à l'époque mérovin-
gienne et qui me paraissent, avec M. Jol-
lois, de beaucoup antérieurs. Mon honora-
ble contradicteur s'est contenté de m'in-
diquer une voie hypothétique, emprun-
tant la rue Saint-Martin pour aboutir à
Saint-Denis
Dans la traversée de Saint-Denis,j'ai indi-
qué un tracé sur le parcours duquel on a
trouvé, à diverses époques, des traces de
voies romaines.
Au sortir de Saint-Denis par l'antiqu?
porte de Pontoise, j'ai indiqué la seule
route qui ait existé et qui, après avoir
traversé le temps perdu^ empruntait la
route actuelle de Pontoise.
Sur ce tracé il ne s'est jamais rencontré
qu'un pont, existant encore actuellement;
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906 ,
91:
918
il traverse le Croult à l'endroit où la réu-
nion de celui ci avec le Rouillon et le rû
de Viiletaneuse forme quelques petites
îles ; je l'ai identifié avec le pont de Tré-
cines, M. Armand de Visme est incapable
de m'en citer un autre.
G. La Brèche.
Exnpêoliemont^ légaux, des can-
didats au mariage (LUI).
Autrefois même, aucun fonclionnaire ou
ae;ent salarie ne pouvait se marier de la Co- î
lonie (Antilles et Réunion) sans l'autorisation
du gouverneur. On considérait en effet,
qu'un mariage dans un pays aurait pu don-
ner une influence !o:ale et une indépen-
dance de fait à une personne qui ne devait
être pour le gouverneur qu'un inférieur
obéissant et respectueux Cette disposition
exorbitante, attentatoire à la liberté indivi-
duelle dans ce qu'elle a de plus intime et de
plus sacré, n'a été supprimée que par un dé-
cret du 8 décembre 1887.
(Etendu aux autres colonies par un second
décret du même jour).
Principes Je colonisaiion et Je législation
coloniale^ par Arthur Girault, t, I, p. 393.
P. c. c. G. A.
Familles à origine illustre très
ancienne (LUI ; LIV 78, 123, 293, 408,
463, 521, 628, 797). — Dans la famille
des Bourbon? des Deux-Siciles, Fran-
çois l"', qui fit accession au trône en
1825, eut de sa seconde femme, nombre
d'enfants, dont le puîné fut Charles-Fer-
dinand, prince de Capoue, né le 10 octo-
bre 181 1, -[- le 22 froàt 1862.
Il épousa, le 5 avril iS'jô, miss Péné-
lope-CarolineGrice Smyth de Ballyna-
tray, une des plus remarquables b.iautés
du Royaume-Uni ; mais simple roturière.
Ce mariage excita l'animadversion .le Fer- |
dinand il, son frère, qui ne voulut le con- ;
sidérer que comme une union morganati- j
que. Le prince de Capoue protesta de j
toutes façons et afin de prouver qu'il |
n'avait pas dérogé, fit imprimer les preu- j
ves de noblesse de sa femme. Elies sont \
intitulées : Généalogie de Vanciemw et noble \
famille Swyih, de BallviKiirav, comté de |
Watcrjhrd en Irlande^ démontrant leur des- ;
cendance des rois d' Angleterre^ d'Ecosse, \
d'Irlande^ Je France, d Espagne, Je Dane- I
mark et de Hongrie, des Empereurs de Cens- j
tantinopL\ Jes anciens ducs de Bavière et \
de Bourgogne, Jes comtes de Pembroke,
J'Ox/ord et Je Sdlysbury, etc., et J'aittres
famill'is Je la plus haute noblesse, compilée
des anciennes arclnves et autres Jocunients
authentiques, par Jeu le chevallier l-Villiam
Bethani, Ulster King of Amis de toute l Ir-
lande ; ratifiée ei confirmée par le chevalier
John Bernard Burk Ulster King of Amis,
sous son sceau et seing d'office.
Traduction de l'anglais, brocli. in-8°.
Spa, 1856.
Albin Body.
Famille d'Âoust (LIV, 556, 689,741,
797). — )'ai connu naguère un homme
fort aimable, le marquis Jules-Edmond-
joseph d'Aoust de Jumelles, qui mourut
à Paris le 21 janvier 1886, étant âgé de
68 ans. 11 était un musicien amateur,
pratiquant assez instruit. 11 avait d'abord
publié, je crois, quelques romances ; puis
il avait écrit la musique de deux petites
opérettes en un acte, dont l'une, V Amour
voleur, fut exécutée dans un salon en
1865, et dont l'autre, la Ferme de Mira-
mar, fut représentée le 11 avril 1874,
dans un concert donné à feu le théâtre de
l'Athénée, qui existait alors rue Scribe et
qui a disparu depuis longtemps déjà.
A. P.
Les Bricquemauî (LIV, 836). —
François de Beauvais, seigneur de Brique-
maut ou plutôt de Briquemault, fils
d'Adrien de Briquemaut et d'Alexane de
Sainte-Ville, naquit vers 1502 ; i! em-
brassa de bonne heure les doctrines évan-
géliques : attaché à la cause du prince de
Condé, il réussit, non sans peine, à attirer
Coligav dans le même parti. 11 fut chargé
de défendre Rouen, d'où Morviliiers ve-
nait de se retirer. Il céda ce poste à Mont-
gommery, pour passer en Angleterre
avec Ferrières, vidame de Chartres, et y
s(;l!iciter des secours de la reine Elisa-
beth, d'où le traité de Hampton Court. Il
rentra ensuite en France, reprit Dieppe
sur les catholiques ; et, lors de la troi-
sième guerre de religion, ce fut lui qui
alla à la rencontre de Jeanne d'Albret
pour l'escorter jusqu'à Ui Rochelle. 11 prit
part aux batailles dejarr.,.c, de la Roche-
Abeille, de Moncontour, et continua en-
suite la lutte, notamment dans le Berry,
où il tenta vainement de surprendre
Bourges. Le 21 juin 1570, il contribua au
succès des Réformés, au combat d'Arnay-
N-
1133.
L'INTERMEDIAIRE
919
le-Duc, qui fut suivi d'un traité de paix.
A la Saint-Barthélémy, il se réfugia dans
l'hôtel de l'ambassadeur d'Angleterre ;
mais il en fut arraché, et traduit devant
le Parlement, qui le condamna à mort
avec son ami Cavagnes(27 octobre IS72)
L'arrêt confisquait ses biens et le déclarait
déchu de la noblesse ainsi que ses enfants.
Aussi fut-il pendu et non décapité.
Charles IX tint à assister à son supplice
et força Henri de Navarre à l'accompa-
gner à cet affreux spectacle. Trois ans
après, Henri 111 réhabilita sa mémoire. Il
laissait de sa femme. Renée de jaucourt,
trois fils Jean, François, Gaspard, et une
fille, Odette, qui épousa successivement
François de Cassinet et André Spifame.
De ces trois fils, le puîné, François^ fut
blessé à mort au siège de Poitiers, après
la bataille de Jarnac, le cadet, Gaspard^
avait combattu à Moncontour et à Arnay-
le-Duc, et parait, d'après de Thou, avoir
été ensuite en Italie, (Siège de Gavour,
1592).
L'aîné, Jean, prit une part active aux
guerres de religion, réussit à se cacher à
la Saint-Barthélémy, fut nommé, en 1576,
par le roi de Navarre, maréchal de France
et chambellan, seconda Lesdiguières dans
toutes ses expéditions, et fut tué en i 590
dans celle de Provence. Marié avec Fran-
çoise de Langhac, fille de Marc de Lan-
ghac de l'Espinasse et de Françoise Ra-
quier, il laissa deux fils, Jacques et Marc.
Jacques de Briquemaut, seigneur de
Prémartin et de Saint-Loup, épousa, en
1620, Elisabeth de la Marche Des Gontes,
fille du gouverneur de Sedan pour le duc
de Bouillon, et succéda à son beau-père
dans cette place. Il laissa deux filles,
Charlotte et Elisabeth, et deux fils : Henri,
baron de Saint-Loup, | passé, avant la Ré-
vocation de l'Edit de Nantes, au service
de l'électeur de Brandebourg], qui épousa
Marie de Meaux et mourut à Wesel le 16
août 1692 ; et Marius, Vieutenant de cava-
lerie dans le régiment Royal Etranger.
Le frère de Jacques. Marc de Brique-
maut, seigneur de Ruère, servait en 1635
à l'armée des Pays-Bas, et fut chargé de
porter au Roi les drapeaux pris au combat
d'Avein. Il épousa Jeanne de Robert, dont
il eut deux filles : Anne et Louise, et deux
fils : fean et Marc Antoine. Ge dernier
abjura le 31 janvier 1686. Il avait épousé
en premières noces sa cousine germaine,
920
Charlotte de Briquemaut, et en secondes
noces, le 20 août 1684, Jeanne de Cau-
mont.
Toute cette généalogie est résumée
d'après la France protestante de MM.Haag,
où l'on trouve beaucoup de plus amples
détails (tome II, p. 130 à 136). V.A. T,
Famille de Battine (LIV, 221,408,
522, 741, 8,5). — Titres, anoblissement
et pairies de la Restauration, t. Il, p.
181, article Golomb, dit de Battine, où
est donnée la filiation de Jean-Paul Cyrus
GoUomb, ou Golomb, né à Gap, autorisé,
en 1829, à instituer un majorât, avec ano-
blissement, mais sans en opérer la régula-
risation. X X.
Colnel Blon^el de Joigiy (LIV,
835). — On trouvera au Cabinet des Titres,
à la Bibliothèque nationale, une série énor-
me de documents précis sur tous les Blon-
del et principalement sur ces Blondel de
Joigny, qui semblent en efïet une branche
illégitime des vrais Blondel. G'est un long
travail à faire, car ces pièces forment un
demi volume et un volume entier des
Pièces Originales. E. Grave.
Le président Bochart de Saron
(LIV, 668 798). — Il est plus que proba-
ble que le marquis Bochart dé Ghampi-
gny, qui comparut à l'assemblée de la no-
blesse du bailliage d'Evreux en 1789, était
Gonrad-Alexandre Bochart, marquis de
Ghampigny, ne en 1733, qui, après avoir
fait toute sa carrière militaire dans les
Gardes Françaises, était, en 1789, capi-
taine dans ce corps et maréchal de camp
Il servit avec distinction à l'armée de
Gondé, devint lieutenant général en émi-
gration, Grand Groix de Saint-Louis en
1814 et mourut vers 1822. De son ma-
riage, en 1767, avec Adélaïde-Gatherine-
Renée de Bérulle, il eut au moins un fils,
Amable-Jean-Gonrad Bochart de Ghampi-
gny, né en 1770, à Pans, enseigne aux
Gardes en 1789, lieutenant-colonel sous la
Restauration Ce dernier est sans doute le
grand-père de l'officier de mobiles mort
de ses blessures en 1871.
Gonrad-Alexandre, né en 1733, ne pou-
vait donc être le fils du président Boch;irt
ds Saron, né lui-même en 1730, mais
c'était peut-être son frère cadet.
S. Churchill.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906,
921
Q22
Jean de Bois^ières (LIV, 780). —
Ce poète, qui était né à Montferrand (Puy-
de-Dôme), où sa famille, fort ancienne,
remontait au xiii" siècle, a, de lui, un cu-
rieux portrait, gravé sur bois, dans l'une
de ses publications. J'ai reproduit ce por-
trait dans le Dictionnaire iconographique
de V ancienne Auvergne, que j'ai publié
en 1904. J'ai, de plus, parlé de lui dans
deux autres de mes ouvrages : VHistoire
de la ville de Montferrand (in-40, 1875J
et le Dictionnaire biographique du Puy de-
Dôme^ où je donne encore de lui, un por-
trait. Bien que je m,e sois beaucoup occupé
de l'historique de l'ancien collège de Cler-
mont-Ferrand, dans mon Histoire de la
ville de Clermoni-Ferrand, je n'ai pas re-
trouvé le nom de cet intéressant régent
que plaisante si énergiquement notre
poète ; mais je me propose de faire des
recherches à ce sujet, 1 "été prochain, en
Auvergne ; car je passe l'hiver à Alger.
Ambroise Tardieu.
Chassebras de Cramailies (LIV,
55b, 743, 798). — Je remercie monsieur
Th. Courtaux de la réponse qu'il a bien
voulu faire à ma question « Chassebras
de Cramailies », et, puisqu'il a l'amabilité
de se mettre à ma disposition pour de
plus amples renseignements, cela m'en-
courage à poser ici une nouvelle question.
Je possède un ex-hbris, dont voici la
description : sur une terrasse échancrée
par le milieu, deux bergers à tètes de so-
leil et s'appuyant sur une houlette, sou-
tiennent de l'autre main un écu français :
écaitelé, au /, d'argent^ au sautoir de
gueules, cantonné de quatre roses du même
(Chippard) ; au 2, d' argent^à un arbre ar-
raché de oiieules, à la bordure du même,
au ^, d'or, a un sanglier de sable, an chef
de gneul es, chargé de trois r oses d' or [Ltsbdihy);
au^, d\ipir, à la croix componée d'argent
et de gueules, cantonnée de quatre fleurs de
lis d'or ,et chargée en cceur d'une coquille du
même (Samt-Mesmin) ; et sur le bout :
coupe de pourpre et et d'or à trois soleils,
de l'un en l'autre, deux et un (Chassebras).
L'écu est timbré d'un casque taré de pro-
fil, portant en cimier une tête de héron et
au-dessus, sur une banderolle. on lit
cette devise : tempora, tempore, tempera.
L'ouvrage sur lequel cet ex-libris est
collé, porte au-dessous, l'inscription ma-
nuscrite suivante : Jacques Chassebras de
Cramailies. Je demande :
1°) Si les quartiers de Tex-libris corres-
pondent à des alliances, réelles ou fictives,
de la généalogie fabriquée par Jacques
Chassebras de Cramailies, et si, d'après
ces alliances, on peut lui attribuer cette
marque de bibliothèque ?
2°) Dans le cas contraire, à quel per-
sonnage de la famille Chassebras se rap-
porterait cet ex-libris ?
A. DE Remacle.
Les Cardillac (LIV, 106,295, 522).
— Le livre déjà cité au sujet du passage de
Pierre de Cardaillac au château Trompette
renvoie, à propos du mariage de celui-ci,
au Supplément de Moréri : il s'agit sans
doute de son célèbre dictionnaire histori-
que, et on y trouverait peut-être d'utiles
renseignements si on le pouvait consul-
ter.
Le même livre donne souvent des ex-
traits du « manuscrit tort précieux, de
Mlle d'Aumale, concernant Mme de Main-
tenon » et qui contenait des lettres de la
mère de cette dernière. Cet ouvrage a-t-il
été publié, le retrouverait-on ?
Afin d'obtenir l'élargissement de son
mari, 1 infortunée Jeanne de Cardaillac
adressa des placets souvent renouvelés de
1630 à 1639, à plusieurs personnages en
vue de la cour et au duc d'Epernnn son
parent ; à Richelieu lui-même ; au secou-
rable duc de Saxe-Weimar « qui fut le
seul, à l'aider de sa bourse et de son cré-
dit » dans ses démarches.
Pendant leur séjour en Martinique,
Jeanne de C. revint soutenir en France
des procès avec les de Caumont-Dade et
les de Némon de Sensac ; les pourparlers
et correspondances durèrent, ce semble,
jusqu'en 1641.
Pendant les séjours de la jeune Fran-
çoise chez Mmes de ViUette. de Neuillant,
puis chez les Ursulines de Niort ; pendant
la reprise des divers procès relatifs à la
succession de d'Aubigné, la mère de Mme
de Maintenon dut entretenir une assez
importante correspondance; son style, au
reste, « est celui d'une personne bien
née ». Et je regrette de ne pouvoir fournir
que ces vagues indications, peut-être
connues au reste (n'ayant pas lu les let-
tres publiées dans les Archives de la
Gironde), mais persuadé que l'intermé-
N" 1133,
L'INTERMEDIAIRE
923
iiairiste intéressé trouvera quelques-uns
des documents désirés qui ne peuvent
manquer d'exister parmi d'autres vieux
et attrayants papiers. Où?
Marc H us.
Fechtrir (LIV, 780) — s< Connail-on,
demande M H. Lv'onnet, à propos de
Fechter, des comédiens français ayant
joué en langue étrangère ? »
Je puis citer à mon érudit correspon-
dant l'un de nos meilleurs acteurs de
drame, que la génération antérieure à la
nôtre a si justement applaudi sur les
scènes du boulevard, le comédien Tail-
lade.
Artiste d'un rare talent et auteur dra-
matique lui-même, Taillade, qui possédait
à fond la langue anglaise, alla donner à
Londres des représentations de Macbeth,
de Schakespeare, qu'il devait jouer plus
tard, mais cette fois, en français, dans la
traduction de Jules Lacroix, sur la scène
de rOdéon. A. Libert.
De Leusse. Le nom et la terre.
(LIV, 726, 803). ~ Voici ce que j'ap-
prends d'un membre de cette famille :
Il existe deux généalogies de la famille
de Leusse, publiées par elle-même, Tune
en petite brochure vers 1830, l'autre en
un fort volume in-8° que l'on trouvera
aux bibliothèques de Paris et de Lyon.
La Chesnaye des Bois dit que cette mai-
son d'ancienne noblesse existait avec éclat
en Dauphiné, lors de la cession de cette
province à la Couronne, dont Jordan et
Guy de Leusse signèrent l'acte de trans-
fert. — Armes: de gueules, à 2 brochets
adossés d'argent, accompagnés de ^ croix
de Malte ^ an pied fiché d'or — Devise :
Onor in terra, lo spirito in cielo.
St-Saud.
Marinif^r,Hardouin deChalonde
la Marinière (LIV, 726) — Jacques-
Hardouin de Chalon, chevalier, seigneur
de Maison-Noble et de la Maronnièie,
baron de Francs (en Libournais, né en
1691, reçu page du roi, en 1707, capi-
taine au régiment du roi -infanterie, che-
valier de Saint-Louis, mort le 2 août 1743,
était fils de Louis-François de Chalon,
écuyer, seigneur de Maison Noble et de
la Maronnière, et de Jeanne-Henriette^ de
Gauffreteau .
924 •
Il épousa en 1734, M^ rie-Thérèse de
Caupenne d'Amou dont il eut : 1° Marie-
Anne- Raimonde ; 2" Jeanne - Henriette,
mariée, en 1756, à Louis de Carbonnié
de Castillonnés ; 3° N. capitaine d'infan-
terie ; 4"^ Hardouin qui suit ; ^^ Jean-
Charles, né en 1742, député de la no-
blesse en 1789.
Hardoin de Chalon, comte de Chalon,
capitaine au régiment du roi-infanterie,
ambassadeur en Portugal, se n.aria, en
1768, à Marie- Aglaé d'Andlau. 11 parait
que sa descendance est encore représentée
à Paris.
Voir pour la famille de Chaion, origi-
naire du Poitou, le Dictionnaire historique
et généalogique des familles du Poitou, par
Beauc'iet-Filleau. Pierre Mi-ller.
Lettres de Monsigxiy et de Se-
daine (LIV, 837). — M. Arthur Pougin
demande qu'on veuille bien lui donner
copie d'autographes de Monsigny et de
Se daine.
En voici un qui, je pense, l'intéressera,
et peut-être même les intermédiairistes.
Pièce in-folio autogr. signée:
Je soussigné certifie et déclare que je suis
logé au Louvre en qualité de Secrétaire per-
pétuel de l'Académie d'Architecture depuis
le mois de juin de !'aiiiiée 1768, et que le
logement que j'occupe et dans lequel je suis
à présent, au premier étage et joignant
TAcadémie d'Architecture et dont je fais
partie, est occupé par moi depuis le com-
mencement de l'année 1776.
J'affirme de plus que dans le logement
que j'occupe je n'ai aucun meuble ny glace
qui appartienne au cy-devant Roy.
En toi de quoi j'ai signé, au Louvre, ce
120 octobre de l'an 1792 de notre ère et de
la République le premier.
J. M. SfcDAlNE.
P. c. c. Victor Deséglise.
VilUers do l'Isle-Adam(LlV, 781).
— Sans donner ceci comme une preuve,
j'ai eu entre les mains une généalogie des
Villiers dressée par Philippe-Auguste-Ma-
thias de Villiers de l'Isle-Adam. L'auteur
des Conlts cruels y établissait que le
grand-maître de l'ordre de Malte au xv=
siècle était fils de Jacques de Villiers de
1 Islc-Adam. Martin Ereauné.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906.
925
926
Armoiries à déterziiinax' : à a
cioix d'or poter.oée (LIV, 782) —
Le livre a été donné en prix par les Pères
de la Doctrine chrétienne de Toulouse et
les armes demandées sont celles de la ville
de Toulouse qui se blasonnent : de gueules^
à la croix de Toulouse d'or, soutenue d'une
vergeite du même, et un bélier passant d'ar-
gent^ la tête contournée, brochant sur la
vergeite ; le tout accompagné en chef de deux
tours d'argent, maçonnées de s<ihle. celle à
dexlre crénelée de trois pièces et celle à se-
nestre couverte en clocheton. Au chef
d'a{ur , semé de fleurs de lis d'or.
P. leJ.
 euquerre (LIV, 782). — Quand
on s'occupe des armoiries françaises, on
doit en blasonnant, comme dans le cas de
Borelli, indiquer iT l'cnquerre ou à enquérir ;
dans le blason étranger la règle de mettre
métal sur couleur ou réciproquement
n'existe pas, et ces termes ne se compren-
draient pas. Cependant, en peinture, il
n'est pas utile de mentionner l'exception
qui a présidé à la confection du blason,
les émaux parlent d'eux mêmes ; mais
dans les ex-libris toutes les fantaisies ne
sont-elles pas permises ? J'ai sous les yeux
l'ex-libris de Dufraigne, maître en chirur-
gie à Autun, xviii'' siècle, qui porte :
d'argent, à un frêne de sinople, et pour
qu'on n'en ignore, on lit sur le fût de
l'arbre, k uiot : fraxinus ! P„ leJ.
L'hinaie sauvaga enhéraldiqua
(LIV, 613 754, 813), — « Les « tenants »
« diffèrent des « supports » en ce que
« cette dénomination ne s'applique qu'aux
« êtres humains, tels que anges, moines,
« mores, sauvages, etc., ou qui ont quel-
« que partie humaine, telle que sirènes,
« centaures, etc. ; la coutume de ces or-
« nerr.ents vient des tournois où les che-
« valiers faisaient porter leur écus par
«x des valets ou écuyers vêtus d'accoutre-
« ments bizarres >■>.
[Traité complet de la science du Blason,
par Joufifroy d'Eschavannes).
D'après le Père Ménestrier, l'usage en
serait venu de ce qje les chevaliers fai-
saient porter leur écu et leur heaume
dans les tournois, par des valets recou-
verts de peaux de bêtes.
La fontaine d'Amboise, en lave de Vol-
vie et du plus pur style Renaissance, mo-
nument dont à juste titre sont fiers mes
compatriotes les Clermontois, se termine
par un lanterneau sur le haut duquel se
tient debout un homme sauvage .? complè-
tement velu, comme s'il avait du poil de
chèvre, les cheveux sur les épaules, la
barbe courte, le profil neo-grec, la tête
esthétique ; appuyé à un tronc d'arbre
tenant dans la dextre, dont Tavant-bras
est tléchi, une branche d'arbre en guise de
massîie et reposant sur l'épaule ; le bras
gauche est presque pendant et retient de
sa sénestre un écu qui s'appuie à terre et
qu'on dit représenter les armes du cardi-
nal d'Amboise, édificateur de la dite fon-
taine. Toute la Renaissance a largement
usé des *i hommes-sauvages » en orne-
mentation. Olim.
Ex-libris avec cygnes et •^.mour.s
(LIV, 838). — G. O. Galimard a gravé
au moins deux exlibris d'après Cochin :
l'un pour labbé Leblanc, l'autre pour
Poisson, marquis lie iVlarigny, frère de
madame de Pompadour.
J. G. V/lGG.
*
* if-
Ce charmant ex-libris est celui de l'abbé
Jean Bernard Leblanc, célèbre littérateur,
historiographe du Roi, ami du Président de
Ruffey, de Gochin et du marquis de Ma-
rigny.
Le dessin original de Cochin s'est vendu
205 franjs (voir Archives, juin 1901).
S. ....y.
Ex- ibris de médecins f>'ançais
(LIV, 727). — En attendant une liste
complète de médecins français, possédant
un ex-libris, liste qui n'existe probable-
ment pas, voici toujours celle que me
fournit ma petite collection ; je serais
heureux si notre confrère Valéry Decroix
y trouvait quelque indication qui serait
nouvelle pour lui. Inutile d'ajouter que
s'il voulait voir ces ex-libris, je serais à
sa disposition.
Anonyme. MNS., rue de la Salpétrière.
P. A. Béclard.
Desbarreaux-Bernard.
Bonnejoy.
L. F. Chéreau.
Chirurgiens de Paris (Bib. des).
G. Clérault
D. Paul Boucher.
D. Bouland (4 différents).
N"
1133.
L'INTERMÉDIAIRE
931
orthographié avec un n tandis que la fa-
mille connue écrit le sien avec un ni.
J'ajoute que ce n'est pas seulement la
génération de 1835 qui a fait ses délices de
ce livre d'un intérêt palpitant. Je l'ai dé-
voré entre 18615 et 1870 et je |)u]s affir-
mer qu'à cette époque encore le Dernier
des Rabûiteins était donné en prix dans les
établissements religieux et était lu avec
passion par les collégiens et même par
leurs parents.
Je suis heureux de voir que M. G. Le-
nôtre veut bien se joindre à moi pour
demander qu'on tâche de dégager ce qu'il
y a de vrai dans l'aventure et je souhaite
que son appel autorisé soit entendu.
Baron J. de Witte.
Un lâcheur (LIV, 729). — Ce n'est
pas « le docteur Féron » qu'il faut lire,
mais « le docteur Véron ». d'E.
QuiîicampO!X('LlV,784,876) — L'étu-
de que je viens défaire des fiefs et seigneu-
ries du canton de Montfort, m'a prouvé
que le plus grand nombre ont été possé-
dés par des famille de Paris ou de l'Ile
de France. Etienne Pasquier et ses fils,
comme les Cyrano, et après eux les Fran-
cini, étaient dans ce cas.
Or, il existe en Seine-et-Oise, trois ha-
meaux du nom de Qiiincampoix ; dans
les communes d'Abbeville, de Fontenay-
lez-Briis et des Molières Si on veut consul-
ter les notices communales qui sont à la
préfecture de Versailles, on trouvera cer-
tainement ces anciens seigneurs et on ar-
rivera peut-être à des identifications à peu
près certaines. E. Grave.
*
* *
Pesche,dans son Dictionnaire topographi-
que, f'istorique et statistique de la Sartlje
(1826) t. IV, p. 587, art. Qiiincanipoix,
donne à ce nom l'origine suivante :
« Quinican.poix., qninquempoix, quin
quém-pagus ; ancienne paroisse dont le
nom signifie cinq pays, cinq territoires...
« Différents lieux, notamment une
ferme en Mont-Saini-Jean (Sarthe), un
moulin à Cherré portent le nom de Qiiin-
carupoix. Pour ce dernier qui était jadis à
foulon, il est probable, d'après l'étymolo-
gie de ce nom, qu'il était à l'usage de
cinq paroisses ou de cinq terres seigneu-
riales, cinq fiefs. » L. Calendini. ]
932
Amoral. Arelgieux (LIV, 722).
— Amoral peut encore avoir un sens et
désigner certains actes qui n'ont pas par
eux-mêmes de moralité et ne l'acquièrent
qu'en vertu des circonstances qui les
accompagnent. Jadis, en philosophie, on
se contentait de les appeler « indiffé-
rents ».
Areligieux parait quelque peu faire dou-
ble emploi avec Atljée. En fait, il ne cor-
respond à rien de réel, il n'existe pas
d'homme et à plus forte raison de société
qui puisse se flatter de n'être ni religieux,
ni irréligieux, celui qui n'est pas l'un est
bien près d'être l'autre ; c'est le cas de se
souvenir de la célèbre parole : « Celui
<< qui n'est pas avec moi est contre moi ».
En résumé, areligieux sera bientôt, s'il
ne l'est déjà, complètement synonyme
d'irréligieux. G. La Brèche.
ï ;:andouiller . Emni ar oy er . Touil-
ler (LIV, 784, 877). — r Je lui ai donné
une randoiiillée (volée de coups), écrit
aussi rendouillce.
C R. de M. Vocabulaire du Haut-
Maine.^ pp. 394 et 497.
Cet auteur donne comme origine à ce
nom randon, violence.
Plus loin, il cite le verbe lendouiller
(p. 404) « agiter l'eau avec la vase ou
avec du purin de fumier pour pratiquer
des irrigations ».
2" Le verbe touiller.^ salir, souiller, traî-
ner dans l'eau ou dans la boue, est un
vieux mot français donné pir Robert
Estienne pour S3'nonyme à mêler, mettre
en désordre :
Cil qui lesont es tours montés
Les revont forment toiivillant
Car ils leur gietent plomb boillant
Guili. Guiart. I, vers 3639'*.
Ayant touillé vos mains au faict plus odieux
Q^ui se soit oucq admis à la face des Dieux.
(Luc Percheron Tragédie de Pyrrhe, acteV)
Ce mot a des dérivés :
a) Touillasse (s. f.) là où se touillent les
animaux.
b) Touillement action de touiller.
c) Tantouiller . Je vi'sal ben tantouillé la
pi au
d) Patouiller, remuer les mains ou les
pieds dans la vase ou quelque liquide mal-
propre.
e) Patouillard, qui patouille.
f) Paloi, patoué, palouil, eau sale, bour-
bier.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre k^o^.
933
934
Cf... le même auteur à ces divers mots.
Louis Calendini.
Le mot touiller est employé dans le
peuple à Paris, encore à l'heure présente,
je l'ai entendu prononcer par une femme,
récemment, au moment où elle remuait
de la salade. C'est peut-être un mot im-
porté de Flandre ou d'ailleurs.
En tout cas, je ne le trouve pas dans
les Glossaires du Poitou et je ne l'ai
jamais entendu prononcer dans l'ouest.
D^ M. Baudouin.
* *
Touiller n'est pas mêler. Ce mot expri-
me une nuance très particulière : mêler
comme il faut.
Un enfant ne touille pas les papiers de
son père, un chien ne touille pas un jeu de
quilles, mais un joueur touille un jeu de
dominos, une cuisinière touille la salade,
une laveuse touille le linge, un jardinier
touille des graines assorties, etc. Touiller
est travail utile.
Pourquoi ce mot dialectal, qui n'a pas
de synonyme en français, n'entrerait-il
pas dans la langue î Parce qu'on lui
trouve une sonorité vulgaire ? Pas plus
vulgaire que celle de fouiller, mouiller,
brouiller, rouiller, souiller, que nous pro-
nonçons tous les jours. Candide.
* *
En patois berrichon , le mot touiller
signifie crotter, salir de boue. Exemple :
se touiller, se crotter.
Patouiller, eau sale, boue délayée.
Exemple : « La pluie a lavé la homille
(boue, crotte), ça fait une patouille à ne
pouvoir y passer ».
