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Full text of "L'Intermédiaire des chercheurs et curieux"

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L'INTERMÉDIAIRE 


DES 


CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


au^auE 


Cherchez  et  vont 
trouverez 


Il  te  faut 
entr'aider 


LINTERMËDIAIRE 


DES 


CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

FONDÉ  EN  1864 

CORRESPONDANCE    LITTÉRAIRE,    HISTORiaUE    ET    ARTISTIQUE 
aUESTIONS    ET    RÉPONSES,    LETTRES    ET    DOCUMENTS    INÉDITS 

COMMUNICATIONS  DIVERSES  A  L'USAGE  DE  TOUS 

LITTÉRATEURS  ET  GENS  DU  MONDE,  PROFESSEURS,  ARTISTES,  AMATEURS, 
BIBLIOPHILES,  ÉRUDITS,  COLLECTIONNEURS,  ARCHEOLOGUES,   GÉNÉALOGISTES,  NUMISMATES,   ETC. 


42^  ANNÉE  —  1906 


PREMIER    SEMESTRE 


PARIS 


L'INTERMÉDIAIRE  DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 
31  bis,  RUE  VICTOR  MA'SÉ,  31  bis 


309 


LIV  Yolnme 
428  Année 

31 '".P.  Victor  Massé 
PARIS  (1X«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


Paraissant  les  10,  20  et  )o   de  chaque  mois       10  Juillet  1906. 


QU^QUE 


Cherchez  et  g   /^M^^!^^   o       ^'  se  faut 

vous  trouverez         '^  ^t'^ÉSÎ^^  S       entr'aider 


N°  II 16 

31 '".r.  Victor  Massé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€  3nUx%\xihxa\xt 

DES   CHERCHEURS   ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS    ET     RÉPONSES    LITTÉRAIRES.     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES    ET    ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
. I        2 


(âueôtianô 


\ 


Saint-Simoniens.  —  Existe-t-il  en- 
core des  Saint  Simoniens  ? 

Lettres  de  Mme  de  Sévigné 
brûlées.  — Je  lis  dans  les  Souvenirs  de 
France  et  d' Italie  du  comte  d'Estourmel  ; 

«  M.  de  Tréneuil,  auteur  du  poème  des 
Tombeaux  de  Saint-Denis,  me  racontait 
qu'il  avait  assisté  à  un  déplorable  auto- 
dafé :  M.  de  Cas...,  à  son  lit  de  mort,  or- 
donna de  jeter  au  feu  un  paquet  de  lettres  ; 
et  ces  lettres  étaient  de  Mme  de  Sévigné. 

—  Leur  publicité  pourrait  avoir  des 
inconvénients,  disait-il». 

Quel  était  ce  Vandale  ?  Et  quelque 
collaborateur  de  l'Intermédiaire  aurait-il 
des  renseignements  complémentaires,  un 
peu  moins  succints,  sur  ce  procédé  de 
collectionneur. ..  à  rebours  ?  d'E. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral 
Ver  Huell.  —  Il  est  admis  que  l'amiral 
Verhuell  fut  le  père  de  Napoléon  111  :  à 
mon  humble  avis,  la  chose  est  impossible 
et  je  considère  qu'il  n'y  a  rien  à  ajouter  à 
ce  qu'a  écrit  à  ce  sujet  Frédéric  Masson 
dans  Napoléon,  et  sa  famille.  Mais  la  lé- 
gende est  vivace  et  l'on  peut  dire  :  «  que 
sans  avoir  été  le  père  il  a  été  l'amant  de 
la  reine  ».  Dans  ce  cas,  je  me  permets  de 
poser  la  question  suivante  :  Peut-on  dire 
à  quelle  époque  la  reine  et  l'amiral  se  sont 
trouvés  ensemble  et  combien  de  temps, 
dans  la  même  ville  .? 


Peut-on  aller  plus  loin,  et  nous  citer 
un  texte,  un  fait  qui  prouve  que  la  reine 
et  l'amiral  se  sont  seulement  parlé  ^  et 
dans  quelles  circonstances  ^ 

Germain  Bapst. 

La  premièrj  femme  bachelière 
en  Franc tî.  —  Le  féminisme  est  en 
marche  victorieusement.  Il  a  marqué  ses 
conquêtes  par  l'abolition  des  privilèges 
masculins.  L'histoire  sera  curieuse  de 
savoir  laquelle  fut, pour  chaque  conquête, 
la  première.  Aussi  vais  je  poser  ces 
questions, qui  sont  déjà  controversées; que 
sera-ce  plus  tard,quandles  témoins  seront 
disparus  .? 

Quelle  a  été  la  première  femme  bache- 
lière en  France  ^ 

Dates.    . 

Ne  remontons  pas  au  déluge  ;  il  s'agit 
du  féminisme  contemporain.  M. 

Les  premières  femmes  médecins 
et  internes.  — Quelle  a  été  la  première 
femme  —  française  —  reçue,  à  Paris, 
docteur  en  médecine  ? 

La  première  femme  étrangère,  reçue 
docteur  en  France  .^ 

La  première  femme  reçue  docteur  en 
Amérique  ? 

La  première  femme  reçue  docteur  en 
Angleterre  ? 

La  première  interne  dans  les  hôpitaux 
français  ? 

La  première  femme  médecin  et  phar- 
macien à  la  fois? 

Dates.  .M. 

LIV-1 


N»  1117. 


L'INTERMEDIAIRE 


5 


La  première  femme  avocate.  — 

Quelle  a  été  la  première  femme, en  France, 
qui  fut  avocate  ? 

La  première  femme  étrangère  qui  fut 
admise  à  soutenir  sa  thèse  de  doctorat  ? 

La  première  femme  qui  mit  une  robe 
d'avocat  ? 

La  première  femme  qui  plai'^a,  depuis 
1870? 

Et  quand?  M. 

La  première  femme  entrée  aux 
Beaux-Arts.  —  Qui  fut  la  première 
femme  entrée  à  l'atelier  de  l'Ecole  des 
Beaux-Arts  ? 

La  première  médaillée  des  ateliers  des 
Beaux- Arts .?  M. 

La  première  femme  conoourant 
pour  le  prix  de  Rome.  —  Qui  fut  la 

première  femme  reçue  aux  examens  pour 
le  prix  de  Rome, en  peinture, en  sculpture, 
en  musique.?  M. 

La  première  femme  inscrite  sur 
les  listes  électorales.  —  Qui  fut  la 
première  femme  inscrite  sur  les  listes  élec- 
torales ?  Comment  fut  faite  cette  inscrip- 
tion .?  Quelle  suite  lui  fut  donnée  f     M, 

Personnel  de  l'Abbaye  aux  Bois 
en  1762.  — Lucien  Perey,  dans  sa  vie 
de  la  princesse  de  Ligne, semble  bien  ren- 
seigné sur  ce  sujet,  je  pense  donc  qu'il 
existe  des  documents  aux  Archives  natio- 
nales ou  ailleurs.  Pourrait-on  me  donner 
ou  me  dire  où  trouver  la  liste  du  person- 
nel complet  des  religieuses  et  surtout  des 
dames  pensionnaires  en  1762-1765  ? 

Leslie. 

Places  et  prix  des  places  de 
théâtre  au  XVIII«  siècle.  — Je  viens 
de  feuilleter  les  registres  de  recettes  et  de 
dépenses  journalières  de  la  Comédie  Ita- 
lienne, de  1744  à  1760,  que  le  très  ai- 
mable conservateur  de  la  Bibliothèque  des 
Archives  et  du  musée  de  l'Opéra, 
M.  Malherbe,  a  bien  voulu  mettre  à  ma 
disposition. 

Or,  sur  ces  registres,  le  caissier  Linguet 
porte,  à  l'article  recettes,  le  prix  perçu  des 
parterres,  des  premières,  deuxièmes  et 
troisièmes  loges.  La  Comédie  Italienne 
(ancien  théâtre  de  l'Hôtel  de  Bourgogne), 
avait    cependant    d'autres     places,    par 


exemple,  celles  d'amphithéâtre  et  de  théâ- 
tre ;  ces  dernières  étaient  représentées 
par  des  banquettes  disposées  sur  la  scène 
et  séparées  des  acteurs  par  une  balustrade 
incomplètement  fermée.  Mais  qu'enten- 
dait-on par  amphithéâtre  ?  En  tout  cas, 
les  places  d'amphithéâtre  et  de  théâtre 
ne  figurent  pas  sur  les  registres  de  Lin- 
guet  ;  et  il  n'est  guère  admissible  qu'elles 
fussent  gratuites.  d'E. 

Les  Maniotes.  —  On  demande  de 
quelle  population  peut-il  bien  s'agir  dans 
cette  phrase  :  «  Toulon,  juin  1770...  Le 
roi  vient  d'armer  deux  frégates  et  deux 
chébecs  dont  le  commandement  sera 
donné  à  M.  de  Sade,  mais  cet  armement 
regarde  moins  Tunis  que  le  Levant, où  les 
Maniotes  arrêtent  notre  commerce  et  jus- 
qu'à ce  que  les  troubles  soient  apaisés 
nos  vaisseaux  marchands  n'iront  et  ne 
viendront  qu'avec  escorte.  »         P.  F, 

Evêsbé  de  Maillezais.  —  L'abbaye 
de  Maillezais  (Vendée)  fut  le  siège  d'un 
évêché  depuis  13 17  jusqu'en  1648.  Ya-t-il 
un  travail  historique  plus  récent  que 
V Histoire  de  V abbaye  de  Maille:(ais^  par 
l'abbé  Lacurie  (Fontenay,   Filion,  1852)  ^ 

L. 

Généalogie  de  Déranger.  —  Dans 
le  premier  volume  de  la  Correspondance 
de  Béranger  (Paris,  1860),  page  3  à  13, 
figure  une  généalogie  qui  est  l'œuvre  du 
père  de  Béranger  :  «  généalogie  ridicule  », 
a  dit  Sainte-Beuve  {Nouveaux  Lundis, 
\,  169).  Elle  ne  Test  pas  plus  que  beau- 
coup d'autres. 

L'éditeur,  M.  Paul  Boiteau,  a  cité,  à 
l'appui  de  ce  document,  un  certain 
nombre  d'actes  authentiques  qui  avaient 
été  réunis  par  l'auteur  de  la  généalogie, 
et  qui  permettent  de  suivre  avec  sûreté 
l'ascendance  de  Béranger  jusqu'à  trois 
générations  en  arrière  :  ce  qui  donne  huit 
quartiers,  huit  familles  qui,  toutes,  pa- 
raissent être  du  peuple  ou  de  la  petite 
bourgeoisie. 

Mais,  en  remontant  de  deux  degrés 
encore,  on  arrive  au  quartaïeul  du  chan- 
sonnier, Louis  de  Béranger,  écuyer,  sieur 
de  Formentel,  qui  épousa,  en  1661,  de- 
moiselle Albertine  de  Mersix,  «  dernière 
de  son  nom  et  de  sa  famille  ». 

Nous  sommes  là  en  pleine  noblesse  ;  et 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


ïo  Juillet  1906. 


5 


'1 
un 


si  nous  continuons  à  suivre  la  filiation, 
nous  trouvons,  à  la  6°  génération, 
personnage  qui  acheta,  en  1614,  le  fief 
de  Formentel  ;  à  la  7^,  un  ami  du  roi 
Charles  IX  ;  à  la  8^,  un  gentilhomme 
venu  d'Italie,  etc.  , 

Le  plus  sage  est  de  laisser  de  côté,  au 
moins  pour  le  moment,  cette  prétention 
du  père  de  Béranger,  de  rattacher  la  ligne 
de  ses  ascendants  à  une  famille  tloren- 
tine.  Mais  il  serait  intéressant  de  savoir 
que  penser  du  sieur  de  Formentel  et  de 
sa  femme.  Et  d'abord,  où  sont  situés  le 
fief  de  Formentel  et  le  château  de  Mersix  ? 

Debasle. 

Le  fils   de  Douglas  Home   —  La 

princesse  de  Metternich  dans  ses  mé- 
moires raconte  les  scènes  surprenantes 
auxquelles  la  fit  assister  soit  aux  Tuileries 
soit  dans  quelques  salons  parisiens  le  cé- 
lèbre médium  Douglas  Home.  Ce  dernier 
eut  l'occasion  de  lui  parler  des  phéno- 
mènes médianimiques  étonnants  obtenus 
également  par  son  petit  garçon  alors  âgé 
de  3  ans  (cela  se  passant  en  1863)  — 
Qu'est  devenu  ce  fils  de  Home  ? 

G.  DE  Massas. 

Emma  de  Koîly,  bibliophile.  — 

«  Exemplaire  imprimé  pour  la  biblio- 
thèque de  Mlle  Emma  de  Kolly  ». 

C'est  une  inscription  à  la  presse,  sur  le 
faux-titred'un  petit  ouvrage  publié  en  1821. 

La  reliure  est  en  maroquin  vert  et 
porte  des  armoiries  que  je  crois  pouvoir 
lire  ainsi  :  de...  à  la  blinde  d'azur,  accom- 
pagnée en  chef  d'une  demi-ramure  chevillée 
de  cinq  dagues  ;  et  en  pointe  d'une  mâcle  de 
gueules.  —  Couronne  de  comte.  — ■  Sup- 
ports :  deux  lions. 

Emma  de  Kolly  est-elle  la  fille  du 
célèbre  italien  qui  tenta  de  délivrer  Fer- 
dinand VII  en  1810  ? 

Ces  armes   sont- elles  les  siennes  .?     -f- 

Famille  de  Pindray.  —  Y  a-t-il 
communauté  d'origine  entre  les  familles 
suivantes  : 

De  Pindray,  marquis  d'Ambelle,  en 
Saintonge  ; 

De  Pindray,  seigneurs  de  Lagayère, 
Champagnac,le  Roc,  en  Périgord  ; 

De  Pindray  de  Millecens,  Gadebors, 
Champagne,  Villars,  la  Brousse,  Brie,  ne 
Saintonge  ; 


De     Pindray    de     Saint-Flourens,    les 
Grandes-Places,  la  Salle,    en   Bordelais  ? 

Pierre  Meller. 

Le  sieur  Turot.  —  Cet  homme 
devenu  de  comédien  secrétaire  général  de 
la  police,  fut  expédié,  après  le  coup  d'Etat 
de  Brumaire,  de  Saint-Cloudaux  barrières 
de  Paris,  avec  une  brigade  d'agents,  pour 
empêcher  les  députés  de  rentrer  dans  la 
ville.  Mais  Fouché,  dont  Bonaparte  aurait 
voulu  se  passer,  avait  prévenu  Turot  ;  et 
celui-ci  trouva  les  postes  occupés  par 
d'autres  agents  du  «  patron  »,  que  le 
secrétaire  général  de  la  police  avait  espéré 
«  dégoter  »  suivant  l'expression  d'Ar- 
nault  dans  ses  Mémoires  d'un  sexagénaire. 

A  cette  époque  (1799),  Turot  était  pro- 
priétaire de  la  Gû:{etiede  France,  mais  je 
perds  sa  trace  pendant  la  Restauration.  Que 
devint-il  ^.  Paul  Edmond. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent, à  la  face  de  sinople.  —  D'ar- 
gent, à  la  face  de  sinople,  chargée  de  trois 
cœurs  d'or,  et  surmontée^  à  dextre,  d'un 
croissant  cle  gueules. 

Ces  armoiries,  peintes  à  la  main,  se 
trouvent  sur  un  exemplaire  des  œuvres  de 
Tite-Live    (B.  Prévost,  1559,  in-fol.). 

Z.  Y.  X. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur 
au  chevron  d'or,  accompagné.    — • 

Quelle  famille  portait  les  armoiries  s'é- 
nonçant  ainsi  :  d'apir,  an  chevron  d'or, 
accompagné  en  chef  de  deux  étoiles  de  même 
et  en  pointe  d'un  mouton  d'argent  ? 

Ces  armoiries  sont  sculptées  au  dessus 
de  la  porte  d'une  maison  du  hameau  de 
Saint-Julien,  à  Sennecey-le-Grand  (Saône- 
et-Loire.  A.  H. 

Assiette  de  fayence  armoriée  : 
écu  à  déterminer.  —  Sur  une 
assiette  de  vieux  Rouen,  se  trouve  cet 
écusson  ;  Coupé  de  gueules, au  lion  passant 
d'argent,  et  d'argent  à  une  moucheture 
d'hermine  de  sable  ou  de  guetiles  ? 

Je  remercie  d'avance  du  renseignement 
que  l'on  voudra  bien  me  donner. 

Leslie. 

Armoiries  de   Sainte  Beuve.    — 

11  y  a  déjà  longtemps  que  dans  V Intermé- 
diaire (XV  llï^  143)  il  a  été  question  de  ces 


N°  1117. 


L'INTERMEDIAIRE 


8 


armoiries.  M.  de  Beauchesne  les  avait 
fait  peindre  dans  une  des  salles  de  son 
pavillon  de  Sainl -James  :  c'était  dans  les 
premières  années  du  règne  de  Louis-Phi- 
lippe. Mais  où  est  ce  pavillon  ?  Et  ces  ar- 
moiries qui  ont  été  peintes  il  y  a  soixante- 
dix  ans,  s'y  voient-elles  toujours  ^ 

Le  collaborateur  qui  a  mis  le  premier 
ce  sujet  sur  le  tapis  (XVllI,  36)  parlait 
d'une  lettre  de  Sainte-Beuve  «  où,  à  pro- 
pos d'un  projet  de  mariage  en  l'air  il  re- 
vendique très  sérieusement  la  particule 
nobiliaire.  »  Cette  lettre  n'a  jamais  été 
publiée.  Userait  intéressant  d'en  connaître 
le  texte.  Debasle. 

Le  prince  de  Liaibourg  et  l'ordre 

du  Mérite  de  Srànî-Philippe.  — Je 
m'occupe  d'un  peintre  de  la  fin  du  xviii^ 
siècle  qui  a  annoncé  dans  les  feuilles  pu- 
bliques de  1776,  que  le  Prince  régnant  de 
Limbourg  l'a  nommé  son  premier  peintre 
et  créé,  par  lettres-patentes,  chevalier 
honoraire  de  l'Ordre  du  mérite  de  Saint- 
Philippe. 

Mes  recherches  sont  demeurées  vaines 
pour  identifier  cette  principauté  et  retrou^ 
ver  cet  ordre  de  chevalerie  ;  je  prends  la 
liberté  de  m'adresser  aux  lecteurs  de  Vin- 
termèdiaire  pour  obtenir  de  leur  compé- 
tence quelques  renseignements  ou  indica- 
tions de  sources.  H.  B. 

Christ  et  saints  eaipailléd.  —  Ce 

titre  semble  irrévérencieux  ;  et  pour- 
tant, comment  dire  .? 

L'abbé  Florens,  le  distingué  curé  de 
Conques  (Aveyron),  a  constitué,  à  côté 
du  célèbre  trésor,  un  musée  religieux  qui 
renferme  plus  d'une  pièce  intéressante, La 
moins  curieuse  n'est  pas,  assurément,  un 
Christ  en  croix,  de  grandeur  naturelle  et 
fait  en  peau  bourrée.  On  raconte  qu'une 
paysanne,  en  voyant  cette  singulière 
chose,  s'écria  : 

—  Ah  !  mon  Dieu  !  On  a  écorché  notre 
Seigneur  et  en  voici  la  peau  ! 

Connaît-on  d'autres  exemples  de  Christ 
ou  de  saints  empaillés  .?  Iskatel, 

Une  citation  de  P^îontaigne.  —  Un 
magistrat,  dans  une  allocution  toute  ré- 
cente à  Bordeaux,  a  cité  les  paroles  sui- 
vantes de  l'auteur  des  Essais  :  «  Recevant 
un  jour,  d'un  fâcheux,  le  reproche  de 
n'avoir   pas   apprécié   un    litige   comme 


auraient  fait  Socrate  et  Caton,  Mon- 
taigne répondit  :  <<  Hélas  !  je  ne  suis 
qu'un  homme,  Caton  et  Socrate  étaient 
des  dieux.  Je  me  reconnais  parfaitement 
incapable  d'imiter  leurs  vertus,  et  j'excuse 
ceux  qui,  comme  moi,  ne  peuvent  s'éle- 
ver à  une  aussi  grande  hauteur  de  perfec- 
tion >>. 

N'ayant  pu  découvrir  ce  passage,  je 
serais  reconnaissant  à  celui  des  collabo- 
rateurs de  V Intermédiaire  qui  pourrait  me 
signaler  le  chapitre  des  Essais  où  il  se 
trouve.  A.  Jy. 

Zanzé.  —  On  connaît  le  gracieux  épi- 
sode de  Zanzé,  dans  Le  mie  ' prigioni  de 
Silvio  Pellico.  L'auteur  a  publié  ce  livre 
en  1832,  soit  onze  ans  après  l'époque  où 
il  était  emprisonné  à  Venise,  et  avait 
quelquefois  l'occasion  de  s'entretenir  avec 
l'aimable  fille  de  son  geôlier. 

L'année  suivante,  celle-ci  prit  connais- 
sance du  récit  de  Pellico.  Elle  en  fut  frois- 
sée, et  même  indignée  ;  et  elle  exhala 
son  mécontentement  dans  un  écrit  de 
quelques  pages  :  Chateaubriand  en  a 
donné  le  texte  italien,  et  une  traduction 
française,  dans  la  dernière  partie  des  Mé- 
moire d' Outre-Tombe,  où  il  raconte  son 
voyage  en  Italie,  au  mois  de  septembre 
1833.  Entre  les  dires  de  Pellico  et  ceux 
de  Zanzé,  Chateaubriand  fait  une  cote 
mal  taillée,  qui  ne  saurait  satisfaire  un 
esprit  critique.  Il  y  aurait  quelques  re- 
cherclies  à  faire  :  vérifier,  par  exemple, 
l'assertion  de  Zanzé,  qui  prétend  n'avoir 
eu  que  treize  ans  en  1821. 

Ces  recherches  ont-elles  été  faites  ?  Y 
a  t-il,  sur  cet  épisode,  une  étude  impar- 
tiale, exacte  et  judicieuse  ?       Debasle. 

P.  J .  Leroux  ot  son  Dictionnaire. 

—  Selon  nos  encyclopédies  (Biographie 
Didot,  Larousse,  etc.  ),  P.  J.  Leroux  serait 
mort  à  Amsterdam  «  vers  1790  ». 

Voilà  un  homme  dont  la  vie  aurait  été 
longue,  car  il  avait  publié  son  Diction- 
naire comique  en  17 18  et  son  Histoire  du 
Père  La  Chaise  en  1693,  soit  97  ans  avant 
sa  mort. 

Ne  pourrait-on  obtenir  des  renseigne- 
ments un  peu  plus  sérieux  sur  cet  auteur  ? 
Certainement  il  n'existait  plus  en  17 50, 
puisque  une  édition  publiée  à  cette  date, 
et  que  j'ai  entre  les  mains,  parle  de  ses 
Ijéritiers. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1900, 


10 


Leroux  était  réfugié  en  Hollande, 
comme  beaucoup  d'écrivains  français  à 
son  époque.  A-t-on  lait  des  recherches 
particulières  sur  la  vie  de  nos  littérateurs 
dans  les  Pays  Bas  sous  Louis  XIV  ? 

Un  Passant. 

Bagaa  marquise,  —  On  sait  qu'une 
bague  de  forme  elliptique  porte  ce  nom. 
Pourquoi  ?  U.  L. 

Patron  Jacquet.  —  Tout  le  monde 
connaît  l'expression  :  «  Se  lever  dès  pa- 
tron Jacquet  ».  Quelle  est  l'origine  de 
cette  expression  ?  Est-il  exact  qu'autre- 
fois on  disait  :  «  Poiltron  Jacquet  »  ?  Dans 
ce  cas  (i)  que  signifie  «  Poiltron  »  .? 
Ne  dit-on  pas  parfois  :  Patron  Minet  ? 

Un  proverbe  vendéen  contient  le  mot 
Jacquet,  (facquet  est  à  la  porteX(^2). 

Marcel  Baudouin, 

*  * 
V Intermédiaire  a   posé  cette   question  en 

1865  et  en  1880.  On  a  répondu  :  les  réponses 

sont  contradictoires.  On  a  répondu  : 

11  faut  dire  patron-minette  ;  patron  dans 
l'ancienne  langue  signifie  petit.  Se  lever  dès 
patron  minette,  c'est  se  lever  en  même  temps 
que  le  petit  de  la  chatte. 

On  dit  ^ussi patron  jacquet  ou  dès  le  paître 
au  minet  et  au  jacquet.  Le  jacquet,  c'est 
l'écureuil. 

La  leçon  est  :  dès  le  moment  où  le  chat  ou 
l'écureuil  va  paître. 

A  Rouen,  il  y  a  la  place  jacquet  oij  se  réu- 
nissaient autrefois  à  l'aube  les  maraîchers.  On 
en  concluait  que  «  patron  jacquet  »  était  une 
allusion   à  cette   circonstance. 

Balzac  dit  :  «  Us  ont  tous  décanillé  dès  le 
patron  jacquet  ». 

Littré,  Rozan,  Genin,  Lorédan  Larchey,  ne 
sont  pas  d'accord  sur  le  sens  et  le  style  de 
cette  expression.  Les  auteurs  l'emploient  de 
différentes  façons,  le  peuple  aussi. 

Se  lever  dès  patron  minette,  dès  patron 
minet, dès  poiltron  jacquet  ou  patron  jacquet, 
c'est  se  lever  de  bon  matin,  mais  pourquoi  ? 
les  travaux  c\qV Intermédiaire  que  nous  venons 
de  résumer,  ne  nous  ont  pas  apporté  de  solu- 
tion. La  question  peut  donc  être  posée  à  nou- 
veau, niais  les  auteurs  des  réponses  avertis  se 
dispenseront  de  répéter  ce  qui  a  été  dit  déjà 
dans  nos  colonnes  II,  419,  499,  564;  XII,  740; 

(1)  Cette  orthographe  se  trouve  dans  un 
petit  livre  rare,  et  peu  connu  de  17 15  :  La 
peine  et  la  misère  des  garçons  chirurgiens, q\.c. 
par  un  anonyme, 

(2)  Voir,  sur  sa  signification  :  Rev,  des 
Trad.j  Paris,  1906,  juin,  n*  178. 


j  Saint  Christophe  et  l'enfant  Jé- 
sus. —  Le  petit  musée  du  presbytère  de 
Conques  (Aveyron),  récemment  constitué 
par  la  réunion  d'objets  religieux  prove- 
nant de  Conques  même  et  des  paroisses 
voisines,  renferme  deux  statues  de  saint 
Christophe  qui  m'ont  paru  curieuses. 
Dans  l'une,  l'enfant  Jésus  est  à  califour- 
chon sur  les  épaules  du  saint  ;  dans  l'au- 
tre, il  est  debout  sur  l'épaule  droite  du 
saint,  qui  le  tient  par  la  main. 

Les  peintres  et  les  sculpteurs  représen- 
tent ordinairement  l'enfant  Jésus  assis  sur 
l'épaule  droite  du  saint. 

Connaît-on  d'autres  exemples  mar- 
quants de  la  position   à   califourchon  ou 

debout  ?  IsKATEL. 


Litanies  de    la    Providence.   — 

Bernardin  de  Saint-Pierre  a  raconté  que 
dans  une  promenade  qu'il  faisait  un  jour 
avec  Jean-Jacques  Rousseau,  ils  entrèrent 
à  la  chapelle  du  Mont-Valérien.  «  où  Ton 
récitait,  dit-il,  les  litanies  de  la  Provi- 
dence,qui  sont  très  belles.  Nous  entrâmes 
justement  au  moment  où  l'on  prononçait 
ces  mots  :  Providence,  qui  avez  soin  des 
voyageurs  !  Providence,  qui  avez  soin  des 
empires  !  » 

Je  me  suis  adressé  à  un  savant  ecclé- 
siastique, pour  savoir  où  retrouver  le 
texte  de  ces  litanies  que  Jean-Jacques  et 
son  ami  avaient  admirées.  11  n'a  pas  pu 
me  donner  le  renseignement  que  je  lui 
demandais,  et  il  m'écrivait  à  ce  sujet  : 
«  A  part  les  litanies  du  saint  nom  de 
]ésus,  de  la  sainte  Vierge,  et  celles  de 
tous  les  saints,  qui  sont  admises,  approu- 
vées et  fixées  par  l'Eglise,  les  litanies 
sont  une  formule  de  prières  laissées  à  la 
libre  inspiration  des  écrivains  et  des  édi- 
teurs. De  là,  une  grande  variété...  »  Et  il 
ajoutait  que  la  bibliothèque  épiscopale 
d'une  ville  de  province  n'était  pas  assez 
riche  pour  que  s'y  trouvassent  tous  les 
livres  de  prières  du  xvm=  siècle.  C'est 
dans  un  de  ces  livres  — lequel  ?  — qu'on 
retrouverait  les  paroles  qui  étaient  restées 
dans  la  mémoire  de  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  : 

«  Providence,  qui  avez  soin  des  voya- 
geurs !    Providence,    qui    avez   soin   des 


i  empires  !  » 


Debasle, 


N"    1117 


L'INTERMEDIAIRE 


1 1 


12 


Eéponôcô 


Un  oncle  de  Molière,  marchand 
de  soi©  (LUI,  836,  921,  973).  —  Louis 
Pocquelin,  frère  consanguin  du  père  de 
Molière,  était  marguillier  de  sa  paroisse 
Saint-Germain-le-Viel  et  habitait  le  coin 
du  Marché  Neuf  où  s'élève  actuellement  la 
caserne  de  îa;Cité.ll  était  marchand  de  draps 
de  soie,  receveur  général  des  finances, 
administrateur  de  l'hôpital  de  la  Charité. 

Il  mourut  en  1669,  ayant  eu  de  sa 
femme,  Marie  Lempereur,  cinq  enfants, 
dont  Madeleine  Pocquelin,  qui  épousa 
François  Gaultier,  marchand  de  soie.  Et 
ce  furent  les  époux  Gaultier,  cousins 
germains  de  Molière,  qui  fournirent  le 
deuil  d'Armande  Béjart,  en  février  1673. 

GEOrîGES    MONVAL. 

Procès-verbal  sur  le  séjour  de 
Napoléon  à  l'île  d'Ais(LlII,885,904). 
—  A  propos  du  séjour  de  Napoléon  à  l'île 
d'Aix,  nous  pensons  qu'il  est  bon  de  pu- 
blier tous  les  documents  qui  ont  trait  à 
cette  période  de  l'existence  de  l'empereur, 
depuis  le  moment  où  il  signe  son  abdica- 
tion jusqu'à  son  arrivée  à  Sainte-Hélène. 

Parmi  les  officiers  qui  se  distinguèrent 
par  leur  dévouement  à  l'empereur  déchu, 
il  faut  noter  le  jeune  Sainte-Catherine 
d'Audiffredy,  un  parent  de  l'impératrice 
Joséphine,  déjà  signalé  parles  mémoristes 
de  répoque,  pour  la  fidélité  qu'il  garda  à 
celui  qui  l'avait  honoré  de  sa  confiance. 

La  lettre  suivante,  inédite,  adressée  à 
M.  Sainte  Rose  Tascher,  à  Paris,  contient 
dans  sa  brièveté  quelques  détails  intéres- 
sants : 

A  bord  du  vaisseau  amiral  Portsmouth. 

18  septembre  1815. 

Tu  ne  saurais  te  faire  une  idée  des  tour- 
ments que  nous  avons  éprouvés  dans  ce 
voyage,  même  dans  quelques  villes  de 
France,  principalement  à  Saintes  où  nous 
sommes  restés  avec  le  prince  Joseph,  pen- 
dant 24  heures,  pr  sonniers  par  le  peuple. 
Depuis  notre  départ  des  frégates  françaises 
sur  lesquelles  nous  n'aurions  jamais  dû  nous 
embarquer,  nous  avons  été  transportés  sept 
fois  de  vaisseaux  en  vaisseaux  et  de  rades 
en  rades,  sans  jamais  voir  la  terre  que  de 
loin.  Le  général  Bertrand,  le  général  Mon- 
tholon,  le  général  Gourgaud,  M.  de  Las 
Cases,  madame  Bertrand  et  madame  de 
Mojitholon  ont   eu    la    permissipn  d'aller  à 


Sainte- Hélène,  où  je  n'ai  point  eu  le  bonheur 
d'aller  quoique  j'en  eusse  fait  plusieurs  fois 
la  demande. 

Signé  :  Sainte-Catherine  d'Audiffredy. 

P.  ce.   R.  PlCHEVlN. 

Le  mur  de  Lutèce  (LUI,  889,  99=;). 
—  D'une  lettre  que  nous  adresse  M.  Ca- 
mille Piton  : 

Je  crois  que  l'on  fait  fausse  route  en  vou- 
lant voir  dans  ces  murs  des  murs  d'enceinte; 
on  ne  peut  pas  trouver  enfoui  le  moindre 
bout  de  mur  dans  la  cité,  sans  les  rattacher 
au  mur  d'enceinte.  A  mon  avis,  c'est  là  de 
l'exagération:  si  le  mur  d'enceinte,  retrouvé 
auparavant,  qui  est  a  25  mètres  des  bords 
du  fîeuve  est  le  vrai,  comment  ces  modernes 
murailles  qui  se  trouvent  à   50   mètres  de  la 

Seine  seraient-elles  rattachées  à  l'autre? 

* 

Du  Temps  : 

M.  Héron  de  Villefosse  annonce  à  l'Aca- 
démie qu'on  a  retiré  du  mur  antique  décou- 
vert au  cours  des  fouilles  entreprises  au 
marché  aux  Fleurs,  derrière  le  tribunal  de 
commerce,  plusieurs  monuments  nouveaux 
du  plus  grand  intérêt.  Le  25  juin  on  a  no- 
tamment mis  à  jour  un  cippe  funéraire  en 
forme  d'autel,  orné  de  volutes  à  la  partie 
supérieure  et  présentant  sur  la  face  anté- 
rieure une  inscription  gravée  dans  un  enca- 
drement. 

Le  titre  d'cxarchus  qui  accompagne  le 
nom  du  défunt  donne  à  ce  texte  un  intérêt 
particulier.  Dans  la  milice  romaine  des  bas 
temps,  ce  titre  appartient  à  des  officiers  qui 
ont  le  commandement  d'un  numerus  ou 
d'une  ala.  Ils  paraissent  toujours  avoir  été 
placés  à  la  tête  d'une  troupe  montée. 

Il  est  curieux  de  constater  qu'il  y  avait  en 
Gaule  à  la  tin  du  troisième  siècle  ou  au 
commencement  du  quatrième,  un  corps  de 
chevaliers  dalmates.  En  1890  on  a  retrouvé 
les  tombes  de  deux  d'entre  eux  à  Châlons- 
sur-Marne. 

Si  on  peut  établir  l'époque  de  l'appari- 
tion de  \'e,vai'clius  dans  l'armée  romaine, 
l'inscription  nouvellement  découverte  aura 
une  importance  spéciale  pour  préciser  la 
date  de  la  muraille  romaine  de  la  Cité. 
Jusqu'ici  on  a  considéré  que  les  textes 
mentionnant  les  exarques  étaient  postérieurs 
à  Dioclétien  et  on  ne  les  fait  pas  remon- 
ter plus  haut  que  les  premières  années  du 
quatrième  siècle.  Il  est  possible  cependant 
que  le  texte  découvert  à  Paris  appartienne 
au  troisième  siècle. 

Il  y  a  aussi  une  autre  question  à  ré- 
soudre. 

Il  serait  utile  de  savoir  si  les  deux  murs 
parallèles  retrouvés  dans  les  fouilles  du  Mé- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


13 


tropolitain  appartiennent  au  mur  d'enceinte 
de  lii  Cité. 

D'après  les  relevés  faits  en  1829  à  Saint- 
Landry  et  d'après  ceux  que  l'archéologue 
Vacquerre  a  exécutés  en  1867  lors  de  la 
construction  du  nouvel  Hôtel-Dieu  dans 
les  rues  Milieu-des-Ursins,  de  Glatigny  et 
du  Haut-Moulin,  relevés  qui  ont  été  repor- 
tés sur  un  plan  de  la  Cité  par  les  soins  de 
M.  Ch.  Sellier,  inspecteur  des  fouilles  ar- 
chéologiques, il  semble  que  le  rempart  de- 
vait être  plus  voisin  de  la  Seine  et  passer  à 
peu  près  à  l'endroit  où  était  autrefois  la  rue 
de  la  Pelleterie. 

Les  bases  des  deux  murs  récemment  re- 
trouvés pourraient  donc  appartenir  soit  à 
une  construction  intérieure  de  l'enceinte, 
contemporaine  du  rempart,  soit  à  une  con- 
struction postérieure  faite  avec  des  pierres 
provenant  de  la  muraille  voisine. 

Condamnation  de  Jésus  (LUI,  553, 
621,  685,  732,  789,  900.  —  Tacite  est  né 
en  54  ou  55  après  Jésus-Christ  et  non 
avant  J.-C.j  mort  en  130,  après  J.-C, 
s'il  était  né  avant  l'ère  chrétienne,  il  aurait 
eu  un  âge  inconnu  dans  nos  temps  mo- 
dernes, Beaujour. 

Monogramme  du  Christ  (LUI,  162, 
237,  299).  — ^  Les  sarcophages  en  plâtre 
ont  été  assez  peu  employés.  On  en  a 
trouvé  un  certain  nombre  à  Paris  et  dans 
les  environs.  Il  s'en  trouve  au  musée  Car- 
navalet ;  ces  sarcophages  datent  générale- 
ment de  l'époque  mérovingienne  du  v*  au 
vu'  siècle  et  portent  en  relief  des  sym- 
boles chrétiens,  monogrammes, croix,  etc. 
Cependant  Lacroix,  dans  sa  Vie  militaire 
et  religieuse  au  moyen  âge.^  cite  des  cer- 
cueils en  plâtre  moulé   qu'il   attribue  du 


IX*  au  xiv'  siècle. 


C.  B.  O. 


Sépultures  d'artistes  (LI  ;  LU  ;  LUI, 
37,  79,  180,  302,  826,  986).  —  Le  tom- 
beau de  Louise  de  Lorraine.  —  M.  G.  Wil- 
deman  signale  la  tombe  de  Louise  de 
Lorraine,  femme  de  Henri  111,  parmi  les 
personnages  célèbres  inhumés  au  Père- 
Lachai.se,  et  demande  si  ce  tombeau  existe 
encore. 

La  sépulture  de  Louise  de  Lorraine  se 
trouvait  au  Père-Lachaise  dans  un  terrain 
situé  entre  le  chemin  Suchet  et  le  chemin 
Abadie,  à  l'endroit  où  l'avenue  des  Aca- 
cias fait  un  coude  pour  rejoindre  l'allée 
transversale  n°  i .  Elle  a  été  remplacée  par 
la  tombe  de  Rouillé  des  Coudras.  Voir  à 


14     . 

ce  sujet  le  Guide  dans  les  cimetières  de 
Paris.,  édité  en  1865  par  A.  Faure,  166, 
rue  de  Rivoli. 

Louise  de  Lorraine  fut  exhumée  du 
Père-Lachaise,le  16  janvier  1817  et  trans- 
portée à  Saint-Denis,  dans  le  caveau  des 
Bourbons.  Voir  à  ce  sujet  la  curieuse 
odyssée  de  son  cercueil  dans  une  plaquette 
qui  vient  de  paraître  :  Louise  de  Lorraine, 
L'Odyssée  d'un  cercueil  royal,  par  le 
D""  Billard.  Paris,  Maretheux,  i,  rue 
Cassette.  M.  B. 

Uniforme  des  dragons  Liancourt 

(LUI,  331,  458).  —  Comme  suite  à  deux 
communications  techniques,  la  pièce  sui- 
vante a  son  intérêt  qui  n'échappera  pas  aux 
sociétaires  de  la  Sabretache,  ni  aux  maitres 
du  passe-poil  :  je  sacrifie  l'orthographe 
corporative,  qui  n'est  pas  en  cause  ici 

Mémoire  pour  Monsieur  le  Marquis  de* 
des  ouvrages  faits  par  Balas  M^  tailleur  rue  de 
Bussy, paroisse  Saint-Sulpice  : 

17: 
aune 


.*** 


Une 


'7> 
et 


juin  13 

tiers  drap  dra- 
gon pour  un  habit  uni- 
forme de  Liancourt,  à  29  L.     34      13 

Pour  drap  rose  aux  parements 

et  revers  4       » 

Une  aune  et  sixième  pour  la 

veste  et  la  culotte,   à  24    L.     28      10 

Cinq  aunes  de  voile  blanc  pour 
doubler  l'habit  ,  la  veste  , 
à  4L.  20       » 

Seize  gros  boutons  uniforme 
pour  l'habit,  à  3  L.  12  la 
douzaine,  4     14 

Pour  répaulette,le  nœud  et  les 

quatre  fleurs  de  lys,  27       » 

Pour  doublure  et  poches  à  la 
culotte,  4 

Pour  façon  de  l'habit  complet,     24 

Quatre  douzaines  petits  boutons 
pour  la  veste  et  culotte,  pa- 
rements et  revers,  7      17       6 

1777,  juin  16 
Fourni  un   second  habit  com- 
plet uniforme,  155       4      10 
Pour   avoir     remis    des  jarre- 
tières  à   une  culotte  de   cal- 
niande     blanche    —    fourni 
l'étoffe.  I      15       » 
Le   total     ne   pouvait    civilement  être 
énoncé  que  sur  invitation...    il   s'élevait  à 
212  L.,  7  s.   avec  une  différence  d'un  sou, 
en  augmentation  sur  le  service  précédent  : 
heureux   âge,   et   qui   nous    reporte    aux 
Dragons  de  Liancourt   —  représentation, 
description  et  couleurs 


10 
» 


» 


I 


N»  m?' 


L'INTERMÉDIAIRE 


15 


16 


* 

*  * 


Au  Cabinet  des  Estampes,à  part  les  dix- 
sept  gravures  en  taille-douce  du  «  sieur  de 
Montigny  »(Cf.  pi.  XII,p.  162).  il  ne  reste 
que   les  sept   planches  par  Hoffmann,  et 
encore  aucune  d'elles  ne  donne  de  dragon 
du  18%  arme   pro  gemino  certamine  —  à 
pied  et  à  cheval  !  De   plus,   le  recueil  des 
Uniformes  militaires,  imprimé  en  1772, ne 
représente-t-il  pas  un  dragon  de  La  Ro- 
chefoucault,    ex-d'Autichamp,    avec    les 
types  de  1776,  et  les  poches  en  long  de 
1779,  en  dépit  de  la  légende  «  poche  or- 
dinaire »?  Sans  qu'il  y  ait  à  insister  autre- 
ment, sur  le  ton  —  dans  le  goût  de  l'épo- 
que —   cramoisi,    qualifié   «  couleur   de 
rose  »;  il  appartientà  l'uniforme  de  1786, 
comme  la  visière  de  cet  autre  «  mise  à 
l'essai  en  1786  »,  est  de  1779.  duant  aux 
quatre  fleurs  de  lys,  sur  l'habit   de  capi- 
taine, je  ne  lésai  su  voir  que  dans  la  note 
du  tailleur  !  A  défaut,   et   comme  docu- 
mentation complémentaire,  je  signalerai  : 
1°  Baron   A.    de    Marbot,    11,  pi.  222. 
C'est  un  capitaine  du  régiment  de  Damas 
(12^)  qui    est  figuré  :    il  suffira   donc  de 
changer  les  caractéristiques,  pour  obtenir 
une  représentation  exacte  et  d'un  mouve- 
ment superbe. 

2"  Montigny, pi.  2  :  Louis,  dauphin  de 
France  (1672)  en  colonel  de  son  régiment 
(6*)  ;  mais  l'exécqtion  n'est  pas  aussi  heu- 
reuse, ni  le  dessin  si  assuré. 

3"  Musée  de  Versailles  :  portrait  peint 
du  Dauphin,  fils  de  Louis  XV,  en  colonel 
général  de  dragons  ;  le  casque  avec  sa 
crinière  votive  est  sous  vitrine. 

4°  Avec  un  peu  de  patience,  et  beau- 
coup de  bonheur,  peut-être  découvrirait- 
on  le  chevalier  d'Eon,  aide  de  camp  du 
maréchal  de  Broglie,  en  capitaine  de  dra- 
gons d'Autichamp  —  son  régiment  et  son 
grade  pendant  la  guerre  de  Sept  Ans  — 
on  la  voit  souvent  en  escrimeuse,  et  son 
portrait  a  été  gravé  par  Bradel,  1779. 


*  * 


*  * 
Pour  la  tenue,  l'équipement  général  des 

dragons  depuis  1761,  c'est  dans  l'Histo- 
rique du  II"  régiment  de  Dragons  par  le 
futur  général  Savin  de  Larclause,  qu'il  les 
faut  chercher  :  c'est  la  description  la  plus 
autorisée  et  la  plus  précise. 

L'ordonnance  du  i''  mars  1763  simplifie 
encore  l'habillement...  Ce  nouvel  uniforme 
comporte  l'habit  vert  à  aiguillettes,  une 
épaulette,  la  vcstp  chamois,  la  culotte  de 
daim,  un  manteau  gris  et  un    casque  à  cri- 


nière flottante  sans  visière,  dit  casque  à  la 
Schomberg.  En  même  temps  l'épaulette  est 
donnée  aux  officiers  comme  insigne  des 
grades.  Ils  portent  l'aiguillette  à  droite  et 
l'épaulette  à  gauche,  complètement  en  ar- 
gent, sans  frange.  En  1779,  on  leur  donne 
la  veste  blanche  et  la  culotte  de  peau  blan- 
che ;  une  visière  est  adaptée  au  casque  et 
des  bottes  longues  remplacent  les  bottines 
et  les  guêtres  (pag.  04,  65,  66j. 

Sauf  à  compléter  pour  les  proportions, 
réquipage  et  les  accessoires,  à  l'aide  de 
Montigny  (légende)  et  des  Ordonnances 
et  Règlements  (texte  analytique). 

*  * 
Restent  les    couleurs    distinctives   ou 

types    du    régiment.    Au  iS*^,   de   1776  a 
1786,  elles  ont   changé  trois  fois  .•  Rose, 
Chamois,  Cra.moisi  ;  les  schémas  conven- 
tionnels  figurent  dans    les    publications 
classiques  :    collet,    parements  —  revers 
agraffés  ou  boutonnés  —  couleur  et  nu- 
méro du  bouton  —  direction  des  poches 
—  patte,  aiguillette, liséré  —  équipage  du 
cheval,  etc.,  etc.,  différencient  les  unités 
ou  les  seconds  régiments  de  la  Division  et 
forment   autant   de    questions   pour    un 
chapitre  où    le  chapeau   seul  —   je  veux 
dire  la  coiffure  — reste   la  même,  MM. 
Lienhart  et  Humbert  n'y   consacrent  pas 
moins  de  5  planches, à  ces  caractéristiques 
avec  15    dessins  (II,  29,  30,  31,  32,  33). 
D'après  les   indications   des    éditeurs  de 
Leipzig,  les  dragons  de  La  Rochefoucault 
portaient  en  1777  : 

Colletvert rabattu; parements  roses;  revers 
roses^  avec  agrafes  et  sans  boutons  ;  patte, 
couleur  de  fonds  ;  tour  de  patte  ^noir  ;  poches 
en  travers  ;  boutons  godronnés  blancs,  tim- 
brés aun°  18. 

Faut-il  conclure  de  là  que  le  noble 
client  de  M'  Balas,  tailleur  rue  de  Bucy, 
n'était  pas  à  l'ordonnance  en  1777,  le 
13  juin  ?  Alors  il  s'y  mettait  le  16  1 

Après  la  guerre  de  Sept  Ans,  on  trouve 
le  18°  Dragons  à  Nancy,  1774  :  le  régi- 
ment eut-il  à  fournir  l'escorte  royale  pour 
les  fêtes  du  Sacre  ordonnées  par  le  maré- 
chal de  Duras,  le  1 1  juin  1775  ?  c'est  ce 
que  je  n'ai  pu  contrôler.  En  1778,  il  est  à 
Séez,  et  à  partir  de  1779,  au  camp  de 
Vaussieux,  à  Neuchâtel  et  à  Rouen.  Le 
13  avril,  1779,  la  Ga{ct!e  de  France, 
dans  la  partie  que  nous  appellerions  ofli- 
cielle,  publiait  cette  nouvelle  de  la  Cour  : 

Le  Roi  et  la  Famille  Royale  signèrent  le 
mois     le    contrat  de  mariage    du 


6Sde 


ce 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


17 


18 


Marquis  de  la  Coste  Messelière,  Capitaine 
au  régiment  de  la  Rochefoucaiilt-Dra- 
gons,  avec  demoiselle  de  Saint-George- 
Vérac. 

Si  tel  est  le  point  de  départ  des  recher- 
ches commencées  sur  l'uniforme  des  Dra- 
gons de  Liancourt,  je  m'assure  que  la  cé- 
rémonie eut  lieu  en  habits  de  Cour  et  que 
le  prestigo  de  l'uniforme  était  inutile  ! 
Mais  n'est-ce  pas  quelque  chose  que  feuil- 
leter de  beaux  livres,  et  revivre  des  sou- 
venirs qui  nous  sont  chers.   ? 

POENSIN-DUCREST. 

p. -S.  —  Un  dessin  adapté  —  1772, 
1891  — a  fait  que  j'attribue  à  Montigny 
une  erreur  qui  n'est  pas  sienne  :  ce  dragon 
m'était  connu,  il  appartient  à  l'auteur  des 
U ni foniifs jusqu'à.  Isl  poche  exclusivement! 
Mentionnerai-je  le  collet  plat  ou  rabattu, 
et  le  numéro  du  régiment  :  10%  12" 
(1775,  1776),  iS"  et  II*  actuel  ?  il  n'est 
plus  temps.  P.-D. 

Bibliographie.  —  Uniformes  militaires...  de 
1772,  par  de  Montigny  i  vol  in-12,  Estam- 
pes coloriées  :  O^  98a  ; 

Costumes  militaires  français  de  I4yç  à 
iy8g,-ç2ix  le  baron  A.de  Marbot,2  vol,in-f''  : 
Li^«  7  ; 

Les  Régiments  sous  Louis  XV,  par  Lucien 
Mouillard,  Baudoin  1882,  in-4  :  Lf-W  129  -, 

Historique  des  corps  de  troupes  de  U Armée 
française  de  i^6g  à  içoo,  Berger-Levrault, 
1900,  in-8  :  Lf.-"^    477  ; 

Historique  du  11'  régiment  de  Dragons 
(N°  18  La  Rochefoucault-Dragons)  par  le 
capitaine  Savin  de  Larclause,Fontenay,i89i, 
in-8  :  Lf/^'^'  325  ; 

Les  Uniformes  de  l'Année  française  de 
1660  à  nos  jours,  par  MM.  Lienhart  et 
Humbevt,  Leipzig,  Ruhl,  1897,  4  vol,  in-4°  : 
Liio    26. 

E^at  militaire  de  la  France,  par  de  l^l. 
et  Roussel,  1771.  30  vol.  in-12  :  Le  ^*' 156. 

Louis  XVII.  Sa  mort  au  Temple. 
Documents  nouveaux.  (T.  G.  534  ; 
XLIX  ;  L  ;  LI  ;  LU  ;  LUI.  — 

V Intermédiaire  est  essentiellement  une 
revue  de  controverses,  la  plus  ardente  de 
toutes  devait  y  trouver  un  écho  ;  aux  parti- 
sans de  la  survivance  du  Dauphin,  comme 
à  leurs  adversaires,  en  toute  impartialité, 
nous  avons  ouvert  nos  colonnes.  La  place 
n'y  est  le  monopole  de  personne.  A  vrai 
dire,  nous  connaissions  trop  la  violence  des 
passions  qui  s'agitent  autour  de  cette  affaire 
pour  ne  pas  redouter,  malgré  nos  efforts, 
nos  prières,  nos  instances  auprès  des  contra- 
dicteurs en  présence,  que  l'ardeur  des  explica- 


tions n'aboutît  à  des  polémiques  personnelles. 

Nous  recevons  une  lettre  en  réponse  à  la 
dernière  démonstration  de  M.  Otto  Friedrichs 
qui  a  trouvé  à  V Intermédiaire  d'autant  plus 
large  place,  pour  ses  exposés,  qu'il  discutait 
avec   un  plus    grand    nombre    d'adversaires. 

L'insertion  de  cette  lettre  nous  est  deman- 
dée en  vertu  du  droit  de  réponse  ; 

Monsieur  le  directeur, 

Les  procédés  discourtois  ne  sont  pas, 
d'ordinaire,  en  usage  à  V Intermédiaire  et 
vous  ne  les  laisserez  certainement  pas  s'y 
acclimater.  J'informe  donc  ici  M.  Frie- 
drichs qu'il  peut,  se  livrer  sur  mon  dos  à 
toutes  les  élucubrations  possibles.  Je  ne 
lui  répondrai  pas. 

S'il    plaît  à  d'autres  de  mes  confrères 

d'avoir  sur  l'incident  auquel  il  fait  allusion 

de  plus   amples   renseignements,  je   si|is 

personnellement  à  leur  entière  disposition. 

H.  Baguenier  Desormeaux. 

3,  rue  Crevaux,  Paris. 

Nos  collaborateurs  comprendront  que  nous 
avons  le  devoir  de  maintenir  les  controverses 
historiques  dans  les  limites  d'une  modération 
et  d'une  courtoisie  parfaites,  ils  voudront 
bien  faciliter  notre  lâche  en  écartant  des  dis- 
cussions toute  expression  irritante  et  en  n'ap- 
portant dans  ces  débats  que  des  faits.  Nous 
sommes  surtout  un  recueil  d'inédit. 

Désormais,  en  dehors  de  documents  prove- 
nant de  nouvelles  découvertes,  nous  resterons 
dans  les  traditions  de  V Intermédiaire  en  nous 
abstenant  de  toute  polémique. 

A  dater  de  ce  iour,  nous  donnons  à  cette 
rubrique  ce  titre,  afin  qu'il  limite  la  question 
et  la  précise  :  Louis  XVH.  Sa  mort  au 
Temple,  Documents  nouveaux.  M. 

Les  prêtres  assermentés  (LUI, 
891).  —  Je  ne  puis  répondre  que  partielle- 
ment à  cette  question.  Dans  le  district 
d'Angers,  23  curés  sur  51  prêtèrent  le 
serment  ;  il  n'y  en  eut  que  quatre  ou 
cinq  pour  le  refuser  dans  le  Saumurois  ; 
dans  le  district  de  Cholet,  5  prêtres  sur 
88  ne  furent  pas  réfractaires  ;  dans  le 
district  de  Saint-FIorent-le-Vieil,  4  curés 
sur  40  prêtèrent  le  serment  ;  dans  le  dis- 
trict de  Vihiers,  la  proportion  fut  de  18 
sur  45.  Henri  Jagot. 

Les  maison?,  historiques  (LUI, 844, 
941,965).  —  L'anecdote  sur  la  statue  de 
Danton  que  nous  a  si  alertement  contée 
M. Y., est  malheureusement  erronée. 

La  statue  n'est  pas  en  face  de  la  maison 
habitée  parle  tribun,   puisque  cette  mai- 


N°  1117. 


L'INTERMEDIAIRE 


19 


20 


son,  dont  le  porche  servait  d'entrée  à  la 
Courdu  Commerce, était  située  exactement 
entre  les  deux  terre-plein  du  boulevard 
Saint-Germain,  au  droit  du  n°  93. 

D'autre  part,  on  ne  l'a  pas  érigée,  cette 
statue,  parce  qu'un  propriétaire  se  refusait 
à  l'établissement  d'une  plaque  commémo- 
rative  sur  la  façade  de  sa  maison  ;  celle-ci, 
en  effet,  n'existait  déjà  plus  en  1876  et  la 
statue  de  Danton  n'a  été  dressée  qu'en 
1891. 

Mais  puisque  j'ai  été  amené  ainsi  à  dire 
mon  mot  à  propos  desmaisons  historiques, 
que  M.  Y. me  permette  de  lui  dire  combien 
je  partage  son  opinion  sur  les  inscriptions 
fantaisistes.  Par  exemple,  on  peut  lire  sur 
la  façade  de  la  maison  qui  porte  le  n"  3, 
de  la  place  des  Vosges  :  «  Dans  cet  hôtel 
est  née, le  6  février  1620, Marie  de  Rabutin- 
Chantal, marquise  de  Sévigné  ». Or, tout  le 
monde  sait  que  Tépistolière  est  née  le  5. 
Elle-même  Ta  dit  et  répété  ;  «  II  y  a  au- 
jourdliui  mille  ans  que  je  suis  née.  » 
(Lettre  du  5  février  1672).  «  11  y  a  aujour- 
d'hui bien  des  années,  ma  fille,  qu'il  vint 
au  monde  une  créature  destinée  à  vous 
aimer  préférablement  à  toutes  autres  >>. 
(Lettre  du  5  février  1674).  On  pourrait 
multiplier  les  exemples  ;  mais  en  voici 
assez  pour  établir  que  la  plaque  de  la  mai- 
son natale  de  la  marquise  la  rajeunit... 
d'un  jour.  Nothing. 

Porte  Maillot  (LUI,  896,  999).  — 
Des  Débats  : 

Tout  le  monde  la  connaît,  tout  le  monàe 
en  parle,  presque  toujours  avec  inaprécision, 
car  on  la  confond  avec  sa  voisine  lu  porte  de 
Neuilly  ;  or,  bien  qu'elles  soient  contiguës,  il 
y  a  entre  elles  deux  un  fossé,  ou  du  moins  il 
y  en  avait  un  autrefois.  Un  des  «  chercheurs 
et  curieux  »  de  V Intermédiaire  a  posé  tout 
récemment  cette  question  :  «  Quel  est  le 
grand  homme  —  si  c'en  est  un  —  qui  a  servi 
de  parrain  à  la  porte  qui  se  trouve  au  termi- 
nus de  l'avenue  de  la  Grande-Armée  ?  »  Ici, 
la  confusion  est  patente,  puisque  la  question 
a  pour  objet  la  porte  Maillot,  laquelle  est 
située  en  retour  d'équerre  du  terminus  de 
ladite  avenue.  Point  n'est  besoin  de  dire  que 
la  porte  de  Neuilly,  ouverte  dans  la  fortifica- 
tion parisienne  n'a  pas  d'histoire.  11  n'en  est 
pas  de  même  de  la  porte  Maillot,  l'une  des 
entrées  du  bois  de  Boulogne,  donnine  de  la 
couronne,  jadis  entièrement  clos  de  murs 
depuis  le  moyen  âge  jusqu'au  moment  oi^i  Na- 
poléon 111  le  céda   à  la  Ville  de  Paris. 

Un  acte  paroissial  de  Villiers-la-Garenne 
(ancien    chef-lieu   de   la  paroisse  de  Neuilly) 


Voir  la  table 
trouvera    cette 
termes   un    peu 
quième   volume 


mentionne  en  1680  Pierre  Barat,  portier  de  1^ 
porte  Mahiaulx  ;  d'autres  textes  à  peu  prè^ 
contemporains,  orthographient  Maliiaii^  ou 
Mahiot,  ou  Mayot  iVoy.  les  additions  à 
l'Histoire  du  diocèse  de  Paris,  de  l'abbé 
Leboeuf,  p.  510).  Il  pariît  probable  que  ce 
nom  fut  celui  d'un  portier  du  Bois.  Grand 
homme  ?  Nous  en  doutons  ;  toutefois,  n'était 
pas  qui  voulait  portier  du  roi,  et  pour  avoir 
la  charge,   il   fallait  commencer  par  la  payer, 

F.  B. 

Robert  d'Arbrissel  (LUI,  892).  — 
Les  sources  à  consulter  sont  indiquées 
dans  le  Répertoire  des  sources  bist.  du 
moyen  âge.(Bio-Bibliographie)^àt  M.  l'abbé 
U.  Chevallier,  nouvelle  édition  au  mot 
Robert.  Abbé  Angot,  Dict.  de  la  Mayenne, 
1,  p.  58.  C.  Port.  Dict.  de  Maine-et-Loire. 

Louis  Calendini. 

générale  (T.  G.  54).  On 

question    posée    en   des 

différents   dans   le   cin- 

de     \' Intermédiaire    (col. 

596)  et  plusieurs  réponses  dans  ce  même 

volume  et  dans  le  suivant. 

RoLiN  Poète. 

Bertin  de  Villars  (LUI,  892).  — 
L Annuaire  de  la  Noblesse  de  France  (1860, 
p.  399),  cite  Aimé  Bertin,  avocat  au  par- 
lement, échevin  de  Lyon,  1734,  et  Fran- 
çois Bertin  de  Villars,  écuyer,  avocat  au 
parlement,  aussi  échevin  en  1771  i 
d'azur .^  à  2  épées  hautes  d'argent.^  garnies 
d'or.,  passées  en  sautoir.,  et  accompagnées 
en  pointe  d'une  gerbe  d'or.,  liée  de  gueules, 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Jeaii-Baptista  Blondel,  ingénieur 
à  Paris  en  1794  (LIIî,  892).  —  Co  Jean- 
Baptiste  Blondel  était  sans  doute  le  mari  ou 
peut-être  le  fils  de  Manon  Baletti,  dont 
Casanova  avait  longtemps  désiré  la  main. 
Au  tome  III  de  ses  Mémoires  (dans  l'Edition 
Rozez,  Bruxelles,  1879)  et  à  la  page  496, 
on  trouve  la  lettre  que  Manon  Baletti 
écrivit  à  Casanova  en  lui  renvoyant  ses 
lettres  et  son  portrait,  pour  lui  annoncer 
que  «  demain  à  cette  heure,  je  serai 
«  l'épouse  de  M.  Blondel,  architecte  du 
«  roi  et  membre  de  son  académie  ».  Casa- 
nova ne  donne  pas  la  date  de  la  lettre, 
mais  il  dit  qu'il  la  reçut  le  jour  de  Noël, 
Manon  lui  écrivait  de  Paris  et  il  était 
alors  à  Amsterdam.  Le  mariage  dut  donc 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


21 


22 


avoir  lieu  aux  environs  du  lo  décembre. 
Quant  à  Tannée,  Casanova  ne  la  donnant 
pas  non  plus  (il  ne  donne  généralement 
pas  les  années  des  faits  qu'il  raconte),  on 
peut  déduire  d'un  passage  voisin  de  ses 
Mémoires  (page  411,  même  volume)  que 
c'est  Tannée  ou  M.  de  Bernis  fut  fait  car- 
dinal, et  où  le  vénitien  Rezzonico  devint 
pape  sous  le  nom  de  Clément  Xlll,  soit 
1758. 

Bouillon  cite  deux  architectes  célèbres 
(le  premier  surtout)  du  nom  de  Blondel, 
savoir  : 

François  B  ,  auteur  de  la  Porte  Saint- 
Denis,  1617-1686, et  son  neveu  Jacques- 
François  B,  1705- 1774.  C'est  peut-être 
celui-ci  qui,  en  1758,  avait  épousé  Manon 
Baletti.  Mais  alors  ce  ne  serait  pas  lui 
l'ingénieur  au  sujet  duquel  on  cherche  à 
se  renseigner,  puisqu'en  1794,  il  était 
mort  depuis  20  ans.  V.  A.  T. 

La  comtesse  de  Bucquoy  (LUI, 
835,914). — La  comtesse  de  Bucquoy  dont 
il  est  question,  était  la  femme  du  comte 
Jean,  née  Thérèse,  comtesse  Paar. 

Les  Longueval,  seigneur  de  Vaux  et 
comtes  de  Bucquoy,  sont  fixés  en  Autriche 
depuis  le  xvi=  siècle.  A.  de  Doerr. 

Le  pasteur  Clemenceau  (LUI, 
947).  —  D'après  le  Dictionnaire  histori- 
que et  généalogique  des  familles  du  Poitou, 
il  laissa  un  fils,)acques,  qui  fit  ses  études 
à  Genève  et  que  Ton  trouve,  comme  mi- 
nistre du  Vigan  de  1634  à  16^7. 

Pierre  Meller, 

* 

Il  y  eut  un  autre  Clemenceau,  que  le 
pasteur  :  c'était  un  prêtre  qui  fit  parler 
de  lui,  si  j'en  crois  cette  anecdote  tirée 
des  Mémoiies  secrets,  de  Bachaumont,  à 
la  date  du  7  janvier  1769.  L'auteur  cite 
une  lettre  datée  de  Rennes  : 

11  court  ici  une  caricature  dort  il  faut 
vous  dire  l'orgine.  Un  avocat,  nommé  Du 
Père  Poulain,  tout  dévoué  aux  jésuites  et  à 
leur  cabale,  a  été  le  défenseur  du  prêtre 
Clemenceau  dans  l'affaire  du  poison,  iugée 
définitivement  le  5  mai  1768.  Ce  dernier  en 
reconnaissance  a  fait,  dit-on,  tirer  en  grand 
le  portrait  de  ce  moderne  Cicéron.  Le  juris- 
consulte est  représenté  en  robe,  avec  la 
croix  de  Saint-Michel  par  dessus  ;  il  tient 
d'une  main  ses  Commentaires  sur  la  cou- 
tume de  Bretagne,  mauvais  ouvrage,  mal- 
gré  les  éloges  de  Fréron,    et    de  l'autre,  sa 


première  requête  pour  Clemenceau.  Il  fixe 
les  yeux  sur  ses  oeuvres  avec  un  œil  de 
complaisance.  Des  plaisants  ont  fait  graver 
ce  portrait  et  ont  ajouté  les  deux  quatrains 
suivants.  De  la  bouche  de  l'orateur,  on  a 
fait  sortir  celui-ci  en  lettres  d'or  : 

On  dit  mes  ouvrages  mauvais  : 
Oui,  quelques  sages  les  rejettent, 
Mais  plus  de  cent  sots  les  achètent 
C'est  pour  eux  que  je  lésai  faits. 
Et  au  bas  du  portrait,  on  lit  cet  autre  : 

Efflanqué,  longetplat,  son  style  est  son  image 
Détestable  copie,  insipide  orateur, 
A  l'auteur  on  connaît  l'ouvrage, 
A  l'ouvrage  on  connaît  l'auteur. 

Famille  de  Fiahaut  (LUI,  893).  — 
César-Auguste  Fiahaut,  comte  de  la  Billar- 
derie,  lieutenant  général  des  armées  du 
roi,  épousa  Thérèse-Odile  Cœuret,  fille 
de  Louis,  marquis  de  Nesle  et  de  Hen- 
riette-jeanne-Rosalie  Le  Bouc  de  Mont- 
plaisir,  dont,  entre  autres  enfants  : 

i)  Charles-Claude  de  Fiahaut,  comte  de 
la  Billarderie  d'Angevilliers,  directeur  des 
bâtiments  et  des  jardins  du  roi,  marié,  au 
mois  d'août  178 1,  avec  E.  Julie  Delaborde, 
veuve  de  Girard  de  Binet,  baron  de  Marchais, 
et  fille  de  Jean-François  Delaborde,  fermier 
général,  et  d'Elisabeth  le  Vassejr. 

2)  Charles-François  de  Fiahaut,  comte  de 
la  Billarderie,  lieutenant  général  des  armées 
du  roi,  mort  en  1793,  épousa  :  1°  Françoise- 
Louise  Poisson,  fille  de  François,  seigneur  de 
Lucq,  et  de  Marie-Madeleine  de  la  Mothe  ; 
née  le  15  mai  1724  et  sœur  de  la  marquise 
de  Pompadour  ;  1"  le  30  septembre  1779, 
Adélaïde-Marie-Emilie  Filleul,  fille  de  Charles- 
François  et  de  Catherine-Irène  du  Buisson  de 
Longpré,  et  remariée  avec  dom  José  de  Souza 
Botelho  ;  elle  décéda,  à  Paris,  le  16  avril 
1836.  [«  Abel-François  Poisson,  marquis  de 
«  Menay,  frère  de  la  marquise  de  Pompadour 
«  et  de  la  comtesse  de  la  Billarderie,  avait 
«  épousé,  en  1767,  Marie-Françoise-Julie- 
Conatunce Filleul,  fille  naturelle  de  Loui  s  X.V»J. 
Du  second  mariage  : 

Auguste-Charles-Joseph,  comte  de  Fl.ihaut, 
lieutenant  général,  grand-chancellier  de  la 
Légion  d'honneur,  ambassadeur  en  Angle- 
terre, etc.,  (le  père  du  duc  de  Morny),  né  le 
21  avril  1785,  mort  à  Londres,  le  le""  sep- 
tembre 1870,  marié  le  28  juillet  1817  avec 
Marguerite  Elphinstone,  baronne  de  Kleith, 
décédée  à  Paris,  le  12  novembre  1867,  dont  : 
(i)  Emilie-Jeanne,  morte  à  Londres  au  moi  s 
de  juin  1895,  avait  épousé,  le  i*'  novembre 
1843,  Henri,  comte  Shelbourne^  marquis  de 
Landsowne  ; 

(2)  Clémentine-Marie-Hortense,  décédée    le 
5  janvier  1836  ; 


N'   JI17. 


L'INTERMEDIAIRE 


23 


24 


{))  Georgette-Gabiielle,  née  en  1827, mariée, 
en  1871,  avec  Chailes-Jean-Félix,  marquis 
de  la  Valette  ; 

(4)  Adelaïde-Joséphine-EIisabeth  ; 

(5)  Safah-Sopliie-Louise,  morte  le  8  juil- 
let 1853. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 
* 

*  * 
Sur  madame  de  Souza, voir  l'article  que 

Sainte-Beuve  lui  a  consacré.  Voir  aussi 
les  publications  de  M.  Pelissier  sur  les 
corntes  d'Albany  et  beaucoup  d'autres. 
Sur  M.  d'Angevilliers,  M.  Renaud 
d'Escles  a-t-il  cherché  si  sa  correspon- 
dance n'avait  pas  été  publiée  par  la  So- 
ciété de  l'Art  français  ? 

Un  rat  de  bibliothèque. 

La  Fâlcon  (LHI,  782,  914).  —  Sa 
maladie.  —  J'ignore  si  des  médecins  spé- 
cialistes, c'est-à-dire  des  laryngologistes, 
se  sont  jamais  occupés  du  Cas  de  la  Falcon, 
qui,  le6  mars  1837,  fut  prise  subitement, 
sur  la  scène  de  l'Opéra,  d'une  aphonie 
telle  qu'elle  dut  abandonner  les  planches 
et   qu'on  dut   remettre  la  représentation. 

Mais  je  remarque  que,  puisque  cette 
jeune  fille  était  née  à  Paris  le  28  janvier 
1814,  elle  n'avait  à  cette  époque  que 
2}  ans  !  Je  note  aussi  qu'elle  essaya  de 
nouveau,  le  15  mars  1840,  c'est-à-dire 
3  ans  après,  de  se  faire  entendre  à 
l'Opéra, etqu'en  entrant  en  scène  elle  eut 
une  syncope  :  ce  qui  l'empêcha  de  conti- 
nuer. —  A  26  ans  donc,  toute  voix  était 
perdue. 

Ce  cas  est  véritablement  très  impres- 
sionnant et  extraordinaire-,  même  pour  un 
médecin.  On  est  obligé,  dans  l'état  ac- 
tuel delà  science,  de  songer  à  une  affec- 
tion nerveuse,disons  le  mot  :  à  une  pai'a- 
lysie  hystérique  des  cordes  vocales,  quoi- 
que les  accidents  notés  soient  fort  com- 
plexes et  aient  duré  bien  lontemps  ! 

Sait-on  si  Mlle  Falcon  a  été  soignée  par 
un  médecin  pour  ce  terrible  accident  ?Je 
sais  bien  qu'à  cette  époque  les  laryngolo- 
gistes  n'étaient    pas     encore    inventés  ! 

Mais  elle  a  sans  doute  dû  consulter  quel- 
qu'un de  connu.  Pourrait-on  savoir  qui  ? 

De  plus,  M.  Arthur  Pougin,  qui  est  très 
documenté  sur  l'Opéra  et  ses  prêtresses, 
pourrait-il  nous  dire  si,  dans  les  annales 
du  théâtre  lyrique,  on  connaît  d'autres 
faits  aussi  remarquables  d'aphonie  aussi 
brusque  et,  en  somme,  incurable  .? 

Dr  Marcel  Baudouin. 


Goethe.  Son  dernier   mot   (T.  G.» 

390).  —  On  lit  dans  les  journaux  : 

Une  relation  des  derniers  instants  de 
Gœths  vient  d'être  mise  au  jour  par  les 
Dernières  Nouvelles  de  Munich.  C'est  une 
lettre,  jusqu'à  ce  jour  inédite, de  Mlle  Louise 
Seidier,  amie  de  la  famille  Gœthe. 

Eh  bien  !  Savez-vous  ce  que  cette  épître 
nous  apprend  de  plus  neuf?  Le  voici    : 

Gœthe  essaye  d'écrire.. .  A  dix  heures,  il 
ne  profère  plus  que  de  brèves  paroles  : 
«  Assieds-toi  près  de  moi,  chère  fille,  tout 
près...  »  Et,  enfin,  «  Donne-moi  ta  chère 
petite  patte...  » 

Malgré  la  violence  du  combat  suprême,  la 
tête  et  les  mains  demeurent  immobiles. 
Gœthe  a  les  yeux  mi-clos.  Il  ne  les  rouvre 
que  pour  jeter  un  regard  de  tendresse  au  gra- 
cieux visage  qui  se  penche  sur  lui.  Puis  il 
expire,  le  22  mars  1832,  à  onze  heures  et 
demie. 

D'où  il  résulte  que  les  derniers  mots  tradi- 
tionnels du  poète  :  «  Plus  de  lumière  !  »  non 
seulement  n'ont  pas  le  sens  symbolique  qu'on 
leur  prêtait,  mais  encore  qu'ils  sont  controu- 
vés. 

Moniarnail  do  la  Prade  (LUI, 
893).  —  La  famille  de  Guizard  de  Mon- 
tarnal  est  encore  existante.  Voir  sa  notice 
dans  X Annuaire  de  la  Noblesse  (1879, 
p.  179)  ;  Barrau  :  Documents  sur  les  fa- 
milles du  Ronergue  (II,  663,  III  783,  IV 
457)  ;  Bouillet  :  Nobiliaire  d'AiiVi'rgne 
(III,  251)  ;  Bonald.  Docinneuis  sur  les  fa- 
milles du  Rouer giie  (p.   147). 

L'on   trouve    rapporté    par    Barrau    : 

«  N.   de  Guizard  (fils  de  Jean  de  Guizard 

«  de  Montarnal  et  de  Marguerite  Bouquier, 

«  mariés  le    11    août    1755),  capitaine  au 

«  régiment  de  Noailles,  cavalerie,  devenu 

«  plus  tard  15*  dragons,  mort  sur  l'écha- 

«  faud  à  Carcassonne,   en    1793,  victime 

«  de  la  Terreur  »  (IIL  786). 

G.  P.  Le  Lieur  dAvost. 
* 

Cette  famille  est  représentée  à  Paris. 
LesBottins  mondains  donnent  l'indication 
cherchée. 

Yvernel  de  MontHambert  (LUI, 
893).  —  A  cette  famille  de  Picardie,  qui 
portait  pour  armes  ;  de  sable,  à  la  bande 
d'argent,  charo-ée  d'une  étoile  de  sable, 
appartenait  Marie-Louise-justine  Yvernel, 
qui  épousa,  le  12  décembre  1754,  Jean- 
François  de  Comminges  d'Escoubès. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906, 


25 


26 


François  Pa^serst  (LUI,  837,  974). 
—  U  faudrait  être  brouillé  avec  la  chro- 
nologie pour  être  tenté  de  confondre 
François  Passerat  qui  vivait  à  la  fin 
du  xvii^  siècle,  avec  le  poète  champenois 
Jean  Passerat,  mort  en  1602. 

François  Passerat  était,  dès  1680,  comé- 
dien à  la  cour  de  Hanovre  avec  sa  femme, 
et  leur  fille,  Ursule  Passerat,  épousa  le  co- 
médien Charles  Pâtissier  de  Chàteauneuf. 

A  la  date  du  2q  mars  1691,  je  trouve 
une  quittance  donnée  par  Jean  Loiseau  et 
Florentin  de  Philebois  à  Gabriel  Passerat. 
Peut-être  s'agit-il  ici  du  chirurgien  Passe- 
rat qui,  en  1693,  soigna  Mme  de  Boislan- 
dry  avec  son  collègue  Bessière.  Mais  j'i- 
gnore si  ce  Gabriel  était  un  parent  du 
comédien  François  Passerat. 

Georges  Monval. 


La  comtesse  Plater  (LUI,  947).  — 
La  comtesse  Plater  appartenait  à  la  fa- 
mille des  comtes  Broel-Plater.  On  trou- 
vera son  portrait,  des  souvenirs  à  elle,  et 
tous  les  détails  biographiques  possibles, 
dans  le  Musée  et  cians  la  Bibliothèque 
(dirigée  par  le  savant  M.  de  Karczewski) 
du  Musée  national  polonais  de  Rapperswyl. 
Le  directeur  de  ce  musée,  un  exilé  polo- 
nais, M.  Ruciski  de  Rojenwedt,  victime, 
lui  aussi,  des  répressions  qui  suivirent  la 
révolution  polonaise  de  1863,  au  cours  de 
laquelle  la  comtesse  Plater  fut  pendue 
«  pour  avoir  porté  le  deuil  d'un  de  ses 
«  frères  massacrés  par  les  Russes  », 
pouna  sans  doute  fournir  à  M.  G.  des 
notes  et  souvenirs  personnels. 

Baron  Albert  Lumbroso. 

Famille  de  la  Poterie  (LUI,  784, 
922).  — Voici  ce  que  je  sais  sur  une  famille 
Bouquain  de  la  Poterie,  fixée  en  Libour- 
nais  au  xvii®  siècle. 

I.  N.  le  Bouquain  ou  Bouquain,  sieur 
de  la  Poterie,  habitant  la  haute  Norman- 
die, épousa  Marguerite  Denise  d'où  : 

II.  Jean  Bouquain  de  la  Poterie,  écuyer, 
capitaine  de  brûlot,  puis  capitaine  de  la 
patache  à  Libourne,  épousa  dans  cette 
ville,  le  12  janvier  1681,  Jacquette  Ray- 
naud,  dont  :  1°  Jean,  né  en  1681  ;  2" 
Suzanne  et  Isabelle,  nées  en  1684:3^ 
Bernard  né  en  1684,  père  de  François 
1733-1742  ;  4°  Alexandre  qui  suit. 

III.  Alexandre  Bouquain  de   la   Poterie, 


employé  au  bureau  des  Fermes  du  roi, 
épousa,  en  1731,  Philippe  Cadran,  dont 
Jeanne,  née  en  174 1  ;  Pierre,  né  en  1744; 
Jacques  né  en  1745  . 

Cette  famille   est    encore  représentée  à 
Libourne.  Pierre  Meller. 

Famille    hollandaise    de    Quay 

(LUI,  893).  —  u  est  probable  que,  par 
suite  d'une  mauvaise  lecture,  Buchon, 
éditeur  des  lettres  de  madame  Campan  à 
la  reine  Hortense,  aura  écrit  de  Guay 
pour  de  Quay.  Le  11  juillet  1806,  ma- 
dame Campan  écrit  à  la  reine  :  «  Votre 
Majesté  est  infiniment  bonne  d'avoir 
daigné  accueillir  mes  cousines  de  Guay. 
M.  l'Ambassadeur  de  Hollande  m'a  dit 
que  c'était  une  ancienne  famille  militaire 
estimée  dans  la  Gueldre  ».  Et,  le  20  sep- 
tembre, même  année  :  <%  J'ai,  près  de  moi, 
en  ce  moment,  la  famille  de  Gua}^  Le 
colonel  ressemble  à  mon  oncle,  le  major 
d'Arras,  d'une  manière  surprenante,  si  le 
degré  de  propre  cousin  germain  ne  ren- 
dait pas  cela  fort  naturel.  La  cousine  a 
beaucoup  des  manières  de  ma  tante 
Cardon,  etc.  ».  Henriette  Cardon,  née  de 
Quay,  serait  donc  la  grand'mère  de 
Mme  Campan  ^  et  la  mère  de  Mme  Genêt, 
née  Lise  Cardon  .?  —  M.  Harlé  sait-il 
aussi  quel  est  cet  «  oncle  d'Arras  »  dont 
parle  Mme  Campan  ?  Il  aurait  été  «  le 
cousin  germain  »  du  colonel  de  Quay  cje 
1806,  car  le  colonel  de  Quay,  père  d'Hen- 
riettedeQuay,  devait  vivre  sousLouis  XIV? 
M.  Harlé  sait-il  que  Mme  Campan,  née 
Genêt,  avait  pour  belle-mère  Mme  Cam- 
pan, née  Antoinette  Gonet.^Je  crois  bien 
me  rappeler  que  la  comtesse  Oudinot  de 
Reggio  possède  le  portrait  de  cette  der- 
nière.Je  lui  signale  le  fait  qui  peutl'intéres- 
ser  comme  petit-neveu  de  Mme  Campan. 

C.  DE  LA  Benotte. 


D'après  la  généalogie  très  incomplète 
de  cette  famille,  un  certain  capitaine  au 
service  des  Etats-Généraux  de  Quay  se 
rendit  en  France,  où  il  s'est  marié  à 
une  mademoiselle  JVereest,  dont  trois 
filles.  Ce  capitaine  eut  deux  frères  et 
deux  soeurs  :  a.  Lndolf  de  Qtiay,  seigneur 
de  Duckenburg,  né  en  1652,  bailli  et  maî- 
tredes-eaux  à  Grave  et  clans  le  pays  de 
Cuyk,  décédé  à  Grave  le  2.  11 .  1728.  Il 
s'est  marié  deux  fois  et  a  laissé  plusieurs 
enfants  ;  b.    Aniold   de  Qitay,  officier  au 


n»  III7. 


L'INTERxMEDIylRE 


27 


28 


service  des  E. -G.,  s'est  marié  à  Mastricht  j   ijoy-iy^ji.  Pour  plus   de   détails  cf.    La 


le  II.  5.  1708  en  secondes  noces  à  Anna 
Maria  Z,^mZ>^/-/ (veuve  d'unofficier  nommé 
Boom)  dont  trois  enfants  ;  c.  Jacomina  de 
Qjiay  qui  vit  encore  en  1709  ;  d.  IViîhel- 
viina  Heniica  de  Qm^v, décédée  à  Grave  le 
23.  10.  1720,  qui  s'est  mariée  en  1687  à 
Grave,  au  d'  e.  d.  Albert  de  Grève,  né 
dans  cette  ville  le  7.  10.  1655,  échevin 
là-bas,  de  1678  à  1686,  -j-  à  La  Haye  le 
I.  12.  1703,  filsde  Willem  de  G.,  et  de 
Henrica  Bongart. 

Plusieurs  membres  de  cette  famille 
se  sont  distingués  au  service  militaire.  — 
Je  cite  entre  autres  :  Carel  Jacob  de  Quay 
né  à  Mastricht  en  1710,  décédé  dans 
cette  forteresse  le  15.  10.  1798,  colonel 
dans  le  régiment  du  général  Von  DopfF. 
Son  petit-fils  Cornelis  Johannes  de  Quay, 
né  en  1794,  fut  major  dans  l'armée  indo- 
néerlandaise, chevalier  dans  les  ordres 
de  Guillaume  et  de  la  Légion  d'honneur. 
11  mourut  aux  Indes  le  2.  6.  1834. 

Le  fils  aîné  du  colonel  susdit,  Petnis 
FranciscHs  Gerardus  de  Q_uaj',  né  à  Mas- 
tricht le  26.  5.  1753,  lieutenant-colonel, 
chevalier  dans  l'ordre  de  l'Union,  est  -|-  à 
Grave  le  2.  11.  1834,  dont  une  fille, 
Rudolphine  de  Quay,  qui  s'est  mariée  à 
Jean-Nicolas- Marie  V Olivier,  né  1792, 
lieutenant  général  belge,  commandeur 
dans  les  ordres  de  la  Légion  d'honneur  et 
de  Léopold. 

La  famille  de  Qjiay  est  encore  repré- 
sentée dans  notre  armée  par  le  capitaine 
au  second  régimentd'lnfanterie  R.B.A.N 
de  Quay,  en  garnison  à  Bois-le-Duc  (Bra- 
bant  Septentr.  Pays-Bas)  qui, sans  doute, 
pourra  donner  de  plus  amples  informa- 
tions. Si  Monsieur  Harlé  voulait  me  com- 
muniquer son  adresse,  je  serais  fort  en- 
chanté de  pouvoir  lui  céder,  à  titre  gra- 
cieux,une  assez  jolie  gravure  coloriée  aux 
armoiries  de  la  famille  de  Quay,  qui  sont  : 
d'argent,  à  h  fasce  de  sinople,  soutenant 
une  feuille  de  tilleul  du   même,  la  tige  en 

haut.  M.  G.  WlLDEMAN. 

Famille  Rousselet  ou  Ranscelat 

(LUI, 894, 976).  —  Un  Rousselet,  marquis 
de  Château-Renaud,fut  maréchal  de  France. 
La  famille  prit  son  surnom  d'une  terre  de 
Touraine  érigée  en  maquisat  en  1620. 
Elle  a  donnédeux  abbesses  de  Saint-Gene- 
vièvedeMontsort  (près  Alençon):Louise  R. 
1694-1707  ;   Thérèse-  Henriette -Perrine 


Chesnaye  des  Bois.  Dict.  de  la  Noblesse 
d'or,  à  un  arbre  de  sinople,  fruité  d'or . 

Louis  Calendini. 


* 


Le  maréchal  dont  il  s'agit  est  connu 
sous  le  nom  de  Château-Renaud  ;  il  était 
originaire  de  Touraine.  H.  V. 


Généalogie.  Père  Anselme  :  Histoire 
généalooique  et  chronologique  de  la  maison 
royale  de  France,  des  pairs.  Paris,  1733, 
tome  VII,  p.  650-652, 


* 


La  généalogie  de  la  famille  Rousselet, 
qui  a  donné  François-Louis  Rousselet, mar- 
quis de  Châteaurenaud,  maréchal  de 
France,  mort  en  17 16,  est  rapportée  par 
le  P.  Anselme  :  Hist.  des  grands  officiers, 
t.  VII,  p.  651.  Ses  armoiries  étaient  :  d'or, 
au  chêne  de  sinople,  englanté  d'or. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


*  * 


La  famille  Rousselet  porte  :  d'or  à  un 
arbre  de  sinople  fruité  d'or.  En  voici  une 
généalogie  sommaire  : 

I. Olivier  Rousselet, échanson  de  Charles  VII, 
épouse  Renée  PaumArt,  dont  : 

II.  Jean  Rousselet. 

111  Jean  11  Rousselet,  mort  en  1520,  épouse 
Jeanne  Lallemant,  dont  : 

IV.  François  Rousselet  épouse  le  16  décem- 
bre 1533,  Méraude  de  Gondy,  sœur  aînée 
d'Albert  de  Gondy,  maréchal  de  France,  et 
du  cardinal  Pierre  de  Gondy^  évéque  de 
Paris. 

V.  Albert  Rousselet,  marquis  de  Château- 
Renaud,  épouse  le  4  avril  1585  Madeleine  Le 
Maréchal,  et  mourut  en  1621. 

VI.  François  II  Rousselet,  marquis  de  Châ- 
teau-Renaud, épouse, le  19  mars  1622,  Louise 
de  Compans,  et  meurt  en  décembre  1677, 
laissant  entre  autres  enfants  : 

Vil.  François-Louis  Rousselet,  comte,  puis 
marquis  de  Château-Renaud,  vice-amiral, 
Grand-Croix  de  Saint-Louis,  maréchal  de 
France  le  14  janvier  1703,  mort  le  15  novem- 
bre 17 16  à  80  ans.  II  avait  épousé  Marie- 
Anne-Renée  de  la  Porte. 

VllI.  Emmanuel  de  Rousselet,  marquis  de 
Château-Renaud.  Il  épouse  en  premières 
noces  Marie-Emilie  de  Noailles  et  en  secondes 
noces   Anne-Julie  de  Montmorency-Fosseux. 

Il  mourut  en  1739,  ne  laissant  que  deux 
filles  de  son  second  mariage. 

J'extrais  ces  renseignements  d'une  gé- 


DES  CHERCHIiURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


29 


30 


néalogie  manuscrite  comprenant   5  pages 
in-4«.  G.O  .  B. 


*  « 


Si,  un  membre  de  celte  famille  ct^il 
maréchal  de  France  et  est  mort  en  1706, 
iM.  R.  M.  pourrait  nous  dire  comment  il 
s'appelait  :  un  maréchal  de  F-'rance  n'e«jt 
pas  un  inconnu. 

Un  rat  de  hiiiuor»i(ivE. 

Rayrialdo  Loscure  (LUI,  616,  74H, 
tyj^).  —  Il  faut  lire,  à  la  colonne  97O, 
seigneur  de  G(r:^ant  au  lieu  de  seigneur 
de  Gcr/.at  ;  et  au  lieu  de  Couché,  de 
Couhé,  prieur...  M.  A.  V>. 

François  Thi<^rry,  médecin  fl. III, 
83b).  —  A  quel  niomenl  vivait  ce  doc- 
teur Thierry  r*  M.  d'Hpinoy  ne  le  dit  pas. 
Dans  une  lettre  de  famille  datée  du 
24  iTiars  1753,  M.  Duchesnay-Desprcz, 
plus  tard  trésorier  général  du  sceau  de  la 
Grande  Chancellerie  de  France,  fit  à  son 
père  un  récit  lamentable  d'une  traversée  à 
Londres,  cpji  a  duré  16  jours.  11  a  été  ma- 
lade aflreusement  :  *<  Je  suis,  dit-il,  d'une 
maigreur  horrible  ;  de  mollets  il  n'en  est 
plus  question  ;  les  couleurs  et  les  jambes 
je  les  ai  volées  à  M.  le  docteur  Thierry 
ainsi  que  le  visage  à  saint  Charles  Borro- 
mée  >/.  Ce  Thierry  si  maigre  serait-il 
celui  de  la  question  posée  ?  J'aimerais 
aussi  a  avoir  cjucUiues  détails  sur  /«■  micn^ 
en  tout  cas.  G,  de  la  Benotte. 

Le  monautèro  dfcs  Hautes  Bruyè 
re8(LIU,  7^0,91 1,968).— liutre  Monlfort 
cl  Coignières,à  peu  de  distance  et  à  l'ouest 
de  la  grande  route  de  Rambouillet, existe 
une  localité  nommée  Les  Hautes-Bruyères. 

D'après  la  carte  de  1764,  il  y  avait  là 
un  prieuré  de  filles.  Les  gens  du  pays 
m'affirment  qu'il  ne  reste  rien  de  l'église, 
mais  quelques  vestiges  de  constructions 
anciennes,  enclavés  dans  les  dépendances 
d'une  grande  ferme  qui,  avec  le  château, 
constitue  maintenant  toute  la  localité. 

Fjetro. 

*  • 
Mon    collègue    et   ami    M.    Grave     se 

trompe  certainement  en   plaçant   dans   la 

commune  de    Saint-Hilarion  l'abbaye  des 

Hautes-Bru3-ères    ;    ce   nom  ne   désigne, 

aussi  bien  sur  la  carte  des  Chasses  ou  sur 

et  celle  de  dorn  Coutans  que  sur  la  carte 

de  lEtat-major,  qu'un  hameau   sans  im- 


portance. Lorsqu'il  y  a  (juinz.c  jours,  à 
la  conférence  des  sociétés  Savantes  de 
Scine-ctOise,  nous  avons  examiné  en- 
semble la  magnifique  carte  qui  se  trouve 
dans  la  salle  du  Conseil  de  l'Hôtel  de 
Ville  de  Rairibouillct,  il  aurait  pu  s'en 
rendre  compte. 

Le  monastère  dont  il  s'agit  se  trouvait 
sur  le  territoire  de  Saint-Rcmy-rHonorc 
(canton  de  Chevrcuse)  ;  il  est  indi<juc  sur 
la  carte  de  dom  Coutans,  feuille  10,  et  il 
ne  reste  plus  qu'une  ferme  sur  son  empla- 
cement.(Voir  Lorin  ;  Hxcursion  au  V^xx-^y , 
Saint- Hubert,  etc.  Mhnoim  de  la  Sociiti 
arihculoyi<^ue  de  Hniubouillfl,  t.  XVIII, 
page  25  et  dans  les  DocumenU  pour  servir 
à  l'hiitoire  du  département  de  Seine-et-Oiie 
publiés  par  cette  Société  :  L.  Morixc,  Le 
canton  de  Chevreme,  page  1  jO.  Ce  dernier 
ouvrage  contient  un  croquis  représentant 
ce  qui  reste  de  l'abbaye  depuis  l'incendie 
de  iH77dan5  lequel  a  disparu  une  grange, 
remontant  au  xiv*  siècle.       Gomboust. 

Le  château  do  La  Bordo  (LUI  394, 
5:^2).  — Je  remercie  ('..  O.  B.  de  m'avoir 
indiqué  rcxistcnce  d  une  notice  sur  ce 
château  par  Taillandier.  Je  le  prie  de  vou- 
loir bien  compléter  ce  renseignement  cl 
de  me  dire  dans  quelle  ville  et  à  quelle 
librairie  elle  a  été  publiée. 

Merci  d'avance.  Lt&LU;. 

Acteur»  morts  »ur  le  IhéâtrefLIll, 
78,827,869). —  Kn  1852, un  artiste  faisant 
partie  de  la  troupe  de  Spa,  mourut  le 
jour  même  ou  il  devait  jouer  au  théâtre, 
dans  le  vaudeville  intitulé  :  Un  moniteur 
qui  veut  exiiter.  Albin  Body. 

Titre»  de  noblesse  (LUI  895,980). — 
L'usage  d'après  lequel,  les  fils  cadets  d'un 
père  titré  prennent  le  titre  ou  le  sous-titre 
de  leur  père,  en  le  faisant  néanmoins  pré- 
céder de  leur  prénom,  est-il  conforme 
aux  règles  de  la  noblesse  française? 

Absolument  non,  si  vous  parlez  de  l'an- 
cienne noblesse;  c'est  un  usage  qui  date  du 
commencement  du  xix*  siècle.  11  n'existe 
pas  un  seul  cas  que  l'on  puisse  citer,  dans 
les  familles  de  vieille  extraction  (avant  le 
XIX*  siècle). 

Un  cadet  n'avait  aucun  droit  au  titre 
de  comte  le  lendemain  du  jour  où  son  aîné 
avait  vu  ses  terres  érigées  en  marquisat 
par    letîrei  patentes  ;  le  troisième  frcre 


No  1117. 


L'INTERMEDIAIRE 


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32 


mais   ces  cadets 
à   ces   titres   qui 


n'avait  pas  plus  droit  au  titre  de  vicomte 
que  le  quatrième  au  titre  de  hayon. 

Au  xvnl^  siècle  surtout,  on  abusa  des 
titres  de  cotirtoisie,  et  beaucoup  de  cadets 
furent  autotîses  à  prendre  un  titre  pour 
aller  à  la  coiir  ou  pour  monter  dans  les 
carrosses  des  rois,  — 
n'avaient  aucun  droit 
n'étaient  nullement  héréditaires. 

Y.  Y. 

P.  S.  —  Je  ne  connais  que  la  famille 
de  Brissac  dont  tous  les  cadets  obtinrent 
le  droit,  lors  de  la  création  du  duché,  à 
prendre  le  titre  de  comte. 

La  règle  juridique,  aussi  bien  pour  les 
tittes  de  noblesse  de  l'ancien  régime  que 
pour  ceux  concédés  pendant  le  siècle  der- 
nier, exige  que  le  titre  ne  soit  porté  que 
par  le  bénéficiaire  et  l'aîné  de  ses  descen- 
dants en  ligne  masculine  par  ordre  de 
primogéniture,  sauf  stipulations  spéciales 
de  l'acte  de  concession,  stipulations  fort 
rares . 

Sous  l'ancien  régime,  certains  titres  du- 
caux (ducs  de  Clievreuse,  d'Ayen,  etc.) 
ont  été  concédés  aux  fils  aîné  de  ducs. 

Sous  la  Restauration,  le  fils  aîné  d'un 
pair  avait  le  droit  de  prendre  le  titre  im- 
médiatement inférieur  à  celui  de  son  père, 
les  cadets,  le  titre  inférieur  à  ce  dernier. 
Mais  le  fils  aîné  d'un  marquis  pair  de 
France  prenait  le  titre  de  comte,  ses  ca- 
dets, celui  de  vicomte.  Cette  prérogative 
s'inspirait  des  titres  de  courtoisie  portés 
par  les  enfants  des  pairs  d'Angleterre. 

Quant  aux  titres  d'origine  allemande 
ils  peuvent  en  général  être  portés  par 
tous  les  membres  de  la  famille,  même  les 
femmes:  il  en  est  de  même  du  titre  de 
prince  que  portent  tous  les  membres 
d'une  famille  considérée  comme  d'ori- 
gine souveraine  (les  Rohan,  la  Trémoille, 
etc.,  etc.) 

Quant  à  l'usage  cite  par  notre  collabo- 
rateur, il  n'a  aucune  base  juridique.  En 
fait,  on  petit  porter  dans  le  monde  le  titre 
qu'on  prend  ou  qu'on  vous  donne,  quel- 
que irrégulière  qu'en  soit  l'origine. 

A.  E. 

* 

Sous  l'ancien  régime,  les  fils  ané  et 
cadets  d'un  père  vivant,  n'avaient  îpoint 
droit  à  son  titre.  Après  sa  mort,  le  titre 
revenait  à  l'aîné  seul,  et  les  cadets  ne 
pouvaient  prétendre  aux  sous-titres,  qu'ils 


fussent  précédés  ou  non,  de  leurs  pré- 
noms, —  De  l'usage  contraire  établi  à 
cet  égard,  n'a  pu  résulter  qu'une  simple 
tolérance,  sans  conséquence  légale. 

Cette  obligation  d'ailleurs,  a  été  consa- 
crée par  la  ciixulaire  du  garde  des  sceaux 
du  2  juillet  1874,  qui  a  posé  les  règles  qui 
doivent  être  observées,  par  application 
des  principes  généralement  reconnus  qui 
régissent  la  matière.  Elle  s'exprime  ainsi, 
à  ce  sujet  : 

A  part  de  rares  exceptions  crées  pat  les 
lettres  patentes  ou  résultant  de  dispositions 
spéciales,  les  titres  reposent  sur  une  seule 
tête,  et  les  fils  d'un  titulaire  appartenant 
à  l'ancienne  noblesse,  ou  décorés  d'un  titre 
postérieur  à  i8o8,  n'ont  droit  ni  à  un  titre 
d'un  degré  inférieur,  ni  à  plus  forte  raison^ 
au  titre  même  porté  par  leur  père. 

Lors,  donc,  que  des  parents  veulent 
faire  inscrire  leurs  enfants  avec  un  titre 
qu'ils  portent  eux-mêmes,  ou  avec  un 
titre  d'un  degré  inférieur,  en  se  fondant 
soit  sur  l'usage,  soit  sur  une  révolution 
qu'ils  croient,  à  tort,  conforme  aux  règles 
reçues,  l'officier  de  l'état-civil  est  le  strict 
observateur  de  son  devoir  en  refusant 
d'inscrire  le  titre  réclamé. 

V.  Des  modes  de  preuves  en  matière 
d'état- civil .^  dans  :  Etat  des  personnes  qui 
ont  fait  modifier  leurs  noms  patronymiques , 
par  additions,  substitutions  ou  autrement 
{f  partie.^  i8pi  à  igod),  par  C.  de  Saint- 
Marc.  Sparvus. 

Livres  aux  armes  du  cardinal 
Jeau-Jérôme  Âlbani  (LUI  833,  980). 
—  En  examinant  le  timbre  que  portent  les 
pièces  de  la  Bibliotlièque  de  la  Ville,  on 
a,  de  prime  abord,  l'impression  qu'il  est 
de  facture  xvi^  siècle  :  il  ne  paraît  donc 
pas  téméraire  d'attribuer  la  collection  en 
question  au  cardinal  Gian.  Girolamo 
Albani.  Néanmoins  j'ai  consulté  mon 
érudit  confrère  de  la  Nationale,  M.  L.  Do 
rez,  justement  réputé  pour  sa  connais- 
sance approfondie  des  auteurs  italiens,  et, 
d'après  son  opinion,  le  cachet  apposé  sur 
les  pièces  de  notre  bibliothèque  serait 
plutôt  celui  d'un  membre  plus  moderne 
de  la  famille  Albani. 

Il  signale  ce  fait  que  la  bibliothèque 
Albani, qui  se  trouvait  à  la  villa  du  même 
nom,  aux  portes  de  Rome,  fut  pillée  par 
les  troupes  françaises  lors  de  leur  pre- 
mière entrée  dans  cette  ville,  et  que  les 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


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34 


Inahuscrits,  ou  du  moins  les  meilleurs 
d'entre  eux,  furent  apportés  en  France  et 
acquis  en  grande  partie  par  la  bibliothè- 
que de  la  Faculté  de  Médecine  de  Mont- 
pellier, où  ils  sont  encore  (?)  Or,  cette 
collection  de  manuscrits  aurait  été  surtout 
réunie  par  deux  neveux  de  Clément  XIII, 
le  cardinal  Annibale  Albani  (1682-1751) 
et  son  frère  cadet,  Alexandre  Albani. 

Je  me  suis  adressé,  satis  succès,  à  mon 
collègue  di  la  Faculté  de  médecine  de 
Montpellier,  mais  j'espère  que  quelque 
confrère  intermédiairiste  fréquentant  ladite 
bibliothèque,  voudra  bien  vérifier  si  les 
inss  Albaniens  existent  toujours  dans  ce 
dépôt  et  portent  le  même  timbre  que  celui 
apposé  sur  les  pièces  de  la  Bibliothèque 
de  la  Ville  de  Paris.  P.  Le  Vayer. 

Graveur  du  XVIÏ'  siècle  au  mo- 
nogramme S.  A.  entrelacés  (LUI, 
501).  —  Quelque  intermédiairiste  con- 
naîtrait-il le  petit  in- 12  suivant  :  Perpétua 
Crux,  sive  passio  Jesu  Christi,  Cologne, 
1650,  par  P.  Andries  S.  J.  Cet  ouvrage 
est-il  illustré,  et  si  oui,  la  signature  du 
graveur  est-elle  S.  A.  ?  Je  pense  que  cet 
ouvrage  correspond  à  celui  en  espagnol 
que  je  citais,  et  s'il  est  plus  connu  que  le 
premier,  pourrait  peut-être  nous  amener 
plus  facilement  à  retrouver  le  nom  du 
graveur.  C.  B.  O. 

Un  vers  deBoileau:  Rien  n'est 
beau  que  la  vr&i  (LIIl,9=;i). —  Le 
Dictionnaire  de  Trévoux  a  cité  deux  vers 
qui  se  trouvent  rimer,  mais  qui  ne  se  sui- 
vent nullement.  Le  second  : 
Lo  vrai  peut  quelquefois  n'être  pas  vraisemblable 
est  bien  dans  le  livre  III  de  l'Art  poétique, 
mais  le  premier  est  dans  l'Epitre  IX  : 

Rien   n'est  beau  que    la  Vrai.   Le  Vrai    seul    est 

[aimable. 
Il  doit  régner  partout  et  surtout  dans  la    fable... 

Le  texte  est  tel,  aussi  bien  dans  les  pre- 
mières éditions  de  Boileâu  que  dans  les 
éditions  actuelles.  H.  M. 

Anagrammes  trouvées  par  Pierre 
de  Saint-Louis  (LUI,  449,703,819,928). 
—  Dans  le  désir  d'être  agréable  au  colla- 
borateur Marco  Besso,  je  suis  allé  à  la 
bibliothèque  publique  de  la  ville  qui  est 
la  mienne  depuis  bientôt  14  lustres, 
comme  on  dit  parfois  en  beau  langage.  Je 
pensais  que  peut-être,    dans    un  dépôt 


constitué  par  d'anciens  fonds  provenant 
des  bibliothèques  conventuelles  nationa- 
lisées à  la  Révolution,  je  rencontrerais  un 
exemplaire  du  poème  du  bon  carme,  et 
me  promettais  quelque  plaisir  à  le  parcou- 
rir, sans  oublier  les  anagrammes  fO«<:^;'- 
iiant  les  papes.  Mais  la  Magdaleneïde  man- 
que à  la  bibliothèque  publique  où  je  fré- 
quente depuis  ma  toute  première  jeunesse 
et  je  suis  forcé  de  m'en  tenir,  pour  la 
connaissance  du  poème  quasiment  décou- 
vert par  Théophile  Gautier,  à  l'article 
cité  des  Grotesques.  Loin  donc  d'apporter 
la  moindre  clarté  dans  l'étude  de  la  ques- 
tion,c'est  moi  qui  une  fois  de  plus  attends 
la  lumière  de  mes  amis  collaborateurs  de 
X  Intermédiaire. 

Une  observation  encore  au  sujet  du 
sexe  donné  au  mot  anagramme  ;  tandis 
que  je  le  fais  féminin, d'autres  le  font  mas- 
culin. Qiii  a  raison  ï  Peut-être  les  uns  et 
les  autres  comme  pour  automne  ;  mais  à 
cause  de  l'analogie  de  construction  avec 
épigramme  qui  est  incontestablement  du 
féminin,  j'incline  à  mettre  ici  le  même 
genre.  H.  C.  M. 

«  Seudis  »  et  les  «  Larmes  de  saint 

Pierre  »  (LUI,  897).  —  11  est  plusieurs 
«  Larmes  de  saint  Pierre  »,  entre  faUtres 
celles  adressées à« M.  Phél3'peaux  (i6ob)» 
avec  dédicace  signée  R.  E.  (Robert 
Estienne)  ;  mais  les  plus  connues  de 
toutes,  c'est  encore  le  poème  traduit  du 
Tansillo  par  Malherbe  et  dédié,  en  1587, 
à  Henri  III.  L'auteur  français  y  travailla 
longtemps,  suivant  sa  louable  habitude, 
mais  moins,  assurément,  que  le  poète  ita- 
lien qui  consacra  à  son  œuvre  24  années 
de  son  existence,  pour  n'en  publier  que 
les  42  premières  stances.  II  est  vrai 
qu'après  sa  mort  Le  Lagrime  di  san  Pietro 
parurent  d'abord  en  13  chants  à  Vico 
Equense  en  1585, puis  en  entier  à  Venise, 

en  1602.  d'E. 

* 

Allusion  au  poème  bien  connu  de 
Malherbe  :  Lc^  larmes  de  saint  Pierre^ 
dédié  à  Henri  III.         Paul  Cheronnet. 

Leroy  des trioiets  (LUI,  897,  982). 
—  Il  est  publié  dans  le  Recueil  deSercj\o\i 
dans  celui  de  Barbin,  qui  date  des  der- 
nières années  du  xvn«  siècle.  Mais, autant 
qu'il  m'en  souvienne,  l'Intermédiaire  a 
répondu  jadis  à  cette  question.     Rip-Rap. 


N»  III7. 


L'INTERMEDIAIRE 


35 


36 


*  * 


Sur  son  auteur,  Jacques  de  Ranchin, 
on  peut  voir  une  Notice^  publiée  dans  les 
Mémoires  de  V Académie  des  Se.  S.  et 
B.  L.  de  Toulouse,  tome  XI,  année  1887. 
Il  y  a  un  tirage  à  part.  C.  P.  V. 

L'histoire  de  la  Perse.  Son  auteur 

(LUI,  896).  —  Le  Dictionnaire  de  Barbier 
(III,  p.  244)  répond  amplement  à  la  ques- 
tion. Celle-ci,  je  me  le  rappelle,  a  été 
remise  sur  le  tapis,  il  y  a  quelques 
années;  et  je  crois  qu'entre  autres  nou- 
velles attributions,  il  fut  parlé  de  Mlle  de 
Lussan  et  plus  encore  de  Toussaint,  l'au- 
teur des  Mœurs  par  Panage. 

SiR  Graph. 

On  trouvera  une  longue  notice  sur  cet 
ouvrage  dans  Barbier,  Dictionnaire  des 
ouvrages  anonymes,  Paris,  1875,  tome  111, 
col.  244-245.  Paul  Cheronnet. 

M.  GirafFe  ou  la  Mort  de  l'Ours 
blanc  (LUI,  896),  — Le  Journal  de  VEm- 
piredu  25  déc.  1806  dit: 

La  représentation  au  bénéfice  de  M.  Per- 
rot,  caissier  du  théâtre  Montansier,  aura 
lieu  le  27  déc.  Au  nombre  des  pièces.,. 

M.  Giraffe  ou  la  Mort  de  lOiirs  bhinc, 
folie  à  laquelle  tous  les  auteurs  qui  connais- 
sent M.   Perrot  ont  voulu  contribuer. 

H.  V. 

*  ♦ 
Je  crois   que  Bernard,    de   la  rue   aux 

Ours,  est  le  pseudonyme  collectif  des  dix 
ou  douze  amis  qui  ont  collaboré  à  la  folie 
intitulée  :  «  M.  GirafiFe  ».  Outre  Ravrio, 
Francis, Servières,Desaugiers,Courtin,Du- 
mersan,  sont  parmi  les  complices.  Quant 
à  l'anecdote  dont  parle  P.  de  Thomières, 
je  ne  la  connais  pas. 

Ravrio  ne  s'appelait  pas  Adrien,  mais 
Antoine-André.  Il  était  le  père  adoptif  de 
mon  grand-pére  ;  son  portrait  par  Riesncr, 
grand  ami  de  la  famille,  est  au  Louvre, 
dans  la  salle  des  sept  cheminées,  un  peu 
à  gauche  de  celui  de  Pie  VII.  Il  était  cise- 
leur et  avait  une  importante  fabrique  de 
bronzes  d'art.  De  plus,  il  a  écrit  quelques 
vaudevilles,  des  recueils  de  poésies  fugi- 
tives ;  il  était  membre  du  Caveau. 

J.  V.  P. 


* 


Neuf  auteurs  pour   ce  vaudeville,    dit 
notre  collaborateur   P.  de  Thomières.   Il 


y  en  avait  bien  davantage,  s'il  en  faut 
croire  la  rédaction  de  VOpinion  du  par- 
terre, almanach  des  théâtres  pour  1807. 
Celui  ci  relate  ainsi  la  première  représen- 
tation de  cette  pochade  :  «  27  décembre 
(1806).  Au  bénéfice  de  M.  Perrot,  cais- 
sier du  théâtre,  qui  a  eu  le  malheur 
d'être  volé  d'une  somme  de  douze  mille 
francs  :  la  première  représentation  de 
M.  Giraffe  ou  la  Mort  de  l'Ours  blanc, 
folie-vaudeville  en  un  acte,  par  M.  Ber- 
nard, de  la  rue  aux  Ours.  Succès.  (Plai- 
santerie :  la  pièce  a  été  faite,  à  ce  que 
l'on  dit,  par  vingt-sept  auteurs,  réunis  à 
déjeuner  et  jaloux  de  contribuer  à  procu- 
rer une  bonne  représentation  à  M. Perrot)  ». 

Et  un  autre  almanach  spécial,  le  Mémo- 
rial dramatique  pour  1807,  enregistre 
ainsi,  de  son  côté,  l'apparition  de  cette 
espèce  de  parodie  :  «  M.  Giraffe  ou  la  Mort 
de  VOurs  blanc,  vaudeville  en  i  acte,  par 
M.  Bernard  de  Montmartre.  La  Mort  de 
l'Ours  blanc  est  un  événement  funèbre  qui 
fait  beaucoup  rire  ;  des  détails  très  gais, 
très  burlesques,  ont  excité  des  applaudis- 
sements continuels  ;  cette  farce  offre  sou- 
vent des  traits  spirituels,  et  ne  présente 
jamais  rien  d'ignoble  et  de  choquant  ». 

Mais  aucun  des  deux  chroniqueurs  ne 
donne  de  détails  sur  les  nombreux  colla- 
rateurs  de  M.  Giraffe. 

Arthur  Pougin. 

Chansons.  «  Jen'saurais  danser  ». 
Texte  à  retrouver  (LUI,  971).  — 
C'est  une  vieille  ronde  ou  chanson  à  dan- 
ser connue  sous  le  titre  de  La  Pantoufle. 
L'air  se  trouve  noté  dans  la  «  Clef  du  Ca- 
veau »  au  no  266.  F.  Jacotot. 

Légendes    de  Collin  de  Plancy 

(LUI,  729,  871,  930).  —  Ce  Collin  de 
Plancy,  qui  a  fait  de  nombreux  volumes 
de  légendes,  édités  chez  Pion,  générale- 
ment sans  date  ;  et  aussi  d'autre  livres 
fort  orthodoxes, est-il  le  même  qui  publia, 
de  18 18  à  1825,  des  ouvrages  anti-reli- 
gieux, tels  que  le  Dictionnaire  infernal, 
i"  édition,  (les  autres  éditions  furent  très 
modifiées)  les  Reliques  et  Images,  le  Dic- 
tionnaire Féodal,\QS  Mémoires  d'un  Vilain, 
le  Diable  peint  par  lui-même.,  etc  ? 

D'autre  part,  j'ai  de  lui  :  la  Fin  des 
temps,  Pion  187 1.  Cela  fait  plus  de  50 
ans  de  travaux  littéraires. 

Où  trouver  sa  bibliographie,    sa    bio- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


37 


38 


graphie  et  surtout  l'époque,  les  motifs  et 
les  détails  concernant  sa  conversion  ? 

Qiiels  sont   ses  ouvrages   les    plus  re- 
cherchés et  les  plus  estimés  ? 

ViLLEFRËGON. 

Livres  imprimés  blanc  sur  noir 

(LUI, 729,  871,  931,984).  —  A  ce  propos, 
rappelons  qu'il  y  a  30  ans,  on  imprima 
un  journal  fantastique  à  Paris,  en  lettres 
rouges  sur  fond  noir,  qui  n'eut  que  peu 
de  numéros  On  dut  y  renoncer,  parce 
que  le  lecteur  finissait  par  avoir  la  berlue  ; 
en  le  lisant  dans  la  soirée,  à  la  lumière 
artificielle  :  on  ne  voyait  plus  que 
les  couleurs  complémentaires  !  Le  journal 
paraissait  alors  imprimé  en  vert,  sur 
du  papier  gris.  D""  Bougon. 

*  * 

Le  journal  V Autre  inonde,  journal  des 

trépassés,  est  un  canard  publié  chez 
J,  Strauss,  3,  rue  du  Croissant,  qui  eut  au 
moins  deux  numéros  ;  l'un  qui  porte  l'in- 
dication 3753®  année  et  la  date  dimanche 
i^r  avril,  est  imprimé  en  blanc  sur  papier 
noir  ;rautre,  3754' année,  mardi  i*^""  avril, 
est  imprimé  en  jaune  sur  papier  noir,  et 
contient  des  annonces  à  la  4'  page. 

Ces  2  N°*  sont  bien  imprimés  et  très 
lisibles. 

Plus  récemment,  le  5  octobre  1904,  un 
journal  publié  sous  le  titre  de  Ytnvisible 
et  qui  n'a  pas  volé  son  nom,  16,  rue  de 
l'Echiquier  ;  ce  dernier  ,  d'un  format 
plus  grand  que  l'autre,  est  également 
imprimé  en  blanc  sur  papier  noir. 

I.    C.  WlGG. 

*  * 

Dans  sa  réponse, notre  collaborateur  M. 

René  de  Starn  parle  de  «  l'Autre  Monde, 
journal  des  Trépassés  »  et  pose  à  ce  sujet 
une  question  à  laquelle  je  puis  répondre  : 
Ce  journal  a  eu,  à  ma  connaissance, 
5  numéros.  Je  les  ai  sur  ma  table  en  écri- 
vant ce  mot.  Leurs  dates  sont  1,8  avril, 
15,  29  avril,  13  mai,  3  juin  1877  et  non 
pas  187 1.  Le  n'^  5,  dernier  paru,  je  crois, 
porte  seul  le  millésime  de  1877.  Seul  le 
n°  I  est  en  blanc  sur  noir,  et  encore  d'un 
blanc  violacé  ;  'e  n"  2  est  en  rouge,  le 
n°  3  en  vert,  le  n°  4  en  jaune  (n°  des 
maris)  ;  n°  5  en  gris  ;  sur  le  journal  il  y 
a  «  en  blanc  d'argent.  »  Ce  dernier  n'  est 
très  lisible,  comme  tous  les  autres.  C'est 
le  n°  imprimé  en  rouge  qui  est  le  moins 
lisible. Chaque  n"  se  vendait  alors  o  fr.25. 


Je  suppose  que  la  collection  de  ce  curieux 
périodique  est  assez  rare.  Si  elle  intéres- 
sait un  de  nos  collaborateurs,je  serais  dis- 
posé à  la  céder.  Ce  qui  me  confirme  dans 
la  pensée  qu'il  n'y  a  eu  que  5  n°%  c'est 
que  suivant  la  date  du  dernier  n°  du  ^ 
Journal  des  Trépassés^  je  trouve  le  Journal 
des  Cocottes,  feuille  humoristique  sur 
papier  de  couleur  variable. 

A.  Hamon. 
* 

*  » 
j'ai  eu  sous   les  yeux  un  exemplaire  de 

«  L'Autre  IVlonde,  journal  des  trépassés  » 
dont  parle  M.  René  de  Starn.  Ce  numéro, 
dont  je  ne  puis  préciser  la  date,  répandait 
une  odeur  de  noir  de  fumée  tellement  désa- 
gréable qu'on  n'avait  pas  envie  de  le  lire  ; 
et  si  on  l'avait  lu,  on  aurait  eu  certainement 
les  doigts  tout  noircis  en  peu  de  temps. 
Cette  innovation  bizarre  et  sans  raison 
d'être,  n'a  pas  dû  être  de  longue  durée. 

^-  ^  J- 
La     collection      complète    de    l'Autre 

Monde,  journal  des  tre'passés,  comprend 
cinq  numéros.  Le  n»  i  est  imprirné  en 
blanc  sur  papier  noir  ;  le  n"  2,  en 
rouge;  le  n''  3  ,en  vert  ;  le  n"  4,  en  jaune, et 
le  no  5, en  rose.  Un  de  nos  collaborateurs, 
M  .  Stirlino^,a  fait  don  de  cette  petite  curio- 
sité à  la  Bibliothèque  Saint  Fargeau,  où 
M.  René  de  Starn  le  pourra  trouver  sous 
la  cote  400  III.  NoTHiNG. 

Cartes  postales  (LU  ;  LUI,  98,  269, 
489,  75q).  —  11  a  pu  y  avoir,  dès  1878, 
des  tentatives  individuelles  qui  sont  res- 
tées ignorées  du  public,  mais  je  persiste  à 
dire  que,  pour  les  cartes  postales  illus- 
trées de  même  que  pour  des  inventions 
récentes  plus  importantes,  telles  que  les 
tramways,  etc.,  le  mouvement  n'a  pris 
en  France  que  très  tard.  Ainsi,  je  me  rap- 
pelle fort  bien  avoir  vu  dans  l'été  de  1891 
ou  1892,  un  étranger  s'étonner  très  fort 
de  n'avoir  pu  découvrir  une  seule  carte 
postale  illustrée  à  Trouville,  alors  que  ce 
système  de  correspondance  était  déjà  ré- 
pandu en  Allemagne,    en    Italie,    en  An- 


gleterre et  ailleurs. 


W. 


Etymologie  à  rechercher  (LUI, 
842J.  —  A  propos  de  l'origine  du  mot 
dégobiller,  ÎA.  H.  de  D.  appuie  son  dire 
sur  ce  qu'en  langage  trivial  on  emploie 
l'expression  de  faire  un  renard  ou  faire  le 
renard,  pour  vomir, etc.  Or,  il  est  bon  de 


N« 


II 17, 


L'INTERMEDIAIRE 


3C> 

remarquer  que  la  langue  wallonne  n'a 
d'autre  mot  pour  exprimer  cet  acte,  que 
celui  de  renarder  ou  rinarder. 

Albin  Body. 

Pourquoi  aller  chercher  midi  a 
quatorze  heures  pour  trouver  l'étymolo- 
gie  de  dégobiller.  Celle  que  Littré  a  donnée 
est  excellente  de  tous  points.  Le  radical 
Goh,  dans  les  langues  celtiques,  voulant 
dire  bouche  et  bec,  l'argot  n'a  pas  eu 
besoin  de  recourir  au  renard,  et  a  fait 
franchement  dégueuler  et  débecquer. 

Dans  le  centre  de  la  France,  vallée  du 
Loir,  on  nomme  Gobillon,  la  quantité  qui 
dépasse  la  mesure,  qui  dégobille  par 
dessus  les  bords.  En  cherchant  dans 
d'autres  patois,  nous  trouvons  Gobelle, 
Gobet,  petit  vase,  petite  mesure.  Dans 
l'argot  des  prisons,  la  Gobette  est  une 
mesure  de  vin  de  un  décilitre  qu'on  vend 

aux  détenus.  Martellière. 

* 

*  * 
Le  mot   dégobiller  figure  dans  le  patois 
de  Lille. 

Dans  son  Dictionnaire  du  patois  de  Lille 
et  de  ses  environs^  M.  Pierre  Legrand  lui 
consacre  l'article  suivant  : 

Dégobiller,  verbe  neutre,  littéralement, 
c'est  écorcher  du  renard,  de  Vulpes,  Goul- 
pil,  dont  on  a  tait  également,  Goupillon. 
Tout  le  monde  sait  que  le  Goulpil  a  retenu 
le  nom  de  renard  depuis  le  fameux  roman 
du  xiue  siècle,  attribué  k  Jacquemars  Giélée, 
notre  compatriotes.  Dégueuler  et  Deloufer, 
également  dans  le  patois  de  Lille,  ont  la 
même  signification  que  dégobiller  :  les  trois 
sont  synonymes  de  vomir. 

Dégobilies  ti  même,  espèce  de  malpropre. 
{Pasquilles  Lilloises  de  Desrousseaux). 
Et  ti,    va  manger  six  livr's  de  veau 
Pour  dégueuler  comme  un  pourceau. 

(Brûle  maison,  la  tourquennoise  et  le 
savetier. 
Puis  déloufant  comme  des  pourchiaux. 

(Brûle  maison). 
L.  C.  XVII, 

TartempioD  (LUI,  953).  —  Un  jour- 
nal assure  qu'on  lit  ce  nom  sur  le  piédes- 
tal d'une  statue  élevée  en  province  à  un 
industriel: 

Le  travail  est  récompensé 
Antoine  Tartempion. 


40 

(LUI, 


Pied  de  nez  (LUI,  730,  824). 
Cette  expression  vient  naturellement  de 
ce  que  la  main  étendue  mise  au  bout  du 
nez  en  forme  comme  un  appendice,  en 
sorte  qu'on  semble  avoir  un  nez  d'un 
pied.  De  là,  l'inversion  de  la  parole.  D'au- 
tre part,  la  grosseur  du  nez  indique  une 
plus  forte  perception  des  odeurs,  une  per- 
fection plus  grande  de  cet  organe  qui  lui 
donne  une  supériorité  sur  les  nez  aplatis. 
Faire  donc  un  pied  de  nez  à  quelqu'un 
est  lui  dire  :  J'ai  un  nez  plus  long  que  le 
tien  ;  je  suis  plus  fin  que  toi.  C'est  dans  ce 
sens  que  Martial  a  dit  I,  42,  non  ciiicum- 
que  ifatuin  est  habere  nasuni. 

Je  donne   l'explication    pour  ce  qu'elle 
vaut  :  elle  est  vraisemblable. 

Albert  Battand;er. 


En  mettant  les  deux  mains  bout  à 
bout,les  doigts  écartés,  à  l'extrémitéde  son 
nez,  on  l'allonge  ainsi  d'environ  un  pied 
(33  centimètres),  plus  ou  moins,  selon  la 
longueur  et  l'écartement  des  doigts. 
Adresser  ce  geste  à  quelqu'un,  c'est  lui 
dire  :  «  Vous  avez  un  nez  de  cette  lon- 
gueur-là ».  On  lui  attribue  ainsi  un  nez 
long  d'un  pied,  autrement  dit  un  pied  de 
nez. 

Le  pied  de  nez  avec  une  seule  main  est 
un  diminutif;  aussi  est-il  moins  injurieux 
qu'avec  les  deux.  O.  D. 


L'origine  n'est  pas  douteuse.  Faire  un 
pied  de  nez  à  quelqu'un,  c'est,  à  l'aide 
des  doigts  placés  devant  le  nez,  donner  à 
celui-ci  une  longueur  d'un  pied,  c'est-à- 
dire  démesurée.  On  a  dit  pied  de  nez, 
comme  pied  de  langue  (tirer  ou  montrer 
un  pied  de  langue),  pied  de  rouge  ou  de 
fard,  pied  de  crotte  (Scarron),  etc.,  etc 
Balzac  :  le  Barbon  (cité  par  Littré  v°  pied) 
écrit  :  «  Il  est  connu  par  un  pied  de  nez 
et  par  une  aune  et  demie  de  barbe  »,  et 
l'on  voit  qu'ici  pied  de  nez  a  encore  sa 
valeur  propre. 

La  langue  d'oc  dit  de  même  «  pan  de 
nas  »,  m.  à  m,  ^<  pan  de  nez  », 

J.  Charles-Brun. 

De  quand  date  la  poulie  (LUI,  777, 
870).  —  11  existe  une  antique  poulme 
égyptienne  au  British  Muséum. 

C.  B.  O. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  juillet  1906 


41 


Le  septième  garçon  ou  le  sep- 
tième enfant  (LUI,  945).  —  Aujour- 
d'hui encore,  en  Saintonge,  le  septième 
garçon  est  regardé  comme  jouissant  d'un 
pouvoir  guérisseur  spécial.  Je  connais, 
dans  un  village  situé  à  3  kilomètres  de 
Saintes,  une  famille  où  sept  garçons  sont 
nés  à  la  suite.  Lorsque,  il  y  a  deux  ou 
trois  ans,  le  septième  garçon  a  quitté 
l'école,  après  sa  première  communion, 
on  l'a  mené  chez  un  guérisseur  connu 
pour  qu'il  y  fasse  l'apprentissage  des  re- 
mèdes, des  formules  et  des  passes  en 
usage  dans  ces  médications  superstitieuses 
encore  très  en  vogue  dans  nos  campagnes 
saintongeaises.  Et  maintenant,  l'enfant 
donne  des  consultations  auxquelles  on  a 
plus  de  confiance  qu'aux  soins  des  méde- 
cins les  plus  sérieux.  Et  les  consultants 
qui  affluent  chez  les  guérisseurs  ne  sont 
point  tous  des  ignorants  ou  des  pauvres, 
comme  on  serait  peut-être  tenté  de  le 
croire.  A.  D. 

♦  * 

L'Intermédiaire  des  chercheurs  et  curieux 
s'est  déjà  occupé  de  cette  question,  mais 
sous  une  rubrique  différente  (i).  Ce  qui 
a  déjà  été  publié  dans  cette  revue  et  ce 
que  l'on  sait  (légendes  et  traditions  popu- 
laires d'ordre  médical,  etc.),  montrent 
que  depuis  longtemps,  au  moins  dans 
l'ouest  de  la  Gaule,  on  s'est  préoccupé 
de  ce  phénomène,  un  peu  insolite,  même 
autrefois,  dans  notre  pays  :  la  naissance 
d'un  septième  enfant. 

A  propos  du  septième  enfant,  capable 
de  guérir  les  écrouelles  ou  autres  mala- 
dies, j'ai  publié  jadis  sur  ce  sujet  un 
article  intitulé  :  «  Comment  on  peut  deve- 
nir médecin  en  naissant  (Ga:(.  méd.  de 
Paris,  1903,  n''  29,  p.  241  ;  et  n"  34, 
p.  282)  ».  Il  faut  y  ajouter  une  note  : 
«  Le  médecin-né  (Int.  des  ch.  et  cur.,  1906, 
30  mars,  p.  380  et  483)  »,  à  laquelle  je 
renvoie.  —  J'ajoute  qu'aux  environs  de 
Corlay  (Côtes-du-Nord)  on  retrouve  les 
coutumes  que  j'ai  signalées  en  Vendée. 

Partout,  il  faut   sept  enfants  mâles  de 


42 


suite,  sans  intercalation  de  filles 
ne  dit  pas  la  lettre  de  1709. 

Pourquoi    a  t-on    choisi   le  chiffre 
C'est   une   question    que  j'ai 
(LUI,  p.  483),  et   à   laquelle 
répondu. 


ce  que 


posée    déjà 
on    n'a   pas 


(i)  Les  saints  guérisseurs  (LUI,  365,  etc.). 


Citons,  enfin,  que,  dans  le  canton  de 
Corlay  également,  tout  premier-né  d'une 
génisse  appartient  de  droit  à  la  Vierge. 
Ce  qui  semble  indiquer  que  les  coutumes 
de  cette  nature  remontent  au  moins  aux 
premiers  temps  du  christianisme,  et  peut- 
être  même  aux  traditions  gauloises  anté- 
rieures. D»-  Marcel  Baudouin. 


Mariages  religieux  par  surprise 

(LUI,  889,  991). —  Pour  comprendre  cette 
législation  canonique  du  mariage.  Un  an- 
cien magistrat  pourra  lire  l'intéressant 
volume  de  M.  le  chanoine  F.  Deshayes  : 
Questions  pratiques  de  droit  et  de  morale 
sur  le  mariage,  Paris,  F.  Lethielleux,  in-8"> 
de  xii-455  pages  et,  en  particulier,  les 
pages  164-236  qui  concernent  l'Assis- 
tance du  curé  et  des  témoins. 

Louis  Calendini. 

»  ♦ 
Le  mariage  contracté  à  Saint-Pierre-de- 
Montmartre  dans  des  circonstances  singu- 
lières est  parfaitement  valide  aux  yeux  de 
l'Eglise,  quoique  illicite.  Les  jeunes  gens 
ont  commis  une  faute,mais  il  n'y  a  aucun 
doute  sur  la  validité  de  leur  mariage,  qui 
est  indissoluble,  si  par  ailleurs  il  n'y 
avait  pas  d'empêchements  dirimants. 

Le  mariage  est  bien  un  sacrement,  et 
en  général  les  évêques  et  les  prêtres  seuls 
ont  le  droit  d'administrer  les  sacrements, 
mais  il  faut  faire  une  exception  pour  le 
sacrement  de  mariage, 
sacrement  de  mariage 
eux-mêmes,  le  prêtre 
nécessaire  des  engage- 


7«  sacrement,  le 
Les  ministres  du 
sont  les  époux 
n'est  que  témoin 
ments  pris  par  les  fiancés. 

La  publication  des  bans  de  mariage 
doit  être  faite  avant  la  célébration  de 
l'union,  mais  ce  n'est  qu'un  empêchement 
prohibitif,  et  non  un  empêchement  diri' 
mant . 

Conclusion  :  Ce  mariage  est  valide.^  mais 
illicite. 


* 
*  ♦ 


Le  mariage  chrétien  ou  mieux  sacre- 
ment de  mariage,  est  ainsi  défini  :  «  Le 
contrat  légitime  et  indissoluble  entre  un 
homme  et  une  femme,  par  lequel  on  se 
donne  et  on  accepte  la  mutuelle  puissance 
sur  le  corps  pour  les  actes  aptes  à  la  gé- 
nération, et  que  Notre-Seig.ieur  a  élevé  à 
la  dignité  de  sacrement.  » 
11  suit  de  cette  définition  que  le  sacre- 


No  II 17. 


L'INTERMÉDIAIRE 


45 


44 


ment  n'étant  autre  que  le  contrat  naturel 
entre  chrétiens  suivant  les  lois  de  l'Eglise, 
comme  les  chrétiens  sont  les  auteurs  du 
contrat,  ils  sont  les  ministres  du  sacre- 
ment. Et  il  est  bon  qu'il  en  soit  ainsi  pour 
que  rien  ne  vienne  imposer  son  autorité 
ou  élever  un  obstacle  là  où  le  consente- 
ment mutuel  est  tout. 

Les  cérémonies  dont  l'Eglise  a  entouré 
ce  sacrement  sont  des  cérémonies  décla- 
ratoires  ;  par  exemple   la  bénédiction  du 
prêtre  dans  la  messe  de  mariage  et  autres. 
On  pouvait  se  marier  sans  la  bénédiction 
du  prêtre  avant  le  Concile  de  Trente,  mais 
l'Eglise  demandait   qu'on  la   reçût  ;    on 
peut  encore  se  marier  sans  cette  bénédic- 
tion dans   tous  les  endroits  où  le  fameux 
décret   Tametsi  de  ce  même   Concile  n'a 
point  été  promulgué,    Par   exemple,    en 
Angleterre  deux  chrétiens   peuvent  con- 
tracter mariage  par  le  seul  consentement 
mutuel  en  dehors  de  tout  prêtre,  mais  ils 
tiennent  tous   à  mettre   ce   contrat   sous 
l'influence  des  bénédictions   de  l'Eglise, 
et  il   en  résulte  aussi  un  autre  avantage, 
la  publicité  du  contrat. 

Dans  les  pays  où  le  décret  Tametsi  est 
promulgué  enFrance,  Italie, Espagne, etc.  ; 
et  depuis  Pâques  1906, l'empire  Allemand, 
ces  mariages  sans  prêtre  sont  frappés  de 
nullité  par  l'empêchement  de  clandestinité 
viciant  le  contrat  qui  n'aura  point  été  fait 
devant  le  curé  et  deux  témoins. Ce  curé  et 
ces  deux  témoins  ne  sont  que  des  témoins 
autorisés,  il  suffit  qu'ils  constatent  que 
deux  chrétiens,  non  liés  évidemment  par 
un  autre  empêchement,  aient  échangé  en 
leur  présence  les  paroles  par  lesquelles  ils 
se  donnent  l'un  à  l'autre  pour  qu'il  y  ait 
immédiatement  contrat  matrimonial  et 
par  là  même,  sacrement  de  mariage. 

De  ce  que   Ton  vient  de   dire,    il  est 
clair  que  ie  mariage  en  question  était  par- 
faitement valide, que  le  vicaire  devait  en 
donner  déclaration  authentique  et   aurait 
fait  une  faute  grave  en  s'y  refusant. Cela 
étant,  il  est  bon  de  remarquer  combien  est 
absurde  la   loi  française  imposant  la  pré- 
séance du  mariage  civil  sur  le  mariage  re- 
ligieux. Elle  suppose  que  le  prêtre  est  le 
ministre  du  sacrement  de  mariage,  ce  qui 
est   absolument  faux, et   les  pénalités  du 
code  pénal, si   elles  devaient  être  efficaces, 
devraient    se  reverser  sur  les  jeunes  gens 
qui  vont  devant  le  curé  avant  de  passer 
par  la  mairie. Le  curé  est  un  témoin  pure- 


ment passif  ;  quand  ses  yeux  ont  vu  ses 
oreilles  entendu,  il  n'a  plus  autre  chose  à 
faire  qu'à  donner  quittance.  Le  mariage 
a  eu  lieu  devant  lui,  mais  il- n'a  pas  du 
tout  administré  ce  sacrement. 

D^  Albert  Battandier, 


Un  Stradivarius  vendu  en  1824 

(LUI,  896).  —J'ignore  où   celui  de  nos 
collaborateurs   qui    signe    Un  Curieux  a 
trouvé  le  renseignement  relatif  au  violon 
de  Viotti,  vendu  à  l'hôtel  Bullion  (c'était 
alors   l'hôtel   des   commissaires- priseurs) 
en  1824,  au  prix  de  33.000  francs.  L'ad- 
mirable Viotti,    aussi  admirable  comme 
homme  que   comme  artiste,  avait   aban- 
donné la  direction  de  l'Opéra,  qui,  par  le 
fait  de  l'assassinat  du   duc  de  Berry  à  ce 
théâtre,  n'avait  eu  pour  lui  que  de  cruels 
déboires,  et  pour  se  reposer  sans  doute  et 
se  distraire  de   ses  ennuis,  était  allé  faire 
un  nouveau  voyage  à  Londres,  longtemps 
habitée    par   lui   et   où    il  avait  laissé  de 
profondes  amitiés.  II  y  mourut  le  3    mars 
1823.  Je  crois   bien  qu'il   n'avait  d'autre 
parent   et  successeur  que  son  frère,  qui, 
naturalisé  Français  comme  lui,  était  capi- 
taine dans  la  garde  royale.  Dans  ce  cas, 
et,  quoique  certains  aient  dit  que  la  vente 
des  instruments  de  Viotti  avait  eu  lieu  à 
Londres,  il  se  pourrait   bien   que  celui-ci 
ait  fait  procéder  à  la  vente  des  objets  ap- 
partenant  à  l'illustre   violoniste,   et    par 
conséquent  de   ses  instruments.  Mais,  de 
toute  façon,  je  reste  rétif  au  sujet  du  prix 
atteint    par   son    Stradivarius.    D'abord, 
33,000  francs  à  cette  époque  en  représen- 
teraient   bien     plus    de   60.000    aujour- 
d'hui, bien  que    ce  soit  Viotti  lui-même 
qui  les  ait  introduits  en  France  et  qui   en 
ait  fait  apprécier  l'incontestable  valeur. 
Dans   son  livre  sur   les   Instruments  des 
écoles  italiennes,  J.  Gallay,  en   efïet,  a  pu 
écrire  ceci  : 

Les  beaux  instruments  italiens  n'ont  été 
véritablement  appréciés  qu'au  commence- 
ment de  ce  siècle  (le  xix*"). Les  violons  et  les 
violoncelles  de  Stradivarius  avaient  cepen- 
dant franchi  la  frontière  dès  1796  ;  mais  il 
est  permis  de  croire  que,  sans  l'arrivée  à 
Paris  de  Viotti,  le  nom  de  l'illustre  chef  de 
l'école  crémonaise  serait  demeuré  inconnu 
longtemps  encore.  C'est,  en  effet,  au  célè- 
bre virtuose  italien  que  les  contemporains 
durent  la  connaissance  du  nouveau  maître. 
Viotti  possédait  un  admirable  Stradivarius, 
dont  la  sonorité  fut  une  révélation. Les  prix 
de  ces  instruments   étaient    alors   bien  mo- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Juillet  1906. 


45 


46 


destes  :  on  pouvait  rapporter  d'Italie  une 
basse  ou  un  violon  moyennant  trois  ou 
quatre  cents  francs  ;  encore  les  prix  avaient- 
ils  singulièrement  augmenté  depuis  la  mort 
de  Stradivarius,  qui  ne  vendait  ses  instru- 
ments que  quatre  louis  d'or.  Tout  ce  que 
racontait  Viotti  de  la  perfection  des  instru- 
ments du  maître  crémonais  excita  au  plus 
haut  degré  le  goût  des  riches  amateurs  ; 
dès  ce  moment,  le  nom  de  Stradivarius 
brilla  du  plus  vif  éclat,  et  la  renommée 
s'en  empara  pour  ne  plus  l'abandonner. 

Je  me  suis,  naturellement,  occupé  des 
violons  de  Viotti  dans  Tétude  très  éten- 
due et  très  complète  que  j'ai  publiée  sur 
cet  artiste  merveilleux.  Mais  je  n'ai  pas 
connu  la  provenance  de  son  Stradivarius, 
et  voici  tout  ce  que  j'en  ai  pu  dire  :  — 
«  En  quelles  mains  a  passé  le  stradivarius 
de  Viotti  ?  Quel  en  est  aujourd'hui  l'heu- 
reux possesseur  ?  C'est  ce  que  je  ne  sau- 
rais dire.  On  connaît  le  sort  de  celui  de 
Rode,  qui  a  été  acheté,  il  y  a  une  ving- 
taine d'années,  par  M.  Charles  Lamou- 
reux  ;  de  même,  on  sait  que  celui  de 
Rodolphe  Kreutzer  est  depuis  longtemps 
la  propriété  de  M.  Massart,  l'excellent 
professeur  du  Conservatoire.  Mais  on 
ignore  —  du  moins  j'ignore  pour  ma  part 
—  ce  qu'est  devenu  celui  de  Viotti.  SMl 
est  vrai,  comme  on  l'a  dit,  que  la  vente 
des  instruments  de  Viotti  ait  eu  lieu  à 
Londres  après  sa  mort,  il  est  plus  que 
probable  que  ce  violon, un  des  plus  beaux, 
paraît-il,  qui  soient  sortis  des  mains  de 
Stradivarius,  sera  resté  en  Angleterre  et 
aura  été  acquis  par  un  des  amateurs,  des 
riches  collectionneurs  d'instruments  ita- 
liens qui  ont  toujours  été  si  nombreux  au 
pays .  »  Arthur  Pougin. 

Les  distractions  d'Ampère  (LUI, 
946). 

Une  revue  américaine  collectionne  — 
pour  la  joie  et  surtout  pour  l'étonnement 
de  ses  lecteurs  —  les  faits  et  gestes  des  plus 
célèbres  distraits. 

On  y  néglige  peut-être  un  peu  trop  les 
Français  —  et  quelques-uns  des  plus  illus- 
tres. 

Alfred  de  Musset  était  distrait  au  point 
de  mettre  cinquante  centimes  dans  une 
tasse  de  thé  que  lui  présentait  une  jeune 
fille  qu'il  prit  pour  une  quêteuse. 

Mais  ce  fut  sans  doute  Ampère  qui  mérita 
le  grand  prix  de  la  distraction  . 

On  racontait  de  lui  que,  rentrant  un  soir 
dans    sa    chambre   tandis    que    tombait  au 


dehors  une  pluie  abondante,  Ampère  mit 
soigneusement  son  parapluie  trempé  dans 
son  lit  et  se  plaça  lui-même  dans  un  coin 
pour  se  laisser  sécher. 

On    a    souvent  cherché   le  comble    de  la 
distraction  :  Ampère  semble  l'avoir  trouvé. 

Figaro. 


La  lettre  suivante  adressée  par  Mme 
Ampère  à  son  mari  justifie  la  réputation 
de  distraction  faite  à  l'illustre  géomètre  : 

De  Lyon. 
Mon  bon  ami. 

Je  suis  bien  aise  que  tu  aimes  tes  cra- 
vates. Tu  les  appelles  des  cadeaux  !  Je  ne 
t'en  ai  jamais  fait  qu'unique  j'apprécie  beau- 
coup, qui  est  bien  à  toi  et  qui  est  aussi  à 
moi  ;  tu  le  devines  et  me  dis  que  tu  aimes 
mieux  celui-là  que  les  autres. 

Je  te  trouve  bien  pastoral  d'aller  lire  mes 
lettres  dans  les  prés:  j'ai  peur  que  tu  ne  les 
sèmes  en  chemin  et  que  tout  ce  que  je 
t'adresse  ne  tombe  sous  les  yeux  des  pre- 
miers venus. 

Si  je  te  connaissais  plus  soigneux,  com- 
bien je  te  confierais  de  jolies  choses  1 
Tu  saurais  que  je  t'aime  bien,  que  j'ai 
grande  envie  de  te  revoir,  que  tous  les  soirs 
j'aurais  mille  choses  à  te  conter,  qui  res- 
tent là  et  qui  me  font  soupirer,  enfin,  tu 
sauras  que  lorsqu'on  a  tant  fait  de  prendre 
un  mari,  on  l'aime  trop  pour  en  être  séparé, 
et  que  cette  absence  m'ennuie. 

Julie. 

Cette  gentille  lettre  prouve  —  en  de- 
hors d'un  exclusif  amour  —  que  la  répu- 
tation d'Ampère,  comme  distraction,  était 
si  établie,  dans  la  famille,  que  sa  femme 
hésitait  à  lui  confier  de  ces  secrets  câlins, 
que,  si  peu  soigneux,  il  ne  manquerait 
pas  de  semer  dans  les  près. 

D^L. 

La  mort  de  Marat  en  complainte. 

—  Voici  l'anniversaire  de  la  mort  de  Ma- 
rat, qu'il  est  question  de  glorifier  à  nou- 
veau. M.Henry  Vivarez  nous  communique 
une  chanson  populaire  qui  fut  faite  sur 
cet  événement.  Elle  est  curieuse  ;  elle 
n'a  jamais  été  citée,  croyons-nous,  dans 
les  diverses  études  consacrées  à  Marat. 

L'air  de  cette  complainte  est  celui  de 
la  complainte  de  Fiialdès.  On  ignore  géné- 
ralement que  cette  dernière  est  écrite  sur 
un  air  dont  l'origine  est  la  complainte  du 
Maréchal  de  Saxe. 


N»  Il  17. 


L'INTERMÉDIAIRE 


47     


-    48 


COMPLAINTE 
SUR  LA  MORT  DE  MARAT 

U ami  du  peuple 

Assassiné  par  Charlotte  Cordet  {sic)\z  13  juillet 

1793    l'an  2  de  la  République  Française, 

par  Beauchant,  le  Sans  culotte. 

Air  du  :  Maréchal  de  Saxe 

Dans  toute  la  République 
Le  patriote  est  en  deuil, 
Voyant  Marat  au  cercueil, 
Par  une  fin  bien  tragique. 
Nos  regrets  sont  superflus, 
Non,  Marat,  n'existe  plus. 

En  sept  cent  quatre-vingt-treize, 

Le  treizième  de  juillet. 

Une  femme  avec  projet 

Dit  qu'elle  serait  bien  aise 

De  dénoncer  à  Marat, 

Un  complot  d'homme  d'Etat. 

On  lui  refuse  l'entrée 

En  craignant  quelques  abus. 

Elle,  d'après  ce  refus, 

Feignant  d'être  désolée 

D'une  conspiration 

Pour  avoir  protection. 

Marat  fit  ouvrir  la  porte 
Ami  de  l'humanité, 
Se  croyant  en  sûreté 
11  fit  signe  que  l'on  sorte 
Pour  entendre  avtc  raison 
Cette  conspiration. 

Etant  tous  deux  tête  à  tête 
Pour  la  conversation  : 
«  Caen  est  en  rébellion, 
«  Ils  ont  juré  la  défaite 
«  Des  citoyens  de  Paris 
«  Ils  dévasteront  le  pays. 

Marat  lui  dit  :  Citoyenne, 
Cela  n'ira  pas  si  loin, 
L'échafaud  aura  le  soin 
De  leur  épargner  la  peine 
On  saura  bien  à  propos 
Purger  tout  le  Calvados. 

A  ces  mots  cette  tigresse 

Voyant  Marat  dans  le  bain 

Lui  plonge  un  poignard  au  sein  ; 

Oh,  quelle  scélératesse. 

Elle  lui  perça  le  cœur  ; 

Ah  !  pour  nous  quelle  douleur. 

Elle  veut  prendre  la  fuite. 
Mais  on  l'arrête  à  l'instant. 
Tenant  en  main  le  tranchant. 
Récompensons  son  mérite, 
Et  pour  punir  son  complot, 
Elle  ira  sur  l'échafaud. 


Ah  !  pour  nous  quel  coup  de  foudre, 
L'ami  du  peuple  n'est  plus, 
Nos  regrets  sont  superflus, 
Enfin  il  faut  nous  résoudre  : 
Pleurons  l'ami  de  nos  loix. 
Vrai  défenseur  de  nos  droits. 

Vrais  soutiens  de  la  patrie, 
Marat  est  dans  le  cercueil, 
Nous  avons  la  larme  à  l'oeil 
Oh  !  quel  coup  de  barbarie, 
Marat  reçois  nos  regrets 
Nous  te  perdons  pour  jamais. 

Il  n'est  plus,  Marat  le  Juste 
Citoyen  plein  de  vertu 
Après  avoir  combattu 
Nos  ennemis  ;  que  son  buste 
Soit  dans  le  temple  des  loix, 
Marat  meurt  couvert  d'exploits. 

Voilà  donc  dans  une  année 
Trois  généreux  défenseurs, 
Assassinés,  que  d'horreurs, 
Pour  nous  quelle  destinée. 
S.  Fargeau,  Bourdon,  Marat. 
Peut-on  plus  grand  attentat! 

Ennemis  des  Sans  culottes. 
Monstres,  vomis  par  l'enfer, 
Sur  nous  vous  portez  le  fer 
En  vrais  soutiens  des  despotes 
Nos  regrets  sont  superflus, 
L'ami  du  peuple  n'est  plus. 

Amis  de  la  République, 
Plaignons  son  sort  à  jamais, 
Que  le  Panthéon  français 
Place  cette  âme  civique, 
A  côté  de  S.  Fargeau, 
Marat  aura  son  tombeau. 

Vous,  enfants  de  la  patrie, 
Pleurez,  pleurez  tous  Marat. 
Il  est  réduit  au  trépas, 
U  a  consacré  sa  vie. 
En  vaillant  législateur. 
Il  était  un  défenseur. 

Citoyens  et  citoyennes. 
Parons  sa  tombe  de  fleurs, 
Tous  nos  enfans  par  leurs  pleurs, 
Iront  lui  prouver  leurs  peines. 
Gravons,  gravons  sur  l'airain  : 
Marat  fut  Républicain, 

FIN 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond, 


LIV'  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o   de  chaque  mois       20  Juillet  1908. 


420  Année 

31  "".r .  Victor  Hïassé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUjEQTJE 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


Il  se' faut 
entr'aider 


N°   IliS 

31  *",r.  Victor  Massé 
PARÏS  (iX») 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


C  3nUxmébxaxxe 


DES 


CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS    ET     RÉPOXSES    LITTÉRAIBES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET    ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
49 


Obligés  de  faire  suivre  souvent  des  ré- 
ponses privées  à  l'adresse  de  correspondants 
qui  n'ont  signé  que  par  des  initiales^  il  est 
indispensable  que  toute  lettre  sionée.  soit  d'i- 
nitiales, soit  d'un  pseudonyme  no)i  habituel, 
porte  également  le  nom  et  l'adresse  de 
notre  correspondant. 

Les  manuscrits  qui  ne  rempliront  pas 
cette  condition  ne  pourront  être  insérés. 


iie0îiai!0 


Mémoires  inédits  de  la  duchesse 
d'Angoulême.  —  On  a  maintes  fois 
parlé  du  testament  et  des  mémoires  iné- 
dits de  la  duchesse  d'Angoulême  ;  il  pa- 
rait que  ces  pièces  doivent  être  publiées 
seulement  en  195  i.  Quelqu'un  pourrait-il 
donner  des  renseignements  à  leur  égard, 
—  du  moins  quant  à  leur  existence  ? 

G.  T. 

Ile  découverte  en  1772.  —  Dans 
une  lettre  d'un  officier  de  marine  de  Tou- 
lon à  un  de  ses  camarades  en  congé,  on 
lit  : 

...  On  arme  à  Brest  4  à  5  bâtiments  pour 
l'île  nouvellement  découverte... 

Quelle  pouvait  être  cette  ile  ? 

P.  F. 

La  duchesse  de  Berry  biblio- 
phile \X.  G.,  107).  —Je  viens  d'admirer 
chez  un  bibliophile  ami,  un  précieux  vo- 
lume in-4°  relié  au  xviii'  siècle,  en  maro- 


50     . 

quin  vert,  à  large  dentelle,  avec  recou- 
vrement et  serrure  fermant  à  double  tour. 
C'est  le  plus  bel  exemplaire  connu  du 
livre  que  le  duc  d'Aiguillon  fit  imprimer 
secrètement  avec  la  collaboration  de  la 
duchesse:  \q  Recueil  de  pièces  choisies  ras- 
semblées par  les  soins  du  cosmopolite  et'dont  il 
ne  fut  tiré  que  12  exemplaires  (1735). 
Pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui  n'auraient 
jamais  eu  entre  les  mains  ni  l'original  ni 
la  réimpression  moderne,  disons  que  ces 
«Morceaux  Choisis  »  ne  sont  pas  à  l'usage 
des  pensionnats.  La  serrure  ne  s'explique 
que  trop. 

Les  exemplaires  célèbres  ont  leurs  an- 
nales. On  connaît  la  liste  presque  com- 
plète des  amateurs  qui  ont  possédé  celui- 
ci  depuis  un  siècle  et  demi,  mais  entre 
M.  Duriez  (1827)  et  le  duc  de  Rivoli 
(1838),  il  y  a  une  lacune.  Comme 
j'examinais  la  feuille  de  garde,  j'y  ai 
trouvé  une  ligne  au  crayon,  soigneuse- 
ment effacée  à  la  gomme,  mais  encore 
très  lisible  dans  sa  mince  écriture  anglaise 
allongée  qui  date  de  plus  de  soixante  ans. 
Exemplaire  de  la  Duchesse  de  B. 

A  cette  époque,  une  seule  «  Duchesse 
de  B.  »  était  bibliophile,  et  l'on  comprend 
bien  pourquoi  un  collectionneur  respec- 
tueux n'osa  écrire  que  son  initiale  sur 
un  pareil  livre.  Sait-on  qu'elle  ait  pos- 
sédé quelques  ouvrages  libres  en  dehors 
des  romans  légers  qui  parurent  à  sa 
vente  en  1837  et  par  hasard  posséde- 
rait on  déjà  un  témoignage  concernant  le 
séjour  du  fameux  exemplaire  dans  sa  bi- 
bliothèque privée  ?  Un  Passant. 

LIV-2 


N»  «ii8. 


L'INTERMEDIAIRE 


51 


52 


Concours  du  prix  d'Utilité  mo- 
rale, à  l'Académie,  25  août  1830.— 

U  résulte  d'une  lettre  que  je  possède  de 
Mlle  |ulie  Candeille,  (devenue  femme 
Simons,  puis  femme  Périé)  que  celle-ci, 
sous  le  nom  de  madame  Périé, sans  doute, 
avait  concouru  à  ce  prix.  Comments'appe- 
lait  cet  ouvrage  ?  A-t-il  été  récompensé  ? 

H.  Lyonnet. 


Chasseurs  de  Picardie  et  Royal- 
Liégeois.  —  Je  serais  reconnaissant  à 
un  aimable  chercheur  qui  pourrait  me 
dire  dans  quelles  villes  résidaient  le  régi- 
ment des  chasseurs  à  cheval  de  Picardie 
et  celui  du  Royal-Liégeois  (infanterie), de 
1780  à  1791  et  quels  numéros  portent 
actuellement  ces  deux  régiments. 

DE  G. 


Alliance  de  la  famille  d'Harcourt. 

—  Un  ex-libris  de  la  première  moitié  du 
XIX'  siècle,  signé  Oblin,  porte  les  armes 
d'Harcourt  accolées  d'un  écu  portant  : 
d'a:(ur,  à  la  fasce  d'hermine,  accompagnée 
de  trois  cfoix  rccroisetiées  d'argent  ;  au  chef 
d'or,  chargé  d'un  lion  issant  de  gueules. 
Couronne  de  comte  sur  les  deux  écus. 
Supports  :  deux  lions.  Quelle  était  cette 
alliance  .?  D.  des  E. 


Aqua  Bona  et  Aqua  Puta.  —  Aqua 
Bona  désigne  évidemment  Eaubonne 
(Seine-et-Oise),  village  qui  dépendait  de 
la  seigneurie  de  Montmorency  et  qui  est 
souvent  cité  sous  cette  forme,  notamment 
dans  V Histoire  de  Montmorency^  par  André 
Duchesne  (preuves,    p.    61,  70,71,  119, 

415)-. 

Mais  dans  quelques  textes  antérieurs 
au  xni*  siècle,  on  trouve  un  Aqua  Puta. 

Qu'est-ce  que  cet  Aqua  Puta  ? 

Est-ce  par  transposition  Puteaux  (Seine), 
comme  le  veut  la  généralité  des  auteurs  ? 

Puta  ne  serait-il  pas  plutôt  une  ancienne 
forme  pour  Bona,  et  Aqua  Puta  ne  dési- 
gnerait-il pas  notre  Eaubonne  de  la  vallée 
de  Montmorency  ^ 

En  effet,  putus,  qui  vient  de  la  racine 
pno,  d'où  aussi  ^îr/c,  signifie,  en  bonne 
latinité,  épluché,  nettoyé,  purifié,  pur, 
net,  sans  mélange.  Il  est  ordinairement 
joint  à  purus,  punis  putus,  quelquefois 
purus  ac  putus. 


«  Putare  valet  purum  facere.  Ideo  anti- 
qui purum  putum   appellarunt  (Varron)  ». 

«  Putus  antiqui  dicehant  pro  puro  (Pau- 
lus  ex  Festo)  ». 

«  Quam  honam  mets  putissimis  orationi- 
hus  gratiam  retulerit  (Cicéron)  ». 

Auguste  appelait  plaisamment  Horace 
putissîJHum  penem  (Suétone).  Voir  pour 
putus  les  Dictionnaires  latins  de  Forcellini, 
Freund,  Quicherat,  etc. 

Aqua  Puta  équivaut  donc  absolument 
à  Aqua  Bona . 

De  plus,  la  forme  latine  de  Puteaux, 
comme  celle  des  nombreux  Puiseux, 
paraît  avoir  toujours  été  Puteoli,  petits 
puits,  et  non  Puta  aqua  {Histoire  du  Dio- 
cèse de  Pans,  par  l'Abbé  Lebeuf,  première 
édition,  tome  III,  Eaubonne  ;  tome  IV, 
Puiseux  ;  et  tome  VII,  Puteaux). 

Enfin  Aciua  Puta  est  généralement  cité 
avec  d'autres  villages  voisins  d'Eaubonne 
et  même,  dans  un  texte  des  environs  de 
833,  il  se  trouve  accolé  au  village  d'Er- 
mont,  viculus  Ermedonis,  qu'Hilduin,  abbé 
de  Saint-Denis,  donne  à  son  monastère, 
et  qui  ne  fait  qu'un  pour  ainsi  dire  avec 
Eaubonne  [Histoire  de  l'Abbaye  de  Saint- 
Denis,  par  Félibien,  preuves  n°  75  ;  Car- 
tulaire  de  Notre-Dame  de  Paris,  par  Gué- 
rard,  tome  I,  p.  40;  Histoire  de  l'Abbaye 
de  Saint-Denis,  par  Doublet,  p.  670  ;  His- 
toire de  Montmorency,  par  André  Du- 
chesne, preuves  p.  30  et  31  et  texte 
p.  84). 

Au  reste,  André  Duchesne  traduit  sans 
héûiç-rVAqua  Puta  du  texte  de  1096,  par 
Eaubonne,  et  l'Abbé  Lebeuf  croit  aussi 
que  Aqua  Puta  et  Aqua  Bona  désignent 
un  seul  et  même  village  (voir  à  l'article 
sur  Puteaux, déjà  cité,  sa  savante  etcurieuse 
dissertation  sur  Y  Aqua  Puta  seu  Salice 
que  Dagobert  donne  en  63 '5  à  l'Abbaye  de 
Saint-Denis). 

L'éminent  M.  Auguste  Longnon  lui- 
même,  paraît  être  de  l'avis  de  l'abbé 
Lebeuf  [Examen  géographique  du  tome  /•' 
des  Diplomata  Imperii,  monumenta  Ger- 
maniœ  historica,  page  11,  par  Auguste 
Longnon,  Paris,  1873. 

Quelle  est,  au  sujet  de  cet  Aqua  Puta, 
l'opinion  de  mes  savants  collègues  de 
V  Intermédiaire .? 

Pourrait-on  me  citer  un  texte  où  Aqua 
Puta  désigne,  sans  contestation  possible^ 
Puteaux  et  non  Eaubonne  ? 

Armand  de  Visme. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  juillet  190e. 


53 


54 


Le  château  de  Saint-Maurice.  — 

A  la  fin  du  xviii'  siècle,  ce  château,  situé 
commune  de  ce  nom,  canton  nord  de 
Dourdan, appartenait  à  IVl.Le  Mairat,  prési- 
dent de  la  Chambre  des  comptes  de  Paris. 
Sait-on  s'il  existe  encore  ?  Si  oui,  quel 
en  est  le  propriétaire  ? 

Paul  Pinson. 

L'abbaye  d'Hérivaux.  —  L'abbaye 
d'Hérivaux,prèsLuzarches(Seine-et-Oise), 
fondée  en  1 130,  n'existe  plus  qu'en  partie, 
mais  comprend  encore,  outre  un  corps  de 
bâtiment  servant  d'habitation,  les  restes 
d'une  magnifique  église. 

Les  Archives  de  Seine-et-Oise  possèdent 
d'assez  nombreux  documents  sur  celte 
abbaye,  entre  autres  un  plan  datant  de  la 
première  moitié  du  xviii*  siècle,  très  pré- 
cieux, sans  doute,  mais  insuffisant  en  ce 
qui  concerne  l'église. 

Un  intermédiairiste  pourrait-il  indiquer 
un  autre  plan,  ou  tout  au  moins  des  cro- 
quis anciens  de  ce  beau  monument .? 

Z.  Y.  X. 

Ouistreham  (Normandie), et  Wes- 
terham  (Angleterre).  —  Westerham, 
dans  le  comté  de  Kent,  Angleterre,  fut 
l'habitation  de  la  branche  anglaise  de  la 
famille  Le  Marinier  de  Cany  (Normandie), 
depuis,  au  moins,  le  douzième  siècle. 
Leur  habitation  à  Westerham  s'appelait 
«  IVlariners  ». 

Le  bel  et  ancien  manoir  est  encore  à 
Westerham,  il  s'appelle  encore  «  IVlari- 
ners ». 

Or,  Westerham  in  «  Domesday  »  est 
appelé  «  Oistreham  »  —  et,  en  1253 
s'appelait  <>  Ouistreham  »  =  Ouest- 
reham  »  =  West  (er)  ham. 

Il  y  a,  à  l'embouchure  de  la  rivière, 
Orne,  (sur  laquelle  est  situé  Caen),  un 
petit  village,  Ouistreham.  11  semble  plus 
probable  que  Westerham,  en  Angleterre, 
doit  sa  désignation  à  Ouistreham  en  Nor- 
mandie, ainsi  appelé  par  des  Normano- 
Français  qui  s'y  établirent. 

Ainsi,  Ouistreham  en  Normandie  fut 
probablement  l'habitation  originale  de  la 
famille  de  Mariniers. 

D'où  on  peut  déduire  : 

En  II 66,  il  y  avait  en  Angleterre,  Ma- 
nasser  de  Donmartin,  chevalier,  lié  avec 
Gautier  de  Meduana,  et  Guillaume  de 
Ros. 


Et,  en  1 199,  i200,Albéric  de  Donmar- 
tin, chevalier,  per  Cornes  Boloniae. 

Aussi,  en  1201,  1212,  Guillaume  de 
Warenne. 

Qiie  pense-t-on  de  cette  déduction? 
RÉv'ï  Edwin  Marriner. 

Un  peintre  J.B.D.— J'ai  une  peinture 
sur  bois  (de  l'école  de  Boucher),  représen- 
tant Eve  au  paradis  terrestre  40  sur  39)  ; 
elle  est  signée:  }.  D.  P.  1790.  Quel  est  le 
nomde  l'auteur  ?  T.  y. 

Le  peintre  Coutel.  — •  Coutel,  élève 
d'Ingres,  entré  à  l'école  des  Beaux-Arts 
en  1833,  eut  en  son  temps  une  certaine 
réputation.  J'ai  vu  de  lui  un  portrait 
signé  et  daté  1848  ;  le  sujet  ressemble  à 
Musset  ? 

Pourrait-on  savoir  si  le  peintre  Coutel 
fut  l'ami  de  l'auteur  des  Nuits...  vers 
cette  époque?  Martin  E. 

Lady  Kerry.  —  Je  désire  être  éclairé 
sur  ridentité,  âge,  noms  de  Lady  Kerry, 
qui  avait  un  salon  où  l'on  jouait  beaucoup 
avant  1789  ;  madame  de  Béon  attaché  à 
la  princesse  de  Lamballe,  madame  de 
Nontron,  le  chevalier  de  Fraguier  gen- 
tilhomme du  prince  de  Conti  M.  de 
Florac.  H.  G. 

Favancourt,  de  Blaire,  Belzunoe. 

—  On  demande  si  le  comte  de  Favan- 
court, monsieur  de  Blaire,  madame  de 
Belzunce  qui  tenaient  un  rang  sous 
Charles  X,  ont  laissé  des  descendants. 

V.  U. 

De  Monbel,  acteur.  —  Dans  le 
n*  I II 3  de  l'Intermédiaire,  le  confrère 
Olim  parle  d'un  M.  de  Monbel,  grand 
premier  rôle  au  théâtre  de  Clermont- 
Ferrand,  qui  serait  mort  subitement  en 
déclamant  des  stances  de  circonstance  à 
l'occasion  de  la  fête  des  Alsaciens-Lorrains 
en  1898. 

Qu'est-ce  que  M.  de  Monbel  ?  A  quelle 
famille  de  Monbel  appartenait-il  ?  Etait-ce 
un  vrai  Montbel,  ou  bien  un  Baron,  un 
Thomassin,  un  Baylin^  un  Surrel.^  un  Viatel 
de  Monbel  ou  Montbel  ?      Brondineuf, 

Le  comte  de   Repenties.  —  Les 

écrivains  naundorffistes  font  mention  d'un 
certain  comte  de  Repenties^  qui  aurait  été 


^f<'  iii8. 


L'INTERMEDIAIRE 


55 


56 


chargé  par  le  duc  de  Berry  d'une  mission 
en  Allemagne  concernant  Louis  XVII. 

Qu'était-ce  que  ce  comte  de  Repenties? 
Existe-t-il  encore  de  ses  descendants  ?  Il 
vait,  je  crois,  une  fille  unique. 

'  G.  T. 

Les  de  Sathenat  (Satanas),  sei- 
gneurs du  Mont  et  de  Launay.  — 

La  famille  de  Sathenat  que  nous  trouvons 
installée  à  Mehun-sur-Yèvre  dès  le 
XII'  siècle,  est  une  des  plus  anciennes  du 

Berry. 

Petrus  Sathanm  était  un  des  chevaliers 
de  Raoul,  seigneur  de  Mehun,  en  1193 
(Fonds  de  Saint-Sulpice-AUogny,  12» 
liasse);  il  achète  des  dimes  à  Vouzeron  en 

1213. 

D'après  la  Thaumassière,  la  terre  du 
Mon/ était  en  1293  un  des  fiefs  de  Pierre 
de   Sathenat,   seigneur    du    Mont   et   de 

Launay. 

Désirant  compléter  le  travail  de  la 
Thaumassière  sur  les  Sathenat,  il  nous 
manque  un  chaînon  pour  la  branche  de 
Launay.  Serait-il  possible  d'obtenir  sur 
cette  branche  quelques  renseignements 
tirés  d'ouvrages  spéciaux  ? 

Une  anecdote  bien  curieuse  a  été  ra- 
contée par  M.  de  Raynal  dans  son  His- 
toire de  Berry,  vol.  III,  page  178,  sur 
Pierre  de  Sathenat  {140^),  mais  il  serait 
trop  long  d'en  donner  ici  le  texte. 

Disons  que  le  dernier  représentant'de 
la  branche  du  Mont  a  été  massacré  dix 
ou  douze  jours  après  son  mariage  avec 
Marie  Agard,  Vve  de  Charles  de  Fran- 
çois, par  un  parent  très  proche  de  ce  der- 
nier ;  la  Thaumassière  ne  nomme  pas  le 
meurtrier  que  nous  avons  découvert. 

E.  Tausserat. 


Accolé  de  Savalette.  —  Un  petit 
ex-libris  de  style  Louis  XV  porte  deux 
écus  accolés  ;  le  premier  est  :  d'azur,  au 
chevron,  accompagne  en  clef  de  deux  lé- 
sants et  en  pointe  d'une  molette,  le  tout  d'or. 
Le  second  est  de  Savalette  de  Lange  et  de 
Buchelay  :  d'apir,  à  un  sphinx  d'or,  sur- 
monté dimc  étoile  du  même. 

Le  premier  écu  pourrait  appartenir  à 
Brossard  de  Cléry,  mais  alors  le  champ 
devrait  être  de  sable  au  lieu  d'azur  ;  ou 
bien  à  Sanlot  de  Bospin,  et  dans  ce  der- 
nier cas,  la  molette  devrait  être  remplacée 


par  une  étoile.  Je  ne  connais  pas  de  généa- 
logie de  la  famille  Savalette  et  j'ai  re- 
cours à  mes  confrères  de  Y  Intermédiaire 
pour  me  renseigner.  D.  des  E. 

Les  armes  de  Hongrie  et  les 
Cruy-Chanell.  —  Il  existe  une  famille 
française  des  Comtes  Cruy  (ou  Croy)  — 
Chanell  (e)  (?),  qui  porte  dans  ses  armes 
la  couronne  de  Hongrie  de  Saint-Etienne 
à  la  croix  courbée  et  prétend  descendre  de 
la  première  maison  royale  hongroise  de  la 
famille  des  Arpads. 

Peut-on  me  dire  si  cette  descendance 
est  définitivement  établie  ? 

Y  a-t-il  encore  des  Cruy-Chanells  venant 
de  cette  royale  famille  ?  Quels  sont  ses 
membres?  Où  vivent-ils  ?  Portent-ils  tou- 
jours les  armes  de  Hongrie?  D'  P. 

Bague  avec  devises.  —  Je  possède 
une  bague  qui  me  vient  de  mon  bisaïeul 
qui  était  très  attaché  à  Louis  XVIII.  Cette 
bague  en  or, d'un  grand  diamètre,  proba- 
blement pour  mettre  sur  un  gant,  porte  à 
l'extérieur,  sur  le  chaton,  deux  épées 
entrecroisées,  autour  desquelles  on  lit  : 
«Vive  le  Roi  quand  même  »;de  chaque  côté 
du  chaton  sont  gravées  les  devises  sui- 
vantes : 

A  Dieu  mon  âme 

Mon  cœur  aux  dames 

Ma  vie  au  Roi 

L'honneur  à  moi. 
à  l'intérieur,    la    date,   1815  ;  le  nom  du 
possesseur,   et   sous   le  chaton  un  cœur 
gravé,     à    l'intérieur    duquel     sont 
les  lettres  :       L.  M.  T.       Que  signifient 
ces  initiales         P.  A.  et    à     quelle 

occasion  F.  cette     bague 

a-t-elle  pu  être  donnée  ? 

Henri  de  Bornier  possédait  la  même, 
elle  avait  été  donnée  à  son  grand-père  ou 
à  son  grand-oncle  par  Louis  XVIII,  alors 
régent  du  royaume  en  93.  de  G. 

Médaille  représentant  Napo- 
léon I*'  sur  une  face,  Napoléon  III 
sur  l'autre.  —  A  quelle  occasion  a  été 
frappée  une  médaille  représentant  Napo- 
léon Y',  empereur,  sur  une  face,  et  Napo- 
léon III,  empereur,  de  l'autre  côté  ?  La 
pièce  est  un  peu  plus  petite  qu'une 
pièce  de  5  cent.  Ky. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906 


57 


58 


Supprimit  orator...  —  Dans  la  se- 
conde des  Lettres  sur  la  Nouvelle  Héloïse, 
censées  écrites  par  le  marquis  de  Ximenez, 
Voltaire  cite  un  hexamètre  latin  : 
Supprimit  orator  quod  rusticus  edit  inepte . 

A  quel  poème  appartient  ce  vers,  et 
quel  en  est  l'auteur  ?  Debasle. 

Saint  Thomas  d'Aquin,  profes- 
seur à  l'Université   d Angers,  — 

Dans  son  n°  d'avril  dernier,  la  Revue  des 
Sciences  ecclésiastiques  (Arras,  Sueur)  cite 
un  auteur  du  xvni*  siècle  qui  affirme  que 
saint  Thomas  d'Aquin  a  été  professeur  à 
l'Université  d'ANGERs  ?  Que  penser  de 
cette  opinion  ? 

Le  Bibliophile  J.  R.  —  J'ai  entre 
les  mains  une  brochure  intéressante  qui  a 
pour  titre  :  Notice  sur  les  manuscrits  à  mi- 
niatures, par  le  bibliophile].  R.,  membre 
de  plusieurs  sociétés  savantes  (Paris  :  Li- 
brairie M.  Bouton  [Arras  imprimé]  1874). 

Quel  est  le  véritable  nom  du  «  Biblio- 
phile J.  R.  ?  NoxA. 

Société  anglaise  de  la  civilisation 
Européenne  et  pour  l'amélioration 
des  races  humaine  et  cavaline.  — 

j'ai  en  ce  moment  sous  les  yeux,  dans  un 
dossier  maçonnique,  où  la  pièce  se  trouve 
peut-être  par  erreur,  un  diplôme  en  fran- 
çais de  cette  société,  décerné  à  l'agro- 
nome Dubignac,  en  récompense  des  nom- 
breux services  qu'il  a  rendus  à  la  littéra- 
ture, à  l'agriculture  et  à  sa  chère  sœur 
la  culture.  Le  diplôme  est  entouré  de 
dessins  fantastiques  à  la  plume,  figurant 
des  animaux  variés,  des  armes,  des  tours, 
ponts,  seringues,  triangles  maçonniques, 
etc.,  il  est  daté  de  Londres,  30  avril  1837. 
Cette  société  avait  ses  bureaux  à  Londres, 
Warkest  street,  72  bis  ;  elle  avait  un  bu- 
reau de  correspondance  à  Paris  (adresse 
effacée).  La  pièce  estsigiée  :  Le  Directeur 
général.  Duc  de  Cumberland  (Ernest- 
Auguste,  roi  de  Hanovre,  oncle  de  la 
reine  Victoria)  ;  le  Président  :  Lord  John 
Russel  de  Cantorbéry  ;  le  secrétaire  archi- 
viste, Rochester  ;  le  bibliothécaire,  Wach- 
meglée  (?);  le  rédacteur  du  Bulletin,  junus 
Trouskoel.  Les  signatures  paraissent  au- 
thentiques. Est-ce  une  plaisanterie? 

J.  G.  Bord. 


F.  N.  Dubois,  de  Rouen  et  son 
«  Histoire  secrète  v>.  —  Une  épi- 
gramme  de  l'abbé  Yart,  reproduite  par- 
tout, s'appliq  le  à  ai  ciftiii  Dubois, 
qui  avait  composé  une  Histoire  secrète. 
Barbier  et  Quérard  ont  supposé,  puis 
affirmé,  qu'au  milieu  de  toutes  les  His- 
toires secrètes  publiées  au  xviii'  siècle, 
celle  des  Femmes  Galantes  de  V Antiquité 
(1726)  était  visée  par  l'épigramme  ;  mais 
comme  toujours,  ils  s'abstiennent  de 
prouver  leurs  hypothèses  si  facilement 
acceptées  comme  articles  de  foi  par  les 
bibliographes. 

S'ils  ont  raison,  la  méchanceté  de  l'abbé 
Yart  ne  se  comprend  guère.  Elle  prétend 
railler  l'auteur  sur  le  peu  de  lecteurs  qu'il 
a  recueillis  et  il  se  trouve  au  contraire 
que  l'ouvrage  en  question  n'a  pas  eu 
moins  de  cinq  éditions  et  contrefaçons  de 
1726  à  1745,  bien  qu'il  soit  en  6  vo- 
lumes. 

En  outre,  qui  était  «  F.  N.  Dubois,  avo- 
cat au  Parlement  de  Rouen  »  ^  La  France 
Littéraire  de  1769  ne  le  connaît  pas. 


Vins  d'honneur.  — Où  pourrions- 
nous  trouver  quelques  renseignements 
sur  les  vins  d'honneur  ;  sait-on  de  quelle 
époque  date  cette  coutume  ancienne  et 
quelle  est  la  région  où  elle  a  pris  nais- 
sance.'' 

Evidemment  elle  n'a  pu  être  mise  en 
usage  que  dans  une  contrée  vinicole. 

Tout  ce  que  l'on  pourra  nous  appren- 
dre sur  ce  sujet  sera  reçu  avec  vive  re- 
connaissance. F.  L.  A.  H.  M. 


Vin  de  Beaune.  —  L'historien  du 
duché  de  Bourgogne,  l'abbé  Courtépée, 
dit  dans  son  ouvrage  que  Louis  XIV  per- 
mit de  transporter  sur  la  Moselle  et  la 
Meuse  les  vins  de  Beaune,  dont  il  fait  le 
plus  grand  éloge  dans  l'arrêt  de  son  con- 
seil de  1662. 

Nous  aurions  grand  intérêt  à  connaître 
le  texte  de  cet  arrêt  que  nous  avons  vai- 
nement cherché.  Pourrait-on  nous  indi- 
quer où  se  le  procurer  ^ 

F.  L.  A.  H.  M. 


N»  m8. 


L'INTERMEDIAIRE 


59 


60 


Eép0nôeô 


CondamDation  de  Jésus  (LUI,  553, 
621,  685,  732,  789,  900;  LIV,  13).  — 
Les  allégations  de  M.  Dujardin  étant 
contredites  par  M.  Revillout,  j'ai  demandé 
des  explications  au  premier  qui  me  répond  : 

J'ai  bien  reçu  votre  lettre  du  9  juin,  et 
j'aurais  bien  voulu  vous  donner  une  réponse 
intéressante  :  malheureusement  il  n'y  a  pas 
une  question,  si  simple  soit-elle,  qui  puisse 
être  traitée  en  quatre  lignes.  Or,  le  temps 
me  fait  absolument  défaut  en  ce  moment. 

Tout  ce  que  je  puis  vous  dire,  c'est  qu'il  est 
unanimement  reconnu  que  le  passage  de  Jo- 
sèphe  est  interpolé  ;  les  avis  ne  diffèrent  que 
sur  la  question  de  savoir  si  le  passage  est  en- 
tièrement apocryphe  ou  s'il  est  seulement 
glose . 

Excusez-moi  de  ne  pas  vous  donner  une 
réponse  détaillée  qui  nécessiterait  un  petit 
article. 

Croyez,  Monsieur,  à  mes  sentiments  très 
distingués. 

Edouard  Dujardin. 
P.  c.  c.  Paul  Argelès. 

Le  mur  de  Lutèce  (LUI,  889,  9^5  ; 
LIV,  12).  —  Il  semble  qu'il  convient 
d'être  circonspect  au  sujet  des  substruc- 
tions  que  les  fouilles  du  Métropolitain 
ont  miies  à  jour  dans  la  Cité.  Rien  ne 
prouve  indiscutablement  que  Ton  se 
trouve  en  présence  d'un  fragment  de  la 
muraille  de  Lutèce,  et,  au  contraire,  on 
peut  émettre  des  arguments  en  faveur 
d'une  opinion  opposée. 

On  a  découvert  deux  murs  parallèles 
qui  n'ont  ni  l'aspect  ni  les  mesures  des 
parties  de  l'enceinte  antérieurement  mises 
à  jour  ;  d'autre  part,  ils  ne  suivent  nulle- 
ment la  direction,  conjecturale, il  est  vrai, 
mais  extrêmement  probable,  de  la  muraille 
gallo-romaine. 

Enfin,  pourquoi  sont-ils  deux  ? 

11  pourrait  très  bien  se  faire  que  ce  ne 
soit  là  que  des  murs  d'une  construction 
quelconque,  édifiés,  peut-être,  avec  des 
matériaux  empruntés  à  la  muraille  d'en- 
ceinte qui,  très  certainement,  a  été  ex- 
ploitée ainsi  qu'une  carrière  par  les  habi- 
tants de  la  Cité. 

Quoi  qu'il  en  soit,  trancher  la  question 
d'une  façon  catégorique  me  paraît  peu 
sage,  peu  prudent.  11  vaudrait  mieux  at- 
tendre les  résultats  des  fouilles  que  pour- 
suit la  Commission  du  Vieux  Paris. 


Pas  d'emballement,  conseillerait  Tarta- 
rin. 

NOTHING. 


* 
*  ♦ 


Depuis  que  la  discussion  est  engagée 
sur  la  récente  découverte  d'une  construc- 
tion gallo-romaine  dans  le  sous-sol  du 
Marché  aux  fleurs,  de  nombreuses  opi- 
nions se  sont  fait  jour.  Des  savants  dis- 
tingués ont  notamment  contesté  que  les 
murs  retrouvés  fissent  partie  du  rempart 
de  la  Cité.  Un  de  leurs  arguments  est 
que  la  prétendue  muraille  se  serait  élevée 
355  mètres  de  distance  de  la  Seine.  L'ar- 
gument sans  doute  n'est  pas  sans  valeur. 
Cependant  il  est  bon  d'observer  qu'en 
1847,  on  retrouva,  au  droit  du  Pont-au- 
Double,  un  fragment  de  la  muraille  gallo- 
romaine  exactement  à  la  même  distance 
du  fleuve.  Le  fragment  découvert  en 
1898,  rue  de  la  Colombe,  n'en  était  guère 
moins  éloigné. 

Quant  à  la  date  du  rempart,  on  me 
permettra  de  revenir  brièvement  sur  l'hy- 
pothèse que  j'ai  émise  ici,  et  d'après 
laquelle  le  mur,  construit  d'après  les 
données  de  l'écrivain  militaire  Végèce, 
pouvait  être  contemporain  de  Gratien  et 
du  tyran  Maxime. 

A  l'appui  de  cette  hypothèse,  voici  une 
nouvelle  remarque  :  lorsqu'en  1829, 
on  creusa  le  sol  à  la  place  de  l'église 
Saint-Landry,  on  trouva,  près  de  la  mu- 
raille gallo-romaine,  douze  médailles, dont 
la  plus  récente  portait  le  nom  du  tyran 
Magnus  Maximus  (Voir  Dulaure). 

Il  y  eut,  à  cette  époque,  de  graves  évé- 
nements à  Paris,  ainsi  qu'en  témoigne 
cette  phrase  de  la  chronique  de  saint 
Prosper  d'Aquitaine  : 

In  Britannià,per  seditionem  militum  Maxi- 
mus imperator  est  factus,  quo  mox  ad  Gallias 
tranfretante,  Gratianus  Parisiis  Merobaudis 
magistri  militum  proditione  superatus,  et  fu- 
giens,  Lugduni  captus  atque  occisus  est(Mi- 
gne,  Patrol.  lut.,  tome  51,  col.  585). 

Une  note  de  l'éditeur  corrige  ce  texte 
en  ce  qui  concerne  Mérobaude.  Il  faut 
lire  :  «  Mérobaude  magistra  militum  ». 
Et  le  sens  est  celui-ci  : 

En  Bretagne,  une  sédition  de  l'armée  fait 
Maxime  empereur.  Il  passe  bientôt  en  Gaule. 
Mérobaude  était  alors  maître  de  la  milice. 
Giatien  est  vaincu  par  trahison  à  Paris.  Il 
s'enfuit,  est  capturé  à  Lyon  et  massacré. 

Il  y  eut   alors   un   siège  de  Paris,  un 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906. 


61 


62 


assaut  que  la  trahison  des  soldats  rendit 
facile  au  tyran. 

Il  n'est  peut-être  pas  hors  de  propos  de 
rappeler  que  dans  les  dernières  fouilles 
entreprise  sous  le  Collège  de  France,  on 
trouva,  dans  les  sous-sols  d'un  vaste  bâ- 
timent non  encore  identifié,  une  monnaie 
de  Gratien.  Le  monument  en  question 
parut  avoir  été  renversé,  puis  reconstruit 
à  l'époque  Romaine,..,  comme  le  rempart 
de  la  Cité.  Luc  de  Vos. 


Uniforme  des  dragons-Liancourt 

(LUI,  331,  458  ;  LIV,  14).  —  Monsieur 
Poënsin-Ducrest,  dans  la  bibliographie 
qu'il  donne  à  la  suite  de  son  intéressante 
communication  sur  l'uniforme  des  dra- 
gons-Liancourt, omet  quelques  sources 
que  je  me  permets  de  lui  signaler  et  qui 
compléteront  la  liste  des  ouvrages  à  con- 
sulter sur  cette  question  : 

A  ce  sujet,  je  dois  dire  que  ma  foi,  jadis 
aveugle,  en  Montigny,  uniformes- 1772,  a 
été  fortement  ébranlée  par  ce  fait  qu'ayant 
en  2  ans  de  travail  colorié  tous  les  corps 
de  troupes  à  pied  de  cette  époque,  d'après 
les  règlements,  j'ai  trouvé  dans  Montigny 
des  erreurs  de  coloris  sur  certaines 
planches  et  des  omissions  sensibles  sur 
certaines  autres.  11  est  à  remarquer,  du 
reste,  qu'a  partir  du  règne  de  Louis  XV 
jusqu'à  la  Révolution,  le  costume  mili- 
taire en  France  éprouva  des  changements 
continuels. 

Bibliographie.  —  Collection  des  ordon- 
nances royales  sur  l'habillement  et  l'équi- 
pement des  troupes.  Brochures  ou  cahiers 
in-4''  et  in-fo.  Edition  officielle  imprimée 
par  l'Imprimerie  royale.  Edition  in-i2de 
1762  à  la  Révolution  à  Metz,  chez  Colli- 
gnon. 

Uniformes  militaires  des  troupes  fran- 
çaises et  étrangères,  planches  in-80  gra- 
vées et  coloriées,  i  feuille  pour  chaque 
régiment  ;  les  troupes  à  cheval  sont  mon- 
tées. 

r' édit.  1778,  2"  édit.  1780,1a  i'^  de 
170  planches,  la  2*  de  182.  Chez  Juillette 
graveur,  la  2*  édition  chez  Onfroy-lsnard  : 
Les  nouveaux  uniformes  de  tous  les  régi- 
ments de  dragons,  à  l'ordonnance  de  1776 
et  Etat  général  des  uniformes  1779,  re- 
cueils de  planches  sur  bois  coloriées.  Les 
cavaliers  sont  à  pied. 

CoTTREAU, 


Louis  X"VII.  Sa  mort  au  temple. 
Documents  inédits  (T.  G.  534,  XLIX  ; 
L:L1;L1I;  LUI;  LIV,  17).— M.  Otto 
Friedrichs  nous  adresse  la  lettre  suivante 
dont  il  nous  demande  l'insertion: 
Pointe  du  Bugull 

Belle-lsIe-en-Mer 

Morbihan 
le  15  juillet  1906, 

Monsieur  le   directeur, 

Vous  avez  parfaitement  raison  de  vouloir 
écarter  toute  «  poémique  personnelle  ». 

Reste  à  savoir  où  commence  une  pole'mi- 
que  «  personnelle  ».  M.  Baguenier  Desor- 
meaux avait,  le  premier,  commis  une  «  per- 
sonnalité »  en  se  moquant  de  la  «  saveur  » 
de  mon  style.  Croyant  discuter  avec  un  petit- 
tlis  de  Voltaire,  j'ai  trouvé  amusant  de  lui 
retourner  simplement,  et  sans  me  fâcher, 
cette  personnalité  en  lui  prouvant  qu'en  guise 
de  saveur  son  style  ne  le  cédait  en  rien  au 
mien.  Je  m'étonne  que  M.  Baguenier  Desor- 
meaux ne  puisse  supporter  cette  innocente 
démonstration. 

Dans  tout  le  reste  de  ma  discussion  avec 
lui,  il  m'est  impossible  de  découvrir  rien  de 
personnel,  car  la  Marie-Jeanne  est  un  pro- 
blème historique  comme  la  question  Louis 
XVU.  Tout  au  plus  ai-je  à  ce  sujet  à  me  re- 
procher d'avoir  rappelé  cette  polémique, 
ne  ressortissant  pas  rigoureusement  à  la  ques- 
tion Louis  XVU.  j'aurais  dû  me  tenir  dans 
ma  diseussion,  plus  sévèrement  à  ce  dernier 
sujet. 

Voilà  mon  mea  ciilpa . 

Il  est  presque  inutile,  je  suppose,  de  dire 
que  dans  toute  cette  polémique  la  personna- 
lité privée  de  M.  Bagueuier  Desormeaux  reste 
à  l'abri  de  toute  attaque  de  ma  part,  je  n'ai 
pas  l'honneur  de  la  connaître  et  j'estime  par 
conséquent  que  je  n'ai  aucun  droit  de  la  sus- 
pecter de  quoi  que  ce  soit  de  défavorable. 

J'ajouterai  à  cette  déclaration  très  sincère 
que  si  les  adversaires  de  Louis  XVU  agissaient 
de  même,  ils  n'écriraient  pas  tant  d'eireurs 
et  tant  de  calomnies  sur  son  compte,  ce  qui 
simplifierait  et  adoucirait  énormément  les 
polémiques.  Justice,  impartialité  et  vérité 
pour  tous^  y  compris  Louis  XVIl-Naundorff, 
voilà  tout  ce  que  je  demande. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Directeur, 
l'expression  de  mes  sentiments  les  plus  dis- 
tingués. 

Otto  Friedrichs. 

Les  prêtres  assermentés  (LUI, 891  ; 

LIV,  18).  —  En  Berry,  la  proportion  des 
prêtres  qui,  en  1791,  prêtèrent  serment  à 
la  constitution  civile  du  Clergé  est  consi- 
dérable. Dans  l'Indre,  elle    dépasse   les 


N»  iii8. 


L'INTERMEDIAIRE 


51 


CoDCours  du  prix  d'Utilité  mo- 
rale, àlAcadéiKie,  25  août  1830.— 

Il  résulte  d'une  lettre  que  je  possède  de 
Mlle  |ulie  Candeille,  (devenue  femme 
Simons,  puis  femme  Périé)  que  celle-ci, 
sous  le  nom  de  madame  Périé, sans  doute, 
avait  concouru  à  ce  prix.  Comments'appe- 
lait  cet  ouvrage  ?  A-t-il  été  récompensé  ? 

H.  Lyonnet. 


Chasseurs  de  Picardie  et  Royal- 
Liégeois.  —  Je  serais  reconnaissant  à 
un  aimable  chercheur  qui  pourrait  me 
dire  dans  quelles  villes  résidaient  le  régi- 
ment des  chasseurs  à  cheval  de  Picardie 
et  celui  du  Royal-Liégeois  (infanterie), de 
1780  à  1791  et  quels  numéros  portent 
actuellement  ces  deux  régiments. 

DE  G. 


Alliance  de  la  famille  d'Harcourt. 

—  Un  ex-libris  de  la  première  moitié  du 
XIX*  siècle,  signé  Oblin,  porte  les  armes 
d'Harcourt  accolées  d'un  écu  portant  : 
d'aptr,  à  la  fasce  d'hermine,  accompagnée 
de  trois  cioix  recroisettèes  d'argent  ;  au  chef 
d'or,  chargé  dhin  lion  issant  de  gueules. 
Couronne  de  comte  sur  les  deux  écus. 
Supports  :  deux  lions.  Quelle  était  cette 
alliance  .?  D.  des  E. 


Aqua  Bona  et  Aqua  Puta.  —  Aqua 
Bona  désigne  évidemment  Eaubonne 
(Seine-et-Oise),  village  qui  dépendait  de 
la  seigneurie  de  Montmorency  et  qui  est 
souvent  cité  sous  cette  forme,  notamment 
dans  V Histoire  de  Montmorency.^  par  André 
Duchesne  (preuves,    p.    61,  70,71,  119, 

415)-. 

Mais  dans  quelques  textes  antérieurs 
au  xiii*  siècle,  on  trouve  un  Aqua  Puta. 

Qu'est-ce  que  cet  Aqua  Puta  ? 

Est-ce  par  transposition  Puteaux  (Seine), 
comme  le  veut  la  généralité  des  auteurs  ? 

Puta  ne  serait-il  pas  plutôt  une  ancienne 
forme  pour  Bona,  et  Aqua  Puta  ne  dési- 
gnerait-il pas  notre  Eaubonne  de  la  vallée 
de  Montmorencv  ? 

En  effet,  putus,  qui  vient  de  la  racine 
puo,  d'où  aussi  puic.^  signifie,  en  bonne 
latinité,  épluché,  nettoyé,  purifié,  pur, 
net,  sans  mélange.  Il  est  ordinairement 
joint  à  purus.,  punis  putus,  quelquefois 
purus  ac  putus. 


'     52       • 

«  Putare  valet  purvim  facere.  Ideo  anti- 
quipurum  putum   appellarunt  (Varron)  ». 

«  Putus  antiqui  dicehant  pro  puro  (Pau- 
lus  ex  Festo)  ». 

«  Quam  honam  mets  puUssimis  orationi- 
hiis  gratiam  retulerit  {Cïcéron)  ». 

Auguste  appelait  plaisamment  Horace 
putissinitim  penem  (Suétone),  Voir  pour 
puttis  les  Dictionnaires  latins  de  Forcellini, 
Freund,  Quicherat,  etc. 

Aqua  Puta  équivaut  donc  absolument 
à  Aqua  Bona . 

De  plus,  la  forme  latine  de  Puteaux^ 
comme  celle  des  nombreux  Puiseux, 
paraît  avoir  toujours  été  Puteoli.,  petits 
puits,  et  non  Puta  aqua  {Histoire  du  Dio- 
cèse de  Pans,  par  TAbbé  Lebeuf,  première 
édition,  tome  III,  Eaubonne  ;  tome  IV, 
Puiseux  ;  et  tome  Vil,  Puteaux). 

Enfin  Acjua  Puta  est  généralement  cité 
avec  d'autres  villages  voisins  d'Eaubonne 
et  même,  dans  un  texte  des  environs  de 
833,  il  se  trouve  accolé  au  village  d'Er- 
mont,  viculus  Ermedonis,  qu^Hilduin,  abbé 
de  Saint-Denis,  donne  à  son  monastère, 
et  qui  ne  fait  qu'un  pour  ainsi  dire  avec 
Eaubonne  [Histoire  de  l'Abbaye  de  Saint- 
Denis,  par  Félibien,  preuves  n*^  75  ;  Car- 
tulaire  de  Notre-Dame  de  Paris,  par  Gué- 
rard,  tome  I,  p.  40;  Histoire  de  l'Abbaye 
de  Saint-Denis,  par  Doublet,  p.  670  ;  His- 
toire de  Montmorencv ,  par  André  Du- 
chesne, preuves  p.  30  et  31  et  texte 
p.  84). 

Au  reste,  André  Duchesne  traduit  sans 
\ïés\i&rV Aqua  Puta  du  texte  de  1096,  par 
Eaubonne,  et  l'Abbé  Lebeuf  croit  aussi 
que  Aqua  Puta  et  Aqua  Bona  désignent 
un  seul  et  même  village  (voir  à  l'article 
sur  Puteaux, déjà  cité,  sasavanteetcurieuse 
dissertation  sur  VAqua  Puta  seu  Salice 
que  Dagobert  donne  en  63 '5  à  l'Abbaye  de 
Saint-Denis). 

L'éminent  M.  Auguste  Longnon  lui- 
même,  paraît  être  de  l'avis  de  l'abbé 
Lebeuf  [Examen  géographique  du  tome  Z" 
des  Diplomata  Imperii,  monumenta  Ger- 
maniœ  historica,  page  11,  par  Auguste 
Longnon,  Paris,  1873. 

Quelle  est,  au  sujet  de  cet  Aqua  Puta, 
l'opinion  de  mes  savants  collègues  de 
l'Intermédiaire .? 

Pourrait-on  me  citer  un  texte  où  Aqua 
Puta  désigne,  sans  contestation  possible^ 
Puteaux  et  non  Eaubonne  ? 

Armand  de  Visme. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  juillet  190e. 


53 


54 


Le  château  de  Saint-Maurice.  — 

A  la  fin  du  xviii'=  siècle,  ce  château,  situé 
commune  de  ce  nom,  canton  nord  de 
Dourdan, appartenait  à  M.LeMairat,  prési- 
dent de  la  Chambre  des  comptes  de  Paris. 
Sait-on  s'il  existe  encore  ?  Si  oui,  quel 
en  est  le  propriétaire  ? 

Paul  Pinson. 

L'abbaye  d'Hérivaux.  —  L'abbaye 
d'Hérivaux,prèsLuzarches(Seine-et-Oise), 
fondée  en  1 1 30,  n'existe  plus  qu'en  partie, 
mais  comprend  encore,  outre  un  corps  de 
bâtiment  servant  d'habitation,  les  restes 
d'une  magnifique  église. 

Les  Archives  de  Seine-et-Oise  possèdent 
d'assez  nombreux  documents  sur  celte 
abbaye,  entre  autres  un  plan  datant  de  la 
première  moitié  du  xviii'  siècle,  très  pré- 
cieux, sans  doute,  mais  insuffisant  en  ce 
qui  concerne  l'église. 

Un  intermédiairiste  pourrait-il  indiquer 
un  autre  plan,  ou  tout  au  moins  des  cro- 
quis anciens  de  ce  beau  monument  ? 

Z.  Y.  X. 

Ouistreham  (Normandie), efWes- 
terham  (Angleterre).  —  Westerham, 
dans  le  comté  de  Kent,  Angleterre,  fut 
l'habitation  de  la  branche  anglaise  de  la 
famille  Le  Marinier  de  Cany  (Normandie), 
depuis,  au  moins,  le  douzième  siècle. 
Leur  habitation  à  Westerham  s'appelait 
«  Mariners  ». 

Le  bel  et  ancien  manoir  est  encore  à 
Westerham,  il  s'appelle  encore  «  Mari- 
ners ». 

Or,  Westerham  in  «  Domesday  »  est 
appelé  «  Oislreham  »  —  et,  en  1253 
s'appelait  <>  Ouistreham  »  =  Ouest- 
reham  »  =  West  (er)  ham, 

11  y  a,  à  l'embouchure  de  la  rivière, 
Orne,  (sur  laquelle  est  situé  Caen),  un 
petit  village,  Ouistreham.  11  semble  plus 
probable  que  Westerham,  en  Angleterre, 
doit  sa  désignation  à  Ouistreham  en  Nor- 
mandie, ainsi  appelé  par  des  Normano- 
Français  qui  s'y  établirent. 

Ainsi,  Ouistreham  en  Normandie  fut 
probablement  l'habitation  originale  de  la 
famille  de  Mariniers. 

D'où  on  peut  déduire  : 

En  1166,  il  y  avait  en  Angleterre,  Ma- 
nasser  de  Donmartin,  chevalier,  lié  avec 
Gautier  de  Meduana,  et  Guillaume  de 
Ros. 


Et,  en  1 199,  i20o,Albéric  de  Donmar- 
tin, chevalier,  per  Comes  Bolonias. 

Aussi,  en  1201,  1212,  Guillaume  de 
Warenne. 

Qiie  pense-t-on  de  cette  déduction? 
RÉvd  Edwin  Marriner. 

Un  peintreJ.B.D.— J'ai  une  peinture 
sur  bois  (de  l'école  de  Boucher),  représen- 
tant Eve  au  paradis  terrestre  40  sur  39)  ; 
elle  est  signée:  }.  D.  P.  1790.  Quel  est  le 
nomde  l'auteur  ?  T.  y. 

Le  peintre  Coutel.  —  Coutel,  élève 
d'Ingres,  entré  à  l'école  des  Beaux-Arts 
en  1833,  eut  en  son  temps  une  certaine 
réputation,  j'ai  vu  de  lui  un  portrait 
signé  et  daté  1848  ;  le  sujet  ressemble  à 
Musset  .'* 

Pourrait-on  savoir  si  le  peintre  Coutel 
fut  l'ami  de  l'auteur  des  Nuits...  vers 
cette  époque?  Martin  E. 

Lady  Kerry.  —  Je  désire  être  éclairé 
sur  l^identité,  âge,  noms  de  Lady  Kerry, 
qui  avait  un  salon  où  l'on  jouait  beaucoup 
avant  1789  ;  madame  de  Béon  attaché  à 
la  princesse  de  Lamballe,  madame  de 
Nontron,  le  chevalier  de  Fraguier  gen- 
tilhomme du  prince  de  Conti  M.  de 
Florac.  H.  G. 

Favancourt,  de  Blaire,  Belzunoe. 

—  On  demande  si  le  comte  de  Favan- 
court, monsieur  de  Blaire,  madame  de 
Belzunce  qui  tenaient  un  rang  sous 
Charles  X,  ont  laissé  des  descendants. 

V.  U. 

De  Monbel,  acteur.  —  Dans  le 
n°  II 13  de  l'Intermédiaire^  le  confrère 
Olim  parle  d'un  M.  de  Monbel,  grand 
premier  rôle  au  théâtre  de  Clermont- 
Ferrand,  qui  serait  mort  subitement  en 
déclamant  des  stances  de  circonstance  à 
l'occasion  de  la  fête  des  Alsaciens-Lorrains 
en  1898. 

Qu'est-ce  que  M.  de  Monbel  ?  A  quelle 
famille  de  Monbel  appartenait-il  ?  Etait-ce 
un  vrai  Monibel,  ou  bien  un  Baron,  un 
Thomassiu,  un  Baylin^  un  Surrel.,  un  Viaîet 
de  Monbel  ou  Montbel  ?      Brondineuf. 

Le  comte  de   Repenties.  —  Les 

écrivains  naundorffistes  font  mention  d'un 
certain  comte  de  Repenties,  qui  aurait  été 


N"  1118. 


L'INTERMEDIAIRE 


55 


56 


chargé  par  le  duc  de  Berry  d'une  mission 
en  Allemagne  concernant  Louis  XVII. 

Qu'était-ce  que  ce  comte  de  Repenties? 
Existe-t-il  encore  de  ses  descendants  ?  Il 
vait,  je  crois,  une  fille  unique. 

G,  T. 

Les  de  Sathenat  (Satanas),  sei- 
gneurs du  Mont  et  de  Launay.  — 

La  famille  de  Sathenat  que  nous  trouvons 
installée  à  Mehun-sur-Yèvre  dès  le 
xn«  siècle,  est  une  des  plus  anciennes  du 

Berry. 

Petrus  Sathanas  était  un  des  chevaliers 
de  Raoul,  seigneur  de  Mehun,  en  1193 
(Fonds  de  Saint-Sulpice-AUogny,  12" 
liasse);  il  achète  des  dimes  à  Vouzeron  en 

1213. 

D'après  la  Thaumassière,  la  terre  du 
Mon/ était  en  1293  un  des  fiefs  de  Pierre 
de  Sathenat,  seigneur  du  Mont  et  de 
Launay. 

Désirant  compléter  le  travail  de  la 
Thaumassière  sur  les  Sathenat,  il  nous 
manque  un  chaînon  pour  la  branche  de 
Launay.  Serait-il  possible  d'obtenir  sur 
cette  branche  quelques  renseignements 
tirés  d'ouvrages  spéciaux  ? 

Une  anecdote  bien  curieuse  a  été  ra- 
contée par  M.  de  Raynal  dans  son  His- 
toire de  Berry,  vol.  111,  page  178,  sur 
Pierre  de  Sathenat  {140^),  mais  il  serait 
trop  long  d'en  donner  ici  le  texte. 

Disons  que  le  dernier  représentant'de 
la  branche  du  Mont  a  été  massacré  dix 
ou  douze  jours  après  son  mariage  avec 
Marie  Agard,  Vve  de  Charles  de  Fran- 
çois, par  un  parent  très  proche  de  ce  der- 
nier ;  la  Thaumassière  ne  nomme  pas  le 
meurtrier  que  nous  avons  découvert. 

E.  Tausserat. 


Accolé  de  Savalette.  —  Un  petit 
ex-libris  de  style  Louis  XV  porte  deux 
écus  accolés  ;  le  premier  est  :  d'azur,  au 
chevron,  accompagné  en  clef  de  deux  he- 
sants  et  en  pointe  d'une  molette,  le  tout  d'or. 
Le  second  est  de  Savalette  de  Lange  et  de 
Buchelay  :  d'a:{ur,  à  un  sphinx  d'or,  sur- 
monté d'une  étoile  du  même . 

Le  premier  écu  pourrait  appartenir  à 
Brossard  de  Cléry,  mais  alors  le  champ 
devrait  être  de  sable  au  lieu  d'azur  ;  ou 
bien  à  Sanlot  de  Bospin,  et  dans  ce  der- 
nier cas,  la  molette  devrait  être  remplacée 


par  une  étoile.  Je  ne  connais  pas  de  généa- 
logie de  la  famille  Savalette  et  j'ai  re- 
cours à  mes  confrères  de  Y  Intermédiaire 
pour  me  renseigner.  ,    D.  des  E. 

Les  armes  de  Hongrie  et  les 
Cruy-Chanell.  —  Il  existe  une  famille 
française  des  Comtes  Cruy  (ou  Croy)  — 
Cbanell  (e)  (?),  qui  porte  dans  ses  armes 
la  couronne  de  Hongrie  de  Saint-Etienne 
à  la  croix  courbée  et  prétend  descendre  de 
la  première  maison  royale  hongroise  de  la 
famille  des  Arpads. 

Peut-on  me  dire  si  cette  descendance 
est  définitivement  établie  ? 

Y  a-t-il  encore  des  Cruy-Chanells  venant 
de  cette  royale  famille  î  Quels  sont  ses 
membres  ?  Où  vivent-ils  ?  Portent-ils  tou- 
jours les  armes  de  Hongrie?  D'  P. 

Bague  avec  devises.  —  Je  possède 
une  bague  qui  me  vient  de  mon  bisaïeul 
qui  était  très  attaché  à  Louis  XVIII.  Cette 
bague  en  or, d'un  grand  diamètre,  proba- 
blement pour  mettre  sur  un  gant,  porte  à 
l'extérieur,  sur  le  chaton,  deux  épées 
entrecroisées,  autour  desquelles  on  lit  : 
«Vive  le  Roi  quand  même  »;de  chaque  côté 
du  chaton  sont  gravées  les  devises  sui- 
vantes : 

A  Dieu  mon  âme 

Mon  cœur  aux  dames 

Ma  vie  au  Roi 

L'honneur  à  moi. 
à  l'intérieur,    la    date,   181 5  ;  le  nom  du 
possesseur,   et   sous   le  chaton  un  cœur 
gravé,    à    l'intérieur    duquel     sont 
les  lettres  :       L.  M.  T.       Que  signifient 
ces  initiales         P.  A.  et    à    quelle 

occasion  F.  cette     bague 

a-t-elle  pu  être  donnée  ? 

Henri  de  Bornier  possédait  la  même, 
elle  avait  été  donnée  à  son  grand-père  ou 
à  son  grand-oncle  par  Louis  XVIII,  alors 
régent  du  royaume  en  93.  de  G. 

Médaille  représentant  Napo- 
léon I"  sur  une  face.  Napoléon  IH 
sur  l'autre.  —  A  quelle  occasion  a  été 
frappée  une  médaille  représentant  Napo- 
léon P"",  empereur,  sur  une  face,  et  Napo- 
léon III,  empereur,  de  l'autre  côté  ?  La 
pièce  est  un  peu  plus  petite  qu'une 
pièce  de  5  cent.  Ky. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906 


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Supprimit  orator...  —  Dans  la  se- 
conde des  Lettres  sur  la  Nouvelle  Héloïse, 
censées  écrites  par  le  marquis  de  Ximenez, 
Voltaire  cite  un  hexamètre  latin  : 
Supprimit  orator  qiiod  rusticus  edit  inepte . 

A  quel  poème  appartient  ce  vers,  et 
quel  en  est  l'auteur  ?  Debasle. 

Saint  Thomas  d'Aquin,  profes- 
seur à  l'Université   d Angers.  — 

Dans  son  n°  d'avril  dernier,  la  Revue  des 
Sciences  ecclésiastiques  (Arras,  Sueur)  cite 
un  auteur  du  xvui*  siècle  qui  affirme  que 
saint  Thomas  d'Aquin  a  été  professeur  à 
l'Université  d'ANGERS  ?  Que  penser  de 
cette  opinion  ? 

Le  Bibliophile  J.  R.  —  J'ai  entre 
les  mains  une  brochure  intéressante  qui  a 
pour  titre  :  Notice  sur  les  manuscrits  à  tni- 
niatures,  par  le  bibliophile].  R.,  membre 
de  plusieurs  sociétés  savantes  (Paris  :  Li- 
brairie M.  Bouton  [Arras  imprimé  I  i874_). 

Quel  est  le  véritable  nom  du  «  Biblio- 
phile J.  R.  .f*  NoxA, 

Société  anglaise  de  la  civilisation 
Européenne  et  pour  l'amélioration 
des  faces  humaine  et  cavaline.  — 

J'ai  en  ce  moment  sous  les  yeux,  dans  un 
dossier  maçonnique,  où  la  pièce  se  trouve 
peut-être  par  erreur,  un  diplôme  en  fran- 
çais de  cette  société,  décerné  à  l'agro- 
nome Dubignac,  en  récompense  des  nom- 
breux services  qu'il  a  rendus  à  la  littéra- 
ture, à  l'agriculture  et  à  sa  chère  sœur 
la  culture.  Le  diplôme  est  entouré  de 
dessins  fantastiques  à  la  plume,  figurant 
des  animaux  variés,  des  armes,  des  tours, 
ponts,  seringues,  triangles  maçonniques, 
etc.,  il  est  daté  de  Londres,  30  avril  1837. 
Cette  société  avait  ses  bureaux  à  Londres, 
Warkest  street,  72  bis  ;  elle  avait  un  bu- 
reau de  correspondance  à  Paris  (adresse 
effacée).  La  pièce  estsig  ée  :  Le  Directeur 
général,  Duc  de  Cumberland  (Ernest- 
Auguste,  roi  de  Hanovre,  oncle  de  la 
reine  Victoria)  ;  le  Président  :  Lord  John 
Russel  de  Cantorbéry  ;  le  secrétaire  archi- 
viste, Rochester  ;  le  bibliothécaire,  Wach- 
meglée  (.'');  le  rédacteur  du  Bulletin ^]d,nns 
Trouskoel.  Les  signatures  paraissent  au- 
thentiques. Est-ce  une  plaisanterie  ? 

J.  G.  Bord. 


F.  N.  Dubois,  de  Rouen  et  son 
«  Histoire  secrète  v>.  —  Une  épi- 
gramme  de  l'abbé  Yart,  reproduite  par- 
tout, s'appliq  le  à  n  cirtui  Dubois, 
qui  avait  composé  une  Histoire  secrète. 
Barbier  et  Quérard  ont  supposé,  puis 
affirmé,  qu'au  milieu  de  toutes  les  His- 
toires secrètes  publiées  au  xviii'  siècle, 
celle  des  Femmes  Galantes  de  V Antiquité 
(1726)  était  visée  par  l'épigramme  ;  mais 
comme  toujours,  ils  s'abstiennent  de 
prouver  leurs  hypothèses  si  facilement 
acceptées  comme  articles  de  foi  par  les 
bibliographes. 

S'ils  ont  raison,  la  méchanceté  de  l'abbé 
Yart  ne  se  comprend  guère.  Elle  prétend 
railler  l'auteur  sur  le  peu  de  lecteurs  qu'il 
a  recueillis  et  il  se  trouve  au  contraire 
que  l'ouvrage  en  question  n'a  pas  eu 
moins  de  cinq  éditions  et  contrefaçons  de 
1726  à  1745,  bien  qu'il  soit  en  6  vo- 
lumes. 

En  outre,  qui  était  «  F.  N.  Dubois,  avo- 
cat au  Parlement  de  Rouen  »  ^  La  France 
Littéraire  de  1769  ne  le  connaît  pas. 


Vins  d'honneur.  —  Où  pourrions- 
nous  trouver  quelques  renseignements 
sur  les  vins  d'honneur  ;  sait-on  de  quelle 
époque  date  cette  coutume  ancienne  et 
quelle  est  la  région  où  elle  a  pris  nais- 
sance? 

Evidemment  elle  n'a  pu  être  mise  en 
usage  que  dans  une  contrée  vinicole. 

Tout  ce  que  l'on  pourra  nous  appren- 
dre sur  ce  sujet  sera  reçu  avec  vive  re- 
connaissance. F.  L.  A.  H.  M. 


Vin  de  Beaune.  —  L'historien  du 
duché  de  Bourgogne,  l'abbé  Courtépée, 
dit  dans  son  ouvrage  que  Louis  XIV  per- 
mit de  transporter  sur  la  Moselle  et  la 
Meuse  les  vins  de  Beaune,  dont  il  fait  le 
plus  grand  éloge  dans  l'arrêt  de  son  con- 
seil de  1662. 

Nous  aurions  grand  intérêt  à  connaître 
le  texte  de  cet  arrêt  que  nous  avons  vai- 
nement cherché.  Pourrait-on  nous  indi- 
quer où  se  le  procurer  ^ 

F.  L.  A.  H.  M. 


N»  ni8. 


L'INTERMEDIAIRE 


59 


60 


Ïlép0n0e0 


Condamnation  de  Jésus  (LUI,  553, 
621,685,732,  789,  900;  LIV,  13).  — 
Les  allégations  de  M.  Dujardin  étant 
contredites  par  M.  Revillout,  j'ai  demandé 
des  explications  au  premier  qui  me  répond  : 

J'ai  bien  reçu  votre  lettre  du  9  juin,  et 
J'aurais  bien  voulu  vous  donner  une  réponse 
intéressante  :  malheureusement  il  n'y  a  pas 
une  question,  si  simple  soit-elle,  qui  puisse 
être  traitée  en  quatre  lignes.  Or,  le  temps 
me  fait  absolument  défaut  en  ce  moment. 

Tout  ce  que  Je  puis  vous  dire,  c'est  qu'il  est 
unanimement  reconnu  que  le  passage  de  Jo- 
sèphe  est  interpolé  ;  les  avis  ne  diffèrent  que 
sur  la  question  de  savoir  si  le  passage  est  en- 
tièrement apocryphe  ou  s'il  est  seulement 
glose. 

Excusez-moi  de  ne  pas  vous  donner  une 
réponse  détaillée  qui  nécessiterait  un  petit 
article. 

Croyez,  Monsieur,  à  mes  sentiments  très 
distingués. 

Edouard  Dujardin. 
P.  c.  c.  Paul  Argelès. 

Le  mur  de  Lutèce  (LUI,  889,  955  ; 
LIV,  12).  —  II  semble  qu'il  convient 
d'être  circonspect  au  sujet  des  substruc- 
tions  que  les  fouilles  du  Métropolitain 
ont  mises  à  jour  dans  la  Cité.  Rien  ne 
prouve  indiscutablement  que  Ton  se 
trouve  en  présence  d'un  fragment  de  la 
muraille  de  Lutèce,  et,  au  contraire,  on 
peut  émettre  des  arguments  en  faveur 
d'une  opinion  opposée. 

On  a  découvert  deux  murs  parallèles 
qui  n'ont  ni  l'aspect  ni  les  mesures  des 
parties  de  l'enceinte  antérieurement  mises 
à  jour  ;  d'autre  part,  ils  ne  suivent  nulle- 
ment la  direction,  conjecturale, il  est  vrai, 
mais  extrêmement  probable,  de  la  muraille 
gallo-romaine. 

Enfin,  pourquoi  sont-ils  deux  ? 

II  pourrait  très  bien  se  faire  que  ce  ne 
soit  là  que  des  murs  d'une  construction 
quelconque,  édifiés,  peut-être,  avec  des 
matériaux  empruntés  à  la  muraille  d'en- 
ceinte qui,  très  certainement,  a  été  ex- 
ploitée ainsi  qu'une  carrière  par  les  habi- 
tants de  la  Cité. 

Quoiqu'il  en  soit,  trancher  la  question 
d'une  façon  catégorique  me  paraît  peu 
sage,  peu  prudent.  II  vaudrait  mieux  at- 
tendre les  résultats  des  fouilles  que  pour- 
suit la  Commission  du  Vieux  Paris. 


Pas  d'emballement,  conseillerait  Tarta- 
rin. 

NOTHING. 


* 


Depuis  que  la  discussion  est  engagée 
sur  la  récente  découverte  d'une  construc- 
tion gallo-romaine  dans  le  sous-sol  du 
Marché  aux  fleurs,  de  nombreuses  opi- 
nions se  sont  fait  jour.  Des  savants  dis- 
tingués ont  notamment  contesté  que  les 
murs  retrouvés  fissent  partie  du  rempart 
de  la  Cité.  Un  de  leurs  arguments  est 
que  la  prétendue  muraille  se  serait  élevée 
355  mètres  de  distance  de  la  Seine.  L'ar- 
gument sans  doute  n'est  pas  sans  valeur. 
Cependant  il  est  bon  d'observer  qu'en 
1847,  on  retrouva,  au  droit  du  Pont-au- 
Double,  un  fragment  de  la  muraille  gallo- 
romaine  exactement  à  la  même  distance 
du  fleuve.  Le  fragment  découvert  en 
1898,  rue  de  la  Colombe,  n'en  était  guère 
moins  éloigné. 

Quant  à  la  date  du  rempart,  on  me 
permettra  de  revenir  brièvement  sur  l'hy- 
pothèse que  j'ai  émise  ici,  et  d'après 
laquelle  le  mur,  construit  d'après  les 
données  de  l'écrivain  militaire  Vigtce, 
pouvait  être  contemporain  de  Gratien  et 
du  tyran  Maxime. 

A  l'appui  de  cette  hypothèse,  voici  une 
nouvelle  remarque  :  lorsqu'en  1829, 
on  creusa  le  sol  à  la  place  de  l'église 
Saint-Landry,  on  trouva,  près  de  la  mu- 
raille gallo-romaine,  douze  médailles, dont 
la  plus  récente  portait  le  nom  du  tyran 
Magnus  Maximus  (Voir  Dulaure). 

Il  y  eut,  à  cette  époque,  de  graves  évé- 
nements à  Paris,  ainsi  qu'en  témoigne 
cette  phrase  de  la  chronique  de  saint 
Prosper  d'Aquitaine  : 

In  Britannià,per  seditionem  militum  Maxi- 
mus imperator  est  factus,  quo  mox  ad  Gallias 
tranfretante,  Gratianus  Parisiis  Merobaudis 
magistri  militum  proditione  superatus,  et  fu- 
giens,  Lugduni  captus  atque  occisus  est(Mi- 
gne,  Patrol.  lai.,  tome  51,  col.  585). 

Une  note  de  l'éditeur  corrige  ce  texte 
en  ce  qui  concerne  Mérobaude.  II  faut 
lire  :  «  Mérobaude  magistra  militum  ». 
Et  le  sens  est  celui-ci  : 

En  Bretagne,  une  .«:édition  de  l'armée  fait 
Maxime  empereur.  Il  passe  bientôt  en  Gaule. 
Mérobaude  était  alors  maître  de  la  milice. 
Gratien  est  vaincu  par  trahison  à  Paris.  II 
s'enfuit,  est  capturé  à  Lyon  et  massacré. 

11  y  eut   alors   un   siège  de   Paris,  un 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906. 


61 


62 


assaut  que  la  trahison  des  soldats  rendit 
facile  au  tyran. 

11  n'est  peut-être  pas  hors  de  propos  de 
rappeler  que  dans  les  dernières  fouilles 
entreprise  sous  le  Collège  de  France,  on 
trouva,  dans  les  sous-sols  d'un  vaste  bâ- 
timent non  encore  identifié,  une  monnaie 
de  Gratien.  Le  monument  en  question 
parut  avoir  été  renversé,  puis  reconstruit 
à  l'époque  Romaine...,  comme  le  rempart 
de  la  Cité.  Luc  de  Vos. 


Uniforme  desdragons-Liancourt 

(LUI,  331,  458  ;  LIV,  14).  —  Monsieur 
Poënsin-Ducrest,  dans  la  bibliographie 
qu'il  donne  à  la  suite  de  son  intéressante 
communication  sur  l'uniforme  des  dra- 
gons-Liancourt,  omet  quelques  sources 
que  je  me  permets  de  lui  signaler  et  qui 
compléteront  la  liste  des  ouvrages  à  con- 
sulter sur  cette  question  : 

A  ce  sujet,  je  dois  dire  que  ma  foi,  jadis 
aveugle,  en  Montigny,  uniformes- 1772,  a 
été  fortement  ébranlée  par  ce  fait  qu'ayant 
en  2  ans  de  travail  colorié  tous  les  corps 
de  troupes  à  pied  de  cette  époque,  d'après 
les  règlements,  j'ai  trouvé  dans  Montigny 
des  erreurs  de  coloris  sur  certaines 
planches  et  des  omissions  sensibles  sur 
certaines  autres.  11  est  à  remarquer,  du 
reste,  qu'à  partir  du  règne  de  Louis  XV 


jusqu'à  la  Révolution,  le  costume  mili- 
taire en  France  éprouva  des  changements 
continuels. 

Bibliographie.  —  Collection  des  ordon- 
nances royales  sur  l'habillement  et  l'équi- 
pement des  troupes.  Brochures  ou  cahiers 
in-40  et  in-fo.  Edition  officielle  imprimée 
par  l'Imprimerie  royale.  Edition  in- 12  de 
1762  à  la  Révolution  à  Metz,  chez  CoUi- 
gnon. 

Uniformes  militaires  des  troupes  fran- 
çaises et  étrangères,  planches  in-80  gra- 
vées et  coloriées,  i  feuille  pour  chaque 
régiment  ;  les  troupes  à  cheval  sont  mon- 
tées. 

i'"'édit.  1778,  2' édit.  1780,  la  V^  de 
170  planches,  la  2"  de  182.  Chez  Juillette 
graveur,  la2«  édition  chez  Onfroy-lsnard  : 
Les  nouveaux  uniformes  de  tous  les  régi- 
ments de  dragons,  a  l'ordonnance  de  1776 
et  Etat  général  des  uniformes  1779,  re- 
cueils de  planches  sur  bois  coloriées.  Les 
cavaliers  sont  à  pied. 

COTTREAU. 


Louis  X"VII.  Sa  mort  au  temple. 
Documents  inédits  (T.  G.  534,  XLIX  ; 
L:L1;LII;  LUI;  LIV,  17).  — M.  Otto 
Friedrichs  nous  adresse  la  lettre  suivante 
dont  il  nous  demande  l'insertion  : 
Pointe  du  Bugull 

Belle-lsle-en-Mer 

I^Iorbihan 
le  15  juillet  1906, 

Monsieur  le   directeur, 

Vous  avez  parfaitement  raison  de  vouloir 
écarter  toute  «  poémique  personnelle  ». 

Reste  à  savoir  où  commence  une  pole'mi- 
que  «  personnelle  ».  M.  Baguenier  Desor- 
meaux avait,  le  premier,  commis  une  «  per- 
sonnalité »  en  se  moquant  de  la  «  saveur  » 
de  mon  style.  Croyant  discuter  avec  un  petit- 
fils  de  Voltaire,  j'ai  trouvé  amusant  de  lui 
retourner  simplement,  et  sans  me  fâcher, 
cette  personnalité  en  lui  prouvant  qu'en  guise 
de  saveur  son  style  ne  le  cédait  en  rien  au 
mien.  Je  m'étonne  que  M.  Baguenier  Desor- 
meaux ne  puisse  supporter  cette  innocente 
démonstration. 

Dans  tout  le  reste  de  ma  discussion  avec 
lui,  il  m'est  impossible  de  découvrir  rien  de 
personnel,  car  la  Marie-Jeanne  est  un  pro- 
blème historique  comme  la  question  Louis 
XVll.  Tout  au  plus  ai-je  à  ce  sujet  à  me  re- 
procher d'avoir  rappelé  cette  polémique, 
ne  ressortissant  pas  rigoureusement  à  la  ques- 
tion Louis  XVII,  J'aurais  dû  me  tenir  dans 
ma  discussion,  plus  sévèrement  à  ce  dernier 
sujet. 

Voilà  mon  tnea  culpa . 

il  est  presque  inutile,  je  suppose,  de  dire 
que  dans  toute  cette  polémique  la  per5onna- 
lité  privée  de  M.  Baguenier  Desormeaux  reste 
à  l'abri  de  toute  attaque  de  ma  part.  le  n'ai 
pas  l'honneur  de  la  connaître  et  j'estime  par 
conséquent  que  je  n'ai  aucun  droit  de  la  sus- 
pecter de  quoi  que  ce  soit  de  défavorable. 

J'ajouterai  à  cette  déclaration  très  sincère 
que  si  les  adversaires  de  Louis  XVll  agissaient 
de  même,  ils  n'écriraient  pas  tant  d'eireurs 
et  tant  de  calomnies  sur  son  compte,  ce  qui 
simplifierait  et  adoucirait  énormément  les 
polémiques.  Justice,  impartialité  et  vérité 
pour  tous,  y  compris  Louis  XVll-Naundorff, 
voilà  tout  ce  que  je  demande. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Directeur, 
l'expression  de  mes  sentiments  les  plus  dis- 
tingués. 

Otto  Friedrichs. 

Les  prêtres  assermentés  (LUI, 891  ; 

LIV,  18).  —  En  Berry,  la  proportion  des 
prêtres  qui,  en  1791,  prêtèrent  serment  à 
la  constitution  civile  du  Clergé  est  consi- 
dérable. Dans  l'Indre,  elle    dépasse    les 


N"  ni8. 


L'INTERMEDIAIRE 


67 


68 


étant  à  la  campagne,  le  Moniteur  du  30 
thermidor  an  XIII,  qui  renferme  le  rap- 
port du  vice-amiral  Verhuell  à  l'Empe- 
reur, en  date  du  7  thermidor,  donnant 
le  récit  de  son  expédition.  E.  M. 

Le  droit  d'asile  dans  la  France 
moderne  (LUI,  844,  899).  —  Du  Gil 
Blas  extrait  du  Cri  de  Paris  : 

Cette  aventure  rappelle  —  toutes  propor- 
tions gardées  —  qu'à  la  fin  de  la  Commune, 
alors  que  les  Versaillais  traquaient  partout 
les  derniers  insurgés,  M.  Gaston  Jollivet  vit 
entrer  chez  lui  un  homme   pâle  et  tremblant  : 

—  Sauvez-moi  !  s'exclama  le  malheureux, 
il  y  va  de  ma  vie.  J'ai  appartenu  à  la  Com- 
mune et  ma  tête  est  mise  à  prix. 

—  Vous  êtes  chez  vous,  répliqua  simple- 
ment M.  Jollivet.  Comptez  sur  moi... 

Et  l'homme  fut,  en  effet,  sauvé.  Or,  savez- 
vous  qui  était  ce  «  rescapé  »  de  la  grande 
fusillade? 

M.  Ranc. 

* 

M.Jean-Bernard  s'est  adresse  aux  deux 
intéressés.  11  a  reçu  les  deux  lettres  sui- 
vantes que  publie  V Indépendance  belge  : 

Cher  confrère, 

L'anecdote  me  concernant  dont  vous  me 
demandez  d'établir  ou  de  contester  l'exacti- 
tude, a  un  fond  de  vérité,  mais  il  y  a  lieu 
cependant  de  la  remettre  tout  à  fait  au 
point. 

Elle  se  place  non  vers  la  fin  de  la  Com- 
mune, maisvers  la  fin  de  l'Empire.  Je  croise 
un  soir  sur  le  boulevard  Laurier  que  je  con- 
naissais et  qu'accompagnait  M,  Ranc,  avec 
lequel  j'avais  et  j'ai  toujours  de  cordiales 
relations,  quoique  nous  n'ayons  changé 
politiquement  ni  l'un  ni  l'autre,  —  peut- 
être  pour  cela. 

Laurier  me  dit  :  «  Ranc  a  des  raisons  sé- 
rieuses de  ne  pas  coucher  ce  soir  chez  lui. 
Pourriez-vous  lui  donner  asile  ?» 

Je  réponds  tout  de  suite  affirmativement, 

Ranc  passa  la  nuit  dans  mon  lit,  à  son 
corps  défendant,  car  il  voulait  se  contenter 
du  canapé  sur  lequel  je  m'étendis  dans  la 
pièce  à  côté.  Le  lendemain,  j'allai,  sur  sa 
demande,  m'enquérir  auprès  de  Sarcey,  qui 
demeurait  dans  sa  maison,  du  point  et  sa- 
voir s'il  y  avait  eu  perquisition. 

Sarcey  s'informa  et  me  répondit  négati- 
vement. 

Je  rapportai  la  réponse  à  M.  Ranc,  qui 
rentra  chez  llui  rassuré.  A  quelques  heures 
de  là,  je  racontai  la  chose  à  J.-J.  Weiss,  au 
ministère  des  beaux-arts.  J.-J.  Weiss  m'ap- 
prouva pleinement  et  peut-être,  si  le  4  Sep- 
tembre n'était  pas  venu,  m'aurait-il  proposé 
pour  un  avancement. 


Veuillez  agréer,  cher  confrère,  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  distingués. 

Gaston  Jollivet. 

Mon  cher  Jean-Bernard, 

Il  y  a  comme  toujours  dû  vrai  et  du  faux 
dans  l'anecdote.  D'abord,  je  vous  prie  de 
croire  que  je  n'ai  jamais  été  «  ni  pâle  ni 
tremblant  ». 

Le  vrai,  c'est  que  dans  une  des  dernières 
années  de  l'Empire,  en  1869  ou  1870,  une 
nuit  je  ne  suis  pas  rentré  chez  moi,  où 
j'avais  des  raisons  de  croire  que  les  agents 
m'attendaient  et  que  pendant  quelques 
heures  j'ai  reçu  l'hospitalité  de  Gaston  Jolli- 
vet, que  je  venais  de  rencontrer  sur  les  bou- 
levards. 

Sous  la  Commune,  au  contraire,  c'est 
moi  qui  ai  rendu,  non  pas  à  Joli  ivet, mais  à 
un  de  ses  amis,  un  service  du  même  genre. 

Bien  cordialement  à  vous. 

A.  Ranc. 

Les  premières  femmes  méde- 
cins et  internes  (LIV,  2). —  On  par- 
donnera à  l'auteur  des  Femmes  médecins 
d'autrefois  (Paris,  Rousset,in-i2*'/^.),  ré- 
pondrede  aux  questions  posées  dans  l'ordre 
logique  des  faits  : 

1  "  La  première  femme  reçue  docteur  en  mé- 
decine, et  par  suite  pourvue  d'un  diplôme 
régulier  donnant  le  droit  d'exercer  l'art  de 
guérir,  est  miss  Elizabeth  Blackvell,  re- 
çue en  1849  ^^  Biographie  de  cette 
femme,  qu'on  appelle  à  juste  titie  aux 
Etats-Unis  le  Pionnier  de  l'exercice  de  la 
médecine  par  les  femmes,  est  bien  con- 
nue. C'est  le  type  du  courao;e,  de  l'ini- 
tiative et  de  la  volonté,  de  l'apôtre  con- 
vaincu d'une  idée  nouvelle,  d'une  âme 
vaillante  au  premier  chef.  D'origine  an- 
glaise, née  le  3  février  1821,  elle  a  ra- 
conté elle-même  ses  débuts  mouvementés, 
dans  un  livre  qui  fait  date  en  ces  ques- 
tions. Elle  a  exercé  à  New-York,  puis 
est  venue  à  Londres,  où  elle  vit  encore. 