On emploie aussi, en Berry, l'expres-
sion matgouiller , pour patauger : « ça
margouille » quand la boue s'attache
aux pieds.
Voir Le Glossaire du centre de la France^
par le comte Jaubert, ouvrage couronné
par l'Académie, dans sa séance générale
du 14 août 1836. 2 vol. gr. in-8". Paris,
Chaix et O* s. d,
Victor Deseglise.
♦
Ces trois mots soni: usités en Picardie.
Randouler s'emploie dans le Boulon-
nais avec le sens de « faire rouler sans
précaution et à grand bruit des vases de
cuisine et d'autres objets ». — « Quant
aux personnes, elles sont randoulées dans
une voiture qui tressaute sur un chemin
mal pavé ». (D. Haigneré, Vocabulaire du
patois boulonnais). — Randoulc'e signifie
une volée de coups. (Ibid.) Aux environs
de Saint-Pol (Pas-deCalais), randouler est
employé avec le même sens. Randoule ou
randouillure a le sens de randouUe et si-
gnifie grêle de coups, rossée, verte cor-
rection,
Enunarvoyer ou Enmarvoyer^d.'wn usage
général en Picardie, signifie contrarier,
ch.^griner, tourmenter.
Touiller est aussi fréquemment employé
par les paysans picards ; il signifie « mê-
ler, mélanger, mettre en désordre ».
(Alcius Ledieu, Glossaire du patois de
Démnin). Ses dérivés sont : Touillage^
touiller, mélange, gâchis ; —
remuage, emmêlement ; —
Touilleu, celui qui touille, —
Touilleuse, celle qui touille.
G. O. Vast.
action de
Touillure^
Touillard,
Tout Hoir e.
«Tun'es qu'un Givors 1»(LIV,729).
— Pour répondre à la question posée dans
l'avant-dernier numéro, je puis indiquer
concernant l'expression : Tu n'es qu'un
Givors. l'article signé E. Duboc, paru
dans VÂlnmnach du Drapeau, page 414-
416. Paris, Hachette, 1900.
A. P. M.
♦
m'a été
Voici ce qui m'a été raconté sur l'ori-
gine de cette expression qui veut dire :
tu n'es qu'un « daim ». A bord d'un ba-
teau de guerre, les fourriers s'ennuyant
un jour firent passer un avis, que, vu les
grèves, la verrerie de Givors avait besoin
de souffleurs de bouteilles, gain, 7 à 8 fr.
par jour. La verrerie, disaient-ils, s'était
adressée à la marine pour avoir de vigou-
reux poumons, et, en conséquence, ceux
qui voulaient se faire inscrire devaient
subir une épreuve.
Les matelots venaient s'inscrire en
foule et les épreuves commençaient : il
fallait souffler une bougie à une distance
donnée ou bien souffler dans un mano-
mètre de fantaisie, ''et très gravement, les
fourriers enregistraient les résultats, rayant
les uns, inscrivant les autres.
Parmi les refusés, un vieux mathurin
alla se plaindre au commandant, disant
que, père de famille, il pouvait aussi bien
souffler que les blancs-becs. Le comman-
dant qui ne savait ce que ça voulait dire,
N"
15Î.
L'INTERMEDIAIRE
935 —
sort de sa cabine et demande à un matelot :
Où est le fourrier ? — Mon commandant
il inscrit ceux de Givois. Le commandant
de plus en plus intrigiié, flairant une fu-
misterie, interroge d'autres matelots et
entend parler de Givors à chaque instant.
Enfin il fit irruption dans la chambre où
les fourriers éprouvaient les souffleurs.
Depuis ce temps, quand un matelot veut
se moquer d'un autre, il lui dit : « Va
donc, tu n'es qu'un Givors ! ». Ch. D.
Reprendre du poil de la bêta
(LIV, 504, 654, 766, 830). — Nous avons
en Poitou le chien rouge et le chien vert,
animaux purement fantastiques.
Notre chien vert, comme le loup vert
de Jumièges, appartient à la sorcellerie,
tel aussi le bouc^^;5 de la Vendée.
On dit d'un ivrogne qu'il a été mordu
par le chien ronge . C'est là notre bête au
poil salutaire, il s'agit encore d'un chien,
mais avec cette particularité de plus,
qu'il est rouge^ le vin n'a-t-il pas souvent
cette couleur ?
Il serait curieux de savoir si ce chien
rouge est connu par ailleurs, la chose est
probable.
Ne s'est-on pas demandé quel rapport
la tradition populaire pouvait bien avoir
trouvé entre le chien et l'incendie. Ne
serait-ce point à cause de cette prétendue
couleur rouge qui est aussi celle du feu ?
A qui nous reprocherait d'envahir arbi-
trairement le domaine de la légende,
nous pourrions citer le bras ronge, sorte
d'ondin méchant de la Sèvrc et de la
Drôme. Léda.
Lapsus au théâtre. Contre pet-
teries célèbres (LIV, 617, 829). ~ Je
me rappelle avoir, en 185 1 ou 1852,
époque des premières installations du té-
légraphe électrique sur nos voies ferrées,
entendu citer cette phrase, probablement
composée à plaisir : « Etes vous à piste
foxe. près de ce télégriphe électraque,
sur ce chemer de fin » ^ V. A. T.
• • • * *
Un missionnaire chinois terminait son dis-
cours par souhaiter le ciel à ses auditeurs,
qui se mirent à rire en l'entendant. Feu
au courant des finesses de la langue chi-
noise, il avait souhaité à ses auditeurs, au
lieu du ciel, des pattes de canard.
On connaît cette contrepetterie : un pré-
936 .
dicateur terminant son sermon par ces
mots : « Et que Dieu vous en fasse la grâce >>
s'embrouilla et d'une voix émue, s'écria :
« Que Dieu vous engraisse la face. »
X. X. X.
* * .
A citer aussi l'anecdote suivante que je
relève dans Vlntermédixiie (XXIV, 986) :
C'était au théâtre du Cirque. « La scène
représentait un bivouac désolé que visi-
tait Napoléon :
« — Hé bien, mes enfants, il ne fait pas
« bon ici.
« Le tambour-major devait répondre :
« Qiielle détresse, sire !
« Tout alla bien aux répétitions.
« A la première, le tambour-major,
%< pris d'émotion, perdit la mémoire et
« dit : QiieUe dèche, sire I
« La salle éclata en applaudissements,
« et le mot est resté. »
Un capitaine :
Au lieu de : s< Sonnez, trompettes » :
« Trompez, sonnettes ». Curiosus .
Le mot « sujet» (LIV, 172, 291,
599. — Aux conclusions persuasives four-
nies par V Ancien Magistrat, il faut ajou-
ter l'étymologie de ce mot, qui n'est autre
que le suh jectus latin du verbe suh jacere
(gîser sous...). Or, on peut être jectus sub
Repuhlica comme aussi être jectus siib
rege, de sorte que ce mot indique indiffé-
remment le citoyen d'une monarchie ou
d'un Etat républicain.
C'est un peu le cas du mot souveraineté.
Dans le langage des chancelleries, on parle
des droits de souveraineté de la France,
des Etats Unis, de la Suisse et de toute
autre république sur certains territoires,
quoique la forme de ces gouvernements
n'admette pas le souverain individu.
COLOCCl.
La sensation du vol aérien pen-
dant 1:> sommeil (LUI; LIV, 98, 265).
— Je ne sais si quelqu'un a rappelé ces
paroles de Fourier, le phalanstérien :
II nous arrive parfois pendant le sommeil,
de goûter ce plaisir, ce bien-être du corps
parcourant un espace immense avec plus de
lapidito que l'hirondelle et se détachant de
la terre sans intervention d'ailes : c'est une
faculté dont jouissent constamment, dans
l'autre vie, les âmes des défunts pourvues de
corps aromaux ; c'est dans ce plaisir inconnu
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 20 Décembre 190e.
9^7
938
pour nous, que consiste le bonheur d'exister,
et jouir à chaque instant, par le seul avan-
tage de se mouvoir sans fouler la teire, sans
forcer de jambes, sans s'aider d'un porteur.
Cf Ch. Fourier, Théorie de l'unité
uriiversclh', 1 partie, Prolégomènes, Pivot
direct, Ulter, hnmortalité bi-composée.
G. FOURNIER.
La seconda vue (LIV, 784). — Va-
lère Maxime nous rapporte le fait suivant:
Deux amis Arcadiens vojageant ensemble
se rendaient à Mégare. l'un chez une per-
sonne de sa connaissance, l'autre dans
une auberge. Le premier vit en songe
son compagnon de route le suppliant de
venir à son secours et le défendre contre
les attaques de l'aubergiste. Réveillé par
cette vision, il saute à bas de son lit et
gagne au plus vite la taverne ; mais se
ravisant, il se remet à dormir. L'image
du blessé lui réapparaît, réclamant une
vengeance ; le malheureux lui conte que
son corps, massacré par l'aubergiste,
vient d'être transporté sur un char à la
campagne et recouvert de fumier. Vaincu
par les prières réitérées de son compa-
gnon de voyage, il accourt aux portes de
la ville et aperçoit le char en question et
la victime. L'aubergiste fut condamné à
mort sur la plainte de l'Arcadien survi-
vant. Cow BoY.
Serpent. Anecdote extraordi-
naire de Michelet (LIV, 1 1 1 , 203, 266,
481,602). — Depuis que la question est
posée, on n'a rien cité d'antérieur au
texte de Michelet. La légende est cepen-
dant beaucoup plus ancienne. Elle re-
monte si bien à l'antiquité que le nom
même du serpent boa n'a pas d'autre ori-
gine.
Les Latins appelaient boa ou hova une
vipère d'Italie qui tétait leurs vaches.
Aluntur primo biihuli lactis succo, unde
nomen ir.ixere (Pline, viii, 14).
Elien et Plutarque ont rapporté l'un et
l'autre des histoires de femmes aimées par
des serpents en Arabie et en Grèce. Flau-
bert, en mettant la scène à Carthage, n"a
changé que peu de chose à leurs récits.
Il les avait lus.
On découvrirait certainement des faits
analogues chez les anecdotiers du xvi*
siècle Voici une allusion que je retrouve
dans un poëme de 1676, le Temple de
Marsioi ;
Comme on voit un serpent échaper au teton,
; Qu'il a longtemps succé d'un appétit glouton,
i Et tomber immobile auprès de la bergère
j Que le traître a surprise...
Voici que de nouveau je retombe en faiblesse.
Candide.
Vous êtes mon l;on... 'Victor Hugo
©t Mile Mars (LIV, 779, 872). — II y a
une trentaine d'années, j'ai eu l'occasion
d'acheter à la librairie Hénaux, quai
Malaquais, à Paris, plusieurs volumes, en
édition originale, provenant de la biblio-
thèque de Mlle Mars, entre autres Heinani,
Paris, Mame, Deiaunay-Vallée, 1830, on
y lit en effet, page 70 :
Vous êtes mon seigneur, vaillant et généreux 1
Je vous aime.
On connaît les discussions qui eurent
lieu, pendant les répétitions entre l'auteur
et l'actrice, au sujet du mot « lion ».
Néanmoins le bon accord fut rétabli, car
sur le dit exemplaire offert par Victor
Hugo se trouve cet ex-dono :
A Mademoiselle Mars
Hommage d'admiration
Victor H .
En outre est ajoutée une lettre autogra-
phe, page in-8°, avec l'adresse postale,
2 avril 1830 : —
Mademoiselle Mars,
54 ter rue Saint-Lazare.
pressé.
Je renouvelle à ma sublime Dona Sol tous
mes remercîments personnels pour la grâce
qu'elle a eue de jouer mercredi.
Je garderai, comme elle, souvenir de ce
jour-là, mais souvenir de reconnaissance et
de dévouaient.
Son plus ardent admirateur,
Victor Hugo.
Ce jeudi.
A l'exemplaire on a ajouté :
Un portrait de Victor Hugo, lithogra-
phie de l'époque — et
Une lithographie énergique de Raffet
avec la légende :
Dona Sol.
Vous voyez ce poignard?
Ah ! vieillard insensé,
Craignez-vous paslefer,quandrœila menacé?
Acte 5, scène 6.
Victor Deséglise.
*
Un très fin lettré deviné derrière les
deux initiales H. M. m'adresse une ques-
tion sur le fameux vers :
N» 11331.
LlNTERMÉDIAIÏiÊ
939
940
Vous êtes mon Iton superbe et généreux,
Il rappelle à ce sujet une citation des
Mémoires d'Alexandre Dumas reproduite
dans yictor Hugo raconté, et la célèbre
querelle entre Mlle Mars et Victor Hugo,
Mlle Mars éprouvant une certaine répu-
gnance à appeler M. Firmin mon lion,
voulait modifier le vers ainsi :
Vous êtes mo7i seigneur superbe et généreux^
Victor Hugo résista, et il donna lui-
même la raison : « mon lioti relève le vers
et mon seigneur l'aplatit. »
Or, H. M. me pose la question sui-
vante : Comment concilier cette anecdote
avec le fait qu'au moment des répétitions
le vers sur lequel se livrèrent ces batailles
n'existait pas ?
Je réponds sur ce premier point que le
vers :
Vous êtes mon lion superbe et généreux,
existait avant et pendant les répétitions »
que c'est même le seul qui ait été écrit, le
seul qui figure sur le manuscrit ; et Victor
Hugo a si bien voulu écrire ce vers, et
celui-là seul, que ce mot de quatre lettres
lion n'étant pas suffisamment marqué,
dans la rapidité de l'improvisation, a été
repassé à l'encre, les quatre lettres plus
noires recouvrant exactement et laissant
voir les quatre lettres primitives. Donc,
sur ce point il n'y a pas d'équivoque, le
vers du lion est le seul qui existe. 11 n'y a
pas une seule variante. Et on sait que le
poète était prodigue de variantes. 11 n'a
même pas voulu noter la variante de mon
seigneur qui lui avait été soufflée par
Mlle Mars.
H, M. ajoute, il est vrai, que le vers du
lion ne se trouve ni dans la première, ni
dans la seconde édition d'Hernani, qu'il
est remplacé par le suivant, proposé par
Mlle Mars, mais avec une petite modifi-
cation :
Vous êtes mon Seigneur, vaillant et généreux.
Si donc la querelle entre Victor Hugo
et Mlle Mars est exacte au sujet du lion,
elle aurait eu un autre dénouement que
celui qui a été indiqué par Alexandre
Dumas et qui a été reproduit dans Victor
Hugo raconté. Le poète aurait d'abord
résisté, aurait maintenu son vers, mais il
n'aurait f»as persisté jusqu'au bout dans
sa résistance et aurait subi plutôt qu'ac-
cepté le vers :
Vous êtes mon seigneur vaillant et généreux,
d'abord, pour désarmer son interprète,
I ensuite pour ne pas trop désorienter les
classiques. Sur ce dernier point, il ne peut
pas y avoir d'incertitude.
En effet, le manuscrit du souffleur daté
de 1830 porte le vers " proposé par
Mlle Mars.
Ce manuscrit est intéressant à étudier.
Il renfermait tout d'abord le vers :
Vous êtes mon lion superbe et généreux.
Au-dessus des mots soulignés on avait
écrit au crayon mon seigneur vaillant. On
a effacé ces mots ; mais on distingue
encore les lettres m 0 la queue du g et
trois lettres aiet t du mot vaillant ; puis
les trois seuls mots mon lion superbe ont
été grattés dans le vers et, d'une écriture
plus grasse, ont été remplacés par mon
seigneur vaillant.
C'est ce manuscrit conforme à la repré-
sentation qui a été remis à l'éditeur, voilà
pourquoi le vers de Mlle Mars se trouve
dans l'édition originale.
Il résulte de cette controverse que
Victor Hugo a écrit un beau vers et que
le vers plat, amélioré, je l'avoue par la vir-
gule après mon seigneur, n'a jamais existé
ni dans son esprit ni dans son manuscrit.
Gustave Simon.
Victor Considérant et la doc-
trine (LIV, 836). — Je ne trancherai pas
la question de doctrine. Il existe encore
des amis de Victor Considérant, peut-être
même des disciples, c'est à eux à se pro-
noncer. Je ne puis que communiquer cette
lettre qui figurait au dernier catalogue
Noël Charavay. Je la tiens de son obli-
geance inépuisable. C'est Victor Considé-
rant qui parle. On le trouvera peut-être
un peu bien religieux et mystique, et ce
ne sera pas la moindre des surprises
qu'éprouveront ceux qui ont cru, par la
façon dont il fut parlé de lui, à sa mort,
qu'il fallait voir dans Considérant un so-
cialiste démolisseur de notre vieux monde
et de ses traditions.
La lettre est écrite sur du papier à en-
tête ; on lit dans la manchette :
« Ecole socialiste. La Phalange, jour-
nal de la science sociale, politique, in-
dustriel et littéraire, rue Jacob, 54 bis. »
Puis, en manchette, toujours :
« Dépôt central des publications de
l'Ecole sociétaire. On est libre de ne pas
affranchir les lettres où l'on fait les de-
mandes d'abonnement, »
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
20 Décembre 1906.
941
942
Phalange paraît les mercredi et
de chaque semaine. Prix de
3=5 fr. Six mois, 19 fr. Trois mois
« La
samedi
l'année,
10 fr. »
Je relève ces indications, elles peuvent
être utiles pour une histoire de la presse.
Arrivons à la lettre. En voici le texte :
V" Considérant directeur de La Pha-
lange, disciple de Fouricr, à Sa Seigneu-
rie,
Le Révérend Père Cipolsiti. ancien géné-
ral de V ordre des prédicateurs.
Paris, It 27 octobre 1838.
Mon Révérend Père,
Les journaux français viennent d'annoncer,
d'après le Diario di Rorna, que Votre Sei-
gneurie a prononcé, devant l'académie de la
religion catholique de Rome, une réfutation
excellente de la théorie d'association de
Charles Fourier et des travaux de ses disci-
ples.
En propageant cette théorie, mon Révérend
Père, nous obéissons aux sentiments les plus
religieux, car nous croyons qu'elle apporte le
moyen de faireenfin vivre en bonne harmonie
les hommes qui jusqu'ici se sont déchirés en-
tre eux comme des bétes féroces malgré les
efforts de toutes les églises chrétiennes et prin-
cipalement de la sainte et puissante église
catholique, apostolique et romaine. Un système
qui aura pour effet (ainsi que nous ne pou-
vons en douter), de mettre la paix, la justice
et le bonheur dans les relations des hommes,
de faire régner sur toute la terre la frater-
nité évangélique et la gloire de Dieu est né-
cessairement d'origine divine, car tout bien
et toute vérité viennent de Dieu,
Aussi, mon Révérend Père, nous croyons
être les fidèles serviteurs de Dieu et de l'hu-
manité en travaillant à répandre cette doc-
trine dont la réalisation sera le salut social
du monde, et qui, amenant l'unité des na-
tions préparera le triomphe de la vérité sur
toute la terre, et en particulier le triomphe
universel de la vérité religieuse. Il ne faut
pas douter, ô mon Père, que si l'Empire du
monde est réservé à la Foi catholique, apos-
tolique et romaine, c'est à la suite de l'éta-
blissement de Vmiité sociale que cette Foi
pourra seulement conquérir tout son empire;
car cette conquête lui serait toujours bien
difficile tant que la famille humaine resterait
morcelée en mille peuples sauvages, barbares
ou civilisés, ennemis les uns des autres, et
dont les intérêts, les mœurs, l'état social, le
langage, etc. etc., offrent la plus inextrica-
ble, la plus fatale incohérence. Et sans nul
doute, à nos yeux, mon Révérend Père,
l'Eglise catholique et son vénérable et pieux
chef remonteraient à leur ancienne place,
reprendraient leur ancienne influence sur les
peuples et rétendraient jusqu'aux confins les
plus reculés du monde, si par l'initiation fa-
cile de l'organisation sociétaire et de l'har-
monie sociale, ils se faisaient des droits sou-
verains à !a reconnaissance et à l'amour uni-
versel des nations.
Notre conviction profonde dans la bonté
delà voie que nous suivons ne nous empê-
che point, mon Révérend Père, de rechercher
la vérité partout, même et surtout dans les
objections qui sont faites à la théorie que
nous défendons. El comme Votre Seigneu-
rie en se tenant à la réfutation de cette
théorie n'avait certainement pas pour but de
prononcer un discours académique, mais
bien de détruire ce qu'elle regarde comme
une grande erreur, nous ne doutons pas du
plaisir pieux qu'elle va ressentir en voyant
les propagateuis de ce qu'elle regarde comme
une erreur, demander avec empressement,
eux-mêmes, non seulement à éclairer leur es-
prit par la connaissance de ladite réfutation,
mais encore à éclairer, en rendant cette réfu-
tation publique, l'esprit de tous ceux qui ont
été jusqu'ici séduits par leur théorie.
Que Voire Seigneurie, mon Révérend Père,
daigne donc avoir la bonté (qu'on doit con-
sidérer en même temps et sans laquelle la
réfutation n'aurait pas de but utile) de faire
parvenir à celui qui a l'honneur de lui par-
ler en ce moment, le discours qu'elle a pro-
noncé sur la théorie d'association de Fou-
rier devant l'académie de la religion catholi-
que, avec la permission de publier ce dis-
cours dans La Phalange, ]on\x\A de l'Ecole so-
ciétaire, fondé par Fourier.
J'ai l'honneur, d'être, de Votre Seigneurie,
mon Révérend père,
le très humble, très respectueux et très
obéissant serviteur,
Victor Considérant.
Paris, rue de Taraune,n° 8.
Cette lettre ne répond pas entièrement
à la question, mais on conviendra qu'elle
est fort curieuse et un peu inattendue.
Maintenant, j'avoue ignorer si les amis
de Considérant préparent une étude et
par conséquent où elle en est. Mais s'ils
ne connaissent pas cette lettre, ils la
liront avec intérêt. Y.
|fot«^. i^vounaill^s d (fyxnmih
Le mystérieux conteur «Du Roc
Sort Manne ». — Le 12 septembre
1573, le Roi donnait privilège à Nicolas
Bonfons d'imprimer et exposer en vente
un recueil de contes inédits dont voici le
titre d'après l'édition de 1^74 :
N° 1133.
L'INTERMEDIAIRE
943
944
Nouveaux récits ou comptes moralise:^,
joinct à chascun le sens moral par Du Roc
Sort Manne, avec Privilège. — A Paris, par
Nicolas Bonfons, rue neuve nostre Dame, à
l'enseigne Sainct Nicolas. — ■574. — petit
in-8° frontisp. gravé. 16 ff. non chiffrés,
178 ff. chiffrés, i f. non chiffré pour le privi-
lège.
Ce recueil se compose de vingt-trois
nouvelles licencieuses à la suite desquelles
l'auteur se contente de dire aux dames :
« Gardez-vous d'en faire autant ». Sa
« moralité » ne va pas plus loin.
De l'édition de 1574, c'est toujours
le même exemplaire qui passe en vente
depuis deux siècles. Du Fay le fit relier
en veau chez Padeloup. Le comte de
Toulouse l'acquit à la vente de la Biblio-
theca Fayana (1725) par Tiritermédiaire
du libraire Gabriel Martin et en fit frapper
les plats à ses armes Depuis, il a passé
dans les collections de Crozet, du baron
Pichon et du comte de Béhague (i).
D'une contrefaçon faite à Anvers en
157 5, on connaît deux autres exemplaires:
l'un, qui est rogné à la lettre, vient de
La Vallière,(?)Méon, Tripier et Chédeau ;
l'autre, en veau fauve de Thouvenin, est
celui de VioUet-le-Duc qui a paru depuis
à la vente Auvillain.
C'est, en somme, un livre fort rare, et
d'autant plus mal connu qu'il n'a jamais
été réimprimé.
De qui est-il ?
On a souvent posé la question sans la
résoudre. Le feuillet non chiffré en regard
du feuillet 1 donne cette indication, mieux
faite pour piquer notre curiosité que pour
la satisfaire :
Anagramme du nom de l'auteur : Du Roc
Sort Manne.
Et ravertissement aux lecteurs est si-
gné R. D. C.
Après avoir vainement essayé de dispo-
ser les quatorze lettres de l'anagramme
dans l'ordre des trois initiales, VioUet le
Duc trouva sans doute que ce raisin était
trop vert et prit le parti d'injurier l'écri-
vain, qui ne valait pas la peine, dit-il, que
l'on se donnât tant de mal pour lui. En
(i) Brunet signale une édition de 1573, qui
existe sans doute dans une bibliothèque pu-
blique,mais qui ne semble figurer dans aucune
collection particulière. Elle serait sans nom
d'auteur.
quoi il était doublement injuste, car le
livre est intéressant, par son contenu et
par sa langue. Les philojogues qui étu-
dient le vocabulaire du xvi' siècle trouve-
ront là des notes bien curieuses à pren-
dre, ainsi que les historiens de nos contes
nationaux. 11 serait donc fâcheux que l'au-
teur du recueil restât longtemps inconnu
pour nous, comme l'est encore le « Cava-
lier françois » qui écrivit les Heures per-
dues.
Je viens de trouver la solution de ce
petit problème en examinant le Sonnet
Liminaire, et je suissurpris que VioUet-le-
Duc n'ait pas commencé par là, car il n'y
avait pas loin de l'anagramme à l'acros-
tiche...
Sonnet A la jeunesse
Retirez-vous, ennuy, dueil et tristesse !
Ores vous faut de ce lieu absenter.
Malgré vos dents, nous viendra visiter
Avec plaisir la désiré liesse.
Nul donq'ne soit, au sommeil de paresse
Nouveaux récits luy orrons réciter.
Et nous verrons qu'elle feut contenter
Tous ceux qui sont du party de jeunesse*
Dehors, vieillards proches à pourriture !
Vous la cerchez, de vous elle n'a cure,
Car il n'est plus de vous ce qu'a. esté.
Ris toy, ris toy, jeunesse gracieuse,
Car n'est à toy, ny pierre précieuse
Semblable en rien en vertu et beauté.
Le dernier tercet ne présente aucun
sens, tel qu'il est imprimé ; mais la co-
quille qui le défigure n'est pas difficile à
corriger. 11 faut lire évidemment :
Or n'est à toy, ny pierre précieuse.
Et le sens de la phrase devient clair :
v< Ni l'or ni les pierres précieuses ne sont
comparables à la jeunesse, en vertu et en
beauté ».
Si maintenant nous lisons verticale-
ment les premières lettres des quatorze
vers nous obtenons :
ROMANNET DU CrOS.
dont l'anagramme est du Roc sort manne.
Pierre Louys.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL
Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond
LIV° Volume
Paraissant les lo, 20 et jo de chaque mois 30 Décembre 1906
42e Année
SI '".r. Victor Massé
PABIS (IX»)
Bureaux : de 2 à iheures
QU^QUE
Cherchez et
vous trouverez
g II se faut
ra entr'aider
o
o
N° II 34
31'". r VictorMassé
PARIS (IX«)
Bureaui : de 2 à 4 heures
^ 3nUxmébxaixe
DES
CHERCHEURS ET CURIEUX
Fondé en 1864
QUESTIONS ET RÉPONSES LITTÉRAIRES, HISTORIQUES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES
TROUVAILLES ET CURIOSITES
945
946
Il nous faut répétera nos correspondants
qu'il est nécessaire qu'ils signent leurs en-
vois, ou de leurs noms, ou d'un pseudonyme
déjà adopté par eux\ ou qu'ils adoptent
pour lapremière fois en le faisant connaître.
S'ils emploient des initiales, nous les prions,
pour éviter toute confusion, d'adopter des
initiales qui ne sont pas déjà une signa-
ture en usage. S'il en était autrement, ils en
seraient avisés.
Nous sommes contraints à chaque instant,
de faire suivre des réponses directement : il
est donc indispensable que nous sachions à
qui les faire tenir.
Le secret des pseudonymes est rigoureuse-
ment gardé.
Toute lettre anonyme ou signée d'un
pseudonyme inconnu sera considérée comme
non avenue.
allueôtîon0
Le roi dos gitanos. — Le roi des
gitanos d'Espagne est mort à Grenade. 11
s'appelait Chrorrojumo et s'intitulait
« descendant desPliaraons d'Egypte ». Il
était âgé de quatre-vingts ans.
Sa figure et son accoutrement pittores-
que étaient bien connus de tous les tou-
ristes étrangers visiteurs de l'Alhambra,
où il se tenait en permanence, réalisant
de jolis bénéfices, grâce à la vente de ses
photographies
Qiie sait on de certain sur cette royauté
des gitanes ^
Que sont devenus et la Soledad et la
Macarona, dont l'apparition, à l'Exposition
de 1889, fut un clou d'or? Y.
Lettres de Napoléon à José-
phine. — Dans une lettre de Londres,
du 3 mai 1858, Mérimée écrit à r/«c<?n-
nue :
Hier, j'ai reçu la visite d'une dame et de
son mari qui m'apportaient des lettres auto-
graphes de l'empereur Napoléon à Joséphine.
On voudrait les vendre. Elles sont fort cu-
rieuses, car il n'y est question que d'amour.
Tout cela est très authentique, avec du pa-
pier à en-tête et les timbres de la poste. Ce que
je comprends difficilement, c'est que José-
phine ne les ait pas brûlées aussitôt après
les avoir lues...
Que sont devenues ces lettres ^
Un curieux.
Enfants de Napoléon I*'. — En de-
hors du comte Waleski et du comte Léon,
Napoléon I" eut-il d'autres enfants natu-
rels? I.
Les dernières paroles des exé-
cutés. — La peine de mort est à la
veille de disparaître. Plus tard, on s'en-
querra, avec intérêt, de l'impression que
faisait, sur les exécutés la vue de l'écha-
faud. On la cherchera dans leurs dernières
paroles. Ne pourrons-nous les recueillir
ici : dernières paroles d'infâmes ou de
martyrs, mais, après tout, d'hommes qui
savaient vivre leurs dernières secondes,
avant le saut dans l'éternité ? D' L.
LIV-18
N» 1134.
L'INTERMEDIAIRE
947
948
Quel était le régiment envoyé
en 1803 à Bréhat. — Dans une no-
tice sur l'ile de Bréhat appartenant à la
série de mémoires sur les ports de France
publiée par le service des Ponts et Chaus-
sées, je relève cette anecdote :
En 1805, débarquait dans Tîle un es-
cadron de cavalerie venant à pied, des
extrémités de la Hollande. Cette troupe
était exilée à Bréhat pour avoir laissé
prendre l'étendard du régiment. Elle fut
rigoureusement traitée, on lui fit dresser
ses tentes dans la partie nord de l'île, ex-
posée aux violentes tempêtes de ces pa-
rages. Les cavaliers ne pouvaient sortir
du camp que pour participer au service
de place dans les ouvrages fortifiés dont
l'île était alors couverte.
Quel était le régiment, à quel officier
l'étendard fut-il enlevé ?
Ardouin-Dumazet.
Un associédu«PèreDuc}iesne ».
— Je vois, dans un compte rendu de la
séance des Jacobins du 24 octobre 1793,
qu'un \<, membre du Comité de surveil-
lance du département de Paris » attaque
très violemment un certain Marquet,
« associé littéraire » d'Hébert. J'avais
toujours cru que le trop fameux substitut
du procureur de la Commune était seul à
rédiger le Père Diichesne, surtout depuis
le 10 août. Peut-être ce Marquet écrivait-
il dans les journaux pour lesquels la
feuille d'Hébert faisait de si bienveillantes
réclames qu'on aurait pu l'y croire parti-
culièrement intéressé. — En tout cas,
quel était ce Marquet qui passa à peu
près ignoré dans l'histoire de la Révolu-
tion .? d'E.
Noms originaux des villes
étrangères. — M. Jolibois vient de
proposer au Conseil municipal de Paris de
faire apprendre dans les écoles les noms
originaux des villes étrangères qui diffè-
rent de ceux que nous employons. C'est
fort bien, cela ne sera pas bien difficile,
car la liste n'est pas fort longue ; mais
nous croyons que l'honorable conseiller
se trompe lorsqu'il croit que cette ré-
forme sera adoptée à bref délai par le
monde des atïaires, bien que certaines
grandes maisons l'appliquent déjà dans
leur correspondance étrangère. ;>W4fei-.'
Nous aurions compris qu'il blâmât les
géographes d'avoir négligé cet objet
dans les livres scolaires, nous comprenons
moins qu'il s'en prenne aux grammai-
riens français.
D'après lui, nous aurions transformé les
noms étrangers, alors que les étrangers
«appellent tout bonnement « Paris » Paris
et « Marseille » Marseille. 11 me semble
cependant que les Anglais écrivent «Mar-
seilles » et les Italiens « Parigi ». La vé-
rité est que tous les peuples en ont agi de
même, mais il existe dans certaines sphè-
res une tendance très prononcée à trouver
parfait tout ce que font les étrangers et à
nous mettre en infériorité à leur égard.
C'est peut-être là un reflet des banquets
qui réunissent si souvent nos hommes
politiques et nos édiles avec ceux de
l'étranger, mais il n'arrive pas jusqu'à
ceux qui n'en ont vu que les menus dans
les journaux et qui conservent une meil-
leure idée de notre pays.
Qjjant à la réforme scolaire que nous
approuvons, comment pourra-t-on l'appli-
quer aux pays orientaux, dont les alpha-
bets ditïèrent du nôtre ?
On voit que le projet et ses considé-
rants ouvrent la porte à plusieurs ques-
tions auxquelles nos savants confrères de
V Intel média ire pourront faire d'intéres-
santes réponses. César Birotteau.
Famille de Fleuret. — Un corres-
pondant de V Intermédiaire aurait-il l'obli-
geance de m'indiqueroùje pourrais trouver
des renseignements généalogiques sur les
origines d'une famille de Fleuret, dont
l'une des branches a longtemps habité le
Médoc ?
Elle figure à l'Armoriai de d'Hozier :
|. B. de Fleuret, capitaine au régiment de
"la marine. Un autre de ses membres était
garde du corps en 1675 (Bibliothèque
nationale).
Cette famille prétendait descendre des
comtes d'Armagnac. Cette prétention était-
elle justifiée? Où peut-on trouver des ren-
seignements à cet égard ? XXXX.
Lambert Lombard, peintre ver-
rier. — Où pourrais-je trouver des ren-
seignements sur cet artiste, auteur des vi-
traux de l'abbaye de Herckenrode .?Cesvi-
traux'portent des dates entre 1 5 30 et 1 540.
C. B.O.
949
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Décembre 1907.
._ : P50
De Mathelan. — Blanche de Cour-
tenay, fille de Pierre de Courtenay et de
Perrine de La Roche, épousa, après i'5i4,
Marc de Mathelan, seigneur de Marinvil-
liers (Loiret) et des Taboureaux (Yonne).
Du Bouchet en parle, page 273.
QLielles étaient les armoiries de cette
famille de Mathelan, que Ton croit d'ori-
gine écossaise, et qui était encore pro-
priétaire des Taboureaux en 1684? Dans
quel ouvrage pourrait on trouver des ren-
seignements sur cette famille et sa des-
cendance, postérieurement à 1684?
Mac-Ivor.
Faul de Musset et Lamartine. —
Dans la Revue de Paris ^ M. Léon Séché
vient de rappeler VEniretien littéraire où
Lamartine , après la mort de Musset ,
jugea à la fois si légèrement et si sévère-
ment ce poète. Il loue Paul de Musset de
n'avoir pas protesté publiquement. )'ai
pourtant l'impression, assez vague , il
est vrai, qu'il l'a fait. QLielqu''un pourrait-
il préciser mon souvenir à cet égard ?
A. Jy.
Festieux, commune de l'Aisne.
— Qiielles sont l'origine et la significa-
tion du nom de cette localité, en latin
Festeolis, Festulium, Festuacum ? On a
proposé Festung, forteresse en allemand.
Voir Matton, Dictionnaire topographique
de l'Aisne. Th. Courtaux.
Philon de Biblis. — L Hexameron
rustique (Bologne 1671 , page 27) dit
qu'un très habile homme a mis en fran-
çais un livre de Grotius sur la religion
chrétienne, et qu'au lieu de traduire Philo
Biblius par Philon de Biblis, il l'a traduit
par Philon le libraire. Quel est ce livre ?
et quel est cet habile homme ?
A. Jy.
Gherardinl de Toscane et Geral-
dines d'Irlande et d'Angleterre. —
Que sait-on sur ces familles.
Les sept sœurs dites les sept pé- ;
ché."? capitaux. — Les sept demoiselles j
appelées, dans les Chroniques du xvi« sîè- !
cle, les « sept péchés capitaux » étaient- ;
elles les sœurs de Gabrielle d'Estrées ou, |
au contraire, ses tantes et par suite les
sière, femme du marquis d'Estrées, bien
que, d'après les Dictionnaires biographi-
ques, la mère de la Belle Gabrielle n'ait
gU que deux sœurs ? G. Plaisant.
Phrase à attribuer : Au fond des
vains plaisirs, etc. — De qui ces vers:
Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide
Je trouve un tel dégoût que je me sens mourir?
R.
« Mariage de pantins », par J.
de B. — Motmier, 1884, in-8. De qui est
ce livre .? Bookworm.
« Une jolie fille. Femmes à la
mer. » — Monnier, 1887, in-12. Est-il
possible de savoir le nom de l'auteur }
Bookworm.
Vers en écho. — Ce sont des vers
que le Dictionnaire de l'Académie définit
en ces termes :
« Sorte de vers dont la dernière syllabe ou
les deux ou trois dernières, étant répétées,
font un mot qui, ajouté aux paroles précé-
dentes, en achève le sens ou leur sert de ré-
ponse. Les exemples en sont fréquents dans
les anciennes pastorales :
Pour vous en dire plus, il faudrait vous pouvoir
Voir.
Aura-t elle pitié de mon mal inouï ?
Oui 1
Quels sont les auteurs d^ anciennes pas-
torales, à qui sont empruntés les vers que
cite l'Académie ? Debasle.
Un verset de psaume. — Sainte-
Beuve avait fait lire à Mme d'Arbouville
les lettres qu'il avait reçues de George
Sand, au temps où elle aimait Alfred de
Musset ; et Mme d'Arbouville, en les lui
rendant, lui écrivait : « Si jamais ces
lettres devaient paraître, je voudrais
qu'elles eussent pour épigraphe cette
phrase du psaume, belle en latin : « Dieu
Va voulu ainsi, afin qu'une âme désordon-
née fût à elle-même son supplice.
« Cette phrase du psaume... » : de quel
psaume?S'agit-il du psaume IX, verset 17:
Cognoscitur Doniinus judicia faciens ; in
operibiis manuum suarum comprehensus est
sœurs de Françoise Babou de la Bourdai- ' peccator ? Mdi'is ce latin n'a rien de particu*
H° 1134.
L'INTERMÉDIAIRE
951
95^
lièrcment beau ; et la traduction de Mme
d'Arbouville serait singulièrement libre.
S'agit-il d'un autre psaume?
Debasle.
Armoiries à déterminer : d'azur
à la fasce d'or. — D'azur, à lafasce
d'or, accompagnée de deux roses de même en
chef et d'un croissant montant, aussi d'or,
en pointe.
Ces armes sont peintes à la gauche
d'un portrait de jeune guerrier et cette
toile porte aussi ces indications : Anno-
'^99 — yEtat.zy.
je fais appel aux confrères érudiîs et
obligeants pour identifier ce portrait
trouvé dans les environs de Dreux.
Georges Champagne.
Camisards. — Le surnom ^ donné
aux insurgés calvinistes des Cévennes
vient évidemment de chemise, camisa.
Littré, qui n'en doute pas, n'ose pas
dire cependant si c'est parce qu'ils com-
battaient en chemise ou parce qu'ils se
reconnaissaient à leurs chemises.
Qiielle est l'origine exacte du mot .? 11 y
a plusieurs versions: à laquelle s'arrêter.?
Y.
Chiner. — En Poitou, où je suis en
ce moment, le peuple emploie cette ex-
pression pour désigner l'action d'aller par
les rues, soit avec des corbeilles, soit
avec une petite charrette, vendre des
denrées (poissons, légumes, fruits, etc ..)
Je ne doute pas que notre érudit colla-
borateur, le docteur M. Baudouin si ferré
sur toutes les questions folkloriques et
populaires poitevines, ne nous éclaire sur
cette expression, et ne nous explique son
étymologie, Sainï-Saud.
Dentition, denture. — On peut
lire, depuis quelque temps, dans quelques
romans et productions littérau'es, le mot
dentition, employé dans le sens de den-
ture, alors que jusqu'ici ce terme ne
s'appliquait qu'à la crise dentaire des
jeunes enfants. On y dit, par exemple,
d'une personne qu'elle a une belle denti-
tion.
Cette innovation doit-elle être admise
LÉON Sylvestre.
dans notre langue
Vie de patachon. — A-t-on expliqué
l'expression mener une vie de patachon .?
Cela se dit des vierges folles et, par ex-
tension, des jeunes gens qui se livrent à
la débauche.
Une monnaie d'argent des Pays-Bas,
Idans la première moitié du xvii'^ siècle,
portait le nom de patacon.
Cette monnaie passait de main en main,
comme les aimables personnes mention-
nées plus haut, d'où peut-être l'origine de
cette expression courante. Iskatel.
Soufflets toulousains. -- Je trouve
dans \t Portefeuille Fontanieu (Mss. B. N.
nouv. acq. françaises 7449 p. 407) cette
anecdote :
Les Juifs de Toulouse étaient obligés à
cette servitude honteuse qu'un de leurs chefs
offiait tous les ans à la porte de l'église
cathédrale, le jour de Noël, le Vendredi
Saint et le jour de l'Assomption, trois livres
de cire, et d'y recevoir chaque lois un souf-
flet d'un homme fort et vigoiu'eux. Le Roi
renvoya l'affaire à un concile provincial qu'il
fit assembler à Toulouse même et dans
lequel il fut décidé que la demande des juifs
serait rejetée, parce que les rois "Charlema-
gne et Louis le Débonnaire leur avaient im-
po5é ce joug pour les punir d'avoir livré la
ville de Toulouse aux Sarrasins, dont le roi
Abdérame n'était entré en France qu'à leur
sollicitation.
Etait-ce le motif réel de cette «servi-
tude honteuse», et quand celle-ci disparut-
elle ï SiR Graph.
Graisse humaina. — La graisse hu-
maine a été souvent employée en magie,
en alchimie, en médecine. Pourrait-on
indiquer des auteurs qui aient traité ce
sujet, donner des sources, citer des faits ?
Geo Bernard.
La danse des six visages. — En
171 1, à Marly, dans les bals de la Cour,
on dansait la danse dite des six visages.
Les dames imposaient à leurs cavaliers
une pénitence.
Quelle était cette danse dite des six
visages ^ Et pourquoi ce nom?
Paul Edmond.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1906,
953
%épome$
954
Exécution d^ Henri de Montmo-
rency à Toulouse (LU ; LUI ; LIV,
193, 400, 844). — Dans le ms Dupuy
378 (BibL nationale), qui contient le
\< Procès criminel faict à Messire Henry,
duc de Montmorency, pair et mareschal
de France », ne figurent pas moins de
trois relations de Lexécution de ce per-
sonnage. Rien dans ces récits très cir-
constanciés, évidemment rédigés par des
témoins oculaires, ne permet de supposer
que l'exécution n'ait pas été faite par le
glaive et de la façon habituelle alors. Voici
d'ailleurs les passages relatifs aux der-
niers moments du condamné :
... (!l) se feit bander les yeux de son
mouchoir, advertit l'exécuteur de ne point
fraper qu'il ne luy dist. Il mit son col à
plomb sur le posteau, et ses blessures l'em-
peschant de demeurer ainsy se mit de costé,
dit à l'exécuteur : Frappe, soudain après
di'st : Mon doux sauveui', recevez mon âme,
et l'exécuteur feit son office et d'un seul
coup luy abatit la teste dès qu'il fut sur le
posteau. Toute la compagnie tourna les
yeux pour ne point veoir le coup...
(Relation de ce qui s'est passé à Tou-
louze à la fin du mois d'Octobre 1632).
(Ce texte n'est autre que celui de l'im-
primé dont a parlé M. J.-B. Miron).
... Il dit à l'un des Pères qui l'assistoient :
Mon Père, passez de ce costé là, pour empê-
cher ma teste de tomber si elle bondissoit.
Après il monta, s'ajusta luy-mesme sur le po-
teau, dit au bourreau : Mon aniy, je te par-
donne de bon cœur. Puis regardant le Père
Arnoux : Adieu, mon père, dit-il. Je m'en
vais if un seul coup sans lanoulr. Eu fin re-
gardant le ciel prononça dévotement ces
belles paroles : Domine Jesu accipe spiri-
tum meum. Puis se baissa sur le poteau d'où
son âme s'en est voilée au ciel après le coup
receu. Jamais il ne s'excus^. Jamais il ne se
plaignit. Jamais il ne montra que douceur
pour ses ennemis.
Une personne qui estoit présente a escrit
toutes ces particularitez.
(Extraict d'une lettre escrite par un des
P. jésuites de Toulouse sur la mort de
M. de Montmorency) :
... Cela dit, il monte sur l'eschafaut, se
met à genoux, s'abstient de parler en public
par pure humilité, baise le crucifix que le
Père retire de ses mains, lève les yeux au
ciel, demande les prières des Pères qui assis-
toient, recourt à la Vierge, saint Bernard,
saint Ignace, saint Xavier, s'ajuste luy-mesme
par trois fois sur le bloc trop bas et mal
agencé, souffre grande douleur y appliquant
son gozier navré de playes et est contraint
d'appuier tout le faix de son corps sur iceluy
avec grande incommodité, et ayant dit : Do-
mine 3 esu acctpe spiritum meum. .4 Dieu,
mon Père, re^.eut imperceptiblement le coup
de grâce qui luy jelta la teste tout auprès sur
l'eschafaut selon son désir...
(Relation de l'exécution du duc de
Montmorency à Toulouse, 30 oct. 1632).
On a déclaré ici, à ce propos, que le
glaive ne paraissait pas très pratique pour
les exécutions. Il n'en est pas moins
vrai qu'il fut autrefois en usage, manié
qu'il était par dts spécialistes, fe me rap-
pelle avoir vu au musée archéologique
de Gand la collection des anciens glaives
de justice de la ville. Il y en a neuf. Aussi
M. Prosper Claeys, dans ses recherches
sur le Bourrcaii de Gand.^ déclare-t-il que
c'était au moyen d'un glaive à deux
mains que ce bourreau tranchait la tête
aux individus condamnés à périr par la
décollation, tandis que dans certains pays
on se servait de la hache. (Messager des
Sciences historiques. . . de la Belgique, année
1 891, p. 75. De Mortagne.
Une lettre de Rotrou sur l'érjidé-
mie de 1650 (LIV, 837). — M. G.
Champagne n'ignore certainement pas
que le Rolrou d'AUasseur érigé à Dreux
en 1867, tient en main, non point un
quelconque manuscrit, mais précisément
cette lettre historique. Telle était du moins
la pensée du statuaire. M. M.
La situation des prêtres mariés
après la Révolution (LIV, 834, 907).
— M. l'abbé S. Poulet, dans son Histoire
de Forest , arrondissement d'Avesnes
(Nord), p. 500 (Cambrai, 1905, in-S"),
raconte la vie d'un prêtre qui se trouvant
dans ce cas, fut, en vertu d'un induit
donné par le cardinal Caprara, légat a
latere du Saint-Siège, dispensé de l'empê-
chement de l'Ordre, et put ainsi régulari-
ser sa situation en se mariant religieuse-
ment. M. Poulet reproduit l'acte de ma-
riage authentique dans lequel sont expri-
mées les conditions auxquelles était
accordée la dispense. Le mari « est ré-
duit à Lctat laïque et privé pour toujours
deTaire aucune fonction ecclésiastique ;
N" 1134.
L'INTERMÉDIAIRE
955
956
s'il survit à sa femme il restera, le reste
de ses jours, dans le célibat ».
Cet ex-prêtre, qui ne mourut qu'en
1846, fit partie, jusqu'en 1845, du con-
seil de fabrique, et, ajoute l'auteur,
« l'Eglise le releva de l'empêchement d'ir-
régularité, au premier chef, et accepta
pour le service des autels un de ses fils ».
De Mortagne.
* ♦
Voir l'ouvrage très récent de M. La-
combe : La jeunesse du prince de Talley-
rand. Un rat de BiBLioTHÈauE.
Les prêtres assermentés (LUI ;
LIV, 18, 62, 1 16, 283, 401, 507). —Non
certes, Camille Desmoulins ne fut jamais
« procureur général de la Commune »,
mais « procureur général... de la Lan-
terne», comme il osa s'intituler lui-même
dans sa Lanterne aux Parisiens^et comme
le surnom lui en resta depuis. Et, à ce
propos, je rappellerai une anecdote au-
thentique, paraît-il, qui pourrait fort bien
figurer dans l'intéressant dossier réuni
par M. Oscar Havard pour r^c/^îV.sur la
participation des Anglais à nos journées
révolutionnaires, Un fils d'Albion voulut
acheter, en 1789, cette fameuse lanterne à
laquelleTémeute avait accroché tant de vic-
times. C'était un collectionneur qui ne
regardait pas au prix ; mais les Parisiens
n'étaient pas de bonne humeur, ce jour-là,
et l'Anglais faillit connaître la lanterne
autrement que comme collectionneur,
d'E.
L'idée de patrie existait-elle en
France avant la Révolution? (T. G.
685;XXXVàXXXVIII;XLII; LIV, 116,233,
29^, 347. 455, 508, 565, 734, 792,847).
— Elle avait existé. Pour certains, elle
n'existait déjà plus ; entre autres, pour Le
neveu de Rameau.
LUI, — Boire Je bon vin, se goiger de
mets délicats, se rouler sur de jolies femmes,
se reposer dans des lits bien mollets. Excepté
cela, le reste n'est que vanité.
MOI. — Quoi, défendre s;i patrie... ?
LUI. — Vanité. // «> n plus de patrie. Je
ne vois d'un pôle à l'autre que des tyrans et
des esclaves.
(Edition Monval, P- ^^, ^3)-
Ces lignes ont été écrites vers 1762.
+
Il serait peut-être temps d'en finir avec
cette question insoluble. 11 suffit de dire
qu'à partir de la Révolution, du xix« siè-
cle si l'on veut, l'idée de patrie s'est épu-
rée et transformée. Cela n-'est pai discuta-
ble. Au XIX* siècle, un Condé et un Tu-
renne auraient-ils eu l'idée de porter les
armes contre la France pour un froisse-
ment d'amour-propre ? En 1870, un seul
bonapartiste a-t-il songé à prendre du
service cliez les Prussiens comme les émi-
grés de 1792 ? Poser ainsi la question,
c'est la résoudre. M, P.
*
Dans un volume intitulé : Histoire mé-
morable de ce qui s'est passé tant en France
qu en pays étrangers., de l'an 1610 à Van
lôig., par Boitel, seigneur de Gaubertin,
l'auteur, après avoir raconté les précau-
tions prises dans Paris après l'assassinat
de Henri IV, en prévision des troubles
possibles, ajoute :
Si que chacun en dévotion de se déffendre
attendoit les ordres des chefs pour contre-
pointer les séditions qui se fussent inventées
dans les factions de certains misantropes, de
qui Jusius Lipsius dépeint Thorreur sur les
peintures parlantes de ses Politiques, pour
être cruellement ennemis de leur Patrie.
Martellière.
La barba d'Henri IV et le mé-
daillon de Mlle Pluche (LIV, 660,
681, 789,901). — En tête de la note re-
lative à la lettre du comte Beugnot, il
faut lire :
Voici sur ce personnage les renseigne-
ments que fournissent les fiches de Labat
qui écrit à tort Beugnean, au lieu de Beu-
gnot, ainsi que signait cet architecte.
L. G.
Comment est mort Pichegru (T.
G., 702). — QLii a livré Pichegru .?
Leblanc, disent les historiens. Sans doute,
répond M. Léonce Grasilinr {Par qui fut
livré Je général Pichegru.^ Dorbon, Paris),
mais Leblanc n'est qu'un agent secon-
daire, un simple instrument aux ordres
d'une police plus ou moins occulte,
tandis que la responsabilité entière devait
être rejetée sur un personnage important
dont l'histoire a jusqu'ici ignoré le rôle et
le nom.
Le véritable auteur de la machination
était un policier amateur, nommé Fran-
çois-Xavier-Désiré Joliclerc, professeur
DES CHERCHEURS ET CURIEUX "-^T
30 Décembre 190b.
957
chez l'abbé Gauthier avant la Révolution ;
mêlé aux conspirations à Londres. A Paris
le retrouve un camarade d'enfance, Cou-
chery, dont le frère est rédacteur du
Courrier de Londres; ce camarade est em-
ployé dans les bureaux du général Moncey,
premier inspecteur de la gendarmerie el
chargé de la police militaire
« Dans cette place, dit M. Grasilier,Cou-
chery est à même de connaître beaucoup
de choses, dont il s'empresse d'aviser son
frère, mais Joliclerc lui en apprend bien
davantage, car il a des relations très
étendues. Si l'on pouvait trouver l'introu-
vable Courrier de Londres^ on y verrait
probablement des nouvelles de France
fort tendancieuses et très suggestives qui
avaient pour origine le cabinet de Davout
aux Tuileries, car Joliclerc fréquentait
aussi bien la rue Rovigo, que la rue des
Saints-Pères, avec Desmarest, chef de la
haute police, et le Premier Consul ne dé-
daigna pas de s'entretenir avec lui ».
Ce sont les nouvelles données par le
canal des frères Couchery qui persua-
dèrent Pichegru que l'heure était favo-
rable.Or, par eux, Joliclerc dirigeait toute
l'intrigue, et rieri ne lui fut plus facile
que d'en livrer les fils qu'il avait lui-
même noués.
Le Moniteur annonça que le complice
de Couchery, un nommé Joncler, était en
fuite, c'était lui permettre de passer à
Londres pour une victime, et de continuer
son métier d'espion auprèsdes émigrés trop
confiants.
M. Grasilier donne à l'appui de sa thèse
une lettre écrite en 1812, par Joliclerc,
qui avait épousé la fille du général de
M ontchoisy,ilsuppliait TEmpereur de l'oc-
cupercommepar le passé. C'est significatif.
La Restauration instruite des faits et
gestes du personnage l'incarcéra à Toulon.
Napoléon se hâta, à son retour de l'île
d'Elbe, de le sortir de prison.
Retiré au château de CoUias, dans le
Gard, il devint maire de cette commune
et y mourut en 1836, âgé de 66 ans.
Sa fille épousa un gentilhomme qui
avait été chevalier d'honneur de la du-
chesse de Berry.
958
royaux du camp
834). — Est-on bien
sûr de l'authenticité de la pièce repro-
duite ?
Les mandats
des alliés (LIV,
La signature : « Louis dix-huit », me
laisse supposer que nous sommes en pré-
sence d'une pièce inventée après coup.
Germain Bapst.
Napoléon 3t madame Fourès (LIV,
163, 288, 511). — Puisque l'on revient
dans X'IntcrtnéJiaire sur Mme Fourés,
plus tard Mme de Rar.choux, ne serait-il
pas possible d'avoir son acte de baptême.?
Elle se nommait Marguerite-Pauline Bel-
lisle et devait être née à Carcassonne.
L.
Le fils du génc^ral Leclerc et de
Paul ne Bonaparte (T. G.. 505^. —
A joindre au doss er de cette question po-
sée il y a longtemps, la copie intégrale de
l'acte de mariage.
ARMÉE D'ITALIE
République Française
LIBERTÉ ÉGALITÉ
Alexandre Berthier,
Général de division, chef de l'Etat
Major général,
Ce aujourd'hui, premier prairial (germinal
est raturé) an V de la République française,
10 heures du matin.
Par devant moi général de division, chef de
l'Etat-Major de l'armée d'Italie se sont pré-
senté :
Emmanuel Le Clerc majeur, fils légitime
de Jean-Paul Le Clerc et de Marie-Louise
Muoquinet, né à Pontoise, le dix-sept mars
1772, général de brigade, employé à l'armée
du Rhin, d'une part,
Et de l'autre citoyenne Paulette Bonaparte
née à Ajaccio, en Corse, le 2 octobre 1780,
fille légitime de (feu est rayé) Charles Bona-
parte et de Letitia Ramolini, lesquels munis
des papiers prescrits par la loi, après avoir
fait la déclaration de n'avoir contracté jus-
qu'à ce jour aucun acte de mariage, ont dé-
claré vouloir contracter ensemble, l'acte de
mariage conformément aux lois de la Répu-
blique française , lesquels ont signé avec
nous.
Alex. Berthier. P.Bonaparte.
V. E. Leclerc.
Nous chef de l'Etat-Major généralMe l'ar-
mée d'Italie, certifions que la déclaration ci-
dessus a été affichée conformément à la loi à
la porte de l'Etat-inajor général le temps fixé
par la loi et que jusqu'à ce jour 26 prairial, il
n'y a eu aucune réclamation.
No 1134,
L'INTERMEDIAIRE
959
— 960
Abbaye cistercienne de Herc-
kenroda (LIV, 891). — Je voudrais dire
le plus modestement possible aux ques-
tionneurs de Y Intermédiaire que pour les
sujetsqui concernent le moyen âge, il y au-
rait lieu de consulter, au préalable, mon ^Ê-
pertoire des sources historiques du moyen âge.
Ainsi sur l'abbaye d'Herckenrode j'indique
(Topo-bibliographie, c. 1412), outre le
Gaîlia cbriiiiana, une demi-douzaine de
publications, dont je crois inutile de repro-
duire ici les titres assez développés, mon
ouvrage se trouvant dans presque toutes
les bibliohèques. U. C.
L'empf^reurG llaume est-il entré
dans Paris en 871 (LIV, 777, 843,
009. — Les souvcMii s de Louis Schneider,
lecteur du roi Guillaume, présentent un
tableau complet de la vie de ce prince,
de 1848 à 1873.
L'auteur, à mesure qu'il les écrivait,
les a soumis à son maître qui les a corri-
gés et annotés et en a autorisé la publica-
tion après sa mort.
Traduits de l'allemand par Ch. Rabany,
ces souvenirs ont été publiés en 1888
(3 vol. in-f.) par l'éditeur Berger-Levrault.
J'y lis (t. m, p. 233; :
L'Empereur ignorait encore la nouvelle
télégraphique venue de Bordeaux ; il parla
de la réunion du corps de la garde pour se
diriger vers la Porte Maillot,
H me fit part de son intention d'aller à
Paris dans le courant de la journée. Après
mon expérience de la veille, J'auiais bien
voulu l'en détourner ; mais je savais à l'a-
vance que cela était inutile et je vis partir,
« avec crainte et tremblement » par la route
de Sèvres, l'Empereur, accompagné du comte
de Lehndorff.
Sa Majesté se fit conduire dans la ville par
le bastion du Point-du Jour dans l'intention
de se diriger de là vers l'Arc-de-Triomphe
et les Champs-Elysées. Mais le chemin était
mauvais et si embarrassé de barricades et de
décombres qu'il était impossible à une voi-
ture de passer. A la première courtine de
l'enceinte on dut revenir dans le Bois, ou
plutôt maintenant, dans la plaine de Boulogne.
L'empereur, renonçant donc à entrer à Paris,
retourna à Versailles.
Il me tomba un poids de dessus le cœur
quand je vis sa voiture rentrer sans accident
dans la cour de la Préfecture.
Voilà qui me paraît décisif.
1 convient d'ajouter que cette doulou-
reuse revue de Longchamps eut lieu le
3 et non le i"' Mars. Geo L.
Une fille naturelle de Jérôme
Bonaparte (LIV, 553,686,732,846).—
Sœur Marie de la Croix était fille de Jé-
rôme Napoléon et de la comtesse Pa-
penheim. Elle avait une influence consi-
dérable sur le prince Napoléon qui venait
souvent la voir, ainsi que la princesse
Clotilde.
Elle est morte dans les bras du prince
Napoléon.
Ce dernier avait prié la princesse Ma-
tilde de venir voir mère Marie de la Croix,
la princesse s'était rendue à ce désir, mais
la religieuse l'ayant accueillie comme si
elles eussent été de la même mère, en
l'appelant « Ma chère sœur », la prin-
cesse choquée de ce manque de tact, ré-
pondit par l'appellation de « Madame »,
et ne revint plus aux Oiseaux.
Un rat de BIBL10THÈQ.UE.
La France et ses limites natu-
relles (LIV, 667, 793, 846). — aue
M. le docteur Bougon nous permette de
lui dire qu'il traite bien cavalièrement
une question sérieuse.
Quant à son assertion que les Français
ont possédé la Franconie, depuis quinze
siècles, la comprenne qui pourra ! En
qualité de curieux de Ylnterwédiaire^ nous
lui demandons de nous apprendre com-
ment la Franconie, berceau des empereurs
d'Allemagne au moyen âge, a pu se trou-
ver en même temps au pouvoir des Fran-
çais
LÉON Sylvestre,
Moïse et la croyance à l'immor-
talité de l'âme fLIV, 778, 852). - Pa-
trice Larroque, dans un livre qui fit beau-
coup de bruit en son temps, mais qui est
dépassé actuellement par les exégétiques
plus modernes, affirme de la manière la
plus positive et avec preuves à Tappui,
que l'idée de l'immortalité de l'âme est
absente du Pentateuque .
Si l'on admet que les Hébreux vécurent
des siècles sur la terre d'Egypte, en con-
tact par conséquent avec des populations
qui d'une manière, à la vérité, subtile et
un peu vague,avaient la notion de lapersis-
tance du principe de la vie après la mort,
on verra là, si l'on veut, une preuve
de ce particularisme irréductible qui est
à
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1906.
961
le caractère du peuple d'Israël à travers
les âges.
Quoiqu'il en soit, et laissant à d'autres,
et pour cause, l'honneur de discuter à
fond ce point d"histoire des idées morales
et religieuses, je me permettrai une seule
observation. 11 s'agit de Moïse, l'auteur
présumé du Pentateuque, peut-être l'est-il
comme Homère l'est de l'Iliade et de
VOdyssée, c'est à-dire de la Genèse, de
VExode^ du Lévitiqne, des Nombres et du
DeiiteroHome. Eh bien, je ferai remarquer
que dans sa communication de 1873,
M RoUer invoque des textes plus ou
moins concluants, mais qui tous sont pos-
térieurs à Moïse et même séparés de lui
par un long intervalle de temps. Or, il ne
suffit pas d'invoquer l'école de Moïse,
c'est l'autorité de Moïse lui-même qui est
en question, et en ne citant que des pas-
sages d'autres livres, M. RoUer semble
reconnaître implicitement qu'il n'y a au-
cun texte certain en faveur de l'immorta-
lité de l'âme dans le Pentaieiique.