Une  de  ses  sœurs,  Mlle  Emily  Black- 
vell, a  imité  son  exemple  ;  mais  elle  n'a 
été  reçue  en  Amérique,  qu'après  Amelia 
Meyer  (1850),  Anna  M.  L.  Potts(i85i). 
Anna  M.  Longshore  (1852),  Hannoh  É. 
Longshore  (1852^,  Ann.  Preston  (1852), 
femme  poète,  etc.,  etc.,  c'est-à-dire  en 
1854,  la  onzième  de  cette  série  américaine, 
si  remarquable. 

C'est  donc  en  Amérique^  que  la  pre- 
mière femme  se  fait  recevoir  docteur  en 
médecine,  dans  les  temps  modernes. 

Il  ne  faut  pas  oublier  d'ailleurs  qu'il  y 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


69 


20  Juillet   içobi 


a  eu,  en  Allemagne  et  en  Italie,  même 
avant  la  Révolution  de  1793,  des  femmes 
qui,  à  cette  époque,  ont  été  régulièrement 
reçues  «  docteur  en  médecine  »  [Voir 
I^einmes  mkdecins  d'autrefois  ;  entre  autres 
Dorothea  Christina    Leporin-Erxleben. 

2*  La  première  femme  d'origine  étratT 
gère,  reçue  docteur  en  médecine,  en 
France,  est  Miss  Elizabeth  Garett-An- 
DERSON.  Sa  thèse  de  doctorat  date  de 
1870,  et  fut  subie  à  Paris.  Cette  dame 
est  anglaise  de  naissance. 

La  vie  de  cette  femme,  d'une  énergie 
extraordinaire,  est  presque  un  roman  . 
Elle  intenta  vers  1860  un  procès  aux  col- 
lèges médicaux  de  Londres  et  d'Edim- 
bourg, qui  refusaient  de  l'inscrire,  et, bien 
entendu,  elle  le  perdit, ce  qui  lui  coula  fort 
cher,  car  elle  épuisa  toutes  les  juridic- 
tions. Elle  occupe  actuellement  à  Londres 
une  grosse  situation  dans  le  monde  médi- 
cal, et  a,  je  crois,  une  fille  qui  est  méde- 
cin aussi.  Elle  a  épousé,  en  187 1,  M.  An- 
dersen, directeur  d'une  grande  Compa- 
gnie de  navigation  anglaise.  Il  faut  citer, 
à  côté  d'elle,  Mme  Morgan-Hoggan,  an- 
glaise, docteur  de  Zurich  en  1870,  égale- 
ment. 

La  seconde  femme,  cette  fois,  d'origin^ 
iméricaine,  reçue  docteur  en  médecine  en 
^rance,  est  Mlle  Mary  Putman,  épouse  du 
>  Jacobi.  Elle  vient  de  mourir  à  New- 
fork,  et  j'en  ai  récemment  publié  une 
:ourte  notice  nécrologique  dans  le  journal 
e  Temps.  Elle  était  très  connue  aux  Etats- 
Jnis,  où  j'ai  eu  l'occasion  de  la  revoir  en 
893.  Elle  a  été  reçue  docteur  de  la  Fa- 
ulté  de  Paris  en  1871  et  est  décédée  le 
ojuin  1906.  Née  à  Londres  le  31  août 
842,  elle  était  la  fille  de  G.  Palmer 
'utman,  fondateur  d'une  maison  d'édi- 
ions  connue  en  Amérique.  C'était  une 
ïmme  supérieure;  mais  nous  ne  pouvons 
;i  publier  à  nouveau  un  long  arcticle  bio- 
raphique. 

3°  La  première  femme,  française,  reçue 
Paris  docteur  en  médecine  est  Mme  Vve 
ladeleine  Gébelin-Brès,  dont  la  thèse  est 
î  i87i5.Cette  dame  exerce  encore  à  Paris  ; 
lie  habite  désormais,  loi,  rue  de  Miro- 
lesnil. 

4"  La  première  femme,  qui,  en  Angle- 
;rre.  s'est  trouvée  pourvue  d'un  diplôme 
îgulier  pour  l'exercice  de  la  médecine, 
st  donc, comme  nous  l'avons  dit^Miss  Ga- 


-     70 
qui  fut 


rett-Anderson,  qui  fut  reçue  en  France» 
après  avoir  étudié  en  Angleterre,  en 
Suisse  et  à  Paris.  La  seconde  est  Mlle 
Louisa  Atkins,  reçue  à  Zurich  en  1872. 

Mais  la  lutte    a  été  surtout  entreprise 
par  Miss  Garrett,    alors  jeune  fille,  et  par 
une  femme  supérieure,  qui  fit   des  études 
médicales,    Mme  Sophie  Jex-Blake.  Cette 
dernière,   pour   le    principe,    soutint    un 
procès  fameux  en  Angleterre,    et  dépensa 
plus  de  200.000  francs    à  cette  occasion. 
Depuis, la  cause  est  gagnée  (Blake  fut  reçu 
en  1877);  et  les  femmes  médecins  sont 
extrêmement  nombreuses  aux  pays  d'Ou- 
tre-Manche. C'est  de  là  qu'est  parti   le  fa- 
meux mouvement    féministe   médical  des 
lndesAnglaises,quiestsi  remarquable, mais 
dont  l'histoire  nousentrainerait  trop  loin, 
car  elle  nous  entraînerait  jusqu'en  Chine 
où  il  y  a  des  femmes  médecins  d'origine 
anglaise  depuis  1881 . 

A  côté  de  l'effort  tenté  en  Angleterre  par 
Miss  Garrett  et  Jex-Blake,  il  faudrait  citer 
l'influence  de  l'école  suisse  et  surtout  de 
la  Faculté  de  Zurich,  qui  la  première,  en 
Europe,  dès  1864,  ouvrit  ses  portes  aux 
étudiantes  russes  :  dont  Mme  Sophia  Na- 
dedjajAKovLEVNA-SousLOWA, reçue  docteur 
en  1867  est  devenue  plus  tard  la  célèbre 
Mme  Erismann  ;  Mlle  Kochevareff",  etc. 
La  première  Suissesse  qui  suivit  cet  exem- 
ple fut  Mme  Maria  Voegtlin-Heim,  née 
en  1848,  reçue  en  1874. 

5°  La  première  interne   des   hôpitaux  de 
France.  —  Ici,  il  faut   distinguer  :    Paris 
et  la  Province,   —  a).   Pour    Paris,    c'est 
Mme  Klumpke-Dejerine,    interne  de     la 
promotion  de  1886.    J'ai  eu  l'honneur  de 
subir  le  concours  la  même  année  qu'elle 
et  de  passer  l'épreuve  orale,   avec  elle,    le 
même  jour.  Nous  avons  été  enfermés  en- 
semble dans  la  cabine  d'isolement  où  Ton 
se  recueille  pour  cette  épreuve.   Mme  Dé- 
jerine,  est  mariée  au  docteur  Déjerine,  ac- 
tuellement professeur  d'histoire  de  la  mé- 
decine à  la  Faculté  de  Paris,    qui  fut  l'un 
des  collaborateurs  du   journal  Le  Progrès 
médical,  dont  j'ai  été  le  secrétaire  de  ré- 
daction pendant  douze  ans. 

b).  Pour  la  Province,  il  faut  citer  Mlle 
R0BINEAU  qui,  je  crois,  a  été  la  première 
reçue  au  concours  à  l'hôpital  de  Rouen. 
Puis,  à  Bordeaux,  son  exemple  a  été  suivi, 
mais  tout  récemment. 

6°  La  première  femme  médecin  et  phar- 
macien à  la  fois,  a).  En  1865,  Miss  Garett- 


No  iiiS, 


L'INTERMÉDIAIRE 


71 


—     72 


Anderson  obtint  à  Londres,  la  licence  de 
pratique  en  Pharmacie  ;  en  1870,  elle  était 
reçue  docteur  en  médecine  à  Paris.  C'est 
donc  elle  qui,  en  1870,  a  été  la  première 
femme  médecin  et  pharmacien  à  la  fois. 

b).  La  première  femme  pharmacien  et 
docieur  en  médecine  de  France,  est  Mme 
Hélina  Leiannier-Gaboriau,  épouse  du 
D'^  Gaboriau,  qui  habite  Paris.  Elle  est 
docteur  de  Paris  et  sa  thèse  de  1898.  Elle 
étudia  d'abord  en  province. 

Ces  détails  sont  extraits  d'une  publica- 
tion importante,  en  partie  rédigée  déjà, 
qui  aura  pour  titre  \Les  femmes  médecins  : 
Histoire  et  sociologie. 

Dr  Marcel  Baudoui>-  . 

La  première  femme  concouranL 
pour  le  prix  de  Rome  (LIV,  3). — 
La  première  femme  qui  s'est  présentée 
au  concours  de  composition  musicale  pour 
le  prix  de  Rome  est  mademoiselle  Hélène 
Fleury,  élève  de  M.  Ch.  M.  Widor.  Reçue 
en  1904  au  concours  d'essai,  elle  obtint, 
au  concours  définitif,  le  deuxième  second 
grand  prix.  A.  P. 

La  preïsière  femme  inscrite  sut 
les  listes  élôctorales(LIV,  3).  —  Nous 
recevons  la  lettre  suivante: 

^ionsieur, 

J'ai  été  la  première  femme  inscrite  sur  les 
listes  électorales,  mais  non  maintenue. 

C'était  étl  1894,  quoique  demeurant  à  As- 
hiètes,  j'allai  élire  domicile  à  Saint-Ouen, 
tue  du  Four-Saint-Ouén,  car  en  ce  pays 
j'étais  d'accord  avec  le  maire  pour  tenter 
l'aventure. 

Le  représentant  de  la  préfecture  vit  mon 
nom,  le  raya. 

J'intentai  un  procès  devant  le  juge  de 
paix,  assistée  de  M.  Jean-Bernard  Passerieu. 
l.ê  jugé  dé  paix  rendit  le  jugement  suivant  : 

<•  Attendu  que  la  commission  municipale 
de  Saint-Ouên,se  basant  sur  l'article  14  de  la 
loi  du  5  avril  1884,3  refusé  d'inscrire  ta  dame 
Vincent  sur  les  listes  électorales; 

Attendu  qus  la  dame  Vincent  prétend 
que  les  lois  en  vigueur  n'ont  pas  exclu  les 
femmes  de  l'exercice  du  droit  électoral  ; 

Que  le  mot  <\  Français  »  employé  no- 
tamment dans  l'article  14  de  la  loi  du  5  avril 
1884  est  générique  et  s'applique  à  tous  les 
Citoyeûs  français  de  l'un  et  l'autre  sexe  ; 

Attendu  que  le  décret  organique  du  2  fé- 
vrier iS^3  (article  12).  la  loi  du  7  juillet 
1874  (article  5),  la  loi  du  30  novembre  187s 
(article  i*')  et  la   loi  du  5  avril    1884    (arti- 


cle 14)  forment  aujourd'hui  labiàe  de  notre 
droit  électoral  ;      .  ... 

Qu'il  résulte  dé  l'ensemble  de  leurs  dispo- 
sitions que  la  qualité  d'électeur  appartient, 
sous  certaines  conditions,  aux  citoyens  âges 
de  vingt  et  un  àHs,  Aux  Français  jouissant 
de  leurs  droits  civils  et  politiques.  i\\\"\\ 
s'agit  uniquement  de  savoir  si  la  femme 
jouit,  en  France,  de  ses  droits  civils  et  poli- 
tiques ; 

Attendu  que,  dans  l'etàt  actuel  de  notr? 
législation,  la  femme  n'a  pas  la  pléhltudï 
desdits  droits  ;  qu'elle  ne  peut  faire  fȈrtl< 
du  jury,  être  témoin  dans  les  actes  de  l'éta 
civil  (article  37  du  Code  tivil)  ni  dans  lei 
actes  notariés,  être  membre  d'un  conseil  di 
famille  et  tutrice,  à  moins  qu'elle  ne  soi 
mère  ou  aïeule  de  mineurs  ou  d'interdits,  oi 
femme  d'interdit  ;  qu'elle  ne  peut,  si  ell< 
est  mariée,  ester  en  justice  sans  autorisatioi 
de  son  mari  ou  de  justice  ;  qu'elle  ne  peil 
même,  si  elle  est  commerçante,  concouri 
à  là  nomination  des  juges  au  tribunal  d 
commerce  ;  que  cette  qualité  d'électeur  coil 
sulaire  lui  a  été  refusée,  du  moins  momenta 
nément,  lors  de  la  discussion  de  la  loi  di 
8  décembre  1SS3  ; 

Attendu  que,  la  loi  n'accordant  le  droit  d 
vote  qu'aux  citoyens  français  jouisssant  d 
la  plénitude  de  leurs  droits  civils  politique! 
il  faut  en  conclure  que  le  législateur  n'a  ja 
mais  entendu  que  ce  droit  appartînt  au 
femmes  qui  ne  réunissent  pas  touteslescôr 
ditions  légales  qui  font  le  citoyen  français 
Que,  quelque  intéressante  qu'elle  soit, 
n'appartient  pas  au  juge  de  discuter  ur 
thèse  philosophique,  politique  et  social' 
qu'il  a  seulement  le  devoir  d'appliqul 
strictement  la  loi,  et  dans  sa  lettre  et  dai 
son  esprit  ; 

Par    ces  motifs,    confirmons    la    décisio 
prise    par    la    commission     municipale     t 
Saint-Ouen  en  date  du  11  février  du  prés» 
mois,   et  disons  qu'il    n"y  a  lieu  d'inscrire 
nom  de  la  dame  veuve  Vincent  sur    les  list 
électorales  de  ladite  commune. 
Ce  jugement  a  été  conTirmé, 
Un  détail  topique.  Le  juge  de  paix  de  Sain 
Denis    en  rendant  sort  jugement  m'avait  di 
«  J'espère,  madame,  vous  revoir  l'année  pr 
chaîne.   » 

Il  n'a  pas  été  exactement  prophète.  Poui 
tant,  j'ai  idée  qu'il  me  reverra. 
Recevez,  etc. 

V.  Vincent. 


Avant  Mme  Vincent, dès  1 880, Mme  P 
tonié  Pierre,  demandait  son  inscription  ; 
dixième  arrondissement,  et  ne  l'obtenj 
point.  On  lui  remettait  un  document  do 
voici  les  principaux  passages  : 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


73 


20  Juillet  1906. 


Nous,  inaiie  du  dixième  arrondissement 
de  Paris, 

Vu  la  demande,  etc., 

Vu  les  lois  électorales  actuellement  en  vi- 
gueur ; 

Considérant  que  depuis  1789  jusqu'à  nos 
jours,  toutes  les  lois  électorales  qui  se  sont 
succédé  ont  été,  sans  exception  aucune,  in- 
terprétées et  appliquées  en  ce  sens  qu'elles 
ont  conféré  et  confèrent  des  droits  seulement 
aux  hommes  et  non  aux  femmes  ; 

«  Considérant  que  la  prétention  forrtiulée 
j?ar  la  réclamante  de  faire  ressortir  du  texte 
de  ces  lois  une  interprétation  dont  le  résultat 
serait  de  créer  en  faveur  des  femmes  des 
droits  à  l'electorat  et  d'éligibilité  identiques  à 
ceux  appartenant  aux  hommes  constitue,  dès 
lors,  une  innovation  politique  dont  il  n'est 
pas  de  notre  compétence  de  déterminer  ni  lé 
mérite  iii  la  valeur  légale  ; 

Considérant  qu'il  nous  appartient  encore 
moins,  pdr  conséquent,  de  prendre  sur  nous 
d'en  admettre  ia  misé  en  pratique, 

Décidons  qu'en  l'état  actuel  de  la  législa- 
tion la  demande  de  Mme  Eugénie  Pierre  est 
déclarée  inadmissible. 

Château  de  Hierges  (LUI,  839,968). 
—  Hierges  sur  laMeuse, rive  droite, à  i  lieue 
de  Charlemont,  était  une  pairie  de  Bouil- 
lon. Elle  appartenait  aux  Berlaymont,  et 
entre  autres  au  fameux  Charles  ;  puis  à 
son  flis  aîné  Gilles,  tué  à  IVlaestricht,  ert 
1379,  QU'  ^t^'t  connu  sous  le  nom  de 
baron  de  Hierges.  Puis  à  son  frère  cadet, 
Florent,  dont  la  fille,  Marie-Marguerite,  le 
transmit  par  son  mariage  aux  comtes 
d'Egmont,  princes  de  Gavre. 

Procope  François,  comte  d'Egmont, 
mort  en  Catalogne,  en  1709,  laissa,  faute 
d'enfants,  tous  ses  biens  au  fils  de  sa 
sœur,  Procope-Mariê-Antonin-  Philippe- 
Gharles-Nicolas-Augustin  Pignatelli,  duc 
de  Bisaccia,  qui  fut  substitué  au  nom  et 
aux  armes  d'Egmont,  de  par  le  testament 
de  son  dit  oncle. 

Les  Pignatelli  restèrent  en  possession 
de  Hierges  pendant  une  bonne  partie  au 
moins  du  xviii®  siècle. 

Voyez  la  description  du  château  dans 
Saumery.  Les  délices  du    Pays  de    Liège^ 


t.  II,  p.  366,  et 
même  lieu. 


uno    vue  du    château  au 
P.  c.  c.  Albin  Body. 


11  existe  un  château  sur  le  bord  de  la 
Meuse,  à  Hierges,  non  loin  de  Givet  dans 
les  Ardennes.  11  ne  subsiste  de  ce  beau 
château  Renaissance,  incendié  en  1793, 
que   des   ruines   assez  importantes  d'ail- 


74 


leurs.  Il  doit  appartenir  à  la  famille 
d  Arenberg.  Le  propriétaire  actuel  dont 
on  pourrait  connaître  le  nom  certain  en 
écrivant  au  secrétaire  de  la  mairie  de 
Hierges,  fournirait  certainement  le  ren- 
seignement demandé.  Mirefleur. 

Le  pont  de  Trécines  à  Saiht-i3e- 
his-ea-Franc8  (LUI,  277,461,522, 578, 
688,  948).  —  La  voie  romaine  allant  à 
.^aint-Denis  n'a  jamais  pu  suivre  ni  dans 
Saint-Denis  ni  hors  Saint-Denis  le  tracé 
indiqué  par  M.  Armand  de  Vismes. 

I.  De  Paris  à  Saint-Deyiis.  —  Le  point 
de  départ  n'a  jamais  pu  être  au  sortir  de 
la  Cité  le  Pont  Notre-Dame.  Ce  pont  ne 
date  qije  de  1413  et  je  ne  crois  pas  qu'il 
y  en  ait  jamais  eu  précédemment  à  cet 
endroit. 

Tous  les  historiens  s'accordent  à  don- 
ner à  Plie  de  la  Cité  deux  ponts  :  Le 
petit  pont  qui  la  faisait  communiquer  avec 
ia  rive  gauche  de  la  Seine  et  le  grand- 
pont  qui  la  faisait  communiquer  avec 
la  rive  droite.  Le  pont  au  Change  a  été 
construit  un  peu  au-dessous  de  l'empla- 
cement occupé  autrefois  par  le  Grand- 
Pont. 

Sur  ia  rive  droite,  c*est  du  grand  pont 
que  devaient  donc  partir  toutes  les  voies 
romaines  se  dirigeant  de  Lutèce  vers  le 
Nord. 

Si  la  voie  romaine  se  dirigeait  directe- 
ment sur  Saint-Denis  en  passant  par  la 
porte  de  la  Chapelle  actuelle,  ce  n'est 
pas  la  rue  Saint-Martin  que  cette  voie  a 
pu  emprunter. 

il  existe,  en  effet,  un  chemin  fort  an- 
cien qui  du  Grand-Pont  se  dirigeait  direc- 
tement sur  Saint-Denis,  il  suivait  la  rue 
Saint-Denis,  la  rue  du  faubourg  Saint- 
Denis,  ta  rue  de  la  Chapelle  et  PAvenue 
de  Paris  qui,  de  la  porte  de  la  Chapelle, 
mène  à  l'entrée  même  de  Saint-Denis,  à 
ia  porte  de  Paris.  L'avenue  de  Paris 
actuelle  ne  date  que  de  1750,  l'ancien 
chemin  était  un  peu  plus  à  l'est  que  la 
route  actuelle. 

La  voie  romaine  que  j'ai 
me  servant  des  travaux  de 
quoi  qu'en  dise  M.  Armand 
est,  elle  aussi,  très  ancienne 
raison  d'être  ;  elle 
Ouen,    à    l'entrée 


indiquée  en 
M.  joliois, 
de  Vismes, 
et  avait  sa 
aboutissait  à  Saint- 
même  de  la  «  Villa 


Clippiacensis  »  qu'y  possédaient  les  rois 
mérovingiens,  et  de  là,  elle  se  dirigeait 


N»  1118. 


L'INTERMEDIAIRE 


75 


76 


sur  Saint-Denis  en  longeant  le  parc  de  la 
villa  par  la  route  de  la  Révolte  actuelle, 
pour  aboutir  à  la  porte  de  Paris  à  Saint- 
Denis. 

L'histoire  des  monuments  de  la  rue 
Vivienne  ne  me  paraît  pas  suffisante, pour 
supprimer  ce  tracé, 

M.  de  Ménorval,  dans  son  ouvrage  : 
Paris  depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours 
—  sur  la  carte  qui  y  est  jointe,  indiquant 
les  voies  romaines  conduisant  à  Paris, 
indique  les  deux  tracés  dont  je  viens  de 
parler. 

2.  Dans  Saint-Denis.  —  M.  de  Vismes 
nous  indique,  dans  Saint-Denis,  les  rues 
Catulienne  et  de  la  Charronnerie  pour  le 
tracé  de  la  voie  romaine,  et  plus  loin,  il 
paraît  accepter  le  tracé  qu'avait  indiqué 
M.JoUois  et  qui  traversait  l'Hermitage. 
Ces  deux  tracés  ne  peuvent  guère  se  con- 
cilier. 

M.  Jollois,en  effet,  ne  faisait  pas  passer 
la  voie  romaine  par  la  rue  de  la  Charon- 
nerie,  il  suivait  la  rue  de  Paris  actuelle 
dans  toute  sa  longueur  et  se  dirigeait  par 
là  en  ligne  droite  sur  la  Barre  d'Enghien. 
Ce  tracé,  indiqué  par  M.  Jollois,  est  d'au- 
tant plus  incompréhensible  que  cette  rue 
de  Paris  n'existe  que  depuis  lya^^  et 
qu'auparavant  il  n'y  avait  aucun  chemin 
dans  cette  direction. 

La  rue  Catulienne  est  ancienne  très 
certainement,  on  y  a  même  relevé,  il  y  a 
près  de  cinquante  ans,  des  traces  de  voies 
romaines  ;  on  en  a  trouvé  également  à 
l'autre  extrémité  de  Saint-Denis,  près  de 
la  Basilique,  à  l'entrée  de  la  rue  de  la 
Fromagerie. 

Pour  retrouver  le  tracé  de  la  voie  ro- 
maine dans  Saint-Denis,  on  est  obligé  de 
se  reporter  aux  limites  de  l'exemption  de 
fabbaye. 

Cette  division  si  curieuse  de  la  ville  de 
Saint-Denisendeuxpartiesbiendistinctes, 
relevant,  tant  au  point  de  vue  civil  que 
religieux,  de  deux  autorités  différentes, 
n'a  pu  être  arbitraire.  On  a  dû  se  servir 
d'une  limite  toute  naturelle,  celle  de  la 
voie  romaine. 

II  esta  remarquer  d'ailleurs  qu'à  cha- 
que extrémité  de  la  rue  de  la  République 
(autrefois  rue  Compoise)  il  a  été  retrouvé 
des  traces  de  voies  romaines. 

3.  Le  Pont  de  Trécines.  —  M.  de  Vis- 
mes nous  dit  que  «  le  pont  de  Trécines 
«  était  soit  au   lieu  dit   l'Hermitage,  soit 


«  près  de  l'abbaye,  rue  Compoise  ou  rue 
«  de  la  Boulangerie,  et  toujours  sur  le 
«  Croult  ». 

Il  n'est  pas  possible  de  rechercher  le 
pont  de  Trécines  vers  la  Basilique,  il  ne 
faut  pas  oublier  que  pour  y  aller,  le  do- 
cument cité  nous  fait  passer  par  la  rue  de 
la  Charronnerie,  qui  se  trouve  à  l'autre 
extrémité  de  Saint-Denis,  assez  loin  de  la 
Basilique. 

De  la  rue  de  la  Charronnerie,  il  n'y  a 
jamais  eu  de  chemin  permettant  de  tra- 
verser «  l'Hermitage  y>  ;  on  est  obligé  de 
passer  au  long  de  ce  lieu,  en  descendant 
la  rue  de  la  Briche,  et  après  avoir  passé 
le  poni,  on  trouve  un  chemin  qui  descend 
au  «  Vert  Galant  »  et  rejoint  la  route  dont 
parle  M.  Armand  de  Visme. 

M.  de  Ménorval,  dans  l'ouvrage  cité 
plus  haut,  donne  à  Saint-Denis  le  nom  de 
Tîîcennes  (pendant  l'époque  gallo-ro- 
maine) et  ajoute  en  note  à  la  page  67  : 
«  Ce  lieu  sera  plus  tard  Saint-Denis.  Tri- 
«  cennes  de  Triceni,  à  trente  stades  de 
«  Paris  ;  comme  Vincennes,  de  Viceni,  à 
«  vingt  stades  de  Paris  ». 

L'étymologie  en  est  au  moins  curieuse, 
en  fait,  ne  serait-ce  pas  la  vraie  ? 

G.  La  Brèche. 

Anscebon  (LUI,  842).  —  Je  vois  une 
question  relative  au  château  d'Anscebon 
situé  près  de  Chéron  (Indre).  C'est  sans 
aucun  doute  Ciron  qu'on  a  voulu  écrire. 
D'ailleurs  Anscebon  n'est  pas  absolument 
près  de  Ciron.  Auscebon  est  situé  com- 
mune de  Rosnay  et  plus  près  de  Rosnay, 
de  Douadic  et  de  Ruffec-le-Château  que 
de  Ciron.  L'erreur  provient  sans  doute  de  J 
ce  fait,  que  jusqu'à  une  date  récente,  Ans- 
cebon était  desservi  par  la  poste  de 
Ciron. 

Mais  je  relève  une  seconde  erreur  dans 
la  question  posée.  Le  lieu  dont  il  s'agit 
ne  s'appelle  pas  réellement  Anscebon, 
mais  bien  «  Scebon  »  ou  «  Scébon  ». 

Cette  dernière  forme  se  rencontre  sou- 
vent sur  les  cartes  géographiques.  Au 
xvni"  siècle,  on  trouve  aussi  Cebon.  Dans 
mes  archives  familiales,  liasse  de  Louis  de 
La  Véronne,  je  possède  une  quittance  de 
rente  noble  et  féodale,  au  nom  de  Baullu, 
datée  du  20  septembre  1739  et  relative  à 
deux  étangs  dépendant  du  fief  de  Cé- 
bon  ».  [Pour  les  gens  qui  connaissent  les 
lieux,  jepeux  même  préciser  que  l'un  de  ces 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906, 


77 


70 


tangs  était  l'étang  «  Fontenette  »  encore 
distant  aujourd'hui]. 

Scebon  ou  Cebon  appartint,  aux  xv*  et 
VI*  siècles,  à  la  famille  Loubes.  Au 
vil"  siècle,  il  fut  successivement  la  pro- 
riété  de  Paul  de  Maune  et  de  René  du 
Iher. 

Scebon,  qui  se  composait  surtout  de 
ruyères,  de  «  brandes  »  comme  l'on  dit 
n  Brenne,  fut  acheté,  dans  le  courant  du 
ix«  siècle,  par  M.  Bénazet  [qui  fut  long- 
;mps  député  et  sénateur  de  l'Indre'  pour 
n  faire  une  propriété  de  chasse.  Les  plans 
'aménagementdecette  terre  furentétablis, 
it-on,  par  l'architecte-paysagistequi  créa 
;  parc  des  Buttes-Chaumont.  M.  B.  fit 
onstruire  comme  rendez-vous  de  chasse 
n  coquet  pavillon, qui,  augmenté  par  les 
ropriétaires  successifs,  est  devenu  le 
hateau  d'Anscebon,  ou  mieux,  de  Sce- 
on. 

Des  mains  de  M.  B.,  Scebon  passa  dans 
elles  de  M.  Gérard  de  Villesaison,  puis  il 
evint  la  propriété  de  sa  sœur  Mme  la 
aronne  de  Boissieu.  Enfin,  il  y  a  une 
ouzaine  d'années, M.  et  Mme  de  Boissieu, 
endirent  à  M.  et  Mme  Laurand,  les 
ropriétaires  actuels. 

Monsieur  G.  de  Villesaison  pratiquait 
•équemment  la  chasse  du  renard  sous 
îrre  ;  il  semble  d'autre  part  avoir  affec- 
onné  cet  animal.  C'est  ainsi  qu'il  avait 
lit  mettre,  au-dessus  de  la  porte  d'entrée 
rincipale  de  Sceljon  une  tête  de  renard 
n  grès.  Lors  de  la  dernière  vente,  la  tête 
e  renard  ayant  été  enlevée  par  les  ven- 
eurs, fut  remplacée  par  une  tête  de  cerf. 

L'appellation  «  d'Anscebon  »  remonte 
u  temps  où  M.  de  V.  était  propriétaire  ; 

tenait  à  cette  forme  et  s'est  efforcé  de 
i  faire  prévaloir. 

11  me  semble  donc  que  l'on  peut  afifir- 
ler,  sans  beaucoup  de  crainte  de  se  trom- 
er,  que  l'ex-libris  dont  parle  D.  des  E. 
^.nsV Intermédiaire  du  10  juin  dernier, 
rovient  de  la  bibliothèque  de  M.  de  Vil- 

isaison.       Geoffroy  de  La  Véronne. 

« 

*  » 
\S  Annuaire  des  Châteaux  indique  comme 

ropriétaire    de  ce  château,  situé  près  de 

aron  (Indre)  et    non    Chéron,  (et  que  le 

ottin  nomme  Scebon)  le   baron  Salvaing 

e  Boissieu. 

Je  possède  bien  cet  ex-libris  que  je  n'ai 

•as  considéré    comme    absolument  ano- 

lyme,  et  j'en  possède   malheureusement 


bien  d'autres  que  je  n'ai  pu  comprendre 
dans  mon  essai ^  n'ayant  pu  découvrir  le 
nom  de  leurs  propriétaires. 

J.  C.  WlGG. 

Familles  à  origine  illustre  très- 
ancienne  (LUI,  855,  961,  969)  —  A 

ajouter  aux  familles  irlandaises, la  famille 
O'Neill,  descendant  de  Milesius,  premier 
monarque  d'Irlande,  en  passant  par  Liga- 
rius, vivant  en  432  et  premier  roi  chrétien 
d'Irlande. 

Les  Reinach  passent  pour  être  un  ra- 
meau de  la  maison  de  Habsbourg. 

La  branche,  qui  se  fixa,  en  Bordelais  au 
xv«  siècle  et  qui  y  vivait  encore  au  mo- 
ment de  la  Révolution,  occupait  une  situa- 
tion relativement  modeste. 


Les 
France 
eu    de 


♦  ♦ 


familles  irlandaises  établies  en 
à  diverses  époques,  ont  toujours 
grandes  prétentions  d'origine. 
Qiielques-unes  ne  craignent  pas  de  remon- 
ter aux  premiers  siècles  de  l'ère  chré- 
tienne ;  on  sait  cependant  toute  la  diffi- 
culté qu'il  y  a  à  prouver  une  filiation 
depuis  le  xii'  ou  xiu'  siècle. 

LesO'Connelly  seraient  issus  de  Mahon, 
frère  puiné  du  roi  Bryan-Borhimbe,  qui 
vivait  en  1014.  Ils  descendaient  tous  deux 
de  Cormac-Cass  de  la  race  d'Heber,  fils 
aîné  de  Milesius,  roi  d'Espagne,  auteur 
des  familles  irlandaises. 

Les  Mac-Mahon,  princes  de  Thomoud, 
revendiquent  aussi  pour  auteur  le  roi 
Bryan-Borhimbe. 

Une  autre  famille  de  Mac-Mahon  remon- 
terait à  Heremon,  le  plus  jeune  fils  de 
Milesius,  par  Colla-Vais,  roi  d'Irlande, 
qui  vivait  au  commencement  du  iv*  siècle. 

Les  Mac  Carthy  furent  reconnus  d'ori- 
gine royale  par  lettres  patentes  de  Louis 
XVI  et  admis  en  cette  qualité,  aux  hon- 
neurs de  la  cour  en  1777.  Us  établissent 
leur  filiation  depuis  Cairt'ac,  roi  de  Des- 
mond  en  952. 

Les  O'Reilly  prétendent  appartenir  à  la 
race  d'Heremon,  comme  les  Mac-.Mahon  ; 
ils  occupaient  dans  l'aristocratie  irlan- 
daise le  premier  rang  après  les  cinq  rois 
provinciaux  et  régnèrent  de  i  i  54  à  1  583, 
sur  le  Brefing  oriental. 

La  maison  Dillon,  fixée  en  France  au 
xvii*  siècle,  serait  issue  de  Logan,  sur- 
nommé Delion,  troisième  fils  du  roi 
O'Neil  qui  vivait  au  vi"^  siècle. 


N»  Il  18. 


L'INTERMEDIAIRE 


— ■ 79    

La  famillç  O'Maliony,  descendrait  d'un 
prince  de  la  ligne  Eugenienne,  du  nom 
de  Cass,  second  fils  de  Cork,  roi  de  tout 
le  Munster  et  dont  le  fils  vivant  en  489 
fut  le  premier  roi  chrétien  de  la  iVlomonie, 
en  Irlande. 

Plusieurs  familles  irlandaises  vinrent 
se  fixer  à  Bordaux  à  la  fin  du  xvu  ®  siècle 
et  pendant  tout  le  xviu«  siècle  ;  elles 
étaient  toutes  dans  le  négoce,  mais  malgré 
cela  se  donnaient  des  origines  anciennes 
et  illustres. 

Tels  les  Lineh,  établis  à  Gallway 
depuis  1361  5  les  French  ;  les  Lee;  les 
Mac  Carth.y  qui  ont  voulu  se  rattacher  à 
ceux  dont  il  est  parlé  ci  dessus  ;  les  Ger- 
non  qui  remonteraient  à  Richard  Gernqn, 
du  comté  de  Louth,  vivant  au  xiu*^  siècle, 
descendant  d'une  famille  Normande  qui 
accompagna  Guillaume  le  Conquérant,  en 
Angleterr,e  le  tableau  généalogique,  qui 
remente  à  ce  Richard  Gernon  est  signé 
par  sir  William  Betham,  roi  d'armes  de 
toute  l'Irlande  «  qui  certifie,  leôjuin  1820, 
«  que  la  généalogie  de  l'ancienne  maison 
«  de  Gernon  a  été  extraite  de  documents 
«  authentiques. . .  »  les  Mitchell  ;  les 
Clarké  ■;  les  O'Quin.  Ces  derniers  qui  ob- 
tinrent des  Ifettres  de  naturalisation  en 
17 10,  prétendaient  être  issus  de  Cun  des 
ceht  batailles,  roi  d'Irlande  au  u"  siècle. 
Son  petit-fils  Cormac  fut  le  premier  qui 
porta  le  nom  de  Quin  et  qui  fut  monarque 

d'Irlande,  en  254.  Pierre  Meller. 

♦ 

Presque  toutes  les  fantaisies  généalogi- 
ques auxquelles  fait  allusion  la  question 
dfe  notre  confrère  Val  Content,  remontent 
au  xvl*  siècle.  La  rhaisoli  de  Lévis  n'est 
pas  la  seule,  en  effet,  que  l'on  ait  affublée 
d'origines  fabuleuses.  Je  puis  en  citer  une 
autre  plus  modeste  —  puisqu'on  s'est 
contenté  de  la  faire  descendre  de  César, — 
c'est  la  vieille  famille  chevaleresque  des 
comtes  de  Chastellûx.  On  raconte  donc 
que  le  fameux  conquérant  des  Gaules, 
passant  par  la  Bourgogne,  aurait  eu  des 
bontés  pourune  jeuneetjolie  indigènedont 
le  nom  «  romanisé  »  se  serait  transformé 
eft  «  Lucia  ».  En  ayant  eu  un  fils,  il  lui 
aurait  constitué  un  domaine  sur  les  bords 
de  la  Cure,  et  fait  construire  un  château 
—  Castellum  Lucien  —  francisé  plus  tard 
en  «  Chastellûx».  Cette  légende  d'origine 
étymologique  vaut  bien  après  tout,  celle 
des  Léyis  dont  le   seul  document  est   le 


80 


curieux  tableau  représentant  un  membre 
de  cette  famille, le  chapeau  à  la  mairi,  de- 
vant la  Sainte  Vierge  qui  lui  dit  avec  ma- 
jesté :  Couvrez-vous,  mon  cousin  !  Elle 
sort,  dans  tous  les  cas,  de  la  même  fabri- 
que, celle  des  généalogistes  flagorneurs, 
désireux  de  se  faire  payer  le  plus  cher 
possible, par  des  gentilhommes  ignorants, 
leurs  sottes  et  ridicules  flatteries. 

LeBesacier. 


iiécart,  de  Valeneiennes  (Lni« 
388, 580,  972).  — M.  Paul  Pinson  est  dans 
le  vrai,  en  affirmant  que  le  manuscrit  d'Hé- 
eart,  /Inagiàphéana,  n'a  pas  été  imprimé. 
Cet  écrivain  est  mort  en  1838,  et  la  mêine 
année,  son  ami  Arthur  Dinaux  écrivait  sa 
biographie  dans  le  recueil  :  Archives  histo- 
riques et  littéraires  du  Nord  de  la  France  ; 
au  sujet  de  ce  manuscrit  il  dit  :  «  Parmi 
ses  nombreux  manuscrits,  il  en  est  un 
surtout  que  nous  désirerions  voir  mettre 
au  jour  ;  c'est  l'Anagraphéana  ou  biblio- 
graphie spéciale  des  livres  en  ana,  deux 
parties. 

«  Cet  ouvrage  est  plein  de  recherches  et 
fait  en  conscience.  L'auteur  a  travaillé  sur 
les  livres  mêmes  dont  il  parle,  et  il  ré- 
vèle plusieurs  anecdotes  littéraires  cu= 
rieuses  et  peu  connues;  (2'  série,  tome  2^ 
p.  1 56) ». 

Nous  pouvons  certifier  qu'il  n'a  pas  été 
imprimé  depuis  cette  époque.  Quant  à 
l'Anagraphéana,  qu'il  a  signé  du  pseudo- 
nyme Phitakaer,  in-i2,  i82i,Hécart  lui- 
même  a  écrit  :  «  C'était  un  appel  à  tous 
les  savants,  pour  me  procurer  des  ren- 
seignements sur  les  livres  en  ana,  dont 
les  titres  ne  se  trouvaient  pas  dans  ce  ca- 
talogue. »  Un  Vàlencibnnois, 

Le  général  Humbert  (ITÔt-lSaS) 

(LUI, 667, 812,  957).— Article  deM.Mar- 
cellin  Pellet  dans  la  Révolution  française  : 
14  juillet  1906. 

Famille  Komar  (LUI, '446, 586,860). 
—  Un  obligeant  intermédiairiste  qui 
signe  :  Un  Rat  de  bibliothèque,  ren^ 
voie  aux  mémoires  Jalabert  pour  avoir  des 
renseignements  sur  les  Komar.  Pousserait' 
il  l'obligeance  jusqu'à  indiquer  de  quelle 
façon  se  procurer  ces  mémoires  ;  les  li- 
braires les  ignorent,  Ma^ko. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  i<)o6i 


81 


82 


Familla    hdllandkiSe    de    Quày 

(LUI,  893  ;  LIV,26).—  Dans  les  longues  re- 
cherches que  j'ai  faites  sur  les  familles  dé 
eette  homonymie,  j'ai  rencontré,  au  xvi" 
siècle, danslesPays-Bas, des  de  QLié^deCais 
ou  de  Caye  que  je  signale  à  notre  confrère 
M.  Harlé.  Un  Louis  de  Caye  fut  abbé  de 
Bonneffe  avant  1567  (Stanislas  Bormans  : 
les  Fiifs  du  comté  de  Namiir,  1877^  in-8, 
p.  533).  A  corisulter  encore  :  Chevalier 
Schouteete  de  Tervarent  :  Anuennes  ma- 
gistratures du  Pays  de  H/«w(Sàlnt-Nicolas, 
1874,  gr.  in-B")  et  Inventaire  des  Archives 
de  Saint-Nicolas  (Saint-Nicolas,  1877,  gr. 
in-8°).  }e  souhaite  que  cette  indication 
puisse  niettre  hotre  confrère  sur  la  trace 
des  origines  de  ses  dé  Quay  de  la  Gueldre 
et  je  reste  à  sa  disposition,  si  je  puis,  en 
quelque  manière,  l'aider  en  cette  circons- 
tance. 

Comte  de  Caix  de  St-Aymour. 

Rousselet  ou  Ranscôlat  (LUI,  894, 
976;L1,27). 

Paris,  13  juillet  içbô. 

Monsieur  le  Directeur, 

Eii  riépôndaht  à  là  question  posée  dàhs 
Un  de  vos  derniers  nuriiéros  par  M.  R.  M. 
sur  la  fariiilié  de  Rousselet,  vos  correspon- 
dants ont  négligé  dédire  que  Frahçois-Louis 
de  Rousselet,  l'illustre  marin  connu  sous  le 
liorii  de  maréchal  de  Château-Renault,  à  eu 
récemment  les  honneurs  d'un  livle  paru  éh 
1903  chez  Calmann-Lévy,  et  dont  l'aUtéur 
est  M.  Calriion-Muison.  J*ajoiite  qiié  M  Câl- 
mon-Maison  possède  préciséméntle  cliâtéàli 
de  Château-Renault  (Indre-et-Loire)  où  sont 
conservées  et  classées  les  riches  archives 
des  RôUsselet.  Nul  doute  que  M.  CàltiiOri- 
Maison,  dont  le  libéralisme  égale  lé  talent, 
ne  se  fasse  un  plaisir  d'en  permettre  la  con- 
sultation à  ^L  R.  M, 

Recevez,  Monsieur  le  Directeur,  l'àssù- 
raiice  de  mes  sentiments  distingués. 

Ch.   s. 


Emma  de  Kolîy,bibliopîiile  (LIV,  5), 
—  La  Nouvelle  Biographie  Générale  publiée, 
à  Paris,  eh  1878,  par  MM.  Firmin  Didot 
et  C'°,  sous  la  direction  du  docteur  Hoefer, 
contient  une  notice  sur  le  baron  de  Kolli, 
extraite  des  Mémoires  du  haroH  de  k'olli 
et  de  la  reine  d'Etruriè  '  Paris,  1823),  dans 
lesquels  l'auteur  se  dit  né  en  1775,  en 
Piémont, et  chassé  de  son  pays  par  l'occu- 
pation française .  Cette  origine  et  ce  fait 
ne  sont  point  démontrés  comme  l'a  prouvé 


M.  Léonce  Grasiliei-  dans  son  iritéréssant 
livre  intitulé  :  Le  baron  de  Kôlli,  édité  en 
1902J  par  la  librairie  Paul  OUëndorff,  à 
Paris.  En  effet,  il  résulte  dés  documenta 
originaux  du  Ministère  de  la  Giiérreet  des 
Archives  nationales,  à  Paris,  qu'Un  cer- 
tain Jeah-Louis  Collignon,  caporal  dans 
un  bataillon  du  régiment  de  Foix,i  en  gar- 
nison alors  à  Toulon,  y  épousa  lirie  de- 
moiselle Marie  Marant.qui  le  rendit  père^ 
en  1778,  d'uh  fils  qu'on  baptisa  sous  le 
nom  de  Louis  et  qui  n'est  autre  que  TaU- 
dacieux  personnage  qui  tenta  de  délivrer 
Ferdinand  VII,  interné  à  Valehçay  erii8io. 
Il  prit  d'àbord.lenoitîde  Co//t,partie  dé  sort 
nom  patronymique  —  qu'il  remplaça  par 
celui  de  de  Kolli,  porté  par  M.  de  Kolli, 
commandant  d'un  régiment  suisse  de  sbn 
nom  au  service  de  l'ancienne  monarchie; 
Malgré  nos  recherches  faites  très  rapide- 
ment, nous  n'avons  pli  encore  troUver 
les  armoiries  de  ce  véritable  M.  de  Kollij 
qui  doivent  exister  dans  les  armbriaux 
helvétiques.  Mais  par  contre,  nous  voyons 
dans  la  collection  des  Pièces  originales  dû 
département  des  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque nationale,  que  les  Kolli  ou 
KoLY,  originaires  de  la  province  du  Zug 
(Suisse) ,  reçurent  du  trésorier  général 
français  des  Ligues  Suisses  et  des  Grisons, 
à  différentes  époques, des  pensions  annuel- 
les. En  etfet,  le  10  décembre  1563,  Hans 
Koly,  signe  et  scelle, à  Zug*  une  quittance 
de  pension  de  180  livres  tournois  ;  lé 
6  avril  i^65,Lazarus  Koly  signe  et  scelle, 
aussi  à  Zug,  une  quittance  de  pensioH  de 
20  livres  tournois,  et  le  7  octobre  16015, 
le  même  donne  et  scelle,  à  Soleure,  une 
quittance  de  cent  livres  en  francs,  pour 
deux  années  de  la  pension  artnijelle 
«  qu'il  plaisià  Sa  Majesté  me  donher  » 
dit-il.  Il  signe  Hauptmann  Lazarus  Koly, 
c'est-à-dire  capitaine  Lazare  Koly.  Les 
cachets  apposés,  en  hostie  blanche,  sur 
ces  trois  pièces  montrent  un  écu  chargé  de 
deux  croix  dé  Calvaire  dont  les  extrémités 
inférieures  se  terminent  en  fers  de  lance,  po^ 
sées  en  sautoir. On  doit  rémarquer  que  le  nom 
Kolli  ou  Koly  est  suisse,  tandis  que  celui 
Colli  est  italien, 

A  Milan,  existe  une  famille  CoLli-Mar- 
CHiNi  dont  le  blason  porte  :  un  fascé  con- 
tre fascé  d'argent  et  de  gueules  de  six  pièces^ 
au  pal  d'argent  brochant  sur  le  tout  :  au 
chef  d'or  chargé  d'une  aigle  de  sable  cou- 
ronnée d'or  ;  en  Piémont   fleurit  encore  la 


Mo  II 18. 


L'INTERMEDIAIRE 


83 


84 


famille  d'ancienne  noblesse  des  Colli, 
MARQ.UIS  DE  Felizzano,  qui  a  produit  Vic- 
tor-Anne Colli  de  Felizzano,  né  à  Alexan- 
drie, le  II  août  1787,  lieutenant,  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur,  nommé  che- 
valier de  l'empire  par  lettres  patentes  du 
13  avril  i8ii,  au  port  de  ce  blason: 
tiercé  en  bande  :  d'argent^  à  une  montagne 
de  sinople^  surmontée  d'un  vol  ouvert  de 
sable  ;  de  gueules,  au  signe  des  chevaliers 
légiomiahes  ;  et  d'or  à  un  lion  de  sable, 
allumé  et  lampassé  de  gueules. 

Le  nom  Colli  a  émergé  autrefois  en 
la  généralité  d'Aix  en  Provence,  élection 
de  Sisteron,  où  vivait  Samuel  Colly,  lieu- 
tenant de  juge  au  lieu  de  Gigors  (Basses- 
Alpes),  qui  fit  enregistrer,  en  1700,  à 
Y  Armoriai  général  officiel  de  France,  le 
blason  :  d' or,  à  un  rocher  de  gueules,  sur- 
monté d'un  corbeau  de  sable. 

C'est  à  l'aide  de  ces  faits  amalgamés 
que  Louis  Collignon,  engagé  volontaire 
aux  chasseurs  à  cheval  le  13  frimaire 
an  VII  se  présente  en  1803,  à  Bar-sur- 
Ornain  (Meuse), comme  chef  de  bataillon- 
adjoint  aux  Etats-majors  des  armées,  ré- 
formé et  pensionné,  sous  le  nom  de 
M.  de  Kolli.  Il  est  accompagné  d'une 
femme  qu'il  appelle  Ernestine  de  Kolli- 
Vager. 

En  réalité,  disent  les  rapports  de  po- 
lice, elle  se  nomme  Lorentz  ;  elle  est  née 
à  Altkirch  où  son  père  exerçait,  avant  la 
Révolution,  les  fonctions  de  procureur 
fiscal.  AKehl,  elle  se  serait  unie  à  l'homme 
qu'elle  reconnaît  pour  le  père  de  ses  en- 
fants, dont  l'aîné  est  âgé  d'environ  qua- 
torze ans  (en  181 5).  On  peut  présumer 
qu'Emma  de  Kolly  faisait  partie  de  cette 
progéniture. 

A  Madrid  où  il  arriva,  àlachute  du  ré- 
gime impérial,  le  baron  de  Kolli  est  reçu 
avec  quelques  honneurs  et  le  roi  Ferdi 
nand  Vil  lui  accorde  l'ordre  de  Charles  lll 
qui  confère  la  noblesse  ;  son  fils  aîné  est 
aussi  chevalier,  bien  qu'il  n'eût  pas  encore 
seize  ans  ;  enfin  le  baron  obtint,  par  dé- 
cret du  14  février  181 5,  le  grade  de  colo- 
nel pour  le  jour  où  l'Espagne  aurait  be- 
soin de  ses  services. 

Après  la  publication  des  Mémoires  du 
baron  de  Kolli,  en  1823,  le  silence  s'est 
fait  sur  ce  personnage  dont  on  n'a  plus  en- 
tendu parler  et  dont  on  ignore  la  fin. 

Jusqu'à  preuve  du  contraire,  nous 
croyons  que   les  armoiries  de   la   biblio- 


phile Emma  de  Kolly  sont  celles  qu'avait 
assumées  son  père  en  vertu  de  son  brevet 
de  l'Ordre  de  Charles  lll. 

Elles  ne  contiennent  pourtant  aucun 
symbole  ou  emblème  de  l'héraldique  gé- 
nérale d'Espagne. 

O'Kelly  de  Galway, 

Musset  et  le  via.  —  Le  grog  est 
fashionable  (Lll).  —  Le  Gaulois  du 
dimanche,  23-24  juin  1905,  publie  un 
article  de  M.  Léo  Claretie.  Cet  article 
mettant  en  cause,  fort  aimablement  l'In- 
termédiaire des  chercheurs  et  curieux,  nous 
croyons  devoir  en  reproduire  le  passage 
essentiel.  Il  s'agit  d'une  Ode  à  l'absinthe 
attribuée  à  Musset.  On  avait  songé  toute- 
fois à  nous  demander,  paraît-il,  une  en- 
quête sur  cette  pièce  :  on  ne  l'a  point  fait 
et  la  voici  publiée. 

Nous  donnons  cette  ode  ainsi  que  quel- 
ques-unes des  lignes  qui  la  précèdent  : 

«  Cher  Monsieur, 

«  Mon  cousin  Veilhan  m'a  dit  que  vous 
souhaiteriez  avoir  quelques  indications  sur 
la  provenance  d'une  «  Ode  à  l'Absinthe  » 
que  je  vous  ai  transmise,  en  l'attribuant, 
d'après  une  tradition,  à  Alfred  de  Musset. 

«  La  tradition  n'a  que  deux  chaînons  : 
moi  qui  suis  d'une  absolue  bonne  foi,  et 
mon  auteur,  dont  je  n'ai  pas  sujet  de  sus- 
pecter la  véracité. 

«  Mon  auteur  est  un  de  mes  vieux  voisins 
de  campagne  du  Midi,  très  aimable  homme, 
fort  spirituel,  ne  s'adonnant  pas  lui-même 
à  la  poésie  :  M.  Edmond  Dubois,  Il  est 
mort  depuis  quelque  quinze  ans. 

«  Pour  parfaire  son  éducation,  M.  Dubois 
était  venu  à  Paris,  où  il  s'est  attardé  dans  la 
fréquentation  des  arbitres  des  élégances. 
S'il  y  avait  laissé  le  meilleur  de  son  patri- 
moine, il  en  avait  rapporté  des  souvenirs, 
dont  des  privations  quotidiennes  lui  rappe- 
laient durement  le  prix,  et  qu'il  aimait  à 
raconter,  pour  se  consoler  de  la  perte  de 
ses  rentes. 

«  Musset,  qui  était  aussi  de  la  «  jeunesse 
dorée  »  a,  un  jour,  crayonné  ces  vers  sur 
une  table  de  café,  au  milieu  du  groupe  où 
se  trouvait  M.  Dubois.  Celui-ci  les  a  reco- 
piés. Il  les  savait  par  cœur,  et  il  me  les  a 
récités  ;  je  lésai  retenus  et  transcrits.  Voilà 
toute  la  légende. 

«  Le  morceau  est-il  réellement  d'Alfred 
de  Musset  ?  Je  n'oserai  pas  affirmer  qu'il 
ressemble  comme  un  frère  à  toutes  ses  œu- 
vres, mais  il  a  bien  un  air  de  famille,  et 
quelques  signes  particuliers  de  reconnais- 
sance .  La  rhapsodie  ne  l'a-t-elle  pas  , 
d'ailleurs,  quelque  peu  défiguré  et  déformé? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906. 


85 


86 


«  Est-il  inédit?  Je  ne  l'ai  jamais  lu  im- 
primé ;  je  confesse,  cependant,  que  le  res- 
pect humain  m'a  empêché  d'interroger  à  cet 
égard  V Intermédiaire,  de  peur  d'être  con- 
vaincu d'ignorance  candide,  si,  d'aventure, 
il  était  aussi  connu  que  la  Nuit  de  Mai  ou 
les  Stances  à  la  Malibran. 

«  Vous  êtes  trop  expert  et  trop  averti 
pour  redouter  semblable  reproche.  Je  vous 
ai  donc  livré  ces  vers,  non  pas  comme  une 
trouvaille,  mais  comme  un  objet  intéressant 
à  examiner,  peut-être  à  mettre  en  lumière. 

«  Veuillez  agréer,  cher  Monsieur,  l'ex- 
pression de  mes  sentiments  bien  distingués 
et  dévoués. 

«  Louis  Ayral.  » 

Je  n'ai  pas  [trouvé  trace  de  publication  de 
ces  vers,  et  V Intermédiaire  des  chercheurs 
est  resté  muet. 

Ode  a  l'Absinthe 

Salut,  verte  liqueur,  Némésis  de  l'orgie  1 
Bien  souvent,  en  passant  sur  ma  lèvre  rougie. 
Tu  m"as  donné  l'ivresse  et  l'oubli  de  mes  maux  : 
J'ai  vu  plus  d'un  géant  pâlir  sou.^  ton  étreinte  ! 
Salut,  sœur  de  la  Mort  !   Apportez   de  l'absinthe  ; 
Qu'on  la  verse  à  grands  flots  ! 

Il  est  temps  à  la  On  que  je  te  remercie  : 
Celui  qui  ne  sait  pas  toute  la  poésie 
Qu'un  tlacoB  de  cristal  peut  porter  en  son  flanc, 
Celui-là  n'a  jamais  près  d'une  table   ronde. 
Vu  d'un  œil  égaré  les  globes  et  le  monde 
Valser  en  grimaçant 

Il  ne  soutiendra  pas  sans  que  son  cœur  défaille 
Qu'il  n'est  pas  sur  la  terre  une  chose  qui  vaille 
De  l'ivrogne  absinthe  le  sommeil   radieux, 
Qui  peut,  quand  il  lui  plaît,  durant  son  rëveétrange. 
Quittant  le  corps  humain,  sentir  des  ailes  d'ange 
L'emporter  dans  les  cieux. 

Moi,  je  l'aime!  Aux  mortels  ta  force  est  plus  funeste 
Que  la  loudre,    le  leu,  la  mitraille,  la  pesle. 
Et  je  te  vis  souvent  terrasser  le  soldat. 
Insoucieux  de  tout,  contentant  son  envie, 
Quoique  sachant  trop  bien  qu'il  te  donne  sa  vie 
Qu'épargna  le  combat 

J'aime  ta  forte  odeur  et  ton   flot  d'un  vert  sombre 
Qui  laisse  s'élancer,  au  milieu  de  son  ombre 
Des  feux  couleur  de  sang  tout  le  long  du   cristal. 
Comme  si  le  Seigneur,  en  signe  de  prudence. 
Avait  voulu  mêler  à  ton  vert  d'espérance 
Quelque  signe  fatal. 

Belle  comme  la  mer,  comme  ses  flots  cruelle. 
Tu  peux  quand  tu  le  veux  aussi,  cacher  comme  elle. 
Sous  un  calme  apparent  tes  instincts  irritéi. 
Et  ton  tluxfail  tourner  un  océan  de  tôles. 
Qui  ballenl  en  riant,  les  soirs  des  jours  de  fûtes, 
Les  j.orles  des  cités. 

Pour  moi,  qui  ne  veux  pas  atteindre  la  vieillesse. 
Je  veux  contre  ta  force  essayer  ma  faiblesse. 
Combattre  contre  toi,  l'étreindre  corps  à  corps. 
Je  veux  voir,  aujourd'hui,  dans  un  duel  terrible, 
Si  lu  peux  soutenir  ton  litre  d'invincible  : 
^'otre  témoin  sera  la  mort  ! 


Montarnail  de  la  Prade  (LUI,  893  ; 
LIV,  24).  —  La  famille  de  Guirard  de 
Montarnai  existe  encore;  elle  est  représen- 
tée notamment  par  M.  de  Guirard  de  Mon- 
tarnai qui  demeure  à  Paris,  2 13, rue  de  l'Uni- 
versité, auquel  notre  confrère  Trabucayre 
peut  s'adresser.  Le  Besacier. 

Paravicini  (LI).  —  Dans  une  lettre 
du  baron  E.  Paravicini  de  Toulouse,  du 
20  janvier  1840,  je  trouve  le  passage  : 

Je  suis  dans  ce  moment  occupé  à  des  re- 
cherches historiques  et  héraldiques  sur  ma 
famille  et  je  compte  faire  insérer  cet 
opuscule  dans  le  Mémorial  de  la  Noblesse 
de  France  qui  se  publie  à  Paris. 

J'aimerais  pavoir  si  cet  article  a  jamais 
paru,  et,  dans  ce  cas,  ce  qu'il  contient? 

W.  H.  G. 

M.  de  Saint-Aurant  (LUI,  842, 
976).  —  L'ex-libris  décrites!  celui  de  Mes- 
sire  Jean-Claude  de  Saint-Aurant^  sieur 
de  Marconine,  conseiller  à  la  cour  des 
comptes,  aides  et  finances  de  Montpellier, 
reçu  en  cet  office,  le  20  septembre  1720, 
mort  en  1781.  Il  avait  épousé  Marie  de 
Puj'ol  de  Beaiifort.  Il  était  fils  de  Jean  de 
Saint-Aurant^  sieur  de  Marconine,  aussi 
conseiller  en  la  cour  des  comptes,  aides 
et  finances  de  Montpellier,  mort  en  1720. 

Cette  famille  paraît  bien  originaire  du 
Bas-Languedoc  ou  du  moins  y  était-elle 
fixée  depuis  plusieurs  générations,  et  on 
ne  lui  connaît  pas  d'autre  nom  patrony- 
mique que  celui  qu'elle  portait.  On  trouve 
en  1659  un  Saint-Aurant,  greffier  en  la 
cour  des  conventions  royaux  de  Nîmes. 
En  1701,  le  sieur  de  Saint-Aurant  était 
directeur  de  la  régie  des  biens  des  fugitifs 
hors  du  royaume.  Ecuodnof. 

Famille  Tascher  (LUI,  499,  591, 
645,  701.  746,  814,  865,  923,  977). 
—  A  titre  documentaire,  je  signale,  en 
cette  note,  une  branche  saonnoise  (i)  de 
la  famille  de  Tascher  : 

I.  Samuel  de  Tascher,  écuyer,  seigneur 
de  Pouvrai  et  de  la  Grange  (au  Maine) 
épouse  :  1°)  Suzanne  de  Cosnes,  morte 
à  Bellème  (Orne)  9  mars  1704  ;  2°)  25  no- 

(i)  Le  Saonnois  est  une  ancienne  divi- 
sion du  Maine  et  comprend  à  peu  près  l'ar- 
rondissement actuel  de  Mamers  (Sarthe^. 


N"    Jii8. 


L'INTERMEDIAIRE 


87 


88 


vembre     1706,    Marie-Marthe    Petitgars, 
d'une  famille  percheronne. 
De  sa  première  union  il  eut  : 

a)  Alexandre-Samuel,  écuyer,  officier  au 
régiment  de  Vermandois  ; 

^)  Pierre-Louis,  qui  suit  ; 

c)  Cpinélie,  \\pe  18  octobre  1693,  enterrée 
à  Pouvrai,  24  décembre  1693  ; 

d)  Samuel-René,  écuyer,  seigneur  de  la 
Grange  et  de  Pouvrai,  baptisé  à  Pouvrai, 
12  juin  1695  ; 

é)Corné!ie-Louise,  née  6  décembre  1696, 
épousa,  21  juin  1732,  Adrien-Nicolas  du  Bosc, 
seigneur  d'Epinay  et  de  Marchainville  ; 

/)  Jean-Aptoine,  bapt,  18  janvier  1698, 
•{-  28  pctobre  1698. 

g)  Louis,  écuyer,  ondoyé^  ii  novembre 
1699,  baptisé  7  oct.  17Q0  (marraine  :  Suzanne- 
Françoise  de  Tascher  de  la  Guérinière)  ;  ton- 
suré '  au  Mans,  sept.  1720,  curé  d'Avezé 
(Sarthe)  où  il  fut  inhumé   le    9  juillet  1782  ; 

h)  Gilles,  né  et  -j-  en  1700  ; 

2)  Etienqe-René,  f  à  3  mois  1702. 

}I.  pjerj-e-Lpuis  de  T.,  chevalier,  sei- 
gnetir  ^q  la  Grange,  etc.,  né  à  Bellènie, 
}  jafjvier  1687,  f  à  Bellè|Tie,  14  r(iars 
1757.  ÉpPHsa  prançoise-Brigitte  Le  Eiret- 
tpn,  d'où  : 

a).  pi^rrcrFrançois-Alexandre,  qui  suit  ; 

b)  Pierre,  né  et  rnqrt,  17 17  ; 

c)  Louis-François,  né  et  ^  172 1  ; 
i?fN...  née  22  janvier  1723  ; 

/)  Alexandre-François,  bapt.  26  oct.  1728, 
chevalier,  seignepr  de  Rossai,  lieutenant  au 
régiment  royal  d'artillerie,  commissaire  extra- 
ordinaire de  l'artillerie  ; 

^)  Marthe-Suzanne,  bapt.    1736. 

III.  Piefre-Françpis-Âlexandre  de  T., 
chevalier,  seigneur  de  Pouvrai,  etc., 
lieq|enant  au  régiment  de  Marsan,  1741, 
•j-  4  rnafs  17^7.  Epousa  :  1°)  lYlarie-Louise 
de  jiecqquiUé -|-  oct.  1748,  d'où  : 

a}  pierre-Jean  Alexandre  de  T.,  cheyaliçr, 
seigneur  de  Pouvrai,  né  1745,  époux  de  Ca- 
therme  Flore  Bigot,  pair  de  France,  '  f  en 
1822.  Père  de  Jean-Samuel,  comte  de  T.,  et 
pair  de  France  ; 

b)  Charles-François  ; 

'2''')  2^  juillet  1752,  Marie-Henriette- 
Philibert'e  de  Turin,  d'où  : 

c)  Louis-François-Philibert,    né     à    Avezé, 

1754.    .  .  ■''  ' 

<i)  Philibert-Louis-Alexandre,  né  mai  1768, 
SI  Pouvrai,  époux  de  Marie-Elisabeth  Bailly, 
jaasirg  du  fi^ans,  déput§  au  corps  législatif  ; 
-h  à  paris,  15  mai  582!;.  La  ville  du  Mans  a 
donné  son  nom  à  l'une  de  ses  rues  (se  pro- 
nonce au  Mans  :  Rue  de  Tâche). 

Registres  de  l'état-civil  d'Ave\è,  àe  Pou- 
vrai,'tic.  —  Revue  hist.  el  arch.eol.du  Maine, 
t.  XLV  (1899).  Annuaire  àe  la  Sarthe,  1833. 


Inventaite  des  minutes  cmciennes  dfs  notaires 
du  Mans,  pgr  l'abbé  Esnault,  t.  VI,  p.  |pa 
sq,  161  sq. 

*  * 
Alvîxandre  François-Marie,  vicomte  de 
Beauharnais,  était,  en  e(fpt,  fils  de  Fran- 
çois, mc\rquis  de  Beauharnais,  et  de  Ma- 
rianne-Henriette de  G^stuUé.  Son  gr^fjdr 
père  Claude,  marquis  de  Beauharnais  dg 
Beaumont,  avait  épousé,  en  1713,  Renée 
Hardouineau,  fille  de  Pierre  H.  et  de 
Renée  Pays,  d'une  famille  du  Maine.  Il 
était  cousin  éloigné  de  Jacques-Christophe 
Gnillot  de  la  Poterie,  leurs  aïeux  communs 
étant  René  Hardouineau  et  Madeleine 
Milsonneau. 

N.  de  Tascher,  seigneur  de  Marcilly, 
Bois  Guillaume  dans  la  généralité  d'Alen- 
çon  est  maintenu  dans  sa  noblesse,  1667 
et  porte  :  (^e  sinople.,  treilUssé  d'argent^ 
charge  çle  troi!^  burelles  de,  tnct^ie  au  chef  d'ai'- 
gent,  chargé  de  deux  soleils  de  gueules.  Le 
maire  du  Mans  portait  :  d'argent,  à  trois 
bandes  de  gueules,  chargées  chacune  de  trois 
flanchis  d'argent.  Les  pairs  de  cette  faniiHe 
ont  modifié  un  peu  ce  blason  :  d'argent.,  ç, 
trois  fasces  d'azur, chargées  chacune  de  trois 
flanchis  d'argent,  2  accompagnées  en  chef 
de  deux  soleils  de  même.  [Nobiliaire  de  Nor- 
mandie, Courcelles.  Dtçt.  Univers,  de  la 
Noblesse.  Cauvin,  Essai  sur  V armoriai  de 
Vancien  dioc.  du  Mans.  A.  Lardier,  Hisi. 
biogr.  de  la  Chambre  des  pairs,  Paris,  1829). 

Louis  Calendini. 

Van  Blarenbergha  (LUI,  781). 
—  C'est  par  erreii|'  qfie  le  catalogue  de 
l'exposition  d'œuvres  d*î|rtdu  xvni^  siècle 
qui  vient  de  s'ouvrir  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, dit  que  la  confusion  faite  entre 
Louis  Nicolas  et  son  fils  Henri  Joseph, 
provient  «  d'une  fausse  inscription  sur 
les  registres  de  laniairieen  1781-1782». 
C'est  registres  de  la  l^arlne  que  l'on 
devrait  y  lire. 

Il  s'agit,  en  efïet,  de  deux  registres 
conserves  aux  archives  de  Ja  Ma'fin^  5^ 
Paris,  dans  lesquels  on  lit  :  *<  Louis-Nico- 
las Van  Blarenberghe,  peintre  des  ports 
et  côtes.  —  Brevet  du  13  janvier  17715  ». 
Cette  inscription  est  exacte,  et  on  le  verra, 
il  n'y  a  là  alicune  confusion  entre  le  père 
et  le  fils. 

M.  "a.  Jal,  qpçien  Iiisforiograpiie  g| 
archiviste  de  la  Marine,  dans  son  «  Die- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906, 


89 


90 


tionnaire  critique  de  biographie  et  d'his- 
toire»,Paris  1872, pages  224-228,  adonné 
un  curieux  article  sur  les  Van  Blarenber- 
ghe.  Dans  cet  article,  il  cite,  outre  ces 
deux  registres,  des  documents  qu'il  a  vus 
au  Ministère  de  la  Marine,  et  aussi 
d-autres  actes  qui  lui  furent  communi- 
qués. —  Mais  comme  il  n'a  pas  eu  alors, 
sous  les  yeux,  tous  les  documents  de 
Lille  et  de  Versailles,  il  prit  un  person- 
nage pour  un  autre  et  il  attribua  àHenri- 
Désiré  ce  qui  devait  l'être  à  Louis-Nicolas. 
C'est  ainsi  qu'il  fut  arnpné  à  dire  que  le 
peiptre  du  Roi,  aux  départements  de  la 
guerre  et  de  la  marine,  À\t  Henri  Désiré, 


que  Louis-Nicolas  était  son  fils, et  qu'un 
autre  Louis-Nicolas  pouvait  être  '  son 
grand-père. 

Le  titre  de  cet  article  qui  est  ainsi 
écrit  : 

Blarenberghe  (Henri-Désiré  Van).  — 
17341812. 

Blarenberghe  (Louis-Nicolas  Van)?...  ? 
...  ? 

devrait  être  corrigé  comme  suit  : 

Blarenberghe  (Louis-Nicolas  Van).  — 
1716  ?. 

Blarenberghe  (F.-Henri-jqseph  Van). — 
26. 

Et    s'il   est   prouvé  plus  tard  que  cet 


CROQUIS  q^NEALpGIQUE  DES  VAN  BLARENBERGHE 

Henri,  peintre 

est  décédé  à  Lille,  paroisse  Saint-André 

le  13  mai    1712, 

veuf  de   Jacqueline  Vanderchamp^ 

qui  mourut  à  Lille,  St-André,  le  4  décembre  17 10. 

"  I 

Jacques  Guillaurne,  peintre, 

né  à  Lille  sur  St-André,  le  23  pctpbre  169^, 

y  a  épousé,  sur  St-André,  le  25  avril    1713* 

Marie-Claire  Delamotte. 

11  y  mourut  le  1"'  mai  1742. 

Elle  meurt  »e  2  juillet  1763  sur  Ste -Catherine. 


Louis-Nicolas 

=  peintre-miniaturiste  =  peintre  du  Roi 

est 'né  à  Lille,  paroisse  Sainte-Catherine, 

le  15  juillet  1716. 

11  y   épousa,    sur  St-André,  le  4  août    1739, 

Marie-Jeanne  Bassecour. 

Il  mourut. . .  ? 

Elle   est    morte   le  18  décembre    1751,  sur  la 

Madeleine, 


Henri-Joseph 

e;st  né  à  Lille,  St-André, 

le   10  octobre  1741 

Il  y  meurt,  sur  la 

Macïeleine, 

le  9  novembre  1746 

âgé  de  5  ans. 


Henri-Désiré 

est  né  à  Lille  sur  St-André, 

le  3  mars  1734. 

Il  eut  pour  parrain  son  frère  aîné  Louis-Nicolas. 

il   épousa  à  Paris  (St-André  des  Arts), 

le  16  mars  17Ô2, 

Madeleine-Michelon. 

Il  mourut  à  Paris  (aux  Incurables), 

le  23  septembre  1812. 

i 


Jean-Frànçois-Henri-Joseph 

dit  Henri-Joseph 

peintre-miniaturiste, 

maître  de  dessin  des  Enfants  de  France, 

conservateur  du    musée  de  Lille, 
né  à  Lille,  paroisse   de   la    Madeleine, 

le  24  novembre  1750 

et  non  le  10  octobre  1 741,  sur  St-André. 

n  a  épousé    à   Versailles,  paroisse   de 

Notre-Dame, 

le  37  avril   1784,  Mlle  Damesme 

(Charlotte-Rosalie) 

femme  de  chambre  de  Mme  Elisabeth. 

Lui,niQUVUt  ?i  Lille  Je  J°' octobre  ;826. 

Elle,  mourut  aussi  àLille,  le  10  oct.  1837. 


Antoine  est 

né  à  Paris,  en  1765. 

il  y.  meurt  en 

■    1767- 


Descendance    connue. 


N"  III8. 


L'INTERMEDIAIRE 


91 


92 


Henri-Désiré  fut   aussi    un   artiste,    il    y 
aurait  lieu  d'ajouter  à  ce  nouveau  titre  : 

Blarenberghe  (Henri-Désiré  Van).  — 
1734-1812. 

Il  faudrait,  naturellement,  aussi  faire 
dans  le  texte  les  changements  néces- 
saires. 

La  vérité  est  rétablie  par  le  tableau  gé- 
néalogique ci-contre,  dressé  d'après  des 
documents  d'archives  authentiques  et 
inédits.  —  Le  premier  Van  Blarenberghe 
célèbre  fut  Louis-Nicolas  ;  le  second,  son 
fils  Henri-Joseph  qui  avait  reçu  au  baptême 
les  prénoms  de  Jean-François  Henri-losepb. 
Henri-Désiré  était  un  frère  puiné  de  Louis- 
Nicolas.  Comme  il  n'a  pas  eu  de  fils  né 
à  Lille  vers  1753-1754,  ce  n'est  pas  lui 
qui  pouvait  dire,  écrivant  au  ministre  en 
1774,  que  son  fils  l'avait  aidé  dans  ses 
travaux  en  1773. 

Ce  tableau  permet  encore  de  corriger 
une  autre  erreur  faite  par  des  auteurs 
lillois,  à  propos  de  la  date  de  naissance 
de  J.  F.  Henri-Joseph.  Ils  l'ont  confondu 
avec  son  frère  aîné,  Henri-Joseph,  né  à 
Lille,  le  10  octobre  1741, et  mort  en  cette 
ville,  le  9  novembre  1746,  à  l'âge  de 
5  ans.  Cette  confusion  est  venue  de  ce 
que  Jean-François  Henri-Joseph,  né  le 
24  novembre  1750,  fut,  probablement  en 
souvenir  de  son  frère  décédé,  appelé  de 
ses  deux  derniers  prénoms  seulement. 
Cette  appellation  fut  cause  qu'à  son  ma- 
riage à  Versailles  en  1784  et  à  son  décès 
à  Lille  en  1826  on  lui  attribuai  âge  qu'au- 
rait eu  son  aîné  s'il  n'était  mort  en  bas 
âge.  Cela  connu  et  sachant  qu'il  signait 
H.  Van  Blarenberghe  dans  les  actes  offi- 
ciels et  autres,  il  est  facile  de  comprendre 
qu'il  y  ait  eu  confusion.  Au  décès  deJ.F. 
Henri-Joseph  au  1"  décembre  1826,  on 
l'avait  d'abord  inscrit  sous  ses  véritables 
prénoms  :  Jean-François-Henri-joseph, 
puis  on  barra  les  prénoms  Jean-François 
pour  ne  laisser  qu'Henri-Joseph. 

Louis-Nicolas  Van  Blarenberghe  était 
fils  et  petit-fils  de  peintre.  11  naquit  à 
Lille,  sur  la  paroisse  Sainte-Catherine,  le 
15  juillet  1716.  Il  s'y  maria,  sur  la  pa- 
roisse Saint-André,  le  4  août  1739,  avec 
Mlle  Marie-Jeanne-Joseph  Bassecour.  De- 
venu veuf  en  175  i,  il  paraît  avoir  quitté 
Lille  en  1753.  En  effet,  il  ne  figure  plus 
sur  les  rôles  de  la  capitation  de  1753,  et 
au  compte  de  la  corporation  des  peintres 
rendu  en  1754,  il  est  porté  «  absent  ».Le 


I*'"  janvier  1789  il  fut  nommé  peintre  des 
batailles  au  département  de  la  guerre  avec 
3000  livres  d'appointements.  Le  P""  jan- 
vier 1773  il  passa  à  la  marine, aux  mêmes 
appointements.  Le  18  janvier  de  cette 
même  année  11  partit  et  resta  jusqu'au  2 
avril  à  Brest,  où,  aidé  de  son  fils,  il  exé- 
cuta divers  travaux  de  son  art,  comman- 
dés par  le  Ministre.  Le  13  janvier  1775,  il 
obtint  le  brevet  de  Peintre  de  la  Marine. 

Son  fils,  J.  F.  Henri-Joseph  est  né  à 
Lille,  sur  la  paroisse  de  la  Madeleine,  le 
24  novembre  1750.  Dans  son  acte  de 
mariage,  à  Notre-Dame  de  Versailles,  le 
27  avril  1724,  il  est  qualifié  maître  de 
dessin  des  Enfants  de  France,  et  son 
épouse,  Damesme,  Charlotte-Rosalie,  est 
dite  femme  de  chambre  de  Madame  Eli- 
sabeth, 11  est  mort  à  Lille,  le  premier  dé- 
cembre 1826,  étant  depuis  longtemps 
conservateur  du  musée  de  cette  ville. 

C'est  lui,  J.  F.  Henri-Joseph,  qui,  sur 
une  boîte  ovale  en  or,  exécuta  et  signa 
«  Van  Blarenberghe,  fils,  1769,  »,  une 
gouache  représentant  un  bal  dans  une 
salle  de  verdure.  A  la  vente  de  M.  Demf- 
doflF,  en  janvier  1863,  cet^e  boîte  fut  pous- 
sée jusqu'à  6  050  francs.  En  1769,  il  avait 
19  ans,  et  c'est  le  seul  artiste  qui  alors 
pouvait  se  dire  «  Van  Blarenberghe 
fils  »>,  puisqu'il  avait  encore  son  père, 
alors  que  celui-ci  et  Henri-Désiré  avaient 
perdu  le  leur  en  1742.  C'est  toujours  sui- 
vant ses  mêmes  erreurs  que  M.  Jal  donne 
cette  gouache  comme  étant  de  Louis- 
Nicolas  qu'il  fait  d'Henri-Désiré. 

Bien  que  les  documents  des  Archives 
de  la  Marine,  publiés  par  M.  Jal,  ne  si- 
gnalent pas  les  prénoms  des  intéressés, 
il  est  certain  maintenant  que  c'est  bien 
Louis-Nicolas  qu'ils  concernent.  C'est 
donc  lui  et  son  fils  qui  peignirent  et  ces 
tableaux  et  ces  gouaches,  et  ces  belles 
miniatures  qui  sont  si  appréciées  des 
connaisseurs. 

Un  grand  journal  parisien  du  15  juin, 
rapporte  que  dans  une  vente  qui  venait 
d'être  faite  à  l'hôtel  Drouot,  «  une  taba- 
tière en  or,  du  temps  de  Louis  XVI,  ornée 
sur  le  dessus  et  le  pourtour  de  cinq 
gouaches  à  petits  personnages,  par  Van 
Blarenberghe,  sur  une  demande  de 
20.000  francs  a  été  adjugée  48.950  fr.  à 
M.  Hamburger  ». 

L.  Quarré-Reybcurdon. 

A  cet  article  étaient  jointes  les  pièces  justifi- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Juillet  1906. 


93      — 

de    place 


catives  ;  le  défaut  de  place  ne  nous  permet 
point  de  les  publier,  mais  notre  collabora- 
teur, M.  F. H.  s'il  les  désire,  les  recevra. 

Titres  de  noblesse  (LUI,  895,  980; 
LIV,  30).  —  Pourrait-on  indiquer  la  date 
de  l'Ordonnance  de  la  Restauration? 

Où  peut-on  la  retrouver  ? 

Un  abonné. 

Origine  du  globe  comme  attribut 
impérial  (LUI,  728,  815,  924,  993).  _ 
Avant  les  empereurs  romains,  les  poten- 
tats asiatiques  semblent  l'avoir  porté. Chez 
nous,  on  le  retrouve  sur  le  deini-cerde 
vertical  de  la  couronne,  dans  le  cachet  du 
roi  Dagobert  ;  qui  porte  une  couronne  im- 
périale à  calotte,  pour  cacher  le  sommet 
de  sa  tête,  sca/pé  dans  un  combat  contre 
les  Allemands,  au  temps  de  sa  jeunesse. 
Seulement,  cette  calotte  n'est  surmontée 
que  d'un  seul  cercle  vertical,  au  lieu  de 
deux  ;  et  c'est  à  son  sommet, que  se  trouve 

LE  PETIT  GLOBE  .  D^  BoUGON. 

Armoiries  à  retrouver  :  d'azur, 
semé  de  fleurs  de  lis  d'or  et  de 
clefs  d'argent  (LUI,  950).  —  Il  me 
semble  que  c'est  une  variante  des  armes 
de  la  ville  d'Angers,qui  porte  :  de  gueules, 
à  une  clef  d'argent^  posée  en  pal  au  chef 
da^ur,  chargé  de  deux  fleurs  de  lis  d'or. 
Mon  ami  Saint-Saud  trouvera  un  armoriai 
des  villes  de  France  dans  les  Annuaires 
de  la  noblesse  de  1852,  1853,  1855,  1856, 
'^57-  Pierre  Meller. 

NN.SS.  DadoUeet  du  Vauroux 

(LUI, 786).  —  Je  viens  seulement  de  voir 
une  épreuve  des  armes  de  Mgr  Dadolle  ; 
elles  se  blasonnent  :  Parti  :  au  i  d'azur  à  un 
livre  ouvert  d'argent,  surmonté  d'une  étoile 
hérissée  d'or  ;  au  2  de  gueules  à  la  croix 
latine  d'or.  Devise  :  nos  autem  arma 
Lucis.  p.  leJ, 

Seize  orbes  (LUI,  672,  821,  989).  — 
Les  seize  orbes  auxquels  Voltaire  fait  allu- 
sion sont  ceux  des  planètes  autour  du 
îoleil  et  ceux  des  satellites  autour  de  plu- 
sieurs de  ces  planètes.  Or,  il  y  en  avait 
bien  seize  connus  de  son  temps,  savoir  : 
six  planètes  :  Mercure,  Vénus,  la  Terre, 
Mars,  Jupiter  et  Saturne  :  la  Terre  a  un 
satellite  ;  Jupiter,  en  avait  quatre  ;  Sa- 
turne, 5  :  6 -f  1  +4-1-5  =  ,6. 

A.  D. 


94 


Christ  et  saints  empaillés  (LIV,  7) 
—  Dans  la  cathédrale  de  Burgos,  la  cha- 
pelle «  del  Santissimo  Cristo  »  renferme  un 
Christ  en  peau  de  bête,  Oexible  à  la  pres- 
sion du  doigt.  Il  proviendrait  de  l'Orient 
et  serait  attribué  à  Nicodème  qui  l'aurait 
modîlé  d'après  le  corps  du  Sauveur  lors- 
qu'on le  descendit  de  la  croix. 

P.  JOANNE. 

La  platopodologie    de   Mercier 

(LUI,  951).  —  Voici  un  renseignement 
que  je  puis  donner  à  notre  collaborateur 
M.  Marnix,  sur  l'opuscule  attribué  à  Mer- 
cier, relatif  à  la  Platopodologie.  J'ai  pos- 
sédé pendant  plusieurs  années  une  bro- 
chure d'environ  200  pages,  qui  prétendait 
indiquer  la  divination  du  caractère  et  des 
tendances  des  individus  par  l'examen  de 
l'attitude  des  pieds  et  des  mains.  Toute- 
fois, je  ne  saurais  affirmer  si  cette  étude 
physico-psychologique  était  celle  de  Mer- 
cier ;  car  elle  paraissait  sans  noms  d'au- 
teur En  s'adressant  à  M.  Mondon,  libraire 
à  Montré/eau  (Haute-Garonne),  ou  à 
son  successeur,  M.  Marnix  pourrait  pro- 
bablement obtenir  aisément  l'envoi  de 
cet  ouvrage.  Il  m'avait  été  donné  comme 
prime  de  librairie  en  sus  d'autres  ouvra- 
ges. On  y  relevait  des  observations  cu- 
rieuses et  qui  en  général  me  parurent 
justifiées.  J'ai  égaré  ce  petit  volume  à 
l'occasion  d'un  déménagement. 

Le  prix  coté  de  l'opuscule  ne  dépassait 
pas  2  francs.  Aug.  Paradan. 

«  Chasseurs  pris  par  la  nuit  »  : 
versa  retrouver  (LUI,  950).  — 

Chasseurs  pris  par  la  nuit,  chasseurs  lourds  de 

gibier,] 
Nous  rentrons  au  pays  par  un  même  sentier. 
—  Mais  là-haut  quelle  flamme  brille  ?.,. 

La  pièce,  intitulée  :  Une  flamme,  est  de 
Charles  Coran,  né  en  1814,  auteur  d'Onyx., 
\x\-d,  Masgana,  1841  et  de  Rimes  galantes, 
in-8,  Amyot,  1847. 

V.  le  recueil  des  «  Poètes  français  >^ 
d'Eugène  Crépet.  Tome  IV,  p.  482,  Ha- 
chette, éditeur.  A.  Libert. 

Même  réponse  P.  de  St-A. 

Coli,  gali,  cari  (LUI,  619,  758).  — 
Elymologie  inconnue,  disent  les  savants. 
Quand  la  science  se  dérobe,  elle  laisse  le 
champ  libre  à  l'hypothèse.  N'a-t-on  pas 
dit  que  la    science  ne   se  composait  que 


N"  1118. 


L'INTERMEDIAIRE 


95 


d'hypothèses  vérifiées  ?  je  me  charge  de 
fournir  les  hypothèses  ;  je  conjure  mes 
confrères  en  Intermédiaire  de  m'aider  à  les 
vérifier.  «  De  même  qu'aucun  homme,  a 
dit  Renan, n'est  inutile  dans  l'humanité, de 
même  aucun  travailleur  n'est  inutile  dans 
le  champ  de  la  science.  » 

Le  collabo  Charlec  (LUI,  758)  s'est 
prêté  de  bonne  grâce  à  l'expérience,  et  je 
l'en  remercie,  mais  en  supposant  qu'il 
faille  chercher  dans  le  celtique  gwall  l'ori- 
gine du  préfixe  cali,  comment  rend-il 
compte  des  désinences  afre^  urin,  abos- 
ton,  etc.  .'' 

Dans  les  mots  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  à  l'examen  de  nos  confrères,  à 
savoir  califourchon^  caliborgne^  caJigâlôs^ 
caripète,  galiphie^  galimatias^  galimafrée, 
une  chose  frappe  tout  d'abord,  c'est  la  si- 
militude du  préfixe,  car  pour  qui  connaît 
la  loi  des  permutations,  c  et  g,  r  et  /, 
cari  et  gali  s'équivalent.  Donc  il  est  pro- 
bable à  priori  que  tous  ces  préfixes  ont  la 
même  étymologie.  Et,  sans  aller  la  cher- 
cher bien  loin,  ne  serait-ce  pas  l'adjectif 
grec  c^Z(95,  dont  le  féminin  cale  sq  prononce 
en  grecmoderneca/î7Prenons  pour  exemple 
le  mot  galimatias.  Dans  cette  hypothèse, 
où  il  n'est  plus  question  du  coq  de  !\1a- 
thias,  la  seconde  partie  du  mot  serait  le 
grec  mathéya,  prononcé  à  la  moderne 
tnathia.,  je  transcris  les  lettres  grecques  en 
caractères  romains  à  la  fois  pour  faciliter 
la  composition,  et  pour  mieux  indiquer  la 
prononciation  romaïque.  Galimathia^  la 
belle  science,  la  belle  littérature,  serait  dit 
ironiquement. 

Mais  si  la  seconde  partie  de  ce  mot  se 
rapporte  bien  avec  la  première, pourrons- 
nous  en  dire  autant  des  autres  exemples 
et  en  particulier  de  caligâlùs  ?  J'en  étais 
là  de  ces  réflexions,  lorsqu'en  lisant  un 
des  poèmes  grecs  les  plus  intéressants  du 
xV  siècle,  V/lpocoposde  Bergaïs  publié  par 
M.  Legrand,  je  tombai  sur  le  passage  sui- 
vant, p.  14,  vs.  15  :  «  Kc  agaligali  épi- 
gbèna,  ^>  c'est-à-dire  «  et  doucement,  dou- 
cement, je  m'avançai.  »  Ce  fut  pour  moi 
un  trait  de  lumière.  La  désinence  com- 
mune des  adverbes  dans  la  langue  parlée 
estois  ;  agaligalôss  est  donc  la  forme  po- 
pulaire,dont  agaligali  est  la  forme  poéti- 
que ;  phéresthé  agaligalôss  veut  donc  dire 
être  porté  doucement  (je  répète  l'adverbe 
parce  que  le  grec  agaligali  est  formé  de 
deux  adverbes  soudés  l'un  à  l'autre)  sans 


96      

heurt,  sans  secousse,  sans  peine,  sans  fa- 
tigue, comme  lest  le  petit  «  mégnieau  » 
de  la  banlieue  blaisoise,  quand  il  est 
porté  à  caligalôs. 

Ainsi  nous  nous  trouvons  en  présence 
d'une  double  hypothèse.  Le  préfixe  fran- 
çais câli  viendrait  ou  du  grec  cali  ou  du 
grec  agali.  Goûtons  et  comparons. 

Qiie  de  fois  dans  mon  enfance,  quand  il 
m'arrivait  de  tomber,  et  c'était  assez  fré- 
quent, ai-je  entendu  quelqu'un  de  la  fa- 
mille s'écrier  en  manière  de  précaution  et 
comme  pour  prévenir  mes  larmes  :  «  Ah  ! 
il  a  fait  la  caùpcte  »,  c'est-à-dire  il  est 
tombé  doucement,  sans  se  faire  de  mal. 
Et  c'est  précisément  le  sens  de  la  locution 
grecque  agali  pcto.^  je  tombe    doucement. 

Les  bacheliers  d'antan  doivent  se  rap- 
peler que  ^f/o  est  le  primitif,  seul  usité 
encore  aujourd'hui  dans  le  peuple,  du 
verbe  classique  pipto,  pour  pipeto. 

En  Normandie,  faire  des  galipètes  se  dit 
très  bien  des  enfants  qui  jouent,  folâtrent 
et  cabriolent  sur  la  plage,  mais  s'applique 
peut-être  encore  mieux  aux  chutes  mo- 
rales : 

Ah  !  n'msultez  jamais  une  femme  qui  tombe, 
écrit  V,  Hugo.  Une  femme  qui  tombe, 
c'est  une  femme  qui  fait  des  galipètes  : 
«  11  a  fait  des  galipètes  avec  elle  »  enten- 
dais-je  un  soir  à  Rouen  en  sortant  d'une 
représentation  du  Sursis,  c'est-à-dire  ;  il 
a  fait  une  douce  chute  avec  elle, 

Le  beau  vallon  de  Xamora 

De  leur  doux  péché  fut  complice. 

(V.Hugo,  Ballades). 

Les  exemples  qui  précèdent  m'ont 
donné  à  penser  (Le  grec  du  moyen  âge 
ayant  beaucoup  emprunté  à  l'italien)  que 
la  locution  adverbiale  à  califourchon  pro- 
venait d'un  type  romaïco-italien  agalifor- 
coni  ou  agaliforkiâni.  Peut-être  cette  expli- 
cation vaut-elle  mieux  que  de  supposer 
l'accouplement  de  l'élément  grec  avec 
l'élément  d'apparence  française /om?'c:/;o«. 

J'en  dirais  autant  de  caliborgne  «  Les 
Cypriens  m'appelaient  caliborgne.  »  {Té- 
Innaqne  travesti,  p.  64  ) 

Caliborgne  signifie  non  pas  borgne, 
mais  louche,  ce  qui  me  porte  à  voir  dans 
la  dernière  partie  du  mot  non  pas  l'adj. 
français  borgne,  qui  signifie  privé  d'un 
œil,  mais  le  qualificatif  italien  bornio,  dont 
le  sens  .est  «  qui  a  la  vue  basse,  myope.  » 
Je  sais  que  le  mot  caliborgnettes  est  usité  J 


Î)ÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  juillet  1906. 


97 


98 


le  nos  jours  en  Normandie,  mais  je  n'ai 
jamais  eu  l'occasion  de  l'y  entendre  et  je 
serais  reconnaissant  à  celui  de  nos  con- 
frères qui  aurait  l'obligeance  de  me  ren- 
seigner sur  cette  locution. 

Faut-il  voir  dans galimafrée  (pour  gali- 
maflée?)  l'alliance  du  grec  agali  avec, 
l'adj.  franc,  tnaflé  qui  comme  nia/lii  (La 
Fontaine,  Fables^^  III,  17)  s'applique  aux 
bons  vivants,  qui  ont  les  joues  grasses  et 
rebondies  ;  dans  galimatias,  dont  il  a  été 
déjà  question  plus  haut,  le  préfixe  agali 
ou  le  préfixe  cali  ;  enfin  dans  carimari, 
carimara  : 

Qui  dans  leurs  temples  leun  dira 
Carimari,  Carimara  ? 

(D'Assoucy,  Le  Déluge). 

un  souvenir  de  la  prière  à  la  Panaghia, 
commençant  par  Agali  Maria  ou  cali  Ma- 
ria, à  moins  que  ce  ne  soit  une  onomato- 
pée .f*  Je  me  contente  de  mettre  en  éveil 
sur  cette  question  la  sagacité  du  lecteur  et 
pour  ne  pas  finir  par  m'enliser  dans  le 
sable  mouvant  des  hypothèses,  je  clos  ici 
pour  le  moment  mon  enquête  et  mes  con- 
fidences. Lpt.  du  Sillon. 


Chasselle.  Comète  (LUI,  952).  — 
J'ignorais  la  locution  poitevine  Comète 
dans  le  sens  de  «  cercueil  »  !  Mais  il  m'a 
suffi  de  lire  «Poitiers  »,  à  côté  de  ce  terme, 
pour  y  flairer  de  suite  —  en  bon  Vendéen 
celtisant  —  une  origine  celtique  !  Et  mon 
flair  ne  m'a  pas  trompé... 

En  eff'et,  Komm,  sub.  masc.  en  breton 
moderne,  signifie  Augs.^  ou  pièce  de  bois 
creusée,  ou  pierre  creusée  en  auge, 
servant  à  donner  à  manger  aux  bestiaux. 

Or,  tout  le  monde  sait  qu'en  Bas-Poitou 
surtout,  les  sarcophages  mérovingiens 
en  pierre  trouvés  dans  les  champs  sont 
utilisés  pour  faire  boire  les  animaux,  sous 
le  nom  de  Timbres  (dont  l'étymologie  a 
été  expliquée  ici  même).  Il  est  donc  indis- 
cutable que  Comète  est  un  diminutif  assez  ré- 
cent de  Komm,  petite  auge,  et  par  suite  petit 
sarcophage.  Il  est  donc  synonyme  dtChas- 
selle  (Limousin),  diminutif  de  châsse.  En 
conséquence,  il  faut  écrire  le  mot  poitevin 
Commette  et  non  comète,  car  il  vient  cer- 
tainement du  vieux  celtique  ou  gaulois 
d'avant  César. 

Ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans  les  dic- 
tionnaires classiques  du  patois  poitevin. 


M.  A.  B.  a  donc  fait  là  une  trouvaille  des 
plus  intéressantes,  très-utile  à  consigner. 
D»"  Marcel  Baudouin. 

Il  n'y  a  pas  qu'a  Poitiers  qu'on  appelle 
Comète,  la  petite  civière  dans  laquelle  on 
transporte  les  enfants  morts  A  Paris,  je 
Tai  toujours  entendu  appeler  ainsi  ! 

J.  C.  WlGG. 

Tartempion  (LUI,  953  ;  LIV,  39).  — 
J"ai  eu  autrefois  entre  les  mains,  c'était 
antérieurement  à  1848,  un  ouvrage  en 
deux  volumes  —  du  moins  je  n'en  ai 
connu  que  ces  deux-là  —  Le  Musée  pour 
rire,  de  même  format  et  présentation  que 
les  fameux  Cent  et  un  Robert  Macaire  de 
Daumier. 

II  y  avait  du  reste  plusieurs  Daumier 
dans  Le  Musée  pour  rire  dont  les  sujets 
étaient  empruntés  à  la  vie  bourgeoise, aux 
mœurs  contemporaines  du  théâtre  et  du 
palais  ;  l'impression  qui  m'en  est  demeurée 
est  celle  d'un  recueil  vraiment  gai, texte  et 
planches,  nullement  pimenté  et  sans  rien 
de  pornographique.  Aussi,  mes  parents  le 
laissaient-ils  très  bien  entre  les  mains  du 
jeune  garçon  de  douze  ans  que  j'étais 
alors. 

Or,  un  personnage  reparait  souvent 
dans  la  série,  celui  de  Tartempion,  petit 
bourgeois  bedonnant,  garde  national  con- 
vaincu, digne  d'être  incorporé  à  la  com- 
pagnie modèle  de  Jérôme  Paturot,  et  qui 
pousse  l'héroïsme  militaire  et  civique 
jusqu'à  prendre  son  tour  de  garde  le  soir 
même  de  ses  noces.  H.  C.  M. 

La  sensation  du  vol  aérien  pen- 
dant le  sommeil  (LUI,  673, 766,  828, 

878,936).  —  La  question  de  ces  rêves  où 
l'on  croit  s'élever,  par  une  suite  de  vols 
ambitieux,  par  dessus  les  maisons  et  les 
clochers,  m'a  plus  d'une  fois  aussi  préoc- 
cupé. Il  m'arrive  de  temps  en  temps  en 
effet  d'éprouver  ce  phénomène.  Quant  à 
l'explication,  elle  m'a  toujours  échappé, 
car  ou  le  souvenir  de  mon  rêve  était  de- 
venu trop  flou,  ou  je  ne  trouvais  aucune 
relation  entre  les  préoccupations  de  la 
veille  et  ces  songes  d'ascension.  Ma  santé 
de  vieux  est  encore  bonne  ;  ma  digestion 
facile  ;  mes  soucis  fort  endurables.  J'avoue 
cependant  un  début  d'emphysème  et 
quelques  battements  de  cœur  nerveux. 
J'ai  cru  que  les  rêves  de  vols  coïncidaient 


N'   1118. 


L'INTERMEDIAIRE 


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104 


gens,  est  toujours  celle  que  signale  la  Pa- 
latine. Mais  il  ne  se  contente  pas  de  tou- 
cher comme  nos  rois,  il  panse.  Je  ne  puis 
dire  en  quoi  ce  pansement  consiste,  mais 
je  sais  que  l'eflfet  en  serait  nul  si  la  malade 
mangeait  de  la  viande  un  jour  de  fête  an  - 
nuelle. 

On  est  donc  condamné,  une  fois  pansé, 
à  faire  maigre  ces  jours-là  jusqu'à  la  fm 
de  sa  vie. 

Le  guérisseur  s'attaque  du  reste  à  toutes 
les  maladies,  notamment  aux  vents  et  au 
vertaupe.  J'avoue  mon  ignorance  en  ce 
qui  concerne  cette  dernière  infirmité. 

Il  existe  plusieurs  guérisseurs  dans  nos 
parages,  qui  sont  dans  le  cas  signalé  par 
notre  confrère  V.  Mais  je  crois  que  le 
plus  connu  exerce  son  industrie  dans  un 
des  villages  qui  bordent  le  marais  de 
Saint-André-de-Lidon.  J'ajoute  que  les 
services  rendus  par  lui  sont  payés  en  na- 
ture :  jambon,  blé,  etc.,  et  que  son  mé- 
tier reposant  sur  une  base  aussi  solide  que 
la  bêtise  humaine,  me  semble  être  de  tout 
repos.  Champvolant. 

RôTitrer  en  sa  tour  d'ivoira  (LUI), 
890),  —  Cette  question  est  suivie  d'une 
note  (de  la  Rédaction  .?)  qui  renvoie  au 
Musée  de  la  conversation  de  Roger  Alexan- 
dre, )'ai  vainement  cherché  dans  cet 
ouvrage  l'explication  de  cette  locution, 
M.  Pierre  Loti  s'en  est  servi  dans  le 
chap.  xxxvn  de  l'ouvrage  que  vient  de 
publier  la  Revue  des  deux  Mondes^  les  Dé- 
senchantées (15  mai  1906,  page  279J... 
«  prise  d'épouvante  pour  s'être  trop  avan- 
cée, la  petite  princesse  blanche  se  retirait 
dans  sa  tour  d'ivoire..,  »  J.  Lt. 

Cette  expression  a  été  appliquée  pour  la 
première  fois  par  Sainte-Beuve,  au  délicat 
poète  Alfred  de  Vigny. 

Dans  sa  pièce  de  vers  adressée  à  M.  Vil- 
lemain  vers  1837,  Sainte-Beuve,  dressant  le 
bilan  de  la  poésie  française  pendant  les  an- 
nées précédentes,  écrivait  : 

Lamartine  régna  :  chantre  ailé  qui  soupire, 
Jl  planait  sans  effort,  Hugo  dur  partisan, 
(Comme  chez  Dante,  on  voit,    Florentin  ou  Pisan, 
Un  baron  féodal),  combattit  sous  l'armure. 
Et  tint  haut  sa  bannière  au  milieu  du   murmure. 
Il  la  maintient  encore  ;  et  Vigny  plus  secret, 
Comm'3  en  sa  tour  d'ivon-e,  avant   midi    rentrait. 

{pensées  tVaoût:  poésies  complètes, 1863, 
c.  II,  p.  251 , 

[Roger  Alexandre,  le  Musée  de  la  Con- 
versation^2"  partie, page  351.  E,  Bouillon, 
Paris,  1902J. 


Un  ridicule  —  un  réticule  (T.  G., 

773).  —  Il  n'y  a  pas  de  nouvelles  modes, 
il  n'y  a  que  d'anciennes  modes  qui  re- 
viennent. Les  femmes,  faute  de  poche,  ont 
recours  à  un  petit  sac,  providence  des 
filous.  Ce  petit  sac,  on  l'appelle  volon- 
tiers un  ridicule.  Et  c'est  le  bien  nommé. 
Mais  les  puristes  nous  reprennent  et  nous 
font  savoir  qu'on  doit  dire  un  <*  réticule  », 
le  mot  venant  du  latin  reticulum,  petit 
filet . 

V Intermédiaire  a  soutenu  cela,  il  y  a 
quarante  ans  ;  mais  je  n'en  suis  pas  du 
tout  convaincu. 

Le  ridicule  date  du  commencement  du 
siècle.  Et  tout  de  suite,  il  s'est  appelé  ri- 
dicule. 

Recourez  à  une  des  premières  revues  : 
Il  faut  un  état  ou  la  Revue  de  l'an  six., 
qui  fut  jouée  au  Vaudeville,  vous  y  trou- 
verez cette  scène  : 

DuvAL.  —  Comme  la  mode  des  poches 
était  passée  pour  nos  dames,  j'ai  pensé 
adroitement  qu'il  faudrait  les  remplacer 
par  quelque  chose.  On  a  des  mouchoirs  et 
des  clefs  à  porter,  des  billets  doux  à  ca- 
cher :  alors  j'ai  imaginé  ces  meubles  char- 
mans. 

Dupont.  —  Cela  ?  L'invention  pas  n'est 
moderne;  car  j'ai  vu  ma  grand-mère  en  por- 
ter. 

DuvAL.  — Un  nom   nouveau  les    rajeunit. 

Dupont.  —  Et  cela  s'appelle  à  présent  ? 

DuvAL.  —  Un  ridicule. 

Dupont.  —  Bien  trouvé. 

DuvAL.  —  Rien  de  plus  commode  ;  et  si 
vous  voulez  faire  un  joli  cadeau  à  quelque 
belle... 

Dupont.  —  Je  vous  remercie. 

DuvAL.  —  Vous  ne  pouvez  rien  offrir  de 
plus  agréable,  et  l'on  ne  peut  s'en  offenser. 

Dupont.  —  Je  connais  cela. 

Air  :  à' Arlequin  afficheur , 

Autrefois  les  discrets  amans. 
Parlant  tout  bas  de  leur  tendresse. 
De  leur    belle,  et  dans  leurs  présens, 
Ménageaient  la  délicatesse  ; 
Mais  des  modes  prenant  l'appui. 
En  public,  l'amant,  sans  scrupule 
Peut  à  sa  maîtresse  aujourd'hui, 
Donner  un  ridicule. 


Le  Directeur- vèrant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  DÀNiEt-CHAMBON,  St-Amand-Mont-Rond. 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo   de  chaque  mois       30  Juillet  1906. 


42®  Année 

31  "'".r.  Victor  Massé 
PARIS  (LV) 

Bureaux  :  de  2  à  4 heures 


QUjEQ0E 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


g       II  se  faut 
entr'aider 


N°  II 19 

31  "".r  Victor  Massé 
PARIS  (IXO 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


€  3nUxmébxaxxe 


DES 


CHERCHEURS 

Fondé 


en 


ET   CURIEUX 

1864 


QUESTIONS    ET     REl'OXSES    LITTÉRAIRES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ^T    ARTISTIQUES 


TROUVAILLES    ET    CURIOSITES 


10: 


(âuesîiane 


La  duchesse  de  Berry  et  Charles 
Albert.  Découverte  d'une  corres- 
pondance secrète.  —  On  a  publié  à 
Milan  une  curieuse  brochure  en  français, 
tirée  à  250  exemplaires  et  non  mise  dans 
le  commerce,  sous  ce  1:1  re  :  Documents 
inédits  relatifs  à  madame  la  duchesse  de 
Berry  ^  publiés  par  Henry  Prior. 

Ces  documents  qui  ont  été  en  la  posses- 
sion du  marquis  de  Pallavicini, chambellan 
et  ami  de  Charles  Albert,  ont  été  commu- 
niqués par  la  comtesse  Arese,  née  Palla- 
vicini. Ils  ont  été  retrouvés  ces  temps 
derniers,  et  d'une  façon  assez  singulière, 
dans  la  vache  d'une  petite  berline  de 
voyage  oubliée  dans  la  remise  d'une  mai- 
son de  campagne. 

Ce  sont  des  lettres  de  Charles  Albert, 
xie  la  duchesse  de  Berry, de  Bourmont,etc., 
et  même  des  reçus  qui  établissent  que 
Charles  Albert  fit  prêter  des  sommes  im- 
portantes à  la  duchesse  pour  organiser  le 
soulèvement  de  la  Vendée. 

Cette  intéressante  correspondance,  qui 
paraît  expurgée,  a-t-elle  passé  sous  les 
yeux  du  vicomte  de  Reiset,  dont  l'auteur 
de  la  brochure,  M.  Henry  Prior,  salue  en 
■sa  préface  «  l'œuvre  magistrale  »  .''Nous  ne 
le  croyons  pomt,  car  il  en  aurait  dit  son 
sentiment.  Que  pense-t-il  de  cette  décou- 
verte étrange  et  de  cette  correspondance 
plus  étrange  encore  ?  Dans  quel  but 
a-t-elle  été  faite.  Son  auteur,  M.Henry 
Prior  s'est-il  signalé  déjà  par  des  -travaux 


[06 


historiques  ?  Comment  a-t-il  été  choisi  par 
la  comtesse  Arese  pour  la  divulgation  de 
ce  secret  historique  ?  M. 

Carte  de  France  par  M.  de  La- 
borde.  —  A  la  date  du  21  janvier  1790, 
le  Président  de  l'Assemblée  Constituante 
(Target)  rend  compte  à  l'Assemblée  qu'il 
a  reçu  une  lettre  de  M.  de  la  Borde, 
ancien  premier  valet  de  chambre  du  feu 
Roi,  et  fermier  général,  demandant  à  être 
chargé  de  faire  exécuter  la  carte  de  la 
France,  divisée  dans  les  nouveaux  dé- 
partements et  districts.  11  annonce  qu'il 
y  a  dix  ans  qu'il  est  occupé  à  en  faire 
une  en  neuf  feuilles,  dont  l'exactitude 
est  portée  jusqu'au  scrupule,  et  qu^il  ne 
lui  faudra  plus  que  le  temps  d'y  placer 
les  divisions  ;  qu'il  ne  demande  rien 
d'exclusif,  ni  qui  puisse  faire  tort  à 
aucun  ingénieur  ni  géographe,  et  qu'il 
versera  dans  la  caisse  patriotique  le  béné- 
fice qui   pourra  en  résulter. 

L'Assemblée  renvoya  cette  proposition 
au  Comité  de  Constitution. 

Qu'en  est-il  résulté  ^  Connaît-on  la 
carte  de  M.  de  la  Borde  ?       Nolliacus. 

Guerre  de  1870.  — Premiers  coups 
de  feu.  —  Derniers  coups  de  feu. 
Premières  victimes.  —  Dernières 
victimes.  — C'est  une  mode.  On  cherche 
à  connaître  quelles  furent  les  premières 
victimes  de  la  guerre  de  1870-71.  On 
vient  d'élever  un  monument  au  premier 
blessé  à  Bouzonville,  11  s'appellerait  Mon- 

ty. 

LIV-3 


N» 


1119. 


L'INTERMEDIAIRE 


lo: 


108 


Pourquoi  ne  pas  poursuivre  ce  petit  jeu 
historique  ? 

Monty  fut-il  réellement  la  première 
victime  du  côté  des  Français  ?  Quelle  fut 
la  dernière  ? 

Quelle  fut  la  première  victime  du  côté 
des  Allemands  ?  La  dernière  ? 

Comment  furenttirés  les  premiers  coups 
de  feu  ?  Les  derniers  ?  M. 

Montreuil  au  conseil  de  guerre. 

—  Dans  une  lettre  du  marquis  de  Jau- 
court  au  prince  de  Talleyrand,  en  date  du 
4  mars  1815  «  Correspondance  du  comte 
de  Jaucourt  avec  le  prince  de  Talleyrand 
pendant  le  congrès  de  Vienne  »,  je  lis  à 
la  page  222  :  «  On  parait  décidé  à  mettre 
ce  coquin  de  Montreuil  devant  un  conseil 
de  guerre  ».  Quelqu'un  pourrait-il  me 
dire  quel  est  ce  Montreuil  et  ce  qui  lui  a 
valu  l'attention  de  Jaucourt  ? 

TiRGUEIL. 

L'hôtellerie  du  Parc  à  Lyon.  — 

Dans  une  lettre  datée  de  Lyon,  le  19  août 
1762  (lettre  conservée  au  musée  Carrer, 
de  Venise),  Goldoni,  raconte  à  son  ami 
Gabriel  Cornet  qu'il  est  descendu  à  Lyon, 
à  l'hôtel  du  Parc,  où  il  faut  payer  la  table 
matin  et  soir,  que  l'on  y  prenne  ou  nom 
son  repas,  coutume  bizarre,  ajoutet-il, 
plus  commode  pour  l'hôtelier  que  pour 
les  voyageurs. 

Où  se  trouvait  à  Lyon  cet  hôtel  du 
Parc  ?  H.  Lyonnet. 

Jacques    Batailhe   de   Francès. 

—  Un  in  termédiairiste  pourrait-il  me 
renseigner  sur  la  famille  et  l'origine  de 
Jacques  Batailhe  de  Francès,  écuyer,  gen- 
tilhomme ordinaire  honoraire  du  roi, 
ancien  ministre  plénipotentiaire  de  la 
cour  de  France  à  Londres,  décédé  à 
Seurre,  le  15  septembre  1788? 

Son  acte  de  décès  le  porte  âgé  de 
64  ans  et  natif  de  Strasbourg.  A-t-il  été 
marié  ? 

Je  sais  qu'il  n'a  point  laissé  de  descen- 
dants légitimes,  et  qu'il  a  institué  pour 
légataire  universel,  son  neveu,  Antoine- 
Louis  Blondel,  intendant  des  finances  à 
Paris.  Qu'est  devenu  ce  dernier  ? 

Les  armoiries  de  Batailhe  de  Francès 
sont  :  d'or  y  à  l'arbre  de  sinople,  terrassé  de 
même.  P,  M. 


Le  conventionnel  Brunel.  —  An- 
cien conseiller  du  Roi,  lieutenant  généra 
de  risle  de  France,  Ignace  Brunel  élut  do- 
micile à  Béziers  ;  fut  nommé  maire  de 
cette  ville  en  1792,  puis  député  de  l'Hé- 
rault à  la  Législative  et  à  la    Convention. 

Les  Dictionnaires  de  biographies  sont 
muets  sur  la  date  et  le  lieu  de  sa  nais- 
sance. Les  monographies  locales  se  con- 
tentent d'attester  qu'il  était  étranger  à  Bé- 
ziers. 

Pourrait-on  nous  dire  :  la  date  de  sa 
naissance  ;  son  lieu  d'origine  ;  et  nous 
expliquer  pour  quels  motifs  il  avait  fixé  sa 
résidence  à  Béziers?  A,  V. 

Familles  Deschamps  et  Page  de 
Saint-Wast.  —  Quels  sont  les  descen- 
dants ou  ayant  cause  de  M.  Désiré-Félix 
Deschamps,  et  de  son  épouse,  née  Page  de 
Saint-Wast?  Cette  dernière  famille  a-t-elle 
plusieurs  représentants,  et  quels  sont 
leurs  domiciles  ?  Armoiries  ? 

HOBRY. 

Le  tombeau  de  Josias,  comte  de 
Rantzau.  —  Où  fut  inhumé  Josias, comte 
de  Rantzau,  maréchal  de  France,  mort  en 
1650  ? 

Existe-t-il  encore  des  restes  de  son 
tombeau  ? 

Quillet,  dans  ses  Chroniques  de  Passy,  dit 
que  ce  tombeau  se  trouvait  dans  la  cha- 
pelle du  couvent  des  Bons  Hommes,  mais 
Millin  est  moins  affirmatif. 

C.  Chandebois. 

M.  de  Maleissye  et  la  famille 
royale.  —  Le  Gil  Blas  du  29  juin  dernier 
contient  une  affirmation  de  Mme  de  Ma- 
leissye, épouse  divorcée  du  marquis  d'Qs- 
mond,  au  sujet  de  la  survivance  de 
Louis  XVII. 

La  spontanéité  des  confidences,  faites 
par  le  comte  de  Chambord,  à  la  jeune 
marquise  d'Osmond,  à  l'exclusion  des 
personnes  de  son  entourage,  aurait  été 
provoquée  par  le  souvenir  de  particulière 
sympathie  du  prince  pour  le  marquis  de 
Maleissye,  grand-père  de  Mme  d'Osmond. 

Je  ne  retrouve  dans  aucun  des  livres 
parlant  de  l'enfance  du  comte  de  Cham- 
bord, le  nom  de  Maleissye  parmi  les  fa- 
miliers de  la  famille  Royale  de  1820  a 
1830,  pas  plus  que  plus  tard  en  exil. 

Je  désirerais  savoir  quel  rôle  le  marquis 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet   1906 


109 


110 


de  Maleissye  joua  sous  la  Restauration 
ou  plus  tard  pour  s'être  «  fait  aimer  »  à 
ce  point  de  l'exilé  de  Frohsdorf. 

TlRGUEIL. 

Famille  de  Montmorency.  —  Le 

29  juillet  1899,  se  mariait  à  Paris,  Robert- 
Geoffroy-Hervé-Marie  de  Montmorency, 
fils  de  feu  Robert-Auguste-Geoffroy  et  de 
Marie-Arabella-Blanche  de  Buros,  avec 
Joséphine-Anne-Marie  Clocquemin,  fille 
de  l'administrateur  de  la  G''-  générale 
transatlantique. 

Pourrait-on  me  dire  à  quelle  branche  de 
la  famille  de  Montmorency  (que  je  croyais 
éleinte)  il  se  rattache? 

Pierre  Meller. 

Portrait  dedom  Nicod. — Pourrait- 
on  me  faire  connaître  s'il  existe,  et  où,  un 
portrait  de  ce  dernier  vicaire  général  de 
1  ordre  de  Grandmont  ?  A.  V. 

To'wiauski.  —  Je  serais  reconnais- 
sant à  Tintermédiairiste  qui  pourrait  me 
fournir  des  renseignements  sur  l'illuminé 
polonais  Towiauski  et  son  rôle  en  1848. 

Persigny. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent, à  l'arbre  de  sinopls  —  chargé 
d'un  griffon  passant...  an  chef  tVa^ur, chargé 
d'un  cœur  et  d'une  croix.  L.  F.  L. 

Armoiries  à  déterminer  :  Accolé 
d'argent  —  au  chevron  accompagné  en 
chef  de  2  molettes  et  en  pointe  d'un  cime- 
terre tenu  par  un  bras.  L.  F.  L. 

Armoiries.  Ecartelê  —  au  /"■  et  au 

4"  d'argent  :  et  au  i"^  croix  de  Malte  de  ... 
accompagné  de  d'or. 

Au  2^  de...  au  lion  d'argent  et  au  ^', 
d'argent.^  au  noyer  de  sinople^  sur  un  sol  de 
même,  chargé  d'une  mcrlette  d'argent. 

L.  F.  L. 

Grands  relieurs   du  XIX'  siècle. 

—  De  quelle  date  à  quelle  date  se  sont 
établies  chacune  des  marques  suivant  — 

Bozérian. — Simier.  — Bozérian  jeune 

—  Vogel.  —  Bradel.  —  Thouvenin.  — 
Kœhler.  —  Bœrsch.  —  Bauzonnet.  — 
Bauzonnet-Purgold.  —  Purgold.  —  Bau- 
zonnet-Trautz.  —  Traulz-Bauzonnet.  — 
Niédrée.   —    Belz-Niédrée.  —  Duru.    — 


Cape.  —  Hardy. 
ron-Echaubard.  - 


—  Thibaro'h   —  Thiba- 

-  Thi baron -Joly  .? 

S. 


L'avocat  du  diable.  —  «Mémoires 
historiques  et  critiques  sur  la  vie  et  sur  la 
légende  du  pape  Grégoire  VU,  avec  des  mé- 
moires du  même goiit  sur  la  Bulle  de  cano- 
nisation de  Vincent  de  Paul.^  instituteur 
des  pères  de  la  Mission  et  des  pères  de  la 
Charité.  Tausin,  Saint-Pourçain,    1743.  » 

Quel  est  le  nom  de  l'auteur  de  cet  ou- 
vrage ?  Le  véritable  nom  de  la  ville  où 
il  a  été  imprimé  ? 

L'auteur  serait-il  Bourbonnais  ou  reli- 
gieux de  l'ordre  de  Saint-Lazare,  ayant 
habité  Saint-Pourçain  .?  L.  G.  M. 

«  Les  voilà...  ».  —  M.  Edmond 
Scherer  a  cité  (Melchior  Grimm,  p.  438) 
un  dizain  que  madame  d'Epinay,  dans 
les  derniers  temps  de  sa  vie,  a  adressé  à 
Grimm  en  lui  remettant  de  ses  cheveux  ; 
—  dizain  qui  commence  ainsi  : 

Les  voilà,  ces  cheveux  que  le  temps  a  blanchis  ; 
D'une  longue  union  ils  sont  pour  vouslegage: 
je  ne  regrette  rien  de  ce  que  m'ôta  l'âge  : 
11  m'a  laisse  de  vrais  amis. 

On  retrouve  ce  dizain  dans  les  Œuvres 
I  du  chevalier  de  Boufflers,  Paris,  1817, 
I  tome  \'^\  page  18.  Dans  ce  recueil,  il  y  a 
d'autres  pièces  de  vers  qu'on  avait  de- 
mandé à  Boufîiers  de  rédiger,  pour  les 
adresser  au  tiers  et  au  quart.  La  maré- 
chale de  Luxembourg  lui  avait  fait  faire 
des  vers  qu'elle  voulait  adressera  la  mar- 
quise du  Deffand  ;  le  prince  Henri  de 
Prusse  lui  en  avait  demandé  pour  célébrer 
l'anniversaire  de  la  naissance  de  sa  sœur, 
la  duchesse  de  Brunswick  ;  une  dame  de 
Tott,  pour  fêter  un  M.  Dubreuil,  etc. 

Que  faut-il  penser  de  ce  dizain  adressé 
à  Grimm  ?  Debasle. 

Les  eaux  de  Vichy.  —  Dissertation 
sur  le  transport  de:  eaux  de  Vichy  du 
D""  Tardy,  intendant  des  eaux  de  Vichy 
au  XVII*  siècle  :  (Jean  Faure,  1755.  Bru- 
net   attribue  cette  ouvrage  à  Tardin. 

Existe-t-il  un  autre  ouvrage  sur  le 
même  sujet  et  du  xvii''  siècle? 

L.  G.  M. 

Lez  ou  lès.  —  Beaucoup  de  localités 
de  France  portent  deux  noms  unis  pai^ 
cette  préposition.  Le  dictionnaire  n'admet 


M» 


1II9. 


L'INTERMEDIAIRE 


III 


iiâ 


les  que  comme  pluriel  de  l'article,  il  veut 
Ie{  dans  le  sens  de  :  à  côté  d'eux.  Exemple  : 
Plessis-lez-Tours. 

Pourquoi  le  Dictionnaire  des  Postes  or- 
thographie-t-il  toujours  les  ?  Que  doit-on 
faire  pour  écrire  correctement  ?  Cette 
question  a  de  l'importance  et  j'aimerais 
à  savoir  ce  qu'en  pensent  les  auteurs  du 
Dictionnaire  des  Communes  de  France,  La- 
rousse, etc  ,  donne  lej^.  11  est  vraiment 
temps  de  réagir  contre  la  rédaction,  en 
tout  et  pour  tout  déplorable,  du  Diction- 
vaire  des  Postes  et  de  supplier  l'Instruc- 
tion publique  de  ne  pas  ordonner  d'accep- 
ter ses  orthographes  et  ses  adjonctions  de 
noms  (en  forme  de  surnoms)  comme 
articles  de  foi.  La  Coussière. 

Byrrh,  apéritif.  —  Le  Dictionnaire 
de  Larousse,  2"  supplément,  donne  : 
«  Bj>rrh,  s.  m.  Vin  cuit  à  base  de  quinquina 
et  d'amers,  de  couleur  brun  foncé,  cons- 
tituant une  liqueur  dite  apéritive.  » 

Sait-on  quelle  est  l'origine  de  ce  mot, 
et  à  quelle  date  il  a  pris  naissance  ? 

J.  Lt. 

Serpent.  Anecdote  extraordi- 
naire contée  par  Michelet.  —  Mi- 
chelet,  dans  r  Oiseau,  rapporte  cette 
aventure  : 

Une  dame  de  nos  parentes,  qui  vivait  à  la 
Louisiane,  allaitait  son  jeune  enfant.  Chaque 
nuit,  son  sommeil  était  troublé  par  la  sensa- 
tion étrange  d'un  objet  froid  et  glissant  qui 
aurait  tiré  le  lait  de  son  sein.  Une  fois,  même 
impression,  mais  elle  était  éveillée  ;  elle  s'é- 
lance, elle  appelle,  on  apporte  de  la  lumière, 
on  cherche,  on  retourne  le  lit  ;  on  trouve 
l'affreux  nourrisson,  un  serpent  de  forte  taille 
et  de  dangereuse  espèce. 

\rOiseaii.   Le    Combat.  Les    Tropiques]. 

Sans  faire  injure  à  Michelet,  on  peut 
concevoir  quelques  doutes  sur  la  possi- 
bilité d'un  tel  fait.  Le  récit  est,  au  reste, 
un  peu  impressionniste. 

On  serait  heureux  de  connaître  l'opi- 
nion des  collaborateurs  de  V Intermédiaire 
à  ce  sujet.  G.  A. 

La  Trôle.  —  On  parle  de  la  suppres- 
sion de  la  trôle.  Q.u'est-ce  au  juste  que  la 
trôle?  i\i    ''^ 


M.  V. 


*  * 


Nous  pensons  qu'il  est  inutile  de  laisser 

s'égarer  les  réponses,  et  d'autre  part  nous 

dmettons   qu'il  est  bon   que  l'Intermé- 


diaire contienne  la  définition  de  cette  ex- 
pression. 

Nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de 
renvoyer  au  rapport  de  M.  Maurice  Quen- 
tin, conseiller  municipal  de  Paris,  faite 
au  nom  de  la  2^  commission  sur  la  sup- 
pression du  marché  de  la  trôle  (1906, 
no  61).  C'est  un  historique  très  complet 
de  cette  coutume  ouvrière,  spéciale  à  l'in- 
dustrie parisienne  du  meuble. 

La  trôle  consistait  pour  le  petit  façon- 
nier de  l'industrie  du  meuble,  à  aller 
offrir  de  porte  en  porte,  aux  marchands 
de  meubles,  installés  alors,  soit  au  fau- 
bourg Antoine,  soit  dans  le  quartier  du 
Sentier,  les  meubles  qui  avaient  été  cons- 
truits au  cours  de  la  semaine,  dans  l'ate- 
lier familial. 

L'expression  usuelle  de  la  trôle  provien- 
drait précisément  de  ce  fait,  que  les 
meubles  circulant  ainsi  sur  de  solides 
épaules,  les  porteurs  s'en  allaient  le  long 
des  maisons  en  faisant  le  mouvement 
rythmique  de  l'homme  chargé  d'un  far- 
deau, en  se  balançant,  en  trolant. 

Ce  mot  pourrait  encore  venir  de  l'ex- 
pression troler,  <>  aller  ici  et  là  ».  Cette 
définition  semble  plus  juste. 

Le  commerce  de  la  trôle  avait  fini  par 
s'immobiliser  au  faubourg  Antoine,  entre 
la  rue  de  Charonne  et  la  rue  Sainte-Mar- 
guerite ;  vers  1891,  il  fut  transporté  ave- 
nue Ledru  Rollin. 

Là,  le  façonnier  qui  allait  de  porte  en 
porte,  se  fixe,  et  c'est  le  marchand  qui 
vient  à  lui  et  aussi  le  client. 

Mais  la  présence  du  client  va  compro- 
mettre les  choses,  car  elle  va  substituer  à 
l'ancien  ouvrier  façonnier,  un  marchand 
qui  a  acheté  chez  l'ouvrier  et  qui  tra- 
fique du  produit  du  travail  de  celui-ci. 
Le  client  croira  traiter  directement, 
quand  il  passera  en  réalité  par  un  inter- 
médiaire. 

Tour  à  tour  attaquée  et  défendue,  la 
trôle  a  succombé.  M.  Maurice  Quentin 
a  fait  voter  ce  projet  de  délibération  : 

Art.  I.  —  Le  stationnement  dénommé 
marché  de  la  trôle,  toléré  tous  les  samedis, 
avenue  Ledru-Rollin,  est  supprimé. 

Art.  II.  —  M.  le  préfet  de  la  Seine  et 
M.  le  préfet  de  police  sont  invités  à  rendre 
à  la  circulation  la  partie  de  l'avenue  Ledru- 
Rollin  occupée  chaque  samedi  par  le  marché 
de  la  trôle,  et  à  ne  tolérer  sur  aucun  point  de 
la  voie  publique  une  occupation  nouvelle 
destinée  aux  mêmes  opérations. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


113 


30  Juillet  1906, 


Ïlépan$e0 


114 


Procès-verbal  sur  le  séjour  de 
Napoléon  à  Pile  d'Aix  (LUI,  885, 
904;  LIV,  II).  —  Dans  le  dernier  nu- 
méro de  Vlniermédiaire,  iVl.  R.  Pichevin 
pense  qu'  «  il  est  bon  de  publier  tous  les 
documents  qui  ont  trait  à  cette  période 
de  l'existence  de  l'empereur  ».  — Je  crois 
pouvoir  donner  quelques  renseignements 
sur  cette  période. 

Le  grand-père  de  ma  mère,  l'enseigne 
de  vaisseau  Pierre  Salis  (ou  Saliz)  fut  un 
des  officiers  qui  voulurent  faire  évader 
l'empereur  de  File  d'Aix  et  le  conduire 
aux  Etats-Unis.  Ma  famille  possède  les 
notes  manuscrites  qu'il  a  laissées  sur  cette 
tentative  ;  elles  ont  été  écrites  en  marge 
et^au  bas  des  pages  d'un  exemplaire  de 
VHistoire  des  deux  Restaurations  (édition 
de  1846,  t.  IX  bis,  pages  232,  235,  234  et 
235)  par  Vaulabelle,  où  cet  auteur  fait  le 
récit  des  événements  d'Aix  en  1815.  En 
outre,  P.  Salis  complète  les  notes  de  la 
page  232  par  son  récit  des  faits  auxquels 
il  a  pris  part. 

Vu  la  longueur  des  notes  et  du  récit,  je 
ne  puis  le  transcrire  à  cette  place  ;  je  me 
permettrai  cependant  d'en  citer  les  der- 
nières lignes  : 

«...  Nous  retournâmes  à  l'Aiguillon  vers 
dix  heures.  Peu  après,  la  péniche  de  l'île 
d'Aix  vint  nous  apporter  l'ordre  de  rentrer  et 
nous  annoncer  le  parti  funeste  qu'avait  pris 
l'Empereur.  Nous  appareillâmes  de  suite  et 
furent  bientôt  rendus  à  l'Ile  d'Aix.  En  dé- 
couvrant la  pointe  de  l'île  de  Ré,  nous  eûmes 
le  mal  au  cœur  de  voir  YEpervicr  près  du 
vaisseau  anglais.  Tout  était  consommé,  Nous 
mîmes  à  bord  d'une  goélette,  commandée 
par  l'aspirant  de  première  classe,  Prion  (de  la 
Saal),  tous  les  effets  que  nous  avions,  plu- 
sieurs malles  de  vaisselle  en  vermeil  et  une 
ceinture  en  or,  qui  devait  payer  le  passage 
sur  le  premier  navire  marchand  trouvé  à  la 
mer.  A  plus  de  trente  ans  d'intervalle,  j'ai 
encore  la  chair  de  poule  en  pensant  à  ce 
brig  près  du   vaisseau.  » 

Celui  dont  j'ai  l'honneur  d'être  descen- 
dant avait  pour  chef  le  lieutenant  de  vais- 
seau Genty,  comm.andant  une  compagnie 
du  14*  de  marine,  —  et  pour  compa- 
gnons, les  enseignes  Peltier  de  Saint- 
Paul,  Chàîeauneuf,  Doret,  les  aspirants 
de  !'■'  classe,  Châteauneuf  et  Moncouru, 
4  sous- officiers  et  2  matelots. 


Tous  furent  frappés  de  la  destitution 
et  cassation,  sur  ordre  du  gouvernement, 
par  le  ministre  de  la  marine,  comte  de 
Jaucourt,  et  le  préfet  maritime,  contre- 
amiral,  comte  de  Gourdon  (Voir  :  Ar- 
chives départementales  de  la  Dordogne,  — 
Moniteur  universel,  4  octobre  181 5, 
no  277,  —  et  Figaro,  28  sept.  1895,  ar- 
ticle de  M.  Louis  Brunet,  député). 

P.  Salis  dut  aller  chercher  fortune  aux 
Indes,  découvrit  une  île  (archipel  des  Ca- 
rolines),  et  fut  nommé  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur  en  1846,  en  récom- 
pense de  ses  brillants  états  de  service 
dans  la  marine  de  l'Etat  et  dans  celle  du 
commerce  (plusieurs  certificats,  brevets 
et  «  hommages  aux  talents  »,  que  j'ai 
entre  les  mains,  en  font  foi). 

Dorel,  après  avoir  été  aussi  dans  la 
navigation  de  commerce,  rentra,  en  1830, 
dans  la  marine  royale  ;  il  prit  sa  retraite 
en  1846,  comme  capitaine  de  vaisseau, 
fut  nommé  gouverneur  de  l'ile  Bourbon 
(1849),  commandeur  de  la  Légion  d'hon- 
neur (1850),  et  sénateur  (1853). 

Sur  tous  ces  événements,  on  peut  con- 
sulter le  Figaro  (sup.  litt.),  du  24  août, 
1895  (article  de  M.  G.  Larroumet)  ;  — 
Vapereau,  Dict.  des  contemporains,  édit. 
1856. 

Dans  son  bel  ouvrage,  181^,  La  Seconde 
Abdication,  M.  Henry  Houssayea  raconté, 
avec  sa  compétence  et  son  grand  talent, 
la  tentative  d'évasion  (Livre  II,  chap.  viii, 
p.  382  à  388),  11  cite  comme  références  : 
Beker    (114-115);   Mémoires   manuscrits 
de  Marchand  ;  Mme  de  Montholon  (12)  ; 
rapport  du  capitaine  de  vaisseau  Coudein 
commandant  le    14^    de  marine,    13  août 
181 5  (Arch.   Mar.    BB^,  426)  ;  Las  Cases 
(I,  42);  Montholon  (I.   80-81).  Lorsqu'il 
a  publié  son   volume,  l'éminent  historien 
ignorait  (je  le  sais)  le  manuscrit  de  Salis 
Qiiant   au    rapport    du     commandant 
Corties   publié    ici    (10  juin    1906),    par 
M.  Ch.  Godard,  —  voici  ce  qu'on  lit  à  la 
page  581,  note  3,  du  dit  volume,  liv.  II, 
chap    viii)  :  «  Selon  les  rapports  oraux 
recueillis   par   le   commandant  de  place 
Corties  et  consignés  dans  un  procès-verbal 
en  date  du  20  septembre  1861,  l'empereur 
prit  gîte  à  l'hôtel  de  la   Place,  construit 
en  1809,  et  une  partie  de  sa  suite  occupa 
la   maison    du   génie.  Ce    procès  verbal, 
conservé    à   l'île   d'Aix,  à    l'hôtel   de   la 
Place,  n'apporte  aucun  renseignement  nou' 


No  iiip. 


L'INTERMEDIAIRE 


"5 


i6 


veau  et  contient  plusieurs  erreurs.  Rien  de 
moins  sîir  que  les  témoignages  oraux  à  vin 
demi-siècle  d'éloignement.  » 

J'ai  souligné   à   dessein    les   dernières 
lignes.       Paul  Lambert  des  Cilleuls, 


* 


Monsieur  R.  Pichevin  pourrait-il  avoir 
l'extrême  obligeance  de  se  mettre  en  rap- 
port avec  moi  au  sujet  de  la  famille  d'Au- 
diffredy  à  laquelle  je  suis  allié  ? 

Je  suis  dénué  de  renseignements  sur 
elle  depuis  la  fin  du  xvni'  siècle. 

Le  grand-père  du  signataire  de  la  lettre 
qu'il  cite  avait  épousé  la  sœur  de  ma  qua- 
trisaïeule,  Thérèze  d'Ebouiges.  J'ai  de  lui 
et  de  son  fils  toute  une  correspondance, 
mais  depuis  la  fin  du  règne  de  Louis  XV, 
je  les  perds  complètement  de  vue. 

Je  remercie  d'avance  Monsieur  Pichevin 
et  le  prie  d'agréer  l'assurance  de  ma  par- 
faite considération.  Champvolant. 

Louis  XVII.  Sa  mort  au  Temple. 
Documents  nouveaux  (T,  G.,  534  ; 
XLIX;  L;  Ll  ;  LU  ;  LHL  17.  63,  123, 
290,  350,  399,  455,  514,  568,  625,  849, 
960;  LIV,  17.62). —  Le  document  suivant 
que  nous  communique  M.  Léon  Grasilier, 
ne  jette  aucun  jour  nouveau  sur  la  ques- 
tion. 11  prouve  simplement  que  Voisin 
était  convaincu  d'avoir  creusé  la  fosse  du 
dauphin  et  de  l'y  avoir  placé.  11  prouve 
encore  qu'il  2  déplacé  subrepticement  le 
cercueil  après  l'avoir  enterré,  et  qu'il  l'a 
transporté  dans  un  lieu  qu'il  suffirait  de 
faire  connaître. 

C'est  un  document  intéressant  pour 
l'histoire  du  cimetière  Sainte-Marguerite 
et  du  mystère  qu'il  garde  : 

('814) 
A  Son  Excellence 

Monseigneur  le  comte  de  Blacas 

Ministre  de  la  Maison  Du  Roi. 

Monseigneur, 

Le  3  septembre  courant,  j'adressai  à  Sa 
Majesté  notre  Bon  Roi,  l'acte  de  Décès  de  mon 
souverain  Louis  XVil.  Dont  on  me  fit  con- 
naître que  la  famille  dézirerait  sçavoir  le 
lieux  de  la  sépulture  de  ce  Monarque,  Oui  je 
le  sçais,  je  l'ait  inhumé,  comme  il  est  cons- 
taté par  les  pièces  jointe  à  la  pétition  à  Ma- 
dame la  duchesse  D'angoulême,  mais  par  dé- 
licatesse addressé  au  Roi, 

Monseigneur,  Tandis  que  je  suis  du 
monde  je  montrerai  ou  jay  mis  le  corps  pré- 
cieux de  mon  roi,  moi  seul  peut  l'indiquer, 
M,  le  Commissaire  de  Police  qui  me  donna 
la  Commission  existe  et  certifiera  que  j'étais 


fossoyeur,  de  la  Sect'on  du  temple,  6^  arron- 
dissement de  paris. 

Veuillez  me  faire  un  mot  de  réponse. 
Jay    l'honneur    d'être  avec  la   plus    haute 
considération 

Monseigneur, 
Le  très  obéissant 
serviteur 

Voisin, 
rue  des  petits  carraux,  n"  34  à  Paris. 

Les  prêtres  assermentés  (LUI, 
891  ;  LIV,  18,  62).  —  Norbert  Lallié, 
dans  son  ouvrage  très  documenté,  inti- 
tulé: Le  diocèse  de  Nantes  pendant  la  Révolu- 
tion donne  les  chiffres  suivants,  d'après 
un  rapport  de  Letourneur,  procureur  gé- 
néral syndic  : 

Sur  614  prêtres  fonctionnaires  publics 
153  prêtèrent  le  serment. 

Lallié  fait  observer  que  sur  ce  nombre, 
plusieurs  firent  le  serment  avec  restric- 
tion ou  le  rétractèrent  par  la  suite. 

D'après  ses  recherches,    le  nombre  de 
153  devrait  être  ramené  à 
mum , 


120  au  maxi- 
L.  F.  L. 


L'idée    de    patrie    existait-elle 

avantlaFévolution(T.G.635  ;XXXV; 
XXXVI;  XXXVII;  XXXVllI  ;  XLII  ;  LU). 
—  M.  Antoine  Thomas,  dans  la  Revue 
des  idées,  15  juillet  1906,  consacre  un 
article  à  cette  recherche. 

Il  s'efforce  d'établir  que  Jeanne  d'Arc 
n'a  pu  employer  le  mot  patrie  \  qu'elle  a 
employé  le  mot  pays  ;  le  mot  patrie  pour 
remplacer  le  mol  pays  a  été  introduit  à  la 
Renaissance,  qui  dans  pairia.,  a  changé 
Va  en  e. 

Reste  à  savoir  si  l'idée  de  patrie  n'a  pas 
existé  avant  le  mot,  et  si  Jeanne  d'Arc, 
qui  se  battait  pour  son  pays,  ne  se  battait 
pas,  en  réalité,  pour  sa  patrie. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral  Ver 
Huell  (LIV,  1,66).  —  A  ma  sortie  de  col- 
lège, c'est-à-dire  en  1866,  j'ai  souvent 
entendu  dire  que  l'amiral  Ver  Huell  fut  le 
père  de  Napoléon  III,  On  faisait  remarquer 
à  ce  sujet  que  le  masque  de  Napoléon  111 
n'avait  rien  de  napoléonien  comme  celui 
du  prince  Jérôme,  son  cousin,  et  on  citait, 
à  l'appui  de  cette  présomption  de  pater- 
nité, les  vers  suivants  des  Châtiments., 
liv.  VII,  chapitre  x  : 

Toi  faux  prince,  cousin  du  blême  hortensia. 
Hidalgo  par  ta  femme,    amiral  par  ta  mère. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


117 


118 


J'avoue  que  cousin  du  hlcine  hortensia 
me  laisse  rêveur. 

Il  serait  intéressant  de  comparer  les 
portraits  de  l'amiral  (s'il  en  existe)  à  ceux 
de  Napoléon  III,  pour  qui  l'impartiale  his- 
toire sera  indulgente,  car  si  son  règne, 
comme  celui  de  Napoléon, a  débuté  par  un 
coup  d'Etat  et  fini  par  un  désastre,  il  n"a 
pas  été  non  plus  sans  gloire  et  sans  pros- 
périté pour  la  France.     Th.  Courtaux. 


*  * 


Je  m'empresse  de  donner  les  rensei- 
gnements (que  je  puis)  à  M.  Germain 
Bapst  qui  prépare  probablement  un  travail 
sur  le  second  Empire. 

Je  pense  qu'il  serait  difficile  d'aller  à 
rencontre  de  l'opinion  générale  sur  l'o- 
rigine de  Napoléon  III.  L'amiral  Ver 
Huell  a  reconnu  en  pleine  Chambre  des 
pairs  sa  paternité  à  lui. 

Quand  cette  Chambre  a  prononcé  la 
peine  de  mort  contre  le  prince  Louis  Na- 
poléon, Ver  Huell  s'est  levé  et  a  supplié 
ses  collègues  de  faire  grâce  à  son  fils  : 
«  C'est  un  père  qui  la  sollicite  » . 

Quant  au  roi  de  Hollande,  il  écrivait  au 
Pape  en  parlant  du  prince  Louis  :  «  celui 
qui  usurpe  mon  nom  ». 

Je  demandais  un  jour  à  Alexandre  Ver 
Huell.  le  célèbre  dessinateur  hollandais, 
proche  parent  de  l'amiral,  ce  qu'il  pensait 
de  la  paternité  en  question  ^  —  Il  me  ré- 
pondit :  «Mon  excellent  ami,  vous  devez 
savoir  que  nous  autres  Hollandais,  nous 
ne  nous  embarrassons  jamais  des  descen- 
dances gauchères  :  j'ignore  donc  absolu- 
ment ce  qui  en  est.  Donc  :  pour  nous, 
Louis  N-^poléon  est  le  fils  légitime  du  roi 
Louis,  qui  a  été  un  des  meilleures  souve- 
rains de  la  Hollande,  et  je  vais  saluer  sa 
veuve  chaque  fois  que  je  passe  en  Suisse  !  » 

NOLLÉE  DE  NODUWEZ. 


* 
*  » 


Voici  quelques  notes  .  16  février  i8oj. 
La  reine  et  l'amiral  Ver  Huell  sont  pré- 
sents au  palais  de  la  Haye,  pendant  la 
distribution  solennelle  de  l'Ordre  de 
l'Union,  où  l'amiral  est  nommé  chevalier- 
grand'croix.  —  5  mai  1802.  Décès  du 
prince  Charles  Napoléon  à  la  Haye,  en 
présence  de  sa  mère.  —  10  Juin  i8oj.  La 
reine  Hortense  arrive  à  Cauterets  (Pyré- 
nées). —  2J  juin  1802.  Le  roi  Louis  de 
Hollande  arrive  à  Cauterets.  —  10  aotit 
i8oy.  La  reine  Hortense  part  pour  La  Ral- 
lière  et  le  roi  Louis  pour  TAriège.  —  2^ 


septembre  i8oy.  Leurs  Majestés  rentrent 
dans  la  résidence  (c'est-à-dire  La  Haye). 
D'après  les  dates  susnommées,  le  roi 
Louis  pouvait  bien  être  le  père  du  prince 
Napoléon,  né  à  Padoue  le  20  avril  i8o8 
[plus  tard  l'Empereur  Napoléon  III],  car 
l'enfant  est  né  8  mois  et  10  jours  après  le 
départ  de  la  Reine,  à  quelques  jours  près, 
donc  neuf  mois  après  les  rapports  conju- 
gaux. Mais —  il  y  a  un  «on  dit  »  que 
monsieur  Décades  et  l'amiral  Fer  Huell 
s'étaient  rencontrés  avec  Hortense,  aux 
Pyrénées. 

Quoiqu'il  en  soit,  Ver  Huell,  en  1806, 
le  chef  de  la  mission  qui  se  rendit  à  Paris 
pour  solliciter  auprès  de  l'Empereur  la 
nomination  de  son  frère  comme  roi  de 
Hollande,  doit  avoir  rencontré  Hortense 
pendant  ce  s,é]onx ,t\.  sans  aucun  doute  v^^^s 
tard  en  Hollande,  à  la  Haye  et  ailleurs,  à 
l'occasion  des  fêtes  et  des  réceptions  à  la 
Cour.  [Cf.  les  Galettes  de  ce  temps-là]. 

Ver  Huell  nommé  ambassadeur  à  Paris, 
dans  le  cours  de  l'année  1807,  peut  avoir 
rencontré  Hortense  aux  Pyrénées.  C'est 
par  une  correspondance  particulière  seu- 
lement, qu'on  pourrait  établir  cette  con- 
jecture, car  il  ne  sera  plus  possible  de 
fixer  le  séjour  de  l'amiral  pendant  ses  va- 
cances d'après  des  pièces  officielles. 

Un  Jh""  (Ecuyer)  George-Jean-Emile  Ver 
Huell,  né  en  1852,  habite  encore  Paris,  je 
crois.  C'est  lui,  probablement,  qui  possède 
la  correspondance  de  l'amiral. 

M.  G.  WiLDEMAN. 

Relations  de  l'Empire  romain 
avec  la  Chine  (LUI,  947).  —  Sous 
l'empereur  Vousti,  de  la  dynastie  des 
Han  (iio  ans  avant  Jésus-Christ\  il  pa- 
rait certain  qu'à  cette  époque,  l'empire 
romain  envoya  en  Chine  des  ambassa- 
deurs et  que  ses  marchands  avaient  des 
relations  suivies  avec  le  royaume  du  Mi- 
lieu. Les  auteurs  chinois  se  faisaient  une 
très  haute  idée  de  la  civilisation  romaine. 
L'un  d'eux  en  porte  ce  curieux  jugement  : 

Tout  ce  qu'il  y  a  de  précieux  et  d'admira- 
ble dans  les  autres  pays,  dit-il,  vient  de  cette 
région  ;  on  y  fabrique  des  monnaies  d'or  et 
d'argent.  L'argent  y  a  dix-huit  fois  moins  de 
valeur  que  l'or.  Leurs  marchands  trafiquent 
par  mer,  avec  l'Inde  et  la  Perse,  et  gagnent  dix 
pour  un.  Ce  sont  des  hommes  simples  et 
droitS;  qui  vendent  à  prix  fixe,  et  consacrent 
de  grandes  sommes  d'argent  au  commerce. 
Chez  eux,  le   prix  des   céréales  est    très  peu 


N°  1119. 


L'INTERMEDIAIRE 


1 19 


120 


élevé.  Lorsqu'on  leiii  envoie  des  ambassa- 
deurs, ils  ont  soin  de  leur  fournir  des  cha- 
riots, pour  les  transporter  à  leur  capitale  et 
de  subvenir  aux  frais  de  leur  séjour. 

A  l'époque  où  régnait  Trajan  (518-117 
après  J.  C.)  un  général  de  l'Empereur 
Tchatig-ti  (un  des  souverains  de  la  dynas- 
tie Han)  pénétra  jusqu'aux  rives  de  la 
mer  Caspienne  et  en  rapporta  la  vigne. 

Nul   doute   qu'antérieurement    à    cette 
éf)oqUe  les   précieuîes  marchandises   que 
fabriquait   la   Chine    ne    parvinssent    en 
Occident   et   notamment    à    Rome.    Les 
rrlarcharids    occidentaux    allaient-ils    les 
chercher  jusqu'aux   lieux    mêmes  de    la 
production  ?  Leur  étaient-elles  livrées  par 
lesnations  intermédiaiies  ;  Llnde  et  les 
peuples  de  l'Asie  centrai  e  ?  Leurs  expédi- 
tions avaient-elles    lien    par  terre  ou  par 
mer  ?   Leurs  flottes    s'arrêtaient-elles  à 
Tyr  .f*  Allaient-elles  nioiiiller,  au  contraire, 
dans  le  port  de   cette  mystérieuse  Càtta- 
gara  dont  parle  Ptolémée  ?  Leurs  cara- 
vahes  pénétraient-elles  par  ces  profonds 
et  dangereux  défilés  de  la  Perse  et  de  la 
Bactriane  jusqu'à  Thina  dont  fait  mention 
le  célèbre  géographe  ? 

Doit-on  voir,   dans  cette  dej-nière  ville, 
la  cité  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Singan  ou    (chef-lieu    du   Chensi   et  jadis 
capitale   du  royaume   central,  à  l'époque 
des  Tsiri)  et  penser  que,  sur  les  ruines  de 
Cattagara  s'élève  aujourd'hui  Foutchéou, 
Amoy,   Cantôti   oli    bieit    Calcutta  ?  Les 
Sinac  et  les  Seres  étaient-ils   les    mêmes 
peuples  ?  Etaient-ils  Indiens  ou  Chinois  ? 
Ce  sont  des  points  fort  obscurs  et  que  la 
science   des   géogi'aphes   n'a    pas  eiicore 
fixés.  On  ne   peut   toutefois  se  refuser  à 
reconnaître    que    le  jugement    porté  par 
Animien  Marcellin  sur  les  Seres  s'accorde 
fort  exàctemeht  avec  les  mœurs  des  Chi- 
nois.    «   Ils    sont  très   soigneux,    dit-il, 
d'éviter  tout  contact  avec  lés  autres  peu- 
ples du  nionde  ;  ils  ne  font  le  cotlimerce 
qu'à  la    frontière  ;  ils   y   apportent    une 
extrême    méfiance  et   sont   prêts  à  livrer 
tout  ce  qu'ils  possèdent  pour  de  Largent 
Du  reste, tempérants,  doux  et  paisibles, ils 
professent    une  grande   aversion  pour  la 
guerre  ».  Ptolémée  attribue  au  pays  qu'il 
appelle  Serica  des  dimensions  analogues 
à  celles  que   possédait   la    Chine  à  cette 
époque,    et    il    menlionae    deux     grands 
fleuves  (probablement  le  Yangtzekiang  et 


le  Hoang-ho)  qui  le  traversaient  de  l'ouest 
à  l'est. 

Certainement  une  mission  aux  pays 
qui  produisent  la  soie  fut  envoyée  par 
Marc-Aurèle.  On  en  trouve  des  traces 
dans  les  annales  historiques  de  la  Chine. 
Elles  constatent  qu'à  cette  époque  un  am- 
bassadeur venant  des  grands  royaumes 
de  l'Occident,  Ta-tsin-kouoh,  apporta 
leurs  tributs  à  l'empire  du  Milieu. 

Les  historiens  chinois  parlent  aussi  de 
plusieurs  missions  envoyées  par  leurs 
souverains  aux  «  Ta-tsin  kouoh  >>.  Au 
delà  des  Taochi,  disent-ils,  on  rencontre 
une  grande  mer  par  laquelle,  en  navi- 
guant vers  l'ouest, il  est  possible  d'atteni- 
dre  la  région  où  se  couche  le  soleil.  Que 
doit-on  entendre  par  les  Taochi  et  les  Ta- 
tsin-kouoli  ? 

Est-ce  ia  Perse,  l'Inde,  l'empire  Ro- 
main ? 

On  ne  peut  faire  à  ce  sujet  que  des  con- 
jectures. E.  M. 

Personnel  dô  l'Abbaye  aux-Bois 

en  1762  (LIV,  3).  —  M.  Leslic  trouvera 
vraisemblablement  ce  qu'il  cherche  dans 
le  travail  très  complet  que  vient  de  pu- 
blier M.  Lucien  Lambeau  :  L'Abbaye-aiix- 
Bo/s  (h  Paris  {16^8  iç)o6).  Coinmiision  du 
Vieux  Paris,  décembre  1905.  Tirage  à 
part,  in  40  sur  2  colonnes,  5  planches, 
I  plan.  -  E.  Pic. 

Le  château  de  la  Borde  (LUI,  394, 
523  ;  LIV,  30).  —  La  notice    sur  le  chà 
leau  en  question  a  paru  dans  la  Revue  ar- 
chéologique, numéro  du  15  mai  1856.  Il  y 
en  a  un  tirage  à  part,  G.  O.  B. 


Ecliblla  da  Lovaut  (LUI,  564,  659' 
7H,  754,  873,  932,  987).  —Je  constate 
avec  plaisir  que  nous  sommes  tous 
d'accord  pour  faire  dériver  échelle  de 
scala  ou  scalo.  Mais,  à  cette  occasion,  il 
me  semble  assez  curieux  de  montrer  com- 
bien certains  auteurs  vont  souvent  bien 
loin  pour  donner  des  étymologies  éloi- 
gnées de  la  vérité. 

Dans  sa  Relation  d'un  voyage  du  Levant 
(Paris  17 17,  in-4''),  Tournefort  s'exprime 
ainsi  : 

Ce  golphe  d'Armantevi  (Bosphore  de 
Tlirace)  est  désigné  par  Denys  de  Bysa  ice 
lous  le  nom  de  Golphe  de  l'Echelle,  parce 
que,  dans  ce   temps-là,  il    y    avait    une   fa- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906 


121 


I  22 


meiise  échelle  ou  machine  composée  de  pou- 
tres, laquelle  était  d'un  giaat  usage  pour 
charger  ou  décharger  les  vaisseaux,  parce  que 
l'on  y  montait  par  degrés.  Ces  sortes  de  ma- 
chines s'appelaientChelac,par  je  ne  sais  quelle 
ressemblance  qu'on  y  trouvait  avec  les  pattes 
des  écrevisses  :  de  chelac  on  fit  scalac  ;  delà 
vient  que  les  ports  les  plus  fréquentés  du  Le- 
vant s'appellent  deséclielles. 

La  gracieuse  et  vas<e  baie  de  Bebek, 
dans  le  Bosphore,  était  jadis  désignée  par 
le  nom  de  Cbelé  ou  Skely  à  cause  des  gra- 
dins construits  le  long  de  la  i)Iàge  pour 
faciliter  le  débarquement  des  passagers  et 
surtout  des  marchandises.  Or,  d'après 
l'orientaliste  et  historien  J.  de  Hammer, 
Constantinopolis  tmd  du  Bosporos,  t.  2, 
p.  217),  c'est  de  ce  nom  de  Cbelé  ou 
Skely,  appliqué  d'abord  à  la  seule  baie  de 
Bebek,  que  dériveraient  les  mots  français, 
italiens  et  turcs,  échelle,  scala^  Ukelé^  par 
lesquels  nous  désignons,  d'une  manière 
générale,  tous  les  ports  du  Levant, 

Non,  échelle  ne  vient  ni  de  chelac, 
(pattes  d'une  écrevisse  pour  les  latins)  ni 
de  la  baie  de  Bebek,  mais  uniquement  de 
scala.  E.  M. 

Anscebon  (LUI,  4vS2  ;  LIV,  76).  — 
Colonne  77,  lire  Girard  de  Villesaison  et 
non  Gérard. 

Les  Man'btes  (LIV,  4).  —  Les  Ma- 
niotes  sont  les  habitants  du  Magne  ou 
fvlaina,  province  grecque,  ou  pour  être 
plus  précis,  du  sud  de  la  Tvlorée.  Us  se 
prétendent  descendre  des  Spartiates  leur 
culte  pour  la  liberté  les  a  toujours  pré- 
servés de  la  domination  turque  à  laquelle 
ils  ont  opposé  une  invincible  résistance. 
Puissaniment  organisés,  en  lutte  conti- 
nuelle avec  les  Turcs,  ils  ont  eu  plus  d'un 
acte  de  piraterie  ou  de  brigandage  à  se 
reprocher.  11  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à 
ce  que  nos  bâtiments  marchands  dussent 
être  protégés  en  1770  par  des  vaisseaux 
de  guerre.  On  trouvera  dans  le  Diclion- 
iiaire  de  géographie  de  Vivien  de  Saint- 
Martin,  un  long  article  très  complet  sur 
le  Magne  et  ses  curieuses  populations. 

G.  M. 

4. 

On  lit  dans  les  O'oserv.ifwns  curieuses 
sur  le  voyage  du  Levant  de  Fermancl, 
Fauvel,  Baudouin  et  Stochove  (Rouen, 
1668,  p.  145) : 

Les  i>lainotes,  ainsi  appeliez  delà  ville  de 


I   Maina...  et  que  par   corruption  on  nomme 
j   Manioles.    Ce   sont    peuples    à    demi    sau- 
j   vages,    intrépides    et    grands    voleurs,   qui 
n'ont  ni  loix  ni  religion. 

Les  Mai  notes  ou  Alaniotes  habitent  la 
péninsule  la  plus  méridionale  de  la  Mo- 
rée,  celle  qui  se  termine  par  le  cap  Ma- 
ta pan.  p.  L  —  s. 


* 

*  * 


Les  Maniotes  habitaient  cette  presqu'île 
de  la  Grèce  nonimé  le    Magne  ou   Maina, 
au  sud  de  la  Laconie. C'étaient  des  monta- 
gnards intrépides  et  pillards  qui  vivaient 
dans  une  sorte    d'état   féodal.   Bonaparte 
songea  à  s'en  faire  des  alliés  contre  l'Em- 
pire Ottoman,  alors  qu'à  Milan,  en  1796, 
il  rêvait  de  reconstituer  Lempired'Alexan- 
dre  et  se  faisait  envoyer  des  cartes  détail- 
lées du  Bengale.  Il  y  envoya  comme  am- 
bassadeur un  botaniste,  Dino  Stefa.iopoli, 
qui  a  laissé  une  relation  de   son  voyage, 
Londres  1800.  La  lettre  de  Bonaparte  aux 
Aiaiiiotes   se    terminait  par    ces    mots  :' 
«  Les  Maniotes   sont  les   dignes    descen- 
dants de  Sparte  auxquels   il  n'a  manqué, 
pour  être    aussi   renommés  que  leurs  an- 
cêtres, que   de  se    trouver   sur   un    plus 
vaste  théâtre.  » 

La  ville  principale    du  pays    était  fûo- 
nembasie.  Curiosus. 


»  * 


Le  document    cité   par    Af.  P.  F.  est 
fautif  en  ce  qui  concerne  la   transcription 
de  ce  nomde  peuple  Maniole. WÇ^ut  lire  et 
écrire    Maïnoles.    En    1770,   la  Russie    et 
l'Angleterre   étaient    coalisées    contre  la 
Turquie    et    la    Pologne,    que   soutenait 
d'autre  part   la  France  encore  fidèle  à  la 
p  litique  de  Choiseul  qui  ne  quitta  le  mi- 
nistère qu'à  la  fm  de  1770  (2./  déc  ).  Pour 
la  première  fois  la  flotte  russe  parut  daiis 
les  eaux  de  la  Méditerranée  ;   elle  ravagea 
les  côtes  du  Péloponèse,  là  Morée   et  en- 
couragea l'insurrection  des  Ma'inotes  con- 
tre   les    Turcs.    Ces    Maïnotes,    terribles 
montagnards  qui   se   prétendent    les  des- 
cendants directs  des  anciens   Spartiates, 
habitent     le    sud     de    la    Morée.     Leur 
principale  ville    est   Ma'iiia^    indiquée  sur 
totites  les  cartes  un  peu  complètes    de  la 
Grcoz    moderne,   près   du   cap    Matapan. 
L'expédition  préparée  à  Toulon  avait  pré- 
cisément   pour    but,  dans    la    pensée   de 
Choiseul,  de  venir  en  aide  aux   Turcs    et 
d'eiilpêcher  les  pirateries  des  Ma'inotes. 

Aug.Paradan, 


N°  1119. 


L'INTERMÉDIAIRE 


1 19 


120 


élevé.  Lorsqu'on  leur  envoie  des  ambassa- 
deius,  ils  ont  soin  de  leur  fournir  des  cha- 
riots, pour  les  transporter  à  leur  capitale  et 
de  subvenir  aux  frais  de  leur  séjour. 

A  l'êpOque  où  régnait  Trajan  (98-117 
après  J.  C.)  un  général  de  l'Empereur 
Tchahg-ti  (un  des  souverains  de  la  dynas- 
tie Han)  pénétra  jusqu'aux  rives  de  la 
mer  Caspienne  et  en  rapporta  la  vigne. 

Nul   doute   qu'antérieuremerlt   à   cette 
éj3oqde  les   précieuies  marcliandises   que 
fabriquait   la   Cliine    ne    parvinssent    en 
Occident   et   notamment   à     Rome.    Les 
rharchailds    occidentaux    allaient-ils    les 
chercher  jusqu'aux    lieux    mêmes  de    la 
JDroduction  ?  Leur  étaient-elles  livrées  par 
les  nations  iritermédiaiies  ;  Tlnde   et  les 
peuples  de  l'Asie  centra  e  ?  Leurs  expédi- 
tions avaient-elles   lieu    par  terre  ou  par 
hier  ?   Leurs  flottes    s'arrêtaient-elles  à 
Tyr  ?  Allaient-elles  mouiller,  au  contraire, 
dans  le  port  de  cette  m3'stcrieuse  Càtla- 
gara  dont  parle  Ptolcmée  ?  Leurs  cara- 
vahes  pénétraient-elles  par  ces  profonds 
et  dangereux  défilés  de  la  Perse  et  de  la 
Bactriàne  jusqu'à  Thina  dont  fait  mentioii 
le  célèbre  géographe  ^ 

Doit-on  voir,   dans  cette  dernière  ville, 
la  cité  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Singan  ou    (chef- lieu    du   Chensi   et  jadis 
capitale   du  royaume   central,  à  l'époque 
des  Tsiri)  et  penser  que,  sur  les  ruines  de 
Cattagara  s'élève  aujourd'hui  Foutchéou, 
Amoy»   Cantôtl   oh    bieil    Calcutta  ?  Les 
Sinac  et  les  Sei-es  étaient-ils   les    mêmes 
peuples  ?  Etaient-ils  Indiens  ou  Chinois  ? 
Ce  sont  des  points  fort  obscurs  et  que  la 
science    des   géogi"aphes   n'a    pas  eiicore 
fixés.  On  ne   peut   toutefois  se  refuser  à 
reconnaître   que    le  jugement    porté  par 
Ammicn  Marcellin  sur  les  Seres  s'accorde 
fort  exâctemetit  avec  les  mœurs  des  Chi- 
nois.    «  Ils    sont  très   soigneux,    dit-il, 
d'éviter  tout  contact  avec  lés  autres  peu- 
ples du  tiionde  ;  ils  ne  font  le  coriimerce 
qu'à  la    frontière  ;  ils   y   apportent    une 
extrême    méfiance  et   sont   prêts  à  livrer 
tout  ce  qu'ils  possèdent  pour  de  Largent 
Du  reste, térlipérants,  doux  et  paisibles, ils 
professent   une  grande   aversion  pour  la 
guerre  ».  Ptolémée  attribue  au  pays  qu'il 
appelle  Serica  des  dimensions  analogues 
à  celles  que   possédait   la    Chine  à  cette 
époque,    et    il    mentionne    deux     grands 
fleuves  (probablement  le  Yangtzekiang  et 


le  Hoang-ho)  qui  le  traversaient  de  l'ouest 
à  l'est. 

Certainement  une  mission  aux  pays 
qui  produisent  la  soie  fut  envoyée  par 
Marc-Aurèle.  On  en  trouve  des  traces 
dans  les  annales  historiques  de  la  Chine. 
Elles  constatent  qu'à  cette  époque  un  am- 
bassadeur venant  des  grands  royaumes 
de  l'Occident,  Ta-tsin-kouoh,  apporta 
leurs  tributs  à  l'empire  du  Milieu. 

Les  historiens  chinois  parlent  aussi  de 
plusieurs  missions  envoyées  par  leurs 
souverains  aux  «  Ta-tsin  kouoh  >>.  Au 
delà  des  Taochi,  disent-ils,  on  rencontre 
une  grande  mer  par  laquelle,  en  navi- 
guant vers  l'ouest, il  est  possible  d'attein- 
dre la  région  où  se  couche  le  soleil.  Que 
doit-on  entendre  par  les  Taochi  et  les  Ta- 
tsin-kouoh  ? 

Est-ce  ia  Perse,  l'Inde,  l'empire  Ro- 
main ? 

On  ne  peut  faire  à  ce  sujet  que  des  con- 
jectures. E.  M. 

Personaeldô  l'Abbayé  aux-Bois 
on  1762  (LIV,  3).  —  M.  Leslie  trouvera 
vraisemblablement  ce  qu'il  cherche  dans 
le  travail  très  complet  que  vient  de  pu- 
blier M.  Lucien  Lambeau  :  L'Abbaye-aux- 
Bois  lie  Paris  {i6}8ic)o6).  Commission  du 
Vieux  Paris^  décembre  1905.  Tirage  à 
part,  in  40  sur  2  colonnes,  5  planches, 
I  plan.  -  E.  Pic. 

Le  châtoau  de  la  Borde  (LUI,  394, 
522  ;  LIV,  30).  —  La  notice    sur  le  châ 
teau  en  question  a  paru  dans  la  Revue  ar- 
chéologique^ numéro  du  15  mai  1856.  11  y 
en  a  un  tirage  à  part.  G.  O.  B. 

EcliBlla  du  Lovaut  (LUI,  564,  659' 
711,  754,  873,  932,  987).  —-Je  constate 
avec  plaisir  que  nous  sommes  tous 
d'accord  pour  faire  dériver  échelle  de 
scala  ou  scalo.  Mais,  à  cette  occasion,  il 
me  semble  assez  curieux  de  montrer  com- 
bien certains  auteurs  vont  souvent  bien 
loin  pour  donner  des  étymologies  éloi- 
gnées de  la  vérité. 

Dans  sa  Relation  if  un  voyage  du  Levant 
(Paris  1717,  in-4°),  Tournefort  s'exprime 
ainsi  : 

Ce  golphe  d'Armantevi  (Bosphore  de 
Thrace)  est  désigné  par  Denys  de  Bysa:ice 
:ous  le  nom  de  Golphe  de  l'Echelle,  parce 
que^  dans  ce   temps-là,  il    y    avait    une   fa- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906 


121 


1 22 


meuse  échelle  ou  machine  composée  de  pou-  f 
très,  laquelle  était  d'un  giaut  usage  pour  i 
charger  ou  décharger  les  vaisseaux,  parce  que 
l'on  y  montait  par  degrés.  Ces  sortes  de  ma- 
chines s'appelaient  Chelac, par  je  ne  sais  quelle 
ressemblance  qu'on  y  trouvait  avec  les  pattes 
des  écrevisses  :  de  chelac  on  fît  scalac  ;  delà 
vient  que  les  ports  les  plus  fréquentés  du  Le- 
vant s'appellent  des  échelles. 

La  gracieuse  et  vaste  baie  de  Bebek, 
dalis  le  Bosphore,  était  jadis  désignée  par 
le  nom  de  Cbelé  ou  Skeiy  à  cause  des  gra- 
dins construits  le  long  de  la  plage  pour 
faciliter  le  débarquement  des  passagers  et 
surtout  des  marchandises.  Or,  d'après 
l'orientaliste  et  historien  J.  de  Hammer, 
Constantinopolis  und  du  Bosporos,  t.  2, 
p.  217),  c'est  de  ce  nom  de  Chclé  ou 
Skc'lf,  appliqué  d'abord  à  la  seule  baie  de 
Bebek,  que  dériveraient  les  mots  français, 
italiens  et  turcs,  échelle,  scala^  UkeU^  par 
lesquels  nous  désignons,  d'une  manière 
générale,  tous  les  ports  du  Levant. 

Non,  échelle  ne  vient  ni  de  chelac, 
(pattes  d'une  écrevisse  pour  les  latins)  ni 
de  la  baie  de  Bebek,  mais  uniquement  de 
scala.  E.  M. 

Anscefoon  (LUI.  4vS2  ;  LIV,  76).  — 
Colonne  77,  lire  Girard  de  Villesaison  et 
non  Gérard. 

Les  Man'bîés  (LIV,  4).  —  Les  Ma- 
niotes   sont   les   habitants  du  Magne  ou 
Maina,  province    grecque,   ou   pour   être 
plus    précis,  du    sud  de  la   Morée.  Us  se 
prétendent  descendre  des  Spartiates   leur 
culte  pour  la  liberté  les   a  toujours  pré- 
servés de  la  domination  turque  à  laquelle 
ils  ont  opposé  une  invincible  résistance. 
Puissamment  organisés,  en    lutte  conti- 
nuelle avec  les  Turcs,  ils  ont  eu  plus  d'un 
acte  de   piraterie  ou  de   brigandage  à  se 
reprocher.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à 
ce  que  nos  bâtiments  marchands  dussent 
être  protégés  en    1770   par  des  vaisseaux 
de  guerre.  On   trouvera  dans  le  Diction- 
naire de  géogrnphie   de  Vivien  de  Saint- 
Martin,  un  long  article  très  complet  sur 
le  Magne  et  ses  curieuses  populations. 

G.  M. 

* 
4. 

On  lit  dans  les  Ohservaiioiis  curieuses 
sur  le  voyage  du  Levant  de  Fermancl, 
Fauvel,  Baudouin  et  Stochove  (Rouen, 
1668,  p.  145) : 

Les  Mainotes,  ainsi  appeliez  delà  ville  de 


Maina...  et  que  par  corruption  on  nomme 
M-iniotcs.  Ce  sont  peuples  à  demi  sau- 
vages, intrépides  et  grands  voleurs,  qui 
n'ont  ni  loix  ni  religion. 

Les  Mainotes  ou  Maniotes  habitent  la 
péninsule  la  plus  méridionale  de  la  Mo- 
rée, celle  qui  se  termine  par  le  cap  Ma- 

tapan.  p.  L  —  s. 

* 

♦  * 

Les  Maniotes  habitaient  celte  presqu'île 
de  la  Grèce  nommé  le  Magne  ou  Maina, 
au  sud  de  la  Laconie. C'étaient  des  monta- 
gnards intrépides  et  pillards  qui  vivaient 
dans  une  sorte  d'état  féodal.  Bonaparte 
songea  à  s'en  faire  des  alliés  contre  l'Em- 
pire Ottoman,  alors  qu'à  Milan,  en  1796, 
il  rêvait  de  reconstituer  l'empired'Alexan- 
dre  et  se  faisait  envoyer  des  cartes  détail- 
lées du  Bengale.  11  y  envoya  comme  am- 
bassadeur un  botaniste,  Dino  Stefa.iopoli, 
qui  a  laissé  une  relation  de  son  voyage, 
Londres  1800.  La  lettre  de  Bonaparte  aux 
Alaniotes  se  terminait  par  ces  mots  :' 
«  Les  Maniotes  sont  les  dignes  descen- 
dants de  Sparte  auxquels  il  n'a  manqué, 
pour  être  aussi  renommés  que  leurs  an- 
cêtres, que  de  se  trouver  sur  un  plus 
vaste  théâtre.  » 

La  ville  principale  du  pays  était  Ko- 
nemb.isie.  CuRiosus. 


*  ♦ 


Le  document  'cité   par   M.  P.  F.  est 
fautif  en  ce  qui  concerne  la   transcription 
de  ce  nomde  peuple  Maniote.Whui  lire  et 
écrire   Maïnoles.   En    1770,    la  Russie    et 
l'Angleterre   étaient    coalisées    contre  la 
Turquie    et    la    Pologne,    que    soutenait 
d'autre  part    la  France  encore  fidèle   à  la 
P'iitique  de  Choiseul  qui  ne  quitta  le  mi- 
nistère qu'à  la  fin  de  1770  (2./  déc  ).  Pour 
la  première  fois  la  Hotte  russe  parut  dans 
les  eaux  de  la  Méditerranée  ;   elle  ravagea 
les  côtes  du  Péloponèse,  la  Morée   et  en- 
couragea l'insurrection  des  Maïnotes  con- 
tre   les    Turcs.    Ces    Alaïnotes,    terribles 
montagnards  qui   se   prétendent    les  des- 
cendants directs  des  anciens   Spartiates, 
habitent     le    sud     de    la    Morée.     Leur 
principale  ville   est   Muhia^    indiquée  sur 
toutes  les  cartes  un  peu  complètes    de  la 
Grèce    moderne,  près  du   cap   Matapan. 
L'expédition  préparée  à  Toulon  avait  pré- 
cisément   pour    but,  dans    la    pensée   de 
Choiseul,  de  venir  en  aide  aux   Turcs    et 
d'empêcher  les  pirateries  des  Mainotes. 

AuG.  Parai?  AN. 


No  1119. 


L'INTERMEDIAIRE 


123 


124 


La  Revue  des  Deux-Mondes  de  1865  ren- 
ferme une  étude  détaillée  et  complète  sur 
les  Maïnoies. 


* 


Les  Maïnotes  sont  les  habitants  de  la 
région  méridionale  du  Péloponèse  (Grèce 
méridionale)  dans  la  province  de  Laconie. 
Le  Magne  forme  l'extrémité  la  plus  méri- 
dionale de  l'ancienne  Eleuthéro-Laconie, 
îa  pointe  s'appelle  le  cap  Matapan.  Les 
côtes  rongées-,  environnées  de  récifs,  ont 
longtemps  assuré  un  refuge  aux  pirates. 
Les  Maïnotes  que  les  Turcs  n'avaient  ja- 
mais pu  soumettre  entièrement,  se  disent 
les  descendants  des  Lacédémoniens. 

Au  xvii*  siècle,  les  musulmans  déso- 
laient la  Grèce.  Pour  échapper  à  leur 
joug  odieux,  plusieurs  familles  de  Maï- 
notes abandonnèrent  leur  pays  et  deman- 
dèrent asile  à  la  République  de  Gènes  qui 
leur  concéda,  en  1676,  un  territoire  en 
Corse.  Lors  de  la  cession  de  la  Corse  à  la 
France,  ils  s'installèrent  à  Cargèse.  Cette 
colonie  de  Maïnotes  subsiste  de  nos  jours 
avec  ses  traditions,  ses  usages,  sa  langue, 
sa  religion,  avec  ses  cérémonies  de  rite 
oriental. 

11  y  a  dans  la  Grèce  conlempoiainc 
d'Edmond  About  deux  ou  trois  pages  sur 
les  Maïnotes,  bonnes  à  lire.  Laissant  de 
côté  de  nombreux  ouvrages  publiés  sur 
le  Magne  en  Angleterre ,  j'indiquerai 
parmi  les  publications  françaises  à  con- 
sulter sur  les  Maïnotes  :  Villemain,  Etn 
des  d'histoire  moderne.  Essai  sur  l'Etat  des 
Grecs,  chap.  vi.  —  Yemeniz,  le  Magne  et 
les  Maïnotes  dans  le  n"  du  i*^""  mars  1865 
de  la  Revue  lies  Deux-Mondes  —  Henri 
Belle,  Trois  années  en  Grèce.  (Paris  lî^Si, 
in-12,  p.  321  et  suiv.)  E.  M, 

Familles  àorigine  ilL.stre  très  an 

ciennô(Llll.875,96i,969;LIV,78).— je 
neconnaispasl'ingénieur  BERRUsdont  vous 
parlez  (LUI,  835),  mais  je  puis  vous  dire 
qu'il  existe  de  par  le  monde  un  grand 
nombre  de  représentants  d'une  famille 
BuRRus  (ma  mère  était  une  demoiselle 
Burrus)  qui  a  la  prétention  plus  ou  moins 
justifiée  et  démontrée  de  remonter  au  gou- 
verneur de  Néron. 

Cette  famille,  d'après  ce  que  ma  mère 


possible, parait-il. Malheureusement  cesi- 
piers  ont  été  égarés  il  y  a  soixante-di>.u 
quatre-vingtsans. Cette  famille  Burrus  aé 
assez  florissante  pendant  plusieurs  sièis 
et  a  fourni  particulièrement  au  clergé  aa- 
cien  des  personnages  notables,  évèque:m 
abbés. 

Si  je  ne  me  trompe,  l'établissement  la- 
tral  de  la  famille  était,  non  loin  du  a- 
meux  mont  Sainte-Odile,  au  village  ie 
Dambach.  Ma  nière  était  née  prèjJe 
là,  au  petit  village  d'ElcholTen.  La  farlle 
fut  d'ailleurs  fort  éprouvée  parlesgutes 
et  les  crises  de  hi  Révolution  et  de  1  n- 
pire. 

Mon  grand-pcre  avait  eu  15  cnf;ts, 
garçons  et  lilles  à  peu  prcs  en  noi  >re 
égal.  Son  frère  aine,  qui  habitait  L  n- 
bach,  avait  été  aussi  assez  prolifique  Jii 
autre  frerc,  au  contraire,  est  mort  ns 
postérité,  vers  18^0,  dans  ce  villag  de 
Marlenheim  où  est  curé  actucllenier;et 
abbé  Delsor  dont  l'expulsion  somrire 
de  Lunéville  a  (ait  si  grand  bruit  1  y 
a  deux  ans. 

Je  suis  loin  de  connaître  tous  les  ur- 
rus  qui  représentent  aujourd'hui  la  farlle. 
Des  trois  que  je  vous  citerai,  un  :ul 
m'est  personnellement  connu  :  c'est  ion 
cousin  germain  Louis  Burrus,  fonc:)n- 
naire  retraité  de  l'octroi  de  Pans,  qi ha- 
bite Sucy-en-Brie. 

Un  autre,  qui  habite,  suivant  la  s;  on, 
Paris  ou  Sevran-Livry,  s'appelle  Brus 
do  D^ngérau  :  il  a  rédigé  et  rédige  ut- 
étre  encore  un  journal  diplomatique  i"a- 
t-on  dit  :  on  m'a  dit  également  que  lui- 
là  avait  fait  des  recherches  multiple  sur 
notre  famille  et  doit  être  le  plus  cu- 
menté  à  cet  éganl. 

Un  troisième  Burrus  est  fabricant  ta- 
bac en  Suisse,  à  Boncourt  :  les  cigattes 
Burrus  sont  fort  estimées  de  ce  tins 
fumeurs  de  là-bas. 

Voilà  ce  que  je  puis  vous  dire  poi  ma 
part.  C.jH. 


N'oici  un  petit  fait  qui,  pour  ne  p  re- 
monter à  la  Genèse,  à  la  mythogie 
grecque,  ou  aux  temps  pharaoniqu  ,  ne 
laisse  pas  d'être  quelque    peu  amusit- 11 

"m?  Z^*^'^   pl^|s   d'une  fois,    serait  venue      y  a  40  ans,  j'ai  connu  à  P un  ssez 

vieux  monsieur,  de  très  bonne  c  ip^- 
gnie,  qui  avait  des  cartes  de  visite  lin^i 
libellées  : 


d'Italie  pour  s'établir  en  Alsace  il  y  a  huit 
ou  neuf  siècles  :  des  papiers  authentiques 
établissaient  la   chose   sans  contestation 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


125 


126 


Le     duc     de    ROUSSILLON 

DES   Py  de  Gosprons 

Dl   PRINCES     CARLOVINGIENS     d'AcIUITAINE. 

î  crois,  du  reste,  que  ces  cartes  gran- 
de quentes  étaient  surtout  réservées  aux 
d' lacements  ;  mais  en  conversation  le 
p  sonnage  ne  se  faisait  nullement  prier 
p  r  avouer,  qu'il  avait,  en  effet,  droit  à 
c>  beaux  titres.  Cela  amusait  fort  l'ar- 
clviste  départemental.  M,  A...,  qui  ne 
p  dait  pas  une  occasion  publique  ou  pri- 
v  de  dire  ou  d'écrire  qu'il  n'y  avait 
jnais  eu  de  ducs  de  Roussillon.  Mais  en 
n  tière  de  généalogie,  ces  chartistes  sont 
d   mécréants.  H,  C.  M. 


flobert  d'Arbrissel(LlII,  892  ;LIV, 
2(.  — Je  sais  que  M.  l'abbé  Cornilleau, 
c  "é  de  Fontevrault,  prépare  en  ce  mo- 
r  nt  une  étude  sur  rabba)'e  de  Fonte- 
Mult.  L'ouvrage  paraîtra  en  1907. 


Bertin   de  Villars   (LUI,  892  ;  LIV, 

2).  —  Auguste-François-Thomas  Bertin 
a  Vaux,  général  de  division,  grand  offi- 
cr  de  la  Légion  d'honneur,  ancien  pair 
c  France,  ancien  officier  d'ordonnance 
c  S.  A.  R.  le  duc  d'Orléans,  mourut  au 
citeaude  Villepreux  (Oise)  le  30  sep- 
tnbre  1879,  à  81  ans.  Il  était  le  père  de 
1  comtesse  de  Rayneval. 

Louis  Calendini. 


lean-Bapt^ste  Elondel,  1794(LI1I, 

i2  ;  LIV,  20).    —  C'est  Jacques  Blondel 

(Duen,  1705,  Paris,   1774)  qui  a  épousé 

«  n  secondes  noces,  demoiselle  Balletti  >v 

Marie-Madeleine,  fille  cadette  de  Joseph 

Illetti,  officier  du  Roi,  et  de    Rose  Be- 

I  zzi,  sociétaire  de   la  Comédie  italienne 

•    Mario  et   Silvia  du  théâtre  italien  ~ 

uit  née,  rue  Française,  le  4  avril  1740, 

fut  filleule  de  M.  de  Verton,    ambassa- 

urà  Saint-Pétersbourg  Elle  avait  douze 

s  au  départ  de    Casanova,  et  dix-sept  à 

n  retour  de  Venise,  en    1757.    Séjour  à 

ris,  voyagea  Amsterdam,  désenchante- 

ent  et  surtout  la  mort  de  Silvia  surve- 

le    le    18   septembre     1758,    reportent 

;ut-être  ce  mariage  au  delàde  ladate  in- 

quée  (1758).  Il  eut  lieu  à  Paris,  dans  la 

emière  quinzaine  de  décembre,  paroisse 

lint-Sauveur. 


La  biographie  de  Jal  ouvre  sur  ce  re- 
tour dramatique  de  Ca.sanova,  rueFran- 
çaise:  comment  expliquer  dès  lors  la  con- 
statation qui  la  termine  ?  —  Ce  qu'est 
devenue  Manon  ?  Jal  l'eût  appris  quelques 
pages  plus  loin  dans  les  Mémoires  cités  et 
à  défaut  de  la  lettre  de  rupture,  la  Bio  ■ 
graphie  de  Michaud  aine  en  garde  le  se- 
cret :  «  Demain,  à  cette  heure,  je  serai 
l'épouse  de  M.  Blondel,  architecte  du  roi, 
et  membre  de  son  Académie  ».  La  décla- 
ration ne  manque  ni  de  crânerie,  ni  de 
franchise. 

Des  Blondel  (section  d'architecture)  il 
n'en  faut  retenir  que  trois  :  je  demande 
pardon  aux  autres. 

1°  François  Blondel,  le  Grand  Bloîidel^ 
seigneur  de  Crozettes,  dessinateur  de  la 
porte  Saint-Denis,  qui  est  picard:  Ribe- 
mont,  1617,  Paris,  1686.  Cf.  Voyage  de 
BlohJel  à  la  Rochelle,  par  Ch.  Lucas. 

2°  Jacques  Blondel,  qui  est  Normand  : 
Rouen,  8  janvier  1705,  «  architecte  du 
Roi  et  membre  de  son  Académie  »  ;  tra- 
vaux nombreux  à  Metz  et  à  Strasbourg  ; 
articles  de  l'Ecyclopedie  sur  l'architecture; 
traités  d'architecture  française  et  d'archi- 
tecture civile  et  professeur  au  Louvre. 
C'est  le  gendre  de  Joseph  Balletti  —  Sil- 
via n'est  plus  ;  et  la  mise  en  scène  de  sa 
mort,  dans  son  atelier  du  Louvre  (2  jan- 
vier, 1774)  n'est  pas  indigne  de  son  en- 
tourage. Cf.  I-Fr.  Blondel,  par  Prost 
Metz,  1860,  in-8». 

30  Jean-Baptiste  Blondel,  «  architecte 
des  Académies  de  Paris,  Rome  et  Londres, 
dessinateur  du  Cabinet  du  Roi  »  et  celui-ci 
est  Parisien  :  17'* —  1825.  Construction 
avec  Delannoy  du  marché  du  Temple  et 
du  marché  Saint-Germain  ;  auteur  avec 
Lusson  des  Plan,  coupe,  élévation  et  dé- 
tails du  NOUVEAU  MARCHÉ  Saint-Germain, 
Paris,  18 16,  in-f". 

L'Assemblée  nationale  a  reçu  de  J  -B. 
Blondel,  le  30  septembre  1791,  un  projet 
de  médaille  commémorative  pour  la  pro- 
clamation de  la  Constitution,  et  une  péti- 
tion pour  une  médaille  allégorique  dont  il 
donne  la  description  Cf.  Procès-verbal  de 
VA.  n.  no  782,  p.  2. 

Sa  biographie  reste  à  faire.  Les  notices 
le  donnent  comme  neveu  par  alliance  de 
Madeleine  Balletti  ;  mais,  on  le  sait  :  cri- 
tique et  biographie  semblent  s'exclure  ! 

P.-D. 


N"  II 19. 


L'INTERMEDIAIRE 


127 


:i8 


Le  pasteur  Clénneîiceau  (1.111,947  ; 
LlV,2i).—  Beauchet-Filleau  (Z)/V/.£7'r5  fa- 
milles du  Poilou^  2^  édit.,  t.  li,  p.  516) 
donne  une  filiation  détaillée  de  la  famille 
Clemenceau,  originaire  du  Bas-Poitou 
(c'est  la  famille  du  Ministre  qui  appartient 
au  rameau  dit  du  Colombier), et  quelques 
personnages,  issus  probablement  à  la 
même  souche,  mais  sans  jonction  connue 
avec  elle. 

C'est  parmi  ces  derniers  que  l'on  trouve 
le  pasteur  Jacques  Clemenceau,  père  au 
moins  d'un  fils,  aussi  nommé  Jacques, qui 
fit  ses  études  à  Genève,  et  fut  ensuite  pas- 
teur du  Vigcan,  de  1634  à  1637. 

G.  P.  Le  Lieurd'Avost. 

Le  général  Duvi^nau  (LUI,  836, 
970).  —  Le  30  mars  1895  décédait  à  Ar- 
cachon,  dans  sa  soixantième  année,  Ma- 
rie Gertrude  Duvigneau  ,  vicomtesse  de 
Pelleport-Burète, présidente  des  Dames  de 
la  14^  section  bordelaise  de  la  Société 
française  de  secours  aux  blessés  militaires, 
membre  du  Conseil  supérieur  d'adminis- 
tration de  la  Charité  maternelle.  Son 
mari,  le  vicomte  de  Pelleport-Burète, 
avait  été  maire  de  Bordeaux,  et  sénateur 
de  la  Gironde  et  était  alors  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur 

{Biographie  des  sénateurs  ci  des  députés^ 
par  Félix  Ribeyre,  1877,  pp.  221-226), 
Un  des  ses  fils,  le  vicomte  Pierre  de  P., 
a  été  capitaine  de  cavalerie  et  a  démis- 
sionné. Louis  Calendini. 


Famille  Fia^aaiit  (LUI,  893  ;  LIV, 
22).  —  LIV,  colonne  22,  ligne 41,  lire 
Menarset  non  Menay. 

Où  sont  las  dépouillçs  mortelles 
du  cardinal  de  Fleury  ?  (LUI.  721, 
795).  -  Le  monument  du  cardinal  de  Fleu- 
ry  a  bien  été  exécuté  en  entier.  Il  est  possible 
d'en  retrouver  la  gravure  dans  la  sixième 
édition  de  x']']^  du  Foyage  piiloresque  de 
Paris,  par  Derollier  d'Argenville. 

Dans  une  brochure  publiée  autrefois 
par  Roserot,  archiviste  de  la  Haute-Marne, 
on  parle  du  concours  ouvert  en  1745 
pour  l'exécution  du  monument;  Bouchar- 
don  l'emporta  d'abord  Puis  une  intrigue 
enleva  le  travail  à  Bouchardon  p^^ur  le 
confier  à  J.-B.  Le  Moyne. 

Hnfin,  dans  un  livre  intitulé  Ciirioaiirs 
de  Paris,  par  J.-A.   Dulaure,  et  dédié  au 


roi  de  Suède  en  1785,  il  est  dit,  page  387' 
à  propos  de  l'église  Saint-Louis-du-Lou- 
vre  :  «  C'est  dans  cette  église  que  l'on 
voit  le  mausolée  du  cardinal  de  Fleury. 
Le  prélat  y  paraît  étendu  sur  un  tombeau 
prêt  à  rendre  les  derniers  soupirs  entre 
les  bras  de  la  Religion  L'Espérance  et  la 
France  personnifiées  caractérisent  ce  mo- 
nument qui  est  de  M.  Le  Moyne.  >^ 

On  voit  que  ces  trois  différents  ouvra- 
ges, publiés  à  des  dates  diverses,  sont 
bien  d"accord  pour  affirmer  l'exécution 
du  monument. 

Mais  il  y  a  mieu,x.  Chez  un  aimable 
amateur  d'objets  d'arts,  que  je  connais  et 
qui  habite  en  Bretagne,  se  trouve  la  pla- 
que tombale  en  marbre  blanc  de  ce  mau- 
solée. Je  n'ai  pas  été  peu  stupéfait  de  la 
voir  servir  de  garniture  à  une  commode 
style  Louis  XVI  dans  une  chambre  de 
son  habitation.  Je  lui  demandai  comment 
elle  se  trouvait  là,  et  il  me  raconta  qu'il 
avait  jadis  acheté,  chez  un  antiquaire  de 
Versailles,  la  commode  et  son  marbre; 
seulement,  au  moment  de  l'achat,  la  pla- 
que était  retournée  et  mon  hôte  avait 
lui-même  remis  l'inscription  au-dessus. 

Cette  dernière  prouve,  à  n'en  pas  dou- 
ter, que  le  monument  a  été  élevé  aux 
frais  du  Roi,  car  en  dessous  de  tous  les 
titres  du  cardinal  de  Fleury,  elle  -porte 
cette  inscription  :  Bene  uurito  Rex  mcmor 
poni  jussit.  Si  le  Roi  se  fût  désintéressé  de 
ce  travail,  comment  aurait-on  fait  graver 
cette  épitaphe  ^ 

Il  résulte  de  cette  rencontre  qu'on  n'a 
pas  attendu  181 1  pour  détruire  le  monu- 
ment ;  il  a  dû  l'être  au  moment  de  la  dé- 
vastation des  églises  en  1792-1793.  La 
commode  recouverte  de  la  plaque  portant 
l'inscription,  le  dit  par  elle-même  :  la 
plaque,  achetée  sans  doute  par  un  fabri- 
cant de  meubles,  fiit  taillée  pour  les  di- 
mensions de  la  commode  ;  en  effet,  des 
filets  suivent  exactement  les  contours  du 
meuble  sur  la  face  sans  inscription, et  sur 
l'autre,  l'inscription  se  trouve  partielle- 
ment rognée  d'un  côté.  Or,  le  style  du 
meuble  est  bien  de  cette  époque,  et  tout 
le  monde  sait  ce  que  les  Vandales  révolu- 
tionnaires ont  fait  des  restes  que  renfer- 
maient les  tombeaux.  A.  D. 

Les  amiraux  d'H^^ctor,  d'Albert 
d-  Rions  et  deFlot;e  (L1]I).— j'ai  reçu 
dernièrement  un    prospectus  d'estampes 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


129 


130 


publié    par  lamaison   A.  Geoffroy  frères, 
5,  rue  Blanche,  Paris. 

Dans  ce  catalogue,  très  intéressant  et 
instructif  par  lui-même,  j'ai  relevé  l'ar- 
ticle suivant,  qui  nous  donne  les  dates  et 
les  localités  de  naissance  et  de  décès  de 
l'un  des  trois  amiraux  àonW  Intermédiaire 
s'est  récemment  occupé  : 

1552  Albert  de  Rions  (Deux  petites  grav 
de  forme  ronde.  Diam.  o,t  72  mil!.  ' 
relatives  au  comte  François-Hector  d')' 
chef  d'escadre  commandant  à  Toulon,  né  à 
Avignon,  m.  à  Anneyrou  (Drôme),  1728- 
1802.  Ensemble.  15  fr. 

Les  bonnes  actions  valent  mieux  que  les 
belles  actions.  Paris,  novembre,  17S9.  — 
M.  d'Albert  de  Rions  fait  une  belle  action 
se  battant  sur  le  Pluton    contre  iv  vaisseaux. 

V.  A.  T. 

Famills  Le  Mpinp  (LUI,  614,741, 
661,  972).  —  Un  Le  Aloine  figure  comme 
maïeur  de  Crécy-en-Ponthieu,  dans  1:. 
charte  communale  de  ce  bourg  (i  194). 

Le  cardinal  Le  Moine  (qui  en  1301  fonda 
à  Paris  le  collège  qui  portait  son  nom) 
était  né  à  Crécy-en-Ponthieu.  Il  mourut  à 
Avignon  en  13  13. 

Son  frère  (ou  son  cousin  germain)  An- 
dré,fut  évêque  deNoyon  (1300- 13  14). 

Les  Le  Moine  de  Crécy  n'appartien- 
draient ils  pas  à  cette  antique  famille  ^ 

J'ai  ouï  dire  que  le  cardinal  portait  dans 
ses  armes  trois  clous  de  la  passion. .  ;  peut- 
être  les  trois  mouchetures  de  sable  des  Le 
Moine  de  Clermont. 

A.  C.  d'Estrées. 


P.-J.  Leroux  et  son  Diction- 
naire (LIV,  8).  —  Dans  le  «  Tydspie" 
gel  )>  [revue  mensuelle  hollandaise]  de 
sept.  1904,  M.  le  D''  W.  Meyer,  de  la 
Haye,  a  publié  une  étude  fort  intéres- 
sante sur  Jean-Maximilien  Lucas,  né  à 
Rouen  en  1636  ou  1646,  éditeur  à  Ams- 
terdam dès  1673  et  enterré  à  La  Haye 
en  février  1697 . 

Une  de  ses  œuvres  se  trouve  à  la  Bi- 
bliothèque nationale  (Paris),  intitulé  : 
Réponse  aux  faussetts  et  aux  invectives  qui 
se  lisent  dans  la  Relation  du  Voyage  de 
Sprhicre  en  Angleterre.  Amsterdam  1675. 
De  sa  main  parut,  en  1678,  la  traduction 
du  Théol.  polit.  Tractant  de  Spinoza, 
cuib.  79  ;  La  vie  et  l  esprit  de  Spinoza,  en 
i6?i6  ;  Catalogue  des   Livres  nouvellement 


imprimes  à  Straeshurg  et  La  Qidntessence 
des  Nouvelles.,  de  1689- 1697.  M.  le 
D''  Meyer,  un  érudit  spinoziste,  est  en 
train  de  publier  dans  le  Tydscbrift  voor 
Bock  en  Bibliotbeekwc:(en,  une  étude  docu- 
mentée sur  les  littérateurs  français  dans 
les  Pays-Bas,  sous  Louis  XIV,  et  publiera 
en  même  temps  une  liste  complète  des 
œuvres  de  Lucas. 

Dans  l'article  du  «  Tydspiegel  »  sus- 
mentionné, on  trouve  plusieurs  rensei- 
gnements sijr  Jean-Alexandre  de  la  Fond 
aussi  cité  par  Hatin,  dans  sa  Galette  de 
Hollande.  Mais  il  y  a  eu  deux  J.-A  de  la 
F.  ;  l'un  est  né  à  Vivarès  dans  le  Langue- 
doc, s'est  marié  à  Amsterdam,  le  16  juin 
1668,  à  Magdeleine  Rivière,  de  Zutphen, 
veuf  de  Jeanne  Boché,  écrivain,  demeu- 
rant au  Nieuwstraat. 

D'après  les  registres  d'enterrement, 
Jean  Alexandre  de  la  Font  est  enterré  à 
Amsterdam,  le  u  février  1673,  éditeur 
de  la  Ga:(ette  ordinaire  d'Amsterdam. 
L'autre  ).-A.  de  la  F.,  dont  le  nom  paraît 
dans  un  exemplaire  de  la  Galette  d'Ams- 
terdam de  1675  (Cf.  Hatin,  144),  se 
nomme  D.  L.  F.  dans  la  Traduction  libre 
des  Galettes  flamandes,  et  est  cité  comrne 
le  fondateur  des  Nouvelles  extraordinaires 
de  divers  endroits  dans  le  registre  des  pri- 
vilèges de  la  ville  de  Leide,  en  1738. 

Celui-ci  est  enterré  entre  le  10  et  le 
17  nov.  1687,  à  Leide,  dans  TégliseSaiut- 
Pancras.  Son  fils  Anthony  ou  Antonius., 
né  en  Languedoc,  obtint  l'octroi  de  la 
ville  comme  éditeur  de  la  Ga:(ette  de 
Leide.,  en  1689. 

Par  ces  trouvailles,  les  renseignements 
de  Bayle  sont  prouvés.  L'un  travaillait  à 
Amsterdam    jusqu'en     16^ 


Leide,  jusquen    1685.  De   l'un 


l'autre   a 
existe  un 


portrait  assez  rare,  dans  lequel  il  est  re- 
présenté avec  un  numéro  de  V Ordinaire, 
du  5  déc.  1667,  tandis  que  le  tout  est 
orné  de  ces  mots  de  Santolinus  Victor! - 
nus  : 

Mille  oculis  videt  hic  Fondus, 

Mille  auribus  audit. 

Plus  audit  naso,  plus  videt  ille 

Suo. 

Vers  la  fin  du  xvii^  siècle,  un  Guillaume 
de  la  Fond  vit  en  Hollande,  étant  marié  à 
Mme  Des  [houillères  assez  connue  comme 
poète.  Il  vint  de  Boisgerin  [Cf.  Nouvelles 
Littéraires,    IX,  page   13] 

Quant  à  Le  Roux,  est-  il  bien  sûr  qu'ii 


N» 


II 19. 


L'INTERMEDIAIRE 


Ï31 


132 


soit  l'auteur  de  Histoire  du  Père  La 
Chaise  ?  éditée  par  Pierre  Marteau  à  Co- 
logne (c'est  toujours  Amsterdam  !)  Bayle 
ne  cite  pas  le  nom  de  l'auteur. 

La  collection  de  fiches  à  Leide  (Biblio- 
thèque wallonne)  contient  400  actes  au 
nom  Leroux,  mais  l'acte  de  décès  de 
P.-J.  L.  n'y  figure  pas. 

M.    G.  WiLDEMAN. 


Ouistreham(Norraandie)  et  Wes- 
terham  (Angleterre)  (LUI,  53).  — 
l'ai  toujours  entendu  dire  dans  le  pays 
que  Ouistreham  venait  de  Oyster-ham,  le 
port  aux  huitres.  Il  paraîtrait,  en  effet, que 
la  culture  des  huîtres  n'était  j^as  comme 
aujourd'hui  limitée  au  port  voisin  deCour- 
seulles.  P.  G. 


Un  Valenciennois,  agent  de 
rètranger  en  1793  (LUI,  723,  848, 
905).  —  Si  Jean-Pierre  Beaudet  de  Morlet, 
commissaire  des  guerres  à  Bitche  en  1749, 
était  le  même  que  le  commissaire  Morlet 
que  cite  la  correspondance  du  général 
d'Aoust,  il  devait  être  bien  âgé  en  1793, 
puisqu'il  était  né  en  1703,  d'après  le 
vicomte  Révérend  (Titres  de  la  Restaura- 
tion, t.  V,  p.  204)  qui  ajoute  qu'il  mou- 
rut vers  1790. 

D'ailleurs  il  est  probable  que  le  commis- 
saire de  Bithe  eut  un  nombre  assez  res- 
pectable d'enfants,  vu  que  l'un  d'eux, 
Charles-Michel  Beaudet  de  Morlet,  ayant 
été  nommé  secrétaire  du  roi  en  1746 
{Potier  de  Coiucy  :  Continuation  du 
P.  Anselme,  t.  IX.  r*  partie,  page.  994) 
devait  être  né  vers  1725  ;  deux  autres  en- 
fants, les  deux  officiers  du  génie  cités 
par  V Intermédiaire  (dont  l'un  devint  colo- 
nel et  l'autre  maréchal  de  camp),  naqui- 
rent en  1748  et  1750  (^Vicomte  Révérend, 
Op.  cit.).  Entre  ces  dates  extrêmes,  l'on 
peut  trouver  la  place  d'un  autre  Morlet, 
qui  aurait  été  le  commissaire  de  Valen- 
ciennes  en  1793. 

Et  tous  ces  enfants  devaient  avoir  aussi 
la  même  mère,  vu  que  jean-Pierre  Beau- 
det, puis  Beaudet  de  Morlet,  avait  épousé 
Angélique-Claire  de  Vatry-Morlet  :  c'est 
elle  qui  porta  sans  doute  ce  nom  de  Mor- 
let d'abord  à  son  mari,  ensuite  à  ses  en- 
fants. 


Du  mênie  mariage  devait  aussi  être 
issue  Anne- Angélique  Baudet  de  Morlet, 
femme  de  Nicolas  Sézille,  écuyer,  con- 
seiller du  roi,  secrétaire  du  roi;  maison, 
couronne  de  France  et  de  ses  finances, 
trésorier  général  des  bonnes  œuvres  de 
S.  M.  (s/c),  décédé  à  Paris  le  9  février 
1746  (Registre:  de  Saint-Roch,  d'après  : 
Chastellux.  Notes  prises  aux  archives  de 
Vetat-civil  de  Paris,  p.  569). 

Quant  à  l'origine  de  cette  famille, 
d'après  Potier  de  Courcy  il  faudrait  con- 
clure qu'elle  était  bourguignonne,  puis- 
que cet  auteur  lui  attribue  des  armoiries 
qui  furent  enregistrées  sous  le  nom  de 
Beaudet,  en  Bourgogne,  dans  V Armoriai 
général  de  i6ç6.  Cependant,  comme  elles 
sont  tout  à  fait  diftérentes  de  celles  qui, 
par  lettres  patentes  du  29  août  1828,  fu- 
rent données  au  maréchal  de  camp  du 
génie,  je  crois  que  ce  dernier  n'avait  au- 
cune relation  avec  celui  ou  ceux  qui  firent 
.enregistrer  leurs  armes  en  1696,  puis- 
qu'en  général  les  armoiries  que  donnaient 
les  lettres  patentes  de  la  restauration 
étaient  celles  que  portait  déjà  la  famille. 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost.   ^ 


Le  collaborateur  S.  Churchill  me  de- 
mande de  préciser  ce  que  dit  le  général 
d'Aoust  au  sujet  du  général  Dagobert. 
Voici  ma  réponse  : 

Dans  une  lettre  adressée  au  Ministre  de  la 
Guerre  le  14  nivôse  an  11(3  janvier  '794)i 
le  général  d'Aoust  lui  marque  que  mandé 
à  Paris  par  le  pouvoir  executif  pour  expli- 
quer sa  conduite  et  répondre  aux  dénon- 
ciations dont  il  a  été  l'objet,  il  ne  peut 
abandonner  le  commandement  en  chef 
provisoire  en  remplacement  du  général 
Doppet  malade,  avant  que  les  représen- 
tants du  peuple  en  mission  lui  aient  donné 
un  successeur.  '<  j'ai  l'empressement,  dit- 
il,  bien  naturel,  de  me  rendre  à  Paris  le 
plus  tôt  possible,  pour  dissiper  les  nuages 
que  des  intrigants  ont  pu  élever  contre 
un  général  soldit  qui  a  les  preuves  les 
plus  authentiques  de  la  conduite  républi- 
caine et  de  la  manière  dont  il  s'est  acquitté 
de  ses  devoirs,  et  qui  a  eu  le  bonheur  de 
réussir,  malgré  toutes  les  machinations 
de  gens  qui  ne  jugent  que  d'après  les 
événements  ». 

«  je    prends    l'engagement  de     réfuter 
jusqu'à  l'évidence  par  pièces  justificatives 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


133 


134 


les   déclamations  vagues  du   général  Da- 
gobert  >i. 

Or,  il  résulte  de  ce  passage  que  le 
général  d'Aoust  fut  mandé  à  Paris  pour 
répondre  aux  imputations  malveillantes 
de  son  compagnon  d'armes,  et  qui  contri- 
buèrent, selon  toutes  les  probabilités,  à  sa 
condamnation. 

En  dehors  des  archives  nationales,  dé- 
partementales et  communales,  il  existe, 
chez  des  particuliers,  des  documents 
restés  inconnus,  qui  sont  de  nature  à  faire 
ressortir  bien  des  faits  ignorée  des  histo- 
riens sur  certains  personnages  de  la  Révo- 
lution que  la  légende  a  consacrés  des  héros, 
alors  qu'ils  n'étaient  que  des  bluffeurs.  La 
correspondance  du  général  d'Aoust  prouve 
ce  que  j'avance,  en  ce  sens  qu'elle  met 
bien  des  choses  au  point  et  rectifie  un 
grand  nombre  d'erreurs  mises  en  circula- 
tion par  des  écrivains  mus  par  la  passion 
ou  mal  documentés.  D'un  autre  côté,  elle 
prouve  que  Dagobert  éprouvait  une  cer- 
taine animosité  contre  d'Aoust  et  cher- 
chait à  lui  nuire  dans  l'esprit  des  repré- 
sentants du  peuple.  Ainsi,  le  13  pluviôse, 
an  II,  c'est-à-dire  trois  semaines  après 
l'arrestation  du  jeune  général,  les  conven- 
tionnels .Milhaud  et  Soubrany  écrivaient 
au  Comité  de  salut  public  que  d'Aoust  et 
Ramel  avaient  fait  échouer  Dagobert. 
«  Peut-il  exister  des  hommes  aussi  scélé- 
rats et  aussi  perfides.  Il  est  bon  que  vous 
sachiez  que  d'Aoust  avait  eu  avec  Dago- 
bert quelques  propos  relatifs  au  comman- 
dement de  l'armée  ».  11  n'en  fallait  pas 
davantage  à  cette  époque  pour  conduire 
un  homme  à  l'échafaud  . 

Bien  que  Dagobert  fût  un  brave  soldat 
et  que  par  son  âge  et  ses  campagnes  il 
pouvait  aspirer  au  commandement  en 
chef,  il  était  peu  apte  à  conduire  une 
grande  armée,  et  il  fit  preuve  en  plusieurs 
circonstances,  d'une  jalousie  malveillante 
à  l'égard  de  ses  chefs  et  envers  ses  égaux 
plus  jeunes  que  lui.  Le  général  en  chef  de 
Fiers  qu'il  desservit  et  dont  il  briguait  le 
commandement,  fut  guillotiné.  Dagobert 
était  devenu  populaire  plutôt  par  ses  in- 
cursions audacieuses  en  Espagne,  où  ses 
hommes  indisciplinés  jetaient  la  terreur 
par  les  vols  et  les  rapines,  que  par  ses 
talents  militaires.  C'était  au  fond  un  bon 
chef  de  partisans  ou  un  bon  sous-ordres, 
mais  c'est  tout.  Paul  Pinson. 


Musset  et  Is  vin.  Le  grog  est  fa- 
sbionable  (LU  ;  LIV,  84).  —  L'Ode  à 
l'absinthe  est-elle  de  Musset.''  Je  ne  le  crois 
pas.  L'expression  y  est  trop  molle,  trop 
commune  ;  les  chevilles  y  sont  trop  nom- 
breuses. 

Le  dernier  des  humains  est  celui  qui 
cheville,  a  écrit  Musset.  L'auteur  de  cette 
pièce  cheville  presqu'à  chaque  vers.  En 
outre,  il  semble  qu'Alfred  de  Musset  n'eût 
écrit  ni  (2^  strophe)  :  «  Il  est  temps  à  la 
fin  »;  —  ni  un  seul  vers  de  la  3"  strophe; 
—  ni  (4*=  str.):  «  contentant  son  envie  »  ; 
ni  (s^  str.)  :  «  au  milieu  dt  son  ombre... 
tout  le  long  du  cristal.,  en  signe  de  pru- 
dence... à  ton  vert  d'espérance  »  ;  —  ni 
(6^  str.)  :  «  Tu  peux,  quand  tu  le  veux 
aussi  ».  Musset  est  quelquefois  incorrect  ; 
souvent  il  rime  mal  ;  il  n'est  jamais  plat, 
ni  vulgaire.  11  ne  se  répète  pas  comme 
fait  ici  l'auteur.  Ayant  écrit  dans  la  6«  stro- 
phe :  <!<  Qiiand  tu  le  veux...  »,  il  n'aurait 
pas  écrit  dans  la  j"  :  «  Pour  moi,  qui  ne 
veux  pas...  Je  veux  contre  ta  force...  Je 
veux  voir  aujourd'hui...  » 

Je  ne  crois  donc  pas  à  la  paternité  de 
Musset.  Mais  quel  que  soit  l'auteur,  il  me 
parait  évident  que  le  dernier  vers  doit 
être  rectifié,  et  qu'au  lieu  de  :  Notre  té- 
moin sera  la  mort,  il  faut  lire  :  Mon  té- 
moin est  la  mort.  Le  dernier  vers  de  cha- 
cune des  autres  strophes  étant  de  six 
pieds,  il  est  inadmissible  que  le  dernier 
vers  de  la  septième  soit  de  huit, 

H.  M. 

*  * 

J'apporterai  à  la  question  la  contribu- 
tion d'un  souvenir  personnel,  déjà  bien 
éloigné,  puisqu'il  date  de  1867  ou  1868, 
mais  qui  pourra  peut  êtie  aider  à  la  solu- 
tion du  problème. 

J'appartenais  alors  à  la  rédaction  d'un 
petit  journal  suburbain,  1'0î<«/  Parisien, 
dont  le  directeur  s'appelait  Georges  Châ- 
telain. Ce  publiciste  qui  avait  activement 
coopéré  à  la  campagne  électorale  et  au 
succès  de  Jules  Simon,  comme  député  de 
la  circonscription, offrit  à  l'élu  un  banquet 
chez  Véfour.  La  rédaction  de  ïOiicst  Pa- 
risien y  fut,  bien  entendu,  invitée.  Autant 
qu'il  m'en  souvienne,  figuraient,  parmi 
les  convives,  un  bas  bleu  alors  fort  à  la 
mode,  la  belle  Jenny  Sabaticr  ;  une  au- 
tre, femme  de  lettres,  la  vénérable  Her- 
mance  Lesguillon,  flanquée  de  son  époux, 
petit  vieillard  tout  guilleret,  qui  jonglait 


No  I 119. 


L'INTERMEDIAIRE 


135 


136 


avec  les  bouts-rimés,  comme  un  prestidi- 
gitateur avec  ses  muscades  ;  puis  le  jour- 
naliste Jules  Mahias,  et  peut-être  son 
fidèle  Pylade,  M.  Jules  Claretie  ;  je  n'ose- 
rais l'affirmer  toutefois. 

A  l'heure  des  discours  et  des  toasts, 
après  une  spirituelle  allocution  du  roi  de 
la  fête  et  après  les  inévitables  bouts-rimés 
du  papa  Lesguillon,  se  leva  un  rédacteur 
de  V Ouest  Paiisien^  nommé  Vernier, poète 
chevelu  et  bohème  impénitent,  qui  dé- 
bita, comme  sienne,  V  Odâ  à  la  muse  Verte 
(il  prétendait  avoir  trouvé  ce  terme)  iden- 
tique, à  quelques  variantes  près,  avec  la 
poésie  attribuée  à  Musset.Le  mot  ûi5/////;(?, 
qui  n'était  pas  encore  passé  dans  la  lan- 
gue courante,  m'avait  particulièrement 
frappé.  A  vrai  dire,  Vernier  était  plein  de 
son  sujet  ;  et  je  me  rappelle  qu'au  mo- 
ment où  on  le  félicitait,  en  lui  demandant 
si  ces  vers  étaient  imprimés,  il  répondit, 
entre  deux  hoquets,  qu'il  les  avait  publiés 
dans  un  volume  de  poésies  parues  sous 
son  nom.  Je  n'ai  jamais  eu  la  curiosité,  je 
Tavoue,  de  les  y  rechercher.  d'E. 

Philibert  de  l'Orme  (LIII,  947).  — 
«  Philibert  de  L'Orme  (15  15  (?)  -  1570) 
laissa  deux  enfants  naturels  :  un  garçon 
portant  le  prénom  de  son  père,  et  une 
fille  nommée  Charlotte  ;  l'un  et  l'autre 
tout  jeunes,  puisque  dans  une  clause  de 
son  testament  il  est  dit  à  propos  du  fils 
«  en  attendant  qu'il  soit  propre  et  fort 
«  assez  pour  être  en  collège  ».  11  avait 
deux  sœurs  :  Jehanne  De  l'Orme,  veuve 
de  Christophe  de  Burlet  et  Anne  de 
l'Orme,  femme  du  contrôleur  Martin,  qui 
vivaient  au  moment  de  sa  mort  ;  elles 
figurent  au  testament  ainsi  qu'un  neveu, 
fils  de  la  première,  et  trois  petits  arrière- 
neveux  auxquels  il  légua  diverses  sommes 
d'argent.  » 

[Les  Artistes  cèVehres.  Philibert  Delorme 
par  Marins  Vachon,  J.  Rouam.  Paris). 

M.  M. 

* 
♦  * 

Je  ne  crois  pas  que  l'architecte  des  Tuile- 
ries pût  laisser  des  descendants,  ou  s'il  en 
a  eu,  ils  ne  pouvaient  être  légitimes. C'est 
ce  que  l'on  apprend  du  titre  de  son  ou- 
vrage '<  Nouvelles  inventions  pour  bien 
«  bastir  et  à  petits  frais, trouvées  naguère 
«  par  Philibert  de  L'Orrne,  Lyonnois, 
«architecte,  conseil""  et  aumosnier  ordi- 
«  naire  du    feu    Roy    Henry,  et  abbé  de 


Paris, 
vivait 


78, 


aussi 


«  Saint- Eloy- lès-Noyon, 
«  in-40  ». 

A  la  même  époque 
«  Me  Jehan  de  Lorme,  M«  -général  des 
«  œuvres  de  maçonnerie  du  royaume  » 
qui,  le  II  avril  i  566,  obtint  de  Charles  IX 
la  permission  de  résigner  sa  charge  à 
Etienne  Grant-Rcmy  (Jal  :  Dict.  critique 
p.  798).  G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Fajïîilîe  de  la  Poterie  (LUI,  784, 
922  ;  LIV,  215).  —  Sans  pouvoir  donner 
au  Chercheur  de  B.  de  renseignements  syr 
les  deux  personnages  qui  lintéressent, 
je  puis  lui  fournir  quelques  indications 
sur  la  famille  de  la  Poterie. 

Le  13  janvier  1674  fut  passé  un  accord 
devant  le  notaire  de  Foucarmont  (Seine- 
Inférieure)  entre  Messire  Antoine  de  Ici 
Poterie.^  chevalier,  seigneur  du  lieu  de 
Pommerol,  etc.,  et  Thomas  de  la  Mothq, 
au  sujet  de  l'héritage  de  Jacqueline  de 
Couty,  femme  de  feu  J^cob  de  la  Mothe, 
sieur  de  Be&upin. 

Le  7  janvier  1703,  testanipnt,  reçu  par 
Rolland,  notaire  de  Pézenas  (Hérault),  de 
sieur  François  de  la  Poterie^  ci-devant 
lieutenant  de  cavalerie  dans  le  régiment 
de  Sorbon,  natif  de  la  paroisse  de  la 
Potterie,  de  l'évêché  de  Linsiis  (i.isieu>{  ?) 
pays  de  Normandie,  résidant  depuis  long- 
temps à  Pézenas.  Ce  testament  fait 
connaître  DWtJeanue  d'A^emar,  s^  fejnme, 
Dlles  Louise  et  Jeanne  de  la  Pottetie^  ses 
filles  ;  cette  dernière, femme  de  M.  de  Sqlr 
son,  capitaine.  Ecuodnof. 

La  mort  du  duc  de  Praslin  (LU  ; 

LUI).  —  Voir  le  Siècle,  22  juin  1906, 
Mlle  Henriette  Delii^y,  pi)r  M.  Marcellin 
Pellet, 


Benjamin  Schlick  (LIII,  948).  — 
Il  existe  dans  ma  famille,  six  aquarelles 
représentant  des  vues  de  Sicile,  ('monu- 
ments et  paysages)  signées  :  chevalier 
Benjamin  Schlick. 

Ces  aquarelles  sont  encadrées  sans  mar- 
ges avec  un  large  passe-partout  de  velours 
rouge  ;  les  cadres  en  cuivre  doré,  ornés 
aux  angles,  portent  ciselé  en  haut  :  Sici- 
lia  ;  le  dos  en  tôle  vernie,  sauf  au  milieu- 
où  se  trouve  une  plaque  de  verre  sur  la, 
quelle  repose  l'aquarelle,  qu'on  peut  voir 
ainsi, à  l'envers,  par  transparence  ;  cet  en- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  J906. 


137 


138 


cadrement  bizarre  porte  sur  une  petite- 
étiquelte  de  métal,  au  dos  : 

«  Chevalier  Schlick-patentee  ». 

J'ai  entendu  dire  que  ce  peintre  était 
hollandais.  J.  LL. 

François  Thierry,  médecin  (LUI, 
838  ;  LIV,  29).  —  Le  docteur  Thierry 
devait  vivre  a  la  fin  du  xviii^  s'ècle.Je  pos- 
sède une  paire  de  flambeaux  à  ses  armes, 
qui  fut  offerte  par  lui  à  un  de  mes  grands 
parents.  En  voici  la  description  : 

Z)'^^?/r,  à  une  pyramide  d'or,  an  chef  de 
gueules^  chargé  de  ^  étoiles  d'argent.  Lé- 
gende ;  Fortitiido  mea  doiiiinum.  d'Epinoy. 

Le  baron  Thiers  (LI  ;  LUI,  838, 
9^.4\  —  Parlant  de  M.  Delorme,  proprié- 
taire,en  18^9,  d'immeubles,  rue  de  Cour- 
celles,  Lefeuve,  dans  ses  Anciennes  Mai- 
sons de  Paris,  écrit  ceci  : 

Ce  Delorme,  ex-avocat  au  Parlement  de 
Nancy,  fut  promu,  à  ce  qu'on  dit,  d'un  titre 
de  marquis,  sans  le  porter  davantage  que 
M.  Thiers  son  titre  presque  inconnu  de  ba- 
ron.. . 

(Loc.  cit.  Edit.  de  1873,  tome  IV,  p.  387"). 

Si  incomplète  qu'elle  soit,  il  me  semble 
que  l'on  peut  toujours  faire  état  de  cette 
réponse.  Hector  Hogier. 

Piaoes  et  prix  des  places  au 
théâtre  au  XVÏiF  siècle  LIV,  5.) 
—  Le  prix  des  places  était  le  même  à 
la  Comédie- Italienne  qu'à  la  Comédie- 
Française,  soit:  pour  le  théâtre  et  V amphi- 
théâtre, 4  livres  aux  représentations  or- 
dinaires 4,  6  livres  aux  premières  et  au- 
tres solennités  dramatiques.  (Voir  De- 
lèze,  Etat  de  Paris,  1757,  in-8,  p.   177). 

Qiiant  à  V amphithéâtre^  c'était,  dit  le 
Dictionnaiie  de  V  Académi'^  (1762  in-fol.) 
un  lieu  élevé  par  degrés  vis  à  vis  le  théâ- 
tre. G.  Capon. 

Le  prince  de  Limbourg  et  l'Or- 
dre du  Mérite  de  ï}aint-Fliilippo 
(LIV,  7).  — Le  duché  de  Limbourg  ap- 
partenait, en  1776,  à  la  maison  d'Autri- 
che, mais  Philippe-Ferdinand  de  Lim- 
bourg-Saint  Yrum,  qui  vivait  à  cette  épo- 
que, était  comte-souverain  des  Etats  de 
sa  Maison,  ou  revendiqués  tels  par  elle 
11  était  prince  du  S?int  Empire,  L'ordre 
créé  par  lui  ne  semble  pas  avoir  dû  être 
reconnu  par  l'Empire,  c'était  probable- 
ment  un  Ordre  dit    de  prétention,  c'est- 


à-dire  pour  affirmer  les  droits  du  prince 
aux  fragments  d'Etats,  allemands  qui  lui 
étaient  contestés.  La  Coussière. 


+ 
♦  ♦ 


11  a  été  répondu  à  cette  question. 
Je  rccom.mande  particulièrement  à  l'atten- 
tion de  notre  collaborateur  la  réponse  si 
complète  du  regretté  Duc  Job. 

E    M. 


* 
*  * 


J'ai  dans  mes  papiers  de  famille  un  do- 
cument qui  aidera  peut-être  M.  H.  B.  k 
l'identification  qu'il  recherche. 

C'est  une  procuration  judiciaire  sur  une 
seule  feuille,  de  o  m.  40  de  côté,  portant 
cet  entête  imprimé  : 

Philippe  de  Limbourg,  par  la  grâce  de 
Dieu,  duc  de  Schlewig-Holstein,  des  Stor- 
mariens  et  Dithmarsiens,  de  la  Frise  septen- 
trionale, et  de  Wagrie,  comte  régnant  de 
Limbourg-Styru'.n,  prince,  comte  de  Hols- 
tein-Schaumbourg  et  Pinnenberg,  comte  de 
Bronckliorst  et  de  Sternberg,  seigneur  de 
Wisch,  Borkelose,  Ghemen,  Oberstein  et 
Wilhemsdorf,  seigneur  banneret  héréditaire 
du  duché  de  Gueldres  et  du  comté  cle  Zut- 
phen,  grand-maître  élu  de  l'illustre  orc^re 
d'ancienne  noblesse  et  de  celuy  de  Saint- 
Philippe. 

A  la  suite  vient  le  texte  de  la  procura- 
tion en  écriture  ordinaire.  Elle  commence 
ainsi  : 

L'an  mille  sept  cent  soixante  et  quinze  et 
le  17  de  février,  par  devant  moi  Jean-Phi- 
lippe Mans,  conseiller  aulique  de  la  Régence 
de  Son  Altesse  Sérénissime  Monseigneur  le 
duc  de  Schleswig-Holstein,  prince,  comte 
régnant  de  Limbourg  et  Styrum,  seigneur 
d'Oberstein,fut  présent  messire  X...  etc., etc. 
'  Signé  ;  Jean-Philippe  Mans. 
(Vn  sceau  en  cire  rouge). 

Urtinot. 


Armoiries  à  détermir^er:  d'azur 
au  chevron  d'or  accompï^gné  (LIV, 
6)  —  en  chef  de  deux  étoiles  de  même 
et  en  pointe  d^iin  mouton  d'argent.  Ce 
sont  les  âmes  des   Séguier. 

G.  O.  B. 


.  /.  3ir(:i:cf  rc  Sr-irtc-Idi-ve  (IIV, 
—  Je  ne  sais  si  Sainte-Beuve,  pendant 
)  période  romantique,  a  été  atteint  de  ce 
mal  qui  sévissait  alors,  et  que  Victor 
Hugo,  qui  en  était  parfaitement  guéri  et 
revenu,  qualifiait  lui-même,  bien   des  an- 


N*  1119, 


L'INTERMEDIAIRE 


■ 139  

nées  après,  «  d'enfantillages  héraldi- 
ques ».  —  «  Notre  siècle  de  virilité,  écri- 
vait-il à  mon  ami  Soûlas,  de  Montpellier, 
qui  lui  avait  envoyé  quelques  copies  de 
vieux  papiers,  où  se  trouvait  le  nom  de 
Hugo,  notre  siècle  de  virilité  répudie  ces 
enfantillages  héraldiques,  mais  n'est  pas 
insensible  pour  cela  aux  filiations  de 
famille.  »  (Lettre   de  1853  ou  1854). 

Quant  à  Sainte-Beuve,  pendant  les 
huit  dernières  années  de  sa  vie  que  j'ai 
passées  auprès  de  lui,  jamais  il  n'a  été 
question  d'armoiries,  et  je  n'en  ai  pas 
trouvé  ombre  dans  ses  papiers.  11  avait 
un  cachet,  sur  lequel  était  gravé  le  mot 
Truth,  qui  répondait  bien  à  son  esprit  de 
recherche  :  le  Vrai,  h  Vrai  seul  ;  mais  ce 
cachet  lui  avait  été  donné  par  madame 
d'Arbouville,afm,  avait-elle  ajouté,  qu'il 
lui  dit  toujours  la  vérité.  —  11  ne  s'agis- 
sait pas  de  littérature. 

En  ce  qui  concerne  sa  généalogie,  je 
ne  peux  que  renvoyer  à  la  note  qu'il  me 
dicta  un  jour,  relative  à  sa  prétendue  pa- 
renté avec  le  docteur  Jacques  de  Sainte- 
Beuve,  et  qu'on  peut  lire  à  la  page  564 
du  tome  IV de  for/-/?oj'iï/. (Paris, Hachette, 
1888)  : 

...  Ma  généalogie  est  courte  et  des 
plus  simples,  y  est-il  dit  :  né  à  Bouiogne- 
sur-Mer,  le  22  décembre  1804,  l'année 
même  du  mariage  et  de  la  mort  de  mou 
père,  je  n'ai  pu  recevoir  de  lui  les  tradi- 
tions de  famille,  du  côté  paternel  ;  je  nais- 
sais orphelin.  Mon  père,  dont  lenom  était 
Charles-François  de  Sainte-Beuve,  était  né 
au  bourg  de  Moreuil  en  Picardie,  le  6  no- 
vembre 1752,  d'un  père  qui  y  était  contrô- 
leur des  actes.  Tous  ses  frères  et  soeurs, 
mes  oncles  et  tantes  de  ce  côté,  qui  étaient 
nombreux,  y  naquirent  également.  Le  nom 
est  donc  identiquement  le  même  que  celui 
du  docteur  et  de  ses  parents  en  Normandie. 
Je  n'en  sais  pas  plus  long,  n'ayant  jamais 
songé  à  faire  des  recherches  sur    ce    point. 

Si,  pour  mon  compte,  je  n'ai  pas  pris  ni 
revendiqué  la  particule,  quoiqu'elle  appar- 
tienne à  mon  nom  de  famille,  c'est  qu'elle 
a  été  omise  par  la  négligence  des  témoins 
sur  mon  acte  de  naissance,  et  que  n'étant 
pas  noble,  j'ai  tenu  à  éviter  jusqu'à  l'appa- 
rence de  vouloir, me  donner  pour  ce  que 
je  n'étais  pas. 

Jules  Troubat. 

Saint  Christophe  et  l'Enfant  Jé- 
sus (LIV,  10).  —  Dans  les  représenta- 
tions byzantines,  l'enfant  Jésus  est  sou- 
vent à  cheval  sur  l'épaule  du  saint,  à   la 


140 


façon  dont  maintenant  encore  on  voit 
porter  les  enfants  en  Orient.  On  en  trou- 
vera un  exemple  dans  les  caractéristiques 
des  saints  du  Père  Cahier.  Dans  le  même 
ouvrage  se  voit  également  -la  reproduc- 
tion d'un  plomb  historié  de  corporations, 
ou  l'Enfant  Jésus  n'est  pas  non  plus  assis 
sur  l'épaule  du  saint.  En  répondant  à  la 
question  ci-dessus,  pourrait-on  me  donner 
quelque  explication  au  sujet  d'une  étrange 
représentation  du  même  saint.  Dans 
l'église  de  Sedgford  (Angleterre)  le  saint 
porte  sur  l'épaule  l'Enfant  Jésus  repré- 
senté avec  trois  têtes.  Quelle  est  l'explica- 
tion de  cette  étrange  représentation  et  en 
existe-t-il  quelque  autre  exemple  ^ 

C.  B.  O. 

Cadrans  solaires  àl'intérieur  des 

églises  (LUI,  730,  878,  939).  — Je  me 
permettrai  de  faire  observer  tout  d'abord 
que  l'expression  cadran  solaire,  employée 
à  l'occasion  de  l'intérieur  des  églises,  est 
impropre.  Ce  ne  peut  être  qu'une  simple 
ligne  méridienne  tracée  sur  le  sol  et  qui 
indique  midi  tous  les  jours  de  l'année,  au 
moyen  d'une  ouverture  percée  dans  le 
toit  ou  dans  l'un  des  murs  de  côté. 

Le  cadran  solaire  ordinaire,  horizontaL 
vertical  ou  déclinant,  peut  indiquer 
l'heure  toute  la  durée  du  jour,  parce  que 
le  style  est  toujours  exposé  aux  rayons 
solaires.  L'ombre  du  style  se  déplace  sur 
le  cadran  à  mesure  que  le  soleil  se  déplace 
sur  l'horizon.  Dans  une  église,  il  ne  peut 
en  être  ainsi,  c'est  un  simple  trou,  un  œil, 
pour  ainsi  dire,  qui,  à  une  heure  détermi- 
née, celle  de  midi,  reçoit  une  partie  des 
rayons  solaires.  Ceux-ci  vont  se  projeter 
sur  un  point  du  sol  de  l'église  ;  comme 
le  soleil  varie  tous  les  jours  de  hauteur, 
la  réunion  de  ces  points  constitue  une 
ligne  droite  ayant  pour  limites  un  maxi- 
mum au  solstice  d'été  et  un  minimum  au 
solstice  d'hiver.  Dans  le  cours  d'une  an- 
née, le  soleil  décrit  deux  fois  cette  ligne. 

Les  plus  célèbres  méridiennes  sont 
celle  de  San  Petronio,  à  Bologne,  recti- 
fiée par  Cassini  I*"'  ;  puis  celle  de  Sainte- 
Marie-des-Fleurs,  à  Florence,  rectifiée  par 
le  P.  Ximenès  en  1755  et  par  le  professeur 
Uzielli  en  1890.  Elle  fut  construite  par 
Paul  Toscanelli  en  1467  et  on  en  a  parlé 
dans  les  colonnes  de  V Intermédiaire  le 
20  juillet  1905,  col.  93.  Il  y  en  a  encore 
d'autres  en   Italie   dans  la  cathédrale  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


141 


142 


Milan,  et  dans  l'église  des  Chartreux  de 
Rome  (1701). 

En  France,  il  n'y  a  guère  que  celle 
de  Saint-Sulpice,  tracée  en  1727  par 
Sully,  horloger  anglais, et  enfin  celle  de 
Tonnerre,  peut-être  la  plus  précieuse  de 
toutes,  construite  en  1786  par  Thorel  et 
calculée  par  doni  Ferrouillat.  La  Société 
astronomique  de  France  a  voté,  l'an  der- 
nier, je  crois,  une  subvention  pour  ne 
pas  la  laisser  s'endommager.        A.  D. 

* 

Il  existeàBIoisunpavillon,  dit«  Pavillon 
d'Anne  de  Bretagne  »,  seul  reste  des  con- 
structions etornements  des  jardins  qui  dé- 
pendaient du  château. Dans  la  pièce  du  pre- 
mier étage  de  ce  pavillon,  on  remarque, 
tracées  sur  les  solives,  des  raies  diver- 
gentes sur  lesquelles  sont  indiquées,  en 
chiffres  romains,  les  heures  du  milieu  de 
la  journée.  Le  soleil,  pénétrant  par  la  fe- 
nêtre qui  se  trouve  devant  ce  tracé,  pro- 
jetait sans  doute  l'ombre  du  jambage  de 
la  fenêtre  suivant  les  raies  peintes  sur  les 

solives.  Très  Artes. 