Dans son Examen critique des Dogmes
de la Religion chrétienne , Patrice Larro-
que fait remarquer que le Livre de Job
n'explique nullement la présence du mal
sur la terre et le malheur qui accable si
souvent les justes, par le dogme affirmé
de l'immortalité de l'âme. Tout au con-
traire, job est récompensé dans ce monde
de ses souffrances, et le poème finit dans
une sorte d'apothéose de richesse et de
bonheur temporel.
Je crois, du reste, que l'on a toujours
discuté sur l'origine et la date du Livre
de Job, et ne sais si l'exégèse moderne est
arrivée à une solution, je ne dis pas assu-
rée, et n'ai pas de certitude possible en
ces matières, mais acceptable. Il me sem-
ble que dès le iv« siècle — il est né en
531 et mort en 420 — . saint Jérôme
trouvait déjà beaucoup de difficulté à tra-
duire, à comprendre, à situer dans le
temps le Livre de Job.
Au surplus, je touche à ces questions
en amateur et propose moins des solu-
tions que je ne pose des questiojisà de
que je
plus habiles.
H. C. M.
Notre-Dame de Lorette (LUI ; LIV,
338, 419, 619, 910). — le suis un admi
rateur du talent et del'érudition de M. le
chanoine Ulysse Chevalier, et je tiens
d'autant plus à le dire que si je ne par-
962
tage pas son opinion sur le sanctuaire des
Marches, cela n'enlève rien à ma respec-
tueuse estime pour son érudition in-
contestée.
M. Ulysse Chevalier argumente ainsi
dans son volume : Le miracle de la trans-
lation de Lorette ne conste pas des docu-
ments. Donc ce fait n'a pas existé. Si le
chanoine s'était borné à la première par-
tie de sa proposition, on aurait pu lui
dire : c'est une question à étudier ; mais
conclure de l'absence de
non existence du fait est
documents à la
une faute gros-
sière contre la logique.
Monsieur Ulysse Chevalier a-t-il bien
toutcité intégralement .f" Il me semble qu'il
n'a pu tout contrôler par lui-même et a
publié les documents tels qu'on les lui
remettait. Or, on lui a depuis complété des
textes non intégralement cités, et il s'est
trouvé que le texte complété disait posi-
tivement le contraire de ce qu'il lui fai-
sait affirmer, je fais allusion à la Descrip-
tio Terrae Sanctae de Jean de Wurtz-
bourg, auteur du xu® siècle, qui, dans le
texte complété, affirme avoir vu et re-
marqué la maison de la sainte Vierge à
Nazareth. Hoc adhuc ostenditur in loco
distincte, ut praesens vidi et notavi. Donc,
d'après ce témoin, la Santa Casa existait à
Nazareth au xii^ siècle.
D'après des personnes bien plus com-
pétentes que moi, il y aurait d'autres
observations, du même genre ou d'un
genre analogue, à faire sur ce travail, qui
ne serait ni aussi complet, ni aussi exact
qu'il semblerait a piiori le devoir être.
Ceux qui le disent ne sont pas tous des
défenseurs de la Santa Casa. Le D"' Lap-
poni, médecin du pape, qui vient de
mourir, et ne croyait au miracle de
la translation, dit dans un article à pro-
pos de la fresque de Gubbio. « Le D'
Hùffer, de Munich, prépare et a même
achevé sur la Santa Casa un ample tra-
vail, bien plus profond que celui d'Ulysse
Chevalier, e\. défmitlf {e saur ien te). Si des
amis se permettent cette appréciation, on
comprendra que les adversaires ne soient
pas tenus à tant de réserve.
Enfin, et voilà le renseignement, iné-
dit, je crois même pour M. Ulysse Che-
valier. La question de Lorette a été por-
tée à la Congrégation des Indulgences.
Or, je puis assurer qu'on a trouvé dans
les archives Vaticanes d'importants do-
N* 1J34.
L'INTERMEDIAIRE
963
964
cutnents qui justifient complètement la
tradition ecclésiastique. Ces documents
n'ont pas été communiqués à qui a fait à
Rome des recherches pour le chanc'ine de
Romans, ni à aucun autre. Ils resteront
pour l'usage exclusif de la S. Congréga-
tion, qui pourra, le cas échéant, s'appuyer
sur leur teneur pour établir le bien fondé
historique de sa décision.
En attendant, la S. Congrégation laisse
que les savants s'agitent : elle se réserve
le dernier mot.
D"" Albert Battandier.
Usuriers deCahors (LIV. 562,704,
766). — Après avoir exammé avec soin la
passage de la Divine Comédie signalé par
M. J. P. K. {Enfer, chant xi), je crois
avoir trouvé la solution du problème et
je la soumets à notre collaborateur (sauf
meilleur avis). Pourquoi le grand poète
a-t-il flagellé de préférence les usuriers Je
Cahots plutôt que de telle autre ville de
France ou d'Italie .? — Il faut se reporter
à l'histoire contemporaine du Dante et se
rappeler ses antipathies politiques, et de
plus ne pas oublier qu'il retoucha son
étonnante épopée jusqu'à la fin de sa vie
arrivée le 14 septembre 1321. Or, c'est
un pape français originaire de Cahors
(Jacques Duèze) ex-évèque d'Avignon et
de Porto (Italie) qui le 7 août j^i6 avait
été élu pape sous le nom de Jean XXII a.
Lyon, par une majorité de cardinaux
français pour succéder à un pape français.
Clément V). On sait les rancunes et les
haines excitées en Italie pendant tout le
XIV* siècle, par cette persistance du col-
lège des cardinaux à nommer des prélats
français (11 y en eut luit à la file). Mais
ce n'est pas tout et voici deux autres mo-
tifs qui expliquent les paroles du grand
poète et ses antipathies contre les Usuriers
de Cahors. Le pape Jean XXII fut l'adver-
saire politique irréductible du prétendant
à l'Empire, Louis de Bavière représentant
du parti Gibelin, celui pour lequel le
Dante avait ses préférences. Enfin 3° il
est acquis à l'histoire que Jean XXII ac-
crut considérablement les ressources
financièresdu trésor pontifical d'Avignon,
par l'institution de certaines taxes con-
nues sous le nom de : Réserves, annales,
expectatives (je n'ai pas à expliquer ces
mots), multipliées à un degré peut-être
excessif et c^ue les historiens catholicjues
eux-mêmes ont blâmées. Le Dais a sur-
vécu près de cinq ans à l'élc ion de
Jean XXll (13 16-1328) et ayant t)uvé un
excellent prétexte de mettre lans le
3"^ cercle de \' Enfer les Usiiers de
Cahors (sans se compromettre) les y a
mis. AuG. Pas DAN.
* *
Le verset de Dante a été exitement
traduit par P. A. Fiorentino dtla ma-
nière suivante : « C'est pourqià Ten-
ceinte plus étroite scelle du mên sceau
Sodome et Cahors et tous ceux <ii mé-
prisent Dieu dans leurs paroles t dans
leur cœur», (édit. Hachette).
Contrairement à l'opinion de cix qui
supposent que Dante ait ici maJit les
Caorsins à cause de leurs mœur analo-
gues à celles de Sodome, je soutic-s qu'il
est question ici du seul \'ice de jsure.
L'interméiliairiste Candide obser-. qu'il
n'est pas question d'usuriers cns le
texte. Mais il faut lire tout entier c chant
onzième et surtout les vers qui jivent
94 à 96 et 109 à III. En elïet, Dante
ayant posé cette demande à Virgil :
Ancora un poco indietro ti rivol
Diss'io là dove di che usura offeie
La diviiia boutade e il groppo so ...
(Retourne un peu sur tes pas, où ti as dit
que l'Usure offense la bonté divine c délie
ce nœud.)
Virgile lui explique ce nœud, en li di-
sant que l'homme doit puiser les sarc«s
de sa vie dans l'Intelligence de Itu et
dans l'Art et que les usuriers sont >unis
de même que les sodomistes parc que
l'Usure est une offense à la Nature
E perché l'usurière altra via tiene
Per se natura e per la sua seguace
Dispregia, poichè in altro pon la spne.
(Or, comme j'usurier suit une autre oute,
il offense la Nature en elle-même e dans
l'Art qui l'imite).
Il s'agit donc bien ici d'usuriers.
(Xuant aux usuriers de Cahors, cei'est
pas une colonie de changeurs italier, de
juifs, ou de lombards qui a causé :ette
mauvaise réputation à la ville ; nis à
l'époque de Dante, tous les habitan- de
Cahors jouissaientde la réputation d'iure.
Aux mots cités de Godefroy on peutussi
ajouter les mots Cbaorcis et Chaoïsier,
qui, dans l'ancien français, étaient .'no-
nyme d'usurier (Voy. nannucci) Du
reste le Boccace, que Ton peut consiérer
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
965
contempoiin du Dante, a dit bien claire-
ment que 3ute la ville avait le vice de
Tusure. Jeraduis littéralement:
Caorse e une ville tellement habituée au
prêt d'usu que dans cette ville il n'y a
homme niemme, vieilles personnes ou jeu-
nes, petit a grand, qui ne s'adonnent à cela.
Et pas mois que les autres les servantes aussi
de ce pay en outre de leur salaire, si par
hasard eli- ont en mains six ou huit de-
niers, tourie suite elles en disposent et prê-
tent à foi prix ; pour lesquelles choses ce
leur misé.ble exercise est tellement divulgué
que, surtot chez nous, à peine l'homiTie dit
de quelqu a : // est Caorsin ! que l'on com-
prend qu' est usurier.
Une dnière observation.
L'interiédiairiste H. G. M. fait noier
que, Daic étant mort en 1321 et V Enfer
étant pulié lorsque Jean d'Euse monta
sur le trne pontifical d'Avignon (i 3 16),
il ne peipas être ici question d'une allu-
sion dan^sque contre Jean XXII. Or je
n'oseraipas soutenir que dans ce tercet
du chan onzième de VEnfer, Dante eût
l'intentia de faire allusion à ce Pape ; je
ne le crrs pas. Mais il est certain que, il
aailleur tlétri Jean XXII et précisément
par les .rs 58, 59 du chant XXVII du
Paradis zn disant :
Del sa~ue nostro Caorsini e Guaschl
S'appecchiano a bere...
(Déjà s Caorsins et les Gascons s'apprê-
tent à bce notre sang...)
dans leael passage tous les commenta-
teurs c Dante s'accordent à voir une
apostrc le du fierGibelin contre jean XXII
de Cah s (1316) et Clément V de Gasco-
gne (élien 130=5), ces deux papes protec-
teurs c- Guelfes.
Ce {L'tendu anachronisme (noté déjà
par le ireHardouin en 1727J cesse d'être
tel si 1 a songe que, lorsque Dante mou-
rut, Je-i XXII était pape depuis =5 ans_et
que les lodernes études sur la Divine i.o-
wi^iV i;)tamment ceux de Hugues Fos-
colo) et prouvé triomphalement que le
Poëme a jamais été publié du vivant de
Dante t qu'il a été, en quelque sorte,
tenu a courant par son auteur jusqu'à
l'époqi de sa mort. Colocci.
Daie de lit (LIV. "56 1). — La dame
delit,;omme son nom l'indique, avait
pour Inction de rester près du lit.
Macme de Vesmes était lectrice de
30 Décembre i')o6.
■ — — 966
Marie-Antoinette, qui avait créé, en sa
faveur, une charge de dame de lit. Ses
fonctions étaient d'ouvrir et de fermer les
rideaux de Sa Majesté et de coucher au
pied de son lit quand la reine le jugeait
à propos. b"" L.
*
jal a consacré un article a cette fonction
dont fut pourvue, la première peut-être,
Madame Dufresnoy, le 2 avril 1673. Le
savant polygraphe n'a point dit en quoi
consistait cette fonction. 11 suppose qu'elle
s'occupait de la chambre de la reine et lui
tenait peut-être compagnie quand elle
n'avait pas de visite. La dame du lit de la
reine, dans VEtat de la France,éta\t inscrite
après les autres dames de la reine et avant
la gouvernante des enfants de France.
Dangeau nomme une fois une dame du
Fresnoy, mais ne dit rien de ses fonc-
tions. E Grave,
*
L'office de dame du lit de la reine fut
créé le 2 avril 1673. 11 est probable que
tout ce qui tenait au coucher et au lever
de la reine Marie-Thérèse, femme de
Louis XIV, concernait cette dame, qui
devait avoir inspection sur les femmes de
chambre chargées de faire le ht de S. M.
La dame de lit avait rang après toutes les
dames de la reine, et avant les gouver-
nantes des enfants de France. Madame
Dufresnoy fut la seule dame du lit de la
reine. Marie - Thérèse étant morte le
30 juillet 1683, avec elle finit l'office dont
madame Dufresnoy conserva le titre tout
le reste de sa vie. Elle était la temme d'un
commis de la guerre ; la chronique scan-
daleuse de la cour de Louis XIV préten-
dait qu'elle avait dû sa place auprès de k
reine à la passion que Louvois avait
conçu pour elle. E. M.
*
nDame de lit . CtWt qui assistait au
coucher et au lever de la Reine ». Ainsi
parle le Dictionnaire Larousse, et ce dic-
tionnaire a tort ainsi de ne rien dire. Car
pour ne prendre, comme exemple, que le
lever et le coucher de Marie-Thérèse,
épouse de Louis XIV, pouvaient assister au
lever et au coucher 22 dames d'hon-
neur et d'atours et 17 femmes de cham-
bre.
Au coucher de la reine comme a son
lever, le rôle de la dame de lit était piire-
ment matériel et nullement décoratif. C'est
N» 1134.
L'INTERMEDIAIRE
Q67
elle qui s'entendait, pour les besoins de la
literie, avec la dame de lingerie. Aidée des
femmes de chambre ordmaires, elle faisait
le lit, le préparait le soir, et au besoin le
bassinait.
Elle ne prenait aucune part à la toilette
de la reine. Ainsi pour le lever, la dame
d'atours passait le jupon, présentait la
robe. La dame d'honneur versait l'eau
pour laver les mains et passait la chemise.
Lorsqu'une princesse de la famille royale
se trouvait à l'habillement, la dame d'hon-
neur lui cédait cette dernière fonction
mais ne la cédait pas directement aux
princesses du sang : dans ce cas, la dame
d'honneur remettait la chemise à la pre-
mière femme de chambre, qui la présen-
tait à la princesse du sang.
Au coucher, c'était le même cérémonial
en sens inverse.Onvoitdonc que lerôlede
la dame délit, en assistant au lever et au
coucher de la reine, était des plus res-
treints.
Ajoutons que la dame de lit ne figurait
pas dans la maison de la reine, à VAlma-
nach royal. D»" Billard.
Los femmes - confesseurs (LIV,
66^). — Les femmes ont-elles exercé,
jadis, dans les monastères, le rôle de con-
fesseurs ?
La pratique des confessions quotidien-
nes, faites par les religieuses à leur ab-
besse, dans le haut moyen âge, est cer-
tifiée par quelques textes qui paraissent
bien authentiques. Il faut observer, ce-
pendant, que les exemples allégués ne
portent pas tous, ni sûrement, le carac-
tère de la pénitence sacramentelle, et, par
conséquent, de la vraie confession, mais
plutôt d'humbles aveux faits dans un es-
prit de dévotion. Pourtant il a certaine-
ment existé des abus. Au temps même
d'Innocent III, on signale des abbesses qui
s'attribuaient le droit d'absoudre. Le fait
ne devait pas être fréquent, car le pape
apprit avec le plus profond étonnemeut
Texistence de cet abus qu'il qualifia à'ab-
sonurn et d'absurdum.
L'Eglise, en effet, n'a jamais sanctionne
cet audacieux empiétement. Le ministère
de la confession, pour être validement
exercé suppose le sacerdoce ou pouvoir
d'ordre — dont le sujet ne peut être que
l'homme — et, en second lieu, le pouvoir
de juridicHon. L'un ne saurait suffire, sé-
968 .
paré de l'autre, pour rendre valide une
absolution. Par l'ordination, le prêtre a
reçu le pouvoir d'absoudre ; mais c'est un
pouvoir lié, un pouvoir qui. pour s'exer-
cer, a besoin d'être complété par le pou-
voir de juridiction, lequel donne au prê-
tre une autorité de juge sur une catégo-
rie déterminée de fidèles, — car devant
l'Eglise et au for intérieur^ l'acte d'ab-
soudre est un acte d'ordre judiciaire.
L^. juridiction.^ qui englobe ce qu'on ap-
pelle aussi V approbation, c'est à-dire la
reconnaissance de la capacité du su-
jet, est accordée par le supérieur hiérar-
chique — l'évêque — aux ecclésiastiques
ayant charge d'âmes. Le Souverain Pon-
tife,suprême dépositaire du /)OMî)o/r des dès,
accorde lui-même la juridiction aux évê-
ques dans les limites de leurs diocèses res-
pectifs. Dans beaucoup de cas, il l'accor-^
dait et l'accorde encore directement aux
religieux exempts. Ce pouvoir de juridic-
tion a même été concédé autrefois à cer-
taines abbesses. Mais on comprend de
suite que ces femmes, n'ayant pas et ne
pouvant avoir le pouvoir d'ordre., étaient
radicalement empêchées d'exercer la fonc-
tion sacramentelle Ce qu'elles pouvaient
faire et ce qu'elles faisaient, c'était de dé-
signer les confesseurs-prêtres de leurs re-
ligieuses, auxquels elles transmettaient
licitement et validement le pouvoir de
juridiction.
Cette particularité, d'ailleurs assez cu-
rieuse, a, sans doute, induit en erreur
plus d'un historien, Dulaure en parti-
culier, qui, confondant la nature de ces
deux pouvoirs — ordre et juridiction —
a conclu de faits mal compris à l'exis-
tence canonique de femmes-confesseurs.
Les pratiquesjansénistes, auxquelles il
est fait allusion dans les Archives de la
Bastille, de femmes pratiquant entre elles
la confession auriculaire ; celles des dia-
conesses de Berlin recevant la confession
de femmes protestantes, que rapportent
les Souvenirs de madame la baronne du
Montet, échappent à la discipline de l'E-
glise catholique et ne peuvent, par con-
séquent, lui être imputées.
D' Billard,
De Profundis (LIV, ^^^). — Je
suis en possession d'une volumineuse
bible, imprimée à Genève en 1622,
qui suit mot pour mot les textes hébreu
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
969-
30 Décembre 1906
et grec (je n'ai pu m'en assurer que pour
le grec).
Comme réponse à la question posée, je
copie le psaume en question, qui, comme
tous les autres du reste, n'est suivi que
de très loin par le texte latin. Le traduc- ;
teur latin n'a pris que le sens, et Ta même !
dénaturé parfois, comme dans le cas pré- i
970
sent
traductor^ iradilor.
Pseaume CXXX.
1. Cantique de Mahaloth.
O Eternel, le t'inuoque des lieux profonds.
2. Seigneur, escoute ma voix : que tes
oreilles soyent attentives à la voix de mes
supplications.
3.0 Eternel, si tu prens garde aux iniqui-
tés, Seigneur, qui est-ce qui subsistera ?
4. Mais [il y a] pardon par devers toi, afin
que tu sois craint.
5. l'ai attendu l'Eternel : mon âme l'a
attendu, et j'ai eu mon attente en sa parole.
6. Mon ame {d) [s'attend] au Seigneur plus
soigneusement que les guettes du matin, qui
aguettent la {e) venue du matin.
7. Israël, atten-toi à l'Eternel : car [il y a]
gratuité par devers l'Eternel, et [y a] rédemp-
tion en abondance par devers lui.
8. Et lui mesme rachètera Israël de toutes
ses iniquités.
Il est à remarquer que le n" CXXX ne
concorde pas avec le n" 129 donné ordi-
nairement au Deprofundis.Le texte latin des
psaumes n'a pas été coupé aux mêmes en-
droits que le texte hébreu . 11 en résulte que
du n" 10 au n° 148 les deux numérotages
diffèrent de i ou 3 unités.
— Les mots mis entre crochets dans
ma copie, sont, dans le livre, imprimés
en italique, ce sont des mots dits sous-
entendus.
— Mon livre contient des notes margi-
nales imprimées, qui occupent absolu-
ment toutes les marges, en voici deux qui
intéressent l'alinéa 6.
— (d) En tant que je le prie très ardem-
ment, regardant quand il m'envoyera son
secours.
— (e) Hébreu : le matin.
F.X.T.
*
♦ *
La traduction du verset du « De Pro-
fundis » indiquée par M. A. E. est tirée
du texte hébreu.
La Bible de Crampon nous donne la
traduction suivante du texte hébreu :
Mon âme aspire après Adonaï
Plus que les guetteurs de la nuit n'aspirent
[après l'aurore
M. Segond, dans sa traduction de la
Bible, en donne la version suivante : (2)
Mon âme compte sur le Seigneur
Plus que les gardes ne comptent sur le matin.
Le texte des Septantes est semblable à
G. LA Brèche,
celui de la Vulgate
* *
M. A. E. trouvera peut-être quelques
renseignements utiles dans les lignes que
je me permets de lui soumettre : 1° Le
livre des Psaumes^ qui a eu des centaines
de traductions dans les diverses langues
littéraires, est, sans conteste^le plus diffi-
cile à comprendre et par suite à traduire
de tous les livres hébreux de l'ancien Tes-
tament. — 2° Le texte de la Vulgate la-
tine, bien que seul approuvé par l'Eglise
Romaine pour le chant liturgique et les
citations théologiques, n'est cependant
pas regardé par Elle comme exempt de
fautes de traduction ; mais, pour ne pas
rompre avec une très ancienne coutume
datant du 11'' siècle, et ne pas choquer les
oreilles des fidèles, habitués à les réciter
tels quels, l'Eglise Romaine, depuis saint
Damase (380 av J. C.)a préféré cette tra-
duction dite Italique à la traduction bien
plus exacte faite par saint Jérôme. — 3°
En ce qui concerne spécialement le Psaume
129 (qui est le 130* dans le texte hébreu),
Us variantes sont assez nombreuses.
Voici les principales : (verset 3) Si tu
comptes les péchés, Javeh ! Le texte hé-
breu a : Si tu gardés) le péché.
Verset (4) 2*^ partie : et propier legem
tuam sustinui te Domine. Dans le texte
hébreu, le verset 4 finit après ces mots :
Quta apud te propitiatio est. Et les mots
qui suivent sont reponés à la strophe
suivante : Le Propter legem tuam sustinui
te Domine : Symmaque lisait svsxsy toû
vo//.iu (à cause de la Loi) : les Septante
ont écrit : évsxsy toû (5yo>«To,- toO '. Propter
nomem tuum ; parce qu'ils lisaient dans
le texte hébreu qu'ils avaient sous les
3^eux : le mot Tborah, loi ; au lieu du
verbe Thivvarrê (tu seras craint) : Saint
Jérôme devait lire quelque chose d'analo-
gue, puisqu'il a traduit : cum terribilis sis
Domine : — Enfin 4% la Vulgate est
d'accord avec les Septante pour le pas-
sage qui étonne M. A. E. (Versets 6 et 7)
A custodia matutina usque ad noctem
speret anima mea in Domino. Le texte
I hébreu dit expressément :s< Mon àmoison-
N* 1134.
L'INTERMEDIAIRE
971
972
pire) après Jéhovah plus que les guetteurs
après l'aurote. Ce texte n'est ni calviniste,
ni janséniste ; il est purement hébraïque
et peut être conservé tel quel. C'est une
comparaison fort juste et qui n'a rien
d'hétérodoxe. A. Paradan.
Château de Marines (LIV, 835). —
Je pense qu'il s'agit du blason de la fa-
mille Le Couteulx qui portait: d'argent au
chevron de gueules, accompagné de ^ trèfles
de sinople . Félicité Françoise, fille du
comte Jean-Barthélemy-Alphonse Le Cou-
teulx de Cantcleu, pair de France, et de
Matilde deTalhouet, née le 9 mars 1824,
décédée le 13 décembre 1866, épousa :
1° le i"" février 1843, le comte Alfred de
Gouy d'Arsy, mort en 1859 ; 2" le 3 juil-
let 1860 Michel-Archange-Robert Duval,
vicomte du Manoir.
G. P. Le Lieur d'Avost.
L'ex-libris indiqué dans l'article « Châ-
teau de Marines » provient du château de
Farceaux (Eure).
Des deux écus accolés, le premier est
de Gouy d'Arcy, le second est Le Cou-
teulx.
Le comte de Gouy d'Arcy avait épousé
Mathilde Le Couteulx de Canteleu, fille
du comte Le Couteulx de Canteleu, pair
de France, et avait recueilli en partage le
château de Farceaux, où se trouvait une
bibliothèque importante. De ce mariage,
le comte Alfred de Gouy d'Arcy qui habi-
tait le château de Marines.
LeMoulin joli (LIV,78 1,916). — Nous
sommes loin d'être en possession de tous
les renseignements demandés par notre
collaborateur S. Le Lys, mais nous pou-
vons lui assurer que Watelet, bien qu'il
ait attaché son nom à cette demeure, n'en
a jamais été propriétaire.
Nous comptons traiter ce sujet dans
un travail d'ensemble que nous préparons
sur l'ami d« Marguerite Le Comte.
H. BOURIN.
Baptême (noms de villes don-
nés) (XLVII ; XLVIU ; L ; LU : LUI; LIV,
292, 855). — Le 29 février 1758, il était
procédé à Abbeville au baptême du fils du
maieur en charge ; l'enfant fut tenu sur
les fonts baptismaux par un échevin, qui
lui donna les prénoms de Lon\s~Ahhe-
ville. C'est la première fois que sembla-
ble honneur était accordé ; par la suite, il
fut plusieurs fois renouvelé. En 1752,1e
corps de ville était parrain de la fille du
maieur, qui reçut pour prénoms : Marie-
AIexandrine-Victoire-J.i&^z^///(^. Dix ans
plus tard, le 7 septembre 1762, le pre-
mier échevin et la femme du second éche-
vin tenaient sur les fonts baptismaux, au
nom de la ville, la fille du maieur, qui
était baptisée Françoise-Flavie FiJèle-Abbe-
viUe -, on sait que la ville d'Abbeville
avait pour devise : Fidelis.
Des présents étaient offerts à l'accou-
chée et à l'enfant au compte de la ville,
qui prenait aussi à sa charge tous les
frais de la cérémonie et le dîner offert aux
parrain et marraine, aux échevins et aux
officiers municipaux. A. L.
Monsieur le Cbanoine (LIV, 501, 585,
640, 757. 81 1). — La question que pose
Quarte-Blanehe est assezdifficileà résoudre
au point de vue historique, car les traités
de droit canon ne s'occupent pas de cette
classe d'ecclésiastiques, aujourd'hui très
nombreuse, mais qui constituait alors
une minime exception. (Voir Ferraris,
Bihliotheca canonica mot canonicatus.) Cq
que Quarte-Blanche dit sur les chanoines
émérites est très juste ; ils sont les an-
cêtres des chanoines honoraires.
Il y avait en France, au xvui' siècle des cha-
noines honoraires qui, sans toucher aucun
revenu, avaient les insignes et les honneurs
du canonicat. Le roi de France lui-même
était chanoine honoraire de Saint-Hilaire
de Poitiers, d'Angers, de Châlons, de
Tours et autres églises de son royaume.
L'empereur d'Allomagne, au temps du
Saint-Empire, était nommé à son couron-
nement chanoine de Saint-Pierre. C'est ce
qui arriva, entr'autres au couronnement
de Charles V, par Clément VII, à Bologne
(en 1530). Il n'est permis qu'aux chanoi-
nes de la Vaticane de vénérer de près les
reliques de la croix, de la lance et du
voile de Véronique conservés dans le tré-
sor de cette basilique, et quand des souve-
rains catholiques les désiraient voir, le pape
les nommait chanoines honoraires de
Saint-Pierre.JeciteraiCosmellLduc de Tos-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1906.
97^
974
cane, qui, pour ce motif, fut fait ciianoine
de Saint-Pierre et qui, étant mort en 1723,
eut un office céléioré pour lui à ce titre
dans le chœur des clianoines. Urbam VllI
créa chanoine de Saint-Pierre, Pierre, fils
du roi de Pologne, Ladislas. Par ce fait,
on voit que les chanoines honoraires re-
monteraient au moins à la première moi-
tié du XVII* siècle.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que
cette effloraison de canonicats honoraires
a eu lieu après la Révolution française, et
il faut dire que d"autres pays se sontetïor-
ces d'imiter sur ce point la France. Les
évêques français ont créé ces chanoines
contre toutes les règles canoniques, et en
particulier contre celle qui défend de faire
de ces nominations au delà du tiers des
chanoines titulaires. Dans les chapitres de
France, l'évêque n'aurait pu norrmier que
trois chanoines. Le diocèse de Viviers en
a plus de quarante, et il est loin d'être un
des mieux fournis.
C'est une nouvelle législation qui cher-
che à pénétrer dans l'Eglise ; ais celle-ci
résiste encore, cherchant àcmaintenir dans
son institution primitive ce corps des con-
seillers de l'évêque.
D"" Albert Battandier .
Les Bricquemaut (LIV, 836,918). —
Notre confrère Cardaillaco pourrait con-
sulter avec fruit la publication de M.
Fleury-Vindry {Dict . de F Etat major
français an xvi* siècle) que je n'ai pas sons
la main, en ce moment : de même, les
Pièces originales et autres dossiers con-
servés au département des mss. de la
Bibl. nat. (Dossiers Bleus, Cab. d'Hozier
etc.) Mais les Bricquemaut dont parle
notre confrère étaient-ils Béarnais ? J'en
doute fort d'après le document suivant
que je trouve consigné dans mes notes :
Contrat de mariage de Messire Jehan de
Prégrimault dict de Bricquernaiilx, chevalier
vicomte de Prémartin, seigneur de Bony,
Marsy, Lozé et de Bryon en partie, demeu-
rant audict Bricquemaulx, bai liage de Mon-
targis, — fils de Messire Jean de Bricque-
mavilx.S. dudict lieu,Dammemarie sur I-omg,
Milleron et de Nogent. Cappitaine de cin-
quante hommes d'armes des ordonnances du
Roy et de feue dame Françoise de Langhac,
jadis sa femme. — D'une part — Et de no-
ble damoiselle Jehanne Guillard, fille de feu
Messire André Guillard, chevalier, seigneur
du Mortier, Conseiller du Roy, en ses Con-
seils cl'Estat et privé, et de dame Marie Ro-
bertet, jadis sa femme, à présent, sa veuve.