* 

*  * 
Une  méridienne  sur  laquelle  tombe  un 

rayon   solaire    est    tracée  sur    le    sol    de 

l'église  Sainte  Gudule  à  Bruxelles. 

C.  B.  O. 

M. M.  s'étonne  d'un  tel  titre  qui  le  rend 
réservé.  —  S'il  veut  bienjeteruncoupd'œil 
sur  un  article  de  M.  Fourdrignier,  quia 
paru  dans  le  n°  de  juin  du  Bulletin  de  la 
Société  ptéhistoriqne  de  France^  il  verra 
pourquoi  de  tels  cadrans  pouvaient  être 
parfaitement  utilisés,  au  moins  dans  les 
anciennes  églises,  qui,  à  l'époque  méro- 
vingienne, entre  autres,  avaient,  à  leur 
partie  supérieure,  un  système  de  toiture 
pourvue  de  réflecteurs  pour  la  lumière 
solaire.  —  Dans  ces  églises, les  rayons  du 
soleil  pénétraient  très  bien. 

D""  Marcel  Baudouin. 

Saint-Jacques     do     Compostelle 

(LUI,  277,  406,460,  520,633).  —  En  oî un- 
ie. —  L'Intermédiaire,  LUI,  634,  contient 
cette  phrase  : ...  «  Au  mur  se  voyait  encore 
une  peinture  d'un  homme  nimbé,  les  bras 
enorante  ..>/  Comment  s'explique  cette 
expression,  qui,  incontestablement,  signi- 
fie dansl'attitud^ede  la prière'tlQ  moi  orante 
ne  se  trouve  pas  dans  les  dictionnaires. 

J-  Lt, 


Cette  note  a  été  communiquée  à  l'auteur 
de  l'expression  qui  répond    en  ces   termes  ; 

Les  premiers  chrétiens  avaient  l'habi- 
tude de  prier  debout,  les  bras  étendus  et 
levés  vers  le  ciel.  La  plupart  des  monu- 
ments chrétiens  des  premiers  siècles 
offrent  de  ces  figures,  principalement  des 
figures  de  femmes  représentées  dans  cette 
attitude.  L'orante  est  le  symbole,  soit  de 
l'âme  chrétienne,  soit  de  la  prière,  soit 
de  l'Eglise.  Parfois  même  on  peut  y  voir 
utie  représentation  de  la  mère  de  Dieu. 

Le  iSonveau  Larousse  illustré  donne  le 
mot  orant,  que  j'ai  rarement  rencontré. 
Des  représentations  d'orantes  se  rencon- 
trent dans  tous  les  ouvrages  traitant  de 
l'iconographie  des  catacombes. 

C.  B.O. 

«  Le  Jugement  de  Paris  »  et 
«  Vers  funèbres  »  sur  le  prince 
de  Bourbon  ;  ouvrages  anonymes 
à  déterminer  (LUI,  10,  926).  —  Le 
Jugement  de  Paris  ts\.  attribué, par  M.  Paul 
Lacroix,  à  Nicolas-Horace  de  Ronsard, 
sieur  des  Roches  de  Vouvray  (sur  Huisne), 
de  Boisguinant  et  de  la  Corvée,  fils  cadet 
de  Joachim  de  R.  sieur  des  Roches  et  de 
Vouvray  et  de  Marguerite  de  Chabot, 
dame  de  Boisguinant  et  de  la  Corvée. 
(Haureau  Hist.  litt.  du  Maine ^  1"  éd. 
t.  IIL  p.  283). 

A  propos  de  ce  poète,  ami  de  Robert 
Garnier  qui  lui  adressait  des  vers,  La 
Croix  du  Maine,  dans  sa  Bibliothèque  fran- 
çaise,dit  :  «  Nicolas  de  Ronsard,  sieur  des 
Roches,  gentilhomme  du  Maine,  autre- 
ment appelé  Nicolas-Horace  de  Ronsard, 
parent  de  Pierre  de  Ronsard,  a  escrit  plu- 
sieurs poèmes  français  lesquels  ne  sont  en- 
core en  lumière.  Il  est  excellent  pour  la 
musique  et  jeu  de  luth  et  autres  parties 
requises  à  un  gentilhomme...  » 

Malgré  son  intelligence  et  son  savoir, 
ce  gentilhomme  poète  eut  une  fin  déplo- 
rable. A  son  instigation,  son  frère  puîné 
Gabriel,  surnommé  le  prieur  des  Roches, 
et  deux  de  ses  cousins  assistés  de  quelques 
valets,  assassinèrent,  le  14  mai  1573,  en 
sa  maison  de  la  Denisière,  la  veuve  de 
son  frère  aîné  avec  deux  de  ses  domesti- 
ques. Poursuivi  avec  ses  complices,  Nico- 
las de  Ronsard  fut  condamné  par  contu- 
mace ;  mais  ayant  été  plus  tard  saisi,  il 
eut  la  tète  tranchée  en  place  de  Grève  à 
Paris,  le  29  mai  1584. 


No  1119. 


L'INTERMEDIAIRE 


143 


Quant  aux  Vers  funèbres  sur  le  trespas 
du  Prince  de  Bourbon,  nous  les  attribuons 
à  Pierre  Gravelle,  sieur  de  V...  (entre  au- 
tres seigneuries,  la  famille  Gravelle,  établie 
C.U  pays  Chartrain,  posséda  les  fiefs  de 
Vauterne  et  des  Vaux),  avocat  au  parle- 
ment, bailli  de  Gallardon,  de  1620  a  1663, 
riiarié  à  Anne  Nicole,  et  dont  la  fille  aînée 
Charlotte  fut  baptisée  le  14  novembre 
1619,  en  l'église  Saint-Pierre-de-Dreux  où 
elle  eut  poUr  marraine  Cliarlotte-Anne  de 
Bourbon.  H.  de  G. 

Légndes  de  Colliu   de  Piaacy 

(LUI,  723,  871,  930  ;  L1V,36).  —  Voici, 
pour  la  bibliographie  de  CoUin  de  Plancy 
quelques  titres  de  ses  ouvrages  qui  sont  à 
ma  connaissance  ;   Geneviève  de   Brahanl. 

—  Godet roy  de  Bouillon.  —  Histoire  d'un 
petit  duc  de  Biahant.  —  La  cloronique  de 
Gode  froid  de  Bouillon.  —  La  cour  du  roi 
Dagoheri.  —  La  reine  Bcrthe  ai(  grand 
pied.  —  La  vie  de  la  Sainte  Vierge .  —  Le 
champion  de  la  sorcière.  —  Le  docteur 
Faust.  —  Le  mènélrrer  d'Echfernach.  —  Le 
rûnian  dil  renard.  —  Les  aventures  de  M. 
Adàht  Bord.  —  Le  sanglier  des  Ardenncs. 

—  Les  dou^e  convives  du  chanoine  de  Tours. 

—  Les  Jésuites,  mystères  enquatre  cohues 
à  100  personnages.  —  Les  Jésuites.^  entre- 
tiens des  vivants  et  des  morts  à  la  fron- 
tière des  denx  mondes.  —  Quelques  scènes 
du  moyen  âge.  Légendes  :  de  l'Ancien  Tes- 
tament, —  du  Nouveau  Testament,  —  des 
Commandements  de  Dieu,  —  des  Comman- 
dements de  l'Eglise,  —  des  Sept  péchés  capi- 
taux, —  de  la  Sàinte-Vierge,  —  de  V His- 
toire de  France,  —  de  la  Province  d'An- 
it^rs,  —  des  Origines,  —  des  Femmes,  etc. 

Du  baron  de  Nilinse  (CoUin  de  Plancy). 
Charles  MàHel. —  Récits  du  temps  passé.  — 
Tm  châsse  aux  prêtres,  profils  de  ceux  qui  la 
font  et  ce  qu'ils  en  retirent.  —  Les  biens  des 
Eglises,  comment  oh  niella  inain  dessus  et  ce 
qui  s'en  suit. 

La  (jdatrième  édition  de  son  :  Diction- 
naiie  infernal,  que  j'ai  sous  la  main, 
porte  l'approbation  de  Mgr  AfTre,  arche- 
vêcjlie  de  Pétris. 

Presque  tons  ces  ouvrages  soilt  édités 
par  la  Soc.Saint -Victor,  j'ignore  s'il  y  eut 
plUsieui-s  CoUin  de  Plancy. 

Le  baron  de  Nilinse  était  Savoyard, c'est 
tout  ce  que  j'en  sais,  je  lirais  avec  plaisir 
d'autres  réponses  faites  à  sort  sujet. 

A.  H. 


144    

* 
*  ♦ 

}acques-Albin-Simon  Colin  ,dit  de  Plan- 
cy,né  à  Plancy  (Aube)  le  30  janvier  1794, 
mort  à  Paris  le  13  janvier  1881,  était,  par 
sa  mère,  cousin  du  conventionnel  Danton. 
Il  publia,  non  pas  de  1818  à  1825  (LIV, 
56),  mais  de  1812  à  1833,  des  ouvrages 
antireligieux  tels  que  :  Le  Dictionnaire 
Infernal,  le  Diable  peint  par  lui-même,  le 
Dictionnaire  de  la  Folie  et  de  la  Raison. 
Les  ouvrages  composés  entre  ces  deux 
dates  :  1812  et  1833,  furent  mis  à  \' Index. 

A  partir  de  1833,  Colin  de  Plancy 
n'écrivit  plus  d'ouvrages  antireligieux  et 
adora  ce  qu'il  avait  brûlé;  il  s'engagea 
même  à  refaire  ses  précédents  ouvrages 
dans  le  sens  catholique.  C'est  ainsi  qu'il 
fit  imprimer  un  second  Dictionnaire  infer- 
nal, conçu  dans  un  tout  autre  esprit  que 
le  premier, ses  Légendes,  etc. 

En  1846,  il  constitua  à  Plancy  (Aube) 
et  non  à  Paris,  (LUI,  729)  la  Société  de 
Saint-Victor,  pour  la  propagation  des  bons 
livres.  Cette  Sociétéqui  ne  vécut  guère  que 
dix  années,  imprima  plus  d'un  million  et 
demi  de  volumes. 

Après  sa  disparition,  Colin  entra  dans 
la  maison  Pion . 

On  trouvera  une  excellente  notice  sur 
Colin  de  Plancy  dans  la  Biographie  des 
personnages  lemarquahles  de  Troyes  et  du 
département  de  l'Aube,  par  Emile  Socard 
(Troyes,  Lacroix,  1882)  p.    103-105. 

La  liste  complète  de  ses  publications  n'a 
jamais  été  dressée  ;  la  plupart  existent  à 
la  Bibliothèque  de  Troyes. 

On  trouvera  quelques  détails  sur  sa  con- 
version, qui  remonte  à  l'année  1841,  dans 
l'article  nécrologique  que  lui  a  consacré 
M.  Socard,  dans  la  Revue  de  Champagne  et 
de  Brie,  t.  X.  (iS8i)  p.  53^56. 

O.  B. 

ZaïîZ:?  (LIV,  8).  —  Il  faut  dire  Zan^e 
avec  l'accent  sur  la  première  syllabe,  et 
non  Zan^é  avec  l'accent  sur  la  dernière, 
ainsi  que  je  le  voit,  imprimé  p.  S.  M.  De- 
basle  devra  compàl"er  l'édition  annotée  et 
critique  des  Mémoires  d' Outre-Tombe  de 
Chateaubriand  pai-  M.  Edmond  Biré  (chez 
Garnier),  parue  il  y  a  cinq  ans,  avec  les 
travaux  des  spécialistes  italiens  auteurs 
de  travaux  sur  Pellico  :  les  pi^ofesseurs 
Mazzatinli,  Domenico  Chiattone  et  sur- 
tout A  Luzio,  dii'ecteur  des  Archives  de 
MantoUê. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906. 


M5 


146 


Le  père  Ilario  Rinieri  a  publié, lui  au.=si, 
des  livres  sur  Pellico,  mais  il  imprime 
mal  les  textes,  et  M.  d'Ancona  a  prouvé 
qu'il  les  défigure.  Voir  aussi  tout  ce  qui 
se  réfère  aux  prisons  des  Pioinhi  (dispa- 
rues) du  Musée  de  la  ville  de  Venise  (Mn- 
seo  Correr). 

Baron  Albert  Lumbroso. 

Le  pluriel  des  mots  en  ant  et  en 

ent  (LU,  841,  989).  —  Je  lis  la  phrase 
suivante  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes 
(i^'  mai  1906,  page  108)  : 

De  voir  cette  intelligence  de  femme  mêlée 
de  très  près  aux  deux  grands  différens  dog- 
matiques qui  troublèrent  l'Eglise  de  son 
temps... 

Ce  n'est  donc  pas  le  /  seulement  que  la 
Revue  supprime  au  pluriel,  mais  aussi  le 
d.  Je  veux  bien  admettre  qu'il  n'y  a  pas 
de  raison  d'écrire  différend  au  lieu  de  dif- 
férent  ;  mais  c'est  la  loi  jusqu'ici,  nous 
devons  nous  incliner  ;  et  je  mé  croirais, 
quant  à  moi,  encore  moins  autorisé  à 
supprimer  le  d  que  le  /. 

Est-on  de  mon  avis  à  \ InUrmediaU  e  .? 

J.  Lt. 

Picard,  nom  d'un  peuplier  (LUI, 
393,487,  651,711,  875,  988).  — Peuplier 
blanc,  à  grandes  feuilles, ou  Franc-Picard, 
ou  Grisaille  de  Hollande,  improprement 
Ipreau  ;  en  flamand,  Witte  Populier, 
Abcel-boom  ou  Vlauminck  ;  en  wallon. 
Picard  ,  Blanc- boës. 

Peuplier  blanc,  à  petites  feuilles  pana- 
chées, en  wallon,  picard  à  petites  feuilles. 

Cultivés  partout  en  Belgique,  mais  sur- 
tout dans  les  Flandres, 

Consulter  :  de  Poederlé  —  Manuel  de 
TArhoriste  et  du  forestier  belgiques  — 
Bruxelles,  Boubers,  1772,  pages  276-279. 

H.  Angenot. 

Ohasselle  Comète(LIII,952;LIV,97). 
—  La  question  offre  un  certain  hitérêt. 
Dans  les  cantons  de  Bussière-Badil  et  de 
Jumilhac  fDordogne)  rapprochés  du  Li- 
mousin, on  trouve,  dans  les  registres  pa- 
roissiaux du  xvii^  siècle,  la  mention  d'en- 
terrements de  petites  chasselles  ou  petites 
chancelles.  A  Périgueux,  à  Sarlat,  etc, 
ces  chasselles  sont  appelées  citernes  ou 
cistetnes.  D'après  certains  documents,  on 
constate  que  les  enfants  mort-nés  ou 
morts  sans  baptême  étaient  enterrés  dans 


un  coin  particulier,  dans  une  fosse  spé- 
ciale du  cimetière.  Dans  un  livre  de  rai- 
son périgourdin,  on  lit  : 

Le  cimetièie  occupait  la  place  oij  il  est... 
il  y  avoit  près  des  ruines  de  l'esglise  un 
bassin  en  pierre  de  taille  et  vousté  avec  une 
ouverture  pour  jeter  les  enfans  morts  sans 
baptesme. 

Il  est  vraisemblable  que  cette  ouverture 
était  cancellce  (grillée),  d'où  les  noms, 
donnés  à  ces  petits  êtres,  de  cisternes  ou 
chasselles  (le  contenu  pour  le  contenant). 

On  consultera  à  ce  sujet  le  Bulletin  de 
la  Société  archéologique  du  Périgord,  t.  XI, 
iio,  187,  285,  360;  XIX,  453. 

St-Saud. 

^  laon  (LUI, 730,824, 873).  —  Oui,assu- 
rément,ce  inot  a  deux  prononciations  et  je 
ne  suis, quant  à  moi, pour-  la  suppression  ni 
del'une  ni  de  l'autre.  Les  gens  du  bon  ton, 
c'est-à-dire  l'infime  minorité,  disent  tan. 
Le  reste,  c'est-à-dire  l'immense  majorité, 
celle  qui  fait  l'usage,  dit  ton.  Si  l'Acadé- 
mie préconise  tan  (LUI,  824),  tarit  pis 
pour  l'Académie  qui,  eii  fait  de  pronon- 
ciation, n'a  qu'une  chose  à  penser,  enre- 
gistrer ce  qui  est  sans  se  mêler,  ce  dont 
elle  s'est  mainte  et  mainte  fois  défendue, 
de  vouloir  donner  le  ton.  Son  rôle  est  de 
constater  l'usage, 

QueDipeiicsarbiCriumest  eljusetnormaloquendi 
et  non  pas  de  le  morigéner.  Or,  l'usage 
le  plus  commun  est  en  faveur  de  ton,  j'en 
appelle  au  témoignage  de  ceux  de  mes 
confrères  qui  vivent,  non  pas  dans  un 
monde  d'académiciens  ou  de  diplomates, 
mais  au  milieu  de  braves  campagnards^ 
ou  de  bons  bourgeois,  simples,  sans  pré- 
tention, restés  fidèles  aux  vieilles  tradi- 
tions françaises.  Je  vais  plus  loin  :  je 
prétends  que  ni  les  Académiciens  ni  les 
intellectuels,  ni  les  «  débêteux  »  plus  ou 
moins  officiels  ne  parviendront  jamais  à 
insinuer  tan  dans  la  caboche  de  nos 
paysans.  Pourquoi  ?  Parce  que  dans  l'es- 
prit des  ruraux  il  existe  un  rapport  d'ho- 
monymie entre  le  nom  de  l'animal  et  son 
«  vezonnement  »  Àsper,  acerba  sonans,  dit 
Virgile  (Géoro.)  Le  paysan  ne  se  préocupe 
pas,  lui, de  nos  étymologies  classiques  ;  il 
s'en  crée.  Qu'iriez-vous  lui  parler  de  ia- 
banus,  en  vaudois,  en  provençal  et  en 
v.  fr.  tavan  ;  esp.  tabano  ;  it.  tafano  ? 
Pour  lui,  c'est  le  bruit   que  fait  le  taon^ 


N°  iiio. 


L'INTERMEDIAIRE 


-     147 


148 


c'est  son  ion  et  non  son  /j«,qui  justifie  son 

nom.  . 

A  mon  tour,  je  me  permettrai  de  poser 
au  collabo  Adrien  Marcel  une  question 
qui  n'est  point  sans  rapport  avec  la 
sienne.  Pourquoi  à  Rouen  (pron .  Rouau) 
dit-onSainl-Ouen  (pron.  5t7m/-Om7n), tan- 
dis que  dans  la  banlieue  parisienne  on  pro- 
nonce communément  5"^/;//  Ouin'^  Faut-il 
prononcer  d'une  façon  dans  la  Seine, 
d'une  autre  dans  la  Seine-Inférieure  ?  11 
s'agit  pourtant,  dans  les  deux  cas,  du 
même  Sanctus  Audoenus. 

Lpt.  du  Sillon. 

L'Oie  (LUI,  952).  —  Oui,  sans  doute, 
on  a  fait  venir  ce  mot  du  bas  latin  auca, 
élision  d'avica,  de  avis,  oiseau  ;  mais  le 
nom  de  l'oie  (oi,  oiié,  en  vieux  français) 
ne  dériverait-il  pas  plutôt  du  grec  aiiem, 
soulier  ?  C'est  qu'en  effet  ce  gros  oiseau 
à  long  col  produit  un  singulier  sitïlement, 
identique  au  souffle  d'un  jet  de  vapeur  qui 
s'échappe  d'une  chaudière,  quand  il  est 
attaqué  :  ichchch  ! 

On  aurait  eu  alors  la  série  des  mots 
suivants  :  aiicin,  ôe\  oué,  oie  en  français 
sans  passer  par  le  latin  avis,  oiseau . 

D'  Bougon. 

Pied  de  nez  (LUI,  730.  824  ;  LlV,4o, 
99).  —  Tout  gavroche  en  donnerait,  se- 
lon moi,  aisément  l'explication  : 

Il  suffit  de  lui  avoir  vu  faire  ce  geste  à 
une  certaine  époque,  déjà  éloignée,  car, 
hélas  !  tout  s'en  va. 

Il  portait  le  pouce  à  son  nez  et,  levant 
la  jambe,  il  joignait  le  genou  au  coude,  et 
agitait  le  pied  (exercice  qui  serait  aujour- 
d'hui assez  difficile  pour  la  plupart  des 
intermédiairistes.) 

Donc  le  pied  de  nez, avec  les  deux  pieds 
à  terre,  n'est  pas  un  vrai  pied  de  nez. 

G.  Plaisant. 

*  * 
«  Pied  de  nez  »  se  peut  ;  le    nez    s'est 

allongé,  signe  admis  de  déception  ;  d"où 
faire  un  «  pied  de  nez  »  aux  gens,  c'est 
se  moquer  de  leur  désappointement.  Cela 
me  mène  à  «  Pan  de  nez  »,  qu'on  dit  sou- 
vent, mais  qui  n'est  qu'une  corruption 
d'« Empan  de  nez»  ;et  alors, comme  pied, 
signe  d'allongement.  «  Empan  »,  du  ger- 
manique spanna,  mesure  de  la  main  éten- 
due :  et  non  x<  pan  »,  du  latin  panniis, 
morceau,  lambeau  ,  à  rejeter  par  les  pu- 


ristes, si  du  moins  les  puristes  parht  de 
ces  choses.  Villefrecs, 

Connu  comme  le  loup  lanc 
(T.  G.,  536).  — Je  nesais  sicettec.ires- 
sion  est  courante  ;  mais  je  l'eiends 
dire  autour  de  moi  et  je  m'en  sers  noi- 
même,  à  l'occasion,  en  parlant, par  <em- 
ple.  d'une  personne  très  connue  dar  une 
localité  quelconque  :  «  Vous  y  êtes  )nnu 
comme  le  loup  blanc.  —  On  le  cor.ait  à 
X...  comme  le  loup  blanc  ».  Corne  je 
n"ai  pas  inventé  cette  manière  de  de  — 
pas  plus  que  ceux  qui  s'en  servent  jtour 
de  moi  -  et  que  j'ai  la  certitude  u'elle 
est  usitée  et  comprise  dans  la  régn  du 
nord  de  l'Ile-de-France  à  laquelle  j  opar- 
tiens,  je  serais  curieux  d'en  coraitre 
l'origine,  si  quelqu'un  de  nos  confr  es  de 
ï Intermédiaire  pouvait  l'indiquer. 

Le  Besacr. 

Cette  réponse  a  été  posée  XII  et  a  ru  des 
réponses  peu  coiidu.iiiles  ;  clic  a  cl  >o<ée 
XXi.ct  n'a  pas  re(,u  de  réponse  du  tOLN'otre 
collaborateur  sera-t-il  plus  heureux  ins  le 
tome  LIV  ? 

Les  savants  ennemis  (LU  674, 
82b,c)9i). —  Il  serait  assez  aisédc  ce  poser 
un  volume  des  traits  d'inimitié,  ufois 
férocect  toujourstcnace.que  la  jalcsie  ou 
l'envie  a  provoquée  entre  savants  occu- 
pant des  mêmes  sujets. 

Ce  serait,  hélas!  la  divulpationiel'un 
des  plus  vilains  défauts  de  la  natre  hu- 
maine. 

Pour  ne  pas  remonter  trop  ha  dans 
ks  siècles  passes,  il  ^ulïlrait  de  p courir 
les  œuvres  des  théologiens  et  pomisles 
religieux  du  xvi«  siècle.  Je  crois  j'il  est 
préférable  de  ne  pas  citer  les  njures 
grossières,  ignobles,  parfois  atrces  que 
s'adressai*;nt  mutuellement  les  a»ersai- 
res.  Il  suffit  de  renvoyer  le  lecur  cu- 
rieux à  leurs  ouvrages  et  à  leii-  pam- 
phlets ..  Au  xviM'  siècle,  nous  ruvons 
signaler  les  polémiques  bien  con:esdes 
mathématiciens,  les  frères  BernciHi,  et 
du  neveu  dejean. Daniel  Bernouilli.-sque- 
relles  deMaupertuis  et  de  la  Concmine; 
de  Maupertuis  et  de  Voltaire  ;  -  Vol- 
taire et  de  jean-jacques  Roussiu  ;  le 
persifflage  cruel,  mais  trop  :»uve''t 
justifié  dont  use  libéralement  j'cph  a^ 
Maistre  dans  son  analyse  de  la  iiiloso- 
phie  de  Bacon,   etc.  Les  exemps  con- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet   1906. 


149 


temprains  ne  sont  pas  rares,  il  s'en  faut; 
mai  notre  collaborateur  Rip  Rap  con- 
vienra  que  la  réserve  s'impose,  surtout 
s'il  agit  de  savants  encore  vivants. 

AuG.  Paradan. 


♦  * 


Lî  chimistes  surtout,  qui  l'eût  cru  ?  se 
distiguent  par  leur  malveillance  r.xipro- 
'"  quel  féroce  L'animosité  qui  divisa  Ber- 
thek  et  Wurtz  est  célèbre,  ainsi  que  la 
hair  deJ.-B.  Dumas  pour  Gebhardt.  Voir 
les  ouvenirs  de  jeunesse  de  Scheurer 
Kesiér,  pages  35  et  330-53 1 .       A.  B. 


♦  * 


Jdis  ceci  dans  Boillon,D/c/.  de  botani- 
queïomQ  1,  p.  514  : 

Brfonia.  Genre  d'AIsinacées,  tribu^  ds 
Euainées  renfermant  à  peu  près  1 1  esp  ces 
qui  i  trouvent  dans  les  régions  sèches  et 
pienuses  de  l'Europe  australe  et  médiane, 
de  Asie  Occidentale  jusqu'aux  limites  de 
rim  Orientale  et  de  l'Arabie. 

G  genre  n'est  d'aucune  utilité  à  l'homme. 

C)  a  dit  que  Linnée  voulant  se  venger  de 
Butin,  qui  avait  combattu  ses  doctrines, 
ava  changé  le  nom  de  Buffonia  en  celui  de 
Bufiia  (de  Bufo,  crapaud).  Mais  le  fait  n'est 
pas  uffisam ment  prouvé  Nomen  ,  dit  Rich- 
ter jm'gue  Linnao  in  Biifoniam  pro  {Bu;- 
foiv)  mulatum  esse  probent  ii  narraul. 

bus  le  voyez  :  /4dhuc  suh  jndice  lis 
est:X  je  crois  que  le  doute  doit  profiter  à 
la  lémoire  du  grand  naturaliste  qu'on 
peujusqu'à  preuve  contraire, croire  inno- 
cer  de  ce  mauvais  jeu  de  mots  et  de  cette 
mejuine  vengeance. 

U  N  VIEUX  LÉPIDOPTÉRISTE. 


Le  discussion  s'était  àprement  poursuivie 
ent  les  deux  assyriologues  les  plus  qualifiés 
que  nous  possédions  alors,  M.  Oppert  et 
M.  lenant.  Le  vendredi  suivant,  M. Oppert, 
voyit  venir  M.  Menant,  alla  à  sa  rencontre 
et'.i  dit  :  «  Mon  cher  collègue,  vous  ne 
m'e  voulez  pas  de  ma  petite  querelle  de 
faue  jour  ?  » 

;.  Menant,  piqué,  lui  répondit  :  «  Mon - 
sie;,  je  ne  vous  connais  pas  !  »  A  quoi 
M.  'ppert  répliqua  aussitôt  :  «  Je  ne  suis 
poUant  pas  un  cunéiforme  ». 

\ilà,  messieurs,  quelles  sont, à  l'ordinaire, 
ces  isputes  de  savants  1  Rara  concordia 
fti:  :im  !... 

(,arles  Benoist,  à  la  Chambre  des  de- 
puis, !'•'=  séance'  du  12  février  1906  ; 
Joi  ml  officiel,  Chambre,  in-extenso  page 
63V  Sglpn. 


150 


Livres  imprimés  blanc  sur  noir 

(1111,729,871,  931,  984;  LIV,  37).  — 
Je  possède  une  brochure  in-12  de  32  p., 
intitulée  :  Fêtes  religieuses  qui  doivent  se 
célébrer  à  Saint-Saulve  (lez-Valenciennes) 
à  l'occasion  de  la  consécration  de  l'église, 
le  16  juillet  1865.  Valenciennes,  impri- 
merie de  E.  Prignet,  1865  Une  vignette 
sur  le  titre  et  une  autre  au  verso,  le  tout 
imprimé  blanc  sur  papier  noir.  L'impres- 
sion est  nette  et  très  lisible.  Le  tirage  a 
été  fait  à  la  presse  par  les  procédés  ordi- 
naires, l'exemplaire  broché  n'est  pas 
coupé  et  la  justification  contrôlée  est  iden- 
tique à  celle  des  exemplaires  ordinaires, 
tirés  sur  papier  blanc.  Point  de  bavures  ni 
apparence  de  poudre  d'argent. 

Ce  tirage  de  fantaisie  a  dû  être  demandé 
par  quelque  amateur-collectionneur  d'ori- 
ginalités. |e  n'ai  pu  me  renseigner  près  de 
l'imprimeur  décédé  en  187 1. 

Un  Valenciennois. 


La  «  \farseinaise  »  parodies  (T. 
G.,  569  ;  LUI,  764.  881,  929,  995)-  — Je 
retrouve,  dans  la  Revue  Bleue  dn  9  juillet 
1898,  un  très  curieux  article  de  M,  Léo 
Claretie,  sur  la  traduction  de  la  Mar- 
seillaise, parue  d'abord  en  vers  latins, 
puis  en  vers  grecs.  Les  deux  traductions 
y  sont  données  in-extenso, 

AUBER. 

* 
♦  * 

Parmi  les  nombreuses  imitations  et  adap- 
tât ions  de  la  Marseillaise,  que  Rouget  de 
risle  avait  d'abord  appelée  :  Chant  de 
V Armée  du  Rhin,  il  en  est  de  très  inté- 
ressantes au  point  de  vue  historique.  Ce 
sont  celles  qui  furent  exécutées  pendant 
la  Révolution  ;  on  trouve  ces  hymnes 
tantôt  avec  cette  indication  :  Air  des 
Marseillais  ;  ou  bien  :  Air  de  V Hymne  des 
Maiscillais  ;  ou  encore  :  Sur  l'air  chéri. 
Voici  quelques-uns  de  ces  morceaux  que 
vous  pourrez  citer  si  cela  présente  un  in- 
térêt quelconque  : 

Eloge  de  Thionville  et  dj  Lille,  1792. 

Hymne  chanté  sur  le  théâtre  de  la  rue  de 
Louvois,  1792,  par  un  anonyme  :  Sur  l'atr 
chéri. 

Hymne  chanté  lors  de  la  translation  des 
Archives  des  Liégeois  à  la  Maison- Commune 
de  Paris,  le  14  avril  779^.  Air  des  Marseil- 
lais. 

Couplet  chanté  à  la  barre  de  la  Couvert 


No   niQ. 


L'INTERMEDIAIRE 


15» 


152     - 


tion  le  5  juillet  1793,  par  Chénard  et  Nar- 
bonne,dela  Comédie-Italienne. 

Hymne  religieux  et  patriotique  fait  pour 
être  chanté  dans  les  fêtes  nationales,  juillet 
1795.  Sur  l'air  des  Marseillais. 

Couplets  et  Hymnes,  chantés  le  jour  de  la 
seconde  décade  du  mois  de  Brumaire  de 
Van  IP  de  la  République  Française  une  et 
indivisible  pour  l' inauguration  des  Bustes 
de  Lepelleticr  et  Marat  (2  couplets  sur 
VAir  des  marseillais, chantés  à  la  y  station 
à  l'Arc  de  Triomphe  sur  le  boulevard). 

Chant  civique  pour  la  fête  du  10  août 
1793  à  Rouen.  Air  des  Marseillais. 

Hymne  patriotique  pour  la  fête  de  la 
Réunion  patriotique,  chanté  sur  l'emplace- 
ment de  la  Bastille,  le  10  août  1793.  Air 
de  la  Marseillaise. 

Aux  Armes  !  24  septembre  1793.  Hymne 
dédié  aux  jacobins  de  Paris,  par  F.  Le 
Gall,  jeune  sans-culotte  Bas-Breton.  Air 
des  Marseillais. 

Hymne  funèbre  pour  la  fête  civique 
donnée  par  la  section  des  Gravilliers  en 
l'honneur  de  Marat  et  Lcpelletier  et 
chanté  par  les  jeunes  orphelins  de  la 
Patrie,  élèves  de  Legnard  Bourron,  mem- 
bre de  la  Convention  Nationale  et  par  le 
citoyen  Moline,  de  la  section  des  Gra- 
villiers, secrétaire-greffier  attaché  à  la  Con- 
vention Nationale,  le  22  brumaire,  l'an  II 
de  la  République  Française  une  et  indivi- 
sible. Sur  l'Air  chéri. 

Hymne  à  la  Raison,  an  II  de  la  Répu- 
blique. Air  :  Allons  enfants  de  la  patrie. 

La  Repiise  de  la  ville  infâme  de  Toulon, 
le  2S  frimaire,  18  décembre  lyç^,  par  les 
braves  soldats  de  la  République.  Par  le 
citoyen  Salles.  Air  de  la  Marseillaise. 

Strophes  qui  ont  été  chantées  sur  la 
Montagne,  au  Champ  de  la  Réunion,  le 
20  prairial,  an  II  de  la  République  Fran- 
çaise. Paroles  du  citoyen  j.  Chénier,  dé- 
puté à  la  Convention  Nationale.  Air  de 
V Hymne  des  Marseillais. 

Couplets  chantés  au  théâtre  lyrique 
national.  Ces  couplets  ont  été  insérés  au 
Bulletin,  17  pluviôse,  an  11,  de  la  Répu- 
blique Française. 

La  Prise  de  Toulon.  Stances  chantées 
sur  le  théâtre  de  la  République,  le  i6  ven- 
tôse, an  IL  Air  dts  Marseillais. 

La  Bataille  de  Fleurus,  couplets  chantés 
au  théâtre  des  Arts,  par  Chéron,  le  jour 
de  la  nouvelle  de  cette  victoire,  le  9  mes- 
sidor, an    IL  Paroles   du   citoyen   Fabre- 


Olivet.  Air  :  Allons  enfants  de  la  patrie. 

Hymne  pour  le  jour  de  la  fête  de 
P.  Marat,  Lami  du  peuple,  martyr  de  la 
liberté,  25  messidor,  10^  ipois  de  l'année 
républicaine  (13  juillet)  —  par  le  Répu- 
blicain T.  Rousseau.  Air   des  Marseillais. 

La  Défaite  de  l' Armée  Napolitaine,  exé- 
cuté sur  le  théâtre  de  la  République  et 
des  Arts,  le  lô  nivôse,  an  VIL  Air  : 
Allons  enfants  de  la  Patrie. 

F. Jacotot. 

Tartempion  (LUI,  953).  —  Et  moi 
aussi  j'ai  lutté  pour  interpréter  l'idée  de 
ce  mot  qui  se  retrouve  dans  hsintervieios: 
Parade  moderne  du  théâtre  chimérique  de 
Jean  Richepin.  Tartempion  et  Barbanchu 
sont  deux  caractères  ou  personnages  de 
la  classe  dçs  Inconnus.  Je  résume  l'expli- 
cation que  j'ai  hasardé  dans  mon  Choix 
d'extraits  de  Jean  Richepin  ,quQ  M.  Richepin 
a  bien  voulu  autoris-^r  (Silver,  Burdett  et 
Company,  Nev^-York,  Boston,  Chicago, 
1905),  Lorédan  Larchey  [Nouveau  supplé- 
ment du  dictionnaire  d  Argot)  dit  :  «  Nom 
servant  à  désigner  la  première  personne 
venue.  —  Date  du  Charivari  de  1840  à 
1850,  où  certains  articles  mettaient  tou- 
jours en  scène  les  personnages  imaginai- 
res de  Tartempion  et  Barbanchu.  »  Et 
chose  !  tu  sais  bien...  Bibelot  ! 

Tartempion  !  «  (Bouchor,  80).  »  Le 
mot  pourrait  venir  de  tartines  que  Balzac 
définit  «  immenses  phrases  lardées  de 
mots  emphatiques,  si  ingénieusement 
nommées  tartines  dans  l'argot  du  journa- 
lisme v>.  Qiiant  à  Barbanchu,  ce  mot 
viendrait  aussi  peut-être  de  barbu,  qui  fait 
penser  aux  barbes  de  la  bohème  littéraire, 
j'offre  aussi  cette  explication  pour  ce 
qu'elle  vaut  :  avoir  de  la  barbe  indique 
la  vieillesse  ;  d'une  histoire  par  trop  bien 
connue,  on  dit  :  elle  a  dé  la  barbe  ;  donc, 
un  homme  répétant  la  même  chose  pour- 
rait être  qualifié  barbanchu  ;  les  typogra- 
phes disent  dans  leur  argot  :  barbe  = 
ivrognerie  ;  barbanchu  indiquerait  alors 
les  habitudes  de  boisson  des  bohémiens. 
Enfin,  voilà  de  modestes  indications. 

A.  G.  C. 

Introduction  du  poivre  en  France 

(XLIX;  L;LIV,  loi).  —Pierre  Poivre, 
né  en  17 19,  mort  en  1786,  fit  le  com- 
merce des  épices,  mais  ne  découvrit  pas 
le  poivre  qui  existait  bien  avant  lui  en 


^ 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Juillet  1906 


15? 


154 


France.  Des  textes   connus   des    xwf  et 
XVII*  siècle.prouvent  son  existence.     L  G. 


Les  épices,  et  notamment  le  poivre,  ont 
toujours  été  en  faveur  chez  nous  ;  on 
verra  pourquoi  tout  à  l'heure. 

Déjà  sous  l'Empire,  au  temps  des  Gallo- 
romains,  le  mot  poivre,  pipe)\  était  em- 
ployé non  seulement  dans  le  sens  propre, 
mais  encore  au  figuré,  par  les  auteurs  du 
iv^  et  du  V*  siècle,  à  l'époque  de  l'inva- 
sion des  Barbares. 

Alors  que  saint  Jérôme  emploie  ce 
substantif  dans  le  sens  de  mots  mordants, 
rnots  cruels  ;  Sidoine  Apollinaire  se  sert 
de  l'expression  piperata/ûcitndia,  pour  dire 
un  discours  épicé. 

Horace,  Vitruve,  Pline,  parlent  du 
poivre  ordinaire, /)/^t'r.  Paulus  nous  donne 
le  mot  piperatorimn,  pour  dire  une  poi- 
vrière. Quant  au  gastronome  Apicius,  il 
se  sert  de  l'adjectif  neutre  piper atiun^  pris 
substantivement,  pour  dire  une  sauce 
poivrade  ! 

Les  anciens  connaissaient  encore  le 
piment,  que  Pline  appelle  piperitis  ;  q-ii  est 
un  mot  grec,  latinisé  dans  ce  but. 

Nous  croyons  que  le  poivre  n'a  jamais 
fait  défaut  dans  nos  épiceries,  même  aux 
jours  les  plus  sombres  du  Moyen  Age  et 
de  l'invasion  des  Barbares  ;  parce  que  les 
navires  de  la  Méditerranée,  qui  transpor- 
tent chez  nous  les  denrées  de  l'Orient, 
ont  toujours  existé  depuis  l'empire  ro- 
main et  que  le  commerce  n'a  jamais  été 
interrompu.  Or,  les  Barbares  raffolaient 
de  itout  ce  qui  concernait  le  luxe  de  la 
table,  et  notamment  du  poivre,  qu'ils 
trouvaient  excellent  pour  la  digestion. 
Lors  de  la  prise  de  Rome  par  Alaric  I,  roi 
des  Wisigoths,  en  409,  ce  barbare  réclama 
tout  d'abord  3  mille  livres  de  poivre  en 
nature  !  Gela  tient  à  ce  qu'on  attribuait 
alors  au  poivre  des  propriétés  vitales 
toutes  particulières.  Or,  les  petits  se  mo- 
dèlent toujours  sur  l'exemple  des  grands. 

D"'  Bougon. 

Vins  d'honneur  (LIV,  58).— Je  crois 
que  «  Vins  d'honneur  »  est  une  accep- 
tion toute  moderne  ;  on  disait  plus  volon- 
tiers autrefois  ;  *,<  Vins  de  ville  ».  Le  vin 
d'honneur  ou  vin  de  ville  était,  au  moyen 
âge,  présenté  à  tous  les  personnages  de 
marque  qui  entraient  dans  une  bonne 
ville  pour  y  séjourner  ou  la  traverser.  Ce 


don  souvent  considérable,  avait  surtout 
pour  but  de  capter  la  bienveillance  de  ce- 
lui à  qui  il  était  offert. 

A  Mantes,  dont  on  a  des  comptes  à  par- 
tir de'  138!,  on  trouve  une  liste  considé- 
rable de  ces  dons,  aussi  intéressante  en 
elle-même,  que  par  les  noms  des  personnes 
auxquelles  ce  vin  est  présenté.  En  cette 
année  1381,  il  fut  offert  à  Ferry  de  Metz, 
au  bailli, à  M"  Loys  Paste, conseiller  du  roi, 
au  doyen  de  Chartres  maître  des  requêtes 
du  roi,  à  un  échanson  du  roi, à  l'archidia- 
dre  de  Pincerais,  au  baron  d'Ivry,  à  mes- 
sire  Gauvin  de  Dreux,  à  l'official  de  Char- 
tres, au  maire  de  Dreux,  au  général  des 
frères  mineurs,  à  M"  Berthaut  Aladent,  à 
révêque  de  Chartres,  à  M.  l'Estendart  ca- 
pitaine de  Mantes, à  l'abbéde  Coulombs,  à 
Taupin  de  Ghantemesle,  à  Pierre  Louvel, 
à  Gille  le  Gallois,  à  Robert  et  Guy  Le 
Baveux,  etc.  La  dépense  fut  de  28  1.  6  s. 
La  coutume  se  prolongea.  Plus  tard  elle 
fut  changée  en  un  repas,  souvent  copieux 
où  les  officiers  de  la  ville  étaient  conviés. 
Le,  vin  d'honneur  moderne  n'est  donc 
qu'une  vieille  coutume  rajeunie  et  adoptée 
à  des  habitudes  nouvelles.       E.  Grave. 

Le  septième  garçon  ou  le  sep- 
tième enfant  (LUI,  945  ;  LIV,  41,  102). 
—  Le  nombre  sept  a  joué  un  grand  rôle, 
chez  les  Juifs.  La  semaine  était  déjà  com- 
posée de  sept  jours  et  le  septième  et  der- 
nier jour  était  consacré  au  repos  et  aux 
cérémonies  du  culte  :  c'était  le  sabkit. 
Dans  les  dogmes  et  cérémonies  du  chris- 
tianisme, le  nombre  sept  jouit  aussi  d'une 
grande  influence.  Il  y  a  sept  sacrements, 
sept  péchés  capitaux,  sept  psaumes  de  la 
pénitence,  etc. 

Sous  l'ancienne  monarchie,  les  pen- 
sions se  multipliaient  à  l'infini  et  l'arbi- 
traire régnait  pour  leur  distribution.  Rien 
ne  réglementait  la  nature  et  la  durée  des 
services  qui  pouvaient  les  faire  obtenir, 
rien  ne  réglementait  également  la  quotité 
des  allocations.  Il  parait  donc  fort  vrai- 
semblable que  certains  rois  aient  accordé 
une  pension  au  père,  lors  de  la  naissance 
d'un  septième  garçon. 

Toutefois,  malgré  mes  recherches  sur 
cette  question,  je  n'ai  trouvé,  dans  les 
anciens  textes  de  législation,  aucun  docu- 
ment précis. 

Montaigne  nous  apprend  dans  ses 
£■55^/5  (liv.  2,  chap,  7),  qu'il  fut  un  temps 


N» 


1119. 


L'INTERMEDIAIRE 


155 


156 


où  «  les  gens  de  qualité  avaient  plus  de 
«  jalousie  des  récompenses  (honneurs)  que 
«  de  celles  où  il  y  avait  du   gain   et   du 
profit  ».  Sous   Henri  IV,  lorsque   ce  mo- 
narque attirait  à  lui  tous  les  cœurs  de  ses 
peuples,  cet  heureux   temps  n'était   déjà 
plus.  En  1600,  le  trésor  de  l'Etat  se  trou- 
vait chargé   de  3.000.000  de  grâces  an- 
nuelles. Cependant,  en  16 10,  les  pensions 
se  trouvaient   réduites  à  deux  millions  : 
si  Henri  IV  avait  été  généreux,  Sully  avait 
administré  ses  finances.  Mais  les  trésors 
amassés  par  Sully  furent  bientôt  dissipés 
et   en    16 14,   les    pensions   s'élevaient   à 
6.650.000    livres.    Il    se    produisit    des 
plaintes,  les  pensions  furent  réduites,  puis 
elles  augmentèrent,  car  il  était  difficile  de 
mettre  un  frein  à  ces  sortes  de  grâces.  Il 
n'est  pas   douteux   que   Louis  XIV  n'ait 
prodigieusement  favorisé  l'augmentation 
de  la  masse  des  pensions.  Cependant,  par 
la   déclaration  du    14  octobre  1710,  elles 
furent  assujetties  à  la  retenue  du  dixième. 
D'autres    déclarations    augmentèrent    les 
retenues  sous  Louis  XV,  mais   il   semble 
qu'elles     furent     constamment     violées. 
Necker  fut  impuissant  dans  ses  tentatives 
pour  élever  des  barrières  contre  les  abus 
du  régime  des  pensions.  Après  lui,  la  pro- 
digalité fut  portée  à  ses  extrêmes  limites 
et,  en    1789,  les  récompenses  pécuniaires 
s'élevaient  à  une  somme  dix-huit  fois  plus 
considérable  qu'au  décès  de  Henri  IV. 

Par  le  décret  du  30  août  1790,  l'Assem- 
blée constituante  supprima  les  pensions 
et  autres  grâces  pécuniaires  existantes  au 
!"■  janvier  1790  et  établit  des  règles  gé- 
nérales pour  leur  rétablissement  et  pour 
la  concession  de  pensions  et  autres  récom- 
penses pour  l'avenir.  Diverses  lois  modi- 
fièrent ce  décret  et  la  loi  du  15  germinal, 
an  XI,  vint  établir  les  principes  généraux 
sur  les  pensions. 

La  loi  du  29  nivôse,  an  XIII,  relative  à 
l'organisation  de  l'instruction  publique, 
contenait  la  disposition  suivante  :  «  Tout 
«  père  de  famille  ayant  sept  enfants  vi- 
<f  vants  pourra  en  désigner  un  parmi  les 
«  mâles,  lequel,  lorsqu'il  sera  arrivé  à  l'âge 
«  de  10  ans  révolus,  sera  élevé  aux  frais 
«  de  l'Etat  dans  un  lycée  ou  dans  une  école 
«  d'arts  et  métiers.  Le  choix  du  père  sera 
«  déclaré  au  sous-préfet  dans  le  délai  de 
«  trois  mois  de  la  naissance  du  dernier 
«  enfant  ;  ce  délai  expiré,  la  déclaration 
«  ne  sera  plus  admise.  —  Si  le  père  dé- 


«  cède  dans  l'intervalle  des  trois  mois,  le 
«  choix  appartiendra  à  la  mère.  Si  la  mère 
«  décède  dans  le  même  intervalle,  le  choix 
«  appartiendra  au  tuteur  ».  Mais  cette  loi 
fut  implicitement  abrogée  par  les  lois  et 
règlements  relatifs  à  la  collation  des 
bourses  dans  les  lycées  et  collèges. 

De  nos  jours,  diverses  lois  ont  accordé 
certaines  faveurs  aux  familles  de  sept  en- 
fants, mais  presque  toujours  des  restric- 
tions y  ont  été  apportées  par  des  lois  pos- 
térieures. 

La  loi  du  8  août  1885  stipule  dans  son 
article  27  :  «  La  loi  du  29  nivôse,  an  13, 
est  modifiée  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Une  bourse  sera  concédée  dans  un 
<s  établissement  secondaire  ou  d'enseigne- 
«  ment  primaire  supérieur  ou  dans  une 
«  école  professionnelle,  industrielle,  com- 
«  merciale  ou  agricole  de  l'Etat,  à  Ten- 
«  fant  âgé  de  neuf  ans  révolus  au  moins, 
«  appartenant  à  un  père  de  famille  ayant 
«  sept  entants  vivants,  qui  sera  désigné 
«  par  celui-ci.  Toutefois  cette  bourse  ne 
«  pourra  être  concédée  qu'après  que  la 
«  situation  nécessiteuse  de  la  famille  aura 
«  été  constatée  et  que  l'enfant  aura  subi 
«  les  examens  préalables  exigés  par  les 
«  règlements  en  vigueur,  pour  l'obten- 
«  tion  des  bourses  de  l'Etat  dans  les  éta- 
«  blissements  sus  désignés  ». 

Mais  le  législateur  ne  prit  pas  le  temps 
de  rechercher  si  cette  loi  pouvait  avoir 
une  influence  sérieuse  sur  le  développe- 
ment de  la  population,  et  dans  l'art.  41 
de  la  loi  du  26  février  1887,  sans  doute 
sous  la  préoccupation  des  nécessités  bud- 
gétaires, il  décidait  :  «  Sont  et  demeurent 
«  abrogés  la  loi  du  29  nivôse,  an  13,  et 
«  les  art.  27  et  28  de  la  loi  de  finances 
«  du  8  août  1885  ». 

La  loi  de  finances  du  17  juillet  1889, 
dans  son  article  3,  troisième  paragraphe, 
avait  décidé  que  les  père  et  mère  de  sept 
enfants  vivants  légitimes  ou  reconnus  ne 
seraient  pas  inscrits  au  rôle  de  la  contri- 
bution personnelle  et  mobilière.  Le  nom- 
bre des  contribuables  exonérés  de  cette 
contribution  dans  les  rôles  de  1890  s'éleva 
à  148.808.  Le  montant  des  dégrève- 
ments dont  ils  profitaient  était,  en  prin- 
cipal et  centimes  additionnels,  de 
2.549.254  fr.,  y  compris  les  cotes  pour 
lesquelles  des  dégrèvements  seraient 
encore  accordés  au  cours  de  1890.  Dans, 
l'art.  31  delà  loi  du  8  août  1890,  le  légis-' 


DES  CHERCHEURS   ET   CURIEUX 


30  Juillet  190b, 


157 


158 


lateur  s'empressa  de  substituer  un  nou- 
veau texte.  Art.  31.  Le  troisième  para- 
graphe de  l'art.  3  de  la  loi  de  finances 
du  17  juillet  1889  est  modifié  ainsi  qu'il 
suit  : 

«  Les  père  et  mère  de  sept  enfants 
«  vivants,  mineurs,  légitimes  ou  recon- 
«  nus,  assujettis  à  une  contribution  per- 
«  sonnelle-mobilière  égale  ou  inférieure 
«à  10  fr.  en  principal,  seront  exonérés 
«d'office  de  cette  contribution.  Les  dé- 
«  grèvements  seront  imputés  sur  les  fonds 
«  de  non-valeurs  ». 

Dans  la  loi  sur  le  recrutement  de  Tarmée 
du  17  juillet  1889,  Tart.  21  était  ainsi 
conçu  :  «  En  temps  de  paix,  après  un 
«  an  de  présence  sous  les  drapeaux,  sont 
«  envoyés  en  congé  dans  leurs  foyers,  sur 
«  leur  demande  jusqu'à  la  date  de  leur 
«passage  dans  la  réserve:  1°...,  2°..., 
«  3*^  le  fils  unique  ou  faîne  des  fils  d^une 
«  famille  de  sept  enfants  au  moins  ». 
Mais  la  loi  du  21  mars  1905  modifiant  la 
loi  du  17  juillet  1889  sur  le  recrutement 
de  l'armée  et  réduisant  à  deux  ans  la 
durée  du  service  dans  l'armée  active,  a 
abrogé  cette  faveur. 

Les  Chambres  viennent  d'adopter  une 
loi  établissant  un  jour  de  repos  sur  sept 
en  faveur  de  certains  ouvriers  et  em- 
ployés. Puisse  ce  vote  les  satisfaire  et 
leur  procurer  les  joies  du  septième  Ciel, 

YSEM. 

Les  premières  femmes  médecins 
et  internes  (LIV,  2,  68).  —  Mme  Made- 
leine Brès,  reçue,  en  1870,  avec  toutes 
boules  blanches. 

M.  Wurtz,  alors  doyen  de  la  faculté, 
trouva  si  grave  de  conférer  un  diplôme 
de  docteur  à  une  femme,  qu'il  saisit  de  ce 
cas  le  ministre  Duruy  ;  celui-ci  en  parla 
en  conseil  des  ministres.  Or,  comme 
l'empereur  était  au  camp  de  Châlons, 
l'impératrice,  en  sa  qualité  de  régente, 
présidait  le  conseil  des  ministres  ;  elle  lui 
demanda  de  créer  un  précédent  en  don- 
nant à  Madeleine  Brès  le  diplôme  qu'elle 
méritait. 

Quelle  a  été  la  première  interne  dans 
les  hôpitaux  français  ? 

—  Mlle  Klumpke,  d'origine  améri- 
caine, fut,  en  1880,  reçue  interne  provi- 
soire des  hôpitaux.  Deux  étudiants  seule- 
ment avaient  obtenu  autant  de  points 
qu'elle. 


En  dépit  de  l'hostilité  des  professeur^ 
et  des  cris  d'animaux  poussés  par  les  étu- 
diants, Mlle  Klumpke  fut,  en  1887,  ad- 
mise, avec  le  n*  13,  interne  titulaire  des 
hôpitaux. 

Quelle  a  été  la  première  femme  reçue 
docteur  en  Amérique  ? 

—  Mlle  Elisabeth  Blackwell  fut  reçue 
docteur  en  médecine  à  la  faculté  de  Ge- 
nève (Etat  de  New-York)  en  1849. 

Elle  parvint  difficilement  à  faire  ses 
études  :  Après  avoir  été  repoussée  des 
cours  officiels  de  Philadelphie,  elle  adressa 
une  demande  d'admission  aux  dix-huit 
facultés  américaines.  Douze  répondirent 
«  qu'il  serait  immoral  pour  une  femme 
de  s'instruire  sur  les  lois  de  son  orga- 
nisme ».  Enfin,  la  faculté  de  Genève 
(Etat  de  New- York)  l'admit  à  la  suite 
d'un  vote  des  étudiants  conforme  à  l'avis 
favorable  des  professeurs. 

Quelle  a  été  la  première  femme  reçue 
docteur  en  Angleterre  ? 

—  Miss  Garrett  qui  obtint  son  diplôme 
en  1865. 

Quelle  a  été  la  première  femme  étran- 
gère qui  fut  admise  à  soutenir  sa  thèse 
de  doctorat  en  droit  ? 

—  Mlle  Sarmina  Bilcesca,  roumaine. 
Quelle  a  été  la  première  femme  bache- 
lière en  France  ? 

—  Julie  Daubié,  l'auteur  de  La  Femme 
Pauvre  au  xix^  siècle,  fut,  en  France,  la 
première  bachelière,  elle  passa  ses  exa- 
mens devant  la  faculté  des  lettres  de 
Lyon  en  1862,  à  l'âge  de  40  ans. 

Après  s'être  difficilement  fait  admettre 
à  passer  son  baccalauréat,  elle  eut  à  sou- 
tenir une  véritable  lutte  avec  Iç  ministre 
de  l'Instruction  publique  pour  obtenir  son 
diplôme  qui  ne  lui  fut  délivré  que  grâce 
à  l'intervention  de  M.  Arlès-Dufour. 

En  étudiant  pour  faire  ouvrir  aux 
femmes  les  portes  de  l'Université,  Julie 
Daubié  donnait  des  lîçonspour  vivre... 

Elle  fut  reçue  licenciée  ès-lettresen  1871 
et  se  préparait  à  devenir  docteur  quand 
la  mort  la  terrassa  en  1874. 

HUBERTINE   AUCLERT. 

La    première    femme    entrée  à 

l'Ecole  des  Beaux-Arts  (LI'^,  3).  — 

Les  journaux   publient  cette  nouvelle  : 

Le  féminisme  gagne  chaque  jour  du  terrain 
à  l'Ecole  des  Beaux-Aits,  Outre  de  nombreuses 
artistes    peintres   et    sculpteurs,    on    compte 


N"   1119. 


L'INTERMÉDIAIRE 


i>9  

déjà  une  femme  architecte,  une  Américaine, 
Miss  Morgan,  sortie  récemment  de  notre  pépi- 
nière artistique.  On  en  comptera  bientôt 
d'autres  que  séduit  l'art  de  Vitruve. 

Miss  Morgan  est  probablement  la  pre- 
mière femme  architecte  sortie  de  l'Ecole 
des  Beaux-Arts. 

La  première  femme  inscrite  sur 
les  listes  électorales  (LIV,  3,  71).  — 
Beaucoup  de  femmes  ont  vainement  de- 
mandé leur  inscription  sur  les  listes  élec- 
torales. Pauline  Roland  en  1848,  et,  depuis 
elle,  des  centaines. 

HUBERTINE    AUCLERT. 

Roger  de  Beauvoir  et  la  Esme- 
ralda  de  Hugo. —  Le  bon  Pothey, l'au- 
teur de  la  Muette,  a  laissé  des  papiers  in- 
téressants qu'ilconservait  religieusement. 
Uncertain  nombreaété  recueilli  par  nous. 

C'est  ainsi  que  nous  avons,  sous  les 
yeux,  dans  son  manuscrit  original,  cu- 
rieusement raturé,  ces  vers  que  la  chute 
de  la  Esmeralda  inspira  à  Roger  de  Beau- 
voir .  Nous  les  croyons  inédits. 

On  sait  que  Victor  Hugo,  cédant  aux 
sollicitations  de  Bertm,  directeur  des  Dé- 
bats^ avait  donné  à  Mlle  Louise  Bertin, 
la  fille  de  celui-ci, un  poème  tiré  de  Notre- 
Dame  de  Paris.  Elle  l'avait  mis  en  musi- 
que. La  représentation  eut  lieu  à  l'Opéra 
le  14  novembre  1836.  Ce  fut  un  désastre. 

Un  critique  disait  plus  tard  :  \<  Le  mot 
ananké  s'est  manifesté  terriblement  dans 
cette  pièce.  Mlle  Falcon  y  a  perdu  sa 
voix.  Nourrit  est  parti  de  là  pour  aller  se 
tuer  en  Italie.  Une  jument,  appelée  Esme- 
ralda, cette  année-là,  s'est  cassé  les  reins 
aux  courses,  et  un  bateau  du  même  nom. 
a  péri  en  mer.» 

Roger  de  Beauvoir  a  pris  les  choses 
moins  tragiquement  : 

ESMERALDA 

Sainte-Beuve  a  mis  sa  lévite. 
Pour  aller  voir,  en  cachemite, 
L'opéra  de  son  grand  Victor. 

Du  cimetière  qu'il  habite. 
Comme  un  dévot  et   sage  hermite. 
Sans  bruit,  par  le  derrière,il  sort. 

C'est  un  omnibus  qui  l'amène 
Dans  un  quartier  qu'il  vit  à  peine 
Un  jour  qu'il  allait  chez    Pister 


160 


Dans  le  théâtre,  il  se  hasarde 
Et  fait  un  salut,  par  mégarde, 
A  deux  chasseurs  galonnés  d'or. 

Antony,  qui,  de  loin,  l'avise. 
Lui  présente  en  capote  grise 
La  face  obligeante  d'un  mort 

Tous  deux  prennent  place  au  parterre 
Près  d'une  barbe  à  caractère 
Et  d'un  pétase  à    large  bord 

Vingt   Velasquei,  cent  Véronèse, 
Plus  un  Macaire  en  polonaise, 
Viennent  leur  offrir  du  renfort 

Foule,  attentive,  intelligente, 

Noire,  fatale  et  haletante, 

C'est  sérieux, vois-tu  ?    du  Victor  ! 

Le  beau  moral,  le  laid  physique, 
Quasimodo  mis  en  musique. 
C'est  grave,  c'est  géant,  c'est  fort  ! 

Phœbus  bien  no?^rr/(i), dit  qu'il  aime 
Une  fille  belle  et  bohème, 
Qu'il  préfère  au  plus  cher  trésor. 

C'est  le  laid  bossu  qui  la  sauve 
Des  griffes  de  Frollo,  le  chauve 
Qui  veut  l'envoyer  à  la  mort. 

Et  la  cathédrale  rugueuse 
Est  la  carapace  fameuse 
De  cet  aimable  hareng  saur. 

Les   pont-neufs  les  plus  frénétiques, 
Ecrits  en  des  tons    chromatiques 
Fiedonnent  sur  son  triste  sort, 

Et  cette    foule  intelligente 
Noire,  fatale  et  haletante 
Devant  l'œuvre  du  grand  Victor, 


En  songeant  à  la  Notre-Dame, 
De  tous  ses  nez  fait  une  gamme, 
Ferme  tous  ses  yeux, et  s'endort  1 

Et  Sainte-Beuve  qui  s'agite. 

Trempe  de  sueur  sa  lévite 

Et  se  trouble  aux  doux  sons  du  cor. 

Puis  apercevant /«  Syrène 
Parmi  les  chameaux  de  la  scène 
11  s'élance  vite  en  dehors, 

Et  tourne  un    vers  sage  et  mystique, 
Sur  la  Notre-Dame  en  musique 
Qu'il  va  réciter  chez  Pistor. 

Roger  de  Beauvoir. 

(i)  L'acteur  Nourrit  jouait  Phœbus. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond. 


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Fondé   en    1864 


(Ê.m^tiom 


QUESTIONS     ET     RÉTONSES     LITTÉllAIiŒS.     HISTORIQUES.    SCIENTIFIQUES     ^T     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
• l6l 162      • 

Vierge,  que  Charlemagne  portait  toujours 
sur  lui,  comme  un  talisman  des  plus  pré- 
cieux, et  un  os  du  bras  droit  du  vieil 
empereur  lui-même. 

Le  chapitre  de  la  cathédrale  tint  long- 
temps secrète  cette  profanation  exécutée 
par  Berdolet  et  les  cadeaux  qui  furent 
remis  à  Joséphine.  Ces  présents,  ajoute 
l'auteur  anonyme  de  l'article  en  question, 
passèrent  par  héritage  entre  les  mains 
d'Hortense  et  d'Eugène,  puis  entre  celles 
de  Napoléon  III  d'une  part  et  de  la  famille 
de  Leuchtenberg,  descendant  d'Eugène 
de  Beauharnais,  d'autre  part  ;  l'os  du 
bras  de  Charlemagne  serait  actuellement 
en  la  possession  de  l'impératrice  Eugénie, 

Je  donne  ce  récit  pour  ce  qu'il  vaut. 
Tel  qu'il  est,  j'estime  qu'il  ne  peut  nous 
laisser  indifférents.  S'il  est  vrai  qu'un  os 
autbentiquci  du  bras  de  Charlemagne  se 
trouve  en  la  possession  de  notre  ancienne 
souveraine,  il  est  très  désirable  qu'il  reste 
en  France  et  qu'il  soit  légué  à  l'Etat. 
Charlemagne  nous  appartient  assez  pour 
que,  à  défaut  de  son  tombeau,  nous 
possédions  au  moins  son  radius  ou  son 
cubitus.  Quelle  plus  belle  relique  natio- 
nale peut-on  souhaiter  ?  Iskatel. 


Le  bras  droit  de  Charlemagne. 

—  On  sait  que,  récemment,  par  ordre  de 
l'empereur  d'Allemagne,  on  a  ouvert  le 
tombeau  de  Charlemagne.  Notre  vieux 
monarque,  qui  avait  su  réaliser  l'union 
des  peuples  francs  et  germaniques,  depuis 
lors  toujours  frères  ennemis,  a  Tanière 
destinée  d'être  troublé  plus  souvent  qu'à 
son  tour  dans  son  sommeil  soi-disant 
éternel,  sans  faire  d'ailleurs  aucune  allu- 
sion aux  nombreuses  et  quantes  fois  où 
Charles-Quint  vient,  sur  les  planches  du 
Théâtre  Français,  secouer  la  torpeur  sécu- 
laire de  son  illustre  prédécesseur. 

Or,  à  propos  de  la  récente  ouverture 
de  la  tombe  impériale,  la  Frankfurter 
Zeitung  du  3  août  1906  publie  un  article 
qui,  me  semble-t-il,  ne  doit  pas  passer 
inaperçu.  On  y  raconte  que,  du  22  juil- 
let au  2  septembre  1804,  l'impératrice 
Joséphine  vint  faire  une  cure  à  Aix-la- 
Chapelle. 

Napoléon  avait  récemment  créé  dans 
•cette  ville,  au  détriment  de  Cologne,  un 
siège  épiscopal  et  l'avait  confié  à  Berdolet, 
précédemment  prêtre  assermenté. 

Le  nouvel  évêque  ne  sut  que  faire  pour 
rendre  le  séjour  de  l'impératrice  aussi 
agréable  que  possible.  Le  i©'' août  1804, 
il  fit  visiter  à  celle-ci  le  trésor  de  la  cathé- 
drale et,  au  nom  du  chapitre,  lui  fit  pré- 
sent d'un  grand  nombre  de  reliques  et  de 
^ieux  objets  d'art  religieux.  Parmi  ces 
reliques    figuraient   des   cheveux    de    la 


Le  sonnet  d'Arvers  est-il  imité 
de  l'italien?  —  L'opinion  la  plus  ré- 
pandue est  aujourd'hui  que  le  sonnet 
d'Arvers  aurait  été  écrit  pour  Marie  Nodier 
(.Mme  Mennessier).  On  prétend  que  le 
titre  Sonnet  imité  de  l'italien  aurait  été 
choisi  pour  ménager,  soit  la  jalousie  du 
mari,  soit  la  délicatesse  de  la  femme,  et 

LIV-4 


N 


I  120. 


L'INTERMÉDIAIRE 


163 


164 


que  l'original  italien  serait  purement 
imaginaire. 

Ce  titre  se  lit  en  eflFet  dans  la  copie  au- 
tographe publiée  par  le  Gaulois  et  dans  le 
livre  Aies  heures  perdues^  mais  précisé- 
ment il  ne  se  retrouve  pas  dans  le  texte 
écrit  par  l'auteur  sur  l'Album  de  Mme 
Mennessier. 

Dès  lors,  il  saute  aux  yeux  que  l'une 
des  deux  hypothèses  est  fausse  :  ou  le 
sonnet  n'a  pas  été  écrit  pour  la  fille  de 
Nodier,  ou,  s'il  a  été  fait  pour  elle,  le 
titre  n'avait  pas  pour  but  de  dérouter  la 
famille. 

Admettons  que  Mme  Mennessier  soit 
la  dédicatrice.  Quel  est  le  sonnet  italien 
qu'Arvers  a  mis  en  français  ? 

M.  Léon  Séché  l'a  demandé,  paraît-il, 
en  Italie,  aux  «  professeurs  les  plus  re- 
nommés des  universités  provinciales  » 
qui  n'ont  pu  lui  donner  aucune  indication, 
mais  ce  résultat  négatif  ne  saurait  arrêter 
les  recherches. 

Par  contre,  un  correspondant  écrit  à 
M.  André  Beaunier  : 

J'ai  entendu  soutenir  cette  opinion,  que  le 
sonnet  d'Aiveis  serait  la  traduction  ou  1  imi- 
tation d'un  sonnet  italien  du  xvu*  siècle. 

Ne  vous  semblerait-il  pas  intéressant  d'y 
faire  allusion  sous  forme  de  question  posée  à 
vos  lecteurs,  afin  de  savoir  si  quelqu'un 
d'entre  eux  serait  en  mesure  de  confirmer  le 
fait? 

Cette  question,  nous  la  posons  ici. 


Napoléon  et  Madame  Fourès  — 

On  demande  si  jamais  la  liaison  que  Na- 
p  oléon  noua  pendant  l'expédition  d'Egypte 
avec  la  belle  Madame  Fourès,  épisode 
raconté  par  M.  Frédéric  Masson  au  cha- 
pitre v  de  son  œuvre  sur  Napoléon  et  les 
femmes,  a  été  traitée  comme  sujet  d'un 
roman  historique,  ou  d'une  nouvelle  du 
même  genre  ?  Et  quand  cela  est,  par  quel 
auteur  et  sous  quel  titre  ?       A.  de  W. 

tJrie  lettre  de  Napoléon  III  à 
Pie  IX.  —  De  Rome  à  VEclair. 

On  affirme  que  parmi  les  manuscrits  dé- 
posés à  la  bibliothèque  Vittorio-Emmanuele 
de  Rome  se  trouve  le  texte  d'une  lettre  auto- 
graphe de  l'empereur  Napoléon  III  à  Pie  IX, 
dans  laquelle,  à  la  veille  de  la  guerre,  l'em- 
pereur conseillait  au  Saint-Père  de  f.iire  un 
acte  d'abnégation,  en  renonçant  au  pouvoir 
temporel. 


Cette  lettre  aurait  été  retirée  récemment 
des  archives  du  Vatican  et  donnée  à  la  biblio- 
thèque. On  l'a  exhumée  à  propos  de  la  polé- 
mique —  qui  n'a  pas  encore  cessé  —  sur 
l'alliance  italo-franco  autrichienne,  projetée 
en  1869. 

Serait-il  possible  de  savoir  ce 
de  vrai  dans  cette  assertion  ? 


qu'il  y 
D-^L. 


Le  Régiment  du  Bourbonnais.  — 

Dans  quelle  bibliothèque  publique  ou 
privée  existe-t-il  une  brochure  éditée  en 
lyôj  à  Paris,  et  consacrée  au  Régiment 
du  Bourbonnais  ?  Ce  régiment  est-il  le 
Royal  Bourbonnois  ?  —  ou  le  régiment 
de  Milice  du  Bourbonnais  ? 

L.  G. 

Le  nom  d'un  colonel.  —  Quel  était 
en  février  1865  le  «  colonel  président  » 
du  «  régiment  d'artillerie  de  la  marine  » 
dont  le  «  conseil  d'administration  central  » 
était  à  Lorient  ?  Louis  Calendini. 

Le  cap  des  Aiguilles.  —  Pointe 
extrême  du  sud  de  l'Afriijue,  ce  cap  se 
trouve  à  une  petite  distance  à  l'Est  du 
cap  de  Bonne-Espérance,  au  point  de  sé- 
paration de  l'Atlantique  et  de  la  mer  des 
Indes. 

En  1497,  Vasco  de  Gama  fut  le  pre- 
mier à  le  contourner  pour  pénétrer  dans 
l'Océan  Indien. 

D'où  lui  vient  son  nom  de  cap  des  Ai- 
guilles et  à  quelle  époque  a-t-il  com- 
mencé à  le  porter  .? 

Cette  pointe  dangereuse  est-elle  appe- 
lée Aiguilles  (Agulhas),  soit  pour  ses 
nombreux  pics  granitiques,  soit,  disent 
certains  navigateurs,  parce  que  jouant  le 
rôle  d'un  puissant  aimant,  elle  fait  affoler 
les  aiguilles  des  compas?  E.  M, 

La  terre  du  Temple  près  de 
Roanne  (Loire).  —  Quelque  curieux 
du  centre  et  particulièrement  de  la  ré- 
gion de  Roanne,  peut-il  nous  fournir 
quelque  renseignement  sur  le  propriétaire 
de  la  terre  ou  domaine  du  Temple  près 
de  Roanne  au  xviu'  siècle  et  pendant  la 
Révolution?  L.  G.  Moulins. 

Adoption  :  la  question  du  nom. 

—  L'adoption  donne-t-elle,  en  même 
temps  que  le  droit  d'ajouter  au  nom  de 
l'adopté  celui  de  l'adoptant,  le  droit  pour 


DES  CHERCHEURS  ET   CURIEUX 


10  Août    1906. 


165 


166 


le  premier  de  porter  le  ou  les  titres  du 
second,  si  celui-ci  en  porte  un  ou  plu- 
sieurs ? 

L'on  demande  de  considérer  le  cas  où 
l'adopté  n'est  pas  noble  et  le  cas  où  il 
l'est  déjà  par  sa  naissance. 

On  serait  heureux  d'avoir  une  réponse 
à  cette  question, tant  en  ce  qui  concerne 
la  noblesse  française  de  la  royauté  et  de 
l'Empire  qu'en  ce  qui  a  rapport  à  la  no- 
blesse du  Saint-Empire,  de  l'Allemagne, 
de  l'Autriche,  de  l'Italie,  de  l'Espagne  et 
du  pape.  Freiherr  Léon. 

Changement  de  genre  de  noms 
propres.  —  Un  de  nos  collaborateurs 
pourrait-il  brièvement  nous  faire  con- 
naître la  raison  pour  laquelle  certains 
noms  de  fleuves  ou  de  rivières  de  notre 
pays,  qui  jadis  avaient  en  latin  le  genre 
masculin^  ont  perdu  ce  genre  pour  pren- 
dre dans  le  français  moderne  le  genre 
féminin?  —  Tels,  par  exemple:  Liger, 
la  Loire  ;  Carontus,  la  Charente  ;  Veron- 
//«laVéront,  que  nous  écrivons  TAveyron; 
tandisque  d'autres  de  môme  terminaison, 
ont  conservé  le  genre  masculin.  —  Ex 
Caru.slc  Cher  ;  et  Danus,  l'Ain  ;  auquel 
mal-à-propos  on  a  attribué  une  origine 
arabe  :  Aïn  (source)  ;  qui  certainement 
transcrit  en  langue  latine  ou  française, 
fut  devenu  Rhain  ou  Gha'in.  11  y  a  dans 
ce  petit  fait  philologique,  une  cause  cu- 
rieuse et  encore  ignorée  qui  peut  conduire 
à  des  déductions  intéressantes. 

A.  P. 

Famille  de  Aceyedo.  —  Un  mem- 
bre de  cette  famille  espagnole  serait  parti 
vers  1825  pour  la  Nouvelle-Grenade  où  il 
aurait  fait  souche;où  puis-je  trouver  trace 
de  cette  émigration  ?  Quels  sont  les  nobi- 
liaires espagnols  qui  me  donneraient  des 
renseignements  sur  cette  famille  de  Ace- 
vedo?  Jehan. 

Famille  de  Béthune.  —  Je  vois, 
mentionnés  dans  le  Bottin  mondain,  des 
Béthune  (princes),  etdesBéthune-Sully.  — 
Je  sais  que  les  premiers,  de  la  branche 
des  seigneurs  de  Carency,  prétendent  au 
titre  de  prince,  comme  étant  issus  de 
Eugène-François-Léon  de  Béthune,  mar- 
quis d'Hesdigneul,  député  de  la  noblesse 
des  Etats  d'Artois  en  1639,  1715,  1725, 
et  qui   obtint    de  l'empereur  Joseph   II, 


dont  il  était  chambellan,  un  diplôme  pa- 
lequel  il  fut  créé  prince  de  Béthune-Hesr 
digneul. 

Seulement  ce  titre  de  prince,  d'origine 
étrangère,  n'a  rien  de  commun,  avec 
celui  de  prince  souverain  d'Henrichemont 
et  de  Boisbelle,  autrefois  porté  par  Maxi- 
milien  de  Béthune,  duc  de  Sully,  dont  la 
postérité  mâle  est  depuis  longtemps  éteinte. 

En  conséquence,  il  convient  d'obser- 
ver que  le  titre  de  comte  de'  Béthune- 
Sully  ne  provient  pas  d'un  droit  de  des- 
cendance du  premier  duc  de  Sully,  mais 
qu'il  a  été  substitué  dans  la  famille  de 
Béthune  des  Planques  à  la  suite  de  la 
cession  des  terres  de  Sully,  Béthune, Lens 
et  Montgommery,  en  1808,  par  Alexan- 
drine-Hortense  d'Espinay-Samt  Luc, veuve 
du    dernier    duc   et    seigneur    de   Sully. 

Les  de  Béthune  des  Planques  se  pré- 
tendent issus  d'un  Baudouin  de  Béthune, 
fils  puîné  de  Robert  l*""  de  Béthune,  de  Ri- 
chebourg  et  de  Carency,  vivant  en  999, 
et  auteur  de  tous  les  vrais  de  Béthune 
dont  descendait  Sully.  —  Comment  les 
de  Béthune  actuels  justifient-ils  aitthenti- 
qiiement  cette  prétention,  qui  a  pu  seule 
servir  de  base  morale  à  leur  reprise,  (re- 
connue d'ailleurs  par  un  décret)  du  nom 
de  Sully,  complètement  étranger  généa- 
logiquement  à  leur  branche,  séparée  du 
tronc  principal  depuis  neuf  siècles  .? 

Hobby. 

Bo...  (F.).  —  Quel  était  cet  artiste 
qui  a  signé  ainsi  des  recueils  de  dessins, 
entr'autres  :  Livre  de  dessins  d'architecture  ; 
Livre  de  tombeaux,  chez  la  veuve  de  F. 
Chéreau,  rue  Saint-jacques.  Quelle  est 
l'époque  de  ces  publications  du  xvni* 
siècle  t  J.-C.  WiGG. 

Yves  de  Brinon,  traducteur  de 
Tacite.  —  Connaîtrait-on  une  traduc- 
tion de  Cornélius  Tacitus^  par  Yves  de 
Brinon,  gentilhomme  de  la  chambre 
de  Henri  H  et  de  Charles  IX,  qui  a  U^- 
diùt  l'Histoire  florentine  de  Machiavel,  en 
1577  ?  N'aurait-ii  pas  fait  éditer  une  tra- 
duction de  Tacite,  en  collaboration  avec 
Biaise  de  Vigenère  (Bourbonnais)?     L.G. 

Les  Cardilhao.  Lettres  à  M.  de 
Villette.  Testament,  états  de  ser- 
viceà  retrouver.  I,  —  Où  trouverai-je 


N"  Il 20, 


L'INTERMEDIAIRE 


167 


168 


les  originaux  ou  reproductions  des  32 
lettres  écrites  à  son  beau-frère,  M,  de 
Villette,  par  Jeanne  de  Cardaillac  (Car- 
dilhac)  femme  de  Constant  d'Aubigné  et 
mère  de  Mme  de  Maintenon,  —  lettres 
dont  Honoré  Bonliomme  signale  l'exis- 
tence dans  le  Bulletin  du,  Bibliophile, 
année  1860,  page  1673,  sous  ce  titre  : 
«  Lettres  et  documents  inédits  relatifs  à 
Mme  de  Maintenon  »  ?  ~  Ces  lettres  ont 
été  en  la  possession  de  Mme  de  Mainte- 
non ainsi  qu'en  témoigne  la  déclaration 
de  celle  ci,  que  reproduit  Ap.  Briquet 
dans  ce  même  Bulletin,  même  année  1860^ 
page  1501 . 

II.  —  Où  trouverai-je  le  contrat  de 
mariage  du  père  de  Jeanne  de  Cardaillac, 

—  de  Pierre  de  Cardilhac  (lieutenant  du 
duc  d'Epernon  et  commandant  du  château 
Trompette,  à  Bordeaux,  en  1627),  avec 
Louise  de  Montalembert,  contrat  du  27 
décembre  1609  ? 

III.  —  Où  trouverai-je  les  états  de  ser- 
vices, des  renseignements,  et  la  trace  du 
passage  au  château  Trompette  de  ce 
Pierre  de  Cardilhac  (seigneur  de  la  Lane), 
qui  maria  sa  fille,  Jeanne,  à  Constant 
d'Aubigné,  par  contrat  passé  devant  G.  B. 
Justian,  not.  royal  à  Bordeaux,  du  27 
décembre  1627,  —  dont  j'ai  l'expédition 
dans  mes  archives  ?  Cardaillaco. 

Famille  Ganjoux  en  Amérique. 

Je  sais  bien  que  mon  titre  est  vague, 
mais  Y  Intermédiaire  est  lu  partout  ;  peut- 
être,  dans  le  Nouveau  Monde,  cet  article 
tombera-t-il  sous  les  yeux  d'un  confrère 
qui  pourra  me  donner  les  nom  et  adresse 
de  quelque  descendant  d'un  rommé  Gan- 
joux  —  mon  très  arrière  grand- oncle  — 
qui  partit  pour  l'Amérique  peu  après 
1789,  et  dont  la  mère  était  une  demoi- 
selle Guidés  ?Je  serais  désireux  de  complé- 
ter cette  branche  de  ma  famille. 

XVI  B. 

MademoiSf-113  Certain,  poëtesse. 

—  En  1665  parut,  chez  Estienne  Loyson 
un  volume  intitulé  :  Nouvelles  poésies  ou 
diverses  pièces   choisies  tant  en  vers  qu'en 

prose,  de  [VJadcwoiselle  Certain  . 

Viollet  le  Duc  déclare  n'avoir  trouvé 
aucun  renseignement  sur  cet  auteur.  Le 
nom  de  Certain  n'est  cependant  pas  in- 
connu à  l'époque.  Douze  ans  plus  tard, 
La  Fontaine  chantait  les  louanges  d'une 


autre  Mlle  Certain  (Marie-Françoise)  que 
Clairambault  dit  être  <<■  une  bourgeoise  de 
Paris,  connue  par  ses  talents  pour  la  mu- 
sique et  le  clavessin  ».  Des  recueils  ma- 
nuscrits en  ma  possession  la  représentent 
en  outre  comme  «  fille  d'Opéra  ».  Jal  lui 
a  consacré  un  petit  article,  mais  ne  dit 
rien  de  sa  famille,  bien  que  sa  mère  soit 
citée  dans  le  Recueil  Maurepas,  avec  une 
note  qui  lui  a  échappé  : 

C'étoit  une  des  laides,  des  impertinentes  e 
des  vieilles  créatures  qui  fût  au  monde  et  qu 
néanmoins  étoit  fate,  débauchée  et  trafiquoit 
de  sa  fille.  (Bibl.  nat.  Mss.  f.  fr.  12.620). 

Mlle  Certain,  la  poëtesse,  appartenait- 
elle  à  cette  famille  ?  Son  nom  ne  figure 
pas  dans  la  vaste  bibliographie  de  M.  La- 
chèvre,  mais  notre  savant  collaborateur 
doit  être  documenté  sur  elle.  S. 

Chouvigny,  Chauvigny.  Sa  gé- 
néalogie. —  Les  auteurs  d'une  généa- 
logie de  la  famille  de  Chouvigny  ou 
Chauvigny  de  Blot,  MM.  Betlemont  et 
Huillot,  étaient-ils  du  Bourbonnais  ou 
d'une  province  du  centre  .?  Leur  tra- 
vail est  contenu  dans  une  brochure  for- 
mat in-4",  éditée  en  1783.  En  connait-on 
quelques  exemplaires  dans  les  bibliothè- 
ques publiques  ou  privées  t 

L.  G.  Moulins, 


Mlle  Clairon  à  Rouen.  —  Possède- 
t-on  un  document  quelconque  sur  le  sé- 
jour de  Mlle  Clairon  à  Rouen,  sur  le 
théâtre  où  elle  jouait,  sur  les  rôles  qui 
lui  furent  confiés,  sur  l'accueil  que  lui  fit 
le  public,  —  en  deh.  rs  du  pamphlet  in- 
titulé :  ilistoire  de  Mlle  Cronel,  dite  Fié- 
lillon  ?  Un  Passant. 


M.  Daymar. — Qui  était  ce  M .  Daymar 
qui  eut  un  ex-libris  de  style  roccoco,  por- 
tant un  écu  :  d'argent,  à  un  arbre  terrassé 
de  sinople,  accosté  à  dextre  d'un  croissant 
de  gueules,  et  à  séncstre  d'une  étoile  du 
même  :  au  lévrier  colleté  de  sable,  passant 
sur  la  terrasse  et  brochant  sur  le  fût  de  l'ar- 
bre. Daymar  était-il  son  nom  patronymi- 
que et  à  quelle   province  appartenait  il  .? 

D.  DES  E. 

Fassie  (M.).  —  Vivait  à  Paris  en  1830, 
Où  mourut-il  ?  L.  C, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


169 


10  Août    1996 


—     170 


Foulard  (Isidore).  —  Connaît-ton 
ce  personnage  qui  vivait  à  Paris  en  1836 
et  années  suivantes  ?  L.  C, 

Fournier  de  Lamartinie.   —  Des 

membres  de  cette  famille  vivaient  dans  la 


-Sarthe,  il  y  a  25  ans   Que 
nus  ?  Leurs  armoiries  ? 


sont-ils  deve- 
L.  C. 


Gorjy.  —  Depuis  1857,  date  de  l'ou- 
vrage de  Ch.  Monselet  sur  Les  oubliés  et 
les  dédaignéi  du  Xyill^  siècle,  dans  lequel 
l'auteur  regrette  de  n'avoir  pu  découvrir 
où  et  quand  naquit,  où  et  quand  mourut 
Gorjy  ou  Gorgy,  est-on  parvenu  à  per- 
cer le  secret  de  la  vie  de  ce  romancier  fé- 
cond qui  eut  un  assez  vif  succès  littéraire 
à  la  fin  du  xyiii"  siècle? 

On  cite  en  particulier  dans  ses  œuvres  : 

Nouveau  voyage  sentimental,  1785. 

Les  amours  d'Arlequin  et  de  Se'raphiiie, 
1788. 

Blançav,  1788,  nombreuses  éditions. 

Fictorine,  dédiée  à  la  comtesse  d'Ar- 
tois, 1789. 

Lidorie. 

Saint  Aime. 

Annequin  bredouille,  1791-92, 

Tablettes  sentimentales  du  bon  Pani- 
phile.    1791. 

La  plupart  de  ces  ouvrages  sont  illus- 
trées, composition  et  dessin,  par  lui- 
même  ;  sa  biographie  intéresserait  à  la 
fois  le  groupe  des  littérateurs  et  celui  des 
artistes.  Je  dévoile  aux  réponses  qu'il  fut 
plagié  par  le  marquis  d'Aligre.  Pigoreau 
le  portait  encore  vivant  en  1821,  tandis 
que  Qiiérard  le  fait  mourir  en  1795,  ce 
qui  est  erroné.  Sus. 

Guirotin.  —  Le  docteur  Guillotin, 
l'ancien  membre  de  la  Constituante,  celui 
qui  proposa  à  l'assemblée  l'adoption  de 
l'instrument  qui  porte  le  nom  de  guillo- 
tine, est  mort  en  1814.  Sait-on  où  il  a  été 
inhumé  .?  R.  Pichevin. 

Hébert  (M.)-  —  Ancien  notaire,  1830- 
1840.  Sait-on  quelque  chose  sur  ce  no- 
taire parisien  ?  ses  descendants  ? 

L.  C. 

M.  Mancal.  —  M.  Em.  Mancel  eut 
un  ex  libris  gravé  par  Trouchou,  portant 
dans  un  écu  ovoïde  :  d'a{nr,à  trois  lis  de 
jardin    d'argent,  posés  en  bandes,  2   et  i. 


Casque  et  lambrequins.  L'écu  posé  su 
deux  ancres  passées  en  sautoir  et  soutenu 
d'une  croix  de  la  Légion  d'honneur.  11 
doit  s'agir  d'un  officier  ou  d'un  fonction- 
naire de  la  marine  ;  à  quelle  province  ap- 
partenait-il ?  Plusieurs  familles  Mancel 
portent  des  armes  différentes  de  celles-ci. 
Par  la  même  occasion,  pourrait-on  me 
donner  quelques  renseignements  sur  le 
graveur  Trouchou  dont  je  rencontre  le 
nom  pour  la  première  fois  }     D.  des  E. 

Paganini,  lettres  et    sources.  — 

Connaît-on  des  lettres  autographes  de  Pa- 
ganini, et  dans  quelles  collections  publi- 
ques ou  privées  ?  Connaît-on  des  sources 
inédites  de  la  Biographie  de  Paganini,  an- 
térieurement à  1828  .f"  Existe-t-il  un  in- 
ventaire des  objets  légués  par  lui  à  la  ville 
de  Gènes  ^.  Cette  ville  possède-t-elle  des 
manuscrits  du  grand  violoniste  .?  En 
quelle  année  est  mort  son  fils  Achille  ? 

J.-G.  Prod'homme. 

Voltaire  à  Lausanne.  —  Peut-on 
préciser  la  maison  habitée  par  Voltaire  à 
Lausanne  en  1756-1758  ?  N'est-ce  pas 
celle  située  rue  du  Grand-Chêne,  \\°  6 
(actuel)  ?  C'est  la  tradition.  Mais  Voltaire 
parle  aussi  de  son  «  petit  ermitage  »  de 
Monrion.  Or,  ce  point  est  situé  beaucoup 
plus  bas,  entre  la  ligne  du  chemin  de  fer 
et  Ouchy  ^  La  description  qu'il  a  donnée 
de  sa  maison  à  1 5  fenêtres  correspond 
bien  à  celle  de  la  rue  du  Grand-Chêne. 

Que  fait  «  Monrion  »  en  cette  affaire  ^ 
Est-ce  une  autre  maison  d'été? 

H.  Lyonnet. 

La  Danaé  du  peintre  Girodet.  — 

Il  est  admis  que  le  tableau  satirique  exposé 
par  Girodet   au  Salon  de  l'an  VII,  repré- 


sentait   Mlle 


Lange. 


Le  regretté  M.  Th. 


Lhuillier.  dans  une  étude  fort  documentée 
sur  Mlle  Lange  [V Amateur  d'autographes, 
avril  1906)  partage  absolument  cet  avis 
et  ajoute  :  «  Delescluze  a  décrit  le  tableau 
dans  son  étude  sur  Louis  David,  son  école 
et  son  temps  ;  mais,  insuffisamment  ren- 
seigné, il  fait  confusion  en  attribuant  l'a- 
venture à  Mme  Simons-Candeille  ». 

Or,  voici  ce  que  je  trouve  dans  une 
lettre  écrite  par  Mme  Simons-Périé-Can- 
deille  (toujours  la  même,  mariée  trois 
fois)  en  1830  :  elle  recommande  à  un 
journaliste  ami,  un  ouvrage  qu'elle  vient 


N«  1120. 


L'INTERMEDIAIRE 


171 


172 


de  présenter  à  l'Académie,  sollicite  les 
suffrages  des  académiciens  et  ajoute  : 
«  M.  Raynouard,qui  en  est  aussi  (de  l'Aca- 
démie) ne  se  prononcerait  peut-être  pas 
{a.c\\emeT\i  contre  une  amie  de  feuGirodet.  » 
Que  signifie  cette  phrase?  Qu'est  devenu 
le  tableau  de  Girodet  ?       H.  Lyonnet. 

L'exemplaire  de  Manon  Les- 
caut, annoté  et  commenté  par  Ma- 
rie DuplessisCLa  Dame  aux  Camé- 
lias). —  Gustave  Claudin.  de  regrettée 
mémoire,  qui  d'ordinaire,  dans  ses  chro- 
niques, ne  parlait  que  de  ce  qu'il  savait, 
a  écrit  ceci,  page  194  de  son  petit  volume 
sur  Paris.  Dentu,  grand  in- 18,  1862  : 
«  Elle  (la  Dame  aux  Camélias)  fut  belle, 
riche,  ardente  au  plaisir,  triste  dans  l'or- 
gie, et,  pour  comble  de  bonheur,  rendit 
l'âme  dans  tout  l'éclat  de  sa  beauté.  A  sa 
mort,  on  trouva  dans  ses  boudoirs,  ses 
oratoires  et  ses  alcôves,  des  hochets  pré- 
cieux que  les  marquises  vinrent  se  dispu- 
ter, et,  dans  sa  bibliothèque,  un  exem- 
plaire de  Manon  Lescaut,  sur  lequel  cette 
pauvre  créature  avait  tracé  des  commen- 
taires qui  eussent  fait  rêver  La  Rochefou- 
cauld, Vauvenargues  et  toute  la  bande 
des  moralistes   etc.  » 

Sait-on  ce  qu'est  aujourd'hui  devenu  ce 
volume,  dont  n'ont  parlé  ni  Alexandre 
Dumas  fils,  dans  sa  célèbre  préface  de 
l'édition  Glady  de  Manon  Lescaut  (1875), 
ni  M.  Georges  Soreau,  dans  sa  Vie  de  la 
Dame  aux  Camélias^  petit  vol.  in- 16, 
illustré  de  portraits  et  de  fac-similés 
d'autographes  de  Marie  Duplessis  et 
d'Alexandre  Dumas  fils,  du  temps  de 
leur  prime  jeunesse  (Paris,  Rev.  de 
France,  1898)  f  Ulric  R.-D. 

Culture  de  la  vigne.  Ouvrage  à 
retrouver.  —  Depuis  plusieurs  mois 
nous  recherchons  sans  succès  un  Traité 
sur  la  manière  de  cultiver  la  vigne^  qui, 
d'après  l'abbé  Gandelot,  Histoire  de  la 
ville  de  Beaune  et  de  ses  antiquités,  aurait 
été  imprimé  à  Iverdun  (Suisse)  et  dans 
lequel  on  trouvera,  dit  cet  historien,  une 
dissertation  du  sieur  Arnoux  de  Beaune 
(probablement  sur  la  culture  de  la  vigne). 

Cet  ouvrage  existe-t-il  réellement .?  Si 
l'un  de  nos  collègues  en  possédait  un 
exemplaire,  nous  lui  aurions  une  recon- 
naissance toute  particulière  de  nous  le 
communiquer,  F.  L.  A.  H.  M. 


Le  mot  «  sujet.» —  En  classant  des 
journaux  datant  du  mois  dernier,  j'ai  mis 
la  main  sur  une  feuille  à  grand  tirage, 
laquelle,  rendant  compte  du  procès  des 
«  faiseurs  de  bombes  »,  disait  à  propos 
de  la  déposition  d'un  des  témoins  de 
l'affaire  :  «  M.  Rubanovitch,  qui  est  su]et 
français,  reconnaît,  etc..  » 

Voilà,  me  suis  je  dit,  un  nouvel  exem- 
ple de  la  déformation  de  la  langue  fran- 
çaise par  les  journaux. 

je  suis  né  sous  la  monarchie  de  juillet, 
et  j'ai  vécu  plus  tard  sous  le  second  Em- 
pire, j'ai  donc  été,  suivant  le  langage 
courant,  le  sujet  du  roi  Louis-Philippe  P^ 
puis  celui  de  l'empereur  Napoléon  111. 
Mais  je  ne  me  figurais  pas  avoir  été,  sous 
la  seconde  République,  le  sujet  de  Lamar- 
tine et  de  Ledru-Rollin,  ou  celui  du 
président  Louis-Napoléon  Bonaparte,  ni, 
sous  la  troisième  République,  le  sujet  de 
Trochu  et  de  Jules  Favre,  puis  celui  de 
Thiers,  de  Mac  Mahon,  de  Jules  Grévy, 
deCarnot,  de  M.  Casimir  Périer,  de  Félix 
Faure,  enfin  celui  de  M.  Emile  Loubet  et 
de  M,  Armand  Fallières. 

Je  me  croyais,  je  me  crois  toujours 
citoyen  français  depuis  le  mois  de  septem- 
bre 1870.  11  faudrait  des  raisons  décisives 
pour  me  faire  admettre  le  contraire,  et 
ces  raisons,  je  les  attendrai  longtemps 
sans  doute.  F.  R. 


Le  crapaud  de  Blois.  —  Quelqu'un 
pourrait-il  me  renseigner  à  ce  sujet }  Voici 
seulement  ce  que  je  sais  : 

Vers  1835,  un  habitant  des  environs 
de  Blois,  en  brisant  une  géode  siliceuse 
parfaitement  close,  affirma  y  avoir  trouvé 
—  ce  qui  était  déjà  bien  surprenant  — 
un  crapaud  —  et,  qui  plus  est  —  ce  cra- 
paud était  vivant  (!)  Comme  un  fait  aussi 
formidable  renversait  les  plus  élémen- 
taires lois  de  la  biologie,  et,  par  dessus 
le  marché,  de  la  géologie,  l'Académie  des 
sciences  s'émut  et  nomma  une  commis- 
sion d'enquête  pour  éclaircir  la  question. 
A  quoi  cette  enquête  a-t-elle  abouti  ?  Où 
peut-on  trouver  le  rapport  de  la  commis- 
sion ?  Se  trouvait-on  en  présence  d'un 
mystificateur  ou  d'une  erreur  de  bonne 
foi  ?  Autant  de  questions  sur  lesquelles  je 
serais  heureux  qu'un  des  Lcteurs  de  V In- 
termédiaire pût  me  renseigner.      F.  V. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août   1906. 


173 


74 


Hipouôcô 


Mémoires  inédits  de  la  duchesse 
d'Angoulême  (LIV.  49).  — Je  possède 
une  petite  brochure  de  72  pages  intitu- 
lée :  Récit  des  événements  arrivés  au  Tem- 
ple^ depuis  le  13  août  1792  jusqu'à  la 
mort  du  Dauphin  Louis  XVII.  On  y  a 
joint  :  Le  testament  de  Louis  XVII  et  de  la 
Reine^  etc.  (Louvain  1823). 

L'auteur,  qui  n'est  autre  que  la  du- 
chesse d'AngouIême,  y  donne  une  foule 
de  détails  très  intéressants.  A.  H. 

♦  » 
La  tradition  d'un  Testament  politique 

laissée  par  la  duchesse  d'AngouIême  pour 
être  ouvert  cent  ans  après  sa  mort, est  une 
pure  légende  qui  ne  repose  absolument 
sur  rien.  Comme  je  l'ai  dit  dernièrement 
dans  le  Gaulois^  cette  soi-disant  confes- 
sion suprême  écrite  de  la  main  même  de 
la  princesse  et  toute  remplie  de  révéla- 
tions et  d'aveux,  devait  primitivement 
être  ouverte  50  ans  après  sa  mort.  Mais  à 
la  date  fixée  et  impatiemment  attendue, 
aucune  communication  n'a  été  faite  et 
rien  n'est  venu  justifier  cette  prédiction 
sensationnelle.  Cette  désillution  n'a  pas 
découragé  les  esprits  crédules  qui  espèrent 
maintenant  qu'en  195 1,  à  l'époque  du 
centenaire  de  l'anniversaire,  les  gardiens 
inconnus  qui  détiennent  dans  un  lieu 
ignoré  ce  mystérieux  testament,  consen- 
tiront enfin  à  le  livrer  au  public. 

Dans  le  Curieux  de  novembre  1884, 
M.  Nauroy  faisait  mention  de  cette  com- 
munication promise  pour  1901,  mais 
n'ayant  pas  l'article  sous  les  yeux  je  ne 
puis  dire  de  façon  certaine  à  qui  il  en  at- 
tribuait la  paternité.  Quoique  les  Naun- 
dorffistes  se  défendent  maintenant  d'avoir 
parlé  autrefois  de  cette  date  du  cinquan- 
tenaire, il  me  paraît  pourtant  difficile 
d'attribuer  ces  prédictions  aux  adver- 
saires du  parti' de  la  survivance  !  En  tout 
cas,  le  comte  de  Cornulier-Lucinière  sem- 
ble parler  de  la  date  de  195  i  pour  la  pu- 
blication du  testament  comme  d'une 
chose  certaine  ;  peut-être  pourrait-il,  par 
conséquent, donner  à  notre  confrère  G.  T. 
le  renseignement  demandé.  Je  dois  ajou- 
ter cependant  que  dans  le  numéro  de  juil- 
let il  semble  se  montrer  moins  affirmatif 
à  cet  égard. 

U  serait  également  curieux   de  savoir 


sur  quoi  est  basée  la  légende  du  soi-disant 
testament  de  Louis  XVIII  au  profit  de 
Naundorff,  testament  brûlé  par  le  comte 
d'Artois.  On  parle  également  maintenant 
d'un  testament  du  comte  de  Chambord 
remis  à  Léon  XIII .?  Le  parti  Naundorffiste 
s'est  souvent  servi  de  ces  faits  qu'il  est 
facile  d'avancer,  mais  dont  il  serait  sans 
doute  beaucoup  plus  difficile  de  donner 
les  preuves  ou  mieux  de  montrer  la  pro- 
babilité .f*  Vicomte  DE  Reiset. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral 
Veriiuel  (LIV,  i,  66,  116). —  i"  Le 
portrait  de  l'amiral  qui  se  trouve  à  Ver- 
sailles, montre  que  la  ressemblance  entre 
Verhuel  et  Napoléon  est  une  légende. 
2°  Jamais  l'amiral  Verhuel  n'a  tenu  les 
propos  qu'on  lui  prête  à  la  Chambre  des 
Pairs.  Je  défie  qu  on  me  le  prouve.  Ja- 
mais la  Chambre  des  pairs  n'a  voté  la 
mort  ;  un  seul  membre  l'a  fait  :  d'Alton- 
Shée  ;  3°  Jamais  le  roi  Louis  n'a  écrit  la 
lettre  en  question  au  pape.  Je  défie  égale- 
ment qu'on  me  prouve  l'existence  de  cette 
lettre  et  de  la  phrase  incriminée  ;  4°  Dans 
ses  notes,  M.  Wildeman  a  fait  erreur  sur 
plus  d'un  point  où  il  s'agit  du  frère  de 
l'amiral.  Plus  j'ai  étudié  la  question,  plus 
j'ai  été  amené  à  conclure  par  la  paternité 
de  Louis-Bonaparte.  Je  dirais  même  que 
j'en  suis  certain,  si  l'on  pouvait  l'être  en 
de  pareilles  matières.       André  Lebey. 

Je  remercie  M.  de  Noduwez  de  sa  très 
intéressante  réponse  :  j'espère  qu'il  vou- 
dra bien  la  compléter  : 

1°  J'ignorais  que  Napoléon  III  fût  ja- 
mais condamné  à  mort.  Quand  le  fi\t-il  ? 

2°J'ignorais  aussique  l'amiralVer  Huell 
siégeât  dans  la  Chambre  des  pairs  qui,  en 
1840  condamna  Napoléon  III  à  la  déten- 
tion perpétuelle  ?  Aussi  M.  de  Noduwez 
me  rendrait  grand  service  en  me  disant 
où  il  a  trouvé  les  paroles  dudit  amiral 
dans  cette  assemblée  .? 

3°  M.  de  Noduwez  voudrait-il  aussi  me 
donner  les  preuves  de  l'authenticité  de  la 
lettre  dont  il  cite  une  phrase,  lettre  que 
personne  n'a  vue  et  qui,  à  mon  avis,  ne 
peut  pas  avoir  été  écrite.  Je  le  remercie 
encore  d'avance.  Germain  Bapst. 

*     ¥ 

A  quoi  fait  donc  allusion  M.  Vallée  de 
Noduwez  en  citant  le  fait  de  l'amiral 
Ver  Huell,  demandant    comme    père,    la 


N»    II20. 


L'INTERMEDIAIRE 


175   

grâce  de  son  fils  Louis-Bonaparte,  à  la 
chambre  des  pairs  ? 

A  quelle  séance  le  fait  se   produisit-il  ? 

Comment  Ver  Huell,  hollandais,  sié- 
geait-il à  la  chambre  des  pairs  fran- 
çaise ? 


M.  D. 


* 

*   ¥ 


Colonne    117,   lire  5 
juin  1807,  au    lieu    de 


mai  1807  et  25 
1802.  —  Mons. 
Th.  Courtaux  trouvera  des  portraits  de 
l'amiral  dans  :  A.  Maurice.  Le  vice-amiral 
comte  Ver  Huell,  Paris,  Lacombe,  18^7. 
].-H,  Grand-Pierre.  Notice  sur...  etc.  Pa- 
ris, L.  R.  de  Lay,  1845,  80.  —Je  possède 
son  portrait  en  lithographie  par  Weissen- 
bruch,  d'après  l'original  peint  à  l'huile. 
L'amiral  est  représente  jusqu'à  mi-corps, 
de  trois  quarts  à  droite,  en  uniforme  avec 
deux  plaques,  un  grand  cordon,  la  croix 
d'officier  de  la  Légion  d'honneur,  celle  de 
chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Guil- 
laume et  la  médaille  de  Doggersbank.  Il 
n'y  a  aucune  ressemblancedansce  portrait 
avec  les  images  de  Napoléon  111.  Les  yeux 
de  l'amiral  sont  très  expressifs,  son  nez 
est  très  large  et  ses  cheveux  foncés  sont 
bouclés,  tandis  que  sa  bouche  me  semble 
fort  serrée.  L'original  de  ce  portrait  se 
trouvait  en  1870,  dans  les  collections  du 
Jh'  H.  T.  A.  Ver  Huell  à  La  Haye. 

M. -G.  WlLDEMAN. 

Il  existe  une  correspondance  particu- 
lière donnant,  jour  par  jour,  du  14  juin 
au  9  août  1801 ,  les  plus  minutieux  détails, 
sur  le  séjour  que  firent  le  roi  et  la  reine 
de  Hollande  aux  eaux  des  Pyrénées. 

C'est  celle  de  Boniface  de  Castellane, 
alors  préfet  des  Basses  Pyrénées,  avec  son 
fils,  le  futur  maréchal  de  France.  Une 
partie  de  cette  correspondance  a  été  pu- 
bliée dans  un  article  de  Lucien  Pere}^, 
paru  dans  la  Vie  Contemporaine,  n"  du 
ler  février  1894,  et  dans  le  livre  intitulé  : 
Boniface- Louis- And  ré  de  Castellane  (Pa- 
ris, Pion.  i90î,in-8°),  que  la  comtesse  de 
Beaulaincourt  a  consacré  à  la  mémoire  de 
de  son  grand-père. 

Par  cti  lettres,  on  constate  la  présence 
simultanée  du  roi  Louis,  de  la  reine  Hor- 
tense  et  de  Ver  Huell  à  Cauterets,  et  celle 
de  Ver  Huell  seul,  auprès  de  la  reine,  à 
Saint-Sauveur.  P.  L.  B. 


176    

La  duchesse  da  Berry  et  Charles 
Albert.  —  Découverte  d'une  cor- 
raspondance  secrète  (LIV,  105).  — 
La  brochure  de  M.  Henry  Prior  est  de 
publication  toute  récente.  11  est  possible, 
probable  même,  qu'elle  ait  échappé  jus- 
qu'ici à  la  plupart  des  historiens.  Invité  à 
exprimer  son  avis  sur  le  fond  même  de  la 
trouvaille  de  M.  Prior,  M.  de  Reiset  le 
donnera  avec  cette  compétence  reconnue 
de  tous,  qui  fait  justement  caractériser 
son  travail  sur  Mme  la  duchesse  du  Berry 
«  d'œuvre  magistrale  ». 

V Intermédiaire  s'efforce  d'éviter  les 
polémiques.  Il  me  paraît  donc  sage,  avant 
même  que  M  de  Reiset  ait  pris  la  plume, 
d'apprendre  à  nos  confrères  que  M.  Henry 
Prior,  après  avoir  fouillé  beaucoup  de 
papiers,  semble...  malheureusement  être 
devenu  Naundorffiste. 

La  préface  de  ses  Documents  inédits  est 
tout  à  fait  curieuse.  Je  demande  la  per- 
mission d'en  citer  un  passage  : 

Cependant,  dans  ce  mélange  de  qualités  et 
de  défauts,  il  n'y  a,  à  bien  le  considérer, 
rien  qui  puisse  justifier  la  résignation  avec 
laquelle  Charles  X  accepta  l'usurpation  de 
son  cousin,  les  obstacles  qu'il  mit  à  la  procla- 
mation de  son  petit-fils  et  les  manœuvres 
auxquelles  il  eut  recours  pour  faire  éciiouer 
les  projets  de  la  duchesse  de  Berry. 

Une  seule  explication  serait  possible,  mais 
elle  est  difficile  à  formuler. 

Ici  nous  touchons  à  un  point  de  l'histoire, 
qui  a  été  mille  fois  discuté  et  jamais  résolu, 
tour  à  tour  attaqué  et  soutenu  avec  une  égale 
violence,  mais  que  de  récentes  publications 
semblent  avoir  éclairé  d'un  nouveau  jour. 

Nous  voulons  parler  de  l'évasion  du  Temple 
du  Dauphin,  fils  de  Louis  XV!  et,  par  consé- 
quent, seul  héritier  légitime  de  sa  couronne. 
Le  fait  aurait  été  connu  de  Louis  XVIIl.  de 
son  frère  et  de  la  duchesse  d'Angoulême, 
bien  avant  la  Restauration.  Nous  n'avons  pas 
à  discuter  les  raisons  pour  lesquelles  ils  s'obs- 
tinèrent à  le  nier.  Lorsque  le  duc  de  Berry 
connut  ce  secret,  il  se  révolta  contre  l'injus- 
tice qui  condamnait  son  cousin  à  la  pros- 
cription et  à  l'obscurité  ;  il  voulut  plaider 
la  cause  de  l'orphelin,  il  le  fit  avec  toute 
l'ardeur  d'un  cœur  généreux  et  d'une  grande 
âme. 

Des  scènes  violentes  eurent  lieu  aux  Tuile- 
ries. 

La  mort  seule  pouvait  le  réduire  au  silence. 
Il  mourut. 

Mais,  en  dehors  de  la  famille  royale,  un 
autre  personnage,  depuis  de  longues  années, 
était  également   au    fait   de  tout  ce  qui  con- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août    1906 


177 


178 


cernait  le  duc  de   Normandie  et  c'était  le  duc 
d'Orléans. 

A  dater  de  la  Restauration,  il  ne  cessa  de 
se  servir  de  ce  secret,  pour  obtenir  de  ses 
cousins  la  restitution  de  l'immense  patrimoine 
de  sa  famille,  auquel  il  n'avait  nul  droit, 
pour  leur  extorquer  honneurs,  faveurs,  privi- 
lèges, et  il  poussa  l'avidité  à  un  tel  point 
que  tous  les  partis  crièrent  au  scandale. 

C'était  un  véritable  chantage,  organisé  avec 
une  audace  et  une  ténacité,  dont  Louis-Phi- 
lippe seul  pouvait  être  capable.  Celui  qui 
avait  tout  fait  pour  dépouiller  sa  propre  mère, 
ne  devait  guère  avoir  de  scrupules  pour 
s'emparer  de  la  couronne  de  la  branche  aînée, 
quand  l'occasion  s'en  présenterait.  Les  jour- 
nées de  Juillet  la  lui  fournirent  et  il  joua  ses 
parents,  avec  l'habileté  que  Ton  sait. 

Le  roi  Charles  X  et  les  siens  se  seraient 
tus  devant  la  menace  de  révéler  un  secret 
qui  les  aurait  à  jamais  déshonorés  et  auraient 
préféré  le  silence  et  l'exil  à  la  honte,  dont 
cette  révélation  eût  entaché  leur  mémoire. 
Telle  est  la  thèse  qui  est  soutenue  par  de 
nombreux  historiens  dignes  de  foi.  Jules  Favre, 
qui  était  un  honnête  homme?  et  d'autres 
écrivains  également  respectables,  ne  mettent 
pas  en  doute  l'existence  de  Louis  XVll.  11  ne 
nous  appartient  pas  de  décider  du  bien  fondé 
de  ces  assertions.  Le  temps  viendra  où  les 
archives  du  Vatican  et  celles  de  Berlin  nous 
diront  leur  secret. 

Bornons-nous  à  constater  que  seule  cette 
version  donnerait  la  clef  des  contradictions 
que  nous  trouvons  dans  la  manière  d'agir  de 
Charles  X  et,  pour  ce  qui  se  rapporte  plus 
spécialement  à  la  présente  publication,  expli- 
querait la  raison  pour  laquelle  la  conduite  de 
la  duchesse  de  Berry,  avant  1834  —  c'est-à- 
dire  avant  qu'elle  eût  connaissance  de  ce  fatal 
secret  —  diffère  si  fort  de  l'attitude  qu'elle 
prit,  depuis  l'époque  où  il  lui  fut  enfin  ré- 
vélé. 

Comment!  cette  mère,  qui,  pendant  trois 
ans,  méprise  tous  les  dangers,  bat  à  toutes 
les  portes,  à  Naples  comme  à  Vienne,  à  Pé- 
tersbourg  comme  à  Turin,  qui  brave  mille 
fois  la  mort,  sur  une  mer  en  furie  comme  au 
fond  des  forêts  de  la  Vendée,  bien  plus,  qui 
n'hésite  pas  à  exposer  son  honneur  de  femme, 
pour  assurer  à  son  fils  cette  couronne  de 
saint  Louis,  qu'elle  croit  fermement  être  sa 
propriété  légitime,  nous  la  retrouverions,  à 
peu  de  mois  de  distance,  et  sans  cause  appa- 
rente, calmement  résignée  à  son  sort,  ayant 
renoncé  à  toute  tentative  de  revendication  et 
ne  faisant  plus,  dans  sa  nombreuse  corres- 
pondance, aucune  allusion  à  ces  droits  qu'elle 
a  crus  siens?  Non,  un  pareil  changement  ne 
peut  avoir  qu'une  raison,  la  conviction  où 
Madame  est  arrivée  qu'elle  a  été  trompée  et, 
aussitôt  qu'elle  est  instruite  de  la  vérité^  elle 
renonce  à  lutter  pour   rentrer  en   possession 


d'un  héritage  auquel  elle  sait  n'avoir  désor- 
mais plus  de  droits. 

La  duchesse  de  Berry  était  un  honnête 
homme. 

Elle  suivit  l'exemple  de  son  mari  et  recula 
devant  la  perspective  d'assurer  une  couronne 
à  son  fils,  au  prix  du  déshonneur  et  d'une 
criante  injustice. 

Les  Naundorffistes  qui,  en  dehors  de 
la  question  de  l'évasion  de  Louis  XVII, 
ont  porté  un  coup  d'oeil  général  sur  l'his- 
toire de  France,  n'ont  jamais  dit  autre 
chose.  Je  suis  parmi  ceux  qui  jettent  un 
blâme,  sans  restriction,  sur  la  conduite 
de  Louis  XVIII  ;  mais  qui  trouvent  des 
circonstances  atténuantes  à  la  conduite  de 
Charles  X  et  des  siens.  Hélas,  la  ligne 
mathématique,  qui  sépare  les  survivan- 
tistes  de  l'histoire  officielle,  est  si  tran- 
chée ou,  plutôt  encore,  si  tranchante, 
qu'il  n'est  même  pas  possible  de  professer 
des  circonstances  atténuantes  Les  jour- 
naux, dans  lesquels  on  souhaiterait  les 
établir,  ne  les  acceptent  pas.  Les  français, 
dans  aucun  ordre  idées,  ne  sont  plus  ni 
«  centre  droit  »  p.i  «  centre  gauche  »,  ils 
sont  ultramontains,  intransigeants,  in- 
tangibles et,  naturellement,  infaillibles. 
Ils  sont  dans  le  train  qui  conduit  aux  pays 
inconnus  ! 

Dans  une  des  lettres  du  travail  de 
M.  Prlor,  le  comte  de  Lescarène,  le  12  mai 
1833,  présente  le  marquis  Eugène  de 
Montmorency  au  marquis  Pallavicini, 
dans  les  termes  suivants  : 


M.  de  Montmorency  est  un  excellent 
homme,  pieux,  bon,  confiant,  royaliste 
comme  doit  l'être  un  Montmorency  ;  mais, 
croyant  autant  presque  qu'en  Dieu  à  l'existence 
de  Louis  XVII,  qui  remettra  l'ordre  en  Europe 
et  surtout  en  France. 

Otiel  mauvais  accueil  les  intransigeants 
du  noble  faubourg  feraient  à  M.  E.  de 
Montmorency,  s'il  était  encore  vivant  ! 

Henry  Provins. 


Ile  découverte  en  1772  (LIV,  49). 
—  Cette  question  a  déjà  été  posée  dans 
l'Intermédiaire  {XUX,  51)  et  M.  Gabriel 
Marcel  et  moi  y  avons  longuement  ré- 
pondu (même  volume,  184,  46^). 

Th.  Courtaux. 


Il  s'agit  de 


♦  * 


la  terre  de  Kerguelen,  que 
nous  avons  encore   la  prétention  de  pos 
séder. 


Cl.  Godard. 


N»    1120. 


L'INTERMEDIAIRE 


179    

• 

Je  crois  pouvoir  répondre  avec  une 
presque  certitude  à  la  question  de  notre 
collaborateur  M.  P.  F.  que  l'ile  nouvelle- 
ment découverte  dont  parle  l'officier  bres- 
tois,  est  l'ile  de  Kerguélen,  située  dans 
l'hémisphère  du  Sud,  à  1.000  kilom.  du 
cap  de  Bonne-Espérance.  Elle  fut  en  effet 
découverte  en  1772,  par  le  capitaine  bre- 
ton Kerguélen-Trémarec  que  le  ministre 
de  la  marine  avait  envoyé  à  la  décou- 
verte des  terres  inconnues,  en  même 
temps  que  le  célèbre  navigateur  Cook  sui- 
vait, de  son  côté,  les  mêmes  routes  mari- 
times, AuG.  Paradan. 

Tandis  qu'en  1771  les  plus  habiles  ma- 
rins et  les  plus  savants  astronomes  per- 
fectionnaient dans  l'hémisphère  Nord  la 
géographie  de  l'Atlantique,  d'autres 
marins  français  se  livraient  dans  le  Sud  à 
la  recherches  des  terres  australes.  M.  de 
Kerguélen  parti  de  l'Ile-de-France  le  16 
janvier  1772,  avec  la  flùic  la  Forl^uiie  et  la 
flûte  k  Gros-Centre^  fit  route  directement 
au  sud  et  découvrit  par  50"  de  latitude 
une  terre  escarpée  et  stérile.  Sans  appro- 
fondir cette  découverte,  il  revint  à  l'Ile- 
de-France,  persuadé  qu'il  avait  trouvé 
l'un  des  caps  du  continent  austral  ;  et  de 
là  il  s'empressa  d'aller  en  France  annon- 
cer cette  importante  découverte. 

L'enthousiasme  qu'elle  excita  fut  tel 
que  sur  le  champ  le  Ministre  de  la  marine 
ordonna,  pour  l'aller  achever, l'armement 
du  vaisseau  le  Roland  et  de  la  frégate 
rOisean.  Cette  expédition,  commandée 
par  M.  de  Kerguélen,  fut  augmentée  delà 
corvette  la  Dai/pbine,  lors  de  son  départ 
de  l'Iie-de-France  le  29  août  1773, 
Kerguélen  ayant  fait  route  au  Sud  avec  sa 
petite  division,  se  borna  à  reconnaître, 
d'une  manière  un  peu  plus  exacte,  le  pré- 
tendu continent  découvert  l'année  précé- 
dente et  le  quitta  brusquement, sans  avoir 
décidé  si  ce  n'était  qu'une  île  ou  non.  De- 
puis, le  capitaine  Cook  a  résolu  ce  pro- 
blème dans  son  troif-ième  voyage  (1776) 
et  a  démontré  que  la  Terre  de  Kerguélen, 
qu'il  appela  île  de  la  Désolation,  n'est 
qu'une  île  de  peu  d'étendue,  absolument 
déserte  et  aride. 

Il  est  à  présumer  que,  dans  sa  lettre  à 
son  camarade,  l'officier  de  marine,  dont 
parle  notre  collaborateur,  voulait  parler 


180 


de  l'armement  des  bâtmients  de  la  divi- 
sion de  Kerguélen.  E.  M. 

Ccndamnation  de  Jésus  (LUI,  553, 
621,685,732,  789,  900  ;  LIV,  13,  59).  — 
je  trouve  assurément  intéressantes,  les 
réponses  à  cette  question.  Malgré  mon 
incompétence,  j'avais  été  tenté  de  servir 
ma  pecite  contribution  ;  mais  je  m'atten- 
dais, au  surplus,  à  voir  apparaître  bientôt 
dans  les  colonnes  de  Y  Intermédiaire  ce 
qui  eût  été' le  seul  éclaircissement  dont  je 
dispose.  A  ma  grande  surprise,  nul  n'en 
a  parlé,  et  n'ayant  toujours  pas  mon 
auteur  sous  la  main,  j'en  suis  réduit  à 
l'indication  strictement  suffisante  de  ma 
référence. 

Pourquoi  donc  personne  n'a-t-il  ajouté 
aux  sources  énumcrées,le  Livre  des  singu- 
larités de  Gabriel  Peugnot,  qui  renferme, 
si  ma  mémoire  est  fidèle,  trois  ou  quatre 
variantes  de  la  condamnation  de  Jésus  ? 

Hauïenclef. 

»  * 
Chacun    a  dit  son   mot   au    sujet    des 

douze  lignes   du  texte  de  Josèphe.  C'est 

pourquoi   j'ose    m'avenlurer     dans   cette 

petite  guerre  à  coups  de  plumes.  Ce  n'est 

pas  de  la  fatuité,  c'est  de  l'épidémie. 

A  en  croire  M.  Dujardin,  «  il  est  una- 
nimement reconnu  que  le  passage  de 
Josèphe  est  interpolé  ;  les  avis  ne  différent 
que  sur  la  question  de  savoir  si  le  passage 
est  entièrement  apocryphe  ou  s'il  est  seu- 
lement glose  ». 

Pour  ne  citer  qu'un  critique,  non  or- 
thodoxe, mais  rationaliste,  ayant  bien 
voix  dans  la  question,  l'opinion  de  Renan 
indique  à  elle  seule  que  cette  unaniiiiité, 
dont  parle  M.  Dujardin,  est  encore  à  dé- 
montrer. 

Voici  comment  s'exprime  le  savant 
érudit  au  sujet  du  passage  en  question  : 

«  Je  crois  le  passage  sur  Jésus  authen- 
tique dans  son  ensemble.  Il  est  parfaite- 
ment dans  le  goût  de  Josèphe,  et,  si  cet 
historien  a  fait  mention  de  Jésus,  c'est 
bien  comme  cela  qu'il  a  dû  en  parler.  On 
sent  seulement  qu'une  main  chrétienne  a 
retouché  le  morceau,  en  y  ajoutant 
quelques  mots  sans  lesquels  il  eût  été 
presque  blasphématoire  »,  (Renan  fait  ici 
allusion  à  la  parenthèse  :  s'il  est  permis  de 
l'appeler  honnne)  «  peut-être  aussi  en  re- 
tranchant ou  modifiant  quelques  expres- 
sions >>.  Au  lieu  de  O  y^piizo^  outoç-/jv,   il  y 


DES  CHERCHEURS    ET  CURIEUX 


10  Août   1906, 


i8i 


182 


avait  probablement  O  X^io-to,-  ù^ysio.  (Note 
de  Renan).  Ainsi,  de  l'avis  du  savant  phi- 
lologue, toute  l'interpolation  consiste  au 
plus  en  une  parent'nèse  et  un  mot. 

A  nos  yeux,  le  morceau  est  si  simple, 
si  sec,  si  peu  coloré,  qu'il  nous  parait 
impossible  qu'il  ait  pu  être  ajouté  ou 
retouché  sous  la  forme  qu'il  présente. 
Une  main  chrétienne  n'eût  point  relaté 
la  vie  et  la  mort  de  Jésus  comme  un  fait 
divers  sans  importance.  D'ailleurs  la  pro- 
testation interpolée  {s  il  est  permis  de  l'appe- 
ler Loini/ie  !)  nous  semble,  à  elle  seule  la 
siofiiature  de  l'authenticité  absolue  du  mor- 


ceau 


D''  Billard. 


Saint-Jacques    de    Compostelle 

(LUI.  277,406,460,520,633;  LlV,i4i).  — 
Ainsi  que  son  nom  l'indique,  Voranfe  est 
une  figure  qui  prie.  Les  premiers  chré- 
tiens, en  efl'et,  avaient  coutume  de  prier 
debout,  les  mains  étendues,  un  peu  éle- 
vées vers  le  ciel,  et  la  face  tournée  vers 
l'orient. Cette  attitude  de  la  prière  symbo- 
lisait la  passion  du  Christ  et  sa  croix  : 
«  Et  notre  prière,  dit  saint  Ambroise, 
sera  vite  exaucée  si  notre  corps  repré- 
sente ce  Christ  auquel  nous  pensons  (i  ).  » 
«  Pour  nous,  dit  aussi  TertuUien,  nous 
ne  nous  contentons  pas  d'élever  les  mains 
comme  font  les  païens,  mais  nous  les 
étendons  en  souvenir  de  la  passion  du 
Sauveur  (2).  »  Prier  les  mains  élevées, 
était  donc  déjà  une  attitude  naturelle  à 
tout  homme  qui  s'adresse  à  la  divinité. 
Au  musée  Campana,  on  peut  voir  des 
statues  de  Chiasi  en  terre  cuite,  dont  les 
bras  sont  ainsi  étendus.  L'orante  existe 
aussi  sur  certaines  médailles  romai- 
nes (3). 

Aux  catacombes,  il  est  facile  de  distin- 
guer les  orantes  chétiennes  des  païennes 
par  une  modestie  plus  grande.  «  Nous 
n'élevons  pas  les  mains  avec  ostentation, 
écrit  encore  TertuUien,  mais  avec  modes- 
tie, avec  modération  (4)  .  » 

Si  l'orante  implore  la  miséricorde  di- 
vine ou  remercie  le  Seigneur, on  comprend 

(i)  Sermon  ^6. 

(2)  De  orutione  XI. 

(3)  Mionnet,  Riireté  des  médailles  ro- 
maines 11,  p.  13 . 

(4)  De  oraiione  XIII,  H.  Marucchi  Elé- 
ments d'Archéologie  clirèlicmie .Notions  gé- 
nérales^ p.  274. 


pourquoi  certaines  figures  bibliques  des 
catacombes  ont  cette  attitude  :  Daniel 
sauvé  des  lions,  par  exemple  (i). 

Immuable  est  l'attitude  de  l'orante. 
Mais  son  costume  peut  varier.  C'est  tantôt 
le  colohimn  à  plis  droits,  laissant  les  bras 
nus  avec  le  palHum  ramené  sur  le  front, 
tantôt  la  penula  ornée  de  larges  bandes  de 
pourpre,  tantôt  la  dalmatique  (2).  Elle 
est  parfois  accostée  de  deux  colombes, 
symbole  de  la  simplicité  et  de  l'innocence 
chrétiennes  (3), 

L'orante  est  presque  toujours  une 
femme,  bien  que  son  image  se  rencontre 
gravée  sur  des  monuments  d'hommes. 
C'est  que  dans  le  symbolisme  chrétien 
cette  oranie  représente  l'âme  du  mort  de- 
venue l'épouse  de  Jésus-Christ  et  admise 
à  ce  titre  au  festin  céleste  (4),  Sur  la 
tombe  de  Cœsidius  Faustinus,  au-dessus 
de  laquelle  est  gravée  une  crante,  on  lit 
«  Bon:€animte  in  pace  (y)  ». 

L'attitude  orante  en  usage  dans  les 
premiers  siècles  de  l'Eglise,  est  aujour- 
d'hui encore  observée  par  le  prêtre  à  la 
messe  ;  mais  ajoutons  que  le  rit  de  l'an- 
tiquité est  plus  fidèle  dans  les  litur- 
gies lyonnaises  et  dominicaines. 

Louis  Calendini, 

Chasseurs  de  Picardie  et  Royal- 
Liégeois  (LIV,  51).  —  Le  régiment  de 
cavalerie  Royal-Picardie  tenait  garnison, 
en  1780,  à  Niort,  en  1782,  à  Castres,  en 
1783,  à  Neuf-Brisach,  en  1784,  1785  et 
1786  à  Saint-Avold,  à  Sarre-Louis  en 
1787,  à  Angers  en   1788  et  1789. 

je  ne  trouve  pas  dans  les  Etats  Mili- 
taires de  ces  années,  de  régiment  d'infan- 
terie Royal-Liégeois.  G.  O.  B. 

*  * 
Le  régiment  chasseurs  de  Picardie  est 

actuellement  le  7'"''  chasseurs  à  cheval  ;  à 
l'origine,  il  était  le  régiment  des  volon- 
taires  Royaux  (1745)  puis   1*='  chasseurs 

(i)  H.  Marucchi  ibid.  André  Perate  l'^r- 
chèologie  chrétienne  p.  75. 

(2)  Abbé  Marùgny. Dictionnaire  des  Antt' 
quités  cliréticnnes  au  mot  Prière  (Attitude 
de  la)  p.  667. 

(3)  L.  Perret  Les  Catacombes  de  Rome  t. 
V,   planche  vu. 

(4)H.  Marucchi  op.   cit.  p.  270. 

(5)  Martigny  op.  cit.  p.  606.  A.  Perate 
op.  cit.  p.  176,  cf.  aussi  H.  Maïucchi  op.  cit. 
p.  276. 


No   1120. 


L'INTERMEDIAIRE 


183 


chas- 


en  1779  —  des  Alpes  en    1784  - 
seurs  de  Picardie  de  1788  à  1791. 

Le  régiment  de  Royal-Liégeois  (1787- 
1791)  ne  paraît  avoir  été  créé  qu'en  1787 
(il  constituait  un  régiment  allemand  levé 
dans  le  pays  de  Liège)  ;  son  drapeau  était 
blanc  avec  une  croix  blanche  semée  de 
fleurs  de  lis  d'or  ;  au  centre  un  écusson 
aux  armes  de  Lyon,  surmonté  de  la  cou- 
ronne royale.  Aujourd'hui,  c'est  le  101* 
régiment  d'Infanterie  de  ligne. 

Alexandre  Rey. 
* 

¥    ¥■ 

Le  régiment  de  chasseurs  «  des  Alpes  », 
en  garnison  à  Landrecies,  était  comme  les 
corps  de  chasseurs,  un  régiment  mixte. 
Le  17  mars  1788,  les  deux  armées  furent 
séparées  et  la  cavalerie  devint  :  Régiment 
des  chasseurs  de  Picardie  (n°  7),  ancêtre 
du  7*  régiment  de  chasseurs  à  cheval. 

Le  Royal-Liégeois  fut  levé  par  le  prince 
évêque  de  Liège,  en  vertu  d'une  conven- 
tion signée  à  Versailles,  le  8  juillet  1787, 
par  Gérard  de  llayneval,  conseiller  d'État, 
et  le  comte  Clément  de  Latour.  Une  or- 
donnance royale  du  18  novembre  1787 
régla  son  organisation.  Il  prit  rang  après 
le  corps  de  Montréal. 

Devenu,  en  1701,  le  loi*  d'Infanterie. 

B.  P. 

*  ± 
de   Picardie,  par  Charles 

E.  Dentu,   1888,  un  vol. 

L.  C. 


Le  Régiment 
Desmaze,  Paris 
in-12  de  232  p. 


*  * 


Ces  deux  régiments  n'existent  pas  avant 
1788. 

Royal-Liégeois  :  créé  par  ordonnance 
du  18  novembre  1787. 

Colonel  prop.  :  Comte  de  Latour. 

Garnison  :  Givet. 

Chasseurs  de  Picardie  :  créé  par  ordon- 
nance du  17  mars  1788. 

Colonel  :  comte  de  Nurange,  garnison  : 
Douai. 

Mêmes  colonels  et  mêmes  gariiisons  en 
1789,  en  1790. 

Royal-Liégeois  a  changé  de  garnison  ; 
il  est  à  Avesnes,  avec  le  même  colonel. 

Chasseurs  de  Picardie  a  comme  colonel 
le  comte  de  Contades,et  toujours  à  Douai. 

En  1792,  le  Royal-Liégeois  est  devenu 
le  10 1«  d'infanterie.  Colonel  :  M.  de 
James,  garnison  :  Landau. 

Chasseurs  de  Picardie  est  devenu 
7^  chasseurs,  pas  de  colonel, 


MM.  Schedelins- 
Schelestadt. 
Marquis  de  L. 


—      184 

Lieutenants-colonels  : 
ky,  La  Mure  ;  garnison, 

* 

Pour  connaître  les  garnisons  de  1780  a 
1791  du  régiment  des  chasseurs  à  cheval 
de  Picardie,  il  faut  consulter  X'Eiat  Mili- 
taire de  France,  par  de  Roussel  qui  l'in- 
dique chaque  année.  Ne  l'ayant  pas  ici 
sous  la  main,  je  ne  puis  donner  ce  rensei- 
gnement. 

D'ailleurs  les  chasseurs  de  Picardie, 
7%  n'existaient  pas  en  1780,  ni  même, 
en  1786  ;  ils  ont  été  créés  tout  à  fait  à  la 
fin  de  la  monarchie  et  ont  dû  rester 
7'=  chasseurs  jusqu'en  1815,  la  Révolution 
n'ayant  pu  bousculer  l'organisation  des 
troupes  à  cheval  comme  elle  l'a  fait  pour 
l'infanterie. 

Royal-Liégeois  infanterie  fut  créé  seu- 
lement le  18  juillet  1787  et  licencié  le 
21  septembre  1792.  Ses  débris  furent,  je 
crois,  dispersés  dans  différents  corps. 

COTTREAU. 


Plaques    indicatrices    des    rues 

(LU  ;  LUI,  323).  —  Le  magistrat  de  Lille, 
par  résolution  du  31  janvier  1759,  affecta 
une  somme  de  700  florins  pour  '<  l'achat 
de  la  même  quantité  de  pièces  de  toile 
qu'il  ya  de  coings  de  rues  dans  la  ville  » 
et  pour  l'inscription  de  chaque  nom  de 
rues  sur  ces  plaques  ainsi  que  leur  appo- 
sition contre  les  maisons.  De  plus,  il  fut 
enjoint  à  ceux  qui  par  suite  de  travaux 
de  reconstruction,  feraient  disparaître  les 
inscriptions,  de  les  rétablir  à  leurs  frais. 

Le  17  mars  1783,  on  décida  de  renou- 
veler lesdites  plaques  «  qui  étaient  faites 
à  l'huile  sur  du  fer  blanc  et  se  trouvoient 
tout  effacées  et  éteintes  parla  rouille.  » 
Déjà,  à  cette  époque,  plusieurs  proprié- 
taires de  maisons  d'angle  avait  fait  graver 
le  nom  de  la  rue  sur  la  façade  de  leur 
immeuble  ;  j'en  connais  deux  spécimens 
dont  l'un  sur  une  maison  portant  la  date 
de  1782. 

Au  commencement  du  xix*  siècle,  la 
ville  fit  poser  des  plaques  en  faïence  ver- 
nissée, avec  le  nom  de  la  rue  surmonté 
de  l'indication  du  canton  et  du  numéro 
de  l'arrondissement,  en  lettres  violet 
manganèse,  sur  fond  blanc.  11  en  subsiste 
de  nombreux  échantillons  dans  les  diffé- 
rents quartiers  du  Vieux-Lille. 


DES  CHERCHEURS   ET  CURIEUX 


10  Août   1906. 


185 


186 


Vers  1850,  on  essaya  les  plaques  en 
fonte,  avec  lettres  en  relief,  fort  peu  li- 
sibles, comme  il  est  encore  possible  de  le 
constater, 

Enfin,  depuis  une  vingtaine  d'années, 
on  a  généralement  adopté,  ici  comme 
ailleurs,  la  plaque  émaillée  avec  lettre 
blanche,  sur  fond  bleu  de  Sèvres. 

L.  L. 

La  belle  Imperia  (T.  G.,  443).  — 
Je  crois  devoir  signaler  a  la  personne  qui 
a  posé  une  question  relative  à  Imperia,  la 
fameuse  courtisane  romaine,  l'article  très 
documenté  publié  sur  elle  récemment  dans 
lialia  Moderna  Illitstrata,  1906,  p.  361. 

CuRiosus. 

Le    cbâteau    de    Saint-Maurice 

(LIV,  53).  —  J'indique  volontiers  à  notre 
collègue,  que  dans  le  département  de 
Seine-et-Oise,  un  château  desservi  par  le 
bureau  de  poste  de  Saint-Chéron  existe 
sous  le  nom  de  Saint-Maurice  ;  à  part  une 
cession  de  moins  d'une  dizaine  d'années, 
cette  habitation  appartiendrait  encore  à 
Mme  Derville. 

Est-ce  le  même  château  que  celui  objet 
de  la  question  ?  Je  l'ignore. 

Alexandre  Rev, 

* 
♦  * 

Réponse  à  côté  à  la  question  posée  par 
M.  Paul  Pinson. 

Pierre  Pecquot,  secrétaire  du  roi  en 
1649, possédait  la  seigneurie  de  Saint-Mau- 
rice, qu'il  transmit  à  Pierre  Pecquot,  son 
fils,  conseiller  au  parlement  de  Paris  (en 
1784).  et  à  Pierre-Claude  Pecquot,  son 
petit-fils, président  à  la  Chambre  des  comp- 
tes de  Paris  en  1722.  Marie-Thérèse  Pec- 
quot de  Saint-Maurice,  fille  (unique  ?)  de 
ce  dernier,  épousa  Louis -Charles  le  Mai- 
rat,  dit  le  marquis  de  Bruyères-le-Châtel, 
président  à  la  Chambre  des  comptes  de 
Paris,  dont  : 

1)  Antoine-Henri-Laurent  le  Mairat , 
marquis  de  Bruyéres-le-Châtel,  officier  de 
dragons  au  régiment  de  Damas,  et  en- 
suite président  à  la  Chambre  des  comptes 
de  Paris,  célibataire. 

2)  Eustachie-Thérèse,  sans  alliance. 

3)  Louise-Thérèse-Charlotte,  alliée,  le 
6  avril  1779,  avec  Pierre  Annet  comte  de 
Gibertès. 

4'»  Angélique-Pauline,    qui   épousa,    le 


19    février    1787,    Marie-Joseph-Gabriel- 
ApoUinaire,  marquis  de  Morard,     * 

Je  ne  sais  si  le  château  de  Saint-Maurice 
a  été  porté  dans  l'une  de  ces  famille  de 
Gibertès  et  de  Morard,  ou  s'il  a  été  vendu. 
G.  P.  Le  Lieur  d  Avost. 

Le  pont  de  Trécines  à  Saint-Denis 

(LUI  ;  LIV,  74).  —  Oui  Viceni  (Vincennes) 
veut  dire  à  20  stades  de  Lutèce  et  Triceni 
(Saint-Denis,  pont  de  Trécines),  à  30  sta- 
des ;  comme  Tricesmmm  (Tricésimo), 
dans  l'itinéraire  d'Antonin,  veut  dire  à  30 
milles  d'Aquilée.  Du  reste,  on  trouve 
Viceni,  dans  la  table  de  Peutinger,  en 
France  ;  mais  sans    indication    des  dis- 


tances. 


D""  BOUQON. 


Je  suis  désolé  de  contredire  ainsi  M.  La 
Brèche,  mais  je  suis  obligé  de  maintenir 
ce  que  j'ai  dit  :  la  voie  romaine  traver- 
sait Paris  par  la  rue  Saint-Jacques,  le  Petit- 
Pont,  le  Pont-Notre-Dame  et  la  rue  Saint- 
Martin, 

Je  cite  tout  au  long  un  passage  de 
M.  Fernand  Bournon,  le  savant  le  plus 
au  courant  de  tout  ce  qui  regarde  l'his- 
toire de  Paris  et  du  département  de  la 
Seine  : 

Pour  Lebeuf  comme  pour  tous  les  érudits 
des  siècles  passés, le  premier  pont  mérovin- 
gien reliant  la  cité  à  la  rive  droite  corres- 
pondait à  l'emplacement  du  pont  au  Change 
actuel.  Les  recherches  de  deux  savants  ar- 
chéologues permettent  maintenant  d'affir- 
mer que  c'est  là  une  complète  erreur. 
MM.  Vacquer  et  Berty  ont  établi  que  le  pont 
de  la  rive  droite  était  à  l'époque  romaine, 
là  où  se  trouve  aujourd'hui  le  pont  Notre- 
Dame  et  dans  l'alignement  de  la  voie  ro- 
maine qui  traversait  Paris  du  nord  au  sud 
en  suivant  le  tracé  des  rues  Saint-Martin  et 
Saint-Jacques,  Plus  d'une  fois,  au  cours  de 
ce  travail,  nous  aurons  occasion  de  rappe- 
ler cette  importante  constatation  et  d'en  ti- 
rer des  conséquences  qui,  pour  bien  des 
points,  modifient  singulièrement  les  don- 
nées anciennes, 

[Histoire  au  Diocèse  de  Paris,  par  l'abbé 
Lebeuf  Rectifications  et  Additions,  par 
Fernand   Bournon,  Paris,  i90i,page2). 

Nous  renvoyons,  pour  les  preuves,  à 
\di  Revue  archéologique,  XII*  année  1855, 
qui  contient  un  remarquable  article  de 
M.  Adolphe  Berty,  intitulé  :  Recherches  sur 
l'origine  et  la  situation  du  grand  pont  de 
Paris,  du  Pont-aux-Changenr,  du  Pont- 
aux-Meniers,    et   de    celui    de    Charles- le 


N»    II20. 

■ ■    187 

Chauve  ;  et  une  Lettre  à  M.  l'Editeur  de 
la  Revue  Archéologique  sur  la  découverte 
d'tme  partie  du  Grand  Pont  de  Paris  bâti 
par  Charles-le-Chauve,  par  Théodore  Vac- 
quer. 

M.  Hippolyte  Cocheris,  dans  son  édi- 
tion de  l'abbé  Lebeuf  (Paris,  1863, 
tome  i'',  page  32)  ;  et  M.  Gustave  Pes- 
sard,dans  son  Nouveau  Dictionnaire  histo- 
rique de  Paiis  (Paris,  2'  édition,  1904, 
page  iO-|o),  sont  absolument  d'accord 
avec  MM.  Adolphe  Berty,  Théodore  Vac- 
quer  et  Fernand  Bournon. 

Ainsi  donc,  la  voie  romaine  conduisant 
dans  les  provinces  du  Nord,  traversait 
Paris  par  la  rue  Saint-Jacques,  le  Petit- 
Pont,  le  Pont-Notre-Dame  et  la  rue  Saint- 
Martin,  et  non  la  rue  Saint-Denis  qui  est 
plus  récente. 

■  Le  Pont-Notre-Dame  existait  avant 
861  ;  d'abord  construit  en  bois,  il  s'appe- 
lait le  Pont-de-la-Planche-Mibray.  Il  fut 
réédifié  de  141 3  à  1420  et  portait  alors 
soixiinte  maisons,  trente  de  chaque  côté. 
En  1499,  le  pont  s'écroula  et  le  cordelier 
Jean  Joconde,  abbé  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  fut  chargé  de  sa  reconstruction  en 
pierre  (Gustave  Pessard,  loc.  cit.). 

Le  tracé  de  M.  GoUois  par  la  porte  ac- 
tuelle de  Clichy  et  la  route  de  la  Révolte 
ne  peut  donc  se  soutenir.  11  est  contraire, 
du  reste,  au  génie  des  Romains  qui  préfé- 
raient la  ligne  droite  et  ne  s'en  ^^détour- 
naient  que  quand  ils  ne  pouvaient  abso- 
lument pas  faire  autrement,  ce  qui  n'est 
pas  du  tout  le  cas  ici. 

Il  est  très  difficile,  pour  ne  pas  dire  im- 
possible, de  suivre  le  tracé  de  la  voie  ro- 
maine dans  Saint-Denis. 

Mais  je  ne  crois  pas  que  sa  sortie  par 
les  rues  Catulienne  et  de  la  Charronnerie 
puisse  faire  de  doute  ;  de  même  que  sa 
continuation,  par  l'Hermitage,  le  Vert- 
Galant  et  le  chemin  de  grande  communi- 
cation n°  72  de  Saint-Denis  à  Méru,  par 
Auvers-sur-Oise,  car  elle  passait  certaine- 
ment à  Eaubonne,  Ermont,  Pierrelaye  et 
Pontoise,  où  son  tracé  est  encore  parfai- 
tement visible  et  a  été  constaté  de  tout 
temps. 

(Le  tracé  do  la  voie  au  sortir  de  Saint- 
Denis  se  trouve  bien  indiqué  sur  la  carte 
de  Tabbé  de  la  Grivede  1740). 

Quant  à  Tétymologie  de  Tricines,  elle 
reste  encore  à  trouver,  car  l'abbé  Lebeuf 
et  après  lui  M.  Fernand  Bournon  (si  mes 


L'INTERMEDIAIRE 


188 


souvenirs  sont  exacts)  ne  veulent  pas  que 
Tricines  vienne  de  trente  stades,  pas  plus 
que  Vincennes  de  vingt  stades. 

C'est  Lancelot  qui  a  lancé  cette  étymo- 
logie  dans  son  article  sur  Raoul  de  Presles 
dans  le  tome  XlIP  des  Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  Inscriptions  et  Belles-lettres.  C'est 
ce  même  Raoul  de  Presles  qui,  allant 
vers  1365,  de  Montmartre  à  Saint-Denis, 
dit,  dans  son  livre  intitulé  Musa  : 

Montempertranseo,  dcscendo  collem,  Tri- 
cinas  pergo.^  et  Catullmn  suhintrans  vicum, 
vetustam  concerna  Basilicam. 

Armand  de  Visme. 

Le  marquis  d'Aligro  accusé  de 
plagiat  (LIII,  953).  —  Le  G.,  dont  le 
marquis  d'Aligre  se  para  des  plumes  en 
1818,  dans  les  «Tablettes  d'un  voyageur 
en  Italie  »,  n'est  autre  que  celui-là  qui 
d'après  Monselet  {Les  oubliés  et  les  dédai- 
gnés) a  si  bien  caché  sa  vie,  qui  s'est  tenu 
si  parfaitement  en  dehors  des  autres  lit- 
térateurs que  l'on  ne  connaît  de  lui  abso- 
lument que  des  livres,  non  compris  ceux 
qu'on  lui  a  subtilisés.  II  est  vrai  qu'un 
de  ses  romans  du  xvui*  siècle  eut  une  vo- 
gue extraordinaire  en  plusieurs  langues 
et  que  peu  d'ouvrages  eurent  autant 
d'éditions.  On  y  trouve,  à  la  première 
page, le  nom  de  l'auteur  et  l'écusson  delà 
colombe  et  des  étoiles  qui  étaient  les  ar- 
mes de  M.  de  la  Villeurnoy,  son  protec- 
teur. A  côté  flotte  une  barque  agitée 
et  amarrée  à  un  obélisque  avec  la  devise  : 
Sic  nunc  sic  semper.  La  préface  en  donne 
l'explication. 

Ce  roman  a  pour  titre  Blançay  et  l'au- 
teur est  Gorjy  ou  Gorgy  ,dont  l'orthographe 
est  indécise,  de  même  que  la  vie  de  l'écri- 
vain .  Pour  l'élucider,  j'ouvre  une  question 
à  son  nom.  Sus. 

Le  baron  d'Asfeld  (XLVI  ;  XLVII). 
—  Les  Bidal  d'Asfeld  ne  sont  pas  origi- 
naires d"  «  Agen  en  Agenais  »,  comme 
il  est  dit  XLVII,  70,  mais  bien  de  la  pa- 
roisse de  La  Valette  (Aude).  Leur  nom, 
en  français,  devrait  être  écrit  Vidal,  dont 
Bidal  est  la  forme  patoise.  L'origine  de 
cette  famille  ne  remonte  pas  plus  haut 
que  les  premières  années  du  xvii=  siècle. 
A  cette  époque,  un  Bidal,  homme  de  né- 
goce, passa  en  Suède  où  il  devint  four- 
nisseur de  la  reine  Christine.  Rentré  en 
France,  il  s'établit  à  Paris,  rue  Aux-Fers, 


iSp 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Août    1906. 


près  des  Innocents,  et  conserva  la  con- 
fiance de  sa  royale  cliente  à  laquelle, 
d'après  Guy  Patin  (lettre  du  26  juillet 
1650),  il  fournissait  tous  les  ans  pour 
50.000  écus  de  soieries. 

Après  son  abdication,  Christine  habita 
quelque  temps  en  France  la  belle  demeure 
que  le  négociant  possédait  à  Vanves. 

La  reine  anoblit  Bidal  qui  lui  avait 
prêté  de  l'argent  en  une  occasion  pres- 
sante. C'est  en  1653  qu'il  fut  créé  baron 
d'Harsefied  ou  Asfeld,  dans  le  duché  de 
Bulmin  ;  nom  transféré,  par  la  suite,  à 
Ecry-le-Franc  (Ardennes). 

Pierre  Bidal,  fils  du  précédent,  résident 
de  France  à  Hambourg  (1675,  1683, 
1699),  époux  de  Catherine  Bastonneau 
(1673)  devint  père  de  Claude-François 
Bidal  d' Asfeld,  lieutenant  général  des 
armées  du  roi  en  1704,  qui,  employé  en 
Espagne,  contribua  puissamment  au  gain 
de  la  bataille  d'Almanza  en  1707,  prit 
d'assaut  les  villes  de  Xativa  et  d'Alicante 
en  1709,. .  fut  créé  chevalier  de  la  Toi- 
son d'Or  en  1715  ;  de  retour  dans  sa  pa- 
trie, il  devint  directeur  général  des  forti- 
fications,conseiller  aux  conseils  de  guerre, 
et  de  la  marine  ;  commanda  en  chef  l'ar- 
mée d'Allemagne  après  la  mort  du  maré- 
chal deBerwick,  en  1734;  se  rendit  maî- 
tre de  Philisbourg  et  mourut  à  Paris  en 
1743,  Il  était  maréchal  de  France.  (Cf. 
Mahul.  Cartulaire  de  Carcassonne). 

Armes  :  d'argent,  à  l'ancre  d'aiiir,  posée 
en  pal,  surmontée  de  deux  flèches  de  même, 
passées  en  santon,  la  pointe  en  haut. 

Van  Blarenberghe  (LUI,  78  ;  LIV, 
88).  —  Je  m'applaudis  d'avoir  posé  la 
question  Van  Blarenberghe  dans  les  co- 
lonnes de  l'Intermédiaire,  puisqu'elle  a 
fourni  à  M.  Quarré-Reybourbon  l'occa- 
sion d'un  article  généalogique  très  inté- 
ressant et  très  documenté. 

Une  lacune  subsiste  dans  cet  article  : 
la  date  et  le  lieu  de  décès  de  Louis-Nico- 
las Van  Blarenberghe.  Voici  un  extrait 
des  registres  d'état-civil  qui  me  paraît  dé- 
cisif : 

Ville  de  Fontainebleau 
(Seine-tt-Marne) 

2  mai  1794.  Le  treize  tloréal  an  II,  a  été 
déclaré  le  décès  de  Louis-Nicolas  Vanbla- 
renberghe,  natif  de  Lille,  artiste,  décédé, 
rue  du  Coq  Gris,  âgé  de  78  ans,  veuf  de  la 
citoyenne  Barboux, 

F.  H. 


190 


Le    conventionnel  Brunel  (LIV1 

108),  —  Une  Petite  Biographie  convention- 
nelle dit  que  le  maire  de  Béziers  fut  en- 
voyé à  Lyon  et  ensuite  à  Toulon  oii  il  se 
brûla  la  cervelle,  désespéré  de  n'avoir  pu 
empêcher  les  jacobins  d'enlever  les  armes 
de  l'arsenal,  je  ne  sais  si  ce  petit  rensei- 
gnement peut  intéresser  l'auteur  de  la 
question.  E.  Grave. 

Le  général  Duvigneau  (LUI  ;  LIV, 
127).  —  La  branche  de  la  famille  «  Du- 
vigneau »  à  laquelle  appartenait  la  vi- 
comtesse de  Pelleport-Burète,  était  fixée 
depuis  le  milieu  du  xviii«  siècle  dans  la 
Dordogne,  aux  environs  de  Saint-Michel- 
Montaigne  et  de  Montravel.  Cette  famille 
existe  toujours  dans  ce  pays  et  possède  de 
nombreuses  terres  à  Saint-Avit-de-Fuma- 
dière,  Saint-Claude,  Saint-Michel-Monta- 
gne, Villefranche,  Montravel,  Montcarret, 
Saint-Seurin-de-Prat  et  La  Motte-Montra- 
vel.  Cette  branche  du  Périgord  est  origi- 
naire de  Castillon  de  Castets  près  La 
Risle,  011  un  de  ses  membres,  Gaillard  du 
Vigneau,  était  curé  en  1505  ;  et  le  6  no- 
vembre 177^,  Jeanne  Duvigneau  habitant 
Castillon,  donnait  ses  biens  à  son  frère 
Pierre,  bourgeois,  habitant  le  domaine 
de  Saint-Claud,  juridiction  de  Montravel. 

Cette  famille  était  parente  des  «  Du 
Vigneau  de  Beaulieu  ».  Car  dans  les  rares 
papiers  de  famille  que  nous  possédons,  je 
trouve  une  lettre,  signée  du  duc  de  Choi- 
seuil,  priant  le  S.  Duvigneau  de  se  rendre 
à  Paris  pour  subir  les  examens  d'entrée 
dans  le  corps  du  Génie  (5  novembre 
1768).  C'était  très  certainement  Guil- 
laume du  Vigneau  de  Beaulieu,  qui  fut 
capitaine  du  Génie  et  chevalier  de  Saint- 
Louis,  cousin  du  général  dont  on  recher- 
che l'origine. 

Mon  père  a  cherché  vainement  des  ren- 
seignements plus  complets  sur  la  famille 
Duvigneau  et  sur  le  général, sans  pouvoir 
obtenir  autre  chose  que  la  notice  publiée 
dansV Intermédiaire,  LUI,  p.  971. 

Baron  de  Pelleport-Burète. 

Alliance  de  la  famille  d'Harcourt 

(LIV,  51).  —  Aglaé  Terray,  fille  d'An- 
toine-Jean, seigneur  de  Rozières  et  de  la 
Motte-Tilly,  intendant  des  finances,  et  de 
Marie-Nicoline  Perreney  de  Grosbois,  née 
le    17  avril   1788, -f-   à  Paris,  le  11  août 


N"   II20. 


L'INTERMEDIAIRE 


191 


102 


1867,  épousa,  le  14  avril  1807,  François- 
Eugène-Gabriel,  duc  d'Harcourt. 

Armoiries  de  la  famille  Terray  :  d'aïur^ 
à  la  fasce  d'argent.,  chargée  Je  5  mouche- 
tures d'hermines  de  sable.,  et  accompagnée  de 
^  croisettes  îrefflées  d'or;  au  chef  aussi  d'or , 
chargé  d'un  lion  issant  de  gueules. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Hécart,deValencienaes  (LUI;  LIV, 
80).  —  Je  remercie  infiniment  M.  Paul 
Pinson  de  sa  réponse.  Oui,  le  manus- 
crit de  Hécart  est  évidemment  au- 
tographe, car  il  correspond  en  écriture 
avec  la  chirographiede  beaucoup  de  notes 
dispersées  dans  le  reste  de  la  collection. 
Un  point  reste  à  élucider  :  serait  il  possi- 
ble de  trouver  la  filiation  des  détenteurs 
de  cette  collection  depuis  les  jours  de  Hé- 
cart ?  Les  MM.  Charavay  d'aujourd'hui 
pourraient-ils  indiquer  la  provenance  de 
la  collection  vendue  en  1857  ^  Et,  alors, 
depuis,  où  s'est-elle  trouvée  ?  Les  enquê- 
tes particulières  que  j'ai  entreprises  n'ont 
pas  abouti.  Pourtant  il  ne  doit  pas 
être  trop  difficile  de  savoir  la  ligne  des 
collecteurs  et  des  possesseurs.    A.  G,  G. 

Le  fils  de  Douglas  Home  (LIV,  5), 
—  M.  de  Massas  demande  ce  qu'est  de- 
venu le  fils  du  fameux  médium  Douglas 
Home,  que  son  père  disait  posséder,  à 
l'âge  de  trois  ans,  un  pouvoir  semblable 
au  sien. 

En  1886,  quelques  personnes  d'Angers 
se  cotisèrent  pour  faire  venir  dans  cette 
ville  un  médium  qu'on  disait  être  le  fils 
de  Douglas  Home,  et  qui  se  présentait,  en 
effet,  comme  tel. 

Chacun  devait  verser  20  francs  pour  le 
prix  d'une  séance  particulière  donnée  seu- 
lement devant  deux  personnes.  Il  y  eut 
un  certain  nombre  de  ces  séances,  dans 
un  petit  salon  du  Grand  Hôtel.  Je  fus  in- 
vité à  l'une  d'elles,  et  je  partis  convaincu 
que  je  venais  d'assister  à  de  grossières 
supercheries. 

Le  soi-disant  fils  de  Douglas  Home  était 
accompagné  d'un  autre  prétendu  médium, 
dont  le  nom  m'échappe  absolument. 

Henry  Jagot. 

Lq  tombeau  de  Josias,  comte  de 
Rantzau  (LIV,  108).  —  Voici,  d'après 
le  Dictionnaire  de  Jal,  Tacte  de  décès  du 
comte  de  Rantzau  ; 


Le  17  sept.  1650,  a  esté  porté  aux  Mini- 
mes de  Nigeon  {sic)  M.  Josias  de  Rantzau, 
maieschal  de  France, gouverneur  de  Dunker- 
que,  lieutenant  des  armées  du  roy  (mort 
le  13)  Lévy,  Paré  et  Fog  {sic)  ont  veillé 
quatre  jours  et  quatre  nuits  et  accompagné 
le  corps  à  Nigeon.  Reçu  40  L.  pour  les 
droits. 

E.  M. 

Famille  de  Montmorency  (LIV, 
109).  —  Les  Montmorency  de  France 
sont  éteints,  mais  d'après  des  généalo- 
gistes anglais  (Forsbois  peerage)  les  de 
Montmorency  d'Irlande,  vicomtes  Mount- 
morres  et  Francfort  de  Mountmorency, 
descendraient  d  Hervé  de  Montmorency, 
grand  bouteillier  de  France.  Second  fils, 
Geoffroy,  venu  en  Angleterre  avec  Guil- 
laume le  Conquérant,  se  serait  établi  à 
l'île  d'Anglesey,  et  ses  enfants  auraient 
été  dotés  de  domaines  en  Irlande. 

Je  ne  sais  sur  quelles  bases  repose  cette 
filiation  ;  je  dois  ajouter  que  les  pairs 
d'Irlande  précités  ont  les  mêmes  armoi- 
ries que  les  Montmorency  de  France. 

A.  E. 

La  maison  de  Montmorency  est  étein- 
te en  ligne  masculine  ;  elle  est  ac- 
tuellement représentée  en  ligne  féminine 
par  les  Talleyrand-Périgord  qui,  par  dé- 
cret impérial  du  14  mai  1864,  ont  été  au- 
torisés à  relever  letitrede  duc  deMontmo- 
rency.  La  réponse  à  la  question  posée  par 
notre  obligeant  confrère  Pierre  Meller  se 
trouve  à  la  page  351  de  V Annuaire  de  la 
noblesse  de  içoo  du  vicomte  A.  Révérend. 
Le  futur  était  fils  de  feu  Robert-Auguste- 
Geoffroy  de  Montmorency  et  de  Marie- 
Arabelle-Blanche  de  Buros. 

Le  mariage  a  eu  lieu  à  Paris.  La  ques- 
tion d'ailleurs  demeure  ouverte.  A  quelle 
famille  appartenait  en  réalité  le  futur  .? 

Th.  Courtaux. 

*  * 

M.  de  Montmorency,  marié  à  Mlle 
Clocquemin,  se  rattache  à  la  famille  de 
Montmorency-Morres  d'Angleterre,  bran- 
che, dit-on,  de  la  grande  maison  de  Mont- 
morency établie  au  Royaume-Uni,  lors  de 
la  conquête  normande. 

Burke  lui  a  consacré,  si  je  ne  me 
trompe,  une  longue  notice  dans  son 
Peerage  and  baronetage. 

Renault  d'Escles. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août   1906. 


193 


194 


L'exécution  de  Henri  de  Mont- 
morency (LU;  LUI).  -  M.  L.  de  S. 
dans  V Intermédiaire  du  30  janvier  1906, 
écrit  que  dix  témoignages  contemporains 
prouvent  que  l'exécution  s'est  faite,  selon 
l'usage,  par  la  hache  ou  par  l'épée. 

Peut-il  fournir  les  indications  biblio- 
graphiques nécessaires  à  la  vérification  de 
son  affirmation,  que  je  crois,  du  reste, 
parfaitement  exacte  ?  R.  Pichevin. 


De  Monbel,  acteu 
Il  n'existe  aucun  acteur 
\' Annuaire  des  artistes 
années  1897  et  1898  ;  la 
donymes  n'en  fait  aussi 
De  Monbel  (ou  Monibel) 
ne  pas  faire  partie  de  la 
nom  est-il  exact? 


r   (LIV,    54).  - 

de  ce  nom  dans 

dramatiques   aux 

table   des   pseu- 

aucune  mention. 

pouvait  fort  bien 

Société.  Mais  le 

H.  Lyonnet. 


Montreuil  au  conseil  de  guerre 

(LIV,  107).  —  «Ce  coquin  de  Montreuil  >> 
comme  on  le  fait  dire  à  Jaucourt,  c'est 
Maiihreuil  !  Le  comte  Guéry  de  Mau- 
breuil,  marquis  d'Arvaux,  qui  vola  la 
reine  de  Westphalie,  en  avril  1814,  de 
400.000  fr.  en  or  et  de  5  à  6  millions  de 
bijoux,  et  bien  qu'il  eût  agi  «  par  ordre  », 
fut,  sur  la  plainte  de  la  reine,  déféré  aux 
tribunaux  civils  qui  le  renvoyèrent  à  la 
justice  militaire  qui,  elle  aussi,  se  déclara 
incompétente.  L'odyssée  de  Maubreuil 
est  trop  connue  pour  qu'il  soit  besoin  de 
la  raconter  à  M.  Tirgueil.  Mais  qu  il  me 
soit  permis  de  dire  que  mille  Intermé- 
diaire ne  suffiraient  pas  s'il  fallait  rectifier 
toutes  les  coquilles  des  ouvrages  histori- 
ques, LÉONCE  Grasilier. 


* 
♦  * 


M.  de  Mantenay,  dans rC//»"wr5, apporte 
la  même  correction. 

Famille  de  Pindray  (LIV,  5).  —  Le 
Dictionnaire  héraldique  de  M.  de  Grand- 
maison  n'indique  qu'une  seule  maison  no- 
ble portant  le  nom  de  de  Pindra\\  avec 
les  armoiries  :  d'argent,  au  sautoir  de 
gueules  (Poitou).  D'autre  part  : 

Henry  de  Pindray,  écuyer,  seigneur  de 
la  Roche  d'Aurillac,  figure,  avec  mêmes 
armes,  dans  Y  Armoriai  de  la  noblesse  du 
Poîtou  convoquée  pour  les  Etats  Gcnéraux, 
en  /y^Q, par  Armand  de  la  Porte  (Poitiers, 
1874). 

Enfin, dans:  Emigrés  du  Poitou  et  desan- 
ciens grands  gouvernements  d' A ngoumois, 


Aunis  et  Saintonge  par  C.  de  Saint-Marc 
(Niort,  1906),  I  vol,  in-S"  de  212  pp.  on 
trouve  mentionnés  : 

i"  Pindrav,  surnommé  Dambelle,  do- 
micilié à  Périgueux,  émigré. 

2'^  Pindiaj,  domicilié  et  propriétaire  à 
Saint-Mégrin, district  de  Pons,  (Charente- 
Inférieure),  émigré  le  i^"^  sept.  1792. 

3'  Pindray  de  la  Roche  (Pierre  Naar  de), 
a  fait  la  campagne  de  1792  à  l'armée  des 
Princes, dans  une  compagnie  du  Poitou. 

—  L'identité  des  armoiries  de  la  fa- 
mille de  Pindray  (Poitou)  indiquées  par 
Grandmaison,  avec  celles  attribuées  aux 
Pindray  de  la  Roche,  en  la  personne 
d'Henry  de  Pindray  de  la  Roche  d'Auril- 
lac, fait  supposer  une  communauté  d'ori- 
gine entre  les  branches  de  la  même  mai- 
son, établies  en  Saintonge,  Périgord  et 
Bordelais, 

N.  B.  —  Parmi  les  noms  mentionnés 
dans  les  Emigrés  du  Poitou  et  des  anciens 
grands  gouvernements  d'Augoumois,  Aunis 
et  Saintonge^  on  peut  citer  ceux  des  fa- 
milles, ci-après,  avec  renseignements  d'é- 
tat-civil,indications  de  domiciles,faits d'ar- 
mes, dates  d'émigrations,  etc.,  etc.  ; 
Absac,  Aiguillon,  Aimé,  Ambreuil,  An- 
gély,  Argence,  Asnières,  Assailly,  Au- 
busson,  Augier,  Aulède,  d'Aviau  de  Pio- 
lant,  d'Autichamp.  Aymer  de  la  Chevale- 
rie, Babinet  de  Rencogne,  Barbier,  de 
Bardin,  Beaucorps,  Reaumont,  Beaupoil 
de  Sainte-Aulaire,Béchillon,  Béjarry,  Bel- 
castel,  Bellabre,  Boscal  de  Real  de  Mor- 
nac,  Bourdeille,  de  La  Bourdonnaye,  de 
Brach,  de  Brémond,  du  Breuil  Hélion  de 
la  Guéronnière,  Brissac,  Brochard  de  la 
Roche-Brochard,  Broglie,  de  la  Broue  de 
Vareille,  de  Buor,  des  Cars,  Castellane,  de 
Chabot,  Chamborant,de  Charette,de  Chas- 
teigner,  de  la  Châtre,  de  Chouppes,  de 
Chévigné,  du  Chilleau,  de  Clervaux,  de 
Coigneux,  Compaing  de  la  Tour-Gi- 
rard, de  Coral,  Couhé  de  Lusignan,  de 
Coussy,  de  Crussol,  de  Culant,  de  Cu- 
mont,  d'AIoigny,  de  Couet,  Deleffe, 
Desmier,  du  Chesne,  du  Gareau,  Du- 
pin  de  la  Guérivière,  de  la  Faire,  du 
Fay,  Filleau,  de  Fouchier,  Frottier,  Gar- 
nier  de  BoisgroUier,  Girard  de  Pindray, 
de  Goulard,  de  Gourjault,  Guerry  de 
Beauregard,  de  Hillerin  Jzoré  de  Pleumar- 
tin,  Janvre  de  la  Bouchetière,  de  Jourdain, 
deJoulard,de  Laage,  Lacropte  de  Saint- 
Abre,  Lafayette,  La  Laurencie,  de   Lam- 


N"     1120. 


L'INTERMEDIAIRE 


• 195    

bertie.de  Lastic,  de  Lauzon,  Lescours,  Li- 
niers,  de  Lusignan,  Malvaud,  de  Marans, 
Marsault  de  Parsay,  de  Mascureau,  de 
Marconnay,  Maupeou,  Maussabré,  Mont- 
bel,  Montalembert,  Mondion,  Mortemart, 
Musset,  Nossay,  Nuchèse,  Orfeiiille,  Palu 
du  Parc,  Panou,  de  Faymoreau,  Pindray, 
Pontjarno.Prévost-SansacdeTouchimbert, 
Puy-d'Anché,  de  Réchignevoisin,  Riche- 
lieu, des  Roches  de  Chassais,  de  la  Roche 
Saint-André,  de  Rochechouart,  de  la 
Rochefoucault,  de  Sainte-Hermine,  de 
Saint-Marsault,  de  Salvert,  de  Savatte, 
de  la  Sayette,  de  Ségur,  de  Tingny,  de 
Vasselot,  de  Vassoigne,  de  Vérac,  de  Ver- 
non,  Yongue  de  Sevret,  etc.,  etc. 

Sparvus. 

* 

*  * 
Je   crois  à   la  jonction  des  Pindray  de 

Gadebors  et  Champagne  (Saintonge)  avec 
ceux  de  Périgord,  parce  que  Jean  de  Pin- 
dray, écuyer,  seigneur  de  la  Brousse  en 
Saintonge,  marié  en  1607,  était  oncle  des 
Pindray  de  Saint-Denis  et  de  Boisbertrand 
(en  Saintonge),  lesquels  sont  les  mêmes 
que  ceux  d'Ambelle,  et  parce  que  le  juge- 
ment de  maintenue  de  1703  concernant 
ces  derniers  (M.  Meller  l'a  certainement 
consulté  aux  Archives  dép.  de  la  Gironde) 
vise  un  jugement  rendu  à  la  même  époque 
pour  les  Pindray  de  Saintonge, 

Il  faut  observer  en  outre  : 

1°  Les  Pindray  d'Ambelle  ne  sont  pas 
du  tout  de  la  Saintonge,  comme  le  dit 
M.  Meller.  Us  sont  du  Périgord,  où  est 
leur  château  d'Ambelle  qu'ils  habitent 
encore  ;  ils  y  furent  maintenus  dans  leur 
noblesse  en  1667. 

2°  M.  Meller  trouvera  la  généalogie 
ms.  des  Pmdray  du  Bordelais  dans  le 
Fonds  Drouyn,  aux  Archives  municip. 
de  Bordeaux  (notes  Jude  de  la  Rivière,  de 
Mauriac). 

3°  Foucaud  Pindray  d'Ambelle,  avocat 
au  parlement  de  Bordeaux,  épousa  en 
cette  ville,  en  1603,  Charlotte  de  Thi- 
bault. 

4°  Les  Pindray  d'Ambelle  sont  les 
mêmes  que  les  Pindray  de  Laforest  (An- 
goumois)  et  de  Champagnac. 

5'*  Il  y  a  encore  en  Périgord,  à  Mareuil 
notamment,  (donc  à  côté  d'Ambelle)  des 
de  Pindray,  qui  descendent  d'une  famille 
de  petite  bourgeoisie  de  cette  ville  de  la 
Dordogne,  qui  a  donné  des  juges  à  Ma- 
reuil au  xvu"   siècle,  et  qui    se  qualifiait 


,         ig(f 

de  sieur  de  Beauclevaud.  Ce  n'est  pas  la 
première  fois  qu'on  trouve,  gravitant 
autour  d'une  famille  de  bonne  noblesse, 
une  famille  roturière  de  même  nom. 

6"  Le  tome  III  des  Archives  de  la  No- 
blesse, par  Laîné,  donne  une  courte  notice 
généalogique  sur  les  Pindray. 

7'  Le  très  aimable  et  érudit  docteur 
Vigen,  à  Montlieu,  a  des  notes  sur  les 
Pindray  de  la  Saintonge. 

St  Saud. 

Sathenat  (Satanas),  seigneurs  du 
Mont  et  de  Launay  (LIV,  55).  —  Il  y 
a  quelques  renseignements  sur  cette  fa- 
mille dans  :  ToulgoH  Tréanim.  Recherches 
de  la  Noblesse  de  Berry,  p.  51-52  et  FJeury 
Vindry.  Dict.  de  V Etat-major  français  au 
xvi'  siècle,  p.  216,  mais  je  ne  crois  pas 
qu'ils  puissent  résoudre  la  question  posée 
dans  Y  Intermédiaire. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Famillo  Tascher  (LUI, 499,  591,645, 
701,  746,814,865,925,  977;  L1V,86).  — 
Le  comte  de  Chaban,  «  qui  aurait  joué  un 
certain  rôle  comme  administrateur  sous  le 
premier  Empire  »,  était  conseiller  d'Etat, 
intendant  général  des  finances  ;  il  est  mort 
à  Hambourg,  en  mars  1814, d'une  maladie 
prise  dans  les  hôpitaux. 

Le  maréchal  Davoust  qui  commandait 
la  place,  le  qualifie,  dans  son  Mémoire 
ail  Roi,  d'administrateur  sage,  éclairé,  in- 
tègre, qui  périt  victime  du  plus  généreux 
dévouement. 

Son  fils  ancien  page  de  l'Empereur,  est 
mort  en  1833  ;  son  petit-fils,  ancien  con- 
seiller de  préfecture  à  Tours  et  à  Amiens, 
est  mort  en  1880. 

La  famille  de  Chaban  n'a  aucun  souve- 
nir d'un  Chaban  qui  aurait  été  secrétaire 
des  lieutenants  de  police    au  xviii®  siècle. 

LesdeChaban  sont  de  l'Aunis  ;  au  viii® 
siècle,  l'un  d'entre  eux  a  épousé  Mlle  de 
Beauharnais,  tante  du  premier  mari  de 
l'impératrice  Joséphine,  et  un  autre  a 
épousé  Mlle  de  Tascher  de  la  Pagerie. 

Ces  renseignements  viennent  de  la  fa- 
mille de  Chaban,  dont  un  des  membres, 
fort  distingué,  écrit  au  Gaulois. 

GÉo  L. 

Titres  de  noblesse  (LUI,  895,  980  : 
1  LIV,  30,  93).  —  Les  titres  de  noblesse  sont 
■  exempts  de  privilèges  au  xx"  siècle,  seuls 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10    Août    1906, 


197 


198 


les  souvenirs  et  ks  exemples  passés  les 
font  revivre  et  vivre.  «  Noblesse  oblige...  » 
est  encore  d'actualité. 

Du   temps    de   l'ancien    régime  (avant 
1789),  les    titres     français    de     noblesse 
n'étaient  pas    hiérarchisés    comme  ils  le 
sont   de  fait  aujourd'hui.  Les  titres  accor- 
dés l'étaient  à  une  seule    personne  et  pas- 
saient à  la  mortdes  titulaires  à  leurs  hoirs 
mâles  par  ordre  de  primogéniture,  A  défaut 
de  descendance  mâle   en  ligne  directe,  le 
titre  s'éteignait  ipso  facto,  il  arrivait  rare- 
ment que  le  roi  de  France  accordât  de  le 
relever  dans  ces  conditions,  quelquefois  il 
autorisait    une    substitution,    mais   alors 
avec   ré  érection  et  nouvelles  lettres  pa- 
tentes. 11  y  eut   aussi  quelques  titres  per- 
sonnels qui  s'éteignaient  à    la  mort  du  ti- 
tulaire,   mais   ces   titres   étaient  en    petit 
nombre.  Dans  un  cadre   fort  restreint    de 
familles  françaises  des  plus  anciennes  (du- 
cales,   marquisales,   comtales),  les  cadets 
portent  tous  de  droit   le   titre  de   comte 
(Castellane, Chabot, Choiseul.Crussol, etc.). 
Au  retour  des    Bourbons,  il    fut   dit   que 
l'ancienne  noblesse  reprenait  ses  droits  et 
que  la  nouvelle  noblesse  (de  l'empire  fran- 
çais) conservait  les    siens.    Ce  fut  la  Res- 
tauration (1815)  qui  établit  définitivement, 
l'on  peut  dire,    l'hérédité  et    la  hiérarchie 
des  titres  laïques  en  les   réglementant  par 
des  ordonnances  concernant  les  membres 
de  la  Chambres  des  pairs. 

Ordonnance  n"  87  —  19  août  1815  — 
art,  i»""  La  dignité  de  pair  est  et  demeurera 
héréditaire,  de  mâle  en  mâle,  par  ordre  de 
primogéniture,  dans  la  famille  des  pairs  qui 
composent  actuellement  notre  chambre  des 
pairs  —  art.  2  —  La  même  prérogative  est 
accordée  aux  pairs  que  nous  nommerons  à 
l'avenir  —  art.  3  —  Dans  le  cas  où  la  ligne 
directe  viendrait  à  manquer  dans  la  famille 
d'un  pair,  nous  nous  réservons  d'autoriser 
la  transmission  du  titre  dans  la  ligne  colla- 
térale qu'il  nous  plaira  de  désigner  ;  auquel 
cas,  le  titulaire  ainsi  substitué  jouira  du  rang 
d'ancienneté  originaire  de  la  pairie  dont  il 
se  trouvera  revêtu  —  art.  4  —  Pour  l'e.xécu- 
tion  de  l'article  ci-dessus  il  nous  sera  pré- 
senté incessamment  un  projet  d'ordonnance 
portant  règlement,  tant  sur  la  forme  dans 
laquelle  devra  être  tenu  le  registre  matricule 
où  seront  inscrites,  par  ordre  de  dates,  les 
nominations  de  pairs  qu'il  nous  a  plu  ou 
qu'il  nous  plaira  de  faire,  que  sur  le  mode 
d'expédition  et  la  forme  des  lettres-patentes 
qui  seront  délivrées  aux  pairs  en  raison  de 
leur  élévation  à  la  pairie  —  art.  5  —  ...etc. 

OrdonnancenoaôSy  — sjaoùt  1817 — ...Vu 


l'article  4  de  notre  ordonnance  du  19  août 
1815.. .  —  art.  12  — Le  fils  d'un  duc  et  pair 
portera,  de  droit,  le  titre  de  marquis  ;  celui 
d'un  m.irquiset  pair,  le  titre  de  comte  ;  celui 
d'un  comte  et  pair,  le  titre  de  vicomte  ;  ce- 
lui d'un  vicomte  et  pair,  le  titre  de  baron  ; 
celui  d'un  baron  et  pair  le  titre  de  chevalier. 
Les  fils  puînés  de  tous  les  pairs  porteront, 
de  droit,  le  titre  immédiatement  inférieur  à 
celui  que  portera  leur  frère  aîné.  Le  tout 
sans  préjudice  des  titres  personnels  que  les- 
dits  fils  de  pairs  pourraient  tenir  de  notre 
grâce;  ou  dont  ils  seraient  actuellement  en 
possession,  en  exécution  de  l'article  71  de 
la  Charte.  —  art.  13  —  etc. 

De  nos  jours,  qui  ne  peut  prétendre  à 
un  petit  pair  de  France,  tout  au  moins 
dans  ses  alliances  !     Gaston  Phœbus. 

11  est  question  dans  l'article  4  de  l'or- 
donnance du  iç)  août  1815,  d'un  registre- 
matricule  de  pairs  ;  qu'est  il  devenu,  et 
où  se  trouve-t-il  aujourd'hui?  C^uelque 
aimable    intermédiairiste    l'a-t-il   jamais 

rencontré  dans  ses  recherches  ^     G.  P. 

* 

L  ordonnance  est  du  25  août  1817.  Il 
est  facile  de  la  retrouver.  J'en  lis  le  texte 
dans  le  Manuel  de  la  Patrie  (Paris,  Didot, 
1825),  dans  Borel  d'Hauterive,  Annuaire 
de  la  noblesse^  1883,  p.  241,.. 

Le  vicomte  de  Bonald. 

Dans  son  article  sous  cette  rubrique, 
monsieur  A.  E.  émet  l'opinion  suivante  : 

Quant  aux  titres  d'origine  allemande  ils 
peuvent  en  général  être  poités  par  tous  les 
membres  de  la  famille,  même  les  femmes  : 
il  en  est  de  même  du  titre  de  prince  que  por- 
tent tous  les  membres  d'une  famille  considé- 
rée comme  d'origine  souveraine  {les  Rohan^ 
La  Tremoille,  etc.) 

Je  souligne  le  paragraphe  sur  la  doc- 
trine duquel  je  voudrais  bien  savoir  s'il 
y  a  des  principes  et  des  traditions  éta- 
blies. En  effet,  est-il  bien  établi  que  tout 
fils  d'un  prince  souverain  a  le  droit  de 
prendre  et  de  porter  le  titre  de  prince,  et 
toute  sa  descendance  mâle  légitime  peut- 
elle  faire  de  même  ?  Cette  tradition  peut- 
elle  se  maintenir  dans  des  familles  qui 
ont  été  dépossédéesde  leur  souveraineté  ? 
Si  je  pose  cette  question  c'est  que  je  vou- 
drais la  voir  réglée  d'une  façon  défini- 
tive, quoique,  à  mon  avis,  il  me  semble 
que  le  titre  de  prince  doive  être  inhéren  t 
au  sang  royal,  quelle  que  soit  la  situation 
où  il  se  trouve.  Zanoni, 


N»   II  20. 


L'INTERMEDIAIRE 


199  

Quatre  propriétaires  d'ôx  libris  j 

à  personnifier  (LUI,  895).  —  L'ex-  ^ 
libris  de  style  Louis  XV  est  moderne  ;  il 
appartient  à  M.  Joseph  Royer,  artiste 
peintre,  à  Langres,  qui  possède,  avec  son 
frère  Charles,  une  riche  collection  de  re- 
liures anciennes,  de  tableaux  et  de  timbres- 
poste. 

M.  Joseph  Royer  grava  lui-même  à 
l'eau-forle  son  ex-libris,  dont  il  se  montre 
peu  satisfait,  ayant  trop  laissé  mordre  la 
planche.  11  a  du  être  exécuté  vers  1880. 

D.  DES  E. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur, 
au  chovron  d'or,  accompagné  (LIV, 
6,  138).  ~  Plusieurs  familles  ont  porté  ces 
armes,  entre  autres  l'illustre  famille  de 
Séguier  qui,  je  le  crains  bien,  n'a  jamais 
eu  rien  de  commun  avec  les  parages  de 
Sennecey-le-Grand . 

Les  recherches  pourraient  porter  sur 
une  famille  franc-comtoise,  dont  Jacques 
Beley,  avocat,  fit  enregistrer  les  armes  à 
r Armoriai  général  de  /6^6,  bailliage  de 
Salins  :  d'azur,  an  chevron  d'or^  accompa- 
gné en  chef  de  deux  étoiles  du  même  et  en 
pointe  d'un  mouton  sautant  d'argent. 

P.  leJ. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'ar- 
gent, à  la  fasce  de  sinopla  (LIV,  6,). 

—  Le  Tite-Live  sur  lequel  ces  armoiries 
sont  peintes  est  tombé  sous  mes  yeux 
chez  le  relieur  réparateur  à  qui  on  l'a 
confié. 

J'ignore  son  origine,  mais  pour  la  faci- 
lité des  recherches,  il  est  bon  d'ajouter 
que  l'écu  est  italien  et  que  la  reliure  est 
du  XVI'  siècle.  Candide. 

Armoiries  à  retrouver  :  d'azur 
semé  de  flaurs  de  lis  d'or  et  de 
clefs  d'argent  (LUI,  950  ;  LIV,  93).  — 
J'avais  envoyé  directement  une  réponse  à 
M.  de  Saint-Saud.  Afin  de  fixer  ce  point 
héraldique,  je  la  donne  ici.  Les  armes  en 
question  sont  celles  du  Chapitre  du  Mans 
qui  blasonnait  d'apir^  semé  de  fleurs  de  lys 
d'or  et  de  clefs  d'argent.  Depuis  le  xix* 
siècle,  les  clefs  ne  sont  qu'au  nombre  de 
trois,  posées  2  et  i.  L.  Calendini, 

Jeton  curieux  (LUI,  949)  — La  pièce 
décrite  n'est  pas  un  jeton,  mais  un  token 
(monnaie    commerciale)    anglais.  James 


200 


Atkins  a  fait  une  classification  de  ces 
pièces,  en  nombre  considérable,  sous  le 
titre  :  The  Tradesmen' s  Tokens  of  the  Eigh- 
teenih  Century,  et  a  ouvert  une  rubrique 
pour  le  type  de  l'homme  pendu  :  End  of 
pain  (fin  de  la  misère  !).  Je  n'y  trouve 
pas  le  token  avec  le  livre  ouvert,  qui,  de 
ce  fait,  doit  être  très  rare,  mais  j'émets  le 
doute  que  la  pièce  faisant  l'objet  de  la 
question  ait  le  poids  et  la  valeur  d'un 
2  pence.  11  n'y  eut  pas  de  tokens  en  cuivre 
de  2  pence  ;  les  monnaies  royales  de 
cette  valeur  avaient,  à  l'époque,  un  dia- 
mètre de  40  millimètres,  ce  qui  ne  per- 
mettrait pas  de  les  comprendre  dans  un 
rouleau  de  sous  français.  A  mon  avis, 
c'est  tout  au  plus  un  penny,  et  plutôt  un 
half  penny. 

La  pièce  de  M.  J.  W  ne  porte-t-elle 
pas  sur  la  tranche  une  légende  qui  per- 
mettrait de  la  classer  à  une  ville  ou  à  un 

comté  ^  PlCA'lLLON. 


Saint  Christophe  et  l'Enfant  Jé- 
sus (LIV,  10,  139).  —  Je  ne  suis  pas 
grand  clerc  en  la  matière,  mais  il  me 
semble  que  la  figuration  de  l'Enfant  Jésus, 
représenté  avec  trois  têtes,  ne  peut  être 
qu'une  personnification  du  mystère  de  la 
Trinité,  Albert  Gâte. 


Une  des  plus  anciennes  gravures  repré- 
sentant saint  Christophe,  date  de  1423. 
Elle  est  en  bois  et  conservée  au  cabinet 
des  Estampes.  L'Enfant  Jésus  a  les  ge- 
noux croisés  sur  le  cou  du  géant.  Cette 
gravure  a  été  publiée  par  le  Magasin  Pit- 
toresque de   1834,  p.    104. 

Louis  Calendini. 

s<  Lo  jugement  de  Paris  »  et 
«  Vers  funèbres  »  sur  le  prince  de 
Bourbon.  Ouvrages  anonymes  à 
déterminex'  (LUI,  lo,  926;  LIV,  142). 
—  |e  n'ai  qu'une  petite  rectification  à 
faire  ;  ce  n'est  peut-être  qu'une  faute 
d'impression.  Pierre  Gravelle  ou  de  Gra- 
velle  était  sieur  de  Bauterne  et  non 
Vauterne.  On  connaît  cette  famille  dans 
le  comté  de  Montfort  dès  1230. 

E.  Grave. 
♦ 

Une  simple  note. 

Les  fiefs  de  Boisguinant  et  de  la  Corvée 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  1906 , 


201 


202 


en  Lavaré  (Sarthe)  appartenaient,  de  1547 
à  1=552,  aux  Ronsard  de  Monchenou,  en 
1606,  à  Marie  de  Ronsard,  épouse  de 
Jacques  de  Perronel.  Quant  au  fief  des 
Roches  situé  en  Sceaux  sur  Huisne,  dans 
la  famille  depuis  1444,  il  était  adjugé,  en 
1598,  par  ordre  du  roi,  à  Olivier  du  Bou- 
chet  [Cf.  Annales  Fléchoises^  t.  VI,  p.  187). 

Louis  Calendini. 

Livres  ayant  appartenu  au  poète 
Desportes  (LU.  946)  —  J'ai  dans  ma  bi- 
bliothèque d'histoire  locale  le  volume 
suivant,  dans  sa  reliure  du  temps  en  velin, 
portant  la  signature- de  Desportes,  abbé  de 
Thiron  : 

«  Henrici  Kyspenningii  venlonensis, 
ecclesite  coUegiatfe  xantensis  canonici, 
precationes  christian^ç,  et  gravissimœ  ad 
juste  piéque  vivendum  admonitiones,  ex 
S,  Scriptura  et  orthodoxis  Patribus  se- 
lectcC. 

(Marque  de  Arnold  Birckman). 
Coloniœ  Agrippin;e 
Apud  hteredes  Arnoldi  Birckmanni 
1581 
Cum  privilégie  S.  Caes.  Majest, 
Un  des  possesseurs  de  ce  livre  y  inscri- 
vit ce  quatrain,  sur  la   première    page  de 
garde,  en  février  1868  : 

Desportes,  le  poète,  a  possédé  ce  livre 

Sur  le  titre  duquel  il   écrivit  son  nom, 

Alors  qull  jouissait  partout  d'un  grand  renom 

Qui,  depui"*  trois  cents  ans,  n'a  pas  cessé  de  vivre. 

Georges  Champagne. 

Livres  ayant  appartenu  à  Ron- 
sard (LUI,  945).  — Le  Celse  de  Ronsard 
existe  encore.  C'est  un  exemplaire  de 
l'édition  suivante  : 

Aurelii  Cor.  Ceisi  deReMedica  libri  octo. 
Q.  Sereni  médicinale  poëma.  Rhemnii  Poë- 
ma  de  Pond,  et  mensuris,  Cum  adnotationi- 
bus  et  conectionibLis  R.  Constantini.  — 
Lugduni,  apud  Gullel  Rouillium  sub  scuto 
veneto.  —  M.  D.  LXVI. 

Il  est  précieux  non  seulement  par  la 
signature  de  Ronsard  qui  se  lit  en  haut  du 
titre,  mais  parce  que  la  même  plume  a 
souligné  une  douzaine  de  passages  dans 
le  texte. 

Cet  exemplaire,  qui  est  dans  son  vélin 
original,  a  appartenu  au  chirurgien  Ant. 
Louis  (1723-1792)  dont  il  porte  l'exlibris. 
Perdu  pendant  un  siècle,  retrouvé  à  Caen 
chez  un  bouquiniste  par  Armand  Gasté  ; 
il  fait  partie  de  ma  bibliothèque  depuis 
trois  ou  quatre  ans.         Pierre  Louys. 


Patelin,  employé  comme  terme 
de  îisu  (LU, 730,  875).  —  Le  soldat  pari- 
sien, traversant  en  manœuvre  quelque 
pauvre  village,  le  salue  volontiers  du 
nom  de  port  de  mer.  L'Alsacien,  moins 
gouailleur  et  ignorant  la  mer,  se  contente 
de  rappeler  petite  ville  d'eau^  hadlein, 
qu'il  prononce  ^(j/Z^'m  et  qui  est  devenu 
patelin.  Il  est  donc  fort  inutile  de  recou- 
rir pour  cette  étymologie  à  la  littérature 
du  moyen  âge.  Un  Gi^enadier. 

Lèz  ou  lès  (LIV,  1 10),  —  Le  Diction- 
naire des  Postes  donne  l'orthographe  offi- 
cielle des  noms  de  commune  telle  qu'elle 
est  indiquée  au  recueil  du  recensement 
quinquennal  de  la  population. 

On  doit  reconnaître  qu'il  luiserait'diffi- 
cile  de  trancher  elle-même  les  contro- 
verses que  peutsoulever  l'orthographe  des 
noms  de  lieu. 

D'ailleurs,  un  certain  nombre  de  com- 
munes, comme  Savigny,  autrefois  Savi- 
gny-sous-Beaune,  ont  obtenu  de  rempla- 
cer le  sous  par  ces,  sans  accent  ni  z,  de 
crainte  que  l'ancienne  appellation  ne 
fasse  croire  que  leur  altitude  était  infé- 
rieure à  celle  de  la  ville  voisine,  ce  qui 
pouvait  faire  croire  que  leurs  vins 
n'avaient  pas  la  supériorité  résultant  de 
l'exposition  de  la  vigne  sur  certains  co- 
teaux. A.  E. 


Patron-Jacquet  (LIV,  9).  —  Recti- 
fions d'abord  l'orthographe  et  la  pronon- 
ciation du  mot.  On  doit  dire  poitron-Jac- 
qnct. 

11  s'est  levé  dès  le  poitron-Jacquet,  —  de 
très  bonne  heure. 

OuDiN.  Ciiriositei  françaises,  1656, p. ^35, 

La  dame  du  poitron-Jacquei  ne  l'estoit  pas 
moins. 

Mme  DE  SÉvioNÉ.  Lettres.  1735,  n*  271. 

Maintenant,  que  signifie  poltron  ? 

C'est  vraiment  un  cas  extraordinaire 
que  ni  Littré,  ni  Génin,  ni  aucun  de  nos 
collaborateurs,  depuis  quarante  ans  que 
la  question  est  posée  ici,  ne  soit  parvenu 
à  découvrir  le  sens  de  ce  mot  quand  tous 
les  dictionnaires  du  xvii"  siècle  pouvaient 
le  leur  donner. 

Voulez-vous  les  énumérer  PNous  trou- 
vons dans  le  Tesoro  de  Oudin  (1607)  :  Le 
poictron  :  le  cul.  —  Dans  Cotgrave 
(161 1)  :  le  poltron  :  the  arse.    —   Dans 


Ù"   II20. 


L'INTERMEDIAIRE 


20} 


204 


DuEZ  (1659),  le  poictron  :  il  culo  (i). 
Arrêtons-nous  là.  Bornons-nous  à  signa- 
ler dans  Godefroy  sept  citations  du  même 
mot  dans  le  même  sens  et  ajoutons- en 
une  huitième  que  Godefroy  n'a  pas  notée  : 
le  100'  vers  du  fabliau  de  la  C cille  noire  ; 
mais  ce  dernier  passage,  le  plus  clair  de 
tous,  ne  se  peut  imprimer  ici.  Il  nous 
donnerait  pourtant  la  véritable  orthogra- 
phe du  mot  (poistroti)  par  laquelle  nous 
trouvons  très  simplement  son  étymolo- 
gie  {posteriorem,  postérieur)  Le  xvi^  et  le 
xvii"  siècle  n'ont  écrit  poictron  que  par 
une  fausse  assimilation  avec  poictrine. 
Ensuite,  que  s\gn\f\Q  Jacquet  ? 

Le  jacquet,  c'est  le  petit  paysan,  c'est 
le  valet  villageois  en  service  au  château. 
Sans  doute  il  y  a  un  second  sens  rare  : 
écureuil.  Il  y  en  a  même  un  troisième  : 
membre  viril.  Mais  cela  ne  compte  pour 
rien  auprès  du  sens  général.  Le  Jacquet, 
c'est  le  valet. 

Dès  lors,  comment  une  expression  po- 
pulaire a-t-elle  pu  adopter  le  poitron-Jac- 
quet  comme  symbole  de  l'aurore  ?  C'est 
un  symbole  grossier  ;  j'aime  mieux 
l'alouette  de  Roméo,  mais  en  philologie 
nous  sommes  bien  forcés  de  prendre  les 
locutions  telles  que  nos  ancêtres  nous  les 
ont  léguées.  Celle-ci  n'a  même  pas  be- 
soin d'être  expliquée,  tant  la  raison  en 
est  facile  à  trouver  quand  on  a  défini  les 
deux  mots  dont  elle  se  compose. 

Candide. 


Coli,  gali,  cari  (LUI,  619,  758  :  LIV, 
94).  —  Le  patois  bourguignon  possède 
également  le  mot  cariheugncr ,  dont  le 
radical  heugne  est  l'équivalent  de  heigne, 
correspondant  familier  de  coup,  gifle,  etc. 
Cariheugner^  c'est  cabosser  un  objet  à 
l'excès.  M.  M. 


Serpent.  Anecdote  extraordi- 
naire contés  par  Michelet  (LIV, 
m). —   L'aventure   est  extraordinaire  : 


(i)  Au  xviii"  siècle,  le  mot  n'était  plus 
compris.  Lacombe  fait  à  ce  propos  une  mé- 
priseassez  plaisante  dans  son  Dictionnaire 
du  vieux  Langage  (1766)  où  il  traduit  :  Poi- 
TRON.    Vieille  femme  ;  anus. 


1°  cette  dame  était  éveillée,  et  n'avait 
qu'à  porter  la  main  à  son  sein  pour  re- 
connaître son  nourrisson,  à  sa  froideur  et 
au  contour  de  la  tête  ;  2"^  Le  serpent 
même  d'espèce  dangereuse;  n'a  pas  une 
langue  conformée  pour  la  succion  ; 
3*^  Quand  on  dérange  un  serpent  dange- 
reux de  ses  petites  occupations,  son  pre- 
mier mouvement  est  de  mordre  ;  4»  etc., 
Quand  un  écrivain  à  imagination  vive,  se 
risque  sur  le  domaine  des  sciences  exactes, 
il  lui  arrive  souvent  d'en  arriver  à  de 
telles  puérilités.  E.  Grave. 


*  * 


La  couleuvre,  c'est  une  chose  connue, 
est  très  friande  de  lait  ;  —  il  est  arrivé 
fort  souvent,  qu'à  la  suite  de  remarques 
sur  la  diminution  inexplicable  du  lait 
dans  les  mamelles  d'une  vache  laitière, 
on  a  surpris  une  grosse  couleuvre  qui 
sintroduisait  la  nuit  dans  rétable,ct  tétait 
la  vache  —  c'était  surtout  dans  de  petites 
étables  mal  tenues,  dans  des  maisons  so- 
litaires ou  petites  fermes  situées  dans  les 
bois  et  endroits  isolés  —  la  couleuvre 
d'ailleurs,  est  un  serpent  qui  devient  fort 
gros  et  est  très  inoflfensif.  Voilà  sans 
doute  ce  qui  a  donné  naissance  à  l'anec- 
dote de  Michelet.  Il  est  fort  improbable 
que  ce  soit  jamais  arrivé  à  une  femme,  et 
à  ce  point  de  vue,  ledit  conte  doit 
être  tenu  pour  un  conte  à  dormir  debout. 

K. 


*  ♦ 


L'histoire  du  serpent  allaité  par  une 
femme  est  bien  connue  chez  les  indigènes 
de  l'Algérie. 

Les  femmes  arabes  dorment  ordinaire- 
ment nues,  mais  celles  qui  couchent  sous 
la  tente  et  dans  les  gourbis  redoutent  de 
laisser  leur  sein  découvert,  de  peur  de 
trouver  un  serpent  suspendu  à  leur  poi- 
trine. 

Dans  les  anecdotes  de  ce  genre,  le  ser- 
pent n'est  jamais  représenté  comme  dan- 
gereux. II  suce  le  lait  de  la  femme,  mais 
il  ne  blesse  pas  sa  nourrice  endormie. 

La  légende  se  retrouve  d'ailleurs  chez 
la  plupart  des  peuples  qui  habitent  les 
pays  chauds,  j'ai  à  Paris  des  notes  sur  ce 
sujet  et  je  les  résumerai  ici  à  mon  retour 
de  la  campagne  si  la  question  intéresse 
encore  nos  lecteurs.  Un  Passant. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Août  190e, 


205 


206 


Epatant  —  Flapi  (LUI,  172,317,  373, 

597,  65^).  —  Le  Dictionnaire  Je  Van- 
demie  langue  française^  de  Godefroy, 
donne:  Flapir,  flapptr,  foupit\  v.  a.,  fri- 
per ;  fig.,  faner,  flétrir,  abattre;  et, après 
plusieurs  exemples  antérieurs,  reproduit 
ce  vers  du  Jodelet  de  Scarron  : 
Eu  me  criant:  vilain,  tu   foupis   tout  mon  linge. 

Centre  de  la  France  et  Aunis,  foupir, 
chiffonner,  friper.  Dauphiné,  flâpi,  flétri. 

Le  Dictionnaire  du  vieux  langage  fran- 
çais, de  Lacombe,  donne  foupir^  ôter  le 
lustre  des  étoffes,  et  au  suppléments^/), 
marque,  tache. 

Foupir  se  trouve  également  dans  le 
Glossaire  de  la  langue  romane  de  Roque- 
fort :  ôter  le  lustre,  délustrer      .J.  Lt. 

Taon  (LUI.  730,  824,  873,  LIV,  146.) 
—  Tout  le  monde  a  raison  dans  les  ques- 
tions de  prononciation.  Ainsi  M.  Lpt.  du 
Sillon  a  probablement  raison  quand  il  pro- 
nonce Rouan,  Saint-Ouan  et  sûrement 
Ecouan.  Pourtant  Saint-Ouin,  saint  nor- 
mand a  aidé  à  former  le  nom  du  village  de 
Oinville  dans  le  canton  de  Meulan,  et  une 
forme  latine  que  je  n'ai  pas  sous  les  yeux, 
ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet.  A  côté, 
on  trouve  pour  ce  même  village  la  forme 
Huanville.  Il  y  en  a  donc  pour  tous  les 
goûts.  Si  j'empiète  sur  un  autre  article, 
je  dirai  que  oie  s'est  prononcé  simplement 
OM^,  d'où  rue  aux  Ours,t\.  que  suivant  les 
lieux  on  dit  en  France,  une  ouàis  dans  le 
Berry  et  une  ouâ  aux  environs  de  Paris, 
quand  on  parle  bien.  On  peut  choisir  ; 
In  medio  Veritas.  E.  Grave. 

Cha8.«elle.  Comète  (LUI,  952  ;  LIV  ; 
97,145).  — Sarcophage  servant  d'auges. 
En  lisant  cet  intéressant  article,  je  me  suis 
rappelé  que  pendant  ma  jeunesse  j'ai 
remarqué,  dans  la  cour  d'une  ferme 
nommée  féolette,  sise  commune  de  Mou- 
zeil  (Vendée),  sur  les  limites  de  la  Plaine 
et  du  Marais,  un  sarcophage  en  pierre 
épaisse  servant  d'auge  pour  faire  boire  les 
mules  (très  difficiles,  comme  on  le  sait, 
sur  la  pureté  de  leur  boisson). 

Mais,  et  c'est  ici  qu'absolument  igno- 
rant en  archéologie,  je  fais  appel  à  mes 
aimables  et  savants  confrères  de  Ylnler- 
médiaire.^  la  ferme  en  question  étant  une 
ancienne  commanderie  de  l'ordre  de 
Malte  et  renfermant  une  petite  chapelle 
en  ruines,  mes  fermiers  paraissaient  con- 


vaincus que  ce  sarcophage  qu'ils  appe- 
laient le  timbre,  provenait  de  la  chapelle 
et  avait  renfermé  le  corps  d'un  religieux 
plus  ou  moins  élevé  en  grade,  peut-être 
même  du  prieur  ou  de  l'abbé. 

En  tout  cas,  peut-on  affirmer  que  tous 
les  sarcophages  trouvés  dans  le  Bas- 
Poitou  sont  des  sarcophages  mérovingiens 
—  et  celui-là  ne  faisait-il  pas  exception 
à  la  règle  ? 

Pour  sa  forme,  je  crois  en  avoir  vu 
au  musée  Carnavalet  s'en  rapprochant 
beaucoup. 

11  se  trouvait  dans  la  ferme  en  1875  ;  il 
y  est  peut-être  encore  aujourd'hui,  car 
les  paysans  de  la  Vendée  ne  sont  pas  plus 
que  les  autres  grands  amis  du  change- 
ment, et  c'est  un  morceau  d'un  monce- 
ment  difficile  en  cas  de  déménagement. 
Un  vieux  poitevin. 


Ridicule, réticule, T.  G.  773  ;  (LIV, 
104)  —  C'est  l'envie  de  ne  pas  dissimuler 
les  beautés  plastiques  de  la  nature,  et  de 
se  rapprocher  par  conséquent  de  la  statue 
antique  dans  son  modelé  et  dans  ses 
grâces,  qui  fit  adopter  la  robe  athénienne 
de  linon  rappelant  Vénus  Callipyge,  et 
dans  laquelle  naturellement  la  poche 
n'avait  plus  sa  place.  Mais  où  mettre  son 
mouchoir  et  les  petits  riens  que  l'on  peut 
avoir  à  serrer  ou  à  dissimuler  ?  Je  sais 
bien  qu'à  l'occasion  les  lettres  et  les  pou- 
lets pourraient  se  glisser  dans  les  ombres 
ou  les  demi-jours  d'un  corsage  discret,  et 
l'on  peut  se  souvenir  à  cette  occasion, 
d'une  anecdote  dont  le  peu  galant 
Louis  XllI  fut  le  héros  !  Tout  prince  qu'il 
fût,  le  fils  du  bon  ami  des  Rochelais  et 
des  Rochelaises,  avait  tellement  peur  de 
se  brûler  les  doigts  au  contact  d'une 
jeune  et  charmante  demoiselle  de  compa- 
gnie de  la  reine  sa  mère,  qu'il  se  servit 
de  pincettes  pour  aller  à  la  recherche 
d'un  billet  que  la  belle  enfant  lui  avait 
volé  et  avait  glissé,  — pas  intentionnelle- 
ment, je  veux  le  croire,  —  sous  la  den- 
telle de  sa  collerette. 

Donc,  et  pour  revenir  aux  robes  anti- 
ques des  belles  du  Directoire,  et  qui 
comme  celle  de  Dejanire,  faisaient  corps 
avec  le  corps,  il  n'y  avait  ni  coin  ni  re- 
coin pour  mettre  le  mouchoir.  C'était  ce- 
pendant un  objet  indispensable,  et  il 
n'eût  pas  été  très  élégant  de  suivre  la 
mode  des  religieux  du  moyen  âge  qui  le 


«»• 


LTVTKy.ÉDIAItl 


207  

yrgp^^^gr*^'   i  la  cordefiere  d^it  1.5  se 
csgaaÊaî:  ks  ref^j».  L'a  rryyren  terra*»  f  r 
Lrjivé.  aiais  ce  rac 
tûiœ  sue  ■  T  :  -  ~ .  tk'-  .^-^    .  î. 
m.  ie  "i^  -  -  ^  change.  C  .  :  se 

âirs  =m"-»T=  Xua  dteralier  ser-azt,  por- 
reur  iii  2ïoadioir.  et  chargé,  s'- j-  ie  !e 
'----  -*:  —-^-35  de  rapporter  aa  n:,sc:ect 
-r.  Opsod  la  5'"?'T'i'e  dî*^^ 
et-  ie  dïeralîer  cf: 

2r  eas-" 

_  „  -    .  -  -- i^raBer  _  _      .  . 

ett  vûlté  ôfre  le  civalier  se . 
vcât.  aa  ^raad  plaisr  de        . 
:- --il  à  la  main,  dsns  Ce  -^ 

-  -    .'-îoa.  P-jîS  le  chevalkr  r    . 
-    ::!eet  î'oubuer   arec  le   - 

•n.  as  L  ir^.-.  s:2X  ptedi  _  _  - 
belle  !  .\::£S  pofjr  t^r^r  3  tr-c?  ce: 
véîrients.  c'est  -  ;nta  ie  re- 

o'ja  à  ce 
_-_-  _--;_r5en  hoa- 

2ear  _  as.  e:  ajiq-e'.  dit  oc, 

le  53'  rie   GiH  aarsiî  donné  à 

ce .  ;  -  :  —  ie  r  ;  -  ■  '  - 

-    ■    .  —  -om:r.  ^  :  a  ma- 

rine :  35  ne  sont  ras 


atteirfC  lear  *^»f»  et  rxihi  bczar- 
fKM»  Itii/tçiÊti'x  a  Torig^ 
-  *  -  -  ^  ft  â  h  rkiesse  des 

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lice,  a  une  v-.- 
frè^sà  demi.  Ce 

qne  les  fa— mes  ai—rnt  1  se  rajr.  . 
jaser  en  tirant  l'ai^jiHe.  comme  Parr  , 
de  popclaire  mémotre.  Je  ne  sais  si  i^s 
"«isîtes,  dites  de  cérémonia  '  "  ?a|ours 
été  anssi  a  la  mC'de  q'ie  de  r.,  ^  .  _;s,  mais 
ce  <pie  je  sais  bien,  c'est  que  les  visites 
de  nos  grand" mères  étaient  souver.t  assez 

loBgiîes  pour  qu'on  eût  le  * ie  tra- 

'vailler  cm  pea.    La  convers  -."v  per- 

dait rien  d'aiHears.  Chacune  empo:  : 
arec  elle  son  sac  à  O-  . 
arait  les  étoardîes  qui  r.  _-..--.  .>..  >-. 
en  chemin,  et  b^en  d  autres  choses  autre- 
ment prèdeases.  s  Ton  en  croit  n<otam- 
ment  Tbistorien  Marre. 

C  est  grâce  à  la  nomenclature  des 
objets  perdus,  que  nous  avons  pu  faire  à 
La  Rochelle,  linventaire  de  toutes  les  ati- 
riétes  de  sacs  à  oa"^iTages  de  ~~-  --^--:_ 
mères.  Peut-être  les  lectrices  V  :  - 

elle?  de  jolies  m-Ddeles  à  imiter,  tout  au 
moins  dans  les  dernier?  :  ie  Tanc";  - 

régime,  car  les  sacs  a  c  -  . .  ,-i  de  la  x;^ 
volutioa  semblent  perdre  quelque  peu  de 
kar  élég-jince  passée. 

Nous  so~-  — f"?  sous  le  règne  de 
Louis  XVI.   ;  :  :  _  ;  à  laquelle  les  recher- 


l 


Faniss»  ie  ces  tcilettes  rec 

les  -e,  aL 


d'or.    — 


de  îîDetîs  cr:  —  i.  .   t:     r 

g-; mi  dune  pa:    .    :     -:;     —  ca 
bîmc  brode  e^i  .j.—. a:?    u  u/^an:,  —  _.  :_ 
blan>r  brodé   en  or.  —    de  tiretis  rrse 
,  -  denteîle  d'argent.  —  ce  ::arec^5 

.   :  :  j  ;:  ~--r     —  de 


brode  en   or.  —  ie   ta^etas  bia-  : 


s  sacs  assec  r  is   ce 

z  erses  codeurs»  —  so«  reîJccr  a  ia  sini- 
?   c  :f    :.   amoitîdrissentent  des  5:r-       - 

ca  ^—  ;?;  également  exact.  —  cr:   : 

des  sacs  à  cc%Ta-ges  de  basin,  d'-nc-ernes 
unie  ou  a  de*urs.  nocimmettta  "b-d  acre 
>  '"-:-^.  mais  -—"ct  en  rsankln  V:*e 
^,-  :  :  s.  en  ■  :  sac  rrer^d  le  ncr: 
de  -  ce   qj     .^  -  ;      :    : .  a   ce  nEOti- 

:.!  :  mis  io   ::  :  " rs  a  péîtkr^r 


0 


".  :,:  contentt  des  sacsv  à  côîs  des 

:rs,  des  gunts  avec  ou  saacs  AS^:ts 

-  ,*s  très  en  tisaa:*  alorsX  des  c'e^ 

::res.  de  pièces  de  mooaaie.  de  pe~ 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10   Août   1906, 


209 


210 


tits  couteaux,  on  y  rencontre  principale- 
ment, ce  qui  contraste  généralement  avec 
l'élégance  du  sac,  des  bas  à  tricoter, 
presque  toujours  des  bas  de  fil  avec  les 
aiguilles  et  les  pelotons. 

Parmi  les  sacs  les  plus  intéressants,  je 
relève  le  suivant,  perdu  le  b  février  1789: 
«  Une  poche  de  basin  contenant  une 
boite  à  mouches  de  nacre,  doublée  en  or  ; 
une  petite  tabatière  d'écaillé  avec  une  pe- 
tite étoile  en  or  sur  le  dessus  ;  deux  pe- 
tites clés  ;  un  petit  couteau  à  ressort  ;  un 
petit  étui  ;  une  paire  de  gants  de  peau 
violets,  un  mouchoir  de  poche  blanc.  » 

Je  m'arrête  dans  cette  énumération. 
l'en  ai  assez  dit  pour  montrer  que  les 
grand'mères  avaient  trouvé  avec  Madame 
Talien  et  même  avant  elle,  le  moyen  de 
résoudre  ce  problème, à  savoir  :  de  décou- 
vrir pour  le  mouchoir  et  les  bibelots,  une 
place  ailleurs  que  dans  les  arrière-plans 
et  les  arrière-dessous  de  la  toilette. 

Georges  Musset. 

Bœuf  gras  (T.  G.  122),  —  On  cite 
fréquemment,  à  l'époque  du  bœuf  gras, 
des  vers  dune  chanson  en  voafue  sous 
l'Empire,  et  on  les  cite  ainsi  : 

■V'ià  la  peau  d'àne  qui  ronfle 
C'est  l'instant  du  branle-bas 
V'nez  voir  dans  son  tnomphle, 
La  déesse  du  bœuf  gras. 

Or,  il  me  semble  que  ce  quatrain  de- 
venu classique,  fait  partie  d'une  chanson 
de  Suzanne  Lagier,  On  en  may^ gérait,  pa 
rôles  d"E.  M.  D.,  musique  d'Henri  Cellot. 

Ecoutez,  la  peau  d'âne  ronfle. 
Via  le  bastringue  et  l'branle  bas, 
Bons  parisiens,  c'est  le  triomphle 
De  la  Déesse  du  Bœuf  gras. 

Maintenant,  c'est  peut-être  là  une  pa- 
rodie du  vrai  couplet. 

L'Hôtellerie    du    Parc    à   Lyon 

(LIV,  107).  —  En  1848,  étant  enfant  et 
voyageant  avec  ma  famille,  nous  lo- 
geâmes à  l'hôtel  du  Parc,  place  des  Ter- 
reaux, situé  vers  le  milieu  de  la  rangée 
qui  fait  face  au  palais  Saint-Pierre. 
C'était  une  ancienne  et  bonne  maison  qui 
existait  déjà  en  1793, car  son  nom  est  lié  à 
un  souvenir  tragique  de  famille. C'est  pro- 
bablement Thôtellerie  dont  parle  Goldoni. 
Je  note  une  faute  d'impression  dans  la 
communication  ;  il  faut  lire  musée  Correr 
et  non  musée  Carrer.  H.  CM. 


Les  tambours  ;  ce  qu'on  a  dit 
pour  et  contre  eux  (LI  ;  LU  ;  LIV, 
99).  —  je  répondrai  à  ce  que  dit  G.  de 
Massas  à  la  fin  de  sa  notice,  que  \>  l'efifort 
humain  »  a  tout  de  même  trouvé  un  petit 
système  grâce  auquel  un  tambour  peut 
battre  la  charge  tout  seul.  Un  industriel 
oftVe  actuellement  cet  appareil  aux  gardes 
champêtres  des  environs  de  Paris  et  j'en 
ai  vu  qui  ne  l'avaient  pas  reçu  sans  quel- 
que mépris.  Curiosus. 

La  première  femme  inscrite  sur 
ls.s  listes  électorales  (LIV,  3,  71, 
159).  —  C'est  répondre  à  côté  de  la 
question.  Cependant,  sous  cette  rubrique, 
serat-il  interdit  de  signaler  à  cette  date 
du  29  juillet  1906,  la  dépêche  suivante 
dun  correspondant  du  Journal  : 

Le  jour  même  de  la  dissolution  de  la 
Douma,  le  Tsar  sanctionna  une  loi  accordant 
à  la  Finlande  le  suffrage  universel,  y  com- 
pris les  femmes.  La  Diète  comprendra  deux 
cents  députés  élus  tous  les  deux  ans  au  suf- 
frage direct  universel  et  proportionnel.  Le 
droit  de  vote  est  accordé  à  tous  les  citoyens 
finlandais  âgés  de  21  ans,  sans  en  excepter 
les  femmes. 

La  Finlande  devient  ainsi  le  pays  où  les 
femmes  exerceront,  pour  la  première  fois, 
leurs  droits  politiques  comme  les  hommes. 

Les  premières  femmes  médecins 
etintî^rnes  (LIV,  2,  68,  157).  —  Que 
madame  Auclert  veuille  bien  me  per- 
mettre de  lui  faire  observer  qu'il  s'est 
glissé  une  erreur  dans  sa  si  intéressante 
communication,  à  propos  de  Mme  Made- 
leine Brès  :  En  1870,  M.  Duruy  n'était 
plus  ministre. 

2°  L'Impératrice  ne  fut  que  trois  fois 
régente  :  en  1859,  en  1865  et  en  1870, 
par  conséquent  une  seule  fois  quand 
M.  Duruy  était  ministre  :  en  1865  non 
pas  pendant  un  séjour  de  Napoléon  III  au 
camp  de  Châlons,  mais  pendant  son 
voyage  en  Algérie.         Germain  Bapst. 

*  ♦ 
Le  rôle  de  la  femme  dans  l'exercice   de 

la  médecine  n'est  pas  récent  : 

Dans  Tantiquité,  les  femmes  médecins, 
médicœ^  étudiaient  Tanatomie,  Platon  dit 
qu'on  leur  confiait  le  soin  d'assortir  les 
nouveaux  mariés  et  d'empêcher  les  unions 
disproportionnées.  De  même,  dit  ce  phi- 
losophe, qu'un  agriculteur  habile  sait 
confier  à  chaque  champ  la  semence  qui  lui 


N"    lîso. 


L'INTERMÉDIAIRE 


211     

les     femmes 


212 


convient,  ainsi  les  femmes  médecins 
savent  parfaitement  l'art  d'assortir  les  in- 
dividus, de  la  manière  la  plus  propre  à 
donner  à  l'Etat  des  citoyens  bien  con- 
formés. R.    PlCHEVlN. 


Tous  ceux  qui  ont  été  dans  le  service 
du  professeur  Gosselin  à  la  Charité,  en 
1869,  (et  nous  étions  nombreux  dans 
son  service  chirurgical  !  ont  connu  Miss 
Garett,  la  première  femme  médecin  reçue 
doctoresse  à  Paris,  d'origine  anglaise. Elle 
était  petite,  mince,  brune  et  de  figure 
assez  insignifiante  (à  notre  point  de  vue 
français),  bien  qu'ayant  de  beaux  yeux, 
grandement  ouverts.Je  puis  certifier  qu'elle 
n'avait  aucune  espèce  de  coquetterie,  et 
qu'on  voyait  tout  de  suite,  à  sa  tenue  et  à 
ses  manières,  que  ce  n'était  pas  une  fran- 
çaise. Elle  était  très  simple,  très  mo- 
deste, et  inspirait  une  grande  réserve  à 
tout  son  entourage  :  c'était  absolument 
comme  un  jeune  homme  habillé  en  ju- 
pons, à  poitrine  plate. 

Par  contre, elle  était  sensible  à  la  moin- 
dre attention  que  l'on  avait  pour  elle  ; 
par  exemple,  si  on  s'effaçait  devant  elle, 
pour  lui  permettre  de  voir  de  beaux  cas. 
Ou  elle  a  beaucoup  changé,  ou  bien  elle 
ne  doit  guère  s'occuper  de  chirurgie  ;  car 
je  me  souviens  qu'un  jour,  elle  se  tourna 
de  mon  côté  en  frissonnant,  devant  une 
opération  chirurgicale.  11  est  vrai  qu'il 
s'agissait  d'un  vieux  zouave  de  la  garde 
impériale,  qu'on  opérait  pour  une  fistule 
à  l'anus  et  qui  n'avait  pas  voulu  être  en- 
dormi. Le  malheureux  sacrait  alors 
comme  un  pauvre  diable  ;  et  ce  jour-là, 
j'ai  compris  que,  sous  une  apparence 
assez  indifférente,  Miss  Garrett  avait  un 
cœur  de  femme.  Du  reste,  cela  lui  fait  le 
plus  grand  honneur,  en  montrant  qu'elle 
savait  exercer  sur  elle  assez  d'empire, 
pour  ne  pas  pâlir  devant  la  souffrance  et 
pour  surmonter  la  répugnance  instinctive 
que  nous  éprouvons  tous  devant  la  dou- 
leur physique  de  nos  semblables.  Elle 
portait  des  conserves,  pour  écrire.  Elle 
avait  une  figure  sans  âge  déterminé  ; 
nous  lui  donnions  tout  aussi  bien  20  ans 
que  30  ans.  Dans  le  doute,  on  disait  25 
ou  26.  Par  le  fait,  elle  était  reçue  docteur 
un  an  plus  tard.  Les  événements  de  la 
guerre  franco-allemande  firent  que  nous 
ne  le  fûmes  que  trois  ans  après  elle. 

D""  Bougon. 


En  1873,  nous  avons  connu  une  autre 
étudiante  en  médecine, française,  croyons- 
nous,  qui  se  tenait  aussi  très  bien  et  qui 
était  très  réservée  vis-a-vis  des  étudiants. 
En  revanche,  c'était  une  forte  femme,  qui 
avait  une  poitrine  pour  deux  et  de  larges 
épaules  ;  mais  nous  l'avons  très  peu  con- 
nue.On  voyait  aussi  ces  dames  aux  cours, 
soit  à  Ihôpital.  dans  les  amphithéâtres, 
soit  à  la  Faculté  de  médecine.         D'B. 


S 


fotc^,  iv0UtiatU^B    d  (Curiosités 

Les  Derniers  moments  d'Alfred 
de  Vigny.  —  La  récente  publication  de 
la  Correspondance  d'Alfred  de  Vigny  (i), 
faite  par  les  soins  de  Mademoiselle  E.  Sa- 
kellaridè?,  a  rappelé  l'attention  sur  les 
croyances  de  l'auteur  des  Destinées.  Deux 
lettres  écrites  en  1862,  un  an  avant  sa 
mort,  nous  montrent  le  poète  toujours 
aussi  ferme,  aussi  absolu,  dans  ses  con- 
ceptions philosophiques. 

Dans  Tune,  il  gourmande  Madame  La- 
chaud  sur  sa  dévotion  qu'il  qualifie  de 
naïve  ;  et,  après  avoir  déclaré  qu'il  ne 
voudrait  effeuiller,  effleurer  ou  faner  une 
seule  de  ses  illusions,  car  toutes  celles 
«  qui  fortifient  la  bonté  et  la  patience 
sont  des  fleurs  qui  ne  peuvent  être  trop 
soigneusement  arrosées  et  conservées  »  il 
ajoute  cependant  : 

«  Prenez  garde  de  me  forcera  laisser  tombei 
sur  vos  litanies  quelque  grand  coup  de  raison 
pareil  aux  coups  d'épée  de  Roland,  qui  fen- 
daient un  homme  et  son  cheval  de  la  tête  aux 
pieds...  J'ai  aussi  fait  voir  du  pays  à  bien 
des  abbés  et  même  à  des  abbesses.  J'évit« 
avec  vous  ces  petits  duels  de  controverses, 
de  peur  de  vous  faire  du  mal  sans  le  vouloii 
et  malgré  moi,  emporté  par  les  mouvements 
d'une  farouche  sincérité,  que  jamais  ni  l'édu- 
cation si  sévère  que  vous  savez,  ni  l'armée,  n 
le  monde  n'ont  pu  arrêter,  lorsqu'elle  veu 
éclater  » 

Dans  l'autre,  il  entretient  Madame  du 
Pré  de  Saint-Maur,  sa  cousine,  des  tenta- 
tives faites,  pendant  la  maladie  dont  i 
sortait,  pour  ménager  près  de  lui  l'accès 
d'un  confesseur,  et  il  dit  : 

«Dans  la  simplicité  de  ces  honnêtes  person- 
nes il  n'entre  pas  assez  d'idées  saines  et  véri- 
tablement graves.  Elles  ne  considèrent  pa; 
qu'un  homme  qui  a  écrit    ce    qui  est    publit 


(i)  Paris,    Calmann-Lévy,    s. 
in-i8  Jésus. 


d.     [1906] 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lO     Août      IQOb, 


21 


214 


dans  mes  livres  a  depuis  longtemps  construit 
en  lui-même  l'édifice  immuable  de  ses  idées 
philosophiques.tliéologiques  et  théosophtques; 
qu'il  a  étudié  à  fond  toutes  les  doctrines  et 
les  théodicées  antiques  et  modernes  et  que, s'il 
veut  bien  ne  pas  les  exprimer  et  les  dévelop- 
per dans  des  livres,  ni  même  dans  des  con- 
versations passagères,  c'est  parce  qu'il  mé- 
nage la  faiblesse  égoïste  de  pauvres  âmes  qui 
s'appuient  encore  sur  des  pratiques  païennes 
et  qui  n'ont  pas  l'abondance  de  bonté  qui  de- 
vrait leur  suffire  pour  faire  le  bier.  sans  récla- 
mer une  récompense,  y  mettre  un  prix  et 
fixer  des  conditions,  comme  par  un  acte  de 
notaire  ». 

M.  le  D''  Cabanes  a  fait  connaître  {Mer- 
cure de  France,  décembre  1900  :  Une  ten- 
tative de  conversion  <X Alfred  de  Vigny) 
quelques  lettres  du  Père  Gratryetdupoète. 
Cette  correspondance,  plus  affectueuse 
chez  l'un,  plus  froide  chez  l'autre,  s'étend 
d'octobre  1861  à  juillet  1862.  Le  résultat 
apparent  de  la  tentative  du  P.  Gratry  fut 
négatif,  mais  Vigny  conserva  un  bon  sou- 
venir de  l'oratorien  dont  les  conversations 
ne  furent  peut-être  pas  étrangères  au  dé- 
nouement final. 

Une  lettre  de  JVlademoiselle  C.  d'Or- 
ville,  voisine  d'Alfred  de  Vigny,  à  Ma- 
dame J.du  Pré  de  Saint  Maur, véritable  re- 
lation des  derniers  moments  du  poète,  pu- 
bliée par  M.  Paul  Lafond  {i)  nous  apprend 
que  Vigny,  quelques  jours  avant  de  se 
mettre  au  lit  pour  ne  plus  se  relever, 
s'était  confessé  à  un  vieil  ami  (2),  l'abbé 
Vidal,  curé  de  Bercy  ;  et  que,  avant  de 
mourir,  il  avait  reçu  Textrême-onction 
par  les  soins  d'un  vicaire   de    sa  paroisse. 

Auguste  Barbier,  dans  ses  Souvenirs 
personnels  (^\  a  confirmé  le  récit  delà 
confession  ;  mais  il  est  un  autre  témoi- 
gnage :  celui  de  l'abbé  Vidal,  que  nous 
cherchions  en  vain    depuis    longtemps. 

(i)  Revue  de  Paris,  15  juillet  1900  :  La 
mort  d'Alfred  de  Vigny. 

(2)  N .Correspondance  d' Alfred  de  Vigny, 
p.  118,  lettre  à  Philippe  Busoni  du  20  octobre 
1845  :  «  Vous  trouverez...  le  mardi,  l'abbé  Vi- 
dal, seul,  prenant  le  ihé  entre  ma  femme  et 
moi  et  partant  h  dix  heures  pour  la  Bastille  .>>. 

(3)  «  M. de  Peyronnet, cousin  par  sa  femme 
3e  M.  de  Vigny,  m'a  raconté  qu'il  avait 
trouvé  sur  l'escalier  du  poète,  quelques  jours 
avant  sa  mort,  M.  l'abbé  Vidal,  qui  venait  de 
le  voir  et  qui  lui  avait  dit  ceci  :  Je  viens  de 
li'entretenir  avec  le  pauvre  mourant,  la 
chose  est  Jaite,  il  voulait  parler  de  sa  confes- 
sion ». 


Grâce  à  l'aimable  obligeance  de  M.  Henri 
Maïstre,  nous  pouvons  aujourd'hui  repro- 
duire ce  précieux  document  qui  n'a  été 
cité  ni  dans  l'articlede  IVÏ.  Paul  Lafond,  ni 
dans  les  plus  récents  ouvrages  sur  Alfred 
de  Vigny. 

Sainte-Beuve  venait  de  publier  {Revue 
des  Deux  Mondes,  15  avril  1864)  son  der- 
nier portrait  d'Alfred  de  Vigny.  On  y 
lisait  :  «  Ainsi  M.  de  Vigny  lui  même, 
cette  noble  nature  qui  n'eut  d'autre  visée 
que  de  rester  unie  et  fidèle  à  son  premier 
mot  une  fois  proféré,  ainsi,  pareil  en  cela 
à  plus  d'un,  il  vit  se  voiler  en  lui  ses  re- 
ligions, s'éclipser  et  s'éteindre  ses  soleils, 
et  il  fut  réduit  comme  un  autre,  à  dire 
non  et  jamais  après  avoir  dit  oui  et  tou- 
jours ». 

Dans  un  article  des  Etudes  religieuses, 
historiques  et  littéraires  (nouvelle  série, 
t.  IV,  1864,  p.  264-267)  intitulé  :  A  propos 
de  M.  Alfred  de  Vigny,  le  Père  L.  Lan- 
glois  répondit  : 

«  Voulez-vous  savoir  quelles  étaient  les 
véritables  pensées  de  cet  homme  qui  ne 
croyait  pas  ?  Ecoutez  le  respectable  préi  re 
qui  a  reçu  ses  dernières  confidences  et 
qui,  son  ami  depuis  vingt  ans,  a  eu  le 
bonheur  de  ramener  à  Dieu  cette  âme 
égarée, mais  non  incrédule». 

Suit  la  lettre  de  l'abbé  Vidal  dont  voici 
le  texte  : 

Mon  Révérend  Père, 

Vous  m'avez  fait  l'honneur  de  me  deman- 
der des  renseignements  sur  les  derniers  mo- 
ments de  M.  Alfred  de  Vigny.  Voici  com- 
ment les  choses  se  sont  passées. 

Plusieurs  fois  j'avais  parlé  à  M.  de  Vigny 
de  songer  à  la  confession  avant  de  paraître 
devant  Dieu,  et,  sans  jamais  me  repousser,  il 
m'avait  seulement  témoigné  le  désir  d'atten- 
dre encore  pour  accomplir  cette  action. 
Quinze  jours  environ  avant  sa  mort,  j'allai 
le  voir,  et  après  une  conversation  très  sé- 
rieuse dans  laquelle  il  me  dit  que  sa  famille 
était  une    famille  presque  sacerdotale   (i)  ; 


(i)Voici  le  récit  de  Mlle  d'Orville  dans 
sa  lettre  du  19  septembre  1863  à  Mme  de 
Sz'mi-^'lzux  [Revue  de  Paris,  15  juillet  1900, 
p.  305)  :  «  M.  le  Curé  me  dit  qu'il  avait 
confessé  M.  de  Vigny  dans  sa  dernière  visite 
et  lui  avait  donné  l'absolution,  lui  disant 
qu'il  allait  partir  pour  les  vacances, et  qu'abso- 
lument il  ne  voulait  pas  le  laisser  sans  lui 
avoir  fait  accomplir  ce  devoir.  Qu'alors  le 
pauvre    malade  avait    de    lui-même  ôté   son 


N«  II 20. 


L'INTERMEDIAIRE 


215 


216 


qu'un  de  ses  oncles  était  mort  trappiste  ; 
qu'un  autre,  doyen  du  chapitre  de  Loches, 
était,  je  crois,  mort  en  exil,  et  que  lui,  M. de 
Vigny,  portait  encore  au  doigt  l'anneau  de  cet 
-oncle,  je  crus  le  nioment  venu  de  lui  parler 
de  confession  et  d'en  finir  cette  fois.  Monsieur 
de  Vigny,  lui  dis-je,  je  pars  un  de  ces  jours 
pour  un  long  voyage,  et  je  ne  veux  pas  partir 
sans  vous  avoir  donné  l'absolution.  Tout  aus- 
sitôt il  s'inclina,  et  me  donna  son  plein  con- 
sentement. 11  prit  un  air  extrêmement  re- 
cueilli, et  après  la  confession  il  me  dit  ces 
propres  paroles  :  Je  suis  catholique  el  je 
meurs  catholique.  Après  cette  profession  de 
foi,  je  lui  donnai  l'absolution.  En  ce  mo- 
ment, il  était  impossible  d'exiger  davantage. 
Cet  acte  suprême  fit  sur  lui  la  plus  grande 
impression  :  il  me  prit  la  main, m'attira  à  lui, 
et  m'embrassa  en  me  disant  avec  une  effusion 
de  cœur  inexprimable  :  Ah  !  quelle  bonne 
action  vous  Tcne^  de  faire  .^  Je  n'oublierai  ja- 
mais cette  parole  et  le  ton  dont  elle  fut  pro- 
noncée. 

Pendant  mon  absence,  il  me  demanda  à 
plusieurs  reprises,  et  enfin,  se  sentant  près  de 
mourir,  il  demanda  lui-même  un  prêtre 
pour  recevoir  l'extrême-onction.  Sa  bonne 
courut  h  l'église  et  ramena  un  des  vicaires, 
qui  put  l'administrer.  Il  est  bon  de  noter  que 
cette  bonne  était  protestante,  et  que  pendant 
les  derniers  jours  de  sa  vie,  M.  de  Vigny  lui 
fit  plusieurs  fois  l'éloge  des  prêtres.  On  pou- 
vait assurément  voir  dans  ses  conversations 
avec  elle  la  pensée  de  la  ramener  à  l'Eglise 
catholique.  En  tout  cas,  c'est  cette  bonne  qui 
a  raconté  ces  détails,  et  qui  voyant  mettre  en 
doute  par  un  personnage  connu  (i)  le  fait  de 
la  demande  spontanée  du  prêtre  par  M.  de 
Vigny,  répondit  :  «  Monsieur,  je  suis  protes- 
tante, et  c'est  moi  qui  ai  été  chercher  le  prê- 
tre à  l'église  pour  l'administrer  :>. 

Voilà,  mon   Révérend   Père,    comment    les 
choses  se  sont  passées.  Je  l'affirme. 

Vidal,  curé  de  N.-D.  de  Bercy. 

P.  S.  Pendant  les  derniers  jours  de  sa  vie, 
M.  de  Vigny    a    lu    très    attentivement    mon 

bonnet,  qu'il  avait  tait  la  chose  avec  beau- 
coup de  respect,  de  sérieux,  et,  comme  lui, 
M.  Vidal,  le  croyait,  de  conviction  ;  qu'en- 
suite, ayant  voulu  lui  serrer  la  main  comme 
pour  le  féliciter,  M.  de  Vigny  l'avait  embrassé 
en  lui  disant  :  Monsieur  le  Curé,  vous  vene^ 
de  faire  une  bonne  action.  Qu'en  continuant 
de  causer,  il  avait  paru  se  plaire  à  rappeler 
plusieurs  de  ses  parentes  qui  étaient  dans  les 
saints  ordres,  disant  qu'il  était  de  race  reli- 
gieuse et  presque  sacerdotale,  et  ajoutant  ces 
paroles  :  Je  suis  né  catholique,  et  je  meurs 
catholique  ». 

(i)  M.    Louis    Ratisbonne.  Voir    Revue  de 
Paris,  15  juillet  1900,  p.  308. 


Histoire   de  Saint  Paul  (1).    Son  exemplaire 
est  presque  usé. 

A  ceci  on  objectera  les  paroles  mêmes 
de  Vigny  sur  Un  homme  -  d'' honneur ,  ce  ro- 
man resté  à  l'état  de  projet  (1834)  : 

«  L'honneur...  c'est  sa  religion.  Le 
christianisme  est  mort  dans  son  cœur.  A 
sa  mort,  il  regarde  la  croix  avec  respect, 
accomplit  tous  ses  devoirs  de  chrétien 
comme  une  formule  et  meurt  en  silence  ». 

Mais  on  pourrait  leur  opposer  d'autres 
fragments,  d'autres  pensées,  qui  témoi- 
gnent d'un  véritable  sentiment  religieux, 
d'où  la  remarque  de  M.  Dorison  (Alfred 
de  Vigny,  poète  philosophe,  p.  236-7)  :  «On 
trouve  chez  Vigny  le  mélange  d'une  sé- 
cheresse permanente  avec  les  élans  passa- 
gers d'une  foi  demeurée  presque  toute 
poétique  ».  Et  encore  :  «  Chez  un  homme 
ordinaire,  on  oserait  deviner  sous  ce 
trouble  de  la  soixante-sixième  année  un 
prochain  retour  à  la  foi  de  son  enfance  ». 

Que  l'on  se  rappelle  la  crise  religieuse 
provoquée,  en  1837,  par  la  mort  de  sa 
mère  (2)  ;  on  arrivera  à  cette  conclusion 
probable  que  —  les  mêmes  causes  pro- 
duisant les  mêmes  effets  —  la  mort  de  sa 
femme,  sa  «  chère  Lydia  »,  sa  <s  seule 
amie  »,  plus  encore  que  toute  exhortation 
ramena  le  poète  à  la  foi  de  sa  mère,  à  la 
foi  (2)  de  son  enfance.  J.  O. 

(i)  Saint  Paul,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par 
M.  Vi.lal,  curé  de  N.-D.  de  Bercy,  Paris,  Va- 
ton,  1863,  2  vol.  in-8«. 

(2)  «  Mon  Dieu  1  mon  Dieu  !  avez-vous 
daigné  connaître  mon  cœur  et  ma  vie  ?  Mon 
Dieu  !  m'avez-vous  éprouvé  à  dessein  ?  Aviez- 
vous  réservé  la  fin  de  ma  pauvre  et  noble 
mère  comme  un  spectacle  pour  me  rendre  à 
vous  plus  entièrement?» —  «  Mon  Dieu  I  je 
me  jette  à  genoux,  à  présent,  je  parle  à  vos 
pieds,  je  m'abreuve  de  ma  douleur,  je  m'y 
plonge  tout  entiei ...» 

(2)  II  l'avait  perdue  de  bonne  heure, car  dans 
les  Conseils  à  mon  fils  commencés  le  jour  de 
son  second  départ  pour  Versailles  le  2)  fé- 
vrier iSiy,  publiés  par  Le  Sillon  {12-2^  jan- 
vier 1905),  Madame  de  Vigny  dit  à  son  fils  : 
((  Je  combattrai  les  fausses  maximes  qu'on 
t'a  déjà  fait  adopter...  les  fausses  opinions  que 
tu  m'as  fait  déjà  connaître  ». 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond- 


LIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo   de  chaque  mois  20  Août  1906. 


42®  Année 

31  '".r.  Victor  Massé 
PASIS  (IX°) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUiEQUE 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


Il  se  faut 
entr' aider 


N''  1121 

Sf'r  VictorMassé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


nUxmébiaixc 


DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS     ET     REPONSES     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
. 217 218 


iT     ARTISTIQUES 


IC6UÛII0 


Ce  portrait  du  jeune  souverain  a  été 
gravé  en  couleurs,  à  la  même  époque  et 
dans  le  même  sens,  par  Jacques  Christo- 
phe Le  Blon.  Une  magnifique  épreuve 
figure  actuellement  sous  le  n»  688  à  VEx- 


Un  portrait  de   Louis  XV  à  re- 
trouver. —  Le  croquis  ci-dessous  donne 

une  idée   assez  exacte   d'un    portrait    de  |  position  d'œiivres  d'art   du   xviue  siècle,  à 
Louis  XV  exécuté  vers  1739,  à  Paris,  par 

1. 


un  peintre  de  nationalité  anglaise  nommé  I 

Nicolas  Blakey.  L'habit  et  le  cordon  sont  j 

bleu?,  la  cuirasse  ornée  d'un  motif  doré,  |  il  est  prudent  de  les  interroger. 

la  chevelure  légèrement  poudrée.  i 


la  Bibliothèque  nationale  ;  une  autre 
i  épreuve  est  exposée  au  Petit  Palais  dans 
j  la  collection  Dutuis. 
I  Je  me  recommande  aux  lecteurs  de 
i  \ Intermédiaire  pour  savoir  quelle  est  la 
j  collection,  publique  ou  particulière,  qui 
!  conserve  ce  tableau.  Au  surplus  J'accueil- 
lerai avec  reconnaisance  toutes  références 
I  concernant  la  vie  et  les  œuvres  des  gra- 
'  veurs  en  couleurs  J.-C.  Le  Blon  et  Gau- 
j  tier-Dagoty. 
\  Albert  Vuaflart. 


«c  Cent  ma  guerre  »,  mot  attribué 
à  l'Impératrice  Eugénie.  —  En  par- 
lant de  la  guerre  sur  le  point  de  s'enga- 
ger entre  la  France  et  l'Allemagne,  l'im- 
pératrice Eugénie  aurait  dit  :  «  C'est  ma 
guerre, à  moi  ». 

Apres  trente-six  ans,  le  mot  appar- 
tient à  l'histoire  ;  on  peut  donc,  dans  un 
recueil  comme  \  Intetmédiaire^  en  discuter 
l'authenticité. 

Ce  mot  a-t-il  été  prononcé  ? 

Et  en  ce  cas,  dans  quelles  circonstan- 
ces ? 

Devant  qui  ? 

11  reste  encore  des  témoins  de  ces  chosse. 


Y- 


rjv  5 


"N"  I  121, 


L'INTERMÉDIAIRE 


219 


220 


Asserrîblées  relis-ieuses  clandes- 
tines tenues  à  Villiers-le-Bel.  —  Au 

milieu  du  xviiie  siècle,  le  bourg  de  Vi!- 
liers-le-Bel,  canton  d'Ecouen,  fut  pendant 
une  vingtaine  d'années,  bouleversé  par 
des  assemblées  religieuses  très  suivies  par 
les  habitants  de  la  localité  et  des  paroisses 
voisines, qui  se  tenaient, les  fêtes  et  diman- 
ches, après  les  offices,  dans  la  maison 
d'un  sieur  Morillon,  ancien  marchand  de 
dentelles,  tantôt  sous  sa  présidence,  tan- 
tôt sous  celle  de  sa  femme  et  de  sa 
nièce.  Le  prieur,  curé  du  lieu,  s'étant 
'plaint  à  l'intendant  de  la  généralité  de 
Paris,  celui-ci  les  défendit.  Quelques 
années  plus  tard,  le  sieur  Morillon  ayant 
continué  à  tenir  chez  lui  de  nouvelles 
réunions,  l'archevêque  de  Paris,  Christo- 
phe de  Beaumont,  envoya  le  lieutenant  de 
police  pour  les  faire  cesser.  Mais  après 
b'être  soumis  pendant  quelque  temps  aux 
volontés  de  l'archevêque,  il  recommença 
ses  conférences  comme  par  le  passé. 

Un  des  collaborateurs  de  {'Intermé- 
diaire, pourrait-il  nous  donner  des  ren- 
seignements sur  le  sieur  Morillon  et  sa 
famille  .f"  11  y  a  lieu  de  croire  que  les 
assemblées  qu'il  tenait  avaient  pour  but 
de  combattre  la  Constitution  UuigciiiUis 
et  de  propager  les  doctrines  du  jansénisme 
dont  l'archevêque  de  Paris  était  un  des 
adversaires  des  plus  acharnés. 

Il  existe  à  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal 
un  recueil  de  papiers,  lettres,  etc.,  rela- 
tifs au  voyage  en  Hollande  en  181  3  de 
l'abbé  Morillon  de  Villiers-le-Bel.  Sait-on 
si  cet  ecclésiastique  était  parent  avec 
celui  qui  fait  l'objet  de  notre  question  ? 
D'autre  part,  parmi  les  membres  du  Co- 
mité qui  informa  l'Assemblée  Nationale  de 
la  prise  de  la  Bastille,  figure  un  Franc- 
Maçon  du  nom  de  Morillon,  qui  pourrait 
bien  appartenir  à  la  même  famille. 


Paul  Pinson  , 


Un  porteur  de  ch-iise,  des  ^v  Pré- 
cieuses» — V.  Fournel  croit  reconnaître 
Du  Parc  (Gros  René)  dans  ce  passage  de 
la   Vengeance  des  marquis^  scène  V  : 

L'on  pourrait  encore  contrelaire  ce  gros 
porteur  de  chaise  des  Précieuses,  lorsqu'il 
joue  un  rôle  sérieux.  Ce  serait  quelque 
chose  de  bien  divertissant  :  on  ne  peut  le 
voir  sans  rire,  et  il  n'y  eut  que  lui  qui  fit 
faire  le  brouhaha  au  Pnnce  jaloux. 

Or^  la  première  représentation  des  Pré- 


cieuses eut  lieu  le  19  novembre  1659.  Dui 
Parc,  avec  sa  femme,  avaient  quitté  la 
troupe  de  Molière  pour  celle  du  Marais, 
le  13  avril  précédent,  pour  n'y  rentrer 
que  le  12  mars  ibôo.  II  est  donc  inadmis- 
sible que  Du  Parc  ait  pu  figurer  un  por- 
teur de  chaise  chez  Molière,  dans  cet  in- 
tervalle. 

On  peut  objecter  qu'il  se  chargea  plus 
tard  de  cet  emploi,  par  divertissement. 
C'est  possible.  Mais  il  n'était  pas  de  la 
création.  Quant  à  Don  Garde  de  Navarre 
ou  le  Prince  jaloux,  la  première  en  eut 
lieu  le  4  février  1661,  mais  rien  ne  nous 
indique  si  Du  Parc  (mort  en  1664)  était 
de  la  distribution. 

Bref,  Du  Parc  (Gros  René),  figura- t-il 
un  porteur  de  chaise  dans  les  Précieuses  ? 
Y  faisait-il  rire  par  son  embonpoint  t 
Qu'en  pense  M.  Monval  .? 

H.  Lyonnet. 


Le  Nègre  et  le  Maréchal.  -—  Quel 
était  le  nom  du  saint-syrien  «  sénéga- 
lais »  {^)  à  qui  le  maréchal  de  Mac-Mahon 
a  posé  la  question  fameuse  : 

—  C'est  vous,  le  nègre  ? 

On  prétend  que  le  Maréchal  aurait 
ajouté  :  «  Eh  bien,  continuez  !  »  ;  mais- 
ce  conseil  parait  apocryphe  et.  quoique 
plus  célèbre,  il  est  peut-être  moins  drôle 
que  la  question  elle-même. 

Connaît-on  la  date  de  la  visite  prési- 
dentielle qui  fut  l'occasion  de  ces  mémo- 
rables paroles  ?  Un  Passant. 


Le  Maréchal  aurait  prononcé  ces  pa- 
roles, auxquelles  on  donna  un  sens  ridi- 
cule, qu'elles  n'avaient  point,  (il  félicitait 
le  nègre  de  son  application),  à  Saint-Cyr, 
au  cours  d'une  revue.  Le  nègre  s'appelait 
M.  Liontel,  il  était  né  à  Cayenne  en 
1851. 

Ayant  quitté  Saint  Cyr,  pour  entrera 
l'Ecole  de  droit,  il  débuta  comme  substi- 
tut  à  Saint-Denis  (Réunion)  en  1875. 

Il  a  été  rappelé  depuis. 

On  lui  prêta  des  projets  en  politique 
avancée  ;  on  voit  qu^il  continue. mais  dans 
une  autre  voie  que  celle  où  la  bienveil- 
lance du  chef  de  l'Etat  l'engageait. 

Telle  est  l'une  des  réponses  qu'on  peut 
taire  à  cette  question  :  peut-être  est-elle- 
incomplète. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Août    1Q06 


221 


222 


Tableau  du  XVIIP  siècle  à  re- 
trouver. —  C'est  une  anecdote  qui, 
d'après  certains  détails,  doit  se  passer 
entre  lyjo  et  1770.  Je  la  trouve  dans  un 
livre  de  1777: 

Le  vieux  comte  de  la  R...  «  l'homme 
le  plus  voluptueux  de  son  siècle  »,  dit  le 
narrateur,  rencontre  une  nuit,  rue  Saint- 
Honoré,  une  fille  publique  d'aspect  misé- 
rable, qui  l'accoste.  11  est  frappé  de  sa 
beauté,  l'emmène  chez  lui  et  le  lendemain 
il  l'accompagne  chez  un  peintre  célèbre 
qui  la  fait  poser  nue. 

«  Ce  tableau  a  été  vendu  2000  écus  ». 

Six  mille  livres,  c'est  une  grosse 
somme  pour  l'époque.  Le  tableau  devait 
être  un  chef-d'œuvre.  Quel  était  l'ama- 
teur ?  quel  était  le  peintre  ?  et  de  quelle 
toile  s'agit-il  ? 

Le  seul  détail  que  je  puisse  ajouter  à 
cette  histoire  est  que  le  modèle  s'appelait 
Adélaïde  ;  mais  cela  ne  nous  apprend 
pas  grand'chose,  sinon  qu'elle  était  née 
après  le  23  mars  1732,  date  à  laquelle 
Louis  XV,  en  nommant  ainsi  Tune  de  ses 
filles,  mit  le  prénom  à  la  mode  chez  les 
filles  du  peuple.  Un  Passant. 

Famille  da  Battine.  —  Le  comte 
Rodolphe,  dernier  descendant  des  Colomb 
de  Battine,  est  décédé  au  Mans  en  1875. 
Un  intermédiairiste  pourrait-il] me  dire 
quels  étaient  à  cette  époque  les  plus  pro- 
ches parents,  côté  paternel,  du  comte  Ro- 
dolphe ?  Martin  E. 

De  Castôlnau,  peintre.  —  Un  ta- 
bleau, représentant  une  descente  de  croix, 
a  été  donné  à  une  église,  en  1868,  par  le 
ministre  de  la  Maison  de  l'Empereur  et 
des  Beaux-Arts  :  il  est  signé  de  Castelnau. 
Je  serais  curieux  de  connaître  quelques 
particularités  biographiques  surce  peintre. 

D'  C.  V 

Dntacq.  —  A  quelle  date  M.  Dutacq 
entra-t-il  à  la  rédaction  du  Charivari  dont 
il  fut  le  propriétaire  quelque  temps  ^ 

L.  C. 

La  peintre  Ph.  Ledieu  (1847) 
et  un  prétendu  portrait  de  Musset. 
—  M.  Elle  Thomas  croit  avoir  trouvé  un 
portrait  inconnu  de  Musset. 

Un  personnage  blond  'qui  a  les  traits  du 


poète  et  son    élégance,    est    représenté  à 
cheval. 

Le  tableau  est  signé  Ph.    Ledieu  rS^j. 

Si  ce  n'est  l'air  de  ressemblance, rien  ne 
permet  de  dire  qu'il  représente  Musset. 

Le  possesseur  l'a  communiqué  à  Ma- 
dame Martellet,  qui  fut  au  service  de 
Musset  pendant  dix  ans.  Nous  avons  vu 
ce  tableau  chez  elle  :  elle  ne  nie  pas  qu'il 
y  ait  une  certaine  ressemblance,  oh  ! 
très  vague, mais  elle  s'étonne  que  le  por- 
trait représente  Musset  à  cheval. 

Quand  elle  le  connut, vers  cette  époque, 
il  n'était  déjà  plus  un  cavalier.  Un  peu 
plus  jeune, il  avait  monté  à  cheval  avec  son 
ami  Alfred  Tattet,  pour  courir  les  bois  de 
Montmorency.  11  faudrait  supposer  qu'un 
artiste  l'a  connu  à  ce  moment  et  a  fixé, 
de  mémoire,  son]  portrait  sur  la  toile.  Le 
poète  n'aimait  pas  poser. 

La  question  serait  donc  celle-ci  : 

Le  peintre  Ledieu,  dont  Siret  ne  dit 
rien,  qu'Audray  en  son  Supplément  cite 
parmi  les  étrangers  et  les  ignorés, a-t-il  pu 
connaître  Musset  à  Paris? 

Que  sait-on  de  cet  artiste  ? 

A.  B.  X. 

Un  mot  de  Montesquieu  (.'').  —  On 
lit  dans  les  Lettres  Persanes  (1.  cxix)  : 

Les  anciens  rois  de  Perse  n'avaient  tant 
de  milliers  de  sujets  qu'à  cause  de  ce  dogme 
de  la  religion  des  mages,  que  les  actes  les 
plus  agréables  à  Dieu  que  les  hommes  pussent 
l'aire,  c'était  de  faire  un  enfant,  labourer  un 
champ  et  planter  un  arbre. 

Qu'en  est-il  de  ce  «  dogme  »  ^  Et  Mon- 
tesquieu n'en  serait-il  pas  l'auteur  ? 

G.   A. 

Une  seconde  dame  de  Polastron. 

—  Dans  ma  jeunesse,  en  1865  ou  1866, 
précisément  à  l'époque  où  il  m'arriva  de 
donner  le  bras  à  lacomtessede  Luxbourg, 
mère  du  comte  Léon,  qu'elle  avait  eu  de 
Napoléon  i'"",  je  fuc  mené,  une  fois,  à  un 
entresol  de  la  rue  de  Provence,  par  une 
vieille  comtesse  qui  m'honorait  de  sa 
bienveillance,  chez  une  dame  de  ses  amies 
qu'elle  appelait  Mme  de  Polastron  et 
qu'elle  me  disait  être  la  fille  de  Charles  X. 
Et,  en  effet,  les  traits  de  cette  dame  de 
Polastron  parvenue  justement  à  l'âge 
qu'avait  ce  roi  en  1830  offraient  avec  les 
siens  une  ressemblance  frappante. 

C'était  apparemment  la  fille  de  la  char- 


U' 


I  121 


L'INTERMÉDIAIRE 


223 


224 


mante  Louise  de  Lussan  d'Esparbès,  vi- 
comtesse de  Polastron,  qui  montra  tant 
d'amour  et  de  dévouement  pour  le  comte 
d'Artois  pendant  l'émigration  et  eut  en 
Angleterre  une  mort  si  édifiante,  que  ra- 
conte en  termes  très  émouvants  la  du- 
chesse de  Gontaut  dans  ses  Mémoires. 

Or,  en  ce  qui  touche  celle  que  M.  Char- 
les Nauroy  (Voir  Les  Derniers  Bourbons) 
qualifie  de  «  dernière  maîtresse  du  comte 
d'Artois»,  et  spécialement  dans  le  passage 
des  Mémoires  de  la  duchesse  de  Gontaut, 
qu'il  cite,  il  est  bien  question  d'un  jeune 
Louis  de  Polastron,  fils  de  l'infortunée  vi- 
comtesse et  filleul  de  Louis  XVI  et  de 
Marie-Antoinette,  lequel  aurait  été  appelé 
du  collège  anglais,  où  il  faisait  ses  études, 
pour  être  embrassé,  une  dernière  fois,  par 
sa  mère,  mais  il  n'est  rien  dit  de  la  dame 
vue  par  moi  en  1865  ou  1806  et  qui  ne 
pouvait  être  que  la  fille  de  la  mourante. 

Quelque  intermédiairiste  a-t-il  des  ren- 
seignements plus  précis  que  les  miens  sur 
cette  seconde  dame  de  Polastron  qui,  de- 
meurée célibataire,  aurait  gardé  jusqu'à 
la  mort  le  nom  de  son  père  putatif,  ne 
pouvant  porter  celui  de  son  père  réel  ? 

RusTicus. 

Bigaisdot  (M.).  — Il  tenait  un  hôtel 
«  hôtel  de  la  Loire  »,  rue  des  Mathurins- 
Saint-Jacques,  n"  4,  en  1838.  Q.u'est 
devenu  cet  hôtelier  ?  Chez  lui  se  réimis- 
saient  bon  nombre  d'artistes  et  des  rédac- 
teurs du  Siècle.  Louis    Calendini. 

Scalion    de    Virbluneau.    —    Ce 

charmant  poète  du  xvi®  siècle,  qui  fut  à 
peu  près  découvert  par  Théophile  Gau- 
tier, a-t-il  été  l'objet  d'une  étude  critique, 
ou  biographique,  récente  ? 

A  qui  appartient  aujourd'hui  l'exem- 
plaire de  Gautier  qui  parut  à  sa  vente 
sous  le  n°  129  en  18^3  ? 

Un  Passant. 

Madame  de  Sévigné  à  Bodégat. 

-—  Madame  de  Sévigné,  l'illustre  épisto- 
lière,  séjourna  à  différentes  reprises  au 
château  de  Bodégat  (en  Mohon,  près  Jos- 
selin,  Morbihan)  qu'elle  avait  de  son 
mari. 

Je  serais  très  désireux  de  connaître 
toutes  les  sources  auxquelles  je  pourrais 
puiser,  pour  retrouver  quelques  souve- 
nirs de  cette  noble  dame  à  Bodégat. 


Aurais-je  chance  de  découvrir  quelque 
document  intéressant  sur  ce  sujet,  soit  à 
la  Bibliothèque  nationale,  soit  aux  Ar- 
chives, soit  dans  une  coUection  particu- 
lière ? 

Quelle  est  l'édition  la  meilleure  et  la 
plus  complète  des  «  lettres  »  ;  où  la  trou- 
ver ^  Du  Halgouet. 

Frédéric  Tremel.  —  De  ce  guita- 
riste et  poète  de  talent,  je  désirerais  quel- 
ques notes  biographiques.  Son  portrait, 
imprimé  chez  E.  Delancliy,  à  Paris,  existe- 
t-il  ailleurs  ?  Ce  poète  dut  perdre  sa 
femme  à  Bordeaux  où  il  écrivit,  vers 
1878,  les  élégies  A  une  mortel  ]q  connais 
au  moins  dix  volumes  de  lui.         L.  G. 

Familles  Boucher  et   Cbanlatte, 

au  Mans.  —  Je  désirerais  connaître  les 
père  et  mère  et,  si  possible,  les  aïeul  et 
aïeule  de  Jacques  Boucher,  receveur  des 
tailles  au  Mans,  puis  secrétaire  du  Roi,  et 
de  Geneviève  Chanlatte,  sa  femme,  cruci- 
fiée au  Mans,  le  24  mai  17 14.  (Esnault  et 
Chambois,  Notaires  du  Mam.^  W,  75,  212, 
213  ;  m,  73  ;  V,  5  ;  VI,  185) 

Je  remercie  d'avance  le  confrère  qui 
pourra  me  rendre  le  service  de  me  pro- 
curer ces  renseignements  et  l'assure  en 
échange  de  mon  dévouement.         '' 

Th.  Courtaux. 

Armoiries  à  déterminer  :  un 
arbre  et  huit  épis.  —  A  quelle  famille 
appartenaient  les  armes  suivantes,  gra- 
vées sur  un  cachet  du  xvii^  siècle,  qui 
provient  vraisemblablement  du  midi  de 
la  France  :  de...  à  la  terrasse  de...  com- 
plantée  d'un  arbre  de...  et  de  huit  épis  de... 
quatre  de  chaque  côté.  Timbre  ;  un  cas- 
que de  profil.  A.  L.  S. 

Les  passages  soulignés  d'«  An- 
gola ».  —  Le  roman  d'Angola  qui  parut 
en  1746,  est  bien  connu  des  linguistes 
par  une  singularité  de  son  texte.  Un 
grand  nombre  de  phrases  sont  imprimées 
en  italiques  et  Ton  a  voulu  y  voir  une 
liste  d'expressions  qui  étaient  alors  nou- 
velles dans  la  lanoue. 

o 

Qiie  l'auteur  ait  entendu  signaler  par 
là  l'incorrection  d'un  certain  style,  ce 
n'est  pas  douteux  ;  mais  parmi  les  passa- 
ges soulignés,   il   s'en  trouve   beaucoup 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août    1906, 


225 


226 


qui   n'ont  pu   être  à  aucune  époque   des 
locutions  usuelles.  Par  exemple  : 

Vis  à  vis  l'un  de  l'autre  et  à  leur  aise. 

Et  par  décence  elle  faisoit  des  nœuds. 

Et  dont  elle  avoit  tiré  grand  parti  il  y 
avoit  longtemps 

Semblaient  tacitement  désigner  l'usage 
auquel  elles  étaient  destinées. 

Ces  calios  de  doucereuses  fadaises. 
Etc. 

Il  semblerait  plus  vraisemblable  que 
l'auteur  eût  voulu  se  moquer  d'un  de  ses 
confrères  en  composant  un  centon  de 
phrases  plates  ou  prétentieuses  prises  à 
un  récent  ouvrage. 

Mais  de  quel  écrivain  et  de  quel  livre 
/Angola  serait-il  la  parodie  ?  H- 


Le  suicide  de  Rolla.  —  Qiiel  est  le 
jeune  homme  dont  Alfred  de  Musset  a 
conté  la  vie,  la  ruine  et  le  suicide  dans 
son  fameux  poème  de  1835  ? 

On  a  donné  son  initiale  dans  X Intermé- 
diaire en  1874.  Est-i)  permis  aujourd'hui 
d'écrire  son  nom  en  toutes  lettres  ?     S. 

Pulkriâka  et  Léontino.  —  Quels 
sont  Tauteur  et  la  date  de  Pulkriska  et 
Léontino  ou  le  crime  et  la  vertu,  par  A.  L. 
à  Paris,  chez  Tiger,  imprimeur  libraire, 
rue  du  Petit-Pont,  n°  10  ;  in-12  de  106  p. 
avec  une  gravure  non  signée  ? 

Louis  Calendini. 


L'Amour  Saphiqua.  —  Le  vénérable 
doyen  de  la  librairie  française,  l'éditeur 
de  la  Patrologie  Migne^  vient  de  publier 
une  monographie  de  300  pages  signée  X... 
et  intitulée  V Amour  Saphiqiie.  L'auteur 
déclare  qu'il  n'est  pas  médecin,  mais  ro- 
mancier. Toutefois  son  style  ne  permet 
d'attribuer  l'ouvrage  à  aucun  romancier 
connu. 

Qui  est  X...  .? 

Le  livre  est  publié  sans  notes  ni  réfé- 
rences, ni  bibliographie.  Il  traduit,  p.  74, 
à  propos  d'une  princesse  du  xv"  siècle, une 
étrange  narration  qu'il  dit  extraite  d'un 
«  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  », 
mais  dont  il  ne  donne  ni  la  cote  ni  même 
le  texte  original  Ce  document  contient 
des  détails  qui  peuvent  faire  naître  les 
doutes  les  plus  sérieux  sur  son  authenti- 
cité. Quelle  est  son  origine.'* 


Il  cite  ensuite,  p.  280,  trois  afifaires  ci- 
viles où  des  maris  auraient  demandé  le 
divorce  «  pour  cause  d'adultère  »  en  n'ac- 
cusant que  des  complices  du  sexe  fémi- 
nin. Ces  procès  ont-ils  été  plaides  réelle- 
ment .?  et  à  quelles  dates  ? 

Un  Passant. 

Les  Bosc  da  la  Calmette  au  su- 
jet d'un  ouvrage  récent.  —  Le  vo- 
lume dont  le  titre  suit,  vient  de  paraître  : 
Nyt  dansk  Adelslexicon  for  egnelse  over- 
dansk  Adel  i  Fortidog  Nufid.Par  «  MM.  Thi 
set  et  Wittrup,  Copenhague,  Vilh.  Tride 
in-8°  de  365  pages  »  —  2.000  notices, 
avec  descriptions  d'armoiries  et  relevé  des 
variantes  s'il  y  a  lieu  :  indication  du  plus 
ancien  membre  connu. 

Les  Bosc  de  la  Calmette  sont  mention- 
nés dans  une  note  ;  un  obligeant  con- 
frère possédant  l'ouvrage  en  question  au- 
rait-il l'extrême  complaisance  de  m'en- 
voyer  une  copie  de  cette  note  en  m'indi- 
quant  à  quel  article  elle  se  rapporte  et 
pour  quel  motif  il  est  parlé  dans  cet  ou- 
vrage de  cette  famille  française. 

Auguste  Béziès. 
50,  rue  St-Guilhem,  Montpellier. 

L'  «  immortel  »  Pierre  Maël.  — 

Diverses  maisons  d'édition,  la  maison 
Flammarion,  par  exemple,  et  certains 
journaux,  —  le  Journal  de  la  Jeunesse  no- 
tamment, —  publient  de  temps  à  autre 
des  romans  signés  Pierre  Maël.  Ce  roman- 
cier, qui  est  décédé  il  y  a  quelques  années, 
s'appelait,  de  son  véritable  nom,  Charles 
Causse  ;  mais  il  a  toujours  figuré,  sous  le 
pseudonyme  de  Pierre  Maël,  tant  dans 
l'Association  des  Journalistes  parisiens 
que  dans  celle  des  Gens  de  lettres,  dont 
il  faisait  partie.  Ce  nom  de  Pierre  Maël 
lui  appartenait  en  propre  et  n'appartenait 
qu'à  lui.  Nul,  de  son  vivant,  ne  s'en  est 
servi  et  ne  pouvait  s'en  servir  :  n'oublions 
pas  ce  point. 

Or,  il  paraît  qu'après  la  mort  de  Pierre 
Maël,  sa  famille  ou  ses  ayants-droit  ont 
autorisé  un  ou  plusieurs  écrivains  à  se 
servir  de  cette  signature.  Rien  n'empê- 
chera plus  tard  les  héritiers  de  Pierre 
Maël  de  transmettre  ladite  marque  à 
d'autres  romanciers  et  ainsi  de  suite  ;  il 
n'y  a  pas  de  raison  pour  que  cela  finisse, 
et  Pierre  Maël  peut  ainsi  vivre  et  revivre 
in  secula  seculorum. 


N«    II2I. 


L'INTERMÉDIAIRE 


227 


228 


Connaît-on  le  nom  des  écrivi»ins  qui 
signent  actuellement  Pierre  Maël,  et 
pourrait-on  indiquer  d'autres  exemples  de 
cette  bizarre  transmission  de  nom,  si  in- 
téressante pour  l'histoire  des  mœurs  litté- 
raires de  notre  temps  ?  G.  G. 

Mémoires  d'hommes  d'Etat.  —  On 

sait  qu'un  ancien  ministre  publie  en  ce 
moment,  dans  un  journal  parisien,  les 
mémoires  des  faits  qui  se  sont  passés  sous 
son  ministère. 

Y  a-t-il  des  d'hommes  d'Etat  qui  l'ont 
précédé  dans  cette  voie  ? 

Quels  sont  leurs  noms? 

II  n'est  pas  question  de  mémoires  pos- 
thumes, mais  de  ceux  qui  auraient  été  pu- 
bliés par  leurs  auteurs  à  leur  sortie  des 
affaires.  César  Birotteau. 

Collection  sur  le  Vieux  Mont- 
martre. —  Pièces  et  documents  concer- 
nant l'Abbaye  de  Montmartre,  de  1 1^3  à 
1772.  Un  catalogue  de  Laverdet,  de  mai- 
juin  1857,  signale  une  importante  collec- 
tion de  «  titres  divers,  inventaires,  pro- 
cès, contestations,  etc.,  entre  l'Abbaye 
de  Montmartre  et  la  Grande  Boucherie  de 
Paris,  de  1153  à  1772,  dont  un  grand 
nombre,  du  xv©  siècle,  et  plusieurs  si- 
gnées par  Pellisson  Fontanier.  Ces  pièces, 
au  nombre  de  i6o  environ,  formaient 
plus  de  900  pages  in-4°  et  in-f".  On  y 
avait  joint  diverses  pièces  imprimées  (64 
pages  in-4°).  Cette  collection  était  à  ven- 
dre au  prix  de  100  francs.  Sait-on  où  elle 
peut  se  trouver  aujourd'hui  ? 

Le  Vieux  Montmartre. 


Les  bons  ouvrages  sont  ceux  qui 
font  pleurer  —  Lamartine,  t.  II,  p.  34, 
éd.  1893,  dit  en  note  :  «  Voltaire  avait 
dit  :  «  Les  bons  ouvrages  sont  ceux  qui 
font  le  plus  pleurer.  »   Où  se  trouve   ce 


passage 


P.  B 


Aimer,  c'est  à  vingt  ans  faire 
acte  de  sagesse,  -  De  qui  est  ce  joli 
vers,  qui  exprime  d'ailleurs  une  si  jolie 
pensée  ?  Df  C.  V. 

Traduction   du  mot  latin  «  fun- 

datUS  ».    —    Dans  le    Liber    Pontifical is 
d'Anastase  le  bibliothécaire,  nous  lisons 


que  Léon  III  donna  à  l'église  de  Santa 
Prisca  calicem  fîindaium  superauratum 
unum  . 

Que  signifie  le  mot  «  fimdatum  »  qu'on 
rencontre  appliqué  non  seulement  à  des 
objets  d'orfèvrerie, mais  aussi  à  des  tissus-f* 

C.  B.O. 

Secouer,  branler,  hocher  la  tête. 

—  Quelle  différence  y  a-t  il  entre  secouer, 
branler,  hocher  la  tête  ?  L'un  de  ces  ver- 
bes s'applique-t-il  spécialement,  soit  au 
mouvement  dans  le  sens  horizontal  qui 
.«signifie  refus  ou  négation  ;  soit  au  mouve- 
ment dans  le  plan  vertical  qui  signifie 
tantôt  doute,  tanlôt  consentement,  (répon- 
dant dans  ce  dernier  cas  au  latin  an- 
nue  re)  ? 

Ni  Littré  ni  Hatzfeld  ne  donnent  de 
renseignement  à  cet  égard. 

A.  P.  L. 


Mo  ndial.  —  Voici  un  mot  qu'on  ren- 
contre, tous  les  jours  dans  la  presse  ;  le 
prochain  dictionnaire  de  l'Académie  va 
peut-être  le  naturaliser.  Je  demande  si 
c'est  uniquement  parce  qu'il  est  plus 
court  qu'on  le  préférerait  à  universel.  Et 
puis,  est-il  bien  formé  ?  d'où,  vient  \'i 
dont  il  est  orné  ?  J.  Lt. 


Les  roues  de  Fortune.  —  Dans 
certaines  églises  ou  chapelles  de  Bretagne, 
se  trouvent  des  roues  de  fortune  (qu'on 
appelle  encore,  à  tort  ou  à  raison  :  roues 
à  prières)  auxquelles  sont  accrochées  des 
sonnettes  que  l'on  met  en  branle  à  l'occa- 
sion de  différentes  solennités. 

Quelle  est  l'origine  de  ces  roues  et  leur 
usage  primitif  ? 

J'en  ai  rencontré  une  à  la  cathédrale  de 
Tolède  (Esp.)  ;  ce  n'est  donc  pas  une  par- 
ticularité de  la  Bretagne,  En  connaît- on 
d'autres  en  France  ou  à  l'étranger  ? 

Je  serais  très  reconnaissant  à  mes  con- 
frères de  V Intermédiaire,  s'ils  pouvaient 
m'éclairer  sur  ces  points  et  me  commu- 
niquer tout  ce  qui  peul  avoir  rapport  à 
ces  roues. 

Je  serais  heureux  de  connaître  égale- 
ment un  correspondant  à  Tolède  qui  pût 
me  renseigner  sur  l'usage  qu'il  est  fait  de 
la  roue  de  la  cathédrale  de  cette  ville. 

Du  Halgouet. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


229 


20  Août  1906 


230 


Condamnation  de  Jésus  (LUI;  LIV, 
13,  59,  180).  —  L'ingénieuse  remarque 
par  laquelle  M.  le  D"-  Billard  termine  sa 
communication,  devrait  clore  toute  con- 
troverse. 

Il  est  impossible  d'imaginer  un  texte 
chrétien  provoquant  l'annotation  :  «  s'il 
est  permis  de  l'appeler  homme  ».  C'est 
une  preuve  par  l'absurde,  mais  elle  est 
péremptoire. 

Je  m'en  tiens  donc  à  l'opinion  de  Renan 
et  de  M.  Revillout  qui,  d'ailleurs,  parais- 
sent plus  qualifiés  que  M.  Dujardin  pour 
juger  de  Tauthenticité  d'un  texte  et  de  la 
valeur  historique  d'un  témoignage. 

S. 

Le  bras  droit  de    Charlernag.io 

(LIV,  161).  —  Ce  fut  le  8  septembre 
1804  que  Napoléon  visita  la  cathédrale 
d'Aix-la-Chapelle ,  où  reposent ,  depuis 
l'an  1215,  dans  une  châsse  d'or  et  d'ar- 
gent, les  restes  de  son  glorieux  prédéces- 
seur. 

Si  l'on  interroge  le  Moniteur  au  sujet 
du  voyage  du  souverain  àAix-la-Chapelle, 
on  y  trouve  seulement  ces  quelques  li- 
gnes : 

Aix-la-Chapelle,  21  fructidor.  —  Un  Te 
Dciim  a  été  chanté  dans  la  cathédrale  en 
présence  de  Sa  jMajesté  à  qui  le  clergé  a 
présenté  les  reliques  de  Charlemagne  et  les 
différentes  reliques  dont  cette  église  a  été 
nouvellement  mise  en  possession.  Moni- 
teur au  jeudi  26  fructidor  an  12  de  la  Répu- 
blique [\^   septembre  1804). 

De  ce  simple  entrefilet,  il  résulte  déjà 
que  la  date  du  premier  août  1804  assi- 
gnée à  cette  visite  du  Trésor  par  le  jour- 
naliste allemand,  dans  son  acticle  Fran/c- 
fmier  Zeitung,  est  inexacte. 

Toujours  est-il  que  le  chapitre  de  la  cathé- 
drale présenta  au  nouveau  souverain  ce 
qu'on  appelle  les  grandes  reliques,  les  mô- 
mes qui  furent  envoyées  en  présent  à  Char- 
lemagne par  l'impératrice  Irène  :  la  robe 
de  la  Vierge,  les  langes  de  Jésus-Christ,  le 
linceul  ensanglanté  dans  lequel  fut  enve- 
loppé le  corps  de  saint  Jean-Baptiste,  et 
le  linge  qui  fut  mis  autour  des  reins  de 
Jésus-Christ  sur  la  croix. 

La  magnifique  châsse  des  quatre  gran- 
des reliques,    du    style   roman  tertiaire, 


date  de  1220,  et  l'exposition  de  ces  der- 
nières se  fait  encore  tous  les  sept  ans,  en 
juillet. 

Pour  revenir  au  bras  droit  de  Charle- 
magne, le  fait  est  certain.  Napoléon  eut 
la  curiosité  de  contempler  les  ossements 
du  vieil  empereur,  il  se  fit  ouvrir  le  reli- 
quaire, et,  comme  il  vou'ait  emporter  un 
souvenir  de  sa  visite,  il  ne  trouva  rien  de 
mieux  que  d'enlever  un  humérus  de  l'em- 
pereur d'Occident,  qui  figura  au  Musée 
du  Louvre  jusqu'en  1815,  époque  où  les 
alliés  le  mirent  au  nombre  de  leurs  re- 
vendications et  crurent  faire  acte  de  déli- 
catesse, en  nous  laissant  vide  le  beau  cof- 
fret à  arcature  émaillée  dit  Reliquaire  du 
bras  de  Charlemagne,  qu'on  voit  encore 
aujourd'hui  dans  la  galerie  d'Apollon. 

11  y  a  lieu  de  croire  que  l'ossement  en 
question  alla  rejoindre  alors  à  Aix-la- 
Chapelle  ce  qui  restait  des  dépouilles  vé- 
nérées de  l'homme  qui  avait  fait  trembler 
le  monde  et  que  l'empereur  Frédéric  Bar- 
berousse  avait  fait  canoniser  le  29  décem- 
bre 1165,  par  l'antipape  Paschal  III. 

D"^  Billard. 


Comédiens  français  en  Egypte 

(LI;  LU,  347,5 16;  LUI,  629).  —j'ai,  dans 
ma  collection  spéciale  d'Autographes  et  de 
Documents,  sur  l'Expédition  française  en 
Egypte  (1798-1 801), unecurieuse  pièce, en- 
tièrement autographe,  émanant  de  la  So- 
ciété dramatiquede  l'armée  d'Egypte. C'est 
une  longuelettre  de  trois  pages in-4'^, écrite 
du  Lazaret  de  Marseille, en  l'an  9,  pour  de- 
mander des  secours,  par  le  Régisseur  de  la 
troupe,  et  dont  le  papier,  pour  éviter  la 
transmission  de  la  contagion  pestilen- 
tielle orientale,  fut,  à  l'époque,  «  passé 
au  vinaigre  ». 

Ce  bain  forcé,  qui  a  fortement  étendu 
et  jauni  l'encre,  primitivement  noire,  a 
rendu  un  bon  nombre  des  mots,  presque 
illisibles. 

En  voici,  cependant,  vu  l'intérêt  que 
comporte  par  lui-même  ce  document, une 
copie  intégrale  : 

En  quarantaine  de  Marseille. 

Ce  II  fructidor  an  p  (2c  aoiit  1801). 

La  Société  de  Comédie  Française  de  re- 
tour d'Egypte. 

Au  citoyen  Cljarenton^  Administrateur 
de  la  Marine,  à  Toulon, 


N"    JI3I. 


L'INTERMEDIAIRE 


23 


232 


Citoyen 

Nous  avons,  plus  que  jamais,  besoin  de  la 
Bienveillance  que  vous  voulûtes  bien  nous 
témoigner  lors  de  notre  embarquement  à 
Toulon.  Peut-être  êtes-vous  déjà  informé  de 
notre  mauvaise  fortune  :  Faits  prisonniers 
devant  Alexandrie,  le  /p  Prairial  ;  embar- 
qués sur  un  parlementaire  le  /"■  Messidor,  et 
rendus  à  Marseille  le  10  Fructidor  courant, 
nous  n'avons  absolument  d'autres  moyens 
d'existence  que  le  traitement  de  45  1"  par 
mois,  qui  nous  est  accordé  conformément 
aux   ordies  du   Ministre. 

Veuillez,  s'il  est  possible,  nous  faire  tou- 
cher ce  secours  à  Marseille  ;  nous  l'atten- 
dons avec  une  extrême  impatience  et  nous  ne 
doutons  pas  que  vous  n'accordiez,  à  notre 
demande  toute  l'extension,  de  la  Loi. 

Salut  et  Reconnai:sance. 

{Signe)  F.  Bernard, 
Régisseur 
et  Agent. 

Etat  des  Artistes  présens,  composant  la  So- 
ciété dramatique,  de  retour  d'Egypte  en 
France. 

Citoyens  : 

Drouin, 
Bourdais, 
Dangeville, 
Lasalle, 
Calon, 
Bernard, 
Gaston, 
Dorigny, 

Dominique  Drouin, 
Casimir  [ou  Casinier]  Talon. 
(10  hommes). 

Mesdames  : 

Drouin, 

Bourdais, 

Dangeville, 

Breneseau, 

Talon, 

Dorigny, 

Chevalier, 

Renaldy, 

Aglac,  ^ 

Dorothée, 

Caroline, 

Ninette  Ladrey, 

Gaston, 

Rose  Le  François. 

Jeannette  Chédeville, 

Clara  Bourdais. 
(16  femmes) . 
Certifié    véritable,     pour     vingt-six    per- 
sonnes. 

Ce  H  Fructidor  an  9. 

{Signe)  :  F.  Bernard. 

En    tète  de    cette    lettre,     le    citoyen 


Administrateur  de  la  Marine,  Charenton, 
écrivit,  de  sa  main,  cette  annotation  : 

Autoriser  le  Citoyen  Burgerie  à  leur  faire 
payer  un  à  compte  sur  les  fcmds  qu'il  a  à  sa 
disposition  qui  sont  le  restant  des   6.000  1"' 

La  lettre  elle-même  se  termine  par  un 
long  Post-scriptum,  autographe  signé, de 
Tun  des  artistes  de  la  troupe,  Bourdais, 
lequel,  tout  à  la  fin,  y  prend  soin  de  se  re- 
commander, près  dudit  citoyen  Charen- 
ton, de  sa  qualité  de  franc-maçon. 

En  reproduisant,  in-extenso,  ce  Post- 
scriptum,  nous  en  respectons  scrupuleuse- 
ment Torthographe  : 

La  bonté  que  vous  avez  daigné  me  témoi- 
gner m'encourage  à  jouindre  mes  prières  a 
selles  de  mes  camarades  ;  voilés,^  pillés  par 
quelques  m:}lveillans  français,  le  peut  de  bi- 
joux, qui  nous  restait  ont  teté  vandus  à  Malte, 
pour  nous  proqurer  l'extraime  nessesaire. 
Veuilles  mètre  le  comble  a  vos  bontés,  en 
nous  faisant  toucher  le  traitement  que  le  mi- 
nistre nous  a  acordé,  cet  notre  seulle  re- 
source pour  vivre  pandant  la  quarantaine  et 
pour  dessendre  a  terre,  nous  atandons  cette 
preuve  de  l'intérêt  que  vous  avé  daigné 
nous  témoigner.  Je  suis  avec  respect  votre 
serviteur  et  f.  •. 

{Signé)  :  Bourdais. 

Comme  on  le  voit  de  reste,  cette 
malheureuse  Société  dramatique  ne  paraît 
pas  avoir  roulé  sur  l'or,  en  celte  terre- 
promise  des  Pharaons.  Le  brusque  dé- 
part d'Orient  du  général  en  chef  Bona- 
parte, l'assassinat  de  Kleber,  puis  ''in- 
consciente incapacité  de  son  triste  suc- 
cesseur, le  général  Menou,  ne  durent  pas 
peu  contribuer  à  compléter  la  ruine  de 
tous  ces  pauvres  diables.  Qiiand  survint 
pour  eux  la  catastrophe  finale  de  l'Expé- 
dition, leur  comédie  et  ses  fredons  dut 
avoir  vite  fait  de  tourner  au  drame. 

En  resta-t-il, seulement, de  leur  groupe, 
qui,  par  la  suite,  surent  se  relever  d'un 
si  noir  désastre  ? 

Les  trois  «  Drouin  »  que  cite,  en  son 
tableau,  le  régisseur  Bernard,  nous  sem- 
blent avoir  été  des  parents  de  Madame 
Préville  (née  Madel.-Michelle-Angélique 
Drouin).  Peut-être, aussi,  les  deux  «  Dan- 
geville» étaient-ils  des  frères  ou  des  ne- 
veux de  la  célèbre  soubrette  de  la  Co- 
médie française,  Mlle  Dangeville,  morte 
en  1796  ? 

\J Intermédiaire  a  la  bonne  fortune  de 
compter,  parmi  ses  rédacteurs  accoutu- 
més, deux  érudits.fortau  courant  de  tout 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août    1906. 


: 233 

ce  qui  se  rattache,  de  près  ou  de  loin, aux 
questions  d^  théâtre,  M.  Georges  Monval 
et  M.  L. -Henry  Lecomte.  Peut-être  pour- 
raient-ils nous  apporter,  sur  quelques- 
uns  de  ces  divers  artistes,  anciens 
«Egyptiens  »,  la  lumière  bienfaisante  de 
leurs  lanternes  ? 

Ulric  Richard-Desaix. 

L'idée  de  patrie  existait-elle 
avaRtlaKévolutlon  ?(T.  G. ,385;  XXXV 
à  XXXVni  ;  XLIl  ;  LU  ;  LIV,  116).  — 
Puisqu'on  revient  à  cette  question,  voici 
un  texte  relativement  ancien  où  se  ren- 
contre non  seulement  le  mot  pairie,  mais 
celui  de  patriote^  plus  rarement  usité,  je 
crois,  à  cette  époque  ! 

Le  notaire  Jean  Pichart,  qui  tint  un  cu- 
rieux journal  des  événements  du  temps 
de  la  Ligue,  à  Rennes,  écrit  à  propos  des 
obsèques  du  président  Bruslau  de  la 
Musse  : 

Du  jeudi,  24e  dudit  mois  de  febvrier 
(1594),  !e  corps  de  deffunct  messire  Pierre 
Bruslau...  fut  amené  et  conduict  du  chas- 
teau  de  la  Musse  en  cette  ville  par  la  porte 
de  Toussaincts  et  conduict  à  son  logis  avecq 
tous  honneurs  que  pouvait  mériter  un  tel 
personnage,  et  le  lendemain,  fut  inhumé  en 
la  chapelle  de  Sainct-Tomas,  avecq  grandes 
pompes  funèbres  où  assistèrent  messieurs  de 
la  cour  de  Parlement  et  sièe;e  de  Rennes  en 
corps  et  grande  abondance  de  peuple, estant 
icelui  seigneur  beaucoup  regretté  comme 
bon  paîriote  et  qui  a  faict  de  grands  biens 
aux  pauvres.  (Dom  Morin,  Hisioire  de  Bre- 
tagne, Preuves,  t.  111,  coi,  1739)- 

P.  ou  Guiî. 

*  * 

On  croit  généralement  que  le  mot  pa- 
trie date  du  règne  de  François  I".  11  était 
tellement  nouveau  en  1550,  qu'on  repro- 
chait au  poète  du  Bellay  de  l'employer 
dans  ses  vers. 

On  voulait  encore  qu'on  dWpays^  mot 
purement  matériel,  et  qui  est  loin  de  com- 
prendre dans  un  même  sentiment  d'amour, 
comme  celui  de  pairie,  et  les  institutions, 
et  les  souvenirs,  et  le  sol  qui  nous  a  vus 
naître.  Alexandre  Rey. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral 
Ver  HuellfLlV,  1,  66,  116,  174).— Je 
puis  assurer  M.  A.  Lebey,  que  iouics  mes 
notes  publiées  colonne  n6,  concernent 
l'amiral  Ver  Huell,  et  non  son  frère  l'am- 
bassadeur  Christian  Anthonie  Ver  Huell 


234     

(1760-1832)  J'ai  pris  mes  notes  sur  des 
actes  officiels,  tandis  que  pour  le  voyage 
dans  les  Pyrénées  j'ai  consulté  le  docte 
travail  du  D''  Cabanes  :  La  guêrison  du 
croup  mis  au  concours  par  Napolc'on,  dans 
Les  indiscrétions  de  l'histoire,  seconde 
série. 

Christian  Anthonie  Ver  Huell  sus-nom- 
mé, bapt.  à  Doctincham  13.4. 1760  entra 
dans  le  service  maritime  en  177 1,  fut 
lieutenant  pendant  l'affaire  de  Doggers- 
bank  et  fut  nommé  aide-de-camp  de  l'a- 
miral Van  Hinsbergen,  en  1794.  Sous  le 
roi  Louis  il  devint  membre  du  conseil 
d'Etat  et  plus  tard  ministre  plénipoten- 
tiaire en  Espagne.  En  1814,  il  se  rendit  à 
Paris  où  il  est  décédé  le  14-3-1832  et  en- 
terré au  Père- La-Chaise  II  était  com- 
mandeur de  l'ordre  de  l'Union  (chevalier 
uSo8),  chevalier  grand'croix  de  l'Ordre  du 
Mérite  de  Wurtembourg.  Il  s'était  marié 
deux  fois  :  1°  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
à  Anna  jacoba  Bosch,  f  1 1-2-1789  ;  2°  à 
Paris,  en  1820,  à  Anna  Catharina  Reynell, 
f  à  Pau,  le  4-1 -1845.  Du  premier  ma- 
riage, deux  fils,  dont  le  second  fut  le 
grand-père  du  Jh'  Ver  Huell  qui  habite 
Paris. 

Quant  à  la  déclaration  de  M-  Alexandre 
Yer  Huell, citée  colonne  1 16, à  quoi  fit-elle 
allusion  ?  Au  tombeau  de  la  reine  Hor- 
tense ?  Car  la  reine  étant  décédée  le 
30  10  1837,  M.  Ver  Huell  avait  alors 
15  ans,  étant  né  à  Doesburg,  le  7-3-1822, 
comme  fils  de  Qiiiryn  Maurits  Rudolph 
V.  H.  et  de  Noble  Dame  Louisa-Christina- 
Johanna  Hester  et  Vaynes  van  Brakell. 

M. -G,  WiLDEMAN. 

L'amiral  Verhuell,  nomme  comte  de 
Sevenar  par  le  roi  Louis,  en  1810,  devint 
français,  peu  après,  à  la  suite  de  l'an- 
nexion de  la  Hollande.  En  181 1,  il  fut 
nommé  député,  par  l'Empereur,  pour  le 
département  de  l'Issel-Supérieur  et  créé 
comte  de  l'Empire.  Au  début  de  la  pre- 
mière Restauration,  il  obtint  des  lettres 
de  naturalisation,  puis  devint,  en  1819, 
membre  de  la  Chambre  des  Pairs. 

GoiMBOUST. 

* 

L'amiral  Verhuell,  créé  comte  par  Na- 
poléon en  181 1  .fut  naturalisé  français  sous 
la  première  Restauration,  et  nommé  Pair 
de  France  en  1819,  ainsi  que  le  constatent 
Larousse,  Bouillet  et  Dezobry. 


N»    1121. 


L'INTERMÉDIAIRE 


235 


236 


Sur  un  «  Pian  figuratif  de  l'intérieur  de 
n  la  Chambre  des  Pairs,  présentant  le 
«  tableau  nominatif  des  membres  qui  la 
«  composent,  avec  l'indication  exacte  des 
«  places  qu'ils  y  ont  adoptées  »,  plan 
gravé  par  E.  Collin,  en  1819,  et  qui  se 
vendait  chez  Delaunay  et  Pélicier,  li- 
braires au  Palais-Royal,  on  voit  que  le 
fauteuil  n°  127  était  celui  du  ^*  comte  de 
Verhuell  », 

11  siégeait  entre  le  comte  Truguet  et  le 
comte  de  Labourdonnays-Blossac.  Voilà 
donc  un  point  bien  établi. 

Quant  à  son  intervention  à  la  Chambre 
des  Pairs  lors  du  procès  de  Louis-Napo- 
léon, en  1840,  il  n'y  aurait  pas  pris  la 
parole,  d'après  le  Dictionnaire  de  Larousse, 
qui  s'exprime  ainsi  : 

Lorsqu'en  1840,  après  l'échauffouiée  de 
Boulogne,  la  Chambre  des  Pairs  se  consti- 
tua en  tribunal  chargé  de  juger  Louis-Bona- 
parte, le  président  Pasquier  reçut  de  Verhuell 
une  lettre  dans  laquelle  celui-ci  lui  disait 
textuellement  :  «  Ne  le  condamnez  pas  à 
mort.  Sauvez  sa  tête  ;  c'est  un  père  qui  vous 
en  conjure  ». 

E.  D. 

Chasseurs  de  Picardie  et  Royal 
Liégeois  (LIV,  51,  182).  —  Lire  :  au 
centre  un  écusson  aux  armes  de  Liège  — 
au  lieu  de  «  aux  armes  de  Lyon  ». 

Alexandre  Rey. 

Relations  de  l'Empire  romain 
avec  la  Chine  (LUI,  947;  LIV,  118). 
—  Bien  que  notre  ophélète  E.  M.  aille 
beaucoup  plus  loin  que  nous  dans  sa  rela- 
tion, nous  croyons  qu'on  peut  répondre 
avec  certitude  à  ses  questions  intéres- 
santes. 

Les  produits  de  la  Chine  étaient  livrés 
aux  Romains  par  les  nations  intermé- 
diaires, tant  par  terre  que  par  mer  ;  en 
passant  :  soit  par  la  Bactriane,  soit  par 
l'Océan  Indien  ;  nous  en  avons  les  preuves 
formelles  par  les  auteurs.  Nous  savons 
de  plus  que  c'étaient  surtout  les  Indiens, 
les  Perses  et  les  Arabes,  qui  faisaient  ce 
commerce  de  transit  par  terre  et  par  mer. 
Enfin  nous  connaissons  la  voie  principale 
suivie  par  ce  transit  :  Malacca,  Ceylan, 
golfe  Persique  ;  et  alors  le  transport  par 
caravane,  en  suivant  la  vallée  de  TEu- 
phrate  et  la  Syrie  (pour  la  ligne  médi- 
terranéenne du  Nord),  l'Egypte  (pour  la 
ligne  du  Sud), 


Constance,  croyons-nous  (le  nom  im- 
porte peu),  avait  proposé  à  Sapor  II,  roi 
des  Perses,  dont  le  règne  fut  plus  long 
que  la  vie  (il  avait  été  couronné  dans  le 
sein  de  sa  mère)  ;  Constance  avait  pro- 
posé (i),  pour  diminuer  la  fraude^  d'éta- 
blir à  Batné,  ville  municipale  de  LOs- 
droène,  la  douane  unique  pour  les  impor- 
tations dans  l'empire  ;  mais  Sapor  s'y 
refusa  toujours.  Or,  pour  que  l'empereur 
ait  fait  cette  proposition,  c'est  que  ce 
devait  être,  semble-t-il,  la  voie  la  plus 
fréquentée.  Mais  il  va  de  soi  que  ce  qui 
passait  par  la  mer  Rouge  et  l'Egypte  ne 
venait  pas  toujours  nécessairement  du 
golfe  Persique. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  que  l'Egypte 
recevait  les  produits  de  l'Inde  par  au 
moins  quatre  voies  différentes  :  par  l'E- 
thiopie, par  la  mer  Rouge,  par  l'Arabie 
et  même  encore  par  la  côte,  c'est-à-dire 
par  la  Syrie  et  la  Palestine  :  nous  croyons 
que  ce  dernier  détour  trouve  son  expli- 
cation dans  les  facilités  que  les  banquiers 
juifs  donnaient  au  commerce  chez  leurs 
compatriotes. 

Oui,  les  Sina;  (ou  Sinaï)  sont  le  même 
peuple  que  les  Sères  ;  parce  que  le  pre- 
mier nom  esi  le  mot  grec  latinisé,  et  le 
second,  le  mot  latin.  C'est  comme  pour 
les  mots  Mysie  et  Mésie  (Moésie). 

Qiiant  aux  identifications  des  noms 
anciens  avec  les  noms  modernes,  on 
pourra  y  arriver  un  jour  quand  on  le 
voudra.  Il  suffirait  pour  cela,  à  nos  ma- 
rins, de  connaître  les  périples  grecs.  Ainsi 
par   exemple,   la    presqu'île   de   Malacca 

(l)  11  est  facile  de  deviner  la  véritable 
arrière-pensée  de  ces  deux  souverains  :  Cons- 
tance voulait  que  le  transit  ne  s'opérât  que 
par  une  seule  voie,  afin  de  mieux  surveiller 
les  espions  de  Sapor.  Tandis  que  le  roi  des 
rois  (Saânsan)  avait  tout  intérêt  à  ce  que  les 
caravanes  des  Arabes  fussent  autorisées  à 
passer  partout  ;  ceux-ci  faisant  toujours 
meilleur  ménage  avec  les  Perses  qu'avec  les 
Romains,  bien  que  trahissant  les  deux  partis 
selon  les  circonstances.  Les  Perses  mépri- 
saient les  Arabes,  qui  les  respectaient  ;  tandis 
que  les  Romains  redoutaient  les  Arabes,  qui 
finissaient  toujours  par  les  trahir,  pour  se 
livrer  au  plus  offrant,  quand  ils  s'étaient  en- 
foncés en  Perse.  Aussi  Ammien  Marcellin 
souhaite-t-il  aux  Romains  de  ne  pas  avoir 
affaire  à  eux,  et  de  ne  les  avoir  jamais  pour 
amis  ni  pour  ennemis  !  C'était  un  vœu  irréa- 
lisable, 


DES  CHERCHEURS    ET  CURIEUX 


237 


238 


s'appelait  en  grec  le  cap  Mégas  (Mégalos), 
on  l'appelait  même  le  cap,  dans  Marcien 
Héracléote,  comme  nous  disons  le  cap  de 
Bonne-Espérance  et  même  le  cap  d'Antibes, 
suivant  le  monde  où  Ton  converse  ! 

Des  Bouches  du  Gange  au  cap  Lem- 
Chik,  dans  le  golfe  de  Siam,  il  y  a  exac- 
tement 37.3^0  stades,  d'après  M.  Lapie  ; 
notre  ancien  auteur  en  donne  45.3^0. 
C'est  peut-être  une  faute  de  copiste  ;  mais 
aussi  ce  peut  être  une  fausse  interpréta- 
tion de  l'auteur  moderne  ;  car  il  y  a  : 
jusqu'au  peuple  des  nioniagnes  de  la  Chine ^ 
dans  le  manuscrit  grec. 

On  a  la  certitude  que  les  auteurs  gréco- 
romains  connaissaient  le  golfe  de  Canton  . 
Peut-être  même  étaient-ils  allés  plus  loin 
encore  ;  car  la  distance  qu'ils  donnent  du 
fond  du  golfe  d'Accaba  aux  bouches  du 
fleuve  Kottiare  est  plus  grande  que  la 
distance  réelle  qu'il  y  a  de  ce  golfe  à 
celui  de  Canton  ;  153  295  stades,  au  lieu 
de  149,355  ;  soit  une  différence  de  4  mille 
stades  ou  de  800  kilom.,  en  nombres  ronds, 
20D  lieues.  Or  ici,  ce  n'est  pas  une  faute 
de  copiste  !  D''  Bougon. 

Fêtes,  danses   et  spectacles  nus 

(LUI,  788,  935).  —  On  nous  pardonnera 
de  rappeler  que,  de  nos  jours,  en  plein 
Paris,  il  y  a  encore  de  nombreusese  fêtes 
et  spectacles  nus.  Sans  cela,  les  cabinets 
particuliers  —  un  peu  vasies  —  de  cer- 
tains restaurants  bien  connus  n'auraient 
pas  souvent  de  clients  !  —  Faut-il  citer  les 
tableaux  vivants  qu'on  a  donnés  nus,  ré- 
cemment encore,  dans  divers  grands  cer- 
cles parisiens  ?  11  y  a  même  des  spécia- 
listes en  ces  matières.  —  Enfin, récemment, 
le  Temps  annonçait  une  descente  de  police 
dans  une  maison  où  certain  cinématogra- 
phe déroulait,  devant  nombre  de  Pari- 
siens, sa  bande...  trop  joyeuse. 

Marc  Ell. 

Le    château    de     Saint-Maurice 

(LIV,  53,  185).  —  Puisque  Al.  Le  Lieur 
d'Avost  a  bien  voulu  nous  faire  connaître 
les  noms  des  membres  de  la  famille  Le 
Mairat,  héritiers  du  château  de  Saint- 
Maurice,  nous  croyons  devoir  lui  signaler 
quelques  erreurs  que  nous  avons  remar- 
quées, nous  basant  sur  des  documents 
que  nous  possédons,  c'est-à-dire  sur 
l'état  des  lieux  et  l'estimation  de  la  terre 
de  Saint-Maurice  et  de  ses  dépendances. 


20  Août    1906 


in-folio  de 


fait  au  mois   de  juillet    1784, 
540  pages. 

Le  président  de  la  Chambre  des  Comptes 
se  nommait  Antoine- Hilaire- Laurent. 
L'aînée  de  ses  sœurs  Eustachie-Thérèse, 
était  mariée  à  Alexandre-Charles-Marie 
Prévost,  comte  de  Saint-Cyr,  officier  de 
la  Colonelle  royale  cavalerie.  Quant  à  la 
plus  jeune,  elle  se  nommait  Angélique- 
Paule  et  non  Pauline  et  ne  fut  mariée  que 
plus  tard,  c'est-à-dire  après  la  vente  de  la 
terre  de  Saint-Maurice  acquise  par  le 
vicomte  de  Lubersac. 

Le  château  dont  parle  M.  Alexandre 
Rey  ne  peut  être  celui  qui  fait  l'objet  de 
notre  question,  car  depuis  que  nous 
l'avons  posée,  nous  avons  acquis  la  cer- 
titude que  le  château  de  Saint-Maurice  a 
été  démoli,  fait  rapporté  par  M.  Joseph 
Guyot  dans  son  savant  ouvrage  :  La 
Chronique  de  Dourdan. 

Paul  Pinson. 

Notre-Dame  de  Loretta  (LUI,  777, 
906).  —  La  revue  X Ami  du  clergé.^  dans 
une  série  d'articles  qui  a  duré  au  moins 
deux  mois,  a  publié,  depuis  janvier  1906, 
tous  les  documents  possibles  sur  N.  D.  de 
Lorette. 

Notamment, il  )'  estbrillamment prouvé 
que,  «  la  quadruple  translation  »  n'est 
pas  restée  ignorée  «  pendant  deux  siè- 
cles ». 

Monsieur  U.  C.  trouvera  dans  la  revue 
indiquée  tous  les  documents  vrais  et  faux 
publiés  sur  la  question. 

Il  peut  s'adresser  à  M.  F.  Perriot,  di- 
recteur en  chef  de  VAmi  du  clergé^  mai- 
son Saint-Pierre,  rue  Tassel,  à  Langres 
(H. -M.).  LÉON  Desrues. 

Ouistreham  (Normandie)  et  Wes- 
terham  (Angleterre)  (LIV,  53,  131). 
—  Ouistreham  aurait  le  sens  de  village 
des  huîtres  :  Ostra  ham. 

j.  Sévrette.  Plages  normandes^  8*  édit. 
Paris  (1905).  p.  28.  Sglpn. 

Robert  d'Arbrissel  (LUI,  892  ; 
LIV,  20  125).  —  Parmi  les  ouvrages  à 
consulter,  on  trouvera  à  la  bibliothèque 
d'Angers  ; 

I"  Histoite  de  Fontevrault.,  par  Honorât 
Nicquet,  de  la  compagnie  de  Jésus,  ou- 
vrage du  xvii«  siècle. 

2°   Fontevrault   et    ses  monuments.,   par 


N°      I  I 2 I . 


L'INTERMEDIAIRE 


^39 


240 


l'abbé  Edouard  :  deux  vol.  in-8  (grande 
imprimerie  catliolique  de  France).  Paris 
1873. 

Dans  ce  dernier  ouvrage,  l'auteur  parle 
avec  indignation  des  accusations  portées 
contre  Robert  d'Arbrissel  par  quelques- 
uns  de  ses  contemporains  ,  accusations 
résumées  sous  ce  titre  ironique  :  Novum 
ge  nus  martyr  il.  M.A.  B. 

Adoption:   la  question  du  hbm 

(LIV,  164).  —  L'adoption,  du  point  de 
vue  du  droit  strict,  ne  donne  pas  le  droit 
à  l'adopté,  qu'il  soit  noble  ou  non,  de 
porter  le  ou  les  titres  de  l'adoptant,  sauf 
autorisation  spéciale  de  son  souverain. 
Vicomte  de  Mazières-Maulèon. 
Directeur  de  la  Revue  Héraldique. 

Bertin  do  Viilars  (LUI  ;  LIV,  20, 
125).  —  Erratum  à  la  col.  125  :  Le  châ- 
teau de  Villepreux  est  situé  non  dans 
rOise,  mais  en  Seine-et-Oise.  Villepreux- 
les-Clayes,  station  après  celle  de  Saint- 
Cyr-l'Ecole,  sur  la  ligne  de  Paris  à  Gran- 
ville.  Sglpn. 

Famille  do  Bel kuay  (LIV,  165)  — 
Au  début  du  xviu"  siècle,  il  y  avait  quatre 
branches  dans  la  maison  de  Béthune  : 
l'aînée,  descendante  du  grand  ministre, 
dont  le  chef  était  duc  du  Sully  ;  elle 
s'éteignit  peu  après. — 2°  une  branche  qui, 
à  l'extinction  de  l'aîriée,  obtint  du  roi  de 
relever  le  titre  de  duc  de  Sully  ;  elle  s'est 
éteinte  vers  1804  —  3"  la  branche  des 
marquis  de  Chabris,  encore  représentée  de 
nos  jours  par  Armand-Maximilien  de  Bé- 
thune, marquis  de  Sully  et  Chabris  (30, 
avenue  de  Villiers,  Pans).  —  4"  l.i  bran- 
che qui  devait  porter  le  titre  de  duc  de 
Béthune-Charost,  et  s'éteindre  sous  la 
Révolution. 

En  dehors  de  ces  Béthune  d'estoc,  qui 
n'ont  plus  actuellement  qu'un  seul  repré- 
sentant, il  y  a  les  des  Planques  qui  obtin- 
rent dit  conseil  souverain  d'Artois,  au  mi- 
lieu du  xviiio  siècle,  de  relever  le  nom  de 
Béthune,  en  se  prétendant  issus  d'un  Bé- 
thune du  x"  siècle.  La  postérité  des  des 
Planques  comprend  actuellement  deux 
branches  :  1"  Les  princes  d'Hesdigneul 
(titre  des  Pays-Bas).  —  2^  les  comtes  de 
Béthune  -  Sully ,  qui  ont  obtenu  de 
Louis  XVIII  l'autorisation  de  porter  ce 
nom  de  Sully.  (Voir  notamment  C.  d'E. 


A.  Diciionnairc  des  familles  françaises.,  en 
cours  de  publication.) 

Vicomte  de  Mazières-Mauléon. 


,     1794 

A  défaut  de 


Jo  an-Baptiste     Biondel 

(LIil  ;LIV,  20,  125).  - 
l'état-civil  qui  n'a  pas  été  reconstitué, 
quai  Plenri  IV,  et  en  l'absence  de  tout 
témoignage  certain,  on  en  est  réduit 
aux  déductions.  D'après  le  teinturier  des 
turpitudes  ou  des  impostures  de  Casa- 
nova : 

1°  Jacques  Biondel,  fondateur  de  la  pre- 
mière école  publique  d'architecture  (fco/e 
des  Aris,  rue  La  Harpe,  1740),  et  promo- 
teur des  concours  à  l'Ecole  des  Beaux- 
Arts,  par  le  marquis  de  Marigny,  épousa 
en  secondes  noces,  Marie-Madeleine  Bal- 
letti,  —  après  le  deuil  de  Silvia  —  dans 
la  seconde  quinzaine  de  décembre  1759, 
paroisse  Saint-Sauveur.  «Je  quittai  Paris  : 
c'était  le  1*''  décembre   1759  »  (lll,  404). 

2"  A  son  retour  à  Paris  «  le  dernier 
jour  de  l'an  1761  »,  l'aventui-ier  apprend 
de  Mme  Carie  Vanloo  que  madame 
Biondel  est  mère  «  d'un  joli  poupon,  et 
qu'elle  habite  rue  Neuve  des-Petits- 
Champs  »  :  n'est-ce  point  là  Jean-Baptiste 
Biondel  ? 

30  Le  16  janvier  1794.  à  Wissous 
(S.-et-O)  Jean-Baptiste  Biondel  est  té- 
moin à  l'acte  de  mariage  de  demoiselle 
Balletti  d'après  les  précédents  (Cf.  Ricco- 
boni,  Balletti,  Behozzi)  ce  ne  peut  être 
que  comme  allié  de  la  famille  ; 

4°  Enfin  la  date  certaine  de  sa  mort 
(1825  :  6^  ans  .?)  ajoute  encore  à  la  vrai- 
semblance de  l'hypothèse  :  Jean-Baptiste 
Biondel  est  petit-fils  de  Silvia,  cousin 
germain  de  Rosa  Baletti  et  probablement 
petit-neveu  de  François  Biondel,  archi- 
tecte de  la  Bourse  du  Commerce  3.  Rouen, 
mais  cette  dernière  conjecture,  sur  la  foi 
des  biographes  toujours  tout  prêts  à  faire 
l'écho  ! 

La  Grande  Encyclopédie.,  le  Larousse 
encyclopédique  et  le  Larousse  illustré  ne 
s'accordent- ils  pas  pour  faire  de ,  Rosa 
Baletti,  la  fille  de  Mme  Riccoboni,  qui, 
par  un  prodige  renouvelé  de  Sara,  en 
eût  été  mère  à  cinquante-huit  ans,  l'année 
des  Lettres  de  là  Milady  Caleshy  et, 
comme  si  à  cette  invention  la  fantaisie 
ne  trouvait  pas  encore  son  compte,  ils 
nous  la  montrent  en  1792, fuyant  la  tour- 
mente révolutionnaire  jusqu'à  Stuttgard, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Août    1906. 


241 


où  elle  serait  devenue  cantatrice  à  la 
cour  du  duc  de  Wurtemberg.  Il  n'en  est 
rien. 

Le  i®"'  avril  1760,  il  signer  met  en 
scène  à  Stuttgart,  Baletti  cadet,  ma- 
dame Baletti  qu'il  embrasse  au  saut  du 
mur  et  leur  domestique  (IV,  32-49')  c'est 
la  famille  de  Rosina  ;  Rose-Barbe  Baletti 
est  née  quelque?  années  plus  tard,  le  6 
octobre  1769  à  Stuttgard,  de  Guillaume- 
Louis  et  de  Barbe  Nestlé,  A  l'encontre 
delà  seconde  information,  des  recherches 
même  sommaires  dans  les  histoires  du 
premier  empire,  auraient  permis  de  re- 
trouver à  la  Préfecture  de  Moulins,  la 
future  belle-mère  du  général  Haxo  et  du 
maréchal  Vaillant.       PoI^nsin-Ducrest. 


Où  sont  les 
du    cardinal 

795  ;  LIV,  127). 
tence,   chez   un 


dépouilles  mortôlies 
Fleury  ?  (LUI,  721, 
—  On  savait  déjà  l'exis- 
amateur  d'objets  d'arts 
habitant  la  Bretagne,  de  la  plaque  tombale 
du  cardinal  de  Fleury.  L'ouvrage  de 
MM.  die  Guilhermy  et  de  .Lasteyrie  (/«s- 
criptions  Je  la  France  du  v^  ait  xvni'  siècle^ 
t.  V,  p.  114),  relate  ce  fait  et  donne  la 
description  de  l'épitaphe  tout  entière. 

Mais,  de  ce  que  le  hasard  ait  permis  de 
retrouver  cette  très  précieuse  inscription, 
il  n'est  pas  pour  cela  nécessaire  d'en  con- 
clure que  le  monument  dont  elle  faisait 
partie  ait  été  détruit,  et  le  corps  qu'il 
contenait  profané,  en  1792-93. 

Rien  n'autorise  cette  hypothèse  et  il 
existe,  au  contraire,  une  preuve  que  le 
mausolée  et  les  dépouilles  du  célèbre  mi- 
nistre d'Etat  étaient  encore  à  Saint-Louis 
du  Louvre  en  181 1 . 

Un  petit  ouvrage,  daté  justement  de 
181 1  (A.  Miéville,  tombeaux  du  xvni'' 
siècle,  p.  108),  dit  textuellement  ceci  à 
propos  d'une  visite  à  l'église  de  Saint- 
I.ouis  du  Louvre,  et  au  tombeau  du  car- 
dinal :  «  Ne  sois  pas  surpris  si  je  t'arrête 
vers  ce  tombeau  ;  l'homme  qui  y  est  en- 
fermé, etc.  >>. 

La  question  reste  donc  ouverte  :  que 
sont  devenues  les  dépouilles  mortelles  du 
cardinal  de  Fleury  après  la  démolition, 
en  181 1,  de  l'église  et  dil  mausolée  } 

A.  V. 

Santo  Domingue  (de).  De  Lau- 
rencin  (LUI,  948  ;  LIV,  loi).  —  San+o 
Domingo,  chevalier   de  Bigon  :  10  avril 


242 

17^6, garde  marine  ;  i" 


gne  ; 
seau  ; 
Louis 
25  avril 


mai  1763,  ensei- 

1"'  octobre  1773,  lieutenant  de  vais- 

8  mars  1777,    chevalier  de  Saint- 

9  mai  1781, capitaine  de  vaisseau; 

1784,  retiré.  G.  M. 


renseignements 


L'on  trouve  quelques 
sur  la  famille  de  Saiito  Domingo  (sic)  dans 
V Annnaiie  de  la  Noblesse  i:  France,  1869, 
p.  408,  et  dans  VHist.  de  la  maison  de 
T Esperonnièie ,  par  M.  Th.  Courtaux.  Le 
mariage  Santo  Domingo-Laurencin  est 
aussi  rapporté,  avec  plusieurs  autres  actes 
d'état-civil  des  Santo  Domingo,  par  le 
marquis  de  Granges  de  Surgères,  d'après 
les  registres  de  la  paroisse  du  Bignon, 
arrondissement  de  Nantes  {Revue  histot  ique 
de  l'Ouest,  1897). 

Isabeau  de  Santo  Domingo,  -f-  le  31  oc- 
tobre 1903  à  juillac,  avait  épousé,  le 
25  juin  j 842,  Joseph-Louis  de  Bousquet, 
comte  de  Saint-Pardoux  (fils  de  Louis, 
comte  de  Saint-Pardoux  et  d'Amélie  de 
Laurencin,  mariés  le  23  juillet  iBii); 
elle  en  eut  Emmanuel  du  Bousquet,  comte 
de  Saint-Pardoux,  capitaine  d'artillerie, 
né  le  2  février  1851,  qui,  de  son  mariage 
avec  Marie  Catrix,  a  eu  au  moins  une 
fille,  Elisabeth,  née  le  25  janvier  1881 
(Nadault.  Nobil.  du  Liwousiu). 

Je  possède  quelques  notes  isolées  sur 
les  Santo  Domingo,  mais  point  de  filia- 
tion. 

La  généalogie  de  la  famille  de  Lauren- 
cin, en  Beaujolais,  est  rapportée  par  la 
Chesnaye  des  Bois  (Dici.  de  la  Nobl.  t.  XI, 
p.  707)  et  par  Saint- Allais  (Nobil.  nniv., 
t.  IV.  p.  94),  d'après  l'Annuaire  de  la 
Noblesse  (1868,  p.  394).  Germain-Pierre 
Laurencin  (de  Nantes),  qui  fit  enregistrer 
ses  titres  de  noblesse  au  conseil  supé- 
rieur de  la  Martinique,  le  6  mars  1775, 
descendant  de  deux  secrétaires  du  roi  (en 
1707  et  en  17 18),  était  issu  de  la  même 
famille,  dont  il  portait  aussi  les  armoiries. 
(Quelques  notes  d'étal  civil  de  ces  Lauren- 
cin sont  rapportées  par  le  marquis  de 
Granges  de  Surgères. 

G.  P.  Le  LIeur  d'Avost. 

A  ma  note  précédente  sur  Mlle  de 
Santo-Domingo,  j'ajoute  que  ses  héritiers 
furent  «  Messire  Louis-Augustin  de  Ville- 
Neufve  du  Cazeau  demeurant  au  château 
de  Cazeau,  paroisse  de  May  et  «  Messire 
Gabriel-Louis  de   Villeneufve,  chevalier, 


N*    1121. 


L'INTERMEDIAIRE 


243 


244 


seigneur  du  Cazeau,  la  Poizottière  et  au- 
tres lieux  »  père  du  précédent.  La  vente 
eut  lieu  le  4  juillet  1782  et  s'éleva  à 
276  fr.  I  s. 

Louis  Calendini. 


*  ♦ 


VlntennéJiaire  (XLIV,  730,  990  et 
XLV,  600),  s'est  occupé  d'un  Santo-Do- 
mingo,  auteur  des  Tablettes  romaines,  des 
Tablettes  parisiennes^  et  des  Tablettes  napo- 
litaines, publiées  à  Bruxelles  de  1824  à 
1827.  J.  Lt. 


* 


Sur  une  liste  des  détenus  au  château  de 
Fontainebleau  au  1*''  germinal  an  11,  on 
trouve  : 

Madeleine  Marge,  veuve  de  Santo  Domin- 
got,  âgée  de  62  ans,  ayant  deux  enfants,  l'un 
âgé  de  ^6  ans,  l'autre  de  34  ;  l'aîné  à  Lusan- 
cy  ;  —  arrêtée  le  3  octobre  1793  par  ie  Comité 
comme  Espagnole,  a  prouvé  depuis  être  néeà  la 
Léogane  française  ;  Revenu  avant  la  Révolu- 
tion, 13000  L.,  et  depuis  vivant  de  ses  épar- 
gnes, ayant  tout  perdu  à  Saint-Domingue  ;  — 
fanatique,  étant  attachée  aux  anciens  préju- 
gés. 

Elle  a  été  mise  en  liberté  en  brumaire 
an  m.  F.  H. 

*  ♦ 
Sur  la  première  de  ces   familles,   qu'on 

croit  originaire  de  Burgos  (Espagne)  et 
dont  le  nom  s'est  aussi  écrit  Santo-Do- 
minguo  et  Santo-Domingo,  on  peut  con- 
sulter :  Borel  d'Hauterive,  Anmiaire  de  la 
noblesse  de  1869.  Bibl.  Nat.  Imprimés. 
Indemnité  de  Saint-Domingue,  6  vol.  in-40 
(Lf  "^^  ^5^  ;  sux  Arch.  Nat.  les  dossiers 
correspondants  à  cette  Indemnité.  Manus- 
crit français  22317  fol.  187  (anoblissement 
de  la  famille  de  Santo-Domingue  en  1656). 
Bibl.  de  l'Arsenal,  manuscrit  3679, 
p.  710  ;  enfm  mon  Histoire  généalogique 
de  la  maison  de  rEsperonnière^^Pans,  in-8", 
1889,  p.  81,  86,  87,  92,  93,  114,  143, 
207. 

On  trouvera  aussi  à  Nantes  et  à  Tours 
les  actes  suivants  : 

9  mars  1734,  Mariage  d'écuyer  Ger- 
main Laurencin  et  de  Françoise  Michel  ; 
à  Saint-Nicolas-de-Nantes.  —  9  février 
1735.  Baptême  de  Germain-François, né  le 
même  jour,  fils  d'écuyer  Germain  Lauren- 
cin et  de  Françoise  Michel  ;  à  Sainte- 
Croix-de-Nantes.  —  26  mai  1736.  Bap- 
tême de  Jean-Elisabeth,  né  le  même  jour, 
fils  des  mêmes  ;  à  la  cathédrale  de  Nantes. 
—  14  sept.  1737.  Baptême  d'Anne-Fran- 


çoise, fille  des  mêmes,  née  le  même  jour  ; 
à  Saint-Martin  de  Tours.  —  26  avril 
172 1.  Sépulture  à  Saint-Laurent-de-Nan- 
tes de  dame  Céleste  de  Sancto  Domingue, 
femme  de  messire  Louis  Le  Loup,  cheva- 
lier, seigneur  de  la  Roberdière,  âgée  de 
26  à  27  ans,  décédée  la  veille,  à  Saint- 
Laurent-de-Nantes.  —  10  avril  1784.  De- 
vant Briand  le  jeune,  notaire  à  Nantes, 
contrat  demariagede messire Joseph-Ama- 
ble,  comte  de  Santo-Domingue,  capitaine 
des  vaisseaux  du  Roi,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  chevalier,  fils  majeur  de  feu  mes- 
sire Louis  de  Santo-Domingue,  chevalier, 
seigneur  de  la  Bouvrais,  et  de  dame  Marie 
Gervier,  avec  demoiselle  Marie-Anne- 
Désirée  Laurencin,  fille  de  feu  messire 
Germain  Laurencin,  écuyer,  seigneur  de 
la  Bergerie-Verte,  et  de  Geneviève  Jeanne 
Febvrier,  Th.  Courtaux. 

Jp. cques  Gamelin  (XXXVI  ; 
XXXVIl).  —  Si  M.  Arthur  Lesœur  qui, 
le  10  novembre  1897,  posa  cette  question 
à  laquelle  il  a  été  fort  incomplètement  ré- 
pondu, lit  encore  V Intermédiaire,  je  me 
permettrai  de  lui  signaler  l'ouvrage  de 
M.  Alphonse  Mahul,  Cartulaire  du  dio- 
cèse de  Carcassonne  (6  vol.  in-4''),  tome  IV, 
il  y  est  parlé  de  Gamelin  ;  et  le  tome  1  des 
Mémoires  de  la  Société  des  Arts  et  sciences 
de  Carcassotme  où  est  publiée,  pages  388 
et  seq.,  la  Biographie  du  bon  peintre  car- 
cassonnais. 

Guillotin  (LIV,  169).  —  Le  docteur 
Ignace  Guillotin  mourut  à  Paris,  le  26 
mai  1814. 

En  consultant  les  derniers  numéros  de 
mai  du  Moniteur  Universel,  ou  du  Journal 
des  Débats,  ou  de  la  Ga:^ette  de  France, 
on  trouverait  peut-être  des  détails  sur  ses 
obsèques  et  le  lieu  de  sa  sépulture. 

La  Biographie  Saintongeaise  de  Rainguet 
dit  que  la  biographie  de  Guillotin,  par  le 
docteur  Réveilié-Parin  a  été  publiée  dans 
le  Moniteur  du  25  février  1851. 

E.  D. 

M.  Mancel  (LIV,  169).  —  Il  y  a  deux 
ou  trois  ans  est  mort  à  Nantes,  40,  rue  de 
la  Fosse,  un  graveur  du  nom  de  Trou- 
chou.  Il  se  disait  ancien  graveur  de  la 
Banque  de  France,  et  avait  résidé  à  Paris. 
Sa  spécialité,  à  Nantes, était  de  graver  des 


DES  CHERCHEURS   ET   CURIEUX 


20  Août    1906, 


245 


246 


ex-libris  et  des  armoiries.  L'ex-libris  de 
M.  Mancel  pourrait  bien  être  de  lui. 

A.  M.  M. 

Famille  de  Pindray  (LIV,  5,93).— 
Pour  compléter  la  question,  il  convient  je 
crois,  d'ajouter  aux  Pindray  de  la  Sain- 
tonge,  du  Périgord  et  du  Bordelais,  les 
Girard  de  Pindray  du  Poitou. 

Au  xviii^  siècle,  cette  famille  était  déjà 
fixée  depuis  longtemps  dans  la  localité 
dont  elle  portait  le  nom. 

En  1787,  un  Girard  était  seigneur  de  la 
paroisse  de  Pindray,  et  son  frère,  ancien 
capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de 
Normandie,  chevalier  de  Saint-Louis,  ha- 
bitait JVlontmorillon. 

D'après  Carré  de  Busserolles, les  Girard 
de  Pindray  portaient  :  d'argent,  à  ^fleurs 
de  lis  d'à  {tir,  à  la  bordure  chargée  de 
^  cœurs  de  gueules,  un  en  chef,  un  à  chaque 
flanc.  M.  A.  B. 

*  * 
Mis   aimablement  en  cause  par  un  in- 

termédiairiste,  je  puis  dire  en  effet  que  je 
possède  des  notes  inédites  sur  les  Pindray 
de  Saintonge,mais  ces  notes, qui  sont  loin 
déformer  une  filiation  complète, sont  trop 
étendues  pour  être  insérées  ici,  et  d'ail- 
leurs ne  répondent  pas  directement  à  la 
question  posée. 

11  y  a  du  reste  aux  Mss  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  Cabinet  des  titres, 
no'  784  et  785,  la  Maintenue  de  noblesse 
de  Begon  pour  cette  famille,  en  date  du 
17  juillet  1698  (f"  85). L'intéressé  est  Fran- 
çois de  P.  seigneur  de  Saint-Denys  en 
Boisbreteau  ;  il  est  le  cousin  second  de 
Elie  et  Jacques  de  P..  sieurs  de  Vilars  et 
de  Milcens,  dont  le  père,  Pierre  de  P. 
avait  été  vérifié  par  d'Aguesseau,  le  18 
déc.  1668,  et  qui  sont  compris  dans  la 
Maintenue  de  Begon.  C.  Vigen. 

ï  e  comte  de  Repenties  (LIV,  54). 
—  11  existait  en  Touraine,  ou  plutôt  à 
Tours,  au  commencement  du  siècle  der- 
nier, un  comte  de  Repentigny,  qui  passait 
pour  un  partisan  absolu  de  Louis  XVll, 
très  persuadé  de  l'existence  du  pauvre 
petit  prince,  par  conséquent  faisant  partie 
du  clan  des  Naundorffistes. 

Ce  comte  de  Repentigny,  d'ailleurs 
homme  fort  estimable  et  fort  honorable, 
passait,  en  outre,  pour  être  très  adonné 
aux  sciences  occultes,   aux   divinations  et 


autres  évocations  du  monde  surnaturel. 
Marié  à  N.,  il  eut  une  fille  unique, 
Mlle  Xaverine  de  Repentigny,  qui  a  dû 
naître  à  Tours  vers  1802  ou  1803.  Cette 
jeune  personne,  aussi  charmante  que  dis- 
tinguée, épousa,  vers  1823  ou  1824,  le 
comte  Urbain  de  Barbançois.  Ce  ménage 
n'eut  jamais  d'enfants  ;  il  habitait  une  jolie 
propriété  située  à  deux  lieues  de  Tours, 
environ .  Le  comte  de  Repenties,  de  X In- 
ierniédiaiie,  serait-il  le  même  que  ce 
comte  de  Repentign}'  ?  C'est  probable... 

K. 


To-wianski  — 

('LIV,  109).  —On 


et  non  Towiauski 

trouve   de   nombreux 


et  intéressants  renseignements  sur  To- 
wianski, d'abord  dans  le  Bulletin  polonais^ 
littéraire,  scientifiqueet  artistique  (pas:im), 
publié  par  les  soins  des  anciens  élèves  de 
l'Ecole  polonaise,  et  qui  a  son  siège  d'ad- 
ministration, 14,  rue  Jean-Robert,  Paris, 
i8e  arrondissement.  Voir  notamment  le 
numéro  du  15  juillet  1902,  qui  contient 
un  important  article  de  Gabriel  Sarrazin, 
sur  le  Romantisme  polonais,  h  Messia- 
nisme, etc.,  (pages  169-186),  où  plusieurs 
ouvrages  concernant  Towianski  sont  cités 
en  notes.  Voir  aussi  le  livre  que  M.  La- 
dislas  Mickiewicz  a  consacré  à  son  père  : 
Adam  Mickieioic{,  sa  vie  et  son  œuvre 
(Paris,  Savine,  1888),  où  il  est  fréquem- 
ment et  longuement  question  de  To- 
wianski. Albert  Cim. 

Les  derniers  moments  d'Alfred 
de  Vigny  (LIV,  212).  —  le  me  permets 
de  rappeler  que  j'ai  publié  autrefois  une 
notice  détaillée  sur  la  Maladie  et  la  mort 
d'Alfred  de  Figny,  dans  lequel  j'ai  dé- 
montré que  l'illustre  poète  n'avait  pas 
succombé  à  la  maladie  que  l'on  avait  dia- 
gnostiquée ;  et  que  l'affection  qui  l'avait 
emporté  était  exactement  la  même  que 
celle  qui  avait  atteint  Napoléon  1"".  Dans 
quelques  mois,  je  publierai  une  étude  com- 
plémentaire sur  cette  question,  basée  sur 
la  Correspondance  que  vient  de  faire  pa- 
raître Mlle  Sakellaridès,  et  sur  quelques 
autres  documents  récents. 

Di'  Marcel  Baudouin. 


M.  Léon  Séché,  l'auteur  à'Alfred  de 
\  Vigny  et  de  son  temps,  écrit  à  r£tAn>,qui 
i'  a  rep'roduit  l'article  de  Vlntermêdiairâ  : 


N"   II2I 


L'INTERMEDIAIRE 


• 247 

Dieppe  (Seine-Inférieure),  le  17  août  (906. 

Mon  cher  confrère, 

Jd  viens  de  lire,  dans  V Eclair  de  ce  jour,  la 
lettre  de  l'abbé  Vidai,  qui  reçut  la  confession 
d'Alfred  de  Vigny. 

Cette  lettre  confirme  purement  et  simple- 
ment le  récit  très  circonstancié  que  j'ai  pu- 
blié, en  1901,  sur  les  derniers  moments  du 
poète.  Car  je  n'ai  jamais  douté  de  ses  ser.ti- 
ments  religieux.  Et  depuis  l'apparition  de 
mon  ouvrage,  depuis,  surtout,  la  découverte 
que  j'ai  faite,  au  manoir  du  Maine-Giraud, 
des  livres  jansénistes  de  son  grand-oncle, 
l'abbé  de  Baraudin,  qui  fut  le  précepteur  de 
sa  sainte  mère,  c'est  une  opinion  générale- 
ment admise  parmi  ceux  qui  ne  se  paient  pas 
de  mots  et  qui  vont  au  fond  de  son  pessi- 
misme^ que  Vigny  est  mort  comme  il  avait 
vécu,  à  la  façon  des  derniers  disciples  de 
Port-Royal.  Qu'est-ce,  en  effet,  que  le  jansé- 
nisme, sinon  du  pessimisme  ciirétien  ? 

Veuillez  agréer,  mon  cher  confrère,  l'assu- 
rance de  mes  sentiments  sympathiques  et  dé- 
voués. Léon    Séché. 

*  * 
Col.  212,  ligne  39,  lire   cùs  petits  diieh 

de    controverse,    au    lieu  de  controverses 
Ligne  43,  sévère  au  lieu  de  si  sévère. 
Col,  214,   ligne    12,  rester  uni  a.u   lieu 

de  unie. 

Titras  de  noblesse  (LUI,  895,  980; 
LlV,  30,  93,  195).  — A  la  question  posée 
sous  cette  rubrique,  à  savoir  si  «  l'usage 
d'après  lequel  les  fils  cadets  d'un  père 
titré  prennent  le  titre  ou  le  S'ous-titre  de 
leur  père, en  le  faisant  néanmoins  précéder 
de  leur  prénom,  est  conforme  aux  régies 
de  la  noblesse  française  »,  on  répond  : 
Non,  sauf  «  sauf  pour  les  enfants  d'un 
père  portant  un  titre  héréditaire  prove- 
nant de  la  paiHe  ». 

Cela  est  vrai  pour  les  titres  de  la  Res- 
tauration, quoique,  au  dire  de  Pol  de 
Courcy,  l'ordonnance  du   25   août    181 7, 


248 


égard,  que  la  déclaration  très  vague  du  8 
décembre  1699,  et  qui  ne  concerne  que  les 
anciennes  provinces  de  Flandre  et  d'Ar- 
tois. On  poursuivait  bien  l',usurpation  de 
la  noblesse  par  la  raison  qu'elle  intéres- 
sait le  Trésor,  mais  celle  des  titres  n'était 
pas  l'objet  de  la  même  vigilance,  le  fisc 
n'y  voyant  rien  à  perdre  ou  à  gagner. 

Supposons  donc  que  les  «  règles  »  doi- 
vent s'entendre  de  l'usage  généralement 
admis,  lequel  a  passablement  varié  dans 
le  cours  des  siècles,  et  aussi  suivant  les 
lieux. 

Une  différence  radicale  avec  le  temps 
présent  est  que  les  titres  dont  on  s'oc- 
cupe (il  y  en  avait  bien  d'autres  et  de 
non  moindre  importance,  comme  ceux 
.  d'écuyer,  chevalier,  etc.)  étaient  atta- 
chés à  la  terre  et  non  à  la  personne. 
Pour  être  comte  ou  marquis,  il  fallait 
avoir  une  terre  érigée  en  comté  ou  mar- 
quisat pour  soi-même  ou  pour  les  au- 
teurs. Pourtant,  à  l'origine,  de  même  que 
les  premiers  saints  mis  sur  nos  autels  le 
furent  par  la  voix  publique  plutôt  que  par 
le  souverain  pontificat, de  même  certaines 
seigneuries  reçurent  des  qualifications 
dont  il  est  difficile  de  retrouver  le  prin- 
cipe et  furent  considérées  comme  titrées 
d'ancienneté,  sans  érection  —  officielle  — 
connue. 

Ceci  posé,  étant  donnée  une  terre  ti- 
trée, régulièrement  transmise  de  père  eh 
fils,  même  une  terre  titrée  d'ancienneté, 
quand  elle  était  de  temps  immémorial 
dans  la  famille,  pas  de  diftlculté  pour  le 
possesseur.  Mais  quid  pour  les  enfants,  du 
vivant  de  leur  père,  ou  pour  les  cadets 
par  rapport  à  leurs  aînés  } 

Incontestablement,  le  partage  du  titre 
ou  même  sa  graduation  ne  furent  pas  gé- 
néralement usités.  On  les  trouve  cepen- 
dant assez    souvent   pratiqués  sous  une 
qui  réglait  la  matière,  ait  été  rapportée  |   forme  ou   sous   une   autre.    Ici    c'étaient 


par  celle  du  24  août  1824,  ce  que  je  n'ai 
pas,  en  ce  moment,  la  possibilité  de  véri- 
fier. 

Mais  les  titres  de  la  Restauration  sont 
le  petit  nombre  auprès  de  ceux  datant  de 
l'Ancien  Régime,  antérieurement  à  la  Ré- 
volution. Si  nous  remontons  à  ceux-ci,  la 
question  se  complique  singulièrement. 

Et  d'abord  qu'entend-on  par  «  les  rè- 
gles de  la  noblesse  française  »  ? 

De  rcgle^  il  n'y  en  avait  pas  a  propre- 
ment parler.  Je   ne  connais   guère,  à  cet 


deux  ou  plusieurs  terres  qui  avaient  été 
unies  au  moment  de  l'érection  en  dignité  ; 
le  père  gardait  le  nom  de  la  principale  et 
appliquait  le  titre  pour  ses  fils  aux  diffé- 
rents membres  de  la  seigneurie.  Ailleurs 
on  gardait  le  même  nom,  mais  on  chan- 
geait le  titre.    Un    exemple    qui  semble 
assez   autorisé  est   celui  des  trois  frères 
Vignerot,  dotit  l'ainé  fut  duc   de  Riche- 
lieu, par  substitution  aux  nom  et  armes 
du  cardinal,  son  oncle,  et  les  deux  autres 
marquis  et  comte   de  Richelieu,  Quelque- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Aoi*t   1906. 


249 


fois  même,  le  titre  que  prenait  le  fils  était 
supérieur,  —  d'après  l'échelle  aujour- 
d'hui admise,  —  à  celui  que  portait  le 
père.  C'est  ainsi  que  Henri  de  Sévigné, 
au  lieu  du  titre  paternel  de  baron  de  Sé- 
vigné, porta  celui  qu'a  tant  illustré  l'im- 
mortelle correspondance  de  sa  veuve  ; 
ainsi  encore  que  le  comte  de  Grignan  ti- 
trait, dès  le  berceau,  son  héritier  marquis 
de  Grignan  ;  tout  cela  sans  qu'il  y  parût 
ombre  de  difficulté. 

Dans  quelques  familles,  il  s'était  établi 
une  sorte  d'alternance.  Le  père  était 
comte,  le  fils  marquis,  mais  le  petit-fils 
redevenait  comte. 

Le  plus  souvent  de  beaucoup,  il  arri- 
vait que  le  même  seigneur  fût  possesseur 
de  plusieurs  terres  titrées.  On  voit,  dans 
les  énumérations  de  qualités,  nombre  de 
vicomtes  ou  de  baronnies  suivre  le  titre 
principal  de  comte  ou  de  marquis  ;  alors 
les  enfants  se  partageaient  ces  terres  avec 
leurs  qualifications,  —  en  quoi  leur  droit 
était  incontestable — .  Une  remarque  ce- 
pendant à  ce  sujet,  c'est  que  la  plupart 
des  terres  titrées  d'ancienneté  étaient  des 
châtellenies  ou  des  bannières  ;  or  ces 
deux  titres,  longtemps  prisés  très  haut, 
tombèrent  d'assez  bonne  heure  en  désué- 
tude, et,  à  partir  du  xvi«  siècle,  on  leur 
en  substitua  généralement  de  nouveaux, 
tout  au  moins  celui  de  baronnie,  ce  qui 
était  peut-être  moins  régulier. 

Qiioi  qu'il  en  soit,  le  titre  rappelant 
toujours  la  terre,  (nous  ne  parlons  pas, 
bien  entendu,  des  titres  de  courtoisie, 
non  transmissibles,  comme  on  l'a  fort  bien 
dit,)jamaisori  ne  le  fit  précéder  du  prénom, 
ce  qui  eût  été  un  non-sens  absolu.  Mais 
tout  change  avec  le  temps,  et  l'assiette 
des  titres  aujourd'hui  portés  s'éloigne  de 
plus  en  plus  de  l'ancienne  base  territo- 
riale. De  là  Tusage  qui  tend  à  se  généra- 
liser, comme  le  dit  l'auteur  delà  question 
posée  ;  usage  qui  nous  vient  d'Outre- 
Rhin  ;  que  la  Belgique  a  adopté  en  le 
poussant  jusqu'à  ses  dernières  limites, car 
il  y  est  appliqué  même  aux  filles  ;  qui 
n'est  certes  pas  conforme  aux  «  règles 
de  la  noblesse  française  »,  autant  qu'on 
peut  appeler  s<.  règles  »  les  pratiques 
du  temps  passé,  mais  qui  n'en  est  guère 
que  l'équivalent,  admissible,  à  mon  sens 
étant  donné  qu'on  ne  fera  pas  revivre 
celles-ci,  et  à  condiiion  de  respecter 
la  supériorité    du     titre     aîné,     suivant 


250     

l'esprit   des   anciens    us,    titre 


suppose  d'abord 


que  l'on 
t  toujours  bien  assis. 
P.  DU  Gué. 


Le      reQ;istre 
Gaston   Phébus, 
ministère  de   la 


matricule  dont  parlé 
se  trouvait,  en  1893,  au 
justice  où  je  l'ai  vu.  il 
contenait  les  noms  et  armes  de  chaque 
Pair  de  France,  avec  la  date  de  la  nomi- 
nation. 

je  ne  suis  pas  tout  à  fait  d'accord  avec 
Gaston  Phébus,  en  ce  qui  concerne  la 
transmission  des  titres  sous  l'ancien  Ré- 
gime, Il  dit  que  les  titres  se  transmettaient 
de  mâle  en  mâle  par  ordre  de  primogéni- 
ture. 

Je  ne  crois  pas  que  cela  soit  absolu- 
ment exact.  En  effet,  les  titres  étaient  en 
principe  attachés  à  une  terre,  et  ils  sui- 
vaient cette  terre.  Or,  celle-ci  n'allait  pas 
forcément  à  l'aîné  des  héritiers  mâles. 
L'aîné  pouvait  hériter  d'Une  .terre  titrée, 
mais  les  cadets  pouvaient  aussi  hériter 
d'autres  terres  titrées. 

Au  contraire,  à  l'heure  actuelle,  les 
titres  étant  indépendants  des  terres,  appar- 
tiennent à  l'aîné  qui  les  possède  tous. 
Ainsi,  dans  une  famille  où  il  y  a  plusieurs 
titres,  c'est  le  chef  de  la  famille  qui  seul 
a  le  droit  de  les  porter. 

Quant  au  titre  de  comte  donné  aux 
cadets  de  certaines  maisons,  c'est  un  titre 
irrégulier  et  de  courtoisie. 

Le  vicomte  de  Bonald. 


Accolé  de  Savalette  (LIV^  55).  — 
je  ne  connais  ni  la  famille  qui  portait  les 
armoiries  décrites  par  M.  D.  des  E.,  ni  la 
généalogie  des  Savalette.  Cependant, 
voici  quelques  noms  de  personnages 
appartenant  à  cette  dernière  famille  : 

Pierre  S.,  notaire,  échevin  de  Paris, 
en  1690. 

Jacques  S. ,  conseiller  au  grand  con- 
seil (1728),  abbé  de  Néauffe-Ie  Vieux 
(diocèse  de  Chartres),  visitateur  général 
des  Carmes  de  France,  doyen  du  chapitre 
de  Saint -Germain-l'Auxerrois,  chanoine 
de  la  métropolitaine  de  Paris,  mort  le 
4  février  1752,  âgé  de  69  ans. 

Henriette-Geneviève  S.,  fille  de  Charles- 


1 


Pierre,  seigneur  de  Magnanvillc  et  de 
Marie-Angélique  Joly  de  Choin  {?  ?  sic  : 
Potier  de  Courcy  {Conlin.?.  Anselme), 
morte   du  mois   de   février    1740,   avait 


N»    II2I. 


L'INTERMEDIAIRE 

251 

1735,   Jacques-Dominique 


252 


épousé,  avant 

Barberie,  marquis  de  Courteilles 

Charles  S.,  seigneur  de  Magnanville 
(près  Mantes  1,  garde  du  Trésor  royal, 
fermier  général,  mari  d'Anne-Geneviève- 
Gilbert  de  Nozières,  née  vers  1693,  -]- le 

24  janvier  1774.  [11  y  a  eu  une  famille  de 
Nozières,  en  Auvergne,  dont  quelques 
personnages  ont  porté  le  prénom  de  Gil- 
bert] dont  au  moins  : 

i)  Marie-Joseph  S.,  né  le  15  juillet 
1727. 

2)  Anastasie-Jeanne-Thérèse  S.,  née  le 
15  sept.  1737,  f  en  1758,  épousa,  le  4 
sept.  1752,  François  de  Broglie,  comte 
de  Revel. 

Charles-Pierre  S.,  seigneur  deMagnan- 
ville,  baron  de  Langes,  etc.,  conseiller 
d'Etat,  maître  des  requêtes  (1738),  inten- 
dant de  Tours  (1745-1756),  garde  du 
trésor  royal,  reprit  en  fief  la  seigneurie 
de  Lépinay  (commune  de  Cras,  Ain),  le 
6  avril  1769,  et  vivait  encore  en  1788.  Il 
avait  épousé  Marie-Emilie  |oly  de  Choin, 
fille  du  marquis  de  Choin  et  de  Marie- 
Olympie  Poulletier,  née  vers  1726,  f  le 
29  nov.  1776.  Elle  reçut  en  don,  le  22 
août  1767,  la  baronnie  de  Langes 
(commune  de  Cras),  de  foseph-Emile  joly 
de  Choin.  Elle  fut  mère,  au  moins,  de  : 

i)  Charles-Pierre-Paul  S.,  seigneur  de 
Langes,  conseiller  au  parlement  de  Paris, 
garde  du  trésor  royal.  Assemblée  électo- 
rale de  la  noblesse  de  Paris  en  1789. 

2)  Charlotte-Emilie-Olympie   S.,  née  le 

25  déc.  1747, -|-  le  27  déc.  1779,  femme 
de  Marc-Antoine-Charles  Dupleix,  sei- 
gneur de  Pernant. 

3)  jean-Baptiste-François  S  ,  né  le  14 
mai  1753,  -j*  le  23  juin  1757 

Adélaïde     Savalette     de 
épousa,  le  2  février    1767,  André-Claude 
Thiroux,  marquis  de  Gervilliers. 

Louise  S.,  vivante  en  1785,  avait 
épousé,  avant  1771,  Alexandre-Marie - 
François  Dompierre,  comte  d'Hornoy. 

Rose  de  S.,  femme,  avant  1782,  de 
René-Aignan  Sanlot,  fermier  général. 

Anne  S.,  alliée,  au  mois  de  juin  1783, 
avec  lean-Baptiste  de  Joly,  avocat  au  par- 
lement de  Toulouse. 

N.  S.,  seigneur  de  Fortair  (?),  aide-de- 
camp  de  Dumouriez.  chef  de  la  chancelle- 
rie du  secrétariat  de  la  Légion  d'honneur, 
né  en  1746,  -|-  en  1825. 

N.,  baron  de  Savalette,  père  de  : 


Magnanville 


Jeanne  de  S.,  qui  épousa,  le  12  oct. 
1853,  Ludovic  -  Scipion  -Marie  -  François, 
baron  de  Chazelles 

G.  P.  Lr  LœXir  d'Avost. 


* 


Je  connais  Savalette  de  Lange, l'homme- 
femme  de  Versailles,  mais  je  ne  sais  pas 
comment  il  se  rattache  aux  deux  Sava- 
lette, de  Magnanville  et  de  Buchelay  et 
de  beaucoup  d'autres  lieux.  Pierre  Sava- 
lette, notaire  au  Chàtelet,eut  pour  fils  (?) 
Charles  Savalette,  d'abord  sieur  de  la 
Tuilerie.  Traitant  en  1716,  il  fut  taxé  à 
90.000  1.  (Buvat).  Il  acheta  Magnanville 
en  1720.  Sa  femme  était  Anne-Geneviève 
Gilbert  de  Nozières.  Leur  fils  fut  Charles- 
Pierre,  qui  avait  épousé  Emilie  Joly  de 
Choin.  (Armes  :  d'a:^ur.  à  fine  étoile  de 
16  rais  rayonnantes  d'or,  an  chef  de  même, 
chargé  de  ^  roses  de  gueules).  Ruiné  par 
les  dépenses  faites  à  Magnanville,  il  ven- 
dit cette  terre  en  1767.  Dans  la  liquida- 
tion intervenue  entre  lui  et  sa  mère,  on 
ne  voit  pas  de  fille,  ce  qui  expliquerait 
seul  le  blason  accolé  à  celui  de  Savalette. 
La  solution  de  cette  question  sera  pour 
moi  très  intéressante,  si  Y  Intermédiaire  la 
publie.  E.  Grave, 

Le  prince  da  Limbourg  et  Tor- 
dre  du  Mérite   de  Saint-Philippe 

(LIV,  7,  137).  —  Le  prince  et  son  ordre, 
ses  ordres  même,  ont  bien  existé,  de  1776 
à  1781,  mais  on  chercherait  en  vain  des 
renseignements  sur  tous  deux  dans  les 
ouvrages  spéciaux.  Il  faut  consulter  les 
Mémoires  secrets  de  Bachaumont  (15  sept. 
1777  et  22  fév.  1781)  et  la  Correspondance,., 
sur  Louis  XVI,  Marie  Antoinette,  la  Cour 
et  la  ville  de  1777  à  i'jg2,  publiée  par  de 
Lescure  (Paris,  1866,  2  vol.  in  8"  ;  tome 
I,  pp.  100-297-298). 

Le  prince  n'était  qu'un  aventurier  dont 
les  escroqueries  amusèrent  Paris  ;  sa 
cour  et  sa  chancellerie  tinrent  d'abord 
leurs  assises  dans  l'hôtel  d'une  de  ses 
dupes,  rue  d'Enfer,  puis  dans  un  entresol 
du  Palais-Royal.  L'illustre  Ordre  d'an- 
cienne Noblesse  et  celui  de  Saint-Philippe, 
faisaient  bouillir  sa  marmite,  et  fort  bien, 
ma  foi,  si  nous  en  croyons  les  Mémoires 
que  deux  victimes  désabusées  adressèrent 
au  Parlement.  A.  V. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Août     IQ06 


253 


254 


Favancourt ,    Blaire  ,    Belzunce 

(LIV,  54).  —  Faut-il  identifier  le  comte 
de  Favancourt  avec  Louis-Eustache  Borel 
de  Favencourt,  sous-préfet  de  Compiègne, 
né  Vers  1771  et  mort  en  1842?  De  son 
mariage  avec  Marie-Pauline  de  Nully  d'Hé- 
court  il  eut,  au  moins,  Marie-Félicité-Pau- 
line, née  vers  1807, morte  le  20  mai  1883, 
auchàteau  de  la  Cloutière  (Indre  et-Loire), 
alliée  avec  Camille  Onfroy  de  Breville, 
inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées, 
et  aussi  probablement  Marie-Amélie  Borel 
de  Favencourt,  née  vers  1798,-!-  le  27  juil- 
let 1868,  à  v'endegiels,  femme  de  M.  de 
Lagrené  ;  Marie  Bore  de  Favencourt  née 
vers  1802,  -p  le  12  septembre  1871  à  Pa- 
ris ;  Léon-Xavier  Borel  de  Favencourt,  né 
vers  1802  -|-  le  23  mai  1867  à  laGuerche, 
(Cher). 

Un  monsieur  de  Blaire,  ancien  conseil- 
ler à  la  cour  des  aides,  mourut  le  27  juil- 
let  1844. 

Madame  de  Belzunce  était  probable- 
ment Zoë  du  Carreau  de  Saint-Aulaire 
(fille  de  Pierre,  comte  du  Carres  et 
d'Adélaïde  de  Beaupoil  de  Saint-Aulaire), 
femme  de  Charles-Philippe-Henri-Louis, 
vicomte  de  Belzunce,  capitaine  dan-  la 
garde  royale  sons  Charles  X,  et  gen, 
tilhomme  de  la  chambre  du  dernier  prince 
de  Condé  ;  ells  eut  plusieurs  enfants  dé- 
cédés en  bas  âge. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Armoiries  à  retrouver  :  d'azur, 
semé  de  fleurs  de  lis  d'or,  et  de 
clefs  d'argent  (LUI,  950  ;  LIV,  93,  199). 
—  J'ignore  s 'ûex\î^\e  un  Ariiion'aJ  des  villes 
de  France^  mais  ce  que  je  puis  affirmer, 
c'est  l'existence  de  Y  Armoriai  des  chefs- 
lieux  des  dcparienienîs  français  que.woh'Q 
confrère,  Monsieur  de  Saint-Saud,  trou- 
vera dans  Y  Atlas  d  Histoire  et  de  Géogra- 
phie de  Bouillet.  Paris,  Hachette,  1865, 
aux  Éléments  de  l'art  héraldique,  pages 
780,  781  et  782. 

Les  blasons  coloriés  sont  aux  planches 
VII  et  VIII  dudit  ouvrage. 

Marquis  de  L.  C. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'azur 
au  cbevrondor,  accompagné  (LIV, 

6,  138,  199).  —  Comme  suite  à  ma  pre- 
mière réponse,  je  puis  fournir  une  piste 
plus  sérieuse.  La  famille  Bridet,  origi- 
naire   de     Cluny,     portait,    d'après     la 


d'a:(ur 


Noblesse  aux  Etats  de  Bourgogne 
au  chevron  d'or^  accompagné  en  pointe  d'un 
bélier  passant  d^argent.  Ce  furent  sans 
doute  les  armes  primitives,  car  Madelaine 
de  Belouze,  veuve  de  Louis  Bridet,  écuyer, 
seigneur  de  Demiard  (des  Myards),  fit  en- 
registrer à  y  Armoriai  Général  d<  i6ç6, 
bailliage  de  Maçon  :  d'azur  au  chevron 
d'or^  accompagné  en  cl^ef  de  deux  étoiles  du 
même  et  en  pointe  d'un  bélier  d'argent,  sur- 
monté d'un  croissant  du  même.  Ce  sont  ces 
dernières  armes  qui  ont  été  reproduites 
par  Adrien  Arcelin  dans  Y  Indicateur  héral- 
dique et  généalogique  du  Maçonnais.  Le 
croissant  doit  être  une  brisure,  et  cette  fa- 
mille ayant  toujours  habité  le  Maçonnais 
jusqu'à  son  extinction  à  la  fin  du 
xviii^  siècle,  l'écu  sculpté  de  Saint-Julien 
doit  se  rapporter  à  un  de  ses  membres. 

P.  leJ. 

Armoiries  à  déterminer  :  Accolé 
d'argent  (LIV,  109).  —  Duchastel,  à 
Paris  et  du  Chastel,  en  Poitou,  probable- 
ment de  la  même  famille,  portent  :  d'ar- 
gent,  au  chevron  de  gueules,  accompagné  en 
chef  de  deux  molettes  de  sable  {alias,  de  si- 
nople),  et  en  pointe  d'un  dextrochère  de  car- 
nation, paré  de  sinople,  tenant  une  épée  de 
gueules. 

Faut-il  faire  remarquer  que  les  trois 
questions  héraldiques  posées  par  L.  F.  L. 
sont  d'une  rédaction  peu  compréhensible, 
ce  qui  complique  les  recherches  et  peut 
engendrer  des  erreurs.  P.  leJ. 

Bague  avec  devises  (LIV,  56).  — 
Louis,  Marie-Thérèse,  L.  M.  T.  ;  P.  A. 
Philippe-Artois  ;  F.  Ferdinand  de  Berry, 
autrement  dit  :  Louis  XVlll,  la  duchesse 
d'Angoulème,  le  comte  d'Artois,  depuis 
Charles  X  et  le  duc  de  Berry,  représentés 
par  leurs  initiales. 

Un  assez  grand  nombre  de  ces  bagues 
parurent  à  la  2*  restauration,  portées 
surtout  par  des  fidèles  de  Gand  et  par  les 
compagnies  rouges  licenciées  le  31  dé- 
cembre 181 5.  Elles  furent  pour  la  plu- 
part exécutées  pour  des  royalistes  fer- 
vents. Voir  ma  notice  dans  le  Carnet  de 
la  Sabrctache.  Cottreau. 

Je  possède  une  bague  semblable  qui  me 
vient  de  mon  père,  ancien  mousquetaire 
gris.  J'ai  toujours  entendu  dire  que  les 
mousquetaires,   supprimés   à   la   seconde 


No    I 1 2 I  , 


L'INTERMEDIAIRE 


255 


Restauration,  avaient  résolu,  avant  de  se 
séparer,  de  faire  exécuter  les  bagues  dont 
il  sagit.  G.  O.  B. 


* 

*  * 


Les  devises  en  question  ont  été  très  fré- 
quemment utilisées,    soit  dans  un  ordre 
différent,  soit  par  fragments.  Elles  parais- 
sent très   répandues   sur   le   globe,    sans 
doute  partout  où  l'influence  de  la  littéra- 
ture française  s'est   fait  sentir.    En   mars 
1886,  à  Bahia  (Brésil),    une   société  anti- 
esclavagiste faisait  distribuer,  à  l'occasion 
du  carnaval  et  du  rachat  de  jeunes  filles 
esclaves,    des  cartes     lithographiées    en   j 
2  couleurs  (noir  et  rouge),    portant  d'un 
côté  l'inscription  «  Lembrança    dos  Tro-  | 
vadores  do  Cruz  Vermelha  »  1886,  litté-  j 
ralement  :  souvenir  des  Troubadours  de  la   j 
Croix  rouge  —  ;  de  l'autre  côté, des  attri-   1 
buts  de  la  chevalerie  française  — cimier,   | 
panaches,  bouclier,  etc.,  et  dans  le  milieu   1 
une   croix   de    Malte  en  rouge.  L'assem-  ! 
blage   des   devises   identiques    et  comme  j 
libellé  à  celles  figurant  à  la  question,  n'en   j 
varie  uniquement  que  par  sa  présentation  | 
faite  en  rimes,  croisées   au-  lieu  de  rimes  | 
suivies  ou  plates.  1 

Un  héraldiste  pourrait  nous  en  indi-  1 
quer  la  véritable  origine.  —  Chevaliers 
allant  au  tournoi  ?  Chevaliers  de  Tordre 
de  Malte  ?  Chevaliers  de  Rhodes,  etc., 
cette  ligne  seule  :  Mon  cœur  aux  dames  » 
démontre  en  tout  cas  un  sentiment  de  ga- 
lanterie et  indiquerait  une  époque 

Quant  aux  initiales  elles  peuvent  former 
les  initiales  du  donateur  et  celles  de  celui 
qui  reçoit,  comme  également  n'être  que 
les  premières  lettres  d'une  maxime,  d'un 
précepte  en  latin. 

Plus  récemment,  en  1903,  il  m'a  été 
donné  d'entendre  —  lors  d'un  banquet 
mutualiste  —  porter  un  toast  aux  dames, 
à  l'aide   de   deux   de   ces  devises  : 

Le  preux  chevalier  du  Moyen-Age;  l'homme 
galant  de  l'époque  s'exprimait  ainsi  : 


Mon  cœur  aux  dames 
L'honneur  pour  moi 
A  peine  oserais-je,  mesdames,  etc. ,  etc. 

Ces  devises  sont  connues,  les  solutions 
ne  sauraient  manquer.     Alexandre  Rey. 


256    

la   famille    r03^ale,  dans    les   années  d'é- 
preuves qu'elle  traversa,  de  1789  à  181  5. 

Mon  arrière-grand-oncîe,  le  chevalier 
de  Rivière,  qui  fut  attaché  à  la  personne 
de  Louis  XVlll  pendant  toute  l'émigra- 
tion, et  devint  ensuite,  sous  la  Restaura- 
tion, son  écuyer  calvacadour,  portait  une 
chevalière  du  même  genre,  que  possède 
encore  ma  famille  maternelle. 

On  voit  sur  le  chaton  les  armes  de  Ri- 
vière :  d'oi'  à  trois  épées  de  gueule  soute- 
nant une  couronne  royale  du  tnéme^  et 
autour,  cette  devise  presque  identique  à 
celle  que  signale  de  G.  : 

Mon  âme  à  Dieu^  mon  épée  au  Roi^  mon 
cœur  aux  dames. 

Cet  anneau  est  aussi  de  grandes  dimen- 
sions  ;  on  voit  également  à  l'intérieur, des 
initiales  gravées  dans  de  petits  cœurs 
percés  d'épée.  Il  m'a  toujours  été  dit  que 
ceux-ci  fixaient  le  souvenir  des  plus  chères 
conquêtes  du  galant  chevalier,  qui  mourut 
célibataire. 

On  peut  donner  la  même  explication 
au  cœur  et  aux  initiales  de  la  bague  de  de 
G  ,  en  constatant  que  son  ancêtre  fut 
plus  constant  que  le  mien  :  puisqu'il  n'y 
a  qu'un  cœur,  c'est  qu'il  n'eut  qu'une 
passion  !  Bergère  ou  princesse,  on  ne  le 
saura  sans  doute  jamais,  et  les  initiales 
resteront  discrètement  énigmatiques. 

Jehan. 

La  Tour  d'JYoire  (LUI,  890).  — Nos 
collaborateurs  ont  cité  les  textes  de  plu- 
sieurs écrivains  qui  ont  employé  cette 
expression  :  Alfred  de  Vigny .^  Haubert^ 
d\AitréviUv,  etc.,  mais  on  n'a  pas  encore 
suffisamment  ^expliqué  ni  Vorigine  de  cette 
locution,  m  le  sens  très  précis  qu'il  fallait 
lui  attribuer  Les  divers  auteurs  cités  se 
rendaient-ils  bien  compte  du  sens  de  cette 
locution  ?.?  J'insiste  et  je  demande  qu'un 
de  nos  collaborateurs  nous  explique  l'allu- 
sion ou  les  allusions  renfermées  dans  cette 
phrase,  couramment  répétée  par  les  au- 
teurs contemporains.  Je  sais  par  exemple 
d'où  elle  a  été  tirée  et  je  l'indique  ici, 
afin  d'aider  à  la  solution  de  ce  problème. 
Cette  expression,  qui  est  vieille  de  plus  de 
trois  mille,  ans.^  est  d'origine  hébraïque  et 
se  rencontre   dans  le   Schir  hasschirim  : 


»  *  j  Cantique  des  cantiques  (chap.  Vil,  v.  4). 

Il  est  probable  que  les  bagues  dans  le  |  Collum  tuum  sicut  turris  cburnea.  Les  Vita- 

genre  de  celles  dont  parle  oà  G,.,  furent  (  nies  de  la  Vierge,  renferment  cette  invo- 

adoptées  par  les  plus  fidèles  serviteurs  de  •  cation  ;  Tunis  cburnea,      Aug.  Paradan. 


DES  CHEP.CHEURS   ET  CURIEUX 


20  Août  1906. 


257 


258 


«  te  malheurs  évités  lo  bonheur 
se  compose  »  (LUI,  786,  995).  —  Ce 
vers  d'Alph.  Karr  se'  trouve  dans  l'ou- 
vrage les  Feaimes,  Ch.  **  intitulé  :  Une 
faute  de  bon  sens^  Paris, Michel  Lévy,  1860, 
p.  207.  P.  B. 


Le  sonnet  d'Arvers  est-il  imité 
l'italien  ?  (LIV,  162).  —  Depuis  quelque 
temps  on  s'occupe  beaucoup  d'Arvers, 
mais  quoi  que  l'on  fasse,  il  demeure  tou- 
jours l'homme  du  sonnet,  et  cela  est  fâ- 
cheux pour  un  poète,  un  écrivain  qui  a 
passablement  produit  en  plusieurs  genres. 
Quant  à  la  destinataire,  l'inspiratrice  de 
ces  quatorze  jolis  vers,  on  ne  la  connaît 
pas  d'une  manière  plus  certaine  que  le 
premier  jour.  Aussi,  serais-je  tenté  de 
croire  que  Félix  Arvers  a  adressé  son 
sonnet  moins  à  une  personne  vivante 
qu'à  cet  être  imaginaire,  à  cette  dulcinée 
sans  réalité  objective,  que  Chateaubriand 
nommait  la  «  sylphide  ». 

Pour  ce  qui  est  d'un  prétendu  original 
italien,  on  l'a  beaucoup  cherché  et  on  le 
cherche  encore.  Mais  un  dénombrement 
à  peu  près  complet  des  sonnets  qu'a  pro- 
digués par  milliers  la  facilité  italienne  au 
cours  des  siècles,  est  presque  impossible. 
11  y  a  donc  peu  à  espérer,  sinon  d'un 
hasard  heureux.  Qiii  sait,  d'ailleurs,  s'il 
ne  s'agit  pas  d'un  mot,  d'un.:  pensée  déli- 
cate perdue  dans  un  livre,  que  le  poète 
français  aura  trouvé  de  bonne  prise  et 
filiée  en  quatorze  vers.  Peut-être,  après 
tout,  le  fond  et  la  forme  lui  appartiennent- 
ils  également,  et  est-ce  par  un  artifice  et 
par  jeu,  qu'il  s'est  ainsi  dépouillé  d'une 
partie  de  sa  gloire,  en  se  donnant  comme 
un  modeste  transcripteur  d'une  inspiration 
étrangère. 

Qiioi  qu'il  en  soit,  j'imagine  que  la 
question  du  sonnet  sera  longtemps  encore 
un  amusement  de  société,  «  fort  propre  à 
passer  le  temps  quand  on  n'a  que  faire  », 
comme  dit  Harpagon.  H.  C.  M. 

* 

Erratum,  col.  163, 1.  16.  j'avais  écrit  ^t'- 
dicaiaire,  on  m'a  imprimé  dcdicatrice^  pro- 
bablement parce  que  le  premier  mot  n'est 
pas  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie. 
Mais  le  second  non  plus.  Et  comme  l'un 
est  le  contraire  de  l'autre,  je  demande  la 
permission  de  rectifier.  S. 


La  jeune  Elfride  (Lll,i563).  —  Il  y 
a  vingt  ans,  cette  question  fut  posée,  en 
termes  presque  identiques,  dans  l'Inter- 
médiaire {2'^  septembre  1886  (XIX,  549) 
par  M.  Paul  Masson,  et  personne  n'a  ré- 
pondu. Souhaitons  meilleure  chance  au 
collaborateur  Debasle. 

Un  mot  de  Lamartine  (LU).—  Emile 
Deschanel,t.Il,p.290,ch. XXVI, III, Ed.  1893. 

En  1850,  il  (Lamartine)  crut  bien  faire  de 
dépenser  beaucoup  d'argent  en  a.monces 
pour  l'édition  de  ses  œuvres  choisies.  Comme 
quelques-uns  de  ses  amis  l'en  dissuadaient  : 
«  Votre  nom  n'a  pas  besoin  de  tous  ces 
coups  de  cloches  »_,  il  répondait  :  «  Ne  dé- 
daignons pas  de  sonner  les  cloches  ;  Dieu 
lui-même  a  besoin  qu'on  le  sonne.   » 

On  lui  (à  Lamartine)  reprochait  de  culti- 
ver trop  la  Réclame.  11  se  justifiait  :  —  Eh! 
Dieu  lui-même  a  besoin  qu'on  l'annonce;  il 
a  ses  cloches  —  Léo  Claretie  —  Les  calem- 
hoiirgs  des  gens  sérieux.  La  Revue,  n"  du 
i'''  août  1906,  p.  362.  P.  B. 

Le  grog  est  fa'^hionabie.  Musset 
et  le  vin.  (LU  ;  LIV,  84,  134).  ~ 
Valéry  Vernier,  né  à  Lille  en  1828  et 
mort  il  y  a  une  quinzaine  d'années,  qui 
a  assidûment  collaboré  à  la  République 
française.,  de  Gambetta,  et  à  la  Vie  litté- 
.  raiie,  d'Albert  Collignon,  où  il  rédigeait 
la  chronique  bibliographique,  a  fait  de 
nombreux  pastiches  d'Alfred  de  Mus- 
set :  voir  notamment  son  recueil  de  vers 
intitulé  Aline.,  les  Filles  de  minuit  (Paris, 
Charpentier,  1877).  Il  passe  pour  être  le 
véritable  auteur  de  VOde  à  Vabsinthe.^  at- 
tribuée à  Musset.  Albert  Cim. 

Litanies  de  la  Providence  (LIV, 
10).  —  Dans  les  :  Heures  catholiques  d'Ars 
du  Bienheureux  J.  M.  B.  Vianney,  curé 
d'Ars,  on  trouvera  :  Litanies  de  la  Divine 
Providence.  A.  H. 

»  » 
Il  a    paru   à   Lille  un    grand     nombre 

de  livres  de   prières  et  de  piété   pendant 

les  xvii^  et  xviue  siècles,  j'en  ai  parcouru 

un  certain  nombre  dans  l'espoir  de  trouver 

les  litanies  de  la  Providence. 

Cependant  ces  litanies  étaient  connues 
dans  le  pays.  Nous  les  trouvons  au  xix* 
siècle  dans  plusieurs  recueils  de  prières, 
mais  aucun  ne  porte  le  texte  indiqué  dans 
\'  Intermédiaire. 

Chaque  contrée  a  des  litanies  ;  à  part 
celles  du  saint  nom  de  Jésus,  de  la  Vierge, 


N"   II2I. 


L'INTERMEDIAIRE 


259 


260 


dont  les  textes  sont  les  mêmes  partout,  les 
autres  varient  seîon  les  propres  des  diocèses. 

Pour  le  Nord  nous  trouvons  : 

Litanies  de  la  Providence,  page  6. 

Les  litanies  de  la  divine  providence, 
abrégées,  page  '^o,  dans  le  Trésor  des  lita- 
nies approuvé  par  Vévéché  de  Tournai^'XovLX- 
nai,  Casterman,  1864,  volume  grand  in-32 
de  749  p. 

Les  deux  textes  diffèrent. 

Nous  trouvons  également  les  litanies  de 
la  Providence  dans  le  Nouveau  Formulaire 
dédié  aux  enfants  de  Marie^  édité  par  L. 
Lefort,  imprimeur  de  S.  E.  le  cardinal  ar- 
chevêque de  Cambrai,  à  Lille  1849,  page 
278.  Ce  livre  a  eu  de  nombreuses  éditions. 

Le  texte  des  litanies  est  le  même  que 
celui  du  Trésor  des  litanies^  P'ige  50. 

Il  a  paru  un  recueil  des  litanies  chez 
Aubanel  frères,  éditeurs  à  Avignon, 

Si  vous  désirez  le  texte  des  litanies  de 
la  Providence  éditées  à  Lille,  je  suis  à 
votre  disposition  pour  vous  les  adresser. 
L.  Quarré-Reybourdon. 

Livres  imprimés  bL^nc  sur  coir 

(LUI,  729,  871,931,  984;  LIV,  37,  150). 
—  J'ai  lu,  vers  i86i  ou  1862.  un  livre  de 
M.  Thiaudière,  imprimé  blanc  sur  noir.  Je 
ne  me  rappelle  plus  le  titre  de  cet  ouvrage. 
On  y  parlait  de  la  mort.  P.  B. 

Ouvrages  sérieux  mis  en  vers 
(T.  G.  ;  66^  ;  XXXV  à  XL  ;  XLIl  ;  XLIV  à 
XLIX  ;  L;Lr,  LU;  LUI  1212,254,3 16,430, 
485,539,  649,  753,  931).  —  Nouveau 
cours  de  philosophie  en  versfrançois^  par  de 
Chevalier.  Provençal.  Paris,  1655. 

Commentaires  en  vers  sur  les  aphorismes 
d'Hyppocrate,  par  le  sieur  Cabotin,  avocat 
en  parlement.  Paris^  Guill.  }assier,  1665. 

Quatrains  anatomiques  des  os  et  des  mus- 
cles du  corps  humain,  ensemble  un  discours 
de  la  circulation  du  sang.'p'àï  le  S.  Claude 
Bimet,  maître  chirurgien,  juré  de  la  ville 
de  Lyon.  Lyon^  Marc-Ant.  Gaudet,  1664. 

Catéchisme  en  vers,  dédié  a  monseigneur 
h  Dauphin,  par  M.  d'Heauville,  abbé  de 
Chantemerle.  Paris.  Fréd.  Léonard,  1669. 

Charte  constitutionnelle,  précédée  de  la 
DéclarationdeSaiut-Ouen,  miseenvers,  par 
L.  M.  G***.  Paris,  Guillaume  et  0\  1829. 

Cet  ouvrage  est  dédié  à  Sa  Grandeur 
Monseigneur  le  Garde  des  Sceaux,  Mi- 
nistre secrétaire  d'Etat  au  département  de 


la  Justice,  Pair  de  France,  Comte  Portails. 

F.  Jacotot. 

Culture  da  la  vigne.   Ouvrage  à 

retrouver  (LIV,  171).  —  On  peut  con- 
sulter à  la  Bibliothèque  municipale  de 
Nancy  le  Traité  complet  sur  la  manière  de 
planter,  d'élever  et  de  cultiver  la  vigne, 
Yverdon,  1768,  2  vol.  in-12.  Le  chapitre 
v  (tome  i»',  pp.  148  à  192)  y  est  intitulé  : 
-Dissertation  sur  la  situation  Je  la  Bour- 
gogne et  des  vins  quelle  produit,  par 
M.  Arnoux.  J.  F. 


Monogénêse  du  langage  (LUI, 845, 
986).  —  Notre  collaborateur  Le  Besacier 
pourra  très  utilement  consulter  pour  ses 
recherches  sur  l'origine  du  langage  et  les 
causes  de  la  diversité  des  langues  un  très 
docte  ouvrage,  œuvre  de  feu  Mgr  A. 
Gilly,  évêque  de  Nimes.  Il  a  pour  titre  la 
Science  du  Langage,  i  vol.  de  300  p.  en- 
viron, édité  à  Paris,  LibrairieCh.  Douniol, 
29,  rue  de  Tournon  (E.  Téqui-Succès). 
Cette  très  savante  et  conbciencieuse  étude 
résume  fort  bien  les  principaux  travaux 
parus  en  France,  en  Allemagne  et  en  An- 
gleterre, sur  cette  fort  importante  et  diffi- 
cile question.  L'auteur  qui  avait  été  en- 
voyé par  son  évêque  Mgr  Plantier,  hé- 
braisant  érudit,  à  l'Université  de  Bonn, 
avait  réuni  pendant  son  séjour  en  Alle- 
magne de  nombreux  documents.  J'ai  éga- 


lement  vu 


signaler 


l'ouvrage  italien  de 


M.  Tomassi,  mais  je  ne  saurais  en   indi- 
quer l'éditeur.  Aug.  Paradan. 

Gouttière  (LUI,  564,  756,  823).  — 
Dans  la  controverse  établie  coll.  564, 
756  et  823,  au  sujet  de  ce  mot  fort  em- 
ployé par  les  praticiens  du  bâtiment,  le 
grammairien  voudra  bien  permettre  à 
l'architecte  de  risquer  un  avis  sur  l'étymo- 
logie  et  l'acception  de  ce  mot  technique. 

Nous  savons  très  bien  qu'en  province 
et  même  à  l'étranger,  on  appelle  «  gout- 
tière »  la  fuite  d'eau,  l'inondation  à 
travers  un  comble,  ou  un  tuyau  d'eau. 
Mais  devons-nous  nous  en  rapporter  à  des 
Suisses  ou  à  des  Belges,  pour  la  valeur 
d'un  mot  français  si  souvent  expliqué  en 
bon  français  par  les  auteurs  français. 

A  tout  seigneur,  tout  honneur  ;  ouvrons 
le  Dictionnaire  de  l' Académie,  11  le  définit 
(1878)  «  Petit  canal  par  où  les  eaux  de 
pluie   coulent  de  dessus  les  toits  »,  D'à- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août  1906. 


261 


262 


près  Boiste  (1847,  P.  Didot),  c'est  «  un 
canal,  tuyau  de  bois,  de  métal,  etc.,  pour 
les  eaux  de  pluie  des  toits  ».  D'après  La- 
rousse :  «  un  petit  canal,  souvent  en  zinc, 
placé  au  bord  d'un  toit  pour  l'écoulement 
des  eaux  pluviales  ». 

Parmi  les  encyclopédistes  spéciaux, 
nous  voyons  Viollet-le-Duc  renvoyer  le 
lecteur  au  rnot  «  cheneau  »,  sans  même 
mentionner  qu'il  puisse  y  avoir  de  syno- 
nymie avec  le  mot  «  fuite  ».  Le  diction- 
naire des  antiquités  de  Chéruel  (P,  Didot, 
1861),  dit  que  l'ornement  nommé 
«  guttffi  »  représente  «  les  gouttes  d'eau 
qui  restent  suspendues  à  des  saillies  de 
corniche,  modillon  »,  etc.,  qui  sont 
placés  à  la  base  souvent  nommée  «  égout  » 
des  toits,  et  non  en  un  point  quelconque 
de  leur  surface  inclinée. 

D'autre  part,  certains  combles  de  tuiles 
ordinaires,  d'ardoises,  de  métal, ou  d'autres 
matériaux,  ayant,  par  suite  de  détériora- 
tions dans  les  bois  de  charpente,  perdu  au 
point  de  vue  planimétrique  leur  régularité 
de  pente,  se  creusent  en  forme  de  cu- 
vettes, de  «  gouttières  »,  amenant  les  eaux 
en  un  point  faible  qui  cédant  à  la  pression, 
laisse  tomber  cette  eau  dans  l'intérieur 
des  habitations.  C'est  alors  par  corrup- 
tion, ou  mieux  par  similitude,  que  le  mot 
est  appliqué  en  ce  cas  ;  mais  aucune  lexi- 
cographie générale  ou  spéciale  n'a, 
croyons-nous,  consacré  cette   acception. 

Nous  pensons  donc  que  théoriciens  et 
praticiens  sont  d'accord  pour  appeler  : 
tuiles  ou  infiltrations,  les  écoulements 
d'eau,  de  neige  ou  de  grêle  fondue  qui, 
d'un  comble  en  mauvais  état,  tombent 
dans  l'intérieur  de  l'édifice.  Au  contraire, 
la  «  gouttière  »  est  le  conduit  établi  par 
la  volonté  du  constructeur,  pour  recueillir 
les  eaux  tombées  sur  le  comble,  et  les 
diriger  sur  des  gargouilles  ou  mieux  sur 
des  tuyaux  de  descente. 

EuG.  Saint-Père. 

Cadrans  solaires  à  Tintéi  ieur  des 

églises  (Lin,  730,  878,  939  ;  LIV,  140). 
—  11  doit  exister,  dans  un  des  apparte- 
ments du  château  de  Versailles,  une  ligne 
méridienne  encastrée  dans  le  parquet, 
analogue  à  cellede  Saint-Sulpice.  La  pose 
en  est  attribuée   à  Louis  XVI,  d'après  ce 

que  j'ai  oui  dire.  Sglpn. 

* 

.  * 
Je    crois    avoir  vu   dernièrement,  dans 


une  chambre  du  château  de  Versailles, 
une  ligne  méridienne  tracée  sur  un  carre- 
lage. Je  ne  puis  préciser  dans  quelle  par- 
tie du  château  E.  G. 

«  Chasseurs  pris  par  la  nuit  »  : 
vers  à  retrouver  (LUI,  950  ;  LIV,  94). 
—  Ces  vers  sont  de  Charles  Coran  ;  ils 
constituent  la  première  strophe  d'une  poé- 
sie intitulée  Une  flannne^  citée  avec  éloges 
et  reproduite  par  Sainte-Beuve  dans  le 
tome  111  des  Nouveaux  Lundis. 

P.  S'-A. 

Le  texte  entier  est  à  la  disposition  de 
G.  A,  s'il  le  réclame. 

Les  abeilles    aiment    la^  jastice 

(LUI,  50,267,321, 381.436,600,716).— 

En  Angleterre,  on  dit  :  «Les  abeilles! 
Les  abeilles  1  votre  maître  (ou  maîtresse) 
est  mort  ;  soyez  sages  et  travaillez  pour 
moi  (ou  pour  Monsieur  un  tel)  ». 

Plusieurs  nations  d'outre-Rhin  font 
aussi  à  peu  près  de  même.  M.  P. 

Patron-Jacquet  (LIV.  9,  202).  — 
Enaium.  Au  lieu  àt poster iorem{co\.  203, 
1.  12)  WxQ  posterionem  et  ajouter  un  astéris- 
que pour  indiquer  que  ce  mot  est  con- 
jectural. Candide. 

Connu  comme  ie  loup  blanc  (T. 

G.,  536,  LIV,  148).  —  L'expression  est 
courante  par  toute  la  France  et  elle  figure 
dansles  lexiques  qui  n'en  donnent  pas  l'ex- 
plication, la  jugeant  trop  simple,  je  pense. 
On  a  tôt  fait  de  connaître  son  ennemi, 
surtout  quand  il  présente  un  signalement 
très  particulier.  Pour  mon  compte,  je  me 
rappelle  fort  bien  qu'étant  enfant,  j'ai 
maintes  fois  entendu  parler  du  «  chevaux  » 
(en  morvandiau,  chevaux  est  le  singulier 
du  pluriel  chevals)  que  l'on  a  bien  chassé 
toute  une  saison  dans  les  bois  de  la  Croi- 
sette,  de  la  Goulette,  de  la  Selle-en-Mor- 
van,  etc.,  avant  de  réussir  à  le  tuer.  Le 
chevaux  était  un  gros  sanglier  baptisé  ainsi 
à  cause  de  sa  taille.  11  était  parfaitement 
connu  dans  toute  la  contrée.  Un  loup 
blanc  l'eût  été  de  même.  La  célèbre  Bête 
du  Gévaudan  était,  paraît-il,  un  loup-cer- 
vier.  G.  de  Fontenay. 


Cette  expression  n'est  pas  spéciale  à 
la  région  du  nord  de  l'Ile-de-France.  Elle 
est  également  très  employée  dans  l'ouest 


N»  II2I, 


L'INTERMEDIARE 


263 


264 


de  la  France,  la  Saintonge,  l'Aunis,  le 
Bas  Poitou  ..  Elle  sert  à  désigner  une 
personne  connue  de  tous  et  qui  ne  peut 
pas  dissimuler  son  identité.  Dans  l'es- 
prit de  quelques  uns,  cela  veut  dire  que, 
quand  un  loup  est  blanc,  sa  couleur 
anormale  le  fait  facilement  distinguer  de 
ses  congénères,  au  poil  fauve-grisâtre, 
qui  se  confondent  naturellement  les  uns 
avec  les  autres.  Il  est  d'autre  part  de 
tradition  que  l'on  a  aperçu  parfois  un 
loup  blanc,  sorte  de  loup-garou,  qui  na- 
turellement a  causé  l'effroi  chez  les  popu- 
lations et  a  laissé  dans  leur  esprit  un  tel 
souvenir  qu'on  le  reconnaît  chaque  fois 
qu'il  apparaît  à  nouveau.     La  .Mouche. 

La  TrôIe  (LIV,  112).  —  Le  mot  est 
bien  loin  de  se  présenter  comme  un  nou- 
veau ou  un  inconnu.  Larousse  lui-même 
le  donne  avec  son  exacte  définition 
actuelle  :  «  Sorte  de  commerce  qui  con- 
siste à  vendre  à  des  ouvriers  en  boutique 
les  meubles  qu'on  a  fabriqués  soi-même. 
—  Ouvrier  à  latrôle  :  ouvrier  qui  fait  un 
commerce  de  ce  genre  ». 

Pour  les  étymologisles  et  les  philolo- 
gues, qu'il  me  soit  permis  de  rappeler 
qu'en  vénerie  (dans  le  Poitou,  du  moins, 
et  la  Vendée)  frôler,  c'est  découpler  les 
chiens  à  la  billebaude  et  battre  un  canton 
de  bois,  jusqu'à  ce  qu'on  mette  sur  pied 
un  animal.  Le  sens  radical  et  propre  du 
mot  serait  donc  selon  moi  :  rôder  en  quê- 
tant, avec  l'indication  secondaire  que 
l'on  rôde  en  bande  éparpillée.  Cette  indi- 
cation, quoique  secondaire,  est  bonne  à 
retenir,  car  dans  les  dérivés  elle  prend 
toute  sa  valeur.  On  dira  par  exemple 
d'une  famille  nombreuse  :  «  Le  père  est 
venu  avec  la  mère  et  toute  une  trôlée  (ou 
une  trâlée)  d'enfants».  On  dit  aussi  trâ- 
ler  au  lieu  de  frôler;  mais, chose  curieuse, 
j'ai  surtout  entendu  dire  trôler  et  une  trâ- 
lée. Il  est  évident  toutefois  que  c'est  le 
même  mot.  G.  de  Fontenay. 

La  sansation  du  vol  aérieu  pen- 
dant le  sommeil  (LUI  ;  LIV,  98;.  — 
On  a  écrit  que  cette  sensation  était  peut- 
être  un  exemple  d'atavisme,  dû  à  ce  que, 
jadis,  les  Oiseaux  ont  fait  partie  des  an- 
cêtres de  l'homme  !  Evidemment,  cette 
explication  n'a  rien  de  scientifique,  en  ce 
qui   concerne   les  Oiseaux  ;  et  il  est  pro- 


bable qu'elle  n'a  pas  plus  de  valeur,  même 
en  ce  qui  a  trait  aux  grands  Reptiles  vo- 
lants fossiles  (sans  parler  des  Poissons, 
bien  entendu).  Mais,  cependant,  il  faut 
songer  à  la  chauve-souris,  c'est-à-dire  aux 
Chéiroptères,  constituant  un  ordre  assez 
rapproché  des  Bimanes,  et  surtout  à  cer- 
taines espèces  de  Singes,  qui  se  rappro- 
chent de  ces  animaux.  L'adaptation  à  la 
locomotion  aérienne  des  Chéiroptères  est 
en  effet  des  plus  intéressantes  au  point 
de  vue  philosophique,  et  méritait  d'être 
citée  Ici.  Ell. 


* 

♦  * 


Je  me  suis  autrefois  beaucoup  intéressé 
à  cette  question  du  sommeil  et  du  rêve,  et, 
en  me  plaçant  dans  des  conditions  spécia- 
les, j'étais  arrivé  à  passer  à  volonté  de  la 
veille  au  sommeil  et  réciproquement,  ce 
qui  pouvait  me  permettre  de  continuer  en 
rêve  telle  pensée  que  j'avais  avant  de 
m'endormir. 

l'ai  pu  ainsi,  certaine  nuit  dont  je  me 
souviens  parfaitement,  reprendre  le- 
même  rêve,  deux  fois  interrompu  par  le 
réveil,  ce  qui  a  suffi  pour  me  convaincre 
que,  contrainement  à  ce  que  beaucoup  de 
personnes  pensent,  le  rêve  n'est  pas  ins- 
tantané. 

Cette  remarque  n'est  pas  inutile  avant 
de  parler  du  vol  aérien. 

Comme  tout  le  monde,  j'ai  souvent 
éprouvé  cette  sensation,  mais  sans  y  at- 
tacher autrement  d'importance,  car  pour 
moi  elle  correspond  à  un  état  physique 
bien  déterminé,  et  je  n'ai  jamais  pensé 
qu'il  pouvait  y  avoir  là  un  phénomène 
mystérieux  comme  il  s'en  produit  quel- 
quefois, et  comme  j'ai  pu  m'en  rendre 
compte  moi-même  dans  des  circonstances 
exceptionnelles  (je  dois  ajouter  qu'en  rê- 
vant je  sais  toujours  que  je  rêve,  ce  qui, 
dans  certains  cas, peut  compliquer  encore 
le  mystère). 

Donc  en  lisant  la  question  posée  dans 
V Intermédiaire  par  M.  le  colonel  de  Ro- 
chas, j'ai  voulu  me  rendre  compte  de  ce 
qui  pouvait  exactement  se  passer  dans  le 
vol  aérien. 

M 'étant  placé  dans  les  conditions  vou- 
lues, j'ai  pu,  après  plusieurs  tentatives 
infructueuses,  m'endormir  avec  la  pleine 
maîtrise  de  ma  volonté,  et  bien  résolu  à 
m'envoler  dans  les  airs... 

Je  pénétrai  dans  une  grotte  obscure  et 
je   trouvai  en  face    de  moi  un  immense 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Août   1906. 


265 


266 


distinguais 


cependant 


précipice  dont   je 
très  nettement  le  fond. 

Mettant  à  exécution  mon  idée,  je 
m'élançai  dans  le  vide  (je  répète  que  je 
savais  que  ce  n'était  qu'un  rêve  et  que, 
sans  deviner  exactejnent  ce  qui  allait  se 
passer,  je  ne  me  croyais  pas  en  danger  de 
mort,  je  précise  tous  ces  détails  puisque 
c'est  l'objet  même  de  la  question). 

Lorsque  je  me  sentis  suspendu  dans 
le  vide,  alors  qu'il  ne  m'était  plus  possi- 
ble de  m'accrocher  à  quoi  que  ce  soit, 
j'éprouvai  un  moment  d'angoisse,  mais 
voyant  que  les  objets  du  fond  ne  grossis- 
saient que  très  lentement,  je  compris  que 
ma  chute  était  douce  et  je  repris  posses- 
sion de  moi-même.  Portant  alors  toute 
mon  attention  sur  les  mouvements  que 
je  faisais,  j'observai  très  bien  que  ces 
mouvements  étaient  ceux  d'un  nageur  qui 
fait  LA  COUPE,  je  me  sentais  cependant 
bien  dans  Tair,  c'est-à-dire  que  mes  mou- 
vements ne  rencontraient  aucune  résis- 
tance (seule  ma  densité  avait  changé,  elle 
était  celle  de  l'air  au  lieu  d'être  celle  de 
l'eau). 

Arrivé  au  fond  du  gouffre,  j'en  aperçus 
un  second  dans  lequel  je  descendis  de 
même.  Alors,  levant  les  yeux  pour  me 
rendre  compte  du  chemin  que  j'avais  par- 
couru, je  vis  que  j'étais  dans  une  salle 
carrée,  de  dimensions  prodigieuses,  toute 
couverte  de  sculptures  gothiques,  je  dis- 
tinguai même  à  deux  ou  trois  cents  mè- 
tres au-dessus  de  moi  le  point  d'où  j'étais 
parti. 

Comme  la  confiance  m'était  venue  dans 
la  descente,  j'essayai  de  remonter  par  le 
même  chemin,  ce  que  je  fis  d'une  seule 
traite, mais  avec  beaucoup  plus  de  peine... 

Ce  qui  m'a  surtout  frappé  dans  tout 
cela,  c'est  que  la  variation  de  l'aspect  des 
objets  au  fur  et  à  mesure  des  déplacements 
s  opère  suivant  toutes  les  règles  de  la  pers- 
pective^ les  objets  se  masquant  ou  se  démas- 
quant avec  des  vitesses  inversement  propor- 
tionnelle àleur  éloignement,sans  que  jamais 
le  changement  de  point  de  vue  n'en  vienne 
altérer  la  forme  ni  modifier  la  régularité 
mathématique  des  ombres  portées. 

11  est  impossible  de  supposer  l'esprit 
seul  capable  d'une  telle  précision,  et  c'est 
à  se  demander  si  véritablement  il  n'est 
pas  ailleurs  et  si  l'on  ne  voit  pas  réelle- 
ment ce  qui  ne  semble  qu'un  rêve. 

Dans  d'autres  cas  plus  extraordinaires 


encore,  toute  autre  explication  serait  bien 
difficile. 

Pour  moi,  c'est  là  qu'est  le  problême 

Jean  Pila. 

Coutumes  relatives  au  port  des 
sabots  (LUI,  228,  380,  599).  —  Les  ser- 
viteurs arabes  laissent  toujours  leurs 
chaussures  à  la  porte  avant  d'entrer  dans 
une  pièce,  quel  que  soit  le  nombre  de  fois 
qu'on  les  appelle. 

Le  Mi)oir  des  JWodes,  juin    190b,  p.  63. 

Sglpn. 

întrod  action  du  poivre  en  France 

(XLIX  ;  L  ;  LIV,  loi,  152).  —  Le  poivre 
était,  en  effet,  connu  et  consommé  au 
moyen  âge,  et  à  dater  de  ces  temps  les 
plus  reculés.  J'en  trouve  la  preuve  dans 
une  Enumération  des  Biens  de  la  célèbre 
et  puissante  abbaye  de  Prùm,  fondée  par 
Pépin-le-Bref,  sur  un  plateau  sauvage  de 
l'Ardenne,  et  dotée  royalement  par  ce 
monarque,  et  par  ses  successeurs  caro- 
lingiens. 

Ce  cartulaire  des  droits  et  revenus  du 
dit  monastère,  est  daté  de  l'an  893,  et 
fut  commenté,  dans  la  suite,  avec  le  plus 
grand  détail,  par  l'abbé  Césaire,  en  1222. 
J'y  trouve  le  renseignement  suivant  re- 
latif aux  redevances  de  6  villas  ou  ciirioi 
que  possédait  l'abbaye  du  côté  des  Pays- 
Bas,  et  dont  le  régisseur  (Villicus)  devait 
payer  annuellement  au  seigneur  abbé, 
4  livres  de  poivre,  autant  de  cire,  plus 
deux  peaux  de  corduan. 

11  ne  faudrait  pas  croire,  toutefois,  que 
cette  épice  fût  fort  répandue. 

C'était  un  condiment  rare  que  la  misère 
des  moyens  de  transport  et  de  communi- 
cation avec  l'Inde,  son  lieu  de  prove- 
nance, rendait  fort  coûteux. 

LÉON  Sylvestre. 

Serpent.  Anecdote  extraordi- 
naire contée  par  Micht  let  (LIV,  ni, 
203).  —  J'insiste  de  toutes  mes  forces 
pour  que  la  question  de  notre  collègue 
G.  A.  soit  prise  en  sérieuse  considération. 
Je  sais  que  les  naturalistes  qui  faisaient 
loi  ces  dernières  années,  n'a  'mettent  pas 
que  les  serpents  puissent  traite  soit  des 
vaches,  soit  tout  autre  mammifère.  Leur 
anatomie  s'opposerait,  paraît-il,  au  mou- 
vement de  succion  nécessaire.  Je  saisaussi 
que  V Intermédiaire  n'est  pas  une  revue  de 


No    1121 


L'INTERMÉDIAIRE 


■ —     267 


268 


sciences  physiques  ou  naturelles.  Mais, 
d'autre  part,  la  même  école  de  savants 
conteste  la.  fascination  exercée  par  les  ser- 
pents sur  de  petits  animaux  tels  que  gre- 
nouilles, crapauds,  tourterelles, etc..  Or, 
j'ai  recueilli  sur  ce  dernier  point  des  té- 
moignages tels  qu'il  m'est  difficile  de  ré- 
voquer en  doute  ladite  fascination.  (Je 
n'ai  cependant  jamais  pu  l'observer  moi- 
même),  je  crois  donc  que  l'on  pourrait 
joindre  les  deux  questions  et  demander  à 
tous  nos  collègues  de  nous  faire  part  des 
observations  qu'ils  pourraient  fournir  (de 
première  main)  sur  les  faits  de  traite  ou 
dt  fascination,  puisque  les  uns  et  les  au- 
tres sont  niés  par  la  science  officielle  et 
affirmés  par  la  voix  populaire. 

G.  DE  FONTENAY. 


Je  me  permets  de  rappeler  à  ce  propos 
que  la  légende,  si  légende  il  y  a,  doit  être 
fort  ancienne.  A  la  partie  gauche  du  por- 
tail de  l'église  de  Moissac,  la  luxure  est 
symbolisée  par  une  femme  décharnée 
dont  les  deux  mamelles  pendantes  sont 
avidement  sucées  par  deux  longs  serpents. 

Ghampvolant. 

Le  crapaud  de  Blois  (LIV,  172).— 
ANoyon  aussi, sur  le  mont  Saint-Siméon, 
ainsi  que  sur  les  montagnes  voisines, 
nous  avons  de  ces  rognons  silico-cal- 
caires.  dans  l'intérieur  desquels  on  a  pré- 
tendu que  l'on  avait  trouvé  des  crapauds 
vivants  !  Nous  en  savons  la  raison  ;  la 
voici  :  Elle  tient  à  une  observation  mal 
interprétée  de  certains  faits,  qui  sont  très 
justes  par  eux-mêmes  ;  car  nous  en  avons 
fait  maintes  fois  l'expérience  par  nous- 
même,  il  y  a  30  et  40  ans. 

On  ne  trouve  jamais  ("cela  va  de  soi  !) 
des  crapauds  dans  l'épaisseur  même  de 
ces  géodes  siliceuses  I  IVlais  d'une  part, 
pendant  les  grandes  chaleurs,  on  voit  de 
gros  crapauds  se  réfugier  dans  le  sable 
frais,  au  milieu  duquel  se  trouvent  ces 
rognons  ;  et  d'autre  part,  on  voit  parfois 
ces  géodes  creusées  d'une  cavité  cen- 
trale, à  leur  intérieur,  au  milieu  de  la- 
quelle se  trouvent  des  concrétions  cal- 
caires de  carbonate  de  chaux,  plus  ou 
moins  chargées  de  magnésie  et  de  sable. 
Ces  concrétions  sont  de  deux  formes  :  les 
unes  en  cristaux  accumulés  les  uns  sur 
les  autres  ;  les  autres  mamelonnées,  qui 
ont  un  peu   l'aspect   de  gelée   de   gre- 


nouilles (et  non  de  crapauds)  pétrifiée. 
De  là,  l'idée  assez  naturelle  de  faire,  de 
ces  cavités,  l'empreinte  du  corps  de  cra- 
pauds, qui  y  auraient  séjourné  pendant 
un  temps  indéfini.  Bien  d'autres  curio- 
sités naturelles  ont  donné  naissance  à 
des  explications  analogues,  chez  les  gens 
de  nos  campagnes.  D'  Bougon. 


Je  ne  puis  donner  à  notre  collaborateur 
M.  F.  V.  aucun  renseignement  sur  le  Jait 
particulier  dont  il  parle  :  la  découverte 
d'un  crapaud  retrouvé  vivant  à  Blois,  en 
\8-}^,dans  une  géode  siliceuse  parfaitement 
close,  mais  avant  de  se  prononcer  sur  Vim- 
possibihté  de  la  vie  ralentie,  sans  doute, 
mais  persistante  cependant, de  reptiles  ou 
de  batraciens,  enfouis  dans  des  roches 
parfaitement  closes,  et  cela  pendant  des 
années,  des  siècles  peut-être,  il  est  bon 
de  se  renseigner  à  bonne  source.  Voici,  à 
titre  documentaire,  trois  faits  que  je 
retrouve  dans  mes  notes  de  vieux  profes- 
seur : 

1°.  — En  1862,  un  crapaud  vivant  fut 
trouvé  par  les  mineurs  de  Tilery,  près 
Nev/port  (Angleterre)  dans  un  bloc  de 
houille  de  25  centimètres  d'épaisseur  sur 
2  mètres  de  longueur. 

Ce  bloc  était  enfoui  à  200  mètres  de 
profondeur  et  il  fut  précieusement  con- 
servé par  les  ingénieurs  de  la  mine,  pour 
être  exhibé  dans  une  Exposition  de  pro- 
duits houillers. 

Consultez  la  Revue  scientifique  très  con- 
nue ZéCc>»;os(  i"^  semestre  i862,p.  406)  pu- 
blié (rue  Bayard,  5,  Paris)  maison  de  la 
Bonne  Presse. 

2°.  — Vers  cette  époque  ou  à  peu  près 
furent  présentés  au  bureau  de  l'Académie 
des  sciences,  10  blocs  Je  chaux  dans  cha- 
cun desquels  on  avait  enfermé  depuis  dix 
ans  un  crapaud  vivant. 

Les  blocs  furent  brisés  et  8  crapauds 
siir  10  furent  retrouvés  parfaitement  vi- 
vants. L'expérience  avait  été  faite  par 
M.  Seguin,  propriétaire  et  directeur  de 
cette  même  revue  Le  Cosmos,  alors  rédigée 
par  le  très  savant  abbé  Moigno. 

3".  —  Le  même  journal  citait  comme 
preuve  de  l'étonnante  vitalité  des  reptiles 
et  batraciens  ce  fait  :  un  gros  crapaud 
percé  de  part  en  part  au  milieu  de  l'abdo- 
men par  un  pieu  aigu  et  laissé  fiché  dans 
le  sol  en  plein  air  pendant^  mois  et  plus, 
s'agitait  encore  vivement. 


269 


4"*.  —  M.  F.  V.  n'ignore  pas  sans  doute 
que  des  grenouilles  dècapilées  vivantes  ont 
continué  à  nager  pendant  plusieurs  heures 
ou  même  plusieurs  jours,  j'ai,  pour  ma 
part, entendu  vingt  fois  affirmer  par  des  té- 
moins la  trouvaille  de  crapauds  et  lézards 
vivants,  enfouis  dans  des  roches  closes. 

AuG.  Paradan. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 

270 


20  Août    1906 


♦  * 


L'histoire  du  crapaud  de  Blois  est  parfai- 
tement authentique  et  n'est  pas  un  cas 
isolé  dans  cet  ordre  de  faits. 

J'ai  publié,  en  1885,  50us  le  titre  :  La 
suspension  de  h  vie,  dans  la  revue  La  Na- 
ture, une  série  d'articles  que  je  regrette 
de  n'avoir  pas  en  ce  moment  sous  la 
main.  En  tout  cas,  ils  dépasseraient  les 
limites  d'une  réponse  dans  Vluterwc- 
diaire.  Albert  de  Rochas. 

* 

»  ♦ 
Les  archives  du  Musée  de  Blois  permet- 
tent de    répondre    aux    questions    posées 
par  M.  F.  V. 

Ce  n'est  pas  en  1835,  mais  en  1851, 
exactement  le  23  juin,  qu'en  cassant  un 
silex  retiré  du  fond  d'un  puits  que  l'on 
creusait  en  présence  de  plusieurs  person- 
nes dignes  de  foi ,  l'ouvrier,  lorsque  la 
pierre  se  sépara  en  deux,  vit  un  crapaud 
blotti  dans  une  cavité  de  la  plus  grosse 
partie  de  la  pierre,  laquelle  d'ailleurs 
n'offrait  extérieurement  aucune  trace  de 
trous  ni  de  fissures.  Touché  avec  le  doigt, 
l'animal,  parfaitement  vivart,  fit  quelques 
bonds  sur  le  sol 

Avertie  de  cette  découverte,  l'Académie 
des  sciences  demanda  des  explications.  On 
procéda  à  une  enquête  régulière,  dont  les 
résultats  paraissent  concluants,  et  qui  fut 
envoyée  à  M.  Duméril,  le  savant  zoolo- 
giste, membre  de  l'Institut.  On  envoyait 
en  même  temps  le  crapaud  et  le  silex  au 
Muséum  d'histoire  naturelle .  J'ignore 
s'ils  y  sont  encore,  et  quelle  a  été  sur  cet 
étrange  phénomène,  l'opinion  de  l'Acadé- 
mie des  sciences. 

L'enquête  et  la  correspondance  avec 
M.  Duméril  sont  étendues  tout  au  long 
sur  le  Registre  du  A-lusée  ;  M.  l'abbé 
Bourgeois,  le  savant  naturaliste  de  Pont- 
levoy,  s'est  occupé  de  la  question  dans  le 
journal  la  France  Centrale  du  22  août 
185  I  ;  enfin,  le  musée  possède  encore  une 
aquarelle  d'après  nature  du  crapaud  et  du 
silex.  L.  B. 

Conservateur  du    Musée  de  Blois.    ( 


Lettres  du  coi-uétable  de  Mont- 
morency et  da  Catherinb  de  Mé- 
dics.  —  D'après  le  Phe  Anselme, 
t  VII  p.  92-93,  Jean  f o/o»,  sei'.yneur  de 
XaiiiU ailles,^  de  Roques,  de  Salignac  en 
Limousin,  et  de  Villelon,  b.qiUi  de  Berry, 
sénéchal  du  Limousin  et  du  Bordelais, 
maréchal  de  France,  avait  épousé  avant 
1437,  Calherine  Brachet,  dame  de  Sali- 
gnac, fille  de  Jean, seigneur  de  Pérusse  et 
de  Montagne,  et  de  Marie  de  Vendôme.  Il 
mourut  sans  enfants,  et  sa  veuve  se  re- 
maria le  23  septembre  1463,  à  Jean  d'Es- 
tuer,  seigneur  de  Saint-Alégrin  et  de  la 
Bartlie.  Il  avait  pour  frère  2\\-\t.]can  nre  de 
Xaintrailles,  qui  combattit  au  siège  d'Or- 
léans, et  contribua  par  sa  valeur,  à  la  re- 
prise de  plusieurs  villes  des  environs. 

Le  père  Anselme  n'indique  pas  quelle 
a  été  la  descendance  de  ce  dernier,  qui 
assista  au  sacre  du  roi  à  Reims,  en  juillet 
1429  ;  mais  nous  pensons  qu'il  a  laissé 
pour  héritier  le  ci-après,  auquel  furent 
adressées,  les  deux  lettres  dont  suit  co- 
pie. V.  DE  Saint-Marc. 

I  °  Lettre  signée,  adressée  le  24  novembre 
I  y^O.pat  leconnètahle  Anne  de  Montmorency^ 
à  Monsieur  le  sénéchal  d' A  génois  [Poton  de 
Xaintrailles)  chambellan  Je  monseigneur  le 
Dauphin.  --  o'"36  sur  o"'22.  (Cachet  ar- 
morié) 

Monsieur  le  seneschal,  je  vous  avois  en- 
voie uiig  chevaucheux  descuyrie  pour  se 
tenir  au  près  de  vous,  et  pour  avoir  de  vos 
nouvelles  sitost  que  vous  seriez  arrivez  à 
Bury.  Mesmes  comme  se  porteraient  mes- 
seigneurs,  madame  et  la  Royue  d'Escosse. 
Et  voiant  qu'il  ne  revient  poinct  et  aussi 
que  vous  ne  niavez  poinct  escript  depuis 
votre  arrivée,  je  nay  vouUu  faillir  de  vous 
faire  la  présente  pour  vous  prier  de  nous  en 
mander.  Et  de  lestât  en  quoy  ils  se  trou- 
vent et  toute  la  compaignye.  Et  vous  ferez 
service  au  Roy  et  à  la  Roync  fort  agréable. 
Priant  Dieu  qu'il  vous  donne  ce  que  pré- 
sentement desirez.  De  Marchesnay  le  xxiv° 
jour  de  novembre  au   soir  1550. 

On  lit,  en  outre,    un  peu  en  retrait  : 

Je  vous  dépescbe  ceste  poste  tout  exprès 
pour  ce  que  le  Roy  et  la  Royne  en  sont  en 
peine,  et  seront  bien  aise  d'en  avoir  des 
nouvelles  à  leur  lever. 

2"  Lettre  signée  :  Caierinnh,  adressée  le 
sooctobie  7562,  parla  Reine  Catherine  de 
Médicis  à  «  Monsicii  de    Poton.,    sénéchal 


N°     1I2I. 


L'INTERMÉDIAIRE 


271     — 


d'Agenois  et  capitaine  de  cent  harguebu^iers 
de  la  garde  du  Roy  monsieu  mon  fil:^.  » 
(sic).  —  o"32  5  suro'°2i5. 

Monsieur  le  sentschal  Jay  esté  très  aise 
d'entendre  par  ce  que  monsieur  de  Burye 
nous  a  mandé  et  la  lettre  que  mavez  es- 
corpté  que  vous  soyez  trouve  maintenant 
en  votre  seneschaussée  pour  lasseurance  que 
Jay  que  pendant  qu  e  vous  y  serez,  toutes 
choses  y  passeront  en  plus  de  tranquillité 
quelles  nont  faict  par  le  passé  ! 

Je  vous  prie  suivant  ce  que  le  Roy  mon- 
sieu mon  filz  vous  en  escript  nen  bouger 
encore  de  quelque  temps  et  tene  la  main 
bien  roidde  que  sil  y  a  des  folz  séditieux 
qui  facent  des  scandalles  quilz  soient  prins 
et  bien  chastiez.  En  quoy  je  ne  doulte 
poinct  que  vous  ne  vous  employez,  de  pa- 
reille fuiéliié  et  dévotion  que  vous  avez 
tousjours  faict  en  toutes  choses  qui  se  sont 
présentées  pour  le  service  de  ceste  cou- 
ronne. Et  tenez  vous  certain  que  ny  le  Roy 
mon  filz  ny  moy  noubliront  poinct  le  ser- 
vice que  vous  ferez.  Priant  Dieu  monsieu  le 
seneschal  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde.  De  Saint-Germain-en-Laye  le  xx' 
jour  d'octobre    1562.  caterinne. 

Daudet  et  Mistral.  —  La  lettre  j 
qu'on  va  lire  a  été  trouvée  dans  les  papiers  j 
d^Henry  Fouquier.  Le  chroniqueur  ne  l'a  | 
jamais  publiée.  Depuis  sa  mort,  s'est-il  j 
rencoîitré  quelque  friand  de  style  exquis  | 
pour  la  donner  au  public?  La  vérification  i 
en  a  été  faite  sans  succès.  j 

C'est  sur  l'ori^çinaî    même    que     nous   \ 
lisons   cette  lettre.  1!  serait   coupable  de  | 
la  laisser  s  enfouir  dans  la  collection  d'un 
amateur  d'autographes  qui   n'en  jouirait 
égoïstement  que  dans  un  très  petit  cercle 
d'intimes. 

Elle  appartient  à  Lhistoire  littéraire.  Elle 
nous  renseigne  sur  la  formation  du  talent 
de  Daudet  qui  avoue  filialement  devoir  à 
Mistral  ce  qu'a  de  tendre,  de  naïf  et  de  lé- 
gendaire, son  œuvre  lumineuse  et  parfu- 
mée : 

Ami  Nestor, 

je  lis  votre  RoumaniUe  de  ce  matin,  bien 
vu,  bien  rendu  ;  mais  laissez-moi  vous  dire, 
en  ce  qui  me  touche,  que  mon  père  et  Numa 
c'était  le  même  homme.  Je  l'ai  montré  dans  les 
Jiois  en  exil,  fiis  de  verdet,  verdst  lui-mèmc, 
chantant  Vive  Henri IV,et  gardant  au  chevet 
de  son  lit  une  lettre  encadrée  de  Henri  V. 
Ce  n'est  donc  pas  dans  RoumaniUe  que  j'ai 
pris  le  côté  naïf,  traditionnel  et  légendaire  de 
quelques-uns  de  mes  contes,  je  n'ai  eu  qu'à 
fermer  les  yeux  et  à  me  souvenir. 


272 


L'homme  de  là-bas  qui  m'a  le  plus  servi, 
le  plus  impressionné,  mon  maître,  c'est  Mis- 
tral. Tout  jeune,  grâce  à  lui,  j'ai  regardé 
près  de  moi,  senti  la  périgoule  qui  froissait 
mes  pieds  au  lieu  de  célébrer  des  talus  de 
bibliothèque.  Ce  Muii  dont  nous  sommes,  je 
l'ai  compris,  moins  poétiquement,  hautement 
que  lui,  mais  enfin  je  l'ai  compris  et  ex- 
primé à  ma  manière;  et  peut-être  que  si 
Mistral  ne  m'avait  pas  aiguillé  sur  cette  voie, 
j'aurais  filé  droit  sur  Paris,  sans  arrêt  à  Taras- 
con  ni  dans  les  moulins  de  sa  banlieue. 

Ah  I  la  grande  chambre  de  Mistral  à  Mail- 
lane  !  J'avais  dix-huit  ans,  lui  vingt-huit. 
Son  lit  dans  un  coin,  le  mien  dans  l'autre, 
et  des  causeries  sans  fin  ;  puis,  quelques  fois, 
au  milieu  de  la  nuit  :  «  Si  nous  allions  en 
Avignon,  que?  »  Et  nous  voilà  nous  habil- 
lant à  tâtons,  traversant  pied  nus,  des  bottines 
à  la  main,  la  chambre  voisine  où  dormait  la 
chère  maman  Mistral,  derrière  son  paravent. 
L'escalier,  la  porte,  et  ^o«  dans  le  noir,  dans 
le  vent  de  h  vallée  du  Rhône  En  route  pour 
Graveson  et  le  train  d'Avignon.  Ville  papale, 
orgiaque,  et  sardanapalesque  où  nous  n'allions 
pas  réveiller  RoumaniUe,  c/c  ségur  ! 

A  revoir,  mon  cher  Fouquier,  vous  voyez 
que  je  vous  lis  et  que  pour  une  ligne  de 
vous,  je  divague  pendant  trois  pages.  Ça  me 
ressemble  peu.  Alph.  Daudet. 

Fragonard  propriétaire. — M.Hen- 
ri Vial  nous  communique  la  pièce  suivante 
qui  montre  Fragonard  s'achetant  une  mai- 
son à  Charenton  : 

Vente  devant  Rameau  notaire  à  Paris,  le 
4  juillet  1782  par  demoiselle  Edmée-Anne 
Bouquet,  fille  majeure  dmt  à  Paris,  rue  de 
Charenton,  passage  Sainte-Marguerite,  au 
S""  Jean-Honoi'é  Frao-onard ,  peintre  du 
Roy  et  a  a'etnoiselle  Marie-Anne  Gérard 
son  épouse,  dmt  au  château  du  Louvre  à 
Paris,  paroisse  Saint-Germain  -  l'Auxerrois 
d'une  maison  en  deux  corps  de  logis  et 
d'uneterrassedonnant  sur  la  rivièrsde  Marne 
le  tout  situé  aux  Carrières  de  Charenton 
propres  à  la  demoiselle  venderesse  comme 
seule  et  unique  héritièredederaoiselle  Anne- 
Thérèse  Bourrasset  sa  mère  à  son  décès, 
veuve  de  Jean-François  Bouquet,  concierge 
du  Garde  meuble  des  mousquetaires,  ladite 
vente  faite  moyennant  la  somme  de  huit 
mille  onze  livres  quatre  sols  compris  les 
charges.  Reça  pour  le  droit  quatre-vingt 
livres  deux  sols  quatre  deniers. 

(Registre  du  centième-denier. 
B.  de  CharentO!^  1777-1782,  p.  1:9.) 

Le  Directeur- gérant  : 
GEORGES  MONtORGUElL 

Imp.  Daniei-Qiambon,  St-Amand-Mont-Rond. 


LIV  Volume 


Paraissant  les  ro,  20  et  ]o   Je  chaque  mois  30  Août  1906 


429  Année 


31  •"  r,  Victor  Massé 

PASÏS  (l.\«)  Cherchez  et 


QU^QUE 


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3 
o 


N°  1122 

31"^"  r  VictorMassé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


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DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET    CURIEUX 

18Ô4 


iQUESTIOxXS     ET     RÉPONSES     LITTÉRAiaES,     HISTORIQUES,    SCIENTiFIQUËS     ^T     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET   CURIOSITÉS 


273      

Obliges  de  faire  suivre  souvent  des  ré- 
ponses privées  à  l'adresse  de  co>respondanis 
qui  n'ont  signé  que  par  des  initiales,  il  est 
indispensable  que  tout  article  signé^soit  d'un 
pseudonyme  habituel,  soit  d'initiales,  porte 
également  le  nom  et  V adresse  de  notre  cor- 
rcspondant. 

Les  manuscrits  qui  ne  rempliront  pas 
■cette  condition  ne  pourront  étrt  insérés. 


iie0tî0i!s 


Mémoires    do    Lord    Byron.  — 

Sait-on  le  nom  des  personnes  qui  déci- 
dèrent de  détruire  les  mémoires  laissés 
par  Lord  Byron  ;  et  les  motifs  qui  les 
portèrent  à  cet  acte  regrettable  ? 

Albin  Body. 

Le  coup  de  pistolet  du  24  février. 

—  Le  peuple  armé  en  révolution,  en  fé- 
vrier 1848,  le  23,  désarmait.  11  saluait  de  | 
ses  lampions  la  chute  de  Guizot  :  mais  ' 
un  coup  de  feu,  tiré  par  on  ne  sait  qui  ni 
comment,  provoqua  une  fusillade,  la  re- 
prise des  hostilités,  la  journée  du  24  et  la 
chute  de  la  royauté. 

Sur  ce  coup  de  feu,  nous  trouvons  dans 
un  dossier  une  petite  note  manuscrite 
anonyme  qui  attribue  à  la  Guéronnière 
l'opinion  suivante: 

Un  fait  qu'on  n'ose  écrire  et  que  plusieurs 
personnes  savent  en  parfaite  connaissance 
de    cause,  c'est  que    Piétri  est    l'auteur   du 


274    ' 

coup  de  pistolet  tiré  sur  la  troupe^  au  bou- 
levard des  Capucines,  dans  la  nuit  du  24  fé- 
vrier. Il  avait  passé  la  nuit  précédente  et 
une  partie  de  la  journée  chez  Rosine  Stolz, 
la  cantatrice  de  l'Opéra,  qui  était  alors  la 
maîtresse  du  prince  Napoléon.  A  9  heures, 
il  sortit  de  la  maison,  se  rendit  au  boule- 
vard des  Capucines,  et  passa  le  reste  de  la 
nuit  à  exploiter  les  conséquences  de  l'atten- 
tat qu'il  venait  de  commettre.  Ainsi  c'est 
aux  napoléoniens  déguisés  qu'il  faut  attri- 
buer la  responsabilité  d'un  acte  dont  La- 
grange  et  les  républicains  se  sont  toujours 
défendus. 

Je  cite  cette  note  pour  ce  qu'elle  vaut  ; 
elle  paraît  ne  valoir  guère.  Ceux  qui  ont 
connu  M.  de  la  Guéronnière  lui  ont-ils 
jamais  entendu  tenir  ces  extraordinaires 
propos? 

Et  cette  pauvre  Rosine  Stolz,  qui  a 
à  peine  un  tombeau,  et  qu'on  vient  trou- 
bler, dans  son  sommeil,  par  ces  propos 
qui  en  font  une  sorte  de  conspiratrice  que 
certainement  elle  ne  fut  pas.  Y. 


Le   dimanche   et  le   décadi.    — 

L'obligation  du  repos  hebdomadaire  rap- 
pelle les  obligations  antérieures.  Contre 
le  repos  du  dimanche,  en  dehors  de  la 
lettre  de  Beaumarchais, et  avant  la  Révolu- 
tion, quelles  critiques  furent  formulées  ? 
QLielles  étaient  les  sanctions  contre  la 
transgression  du  repos  dominical  sous  la 
Restauration  ?  Le  décadi  fut  imposé  sous 
la  Révolution  :  sur  cette  célébration  ou 
contre  cette  obligation,  qu'a-t-il  été  écrit 
de  plus  saillant  ?  D'  L. 

LIV-6 


No     II22. 


L'INTERMEDIAIRE 


275 


276 


La  révolution  en  Normandie  et 
f  n  Bretagne  —  Trouve-t-on  quelque- 
fols,  parmi  les  administrateurs  départe- 
mentaux créés  après  1789,  d'anciens  noms 
nobles  de  ces  provinces  ? 

Albioni  . 


Le  Théâtre  français  en  1847.  — 

Ligier,  le  tragédien,  se  trouvant  à  Béziers 
le  19  juin  1847,  écrit  à  son  ami  Gaillard, 
l'auteur  dramaiique  :  «  11  paraît  que  le 
pauvre  Théâtre  français  continue  à  ne  pas 
être  heureux  avec  ses  pièces  nouvelles. 
En  voilà  trois  qui  viennent  d"y  passer.  » 
A  quels  insuccès  fait  il  allusion  ? 

H.  L. 


Le  rôle  de  la  comtesse  deMercy- 
Argenteau.  —  On  vient  de  publier  unt 
bien  curieuse  correspondance  de  cette 
femme  avec  Napoléon  111.  Elle  semble 
avoir  joué  un  certain  rôle  politique  et  di- 
plomatique aux  Tuileries.  Qiiel  fut-il 
exactement.  Se  dégage-l-il  de  ce  qu'on 
sait  ? 

Un  étudiaiit  arriéricnfu,  victime 
du  Sièg-'.  —  L'ancien  préfet  de  police, 
Monsieur  Cresson,  raconte  dans  :  Cnii 
jours  du  siège  à  lu  prt'fcctni e  de  police 
(2  novembre  iS/O  11  fcvriei  i8yi), 
que  le  17  janvier  le  bombardement  fut 
très  violent  et  que  le  lendemain  il  alla  vi- 
siter l'ambulance  américaine  installée 
avenue  de  l'Impératrice  (aujourd'hui  ave- 
nue du  Boisde-Boulogne).  Là  il  trouva 
mourant  un  jeune  étudiant  américain 
;<rièvement  blessé  dans  la  chambre  qu'il 
habitait  rue  de  rHcole-de-Médccinc.  Ce 
bel  et  brave  enfant  lui  aurait  dit  ces  quel- 
ques nioîs  touchants  :  «  Bien  merci  ! 
vous  ne  pcuvoz  voir  tout  le  monde... 
SouflVir  et  mourir  pour  la  France  !  je 
buis  Américain.  » 

Ne  pouirait-on  pas  me  donner  quelques 
renseignements-  sur  cette  x-iciime  de  la 
barbarie  tudesque  ? 

Georges  Bektin. 

S.  M  riiiipéralr'c  ^  Eugénie, 
Bibliophile.  —  joannis  Guigard,  dans 
son  Nouvel  Annorial  du  Bibliophile,  {2" 
édit.  1886),  et  M.  Ernest  Qiientin  Bau- 
chart,     dans    ses    Femmes   bibliophiles  de 


France,  1890,  n'or.t  point  clas?c,  à  son 
rang,  le  nom  de  l'Impératrice  Eugénie, 
parmi  ceux  des  nombreuses  illustrations 
qu'ils  y  ont  citéjs. 

Toute  politique  mise  à  part,  cet  oubli 
reste  un  tort,  à  leur  charge. 

L'Impératrice  possédait,  aux  Tuileries, 
une  Bibliothèque  et, dans  cette  dite  biblio- 
thèque, conservait  toute  une  série  de 
beaux  livres,  fort  élégamment  reliés,  tim- 
brés de  ses  armoiries  personnelles,  frap- 
pées en  or,  sur  les  deux  plats  de  leur  re- 
liure. 

Depuis  le  règne,  si  brillammeiit  «  éclai- 
ré »,  comme  on  sait,  de  la  Commune  : 
<<Flambe:^  finances  !  >y,  il  m'a  été  donné,  à 
diverses  reprises,  d'acquérir,  de  mes  de- 
niers, à  Paris  même,  dans  des  ventes  pu- 
bliques (celle,  entre  autres,  de  Philippe  de 
Saint-Albin  et  de  Achille  Jubinal),  ou 
chez  des  libraires  fort  honorablement  con- 
nus, des  livres  provenant,  authentique- 
ment,  des  Bibliothèques  particulières,  tant 
de  l'Impératrice  Eugénie  que  de  l'Empe- 
reur Napoléon  111. 

Je  citerai  ainsi  : 

jo  Lugène  Daui  iac.  A/'cj/zV^  hiofiraphique 
ci  kislorigiie  sur  le  gcnéial  J.-B.  Du  pin  ^ 
baron  de  l'Empire.  Pans,  Impr.  Paul  Du- 
pont, 1851,  in-8".  avec  Portr.  Lithog. — 
Reliure  en  maroquin  vert,  t^ilcts  ornés, 
dorés,  dentelles  intérieures,  tranches  do- 
rées. Sur  le  premier  plat,  se  lit  cette 
Dédicace,  imprimée,  en  or  :  «  A  S. 
M.  Eugénie,  Impératrice  des  Français^ 
Epouse  de  Louis-Napoléon  ill  L'  Grand, 
sauveur  de  la  France  et  de  rEi:rope  ». 
Sur  l'autre  plat  :  Accolées  sous  le  dia- 
dème impérial  et  s^)Utcnues  par  une  bran- 
che de  chêne  et  laiirier  et  une  blanche  de 
roses,  les  armciiits  impéiialcs  et  les  ar* 
moiries  espagnoles  des  de  Montijo,  frap- 
pées en  or.  L'Au'.cur,  vraistnibh^'okment, 
fut  l'aimable  Eu<rène  d'Auri  ic,  que  tous. 
les  hommes  de  nui  généralion,  un  peu 
clierclieurs,  ont  connu,  autrci'ois,  conser- 
valeur  à  la  Bibliollicqiie  impériaie,  S:!lle^ 
de  travail. 

2°'Xh.-V  lullicn.  La  Rose,  élude  hisluri- 
que,  physiologique,  horlieole,  et  entoinologi- 
que,  Reims  P.  Dubois,  impr,,  in-8''  de 
259  pp.  1863.  Exemplaire,  à  très  grandes 
marges,  relié  en  maroq  in  vert,  filets 
ornés  dorés,  agrémeniés  de  roses  sur  le 
dos  et  sur  les  plats,  larges  dentelles  inté- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Août    1906 


277 


278 


rieures,  gardes  en  tabis  crème,  tranches 
dorées.  Sur  les  deux  plats, frappées  en  or, 
les  armoiries  impériales,  surmontées  du 
diadème  impérial.  Celles-ci  ont, ici,  cela  de 
particulier,  que,  de  chaque  côté,  le  haut 
des  deux  sceptres  d'où  partent  les  plis  du 
manteau  impérial,  est  recouvert  par  un 
chapeau  emblématique,  andaloux.  La  re- 
liure est  signée,  en  toutes  lettres  : 
«  A.  Despierres,  rel.  de  l'Empereur  ». 

3°  Fastos  de  Napoleâo  Primeiro  por  An- 
dréa Appiani^  gravados  por  Ip''-,  Longhi, 
etc.,  dedicados  a  sua  Magestade  'Napoleâo 
ierceito por  Pedro  BarbogUo.  Rio  de  Ja- 
neiro, Typogr.  de  J.  Villeneuve,  in-8°, 
1857.  Reliure  en  maroquin  vert,  filets 
dorés,  avec  de  fins  entrelacs,  ornés  aux 
quatre  angles  des  deux  plats  et  sur  le  dos, 
des  chiffres  entrelacés  et  couronnés  : 
L.  N.  E. -Armoiries  impériales,  surmon- 
tées du  diadème,  frappées  en  or,  sur  les 
deux  plats.  Larges  dentelles  intérieures. 
Gardes  en  tabis  vert,  tranches  dorées. 
Reliure  signée  :  «  A.  Despierres,  rel.  de 
l'Empereur». 

La  publication  de  cette  plaquette  doit 
être  de  la  même  époque  que  celle  du 
grand  album  très  grand  in-folio,  oblong, 
des  Fastes  de  Napoléon  /'',  35  planches, 
(avec  texte  explicatif  à  l'appui),  peintes 
en  forme  de  bas-reliefs,  en  largeur,  et 
pour  les  salons  du  Palais  impérial  de  Mi- 
lan, et  gravées  ici,  d'après  Andréa  Appia- 
ni,  leur  créateur, par  des  graveurs  italiens. 
Paris,  Impr.  Chardon  aîné.  Typ.  de  Pion 
frères, impr.de  l'Empereur. Ouvrage  publié 
sans  date, sous  les  auspices  de  Napoléon  lll, 
et  à  lui  dédié,  par  le  même  Pedro  Barbo- 
glio.  De  ce  bel  album,  nous  ne  possédons 
pâs  V Exemplaire  impérial^  nous  en  avons 
seulement,  deux  autres  exemplaires,  l'un, 
en  grand  papier,  avec  les  planches  sur 
papier  de  Chine  monté,  l'autre, ordinaire, 
avec  les  mêmes  planches,  imprimées  sur 
papier  blanc. 

4°  Edmond  Baudier.  Histoire  de  la  Vie 
et  de  ï  Administration  du  cardinal  XiménèSy 
par  Michel  Baudier.  Seconde  édition,  pré- 
cédée d'une  Introduction  et  d'une  Notice 
sur  l'auteur.  Paris,  Pion  frères,  in-S", 
1855.  Exemplaire  sur  grand  papier  vé- 
lin, relié,  en  maroquin  rouge,  titre  duré, 
filets,  nervures  sur  le  dos  et  sur  les  plats, 
et  dentelles  intérieures,  le  tout,  frappés  à 
froid.  Sur  les  plats,  larges  armoiries  im- 
périales, surmontées  du  diadème,   frap- 


pées en  or.  Ces  Armoiries  sont,  ici,  d'un 
dessin  plus  soigné  et  d'une  exécution  plus 
finie  que  dans  celles  du  volume,  numéro 
3,  qui  précède. 

Un  petit  détail  à  signaler  ici  :  Dans  ces 
deux  types  des  armoiries  de  l'Empereur, 
le  dessin,  comme  à  l'habitude,  comporte 
la  croix  de  la  Légion  d'honneur,  appendue 
au  grand  collier  de  l'Ordre,  Dans  les  ar- 
moiries des  reliures  de  S.  M.  l'Impératrice 
Eugénie,  au  contraire,  cette  même  croix 
n'existe  pas. 

Edmond  Baudier,  l'éditeur  de  ce  vo- 
lume, était  bien  connu,  natif  d'Issoudun 
en  Berry,  il  devint  le  gendre,  puis  le  suc- 
cesseur de  M«  Noël,  l'un  des  notaires,  à 
Paris,  de  l'Empereur  Napoléon  III. 

Connaîtrait-on  d'autres  livres,  de  ces 
mêmes  provenances  napoléoniennes,  qui 
aient,  ainsi  que  les  miens,  passé,  à  Paris, 
en  vente  publique,  depuis  1871  ? 

A  bien  tout  peser,  je  ne  puis, pour  mon 
compte,  admettre  qu'il  faille  désespérer 
de  voir,  un  jour,  réapparaître,  —  quand 
son  possesseur  actuel  aura  jugé  suffisant, 
pour  sa  sécurité  personnelle,  le  temps 
de  prescription  légale  qui  se  sera  jus- 
qu'alors écoulé,  —  le  célèbre  Voltaire, 
édition  de  Kehl,  en  70  volumes,  grand 
papier-vélin,  enrichis  des  superbes  des- 
sins originaux  de  Moreau-le-Jeune,  et  que 
possédait  l'Impératrice  Eugénie. 

Les  quatre  volumes,  reliés  aux  armes 
impériales,  que  je  viens  de  citer,  ne  prou- 
vent-ils pas,  surabondamment,  par  leur 
présente  existence  même,  que  des  filous, 

—  d'indignes  filous,  en  quête  de  rapine, 

—  précédèrent,  dans  le  palais,  les  in- 
cendiaires lors  de  l'anéantissement  des 
Tuileries,  en  1871  ? 

Ulric  Richard-Desaix. 


Bibliophile  de  la  famille  impé- 
riale. —  L'écu  port*;  une  aigle  impériale 
chargée  d'une  épée,la  pointe  en  chef.  Cas- 
que de  chevalier.  Manteau  d'abeilles  dou- 
blé dhermine.  Croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur. Devise  :  Fay  ce  que  do}\  advienne 
que  pourra. 

Ces  armoiries,  hautes  de  68  mill.  sont 
frappées  sur  l  s  plats  d'unin-8  de  1806 
relié  vraisemblablement  sous  la  Restaura- 
tion. Un  grand  libraire  de  Munich  m'en- 
voie le  volume  comme  étant  «  aux  armes 
de  Napoléon  »  (!) 


N»  II22. 


L'INTERMÉDIAIRE 


279 


280 


Quel  nom  faut-il  inscrire  à  la  place  de 
celui-là?  Un  Abonné, 

Origine  de  lanoblesse  bretonne. 

—  Quelle  a  été  l'origine  même  de  la  no- 
blesse en  Bretagne  ? 

D'où  est  sortiâ  la  qualité  de  «  nohle 
homme.  »  et  qui  Va  accordée  dans  le  prin- 
cipe ?  Comment  enfin  s'est  formée  cette 
institution  féodale  ? 

Autant  de  questions  que  je  serais  heu- 
reux d'éclaircir,  si  toutefois  elles  peuvent 
être  éclaircies, 

Y  a-t-il  un  ouvrage  ou  une  étude 
quelconque  traitant  spécialement  de  cette 
question  ?  de  ,Poulpiq.uet. 

L'ordre  de  l'hermine.  — Jean  IV, 
duc  de  Bretagne,  fonda,  en  1381,  Tordre 
de  l'hermine.  L^insigne  consistait  en  un 
collier  d'or  chargé  d'hermines,  avec  cette 
devise  :  A  ma  vie  ! 

On  désire  connaître  les  noms  des  pre- 
miers chevaliers  de  cet  ordre,  notamment 
les  contemporains  de  Jean  IV. 

Albin  Body. 

Prononciation  de  lu   en  latin.  — 

Comment  doit-on  prononcer  l'u  latin  ? 
A-t-on  des  données  sur  la  façon  dont  on 
parlait  cette  langue  à  Rome  ? 

H.  Angenot. 

Bourbon-Penthièvre.  —  «  Pierre 
«de  Courthille  (né  vers  1780)  épousa 
«  Amable-Félicité  de  Lestoille,  petite-fille 
«  d'une  Bourbon-Penthièvre  »  (Nadaud. 
Nohil.  du  Limousin,  1,  73s)- 

Merci  d'avance  à  qui  aura  l'obligeance 
de  me  renseigner  sur  cette  demoiselle  de 
Bourbon-Penthièvre. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Guymon    de    la     Touche.   —    Je 

serais  reconnaissant  aux  érudits  collabo- 
rateurs de  V Intermédiaire  qui  pourraient 
me  procurer  quelques  documents  —  je 
ne  parle  pas  des  renseignements  géné- 
raux reproduits  plus  ou  moins  véridique- 
ment dans  tous  les  Dictionnaires,  mais 
de  documents  inédits  ou  peu  connus  — 
sur  le  poète  tragique,  Jean-Claude  Guy- 
mon de  la  Touche  (orthographe  locale), 
né  à  Châteauroux,  le  i6  octobre  1723 
(Registres  de  Vétat-civil  de  cette  ville; 
date  à  retenir,  parce  qu'on  ne  la  trouve 


indiquée  exactement  nulle  part),  jésuite  à 
Rouen  où,  en  1748,  il  aurait  fait  jouer 
une  comédie  de  sa  façon  (son  titre  ^)  dans 
laquelle  on  aurait  relevé  certains  traits 
satiriques  soi-disant  à  l'adresse  de  la  Com- 
pagnie de  Jésus,  ce  qui  lui  aurait  attiré 
de  tels  désagréments  qu'il  aurait  dû 
quitter  l'ordre  et  reprendre  la   vie  civile. 

C'est  à  Paris,  où  il  se  lia  avec  la  mar- 
quise de  Grafifigny  chez  laquelle  il  habitait 
alors,  qu'il  composa  sa  tragédie  d'Iphigé- 
nie  en  Tauride,  représentée  pour  la  pre- 
mière fois  sur  la  scène  de  la  Comédie- 
Française,  le  4  juin  1757,  avec  un  succès 
retentissant. 

Je  sais  qu'il  mourut  à  Paris,  le  jeudi 
14  février  1760,  au  moment  où  il  tra- 
vaillait à  une  seconde  tragédie  (laquelle  ? 
puisque  Collé  dément  par  de  bonnes  rai- 
sons que  ce  soit  Régulus,  comme  on  l'avait 
prétendu).  Mais  j'ignore,  à  mon  grand 
regret  —  mes  nombreuses  investigations 
à  ce  sujet  étant  demeurées  infructueuses 

—  où  ses  restes  furent  inhumés  ;  dans 
quelle  rue,  dans  quelle  maison  il  rendit  le 
dernier  soupir  ;  car  il  est  difficile  d'ad- 
mettre sans  preuve  que  ce  fut  dans  l'ap- 
partement de  Mme  de  Graffigny  qui 
l'avait  précédé  de  deux  ans  dans  la  tombe. 
En  tout  cas,  sait-on  même  où  demeurait 
Mme  de  Graffigny  quand  elle  mourut .? 

Pierre. 

Famille    PouUain  de   Trémons. 

—  D'après  les  jugements  de  réformation 
des  23  septembre  1666  et  7  février  1667, 
(M,  du  Puy,  commissaire  subdélégué  de 
M.  Pellot  intendant  en  Guienne^,  une  fa- 
mille de  ce  nom  a  été  maintenue  dans  sa 
noblesse.  Elle  était  fixée  en  Guyenne, 
près  de  Villeneuve  d'Agen, 

L'un  des  maîtres  généalogistes,  colla- 
borateurs de  V Intermédiaire, pourrait-il  me 
dire  d'où  cette  famille  tire  son  origine  et 
si  les  renseignements  que  donne  sur  elle 
le  Dictionnaire  de  Courcelles  (t.  II,  page 
203)  sont  exacts  ?  Albinoni, 

Flancher.  —  M.  Emile  Ollivier,  dans 
une  étude  sur  ï Affaire  Baudin  (iSbS),  que 
publie  la  Revue  des  Deux  Mondes  (15  mai 
1906,  page  297)  écrit  cette  phrase  : 

Leur  souscription  (pour  un  monument  à 
élever  à  Baudin)  déjà  ne  prenait  point  feu  ;  elle 
flanchait  et  n'allait  sans  doute  pas  tarder  à 
s'arrêter  au  milieu  de  l'indifférence  générale. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août   1906. 


281 


282 


Est-ce  que  M.  Emile  Ollivier  va  deman- 
der à  l'Académie  française,  à  laquelle  11 
appartient,  de  donner  place  au  mot  flan- 
cher à^ns  la  prochaine  édition  de  son  Dic- 
tionnaire ?  Jusqu'ici  je  ne  Tai  trouvé,  et 
avec  un  sens  qui  n'est  pas  celui  de  la 
phrase  citée,  que  dans  le  Dictionnaire  de 
la  Langue  verte,  d'Alfred  Delvau  :  Flan- 
cher, V.  n.  se  moquer,  dans  l'argot  des 
voyous  ;  et  dans  le  Supplément  an  Dic- 
tionnaire d'argot^  de  Lorédan  Larchey  : 
Flancher^  abandonner  une  affaire  ;  mot  à 
mot  :  tourner  par  le  flanc,  ne  plus  faire 
face.  J.  Lt. 

II  y  a  des  années  où  l'on  n  est 
pas  en  train. —  Jules  Breton  parle  quel- 
que part,  dans  La  vie  d'un  artiste,  je  crois, 
d'un  paysagiste  Nazon,  d'une  paresse  in- 
curable, qui  serait  Tauteur  de  ce  mot. 
Est-ce  exact  ï  Gustave  Fustier. 


Envoyer  à  l'ours.  —  Lorsque  j'ap- 
partenais à  l'armée,  j'ai  entendu  maintes 
fois  les  sous-ofificiers  et  brigadiers  me- 
nacer leurs  inférieurs  qui  avaient  commis 
des  fautes  contre  la  discipline,  de  les  en- 
voyer à  l'ours,  c'est-à-dire  à  la  salle  de 
police. 

D'où  vient  cette  expression  ? 

Un  ancien  Cul  de  singe. 


Le  théâtre  en  province.  —  Qui- 
conque s'intéresse  à  l'histoire  du  théâtre 
en  France  a  l'habitude  de  ne  s'occuper 
que  du  théâtre  à  Paris.  Il  en  résulte  que 
celui  qui  veut  suivre  les  faits  et  gestes  de 
certains  artistes  en  province,  Mole,  La- 
rive,  CoUot  d'Herbois,  Fabre  d'Eglantine, 
Mlle  George,  etc.,  est  forcé  de  se  livrer  à 
des  recherches  qui  ne  sont  pas  toujours 
très  faciles. 

Grâce  au  regretté  libraire  et  érudit  Sa- 
pin, j'étais  arrivé  à  constituer  une  biblio- 
thèque —  combien  incomplète  —  de  Tliis- 
toire  locale  du  théâtre.  Mais  je  manque 
aujourd'hui  de  guide  et  d'indications.  Je 
voudrais  donc,  autant  que  possible,  et 
dans  l'intérêt  des  chercheurs,  établir  une 
liste  des  histoires  locales  du  théâtre  (hors 
Paris). 

Reims.  Le  Théâtre  à  Reims, p^r  L.  Paris. 
Reims,  Michaud,  1885. 


Rouen.  Histoire  dti  théâtre  de  Rouen  par 
J.  E.  B.,4vol.  Rouen,  Métérie,  1880. 

Lille.  Histoire  du  théâtre  de  Lille  par 
Léon  Lefebvrc,  5  vol.  Lille.  Lefebvre-Du- 
crocq,  1903-19  6. 

Ce  même  auteur  a  publié  diverses  bro- 
chures séparées. 

Lille.  Le  théâtre  à  Lille  avant  la  Révo- 
lution par  G.  Lhotte,  Lille,  Danel,    1881. 

Cambrai.  Le  théâtre  à  Cambrai,  J.  Re- 
nault, éditeur.  Cambrai,  1883. 

Versailles.  Le  théâtre  à  Versailles  et  la 
Montansier,  par  P.  Fromageot,  Versailles, 
Aubert  1905. 

Angers.  Notice  sur  le  théâtre  d'Angers^ 
par  E.  Quernau-Lamerie,  Angers^  Ger- 
main, 1889. 

Saint-Quentin.  Histoire  du  théâtre  de 
Saint-Qjientin  par  G.  Lecocq,  Paris,  R. 
Simon,  1878. 

Savoie.  Le  théâtre  en  Savoie  par  F.  Mu- 
gnier,  Chambéry.  Ménard,    1887, 

Douai.  Le  théâtre  à  Douai  avant  la  Ré- 
volution par  G.  Lhotte,  Douai,  Crépin, 
1881. 

Lyon.  Le  théâtre  à  Lyon  au  XyiII'  siè- 
cle par  E.  Vingtrinier,  Lyon,  Meton, 
1879. 

Lyon.  L'ancienne  place  des  Célestins  par 
Armand  Victorin,Lyon,Dijain  et  Richard, 
1887. 

Liège,  Histoire  du  théâtre  de  Liège  par 
J.  Martiny.  Liège,  Vaillant,  1887. 

Belgique.  Histoire  du  théâtre  français  en 
Belgique  par  F.  Faber,  5  vol.  Bruxelles, 
Olivier,  1878. 
j  11  existe  encore  deux  ouvrages  sur  le 
Théâtre  à  Bordeaux^  un  sur  le  Théâtre  de 
Beinay^  un  sur  le  Théâtre  de  Genève^  ce 
dernier  par  Besançon. 

N'y  a-t  il  rien  sur  Toulouse,  Marseille, 
Montpellier,  Tours,  le  Havre  i*  —  et  aussi 
Strasbourg  .?  Metz  ?  Dijon  .?  —  à  l'étran- 
ger, sur  le  théâtre  français  à  Saint  Péters- 
bourg  ?  Je  serais  bien  reconnaissant  à 
ceux  de  nos  confrères  qui  voudraient 
compléter  cette  liste.  H.  Lyonnet. 

Signe  de  la  croix  avec  l'eau  de  la 
mer.  —  Trois  jeunes  filles  basques  vont 
se  baigner  sur  la  côte.  A  l'instant  où  la 
vague  atteint  leurs  pieds  nus,  toutes  trois 
s'inclinent,  plongent  la  main  droite  dans 
l'eau  et  font  le  signe  delà  croix. 

Cette  coutume  se  retrouve-t-elle  ailleurs 
i  qu'en  Gascogne  .?  Un  Passant. 


N»  1122. 


L'INTERMEDIARE 


283 


284 


ÎEléponôeô 


Prêtres  assermentés  (LUI, 891  ;  LIV, 
18,  62,  1 16). —  Comme  modèle  de  rétrac- 
tation de  prêtres  assermentés,  celle  de 
l'abbé  Berville  est  l'une  des  plus  curieuses. 
Elle  nous  est  communiquée  par  M.  Noël 
Charavay  : 

Rétractation  du  sieur  Berville,  curé  de 
Saint-Ouen,  Bosc. 

Depuis  longtemps  je  gémis  sous  le  poid® 
du  serment  que  j'ay  prêté  le  6  juin  179I1 
avec  des  restrictions  que  je  crus  alors  vala- 
bles, quoique  je  n'eusse  intention  que  de  ne 
jurer  qu'une  pure  soumission  aux  lois  ci- 
viles de  l'Etat.  Je  ne  me  reproche  pas  moins 
la  faute  de  n'avoir  pas  assez  écouté  la 
voix  de  l'Eglise  et  d'avoir  scandalisé  les 
fidèles. 

Délivré  du  tumulte  du  monde  et  dégagé 
de  tous  ses  embarras,  qui  ne  m'ont  que  trop 
longtemps  retenu,  je  saisis  avec  joye  l'oc- 
casion de  faire  connaître  les  sentiments  que 
m'inspire  la  Religion  catholique, apostolique 
et  romaine  dans  laquelle  je  veux  et  ai  tou- 
jours voulu  vivre  et  mourir. 

Pourquoi  je  déclare  que  je  rétracte  et 
abjure  dans  les  deux  serments  que  j'ay 
prêtés,  tout  ce  qui  est  contraire  à  la  foi  ca- 
tholique, apostolique,  romaine,  et  tout  ce 
que  la  sainte  église  y  proscrit  et  condamne. 
Je  crois  d'une  foi  ferme  et  soumise  tout 
ce  que  cette  sainte  église  romaine  croit  et 
nous  enseigne  par  la  Bouche  de  ses  véri- 
tables et  légitimes  pasteurs. 

Je  ne  reconnais  enfin  de  vrais  et  légitimes 
pasteurs  dans  l'église  romaine  que  le  pape 
son  chef  visible  sur  la  terre  et  tous  les  au- 
tres pasteurs  canoniquement  par  elles  insti- 
tués dans  sa  communion  et  vraiment  unis  à 
la  chaire  de  Saint-Pierre. 

Tels  sont  les  sentiments  dans  lesquels  je 
n'ai  cessé  de  persévérer  jusqu'à  ce  moment 
et  si,  malheureusent  j'ai  paru  m'en  écarter 
extérieurement,  ils  n'en  ont  pas  été  moins 
intérieurement  la  règle  de  ma  conduite  et  la 
base  de  mes  instructions. 

Puissent  donc  les  fidèles  qui  ont  été  scan- 
dalisés de  cette  faute, trouver  dans  cette  pro- 
fession de  foi  la  réparation  du  scandale  que 
j'aurais  pu  leur  donner,  c'est  tout  le  vœu 
de  celui  qui  se  recommande  à  leurs  prières 
pour  en  obtenir  le  pardon, 

A  Rouen,  le  deux  mars,  mille  sept  cent 
quatre-vingt-quatorze. 

Berville, 
Curé  de  Saint-Ouen,  Bosc. 


* 
*  * 


M.  Alliot  termine  son  intéressante  com- 
munication (LIV,  65)  en  faisant   remar- 


quer que  le  département  de  la  Seine  est 
le  seul  où  il  ne  soit  pas  possible  de  dé- 
terminer le  nombre  des  assermentés, 
parce  que  les  documents -officiels  ont  dis- 
paru dans  les  incendies  de  187 1 .  M.  Alliot 
paraît  ignorer  que  ces  documents  ont  été 
publiés  dans  les  trois  ouvrages  dont  les 
titres  suivent  : 

i"  Tableau  des  ecclésiastiques  de  la  ville 
de  Paris,  qui  ont  prêté  le  serment  ordonné 
par  décret  de  l'Assemblée  Nationah,  etc.. 
in-4°  de  24  pages  ;  Lottin,  imprimeur. 
(Bibl.  nat.  Ld*  8035). 

2°  Histoire  du  serment  à  Paris,  par 
M.  B.  (Bossard),  in-8'',  21 1  p.  Paris,  1791. 
(Bibl.  nat.  Ld3  163). 

3®  Tableau  comparatif,  exact  et  impartial 
contenant  les  noms,  offices  et  diocèses  des 
ecclésiastiques  de  la  ville  de  Paris  qui  ont 
prêté  le  serment  civique  les  dimanches  ç  et 
16  janvier,  in-12  de  26  p.  Paris,  1791. 
(Bibl.  nat.  Ld^  3250). 

Ce  dernier  ouvrage  publié  par  les  ad- 
versaires du  serment,  a  pour  but  de  prou- 
ver que  beaucoup  des  prêtres  portés  dans 
la  liste  officielle  n'appartenaient  pas  au 
clergé  de  Pans. 

Quoi  qu'on  puisse  dire    des    rectifica- 
tions   proposées    par    les    insermentés,  il 
résulte  des  documents  que  sur  771  ecclé- 
siastiques constituant  à  un  titre  ou  à  un 
autre  le  clergé  de  la  capitale,  il  y  en  eut 
308  qui  refusèrent  le  serment  et  463  qui 
le  prêtèrent    Sur  les   52  curés,  2  étaient 
morts,  27    refusèrent    le   serment   et  23 
l'acceptèrent.  Il  est  à  remarquer  que  l'ap- 
point qui  donna  la  majorité  aux  jureurs 
fut  fourni  par  les  prêtres  qui  remplissaient 
des   fonctions   subalternes  ou  n'en  rem- 
plissaient  aucune;  ils  sont  plus  de  150, 
pendant  que  les  prêtres  sans  situation  qui 
refusèrent  le    serment    n'étaient    qu'une 
quinzaine.  L'élite,  ou,  si  l'on  préfère,  l'a- 
ristocratie   du  clergé  paroissial  ne  donna 
que  252  serments  contre  292  refus.  Dans 
les  séminaires,  un  personnel  de  55  prêtres 
ne  compta  que  2  assermentés  ;  dans  l'U- 
niversité, comme  dans  le  corps  des  aumô- 
niers d'hôpitaux,  il  y  eut  un  partage  égal. 
Les  41  aumôniers  de   la  Garde  Nationale 
jurèrent  tous  ;  ils  étaient   recrutés  parmi 
les   prêtres    qui    s'étaient   fait  remarquer 
par  leurs  idées  avancées.  En  additionnant 
ces    diverses    catégories,    on   arrive  aux 
totaux   de    437    non-assermentés  et  583 
assermentés,  au  nombre  desquels  figurent 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


285 


30  Août  1906. 


286 


35  religieux  qui  sont  venus  sans  que  rien 
les  y  obligeât  donner  leur  adhésion  à  la 
constitution  civile. 

Si  nous  franchissons  un  espace  de  six 
mois,  nous  trouvons  le  clergé  constitu- 
tionnel organisé  à  Paris.  11  existe  aux  ar- 
chives départementales  une  série  de  re- 
gistres de  comptabilité  contenant,  entre 
autres  choses  curieuses,  renonciation  des 
sommes  payées  d'abord  aux  religieux  qui 
abandonnaient  la  vie  commune,  puis  au 
personnel  des  paroisses  constitutionnelles 
de  Paris.  Ce  sont  les  registres  de  la  caisse 
des  Biens  Nationaux  ;  j'en  dois  la  com- 
munication à  l'obligeance  de  M.  Lazard. 

Ces  livres  de  comptabilité  permettent 
de  reconstituer  les  cadres  paroissiaux  en 
juillet  1791.  Les  33  paroisses  constitu- 
tionnelles comptaient  441  ministres  du 
culte.  Sur  les  583  assermentés  du  mois 
de  janvier,  on  n'en  retrouve  que  282  au 
mois  de  juillet  ;  il  y  a  eu,  à  ma  connais- 
sance, une  demi-douzaine  de  rétracta- 
tions, mais  par  conire,  des  prêtres  portés 
six  mois  avant  parmi  les  refusants  pa- 
raissent avoir  changé  d'avis,  car  ils  sont 
pourvus  de  postes  qui  supposent  la  pres- 
tation de  serment.  Environ  300  des  prêtres 
parisiens  assermentés  avaient  donc  quitté 
Paris  ou  du  moins  n'avaient  pas  pris  place 
dans  les  rangs  du  clergé  des  paroisses. 

Aux  282  dont  je  viens  de  parler  se  sont 
joints  92  séculiers  et  68  religieux,  ce  qui 
lionne  pour  le  clergé  paroissial  organisé 
à  Paris  en  vertu  de  la  constitution  civile, 
un  total  de  441  ecclésiastiques.  Si  nous 
-y  joignons  les  vicaires  épiscopaux  de 
Gobel,  qui  étaient  alors  une  quinzaine, 
les  aumôniers  des  hôpitaux  et  ceux  de  la 
Garde  Nationale,  nous  approchons  du 
chiffre  de  i^oo  pour  la  ville,  et  il  faut 
compter  environ  une  centaine  de  curés  et 
vicaires  dans  les  77  paroisses  de  la  ban- 
lieue. 

Ces  600  prêtres  se  dispersèrent  pendant 
la  Terreur  ;  la  guillotine,  la  déportation 
en  diminuèrent  le  nombre  ;  les  défections 
se  produisirent  en  grand  nombre  au  cours 
des  années  1793  et  surtout  1794  ;  en  1795 
commença  le  mouvement  des  rétracta- 
tions qui  continua  jusqu'au  Concordat. 
Le  22  mai  1798,  à  l'un  des  scrutins  pré- 
paratoires qui  précédèrent  l'élection  de 
Roycr  comme  évêque  de  Paris,  le  clergé 
constitutionnel  se  compta  :  il  y  eut  73 
suffrages  exprimés.  P.  P. 


Mémoires  inédits  de  la  duchesse 
d'Ângoulême  (LIV,44,i74).  — Colonne 
174,  ligne  10,  lire  même  au  lieu  de  mieux. 

La  duch?ss9  de  Berry  et  Charles- 
Albert.     Correspondance    secrète 

(LIV,  105,  176).  —  Dans  mon  ouvrage 
sur  la  duchesse  de  Berry  p.  130  et  suiv. 
au  chapitre  intitulé  :  La  duchesse  de  Berry 
à  Nantes  et  les  Puissances  étrangères^']' sa,  le 
premier,  publié  les  rapports  faits  à  Ma- 
dame par  son  envoyé  auprès  du  roi  de 
Sardaigne,  Charles-Albert,  rapports  ex- 
traits par  moi,  aux  Archives  nationales, 
du  dossier  jusqu'alors  secret,  et  par  con- 
séquent inédit,  des  papiers  saisis  à  Nantes 
en  1832.  H.  Thirria. 

*  * 
Dans  le  dernier  numéro  de  r/«/^;';7î^iw/;Y, 

M.  Henri  Provins  cite  un  fragment  de  la 
préface  de  la  brochure  de  M.  Henri  Prior, 
sur  la  duchesse  de  Berry,  et  en  tire  la  con- 
clusion que  l'auteur,  après  avoir  fouillé 
beaucoup  de  documents  est  devenu  Naun- 
dorffiste.  M.  Henri  Provins  s'est  toujours 
distingué  par  sa  modération,  sa  bonne 
foi  et  sa  courtoisie  dans  toutes  les  discus- 
sions qui  se  sont  ouvertes  dans  le  parti 
de  la  survivance,  et  je  suis  d'autant 
moins  surpris  de  lui  voir  émettre  cette 
opinion  que  j'avais  moi-même  éprouvé 
quelque  étonnement  à  la  lecture  de  cette 
préface  lorsque  M.  Prior  m'a  fait  l'hon- 
neur de  m'adresser  son  volume. 

Mais  je  lui  ai  écrit  pour  lui  demander 
quel  était  exactenient  son  sentiment  et 
dans  sa  réponse,  il  déclare  formellement 
qu'il  n'est  nullement  Naundorffiste. 

En  voici  le  passage  le  plus  important  : 
«  Si  j'avais  lu  plus  tôt,  a-t-il  bien  voulu 
«  m'écrire,  vos  très  intéressants  articles 
«  sur  la  question  Naundorff,  et  ce  qui  a 
«  été  publié  dernièrement  au  sujet  de 
«  Mgr  le  duc  de  Parme,  il  est  bien  certain 
«  que  j'aurais  modifié  ou  même  que  je 
«  me  serais  abstenu  d'écrire  la  conclusion 
«  de  ma  préface.  Je  suis  loin,  en  effet,  de 
«  posséder  toutes  les  pièces  du  procès, 
«  car  il  est  difficile  en  Italie  d'être  au  cou- 
«  rant  de  ce  qui  se  publie  en  France.  Ma 
«  conclusion  est  donc  moins  une  opinion 
«  personnelle  qu'une  simple  impression, 
«  n'ayant  aucune  valeur  documentaire  et 
«qui,  par  conséquent,  ne  saurait  avoir 
«  d'importance.  J'ai  été  tout  simplement 
«  trappe  de  la  différence  de  conduite  qui 


N»    II22, 


L'INTERMEDIAIRE 


-     287 


288 


«  existe  entre  deux  époques  de  la  vie  de 
i<  Madame,  ce  qui  pourrait  faire  supposer 
«  qu'elle  avait  des  raisons  pour  renoncer  à 
«  revendiquer  l'héritage  de  son  fils.  De  là 
«  à  être  Naundurjfiste,  il  y  a  loin...  » 

M.  Prier  ajoute  que  le  seul  motif  qui  l'a 
engagé  à  publier  ces  documents, c'est  qu'il 
les  a  jugés  assez  intéressants  pour  les  sau- 
ver de  l'oubli  et  qu'il  a  pensé  qu'ils  pour- 
raient être  utiles  aux  historiens  de  cette 
époque.  Ils  lui  ont  été  confiés  par  la  com- 
tesse Arèse  qui  l'a  autoriséà  les  publier  à 
l'occasion  du  Congrès  de  la  Société  Biblio- 
graphique Italienne  à  titre  de  curiosité  his- 
torique, et  M.  Prior  a  intégralement  re- 
produit tout  ce  qui  lui  a  été  confié  sans 
se  permettre  d'y  faire  aucune  coupure. 

Quant  à  la  lettre  du  14  mai  1833,  citée 
par  M.  Provinsse  l'interprète  tout  autre- 
ment que  lui,  car  elle  change  à  mon  avis 
complètement  de  sens  lorsqu'on  la  lit 
tout  entière.  En  effet,  en  écrivant  au  mar- 
quis Pallavicini  pour  lui  annoncer  l'arri- 
vée du  marquis  de  Montmorency,  M.  de 
Lescarène,  qui  a  commencé  par  faire  son 
éloge,  prévient  son  correspondant  que  cet 
excellent  homme  est  hanté  par  deux  idées 
fixes  :  sa  croyance  à  la  survivance  de 
Louis  XVII  et  à  l'identité  de  Louis-Philip- 
pe avec  Chiappini.  Le  comte  de  Lescarène 
semble  vouloir  l'en  excuser  comme  d'une 
innocente  manie,  car  il  ajoute  :  .^  11  ne 
vous  parlera  pas  d'autre  chose  et  cela 
pourra  vous  ennuyer.  » 

Puisqu'on  veut  bien  me  demander  mon 
opinion  personnelle  sur  les  documents  pu- 
bliés par  M.  Prior,  mon  avis  est  que  ces 
lettres  que  je  n'ai  pas  connues  lors  de  la 
publication  de  mon  livre  sur  Marie-Caro- 
line, sont  fort  curieuses  et  que  leur  au- 
thenticité ne  saurait  être  mise  en  doute. 
Mais  les  sommes  fournies  à  la  princesse 
pour  faciliter  l'expédition  de  Vendée 
ayant  été  prêtées  directement  à  Charles- 
Albert  par  le  marquis  Pallavicini,  la  du- 
chesse de  Berry  ne  pouvait,  ce  me  semble, 
en  être  responsable  envers  ce  dernier. 
C'est  un  don  qu'elle  avait  reçu  du  roi 
Charles-Albert,  et  c'est  seulement  entre 
jui  et  le  marquis  Pallavicini  que  Temprunt 
avait  été  négocié. 

M.  Henri  Prior  est  un  homme  du 
monde  fort  instruit,  doublé  d'un  historien 
de  grand  mérite.  11  a  publié  dernièrement 
un  article  fort  remarqué  dans  la  Revue 


de   Paris,   contenant  les    impressions  du 
comte  Neipperg  sur  la  bataille  de  Marengo. 
Vicomte  de  Reiset. 

Napoléon  et  madame  Fourès 
(LIV,  163).  —  Oui,  la  liaison  de  hlapo- 
léon  avec  Mme  Foiirès  a  été  traitée  comme 
sujet  de  roman  historique  Le  titre  du  ro- 
man est  Le  baiser  de  la  Déesse  ;  l'auteur, 
M.  Henri  Guerlin.  (Le  roman  a  paru  chez 
l'éditeur  Taillandier). 

Un  abonné. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral 
Ver  Huell  (LIV,  i,  66.  1 16,  174,  333). 

—  Dans  mon  histoire  sur  :  Napoléon  III 
avant  Vempire,  tome  i'^^  page  206,  j'ai 
mentionné,  après  l'avoir  relevé  moi-même 
dans  le  Moniteur,  comme  s'étant  abstenu 
dans  l'affaire  de  Boulogne, «  le  vice-amiral 
comte  Verhiiel.  » 

Si  vous  le  voulez,  nous  écarterons,  sans 
discussion, ce  qui  peut  se  trouver  dans  le 
Larousse. 

L'existence  de  la  lettre  au  pape  n'a 
jamais  été  démontrée. 

Rien  n'établit  la  paternité  de  Verheul, 
Et  l'histoire  doit  admettre  celle  du  roi 
Louis.  H.  Thirria. 

«  C'est  ma  guerre  »,  mot  attribué 
à  rioipératrice  Eugénie  fLIV,  218). 

—  La  question  a  été  traitée  par  le  D""  Ca- 
banes, dans  sa  deuxième  série  des  Indis- 
cret ions  de  l'Histoire.  Il  cite  deux  docu- 
ments émanant  de  deux  hommes  vivant 
aux  deux  pôles  de  la  politique,  qui  sont 
d'accord  pour  déclarer  que  l'Impératrice 
n'a  pas  prononcé  le  mot  néfaste. 

Le  premier  est  une  lettre  d'Emile  OUi- 
vier  adressée  au  directeur  même  de  la 
Ch)  on  ique  M édica  le  : 

I"  L'Empereur  avait,  en  1870,  la  pierre  à 
ce  point  que  l'activité  physique,  intellec- 
tuelle et  même  morale  était  complètement 
paralysée  :  c'est  ce  qui  explique  les  revers 
du  début  de  la  campagne. 

2"  Le  prince  Napoléon  a  prétendu  que 
l'Impératrice  avait  connu  la  consultation  : 
elle  le  nie.  Je  n'ai  pas  d'opinion  person- 
nelle. 

3°  La  connaissance  de  la  consultation 
n'aur.iit  probablement  pas  empêché  la 
guerre,  qui  était  !a  réponse  obligée  à  un 
outrage  prémédité,  mais  elle  auiair  certai- 
nement changé  les  conditions  dans  les- 
qnelids  elle  a  été  faite  et  la  distribution  des 
commandemeiits. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 
289 


30  Août   1906, 


guerre  est  ma  guerre 


40  L'impératrice   n'a  jamais  dit  :  «  Cette 

«  Emile  Ollivier.  » 

Lç  deuxième  document  est  une  com- 
munication faite  à  mon  distingué  confrère 
par  M.  Alfred  Duquet,  auteur  de  Paris, 
histoire  du  siège  de  la  capitale  depuis 
l'afïaire  de  Chàtillon  jusqu'à  la  capitula- 
tion ;  nous  la  reproduisons  tout  entière  : 

Quant  à  la  consultation  médicale  du 
i^'  juillet  1870,  je  pense  que  le  conseil  des 
ministres  l'a  tenue  secrète.  Et,  de  fait,  la 
divulgation  de  l'avis  des  savants  professeurs 
eût  été  d'une  suprême  miprudence  politi- 
<iue. 

Reste  la  fameuse  phrase  de  l'impératrice  : 
C'est  ma  guerre  à  moi.  Certes,  le  propos 
n'a  pas  manqué  d'être  répété,  écrit  maintes 
et  maintes  fois,  maudit  par  les  mères  et  par 
les  bons  Français.  Seulement,  a-t-il  été 
tenu  ?  je  ne  crains  point  de  répondre  net- 
tement: Non. 

En  cela,  je  ne  suis  pas  influencé  par  mes 
sentiments  à  l'égard  de  l'impératrice  Eugé- 
nie, pour  laquelle  j'ai  toujours  eu  de  l'an- 
tipathie en  raison  de  sa  frivolité,  de  sa  futi- 
lité ;  mais  j'ai  le  malheur,  en  ce  temps  de 
voUes-faces  et  de  compromissions,  de  ne 
jamais  cacher  Xa.  vérité,  même  contre  mon 
propre  intérêt,  mes  propres  désirs,  et  je 
confesse  n'avoir  pas  eu  sous  les  yeux  une 
preuve  écrite  sérieuse  ou  une  affirmation 
orale  décisive  au  sujet  de  cette  abominable 
déclaration , 

A  moins  de  nouveaux  éléments  de  con- 
viction, c'est  la  thèse  que  je  soutiendrai 
quand  je  raconterai  les  origines  de  la  guerre 
de  1870-1871,  après  avoir  terminé  le  récit 
des  sanglants  combats  et  des  gigantesques 
capitulations  de  l'année  terrible. 

«  Alfred  Duquet.  » 

Ainsi,  il  en  serait  de  ce  mot  historique, 
comme  de  tant  d'autres  du  même  genre, 
qui  n'ont  pas  été  sténographiés  (à  peine 
nos  procès -verbaux  sténographiés  sont-ils 
exacts),  il  aurait  été  fabriqué  aprèscoup, 
M.  Emile  Ollivier  et  M.  Alfred  Duquet  le 
déclarent  loyalement,  et  la  cause  ne  pou- 
vait être  plaidée  par  des  plumes  plus  fer- 
mes et  plus  autorisées. 

D""  Billard. 


Dans  la  Peliic  République  (août  1906), 
M.Gustave  Naquet  écrit  que  M.Emile  Olli- 
vier tient  à  dégager  l'impératrice  de  toute 
immixion  dans  la  déclaration  de  la  guerre. 
><  Sur  ce  point, ajoule-t-il, j'ai  lieu  de  croire 
qu'il  dit  vrai  ».  Pour  preuve,  M.  Naquet 


290 


donne  ce  qu'il  en  sait  parTachard,  ancien 
député  républicain  de  l'Alsace  au  Corps 
législatif  et  qui  représenta  le  gouverne- 
ment de  la  défense  nationale  à  Bruxelles 
pendant  la  guerre.  Tachard,  malgré  ses 
opinions,  a  sauvegardé  l'impératrice  dont 
il    est  devenu  l'ami . 

Il  l'a  revue  au  cap  Martin,  il  y  a  trois 
ans  environ,  et  c'est  de  lui-même  que  je 
tiens  le  récit  de  cette  entrevue,  et  là,  l'ex- 
impératrice  lui  déclara  qu'elle  n'avait  janaais 
poussé  à  la  guerre  de  1870,  qu'elle  n'avait 
jamais  dit  :  «  Cette  guerre  est  une  guerre  à 
moi  ».  Elle  ajoute  qu'elle  savait  prendre  la 
responsabilité  de  ses  actes  ;  qu'elle  avait 
exercé  son  influence  en  faveur  de  l'expédi- 
tion du  Mexique  et  que,  malgré  les  tristes 
conséquences  de  cette  expédition,  elle  en 
faisait  l'aveu,  mais  qu'elle  n'avait  nullement 
poussé  h  la  guerre  contre  la  Prusse  et  qu'elle 
protestait  contre  la  part  qu'on  lui  attribuait 
dans  les  résolutions  qui  nous  conduisirent 
aux  abîmes.  Elle  pria  M.  Tachard  de  lui  servir 
d'interprète  devant  l'opinion,  et  M.  Ta- 
chard me  denianda  à  son  tour,  de  faire 
connaître,  si  j'en  avais  l'occasion,  cette  pro- 
testation qu'il  savait  être  sincère. 