D'autre part — la présence de Monsieur
l.oys de Guillard, chevalier, seigneur de
risle, Lespichelièies Vallon. Magny [sic) pour
Maigné) Montmorillon, baron d'Arcy, cham-
beilan du Roy, frère de la dicte Damoiselle,
de Dame Marie Reynier sa femme, Marie du
Boys, cousine, Pierre de Boisvert (5/<:)Escuier,
demeurant audict lieu de l'Espichelière, pais
du Maine etc., etc. Faict et passé en l'Hos-
tel de Madame Louise de Colligny, princesse
d'Orange, rue Sainct-Thomas-du-Louvre le
mercredy 26e jour de juillet 1600, avant midy,
et insinuée au Cliàtelet le mercredy 30 sep-
tembre suivant. (Arch nat. Y 139 f'^ so8).
Jean de Bricquemaulx et sa femme
Jeanne Guillard, vendent en 1604, la terre
seigneuriale de Bérii, paroisse de Vallon,
provenant du chef de la dite dame. Les
Guillard étaient calvinistes et descen-
daient de Jean, argentier du comte du
Maine, dès 1450, anobli par L. P. de fé-
vrier 1464 ; ils disparaissent au xviii' siè-
cle.
On retrouve des Bricquemaulx en An-
jou et dans le Berry aux xvii" et xviii'
siècle (archives départementales de Maine-
et-Loire et du Cher). Par ce qui précède,
on voit que la terre dont-ils portaient le
nom appartenait au Gâtinais.
P. Le Vayer.
Gfelvia eî le hameau d'Enfer (LIV,
889). — îe me suis préoccupé depuis
longtemps de la question posée par M. Ar-
mand de Visme. J'ai déjà exprimé l'opi-
nion que le séjour de Calvin à Hazeville
était un fait tout à fait Iiypothétique. Je
crois avoir rencontré le mot Infeniutii
applicable à Eiifer, longtemps avant la
Réforme. Enfin j*ai réuni d'assez nom-
breuses notes sur ce que j'appelle, quant
à présent, la légende du séjour de Calvin
dans le Vexin. Si je ne les ai pas encore
publiées, c'est que je suis arrêté par des
raisons d€ pures convenances que je
compte lever dans un temps très pro-
chain. J'exposerai alors, en les établissant
aussi solidement que je !e pourrai, les ar-
guments les plus sérieux contre le séjour
sinon absolu, au moins au -si prolongé
que le feraient croire Dom T. Duplessis
et Lévrier. Mais, à mon tour, je pose une
question. T. Duplessis fait suivre la cita-
N» i\)4.
L'INTERMÉDIAIRE
— 975
tion bien connue, de cette référence : Mé-
moires de Magny. Je serais obligé à ceux
de mes collègues qui voudraient bienm'in-
diquer, ce que sont et où on trouverait
ces Mémoires de Magny.
E. Gravb.
Famille C&illot de Pommarôs
(L), — Dans ses Epaves du Passé ^ arron-
disem. d'Yvetot, commune de Touffre-,
ville-la-Corbeline, Dergny donne sur cette
famille les détails généalogiques qui sui-
vent :
En 1560, Guillaume des Pommares,
homme d armes de la compagnie du com-
te de Brissac, était seigneur de Bourde-
mare (à Mannevillela Goupil).
Un de ses descendants, Jean-Nicolas des
Pommares, écuyer, seigneur de Limare,
Gouy et Bourdemare, était capitaine au
régiment de la Londe. Son fus Jean Nico-
las André, chevalier, seigneur patron et
châtelain d'Auzebosc, seigneur patron de
Touffrevillela-Corbeline, seigneur de
Tendos, Bourdemare et Gouy, seigneur
et patron honoraire de Saint-Sauveur-la
Campagne (aujourd'hui d'Emalleville) et
autres lieux, conseiller du roi en 1747,
sous-doyen des conseillers au Parlement
de Normandie, avait, en 1764, succédé
aux de 5îVfl«,dans la possession de la terre
d'Auzebosc. 11 mourut à Rouen le 12 avril
1793, âgé de soixante-neuf ans.
De son mariage avec Marie -Anne-Vic-
toire Caillot de Coquereautiiont, fille de
Thomas Caillot de Coquereaumont et de
Marguerite Le Ber, de Trouville-en-Caux,
sont issus : 1° Jean-Nicolas -André qui
suit ; 2° Amable-Louis-André, officier de
dragons au régiment d'Angoulême.
Jean-Nicolas- André des Pommares, 2^
du nom, chevalier, capitaine de remplace-
ment dans le régiment de Guyenne, né en
1761, épousa : à Auiebosc, en 1789,
Françoise-Catherine Guéret, fille de Jean-
Pierre-Nicolas-Christophe Guéret, avocat
au parlement de Normandie, ancien maire
de Caudebec-en-Caux, et de Jeanne-Fran-
çoise-Catherine de Gruchet, la dite future
demeurant à Caudebec, chez les religieu-
ses du dit lieu. Il émigra et fit les cam-
pagnes de l'armée des princes. E. O.
Famille Acevedo (LIV, 165,350.)
— On peut trouver des notices sur ces
Azevedo du Brésil dans l'ouvrage du vi-
Q76
comte Sanches de Baena sur la noblesse
de Portugal. Il y a des Azevedo à Rome,
L'orthographe du nom Acevedo, divç.c c,
a été conservée par la branche de Mon-
tevideo.
Au Brésil, il y a plusieurs familles
de ce nom.
Comte Pasini Frassoni.
Créli Donato, peiatre (LIV, 612).
— Le nom est mal écrit. Ce peintre
s'appelait Donato Creti, non Créli.
11 était élève du fameux PasincUi ; il
continua la manière de son maître, en y
introduisant aussi le style du Cantarini,
Par cet éclectisme, il en arriva à une
forme d'art qui lui fut personnelle, appelé
école de Creti, dont Hercule Graziani de-
vint le plus habile continuateur.
Donato Creti commença bien tard sa
carrière de peintre, et de ce retard il se
démontrait inconsolable dans sa vieil-
lesse.
Ses couleurs sont un peu osées et crues,
parce que il soutenait que les couleurs
doivent être employées telles qu'elles
sont dans la Nature, que c'était au temps
à les atténuer et à les fondre. Donato
Creti était un grand travailleur et ne
cessait de perfectionner ses ouvrages,
qu'il ne se décidait jamais à considérer
comme finis. On dut Tarracher de vive
force de son tableau de Saint-Vin-
cent, qui était destiné à TEglise des
Pères Prêcheurs et qui est peut-être son
meilleur tableau.
Un autre tableau, qui est considéré
un chef-d'œuvre, est le Banquet d'Alexan-
dre commandé par la noble famille des
comtes Fava de Bologne.
Donato Creti était chevalier de l'Epe-
ron d'Or.
Quant au nom de Fernivoli, il doit y
avoir erreur d'orthographe comme pour
le nom de Creti. — Je pense quM doit
s'agir du peintre Ferraiuoli, peintre bolo-
gnais, ou pour mieux dire vivant à Bolo-
gne, parce qu'il était né à Nocera dei
Pagani dans les provinces napolitaines.
Son vrai nom était Nunzio Ferraiuoli dit
degUAfflitti.
Ses compositions sont principalement
des vues champêtres, à l'huile et à fres-
que. On le louait beaucoup et on l'a com-
paré à Claude et au Poussin. Son style était
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décembre 1906.
977
un mélange de style étranger et de ce
qu'on a appelé style albauesque ; toutefois
sa couleur est peu naturelle.
Ferraiuoli mourut à Bologne en 1735,
âgé de 75 ans.
Il y a, de l'école bolognaise, un sculp-
teur Dominique Mirandola, qui continua
l'Académie des Caraches ; mais, que je
sache, il ne résulte pas qu'il ait jamais
peint des tableaux. Il est mort à Bologne
en 161 2 et il a été enseveli à Saint-Thomas-
du-Marché.
j'incline à croire qu'il est plutôt ques-
tion ici de Pierre Paltronieri, dit Pierre le
Mirandolais ( Pietro il Mirandolese), appelé
aussi le « Mirandolais des perspectives ».
II a rempli Bologne et Rome de ses archi-
tectures imitées de la façon des anciens :
arcs, fontaines, aqueducs, temples, etc.,
avec une couleur rougeâtre, qui lui est
spéciale. Ce peintre, né en 1673, est mort
à Bologne le 3 juillet 1741. Colocci,
Le chansonnier Emile Debraux
(XLI ; XLII -, XLVIII ; LIV, 557, 745). —
Bien que né à Anceville (Meuse), non le
30 mars, mais bien le 30 août 1796 (date
inscrite sur les registres de l'état-civil
d'Anceville, où le nom de de Braux est
orthographié en deux mots), c'est dans
un petit village voisin, à Sommelonne,
que Debrarx a été élevé, a grandi, et où
son souvenir est resté le plus persistant.
De parents, il n'en a plus dans le pays :
j'ai eu occasion, il y a quelques années,
de faire des recherches à ce sujet, — re-
cherches stériles. Debraux a laissé trois
filles, dont l'une avait, paraît-il, épousé le
physicien Delion. je n'ai pas réussi da-
vantage à connaître le sort des enfants de
Debraux. \J Intermédiaire a, d'ailleurs,
déjà longuement parlé du « chansonnier
Emile Debraux », notamment dans les
deux volumes de l'année 1900.
Albert Cim.
Le général Duviguau (LIV, 127,
190, 297, 402, 691, 800). — M. Géo L.
possède-t-il des renseignements sur la
famille du général du Vignau, en dehors
de ceux qu'il a publiés le 20 septembre?
La famille de son père était-elle origi-
naire de Mézières, ou bien est-elle, comme
on me l'avait indiqué, une branche de la
famille Du Vignau originaire de l'Age-
nais ? B. P.
978
Fechter (LIV, 780, 923). — Parmi
les comédiens français qui ont joué en
anglais, je rappellerai, outre les noms
déjà cités : Pierre Berton, Frédéric Achard,
Stuart (de Cluny), Marins.
Ce dernier, Marius Duplany, obtint de
grands succès dans l'opérette anglaise
sous le nom de Marius.
Il est totalement inconnu en France. Il
fit toute sa carrière à Londres. Je crois
même qu'il devint directeur.
Il épousa sa camarade très connue
aussi, Miss Florence Saint-John.
Le mariage ne fut pas heureux et les
époux divorcèrent. Marius Duplany est
mort il y a quelques années.
Eugène Héros.
IdaFerrier (LIV, 893). — Je possède
un portrait d'Ida Ferrier à la disposition
de « Vadius », Eugène Héros.
Projet de mariage de Gambetta
(L ; Ll ; LIV, 801, 859). — Madame Léonie
Léon avait légué partestament, en 1891,
les 3.500 lettres de Gambetta, à M. Mar-
cellin Pellet, alors consul général à Naples,
qui avait été l'un des intimes de Gam-
betta.
Mais s'étant éloignée par ses habitudes
d'esprit des amis politiques de Gambetta,
par un nouveau testament, elle a donné
plus tard à ces lettres une autre attribution.
C'est la Revue de Paris qui publie ces
lettres avec le consentement de la fa-
mille, d'après des copies.
11 est si singulier de voir l'amie de
Léon Gambetta s'appeler justement Léo-
nie Léon qu'on a voulu voir là un nom de
convention cachant un nom véritable. Elle
n'avait jamais été mariée et s'appelait
bien, par son père, Léonie Léon.
Des articles de M. Francis Laur dans
le Journal révèlent qu'au moment où elle
rencontra Gambetta elle avait une liaison,
d"où cette appellation de madame. Et que
cette situation, qui la diminuait à ses
propres yeux, était l'une des raisons pouf
lesquelles elle avait si longtemps repoussé
toute idée d union.
Griscalli (LIV, 836). — J'ai tout lieu
de croire que ce personnage n'a jamais
existé. L'ouvrage signé de son nom est
un pamphlet, œuvre d'imagination.
Un rat de BIBLlOTHÈaUE,
N°
:^4.
L'INTERMEDIAIRE
979
q8o
Les mansardes célèbres. La
inansiirde de Victor Huj/o (LUI ;
LIV, 437. 48Q, 529, 604, 658).' — Nous
avions prié M Kock, neveu de Madame
Drouet, conservateur du musée Victor
Hugo, de nous dire comment il était par-
venu à identifier la fameuse mansarde
On ne fait jamais en vain appel à ses cu-
rieux et vivants souvenirs. M. Louis
Kock nous adresse la lettre qui suit; elle
présente trop d'intérêt pour que nous ré-
sistions au plaisir de la publier, malgré
son caractère privé. Le charmant M.Louis
Kock nous en excuse; a :
Cher Monsieur Montorgueil,
Voici comment j'ai su que Victor Hugo
avait habité, dans sa jeunesse, la fameuse
mansarde de la rue du Dragon n° 30. II y a
plusieurs années, vers 1900, je pense, j'avais
trouvé dans les papiers de madame Drouet
une copie ou un brouillon de lettre écrite ou
écrit par Victor Hugo et signée de lui, datée
de la Rue du Dragon 1823 ?... Je ne me
rappelle plus exactement l'année.
Cette lettre était adressée à je ne sais plus
quel haut personnage pour recomuiander à
je ne sais quel emploi un jeune homme
(peut-être le jeune Trébuchet) qui habitait
avec son cousin Victor Hugo, alors que tous
deux avaient pris leurs inscriptions de droit,
j'en parlai à Paul Meuiice qui me dit savoir
qu'en effet Victor Hugo avait habité rue du
Dragon.
Plus tard, il y a de cela à peu près deux
ans au moins, j'allai voir le propriétaire de
cette maison, M. Sœur, rue Saint-Lazare, qui
me dit qu'en effet on disait que Victor Hugo
avait demeuré dans sa maison, dans un loge-
ment au dernier étage, là où il y a un balcon
couvert en forme de tourelle. Je lui demandai
de faire des recherches dans ses papiers, reçus
de termes de loyer, etc... pour tâcher de re-
trouver une trace du passage de Victor Hugo
à cet endroit. II me dit que c'était bien diffi-
cile, mais qu'il chercherait. Nous convînmes
de nous revoir, mais comme il arrive souvent,
les choses en restèrent là, ce monsieur et
moi étant très occupés par d'autres affaires.
Enfin, il y a peu de temps, ayant été ren-
contré par M. de Gourcuff, président d'une
Société « des Hugophiles », je lui parlai de
ce domicile de Victor Hugo. M. de Gourcuff
alla trouver le nouveau propriétaire, M. Bâ-
tard, 154, rue Saint-Honoré, et — trop pré-
maturément, à mon avis — lança dans les
journaux la note que vous savez.
Mais, ce qu'il y a de plus curieux peut-
être, c'est qu'il n'était nullement besoin de
M. de Gourcuff ni de moi-même pour re-
trouver la dite mansarde. Le fait est rappelé \ Dieppe, p. 221-230.
tout au long dans Victor Hugo raconté par
un témoin de sa vie (chapitre intitulé Ma-
riage) !
D'après tout cela, il me paraît prouvé :
1» Qj^ie Victor Hugo a demeuré rue du Dra-
gon et qu'il est indubitable "que la mansarde
du 30 est bien c.IIe qu'il a habitée.
Je regrette bien de n'avoir pas copié en
son temps le broui Ion de lettre de la main de
Victor Hugo, dont je vous ai parlé en com-
mençant. Je l'ai remis à Paul Meurice avec
d'autres lettres.
Je crois probable qu'il y a habité nu mo-
ment (en 1821) où il allait se rendre chez les
Fouché, parents de sa fiancée à Geutilly.
Il a probablement été demeurer ensuite
90 rue de Vaugirard, d'où Victor Hugo écri-
vait à un de ses amis : «|Ce n'est pas au
n" 30, mais au 11" 90 de la rue de Vaugirard
que je demeure •'>.
Je ne vois rien dé plus à vous raconter à ce
sujet. Je m'empresse de vous envoyer mon
griffonnage dont vous ferez l'usage que vous
voudrez et que je termine, en vous priant
d'agréer l'expression de mes bien dévoués
sentiments. L. Kock.
Une femms des « Emaux et ca
mée'<>* et du Deux Décembre 1851:
Mme Kalergi (LIV, 894). — Madame
Kalergi, née Nesselrode, était nièce du
célèbre homme d'Etat russe ; plus tard
elle épousa en secondes noces un gen-
tilhomme russe, MouchanolT. Elle était
connue dans le monde entier par sa
beauté, son esprit et son talent musical.
Elle était l'amie de Chopin ; elle n'a pas
épousé le général Mouravieflf, comme on
le dit par erreur.
Pendant plusieurs années, elle a été
atteinte d'une maladie nerveuse Durant
cette période, elle fut soignée dans la belle
maison d'aliénés la lUenau, qui est voi-
sine d'Erlenhaus dans le grand duché de
Bade.
Elle en est sortie peut-être guérie ;
mais je ne saurais le dire. Elle est morte
depuis déjà quelque temps.
Comtesse X.
Famille LeMarinier (LIV, 726, 923).
— L'église d'Auppegard (canton de Bac-
queville) est le livre d'or de cette famille,
branche d'Auppegard Sur chacune de ses
parties, on y voit ses armoiries et celles de
plusieurs des familles qui lui furent alliées.
Pour la généalogie, voir Dergny : Epaves
\ du Passé, T" partie, arrondissement de
O. V.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
30 Décemrre 1906.
981
982
Jeanne Mônestrier (LU! ; LIV, 417,
1524, 7tO, 80s) . — Clément-Auguste-
Louis-Edouard Osmont du Tillet, ingé-
nieur, épousa, au mois de décembre 1847,
Julie-Emmanuelle Pauwels , fille d'An
toine Pauwels, député, et de Sophie Bail-
lât remariée, le 6 février 1875, avec
Georges Le Normand de La Vallée.
G. P. Le LiLUR d'Avost.
Montesson : le nom et la terre
(LIV, 500, 635, 750). — Un fief de Mon-
toissoii, Montaisson, existait à Valennes
(Sarthe). C'est aujourd'hui une simple
ferme. A la fin du xvi* siècle, il appar-
tenait à une famille de Montesson, alliée
aux iVlarescot, aux Gruel et aux Commar-
gon. Il m'a été impossible de savoir si
ces Montt^sson se rattachent à ceux du
Bas-Maine. Em. -Louis Chambois.
Famille Viliaret de Joysuae (LIV,
670,811). On\\iA^x\s\' Histoire de la ville
d'Auch, par P. Lafforgue (tome II, pp. 3 1 2-
313) ■•
Le Rapporteur aurait pu citer d'autres
cas d'investiture, et sans parler de l'arrêté
qui me concerne (10 juillet 1899) je rap-
pellerai qu'en 1895, le duc de Sabran fut
confirmé par arrêté ministériel dans le
titre de duc.
Au cours de la discussion sur le projet
de loi adopté le 14 décembre par la Cham-
bre, le commissaire du gouvernement a
exphqué en quoi consiste l'investiture, et
les renseignements qu'il a fournis justifient
complètement la théori-j que je soutenais
dans V Intermédiaire an 30 septembre.
11 est peut être bizarre de voir la Répu-
blique légiférer sur cette matière, mais,
en soi, le projet voté est bon. 11 aura
pour résultat d'enrayer l'usurpation sans
cesse croissante des titres.
Pour qu'il fût parfait, il faudrait, à
mon sens, que le Conseil d'administration
du ministère de la justice permit de justi-
fier de la régularité des titres anciens par
d'autres pièces que les lettres patentes ou
les arrêts des Parlements.
Sinon, un nombre considérable de titres
L'amiral Yillaret de Joyeuse avait deux j très-anciens ne pourront pas être prouvés,
frères, nés comme lui à Auch. L'aîné, le mai- 1 La dernière manifestation delà noblesse,
quis Je Villaiet, émigra ; le dernier Jean- j en tant que corps constitué, a eu lieu lors
1757, servit dans les armées de | des élections aux Etats généraux de 1789.
.Marie, né en
la République et de l'Empire et arriva au
grade de générai de brigade et commandeur
de la Légion d'honneur. 11 est mort à Paris
en 1848, à l'âge de 91 ans. — L'amiral
l'iiiSa deux fils : L'ai né embrassa la carrière
dans laquelle son père s'était illustré.
P. Brix.
, Toute la noblesse y prit part, et les
j titres de tous les comparants furent véri-
I fiés par ceux-là mêmes qui avaient inté-
rêt à les contester. Pourquoi donc ne pas
i tenir pour réguliers les titres dont on a
j justifié la légitime possession à cette épo-
— I que ? Ils figurent tous dans les procès-
Pharmaclens ayant été des sa- | verbaux des assemblées de la noblesse.
vants(Llll ; LIV, 356,429).— Le Ms.926 Ce serait une base sûre.
de la Collection Dupuy, à la Bibliothèque
nationale, est «La vie de Sainct-Ayoul,abbé
et martyr, avec l'histoire généalogique des
comtes de Brie et de Champagne, par
Louis Ruffier, apothicaire à Provins »,
XVII' siècle, 74 et 59 feuillets. In-4° (Du
catalogue Dorez, II, 653). De Mortagne.
.La noblesse sous la troisième Ré-
publique (LIV, 895). — M. le vi-
comte Révérend, qui prépare en ce mo-
ment la liste de tous les titres concédés
ou confirmés depuis 1830, pourrait répon-
dre d'une façon précise aux deux ques-
tions de M. A. B.
Il me semble toutefois que le chiffre de
5000 francs indique qu'il s'agissait d'un
titre ducal.
Sans doute quelques titres de courtoisie
bénéficieraient de l'adoption de la mesure
que je propose, mais, en revanche, aucun
titre ancien et difficile à prouver par le
fait même qu'il remonte haut, ne serait
compromis.
En même temps, la caisse de l'Etat y
gagnerait. Le vicomte de Bonald.
Les armes de Hongrie et les
Croy-Ghanel (LI ; LU ; LIV, 51, 754,
86c)). — Voir aux Archives nationales les
cartons Croy : il y en a beaucoup, et ils
élucident parfaitement la question.
Lire : i» Les Arpad et les Crouy-Cbanel
, 64 pages, 1863, Montéhmar, 8 exem-
i plaires, par M. de Coustou.
N» 1134.
—983
A cette brochure, M. Germain Sarrut,
publiciste et ami des Chanel, répond par
un gros volume intitulé :
Les Crouy-Chanel et leurs détracteurs.
2° Les Crouy Chanel et leurs adulateurs,
réponse à M. Sarrut, 70 pages, tiré en
1864 à plusieurs centaines d'exemplaires,
par M. de Coustou. Robertot.
Ex-libris aveo cygnes et amours
(LIV, 838, 926). — Ce charmant ex-libris
est celui de l'abbé Jean-Bernard Leblanc,
poète distingué, né à Dijon le 3 décembre
1707, mort à Paris en 1 781. Il fut mem-
bre de plusieurs académies et historiogra-
phe des bâtiments du roi. On peut con-
sulter à son sujet la France littéraire de
Quérard et la Galerie Bourguignonne de
MM. Muteau etGarnier. D. des E.
Armoiries à déterminer ; d'or
à la croix ancrée (LIV, 837). — Les
armes sont celles de la famille Terrier de
Santans,en Franche-Comté ; elles doivent
se lire : d'or, à la croix ancrée de sable
(Santans). Sur le tout de gueules à trois
gerbes d'or, liées d'argent (Terrier).
Pour un travail en préparation, M. La
Sangliette aurait-il la complaisance de
compléter la description du blason par les
ornements extérieurs : couronne, sup-
ports, devise, etc. ? D. des E.
Jetons de Templiers (LIV, 896).
— Les deux jetons signalés par j. G. sont
peut-être les suivants :
1° Buste de B. R. Palaprat, à gauche,
légende en caractères hiéroglyphiques ;
au-dessous : la signature du graveur Co-
quardon et la date 1820.
Revers . attributs, légende comme à
l'avers et V. D. S. A. {Vive Dieu Saint-
4niour) en lettres ordinaires, 35 ^j"".
2° Même effigie, à peu près la même
légende avec la date 1821 et la signature
Coquardon.
Revers légèrement différent, même de-
vise, 28 "/".
Un 3"* Jeton sans date :
Loge Ecossaise de Jacques de Molay.
Figure debout sur un bûcher. Au revers :
attributs maçonniques. Pas de date 35"/".
PlETRO.
Initiale à dévoiler (LIV, 717).
— II s'agit de la comtesse de Prouleroy,
L'INTERMEDIAIRE
984
née Angèle de Sainte-Croix, et de s.fiUe
Marie de Prouleroy.
Le marquis de Prouleroy, fils d'Açèle
de Sainte-Croix, habite le château e la
Cour de Broc, en Indre-et-Loire.
Le simple soldat mis au thétre
(LIV, 839). — Ilya eu, vers 1852, Le
camarade de lit >>, dont Bernadotte, .ors
roi de Suède, parvint à arrêter la rorc-
sentation, parce qu'il y était représité,
simple soldat, avec un de ses camaides
qui allait, 3, ans après, le revo à
Stockholm, quand il était roi.
Un rat de bibliothèql.
Iles anglo-normandes (LIV, S7,
462, ,76, 623, 758). — Voir rou\ige
du marquis de l'Estourbeillon, intillé :
Les familles françaises à fersey pétant
la Révolution. Rennes, 188b, in-S".
Paul Cheronne.
Le théâtre en province (LIV. Si,
355. 428, 476, 534. ^9^1 M, 762) —
Au point de vue bibliographique, les
ouvrages ont une toute autre importace,
lorsqu'ils forment un volume ou brocbre,
ont paru à part, au lieu d'être pelus
dans des recueils ou mémoires de Sociïés.
C'est pourquoi il est utile d'indiqué l'é-
tude d'Edmond Poupé : Le Théâtre à jm-
lon (Paris, Imprimerie Nationale, 106;
in-8, 7 p.) B.-.
* •
Voici deux opuscules qui n'ont paété
cités : Une salle de spectacle, s'il vouspiît,
par Amédée Tissot. S. L,, 1865, i-i8
de 27 pp
— Au sujet du théâtre de Lisieux :
Inauguration du théâtre de Honfleu. 2j
janvier iSyo. Prologue en un acte e en
vers, par le même. Lisieux, Lajoye-'is-
sot, 1870, in-80 de 16 pp.
Paul Pinso.
*
Parmi les documents intéressant 1 is-
toire du théâtre en province, on peut ci-
ter dans le genre humoristique :
L'Horaire du Ballet Bordelais, païun
vieil abonné, avec préface en vers, pulié
en 1894, par les soins du cercle « le N>v-
Club Comédie, ^Wettervv^ald frères, imri-
meurs. Non mis dans le commerce.
B. .
98:
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Décembre .90*.
Ovrages sur Louise do Durfort,
ducesse da Mazarin (LIV, 672,816,
872. «19). — La Revue rétrospective de 1892
a pu ié (tome XVI, page 406), Les Comptes
de } duchesse de Mazarin pendant les an-
nées i6o-i-]62. Z. Y, X.
L mystérieux conteur a Du Roc
Soi Manne » (LIV, 942). — Puisque
M. ierre Loùys a enfin trouvé le mot
de inigme, ne pourrait-il nous en ap-
prei^re davantage? D'où était Romannet
Du tos? Il se fit éditer à Paris, et pour-
tante nom de Romannet ne paraît pas
apptenir à notre région. On trouve
au lilieu du xvi* siècle un autre poète,
Ana- Du Gros ou Ducros, né dans le
Fon, qui pourrait bien avoir quel-
que liens de famille avec l'auteur des
Noyaux Récits. 11 est cité dans la Bi-
blics'èque Française de du Verdier, qui ne
se cuve pas dans celle d'un petit cher-
che^ de province. M. Pierre Louys
ponait peut être pousser ses investiga-
tioi pour notre plus grande joie.
E Grave.
abasteins (LIV, 723, 796, 873,
931 — La note de M. le baron J. de
Wie confirme plus qu'elle ne contredit
me souvenirs — déjà lointains, hélas ! — ■
Pr.onial ou Pracomtad (ou encore Pra-
coi-id) est de fantaisie. Je m'associe bien
vcntiers, moi aussi, à la demande de
noe collègue et de M. G. Lenôtre. Peut-
éti serait-il intéressant de savoir, en
eue, si le nom de l'héroïne n'aurait pas
se i\é quelque réclamation autrefois,
la:elle aurait amené des changements
tyDgraphiques divers, suivant les édi-
tics. Je persiste à croire que ce nom, je
IVvu se terminer par un d. Si j'étais en-
CQi à la campagne, je rechercherais ac
tiMnent mon exemplaire, pour M. de
^Vte ; mais je ne prévoyais pas, il y a
qilques semaines, que l'on insisterait au-
ts: sur cette vieille histoire.
G. DE FONTENAY.
documents phalliques (L; LI; LU;
L', 541, 642). — A la dernière exposi-
tii de Genève, où la partie historique
e rétrospective était remarquablement
oranisée, on voyait une collection de
Isipes romaines en terre cuite, trouvées
p;s de Bulle ; l'une de ces lampes repré-
986
sentait un mont de Vénus féminin très
apparent, analogue à la fameuse corbeille
de pêches du musée de Nîmes ; les pudi-
ques mômiers genevois, au bout de quel-
ques jours, firent disparaître cette pièce
scandaleuse. Mais on ne s'avise jamais de
tout, et on laissa jusqu'à la fin de l'expo-
sition une autre de ces lampes représen-
tant un groupe d'une extrême intimité,
devant lesquelles les jeunes mômiers de
la rue des Granges et lieux circonvoisins
se donnaient rendez vous. Ypsillok.
Chariot Malbrough (XLlll ; XLIV ;
XLIX). — Notre confrère anglais Notes
and Oueries rappelle cette question qui a
figuré à V Intermédiaire tià^ns ses n^» 151
et I 53 ; il cite les vers de F. Mistral ou au
moins leur traduction française :
Un roulier qui est bien monté
Doit avoir des roues
De six pouces, à la Malborough :
Ça, c'est la mode 1
Un essieu de dix empans
Et un petit bidet blanc
Pour le gouvernage
De son équipage.
Un des correspondants du journal an-
glais demande aussi quelle est l'explica-
tion d'un fort curieux privilège ancienne-
ment attaché au cheval qui avait les qua-
tre pieds blancs. Mistral, dans ses Mé-
moires et récits^ nous apprend que de ce
privilège, résultait pour le charretier le
droit de passer partout avant les autres.
Old Pot.
Gouvernail des jonquss chi-
noises (LIV, 614, 753). — 11 y a dans
la question posée un détail auquel il ne
faut peut-être pas donner trop d'attention,
je veux dire la forme en losange des ou-
vertures. Cette forme apparente ne résulte-
t-elle pas de ce que ces gouvernails sont
construits en bambous croisés et plus ou
moins serrés ? Quant au calcul des résis-
tances, il serait intéressant de connaître
l'avis d'un ingénieur maritime.
Cerameus.
Les jaquemarts de France (LIV,
618, 711, 758, 821, 870). — Au dessus
du pignon de l'église de Saint-Cyr de Sargé-
sur-Braye (Loir-et-Cher), dans une guérite
exposée à tous les vents, se tient un gro-
tesque Jaquemart. Il frappait autrefois
N"
1134.
L'INTERMEDIAIRE
987
sur un timbre qui portait Tinscription |
suivante : Charles de Guichard, cheval-
lier, SEIGNEUR DE CHARBONNIERES, GENTIL-
HOMME SERVANT DU Roy et son conseiller,
GOUVERNEUR POUR Sa Majestéde Bonneval,
ME FIST FAIRE, l'aN 1637 ».