I/idéa    de    patrie 


exis'tait-alle 

(T.  G.,  685  ; 
LU  ;LIV.  116, 


avaat  la  Eévolutioii  ^ 

XKXV  à  XXX Vm  ;  XLII 

233).  —  On  lit  dans  le  Soleil  (16  avril 

1906),  sous   la  signature  de  Furetières  : 

Pour  la  majorité  de  ceux  qui  se  sont  pro- 
noncés, il  semble  que  ce  soit  avec  Jeanne 
d'Arc  que  s'éveille  le  sentiment  vrai  du  pa- 
triotisme et  de  l'unité  nationale.  ^lais,  si  ce 
sentiment,  le  plus  élevé  qui  puisse  dominer 
les  esprits  d'un  pays,  s'affirme  avec  éclat  et 
par  des  actes,  à  ce  moment  où  la  Fiance  est 
envahie  par  l'étranger,  on  peut  constater 
qu'il  existe  depuis  plus  longtemps  et  qu'on 
en  retrouve  l'expression  dans  les  romans  de 
chevalerie.  C'est  au  xii*  siècle  que,  dans  la 
Chanson  de  Roland,  on  retrouve,  à  chaque 
strophe  de  ce  grand  poème  épique, le  mot  de 
«  Doulce  France  ».  Roland  est  le  héros  et  le 
martyr  de  cette  défense  du  territoire  créée  par 
Chaiiemagne,  qui  tr^ça  des  Pyrénées  au  Rhin, 
les  limites  de  la  grande  nation   continentale, 

La  doulce  France  I  Roland,  sur  le  point 
d'expirer,  l'appelle  et  contemple  une  der- 
nière fois  l'horizon  de  la  contrée  chérie  qu'il 
ne  reveria  plus.  Et  Durandal,  la  glorieuse 
épée,  est  devenue  comme  un  symbole,  ainsi 
que  le  sera,  deux  siècles  plus  tard,  l'épée  ds 
Fierbras. 

Légende,  si  l'on  veut,  mais  légende  qui 
s'est  immortalisée  dans  la  brcclie  de  Roland. 
Majestueuse,  elle  apparaît  au   haut  du  cirque 


No   1122. 


L'INTERMÉDIAIRE 


291 


292 


de  Gavarnie^  auquel  on  aboutit  après  le 
passage  de  ce  fameux  chaos  où  les  quartiers 
de  granit,  dispersés  par  une  révolution  ter- 
restre, apparaissent  comme  les  vestiges  d'une 
bataille  de  géants. 

Ce  n'est  pas  là,  pourtant,  que  s'accomplit 
ce  combat  d'arrière-garde  oij  l'armée  de 
Charlemagne  subit  un  échec  dont  l'histoire 
n'a  pas  encore  bien  démêlé  les  causes.  Il  faut 
aller  au-delà  de  Pampelune,  sur  le  territoire 
espagnol,  pour  retrouver  le  défilé  de  Ronce- 
vaux,  l'abbaye  oiJ  l'on  conserve  encore  quel- 
ques souvenirs  qui  entretiennent  la  légende 
et  provoquent,  toute  l'année,  un  pèlerinage 
de  touristes,  d'érudits  et  de  patriotes,  curieux 
de  tout  ce  qui  touche  aux  origines  nationales. 

Le  mot  «  sujet  »(LIV,i72),  — Littré 
donne  de  ce  terme  une  excellente  défini- 
tion «  Celui  qui  est  soumis  à  une  autorité 
souveraine,  soit  qu'il  s'agisse  d'un  roi, 
d'une  République,  ou  de  tout  autre  sou- 
verain » 

On  n'est  pas  le  sujet  d'une  personne;  on 
ne  peut  dire  :  Je  suis  sujet  de  M.  Fallières, 
mais  bien  sujet  de  la  République  Fran- 
çaise :  c'est-à-dire  soumis  aux  lois  de  cet 
Etat,  en  un  mot  citoyen. 

Lorsqu'il  s'agit  d'un  gouvernement  des- 
potique on  peut  dire  indifféremment  sujet 
Russe  ou  sujet  de  l'empereur  de  Russie, 
par  exemple. 

Dans  le  langage  des  chancelleries  on 
emploie  le  mot  sujet  pour  dire  qu'une 
personne  appartient  à  une  nationalité  dé- 
terminée. Ainsi  :  sujet  français,  sujet  alle- 
mand, sujet  japonais  Mais  ce  terme  n'in- 
dique nullement  qu'il  existe  un  lien  de 
vassalité  entre  l'individu  et  le  chef  de 
l'Etat  désigné. 

Un  ancien  Magistrat. 

Lettres  du  connétable  de  Montmo- 
rency et  de  Catherine  de  Médicis, 
(LIV,  270).  —  Les  deux  lettres  pu- 
bliées dans  Y  Intermédiaire  du  20  août 
1906  ne  sont  pas  adressées  à  un  des- 
cendant de  Jean  Poton,  sire  de  Xain- 
trailles,  le  compagnon  de  la  Pucelle, 
mais  aux  deux  personnages  suivants,  fils 
aîné  et  cadet  de  messire  Antoine  Raffin, 
dit  Po7oi<i ^S énéchal cf  ^génois,  s.  du  Puy- 
Calvary,Beaucaire,  Azay  le  Rideau,  etc. 
Capitaine  des  gardes  de  S.  M.  (L.-P.  de 
1530). 

La  première  de  ces  missives,  celle  du 
connétable,  datée  du  24  novembre  1550, 
est  destinée  à  Geoffroy  Raffin,  dit  Poton 


ou  Pothon.  Sénéchal  d' À  génois,  i  548-1  553. 
La  seeonde,  expédiée  par  Catherine  de 
Médicis  à  la  date  du  20  octobre  1562,  est 
sans  nul  doute,  adressée  au  frère  cadet 
du  précédent,  messire  François  Raffin  dit 
Poton  (il  signait  :  Poton)  s.  du  Puy- 
Calvary,  Azay  le  Rideau,  etc.  Sénéchal 
d'Aocnois  en  1553,  chevalier  de  l'Ordre, 
Capitaine  des  Gardes  du  Roy,  etc.,  qui 
épousa  Nicole  Le  Roy,  dame  de  Ballon  au 
Maine,  fille  et  unique  héritière  de  Guyon 
Le  Rov,  s.  du  Chillon,  vice-amiral  de 
France  et  de  sa  seconde  femme  Rade- 
gonde  de  Maridort.  Il  en  eut  une  fille 
unique  : 

Anthoinette  Raffîn-Poton,  dame  du 
Puy-Calvary,  Azay  le  Rideau, Ballon, etc., 
mariée  le  4  aoiit  1471  à  Guy  de  Saint- 
Gelais,  s.  de  Lansac  de  la  maison  de  Lu- 
signan, chevalier  de  l'Ordre  du  Roy.  Séné- 
chal d  A  génois  (après  son  beau-pere),  ca- 
pitaine de  cinquante  hommes  d'armes  des 
ordonnances,  etc. 

Les  Raffin  dits  Poton,  seigneurs  de  la 
Raffinie  (par.  de  Sainl-Cyr  de  laRaffinie, 
diocèse  de  Rhodez)  Aigues-Vives^  Pny-Ri- 
caid,  Pny-Calvaiy^  Savignac^  la  Roque 
Tiinbault,  et  autres  places  portaient  : 
d'azur  à  la  fasce  d'argent  surmontée  de  ^ 
étoiles  d'or,  rangées  en  chef. 

(Cf.  Chérin,  ms  fr.  31.729.  Dossiers 
bleus,  ms  fr.  30.099.) 

P.  Le  Vayer. 

Képublique  de  Thélia  (XLVII).  — 
Selon  la  tradition,  dit  Ad.  Joanne,  Bre- 
tagne, 272  —  un  seigneur  de  Brieux,  fait  pri- 
sonnier à  la  bataille  de  Pavie,  en  1525,  fut 
racheté  par  ses  vassaux.  En  reconnaissance, 
il  leur  donna  en  toute  propriété  la  lande  de 
Tlièlin  qui  fut  transformée  en  république  et 
administrée  par  deux  préfets,  élus  chaque 
année  à  la  fontaine  de  Bodine.  Aujourd'hui, 
il  ne  reste  d'autre  souvenir  de  cette  curieuse 
conununauté  qu'une  croix  de  pierre  élevée, 
d'après  l'inscription  qu'elle  porte,  *  l'an  mil 
V"  LX  et  six  (1566)  au  Pont-Garin  par  les 
Thélandays  »,  près  de  la  fontaine  de  Saint- 
Fiacre. 

Baptême  (XLVll  ;  XLVllI  ;  L  ;  LU; 
LUI,  180).  —  Je  trouve  dans  Vier^on  et 
sei  environs,  ouvrage  remarquable  de 
notre  excellent  confrère,  M.  E.  Tausserat, 
la  note  suivante  : 

La  ville  de  Bourges,  pour  reconnaître  le 
services  que  lui  avait  rendus  M.  Dupré  de 
Saint-Maur,    voulut    servir    de    marraine    et 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30   Août   1Q06. 


293 


donna  son  nom  à  l'un  Je  ses  fils,  né  en  1769. 
Le  baptême  de  Gtoxges-Bourges  Dupré  de 
Saint-Maur  fut  donc  l'occasion  d'une  fête  à 
laquelle  ne  manquèrent  ni  les  harangues,  ni 
les  poésies,  ni  les  festins,  ni  les  décharges 
d'artillerie. 


294 


Familles  à  origine,  illustre  très 
ancieiines  (LUI,  83 ^  ;  951,  969J.  —  On 
a  très  bien  fait  en  plaçant  sous  cette  ru- 
brique, les  familles  de  la  noblesse  celtique 
d'Irlande. 

En  effet,  il  suffit  de  citer  l'opinion  non 
suspecte  du  grand  généalogiste  anglais, 
Sir  Bernard  Burte,  pour  être  édifié  sur  la 
valeur  et  l'ancienneté  de  leurs  traditions 
nobiliaires. 

Voici  ce  qu'il  dit  à  cet  égard  : 

...  Mais  après  une  stricte  recherche  et  en 
examinant  con-îciencieusement  les  faits  à  la 
lumière  de  la  critique  de  l'histoire,  on  trou- 
vera peu  de  maisons  ou  peut-être  aucunes  sur 
le  Continent,  supérieures  en  origine  ou  même 
égalant  celle  des  O'Brien,  des  O'Neiils,  des 
I^!c  Carty  ou  des  O'Conr.ors,  d'Irlande,  dont 
les  ancêtres  étaient  déjà  princes  souverains, 
à  l'époque  de   la   première  invasion  anglaise. 

11  n'y  a  aucune  époque  mieux  établie  que 
celle  du  règne  de  Brian  Boroimhe,  vainqueur 
des  Danois  à  la  célèbre  bataille  de  Clantarp, 
le  23  avril  1014. 

Ce  monarque  était  contemporain  de  Hugues 
Capet,  ce  qui  suffirait  déjà  sans  plus  de  ré- 
trogression  (et  bien  peu  aussi  de  générations 
peuvent  être  authentiqueme^t  établies)  pour 
placer  ses  descendants  sur  un  pied  d'égalité 
avec  les  plus  anciennes  maisons  royales  d'Eu- 
rope, même  avec  les  Bourbons,  incontesta- 
blement la  plus  ancienne. 

Les  deicenlanls  de  Brian  existent  indubi- 
tablement, ainsi  que  ceux  d'autres  princes 
irlandais  dont  les  droits  sont  aussi  faciles  à 
établir,  par  l'examen  de  documents  authen- 
tiques comme  le  serait  tout  autre  fait  histo- 
rique de  l'époque. 

Les  grandes  familles  princières  irlan- 
daises peuvent  faire  remonter  leur  généa- 
logie à  des  époques  fort  anciennes,  car 
une  loi  instituée  bien  avant  l'ère  chré- 
tienne, avait  déjà  établi  la  plus  grande 
vigueur  dans  la  conservation  des  docu- 
ments historiques  relatifs  aux  maisons 
princières  et  souveraines.  Il  en  est  résulté 
que  toutes  ces  maisons  princières  tracent 
leurs  généalogies  à  des  époques  bien  anté- 
rieures à  l'ère  chrétienne  et  en  les  reliant 
â  leurs  traditions  celt-ibères  elles  remon- 
tent facilement  aux  temps  bibliques  et  y 
rattachent  ainsi,  de  père  en  fils,  leurs  gé- 


néalogies royales.  —J'ai  sous  les  yeux  un 
document  des  plus  intéressants  donnant 
la  généalogie  des  O'Neiils,  jusqu'à  Noë, 
par  les  ibères  et  les  anciens  scythes,  re- 
montant jusqu'à  Niul,  contemporain  et 
ami  de  Moïse  !  Zanoni. 

Madame  d'Anjou  (LUI,  946).  — 
Une  famille  Danjou  ou  d'Anjou  habitait 
le  Berry  au  xvii"  siècle. Madeleine  Danjou, 
fille  de  feu  André  Danjou,  conseiller  du 
Roi  et  Elu  à  La  Châtre  et  de  Anne  Daulne, 
épousa,  à  Henrichemont,  le  15  août  1695, 
Nicolas  Agard  des  Maisons  Rouges.  Cette 
familie  s'est  éteinte,  je  crois,  en  la  per- 
sonne de  Mlle  d'Anjou, décédée, il  y  a  peu 
d'années,  à  Crésancy  (Cher). 

Em. -Louis  Chambois. 

Bénédictins  francs-maçons  (LI  ; 
LU).  —  Le  4  mars  1787,  la  R.-.  L.'. 
de  Saint-Jean,  constituée  à  Troyes  ea 
1786  sous  le  titre  de  la  Régularité,  par 
les  gardes  du  corps  en  garnison  dans  cette 
ville,  admit  parmi  ses  membres  «  le  pro- 
phane  révérend  Antoine  Germain,  reli- 
gieux supérieur  du  couvent  des  frères 
mineurs(Cordeliers)de  l'Orient  deTroyes», 
et  «  le  prophane  Claude-Henry  »,  frère 
profès  du  même  couvent.  Ce  dernier  était 
reçu  comme  «  frère  servant  »,  et  un  sa- 
laire fut  prévu  pour  payer  ses  services. 

L'atelier  était  d'ailleurs  installé  dans  un 
local  du  couvent  des  Cordeliers,  tenu  en 
location  par  la  Loge, 

Deux  prêtres  en  firent  également  par- 
tie :  l'abbé  Natey ,  comme  f .  • .  Hospitalier  ; 
l'abbé Lefebvre  comme  f  .".  Orateur. 

En  1815  la  loge  de  Saint-Jean  de  la  Tri- 
ple-Union de  Reims  invite  V Union  de  la 
Sincérité  de  Troyes  à  venir  célébrer  avec 
elle,  le  27  décembre,  «  la  fête  de  l'illustre 
Patron  ».  Il  y  aura  une  messe  en  l'église 
de  Saint-Jacques  à  11  h.'.  1/2  ;  les  tra- 
vaux s'ouvriront  à  midi  précis  et  seront 
suivis  de  ceux  du  Banquet  qui  auront  lieu 
à  2  h.*.  1/2.  »  (Bibl.  deTroyes,  coll. 
Carteron.)  L.  M. 

Famille  deBéthune  (LIV,  165,239). 
—  La  question  est  aussi  délicate  qu'inté- 
ressante Je  vais  résumer  ce  qui  en  est 
dit  d:!ns  le  tome  IV  du  Dictionnaire  des 
Familles  françaises  (p.  188  ;  1905)  : 

La  maison  de  Béthune  est  représentée 


N«     1122. 


L'INTERMEDIAIRE 


295 


encore  de  nos  jours,  elle  ne  s'est  pas 
éteinte,  comme  le  croit  M.  Hobby,  par  la 
mort  du  dernier  duc  de  Sully.  «  Elle  avait 
reconnu  comme  ayant  avec  elle  une  ori- 
gine commune, une  famille  Desplanques  ^^. 

Sur  un  mémoire  de  famille,  que  rien  ne 
justifie,  La  Chesnaye  des  Bois  fit  descendre 
cette  dernière  famille  d'un  puîné  des  sires 
de  Béthune,  décédé  en  1037,  do"^  un 
descendant  prit  le  nom  de  Desplanques, 
d'une  terre  qu'il  hérita.  —  En  1522,  Mi- 
chel Desplanques  était  lieutenant  de  la 
ville  de  Béthune.  Son  fils,  Pierre,  semble 
être  le  premier  seigneur  d'Hesdigneul  ; 
il  eut  Jean,  que  l'auteur  suppose  avoir  été 
anobli  le  6  septembre  1606.  Ce  }ean  eut 
un  fils  «  appelé  Jean,  qui  le  premier  joi- 
gnit à  son  nom  celui  de  Béthune,  soit 
pour  rappeler  son  lieu  de  naissance,  soit 
pour  se  distinguer  de  familles  homo- 
nymes... Son  fils,  Charles-François...  se 
fit  appeler  non  plus  Desplanques  dit  deBé- 
thune,mais  de  Béthune  dit  Desplanques  ». 

La  maison  de  Béthune  ne  protesta  pas  ; 
même  le  duc  de  Béthune-Charost  fut 
parrain  d'un  fils  de  Charles-François.  Les 
Etats  d'Artois,  en  1720,  rendirent  une 
sentence  confirmant  la  prétention  ;  mais, 
je  le  répète,  cette  prétention  n'est  pas 
appuyée  sur  des  titres  authentiques  connus. 
Il  y  eut  cependant  des  titres  produits, 
toutefois  Chérin  semble  les  avoir  trouvés 
faux,  d'après  une  lettre,  seule  pièce  qui 
soit  dans  ses  dossiers  sur  cette  famille. 

Les  princes  de  Béthune-Hesdigneul  sont 
Belges,  les  comtes  de  Béthune-Sully  des- 
cendent de  Georges  Desplanques,  frère  de 
Jean  ci-dessus.  Qiiant  aux  grands  Béthune, 
si  l'on  peut  ainsi  parler,  ils  existent  tou- 
jours. Le  marquis  de  Béthune  (Armand- 
Maximilien)  a  épousé,  en  avril  1905,  la 
comtesse  de  Bréqueville,  Oroel. 

Armoiries  à  déterminer  :  Eeai- 
telé..  (LlV,i09).  —  Lire  ainsi  la  descrip- 
tion qui  a  été  publiée  d'une  façon  erronée- 
Armoiries  :  Ecartelé  au  i"^  et  et  ati  ^^ 
d'argent,  aux  5  croix  de  Malte  de...  ac- 
compagné defasces  d'or. 

Au  2"  de. . .  au  lion  rampant  de... 
Au  ^^  d'argent   au  noyer  de   siuople   sur 
un  sol  de  même  chargé  d' une  merlette  d'ar- 
gent. L.  F.  L. 

Les  Cardillac  (LIV,  166).  —  Le 
n°  du  10  août  de  votre  intéressant  jour- 


. 296    — ■ — — • 

nal,  pose,  sous  la  rubrique  :  «  les  Cardil 
lac  »  la  question  de  savoir  quelques  ren- 
seignements sur  le  passage  de  Pierre  de 
Cardaillac  au  Château  Trompette.  Je  lis 
deux  faits  :  Vous  jugerez  s'il  est  bon  de 
leur  faire  place  dans  vos  colonnes.  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  de  Mme  de 
Maintenon  et  à  celle  du  siècle  passé. \omt  1*'  : 
1°  Il  est  dit  que  Pierre  de  Cardaillac  était 
lieutenant  au  Château  Trompette  lors  de 
l'internement  de  son  gendre  Constant 
d'Aubigné  et  «  le  duc  d'Epernon  gouver- 
neur de  Guienne  (page 68)  se  vengeait  sur 
le  fils  des  Tragiques,  du  père  en  donnant 
des  ordres  rigoureux,  dont  Cardaillac 
adoucissait  la  sévérité  par  égard  pour  sa 
fille  »,  qui  avait  voulu  être  enfermée  avec 
son  mari  ; 

2°  Qu'apparemment  en  1630,  avant  la 
naissance  d'aucun  des  enfants  d'Aubigné 
(toujours  en  prison)  «  Cardaillac  mourut 
au  Château  Trompette  —  et  d'Aubigné 
fut  plus  étroitement  resserré  »  page  70. 

Ces  mémoires  portent  :  chez  Pierre 
Gosse,  junior  et  Elie  Luzac  fils  1757.  La 
Haye  et  Leide.  Et  au-dessous  du  titre, 
ainsi  qu'à  la  i^^  page  :  «  Madame  C.  C.  de 
Lunéville  »  ;  ceci  tracé  à  la  main.  Quelle 
est  cette  dame  ;  est-ce  l'auteur.''  Le  livre 
ne  porte  pas  de  mention  de  nom  d'au- 
teur. Marc  Hus. 


Mlle  CLàiron  à  Rouen  (LIV,   i68)- 

—  Mlle  Clairon,  qui  avait  échoué  à  la  Co" 
médie  italienne,  à  cause  de  son  extrêm^ 
jeunesse  —  elle  n'avait  que  13  ans,   177" 

—  fut  engagée  à  Rouen  pour  jouer  le^ 
rôles  de  son  âge,  chanter  et  danser.  EU^ 
resta  quatre  ans  dans  cette  ville,  dans  1* 
troupe  dirigée  par  La  Noue,  qui  avai*- 
pour  associée  Mlle  Gauthier. 

C'est  pendant  son  séjour  à  Rouen  que 
parut  le  pamphlet  dégoûtant  intitulé  His- 
toire de  Mlle  Cronel,  dit  frélillon^  qu'on 
attribua  injustement  au  comte  de  Caylus, 
et  qui  n'était  l'œuvre  que  d'un  soupirant 
repoussé,  nommé  Gaillard,  j'ai  écrit  dans 
mon  Dictionnaire  des  comédiens  français 
(article  Clairon)  : 

Et  l'on  vit  des  littérateurs,  tel  Edmond  de 
Concourt,  ramasser  ces  ordures  pour  en  faire 
là  base  d'un  livre  qui,  sous  son  apparence 
historique,  ne  vise  absolument  qu'au  scan- 
dale. —  Que  Mile  Clairon  ait  eu  des  amants, 
qui  le  nie?  Mais  Edmond  de  Concourt,  après 
avoir  décalqué  quelques  pages  des  Mémoires 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août   1906, 


297 


298 


de  son  héroïne,  sans  même  rectifier  Tortho- 
graphe  de  certains  noms,  —tel  De  Hesse,  de 
h  Comédie  italienne,  qu'il  appelle  Deshais  — 
se  complaît  dans  la  fange  ;  il  s'y  vautre  ;  il 
ne  nous  fait  grâce  d'aucun  détail  ;  tous  lès 
libelles  lui  sont  bons  ;  il  accepte  comme 
amants  véridiques  tous  ceux  qu'on  nomme  ; 
et  fait  œuvre  de  portier.  Qii'est-ce  que  tout 
cela  peut  bien  faire  à  Thistoire  du  théâtre  et 
de  la  tragédie  au  xviu°  siècle  î 

On  a  prétendu  que  Mlle  Clairon  et  sa  mère, 
préposée  au  bureau  de  location,  avaient 
quitté  Rouen  à  la  suite  de  la  publication  du 
pamphlet  cité  plus  haut.  Nous  croyons  bien 
plutôt  que  les  deux  femmes  suivirent  à  Lille 
la  troupe  de  La  Noue,  à  laquelle  Mlle  Clairon 
appartenait  depuis  quatre  ans.  C'est  à  Lille 
que  Garrick  la  vit  jouer,  etc. 

H.  Lyonnet. 

Le  général  Duvignau  (LUI,  836  ; 
LIV,  127,  140).  —  Une  famille  du  Vi- 
gnau  possède  et,  habite  actuellement  le 
château  des  Radrets,  en  Sargé-sur-Braye 
(Loir-et-Cher).  Elle  porte  :  d'or,  au  chevron 
d'azur,  accompagné  de  9  trèfles  de  même, 
2  en  chef,  i  en  pointe  ;  an-  chef  de  gueules^ 
chargé  de  ^  couronnes  d'or. 

Je  crois  que  le  no.Ti  patronymique  est 
Douhlard.  Em. -Louis  Chambois. 

Fouroier  d©  Lam:-rîini9(LIV,i69). 
—  Qiiel  est  le  nom  de  cette  famille  ?  je 
trouve  dans  mes  notes  : 

Marie  Fournie  {sic),  fille  de  Pierre,  sei- 
gneur de  la  Martignie,  docteur  en  méde* 
cine,  et  de  Jeanne  Poumarède,  épousa, par 
contrat,    portant    filiation,   passé   devant 

Lantourne,  notaire  royal  (à .''),   le  29 

décembre  1701,  Jean  de   Bideran,  écuyer, 
sieur  de  Fontenelle, 

VxarvQ  Fournie  {sic)  de  La  Martinie^^capi- 
taine  en  retraite,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  mort  à  Agen,  au  mois  de  jan- 
vier 1866,  âgé  de  80  ans. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Gorjy  (LIV,  169).  —  D'après  Vape- 
reau  (Dictionnaire  universel  des  littéra- 
tures), Gorgy,  Jean-Claude  (et  non  Gorjy), 
né  à  Fontainebleau  en  février  1753,  est 
mort  à  Pinceloup,  près  Rambouillet,  en 
1795.  ^  J.  Lt. 

*  * 
Voici  son  acte  de  baptême  : 

Jean-Claude  fils  de  Claude  Gorjy,  valet 
de  chambre  de  Monsieur  le  comte  de  Maille- 
bois  et  de  Claire  françoise  Plume,  ses  Père 


et  Î^Ière  de  la  paroisse  de  Saint-Germain  ^ 
Paris,  né  eu  légitimé  mariage  le  dix-neu 
novembre  mil  sept  cent  cinquante-trois  a 
été  baptisé  le  lendemain  par  moy  soussigné 
prêtre  de  la  Concjréoation  de  la  Mission  fai- 
sant  les  fonctions  curiales.  Le  Parain  â  ete 
Jean-Baptiste  Lazard  fils  d'Etienne  Lazard, 
marchand  de  toile  et  la  maraine  Marie-Mag- 
delaine  Desrats  lille  de  Jean-Baptiste  Des- 
rats lesquels  ont  signé  avec  nous  ainsi  que  le 
Père  présent. 


Jean  Baptiste  Lazard 

Gorjy. 


MM...  Des(?ats 
Sedainme,  prêtre. 


Borijfimirl  Schlick  (LUI,  948  ;  LIV, 
136). — Je  remercie  M.  j.  L.  L.  de  ses 
utiles  renseignements.  Depuis  que  j'ai 
posé  la  question,  j'ai  pu  établir  l'identité 
de  ce  Schlick  qui  fut  un  architecte  aqua- 
relliste Danois,  correspondant  de  l'Aca- 
démie des  Beaux-Arts  de  France  vers 
1840.  îl  a,  en  effet,  séjourné  en  Italie,  où 
il  a  exécuté  de  très  belles  aquarelles  de 
Pompéi. 

Je  reprends  à  présent  ma  question  sous 
une  autre  forme  :  J'ai  entre  lés  mains  un 
magnifique  album  d'aquarelles  originales; 
il  mesure  80  cm,  de  hauteur  sur  60  de 
large  environ,  et  est  contenu  dans  une 
boite  de  palissandre  incrustée  de  cuivre. 
Le  volume  porte  une  belle  reliure  signée 
Hering, Londres.  Couverture  avec  incrus- 
tations de  cuivre^  deux  dragons  ciselés 
dans  chaque  angle.  A  l'intérieur,  aigle 
impérial  de  Napoléon  III.  Les  différents 
théâtres  en  médaillons  ;  un  groupe  sym- 
bolique avec  Thalie,  Melpomène, Apollon, 
Erato,Terpsichore.  Le  Titre  porte  :  Choix 
et  Collection  de  théâtres  dessinés  et  mesti- 
rés  par  Benjamin  Schlick.  Sept  théâtres 
de  Paris  et  le  théâtre  de  Bordeaux  y  figu- 
rent en  plans,  coupes  et  élévations,  avec 
détail  des  décorations  de  plafonds,  loges, 
scènes,  décors,  etc.  Ces  aquarelles  turetit 
faîtes  en  1829,  pour  Charles  X  ;  la  Ré- 
volution l'empêcha  de  les  accepter.  Je 
désire  savoir  d'où  provient  cet  album  et  à 
qui  il  a  successivement  appartenu. 

LÉO  Claretie. 

Le  baron  Thiers  (LI  ;  LUI,  838, 
924  ;  LIV,  137).  —  Je  relève  dans  le  der- 
nier catalogue  de  la  librairie  Dorbon,  rue 
de  Seine,  l'ouvrage  suivant  : 

468  Chanlaire  (Léon  de),  Champenois.  Le 
martyre  et  la  mort  du  Bizet.  Poëme  héroï- 
comique  par  un  homme    d'état  dédie,   sa'is 


No    1122. 


L'INTERMEDIAIRE 


• — 29Q  — — — 

permission,  à  S,  E.  Mgr  le  Baron  Thiers, 
président  du  conseil  des  ministres,  grand 
d'Espagne  de  par  le  Charivari  et  grand  offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur  de  par  lui- 
même,  attendu  sa  maxime  que  le  roi  rèone 
et  ne  gouverne  pas.  Paris,  1840. 

Gustave  Fustier. 

Towianski  (LIV.  109,  246).—  11  y  a, 
dans  la  France  mystique  d'Erdan,  si  la  mé- 
moire ne  me  trompe  pas,  toute  une  no- 
menclature avec  portrait  consacrée  à 
Towianski.  De  même  pour  cette  intelli- 
gence si  forte  et  si  paradoxale  :  Vrenski. 
Je  crois  me  souvenir,  sans  rien  assurer, 
qu'il  y  est  parlé  du  rôle  de  Towianski  en 
1848. 

Mais  M.  Persigny  doit  sans  doute  con- 
naître la  fiance  mystique.  Aussi  la  citai-je 
purement  à  titre  de  mémoire. 

Peut  être  pourrait  on  trouver  de  Tiné- 
dit  à  l'Ecole  Polonaise  qui  possède 
(paraît-il,  je  n'assure  rien)  une  riche  bi- 
bliothèque (selon  les  uns,  elle  serait  à  la 
Mazarine)  des  renseignements  inédits  sur 
Towianski,  le  fonds  proviendrait  de  legs 
et  contiendrait  tous  les  livres  de  plusieurs 
princes  polonais  ayant  joué  un  grand 
rôle  dans  les  temps  contemporains. 

Les  traditions,  les  souvenirs  sont  des 
plus  vivaces  chez  les  familles  polonaises. 
II  y  a  aurait  peut-être  là  quelque  chose  de 
nouveau  à  glaner  sur  ce  sujet. 

Marnix. 

Les  derniers  moments  d'Alfred 
de  Vigny  (LIV,  212,  246).  —  Deux  ob- 
servations à  propos  de  la  lettre  de 
M.  Léon  Séché  : 

1°  «  Le  récit  très  circonstancié  que  j'ai 
publié,  en  1901,  sur  les  derniers  moments 
du  poète  ».  —  Ce  récit  (Voir  :  Alfred  de 
Vigny  et  son  temps,  p.  330-335)  n'est  autre 
que  la  lettre  de  Mlle  C,  d'Orville,  publiée 
par  M.  Paul  Lafond,  l'année  précédente, 
dans  la  Revue  de  Paris. 

2°  «  Qu'est-ce,  en  effet,  que  le  jansé- 
nisme, sinon  du  pessimisme  chrétien  .?  » 
—  M.  Emile  Faguet  {Les  Religions  de  Vi- 
gny, Revue  latine,  25  mai  1903)  a  déjà 
réfuté  cette  assertion  : 

«Rien  n'est  plus  faux.  Le  jansénisme  est  un 
christianisme  rigoureux  ;  le  jansénisme  est 
un  christianisme  effrayé  et  convaincu  de 
l'impuissance  de  l'homme  h  se  sauver  lui- 
même  ;  le  jansénisme  est  surtout  un  christia- 
nisme individuel  et  qui  tient  peu  de  compte 


300 


de  la  monarchie  ecclésiastique,  et  c'est  en  cela 
qu'il  a  des  analogies  avec  le  protestantisme 
et  aussi,  à  un  autre  point  de  vue,  avec  le  ré- 
publicanisme ;  mais  pour  pessimiste,  servi- 
teur, le  jansénismene  l'est  absolument  pas.  » 

Le  Docteur  Noir. 

Col.  214,  ligne  12    et  col.  247  ligne  28,  il 
faut  lire  rester  une,  au  lieu  de  unie  ou  uni. 


Le  monogramme  du  Christ  (LllI^ 
LIV,  13).—  M. Peigné  Delacourt,  dans  son 
supplément  aux  Recherches  sur  la  bataille 
d'Attila,  nous  donne  la  figure  d'un  petit 
fragment  de  terre  cuite,  contenant  l'ins- 
cription d'une  épitaphe  gallo-romaine  (du 
sud  de  la  Gaule),  On  y  trouve  encore  les 
deux  extrémités  de  ce  monogramme,  ré- 
duites à  un  point  (pour  le  X)  et  à  une 
virgule  (pour  le    P.) 

Ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est  qu'où 
arrive  à  reconstituer  cette  épitaphe  toute 
entière  \'i,'à\x{\ç,  nom  de  la  personne,  qui 
n'a  rien  d'intéressant  par  lui-même.  Et 
pourtant,  il  n'y  avait  de  conservé  que  les 
lettres  soulignées  ici  :  «  In  Christo  ;  hic 
«  jacet  vir  bonje  memoriœ,  qui  vixit  an 
(nos)  XXÏll,  men(ses'  III,  J/(es)...,  et 
obéit  in  die  K  ^^^/(endarum),  indictione 
x,  régnante  Doiii[ino  ;;(ostro)  ^//(rismun- 
do)  rege  V/isigothorum  ». 

Celte  épitaphe  date  de  l'an  4^2,  à  quel- 
ques mois  près,  bien  que  le  n"  de  l'indic- 
tion  nous  manque  ;  en  efi'et,  ce  roi  ne  ré- 
gna que  de  451  à  453.  De  plus,  elle  vient 
d'Aquitaine  ;  car  on  y  trouve  écrit  bixit 
au  lieu  de  vixit,  comme  les  Basques 
étaient  autrefois  les  Vascons.  Heureux 
pays  que  la  Gascogne,  où  hibere  et  vivere 
sont  le  même  mot.  Là,  le  vin  c'est  la 
vie  !  Au  reste,  les  mots  vin  et  vie  (hia  en 
grec)  viennent  du  celtique  vi,  qui  a  le 
sens  de  la  force  procréatrice  ;  c'est-à-dire 
l'idée  de  la  force,  par  excellence. 

D""  Bougon. 

Armoiries  à  retrouver  :  d'azur.se- 
mé  de  fleurs  de  lis  d'or  et  de  clefs 
d'argent  (LUI  ;  LIV.  93,  199,  253).  — 
Je  ne  connais  pas  de  ville  en  France  por- 
tant ces  armoiries,  mais  elles  appartien- 
nent à  l'Eglise  du  Mans  qui, d'après  V Ar- 
moriai des  généralités,  blason nait  ainsi  : 
d'a:(Hr,  semé  alternativement  de  fleurs  de 
lis  d'or  et  de  clés  d'argent.  Le  sceau  du 
chapitre  cathédral  porte  actuellement  : 
da:^ur,  semé  de  fleurs  de    lis  d'or,   à  ^  clés 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août   1906, 


301 


d'argent  posées  2  et   i  ;  les  deux  premières 
adossées.  Em. -Louis  Chambois. 


Les  tableaux  de  Van  der  ?vïeu.l6n 
sur  les  victoires  de  Louis  XÏV  (LU; 
Lin,  81).  —  Le  conservateur  du  musée 
de  Villefranche  veut  bien  nous  adres- 
ser la  lettre  suivante  : 

î^ionsieur, 

Votre  numéro  de  novembre  1905  contient 
une  question  de  M.  Geo.  Bernard,  sur  les 
tableaux  de  Van  der  Meulen. 

Le  musée  de  Villefranche  contient  deux 
tableaux  de  ce  peintre,  légués  par  Mme  Vve 
Boiron  : 

Siège  ei  prise  de  Lille  ;  Bataille  de  Fon- 
tenoy . 

Veuillez  excuser  ma  réponse  tardive  et 
agréez,  Monsieur,  mes  respectueuses  saluta- 
tions. 

DÉRESSE. 


Un  porteur  de  chaise  des  «  ?ré- 
c'euses  »  (LIV,  219).  -  La  Vengeance  des 
Marquis  est  de  1663  et  rien  n'indique  que 
le  passage  cité  par  M.  H.  Lyonnet  se 
rapporte  aux  premières  plutôt  qu'aux  der- 
nières représentations  des  Précieuses  ridi~ 
cille',  et  notamment  à  celles  données  du  13 
avril  au  26  septembre  1660.  A  cette 
époque,  Du  Parc  pouvait  représenter  l'un 
des  porteurs  de  chaise,  mais  s'il  avait 
remplacé  Jodelet  dans  le  personnage  du 
Vicomte,  il  est  peu  probable  qu'il  ait  tenu 
les  deux  rôles. 


On  connaît  certainement  les  créateurs 
des  rôles  de  Mascariile  (Molière),  Jodelet, 
La  Grange  et  Du  Croisy  ;  quant  aux 
autres,  notre  ami,  M.  Georges  Monval, 
le  Moliériste  par  excellence,  les  a  ingé- 
nieusement distribué?  de  la  façon  sui- 
vante (Le  Moliériste^  septembre  1886, 
p.  177)  :  Magdelon  =  Magdeleine  Béjart  ; 
Cathos  =  Catherine  de  Brie  ;  Gorgibus  = 
François  Bedeau,  sieur  de  l'Espy  :  Alman- 
zor  =  Villequin  ;  Marotte  =  Marie  de 
l'Etang. 

Et  les  pc/rfours  de  chaise?  --  M.  Mon- 
val ne  les  oublie  pas  ;  il  propose  :  «  Louis 
Béjard  et...   (pourquoi   pas   [OgierLalle- 
des  Mazur-.  s  ?)  » 

L'abbé  de  Pure. 


mant,  sieur 


302 


Le  sonnet  d'Ârvers  est-il  imité 
dQl'iialieu?  (LIV,  162,  257). 

Agon  (Manche) 
Château  des  Pins, 

17  août  1906. 

Monsieur  le  Directeur  à.e\' Intermédiaire 
des  chercheurs  et  curieux^ 

Dans  votre  numéro  du  10  août,  que  m'en- 
voie le  Courrier  de  la  Presse,  vous  posez  la 
question  de  savoir  si  le  sonnet  d'Arvers  est 
une  oeuvre  originale  ou  une  simple  imitation 
dé  l'italien . 

Jusqu'ici,  personne  n'a  encore  pu  découvrir 
en  Italie,  le  sonnet  imité.  Comme  M.  Léon 
Séché,  j'ai  fait  faire,  il  y  a  déjà  plusieurs 
années,  grâce  à  mes  relations  amicales  avec 
un  de  nos  ambassadeurs  à  Rome,  des  recher- 
ches qui  sont  restées  infructueuses. 

Dès  lors,  comment  s'expliquer  qu'Arvers, 
lorsqu'il  a  publié,  en  1833,  ses  iî/t;«*'«/^r- 
dues,?Àt  placé  en  tête  de  son  sonnet  une  indi- 
cation fausse,  qu'il  n'avait  pas  mise  en  tête 
de  son  sonnet  écrit  sur  l'album  de  Mme  Men- 
nessier-Nodier,  et  qui  était  de  nature  à  dimi- 
nuer, sinon  à  lui  retirer  complètement  le  mé- 
rite de  cette  charmante  pièce  devers  ? 

L'explication  est  facile,  du  moment  qu'il 
est  établi  que  le  sonnet  avait  été  inspiré  par 
cette  jeune  femme,  tout  récemment  mariée  (le 
17  février  1830),  et  l'indication  erronée  est 
la  preuve  même  qu'il  n'y  avait  pas  d'autre 
inspiratrice.  Il  a  voulu  éviter  d'éveiller  tous 
sentnnents  de  jalousie  ou  de  susceptibiliié  de 
la  part  de  son  mari  ou  de  son  entourage. 

Je  pense  donc  qu'il  est  à  propos  de  vous 
envoyer  une  reproduction  de  l'article  que 
j'ai  publié  dans  VEclair  du  i""  de  ce  mois, 
pour  établir  péremptoirement  que  Marie  No- 
dier étaitbien  l'inspiratrice  du  sonnet  d'Arvers. 

Agréez,  monsieur,  l'expression  de  mes  sen- 


timents distingués. 


Louis  AlGOlM. 


iO 


Arvers,  publié 
dans   une  autr^ 


Voici  l'article  auquel  M.  Louis  Aigoin 
renvoie  nos  collaborateurs  : 

Dans  ma  Notice  sur  Félix 
chez  Ollendorlf,  en  1S97,  et 
brochure,  imprimée  en  1898,  et  intitulée  Le 
Mystère  du  Sonr.ei  d'Arvers,  j'ai  soutenu 
que  l'inspiratrice  de  ce  fameux  sonnet  était 
Marie  Nodier,  mariée,  le  18  février  1830,  à 
M,  F.-J.  Mennessier. 

Votre  journal  me  demande  de  fournir  des 
preuves  à  l'appui  de  mon  affirmation.  Je  vais 
les  donner,  en  priant  mes  contradicteurs  d'en 
faire  autant. 

\J Intermédiaire  des  chercheurs  et^  curieux 
de  1874  contient,  sin-  la  personnalité  de  l'hé- 
roïne, une  dissertation  qui  se  termine  ainsi  : 

«  L'inconnue   ne    serait-elle    pas   plutôt  la 


N°   1122. 


L'INTERMEDIAIRE 


303 


fille  de  Charles  Nodier,  Mme  Meiif^essier  ? 
Je  l'ai  entendu direcomme  de  source  certaine. 
Pour  détourner  la  pensée  dès  lecteurs,  Félix 
Arvers  aurait  indiqué  que  son  sonnet  était 
«  jine  imitation  de  V italien .  » 

L'éditeur  Hetzei,  l'un  des  habitués  du 
salon  de  l'Arsenal,  a  reçu  d'Arvers  lui-même 
la  confidence  qu'en  composaiit  son  sonnet,  il 
avait  pensé  à  la  fille  de  Charles  Nodier.  C'est 
ce  que  déclare  M.  Glinel,  l'un  des  historiens 
d'Arvers,  et  qui  a  été  en  relation  avec  M.  d'A- 
vrecourt,  fils  de  l'un  des  collaborateurs  dra- 
matiques du  poète.  M.  Glinel  dit  expressé- 
ment dans  Le  Livre  : 

«  Le  sonnet  célèbre  a  été  inspiré,  selon 
moi,  par  la  fille  de  Charles  Nodier,  Mme 
Marie  Mennessier,  » 

Cette  assertion  est  reproduite^  d'une  ma- 
nière plu5  positive  encore,  dans  un  article 
inséré  au  Figaro^  le  3  septembre  1893,  c'est- 
à-dire  le  surlendemain  de  la  mort  de  Mme 
Mennessier,  et  écrit  par  un  ami  intime  de  la 
famille.  «  Le  sonnet  d'Arvers,  dit-il,  lui  a 
été  adressé.  » 

M.  Edouard  Grenier,  après  avoir  raconté 
dans  ses  Souvenirs  littéraires^  comment  il  lui 
fut  donné  d'assister  aux  dernières  soirées  si 
célèbres  de  l'Arsenal,  s'exprime  ainsi  : 

«  Presque  toujours,  aux  réunions  du  di- 
manche, indépendamment  des  habitués,  il 
survenait  des  visiteurs  irréguliers,  comme 
Arvers,  à  qui  l'on  faisait  réciter  son  fameux 
sonnet,  écrit  sur  l'album  de  la  fille  de  la  mai- 
son et  composé  'pour  elle,  disait-il .  » 

Enfin,  M.  Thaïes  Bernard,  annotateur  de  la 
Littérature  Jrançaise  du  colonel  Stapf,  livre 
au  public  une  déclaration  qui  ne  peut  émaner 
que  de  Mme  Mennessier,  bien  qu'il  ne  la 
nomme  pas  ;  son  nom  est  transparent. 

«  L'album  de  Mme  XXX,  dit-il,  contient 
le  sonnet  écrit  de  la  propre  main  d'Arvers,  et 
cette  dame  avoue  que  le  sonnet  a  été  fait 
pour  elle,  Arvers  la  croyait  donc  beaucoup 
trop  naïve,  n 

11  résulte  de  tout  ce  qui  précède,  qu'à 
l'origine,  Arvers,  jeune  clerc  de  notaire  un 
peu  dépaysé  dans  un  salon  fréquenté  par 
toutes  les  célébrités  littéraires  de  l'époque, 
n'a  pas  osé  avouer  sa  flamme  à  la  fille  de 
Charles  Nodier,  encensée  par  tout  son  entou- 
rage. De  son  côté,  la  jeune  femme  était  trop 
intelligente  pour  n'avoir  pas  deviné  l'amour 
de  celui  qui  venait  de  déposer  sur  son  album 
cette  charmante  déclaration  voilée.  Mais,  tout 
récemment  mariée  et  disposée  à  rester  au 
devoir  fidèle,  elle  a  feint,  comme  l'avait  prévu 
Arvers,  de  ne  pas  comprendre. 

Quant  aux  familiers  du  salon  de  l'Arsenal, 
ils  n'ont  pas  été  longtemps  dupes  de  la 
double  discrétion  du  poète  et  de  l'héroïne,  et 
ceux-ci  ont  fini  par  s'en  relâcher,  ainsi  que 
le  prouvent  leurs  aveux  réciproques  ulté- 
rieurs, dûment  constatés. 


304     . 

Pour  moi,  qui  ai  été  lié  avec  la  famille 
Mennessier,  pour  moi  qui  ai  eu  l'honheur 
de  recevoir  à  ma  table,  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  la  fille  de  Charles  Nodier, 
je  sais  parfaitement  à  quoi  m'en  tenir.  Son 
fils  et  ses  trois  filles,  dont  l'ung  vit  encore, 
n'ont  jamais  cherché  à  me  dissimuler  la 
vérité.  C'e^t  même  en  présence  de  l'une 
d'elles  que,  dans  la  séance  publique  de  la 
Société  philotechnique  du  16  mai  1897,  dé- 
voilant le  mystère  du  sonnet  d'Arvers,  j'ai 
hautement  déclaré  qu'il  avait  été  fait  pour  la 
fille  de  Charles  Nodier. 

Du  reste,  cette  femme  d'élite  avait  inspiré 
bien  d'autres  déclarations  poétiques.  Son 
album  en  fait  foi.  Il  contient  les  vers  à  elle 
dédiés  par  Sainte-Beuve,  Théophile  Gautier, 
Emile  Deschamps,  Victor  Hugo,  Alexandre 
Dumas  père,  et  par  beaucoup  d'autres  litté- 
rateurs en  renom. 

On  y  trouve  notamment  les  trois  sonnets 
adressés  par  Alfred  de  Musset  à  Mme  Men- 
nessier, et  compris  dans  ses  Poésies  nouvelles. 
Grâce  à  M.  Edouard  Grenier,  qui  les  a  pu- 
bliées duns  ses  Mémoires  littéraires,  le  public 
peut  connaître  aussi  les  deux  réponses  en 
sonnets  adressées  par  elle  à  Musset. 

Cette  circonstance  prouve  combien  M.  Gre- 
nier était  au  courant  des  choses  de  l'Arsenal. 
11  faut  donc  l'en  croire,  quand  il  dénomme 
l'inspiratrice  du  sonnet  d'Arvers. 

Louis  AlGOIN. 


Saint  Christophe  et  l'enfant  Jé- 
sus LIV,  10,  13g,  200).  —  Sur  la- route 
qui  va  de  Trouville  à  VillerSj  se  rencontre 
le  petit  village  de  Bénervillê  do  rit  l'église^ 
consacrée  à  saint  Christophe  ^  date  du 
xf  siècle. 

Une  vieille  statue  en  bois,da  patron  de 
la  paroisse,  représente  l'enfant  Jésus  à  ca- 
lifourchon sur  les  épaules  du  saint. 

Pierre  de  Carnac. 


La  Logographie  (1111,672,819,932). 
—- Comme  exemple  remarquable  d'un  do- 
cument offrant  non  seulement  un  double 
sens^  mais,  ce  qui  est  plus  rare  encore,  un 
triple  sens,  contraire  à  chacun  des  deux 
autres,  pris  à  part,  je  puis  oftrir  aux  lec- 
teurs de  V Intermédiaire  le  texte  ci-joint, 
il  a  paru,  en  1864  ou  186^,  dans  unjour- 
nal  des  Etats-Unis,  à  l'époque  de  la 
guerre  de  la  Sécession,  et  a  été  reproduit 
dans  le  journal  anglais  Public-Opinion 
d'où  je  le  transcrivis  alors, quelques  jours 
avant  l'assassinat  du  président  Lincoln. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août  1906, 


505 


306 


LES  TROIS  PARTIS  EN  CONFLIT  AUX  ETATS-UNIS  EN  1865 

Plate  forme  des  [        tii^t»  /^^,«    ^..      L  Plateforme  de& 

o  '        ■      ■  i  \       Ftaie  forme  au      \  a  ?   / ,       ■  2 

ùecesstonistes  )  n^^j;    j;    ^^^  j.-        1  Abolîtwnistes 

,<,      ^.j.   <    j  {Parit    démocratique  l  t-'j- 

ou  Lonfedeves  des  )        ^.,    j,    ■     .,,  ^      \  ou  Fédéraux 

n  j.     j      c   j)  (        ^''    Umomsle        j  .      r-j  .     ,    \t-.  j 

Etats  du   Sud  \                                       f  des  Etats  du  Nofd 


Hurrah  for 

The  Sécession 

We  fight  for 

The  Confédération 

We  love 

The  Rébellion 

We  glorify  ourselves  in 

The  séparation 

We  don't  fight  for 

The  Reconstitution 

We  Shall  success 

The  union 

We  don't  love 

We  never  said  that 

We  désire 

Foreign  intervention 

We  cheerish 

The  Sparred  and  Speckled  flag 

We  Venerate 

The  susdish  chivalry 

Death  to 

Old  Abe  Lincoln 

Down  with 

The  Law  and  Order 


The  Old  Union 

Is  cursed. 

The  Constitution 

Is  a  league  with  hell. 

The  liberty  of  the  lànguagé 

Is  a  treason. 

A  free  press 

Shall  not  be  tolerated 

The  liberty  of  tbe  negroes 

Will  be  obtained. 

At  Every  hazard. 

We  love 

The  negroe. 

Union  Shall  be  dissolved 

As  it  was  ; 

Is  for  ever  lost. 

The  old  flag 

Is  a  mère  lie. 

Thé  habeas  corpus 

Is  hateful. 

Jefferson  Davis 

Is  not  the  governenient. 

The  mob  lavvs 

Shali  triumph. 


Séparatistes 
I 


TRADUCTION  DES  TROIS  PLATEFORMiiS 

Unionistes 
2 


Abolitionisies 
3 


Hourrah  !  pour 

La  Sécession 

Nous  combattons  pour 

La  Confédération 

Nous  aimons 

La  Rébellion 

Nous  nous  glorifions  dans 

La  Séparation 

Nous  ne  combattons  pas  pour 

La  Reconstitution 

Nous  réussirons 

L'Union 

Nous  n'aimons  pas 

Nous  n'avons  jamais  dit  qile 

Nous  désirons 

L'intervention  étrangère 

Nous  chérissons 

Le  drapeau  étoile  et  bariolé 

Nous  vénérons 

La  chevalerie  sudiste 

Mort  au 

Vieux  {Ab)\z\\2im  Lincoln 

A  bas 

La  Loi  et  l'Ordre 


(i)  (Président  du  Sud), 


La  Vieille  Union 

Est  maudite 

La  Constitution 

Est  une  ligue  avec  l'enfer 

La  libeité  de  langage 

Est  une  trahison 

Une  Presse  libre 

Ne  sera  pas  tolérée 

La  liberté  des  nègres 

Sera  obtenue 

A  tout  prix 

Nous  aimons 

Les  nègres 

L'union  sera  dissoute 

Telle  qu'elle  était 

Est  perdue  pour  toujours 

Le  vieux  drapeau 

Est  tin  pur  mensonge 

L'habeas corpus 

Est  détestable 

Jefferson  David  (1) 

Nest  pas  le  gouverhéftleht 

Les  Lois  Populaires 

Triompheront  1 

AuG.  Paradan. 


N"  II 


22. 


L'INTERMEDIAIRE 


307 


308 


Grands  relieurs  du  XÎX^  siècle 
(LIV,  109).  -  Dans  le  catalogue  de  la  bi- 
bliothèque de  M.  Lucien  de  Rosny,  i'"  par- 
tie, dont  la  vente  a  eu  lieu  au  mois  de  mai 
1874,  par  les  soins  du  libraire  Chosson- 
nery,  celui-ci  lui  a  ajouté  un  index  des  re- 
lieurs artistes  qui  y  figurent,  dans  lequel  on 
trouve  les  renseignements  suivants  s 
quelques  relieurs  cités  par  le  questionneu 

Belz-Niedrée  (}ean-Philippe)  né  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein,  en  1831,  succède  à  Nie- 
drée,  en  1856. 

Cape,  né  en  i8o6  à  Villeneuve-Saint- 
Georges,  a  exercé  de  1829  à  1867.  Il  a 
eu  pour  successeurs  Masson  et  Debon- 
nelle,  le  premier,  né  à  Genainville  (Seine- 
et-Oise),  élève  de  Cape,  le  second,  né  à 
Paris,  en  18 16,  élève  de  Thouvenin. 

Duru  (Marc-Hippolyte),  né  à  Claye 
(Seine-et-Marne)  en  1803.  élève  d'Antoine 
Chaumont,  a  exercé  de  1840  à  186^. 

Hardy  (François-Nestor-Canaris),  né  à 
Argentan  (Orne)  en  1825,  élève  de  Nie- 
drée,  délégué  de  la  ville  de  Paris  à  l'Ex- 
position universelle  de  1855. 

Simier,  élève  de  son  père,  a  exccc  jus- 
qu'en 1847. 

Thouvenin,  élève  de  Bozcrian,  le  jeune, 
mort  en  1833. 

Trautz-Bauzonnet  (Georges),  né  à  Pfor- 
zheim  (Bade)  en  1808, 

Vogel,  né  à  Dresde  (Saxe) 

11  est  fâcheux  que  l'initiative  prise  par 
le  libraire  Chossonnery  n'ait  pas  eu  d'i- 
mitateurs parmi  ses  confrères. 

Paul  Pinson. 

«  Cultor-^  de  la  vigne  »  Ouvrage 

à  retrouver  (LIV,  171).  — L'ouvrage  en 
question  consiste  en  deux  volumes  de 
format  petit  in-8''.  En  voici  le  titre  exact  : 

TRAITÉ      COMPLET    ||    SU      LA      MANIERE   ||    DE 

PLANTER,  d'Élever  et  i|  de  cultiver  ||  la 
VIGNE  II  .Extr.nf  du  grand  Dictionnaire 
Anglais  de  \\  Miller,  par  les  soins  de  la  so- 
ciété Oecono-  ||  miqiie,  de  Berne  en  Aile' 
mand,  traduit  \\  de  F  Allemand  et  augmenté 
par  un  membre  \\  de  la  ditle  société  :  on  y 
a  ajouté  la  manière  ||  de  cultiver  la  vigne 
dans  le  canton,  tirée  du  \\  recueil  oecono- 
miqiie  de  la  même  Société  \\  Yverdon,  |] 
M.DCC.LXVIII. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  quinze  cha- 
pitres :  1  à  X  pour  le  tome  premier  (260 
pages),  XI  à  xv  pour  le  tome  second 
(280  pages).  Le  chapitre  v   (pages  148  à 


192  du  t.  I)  est  intitulé  :  Dissertation  sur 
la  situation  de  la  Bourgogne,  et  des  vins 
quelle  produit^  par  M.  Arnoux.  —  A  la 
tin  du  t.  II  est  l'approbation,  datée  d'Y- 
verdon,  «  ce  15  de  may  1768  »  et  signé  : 
Pillichody,  châtelain  de  Baulmcs.  censeur. 
Les  deux  volumes,  reliés   en  un  seul, 

leron 
thèque 
Mèjanes  de  la  ville  d'Aix  en  Provence, 
sous  le  n°  27384  de  l'inventaire  du  fonds 
Méjanes.  E.  Aude. 


ur  î  avec  à  la  suite  une  autre  pièce  (Le  vigne 
ir.      expert,    1782),  existent  à  la   Bibliothè< 


L'Avocat  du  Diable  (LIV,  iio).  - 
Cet  ouvrage  est  généralement  attribué  à 
l'abbé  Adam,  curé  de  Saint-Barthélémy 
de  Paris.  Qiiant  à  son  lieu  d'impression, 
Saint-Pourçain,  c'est  là  évidemment  une 
souscription  de  fantaisie,  car  cette  petite 
ville  ne  renfermait  aucune  imprimerie. 

P.  Deschamps,  dans  son  Dictionnaire 
de  géographie  à  l'usage  des  amateurs  de  li- 
vres, croit  bien  que  c'est  un  lieu  supposé, 
mais  il  ne  donne  pas  le  nom  de  l'impri- 
meur, également  supposé,  que  je  crois 
me  rappeler  avoir  vu  et  qui  serait  Tous- 
saint-Passaint,  ce  qui  prouve  bien  une 
indication  facétieuse.  J--C.  Wigg. 

Secouer,  branler,  hocher  la  tête 

(LIV,  228).  —  J'ai  toujours  compris  se- 
couer la  tête  (secouer,  du  latin  succutere  : 
remuer  fortement  et  à  plusieurs  reprises) 
soit  :  (la  tète)  la  remuer  transversalement 
en  sip^ne  de  refus,  de  désapprobation  et  de 
négation.  Branler, d'après  les  dictionnaires 
de  synonymes,  exprime  un  mouvement 
facile,  qui  demande  peu  d'efforts,  et  ne 
marque  pas  le  déplacement  de  l'objet  : 
branler  la  tète,  c'est  faire  un  simple  mou- 
vement de  tête  qui  peut  être  dû  à  un  état 
physique  de  la  personne  ou  à  la  vieillesse 
du  sujet  —  d'où  mouvement  instinctif  — 
naturel  et  irréfléchi.  Hocher  (l'origine  du 
mot  vient  du  flamand  hutsen  ;  hotsen 
d'après  les  uns).  Le  Petit  Larive  et 
Fleur  y  dit  que  hocher  la  tête  signifie  :  la 
remuer  pour  témoigner  qu'on  n'approuve 
pas: cette  expression  serait  déjà  moins  vi- 
ri!e  et  donnerait  lieu  au  doute,  ou  au  dé- 
faut de  renseignements  complémentaires. 
Un  conférencier  ne  doit  pas  s'effrayer  des 
hochements  de  tête  qu'il  peut  surprendre 
à  quelques-uns  de  ses  auditeurs,  mais  le 
DÉNI  à  ses  assertions  sera  sûrement  mieux 
manifesté  par  les  secouements  de  tête  (en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30    Août   1906, 


309 


iIO 


l'espèce  des  mouvements  plus  rudes  et 
répétés)  de  ceux  qui  l'écoutent. 

Alexandre   Rey. 

Le  pluriel  des  mots  ea  ant  et  en 

eut  (LU,  841,  989  ;  LIV,  145).  — 
L'usage  de  supprimer  le  t  au  pluriel  est 
une  altération  à  laquelle  je  ne  vois  pas  de 
raison  plausible,  Je  crois  qu'il  exista  au- 
trefois —  il  y  a  une  soixantaine  d'années 
—  et  fut  abandonné.  La.  Revue  des  Deux- 
Mondes  l'a  fait  revivre,  mais  sans  avoir 
eu,  ce  me  semble,  beaucoup  d'imitateurs, 
soit  dans  les  livres  imprimés,  soit  surtout 
dans  les  correspondances. 

Quant  à  la  suppression  du  d  dans  diffé- 
rend, elle  est  absolument  inadmissible,  et 
bien  que  depuis  Buloz,  la  Revue  eut  la 
prétention  généralement  justifiée,  d'ail- 
leurs, d'être  d'une  correction  typographi- 
que impeccable,  je  crois  volontiers  à  une 
coquille. 

M-  J.  LT.  voit  donc  que  j'ai  le  plaisir 
d'être  de  son  avis  ;  mais  je  serais  tenté  de 
m'en  écarter  en  ce  qui  concerne  l'ortho- 
graphe du  mot  différend;  il  n'est  peut- 
être  pas  mauvais  que  le  subtantif  se  pré- 
sente nettement  d'une  manière  qui  sup- 
prime toute  hésitation.  A  la  vérité,  on  ne 

s'y  tromperait  guère.  H.  G.  M. 

* 

*  * 
J'adhère ,   de   tout   mon   sentiment,    à 

l'opinion  exprimée  par  M,  J.  LT.  sur  l'in- 

convénienL  de  la  suppression  des  t  au  plu- 

riel,danscette  catégorie  de  mots.  J'admets 

encore  moins  la  suppression  du  d  dans  le 

mot  différend,   lequel  est    un  substantif 

distinct,  et  sans  rapport  avec  les  adjectifs 

et  participes  en  ant  et  en  eut. 

LÉON  Sylvestre. 


i 


Lez  ou  Lès  (LIV,  1 10,  202).  —  Tout 
en  respectant  le  cas  de  Savigny-les-Beaune 
qui,  pour  sauvegarder  son  commerce  et 
mieux  se  blasonner  encore,  eût  aussi  bien 
fait  d'adopter  Savigny-de-Beaune,on  peut 
résumer  ainsi  la  question  : 

Le:(  signifie  à  côté  de.  proche,  près  de: 
Plessis-lez-Tours  et  seuls  les  démolisseurs 
jurés  de  la  langue  française  peuvent 
souhaiter  le  remplacement  de  ce  le{  par 
Ves  qui,  sans  simplification,  enlèverait  aux 
noms  et  leur  caractère  et  leur  significa- 
tion. 

Les  indique  une  production  du  pays, ou 
signale  une  particularité  quelconque.  Ce  1  Ouen,  suivant  les  lieux,  une  prononcia- 


les  peut  se  comparer  à  celui  de  François- 
les-Bas-Bleus  ;  Ex.  :  Villedieu-les-Poëles. 
Les  Poêles  distingue  le  Villedieu  où  l'on 
fabrique  les  poêles  des  autres  Villedieu. 

Pareillement,  La  Chapelle-aux-Pots  et 
Savignies-la-Poterie  se  distinguent  de 
leurs  homonymes.  On  pourrait  dire  indif- 
féremment,si  toutefois  cela  ne  contrariait 
pas  l'euphonie  :  Vil!edieu-aux  Poêles,  et 
la  Chapelle-les-Pots. 

On  peut  aussi  employer  les  avec  un 
nom  patronymique, et  particulariser  ainsi 
une  localité  en  lui  adjoignant  le  nom 
d'une  famille  célèbre  dont  elle  fut  le  ber- 
ceau :  Nohant-les-Sand,  par  exemple... 

Mais,  lorsqu'il  s'agit  de  marquer  la 
proximité,  ou  qu'un  lieu  dépend  d'un 
autre  lieu  plus  important  —  aujourd'hui 
comme  jadis  —  on  ne  peut  employer  que 
le^  :  Piessis-Zt'^-Tours,  ce  qui  signifie 
Plessis  proche  Tours,  Plessis  dépendant 
de  Tours. 

Si  vous  écriviez  Plessis-les-Tours,  cela 
voudrait  dire  que  ce  village  est  fameux 
par  ses  tours  et  ses  tourelles,  et  ce  serait 
stupide  en  même  temps  qu'inexact. 

Loriot, 

Horsain  (L  ;  Lî  ;  LU). 

Via  biau  temps  que  je  le  croyais  déguerpi, 
le  camp   levé,  il  devait  retourner  planter 
ses  choux  dans  son  pays.  N'est-il 
pas  des  côtés  de  Pirou,  ce  horsaiii-là  ? 

Charles  Frémine.  Le  Barbier  de  Monroc 
dans  «  Poèmes  et  récits  »  3*  édit.  Paris 
(1904)  p.  153. 

Horain  ou  horsin,  étranger,  qui  vient  du 
dehors. 

J.  Sévrette.  Plages  normandes,  8*  édit. 
Paris  (1905),  p.  41.  Sglpn. 

Taon  (LUI,  730,  824,  873  ;  LIV,  146, 
205). — A  proposde  la  prononciation  tan  et 
ton,  Lpt.  du  Sillon  me  demande  pourquoi 
on  prononce  Saint- Onan  à  Rouen  et 
Saint-Oiiin  à  Paris.  Je  lui  réponds  que  le 
cas  n'est  pas  le  même.  La  dénomination 
Saint-Otien  est,  en  quelque  sorte,  loca- 
lisée ;  elle  appartient  à  quelques  provinces 
et  s'y  prononce  suivant  l'accent  de  ces 
provinces.  Mais  le  mot  taon  est  d'un 
usage  général  et,  par  conséquent,  ne 
doit  avoir  pour  tout  le  pays  qu'une 
seule  et  même  prononciation,  une  pro- 
nonciation officielle.  Qi.ron  donne  à  Saint- 


ti'  ïiâ. 


L'INTERMEDIAIRE 


311 


312 


tion  ou  une  autre,  cela  n'a  qu'une  impor- 
tance relative  ;  mais  si  le  mot  taon  doit 
se  prononcer  ton,  il  s'ensuit  que  ceux  qui 
prononcent  fan  prononcent  mal,  et,  en 
sens  inverse,  si  l'on  doit  dire  tan,  il  est 
évident  que  ton  est  fautif. 

Francisque  Sarcey  reprochait  aux  ar- 
tistes des  théâtres  de  Paris  de  prononcer 
mai  avec  1'^  ouvert  (fnl')^  tandis  que  par- 
tout ailleurs  on  le  prononce  avec  \'é  fermé 
(nié)  et  que  les  poètes  le  font  rimer  avec 
les  mots  terminés  en  <?  et  en  ai  ;  les 
acteurs  ont  donc  tort.  Je  lis  dans  Auguste 
Barbier  (ïambes.  —  Desperatio.  —  Edit. 
1832,  p.  144)  : 

Quan4  le  froid  de  la  mort,    dénouant   ta  cer- 

[velle, 
Dans  le  creux  de  tes  os  fera   geler  la    moelle. 

Sans  doute,  Barbier  est  dans  la  tradi- 
tion poétique,  puisque  J.  du  Bellay  a 
écrit  : 

N'eût  ailumé  dans  mes  froides  moiielles 
Le  feu  vengeur  de  ses  flammes  cruelles. 

N'empêche  que  le  mot  a  pu,  depuis  le 
xvie  siècle,  changer  de  prononciation.  Ce 
qui  était  juste  alors  est  illicite  aujourd'hui. 
Nos  poètes  ne  font  plus  rimer  mer  et  aimer, 
lois  et  fiançais,  etc.;  ils  ne  doivent  pas, en 
conséquence,  faire  rimer  moelle  avec  les 
mots  terminés  en  elle,  puisqu'on  pro- 
nonce aujourd'hui  moille  :  Barbier  est 
donc  condamné.  Je  désire  —  pour  en  re- 
venir à  la  question  —  qu'une  enquête  soit 
faite  au  sujet  de  taon  et  qu'elle  établisse 
si  la  prononciation  la  plus  répandue  est 
ton  ou  tan  ;  car,  en  cette  matière, l'usage, 
c'est  la  loi.  Adrien   Marcel. 


«  Républicaines»  (LUI, 724,905). — 
En  réponse  à  ma  question,  M.  Pierre  Vi- 
dal me  fait  connaître  qu'il  est  l'auteur 
d'une  Histoire  de  la  Révolution  française 
dans  le  département  des  Pyrénées-Orientales, 
et  qu'il  serait  disposé  à  s'entendre  avec 
moi  pour  éditer  la  correspondance  du 
général  d'Aoust  que  je  possède. 

Son  Histoire  de  la  Révolution  a-t-elle  été 
publiée  ?  Si  oui,  où  et  quand  ? 

Ses  intentions  sont-elles  toujours  les 
mêmes  au  sujet  de  l'intéressante  et  pré- 
cieuse correspondance  du  jeune  général 
qui  périt  victime  de  la  délation  ? 

Paul  Pinson. 


Ohsssdllo.  Comète  (LUI  ;  LIV,  97, 
145,  205).  —  J'ai  dit,  dans  le  n»  du 
20  juillet  dernier,  que  l'étymologie  du 
mot  timbre  avait  été  don-née  dans  cette 
revue.  Or,  un  correspondant  me  fait  re- 
marquer qu'il  ne  la  retrouve  pas.  C'est 
qu'alors  ce  n'est  pas  dans  V Intermédiaire 
de  Paris, mais  dans  l'Intermédiaire  IVantaii, 
que  je  l'ai  donnée  ;  et,  dés  lors,  je  renvoie 
à  cette  source,  pour  ne  pas  faire  double 
emploi. 

Il  est  possible  que  les  timbres-sarco- 
phages ne  soient  pas  tous  mérovingiens. 
11  est  même  certain  qu'il  y  en  a  de  carlo- 
vingiens  !  Il  est  probable  même  qu'il  y 
en  a  de  plus  récents  encore  !  Mais,  d'or- 
dinaire, les  timbres-sarcophages  sont  an- 
térieurs à  xm^-xiv"  siècle,  en  Bas-Poitou 
au  moins.  Le  mot  timbre.^  dans  le  sens 
d'auge,  est  connu  de  toute  la  Vendée  ;  et 
il  se  trouve  dans  tous  les  glossaires  du 
patois  poitevin.  Je  crois  inutile  d'insister. 

D""  Marcel  Baudouin. 

* 

Le  timbre  :  terme  générique  désignant 
en  Vendée  comme  en  Loire-Inférieure,  et 
sans  doute  dans  d'autres  départements, 
les  auges  de  pierre,  quelles  que  soient 
leur  grandeur  et  leur  forme,  qui  servent 
à  abreuver  les   bestiaux. 

Beaucoup  de  ces  monolithes  mérovin- 
giens, que  connaissent  tous  les  archéolo- 
gues, ont  servi  et  servent  encore  de  tim- 
bres-abreuvoirs dans  les  fermes  et  ailleurs. 
Nous  avons  maintenant  la  preuve  qu'ils 
recevaient  généralement  les  restes  de 
personnages  importants  ou  ministres  du 
culte.  Mais,  pour  répondre  à  la  question 
que  nous  adresse  un  vieux  poitevin,  j'es- 
time que  cela  n'est  pas  suffisant  pour 
affirmer  que  «  tous  les  sarcophages  trou- 
vés dans  le  Bas-Poitou  soient  des  sarco- 
phages Mérovingiens  ». 

J'habite  uoe  localité  située  sur  un  banc 
assez  étendu  de  calcaire  tertiaire  miocène 
supérieur,  exploité  par  les  Mérovingiens 
pour  l'extraction  de  ces  grands  blocs  mono- 
lithes, et  me  tiens  à  la  disposition  de  nos 
collaborateurs  pour  donner,  à  ce  sujet,  les 
détails  locaux  qui  leur  paraîtraient  néces- 
saires. FÉLIX  CHAILLOy. 

*  * 
Vlntcrmcdiairc  s'est  déjà  occupé  de  la 

Comète    (année  1877,   c.  iio)  et  a  donné 

de  ce  mot  une  explication  amusante. mais 

peut-être    fantaisiste.   D'aucuns  veulent 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


50  Août  1906, 


313 


que    comète  vienne  de   la  petite  comète 
blanche   peinte    sur   le    corbillard. 

Gustave  Fustier. 

Tart9mpion(LlII;  L1V,39,  98, 1 52). — 
En  faisant  appel  à  ses  souvenirs,  le  colla- 
borateur H.  G,  M,  que  je  remercie  par 
avance,  pourrait-il  donner  la  date  de  pu- 
blication du  Musée  pour  rire  ? 

Gustave  Fustier. 

Connu  comme  le  ioup  blanc  (T. 

G,  536;  LIV,  148,  262).  —  Le  Diction- 
naire des  proverbes  français  et  des  façons  de 
parler  comiques,  burlesques  et  familières  de 
iy4Ç)^  dit  à  l'article  loup  :  //  est  connu 
comme  h  Loup  ^  il  est  extrêmement  connu, 
et  plus  loin  :  //  est  décrié  comme  le  loup 
blanc.  —  En  Bourgogne, on  emploie  beau- 
coup cette  expression  et  certains  l'ont 
conciergisée  ainsi  :  «  Connu  comme  le 
houblon  »  et  aussi  «  comme  le  houx  blanc  ». 
Cette  dernière  manière  serait  plutôt  iro- 
nique et  voudrait  dire  «  peu  connu  »,  car 
le  houx  blanc  n'est  pas  commun. 

F. Jacotot. 

Piad  denez(Llll,  730,824,  LIV,  40, 
99,  147).  — J'ai  toujours  pensé  —  à  tort 
ou  à  raison  —  que  le  pied  de  ne^  faisait 
partie  de  l'arsenal  de  ces  gestes  symboli- 
liques  dont  la  clarté  ne  réclame  aucun 
commentaire  verbal.  Telles  encore  les 
cornes  et  la  basane  (mal  portée  en  dehors 
des  corps  de  troupes  à  cheval).  La  fgue 
a  beaucoup  vieilli,  elle,  et  c'est  justice  ; 
car  s'il  y  aura  toujours  sur  notre  pauvre 
globe  terraqué  des  hommes  déçus  et  des 
maris  trompés  pour  assurer  l'actualité  du 
pied  de  ne:(  et  des  cornes,  il  n'en  va  pas 
de  même  de  la.  figue  que  nombre  de  mes 
contemporams  sans  doute  ne  savent  pas 
faire  (glisser  le  pouce  entre  l'index  et  le 
médius),  ce  geste  ne  représentant  plus 
guère  qu'un  souvenir  historique.  C'était 
jadis  un  sanglant  outrage  pour  tout  bon 
Milanais,  cette  évocation  mimée  de  la 
honte  imposée  à  ses  ancêtres.  On  sait 
qu'en  un  jour  de  rébellion  contre  Frédéric 
Barberousse,  ceux-ci  avaientchassé  l'impé- 
ratrice hors  de  leur  ville,  la  forçant  de 
chevaucher  à  rebours  une  vieille  mule. 
Par  mesure  de  représailles,  l'empereur 
reprit  Milan  et  contraignit  les  plus  nota- 
bles révoltés  à  arracher  avec  leurs  dents 
une  figue  enfoncée    vous  devinez   où,    à 


314 


l'ombre  delà  queue  de  Tacor  (ainsi  s'appe- 
lait la  mule  qui  servit  tour  à  tour  à  l'in- 
sulte et  à  la  répression.) 

G.  DE  FONTENAY. 

Bœuf  £'ra-5  (T.  G,  122  ;  LIV,  209).— 
La  chanson  souvent  citée  est  d'Elie  Fré- 
bault,  musique  de  Paul  Blaquière  ;  elle  a 
été  créée  à  l'Alcazar,  par  Thérésa.  Elle  est 
dédiée  à  Jules  Noriac.  Elle  est  intitulée  La 
déesse  du  Bœuf  gras. 

Cette  chanson,  d'une  amusante  couleur 
triviale  trace  un  pittoresque  tableau  du 
Bœuf  gras,  sous  l'Empire. 

C'est   moi   qu'j'étais  dans   Ttemps,  chez   les 

[artisses  ; 
A  vingt  sous  l'heur'  j'posais  pour  le  poitrail  ; 
Fichu  métier,  j'passe  à  d'aut's  exercices, 
L'jour  du  bœuf  gras,  c'est  mon  jour  de  travail. 
Couronnée  ci'ros's,  harnachée  à  l'antique 
C'est  moi  qu'on  voit  plantée  au  haut  du  char, 
Chaqu'  carnaval  en  Vénus  athlétique, 
Avec  l'amour  que  c'est  mon  jeun'  moutard. 

V'Ià  la  peau  d'an'  qui  ronfle, 

C'est  l'instant  du  branl'bas, 

Venez  voir,  dans  son  triomphle, 

La  déesse  du  Bœuf  gras. 

Uq  septième  gax'çon  ou  le 
septièm:j  enfant  (LUI,  945  ;  LIV,  41, 
102,  154). —  En  Belgique, dans  les  familles 
dotées  de  sept  garçons  consécutifs,  il  est 
d'usage  d"écrire  au  roi  pour  l'informer  de 
la  naissance  du  septième  enfant  mâle.  Le 
roi  accepte  d'être  le  parrain,  et  se  fait 
représenter,  soit  par  le  bourgmestre,  soit 
par  un  autre  fonctionnaire.  11  envoie  aus?i 
aux  parents  un  léger  cadeau  pécuniaire 
(ordinairement  50  francs.) 

Voilà  ce  que  je  me  rappelle  avoir  lu, 
rarement,  il  est  vrai,  dans  les  journaux 
locaux. 

J'ai  souvent  entendu  dire  que  le  sep- 
tième garçon  est  de  droit  filleul  du  roi, 
mais  je  pense  que  cette  croyance  popu- 
laire est  dénuée  de  fondement,  et  qu'il 
n'y  a  là  qu'un  procédé  gracieux  de  la 
part  du  souverain.  H.  Angenot. 


Vins  d'honn«ur  (LUI;  LIV,  58,  153). 
—  Il  y  a  une  quinzaine  d'années,  je  me  suis 
présenté  à  la  députation  dans  le  départe- 
ment de  l'Aube. 

Dans  plusieurs  communes  de  ma  cir- 
conscription, j'ai  été  invité  à  un  «  apéritif 
d'honneur  »  (textuel).  Vers  cinq  heures 
du  soir,  mes  aniis  politiques   m'ont  reçu 


N"  1122. 


L'INTERMÉDIAIRE 


—     315  

au  café,  où  on  a  bu  différentes  consom- 
mations du  plus  complet  éclectisme.  Mon 
adversaire,  qui  avait  un  excellent  esto- 
mac, a  été  élu.  J.  L. 

Une  inscription  à  traduire  (XLVII, 
XLIX  ;  L).  —  En  un  distique  historique 
(1845)  et  un  quatrain  fantaisiste  :  je  n'ose 
transcrire  le  texte  en  post-scriptum. 

Ne  me  harcèle  pas,  signe- toi,   téméraire, 
Signe-toi  sur  le  champ  :  Rome   accourt  pour 
Delauney.  [te  plaire 

Ecris  ton  nom  :  bien  téméraire 

Qui  sur  le  mien  porte  la  main  ; 

RoMA  n'a  qu'une  volte  à  faire 

Pour  devenir  Amor  soudain. 

VJtîtermédlaire  rQCtxÙQva.  aujourd  hui  un 
«  bourdon  »,  ou  une  bourde  vieille  de 
quinze  siècles  —  de  Sidoine  Apollinaire 
(^489)  qui  n'y  était  pour  rien,  à  Etienne 
Pasquier  qui  aurait  pu  s'y  reconnaître  -- 
en  passant  par  Migne,  Panckoucke,  Dûb- 
ner,  John  Valpy  de  Londres  et  B.-G.Teub- 
ner  à  Leipzig  : 

Sole  medere,  pede  eJe.peredemelos 
Du  soleil  pour  renaître, et  dans  un  tourbillon. 
Tournez,  valsez,  dansez,  sylphide  ou  papillon 

Quant  à  Sole,  impératif  de  Solere  (d'or- 
dinaire !)  il  doit  appartenir  aux  Causes 
célèbres  :  les  lois  sont  l'expression  des 
mœurs  ; 

Pour  Sole,  vocatif  de  Solus,\\  relève  de 
Calino  :  il  faut  être  à  deux  pour  s'inter- 
peller !  voir  toutefois  dans  Forcellini, 
Priscien  X,  723  ; 

Enfin  la  quantité  de  Roina  au  premier 
pied  de  l'hexamètre  ou  de  l'élégiaque  se 
trouve  dans  Quicherat,  de  même  le  datif 
d'avantage .  Poënsin-Ducrest  , 

Le  crapaud  ds  Blois  (LIV,  172, 
267).  — J'ai  lu  dans  les  souvenirs  d'un 
élève  de  l'Ecole  de  Rome,  je  crois  bien 
qu'il  s'agit  de  Charles  Garnier,  que  au 
cours  d'une  excursion  archéologique,  ses 
compagnons  et  lui  trouvèrent  un  crapaud 
vivant  emprisonné  dans  une  roche  défor- 
mation ancienne  ou  tout  au  moins  dans 
un  antique  murailiement. 

Si  la  trouvaille,  mettons  si  l'on  veut  la 
prétendue  trouvaille  de  Blois,  remonte  à 
1857,  c'est  elle,  sans  doute,  qui  donna  le 
thème  d'une  revue  de  fin  d'année,  sortie, 
je  pense,  de  la  fabrique  Clairville  et  Cie 
qui  avait  alors  la  spécialité  du  genre,  et 
dont  le  titre  était  ;  Les  ciapaiids  immortels. 


3 1 6    

Le  roi  Ballon  s'engageait  à  donner  la  main 
de  sa  fille  Nacelle  à  celui  qui  lui  apporterait 
un  crapaud  immortel,  mais  l'animal  pré- 
senté se  changeait  en  ,  un  canard,  et 
c'était  le  mot  de  la  fin.  H.  G.  M. 

.  *  * 
C'est  aujourd'hui  seulement  que  nous 

avons  connaissance  des  réponses  adressées 

à  ce   sujet,   à   V Intermédiaire    des     chei- 

cheurs  et  curieux.  Nous   ne  dirons   qu'un 

mot  de  critique,  parce  que  ce  mot  nous 

parait  typique. 

Comment  nos  érudits  et  savants  ophé- 
lètes  ne  comprennent-ils  pas  que,  pour  un 
seul  crapaud  vivant  découvert  dans  ces 
géodes,  on  devrait  trouver  une  quantité 
de  crapauds  morts  tX,  à  fortiori,  des  cen- 
taines d'autres  pierres  contenant  des  sque- 
lettes et  des  mvriides  de  débris  de  squelettes 
de  crapauds  ?  Or  jamais  on  ne  parle  que 
de  crapauds  vivants  ;  en  dehors  de  l'expé- 
rience citée  facile  à  renouveler,  et  que 
nous  défions  carrément  de  recommencer 
jamais  avec  succès,  si  la  fermeture  est 
hermétiquement  close  (comme  elle  l'est 
dans  la  nature). 

A  Noyon,ces  géodes  (ou  rognons  silico- 
calcaires)  s'appellent  vulgairement  des 
têtes  de  chat.  Avec  un  peu  d'h  abitude,on 
reconnaît  au  poids  celles  qui  renferment 
une  cavité  centrale  ,  de  sorte  qu'on  peut 
les  fendre  avec  précaution,  ^ans  broyer 
en  mille  pièces  les  cristaux  ou  les  mame- 
lons brillants  qui  s'y  trouvent,  dont  la 
couleur  rappelle  celle  des  boules  de 
gomme  arabique.  IVlais  si  cette  cavité  cen- 
trale était  moulée  sur  le  corps  d'un  cra- 
paud, alors  on  ne  pourrait  plus  la  recon- 
naître d'avance,  au  poids  ;  de  sorte  que 
le  coup  de  masse  de  fer  des  carriers  ris- 
querait d'écrabouiller  le  corps  de  son 
malheureux  locataire,  au  moins  9  fois 
sur  10,  faute  de  précautions  préalables. 
Or  jamais  il  n'est  question  de  cette  mar- 
melade, pourtant  si  naturelle  !  Ab  iino, 
disce  omnes. 

Pour  le  crapaud  vivant,  montrez-nous 
des  quantités  de  débris  de  squelettes  de 
crapauds  morts  ;  et  alors,  mais  seule- 
ment alors,  nous  pourrons  y  croire. 
Sinon,  nous  aurons  toujours  une  infinité 
de  raisons  pour  nous  en  défier  ;  en  vertu 
du  proverbe  :  trop  poli  pour  être  honnête  ; 
ou  ici,  trop  beau  pour  être  véridique, 
nous  dirons  même  vraisemblable. 

D'B. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août   1906. 


yS 


Un  crapaud,  de  l'espèce  du  bufo  viridis 
ou  variabilis^  fut,  en  effet,  découvert  vi- 
vant, non  pas  vers  1835,  mais  exactement 
le  23  juin  185 1,  dans  un  silex  fort  dur, 
par  des  ouvriers  occupés  à  creuser  un 
puits  au  lieu  dit  «  le  Pressoir  blanc  », 
proche  la  gare  de  Blois. 

Cette  découverte  fut  aussitôt  commu- 
niquée à  la  Société  des  Sciences  et  Lettres 
de  la  ville  de  Blois. 

A  la  suite  d'une  assez  longue  discus- 
sion (11  juillet  185 1),  une  commission 
composée  de  MM.  du  Plessis,  Gaudeau, 
Naudin,  Richardon,  Villers  et  Derouet, 
était  choisie  à  l'effet  de  prendre  tous  les 
renseignements  et  de  faire  son  rapport, 
lequel  était  soumis  à  la  Société  dans  la 
séance  du  18  juillet  (i). 

Le  21  juillet,  le  D'  Monin,  de  Blois, 
faisait  part  de  cette  trouvaille  à  \' Académie 
des  Sciences,  par  une  note  insérée  dans  le 
tome  XXXlll  des  Comptes  rendus  hebdo- 
madaires des  séances  de  cette  Compagnie 
(pp.  60-6 1). 

Le  4  août  suivant,  M .  Duméril,  au  nom 
d'une  commission  dont  faisaient  partie 
MM.  Elie  de  Beaumont,  Flourens  et  Milne 
Edwards,  donnait  lecture  d'un  long  rap- 
port «  sur  un  crapaud  trouvé  vivant  dans 
la  cavité  d'un  gros  silex  où  il  paraît  avoir 
séjourné  longtemps  »  (2). 

L'importance  de  ce  document  m'em- 
pêche de  le  reproduire  ;  mais  je  ne  puis 
passer  sous  silence  l'intéressante  biblio- 
graphie, faisant  suite  à  ce  rapport,  des 
observations  faites  à  ce  sujet  de  1546, 
(Georges  Agricola),  à  i84i,(C  Duméril). 

Le  rapport  de  M.  Duméril  donna  lieu 
à  l'Académie  des  Sciences,  à  des  «  Re- 
marques »  dubitatives  de  M.  Magendie(3) 
et  de  M.  Serres,  ce  dernier  faisant  «  re- 
marquer à  l'Académie  que  cette  observa- 
tion n'ajoute  rien  à  la  science  »  (4) . 


(1)  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences 
et  Lettres  de  la  ville  de  Blois,  tome  V, 
(1856),  pp.   CXUI-CXIV. 

(2)  Comptes-rtndus  hebdomadaires  des 
séances  de  V Académie  des  Sciences,  tome 
XXXIII,  juillet-décembre,  1851,  pp.  105- 
115. 

(3)  Ibid.,  pp.  n  5-1 16. 

(4)  Ibid.,  p.  116, 


Sous  les  n"  581  et  582,  des  daguerréo- 
types, des  photographies  et  une  planche 
au  lavis  figurent,  au  musée  de  Blois,  du 
silex  du  Pressoir  blanc  et  de  son  pension- 
naire, mort  trente-huit  jours  après  avoir 
été  rendu  à  l'air  et  à  la  lumière. 

Pierre  Dufay. 


♦  * 


Je    ne   sais    rien  de   particulier  sur   le 
crapaud   de   Blois.    Tous   ceux  qui    ont 
vécu  comme  moi  au  milieu   du   peuple, 
des  ouvriers,  des  gens  de    la  campagne, 
connaissent  cent  histoires  ou  contes  sem- 
blables. On  casse  dans   une  carrière  une 
énorme  pierre  et  au  milieu  on  trouve  un 
crapaud   encore  engourdi    naturellement 
de  se  voir  brusquement  tiré  de  son  som- 
meil archi  séculaire.    Malheureusement  il 
n'y  a  jamais  personne  d'assez  averti  pour 
contrôler    de  pareils  faits    qui    viennent 
grossir   la    somme   considérable  des   er- 
reurs populaires   Parmi  celles-ci,  on  peut 
ranger  hardiment    les  couleuvres  qui  tè- 
tent les  vaches  et  les  épuisent,   les  arai- 
gnées aspirées   par  les  narines  et  qui  se 
développent  dans    le  cerveau,    les  lézards 
qui  pénètrent  dans  l'estomac  et  dont  un 
spirituel  chirurgien  a  trouvé  le  moyen  de 
débarrasser  son   patient    J'ignore  donc  si 
l'Académie  des  sciences  a  jamais  délibéré 
sur  le  crapaud  de    Blois,  mais  enfin   con- 
venons qu'il  faut  faire  bon    marché   des 
lois    biologiques,   pour    admettre  qu'une 
géode  de  silex   contemporaine  d'une  pé- 
riode géologique,  c'est-à-dire,   âgée  d'un 
nombre  infini  de   siècles,    puisse   renfer- 
mer un  crapaudvivant.il  faudrait  d'abord 
se  demander  si  ce  batracien  existait  déjà  à 
cette  époque.  Les  gens  simples  qui  croient 
de  pareilles  choses,  sont  certainement  de 
ceux  qui  se    figurent  que   les  pierres   de 
leur  jardin    sont   toujours  en  formation 
constante.  11  n'y  a  pas  que  les  jardiniers 
qui  en  soient  encore  là. 

Du  reste,  le  pauvre  crapaud  a  bon  dos. 
Le  paysan  auquel  on  a  jeté  un  sort,  et 
qui  voit  ses  bestiaux  périr,  fait  enlever  le 
seuil  de  son  étable  :  invariablement  on 
dit  qu'on  a  trouvé  dessous  un  crapaud. 
Le  même  a  vu  tomber  des  pluies  de  cra- 
pauds, et  l'explication  qu'on  en  donne  ne 
lui  sert  de  rien.  Avaler  un  crapaud  est 
synonyme  d'avaler  des  couleuvres, et  cela 
en  dit  plus  long  que  toute  ma  glose. 

E.  Grave. 


K»    II22. 


^'INTERMÉDIAIRE 


319 


320 


^oi4^  irawratll^»    tï  ((^mmlié^ 


La  vp-nte  des  msubles  d?  Dsnton, 
à  Sèvres,  ap^ès  son  exécution.  — 

Danton  fut-il  vénal  ?  En  tout  cas,  sa  vé- 
nalité ne  Tenrichit  guère,  si  l'on  en  juge 
par  le  procès-verbal  que  nous  commu- 
nique M.  Léonce  Grasilier,  et  qui  est  celui 
de  la  vente  de  ses  meubles  à  Sèvres,  après 
son  exécution. 

Il  occupait  dans  la  maison  de  son  beau- 
père,  un  logement  modeste,  bourgeoise- 
ment meublé,  mais  sans  luxe.  Par  la  pièce 
qui  suit,  et  qui  a  échappé  à  la  sagacité  du 
docteur  Robinet,  on  verra  de  quoi  se 
composait  ce  mobilier  et  comment  il  fut 
dispersé. 

On  remarquera  que  les  provisions  de 
bouche  étaient  assez  abondantes  et  que 
tout  le  pays,  après  la  vente,  a  dû  manger 
du  lard  du  citoyen  Danton, 

DirecHon  des  Domames  (versement)  Bureau 
de  Sèvres^  Dossier  Danton^  condamné 
(archives  de  Seine-et-Oise). 

» 

CoNDAMÉ  Danton 


Cejourd'hui  huit  prairial  l'an  second  de  la 
République  française  une  et  indivisible  trois 
heures  de  relevée  en  vertu  de  la  loi  du  douze 
Germinal  dernier  et  de  l'arrêté  du  district  de 
Versailles  aussi  en  date  du 

Le  tout    relatif  à   la    vente    des   biens    des 
condamnés  à  mort  et  à  la  requête  du  citoyen 
substitut  de    l'agent   national    du  district  de 
Versailles  y  demeurant,  je  me  suis  Jean-Bap- 
tiste Henault  huissier   audiencier  au  tribunal 
Criminel  du    département    de    Seine  et  Oise 
demeurant    à    Versailles,  rue    du    Commerce 
n'  17.  Section  des  droits    de  l'homme,  trans- 
porte accompagné  du  Citoyen  Rollaid, Com- 
missaire nommé  par  le  District  pour  être  pré- 
sent aux  dites  ventes  en  la  Commune  de  Sè- 
ves, à  l'effet  de   procéder  à  la  vente    au  plus 
offrant  et  dernier  enrecherisseur  des   meubles 
eteffets,  vaches,  porcs,  poule,  pigeon,  et  voiture 
appartenant  cy  devant  à  Danton, député  con- 
damné à  mort,  et  qui  sont  déposes  en  la  mai- 
son du  C'toyen  Charpentier,  en  la  dite  Com- 
mune de  Sèves,  compris    en    l'inventaire  qui 
en  a  été  fait    ce    jourJ'hui  en    présence    des 
Officiers    municipaux    de  Sèves    et  les  mem- 
bres composant  le  Comité  de  surveillance  de 
la  dite  Commune,  où  étant  et  parlant  au  ci- 


toyen Dauvergne,  gardien  d'y  ceux,  je  l'ai  in- 
terpellé de  me  faire  la  représentation  des  dits 
effets,  à  quoi  il  a  satisfait,  et  après  avoir   fait 
annoncer  la  dite  vente,  tant  en    cette   Com- 
mune que  Pont  la  Montagne  et  Meudon,  par 
le  tambour     ordinaire    des    dits   endroits,  et 
qu'il  s'y  est  assemblés  quantité  de  marchands 
Brocanteurs,  Bouchers  marchands  de  vaches  et 
autres  cityoyens  et  citoyennes  pour  enchérir 
et    achapter,   j'ai    fait    mettre    un    tapis  à  la 
grille  d'entrée  à  la  dite  maison,  numéro   1 19, 
et  sur    y   celui    une  affiche   indicative  de  la 
dite  vente,  après  quoi  j'ai  procédé  à  icelle  en 
présence  du  dit  citoyen  Rolland,  Commissaire, 
et  des  citoyens  Chartier  et  Caron,  notables  de 
cette  Commune,  ainsi  qu'il  suit: 
Premièrement,  une    vache  sous 
poil     roux     vendue    pour     la 
somme   de    six    cent  livres   au 
Citoyen  Tisson  600    1. 

2  Un  morceau  de  lard  gras  faisant 
partie  de  l'article  5  de  l'inven- 
taire vendu  pour  la  somme  de 
quarante  sous  au  Citoyen 
Drouard  0.40 

3  Item  un  petitmarcassin  sanglier 
vendu  pour  la  somme  de  trente 
huit  livres  au  Citoyen  Dauver- 
gne 38- 

4  Un  autre  petit  marcassin  san- 
glier vendu  pour  la  somme  de 
trente  septl.  10  sous  au  Citoyen 
Careau  37- 

5  Item  un  âne  très  vieux  pour  la 
somme  de  156  1.  au  citoyen 
Dauvergne  156 

6  îtem  dix  neufs  poulets  et  un  coq 
vendus  pour  la  somme  de  141  1. 
13  sous  au    citoyen  Dessenaux       141, 

7  Item  21  paires  de  pigeons  ven- 
dus pour  la  somme  de  soixante 
huit  livres 


00 


10 


12 


à  l'autre  part 

Un  jeune  chien  de  cour  non  in- 
ventorié vendu  pour  la  somme 
de  8  1.  au  citoyen  Bichet 
Item  37  bouteilles  de  gros  verre 
vides  vendues  pour  la  somme 
de  7  1.  au  citoyen  Vazier 
Item  un  morceau  de  gros  lard 
faisant  partie  de  l'article  5  vendu 
pour  la  somme  de  40  sous  au 
citoyen  Sorel 

Item  un  autre  morceau  de  lard 
du  dit  article  5  vendu  pour  la 
somme  de  48  sous  au  citoyen 
Coyanne 

Item  un  autre  morceau  de  lard 
du  dit  article  5  vendu  pour  la 
somme  de  ^6  sous   au    citoyen 
Bichet 
13  Item  un   autre  morceau  de  lard 


68 


975.03 


18 


1 1 


13 


1.16 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Août    1906. 


321 


322 


du  dit  article  vendu  pour  la 
somme  de  30  sous  au  citoyen 
Leblanc 

14  Item  un  autre  morceau  de  lard 
du  dit  article  5  vendu  pour  la 
somme  de  38  sous  au  titoyen 
Bouasse 

15  Item  un  autre  morceau  de  lard 
gras  dudit  article  5  vendu  pour 
la  somme  de  30  s.  au  citoyen 
Drouard 

16  Item  un  autre  morceau  de  lard 
gras  de  l'article  5  vendu  pour 
la  somme  de  30  sous  au  ci- 
toyen Richard 


1 .  10 


1 ,  10 


1 .10 


I  .  10 


17  Item  un  morceau  de  pareil  lard 
dudit  article  5  vendu  pour  la 
sonime  de  34  sous  au  citoyen 
Riesmann 

18  Item  un  morceau  de  lard  dudit 
article  3  vendu  pour  la  somme 
de  29  sous  au  citoyen  Le  Clerc 

19  Item  un  morceau  de  lard  du  dit 
article  5  vendu  pour  28  sous  au 
citoyen  Landry 

20  Item  un  autie  morceau  de  lard 
gras  du  dit  article  5  vendu  pour 
la  somme  de  33  sous  au  citoyen 
La  Treille 

21  Item  un  morceau  de  salé  du  dit 
article  5  vendu  pour  la  somme 
de  33  sous  au  citoyen  Lecoq 

23  Item  un  morceau  de  salé  du  dit 
article  5  vendu    pour  la  somme 
de   35  sous    au    citoyen   Man- 
ceau 

23  Item  deux  morceaux  du  même 
article  5  vendus  pour  la  somme 
de  34  sous  au  citoyen  Corley 

34  Item  deux  morceaux  de  sale  de 
l'article  5  vendu  pour  la  scanme 
de  cinq  1.  un  sou  au  citoyen 
Solignar 

35  Item  une  vache  sous  poil  rouge 
vendue  pour  la  somme  de  416  1. 
au  citoyen  Lecoy  Md  Boucher 

26  Item  une  autre  vache  sous  poil 
blanc  et  rouge  vendue  pour  la 
somme  de  530  1.  au  citoyen  Me- 
trol 

27  Item  un  morceau  de  jambon  de 
l'article  5  vendu  pour  la  somme 
de  6  1,  au  citoyen  Perrin 

28  Idem  un  morceau  de  jambon  de 
l'article  5  vendu  pour  la  somme 
de  trois  1.  onze  sous  au  citoyen 
Bonnet 

29  Item  un  autie  morceau  de  jam- 
bon de  l'article  5  vendu  pour 
la  somme  de  quatre  1,  10  sous 
au  citoyen  Pierre 


1069.7 


1.14 


1.9 


1.1: 


'3 


1 .  1=; 


M 


5.1 


416 


530 


3.11 


4. 10 


30  Item  un  morceau  de  jambon  de 
l'article  5  vendu  pour  la  somme 
4  1.  10  sous  au  citoyen  Hallier 

31  Item  un  autre  morceau  de  jam- 
bon du  dit  article  5  vendu  pour 
la  somme  de  4  1.  6  sous  au  ci- 
toyen Chauveusr 

32  Item  un  autre  morceau  de  jam- 
bon de  l'article  5  vendu  pour 
la  somme  de  5  1,  au  citoyen 
Mignard 

33  Item  au  morceau  de  jambon  du- 
dit article  5  vendu  pour  la 
somme  de  57  sous  au  citoyen 
Devillieis 

34  Item  un  morceau  de  jambon  du 
dit  art.  5  vendu  pour  la  somme 
de  3  1.  13  sous  au  citoyen  Bou- 
cot 

35  Item  un  morceau  de  jambon  du 
dit  art  5  vendu  pour  la  somme 
de  3  1.  4  sous  au  citoyen  Re- 
nault 

36  Item  un  morceau  de  jambon 
dudit  article  vendu  pour  la 
somme  de  cinquante  sous  au 
citoyen  Duclos 

37  Item  un  autre  morceau  de  jam- 
bon de  l'article  5,  vendu  pour  la 
somme  de  trois  livres  quatre 
sous  au  citoyen  Duclos  fils 

58  item  un  autre  morceau  de  jam- 
bon faisant  le  restant  de  l'article 
5  vendu  pour  la  somme  de  six 
livres  16  sous  au  citoyen  Co- 
tressi 

39  Item  une  douzaine  de  serviettes 
et  une  nappe  pleine,  de  l'article 
32,  vendues  pour  la  somme  de 
76  livres  onze  sous  au  citoyen 
Bazin 

40  Item  une  douzaine  de  serviettes 
et  une  nappe  pleine,  de  l'article 
?2  vendues  pour  la  somme  de 
soixante  deux  livres  19  sous  au 
citoyen  Charpentier 

41  Item  une  douzaine  de  serviettes 
et  une  nappe  de  toile  pleine,  ou- 
vrée, de  l'artiéle  32  vendues 
pour  la  somme  de  69  I.  10  sous 
au  citoyen  Charpentier 

42  Item  douze  serviettesouvrées,de 
l'article  5,  vendues  pour  la 
somme  de  soixante  quatre  li- 
vres 16  sous  au  citoyen  Bouron 

43  Item  deux   carions,    un    violon 
mutilé  non    inventorié   et   une 
paire  de  mule  du  Palais  inven- 
torié rendus  pour    la  somme    de 

huit  livres  au  citoyen  Filliot 

44  Item  un  Bidet  à  dossier  couvert 
de  maroquin  rouge  avec  sa  cu- 
vette  compris    en   l'invejitaire 


4,io 


4.6 


2.17 

3.13 
3-4 
2. 10 

3-4 
6.16 

76. 1 1 

63. 19 

69.10 
64. 16 

8 


N»    1123. 


L'INTERMÉDIAIRE 


323 


324 


vendu  pour  la  somme  de  quinze 

1.  12  sous  au  citoyen  Fiiliot  15.12 

45  Item  une  redingolte  et  une  veste 
de  ratine  noisette  et  une  culotte 
de  drap  de  soie  jaulne  très  vielle 
de  différents  articles  vendus 
pour  la  somme  de  soixante  dix 
sept  livres  4  sous  au  citoyen 
Devilliés  77.4 

46  Item  douze  estampes  enlumi- 
nées, partie  sous  verre  représen- 
tant paysages  dans  leur  bordu- 
re de  bois  peint  parties  sous 
verre  formant  l'article  neuf  du 
dit  inventaire  vendues  pour  la 
somme  de  cent   soixante  livres 

dix  neuf  sous  au  citoyen  Metrot       160. 19 

47  Item  un  manteau  de  drap  bleu 
de  l'article  35  vendu  pour  la 
somme  de  cent  trente    deux  1. 

19  sous  au  citoyen  Métrot  133.19 

2751.15 

Et  attendu  qu'il  est  nuit  fermée 
nous  avons  clos  la  présente  vaca- 
tion et  indiqués  la  continuation  de 
la  présente  vente  à  demain  à  qua- 
tre heures  de  relevée  et  avons  signé 
avec  les  membres  du  Comité  de 
surveillance  et  notables  de  cette 
commune. 

Ainsi  signé  en  la  minute  Caron 
notable,  Chartier  Rolland  et  He- 
naut. 

Elle  neuf  Prérial, l'an  second  de 
la  république  française  une  et  indi- 
visible, quatre  heures  de  relevée, 
nous  avons  procédé  en  présence 
que  dit  est  à  la  continuation  de  la 
dite  vente  ainsi  qu'il  suit  : 

48  Item  douze  serviettes  et  une 
nappe  pleine,  vendues  pour  la 
somme  de  soixante  huit  1.  cinq 
sous  au  citoyen  Bazon 

49  Item  deux  tayes  d'oreiller  ven- 
dues pour  la  somme  de  neuf 
livres  au  citoyen  Charpentier 

50  Item    un     couvre-pied     piqué 
vendu  pour  la    somme  de  37  1. 
sou  au  citoyen  Solignac 

51  Item  un  autre  couvre  pied  piqué 
de  même  article  vendu  pour  la 
somme  de  trente  livres  au  ci- 
toyen Metrot 

52  Item  ime  paire  de  drap  de  toile 
blanche  que  le  citoyen  Charpen- 
tier nous  a  représenté  et  nous  a 
dit  appartenir  à  Danton  laquelle 
paire  de  drap  n'est  pas  comprise 
dans  l'inventaire  et  vendu  pour 
la  somme  de  trente  livres  un 
50U  au  citoyen  Morand 


68,5 

9 
37 

30 


35 


54 


57 


^0,1 


Item  douze  serviettes  et  une 
nappe  ouvrées  vendues  pour  la 
somme  de  vingt  une  livres  un 
sous  au  citoyen  Bozan  21.1 

Item  un  petit  nécessaire  com- 
posé de  deux  flacons,  un  en- 
tonnoir, un  pot  à  pommade, 
deux  peignes,  un  compas  et 
deux  porte  montres  formant 
l'article  treize  vendu  pour  la 
somme  de  huit  livres  15  sous  au 
-  citoyen  Signol  8. 15 

55  Item  19  verres  à  patte  et  en  cris- 
tal formant  l'article  4  vendu 
pour  la  somme  de  10  1.  au  ci- 
toyen Bazan  10 

56  Item  quatre  tabliers  et  un  tor- 
chon   de    grosse    toile,    vendu 

pour  la  somme  de  13  1,  5  sous         13.   5 

Item  6  serviettes  et  une  nappe 

tant  pleine  qu'ouvrées  vendues 

pour  la  somme  de  26  1.  un  sou 

au  citoyen  Grelot  26.    i 

58  Item  quatre  cravattes  et  trois 
mouchoirs  de  toile  de  l'article 
34,  vendus  pour  la  somme  de 
cinquante  huit  livres  au  citoyen 
Métrot  58 

59  Item  deux  chemises  de  toile 
blanche  du  même  article  ven- 
dues pour  la  somme  de  qua- 
rante une  livre  au  citoyen 
Fery  41 

60  Item  une  paire  de  drap  repré- 
sentée par  le  citoyen  Charpen- 
tier comme  appartenant  à  Dan- 
ton et  non  compris  en  l'inven- 
taire vendue  pour  la  somme 
de  45  1,  six  sous  au  citoyen 
Vernon  45.6 

61  Item  une  redingotte  de  piqué 
de  Marseille  de  l'article  35  ven- 
due pour  la  somme  de  37  1,  au 
citoyen  Vernon  37 

62  Item  une  paire  de  drap  de  toile 
vendue  pour  la  somme  de  73  1. 

19  sous  au  citoyen  Garcelon  73-^9 

6^  Item  deux  draps  de  toile  ven- 
dus pour  la  somme  de  44  1, 
10  sous  au  citoyen  Vavasseur  44. 'O 

64  Item  12  assiettes  de  porcelaine 
vendue  pour  la  somme  de  18  1. 

au  citoyen  Bazan  18 

65  Item  une  soupière  et  son  couver- 
cle et  une  salière  en  navette  le 
tout  de  porcelaine  vendues  pour 
la  somme  de  huit  livres  un  sou 

au  citoyen  Vernont  8.    1 

66  Item  une  paire  de  drap  de  toile 
vendue  pour  la  somme  de  63  1. 

10  sous  au  citoyen  Vernon  63,10 

67  Item  douze  assiettes  de  porce- 


DES  CHERCHEURS     hT  CURIEUX 


;o 


AoÛl 


325 


326 


laine  vendues  paur  la  somme 
de  dix  neuf  livres  au  cit^'yen 
Bazan  19 

68  Item  une  paire  de  drap  de  toile 
blanche    vendue    76  1.    15  sous 

au  citoyen  Metrot  76.15 

69  Item  un  plateau  et  dix  tasses  le 
tout  en  porcelaine  vendus  pour 
la  somme  de  huit  1.  10  sous  au 
citoyen  Catrisse  8.10 

70  Item  une  paire  de  drap  de 
toile  blanche  vendue  pour  la 
somme  de  76  1.  19  sous  au  ci- 
toyen Gazelle  76.  19 

71  Item  un  plat  à  barbe,  une  paire 
de  bas  de  coton  et  deux  paires 
d'Estomach  vendus  pour  la 
somme  de  1 1  1.  au  citoyen 
Daudart  (ou  Dandart)  Il 

72  Item  un  fusil  de  chasse  non  in- 
ventorié vendue  pour  la  somme 
de  quarante  livres  au  citoyen 
Chomet  40 

73  Item  un  sommier  de  crin  cou- 
vert de  toile  à  carreau  vendu 
pour  la  somme  de  cinquante 
neuf  livres  13  sous  au  citoyen 
Charpentier  59-  '5 

74  Item  une  couverture  de  coton 
vendue  pour  la  somme  de  80  li- 
vres un  sou  au  citoyen  Bazin  80,1 

75  Item  un  canapé  avec  son  cous- 
sin et  6  chaises  de  crin  et  cou- 
verts en  e'toffes  de  soie  vendus 
pour  la  somme  de  iSi  livres  au 
citoven  Prévost  181 

76  Item  un  lit  de  coutil  ren^.pli  de 
plume    vendu    pour   la  somme 
de  145  livres  au  citoyen  Char- 
pentier 143 
Item  quatre  tasses  de  porcelaine 
vendues  pour  la  somme  de  trois!. 
10  sous  au  citoyen  Bonastre  3.10 
Item  0  chaises  fouLées   et   cou- 
vertes de  crin   vendues   pour  la 
somme    J.e     123  1.    au    citoyen 
Bazaii                                                      125 
Item  six  autits  chaises  pareilles 
et    du    même    article    vendues 
pour  la    somme    de    150  1.  au 
citoyen  Bazan                                        150 
Ilcm   six  chaises  pareilles  et  de 
même  article    ven.'ues    pour  la 
somme    de    122    1.   au    citoyen 
Charpentier                                           122 
Item  six  autres  chaises  sembla- 
bles et  de  même  article  vendues 
pour  la  somme  de  130  1.  au  ci- 
toyen Charpentier                                130 
Item  six  autres   chaises  encore 
pareiiies  vendues  pour  la  somme 
de    130    1.   10  sous    au  citoyen 
Garcelcn                                              130 


77 


78 


79 


.^o 


81 


Hz 


1 1 


83  Item  une  cheminre  en  fer  poli 
laquelle  n'étant  point  portée  à 
son  piix  ncus  l'avons  retirée 
pour  mémoire 

S4  Item  deux  couchettes  à  fond 
sanglées,  roulettes  à  équerre  et 
non  couvert  faisant  le  restant  de 
l'ai ti;!e  seize  vendues  pour  la 
somme  de  136  1.  un  sou  au  ci- 
toyen Bazan  136, j 

2137.16 
Et  attendu  qu'il  ne  reste  plus  que  les  objets 
portés  pour  mémoire  qui  seront  transportes  à 
Versailles  pour  y  être  vendus  d'après  les 
ordres  du  directoire  du  District  j'ai  arretté  la 
présente  vaccation  et  avons  signé  en  la  mi- 
nute :  Caron  notable, Chaitier, Rolland  et  He- 
nault. 

Plus  bas  est  écrit:  Enregi-tré  à  Versailles  le 
douze  '  rairénl  l'an  second  de  la  République 
reçu  quarante  neuf  livres  sur  quatre  mille 
liuil  cent  quatre  vingt  neuf  livres  onze  fojs. 

Signé    Dubouret. 

HtNAULT. 

Cette  expédition  a  été  déposée  au  bureau 
de  l'agent  national  de  Sèvres  le  16  Prairial 
an  deux. 

Le  Rat  Magnitot, 
receveur, 

La  vente  monte  à  4889, 

a  été  versé  4838 

reste  du  51 , 

Sur  quoi  l'huissier  prélèvera 
I- l'enregistrement         49 '.  5        ) 
2'  paye  3  )       5^  •!' 

reste  par  apperçu  00. 1 1 

Au  bas  des  procès-verbaux  de  vente  des 
meubles  et  effets  de  Danton  condamné  à 
mort,  est  écrit  ce  qui  suit: 

Ce  jourd'hui  vingt  neuf  vendémiaire  l'an 
troisième  de  la  république  française  une  et 
indivisible  quatre  heures  de  relevée.  En  con- 
tinuant les  procès  veibaux  de  vente  des  au- 
tres parts  et  à  la  requête  du  citoyen  agent  na- 
tional du  District  de  Versailles  y  demeurant 
et  d'après  les  ordres  verbal  à  nioi  donné  par 
l'admini^tralion  du  district  de  VersailLs  moi 
Jean  Baptiste  Henault  huissier  Commissaire 
vendeur  susdit  et  soussigné  ai  procédé  en 
présence  du  citoyen  Hckard  Commissaire  du 
District  et  du  citoyen  Pasquier  et  Marin  tous 
deux  notables  de  la  Commune  de  Sèvres  à  la 
continuation  de  la  vente  d'une  cheminée  an- 
glaise en  for  poli  et  d'une  Bcrliiie  qui  appar- 
nait  ci  devant  à  Danton  ex  députe,  condamné 
à  mort,  et  lesquels  objets  n'ont  pu  être  ven- 
dus lors  de  la  vente  des  autres  parts  attendu 
qu'ils  n'ont  pas  été  à  leur  prix,  ladite  chemi- 
née et  Berline  a  été  tiansportée  et  conduite 
par  le  citoyen  Dauvergne  Gardien  d'yceux  en 


!  1 


N ■     î  122, 


L'INTERMÉDIAIRE 


327 


la  maison  Brancas    audit  Sèvres  ou    le  tout  a 
été  vendu  ainsi  qu'il  suit  : 

85  Item  une  cheminée  à  l'anglaise  en 
fer  poli  vendue  à  l'extinction  des 
feux  conformément  à  la  loi  pour 
la  somme  de  deux    cents    quatre 

vingt  livres  à  la  citoyenne  Rougé        si^ol. 

86  Item  une  Berline  fond  brun  srar- 
nie  de  drap  petit  gris  montée  sur 
ses  quatres  roues  et  essieux  de 
fer  sans  boettes  vendues  h 
l'extinction  des  feux  pour  la 
somme  de  1000  livres  au  citoyen 
Breton  marchand  à  Paris  1000 

1280  1. 
Le  tout  étant  vendu  sans  les  objets  de  ré- 
quisition, j'ai  clos  la  dite  vente  et  le  montant 
de  la  présente  vaccation  sera  par  moi  déposé 
<lans  le  délai  de  la  loi  et  main  du  receveur 
de  l'agent  national  et  ai  signé  avec  le  citoyen 
Eckard  et  les  citoyens  Pasquier  et  Marin  no- 
tables présents  a  la  dite  vente  ainsi  signée  en 
la  minute  du  présent  Marin,  Pasquier  Eckard 
et  henauit  au  dessous  est  écrit  enregistré  à 
Sèvres  le  20  Vendémiaire  an  troisième  de  la 
République  reçu  douze  cent  quatre  vingt 
treize  livres. 

Signé  Le  Rat. 

Déclaré  conforme  à  la  minute  par  moi 
Commis,saire  vendeur 

Soussigné    HtMAL'LT. 

La  présente  expédition  a  été  déposée  a  Sè- 
vres le  premier  Brumaire  troisième  année  ré- 
publicaine Albert. 

par  nous  expert  vendeur  et  receveur  sous- 
signé 

Le  Rat,  Henault. 

Je  soussigné  receveur  de  l'agent  national  a 
l'enregistrement  certifie  avoir  reçu  le  montant 
de  cette  vente  le  25  brumaire  an  3°"'  sur  la- 
quelle j'ai  transpoite  a  l'huissier  de  21  livres 
14  0  d.  pour  frais  provision.  Denis. 

Le  Rat  . 

Parmi  les  acquéreurs  mentionnés  dans 
l'acte  que  l'on  vient  de  lire,  quelques-uns 
sont  connus  pour  notables  habitants  de 
Sèvres  : 

Charpentier  est  le  propriétaire  de  la 
Alaison  de  la  Fontaine-d'Amour  et  le 
beau-père  de  Danton. 

Dauvergne  était  le  jardinier  de  Danton  ; 
Bo{an  habitait  la  Croix  Boisset  ;  Bonastre 
était  officier  de  santé  ainsi  que  Bonron. 

Eckard  était  notaire  ;  Garceloii,  ferblan- 
tier ;  Boucot^  géomètre  ;  Caron,  perruquier 
dans  la  maison  Laurent-Lecointre  ;  Lecocq, 
boucher  ;  Chartier,  vigneron.  Catrice  était 
le  propriétaire  de  l'impasse  qui  porte  son 
nom,  rue  de  Villedavray.G/'^/o/  était  l'en- 
trepreneur de  maçonnerie  à  qui  fut  adju- 


328 


gée  la  démolition  du  clocher,  en  1789, 
Les  Bonnet^  DeviUicrs^  Landry^  Morin, 
Pasquier,  Drouard^  sont  des  citoyens  de 
Sèvres,  et  la  famille  du  .dernier  figure 
aux  actes  depuis  1456. 

Nous  devons  cette  intéressante  commu- 
nication à  la  gracieuseté  d'un  érudit, 
M.  Montaubry,  un  vieux  sèvrien  pour  qui 
le  pays  n'a  plus  de  mystères  historiques  ; 
nous  lui  adressons  tous  nos  remercie- 
ments. L.  Grasilier. 

Nécrologie 

Nous  avons  le  profond  regret  d'ap- 
prendre la  mort  de  deux  de  nos  plus  an- 
ciens collaborateurs. 

M.  Auguste  Lesouëf,  le  bibliophile  bien 
connu, est  décédé  à  Paris,  en  son  domicile, 
boulevard  Beaumarchais,  109. 

11  était  âgé  de  77  ans. 

* 
♦  * 

L' Intermédiaire  a  le  regret  d'annoncer 
d'autre  part  la  mort  d'un  autre  de  ses  plus 
anciens  collaborateurs,  M.  Jacquemont  du 
Donjon. 

Nous  emprunterons  à  notre  émhient 
collaborateur  M.Jules  Claretie,  les  lignes 
émues  qu'il  lui  a  consacrées  : 

Je  tiens  à  donner  un  salut  à  un  de  mes 
camarades  disparus,  Victor  Jacquemont  du 
Donjon,  le  neveu  de  l'illustre  naturaliste, 
dont  le  rfw;/'^  annonçait  hier  la  fin.  Ancien 
officier,  sous-préfet,  administrateur,  lettré, 
M.  Victor  Jacquemont  avait  publié  naguère 
de  curieux  et  précieux  Souvenirs  de  la  cam- 
pagne de  Russie,  rédigés  par  un  de  ses  on- 
cles. 11  s'occupait,  à  Pouilly-en-Auxois,  où 
il  s'était  retiré,  de  travaux  littéraires.  Et  en 
ces  derniers  temps,  il  se  préoccupait  sur- 
tout du  monument  que  la  ville  de  Hesdin, 
en  Artois,  doit  et  va  élever  à  l'auteur  des 
^àmivihXts  Lettres  sur  Vlnde.  Victor  Jacque- 
mont, le  savant  mort  si  jeune,  aura  son 
effigie  en  sa  terre  natale,  grâce  un  peu  aux 
efforts  de  Victor  Jacquemont,  le  sous-pré- 
fet, écrivain  aussi.  L'inauguration  du  monu- 
ment doit  avoir  lieu  en  septembre,  et  le  ne- 
veu du  naturaliste  n'y  sera  pas.  Cette  su- 
prême joie  lui  est  refusée.  Mais  son  nom 
très  aimé  ne  sera  jamais  oublié  quand  on 
citera  le  nom  célèbre  dont  il  était  fier  et 
qu'il  porta  dignement.  Ce  fut  un'  ami  de 
ma  jeunesse.  Ils  deviennent  rares,  hélas  î 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

)   Imp.  Dani£L-Chambon,  St-Amand-Aiont-Rond. 


LIV*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo    de  chaque  mois     10  Septembre  1906 


42»  Année 

-31 '".r.VIctorMassé 

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DES   CHERCHEURS   ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS    ET     RÉPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    iiT    ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


329     

Obligés  de  faire  suivre  souvent  des  ré- 
ponses privées  à  l'adresse  de  correspondants 
qui  n'ont  signé  que  par  des  initiales,  il  est 
indispensable  que  tout  article  signé,  soit  d'un 
pseudonyme  habituel,  soit  d'initiales,  porte 
également  le  nom  et  l'adresse  de  notre  cor- 
respondant. 

Les  manuscrits  qui  ne  rempliront  pas  celte 
condition  ne  pourront  être  insérés. 


(Èlucetio 


116 


Le  comte  de  Moret,  fils  naturel 
d'Henri  IV,  s'esi-il  fait  ermite  ? 
—  11  y  a  deux  versions  :  pour  les  uns,  le 
comte  de  !V!oret  est  mort  à  la  bataille  de 
Castelnaudary  ;  certains  auteurs  contem- 
porains soupçonnent  qu'il  a  survécu  et 
s'est  fait  ermite. 

Y  a-t-il  une  preuve  —  en  dehors  des 
ouvrages  contemporains  —  pouvant 
appuyer  l'une  ou  l'autre  version  ?     D'  L. 

Les  descendants  de  Bruneau, 
l'un  des  prétendus   Dauphins  .    — 

Un  Bruneau,  qui  se  disait  Louis  XVII,  fut 
condamné  à  Rouen.  Après  avoir  passé 
par  la  prison  centrale  de  Gaillon,  il  fut 
transféré  au  Mont-Saint-Michel  ;  il  y  mou- 
rut en  1822. 

A-t-il  laissé  des  descendants  connus  ? 

Y. 

Coûtes  orientaux  jetés  au  feu.  — 

Le  célèbre  voyageur  anglais,  Richard- 
Francis  Burton,  avait,  paraît-il,  recueilli, 
au  cours   de    ses   multiples   vo}'ages,  de 


^30   ■ 

très  nombreux  et  très  curieux  contes, 
parmi  lesquels  il  en  était  de  fort  licen- 
cieux. A  la  mort  de  l'explorateur,  sa  veuve 
fit  jeter  au  feu  ces  contes  restés  inédits. 
Elle  était  née  Arundell  et  de  religion  ca- 
tholique ;  cette  dernière  particularité 
expliquerait  en  partie,  l'autodafé  du  ma- 
nuscrit de  Burton,  intitulé,  nous  dit-on  : 
Le  jardin  des  parfums, 

Isidore  Liseux,  qui  publia,  en  1885,  sa 
première  édition  du  Jardin  parfumé  du 
Cheikh  Nef :^avin, manuel  d'Erotologie  aiabe, 
xvi"^  siccle,  aurait-il  eu  connaissance  du 
recueil  de  R.  F.  Burton  ?    Albin  Body. 

S.  Mallarmé,  professeur  d'an- 
glais. —  Avant  de  rendre  son  nom  no- 
toire par  ses  publications  poétiques,  ne 
fut-il  pas  professeur  d'anglais  au  l)'cée 
Condorcet  ? 

*  • 
Nous  avons  reçu  la  question  ci-dessus, 

anonyme.  Nous  eussions  préféré  qu'elle 
fût  signée.  Nous  jugeons  inutile  de  la 
donner  sans  réponse  immédiate. 

C'est  Mallarmé  lui-même  qui  y  répon- 
dra, par  une  lettre  à  Verlaine,  en  date  du 
16  novembre  1885   ; 

Oui,  né  à  Paris,  le  28  msrs  1842,  dans  la 
rue  appelée  aujourd'hui  passage  Laferrière, 
mes  familles  paternelle  et  maternelle  présen- 
taient depuis  la  Révolution,  une  suite  inin- 
terrompue de  fonctionnaires  dans  l'adminis- 
tration de  l'enregistrement,  et  bien  qu'ils 
eussent  rempli  presque  toujours  de  hauts  em- 
plois, j'ai  esquivé  cette  carrière,  à  laquelle 
on  me  destina  dès  les  langes.  J'ai  retrouvé 
trace  du  goût  de  tenir  une  plume  pour  autre 

Liy-7 


N.     1123. 


L'INTERMÉDIAIRE 


351 


332 


chose  qu'enregistrer  des  actes,  chez  plusieurs 
de  mes  ascendants  :  l'un,  avant  la  réactior.  de 
l'enregistrement  sans  doute,  fut  syndic  li- 
braire sous  Louis  XVI  et  son  nom  m'est  appa- 
ru au  bas  d'un  Privilège  du  roi  placé  en 
tête  de  l'édition  originale  française  du  Va- 
thek  de  Beckford,  que  j'ai  réimprimé. Un  autre 
écrivait  des  vers  badins  dans  les  Almanachs 
des  Muses  et  les  Etrennes  aux  Dames,  J'ai 
connu,  enfant, dans  le  vieil  intéiieur  de  bour- 
geoisie familiale,  M.  Magnien,  un  arrière 
petit  cousin  qui  avait  publié  un  volume  ro- 
mantique à  toute  crinière  appelé  Ai)£e  ou 
Démon,  lequel  reparaît  quelquefois,  coté 
cher  dans  les  catalogues  des  bouquinistes  que 
je  reçois. 

Je  disais  famille  parisienne,  tout  à  l'heure 
parce  qu'on  a  toujours  habité  Paris,  mais 
les  origines  sont  bourguignonnes,  lorraines 
aussi  et  même  hollandaises. 

J'ai  perdu  tout  enfant,  à  sept  ans,  ma 
mère  ;  adoré  d'une  grand'mère  qui  m'éleva 
d'abord  ;  puis  j'ai  traversé  bien  des  pensions 
et  des  lycées,  d'àme  lamartinienne,  avec  un 
secret  désir  de  remplacer  un  jour  Béranger, 
parce  que  je  l'avais  rencontré  dans  une  mai- 
son amie.  Il  paraît  que  c'était  trop  compliqué 
pour  être  misa  exécution  ;  mais  j'ai  longtemps 
essayé  dans  cent  petits  cahiers  de  vers  qui 
m'ont  toujours  été  confisqués,  si  j'ai  bonne 
mémoire. 

11  n'y  avait  pas,  vous  le  savez,  pour  un 
poète  à  vivre  de  son  art,  même  abaissé  de 
plusieurs  crans,  quand  je  suis  entré  dans  la 
vie  :  et  Je  ne  l'ai  jamais  regretté.  Ayant  appris 
l'anglais  simplement  pour  mieux  lire  Poë,  je 
suis  parti  à  vingt  ans  en  Angleterre^  afin  de 
fuir  principalement,  mais  aussi  pour  parler  la 
langue  et  l'enseigner  dans  un  coin  tranquille- 
ment et  sans  autre  gagne-pain  obligé  :  je 
m'étais  marié  et  cela  pressait. 

Et  plus  loin  : 

J'ai  dû  faire,  dans  des  moments  de  gêne  ou 
pour  acheter  de  ruineux  canots, des  besognes 
propres  et  voilà  tout,  (Dieux  antiques,  Mots 
anglais)  dont  il  sied  de  ne  pas  parler.  Mais  à 
part  cela,  les  concessions  aux  nécessités 
comme  aux  plaisirs  n'ont  pas  été  fréquentes. 
Si,  à  un  moment  pourtant,  désespérant  du 
despotique  bouquin,  lâché  de  moi-même, 
j'ai  après  quelques  articles  colportés  ici  et  de 
là,  tenté  de  rédiger  tout  seul,  toilettes, bijoux, 
mobiliers,  etc.,  jusqu'aux  hôtes  et  aux  me- 
nus du  dîner,  un  journal,  la  Dernière  mode 
dont  les  huit  ou  dix  numéros  parus  servent 
encore,  quand  je  les  dévêts  de  leur  poussière, 
à  me  faire  longtemps  rêver. 

Au  fond,  je  considère  l'époque  contempo- 
raine comme  un  interrègne  pour  le  poète  qui 
n'a  point  à  s'y  mêler  :  elle  est  trop  en  désué- 
tude et  en  effervescence  préparatoire  pour 
qu'il  y  ait  autre  chose  à  faire  qu'à  travailler   ! 


avec  mystère  en  vue  de  plus  tard  ou  de  ja" 
mais,  et  de  temps  en  temps,  envoyer  aux  vi- 
vants sa  carte  de  visite,  stances  ou  sonnet, 
pour  n'être  point  lapidé  d'eux;  s'ils  le  soup- 
çonnaient de  savoir  qu'ils  n'ont  pas  lieu. 

La  solitude  accompagne  nécessairement 
cette  espèce  d'attitude  ;  et  à  part  mon  che- 
min de  la  maison  (c'est  89,  maintenant,  rue 
de  Rome),  aux  divers  endroits  où  j'ai  dû  la 
dîme  de  mes  minutes  :  lycée  Condorcet,  Jan- 
son  de  Sailly,  enfin  collège  RoUin,  je  vague 
peu,  préférant  à  tout  dans  un  appartement 
défendu  par  la  famille,  le  séjour  parmi  quel- 
ques  meubles  anciens  et  chers,  et  la  feuille 
de  papier  souvent  blanche.  Mes  grandes  ami- 
tiés ont  été  celles  de  Villiers,  de  Mendès,  et 
j'ai  dix  ans  vu,  tous  les  jours,  mon  cher  Ma- 
net,  dont  l'absence  aujourd'hui  m'apparaît 
invraisemblable. 

J'abrège  la  copie  de  cette  lettre  fort  cu- 
rieuse pour  la  biographie  de  Stéphane 
Mallarmé,  nen  retenant  que  la  preuve 
demandée.  Oui,  Mallarmé  enseigna  l'an- 
glais à  Condorcet,  ainsi  qu'à  Janson  de 
Sailly  et  à  Rollin... 

Le  premier  évêque  de  Moulins 
(Allier).  —  Connaît-on,  particulièrement 
en  Angleterre,  des  détails  sur  le  séjour  de 
Mgr  Etlenne-)ean-Baptiste-Louis  des  Gal- 
lois de  la  Tour,  évêque  désigné  de  Mou- 
lins (27  avril  1788),  déporté  en  1790,  ré- 
fugié en  Angleterre  ;  aumônier  de  Mes- 
dames, tantes  de  Louis  XVI,  en  Italie  ; 
de  nouveau  en  Angleterre  jusqu'en  181 5, 
mort  archevêque  de  Bourges  en  1820?  Où 
est  son  portrait  ^  L.  G. 

Diverse  ,  Dinverse  ,  Dinurce  ,. 
Dynurce  ,  Dyvurce  ,  d'Inverse  , 
d'Iversay.  —  La  petite  ville  de  Ballon 
(Sarthe)  n'a  conservé  de  son  ancienne, 
église  (  presqu'entièrement  reconstruite 
vers  1830)  qu'une  chapelle,  dite  de  Notte- 
Dame^  édifiée  au  commencement  du  xvi" 
siècle  par  les  châtelains  d'alors,  Jeanot 
Dynurce  (?)  et  Radegonde  de  Maridot,  sa- 
femme,  comme  en  témoigne  la  clé  de 
voûte,  décorée  de  leurs  armoiries. 

jehannot  Dynurce,  Dyverse,  Diverse,. 
d'Iversay, etc  ,(car  on  rencontre  son  nom. 
sous  ces  diverses  formes)  nous  est  connu 
comme  écuyer  d'écurie  du  duc  d'Orléans, 
Milan,  1490  ;  écuyer  de  service  ordinaire 
du  roi,  1499  ;  dès  1506  il  est  qualifié  sei- 
gneur châtelain  de  Ballon,  Coiiibres,  etc. 
Enfin  sa  présence  est  constatée  parmi  les 
membres  de  la   noblesse  d'Anjou  et  du. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


333 


Maine  assistant  à  la  publication  de  la  Cou- 
tume de  ces  provinces,  en  septembre 
1508.  Entre  temps  (7  février  1502-octo- 
bre  1507)  il  exerça  les  fonctions  de  con- 
seiller maître  à  la  Cour  des  comptes,  à 
Pans,  sous  le  nom  de  )eannot  d'iversay, 
Ecuyer  d'écurie  du  roi  (Cf.  Constant 
d'Yanville). 

11  pouvait  être  le  très  proche  parent,  le 
frère,  peut  être,  de  certain  Boniface  Di- 
verse «  Escuier  d'Escurie  de  Monseigneur 
le  duc  d'Orléans  »  1490-1497,  Ce  nom 
n'appartient  pas  à  l'onomastique  fran- 
çaise. 

Jehannot  et  Boniface  Diverse,  étaient-ils 
des  Diversi  de  Milan,  Pavie  et  Lucques, 
où  le  vocable  est  connu  ?  D'autre  part,  la 
forme  Dyvurce,  par  sa  terminaison,  peut- 
elle  être  rapprochée  du  nom  bien  connu 
de  Trivulce  (forme  française  de  Trivul:{io) 
le  maréchal  de  France  d'origine  milanaise, 
auquel,  Charles  Vlll  donna  entre  autres 
seigneuries,  la  baronnie  de  Château-du- 
Loir,  au  Maine  ?  Jehannot  qui  paraît  avoir 
été,  dans  une  mesure  moindre,  l'objet  de 
la  faveur  royale,  aurait-il  reçu  en  don  la 
châtellenie  de  Ballon  ?  Nous  ne  sommes 
pas  renseigné  à  cet  (gard.  Peut-être  le 
chartrier  de  Ballon  qui  a  été  réuni  à  celui 
de  la  châtellenie  de  Sables,  au  château  de 
Davière,  et.  se  trouve  aciuellement  aux 
mains  de  M.  le  comte  de  Mailly-Châlon, 
fournirait-il  d'utiles  indications. r' 

Q.uoi  qu'il  en  soit,  nous  avons  pensé 
que  quelque  collaborateur  de  Vlnteimé- 
diaire,  versé  dans  la  connaissance  des  fa- 
milles italiennes  qui  ont  suivi  la  fortune 
de  Charles  Vlll  et  de  Louis  XII,  pourrait 
nous  fixer  sur  la  forme  originelle  du  nom 
qui  nous  occupe. 

Nous  pouvons  ajouter  que  Jacques 
d'Inurce,  fils  de  Jehannot  et  de  Radegonde 
de  Maridort  précités,  rendit  aveu  au  roi 
le  25  décembre  1556  pour  sa  châtellenie 
de  Ballon  et  mourut  à  Angers  le  24  jan- 
\ier  1570  ;  son  corps  fut  ramené  au 
Maine  pour  être  inhumé  dans  l'église 
Saint-Georges-de-Ballon.  L'acte  de  décès 
porte  :  Jacques  Dyvurce.  L'aveu  de  1570, 
est  signé  et  paraphé  :  Jacques  Dinvurse. 
Armes  :  d'a:(nt\au  lion  d'or,  parti:  d'apir^ 
à  tiois  gerbes  de  blé  d'or,  2  et  i  qui  est  Ma- 
ridort. 

Patri  de  Chources. 


10  Septembre  1906. 
334     ^ 

Portrait?,  à  retrouver  :  Caroline 
d'Autri'he,  Perranot  Granvelle. 
Pierre  MareschaL  —  Pourrait-on  in- 
diquer où  se  trouve  un  portrait  (peinture 
ou  estampe)  de  : 

1°  Caroline  d'Autriche  (1595- 1663)  (fille 
naturelle  et  reconnue  de  Rodolphe  II,  em- 
pereur d'Allemagne  et  de  Euphémie  Ro- 
senthai),  princesse  du  Saint-Empire, 

2"  François-Thomas  Perrenot  de  Gran,' 
velle,  prince  de  Cantecroix  dit  d'Oyselet 
(mort  à  Besançon,  le  5  janvier  1629)  et 
de  leur  fils  : 

30  Etigène-Léopold  Perrenot  de  Gran- 
velle, mort  en  1637,  à  Besançon,  pre- 
mier époux  de  Béatrix  de  Cusance. 

4°  Pierre  Mareschal,  procureur  général 
de  la  Grùyerie  au  comté  de  Bourgogne 
(1599  1664).  D'  Ph.  M. 

Guissart,    du  Beauvaisis.  —  Un 

aimable  chercheur  pourrait-il  fournir  des 
renseignements,  antérieurement  au  xvii« 
siècle,  sur  une  famille  Cuissart,  actuelle- 
ment éteinte,  du  Beauvaisis,  dont  les  pre- 
miers membres  connus  habitaient,  vers 
1600,  Sacy-le-Grand,  Ladrancourt,  Rieux, 
Laigneville,  etc..  près  de  Pont-Sainte* 
Maxence  ?  Un  Cuissart,  officier  de  la  vé- 
nerie de  Louis  XIV,  fit  enregistrer,  en 
1697,  à  l'Armoriai  général,  les  armes  sui- 
vantes :  d'or,  à  une  cotte  d'armes  d'azur, 
surmontée  d'un  arc  de  gueules  couché  en 
chef.  La  famille  se  croyait  originaire  de 
l'Anjou  ou  du  Poitou  ;  une  tradition  vou- 
lait qu'elle  vînt  d'un  homme  d'armes  qui, 
à  la  bataille  de  Poitiers,  en  1356,  faisait 
partie  du  corps  du  duc  d'Orléans  et  qui, 
après  la  défaite,  se  réfugia  à  Pont-Sainte- 
Maxence  ou  à  Senlis.  Cette  famille  compte- 
telle  parmi  ses  membres  un  Pierre  Cuis- 
sart, exempt  des  gardes  écossaises  de 
Louis  XI,  qui  épousa,  en  1498,  Françoise 
l'Epervier,  d'une  famille  de  FAnjou  ou  du 
Poitou,  ainsi  que  les  armoiries  citées  plus 
haut  sembleraient  le  faire  croire  ?  La 
cotte  d'armes  et  Farc  ne  rappelleraient-ils 
pas  l'archer  ^  de  C. 

Portrait  de  F'eury.  —  Pourrait-on 
me  faire  savoir  s'il  existe,  et  où  .?  un 
portrait  d'André-Hercule  de  Fleury,  re- 
présentant le  futur  ministre  d'Etat  avant 
son  élévation  à  FEpiscopat,  c'est-à-dire  à 
l'époque  où  il  n'était  encore  qu'abbé  de 
Fleury .?  A.  V. 


U' 


I  l'J^. 


L'INTERMEDIAIRH 


. 335    

Griffet  de  la  Baume,  ingéBieur 
des  Alpes-MariîiniQs  e  tre  1790 
et  1810.  —  Quelque  intermédiairiste 
voudrait-il  nous  donner  des  renseigne- 
ments sur  le  se'joui  et  les  fondions  de 
Charles  Griffet  de  la  Beaume,  ingénieur, 
mort  à  Nice,  le  lo  mars  iSio?  C'est  un 
descendant  d'une  famille  noble  du  Bour- 
bonnais. 11  a  laissé  un  traité  théorique  des 
routes  plates  —  un  mémoire  (Théorie  et 
pratique  des  annuités  décrétées  par  l'As- 
semblée nationale  de  France  pour  les  rem- 
boursements du  prix  des  acquisitions,  des 
biens  nationaux)  Roanne  et  Paris,  1791, 
un  volume  in-S».  L.  G. 

Famille  de  Montigny.  —  Pierre  de 
Montigny,  écuyer,  seigneur  de  la  Boisse 
ou  de  Bouesche,  pourvu  le  23  juillet 
1479,  '^^  l'office  de  maître  des  eaux  et 
forêts  du  Vendômois,  et  décédé  avant  le 
13  juin  1489,  épousa,  en  1479,  Mathu- 
rine  de  Vendôme  (fille  de  Jean  de  Bour- 
bon, bâtard  de  Vendôme,  seigneur  de 
Préaux,  Vanssay  et  Bonneval,  et  de  Gil- 
lette Pèrdriel),  qui  testa  le  5  mars  1483, 
dont,  au  moins  : 

François,  seigneur  de  Montigny,  était, 
en  1489,  sous  la  tutelle  de  Jean  de  Ven- 
dôme, curé  de  Lunay ,  son  oncle,  et 
épousa,  ensuite,  Madeleine  des  Fiez, dont  ; 

Foy  de  Montigny,  fenime  de  Jacques 
de  Villiers,  seigneur  de  Mondon,  et  mère 
de  Louise  de  Villiers,  alliée  avec  Jean  de 
Launay,  seigneur  de  d'Onglée  et  chevalier 
de  l'Ordre  du  roi,  gouverneur  de  Meaux. 

Je  m'adresse  à  l'érudition,  aussi  bien 
qu'à  l'obligeance  des  collaborafeurs  de 
V Intermédiaire  pour  être  renseigné  sur 
cette  famille  de  Montigny,  et  sur  ses  ar- 
moiries. G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

L'ordre  de  l'Eperon  d'or.  —  Pour- 
rait-on me  dire  :  ce  qu'était  l'Ordre  de 
l'Eperon  d'or  ?  Son  origine  ?  Son  but  ?  Sa 
diffusion  ?  Existe-t  il  encore  des  cheva- 
liers ou  autres  membres  de  cet  ordre  ^ 

].  E.  A. 

VoirXLlVel  Milice  dorée  XL  ;  XLI  ;  XLIIl. 

Emblèm  S  héraldiques,  armoi- 
ries et  sceaux  ecclésiastiques  mo- 
dernes. —  Ne  comprenant  ni  ceux  des 
évQques,  ni  ceux  des  abbés,  abbayes  ou 
prélats  romains,  dois-je  ajouter.  j 


(3^ 


D'aucuns  disent  qu'il  y  a  des  égoïstes  à 
V Intermédiaire  ;  qu'on  donne  beaucoup  et 
qu'on  reçoit  peu.  Je  ne  partage  pas,  en  ce 
qui  me  concerne,  cette  manière  de  voir, 
j'ai  trouvé  dans  nos  colonnes  d'excellen- 
tes réponses  aux  questions  que  j'ai  posées 
et  je  me  suis  fait  un  devoir  de  reconnaître 
dans  l'introduction  de  VÀrmoirial  des  pré- 
lats français  du  x\x^  siècle  (que  je  viens  de 
publier)  combien  les  aimables  correspon- 
dants de  notre  revue  m'avaient  secouru. 

Eh  !   bien,   je   viens  encore  avoir    re- 
cours à  leur  obligeance  extrême.  A  cette 
époque  de  l'année,  on  est  souvent  en  va- 
cances, en  villégiature,  à  la  campagne  ou 
dans  de  petites  localités.   Je   serais   heu- 
reux de  recevoir  soit  dans  V Intermédiaire, 
soit    directement    (à    la     Roche-Chalais, 
Dordogne)  des  descriptions,    et  même   et 
surtout  des  empreintes   d'emblèmes  reli 
gieux  plus  ou  moins  héraldiques,  armoi- 
ries,   sceaux,    etc.,    de    simples   prêtres, 
d'églises   paroissiales,    de    couvents,    de 
chapelles,  de  pèlerinages,  de  collèges  ou 
institutions   ecclésiastiques    (hommes   et 
femmes  j,  de  chapitres,  de  communautés, 
congrégations    ou     instituts    religieux  ; 
toutes  choses   qu'on  trouve   en  province 
plus  qu'à  Paris. 

Pour  répondre  à  une  sollicitation- de  di- 
recteur d'une  revue  héraldique,  je  com- 
mence à  réunir  des  documents  sur  ce  su- 
jet. Je  sais  que  je  puis  compter  pour  cela 
sur  V Intermédiaire. 

Comte  DE  Saint-Saud. 


Devise  :  Morosovem'attaco.  ~  Je 
serais  très  reconnaissant  au  correspondant 
de  V Intermédiaire  qui  voudrait  bien  m'in- 
diquer  à  quelle  famille  appartient  cette 
devise,  C.  B. 


Les  rédacteurs  de  la«G0ZQfade 
Lisboa  »,  en  1723  eî  da  la  «  Ga- 
ceta  de  îvsadrid  »,  en  1724.  —   Un 

hasard  a  fait  tomber  entre  mes  mains  un 
recueil  assez  curieux  :  ce  sont  les  premiers 
numéros  de  ces  deux  gazettes,  pour  les 
années  1723  et  1724. 

Elles  sont  rédigées  avec  des  correspon- 
dances de  divers  pays.  On  a  joint  aux 
numéros  du  journal,  les  correspondances 
originales,  mêmes.  Les  correspondances 
parisiennes  émanent  de  deux  sources  diffé" 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  lo  Septembre  1906 


337 


338 


rentes.  Elles  sont  minutieuses  et  fort  inté- 
ressantes. Elles  ne  sont  pas  signées. 

Pourrait-on  savoir  quels  étaient  à  Paris, 
en  1723  et  1724,  ces  nouvellistes  si  admi- 
rablement renseignés  ?  Y. 


La  Famille  malheureuse, par  Pru- 
d'hoïî.  —Je  désirerais  savoir  en  quelles 
mains  a  passé  successivement  et  se  trouve 
aujourd'hui,  le  tableau  de  Prud'hon,  Une 
famille  malheureuse,  qui  appartenait  à  la 
duchesse  de  Berry  et  fut  vendu  15.000  fr. 
à  sa  vente  le  19  avril  1865. 

H.  G.  M. 


[A  l'Exposition  des  œuvres  de  Prudhon 
au  profit  de  sa  fiUe,  à  l'Ecole  des  Beaux- 
Arts,  en  mai  1874,  figurait,  «  n°  92,  La 
Famille  malheureuse,  collection  de  M.  le 
comte  de  Lariboisière  »]. 


Vers  sur  Heni'i  ÏV.  —  Un  de  nos 
collaborateurs  pourrait-il  nous  dire  de  qui 
sont  les  vers  suivants,  s'ils  ont  été  impri- 
més et  où  ? 

Sur  Henri  IV 

Superbes  monuments,  que  votre  vanité 
Est  inutile  pour  la  gloire 
Des  grands  héros  dont  la  mémoire 
Mérite  l'immortalité  I 

Que  sert-11  que  Paris,  au  bord  de  son  canal 
Expose  de  nos  rois,  ce  grand  original 
Q_ui  sut  si  bien  régner  qui  sut   si  bien  com- 

[battre  ? 

On  ne  parle  point   d'Henri  Q.uatre  : 

On  ne  parle  que  du  cheval! 

jACaUES  DE   S. 


L'odeur  ranco  des  prostituées.  — 

M.  le  D'  Cabanes  (Les  Curiosités  de  la  mé- 
decine. Ed.  1900,  p.  163)  parle  delà  rance 
odeur  des  prostituées  décrites  par  Juvénal. 
Où  le  satirique  latin  en  a-t-il  parlé  .'' 

P.  B. 


Autobus.  —  Les  journaux  annoncent 
la  création  dans  Paris  de  nouvelles  lignes 
d'autobus.  11  ne  s'agit  pas  d'obus  partant 
tout  seuls,  mais  bien  d'omnibus  automo- 
biles. Je  ne  demande  pas  qu'on  interdise 
la  chose  :  en  usera  qui  voudra  ;  mais  n'est- 
il  pas  permis  de  protester  contre  l'intro- 


duction dans  notre  langue  d'un  mot  aussi 
monstrueusement  hybride  ?  J.  Lt. 

Gérardmer  —  Comment  doit-on 
prononcer  ?  GèrarJinèr,  en  faisant  sonner 
l'r,  comme  dans  la  mèr  ?  ou  bien  Gérai  d- 
me\  comme  le  fromage  de  Gêromé,  le  pro- 
duit renommé  du  pays?  J.  Lt. 

Mutualité.  —  Un  intermédiairiste 
pourrait-il  m'indiquer  l'ouvrage  le  plus 
récent  et  le  plus  complet  sur  la  mutualité, 
contenant  son  historique,  ses  avantages 
et  ses  désavantages  ?  P.  B. 

Les  compagnies  d'assurances  — 

Origine  —  Qiielle  est  la  première  com- 
pagnie d'assurance  connue  ?  Date  de  sa 
fondation  et  son  but  ?  H. 

Danses  espagnoles  et  arabes,  — 
Quel  est  le  meilleur  traité  de  chorégraphie 
concernant  les  danses  nationales  de  l'Es- 
pagne :  la  jota,  le  flamenco,  le  boléro,  la 
sevillana,  etc.  ? 

Même  question  pour  les  danses  arabes. 


Eteignoirs  .  —  Existe-t-il  encore, 
dans  certaines  villes  de  province,  aux 
portes  d'anciennes  demeures  de  la  riche 
bourgeoisie  ou  de  la  noblesse,  quelques- 
uns  de  ces  grands  eteignoirs  destinés  à 
éteindre  les  torches  que  les  valets  por- 
taient devant  leurs  maîtres,  au  temps  où 
l'éclairage  des  villes  était  chose  incon- 
nue ? 

Je  n'en  connais  qu'un  seul  à  Paris  et 
deux  ou  trois  en  pays  flamand. 

PlETRO. 


Château  de  Montaigne.  —  Qiiels 
ont  été,  depuis  iMichel  de  Montaigne,  les 
propriétaires  successifs  du  château  et  de 
la  terre  de  Montaigne,  en  Périgord  ? 

A.  H. 

Pauline    Alexandre    Panam.   — 

Cette  femme,  qui  fut  séduite  par  le  duc  de 
Saxe-Cobourg,  avait  écrit  des  mémoires  ; 
elle  négocia  le  prix  du  silence.  Cependant 
ses  mémoires  ont  dû  paraître,  mais  en  ce 
cas,  où  et  sous  quel  nom  ?        A.  B.  X. 


N"  1123 


L'INTERMEDIAIRE 


339 


-     340 


ïléj3on6C0 


Le  rôle  de  la  comtesse  de  Mercy- 
Argenteau.  (LIV, 275)— Vers  1880,  j'ai 
eu  entre  les  mains, chez  M.Gabriel  Chara- 
vay,  alors,  8,  quai  du  Louvre,  un  dossier 
volumineux  et  important  qui  compléterait 
la  correspondance  de  la  comtesse  deMercy- 
Argenteau  avec  Napoléon  III.  Ce  dossier, 
dont  on  demandait  30.000  fr.,  a  été  ven- 
du,paraît-il,  à  M.  P    banquier  à  Gênes. 

Après  avoir  compulsé  le  dossier, en  ren- 
trant chez  moi,  je  l'ai  résumé  ;  mes  notes 
ne  sont  plus  en  ma  possession.  Autant 
qu'il  m'en  souvienne, le  dossier  contenait  : 

1°  Une  correspondance  avec  Bismarck 
(dont  3  lettres  fort  aimables  de  ce  minis- 
tre) relatives  aux  bases  d'un  traité  de  paix 
(octobre-novembre  1870). 

La  dernière  lettre  de  Bismarck  était  une 
fm  de  non-recevoir. 

2°  Plusieurs  minutes  de  mémoires  en- 
voyés à  Metz  à  M.  X  ;  très  importants. 

3°  Deux  minutes  de  mémoires  adressés 
à  l'Impératrice  dont  les  originaux  ne  sem- 
blent pas  lui  être  parvenus. 

4°  Un  grand  nombre  de  lettres  en  alle- 
mand que  je  n'ai  pu  déchiffrer, 

5°  La  plus  grande  partie  du  dossier 
était  une  correspondance  échangée  avec 
un  inconnu  habitant  Bruxelles  (octobre 
1870-février  187 1). 

En  résumé,  les  bases  du  traité  proposé 
stipulaient  une  indemnité  de  3  milliards 
sans  cession  de  territoire  et  le  retour  de 
«  la  dynastie  napoléonienne  sur  le  trône 
de  France  »,  sans  déterminer  si  le  repré- 
sentant de  la  dynastie  serait  Napoléon  III, 
ou  son  fils  avec  un  conseil  de  Régence. 

Je  le  répète,  je  ne  possède  plus  mes 
notes  prises  au  moment  même,  mais  je 
sais  qui  les  possède  actuellement. 

Il  est  probable  que  le  banquier  de  Gênes 
qui  a  payé  ce  dossier  30.000  fr.  ne  l'a 
pas  acheté  sans  raisons  *.  Le  détruire  ? 
pourquoi  ^  Il  est  tout  à  l'honneur  du  pa- 
triotisme de  la  comtesse  de  Mercy-Argen- 
teau.  Il  faut  espérer  qu'un  jour  ou  l'autre 
il  sera  publié  pour  compléter  la  corres- 
pondance de  la  comtesse  avec  Napoléon 
m.  J.  G.  Bord. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral  Ver 

HuelI(LIV,  1,66,116,  174,233,  288).  — 
Nous  supposons  la  lettre  suivante  inédite. 


Nous  pensons  qu'elle  peut  prendre  place 
sous  cette  rubrique.  Elle  est  adressée  par 
le  roi  de  Hollande  à  un  témoin  de  sa  vie. 
■Toutefois,  elle  ne  peut  contribuer  en  rien 
à  résoudre  le  problème  qui  est  posé  et  qui 
est,  à  la  vérité,  bien  délicat.  Q.uoi  qu'on 
dise  ou  fasse,  Napoléon  III  est  et  reste  his- 
toriquement, .  sans  conteste,  le  fils  du  roi 
de  Hollande  : 


Rome,  ce  24  mars 
Monsieur, 


1817, 


je  viens  vous  demander  :  1°  Si  vous  vous 
rappeliez  tout  ce  que  je  vais  vous  retracer  dans 
cette  lettre  ;  2°  si  vous  voudrez  le  déclarer 
devant  l'évêque  du  lieu  où  vous  demeurez  ; 
3°  quel  est  le  lieu  de  votre  résidence  actuelle 
et  de  quelle  diocèse  il  dépend  ? 

Je  vous  ai  connu  dans  mon  enfance.  Vous 
êtes  venu  servir  dans  mon  régiment  bien 
avant  mon  mariage.  Peu  de  temps  après  vous 
vîntes  demeurer  chez  moi,  vous  m'accompa- 
gnâtes au  camp  de  Compiègne  et  ensuite  aux 
boues  de  Saint-Amand,  dans  l'année  1804 
ou  1805. 

A  peu  près  à  l'époque  de  mon  mariage, 
comme  après  cette  époque  je  vous  ai  confié 
ma  situation  intérieure  et  tous  les  secrets  y 
relatifs.  Vous  fûtes  témoin  de  mon  chagrin  et 
de  ma  profonde  affliction,  je  vous  confiai 
que  j'avais  été  forcé  à  contracter  ce  nœud  par 
les  motifs  les  plus  impérieux,  que  je  m'en 
étais  défendu  pendant  plusieurs  années,  heu- 
reusement, mais  qu'enfin  j'avais  été  obligé 
de  céder.  Que  c'était  pour  éviter  ce  mariage 
et  dans  l'espoir  que  pendant  mon  absence  elle 
se  marierait  à  celui  qu'on  croyait  qu'elle 
aimait,  que  je  partis  pour  la  Prusse  à  la  fin 
de  Tannée  1799  et  ce  fut  aussi  par  le  même 
motif  que  l'année  suivante  je  me  rendis  en 
Espagne,  etc.,  etc. 

Vous  devez  vous  rappeller  mes  confidences 
et  les  tristes  conversations  que  vous  eûtes 
avec  moi  durant  notre  séjour  à  Saint-Amand, 
vous  devez  vous  rappeller  que  je  vous  confiai 
que  nous  ne  vivions  pas  ensemble  quoiqu'ha- 
bitant  sous  le  même  toit  ;  vous  devez  vous 
rappeller  tout  ce  que  je  vous  dis  sur  mon 
espoir  de  parvenir  à  faire  reconnaître  l'invali- 
dation de  mon  mariage,  etc.,  etc. 

Je  n'oublie  pas  que  nous  sommes  séparés 
depuis  de  longues  années  et  que  peut  être 
vous  ne  serez  pas  disposé  à  faire  ce  que  je 
vous  demande  ;  cependant  si  vous  vous  rappel- 
liez  encore  toutes  les  souffrances  et  toutes  les 
peines  d'un  nœud  mal  assorti,  si  vous  vous 
rappelliez  encore  tout  ce  que  vous  avez  su  et 
tout  ce  que  vous  avez  vu  sur  la  répugnance 
réciproque  et  la  contrainte  de  ce  lien,  je  me 
flatte  que  vous  voudrez  contribuer  à  libérer 
celui  que  vous  appelliez  autrefois  votre  ami  et 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


349 


liance  de  la  troisième  (rencontrée  aussi 
dans  le  Nobiliaiie  universel  de  Saint- 
AUais,  art.  Prévost)  et  qui  a  rectifié  le 
nom  du  président  de  la  chambre  des 
comptes  que  j'avais  aussi  tiré  des  ta- 
bleaux de  parentés  cités  plus  haut. 

G.  P.  Le  L'.eur  d'Avost. 


Le  poiît  de  Tj  écia.s  à  Saint-De- 
Eis(Llll  ;  LIV,  74,  i86).  —  i"  La  grande 
voie  romaine  qui  traversait  Paris  et  con- 
duisait dans  les  provinces  du  Nord,  n'a 
jamais  passe  par  Saint-Denis,  elle  passait 
par  le  lieu  appelé  aujourd'hui  les  Qiiatre- 
Chemins,  entre  Aubervillicrs  et  Pantin. 

Aussi,  malgré  l'insistance  de  M.  Ar- 
mand de  Visnies,je  ne  puis  admettre  le 
tracé  qu'il  indique  dans  Paris  pour  la  voie 
romaine  qui  traversait  Saint-Denis. 

2°  La  voie  romaine  qui  traversait  Saint- 
Denis,  est  celle  qui  allait  à  Pontcise.  Entre 
Paris  et  Saint-Denis,  cette  route  longeait 
la  butte  Montmartre.  Des  deux  chemins 
que  j'ai  indiqués,  l'un  (celui  de  M.  Gollois 
par  la  porte  de  Clichy)  passe  à  gauche  de 
la  butte  ;  l'autre  (par  la  rue  Saint-Denis) 
passe  à  droite. 

-3°  jamiais  aucun  chemin  quelque  peu 
ancien  n'a  traversé  VHeimilage.  Pour 
atteindre  le  l^ert  Galant^  il  n'y  avait  pas 
d'autre  route,  au  sortir  de  la  rue  de  la 
Charronnerie,  que  celle  appelée  aujour- 
d'hui rue  de  la  Briche. 

4°  Q.uant  aux  voies  romaines,  elles 
étaient  toujours  droites,  à  condition  tou- 
tefois qu'aucune  raison  ne  les  oblige  à 
modifier  leur  cours  M.  Armand  de  Vismes 
ne  doit  pas  oublier  qu'autour  de  Saint- 
Denis  se  trouvaient  des  villas  qui  ont  né- 
cessairement influé  sur  le  tracé  de  cette 
route  allait  à  Pontoise.  Ce  sont  :  la 
s<  Villa  Clippiacensis  »  dont  l'emplacement 
est  marqué  aujourd'hui  par  le  champ  de 
course  de  Saint  Oucn  et  le  collège  Sainte- 
Anne  ;  venait  ensuite  la  villa  appartenant 
à  la  «  gens  Catullus  »  à  Saint  Denis  ;  enfin 
à  Epinay  se  trouvait  une  troisième  villa 
où  mourut  Pagobert.  C'est  là  plus  de 
motifs  qu  i!  n'en  faut  pour  que  cette  voie 
romaine,  après  tout  secondaire,  se  soit 
quelque  peu  écartée  de  la  ligne  droite. 

Enfin,  M.  F.  Bournon,  lui-même,  n'a 
jamais  songé  à  emprunter  la  rue  Saint- 
Martin  pour  aller  à  Saint-Denis. 

G.  La  Brèche. 


10  Septembre   1900. 
350     

Adoption.   La  question   du  nom 

(LIV,  164,  239).  —  L'opinion  de  M.  le  vi- 
comte de  Mazières-Mauléon  paraît  fort  con- 
testable en  droit. 

L'effet  de  l'adoption  est  de  conférer  à 
l'adopté  tous  les  droits,  quels  qu'ils 
soient,  de  l'enfant  légitime.  Or,  ce  dernier 
a  le  droit  de  porter  le  nom  de  son  père,  y 
compris  les  titres  nobiliaires.  Je  n'ai  ja- 
mais vu  dans  le  covle  civil  d'exception  à 
cette  règle  C'est  aussi  l'avis  de  plusieurs 
jurisconsultes  auxquels  j'ai  soumis  la 
question. 

Un  ancien  Magistrat. 

Etynaologie  des  noms  de  famille 
(T.  G,,  643).  —  Il  doit  exister  des  ou- 
vrages sur  l'étymologie  des  noms  de  fa- 
mille. Un  collègue  serait-il  assez  aimable 
pour  m'en  indiquer  quelques-uns  en  pré- 
cisant, si  possible,  leur  valeur  et  leur 
exactitude  .?  A.  E. 


I      Famille   de  Acevedo  (LIV,  16^). 
I  —  Le  titre  ci-dessus  donne  la  prononcia- 
I  tion,   mais   non   l'orthographe  du    nom, 
qui  s'écrit  Azevedo. 

On  nous  interroge  sur  les  Azevedo  de 
PAmériquedu  Sud.  Une  branche  de  cette 
famille  s'est  fixée  à  Rio  de  Janeiro  où  elle 
est  très  connue,  et  plusieurs  de  ses  mem- 
bres sont  revenus  de  là  en  Europe,  mais 
pour  habiter  Paris.  Une  Mlle  de  Azevedo 
a  épousé  M.  Carvalho,  l'importateur  de 
cafés.  -{- 

Le  marquis  d'Aligre  fccusé  de 
plagiat  (LUI,  933  ;  LIV,- 188).  —  Je  re- 
mercie M.  Sus  de  son  intéressante  com- 
munication qui  me  surprend  un  peu. 
Aura-t-il  la  bonté  de  me  dire  ce  qui  l'a 
amené  à  identifier  Gorgy  et  G....^Le  petit 
manuscrit  que  j'ai  cité  est  écrit  en  si  mau- 
vais français  que  si  je  n'avais  pas  sup- 
primé la  moitié  des  mots, certaines  phrases 
eussent  été  incompréhensibles.  Il  me 
semblait  bien  que  son  auteur  n'avait  pas 
du  tout  l'habitudj  de  la  rédaction,  ni  à 
plus  forte  raison  du  style. 

Il  est  d'?illeurs  aisé  d'éclaircir  cette 
question  puisque  G.  .  nous  donne  son 
titre. 

Qui  était,  en  181 1,  secrétaire  de  la  mu- 
sique de  la  chapelle  des  concerts,  fêtes  et 
spectacles  de  la  cour  pendant  le  séjour  de 


No  1123. 


L'INTERMEDIAIRE 


55Ï 


352 


Napoléon  en  Hollande  ?  V  Almanach  Impé- 
rial doit  répondre.  Mais  s'il  répond  Gorgy, 
je  ne  lirai  jamais  Annequin  hedoiiille. 


Familles  Bouclier  et  Chanlatte, 
au  MaijS  (LIV,  224).  —  Après  sa 
femme,  lire  «  cette  dernière  veuve,  le  24 
mai  1714,  et  demeurant  paroisse  du  Cru- 
cifix au  Mans  »,  au  lieu  de  Crucifiée. 

Th.  Courtaux. 


Nicolas  Chanlatte,  directeur  du  com- 
merce des  Indes,  échevin  de  Paris,  en 
1670,  épousa  Marie  Soulet,  dont,  au 
moins,  Miclielle  Chanlatte.  femme  de 
Jacques  Fallu,  seigneur  d'Andigné,  con- 
seiller au  grand  conseil.  Armes  :  d' argent., 
au  chevron  d'azur.,  accompagné  de  ^  mou- 
chetures d'hermines  [Annuaire  de  la  No- 
blesse, 18^9,  p.  392  ;  La  Chesnaj^e  des 
Bois  :  .Dictionnaire  de  la  Noblesse  :  Art. 
Fallu).  G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


F.  N,  Dubois  de  Rouen  et  son 
«Histoire  secrète»  (LIV,  58).  —  Cet 
abbé  Yart  était  coutumier  du  fait.  Peu  lui 
importait  l'auteur,  son  mérite  personnel, 
son  sexe,  la  valeur  de  l'ouvrage,  pourvu 
qu'il  plaçât  son  épigramme.  C'est  ainsi 
qu'il  décochait  ce  trait  peu  galant  à 
Mme  Du  Boccage  sur  le  Paradis  perdu, 
poème  de  cette  femme  de  lettres  : 

1 

Sur  cet  écrit,  charmante  Du  Boccage, 
Veux-tu  savoir  quel  est  mon  sentiment? 
Je  compte  pour  perdus,  en  lisant  ton  ouvrage  : 
Le  Paradis,  mon  temps, 
Ta  peine  et  mon  argent. 

d'E. 


Dutacq  (LIV,  221). —  Armand Dutacq, 
appelé  le  Napoléon  de  la  presse,  acheta  le 
Charivari.^  au  prix  de  35  .000  francs,  le 
28  décembre  1836,3  M.  Lefebvre,  notaire, 
lequel  l'avait  payé  12.000  francs  à  M.  Phi- 
lipon,  le  fondateur.  Il  remplaça  les  rédac- 
teurs en  chef  (Ch.  Desnoyers  et  Altaro- 
che)  par  Taxile  Delord  qui  dirigeait  le 
Corsaire.  En  somme,  il  fut  plutôt  le  pro- 
priétaire que  rédacteur-collaborateur. 

D^  Billard. 


Guymon  de  la  Touche  (LIV,  279). 
—  La  Correspondance  littéraire  de  Grimm 
ne  contient  rien  qui  réponde  à  la  ques- 
tion. Pourtant  ce  ne  serait  pas  seulement 
dans  sa  tragédie  anonyme  que  l'ex-jésuitc 
aurait  attaqué  l'ordre  religieux  auquel  il 
avait  appartenu.  Lorsqu'après  sa  mort, 
en  1766,  parurent  Les  Soupirs  du  cloître  oic 
le  Triomphe  du  fanatisme.,  le  baron  en  fait 
suivre  l'annonce  de  cette  réflexion  : 
«  L'auteur  avait  été  jésuite,  et  cette  célèbre 
société  n'est  pas  flattée  dans  ses  vers.  Cet 
ouvrage  manque  de  facilité  et  de  grâce  ». 
j'ajoute  que  Grimm  note  la  mort  de  Guy- 
mond  de  la  Touche  au  mois  d'avril  1760, 
et  non  au  mois  de  février.      E.  Grave. 

Le  comts  de  R  -.penties  (LIV,  54, 
245).  —  La  comtesse  de  Birbançois,  née 
Dauphine-Xaverine  LeGardeur  de  Repen- 
tigny,  née  vers  1804, est  décédée  à  Tours, 
le  17  janvier  1878. 

Louis-Gaspard  le  Gardeur,  comte  de 
Repentigny,  lieutenant  des  vaisseaux  du 
roi,  chevalier  de  Saint-Louis,  en  1784, 
assista,  en  1789,  aux  assemblées  électo- 
rales de  la  noblesse  de  Tours. 

G   P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Un  monument  élevé  par  Tàlraa 

(LUI,  619,  699,  745).  —  Consulter  le 
Tombeau  de  Narcissa,  suivi  d'une  réponse  à 
l'article  de  la  Ga:(ette  médicale  de  Mont- 
pellier du  15  avril  18150, par  M.  de  Terre- 
basse.  Lyon,  L.  Perrin,  i8jo. 

H.  QUINNET. 


Scalion  de  Virblunc-au  (LIV,  223). 
—  Mérite-t-il  vraiment  l'épithète  de 
«  charmant  »,  le  poète  amateur  découvert 
par  Théophile  Gautier  ?  Il  me  demeure 
plutôt  de  la  lecture  des  Grotesques.,  l'im- 
pression d'un  bonhomme  assez  ridicule, 
comme  le  sont  facilement,  d'ailleurs,  les 
amoureux  transis  qui  prennent  pour  con- 
fident le  public,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
Catulle,  Pétrarque,  Henri  Heine  ou  Mus- 
set. En  tout  cas,  laissant  de  côté  la  ques- 
tion d'identification  historique  à  laquelle 
peuvent  s'intéresser  les  érudits,  il  me 
semble  que  sur  le  poète  il  n'y  a  plus  rien 
à  dire  après  l'article  charmant  (l'adjectif 
est,  cette  fois,  à  sa  place)  de  Théophile 
Gautier,  H.  C.  M. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


353 


Titres  de  noblesse  (LUI,  895,  q8o  ; 
LIV,  30,  93,  195,  245).  —  Le  registre 
matricule  dont  parle  Gaston  Phébus  et  qui 
se  trouvait,  en  1893,  au  ministère  de  la 
justice,  est-il  à  la  disposition   du   public  ? 

J'ai  acheté,  il  y  a  quelques  années, 
soixante-neuf  blasons  coloriés,  chacun  sur 
un  carton  de  vingt-six  centimètres  de 
hauteur.  Ces  cartons  ne  portent  aucun 
nom  et  je  désirerais  savoir  à  quelles  fa- 
milles appartiennent  ces  armoiries. 

Beaujour. 

Origine  de  1-  noblesse  bretonn^i 

(LIV,  279).  —  On  ne  peut  répondre  à 
M .  de  Poulpiquet  d'une  façon  très  catégo- 
rique, car  l'institution  de  la  noblesse  n'a, 
pas  plus  pour  la  Bretagne  que  pour  les 
autres  provinces,  d'origine  déterminée. 
Sur  ce  sujet,  il  n'y  a  et  il  n'y  aura  jamais 
rien  de  codifié. 

Le  vicomte  de  Lisle  a  donné  quelques 
pages  sur  la  noblesse  bretonne  en  tête  du 
livre  :  La  noblesse  de  Bretagne^  ouvrage 
qui  n'a  pas  fini  de  paraître,  car  son  au- 
teur, le  marquis  de  l'Estourbeillon  de  La 
Garnache,  député  de  Vannes,  s'occupe 
maintenant  de  politique,  ayant,  à  regret, 
abandonné  les  études  généalogiques. 

On  lit  dans  cette  introduction  que  «  le 
trait  le  plus  saillant  de  la  noblesse  bre- 
tonne est  son  opiniâtreté  à  repousser  toute 
influence  du  dehors  pour  garder  son  ca- 
ractère national.  »  Pour  avoir  une  vue 
d'ensemble  de  l'aristocratie  bretonne, 
ajoute  M  de  Lisle,  il  faudrait  examiner 
les  principaux  faits  de  l'histoire  de  cette 
province,  mais  les  érudits  n'ont  pas  encore 
réuni  assez  de  matériaux  pour  cela. 

Le  principe  de  la  force  de  la  noblesse 
du  pays  d'Armor  ne  venait  pas  du  prince, 
mais  du  pays  lui  même.  Mais  quant  à  la 
rech.erche  île  l'origine  des  familles,  elle 
est  des  plus  ardues,  et  pourtant  cette 
recherche  «  aide  à  retrouver  les  sources 
de  la  noblesse  ».  Mais  elle  est  à  faire  au 
point  de  vue  historique,  et  la  question 
posée  embrasserait  trop  de  pages  pour 
qui  voudrait  la  traiter  dans  nos  colonnes. 

St-Saud. 

Baguy  avec  devises  (LIV,  56,254). 
—  Je  possède  plusieurs  bagues  en  cuivre 
(l'une  d'elles,  plus  petite,  en  or,  dut  être 
faite  pour  la  femme  de  Lofficier  comman- 
dant) ;  elles  portent  une  grenade, mais  pas 


10  Septembre  190e. 
. _     354 

de  devise  :  le  nom  du  soldat  est  gravé 
dans  l'intérieur.  Elles  appartenaient  aux 
grenadiers  de  la  Garde,  licenciés  en  1815. 
Il  était  donc  d'usage  de  porter  des  ba<yues 
quand  on  servait  dans  la  Garde .?  Cela 
resort  des  réponses  précédentes. 

Je  possède  une  autre  bague  de  la  même 
époque.  Sur  le  chaton  :  deux  mains  unies 
et  la  devise  :  Unis  et  fidèles.  On  dit  que 
c'est  la  bague  des  pages  de  Louis  XVllI .? 
Est-ce  exact  ?  Il  est  temps  de  s'occuper  de 
ces  questions  de  menus  détails,  car  il  ne 
faut  pas  laisser  passer  un  siècle  sur  ces 
sujets,  sinon  on  se  priverait  des  lumières 
des  enfants  de  ceux  qui  en  sont  l'objet  ; 
or  ils  sont  déjà  âgés.  St.-Saud. 

Un  porteur  de  chaise,  v<  des  Pré- 
cieuses »  (LIV,  219,  301).  —  Comme  le 
fait  justement  remarquer  M.  Lyonnet,  Du 
Parc  ne  put  être  de  la  création  éQS  Précieuses.^ 
puisqu'il  avait  suivi  sa  femme  au  théâtre 
du  Marais, et  il  estprobable  qu'il  ne  rentra 
au  Petit-Bourbon  que  pour  remplacer  le 
vieux  Jodelet  qui  venait  de  mourir. 

Nous  savons,  au  contraire  aussi  bien 
qu'Almanzor,  que  de  Brie  put  créer  l'un 
des  porteurs  des  Précieuses.,  et  ce  fut  lui 
sans  doute  qui  joua  le  bout  de  rôle  de 
l'écuyer  Don  Pèdre  dans  Don  Garcie  de 
Navarre,  lequel  rentrait  dans  son  emploi 
des  grandes  utilités  et  confidents. 

Voilà  pourquoi  je  pense,  malgré  l'auto- 
rité de  feu  V.  Fournel,  que  «  le  gros  por- 
teur »  visé  par  la  Vengeance  des  marquis 
est,  non  pas  Du  Parc,  mais  son  camarade 
De  Brie  qui,  sans  être  aussi  bien  «  entri- 
paillé  »,  eut  assez  d'embonpoint  pour  lui 
succéder  dans  le  personnage  de  Gros  René. 

Georges  Monval. 

Le  Théâtre-Français  '  n  1847(L1V, 
275).  —  On  n'a  que  l'embarras  du  choix. 
Depuis  le  commencement  de  l'année  la 
Comédie-Française  avait  —  à  ce  moment 
(19  juin  1847) —  donné  successivement, 
sans  trouver  un  succès  : 

Le  Vieux  de  la  Montagne.,  tragédie  en 
cinq  actes  et  en  vers,  par  LatourdeSaint- 
Ybars,  représentée  7  fois  du  6  février  au 
9  mars,  avec  une  moyenne  de  i.678fr.  50, 
et  encore  grâce  à  la  présence  de  Raohel, 
dont  les  recettes,  avec  Phèdre  ou  Aihalie., 
étaient  de  4  à  5  mille  francs. 

Notre  fille  est  princesse,  comédie  en  cinq 
actes  et  en  prose  de   Léon  Gozlan,  repré- 


N"  II 23. 


L'INTERMEDIAIRE 


355  

sentée  13  fois  du  23  mars  nu  5  mai,  sans 
pouvoir  dépasser  une  moyenne  de  720 
francs  95, même  avec  des  renforts  de  cinq 
actes,  comme  le  25  avril  où  l'on  joua,  en 
plus,  Valérie  et  le  Dépit  amoureux  ; 

Un  poèfe^  drame  en  cinq  actes  et  en 
vers,  par  Jules  Barbier,  représenté  8  fois 
du  16  avril  au  1 1  mai,  avec  une  moyenne 
de  558  fr.  95  ; 

Robert  Bruce^  tragédie  en  cinq  actes  et 
envers,  par  Beauvallet,  qui,  représentée 
pour  la  première  fois  le  31  mai,  en  était 
à  sa  septième  représentation  (14  juin), 
avec  une  moyenne  de  229  fr.  40,  malgré 
la  présence  de  l'auteur  jouant  le  rôle  de 
Ronald  ; 

Pour  ai  river ^  comédie  en  trois  actes, 
en  prose,  d'Emile  Souvestre,  qui  avait 
été  jouée  quatre  fois  sans  attirer  le  pu- 
blic aux  spectacles  dont  elle  faisait  partie  : 
La  recette,  à  la  première,  le  8  juin,  est  de 
919  fr.  55  ;  à  la  quatrième,  le  14  juin, 
2kV te  Robert  Bruce,  elle  est  de  193  fr.  80. 

Les  trois  insuccès  dont  parle  Ligier 
sont  probablement  les  derniers  :  Un  poète, 
Robert  Bruce,  Pour  arriver. 

Nous  avons  éc3rté,comme  ne  formant  pas 
spectacle.  Un  coup  de  lansquenet,  comédie 
en  deux  actes  et  en  prose  de  Léon  Laya, 
jouée  22  fois  depuis  le  30  janvier,  et 
Scaramouche  et  Pascariel,  comédie  en  un 
acte,  en  vers,  de  Michel  Caire,  jouée 
8  fois  depuis  le  28  mai  j.  Ct. 


Le  théâtre  en  province  (LIV,  281). 
—  je  puis  signaler  à  M.  Lyonnet  un  inté- 
ressant travail,  le  Théâtre  d'Angers,  pu- 
blié, il  y  a  deux  ans,  par  mon  excellent 
ami  Jules  Breton,  et  qui,  sous  une  forme 
concise,  mais  avec  une  rare  précision, 
donne  un  tableau  complet  de  l'histoire  du 
théâtre  angevin.  11  n'est  pas  inutile  de 
rappeler  que  ju'es  Breton,  directeur  du 
Grand-Théâtre  d'Angers,  porta  cette  scène, 
de  concert  avec  l'Association  ar'.istique 
que  dirigeait  si  bien  Louis  de  Romain,  à 
un  degré  artistique  qu'elle  n'avait  effleuré 
que  sous  la  direction  de  feu  Mark,  qui  fut 
plus  tard  à  la  tête  de  TOdéon,  et  qu'elle 
n'a  pas  atteint  depuis.  H.  Jagot. 

* 

Comment  M.  H.  Lyonnet  n'a-t  il  pas 
compris,  dans  sa  liste  des  théâtres  de 
province,  celui  de  Nantes  qui  occupe  ce- 


,     356     . 

pendant  le  5'  rang  (peut-être  même  le  4 
parmi  les  scènes  provinciales  de  France  ?) 
S'il  veut  être  bien  documenté  à  ce  sujet, 
il  n'A  qu'à  se  procurer  le  Théâtre  à  Nantes 
depuis  ses  origines  jusqu'à  nos  jours.,  i^^o?- 
iSç],  par  Etienne  Destranges  (de  son 
vrai  nom  Rouyer,  bien  connu  à  Nantes 
comme  dilettante  très  avisé  en  matière 
théâtrale  et  ultra  wagnérien),  i  vol.  de 
504  pages.  Paris,  librairie  Fischbacher, 
rue  de  Seine,  33,  1893.  Il  y  trouvera,  j'en 
suis  sur,  de  quoi  les  satisfaire  amplement. 

Un  vieux  Nantais. 

*  * 

Quelques  titres  d'ouvrages,  pour  la  liste 
des  histoires  locales  du  théâtre  (hors  Paris), 

Le  Théâtre  de  Monte-Carlo,  par  Maurice 
Du  Seigneur,  1880. 

Le  Théâtre  de  Saint-Cyr  (1689-1792), 
par  Achille  Taphanel,  1876. 

Le  Théâtre  de  la  cour  à  Compiegne,  pen- 
dant le  règne  de  Napoléon  III.,  par  Alphonse 
Leveaux,  1882. 

Les  origines  lin  Tbéalie  de  Lyon,  par 
C.  Brouchond,  1865. 

Histoire  de  Mlle  Cronel^  dite  Fretillon 
{Dite  Clairon)  actrice  de  la  Comédie  de 
Rouen,  écrite  par  elle-même  (publiée  par 
Gaillard  de  la  Bataille,  trésorier  de  France). 
La  Haye^  (Rouen),  1743- 17 52. 

Sur  le  Théâtre  de  Dijon.  Paris,  Huzard, 
1809,  brochure  in-8°. 

Notes  et  documents  pour  servir  à  l'histoire 
du  Théâtre  à  Dijon,  du  ^  novembre  1828 
au  25  avril  i88j,  avec  un  aperçu  de  cette 
histoire  depuis  l'ji'j,  par  Milsand.  Dijon, 
Darantière,  1888,  in  8°.      F.  Jacotot. 

Pht;ro:aGir}i-;s  ^iyan?;  été  des  sa- 
vants (XXXIX  ,  LUI,  44.  255,  370).— 
Aux  articles  parus  sur  ce  sujet  dans  1'//?- 
termédiaire^  il  convient  d'ajouter  quelques 

I  lignes  consacrées  à  Pierre  Figuier. 

}  Né  à  Sommières  (Gard),  en  1759,  et  dé- 
cédé à  Montpellier,  le  28  mars  1817,  Fi- 
guier fonda  dans  cette  dernière  ville  une 
importante  officine  qu'il  continua  même  à 
diriger,  après  qu'il  eut  été  nommé  profes- 
seur de  chimie,  à  l'Ecole  supérieure  de 
pharmacie  ;  il  était  membre  de  la  Société 
Royale  des  Sciences  de  Montpellier.  Bien 
qu'il  soit  mort  depuis  près  d'un  siècle,  son 
officine  se  recommande  encore  de  lui  et 
porte  toujours  le  nom  de  Pharmacie  du 
professeur  Figuier. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  lo  Septembre  1906. 


341 


que  vous  joindrez  aussi   vos   efforts   pour  lui 
rendre  la  tranquillité. 

Je.  vous  p;ie  de  me  faire  savoir  si  vous  êtes 
disposé  de  répondre  couforméiiient  à  ce  que 
je  vous  demande,  je  vous  aurai  beaucoup  d'o- 
bligation. L.  de  St-Leu. 

(M,  François  Mésangère,  ancien  trésorier 
général  de  la  couronne  de  Hollande). 

« 
*  * 

Encore  une  autre  version.  Le  prince 
Pierre  Dolgoroukow  nous  apprend  dans  La 
France  sous  le  régime  Bonapartiste,  Lon- 
dres, 1864  : 

La  rumeur  publique    lui    (Napoléon  III)  a 
donné  pour  père  tantôt  le  général  comte  de 
Flahaut,  tantôt  l'amiral  comte   Ver  Huell,  à 
cette  époque-là  ambassadeur  de  Hollande  à 
Paris  plus    tard    naturalisé    français  et  mort 
pair  de  France.  Ni  l'un  ni  l'autre  de  ces   deux 
bruits  ne  sont  fondés  ;  nous    tenons    notre 
narration    de    sources   bien  sûres  :  directe- 
ment du  comte  BIondow,en  i8..8  secrétaire 
de  la    légation  en    Hollande,    et   de    notre 
grand'oncle  le  prince  Serge  Dolgoroukow. 
Le  véritable  père  du  despote  actuel  de  la 
France    fut   le   comte  de    Eylandt,  général 
major  au  service  hollandais,  chambellan  du 
roi   Louis    et   l'oncle    de    M.    le    comte  de 
Eylandt,  aujourd'hui  ministre  des  Pays-Bas 
à  Constantinople(i864).  Dans  les  derniers 
jours  d'avril  1S08  le  roi  Louis,  qui  se  trou- 
vait en  HoUandt,    reçut  la  nouvelle    que  le 
20  du    mois   sa    femme    était    accouchée    à 
Paris  d'un  fils.  11  ne    voulait    point  recon- 
naître cet   enfant,    comme  plus    tard  il  n'a 
jamais  voulu    reconnaître    î^i.     de    Morny, 
lorsqu'arrivèrent  de    P.-ris  la   nouvelle   que 
le  nouveau-né    allait    être    baptisé    comme 
prince    français   et    prince    hollandais,     et 
l'ordre  impérieux  de  Napoléon  au  roi  Louis 
d'avoir   à    reconnaître   l'enfant    immédiate- 
ment, ordre  daté   de   Bayonne,  où  se  trou- 
vaient alors  Napoléon    avec    Joséphine.  En 
même    temps  arriva  Je    comte   de  Eylandt 
auquel  l'Empereur  avait  fait  intimer  l'injonc- 
tion d'avoir  à  quitter  la  reine  Hortense  et  de 
se  rendre  dans  son  pays  natal.  Le  roi  Louis 
quoique  de  fort    mauvaise  grâce,  se   soumit 
cependant.  La  nouvelle  de  la  naissance   fut 
annoncée  au  pub'.i-  hollandais,  un  Te  Deuin 
solennel   fut  chanté  ;  mais  le  roi   Louis  n'y 
parut  point,  sous  le  même  prétexte,  aucune 
réception  à  la  cour,  et  le  comte   de   Eylandt 
reçut  la  défense  de  se   présenter  devant    le 
souverain,  dont    il   était   le  chambellan.  Le 
comte    de    Eylandt   est     mort    octogénaire 
(1852).  » 

Il  s'agit  ici  sans  doute  du  comte  Charles 
Adam  de  Bylandt,  né  à  La  Haye  le  22  oc- 
tobre et  baptisé  là-bas  le  24  octobre  1773, 
colonel  de  cavalerie,    plus   tard  colonel 


342     

d"un  régiment  de  chasseurs  au  service 
hollandais,  aide  de  camp  du  roi  Louis, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et  de 
l'Ordre  de  l'Union  (1807),  décédé  aliéné 
à  Laon  le  5  juillet  1857.  Il  laissait  un 
fils  naturel,  Charles  de  Bylandt,  officier 
dans  le  second  bataillon  de  chasseurs, 
chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Guillaume, 
dont  les  dates  de  naissance  et  de  décès  ne 
me  sont  pas  connues. 

M.  G.  WlLDEMAN. 

La  vente  des  maubles  do  Danton 
à  Sèvrts, après  son  exécation  (LIV, 
319).  —  [Vi.  Etienne  Charles,  qui  est  l'un 
des  fureteurs  les  plus  sagaces  de  la  chro- 
nique parisienne,  ne  pouvait  laisser  passer 
sans  le  souligner  le  document  que  V Inter- 
médiaire a  publié  sur  Danton. 

Dans  la  Liberté,  il  fait  deux  remarques 
que  nous  avons  faites  nous-même,  mais 
sans  les  formuler  : 

Hénault,  huissier  audiencier  au  tribunal 
criminel  du  département  de  Seine-et-Oise, 
qui  procéda  aux  opérations,  vendit  deux 
«  petits  marcassins  sangliers  »,  dix-neuf 
poulets,  un  coq,  vingt  et  une  paire  de  pi- 
o-eons,  une  quantité  considérable  de  «  mor- 
ceaux  de  jambon  »  et  une  telle  quantité  de 
«  morceaux  de  lard  »  que  V Intermédiaire 
peut  dire  avec  raison  que  «  tout  le  pays  », après 
la  vente,  a  dû  manger  du  «  lard  du  citoyen 
Danton  ». 

Il  l'a  dû  d'autant  plus  probablement  que, 
chose  singulière,  le  jambon  et  le  lard,  divisés 
le  premier  en  douze  morceaux,  le  second  en 
dix  huit  —  en  tout  trente  morceaux,  ne  fu- 
rent pas  répartis  entre  moins  de  vingt-huit 
acheteurs,  alors  qu'ils  ne  composaient  qu'un 
seul  article  de  l'inventaire  11  y  a  là  un  petit 
mystère  qui  nous  échappe  et  que  je  signale  à 
la  curiosité  des  crudits  et  des  chercheurs. 

En  effet,  pourquoi  a-t-on  vendu  ce  porc 
en  détail,  quand  on  vendait,  sur  pied, les 
trois  vaches  ? 

Notre  confrère  met  encore  un  point 
d'interrogation  à  la  suite  de 

«  Deux  paires  d'estomach  » 

Q.u'est-ce  que  cela  pouvait  bien  être,  en 
effet  que  ces  deux  paires  d'estomach.dans 
une  ffarde  robe  d'homme  qui  n'avait  ja- 
mais  tenu  a  passer  pour  une  tcmme,  si 
l'on  en  juge  par  ce  qu'il  léguait  à  Robes- 
pierre ? 

Alloue  (Charente),  4  septembre  1906. 

Monsieur  et  honoré  confrère, 

Quand  vous  avez  publié  dans  votre  numéro 


N"  1123 


L'INTERMÉDIAIRE 


343 


344 


d'Egypte  en  France  ».  Ellcomprenaitdix 
hommes  «  Les  Citoyens  v  Drouin,  Bour- 
dais.  Dangevillc,  Lasalle,  jlon,  Bernard, 
Gaston.  Dorigny.  Doniiniue  Drouin,  Ca- 
simir Talon  ;  et  seize  fcsmes  :  «  Mes- 
dames »  Drouin,  Bourd»,  Dangeville, 
Bréneseau,  Talon,  Doripv.  Ciicvalier, 
Renaldy,  Aglaé.  Dorothét.  Caroline.  Ni- 
nette  Ladrcy,  Gaston.  Rœ  le  François, 
Jeannette  CÎiédeville.Clar.  'ourdais. 

L'unde  cesartistes,lc  F.  iourd.iis.dans 
un  curieux  post-scriptum  j^nt  ses  prières 
a  celles  de  ses  camarades  voilés,  pillés, 
par  quelques  malvcillans  ançais  »  dont 
le  peu  de  bijoux  épargnés  ot  été  vendus 
à  Malte  pour  leur  <*  procrer  lextraime 
nésésaire  »v  J.  Kappa. 


du  30  août  1906,  le  procès-verbal  de  la  vente 
des  meubles'de  Danton,  vous  ignoriez  sans 
doute  que  ce  document  avait  déjà  été  publié 
par  moi,  dans  la  revue  la  Révolution  fran- 
çaise, n»  du  14  juillet  1905. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  honoré  con- 
frère, l'expression  de  mes  sentiments  les  plus 
distingués 

A.   AULARD. 

Ne  voyez  dans  ce  mot  aucune  récrimination 
(pareille  chose  m'advint  plus  d'une  fois,  dans 
la  Revue  que  je  dirige),  J'ai  voulu  seulement 
vous  avertir  que  le  document  avait  déjà  été 
publié. 

M.  Aulard  a  raison  de  penser  que  nous 
ne  nous  étions  point  rappelé  la  publica- 
tion de  ce  document  dans  la  Revue  qu'il 
dirige  et  où  il  aurait  dû  ne  pas  nous 
échapper.  Notre  collaborateur,  M.  Léonce 
Grasilier,le  croyait  inédit. 

Il  devient  indispensable  de  dresser  une 
table  de  tous  ces  documents  précieux  pu- 
bliés dans  les  revues  d'histoire  et  d'érudi- 
tion :  il  y  a  là  des  trésors  considérables 
que  les  chercheurs  égarés  ne  soupçonnent 
pas. 

Comédiens  français  en  Egypte 
(Ll  ;  LU  ;  LUI  ;  LIV,  230).  —Le  dernier  nu- 
méro (juillet  1906)  des  Lt'Ht es  aiitcgtiiplys, 
l'intéressant  bulletin  de  la  maison  Noël 
Charavay,  catalogue  une  leitre  écrite,  le 
Il  fructidor  an  IX  (29  août  1801),  par 
P.  Bernard,  comme  régisseur  de  «  la  So- 
ciété de  Comédie  Française  de  retour 
d'Egypte  y  et  adressée  au  citoyen  Charen- 
ton, administrateur  de  la  marine  à  Toulon. 

Les  comédiens,  en  quarantaine  à  Mar- 
seille, se  rappellent  la  bienveillance  que 
leur  a  témoignée  le  i;ito}'en  Charenton  lors 
de  leur  embarquement  à  Toulon  et  lui  ex- 
posent leur  mauvaise  fortune  :  s<  Faits 
prisonniers  devant  Alexandrie  le  19  prai- 
rial (8  juin  1801)  ;  tmbarqués  sur  un  par 
lementaire  le  i'""  messidor  (20  juin),  et 
rendus  à  Marseille  le  10  frutidor  (28  août) 
courant  »,  ils  n'ont  «  absolument  d'autres 
moyens  d'existence  que  le  traitement  de 
45  liv,  par  mois  v>  qui  leur  %<  est  ac- 
cordé conformément  aux  ordres  du  Minis- 
tre »,  et  ils  voudraient  pouvoir  toucher  à 
Marseille  ce  secours  qu'ils  attendent  «  avec 
une  extrême  impatience  ». 

Un  «  Etat  des  artistes  présens  »  joint  à  I       ^«,,^ 
cette  lettre,  nous  donne  la  composition  |  ce  Dangeville.  l'acteur  tragiqi  et  comi 
de   «  La   Société  dramatique  de   retour  '  que  qui  faisait  les  beaux  jourdu  théâtre 


M.  Ulric  Richard  Desaixtrouvera  les 
renseignements  dont  il  a  be.»in  sur  la  per- 
sonnalité des  c  ''  ns  fraraisen  Egypte 
dans  mon  J\.  Aire  .s  coi>:i\iietis 
français  (10.000  biograph 

Comme  il  serait  fort  Ion-  .  reproduire 
ici  des  notices  concernant  :>  personnes, 
je  me  bornerai  a  lui  fournir  oelques  indi- 
cations, me  tenant  à  sa  diwsition  pour 
les  autres,  si  nécessaire  : 

Bourdiiis,  Mme  Bourdai'!  Chr3  Bour- 
d.iis.  -  Vieille  famille  de  -mediens  à 
laquelle  se  rattachent  les  Baptiste  et 
Mme  Dorval.  J'.ti  donné  les  i.1ications  re- 
cueillies sur  Bourdiiii  jeunnsn  1792,  le 
m«;me  qui  devient  Boni  Jais  pe.  en  1805. 
C'était  le  père  de  Marie  Boidais.  femme 
de  Baptiste  l'ancien.  11  étai  par  consé- 
quent, l'oncle  de  Baptiste  aîn  de  Baptiste 
cadet,  et  grand-père  maternel  e  Mme  Dor- 
val—  Th.  du  Marais,  1792  -  grime  et 
administrateur  à  la  Porte  Saii-Martin,  en 
1805-07.  On  trouvera  dansîe  Diction- 
vaire  des  notices  sur  dix  auts  Bourdais 
(hommes  et  femmes)  paraissit  se  ratta- 
cher à  la  même  famille. 

La  biographie  assez  complète  Pierre- 
Ciisimir  Talon  a  été  écrite  pai'îM.  E.  D. 
de  Manne  et  C.  Ménétrier,  CorUmcnt  de 
la  troupe  de  NicoJet,  p.  50  et  i. vantes.  Il 
existe  plusieurs  portraits  de  Tlon  qui  fut 
le  grand  premier  rôle  de  TAibigu  (ne  a 
Paris,  le  5  avril  1754,  mort  à'oitiers,  le 
4  janvier  1826). 

Dangeville.        je   crois  recinaitre  en 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


345 


d'Anvers  en  1793.  Il  venait  d'Angers 
(an  VIII)  ù  la  critique  le  taxait  «  d'excel- 
lent coiriien  ». 

Mme  utigeville,  femme  du  précédent, 
bonne   sobrette,    venait     d'Angers    (an 

VIII). 

Dorigt'.,  peut-être  celui  du  Th.  Molière, 
en  1792  : 

i)roMr.'ivait  passé  par  Bordeaux.  Jeune, 
possédant  un  beau  talent,  il  avait  débuté 
àl'Odéonen  1797.  En  1801.  on  le  revit 
à  Angers  u  il  est  jugé  «  acteur  estima- 
ble ».  En  1814,  il  était  premier  rôle  à 
Lille  —  esans  doute  père  noble  dans  la 
même  vihet  à  Tournai,  en  1822-23. 

Mme  D)uin,  sa  femme  «  actrice  de  ta- 
lent »,  paia  par  Angers,  en  iSoi. 

Il  résul'.''ait  que  ces  éléments  n'étaient 
pas  preci^olent  à  dédaigner,  et  que  l'en- 
semble puvait  constituer  Téquivalent 
d'une  bonc  troupe  de  province. 

H.  Lyonnet. 

La  ducessedôEeriy  et  Charles- 
Albert.  Joirespondance  secrète 
(LIV,  105. > 76,  286).  —  Le  changement 
survenu  das  l'état  de  la  duchesse  par 
suite  de  so  second  mariage, ne  suffirait-il 
pas  àexpliuer,sans  autre  mystère, qu'elle 
ait  consid'é  sa  carrière  politique  comme 
terminée?  H.  C.  M. 

S.  M.  i  -ip.4ratrice  Eugénie  bi- 
bliopiiileLlV,  27s).  —  Comme  toute 
souveraine [ui  se  respecte,  l'impératrice 
Eugénie  zwt  une  bibliothèque  ;  nul 
doute  qu'il  e  s'y  trouvât  des  livres  rares 
et  curieux,  iais  sans  manquer  le  moins 
du  monde  a  respect  dû  à  l'infortune,  ce 
serait  aller  eaucoup  trop  loin  de  dire  que 
l'impératric  était  bibliophile  :  des  biblio- 
thécaires î  chargeaient  d'alimenter  la 
collection,  lais  la  souveraine  n'en  avait 
guère  souci  elle  n'estimait  guère  que  les 
volumes  a\nt  une  très  riche  reliure.  Je 
Suppose  ce: idant  qu'elle  avait  quelque- 
fois la  cur  ,  îé  de  regarder  ce  qu'il  y 
avait  deda; 

Qu'il  nu  oit  permis  de  rappeler  un 
fait  à  ce  suc.  Vers  i86o,  un  artiste  de 
mes  amis  a-^it  exécuté  une  série  de  mi- 
niatures su;-.élin,  représentant  l'enfance 
etréducati  .  e  Louis  XII,  d'après  .Mellin 
de  Saint-Gc.is.  Il  avait  donné  à  son  héros 
les  traits  d  jeune   prince   Impérial.  Cet 


10   Septembre  1906, 
346     — 

alla  trouver  un  littérateur  connu,  artiste 
lui-même  ayant  ses  entrées  à  Compiègne, 
en  le  priant  de  présenter  son  œuvre.  Le 
volume  grand  in-4''  était  relié  par  un  des 
plus  célèbres  relieurs,  en  maroquin  vert, 
très  sobre  et  même  sévère. 

«  Mon  cher  ami,  lui  dit  l'homme  de 
lettres,  vous  ignorez  probablement  qu'il 
n'y  a  pas  d'ariistes  dans  la  maison.  Per- 
sonne ne  regardera  votre  volume  ;  repor- 
tez-le chez  le  relieur  et  demandez  qu'on 
y  mette  beaucoup  d'or,  ça  sera  de  mau- 
vais goût,  mais  ça  plaira.  » 

Le  relieur  sachant  qu'il  travaillait  pour 
la  cour,  arriva  à  faire  un  chef-d'œuvre  de 
dorure  et  de  mauvais  goût.  Mais  le  re- 
cueil de  miniatures  fut  favorablement  ac- 
cueilli. 

j'ignore  ce  qu'a  pu  devenir  cette  œuvre 
qui  aurait  une  véritable  valeur  artistique. 
Les  miniatures  étaient  signées  Ulysse  à 
Blois  ;  c'est  celui  qui  avait  fondé  une 
faïencerie  artistique  qui  eut  une  certaine 
réputation.  Martellière. 

Dans  son  intéressante  communication 
du  30  août,  col.  275  à  278,  M.  Ulric  Ri- 
chard-Desaix  cite  le  Voltaire,  éd.  de  Kehî. 
1784-89,  70  vol  in-8*',  contenant  les  des- 
sins originaux,  de  Moreau  le  jeune,  et  nous 
donne  à  entendre  que  ce  précieux  exem- 
plaire n'aurait  pas  été  détruit  dans  l'incen- 
die des  Tuileries,  en  mai  1871,  ainsi  que 
l'indiquent  les  diverses  éditions  du  Guide 
(Cohen-Mehl  de  Portails)  de  l'Amateur 
des  livres  à  figures  du  xvine  siècle. 

Il  serait  heureux  que  cette  nouvelle 
trouvât  sa  confirmation. 

Cet  exemplaire  avait  été  acheté  pour 
l'Impératrice  à  la  vente  Double,  en  1863, 
et  payé  9025  francs.  (Quelle  plus-value  il 
aurait  acquise_depuis  lors  ! 

Victor  Deséglise. 


«  C'est  ma  guerre  »  mot  attribué  à 
l'impératric8Eugéni9(LlV,  218,  288). 
Je*  ne  viens  pas  non  plus  défendre  1  im- 
pératrice Eugénie,  mais  simplement  ap- 
porter le  témoignage  d'un  contemporain 
sur  un  point  que  je  connais   encore  mal. 

Je  me  rappelle  avoir  entendu  dire  par 
mon  grand  père,  que  jamais  l'impératrice 
Eugénie   n'avait   prononcé   la   phrase  en 


N°.  2113 


L'INTERMEDIAIRE 


347 


348 


Mémoires  d'hommes  d'Etat  (LIV, 
227).  —  L'ancien  ministre  qui  publie,  en 
ce  moment,  dans  un  journal  parisien,  les 
mémoires  des  faits  qui  se  sont  passés  sous 
son  ministère,  a  été  précédé  dans  cette 
voie  par  un  homme  d'Etat  éminent,  qui 
publia  aussi  de  son  vivant,  en  1859  — 
quinie  ans  avant  sa  mort  -^  ses  Mémoires 
pour  servir  à  Jlnstoire  de  mon  temps ^  où,  à 
rencontre  de  l'ancien  ministre  en  question, 
sans  renoncer  à  aucune  de  ses  opinions, 
il  ne  froisse  aucun  adversaire.  11  ne  ressort 
de  tout  son  ouvrage  ni  un  sacrifice  ni  une 
blessure  :  il  se  borne  à  écrire  ce  qu'il  a 
pensé,  senti  et  voulu  dans  son  concours 
aux  affaires  du  pays,  où  il  s'était  attiré 
les  sympathies  de  tous  les  partis  par  sa 
science,  son  éloquence  ferme  et  élevée, 
son  intégrité  et  ses  vertus  privées. 

D"'  Billard. 

J'en  vois  deux  à  l'époque  de  la  Révolu- 
tion, et  un  depuis.  Ils  ne  sont  sans  doute 
pas  les  seuls.  A  l'époque  de  la  Révolution, 
Bertrand  de  Molleville,  ministre  de  la 
marine  (octobre  1791-mars  1792),  dé- 
crété d'accusation  après  le  10  août,  mort 
en  18 18,  a  publié,  en  1816,  des  Mémoires 
particuliers  pour  servir  à  l'h  istoire  de  la  fin 
du  règne  de  Louis  Xyi{2  vol.  in-8°). 

Dumouriez,  ministre  de  la  Guerre  (mars 
à  juin  1792),  mort  à  Turville-Park  (comté 
de  Buckingham)  en  1823,  a  publié  en 
1795  des  Mémoires  (2  vol.  in-8")  souvent 
réimprimés  depuis. 

De  notre  temps,  Guizot,  président  du 
Conseil  des  Ministres  du  roi  Louis- 
Philippe,  mort  le  12  septembre  1874,  a 
publié  des  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
de  mon  temps  (9  vol.  in-8°,  1858-1808), 
qui  contiennent  de  très  remarquables  por- 
traits. T. 

L'idée  de  patrie  axisîait-elleavarAt 
la  Révolution?  (T.  G  ,  385;  XXXV 
à  XXXVIll  ;  XLli  ;  LU  ;  LIV,  116,  233, 
290).  — Le  Gamoëns  (Louis  de  Camoëns) 
(1524-1579),  célèbre  poète  portugais,  a 
immortalisé  le  peuple  portugais  tout  en- 
tier, en  racontant  les  exploits  et  les  aven- 
tures des  intrépides  navigateurs  qui,  sous 
la  conduite  de  Vasco  de  Gima,  affrontè- 
rent les  périls  et  les  tempêtes  de  l'Océan. 

Ce  qui  caractérise  son  œuvre  des  Lu- 
slades,  c'est  avant  tout,  et  l'on  pourrait 
dire  exclusivement,  V Amour  de  la  patrie, 


qui   éclate 


amour   ardent,    enthousiaste 
dans  toutes  les  strophes. 

Le  poème  est  écrit  en  stances  de  huit 
vers  et  comprend  dix  chants.  Dès  le  dé- 
but, l'illustre  poète  indique  quelle  en  sera 
la  note  générale  : 

Veiais  anior  da  pilria  naô    movido 
De  preaiio  vil,  mas  alto  e  quasi  eterno, 
(Vous  trouverez  ici  l'amour    de   la  patrie 
que    ne  dicte  aucun  intérêt  vil,  mais   qui  est 
toujours  élevé  et  en  quelque  sorte  éternel.) 

Les  Lusiades  (os  Lusiados) furent  impri- 
mées pour  la  première  fois  à  Lisbonne  en 

'572- 

L'expression  vulgaire  de  la  langue  por- 
tugaise dit  :  terra  pour  désigner  le  lieu 
où  l'on  est  né  :  Le  mot  patria  (patrie) 
comportait  déjà  à  cette  époque  dans  l'es- 
prit du  «  Camoëns  »  l'idée  plus  élevée  de 
«  nation  »  au  lieu  de  simplement  «  pays  ». 

Alexandre  Rey. 
* 

Ligne  8,  supprimer  le  point  d  exclama- 
tion. 

Lignes  12  et  16,  au  lien  de  :  Bruslau, 
lire  :  Bruslon. 

Avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  :  Dom 
AI0RIN,  lire  :  DoM  AIaurice. 

P.  DU  Gué. 

Le  cap  des  Aigalles  (LIV,  164). 
—  La  Vendée  possède  son  Cap  des  Aiguilles. 
C'est  celui  qui  correspond  à  la  pointe  de 
terrain  schisteux, sur  lequel  est  construite 
la  Chaume,  près  des  Sables  d'Olonne. 
(Nous  avons  montré  jadis  que  ce  nom, 
d'origine  ancienne,  dû  à  la  forme  très 
ttfilée  et  très  allongée  du  promontoire  à 
l'époque  romaine,  était  en  rapport  avec 
le  rocher  sous-marin  de  Roche:onne  et  les 
rochers  des  Barges  d'Olonne,  et  que  vrai- 
semblablement c'était  le  Promontorium 
Pictonum  des  géographes  anciens.  La 
Vendée  possède  deux  bourgades  à  noter  : 
L A:gnillon-sur-Vie  (pour  voie^àt  z^w),  et 
V  Aiguillon-sur-Mer. 

U  Marcel  Baudouin. 

Le châtôim  de  Saint-rvîaurice  (LIV, 
53,  185,  237).  —  D'après  les  «  Tableaux 
de  parenté  »  par  le  baron  de  Saint-Pern, 
les  trois  filles  issues  du  mariage  Le  Mal- 
rat-Pecquot  seraient  décédées  sans  alliance. 
J'avais  déjà  pu  relever  que  deux  d'entre 
elles  s'étaient  mariées.  Mille  remercie- 
ments à  M.    Pinson   qui  m'a  appris  l'ai- 


DÉS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


565 


Lez  ou  lè3  (LIV,  110,  202,  309).  — 
L'intéressante  réponse  de  M.  Loriot  est 
très  exacte.  11  faut  absolument  que  17»- 
teiniédiaire  proteste,  toutes  les  fois  que 
l'occasion  s'en  présentera, contre  les  fautes 
graves  que  contiennent  les  livres  officiels. 

S'il  est  naturel  d'écrire  :  Lussac  /«- 
Châteaux,  Saint-Gevrais- /«-Trois-Clo- 
chers,  Saint-Georges- /«-Mines, -Villedieu- 
/«-Poëles,  Vals-/t'5-Bains,  il  est  stupide 
enmême temps  qu'inexact  de  voir  le  Dic- 
tionnaire des  Postes  (et  dire  qu'il  fait  foi  !) 
orthographier,  même  sans  accent  grave 
sur  l'e  :  Plessis-/«-Tours  (près  de  Tours), 
Mont-Zt'i-Neurchâteau  (commune  de  Neuf- 
chàteau,  Sainte  -  Céronne-  les  -  Mortagne 
(arrond.  de  Mortagne  ;  Châteauneuf-/«- 
Martigues,  id.  /e^-Moustiers  (cant.  de 
Martigues  et  de  Moustiers)  ;  Sainte-Foy- 
les-Lyor\  (arrondissement  de  Lyon)  ;  Vil- 
Ieneuve-Z«-Charleville  ;  Saint  Germain- 
/«-Arlay,  id.  /«-Arpajon  (^situés  près 
d'Arlay  et  d'Arpajon)  ;  Cercelles-Z^'i-Cî- 
teaux(Côte-d'Or)  ;  la  Chapelle- /i;5-Luxeuil 
(cant.  de  Luxeuil)  ;  "Villeneuve-/«-Mague- 
lonne,  Lavaur,  Montréal,  situés  près  des 
trois  localités  de  ce  nom  ;  Saint-Pierre- 
/fs-Elbeuf  (canton  d'Elbeuf),  etc., etc., etc. 

Qji'en  pensent  les  «  démolisseurs  jurés 
de  la  langue  française  »  ?  St-Saud. 

Cali,  gali,  cari  (LUI  ;  LIV.  94,  203). 
—  Merci  mille  fois  à  l'aimable  Bourgui- 
gnon, qui  m'apprend  Texistsnce  du  verbe, 
caribeugner  avec  le  sens  de  cabosser  à 
l'excès.  C'est  une  présomption  de  plus  en 
faveur  de  mon  hypothèse. 

Bigne,  baigne,  beiigne  sont  des  formes 
bien  connues  : 

Et  une  fois  il  se  fit  une  bigne, 
Bien  m'en  souvient,  à  Testai  d'un  boucher. 
(Villon,  éd.  Jannet,  1854,  p.    135). 

c'est-à-dire  une  contusion,  et,  comme 
nous  disons  familièrement,  une  bosse. 
Voir  Scheler,  au  mot  higne.  C'est  de  beigne 
qu'est  venu  le  nom  de  la  pâte  frite  qu'on 
appelle  beignet  ;  et  dans  l'argot  des  escar- 
pes, un  beigneiir,  c'est  celui  qui  excelle  à 
f.  Are  des  beignes,  autrement  dit,  à  «  flan- 


quer 


des  coups  »,  en  bon  français,  a 
«  faire  des  contusions  ».  «Je  lègue  ce  que 
j'ai  à  mon  ami  Le  Beigneur  »,  déclara 
devant  le  tribunal,  Sellier,  le  complice 
d'AUorto,  dans  l'assassinat  de  Nogent-sur- 
Marne. 
Que  l'on  ne  trouve  point  extraordinaire 


10  Septembre  1906, 

366 

de  voir  un  adverbe  grec  qui  signifie  dou- 
cement, posément.^  bellement.^  prendre  le 
sens  de  très.^  beaucoup,  extrêmement.  11  en 
est  de  même  de  l'adverbe  joliment  en 
français.  L'exclamation  rurale  :  «  Vlà 
eune  castrole  joliment  cabossée  !  »  se 
traduit  élégamment  dans  Tidiôme  acadé- 
mique par  :  «  Voilà  une  casserole  afl"reu- 
sement  bosselée  !  » 

C'est  ainsi  que  galipète  qui  mot-à-mot 
signifie  une  douce  chute  (voir  Interm. 
LIV,  96)  s'emploie  très  bien  pour  désigner 
les  sauts  les  plus  périlleux,  les  grégades 
les  plus  fantastiques  :  «  Ils  (Footitt  et 
Chocolat)  entamèrent  une  série  de  gali- 
pettes (sic)  indescriptibles  »,  {Patrie  du 
30  octobre  1905,  p.  2,  col.  4). 

Lpt.  du  Sillon. 

Taon  (LUI  ;  LIV,  146,  205,  310).  — 
Comment  uniformiser  la  prononciation  si 
on  ne  veut  pas  en  venir  à  une  orthogra- 
phe phonographique  ?  Pour  une  foule  de 
mots  et  de  noms,  l'accent  local  et  même 
la  fantaisie  individuelle  régnent. 

En  ce  qui  concerne  taon,  j'ai  entendu 
prononcer  ton  par  mon  entourage,  dans 
ma  jeunesse,  en  Seine-et-Oise  ;  et  tan,  ré- 
cemment, par  un  originaire  de  Saint- 
Etienne  (Loire). 

En  Cotentin,  j'ai  entendu  dire  la  mé 
pour  la  mer  ;  à  Versailles  :  Le  parc  de  la 
m'e  pour  la  Maye  ;  à  Briançon  :  La  Grande 
Maille  pour  Grande  Maye  ;  un  obus, 
d'après  les  dictionnaires  se  dit  obuze  :  les 
artilleurs  cependant  prononcent  obu  ;  ... 
on  pourrait  allonger  indéfiniment,  hélas  ! 

SCLPN. 

Flancher  (LIV, 280).  —je  ne  m'occupe 
guère  d'argot,  mais  ce  mot  vient  si  singu- 
lièrement sous  la  plume  de  M.  Emile  OUi- 
vier,  qu'on  peut  bien  s'y  arrêter  un  ins- 
tant, je  ne  l'ai  jamais  entendu  dire  avec 
le  sens  de  moquer,  mais  bien  plutôt  avec 
celui  de  fléchir,  baisser,  reculer.  L'ouvrier 
qui  dit  à  son  camarade  ou  à  son  adver- 
saire :  Tu  flanches  !  lui  dit  au  propre, 
tu  fléchis  sous  le  poids  d'un  fardeau,  ou 
au  figuré  tu  recules,  par  faiblesse  ou  par 
lâcheté.  E.  Grave. 

Secouer,  branler,  hocher  la  tête 
(LIV.  228,  308).  —Il  serait  peut  être  bien 
subtil  de  préciser  le  mouvement  indiqué  par 
chacun  de  ces  verbes, et  bien  téméraire  d'at- 


N»  1123, 


L'INTERMEDIARE 


367 


tribuer  à  chacun  des  gestes  une  significa- 
tion universelle  ;  ils  sont  instinctifs,  ou 
imités  ataviquement,  mais  peuvent  diffé- 
rer et  changer  de  signification  d'un  indi- 
vidu à  l'autre,  en  dépit  des  dictionnaires. 

Voici  mon  auto-examen  :  Pour  moi  : 
secouer  la  tête,  c'est  l'agiter  de  petits 
mouvements  rapides  et  réitérés  dans  le 
sens  d'une  rotation  horizontale  autour  de 
l'axe  du  corps  ;  c'est  le  <■<  tourner  »,  mais 
vif,  répété  et  sur  un  arc  très  court.  Le 
chien,  jouant  avec  une  vieille  savate  la 
secouerait,  (s'il  se  tenait  debout),  du 
même  geste  dont  j'accentue  la  négation, 
le  refus. . . 

Branler  la  tête,  c'est  l'agiter  d'avant 
en  arrière  et  d'arrière  en  avant,  comme 
pour  suivre  le  battant  d'une  cloche  mon- 
tée sur  tourillons  scellés  à  la  muraille. 
J'accueille  de  ce  geste  une  démonstration 
trop  longue  à  mon  gré,  une  explication 
qui  m'agace... 

Hocher  la  tête,  c'est  la  balancer  dans 
un  plan  vertical,  de  droite  à  gauche  et  de 
gauche  à  droite  :  mouvement  du  hochet 
tenu  à  poignée  et  agité  par  torsion  du 
poignet  ;  je  hoche  la  tête  sous  une  im- 
pression de  doute,  de  souci,  pendant 
une  recherche  laborieuse...  Les  artilleurs 
ont  le  mot  déhocher  :  un  objet  cylindri- 
que étant  partiellement  engagea  frotte- 
ment dans  un  tube  fendu  à  l'orifice  sui- 
vant une  génératrice  on  déhoche,  l'objet 
pour  faire  bailler  la  fente  et  la  rendre 
plus  visible  (Comité  technique  de  l'artil- 
lerie. Instruction  du  7  novembre  1902 
sur  la  visite  des  douilles...  de  75,  art.  6). 

Le  tremblement,  par  suite  de  faiblesse, 
combine,  à  mon  sens,  involontairement, 
deux  ou  même  trois  des  mouvements 
visés  ci-dessus. 

Je  n'espère  guère  me  rencontrer  avec 
les  maîtres  de  la  langue  ;  j'attends  cu- 
rieusement leur  ou  leurs  avis. 

Sglpn. 

Nom  d'unc'nien  !  (T.  G  ,642, 379).— 
Le  10  octobre  1875.  un  de  nos  collabora- 
teurs,M.  B.  de  L.  nous  a  demandé  l'origine 
de  cette  expression.  11  avait  sujet  de  poser 
la  question,  car  ;uicun  dictionnaire  ne  la 
résout  exactement.  Je  ne  lui  ai  pas  répondu 
parce  que  j'étais  alors  bien  jeune  et  que 
je  ne  jurais  pas  encoie;  mais  avec  l'âge, 
les  mauvaises  habitudes  me  sont  venues 
et  aussi  le  désir  de   les   excuser  par  des 


368    

précédents  historiques  ou  -tout  au  moins 
traditionnels.  Je  regrette  bien  que  la  si- 
gnature de  M.  B.  de  L.  ait  disparu  de 
Y  Intermédiaire  pour  une  cause  probable- 
ment nécrologique,  au  moment  où  je  re- 
trouve dans  un  vieux  numéro  cette  ques 
tien  laissée  sans  réponse. 
■  «  Nom  d'un  chien  »  est  une  faute  d'or- 
thographe pour  «  non  »  ;  et  voici  com- 
ment l'expression  est  entrée  dans  la 
langue. 

Tout  le  monde  sait  qu'au  xvui^  siècle, 
les  <<>  jurements  par  le  nom  de  Dieu  » 
étaient  sévèrement  punis,  surtout  en  cas 
de  récidive.  La  déclaration  royale  du 
30  juillet  1666  édicté  les  pénalités  sui- 
vtes  : 

.  .  .  pour  la  sixième  fois  seront  menés  et 
conduits  au  Piloiy  et  là  auront  I.i  lèvre  de 
dessus  coupée  d'un  fer  chaud  ;  et  la  septième 
fois  seront  menés  au  Pilory  et  auront  la  lèvre 
de  dessous  coupée  d'un  fer  chaud  ;  et  si  par 
obstination  et  mauvaise  coutume  invétérée, 
ils  continuent  après  toutes  ces  peines  à  pro- 
férer lesdits  juremens  et  blasphèmes,  voulons 
et  ordonnons  qu'ils  ayent  la  langue  coupée 
tout  juste,  afin  qu'à  l'avenir  ils  ne  les  puissent 
plus  proférer  (Code  pénal,  17^5,  p.  7). 

Pour  éluder  ces  peines  tout  en  conti- 
nuant à  jurer,  les  sacreurs  inventèrent 
des  euphémismes,  mais  il  est  inexact  de 
dire  que  «  nom  d'un  chien  »  remplaçait 
pour  eux  «N...  de  D...  ».  Ce  second 
juron  n  existait  pas.  On  jurait  parla  tête, 
par  le  ventre,  par  le  sang,  par  la  mort  de 
Dieu,  et  c'était  là  ce  qiion  appelait  pirer 
par  son  nom.  Le  mot  des  personnages  de 
Zola  est  purement  xix^  siècle  ;  loin  d'avoir 
précédé  <^  nom  d'un  chien  »,  il  en  dérive 
au  contraire.  C'est  un  des  phénomènes  les 
plus  singuliers  de  notre  bas  langage. 

Les  vieux  jurons,  morbleu,  ventrebleii 
avaient  déjà  perdu  sous  Louis  XV  toute 
leur  force  de  blasphème.  On  voulut  dési- 
gner d'une  façon  plus  neuve  et  partant 
plus  énergique,  celui  qu'on  n'osait  pas 
nommer.  Et  l'on  se  mit  à  dire  couram- 
ment : 

Ventre...  non  pas  d'un  chien  1 
Mort..  .  non  pas  d'un  chien  ! 

Expressions  qui  se  retrouvent  dans 
toutes  les  pièces  du  temps  écrites  en  style 
populaire  et  notamment  dans  une  parade 
bien  connue  :  La  Comtesse,   1765,   p.   33 

et  47. 

^<  Ventre  non  d'un  chien  !  »  devint 
elliptiquement  «...  non  d'un  chien  », 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


369 


Au  début,  ceux  qui  trouvèrent  cette 
formule  savaient  bien  ce  qu'ils  voulaient 
dire,  mais  la  génération  suivante  ne  les^ 
comprenait  déjà  plus.  Alors  qu'ils  juraient 
par  le  corps  de  Celui  qui  est  au  plus  haut, 
comme  le  chien  est  au  plus  bas,  leurs  fils 
crurent  qu'ils  juraient  par  le  nom  de  je  ne 
sais  quel  chien  inexplicable  dont  ils  accep- 
tèrent l'invocation,  simplement  parce  que 
«  cela  se  disait  ». 

De  là  à  remplacer  le  nom  de  cet  animal 
par  celui  de  Dieu  lorsqu'on  abolit  l'or- 
donnance contre  le  blasphème,  il  n'y  avait 
qu'un  pas.  Néanmoins,  il  ne  fut  pas  fran- 
chi tout  de  suite.  Le  second  juron,  d'a- 
bord rarement  employé,  ne  s'est  imposé  à 
la  langue  populaire  qu'au  xix^  siècle.  — 
Il  est  curieux  de  constater  qu'étymologi- 
quement  la  nouvelle  formule  ne  signifie 
rien.  En  effet,  «  ...  non  d'un  chien  »  avait 
précisément  pour  but  de  suggérer  l'idée 
de  Dieu  par  antithèse,  mais  dès  qu'on 
soumet  le  mot  Dieu  au  même  régime,  il 
est  annulé  par  la  négation.  L'ancien  juron 
était  à  demi  blasphématoire  ;  le  nouveau 
ne  l'est  plus  du  tout.  Candide. 

Ridicule,  réticule  (T.  G.,  773  ;  LIV, 
104,206).  —  Quicherat  écrit  dans  son //w- 
ioire  du  Costume  en  France  (  1 87  5 ,  p.  642)  : 

Les  modistes  ressuscitèrent  le  sac  à  ouvrage 
des  grand'nières  de  l'ancien  régime.  Mais  il 
lui  fallait  un  nom  antique  pour  cadrer  avec 
les  robes  à  l'antique.  II  fut  baptisé  du  nom 
de  réticule  qui  avait  été  celui  de  la  gibecière 
romaine  ;  et  réticule  se  transforma  en  rid  - 
cule  àa.ns  la  bouche  des  dames  qui  se  procu- 
rèrent cet  objet  comme  dans  celle  des  mar- 
chandes qui  l'avaient  vendu. 

H.  QuiNNET. 

Pied  de  nez  (LUI,  LIV,  40,  9g,  147, 
313). — j'ai  lu  quelque  partdans  r/«/tT/»<?- 
diaiie  que  le  geste  appelé  pied  de  nez  pro- 
vient de  l'ancienne  coutume  de  se  délier 
en  plaçant  le  pouce,  non  pas  au  bout  de 
l'appendice  nasal,  mais  dans  la  bouche. 

Ceci  n'expliquerait  pas  le  mot  lui- 
même,  mais  pourrait  être  mtéressant  à 
roter  comme  origine  du  geste. 

RoLiN  Poète. 
* 

Je  retrouve  dans  mes  cartons  une  gra- 
vure en  taille  douce,  sans  nom  d'auteur  ni 


10   Septembre  1906. 

370     

de  la  calige  romaine,  un  pied,  dont  les 
cinq  doigts  sont  remplacés  par  autant  de 
nez.  Au-dessous  est  écrit  Pied  de  l'er- 
mite DE  Sainte-Hélène.  C'est  un  pied  de 
nez  à  l'adresse  de  Napoléon  P"",  prison- 
nier de  l'Angleterre.  Sait-on  si  cette  déli- 
cate allusion  au  vaincu  de  Waterloo  est 
connue  et  quelle  en  est  l'origine  ? 

Fêtas  dsnsGs  et  spectacles  nus 
(LUI,  788,  935  ;  LIV,  237),  — Je  ne  sais 
si  l'on  a  rappelé  que,  il  y  a  une  soixan- 
taine d'années,  un  impressario  nommé 
Keller  vint  donner  à  Paris  des  spectacles 
et  tableaux  vivants,  mais  les  personnages 
nus  portaient  des  maillots.  La  troupe  se 
composait  de  la  famille  Keller  et  de  quel- 
ques pensionnaires  des  deux  sexes  ,  on 
admirait  beaucoup  la  beauté  plastique  de 
Mlle  \Yilhelmine  Keller  représentant  la 
fameuse  Ariatie  sur  une  panthère  de 
Danneker  qui  passe  à  Francfort-sur-le- 
Mein  pour  un  des  chefs-d'œuvre  de  l'art 
moderne.  V Illustration  publia  un  article 
sur  les  exhibitions  de  la  famille  Keller, 
avec  plusieurs  gravures,  entre  autres  celle 
de  l'Ariane. 

Alphonse  Karr  parla  aussi  du  spectacle 
Keller  dans  ses  Guêpes^  et  s'égaya  aux  dé- 
pens du  bourgeois  qui  y  courait  tout  al- 
lumé par  la  perspective  de  voir  des  femmes 
nues,  et  ne  rencontrait  pas  le  plaisir  es- 
péré. Le  satirique  lui  traduisait  à  sa  ma- 
nière le  mot  de  Diderot  :  «  Je  veux  bien 
voir  des  nudités,  mais  je  n'aime  pas  qu'on 
me  les  montre  ».  Je  ne  cite  pas  tout  à  fait 
le  propos,  le  langage  de  Diderot  étant 
trop  souvent  de  ceux  qu'il  taut  un  peu 
arranger  pour  le  présenter  en  bonne  com- 
pagnie. D'ailleurs  je  ne  suis  pas  bien  cer- 
tain que  l'auteur  des  Salons  où  il  se  trouve 
de  si  vilaines  choses  parmi  de  si  admira- 
bles pages, eut  tant  d'aversion  pour  cer- 
tains spectacles  offets. 

Alphonse  Karr  ajoute  que  les  femmes 
de  la  troupe  Keller  n'étaient  pas  toutes 
«  rigoureusement  »  belles,  et  que  le  mail- 
lot abolissait  assez  fâcheusement  les 
fermes. 

Il  nous  apprend  encore  que  Keller 
exhibait  au  besoin,  mais  pour  des  socié- 
tés choisies,  son  personnel  vraiment  nu. 
Bien  entendu,  les  amateurs  invoquaient 
les  droits  sacrés  de  l'art   et  du  beau,   re- 


d'imprimeur  ;  mesurant   0.270   X  207,   !   frain  connu  et   toujours  démode.  Je   re- 
marges comprises,  représentant  chaussé  [  connais,  du  reste,   que   l'éloignement  et 


N»  1123. 


L'INTERMEDIAIRE 


37 


rimmobilité  des  personnages  en  scène, 
devaient  ôter  en  partie  au  spectacle  son 
caractère  sensuel.  Mais  le  mélange  de 
personnes  plus  ou  moins  nues  avec  des 
gens  vêtus  et  en  mouvement,  qui  serait 
sn  usage  dans  certains  bals  soit  disant  ar- 
tistiques, est  toute  autre  chose.  Et  sans 
être  un  pharisen,  j'estime  que  cette  ma- 
nière de  s'amuser  dépasse  quelque  peu  la 
liberté  permise. 

)e  ne  suis  nullement  surpris  d'appren- 
dre que  l'on  a  fait  servir  le  cinématographe 
à  des  exhibitions  un  peu  trop...  joyeuses, 
pour  emprunter  son  expression  au  colla- 
borateur Marc-EU  ;cela  devait-être.  Dira- 
ton  encore  qu'il  s'agissait  d'art,  d'études 
de  mœurs  ou  de  physiologie  ?     H.  C.  M, 


*  * 


Il  y  eut,  en  ce  genre  spectacle  public  et 
payant  suivi  de  procès,  mais  où  ? 

Les  roues  de  fortuna  (LIV,  228). 
—  Cesroues  se  trouvent  dans  les  grandes 
églisesd'Espagneoù  leur  usage  a  toujours 
été  de  sonner  pour  les  fêtes  carillonnées . 
Je  fus  abasourdi,  dernièrement,  à  Barce- 
lone par  le  bruit  de  l'une  d'elles  et  le  ton- 
nerre des  orgues  ;  il  est  vrai  qu'il  s'agis- 
sait d'imiter  le  bruit  que  le  Saint-Esprit 
fit  en  descendant  sur  les  Apôtres. 

L'intérêt  de  la  question  réside  dans  un 
fait  de  plus,  à  ajouter  à  ceux  relevés, 
d'usages  espagnols  importés  en  Bretagne, 
tels  que  balayages  des  rues  au  profit  des 
hospices  certams  jours,  la  valeur  de 
25  centimes  appelée  un  rai  par  le  peuple, 
ce  mot  étant  la  corruption  de  l'espagnol 
real  (qui  représente  cinq  sous),  etc.. 

M,  du  tlalgouet  serait  fort  aimable  de 
signaler  les  usages  singuliers  de  son 
pays  se  rapprochantde  ceux  usités  dans  la 
Péninsule. 

Il  y  aurait  là  matière  à  une  petite  étude 
intéressante  et  rentrant  bien  dans  le  cadre 
du  cher  Intermédiaire. 

El  conde  de  Torla. 

*  * 
La  traditionnelle  promenade  de  Gayant 

qui  se  fait  chaque  année  à  Douai,  com- 
porte une  roue  de  Fortune.  On  lit  dans 
Souvenirs  d'un  homme  d' Douai....  croquis 
historiques  en  patois  douaisien  par  L.  D. 
Douai,  juin  1857,  p.  147-148  : 

Et  l'reue  d'Foitune  aile  arrive  a  sin  tour  : 
aile  tourne  tondis,  sinon  chelle  déesse  qu'aile 
est  tout  in  haut  et  qu'un  11  a  mis  un  mou- 
chot  à  ses  yus    comme  quin    nousjuottés  à 


372 

cache-cornet  ;  tous  l'z'autes  y  passent  tertous 
in  d'zous  pindant  qu'aile  leu  présente  euue 
corne  plein  d'cosses  qu'y  n'peuvent  point  attra- 
per. Un  vot  là  un  procLueur  à 'côté  d'un  avo- 
cat qui  pleume  eune  poule  sans  l'faire  crier, 
un  financier,  eune  fille  d'Joie,  un  soldat 
suisse  et  un  Espagnol 
Acoutons  incor  ichi  chelle  vielle  canchon  : 

Te  verras  chelle  belle  Reue  d'Fortune, 
Rouler  et  courir  à  grands  pas  : 
Chet  peu  t'dire  équ'tout  l'monde  va 
Et  tintôt  haut  et  tintôt  bas  : 
Argintier,   avocat,  païsan. 
Chacun  jue  sin  rôle  in  courant  ». 

Un  autre  petit  ouvrage  :  «  Qu'est-ce 
que  Gayant,  Toutes  les  réponses  plus 
une.  Notice  sur  les  mannequins  de  la  fête 
communale  de  Douai,  par  Théophile 
De'iis  1862  »  donne  quelques  indications 
sur  la  roue  de  fortune.  11  est  fait  men- 
tion de  la  roue  de  fortune  dans  un  mémo- 
rial de  la  fin  du  xvii^  siècle.  Elle  était 
jadis  l'attribut  des  charrons  et  des  tonne- 
liers. Elle  suivit  toujours  le  sort  du  Gayant, 
et  chaque  fois  qu'on  le  restaura,  elle  fut 
en  même  temps  remise  en  état,  aux  dé- 
pens du  budget  municipal. Anciennement, 
processions  de  Gayant  et  processions  reli- 
gieuses étaient  fusionnées  ;  la  roue  de  for- 
tune en  faisait  partie  ;  le  mystique  et  le 
grotesque  y  voisinaient,  et  cela  n'éton- 
nait personne  en  ces  temps  là. 

La  roue  de  fortune  douaisienne  n'a 
certes  pas  droit  à  la  qualification  de 
«  roue  a  prières  »,  mais  qui  sait  par  quels 
avatars  oubliés  elle  a  passé  ^  Bien  qu'on 
ne  la  remise  pas  à  l'église  comme  celles 
de  Bretagne,  je  la  crois  fermement  leur 
cousine  ;  la  cousine  aussi  des  moulins  à 
prières  de  l'Extrême-Orient,  et  de  nos 
chapelets,  et  de  nos  cierges,  et  du  pho- 
nographe qui,  du  ventre  du  petit  Jésus  de 
ma  paroisse  chantait, à  Noël  dernier:  «Sau- 
vez Rome  et  la  France  »,  et  de  tout  le  ma- 
tériel dont  s'alourdissent  les  cultes,  même 
les  moins  fétichistes.  Sglpn 

* 
»  * 

}e  ne  crois  pas  qu'il  ait  jamais  été  parlé 
de  la  roue  de  Tolède. 