Aujourd'liui, la seule fonction du Jaque-
mart de Sargé est de saluer aux heures
et de tenir le drapeau national le 14 juil-'
let. Em. -Louis Chambois.
Anecdote sut M. de Coislin et
une vieille bouteille de Sautâmes
(LIV, 900). — ]'ai déjà lu cette anecdote
quelque part, mais elle n'y était certes
pas portée à l'actif d'un Coislin. Si, de
l'autre côté du détroit, on Tattribue, pour
la plus grande gloire de la courtoisie
française, à un marquis de Coislin, c'est
que jadis, un personnage du même nom
fut, comme dit notre collaborateur P. L-.s
« l'exemple-type » de cette extrême poli-
tesse. Lisez plutôt Saint-Simon. Le duc
de Coislin était célèbre à la Cour par une
courtoisie dont il fut souvent victime. Et
depuis, trois auteurs dramatiques, Marc-
Michel. A. Lefranc et Labiche le mirent
tout vif dans une comédie intitulée Mon-
sieur de Coyllin {sic) ou V Homme infiniment
poli (2 juillet 1838). d'E
« icy OB. cionne le Otrl^ » (T. G.,
402 ; LI ; LUI) . — De la Revue du Berry :
Depuis que j'ai publié dans la Revue de
janvier dernier, pages 2 et suivantes, mon
opinion sur cette inscription considérée par
certains comme hiéroglyphique, ou évidem-
ment mal traduite par d'auires, j'ai pris con-
naissance d'une note de M. Henri Momiron
insérée à ce sujet dans la Revue du Centre
de juillet 1885, page 349, et qui m'avait
échappé alors .
Elle abonde trop pleinement dans mou
sens pour que je ne la réédite pas sans
tarder, bien qu'elle fasse double emploi, à
vingt ans d'intervalle il est vrai, dans notre
publication dont du reste beaucoup de lec-
teurs ne possèdent pas la collection pour l'y
trouver : « Charles Nisard, dans ses Parisia-
nismes, dit M. Momiron, parle de la statue
du parvis Notre-Dame que le peuple appelait
le vendeur de gris ; voici ce qu'il en dit :
« Vendeur de gris, nom d'une statue qui
était sur la place du Parvis-Notre-Dame et qui
y resta jusqu'en 1745 : à cause de sa situa-
tion sur le bord de la rivière, domaine du
vent, le populaire l'avait ainsi baptisée.
988
Hé quoi, madame la statue
Depuis que vous vendez du gris
A tous les simples de Paris. . .
« Les Parisiens d'abord envoyaient au ven-
deur de gris, pour acheter d-e sa marchandise,
le nouveau venu de la province aux dépens
duquel il voulait s'amuser ; c'est ainsi qu'au-
jourd'hui on envoie un garçon simple et cré-
dule acheter chez l'épicier de l'huile de
cotre t ».
11 me semble, continue M. Momiron, que
voilà bien l'explication demandée. Mainte-
nant il est bien certain que le gris désigne
le vent du Nord, la bise qui souffle très sou-
vent en France, et qui est très froid et très
sec. Diez propose comme étymologie du mot
bise l'adjectif bis, en rappelant qu'en latin
aquilo, l'aquilon, vient de aguilus, de cou-
leur foncée. L'adjectif gris et l'adjectif bis
peuvent s'appliquer indifféremment pour dé-
terminer la couleur qui varie entre le blanc
et le noir ; on conçoit donc très bien qu'on
ait appelé le vent du Nord tantôt le gris,
tantôt la bise. Aujourd'hui encore, d'un
temps couvert et froid, on dit que c'est un
temps gris, et elliptiquement qu'il fait gris.
Ajoutez que le mot gris désignant soit la
fourrure que fournit l'écureuil du Nord, le
petit gris, soit le tissu appelé Bureau, vous
verrez combien il était facile de mystifier
les naïfs en leur donnant commission d'aller
par un temps bien froid, acheter du gris ».
J'ajoute que, dans le supplément de son
Dictionnaire, Littré a adopté absolument
l'explication de Nisard que Frédéric Godefroy
a fait sienne à son tour, comme nous l'avons
vu.
Et j'estime que la question se trouve défi-
nitivement tranchée par l'opinion concor-
dante de M. Momiron et par l'autorité de ces
lexicographes éniinents.
J. Pierre.
Autobus (Ll'V, 337, 426, 484, 653,
699,820, 876). — je puis affirmer, moiqui
suis un vieux parisien, qui ai côtoyé tous
les mondes, que c'est dans \' Intermédiaire
que je vois pour la première fois dire le
« bus » pour 1' « omnibus ».
CÉSAR BiROTTEAU.
Amoral. Areîigiaux (LIV, 722,
932). — je ne suis pas de l'avis de notre
collaborateur La Brèche : areligieux a un
sens bien distinct d'irréligieux. Ce der-
nier mot signifie : qui est contre la reli-
gion ; le premier : qui ne s'occupe même
pas de la religion. C'est ainsi que l'on
pourrait dire : « Le peuple français actuel
n'est pas seulement irreligieux, dans sa
majoritéjil est surtout areligieux. » L'are-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Décembre 190^,
989 _
ligion d'état n'est pas l'irréligion d'état ;
une nuance très accentuée se laisse saisir
ici. De même pour amoral et immoral.
ROSEY.
Bisannuel ou biennal (LW, 562,
703, 820, 876). — Les nombreuses ré-
ponses parvenues à \' Intermédiaire sem-
blent bien indiquer l'intérêt que présente
cette question, mais, comme souvent, elle
a un peu dévié et je voudrais encore la
préciser.
Pour désigner un fait se répétant deux
fois dans une année, j'aurais naïvement
employé le mot bisannuel. Mais ce mot
a été accaparé et on lui a donné un autre
sens. Comment faut-il dire ?
On propose semestriel ou semi-anniid,
mais il ne s'agit aucunement de couper
l'année en deux tranches semblables, et
ce serait une erreur, comme celle du
botaniste qui se sert du mot bisannuel
pour qualifier les plantes dont l'évolution
nécessite non pas deux années, mais deux
saisons à intervalle plus ou moins éloi-
gné.
Qiiant au mot bimensuel, il éveille en
moi l'idée de deux fois par mois et je m'y
tiens, jusqu'au moment où les dictionnai-
res autorisés l'accueilleraient dans un
sens différent. Roun Poète.
Inscriptions sur les cadrans so-
laires (T.G . , 1 58 ; XLVI ; XLVll ; XLVllI;
L ; Ll ; LU ; LIV, 363, 641). — On peut
lire facilement sur le fronton de la cha-
pe'le latérale sud de l'église de Vassy
près Vire (Calvados) cette inscription ;
« L'ombre passe et repasse, et, sans repasser
Vh omtne passe ».
Elle figurait jadis sur un cadran SO'
laire, quia disparu depuis longtemps.
A quelle date précise pouvait-elle bien
remonter ? On n'a pu recueillir aucun
renseignement à cet égard.
Radiguet.
Bernique (LIV, 673, 819, 878). — En
donnant prccédement l'étymologie que j'ai
proposée, pour ce mot, j'ai oublié de citer
celle indiquée, depuis 1821, par Le Go-
nidec, dans son Dictionnaire. Il pense que
bernique, qui se prononce aussi brcnique
très souvent, en Vendée comme en Breta-
gne (on sait que fréquemment en breton les
lettres changent de place), doit s'écrire bien
990
nik ou brinnik, et admet que ce mot est
pour bronnik, petite mammelle, diminutif
en /^ de bronn, mammelle.
Evidemment, le mollusque offrant la
forme et la figure d'un sein. . . bien por-
tant,cette étymologie est très soutenable ;
et elle l'est beaucoup plus que celle de berti,
couverture (d'ailleurs le mot patois ven-
déen berne signifie actuellement drap de
lit, et non couver turé)',mA\s , cependant, je
tiens à la mienne, et c'est pourquoi je l'ai
rapportée plus haut. En tout cas il faut
en conclure, comme l'a remarqué d'ail-
leurs Troude {Dut , p. xxvii) que berni-
que n'est qu'un mot breton francisé.
On peut en rapprocher le terme patois
vendéen, margate (pour mor-gate), signi-
fiant 5i?/c:/;^, qui n'est que le breton mor-
gaden(inor, mer ; gad, lièvre), ou lièvre de
mer. Marcel Baudouin.
Tenir tête et tenir la tête (LIV ;
504, 703, 766). — J'ai toujours entendu
employer l'expression *< tenir tèie x> dans
le .*;ens d'opposition à quelqu'un, dans un
conflit, une discussion. Littré le dit tex-
tuellement : Tenir tête à quelqu'un, faire
tête à quelqu'un, lui résister, ne lui point
céder en quelque chose.
Cette expression s'emploie aussi dans
le sens de tenir compagnie à une seule
personne, conmie l'écrit le collaborateur
C. de la Benotte.
je ne trouve pas que l'expression « te-
nir la tête » à quelqu'un dans le sens
donné par Maurice Donnay, soit bonne,
soit correcte. Tenir la tête à quelqu'un
veut évidemment dire « empêcher la tête
de se baisser, de tomber », par exemple
lorsqu'on est malade, blessé. Il serait à
désirer que l'auteur de Paraître corrigeât
cette expression incorrecte.
A. Hamon.
Modèles célèbres (XLVIIl ; XLIX ;
LU ; LIIIJ . — Le modèle qui a posé pour
Psyché dans V Amour et Psyché, du baron
Gérard qui est au musée du Louvre, n'est-
il pas connu ? N.
Signe de la croix avec de l'eau de
la mer (LIV, 282, 376, 431, 544, 658,
769, 8S2). — Il n'y a pas besoin d'aller en
Italie pour voirie fait rapporté par M. Le
Lieur d'Avost. Dans ma jeunesse, j'ai vu
souvent des petits marchands, faire le
N* 1134.
L'INTERMÉDIAIRE
995
996
diverses reproductions de documents de
l'époque — notamment la photographie
de la fameuse plaque (communiquée par
M. de Mesnard^.
On connaît du reste le soin scrupuleux
qu'apporte l'éminent historien du s< Paris
Révolutionnaire » dans ses travaux de
reconstitution. Alexandre Rey.
* *
Dans un recueil d'anecdotes publiées au
xvui* siècle, on lit :
Dans une des ses promenades secrètes, il
vit un écriteau, qui lui apprit qu'il y avait un
appartement à louer tout à côté de la maison
qu'habitait sa bien-aimée,et même contigu à
sa chambre à coucher. Sans perdre une mi-
nute, il se rendit locataire de cet appartement,
et un serrurier intelligent lui fabriqua une de
ces plaques tournantes en tôle, qui sont de-
venues depuis si à la mode, au moyen de la-
quelle, à un signal convenu, il parvenait
auprès de l'objet de sa tendresse.
Et en note :
Croirait-on que l'auteur de cette invention
fut mis à la Bastille, où il mourut au bout
de plusieurs années ?
Que sait-on de cet inventeur et exacte-
ment de cette mvention. Y.
Le jaune, couleur des traîtres
(T. G., 460; XLIl; XLlll; XLIV; LIV,
655), — V Intermédiaire a donné récem-
ment un curieux article sur « la couleur
jaune ». Permettez-moi de vous signaler
au sujet de « la couleur verte » un fait
assez amusant que j'ai trouvé consigné
dans les archives d'une paroisse voisine
de la mienne.
En 1830, la fabrique de l'église de
Sargé-sur-Braye (Loir-et-Cher) fit repein-
dre le maître-autel, les boiseries du chœur
et la chaire. Lors du règlement de compte,
la peinture de la chaire donna lieu à un
incident mémorable. Le maire qui assis-
tait à la réunion du conseil de fabrique,
sans fournir aucune explication, demanda
que l'on remît à 25 ou 30 jours le paie-
ment des ouvriers. Quelques jours après,
arriva à la mairie une lettre du préfet,
autorisant le conseil municipal à se réunir
extraordinairement à « l'efïet de délibérer
« si la couleur verte qui est sur la chaire
<< peut y être maintenue sans danger d'o-
« pinion, étant reconnue dans le pays la
« couleur favorite de l'opposition... »
Le 5 décembre, le conseil de fabrique
se réunit à son tour et à l'unanimité re-
connaît que « la couleur signalée est le
« bronze doré et ne comporte de vert que
« la nuance que demande ce genre de
« décoration. Que dès lors on ne peut y
« voir aucune allusion politique... »
Le maire qui assistait à la séance
accepta cette explication et les ouvriers
furent payés de leur travail...
Em. -Louis Chambois.
Faire la conduite de Grenoble
(T. G. 231 ; XLVH). — Dans un vo-
lume de M. Eugène Choulet, La Famille
de Casimir Périer (Grenoble, Joseph Bara-
tier, i894),se trouve, d'après Prudhomme,
le récit des incidents qui eurent lieu à
Grenoble, au début de mars 1832, et qui
amenèrent l'intervention du 35* de ligne.
A la suite de ces incidents, on dut chan-
ger le 35', qui fut remplacé par le 6* de
ligne. Voici la fin du récit :
Le calme était revenu, et l'on avait oublié
les troubles de Grenoble, lorsqu'un beau ma-
tin, le 35' repaïut dans la ville. Le Gouver-
nement l'avait rappelé et avait fait désarmer
la garde nationale. Nouvelles effervescences,
nouveaux désordres, et tout cela pour une
plaisanterie de carnaval ! Le régiment fut
reconduit jusqu'aux portes de la ville au
milieu des huées et sous une pluie de projec-
tiles variés, et c'est, comme nous l'avons
dit, de cet épisode que nous est venue l'ex-
pression : Faire mie conduite dé Grenoble.
Sans infirmer la véracité de la coutume
des compagnons perruquiers de Grenoble,
rapportée dans un ouvrage de 181 2, et
signalée dans la communication XLVII,
540, j'estime que l'expression, relative à
Grenoble dans les deux cas, est bien plu-
tôt venue de Lalïaire du 35' de ligne.
B.-F.
Tourreil, le Révélateur de la loi
de Fusion (LIV, 781). — Le fondateur
de religion signait « L. f. B. de Tourreil,
Révélateur de la loi de fusion », ou encore
« Annonciateur de la loi nouvelle ». Je
sais de lui personnellement peu de chose.
C'est dans une agape solennelle, à Bel-
leville. le 5 décembre 1845, que ^^t pro-
clamée la doctrine du fusionisme qui devait
remplacer le catholicisme réputé expi-
rant.
Ses adeptes définissent ainsi le ftision-
nisme :
C'est une doctrine philosophique, reli-
99:
gieuse et sociale. Au point de vue religieux,
il est le Paraclet promis à In terre, l'esprit de
vérité venant réaliser la vraie religion catho-
lique, c'est-à-dire universelle, désignée sous
le nom de règne de Dieu.
Depuis longtemps, l'homme connaissait
un grand nombre de lois de la nature, mais
l'esprit de ces lois lui échappait : le Fusio-
nisme lui donne la raison de ces lois et lui
en expli ue le but mystérieux et caché.
Le Fusionnisme tire son nom de la loi de
fusion, loi naturelle et universelle qui est la
vie même de la substance- universelle, dont
elle effectue la manifestation infinie ; consi-
dérée dans sa pleine expansion, cette loi est
une &\. irine : elle est une dans son but qui
est émanation, absorption et assimilation.
Le fusionnisme connaît cinq ciels : le
premier, celui oii nous sommes. Les rela-
tions des hommes y sont superficielles et
bornées aux surfaces. La vie est instinc-
tive, individuelle, elle répond à la sensa-
tion et représente l'enfance de Ihumanité.
Le deuxième ciel est le monde des génies:
les individus commencent à se pénétrer
et à se reconnaître. La vie est à l'état de
conscience, elle répond au goût. C'est
l'adolescence de rhumanilé. Le troisième
est celui des anges. Les relations y sont
intimes. Les individus fusionnés les uns
dans les autres se sentent, se savent et
se voient tous dans tous. La vie est à
l'élat de sentiment, elle répond au flair
plus délicat que le goût ; c'est la jeunesse
de l'humanité. Le quatrième ciel est celui
des archanges. Les individus y conver-
gent tous vers un centre commun qui est
la pureté et tendent à constituer l'unité,
ici le mal expire. La vie y est à l'état d'in-
telligence : elle répond à l'ouïe qui est
une sensation intellectuelle et qui repré-
sente l'âge mûr de l'humanité. Le cin-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX 30 Décembre iyo6.
998 .
Oui, chère sœur, disait le prophète, c'est
: la mort qui universalise l'être, en le dél'ivrant
\ de la prison de sa forme actuelle, pour lui
I faire revêtir successivement toutes les formes
ç de son monde restreint pour l'épanouir dans
I l'immensité de Dieu.
i C'est la mort qui illumine subitement la
I vie et nous révèle le mystère de la création,
l en déchirant le voile qui cachait à notre âme
S des résultats merveilleux de la loi de fusion,
i La mort, loin de détruire l'être, le ressus-
i cite dans l'intégrité de sa vie,
I Babick, qui fut membre de la Com-
I mune, enseignait cette doctrine sur les
I bords du lac de Genève,
\ Parmi les propagateurs de cette foi,
; survit encore M. Godefroy qui fut direc-
; teur d'école communale à Paris. En 1902,
j mourait le continuateur de la doctrine,
\ M. Victor Choque.
i La lettre de faire-part est intéressante à
j consulter en ce sens qu'elle est une mani-
I festation fusionienne, à l'heure la plus
; grave de la vie qui est apparemment la
i dernière.
j M.
I Vous êtes prié d'assister à l'Inhumation
i de
I I^Ionsieur Victor CH0Q_UE
I trépassé le Mardi 2 Décembre 1902, dans sa
i 76' année, en son domicile, rue de Turbigo,
i n» 70 ;
I Hem^euse soit sa Résurrection !
I Qui se fera le Jeudi 4 courant, a 2 h. 1/2
I iras précises .
\ De la part de Madame CHOQ.UE, sa
î veuve ; de Monsieur Edouard CARON, son
j gendre ; de Madame et Monsieur Georges
I ZURENGER,de Mademoiselle Anna CARON,
\ de Messieurs Emmanuel et Edouard CARON,
\ ses petits-enfants ; de Madame veuve VIN-
' CENT, sa sœur ; des familles CHOQUE,
i
quième ciel est le monde des séraphins. | CARON, VINCENT, et de ses amis ;
Les individus dans ime harmonie com- I ^^ ^^ la Famille Fusionieane Univer-
plete, aiment et veulent le bien de la \ selle
même manière. Le mal n'existe plus. La
vie y est à l'état d'amour : elle répond à
la vue qui est le sens le plus élevé et re-
présente l'âge sensible de l'humanité.
Dans le fusionnisme, on ne meurt pas,
on ressuscite. Lorsque la catastrophe du
bazar de la Charité fit tant de deuils, les
îusionnistes, convaincus qu'ils apporte-
raient un grand soulagement à beaucoup
de douleurs, rééditèrent une lettre aposto-
lique écrite en 1851 par Tourreil, à la com-
tesse de Brassac qui venait de perdre un
être cher.
« Les temps de larmes et
de deuil sont clos. L'heure
de la résurrection est arri-
vée ; la mort n'est pas la
mort ; c'est l'agrandisse-
ment de la vie par l'éveil
de notre conscience dans
toute la substance que
nous avons élaborée du-
rant notre existence, et qui
est allée s'incorporer par
la Loi de fusion à tous les
êtres de la terre.
« Par cette évolution
N' 1134.
L'INTERMEDIAIRE
999
sublime^ nous accomplis-
sons une métamorphose
semblable à celle de la
chrysalide qui, après s'être
traînée péniblement sur la
terre, s'envole radieuse sur
des ailes diaprées dans
l'azur du Ciel et dans les
rayons du soleil ».
On se réunira à- la Maison iiiortuaire
En cas d'oubli, prière d'en faire part
L'inhumation aura U u au Cimetière du
Pré-Saint-Gervais {Seine)
Je ne crois pas que cette petite chapelle
compte aujourd'hui beaucoup d'adeptes.
La tentative d'assassinat de
David d'Angers (LUI, 5). — Ce serait
bien « rude » de prêter au célèbre
sculpteur de ce nom, un pareil rôle,
et cependant en lisant la question posée
par Y, j'ai été frappé des coïncidences
qu'elle présente avec un article paru du
10 au 15 janvier, dans un journal de
Paris, la L/^^r/i?, je crois. Je l'ai recherché,
sans pouvoir retrouver ce numéro. La
jeune fille était une enfant trouvée, confiée
par un curé aux soins d'une vieille femme.
Elle s'appelait Clémentine, et comme elle
avait de beaux traits, elle se louait comme
modèle.
Elle a servi de modèle à David d'An-
gers pour la jeune Grecque à demi cou-
chée sur la tombe d'un héros de l'anti-
quité et épelant, avec son doigt, le nom
gravée sur la pierre
La rivalité ardente et haineuse des deux
artistes était au long racontée dans cet
intéressant article que je suis aux regrets
de n'avoir pas plus exactement noté.
Cz.
Au sujet de cette tentative d assassinat,
le fils de l'illustre sculpteur nous adresse
l'intéressante lettre suivante qui met hors
de cause tout rival célèbre :
Cher monsieur,
Pendant que j'étais auprès du lit de mon
père, dans les tous derniers temps de sa vie,
comme il ne pouvait presque plus me parler
que par les yeux, je lui renouvelai encore
la demande que je lui avais faite bien sou-
vent, de me dire le nom de son assassin. 11
n'avait jamais voulu me le dire.
Alors lui faisant un petit mensonge, je lui
promis de ne pas le répéter. En me regar-
dant, et faisant de grands efforts, il pronon-
çait le nom de Bra...me. montrant avec
1000
faire mouvoir
celui qui
celui qu'il pouvait
était paralysé.
Quant à la jeune fille qui lui avait servi de
modèle pour la jeune Grecque, et qui non
encore tout à fait corrompue, n'avait pu
résister au désir de ne pas-être complice du
guet-apens, ourdi par les mêmes ennemis, je
ne puis vous donner de nouveaux détails.
J'évitais en causant avec mon père, travail-
lant dans son atelier, de le questionner au
sujet de son assassinat : il détournait tou-
jours la question.
Dernièrement, j'ai raconté à M. Àlph.
Séché, jeune écrivain, originaire d'Ancenis,
ceci :
Mon père très observateur, aimait suivre
les fouies. Un soir, il était place de l'Odéon
pour voir entrer les masques. C'était au mo-
ment du carnaval. Il se disposait à rentrer
rue d'Assas, il prend la rue de Vaugirard, et
remonte cette rue jusqu'à la place des Carmes.
Il avait remarqué qu'il était suivi par un
monsieur de haute taille, chapeau mou, ra-
baissé sur les yeux, drapé dans un manteau.
S'étant arrêté, l'homme s'arrêta aussi. Il
faisait clair de lune et l'ombre du suiveur
venait jusqu'à lui. Par extraordinaire, il
n'avait pas ses pistolets que la préfecture lui
avait permis de porter sur lui depuis la ten-
tative d'assassinat. 11 hâta un peu le pas. Au
détour de la place des Carmes, il tourna à
droite dans la rue d'Assas, marchant tou-
jours au milieu de la rue déserte, très éclairée
par la lune. Il sentait l'homme approcher.
Enfin, arrivé à notre grande porte cochère,
il frappa avec le marteau- Aussitôt, comme
d'habitude, on lui ouvrit et il entra.
A peine était-il dans la cour qu'il entend
un coup violent sur la porte, Il attend quel-
que temps, va prendre sofi arme et redescend.
Il ouvre la porte, il n'y avait plus personne.
Le lendemain matin, il vit un trou dans le
bas de la porte, trou fait avec une arme que
l'homme furieux avait plantée dans la porte.
Souvent, il m'a raconté l'émotion que, bien
que très courageux, il avait ressenti, car il
n'avait rien pour se défendre et à ce moment
là il n'avait pas voulu me dire le nom du
spectre qui était toujours le même
Bien des fois, près de Saint-Germain-des-
Prés, près d'une fontaine qui n'existe plus, et
dans l'eau de laquelle un ouvrier a lavé la
plaie de mon pèie, celui-ci m'a montré cette
place où tout enfant je l'entraînais souvent.
Voilà, cher Monsieur, quelques renseigne-
ments que je suis heureux de vous donner.
R. David d' Angers.
Le Directeur-gérant :
GEORGES MONTORGUEIL.
I Imp. Daniel-Chambon, St-Amand-Mont-Rond.
%abk îieg Matières
ar.-ïS. — * Ce signe indique des réponses à des questions posées dans les volumes pré-
cédents.
** Ce signe indique les articles insérés sous les rubriques : L^ilres et documents
inédits. Trouvailles et Curiosités.
Les autres titres sont des questions posées dans ce volume. Celles qui sont sui-
vies à' un seul chiffre de renvoi n'ont pas encore reçu de réponse.
A
Abbaye aux-Bois (Personnel de 1') en 1726,
3, 120.
Abbaye de Montmartre. Voir Vieux Mont-
martre.
Abbaye des Hautes-Bruyères. 29, 406.
Abbaye d'Hérivaux. 53,405.
Abbaye cisteicienne d'Herckenrode.85 i, 959
* Abeilles (Les) aiment la justice. 262.
Aboyeuses (Les) de Josselin. 506, 597, 717,
831, 883.
Absinthe (Ode à 1'). 85.
Accolé de Savalette. Voir Savalette.
Acevedo (Famille de). 165, 350, 975.
* Acteurs morts sur le théâtre, 30.
Action (L') inspiratrice intellectuelle des ali-
ments solides. Y a-t-il des écrivains qui
aient considéré cette question ? 396, 477.
Adoption : la question du nom. 164, 239,
350, 406, 464, 577, 797.
Adry (Le père) et les anas. 394, 532, 628.
A enquerre. 782, 925.
Agent de l'étranger en 1793. Voir Valen-
ciennois.
Aiguilles. Voir Cap des Aiguilles.
« Aimer, c'est à
vingt
ans faire acte de sa-
[ gesse I > 227.
du cardinal
aux armes
* Albani (Livres
Jean-Jérôme). 32.
Albert de Rions (d'). 128.
Alcoran (La vraie traduction de 1'). 896.
* Aligre (Le marquis d') accusé de plagiat.
188, 350, 521.
Aliments solides. Voir Action inspiratrice in-
tellectuelle.
Ambassadeurs vénitiens à la cour de France.
Voir Rapports.
Amélie (Lettre à la reine). 439.
Amélioration des races. Voir Société An-
glaise.
Anfreville. Voir Poirrier.
Amiraux d'Hector, d'Albert de Rions, de
Flotte. 128.
Amoral, Areligieux. 722, 932, 988.
Amour saphique (L'). 225.
Amour (Un) clandestin du duc de Saxe-Co-
bourg. Voir Panam.
* Ampère (Les distractions d'). 45.
Anagrammes. Voir Pierre de Saint-Louis.
Anagraphéana. Voir Hécart de Valenciennes.
Anas. Voir Adry (Le Père).
Anatole France (Les débuts de M.). 390.
69^.
Ancessi. Voir « L'Egypte et Moïse. »
Anciennes expressions. Voir Vin fLe).
Anecdote de la vieille bouteille de Sauternes.
Voir Coislin.
Angèle de Sainte-Croix. Voir Initiale à dévoi-
ler.
Angers (Université d'). Voir Thomas d'A-
quin (Saint).
Anglais (L') qui veut voir manger le domp-
teur. 674, 776.
« Angola » (Les passages soulignés d'). 224.
Angoulême (Mémoires inédits de la duchesse
d'). 49> ■73. '^'^^■
"^ Anjou (Mme d'). 294.
'•' Anscebon. 76, 121.
Ant, ent. Voir Pluriel.
Aoust (Famille d'). 556, 689, 741, 797, 918.
Appellations honorifiques (Les)dans l'armée.
614.
I Appolin Briquet. Voir Papineau.
Aqua bona et Aqna puta. 51.
I Aqua puta. Voir Aqua bona.
\ Arc (Le nom de Jeanne d ) écrit Johanna en
! Angleterre. 499, 563.
Aristide Ferrère. 725.
\ Armes d'Albani. 32.
Armes de Hongrie. Voir Hongrie.
Armoiries. Voir Bibliophile de la famiWe
impériale.
Armoiries et sceaux ecclésiastiques. Voir Em-
blèmes héraldiques.
Armoiries. Voir Haicourt,
Armoiries de Nos Seigneurs Dadolle et du
Vauroux. Voir Dadolle, Vauroux.
Du cardinal Jean-Jérôme Albani, 32.
Des familles de Morat et d'Hauterive, au
XVII'' siècle. 452, 697.
Ecartelé. . . 109, 295,
Sainte-Beuve. 6,138,
Armoiries à déterminer, à expliquer, à iden-
tifier, à rechercher, à retrouver :
D'or, à la croix ancrée. 837, 983,
D'or, au chevron de gueules. ^^)}, 530,
865.
* D'argent, à la fasce de sinople. 6, 199.
D'argent, à l'arbre de sinople. 109.
De gueules, à la tour d'argent. 452.
De gueules, à deux roses d'argent. 393,
530.
* D'azur, semé de fleurs de lis d'or et de
clefs d'argent. 93, 199, 253,300,473.
D'azur, «n la fasce d'or. 951.
D'azur, au chevron d'or, accompagné. 6,
138, 199, 233.
LIV. 19
LMnîermediaIRe
1003
1004
D'azur, au chêne d'or. 393, 530, 865.
D'azur, au lion d'or. 452.
De sinoplè. "Voir Ex-Iibris à détertiiiner.
838.
Accolé d'argent... 109, 254.
Un arbre et huit épis. 224.
Chévroh accompagné, 726.
Parti, au 1 , de. . . a 3 faâces de. . . 726.
A la croix d'Or, potencée. 782^ 925.
De.. . à 3 cygnes. . . 670. 813, 809.
Un baqjuet et une tour. 670.
Château de Grezieux. 726
Assiette de faïence armoriée. 6
Montauvril, 670.
Armoiries, Descriptions :
Angers (ville). 93.
Batailhe de Francès. 107. Beley. 199.
Bertin deVillars. 20. Bidal d'Asfeld. 189.
Bridet. 253.
Chanlatte. 351. Cliapitre du Mans. 199.
Chassebras,92 ! . Chippart. 92 1 . Colli. 83.
Colli Marchini.82. Croy.755,Cruy-Cha-
nel. Cuissart. 334.
Dadole (Mgr.), u). Dalon. 800. Daymar.
Dinvurse. 333.
Da Bue. 813. Duchastel. 254,
Ecusson ? (Est-ce un) 505, 587.
Faucle. 669. Felizzaiio (Colli dé) 83.
Foigny de Variniont. 448.
Gouy. 391. Gouy d'Alcy. 835.
Hongrie. 75s.
Koly. 82.
Le Coulteux. 971. Lemoine. 748, Lemoine
de Villarsy. 467. Lesbahy. 921. Leusse.
923.
Mancel. Mans (Chapitre du). 300. Marcon-
ney. 330. Maridort. ))). Melle (Ville).
473-
Obéville, 697.
Paris de la Montagne. 751. Pindray. 195,
245. Poirrier d'Amfreville. 837. Pons,
755. Poâtel de la Wothe. 391.
Quay (de). 27.
Rivière. 256. Rousselet. 28.