11  en  existe  au  moins  une  autre  en  Es- 
pagne, vers  la  frontière  française,  près  de 
Luchon,  à  Bosost,  si  mes  souvenirs  sont 
fidèles. 

On  peut  consulter  à  ce  sujet  M.  le 
professeur  Henri  Gaidoz,  22,  rue  Servan- 
doni. 

Après  m'être  trompé  une  première  fois 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


357 


Chimiste  distingué,  il  perdit  un  œil  en 
faisant  une  expérience,  ce  qui  donna  l'occa- 
sion à  un  de  ses  confrères,  de  faire  un  joli 
mot  en  disant  :  «  Le  professeur  Figuier 
fait  de  la  chimie  à  perte  de  vue  !  » 

En  1810,  Pierre  Figuier,  témoin  des 
infructueux  essais  que  faisaient  ses  amis, 
Chaptal  et  Bérard,  pour  obtenir  du  sucre 
de  betteraves  incolore,  eut  l'idée,  connais- 
sant l'emploi  du  charbon  de  bois  pour  dé- 
colorer —  bien  légèrement —  les  liquides, 
de  préparer,  pour  ce  même  usage,  un 
genre  de  charbon  alors  inconnu,  en  calci- 
cinant  dans  un  creuset  des  os  d'animaux 
de  boucherie  ;  il  appelle  ce  produit  :  char- 
bon animal,  noir  d'os  et  noir  animal  —  ce 
dernier  mot  lui  est  resté. 

Figuier,  en  essayant  celte  nouvelle  ma- 
tière, fut  étonné  de  son  pouvoir  décolo- 
rant. Il  imagina  même  d'utiliser  encore  la 
poudre  ayant  servi  à  la  décoloration  en 
calcinant  dans  un  creuset  fermé  le  char- 
bon usagé  :  la  matière  organique  colo- 
rante est  alors,  en  effet,  détruite  par  la 
chaleur;  c'est  ce  que  l'on  appelle  aujour- 
d'hui revivifier  le  noir  animal. 

Cette  merveilleuse  propriété  du  noir 
animal  une  fois  constatée,  fut  appliquée 
par  l'inventeur  de  ce  produit  à  la  décolo- 
ration de  matières  employées,  soit  dans  la 
pharmacie,  soit  dans  les  arts. 

Une  telle  découverte  pouvait  donner  la 
fortune  à  son  auteur,  mais  Pierre  Figuier 
ne  faisant  que  de  la  science,  il  se  contenta 
de  livrer  sa  trouvaille  au  public,  bien  qu'il 
prévit  dès  le  début  —  ainsi  qu'il  le  dit  dans 
un  mémoire  présenté,  au  mois  de  décem- 
bre 1810,  à  la  Société  Royale  des  Sciences 
el  des  Lettres  de  Montpellier  —  que  les  pro- 
priétés décolorantes  du  charbon  animal 
pourront  recevoir  «desapplications  utiles>*. 

Aujourd'hui,  le  nom  de  Pierre  Figuier 
est  inconnu  de  la  plupart  de  ceux  mêmes 
dont  l'industrie  repose  sur  l'emploi  du 
produit  qu'il  a  imaginé  et  dont  il  a  dé- 
montré les  propriétés. 

Ces  quelques  renseignements  eont  ex- 
traits, par  un  de  ses  arrière-petits- 
neveux,  d'un  article  paru  dans  le  numéro 
de  janvier  189^  du  Moniteur  scientifique, 
du  D''  Qiiesneville,  article  qui  était  une 
oeuvre  posthume  de  LouisFiguier,  l'homme 
de  lettres  connu  par  ses  travaux  de  vul- 
garisation, neveu  de  Pierre  Figuier. 

XVI  B. 


10  Septembre  1Q06. 
358 

Le  sonnet  d'Arvers  est-il  imité 
de  ritc=l;en  .?  (LIV,  162,  257,  302).  — 
M.  François  Carez  vient  de  publier,  dans 
la  Ga:(cUe  de  Liège,  le  sonnet  suivant  qui 
a  été  reproduit  déjà  en  1883,  par  le  Gior- 
nale  degli  eiuditi,  et  qui  est  identique  à 
celui  d'Arvers  : 

Un  segreto  lio  nel  core,  ed  un  mistero 
Ha  la  inia  vita  :  di  repente  preso 
lo  fui  d'amor  :  taccio,  perché  dispero  ; 
Ne  'I  sa  colei,    ch'ha  tanto  foco  acceso. 

Sempre  a  suo  fianco  ;  e  pur  pel   mio  sentieio 
lo  men  vo  solitario  e  non  compresse  ; 
Morirô  senza  diile  il  mio  pensiero, 
Senza  un  suo  sguardo  si  gran   tempo  atteso. 

Ella,  benchè  si  tenera  di  core, 
Andrà  per  la  sua  via  senza  avvedersi 
Di  questo  lungo  mormorio  di  amore 

Che  le  tien  dietro.  Austera  e  pia  fanciulia 

Ella  dira,  leggendo  questi  versi  : 

«  Per  chi  son  essi  ?  »  ne  saprà  mai  nulla. 

Ce  sonnet  fut  donné  comme  «  décou- 
vert dans  un  vieux  portefeuille».  —  mais 
vieux  de  quarante  ans,  ou  de  soixante  en 
1883  .^  C'est  toute  la  question.  -f- 

«Lo  giog  estfashionnable».  Poé- 
sie de  Musset  sur  l'absinthe  (LU  ;  LIV , 
84,  134,  250).  —  «  L'ode  à  l'absinthe  », 
publiée  dans  l'Intermédiaire  est-elle  d'Al- 
fred de  Musset .? 

je  voyais,  hier,  Mme  Martellet,  à  qui  je 
posai,  précisément,  cette  question,  et  qui 
me  fit  la  réponse  négative  la  plus  catégo- 
rique. 
!  M'est  avis  qu'en  présence  de  ce  témoi- 
l'incident  est  clos. 

Ceux  qui  ont  eu,  —  et  le  directeur  de 
Ylntermédiaiie  est  du  nombre,  —  la  bonne 
fortune  de  rendre  visite  à  Mme  Martellet, 
et  de  l'entretenir  seulement  quelques  ins- 
tants, savent  tout  ce  qu'il  y  a  en  elle  de 
droiture,  de  présence  d'esprit,  de  sùrtté 
dans  les   souvenirs,  et   combien  on   pcui 

avoir  en  elle  de  confiance.     L.  de  Lehus. 

* 

*  * 
C'est  bien  en  1865  que  paraissait  V Ouest 

Parisien.^  le  directeur  n'était  pas  Georges 
Châtelain,  mais  linghie  Châtelain.  Il  de- 
meurait alors  rue  Saint-Honoré.  Dans  son 
salon,  très  littérairement  fréquenté,  vtrs 
la  même  époque,  j'ai  entendu  JitUs  Ver- 
nier  dire  cette  pièce  de  vers, sans  me  rap- 
peler s'il  s'en  donnait  comme  l'autour.  Il 
aurait  pu  en  être  l'auteur  toutefois, car  ni 
lui,  ni  Châtelain  ne  manquaient  de  talent. 


g'^ab-, 


No  1123, 


L'INTERMÉDIAIRE 


_, .  .,  ..       35Q  _ 

Châtelain  a  pris  le  chemin  de  l'odl 
après  la  Commune  à  laquelle  il  avait  par- 
ticipé.A  son  retour, il  collabora  à  plusieurs 
publications  révolutionnaires,  entre  autres 
le  Coup  de  feu.  Il  est  mort  il  y  a  peu 
d'années.  Il  a  été  incinéré  au  Père  La- 
chaise. 

Quant  à  Jules  Vernier  qui  disait  VOdeà 
l'absinthe^  il  était  assez  dans  ses  habitudes 
de  ne  pas  dire  les  vers  des  autres,  ce  qui 
autorise  à  penser  que  ces  vers  attribués  à 
Musset  pourraient  fort  bien  être  de  lui. 

A.  Patay. 

P. -S.  M.  Albert  Cim  attribue  cette  pièce 

à  Valéry  Vernier.  Ne  confond-il  pas  avec 

Jules  Vernier,  le   collaborateur  assidu  de 


360 


l'Ouest  Parisien  ? 


A.  P 


-  Jaiiâeures, 
Labourasse, 
reprod 


en 


Jean  d'Heurs  (LUI).  - 
ahhaye  et  domaine,  par  H. 
Bar-Ie-Duc,  1899,  in-8,  pi. 
phototyp.,  br.  4  fr. 

Envoi  a.  s.  de  l'auteur. 

(Archives  du  bibliophile,  mai-juillet, 
1906,  n"  579). 

Malgré  la  différence  d'orthographe, 
n'est-ce  point  le  lieu  dit  dont  il  est  fait 
mention  dans  V Intermédiaire, Ull^  812  .? 

Sglpn. 

La  Marseillaise,  parodies  (T.  G. 

569,  LUI  ;  LIV,  150).'—  Pendant  les 
guerres  de  la  Vendée, les  blancs  eurent  leur 
Marseillaise  comme  les  bleus.  A  ce  propos, 
M.  Sebillot,  dans  la  Revue  des  traditions 
populaires,  1889  p.  209,  écrivait  : 

A  l'époque  des  guerres  civiles,  bleus  et 
blancs  chantèrent  :  il  y  eut  des  refrains 
guerriers  pour  exciter  au  combat  et  les  Ven- 
déens répondirent  à  \à  Marseillaise  par  une 
chanson  patoise  sur  le  même  air  :  il  suffira 
de  citer  les  deux  premiers  vers  du  premier 
et  du  dernier  couplet  de  cette  parodie  pour 
montrer  qu'elle  est  due,  ainsi  que  le  fait 
observer  Bujeaud,à  un  prêtre  r.éfractaire  : 
Allons,  armées  catholiques. 
Le  jour  de  gloire  est  arrivé,  etc. 

O  Sainte  Vierge  Marie 

Conduis,  soutiens  nos  bras  vengeurs. 

On  trouvera  le  reste  dans  le  t.  II  des 
Chants  populaires  de  l'ouest,  de  Bujeaud. 

Lorsque  j'avais  l'honneur  de  porter 
l'uniforme  militaire,  j'entendais  souvent 
chanter  une  Marseillaise  de  la  classe  qui 
commençait,  je  crois,  par  ces  deux  vers  : 


Allons  les  enfants  de  la  classe 
Le  jour  de  boire  est  arrivé. 

J.-R.  Marboutin. 

«  Les  voilà...»  (LIV,  1 10). —  Consul- 
ter les  tables  de  \  Intermédiaire  où  l'on 
trouvera  cités  les  vers  en  question  ;  et 
en  réponse,  plusieurs  indications  sur  leur 
auteur  présumé. 

Absent  de  Paris  pour  le  moment,  je  ne 


puis  préciser  davantage. 


PlETRO, 


ij  «  immortel  »  Pierre  MaëL  — 
Pierre  Maël  est  le  pseudonyme  qu'adop- 
tèrent d'un  commun  accord  deux  rédac- 
teurs de  la  Galette  de  France ^ÎANi.  Charles 
Vincent  et  Charles  Causse. 

M.  Charles  Vincent  écrivait  les  romans. 

M.  Châles  Causse  les  plaçait. 

Voilà  quel  était,  très  exactement,  le 
rôle  de  chacun. 

M   Charles  Causse  mourut  en  1904. 

M.  Charles  Vincent  a  continué,  comme 
parle  passé,  d'écrire  des  romans. 

La  mort  de  M.  Charles  Causse  ne  pou- 
vait pas  empêcher  M.  Charles  Vincent 
d'utiliser  le  pseudonyme  de  Pierre  Maël. 
Un  traité,  conclu  entre  les  deux  amis, 
comportait  d'ailleurs  le  maintien  du  pseu- 
donyme. .J. 

Li?rô3  imprimés  bîanc  sur  noir 

(LUI  ;  LIV,  37,  150,  259).  —  Mis  en 
cause  d'une  manière  nullement  désobli- 
geante, mais  très  imprévue, par  l'intermé- 
diairiste  qui  signe  des  initiales  P.  B.,  à 
propos  d'un  de  mes  livres  dont  il  a  ou- 
blié le  titre,  je  dois  préciser  et  rectifier. 

Il  s'agit  d'un  roman,  le  premier  que  j'aie 
écrit  et  le  premier  même  de  tous  mes  ou- 
vrages, qui  a  paru  en  1861  sous  ce  titre  ; 
Apprentissage  de  la  vie.  Il  n'était  pas  si- 
gné de  mon  nom,  mais  du  pseudonyme 
Edmond  Th\\  que,  je  ne  saurais  dire 
pourquoi,  je  n'ai  jamais  employé  depui-, 
quoique  j'aie  usé,  soit  pour  des  ouvrages 
de  librairie,  soit  pour  des  articles  de  jour- 
naux ou  de  revues,  de  quelques  pseudo- 
nymes tels  que  Frédéric  Stampf,  Lord  Hu- 
mour, Philippe  Marsal,  etc.,  etc.  (Voir  les 
Diction n a ir es  biograph iq ues) . 

J'avais  dédié  ce  roman  à  la  Mort,  dans 
une  lettre  fantaisiste,  où  l'on  pouvait  lire 
notamment  ceci  :  «  Peu  de  gens  vous  font 
la  cour.  Madame,  ce  qui  ne  vous  empêche 
point  de  très  bien  accueillir  leurs  ouvra- 


361 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


ges.  Soyez  aussi  bonne  pour  le  mien,  je 
vous  en  prie.  A  vous  seule,  vous  valez 
tous  les  lecteurs.  » 

En  priant  mes  lecteurs  d'aujourd'hui  de 
vouloir  bien  pardonner,  au  vieil  écrivain 
devenu  très  respecteux  de  quiconque  lui 
fait  l'honneur  de  le  lire,  la  juvénile  im- 
pertinence d'un  garçon  de  vingt-trois  ans, 
je  crois  inutile  d'ajouter  que  «  Madame  la 
Mort  »  accepta  très  bien  ma  dédicace,  et 
la  preuve,  c'est  quo  P  B.  est  peut-être  le 
seul  avec  moi  à  se  rappeler  ce  livre  de 
début,  lequel  pourtant  ne  passa  pas  alors 
inaperçu,  car  il  en  fut  parlé  dans  une  dou- 
zaine de  publications  parisiennes  Ulrich 
Guttinguer,  le  vieil  ami  .l'Alfred  de  Mus- 
set, y  prit  un  sonnet  qu'il  reproduisit  dans 
sa  causerie  littéraire  de  la  Galette  de 
France  en  confrontation  avec  le  sonnet  de 
Charles  Baudelaire  sur  le  serpent  jaune  et 
en  donnant,  fort  injustement  d'ailleurs,  la 
palme  au  mien.  Albéric  Second  en  dit 
quelque  bien  dans  sa  chronique  de  V  Uni- 
vers illustré,  tant  en  son  nom  qu'au  nom 
d'Arsène  Houssaye.  Léon  de  'VVailly, 
dans  sa  chronique  de  V  Illustrai  ion,  alla 
jusqu'à  prétendre  que  certaines  scènes  de 
ce  roman  faisaient  songer,  sans  qu'il  y 
eût  imitation,  aux  plus  jolies  scènes  des 
Confessions  de  Jean-Jacques. 

Mais  tout  cela  n'empêcha  pas  ce  pau- 
vre livre  de  trépasser,  ainsi  que  tant  d'au- 
tres, et  P.  B.,  qui  dit  l'avoir  lu,  en  a  tout 
oublié  :  titre  et  physionomie. 

En  effet  la  couverture  seule  dudit  vo- 
lume était  noire  avec  des  inscriptions 
en  lettres  argentées.  Qjiant  au  texte,  il 
était  imprimé  comme  tous  les  autres  : 
noir  sur  blanc. 

Ce  roman  qui  doit  être  aujourd'hui  in- 
trouvable, soit  sous  son  vêtement  maca- 
bre, soit  sous  Ihabit  vert-pomme,  qui  v 
fut  substitué  plus  tard  par  un  rhabil- 
leur,  et  dont  je  ne  possèd.::  moi-même 
qu'un  exempk-.ire ,  était,  à  beaucoup 
d'égards,  autobiographique,  ou  tout  au 
moins,  le  héros  :  Rémy  Doxal  dans  les 
confidences  qu'il  faisait  à  son  ami  André, 
formulait  les  idées  que  j'avais  déjà  sur 
lexistence  humain-^  et  que  l'âge  a  plutôt 
mûries  que  changées  en  moi. 

On  peut  y  voir  le  prodrome  de  la  série 
de  «  Notes  d'un  Pessimiste  »,  qui  devait 
commencer  à  paraître  vingt-cinq  ans  plus 
tard,  en  1886,  avec  La  Proie  du  Néant, 
dédiée  cyniquement  à  Léa  et  à  Mosès,  mes  ' 


10    Septembre   1996, 
^62     

deux  chiens,  hélas  !  morts  depuis,  et  don* 
le  bon  Victor  Meunier  a  célébré  les  hauts 
faits  dans  son  livre  ;  Les  Animaux  per- 
fectibles. Edmond  Thiaudière. 

P.  S.  —  Puisque  j'ai  l'occasion,  que  je 
n'ai  pas  cherchée,  d'évoquer  les  mânes 
de  V Apprentissage  de  la  vie,  qu'il  me  soit 
permis  d'en  profiter  pour  exprimer  un 
vœu,  c^est  que  parmi  les  lecteurs  de  V In- 
termédiaire, il  s'en  puisse  trouver  un  qui 
sache  et  me  fasse  savoir  ce  qu'est  devenu 
un  exemplaire  de  ce  livre  que  j'avais 
donné  avec  une  dédicace  à  Emile  Monté- 
gut,  qui  l'avait  prêté  à  Mme  Solange 
Clésinger,  la  fille  de  George  Sand,  et  que 
finalement  un  de  mes  amis  a  vu  jadis, 
malheureusement  sans  l'acheter,  dins  la 
boîte  d'un  bouquiniste  sur  les  quais,  non 
seulement  portant  toujours  ma  dédicace  à 
Emile  Montégut,  mais  revêtu  de  notes  de 
la  main  de  Madame  Clésinger.  j'achè- 
terais volontiers  cet  exemplaire,  s'il  était 
à  vendre  et  si  je  savais  où  le  trouver. 

E.  T, 


Outillage  gallo-roinain 


LI  ; 

578, 


(L  ; 

U\\,  26,  129,  178,  23Ï,  35=5,  s\^, 
686,  937).  —  Pointes  en  os.  Elles  figurent 
parmi  les  premiers  outils  de  l'homme  dès 
i  âge  de  la  pierre,  nombreuses  même  à 
l'époque  Magdalénienne.  Disons  quelques 
mots  au  point  de  vue  comparatif  des  27 
exemplaires  qu'ont  exhumés  nos  fouilles. 

Epingle  :  sbinula  diminutif  de  spina. 
C'est  le  type  de  notre  vulgaire  épingle 
de  toilette,  que  les  hommes  de  mon  âge 
ont  vue  si  grossière  encore  au  milieu  du 
XIX*  siècle,  et  qui  semble  aujourd'hui  par- 
venue aux  derniers  perfectionnements. 
Faite  d'un  os  dur  et  brillant,  qui  joue 
presque  l'ivoire,  elle  dépasse  à  peine  la 
grosseur  d'une  épingle  ordinaire  et  n'a 
que  45  millimètres.  Le  travail  en  est  si 
parfait  qu'on  la  dirait  tournée  Cette  belle 
pièce,  assurément  rare, 
neum  à  1.20  de  profondeur. 

Epingle  à  cheveux  :  A  eus  crinalis.  A  tête 
arrondie,  elle  est  généralement  renflée 
vers  son  milieu,  commune  dans  tous  les 
musées  et  même  dans  les  collections  par- 
ticulières. Nous  en  avons  19  depuis  7 
jusqu'à  13  centimètres;  plusieurs  sont 
fragmentées. 

Une  autre  porte  une  tête  beaucoup 
plus  large, ^platc  et  percée  d'un  trou.  Voir 


gisait  dans  le  hal- 


N"  1123. 


L'INTERMEDIAIRE 


363 


364 


pour   ce  type,   Anthony   Rich,    au    mot 
Acus  2. 

Toutes  ces  épingles  à  cheveux  -étaient 
fabriquées  à  la  station  même  des  Ciéons  ; 
et  l'une  d'elles,  la  plus  grande,  bien  dé- 
gagée comme  forme,  est  demeurée  à  l'état 
d'ébauche  Le  renflement,  au  milieu,  des 
épmgles  à  cheveux,  avait  un  double  but  : 
augmenter  la  résistance  de  l'objet  et  le 
fixer  dans  la  chevelure. 

Aiguilla.  Cette  autre  sorte  d'/lciis  n'est 
pas  renflée  comme  les  précédentes  ;  mais, 
elle  s'appointe  plus  finement  et  porte  un 
ou  plusieurs  chas.  Notre  musée  local  en 
possède  deux  :  Tune  de  8  centimètres  avec 
chas  arrondi  devait  être  employée  comme 
nos  aiguilles  ordinaires  ;  l'autre  de  o  "".  14 
en  ivoire,  a  trois  chas  :  celui  du  milieu 
est  allongé  en  forme  de  mortaise,  les 
deux  autres  sont  ronds.  Elle  représente 
notre  passe-lien  actuel. 

Pointe  a  écrire  :  Stylus.  Trois  pointes 
de  145,  79  et  environ  60  millimètres, 
cette  dernière  étant  fragmentée.  On  sait 
que  ces  pointes,  employées  pour  tracer 
des  caractères  sur  des  plaquettes  garnies 
de  cire,  n'existent  plus  dans  notre  outil- 
lage moderne  ;  elles  sont  remplacées  avec 
avantage  par  nos  diverses  sortes  de  bu- 
rins. 

Poinçon  :  Verucnhiin  ou  Tcrehia.  Os 
noirci,  presque  triangulaire  vers  la 
pointe,  élargi  et  aplati  de  l'autre  bout, 
pour  faciliter  la  préhension.  Il  a  72  mil- 
limètres. 

Comment  se  fait-il  que  ces  primitives 
pointes  en  os  aient  été,  en  dépit  de  leur 
fragilité  et  des  progrès  toujours  croissants 
de  la  civilisation,  si  longtemps  fabriquées 
et  si  généralement  utilisées  par  les  an- 
ciens ?  C'est,  peut-être,  en  raison  de  la 
diftkulté  qu'on  éprouvait,  à  fondre  en 
bronze  ou  à  forger  en  fer  et  en  acier  d'aussi 
petit  objets,  la  tréfilerie  des  métaux  étant 
alors  inconnue.  Félix  CHAiLLou. 

Inscriptions  des  cadrans  solair  s 
(T.  G.,  158  ;  XLVI  ;  XLVll  ;  XLVIII  ;  L  ; 
LI  ;  LU).  —  L'ancienne  «  Salle  Favart  » 
construite  par  l'architecte  Hcurtier,  dans 
le  jardin  de  l'hôtel  de  Choiseul,  avait  été 
inaugurée  par  la  Troupe  italienne,  le 
lundi  28  avril  1783,  en  présence  de  la 
reine  Marie-Antoinette.  Un  auteur  dont 
les  pièces  étaient  alors  diversement  accueil- 
lies, Augustin  de  Piis  ^des  Augiistines  !) 


proposa  d'établir  sur  le  frontispice  exté' 
rieur  du  nouveau  théâtre,  un  cadran  so' 
laire  au-dessus  duquel  serait  placée  «  la 
tête  de  Phœbus  »  avec  cette  légende  : 

Intus  Apollo  Sol  Extra 

et  aux  côtés  duquel  on  inscrirait  sur  deux 
colonnes,  ces  vers  : 

Sous  mes  deux  noms  dans  ces  demeures, 
Marquant  tour  à  tour  mon  pouvoir, 
A  midi,  je  fi.xe  les  Iieures 
Qiie  je  fais  oublier  le  soir. 

{Jourtial  de  Paris,  22  inars  1784). 

C'est  là  ce  que  Colnet,  dans  les  Etremies 
de  l'Institut,  osait  appeler  plus  tard  une 

PllSADE.  POENSIN-DUCREST. 


Traduction  du  mot  laîin«  funda- 

tus  »  (LIV,  227).  —  Ne  pourrait-on  pas 
traduire  calicem  fnndatum  siiperauratum 
uninn,  par  :  i"  Calice  doublé  d'une  feuille 
d'or,  le  rendant  plus  épais  (mot  à  mot  : 
plus  solide)  .r" 

Dans  le  cas  de  tissus,  ce  participe  passé 
signifierait  alors  :  tissus  rendus  rigides, 
par  les  fils  d'or  entrant  dans  leur  compo- 
sition (mot  à  mot  :  solidijiés). 

D'"  Bougon. 


La  réponse  me  paraît  contenue  au  mot 
fuiidatns  [Glossaire  de  moyenne  et  basse 
latinité^  de  Ducange)  et  notamment  dans 
le  paragraphe  ci  après  : 

Bulengero  Fundatus  est  auro  te.xtus  acu- 
pictus,  ce  que  nous  appelons  vulgairement 
«  estoffe  à  fond  d'or.  ».  —  Drappo  di  fundo 
d'oro  —  Domenico  Magrio. 

On  l'appliquenussi  aux  vases  d'argent  et  d'or. 
—  Calix  fundatus  argenteus  ;  Anastasius,  in 
vitis  P.  P.  p.  .OQ.  Coiix  major  fundatus, 
p.  126,  p.  13  ..  Cabota  aurea  fundata.  p.  122, 
etc. 

Pour  les  objets  en  métal  d'or  ou  d'ar- 
gent, je  ne  vois  pas  bien,  dit  Ducange, 
comment  ce  terme  peut  être  tiré  —  «  de 
acupictili  ».  Il  faut  peut-être  comprendre 
que  par  extension,  le  même  mot  fundatus 
s'est  appliqué  à  des  étoffes  à  broderies  d'or 
et  à  des  objets  en  métal  précieux  et  cise- 
lés, en  quelque  sorte  brodés  (acupicti). 
C'est  une  explication  profane  que  je  sou- 
mets à  ceujv  de  mes  collègues  intermédiai- 
ristes,  plus  versés  que  moi  en  archéologie. 

Dehermann, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


373 


dans  une  citation  faite   de    mémoire,  j'ai 
pu  enfin  l'aviser  sûrement. 

M.  Henri  Gaidoz  a  publié  dans  la  Rev. 
Arch.  1884  et  1885  :  Le  Dieu  gaulois  du 
soleil  et  le  symbolisme  de  la  roue.  Tir.  à 
p.  av,  I  pi.  et  26  fig.  dans  le  texte.  Paris, 
Ernest  Leroux,  1886.  Leda. 


Dans  l'église  de  Golleville,  près  de  Va- 
lognes  (Manche),  on  avait  l'habitude,  à 
certains  jours,  pendant  l'office  religieux, 
de  mettre  en  mouvement  une  roue  en  fer 
d'environ  soixante-dix  centimètres  de  dia- 
mètre. Cette  roue  a  trois  rayons  ;  la  jante 
qui  a  quatre  millimètres  d'épaisseur  et 
trois  centimètres  d:  largeur  est  garnie  de 
douze  clochettes  de  grosseur  inégale.  La 
roue  est  suspendue  à  deux  mètres  au-des- 
sus du  sol  au  mur  latéral  de  droite  dans 
le  sanctuaire,  tout  près  de  l'autel,  du  côté 
de  répître. 

Le  son  de  ces  clochettes  est  aigu  et  per- 
çant qnind  on  met  la  roue  en  mouve- 
ment. 

Dans  1  circonscription  territoriale  où 
habitaient  les  familles  gauloises  de  la  peu- 
plade des  Unelli  et  que  représente  aujour- 
d'hui le  territoire  des  arrondissements  de 
Cherbourg  et  de  Valognes,  existaient,  il  y 
a  quelques  années  encore,  dans  plusieurs 
églises,  des  roues  en  ter  chargées  de  clo- 
chettes et  destinées  au  même  usage  que  la 
roue  de  Golleville  :  à  Couville  près  Cher- 
bourg, à  Fresville  près  Valognes. etc., etc. 

Couville  et  Fresville  sont  aujourd'hui 
deux  stations  de  la  ligne  de  Caen  à  Cher- 
bourg. 

A  Fresville  la  roue  était  garnie  de 
vingt  clochettes. 

Ces  roues  peuvent  avoir  une  haute  an- 
tiquité, appartenir  aux  pratiques  de  reli- 
gions bien  antérieures  au  christianisme  et 
être  un  reste  de  S3'mboles  religieux  d'une 
peuplade  gauloise  ;  on  sait  en  eftét  qu'il 
n'était  nullement  contraire  au  christia- 
nisme de  penser  que  quelques  cérémonies 
du  culte  payen  aient  pu  être  adoptées  par 
les  premiers  prédicateurs  de  l'Evangile  et 
on  remarque  dans  l'histoire  que  quelques 
parties  du  culte  des  payens  étaient  conser- 
vées. 

Dans  quelques  églises  de  la  Flandre 
Française,  on  se  sert,  non  d'une  roue, 
mais  d'un  hémisphère  de  métal  dans  l'in- 
rérieur  duquel  sont  suspendues  beaucoup 
de  clochettes  d'inégale  grosseur  ;  l'hémi- 


10  Septembre  190e. 

374    

sphère  est  percé  de  plusieurs  trous  pour 
donner  au  son  un  plus  libre  passage. 

A  Montebourg  et  à  Emondeville,  deux 
communes  de  l'arrondissement  de  Valo- 
gne,  on  voit  ou  on  voyait  tout  récemment 
encore  plusieurs  sonnettes  d'inégale  gros- 
seur réunies  pour  le  même  usage. 

A  Caen,  à  l'église  Notre-Dame,  il  y 
avait  un  appareil  muni  d'une  seule  son- 
nette. 

A  Cretteville  près  Coutances  (Manche), 

il  y   avait   plusieurs  sonnettes    inégales, 

réunies  en  ligne  droite  sur   un  même  axe 

et  suspendues  au  sanctuaire   pour  servir 

pendant  l'office.  Beaujour. 

* 

»  * 
En  1455,  on  joua  à  Nantes  le  Mystère 

du  Bien  advisé  et  mal  advisé. 

En  lisant  dans  les  comptes  de  la  Ville 
la  note  de  Pierre  Leflô,  receveur  et  miseur 
des  œuvres  et  réparations  de  la  Ville,  je 
trouve  que  ledit  Leflô  «  supplie  lui  être 
«  fait  raison  des  paine  et  travault  que  il 
«  eust  et  soustint  aux  jeux  de  Bien  advisé 
«  et  mal  advisé  que  le  duc  (de  Bretagne) 
«  et  la  ville  firent  joer  dernièrement  au 
«  Bouffay  de  cette  dite  ville,  tant  pour 
«  fére  férer  la  roc  de  for  tune  ^  pour  fere 
«  charier  le  boays  d'icelle,  etc.  », 

Cette  roe  de  foitmte  était-elle  une  ma- 
chine, un  truc  de  théâtre  usité  à  l'époque, 
ou  bien  la  reproduction  des  roues  de  for- 
tune, roues  à  prières,  usitées  en  Bretagne, 
dont  parle  M   du  Halgouet. 

Cette  dernière  hypothèse  n'a  rien  de  dé- 
raisonnable, la  pièce  jouée  étant  un  Mys- 
tère représenté  dans  une  ville  Bretonne 
et  dont  l'auteur  était  probablement  un 
Breton  ? 

Dehe^jmann. 

Le  crapaud  de  Blois(LIV,  172,267, 
315).  —  Sans  connaître  le  fait  de  1835, 
j'avais  déjà  entendu  raconter  plusieurs 
fois,  à  la  campagne,  des  faits  analogues..., 
mais  dont  les  narrateurs  n'avaient  pas 
été  témoins. 

Tous  les  ruraux,  d'ailleurs,  savent  que 
le  crapaud  est  doué  d'une  vitalité  très  ré- 
sistante, car  il  n'est  guère  de  tortures  que 
leurs  gamins  n'imaginent  de  lui  faire  souf- 
frir et,  pour  son  malheur,  il  les  endure 
longtemps  sans  y  succomber. 

Mon  père  m'a  conté  avoir  vu  plusieurs 
fois,  pendant  la  moisson,  des  crapauds 
supporter,  sans  être  écrasés,  le  passage 


N. 


H  33. 


L'INTERMEDIAIRE 


375 


sur  leur  dos  de  la  roue  d'une  voiture 
chargée,  et  s'enfuir  ensuite,  laissant  dans 
l'ornière  l'empreinte  de  leur  corps.  Il 
croit  que  le  crapaud  est  très  résistant  aussi 
à  l'asphyxie  et  au  jeûne,  mais  que  Ihis- 
toire  du  casseur  de  pierres  a  dû  être  un  peu 
brodée.  Sglpn. 


*  ♦ 


L'histoire  du  crapaud  de  Blois  paraîtra 
certainement  moins  difficile  à  comprendre 
quand  on  connaîtra  celle-ci. 

Une  personne  de  ma  connaissance  rece 
vait  de  la  C'«  des  Eaux,  une  eau  détes- 
table (ce  n'était  pas  à  Paris),  cette  eau  était 
débitée  par  un  robinet  jauge,  c*est-à  dire 
par  une  sorte  de  manchon  percé  d'un  trou 
très  petit  qui,  d'un  bout  de  l'année  à 
l'autre,  devait  laisser  couler  dans  un  ré- 
servoir la  quantité  d'eau  représentant  le 
montant  de  l'abonnement. 

Un  jour,  cette  personne  me  fit  constater 
que  l'eau  ne  coulait  plus  dans  son  réser- 
voir alors  qu'aucune  fuite  n'existait  et  que 
le  trou  du  robinet  jauge  n'était  pas  bou- 
ché, cela  nous  amena  à  faire  couper  le 
tuyau  de  plomb  entre  le  robinet  jauge  et 
le  réservoir.  Alors,  si  l'ouvrier  de  Blois 
fut  surpris  en  voyant  un  crapaud,  nous 
ne  le  fûmes  pas  moins  en  voyant  une  an- 
guille énorme  qui  bouchait  le  tuyau  (ce 
n'était  pas  non  plus  à  Marseille). 

L'explication  ne  fut  pas  difficile  à  trou- 
ver ;  l'anguille,  à  peine  au  sortir  de  l'en- 
fance, était  entrée  par  le  trou  du  robinet 
jauge,  lequel  n'avait  pas  un  millimètre  de 
diamètre  ;  là,  pendant  un  certain  temps 
elle  avait  tranquillement  vécu  de  toutes 
les  matières  que  lui  apportait  avec  abon- 
dance l'eau  de  la  ville,  mais,  lorsqu'elle 
voulut  repasser  par  le  trou  du  robinet,  en 
supposant  qu'elle  y  ait  pensé,  elle  était 
devenue  trop  grosse,  ce  qui  l'obligea  à 
rester  dans  le  tuyau.EUe  y  serait  peut-être 
encore  si  elle  avait  compris  que  trop 
manger  causerait  sa  perte  —  elle  avait 
cependant  le  temps  de  réfléchir  —  ;  mais 
elle  mangea  tellement  qu'elle  finit  par 
boucher  complètement  le  tuyau,  et,  en  le 
coupant  on  lui  coupa  aussi  la  tête. 

Dans  ces  conditions,  nous  dûmes  nous 
borner  à  constater  que  l'anguille  était  en- 
tièrement blanche,  qu'elle  était  longue 
d'environ  80  centimètres,  et  que  sa  tête, 
que  le  propriétaire  a  conservée,  pouvait 
avoir  10  centimètres  de  long. 

L'aventure   du  crapaud    doit    être    la 


, 3-76 

même  que  celle  de  l'anguille,  il  était  entré, 
alors  qu'il  n'était  que  têtard,  par  un  petit 
trou  dans  une  poche  où  il  resta  trop  long- 
temps pour  pouvoir  sortir,  ce  qui  l'obli- 
gea à  passer  un  certain  nombre  d'années 
dans  sa  prison,  mais  de  là  à  le  croire  con- 
temporain de  la  pierre  dans  laquelle  il 
était,  c'est-à-dire  âgé  de  quelques  cen- 
taines de  mille  ans,  il  y  a  loin.  Je  sais 
bien  qu'on  n'a  trouvé  aucune  trace  du 
trou,  mais  qu'est-ce  que  cela  prouve  ^ 
Tout  simplement  que  ce  trou  était  très 
petit  et  qu'il  a  été  bouché,  ce  qui  est  très 
naturel  et  s'explique  fort  bien. 

Jean  Pila. 

Signe  de  îa  croix  avec  de  l'eau 

de  la  mer  (LIV,  282),  —  Les  femmes, 
surtout  les  anciennes,  généralement  éle- 
vées au  couvent  ou  au  moins  à  l'école  des 
Sœurs,  faisaient  le  signe  de  la  croix  au 
commencement  de  maintes  actions  J'ai  vu, 
dans  ma  famille,  imiter  le  geste  des  bai- 
gneuses basques  avec  l'eau  de  la  toilette 
du  matin  ;  faire  le  signe  de  la  croix  sur  le 
pain  à  entamer,  avec  la  chemise  blanche 
à  mettre  et  enseigner  cette  pratique  à  de 
tout  jeunes  enfants. . .  et  cela  se  passait 
très  au  nord  de  la  Garonne  et  même  de  la 
Loire.  Sglpn. 


Je  crois  que  le  rite  accompli  au  pays 
basque  se  retrouve  un  peu  partout,  j'ai 
vu  maintes  fois  des  baigneurs  d'eau  douce 
faire  ce  signe  de  croix  avant  de  se  mettre 
à  l'eau.  C'est  un  reste  de  ces  vieilles  habi- 
tudes auxquelles  il  faut  ajouter  celle  de 
faire  avec  un  couteau,  le  même  signe  sur 
le  pain  qu'on  va  entamer. 

E.  Grave. 

*  * 
Cette  coutume  se  retrouve  dans  le  Trc- 

gor  et  dans  le  pays  de  Plestin-les-Grèves. 

Je  l'ai  vu  maintes  fois  à  Saint-Michel-en- 

Grève,    Port-Blanc,    et   autres  plages  de 

cette  côte.   Les  femmes,   jeunes    filles  et 

enfants  du  pays  font  le  signe  de  la    croix 

avant  de  prendre  un  bain.  Les  hommes  et 

les  jeunes  gens  s'en  abstiennent  le  plus 

souvent.  A.  Hamon. 

Les  savants  ennemis  (LUI  ;  LIV, 
148). —  L'anecdote  rapportée  par  Rip-Rap 
se  trouve  également  dans  le  Dictionnaire 
de  la  conversation  et  de  la  lecture,  dirigé 
par  Duckett,  1855,  avec   de   légères  va- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  lo   Septembre  190a. 


377 


378 


riantes  ;  à  l'article   Buffon,    Virey  écrit   : 

11  fut  injuste  à  l'égard  de  Linné  ;  mais 
celui-ci,  sans  répondre  directement  à  ses 
attaques,  se  vengea  de  son  rival  en  lui  dédiant 
une  plante  marécageuse  sous  laquelle  s'a- 
britent les  crapauds,  avec  le  nom  de  Buffo- 
nia. 

Dans  un  autre  article  du  même  ou- 
vrage, je  trouve  encore  ceci  : 

Bufone  (de  bufo,  crapaud)  genre  de  plantes 
de  la  famille  des  polycarpées,  ainsi  nommé 
parce  que  le  crapaud  aime,  dit-on,  ci  se  cacher 
dans  les  touffes  de  ces  plantes  chétives. 

C'est  Sauvages  qui  a  établi  ce  genre  de 
plante  sous  le  nom  de  Bufonia  et  non  de 
Buffonia^  ainsi  que  l'écrivent  plusieurs  bo- 
tanistes.On  aurait  donc  calomnié  Linné,  selon 
M.  Hœfer,  en  lui  attribuant  la  dénomination 
de  ce  genre,  et  en  la  regardant  comme  une 
basse  vengeance  des  critiques  répandues 
contre  lui  dans  les  ouvrages  de  Buffon. 

Après  avoir  lu  deux  articles  aussi  con- 
tradictoires, je  suis  allé  aux  sources. 

Dans  le  Systenia  Vegeiabiliiim  de  Linné, 
j'ai  trouvé  la  description  du  genre  Bufonia 
(avec  un  f),  et  dune  seule  espèce  ;  la  Bu- 
fonia ternui  folia^  décrite  d'après  :  Magn. 
monsp.  97,  t.  97,  ce  qu'il  faut  traduire  à 
mon  avis  par  : 

Magnol  Botanicum  Monspeliense,  p.  97, 
tabiilce,  97. 

Cet  ouvrage  a  été  édité,  en  1686,  à 
Lugd.,  et  en  1698,  à  Montpellier. 

Donc,  la  plante  décrite  par  Linné  est 
une  plante  française,  appartenant  à  la 
flore  de  Montpellier. 

On  pourrait  en  trouver  la  description 
dans  :  Boissier  de  Sauvages  —  Meihodiis 
foliorum,  seu  planta;  Jiorœ  mompeliensis, 
Hagîe  —  Comit.  1751,  in-8  ;  mais  je  ne 
possède  pas  cet  ouvrage. 

L'anecdote  en  question  reposerait  donc 
sur  une  erreur  de  copiste,  erreur  commune 
à  des  savants,  puisque  Brongniart,  dans 
son  \.  Enumération  des  genres  de  plan- 
tes »...  du  Muséum,  1843,  tout  en  attri- 
buant le  baptême  du  genre  à  Sauvages, 
écrit  lui-même  ButTonia  erreur  partagée 
par  Le  Maout  et  Decaisne.dans  leur  «Flore 
des  jardins  et  des  champs  »  où  ils  écrivent  : 
Buftbnia,  dédié  à  Buffon^  naturaliste  fran- 
çais. 

Au  reste,  il  n'était  pas  nécessaire  que 
Linné  intervînt  pour  créer  un  jeu  de 
mot  :  que  l'on  écrive  Bnjfonia  ou  Bufonia., 
on  peut  traduire  par  plante  à  Buftbn,  à 
bouffon  ou  à  crapaud,  selon  que  l'on  pro- 


nonce à  la  française  ou  à  l'italienne  : 

Buffon,  buffone etbuffo  (crapaud  en  ita^ 
lien)  sont  proches  parents,  au  point  de 
vue  linguistique  C'est  une  fatalité  qui 
n'enlève  rien  à  la  valeur  d'un  homme. 

H.  Angenot. 

La  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274).  —  A  vrai  dire,  la  nouvelle  loi  du 
13  juillet  1906  sur  le  Repos  hebdomadaire 
ne  date  pas  d'hier  :  on  la  découvre  telle 
quelle,  en  cherchant  sous  les  débris  de 
seize  siècles,  et  l'on  peut  constater  qu'il 
n'y  a  rien  de  nouveau  ni  de  changé  entre 
l'édit  du  fils  de  Constance  Chlore  et  la  loi 
nouvelle  signée  de  M.  Fallières  ;  hormis 
naturellement  les  effets  d'optique,  les  dé- 
corations et  les  accessoires  de  ce  théâtre 
où  l'homme  joue  toujours  le  drame  de 
ses  passions  ou  la  comédie  de  ses  inté- 
rêts. 

Ce  fut  Constantin,  en  effet,  qui,  le  pre- 
mier, en  321,  interdit,  par  une  loi,  tout 
travail,  sauf  celui  de  la  campagne,  les  di- 
manches et  jours  de  fête.  Ce  dernier  fut 
même  défendu  en  538,  par  le  troisième 
concile  d'Orléans.  Les  prohibitions  rela- 
tives au  dimanche  se  renforcèrent  jus- 
qu'au XIII*  siècle,  où  on  commença  à  se 
relâcher  de  l'ancienne  sévérité.  Après 
l'apparition  du  protestantisme,  il  y  eut 
comme  un  retour  à  la  règle:  on  sait  qu'en 
Angleterre,  en  Espagne,  etc.,  le  repos  du 
dimanche  est  strictement  observé.  Il  en 
fut  de  même  jusqu'à  la  Révolution.  La 
Convention,  qui  avait  changé  l'ère  gré- 
gorienne en  ère  républicaine  (22  sep- 
tembre 1792),  décrété  des  mois  de  trente 
jours  divisés  en  trois  dizaines  de  jours 
nommés  décades,  consacra  le  dixième 
jour  de  chaque  décade  au  repos  et  rem- 
plaça ainsi  l'ancien  dimanche.  On  n'avait 
plus  que  trois  dimanches  au  lieu  de  qua- 
tre :  la  Révolution  préconisait  le  travail. 

En  1802,  une  loi  rétablit  l'ancien  di- 
manche et  décréta  la  fermeture  des  tri- 
bunaux et  le  repos  des  fonctionnaires. 

Bientôt  survint  la  Restauration.  Une 
ordonnance  de  Beugnot  du  sept  juin  1814 
interdisait,  les  jours  et  fêtes,  tout  travail 
et  tout  commerce,  défendait  d'ouvrir  les 
ateliers,  chantiers  et  boutiques,  de  faire 
déménagement  ou  transport  de  matériaux, 
décrétait  la  fermeture  des  cafés,  restau- 
rants et  cabarets  pendant  la  durée  des 
offices  ;   le   tout  prescrit  sous   peine   dç 


irrï. 


L^!fTSCX£DLàIK£ 


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Art,  5 

Lesi^er  "^  ~    "  ~  ^xsàaa.  -sax  lîxt.  ^,  <çk  Ta:- 

WjèsaaaeaBevtît  mr  se  K»i.  s,  ÏWi>«i  ^ù  fe 

^BK  le  c^   «c  es  iirsaessà  caoûe 

dEe  s»  àrrr.îrrJg  £i  îC  çbî  iiis  aaoC 


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sk  persans   r^r   £««   f«'>*»»- 


T:;as  Tes  efe:;  .  .  î  i<e  feTr'^asi.  èe&  «ae 
ssècss^  Ijt^ïs.  b3r:i£sw  'r-^cc:!.  i'Sr'Sàleî  et 
ax'^r-s    sac-cfi   5«rsas    tr^rir^srir  cjmaas  ^ 


3C. 


-Vt-  * 


q«*a  ïcact  c&otsî  a:  qcs;  nocs 
t^oî  X  Eûcs  I=<  trésors  i  _  - 


--iCTi  ^- 


î-src  -J.  Ti"tsîïî  xs  -  -:r<re!6— 


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S30.    I   JTTgl» 


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LIT*  Vo :•.:•.■-'. ^  PtuNdssêttiltë  to,  9^9  *t  j.^   J<'  .ht^natmù    JOS;\ 


41*   .\KNiE 


ÔPROVR 


IV41ÎI.S  vl\') 


luu\-^»i;\    ,lc>  «  Ji  4  h?Uï*s 


DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 


Fonde    en 


1804 


<}rK.<TlOX.<;     KT     UKiWNSKS 


iirrhUAiRK^.    HiîSToîuorRs.  saïKMiFiorKs 


r    Ainisnoi'Ks 


dlucotiono 


La  fillo  dt>  1  illustro  ohantour  Ga- 


rât demande  ^auln^^ue. 


(."tn    lii.i 


pUîs  loin  une  Icttio  .jui  n'ot.iit  p.v>  vlosti- 
noe  .1  l.i  piiblicilé  et  v^ui  est  .ibsolument 
inédite.  HUe  est  .ulressee  par  Av.hille  jubi- 
n;il  .ui  b.iion  T.i\  lor.  11  lui  reOvMU'.n.inJe 
la  tîlle  du  ch.\nteiif  Ci.uat. 

Ci.w.w  —  et  y\.  Artliur  Pougin  en  a  fait 
un  portrait  tort  remarqii.ible  dans  la 
oV.jn./.-  /:«.  V. 7o^'./j>  —  a  ete  le  chanteur 
accompli  que  l'on  sait. applaudi  de  Marie- 
Antoinette,  coqueluche  du  Oirectoire. 
sous  lequel  il  lut  le  chef  des  incro\  ables 
—  des  »V^<^M•,;^/<•.\■  —  . 

Sa  tîlle,  en  iS(>-\  nièce  du  sénateur  da- 
rat,  en  et.iit  réduite  ^  demander  la  ch.i- 
rite: 


Coips 
Législatif 


P.uis  le  Samedi  ;  iii.us  iSoj. 

iNteii  cher  lUioii, 

M^vlfinoiselle  (.îui:it,  lilU>  du  gr;«nd  chan- 
teu!,  nieiubic  de  votie  société  des  imisicieiis, 
nie  transmet  l.i  dcnuiide  ci- jointe,  appuyée 
p.ii  W.itelfl  et  pnr  M.  de  Saint -Albin,  con- 
seil Icm  à  la  Cour  iinpciiale. 

J'ai,  comme  vous  save^,  rhonnour  vie  la 
connaître  liepuis  de  lonj^nes  années.  Sa  sitna- 
tioii  est  des  plus  iiitéiessantes.  Née  dans  une 
noble  ,  et  très  noble  famille,  élevée  pai  le 
sénateui  Oarat  ^son  onclo\  illustre  par  von 
père,  elle  s'est  vu  dépouiller  de  tout  par  une 
suite  inouïe  de  niallieuis,  de  drames,  de  véii- 
tablc*  if; ;/;«•.<  commis  ù  son  préjudice. 

HUe  est  aujourd'hui,  non  pas  sur  le  seuil 
de  la  niisèie,  mais  dans  /.j  inisrrf. 


le  viens  donc  invoquer  pour  elle  votre  syni» 
pathie,  Ne  pouve^-vous  U  ta»ie  uvsctire  (tVi/ 
«rN  «ow  j/VwA;#yel  qui  illustrerait  votre  liste) 
au  t\ou\bie  de  vos  /«f«.\V«)«-w«i«>yA«  ou  tout  m\ 
moins  de  vos Sfttmrm  ?  Vous  ferea  là  ^v«uvre 
pie.  et  cô  serait  \\\\  j^rand  bienfait  accompli 
.\  so»>  égard. 

Je  vous  recommande  donc  sa  don»ande  de 
tout  mon  ctvui.  C'est  une  i>e>sonaô  aussi 
honoiable  que  malheureuse, 

A  vous  toujours,  partout  et  en  tout,  f&n  U 

A.    JUBWAU, 

o,  rue  Boudreau. 
Aclulle  jubinal  parle  ^^  d'une  suite  de 
m.dheurs  inouïs,  de  drames,  de  véritables 
crimes  comn\is  à  son  préjudice  v».  Qjne 
veut- il  dire  ?  l  es  malheurs,  on  les  soup- 
>;onne  ;  mais  les  dr.uues'  m.>is  les  crimes? 

M. 

La  main  droito  do  Louis  XV.  — 

]e  lis  d.ms   la    ChiiUiiqu.-  ./.-   /'.</(.<   du   50 
août   179a  : 

M.  Ma:.ers  de  l.atude  a  deniandé  â  la 
con\n\uue  de  Paris  la  main  droite  de  la 
statue  de  Louis  XV  qui  a  sijvné  la  lettre  de 
cachet  qui  l'a  retenu  pendant  10  années 
dans  les  ters.  Sa  demande  lui  a  été  acooulée 
p.ir  un  an  t'ié  . 

l"sl-ceque  l.atudeaete  misen  possession 
de  l.»  m.iin  .(ccordee  ? 
Oii'est-elle  devenue  ? 


].  C>.  HoRi^. 


Papiuoau  ot   los  troubles  du  Ca 
nada.  —  On  lit  M/moi/Y.'!  J<-   li   Si\i<'t<^ 
</(•    shiiitiquc    iifi    2-^.    \"  série  t.  \'1II, 

I.IV  s 


N»    1124. 


L'INTERMEDIAIRE 


387 


388 


184^-44,  117,  sous  la  signature  d'Appo- 
lin  Briquet  qui    n'est   pas  sans  notoriété  : 

Papineau  dont  le  nom  est  devenu  célèbre 
depuis  les  derniers  troubles  du  Canada.  En 
effet,  cet  illustre  défenseur  de  la  liberté  de 
son  pays,  est  originaire  de  Niort  (2-5). 

On  demande  quels  furent  ces  troubles 
dont  la  date  n'est  pas  donnée  et  surtout 
quel  rôle  y  joua  ce  Papineau.  Toutes 
choses  aujourd'hui  complètement  oubliées 
en  son  pays  natal.  Léda, 

Iles  Anglo-Normandes.  —  Lors- 
qu'on visite  ces  îles,  il  est  impossible, 
pourvu  que  l'on  soit  un  peu  chercheur  et 
curieux,  de  n'être  pas  frappé  du  grand 
nombre  de  noms  précédés  d'une  particule 
qui  figurent  au-dessus  des  magasins  et 
de  ne  pas  se  demander  le  pourquoi  de  cet 
état  de  choses. 

Rien  qu'à  Saint-Hélier  on  peut  remar- 
quer :  de  Gruchy  —  de  La  Haye  —  de 
Bosch  —  de  Boursier  —  de  Lamare  —  de 
Paye  —  de  Sainte  Croix  —  de  La  Pé- 
relle,  etc.,  etc. 

Ce  sont  des  noms  à  consonnance  bien 
française  ;  plusieurs  sont  encore  portés  et 
même  connus  en  France. 

Comment  expliquer  l'existence  et  la  si- 
tuation de  ceux  qui  les  portent  dans  le 
Chanell  Isîand  .? 

Leur  immigration  y  date-t-elle  de  la 
Révocation  de  TEdit  de  Nantes,  de  la  Ré- 
volution ou  d'une  autre  perturbation  so- 
ciale ?  Sont-ce  des  cadets  des  provinces 
françaises  voisines  venus  tenter  la  fortune 
commerciale .? 

Sait-on  si  ces  familles  ont  conservé 
quelques  souvenirs  de  leur  origine  fran- 
çaise, de  la  situation  que  leurs  ascendants 
ont  pu  avoir  sur  le  continent  ?  Sait-on  si 
elles  possèdent  de  simples  traditions  orales 
ou  au  contraire  des  documents  écrits, 
prouvant  leur  rattachement  à  la  souche 
française  .f*  Existet-il  un  ou  plusieurs  ou- 
vrages traitant  de  ces  familles  } 

II.  A  côté  de  ces  familles  qui  n'ont 
gardé  qu'un  des  signes  de  la  noblesse  — 
et  non  le  plus  certain  —  il  en  est  d'autres 
chez  qui  a  subsisté  le  titre  —  qu'on  aurait 
pu  qualifier  autrefois  en  France  de  crité- 
rium de  la  noblesse  —  d'écuyer.  Sur  un 
assez  grand  nombre  de  tombes  ou  d'ins- 
criptions commémoratives  figure  le  titre 
écuyer  ;  (Très  fréquemment  il  n'accompa- 
gne point   un  nom  à  particule.),  mais  les 


exemples  découverts  remontaient  tous  à 
un  certain  nombre  d'années,  une  quaran- 
taine. 11  n'a  pas  d'ailleurs  été,  fait  de  re- 
cherches spéciales. 

En  Angleterre,  si  je  ne  me  trompe,  le 
titre  d'écuyer.  5^M/rÉ',  n'est  pas  vraiment 
un  titre  de  noblesse,  mais  une  qualifica- 
tion honorable. 

En  est-il  de  même  dans  les  îles,  ou,  au 
contraire  ce  titre  a-t  il  gardé  la  valeur 
qu'il  avait  jadis  en  France  ^  Et,  s'il  en  est 
ainsi,  quelle  situation  vis-à-vis  de  la  no- 
blesse anglaise  ont  les  écuyers  des  îles 
normandes  .? 

111.  En  1563,  la  reine  Elisabeth  d'An- 
gleterre constitua  Sercq  en  fief  de  hau- 
bert qu'elle  donna  en  toute  propriété  à 
Hélier  de  Carteret,  seigneur  de  Saint- 
Ouen,  en  Jersey.  De  la  famille  de  Carte- 
ret, Sercq  passa,  en  1737,  à  la  famille  Le 
Pelley  (il  existe  en  France  une  famille  Le 
Pelley-Dumanoir)  qui,  en  1852, vendit  l'île 
aux  Collings,  les  seigneurs  actuels. 

Cette  île  est  toujours  divisée  entre  40 
tenancier?,  comme  au  xvi"  siècle. 

Existe-t-il  encore  une  postérité  authen- 
tique des  Carteret  ? 

A  Sercq,  sur  une  très  modeste  boutique 
de  marchand  de  tabac  et  d'épicerie  (près 
l'hôtel  Bel-Air)  on  ht  :  «  J.  P.  de  Carte- 
ret. » 

On  ne  peut  s'empêcher  de  penser  au 
bénéficiaire  de  la  charte  de  1563,  avec 
ou  sans  raison  ? 

G.  DE  La  Véronne. 

La  fontaine  Saint-Valery  à  Mont- 
morency. —  En  1735,  Crozat-le-Pauvre, 
propriétaire  du  château  de  Montmorency, 
eut  à  soutenir  un  procès  contre  les  habi- 
tants du  lieu,  au  sujet  de  la  fontaine  Saint- 
Valery  dont  l'eau  avait  cessé  de  couler. 
En  connait-on  l'issue  .?  Cette  fontaine 
existe-t-elle  encore  ?  Paul  Pinson. 

Sainte-Beuve   et  M.   Dubois.  — 

Dans  le  compte  rendu  de  l'Académie  des 
sciences  morales,  no  de  mars  1904,  page 
595  et  suivantes,  M.  Adolphe  Lair  a  ra- 
conté la  querelle  qui  a  amené  le  duel  de 
Sainte-Beuve  avec  M.  Dubois  (septembre 
1830). 

D'après  ce  récit,  qui  est  emprunté  aux 
Souvenirs  inédiis  de  M.  Dubois,  la  que- 
relle aurait  eu  lieu  à  Paris  pendant  les 
journées  de  juillet  1830,  après  la  publica- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


589 


tion  faite,  le  lundi  26,  des  Ordonnances 
datées  de  la  veille  ;  et  avant  que  la  lutte 
fût  terminée,  puisque  M.  Dubois  raconte 
qu'il  aurait  passé  une  des  nuits  qui  suivi- 
rent la  querelle,  en  veillant  et  causant 
avec  Farc)^^!),  qui  fut  tué  le  troisième 
jour  du  combat,  le  jeudi  29. 

Mais  ce  récit  se  heurte  contre  le  fait 
que  Sainte-Beuve  n'était  pas  à  Paris  pendant 
les  journées  de  juillet  :  il  l'a  dit  à  cette 
époque  même,  dans  son  article  du  4  no- 
vembre 1830  sur  la  seconde  édition  des 
Poésies  de  Joseph  Delorme  (Premiers  lun- 
dis, I,  41 1).  Il  l'a  répété  plus  tard  dans  sa 
biographie  : 

La  Révolution  de  juillet  arriva.  J'étais 
absent  pendant  les  trois  journées,  et  en 
Normandie  ,  à  Honfleur,  chez  mon  ami 
Ulric  Guttinguer. 

Troubat,  Souvenirs  et  indiscrétions,  page 

Enfin,  dans  une  lettre  du  i^  février 
1867,  adressée  à  M.  Jules  Claretie,  et  lui 
parlant  de  l'arme  qu'il  avait  à  la  main 
dans  ce  duel: 

Le  pistolet,  dit  Sainte-Beuve, était  un  pis- 
tolet d'arçon  que  Fontancy  avait  conquis 
sur  un  gendarme  dans  les  journées  de  Juil- 
let ;  car  c'est  peu  après  ces  journées  qu'eut 
lieu  cette  querelle,  et  la  fièvre  qui  régnait 
alors  dans  l'air  n'y  nuisit  pas. 

Le  récit  de  M.  Dubois  est  d'ailleurs 
étrange  :  il  y  aurait  eu  un  soufflet  donné 
au  mois  de  juillet,  et  le  duel  n'aurait  eu 
lieu  que  deux  mois  après,  le  20  sep- 
tembre ! 

Evidemment,  M.  Dubois,  en  rédigeant 
ses  Souvenirs  sur  le  tard,  a  commis  une 
erreur  de  mémoire  ;  il  a  antidaté  de  deux 
mois  le  soufllet  qu'il  a  donné  à  Sainte- 
Beuve,  Celui  ci  n'a  raconté  nulle  part 
comment  cette  querelle  avait  commencé  : 
il  sentait  sans  doute  que  sa  vivacité  l'avait 
mis  dans  son  tort,  (iuant  aux  contempo- 
rains, leurs  souvenirs  ne  se  sont  attachés 
qu'au  parapluie  que  Sainte-Beuve  a  tenu  à 
garder,  dans  ce  duel  au  pistolet. 

La    querelle  parait    bien    avoir   éclaté, 

(i)  Dans  sa  notice  sur  George  Farcy, 
Sainte-Beuve  raconte  en  effet  que  celui-ci 
passa  la  nuit  du  mercredi  au  jeudi  dans  la 
maison  de  santé  de  M.  Pinel,  à  Chaillot, 
où  était  détenu  M.  Dubois.  Q.uoique  détenu] 
il  allait  et  venait,  dans  ces  jours  où  tout 
était  sens  dessus  dessous. 


20    Septembre  1906, 
390     . 

comme  le  récit  de  M.  Dubois  l'indique,  à 
propos  d'une  question  relative  à  la  pro^ 
priété  du  Ghbe.  Seulement,  elle  n'eut  pas 
lieu  lors  de  la  crise  subite  et  rapide  que 
provoquèrent  les  Ordonnances.  Elle  se 
produisit  quelques  semaines  plus  tard, 
dans  des  circonstances  que  le  récit  de 
M.  Dubois  a  défigurées, et  qu'Userait  inté- 
ressant de  préciser. 

Ya-t-il  quelque  part,  —  dans  les  jour- 
naux de  l'époque,  par  exemple,  —  des 
renseignements  qui  compléteraient  ou 
corrigeraient  ceux  que  je  viens  de  résu- 
mer .?  Debasle. 

Les  débuts  de  M.Anatole  France. 

—  Où  parurent  les  premiers  articles  pu- 
bliés par  M.  .Anatole  France  pendant  ses 
années  de  début,  alors  qu'il  était  employé 
à  la  librairie  de  son  père  ?  -H 

La  faïence   du  seigneur   de    la 

Roche  Cbandry.  —  Avant  1530,  un 
sieur  de  la  Roche  Chandry  envoyait  à  ses 
amis  des  vases  en  faïence  blanche  que 
sans  doute,  il  fabriquait  lui  même. 

Je  voudrais  savoir  quel  était  ce  sei- 
gneur et  surtout  le  lieu  où  il  habitait  afin 
de  déterminer  le  lieu  de  fabrication. 
J'ajoute  que  les  fabriques  de  faïence  étaient 
loin  d'être  rares  à  cette  époque  dans  notre 
région, 

J'ai  vainement  consulté  le  P.  Anselme, 
Quenot,  Statistique  de  la  Qoarente  :  18 18, 
J.  L.  Michon,  Statistique  monumentale  de 
la  Charente.  1844. Paul  Sazerac  de  Forges. 
Note  sur  les  seigneurs  et  le  château  Je  la  Ro- 
chechandiy  (à  12  kil.  d'Angoulème,  com- 
mune de  Mouthiers  sur  Boëme)  Bulletin 
de  la  société  at chéolooique  et  historique  de 
la  Charente,   T.  I,    1845,  i'"  trim,  p.  50. 

Je  ne  trouve  nulle  part  une  bonne  généa- 
logie de  cette  famille  à  laquelle  je  puisse 
me  fier. 

J'observe  que  le  P.Anselme  dit  toujours 
Roche  Andry. 

J'adresse  à  mes  collègues  d'instantes 
prières,  ayant  besoin  d'être  renseigné  à 
assez  court  délai,  les  assurant  de  ma  vive 
reconnaissance 

A  t  on  d'autres  traces  de  cette  fabrica- 
tion.'' 

Bonnafré,dans  l'inventaire  de  Catherine 
de  Médicis,dit  ces  vases  de  faïence  blanche 
fabriqués  à  Modène,  à  Revers  et  à  Royen 


,N.   1124. 


L'INTERMÉDIAIRE 


391 


392 


Or  j'ai  tout  lieu  de  croire  qu'on   en  faisait 
ailleurs  en  France. 

Ces  vases  devaient  avoir  une  certaine 
valeur,  car  ce  sont  les  seules  poteties  que 
mentionne  un  important  inventaire  de 
château  du  Poitou  en  1530.  Il  s'agit  d'une 
buire  et  d'un  vase  à  rafraîchir. 

LÉDA. 

Familles  de  Gouy,  de  Postel,  de 
Touzin.  —  Jacques  de  Bourbon-Ven- 
dôme, seigneur  de  Levigny  et  de  Cour- 
celles,  décédé  en  1632,  épousa  Louise  de 
Gouy,  fille  de  Jacques,  seigneur  de  Cour- 
nehaut,  et  de  Marguerite  de  la  Chaussée, 
dont,  entre  autres  : 

i)  Marguerite  de  Bourbon-Vendôme, 
,alliée  1°  avec  Jacques  de  Monchy,  sei- 
gneur de  Lamberval  ;  2°  avant  le  14  fé- 
vrier 1644  avec  Antoine  de  Postel,  sei- 
gneur de  la  Grange. 

2)  Antoinette  de  Bourbon-Vendôme 
épousa,  en  1626,  Alexandre  de  Touzin, 
seigneur  de  Berois,  chevalier  de  l'ordre 
de  Saint-Michel,  chevau-Iégerde  la  garde 
du  roi,  et  lietitenant  au  gouvernement 
d'Ardres,  dont  elle  était  veuve  et  siuis 
enfants,  en  1658. 

Merci  d'avance  à  qui  me  renseignera  sur 
ces  familles  de  Gouy,  de  Postel  et  de 
Touzin. 

Les  frères  de  Sainte-Marthe  donnent 
pour  armoiries  à  Louise  de  Gouy  :  parti 
d'or  et  d'a:(ur^  à  ^  fleurs  de  lis  au  pied 
coupé  de  gueules^  ce  qui  porte  à  conclure 
qu'elle  ne'  devait  pas  appartenir  aux 
Gouy  d'Arsy  et  d'Ansereul.  Ces  armoi- 
ries sont  les  mêmes  que  donne  La  Ches- 
naye  des  Bois  aux  articles  Govie,  Gou^  de 
Montgiron  et  de  Gouy^  seigneur  de  Châ- 
teauthouars,  en  Normandie,  anobli  au 
mois  de  février  1700,  D'ailleurs  Magny 
dit  qu'Antoine  de  Gouy,  seigneur  de 
Montgiron,  obtint  ses  lettres  de  mainte- 
nue de  noblesse  et  d'anoblissement  en 
tant  que  de  besoin,  en  février  1700,  et 
qu'il  portait  :  pariid'or  et  d'azur, à  ^fleurs 
de  lis  de  gueules,  posées  2  et  i ,  les  deux  du 
chef  de  Vun  à  Vautre,  et  celle  de  la  pointe 
de  l'un  en  Vautre  {Nobiliaire  de  Nonnan- 
die^  t.  Il,  p.  121  et  209). 

Pour  la  famille  Postel,  je  ne  crois  pas 
qu'il  s'agit  de  celle  des  seigneurs  des  Mi- 
nières et  d'Orvaux,  en  Normandie,  mais 
plutôt  qu'il  faut  lui  rattacher  Pierre- 
Fursy  Postel,   écuyer,    seigneur    de    la  | 


Mothe,  qui  fit  enregistrer  dans  \ Armoriai 
gênerai   de    1696,  à  Boulogne-sur-Mer  : 
d'azur ^  à  une  gerbe  de  blé  d'or,  accostée  de 
2  étoiles  du   même,  et  les    seigneurs   de  la 
Mothe  et  du  Clivet,  encore  représentés  au 
commencement   du    xix*    siècle    (Saint- 
Allais,  Nobiliaire  universel,  t.  111,  p.  195). 
Alexandre  de  Touzin  est  cité  dans  les 
lettres  de  déclaration  de  noblesse  qu'obtint 
en  1660,  Claude  de  Touzin,  seigneur  de 
Mercy,  son  cousin,  fils  de  Pierre  de  Tou- 
zin, seigneur  de  Mercy,  Saint  Prix  et  Lar- 
gillac,    natif   de   Guyenne,    et   établi   en 
Bourgogne  (Arbaumont,    Les  Anoblis  de 
Bourgogne).    11  appartenait  aussi  proba- 
blement à   la   même  souche    que  noble 
Jacques,    alias  Melchior  de  Touzin,  qui 
épousa    en    1656   Anne    de    la    Devèze, 
remariée,  avant  1664,  avec  N.  Dutaut  de 
la  Peyrière  (Bourrousse  de  Laffore  :  Nobi- 
liaire de  Gascogne  et  de   Guyenne,   t.  111, 
p.  48).  Dans  les  armoriaux  que  j'ai  con- 
sultés,je  n'ai  jamais  rencontré  des  armoi- 
ries sous  ce  nom  de  Touzin. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Médaille  par  Depaulis  et  Jeuf- 
froy.  —  Je  possède  une  médaille  au  buste 
de  Louis  XVII,  bronze,  diamètre  :  6  cm. 
Avers  :  buste  du  Dauphin  à  gauche, 
signé  Depaulis  au  bas,  et  en  haut  les  mots  : 
REGNl.  TANTUM.  IVRA.,  dont  je  de- 
mande le  sens,  en  faisant  la  supposition 
que  le  verbe  est  sous-entendu.  Et  quel 
verbe  i* 

Le  revers  est  signé  Jeuffroy,  lequel,  né 
en  1749  et  mort  en  1826,  fut  Directeur  de 
la  Monnaie  sous  le  Consulat  et  l'Empire, 
et,  graveur  émérite,  eut, entre  autres,  pour 
élève,  Fiolier-le-Jeune. 

Ce  revers  représente  un  ange  debout, 
tenant  élevée  dans  sa  main  gauche,  une 
couronne  royale,  et  dans  la  main  droite, 
un  flambeau  abaissé.  L'ange  se  tient  sur 
un  autel  à  l'angle  duquel  on  voit  une 
chaîne  et  une  draperie  ;  l'autel  est  au 
centre  de  la  cour  d'un  donjon  —  le  Tem- 
ple sans  aucun  doute,  — et  l'ange  est  sur 
le  point  de  s'élancer  hors  cette  cour. 

Au  dessus  du  personnage  la  légende  : 
aUAM.  REDDAT.  HAEREDl. 

Je  demande  aux  érudits    numismates  : 

1")  A  quoi  se  rapporte  ce  QUAM  ^  à  la 
couronne  que  tient  l'ange  ? 

2°)  La  date  de  l'émission  de  cette  mé- 
daille est-elle  connue  ? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


393 


3°) Quelle  valeur  cette  médaille  peut-elle 
apporter  à  la  thèse  de  l'évasion  ? 

4°)  Si  la  frappe  est  antérieure  à  1815, 
dans  quel  but  a-t-elle  été  faite  et  par  qui  ? 

l'observe  encore  qu'au  bas  du  revers 
on  lit  : 

LUDOVICVS.  XVll.  IN.  VINCVLIS. 
OCCVMBIT.  Vlll.  IVN.  MDCCLXXXXV. 

Il  y  a  certes  contradiction  entre  cette 
affirmation  de  décès  et  l'attitude  de  l'ange 
qui  a  tout  l'air  d'un  libérateur  rechercliant 
un  prisonnier  pour  lui  remettre  une  cou- 
ronne !  Mais  je  ne  conclus  pas...  je  cher- 
che à  comprendre.  M.  B.  B. 

Armoiries  à  déterminer  :  da 
gueules  à  2  roses  d'argent.   —   A 

quelle  famille  de  Bourgogne  ou  de  Fran- 
che-Comté appartiennent  les  arm.es  sui- 
vantes :  de  gueules^  à  2  roses  d^argent,  en 
chef,  un  croissant  de  même  en  pointe  et  une 
étoile  d'or  en  abîmée  Nice. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or  au 
chevron  de  gueules...  —  1°  D'oi\  au 
chevron  de  gueules,  accompagné  en  chef  de 
deux  trèfles  de  sinople  et  en  pointe  d'une 
tête  de  sanglier  de  sable. 

2°  D'azur,  au  chêne  d'or,  parti  de  gueules., 
à  trois  étoiles  d'or  posées  en  pal.      H.  V. 

Sainte  Mafalcla.  —  Pourrait-on  me 
procurer  quelques  renseignements  sur  la 
vie  de  cette  sainte  ?  La  seule  information 
que  j'ai  est  qu'elle  était  princesse  portu- 
gaise et  épouse  d'un  roi  de  Castille.  Où 
pourrais-je  me  procurer  la  vie  de  cette 
sainte  en  quelque  langue  que  ce  soit  '<! 

C.  B.  O. 

Saint  Arnould,  patron  des  bras- 
seurs. —  Saint  Arnould  est  en  Bel- 
gique —  et  peut-être  en  France  —  re- 
connu comme  le  patron  des  brasseurs. 
Jadis  il  était  très  fêté  le  18  juillet  de  cha- 
que année.  Cette  coutume  tend  à  dispa- 
raître. Pourrait-on  me  dire  pourquoi 
saint  Arnould  est  le  patron  de  la  brasse- 
rie .^  A-t-il  été  brasseur  ? 

Eglises  disproportionnée':!.  —  Il 
y  a  dans  plusieurs  villages  du  Vimeu  des 
églises  dont  l'abside  est  très  forte  propor- 
tionnellement au  reste  du  monument. 
C'est  tout  à  fait  comme  si,  ayant  com- 
mencé  par   l'abside    sur    un    plan   assez 


20   Septembre  1906, 

394    — ' 

grand,  avec  des  fonds  suffisants,  on  avait 
dû   achever    sur   un   plan  plus  modeste. 

Est-ce  là  l'explication  ?  V. 

__  ) 

Prix  académique  décerné  en  ca- 
cîiette.  —  La  poésie  couronnée  en  1717 
par  l'Académie  Française,  était  du  trop 
célèbre  Gâcon,  partant  si  mauvaise,  que 
l'Illustre  Compagnie,  n'osant  décerner  pu- 
bliquement le  prix  à  l'auteur,  le  lui  en- 
voya en  cachette.  Est-ce  exact  .?  Et  con- 
naît-on d'autres  faits  du  même  genre  ? 

A  ce  propos,  comment  les  sujets  de 
concours  étaient-ils  choisis  autrefois  ? 
Comment  le  sont-ils  aujourd'hui  ? 

Alpha, 

L.  D.  S.  E.  Q.  V.  —  J'ai  dans  ma 
bibliothèque  un  livre  :  Poésies  diverses,  par 
L.  D.  S.  E.  O.  V.  Paris,  1689,  avec 
ex-libris  manuscrit,  dej.  P.  Loret. 

Peut-on  déchiffrer  ces  initiales  ^ 

Thix. 

Bibliographie     Napoléonienne. 

— Existe-t-il  un  ou  plusieurs  ouvrages  fran- 
çais indiquant  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur 
Napoléon  i",  son  entourage  et  son 
temps? 

Je  connais  seulement  la  Bibliographie 
Napoléonienne,  ouvrage  allemand,  de 
F.  Kircheisen,  traduit  en  français,  mais 
qui  est  loin  d'être  complet.         Elpéa. 

Le   père  Adry  et  les  Anas.   — 

Qui  était  le  père  Adry  ?  et  où  est  son 
manuscrit  sur  les  ^4  ;?as  (1803)  vendu  le 
5  février  1857,  P^'^  ^-  Charavay  ? 

A.  G.C. 

Tarot  des  bohémiens  et  le  livre 
de  Thot.  —  Qu'est-ce  exactement  que 
le  livre  de  Thot  et  le  tarot  des  bohé- 
miens ?  Quels  sont  les  derniers  et  les 
meilleurs  travaux  sur  ce  sujet  ?     Du  H. 

Pauvres,   éclairez-vous.     —    J'ai 

trouvé  la  pensée  suivante  dans  un  recueil 
manuscrit.  Je  l'ai  retrouvée  dans  Portraits 
et  maximes  1799-1889,  publiée  en  1900  à 
Bruxelles. 

Pauvres,  cclairez-vous,  rarement  on  écrase 
les  vers  luisants. 

De  qui  est-elle  ?  Ch.  Lefebure. 


No  1124. 


L'INTERMEDIAIRE 


395 


Le  'mot  stciff.  —  C'est,  personne  ne 
l'ignore,  une  matière  plastique  dont  on 
se  sert  beaucoup  pour  la  décoration  des 
édifices  publics  et  privés.  Depuis  1900, 
et  même,  si  ma  mémoire  est  bonne,  de- 
puis 1889,  les  Expositions  universelles 
ont  acclimaté,  chez  nous,  ce  néologisme, 
d'origine  anglaise,  —  d'après  Larousse. 
If  Or,  je  ne  l'ai,  jusqu'à  présent,  trouvé 
dans  aucun  dictionnaire  anglais,  à  la  Bi- 
bliothèque nationale  ou  ailleurs.  Quelle 
étymologie  peut-on  assigner  au  mot 
staff,  qui  a  donné  staffer  (verbe)  et  staf- 
feur>ubstantif)  ?  E.  X.  B. 

Le  vin.  Anciennes  expressions. 

-—  Dans  d'anciens  documents  d'archives, 
on  trouve  des  expressions  proverbiales, 
par  lesquelles,  en  Bourgogne,  on  dési- 
gnait autrefois  le  vin,  suivant  la  diversité 
des  effets  qu'il  produit  : 

Vin  d'âne,  qui  rend  la  personne  assou- 
pie après  avoir  trop  bu. 

Vin  de  cerf,  qui  fait  pleurer. 

Vin  de  lion, qui  rend  furieux  et  querelleur. 

Vin  de  pie, qui  fait  bavarder. 

Vin  de  porc,  qui  fait  rendre  gorge. 

Vin  de  renard,  qui  rend  subtil  et  ma- 
licieux. 

Vin  de  singe,  qui  fait  sauter  et  rire. 

Vin  de  Nazareth,  qui  passe  au  travers 
du  nez. 

Vin  de  mouton, qui  rend  doux  etsoumis. 

Je  ne  sais  si  cette  nomenclature  est 
complète.  En  tout  cas,  il  serait  curieux 
de  savoir  si  dans  le  Bordelais  on  trouve 
des  expressions  analogues.  E.  M. 

La  droite  d'un  tableau,  d'un  édi- 
fica.  —  Est-ce  le  côté  que  le  spectateur, 
qui  regarde  le  tableau  ou  l'édifice,  a  à  sa 
droite  ?  11  n'en  est  pas  ainsi  de  la  droite 
d'une  armée,  qui  est  h  droite  du  front  de 
l'armée,  à  la  gauche  de  l'ennemi  en  pré- 
sence. Et  la  droite  du  Sénat  ou  de  la 
Chambre  ?  est-ce  la  droite  du  Président  ? 
les  loges  de  droite  d'un  théâtre  sont-elles 
à  la  droite  de  l'acteur  ou  du   spectateur  ? 

J.  Lt. 

Fournisseurs  de  la   Cour.  —  De 

quand  datent  les  brevets  de  fournisseurs 
délivrés  aux  commerçants  par  les  maisons 
souveraines  et  princières  .^^ 

A  quelles  conditions  sont-ils  ordinaire- 
ment accordés  de  nos  jours  ?      ,.       -|- 


396    

Donner  le  bras.  —  Jadis,  quand  on 
disait  Monsieur  X  donnait  le  bras  à  sa 
femme,  ou  Madame  X  donnait  le  bras  à 
son  mari,  cela  représentait  la  même  idée  ; 
c'est-à-dire,  l'avant  bras  de  la  femme 
croisé  et  appuyé  sur  l'avant-bras  de 
l'homme  ;  mais,  maintenant  qu'on  ren- 
contre beaucoup  de  promeneurs  dans  une 
position  toute  contraire,  ce  qui  donne  un 
peu  à  l'homme  l'air  d'un  aveugle  ou  d'un 
convalescent,  comment  doit-on  s'y  pren- 
dre pour  exprimer  d'une  fai,"on  compré- 
hensiblC;  chacune  des  deux  manières  .'' 

CÉSAR  BiROTTEAU. 


L'action  inspiratrice  intellec- 
tuelle des  aliments  solides.  Y  a-t-il 
des  écrivains  qui  aient  considéré 
cette  question  ?  —  Cette  question,  en 
apparence  assez  singulière,  demande  une 
explication. 

Nous  avons  quatre  sens  topiqiws  locali- 
sés dans  une  partie  du  corps  (vue,  ouïe, 
odorat,  goût)  et  des  sens  épipoliques, 
c'est-à-dire  répandus  sur  toute  sa  sur- 
face. 

Un  des  sens  épipoliques,  le  tact, consti- 
tue avec  les  quatre  autres,  les  cinq  sens 
classiques.  Mais  il  y  en  a  bien  d'autres, 
comme  le  sens  thermique,  le  sens  élec- 
trique, etc. 

Les  organes  du  sens  thermique,  par 
exemple,  sont  des  points  terminaux  su- 
perficiels,récepteurs  du  froid  et  des  points 
terminaux  superficiels,  récepteurs  de  la 
chaleur. 

Qiiant  au  sens  électrique,  Dagiiin  ob- 
serve très  justement  dans  son  Traité  de 
Physique  que  l'absence  (pour  moi  seule- 
ment apparente)  des  sens  explique  pour- 
quoi les  phénomènes  électriques  ont  été 
les  derniers  à  être  découverts. 

L'alimentation,  dont  le  sens  du  goût 
est  le  diapason,  constitue  la  base  du  fonc- 
tionnement de  tous  les  sens. 

Eh  bien  !  les  lois  tlu  goût  nous  sont 
presque  inconnues.  Or  les  demi-savants 
qui  sont  la  majorité  des  savants,  mépri- 
sent ce  qu'ils  ne  connaissent  pas.  Aussi 
le  goût  est-il  le  cendrillon  des  sens.  Mais 
quelle  doit  être  sa  fonction  ? 

On  a  célébré  souvent  l'influence  intel- 
lectuelle desaliments'Iiquides.  A-t-on'ja- 
mais  célébré  l'action  inspiratrice  intellec- 


tuelle des  aliments  solides  ? 


B. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  20   Septembre   1906. 


397 


398 


ïléponôcô 


Comme  quoi  nous  devons  au 
grand-père  de  M.  William  Bus- 
nach    d'avoir     conquis    l'Algérie 

(LUI,  ^50,  632,  772)  —  Un  coup  d'éven- 
tail a-i-il  décidé  de  la  conquête  ?  — 
M.  Gustave  Rouanel,  dans  l'Humanité^ 
conteste  le  coup  d'éventail  ;  nous  don- 
nons la  partie  essentielle  de  son  arti- 
cle qui  ouvre  la  porte  à  une  intéressante 
controverse  : 

M.  Aumérat, doyen  de  la  presse  algérienne, 
affirme  que  notre  consul  ne  fut  pas  frappé. 
Il  a  connu  les  personnes  qui  assistèrent,  le 
30  avril  1827,  à  l'altercation  au  cours  de  la- 
quelle le  dey  se  serait  livré  à  l'acte  de  vio- 
lence raconté,  M.  Casimir  Jobert,  beau-frère 
de  notre  consul,  M.  Deval,  était  présent  ; 
M.  Schultz,  consul  général  de  Suède,  égale- 
ment ;  d'autres  personnes  encore,  qui.  en 
1842,  racontèrent  à  M.  Aumérat  l'altercation 
qui  a  donné  lieu  à  la  légende.  Voici  la  vé- 
rité toute  nue  : 

Le  30  avril  1827,  à  l'occasion  de  la  fête  du 
Beïram,  le  dey  recevait  le  corps  consulaire. 
Le  dey  était  dans  une  cour,  à  l'extrémité, 
assis  sur  un  divan,  à  la  mode  des  Orientaux, 
c'est-à-dire  les  jambes  croisées,  à  demi-cou- 
ché.  Les  membres  du  corps  consulaire  étaient 
debout,  rangés  en  ordre,  devant  lui,  à  une 
certaine  distance.  11  ne  peut  y  avoir  de  doute 
sur  la  nature  des  mouvements  que  le  dey  au- 
rait dû  faire  pour  frapper  M.  Deval  au  vi- 
sage. 11  eût  dû  se  lever,  avancer  de  quelques 
pas  pour  atteindre  le  consul  français.  Les  té- 
moins de  l'altercation  ne  purent  donc  se 
tromper  sur  ce  qui  se  pa^sa. 

L'altercation,  à  laquelle,  nous  dit  M.  Au- 
mérat, «  on  prit  à  peine  garde  sur  le  mo- 
ment »  fut  courte.  Le  dey  se  plaignit  à  notre 
consul  de  n'avoir  encore  reçu  aucune  réponse 
à  une  lettre  envoyée  précédemment  par  l'in- 
termédiaire de  ce  fonctionnaire  français  à 
Charles  X.  M.  Deval  répondit,  avec  une  hau- 
teur que  je  me  permettrai  de  trouver  un  peu 
cavalière  : 

—  Le  roi  de  France  ne  correspond  pas 
avec  un  dey  d'Alger. 

Le  dey,  alors,  fit  ce  que  tout  autre,  vous 
ou  moi,  aurait  fait,  si  quelqu'un,  reçu  dans 
une  maison,  prenait  une  attitude  de  provoca- 
tion pareille  envers  sou  hôte.  11  eut  un  geste 
de  colère  et  prononça  les  mots  suivants  : 

—  lio/ih  !  Roumi,  hen  el  Kelb  !  (Sors  ! 
chrétien  !  fils  de  chien  1) 

M.  Aumérat  fait  observer  que  ces  mots 
n'ont  pas,  dans  la  bouche  d'un  musulman, 
la  gravité  d'injure  qu'ils  ont  dans  notre  lan- 
gue, «  Lils  de  chien  »  est  un  juron  qui  re- 


vient, à  chaque  instant,  sur  les  lèvres  de 
l'Arabe,  et  il  n'y  attache  pas  le  caractère  ou- 
trageant qu'un  Européen  y  trouve.  Aussi,  les 
paroles  du  dey  furent-elles  d'abord  jugées 
sans  imp^tance.  Le  soir,  o  1  en  discuta  dans 
la  colonie  européenne  et,  sauf  le  consul  an- 
glais, un  Saint-John,  qui  joua  un  rôle  singu- 
lièrement équivoque  .Uns  les  complications 
qui  précédèrent  l'expo  litio:i  de  IS30,  per- 
sonne ne  vit  là,  assurait  le  consul  de  Suède 
en  1842  à  M.  Aumérat.  un  incident  gros  de 
conséquences.  Le  consul  français  rendit 
compte  à  son  gouvernement,  sans  attribuer 
au  fait  une  gravité  exceptionnelle... 

Dans  tout  cela,  on  le  voit,  il  n'est  pas 
trace  de  coup  d'éventail.  M.  Deval  mourut 
un  an  après,  en  1828.  Deux  ans  plus  tard, 
en  1830,  une  flotte  expéditionnaire  passait  la 
Méditerranée  pour  aller  à  Alger  «  venger  le 
coup  d'éventail  »,  dit  Louis  Blanc  dans  son 
Histoire  de  Dix  ans.  Mais  dans  les  pages 
qui  précèdent,  l'historien  avait  noté,  bien 
avant  le  «  coup  d'éventail  »,  les  incertitudes 
et  les  hésitations  du  gouvernement  de 
Charles  X  au  sujet  de  l'expédition  d'Alger, 
projetée,  abandonnée,  reprise,  rejetée,  avant 
que  notre  consul  s'attirât  du  dey,  par  son 
arrogance,  l'épithète  de  «  fils  de  chien  ». 

Je  suis  convaincu  que  la  plupart  des  préten- 
dus incidents,  à  l'occasion  desquels  on  tire 
l'épée  pour  venger  l'honneur  national  outra- 
gé, sont  aussi  vrais  que  le  coup  d'éventail  du 
dey  d'Alger. L'histoire  les  enregistre  cependant, 
et  on  continuera  encore,  longtemps  après  la 
communication  formelle  de  M  Aumérat,  à  ra- 
conter, en  France  et  en  Algérie,  qu'un  coup 
de  dey  nous  valut  la  conquête  de  l'Afrique 
du  Nord . 

Maintenant,  qui  donc  a  le  premier  mis  en 
circulation  l'histoire  de  l'éveritail  ?  Je  pose  la 
question  à  V Intermédiaire  des  chercheurs  et 
curieux,  sans  espoir  d'une  réponse  précise 
et  satisfaisante. 


Le  comte  de  ]V[oret,fils  naturel  de 
Henri  IV,  s'est-il  fait  ermite?  (LIV, 
329).  —  Antoine  de  Bourbon,  comte  de 
Moret,  serait  mort  à  la  bataille  de  Castel- 
naudary. 

Mais  les  événements  trop  matériels  dé- 
plaisent aux  imaginations  ardentes.  Et  là 
encore,  une  légende  que  rien  n'est  venu 
plus  asseoir  que  toutes  les  légendes  de 
cette  sorte,  s'est  formée,  qui  a  prêté  à  la 
fin  du  comte  de  Moret,  un  caractère  ro- 
manesque. L'origine  de  la  légende  est 
dans  La  vie  du  véritable  Pi-re  José f  capucin 
nommé  au  cardinalat,  chez  Guillaume  de 
Voys.  La  Haye.  1705,  p.  282, 


No  î 124, 


L'INTERMEDIAIRE 


399 


400 


11  est  mort  de  nos  jours,  le  24  décembre 
1691,  un  fameux  ermite  proche  l'abbaye 
d'Anièies,  à  trois  lieues  de  Saumur  en  Anjou, 
qui  a  passé  partout  où  il  a  demeuré  pour  le 
comte  de  Moret,  parce  qu'il  avoit  beaucoup 
d'air  d'Henri-le-Grand.  Un  jour  une  per- 
sonne de  qualité  l'étant  allé  voir,  fit  apor- 
ter  un  portrait  de  ce  Prince  fort  bien  fait, 
pour  voir  si  effectivement  il  lui  ressembloit, 
et  s'étant  placé  devant  le  Père,  un  gentil- 
homme présenta  le  portrait  derrière  lui  au- 
dessus  de  sa  tête  sans  qu'il  s'en  aperçût.  Eu 
sorte  qu'il  étoit  aisé  de  confronter  les 
traits  de  l'un  avec  ceux  de  l'autre,  et  s'étant 
trouvés  tous  semblables,  on  lui  demanda,  en 
le  faisant  détourner  pour  lui  montrer  le  ta- 
bleau, s'il  connaissoit  bien  celui  à  qui  il  res- 
sembloit :  il  n'est  pas  difficile, dit-il,  puis  les 
larmes  lui  vinrent  aux  yeux  tout  aussitôt, 
et  il  quitta  la  compagnie  pour  qu'on  ne 
l'aperçut  pleurer.  Le  Roi  ayant  apris  cette 
circonstance  fit  écrire  à  l'abbé  d'Anières  par 
monsieur  le  marquis  de  Chàteauneuf,  secré- 
taire d'Etat  le  30  octobre  1687,  pour  avoir 
l'éclaircissement  du  bruit  qui  couroit  alors 
que  Frère  le:in-Baptiste  Ermite  etoit  fils  na- 
turel du  roi  Henri  IV.  L'abbé  répondit  que 
depuis  onze  ans  et  demi  que  cet  Ermite  étoit 
dans  son  voisinage,  on  n'avoit  rien  pu  décou- 
vrir de  sa  naissance,  de  sa  famille,  de  son 
pars  et  de  son  âge  :  qu'ayant  été  malade  h  la 
mort,  le  plus  ancien  de  ses  frères  qu'il  ché- 
rissoit  beaucoup,  le  conjura  au  nom  de  Dieu 
de  se  faire  connaître  au  moins  à  eux,  lui 
promettant  de  n'en  jamais  parler  à  personne 
qu'après  sa  mort.  11  le  rebuta,  en  lui  disant, 
il  y  a  près  de  quarante  ans  que  je  ti-availle  à 
me  cacher  et  vous  voulez  me  faire  perdre  un 
travail  de  tant  d'années  dans  un  quart 
d'heure  ;  il  est  vrai,  continua  monsieur  l'abbé 
d'Anières,  que  dans  la  Province  de  Bourgo- 
gne où  il  a  demeuré,  le  biuit  a  couru  qu'il 
étoit  le  fils  naturel  d'Henri  IV  et  qu'aussitôt 
qu'il  a  été  en  celle  ci  le  même  bruit  s'y  est 
répandu  :  ce  qui  a  donné  lieu  à  cela  autant 
que  j'en  puis  juger, c'est  sa  grande  prestance, 
son  air  majestueux,  ses  manières  nobles  et 
aisées,  son  visage  dans  lequel  on  remarque 
beaucoup  de  traits  de  celui  d'Henri-le-Grand. 

Voilà  ce  que  je  sais  de  sa  vie,  et  ce  que  j'ai 
appris  de  lui-même,  que  jusques  à  l'âge  de 
20  ans,  il  avait  été  bien  nourri  et  bien  élevé, 
ce  qui  étoit  cause  de  sa  grande  vigueur,  qu'il 
avoit  porté  les  ârmessans  avoir  été  blessé,  que 
pensant  à  se  retirer  du  monde,  il  avoit  exa- 
miné toutes  les  différentes  manières  de  vivre 
des  ordres  religieux  et  que  rien  ne  lui  avait 
tant  plu  que  la  vie  Eiémitique  ;  de  la  façon 
qu'elle  subsistait  du  temps  des  premiers  soli- 
taires d'Orient  :  que  c'étoit  celle-là  qu'il  avait 
embrassée  :  que  pour  celle-là,  il  avoit  passé 
en  Italie,  et  s'étoit  retiré  dans  une  forêt  qui 
appartient  à  la  République   de  Venise,  dont 


les  fréquentes  visites  de  ceux  du  païs  l'avoient 
chassé  :  que  de  là  il  était  allé  en  Allemagne 
et  que  pour  voir  un  brave  Ermitç  il  faisoit 
volontiers  trois  ou  quatre  cents  lieues  ;  que 
s'étant  depuis  retiré  dans  ce  Royaume,  il 
avoit  demeuré  en  Lorraine,  en  Champagne, 
dans  le  Lybnnois,  en  Bourgogne  et  enfin  en 
Anjou,  et  que  partout  il  s'étoit  bâti  des  ermi- 
tages et  avoit  assemblé  des  congrégations.  Le 
Roi  ayant  eu  la  lecture  de  cette  lettre,  dit 
avec'sa  sagesse  ordinaire,  il  suffit  que  cet 
Ermite  soit  homme  de  bien,  puisqu'il  ne 
veut  pas  être  connu,  il  faut  le  laisser  en  paix 
et  ne  nous  point  opposer  à  ses  desseins. 

L'imposture  éclate  dans  ces  lignes.  Il 
était  de  notoriété  publique  que  le  comte 
de  Moret  avait  été  tué  le  i"^  septembre 
1632.  Comment  détruire  l'histoire  si 
claire  et  si  logique  au  bénéfice  de  ce 
conte  de  bonne  femme  ? 

On  invoqua  des  témoignages  :  celui  de 
M. de  Grandval,  officier  de  la  compagnie 
des  Gardes,  qui  le  reconnut  formellement, 
celui  de  M.  Thomas,  prêtre  de  Saumur, 
soutenant  que  l'ermite  lui  avait  confié 
avoir  assisté  à  la  bataille  de  Castelnau- 
dary. 

Cet  abbé  avait  sept  autres  raisons,  et 
non  moins  de  témoignages. 

On  savait  que  le  duc  de  Mazarin,  le 
comte  de  Serran,  la  duchesse  de  la  Meille- 
raye,  le  marquis  de  Brézé,  qui  avaient  des 
terres  près  de  cet  ermitage  l'avaient  re- 
connu. 

Je  doute  fort  que  les  historiens  soient 
parvenus  à  établir  la  réalité  de  cette  lé- 
gende. A.  DUFOUR, 


*  * 


M.  Joseph  Graudet,  le  père  de  l'histoire 
angevine,  a  publié,  à  Paris,  en  1699, 
chez  Coustelier,  un  volume  in-i2  de  334 
pages,  intitulé  :  La  Vie  d'un  solitaire  in- 
connu, mort  en  Anjou  en  odeur  de  sainteté. 
Dans  cet  ouvrage,  l'auteur  donne  des 
preuves  que  ce  «  solitaire  »  était  le 
comte  de  Moret.  F.  U. 

L'exécution  dô  Henri  de  Tvlont- 
moreiîcy  à  Toulouse  (LU;  LUI  ;  LIV, 
193).  —  M.  Pichevin  doit  connaître 
le  Madame  de  Montinorencv...  Maric- 
Fclicie  des  Ursws,  par  le  comte  de 
Bâillon  (Paris,  Didier  et  Cie,    1880). 

Sans  bibliographie,  ce  volume  contient 
pourtant  des  renseignements  qui  pour- 
raient mettre  sur  la  voie,  tels  les  Mémoires 
de  Puységur  et  autres.  A.  G.  C. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


401 


Une  second©  inadanie  do  Polas- 
tirôri  fLIV,  222).  —  je  viens  de  terminer 
une  étude  sur  Mme  de  Polastron, destinée 
à  paraître  prochainement  avec  celle  que 
j'ai  consacrée  à  Mme  de  Balbi. 

Grâce   à    l'extrême    obligeance    de  ses 
petits-neveux,  j'ai  eu   entre  les   mains  de 
nombreux  documents  et  une  volumineuse 
correspondance  de   Mme  de    Polastron  et 
delà  famille  d'Esparbès  de  Lussan.J'ai  en 
outre  soigneusement  recherché  tout  ce  qui 
pouvait  se  rapporter  à  la  fidèle  amie  du 
comte   d'Artois    aussi    bien    à  Versailles 
qu'à  Coblentz  ou   à  Londres  et  dans  les 
différentes  étapes  de  son  exil.    Or,    non 
seulement  je   n'ai  jamais  trouvé  la  plus 
légère   trace    de    la   naissance  d'une  fille 
qu'elle  aurait  eue  du  comte  d'Artois,  mais 
il  me  paraît  absolument  certain  que  c'est 
une  légende  tout  à  fait  fantaisiste.  Mme  de 
Polastron  n'eut  jamais  qu'un  fils,  Louis, 
dont  j'ai  pu   reconsti'uer  à  grand'peine  la 
courte  existence  et  la  fin  prématu.rée.  Mais 
à  l'égard  de  ce  fils  la  paternité  du  vicomte 
de  Polastron  n'a  jamais  été  mise  en  doute, 
et  c'est  la  première  fois  que  j'entends  par- 
ler de  la  naissance  d'un  autre  enfant. 

Il  faudrait  savoir  en  outre  pourquoi  la 
personne  dont  parle  notre  confrère  Rusti 
eus  s'appelait  Madame  de  Polastron  et 
non  Mademoiselle,  ce  qui  eût  été  plus  lo- 
gique, puisqu'elle  portait  le  nom  de  son 
père  putatif.  Ce  qui  me  semblerait  vrai- 
semblable, c'est  que  la  dame  en  question 
appartenait  à  la  famille  d'Irisson  qui,  en 
1859,  obtint  Tautorisation  d'ajouter  à  son 
nom  celui  de  Polastron,  mais  il  me  paraît 
impossible  qu'elle  fût  la  fille  du  comte 
d'Artois  et  de  sa  séduisante  amie. 

Vicomte  de  Reiset. 


Prêtres  assermentés  (LUI  ;  LIV, 
iS,  62,  1 16,  283).  —  Nous  croyons  pou- 
voir publier,  sous  cette  rubrique,  la  let- 
tre suivante  adressée  à  Camille  Desmou- 
lins : 

Paris,  14  mai  1790. 

Monsieur  le  procureur  général, 

Le  serment  civique  que  j'ai  eu  riionnciii 
de  prêter  m'impose  l'obligation  de  rendre 
publiques  les  persécutions  lourdes  et  les 
traverses  que  le  protestantisme  éprouve 
dans  les  séminaires  de  la  capitale.  Les  misé- 
rables jongleurs  qui  les  dirigent  paraissent 
s'être  fait  un  point  de   conscience   d'écarter 


20   Septembre   1906. 

402 

des  ordres  sacrés  tous  les  sujets  qui  ont  eu 
l'imprudence  de  laisser  percer  des  senti- 
ments favurables  à  la  Révolution.  Le  sanc- 
tuaire s'ouvre  devant  lés  aristocrates,  mais 
pour  les  patriotes  on  leur  en  ferme  la  porte 
au  nez.  Il  ne  s'agit  plus  d'avoir  des  mœurs, 
du  savoir,  de  la  piété,  il  faut  encore  croire 
aux  Actes  des  apôtres  de  Gattey  (i),  à  la 
résurrection  glorieuse  de  toutes  les  aristocra- 
ties de  l'ancienne  loi  et  à  la  damnation 
éternelle  des  hérétiques  qui  nient  le  dogme 
lucratif  de  la  pluralité  des  bénéfices. 

J'ai    l'honneur   d'être,    avec    un    profond 
respect.  Monsieur  le  procureur  général, 

Votre  très  alTectionné  serviteur. 
L'abbé  DE  Pavillon. 
A  monsieur 
Monsieur  Camille  Desmoulins, 
Rue  de  Tournon 

à  Paris. 

Camille  Desmoulins  n'ayant  jamais 
rempli  la  fonction  de  procureur  général 
de  la  commune,  il  s'en  suit  que  cette  let- 
tre lui  était  adressée  en  vue  d'une  repro- 
duction dans  son  journal. 

La  reine    Hortensa   et   l'amiral 

Verliueli(LlV,  1,66,  116,  174,23^,288, 
339). —  LeJ.-H.  Grandpierre  qui  a  écrit  la 
Notice  sur  {Ver  Hiiell),  Paris,  L.  R.  de 
Lay,  1845,  ^'^  serait-ce  le  pasteur  de  ce 
nom,  de  l'église  de  l'Oratoire  du  Louvre, 
président  du  Consistoire  réformé,  et  qui, 
si  je  ne  me  trompe,  taisait  aux  Tuileries, 
à  l'occasion  des  fêtes  de  l'an,  l'adresse  à 
l'empereur,  de  la  part  des  protestants  de 
France  ?  Alors,  pourquoi  serait  ce  lui  qui 
aurait  écrit  cette  notice  ?  A.  G.  C. 

Le  général  Duvigasau  (LUI  ;  LIV, 
127,  190,  297).  —  Le  général  Duvignau 
et  non  Duvigneau  est  né  à  Mézières,  le 
17  novcmbr^i  1770  ;  son  père  était 
maréchal  de  camp  des  armées  du  Roi, 
chevalier  de  Saint-Louis,  directeur  des 
fortifications  et  de  l'école  royale  du  génie. 

Voici  les  états  de  services  du  fils  : 

Duvignau  BtiiNARD-ETir.NNE-MARiE 

Garde  dii  corps,  29  novembre  17S4  ; 

Kang  de  capitaine,   17   novembre  1788; 

Aide  de  camp  du  général  Laroque, 
1"'  avril   1791  ; 

Aide  de  camp  du  général  Rochambeau, 
1"  octobre  179 1   ; 

Chef  de  bataillon  ,  adjudant  général, 
23  mai  1792  ; 

(i)  Gattey,  libraire  du  Palais- Royal,  édi- 
teur du  journal  de  Peitier, 


N»  1124, 


L'INTERMEDIARE 


403 


404 


Chef  de  brigade  du  i8»  régiment  d'infan- 
terie, 8  mars  1793  ; 

Général  de  brigade  par  les  représentants 
du  peuple  près  les  armées  de  Rhin-et-Mo- 
selle  ,  20  frimaire  an  3. 

Confirmé  dans  ce  grade  le  26  nivôse  an  3  ; 

A  fait  les  campagnes  de  1792- 1793  an  2 
et  partie  deran3,ans4,  6,7,  et  partie  de  l'an  8. 

Réformé  le  21  thermidor  an  8. 

Retraité  du   25  mai  1811  ; 

Remis  en  activité  par  ordonnance  du 
12  juin  1814  ;  a  commandé  provisoirement 
la  place  de  Longwy  ; 

Réadmis  à  la  retraite  le  24  décembre  18 14  ; 

Employé  à  l'armée  des  Alpes  le  9  juin 
1815  ; 

Rentré    dans  la  retraite    en  vertu  de  l'or- 
donnance du  I  août  1815. 
Campagnes 

Celles  de  1792-1793,  armées  du  Rhin. 

Celles  des  ans  11  et   111,  armées  du  Rhin. 

En  Alleniaorne  6  mois  de  l'an  IV. 

Aux  armées  d'Italie  et  de  réserve  du 
15  messidor  an  Vil  au  21  thermidor  an  VlU. 

Un  grand  malheur  brisa  sa  carrière;  il 
ne  fut  pas  présent  et  resta  à  l'ambulance 
le  jour  de  la  bataille  de  Marengo.  Le  pre- 
mier Consul  le  mit  d'urgence  en  réforme 
pour  ce  fait  et,  malgré  quatorze  années 
de  supplications,  ne  lui  rendit  pas  son 
épée. 

Cependant  cette  accusation  était  peut- 
être  injuste,  à  en  juger  par  cette  lettre  du 
futur  duc  de  Bellune: 

Au  quartier  général  de  Milan, 
le  6  messidor  an  VIII. 
J'ai  appris  avec  peine,  citoyen  général, 
l'événement  fâcheux  qui  vous  est  arrivé. 
J'ai  fait  part  au  Premier  Consul  de  l'avis 
que  vous  m'aviez  donné  le  25  prairial  au 
matin,  de  l'impossibilité  où  vous  étiez  de 
continuer  votre  service,  mais  nous  étions  à 
la  proximité  de  l'ennemi  et  le  Premier  Con- 
sul n'a  pas  appris  votre  i.  épart  sans  être  ex- 
trêmement fâché.  Si  je  puis  atténuer  la  ri- 
gueur de  la  punition  qui  vous  a  été  infligée 
comptez  que  je  n'épargnerai  pas  mes  dé- 
marches. Je  vous  salue. 

Lieutenant  général  Victor. 

Le  général  Duvignau  se  retira  à  Col- 
mar  où  il  vécut  onze  ans  ;  c'est  de  cette 
ville  que  sa  mère,  veuve  de  soldat,  et  lui 
implorèrent  bien  souvent  Napoléon,  no- 
tamment par  cette  lettre  extraordinaire  : 

Dans  le  nom  de  Napoléon  le  Grande  on 
trouve  le  mot  de  pardon. 

Dans  celui  de  Bonaparte,  on  trouve  celui 
de  bonté. 

Ah  I  sire,  c'est  dans  votre  cœur  aussi 
grand  que  vous-même  que  tout  est. 


Je  viens  l'implorer,  le  louer  aux  pieds  de 
Votre  Majesté  pour  mon  malheureux  fils  qui 
périt  de  désespoir. 

Veuve- DuviGNAU. 

Napoléon  fut  inflexible,  Louis  XVIII 
nomma  le  général  gouverneur  de  Longw^y, 
(ce  qui  ne  lui  donne  cependant  rien  de 
commun  avec  la  famille  Duvignaud  de 
Longw^y  dont  parle  notre  co-lntermé- 
diairiste. 

Il  sollicita  à  nouveau  de  Carnot  du  ser- 
vice pendant  les  Cent  jours,  en  obtint 
pour  quelques  jours. 

Et  après  sa  mort,  survenue  en  1827, 
sa  veuve,  la  même  année,  sollicite  et  re- 
çoit un  secours  du  ministère  de  la  guerre. 

Geo  L. 

Le  coup  de  pistolet  du  24  février 

(LIV,  273).  —  Dans  le  septième  volume 
(p.  455)  de  son  Histoire  de  la  monarchie 
de  juillet.,  M.  Thureau-Dangin  parle  assez 
longuement  du  coup  de  feu  qui,  le  24  fé- 
vrier 1848,  devint  le  signal  d'une  dé- 
charge des  soldats  du  14*  de  ligne,  qui  fit 
de  nombreuses  victimes  sur  le  boulevard, 
devant  l'ancien  Ministère  des  affaires  étran- 
gères. Comment  expliquer  cette  catas- 
trophe ?  D'où  était  parti  le  premier  coup 
de  feu  ?  Sur  le  moment,  on  ne  l'a  pas  su, 
et  ce  mystère  a  donné  naissance  à  beau- 
coup de  suppositions.  On  avait  cru  d'a- 
bord que  l'auteur  du  coup  était  un  nommé 
Lagrange,  connu  par  ses  opinions  révolu- 
tionnaires. Mais  il  fut  prouvé  qu'à  ce  mo- 
ment, Lagrange  était  au  Gros-Caillou. 
D'autres  ont  raconté  que  le  coup  avait  été 
tiré  par  des  agents  du  Prince  Napoléon, 
si  ce  n'est  par  lui-même,  mais  rien  ne  le 
prouve  et  ce  fait  semble  peu  probable. 
D'après  une  explication  plus  simple  et  par 
cela  seul  plus  plausible,  le  coup  de  feu 
aurait  été  tiré  par  un  sergent  du  14*,  pour 
défendre  son  lieutenant-colonel  attaqué 
par  un  \ns\xrgè  {Souvenirs  de  Vannée  18^8. 
par  Maxime  du  Camp).  E.  M. 

S.  M.  l'impératrice  Eugénie, 
bibliophile  (LIV,  275,  345).  —  Les  ar- 
chives de  la  Société  Française  des  Collec- 
tionneurs d'Ex-libris  de  1894  ont  publié, 
page  67,  quelques  mots  sur  de  rares 
livres  ayant  appartenu  à  l'impératrice  Eu- 
génie, et  ont  reproduit  son  fer  de  reliure 
composé  d'un  E  majuscule  romain  orné, 
portant  au   centre   un  écu  à  l'Aigle  Im- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


405 


périale,  supporté  par  des  amours  ;  le  tout 
surmonté  d'une  couronne  impériale,  sup- 
portée également  par  deux  amours  volti- 
geant. 

Mais  tout  cela  ne  prouve  pas  que  l'im- 
pératrice Eugénie  ait  été  bibliophile  ; 
quant  au  volume  dont  parle  l'auteur  de  la 
question,  il  parait  bien  ne  s'agir  là  que 
d'exemplaire  de  dédicace  ,  comme  un 
peu  partout  et  à  toutes  les  époques,  en 
ont  reçu  les  grands  personnages. 

J.  CWlGO. 

Le  Nègre  et  le  Maréchal  (LIV, 
220).  —  Dépourvu  de  tout  renseignement 
sur  le  fait  en  question,  mais  quelque  peu 
habitué  au  langage  et  aux  boutades  mili- 
taires, je  suis  convaincu  :  1°  que  la  ques- 
tion «  C'est  vous,  le  nègre  ?  »  n'a  jamais 
été  posée  ;  2°  que  l'encourageant  «  Eh 
bien,  continuez  !  »  ne  s'est  jamais  rapporté 
à  autre  chose  qu'aux  preuves  d'application 
déjà  données  par  l'élève. 

Quand  un  vieux  général  dit  à  un  jeune 
officier  :  «  Ah  ! . ..  c'est  vous,  Untel  ?  »  il 
n'attend  pas  la  réponse  :  «  Oui,  mon  gé- 
néral, je  suis  Untel  »    11  indique  par  cette 
phrase  et  par  l'intonation  qu'il  lui  donne, 
une  familiarité   le  plus  souvent  bienveil- 
lante, à    un    inférieur   déjà  connu,  ou  si- 
gnalé par  un  chef  intermédiaire.  Un  brave 
pourra    aussi   s'entendre    dire   :    «  C'est 
vous,  grand  pourfendeur  de  pirates  ».  Ou, 
au  cours  d'une  inspection,  le  vieux  géné- 
ral, après  avoir  interrogé  quelqu'un,  dira 
au   suivant  :  «   A    vous,  N...  »   ou   «  A 
vous...  le   fourrier  »,  ou   «  A  vous...  le 
nègre  ».  Puis,  s'il  est  satisfait,  et  surtout 
si  on  lui  rend  compte   que  bien  faire   est 
l'habitude  du   sujet,  il   conclura  :  «  C'est 
bien...  continuez  ».  Toute  la   gent  mili- 
taire entend  cela  clairement,  dans  le  sens 
qu'il  faut.  Quant   aux   équivoques  qu'on 
peut  insinuer  après  coup,  elle  ne  demande 
qu'à  s'en  amuser,  à  y  collaborer   même  ; 
j'ai  la  persuasion  qu'ainsi  est  née  l'anec- 
dote du  Nègre  et  du  Maréchal. 

Sglpn. 

L'abbaye  d'Hérivaux  (LIV,  53).— 
L'abbaye  d'Hérivaux  fut  vendue  2  200  li- 
vres, le  16  novembre  1791,  comme  bien 
national,  à  un  nommé  Gressier,  de  Paris. 
Mais  n'ayant  pu  payer  le  prix  de  vente, 
il  fallut  procéder,  le  27  mars  1792,  à  une 
nouvelle  adjudication.   Les  sieurs   Remy 


20  Septembre  1906, 

—     406     

et  Collin  furent  déclarés  adjudicataires 
conjointement  avec  le  sieur  François  Pe- 
tit. Celui-ci,  qui  devint  ensuite  seul  pro- 
priétaire du  domaine,  le  vendit,  le  II  bru- 
maine  an  V,  à  Benjamin  Constant. 

Le  26  pluviôse  an  X,  M.  Berlin  de 
Vaux  du  Journal  des  Débats  en  fit  l'acqui- 
sition. 

Il  appartient  actuellement  par  héritage, 
depuis  le  mois  de-  décembre  1891  et  après 
avoir  eu  huit  propriétaires  depuis  M. 
Bertin  de  Vaux,  à  M.  Gustave  Habert, 
secrétaire  général  des  chemins  de  fer  de 
Paris-Lyon -Méditerranée,  qui  a  réuni  un 
grand  nombre  de  documents  manuscrits 
et  iconographiques  sur  ce  monastère.  Là, 
peut-être,  le  questionneur  trouvera  le 
plan  qui  fait  l'objet  de  ses  recherches. 

Paul  Pinson. 

Le  monastère  des  Hautes-Bruyè- 
res (LUI  ;  LIV,  29).  —  Le  tome  XXXIX, 
page  140  du  Magasin  pittoresque  (année 
1871)  produit  une  gravure  d'après  un 
dessin  de  le  Pippre,  représentant  tout  ce 
qui  reste  du  «  Prieuré  de  Haute-Bruyère  » 
(sic),  soit  lessubstructions  de  la  chapelle 
et  quelques  arcades  du  cloître. 

Châteaux  de  France  (T.  G.,  197). 
— Je  trouve  dans  un  des  derniers  numéros 
de  notre  confrère  anglais  Notes  and  Que- 
ries  une  question  qui  peut  se  rattacher  à 
celles  qui  ont  été  récemment  traitées  dans 
Ylntennédiaire  à  propos  des  demeures  sei- 
gneuriales. 

On  demande  à  être  renseigné  au  sujet 
de  certains  châteaux  du  midi  ou  du  centre 
de  la  France,  ayant  existé  avant  la  Révo- 
lution :  Cazenac,  la  Douze,  Mayac,  Li- 
merac  et  Mondiole.  Le  seigneur  de  Mon- 
diole,  Henri  d'Abzac,  s'était 
Angleterre,  à  la  révocation  de 
Nantes,  mais  conserva  jusqu'à  sa  mort 
des  relations  avec  ses  parents  en  France. 
On  voudrait  savoir  si  son  château  ou  ceux 
de  sa  famille  ont  survécu  à  la  Révolution. 

Old  Pot. 

Adoption  :  La  question   du  nom 

(LIV,  164,239,3:50).  — En  vertu  de  l'article 
347  du  Code  ci  vil,  l'adoption  confère  le  nom 
de  l'adoptant  à  l'adopté,  en  l'ajoutant  au 
nom  propre  de  ce  dernier. 

En  ce   qui   concerne   les   titres   de  no- 
blesse,   la    chancellerie     admet,    depuis 


réfugié   en 
redit  de 


N"»  1124. 


L'INTERMEDIAIRE 


407 


1870,  que  l'adoption  les  transmet  de  plein 
droit  à  l'adopté. 

Par  conséquent,  peu  importe  que  l'a- 
dopté soit  noble  ou  non. 

C'est  également  l'opinion  de  i\l.  Demo- 
lombe  qui,  dans  le  tome  6  de  son  Cours 
de  droit  civil  (n°  144  bis  De  l'adoption) 
estime  que  l'adoption  transmet  de  plein 
droit  à  l'adopté  les  titres  de  noblesse  et 
les  armes  de  l'adoptant,  et  que  l'adopté, 
sous  ce  rapport,  doit  avoir  les  droits  de 
l'enfant  né  en  mariage . 

Cependant,  un  arrêt  de  la  Cour  de 
Paris  du  18  juillet  1893  a  décidé  dans  une 
affaire  Clary  que  Tadopté  n'avait  droit  au 
titre  de  comte  que  s'il  justifiait  d'une 
autorisation  du  Gouvernement. 

11  en  était  ainsi  en  1808  (art.  35  et  36 
du  décret  du  i'"''  mars,  relatif  aux  majo- 
rats).  Ce  décret  autorisait  la  transmission 
du  titre  aux  enfants  adoptifs  du  titulaire, 
mais  exigeait  l'autorisation  du  chef  de 
l'Etat. 

M.  Freiherr  Léon  trouvera  dans  les 
Codes  Etrangers  de  M.  de  Saint- Joseph  les 
renseignements  qu'il  demande  relatifs  à  la 
législation  des  nations  modernes,  concer- 
nant la  Prusse,  TAutriche,  la  Bavière,  le 
Danemark,  la  Suède,  la  Russie,  la  Loui- 
siane,les  Deux-Siciles,les  Etats-Sardes, etc. 

Il  verra  qu^en  général,  outre  un  certain 
nombre  de  conditions,  il  faut  une  permis- 
sion du  Souverain  pour  que  la  noblesse  et 
les  armes  de  l'adoptant  passent  à  l'adopté. 

Depuis  1876,  l'adoption  existe  à  peu 
près  dans  tous  les  Etats  civilisés,  sauf  en 
Angleterre. 

En  Russie,  l'adoption  est  facilement 
conférée,  sauf  quand  l'adoptant  possède 
la  noblesse  héréditaire,  le  noble  ne  peut 
adopter  que  des  parents  légitimes  et  seu- 
lement pour  perpétuer  le  nom  de  la  fa- 
mille ;  il  faut  en  outre  l'approbation  de 
l'empereur.  L'adoption  ne  confère  eii  Rus- 
sie aucune  préférence  en  matière  de  suc- 
cession. 

Dans  l'antiquité,  l'adoption  a  existé  à 
Rome,  où  un  plébéien  pouvait  adopter  un 
patricien  ;  mais  où  le  contraire  était  dé- 
fendu ;  à  Athènes,  où  il  en  était  de  même  ; 
de  plus  l'adopté  devait  être  enfant  légi- 
time et  issu  d'un  citoyen  et  d'une  ci- 
toyenne; cliez  les  Barbares  qui  ont  envahi 
l'Empire  romain  ;  en  Chine,  etc. 

En  France,  l'adoption  s'acclimata  diffi- 
cilement ;  ce  n'est  à    proprement   parler 


408     — — • 

qu'à  la  Révolution,  et  après  de  nombreu- 

difficultés,  que   l'adoption  entra  au   Code 

civil.  Beaujour. 

* 

Il  convient,  je  crois,  de  distinguer  les 
anciens  titres  des  ordres  de  l'Empire  et  de 
ceux  de   la   Restauration. 

Pour  les  premiers,  ils  étaient  transmis- 
sibles  en  ligne  adoptive,  à  la  condition 
que  l'adoptant  obtiendrait  des  lettres  du 
Roi,  condition  irréalisable  aujourd'hui. 

D'après  l'art.  35  du  deuxième  décret 
sur  les  titres,  les  titres  de  l'Empire  sont 
transmissibles  en  ligne  adoptive. 

QLiantà  ceux  de  la  l'estauration,  ils  ne 
le  sont  qu'en  ligne  directe  légitime  et  na- 
turelle par  ordre  de  primogéniture  et  de 
mâle  en  mâle. (Voir  Lallier,Z)<'5  noms  et  des 
titres).  Le  vicomte  de  Bonald. 

Familles  à  origine  illustre  très  an- 
cienne (LUI  ;  LIV,  78,123,293).  —  Notre 
collaborateur  Zanoni  ayant  un  document 
donnant  la  généalogie  des  O'Neill,  jusqu'à 
Noë,  pourrait  nous  dire  si  le  contre-ami- 
ral O'Neill  descendait  des  anciens  princes 
souverains  d'Irlande.  Trois  officiers  de 
marine  de  ce  nom  fiourent  encore  dans 


l'Annuaire  de  la  marine. 


E   M. 


Robert  d'Arbrissel  (LUI  ;  LIV,  20, 
125,  238).  — j'indiquerai  encore  les  deux 
volumes  suivants,  parce  qu'ils  sont  ac- 
tuellement devenus  rares. 

Leur  rédaction  de  Jjelle  iufidcle,  un  peu 
trop  clinquantée  peut-être,  pour  un  sujet 
grave,  est  encore  allongée  par  de  nom- 
breux dialogues,  à  la  manière  de  ceux  des 
romans«  historiques  v>  anglais  de  sir  Wal- 
ter  Scott  : 

Ernest  Menard.  Robert  d'Arhrissel  Ro- 
man historique.  Paris,  L.  de  Potter,  libr.- 
édit..  1844,  2  volumes  in-S",  de  309  et 
302  p.  p.  plus  trois  feuillets  de  notes  his- 
toriques, non  chilTrés.  Couvertures  de 
brochure  imprimées.  Ces  deux  vol.  ne 
comportent  pas  de  Titres  de  chapitres  ni 
de  Tables.  Ulric  R.-D. 

Famille  de  B;;Uinô  (LIV,  221).— 
j'ai  connu,  en  1862,  à  Hong-Kong  (Chine) 
une  baronne  de  Battine,  originaire  de 
Nancy.  }e  désirerais  savoir  si  cette  dame 
appartenait  à  la  famille  qui  fait  l'objet  de 
la  question  posée  par  notre  collaborateur, 

E,  M. 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX  20  Septembre  1906. 


409 


410 


Jean-Bap'iste  Elondel  (LUI,  892  ; 
LIV,  20,  125,240).  — Plus  explicite  encore 
que  je  n'osais  l'espérer,  l'acte  visé  de  1794 
porte  en  toutes  lettres  :  «  Jean-Baptiste 
Blonde].. .  âge  de  vingt-neuf  ans,  domicilié 
rue  de  l'Arbre-Sec,  section  du  Muséum, 
ami  des  futurs  conjoints  ».  —  Alors? 

â)  Jacques  Blondel  (1705-74)  neveu  de 
François  Blondel  de  Rouen,  et  gendre  de 
Rosa  Balletti  —  Silvia  —  deviendrait 
l'oncle  à  la  mode  de  Bretagne,  de  Rosina 
Balletti.  Le  ton  de  la  notice  qu'il  consacre 
à  son  éminent  confrère  (Archit.  fran- 
çaise 11,  p.  114)  tendrait  à  établir  qu'ils 
ne  sont  pas  parents  ;  la  précaution  ora- 
toire pourrait  aussi  prouver  exactement 
le  contraire.  C'est  à  lui  du  moins  qu'il  a 
confié  la  gravure  des  planches  les  plus 
importantes  de  ses  quatre  in-folio  :  La  dé- 
coration du  chœur  de  N.-D.  ;  les  quatre 
façades  principales  du  Louvre  ;  V église  des 
Oiiatre-Nations ;  Saint-fean  en  Grève,  etc., 
œuvre  remarquable  (RÉs.  396,.  399).  (i). 

b)  Jean-Baptiste  Blondel  «  âgé  de  vingt- 
neuf  ans  en  1794  »  serait  donc  né  en  1765  .? 
à  Paris  sans  doute  où  il  mourut,  en  1825  . 
N'appartiendrait-il  point  —  petit-fils  — 
à  la  famille  de  François  Blondel  (1683- 
1756)  de  Rouen,  architecte  du  Roi  et 
membre  de  son  Académie  (1728)  venu 
jeune  encore  à  Paris,  où  il  fut  chargé  de 
travaux  importants  à  Notre-Dame,  à  Saint- 
Jean  en  Grève,  à  Saint-Sauveur,  à  l'Hôtel 
des  gardes  de  Versailles,  etc.,  et  où  il 
dirigea  (Cf.  Pd^  94,  95)  les  fêtes  des  deux 
mariages,  1745,  1747,  du  premier  Dau- 
phin, père  de  Louis  XVI .?  (Cf.  Grande 
Encyclop.  VI,  1 170  !)  Dans  l'affirmative, 
il  serait  alors  cousin,  issu  de  germains  de 
Marie-Madeleine  Blondel,  et  par  elle,  il 
fréquenterait  chez  les  Balletti,  sans  leur 
être  allié  :  '<  ami  des  futurs  conjoints  » 
comme  le  porte  l'acte  de  mariage. 

c)  Dernière  hypothèse  :  les  six  Blondel 
de  Picardie,  de  Normandie,  de  l'Ile-de- 
France  —  tous  architectes  —  sont  étran- 
gers les  uns  aux  autres  !  A  Rouen,  la  ques- 
tion aurait  peut-être  une  réponse  ;  à  Paris, 
nous  n'avons  plus  d'état-civil  avant  1871  ! 
Par  impression,  et  sur  la  foi  de  Mme  Van- 
loo,  j'avais  fait  (LIV,  240)  de  Jean-Baptiste 
Blondel  —  témoin  effacé...  et  rajeuni  de 

(i)  Pour  4  vol.,  la  Bibl.  nationale  cote  396.. 
399. 


cinq  ans  .?  le  fils  de  Jacques  Blondel  (1760) 
et  le  cousin-germain  de  Rosina  Balletti  ; 
je  ne  suis  pas  encore  persuadé  du  con- 
traire, passons  : 

En  1756,  l'adresse  de  Jacques  Blondel 
était  à  la  rue  du  Croissant  —  «  chez 
l'Auteur»;  en  1760,  «  il  demeure  au 
Louvre,  et  madame  habite  rueNeuve-des- 
Petits  Champs...  il  soupe  tous  les  soirs 
avec  elle...  il  dit  que  cela  entretient  l'a- 
mour !  »  (V,  78).  Mais  alors,  atelier  et 
logement  réunis,  le  maître  ne  se  serait 
pas  fait  transporter  au  Louvre,  à  ses  der- 
niers moments,  «  pour  mourir  au  milieu 
des  chefs-d'œuvre?  »  —  en  vue  de  l'A- 
cropole ! 

Et   l'autre   légende,  celle  de  Bennozzi, 
«  le  père  aveugle,  suivant  en  France,  Sil- 
via »,  Autigone  nouvelle,  avec  deux  gar- 
çons et  deux   autres  filles  (Boindin,  cité 
par  G.  Larroumet,  p.   53)  survivra-t-elle 
à  la  lecture    du   billet  à  ordre  sur  la  ga- 
rantie du  père,  souscrit  le  10  mars  17 17, 
à  Jean-Baptiste  Crevel,  tapissier,  et  signé  : 
Giovanina  (sic)  Beno:^p,  dita  Silvia,  pro- 
metto  quanto  di  sopra,  et  Benozzi,  c'est  le 
père,  demeurant  rue  Pavée  ?  (Arch.  iiAT.^ 
Y    14  638^.      La    scène   de   l'œdipe    qui 
écrit  —    «  raye,  barre  et  surtout...   bâ- 
tonne  », manquait  dans  les  Deux  Aveugles  ! 
N'était-il    pas   entendu   d'ailleurs  que  le 
bon  génie  —  mettons   l'interprète  —  de 
Marivaux,  Silvia,  pensionnaire  de  la  Co- 
médie italienne,  a  vu    le  jour  en  1700,  et 
non  point  en   1701,  à  Toulouse  ?  le  père 
apparemment  a  dû  l'y  précéder...  J'ajou- 
terai, pour    rassurer   les  nombreux  amis 
des  Arts,  que  le  fameux  pastel  de  Qiientin 
de  La  Tour,  \<  qui  n'est  ni  au  Louvre,  ni 
au  Musée  de  Saint-Quentin  »  (G.  Larrou- 
met, p.  56)  a  toujours  été  en  lieu  sûr.  Il 
fut  gravé,  en  sens  inverse  (o'"8oXo"35) 
par   Pierre-Louis     Surugue,    le    fils,    en 
1755  :  Cabinet  des  Estampes,  Suppl.  AA*^, 
épreuve  avant  la  lettre  ;  et  Table  alphabé- 
tique N2,  état  ordinaire,  avec  le  millésime 
de  la  naissance  :  1700.  A   supprimer  par 
intuition,  l'encadrement   imaginé    par   le 
graveur  (p.  280), les  de  Concourt  montrè- 
rent ce  qu'ils  étaient.  C'est  l'original  o™6o 
X  0'"  48  ;  la  réplique  appartient  à  M.  le 
duc  de  Portland,    qui   en   1904,  à  l'occa- 
sion du  bi-centenaire   de  M.  —  Q..  de  La 
Tour,  en    fit   exécuter  une  copie  pour  le 
Musée   de   la    Comédie  française  (J.   des 
DÉBATS,  9  sepi.  içof)M  y  a  également  un 


N" 


1 124. 


L'INTERMÉDIAIRE 


411 


412 


portrait  sur  toile  de  Rosina  Balletti  (1769- 
1835)  signé  (?)  Simanovitch. 

Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  O'KelIy  de 
Galway,  le    généalogiste    héraldiste   bien 
connu,  la   cote    aux    Archives  nationales 
(K.    175)   des    lettres    de    naturalisation 
(1723)  de  Louis  Riccoboni,  beau-frère  de 
Silvia  et  de  sa  famille.  Le  directeur  de  la 
Comédie  italienne    n'avait    dû    qu'à  une 
faveur  royale,  de  pouvoir,  en  1723,  héri- 
ter de  son  camarade  Bissoni  (Campardon, 
II,  87)  ;  désormais  à  l'abri  du  droit  d'au- 
baine, il  allait   pouvoir   se   réclamer   du 
beau  titre  de  <<  bourgeois  de  Paris,  demeu- 
rant rue  Française  »,  qui    lui    est  donné 
au  mariage  de  Marie   de  Laboras  de  Mé- 
zières  —  Mme  Riccoboni  (Cf.  Jal).  Faut-il 
admettre   d'après    le    mémorialiste    cité, 
Maître  Jacques,  septuagénaire  (II,  p.  42) 
qu'Antoine   Balletti  —  le  voisin  de  table 
à   Milan  (1748)  «  le  Français»  et   l'ami 
dans  la  suite  —  avait  italianisé  son  nom, 
et    que   dès    lors   ces  lettres  patentes  lui 
étaient  inutiles  .?  Le  témoignage  de    Gol- 
doni    en  contradiction  formelle,    est  anté- 
rieur de  dix  ans.  Le  poète  avait  été,  vers 
la  fin  d'avril  1746,  à  Mantoue,  l'hôte   de 
Mme   Balletti.  «  C'était,    écrit-il,  une  an- 
cienne comédienne,  qui,  sous  le   nom  de 
Fravoletta,  avait  excellé  dans  l'emploi  de 
soubrette,  qui   jouissait  dans  sa  retraite, 
d'une  aisance  fort  agréable,  et  conservait 
encore,  à  l'âge  de   quatre-vingt-cinq  ans, 
des  restes  de  sa  beauté  et  une  lueur  assez 
vive   et  piquante    de    son    esprit  »,    etc. 
(MÉMOIRES,!,  p.  242).  C'est  le  souvenir  qui 
a  fourni  aux  éditeurs  de  Leipzig  l'épisode 
à  peine   démarqué  de  nom,  et  de  date  (II, 
52), de  Fragoletta,  la  sibylle  de  Cythère  — 
une  simpletransposition  dans  Tignoble  !  — 
En  1787,  Antoine  Balletti,  oncle   paternel 
de  Rosina,  vivait  encore,  son   nom  figure 
dans  la  liste  des    souscripteurs  aux  Mé- 
moires de  Goldoni,  son  ami  à  Venise  et  à 
Paris,  Quoi    qu'il    en    puisse    être   de  ce 
bluff,  on  trouve  à  Paris,  en   i66b,  Pierre 
Ballet,  argentier  de  l'écurie  du  Roi  (Dos- 
siers BLEUS,  53-1243). 

Les  bibliographes  apprendront  peut- 
être  avec  curiosité,  d'après  les  Dossiers 
t/^-Ms  (154-1491  :  Riccoboni)  l'existence  de 
Lettres  anglaises,  espèce  de  roman  qui  au- 
raient été  traduites  (1760)  par  Flaminia, 
—  Hélène  Balletti,  et  qui  ne   sont  pas  les 


Lettres  de  Mlle  R^^^  à  l'abbé  C  ,,  (l'A.  B.  C. 
—  most  honible  !)  démasquées  par  Barbier 
(Balletti-Conti,  II,  1177).  Cette  note  en 
surcharge  ne  concernerait-elle  pas  plutôt 
la  belle-fille,  Mme  Riccoboni,  né  de  Heur- 
las  .?  La  traduction  d'Amélie  (1762)  et  le 
Théâtre  anglais  (1768-69)  porteraient  à  le 
penser  :  la  fiche  se  trouve  rue  Richelieu  ! 
Elena  Balletti,  décédée  le  30  décembre 
1771,  reposait  dans  la  crypte  de  la  cha- 
pelle de  la  Vierge,  paroisse  Saint-Sauveur. 
Reste  à  identifier  le  joli  poupon  signalé 
par  Mme  Carie  Vanloo,  en   1760  (V.  78). 

POËNSIN-DUCREST. 


Mandrin  (LUI).—  Histoire  et  iconogra- 
phie. —  Il  existait  à  la  Bibliothèque 
nationale  sous  la  cote  L  f  89/9,  un  ou- 
vrage intitulé  :  Projet  pour  la  suppression 
des  douanes  dans  l'intérieur  du  royaume^ 
avec  des  anecdotes —  (sans  nom  d'auteur), 
Avignon,  aux  dépens  de  l'auteur,  1763, 
in-i2,   132  p. 

Ce  livre,  qui  a  disparu  de  la  Bibliothè- 
que nationale,  contient,  pp.  66-76,  une 
étude  sur  les  faits  et  gestes  du  célèbre 
contrebandier  Louis  Mandrin,  qui,  d'après 
des  notes  que  j'ai  sous  les  yeux,  doit  être 
d'un  vif  intérêt.  D'ailleurs,  l'ouvrage  tout 
entier  doit  être  très  curieux  pour  l'his- 
toire de  la  perception  des  traites  et  ga- 
belles sous  l'ancien  régime.  Serait-il  pos- 
sible d'en  retrouver  un  exemplaire  dans 
quelque  bibliothèque  publique  ou  privée  .? 

G.  Vallier,  dans  la  Revue  belge  de  nu- 
mismatique, année  1888,  p.  1 38  sq,  si- 
gnale une  médaille  frappée  en  l'honneur 
de  Mandrin, dont  il  donne  la  reproduction, 
d'après  l'exemplaire  conservé  dans  la  col- 
lection de  feu  M.  Algan  de  Nantes.  11  en 
aurait  connu  un  second  exemplaire  dans 
une  collection  particulière  de  Grenoble, 
mais  dont  il  ne  donne  pas  l'indication. 
L'un  des  côtés  de  la  médaille  présente 
Mandrin  à  mi  corps,  d'après  le  fameux 
portrait  qui  fut  fait  de  lui  lors  de  son 
passage  à  Bourg,  en  1754  ;  l'autre  côté 
représente  le  buste  du  contrebandier.  Le 
module  est  de  43  millimètres.  Pourrait-on 
me  signiiler  l'un  ou  l'autre  exemplaire  de 
cette  médaille  .''je  serais  heureux  d'en 
orner  l'histoire  de  ce  m;!gnifique  «  parti- 
san »  que  je  suis  à  la  veille  de  remettre  à 
l'imprimeur. 

FuANTz  Funck-Brentano. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


413 


Pauline-Alexandre  Panam  (LIV, 
338).  —  Un  amour  clandestin  du  duc  de 
Saxe-Cobonrg .  —  Ces  mémoires  ne  sont 
pas  introuvables,  mais  il  faut  les  cher- 
cher sous  ce  titre  :  Mémoires  d^ime  jeune 
grecque,  Mme  Pauline- Alexandre  Panam 
contre  S .  A  Sérénissime  le  prince  de  Saxe- 
Cobourg  [Paris,  chez  l'auteur,  rue  Louis 
Le  Grand,  n°  22,  et  chez  BrenotThevars, 
rue  de  Richelieu.  n°  72,  1823]. 

Les  exemplaires  sont  signés  à  la  main  : 
Ad.  Alexandre  Panam. 

Elle  se  disait  fille  d'un  grec  de  Smyrne, 
venu  à  Marseille  rétablir  sa  fortune,  puis 
parti  à  Montpellier  où  il  ouvrit  un  atelier 
de  teinture  qui  ne  prospéra  pas.  Avec  sa 
mère  devenue  veuve,  et  une  sœur,  elle 
s'installa  à  Paris.  Elle  était  jolie,  elle  fré- 
quenta les  milieux  où  l'on  remarque  les 
jolies  femmes.  Elle  rencontra  le  prince 
duc  régnant  de  Cobourg  et  ne  lui  fut  point 
cruelle.  Elle  en  eut  un  enfant.  Le  prince 
regagna  ses  Etats,  et  permit  à  la  jeune 
mère  de  14  ans  de  venir  l'y  rejoindre  en 
secret,  sous  des  habits  d'homme,  d'abord  ; 
plus  tard  elle  ne  put  l'aborder  que  sous 
divers  accoutrements.  La  duchesse  mère 
trouva  cette  liaison  fâcheuse  et  s'employa 
à  la  rompre.  Mais  la  jeune  grecque  n'était 
point  d'humeur  accommodante  ;  cette  rup- 
ture ne  fut  qu'une  succession  d'épisodes 
à  la  fois  tristes  et  comiques,  et  de  traités 
de  paix,  vraiment  extraordinaires.  Et  cela 
jusqu'au  jour  où,  finissant, commefinissent 
à  peu  près  toutes  ces  délaissées  de  cour, 
la  jeune  grecque  écrivit  ses  mémoires. 

La  partie  la  plus  curieuse,  c'est  la  cor- 
respondance du  prince.  Comme  exemple, 
voici  la  première  lettre  qu'il  lui  adressa 
dans  le  projet  de  l'instruire  de  ce  qu'elle 
avait  à  faire  en  arrivant  ; 

Ma  chère  petite,  dans  le  cas  que  je  ne  soi 
pas  ici  quand  vous  arrivés,  car  je  suis  forcés 
de  faire  un  voyage  pour  quels  ques  jours,  je 
vous  adresse  et  confie  au  directeur  des  pati- 
nient,  Eberhard  (c'est  un  très  honnêt  homme) 
il  vous  mènera  en  atandant  à  une  ferme,  à 
une  lieu  d'ici  ou  vous  atenderais  mon  retour. 
Je  vous  prévien  davance  que  vous  y  serais 
très  mal  et  q'il  faudras  avoir  de  l'indul- 
gence, mais  je  connais  ta  bonté  chère  petite, 
vous  vous  résignerais  pour  le  moment,  je 
vous  prie  aux  nom  du  ciel,  soit  bien  discre, 
cache  vous  pour  tout  le  monde,  que  personne 
ne  tévine  qui  vous  ete.  Cet  homme  a  qui  je 
vous  confie  ne  sai  rien,  il  vous  pran  pour  le 
fils  d'un  monsieur   de  ma  connaissance,  qu'il 


20  Septembre  1906, 
414     

a  fait  un  voyage  en  Prusse  et  qui  vous  a  con- 
fiés a  moi,  ne  trahise  don  rien.  Si  vous  voules 
quelque  chose,  vous  prouves  seulement  d'a- 
dresser à  M.  Eberhard,  il  se  chargeras  de  tous. 

Sois  bien  sage,  et  crois  que  rien  ne  me  feras 
plus  de  plaisir  que  de  vous  voir. 

Que  la  petite  ne  bavarde  pas. 

Et  dans  une  autre  lettre,  pour  l'inviter  à 
se  mêler  à  une  fêle  de  la  cour,  il  dit  : 

je  vous  prie  encore  une  fois  de  ne  pas  faire 
de  folies,  de  ne  pas  danser  et  courir.  Desides 
vous  même  s'il  convient  de  vous  mette  en 
passanes  ou  en  habit  français,  dans  tous  les 
cas,  évites  autant  que  possible  d'être  remar- 
ques. 

11  paraît  qu'elle  dansa  et  courut,  ce 
dont  il  fut  très  contrarié.  Pauline  invo- 
qua ses  quatorze  ans  et  l'amour  de  la 
danse.  L'excuse  avait  son  prix.  Mais  les 
princes  ont  leurs  exigences.  Y. 

Marc  Ducloux  (LU,  55).  —  Marc 
Ducloux  était  de  nationalité  suisse.  Il  na- 
quit à  Neuchâtel,  canton  de  ce  nom,  le 
3  avril  1810,  mais  il  vint  habiter  de 
bonne  heure  le  canton  de  '/aud,  d'où  il 
était  originaire.  A  17  ans  il  était  commis- 
sionnaire dans  les  bureaux  d'un  journal 
paraissant  à  Lausanne,  le  Nouvelliste  van- 
dois . 

11  s'instruisit  surtout  lui-même,  et  dans 
le  milieu  où  il  se  trouva  placé,  il  prit  du 
goût  pour  les  choses  de  l'imprimerie.  Ce 
fut  vers  1830  ou  1832  qu'il  s'établit  im- 
primeur, libraire  et  éditeur  dans  le  chef- 
lieu  du  canton  de  Vaud.  Sa  maison  devint 
bientôt  la  plus  considérable  de  la  Suisse 
de  langue  française.  Il  fut  lié  avec  les  au- 
teurs vaudois  les  plus  marquants  de  cette 
époque  :  Alexandre  Vinet,  Juste  Olivier, 
Charles  Monnard,  Charles  Secrétan  et 
d'autres.  Il  le  fut  aussi  avec  Sainte-Beuve 
qui  vint,  en  1837,  professer  à  l'Académie 
de  Lausanne  un  cours  sur  Port-Royal, 

Le  nom  de  Ducloux  se  rencontre  fré- 
quemment dans  la  correspondance  de 
l'illustre  critique  avec  M.  et  Mme  Juste 
Olivier  (Paris,  1904). 

Les  luttes  politiques  et  religieuses  dont 
Lausanne  et  le  canton  de  Vaud  furent  le 
théâtre  vers  l'année  1844,  firent  naître 
chez  Marc  Ducloux  le  désir  de  s'expatrier. 
En  cette  année,  il  remit  son  imprimerie  à 
MM,  Bonamici  et  Cie,  et  sa  librairie  et 
son  fonds  d'éditions  à  M.  Georges  Bridel. 
Il  avait  acquis  une  honorable  situation  de 
fortune.  Il  forma  le  projet  d'aller  en  Amé- 


N"  1124. 


L'INTERMÉDIAIRE 


423 


424 


Lorsque,  par  exemple,  une  poésie  grec-  |  Arvers  a  préféré  dire  qu'il   était    imité  de 


que  imite  le  bêlement  des  brebis  par  cette 
syllabe  :  Bu,  il  ne  peut  y  avoir  d'incerti- 
tude sur  la  manière  de  prononcer. 

Il  conviendrait  aussi  de  consulter  les 
inscriptions  latines  du  Corpus  :  elles 
abondent  en  orthographes  très  différentes 
de  l'écriture  admise  dans  les  manuscrits 
et  les  livres  imprunés. 

Juste  Lipse  a  composé  un  traité  sur 
l'écriture  du  latin  ancien  :  De  vetcre  Lati- 
norum  icriptura.  Il  débute  par  cette  obser- 
vation que  les  anciens,  pour  écrire  «  idem 
jus  »  mettaient  «  eidem  jous  ».  Le  traité 
entier  est  à  lire.  Il  est  évident  que  l'écri- 
ture était  le  reflet  de  la  prononciation. 

Enfin,  pour  avoir  une  idée  de  la  pro- 
nonciation antique  du  latin,  il  faudrait  te- 
nir compte  de  la  manière  dont  parlait  le 
peuple.  Car  le  peuple  romain  ne  comprit 
jamais  rien  aux  mille  difficultés  de  la  lan- 
gue savante  que  parlaient  ses  poètes  et 
ses  orateurs  ;  il  abondait  en  solécismes. 
Plaute  a  conservé  quelques  phrases  de  la 
langue  populaire  :  elles  causaient  sans 
doute  aux  lettrés  une  sainte  horreur. 
Apulée  a  aussi  quelques  mots  de  ce  parler 
barbare.  Cicéron  recommande  à  l'orateur 
d'éviter  ce  jargon,  et  Jules  César  tut  uni- 
versellement félicité  pour  sa  tentative  de 
relèvement  de  l'instruction  publique, 

Luc  DE  Vos. 

Le  sonnet  d' Arvers  est- il  imité 
de  l'italien  ?  (LIV,  162    257,  302,358). 
Connaît-on   la    Plainte    amoureuse  de 
Cocquard  ^ 

Est-il  tourment  plus  rigoureux 
Que  de  brûler  pour  une  belle 
Sans  oser  déclarer  ses  feux  ? 
Hélas  1  tel  est  mou  cas  affreux 
Quoi  que  je  sois  tendre  et  fidèle  1 
L'espoir  qui    des  plus   malheureux 
Adoucit  la  peine  mortelle 
Ne  saurait  me  flatter  comme  eux, 
Et  ma  contrainte  est  si  cruelle 
Que  celle  à  qui  tendent  mes  ziœux 
Lira-  ce  récit  malheureux 
Sans  savoir  quil  est  fait  pour  elle. 

C'est  en  1754  que  Cocquard  se  plai- 
gnait de  la  belle  à  qui  il  n'osait  déclarer 
ses  feux,  et  c'est  un  siècle  plus  tard 
qu'Arvers  écrivit  son  sonnet  imité  de 
Vitalien  qui  semble  plutôt  imité  de  Coc- 
quard, 

Probablement  que  ne  voulant  pas  dire 
que  son  sonnet  était  imité  de  Cocquard, 


l'italien,  comme  il  aurait  dit  de  l'espagnol 
ou  de  l'anglais  ;  il  n'est  donc  pas  surpre- 
nant qu'on  ne  retrouve  pas  l'original  en 
Italie. 

IVlais  alors,  j'ai  dans  l'idée  qu'Arvers 
ne  devait  pas  être  aussi  amoureux  qu'on 
le  croit.  Jean  Pila. 

«  Le  grog  est  fashioànable  >\  (LU  ; 
LIV,  84,  134,358).  —  Poésie  de  Mnssetsur 
l'ahsintloe.  —  C'est  bien  a  Valéry  Ver- 
nier,  et  non  à  Jules  Vernier,  que  j'ai 
entendu  attribuer  la  paternité  des  vers 
de  Musset  sur  l'absinthe,  et  c'est  à  la 
rédaction  de  la  Vie  littéraire,  de 
M.  Albert  Collignon,  où  collaboraient, 
outre  Valéry  Vernier,  Paul  Arène,  Gus- 
tave Isambert,  Maxime  Rude,  Carjat,  etc., 
que  ce  propos  a  été  tenu,  vers  1877.  Par 
qui?  Je  ne  pourrais  le  dire  exactement; 
peut-être  p;)r  Paul  Arène  ;  peut-être  aussi 
M.  Albert  Collignon,  aujourd  hui  maire 
de  Giverny,  près  de  Vernon  (Eure),  pour- 
rait-il préciser  mes  souvenirs.  Ce  qu'on 
peut  aisément  constater,  c'est  que  les  ré- 
miniscences de  Musset  abondent  dans 
les  vers  de  Valéry  Vernier,  notamment 
dans  son  volume  Aline^  les  Filles  de  mi- 
nuit (?  ans,  Charpentier,  1877).  Voir,  par 
exemple,  p.  367  et  suiv.  les  vers  qu'il 
consacre  à  la  mort  d'Alfred  de  Musset  : 

Celui-là  qui  rêva  Ninon  et  Bernerette, 

Aœant  d'une  marquise,  aimé  d'une  grisette,  etc. 

Page  45  : 

C'est  étrange,  il  ne  faut  qu'une  simple  romance, 
Le  souvenir  lointain  d'un  air  de  notre  enfance, 
Pour  rendre  à  notre  ca:'ur,  etc. 

Et  Musset  {Rolla,  Poésies  Nouvelles, 
page  20) : 

Ah  !  comme  les  vieux  airs  (^u'on  chantait   à    douze 

lans 
Frappant  droit  dans  le  cœur,  etc- 

Page  389  : 

Et  toi,  nature,  et  toi,  courtisane  acharnée. 
Tu  gardes  sur  ta  bouche  un  sourire  éternel... 

Et  Musset  [la  Coupe  et   les  lèvres.^   Pre- 
mières Poésies,  p.  257)  : 
Et  toi  morne  tombeau,  tu  m'ouvres  ta  mâchoire,  etc. 

Page  389  : 

C'ebt  le  matin,  après  l'orgie, 
Qu'il  faut  la  voir  se  réveillant  !  etc. 

Cf.  V Andalouse  àt  Musset,    etc.,  etc. 

Valéry  Vernier  était  d'ailleurs  réputé, 
il  y  a\ingt-cinq  ou  trente  ans,  pour  ses 
continuels  pastiches  de  Musset. 

Albert  Cim, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX" 


20   Septembre   1906. 


425 

Le  bibliophile  J.  R.  (LIV,  57).  - 
Le  bibliophile  J.  B.  et  non].  R.,  auteur 
de  l'opuscule  :  Notice  sur  les  manuscrits  à 


426 


miniatures,  est  M  .  J. 


Bouton. 

Paul  Pinson. 


Etymologie  à  rechercher  (LUI, 
842  ;  LIV,38j.  —  DégohiUer.  —A  mon 
humble  avis,  dégobiller  vient  directement 
de  gober,  avaler  avec  avidité.  Pourquoi 
a-t-on  fait  dégobiller  au  lieu  de  dégober, 
qui  eût  semblé  plus  grammatical  ? 

Je  pense  que  c'est  parce  que  dégobiller 
est  plus  musical,  plus  onomatopéïque.  Si 
le  verbe y^  gobe  exprime  admirablement 
une  action  rapide,  instantanée,  dégobiller 
donne  l'idée  d'unecertainc  durée.  Le  verbe 
dégober  eût  été  trop  court,  quoique  très 
énergique. 

Il  y  a  évidemment  parenté  entre  ces 
termes,  les  mots  engouler,  dégouler,  dé- 
gueuler,  etc.,  et  le  gob  gaélique,  qui  si- 
gnifie bouche. 

Le  mot  gob  peint  admirablement  le 
mouvement  d'une  bouche  qui  se  ferme. 
Voyez  un  chien  avalant  les  morceaux 
qu'on  lui  jette.  Coïncidence  curieuse,  le 
chien  mâle  en  w^allon  s'appelle  go.  Com- 
parez au  go:^  provençal  et  au  go:(o  portu- 
gais. 

Le  verbe  dégobiller  existe  en  wallon 
verviétois,  ainsi  que  :  vomi  (vomir),  ru- 
mett  (remettre),  runordé  (renarde),  qui 
s'emploient  au  sens  propre  :  les  trois  pre- 
miers pour  les  personnes,  le  dernier  pour 
les  jeunes  animaux  trop  goulus. 

Je  pense  qu'il  n'y  a  pas  identité  d'ori- 
gine entre  dégobiller  et  renarder, 

Renarder  est  entré  dans  la  langue  à 
cause  de  l'habitude  qu'a  le  renard  de  dé- 
gorger une  certaine  quantité  d'os,  de  poils 
ou  de  plume  avalés  en  même  temps  que 
la  nourriture,  habitude  qui  ne  lui  est  pas 
spécifique,  mais  appartient  aussi  à  d'au- 
tres carnassiers  et  même  aux  ruminants: 
ceux-ci  rejettent  les  poils  qu'ils  ont  avalés 
en  se  léchant,  et  qui  ont  formé  parfois 
une  assez  grosse  pelote.  Certains  oiseaux 
renardent  aussi  pour  nourrir  leurs  petits. 
Il  ne  s'agit  donc  pas  là  de  vomisse- 
ments, mais  d'une  fonction  naturelle. 

Je  n'ai  jamais  entendu  appliquer  le 
terme  renarder  aux  personnes  :  cela  serait 
considéré  comme  une  inconvenance. 

H.  Angenot. 


Flancher  (LIV, 280,  366). —  j'entends 
tous  les  jours  employer  le  mot  «  fiancher  >> 
comme  synonyme  de  «  tirer  au  flanc  », 
dans  le  sens  de  fainéanter, surtout  lorsque 
la  besogne  négligée  retombe  sur  les  com- 
pagnons de  labeur.  C'est  ce  qui  se  passe, 
par  exemple,  lorsqu'une  équipe  de  ma- 
nœu\res  porte  une  charpente,  un  rail,  si 
un  des  porteurs  «  plie  le  flanc  »,  **  fléchit 
la  hanche  »  ;  et  il  est  concevable  que  le 
«  flanchard  »    ne     soit    bien  vu  ni  de  ses 

camarades  ni  du  patron.  SclpiN. 

* 

L'expression  employée  par  M.  Emile 
Ollivier,  bien  qu'étonnante  sous  la  plume 
d'un  académicien,  me  parait  l'être  à  peu 
près  dans  sa  véritable  acception.  Flancher 
a  toujours  signifié  :  reculer  au  dernier 
moment,  manquer  de  décision  ! 

CÉSAR  BiROTTEAU. 

Autobus  (LIV,  337).  —  Certains 
journaux  ont  déjà  protesté  contre  ce  bar- 
barisme. Un  lecteur  de  la  Presse  (n°  du 
10  septembre  1906)  propose  Auiomnibus, 
contraction  de  auto  et  omnibus. 

Gustave  Fustier. 

»  * 

Il  y  a  quelque  temps,  un  journal  alle- 
mand, de  Berlin,  je  crois,  mit  au  con- 
cours le  nom  le  plus  propre  à  désigner 
les  nouveaux  omnibus  automobiles. 

Parmi  les  jolies  inventions  que  suscita 
ce  concours,  se  trouve  aussi  la  dénomina- 
tion d'autobus.^  qui,  paraît-il,  fut  goûtée  ! 

11  serait  incroyable  qu'en  France,  on  se 
décidât  à  emprunter  aux  Allemands  et  à 
adopter  un  terme  aussi  inepte  ! 

Prendre  la  dernière  syllabe  du  mot 
omnibus,  laquelle  dès  lors  n'a  plus  de 
sens,  pour  l'accoler  au  mot  auto,  quel 
barbarisme,  et  encore  importé  de  l'étran- 
ger !  LÉON  Sylvestre. 

-i'atron-Jacquet  (LIV,  9,  202,  262). 
—  Très  ingénieuse  Létymologie  préconisée 
par  Candide.  Il  a  grandement  raison  de 
marquer  postcrionem  d'un  astérisque  ;  ce 
mot  est  en  eflèt  bien  conjectural  et  le 
changement  de  r  en  n  aurait  grand  besoin 
d'être  appuyé  d'exemples  analogues.  En 
existe-t-il  ?  Je  me  contenterais  d'un  seul. 
Je  me  permets  de  proposer,  et  cela  bien 
timidement,  Franconville,  qu'une  charte 
de  832  désigne  sous  le  nom  de  Francorum 
villa  et  qui  par  un  exemple  probablement 


N*    11524. 


L'INTERMEDIAIRE 


427 


428 


unique  de  permutation  ou  plutôt  de  cor- 
ruption populaire, peut-être  aussi sousTin- 
fluence  d'une  forme  latine  postérieure, 
Francovilla,  attestée  par  les  monuments, 
aurait  passé  de  la  forme  régulière  Fran- 
corville  (Cf.  Francourvt'Ueen  Eure  et-Loir) 
à  la  dénomination  actuelle  Franconville. 
Dans  le  pays  Blaisois  et  dans  les  con- 
trées où  j'ai  séjourné  d'occasion  (l'Anjou, 
le  Maine,  la  Touraine,  le  nord  de  l'Ile  de 
France),  je  n'ai  jamais  entendu  dire  que 
patron-minet.  Lpt  du  Sillon. 

Aux  ablatifs  absolus  comme  :  à  la 
garde  montante,  au  soleil  levant,  au 
chant  du  coq,  la  rancune  devait  ajouter  : 
au  patroyi-jaquet  c'est  à-dire  au  boniment 
du  patron  passé  jacquet^  et  le  jaquemart 
bat  cette  heure-là  avant  toutes  les  au- 
tres !  Jaquet  est  donc  une  apposition,  té- 
moin Jean  Nicot  (1606)  qui  définit  le 
mot  :  assentator,  parasitus.,  emhahouineur  ; 
et  Cotgrave  (1611)  qui  le  transpose  par 
sycophant,  clawbanck  pickt  hank,  etc. 

Ce  n'était  pas  l'heure  encore  pour  les 
dormeurs  :  survient  le  patron,  boute-en- 
train, bon  vivant,  il  gasconne  :  «  Ohé,  la 
coterie  !  »il  joue  la  comédie,  Jait  le  jaque, 
pour  prendre  sur  le  sommeil  des  gens,  pour 
rogner  déjà  sur  la  part  des  autres,  et  il 
y  réussit, sans  que  la  besogne  commande. 

Le  scène,  on  le  voit,  est  renouvelée  de 
La  vieille  et  les  deux  Servantes ,  mais 
sur  le  mode  joyeux  et  le  ton  gaillard. 
Jaquet,  pince-sans-rire  pour  les  gars,  se 
fait  patelin  —  câlin,  félin,  chattemite  — 
avec  les  chambrières,  et  la  variante  le 
dit:  au  patron  minet  !  maître  de  l'heure  et 
des  gens,  réveille-matin  à  sa  manière. 
Cette  synonymie  fait  ressortir  encore  le 
naturel  et  la  vraisemblance  de  l'explica- 
tion fournie. 

Cela  à  défaut  de  mieux  !  et  sans  pré- 
judice pour  les  cinq  ou  six  autres  versions 
rapportées  par  les  auteurs  (Comte  JAU  • 
BERT  Glossaire,  p.  496)  et  dont  la  plus 
autorisée  doit  être  celle  de  Fr.  Génin 
dans  V Illustration,  1855,  p.  270.  N'écar- 
tons pas  non  plus,  dans  leurs  textes  si 
précis,  les  sous-entendus  de  la  vie,  —  je 
ne  dirai  pas  amoureuse,  la  cote  toutefois 
le  dit  (Geoffroy,  IV,  625-3°)  '•  ^i'^^i  ^^- 
tinant/ti^M^/,  des  patrons  qui  auront  tou- 
jours leurs  dévots  !  Que  cela  se  passe  au 
chant  de   l'alouette  (Shakespeare)  ou  au 


réveil  du   coq  gaulois  :  c'est,   dit-on,    de 
très  bonne  heure  !       PoiÏNsiN-DucREST. 

Le  théâtre  en  province  (LIV,  281 
355).  —  La  bibliothèque  municipale  de 
Dijon  possède,  sous  le  n°  18.178  ter  (a)  : 
Le  Théâtre  de  Dijon,  par  Nicolas  Fétu  ; 
in-16.  Dijon,  1863. 

11  a  été  publié  dans  \e  Journal  de  la  Côte- 
d'Or,  dans  les  n°*  des  26,  29,  31  mars 
1859,  une  série  d'articles  sous  le  titre  : 
Le  Théâtre  à  Dijon,  ce  qu'il  a  été,  ce  quil 
est,  ce  qu'il  peut  être. 

Le  Progrès  de  la  Côte-d'Or,  n"^  des  17, 
21  août  1878,  sous  le  titre  :  JRevue  rétros- 
pective.^ par  Dumont.  La  Bibliothèque  de 
Dijon  possède  la  collection  de  ces  deux 


journaux. 


P.  M. 


L'Exil  d'Ovide  (XLIV,  889).  ~  La 
réponse  à  la  question  se  trouve  dans 
Y  Eclair  du  29  juin  1006,  dont  je  cite  les 
principaux  passages  : 

Sulmona,  l'antique  Sulmode  Samaium, 
a  décidé  d'élever  un  monument  à  l'un  de 
ses  plus  glorieux  enfants,  au  charmant 
poète  Ovide  .. 

Gabrièle  d'Annunzio  a  tenu  à  réparer 
l'outrage  fait  au  vieux  poète  latin  et  à 
venger  Ovide  des  rigueurs  d'Auguste.  Le 
comité  qu'il  présidait  a  trouvé  rapidement 
les  fonds  nécessaires  pourl'érectiondu  mo- 
nument qui  sera  prochainement  inauguré. 

Ovide  appartient  à  l'humanité,  et  les 
nations  civilisées  se  réjouiront  de  l'entre- 
prise menée  à  bien  par  d'Annunzio  ;  la 
France  toutefois  a,  plus  qu'une  autre,  le 
droit  de  se  réjouir  des  honneurs  tardifs 
qui  vont  lui  être  décernés,  car  c'est  à  elle 
qu'appartient  la  gloire  d'avoir  découvert 
le  lieu  de  sa  mort. 

Durant  la  première  partie  de  la  guerre 
de  Crimée,  un  corps  d'armée  français  lan- 
guit longtemps  dans  les  marécages  de  la 
Dobroulcha,  L'armée  périssait  d'ennui, 
de  maladies  et  d'inaction.  Quelques  offi- 
ciers, et  parmi  eux  l'intendant  général 
Charles  Robert,  étaient  des  archéologues 
et  des  épigraphistes.  Le  sol  était  parsemé 
de  débris  antiques.  On  pratiqua  des 
fouilles,  ce  qui  procura  quelques  distrac- 
tions aux  soldats  inoccupés.  Celles  que 
dirigea  l'intendant  Robert,  amenèrent,  ni 
plus  ni  moins,  la  découverte  de  l'épitaphe 
d'Ovide,  dans  le  village  moderne  de  Kus- 
tendjé. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


429 


fondateur  et   vulgarisateur 


Ce  Tomes  lointain  et  mystérieux  où 
Ovide  était  mort  est  maintenant  identifié. 

Z. 

Pharmaciens  -yant  été  des  sa- 
vants (XXXIX;  LUI;  LIV,  356).  —  On 
peut  encore  citer  plusieurs  noms  illustres 
parmi  les  pharmaciens  ayant  été  des  sa- 
vants : 

1°  Chaptal,  homme  d'Etat  et  auteur  de 
nombreux  travaux  sur  les  arts  chimiques  ; 

2°  Baume 
de  l'aréométrie  ; 

3°  Labarraque,  qui  vulgarisa  l'emploi 
des  hypochlontes  dans  l'hygiène  publique 
en  commençant  par  l'assainissement  des 
boyauderies  ; 

4°  Menton,  qui  a  été  apprenti  chez  un 
pharmacien  de  Grantham,  nommé  Clarke  ; 

5°  Humphry  Davy  fut  de  même  apprenti 
chez  un  pharmacien  de  Penzance,  nommé 
Borlase  ; 

6°  Liebig,  le  chimiste  allemand. 

Enfin,  pour  terminer  un  détail  que  beau- 
coup ignorent  peut-être  :  le  Dante  Ale- 
ghieri  a  été  inscrit  sur  le  registre  des  méde- 
cins et  apothicaires  de  Florence,  et  lors- 
qu'il se  réfugia  en  France,  c'est  à  un  phar- 
macien de  Paris  qu'il  demanda  l'hospita- 
lité. J.  Bauché. 

Portraits  à  retrouver  :  Oaroline 
d'Autriche,  Perre  not  df3  Gran  -  elle, 
Pierre  vïaresclaal  (LIV,  334).  — Col. 
334,  ligne  9,  ajouter  :  «  Epouse  de  ». 

Eiivoyôr  à  l'ours  (LIV,  280.  — 
C'est  à  Vourse^  je  pense,  qu'il  faudrait 
dire,  et  voici,  en  attendant  mieux,  mes 
conjectures.  Je  crois  que  le  mot  est  d'ori- 
gine saint-cyrienne.  Les  salles  de  police, 
à  Saint-Cyr,  étaient  sous  les  toit-,  et  l'on 
y  gelait.  Le  froid  arctique  que  l'on  y 
subissait  et  qui  rendait  la  punition  réelle- 
ment pénible  en  hiver,  le  voisinage  aussi 
des  constellations,  dut  faire  baptiser  ainsi 
par  quelque  loustic  les  locaux  discipli- 
naires. Qiioi  qu'il  en  soit,  le  nom  était 
déjà  traditionnel  et  d'origine  indéterminée 
en  1881.  En  cette  année  de  grâce,  à  Saint- 
Cyr,  on  ne  vous  envovait  pas  à  l'Ourse. 
On  vous  faisait  graviter  à  VOiinc.  Et 
voici  comment  j'explique  encore  cette  lo- 
cution. La  salle  de  police  était,  je  le  ré- 
pète, sous  les  toits,  soit  au  quatrième 
étage.  On  commença  donc  par  dire  tout 


20   Septembre  1906. 
_     430 

naturellement  :  gravir  à  V Ourse.  A  Saint- 
Cyr,  nous  n'étions  pas  commandés  uni- 
quement par  des  officiers  et  des  lettrés.  II 
y  avait  tout  un  personnel  inférieur  d'adju- 
dants, de  sous-maîtres,  de  sergents  mo- 
niteurs de  gymnastique,  etc.,  qui  avaient 
le  droit  de  nous  punir.  Sans  doute  quel- 
qu'un d'entre  eux,  quelque  jour,  dans  un 
accès  de  violente  colère  contre  un  de  nos 
grands-anciens,  aura  perdu  de  vue  la  con- 
jugaison des  verbes  en  ir  et  se  sera  écrié  : 
«  Gravitez,  Monsieur, gravitez  à  l'Ourse  ». 
Un  mot  si  heureux,  parce  que  double- 
ment astronomique,  n'était  pas  près  de  se 
perdre,  recueilli  par  tant  d'oreilles  aver- 
ties. 

Maintenant, veuillez  observer  que  Saint- 
Cyr  déverse  annuellement  dans  les  corps 
de  troupes  une  moyenne  de  deux  cent 
cinquante  à  trois  cents  officiers.  L'Ourse 
primordiale  donna  le  jour  à  beaucoup  de 
petits  ;  mais  comme  dans  les  régiments, 
les  salles  de  police  sont  en  général  au 
rez-de-chaussée,  l'expression  graviter  a  dû 
tomber  d'elle-même,  car  elle  se  trouvait 
en  même  temps  fausse  et  à  peu  près  in- 
compréhensible pour  de  simples  troupiers. 
Dès  lors  on  s'est  contenté  de  dire  :  En- 
voyer à  r Ourse.  G.  DE  FONTENAY. 


* 


J'ai  été  personnellement  «  à  l'ours  »,  un 
jour  même,  circonstance  agravante,  «  de 
pied  ferme  ^v  Plus  tard  j'ai  conduit,  sinon 
condamné,  quelques-uns  de  mes  «  bleus» 
«  à  l'ours  »  à  leur  tour.  Je  connais  donc 
bien  le  local  ;  l'intérieur  était  meublé  som- 
mairement, sans  souci  de  confortable,  ni 
même  d'hygiène  ;  on  l'a  un  peu  amélioré 
depuis.  Les  environs  étaient  invisibles  ; 
les  fenêtres,  munies  de  hottes,  laissaient  à 
peine  entrevoir  un  petit  rectangle  de  ciel, 
l'en  ai  conclu  que  la  salle  de  police  avait 
dû  être  nommée  d'abord  «  la  fosse  aux 
ours  ».  ,  bien  que  ce  fût  calomnier  cette 
dernière.  Sglpn. 

Introduction  du  poivre  en  Fi  ance 
(XLIX  ;  L  ;  LIV,  101,  152,  266).  —  le  ne 
sais  si  l'on  a  cité  ce  fait  qui  prouve  que 
les  barbares  du  v"  siècle  connaissaient  et 
appréciaient  fort  le  poivre.  En  tout  cas, 
voici  :  lorsque  en  ^08  eut  lieu  le  premier 
siège  de  Rome  par  Alaric,la  Ville  éternelle 
capitula  moyennant  une  rançon  de  cinq 
mille  livres  pesant  d'or,  trente  mille 
livres    d'argent,    quatre   mille   pièces  de 


N»  1124. 


L'INTERMEDIAIRE 


43' 


432 


soie,  trois  mille  de  pourpre  et  trois  mille 
livres  de  poivre.  H.  C.  M. 

Signe    de    la  croix  avec   l'eau 

de  la  merfLIV,  282,376).— Si  ce  «  Pas- 
sant »  venait  par  hasard  sur  nos  côtes 
bretonnes,  il  verrait  souvent  le  fait  se 
produire,  très  naturel  du  reste  de  la  part 
de  croyants  qui,  pour  conjurer  les  nom- 
breux accidents  pouvant  survenir  au  bain 
(lame  de  fond,  congestion,  crampes,  etc.) 
cherchent  à  attirer  sur  eux  le  regard  de 
la  Providence  .  Du  H. 

Les  savants  ennemis  (LUI  ;  LIV, 
148,  376).  —  je  trouve  dans  les  Curiosi- 
tés littéraires  de  Ludovic  Lalanne  le  pen- 
dant, à  peu  près  à  la  même  époque,  de  la 
vengeance  de  Linné  contre  Buffon  : 

Lliéiitier,  botaniste  français  du  xviii"  siècle, 
se  vengea  de  son  adversaire  Buchoz,  botaniste 
comme  lui,  en  donnant  le  nom  de  Bucho^ia 
à  une  plante  fétide. 

d'E. 

Le  crapaud  de  Blois  (LIV,  172, 
267,  315,  374)-  —  La  Revue  Les  Crapauds 

immortels  est  de  1851  et  non  de  1857. 

* 

La  grande  question  n'est  pas  de  savoir 
si  le  fait  est  possible,  car  toul  est  possible 
dans  la  nature,  puisque  l'homme  ne  peut 
pas  avoir  la  prétention  d'imposer  des 
limites  à  sa  puissance  ! 

La  question  est,  avant  tout,  de  savoir  si 
le  fait  est  réel  ;  et  si  on  ne  s'est  pas  laissé 
tromper  par  des  circonstances  imprévues, 
accidentelles, en  dehors  du  problème  qu'il 
s'agit  de  résoudre. 

Sans  cela,  au  point  de  vue  théorique, 
ce  ne  serait  pas  absolument  impossible  ; 
parce  qu'on  ne  sait  pas  au  jusle  combien  il 
faut  de  temps,  dans  la  nature, pour  qu'il  se 
forme  une  prison  infranchissable  autour 
du  crapaud,  endormi  dans  l'épaisseur  du 
sol.  Or  ce  temps  pourrait  très  bien  être 
inférieur  à  la  durée  de  la  vie  de  cet  ani- 
ma), du  moins  dans  certains  cas  particu- 
liers. Voici  en  elTet  comment  les  choses 
se  passent,  à  Noyon,  en  pareille  circons- 
tance : 

Nos  montagnes  présentent,  de  haut  en 
bas,  trois  couches  successives  de  terrains. 
L'humus,  riche  en  acide  carbonique,  qui 
dissout  le  carbonate  de  chaux  du  calcaire 
grossier  situé  en  dessous,    en  le  transfor- 


mant en  bicarbonate  soluble  dans  l'eau 
de  pluie  qui  a  pénétré  à  travers  ces  deux 
premières  couches  :  aussi-  avons-nous  là 
des  sources  pétrifiantes.^  comme  à  la  fon- 
taine à  Ressons  (ressacs,  ressauts)  ;  ainsi 
nommée  à  cause  de  ses  cascatelles,  à  Sa- 
îency,  sallentiacm,  salientinm  aquarum 
acns),  lieu  des  eaux  bondissantes. 

En  pénétrant  dans  la  3^  couche  de  sa- 
bles jaunes  argileux,  cette  eau  (chargée 
de  carbonate  de  chaux)  abandonne  son 
acide  carbonique  et  laisse  déposer  son 
calcaire,  au  milieu  des  sables,  pour  y  for- 
mer ces  rognons  siliceux,  têtes  de  chat 
ou  géodes,  qui  augmentent  en  nombre  ou 
en  épaisseur  avec  les  siècles,  ou  même 
avec  les  années.  Il  ne  serait  donc  pas  im- 
possible qu'un  animal,  vivant  dans  le  sa- 
ble, s'y  trouvât  encastré  pour  toujours  ; 
mais  alors,  on  devrait  en  voir  à  tous  les 
états,  et  surtout  des  cadavres  !  (i) 

D""  Bougon. 

Les  roues  de  Fortune  (LIV,  228, 
371). — Cetteappellation,  aussi  peu  justifiée 
ici  que  celle  de  «  roues  à  prières  »,  me 
parait  devoir  être  réservée  aux  roues  sym- 
boliques dont  la  cathédrale  d'Amiens  et 
l'église  Saint-Etienne  de  Beauvais  mon- 
trent de  si  curieux  exemples,  et  que 
MM.  Jourdain  et  Duval  ont  étudiées  dans 
le  tome  XI  du  Bulletin  monumental. 

Elle  n'a  rien  à  voir  avec  la  roue  à  clo- 
chettes (rota  cum  tintitinabulis,  de  Du 
Gange),  suspendue  à  côté  de  Pautel  et  qui 
était  mise  en  branle  pendant  la  célébra- 
tion de  la  messe,  au  moment  de  l'éléva- 
tion. 

«  Dans  quelques  églises,  écrit  M.  J.-D. 
Blavignac,  la  sonnette  du  chœur  est  rem- 
placée par  une  machine  qualifiée,  ici.  de 
Rouet  de  sain'  Martin,  là,  à' Etoile  d'or. 
C'est  une  sorte  de  roue  suspendue  et  gar- 
nie de  sonnettes  qui  en  font  un  instrument 
trop  bruyant  peut-être,  mais  qui  paraît 
bien  ancien  puisque  l'inventaire  du  trésor 
de  l'abbaye  de  Prum,  dans  le  diocèse  de 
Trêves,  mentionne  déjà  son  existence  en 
852  :  «  Coram  altare  penJetrota  cum  tin- 
tinnabulis  fabricata.  » 


(i)  On  devrait  y  trouver  des  crapauds  mo- 
mifiés, transformés  (avec  les  siècles)  en  pétri- 
fications réelles,  par  h  transformation  de 
leurs  tissus  en  carbonate  calcaire,  molécule  à 
molécule.  Or  cela  ne  se  voit  jamais,  chez 
nous  ! 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


433 


«  Le  plus  beau  rouet  du  moyen  âge  qui 
soit  encore  conservé  est  celui  de  l'an- 
cienne abbaye  de  Fulda,  en  Allemagne. 
M.  Gailhabaud  en  a  donné  un  beau  dessin 
dans  son  Architecture  du  V  au  xwf  siècle. 
C'est  une  étoile  à  quatorze  rayons,  toute 
en  bronze  travaillé  à  jour  ;  elle  est  garnie 
de  plusieurs  centaines  de  clochettes  et  de 
grelots.  Cette  machine,  suspendue  au  mi- 
lieu du  chœur,  a  vingt-quatre  pieds  de 
diamètre,  on  la  met  en  mouvement  par 
un  treuil  placé  sur  les  voûtes.  Elle  date 
de  1415,  suivant  l'inscription  circulaire 
qui  suit  la    base   des   rayons    stellaires  : 

ANNO  DOMINl  MILLESIMO    Q.VADR1NGENTES1M0 
XIIUI  ». 

Ces  roues,  affirme  M.  Victor  Gay, 
étaient  encore  en  usage,  dans  la  première 
moitié  du  dernier  siècle,  en  plusieurs 
églises  de  Palerme,  Qu/Esitor. 


*  k 


Voici  les  quelques  indications  que  je 
puis  fournir  sur  les  «  roues  de  For- 
tune »  dont  M.  du  Halgouet  se  préoccupe 
dans  V Intermédiaire  du  20  août  : 

Il  dit  qu'il  en  a  rencontré  une  à  la  ca- 
thédrale de  Tolède,  et  il  s'informe  si  l'on 
en  connaît  d'autres  à  l'étranger  ?  Ces 
temps  derniers  (le  3  juin,  jour  de  la  Pen- 
tecôte), je  me  trouvais  pendant  la  grand' 
messe  dans  la  cathédrale  de  Barcelone 
(Espagne),  lorsqu'au  moment  de  l'éléva- 
tion, mes  oreilles  furent  tout  à  coup  frap- 
pées, désagréablement,  je  l'avoue,  par  un 
bruit  cacophonique,  étrange,  strident  au 
point  de  dominer  la  voix  de  l'orgue  et  la 
sonnerie  des  cloches,  bruit  de  clochettes 
tintinnabulant,  non  pas  toutes  à  la  fois, 
mais  au  contraire  l'une  après  l'autre  à  des 
intervalles  extrêmement  rapides,  mais 
réguliers  ;  ce  qui  semble  indiquer  que 
les  sons  étaient  produits  à  l'aide  d'un  ap- 
pareil rotatoire,  et  non  par  un  carillon, 
d'autant  que  c'était,  non  pas  un  air,  mais 
une  simple  sonnerie  de  4  ou  "j  notes  se 
succédant  dans  une  monotone,  égale  et 
vive  alternance,  je  n'ai  rien  z'/^,  j'ai  seu- 
lement entendu  !  et  je  crois  que  ce  tinta- 
marre était  produit  par  une  de  ces  «  roues 
de  Fortune  »  mise  en  branle.  Donc  la 
chose  nécessite  une  vérification. 

Ensuite  M.  du  Halgouet  demandequelles 
sont  l'origine  et  la  signification  de  ces 
roues  ?  Déjà  dans  l'antiquité  on  attribuait 
une  roue  à  la  Fortune  pour  indiquer  son 


20  Septembre  1906. 
434     _ 

inconstance,  et  à  Némésis,  pour  désigner 
le  supplice  des  méchants.  Le  symbolisme 
chrétien  s'est  emparé  à  son  tour  de  cet 
emblème,  dans  les  mêmes  sens,  en  y 
ajoutant  toutefois  d'autres  significations. 

Ainsi  la  roue, selon  Bourassé, marquerait 
l'action  delà  Providence  dans  tous  les  évé- 
nements de  la  vie. 

Ce  serait  aussi  une  allégorie  delà  révolu- 
tion des  mondes,  du  cours  du  temps  :  Di- 
dron  cite  une  fresque  de  l'église  de  Sopha- 
lès  en  Thessalie  où  l'on  voit  deux  femmes 
tirer  alternativement  à  elles  une  roue 
avec  une  corde  :  l'une  des  femmes  tout 
en  blanc,  figurerait  le  jour,  et  l'autre, 
vêtue  de  noir,  la  nuit. 

Du  reste,  Jupiter,  le  maître  du  ciel  et  de 
la  terre,  et  le  dieu  gaulois  du  Soleil 
n'avaient-ils  pas  également  pour  attribut 
une  roue  ^ 

On  veuty  trouver  encore  la  personnifica- 
tion de  l'heur  et  du  malheur,  élevant  et 
rejetant  tour  à  tour  ce  jouet  de  la  desti- 
née qui  s'appelle  l'homme  :  '<  tel  se  voit 
au  haut  de  la  roue,  a  dit  Saint-Evremond, 
qui  s'en  voitprécipitéun  moment  après  ». 

En  elîet,  la  roue  —  et  ainsi  se  justifie 
son  appellation  de  fortune,  bonne  ou  mau- 
vaise —  est  surtout  prise  comme  l'image 
de  la  vie  humaine  dans  son  évolution, 
dans  son  renouvellement,  dans  sa  briè- 
veté, dans  son  ballottement,  dans  son 
inégalicé,  dans  ses  écueils,  dans  ses  vicis- 
situdes ;  c'est  la  rotam  vitœ  ou  naiivitatis 
nostrœ  de  l'Ecriture,  dont  on  trouve  de 
saisissantes  représentations  dans  les  roses 
(qui  ne  sont  en  somme  que  des  roues)  de 
la  cathédrale  d'Amiens  et  de  l'église 
Saint-Etienne  de  Beauvais,  par  exem- 
ple. Les  «  roues  de  Fortune  »,  ces  emblè- 
mes de  la  fragilité  et  des  chutes  de  notre 
misérable  humanité,  ont  été  introduites  et 
mises  en  action  dans  les  églises, au  moyen 
âge,  pour  frapper  plus  vivement  l'imagi- 
nation du  populaire  et  provoquer  ses  sa- 
lutaires méditations,  ses  ardentes  oraisons 
en  vue  de  conjurer  le  mauvais  sort  dans 
ce  monde  et  dans  l'autre  (d'où  le  nom  de 
roues  à  prières). 

On  les  a  munies  de  sonnettes,  bruyam- 
ment avertisseuses  jusqu'à  l'obsession  , 
comme,  chez  les  Romains,  on  attachait 
au  char  du  triomphateur  une  clochette  avec 
un  fouet, «  pour  lui  rappeler  qu'il  était  sujet 
aux  vices  et  auxinfirmités  de  la  nature  hu- 
maine et  qu'il  pouvait  mériter  d'être  con- 


Ko  1124. 


L'INTERMÉDIAIRE 


-    435 


436 


damné  à  des  peines  infamantes  ».  Pour  le 
chrétien,  ce  sont  les  peines  de  l'autre  vie: 
l'expiation  dans  le  Purgatoire  ou  le  feu  de 
l'Enfer  éternel.  Pierre. 

J^ota. —  M.  Henri  Gaidoz  s'est  particu- 
lièrement occupé  de  cette  question  dans  les 
Bulletins  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  dans  la  Revue  Archéologique,  etc., 
que  je  n'ai  pas  la  possibilité  de  consulter  en 
ce  moment. 

Les  mansardes  célèbres  (LUI,  49, 
207).  — 

La  mansarde  de  Hiigo.  —  A  cette  époque, 
le  grand  poète  était  installé  rue  du  Dragon, 
po  30.  11  faisait  ménage  avec  un  jeune  cou- 
sin, fils  du  frère  de  Mme  Hugo,  venu  de 
Nantes  pour  étudier  le  droit.  Ils  avaient  loué 
en  commun  une  mansarde  à  deux  comparti- 
ments. L'un  était  leur  salon  de  réception. 
Sa  splendeur  consistait  en  une  cheminée  de 
marbre,  au-dessus  de  laquelle  était  accroché 
le  lis  d'or  des  jeux  Floraux.  L'autre  com- 
partiment était  un  boyau  mal  éclairé  et 
qui  avait  grand  peine  à  contenir  les  deux 
lits. 

Les  cousins  avaient  à  peine  à  deux  une 
armoire.  On  pensera  que  c'était  beaucoup. 
C'était  beaucoup  pour  Victor  qui  avait  en 
tout  trois  chemises.  Mais  le  Nantais  était 
doué  de  linge  comme  un  provincial.  Les 
rayons  pliaient  sous  le  poids  énorme  de  ses 
chemises  dont  il  avait  un  soin  respectueux  et 
qu'il  envoyait  lessiver  à  Nantes. 

Victor  s'entundait  à  merveille  avec  son  cou- 
sin qui  était  un  bon  cœur  et  un  esprit  labo- 
rieux. D'autre  part,  sa  mansarde  commençait 
à  être  visitée.  M.  Soumet  lui  amena  plusieurs 
amis  :  MM.  Alexandre  Guiraud,  Pichot,  Jules 
Lefèvre. 

{Victor  Hugo,  racojité  par  un  témoin  de 

sa  vie). 

«  A  cette  époque  »,  c'est  à  l'époque  de 
son  mariage. 

On  sait  que  M.  Louis  Kock,  neveu  de 
Mme  Drouet,  a  identifié  cette  mansarde. 
Toutefois,  aucune  pièce  n'existe  entre  les 
mains  des  propriétaires  actuels,  qui  éta- 
blisse le  passage  du  poète. 

Cependant,  on  peut  penser  que  le  nu- 
mérotage n'a  pas  dû  changer  et  que  le 
30  actuel  est  bien  le  30  d'alors. 

La  Commission  du  Vieux  Paris  a  publié 
un  tableau  établissant  la  concordance 
entre  le  numérotage  actuel  d'un  certain 
nombre  de  maisons  de  l'ancien  Paris  et 
les  différents  numérotages  que  les  mêmes 
maisons  ont  portés  à  diverses  époques. 
Nous  voyons  que   le  34  de  l'année  1821 


de  la  rue  du  Dragon  (qui  s'est  appelée 
d'abord  rue  du  Sépulcre),  est  encore  au- 
jourd'hui le  34.  Si  la  maison  du  34  n'a  pas 
changé  de  numéro,  il  y  a  de  "fortes  pré- 
somptions pour  que  celle  du  30  n'en  ait 
pas  changé  davantage. 

Mais  le  cadastre  peut  donner  d'autres 
preuves.  En  réalité  il  semble  bien  qu'on 
ne  s'égare  pas  comme  il  arrive  si  souvent, 
et  que  la  mansarde  dont  on  parle  est  bien 
celle  qu'à  l'époque  de  son  mariage  et  de 
la  composition  de  ses  Odei^  Victor  Hugo 
habita. 


La  mansarde  de  Bonaparte.  —  On  vient 
de  découvrir  la  mansarde  de  Victor  Hugo,  rue 
du  Dragon.  Cette  découverte  a  mis  en  goût 
d'autres  chercheurs.  L'un  d'eux  croit  avoir- 
trouvé  la  mansarde  de  Bonaparte,  5,  quai 
Conti.  11  a  vu,  au  moins,  dans  le  couloir  de 
cet  immeuble  une  plaque  de  marbre  noir,  et 
il  y  a  lu  une  inscription  dont  les  lettres  dorées 
commencent  à  s'effacer,  où  il  est  attesté  par 
Napoléon  III,  que  Bonaparte,  officier  ^  de 
marine  à  Brienne,  y  aurait  habité  au  cinquième 
étage  de  cette  maison,  en  1785. 

...  11  est  une  ancienne  chambre  d'hôtel  à 
Paris  qui  mentionne  mieux  que  celle  du  quai 
Conti,  une  indication  du  séjour  qu'y  tit  Bo- 
naparte :  c'est  la  maison  q.ii  porte  le  n"  33 
de  la  rue  Vauvilliers,  près  des  Halles.  En  1787, 
quand  Bonaparte  vint  y  habiter,  cette  maison 
était  l'hôtel  de  Cherbourg  :  la  rue  s'appelait 
alors  rue  du  Four-Saint-Honoré.  La  maison  a 
été  à  l'usage  d'hôtel  meublé  jusqu'en  1878. 
On  a  changé  complètement  le  rez  de- 
chaussée  et  l'entresol  ;  mais  le  reste  de  l'im- 
meuble est  à  peu  près  tel  qu'à  l'époque  où 
Bonaparte  y  avait  son  domicile.  On  croit  qu'il 
habitait  la  chambre  n°  9  au  troisième  étage. 
Il  payait  quatre  écus  par  mois. 

...  Il  y  a  enfin,  rue  d'Aboukir,  une  maison, 
mais  laquelle?  où  logea  Bonaparte  au  rno- 
ment  où  devait  enfin  se  décider  sa  destinée. 
La  rue  d'Aboukir  s'appelait  alors  la  rue  des 
Fossés-Montmartre. 

Il  n'est  pas  impossible  que  l'immeuble  de 
la  rue  d'Aboukir,  qui  portait  à  cette  époque 
l'enseigne  de  l'hôtel  de  la  Liberté,  subsiste 
encore  tel  qu'il  était  alors.  Quelle  aubaine 
ce  serait  pour  les  adeptes  du  culte  des  man- 
sardes, si  quelqu'un  avait  la  bonne  fortune 
de  la  découvrir. 

FÉLICIEN  Pascal  {Figaro,  11  septembre 
1906).  ^ 

La  mansarde  de  Béranger,  ou  pour  mieux 
dire,  le  grenier. 

Eugène  Baillet, notre  regretté  collabora- 
teur, m'a  arrêté,  un  jour,sur  le  boulevard 


DES  CHERCHEURS   ET  CURIEUX  20  Septembre  1906 


437 


438 


Saint-Martin,  et,  me  montrant  une  man- 
sarde au  50  de  la  rue  de  Bondy,  à  l'angle 
de  la  rue  de  Lancry,  il  me  dit  : 

—  J'avais  parfois  le  plaisir  de  me  promener 
sur  ce  boulevard  avec  Béranger.  Un  jour^  il 
me  montra  cette  maison  et  me  dit  :  Tenez, 
cette   fenêtre    là-haut,  c'est  celle  du  grenier. 

Savinien  Lapointe  dit  dans  ses  Souve- 
nirs : 

Tous  les  jours  du  chansonnier  n'ont  pas  été 
bons,  il  a  eu  ses  jours  de  pluie  et  de  soleil, 
l'habit  râpé  :  [depuis  dix  ans  je  te  brosse 
moi-même)  ;  il  a  eu  ses  jours  oià  il  vivait  de 
pommes  de  terre  et  de  panades  qu'il  faisait  le 
plus  souvent  lui-même,  dans  son  grenier, 
rue  de  Bondy,  qu'il  chanta  à  vingt  ans  de 
distance  ;  il  passa  un  jour  avec  un  ami  devant 
cette  demeure  dont  la  fenêtre  donnait  sur  le 
boulevard    :  Oh  1    dit-il,    c'est    là  bas  :   nous 

étions  heureux  alors Et  voilà  la  chanson 

du  Grenier. 

M.  Paul  Boiteau,  dans  sa  Vie  de  Béran- 
ger, qui  parle  de  cette  maison  et  du  gre- 
nier, dans  son  dénombrement  des  domi- 
ciles du  chansonnier,  note  : 

Rue  de  Bondy  et  boulevard  Saint-Martin, 
78  (le  fameux  grenier),  en   1800  et  1801  . 

Il  dit  encore  : 

11  avait  de  très  bonne  heure  habité  dans 
une  maison  de  la  rue  de  Bondy  et  du  boule- 
vard Saint-Martin,  cette  mansarde  qui  restera 
fameuse  sous  le  nom  de  grenier  à  vingt  ans. 

La  note  de  Paul  Boiteau  serait  faite  pour 
nous  égarer,  si  nous  n'avions  eu  un  té- 
moignage écrit  contemporain.  Dans  Bé- 
ranger et  ses  chansons,  d'après  des  docu- 
ments fournis  par  lui-même,  et  avec  sa  colla- 
boration, par  Joseph  Bernard.  (Paris,  Den- 
tu,  1858)  on  dit,  dans  le  chapitre  consa- 
cré à  la  chanson  du  Grenier  : 

Dans  la  partie  de  la  rue  de  Bondy  donnant 
sur  le  boulevard,  à  un  sixième  étage,  était  la 
mans.irde  dont  il  s'agit;  car  de  grenier  pro- 
prement dit  il  ne  s'en  voit  guère  à  Pans  ; 
on  y  connaît  trop  le  prix  du  moindre  empla- 
cement. 

Donc,  c'est  bien  rue  de  Bondy  que  de- 
meurait Béranger,  dans  une  maison  don- 
nant sur  le  boulevard  -j  c'est  bien  la  situa- 
tion de  celle  que  Baillet  m'a  montrée, 
d'après  Béranger  lui-même,  et  que  désigne 
aussi  M.  Savinien  Lapointe. 

Pense-t-on,  d'après  ce  qui  précède, 
qu'on  peut  l'identifier  avec  le  50  actuel, 
et  que  ce  petit  grenier  qu'on  voit  encore 
est  bien  celui  où  Bérang.  r  était  si  bien  à 
-vingt  ans  ?  G.  M. 


Le  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274,  378).  — On  discute  aujourd'hui  sur 
la  façon  d'observer  le  repos  hebdoma- 
daire ;  sous  la  première  République,  l'ad- 
ministration semble  ne  s'être  point  pré- 
occupée des  opinions  et  des  préférences  de 
chaque  citoyen  ;  elle  faisait  observer  la 
loi  qui  était  plus  dure  que  sous  le  tyran, 
et  qu'elle  ne  le  fut  sous  l'Empire  et  sous 
la  Restauration. 

Si,  sous  l'ancien  régime,  l'ouvrier  se  re- 
posait en  moyenne  six  fois  par  mois  : 
dimanches  et  fêtes, la  Révolution, en  adop- 
tant un  nouveau  calendrier,  réduisit  le 
repos  à  /roz'5  jours  par  mois, non  comptées 
les  fêtes  nationales.  L'Empire  rétablit  les 
52  dimanches  et  les  4  fêtes  mobiles  ;  la 
Restauration  et  les  autres  gouvernements 
qui  se  sont  succédé  ont  maintenu  ce 
nombre  de  56.  La  troisième  République  a 
ajouté  six  autres  jours  fériés  (14  juillet, 
l'r  de  l'an  et  lendemain  des  diverses  fêtes) 
ce  qui  fait  62  jours  de  fermeture  légale, 
soit  1/6  de  l'année. 

A  la  fin  du  Directoire  et  dans  les  pre- 
mières années  du  Consulat,  l'esprit  reli- 
gieux ayant  repris  son  cours,  il  n'était  pas 
rare  de  voir  des  gens  observer  le  décadi 
légal  et  le  dimanche  religieux,  ce  qui  fai- 
sait 7  jours  de  repos  par  mois. 

On  trouvera  en  abondance  dans  Tou- 
vrage  de  M.  Aulard  :  Paris  sous  la  réaction 
thermidorienne,  des  rapports  de  police 
sur  la  non  observation  du  décadi  et  la  cé- 
lébration plus  ou  moins  clandestine  du 
dimanche. 

Le  document  suivant, que  nous  croyons 
inédit  permettra  déjuger  comment  en  lan 
VII  l'administration  faisait  observer  la  loi 
au  nom  de  l'Egalité   et  de  la  Liberté  : 

Le  vingt  ventôse  an  sept  de  la  Républi- 
que Française  une  et  indivisible,  huit  heures 
du  matin,  moi  Jean-Michel  Lebau,  com- 
missaire de  police  de  la  Division  des  Quinze- 
Vingts  à  Paris,  faisant  ma  ronde  de  police, 
j'ai  remarqué  que  la  citoienne  Rome,  mar- 
chande frippière,  demeurant,  marché  Beau- 
veau  à  droite  en  y  entrant  par  la  rue  de  Cote, 
avait  étalé  des  bardes,  des  mouchoirs  et  au- 
tres objets  sur  une  corde  tendue  dans  sa 
boutique  près  la  porte  extérieure  qui  était 
ouverte,  malgré  que  dans  mes  rondes  les 
jours  de  décadis  précédents  j'avais  déclaré  à 
cette  citoyenne  qui  avait  formé  le  même 
étalage,  que  quoique  les  hardes  et  autres 
objets  qu'elle  étalait    et   exposait   en    vente 


N«  1124. 


L'INTERMÉDIAIRE 


439 


440 


n'étaient  point  en  dehors  de  sa  boutique, 
elle  se  trouvait  par  le  fait  en  contravention 
à  l'article  huit  de  la  loi  du  dix-sept  thermi- 
dor an  six,  qui  ordonne  les  jours  de  décadi 
et  fêtes  nationales  la  fermeture  des  bouti- 
ques, magasins,  etc.,  puisque  lesdites  har- 
des  étaient  en  vue  publique. 

J'ai  obligé  la  citoyenne  Rome  à  détallerf'^/c^ 
et  attendu  que  ptir  ses  récidives  je  ne  pou- 
vais plus  penser  que  c'étaitpar  erreur  qu'elle 
se  trouvait  en  contravention,  j'ai  dressé  le 
présent  procès-verbal  dont  expédition  sera 
envoyée  au  citoyen  Commissaire  du  Direc- 
toire exécutif  près  le  8°  arrondissement  pour 
agir  en  vertu  d'icelui  ainsi  qu'il  appartien- 
dra et  ai  signé  en  cet  endroit. 

Lebau. 

Ce  même  commissaire  avait  déjà  dressé 
procès-verbal,  le  décadi  précédent,  contre 
un  autre  fripier  nommé  Leroi,  35,  rue 
Lenoir,  qui  s'était  permis  d'étaler  des 
hardes  hors  de  son  échoppe  ;  le  cas  était 
plus  grave. 

Prendra-t-on modèle  sur  les  ancêtres?... 
Optimi  consiiltores  mortui. . . 

LÉONCE  Grasilier. 

Une  lettre  inédite  de  la  reine 
Victoria  à  la  reine  Amélie.  —  Par 

ce  temps  d'entente  cordiale,  on  lira  avec 
intérêt  ce  petit  billet  familier  adressé  par 
la  reine  Victoria  à  la  reine  Amélie.  Le  ton 
en  est  le  plus  bourgeois  du  monde,  et 
cette  particularité  n'ôte  rien  à  sa  saveur, 
au  contraire: 

Château  de  Windsor, 

29  septembre  1840 
Madame,  • 

Je  me  suis  hâté  de  répondre  à  la  lettre  si 
bonne  et  si  aimable  que  Votre  Majesté  a  bien 
voulu  m'écrire,  à  l'occasion  de  la  perte  que 
nous  venons  d'éprouver,  et  que  j'ai  reçue 
hier. 

J'étais  bien  sûre  de  la  part  que  vous  pren- 
driez,madame,  ainsi  que  le  Roi  à  la  mort  de 
la  bonne  et  excellente  tante,  qui  m'a  bien 
affigée.  Pour  elle-même,  c'est  un  bonheur 
que  ses  affreuses  souffrances  supportées  avec 
un  courage  et  une  patience  vraiment  angéli- 
ques  soient  terminées. 

C'est  un  grand  plaisir  pour  moi  d'appren- 
dre que  le  cher  petit  Paris  soit  mieux  et 
qu'Hélène  avance  heureusement  dans  sa  gros- 
sesse. Vous  avez  la  bonté,  madame,  de  me 
demander  après  ma  santé  ;  elle  est,  Dieu 
merci,  parfaite  ;  et  je  ne  me  ressens  que  très 
peu  des  inconvénients  de  ma  position. 


Oserais-je  prier  Votre  Majesté  de  dire  à 
Madame  Adélaïde  que  je  répondrai  à  sa  bonne 
lettre  demain,  comme  je  n'ai  malheureuse- 
ment pas  le  temps  aujourd'hui  ? 

Je  prie  Votre  Majesté  de  me  mettre  aux 
pieds  du  Roi  et  de  toute  la  famille  et  de  leur 
exprimer  en  mon  nom  toute  ma  reconnais- 
sance  pour  leur  aimable  souvenir. 

Albert  me  charge  de  vous  offrir  ses  respec- 
tueux hommages,  et  je  vous  prie  de  me  croire 
pour  la  vie,  madame,  de  votre  Majesté  la 
toute  dévouée  sœur. 

Victoria  R. 

La  bonne  Spith  est  partie  aujourd'hui,  et 
est  bien  heureuse  de  penser  qu'elle  sera  au- 
près de  vous  tous,  madame,  vendredi  pro- 
chain. 

(Communiqué  par  le  docteur  Pichevin). 

NÉCROLOGIE 

Un  nouveau  deuil,  et  des  plus  cruels,  a 
frappé  Y  Intermédiaire  :  le  doyen  de  la 
presse  française,  notre  collaborateur  Phi- 
libert Audebrand,  est  mort  le  10  septem- 
bre, à  Paris,  25,  rue  Lepic,  assisté  du  doc- 
teur Billard,  et  dans  les  bras  de  son  fidèle 
Jules  Troubat. 

11  était  né  en  181 5  et  depuis  l'âge  de 
vingt  ans,  tenait  une  plume,  on  sait  avec 
quelle  vaillance  et  quelle  verve  renseignée 
sur  les  hommes  et  sur  les  choses.  Son 
œuvre  se  compose  de  romans  et  de  chro- 
niques ;  mais  c'est  comme  chroniqueur 
qu'il  laissera  un  nom.  Le  probe  et  gra- 
cieux écrivain,  admirable  à  la  fois  par  le 
caractère  et  le  talent  a  eu,  —  sans  fleurs, 
ni  discours,  ni  piquet  d'infanterie,  quoi- 
qu'il fût  décoré  —  de  belles  funérailles. 
La  presse, par  ses  voix  les  plus  autorisées, 
a  apporté  sur  le  cercueil  de  son  doyen,  la 
branche  de  lauriers  mêlés  au  cyprès,  dont 
il  avait  fait  le  titre  de  l'un  de  ses  récents 
ouvrages. 

L'Intermédiaire  s'enorgueillit  d'avoir 
été,  comme  l'a  dit  M.  Jules  Claretie,  dans 
sa  chronique  du  Temps,  le  dernier  jour- 
nal de  Philibert  Audebrand.  Les  articles 
qu'il  y  a  donnés  étaient  dignes  de  sa  plus 
verte  jeunesse  :  ils  ne  trahissaient  son 
grand  âge  que  par  la  précieuse  abondance 
de  leurs  lointains  souvenirs. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Danœl-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond , 


LIV'  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois     30  Septembre  1906. 


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DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS     ET     REPONSES    LITTERAIRES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET    ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


441 


442 


Nous  renouvelons  la  prière  à  nos  collabo- 
rateurs de  vouloir  bien  accompagner  leur 
pseudonyme  ou  leurs  initiales  de  leur  nom. 
Cette  précaution  est  indispensable  pour  nous 
permettre  de  faire  suivre  les  lettres  dont 
nous  sommei  chargés. 

Si  chaque  pseudonyme  nouveau  doit  être 
suivi  du  nom,  tout  pseudonyme  appityè  du 
nom  une  première  fois  nous  étant  connu., 
n  implique  plus  ce  rappel. 


(^m^Xmw 


La  comtesse  ob?cure.  —  Serait-il 
possible  d'avoir  quelques  renseignements 
sur  la  personne  mystérieuse  qui  fut  jadis 
connue  sous  le  nom  de  la  Dûnkelgrafin 
(la  comtesse  obscure),  décédée  au  château 
de  Lishausen  près  Mildbourghausen,  et 
enterrée  sur  le  Schulenberg  ? 

Cette  mystérieuse  personne  vivait  dans 
ce  château  sous  la  garde  du  comte  Vevel 
de  Versay,  autrement  dit  Van  der  Valck, 
et  devait  être  bien  connue  des  rois  Louis 
XVIll  et  Charles  X. 

Comte  de  Cornulier-Lucinière. 

Un  monumentaux  frères  Mont- 
golfier.  —  Dans  son  journal  —  son  dé- 
licieux journal  '^traduit  par  M.  Delphin 
Balléguier ,  Perrin ,  éditeur,  1896), 
Mme  Craddok  écrit  à  la  date  du  7  juillet 
1784: 

Aujourd'hui  au  vieux  Louvre...  nous  des- 
cendîmes à  la  sculpture.  Nous  vîmes  les  six 
modèles  d'obélisques  commandés  parle  roi 


et  dont  l'un  doit  être  choisi  par  lui  pour 
être  placé  dans  les  jardins  des  Thuileries 
en  l'honneur  des  frères  Montgolfier,  inven- 
teurs des  ballons.  Le  i^""  décembre  1783, 
ils  partirent  des  Thuileries,  et  firent  une  as- 
cension en  présence  du  roi,  de  toute  la  cour 
et  de  plusieurs  milliers  de  spectateurs. 
Deux  modèles  surtout  me  plurent  :  le  pre- 
mier affectait  la  forme  d'un  ballon  un  peu 
allongé,  déjà  à  moitié  gonflé  par  l'air  in- 
flammable ;  sur  la  terre  reposait  la  nacelle 
près  de  laquelle  se  tenaient  les  deux  frères 
et  les  aides  employés  à  préparer  le  ballon. 
Dans  le  second  modèle,  le  ballon  auquel  est 
suspendue  la  nacelle,  s'élève  dans  les  airs. 
La  corde  tenant  la  nacelle,  et  montant  jus- 
qu'au nuage  en  les  divisant  est  un  excellent 
effet. 

Ce  monument  a-t-il  été  exécuté  ?  Qu'est- 
11  devenu  ?  Y. 

Camp  de  César  à   'Wissant.  — 

Quelqu'un  pourrait- il  me  donner  des  ren- 
seignements sur  le  camp  de  César  qui  se 
trouve  à  Wissant,  dans  le  Pas-de-Calais^ 
entre  le  cap  Gris-Nez  et  le  Blanc-Nez,  ou. 
du  moins,  m'indiquer  les  livres  dans  les- 
quels je  serais  à  même  d'en  trouver.  Je 
serais  heureux  également  de  savoir  si  des 
fouilles  ont  été  opérées  dans  cette  région» 
notamment  à  Tardinghen,  où  le  terrain 
laisse  croire  qu'elles  pourraient  être  fruc- 
tueuses, et  à  quelle  date.         Persigny. 

Documents  à  retrouver  sur  le  Jo- 
delle.  —  Dans  un  journal  qui  parut 
à  la  fin  du  siècle  dernier,  mais  dont  nous 
ignorons  la  date  précise  de  publication,  Z,c« 
Cinq  Centimes,nous  trouvons,  sous  la  si- 

LIV  9 


No 


I  I2S. 


L'INTERMEDIAIRE 


443 


444 


gnature  A.  de  Lavoipierre,  un  article  sin- 
gulier sur  le  poète  Estienne  Jodelle.  Nous 
en  détachons  ces  lignes  d'autant  plus  cu- 
rieuses qu'elles  semblent,  tout  d'abord, 
apporter  quelque  lumière  sur  la  vie  du 
célèbre  ami  de  Ronsard  : 

Jodelle  naquit  a  Paris,  d'une  famille  noble, 
en  1532.  Son  père  qui  était  seigneur  de  Ly- 
modin,  lui  transmit  le  titre  de  sa  seigneurie 
avec  des  dettes  considérables.  Le  jeune 
Etienne,  qui  venait  d'achever  ses  études  au 
collège  de  Navarre,  lorsque  son  père  mou- 
rut, vendit  l'héritage  de  ses  ancêtres  pour 
payer  les  dettes  contractées  par  l'auteur  de 
ses  jours,  et  devenu  tout  à  coup  pauvre  par 
ce  généreux  abandon,  il  demanda  aux  arts 
qu'il  avait  jusqu'alors  cultivés  par  délasse- 
ment les  moyens  de  vivre  en  gentilhomme, 
en  épicurien  et  m  sage 

Il  voulut  être  peintre,  et  il  étudia  la  pein- 
ture avec  Ruggieili,  l'un  des  élèves  du  Pri- 
matice  ;  il  voulut  connaître  l'architecture,  et 
il  reçut  des  leçons  de  Philibert  Delorme, 
l'immortel  architecte  des  Tuileries  et  du 
château  d'Anet.  La  sculpture  le  charmait  et 
il  quitta  souvent  son  élégant  habit  de  cour- 
tisan pour  s'affubler  de  la  mandille  des  élevés 
de  Germain  Pilon.  Il  voulut  être  graveur  et 
il  réussit  si  bien  dans  cet  art  merveilleux  que 
Miche!  Laotie,  le  plus  habile  graveur  du 
XVI*  siècle,  lui  disait:  «  Ne  faites  plus  de  vers; 
soyez  graveur,  et  je  vous  prophétise  un  nom 
et  des  richesses  comparables  au  nom  et  aux 
richesses  de  mon  savant  maître  Benvenuto 
Cellini...  », 

Faisant  ensuite  allusion  aux  ouvrages 
et  au  caractère  privé  du  poète,  l'auteur 
de  l'article  ajoute  : 

...  Le  Rouet   que   Jodelle  composa    pour   j 
une  fête  de  la  cour,  et  qui  fut  joué    au  Lou-   j 
vre  par    l'escadron    volant    de    Catherine  de   \ 
Médicis,  est  une  petite    pièce  remplie  de  sel, 
d'esprit  et  de  gaîté.  Il   existe  encore  une  co- 
médie inédite  de  Jodelle  dans  les  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  nationale   :  c'est  le  Maure 
blayichi^  dont   le    sujet   est    grotesque,  mais 
dont  les    détails    sont    pleins    d'observations 
fines  et  d'allusions  malicieuses. 

Malgré  le  succès  de  ses  vers  à  la  cour  et  à 
la  ville,  malgré  les  piquantes  et  nombreuses 
représentations  de  ses  pièces  de  théâtre,  Jo- 
delle mena  constamment  une  vie  qui  côtoyait 
l'indigence...  Les  fêtes  splendides  du  Lou- 
vre ne  suffisaient  pas  à  étancher  sa  soif  de 
plaisir,  et  il  employait  les  libéralités  royales  à 
gorger  de  fleurs,  de  sucreries  et  de  parfums 
les  séduisantes  sirènes  dont  Paris  fourmillait 
alors  comme  aujourd'hui.  L'élégance  et  par- 
fois la  magnificence  de  ses  habits  absor- 
baient aussi  une  partie  de  ses  ressources.  Un 
jour  qu'avec  Ronsard  il  était  allé  faire  sa  cour 


au  roi  Charles  IX,  le  prince,  frappé  de  l'écla- 
tante parure  du  poète,  lui  dit  :  «  Jodelle,  au- 
cun seigneur  de  ma  cour  ne  porte  un  justau- 
corps aussi    brillant    que    le-  vôtre   ;  combien 
vous  coûte-t-il?» — «  Sire, répondit  le  poète, 
i  je  suis  une  de   vos  étoiles,  et  je  mets   ce  que 
i   j'ai  de  plus  beau   pour    m'approcher    du    so- 
leil ».  —  «  Vous  ne  répondez  pas  à  ma  ques- 
j    tion,  reprit  le  roi,  combien  vous  coûte  votre 
;    habit   ?»  —  «    Une    bagatelle,    sire    >.   — 
j    «Mais  encore  je  veux  le  savoir.* — «Eh  bien, 
j    le  pourpoint  et  le  manteau  ne  me  reviennent 
qu'à  six  cents  pistoles.  »  Or,   Charles  l'avait 
!    gratifié  la  veille  d'une   bourse    de  cinq  cents 
j    pistoles,    et    la    réponse    de  Jodelle    pouvait 
passer     pour    une    épigramme.     Le   roi    fit 
une   légère   grimace    et    lui    dit    finement  : 
«  Prenez  garde,  Jodelle,  les  femmes, les  fleurs 
et    les    poètes  ne  durent   que    peu  de    jours, 
et    malheur  aux  femmes    si    elles   n'ont    pas 
d'esprit,    malheur   aux    fleurs    si    elles  n'ont 
pas     de    parfum,    malheur    aux  poètes   s'ils 
n'ont  pas   de  prévoyance.  j> 

La  leçon  royale  ne  profita  point  à  jodelle. 
Un  jour  il  reçut  du  roi  de  Hongrie,  auquel  il 
avait  adressé  des  vers  grecs  et  des  vers  latins, 
—  car  Jodelle  excellait  dans  ces  deux  idiomes 
et  composait  de  très  bons  vers  dans  tous  les 
deux — ,  un  présent  de  mille  écus.  11  dispa- 
rut tout  à  coup  de  Paris,  fut  un  mois  entier 
sans  paraître  au  Louvre,  et  consterna  la 
Pléiade  qui  le  croyait  assassiné.  Ronsard,  à 
force  de  persévérantes  recherches,  le  trouva 
enfin  dans  une  petite  masure  du  village  des 
Prés-Saint-Gervais,à  une  lieue  de  Paris.  L'au- 
teur de  Didon  et  de  Clèopâtre  rajeunissait 
dans  cette  solitude  les  plus  voluptueux  passa- 
ges de  VEnéide,  en  tête  à  tête  avec  une  reine 
de  Carthage,  mêlait  aux  doux  récits  de  la 
grotte  mystérieuse  les  nocturnes  orgies  des 
banquets  de  Trimalcion. 

L'âge  ralentit  un  peu  cette  ardeur  pour 
le  plaisir  ;  mais  l'indigence  fit  place  à  la 
pauvreté,  et  la  misère  ne  tarda  pas  à  rempla- 
cer la    pauvreté L'infortuné  poète,  dé- 

poi^sédé  de  la  faveur  de  son  roi,  abandonné 
de  ses  amis  et  presque  aussi  de  Ronsard,  son 
maître  qui  s'était  retiré  de  la  cour  depuis  la 
funeste  journée  de  la  Saint- Barthélémy,  pour 
aller  se  confiner  dans  son  abbaye  de  Saint- 
Côme-les-Tours,  végéta  quelques  mois  dans 
le  taudis  qu'il  habitait  à  la  montagne  Sainte- 
Geneviève.  Un  jour,  son  hôte,  ne  l'ayant 
pas  vu  descendre  à  son  heure  accoutumée, 
monta  dans  sa  chambre  et  le  trouva  presque 
expirant,  étendu  sur  son  lit.  Jodelle  mourut 
le  14  juillet  1573,  cent  ans  juste  avant  la 
mort  de  ce  Molière  dont  il  avait  préparé  la 
voie. 

Sans  examiner  ce  qu'il  y  a  de  fantai- 
siste dans  ces  lignes  où,  par  surcroît,  les 
inexactitudes  abondent,  nous  serions  eu- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


445 


30    Septembre  1906. 
446     ■ 


rieux  de   savoir   où  l'auteur  a  puisé   les   |       Dépôt  des  chartes  des  colon'es. 

renseignements  douteux  qu'il  nous  fournit   1  —  Un  état  de  juin  1776,  disposa  que  «CO' 


sans  contrôle  et  sans  indication  de  sources. 

Existe-t-il  en  réalité  une  pièce  de  Jo- 
delle  intitulée  le  Rouet  ?  Nous  avons  cent 
raisons  d'en  douter.  On  a  tout  lieu  de 
croire,  d'autre  part,  que  ce  poète  n'écri- 
vit point  la  Comédie  du  Maure  blanchi,  le 
département  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque nationale  n'en  possédant  aucun 
texte. 

Enfm  peut-on  prêter  foi  à  cette  opinion 
de  l'auteur  de  l'article  cité  lorsqu'il 
affirme  que  Jodelle  hérita  de  son  père,  de 
la  seigneurie  du  Lymodin,  et  ensuite 
qu'il  mourut  dans  un  taudis  de  la  monta- 
gne Sainte-Geneviève  ?  Nous  trouvons 
bien  dans  TAnnuaire  des  postes,  un  Liino- 
diii,  situé  dans  l'arrondissement  de  Cou- 
lommiers  (Seine-et-Marne),  mais  ce  lieu 
est-il  celui  qui  nous  intéresse,  et  d'ail- 
leurs, Jodelle  (qui  se  fit  appeler  sieur  de 
Lymodin)  posséda-t-il  jamais  une  terre  ? 

Pour  ce  qui  touche  à  la  fin  du  poète,  le 
récit  qu'on  nous  en  offre  nous  paraît 
aussi  inexact  que  le  reste.  Ne  sait  on  pas, 
d'après  Leheui {Hisi.  diiDioc.  de  Paris ^\. 
pp.  51-52)  que  le  «  poète  Jodelle,  mort 
en  1573,  avait  sa  maison  sur  la  paroisse 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  rue  Champ- 
fleury  »  .''  Ad.  van  Bever. 

Louis  XVI  etla  franc-maçonnerie. 

—  Je  lis  dans  la  Revue  des  Cours  et  Confé- 
rences^ n°  du  3  mai  1906,  une  conférence 
de  M.  Desdevises  du  Dézert,  intitulée; 
L Eglise  et  V Etat  en  brance  depuis  l'Edii 
de  Nantes  jusqu'à  nos  jours.  —  L'Eglise  et 
les  Philosophes  : 

En  France,  les  bulles  pontificales  n'empê- 
chaient pas  le  pieux  Louis  XVI  d'être  afiilié 
à  la  franc-maçonnerie. 

Sur  quel  document  original  s'est  appuyé 
l'auteur  pour  affirmer  l'affiliation  de 
Louis  XVI  à  la  franc-maçonnerie?     P.  B. 

Le  petit  homme  rouge  des  Tuile- 
ries et  Napoléon  V".  —  Une  légende 
veut  qu'un  petit  homme  rouge  ait  apparu 
aux  Tuileries  à  Napoléon,  à  la  veille  des 
circonstances  tragiques.  11  le  revit  à 
Moscou  et  à  Fontainebleau  la  nuit  de 
l'abdication. 

Cette  légende  a-t-elle  fait  l'objet  d'une 
étude  particulière  ? 

Rev.  Edw  de  Mariner, 


pie  des  actes  d'état  civil  et  autres  des  Co- 
lonies serait  déposée  à  Versailles  au  Dépôt 
des  chartes  des  colonies  ».  Ce  Dépôt 
existe-t  il  encore  .?  Où  .?  Quelle  autorisa- 
tion est  nécessaire  pour  y  consulter  les 
dits  actes  ?  B.  A.  H. 

Publication  d'indulgences  en 
faveur  de  l'hôpital  des  Quinze- 
Vingts.  —  J'ai  sous  les  yeux  un  placard 
destiné  à  être  affiché  aux  portes  des  égli- 
ses afin  de  solliciter,  moyennant  une  con- 
cession d'indulgences,  des  aumônes  en 
faveur  des  Quinze- Vingts  de  Pans.  C'est 
une  feuille  grand  in-folio,  imprimée  en 
minuscule  gothique  à  une  date  intermé- 
diaire aux  années  1526  et  1533.  En  voici  le 
titre  : 

Le  grant  pardon  gênerai  de  pleniere  re- 
mission donne  a  perpétuité  aux  bienffaicteurs 
des  Qiiinze  Vingtz  de  Paris  :  tant  pour  la 
réparation  et  bastiment  de  l'église  que  pour 
l'entretenement  et  nourrisseaient  des  povres 
Aveugles:  nouvellement  conferme  et  donne 
par  nostre  sainct  père  le  pape  Clément 
septiesme  qui  est  a  présent  régnant  au 
sainct  siège  apostolique. 

A  la  fin,  on  lit  : 

Le  pardon  commencera  la  veille  de  Noël 
a  vespres  et  finera  ledict  jour  de  Noël  a  so- 
leil couche  pour  le  premier  jour.  Et  pour  le 
second  commencera  le  jour  sainct  Estienne 
a  vespres  et  finera  le  jour  de  sainct  Jehan  a 
soleil  couche. 

L'église  députée  pour  visiter  en  laquelle 
sera  le  tronc  pour  mettre  les  aulmosnes  est 
l'église  de  céans. 

Connaît  on  d'autres  exemplaires  de 
cette  pièce  et  a  t-elle  été  publiée  ? 

Helenus.  —  Dans  la  généalogie  de 
Voltaire,  on  rencontre  trois  personnages 
qui  re  nommaient  Helenus  Arouet,  et  qui 
vivaient  en  Poitou  aux  xvi"etxvii^  siècles. 

Il  y  a  deux  saints  du  nom  d'Helenus  : 
un  moine  d'Egypte,  saint  Aémère  :  son 
culte  n'est  pas  rattaché  à  un  jour  particu- 
lier ;  —  et  un  solitaire  qui  vivait,  au  vu' 
siècle,  et  qui  est  honoré  le  4  mai. 

Quel  est  celui  de  ces   deux   saints  qu'il 
faut  identifier  avec  saint    Helenus,    assez 
connu  en  Poitou  pour  que  son   nom  au- 
trefois fût  donné  à  des  enfants,  à  leur 
\  baptême  ^ 


N»    1123. 


t'iNTERMÉDIAIRÉ 


447 


448 


Et  Saint-Hélen,  localité  du  départe- 
ment des  Côtes-du-Nord,  tire-t-elle  son 
nom  de  ce  même  saint  qui  est  honoré  en 
Poitou  ?  Debasle. 

Mont-Dauphin.  —  Un  régiment  que 
je  suppose  appartenir  au  génie,  tenait 
garnison  dans  cette  ville  des  Alpes,  dès 
1774.  Pourrait-on  connaître  sa  composi- 
tion à  cette  date,  les  noms,  l'uniforme  de 
ses  officiers  ?  Je  remercie  vivement  à  l'a- 
vance le  collaborateur  qui  me  renseigne- 
rait :  l'éloignement  ne  me  permettant  pas 
de  faire  la  recherche  moi-même. 

Albinoni. 

Le  château  de  Haut  Kœnigs- 
bourg.  —  Existe-t-il,  en  France,  des 
documents  susceptibles  de  fournir  des 
renseignements  sur  l'état  ancien  du  châ- 
teau de  Haut  Kœnigsbourg,  en  Alsace  ? 

Comte  J.  B. 

Mme  du  Châtelet  et  son  valet  de 
chambre.  —  Un  intermédiairiste  pour- 
rait-il dire  quel  texte  imprimé  a  consulté 
Perrens,  Les  libertins  en  Fiance  au  xvii' 
siècle^  ch.  VI,  11,  p.  322,  quand  il  a  écrit  : 

Mme  du  Châtelet  paraissant  nue  devant 
son  valet  de  chambre,  qui  pour  elle  n'était 
pas  un  homme,  ne  faisait  donc  que  conti- 
nuer la  tradition. 

P.  B. 


Descendance  du  duc  de  Dantzig. 
—  Le   duc  de  Dantzig  h.issa-t-il  plusieurs 
enfants  ^  Quelques  mémoires  parlent  avec 
très  peu  de  détails  et   encore    moins   de 
précision  d'un  fils  qui  serait  mort  à  Wilna 
pendant    la    retraite   de    Russie.    Etait-il 
malade   ou  blessé  ?  Son   père,  obligé   de 
suivre   l'armée   qui    quittait   Wilna,    dut 
l'abandonner  et  se  borner  à  le  recomman- 
der au  général  Tithakow  qui  allait  entrer 
dans  la  ville  à  la  tête    de   l'armée  russe. 
Le  malheureux  jeune  homme  (qui  portait 
le  titre  de  comte  de  Dantzig)  mourut  le 
19  décembre    1812.  Il   aurait   été  soigné 
par  le  baron  Desgenettes,  qui  était  pri- 
sonnier à  Wilna.  Tous  ces  détails  sont-ils 
exacts  ^  Pourrait-on   me  donner  les  pré- 
noms   de   ce  jeune   officier,  sa    date    de 
naissance  et  quelques  renseignements  sur 
sa  carrière?  Ses  restes  furent  ils  rapportés 
en  France  après  la  guerre  .? 

C.  DE  LA  BenOTTE. 


Faye  de  Brys,  médecin  en  pre- 
mier de  l'arméa  du  Midi  (avril 
1792,  au  20  nivôse  an, III).  —  Quels 
sont  les  états  de  service  de  François  Faye 
de  Brys,  né  à  Moulins  le  lo  juillet  1745, 
docteur  de  la  faculté  de  Montpellier,  con- 
seiller du  roi,  1776,  intendant  des  eaux 
minérales  et  thermales  de  Bourbon-l'Ar- 
chambault  depuis  1784.?  Nous  savons 
qu'il  fut  élu  maire  de  Bourbon  en  1790 
et  conserva  ces  fonctions  jusqu'en   1792. 

Nommé  médecin  à  l'armée  du  Midi,  il 
fut  dénoncé  comme  suspect  en  l'an  II.  Il 
revint  à  Bourbon  présenter  un  certificat 
de  civisme  le  25  ventôse  an  II. 

Il  mourut  à  Chambéry  le  20  nivôse 
an  III.  L.  G. 

Foigny  de  Varimont.  —  Pierre- 
François-Xavier  de  Foigny  de  Varimont, 
écuyer,  baron  et  commandeur  des  ordres 
du  roi,  eut  un  ex-Iibris,  très  mal  gravé, 
qui  porte  un  écu  :  Ecartelé  :  aux  i  et  ^ 
d'or^  à  la  croix  de  sable  ;  aux  2  et  ^  d'argent^ 
à  nii  arbre  terrassé  de  sinoph^  accosté  de 
deux  étoiles  de  gueules. Sur  le  tout  d'argent., 
à  trois  roses  d'azur.  A  quelle  province 
appartenait  cette  famille?  Les  émaux  sont- 
ils  corrects  ?  D.  des  E. 

Gœthe  et  Mérimée.  —  Il  existe  un 
mot  de  Gœthe  sur  les  Mécontents.,  de  Pros- 
per  Mérimée,  Il  compare  cette  pièce  à  une 
horloge,  dont  le  cadran  est  en  cristal, 
dont  les  aiguilles  sont  en  or  et  dont  les 
heures  sont  en  rubis.  Cette  phrase  de 
Gœthe,  où  se  trouve-t  elle  ? 

D''  Stephan  Kekule  von  Stradonitz. 

Les  trônes.  —  Nous  avons  le  trône 
de  Dagobert  ;  le  trône  de  Napoléon, 
encore  dans  les  magasins  du  garde-meu- 
ble, va  être  transporté  au  Louvre.  Nous 
l'avons  vu  à  l'Exposition  de  1900. 

A  ce  sujet,  est-il  permis  de  demander 
ce  que  sont  devenus  les  trônes  de  nos  rois? 
Qiiels  sont  ceux  qui  ont  une  légende  ?  Le 
trône  de  Louis-Philippe  a  été  biûlé  solen- 
nellement :  les  autres,  quel  fut  leur  sort  ? 
Ne  serait-elle  pas  curieuse  à  écrire, 
l'histoire  ces  meubles  prestigieux  ? 

A.  B.  X. 


L'fj'ùul   de  M.  Emile  Ollivier.  — 

D    ans  un  volume  qui  vient  de  paraître.  Vie 
de  M.  Emile  0///i'/>r,parMgrFèvre,proto- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


449 


notaire  apostolique,  je  vois  que  l'aïeul  de 
M.  Ollivier,  le  père  de  Démostbènes  OIK- 
vier,  père  d'Emile,  était  breton  et  quitta 
sa  Bretagne  pour  aller  à  Paris  en  prenant 
le  uom  d'Ollivicr.  11  ne  s'appelait  donc 
pas  Ollivier  ?  Comment  s'appelait-il  ? 

Après  avoir  habité  Paris,  le  jeune  bre- 
ton partit  pour  la  Provence  et  fut  institu- 
teur au  Beausset,  patrie  de  Portalis,  près 
des  gorges  d'OUioules. 

Pourrait-on  me  donnerle  véritable  nom 
du  breton  devenu  ainsi  provençal?  Après 
tout,  Mgr  Fèvre  se  trompe  peut-être. 

Ego. 

Un  marquis  de  la  Pailleterie.  — 

D'après  le  Dictionnaire  de  Bouillet,  le  gé- 
néral Dumas,  père  d'Alexandre  Dumas 
père,  faisait  précéder  ce  nom  du  nom  de 
Davy.  Il  était  fils  du  marquis  de  la  Paille- 
terie, riche  colon  de  Saint  Domingue,  et 
d'une  négresse. 

Quelqu'un  des  lecteurs  de  V Intermédiaire 
pourrait-il  me  donner  des  renseignements 
biographiques  et  généalogiques  sur  ce 
marquis  de  la  Pailleterie  ?  Son  nom  patro- 
nymique ne  serait  il  pas  David  ou  Davy  ; 
et  dans  ce  cas  ne  serait-il  pas  membre 
d'une  famille  noble  de  ce  nom,  connue 
dès  le  xiv*  siècle  dans  l'élection  de  Mon- 
targis,  gouvernement  de  l'Orléanais,  et 
qui  y  subsista  jusqu'à  la  Révolution? 

C.  N. 


Un  Bichaud  de  Beauvillars.  — 

A  Seyne,  dan-;  les  Basses  Alpes,  on  cite 
parmi  les  célébrités  locales,  un  certain 
Richaud  qui  serait  parti  de  Saint  Pons, 
hameau  à  2  ou  3  kilomètres  de  Seyne, 
connue  soldat,  vers  le  milieu  du  xviir' 
siècle. 

Il  aurait  reparu  à  Digne,  une  trentaine 
d'années  après,  en  costume  de  colonel, 
avec  plusieurs  croix,  et  tenu  comme  gou- 
verneur d'une  place  du  nord  de  la  France, 
Valenciennes,  dit-on. 

Un  jour  qu'il  se  promenait,  sur  le  cours 
de  Digne  -  maintenant  le  cours  Gas- 
sendi —  l'épée  en  vcrrouil,  il  aurait  en- 
tendu un  hobereau  dire  derrière  lui  : 
<<  Depuis  quand  les  croquants  portent- ils 
l'épée  ?  —  Depuis  qu'ils  savent  s'en  ser- 
vir »,  répondit  le  colonel. 

On  serait  allé  sur  le  terrain,  et  le  cro- 
quant, régulièrement  anobli  sous  le  nom 
de  Richaud  de  Beauvillars,  d'autres  disent 


30  Septembre  190e 
_     450     

«  de  Beaudinard  »,  aurait  laissé   le  noble 
seigneur  sur  le  terrain. 

L'histoire  me  parait  suspecte,  d'abord 
parce  que  l'anecdote  du  duel  est  racontée 
un  peu  partout,  ensuite  parce  que  à 
Seyne  on  ne  rattache  ce  Richaud  à  au- 
cune famille  par  un  souvenir  précis.  On 
dit  seulement  qu'il  était  apparenté  aux 
Richaud,  de  Saint-Pons. 

Cela  m'amène  à  demander  si  on  trouve 
ailleurs  des  traces  de  ce  vilain  anobli  par 
les  armes  ; 

Des  détails  sur  les  faits  qui  lui  ont  valu 
pareille  fortune  ; 

Sur  la  date  de  sa  naissance  et  de  sa 
mort  ? 

Ce  qui  me  porterait  à  croire  qu'il  y  a 
quelque  chose  de  vrai  dans  ces  traditions, 
c'est  que  «  Beauvillars  »,  dont  on  lui 
donne  le  titre,  est  un  domaine  entre 
Seyne  et  Saint-Pons. 

Par  contre,  je  ne  connais  pas  de  Beau- 
dinard, en  dehors  d'un  hameau  de  la 
commune  d'Aubagne  dans  les  Bouches- 
du  Rhône,  célèbre  par  ses  cultures  de 
fraises  des  quatre  saisons. 

Pour  circonscrire  la  question,  je  dois 
dire  qu'il  ne  paraît  rien  y  avoir  de  com- 
mun entre  le  héros  de  cette  histoire  et  les 
Richaud  de  l'Ours  ou  de  Richaud  du  Dau- 
phiné,  dont  on  connaît  l'entrée  à  l'assem- 
blée de  Vizille.  Eumée. 

MM.  de  Valmale,  chevaliers  de 

Malte.  —  Sur  le  catalogue  des  chevaliers 
de  Malte,  de  Louis  de  la  Roque,  figurent 
Guillaume  de  Valmale,  en  1255,  et  Ray- 
mond de  Valmale,  en  1309.  Quelque  ai- 
mable correspondant  pourrait-il  me  donner 
quelque  renseignement  sur  eux,  leur  fa- 
mille, leurs  armes?  Le  moindre  document 
serait  accueilli  avec  joie  et  reconnaissance. 

XVI  B. 