Saint-Mesmin. 921. Sassenage. •j'j.i^. Sava-
lette, 3,5, 252. Séguier. 138.
Tascher. 88, Terray. 191. Thierry. 157.
Toulouse (ville). 925.
Van der Sluys. 587. Veynes. 530. Vigneau
(du). 297. Voyer. 755.
Widrange, 869.
Yvernel de Montflambert.
Arnould (Saint), patron des brasseurs, ^g^,
516.
Arsenaux sous la Révolution. Voir Ouvrages,
Arvers (Le sdnnet d') est-il imité de l'ita-
lien. 162, 257, 302, 358, 423, 476, 700,
*Asfeld (Le baron d'), 188.
Assemblées religieuses clandestines tenues à
Villiers-le-Bel. 219.
Assiette de faïence armoriée : Ecu à déter-
miner. 6.
Associé ("un) du « Père Duchesne ». 947.
Au bloc ! 729.
Audebrand, (Philibert). Nécrologie. 440.
« Au fond des vains plaisirs... ».
Phrase à attribuer. 95)0.
Austerlifz. Voir Haiigwitz.
Autobus. 337, 426; 484, àt^), 699, 820, 876,
988. '
Autriche (Caroline d') . Voir Portraits à re-
trouver.
Auvillain (Jules). 892.
Avocat (L') du diable. 110, 308.
Avocate (La première femme). 3.
Avoir du foin dans se^ bottes. 841.
Azevedo, Voir Acevedo.
B
Bachelière (La première femme) en France. 2.
Bague avec devises. 56,254,353,473,532,881,
992.
Bague marquise. 9.
Baletti (Demoiselle) de la Comédie Italienne*
125,240.
Baletti (Dlles Rosa, Madeleine, Rosina) , 409.
Balzac (Honoré de). Voir « Lettres à l'Étran-
gère. »
* Baptême. 292, 855, 971.
Barbaze. 1756. 674.
Barré (Eugène). 892.
Batailhe de Francès (Jacques). 107, 522.
Batavia (Le théâtre français à). §95.
Bateaux à roues en 1779. 073.
Batines (Colomb de). Voir Battine.
Bâtons de maréchal de Castellane et de Bos-
quet. 50Î, 689, 798, 870.
Battine (Famille de). 221, 408, 52a, 74.1, 855,
920.
Baume (de la). Voir Griffet.
Beaudinard. Voir Richaud.
Beaune (Vin de). 58.
Beauvillars. Voir Richaud de Beauvillars.
Beaux-Arts (La première femme entrée aux).
3, 158.
Bédoyère (Le général La). Un projet d'éva-
sion. 500, 582, 676, 785, 907.
Bellecôte (de). Voir Sayde
Belzunce. Voir Favancourt.
* Bénédictins francs-maçons. 294.
Benoit XIV (La table du pape). 665.
Benozzi, comédien italien. 409.
Béranger (Généalogie de) . 4.
Béranger. Voir Masque mortuaire,
Berdolet évèque de Cologne. 161.
Berlin. Voir Pendant l'occupation français».
Bernique. 673, 819, 878, 989.
Berny (Mme de). Voir Inspiratrices bienfai-
santes.
Berry (La duchesse de) et Charles-Albert.
Découverte d'une correspotïdance secrète,
105, 176, 286, 345.
Berry (La duchesse de) bibliophile. 49.
Beriy. Voir Colonie anglaise.
* Berryer (Une pièce de vers napoléoniens
du grand) (18 10). 594.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1005
ioo6
Bertin (Mlle) compositrice. (Voir Èsméraicîa).
Berthoud (Feidinanà). 532.
* Bertin de Villars. 20, 125, 239.
Béthune (Famille de). 165, 239, 294,
Bibliographie napoléonnieniie. 394,533,597.
Bibliophile de la famille impériale. 278.
Bibliophile (La duchesse de Eerry). 49.
Bibliophile (S. M. l'impératrice Eugénie).
275- 345, 404, 461-
Bibliophile. Voir Kolly (Emma de).
Bibliophile J.-R. (Le). 57, 425, 643.
Bibliothèque de Saint-Philippe. 451.
Biblis. Voir Philon.
Bidal d'Âsfeld. Voir Asfeld.
Biographie de Galilée. Voir Galilée.
Biroche, voiture du xviii' siècle. 674.
Biiibi. 833.
Bisannuel et biennal. 562, 703, 820,876, 989.
Blaire (de). Voir Favancourt.
Blakey (Nicolas), Voir Louis XV (Portrait).
Blessebois Voir Le Hayer (Marthe).
Bloc. Voir Au bloc !
Blois (Crapaud de). 172, 267, 315,374, 431,
544, 602, 714, 881.
* Blondel (Jean-Baptiste), ingénieur a Paris en
1794. 20, 125, 240, 409.
Blondel de Joigny (Colnel). 835, 9^0.
Blondel (Les six), architectes. 409.
Bo... (F.). 166.
Bochart de Saron (Le président). 668,798,920,
Bodégat (Morbihan). Voir Sévigné,
* Bœuf gras. 209, 314.
Bohémiens. Voir Tarot.
Boigne (Les mémoires de Mme de). 899.
Bois de sape. 506, 599, 704.
Boissières (Jean de). 780, 921.
* Bol sein . 599.
Bonaparte ('Pauline). Voir Leclerc.
Bonaparte (Une fille naturelle de Jérôme
686, 732, 846, 960.
Borch (Michel-Jean, comte de). 8j6.
* Borde (Château de la) près Melun. 30,
Bosc de la Calmette (Les) au sujet d'un
vrage récent. 226,
Bosquet. Voir Bâtons de maréchal
Boucher et Chanlatte (Familles)
224, 35T.
Bouchot (Henri). Nécrologie. 664.
Bouffiers. Voir « Les voilà... »
Bougeotte ou tracassin ? 616, 765, 877
Bourbon du Maine (Un), comte des Minières.
892.
Bourbon-Penthièvre. 279.
Bourbonnais. Voir Régiment du Bourbon-
nais.
Bourdon (Un) quinze fois séculaire, 315.
Branler la tète. Voir Secouer.
Bras. Voir Donner le bras.
Bras droit de Charlemagne.Voir Charlemagne.
Brasseurs (Patrons des) : Saint Arnold, Saint
Médard, Saint Nicolas. Voir Arnould (Saint).
Bréhat (Quel était le régiment envoyé en
1803 à). 947.
553,
120.
on-
au Mans.
Bretagne (Anciens termes, anciennes formes
aU pays de). 840.
Bretagne. Voir Révolution.
Bricquemaut (Les). 836, 918, 973,
* Bridge (Le père du). 712.
Brinon (Yves de), traducteur de Tacite. 166,
Broussaiâ (Un mot de). 501, 628.
Bruneau (Les descendants de) l'un des pré-
tendus dauphins 329, 456, 509.
Brunel (Le conventionnel). I08, 190.
Brys. Voir Paye de Bris.
* Bucquoy (La coftitesse de). 21.
Burton (Francis). Voir Contes orientaux.
* Busnach (Comme quoi nous devons au
grand-père de M. William) d'avoir con-
quis l'Algérie. 397, 512.
Byron (Mémoires de lord). 273.
Byrrh, apéritif. 1 1 1 .
Cadrans solaires à l'intérieur des églises. 1^0,
261, 543
* Cadrans solaires en couleurs. 614.
Cadrans solaires Voir Inscriptions.
Cahors. Voir Usuriers.
* Caillot de Pommares (Famille) 975.
Calmette (La). Voir Bosc.
Calvin et le hameau d'Enfer. 889, 974.
* Cambronne à Waterloo. 845.
Camisards. 951.
« Camoëns ». Drame de V. Perrot. 672, 767.
Camp de César à Wissant. 442, 513, 563.
Canada. Voir Papineau.
Candeille (Mlle Julie. Voir Utilité morale.
* Canot automobile (Le). 7I2.
Cap des Aiguilles (Le). 164, 348.
* Carabas (Le marquis de). 775.
Cardillac (Les). Lettres à M. de Villette.
tament, états de service à retrouver,
Tes-
166,
295, 522, 922.
Cari, Voir Coli.
Carli Rubbi (le comte Jean-Renaud). 755,
809.
Carnets du Roi. Voir Les Carnets.
Carrelage à retrouver, 67;^.
Carrency (Princesse de). Voir Kerry (Lady).
Carrier-Belleuse en 1794. 721.
Carte de France par M. de Laborde. I06,
* Cartes postales. 38.
Castellane. Voir BAtons de maréchaL
Castelnau (de), peintre. 221.
* Célibat ecclésiastique. 534, 644.
Certain (Mlle) poétesse. 167.
César. Voir Camp de César.
« C'est ma guerre », mot attribué à l'impé-
ratrice Eugénie. 218, 288, 346,
* Châle. 993.
Chalon de la Marinière (Hardouin de). Voir
Marinier.
Changeinent de genre de noms propres.
Voir Noms propres.
Chanlatte. Voir Boucher.
Chanoine. Voir Monsieur le chanoine.
L'INTERMEDIAIRE
1007
1008
Chanson antibonapartiste. 503.
Chansons lorraines antérieures au xix« siècle.
738, 874.
Charlemagne (Le bras droit de). 161, 229.
Charles i" (Le véritable). 554, 683,789.
Charles X. Voir Polastron.
Charles-Albert. Voir Berry (La duchesse de).
* Chariot Malbrough. 986.
Chartes des colonies (Dépôt des). 446,. 591.
Chasscbras de Cramailles. 556, 743, 798, 921 .
* Chassclle. Comète. 97, 145, 20s, 312.
Chasseurs de Picardie. Voir Picardie.
* < Chasseurs pris par la nuit. , . »
Vorî à retrouver. 94, 262.
ChasttUux. Voir Bédoyère (La).
Château de Haut Kœnigsbourg. Voir Haut
Kœnigsbourg.
Château de Hierge sur la Meuse. 73.
Château de Moritaigne. Voir Montaigne.
Château de Saint-Maurice. 53, 185.
* Châteaux de France. 406, 577,637,740,854.
Châteaux hantés. 504.
Châtelet (Mme du) et son valet de chambre.
447. '='33-
Châtenay (La seigneurie de). 724.
Chauvigny. Voir Chouvigny.
Chazot (Famille de), 556, 689.
* Chefs-d'œuvre achetés à des prix dérisoires.
418, 929.
Cheminées ayant servi de cachettes ; plaques
retournées. 671, 9 »4.
Chénier (Vers attribués à André). 615.
Chcrot (R. P. Henri). Nécrologie. 384.
Chevau-légers. 667, 849.
Chiens sauveteurs (Les). 562.
Chine (Relations de l'empire romain avec la)
118, 235, 913.
Chiner. 95 i .
Chintreuil. Voir Ma.sque mortuaire.
Chouvigny, Chauvigny. Sa généalogie. 168.
Christ et saints empaillés. 7, 94.
Christ. Voir Monogramme.
Christophe (Saint) et l'enfant Jésus. 10, 139,
200, 304, 419, 753.
Citation de Atontaigne. Voir Montaigne.
Citations latines (Deux) : Patere legem... ;
Quos vu!t perdere. , . 899.
Civilisation européenne. Voir Société anglaise.
Civitas Victoriacensis . 849.
Clabat du Chillou. 758.
Clairon (Mlle) à Rouen. 168, 296.
* Clemenceau (Le pasteur). 21, 127.
Cloche de bois Voir Déménager.
Clootz du Val de Grâce (Le baron de). Voir
France et ses limites naturelles.
Cocquard auteur de « La Plainte amoureuse ».
423.
Coislin (Anecdote sur M. de) et une vieille
bouteille de Sauternes. 900, 987.
* Coli, Gali, Cari. 94, 203, 365, 820.
CoUin de Plancy (Légendes de). 36, 143.
Colonel (Le nom d'un) 104.
Colonie anglaise dans le Berry. 498, 624.
Colonies (Dépôt des Chartes). Voir Chartes.
'Comédiens français en Egypte. 230, 343.
Comète. Voir Chasselle.
Compagnies d'assurances (Les). 338, 598, 712.
Complainte sur la mort de Marat. 46.
Comtesse obscure (La). 441, 513.
Concours du prix d'Utilité morale. 51.
* Condamnation de Jésus. 13,59. '^°' 229.
* Conduite de Grenoble (Faire la). 996.
Connu comme le loup blanc. 148, 262, 313.
Conseil de guerre. Voir Montreuil.
Considérant (Victor) et sa doctrine. 836,940.
Contes orientaux jetés au feu. 329, 64^, 767,
Contre-petteries. Voir Lapsus au théâtre.
Conventionnel Brunel (Le). 108, 190.
Couvents maçonniques au xvui" siècle. 499,
596.
Coran (Charles). Voir « Chasseurs pris par la
nuit. . . »
*Corbeil (Un incendieviolent à) en 1775-795.
Cordeliers (Le distiict des) en 1789.725, 845.
* « Coriolan » ou « Coriolan chez les Vols-
ques » . 595 .
Correspondance secrète. Documents inédits
relatifs à Mme la duchesse de Berry. Voir
Berry.
Coup de pistolet du 24 février. Voir 24 fé-
vrier.
Coups de feu (Premiers et derniers). Voir
Guerre de 1870.
Cour. Voir Fournisseurs.
Courrier de Londres. Voir « Le Courrier de
Londres. »
Coutel (Le peintre). 54.
Coutumes relatives au port des sabots. Voir
Sabots.
Couvent à proximité de la Porte-Dauphine.
Voir Porte-Dauphine.
Cramailles. Voir Chassebras.
Crapaud de Blois(Le) 172, 267, 315, 374,431,
544. 602, 714, 881.
Creli Donato, peintre. 612, 976.
Cressentini, soprano. 629.
Cresson, préfet de police. Voir Etudiant amé-
ricain.
Cressonnière(Le chevalier de la). 669, 799, 856.
Creti (Donato). Voir Créli.
Croix. Voir Signe de la croix.
* Croix huguenote. 417, 473, 587.
* Crouy-Chanel (Famille). 754.
Crozat-le-Pauvre. Voir Fontaine de Saint-
Valery.
Cruy-Chanell. Voir Hongrie,
Cuissard, du Beauvaisis. 334, 745, 856.
Culture de la vigne. Ouvrage à retrouver. 171,
260, 307.
Cupido triumphans. 897.
Cuthbert (Saint). Voir Étole.
Cygnes et Amours. Voir Exlibris.
Dacquin (Jenny).
santés.
Voir Inspiratrices bienfai-
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1009
-1010
* Dadole et du Vauroux (NN.SS,). 03.
* Daïra, histoire orientale. 816.
Dalon (Le marquis). 612, 799.
Dame aux Camélias. Voir Manon Lescaut.
Dame de lit. 561 , 96=;.
Dames tusses (Les i et leurs caméristes : sup-
plices extraordinaires. 841, 929.
Danaé (La) du peintre Girodet. 170.
Danjou. Voir Anjou (d').
Danse (La) des six visages. 952.
Danses espagnoles et arabes. 338.
** Danton (La vente des meubles de) à Sèvres,
après son exécution. 319, 342, 456.
** Danton et la Fontaine d'Amour. 380.
Dantzig (Descendance du duc de). 447, 579,
690, 799.
** Daudet et Mistral. 271.
* David d'Angers (La tentative d'assassinat
de). 999.
Daymar. 168.
* Debraux (Le chansonnier Emile). 557, 745,
977-
Deburau (Sépulture). 855.
Décadi. Voir Dimanche.
Decheon (Le peintre). 836.
Dégobiller. Voir Etymologie à rechercher.
Delas (Famille). 499.
* Delorme (Philibert). 135.
Delsart, secrétaire des audiences et cérémo-
nies royales. 557, 690.
Deluzy (Mlle Henriette). 136.
* « De malheurs évités le bonheur se com-
[po-e. » 257.
Déménager à la cloche de bois. 899.
Dentition, denture. 951.
Denture. 45 i .
Depaulis. Voir Médaille.
De profundis. 5S5, 968.
Dépôt des chartes des colonies. Voir Chartes.
Dernières paroles (Les) des exécutés. 940.
Desbarolles (Ad.) Lettre sur l'abbé Michon.
Descendance de Mlle Caroline de Nerciat.
Voir Nerciat.
Descendance du duc de Dantzig. Voir Dantzig.
Descendants de Mathurin Bruneau. Voir
Bruneau.
* Deschamps (Antoni) : sa vie et son œuvre.
522.
Deschamps et Page de Saint- Wast (Familles).
108.
Desfontaines. 780.
* Desportes (Libres ayant appartenu au poète)
201.
Deud, Voir Mystère (Un) au xv!!*"- siècle.
Deux Décembre. Voir Femme.
Devise : More dove niattacn. i^^6, 757.
Diable (L'avocat du). 1 10, 308
* Diable de fille. 539, 646.
Dictionnaire de P.-J. Leroux. Voir Leroux.
* Diderot enterré à Saint-Roch. 46^.
Dieu lui-même a besoin de cloches. Voir
Lamartine (Un mot de). i
Dieu protège la France. 833.
Dimanche (Le) et le décadi . 274,378,438,490,
508, 563, 625.
Dinurce. Dinverse. Voir Diverse.
* Distique à attribuer. 642, 769.
Distractions d'Ampère (Les). 45.
District des Cordeliers Voir Cordeliers.
Diverse. Dinverse. Dinurce. Dynurce. Dyvurce.
d'Inverse. d'Iversay. 332.
* Documents phalliques (Les). 341. 643, 985.
Doigt dans l'œil (Se mettre le). 563, 820.
Dompteur. Voir Anglais qui veut voir man-
ger le dompteur.
Donner le bras. 396, 599.
Douglas Home (Le fils de). 5, 191.
* Dragons-Liancourt (L'uniforme d'un capi-
taine au régiment de) en 1775. 14, 61 .
* Droit d'asile (Le) dans la France moderne.
Droite (La) d'un tableau, d'un édifice. 395, 641.
Drouyn de Lhuis et « l'Imitation de Jésus-
Christ >. 893.
Dubois (M.). Voir Sainte-Beuve.
Dubois (F.-N.) de Rouen et son « Histoire
secrète ». 58, 351, 743.
* Ducloux (Marcj. 414, 628, 856.
Duel de Jules Simon. Voir Simon.
Dumas (Alexandre) Voir Ferrier (Ida).
Dumas (Alexandre). Voir Pailleterie (marquis
de la). 638.
Dumay, directeur des cultes. 613, 859.
Dumont d'Urville. 498, 579, 628.
Diinkelgrafin. Voir Comtesse obscure.
Du Parc (Gros René). Voir Porteur de chaise.
Duplessis (Marie), Voir Manon Lescaut.
Durand de Mézy. (Un fermier général à la
Bastille). 611 .
Durfort, duchesse de Mazarin (Ouvrages sur
Louise de). 672, 816, 872, 929, 985.
** « Du Roc Sort Manne » (Le mytérieux
conteur). 942, 985.
Dutacq, 221, 351.
Duvignau. 403.
*Duvigneau(Le général). 127, 190,297,402,
(391, 800, 977.
Dynurce, Dyvurce. Voir Diverse.
Eaux de Vichy, Voir Vichy,
* Echelle du Levant. 120.
Eclectiques. Voir Société des Eclectiques.
Ecole des Chartes(Preriiière femme à r).7ii.
Ecole religieuse de fille (Une) en 1860. 501,
576.
Ecu à déterminer (Assiette de faïence armo-
riée). 6.
Ecu et livre (Monnaie). Voir Valeur.
Eglise de Paris (Une ancienne) à retrouver.
501, S75-
Eglise Sainte-Maj'ie. Voir Eglise de Paris,
Eglises disproportionnées. 393, 641 .
Egmont(La comtesse d'). 609.
L'INTERMÉDIAIRE
1 0 1 I
loi;
sceaux
au
pont
771.
2.31-
764, 879.
546, 6=i4.
Egypte. Voir Comédiens fiançais.
Eléphant (L') en danger. 900, 991.
* Elfride (La jeune). 258.
« Emaux et camées ». Voir Femme.
Emblèmes héraldiques ; arnioiries et
ecclésiastiques modernes. 335, 640.
Emmarvoyer. Voir Randouiller.
* Empêchements légaux des candidats
mariage. 917.
* Empire romain (Relations de 1') avec
Chine. 1 18, 235, 913.
Encore une légende qui s'en va. Le
Notre-Dame et le frère Joconde. 666,
* Enfant (Le septième) ou le septième
çon?4i, 102, 154, 314.
Enfants de Napoléon le"". 946.
Enfer, hameau de Seine-et-Oise. Voir Calvin.
* Enghien (Le duc d'; au fossé de Vincennes.
906.
En purette. 504, 6^^, 704,
Envoyer à l'ours. 281, 429,
* Epatant. — Flapi. 205.
Eperon d'Or (^L'ordre de 1'). 335, 587.
Epinay (Mme d'). Voir « Les voilà. . . ».
Escargot (L') de la cathédrale de Troyes. 671,
813.^
« Esméralda » livret d'opéra, par Victor Hugo.
Est-ce un écusson ? 505, 587.
Estrées (Mémoires de Gabiielle d'). 506, 591.
Etat civil. Voir Officiers de l'état civil.
Etats de service. Voir Cadilhac.
Eteignoirs. 331, 474, 658, 760.
Etole de saint Cuthbert à Purham (Angle-
terre). 560, 870.
Etole de saint Thomas de Cqntorbéry, à Sens.
560.
Etudiant américain (Un) victime du siège.
375.
* Etymologie (Une) à rechercher. 38,
541 •
* Etymologie des noms de famille. 350,
539-
Eugénie (L'impératrice). Voir Charlemagne
(Le bras droit de. — « C'est ma guerre ».
Eugénie (S. M. l'impératrice) bibliophile.
275, 345, 404,461.
Evasion (Projet d'). Voir Bédoyère(La).
Evèché de Maillezais. 4.
* Excusez du peu ! 654.
Exécution de Henri de Montmorency à Tou-
louse. 193, 400, 844, 053.
Exil (L') d'Ovide. 428, 514.
Ex-libris. Voir Mancel (M.).
Ex-libris avec cygnes et amours. 838, 926,
Ex-libris de médecins français. 727, 926.
Ex-libris à déterminer : de sinople. 838.
Ex-libris. Voir Anscebon.
Fabre de l'Aude. 499, 692,
425,
475,
Faïence (La) du seigneur de la Roche-Chan-
dry. 390, 694.
* Falcon (La). 23 .
* Fiimilles à origine illustre très ancienne,
78, 123, 293, 408, 463, 521, 628, 797, 9 '7-
Familles. Voir :
Aoust. Azevedo.
Batailhe de Francès. Battine. Béthune.
Bosc de la Calmette. Boucher.
Chanlatte, Chauvigny, Voir Chouvigny.
Chazot. Chouvigny. Colomb de Battine.
Delas. Delorme, Voir Lorme (de). Des-
champs.
Faucle. Fleuret. Fournier de Lamartinie.
Gaujoux. Gouy.
Harcourt. Hauterive.
Joyeuse. Voir Villaret.
Lamartinie. Voir Fournier. Lorme (de).
Lemoine.
Montigny. Montmorency. Morat.
O'NeiU de Tyrone. 628.
Page de Saint-Wast. Pailleterie (Davy de
la). Piles. Pindray. Postel. Poullajn
de Trémons,
Qiiay.
Souhigaray.
Touzin. Trémons. Voir Poullain.
Vandenesse. Vaynes. Villaret de Joyeuse.
Farnèse (Alexandre). 893.
Farnese (Les). 497 .
Fassie (M ). 168.
Faucle (Famille). 669.
Favancourt, de Blaire, Belzunce. 54, 253.
Favart (Mlle Marie). 499, 580.
Faux Dauphin. Voir Bruneau.
Faye de Brys, médecin en premierde l'armée
du Midi (Avril 1792, au 20 Nivôse an
III). 448.
Fechter78o, 923, 978.
Femme (La première) entrée aux Beaux-Arts.
3, 158.
Femme (Une) des « Emaux et Camées » et
du Deux Décembre 1851 : Mme Kalergi.
894, 980.
Femme avocate (La première). 3,
Femme bachelière iLa première) en France. 2.
Femme (La première) concourant pour le prix
de Rome. 3.
Femme (La première) inscrite sur les listes
électorales. 3, 71, 159.
« Femmes à la mer ». Voir « Une jolie
fille ».
Femmes confesseurs (Les). 665, 967.
Femmes du harem, mariées en France. 894.
Femmes : les premières conquérantes des
diplômes masculins. 2,3, 68,71, '57»'5^>
159, 210, 711.
Femmes médecins et internes (Les premières).
2, 68, I 57, 210.
Fermier général à la Bastille, Vojr Durand
de Mézy.
Ferrère. Voir Aristide Ferrère.
Ferrier (Mlle Ida). 893, 978.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1013
1014
Fersen (Portrait du comte de). 893.
Festieux, corriiiiune de l'Aisne. 949.
Fêtes, danses et spectacles nus. 237, 370,
48^, 707, 991-
Feuilleton parlé (Le). 503.
Figuier (Pierre). ;s6.
Fille naturelle de Jérôme Bonaparte. Voir
Bonaparte.
Filles de Georges III. Voir Georges.
* Flahaut (Famille de) . 22, 127.
Flammarion (Isidore). 894.
Flancher. 280, 366, 426.
Flapi . Voir Epatant.
Fleuret (Famille de). 948.
Fleury (Portrait [de l'abbé] de). 334.
* Fleury (Où sont les dépouilles mortelles du
cardinal de)? 127, 241.
Florac (M. de). Voir Kerry (Lady),
Florin rémois. 838.
Fœfor suburaniis . Voir Odeur rance,. .
Foigny de Varimont. 448, 580.
Fontaine Saint-Valery (La) à Montmorency,
388.
Forestier, peintre de bannières. 557.
Fortune (Les roues de). 228, 371, 432, 480,
545, 601, 657, 772, 823.
Foulard (Isidore). 169.
Fourés (Mme). Voir Napoléon.
Fournier de Lamartinie. 169, 297.
Fournisseurs de la Cour. 395.
**Fragonard, propriétaire. 272.
Fraguier (Le chevalier). Voir Kerry (Lady).
France (La) et ses limites naturelles. 667,
793,846,960.
Franc-maçonnerie. Voir Louis XVI et la
franc-maçonnerie.
Francs-maçons. Voir Bénédictins francs-
maçons.
Franconville (Les seigneurs de), 556, 688.
Francops. Voir Inscription tombale.
Frédéric (Lettres du grand) à Voltaire. 553.
Fuite de Louis-Philippe. Voir Louis-Philippe.
Fundatus (Traduction du mot latin). 227,
364-
Furstemberg. Voir Rue de la Paroisse. 915.
Fusion (Loi de la). Voir Tourreil.
G
Gaceta de Madrid en 1724. 336.
Gâcon. Voir Prix acadéjnique.
Gali . Voir Coli .
Galilée (La biographie de).o97.
Gallois de la Tour (des). Voir Moulins (Le
preiiiier évêque de).
* Gambetta (Projet de mariage de). 801,859,
978.
Gambetta et la dame du ministère de l'inté-
rieur. 611.
Gambetta (Une lettre de la jeunesse de). ;
718.
* Gamelin (Jacques). 244,
Gandonnière (Almire ou Almyre"). 782.
Garât (La fille de l'illustre chanteur) de-
mande l'aumône. 385.
Garçon (Le septième enfant ou le septième).
41, 102, 154, 314.
Gaujoux (Famille) en Amérique. 167,
Gaceta de Lesboa en 1723. 336,
« Gazette rimée ». Voir Jehan Flamel.
Gendarmes (Les) de la garde du Roy. 667.
79°-
Généalogie de Béranger. 4,
Georges III (Les filles de). 610, 735, 906.
Geraldines d'Irlande et d'Angleterre. 949.
Gérardmer. 338, 543.
Gerardy (Paul) auteur de « Les Carqets du
Roi », 643 .
Gherardini de Toscane et Geraldines d'Ir-
lande et d'Angleterre. 949.
Girardin (Mme de). Voir Lamartine.
Girodet. Voir Danaé.
Gitanos (Le roi des), 945.
Givors. Voir « Tu n'es qu'un Giyors ! »
* Globe (Origine du) comme attribut imp^T
rial. 9^, 330.
Goethe et Mérimée. 448.
* Gœthe (Sources). 415.
* Gœthe, son dernier mot. 24.
Gond de porte. 727.
Gorjy. 169, 297.
* Gouttière. 260.
Gouvernaildes jonqueschinoises, 614, 753,
986.
Gouy,de Postel,de Touzin (Familles de).39i.
Graisse humaine. 952.
Grande princesse (La) et ses pages, 779.
Grands relieurs du xix^ siè'îlè. 109,307,821 .
Grarivelle (Perreriot de). Voir Portraits à re-
trouver.
Graphologie. Voir Michon.
Grassari (Mme), cantatrice, 499, 629.
Grassini, cantatrice, 629,
Grandet (Joseph), père de l'histoire angevin?
400.
Giavelle (Pierre) auteur des « Vers funèbres
sur le trépas du prince de Bourbon ». 143.
* Graveur "du xvii' siècle au monogramtne
A. S. entrelacés. 33.
Grenoble. Voir Conduite.
Grifïet de la Baume, ingénieur desAIpes-Mg-
ritimes entre 1790 et 1810. 335, 465.
Grimaldi (Mgr Louis de). 499, 6}^.
Grimod de la Reynière (Le souper de). 561,
633, 694.
Griscelli. 836, 978.
Gros-René. Voir Porteur de chaise.
* Grouchy (Famille de). 523.
Guéronnière (La). Voir 24 février.
Guerre de 1870. — Premiers coups de feu.
— Derniers coups de feu. — Premières
victimes — Dernières victimes. 106.
Guillaume (L'empereur) est-il entré dans
Paris en 1871 ? 777, 843, 909, 959-
Guiilotin. 169, 244.
L'INTERMÉDIAIRE
lOIÇ
IO16
Guillotine (La) à l'eau de rose. 667.
Guymon de la Touche. 279, 352.
H
Harcourt (Alliance de la famille d'). 51, 190.
Haiem. Voir Femmes.
Haudiquer de Blancourt faussaire . Voir
Chassebras.
Hauterive. Voir Armoiries.
Haugwitz (Le comte d') à la veille d'Auster-
litz. 610, 747.
* Hautes-Bruyères (Le monastère des). 29,
406.
Haut-Kœnigsbourg (Le château de). 447, 518.
Hébert (M.). 169, i^Si, 746.
* Hécart, de Valenciennes. 80, 191 , 416, 747.
* Hector (d'), d'Albert de Rions, de Flotte
(Amiraux). 128.
Helenus 446, 520^ 627, 829, 854.
Henrichemont Voir Colonie anglaise.
Henri IV. Voir Moret (Le comte de). Vers
sur Henri IV.
** Henri IV (La barbe de) et le médaillon de
Mlle Pluche. 660, 681, 789, 901, t 56.
Herckenrode (Abbaye cistercienne de). 891,
959-
Hérivaux (L'abbaye d'). 53, 405.
Hermine (L'ordre de 1'). 279, 417, 641.
* Hierge (Château de) sur la Meuse. 73.
* « Histoirede la Perse » (L'), sonauteur. 35.
Histoire (Une) de la guerre de Vendée, 672,
81?.