Pierre  "Vinçart  et  le  Siège  de 
Paris,  —  Pourrait-on  me  dire  si  les 
notes  prises  par  cet  écrivain  durant  le 
siège  de  Paris  ont  été  piibliées?  j'en  ai  vu 
le  manuscrit  chez  un  collectionneur. 

Et  quelque  confrère  pourrait-il  me 
donner  des  indications  biographiques  sur 
cet  homme  de  lettres  qui  eut  du  talent  à 
son  heure,  chansonnier    saint-simonien  ? 

Je  crois  bien  qu'en  1870-71,  Pierre 
Vinçard  était  employé  au  chemin  de  fer 
de  l'Est.  Ego. 


N. 


1125. 


L'INTERMÉDIAIRE 


451 


Bibliothèque  de  Saint- Philippe.  \ 

—  L'ex-libris  de  cette  bibliothèque  porte 
deux  écus  accolés  :  I.  —  D'argent,  à  trois 
losangesde  sable(D3imp\erre).  II. —  D'aïur^ 
au  chevron  d'or^  accompagné  en  chef  de 
deux  étoiles  d'argent,  et  en  pointe  d'un  oi- 
seau dn  même.  Couronne  de  vicomte. 
Quelle futcette  alliance  ?  L'ex-libris  paraît 
être  de  la  première  moitié  du  xix«  siècle. 

D,   DES  E. 

Uae  médaille  da  fondation  sur 
Saint-Sulpice.  —  Onlit  dans  la  Libre 
Parole  : 

Ce  que  l'on  vient  de  trouver  rue  Riche- 
lieu, au  coin  du  boulevard. 

Un  maçon  qui  travaillait  aux  réparations 
du  café  Cardinal,  a  mis  brusquement  à  jour 
un  objet  rond  enveloppé  d'une  feuille  d'étain 
repliée  en  portefeuille.  La  feuille  dépliée  lui 
fit  voir  une  pièce  d'argent  d'une  parfaite 
conservation,  avec  tout  le  brillant  de  sa  pre- 
mière patine. 

En  voici  la  description  :  au  droit,  le  buste 
de  Louis  XV,  avec  cette  légende  :  ludovicus 
XV.  Pins.  Muni  ficus  et  la  signature  7?.  Fi- 
lius  ;  au  revers,  la  vue  cavalière  de  Saint- 
Sulpice  achevée,  avec  la  place,  les  deux  fon- 
taines et  les  tours  coiffées  d'une  toiture  ; 
autour,  cette  légende  :  BasHicce  et  urbi 
additum  decus .  S.  Sulpitii  area.  MDCCLIV. 

La  signature  Roettiers,  fiHus  se  lit  au  bas 
du  plan  cavalier,  entourée  d'un  semis  de 
perles. 

Saint-Sulpice  est  loin  du  boulevard.  D'oij 
vient,  dès  lors,  qu'une  pièce  commémorative 
de  son  achèvement  se  trouve  dans  la  maison 
du  café  Cardinal  ?  Espérons  que  prochaine- 
ment V Intermédiaire  des  chercheurs  viendra 
nous  donner  la  clé  de  l'énigme. 

M.  Charles  Sellier  interrogé  par 
IM.  Charles  Vogel  a  répondu  (G/7  Blas 
20  septembre  1906)  : 

«  L'immeuble  dont  vous  me  parlez,  nous 
dit  M.  Sellier,  a  été  habité  par  Regnard  — 
or  l'auteur  du  Légataire  universel  n'avait 
aucune  raison  de  s'intéresser  particulièrement 
à  l'église  Saint-Sulpice  —  j'ajoute  qu'il  est 
mort  en  1709,  quarante-trois  ans  avant  la 
date  qui  figure  sur  la  nTHiaille  en  question, 
par  conséquent . .. 

«  II  est  possible  qu'un  ecclésiastique  ou 
qu'un  fidèle,  soucieux  de  témoigner  de  son 
attaciiement  respectueux  h  la  mémoire  du 
bienheureux  à  qui  a  été  consacrée  l'ancienne 
chapelle  gothique,  succur.sale  de  Notre-Dame, 
complètement  disparue  et  qu'a  remplacée 
l'édifice  constiuil  d'après  les  >icssms  do 
Gamart,  et  dont,  le  20  février  1646,  Anne 
d'Autriche    posa    la    première    pierre,   il    est 


452 


possible,  dis-je,  qu'un  ecclésiastique  ou  un 
fidèle  ait  enfoui,  dans  la  maison  oij  il  logeait, 
une  médaille  commémorative  de  l'achève- 
ment du  monument,  mais  en  tout  cas,  reli- 
gieux ou  laïque,  le  locataire,  fervent  de  saint 
Sulpice,  n'est  point  une  pi;rsonnalité  histo- 
rique. Regnard  est  le  seul  homme  célèbre  qui 
ait  habité  là. 

«  D'autre  part,  cette  date  de  1754  ne  me 
paraît  marquer  rien  de  saillant  dans  les 
annales  de  l'église  qui  nous  occupe.  La  pre- 
mière pierre,  je  vous  le  répète,  en  fut  posée 
en  1646  ;  on  y  travailla  jusqu'en  1678,  époque 
à  laquelle  les  travaux  furent  interrompus, 
pour  être  repris  en  17 18,  grâce  aux  libéralités 
du  chanoine  Laurent  de  Gergy  et  aussi  au 
rendement  d'une  loterie  autorisée  par  le 
régent,  en  1721. 

«  En  1 733,  Servandoni  fit  terminer  le  grand 
portail  ;  en  1749,  l'architecte  écossais  Mac- 
Laurin  construisit  l'une  des  tours,  l'autre 
tour,  de  Chalgnn,  date  de  1777..- 

«  L'année  1754  n'offre  aucune  particularité 
intéressant  l'église  Saint-Sulpice,  de  sorte  que 
je  ne  m'explique  pas  le  millésime  de  la  mé- 
daille, » 

Après  avoir,  sans  résultat,  consulté  en 
notre  présence,  l'ouvrage  bien  connu  de 
Pessard  ;  le  livre  de  l'abbé  Duplessis  :  Paris 
religieux,  et  divers  documents  oi!i  il  pensait 
pouvoir  trouver  quelques  indications,  le  bon 
M.  Sellier  conclut  ainsi  :  «  Voilà  de  la  be- 
sogne pour  V Intermédiaire  des  chercheurs 
et  curieux,  et  ses  correspondants  ». 

Nous  ne  posons  pas  cette  question  sans 
quelque  inquiétude  :  quand  un  érudit 
comme  M.  Charles  Sellier  ignore  une 
chose,  c'est  que  la  connaissance  de  cette 
chose  est  bien  peu  commune. 

Lettres  de  noblesse  de  1625.  ~ 

Où  trouver  le  texte  de  lettres  de  noblesse 
enregistrées  à  la  cour  des  aides  de  Nor- 
mandie en  1625,  et  d'autres  lettres  véri- 
tlées  en  la  Cour  (à  Paris)  le  5  février 
1629  (27e  vol.  fol.  138  .?         B.  A.  H. 

Armoiries  à  déterminer  :  de 
gueules,  à  la  tour  d'argent.  —  Deux 

écussons  accolés  portant  :  l'un  de  gueules, 
à  la  tour  d  argent  ;  Tautre.  d'azur,  au 
lion  d'or.  Couronne  de  marquis.  Sup- 
ports :  deux  lévriers.  B.  A.  H. 

Armoiries  des  familles  de  Morat 
et  d'Hauterive  au  XVÏP  siècle  ~ 

|c  serais  reconnaissant  à  l'interuiédiairiste 
qui  pourrait  m'indiquer  les  armoiries  des 
familles  de   Morat   et  Henry  d'Hauterive.^ 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


453 


familles  existant  en  Lorraine  et  en  Cham-   \ 
pagne  à  la  fin  du  xvii*  siècle.  G.  R. 

Un  mystère  au  XVIP  siècle.  — 

Dans  l'église  de  Deuil  (Seine  et-Oise)  est 
le  monument  funéraire  de  Marguerite  de 
la  Croix,  veuve  de  Charles  Hofman, 
écuyer  et  secrétaire  de  la  reine  Elisabeth 
d'Autriche,  morte  en  162 1.  L'épitaphe, 
après  avoir  dit  les  vertus  de  la  dame, 
ajoute  : 

Oncques  ne  refusa,  mais  elle  est  plus  louée 
D'avoir  voulu  la  mort  de  son  fils  pardonner. 

Quel  drame  se  cache  sous  cet  éloge  ? 
Ardouin-Dumazet, 

«  L'Egypte  et  Moïse  »,  par  Aa- 
cessi.  —  La  première  partie  de  cet  ou- 
vrage a  paru  en  1875  (Leroux;  Paris) 
avec  le  sous-titre  :  Les  vêtements  du  grand 
prêtre  et  des  lévites,  et  le  sacrifice  des 
colombes,  d'après  les  peintures  et  les  mo- 
numents égyptiens  contemporains  de 
Moïse.  — J'ai  entendu  dire  que  les  docu- 
ments pour  la  continuation  de  cet  ou- 
vrage, avaient  été,  en  grande  partie,  ras- 
semblées par  l'auteur  avant  sa  mort.  Ces 
notes  existent-elles  encore,  et  si  oui,  y 
aurait-il  quelque  moyen  de  les  consulter? 
A-t  il  paru  depuis,  quelque  autre  élude 
complétant  les  recherches  de  l'abbé  An- 
cessi,  sur  les  vêtements  du  grand  prêtre? 

C.  B.  O. 

Le  tribunal  arbitral  de  La  Haye. 

—  On  désire  savoir  s'il  existe  un  travail 
quelconque,  livre,  brochure  ou  articles 
de  vues  spéciales,  concernant  le  tribunal 
d'arbitrage  de  la  Haye  et  s'il  est  publié 
des  comptes  rendus  de  ses  travaux. 

M.  deJouy. 

La  société   des  Eclectiques.    — 

Cette  réunion  amicale  qui  publia  chez 
Al.  Lemerre  un  Almanach  du  Vieux  Paris ^ 
pour  1884^  existe-t-elle  toujours  ^  Qui  l'a- 
vait fondée  ? 

V,' Almanach  en  question  contient  une 
notice  sur  Edmond  Morin,  le  dessinateur, 
et  un  portrait  à  l'eau-forte  accompagné 
d'un  Sonnet  à  Edmond  Morin,  par  !û. Geor- 
ges Théorin. 

Où  se  réunissaient  (peut-être  se  réu- 
nissent-ils encore)  les  Eclectiques  ? 

Ego. 


30    Septembi'e  1906. 
454     • 

La  lanterne  de  Panurge.  —  Ren- 
dant compte  de  la  fête  célébrée  le  5  dé- 
cembre par  les  canonniers  de  Rouen  en 
l'honneur  de  sainte  Barbe,  leur  ancienne 
patronne,  l'auteur  d'un  manuscrit  appar- 
tenant à  la  Bibliothèque  de  Rouen  dit: 

Le  dernier  (objet  comique)  était  l'image 
de  sainte  Barbe,  en  r  lief,  posée  sur  une 
bastille  renfermée  dans  la  lanterne  dont  on 
se  sert  au  théâtre  pour  !a  représentation  de 
l'opéra  de  Panurge,  ce  qui  était  volumi- 
neux. 

On  désirerait  savoir  à  quelle  scène  de 
l'opéra  de  Panurge  l'auteur  du  manuscrit 
fait  allusion.  E.  C. 

Sîifelius.  —  A  Gênes,  et  peut  être 
aussi  dans  d'autres  villes  d'Italie,  la  re- 
dingote est  connue  sous  les  noms  de 
financier  ti  de  stifelius.  Le  premier  de  ces 
noms  se  comprend  de  reste,  mais  le  se- 
cond est  d'allure  vraiment  étrange  : 
quelle  peut  en  être  l'origine  ?  La  redin- 
gote (riding  coat)  étant  primitivement  un 
habit  pour  monter  à  cheval  et  le  costume 
du  cavalier  étant  complété  par  des  bottes, 
je  présume  quece  mot  singulier  de 5//'/t'///<5 
répond  précisément  à  cette  idée  :  il  déri- 
verait donc  de  l'allemand  Stiefel,  botte. 

j'ai  noté  ailleurs  un  certain  nombre  de 
mots  allemands  passés  dans  la  langue 
italienne,  comme  niil^a,  rate,  stivale 
bottine,  tasca,  poche,  snello,  rapide 
dans  le  dialecte  vénitien),  etc.  On  en 
aurait  donc  ici  un  nouvel  exemple,  et  non 
le  moins  curieux.  Iskatel. 

Partir  à...    ou  partir    pour.   — 

Q_uestion  posée  aux  puristes  de  Vlnternic- 
diaire. On  disait  autrefois  «Je  vais  à  Paris, 
et  je  pars  pour  Orléans  ».  Mais  l'usage 
parait  s'implanter  de  dire  «  Je  pars  à  Pa- 
ris ».  Des  personnes  même  instruites,  di- 
sent couramment  «  Je  pars  à  la  campa- 
gne ».  J'avais  toujours  cru  que  cette  forme 
ttait  spéciale  à  ma  portière. 

MARTELLlÈiRE. 

Prendre  congé  —Je  lisais  ce  matin, 
dans  un  journal  de  Paris,  que  <'  M  le  Pré- 
sident de  la  République  prit  congé  du 
directeur  de  l'exposition  de  Marseille...  » 
]e  croyais  que  seuls  les  inférieurs  pou- 
vaient prendre  congé  de  leurs  supérieurs. 
Qii'en  pensent  les  intermédiairistes  ? 

X.  O.  z. 


N.   ï«25. 


L'INTERMÉDIAIRE 


455 


léponôcô 


Lecomte  deMoret,filsi3aturelde 
Henri  ÏV,  s'est-il  fait  ermite?  (LIV, 
329,398). —  Voici  les  ouvrages  à  consulter 
sur  ce  sujet, qui  pourrait  faire  l'objet  d'une 
belle  thèse  de  doctorat  ès-lettres  : 

Journal  des  savants,  février  1700. 

Bibliothèque  historique  de  la  France,  édi- 
tion Fevret  de  Fontette ,  tome  ^^ 
n°  13.334. 

D'Avrigny,  Mémoires  pour  servir  a 
l'histoire  universelle  dé  V Europe  depuis 
1600  jusqu'en  lyiô^  par  le  P.  Griffet, 
I"  septembre  1632. 

Mémoires  de  Trévoux,  avril  1 7  58.  Griffet  : 
Traité  des  différentes  sortes  de  preuves  qui 
servent  à  établir  la  vérité  de  l'histoire 
(Liège,  1769,  chapitre  xii.) 

Revue  d'Aquitaine   année  1867. 

F.  U. 

.  L'idée  de  partie  existait-elle 
avant  la  Révolution  .?  (T.  G.  385  ; 
XXXV  à  XXXVIU  ;  XLil  ;  LU  ;  LIV,  1 16, 
233,  290,  347).  —  Parmi  les  nombreux 
témoignages  répondant  d'une  manière 
affirmative  à  cette  question,  je  ne  sais  si 
l'un  de  nos  confrères  a  déjà  invoqué  celui 
de  Bossuet  qui  déclare,  dans  sa  Politique 
(1.  1,  art.  6,  prop.  i),  au  chapitre  où  il 
traite  de  V amour  de  la  patrie  :  «  Il  faut  être 
citoyen  et  sacrifier  à  sa  patrie,  dans  le 
besoin,  tout  ce  qu'on  a  de  plus  précieux  ». 

Ce  témoignage  me  paraît  assez  formel. 

Le  regretté  Albert  Sorel  (l'Europe  et  la 

Révolution  française,  tome  1,  p.    1159)  cite 

aussi  ce  mot  de  Saint-Simon  :  «  Vauban, 

aussi   bon    patriote  que  grand  preneur  de 

places  »  [Parallèle,  p.  277).  J.  W. 

* 
*  * 

Elle  existait  certainement  en  Hollande. 
Une  note  de  Brossette  sur  l'épitre  IV  de 
Boileau  :  Passage  du  Rhin,  l'atteste  claire- 
ment. 

«  Il  y  avait,  dit-il  sur  les  drapeaux 
hollandais  :  Pro  honore  etpatria». 

Et  les  vers  de  Boileau  lui-même  qui  ont 
motivé  cette  note  : 

Grands  arbitres,' dit-il,  des  querelles  des  rois, 
Est-ce  ainsi  que  votre  âme  aux  périls  aguerrie 
Soutient  sur  ces  remparts  l'honneur  et  la/'^/r/t'? 

D.  R. 


45^    — 

* 

♦  * 

L'idée  de  patrie  existe  dans  la  cons- 
cience de  tous  les  peuples,  depuis  que  ce 
mot  a  été  créé,  dans  leur  langue  ;  c'est- 
à-dire  depuis  Dieu  sait  combien  de  siècles 
avant  la  Révolution  ! 

Vercingétorix  l'avait  bien  nette  dans 
son  esprit  quand  il  disait  :  Du  jour  où  la 
Gaule  sera  unie,  elle  sera  invincible  ! 

C  Bougon. 

La  vente  des  meubles  de  Danton 
à  Sèvres,  après  som  exécution  (LIV, 
319,  342).  —  Dans  l'inventaire  en  ques- 
tion, qui  offre  tout  l'intérêt  romanesque 
d'un  catalogue  de  charcuterie,  on  trouve, 
entre  deux  morceaux  de  lard,  la  consi- 
gnation de  deux  paires  d'estomach. 

Qu'e.st-ce  que  cela  pouvait  bien  être 
dans  la  garde-robe  du  ronventionnel  qui 
avait  révolutionné  le  monde  î 

Au  dix-septième  siècle,  on  désignait 
souvent  sous  le  nom  d'esloviac  la  partie 
des  armures  qui  recouvrait  la  poitrine  : 
«  Là,  il  fut  reçu  d'une  sentinelle  perdue, 
qui  sans  parler,  lui  planta  une  harquebu- 
sade  dans  l'estomac  de  sa  cuirasse  ». 
D'Aubigné,  Hist.  uuiv.  II  380.  On  em- 
ployait couramment,  en  tout  cas,  le  mot 
estomac  comme  synonyme  des  termes 
plus  élégants  de  poitrine  et  de  gorge  : 

Je  vais  lui   présenter   mon  estomac  ouvert. 

Le  Cid.  V,  i. 

Depuis  longtemps,  les  catalogues  cou- 
rants d'objets  de  toilettes  désignent  les 
seins  postiches  sous  le  nom  de  fausses 
gorges  ;  on  vend  des  plastrons,  pour 
préserver  la  poitrine  du  froid,  en  forme 
de  double  bavette  couvrant  la  poitrine  et 
le  dos  —  on  les  appelle  vulgairement 
devants  de  poitrine. 

Or,  nul  doute  qu'une  paire  d'estomach 
n'était  autre  chose  qu'un  plastron  hygié- 
nique, dans  un  siècle  où  les  grandes 
dames  connaissaient  aussi  bien  qu'aujour- 
d'hui les  perfidies  du  coton  et  de  l'ouate, 
mais  où  leurs  maris  n'avaient  pas  assisté 
au  triomphe  du  gilet  de  flanelle. 

D''  Billard. 

Les  descendants  de  Bruneau,run 
des  prétendus  Dauphins  (LIV,  329). 
—  De  tous  les  faux  dauphins,  —  l'histoire 
en  compte  31,  dont  un  nègre —  Mathurin 
Bruneau  fut  un  de  ceux  qui  firent  le  plus 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


4=i7 


de  bruit  et  le  plus  de  dupes. La  fin  de  sa 
vie  est  loin  d'être  élucidée.  En  tout  cas, 
si.  comme  l'admet  le  correspondant  de 
Vlntetmédiaire^  il  mourut  en  1822,  il  n'y 
a  pas  de  doute  ;  le  sabotier,  qui  se  préten- 
dait roi,  serait  mort  sans  enfants. 

11  débar  lUait  seul  en  France,  en  effet, 
sans  femme  et  sans  enfants,  au  mois  de 
septembre  181  5,  après  neuf  ans  de  séjour 
en  Amérique,  gagnait  l'Anjou,  son  pays 
natal,  vivant  de  vols  et  d'expédients.  Il 
ne  tardait  pas  à  être  arrêté:  mis  en  prison 
d'abord  à  Saint-Malo,  puis  à  Rennes,  il 
était  ensuite  transféré  à  Rouen, dans  la  pri- 
son de  Bicêtre,où  il  se  mita  fabriquer  pai- 
siblement des  sabots. 

C'était  le  moment  où,  avec  une  certaine 
vraisemblance,  un  horloger  de  Spandau 
se  disait  le  fils  de  Louis  XVI  et  réclamait 
son  trône.  Il  y  avait  là  un  danger  ou, 
tout  au  moins,  un  ridicule  pour  le  roi  de 
France.  Le  ministre  Decazes,  pour  rui- 
ner Naundorff,  émit  des  faux  dauphins, 
comme  on  émet  des  actions  de  Sarra- 
gosse  ou  de    la  Vieille  Montagne. 

Un  beau  matin,  M.  Bruneau  quittait 
ses  sabots  et  déclarait  tout  haut  dans  sa 
prison  \s  qu'il  était  Louis  XVII,  soustrait 
par  la  ruse  et  la  fidélité  à  la  surveillance 
du  barbare  Simon  ».  La  prison  devient 
un  Eden  pour  les  prisonniers  :  on  boit, 
on  mange,  on  joue  aux  cartes  chez  le 
geôlier  Livois  ;  on  laisse  Bruneau  voisiner 
avec  un  ancien  huissier  et  un  faux  prêtre 
condamnés  pour  escroqueries,  qui  de- 
viennent les  secrétaires  attitrés  du  prince. 
Le  concierge  prête  ses  appartements,  et 
Mathurin  a  toute  une  cour  :  il  lance  des 
proclamations  au  pays,  on  vient  des  quatre 
coins  de  la  France  contempler  en  prison  le 
souverain  légitime,  et  un  vieux  royaliste 
va  jusqu'à  prêter  serment  de  fidélité  sur 
les  Saintes  Ecritures,  dans  la  loge  même 
du  concierge  (i). 

Mais,  si  je  bavarde  et  semble  beaucoup 
m'étendre  en  dehors  de  la  question,  c'est 
pour  démontrer  qu'à  l'encontre  de  Naun- 
dorff qui  ne  cessaitd'entretenir  le  public  de 
sa  femme  et  de  ses  enfants,  Mathurin  Bru- 
neau, et  pour  cause,  n'y  fit  jamais  allusion. 

Dans  l'interrogatoire  qu'on  lui  fit  subir 
le  19  février  18 18,  il  est  question  de  son 

(i)  Un  faux  dauphin  et  la  police  du  roi 
Louis  XVIII^  par  M.  Henri  Allais,  la  Revue, 
!•'  juin  19^01, 


30  Septembre  iyo6. 
4^8     . 

âge,  mais  nullement  de  son  état-civil  au 
point  de  vue  du  mariage, 

Il  est  bon  d'en  citer  un  extrait  pour 
faire  voir  que  le  faux  dauphin  était  devenu 
littéralement  fou  et  bien  peu  en  mesure 
de  contracter   mariage   d'ici    longtemps  : 

D.  —  «  Quel  est  votre  âge  ?  lui  demande 
le  Président. 

R.  —  »<  je  n'en  sais  sacredieu  rien.  Je 
m'en  f. ..  Allez  à  Versailles,  vous  le  trou- 
verez à  la  Bibliothèque,  ou  aux  Tuileries. 

D.  —  «  Quelle  est  votre  demeure  ^ 

R.  —  «  Ma  foi,  pas  d'asile,  je  suis  au 
Panthéon. 

D.  —  «  Votre  état  ? 

R.  —  «  Je  suis  chef  de  tous  les 
Etats  (1)  ». 

Mathurin  Bruneau  fut  condamné  à  cinq 
ans  de  prison  et  à  300  francs  d'amende, 
plus  à  deux  ans  de  supplément  pour  son 
attitude  aux  débats. 

Quoi  qu'il  en  soit,  après  l'émission 
d'un  tel  faux  dauphin,  on  pouvait 
croire  tout  mouvement  dangereux  arrêté 
pour   longtemps. 

Bruneau  fut  tranféré  dans  la  prison  de 
Gaillon,  où  Mme  Atkyns,  qui  venait 
pourtant  de  se  laisser  prendre  à  l'impos- 
ture du  fils  d'un  tailleur  d'habits,  Hcrva- 
gault,  allait  épuiser  Inutilement  ses  der- 
nières ressources  pour  favoriser  l'évasion 
de  l'ancien  sabotier  (2). 

Le  correspondant  de  V Intermédiaire  fait 
mourir  Mathurin  Bruneau  en  1822.  Selon 
plusieurs  auteurs,  il  vivait  encore  à 
Cayenne  en  1844,  où  il  se  livrait  au  cabo- 
tage sur  la  côte.  Se  serait-il  marié  là-bas  ? 

On  l'ignore.  D'".  Billard. 

* 
*  ♦ 

M.     Henri    Provins  a      publié,     dans 

Le  Dernier  roi  légitime  en  France,  l'extrait 

suivant  d'une  lettre  qu'il  avait  reçue  de 

Cayenne  en  1885  : 

Parmi  les  employe's  actuels  du  service  de 
la  marine  il  existe  un  nommé  Bruno  àtïé  de 
45  a  50  ans,  natif  de  Cayenne,  fils  de  feu 
Mathifrin  Bruno,  lequel  se  disait  Louis  XVI!. 
Ce  Mathurin  Bruno  était-il  simplement  un 
imposteur,  ou  bien  avait-il  quelque  raison  de 
s'attribuer  le  nom  d'un  descendant  des  rois 
de  France?  Tel  est  le  point  sur  lequel  je  ne 
pourrais  vous  éclairer  et  qu'il  serait  peut-être 
bon  d'examiner    Tout  ce  que   je    puis   vous 

(  1)  Le  même. 

(2)  Frédéric  Barbey,  Mme  Atkyns,  Perrin, 
Paris  1905. 


N'   1125. 


L'INTERMEDIAIRE 


. 45q   

dire,  c'est  que  ce  Mathuiin  Bruno  est  mort  à 
Cayenne,  après  avoir  occupé  de  son  vivant 
divers  emplois  dans  l'administration.  j 

Si  Mathurin  RruneauestmortàCayenne,   | 
il  n'est  pas  mort  au  Mont  Saint-Michel,  et 
s'il  a  eu  un   fils   vers    1835  ou    1840,  il 
n'était   pas  mort    en    1822    Cela  prouve 
tout   simplement   que  l'acte  de  décès  de 
1822  est  faux.   On  en   avait  déjà  f  it  un 
pour  Louis  XVII  (c'est  du  moins  mon  opi- 
nion) un    autre  pour    Herwagault,  il  n'y 
avait  pas  de  raisons  pour  qu'on    n'en  fit  i 
pas   autant   pour  Mathurin  Bruneau,  car  \ 
c'est  bien   le   vrai  Mathurin  Bruneau  qui  i 
est  mort  à  Cayenne,  et  c'est  le  faux  qui 
est  mort  au  Mont  Saint-Michel. 

Comme  tout  ce  qui  touche  à  la  question 
Louis  XVII  est  rempli  de  dessous  mysté- 
rieux, il  ne  pouvait  en  être  autrement 
pour  l'histoire  de  Mathurin  Bruneau,  cette 
affaire  est  cependant  pleine  de  simplicité 
dans  sa  complexité. 

Mathurin  fut  choisi  en  1818,  pour  être 
jugé  au  lieu  et  place  du  prisonnier  de 
Rouen,  le  fameux  prétendu  Louis  XVII, 
dont  l'arrestation  en  1816  fit  tant  de 
bruit  et  que  la  duchesse  d'Angoulême 
voulut  voir  (que  probablement,  même, 
elle  vit  et  reconnut).  On  ne  pensa  pas  un 
seul  instant  à  faire  comparaître  en  per- 
sonne ce  prétendant,  il  avait  trop  de  par- 
tisans, et  surtout  le  grand  tort  de  ressem- 
bler extraordinairemenf  à  Louis  XVI. 

Ce  n'est  pas  que  Mathurin  Bruneau 
ressemblait  à  Louis  XVI,  il  ne  lui  ressem- 
blait ni  de  près  ni  de  loin,  il  fut  néan- 
moins, pour  différentes  raisons,  chargé 
de  remplacer  le  prétendant. 

Mathurin  Bruneau,  qui  était  sabotier 
de  son  état,  vint  donc  à  l'audience  réci- 
ter la  leçon  qu'on  lui  avait  apprise  et 
soutenir  que,  lui  Mathurin,  était  bien  le 
Dauphin,  fils  de  Louis XVI  ! 

Comme  chacun  s'en  doute,  il  fut  par- 
faitement grotesque.  Finalement,  démas- 
qué par  sa  sœur,  il  se  vit  octroyer  cinq 
ans  de  prison,  que  l'on  fit  faire  au  Mont 
Saint-Michel,  par  l'autre,  le  prétendu 
Louis  XVII,  qui  était  resté  en  prison  pen- 
dant le  procès. 

Peut  être  va-t-on  croire  que  c'est  lui 
qui  est  mort  en  1822  ?  Pas  du  tout,  c'est 
encore  un  autre.  Le  prétendu  Louis  XVII 
ne  tarda  pas  à  s'évader  du  Mont  Saint- 
Michel,  il  passa  en  Italie  où  le  Gouverne- 
ment le  fit  arrêter  et  emprisonner  à  Milan. 


460 


D'autre  part,  il  fallait  retrouver  le  pri- 
sonnier au  Mont  Saint-Michel  à  l'expira- 
tion de  sa  peine,  c'est  à-dire,au  commen- 
cement de  1823,  ce  qui  évidemment 
n'était  pas  facile  ;  heureusement  que  la 
mort  d'un  autre  prisonnier,  en  1822,  vint 
tout  arranger,  on  Tenterra  sous  le  nom 
de  Mathurin  Bruneau  et  toui  fut  dit. 

Quant  au  vrai  Mathurin,  après  le  procès 
de  Rouen,  oii  il  avait  été  condamné  à 
cinq  ans  de  prison,  il  fut  expédié  à 
Cayenne,  non  pas  comme  forçat,  mais 
comme  fonctionnaire  ;  on  changea  son 
nom  de  Bruneau  en  Bruno  et  on  le  mit 
dans  l'administration  pour  récompenser 
ses  services  exceptionnels. 

En  France  il  aurait  pu  parler,  on  pensa 
que  là-bas,  à  Cayenne,  il  vivrait  et 
mourrait  ignoré  de  tous,  ce  en  quoi  on 
s'est  trompé,  comme  le  montre  la  lettre 
écrite  à  M.  Provins 

Mais  pourquoi  Mathurin  racontait-il 
qu'il  était  Louis  XVII .? 

Peut-être  avait-il  fini  par  croire  que 
c'était  arrivé.  Jean  Pila. 

La  reine  Hortense  et  l'amiral 
Ver  Huel  (LIV,  i,  66,  116,  174,  233, 
288,  339,  402).  —  La  lettre  du  roi  Louis, 
donnée  dans  le  no  du  10  septembre,  n'est 
pas  inédite,  elle  a  été  publiée  dans  un  opus- 
cule contenant  les  lettres  de  Louis  Bona- 
parte à  son  ami  Mésangére. 

Il  me  semble  que  toutes  les  supposi- 
tions insultantes,  inventées  par  les  enne- 
mis de  Napoléon  III,  touchant  le  soi- 
disant  mystère  de  sa  naissance,  tombent 
peu  à  peu  d'elles-mâmes. 

Si  le  roi  Louis  avait  eu  quelques  doutes 
sur  sa  paternité  à  l'endroit  de  cet  enfant, 
aurait-il  écrit,  peu  après  son  abdication, 
étant  à  Tœplitz,  à  son  oncle  Fesch,  que 
toute  son  ambition  à  présent  serait  de  se 
retirer  en  Corse  avec  son  second  fils 
(Louis-Napoléon),  le  futur  Napoléon  III  ? 

Je  suis  absolument  sûre  du  fond  de  cette 
lettre,  mais  je  ne  puis  en  donner  le  texte 
en  ce  moment,  étant  loin  de  toute  biblio- 
thèque. On  la  trouvera  d'ailleurs  dans  Les 
rois,  frcies  de  NapoUon,  par  le  baron  Du- 
casse,  soit  à  la  partie  consacrée  au  roi 
Louis,  soit  à  l'Appendice. 

C'est  bien,  en  effet,  le  comte  de  Bylandt 
qui  fut  chargé  d'aller  annoncer  en  Hol- 
lande, au  roi  Louis,  la  naissance  de  son 
fils,  en    1808.  S'il  y  avait  eu  le  moindre 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


461 


30 
462 


Septembre  190e, 


soupçon  que  le  comte  de  Bylandt  pût  être 
le  père  du  nouveau-né,  est-il  vraisem- 
blable qi'on  l'eût  justement  choisi  pour 
remplir  une  pareille  mission  ?  C'est  ab- 
surde à  soutenir.  Et  il  en  est  à  peu  près 
de  même  pour  toutes  les  autres  prétendues 
paternités,  C.  d'Arjuzon. 

S.  M.  l'impératrice  Eugénie,  bi- 
bliophile (LIV, 27^,345, 404).  —  J'ai  si- 
gnalé cet  article  à  M.d'Auriac,  l'aimable  et 
bienveillant  bibliothécaire  des  imprimés  de 
la  Bibliothèque  nationale,  qui  en  a  été  vi- 
vement touché, sous  cette  réserve,  cepen- 
dant, que  son  père,  Eugène  d'Auriac,  a 
collaboré,  pendant  tout  le  second  Empire, 
au  principal  journal  de  l'opposition  Le 
Siècle  ;  qu'il  n'a  dû  son  emploi  de  conser- 
vateur-adjoint aux  Imprimés  de  la  Bibl. 
nat.  qu'à  ses  longs  services  (52  ans)  et 
qu'il  est  par  suite  impossible  qu'il  soit 
l'auteur  de  la  dédicace  en  question,  qui 
est  plutôt  le  fait  de  la  famille  Dupin,  de 
rimprimeur  de  la  brochure  ou   du  relieur. 

Dont  acte.  Th.  Courtaux. 

* 

»  » 
Erratum.  Ligne    20.  Au  lieu  de  :    qui 

aurait  une    véritable   valeur  —   lire   qui 

avait.  Martellière. 

Mémoires  d'hommes  d'Etat  (LIV, 


227,  347. 


Il  y  a,  ce  me   semble,  une 


différence  à  noter  entre  les  mémoires  pu- 
bliés-par  le  journal  Le  Matin^  et  ceux  de 
Guizot,  il  est  entendu  que  je  ne  parle  pas 
de  la  valeur  littéraire.  Mais  en  constatant 
la  belle  tenue,  la  dignité  que  Guizot  a 
mises  dans  son  œuvre,  je  ferai  remarquer 
qu'il  écrivait,  ou  du  moins  publiait  ses 
Mémoiies,  en  iSïç.  par  conséquent  onze 
ans  après  les  événements  auxquels  il  avait 
été  mêlé,  et  que  pendant  cette  période 
s'étaient produitesdeux  révolutions,  celles 
du  24  février  1848  et  du  2  décembre  185  i. 
Ainsi  le  temps  écoulé  et  les  circonstances 
reculaient  dans  le  passé  les  faits,  les  pas- 
sions et  les  hommes. Ces  conditions  se  ren- 
contrent-elles dans  les  souvenirs  actuelle- 
ment égrenés  dans  Le  Matin?  Il  est  permis 
d'en  trouver  la  publication  plutôt  préma- 
turée. 

Les  mémoires  de  Bertrand  de  MoUeville, 
Beugnot,  Pasquier,  et  de  maints  autres 
hommes  d'Etat  français  ont  paru  de  même 
plus  ou  moins  longtemps  après  les  événe- 
ments politiques.   Quant  aux  Mémoires  de 


Talleyrand  publiés  un  demi-siècle  après  sa 
mort,  on  sait  que  malgré  de  très  beaux 
passages,  ils  ont  été  bien  au-dessous  de 
ce  qu'en  attendait  l'opinion.  On  s'est 
même  demandé  s'ils  n'avaient  pas  été 
tronqués  par  ceux  qui  avaient  *<  procuré  » 
l'édition,  comme  on  disait  au  xvii'  siècle. 

Les  mémoires  du  cardinal  Consalvi  et 
de  Metternich  ont  été  également  publiés 
longtemps  après  les  événements  et  la 
mort  des  auteurs. 

On  a  cité,  et  la  comparaison  se  présen- 
tait d'elle-même  à  l'esprit,  le  cas  de  Du- 
mouriez  faisant  paraître  ses  Mémoires  dès 
1795.  iVlais  en  mettant  à  part  son  minis- 
tère de  quatre  mois  en  1792,  et  les  débuts 
de  sa  campagne  de  1792- 1793  commencée 
par  le  coup  sauveur  de  Valmy,  terminée 
par  la  défaite  de  Néerwinden  et  la  trahi- 
son du  3  avril,  en  somme,  un  éclair  dans 
une  carrière  de  84  ans,  Dumouriez  n'est 
pas  de  ces  hommes  avec  qui  un  rappro- 
chement est  flatteur.  Les  Mémoires  publiés 
en  Angleterre  deux  ans  après  les  faits, 
sont  plutôt,  en  effet  des  mémoires  en  dé- 
fense produits  par  un  accusé  qu'un  ou- 
vrage historique.  H.  C.  M. 

Iles  Anglo-Normandes  (LIV,  387). 
—  L'existence  de  tant  de  noms  à  CDnson- 
nance  française,  dans  ces  iles  Anglo-Nor- 
mandes dont  le  sol  fertile  et  la  végéta- 
tion magnifique  leur  ont  fait  donner  le 
surnom  de  Y Emeraude  de  l'Angleterre^ 
s'explique  non  par  des  considérations 
d'immigration,  comme  le  pense  M.  de  la 
Veronne,  mais  par  la  simple  histoire  des 
cataclysmes  géologiques  et  maritimes 
dont  cet  archipel  fut  la  conséquence 

Ces  îles  anglo-normandes  faisaient  jadis 
partie  du  continent.  En  709,  la  marée 
équinoxiale  de  mars,  poussée  par  une 
grande  tempête  de  l'Ouest,  fut  si  violente 
qu'elle  brisa  les  remparts  de  rochers  qui 
protégeaient  les  côtes,  et  la  portion  du 
territoire  qui  constitue  aujourd'hui  les  iles 
anglo  normandes  fut  presque  complète- 
ment séparée.  Ce  fut  en  1203  que  les 
terres  qui  reliaient  encore  Jersey  à  la  côte 
française  disparurent,  l'année  même  où 
après  l'assassinat  d'Arthur  1",  duc  de 
Bretagne,  par  Jean  Sans  Terre.  Philippe- 
Auguste  fit  citer  le  roi  d'Angleterre  devant 
la  cour  des  pairs. 

II  ne  s'agit  pas  là  d'histoire  et  de  géo- 
graphie conjecturales:  on  possède  une  co- 


N*»  ii25. 


t'iMTERMEDIAIRE 


463 


pie  datée  de  1714  d'une  carte  dressée  en 
1406,  avec  lettres  diixin^  siècle,  prouvant 
qu'elle  a  été  copiée  elle-même  sur  une 
carte  plus  ancienne.  Elle  donne  uh  gra- 
phique des  plus  nets  :  i°  d'une  iilimense 
île  formée  par  la  réunion  de  Guernesey 
et  Serck  ;  2°  et  d'une  prescju'île  (Jersey) 
largement  reliée  au  continent.  (Deschamp- 
Vadeville,  cité  par  Alix  dans  son  livre  La 
haie  de  Saini-Mah.) 

Les  îles  anglo-normandes  représentent 
donc  une  portion  de  l'ancien  territoire 
français,  ce  qui  suffît  à  expliquer  l'origine 
des  noms  français  des  habitants.  Et  voici 
maintenant,  sans  accepter  d'autre  lumière 
que  celle  des  faits,  la  raison  non  discuta- 
ble de  cette  conservation  des  noms  fran- 
çais dans  cet  archipel  de  quelques  îles, 
débris  de  l'ancien  dUché  de  Normandie. 
Après  Charlemagne  —  qu'on  me  per- 
mette un  petit  bout  d'histoire  —  la  Nor- 
mandie fut  ravagée  par  les  Scandinaves 
ouNorthmans,et  leur  chef  Rollon  reçut  en 
912,  au  traité  de  Saint  Clair-sur-Epte, 
l'investiture  du  duché  de  Normandie  qui 
ne  revint  à  la  France  que  sous  Philippe- 
Auguste,  à  l'exception  des  îles  en  ques- 
tion. 

Or,  Rollon  avait  divisé  les  îles  en 
quatre  grands  fiefs,  qui  furent  plus  tard 
divisés  en  Un  nombre  infini  de  petits  fiefs, 
conservés  intacts  jusqu'à  nos  jours,  tous 
fol-mant  de  véritablesmajorats  indivisibles 
dont  hérite  seul  l'aîné  de  la  famille.  Et 
voilà  comment  l'ancienne  race  des  vain- 
cus s'est  maintenue  dans  l'archipel,  où 
elle  n'a  pas  seulement  conservé  ses  noms, 
mais  aussi  sa  langue  française  et  ses  cou- 
tumes normandes.  D'  Billard. 

Familles  à  origine  illustre  très 
anc>enn'-  (LUI;  Ll'V^,  78,  123,  293,  408  ) 
—  N'iiUblions  pas  la  famille  d'Adam,  le- 
quel, à  en  croire  le  R  P.  Garasse,  S.  J. 
«  avoit  pour  armoyries  trois  feuilles  de 
figuier.  AL  Pasquier  s'en  gausse,  ajoute - 
t-il,sans  se  prendre  garde  que.  etc.  »  Voir 
la  suite  dans  les  Recherches  des  Recherches, 
Paris,  Chappelet,  1622,  in-B",  p.  469. 

Lpt.   du  Sillon. 

Origine  de  la  noblesse  bretonne 

(LIV, 279,353,,<|i7).  —  Tout  ce  qu'il  peut 
y  avoir  de  particulier  dans  cette  origine, 
c'est,  comme  l'a  remarqué  dom  Lobitteau 
avec  son  habituelle  sagacité,  que  les  émi- 


464     

grés  de  la  Grande  Bretagne  ne  se  sont 
point  établis  dans  l'Armorique  par  con- 
quête. «  Il  faut  donc,  continue  l'illustre 
historien,  chercher  l'origine  de  la  noblesse 
bretonne  ailleurs  que  dans  le  droit  des 
armes...  Les  nobles,  parmi  les  premiers 
bretons,  étaient  ceux  qui  s'étaient  tirés  de 
l'égalité  commune  par  le  mérite,  les  em- 
plois, le  commandement,  la  force  et  les 
richesses.  » 

Rien  de  plus  simple,  et  cependant,  rien 
à  ajouter,  je  crois. 

Vicomte  du  BreIl  de  Pontbriand. 

Titres  de  noblesse  (LUI  ;  LIV,  30, 
93,  195,  245,  353).  —  Etant  allé  au  mi- 
nistère de  la  justice  demander  quelques 
renseignements  sur  les  formalités  exigées 
pour  l'investiture  des  titres,  le  chef  de  bu- 
reau qui  me  recevait  me  montra  un  re- 
gistre dans  lequel  je  vis  peintes  les  armes 
de  ma  famille  et  je  me  souviens  qu'au- 
dessoUs  de  l'écusson  étaient  écrits  ces 
mots  :  «  Vicomte  de  Bonald,  Pair  avec  In- 
vestiture ». 

j'ignore  si  n'importe  qui  peut  obtenir 
communication  de  ce  registre,  mais  il 
serait  facile  de  se  renseigner  sur  ce  point 
au  ministère  de  la  justice. 

Le  vicomte  de  Bonald. 

Adoption.  La  question  du  nom 

(LIV,  164,  239,  ^<^o,  406).  —  Une  co- 
quille a  rendu  incompréhensible  ma  ré- 
ponse parue  dans  le  dernier  n°. 

On  m'a  fait  dire  :  «  Il  convient  de  dis- 
tinguer les  titres  anciens  des  orJies  de 
l'Empire  et  de  ceux  de  la  Restauration  >>, 
j'avais  écrit  :  «  Il  coilvient  de  distinguer 
les  titres  anciens  Je  ceux  de  l'Empire  et  de 
ceux  de  la  Restauration  ». 

J'ajouterai,  en  réponse  à  M.  Beaujour, 
qu'à  l'heure  actuelle,  en  droit  strict,  on  ne 
peut  légilement  porter  un  titre  qu'en 
vertu  d'un  arrêté  d'investiture  délivré  par 
le  Garde  des  Sceaux  lors  de  chaque  trans- 
mission. Or,  je  doute  fort  que  la  chancel- 
lerie consente  à  investir  un  enfant  adoptif, 
excepté  quand  elle  ne  peut  faire  autrement, 
par  exemple,  si  elle  est  liée  par  les  Lettres 
Patentes  portant  concession  du  titre. 

L^oj-inion  de  M.  Dem.>lombe  a  la  plus 
grande  valeur,  niais  n'oublions  pas  que 
les  tribunaux  ne  sont  pas  compétents  pour 
la  transmission  des  titres,  ils  n'ont  d'autre 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30  Septembre  1906. 


465 


466 


rôle  que  celui  de  faire  respecter  les  déci- 
sions de  la  chancellerie. 

Le  vicomte  de  Bonald, 

Robert  d'Arbrissel  (LUI  ;  LIV,  20, 
125,238,408).  —  I.  Du  P.  Honoré  Nicquet  : 

1°)  H is foire  de  V  Ordre  de  Font-Evtaud. 
A  Paris,  chez  Michel  Soly,  1642,  4", 
pp.  547.  —  L'Histoire  de  l'Ordre  de  Fcnte- 
vrault,  contenant  la  vie  et  les  merveilles 
de  la  Sainteté  de  Robert  d'Arbricelle  et 
l'Histoire  chronologique  des  y^bbesses.  An- 
gers, 1642,  1686,  4". 

2°)  Un  ms.  intitulé  :  Histoire  de  l'Ordre 
de  Fonfevraiid,  par  le  P.  Honorât  Nicquet. 
Ce  ms.  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de 
Poitiers  et  non  à  celle  d'Angers,  d'après 
Sommervogel  :  Bibliothèque  de  la  C'*  de 
Jésus. 

II.  Du  P.  Jean  Chevalier  (1607-49)  * 
y  if  a  B.  Roberti  Arhressellcnsis^  institutori^ 
Ordints.  Fontis  Ebraldi,   1647. 

III.  Du  P.  Cosnier  Michel  :  Fie  de  Robert 
d'Arbrisselles,  1634.  (Cet  ouvrage  paraît 
perdu). 

IV.  Du  P.  Lacdrry  Gilles  :  Dissertaiio 
de  anno  et  die  ohitus  S .  Roberti.  Claramonti, 
1674^  4°,  PP-  8. 

V.  Du  P.  Raynaiid  Théophile  :  Trias 
Fortiiiin..  Rohertits  de  Arbrisiello...  Lug- 
duni,  1657,  4°,  pp.  496.        P.  Darbly. 

Diderot  enterré  à  Saint-Roch  (LUI), 
—  Pour  ce  qui  concerne  Diderot,  s'adres- 
ser à  son  neveu  et  héritier,  M.  le  comte 
Albert    de     Vandeul. 

Un  rat  de  BlBLIOTHÈaUE, 

Griffet  de  îa  Baume,  ingénieur 
des  Alpes-Maritirnes  entre  1790  et 
1810  (LIV,  335).—  On  lit  dans  Xs,  Bio- 
graphie universelle  pubUée  chez  L.  G.  Mi- 
chaud, en  18 17  :  «Charles  Griffet  Labaume, 
frère  d'Antoine-Gilbert,  né  à  Moulins,  en 
1758,  mort  à  Nice  le  10  mars  1800,  ingé- 
nieur en  chef  des  Alpes-Maritimes,  a 
donné  une  Théorie  et  pratique  des  annuités 
décrétées  par  V  Assemblée  nationale  de 
France  pour  les  remboursements  du  prix  des 
acquisitions  des  biens  nationaux.,  n9^i 
in-8.  Quelques  personnes  lui  attribuent  la 
traduction  de  Daniel,  qu'avec  le  plus 
grand  nombre  nous  avons  comptée  parmi 
les  ouvrages  de  son  frère  ». 


Complétons  ces  renseignements  som- 
maires. 

Griffet  de  Labaume  (ou  de  La  Baume, 
ou  de  La  Beaume),  entré  à  l'école  des 
Ponts  et  Chaussées  le  5  novembre  1776, 
quitte  cet  établissement  en  1 781.  Nommé, 
en  1782,  sous-ingénieur,  et  plus  tard,  in- 
génieur des  Ponts-et-Chaussées  dans  la 
généralité  de  Lyon,  département  de 
Rhone-et-Loire,  avec  résidence  à  Roanne 
età  Montbrison.  Arrêtéen  1793  et  nommé 
à  sa  libération  ingénieur  de  la  Drôme  en 
résidence  à  Montélimar.  Passe  dans  le  dé- 
partement des  Alpes-Maritimes,  en  rési- 
dence à  Nice,  où  il  est  nommé  ingénieur 
en  chef  le  10  germinal  an  4  et  où  il  meurt 
en  1800. 

Les  archives  de  l'école  des  Ponts  et 
Chaussées,  28,  rue  des  Saints-Pères,  pos- 
sèdent plusieurs  manuscrits  de  Griffet  de 
Labaume.  Ils  sont  à  la  disposition  de  qui 
voudra  les  consulter.  Notons  en  passant 
qu'il  résulte  d'une  notice  autographe 
écrite  par  Griffet  de  Labaume  sur  ses  ou- 
vrages, qu'il  est  bien  l'auteur  de  la  tra- 
duction de  l'ouvrage  allemand  Daniel.^ 
contrairement  à  ce  qui  est  dit  plus  haut. 

Jean  P..  .E 

Famille  Lemoine  (LUI, 6 14, 741, 861, 
972;LIV,I2q).  —  Des  circonstances  indé- 
pendantes de  ma  volonté  ne  m'ont  pas  per- 
mis de  remercier  plus  tôt  mes  aimables 
collègues,  le  comte  de  Caix,  et  M .  Le 
Lieur  d'Avost,  des  renseignements  qu'ils 
ont  bien  voulu  me  donner  sur  la  famille 
Lemoine.  Serait-ce  abuser  de  leur  obli- 
geance que  de  leur  soumettre  les  objec- 
tions que  soulèvent  leurs  communica- 
tions ? 

Le  comte  de  Caix  assigne  Clermont-en- 
Beauvaisis  comme  berceau  de  la  famille 
Lemoyne,  et  les  pièces  qu'il  cite  à  l'appui 
ne  laissent  aucun  doute  sur  la  question. 
D'autrepart,il  existaiten  Champagne^^kChà.- 
lons,unefamiIlenobleet  ancienne  dumême 
nom  à  laquelle  M.  Le  Lieur  d'Avost  ratta- 
che celle  qui  nous  intéresse.  En  d'autres 
termes,  les  Lemoine  de  Clermont  seraient 
un  rameau  détaché  des  Lemoine  de  Châ- 
lons.  Il  m'intéresserait  particulièrement 
que  le  fait  fût  établi.  Saint-Allais  cite  les 
Lemoine  de  Chàlons,  sous  la  rubrique  : 
Lemoine  de  Villarsy,  et  donne  l'état  de 
cette  famille  qui  avait  encore  des  repré- 
sentants à  l'époque  de  la  publication  de 


N» 


1125. 


L'INTERMÉDIAIRE 


471 


472 


dont  elle  est  extraite,  me  fut  dictée  par 
Sainte-Beuve.  C'est  ce  dont  je  puis  ré- 
pondre. Jules  Troubat. 

Towianski  (LIV,  109,  246,  299).  — 
La  biographie  de  l'illuminé  polonais 
Towianski,  avec  de  nombreux  extraits  de 
ses  œuvres,  a  été  publiée,  en  1897,  par 
Tancrède  Canonico,  président  du  Sénat 
italien,  soUs  ce  titre  :  André  Towianski^ 
traduction  de  l'italien  par  E.  Bouriiier. 
Turin,  imprimerie  Vincent  Bona,  i  vol. 
in-8,  IV  et  406  p.,  avec  un  portrait.  Dans 
une  note  de  sa  préface,  l'auteur  écrit  : 
«î  Le  souvenir  des  choses  qu'à  faites  cet 
homme,  se  trouve  dans  les  trois  volumes 
intitulés  Ecrits  d'André  Totvianski,  dont 
j'ai  extrait  ceux  que  je  rapporte  ici  ». 

A  consulter  encore  l'ouvrage  suivant  : 
Quelques  actes  et  documents  concernant 
André  Towianski  et  la  France  (18^2- 
i8ji).  Reims,  imprimerie  coopérative, 24, 
rue  Pluche,  1905,  î  vol.  in-8,  241  pages. 

L^éditeur,  Emile  Bournier,  indique  dans 
l'avant-propos  que  les  deux  volumes  se 
trouvent  dans  toutes  les  bibliothèques 
municipales  de  France.  J.  Lt. 


* 
*  ♦ 


M.  Marnix'a  signalé  avec  justesse  une 
étude  très  intéressante  sur  Towianski 
dans  la  France  mystique  d'Erdan.  M.  Per- 
signy  y  trouvera  un  portrait  de  l'illuminé, 
qui  se  croyait  chargé  par  Dieu  de  prépa- 
rer la  résurrection  de  la  Pologne,  et  tous 
les  détails  possibles  sur  le  rôle  qu'il  a 
joué  en  France  en  1848.  L'ouvrage  con- 
tient un  extrait  assez  étendu  de  son  fa- 
meux manuscrit  divin, écr\t.  disait-il,  sur  le 
champ  de  bataille  de  Waterloo,  et  qui 
portait  ce  titre  :  le  Banquet. 

Je  mets  à  la  disposition  delM.  Persigny, 
dans  le  cas  où  la  communication  lui  se- 
rait utile,  le  second  volume  de  ce  cu- 
rieux ouvrage  :  La  France  mistique  (sic), 
par  Alexandre  Erdan.  Coulon  Pineau,  Pa- 
ris. D'-  Billard. 

Les  derniôrs  moments  d'Alfred 
de  Vigny  (LIV,  212,  246,  299).  —  Il 
semble  tout  à  fait  inexact  de  voir,  avec 
M.  Séché,  un  janséniste  en  Alfred  de 
Vigny.  p.  D. 

Voltaire  à  Lausanne  (LIV,  170.)  — 


ia  lettre  parfaitement  aimable  que  m'a, sur 
ce  Stijet,  adressée  M.  le  Syndic  de  Lau- 
sanne lui-même  ; 

«  Des  recherches  que  nous  avons  faites, 
m'écrit-il, à  la  date  du  ^  septembre  1906, 
il  résulte  que  Voltaire  habita  la  campagne 
de  Montriond,  située  entre  la  ville  et  le 
lac,  et  qu'il  occupa  aussi,  pendant  un  cer- 
tain temps,  une  maison  située  dans  la  rue 
du  Grand-Ch<ine. 

«  La  campagne  de  Montriond  a  appar- 
tenu : 

«  Dès  1722,  à  Jean-Daniel  de  Cronsay, 
contrôleur,  et  à  son  fils  David  ; 

«  Dès  1746,  à  Jean-François  Panchaud  , 

«  Dès  1765,  à  Friedrich  Crinsoz  ; 

«  Dès  1770,  au  professeur  et  au  capi- 
taine Tissot  ; 

«Dès  1798,  à  Jean-Marie-Louis-Samuel 
Dapples,  et  à  ses  descendants. 

«  Elle  fut  habitée  successivement  par 
Voltaire,  par  le  comte  de  Golowskin,  et 
par  le  prince  de  Wurtemberg. 

«  Cette  propriété  d'une  contenance  de  7 
ou  8  hectares,  a  été  vendue,  il  y  a  quatre 
ans, à  des  spéculateurs, parl'hoirie  Dapples, 
et  se  couvre  encore  de  constructions, 

«  La  maison  du  Grand-Chêne,  qui  por*- 
tait  jadis,  sur  le  fronton,  les  armoiries 
des  Chandieu,  a  appartenu,  dès  1726,  à 
Jacques  de  Montrond,  puis,  au  colonel 
Benjamin  de  Chandieu  ;  dès  1788,  à  la 
comtesse  Anne-Pauline-Marie-Adrienne  de 
Nassau,  fille  de  Benjamin  de  Chandieu  ; 
plus  tard,  à  la  famille  Gottofrey,  d'où 
elle  a  passé,  par  héritage,  à  la  famille 
Gaulis,  qui  vient  de  la  vendre. 

«  Ce  Benjamin  de  Chandieu  avait  une 
autre  fille,  Henriette,  qui  épousa  Juste  de 
Constant,  père  du  célèbre  Benjamin  de 
Constant. 

«  11  avait  aussi  deux  autres  filles  qui 
épousèrent,  l'une,  —  l'aînée,  —  un  M.  de 
Sivery,  dont  la  postérité  vit  encore,  et 
l'autre,  —  la  cadette,  —  un  M.  de  Luys, 
dont  les  descendants  ont  associé  le  nom 
de  Chandieu  au  leur,  la  postérité  mâle  de 
Chandieu  étant  éteinte.  » 

L.  DE  Leiris. 

Armoiries  à  retrouver  :  d'azur 
semé  de  fleurs  da  lis  d'or  et  de 
clefs  d'argent  (LUI  ;  LIV,  93,  199, 
253,   300).  Comme   suite  à    la    note  que 


Je  ne  puis  mieux  faire,  pour  répondre  à  la      j'ai  déjà  envoyée  à  V Intermédiaire,  je  puis 
question,  que  de  reproduire  textuellement  >   indiquer  une  autre   voie.   Guilbert,  dans 


II 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


m 


son  Histoire  des  villes  de  Fiance,  publiée 
chez  l'éditeur  Furne  en  1845,  donne  les 
blasons  coloriés  de  123  villes  de  France. 
La  petite  ville  de  Malle  en  Poitou  n'y 
figure  point  parce  que  ses  armoiries  sont 
relativement  récentes. 

Elles  furent  composées  peu  après  1870, 
par  le  sculpteur  Pairault  (de  Niort)  sous 
l'inspiration  de  l'archéologue  Rondiet. 
Melle  blasonne  : 

D'a:(ur  à  trois  pièces  de  monnaie  carolin- 
gienne d'argent,  posées  2  et  r .  Couronne 
murale,  au-dessus  de  laquelle  se  trouve 
une  banderolle  avec  le  vieux  nom  de  la 
ville  :  Metullum. 

Tenant  :  2  Mélusines. 

Marquis  deL.  G. 

Bague  avec  devises  (LIV,  56,  254, 
353).  — Dans  une  plaquette,  intitulée: 
Le  cceiir  vendéen  (bijou  populaire  ancien) 
(Paris,  1903,  2^  édition,  p,  62),  j'ai  con- 
sacré un  paragraphe  aux  bagnes  à  cœur^ 
d'origine  bretonne  et  vendéenne.  J'y  ai 
signalé  la  bague,  dite  de  roulier^  qui 
porte  souvent  une  devise,  sous  forme  de 
charade.  Par  exemple  :  L.  ou  V.,  enlacés 
avec  un  cœur.  Ce  qui  signifie:  «Mon 
cœur  à  elle  (L)  »  ;  ou  «  Mon  cœur  à  vous 

(V)  !  >> 

On  trouvera  un  certain  nombre  de  ba- 
gues de  cette  sorte  au  Musée  Dobrée,  a 
Nantes,  en  particulier  dans  la  vitrine  de 
la  collection  Parenteau,  ancien  conserva- 
teur de  ce  Musée  archéologique. 

D""  Marcel  Baudouin. 

Croix  Huguenote  (  LUI,  950  ;  LIV, 
417).  —  Croix  cévenole  —  Saint-E^piit  — 
XVI  B.  voudrait-il  avoir  l'amabilité 
dedécrire  la  croix  Huguenote  que  je  ne 
trouve  décrite  nulle  part  ?       C.  B,  O. 

*  * 
Originaire    des     Cévennes  ;   c'était   le 

signe  distinctif  des    dames  protestantes, 

les  dames  catholiques  portant  une  croix 

de  la  forme  ordinaire. 

Cet  objet,  en  or,  semble  dater  du  com- 
mencement du  règne  de  Louis  XIV  En 
voici  la  description  :  en  haut,  un  anneau 
pour  l'attacher,  ensuite,  une  couronne 
avec  deux  barres  en  croix,  puis  le  Saint- 
Esprit  (sous  la  forme  d'un  oiseau).  Après 
la  révocation  de  1  Editde  Nantes,  le  Saint- 
Esprit  a  été  remplacé  par  une  larme. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années^  on  trou- 


30   Septembre   190e. 

474 

vait  aisément  ce  bijou  dans  les  famille^ 
du  Gard  ;  il  est  maintenant  d'une  rareté 
extrême  et  d'un  prix  fou,  parce  qu'on  en 
a  envoyé  à  la  fonte  une  grande  quantité 
et  que  les  amateurs  de  bibelots  se  sont 
mis  à  le  rechercher. 

Les  bijoutiers  de  Nîmes  et  surtout  d'A- 
lais  vendent  des  fac-similé  au  prix  de  18 
à  20  fr. 

Les  protestantes,  avant  la  Révocation, 
portaient  cette  croix  au  cou,  et  plus  tard, 
quand  ce  fut  un  signe  séditieux,  sur  l'é- 
paule gauche  et  dissimulée  dans  un  nœud 
de  rubans.  A  Paris,  actuellement,  des 
dames  appartenant  à  la  Religion  déformée 
portent  cet  objet  en  breloque.       T  -Y. 

Eteignoirs  (LIV,  338).  —  On  ren- 
contre fréquemment  à  Londres  ces  an- 
ciens eteignoirs  pour  torches.  Nombreuses 
sont  les  vieilles  demeures  ayant  conservé 
les  deux  potences  en  fer  forgé  où  se  pla- 
çaient les  grosses  lanternes  pour  éclairer 
le  seuil,  et  c'est  au  montant  de  ces  po- 
tences qu'on  retrouve  ces  eteignoirs  ac- 
colés. C.  B. O. 

* 

*  * 

Dans  mon  étude  sur  le  Couvre-fèu^  pa- 
rue dans  les  Annales  Fléchoises  de  1903, 
j'ai  rappelé  cette  coutume  des  torches 
portées  le  soir  par  les  valets  des  grands 
seigneurs  (  t.  i,  pp.  225-226).  L'exemple 
de  Charles  VI  demandant  ces  torches  pour 
aller  voir  le  connétable  blessé  est  typi- 
que. De  Caumont  mentionne  des  modèles 
d'éteignoirs  dans  soft  Abécédaire  d'archéo- 
logie. Archéologie  civile  et  militane, 
p.  350.  N'ayant  pas  près  de  moi  cet  ou- 
vrage, je  ne  puis  les  noter  ici 

Louis  Calendini, 

*  *     . 

Il  existe  —  ou    existait    encore   il  y  a 

quatre  ou  cinq  ans  —  à  Nancy,  une 
dizaine  d'anciens  hôtels,  ayant  à  leur  porte 
un  ou  deux  eteignoirs  destinés  à  éteindre 
les  torches  portées  par  les  valets.  Ces  etei- 
gnoirs fort  simples  étaient  fixés  contre  le 
mur,  à  droite  et  à  gauche  de  la  porte 
d'entrée.  La  petite  noblesse  n'avait  droit 
qu'à  un  éteignoir,  les  grandes  familles  en 
avaient  deux  à  leur  porte.  Je  me  souviens 
fort  bien  en  avoir  vu  plusieurs  spécimens 
dans  la  rue  du  Haut  Bourgeois,  à  Nancy. 
Dans  cette  rue  se  trouvaient,  au  temps  du 
roi  Stanislas,  les  principaux  hôtels  des 
grandes  familles  lorraines.  Consulter  VHis- 


N»  1125. 


L'INTERMÉDIAIRE 


-    475 


476 


toire  des  maisons  de  Nancy,  par  Combe.  Je 
suis  actuellement  loin  de  mes  livres,  mais 
dès  mon  retour  chez  moi,  je  pourrai 
donner  à  M.  Pietro  des  renseir/nements 
complémentaires.  Tennocram. 


*  * 


Il  existe  à  Aix-en-Provence  plusieurs 
anciens  hôtels,  notamment  ceux  des 
d'Esticnne  de  Saint-Jean  et  des  Robinson 
de  Beaulieu,  qui  possèdent  encore,  à 
droite  et  à  gauche  de  leur  porte  d'entrée, 
les  vieux  éteignoirs  qui  servaient  à 
éteindre  les  torches  que  portaient  les  la- 
quais accompagnant  les  chaises  à  porteur. 
On  voyait  même,  il  n'y  a  que  quelques 
années  encore,  au  dessous  de  ces  grands 
éteignoirs,  les  marques  noircies  des  tor- 
ches. P- 

Etymologiô  des  nom?  de  famille 

(T.  G.,  643  ;  LIV,  Y-,0).  —  Tout  cher- 
cheur qui  s'occupe  de  cette  question  ne 
peut  ignorer  les  deux  ouvrages  suivants 
de  Loiédan  Larchey  publiés  le  premier  en 
1880,  le  second  en  1881  : 

jo,  —  Dictionnaiie  des  noms  contenant 
la  recherche  étymologique  des  formes  an- 
ciennes. 

2».  —  Ahnanach  des  noms  expliquant 
2800  noms  de  personnes.  G.  DE  Massas. 

♦ 

M.  LoréJan  Larchey,  mort  en  1900  à 
Menton,  et  qui  fut  un  collaborateur  as- 
sidu de  \' Intermédiaire,  a  publié  un  dic- 
tionnaire des  noms  de  famillj.  Je  ne  cer- 
tifie pas  l'exactitude  du  titre  et  j'ignore 
l'éditeur,  Tennocram. 

* 
¥    * 

Pour  les  familles  bretonnes,  voyez  le 
Nobiliaire  de  Potier  de  Courcy,  tome  111, 
ouvrage  très  documenté.  Du  H. 

Une  inscription  latine  à  traduire 

(XLVl,  à  L  ;  LIV,  315)  —  C'est  un 
sort  sur  cet  élégiaque  de  malheur  :  le 
«  bourdon  »  signalé  est  désormais  à 
mon  compte  !  Pour  être  sur  pieds,  et  se 
scander  en  mesure,  le  pentamètre  de 
Sidoine  Apollinaire  doit  s'écrire  : 
Sole  medere,  pede  ede,  edl,  perede    melos. 

Les  homonymes  :  edo  et  edo.,  se  distin- 
guent à  la  quantité  d'après  un  vers  mné- 
monique connu. 

Non  edo  cœnatus,  tune  edo  pœmata  lœtus 

P.  D. 


Le  sonnet  d' "^  rver.*  est-il  imué 
de  1'  talion?  (LIV,  162;  257,  302,  358, 
423).  —  Le  sonnet  en  italien  produit  par 
M  Garez  est  trop  identique  à  celui  d'ArverS 
pour  n'en  être  pas  cru  a  priori  une  traduc- 
tion aussi  élégante  que  fidèle.  Les  cir- 
constances très  vaguement  déterminées  de 
la  découverte,  en  rendent  d'ailleurs  plus 
que  suspectes  l'authenticité  et  l'antériorité- 
J'attends  donc  de  meilleures  preuves  en 
ayant  quelque   idée  qu'on  n'en    produira 

T-.OC  H,  C  M. 

pas. 


Mys-ti-fi-ca-ti-on  ? 


Lpt.  du  Sillon, 


Le  pluriel  des  mots  en  ant  et  en 

ent  (LU  ;  LIV,  145.309)-  —  I^  "'^^  ^."^"'^ 
droit  de  parler  au  nom  de  l'Intermédiaire, 
mais  individuellement,  j'ai  bien  quelque 
droit  de  m'étonnerqu'un  écrivain  qui  pros- 
crit le  d  dans  la  désinence  en  ends  le  con- 
serve dans  la  désinence  en  ands^  et  qu'il 
écrive  deux  grands  différens  là  où  l'on  s'at- 
tendait à  rencontrer  deux  grans  différens, 
ou  deux  grands  différends. 

Lpt.  du  Sillon. 

Les  bons  ouvrages  sont  ceux  qui 
font  pleurer  (LIV,  227).  —  Deschanel, 
dans  son  ouvrage  sur  Lamartine,  etc.  Le 
reste  comme  on  l'a  imprimé. 

Le  théâtre  en  province  (LIV,  281, 
335,428).—  M.F.HoUapublié.ily  aquel- 
ques  années,  dans  les  Petites  Affiches  de 
Strasbourg,  disparues  depuis  deux  ans 
après  une  existence  de  prés  de  deux  siè- 
cles, une  série  de  chroniques  historiques 
et  anecdotiques  sur  le  théâtre  de  Stras- 
bourg depuis  sa  fondation  jusqu'en  1870. 
Grâce  à  la  fondation  de  M.  Apfel  qui  lui 
légua  plusieurs  millions,  le  théâtre  de 
Strabourg  eut  au  milieu  du  xix"  siècle  et 
jusqu'en  1870,  une  longue  période  de 
prospérité  inouïe  sous  la  direction  Ha- 
lanzier,  plus  tard  directeur  de  l'Opéra  de 
Paris.  Le  ténor  Renard,  Déjazet,  et  tant 
d'autres  firent  leurs  débuts  à  Strasbourg 
avant  de  se  faire  consacrer  par  Paris. 

En  s'adressant  à  M.  HoU,  rédacteur 
thcâtral  du  journal  d'  Usa:e  à  Strabourg, 
je  suis  convaincu  que  l'on  obtiendrait  to  is 
renseignements  désirés. 

Tennocram. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


—     477 


* 


A  ajouter  :  Spa.  Le  théâtre  et  la  imisique 
à  Spa  au  temps  passé  et  au  temps  présent, 
par  AlbinBody.  Deuxième  édition,  Bruxel- 
les, veuve  Rozer,  1884,   in-S"  250  pp. 

Un  mot  deî  Lamartine  (Ll  ;  LU  ;  LIV, 
258).  —  Lire  :  Emile  Deschanel  ;  Lamar- 
tine, t.  II,  etc.,  etc.  P.  B 

Les  pantalons  d--.  femîTaes(LlI;LIII). 
— Ce  n'est  pas,  ainsi  que  le  présume  M. 
Jean  Pila, la  Révolution  qui  a  changé  chez 
elles,  la  culotte  en  pantalon.  Témoin  cet 
avis  qui  figure  dans  la  Liste  des  Seigneurs 
et  Dames  venus  aux  Eaux  minérales  de  Spa 
Van  iTJ^. 

N.  Pantalon,  connu  sous  ce  nom  par  la 
quantité  qu'il  en  a  faits,  tant  pour  hommes 
que  pour  femmes,  très  commodes  pour 
monter  à  cheval,  demeure  rue  de  la  Sau- 
venière  à  Spa,  (N°  du  23  août  1773). 

Albin  Body. 

L'action  inspiratrice  et  intellec- 
tuelle des  aliments  solides.  Y  a-t-il 
des  écrivains  qui  aient  considéré 
cette  questi  in  ?  (LIV,  396).  —  La 
science  du  goût  n'a  pas  des  laboratoires  ; 
elle  n'a  que  des  cuisines. 

Voilà  le  mal  essentiel. 

Le  comble  d'une  cuisine,  c'est  d'être  un 
paradis  gastronomique, c'est-à-dire  d'à  voir 
pour  but  de  remplir  le  ventre  de  la  façon 
la  plus  agréable  possible,  mais  aussi  le 
plus  possible. 

En  réalité,  le  problème  à  résoudre  est 
tout  différent.  En  voici  l'énoncé  : 

L' alimentation  doit  donner  au  corps  avec 
la  sensation  gustativc  la  plus  agréable  pos- 
sible et  dans  un  minimum  de  temps,  le  plus 
de  force  physique  possible  en  laissant  un 
maximum  de  temps  disponible  pour  qti'un 
cerveau  donné  puisse  faire  le  maximum  de 
travail  intellectuel  possible . 

Comme  je  ne  peux  pas  développer  ici, 
d'une  façon  complète,  toutes  les  considé- 
rations nécessaires  pour  résoudre  ce  pro- 
blème, je  me  bornerai  à  faire  quelques 
observations. 

D'abord  il  faut  réserver  le  nom  de 
gastronomie  (règle  du  ventre)  à  l'art  qui  a 
seulement  pour  but  de  remplir  le  ventre 
de  la  façon  la  plus  agréable  possible  et  le 
plus  possible. 


30  Septembre   içob, 
478     

La  bible  de  la  gastronomie,  c'est  La 
Physiologie  du  goût  de  Brillât  Savarin 

En  effet,  avec  Carême  et  d'autres  illus- 
tres cuisiniers  et  sans  être  cuisinier,  je 
retiens  que  Brillât- Savarin  était  plutôt  un 
grand  mangeur  qu'un  véritable  connais- 
seur de  Tart.  Je  donne  le  nom  de  tropho- 
noinie  (règle  de  l'alimentation)  à  la 
science  qui  a  pour  but  de  déterminer  l'ali- 
mentation qui  peut  fournir  les  forces 
physiques  et  intellectuelles  maximum 
compatibles  avec  un  corps  et  avec  un 
cerveau  donnés. 

A  la  gastronomie  s'applique  le  vers  de 
Musset  : 

Qu'importe  le  flacon  pourvu  qu'on  ait  l'ivresse 

La  trophononiie  \\' ^dmQ\.  pas  que  la  fonc- 
tion du  goût  soit  de  donner  l'ivresse, mais 
qu'il  doit  servir  à  établir  l'harmonie  entre 
l'esprit  et  le  corps. 

Mes  recherches  sur  Talimentation  dans 
les  rapports  avec  la  vie  physique  et  la  vie 
intellectuelle  m'ont  conduit  à  formuler 
certaines  règles  auxquelles  je  dois  la  par- 
faite santé  dont  je  jouis.  En  voici  quel- 
ques-unes : 

1°  En  général,  toutes  les  personnes, 
compris  les  gens  aisés  et  riches,  mangent 
trop  et  mal. 

2°  Quand  l'appétit  dépasse  de  trop  une 
valeur  minimum,  on  est  entraîné  à  excé- 
der dans  l'alimentation  avec  une  progres- 
sion accélérée  en  vertu  du  dicton  :  ubi 
stimulus  ibi fluxus. 

3°  L'activité  assimilatrice  physique  et 
l'activité  intellectuelle  ne  doivent  pas  agir 
simultanément  d'une  façon  intensive, 

4°  Les  médecines  dont  on  connaît  assez 
complètement  l'action  physiologique  et 
thérapeutique  générale,  c'est-à-dire  sur 
tout  l'organisme,  sont  très  rares.  Je  cite- 
rai le  fer,  le  quinine,  le  mercure,  l'iode  ; 
pour  la  plupart,  on  connaît  l'action  bien- 
faisante sur  un  organe  donné,  mais  on 
ignore,  ou  on  néglige  l'action  nuisible 
qu'elles  peuvent  exercer  sur  d'autres  or- 
ganes. 

D'un  autre  côté,  beaucoup  de  substan- 
ces alimentaires  exercent  une  action  thé- 
rapeutique excellente,  bien  qu'elle  puisse 
varier  d'individu  à  individu. 

5°  La  peur  des  maladies  est  cause  de 
maladie. 

6°  La  douleur  peut  diminuer  l'appétit  ; 
mais  quand  l'appétit    diminue    chez  les 


N°  II 25, 


L'INTERMEDIAIRE 


479 


480 


amoureux  par  l'action  de  l'amour  même, 
on  a  la  preuve  que  cet  amour  est  dû  plus 
à  une  attraction  physique  qu'à  une  attrac- 
tion intellectuelle;  Cela  en  retenant  exacte 
}a  définition  de  Chamfort  :  L'amour,  c'est 
réchange  de  deux  fantaisies  et  le  contact 
de  deux  épidémies 

7°  La  tranquillité  d'esprit  est  une  con- 
dition essentielle  d'une  bonne  digestion  ; 
par  conséquent  l'ambition,  la  pusillani- 
mité et  la  colère  peuvent  être  causes  de 
maladie  et  sont  toujours  nuisibles  au  bien- 
être  physique. 

Revenons  maintenant  aux  sens  en  gé- 
néral et  à  l'estime  dans  laquelle  ils  sont 
tenus. 

Les  phénomènes  dépendant  de  la  vue 
sont  essentiellement  la  base  de  l'esthéti- 
que grecque  et  l'on  peut  ajouter  aussi  de 
la  moderne  ;  les  phénomènes  dépendants 
de  l'odorat  sont  la  base  de  l'esthétique 
biblique,  témoin  le  verset  du  cantique  des 
Cantiques  : 

«  Ses  joues  sont  comme  de  petits  par- 
«  terres  de  plantes  aromatiques  qui  ont 
<*  été  plantés  par  les  parfumeurs  ;  ses  lè- 
«  vres  sont  comme  des  lis  qui  distillent  la 
«  myrrhe  la  plus  pure  ». 

Les  phénomènes  intellectuels,  dépen- 
dants de  l'alimentation  doivent  être  la 
base  de  l'esthétique  future. 

Mais  hélas  !  jusqu'à  présent,  par  un 
singulier  préjugé,  l'alimentation  est  con- 
sidérée comme  chose  prosaïque  et  vul- 
gaire. Toutes  les  littératures  dans  tous  les 
temps  d'Homère  à  Rabelais,  de  Rabelais 
à  Brillât  Savarin,  tous  les  proverbes  de 
tous  les  peuples,  mentionnent  des  repas, 
mais  toujours  pour  leur  action  sensuelle 
directe.  Les  aliments  liquides  seulement 
c'est-à-dire  le  vin,  le  café,  le  thé,  etc.. ont 
eu  l'honneur  d'être  chantés  par  des  poètes 
de  toutes  les  époques  soit  séparément, soit 
quelquefois  ensemble,  pour  leur  influence 
esthétique  grecque  (couleur)  ou  sémitique 
(odeur),  comme  par  Théophile  Gautier  : 

De  là  naissent  ces  sympathies. 
Aux  impérieuses  douceurs 
Par  qui  les  âmes  asservies 
Partout  se  reconnaissent  soeurs  ; 

Docile  à  l'appât  d'un  arôme 
D'un  rayon,  ou  d'une  couleur 
L'atome  vole  vers  l'atome 
Comme  upe  abeille  vers  la  fleur. 


De  son  côté,  Baudelaire  dit  : 

Comme  de  longs  échos  qui  de  loin  se  con- 

[fondent 
Dans  une  ténébreuse  et  profonde  unité, 
Vaste  comme  la  nuit  et  comme  la  clarté, 
Les  parfums.  les  couleurs  et  les  sons  se  con- 

[fondent. 

Dans  les  vers  de  Théophile  Gautier, 
on  sent  l'influence  de  Goethe  qui,  dans 
son  roman  Les  affinités  électives  a  essayé 
de  fonder  une  chimie  intellectuelle  cor- 
respondante à  la  chimie  matérielle  de  La- 
voisier. 

Ce  qui  est  sûr,  c'est  que  l'alimentation 
plus  que  toutes  les  autres  conditions  où 
peuvent  se  trouver  les  hommes, développe 
en  eux  le  sentiment  de  la  fraternité. 

C'est  ainsi  qu'en  1438,  le  cardinal  Ce- 
sarini  réussit  au  concile  de  Ferrara,  con- 
tinué l'année  suivante  à  Florence,  à  éta- 
blir, au  moyen  de  bons  dîners  une  par- 
faite cordialité  entre  les  ecclésiastiques 
bizantms  et  romains,  d'abord  très  mal 
disposés  les  uns  envers  les  autres.  C'est 
ainsi  qu'un  bon  cuisinier  est  indispensable 
à  un  diplomate,  car  une  bonne  pplitique 
est  inséparable  d'une  bonne  cuisine. 

A. 

Les  roues  de  fortune  (LIV,  228, 371, 
432).  —  Récemment,  pendant  un  court 
séjour  dans  les  Côtes-du-Nord,  à  Saint- 
Mayeur,  une  dame  rappela  devant  moi 
que,  dans  une  église  voisine,  il  y  avait 
une  roue  de  fortune  ou  de  mariage  (je  ne 
puis  pas  préciser)  ;  malheureusement,  j'ai 
oublié  le  nom  du  village. 

En  Bretagne,  il  doit  persister  encore 
des  roues  de  cette  nature.  Il  serait  bon 
d'en  faire  le  dénombrement. 

D""  Marcel  Baudouin. 


Je  remercie  particulièrement  M.  de 
Torla  de  sa  communication. 

Il  ne  m'est  pas  possible,  malheureuse- 
ment, de  répondre  à  sa  question  sur  les 
usages  bretons  d'origine  espagnole,  con- 
naissant trop  peu  ceux  de  la  Péninsule. 

Les  relations  politiques  et  commer- 
ciales entre  les  deux  pays,  ont  certaine- 
ment introduit  en  Bretagne,  plus  d'un 
mot  espagnol  ;  au  mot  rai  (real)  j'ajoute- 
rai Jopc{  qui,  dans  le  pays  des  Bigoudens, 
est  employé  pour  désigner  un  lourdaud. 

Du  H. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


481 


Pied  de  nez  (LUI  ;  LIV,  40,  99,147, 
313,  369).  —  L'histoire  de  la  figue  mi- 
lanaise est  connue  et  faire  la  figue  en  pas- 
sant le  pouce  entre  l'index  et  le  doigt  ma- 
jeur est  un  geste  familier  et  parfois 
d'expression  grivoise.  11  a  pourtant  une 
autre  signification  en  Grèce  :  il  sert  à 
conjurer  le  sort.  Pour  plus  de  sûreté,  les 
Grecs  portent  souvent  une  sorte  d'amu- 
lette où  le  geste  est  permanent,  comme 
par  exemple  un  morceau  de  bois  sculpté 
où  un  pouce  est  glissé  sous  l'index  d'une 
main.  C'est  en  voyant  une  canne  en  bois 
d'olivier  venant  d'Athènes,  dont  la  crosse 
était  ainsi  sculptée,  quej'ai  été  informé  de 
cette  singulière  signification. 

E.  Grave. 

Serpent .  Anecdote  extraordi- 
naire contée  par  Pvîichelet  (LIV,  1 1 1 , 
203,266)  —  Voici  ce  que  me  raconte  un  de 
mes  amis  à  ce  sujet  : 

«  Ayant  été  élevé  chez  mes  grands  pa- 
«  rents,  dans  le  canton  d'Argueil  (Seine- 
«  Inférieure),  je  me  rappelle  fort  bien, 
«  alors  j'avais  839  ans,  et  ce  fait  est 
«  resté  fort  gravé  dans  ma  mémoire, 
«  avoir  vu,  enroulée  autour  de  la  jambe 
«  droite  d'une  vache  bretonne,  une  cou- 
«  leuvre  trayant  ma  petite  vache.  A  plu- 
«  sieurs  reprises,  il  m'est  arrivé  de  cons- 
«  tater  ce  fait,  car  mes  grands  parents  se 
«  faisaient  un  plaisir  de  m'éveiller  de 
«  grand  matin,  pour  me  fairevoir  que  non 
«  seulement,  il  n'y  avait  pas  que  sur  ma 
«  petite  bretonne  que  la  chose  se  produi- 
«  sait,  mais  ausi  sur  d'autres  de  ses  con- 
«  génères. 

«  Il  y  a  de  cela  45  ans,  et  je  puis  affir- 
«  mer  avoir  vu  ce  cas  de  traite  par  des 
«  couleuvres,  que  certains  naturalistes  en 
«  chambre  mettent  en  doute,  et  qui  a 
«  pourtant  bien  existé,  et  existe  encore.  » 

CÉSAR  BiROTTEAU. 
* 

Nous  aussi,  nous  croyons  que  les  ser- 
pents peuvent  têter  le  pis  des  vaches  et 
fasciner  leurs  victimes  ;  mais  il  faut  bien 
s'entendre. 

Voici  un   cas  de  fascination  tout  à  fait 

authentique ,    et  qui    cependant  n'en 

est  pas  un  ;  on  verra  bientôt  pourquoi. 

Du  côté  des  Deux-Sèvres,  un  homme 
de  confiance  nous  a  cité  le  fait  suivant  :  je 
voyais  un  oiseau  se  débattre  en  criant, 
sans  que  je  puisse  m'en  expliquer  la  cause. 


30   Septembre   1906. 

482     

Au  moment  où  j'allais  l'atteindre,  j'aper- 
çus avec  effroi  une  tête  de  vipère  le  saisir 
et  l'avaler  d'un  seul  coup  !  A  l'instant,  je 
frappai  la  vipère  avec  ma  canne  ;  et  je  la 
tuai,  en  lui  faisant  rendre  l'oiseau  qu'elle 
avait  fasciné,  avant  de  l'avaler.  C'est 
bien  un  cas  de  fascination,  semble-t-il  ! 
Hé  bien  !  non  :  Et  voici   pourquoi  : 

Si  c'était  une  couleuvre,  on  ne  pour- 
rait peut-être  pas  être  aussi  affirmatif  ; 
mais  nous  le  sommes  absolument,  en 
cas  de  vipère. 

En  effet,  la  vipère  commence  toujours 
par  piquer  l'oiseau  ;  puis  elle  attend  que 
sa  victime  ne  se  débatte  plus,  après  a 
piqûre,  qui    est    généralement   mortelle. 

C'est  alors  seulement,  qu'elle  l'englou- 
tît. L'oiseau  qu'avait  vu  notre  correspon- 
dant, avait  donc  déjà  été  piqué  et  ne  se 
débattait  que  parce  qu'il  était  à  l'agonie. 
Aussi  était-il  déjà  mort,  quand  la  vipère 
l'a  rendu,  avant  de  mourir  elle-même. 

D'  Bougon, 

* 

Ceci  n'est  pas  de  la  politique,  mais  de 
la  science  très  exacte.  On  n'a  qu'à  con- 
sulter les  récits  des  missionnaires  ca- 
tholiques ou  protestants  aux  tropiques, 
les  récits  des  voyageurs  dans  les  deux 
Amériques,  et,  si  je  me  le  rappelle  bien, 
des  cas  particuliers  parmi  les  Hindous, 
les  Indiens  des  Etats-Unis,  et  les  Mexi- 
cains. A.  G.  C. 

* 
*  * 

Le  Petit  Journal  du  2  septembre  donne 

le  télégramme  suivant  : 

Reims. —  Un  serpent  qui  s'est  échappé 
d'une  ménagerie  et  qui  vit  dans  les  bois  de 
Saint-Imoges,  vient  d'être  blessé  dans  les 
circonstances  suivantes  :  Hier  soir  vers 
quatre  heures,  au  cours  d'une  battue,  un 
chasseur  l'aperçut  qui  buvait  au  pis  d'une 
vache.  Saisissantson  couteau,  il  frappa  l'ani- 
mal en  plein  corps.. . 

Alors  !..  de  deux  choses  l'une  :  ou  ce 
serpent  a  «  la  langue  conformée  pour  la 
succion  »,  ou  il  appartient  à  l'espèce  ca- 
nard }  Quid  ! 

L'odeur  rance   des    prostituées 

(LIV  337).  —  Dans  la  Revue  d'Italie^ 
l'excellent  écrivain  qui  signe  «  Italo  »  dé- 
crit dans  sa  chronique  romaine  du  mois 
d'août,  la  population  des  bas-fonds  de  la 
Ville  éternelle.  Venant  à  raconter  ce  qu'il 
a  vu  dans  la  salle  d'audience  du  palais  de 


N"  1125. 


L'INTERMEDIAIRE 


483 


484 


justice,  il  parle  «  de  l'air  irrespirable  qui 
y  règne  :  les  odeurs  fortes  de  mâles  en 
sueur  se  mêlaient  aux  parfums  rances  de 
femmes  échappées  de  maisons  closes.  » 

La  coïncidence  méritait  au  moins  d'être 
signalée.  Albin  Body. 


* 


L'allusion  doit  reporter  à  la  sixième  sa- 
tire de  |uvénal,  vers   132. 

11  y  est  question,  à  vrai  dire,  du  relent 
de  Suburre,  {fœtov  snhuranus)  plutôt  que 
du  bouquet  ...  de  la  mariée  {Odor  Ve- 
neris  mcreîricis)  ;  c'est  tout  ce  que  l'on 
trouve, et  c'est  Messaline  qui  est  la  parfu- 
meuse : 

Obscuris  que  genis  turpisfumoque  lucernas 
Fœda,  lupanaris  tulit  ad  pulvinar  odorem. 

Elle  rentre  au  palais  hideuse,  échevelée, 
Elle  rentre,  et  l'odeur  autour  d'elle  exhalée 
Va,  sous  le  dais  sacré  du  lit  des  empereurs. 
Révéler  de  sa  nuit   les  lubriques  fureurs. 

Thomas. 

M.  Edouard  Drumont,  dans  La  Fin 
d'un  monde,  célèbre  cependant  une  hé- 
roïne (ce  n'est  pas  sainte  Zette)  qui  em- 
bauma Antioche  du  parfum  de  ses  vertus. 

P.-D. 

*  * 
Dites  «  des  prostituées  romaines  »    Les 

vers  de  Juvénal  qu'on  nous  demande  de 
retrouver  s'appliquent  aux  filles  de  s  m 
temps  et  ne  peuvent  pas  être  cités  à  pro- 
pos de  la  prostitution  moderne.  On  va 
voir  pourquoi. 

A  Rome,  la  fille  libre  faisait  son  métier 
dans  une  petite  cellule  isolée,  sorte  de 
boutique  en  maçonnerie  pleine,  ouvrant 
au  rez-de-chaussée  sur  la  rue  par  une 
porte  basse,  sans  fenêtres  et  sans  commu- 
nication avec  l'intérieur  de  l'immeuble. 
Cette  niche  à  femme  pouvait  cuber  de 
6  à  8  me  d'air  (moins  de  2  m.  dans  les 
trois  dimensions).  Au  dessus  de  la  porte 
il  y  avait  un  écriteau  avec  le  nom  de  la 
prostituée  ;  sous  l'écriteau  une  lampe  fé- 
tide et  près  de  la  lampe,  la  fille  debout. 
Chez  les  esclaves  des  lupanars,  la  disposi- 
tion ne  différait  pas  sensiblement.) 

Dans  le  cadre  de  sa  petite  porte,  la  fille 
publique  était  donc  sans  cesse  baignée 
par  la  fumée  de  sa  lucei  na  comme  par  les 
parfums  d'une  cassolette  ;  et  cette  lampe 
qui  brûlait  une  substance  brute,  impure, 
chauffée  à  sa  propre  flamme,  était  dou- 
blement nauséabonde  par  son  huile  chaude 
et  sa  mèche  fumeuse.  Un  visiteur  entrait- 


il,  c'était  pis  encore.  On  posait  la  lampe 
à  l'intérieur  de  la  petite  pièce  où  l'atmos- 
phère serait  devenue  bientôt  irrespirable, 
n'eût  été  la  porte,  toujours  ouverte  ou  à 
peine  voilée  par  un  haillon  d'étoffe  sus- 
pendu au  linteau 

Telleest  l'odeur  (huileuse  et  non  fémi- 
nine) à  laquelle  Juvénal  tait  allusion  à 
propos  d'une  impératrice  qui  courait  les 
mauvais  lieux  (Sat.  VI.  v.  130)  : 

Obscurisque  genis  turpis,  fumoque   lucernae 
Fœda,  lupanaris  tulit  ad  pulvinar  odorem  . 

Les  prostituées  de  Rome  étaient  pro- 
pres ;  elles  se  baignaient  assurément  plus 
que  les  nôtres  et  surtout  plus  que  les 
femmes  honnêtes  de  nos  classes  popu- 
laires ;  mais  l'odeur  de  l'huile  s'attachait 
à  leurs  corps,  imprégn.ait  leurs  vêtements, 
décelait  leur  profession. 

Aussi,  par  un  phénomène  d'association 
d'idées  qui  ne  surprendra  aucun  psycho- 
logue, cette  odeur  d'huile  et  de  fumée  de- 
vint pour  les  Romains  un  parfum  essen- 
tiellement voluptueux. 

«  La  fille  debout  dans  sa  niche  empes- 
tée »  était  l'image  même  de  la  tentation 
pour  certains  patriciens  riches.  C'est  ce 
que  dit  Horace  (Sat.  II,  v.  28-30)  ; 

.  .  .  Sunt  qui  nolint  tetigisse.. . 
nullarn  nisi  olente  in  fornice  stantem... 

Aux  personnes  qui  ont  un  amour  im- 
modéré pour  la  campagne,  l'odeur  du  fu 
mier  n'est  pas  moins  agr'able,  dit-on, 
que  celle  de  la  prairie.  Qu'elles  ne  soient 
pas  surprises,  si  par  un  sentiment  analo- 
gue et  très  humain,  les  amis  d'Horace 
unissaient  tout  naturellement  la  senteur 
de  l'huile  chaude  au  parfum  de  la  beauté, 

Candide. 

Autobus  ,LIV,  337,  426).  —  Ce  mot 
n'est  pas  hybride,  mais  imagé,  dans  une 
couleur  essentiellement  parisienne;  formé 
de  deux  abréviations,  il  en  constitue  une 
troisième,  qui  dit  bien  ce  qu'elle  veut  dé- 
nommer, pour  toute  la  clientèle  de  la 
Compagnie  des  omnibus.  Notre  collabora- 
teur j  L.  T  ignore  peut  être  que  le  plus 
grand  nombre  de  ces  voyageurs  dit  :  le 
bas  »  pour  l'omnibus.  «  Je  vais  prendre  le 
bus»  est  une  locution  courante. De  même, 
dans  le  monde  de  l'automobilisme,  on  a 
coutume  de  dire  simplement  auto  pour 
automobile,  je  vais  en  auto  ;  je  prends  le 
bus.  La  formation  du  mot   autobus  est, 


DES  CHERCHEURS-  ET  CURIEUX 


485 


tout  naturellement,  la  conséquence  de  ces 
deux  abréviations,  et  que,  M.  J.  L.  T.  me 
pardonne,  je  trouve  logique  cette  forma- 
tion, bien  qu'au  point  de  vue  euphonique 
ce  néologisme  laisse  quelque  peu  à  dési- 
rer. Albert  Gâte. 


*  ♦ 


Le  nombre  et  la  complexité  des  in- 
ventions nouvelles  ont  rendu  i<bsolu- 
mcnt  impossible  dans  bien  des  cas  la 
création  de  mots  nouveaux  construits 
sur  des  bases  étymologiques  rigoureuses. 

S'il  fallait  traduire  en  grec  ou  en  latin 
l'idée  d'une  voiture  couverte  actionnée  par 
un  moteur  pour  le  tianspoit  des  voyageurs 
en  commun,  o^  aurait  un  mot  de  douze  syl- 
labes que  le  public  rejetterait  sans  hésiter 
parce  qu'il  n'a  pas  le  temps  de  se  livrer 
à  des  exercices  d'articulation  pour  faire 
plaisir  aux  hellénistes. 

Ce  sont  les  médecins  qui  ont  inventé 
ces  néologismes  elliptiqu  s  dont  on  fait 
aujourd'hui  grand  usage.  Dans  l'expres- 
sion salicylate  de  phc'noî,  par  exemple,  ils 
prennent  la  première  et  la  dernière  syllabe 
et  créent  le  mot  salai  qui  est  clair  pour 
eux  et  facile  pour  nous.  Ils  ont  raison, 
parce  que  s'ils  n'abrégeaient  pas,  le  pu- 
blic s'en  chargerait  lui-même  et  qu'il 
abrège  toujours  très  mal.  C'est  ainsi  qu'il 
appelle  hisnuM  le  sous-nitrate  de  bis- 
muth, en  confondant  le  sel  avec  le  mé- 
tal. J'aime  mieux  satol  qui  du  moins 
ne  fait  pasamphibologie. 

Quant  à  autobus,  ne  remontons  pas  à 
Pindare  pour  l'expliquer.  C'est  un  terme 
formé  très  simplement  par  la  juxtaposi- 
tion de  deux  mots  français  du  langage  fa- 
milier :  le  mot  auto  qui  signifie  «  voiture 
automobile  »  et  le  mot  bus  qui,  à  Paris 
comme  à  Londres,  signifie  «  voiture  om- 
nibus ».  PulypoJitautocinétharui.vinaxe  ne 
serait  pas  plus  clair  ;  et,  malgré  son  gra- 
cieux aspect,  il  n'a  aucune  chance  d'être 
adopté.  Candide. 

Fêtes,  danses  et  spactacleg  nus 
(LUI  ;  LIV,  237,  370).  —  L'année  der- 
nière, à  pareille  époque,  parut  à  l'Olym- 
pia, Mata-Hari  dans  ses  danses  indoues. 
Cette  artiste,  lady  X.  femme  d'un  officier 
des  Indes,  d'origine  indoue,  avait  vécu, 
disait-on,  quelque  temps  dans  les  temples 
de  l'Inde  et  avait  appris  les  danses  sacrées. 
Son  numéro  se  composait  de  plusieurs 
scènes,  danses  guerrières,    danses    reli- 


30  Septembre  1906, 
486     — - 

gieuses,  et  dans  une  dernière  scène,  elle 
offrait  à  son  dieu,  ses  voiles  de  pureté, 
d'amour  et  enfin  de  chasteté.  A  l'Olym- 
pia, Mata-Hari  avait  en  plus  de  son  cos- 
tume indou,  (un  corselet  et  quelques  bi- 
joux pendant  sur  le  ventre)  un  maillot 
dit  académique. 

Mais  pendant  tout  l'hiver  1904-1905, 
Mata-Hari  avait  donné  de  nombreuses 
représentations  payées  dans  des  salons 
parisiens  et  dans  de  grands  cercles.  Le 
maillot  faisait  absolument  défaut,  et  après 
avoir  sacrifié  à  son  dieu  son  voile  de 
chasteté,  l'artiste  restait  toute  nue  avec 
pour  seul  voile  ses  bijoux  orientaux  et  sa 
coiffure  indoue.  Elle  faisait  aussi,  sur  des 
improvisations  au  piano,  dans  son  très 
léger  costume, une  série  de  danses  lentes, 
ou  de  poses  plastico-religieuses.  Son  dé- 
but eut  lieu  dans  un  salon  très  connu  à 
Paris,  chez  la  comtesse  de  T.  .  devant 
une  cinquantaine  de  spectateurs  ou  spec- 
tatrices du  meilleur  monde.  Puis  elle  se 
produisit  moyennant  finances  dans  d'au- 
tres salons  et  dans  les  grands  cercles  de 
Paris  et  même  de  Nice.  J'ajoute,  qu'au 
dire  de  tous  ceux  qui  l'ont  vu,  ce  spec- 
tacle était  très  gracieux  et  artistique  et 
nullement  pornographique. 

Tennocram. 
* 

*  ♦ 
Le  mouvement  actuel  en   faveur  du  nu 

s'est  manifesté  vers  1890.  Il  a  pris  nais- 
sance dans  les  ateliers  de  peintres  et  dans 
les  jeunes  revues.  Son  origine  est  indis- 
cutablement artistique  et  littéraire,  et 
c'est  ce  qui  le  rend  intéressant. 

Si  je  ne  me  trompe,  on  n"a  encore  re- 
présenté publiquement  aucune  pièce  com- 
portant des  personnages  nus  ;  mais  il 
s'en  faut  de  peu.  Vers  1892,  M.  Paul  Fort 
étant  directeur  du  Théâtre  d'Art,  je  me 
souviens  d  avoir  vu  une  représentation 
du  Faust  de  Marlowe  où  l'une  des  femmes 
qui  tenaient  les  rôles  des  Sept  Péchés  ca- 
pitaux entrait  en  scène  avec  une  simple 
étoffe  autour  des  reins  et  un  voile  derrière 
le  dos  ;  je  vois  encore  la  stupéfaction  de 
mon  voisin  Sarcey  devant  cette  poitrine 
toute  nue  que  le  jeune  public  de  la  salle 
accueillait  S3nnpathiquement.  Depuis,  le 
mouvement  a  gagné  peu  à  peu  tous  les 
théâtres.  On  a  préparé  le  public  par  une 
série  de  transitions  naturelles,  en  substi- 
tuant au  costume  l'apparence  du  costume  : 
le  voile  transparent,  la  résille  de  poitrine 


N*  1135. 


L'INTERMÉDIAIRE 


487 


488 


sans  doublure,  ou  même  le  simple  maillot 
anatomique,  horrible  accoutrement  qui, 
celui-là  n'a  pas  été  inspiré  par  les  artistes. 
Le  théâtre  des  familles,  l'Opéra-Gomique 
lui-même, a  subi  l'influence  nouvelle  avec 
l'approbation  de  la  critique  ;  dans  la  der- 
nière pièce  montée  place  Boïeldieu,  Mlle 
Régina  Badet  danse  nue  jusqu'à  la  cein- 
ture avec  des  bijoux  :  deux  petites  tou- 
ches de  blanc  gras  suffisent  à  dissimuler 
les  détails  que  l'ancien  corset  avait  mis- 
sion de  couvrir. 

N'oublions  pas  Mlle  Isadora  Duncan 
qui  a  mis  à  la  mode  les  jambes  nues,  et 
Mme  Mata  Hari  qui  est  allée  beaucoup 
plus  loin,  non  pas  dans  les  cercles  fermés, 
mais  dans  les  soirées  ouvertes,  dans  le 
monde,  devant  des  maris  accompagnés  de 
leurs  femmes.  Pourquoi  l'a  t-on  invitée  et 
applaudie  ?  Parce  que  sa  danse  était  belle 
et  son  intention  artistique.  L'intérêt  du 
mouvement  actuel  est  précisément  de 
tracer  une  ligne  de  démarcation  très  nette 
entre  le  nu  de  l'art  et  ce  qu'on  pourrait 
appeler  le  nu  du  commerce.  Les  généra- 
tions de  1860.  et  de  1875,  puritaines  ou 
naturalistes,  confondaient  volontairement 
la  fenime  nue  et  la  courtisane.  Celle  de 
1900  distingue. 

Cette  confusion  contre  laquelle  l'opi- 
nion moderne  proteste,  a  bien  souvent 
entraîné  des  conséquences  singulièrement 
opposées  à  toute  morale,  en  n'autorisant 
le  nu  vivant,  que  s'il  avait  la  débauche 
pour  prétexte  et  pour  cadre.  On  sait  quelle 
beauté  certaines  danses  espagnoles  ac- 
quièrent à  être  dansées  nues  ;  les  peintres 
ne  cachent  pas  leur  admiration  pour  ces 
tableaux  du  mouvement  et  de  la  passion 
dans  la  forme  humaine  ;  or  Alger  est  la 
seule  ville  française  où  l'on  en  donne  le 
spectacle,  et  le  gouverneur  ne  l'a  autorisé 
qu'aune  condition,  c'est  qu'il  se  réfugiât 
dans  la  maison  la  plus  mal  famée  de  la 
ville.  Ballet,  on  l'eût  fermé  ;  bouge,  on  le 
protège.  C'est  absurde,  et  si  Mme  Mata- 
Hari  n'avait  fait  que  nous  prouver  en  cela 
notre  inconséquence, il  faudrait  pour  cette 
seule  raison  nous  féliciter  de   son  succès. 

Un  Abonné. 

Livres  imprimés  blanc  sur  noir 

(LUI  ;  LIV,  37,  150,  259,  360).  —  Il  y  a 
une  confusion  de  mots. 

Il  n'existe  pas  de  livres,  ni  de  brochu- 
res Imprimés  directe/neni  blanc  sur  noir, 


par  la  bonne  raison  qu'il  n'existe  pas  d'en- 
cres blanches,  capables  de  couvrir  direc- 
tement de  blanc  un  fond  de  couleur. 

A  la  rigueur,  on  peut  imprimer  d'une 
encre  d'apparence  argentée,  —  mais  en- 
core trop  transparente,  —  des  cartons  de 
couleur.  Cela  se  fait  dans  l'impression  des 
boîtes  pliantes  :  je  citerai  quelques  boîtes 
de  savonnier  fabriquées  par  la  cartonne- 
rie  Saint-Charles  et  des  boîtes  de  bougie 
fabriquées  par  la  stéarinerie  Fournier  :  à 
ma  connaissance,  il  n'y  a  pas,  en  France, 
15  modèles  ainsi  imprimés. 

Mais  pour  obtenir  du  vrai  blanc,  on 
imprime  indirectement,  c'est-à-dire  qu'on 
fait  une  première  impression  avec  une 
encre  incolore,  mais  épaisse.  On  saupou- 
dre cette  impression  de  poudre  impalpa- 
ble métallique  blanche  (étain  ou  alumi- 
nium), comme  on  le  fait  pour  les  impres- 
sions dites  dorées. 

Quand  il  s'agit  de  petites  quantités, 
cette  opération  se  fait  en  apportant  cette 
poudre  avec  des  tampons  d'ouate.  Après 
avoir  tapoté  sur  l'impression  de  ce  vernis, 
toute  la  partie  fluide  est  absorbée  par  la 
poudre  qui  se  fixe  sur  l'encre  qui  n'a  pas 
séché.  Par  suite  les  moindres  traces  d'im- 
pression, même  les  plus  fins  linéaments, 
apparaissent  en  blanc  argenté.  Il  suffit 
■Je  donner  un  coup  avec  la  patte  de  lièvre 
ou  un  nouveau  tampon  d'ouate  pour  en- 
lever l'excédent. 

Quand  le  tirage  est  important,  on  em- 
ploie la  machine  à  broyer  usitée  pour  les 
impressions  en  or.  Elle  répand  et  enlève 
mécaniquement  la  poudre  métallique. 

Je  ne  sache    pas  —   mais  ce   n'est  pas 
impossible  —  que  l'on  ait  tiré    tvpogra- 
phiqiiement  du   papier   noir  avec  ce  pro- 
cédé  indirect   d'impression    en     argent. 
Mais,  depuis  longtemps  on  a  imprimé  li- 
thographiquement  du  bristol  noir  brillant, 
lorsqu'il  était  de  mode  dans  le  Sud-Est, et 
spécialement  à  Marseille, de  faire  des  car- 
tes de  deuil  de  quarantaine.  On  adressait, 
quarante  jours  après  le  décès,  des  cartes 
de  visite  tirées  ^>;^é;n/  (c'est-à-dire  poudre 
métallique  blanche)  sur  carte  noire  ;  les 
cartes  portaient  les  noms    des  plus  pro- 
ches parents  du  défunt.  Elles  étaient  en- 
voyées à  toutes  les  personnes  qui  avaient 
signé  sur  les  cahiers  déposes  à  cet  eff'et, 
dans  le  tambour  de  l'entrée  de  la  maison 
mortuaire. 

Cette  coutume,  tombée   en  désuétude 


f 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


489 


30 
490 


Septembre  1906. 


complète,  depuis  une  quinzaine  d'années, 
à  Marseille  tout  au  moins,  tend  à  re- 
vivre, et  j'ai  revu  trois  ou  quatre  de  ces 
cartes  depuis  deux  ans. 

Il  ne  s'agit  donc  pas  d'impression  de 
blanc  sur  noir,  mais  d'argent  sur  noir,  et 
non  de  livres,  mais  de  cartes  de  visite, 
de  couvertures  de  livres,  de  brochurettes 
de  quelques  pages,  de  réclames... 

Un  ancien  président  de  l'Union 
DES  Maîtres  Imprimeurs 
DE  France. 


Les  mansardes  célèbres  (LUI,  49, 
207,  435).  —  Déjeunant  par  hasard  dans 
le  voisinage  de  la  Porte  Saint-Martin  et 
ayant  trouvé,  également  par  hasard,  dans 
ma  poche  la  découpure  de  ïlntermédhïre, 
relatif  à  la  mansarde  de  Béranger,  je  me 
dirigeais  par  la  rue  Bondy,  vers  le  petit 
logement  de  cette  vingtième  année  qui 
dure  si  longtemps  pour  les  uns  et  qui  est 
si  brève  pour  les  autres. 

Tout  ce  quartier  nord  du  boulevard 
Saint-Martin,  qui  fut  avec  le  boulevard  du 
Temple  le  centre  des  théâtres  parisiens 
pendant  près  d'un  siècle,  a  conservé 
encore  quelques  empreintes  du  passé  ;  les 
théâtres  y  sont  moins  nombreux  :  disparu 
le  théâtre  de  la  rue  de  Bondy  (52  de  la 
rue  et  i  de  la  rue  de  Lancry)  ;  disparu  le 
Waux-hall  d'été  construit  en  1761,  par 
Torré,  à  l'angle  de  la  rue  de  Lancry  et  de 
la  rue  Neuve  Saint-Nicolas.  Mais,  en  re- 
vanche, entre  midi  et  une  heure,  quelle 
fourmilière  dans  les  cours  des  anciens 
hôtels  transformés  en  impasses  :  à  l'abri 
des  voitures,  chanteurs  des  rues  et  musi- 
ciens ambulants  s'en  donnent  à  cœur  joie. 

Je  traverse  le  boulevard  et  j'examine  le 
coin  de  la  rue  de  Lancry,  à  droite,  le  res- 
taurant Lecomte. 

j'ai  apporté,  encore  par  hasard,  un 
calque  du  plan  de  Jacoubet  avec  les  nu- 
méros des  immeubles  ;  de  1806  jusqu'au 
numérotage  actuel,  les  deux  coins  ne 
portaient  pas  de  numéro  sur  la  rue  de 
Bondi  ;  aujourd'hui  ils  sont  englobés  dans 
les  no»  50  et  52. 

Est-ce  que  cette  petite  mansarde  du 
50  avec  sa  grille  de  fer  est  bien  le  grenier 
de  Béranger  ?  A-t-il  porté  le  n"  78 .? 
Hélas  !  non,  la  maison  contiguë  au  2  de 
la  rue  de  Lancry,  a  porté  le  n»  30  et  celle 
voisine  du  n°  i  a  porté  le  n°  52, 


Par  contre,  coïncidence  singulière,  par- 
tie du  78  actuel  me  paraît  bien  être  l'an- 
cien 50;  le  78  comprend  en  effet  deux 
immeubles  :  l'un,  en  retrait  le  3'"%  sur  la 
rue  a  quatre  fenêtres  de  façade,  cinq 
étages  surmontés  de  quatre  mansardes  ; 
l'autre,  avec  trois  fenêtres  sur  la  rue,  n'a 
que  trois  étages  et  en  haut,  à  droite,  deux 
mansardes,  qui  pourraient  bien  être  le 
fameux  grenier.  M.  Paul  Boisteau  me 
semble  donc  avoir  raison,  je  n'ose  dire 
plus. 

Pour  vous  convaincre,  j'ajouterai  que 
les  greniers,  eux  aussi,  ont  leur  été  de  la 
Saint-Martin  et  que  les  deux  immeubles 
réunis  sous  le  n°  78  portent  le  nom 
d'Hôtel  de  la  Renaissance.  Décidément, 
si  le  grenier  de  la  vingtième  année  n'est 
pas  là,  il  a  vraiment  tort. 

Mais,  me  dira-t-on,  du  boulevard  on 
ne  voit  pas  ce  grenier  ?  C'est  vrai,  mais 
la  vérité  serait  encore  plus  complète  en 
disant  qu'on  ne  le  voit  plus.  Autrefois,  en 
efïet,  le  terrain  du  boulevard  était  plus 
haut  de  tout  le  surplomb  des  trottoirs  et 
les  maisons  entre  l'Ambigu  et  la  Porte 
Saint-Martin  étaient  beaucoup  plus  basses; 
je  ne  sais  même  pas  s'il  y  en  avait  par- 
tout. 

Ce    problème   est  certes 
que  ' 

tenay  ou  le  18  Brumaire,  et  ne  vaut  pas 
qu'on  s'y  attarde  indéfiniment  ;  mais 
puisque  cependant  on  a  estimé  qu'il  n'était 
pas  sans  intérêt,  ne  pourrait-on  pas  con- 
sulter à  nouveau  les  quelques  médaillés 
de  Sainte-Lisette  qui  survivent  encore  ; 
mais  qu'on  se  dépêche,  ils  n'ont  plus 
vingt  ans.  Gustave  Bord. 


Le  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274,  378,  438).  —  11  est,  je  crois,  utile 
de  compléter  les  communications  précé- 
dentes, car,  de  leur  examen,  il  semblerait 
résulter  qu'avant  la  Révolution  et  sous  la 
Restauration,  l'interdiction  de  travailler 
ou  de  faire  du  commerce  le  dimanche 
était  absolue  et  religieusement  observée. 

Or,  il  y  a  là  une  erreur,  et  il  est  facile 
de  démontrer  qu'à  aucune  époque,  en 
France, la  loi  —  qui  n'a,  d'ailleurs,  jamais 
été  appliquée  dans  toute  sa  rigueur —  n'a 
contenu  une  interdiction  aussi  formelle 
et  aussi  générale. 

L'empereur  Constantin, qui, le  premier, 


moms  grave 


le  traité  d'Utrecht,  la  bataille  de'Fon- 


N"   lia^. 


L'INTERMEDIAIRE 


491 


492 


a  ordonné  robservation  du  dimanche, 
avait  fait  une  exception  en  faveur  des 
«  gens  de  la  campagne  qui  peuvent  tra- 
«  vailler  en  cas  de  nécessité  pendant  le 
«  temps  de  la  moisson,  n'étant  pas  juste 
«  de  laisser  périr  les  biens  que  la  provi- 
«  dence  nous  donne.  » 

En  595,  une  ordonnance  de  Clotaire  II 
portait  que  «  les  personnes  libres  qui 
«  n'observeront  pas  les  dimanches  et 
«  fêtes  en  s'abstenant  de  toute  œuvre 
«  servile,  excepté  la  préparation  des 
«  vivres,  seront  condamnées  à  l'amende  : 
«  un  français  à  1 5  sols, un  romain  à  7  sols 
«  6  deniers,  un  esclave  à  3  sols,  et,  s'ils 
«  ne  peuvent  payer,  seront  battus  sur  le 
«  dos  ». 

Plusieurs  autres  ordonnances  et  un 
grand  nombre  d'arrêts  des  cours  ont  re- 
nouvelé  cette  prescription,  mais  en  sup- 
primant la  peine  corporelle  infligée  précé- 
demment aux  délinquants. 

En  réalité,  à  cette  époque,  toutes  les 
occupations  ayant  pour  objet  le  trans- 
port, la  préparation  et  la  conservation 
des  choses  nécessaires  à  la  vie,  étaient 
tolérées  le  dimanche. 

Aussi  bien,  puisque  l'observation  du 
dimanche  avait  un  caractère  religieux, 
une  consultation  de  la  Faculté  de  théolo- 
gie de  Paris,  en  1426,  indiquera  dans 
quelles  limites  la  loi  devait  être  interpré- 
tée et  exécutée  ; 

La  Faculté  de  théologie  émettait  l'avis: 

«  1°  Que  Ton  pouvait  exercer, le  dnnan- 
«  che,  les  œuvres  libérales,  spirituelles  ou 
«  corporelles  qui  regardaient  le  service  de 
«  Dieu  ou  la  charité  envers  le  prochain  ; 

2"  Que  l'on  n'était  point  obligé  de 
«  s'abstenir  des  œuvres  serviles  néces- 
«  saires  pour  la  conservation  du  corps  ; 

3°  Que  Ton  pouvait,  les  dimanches  et 
«  {èlQS^vendre  et  acheter  les  choses  nécessaires 
«  à  la  vie  ; 

4°  Que,  quand  il  y  avait  nécessité,  on 
«  pouvait  même  îr,waiîler  aux  autres  œu- 
«  vres  serviles  v>. 

Le  15  octobre    11588,   un   nouvel    arrêt 

■  du  Parlement  enjoint  à  toutes    personnes 

d'observer  les  saints  jours  et  leur  défend 

de  «  travailler,  vendre  ni  étaler  à  bouti- 

«  que  ouverte  ». 

Le  commerce  n'était  donc  pas  interdit; 
il  suffisait  de    ne    pas  exposer    les    mar- 
chandises à  la  vue  du  public,  et  de  lais- 
.  ser  simplement  une  porte  ouverte. 


En  ce  qui  concerne  plus  particulière- 
ment les  boulangers,  bouchers,  traiteurs, 
barbiers, etc.,  ils  pouvaient" exercer  libre- 
ment leur  profession, le  dimanche  comme 
les  autres  jours. 

Jusqu'au  xv"  siècle,  cependant,  les  bou- 
langers devaient  tenir  leurs  boutiques 
fermées,  mais  on  leur  permettait  de  ven- 
dre au  parvis  Notre-Dame  %<  pour  les  ou- 
«  vriers  et  les  pauvres  qui  ne  pouvaient 
«  s'approvisionner  la  veille  ».  Ce  marché 
fut  transféré  place  Maubert,  le  5  août 
1488.  Enfin,  à  la  suite  de  nombreuses  ré- 
clamations populaires,  on  laissa  vendre  le 
pain  dans  les  boutiques,  le  dimanche, 
mais  on  interdit  la  cuisson  pendant  la 
journée. 

Les  pâtissiers  jouissaient  d'une  faveur 
plus  grande,  car  non  seulement  ils  te- 
naient boutique  ouverte,  mais  encore  cui- 
saient le  dimanche. 

Les  barbiers  tenaient  également  bouti- 
que ouverte,  et  des  objections  leur  furent 
faites  à  ce  sujet,  en  1635  ;  mais  ils  répon- 
dirent que  «  leur  état  était  destiné  à  la 
«  propreté,  et  que  ces  soins  étant  recom- 
«  mandés  par  le  concile  d'Orléans  en 
«  538,  le  synode  de  Paris  en  755,  la  dé- 
«  crétale  d'Alexandre  III  en  1160,  ils 
«  avaient  le  droit  de  travailler  le  diman- 
«  che  ;  »  et...  on  les  laissa  tranquilles. 

En  résumé,  jusqu'à  la  Révolution, 
l'observation  du  dimanche  ne  fut  jamais 
extrêmement  rigoureuse, et  les  infractions 
à  la  loi  ne  furent  pas  réprimées  avec  une 
bien  grande  sévérité.  Cela  est  si  vrai  que 
toutes  les  ordonnances  et  arrêts  interdi- 
saient les  danses  et  les  divertissements, 
les  dimanches  et  jours  de  fêtes  ;  or,  il  est 
certain  que  nos  pères  ont  toujours  bu  et 
dansé  ces  jours-là  sans  aucun  empêche- 
ment, sauf  pendant  les  heures  des  offices 
religieux. 

Sous  la  Restauration,  la  tolérance  était 
la  même.  11  suffit  de  lire  l'art,  i*""  de  la 
Loi  du  18  novembre  1814  pour  constater 
qu'il  était  seulement  «  défendu  aux  mar- 
«  chands  de  tenir  lésais  et  volets  des  bouti- 
«  ques  ouverts  pour  vendre,  et  d'étaler 
«  leurs  marchandises  »  ;  il  n'était  donc 
pas  détendu  de  vendre. 

Pouvaient  vendre  à  boutique  ouverte 
les  pharmaciens,  épiciers,  boulangers, 
charcutiers, traiteurs,  pâtissiers,  etc  ;  pou- 
Naient  également  fonctionner  les  services 
de  transports  et  «  les  usines  dont  le  ser- 


DES  CHERC.HEURS  ET  CURIEUX  30  Septembre  1Q06. 


493 


494 


«  vice  ne  pouvait  être  interrompu  sans 
dommage  ». 

Quant  aux  artisans  et  ouvriers,  Tart.!*' 
de  cette  même  loi  leur  défendait  de  tra- 
vailler extérieiiremenl ,  c'est-à-dire  publi- 
quement^ mais  rien  ne  les  empêchait  de 
travailler  dans  un  atelier  fermé. 

Revenons  à  la  période  révolutionnaire 
pendant  laquelle  le  dimanche  était  rem- 
placé par  le  décadi.  Observait-on  davan- 
tage ce  dernier  r  Cela  est  douteux,  car  je 
relève  dans  la  Société  française  sous  le 
Directoire^  des  frères  de  Concourt,  le  pas- 
sage suivant  : 

La  décade  avait  été  plutôt  subie  qu'obéie, 
et  il  fallait  aux  hommes  de  France  un  effort 
de  mémoire  pour  ne  pas  boire,  aux  filles  de 
la  République,  \y.n  sacrifice  d'habitude  pour 
ne  pas  danser  le  dimanche.  Thermidor  em- 
porta les  protecteurs  du  décadi 

Les  manufactures  du  gouvernement,  Sè- 
vres, par  exemple,  sonnaient  bien  la  cloche 
du  travail  le  dimanche  et  ne  la  sonnaient  pas 
les  jours  décadaires,  mais  c'était  là  une  son- 
nerie de  comédie  convenue  avec  les  ouvriers 
qui  faisaient  les  sourds  à  la  cloche  du  di- 
manche et  venaient  travailler  les  dècadis, 
sans  être  appelés,  pour  ne  pas  perdre  leur 
paye. 

...  Vainement,  le  ministre  delà  justice, 
Génissieux  s'indigne  publiquement  contre 
un  commissaire  du  pouvoir  executil  près  les 
tribunaux  civils  du  département  du  Bas- 
Rhin,  lui  demandant  de  tenir  audience  les 
jours  de  décadi  et  de  vaquer  les  dimanches. 

Peu  à  peu,  malgré  les  ordonnances  de 
l'administration  centrale,  les  marchands 
s'enhardissent  à  fermer  le  dimanche,  rédui- 
sant les  marchands  du  Palais-Royal,  à  une 
minorité  imperceptible  de  décadins. 

Ainsi  donc,  commerçants  et  ouvriers 
qui,  avant  1789,  protestaient  souvent 
contre  le  repos  religieux  du  dimanche, 
chômaient  volontairement  ce  même  jour, 
pendant  la  Révolution  et  travaillaient  le 
décadi,  malgré  les  défenses  légales. N'est- 
ce  pas  là  un  des  traits  de  notre  caractère, 
national,  frondeur  et  indépendant.? 

En  résumé,  à  toutes  les  époques,  le 
commerce  et  l'industrie  ont  joui  d'une 
certaine  latitude  en  ce  qui  concerne 
l'observation  du  dimanche  et, sans  émettre 
la  moindre  appréciation  ni  l'ombre  même 
d'une  critique,  on  peut  affirmer  qu'à  tort 
ou  à  raison,  la  loi  de  1906  sur  le  repos 
hebdomadaire  est  beaucoup  plus  rigou- 
reuse dans  ses  dispositions  et  dans  ses 
sanctions  que  les  lois  antérieures. 


L'ancien  ministre  de  Louis  XVI.Necker, 
s'il  vivait  encore,  verrait  avec  plaisir  le 
triomphe  des  idées  qu'il  préconisait  au 
xviii*  siècle. 

Je  dois,  dit-i!,  dans  son  livre  de  V Impor- 
tance des  opinions  religieuses,  montrer  que 
le  jour  du  repos  consacré  parmi  nous  à 
l'observation  du  culte  public,  ne  porte  point 
du  dommage  à  la  force  politique  et  qu'une 
semblable  institution,  loin  d'être  contraire 
aux  intérêts  du  peuple,  les  protège  et  les  fa- 
vorise. 

On  aurait  tort  de  croire  que,  dans  un 
espace  de  temps  donné, les  hommes  obligés, 
par  l'inégalité  des  propriétés,  à  vivre  du  tra- 
vail de  leurs  mains,  eussent  plus  de  moyens 
d'améliorer  leur  situation  si,  par  les  lois  de 
la  religion,  ils  n'étaient  pas  dans  l'obligation 
de  cesser  chaque  semaine  ce  travail  pendant 
un  jour. 

S'il  était  possible  que,  par  une  révolution 
de  la  nature,  l'homme  vécût  et  conservât  ses 
forces,  sans  destiner  chaque  jour  quelques 
heures  au  repos  et  au  sommeil,  il  est  hors 
de  doute  qu'on  lui  demanderait,  en  peu  de 
temps,  un  travail  de  vingt  heures  pour  le 
même  prix  accordé  maintenant  à  un  travail 
de  douze. 

Or,  par  une  assimilation  parfaite  à  l'hypo- 
thèse que  je  viens  de  présenter,  supposé 
qu'une  révolution  morale  permît  à  tous  les 
ouvriers  de  travailler  7  jours  de  la  semaine 
on  exigerait  d'eux  le  travail  de  ces  7  jours 
pour  le  même  prix  accordé  aujourd'hui  au 
travail  de  six,  et  ce  nivellement  s'exécuterait 
par  la  baisse  successive  du  prix  de  la  journée. 

Les  hommes  dénués  de  propriété,  après 
avoir  été  trompés  quelque  temps,  ne  gagne- 
raient donc  qu'un  accroissement  de  travail  à 
l'abolition  du  jour  de  repos  ;  et  comme  cette 
vérité  ne  se  présente  pas  naturellement  à 
l'esprit,  on  doit  considérer  comme  un  ser- 
vice essentiel  de  la  religion,  d'avoir  garanti 
le  plus  grand  nombre  des  hommes  d'un  degré 
d'opression  au  devant  duquel  ils  seraient 
allés  aveuglément  s'ils  avaient  été  libres  de 
faire  un  choix. 

Les  travaux  journaliers  d'une  des  classes 
de  la  Société  surpassent  la  mesure  raisonna- 
ble de  ses  forces  et  avancent  les  jours  de  sa 
décrépitude  :  il  était  donc  d'une  nécessité 
absolue  que  le  cours  habituel  de  ces  travaux 
fût  de  temps  en  temps  suspendu.  Mais, 
comme  le  peuple,  environné  de  besoins  de 
tout  genre,  doit  être  séduit  par  la  plus  légère 
apparence  d'un  nouveau  profit,  il  fallait  en- 
core, pour  son  bonheur,  que  l'interruption 
de  ses  fatigues, fixée  par  un  devoir  religieux, 
ne  lui  parût  pas  le  prix  volontaire  d'un  sacri- 
fice de   fortune    et   ne  lui    laissât  pas  de  re- 


N*  1125. 


L'INTERMEDIARE 


495 


grets.  Enfin,  il  se  complaît  dans  ces  époques 
qui,  de  sept  en  sept  jours,  apportent  un  peu 
de  changement  à  son  genre  de  vie,  et  il  a 
besoin  de  ce  changement  pour  n'être  point 
attristé  par  une  suite  continuelle  et  mono- 
tone des  mêmes  occupations  et  des  mêmes 
efforts.  Aussi  quand  on  prétendrait  subtile- 
ment que  le  peuple  est  moins  heureux  dans 
son  jour  de  repos  que  dans  ses  jours  de  tra- 
vail, il  serait  au  moins  vrai  que  ces  derniers 
sont  adoucis  par  la  perspective  de  l'autre.  11 
est  des  hommes  si  malheureux,  si  étroite- 
ment circonscrits  daiîs  leurs  sentiments  d'am- 
bition que  la  plus  petite  variété  leur  tient 
lieu  d'espérance.  Il  me  semble  encore  qu'il 
se  glisse  dans  le  cœur  des  gens  du  peuple 
quelques  pensées  propres  à  relever  leurs  sen- 
timents abattus,  lorsqu'un  jour  par  semaine, 
ils  se  revêtent  d'un  habit  qui  les  rapproche 
extéiieurement  des  autres  citoyens,  lorsque 
ce  jour,  ils  sont  maîtres  absolus  de  leur 
temps  et  peuvent  se  dire  ainsi  quelquefois  : 
et  moi  aussi  je  sn;s  libre. 

Quelle  que  soit  la  sévérité  de  la  loi 
actuelle,  il  est  certain  cependant  qu'elle 
est  loin  d'atteindre  celle  des  pays  protes- 
tants, où  le  repos  du  dimanche  est  absolu, 
et  il  est  présumable  que  nous  n'arrive- 
rons pas  au  degré  de  rigorisme  signalé 
par  le  Sorheriana  dans  lequel  il  est  dit  : 

«  qu'un  marchand  anabaptiste  de 
«  Rotterdam  ayant,  un  dimanche  matin, 
«  payé  à  ses  ouvriers,  leur  journée  de  la 
«  semaine  précédente,  fut  mandé  au  con- 
«  sistoire,  vertement  censuré  et  suspendu 
«  de  la  cène  comme  violateur  du  jour  de 
«  repos  Un  autre,  à  Amsterdam,  se  pro- 
«  menant  un  dimanche  au  soir,  ne  voulut 
«  pas  dire  le  prix  du  loyer  de  sa  maison 
«  à  M.  de  Courcelles  qui  le  lui  deman- 
«  dait  ». 

Enfin,  si  l'exécution  de  la  loi  présente 
aujourd'hui  des  difficultés,  je  signalerai 
comme  remède,  une  ordonnance  de  po- 
lice assez  singulière,  mais  nullement 
comminatoire  pour  le  délinquant, publiée, 
autrefois,  dans  quelques  parties  de  l'Alle- 
magne, pour  réprimer  l'usage  de  fréquen- 
ter les  cabarets  pendant  le  service  divin  : 

«  Toute  personne  qui,  le  dimanche  ou 
«  tout  autre  jour  de  fête,  boira  dans  un 
«  cabaret  pendant  le  service  divin,  est  au- 
«  torisée  à  sortir  sans  payer  ». 

11  est  certain    que  ce  serait  là  une  mé- 
thode efficace  et  que,  si  elle  était  adoptée, 
l'intervention  de  l'autorité  en  vue  de  fer-  i 
mer  les  magasins  le  dimanche  deviendrait 
inutile.  Eugène    Grécourt. 


496 


Les  ouvrages  des  arsenaux  sous 
la  Révolution.  —  Il  y  a  une  question 
des  arsenaux.  Elle  est  toujours  d'actua- 
lité et  toujours  aiguë.  On  trouve  dans  ces 
arsenaux  une  population  ouvrière  qui 
échappe  à  toute  discipline  et  raille  toute 
autorité.  ^  Elle  entend,  pour  un  salaire 
qu'elle  n'estime  jamais  assez  élevé,  tra- 
vailler de  moins  en  m.oins. 

On  s'imagine  que  cette  déplorable  atti- 
tude est  le  fruit  de  notre  temps,  c'est  une 
erreur. 

Les  ouvriers  des  arsenaux  ont,  de  tous 
temps,  été  persuadés  qu'ils  devaient  être 
payés  à  ne  rien  faire.  Sous  la  première 
République  comme  sous  la  troisième,  ils 
revendiquaient  déjà,  par  la  réduction 
des  heures  de  travail,  le  droit  à  la  pa- 
resse. 

Ceci  ressort  du  document  manuscrit 
suivant,  tiré  des  précieuses  archives  de 
l'expert  en  autographes  !V! .  Noël  Chara- 
vay,  qui  nous  autorise  gracieusement  à  en 
prendre  copie  : 

Port-Ia-Montagne  (Toulon), 
21,  thermidor  an  II  (8  août  1794). 

Le  Représentant  du  peuple  dans  les  dépar- 
tements maritimes  de  la  République 

à  l'agent  maritime. 

Je  suis  informé,  citoyen  agent,  que  les  ou- 
vriers sont  entrés  fort  tard  aujourd'hui  à 
l'arsenal,  et  ce  qui  me  choque  et  m'indis- 
pose bien  davantage,  c'est  que  les  commis 
préposés  aux  appels,  qui  devraient  y  être 
au  son  delà  cloche,  y  sont  arrivés  beaucoup 
plus  tard  encore. 

Je  te  prie  de  me  donner  les  noms  de  ceux 
qui  étaient  chargés  de  cette  fonction,  afin 
que  je  puisse  prendre  à  leur  égard  les  me- 
sures convenables. 

Jeanbon  Saint-André. 

Nous  ignorons  la  suite  qui  fut  donnée 
à  cette  enquête.  Il  est  probable  que  les 
paresseux  furent  déplacés,  et  que  les  au- 
tre se  gardèrent  de  protester  en  chantant 
la  Carmagnole^  encore  que  ce  chant  joyeux 
était  dans  toute  sa  nouveauté.        D'^  L. 


^m^A 


Le  Directeur-gérant  : 
j  GEORGES  MONTORGUEIL 

I    Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond, 


LIT*  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois 


10  Octobre  1906 


42«  Année 

SI *",r.  Victor  Massé 
PAS18  (LV) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QU^QCE 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


g       II  se  faut 
2       entr'aider 

O 


N°  1126 

31*",r  Victor  Massé 
PARÏâ  (IX») 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


nUxmtoxaxxt 


DES    G 


iERCHEURS 

Fondé 


en 


ET    CUR 

1864 


EUX 


QUESTIONS     ET     RÉPONSES     LITTÉRAIRES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 

497      ■ — —     498    ■ 

Ces  Farnèse  étaient  employés  à  la  ma- 
nufacture d'armes  de  Mutzig,  et  quand 
celle-ci  fut  transportée  à  Saint  Etienne,  ils 
la  suivirent  dans  cette  ville  où  ils  sont 
encore. 

On  voudrait  pouvoir  compléter  ces 
renseignements  et  savoir  aussi  le  degré  de 
confiance  qu'il  faut  leur  accorder. 

Albert  Battandier. 


Nous  renouvelons  la  prière  à  nos  collaho' 
rateurs  de  vouloir  bien  accompagner  leur  | 
pseudonyme  ou  leurs  initiales  de  leur  nom. 
Cette  précaution  est  indispensable  pour  nous 
permettre  de  faire  suivre  les  lettres  dont 
nous  sommei  chargés. 

Si  chaque  pseudonyme  nouveau  doit  être 
suivi  du  fiom,  tout  pseudonyme  appuyé  du 
nom  une  première  fois  nous  étant  connu., 
n^ implique  plus  ce  rappel. 


<Ê.mMm 


m 


Les  Farnèse.  —  On  s'accorde  à  dire 
que  la  famille  des  princes  Farnèse,  qui  a 
donné  à  l'Eglise  le  Pape  Paul  III,  est  com- 
plètement éteinte.  Voilà  cependant  quel- 
ques indications;  elles  prouveraient  qu'elle 
a  encore  des  descendants,  et  je  prie- 
rais un  aimable  intermédiairiste  de  les 
compléter. 

Au  xvni*  siècle,  un  Farnèse  se  maria  à 
une  demoiselle  Coloredo,  d'Udine,  dans 
l'église  paroissiale  de  Saint-André.  Cette 
branche  alla  ensuite  s'établir  en  Lorraine, 
et  habita  Mirecourt. 

Après  la  Révolution  française,  existait 
à  Mutzig  (Alsace),  un  abbé  de  Farnèse, 
qui,  avant  la  Révolution,  était  chanoine 
de  Saint-Pierre-le-Jeune,  à  Strasbourg.  Il 
descendait  de...  toujours  est-il  que  des 
membres  de  cette  branche  firent  recon- 
naître leur  titre  par  Napoléon  III  qui  leur 
faisait  donner  sur  sa  cassette  une  modeste 
subvention  de  50  ou  60  francs   par  mois. 


Colonie  anglaise  dans  le  Berjt-y. 

—  Il  existe  à  la  Borne,  près  d'Henriche- 
mont  dans  le  Berry,  une  colonie  de  quel- 
ques centaines  d'individus,  tous  potiers, 
qui,  depuis  cinq  cents  ans,  exploitent  un 
banc  de  terre  glaise  dont  l'épuisement 
est  prochain  (une  trentaine  d'années  en- 
viron). Ce  sont  des  gens  de  haute  stature, 
roux,  du  type  anglo-saxon  bien  prononcé. 
Leurs  noms,  où  lesTalbot  sont  communs, 
ont  nettement  une  consonnance  anglaise. 
Leur  poterie, de  forme  caractéristique,  est 
\  transportée  par  canaux  et  rivières  jusqu'à 
cent  kilomètres  à  la  ronde. 

Leurs  procédés  de  fabrication  sont 
spéciaux  et  semblent  remonter  à  quelques 
siècles  en  .arrière.  Ces  potiers  se  considè- 
rent comme  des  descendants  d'Anglais 
établis  dans  le  pays  depuis  la  guerre  de 
Cent  ans.  Peut-on  me  fournir  des  rensei- 
gnements sur  ce  groupement  ethnique  ? 

Tennocram. 


Dumont  d'Ur ville.  —  En  quelle 
maison  parisienne  est  mort  l'amiral  Du- 
mont d'Urville  ?  A.  T. 

UV-IO 


N»  1126. 


L'INTERMEDIARE 


499 


Convents  maçonniques  au XVII' 
siècle.  —  Où  pourrait-on  trouver  des 
comptes  rendus  des  convents  maçonni- 
ques en  Hainaut  en  1782,  et  à  Paris  en 
1785  et  1786  ?  Z.  Y.  X. 

Le  nom  de  Jeanne  d'Arc  écrit 
Johanna  en  Angleterre.  —  Pour- 
quoi les  Anglais,  qui  ont  dans  leur  langue 
le  nom  Jane,  Tappelent-ils  Johanna  ? 

CÉSAR    BlROTTEAU. 

Famille  Delas  .  —  Quelque  obli- 
geant confrère  (V Intermédiaire  est  lu  par- 
tout) pourrait-il  me  donner  la  biographie 
de  Jean  Delas,  fils  de  Marie  Aldigé,  époux 
de  Marie  Baylac  (?)  père  de  François, 
Jeanne-Bernard,  Marie  et  Bernade  Delas, 
né  à  Montestruc  (Gers)  arrondissement 
de  Lectoure,en  1738,  etdisparu  du  pays 
en  1760.  Pourrait-on  indiquer  la  descen- 
dance directe  de  ce  Jean  Delas  ? 

B.  F.  D. 

Mlle  Marie  Favart.  —  Cette  actrice 
a  quitté  la  Comédie-Française  le  16  jan- 
vier 1881.  Depuis  cette  époque,  quelle  a 
été  sa  carrière  artistique  .? 

En  Russie,  en  1883,  avec  Coquelin  aîné  ? 
Des  tournées  en  France  et  à  l'étranger  ? 
Qiielles  tournées  ?  A-t-elle  reparu  sur  un 
théâtre  à  Paris  ?  Ne  la  vit-on  pas  encore 
cette  année  dans  une  représentation  ex- 
traordinaire ?  H.  L. 

Fabre  de  l'Aude.  —  Ce  Fabre  de 
l'Aude  qui  fut  Sénateur  et  Pair  de  France, a 
joué  un  certain  rôle  dans  la  maçonnerie. 
J'ai  ouï  dire  qu'il  avait  laissé  des  papiers. 

Quelqu'un  pourrait-il  dire  ce  qu'ils 
sont  devenus  ?  A.  B. 

Madame  Grassan,  cantatrice.  — 

Où  pourrai  -  je  trouver  des  renseigne- 
ments sur  la  carrière  artistique  de  ma- 
dame Grassari  qui  chantait  à  l'Académie 
royale  de  Musique  à  la  fin  de  la  Restau- 
ration ?  MÉLOMANE. 


500 


Mgr   Louis    de   Grimaldi.  —  En 

quelle  année  Mgr  Louis  de  Grimaldi, 
évêque  de  Noyon  en  1777, devint-il  prieur 
commendataire  du  prieuré  de  Saint-Pierre 
d'Abbeville.  ?  E.  Bulot. 


Le  colonel  Labédoyère.  —  Pour- 
rait-on m'indiquer  quelques  ouvrages  re- 
latifs à  l'évasion  du  colonel  Labédoyère 
et  au  rôle  joué  par  les  trois  officiers  an- 
glais ?  Capitaine  B. 


Dom  Marcland.—  Quel  était  le  dio- 
cèse d'origine  de  Dom  Marcland,  prieur 
commendataire  du  prieuré  cluniste  de 
Saint-Pierre-d'Abbeville  en  1759? 

E.  BuLOT. 


Montesson;  le  nom  et  la  terre. — 

Madame  de  Montesson,  qui  épousa  secrè- 
tement, en  1772,  le  duc  d'Orléans,  petit- 
fils  du  Régent, était,  à  ce  moment,  veuve 
du  marquis  de  Montesson,  lieutenant  gé- 
néral. 

D'où  vient  le  titre  de  marquis  de  Mon- 
tesson ?  A-t-il  quelque  rapport  avec  la 
localité  de  Montesson,  voisine,  en  Seine- 
et-Oise,  de  Saint-Germain,  de  Chatou  et 
de  Croissy  ^  A.  F. 


Mario  Uchard  :  les  deux  ver- 
sions de  «  Mon  oncle  Barbassou  ». 
—  Mario  Uchard  a  écrit  un  livre  char- 
mant :  Mou  oncle  Barhassou.  11  en  a  été 
fait,  je  crois,  plusieurs  éditions.  Je  n'en 
ai  en  ce  moment  que  deux  sous  les  yeux  : 
la  première,  celle  de  chez  Lemonnyer, 
Paris,  1884,  I  vol.  in-8,  illustré  par 
P.  Avril  ;  la  deuxième,  de  chezOUendorfF, 
Paris,  1897,  I  vul.  in-i6,  ill.  par  R.  Le- 
long  et  B.  Borrione. 

Or,  vers  la  fin,  le  roman  varie  consi- 
dérablement. Pourquoi .? 

Qiielle  est  la  première  version  de 
M.  Uchard  et  quelle  est  la  seconde? 

Enfin  pourquoi  l'auteur  a-t-il  cru  devoir 
modifier  son  roman  ? 

Je  serais,  pour  ma  part,  curieux  de  le 
savoir.  A.  T. 


Jean -François  Villemin,  curé  de 
Cocquerel.  —  De  quel  diocèse  et  de 
quelle  paroisse  était  Jean-François  Ville- 
(  min  (ou  Vuillemin)  né  en  1733,  d'abord 
vicaire  à  Meudon  près  Paris,  puis  curé  de 
Cocqucrel- sur-Somme  où  il  mourut  en 
janvier  1793  ?  E,  Bulot. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre  1906. 


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Monsieur  le  chanoine.  —  L'Inter- 
médiaire s'est  occupé  à  plusieurs  reprises 
de  l'origine  des  titres  de  «  monseigneur» 
et  de  «  monsieur  l'abbé  »  devenus  habi- 
tuels pour  les  prélats  et  autres  membres 
du  clergé  catholique,  11  en  est  un  autre, 
très  répandu  aujourd'hui,  mais  qui  est 
d'un  usage  très  récent.  On  dit  et  on 
écrit  maintenant  «  monsieur  le  cha- 
noine X...  »  Quand  et  par  qui  cette 
appellation  de  courtoisie,  qui  date  à 
peine  de  vingt  ans,  a-t-elle  commencé  ? 
Le  plus  joli,  c'est  que,  neuf  fois  sur  dix, 
elle  s'applique  à  des  prêtres  qui  n'ont 
jamais  appartenu  à  aucun  chapitre  et 
n'ont  du  chanoine  que  le  costume. 

QUARTEBLANCHE. 

Une  ancienne  église  de  Paris  à 
retrouver.  —  J'ai  toujours  trouvé  par 
V Intel  médiaire  les  renseignements  qui 
m'étaient  nécessaires  en  ce  qui  concerne 
la  topographie  historique  de  Paris. 

Aujourd'hui  je  fais  un  nouvel  appel  à 
nos  érudits  correspondants  spécialistes, 
pour  savoir  si  l'on  pourrait  m'indiquer  le 
lieu  où  se  trouvait  une  petite  église  dédiée 
à  Sainte-Marie  dans  le  faubourg  Saint- 
Germain,  j'ai  une  indication  de  son  exis- 
tence au  xvu^  siècle,  F.  Hardin. 

Une  école  religieuse  de  ûlles  en 
1860.  —  Quelque  vieux  Parisien  aurait- 
il  connaissance  de  l'existence,  vers  1860, 


petit  poème  plaisant  du  célèbre  docteur 
spécialiste  Philippe  Ricord,  et  datant  de 
l'époque  de  sa  jeunesse  :  La  Dhiiisyade, 
composé  de  180  vers  alexandrins,  fort  élé- 
gamment tournés. 

Ricord  avait  la  réputation  d'être  un 
homme  de  beaucoup  d'esprit. 

Les  échos  de  la  rue  de  Tournon,  où  se 
trouvait  son  hôtel,  auraient-ils  conservé 
le  souvenir  d'autres  vers  de  ce  grand  chi- 


rurgien 


Truth. 


Un  homme  pris  pour  une  femme. 

—  Les  étrangers  ont  sur  nous  un  grand 
avantage  :  ils  lisent  nos  journaux  français 
et  ne  nous  laissent  passer  aucune  erreur. 
En  quoi  ils  ont  raison.  Mais  comme  nous 
ne  lisons  pas  les  leurs,  ou  fort  peu,  ils 
peuvent  impunément  dire  tout  ce  qui 
leur  plaît  sans  être  jamais  repris.  Conclu- 
sion :  si  nous  nous  trompons  une  fois, 
nous  passons  pour  fort  légers.  Quant  à 
eux,  ils  peuvent  se  tromper  fort  à  leur 
aise  au  sujet  de  nos  atïaires.  On  les  croira 
toujours  fort  bien  renseignés  et  docu- 
mentés. 

On  connaît  l'histoire  de  cet  individu  qui 
prit  le  Pirée  pour  un  nom  d'homme.  En 
voici  le  pendant  : 

La  Lcttura  de  Milan,  qui  s'inspire  du 
journal  allemand  «  Auessere  »  (no  6  delà 
Lettura,  1906,  pages  528  et  suivantes) 
dans  un  article  intitulé  :  «  L'homme  est- 
il  indispensable  sur  la  scène  ?  »  non  seu- 
d'une  école  rehgieuse  de  filles  ayant  od  1  liment  prend  un  homme  -  1  acteur  Ver- 
cupé  la  maison  du  n»  .6  de  la  rue  de  !  "f*  Charles  -  pour  une  femme,  mais  pu- 
Varennes?  Les  titres  de  propriété  ne  don-  !  ^Y^  ^^;°'^  ^^  ^"  portraits,  en  Jocrisse, _  en 


nent  aucune  indication  à  ce  sujet  et  les 
propriétaires  ne  peuvent  rien  établir  de 
positif  pour  cette  époque,  quoique  la  mai- 
son fut  déjà  dans  leur  famille. 

F.  Hardin, 

Un  mot  de  Broussais.  —  Le  célè- 
bre chirurgien  Broussais  aurait  dit,  parait- 
il  :«,<  J'ai  disséqué  beaucoup  de  cadavres  et 
je  n'ai  jamais  trouvé  d'âmes  sous  mon 
scalpel.  »0ù,  quand  ce  mot  a-t-il  été  pro- 
noncé ?  P,  NlPONS, 

Las  Poésies  du  docteur  Ph,  Ri- 
cord. —  Dans  le  Feuilleton  de  sa  revue 
médicale  :  Le  Médecin  praticien,  Aw  26  fé- 
vrier 1881  (in-8°),  le  docteur  Paul  La- 
barthe  a  publié,  à  titre  de  curiosité,  un 


chevalier  moyen-âge  et  en  vieux  portier, 
rôle  de  Pipelet,  avec  trois  fois  cette  lé- 
gende renversante  «  la  Vernet  ».  Je  cite 
le  texte  :  «  Paris  a  eu,  il  y  a  déjà  nombre 
d'années,  une  phénoménale  artiste  dans 
ce  genre  :  la  Vernet.  Celle-ci  jouait  des 
rôles  populaires,  etc..  £//c^  était  vraiment 
typique  dans  le  rôle  de  Pipelet.  » 

La  biographie  de  Vernet  a  été  écrite 
tant  de  fois,  et  notamment  par  M.  E,  D. 
De  Manne,  Troupe  de  Nicoîet  que  je  ne  m'y 
arrête  pas.  Vernet,  né  à  Paris,  en  1789, 
fit  pendant  près  de  40  ans  les  beaux  jours 
du  théâtre  des  Variétés  où  il  joua  300 
rôles.  La  Vernet,  comme  l'appelle  notre 
confrère,  épousa  la  fille  d'un  employé  de 
ministère,  devint  veuf,  se  remaria,  et 
mourut  le  7  mai  1848. 

Je  demande   seulement    si   cette  erreur 


N°  1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


-     503 


504 


est  fréquente,  et  si  l'on  a  souvent  pris 
des  hommes  pour  des  femmes,  ou  réci- 
proquement,avec leurs  portraits  à  l'appui. 

H.  Lyonnet. 

Le  feuilleton  parlé.  —  Quinze  ou 
vingt  ans  avant  que  le  regretté  La  Pomme- 
raye  n'inaugurât  à  la  salle  des  Capucines, 
le  feuilleton  parlé,  un  professeur  de  se- 
conde dans  un  lycée  de  Paris,  spectateur 
assidu  des  premières,  en  rendait  compte 
le  lendemain  à  sesélèves,  faisant, lui  aussi, 
son  «  feuilleton  parlé  ».  Ce  mode  d'ensei- 
gnement dramatique  n'ayant  pas  agréé 
au  grand  maître  de  l'Université,  le  pro- 
fesseur dut  donner  sa  démission  et  devint, 
paraît-il,  un  auteur  à  succès. 

Sait-on  quel  était  ce  professeur  ? 

SiR  Graph. 

Bâtons  de  Maréchal  de  Castel- 
lane  et  de  Bousquet.  —  Toujours 
occupé  d'une  histoire  sur  les  maréchaux 
de  France,  il  m'intéresserait  de  savoir  entre 
les  mains  de  qui  se  trouvent  les  Bâtons 
du  Maréchal  Castellane,  2  décembre  1852, 
et  du  Maréchal  Bousquet,  18  mars  1856, 
qui,  d'après  certains  écrivains,  avaient 
comme  emblèmes,  des  Abeilles  au  lieu 
d'Aigles. 

Peut-être  trouverait-on  enfin  une  ré- 
ponse à  la  question  posée  vol.  LU,  sous 
la  rubrique  «  Bâton  de  Maréchal,  LU, 
500   856,  917. 

Je  n'ai  trouvé  jusqu'ici  que  sur  le  Bâton 
du  Maréchal  Marmont,  comme  Emblèmes, 
des  Aigles  avec  têtes  à  gauche,  non 
couronnées  et  (fait  bizarre)  alternées 
d  Abeilles  brodées. 

Ce  bâton  (un  peu  fantaisiste)  se  trouve 
en  effet,  comme  l'indique  le  D''  Lejeune, 
LUI,    252,    au    musée   de  Chatillon-sur- 


Seine  (Côte-d'Orj. 


J.  DE  Sandt. 


Chanson  antibonapartîste.  —  Al- 
phonse Daudet  cite  quelques  vers  d'une 
chansonnette  antibonapartiste  qu'on  fre- 
donnait, vers  la  fin  du  second  Empire, 
sous  le  manteau  (Les  Rois  en  exil,  éd. 
Flammarion,  p.  64)  : 

Q.uand  Napoléon 
Vous  donnant  les  étrivières 

Aura  tout  de  bon 
Endommagé  vos  derrières... 


Quelqu'un,  parmi  nos  savants  intermé 
diairistes,  saurait-il  où  "trouver  le  texte 
complet  de  cette  chansonnette  .? 

Baron  Albert  Lumbroso. 

In-8,  in-12,  in-16,  etc.  —  Ma  ques- 
tion aura  le  don  de  faire  tressauter  quel- 
ques bibliophiles.  Mais  j'ai  le  courage  de 
demander  tout  haut  ce  que  beaucoup 
demandent  tout  bas. 

Je  m'étais  figuré  dans  mon  ingénuité 
qu'un  livre  était  classé  in-8,  in-12,  in-16, 
etc.,  etc.  selon  que  la  feuille  de  tirage 
était  pliée  en  8,  en  12,  en  16.  Ceci  n'est 
pas  toujours  exact.  11  est  facile  de  s'en 
convaincre  en  feuilletant  les  livres  d'une 
bibliothèque.  Tient-on  compte  seulement 
de  la  grandeur,  du  format  ?  le  le  croirais 
plutôt.  Alors  pourquoi  ne  pas  classer  le 
livre  suivant  sa  hauteur  en  centimètres  ? 

Un  ignorant. 

Reprendre  du  poil  de  la  bête.  — 

D'où  vient  cette  expression  qui  signifie 
reprendre  le  dessus  après  avoir  été  acca- 
blé, soit  par  les  événements,  soit  par 
l'infortune  ou  la  maladie  ?      P.  Ipsonn. 

En  purette.  —  D'où  vient  cette  ex- 
pression qui  se  dit  encore  dans  quelques 
provinces  et  qui  signifie  «  en  chemise  »  ? 

+ 

Tenir   tête  et  tenir  la  tête.    — - 

j'avais  toujours  entendu  employer  l'ex- 
pression tenir  tête  à  quelqu'un  dans  le  sens 
de  tenir  compagnie  à  une  seule  personne. 
Depuis  quelques  années,  j'entends  dire 
dans  le  même  sens  :  «  tenir  la  tête  »  à  telle 
personne,  jusqu'à  présent,  je  croyais  que 
l'on  se  servait  de  ce  dernier  terme  impro- 
prement et  voilà  que  dans  la  belle  pièce 
«  Paraître  »  de  Maurice  Donnay,  Acte  111, 
scène  viii,  je  lis  : 

M.  Marges.  —  Le  Baron  te  tiendra  la  tête, 
n'est-ce  pas,  vieux? 

Le  Baron.  —  Certainement. 

Madame  Marges.  —  Je  n'ai  pas  besoin 
qu'on  me  tienne  la  tête. 

Qu'en  pensent  mes  confrères  }  Est-ce 
français  .?  C.  de  la  Benotte. 

Châteaux  hantés.  —  La  plupart  des 
lecteurs  de  cette  revue  connaissent  la  eu- 


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10  Octobre  1906, 


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rieuse  pièce  de  théâtre,  actuellement  en- 
core représentée  au  Vaudeville,  et  qui  a 
pour  tilre  la  Chaîne  anglaise. 

11  y  est  question  des  châteaux  hantés 
en  Angleterre.  Je  serais  heureux  de  voir 
dresser  la  liste  des  châteaux  français, 
qu'on  dit  aussi  hantés  :  il  y  en  a  un  cer- 
tain nombre  ! 

En  ce  qui  concerne  les  châteaux  mo- 
dernes, je  crois  que  la  théorie  donnée 
dans  la  pièce,  explique  parfaitement  les 
prétendus  fantômes,  ayant  observé  des 
faits  analogues  chez  nous.  Mais  la  même 
explication  tient-elle  pour  les  vieux  châ- 
teaux ?  Marcel  Baudouin. 

Pierre  philosophale  dans  un  pi- 
lier de  Notre-Dame.  —  Les  occul- 
tistes modernes  répètent  que  lors  de  la 
construction  de  Notre-Dame  de  Paris,  une 
petite  quantité  de  pierre  philosophale  fut 
scellée  dans  l'un  des  piliers.  Peut-on  pré- 
ciser lequel  ?  Quelle  est  l'origine  de  cette 
légende  dont  Louis  Figuier  ne  fait  pas 
mention,  je  crois,  dans  son  ouvrage  : 
l'Alchimie  et  tes  Alchimistes  t  J.  D. 

Est-ce  un  écusson  ?  —  Dans  une 
collection,  je  vois  un  tableau  ancien  re- 
présentant une  petite  fille  assise  dans  une 
voiture  à  laquelle  est  attelé  un  cliien.  Elle 
est  sans  doute  de  noble  extraction,  car  à 
l'angle  supérieur  droit  de  la  peinture  se 
trouve  un  écusson  dont  la  partie  supé- 
rieure représente  une  tète  de  canard,  et 
l'inférieure,  les  deux  pattes  du  même 
animal.  Au  dessous  des  armes  se  lit  ce 
nom  :  «  Andriès  Vanderhuis  »  —  On  de- 
mande si  ces  armes  sont  sérieuses  ou 
plaisantes  et  si  le  nom  ci-dessus  men- 
tionné est  connu  dans  l'histoire  ou  le  bla- 
son flamands.  Y.  L. 

Mots  d'académiciens  moroses. — 

Il  y  aurait  un  livre  à  faire  sur  les  visites 
académiques  et  surtout  sur  les  réponses, 
généralement  revêches,  qu'on  prête  à  nos 
immortels  sollicités  par  ceux  qui  aspirent 
à  le  devenir...   immortels. 

Par  exemple,  Royer-Collard  aurait  dit 
à  Vigny,  je  crois,  qui  lui  parlait  de  ses 
livres  : 

—  Je  ne  lis  plus,  je  relis. 

Et  le  duc  d'Audiffret-Pasquier,  récem- 
ment décédé,  aurait  tenu  un  propos  à  peu 


près  semblable,  dans  une  circonstance 
analogue  ; 

—  A  mon  âge,  on  ne  lit  plus  guère 
que  les  traités  d'agriculture. 

Ces  deux  mots,  en  somme  peu  aimables 
pour  des  gens  qui  se  sont  donné  la  peme 
de  vous  envoyer  leurs  oeuvres,  ont-ils  été 
réellement  prononcés  par  les  académi- 
ciens qui  en  ont  fait  les  éditeurs  respon- 
sables. Paul  Edmond. 

Les  8"boyeuses  de  Josselin.  —  Je 

lis  dans  une  revue  sérieuse  qu'un  prêtre 
du  diocèse  de  Vannes  va  publier  une 
étude  sur  les  Aboyeuses  de  Josselin  :  cha- 
que année,  le  jour  de  la  Pentecôte,  un 
certain  nombre  de  femmes  de  ce  village 
breton  seraient  prises  d'une  agitation 
épileptiforme,  proférant  des  aboiements, 
cherchant  à  mordre,  etc.. 

Ce  qu'il  y  a  d'intéressant  dans  ce  cas, 
ce  n'est  pas  à  proprement  parler  la  réa- 
lité de  ce  phénomène  (si  tant  est  qu'il  ait 
existé  à  Josselin),  mais  bien  la  périodicité 
de  la  date  à  laquelle  il  se  reproduirait 
chaque  année,  assertion  qui  semble  plus 
qu'extraordinaire. 

Quelqu'un  de  nos  co-abonnés  pourrait- 
il  nous  renseigner  sur  ce  sujet  ? 

G,  DE  Massas. 

Les  plus  vieilles  tragédiennes, 
comédiennes,  cantatrices  du  temps 
présent.  —  La  Ristori  vient  de  mourir, 
âgée  de  85  ans.  Bien  des  gens  la  croyaient 
morte.  Ce  fut  le  même  étonnement  pour 
La  Falcon,  pour  la  Staltz,  pour  la  Grisi. 

Quelles  sont,  à  cette  heure,  les  femmes 
qui  ont  brillé,  sur  le  théâtre,  d'un  grand 
éclat,  qui  en  sont  retirées,  et  qui,  à  la 
surprise  de  la  foule,  vivent  encore  ^ 

En  un  mot,  quelles  sont  les  plus 
vieilles  de  ces  gloires  défuntes  —  dont  le 
rayonnement  subsiste  —  et  qui  triom- 
phent de  l'âge  ?  Y, 

Mémoires  de  Gabrielle  dEstrées. 

—  Qiii  est  l'auteur  des  Mémoires  admi- 
rables mais  apocryphes,  sous  ce  nom  ? 
(Mame,  1829,  4  volumes).       A.  C.  G. 

Bois  de  sape.  —  On  lit  dans  Ma- 
dame Bovary  (édit.  Lemerre,!,  109): 

Les  stalles  du  chœur  en  bois  de  sape  sont 
restées  sans  être  peintes. 

Qu'est-ce  que  ce  bois  de  sape  ? 


N»    II86. 


L'INTERMEDIAIRE 


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iî0e0 


Louis  XVÎ  et  la  franc-maçonns- 

rio  (LIV,  445).  — Une  légende  qui  a 
cours  en  franc  maçonnerie  veut  que 
Louis  XVI  ait  été  reçu  franc-maçon  en 
177 S  ainsi  que  ses  deux  frères,  le  comte 
de  Provence  et  le  comte  d'Artois,  à  la 
loge  des  Trois  Frères  à  l'Orient  de  la 
Cour,  à  Versailles,  loge  instituée  spécia- 
lement pour  la  circonstance  parmi  les 
gardes  du  corps.  Les  papiers  de  cette 
loge  existeraient  encore  ;  je  laisse  à  ceux 
que  cela  intéresse  le  soin  de  s'en  assurer. 
Un  de  nos  anciens  collaborateurs,  dont  je 
regrette  de  ne  plus  lire  les  communica- 
tions à  V Intermédiaire^  a  déjà  cité,  à  pro- 
pos de  la  question  (XXXVII,  804)  une  lec- 
ture faite  à  la  Sorbonne  par  H.  Monin  et 
publiée  dans  la  Revue  Bleue  du  25  mai 
1895. 

En  ce  qui  concerne  Louis  XVlll  et 
Charles  X,  il  est  certain  que  ni  Tun  ni 
l'autre  ne  prirent  jamais  aucune  mesure 
contre  cette  institution,  je  citerai  même 
une  médaille  maçonnique  frappée  à  Veffi- 
gie  de  Louis  XVlll  à  l'occasion  de  l'élec- 
tion (en  1818)  du  comte  Decazes  à  la  di- 
gnité de  grand-maître  d'un  des  ordres 
maçonniques.  On  sait  également  que  le 
dernier  duc  de  Berry  était  franc  maçon. 

Le  fait  n'aurait  donc  rien  d'extraordi- 
naire, car  l'ordre  maçonnique  était  alors 
dans  sa  plus  grande  vogue,  les  deux 
bulles  papales  n'avaient  pas  été  enregis- 
trées par  le  parlement  et  comme  dit 
H.  Monin  :  «  Les  Rois  les  plus  religieux 
ont  toujours  tenu  à  leur  indépendance 
temporelle,  ils  n'ont  jamais  permis  au 
Saint  Siège  de  se  mêler  trop  directement 
de  l'administration  et  de  la  police  du 
royaume  de  France.  »  Fietro. 

Prêtres  assermentés  (LUI;  LIV,  18, 
62,  1 16,  283,  401).  —  Est-ce  que  Camille 
Desmoulins  ne  se  donnait  pas  lui-même 
le  titre  de  «  Procureur  Général  de  la  Lan- 
terne »  ce  qui  expliquerait  l'appellation 
dont  se  sert  l'abbé  de  Pavillon  dans  une 
lettre  dont  le  fond  me  parait  plus  sérieux 
que  la  forme?  H.  C.  M. 

L'idée     de    patrie     exiblait-ella 
avant   la  Révolution  ?  (T.  G.  385  ; 


XXXV  à  XXXVIII  ;  XLll  ;  LU  ;  LIV,    116,       chimiste  Berthollet  réclame  impérieusement. 


233,  290,  347,  45:5).  —  Je  n'ai  jamais 
douté,  pour  ma  part,  que  l'idée  de  patrie 
existât  avant  la  Révolutioji,  mais  je  re- 
connais aussi  qu'elle  n'avait  pas  le  carac- 
tère exclusif  et  jaloux  qu'elle  a  pris  en 
1789  et  qu'elle  semble  perdre  un  peu 
sous  la  poussée  internationaliste  et  huma- 
nitaire. A  cet  état  ancien  des  esprits,  il  y 
avait  diverses  causes  :  d'abord  l'esprit 
féodal  qui  produisit  tant  de  révoltes  et 
prises  d'armes  contre  l'autorité  royale,  et 
dont  la  dernière  fut  la  Fronde  ;  ensuite 
l'identification  du  monarque  et  de  la 
nation,  c'était  du  reste  une  façon  de  par- 
ler autant  qu'une  réalité.  Mais  l'idée  de 
la  patrie  était  si  peu  enracinée  profonde 
dans  les  cœurs  que  quitter  le  service  du 
roi  pour  celui  d'une  puissance  étrangère, 
et  toute  puissance  étrangère  est  ou  peut 
être  ennemie,  paraissait  une  chose  des  plus 
naturelles.  Exceptions,  soit  ;  cependant 
personne  ne  songeait  à  qualifier  un  tel 
fait  de  crime,  comme  nous  le  ferions 
ajourd'hui  au  cas  où  par  impossible  il  se 
produirait. 

Mais  la  nation,  chose  et  nom,  existait 
sous  Louis  XIV,  et  que  dites-vous  de  ce 
passage  dans  lequel  le  Roi  Soleil  raconte 
le  passage  du  Rhin  }  «  J'étais  présent  au 
passage,  qui  fut  hardi,  vigoureux,  plein 
d'éclat  et  glorieux  pour  la  nation  ». 

«J'étais  présent  »,  peut-on  mieux  et 
plus  simplement  dire  ?  Ainsi  c'est  sur 
la  nation  que  le  roi  reporte  la  gloire  d'un 
beau  fait  d'armes  accompli  sous  ses  yeux  ; 
tout  de  même  ce  fut  un  roi  national  que 
Louis  XIV.  H.  C.  M. 

Le  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274,  378,  438,  490),  —  Dans  une  intéres- 
sante étude,  Le  Théâtre  à  Auch  sous  la  Ter- 
reur (Auch,  imp.  J.  Copin,  1890,  16  p.), 
M.  Bénétrix  parle  des  représentations  qui 
se  donnaient  le  décadi,  sur  le  théâtre  de- 
venu un  lieu  d'éducation  révolutionnaire. 

<i.  L'auscitaine,  dit-il,  qui  affecte  de 
paraître  aux  clubs,  ignore  ou  feint  d'i- 
gnorer l'existence  d'un  calendrier  nou- 
veau >^ 

C'est  le  jour  «  du  cy- devant  dimanche  » 
qu'elle  muscadine  dans  les  mes  et  sur  nos 
places.  A  peine  met-on  fin  aux  rassemble- 
ments féminins  dominicaux,  en  envoyant 
toute  citoyenne  parée,  le  dimanche  en 
corvée  au  Jiois  d'Auch,  brûler  des  broussa/iles 
et  activer   la   fabrication  du   salpêtre   que    le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo    Octobre  1906. 


509 


510 


Le  jour  du  décadi,  on  avait  la  préten- 
tion de  faire  jouer  certaines  citoyennes 
d'Auch  désignées  par  le  comité. 

<<>  Art.  2.  Le  comité  désignera  les  cito- 
yens et  citoyennes  qu'il  croira  propres  à 
remplir  des  rôles  et  trois  décades  à 
Tavance  les  invitera  à  s'en  charger  :  » 

(Quelquefois  les  choses  se  faisaient  militai- 
rement, dit  M.  Bénétrix,  s'il  nous  est  permis 
d'employer  cette  expression,  c'est  ce  que 
prouve  la  déposition  que  fit,  lors  d'une  infor- 
mation contre  le  représentant  du  peuple,  en 
mission  dans  le  Gers,  Dartigoeyte,  la  ci- 
toyenne Catherine-Jeanne  Deschamps,  femme 
Guerard.  —  «  Un  jour,  un  gendarme  vint 
porter  à  Victoire  (fille  de  la  déposante)  une 
réquisition  à  peu  près  en  ces  termes  :  «  Tu 
as  joué  la  comédie  sous  l'ancien  régime  ; 
sous  celui-ci  tu  es  républicaine.  Tu  auras 
pour  agréable  de  te  tenir  prête  à  jouer,  pour 
le  prochain  décadi,  Licinia,  dans  la  tragédie 
des  Gracques.  » 

Signé  :  Gkos,  commandant  de  la  force 
armée  et  Lantrac,  procureur  général    syndic. 

Ainsi,  voilà  qui  est  net  :  interdiction 
aux  femmes  de  se  rassembler  le  dimanche 
sous  peine  de  corvée  ;  obligation  à  cer- 
taines de  jouer  sur  le  théâtre,  le  jour  du 
décadi,  niaiiii  militari. 

Le  représentant  du  peuple  en  mission  y 
tenait  la  main.  Ce  n'était  point  qu'il  fût 
des  arts,  un  ami  très  éclairé.  Après  la 
Terreur,  il  passa  en  jugement,  comme 
ayant  fait  l'éloge  de  la  prostitution  au 
théâtre,  où  il  trônait  en  chapeau  à  plumes 
tricolore,  et  pour  s'être  montré  tout  nu 
pendant  un  entr'actc.  Il  fut  déporté. 

Les  descendants  de  Bruneau 
l'un  des  prétendus  Dauphins  (LIV, 
329,  456),  —Je  remercie  MM.  le  D''  Bil- 
lard et  Jean  Pila  de  leurs  réponses,  mais 
ce  n'est  pas  des  enfants  que  Bruneau, 
évadé,  eût  pu  avoir,  que  je  veux  parler, 
c'est  de  ceux  dont  il  est  question  : 

—  1°  Dans  le  rapport  de  M.  Verdière, 
juge  d'instruction,  i*^""  décembre  1817 
(manuscrit  de  la  bibliothèque  Carnavalet 
n?  1737,  dossier  VI/ 19. 

1°  Feuille  37/c  ,  déposition  Brunet 
«  ...  Il  m'a  dit  ensuite  qu'il  avait  épousé 
une  américaine  dont  il  avait  deux  en- 
fants... » 

2"  Feuille  43/c  ;  déposition  de  Rose 
Bodé,  femme  Briand  :  «  ...J'ai  demandé 
à  la  femme  Delaunay  de  qui  il  portait  le 
deuil  ;  elle  m'a  répondu  qu'il  lui  avait  dit 


qu'il  avait  épousé  la  fille  d'un  milord  an- 
glais dont  il  avait  deux  enfants,  qu'il 
avait  perdu  sa  femme  dont  il  avait  deux 
enfants...  » 

3''  Feuille  44/c  ;  déposition  de  la  dame 
Jaffard  «  ..  Il  lui  a  fait  ensuite  des  contes, 
disant...  qu'il  s'était  marié  en  Amérique, 
qu'il  avait  laissé  plusieurs  enfants  ; 

—  2°  Dans  le  manuscrit  :  Affaire  du 
faux  Dauphin.  C'est  le  compte  rendu,  le 
procès-verbal  de  cette  affaire  ;  audiences 
des9,  10,  II,  12,  13,  14,  15,  16,  17,  18, 
et  19  février  181S,  il  est  ainsi  terminé  : 
coUationné  conforme  par  nous,  greffier 
en  chef  soussigné,  et  délivré  à  M.  le  Pré- 
fet sur  sa  réquisition.  Floquet.  Archives 
départementales,  Rouen.  Les  3  passages 
ci-dessus  font  partie  des  dépositions  des 
lyrae^  20"°%  2ime  témoins. 

—  3°  Dans  le  petit  volume  intitulé  : 
Histoire  et  procès  complet  du  faux  Dauphin, 
à  Paris,  chez  Pillet,  1818,  bibliothèque 
Carnavalet  n°  10.  444, 

On  n'y  trouve  pas  les  passages  ci-des- 
sus, mais,  page  20,  le  procureur  du  roi 
dit  :  «  ...  11  prétendait,  dans  le  départe- 
ment de  Maine-et-Loire  en  octobre  1815, 
qu'il  avait  épousé  la  fille  d'un  riche  lord, 
laquelle  était  décédée  aux  Etats-Unis 
après  Lavoir  rendu  père  de  plusieurs  en- 
fants... » 

Enfin  dans  une  lettre  possédée  par  Bru- 
neau à  Bicêtre,  prison  de  Rouen  mais  ve- 
nant on  ne  sait  d'oii,  datée  du  24  juillet 
sans  désignation  d'année  et  dont  le  Pré- 
fet, ni  le  minisire  ne  purent  avoir  la  clef, 
Bruneau  ayant  constamment  refusé  de 
l'expliquer,  on  lit  :  «  . . .  Mais  une  autre 
phrase  de  votre  lettre  m'arètte  tout  court, 
vous  paraissez  sur  que  (i)  la  fidèle  por- 
tière de  la  pension,  jimagine  qu'on  ne 
séparrera  point  les  deux  amie,  voilà  cequi 
ine  rassure,  vous-mèine,  vous  dite  que 
vous  pouries  peutaitre  aller  à  la  campa- 
gne... »  (orthographe  conservée.) 

Ces  «  deux  amie  »  seraient-ils  les  deux 
enfants  de  Charles  qu'il  aurait  été  ques- 
tion de  mettre  dans  deux  maisons,  deux 
familles  différentes  après  le  décès  Je  leur 
mère  ? 


(i)  Pour  que  la  phrase  ait  un  sens,  il  fau- 
drait de  au  lieu  de  que.  Charles  disait  que 
cette  lettre  lui  avait  été  envoyée  par  une  per- 
sonne de  distinction  ;  peut-être  n'est-ce 
qu'une  copie,  cependant  neu  ne  l'indique. 


No  1 126. 


L'INTERMEDIAIRE 


511 


512 


Dans  cette  même  lettre  on  lit  encore  : 
«...  Comment  en  effet  quand  on  a  un 
procès,  peut-on  le  suivre  quand  l'argent 
manque  pour  les  hommes  d'affaire  !  11  n'y 
a,  suivant  moi,  de  confiance  à  avoir 
qu'en  Dieu  qui  mettra  dans  le  cœur  de 
quelques  personnes  de  bien  l'intelligence 
et  les  moyens  nécessaires  pour  arriver  à 
gain  de  cause,  d'autant  plus  qu'elle  est 
juste  (orthographe  corrigée).  Roue,  Arch. 
départ., dossier  Bruneau,  pièce  15. 

J.  DE  Saint-Léger. 

Napoléon    et    madame     Fourès 

(LIV,  163,  288).  —  Dans  V Intermédiaire 
du  30  juillet  1902,  p.  148,  M.  P.  Pinson 
accuse  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire  d'avoir 
commis  unt  erreur  en  écrivant  que  Bona- 
parte avait  pour  maîtresse  une  dame 
Torry. 

La  vérité  est  qu'il  ne  s'agit  ici  que  d'une 
erreur  de  lecture  d'un  texte  manuscrit  ; 
Fourès,  écrit  en  lettres  irrégulières,  a  été 
lu  Torry.  D''  A.  T.  Vercoutre. 

Le  peiit  homme  rouge  des  Tui- 
leries et  Napoléon  1'''  (LIV,  445).  — 
Le  Rev.  Edw.  de  Mariner  pourra  peut- 
être  trouver  des  renseignements  dans  P. 
Christian  :  L'homme  rouge  des  Tuileries, 
in- 12,  i863,et  Beaujoint  :  Histoire  des  Tui- 
leries depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours, 
drames  politiques,  vie  privée  des  souverains, 

révélations^  etc.  1881,  in-4''.  L.  D. 

* 

Voir  Alfred  Delvau,  le  Petit  homme 
rouge.  Lecrivain,  1861,  in-8. 

BOOKWORM. 

Papineau  et  les  troubles  du 
Canada  (LIV,  386).  —  Joseph  Papineau 
était  un  patriote  canadien  qui,  de  1826  à 
1837,  joua  dans  son  pays  le  même  rôle 
que  le  patriote  Adrien  d'Epinay  jouait,  au 
même  moment,  à  l'Ile  Maurice,  mon  pays 
natal  (ancienne  Ile  de  France).  L'un  et 
l'autre,  tribuns  à  l'éloquence  persuasive, 
réclamaient  de  l'Angleterre  l'exécution 
des  garanties  données  aux  colons  français 
lors  de  la  conquête  de  ces  deux  colonies 
par  les  Anglais  ;  il  s'agissait  de  la  con- 
servation de  leurs  lois,  de  leur  langue,  de 
leurs  usages  ;  les  traités  leur  avaient  pro- 
mis qu'ils  seraient  considérés  comme  des 
sujets  anglais  et  non  comme  des  sujets 
conquis.  Le  gouvernement  anglais  n'ayant 


pas  tenu  ses  promesses,  la  lutte  com- 
mença, légale  et  pacifique  du  côté  des 
colons. 

Il    n'existe    dans   le  Grand  Larousse  et 
dans  la  Grande  Encyclopédie  aucune   no- 
tice biographique  sur  Papineau  ,  mais  en 
revanche,  dans  deux  excellents  articles  de 
:   M.  Victor  du   Bled,  parus  dans   la  Revue 
\  des  Deux  Mondes  des    15  janv.  et  i^  fév 
:    1885,  on  peut  suivre   les  péripéties  de  la 
lutte  de  Papineau  contre  le  gouvernement 
1^  anglais. 

I  En  ce  qui  concerne  .Adrien  d'Epinay, 
;  des  notices  qui  ont  paru  dans  le  second 
j  supplément  de  Larousse,  dans  le  Nouveau 
\  Larousse  illustré  et  dans  la  Grande  Ency- 
j  clopédie  racontent  la  même  lutte  à  l'Ile 
i  Maurice,  au  même  moment.  On  peut,  par 
I  ces  divers  articles,  se  rendre  compte  des 
j  événements  qui  se  passent  simultanément 
j  dans  les  deux  colonies  conquises  ;  ce  sont 
j  les  mêmes  haines,  les  mêmes  complots 
!  inventés  à  dessein,  les  miêmes  accusations 
1  mensongères,  les  mêmes  demandes  de 
i  poursuites  et  de  punitions  exemplaires, 
I  la  même  tyrannie,  enfin  la  même  accusa- 
I  tion  de  rébellion  des  deux  colonies  afin 
d'obtenir  leur  indépendance. 

En  1837,  la  révolte  éclata  au  Canada  ; 
!  elle  fut  cruellement  réprimée  ;  Papineau 
put  fuir  à  temps  et  gagner  les  Etats- 
Unis  et  l'Europe.  En  1834  et  1835,  pen- 
dant qu'Adrien  d'Epinay,  qui  avait  été 
député  par  ses  compatriotes  de  l'Ile 
Maurice  à  Londres,  finissait  par  obtenir 
justice,  son  irère  aîné  Prosper  d'Epinay, 
resté  à  l'Ile  Maurice,  dans  un  procès  poli- 
tique célèbre,  prouvait  la  fausseté  des 
accusations  du  gouvernement  anglais  et 
du  procureur  général  Jérémie,  envoyé  de 
Londres  à  Maurice,  avec  des  troupes  nou- 
velles, pour  réprimer  une  soi-disant 
révolte  à  main  armée  des  colons  de  cette 
île  et  faire  quelques  terribles  exemples,  en 
réclamant  les  têtes  des  chefs  de  cette 
prétendue  révolte.  «  L'Angleterre,  dit  le 
Nouveau  Larousse  illustré,  préféra  avoir 
Prosper  d'Epinay  pour  allié  que  pour 
ennemi  ;  il  fut  nommé  procureur  général 
et  conseil  de  la  Couronne,  » 

Th.  Courtaux. 

Comme  quoi  nous  devons  au 
grand-pèra  de  William  Busnach 
d'avîijr  conquis  l'Algérie  (LUI,  550, 
632,  772  ;  LIV,  397).    —  J'ignore  le  rôle 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10    Octobre  1906. 


513 


514 


important  joué  par  le  grand-père  de  Bus- 
nach,  mais  voici  un  passage  de  la  plai- 
doirie de  M=  J.  B.  Rivière,  avocat  du 
comte  Henri  Clauzel  (succession  du  maré- 
chal comte  Clauzel)  ;  ce  doit  être  le  même 
personnage  : 

Une  partie  des  biens  achetés  par  M.  le 
maréchal  Clauzel,  l'avait  été  par  l'intermé- 
diaire d'un  juif  algérien  nommé  Busnach. 
C'était  le  domaine  de  Bab-Ali.  Busnach 
avait  traité  le  maréchal  en  vrai  juif  doublé 
d'arabe.  Il  avait  fait  le  traité  en  se  réservant 
un  quart  de  l'acquisition.  M.  le  maréchal 
protesta  :  Busnach  n'osa  élever  aucune 
réclamation  et  tout  fut  dit. 

A  la  mori  du  Maréchal,  on  mit  en  vente 
le  domaine.  Il  fallut  assurer  à  l'acheteur  une 
possession  complète  et  paisible. 

Or,  passant  par  Marseille,  l'homme  d'af- 
faires représentant  les  intérêts  de  la  partie 
adverse,  le  vicomte  Bertrand  Clauzel  et 
madame  Bourlon,  sœur  de  ce  dernier,  ren- 
contra par  hasard  Busnach  et  lui  proposa  de 
lui  racheter  le  dioit  au  quart  de  la  propriété 
que  ce  dernier  n'avait  pas   osé    revendiquer. 

Busnach  accepta,  bien  entendu. 

Segro. 

La  comtesse  obscure  (LIV,  441). 

—  IVl  le  comte  de  Cornulier-Lucinière 
trouvera  145  pages  de  détails  sur  cette 
personne,  dans  un  ouvrage  en  3  volumes, 
intitulé  :  Personnages  énigmatiques,  histoires 
mystérieuses,  événements  peu  ou  mal  connus, 
par  Frédéric  Bulau,  traduit  de  l'allemand, 
par  W.   Duckett   (tome    i^i',  pp.    1-145). 

—  Paris,  Poulet- Malassis  et  de  Braise,  1861 , 
in-i2. 

J'ajoute  que  l'auteur, aprèsavoir  proposé 
différentes  solutions  au  sujet  de  l'identité 
de  la  comtesse,  ne  conclut  pas. 

Lucien  Morel. 

»  ♦ 
Notre    digne    collaborateur    M.    Otto 

Friedrichs  pourra  sans  doute  renseigner 

M-  le  comte  de  Cornulier-Lucinière. 

M.  G.  WiLDEMAN. 

Camp  dà  Cé-ar  à  Wissant  (LIV, 
442).  —  Feu  le  chanoine  D.  Haigneré  a 
publié  dans  le  D'dionnaire  Historique  et 
Archéologique  du  département  du  Pas-de- 
Calais  (arrondissement  de  Boulogne,  III, 
pages  272  à  301),  une  intéressante  notice 
sur  Wissant.  Page  276,  il  est  sommaire- 
ment question  du  monument  d'archéolo- 
gie militaire  dit  Fort  de  César,  que  Ton  a 
longtemps  cru  un  vrai  camp  de  César. 


Actuellement,  les  savants  sont  d'avis  que 
le  Fort  de  César  ne  remonte  pas  plus  haut 
que  le  moyen  âge. 


*  + 


La  Société  prehistoi  ique  de  France  vient 
de  nommer  une  Commission  qui  est  char- 
gée de  centraliser  tous  les  documents 
publiés  relatifs  aux  Enceintes  préhistoriques 
et  protohistoriques. 

Cette  Commission  connaît  depuis  long- 
temps le  camp  de  César  à  Wissant.  Il  suf- 
fira au  collaborateur  Persigny  d'écrire  à 
M.  le  D''  Guébhard,  président  de  cette 
Commission,  4,  rue  Abbédel'Epée,  Paris, 
pour  avoir  la  bibliographie  complète  de  la 
question.  Il  faut  aussi  se  renseigner  auprès 
du  Président  de  cette  société,  M.  Adrien 
de  Mortillet,  le  préhistorien  bien  connu. 
D""  Marcel  Baudouin. 

♦  ♦ 

J'ai  fait,  en  1893,  des  fouilles  à  Tar- 
dinghen  et  j'ai  publié,  à  la  suite,  une 
brochure  que  l'on  trouve  aujourd'hui 
difficilement  en  librairie  :  Tardingljen  et 
les  sépultures  sous  dalles.  Je  me  ferai  un 
plaisir  de  la  prêter  à  M.  Persigny. 

J'ai  repris  ces  travaux  ultérieurement  à 
Tardinghen  même,  puis  à  Wissant,  non 
pas  au  camp  romain,  mais  plus  près  du 
rivage,  dans  un  champ,  où  j'ai  découvert 
des  sépultures  mérovingiennes.  Le  récit 
inédit  de  ces  secondes  fouilles  a  été  prêté 
par  moi  à  la  Commission  des  monuments 
historiques  du  Pas-de-Calais.  J'autorise 
bien  volontiers  notre  confrère  à  deman- 
der communication  de  mon  manuscrit 
illustré  qu'il  voudra  bien  me  remettre 
après  l'avoir  lu  ;  écrire  pour  cela  au  Bi- 
bliothécaire de  la  Commission  des  monu- 
ments historiques  à  Arras. 

Chanoine  Henri  Debout. 

L'exil  d'Ovide  (XLIV  ;  LIV,  428).  — 
Nous  avons  la  preuve  formellement  expri- 
mée par  un  auteur  de  la  fin  de  l'empire  ro- 
main (1),  que  l'exil  d'Ovide  était  dû  a  ce 
qu'il  avait  osé  lever  les  yeux  sur  la  fille 
de  l'empereur  Auguste,  qu'il  avait  dû  sé- 
duire par  ses  belles  poésies.  11  n'en  fallait 
pas  tant  pour  obtenir  ses  faveurs,  car 
elle  avait  un  tempérament  de  feu,  la  fa- 
meuse Julie. 

Il  y  avait   plusieurs   villes   du  nom  de 

(1)  Sidoine  Apollinaire,  je  crois^  ou  peut- 
être  bien  Ausone. 


N»  1126. 


-     515   

(ou  Tomaï, 


Tomis,  Tomes  (ou  Tomaï,  en  grec),  si- 
tuées sur  les  bords  occidentaux  de  la  mer 
Noire. Il  est  probable  que  c'est  pour  éviter 
la  confusion,  que  l'empereur  Constance 
avait  donné  son  nom  à  l'une  d'elles  ;  car 
Kustendjé  s'appelait  alors  Constantiana^  et 
c'est  là  qu'on  a  retrouvé  le  tombeau  d'Ovide. 
Un  de  ces  "Xomis  était  Tom/'svar, 

Maintenant,  de  ce  que  le  poète  Ovide  a 
été  exilé  à  Tom«,  il  ne  s'ensuit  pas  fata- 
lement qu'il  y  ait  été  enterré  ;  mais  ce 
qu'il  y  a  de  positivement  certain,  c'est 
que  Kustendjé  s'était  appelé  Constancie 
au  iv^  siècle,  et  que  c'est  là  que  son  tom- 
beau a  été  découvert  en  1854,  lors  de 
l'expédition  dans  la  Dobroutcha,  avant  la 
campagne  de  Crimée.  D'  Bougon. 

*  * 
Le  renseignemeni;  donné  par  le  collabo- 
rateur Z  est  conforme  à  mes  souvenirs, 
sauf  en  un  point  qui,  à  la  vérité,  est  im- 
portant. Oui,  ce  sont  les  Français  qui,  en 
1854,  pendant  la  meurtrière  et  inutile 
campagne  de  la  Dobroutcha,  ont  identifié 
le  village  moderne  de  Kustendjé  avec  le 
Tomes  où  fut  relégué  et  mourut  Ovide, 
Mais  c'est  la  découverte  d'une  inscription 
dédicatoire  et  non  celle  de  l'épitaphe  du 
poète,  qui  a  fait  reconnaître  la  bourgade 
lointaine  où  un  motif  jusqu'aujourd'hui 
inconnu,  fit  exiler  le  poète  aimable  des 
Métamorphoses  et  des  Fastes,  trop  aimable 
des  Amours  et  de  VArt  d'aimer.  SeuU'Eu- 
dore  de  Chateaubriand  a  vu  le  tombeau 
d'Ovide. 

Avec  la  férocité  des  amateurs  de  belles 
choses,  ne  pourrait-on  pas  dire  que  l'u- 
kase d'Auguste  a  rendu  un  vrai  service, 
sinon  à  la  personne  du  pauvre  Ovide,  du 
moins  au  poète,  en  lui  inspirant  ces 
chants  d'exil  qui  sont  la  partie  la  plus 
originale,  la  plus  humaine  de  son  œuvre  .? 
Et  à  sa  mémoire  donc  I  Voyez-vous  Ovide 
vieillissant  à  Rome  à  côté  de  Corinne 
vieillie,  et  dans  cet  état  de  ramollissement 
lent,  fin  ordinaire  de  ceux  qui  ont  trop 
célébré  dans  la  pratique  l'art  d'aimer  ? 
Ainsi  a  fini  Gentil-Bernard,  que,  bien  en- 
tendu, je  suis  très  éloigné  de  mettre  en 
parallèle  avec  Ovide,  sans  toutefois  élever 
celui-ci  au  rang  de  Lucrèce  et  de  Virgile. 

En  vérité.  Tomes  est  une  belle   consé 
cration  à  une  vie  de  poète,  comme  Sainte 
Hélène  à  celle  de  Napoléon.  Quand  je  par- 
lais  de  la  férocité    des  curieux  de  beaux 
spectacles  historiques  ? 


L'INTERMÉDIAIRE 

— 5 1 6 

Lorsque  Catherine  II 


fit   dans  les  pro- 
vinces   méridionales    de    son    empire    ce 
voyage   machiné    par  Potemkin    comme 
une  pièce  de  théâtre,  ce  dont  malgré  tout 
son  esprit,  l'impératrice  amie  de  Voltaire 
ne  s'aperçut  pas  un  instant, —  sur  un  point 
perdu  du  littoral, on  lui  fit  conter  des  tra- 
ditions maintes  fois  séculaires  concernant 
un    étranger    mort  là,   en  exil,  dans  les 
temps  très  anciens.  Il  parlait  la  langue  de 
Rome  et  le  miel  coulait  intarissable  de  ses 
lèvres  ;  par  son  charme  et  sa  tristesse,  il 
avait  apprivoisé   les    Sarmates  grossiers 
chez   qui    ne   périt  jamais    sa  mémoire. 
C'était   Ovide,    et    sentimentale     comme 
tout  son  temps,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas 
d'être    très    pratique  dans  la  conduite  de 
son  «  petit    ménage  ».  Catherine    écouta 
charmée,  émue  d'avoir  retrouvé   la  trace 
du  poète  et  ordonna  aussitôt  la  fondation 
en   ce  lieu  d'une  ville  qui  se  nommerait 
Ovidiopol.   En  fut-il  davantage,  et    Ovi- 
diopol   existe-t-il  comme  Odessa,  la  ville 
d'Ulysse  ^  Je  ne  sais,  mais  de  tous  les  mi- 
rages évoqués   par  Potemkin  au  cours  de 
ce  voyage  prestigieux,  l'invention  de  la 
légende    d'Ovide  est    assurément  le  plus 
réussi.  H.  C.  M. 

Saint  Arnould,  patron  des  bras- 
seurs (LIV,  393).  —  Le  P.  Cahier,  dans 
ses  Caractéristiques  des  Saints  (Fourche, 
p.  434),  ne  voit  pas  quelle  circonstance 
particulière  aurait  donné  lieu  au  choix 
qu'on  a  fait  de  ce  saint  pour  protéger  les 
brasseurs.  L'explicalion  qu'il  hasarde  est 
que  le  saint,  d'après  la  légende,  multiplia 
un  jour  du  pain  et  du  vin  pour  nourrir 
une  troupe  de  pèlerins,  et  comme  le  vin 
est  plutôt  rare  en  Flandre,  on  lui  aurait 
recommandé  la  boisson  nationale,  la 
bière. 

Peut-être  trouverait-on  quelque  autre 
explication,  soit  dans  sa  vie  écrite  par 
LizARD,  évêque  de  Soissons,  auteur  con- 
temporain et  par  Harnulphe,  abbé  d'At- 
DENBURG,  soit  daus  la  Flandria  Illustrata 
de  Sandkrus,  avec  les  additions  de  Fop- 
PENs  ou  la  Gallia  Christ.  Nova  (tome  9, 
p.  450)  que  je  ne  puis  consulter  moi- 
même  pour  le  moment.  C.  B.  O. 

* 

*  * 
Trois   saints  :   Arnould,  Médard  et  Ni- 
colas,  ont   reçu   mission  de  protéger   les 
brasseurs  ;   aucun,    que    je    sache,    n'est 
charge  de  protéger  les   buveurs  de  bière 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10   Octobre  1906. 


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518 


contre  les  tripotages  modernes  de  cette 
boisson  chère  aux  Anglais  et  aux  Alle- 
mands. Aucun  de  ces  trois  saints  per- 
sonnages ne  fut  brasseur,  pas  plus  que 
sainte  Anne  ne  fut  meniiisièn',  tourneuse 
ou  hoisselière.  Tous  trois,  de  familles  no- 
bles, furent  évèques  :  l'un  de  Metz,  l'au- 
tre de  Noyon  et  le  dernier   de  Myre. 

Les  maîtres  des  métiers  presque  par- 
tout au  moyen  âge,  commencèrent  par  se 
réunir  en  communautés  presque  reli- 
gieuses, et  comme  telles,  se  mettaient 
sous  la  protection  de  quelque  saint.  Si  les 
cbairecnitiers  avaient  saint  Antoine,  cela 
s'explique  assez.  Mais  pour  les  brasseurs, 
ils  ont  dû  être  guidés  par  les  patrons  des 
villes  où  les  communautés  se  formèrent. 
Par  analogie,  d'autres  choisirent  le  saint 
d'une  communauté  voisine  ou  connue. 

La  pluralité  des  patrons  n'est  pas  le 
fait  unique  des  brasseurs.  Les  forgerons 
qui  fêtent  saint  Eloi,  surtout  en  France, 
ont  en:ore  pour  patrons  saint  Galmer  et 
saint  Léonard  ;  les  fondeurs  ont  saint 
Eloi,  saint  Hubert  et  saint  Pierre-ès-Liens  ; 
les  cuisiniers  ont  saint  Just,  saint  Laurent 
à  cause  de  son  gril  et  la  Nativité  ;  les 
orfèvres, saint  Eloi  et  saint  Luc  ;  les  men- 
diants, saint  Alexis  et  saint  Lazare.  Avant 
d'écrire  :  etc,  je  dois  dire  que  les  labou- 
reurs sont  les  mieux  partagés.  Ils  ont 
pour  protecteurs  :  saint  Eloi,  saint  Isi- 
dore, saint  Jean-Baptiste,  saint  Lambert, 
saint  Léonce  et  sainte  Lucie.  Malgré  cela, 
ils  éprouvent  bien  des  contre-temps. 

E.  Grave. 


* 
** 


En  Belgique  et  dans  le  nord  de  la 
France,  saint  Arnould  est  bien  le  patron 
des  brasseurs  sans  jamais  avoir  exercé 
cette  profession. 

11  est  issu  d'une  noble  famille  flamande 
(xi8  siècle  1087).  11  embrassa  de  bonne 
heure  la  profession  des  armes  et,  dans 
diverses  campagnes  au  service  de  l'empe- 
reur d'Allemagne,  puis  du  roi  de  France, 
il  se  fit  un  véritable  renom.  Après  la 
mort  de  son  père,  il  prit  congé  de  sa 
mère,  sous  prétexte  de  se  rendre  à  la 
cour  de  France,  et  vint  se  réfugier  dans  le 
monastère  de  Saint-Médard  de  Soissons, 
où  il  demanda  l'habit  de  Saint-Benoit.  11 
vécut  dans  la  plus  grande  austérité.  11  fut 
porté  malgré  lui  sur  la  chaire  abbatiale. 
et  devint  ensuite  évêque  de  Boissons,  il 
se  retira  en   Flandres,  dans  le  monastère 


d'Oudenbourg  qu'il  avait  fondé  et  où  il 
mourut  saintement. 

Saint  Arnould  est  également  invoqué 
pour  les  femmes  enceintes. 

Il  ne  m"a  pas  été  possible  de  trouver 
l'époque  où  saint  Arnould  est  devenu  le 
patron  des  brasseurs,  je  peux  assurer  que 
c'est  au  xvii'  siècle  et  probablement  anté- 
rieurement,en  ayant  la  preuve  certaine. 

Je  possède  un  vitrail  garni  de  plomb  de 
o,  50  c.  de  hauteur  X  0.30  de  largeur. 

Ce  vitrail  vient  des  ancêtres  de  Mgr 
Dehaines  qui  exercèrent  la  profession  de 
brasseur. 

La  grande  partie  de  ce  travail  est  occu- 
pée par  un  médaillon  ovale  représentant 
le  patron  des  brasseurs,  saint  Arnould, 
en  ornements  sacerdotaux,  mitre  en  tête 
et  attributs  en  mains;  au  dessous  se  trouve 
un  autre  cartouche,  en  forme  de  parallé- 
logramme, contenant  l'instruction  sui- 
vante : 

Sainct  Arnoult,  o  bon  patron, je  vous  requier 
Qu'il  vous  plaise  me  laisser  boire  vostre  bière; 
En  s'y  long  temps  que  voste  bière  beuveray 
Tous  les  jours  de  rae  vye  je  vous  serviray. 
Anno  1638 
Et  plus  bas  : 

Sans  porter  querelle  à  personnes 
Toute  ma  vie  Dehaines  seray 

C'est  ce  souvenir  de  famille,  et,  en 
même  temps,  ce  jeu  de  mots  deux  fois  sé- 
culaire, que  Mgr  Dehaisnes  avait  voulu 
faire  revivre  en  sa  devise  (armes  de  pré- 
lat romain). 

Ce  vitrail  qui  m'a  été  légué  par  Mgr 
Dehaisnes, fait  partie  de  ma  collection. 

Chaque  année,  la  corporation  des  bras- 
seurs fait  chanter  une  messe  dans  la  basi- 
lique de  Notre-Dame  de  la  Treille,  à  Lille. 
(La  statue  de  saint  Arnould  se  trouve 
dans  le  chœur). 

L.  QuARRÉ  Reybourbon. 

Le  château  de  Haut-Kcenigs- 
bourg  (LIV,  447).  —  Je  ne  connais  le 
château  de  Hœkœnigsburg  - —  il  me  sem- 
ble que  le  nom  est  écrit  ainsi  dans  les 
publications  allemandes  —  que  pour 
l'avoir  vu  de  la  plaine  de  Colmar  et  de 
très  loin,  et  aussi  par  un  article  avec  gra- 
vures publié,  il  y  a  quelques  années, 
dans  YlUustririe  Zeihung.  C'était  au  temps 
où  l'empereur  Guillaume  faisait  préparer 
la  restauration  aujourd'hui  commencée  du 
Coucy  de  l'Alsace.  Mais  voici  un  rensei- 


N-   1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


5iq 


520 


gnement  qui  intéressera  peut-être  M.  le  ,  Château  de  Montaignn  (LIV,  338). 
comte  ).  B.  Il  y  a  deux  ans,  environ,  1  — Je  serais  très  reconnaissant  à  M.  A.  H. 
l'architecte  chargé  du  travail  de  restitu-  !  de  vouloir  bien  me  faire  connaître  dans 
tion,  eut  une  mission  officielle  en  France,  quel  but  il  a  posé  la  question,  à  laquelle 
pour  y  étudier  l'architecture  militaire  et  |  je  me  fais  un  vrai  plaisir  de  répondre: 
civile  du  xv«  siècle;  il  vint  à  Dijon,  où  il  i  Hclie-Isaac  de  Ségur,  baron  de  Monta- 
se  mit  en  rapport  avec  M.  Charles  Suisse,  i  zeau,  épousa,  le  i"  mai  1675,  Claude- 
architecte  en  chef  des  monuments  histo-  |  Madeleine  de  Lur-Saluces,  fille  de  Marie 
riques.  M.  Suisse  était  d'autant  mieux  j  de  Gamaches,  dont  la  mère,  Eléonore,  était 
à  portée  de  guider  cet  architecte  —  j'ai  |  fille  unique  de  Michel  Montaigne.  Claude 
oublié  son  nom,  mais  je  le  retrouverais  i  eut  Montaigne  dans  sa  fortune.  Ils  eurent 
au  besoin  —  qu'il  venait  de  restaurer,  |  iean,  marié  en  1705,  àRose  de  Gaufreteau. 
avec  M.  Louis  Sauvageoî,  la  grande  salle  j  Ceux-ci  eurent  Alexandre-François,  marié 
du  palais  ducal  de  Dijon,  reconstruite  par  \  a  Jeanne  Sans  et  à  AnneBoyrie.  Le  fils  de 
Philippe  le  Bon,  et  poursuivait  en  même  |  ces  derniers,  Jean-François,  se  faisait 
tempis  la  restauration, pour  M.  le  capitaine  î  appeler  le  comte  de  Ségur-Montaigne,  il 
Sadi  Carnot,  du  château  de  Larochepot,  j  mourut  à  Mussidan,  en  1819.  Comme  il 
canton  de  Nolay  (Côte-d'Or).  De  plus,  i  émigra, Montaigne  fut  mis  sous  séquestre  ; 
M.  Suisse  avait  minutieusement  étudié,  \  mais  son  frère,  Jean  Alexandre,  y  ayant 
mais  sur  le  papier,  seulement,  celle  du  j  des  droits,  cette  terre  lui  fut  attribuée, 
château  de  Châteauneuf,  canton  de  |  Comme  ce  dernier  n'eut  pas  d'enfants  de 
Pouilly  (Côte  d'Or)  confisqué  par  Philippe  ]  Thérèse  de  Galathot,il  vendit  Montaigne, le 
le  Bon  sur  la  dernière  héritière  des  Châ-  31  mai  181 1,  à   M.  du  Bue  de  Marcussy, 


teauneuf,  à  la  suite  d'un  crime  passionnel, 


et  donné  par  lui  à  son  filleul,  Philippe  Pot.      dernier,  vendit  Montaigne  au  baron  Curial, 


M.  Frédéric    de   Beauroyre,  gendre  de  ce 


qui  le  reconstruisit  presque  entièrement. 
Châteauneuf,  moins  ruiné  que  Larochepot, 
appartient  à  M.  le  comte  Arthur  de 
Vogue. 

Conduit  par  M.  Suisse  au  palais  ducal, 
à  Larochepot,  à  Châteauneuf  et  ailleurs  ; 
mis  en  présence  des  relevés  du  château 
de  Dijon,  construit  par  Louis  XI  et 
aujourd'hui  détruit,  l'envoyé  fut  frappé 
de  certaines  ressemblances  de  structure  et 
de  détails  qui  ne  lui  parurent   pas  ex{)li-      commune  de  l'Aiguillon-sur-Vie.  — Jadis, 


le  3  décembre  1853.  ^^^ui  ci  le  céda,  en 
1860,  à  M.  Magne,  ministre,  dont  la  fille, 
la  marquise  de  Reverseaux, femme  de  notre 
ambassadeur  en  Autriche, est  la  propriétaire 
actuelle  de  ce  château.  St-Saud. 

Hslenu'^}  (LIV,  446).  —  Nous  avons, 
en  Vendée,  c'est-à  dire  en  Poitou,  un 
village  très-ancien,  qui  s'appelle  Saiut- 
Héleii     ou     S-iintc-Hélcne^    actuellement 


cables  par  les  seules  influences  générales; 


avant  la  création  de  cette  dernière  com- 


pour  lui,  celle  Je  l'art  bourguignon  était  mune,  c'était    Sainte-Hélène  qui   était  la 

évidente,  mais   [Ki.r   quelles   voies  s'était-  \  paroisse;  il  y  avait   là   une   église,  qui  est 

elle   manifestée   jusqu'en    Alsace  ^    A   la  I   détruite    depuis   longtemps.   Récemment, 

vérité,  la   politique  des  ducs  de   Bourgo-  on  y  a  mis  au  jour  des  sépultures,  corres- 

gne  cherchait  de  longue  date   à  dominer  |    pondant  sans  doute  à    l'ancien   cimciicre. 


dans  la  vallée  du  Rhin  :  toutefois,  en  l'état, 

le  comment  ne  peut  être  déterminé  et  ne  | 

le  sera  peut-être  jamais.  i 

Par  mes  r;ipports  avec  M.  Suisse,  mon  j 

ami    et   mon    confrère  dans  une  Société  | 

d'archéologie  locale,  j'ai  été  mis  au  cou-  j 

rant  de  ces  faits,  sans,  du  reste,  avoir  eu  \ 

de  contacts  avec  l'envoyé  de  l'Fmpereur  i 

Guillaume.    Malheureusement  M.   Suisse  ; 

est  mort  en  août  ticrnier,  et  je  ne  sais  si  | 

quelque  chose  de  ses  entretiens  avec  l'ar-  { 

chilecte  germanique  se  rett cuverait  dans  \ 
ses  papiers  ou  dans  les  souvenirs  de   ses 
employés.                                  H.  G.  M. 


Une  curieuse  légende  (Voir  Vendée  his- 
torique, 1897,  p  229)  se  rattache  à  Sainte- 
Hélène;  M.  Debasle  doit  la  lire.  — )'ai 
dit  ailleurs  C[n  Aigail Ion-sur  ■  Vie  signifiait  : 
Pointe  à  voie  winaiue  {via^  voie).  En 
effet,  Sainte-Hélène  s'élève  sur  une  pointe 
tournée  à  l'ouest,  au  confluent  du  Jaunay 
et  du  Gué-Gorand,  où  il  pourrait  bien  y 
avoir  des  restes  romains,  car  jadis  ces 
lieux  et:  ient  pris  de  l'Océan. 

D'  Marcel  Baudouin. 

*  * 
(LIV  col.  446,  li!:,;ie  47),   lire  Saint   aé- 

mère — (qui  signifie  dont  le  culte  n'est 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10   Octobre  190e. 


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522 


pas  rattaché  a  un  jour  particulier), 
non  Saint  Aémère. 


et 


Famills  d'origine  illustre  très 
ancieona  (LUI  ;  LIV,  78,  123,  293, 
408,  463).  —  Notre  collègue  E.  M.,  à 
propos  de  ma  notice  sur  la  maison  O'Neill, 
anciens  souverains  d'Irlande, veut  bien  me 
demander  si  le  contre-amiral  O'NeilI  rat- 
tachait l'origine  de  sa  famille  à  cette  fa- 
mille prmciere.  J'ai  eu  l'honneur  de  rece- 
voir de  l'amiral  lui-même  une  lettre, dans 
laquelle  il  m'informait  qu'une  vieille  tra- 
dition de  famille  le  faisait  descendre  de 
cette  même  souche,  mais  qu'il  n'avait 
aucun  document,  ni  aucunes  données  his- 
toriques sur  lesquelles  il  pût  établir  sa 
généalogie.  Je  possède  beaucoup  de  notes 
sur  la  famille  actuelle, 

La  maison  princière  d'O'Neill  est  re- 
présentée aujourd'hui  dans  la  ligne  mâle 
seulement  par  les  O'Neill,  du  Portugal, 
qui  représentent  la  branche  aînée,  et  ceux 
d'Espagne,  dont  chef  est  le  marquis  delà 
Granja. 

En  France  comme  en  Autriche, la  vieille 
et  illustre  famille  n'a  plus  de  représen- 
tants que  par  les  femmes,  et  en  Irlande 
Lord  O'Neill,  lui-même,  a  hérité  du  nom 
par  les  Chichester.  Zanoni. 


* 
*  * 


Le  général  O'Neill,  aujourd'hui  décédé, 
qui  a  exercé  un  important  commandement 
en  Algérie,  était,  disait-on,  de  cette  illus- 
tre origine  irlandaise.  A.  D. 

Le  marquis  d'Aiigre  accusé  de 
plagiat  (LUI,  953  ;  LIV,  188,  350).  — 
Le  rapprochement  que  j'avais  cru  pouvoir 
effectuer  entre  le  G.  de  181 1  ou  1818  et 
Gorjy,  m'avait  été  inspiré  par  son  blason 
qu'il  décrit  ainsi  :  «  Si  l'Empereur  a  son 
aigle  et  ses  étoiles,  j'ai  ma  colombe  et 
mes  étoiles  aussi  ».  Toutefois,  j'ai  conclu 
de  mémoire,  n'ayant  pu  remettre  la  main 
sur  mon  exemplaire  de  Blançay  :  il  con- 
viendrait donc  de  consulter  le  titre  de  cet 
ouvrage  qui  porte  la  vignette  à  laquelle 
j'ai  fait  allusion. 

D'autre  part,  malgré  le  succès  de  Blan- 
çay en  particulier,  Monselet  se  borne  à  re- 
connaître que  Gorgy  avait  l'étoffe  d'un 
bon  romancier,  sans  être  un  rhétoricien 
achevé  ;  il  était  d'ailleurs  en  progrès  évi- 
dent dans  Ann'quin  Bredouille  sur  ses 
oeuvres  précédentes. 


Outre  son  titre  de  romancier  et  d'au" 
teur  dramatique,  il  paraît  avoir  exercé  le^ 
fonctions  de  secrétaire  ou  d'intendan^ 
auprès  de  M.  de  la  Villeurnoys.  Nou^ 
avons  dit  qu'il  dessinait  les  vignettes  de 
ses  ouvrages  et  de  plus  dans  Ann'qiiin 
Bredouille,  œuvre  posthume  de  lacqueline- 
Lycurgues,  actuellement  fifre  major  au 
greffe  des  menus  derviches,  il  paraît 
révéler  sa  qualité  de  musicien. 

Toutefois,  n'ayant  pas  à  ma  disposition 
V Almanach  impérial  de  1811^  je  ne  puis 
préciser  davantage  cette  attribution. 

La  date  de  sa  mort  en  1795,  col.  169, 
avait  déjà  été  indiquée  telle  par  Qiiérard, 
mais  elle  a  été  contestée  par  Pigoreau  et 
par  Monselet  et  ne  semble  pas  résolue. 

Sus. 

Jacques  Batailhe  de  Francès(LIV, 
107  )  —  L'Etat  de  la  France  en  1749  cite 
Jacques-François  Batailhe  de  Francès,  se- 
crétaire du  roi  en  1736. 

G.  P.  Le  Lieurd'Avost. 

Famille  de  Battine(LIV,  221,  408). 

—  Je  possède  l'acte  de  décès  de  madame  la 
baronne  de  Batines,  morte  l'année  1863,  à 
Victoria  Hong-Kong. 

Jules  Colomb  de  Batines.  . 

Les  Cardilhac  (LIV,  166,  295).  — 
Comme  suite  à  mes  questions  (LIV,  166) 
et  à  l'obligeante  et  très  intéressante  ré- 
ponse à  l'une  aelles  de  Marc  Hus  (295), 
je  désirerais,  encore  et  surtout,  savoir  où 
je  pourrai  retrouver  i''  [\q.  portrait  et  des 
lettres  de  Jeanne  de  Cardilhac  (Cardaillac, 
mère  de  Mme  de  Maintenon)  ;  et  2°  le 
portrait  et  des  lettres  de  son  mari,  Cons- 
tant d'Aubigné,  en  dehors  des  lettres  pu- 
bliées dans  les  Archives  historiques  de  la 
Gironde,  tome  P^  Cardaillaco. 

Antony  Deschamps,  sa  -vie,  son 
œuvre  (LU).  —  Dans  un  petit  recueil 
de  Poésies,  grand  in-12,  de  viii-316 
pages,  avec  fig.  grav.,  d'après  Horace 
Vernet,  et  qui  fut  publié  à  Paris,  à  l'occa- 
sion du  retour  des  cendres  de  l'Empereur 
en  1840:  Couronne  poétique  de   Napoléon. 

—  Hommage  de  la  Poésie  à  la  Gloire,  Paris, 
Amyot,  édit.,  1840,  je  trouve,  pages  89 
à  97,  de  Antony  Deschamps,  un  petit 
poème,  composé  de  98  vers:  Dernier  retour 
de  Napoléon,  lequel,  vraisemblablement, 


N"  1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


523 


524 


n'a  jamais  été  réimprimé  dans  aucun  autre   |  tide   a    peut-être   les  titres  de  propriété 


volume  de  poésies  de  ce  même  auteur. 

Ulric  R.  D. 

Madame  du  Châtelet  et  son  valet 
de  chambre  (LIV,  447).  -  Longxliamp 
raconte  avec  détails,  dans  ses  Mémoires^ 
comment  il  entra,  le  16  janvier  1746,  au 
service  de  Mme  du  Châtelet.  Le  lende- 
main, quand  il  pénétra  dans  la  chambre 
à  coucher,  la  marquise  se  leva,  laissa 
tomber  sa  chemise  et  «  resta  nue  comme 
une  statue  de  marbre  ». 

Quelques  jours  après,  Mme  du  Châtelet 
prenant  un  bain,  elle  sonne  Longchamp 
et  lui  ordonne  de  rajouter  de  l'eau  chaude 
au  moyen  d'une  bouillotte.  Le  valet  de 
chambre,  fort  ému  de  ce  qu'il  voit,  obéit 
assez  maladroitement  :  «  Mais  prenez 
donc  garde,  vous  me  brûlez,  lui  crie  la 
marquise  indignée  ;  regardez  ce  que  vous 
faites  !»  G.  M.  Z. 

Famille  de  Grouchy  (Ll;  LU).  — j'ai 
beaucoup  cherché,  ainsi  que  M.  Laurence 
de  Gruchy, juré  justicier  de  l'île,  l'origine 
des  Gruchy  de  Jersey,  mais  sans  parvenir 
à  élucider  la  question,  les  archives  de 
Saint-Hélier  n'existant  plus. 

Le  maréchal  de  Grouchy  avait  reconnu 
la  parenté  et  fut  visiter  des  homonymes  à 
lui,  auxquels  il  donna  son  portrait  :  ces 
messieurs  portent  nos  armes  sculptées 
sur  la  porte  d'une  maison  dite  «lagruchet- 
terie  ». 

Les  Gruchy  étaient  établis  à  Jersey  avant 
1300. 

Par  ailleurs,  il  y  a  aux  Archives  natio- 
nales les  papiers  d'un  certain  Jean  de 
Grouchy  qui  eut  de  fâcheux  démêlés 
avec  la  justice  du  roi  de  France  Jean  le 
Bon,  pour  avoir  livré  Carentan  aux  An- 
glais, et  qui  fut  gracié.  11  peut  fort  bien 
avoir  passé  à  Jersey  et  y  avoir  fondé  une 
famille  qui  a  pullulé. 

En  somme,  la  question,  fort  obscure, 
est  loin  d'être  éclaircie. 

Vicomte  de  Grouchy. 

Documents  â  retrou v-:r  sur  Jo- 
delle  (LIV,  442).  —  A  propos  de  jo- 
deîle.«LeLymodin»  est  un  petit  château, 
moitié  ferme,  moitié  château,  ayant  en- 
core un  peu  une  allure  moyenâgeuse  ;  il 
est  habité  actuellement  par  M.  Bastide, 
ancien  sénateur  de  Seine-et-Marne.  M.  Bas- 


pouvantéclairer  Tintermédiairiste  Ad.  Van 
Bever.  Ch.  Delaunay. 

Jeanne  Ménestrier  (LUI  ;  LIV, 
417).  —  Jeanne-Marie  Françoise  Mènes- 
trier,  l'actrice  charmante  qui  fit  pendant 
plus  de  vingt  ans  les  délices  du  public  du 
Vaudeville^  sous  le  pseudonyme  original 
de  Mmette,  était  fille  d'un  maître  tailleur 
de  Besançon,  où  elle  naquit  le  6  février 
1789.  C'est  en  1804,  c'est-à-dire  à  peine 
âgée  de  quinze  ans,  qu'elle  entra  au  Vau- 
deville ;  je  n'ai  pu  découvrir  la  date  pré- 
cise de  son  début. 

Mais,  ce  qui  est  assez  singulier,  c'est 
que,  appartenant  à  ce  théâtre  depuis  plu- 
sieurs années  déjà,  elle  eut  l'idée  d'entrer 
au  Conservatoire  et  s'y  fit  admettre  en 
effet  ;  cela  indique  à  tout  le  moins  une 
rare  conscience  artistique  et  un  réel  amour 
de  sa  profession.  Elle  n'eut  pas  à  se  re- 
pentir d'ailleurs  de  sa  résolution,  puis- 
qu'elle se  vit  décerner  un  second  prix  de 
comédie  en  1810  et  le  premier  en  i8i  i, 
tout  en  continuant  son  service  au  Vaude- 
ville. On  assure  qu'en  raison  de  ce  succès, 
elle  avait  formé  le  projet  de  demander  à 
débuter  à  la  Comédie-Française,  mais 
qu'elle  n'y  donna  pas  de  suite. 

C'est,  paraît-il,  une  injustice  dont  elle 
fut  victime  de  la  part  de  la  direction  du 
Vaudeville  qui  lui  fit  quitter  ce  théâtre  en 
1828.  Le  Gymnase,  heureux  de  pouvoir 
conquérir  une  telk;  artiste,  l'appela  aussi- 
tôt à  lui,  et  Minette  débuta  sur  la  scène 
du  boulevard  Bonne-Nouvelle,  le  13 
septembre  1828,  dans  Caroline.  Rodolphe 
et  le  Nouveau  Poiirccauo^nac .Wvq.  sans  dire 
qu'elle  y  retrouva  le  succès.  Cependant, 
au  bout  de  quelques  années,  son  mari, 
Margueritte,  qu'elle  avait  épousé  le  25  no- 
vembre 1824  et  dont  la  fortune  était  de- 
venue considérable,  l'obligea  non  seule- 
ment à  quitter  le  théâtre,  mais  encore, 
dit-on,  à  cesser  toute  espèce  de  relations 
avec  les  artistes,  ses  amis  et  ses  cama- 
rades. On  peut  trouver  qu'il  avait  pris  le 
temps  de  la  réflexion.  Elle  se  résigna  tou- 
tefois et  se  retira  alors  à  Neuilly,  où  elle 
faisait  discrètement  beaucoup  de  bien  et 
où  elle  mourut  le  20  juin  1855. 

On  assure  que  Minette  s'était  donné 
elle-même  une  sérieuse  instruction, qu'elle 
parlait  parfaitement  l'italien  et  l'anglais, 
et  que  même  elle  faisait  agréablement  les 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre  1906, 


525 


5- 


Au 


vers.  AU  reste,  un  chroniqueur  disait 
d'elle  :  «  Mlle  Minette  est  une  femme 
d'esprit  :  on  la  dit  auteur  de  plusieurs 
vaudevilles  charmants  ».  Ce  qui  est  cer- 
tain, c'est  que  le  Vaudeville  donnait,  le 
25  juillet  18 10,  la  première  représentation 
d'un  petit  ouvrage  en  un  acte,  intitulé 
Piroii  che:^  Procope,  signé  d'elle  et  de 
Pélicier.  Et  ceci  dénote  de  sa  part  une  sin- 
gulière activité  d'esprit,  puisque  l'appari- 
tion de  cet  ouvrage  eut  lieu  entre  ses  deux 
heureux  concours  du  Conservatoire,  alors 
qu'elle  ne  cessait  de  poursuivre  sa  carrière 
au  théâtre. 

On  a  aussi  parlé  d'une  sœur  de  Minette 
qui,  comme  elle  ayant  pris  un  pseudo- 
nyme, aurait  appartenu  àl'Odéon.  Le  fait 
est  exact,  et  il  est  constaté  par  un  petit 
recueil  du  temps  (Petite  Biographie  des 
acteurs  et  actrices)^  qui  nous  apprend  que 
«  Mlle  Minette  est  sœur  de  Mlle  Milen,  de 
rOdéon  ».  Mlle  Milen  débuta  à  l'Odéon 
dans  l'emploi  des  soubrettes,  comme  sa 
sœur,  le  18  décembre  181 5,  dans  la 
Vieille  Tante  et  le  Jaloux  malgré  lui.  Elle 
y  obtint  des  succès  et  y  resta  jusqu'en 
1828.  Je  ne  sais  ce  qu'elle  devint  ensuite. 

Arthur  Pougin. 

Famille  de  Montigny  (LIV,  355, 
468) .  —  La  famille  de  Montigny  dont  parle 
M.  G.  P.  Le  Lieur  d'Avost  est  celle  qui 
lire  son  nom  de  la  seigneurie  de  Mor.li- 
gny-sur-le-Loir,  dit  Montigny-le-Gane- 
lon  ('canton  de  Cloyes,  Eure-et-Loir).  Elle 
passe  pour  avoir  fourni  le  Pierre  ou  Jean 
de  Montigny  qui  porta  l'oriflamme  à  Bou- 
vines.  —  La  généalogie  de  Montigny  de- 
puis le  xi^  siècle  jusqu'au  milieu  du  xvi^ 
se  trouve  dans  la  Notice  d'Introduction  du 
Cartulaire  de  Marmoutiers  pour  le  Danois, 
par  Emile  Mabille,  (Paris,  Dumoulin, 
1874). 

Les  armoiries  de  cette  famille  de  Monti- 
gny aujourd'hui  éteinte  se  trouvent 
sculptées  sur  une  pierre  provenant, dit-on, 
du  château  du  Fresne  d'Authon,  qui 
appartint  aux  Montigny,  et  actuellement 
encastrée  dans  un  mur  intérieur  de  l'église 
en  ruine  de  l'ancierne  abbaye  de  l'Etoile, 
même  commune  d'Authon,canton  de  Saint  • 
Amand.  (Loir-et-Cher).  Elles  sont  repro- 
duites en  dessin  (assez  imparfaitement), 
écartelées  de  Vendôme  ancien,  dans  le 
Vendomois,  Epigraplne  et  Iconographie^  du 
marquis  de  Rochambeau  (Paris,    Cham- 


t.  II,  p.  428  ;  et  décrites  au 
la  Société    archéologique    du 


1888,   p.    244,     ainsi 


pion,  1894), 
Bulletin  de 
Vcndoniois,  année 
qu'il  suit  :  d'or^  à  Vécu  deoiieules,  et  un 
orle  de  8  coquilles  d'a{ur.  (Voir  cette  note 
pour  ses  commentaires).  II  y  a  à  la  Biblio- 
thèque nationale  un  dossier  généalogique 
sur  les  Montigny  de  Ganelon.  —  Voir 
aussi   dom  Villevieille,  au  mot  Montigny. 

St-Venant. 

Un    marquis    de    la    Pailleterie 

(LIV,  449).  —  Dans  un  article  publié  en 
1874  (je  crois)  par  la  Société  d' Archéologie 
lorraine^  on  voit  que  M.  Davy  de  la 
Pailleterie  habitait  la  Lorraine  dont  sa  fa- 
mille était  originaire.  En  1760,  M.  de  la 
Pailleterie  quitta  le  pays  et  acheta  le  trou 
de  Jérémie  à  Saint-Domingue.  11  s'y  maria, 
et  son  fils  fut  le  général  Alexandre  Dumas. 

G.  M.  Z. 

De  Pouilly  (LUI,  726,  863).  —  Il  est 
à  supposer  qu'Albert-Louis,  baron  de 
Pouilly,  comte  de  Rousoy  en  Luxem- 
bourg, né  en  173 1 ,  à  Pouilly,  près  Stenay, 
en  Clermontois,  maréchal  de  camp  en 
1784,  député  de  la  noblesse  de  Verdun 
aux  Etats  généraux,  émigré  et  mort  en 
Allemagne  en  1795,  appartenait  à  la  même 
famille.  D'après  certains  auteurs,  il  avait 
épousé  la  sœur  de  Custine.  Mais  Saint- 
Allais  (XVII,  347)  lui  fait  épouser,  en 
1762,  Marie-Henriette  de  Vassinhac  d'I^ 
mécourt.  Peut-être  était-ce  en  secondes 
noces  ? 

Au  moment  de  son  émigration,  M.  de 
Pouilly  avait  fait  prendre  à  ses  fils  le 
nom  de  Mensdorf,  village  dépendant  de 
son  comté  de  Rousoy.  L'un  d'eux,  Emma- 
nuel, comte  de  Mensdorf-Pouilly,  devint 
Feld-Maréchal-Lieutenant  (général  de  di- 
vision) dans  l'armée  autrichienne,  vice- 
président  du  Conseil  Auliquc,  chambellan 
de  l'Empereur  d'Autriche,  grand  Croix 
de  l'Ordre  du  Bain,  en  Angleterre.  Sans 
doute  qu'il  devait  en  partie  ces  distinc- 
tions au  mariage  «  inouï  dans  les  fastes 
de  l'Allemagne  »  (expression  de  Puyniai' 
gre),  qu'il  contracta  en  1804,  avec  une 
princesse  de  Saxe-Cobourg-Gotha,  sœur 
du  futur  roi  des  Belges,  Léopold  I''^  Par 
suite  de  ce  mariage,  ses  descendants  (il 
mourut  en  1852)  sont  actuellement  alliés 
aux  familles  impériales  et  royales  de 
Russie,    d'Allemagne,    d'Angleterre,    de 


No  1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


527 


528 


Bourbon-Orléans,  de  Belgique,  de  Portu- 
gal, etc.  L'ambassadeur  d'Autriche-Hon- 
grie  en  Angleterre  est,  en  ce  moment,  si 
nous  ne  nous  trompons,  le  comte  Albert 
Mensdorff.  ami  du  roi  Edouard  VU  et  son 
petit  cousin. 

En  1789,  un  autre  Louis-Albert  Genne- 
vry  de  Pouilly  était  capitaine  comman- 
dant au  régiment  de  Vexin.  A  la  fin  de 
1792,  il  était  colonel  de  ce  régiment,  de- 
venu 72*,  à  l'armée  de  Dumouriez,  en 
Belgique.  Faut-il  rattacher  ce  Pouilly  à  la 
branche  des  Pouilly,  seigneurs  de  Gin- 
vry  ?  S.  Churchill. 


La  véritable  mentalité  du  mar- 
quis de  Sade  (LU  ;  LUI).  —  Des  Dè- 
bats,  19  sepembre  1906  : 

Dans  Vlntennédiaire  des  chercheurs  et 
curieux,  le  poète  Charles-Adolphe  Cantacu- 
zène  a  ouvert,  il  y  a  juste  un  an,  une  enquête 
sur  la  véritable  mentalité  du  «  divin  mar- 
quis » . 

C'est  à  croire  que  la  réputation  de  M.  de 
Sade  est  imméritée  :  pas  de  pièces  officielles  ; 
des  rapports  de  police  de  Marais  l'aîné  où  il 
y  a  le  mot  «-  horreurs  remployé  couramment 
sous  Louis  XV  et  Louis  XVI  pour  la  moindre 
fredaine  de  petite  maison  ;  simplement  des 
lettres  et  narrations  fantaisistes,  et  qui  ne 
sont  pas  d'accord,  de  Waipole,  de  Mme  du 
Deffand,  Brière  de  Boismoni,  sur  le  goût 
sanguinaire  de  Sade  !  Si  l'on  ajoute  à  cela 
que  le  marquis  a  été  jugé,  en  l'absence  des 
Parlements  congédiés,  par  des  commissions 
nécessairement  sévères  et  dont  les  arrêts  n'ont 
pas  même  été  maintenus,  on  est  loin  de  ne 
pas  être  embarrassé. 

Quant  aux  oeuvres,  il  y  faudrait  voir  l'exas- 
pération d'un  homme  dont  la  captivité  a 
égalé  celle  de  Latude.  Encore  s'y  mêle-t-il, 
à  côté  de  choses  triviales  et  infâmes,  des 
choses  si  fantaisistes  qu'elles  font  sourire 
(«  l'orgie  d'un  octogénaire,  d'un  nain  ou 
d'un  dindon  2>),  et  des  récits  d'une  doctrine 
où  paraît  un  goût  de  spéculatioii  risiblement 
philosophique,  avec  une  arrière-pensée  de 
pédanterie  gracieuse.  Mais  on  y  professe  le 
végétarisme,  la  protestation  contre  les  tor- 
tures infligées  aux  animaux  et  des  pensées 
touchantes  sur  la  séparation  éternelle.  Du 
donjon  de  Vincennes,  Sade  parle  de  sa  femme 
comme  un  Laclos  soudainement  touché.  Le 
«  divin  marquis  »  ne  serait  qu'une  victime 
grotesque  de  ceux  qui  l'enfermèrent  à  Charen- 
ton  comme  fou,  alors  que,  dit  M  Cantacu- 
zène,  il  y  donnait  la  comédie  d'un  homme 
bien  élevé  «  d'une  politesse  un  peu  outrée, 
mais  presque   suave  »  —  jusqu'à   sa  mort  en 


1814.  Tous  les  vieux  beaux  de  la  Restaura- 
tion ne  voyaient-ils  pas  d'ailleurs,  dans  le 
marquis  de  Sade  «  un  aimable  mauvais  su- 
jet >>?  M.  Cantacuzène  croit  voir  en  Sade: 
«  le  premier  des  neurasthénicfues  et  le  dernier 
des  galants  marquis  ».  Seulement  il  faudrait 
le  prouver. 


M.  de  Saint- Aurant  (LUI;  LIV,  86). 
—  On  trouve  ce  nom  écrit  sous  différentes 
formes  : 

1 597-1701.  —  De  Saint-Aurent. 

1700.  —  De  Saint-Thorant. 

1714.  —  De  Saint-Oran. 

1771.  —  De  Saint-Horent. 

1790.  —   De  Saint-Thorent. 
mais,  dans  aucun   des  actes  dont  la  date 
est  citée  ci-dessus,  il    n'est  question  d'un 
ï\t{  appelé  fief  de  Saint- A  uient. 

8  janvier  1697  ;  mariage  entre  Jehan  de 
Saint-Aurent,  sieur  de  la  Bordière,  fils  de 
Jehan  sieur  du  Planchât  et  de  feue  Françoise 
de  Turenne.  de  la  paroisse  de  Vaufran- 
che  —  et  Françoise  Bécas,  fille  de  Gabriel 
sieur  du    Plaix  et   de    Catherine  Masson. 

1700.  Pierre  de  Saint-Thaurent,  procu- 
reur d'otfice  en  la  châtellenie  de  Boussac, 
demeurant  à  Bussière,  paroisse  de  Mous- 
sais, époux  de  Marguerite  Mallet,  veuve 
de  Gilbert  Chabridon  sieur  de  Chi^mpoix, 
(Moussais  —  Allier  —  canlon  de  Saint- 
Désité). 

17 14.  Mariage  de  Gilbert  Moutonnet 
sieur  des  Goûts,  officier  de  la  grande 
écurie  de  France,  avec  Anne-Françoise  de 
Saint-Oran  (la  future  signe  Anne  de  Sainct 
Horent.) 

1771.  Anne  et  Marguerite  Denizou, 
filles  de  feu  Gabriel,  mariées  à  messieurs 
de  Saint  Horent  frères  à  Coursay. 

1783.  Baptême  de  Marie  Thérèse  de 
Saint-Horant,  née  le  30  novembre  1783 
de  Pierre  Bernard  de  Saint-Horent,  sieur 
de  Lioudais  et  de  Thérèze-Apolline  Dela- 
varenne,  en  la  paroisse  de  Thiel. 

1790.  De  Saint-Thorent,  demeurant  à 
Château-Gaillard,  paroisse  de  Reuilly 
(Indre.) 

Ce  nom  de  famille,  très  connu  dans 
l'Indre  et  le  Cher  (à  Lury-sur-Arnon),  ne 
s'écrit  plus  qu'en  un  seul  mot  ;  de  Sain- 
t  horent. 

M.  Belleau,  juge  d'instruction  à  Châ- 
teauroux  a  pour  aïeule  une  de  Sainthorent, 

E.  Tausserat. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10   Octobre   1906. 


529 


530 


Madame  de  Sévigné  à  Bodégat 
(LIV,  223).  —  Je  ne  crois  pas  que  Mme  de 
Sévigné  ait  jamais  séjourné  à  Bodégat, 
ni  même  qu'elle  y  soit  allée.  On  lui  attri- 
bua pour  ses  reprises,  cette  terre  qui 
appartenait  à  son  mari,  et  Charles  de  Sé- 
vigné dit  qu'il  n'y  avait  là,  ni  château,  ni 
manoir. 