Histoire et iconographie de Mandrin. Voir
Mandrin.
« Histoire secrète >. Voir Dubois (F. N.)
Hocher la tête. Voir Secouer.
Hœkœnigsburg. Voir Haut-Kœnigsburg.
Homme (Un) pris pour une femme. 503.
Homme rouge (Le petit) des Tuileries et
Napoléon 1". 445, 511,571,625, 737.
Homme sauvage (L') en héraldique. 613,754,
813, 925.
Hongrie (Les armes de) et les Cruy-Chanell.
56, 754, 869, 982.
* Horsain. 310.
Hortens«(La reine) et l'amiral Ver Huell. 1,66,
116, 174, 333, 288, 339, 402, 460.
Hôtellerie du Parc (L') à Lyon. 107, 209.
Hozards (Hugues des). 836.
Hugo (La mansarde de Victor). 979.
* Hugo (Victor). Sa généalogie. 416.
* Humbert (Le général) (1707-1S23). 80.
* Ici on donne le gris. 987.
Ifs (Les) près des églises. 784, 88s.
lled'Aix. Voir Procès-verbal dressé sur le sé-
jour de Napoléon.
Ile découverte en 1772. 49, 178.
Iles anglo-normandes. 387, 462, 576,623,
738, 984-
« il faut bien que je les suive, puisque je
suis leur chef ! » 730, 873.
« Il y a des années où l'on n'est pas en
train ! » 281, 543, 60s.
Illuminé polonais. Voir Towianski.
« Imitation de Jésus-Christ. ». Voir Drouin
de Lhuis.
Immortalité de l'âme. Voir Moïse.
* hnpéria (La belle). 185.
ln-8, in-i2, in-i6, etc.. 504, 598, 644, 701,
875.
Indulgences (Publication d') en faveur de
l'hôpital des Quinze-Vingts. 446, 532,589.
Initiales à dévoiler. 727. 874, 9X3.
* Inscription latine (Une) à traduire. 3 1 5,
475-
Inscription tombale a. b. i. d. — Francops.
612.
* inscriptions des cadrans solaires. 363,641,
989.
Inspiratrices bienfaisantes (Les). 668, 817.
Introduction du poivre en France . Voir
Poivre.
Invctii portum. Voir Distique à attribuer.
Inversay (d'). Inverse (d'). Voir Diverse.
« Isabelle grosse par vertu. » 783, 876.
« Isle Savary » (Les reliures de la bibliothè-
que de 1'). 560, 698.
J
Jacquemont du Donjon (Victor). Nécrologie.
128.
Jaquemarts (Les) de France. 618, 711, 758,
821, 870, 986.
* Jaune (Le) couleur des traîtres. 655, 995.
J. B. U. (Un peintre). 54.
Jean d'Anet, dominicain. 611.
* Jean d'Heurs, pseudonyme d'un poète.
.359-
« Jeanne d'Arc >. Voir Lenepveu.
Jehan Flamel, de la « Gazette rimée ». 615.
* « Je n'saurais dinser » (Chanson). Texte à
retrouver. 36.
Jérôme Bonaparte. Voir Bonaparte.
Jésus (Condamnation de). 13, 59, 180, «29.
* Jeton curieux. 199.
Jetons des Templiers. Voir Templiers.
Jeuftroy. Voir Médaille.
Jeune Elfride (La). 258.
Joconde (Frère). Voir Encore une légende.
Jodelle (Documents à retrouver sur). 442,
523,581.
Johanna. Voir Arc (Jeanne d j.
Jonques chinoises. Voir Gouvernail.
''"''Joséphine (La tante de). 550.
Joséphine (Lettres de Napoléon à). 946.
Josselin. Voir Aboyeuses.
* louvenct (Portrait de femme par). 7';3.
J. R. (Le bibliophile). 57, 425, 643.
Jubinal (Achille). Voir Garât.
Kalergi (Mme). VoirFemnie des « Emaux et
Camées). »
Kerry (Lady). 54.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1017
IO18
Kœnigsbourg. Voir Haut Kœnigsbourg,
Kolly (Emma de) bibliophile. 5,81.
* Komar (Famille). 80.
Koran (Q.uel est le vrai)? Voir Alcoran.
Labédoyère (Le colonel). Voir Bédoyère.
Laborde (de). Voir Carte de France.
Lâcheur (Un). 729, 931.
La famille malheureuse, par Prud'hon. 337,
418.
La Haye (Voir Tribunal arbitral.
Lamartine (Pau! de Musset et). 949.
* Lamartine (Un mot de). 258, 477.
Lamartine et Mme de Girardin. 557.
Lamartinie. Voir Fournier.
Langage. Voir Monogenèse.
Lanterne de Panurge. Voir Panurge.
La Pagerie-Beauharnais. Voir Joséphine (La
tante de) ,
Lapsus au théâtre. Contre-petteries célèbres.
617, 829, 935.
Lard du citoyen Danton. 319, 342.
< Larmes de saint Pierre ». 34.
Latude (Mazersde). Voir Louis XV (La main
droite de).
Lausanne. Voir Voltaire.
Lavallée (A.) 612.
Lavalette. Voir Labédoyère.
Lavater (Lettres de) 781, 860.
« La vie est une tragédie pour ceux qui
sentent, une comédie pour ceux qui pen-
sent » . 783, 930.
« Le Charivari >. Voir Dutacq.
* Leclerc (Le fils du général) et de Pauline
Bonaparte. 958.
* Le Courrier de Londres ». 727,
Ledieu (Le peintre Ph.) (1847) et un pré-
tendu portrait de Musset. 221 .
L, D. S. Q^ V. 394.
Légende qui s'en va. Voir Encore une lé-
gende.
Législation (La) antique et ancienne con-
cernant les vignes et leur culture. 668,
770, 814.
« L'Egypte et Moïse » par Ancessi. 453.
* « Le grog est fashionable.. . >. 84, 134,
258, 358, 424.
Le Hayer (Marthe). 781.
* € Le Jugement de Paris » et « Vers fu-
nèbres » sur le prince de Kouvbon : ou-
vrages anonymes à déterminer. 142, 200.
* Lemoine (Famille). 129, 466, 748.
Lenepveu et « Jeanne d'Arc ». 728, 804.
Léon (Comte). Voir Polastron.
Le petit homme rouge. Voir Homme rouge.
Leroux (P.-J.) et son Dictionnaire. 8, 129,
467,
« Les bons ouvrages sont ceux qui font le
plus pleurer » Voir Ouvrages.
* « Les Carnets du Roi » (L'auteur de). 643,
761.
Lesclade (Louis de) professeur de philoso-
phie. 725, 862.
« Les petites cours allemandes au xvii° siècle »
par Paul de Saint-Victor. 615.
« Les Sonnettes ou Mémoires du marquis
D... ». Noms à trouver. 783.
Lesouëf (Auguste). Nécrologie. 328.
« Les voilà... » [Vers de Mme d'Epinay].
1 10, 360, 653.
Lettre (Une) de Napoléon IIl à Pie IX. 163.
'*'* Lettre (Une) de la jeunesse de Gambetta.
718.
** Lettre inédite (Une) delà reine Victoria à
la reine Amélie. 439.
« Lettres à l'Etrangère > (Les) par Honoré de
Balzac. 615, 73 1 .
Lettres à M. de Villette. Voir Cardilhac.
Lettres de noblesse de 1625. 452.
Lettres du grand Frédéric. Voir Frédéric.
Lettres de Lavater. Voir Lavaler.
Lettres de Napoléon à Joséphine. 946.
Lettres de Paganini. Voir Paganini.
Lettres de Mme de Sévigné brûlées, i.
Leusse (de) : le nom et la terre. 726,80 -, 92 ^.
Lez ou lès. 1 10, 202, 309, 365, 538, 655, 763.
Ligier. Voir Théâtre français en 1847.
Limbourg (Le prince de) et l'ordre du Mérite
de Saint Philippe. 7, 137, 252.
Lion, monosyllabique. 675, 761, 818.
Liontel. Voir Nègre (Le) du maréchal.
Listes électorales (La première femme ins-
crite sur les). 3, 71, 159, 210.
Litanies de la Providence. 10, 358.
Livre (Le plus haut prix d'un). 842.
Livre de Thot. Voir Tarot.
Livre, monnaie (Ecu et). Voir Valeur.
Livres aux armes du cardinal Jean-Jérôme
Albani. 32.
* Livres imprimés blanc sur noir. 37, 150,
259, 360, 487, 533, 644, 818, 874.
* Logographie (La) et la logotachygraphie.
304.
Logotachygraphie. Voir Logographie.
Lombard (Lambert), peinire-verricr. 948.
« L'Orillaïde ». 898.
Lorme (Fsmille de). 558, 6q ■ , 749, 804.
Lorme (Philibert de). Voir Delorme.
Lorraine (Tombeau de Louise de). 13.
* Louis XIV (Une fille naturelle de). 845, 905.
Louis XIV. Voir Van der Meulen.
Louis XV (La main droite [de la statue| de).
386.
Louis XV (Un portrait de) à retrouver. 217.
Louis XVI et la franc-maçonnerie. 44=;, 507,
624, 711, 789.
* Louis XVI 1 — Sa mort au Temple. Docu-
ments nouveaux. 17, 62, im, 569,791.
Louis-Philippe (La fui'.e de) 6.0, 684,733,
84s.
* Loup blanc(Connu comme le) 148,262,313.
Lutèce. Voir Mur de Lutèce.
Luxbouig (Comtesse de). Voir Polastron.
Lyon. Voir Hôtellerie du Parc.
L'INIHRMEDIAIRE
1019 — —
M
Mac-Mahon (Maréchal). Voir Nègre (Le).
Maël Voir Pierre Maël.
Mafalda (Sainte). 393, 753.
Maillezais (Evéclié dei. 4.
Main de justice (La). 614, 771, 813.
Mairat (Le) marquis de Bruyères-le-Châtel.
185.
Maison-Blanche. Voir LoLiis XIV (Une ' fille
naturelle de).
* Maisons historiques (Les). 18.
Malaquais (Q_uai). 730.
Maladies (Les saints guérisseurs et produc-
teurs de), 600.
Malbrough. Voir Charriot Malbrough.
Maleissye (M. de) et la famille royale. 108.
Mallarmé (S.) professeur d'anglais. 330, 468,
583.
Mancel (M.). 169, 244.
Mandats royaux (Les) du camp des alliés.
834, 957-
* ^landrin à Paris. 412, 635, 805,
Màniotes (Les). 4, 121, 880.
Manon Lescaut (L'exemplaire de) annoté et
commenté par Marie Duplessjs (La Dams
aux Camélias). 171.
Mans (Le). Voir Boucher et Chanlatte.
* Mansardes célèbres (Les). 435 489, 539,
604, 658, 979.
Manuscrits de Paganini. Voir Paganini.
** Marat (La mort de) en complainte. 46.
Marcland (Dom). 500.
Mareschal (Pierre). Voir Portraits à retrouver.
« Mariage de pantins » par J. de B. 950.
* Mariage religieux par surprise. 43.
Marie de la Croix. Voir Bonaparte (Une fille
naturelle de Jérôme).
Marines (Château de). 835, 971.
^larinier. Hardouin de Chalon de la Mari-
nière, 726, 923, 980
* « Marseillaise » (La) :
548.
Martimprey (César de), 613.
Masque mortuaire (Le) de Béranger et Chin-
treuil. 618, 770.
Mathelan (de). 949.
Mazarin -Duchesse de). Voir Durfort,
Mazers de Latude. Voir Louis XV (La main
droite de).
Maubreuil. Voir Montreuil, 193.
Médaille de fondation (Une) sur Saint-Sul-
pice. 4SI, 531, 573, 736, 852.
* Médaille (La petite) commémorative du
baptême du Prince Impérial. (1850) 531.
* Médaille (Une) gastronomique. 596.
Médaille magique (La) de Catherine de Médi-
cis. 782. I
Médaille par Depaulis et Jeuffroy. 392. !
Médaille représentant Napoléon i" sur une j
face. Napoléon lli, sur l'autre. 56.
Mé ;icis (Catherine de). Voir Médaille magi- j
que. I^Iontmorency. i
1Q20
parodies, 1 50, 359,
du
l'ipimortalité (Je
Mémoires de Gabrielle d'Estrées. Voir d'Es-
trées.
Mémoires de lord Byron. Voir Byron.
« Mémoires de Mme de Boigne ». Voir Boi-
gne.
Mémoires d'hommes d'Etat. ,227, 347,461.
Mémoires inédits de la duchesse d'Angou-
lême. 49, 173, 286.
"^ Ménestrier (Jeanne). 417, S24, 750, 805,
981.
Mentalité du marquis de Sade. Voir Sade.
Mercier. Voir Platopodologie.
Mercy-Argenteau (Le rôle de la comtesse de).
275, 339
Méricourt (de). Voir Theroigne.
Mérimée. Voi^ Gœthe.
Métra. Voir Table.
Michelet( Anecdote extraordinaire, contée par).
Voir Serpent.
* Michon (L'abbé J.-H.) est-il l'auteur du
« Maudit ? * 636.
* Michon (L'abbé J.-H.) et la science gra-
phologique. 636, 862.
Mine d'or t^Une) peu comrnune. 784.
Minette. Voir Méneslrier (Jeanne).
J^Iinières (Comte dçs) . Vpir Boiirbon
Maine.
Mistral. Voir Daudet.
* Modèles célèbres. 990.
Moire. 840.
Moïse et la croyance en
l'âme. 778, 852, 960.
* Molière (Un oncle de) marchand de soie . u .
2^Iollendorf{Le maréchal). Voir Pendant l'oc-
cupation française.
Monbel (de), acteur. 54, 193.
Mondial. 228, 543, 699.
* Monogenèse du langage. 260.
* Monogramme du Christ (Le). 13, 300.
« Mon oncle Barbassou ». Voir Uchard (Ma-
rio).
* « Monsieur Giraffe ou La Mort de l'Ours
blanc ». 35.
Monsieur le chanoine. 501, 585, 640, 757,
811, 972.
Monsigny et de Sedaine (Lettres de). 837, 924.
Montaigne (Château de). 338, 520.
Montaigne (Une citation de). 7,
* Montarnail de la Prade. 24, 86.
Mont-Dauphin. 447, 576.
Montesquieu (Un mot de). 223,
Montesson : le nom et la terre. 500,
750, 981.
Montflambert. Vo'r 'ï vernel.
Montgolfier (Un monument aux frères).
Montigny (Famille de). 335, 468, 525.
i^Iontijo (Le comte de) en 1814. 895.
* Montmorency (Exécution de Henri
Toulouse. 193,400, 844, 953.
Montmorency. Voir Fontaine de Saint-Valery.
Montmorency (Famille de). 109, 192, 806.
** Montmorency ('Lettres du connétable dp)
et de Catherine de Médiois. 270, 291.
^35>
441,
de)
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
I02I
>Iontreuil au Conseil de guerre. 107. 193.
Monument aux frères Montgolfier. Voir Mon-
gol fier.
Morat. Voir Armoiries.
Moret (Le comte de) fils naturel de Henri IV
s-est-ilfaitermite?329. 398,455, 563,675.
Mort dovf m attaco. Voir Devise.
.Morillon. Voir Assemblées religieuses.
Mort du duc de Praslin. 136.
Mot de Lamartine. Voir Lamartine.
Mot (Le dernier) de Gœthe. Voir Gœthe.
Mot de Montesquieu. Voir Montesquieu.
!Mots d'académiciens moroses. 505, 604.
Mots en ant et en ent. Voir Pluriel.
MouIin-Joli (Le). 781, 916, 971.
Moulins (Allier) (Le premier évéque de). 332,
* ^lurde Lutèce (Le). 12, 59.
Musset. Voir Saule (Le).
Musset et le vin. 84, 134.
Musset portrait. VoirLedieu.
Musset (Paul de) et Lamartine, 949.
* Mutualité. 338, 541,774.
Mystère (L'n) au xvue siècle 453.
Mystérieux conteur . Voir ï)u Roc Sort
Manne.
N
Nadee (Le puits de lai. Les puits de Paris,835
Napoléon. Voir Paravicini. — Procès-verbal.
Napoléon et Mme Fourès. 163, 288. 511, 058.
Napoléon i^"" (Enfants de). 946.
Napoléon is'" (Médaille représentant) sur une
face, Napoléon 111 sur l'autre. 56.
Napoléon i". Voir Homme rouge.
Napoléon (Lettres de) à Joséphine. 946.
Napoléon IIL Voir Lettre de Napoléo.i 111.
— Médaille — Mercy-Argenteau,
Naundorf. \'oir Louis XVII.
Nazon, peintre. Voir « Il y a des années oii
l'on n'est pas en train ».
Nécrologie : Audebrand (Philibert) . 440
Bouchot (Henri). 664 . Chérot . (R. P.
Henri). 384. Jacquemont du Donjon (Vic-
tor).328. Lesouëf (.-'-uguste). 328. Talbert
(Louis.) [Lpt. du Sillon]. 552.
Nègre(Le) et le maréchal. 220, 45. 549, 626,
686,772,794,883.
Nerciat (Descendance de Mlle Caroline de).
669, 807.
Nicod (Portrait de Dom ) . 109.
Noblesse. Voir Lettres.
Noblesse de Normandie et de Bretagne. Voir
Révolution.
Noblesse bretonne (Origine delà). 279,353,
417. 463.
Noblesse (La) sous la troisième République.
893,981. ■
* Nom d'un chien ' 367.
Nom d'un colonel. Voir Colonel.
Noms de famille et titre. 725,
Noms de villes donnés à des enfants. Voir
Baptême.
Noms origin«iu:j des villes étrangères. 947.
1022
Noms propres (Changement de genre de).
165.
Nontron (Mme de). Voir Kerry (Lady).
Normandie. Voir Révolution.
* Notre-Dame de Lorette. 238, 419, 619,
910, 961 .
Notre-Dame de Paris. Voir Pierre philoso-
phale.
Odeur rance (L') des prostituées. 337, 482.
Ofificiers de Tétat-civil (Les) et les titres dp
noblesse. 560, 687.
* Oie (U). 147.
Ollivier (Emile). Voir Flancher.
Ollivier (L'aïeul de M. Emile). 448.
Orante (En). 141 .
* Orbes (Seize). 93.
Ordre de l'Eperon d'or. Voir Eperon d'or.
Ordre de l'Hermine, Voir Hermine.
Ordre du Mérite de Saint-Philippe. Voir
Limbourg.
Ordre souverain de la Sainte-^Iilice de Salo-
mon. 896.
Origine de la noblesse bretonne. Voir No-
blesse bretonne.
Ouistreham (Normandie) et Westerham (An-
gleterre). 53, 131, 238.
Ours. Voir Envoyer à l'ours.
Origine ancienne très illustre (Familles à).
78, 123, 293, 408, 463, 521, 628, 797, 917.
Origine du globe comme attribut impérial.
93-
Orme. Voir Lorme. Delorme.
* Outillage gallo-romain. 362, 542, 814.
Ouvrage de 1609 (Titre d'un) à retrouver.
S38.
** Ouvrages (Les) des arsenaux sous la Ré-
volution. 496.
Ouvrages (Les bons) sont ceux qui font pleu-
rer. 227, 476.
* Ouvrages sérieux mis en. vers. 259.
* Ovide (L'e.xil d'). 428, 514.
Paganini, lettres et sources. 170,
Page de Saint-Wast (Famille). Voir Des-
champs.
Pailleterie Un marquis de la). 449,526,585,
^ 638, 694, 751, 808, 865.
Panam (Pauiine-Alexandrine). 338, 413.
* Pantalons (Les) des femmes. 477, 643.
Panurge (La lanterne de). 454, 591.
Papenheim (Comtesse). Voir Bonaparte (Une
fille naturelle de Jérôme).
Papineau et les troubles du CanaJ*, 3S6, 511,
508.
* Paravicini. 86.
Parc des Princes (Le). 611, 740, 795.
Parc (L'hôtellerie du) à Lyon. 107, 209.
Paris de la Montagne. 669, 752, 807,
Paroisse (Rue de la). Voir Rue.
Partir à... ou partir pour. 454, 648, 763, 8i8.
L'i^^TERMÉDi
1027
1028
(Dom).
de fondation .
« Petites cours
Giimaldi (Mgr). Marcland
Saint-Roch. Voir Diderot.
* Saint Simoniens. i .
Saint-Sulpice. Voir Médaille
S^lnt-Victor (Paul de). Voir
allemandes. »
Saints (Christ et) empaillés, 7.
*Saints(Les)guérisseurs et producteufs de ma-
ladies. 600, 656.
* Santerre. 639,
* Santo Domingue (de) [Satito Domirigo] de
Laurencin. 101 , 241 .
Sape. Voir Bois de sape.
Saphique. Voir Amour.
Satânas. Voir Sathenat.
Sathenat (Satanas) seigneurs du Mont et de
Launay. 55, 196.
Saule (Le) de Musset aux Champs-Elysées.
674.
Savalette (Accolé de). 55, 250.
* Savants ennemis (Les). 148, 376, 431.
Sayde de Beilecôte. 895.
Scalion de Virbluneau. 223, 352.
Sceaux ecclésiastiques. Voir Emblèmes héral-
diques.
* Schlick (Benjamin). 136,298.
Seconde vue (La). 784, 937.
Secouer, branler, hocher la tête. 328, 308,
366.
Sedaine. Voir Monsigny.
Se mettre le doigt dans l'œil. Voir Doigt
dans l'œil.
Sensationnel. 899.
Sept péchés capitaux (Les Sept sœurs; dites
les). 949.
Sept Sœurs (Les) dites les Sept péchés capi-
taux, 949.
Septième enfant (Le) ou le septième garçon,
41, 102, 154, 314.
* Sépultures d'artistes (Beaux-Arts). 13, 532,
855-
Sél-pent. Anecdote extraordinaire contée par
Michelet, 111, 203, 266, 481, 602,937,
99^- ,
* é Seudis i> et les « Larmes de Saint-Pierre ».
,34-
Sévigné (Mme de) à Bodégat. 223, 529.
Sévigaé (Lettres de Mme de) brûlées i.
** Sèvres (La manufacture de) pendant l'oc-
cupation prilssienne (1870), Lfe père de
Henri Regnault. 885,
Siège de Paris. Voir Vinçard.
Siège de Rosas. Voir Carrelage à retrouver.
Signe de la croix avec de l'eau de la mer.
■ûéi, 376, 431, 544, 658, 766j 882, 990.
Silvia, de la comédie italienne. 409.
Simon (Un duel de Jules) en 1863. 559.
Simple soldat (Le) mis au théâtre. 839, 984.
Situation des prêtres m.ariés après la Révolu-
tion. 854,9^7. 954-
Six visages (La danse dès). 951.
Smyth dé Baliyliatiay (Missj. Voir Familles
à origine illustre. 917.
Société (La) des Eclectiques. 453, 604, 659.
Société anglaisede la Civilisation Européenne
et pour l'Amélioration des races humaine et
cavaline. 57.
Sommeil. Voir Vol aérien.
Sonnet d'Arvers. Voir Arvers.
Soufflets toulousains. 952.
Souhigaray (Famille). 837.
Souper de Grimod de la Reynière, Voir Gri-
mod.
Souvenirs de Mme Récamier. Voir Récamier.
Souvigny, lieutenant général. Voir Carrelage
à retrouver.
* Spiritualisme (Le). Les Revenants, 595,
Staff (Le mot). 395,
Stifelius. 454, 596.
* Stradivarius (Un) vendu en 1834. 44.
Suicide de Rolla. Voir Rolla.
« Sujet » (Le mot). 173, 291, 599, 936.
Supplices extraordinaires Voii- Dames russes.
Sapprtmii orator . .. 57, 420.
Sycophante. Voir Patron Jacquet. 427, 540.
T
Table (La) de Métra. 783, 880.
Table du pape Benoît XIV. Voir Benoit XIV.
Tableau du xviu* siècle à retrouver. 221,
Tableaux. Voir: Danaé. La Famille malheu-
reuse. Van der Meulen.
Tacite. Voir Brinon (Yves de).
* Talma (Un monument élevé par). 352.
Talbert (Louis). Nécrologie. 552.
* Tambours (Les) : ce qu'on a dil pour et
contre eux. 99, 210.
Tant qu'à faire. 616, 700, 764.
* Taon. 146, 205, 310, 366.
Tarot des bohémiens et le livre de Thot.
394-
* Tartempion. 39, 98, 152, 313,
* Tascher (Famille). 86, 196, 810,
Taylor (Le baron). Voir Garât.
Temple. Voir Louis XVII.
Temple (La terre du) près Roanne (Loire).
164.
Templiers (Jetons de), 896, 983,
Tenir tête et tenir la tête. 504, 703, 766,
990.
Termes de métier. ôl6, 71b.
Testament. Voir Cardilhac.
Théâtre au xvni'' siècle (Places et prix des
places au). 3, 137.
Théâtre (Le) en province. 281, 355, 428, 476,
534, 592, 698, 762, 984,
Théâtre-Français (Le) en 1847. 275, 354.
Théâtre français à Batavia. Voir Batavia.
Thélin. Voir République de Thélin.
Théroigne de Méiicourt et l'empereur d'Àu-
ttiche. 721 .
* Thierry (François), médecin. 29, 137,
* Thiers (Le baron). 137,298.
Thomas de Cantorbéry (Saint). Voir Etole.
Thomas d'Aquin (Saint), professeur à l'Uni-
versité d'Angers. 57.
865.
DES CHERCHEURS ET CURIEUX
1029
1030
Thot (Livre de). Voir Tarot.
Thuiu (Pierre) évêque constitutionnel. 670,
810.
Titre. Voir Noms de famille.
Titres de noblesse. Voir Oificiers de l'état
civil .
* Titres de noblesse. 30, 93, 19s, 24"^ 253,
464.
Tombeau (Le) de Josias, comte de Rantzati.
Voir Rantzau.
Tombeau (Le) de Louise de Lorraine. 13.
Touiller. Voir Randouiller.
Toulouse (Exécution de Henri de Montmo-
rency à). 193, 400, Ï.44, 933.
* Tour d'ivoire (Rentrer en sa). 103, 256.
Tour (Maurice-Quintin de la). Pastel origi-
nal de Silvia. 409.
Tourreil, révélateur de la loi de Fusion. 781,
996.
Touzin (de). Voir Gouy.
Towianski illuminé polonais, 109,246, 299,
471.
Tracassin. Voir Bougeotte.
Traduction d'un mot latin. Voir Fiitidifus.
Tragédiennes, comédiennes, cantatrices du
temps présent (Les plus vieilles). 506, 607,
696.
Trécines (Le poni de) à Saint-Denis en
France. 74, 186, 349, 739, 916.
Tremel (Frédéric), 324.
Trémons. Voir PouUain.
Tribunal arbitral (Le) de La Haye. 453, 376.
Triolets. Voir Roy des triolets.
Trôle (La). 112, 263, 543.
Trônes (Les). 448.
Trouchou graveur. Voir Mancel (M.).
Troyes (Cathédrale). Voir Escargot.
« Tu n'es qu'un Givorst » 729, 934.
Turot (Le sieur). 6.
U
U en latin (Prononciation de 1'). 279, 420,
Uchard (Mario) : les deux versions de « Mon
oncle Barbassou ». 500.
« Une jolie fille. Femmes à la mer ». 950.
r Une première édition n'est jamais qu'un
essai », Voir Première édition.
Uniforme d'un capitaine au régiment de
Dragons-Liancourt en 1775. 14, 61.
Usuriers de Cahors. 562, 704, 766, 963.
Utilité morale (Concours du prix d') à l'A-
cadémie. 25 août 1830. 51.
* Valenciennois (Un), agent de l'étranger, en
1793. 131,
Valeur (La) de l'écu et de la livre aux diffé-
rentes époques. 555, 831.
Valmale (MM. de) chevaliers de Malte. 450.
* Van Blarenberghe. 88, 189.
* Vandalisme (Le) révolutionnaire. 66.
Vandenesse (Guillauiiie dé), sa famille. 736,
865.
* Van der Meulen (Les tableaux de) sur les
victoires de Louis XlV. 301, 418, 55I1,
697.
Vanlo et Vanloo. 559.
Varimont. Voir Foigny.
Vendée. Voir Histoire de la guerre.
Venir à son devant. 840.
Vente des meubles de Datlloh. 319.
Vénus héraldique. 895.
Ver Huel (L'amiral). Voir Horten^e.
* Vernet (Sur une œuvre d'Horace). 918.
Vernet (L'acteur). Voir Homme pris pour
une femme.
Vernier, poète chevelu. 135.
Vernier (Valéry), 424.
Vers à retrouver :
« Chasseurs pris par la nuit... >, 94, 262,
Vers attribués à André Chenier. Voir Che-
nier.
* Vers de Boileau (Un) :
« Rien n'est beau que le vrai... >. ^}.
Vers en écho. 950.
Vers napoléoniens du grand Berry«r. Voir
Berryer.
Vers sur Henri IV. 337.
Verset de psaume (Un). 950.
Veuillot (Louis). Voir Lion monosyllabique.
Vichy (Les eaux de). 110.
Victimes (Premières et dernières). Voir
Guerre de 1870.
Victoria (Lettre de la reine). 439.
Vidalin (Un portrait du député). 1793, an IlL
559-
Vie de patachon. 952.
Vieilles tragédiennes, comédiennes, canta-
trices. Voir Tragédiennes.
Vieux Montmartre (Collection sur le). 827.
Vigneau (du). Voir Duvigneau.
Vignes (Les) et leur culture. Voir Législation
antique.
Vigny (Alfred de) et Sainte-Beuve. Un ar-
ticle non recueilli de l'auteur des « Lun-
dis ». 649
** Vigny (Les derniers moments d'Alfr«d
de). 212, 246, 299, 471.
Villaret de Joyeuse (Famille). 670, 811, 981.
Villars. Voir Bertin.
Villemin (Jean-Fran(;ois), curé de Cocqu«-
rel. 500.
Villes étrangères (Noms originaux des). 947,
Villett». VoirCardilhac.
Villiers de l'Isle-Adam. 781, 954.
Villiers-le-Bel. Voir Assemblées rtligieus«s.
Vin (Le). Anciennes expressions. 395, 546.
Vin de Beaune. 58
Vin de Nazareth. 546.
Vinçart (Pierre) et 1« Siège de Paris. 430,
529, 752.
Vincennes, Voir Fnghien.
Vins d'honneur. 38, 133, 314.
Violti. Voir Stradivarius.
L'INTERMÉDIAIRE
1031
Virbluneau. Voir Scalion.
* Vol aérien (La sensation du) pendant le
sommeil. 98, 263,936.
Voltaire. Voir Frédéric (Lettres du grand).
Voltaire à Lausanne. 170, 471, 639.
« Vous êtes mon lion... ». 779, 872, 938.
« Voyages de Gulliver », par Swift. 6i6.
W
Watelet. Voir Moulin joli.
Westerham. Voir Ouistreham.
Wissant. Voir Camp de César..
1032
Y
* Yvernel de Montflambert. 24.
Zanze, 8, 144.
24 février (Le coup de pistolet du). 273,
404.
1609. Voir Ouvrage.
1870 (Guerre de). 106.
AG L'Intermédiaire des chercheurs
309 et curieux
156
V.54
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