La  meilleure  et  la  plus  complète  des 
éditions  de  Mme  de  Sévigné  avec  des 
tables  excellentes,  est  celle  publiée  par 
Hachette  en  1862,  et  années  suivantes, 
annotée  par  M.  Monmerqué,  et  de  la 
collection  des  grands  écrivains  français, 
plus  2  vol.  de  lettres  inédites  publiées  par 
M.  Capmas  en  1876.  En  tout,  16  vol.  in- 
8°,  plus  un  album  de  vues  et  d'armoiries. 

Leslie. 

Pierre  Vincard  et  I9  siège  de 
Paris  (LIV, 450).  —  11  y  a  deux  Vincard  : 
l'oncle  et  le  neveu.  L'oncle  a  publié  les 
souvenirs  d'un  chansonnier  saint-simo- 
nien.  Il  est  mort  à  Saint-Maur-les-Fossés, 
le  12  novembre  1882. 

L'autre,  Pierre  Vincard,  a  été  employé 
dans  les  bureaux  du  chemin  de  fer  ;  mais 
il  a  été  aussi  secrétaire,  à  la  Presse,  de 
Girardin. 

11  était  infirme  et  se  traînait  sur  des 
béquilles.  Il  a  dû  mourir  peu  après  son 
oncle,  l'ai  été  le  voir,  chez  lui,  vers 
1881  ;  il  possédait  une  certaine  bibliothè- 
que et  surtout  des  monceaux  de  notes  sur 
Paris  et  les  corporations  ouvrières,  lia 
publié  un  volume  sur  ce  sujet,  qui  devait 
être  suivi  d'autres  volumes  :  ils  n'ont,  je 
crois,  jamais  paru. 

Il  avait  deux  enfants,  dont  une  fille, 
qui  fut  institutrice,  rue  de  Paris,  à  Belle- 
ville.  Très  méritante,  elle  est  morte  à  la 
peine.  Son  frère  était  décorateur  sur  por- 
celaine. Peut-être  vit-il  encore.  Il  a  dû,  à 
un  moment  donné,  vendre  les  papiers  de 
Pierre  Vincard  ;  car  j'ai  vu  sa  correspon- 
dance, chez  un  libraire,  qui  ne  m'a  pas 
i    dit  de  qui  il  la  tenait.  A.  Patay. 

..        Les    mansardes    célèbres   (LUI  ; 
'1     LIV,  4-J5,  489).  — La  mansarde  de  Bona- 
!     parte,    s,   quai  Conti,    n'est   pas    une  dé- 
|i    couverte   ;   tous   les    vieu;<    Parisiens   la 
connaissent  depuis  longtemps,  puisque  la 
plaque   qui  a  été   vue   dans   l'intérieur  de 
ji    la  maison,  était  jadis  appliquée  à  l'exté- 
rieur. En  voici  le  texte  : 


Souvenir  HisTORiauE 

L'Empereur  Napoléon  Bonaparte, 

Officier  d'Artillerie 

sortant  de  l'Ecole  de  Brienne 

demeurait  au  cinquième  étage 

de  cette  maison. 

Autorisation  spéciale 

de  S.  M.  Napoléon  III 

en  date  du   14  octobre   1853. 

Il  est  probable  que  cette  plaque  aura 
été  déplacée  à  la  chute  du  second  Em- 
pire. 

Quant  aux  autres  maisons  habitées  par 
Bonaparte,  on  doit  en  trouver  la  mention 
dans  un  ouvrage  intitulé  :  les  Habitations 
Napoléoniennes,  publié  en  1844,  2  vol. 
in-8,  par  Emile  Marco  de  Saint-Hilaire. 

J.  G.  WlGG. 

Armoiries  à  déterminer  :  de 
gueules,  à  2  roses  d'i^rgcnt  (LIV, 
393).  —  Ce  sont  les  armes  de  la  famille 
de  Marconnay,  en  Bourgogne.  Vorle  de 
Marconnay,  conseiller  du  roi  et  assesseur 
criminel  au  bailliage  de  la  Montagne,  les 
fit  enregistrer  à  V Armoriai  Général  de 
1696.  P.  leJ. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or, au 
chevron   de   gueules  (LIV,   393).  — 
La  famille   de   Vaynes,    en  Gueldre,   bla- 
sonne  :  d'or  an  chevron  d'azur,  acconipagné 
en  chef  de  deux  Uèjîes  de  sinople ,  et  eu  pointe 
d'une  hure  de   sanglier  de  sable  ;  le  chevron 
chargé  sur  la  cime  d'un  écusson  de  gueules, 
à  trois  bandes  d'or,  qui  est  de    Veynes,  en 
Dauphiné.    Malgré    la  différence    de   cou- 
leur du    chevron,    les    recherches    pour- 
raient se  diriger  de  ce  côté  ;  il  doit  s'agir 
d'une  famille  protestante  réfugiée  dans  les 
I   Pays-Bas,    et   c'est    le   seul   exemple  que 
I  j'aie  rencontré  d'un  chevron  accompagné 
I  de  deux  trèfles  et  d'una  hure  de   sanglier. 

1  _  P.  LEj. 

j  Origine  du  globe  comme  atti-ibui 

1  impérial  (LUI  ;  LIV,  93).    -  Les  Grecs, 

!  dit  le  collaborateur  Candide, savaient  tout 

I  sans  avoir  ri-jn  appris. 11  eslbienvrai  qu'ils 

1  furent   admirables.  )e  demanderai  licence 

!  cependant  de    faire  une  petite  remarque 

i  au  sujet   des   deux  intéressantes  commu- 

I  nications  de  Candide  et  de  Aug.Paradan. 

i  Sans  nier  que  Lon   puisse  peut-être,  à 

;  un  point  de  vue  philosophique,  égaler  le 

!  raisonnement    des    Grecs  à    notre  expé- 


N°  1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


53' 


rience,  si  l'on  s'en  tient  au  sens  précis 
des  termes,  cette  vérité  :  la  terre  est 
ronde,  n'avait  pas  tout  à  fait  pour  les  an- 
ciens l'aspect  qu'elle  a  pour  nous.  Nous 
«  savons  »  que  la  terre  est  ronde,  tandis 
que  les  anciens  le  <<  croyaient»,  quoiqu'ils 
en  ens'ient.  Il  y  a  bien  de  la  différence 
entre  une  vérité  d'expérience  et  une  pro- 
position fondée  sur  le  raisonnement.  On 
resterait,  ce  semble,  dans  une  note  plus 
juste  en  disant  —  non  que  les  Iiommes 
instruits  de  l'antiquité  n'ignoraient  pas  la 
forme  réelle  de  la  terre,  mais  —  que  les 
hommes  intelligents  parmi  les  anciens 
croyaient  la  terre  ronde. 

Pourquoi  M.  Aug.  Paradan  dit-il  du 
mouvement  de  la  terre  autour  de  son  axe 
dans  l'espace  que  les  initiés  le  connais- 
saient .''  Qui  étaient  ces  initiés  ?     G.  A. 

Une  médaille  de  fondation  sur 
Saint-Sulpice  (LIV,  451).  —  L'inscrip- 
tion de  la  médaille  dit  clairement  qu'il 
s'agit  de  la  place  et  non  de  l'église,  et, 
M.  Sellier  aurait  certainement  répondu  à 
la  question  si  il  n'avait  pas  été  interrogé 
d'une  façon  hâtive  et  si  on  lui  avait  mis 
la  pièce  sous  les  yeux. 

Le  2  octobre  1755,  M.  leducde  Gesvres 
posa,  au  nom  du  roi,  la  première  pierre 
de  la  nouvelle  place  Saint-Sulpice.  Il  suffi- 
rait de  quelques  recherches  pour  trouver 
la  date  des  Lettres  Patentes  relatives  à  ces 
travaux  de  voirie.  Je  ne  les  trouve  pas 
dans  le  Recueil  (ni  dans  les  Suppléments) 
publié  de  nos  jours  par  la  Municipalité  ; 
elles  expliqueraient  probablement  la  date 
de  1754  que  porte  la  pièce.  D'après  Vitu, 
la  propriété  en  question  (angle  impair  de 
la  rue  Richelieu  et  du  boulevard)  appar- 
tint, de  1703  a  1784,3  la  famille  Huet, 
puis  à  la  famille  Bigot.  C'est  peut-être  de 
de  côté  qu'il  faudrait  chercher  l'explication 
de  la  trouvaille  faite  en  ce  lieu.     P.  Lbe. 

La  petita  médaille  comméraora- 
tive  du  b apte  il e  du  Prince  Impé- 
rial (1856)  (XLVll  ;  L).  —  Outre  la 
charmante  petite  médaille  du  graveur  Ca- 
que^ il  en  existe  une  autre, moins  artistique 
d'exécution,  peut-être,  mais  tout  aussi  cu- 
rieuse, sur  ce  même  sujet, et  dont  un  de 
mes  amis  de  l'Intermédiaire  me  fait  la 
gracieuseté  de  m'envoyer  un  exemplaire 
de  choix. 


532     

Bague  avec  devis-^s  (LIV,  56,  254, 
353,  473).  —  j'ai  eu  entre  les  mains  une 
bague  en  or,  très  mince,avec  chaton  tour- 
nant. D'un  côté,  le  chaton  émaillé  repré- 
sente une  pensée  avec  la  devise  :  «  à  mon 
amie  ».  De  l'autre  un  médaillon  doré  por- 
tant la  tête  de  Napoléon  l.  Cette  bague 
sous  la  Restauration,  était  portée  par  les 
anciens  de  la  garde  impériale.  Elle  servait 
de  signe  de  reconnaissance,  et  pouvait 
être  classée  parmi  les  bijoux  séditieux. 

Martellierk. 

Sépultures    d'artistes    célèbres 

(Ll;  LU;  LUI  ;  LIV,  13).  —  Ferdinand 
Berthoud  (1727- 1807),  horloger  célèbre 
dont  les  travaux  sont  la  base  de  la  chro- 
nométrie  actuelle  et  qui  publia  ses  travaux 
dans  de  nombreux  écrits,  est  enterré 
à  Groslay  (Seine-et-Oise).  La  très  simple 
pierre  tombale  qui  énumère  très  longue- 
ment ses  titres  et  qualités,  sera  rempla- 
cée par  un  monument  qui  doit  être  inau- 
guré le  23  juin  1907,  jour  du  centenaire 
de  sa  mort.  M.  M. 

Le  P.  Adry  et  les  Anas  (LIV,  394). 
—  Les  manuscrits  de  l'érudit  oratorien 
ont  figuré  à  maintes  reprises  sur  les  cata- 
logues d'autographes.  Beaucoup  ont  été 
acquis  autrefois  par  le  P.  Ingold,  de  l'O- 
ratoire. Ce  religieux  réside  maintenant  à 
Colmar.  11  pourrait  dire,  peut  être,  où  se 
trouve  actuellement  le  mss.  qui  intéresse 
notre  confrère  A.  G.  C. 


Publica  ion  d'indulgences  en  fa- 
veur de  l'hôpital  des  Quinze-Vingts 

(LIV,  446).  —  Ces  documents  sont  rares 
et  curieux  et  ont, dès  longtemps, attiré  l'at- 
tention des  érudits.  La  bibliographie  qui 
les  concerne  est  tellement  copieuse  que 
j'abuserais  de  l'hospitalité  de  Vlnter- 
meduire  si  je  tentais  de  la  dresser  ici. 
Ces  pièces  (il  en  fut  imprimé  dès  le 
XV*  siècle)  intéressent  l'histoire  locale, 
l'histoire  religieuse,  l'histoire  morale  et 
l'histoire  de  l'imprimerie.  Si  notre  colla- 
borateur veut  bien  me  faire  savoir  à  quel 
point  de  vue  il  les  étudie,  je  me  ferai  un 
plaisir  de  le  diriger  dans  ses  recherches, 
j'ai  dans  mes  notes  l'indication  des  cotes 
de  celles  que  possède  la  Bibliothèque  na- 
tionale,avec  quelques  sources  des  travaux 
qu'elles  ont  suscités.  Ignotus. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


533 


Bibliographie  Napoléonienne 
(LIV,  394).  —  On  peut  signaler,  en  plus 
de  la  bibliographie  de  Wircheisen  qui  est 
sans  valeur  aucune,  celle  du  baron  Lum- 
broso,  conçue  sur  un  plan  très  vaste,  mais 
malheureusement  non  achevée. 

Une  référence  assez  bonne,  mais  trop 
ancienne,  se  trouve  au  tome  2  de  Bour- 
quelot  et  Louandre,  Littérature  française 
contemporaine  (pp.  222-332).  L'article  in- 
titulé les  '<  Bonaparte  littéraires  »  est  ré- 
digé en  grande  partie  par  Quérard. —  Ra- 
petti,  dans  le  tome  37  de  la  Biographie 
Hoefer  donne  une  Bibliographie  napo- 
léonienne qui  occupe  39  colonnes  d'un 
texte  serré  (carton  venant  après  le  folio 
448  dudit  tome  37). 

Enfin,  la  meilleure  source  de  renseigne- 
ments est  le  catalogue  général  des  livres 
d'histoire  de  la  Bibliothèque  nationale, 
tome  III.  L.  D. 

1°  F.  Kircheisen,  Bibliographie  napo- 
léonienne. Collection  des  sources  classées 
par  ordre  des  matières.  Paris,  R.  Chape- 
lot,  1902,  in-8. 

2°  Alberto  Lumbroso.  Saggio  di  una 
bibJiogiafia  ragionata  pet  se)  vire  alla  sto- 
ria  dell  epoca  napoleoiiica.  Modena.  A 
Namias.  1894, in  8.  R.  Pichevin. 

Livres  imprimé.s  blanc  sur  noir 

(LUI  ;  LIV, 37, 150,259,560,487).—  L'in- 
termédiairiste  qui  signe  P.  B.  est  M.  Paul 
Brunaud,  avoué  à  Saintes,  juge  suppléant 
à  ce  tribunal,  ancien    premier  adjoint  au 
maire  de  Saintes.   En    i86i,  il  était  étu- 
diant en  droit,  à   Poitiers.  Alors  comme 
aujourd'hui,  il   lisait  tous  les  livres   qui 
paraissaient.  Qu'il  soit  bien  excusé  d'avoir 
prétendu  que  le  livre  dont    il  parlait  était 
signé  Edmond  Thiaudièrc,  au  lieu  du  pseu- 
donyme  Edmond    Thy.  Depuis    1861,   on 
peut   lui  pardonner  cette   défaillance   de 
mémoire.  Si,  au  lieu  du  pseudonyme  il  a 
donné  le  nom  de    l'auteur,   c'est  qu'il  le 
tenait  de   son  intime    ami,   Louis  Eprin- 
chard,  alors  clerc  de  notaire, chez  M*  Ces- 
bron,  à  Poitiers,  depuis,   notaire   et  juge 
suppléant    à    Melle   (Deux-Sèvres).    Ah  ! 
qu'il  voudrait  bien  relire  V Apprentissage 
de  la   Vie.  Cela   lui   rappellerait  'x  le  Bon 
Temps  »  Où  est-il  ce  Temps  où,  on  allait 
faire  la  lecture  à  Poitiers,  chez  un  bouqui- 
niste, demeurant  près  du  café  deCastille  ? 


C'est  là  que 
la  Vie. 


P.  B, 


10   Octobre  1906 

534 ' — ■ 

a  lu  V Apprentissage  de 
P.  B. 


Célibat  ecclésiastique  (XLl  ;  XLU  ; 
XLIV  ;  XLV  ;  XLVIII  ;  XLIX  ;  LI  ;  LU  ,  LUI, 
649).  —  Pour  augmenter  les  listes  précé- 
dentes : 

Nature  et  virginité,  considérations  phy- 
siologiques sur  le  célibat  religieux.^  par 
Dufieux.  Lyon,  1858,  in-8. 

Le  Célibat  ecclésiastique  jusqu'au  Concile 
de  Trente,  Paris,  1895,  in-8. 

Paul  Pinson. 

La  théâtre  en  province  (LIV,  281, 
385,  428,476). —  En  matière  de  bibliogra- 
phie, on  ne  saurait  jamais  trop  accumu- 
ler les  renseignements.  C'est  pourquoi, en 
consultant  le  catalogue  de  ma  bibliothè- 
que, je  viens  continuer  la  liste  des  publi- 
cations déjà  indiquées  sur  ce  sujet  : 

Lille.  —  Les  premières  au  théâtre  de 
Lille.,  iSç}-i8giy,  par  A.  Gaudefroy  (Lille 
1895,  in-8°). 

Lille.  —  Les  premières  au  théâtre  de 
Lille,  i8ç^-i8çj,  par  A.  Gaudefroy. 
(Lille,  1897,  in-8). 

Lille.  —  Les  premières  au  théâtre  de 
Lille,  iSçy-iSgç.  par  A.  Gaudefroy, 
(Lille,  1899,  in-8). 

Lille.  —  Les  premières  au  théâtre  de 
Lille,  iSçp-ipoi,  par  A. Gaudefroy.  (Lille, 
1901,  in-8). 

Lille.  —  Les  premières  au  théâtre  de 
Lille,  ipo^-ipo6,  précédées  d'une  notice 
sur  le  théâtre  provisoire,  par  A.  Gaude- 
froy (Lille,  1906,  in-8,  avec  une  vue  du 
théâtre). 

Lille.  —  Le  théâtre  de  Lille  il  y  a  cent 
ans,  par  Léon  Lefebvre  (Lille,  impr.  Le- 
febvre-Ducrocq,  1889,  in-8). 

Lille.  —  Un  chapitre  de  l'histoire  du 
théâtre  de  Lille^  par  Léon  Lefebvre.  (Lille, 
id.,  1890,  in-8). 

Lille.  —  Souvenirs  de  théâtre  d'un  L-il- 
lois,  recueillis  par  Léon  Lefebvre,  (Lille, 
id.,  1894,  in-8). 

Lille.  —  Le  théâtre  de  Lille  au  XVIIl^ 
siècle,  auteuis  et  acteurs,  par  Léon  Le- 
febvre (Lille,  id.,  1894,  in-8). 

Lille.  —  Les  origines  du  théâtre  à  Lille 
aux  XV^  et  XVI"  siècles,  par  Léon  Lefeb- 
vre (Lille,  id.,  1905,  in-8). 

Lille.  — Spectacle  de  Lille  on  Calendriet 
historique  et  chronologique  du  théâtre 
pour   l'année   1769,    avec   les    noms  des 


N'   1136. 


L'INTERMEDIAIRE 


535 


536 


acteurs  et  actrices  (Lille,  Lemmens,  s.  d., 
in- 18). 

Bordeaux.  —  Ahnanach  des  spectacles 
de  Bordeaux,  par  Sainte- Luce.  Année 
théâtrale  de  Quasimodo  1792  aux  Ra- 
meaux 1793  (à  Bordeaux,  l'an  2^  de  la 
République,  in-i8). 

Le  Havre.  —  Statistique  du  théâtre  du 
Hâvrc^  par  M.  Ph.  T.  (Au  Havre,  Faure, 
i827,in-32). —  Id.  2^  année,  1828,  in-i8. 

Nimes.  —  Coup  d'œil  sur   le  tl)éâtre  de 
Nîmes  à  la   fin  du    XVIII^  siècle^   '7^9'  - 
lySç^  par  Paul  Clauzel  (Paris,  typ.   Pion, 
1903,  in-8). 

Le  Mans.  —  Notice  sur  le  théâtre  et  sur 
les  anciennes  salles  de  spectacle  du  Mans, 
(Le  Mans,  Pellechat,  1885,  in  8).  —Mo- 
difications apportées  à  la  salle  de  spectacle 
CK  / 55(5^,  (Le  Mans,  1886,  impr.  Drouin, 
in-8). 

De  la  situation  des  théâtres  dans  les  dé- 
partements, par  A.  J.  Dumaniant,  (Paris, 
Barba,  1823,  in  8). 

Qiielques  mots  sur  le  théâtre  en  province^ 
par  H.  Villa  (.Moulins,  Desrosiers,  1862, 
in- 12). 

La  question  théâtrale^  par  un  comédien 
de  province  (Moulins,  Enaut,  1863,  in-8). 

Et  voici  en  ce  qui  touche,  en  dehors  de 
France,  les  pays  de  langue  française  : 

Bruxelles.  —  Théâtre  de  la  Monnaie  de 
Bruxelles  sous  la  régie  de  M.  J.  Dubus. 
Etat,  par  ordre  de  dates,  des  pièces  qui 
ont  été  représentées  depuis  le  i"''  Floréal 
an  XII  jusqu'au  30  Germinal  an  XllI. 
(S.  1.  n.  d.  [Bruxelles,  an  Xlll],  impr. 
Foublon,  in-8). 

Bruxelles.  —  Le  Théâtre  de  la  Monnait: 
depuis  sa  fondation  Jusqu'à  nos  jours,  par 
Jacques  Isnardon. Préface  d'Arthur  Pougin 
(Bruxelles,  Schott,  1890,  m-8). 

Spa.  —  Histoire  a/iecdotiqne  du  théâtre 
de  Spa^  par  AibinBody  (Spa,  impr.  Han- 
rion,  i8;2,  in-!2), 

bpa.  —  Le  théâtre  et  la  musique  à  Spa, 
au  temps  passé  et  au  temps  présent,  par 
Albin  Body.  (Bruxelles,  Royez,  188s, 
ini2). 

Le  théâtre  villageois  en  Flandre^  his- 
toire, littérature,  musique,  religion,  poli- 
tique, mœurs,  d'après  des  documents  en- 
tièrement inédits,  par  Edmond  Vander 
Straeten  ('Bruxelles,  Claassen,2  vol. in-8). 

Giiîde  dramatique  belge ^  par  A.Dupont, 
(Liège,  impr.  Vaillant-Carmanne,  1870, 
in- 12). 


Félix 


Bruxelles.  —  Annuaire  dramatique^  [^-ax 
Delhasse),   1839- 1847     (Bruxelles, 
Tarride,  9  vol.  de  divers  formats). 

Anvers.  —  Annales  du  théâtre  d'An- 
vers^ par  Clément  Bovie.  1834-1878  (An- 
vers, 1866  1884,  8  parties  in-12). 

Bruxelles.  —  Ahnanach  historique  et 
chronologique  de  la  Comédie  Française  éta- 
blie à  Bruxelles  sous  la  direction  de  S.A.R. 
le  prince  Charles  de  Lorraine,  (1754, 
in-i8). 

Bruxelles.  —  Spectacle  de  Bruxelles  ou 
Calendrier  historique  et  chronologique  du 
théâtre,  etc.  pour  l'année  1767  (Bruxelles, 
Boucherie,  in-i8).  Il  existe  une  seconde 
année. 

Bruxelles.  —  Almanach  du  spectacle  de 
Bruxelles,  contenant  un  abrégé  chronolo- 
gique de  ce  théâtre,  etc.  (En  Brabant, 
Delahaye,  1792,  in  18), 

Bruxelles.  —  Etrennes  aux  sociétés  qui 
font  leur  amusement  déjouer  la  comédie, 
ou  Catalogue  raisonné  et  instructif  de 
toutes  les  tragédies,  comédies  des  théâ- 
tres Français  et  Italien,  actes  d'opéra, 
opéras-comiques,  pièces  à  ariettes  et 
proverbes,  qui  peuvent  facilement  se  re- 
présenter sur  les  théâtres  particuliers 
(A  Bruxelles,  Bradel,  s.  d.,  in-12. 

Arthur  PouGiN. 


Je  peux  signaler  deux  opuscules  concer- 
nant les  théâtres  de  Caen  et  de  Cher- 
bourg : 

M.  Leflaguais  :  Inauguration  du  théâtre 
de  Caen  en  1838  ; 

M.  Geflfroy  :  Construction  d'un  théâtre 
à  Cherbourg  en  1873.  Beaujour. 


* 
♦  ♦ 


Le  Théâtre  du  château  de  Malicorne  par 
le  baron  de  la  Bouillerie.  Revue  Archéol. 
et  Histor.  du  Maine,  t.  XXVII,  p.  235. 

Le  Théâtre  chrétien  dans  le  Maine  au 
cours  du  moyen  âge,  par  le  R.  P.  dom  Pio- 
lin,  ibid.,  XXIX,  XXX,  XXXI,  XXXII. 

Le  Théâtre  au  Mans  pendant  la  Révolu- 
tion, par  R.  Deschamps  la  Rivière  ibid  , 
t.  XLIX,  LU.  Louis  Calendini. 


Il  existe  de  M.  L.  Decombe,  directeur 
du  Musée  archéologique  de  Rennes,  mort 
récemment  :  «  Recherches  de  l'histoire 
locale,  notes  et  souvenirs  :  Le  Théâtre  à 
Rennes.  » 

Rennes,  Simon,   1899,  in-8. 

Leslie. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Octobre  1906, 


537 


5?8 


Pour  faire  suite  :  Le  Théàbe  à  Dijon, 
1422-1790,  par  Louis  de  Gouvenain,  in- 
4°,  Dijon,    1888,  imp.   Eug.  Jobard. 

On  me  dit  qu'il  existe  un  Théâtre  à 
Nîmes  (Ouvrage  sur  le).  Quel  est  le   titre 

exact?  H.  L. 

* 

*  * 
J'ai  établi  sur  fiches,    pour  mon  usage, 

une  bibliographie  des  théâtres  de  France 
(Paris  excepté),  depuis  les  origines  gallo- 
romaines  jusqu'à  nos  jours,  que  j'ai  lieu 
de  croire  complète  et  q  ;e  je  continue  de 
tenir  au  courant.  Ce  catalogue  comprend 
plus  de  500  numéros. 

Indépendamment  de  ce  qui  touche  l'his- 
torique des  salles  de  spectacles,  j'ai  noté 
les  ouvrages  relatifs  au  théâtre  des  collè- 
ges, aux  sociétés  d'amateurs,  sans  oublier 
l'histoire  de  la  musique  dramatique. 

J'ai  ébauché  un  travail  analogue  pour 
les  théâtres  français  de  l'étranger, mais  les 
moyens  de  recherche  me  font  malheureu- 
sement défaut. 

Pour  gouverne,  je  possède  des  rensei- 
gnements biographiques  sur  les  théâtres 
des  villes  énumérées  dans  la  question  po- 
sée, c'est-à-dire  :  Toulouse,  Marseille, 
Montpellier,  Tours,  le  Havre,  Strasbourg, 
Metz  et  Dijon, 

Il  ne  me  serait  pas  possible  de  me  des- 
saisir de  mon  travail  pour  le  communiquer, 
mais  je  me  mets  bien  volontiers  à  la  dis- 
position des  collaborateurs  de  Vlntermé- 
diaire.  Il  leur  suffira  de  m'indiquer  la  ville 
sur  laquelle  on  désire  être  renseigné  ;  je 
me  ferai  un  plaisir  de  fournir  copie  des 
notes  que  je  possède  à  son  sujet. 

L.  L. 

U  «  immortel  »  Pierre  Maël  (LIV, 
226, 360).  —  Il  est  un  peu  tard  pour  appor- 
ter en  cette  question  mon  témoignage  ; 
j'arrive  de  la  campagne  et  prends  connais- 
sance des  derniers  numéros  de  Vlnterinè- 
diaire.  je  n'ai  d'ailleurs  qu'un  mot  à  dire  : 
l'explication  donnée  par  l'ophélète  J.  est 
absolument  exacte  ;  la  convention  dont  il 
parle  m'est  connue.  Iskatel. 

Prononciation   de    TU  en    latin 

(LIV,  279, 420).  —  La  question  a  été  traitée 
bien  des  fois,  et  elle  est  d'ailleurs  assez 
facile  à  résoudre  en  consultant  les  an- 
ciennes inscriptions  romaines  latines 
faites  par   des   gens  du  peuple  qui  écri-  , 


valent  le  latin  comme  ils  le  prononçaient- 
Voici,  par  exemple,une  inscription  latine 
écrite  en  lettres  grecques  (Cor/'Ms  inscr.  de 
De  Rossi,  t.  I,  n"  11)  elle  est  datée  de  269 
et  nous  fait  lire  pour  la  date. ..  noneis  tio- 
bembreibous  deie  Bener'^s  louna  XXIII.  Et 
encore  cette  autre  de  l'année  345  [Corpus 
Insc.  de  Rossi. n»  85).  Deposeitons  IV  Kal. 
oct.  .  Annoiis  in  Pake.  On  peut  aussi  voir 
la  célèbre  épitaphede  Severa,qui  a  fourni, 
au  P.  Lupi,  matière  à  une  docte  disserta- 
tion sur  le  sujet  qui  nous  occupe.  Les  Ro- 
mains prononçaient  l'w  ou  ;  ils  le  font 
encore,  et  il  n'y  a  guère  que  les  Français 
qui  ont  donné  à  l'u  le  son  dur  qu'il  a  chez 
eux,  et  aussi  dans  le  dialecte  piémontais, 
qui  sous  ce  rapport  est  tributaire  de  la 
France.  D"'  Albert  Battandier. 

*  * 
Consulter  Georges   Edon,    Ecriture  et 

prononciation  du  latin  savant  et  du  latin 

populaire.^  i  vol.  in-8.  Paris,  Eugène  Belin, 

1882,  p,  29  et  sqq.  On  trouvera  là  toutes 

les  données  sur  la  façon  dont  se  parlait  le 

latin  à  Rome. 

Lpt.  du  Sillon. 

Lez  ou  lès  (LIV,  1 10,  202,  304,  365). 
—  Nous  trouvons  dans  VEst  Républicain 
(29  septembre  1906),   la  lettre  suivante: 

Monsieur  le  Directeur, 

je  viens  de  recueillir  dans  V Intermédiaire 
des  chercheurs  et  curieux  : 

«  Lez  ou  Lès  :  Beaucoup  de  localités  de 
France  portent  deux  noms  unis  par  cette 
préposition.  Le  dictionnaire  n'admet /^5  que 
comme  pluriel  de  l'article  ou  du  pronom  ;  il 
veut  le^  dans  le  sens  de,  à  côté  de.  Exemple  : 
Plessis-lez-Tours.  Pourquoi  le  Dictionnaire 
des  Postes  (pourquoi  aussi  les  cartes  géogra- 
phiques et  les  pièces  officielles,  surtout  en 
Meurthe-et-Moselle  ?)  orthographie-t-il  tou- 
jours lésl  Que  doit-on  faire  pour  écrire  cor- 
rectement? Cette  question  a  de  l'importance, 
et  j'aimerais  à  savoir  ce  qu'en  pensent  les 
auteurs  du  Dictionnaire  des  Postes.  La- 
rousse, etc.,  donnent  le^.  II  est  vraiment 
temps  de  réagir  contre  la  rédaction,  en  tout 
et  pour  tout,  déplorable  du  Dictionnaire  des 
Postes,  et  de  supplier  l'instruction  publique 
de  ne  pas  ordonner  d'accepter  ses  orthogra- 
phes et  ses  adjonctions  de  noms  (en  forme 
de  surnoms)  comme  article  de  foi. 

(La  CoussiÈRE.) 

L'Intermédiaire  pourrait  aussi  demander 
pourquoi,  partout,  même  dans  les  papiers 
officiels,  on  écrit  Sainl-Nicolas-J;/-Port,  au 
lieu  de  de    Port  j  pourquoi  les  Parisiens  et 


N.    1126. 


L'INTERMÉDIAIRE 


539 


540 


les  écrivains  s'obstinent  à  écrire  et  à  pronon-    ?       Deliciœ  generis  humani    Titus  Jérusalem 
cer  Sedan,    Domrémj),  Noinény^  au  lieu    de    j  oppugnavit . 


Maxéville,  au  lieu 


Sedan,   Domremy,  Nomeny  ;    pourquoi    les 
maires  et  les  instituteurs    laissent    prononcer 
Laxou  au  lieu  de  Lachou 
de  Machévillâ? 

Veuillez  agréer,  etc. 

X. 

Etymologie  des  noms  de  famille 

(T.  G.  643;  LlV,3i50,475).  —  Consulter  : 
Lorédan  Larchey  :  Dictionnaire  étymologi' 
que  des  noms  propres.  L'ouvrage  est  devenu 
assez  rare.  La  librairie  du  Petit  Journal  a 
aussi  donné  sur  ce  sujet  un  volume  dont 
le  titre  m'échappe  et  qui  a,  je  crois,  pour 
auteur  M,  Sabatier.  — Consulter  encore  : 
Salverte  :  Essai  sur  les  noms  d'hommes. 

Gustave  Fustier. 
♦ 

i®  La  découverte  des  étymologies  etc.  par 
L.  N.  H.  L.  Saint-duentin,  1846,  in-8. 

2°  Noms  de  famille  normands^  par  Henri 
Moisi, in-8°  1875. 

30  Larcher  ;  Explication  de  2.800 
noms  de  personnes^  188 1.  Beaujour. 

• 
•»■  ♦ 

N'y  a-t-il  pas  le  Dictionnaire  étymologi- 
que des  noms  propres  de  Lorédan  Larchey  .? 

Edmée  Legrand. 

Diable  de  lilla  (LU,  LUI).  --  Les 
Grecs  qui  disaient  patriotiquement  :  Hijù^ 
oTEAAïjve,-  ne  disaient-ils  pas  par  exception  : 
~0  EùfpùTriç,  r^n-^-jrjç,  ?  La  contre-épreuve  par 
le  masculin  est  plus  concluante  encore  à 
cause  de  la  transposition  facultative  et  de 
l'accord  : 

Ce  mauvais  sujet  de  Gustave,  ou  «  Gus- 
tave le  mauvais  sujet  »  (P.  de  Kock)  ; 

Cette  fine  mouche  de  Dnpin  restait  muet 
à  son  fauteuil,  soit  Ptipm  la  fine  mouche 
etc.  ; 

R...  cafce  câlin,  T...    cette  servante; 
V.  Hugo.  Châtiments,  1852 

dans  la  langue  des  dieux,  deviendrait, 
sertnone  pedestri:  Cette  catin  de  R..., 
cette  servante  de  T...,  et  l'accord  indique 
l'idée  dominante  ou  mot  principal.  Par 
contre,  le  latin  nous  ramène  à  l'explica- 
tion classique,  c'est  affaire  aux  auteurs 
anciens  ; 

...  Urbem  pulcherimam  Syracusas  quœ... 
claiidehalur  (Cic.    Verr  II.  4) 

Constiterunt  in  urba  CoriiUlio,  Coriniiho 
in  urbe  (Lh). 


Satisne  cum  isTO 
Vappa  frigora  famemq-ue  tulistis  ? 
(Cat.  xxvni  4.) 

Mais  je  ne  saurais  assez  le  dire,  mon 
avis  en  tout  ceci  n'est  pas  autorisé  :  c'est 
une  antienne  que  je  porte. 

POËNSIN-DUCREST. 

Patroii-Jaquet  (LIV,  9,  202,  262, 
426).  —  «  Quand  le  président  des 
"Assises  visita  Lacenaire  dans  sa  prison,  il 
le  questionna  sur  un  méfait  que  Lacenaire 
niait  :  %<  Qui  a  fait  cela  ?  »  demanda  le 
président.  Lacenaire  fit  une  réponse  énig- 
malique  pour  le  magistrat,  mais  claire 
pour  la  police  —  C'est  peut-être  Patron- 
minette  (V.  Hugo)  et  de  trois  :  on  a 
désormais  l'état  dernier  de  la  locution  ; 
patron-minette. 

Lacenaire  aurait  pu  répondre  avec  la 
même  franchise  et  moins  de  profondeur  : 
«  C'est  le  chat  »  il  préféra  se  payer  la 
tête  du  président,  à  charge  de  revanche  ! 
Qu'il  y  ait  eu,  sous  Louis-Philippe,  une 
association  de  malfaiteurs,  «  la  bande  des 
Pation-minette  »  ou  Tôt  levés,  c'est  fort 
possible;  mais  en  1835,  il  y  avait  belle 
lurette  qu'aux  champs  et  à  la  ville,  on  se 
levait  au  Patron-jaquet  ou  à  Patron- 
minet,  c'est-à-dire  au  premier  éveillé. 

Inutile  d'ajouter  que  jaquemard  est  un 
augmentatif  et  non  point,  comme  le  sup- 
pose Furetière,  une  transposition,  de 
Jacques  Marc,  du  nom  de  son  inventeur  : 
autant  vaudrait  dire  qu'à  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  des  douze  apôtres,  Jacques, 
Marc  étaient  les  plus  populaires  !  ou 
encore  que  dans  le  défilé  de  midi,  l'avant- 
dernier  é\.2i\\.  Jacques.^  Marc  le  dernier  !  Je 
préfère  m'arrêter  à  un  vers  quelque  peu 
embarrassant  de  La  Fontaine  : 

Guillot  le  S)'<?c/>/;a«/(?  approche  doucement, 
(La  Font.  III,  3). 

«  Ce  mot  ne  se  trouve  ni  chez  Nicot, 
ni  chez  Richelet,  ni  chez  Furetière  » 
Ad.  Régnier,  Les  Grands  écrivains.,  xi, 
369).  Malgré  son  etymologie  et  les  sou- 
venirs de  l'agora,  le  mot  appartient  à  la 
«  seconde  antiquité  ».  U Intermédiaire  l'a 
indiqué  ou  du  moins  le  laissait  pressentir 
dans  le  n"  du  20  septembre  : 

Vn\sc\uc  jaqiict  signifie  sycophant  (CoT- 
GRAVE  DJd~,  1611)  et  que  sycophanl in.,  seule 
forme   retenue,    est    défini   par  le  même 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobra  1906, 


541 


542 


philologue  :  a  sycophant,  huffoon,  parasite»   ]  leurs,  le  chapiteau  a  été  posé  sens  dessu^ 
(CoTGRAVE  Dcid  -161 1)  l'auteur  de  cette  j  dessous,  et  j'avoue  que   sans   l'indication 


mascarade, «  \t  Loup  devenu  berger,»  Guil 
lot  le  sycophante ,dev\ent  Guillot  le  masque^ 
le  bouffon,  le  jaquet  pitoyable  trompeur, 
cela  va  sans  dire,  mais  quel  jaq.uet  !  C'est 
inédit  :  est-ce  moins  probable  ?  alors 
droits  réservés  !  Poënsin-Ducrest. 


Quelqu'un  a-t-il  songé  à  rapprocher  de 
Patton-J acquêt  (Se  lever  dès),  l'expression 
Faire  le  Jacques,  qu'il  vaudrait  peut-être 
mieux  écrire  Faire  le  jaque,  si  l'explication 
donnée  est  la  bonne  ? 

Ce  «  Jacques  ;•>  ressemble,  en  tout  cas, 
joliment  à  «  )acquet  »  1 

Marcel  Baudouin. 

Etyraologie  à  rechercher  (LUI  ; 
LIV,  38,  425).  -  «  Je  n'ai  jamais 
entendu  appliquer  le  terme  renarder  aux 
personnes  :  cela  serait  considéré  comme 
une  inconvenance  »,  dit  M.  H.  Angenot. 

On  lit  dans  Balzac  (Modeste  Mignon, 
p.  255-256  ;  Paris,  Librairie  nouvelle, 
1856)  : 

Adieu,  mon  maître  !  reprit  le  clerc  en  criant 
à  tue-téte.  Vous  nie  permettez  d'aller  re- 
narder dans  le  kiosque  de  manie  (madame) 
Amaury  ?.  .. 

Albert  Cim. 

Mutualité  (LIV,  138).  —  J'indi- 
querai à  M.  P.  B.  Les  Sociétés  de  secours 
mutuel,  leur  rôle  économique  et  social,  par 
E.  Dedé  ;  lettre-préface  de  M.  le  comte 
A.  de  Mun.  Ouvrage  couronné  par  l'Aca- 
démie française,  —  Un  vol.  in- 12  de  334 
pages.  —  Port,  o  fr.  55.  Publié  par  la 
maison  de  la  Bonne  Presse  (5,  rue  Bayard, 
Paris,  VllI).  Cet  excellent  manuel  a  obtenu 
un  prix  de  500  fr.  accordé  par  l'Académie 
française  (prix  Montyon).  A.  P. 

Les  docuraents  phalliques  (L  ;  Ll; 

LU).  —  Dans  la  revue  qui  a  été  faite  ici  de 
monuments  du  Priapisme,  on  a  omis,  je 
crois,  de  signaler  une  pierre  très  curieuse 
conservée  au  musée  municipald'Alise.  Un 
chapiteau,  trouvé  jadis  non  loin  de  l'en- 
droit où  s'élève  la  statue  de  Vercingéto- 
rix,  porte  sur  chacune  des  quatre  faces 
de  sa  corbeille  un  phallus  dont  les  dimen- 
sions ne  purent  convenir  qu'au  dieu  pré- 
posé à  la  garde  des  jardins.  Pour  épar- 
gner sans  doute  la  délicatesse   des   visi- 


du  cicérone  qui  me  faisait  les  honneurs 
du  musée,  je  serais  passé  devant  ce  qua- 
druple document  sans  l'apercevoir.  La 
perte,  du  reste,  n'eût  pas  été  grande.  Ce 
que  l'on  cherche  à  Alise  est  d'un  ordre 
tout  différent. 

Mais,  puisque  ce  chapiteau  existe,  il 
faut  bien  en  conclure  que  le  souvenir  de 
la  guerre  de  l'indépendance  n'hypno- 
tisa pas  les  Gaulois,  et  que,  devenus  Ro- 
mains, ils  adoptèrent  les  bizarres  prati- 
ques si  crûment  décrites  par  Pétrone.  Sur 
le  mont  Auxois  retentirent  les  vers  de  la 
vieille  Enothea  :  «  Qiiidquid  in  orbe  vides, 
paret  mihi...  »  Voir  les  derniers  chapitres 
du  Satyncon.  Une  prêtresse  aux  mœurs 
étranges  veilla  sur  les  oies  sacrées  chères 
aux  matrones  :  «  Occidisti  Priapi  deli- 
cias,  anserem  omnibus  matronis  acceptis- 
simum  ».  Un  temple  abrita  des  cérémo- 
nies qui  feraient  frémir  la  médecine  mo- 
derne. Luc  DE  Vos. 

Outillage    gallo-romain    (L  ;   LI  ; 

LUI  ;  LIV,  361).  —  Treuil  de  puisatier. 
—  Pour  exécuter  les  puits  funéraires, 
bien  connus  en  Vendée  maritime,  les 
Gallo-romains  avaient  des  instruments  en 

j  fer,  qui  sont  connus  (i).  Mais  connaît-on 
le  moyen  dont  ils  se  servaient  pour  mon- 

!  1er  à  la  surface  les  débris  rocheux  prove- 
nant du  fond  de  ces  puits,  ayant  parfois 
15  mètres  de  profondeur?  —  Oui.  —  On 
connaît  au  moins  un  exemplaire  de  cette 
mnchine  utilisée  en  l'espèce.  Il  a  été  trouvé 
dans  le  puits  n^  XXII,  de  la  nécropole  de 
Trousse.poil,  au  Bernard,  par  l'abbé 
F.  Baudry,  tn  1873.  — En  a  t-on  rencon- 
tré d'autres  exemplaires  ^  —  5/  oui,  oii,  et 
dans  quelles  conditions  ? 

Ce  treuil  était  en  bois,  long  cl?  0.70  cm  , 
avec  tambour  et  2  roues  en  bois,  nyant 
chacune  2  manivelles  à  main  en  bois 
(sorte  de  queues  arrondies,  adhérentes  aux 
roues).  Les  roues  étaient  denticuUes  ;  et 
c'est  dans  les  échancrures  des  denticules 
que  les  ais  formant  le  tambour  étaient 
fixés,  au  moyen  de  clous  en  fer,  à  tète 
plate  et  large. 

Cette  importante  trouvaille  du  Bernard 
a  d'ailleurs  disparu  !  D""  Marcel  Baudouin. 


(1)  Pioche,  marteau,  etc. 


K*  II 26. 


LiNTÈRMEDIAIRÈ 


547 


* 
♦  * 


548 


Mes  souvenirs  confirment  ceux  de 
M.  de  Fontenay,  mais  ils  sont  —  hélas  ! 
—  beaucoup  plus  anciens.  J'ai  connu 
l'ours  de  Saint -Cyr  (je  crois  que,  nous 
faisions  le  mot  masculin)  en  1857,  et  le 
vocable,  comme  Tinstitiition,  paraissait 
avoir  tous  les  caractères  d'une  vénérable 
antiquité. 

On  disait  dans  ce  temps  là,  non  pas 
gravir  ni  graviter,  mais  grimper  à  l'ours  : 
«  Monsieur,  grrrimp-pez  »  était  nième 
une  invitation  suffisante,  quoique  abrégée. 

|e  me  figure  qu'il  devait  y  avoir  une 
relation  plus  ou  moins  confuse  avec  l'as- 
cension de  l'ours  à  son  échelle. 

On  sait  du  reste  que  Littré  enregistra 
au  mot  ours  l'acception  de  salle  de  police. 
sans  en  donner  autrement  l'explication. 

Vicomte  du  Breil  de  Pontbriand. 


11  n'y  a  pas  qu'à  Saint-Cyr  que  «l'ours  » 
est  en  faveur  !  Je  crois  que  dans  bon 
nombre  de  lycées  de  France,  il  y  a  un 
«  ours  »,  qui  a  vu  de  rudes...  citoyens  ! 

En  tout  cas,  en  1871,  j'étais  interne  au 
lycée  delà  Roche-sur-Yon  ;  et,  dès  cette 
époque, «  l'ours  »  y  était  un  petit  c^c/jo/ du 
troisième  étage,  où  nombre  de  camarades 
écrivirent  force  pensums!  — Cette  insti- 
tution, qui  m'a  paru  depuis  bien...  élevée 
(elle  se  trouvait  sous  les  combles  !),  mais 
peu  favorable  aux  progrès  d'une  bonne 
éducation,  est  donc  fort  appréciée  (encore 
sans  doute)  de  l'Université,  qui  est  notre 
mère  à  tous,  et  qui  a  inventé  mieux  1 

Vient-elle  de  Saint-Cyi,  au  moins 
comme  dénomination  f  C'est  possible; 
mais  cela  ne  me  semble  pas  prouvé  par 
ce  qui  a  «'e  dit  jusqu'à  présent. 

Pour  moi,  «  l'ours  »  porte  ce  noTi, parce 
qu'on  envoyait  à  ce  cachot  les  jeunes 
gens,  peu  dégourdis,  qui  se  laissaient 
prendre  en  faute...,  qui  étaient  des 
«  ours  »,  c'est-à-dire  des  enfants  «mal 
léchés  »,  peu  dégrossis,  pas  assez  dé- 
brouillards pour  éviter  l'œil  du  pion  ! 

«  L'ours  »  est-il  connu  dans  les  lycées 
de  Paris, sous  cette  même  dénomination  ? 
—  C'est  un  point  intéressant  à  consigner, 
étant  donné  la  discussion  actuelle. 

D'  Marcel  Baudouin. 


La  Marseillaise,  parodies  (T.  G., 

569  ;  LUI  ;  LIV,  150,  359).  —  Puisqu'on 
parle  de  parodies  de  la  MajseiUaise,  au- 
cune, semble-t-il,  ne  sera  plus  à  propos 
recueillie  par  l'Intermédiaire  que  celle  que 
vient  d'écrire  M.  Joussein,  barbier  du 
Sénat.  Ce  Figaro  poète,  a  saisi  au  bond 
l'actualité,  et  écrit  d'inspiration,  en  une 
nuit,  comme  son  illustre  modèle,  la  Mar- 
seillaise du  repos  hebdomadaire .  Sa  spon- 
tanéité, sa  flamme,  son  émotion,  sa  sin- 
cérité, son  patriotisme,  en  font  un  docu- 
ment unique  : 

I 

Grâce  à  nos  bons  parlementaires, 

Le  Français  Jouit  maintenant 

De  ce  repos  hebdomadaire 

Qu'on  lui  promit  pend:int  trente  ans,  (bis) 

Désormais,  riche  ou  prolétaire. 

Le  Dimanche,  chacun  pourra 

Faire  à  son  gré  ce  qu'il  voudra 

Ou^  s'il  le  préfère,  ne  rien  faire  I 

Refrain 

Déposons  nos   outils,    fermons  nos  magasins 
Le  verre  en  main, 
Gais  et  dispos  , 
Célébrons  le  repos, 

II 

Après  six  jours  entiers  d'ouvrage 
Est-ce  trop  d'un  jour  de  loisir  ?' 
L'ère  de  l'antique  esclavage 
Camarades,  vient  de  finir  (bis) 

Et  d'ailleurs,  le  bon  Dieu  lui-même. 
Nous  racontent  les  Livres  Saints, 
Après  six  journées  de  turbin 
Se  donna  vacance  le  septième. 

Refrain. 

m 

Nous  partirons  pour  la  campagne, 
l^e  bon  matin,  jeunes  et  vieux. 
Nos  enfants  et  notre  compagne 
Nous  verront  enfin  auprès  d'eux,       (his) 
Loin  des  logis  où  l'on  étouffe, 
Nous  irons,  sur  l'herbe  des  prés. 
Respirer  l'air  pur  qui  nous  fait 
Trouver  délicieux  tout  ce  qu'on  bouffe. 

Refrain. 

IV 
Couplet  patriotique 

Mais  si  jamais  à  la   frontière 

Il  faut  partir,  fusil  au  bras. 

Plus  de  repos  hebdomadaire  ; 

Pour  la  France, on  ne  flanche  pas       (bis) 

Et  qu'il  soit  dimanche  ou  semaine, 

Pour  défendre  son  sol  sacré, 

Ses  enfants  seront  toujours  prêts, 

Leur  ardeur  sera  toujours  la  même, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Octobre  looc. 


549 


550 


Refrain 
Déposons  nos   outils,  fermons  nos  magasins, 
Fusil  en   main. 
Tous  réunis, 
Marchons  à  l'ennemi, 

E.    JOUSSEIN. 

Barbier-poète. 

Le  nègre  et  le  maréchal  (LIV, 
220,  405).  —  Des  naïvetés  sans  nombre 
attribuées,  autant  par  malice  que  par 
habileté  politique,  au  maréchal  de  Mac- 
Mahon,  il  n'en  est  pas  de  plus  connue  que 
l'anecdote  du  s<  nègre  »,  racontée  en  1877 
par  Edmond  About,  adversaire  acharné 
du  Cabmet  réactionnaire,  et  qui  devint  le 
point  de  départ  d'une  série  de  traits  du 
même  genre  dont  on  cribla  l'infortuné 
maréchal-Président,  lequel  aurait  pu  ré- 
pondre aux  mauvais  plaisants  par  le  mot 
si  pittoresque  de  Bugeaud  : 

«  Il  n'est  pas  nécessaire  qu'un  soldat 
ait  inventé  la  poudre  :  l'essentiel  est  qu'il 
sache  s'en  servir  >>. 

Ecoutons  M.  Emmanuel  Arène  qui 
assista  en  quelque  sorte  à  l'éclosion  du 
mot  resté  fameux  :  on  verra  qu'il  y  a  loin 
de  la  légende  à  l'histoire  : 

«On  était  alors  sous  le  16  Mai.  En 
visite  officielle  à  Saint-Cyr,  le  maréchal  de 
Mac-Mahon,  la  revue  d'honneur  terminée, 
se  fit  présenter,  selon  l'usage,  par  le  gé- 
néral commandant  l'Ecole,  les  élèves  les 
mieux  notés.  De  ce  nombre  était  un  jeune  | 
nègre,  fils  d'un  chef  africain  très  dévoué  1 
à  la  France  —  originaire  de  Cayenne, 
suivant  d'autres  —  : 

—  Eh  bien,  mon  ami,  demanda  le  Pré-  ! 
sident,    en    frappant    familièrement    sur  > 
l'épaule  du  jeune  homme,   vous    plaisez- 
vous  beaucoup  en  France  .? 

—  Oui,  monsieur  le  maréchal. 

Alors, se  tournant  vers  le  général  Direc- 
teur, Mac-Mahon  ajouta  : 

—  Et  vous  êtes  content  de  lui,  général? 

—  Très  content,  monsieur  le  prési- 
dent. Excellent  élève,  très  travailleur, très 
discipliné. 

—  Bravo  !  fit  le  maréchal. 

Et,  donnant  au  jtune  nègre  une  vigou- 
reuse poignée  de  mains  : 

—  Continuez  !  lui  dit-il  cordialement.  » 
Rien  de   moins   éloquent,    à  la   vérité, 

mais,  on  le  voit,  rien  de  plus  simple,  de 
plus  naturel.  Or,  le  soir  même,  à  un  dîner 
chez    Mme     Adam,   où   je    me   trouvais, 


Edmond  About, qui  était  l'esprit  et  la  gaîté 
de  ces  soirées  politiques,  rapporta  l'anec- 
dote en  l'enjolivant  à  sa  manière.  Il  y 
avait  là  Gambetta,  Girardin,  John  Le- 
moine,  Challemel-Lacour,  Le  Royer,  d'au- 
tres encore,  qui  rirent  aux  larmes  lors- 
qu'About,  avec  son  mordant  habituel, 
leur  conta  l'histoire   ainsi   accommodée  : 

—  Ah  !  Ah  !  aurait  dit  le  maréchal  a-u 
jeune  homme,  c'est  vous  qui  êtes  le  nè- 
gre ? 

—  Oui,  monsieur  le  maréchal. 

—  Eh  bien  I  mon  ami,  continuez  ! 

Le  lendemain,  cette  phrase  saugrenue 
courait  tout  Paris,  faisant  au  brave  maré- 
chal de  Mac-Mahon  une  réputation  de 
naïveté  qui,  par  la  force  toute-puissante 
du  ridicule,  ne  contribua  pas  médiocre- 
ment à  la  chute  du  gouvernement  impo- 
pulaire du  16  Mai  ». 

En  résumé,  de  tous  les  mots  prêtés  gé- 
néreusement à  Alac-Mahon,  un  seul,  en 
réalité,  est  revêtu  d'un  véritable  cachet 
d'authenticité  et  celui-là  est  héroïque. 
C'est  le  fameux  :  «J'y  suis,  j'y  reste  !  » 
griffonné  au  crayon  par  le  valeureux  sol- 
dat sur  un  carré  de  papier  à  cigarettes,  le 
8  septembre  1855,  après  l'assaut  victo- 
rieux du  fort  Malakoff,  à  Sébastopol. 

A.  LlBERT. 

La  tante   de   Joséphine.    —    La 

tante  Renaudin  est  une  figure  curieuse. 
Fille  du  grand-père  Tascher  de  la  Page- 
rie,  elle  était  entrée  dans  la  maison  du 
tnarquis  de  Beauharnais  comme  demoi- 
selle de  compagnie.  Elle  s'était  mariée 
avec  un  M.  Renaudin,  mais  elle  avait 
abandonné  son  n.ari  pour  venir  en  France 
où  elle  s'était  acheté  ui^e  petite  maison  à 
Noisy-le-Sec  ;  elle  y  avait  installé  son 
filleul  Alexandre  de  Beauharnais.  Elle 
l'endoctrina  en  lui  parlant  de  l'une  de  ses 
nièces  restées  au  pa3'S  :  Joséphine.  Elle 
mena  les  choses  rondement,  en  femme 
de  tête,  et  le  mariage,  en  France  ne  tarda 
guère  à  être  célébré.  Elle  était  charmante, 
la  petite  épouse,  mais  Beauharnais 
n'appréciait  point  son  espièglerie  encore 
un  peu  gauche.  Elle  lui  donna  un  garçon, 
le  prince  Eugène,  et  une  fille,  Hortense, 
qu'il  attendait  moins  et  dont  la  venue 
même  le  déconcerta.   Us  se    séparèrent. 


N"    1126. 


L'INTERMEDIAIRE 


551 


552 


Elle  employa  son  temps  de  son  mieux  : 
réfugiée  chez  la  tante  Renaudin,  elle  alla 
dans  le  monde  en  se  façonnant  aux  belles 
manières.  Elle  eut  des  rapports  très 
suivis  avec  les  gens  du  pouvoir  ;  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  rejoindre  en  prison 
son  mari.  En  face  de  la  mort  on  se  récon- 
cilie. Beauharnais  fut  exécuté.  Elle  le 
remplaça,  et  vous  savez  si  son  choix  fut 
glorieux. 

Mme  Renaudin  aussi  s'était  remariée  : 
elle  avait  épousé  le  vieux  marquis  de 
Beauharnais.  Mais,  au  rebours  de  sa 
nièce,  qui  deven.îit  digne  des  faveurs  de 
la  fortune  :  elle  restait  toujours  un  peu 
la  femme  d'afïaires  et  d'entreprises  qui, de 
toutes  les  combinaisons,  retirait  ses  épin- 
gles. 

Dans  la  lettre  qu  on  va  lire,  et  dont 
nous  avons  eu  l'original  sous  les  yeux, 
elle  donne  Une  amusante  idée  du  genre 
de  personnage  qu'elle  est  ;  elle  s'y  plaint 
avec  amertume  de  cette  nièce  qui  est 
arrivée  et  qui  ne  pense  plus  à  "^a  vieille 
tante  : 

A  Fontainebleau,  ce  4  prairial  an  7 

je  me  hâte  de  vous  répondre,  citoyen,  sur 
la  lettre  que  vous  me  demander  pour  le  gé- 
néral Lespinasse,  il  m'est  venu  voir  en  pas- 
sant icy,  et  m'a  demandé  a  déjeuné  dans 
quinzaine  qu'il  repassera  pour  Paris,  vous 
avez  donc  le  temps  de  me  dicter  ce  qu'il  faut 
que  je  lu)''  demande  pour  votre  parens  et  de 
m'envoyer  son  nom  sy  vous  possédé  une 
lettre  que  vous  Uiy  remettre  vous-même. Vous 
me  juger  bien,  en  ne  doutant  pas  de  mon 
zelle  a  vous  servir.  C'est  bien  la  moindre 
chose  pour  toutes  les  peines  que  je  vous 
cause. 

Cy  joint  deux  lettres  que  je  désire  qui  soit 
remise  aux  personnes  a  qui  je  les  adresse,  il 
m'importe  quels  ne  le  puisse  nier  les  avoir 
reçu,  oh  pour  le  coup  je  casse  les  vitres. 
Lisez-les  et  surto"*  qu'elles  leur  parviennent 
après  que  ^ous  aurez  bien  voulu  les  cacheté. 
Je  ^tîsirerais  que  vous  fussiez  témoin  de 
l'impression  qu'elles  feront,  sans  avoir  l'air 
d'en  connaître  le  contenu,  enfin  sur  cela 
j'en  refaire  à  vous-même. 

Vous  ne  donnez  donc  pas  de  vos  nouvelles 
à  la  C'ine  A....,  elle  m'a  dit  qu'elle  ne  vous 
écrivait  pas  parceque  vous  ne  luy  répondiez 
pas,  mais  qu'elle  désiroit  savoir  sy  vous  étiez 
rentrer  dans  ce  qui  vous  était  dû  pour  les  frais 
du  service  que  vous  lui  avez  rendu,  dont  elle 
vous  avait  marqué  dans  les  temps  sa  recon- 
naissance elle  est  effectivement  bien  sensible 
au  service  que  vous  luy  avez  rendu. 

Ne  m'oublies  pas  près  de  Mme   Godard,  je    ■ 


suis  touché  de  la  savoir  ainsy  que  vous  dans 
l'inquiétude  dès  que  vous  aurer  des  nouvelles 
faites  m'en  part.  II  a  passé  ses  jours-cy  un 
courrier  de  Buonaparte,  ayant  passé  la  nuit, 
il  m'a  fait  dire  que  tout  allait  bien  en  Egypte. 
Sy  vous  en  aprener  davantage  je  compte  sur 
vous. 

Je  viens  d'écrire  quatre  lignes  à  ma  nièce, 
bien  à  mon  corps  deffendant  pour  luy  recom- 
mandé la  personne  qui  vous  remettra  cette 
lettre.  Son  insouciance  à  notre  égara,  est 
impardonnable,  et  je  ne  vois  que  trop  que 
c'est  a  luy,que  je  dois  celuy  que  nous  éprou- 
vons, aussy  nous  ne  respecterons  personne 
que  nous-même.  Aux  grand  maux  les  grands 
remèdes  ! 

Adieu  citoyen,  vos  lettres  au  moins  nous 
consolle 

Lapagerie  Beauharnais. 

Vous  penses  bien  que  je  dois  être  dans  une 
grande  détresse  payant  tout  les  jours  la 
dépense,  depuis  mon  retour,  à  l'exception  des 
gages  et  des  contributions  qui  vont  leur 
train,  comme  sy  mon  mary  avait  la  pension 
de  1000  francs  et  moy  mes  rentes,  aussy,  ce 
a  été  réduit  depuis  la  dernière  récepte,  à 
mille  francs  de  pension  en  bons  qui  sont  de 
500  liv.  tout  les  six  mois.  Ma  foy,  voilà  un 
beau  sort  pour  un  vieillard  de  86  ans. 

Convenez  citoyenne  buonaparte  que  c'est 
encore  trop  pour  la  part  que  vous  y  prener. 

Nécrologie 

Nous  apprenons,  avec  une  profonde 
tristesse,  qu'un  nouveau  deuil  frappe 
\' Intermédiaire  des  chercheurs  et  curieux^ 
M.  Louis  Talbert,  vient  de  mourir.  Pro- 
fesseur honoraire  au  Prytanée  militaire  de 
la  Flèclie,  ancien  professeur  à  l'Institut 
catholique  d'Angers,  docteur  ès-lettres, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  il 
s'occupait  particulièrement  dans  nos  co- 
lonnes, d'étymologie. 

Son  pseudonyme  était  Lpt.  du  Sillon. 
Il  n'en  faisait  pas  secret.  11  a  signé  ainsi 
les  articles  les  plus  érudits  et  les  plus  ju- 
dicieux. Il  se  plaisait  aux  solutions  ardues 
qui  mettaient  en  éveil  son  sens  aigu  de 
parfait    linguiste. 

Dans  ce  numéro  même,  on  lira  une  de 
ses  réponses  ;  c'est  malheureusement  sa 
dernière  et  libérale  contribution  à  l'œuvre 
commune. 

Il  est  décédé  le  5  octobre  1906,  à  Saint- 
Denis.  Il  était  âgé  de  78  ans. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond. 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o  de  chaque  mois 


20  Octobre  1906 


429  Année 

31  *",r.  Victor  Massé 
PARIS  (IX°) 

■Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUjEQHB 


Cherches  et 
vous  trouverez 


g       II  se  faut 
entr' aider 


N"  1127 

31 '"r  Victor  Massé 
PARIS  (IX«) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


nUxniébxaixe 


DES   CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


-12UESTI0NS     ET     REPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 


•'■-"-"        b53    

Nous  renouvelons  la  prière  à  nos  collabo- 
rateurs de  vouloir  bien  accompagner  leur 
■pseudonyme  ou  leurs  initiales  de  leur  nom. 
-Cette précaution  est  indispensable  pour  nous 
permettre  de  faire  suivre  les  lettres  dont 
nous  sommes  chargés.  ^ '."" 

Si  chaque  pseudonyme  nouveau  doit  être 
suivi  du  nom.,  tout  pseudonyme  appuyé  du 
nom  une  première  fois  nous  étant  connu., 
n  implique  plus  ce  rappel. 

(!llliieôticTii6 


Lettres  du  grand  Frédéric  à  Vol- 
taire. —  En  juillet  1906,00!  été  vendues 
chez  Sotheby,  à  Londres,  en  vente  publi- 
-que,  18  lettres  du  grand  Frédéric  à  Vol- 
taire et  achetées  par  un  amateur  particu- 
lier, M.  Maltby.  La  maison  Sotheby  ne 
-connaît  pas  son  adresse.  Un  aimable 
collègue  la  connaitrait-il  ? 

D''  Stephan  Kekule  von  St^îadonitz. 

Une  fille  naturelle  de  Jérôme 
Bonaparte.  —  Horace  de  Vieil-Castel, 
dans  ses  «  Mémoires  sur  le  règne  de  Napo- 
léon III  (tome  III  »,  page  228)  écrit  les 
lignes  qui  suivent  : 

Ce  pauvre  vieux  mauvais  sujet  (Le  roi 
Jérôme)  est  entouré  de  bâtards.  Il  en  a  de 
tous  les  côtés.  11  mariait  une  fille,  il  y  a  peu 
de  temps.  Une  autre  de  ses  filles,  qui  le 
soignait  pendant  sa  maladie,  est  une  supé- 
rieure du  couvent  des  Oiseaux,  etc.  .  . 

Cest  sur  cette  seconde  fille  Pauline.,  en 
religion  Sœvir  Marie  de  la  Croix.,  que  je  dé- 


554 


sirerais  obtenir  quelques  renseignements. 

Connaît-on  le  nom  de  sa  mère  et  l'épo- 
que de  sa  naissance  ? 

Où  a-t-elle  été  élevée  .? 

Quelles  sont  les  dates  de  son  entrée  en 
religion  et  de  sa  mort  ? 

}e  conserve  dans  ma  collection  d'auto- 
graphes, deux  lettres  très  curieuses,  à 
elle  adressées  par  son  père  et  par  le 
Prince  Napoléon. 

Le  roi  Jérôme  écrit  à  sa  fille  au  mois  de 
décembre  185 1,  pour  la  rassurer  sur  les 
suites  du  coup  d'Etat  : 

Tout  ira  mieux  que  ce  que  le  monde  croit. 
Nous  sommes  tellement  les  instruments  de 
la  providence,  que  nous  n'avons  qu'à  nous 
résigner  et  nous  persuader  que  l'avenir  n'est 
pas  un  livre  aussi  noir  que  les  âmes  crainti- 
ves le  supposent,  etc..  etc... 

Il  ira  la  voir  demain  et  en  attendant  la 
presse  sur  son  cœur. 

La  lettre  du  Prince  Napoléon  adressée 
à  «  Ma  chère  Pauline  »  est  des  plus  affec- 
tueuses et  témoigne  qu'il  n'a  fait  sa  con- 
naissance qu'au  chevet  de  leur  père. 

Arm.  D. 

Le  véritable  Charles  ^^  —J'ai  lu 
récemment,  dans  une  revue,  que  Van- 
Dyck  avait  toujours  plus  ou  moins  embelli 
ses  modèles.  Je  m'en  doutais  un  peu  et  ai 
toujours  pensé  que  les  images  de  leurs 
contemporains,  surtout  de  leurs  contem- 
poraines, que  nous  ont  laissées  certains 
maîtres,  pourraient  bien  être  de  belles  in- 
fidèles. Mais  l'auteur  ajoute  que  le  pinceau 
de  Van-Dyck  a  tranformé  en  un  élégant 
gentilhomme    iusqu'à  ce  «  gnome  »   de 

Liv-n 


N°    1127. 


L'INTERMÉDIAIRE 


555    

Charles  P"",  terme  qui  me  surprend,  appli- 
qué au  petit-fils  de  Marie-Stuart,  tandis 
qu'il  conviendrait  parfaitement  au  pauvre 
Charles  II  d'Espagne. 

Poui-  le  roi  anglais,  jai  accepté  jusqu'à 
présent  le  type  consacré  par  maints  ori- 
ginaux de  Van-Dyck,  un  corps  droit  et 
souple  de  gentilhomme  chasseur  surmonté 
d'une  tête  au  long  visage,  dont  l'expres- 
sion est  mélancolique  et  haute,  sans  qu'on 
y  démêle  cette  fausseté  qui  causa  en 
grande  partie  les  malheurs  du  second  des 
quatre  Stuarts. 

Quel  était  donc  au  physique  le  véritable 
Charles  1"?  H.   CM. 


De  Profundis.  —  D'après  la  Vul- 
gate,  le  texte  des  5*  et  6®  versets  du  De 
Profundis  est  le  suivant  : 

S'ustinuit  anima  inea  in  verbo  ejus  ;  spe- 
ravit  anima  mea  in  Domino. 

A  ciisiodia  maluiina  usque  ad  noctem 
speret  Israël  in  Domino. 

Ce  dernier  verset  peut  être  traduit  de 
diverses  façons  plus  ou  moins  littérales  : 
une  de  celles  qui  se  rapproche  le  plus  du 
texte  latin  est  celle-ci  :  «  Depuis  le  matin 
jusqu'au  soir,  qu'Israël  espère  dans  le 
Seigneur  ». 

Or  j'ai  souvent  entendu  la  traduction 
suivante,  qui  me  paraît  devoir  se  rappor- 
ter à  la  2"  partie  du  5®  verset  et  à  la  pre- 
mière du  6^  :  V  Mon  âme  attend  le  Sei- 
gneur avec  plus  d'impatience  que  la  sen- 
tinelle attend  le  lever  de  l'aurore  ». 

Cette  traduction  est  des  plus  libres,  si 
elle  s'applique  au  texte  de  la  Vulgate, 
puisqu'elle  contient  un  grossier  contre- 
sens. 

Quelque  aimable  collègue,  versé  dans 
les  Ecritures  saintes,  pourrait  m'indiquer 
l'origme  de  cette  traduction  :  serait-elle 
calviniste  ou  janséniste,  ou  bien  est-elle 
inspirée  du  texte  hébreu  ou  de  celui  des 
Septante  ?  A.  E. 


La  valeur  de  l'écu  et  de  la  livre 
aux  différentes  époques.  —  J'aurai 
recours  à  l'obligeance  d'un  aimable  in- 
termédiairiste  pour  connaître  la  valeur 
approximative  par  rapport  au  franc  de 
nos  jours,  de  l'écu  et  de  la  livre  aux  xv^, 
xvi«,  xvu'^  et  xvnic  (époque  révolution- 
naire). De  p.  du  h. 


550    

Les  seigneurs  de  Franconville. 

—  Pourrait-on  connaître  les  noms  des 
anciens  seigneurs  de  ce  lieu  entre  1760 
et  1800  ?  Le  château  existe-t-il  encore.? 
Toute  indication  fournie  par  l'un  des  ai- 
mables collaborateurs  de  V Intermédiaire 
sera  reçue  avec  reconnaissance.  Albinoni. 

Famille  d'Aoust.  —  Le  général 
d'Aoust  qui  a  commandé  l'armée  des 
Pyrénées-Orientales  à  la  fin  de  l'année 
1793  et  qui  fut  guillotiné  au  mois  de 
juillet  1794,  avait  deux  frères  qui  servaient 
dans  cette  armée  ayant  le  grade  de  capi- 
taine,Joseph-EustacheetBernard-Eustache, 
Celui-ci, qui  lui  servait  d'aide  de-camp. fut 
chargé  de  porter  à  la  Convention  nationale- 
les  six  étendards  pris  aux  Espagnols  à  la 
bataille  de  Peyrestortes. 

Pourrait-on  me  faire  connaître  le  lieu 
et  la  date  de  leur  mort .''  Ont-ils  laissé 
postérité  .?  Je  recevrais  avec  reconnaissance 
des  détails  généalogiques  sur  cette  fa- 
mille d'origine  normande  qui  s'est  ins- 
tallée au  château  de  Cuincy,  près  Douai, 
au  commencement  du  xviu"  siècle. 

Un  ancien  cul  de  singe. 

Chasssbras    de    Cramailles.    — 

D'après  Laine,  [Archives  de  la  noblesse) 
Jacques  Chassebras  de  Cramailles,  com- 
plice d'Haudicquer  de  Blancourt  dans  la 
fabrication  des  faux-titres,  dont  ils  ont 
infesté  la  Picardie,  se  cassa  la  tête  dans  sa 
prison,  à  la  Bastille,  le  19  octobre  1700, 
pour  échapper  à  l'ignominie  du  supplice. 
Ils  avaient,  paraît-il,  fait  insérer  dans 
leur  nobiliaire  une  fausse  généalogie  de 
la  famille  Chassebras.  Pourrait-on  retrou- 
ver cette  généalogie  et  me  donner  les 
alliances  que  Jacques  Chassebras  de  Cra- 
mailles s'était  octroyées,  ainsi  que  le  nom 
de  ses  père  et  mère  .? 

Par  anticipation,  tous  mes  remercie- 
ments à  l'aimable  confrère  qui  voudra 
bien  me  renseigner.  A,  de  R, 

Famille  de  Chazot. —  Claude- Armand 
de  Chazot,  écuyer,  ancien  gendarme  du 
roy,et  son  frère  François-Biaise  de  Chazot, 
sieur  des  Mousseaux,  étaient  fils  de  Pierre 
de  Chazot  et  de  dame  de  Pacdrony  de 
Molaincourt  son  épouse. 

On  voudrait  avoir  tous  les  renseigne- 
ments possibles  sur  leurs  ascendants. 

Adhé. 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  igob. 


557 


558 


Le  chansonnier  Emile  Debraux. 

—  Je  désirerais  avoir  des  renseignements 
sur  Emile  Debraux,  né  le  30  mars  1796,  à 
Ancerville  (Meuse),  mort  à  Paris,  le  12 
février  1831,  au  n"  39  de  la  rue  des  Lom- 
bards {Constitidionncl  du  13  février 
1831). 

je  sais  qu'il  fut  employé  à  la  Bibliothè- 
que de  la  Faculté  de  Médecine  (j'ignore  la 
date  d'entrée  et  la  date  de  sortie,  ainsi 
que  la  rue  où  il  habitait)  de  1816  à  1817. 
11  habita  le  village  de  Courcelles  près  de 
Paris  (j'ignore  la  date),  demeura  au  no  8 
de  la  rue  du  Mail  en  1824  (j'ignore  le 
mois  et  le  quantième), et  mourut,  comme 
je  l'ai  dit  plus  haut,  39,  rue  des  Lom- 
bards,  (alors    6e   arrondissement). 

Je  désire  savoir  également  s'il  y  a  des 
descendants  actuels  d'Emile   Debraux 

J.  G. 

Delsart,  secrétaire  des  audiences 
et  cérémonies   royales.   —  Je   fais 

appel  à  la  bonne  confraternité  des  inter- 
médiairistes  qui  auraient  des  documents, 
notes  ou  renseignements  sur  Delsart,  de 
vouloir  bien  les  consigner  dans  V Intermé- 
diaire. 

Delsart  aurait-il  des  descendants  con- 
nus qui  pourraient  donner  toutes  indica- 
tions utiles  pour  une  biographie  ;  notam- 
ment un  portrait  ? 

Delsart  est  né  à  Valenciennes  le  26  no- 
vembre 1789,  auteur  de  nombreux  tra- 
vaux, membre  de  l'Institut  historique  de 
France,  nommé  Sténographe  du  Roi  le  7 
décembre  1825,  et,  en  1848,  secrétaire 
des  audiences  et  cérémonies  royales.  Mort 
à  Paris  le  28  avril  1855,  rue  du  faubourg 
Saint- Honoré,  x\°  106, 

Paul  de  Rosnay. 

Forestier,  peintre  de  bannières. 

—  N'y  eut-il  pas  un  Forestier,  vivant  au 
xviii^  siècle,  qui  fut  connu  comme  peintre 

—  ou  tout  au  moins  comme  peintre  de 
bannières  d'églises?  du  H. 

Lamartine  et  Mme  de  Girardin. 

—  Lamartine,  dans  son  Cours  familier  de 
littérature^  tome  I",  pages  157-158, 
cite  une  lettre  de  Mme  de  Girardin,  dans 
laquelle  il  y  a  cette  phrase  :  «  J'ai  beau- 
coup espéré  autrefois  de  l'amitié  de  M.  de 
Lamartine.   Je  l'ai    trouvé  toujours  gra- 


cieux et  bon  avec  moi,  mais  jamais  com- 
plètement dévoué.  Cette  froideur  a  été 
mon  premier  désillusionnement  dans  la 
vie.  »  Cette  phrase  ne  permet-elle  pas  de 
croire  que  Mme  de  Girardin  aima  l'au- 
teur de  Rapliacl  ?  Cette  question  fut-elle 
déjà  agitée  ^  Si  oui,  par  qui  ?  Si  non^ 
pourrais-je  avoir,  à  ce  sujet,  l'opinion  de 
quelques  intermédiairistes  ? 

A.  Chesnier  du  Chesne. 

Famille    de    Lorme.   —    D'après 

Y  Annuaire  de  la  Noblesse  (i868)la  famille 
de  Jean-Baptiste  de  Lorme,  à  la  Martini- 
que, lequel  fit  enregistrer  ses  lettres  pa- 
tentes de  noblesse  au  conseil  souverain  de 
Pile  du  i^""  mars  1779,  se  rattacherait  à 
celle  des  de  Lorme  de  Pagnat^  en  Bour- 
bonnais. 

Je  suis  bien  certain,  d'autre  part,  que 
ledit  y. -5,  de  Lorme  était  petit  fils  d'un 
notaire  de  Lyon  et  arrière  petit-fils  d'au- 
tre/fa/i  de  Lor})ie,  lequel  était  originaire 
de  Saint-Symphorien  d'Ozon  en  Dau- 
phiné,  et  probablement  issu  de  Thomas  de 
Lorme^  vivant  en  cette  localité  en    1609. 

Les  de  Lorme  du  Bourbonnais  ont-ils 
eu  une  branche  fixée  en  Dauphiné,  d'où 
seraient  sortis  ceux  de  Saint-Symphorien, 
de  Lyon  et  de  la  Martinique  ?  Par  qui  et  à 
quelle  époque  ? 

Les  armoiries  de  J.-B.  de  Lorme  ne 
sont  pas  celles  des  de  Lorme  du  Bourbon- 
nais. 

Mais  les  registres  paroissiaux  de  Saint- 
Symphorien  portent  le  nom  de  Lorme 
ainsi  orthographié  aux  actes  concernant 
les  aïeux  de  Jean-Baptiste .  On  trouve 
ensuite  De  l'Horme,  Delhorme.  etc. 

Je  remercie  vivement  d'avance  l'inter- 
médiairiste  qui  pourra  me  renseigner. 

Je  serais  très  heureux,  d'autre  part, 
d'avoir  des  renseignements  biographiques 
sur  Thomas  de  Lorme,  natif  de  la  Côte- 
Saint-André  (Isèrej,  auteur  de  la  Mitse 
nouvelle,  parue  à  Lyon,  en  1665.  Peut- 
être  se  rattache-t-il  à  la  famille  ci -dessus 
mentionnée.  Baron  A.  H. 

Souvenirs  de  madame  Récamier. 

—  Il  est  possible  que  ma  question  soit 
naïve  et  que  je  demande  qu'on  me  révèle 
le  secret  de  Polichinelle,  mais  je  voudrais 
bien  savoir  quelle  est  la  femme  qui  a  pu- 
blié deux  volumes  in-8  (Michel  Lévy, 
1859).  Sous  le  litre  de  Souvenirs  et  Corres- 


N*  I12Ji 


L'INTERMÉDIARE 


559 


pondance,  tirés   des  papiers    de   madame 
Récamier.  N.  A.  M.  Giles. 

Maurice  Roilinat.  —  La  fin  de  iVlau- 
rice  Roilinat  donna  lieu  à  de  passionnées 
controverses.  11  est  impossible  qu'on  ne 
puisse  pas  l'établir  avec  exactitude. 
N'est-ce  à  pas  VlnierméJtaiie  que  cette 
tâche  incombe  ?  Y. 


de    Jules     Simon    en 

14   novembre    1863,  Jules 
personnage 


a  un 


dont 


nom,  une  lettre  dont  voici  le 


Un     duel 
1863.  —  Le 

Simon   écrivait 
j'ignore  le 
résumé  : 

J'apprends  que  vous  avez  adressé  une  de- 
mande d'explication  à  M.  de  ^lontalembert 
pour  une  expression  contenue  dans  une 
lettre  qu'il  m'avait  écrite.  —  Cette  lettre, 
dans  la  pensée  de  M.  de  Montalenibert, 
devait  rester  exclusivement  entre  nos  mains; 
elle  n'a  été  communiquée  qu'à  son  insu. 
Par  conséquent,  je  suis  seul  en  cause  ;  et  je 
prie  mes  amis  MM.  Marie  et  Glais-Bizoin  de 
se  mettre  immédiatement  à  vos  ordres. 

A  qui  cette  lettre  était-elle  adressée  .?    * 
Où   trouver    le   texte   de   la   lettre   de 

Montalembert.r' 

L'affaire  a-t-elle    été    arrangée,  ou  a- 

t-elle  eu  une  suite  sur  le  terrain  ? 

Arm.  D. 


1193, 


Un  portrait  du  député  Vidalin, 
an  lïî.  —  Connait-on  un  por- 
trait d'Etienne  Vidalin, imprimeur  à  Mou- 
lins (Allier),  représentant  à  la  Conven- 
tion Nationale  ? 

Et.  Vidalin  fut  élu  le  12  novembre 
1792  en  remplacement  de  Vernin  ;  il  sié- 
geait à  la  Montagne.  La  Convention  le 
nomma  commissaire  à  l'armée  du  Nord, 
dans  les  premiers  jours  de  pluviôse  an  II, 
il  mourut  en  Brumaire  an  111. 

L.  G.  Moulins. 

Vanio  et  'Vanloo  .  —  En  1628, 
Bernard  Vanlo,  Vandelo  ,  ou  Vandolo 
(on  trouve  ces  trois  formes)  faisait  à 
Laval  deux  statues  pour  les  Ursulines 
de  cette  ville.  L'année  suivante,  il  tra- 
vaillait à  Mayenne  et  sculptait  trois  bas- 
reliefs  :  La  Résitrreciion  de  Lazare ,  un 
autel  du  Rosaire ,  un  devant  d'autel  de 
cinq  personnages  dans  des  niches  ;  il  faisait 
aussi  une  Cène  pour  la  commanderie  de 
Quittay.  Je  crois  qu'il  résidait  alors  à 
l'abbaye  de  Fontaine-Daniel.  1 


560 


Je  désirerais  savoir  s'il  exista  au  xvii* 
siècle  une  famille  Vandolo  ayant  donné 
un  artiste  à  cette  époque,  ou  si  ce  Ber- 
nard Vandolo,  doit  figurer  parmi  les  an- 
cêtres de  J.  B  et  Carie  Vanloo. 

Jean  des  Pinoy. 

Les  officiera  de  l'état  civil  e  t 
les  titres  de  noblesse.  —  D'après  les 
dires  de  M.  de  Bonald  qu'  «  à  l'heure  ac- 
tuelle, en  droit  strict,  on  ne  peut  légale- 
ment porter  un  titre  qu'en  vertu  d'un 
■arrêté  d'investiture  »  (LIV,  464),  les  offi- 
ciers de  l'état  civil  auraient  le  droit  de 
refuser  d'introduire  un  titre  quelconque  de 
noblesse,  dans  un  acte,  lorsqu'il  n'y  a  pas 
eu  investiture  préalable,  par  le  garde  des 
sceaux. 

Jusqu'à  quel  point  ce  droit  leur  est-il 
donné  (surtout  pour  un  titre  ancien)? 

Sur  quel  texte  de  loi,  ce  droit  s'affirme- 
t-il .?  DE  LA  Salante. 

Etolo  de  saint  Guthbert  à  Du- 
rham  (Angleterre).  —  Dans  quelle 
revue  archéologique  ou  scientifique,  ou 
dans  quel  ouvrage  français  pourrais-je 
trouver  des  renseignements  sur  cette 
étole  .?  C.B.  O. 


Etole  de   saint  Thomas  de  Can- 

torbèry  à  Sens.  —  Même  question. — 
Où  pourraisje  m'adresser  pour  en  obte- 
nir une  bonne  photographie  ^ 

C.  B.  O. 

Les  relimes  de  la  Bibliothèque 

de  r  «  Isle  Savary  ».  —   On  trouve 
encore,  assez  souvent,  dans  le  Bas-Berry, 
j  et  je  possède  ainsi, moi-même,  des  livres, 
le  plus  généralement   des  romans  légers 
du    xvni"  siècle,    ornés   de    gravures,  de 
format  grand  in-S",  et  qui,  le  plus  habi- 
tuellement,   sont   reliés,  fort   soigneuse- 
ment,  mais   aussi    fort   simplement,    en 
très  beau  veau   fauve,    avec   filets  dorés, 
dos   ornés,    par   des     papier    peigne    et 
tranches  rouges.  —  ou  encore  très   beau 
veau  marbré  ou   granité,  sans  filets. 

Le  premier  des  plats  de  ces  reliures  est 
uniquement  orné  de  cette  marque,  tou- 
jours la  même, tracée  sur  deux  lignes,  en 
gros  caractères  et  frappée  en  or  :  «  IsJe 
Savary  ». 

Le  château  de  Ylsie  Savary  est  un  su- 
perbe et  remarquable  château  du  xvi'  siè- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Octobre   1906, 


IIIÉI     liiTT'T  ' 


561 


562 


Simple  Ferme-Ecole. 


c!e,  ornés  de  hautes  tours  carrées,  à  mâ- 
chicoulis, entouré  d'eau  et  situé  sur  le 
bord  même  de  la  vallée  de  l'Indre,  non 
loin  de  Clion,  dans  l'arrondissement  de 
Chàteauroux. 

De  chute  en  chute,  et  malgré  son 
grand  air  seigneurial  d'ancienne  demeure 
historique,  il  est  actuellement  tombé  au 
rang  plébéien  d'un 
<*  Faut  de  l'Engrais  !  » 

Q.iiel  est  donc  le  Bibliophile  pour  le- 
quel furent  exécutées  ces  élégantes  et  co- 
quettes petites  reliures  du  xvuP  siècle,  à 
la  marque  de  V«hle  Savnry  »  ? 

Ulric  Richard  Desaix. 

Le  sapeur  Rocher.  —  Ce  person- 
nage appartient  à  l'histoire  du  Temple, 
pendant  la  captivité  de  Louis  XVI.  Les 
contemporains  l'on  représenté  sous  les 
plus  noires  couleurs.  C'était  le  type  du 
geôlier  classique  à  la  physionomie  re- 
poussante et  féroce;  aux  longues  mous- 
taches, grossier,  brutal,  ignoble  agitant 
avec  frénésie  son  trousseau  de  clefs  et 
prenant  un  malin  plaisir  à  enfumer  de  sa 
pipe  Madame  Elisabeth. 

Grand  ami  d'Hébert,  le  rédacteur  du 
Père  Diichesne,  il  échangeait  avec  lui  des 
correspondances,  dans  le  goût  et  dans  le 
style  du  «  vieux  marchand  de  fourneaux  ». 
Il  dut  certainement  à  cette  haute  protec- 
tion son  poste  de  «  porte-clefs  »  à  la 
Tour.  Mais  il  n'y  resta  guère  que  quatre 
mois.  Il  fut  congédié  pour  cause  d'  «  inci- 
visme. » 

Comment  en  un  plomb  vil,  etc. 

Serait-ce  que  ce  Rocher  n'était  butor 
qu'à  la  surface  et  que,  sous  cette  fausse 
apparence,  il  favorisait  les  intelligences 
des  prisonniers  avec  le  dehors?       d'E. 

Dame  de  lit.  —  C'est  le  titre  d'une 
charge  à  la  cour  au  xvni"  siècle.  En  quoi 
consistait-elle?  V. 

La  souper  d3  Grimod  de  la 
P-eynière.  — On  assure  que  les  amis  de 
Grimod  de  la  Reynière  reçurent,  en  1783, 
ce  billet  : 

Vous  êtes  prié  d'assister  au  convoi  et  en- 
terrement d'un  gueuleton,  qui  sera  donné  le 
samedi  premier  février,  par  messiie  Baltha- 
zar  Grimod  de  la  Reynière,  écuyer,  avocat 
au  Parlement;  correspondant,  pour  la  partie 


dramatique,  du  Journal  de  Neufchâtel,  en  sa 
maison  des  Champs-Elysées. 

On  se  rassemblera  à  neuf  heures  du  soir 
et  le  souper  aura  lieu  à  dix. 

Vous  êtes  prié  de  ne  point  amener  de  la- 
quais,parce  qu'il  y  aura  des  servants  en  nom- 
bre suffisant. 

Le  cochon  et  l'huile  ne  manqueront  point 
à  souper. 

Vous  êtes  prié  de  rapporter  le  présent  bil- 
let, sans  lequel  on  ne  pourra  entrer. 

Ce  billet  que  je  trouve  dans  un  recueil 
du  temps,  a-t-i!  été  réellement  envoyé  ; 
ce  qui  revient  à  demander  :  la  fètea-t-elle 
réellement  eut  lieu  ?  Des  biographes  l'as- 
surent, mais  sans  preuves. Où  trouverait- 
on  des  détails  et  des  preuves  ?       D"^  L. 

Les  chiens  sauveteurs.  —  ...  Il 
me  serait  agréable  de  savoir  s'il  a  été 
prouvé,  jusqu'ici,  que  les  chiens,  dits  de 
Terre-Neuve  ou  autres,  soient,  par  leur 
instinct  et  leur  dévouement,  des  auxiliai- 
res etïectifs  des  pompiers  et  des  membres 
de  sociétés  de  sauvetage,  dans  les  incen- 
dies, submersions  de  personnes,  etc. 

Georges  H... 

Bisannuel  et  biennal.  —  Les  dic- 
tionnaires s'accordent  à  donner  la  même 
signification  à  ces  deux  mots  dont  l'un 
est  surtout  employé  en  botanique. 

Comment  désigner  un  fait  qui  revient 
deux  fois  dans  une  année  ? 

RoLiN  Poète. 


signi- 


Usuriers  de  Cahors.  —  Que 
fie  cette  expression  que  je  trouve  dans  une 
traduction  en  français  et  en  prose  de 
V Enfer  du  Dantej  au  chant  XI«  ;  le  tra- 
ducteur affirme  au  surplus  qu'aucune 
expression  du  grand  poète  n'a  été  altérée. 
Or,  on  lit  exactement  :  «  Dans  le  second 
«  (sous  Pentendu  cercle)  sont  enchaînés 
«  ceux  qui  ont  levé  sur  eux-mêmes  une 
«  main  sanguinaire,  avec  les  blasphéma- 
«  teurs,  les  usuriers  de  Cahors,  etc.,  etc.  »>. 

}c  serais  reconnaissant  à  l'intermédiai- 
riste  érudit  qui  voudrait  bien  me  fixer  sur 
cette  désignation  spéciale  du  Dante  } 

I.  P.  K. 

Se  mettra  le  doigt  dans  l'œil.  — 
A  quelle  époque  cette  locution  familière 
apparaît-elle  dans  notre  langue  ? 

Alpha. 


N®  1127. 


L'INTERMEDIAIRE 


563 


564 


épanscs 


le  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274,378,438,490,508). — Il  n'est  peut-être 
pas  inutile  de  faire  remarquer  que  le  tri- 
bunal révolutionnaire  de  Paris  se  permit 
lui-même  parfois  de  déroger  à  la  loi  du 
repos  décadaire,  ou,  si  l'on  préfère,  au 
respect  commandé  du  décadi,  sinon  en 
tenant  séancece  jour-là, du  moins  en  faisant 
exécuter  ses  sentences.  D'après  les  pièces 
officielles,  en  effet,  il  y  eut  20  exécutions 
capitales  le  10  brumaire,  an  11,  9  le  10 
frimaire,  8  le  20,  une  le  10  pluviôse,  3  le 
20  du  même  mois,  une  le  20  ventôse, 
enfin  22  le  10  thermidor, 

P.  Darbly. 

Le  nom  de  Jeanne  d'Arc  écrit 
Johanna  en  Angleterre  (LIV,  499). 
—  N'y  a-t  il  pas  quelque  malentendu  ? 
J'entends  généralement  dire  en  anglais 
joan  of  Arc.  Ce  nom  dont  je  figurerais, en 
français,  la  prononciation  par  Djaun, 
m'avait  déjà  intéressé  lors  dune  ques- 
tion posée  il  y  a  quelques  mois  (LUI)  au 
sujet  de  l'ancienne  prononciation  de 
Jean-ne  pour  le  nom  de  Jeanne  d'Arc.  Si 
comme  le  disait  alors  le  regretté  Lpt  du 
Sillon,  la  prononciation  moderne  du  nom 
de  Jeanne  est  empruntée  à  l'anglais  (LUI, 
566),  les  Anglais  ont-ils  emprunté  aux 
Français  le  nom  de  Joan  ?  C.  B.  O. 

Le  comte  de  Moret,  fils  naturel 
de  Henri   IV,  s'est-il  fait   ermite  ? 

(LIV,  329,  398,  455).  --  En  1695,  le 
frère  Norbert  Moret  est  prieur  de  l'ermi- 
tage des  Camaldules  de  Bessé-sur-Braye 
(Sarthe).  Né  à  Saint-Germain-en-Laye,  il 
était  d'abord  entré  dans  l'ordre  des  cha- 
noines réguliers  de  Prémontré.  Après 
30  ans  de  résidence,  il  obtint  du  Saint- 
Siège  la  permission  de  se  réunir  aux  Ca- 
maldules, ce  qui  eut  lieu  le  7  août  1695.  Il 
y  était  encore  en  1710. 

(Revue  Hist.  etArchéol.  du  Maine,  t.  II, 
p.  201).  Louis  Calendini. 

Camp  de  César  à  Wissant  (LIV, 
443,  513).  —  Des  fouilles  ont  été  opérées, 
en  effet,  à  Tardinghem,  sous  la  direction 
de  M.  le  chanoine  Debout,  auteur  de  la 
si  complète  et  remarquable  f^ie  de  Jeanne 


d'Arc,  aujourd'hui  curé  de  l'église  d^ 
Sacré-Cœur,  à  Saint  Pierre-les-Calais. 

Notre  savant  et  sympathique  collègue 
—  car  il  écrit  aussi  dans  V Intermédiaire  — 
a  publié  une  très  intéressante  brochure 
sur  Tardinghem,  qui  parut  à  Arras  en 
1894,  sous  le  titre  de  «Tardinghem  et  les 
Sépultures  so::s  dalles  ». 

Il  nous  en  donne  lui-même  la  division 
en  ces  termes  : 

La  nécropole  de  Tardinghem  nous  a 
offert  un  sujet  d'étude  forï  intéressant.  Sa 
découverte  est  très  importante  pour  l'histoire 
locale  ;  de  plus  elle  nous  fournit  l'occasion 
de  nous  étendre  sur  un  mode  de  sépulture 
connue  depuis  longtemps,  mais  non  com- 
plètement de'crit  jusqu'à  ce  jour. 

Le  présent  travail  est  divisé  en  deux  par- 
ties :  une  notice  aussi  complète  que  possi- 
ble sur  Tardinghem,  théâtre  des  fouilles,  et 
une  étude  détaillée  des  sépultures  elles- 
mêmes.  .  . 


L'analyse  de  cet  important  travail  nous 
entraînerait  trop  loin.  Disons  seulement 
que  les  premières  fouilles  eurent  lieu  en 
juin  1892.  Sous  une  couche  d'un  mètre 
d'épaisseur  de  terre  végétale,  dans  un 
limon  quaternaire  argileux  sec,  à  20  cen- 
timètres de  profondeur,  on  trouva  trois 
dalles  juxtaposées  bout  à  bout  sous  les- 
quelles se  trouvèrent  des  squelettes  dont 
les  ossements  fiirent  étudiés  par  le  doc- 
teur Lestoquoy,  lequel  fit  un  rapport  à 
ce  sujet. 

Après  la  lecture  de  ce  rapport,  100 
francs  furent  votés  par  la  Commission  des 
Monuments  Historiques  du  Pas-de-Calais 
pour   la  continuation  des  fouilles. 

Les  secondes  fouilles  eurent  donc  lieu 
les  2.\  et  25  avril  1893. 

De  nouvelles  sépultures  furent  mises 
à  jour  en  deux  groupes  superposés,  le 
groupe  supérieur  ne  comprenant  que 
deux  sépultures,  et  l'inférieur  offrant  qua- 
tre rangées  parallèles  de  dalles  dispo- 
sées sur  un  niveau  à  peu  près  régulier. 

Les  troisièmes  fouilles  enfin,  eurent 
lieu  le  28  septembre  1893  Plusieurs 
fosses  et  tranchées  furent  creusées,  qui 
mirent  à  jour  de  nombreuses  sépultures 
sous  dalles,  mais  qui  avaient  été  violées, 
à  part  une  seule.  Celle-ci  comprenait  cinq 
pierres  dont  la  rangée  était  orientée.  Le 
squelette,  en  mauvais  état,  était  accom- 
pagné d'objets  fort  curieux. 

L'auteur,  dans  sa  conclusion,  fait  re- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre   1906. 


565 


566 


monter  ces   sépultures   au    ix^  siècle  ou 
peut-être  à  la  fin  du  via'-'. 

Marquis  A.  B.  L. 


*  » 


Nous  ne  pouvons  pas  répondre  directe- 
ment à  la  question  ;  mais  nous  sommes 
en  mesure  d'y  apporter  une  rectification 
intéressante. 

On  sait  qu'une  foule  de  camps,  dits  de 
César,  sont  tout  simplement  des  camps 
romains,  dont  la  plupart  peuvent  dater  de 
bien  d'autres  époques  que  de  celle  de 
César.  Nous  pensons  que  c'est  le  cas  ici, 
et  voici   pourquoi  : 

Les  deux  grandes  flottes  de  César  n'au- 
raient pas  eu  assez  de  place,  pour  se  réunir 
à  Wissant  (portus  Itius)  ;  tandis  qu'elles 
n'avaient  l'espace  nécessaire  qu'a  Isques 
fportus  Iccius)^  dans  la  baie  de  la  Liane, 
à  Boulogne-sur-Mer.  Le  fait,  confirmé  par 
Napoléon  r^,  lors  de  ses  préparatifs  de  des- 
cente en  Angleterre,  ne  fait  pas  l'ombre 
d'un  doute.  Ce  n'est  donc  pas  un  camp  de 
César,  très  probablement;  mais  c'est  un 
auiie  camp  romain,  que  Von  a  découvert  à 
W  tssant. 

Ce  sont  les  copistes,  qui  ont  écrit  indif- 
féremment ces  deux  noms  latiiiS  pour 
Boulogne  (i)  (Isques).  Or,  ces  deux  mots 
n'ont  pas  le  même  sens  :  IVissnnd  est 
un  mot  gallo-belge,  qui  veut  dire  Les 
blancs  sables  ;  tandis  que  portus  Iccius, 
Isques  en  français,  est  le  poit  if  Iccius  ou 
d'Iccig. 

Le  port  de  Rutopie,  où  aboutit  César  à 
sa  seconde  expédition  en  Angleterre,  est 
sûrement  Sandvich  (le  vicus.  ou  bourg 
Jcs  sdb/es).  Nous  le  savons  pour  deux  mo- 
tifs précis,  absolument  indiscutables,  con- 
firmés d'ailleurs  par  bien  d'autres  encore  ; 
notamment  par  César  et  par  les  Bretons 


de  la  Grande  Bretagne 


D''  Bougon. 


L'idée  de  patrie  existait-elle 
a-^ant  la  Révolution.?  (T.  G.  385; 
XXXV  à  XXXVIII  ;  XLI!  ;  LIV,  1 16,  233, 
290,347,4^5,508).  —  Dans  les  poésies  de 
Charles  d'Orléans  f  i  391-1464)  retrouvées 
en  1808  dans  la  bibliothèque  de  Greno- 
ble, par  Chalvet,  figure  celle  :  La  Patrie 
absente.  On  sait  que  ce  prince  français, 
père  de  Louis  XII  et  grand  oncle  de  Fran- 


(i)  Boulogne  s'appelait  alors  Gessoriaoum 
lieu  du  lu\vre  ;  et  c'est  à  partir  de  Constance 
Chlore,  qu'on  l'a  appelée  Bononia. 


çois  I^"',  blessé  et  fait  prisonnier  à  la  ba- 
taille d'Azincourt,  fut  retenu  25  ans  en 
Angleterre.  Ses  instincts  poétiques,  dé- 
veloppés de  bonne  lieure  par  les  soins  de 
Valentine  de  Milan,  sa  mère,  trouvèrent 
dans  les  douloureux  loisirs  d'une  longue 
captivité,  un  aliment,  qui  leur  eût  man- 
qué peut-être  dans  les  conditions  ordi- 
naires de  la  vie  féodale  au  xv^  siècle.  S'il 
eût  passé  les  plus  belles  années  de  sa 
jeunesse  à  ferrailler  sur  les  champs  de 
bataille,  ou  si  son  ambition  l'eût  poussé, 
comme  les  autres  princes  du  sang  royal, 
à  prendre  un  rôle  dans  les  factions  qui 
déchiraient  alors  la  France,  il  est  pro- 
bable que  nous  n'admirerions  pas  aujour- 
d'hui dans  ses  ballades  cette  grâce  à  la 
fois  souriante  et  mélancolique,  cette  veine 
de  sentiment  et  d'émotion  qui  les  distin- 
guent entre  toutes  les  compositions  poé- 
tiques de  la  même  époque. 

Alexandre  Rey. 

Voici  un  cas  dans  lequel  le  doute  n'est 
pas  permis,  et  dans  lequel  il  ne  peut  y 
avoir  aucune  confusion  entre  l'idée  de  Pa- 
trie et  celle  de  royauté,  qui  pour  beau- 
coup se  confondent,  car  dans  ce  cas  la 
Pairie  est  directement  opposée  au  Roi  : 

«  Il  n'est  pas  possible  que  le  Roi  d'Angleterre 
ne  réfléchit...  que  le  gouverneur  d'une  for- 
teresse ou  d'une  ville,  s'y  croit  moins  placé 
par  le  Roi  que  par  la  Nation,  et  que  s'il 
imagine  qu'il  est  de  l'intérêt  de  la  Patrie 
de  délivrer  un  prisonnier,  il  ne  tardera  pas 
à  ]emett:e  en  liberté.  » 

Cet  extrait  des  Essais  histon'cptes  sur 
Paris,  de  Saint  Foix,  a  paru  en  1776. 
Evidemment,  il  ne  remonte  pas  à  Char- 
lemagne,  mais  il  suffit  qu'il  soit  antérieur 
à  la  Révolution  pour  répondre  à  la  ques- 
tion d'une  façon  incontestablement  affir- 
mative. Jean  Pila. 

* 

Sans  répondre  absolument  à  la  ques- 
tion posée,  les  lignes  suivantes  auront 
sans  doute  quelque  intérêt  pour  les  lec- 
teurs de  {'Intermédiaire.  Il  est  en  tous  les 
cas,  frappant  d'entendre  le  chancelier 
d'Aguesseau  parler  ainsi  en  pleine  monar- 
chie. (Mercuriale  XII".  L'Amour  de  la  Pa- 
trie, prononcée  à  la  Saint-Martin,  1715)  : 

«  Lien  sacré  de  l'autoiit'  des  Rois  et  de 
l'obéissance  des  peuples,  l'amour  de  la  Patrie 
doit  réunir  tous  leurs  désirs.  Mais  cet  amour 
presque    naturel   à  l'homme,    cette  vertu  quç 


N^ 


1 127, 


-567 


L'INTERMEDIAIRE 


nous  connaissons  par  sentiment,  que  nous 
louons  par  raison,  que  nous  devrions  suivre 
même  par  intérêt,  jette-t-elle  de  profondes 
racines  dans  notre  cœur  ?  et  ne  dirait-on  pas 
que  ce  soît  comme  une  plante  étrangère  dans 
les  monarchies,  qui  ne  croisse  heureusement  et 
qui  ne  fasse  goûter  ses  fruits  précieux  que 
dans  les  Republiques? 

«  Là,  chaque  citoyen  s'accoutume  de  bonne 
heure  et  presque  en  naissant,  à  regarder  la 
fortune   de    l'Etat  comme  sa  fortune  particu 


568 


quence  pour  la  gloire  et  l'avantage  de  ce 
royaume-cj  »,  (p.  218.) 

On  voit  que  le  prince  et  son  ministre 
parlaient  le  même  langage,  et  pensaient 
Fun  et  l'autre  à  la  patrie; 

P.  Darbly. 


Pai 


pineau  et  les  troubles  du  Ca- 
nada (LIV,  386,   511).  —  Il  est  suppo- 


Hère.  Cette  égalité  parfaite   et  cette  espèce  de   >   sable    que   les    ancêtres    de    Louis-Joseph 


fraternité  civile,  qui  ne  fait  de  tous  les  ci- 
toyens comme  une  seule  famille,  les  intéresse 
tous  également  aux  biens  et  aux  maux  de  leur 
patrie.  Le  sort  d'un  vaisseau  dont  chacun 
croit  tenir  U  gouvernail  ne  saurait  être  in- 
différent. L'amour  de  la  patrie  devient  une 
espèce  d'amour-propre.  On  s'aime  véritable- 
ment en  aimant  la  République  et  l'on  parvient 
enfin  à  l'aimer  plus  que  soi-même. 

LÉO  M.\RY. 
*  * 

Aux  témoignages  affirmaiifs  produits 
précédemment,  on  peut  ajouter  le  suivant. 
Il  a,  me  seml^Ie-t-il,  une  saveur,  d'autant 
plus  spéciale  qu'il  émane  d'un  homme 
accusé  dp  s'être,  pour  ses  avantages  per- 
sonnels, mis  aux  gsges  de  l'Angleterre.  II 
s'agit  du  fameux  cardinal  Dubois,  l'ami  du 
Régent.  Je  le  prends  dans  l'une  des  cir- 
constances les  plus  minortantes  de  sa  vie  : 
pendant  les  négociations  de  la  Triple  Al- 
liance. Or,  voici  quelques  extraits  de  ses 
dépêches  d'alors,  extraits  tirés  de  l'ou- 
vrage de  M.  P.  Bliard  :  Dubois  cardinal  et 
premier  ministre. 

On  constatera  que  si  l'idée  de  son 
maître  ne  le  quitte  pas.  celle  de  la  patrie 
lui   est  semblablement  souvent  présente. 

Parlant  du  traité  qu'il  venait  de  con- 
clure avec  la  Grande-Bretagne,  il  disait  : 
«Je  suis  venu  à  bout,  comme  par  mira- 
cle, de  la  seule  chose  qui  pouvait  assurer 
la  paix  du  royaume t\  mettre  M.  le  duc 
d'Orléans    hors    de  toute  atteinte  (I,  p 


Papineau  furent  originaires  de  Niort  ;  je 
serais  fort  surpris  si  lui  ne  fut  pas  né  Ca- 
nadien. Mais  si  dans  son  pays  d'origine 
on  a  oublié  son  nom,  il  faut  toujours  se 
souvenir  que  nul  n'est  prophète  dans  son 
pays,  et,  quoique  inconnu  à  Niort,  il  vit 
toujours  dans  les  souvenirs  des  Canadiens- 
Français  de  la  Nouvelle-France. 

Papineau  eut  une  heure  de  grande  célé- 
brité, il  eut  même  l'orgueil  de  voir,  un 
jour,  un  peuple  entier  debout  derrière  lui, 
parce  qu'il  incarnait  en  sa  personne  les 
aspirations  d'un  million  d'hommes,  et  que 
sa  parole  vibrante  savait  les  exprimer  à  la 
tribune. 

Je  n'ai  pas  l'intention  de  retracer  la  vie 
de  Papineau,  mais  je  veux  montrer  dans 
quelles  circonstances  il  s'est  illustré. 

Après  la  défaite  de  Monîcalm  sur  le 
plateau  d'Abraham  et  la  mort  de  son  vain- 
queur Wolfe,  après  la  cession  .défmiti\e 
du  Canada  au  traité  de  Paris  en  1763, 
l'Angleterre  soumit  les  anciens  colons 
français  au  régime  militaire  et  voulut, 
malgré  les  clauses  formelles  du  traité, 
leur  enlever  le  libre  exercice  de  leur  reli- 
gion et  de  leur  langue. 

Ne  pouvant  se  révolter,  car  ils  n'étaient 
pas  les  plus  forts,  ils  souffrirent  en  si- 
lence. 

En  1774,1e  gouvernement  civil  fut  ins- 
titué et  exerça  la  même  pression.  Rien 
n'y  fit  :  les  Canadiens-Français  parlèrent 


184).  Cette  conclusion  était  plus   néces-  j  leur  langue  et  pratiquèrent  leur  religion 


saire  aux  Anglais  qu'au  royai;nie(p.  189, 
note  2)...  Je  suis  heureux  que  la  Provi- 
dence se  soit  servie  de  moi  pour  procu- 
rer au  royaume  et  à  un  maître  que 
j'adore...  le  plus  grand  bien  qu'on  pût 
espérer...  »  (p.  220).  Voir,  même  ou- 
vrage, 1,  pp.  190,  215,  340,  etc.,  nombre 
d'autres  textes  pareils. 

Je  termine  par  ce  mot  de  Philippe 
d'Orléans  lui-même,  écrivant  à  son  pléni- 
potentiaire :  «  je  n'ai  jamais  douté  que 
ce  traité  ne  fût  d'une  très  grande  consé- 


en  cachette  et  en  silence.  En  1792,  un 
Parlement  leur  fut  accordé  en  récompense 
de  leur  loyalisme  dans  la  guerre  de  l'In- 
dépendance américaine.  Ils  y  portèrent 
leurs  doléances,  mais  ne  furent  pas  écou- 
tés. Les  lois  étaient  cassées  selon  le  bon 
plaisir  des  gouverneurs.  Malgré  cela,  en 
181 2,  les  Canadiens  donnèrent  encore  la 
mesure  de  leur  loyalisme  dans  une  nou- 
velle lutte  entre  les  Etats-Unis  et  l'Angle- 
terre. 

Cola    n'emppcha    pas   qu'en    1831,  au 


DES  CHERCHEURS  ET    CURIEUX 


20  Octobre  iqcô 


569 


?/" 


cours  d'une  lutte  électorale,  les  troupes 
métropolitaines  intervinrent  et  tirèrent 
sur  les  Canadiens-Français.  Cette  fois,  la 
mesure  était  comble  :  la  crise,  jusqu'alors 
contenue,  éclata  ouvertement  dans  le 
peuple  canadien. 

Louis-Joseph  Papineau  se  mit  à  leur 
tète.  Membre  du  Parlement  canadien,  ora- 
teur d'une  rare  envergure,  il  rédigea  le 
ManifesU  des  g2  Résolutions  qui  fut  appuyé 
par  des  milliers  de  signatures.  On  le  pré- 
senta au  Çureau  Colonial,  et  le  bruit  cou- 
rut que  ce  dernier  n'accepterait  pas  les 
revendications.  Instantanément,  la  révolte 
éclata.  Ce  fut  la  «  Rébellion  de  1837». 
Les  insurgés  se  battirent  avec  rage  ;  ils 
avaient  un  seul  canon  de  bois  en  leur 
possession.  Papineau  essaya  de  les  calmer, 
ils  ne  voulurent  rien  entendre.  Sir  John 
Colborne,  avec  deux  milliers  d'hommes 
de  l'armée  régulière,  les  mit  en  déroute 
et  fusilla  tout  ce  qui  tomba  en  son  pou- 
voir. Mais  le  résultat  se  fit  sentir  en 
1840  ;  r Angleterre,  instruite  sans  doute 
par  la  guerre  de  l'Indépendance  améri- 
caine, accorda  au  Canada  le  droit  de  se 
gouverner  comme  il  l'entendrait,  et  les 
Canadiens-Français  eurent  le  droit  de  pra- 
tiquer leur  religion  et  de  parler  leur 
langue. 

Papineau  fut  donc  la  cause  directe  du 
gouvernement  autonome  du  Canada,  et 
les  quatre  millions  de  Canadiens  Fran- 
çais qui  vivent  aujourd'hui  sur  les  bords 
du  Saint-Laurent  et  de  la  baie  d'Hudson 
n'oublieront  jarnais  son  nom.        A.  D. 

Louis  XVII.  Sa  mort  au  Temple. 
Documents  nouveaux  (T.  G.  534  ; 
XLIX  â  LUI;  LIV,  17,  62,  115). —Les 
qbjections  toujours  les  mêmes,  les  ar- 
gurnents  ^^  toujours  les  mêmes  «.  N'est- 
ce  pas  naturel  ?  Pourtant,  j'ajoute  sou- 
vent des 
de  même  plus  loin 

Certes,  j'ignore  si  peu  <*  l'existence  de 
l'article  de  M.  de  Reiset  »,  et  pême  les 
articles  de  M.  de  Reiset,  que  leur  réfuta- 
tion complète,  depuis  le  premier  argu- 
ment jusqu'au  dernier,  paraîtra  dans  la 
Revue  histoiique  de  la  Ojicsiion  Louis  XVII. 
Pourquoi  me  supposer  de  prime-abord 
capable  ou  désireux  d'  s<  ignorer  »,  c'est-à- 
dire  d'esquiver  les  objections,  moi  qui 
prouve  tous  les  jours  que  je  ne  suis  pas 
liorTîOTS  à  fpcpurir  à  ce  genre  de  procé- 


arguments  nouveaux  et  en  ferai 


dés  .?  Qiioi  qu'il  en  soit,  en  lisant  ma  ré- 
ponse dans  la  Revue  susdite,  M.  Echarpe 
pourra  se  rendre  compte  que  M.  le  vi- 
comte de  Reiset  n'a  rien  «  réduit  à 
néant  ». 

Si  -M.  Echarpe  connaissait  la  haute  in- 
telligence, la  noblesse  de  caractère  et  \di 
franchise  admirable  de  Mme  de  Maleissye, 
marquise  d'Osmond,  à  l'époque  où  e]le 
eut  la  conversation  avec  le  comte  de 
Chambord,  il  ne  la  jugerait  pas  comme 
il  la  juge.  D'ailleurs,  son  témoignage  déjà 
raconté  à  Laurent  Tailh^de,  ily  a  vingt 
ans,  n'est  pas  isolé.  Il  est  corrobo^"é  par 
d'autres  témoignages,  sans  entente  préala- 
ble possible. 

Notez  que  Mme  de  Maleissye  ne  s'est  ja- 
mais occupée  de  «  Naundorffisme  ».  Mais 
quel  intérêt  lui  supposer  autre  que  celui 
de  la  vérité  ? 

Qu'on  réponde  donc  au  cardinal  de  la 
Fare,  à  Mme  de  Gontaut,  à  Mgr  Thorin, 
au  général  comte  de  la  Rochejaquelein,  à 
tant  d'autres  qui  se  convainquirent  de 
l'évasion  de  Louis  X'VIl,  la  plupart  — 
chose  amusante,  et...  attristante  :  à  la 
cour  même  de  Charles  X  et  dont  les  té- 
moignages confirment  celui  de  Mme  'de 
Maleissye  ! 

Mme  de  Maleissye  a  d'ailleurs  mainte" 
nu  hautement  son  témoignage.  Il  suffit 
de  lui  parler  cinq  minutes  pour  se  rendre 
compte  que  c'est  un  témoignage  absolu- 
ment sincère  et  sérieux.  Et,  tenez,  qu'af- 
firme donc,  dans  le  Gil  Blas  du  5  juillet 
dernier,  le  marquis  de  Guiry  filleul  de 
Monseigneur  le  comte  de  Chambord  et  de 
Mme  la  duchesse  d'Angoulême,  et  ancien 
oflficier  d'artillerie  de  l'armée  française  ^ 
11  affirme  :  %*  Le  comte  de  Chambord 
cro3'ait  à  l'évasion  de  Louis  XVI],  Unie 
Va  dit  dans  son  fumoir  à  Gorit:^,  quelques 
rnois  avant  la  tentative  de  restauration.  » 

Que  signifie  contre  de  pareilles  for- 
melles assertions  la  parole  politique  du 
duc  de  Parme  niant  une  conversation  qu'il 
peut  d'autant  moins  nier  qu'il  n'y  a  pas 
assisté  ?  Il  tombe  sous  le  sens  que  le  duc 
de  Parme  ne  peut  pas  «  déclarer  de  la  fa- 
çon la  plus  péremptoire  que  jamais  son 
oncle,  le  comte  de  Chambord,  n'a  pro- 
noncé de  telles  paroles  ».  Tout  au  plus 
peut-il  déclarer  qu'il  n'y  croit  pas.  Au 
reste,  je  me  réserve  de  répondre  en  détail 
dans  la  Revue  de  Louis  XVII  à  tous  les 
arguments   produits   par   le    vicomte    de 


U°    i  :27. 


L'INTERMEDIAIRE 


571 


57- 


Reiset.  Ceux  que  la  question  intéresse 
suflfisamment  peuvent  s'y  reporter  et  ju- 
ger le  pour  et  le  contre. 

Le  bref  de  Grégoire  XVI  se  vengeait 
des  attaques  religieuses  de  «  Naundorff  » 
(dont  la  prétendue  origine  prusso  juive 
fut  —  on  ne  saurait  trop  le  répéter  —for- 
gée de  toutes  pièces  par  le  gouvernement 
de  Louis-Philippe)  voilà  tout.  Et  si  l'on 
veut  prétendre  que  Grégoire  XVI  a  eu  le 
temps  d'étudier  la  question  Louis  XVII  et 
a  pu  ainsi  condamner  «  Naundorff  »  en 
connaissance  de  cause,  j'ai  le  droit  de  ré- 
pondre que  Léon  Xlll,  par  ses  bénédic- 
tions à  Amélie,  fille  aînée  du  prétendu 
Naundorff,  et  Fie  X,  par  ses  bénédictions 
envoyées  à  plusieurs  descendants  du 
même  soi  disant  Naundorflf,  ont  revisé  et 
effacé  la  condamnation  prononcée  par 
leur  devancier.  Ils  pouvaient  le  faire  avec 
d'autant  plus  de  raison  que  depuis  1843  à 
nos  jours  une  quantité  d'autres  faits  et 
témoignages  ont  projeté  plus  de  lumière 
sur  cette  ténébreuse  histoire.  Les  béné- 
dictions de  Léon  XlII  et  de  Pie  X  sont 
aussi  certaines  et  authentiques  que  la 
«  malédiction  »  de  Grégoire  XVI.  Mais 
j'aime  mieux  être  sincère  avec  moi-même 
et  dire  ma  vraie  pensée  qui  est  que  ces 
bénédictions,  pas  plus  que  cette  malédic- 
tion, ne  sauraient  être  invoquées  comme 
une  preuve  historique  pour  ou  contre 
l'évasion  et  l'identité  de  Louis  XVU. 

je  dois  depuis  longtemps  une  réponse 
à  M.  J.  S.  L.  Je  ne  l'esquive  pas  iMais 
cette  réponse  exigeant  des  citations,  dont 
je  ne  puis  pas  encore  rechercher  le  texte, 
je  le  prie  de  bien  vouloir  patienter  en- 
core. Otto  Friedrichs. 

Le  petit  homme  rouge  des  Tuile- 
ries et  Napoléon  V  (LIV,  445,  511). 
—  Dans  ses  Mémoires  (tome  I,  p.  407), 
Napoléon  écrit  : 

—  Je  rentrais  un  soir,  lorsque  dans  ma 
chambre  à  coucher,  sur  la  cheminée  et  à  la 
pendule,  je  vis  une  enveloppe  qui  me 
frappa  par  sa  couleur  :  elle  était  rouge  et 

lecachet  noir. 

—  Qu'est-ce  }  demandai-je  à  mon  do- 
mestique. 

—  Citoyen  général,  je  n'en  sais  rien. 

—  Ce  n'est  pas  toi  qui  l'as  apportée 
ici? 

-.-  Non. 

—  A  qui  l'a-t-on  remise  ? 


—  Je  ne  le  sais  pas. 
Je  fais  appeler  Junot,  il  n'avait  rien  vu, 
son  camarade  n'avait  pas  apporté  le  pli  ni 
vu  personne. 

Je  me  fâchai,  ce  fut  en  vain  :  je  dis  au 
domestique  de  me  donner  la  lettre  :  je 
l'ouvris...  Il  y  avait  dedans  cet  hémistiche 
d'une  tragédie  de  Ducis  : 

...  Tu  seras  roi,  Macbeth  ! 
et  plus  bas  ces  mots  :  V Homme  Rouge. 

Dirai-je  qu'une  vive  émotion  me  saisit  ? 
Je  sentis  le  feu  me  monter  au  visage  ;  mes 
aides  de  camp  étaient  là,  ils  m'exami- 
naient... Je  ne  balançai  pas,  et  m'appro- 
chant  de  la  cheminée,  je  fis  une  boule  de 
la  lettre,  de  l'enveloppe  et  jetai  le  tout 
au  milieu  du  brasier  ardent. 

M'annoncer  que  je  serais  roi  et  après  le 
13  vendémiaire,  c'était  de  l'insolence  et 
cela  venait  certainement  d'une  main  enne- 
mie. 

Vhomine  rouge,  sotte  plaisanterie,  im- 
pertinence dont  je  n'étais  pas  dupe...  Moi, 
roi  comme  Macbeth...  Lui  l'avait  été  par 
un  crime,  par  un  assassinat  de  son  roi, 
son  parent,  son  hôte,  son  ami  :  Fimite- 
rais-je  ?...  moi  roi  !...  moi,  général  de  la 
République!...  Mais  au  milieu  de  cette 
perplexité,  la  faiblesse  humaine  me  saisis- 
sait au  cœur  ;  mille  pensées  tumultueuses 
venaient  m'assaillir...  J'aurais  voulu  con- 
naître cet  homme  rouge,  le  voir,  lui  par- 
ler... punir  son  audace  ;  car  était-il  possi- 
ble qu'un  jour  j'eusse  à  récompenser  sa 
perspicacité. 

En  ce  moment  et  sans  réflexion,  poussé 
comme  par  une  volonté  irrésistible,  je 
m'avançai  près  d'une  fenêtre  et  me  mis  à 
regarder  le  ciel.  11  y  avait  presque  au- 
dessus  de  moi  une  étoile,  mais  si  belle,  si 
rayonnante  que  j'en  fus  ébloui  ;  les  nuages 
passaient  autour  d'elle  sans  la  voiler,  la 
vivacité  de  ses  feux  semblait  dissiper  les 
vapeurs  ..  fe  ne  sais  quelle  voix  intérieure, 
mais  que  j'entendis  néanmoins  très  dis- 
tinctement, me  dit  :  «  Cet  astre,  c'est  le 
tien,  tu  vois  comme  il  brille  ;  eh  bien, 
ton  éclat  sera  pareil.  »  Alors  mille  pen- 
sées de  gloire,  mille  éclairs  de  génie  se 
croisèrent  et  resplendirent  à  moi  ;  le 
monde  me  sembla  presque  éteint  et  je  me 
demandai  s'il  suffirait  à  renfermer  mon 
avenir  :  je  regrettai  alors  d'avoir  brûlé  la 
prophétie  audacieuse  ;  mes  espérances 
me  la  rappelèrent  et  je  crois  qu'en  m'en- 
dormant,  mes  lèvres,  sans  que  je  le  vou- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1906, 


573 


574 


lusse,     balbutièrent     les     mots    qu'elles  |  travaux  de  l'église.  Il  en  est  un  particuliè- 


avaient   prononcées  un   moment  aupara 
vant  :  Macbeth,  tu  seras  roi. 

LÉO  Mary. 

Pierre  pliiIo?opîiale  dans  un 
pilier  do  Notre-Dame  (LIV,  ^05).  — 
Les  occultistes  modernes  sont  de  la  fa- 
mille des  stylistes,  leurs  contemporains  : 
ils  peuvent  dire  ce  qui  leur  passe  par  la 
tête.  La  première  condition  pour  enfer- 
mer quelque  part  un  morceau  de  pierre 
philosophale,  c'est  d'en  posséder.  Or,  il 
est  certain  que  si  les  alchimistes  Tont 
cherchée,  il  est  plus  certain  encore  qu'ils 
ne  l'ont  jamais  trouvée,  lis  ont  fait 
mieux  :  car  d'erreur  en  erreur,  ils  ont 
aidé  puissamment  à  créer  les  sciences 
chimiques,  et  ils  ont  rendu  plus  de  ser- 
vices au  monde,  en  découvrant  des  corps 
plus  utiles  que  la  transmutation  des  mé- 
taux en  or.  E.  Grave. 

Une  mèda  lia  da  fondation  de 
Saint-Sulpice  (LIV,  451,  531). — La 
description  du  revers  de  la  médaille  qui 
aurait  été  trouvée  au  cours  des  répara- 
tions effectuées  au  café  Cardinal,  rue  de 
Richelieu,  au  coin  du  boulevard,  montre 
qu'il  ne  s'agit  pas  de  l'état  de  l'église 
Saint-Sulpice  en  1754  En  effet,  à  cette 
époque  il  n'y  avait  pas  encore  'e  place 
Saint-Sulpice  et  l'étroite  rue  Féron  qui 
séparait  l'église  de  l'ancien  séminaire,  con- 
duisait à  la  rue  du  Vieux  Colombier,  sur 
la  petite  place  formée  à  droite  de  la  rue 
des  Canettes  pour  la  construction  de  la 
maison  type  dont  il  sera  parlé  un  peu 
plus  loin. 

Quand  la  place  fut  formée  au  xix'' siècle, 
une  fontaine  y  fut  érigée  ;  c'est  celle  qui 
précéda  la  fontaine  de  Visconti  actuelle  et 
qui  fut  reléguée  dans  le  marché  Saint- 
Germain  où  elle  est  connue  sous  le  nom 
de  Fontaine  de  la  Paix.  Il  n'y  eut  jamais 
deux  fontaines. 

Qiiant  aux  tours,  il  y  eut  plusieurs  pro 
jets  relatifs  à  leur  achèvement  ;  le  projet 
primitif  de  Servandoni  prévoyait  une  ai- 
guille dans  le  genre  de  celle  qui  surmonte 
la  lanterne  du  Dôme  des  Invalides.  Il  ne 
fut  pas  exécuté.  Les  plans  originaux  qui 
sont  conservés  dans  les  archives  de  l'é- 
glise Saint-Sulpice  sont  très  précieux 
à  l'égard  des  projets  des  divers  architectes 
qui   se    succédèrent  dans  la  conduite  des 


rement,  qui  esi  l'œuvre  de  Servandoni  et 
qui  consistait  à  isoler  l'église  dans  une 
immense  place  bordée  par  des  maisons 
symétriques  dont  un  type  fut  exécuté  et 
existe  encore,  au  coin  de  la  place  et  de  la 
rue  des  Canettes.  Ce  projet  grandiose  ne 
fut  pas  mis  à  exécution  ;  il  permettait  de 
mettre  en  valeur  l'immense  loggia  des- 
tinée, dans  l'origine,  à  la  célébration  de 
pompes  religieuses  en  présence  de  la 
foule  massée  sur  la  place. 

La  loggia  étant  devenue  inutile  faute  de 
l'aménagement  de  la  place  projetée  par 
Servandoni,  les  dispositions  destinées  à 
faciliter  son  accès  furent  abandonnées  ; 
actuellement  on  ne  monte  dans  les  étages 
que  par  d'étroits  escaliers  à  vis. 

La  date  de  1754  ne  se  rapporte  à  aucun 
des  événements  marquants  des  périodes 
d'activité  ou  d'abandon  des  travaux  de 
construction  de  l'église  ;  ou  du  moins  l'on 
n'a  pas  connaissance  d'un  fait  particulier 
à  cette  époque.  L'église  Saint-Sulpice  que 
nous  admirons  aujourd'hui,  malgré  l'iro- 
nie d'une  plaisanterie  de  Victor  Hugo, 
recèle  dans  ses  substructions  les  vestiges 
des  deux  édifices  qui  l'ont  précédée  en  ce 
même  emplacement  ;  la  première,  église 
gothique,  fut  démolie,  mais  non  complète- 
ment détruite  en  1643  >  "^^  parties  qui  en 
sont  conservées  sont  très  visibles  dans  les 
curieux  sous-sols  actuels  ;  une  autre  église 
fut  ensuite  construite  assez  rapidement. 
Elle  était  irrégulière.  Puis  reconnue  in- 
suffisante, pour  les  besoins  du  bourg 
Saint-Germain  qui  se  développait  et  se 
peuplait  avec  une  rapidité  extrême,  l'é- 
glise fut  condamnée  sans  hésitation,  et  le 
20  février  de  l'année  1646,  la  première 
pierre  de  l'église  actuelle  était  posée.  La 
seconde  église  dont  l'existence  éphémère 
est  peu  connue,  a  laissé  néanmoins  des 
traces  considérables  En  effet,  l'édifice  ne 
fut  pas  démoli,  il  fut  seulement  dérasé  ; 
en  sorte  que  certains  points  d'appui  de 
l'ég'ise  actuelle  se  trouvent  sur  d'an- 
ciennes fondations.  De  plus,  le  plan  de  la 
nouvelle  église  ne  fut  pas  orienté  exacte- 
ment sur  le  plan  de  l'ancienne,  en  sorte 
que  le  sous-sol  de  l'église  Saint-Sulpice 
se  trouve  être  extrêmement  curieux,  sur- 
tout sous  la  nef.  Si  l'on  ajoute  à  cela 
qu'un  grand  nombre  de  sépultures  an- 
j  ciennes  sont  englobées  et  agglomérées 
i  dans   la    construction    dernière,    l'on    se 


N  °i'27. 


L'INTERMEDIAIRE 


575 


rend  compte  du  caractère  particulier  de 
l'asp'ect  de  ces  dessous. 

Si  la  médaille  en  question  que  je  n'ai 
ipâs  vue  se  rapporte  à  l'église  Saiht-Sul- 
pice,  elle  vise  probablement  un  projet  d'a- 
chèvement. Et  certes  il  n'en  manqua  pas 
de  projets,  car  la  construction  fut  fré- 
quemment interrompue  et  la  liste  des 
architectes  qui  y  travaillèrent  est  longue 
et  variée.  Ce  qui  n'empêche  pas  l'église 
Saint-Sulpice  d'être  lin  tnonument  de  pre- 
mier ordre  dont  plusieurs  parties  extrê- 
mement intéressantes  ne  sont  pas  mal- 
hèùr'eusement  d'un  accès  facile. 

Louis  Tesson. 

Uiie  ancienne  église  de  Paris  à 
retrouver  (LIV,  501).  —  Notre  collabo- 
rateur, F.  Hardin,  trouvera  les  indications 
qu'il  désire  dans  le  Z)/<://o«n(7/r^  des  frères 
Lazare  (édition  de  185=5)  au  mot  :  Marie 
S'àint-Gennâin  [rue  Sainte). 

J'ajouterai    qUë    la    rue    Sainte-Marie 

Sâint-Germain    est    aujourd'hui    la    rue 

AUent.  NoTHiNG. 

* 

Cette  petite  église,  dédiée  à  Sainte- 
Marie,  se  voyait  encore,  au  milieu  du 
ivn*  siècle,  erttl-e  la  rue  de  Bourbon  (au- 
jôui-d'hui  rue  de  Lille)  et  celle  de  Verneuil, 
exactement  entre  le  n''  15  et  le  n°  17  delà 
rUe  de  Lille.  Elle  fut  démolie  entre  1652 
et  1672.  À  cette  dernière  date,  oh  rie  la 
trouve  plus  sur  le  plan  de  Joiivin  de  Ro- 
chefort,  où  felle  est  remplacée  par  une 
petite  rue,  pëixée  sur  son  emplacement 
et  qui  poi-ta,  jusqu'à  la  fin  du  xvnr  siècle, 
le  norii  de  rue  Sainfe-Màrie.  Cette  rue, 
qu'on  appelait  plutôt  rite  Sainie-Marie 
S aîni-GerWiaih ,  pour  là  distinguer  d'une 
autre  rue  Sainte-ÎMarie  située  à  Chaillot,  a 
changé    de    nom    en    1854.   Elle  est    dé 

hommée  aujourd'hui  rue  Allent.SouvmoN. 

* 

L  église  Sainte-Marié  dont  il  est  ques- 
tion doit  être  là  chapelle  du  couvent  de 
la  Visitation  situé  rue  du  Bac,  entre  les 
i-ues  de  Grenelle  et  de  iSâiht-Dominiqué. 
Lés  Filles  de  Sainte-Marie  s'y  établirent 
•éh  1675.  Le  couvent  de  la  Visitation  fut 
détruit  à  là  Révolution  et  rertiplâcë  par  le 
Passage  Sainte-Marie,  actuellement  rues 
Paul-LoUis-Courier  et  de  Saint-Simon, 
î^rês   lé    boulevard    Saint-Gerttlain. 

Comte  d'AUcoùRt. 

Même  réponse  :  Géo. 


57^ 

tJne  école  religieuse  dô  HUaS  eii 
1860  (LIV,  501).  —  Aux  archives  de  la 
Seine,  30,  quai  Henri  IV,  on  conservé  les 
cadastres  de  1855  et  de  1860.  Chaque 
immeuble  possède  un  dossier  ;  celui  de 
la  rue  de  Varennes,  n°  16,  contiendra 
peut-être  un  article  relatif  à  cette  école 
de  filles.  Monsieur  Hardin  verra  même 
dans  quelle  partie  de  la  maison  était 
installé  ce  pensionnat,  si  toutefois  il  â  la 
chance  de  trouver  le  dossier  du  n°  16^ 
car  je  sais  qu'il  existe  quelques  lacuneSi 

H.   VlAL, 

■  * 

Le     tribunal    arbitral     de     La 

Haye  (LIV,  453).  —  11  n'existe  pas  des 
comptes  rendus  officiels.  Si  M.  de  jouy 
va  consulter  VArgns  de  la  Presse.^  il 
trouvera  sans  doute  tout  ce  qu'il  veut  sa- 
voir. 

M.  G.  WlLDEMAN. 


îles  anglo-normandes  (LIV,  387, 
462). —  il  y  a  toujours  une  famille  de 
Carteret  à  Jersey.  Elle  possède,  dans  cette 
île,  le  beau  château  de  Saint-Ouen  qui  a 
été  récemment  restauré  et  que  le  public 
n'est  plus  admis  à  visiter  comme  autre- 
fois. .    J.  W. 


n> 


Mont-bauphih  (LIV,  447).  —  il 
avait  point  de  régiments  du  génie  dané 
l'ancienne  armée  ;  mais  le  corps  des  irt- 
génieurs  militaires  qui  comprenait  dés 
directeurs  de  fortifications,  des  ingénieurs 
en  chef  et  des  ingénieurs  ordinaires,  plus 
une  école  du  génie. 

En  1774,  Moht-Dauphin  était  la  rési- 
dence de  M.  l'ingénieur  eh  chef  des  PoHis 
de  Pardhaillan  ;  en  1775,  de  M.  l'nigé- 
nieuren  chef  Bouchet  ;  de  même  ert  1776 

Par  ordonnancé  du  31  décembre  1776, 
le  corps  des  ingénieurs  hlilitaires  fut 
remanié. 

Il  prît  dorértavaht  le  nom  de  Corps 
royal  du  génie,  composé  de  329  officiers, 
qui  sont  répartis  en  21  brigades,  dont  les 
chefs  avaient  la  commission  de  coloiiel. 

Les  2 1  Directions,  ci-devant  existantes 
furent  réduites  à  12. 

En  1778  :  Direction  du  Dàuphiné  et  de 
la  Provehcé,  M.  Pontleray,  brigadier,  di- 
recteur à  Grenoble. 
si  Brigade  de  Grenoble  : 


577 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


Chef:  M.  du  Vigneail,  à  Versailles; 
sous- brigadier  :  M.  Scry,  au  Mont-Dauphin, 

Major  :  M.  Michau-Darçon,à  Grenoble. 

Capitaines  en  premier  :  MM.  Vallier 
de  LapeyrousCjà  Grenoble  ;  de  Salonnyer, 
au  Mont-Dauphin  ;  de  Chantemerle,  à 
Embrun  ;  Crublier  d'0pterre,3  Toulon. 

Capitaines  en  second:  MM.  Tardy,  à 
Grenoble  ;  Legier  Duplan,  à  Briançon  ; 
Bejay  de  la  Coche,  à  Grenoble  ;  Gamond 
de  Monval,  à  Grenoble;  d'Hauterive,  à 
Valence. 

Lieutenants  en  premier  :  MM.  le  ch. 
de  Saint-Paul, ail  Mont-Dauphin  ;  Miletde 
Mureau,  au  Mont-Dauphin;  Morlet  de 
Boisset,  3  Grenoble. 

Unifoiine  ;  Habit  bleu  de  roi,  pare- 
ments de  velours  noir,  doublure  veste  et 
culotte  rouges  ;  l'habit  garni  de  boutons 
de  cuivre  doré  jusqu'à  la  taille,  cinq  sur 
chaque  poche  et  autant  sur  les  manches. 

Marquis  A.  B.  L. 

Châteaux  do  France  (T.  G.,  197; 
LIV,  406).  —  Au  kilomètre  12  de  la  route 
de  Cosnc  à  Samt-Amand  et  à  4  kilomètres 
de  Saint-Verain,  dans  le  département  de 
la  Nièvre,  se  trouve  situé  un  château.  Ce 
château  se  riorrime  Jérusalem,  un  cours 
d'eau  coule  à  pieu  de  dislancé  dfe  ses  fossés, 
le  Jourdain  ;  aux  aletttours  il  y  a  Nazareth, 
BethUein,  Jéricho...  On  désire  connaître  la 

provenance  de  ces  norhs.  G.  H. 

* 

Il  y  a  encore  un  château  de  Mondiol, 
non  loin  de  Belvès,  dans  un  pli  écarté  du 
Périgord  noir,  commune  de  Doissac, 
Peut-être  cette  demeure  répond-elle  à  la 
question  posée  par  Old.  Pot. 

A.  D. 

Adoption.  La  question  du  nom 

(LIV,  164,  239,  350,  406,  464).  —  Une 
personne  noble  qui  adopte  un  roturier  ne 
peut  lui  transmettre  la  noblesse,  seul 
droit  qui  appartient  à  un  souverain.  Dans 
aucun  cas,  un  adoptant  ne  peut,  pour  la 
même  raison,  transmettre  son  titre  à  un 
adopté. 

Le  titre  ne  peut  être  transmis  qu'à  une 
personne  qui  descend  en  ligne  directe:,  de 
mâle  en  mâle  et  par  ordre  de priinogéniture 
de  l'ancêtre  à  qui  le  titre  a  été  accordé 
ou  qui  le  portait  régulièrement,  ou  à  une 
personne  qui  porte  le  même  nom  patro- 
nymique. Or,   un  adopté  porte  un   nom 


20    Octobre  190e. 

578     

patronymique  différent  de  l'adoptant, 
puisque  là  loi  l'oblige  z  faire prttJder  sosi 
nom  de  celui  de  l'adoptant. 

11  faut,  pour  que  l'adopté  puisse  porter 
le  titl-e  de  l'adoptant,  une  nouvelle  créa- 
tion ou  une  confirmation  de  titre  concédée 
par  le  souverain.  La  législation  me  sem- 
ble être  très  précise  à  cet  égard. 

L'article  35  du  décret  dû  l'^'mars  1808 
est  ainsi  conçu  : 

Le    titre sera  affecté   exclusivement  à 

celui  en  faveur  duquel  la  création  aura  eu 
lieu  at  passera  à  sa  descendance  .légitime, 
naturelle  ou  adoptive  àQ  mâle  en  mile  —  par 
ordre  de  primogéniture.  —  Toutefois,  ajoute 
l'article  36  du  même  décret,  aucun  de  nos 
sujets,  revêtu  d'un  titre,  ne  pourra  adopter 
un  enfant  mâle  suivant  les  rôles  déterminée 
par  le  Codé  Nàpolébn,  oit  transrriettre  le 
titre...  à  uri  enfant  adopté...  si  ce  n'eit 
avec  notre  autorisation,  énoncée  dans  nos 
lettres  patentes  destinées  à  cet  effet.  Celui 
qui  voudra  obtenir  la  dite  autorisation  se 
pourvoira  devant  notre  cousin  le  prince 
archi-chancclier. 

Sous  la  Restauration,  où  les  titres  sur- 
girent d'un  peu  partout,  on  ne  tint  guère 
compte  de  cette  réglementation,  mais  la 
loi  du  28  mai  1858  confirma  te  décret  de 
1808,  en  obligeant  rado};té  à  solliciter 
l'agrément  du  souverain. 

Tous  ceux  qui  voulurent  que  leurs 
titres  fussent  régulier àiïenl  inscrits  se 
conformèrent  à  la  loi.  De  nbUvëllès  lettrés 
patentes  étaient  nécessaires  poiir  la  trans- 
mission du  titre,  si  cette  transmissiori 
n'avait  pas  été  spécifiée  dans  les  lettres 
d'adoption. 

Le  duc  d'Audiffret-Pasquier,  adopte  Ife 
16  décembre  1844,  par  son  grand-onclë; 
le  duc  Pasquier,  demanda  et  obtint,  le  2 
janvier  1863,  des  lettres  de  confirmation 
du  titre  de  duc,  .    . ,  , 

Le  3  juin  1 857, monsieur  Samuel  Welles 
fut  adopté  par  le  marquis  de  la  Valette  ; 
en  1863,  l'empereur  lui  conféra  Ife  titre  de 
comte  avec  transmission  éventuelle  du  titre 
de  marquis  de  son  père  adoptif. 

Le  marquis  Dalon  obtint,  le  i6  octo- 
bre 1867,  cîes  titres  patentés  qui  l'autori- 
sèrent à  adopter  son  petit-neveu  Marie- 
Joseph-Henri  de  Rolland  et  à  lui  trans- 
mettre son  titre  de  marquis.^  à  défaut  d'en- 
fant mâle. 

Si  la  loi  les  avait  autorisés  à  porter  lés 
titres  de  leurs  pères  adbptifs,  mess  ieuts 
d'Auditïret,  Welles   et  de    Rolland   h'au- 


N'     ilST. 


L'INTERMEDIAIRE 


— 51^  

raient  pas  été  obligés  d'obtenir  du  souve- 
rain des  créations  ou  des  confirmations  de 
titres  ;  tous  ceux  qui  étaient  dans  le  même 
cas  auraient  dû  suivre  leur  exemple. 

Pierre  Meller. 

Descendaiica  du  duc  de  Darstzig 
(LIV,  447).  —  Le  récit  très  émouvant  de 
la  mort  du  fils  du  duc  de  Dantzig,  à 
Wilna,  se  trouve  dans  les  Mémoires  de 
Louise  Fusil.  L.  de  S. 

Duraont  d'Ur ville  (LIV,  498).  — 
Elu  membre  de  la  Société  de  géographie  et 
nommé  contre-amiral,  Dum.ont  d'Uiville 
venait  de  commencer  la  publication  de  son 
Voyage  au  pôle  sud  et  en  Océauie,  quand  il 
périt,  brûlé  dans  un  wagon,  avec  sa 
femme  et  son  fils,  lors  de  la  cata;.trophe 
du  chemin  de  fer  de  Versailles,  rive 
gauche,  le  8  mai  1842.  E.  Al. 

*  ♦ 
En   quelle  maison  parisienne  est   mort 

l'amiral  Dumont  d'Urville  ?  Dans  quelle 
maison  fut  transporté  le  corps  de  l'amiral, 
devrait-on  lire,  car  personne,  je  crois,  n'i- 
gnore que  le  fameux  navigateur  périt  vic- 
time de  l'accident  du  chemin  de  fer  de 
Saint-Germain,  le  8  mai  1842. 

Moniteur  du  1 1  mai  18^2 

Les  journaux  du  matin  ont  annonce  une 
perte  de'plorable  et  qui  ne  paraît  que  trop 
réelle,  celle  du  célèbre  navigateur,  M  .  le 
contre-amiral,  Dumont-Durville.  Quelques 
personnes  de  son  intimité  ont  cru  le  recon- 
naître aujourd'hui,  ainsi  que  sa  femme  et  son 
fils,  âgé  de  14  ans,  parmi  les  morts  exposés 
dans  un  local  dépendant  du  cimetière  de 
l'Ouest. 

12  mai  1842 

Faits  divers.  —  Paris.  On  a  reçu  au  mi- 
nistère de  la  marine  le  procès-verbal  qui  cons- 
tate la  mort  du  contre-amiral  Dumont-d'Ur- 
ville,  de  sa  femme,  de  son  unique  jeune 
enfant  âgé  de  quatorze  ans.  Les  cadavres  de 
cette  malheureuse  famille  ont  été  reconnus  par 
plusieurs  personnes,  et,  comme  on  l'a  dit, 
une  lettre  trouvée  dans  les  vêtements  du 
contre-amiral  n'avait  pas  permis  de  douter 
un  seul  moment  de  son  identité. 

M.  Dumont-Diirvilie,  qui  avait  commandé 
aux  expéditions  de  circumnavigation,  et 
affronté  tant  de  dangers  et  de  maladies  dans 
ces  deux  voyages,  et  pendant  une  carrière  de 
trente-cinq  années,  n'était  âgé  que  de  cin- 
quante et  un  an  et  quelques  mois.  11  était 
contre-amiral  depuis  le  31  décembre  1840. 
On  se    rappelle    que    ce    célèbre    navigateur 


580     

avait  donné  le  nom  de  sa  femme  h  la  région 
qu'il  avait  découverte  dans  la  dernière  expédi- 
tion, et  qu'il  avait  appelé  la  terre  Adélie. 
D'après  les  ordres  de  M.  l'amiral  Duperré, 
une  commission  s'est  transportée  cette  après- 
midi  au  domicile  de  M.  Dumont-d'Urville 
pour  y  recueillir  tous  les  papiers  qui  pour- 
raient intéresser  le  service  de  la  marine  ou 
de   la  science. 

Samedi  14  mai  1842 

Des  services  funèbres  ont  été  célébrés  au- 
jourd'hui à  dix  heures  du  matin,  dans  toutes 
les  églises  de  Paris,  en  mémoire  des  victimes 
de  l'événement  du  8  mai.  Un  catafalque  avait 
été  dressé,  à  l'entrée  du  choeur,  dans  chaque 
église  et  le  maître -autel  était  recouvert  d'une 
draperie  noue  coupée  par  une  large  croix  d'ar- 
gent. Indépendamment  des  parents  et  amis 
des  victimes,  un  grand  nombre  de  personnes 
ont  assisté  à  c^s  pieuses  cérémonies. 

Les  obsèques  de  M.  le  contre-amiral  Du- 
mont d'Urville,  de  Mme  Dumont-d'Urville, 
née  Adèle  Pépin,  et  de  M.  Jules  Dumont- 
d'Urville,  leur  fils,  auront  lieu  à  l'église  de 
Saint-Sulpice,  lundi  prochain,  à  dix  heures  du 
matin. 

On  prie  de  vouloir  bien  y  assister  les  per- 
sonnes qui  n'auraient  pu  recevoir  les  lettres 
d'invitation  que,  en  l'absence  de  tout  membre 
de  la  famille  des  décédés,  ont  di^i  leur  adresser 
MM.  Hombron,  chirurgien-major  de  la  cor- 
vette l'Astrolabe,  et  Vincendon-Dumoulin, 
ingénieur  hydrographe  de  l'expédition  au 
pôle  sud,  délégué  par  M.  le  ministre  de 
la  marine  pour  présider  aux  funérailles  de 
ces  victimes  d'un  malheureux  événement. 

On  se  réunira  rue  Madame,  w  sd,  à  la 
maison  qiihahUait  M.  le  conire-am'ral 
Dumont  d'Urville. 


P. ce. 


H,  VlAL. 


Mlle  Marie  Favart  (LIV,  499).  — 
Marie  Favart  a  reparu  à  l'Odéon  le  28 
janvier  1905,  à  l'occasion  de  la  500^  re- 
présentation de  V Ailésienne  ;  elle  jouait 
dans  cette  pièce  le  rôle  de  la  Renarde. 

L.-H.  L. 

Foignj' de  Varimont  (LIV,  448).  — 
Xavier  de  Foigny  de  Varimont  était  l'un 
des  quatre  chevaliers  de  la  Sainte  Am- 
poule nommés  aux  sacres  des  rois 
Louis  XIV  et  Louis  XV.  Ceux-ci  ayant 
régné  64  et  72  ans,  ces  chevaliers  se 
trouvaient  de  l'ordre  le  moins  nombreux. 

Nous  avons  vu  ,lorsde  la  vente  des  papiers 
de  la  chevalière  d'Eon, faite  il  y  a  quelques 
années  rue  des  Bons  Eia'"ants,  une  bien 
curieuse  lettre  de  ce  personnage.  Elle  était 
signée  Foigny  de  Blammonf^  baron  et  com- 
mandeur honoraire  de  Tordre  roval  et  mili- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Octobre   190b. 


581 


582 


taire  de  la  Sainte-Ampoule  et  de  celui  de 
Notre-Dame  de  F  Etoile  ;  il  donnait  son 
adresse  à  Chaslons  en  Champagne,  rue  du 
ColVeoe.  La  lettre  était  datée  du  6  février 
1782,  elle  était  adressée  a  la  Alademoi- 
selle  d'Eon  de  Beaumont.  Vieux  courtisan, 
vieux  militaire^  veuf  depuis  18  mois,  il  de- 
mandait à  la  chevalière  d'Eon  si  elle  vou- 
lait l'épouser  !  Le  sens  de  la  lettre  était 
plaisant  et  humoristique,  mais  la  proposi- 
tion était  sérieuse,  car  Xavier  de  Foigny 


élève  de  Benvenuto  Cellini  (?).  Quel   est-ce 
Michel  Laone  ? 

11  semblerait  bien  qu'il  faut  lire  Michel 
Lasne  ;  mais  cela  est  impossible,  puisque 
ce  graveur  habile,  mais  peut-être  pas  le 
plus  habile  du  xvii'^  siècle,  est  né  à  Caen 
en  1595  ou  1596;  alors  que  Jodelle  et 
Benvenuto  étaient  tous  deux  morts  depuis 

plus  de  20  ans.  J.  G.  Wigg. 

* 

*  * 
Voici,  d'après Jal,  copie  d'un  document 

qui   prouverait    que  Jodelle     n'était    pas 


donnait  des  détails  sur  ses  grades  univer 

sitaires,  sa  demeure,  son  service  militaire,  |   dans  la  misère  au  moment  de  sa  mort 
etc.,  etc.,  et  il  concluait  ainsi  :  décoré  de 
deux  ordres  militaires,  je  peux  coucher  sauf 
meilleur  avis, avec  mie  chevalière  de  Saint- 
Louis. 

A  cette  lettre  était  jointe  l'enveloppe 
avec  cachet  de  cire  noire,  armoirié,  et  ca- 
chet de  la  poste  de  Châlons. 

Varimont  est  situé  dans  l'arrondisse- 
ment de  Sainte-Menehould. 

S.. .Y. 


M.  Hébert  (LIV,  169).  —  Ce  que  je 
sais  sur  M.  G.  B.  Hébert,  notaire  hono- 
raire à  Rouen,  rédacteur  au  journal  la 
Presse,  c'est  qu'il  a  publié  un  grand  nom- 
bre de  brochures  sur  le  notariat  et  les 
matières  administratives.  On  lui  doit 
aussi  un  ouvrage  qui  fit  quelque  bruit 
chez  les  bibliographes,  lors  de  son  appa 
rition.  intitulé  :  Essai  sur  la  formation 
d'un  Catalogue  général  des  livres  et  ma- 
nuscrits existant  en  France  à  l'aide  de 
l'immatriculation.  Paris,  Gormon,  1848, 
in-8.  Paul  Pinson. 


Documents  à  retrouver  sur  Jo- 
delle (LIV, 442, 523).  —  Les  dictionnaires 
biographiques  donnent  bien  Estienne  de 
Jodelle,  comme  seigneur  du  Lymodin.  11 
prend  d'ailleurs  lui  même  ce  litre  sur  le 
Recueil  des  inscriptions,  etc.,  etc  ,  qu'il  fit 
pour  la  fête  donnée  à  l'Hôtel-de-Ville  de 
Paris,  !e  17  février  1558,  à  l'occasion  de 
la  prise  de  Calais,  in-4'',  publié  chez  I 
André  Wéchel,  la  même  année.  On  le  lui 
donne  encore  sur  l'édition  de  st-%  Œuvres 
publiée  chez  Nicolas  Ghesneau,  et  Mamert 
Pâtisson,  en  1574;  donc,  sur  ce  point, 
pas  de  doute. 

Il  n'en  est  pas  de  même,  quant  à  son 
talent  de  graveur  et  aux  encouragements 
que    lui   aurait  donnés  Michel    Laone  (?)   . 


A  Estienne  jaudelle(5/V)  sieur  de  Limoduy 
l'ung  des  poètes  dud.  seig"'  la  somme  de 
soo  L.  dont  Sa  Majesté  luy  a  faict  don,  en 
corsidération  des  services  qu'il  kiy  a  ci-de- 
vant et  de  longtemps  faits  en  son  dict  estât, 
et  mesme  pour  luy  donner  moyen  de  se 
faire  penser  {sic)  et  guarir  d'une  maladie  de 
laquelle  il  est  à  présent  détenu  et  supporter 
les  frais  et  despens  qu'il  est  contraint  faire  à 
ceste  occasion,  et  ce  oultre  et  par  dessus  les 
autres  dons  et  bienfïaitz  qu'il  a  cy  devant  eus 
dudict  seign'. 

(Archives  nationales.  Epargne  du  R. 
Charles  IX  :  1572.  K.  K.  133,  fol. 2. 549), 
Jodelle  donna  quittance  le  29  octobre 
1572  et  mourut  peu  de  mois  après,  le 
14  juillet  1573.  E.  M. 

Le  colonel  Labédoyére^  (LIV, 
500).  —  Le  correspondant  de  Vlntermé- 
diaire  qui  demande  quelques  indications 
sur  <<  des  ouvrages  relatifs  à  l'évasion  du 
colonel  Labedoyère  et  au  rôle  joué  par  Its 
trois  officiers  anglais  ;>  a  commis  assuré- 
ment un  lapsus  de  plume  ou  de  réflexion. 
Les  trois  officiers  anglais  qui  ont  joué  un 
rôle  si  curieu.x  et  si  important  dans  l'éva- 
sion du  général  Lavalette,  Robert-Tho- 
mas V/ilson,  )ohn-Eiy  Hutchinson,  et 
Michel  B;uce  —  il  faut,  pour  être  exact, 
en  ajouter  un  quatrième,  Eliister  —  ont 
toute  leur  histoire  dans  un  recueil  appelé 
le  Procès  des  trois  Anglais,  contenant 
l'acte  d'accusation,  les  plaidoiries  et  la 
relation  exacte  de  la  fuite  de  Lavalette, 
écrite  par  Dupin,  avocat  des  trois  An- 
glais, Londres.  1826. 

La  biographie  sur  l'évasion  de  Lava- 
lette remplirait  deux  colonnes  de  V Inter- 
médiaire. 

je  me  borne  à  citer  : 

1°  Comme  sources  manuscrites,  le 
dossier  Lavalet'.e,  Archives  nationales 
F7    4775  13  et  4591  ; 


N'o  ii27, 


L'INTERMÉDIAIRE 


5«; 


3'  Kt,  comrn'e  imprimés,  ks  M'éMoireî  de 
Lavalettc,  t.  II,  et  un  ouvrage  récemment 
Jiai-U,  qui  résUilie  admirablement  là  ques- 
tion en  152  pages  :  Les  drames  die  V His- 
toire (Mesdames  de  France,  Madaiiie  La- 
yâlèttè,  Gaspard  Hauser)  par  le  comte 
Fleliry,  Hachette,  Paris,    1905,  3  fr.50 


JD"  Billard. 


Je  ne  comprends  pas  la  question  posée  ; 
le  géhéràl  de  Lâbéddyère —  Napoléori  avait 
fait  le  colonel  général  —  ne  s'évada  pas 
puisqij'il  futpassé  Jîar  les  arines  le  19 août 
1815  .  Il  y  eut,  à  la  vérité,  une  tentative 
d'évasion,  mais  te  ne  filt  peut-être  qu'une  j 
rhachirlation  policiëi-e.  En  tout  cas,  il  n  y 
eut  aucune  intervention  d'officiers  anglais 
comme  dans  l'affaire  dii  comte  de  Lava- 
lette.  Encore  ces  officiers  s'employèrent- 
ils  non  à  faire  évader  le  condamné  de  la 
Conciergerie,  ce  qui  fut  l'œuvre  de 
Mme  de  Lavalette  seule,  mais  à  faire  sortir 
son  mari  de  PaJ-is  et  de  France. Ces  Anglais 
étaient  le  général  sir  Robert  Wilson,  et 
MM;  Hutchinson,  capitaine  auX  gardes 
anglaises,  et  Bruce,  je  flaire  ijrle  ériorrne 
coquille.  H.  C.  M. 

M^me  observation  :  H.  V, 

L'«  immortel  *>  Pierre  Maël  (LIV, 
226  360,  537).  — Avant  d'être  journaliste 
et  romancier,  Charles  Vincent  était  profes- 
seur de  philosophie  à  Bordeaux.  En  1879, 
il  me  prépara  à  mon  examen  de  philoso- 
jshie  ;  c'était  un  professeur  remarquable. 
Esprit  très  cultivé  et  très  Imaginatif^  ses 
leçons  s'écartaient  parfois  du  programme 
du  baccalauréat,  mais  combien  intéres- 
santes étaient-elles  !  Que  de  discussions 
attachantes,  dans  son  cours  !  Quelle  pa- 
role facile  et  élégante  !  Pendant  deux 
heures,  j'étais  sous  le  charme  de  sa  cau- 
serie philosophique. 

Nous  en  arrivions  parfois  tous  deux  à 
oublier  que  nous  avions  un  programme 
froid  à  suivre.  Malgré  cela,  je  dois  dire 
que  je  fus  honorablement  reçu  à  mon 
examen.  11  y  a  bien  longtemps  que  je  ne 
l'ai  rencontré,  et  c'est  un  de  mes  grands 
regrets.  Pierre  Meller. 

S.  Mallarmé, professeur  d'atiglais 

(LIV,  330,  468.)  —  J'ai  connu  Stéphane 
Mallarmé  à  Sens, où  son  père  était  conser- 
vateur des  hypothèques.  Impatient  de  lit- 
térature,   il  se   trouvait   à   l'étroit   dans 


_     5^4     _^__ 

cette  petite  ville  et  dans  un  milieu  fami- 
lial d'ailleurs  excellent  et  distingué.  Il 
n'eut  du  reste  que  de  bons  procédés  avec 
tous  Ses  parents  ;  car  c'était  avant  tout 
un  homrne  affectiieilx  et  délicat.  Je  ve- 
nais d'arriver  à  Sens  comme  professeur 
agrégé  au  lycée,  à  ma  sortie  de  l'école 
Normale   Supérieure. 

Stéphane  rechercha  ma  compagnie  et 
me  montra  ses  premiers  vers.  Je  fus 
à  là  fois  frappé  de  la  tinesse  subtile  de 
son  esprit  et  de  son  manqued'abondancé, 
comparativement  aux  amis  que  je  laissais 
à  Paris  et  qui  devaient  former  le  groupe 
parnassien.  Je  le  mis  en  relations  avec 
mes  camarades  parisiens,  Albert  Glati- 
gny,  Catulle  Mendès,  Henri  Cazalis  (Jean 
Lahor),  Armand  Renaud.  Ses  productions 
initiales  me  saisirent  pourtant  par  leur 
irrécusable  originalité. 

Au  bout  de  deux  ans,  je  le  vis  partir 
pour  l'Angleterre  d'où  il  revint  pour 
prendre  le  diplôme  d'anglais.  Marié  très 
jeune  à  une  femme  d'un  grand  cœur,  il 
fût  excellent  époux  et  père  non  moins  à 
la  haùtelir  de  ses  devoirs.  Il  ti'eut  pas  à 
se  plaindre  de  l'Université  ;  car  11  obtint 
des  postes  hdnorables  avant  la  guerre, 
Tournori,  Avignon,  et  fut  appelé  par  fa- 
veur excef)tionnelle  à  Paris  où  _ll  ensei- 
gna successivement  à  COtldorcet.à  Jânsoh 
de  Sailly,  à  Rollin. 

Une  fois  dans  la  capitale  il  recevait 
cordialement  des  poètes  de  talent,  pres- 
que tous  les  Parnassiens,  quelqUes-uns  des 
futurs  symbolistes.  Il  s'était  lié  dépuik 
longtemps  avec  Coppée,  Mérat,  Blémont, 
Anatole  France,  Verlaine,  Villiers  de  l'isle 
Adam,Dierx  et  le  plus  jeune  de  nous  tous, 
Henri  Roujon.  L'été,  il  villégiaturait  près 
de  Fontainebleau.  C'est  pendant  ces  der- 
nières années  qu'il  composa  ses  sonnets 
trop  souvent  ténébreux, après  les  avoir  fait 
précéder  par  la  splendide  et  fragmentaire 
Hérodiade  et  les  beautés  intermittentes  de 
V  Après-midi  d'un  faune.  Son  entretien  était 
des  plus  brillants  et  des  plus    suggestifs. 

Ses  vers  restent  d'une  inégalité  pénible 
pour  cetix  qui  l'ont  aimé  et  ne  peuverit 
en  toute  franchise  voir  dans  son  œuvre 
qu'une  ébauche  par  moments  éblouissante, 
une  nuit  sillonnée  d'éclairs.  Il  n'en  laisse 
pas  moins  le  souvenir  d'un  homme  loyal 
et  charmant  entre  tous  et  d'un  poète  de 
vocation  auquel  il  n'a  manqué,  pour  être 


DES  CHERCHEUÉS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1^08. 


585 


586 


complet,  que  la  qualité    suprême,  l'inspi- 
ration. 

Emmanuel  des  Essarts. 

Uii   marquis    de    la    Pailleterie 

(LIV,  449,  526).  —  Avant  de  s'en  aller 
en  Lorraine,  les  Davy  de  la  Pailleterie 
ont  habité  l'Ile-de-France.  En  17 lO, 
Anne-Pierre  Davy,  chevalier,  seigneur  de 
la  Pailleterie,  iet  Suzanne  Monginot,  sa 
femme, achetèrent  le  château  d'Autouillet, 
de  Antoihe  Gréby, valet  de  chambre  de  la 
duchesse  douairière  d'Orléans.  C'est  là 
certainement  un  des  ascendants  des  trois 
Dumas.  Le  château  d'Autouillet  passa, 
avant  1730,  à  Jacques-Jules  Le  Bel  de 
BUssy.  Sa  veuve,  Gabrielle  de  Loynes,le 
légua,  en  173 1 ,  à  Jeanne  Cordier  de  Lau- 
nay,  la  célèbre  baronne  de  Staal,  l'auteur 
des  Mémoires.  Je  cortnais  des  Davy  ou 
David  dans  la  région  mahtaise,  mais 
j'ignore  d'où  vient  le  titre  de  la  Paille- 
terie. E.  Grave. 

Môiisièut"  le  chanoiiio  (LIV,  501). 
—  Comme  le  remarque  fort  judicieuse- 
ment M.  Q.uarteblanche,  nous  marchons 
rapidertieiit  vei"s  le  moment  où  tout  ecclé- 
siastique sèi'â:  M.  le  chanoine.  Tel  a  été,  à 
la  fin  de  l'ancien  régime,lesort  de  l'appella- 
tion :  M.  l'abbé. 

Avant  1789, les  chanoines  étaient  exclu- 
sivement les  membres  participants  des 
nombreux  chapitres  :  ils  jouissaient  d'une 
prébende,  parfois  grasse,  parfois  maigre  ; 
ils  assistaient  aux  offices  longs  et  solen- 
nels du  ci.ceur,  et  il  n'y  avait  de  chanoines 
honoraires  que  les  anciens  chanoines  ;  on 
était  «  chanoine  honoraire  »,  comme 
maintenant  on  est  «  notaire  honoraire  » 
ou  «  chef  de  bureau  honoraire  ».  En  Bel- 
gique, où  on  a  su  conserver  quelques 
nuances  de  notre  vieux  parler  français,  on 
dit  :  Chanoines  émérites.  ce  qui  est  don- 
ner aii  qualificatif  émérite  sa  seule  et  véri- 
table signification. 

Au  début  du  xix*  siècle,  les  évêques 
réservaient  le  titre  de  chanoine  honoraire 
aux  prêtres  qui  se  retiraient  après  une 
carrière  méritante  :  c'était  une  honorable 
fin  dé  carrière.  Mais  on  rte  donnait  pas 
encore  ce  titre  à  ceux  qui  restaient  ert 
fonctions  ;  en  181 1,  le  cardinal  Maury, 
archevêque  de  Paris,  malgré  le  Pape,  crut 
se  faire  bifen  venir  du  clergé  en  donnant 
êh  bloc  le  canonicat  honoraire  à  tous  les 


s    ■' 


curés  de  Paris  (je  ne  dis  pas  aux  déséël'- 
vants)  ;  iliais  le  Chapitre  refusa  de  leà 
recevoir. 

Cependant  on  en  vint  petit  à  petit  I 
décerner  ce  titre  aux  ecclésiastiques  dont 
on  voulait  récompense)'  les  «  services 
exceptionnels  »,  et  aujourd'hui,  un  prêtre 
aî^rive  à  la  mosette,  comme  un  officier  à  là 
croix  d'honneur. 

Ceux  qui  hfe  sont  pas  chanoines  hono- 
raires du  diocèse  où  ils  sont  employés, 
reçoivent  ce  titre  soit  dans  leur  pays  d'ori- 
gine, soit  dans  des  diocèses  où  il  ont 
rendu  quelques  services  pab  leur  parole 
ou  par  leur  plume  ;  enfin,  pour  les  autres^ 
il  existe  des  chapitres  plus  ou  moins  exo- 
tiques et  beaucoup  moins  difficiles  sur  leS 
titres. 

Il  n'y  a  pas  bien  longtemps,  20  ou 
25  ans,  que  s'est  introduit,  parmi  les 
gens  du  monde,  l'usage  de  donner  du 
«M.  le  Chanoine  »  aux  chanoines  hono- 
raires. Ce  titre  était  jusque-là  réservé  aux 
chanoines,  je  ne  dirai  pas  actifs^  car  ils 
ont  généralement  dépassé  l'âge  de  la 
grande  activité,  mais  effectifs,  capitulants, 
ayant  «  voix  au  Chapitre  ». 

Ceux  qui  usent  de  cette  manière  de 
parler  ne  se  rendent  pas  compte  qu'un  vi- 
caire général,  un  curé  de  grande  paroisse 
de  Paris  ou  de  grande  ville  de  province; 
sont  autrement  qualifiés  par  leur  haut 
emploi  que  par  une  distinction  qu'ils  par- 
tagent avec  une  foule  d'autres.  Il  n'y  à 
qu'un  curé  de  Sainte-Clotilde  ou  dft  là 
Madeleine,  tandis  qu'il  y  a,  si  je  ne  me 
trompe,  environ  80  chanoines  à  Paris, 
sans  parler  de  ceux  qui  sont  poUrVus  de 
canonicats  d'origine  extérieure. 

Je  ne  sais  d'ailleurs  pas  s'il  est  possible 
de  réagir  contre  cette  tendance  qui  dé- 
forme Ifes  rrlots  ou  les  détourne  de  leur 
acception  logique.  Autant  essayer  dé 
faire  comprendre  qu'un  «  professeur  émé- 
rite »  est  celui  qui  ne  professe  plus,  et 
qu'un  «  joueur  émérité  »  est  celui  qUl  a 
renoncé  au  jeu.  Unus. 


Je  crains  que  M.  Qtiàriehln'nché  rië 
commette  une  erreur  en  disant  qUe  deà 
prêtres  poftent  le  costume  de  chanoine 
sans  appartenir  à  un  chapitre.  Un  simple 
prêtre  ne  peut  pas  plufe  s'habiller  eh  cha- 
noine Du  en  évêque  qu'un  âoldat  eh  capi- 
taine OU  colonel.  11  serait  vite  interdit. 

De  tout  temps,  on  a  souvent  traité  un 


N  1127. 


L'INTERMÉDIAIRE 


i87 


588 


chanoine  de  :  uiomieiir  le  Chanoine .CtXXo. 
appellation  de  politesse  est  encore  plus 
fréquente  pour  le  clergé  que  celles  de  : 
monsieur  le  Doyen,  monsieur  V  Archiprétre^ 
monsieur  le  Vicaire  génér  al. 

De  tout  temps  aussi,  un  jeune  prêtre, 
habitué  à  dire,  au  séminaire  :  monsieur  le 
supérieur.^  monsieur  le  Direclenr ,2.  traité  de 
monsieur  le  Chanoine\t  prêtre  appartenant 
à  un  chapitre,  ne  fut-ce  qu'à  titre  :  hon- 
neur. La  CoussiÈRE. 

* 
*  * 

Dans  la  plupart  des  diocèses,  il  y  a,  en 
dehors  des  chanoines  titulaires,  des  cha- 
pitres qui,  seuls,  prennent  part  à  l'office 
canonial  et  à  l'élection  des  vicaires  capi- 
tulaires  et  même  parfois  des  évoques,  des 
chanoines  honoraires  qui  ont  les  insignes 
canoniaux  et  qui  ont  droit  au  titre  de 
chanome.  A.  E. 

L'ordre  do  l'Eperon  d'or  (LIV, 
335)-  —  ^o'f  1^  Revue  du  collège  héraldi- 
que de  Rome,  1903,  p,  606.  Le  père  Pal- 
mini  a  donné  les  notices  les  plus  com- 
plètes sur  cet  ordre  dans  un  article  très  in- 
téressant. Comte  Pasini  Frassoni. 

Est-ca  un  écusson  ?  (LIV,  505).  — 
je  serais  di,-;posé  à  le  croire,  j'en  étais 
arrivé,  en  lisant  la  question,  à  la  descrip- 
tion du  blason,  lorsque  je  pressentis  un 
écusson  flamand.  Le  mot  Vanderhuis  me 
prouva  que  c'était  exact.  J'ai  souvent  vu 
des  armoiries  flamandes  avec  des  oies  et 
des  cygnes. 

Le  Dictionnaire  des  figures  héraldiques 
de  Renesse,  qui  donne  tant  de  blasons 
flamands,  n'indique  pas  le  nom  de 
van  Derhuis  aux  écus  avec  oies,  mais  il 
indique  une  famille  van  der  Sluys  por- 
tant une  tête  et  deux  membres  de  cygne. 
Que  le  nom  s'écrive  en  un,  deux  ou  trois 
mots,  peu  importe,  les  lettres  S  l  peuvent 
bien  être  prises  pour  un  h.  11  doit  d'autant 
plus  s'agir  de  cette  famille  van  der  Sluys 
ou  Vandersluis  que  le  dit  Dictionnaire  in 
dique  que  l'écusson  porte,  outre  une 
tête  de  cygne,  comme  je  l'ai  dit,  deux 
pattes  en  dessous.  St-Saud. 

Croix  Huguenote  (LUI,  930  :   LIV, 
417,  473).  — Je  remercie  tout  d'abord  le 
collaborateur  T. -Y  .    de    son   intéressante  | 
réponse  et,  pour   satisfaire  les  correspon-  î 


dants  Qucesitor  et  C    B.  O.,  j'ajoute  en 
core  quelques  lignes  sur  ce  sujet  : 

La  croix  huguenote  est  assez  répandue 
dans  la  région  des  Cévennes,  il  est,  toute- 
fois, très  rare  aujourd'hui  —  ainsi  que  le 
fait  remarquer  T. -y.  —  de  trouver  à  en 
acheter  une  authentique,  mais  on  en 
trouve,  chez  les  grands  bijoutiers,  des  re- 
productions d'après  des  modèles  anciens  ; 
on  porte  ce  bijou, soit  en  breloque,  soit  au 
cou  par  une  petite  chaîne.  La  forme  est 
celle  d'une  croix  de  Malte  à  huit  pointes 
très  accentuées  et  pommetées  ;  chaque 
branche  est  réunie  à  sa  voisine  par  un 
morceau  de  métal  en  forme  d'accent  cir- 
conflexe, placé  plus  près  de  l'extrémité 
que  du  centre,  et  quelquefois  orné  au 
milieu,  d'un  fleuron,  quand  la  croix  est 
assez  grande  —  relativement,  car  je  n'en 
ai  pas  vu  dépassant  trois  centimètres  ; 
dans  l'échancrure  aiguë  des  pattes  du  haut 
et  du  bas  est  laissé  un  anneau  :  l'un  sert 
à  suspendre  la  croix,  l'autre  supporte. soit 
un  Saint-Esprit  —  colombe,  découpée 
dans  une  feuille  plate  de  métal,  avec  quel- 
ques traits  au  burin.  les  ailes  étendues,  le 
bec  en  bas  et  attachée  par  la  queue  —  soit 
une  larme,  c'est  à-dire  un  ornement  en 
relief,  renflé,  composé  de  deux  boules 
soudées  ensemble  la  plus  petite  dessous  — 
rappelle  un  bourdon  de  pèlerin  un  peu 
allongé. 

Toutes  les  croix  huguenotes  que  j'ai 
vues  sont  en  or  et  à  quatre  branches  or- 
nées de  traits  gravés  variables,  exception 
faite  d'une,  de  même  métal,  à  cinq  bran- 
ches --  comme  la  Légion  d'honneur  —  et 
aussi  d'une  autre, en  argent,  que  l'on  m'a 
assuré  avoir  été  copiée  d'après  une  au- 
thentique appartenant  à  une  vieille  fa- 
mille protestante,  mais  qui,  encore  qu'on 
l'appelle  croix,  n'était  qu'une  sorte  de  pe- 
tite rosace  à  jour  soutenant  un  Saint-Es- 
prit. 

Au  sujet  de  ce  dernier  objet,  je  suis  fort 
obligé  à  M.  Qussitor  de  m'avoir  appris 
qu'en  Normandie,  dès  le  xvu*  siècle,  il 
était  porté  par  les  protestantes,  car  je 
l'ignorais  pour  cette  région.  Je  puis  dire 
que  cet  usage  a  existé  aussi  dans  le 
Languedoc,  c'était  même  encore  de  mode 
il  y  a  une  quarantaine  d'années,  parait-il, 
—  et  la  croix  huguenote  ne  l'était  plus. 
On  portait  au  cou,  suspendu  par  une  chai- 
nette,  le  Saint-Esprit  qui  était  petit  —  et 
garni  au    milieu,  d'une   pierre   plus   ou 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Octobre  1906 


5^9 


590 


moins  précieuse,  ornement  qui  ne  se  met 
pas  sur  la  colombe  accessoire  de  la  croix. 
Dans  l'Hérault  et  le  Gard,  la  croix  hu- 
guenote est  actuellement  beaucoup  portée 
et  se  donne  très  souvent  à  l'occasion  de 
la  première  communion. 


XVI.  B. 


huguenote, 


il 


Au  sujet  de  la  croix 
en  existe  encore  en  pays  cévennol,  dans 
quelques  vieilles  familles  protestantes. 
Cette  croix  constitue,  en  effet,  un  bijou 
très  délicat  et  artistique.  Et  puisque  l'in- 
termédiairiste  signant  Quœsitor  voit  l'uti- 
lité d'une  description  de  cette  croix,  je 
peux  la  luidoi:ner  sur  une  datant  du  xviue 
siècle,  d'or  jaune  et  légère.  Sa  forme  est 
celle  d'une  croix  de  Malte  aux  quatre 
bras  très  échancrés,  d'un  diamètre  de 
4  centimètres  environ  ;  des  rayons  gravés 
partent  du  centre  au  milieu  des  bras. 
Ainsi,  avec  ses  huit  pointes  figure-t-elle 
aussi  bien  une  étoile  ;  car  on  la  porte, 
faut-il  ajouter,  dans  le  sens  d'une  croix 
de  Saint-André.  Une  colombe  d'or  aux 
ailes  éployées,  suspend  par  deux  petites 
chaînettes,  à  deux  bras  de  la  croix.  Celle- 
ci  n'a  pas  de  coulant  :  deux  petits  anneaux 
tlxés  au  milieu  des  bras  supérieurs  la 
relient  à  une  chaîne,  car  on  la  porte  sus- 
pendue au  cou  et  descendant  assez  bas 
sur  la  poitrine. 

La  croix  que  je  cite  a  beaucoup  d'analo- 
gie, comme  travail,  avec  les  grandes 
boucles  d'oreilles  à  breloques,  usitées  au- 
trefois dans  le  pays  ;  aussi,  elle  doit  être 
de  fabrication  locale  ou  du  moins  régio- 
nale et  peut  différer  beaucoup  de  croix 
existant  en  Normandie  ou  ailleurs  qui 
toutes  ont  dû  se  ressentir  d'influences 
artistiques  propres  à  ces  pays. 

Marc  Hus. 

Publicatioîis  d'indulgences  en 
faveur     d-^.    Thôpital  des   Quinza- 

Vingta  (LIV,  446,  =532).  —  Pour  n'être 
pas  unique  en  son  genre,  la  pièce  signalée 
par  l'intermédiairiste  Qiiaesitor  n'en  est 
pas  moins  intéressante. 

Les  placards  d'indulgences  de  par  l'u- 
sage même  auquel  ils  étaient  destinés 
n'ont  jamais  eu  grande  chance  de  se  con- 
server longtemps,  surtout  à  une  époque 
où  l'activité  des  collectionneurs  ne  s'exer- 
çait pas  encore  sur  des  objets  contempo- 
rains. Ces  curieux  monuments  de  l'his- 


toire locale  et  de  la  typographie  du  xvi*' 
siècle  ne  nous  sont  le  plus  souvent  parve- 
nus que  grâce  à  l'emploi  qu'en  firent  les 
relieurs. 

C'est  dans  ces  cartonnages  si  fructueu- 
sement explorés  par  lui  que  M.  Delisle  en 
a  retrouvé  plusieurs  11  les  a  pour  la  plu- 
part présentés  à  la  Société  de  l'Histoire  de 
Paris  {Bulletin,  passiin).  C'est  encore  dans 
une  reliure  que  le  regretté  J.  Coura}'e  du 
Parc  a  retrouvé  un  placard  d'indulgences 
de  l'Hôtel-Dieu  qui  fut  affiché  en  1555,  au 
Mont  Saint-Michel. 

Ce  dernier  placard  publié  par  Couraye 
du  Parc  lui  même,  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  des  antiquaires  de  Normandie, 
t.  XVIII  a  été  acquis  par  la  Bibliothèque 
nationale  à  la  vente  de  la  bibliothèque  de 
son  propriétaire  :  il  a  fait  l'objet  d'une 
communication  à  la  Société  de  l'Histoire 
de  Paris  (séance  du  11  avril  190=;,  Bulle- 
tin, XXXII,  p.  107). 

M.  E.  Coyecque  a,  dans  une  publica- 
tion de  la  même  Société  intitulée  VHôtl- 
Dieu  de  Paris  an  Moyen  Age,  donne  t,  I, 
p.  142.  144  et  395  une  liste  de  quelques 
placards  d'indulgences  qui  nous  sont  par- 
venus, et  fourni, ?5/'(/.  p.  138-1  39, des  ren- 
seignements sur  leur  confection.  En  ce 
qui  concerne  plus  particulièrement  les 
placards  des  Quinze- Vingts,  M.  Léon  le 
Grand,  dans  sa  monographie  de  cette 
maison  [Mémoires  de  la  Société  de  V His- 
toire de  Paris  t.  XIII,  p.  248  et  suiv.)  a 
cité  divers  articles  de  comptes  relatifs  à 
la  confection  des  affiches  d'indulgences  et 
au  fonctionnement  des  Pardons  organisés 
au  profit  des  aveugles  et  {ibid.  t.  XIV, 
p.  79  et  165)  reproduit  des  placards  des 
Oiiinze-Vingts  de    1610  et  de  1503-1513. 

La  Bibliothèque  nationale  possède  une 
assez  riche  collection  de  placards  d'indul- 
gences, elle  a  été  patiemment  constituée 
par  M.  Delisle  et  une  notice  générale  avec 
catalogue  en  sera  prochainement  publiée. 
J'y  relève  pour  les  Qui/i^e-Vingts  les 
placards  suivants  : 

Années  1503-1513.  Rés.  E.  3999. 

Années  1523-1534.  Rés.  E.  1659  (5). 

Année  1539.  ^^s-  ^-  i^^^- 
Année  1339  (?)  Rés.  E.  1665. 
Année  1575.  Rés.  E.  1685  (2). 
Année  1677.  Rés.  E.    1690. 
Année  1729.  Rés.  1666. 

A.   VlDlER 


N.    11257. 


L'H^TERMÉDJAIÏIE 


— — 591    ■ — 

|L.^a  ta^le^ux  de  Van  àer  P^euie^ 
sur  le§  victoires  de  Louis  XîV  (Lîl; 
fllî  ;  LIV,  3Q1.  418).  —  Le  Musée  çle 
Douai  possède  de  ce  peintre  les  tableaux 
ci-dessoqs  décrits  : 

l"'  Portrait  équestre  de  Louis  XIV.  Ce 
ppftrait  a  été  donné  par  le  roi  à  la,  ville  de 
Douai,  le  28  juillet  1678,  un  an  après  la 
prise  de  cette  place  ; 

2"  Entrée  de  Louis  XIV  et  de  la  reine 
Marip-Jhérèse  à  Douai,  le  23  juillet 
1667  ; 

3°  L'armée  de  Louis  XIV  devant  la 
place  de  Lille,  côté  du  prieuré  4e  Fives, 
août  1667.  Paul  Pinson. 


Dépôt  des  chartes  des  colonies 

(L^V,  44^).  —  Le  dépôt  des  archives  de 
la  rnaripe  et  des  colonies  était  logé  à 
f'aris,  en  1699,  dans  un  pavillon  situé  au 
bout  du  jardin  des  Petits-Pères.  Il  fut 
transféré  à  Versailles  en  1763,  dans 
l'hôtel  des  affaires  étrangères  et  ramené 
a  Paris,  2,  rue  Royale,  le  3P  juin  1837. 
Déjà  le  Dépôt  des  cartes  et  plans  avait 
été  (jirigé  sur  Paris  le  2Ç>  mars  1775  et  se 
tfouvp  de  nos  jours  au  Dépôt  des  cartes, 
plans  et  journaux  delà  marine.  (Service 
hydfog^aphique,  15,  rue  de  l'Université). 
Les  archives  de  la  pnarine  antérieures  à  la 
révolution  ont  été  versées  aux  Archives 
nationales  en  juin  1899.  Les  archives  des 
Colonies  sor(t  passées  au  ininistère  des 
Coipnies  lors  de  sa  création.  C'est  dans 
ce  dernief  établissement  que  notre  colla- 
borateur trouvera  les  documents  qu'il 
désire  consulter.  Lecnam. 

Mémoires  de  Gabrielle  d'Estrées 

(LIV,  506).  —  Qiiérard.  Supercheries, 
tome  l"^"',  12 156.  e.  les  attribue  à  Paul  Ln- 
croix,  bibliophile  Jacob.  L.  D. 

* 

*  * 
C'est  M.  E.  L.  de  Lamothe  Langon, 
auteur  de  nombreux  pseudo-mémoires,  et 
romancier  connu  sous  la  Restauration  et 
sou?  Charles  X,  qui  publia,  mais  en  2 
volumes  seulement,  ep  1829,  les  Mé- 
moires  de  Gabrielle  d'Estrées,  duchesse 
de  Beaufojt.  R.  Bizet. 

Lb  lanterne,  ^e  Pî),ïiurge(LIV,  454). 

—  Il  faiit  lire  :  5  décembre  ijpi. 

E.  C. 


592     ~ 

Le  Théâtre  em  provii^ce  (LIV,  281, 
355,428,476,534).  —  Indépendaniment 
des  ouvrages  cités  déjà  dans  l'Intermé- 
diaire, je  possède  : 

Le  Théâtf;e  à  Artfas  ava.n,t  et  après  la  Ré- 
volution, par  Adolphe  de  Cardev^cque  ; 
Arras,  1884, 

Le  Théâtre  à  Auch  sous  la  Terreur,  par 
P.  Bénétrix  ;  Auch.  l8qo. 

HistoixA  du  Théâtre  de  ^aypnne^  paf 
E.  Duceré  ;  Bayonne,  i88^. 

Histoire  des  Jhéâtres  de  Bordeaux,  par 
Arnaud  Detcheverry  ;  Bordeaux,  1860. 

Les  Théâtres  de  Bordeaux  p^t^da^nt,  la 
Terreur  ;  Bordeaux,  1868. 

Le  Théâtre  à  Bordeaux,  par  Hippolyte 
Minier  et  Jules  Delpit  ;  Bordeaux,  Chollet, 
1883. 

Notice  illustrée  sur  le  Théâtre  du  Peuple 
de  Bussa^ng,  par  un  spectateur  ;  Les  Cha- 
telles  et  Paris,  1897. 

Le  Théâtre  à  Caen,  par  Paul  de  Longue- 
mare  ;  Paris,  Picard,  1895. 

Le  Théâtre  à  Cambra,i  avant  et  depuis 
i88q,  par  A.  Durieux  ;  Cambrai,  J.  Re- 
naut,  188?. 

Les  Origines  du  Théâtre  à  Colmar,  par 
X.  Mossmann  ;  Colmar,  1878. 

Le  Théâtre  à  Doué,  par  Célestin  Port  ; 
s.  d. 

Voyage  à  travers  le  Théâtre  du  Havre, 
par  L.  P.  ;  Le  Havre,  1863. 

Ls  Théâtre  de  Lille  en  1844  ;  Lille,  Vanac- 
kère,  1844. 

Le  Théâtre  d  Arras  et  à  Lille  en  168  j, 
par  Victor  Advielle  ;  Paris,  Tresse,  1893. 

Etudes  sur  le  Théâtre  en,  Lorraine,  par 
Henri  Lepage  ;  Nancy,  1849. 

Recherches  sur  les  mystères  qui  ont  été 
représentés  dans  le  Aiaine,  par  Dom  P.  Pio- 
lin,  Angers,  1858. 

Marseille,  notice  historique  sur  les  théâtres 
privilégiés,  par  un  ancien  amateur  ;  Mar- 
seille, Camoin,  1863. 

Histoire  du  théâtre  à  Marseille,  le  Graud- 
Théâti:e^  par  Léandre  Moreau  ;  Marseille, 
1872. 

La  Comédie  a  I^arseille,  historique  ;  Mar- 
seille, 1893. 

Notice  historique  suir  le  Th^âtxe,  de 
MmUs  ;  Hantes,  1825. 

Le  Théâtre  de  Reims  à  P.aris,  par  N.  Da- 
vid ;  Reims,  1851. 

Les  Tljéâjres  de  société  de  Rouen,  par  J.-E. 
B. ;  Rouen,    1877. 

Recherches    si.(r  le,   Théâi,re_  à    Troyes  au 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Octobre  190Ô. 


?93 


—     594 


xv°  siècle^  par  Théophile  Bqutiot  ;  Troyes, 

1854. 

Le  Thcâtre  de  l  ancien  collège  de  Troya., 

par  Alt'ert  Babeau  ;  Troyes,  1881. 

Recherches  sur  le  Théâtre  de  Valenciennes, 
par  G.  A.  j.  H***  (Hccart)  ;  Paris,  Hécart, 
1816. 

Sans  compter  des  études  copsacrées  aux 
théâtres  antiques  (Chaniplieu,  Orange)  et 
nombre  de  brochures  émanant  de  divers 
directeurs  provinciaux. 

L. -Henry  Lecomte, 


»  * 


Le  théâtre  à  Bordeaux^  étude  histori- 
que par  H .  Minier,  suivie  de  la  nomen- 
clature des  auteurs  dramatiques  bordelais 
et  de  leurs  ouvrages,  par  F.  Delpit,  Bor- 
deaux 1884,  ipO  pp. 

Histçire  du  théâtre  de  Bordeaux  par 
Detcheverry. 

Il  existe  à  la  Bibliothèque  municipale 
de  Bordeaux  un  très  curieux  nianuscrit, 
donnant  au  jour  le  jour,  le  nom  de  toutes 
|es  pièces  qui  ont  été  représentées  sur  la 
scène  du  grand  théâtre  de  Bordeaux,  à  la 
fin  du  xvni^  siècle.  On  jouait  pendant 
toute  l'année  deux  pièces  par  soirée  ;  le 
théâtre  n'était  fermé  que  pendant  la  se- 
maine sainte  et  les  jours  de  grande  fête. 

L'année  théâtrale  commençait  le  lundi 
de  Pâques  et  se  terminait  le  samedi  précé- 
dant la  semaine  sainte. 

L'inauguration  du  grand  théâtre  de 
Cordeaux  se  fit  le  7  avril  1780.  La 
troupe  se  composait  pour  la  tragédie  et 
la  comédie,  de  17  hommes  et  10  femmes  ; 
pour  l'Opéra,  l'Opéra  «  bouffon  >\  de  1 1 
hommes  et  10  femmes,  de  10  choristes 
hommes  et  10  choristes  femmes  ;  pour  le 
ballet,  d'un  maître  de  ballet,  4  premiers 
danseurs,  2  enfants,  9  danseurs,  4  pre- 
mières danseuses,  12  «  figurantes  >'>  ;  pour 
l'orchestre  de  2  '/  maîtres  de  musique  >■> 
et  21  musiciens. 

Pendant  cette  année  théâtrale,  qui  prit 
fin  le  7  avril  1781,  il  fut  donné  36  tragé- 
dies {Athalie  et  Thomas  Kourikan  furept 
jouées  6   fois  chacune)  ;  44  comédies  en 

5  actes,  [Le  Barbier  de  Séville  fut  joué  7 
fois);  38  comédies  en  3  actes  [V  Officieux, 

6  fois  et  le  Dépit  amoureux  4  fois)  ;  46  co- 
médies en  un  acte  :  57  opéras  et  opéras 
bouffes  [L' Amant  jaloux,  17  fois)  et  60 
ballets. 

Les  trois  premiers  joursd'ina^uguration, 
le  même  spectacle  fut  représenté  :  Le  ju- 


gement d'Apollon  et  Athalie .  P.ar\s  le 
cours'^de  Tannée,  des  troupes  de  passage 
s'arrêtèrent  au  théâtre  de  Bordeaux  , 
entre  autres  le  q  janvier  17Ô1,  les  Bouffes 
Italiens  qui  jouèrent  A?  Sciara  riçouv-iota, 
opéra  bouffe. 

Je  conseille  à  tous  çevx  qui  s'occupent 
du  théâtre  ancien  en  province  de  consul- 
ter cet  amusant  et  précieux  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  de  Bordeaux  dont  je  ne  iT|e 
rappelle  plus  la  cote,  mais  que  le  com- 
plaisant conservateur,  monsieur  Céleste, 
connaît  très  bien.  Ils  pourront  également 
consulter  un  dossier  aux  Archives  muni- 
cipales de  Bordeaux  (CG.  307)  dont  j'ai 
publié,  un  extrait  dans  le  tome  XXXV  de 
la  Société  des  A  rchives  historiques  de  la  Gi- 
ronde et  qui  mentionne  les  appointements 
ç^e  chaque  artiste,  j\insi  que  l'état  finan- 
cier de  la  Société  a^xA  dirigeait  ,1e  théâtre. 

Pierre  Meller. 

Une  pièce  de  y?VS  napoléoniei^s 

dugrauclBerryer(Î8iO)(Lll).— Jene 
connais  pas  de  reproduction  de  la  pièce  de 
Berryer  relevée  sur  un  exemplaire  de  l'édi- 
tion originale,  restée  unique,  vraisembla- 
blement. 

Elle  n'est  ni  citée,  ni  reproduite,  dans 
la  Couronne  poétique  de  Napoléon  le  Gr^nd, 
in-80,  avec  fig.,  Paris,  Arthus  Bertrand, 
1807  ;  —  dans  F  Hymen  et  la  Naissance, 
(recueil  réuni  par  Àrnault)  in-8?,  Paris, 
Firmin-Didot,  1812^  —  dans  les  Hommages 
poétiques  à  leurs  Majestés  Impériales  et 
Royales  sur  la  Naissance  de  S.  M.  le  Rot 
de  Rome,  recueillis  et  publiés  p^f  Lucet  et 
Eckard,  Paris,  ipipr.  de  Prudhpmme  fils, 
2  vol.  in-8'^  avec  deux  fig.,  i8u  ;  —  ni 
même  dans  la  Couronne  poétique  de  Napo- 
léon. Hommage  de  la  Poésie  à  la  Gloire.^ 
I  vol.  gr.  in- 12  av.  fig.,  grav.  d'apr.  Hor. 
Vernet,  Paris,  Amyot,  1840. 

Il  existe  ui^e  autre  petite  pièce,  de  la 
même  année  de  pviblication  que  celle  de 
Berryer  (1810),  portant  un  titre  presque 
analogue  au  titre  de  celle-ci,  et  ayant 
pour  auteur  un  homonyme  du  grand 
Berryer,  mais  qui,  toutefois,  n'est  pas  le 
nôtre . 

Cette  pièce  que  je  possède  comme  celle 
de  Perryer,  en  édition  originale,  et  qui 
n'est,  pas  plus  que  celle-ci,  reproduite 
d^ns  les  recueils  cités  plus  haut,  est  inti- 
tulée :  Ode  à.  Le^rs  ^I,aJ,e.stés  impériales  et 
royales  Napoléon  le.  Grand,  et  Me^i;ie-Lo;i^,ise^ 


N"  1127. 


L'INTERMEDIAIRE 


595    

par  J.-F.C.  Berrier,  Paris,  Impr.  de  Mi- 
chaud  frères,  in  8°  de  huit  pages,  sans 
couvert,  de  brochure,  imprim. 

Ce  Jean-François-Constant  Berrier  (avec 
un  i,  celui-là),  né  à  Aire  en  Artois  en 
17Ô6,  mort  à  Paris,  le  12  juin  1824,  était 
un  littérateur  connu. 

Le  recueil  des  Hommages  poétiques,  de 
181 1,  tome  11,  pages  233  à  237,  renferme 
de  lui,  des  Stances  :  Le  Livre  du  Destin^ 
sur  la  naissance  du  Roi  de  Rome. 

Ulric  Richard  Df.saix. 

Le  Spirituslisrne.  Les  reven-uits 
XXXIX).  —  «11  a  été  imprimé  en  1665, 
à  Orléans,  un  livre  dont  on  désirerait 
retrouver  un  exemplaire.  Ce  livre  a  pour 
titre  «  Histoire  récente  pour  servir  de 
preuve  à  la  vérité  du  purgatoire  contre 
Lopinion  des  Calvinistes  et  à  l'immortalité 
de  l'âme  contre  le  sentiment  des  athées, 
vérifié  par  des  procès  verbaux  dressés  ès- 
années  1663  et  1664,  avec  un  abrégé  de 
la  vie  et  de  la  mort  du  sieur  André 
Bugnot,  colonel  d'infanterie;  par  Etienne 
Bugnot,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
Chambre  du  roi  ».  {Intennédiaire  22  juin 
1869). 

11  existe  un  exemplaire  de  cet  ouvrage 
à  la  Bibliothèque  nationale,  27  L  N  3233. 
(Voir  Généalogie  des  Bugnot^  publiée  à 
Orléans  en  1905.  Goût  et  C'«  éditeurs, 
par  E.  Tausserat,  page  13.  G.  H. 

«  Coriolan  »  ou  «  Coricla.n  choz  les 
Volsques  »  (LUI,  11,  195,43-)  —  11 
existe  encore  une  tragédie  sur  «  Corio- 
lan ■»  (Caïus  J^Aarcius)  en  cinq  actes  et  en 
vers,  par  le  comte  de  Ségur,  alors  colonel, 
plus  tard  pair  de  France  et  meriibre  de 
l'Académie  française. 

Cet  ouvrage  fut  composé  à  bord  du 
<\  Northun  berland  v>  en  juin  1783,  et  re= 
présenté  devant  l'impératrice  de  Russie, 
Catherine  II,  sur  son  théâtre  de  l'Ermi- 
tage, à  Saint-Pétersbourg,  en  août  1787. 

Alexandre  Rey. 

Stifelius  (LIV,  454).  —  II  y  a  quel- 
ques années  surtout,  on  appelait  ainsi,  en 
Italie,  la  redingote,  appelée  également 
finan:(iera  et  mieux  prefette^ia  (préfecto- 
rale). 

Ce  surnom,  stifelius,  parut  vers  1850 
ou  1855  •  ^o"  origine  ne  serait  pas  alle- 
maude,  mais  bien...  française. 


596 


Il  viendrait  simplement  ou  plutôt  il 
vient  du  drame  insensé  d'E.  Souvestre  et 
Bourgeois,  intitulé  :  Stifelius. 

(Actuellement,  on  écrit  Stiffelius  sui- 
vant Petrocchi  Panzini,  etc.) 

Piave  en  tira  un  livret  Stifelio  que 
Verdi  mit  en  enseigne  et  fit  représenter 
en  1850,  au  théâtre  Civico  de  Trieste. 

L'opéra  ne  put  malgré  tout  réussir, 
Verdi  le  retirage  remania  et  en  fit  Aroldo 
qui  ne  réussit  pas  mieux. 

C'est  ce  double  usage  d'une  partition 
q.ui  aura  fait  donner  ce  nom  à  un  habit 
d'usages  multiples.        P.  T.  Bergame, 

Une  médaille  gastronomique  (LI, 

108).  —  Je  remercie  tardivement  notre 
Directeur  :  grâce  à  Vhitermédiaire,  une 
pièce  curieuse  a  été  retrouvée,  qui  évo- 
que les  souvenirs  de  l'Année  terrible,  et, 
avec  elle,  les  noms  des  quinze  «  Spar- 
tiates »  fidèles  au  dîner  de  (Quinzaine. 
Oui,  certes,  il  y  avait-là  un  mémento 
plutôt  qu'un  hosanna,et  la  fièvre  obsidio- 
nale  devait  être  pour  quelque  chose  dans 
cettemanifestation  commémorative  — oh  ! 
combien  ...  Les  hôtes  du  Salon  rouge  ont 
fait  maigre  chère,  c'est  entendu,  — 
comme  tous  les  Parisiens  —  les  deux 
millions  «  d'âmes  »  assiégées  : 

J'ai  payé  quinze  fra  ucs  quatre  œuf  s  frais  noa  pour  moi* 

Victor  Hugo. 

Notre  siège  était  fait  à  cet  égard  ;  mais 
encore,  faudrait-il  ne  pas  montrer  plus  de 
conviction  que  les  convives  eux-mêmes  ! 
Philippe  Burty  s'est  défilé  à  l'anglaise  et 
Edmond  de  Concourt,  si  communicatif 
d'ordinaire,  ne  souffle  mot  de  l'Adresse 
à  l'Amphitryon  :  le  fait  a  son  éloquence  ! 
Décidément,  je  crois  bien  que  c'est  à 
l'absent,  au  convive  honteux  qu'iront  les 
sympathies.  Voici  les  autres  noms:  Ernest 
Renan,  P.  de  Saint-Victor,  M.  Berthelot, 
Ch.  Blanc,  Schérer.  Dumesnil,A.  Neflftzer, 
Ch.  Edmond,  Thénot,  J.  Bertrand,  Marey, 
Ed.  de  Concourt,  A.  Hebrard.  (Figaro,  6 
février,  1880). 

Avec  le  mot  âmes,  l'inscription,  sinon 
l'initiative,  semble  être  de  Renan. 

PoënsinDucrest. 

Couvents  maçonniques  au  X^HIc 

S'ècle  (LIV, 499)  -  Voir  Barruel:  Mémoi- 

I    res  pour  servir  à  l'Histoire  du  Jacobinisme. 

I       Ouvrage  édité  en  1818,  chez  Théodore 

I   Pitrat  à  Lyon. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre  1906. 


597 


598 


Les  aboyeuses  de  Josselin  (LIV, 
50b.  —  M.  de  Alanes  trouvera  des  rensei- 
gnements sur  cette  question  dans  :  L. 
Hamon.  Les  ahoyenses  de  Josselin.  Les  envi- 
rons de  Josselin.  Combat  des  ^o,  etc.  Rennes, 
1889,  in- 12°,  broché,  avec  gravures  hors 
texte.  —  Je  puis  procurer  ce  volume  ; 
mais  je  ne  Tai  pas  actuellement  en  main. 
D''  Marcel  Baudouin. 

Bibliographie  napoléonienne 

(LIV,  394,  533).  —  M.  Wircheisen  nous 
fait  l'honneur  de  nous  adresser  la  lettre 
suivante  : 

Genève,  Petit-Lancy, 
14.   10.  06. 
A  Monsieur  le  Directeur  de 
V  Intermédiaire  des  chercheurs  et  curieux 

Paris. 

Monsieur, 

On  me  communique  le  n"  du  20  septem- 
bre de  V Interviédiairt  des  chercheurs  et 
curieux  oi\  se  trouve  une  notice  relative  à 
ma  «  Bibliographie  napoléonienne  ». 

Cet  ouvrage  a  paru  en  1902,  d'abord  en 
édition  allemande  ;  quelques  semaines  plus 
tard,  son  contenu  restant  absolument  le 
même,  des  éditions  française,  anglaise  et 
i  alienne  ont  été  publiées,  le  titre,  ainsi  que 
la  préface,  ayant  seuls  été  traduits. 

Cette  bibliographie  n'a  pas  la  prétention 
d'être  complète,  n'étant  qu'un  petit  extrait 
critique  d'une  grande  collection  manuscrite 
delà  bibliographie  générale  de  la  Révolution 
et  de  l'Empire,  collection  encore  inachevée 
et  comprenant  déjà  à  l'heure  actuelle  plus  de 
60.000  ouvrages. 

Au  commencement  de  l'an  1907,  paraîtra 
u:  e  autre  édition  de  la  bibliogiaphie  de 
l'époque  napoléonienne,  plus  importante  et 
comprenant  au  moins  5  fois  plus  de  titres 
que  l'édition  de  1902. 

Veuillez  agréer,  monsieur,  l'expression  de 
mes  sentiments  distingués. 

Frédéric  M.  Wircheisen. 


Physionotraco  (T.  G.,  loi,  XXXVI; 
XXXVIII  ;  XXXIX  ;  LUI).  -  Je  viens  d'ac- 
quérir deux  portraits  au  Physionotrace, 
dont  l'originalité  et  l'anonymat  piquent 
ma  curiosité. 

L'un  représente  un  officier  supérieur 
revêtu  d'un  uniforme  brodé,  vu  de  trois 
quarts,  ce  qui  est  rar-^  ;  c'est  vraisembla- 
blement un  officier  de  marine,  un  amiral, 
car,  à  la  loupe,  on  distingue  une  ancre 
sur  les  boutons  de  son  habit. 

Ce  portrait,  gravé  par  Quenedey  en 
181 7,    ne  porte   aucun    nom.    Mais    une 


main  inconnue  a  écrit  au  dos  celui-ci,  au 
crayon  :  Clebas  Duchillon  ou  Duchillau. 
L'autre,  gravé  par  Bouchardy,  est 
celui  d'un  homme  portant  moustaches  et 
favoris  ;  à  la  boutonnière  de  sa  redingote 
pend  une  croix  de  la  Légion  d'honneur. 
L'allure  est  celle  des  officiers  de  l'Empire, 
en  demi-solde  sous  la  Restauration,  et  le 
quatrain  ci-après  qui  l'accompagne  rend 
cette  hypothèse  vraisemblable  : 

D'un  arrêt  infamant  ma  tète  fut  frappée, 
De  vingt  ans  de  combats  ce  fut  l'indigne  prix. 
Plus  j'ai    souffert  pour  lui,  plus  j'aime  mon 

[pays  ; 
Pour  le  défendre  encore,  il  me  reste  une  épée, 

Puis-je  espérer  que  quelque  collègue  éru- 
dit  et  subtil  pourra  me  renseigner  sur  ces 
deux  personnages,  me  donner  leurs  noms 
exacts  et  les  particularités  de  leur  exis- 
tence "ï 

je  lui  en  serai  très  reconnaissant. 

Henry  Vivarez. 

Les  Compagnies  d'assurances, 
leur  origine  (LIV,  338).  —  \S Histoire 
Générale  de  ?  Assurance  en  France  et  à 
V Etranger  donne  une  réponse  à  cette 
question.  Ce  livre  est  déposé  à  la  Biblio- 
thèque nationale.  Editeurs  Giard  et  Brière, 
rue   Soufflot,  auteur  Georges  Hamon. 

Un  article  intitulé  s<  Les  origines  par 
la  médaille  des  Assurances  maritimes, 
incendie, vie,  de  1600  à  1830», publié  dans 
\ Assurance  Moderne.,  28  février  1906, 
n°  S40,  97  boulevard  Port-Royal,  répond 
également  au  correspondant  de  \' Intermé- 
diaire. Ajoutons  que  le  dit  journal  d'assu- 
rances contient  de  nombreux  documents 
anciens  et  qu'actuellement  il  fait  paraître 
le  répertoire  des  médailles  d'Assurances 
au  nombre  de  400.  La  direction  de  V As- 
surance Moderne  fait  appel  à  ses  confrères 
de  V Intermédiaire  dans  le  cas  où  ceux-ci 
posséderaient  d'anciens  documents  sur 
les  assurances.  G.  H. 


In-8"  ;  in-12  ;  in-16  (LIV,  504)  — 
La  question  est  au  contraire  très  intéres- 
sante, et  pour  m;i  part  j'attends  les  ré- 
ponses qui  y  seront  faites. 

Des  in-8°  sont  tirés  comme  des  in  4°, 
c'est  certain  ;  cela  est  exigé  par  q^iclques 
auteurs,  par  exemple  lorsque  le  papier  de 
leur  ouvrage  est  assez  fort.  En  elTet,  la 
pliure  se  faisant  sur  moins  de  pages,  cette 
sorte  d'irrisure,  si  je  puis  ainsi  parler,  de 


N* 


11Î7. 


L1NTERMÉDIAIRB 


603 


604 


Cette  petite  historiette  date  de  1859, 
Les  ouvriers  qui  travaillaient  alors,  à 
Saint-Denis,  au  caveau  impérial,  rencon- 
trèrent plusieurs  tombes  en  pierre,  par- 
faitement scellées,  de  rois  mérovingiens 
ou  carlovingiens.  Or,  quel  ne  fut  pas  leur 
étonnement,  en  ouvrant  ces  tombes,  de 
voir  s'en  échapper  une  quantité  incroyable 
de  mouches  d'aspect  noirâtre  et  de  gros- 
seur moyenne.  Ce  fut  une  nuée  s'abattant 
sur  les  autels  et  jusque  dans  les  burettes. 
Parmi  les  assistants,  beaucoup  en  détrui- 
sirent, d'autres  en  emportèrent  pour  les 
examiner.  Un  naturaliste,  à  qui  un  prêtre 
de  Saint-Denis,  l'abbé  Delon,  en  avait 
soumis  l'examen,  pensa  que  la  reproduc- 
tion de  ces  mouches  avait  dû  se  faire  de 
siècle  en  siècle,  en  se  mangeant  de  géné- 
ration en  génération. 

Plusieurs  mouches  furent  mises  sous  un 
verre,  mais  elles  moururent  au  bout  de 
deux  heures.  Détail  piquant  :  beaucoup 
d'assistants  que  ces  insectes  avaient  tou- 
chés, virent  apparaître  sur  leur  peau, de  la 
rougeur,  de  la  tuméfaction,  et  certains 
mêmes  une  inflammation  véritable. 

Je  laisse  à  d'autres  le  soin  de  mettre  au 
point  l'explication  de  ce  phénomène  dont 
l'authenticité  est  incontestable. 

En  tout  cas,  ce  que  je  puis  avancer  sans 
conteste,  c'est  que  l'historiette  en  question 
n'a  rien  de  contradictoire,  pour  un  temps 
assez  long  du  moins,   avec    les   données 
actuelles  de  la  science.   Les  mouches  du 
genre  Calliphora,  Sarcophaga^  Lucilia  ca- 
daverina ^  (\\x\  sont  les  travailleuses  de  la 
mort,  ne  vivent  que  sur  les  cadavres.  Ce 
sont  leurs  innombrables  larves  ou  asticots 
qui  détruisent  en  partie  les  tissus  cadavé- 
riques.   Ces    larves    se   développent   très 
rapidement,    mettent    moins    d'un    mois 
pour  arriver  à  l'état  de  nymphe,  autant 
pour  arriver  à  l'état  parfait.  «  Une  géné- 
ration  a   de   six   semaines  à  deux  mois 
d'existence,  et  celles  qui  suivent  augmen- 
tent en  nombre,  suivant  une  progression 
géométrique  croissante  »  (Mégnin).  Cela 
explique    la    fameuse    nuée.    Mais    étant 
donnée  la  dessication  totale  des  ossements 
trouvés,  il  faut  admettre  que  pour  se  re- 
produire, les  mouches  en  étaient  réduites 
à  se  manger  de  génération  en  génération, 
ce  qui,  jusqu'à  un  certain  point,  est  très 
admissible,  puisque  ces  insectes  ne  vivent 
que  de  cadavres  gros  ou   petits,  et  alors 
de  ce  qu'ils  trouvent. 


Est-ce  à  dire, pour  cela, que  l'origine  an- 
cestrale  de  cette  colonie  fût  contemporaine 
de  Mérovée  ou  de  Childéric  III?  Je  suis 
loin  de  le  penser,  et  je.  laisse  la  parole  à 
des  intermédiairistes  plus  ferrés  sur  la 
faune  des  tombeaux.  D""  Billard. 

La  société  des  Eclectiques  (LIV, 
453).  —  J'ai  sous  les  yeux  un  certain 
nombre  de  cartes  d'invitations  aux  réu- 
nions des  éclectiques  des  années:  1873- 
74-87-95,  qui  me  viennent  de  feu  mon 
ami  Alexis  Martin.  Ces  cartes  sont  des 
eaux -fortes,  dont  quelques-unes  sont 
signées  de  : 

O.  Vilpelle  —  Guillomin  —  Aglaùs 
Bouvenne  —  Letourneaux. 

Le  lieu  des  réunions  n'est  généralement 
pas  indiqué  ;  ce  qui  laisse  supposer  qu'il 
était  toujours  le  même,  et  connu  des  invi- 
tés. Cependant,  sur  deux  d'entre  elles  de 
1873,  la  réunion  a  lieu  «  chez  Laffite  ». 

CÉSAR    BiROTTEAU. 

Les  mansardes  célèbres  (LUI, LIV, 

435,  489,  529).  —  La  minsarde  de  Bona- 
paite.  —  Ce  n'est  pas  au  n''  5  que  logeait 
Bonaparte,  élève  de  Brienne,  puis  officier 
d'artillerie,  quand  il  faisait  séjour  à  Paris. 

La  mansarde  du  quai  Conti  n°  5 ,  est  une 
légende  dont  Auguste  Vitu  a  fait  justice 
depuis  longtemps. 

Il  faut  chercher  le  «  Nid  de  l'aigle  »  au 
n°  13,  ancien  hôtel  de  Sillery  qu'occu- 
pait, en  ce  temps-là  M.  de  Permont,  et 
c'était  une  jolie  petite  chambre  au  3^  étage; 
elle  existe  encore,  Nothing. 

Mots    d'académiciens    moroses 

(LIV,  ^05).  —  Je  lisais  justement,  ces 
jours  ci,  un  livre  de  Mary-Lafon  (Cin- 
quante ans  de  vie  littéraire^  Calmann- 
Lévy,  1882)  et  j'y  copie  ceci  : 

Se  tournant  alors    majestueusement 

vers  moi  : 

Monsieur,  me  dit  Royer-CoIIard,  d'un  ton 
d'augure,  depuis  dix  ans,  je  ne  lis  rien. 

Alors,  répliquai-je,  en  regardant  les  livres 
épars  sur  la  table,  vous  devez  être  bien  au 
courant. 

11  bondit  sous  ce  coup  de  pointe 

N.-A.  M.  GiLEs. 

*  * 
Le  mot  de  Royer-CoUard  :   «  A  mon 

âge  on  ne  lit  plus,  on  relit  »  a  été  certai- 
nement prononcé. 

Alfred  de  Vigny  le  rapporte  dans  son 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Octobre   1906. 


605 


606 


journal,  à  la  date  du  30  janvier  1842. 

Etonné  de  cette  réponse,  Vigny  de- 
manda à  l'académicien,  comment  il  fai- 
sait pour  donner  sa  voix.  Ce  dernier  lui 
répondit:  «Je  la  donne...  je  la  donne... 
«Je  vais  aux  élections...  je  ne  peux  pas 
«  vous  dire  comment  je  la  donne,  mais  je 
«  la  donne  enfin.  » 

Tout  permet  de  croire  que  cette  ré- 
ponse est  véridique,  car  l'illustre  auteur 
d'Eloa  n'avait  aucun  intérêt  à  inventer 
cette  boutade  qui  était  plutôt  à  son  désa- 
vantage. A.  Chesnier  du  Chesne. 

«Il  y  a  des  années  où  l'on  n'est 

pas  en  train  »  (LIV,  281,  543). — Ce 
n'est  pas  le  peintre  Jules  Breton  qui,  dans 
son  autobiographie,  La  Vie  d'un  artiste^ 
attribue  ce  mot  au  paysagiste  Nazon.  Le 
rédacteur  de  la  présente  note  est  peut- 
être  responsable  de  la  confusion  commise 
par  M.  Gustave  Fustier.  Il  avait,  en  effet, 
au  lendemain  de  la  mort  de  Jules  Breton, 
publié  dans  la  Liberté  (n°  du  7  juillet 
1906),  un  article  où  il  citait  un  certain 
nombre  de  souvenirs  de  ce  peintre  re- 
gretté, d'après  sa  Vie  d'un  artùte  et,  che- 
min faisant,  il  donnait  une  nomenclature 
sommaire  des  personnalitésartistiques  qui 
défilent  dans  ce  livre  et  parmi  lesquelles  il 
mentionnait  «Nazon,  autre  paysagiste, 
d'une  paresse  incroyable,  1  auteur  de  ce 
mot  :  Il  V  a  des  années  où  Von  n'est  pas  en 
train.  »  M.  Gustave  Fustier,  soit  qu'il  ait 
lu  cet  article  dans  le  journal  où  il  a  paru, 
soit  qu'il  en  ait  lu  la  reproduction  par- 
tielle dans  d'autres  journaux,  a  cru  que  le 
rédacteur  citait  ce  mot  d'après  Jules  Bre- 
ton lui  même  ;  son  erreur  s'explique  tout 
naturellement. 

C'est  à  la  page  260  de  sa  Vie  d'un  ar- 
tiste que  Jules  Breton  parle  du  peintre 
Nazon.  Voici,  d'ailleurs,  en  quels  termes  : 

«  Je  voudrais  dire  deux  mots  aussi  de  no- 
tre ami  Nazon  que  nous  fréquentions  beau- 
coup alors  et  qui, Dieu  merci,  est  encore  bien 
portant  (en  1S90,  année  de  la  publication  de 
la  Vie  d'un  artiste)  ;  mais,  comme  il  s'est 
volontairement  retiré  de  la  scène  oi^i  nous  le 
pensions  appelé  à  un  rôle  sérieux,  comme  il 
vit  obscur  dans  son  pays,  je  crois  qu'il  est 
bon  de  le  rappeler  au  souvenir  de  ceux  qui 
l'ont  connu. 

Nazon  ressemblait  alors  (vers  1856)  à  un 
Etrusque,  la  tète  au  profil  d'une  simple  li- 
gne, recouverte  de  cheveux  drus  et  épais  qui 
.se  dressaient  sur  son  front  en  cimier. 


11  allait  distrait,  arpentant  les  rues  de  ses 
grandes  jambes,  les  pieds  un  peu  en  dedans, 
la  poitrine  en  avant  et  haussant,  au-dessus 
d'une  écharpe  enroulée  au  cou,  son  long  nez 
pointu  de  fourmilier,  comme  pour  aspirer  les  • 
nouvelles  qui  couraient  dans  l'air. 

Car  c'était  un  causeur  intarissable  et  d'infi- 
niment d'esprit,  cet  excellent  camarade  aux 
allures  cordiales  quoique  dédaigneuses  pour 
toute  vulgarité. 

Il  avait  brillamment  débuté  comme  pein- 
tre. Je  me  rappelle  certain  paysage  du  Midi 
où  fuyait  un  long  mur  aux  courbes  pleines  de 
style,  sur  lequel  s'appuyait  une  fillette  gar- 
dant un  essaim  de  dindons  ;  tableau  d'un 
grand  charme,  d'une  coloration  sobre  et  fine, 
absolument  original  au  moment  où  il  parut. 

Nous  attendions  de  lui  un  grand  paysagiste, 
et  dire  qu'il  a  préféré  aller  planter  ses  choux 
à  Montauban  I 

C'est  tout.  Comme  on  le  voit,  Jules 
Breton  ne  fait  même  pas  allusion  à  la  pa- 
resse de  Nazon.  Le  mot  en  question  est 
rapporté,  non  par  Jules  Breton  dans  sa 
Vie  d'un  artiste,  mais  par  M.  Ch.  Moreau- 
Vauthier  dans  un  livre  récent  :  Gérômé, 
peintre  et  sculpteur ,  et  c'est  laque  le  ré- 
dacteur de  la  présente  note  Favôit  trouvé. 

M.  Ch.  Moreau  Vaulhier  énumère  les 
artistes  qui  habitaient,  rue  Notre  Dame- 
des-Champs,  l'un  de  ces  ateliers  dont 
l'ensemble  portait,  dans  les  premières  an- 
nées du  second  Empire,  le  nom  de  Botte 
à  thé  :  |.-L.  Gérôme,  Brion,  Toulmouche, 
Lambert,  Schutzberger,  etc.  «  On  travail- 
lait avec  ardeur  dans  cette  communauté 
d'artistes  »  dit-il,  et  il  ajoute  (page  134): 
«  Au  milieu  de  tous  ces  travailleurs,  le 
paysagiste  Nazon  prononçait  !e  mot  cé- 
lèbre :  Il  y  a  des  années  oit  l'on  n'est  pas 
en  train.  >> 

J'ignore  si,  comme  le  croit  le  D""  Cordes, 
le  mot  figure  dans  les  Scènes  de  la  vie  de 
bohème.  Mais  alors  même  qu'il  y  figure- 
rait, il  n'en  résulterait  point  forcément 
que  la  paternité  de  cette  amusante  formule 
doive  être  retirée  à  Nazon  et  transférée  à 
Murger.  Je  sais  bien  que  les  Scènes  de  la 
vie  de  bohème  ont  paru  en  1851,  antérieu- 
rement, par  conséquent,  à  la  formation 
du  groupement  de  la  «  Boite  à  thé  ».  Mais 
M.  Ch.  Moreau-Vauthier  ne  dit  pas  que 
Nazon  ait  prononcé  le  mot  alors  qu'il 
fréquentait  la  «  Boite  à  thé  ».  Au  surplus, 
peu  importe  que  le  mot  ait  été  emprunté 
par  Murger  à  Nazon  ou  par  Nazon  à  Mur- 
ger. Ce  n'est  pas  une  de  ces  paroles  his- 
toriques   dont    l'origine   et  l'authenticité 


H  "27. 


L'INTERMEDIAIRE 


—   607 


608 


sollicitent  impérieusement  l'attention  des 
chercheurs  et  des  curieux. 

Etienne  Charles. 

Les  plus  vieilles  tragédiennes, 
comédiennes,  cantatrices  du  temps 
présent  (LIV,  506).  —  Parmi  les  comé- 
diennes et  comédiens,  on  peut  citer  : 

Mme  Caroline  Bader,  gymnase  enfan- 
tin, Vaudeville,  Variétés,  née  en  1827. 
Vit  à  Saint-Gratien. 

Mme  Raucourt  Anna,  Odéon,  sœur  de 
Baron  des   Variétés,   née   en    1834.  Vit  à 

Paris. 

Mme  Zulma  BoufFar,  une  des  reines  de 
l'Opérette,  née  en  1843,  pensionnaire  de 
la  maison  des  com.édiens  à  Pont-aux- 
Dames. 

Lassouche,  le  joyeux  comique  du  Palais 
Royal,  né  en  1828.  Habite  Paris. 

Bouyer,  l'artiste  de  drame,  né  en  1843. 
Directeur  de  la  maison  des  comédiens  à 
Pont-aux-Dames. 

Brelet,  qui  créa  le  rôle  d'Arthur  dans 
]di  Grâce  de  Dieu.  Né  en  1826.  Habite  Bicè- 

tre. 

Laclaindière,  ex-jeune  premier  à  l'Am- 
bigu, né  en  1836.  Vit  à  Paris, 

Mme  Jeanne  Clarence,  qui  fut  une 
actrice  applaudie  à  l'Ambigu,  veuve  de 
l'artisle  Clarence,  née  en  1835.  Habite 
Asnières. 

Mme  Moïna  Clément, qui  fut  une  bonne 
actrice   de    drame,  née    en    1843.    Vit   à 

Paris. 

Mme  Marie  Delaporte, la  jeune  première 
idéale  du  Gymnase,  née  en  1838.    Habite 

Paris. 

Mme  Judith,  de  la  Comédie  française, 
née  en  1827.  Habite  Paris.  Mme  Judith 
est  retraitée  depuis  1866. 

Frédéric  Febvre,  de  la  Comédie  Fran- 
çaise, né  en  1833.  Habite  Paris. 

Mme  Desmonts,  qui  brilla  dans  les 
travestis  à  la  Gaîtc,  veuve  de  Desmonts 
des  Bouffes,  née  en  1838.    Habite   Tours. 

Mme  Irma  Crosnier,  l'excellente  duè- 
gne   de   l'Odéon,    née    en    1820.    Habite 

Paris. 

Mme  Pauline  Granger,  de  la  Comédie 
Française,  née  en  1833.  Habite  Paris. 

Mme  Guyon,  veuve  d'Alex.  Guyon, 
qui  fut  elle-même  Mlle  Jarry,  des  Folies 
dramatiques,  née  en  1836.  Habite  La  Va- 
renne. 

Hadingue,    l'ancien    premier    rôle    de 


Marseille,  le  père  de  Mme  Jeanne  Hading 
(Hadingue  ditej,  né  en  1820.  Vit  à  Mar- 
seille, •  >  •i  - 

Mme  Victoria  Lafontaine,  de  la  Comé- 
die française,  veu\'e  de  l'artiste  de  ce 
nom,  née  en  1840.   Habite  Versailles. 

Laroche,  de  la  Comédie  Française,  né 
en  1841.  Vit  à  Redené. 

Mme  Clara  Lemonnier,  née  en  1840. 
Paris  et  Bruxelles. 

Mme  Lacressonnière,  seconde  du  nom, 
veuve  de  Lacressonnière, actrice  de  drame, 
née  en  1840.  Habite  Paris. 

Mme  Daudoin,  qui  fit  les  beaux  jours 
des  Variétés,  vers  1850-60,  née  en  1831. 
Vit  au  Vésinet. 

Mlle  Van  Ghell,  la  créatrice  du  Petit 
Faust  et  des  Cent-Vierges.,  née  en  1844. 
Habite  Quinson. 

Mme  Naptal-Arnault,  premier  rôle  à  la 
Gaité  et  à  Saint-Pétersbourg,  née  en 
1825.  Habite  Paris. 

Pacra  de  l'Eldorado,  né  en  1832. Habite 
Paris. 

Mme  Claudia,  qui  fut  la  comère  de 
tant  de  Revues  de  fin  d'année,  née  en 
1835.  Habite  Orléans. 

Mme  Honorine,  qui  créa  la  Vie  Pan- 
sienne^  devenue  Mme  Péricaud,  née  en 
1833.  Habite  Paris. 

Mme  Périgat,  acteur  de  drame  qui  eut 
son  heure  de  célébrité,  née  en  1837. 
Habite  Paris. 

Régnier,  le  jeune  premier  de  l'Ambigu, 
né  en  1839.  Habite Nogent-sur-Marne. 

Mme  Edile  Riquier,de  la  Comédie  Fran- 
çaise, née  en  1832.  Habite  Paris, 

Mlle  Scrivaneck,  l'émule  de  Déjazet, 
née  en  1823.  Vit  à  Sainte-Périne. 

Mme  Tordens,  de  la  Comédie  Française, 
qui  fut  lectrice  de  la  Reine  des  Belges,  née 
en  1842.  Habite  Uccle. 

Mme  Paul  Deshayes,  actrice  de  drame, 
veuve  de  l'artiste-  de  ce  nom,  née  en 
1848.  Habite  Paris. 

Mlle  Marie  Favart,  de  la  Comédie  Fran- 
çaise, née  en  1833,  retirée  de  la  rue    Ri- 
chelieu depuis  1881.  Habite  Paris. 
Mmes  Thérésa,  Rousseil,  etc. 
A  l'étranger   :  Thomas  Salvini,  à  Flo- 
rence, H.  Lyonnet. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel -Chambon,  St-Amand-Mont-Rond  . 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois 


30  Octobre  1908 


42«  Année 

r31  '".r,  Victor  Massé 

PARIS  (1X0  Cherchez  et 


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PARIS  (IX«) 

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DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    1864 


•QUESTIONS     ET     REPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES    ET     ARTISTIQUES 


TROUVAILLES    ET    CURIOSITES 


609 


Nous  renouvelons  la  prière  à  nos  collabo- 
rateurs de  vouloir  bien  accompagner  leur 
pseudonyme  ou  leurs  initiales  de  leur  nom. 
Cette  précaution  est  indispensable  pour  nous 
permettre  de  faire  suivre  les  lettres  dont 
nous  sommes  chargés. 

Si  chaque  pseudonyme  nouveau  doit  être 
suivi  du  nom,  tout  pseudonyme  appuyé  du 
nom  une  première  fois  nous  étant  connu.^ 
n  implique  plus  ce  rappel. 


a3lue0ttaiî0 


La  comtesse    d'Egmont.    —    La 

célèbre  fille  du  maréchal  de  Richelieu  a 
eu  pour  biographe  la  comtesse  d'Armaillé 
qui  n'a  pas  voulu  s'occuper  des  «  accusa- 
tions dont  souffrait  sa  réputation  »  et  qui 
prétend  écarter  «  ce  côté  pénible  de  son 
histoire  », 

A  quoi  ces  lignes  font-elles  allusion  ? 

-\- 

La  rue  de  Poitiers.   —  La  rue  de 

Poitiers  ne  compte  que  quelques  numé- 
ros, et  la  plupart  en  immeubles  neufs. 

Connaît-on  l'emplacement  exact  de 
l'hôtel  où  se  réunissait,  en  1851,  le  club 
royaliste  qui  prit  une  si  large  part  au  ré- 
tablissement de  l'Empire?  M.  P. 

Les  rapports  d3s  ambassadeurs 
vénitiens  à  la  cour  de  France.  — 

Pourrait-on  me  dire  quels  sont  les  ou- 
vrages qui  donnent  les  rapports  des  am- 
bassadeurs vénitiens  à  la  cour  de  France, 


610 


i  notamment  pendant  le  règne  des  Valois  ? 
M.  Baschel,  dans  son  ouvrage  sur  les 
Archives  de  ^^«/5^, mentionne  l'existencede 
ces  rapports  et  les  noms  des  ambassa- 
deurs; mais  il  n'en  donne  pas  le  texte, Par 
qui  ont-ils  été  publiés  ?  E.  M,  n. 

Le  comte  Hang^witz  à  la  vaille 
d'Austerlitz.  —  Un  de  nos  érudits  in- 
termédiairistes  pourrait-il  nous  signaler 
un  ou  plusieurs  ouvrages  historiques, 
traitant  spécialement  des  négociations 
entre  Napoléon  et  la  Prusse,  qui  précé- 
dèrent les  événements  qui  aboutirent  à  la 
bataille  d'Austerlitz,  et  du  rôle  que  joua, 
dans  cette  circonstance,  le  comte  Hang- 
witz  ?  P.  et  W. 

Les  filles  de  Georges  IIÏ.  —  Un 
lecteur  pourrait-il  me  donner  des  rensei- 
gnements biographiques  et  bibliographi- 
ques sur  les  filles  du  roi  d'Angleterre 
Georges  III,  notamment  les  princesses 
Amélia  et  Sophia  ? 

La  chronique  scandaleuse  du  temps 
s'en  est  beaucoup  occupée,  mais  à  quelles 
sources  puiser  pour  préciser  les  on-dit  et 
la  vérité  ^  Quels  mémoires  anglais  con- 
sulter ?  N'y  a-t-il  pas  aussi  des  mémoires 
ou  papiers  d'émigrés  français  dépeignant 
la  vie  à  la  Cour  d'Angleterre,  aux  envi- 
rons de  1800  ?  R. 

La  fuite  de   Louis  Philippe.    — 

Dans  sa  fuite,  Louis-Philippe  passa  par 
Dreux  (25  fév.),  Anet,  Evreux  et  gagna 
ensuite  Honfleur  et  le  Havre.  Me  serait-il 

LlV-12 


N-  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


611 


612 


possible  de  connaître  l'itinéraire  exact 
parcouru  par  la  famille  royale  depuis  les 
Tuileries  jusqu'au  Havre  avec  les  dates 
de  passage  ?  M.  M. 

Gambetta  et  la  dame  du  minis- 
tère de  l'intérieur.  —  Dans  son  inté- 
ressant Gambetta  inconnu  (Gounouihou, 
Bordeaux,  1905),  M.  André  Lavertujon, 
ancien  secrétaire  du  gouvernement  de  la 
Défense  nationale,  raconte  une  particula- 
rité ignorée  de  la  vie  de  Gambetta.  L'état 
de  la  gorge  de  Gambetta,  l'a  contraint  à 
aller  faire  une  cure  à  Ems,  en  1869.  Il 
évite  toute  rencontre  : 

Gambetta  ,  écrit  M  .  André  Lavertujon  , 
n'avait  pas  voulu  voir  M.  Ratazzi  qui,  au 
surplus,  n'en  avait  manifesté  le  désir  que 
très  indirectement,  en  laissant  parler  sa 
femme.  Dans  plusieurs  autres  circonstances 
assez  intéressantes,  l'état  de  la  gorge  de  mon 
malade  nous  dicta  pareille  réserve.  11  y  eut 
quelqu'un  qui  dut  en  être  fort  mécontent. 
Au  lieu  de  quelqu'un,  c'est  «  quelqu'une  » 
que  je  devrais  dire,  et  vous  m'excuserez  si, 
pour  ne  pas  pontifier  toujours,  je  rapporte 
cette  anecdote.  Une  actrice  de  petit  théâtre, 
devenue  notoire  par  sa  liaison  avec  un  critique 
dramatique  assez  tristement  fameux,  fit  pour 
nous  approcher  des  efforts  tellement  entêtés 
et  tenaces  que  nous  ne  savions  comment  les 
expliquer.  Douze  mois  plus  tard,  [nous  trou- 
vions la  clef  —  et  de  quel  style  !  —  au  minis- 
tère de  l'intérieur,  dans  les  cartons  de  la  sû- 
reté générale. 

Peut-on  mettre  —  sans  scandale  —  les 
points  sur  les  i  .?  Y. 

Le  Parc  des  Princes.  —  D'où  vient 
cette  dénomination  appliquée  au  quartier 
qui  sépare  la  commune  de  Boulogne-sur- 
Seine  de  son  Bois  ?  Est-elle  antérieure  à 
la  Révolution  .?  En  quoi  consistait  ce  parc  ? 
En  reste-t-il  quelque  chose  ?       A.  d'E. 

Jean  d'Anet,  dominicain.  — Pour- 
rait-on me  donner  des  renseignements 
sur  la  vie  et  les  œuvres  de  lean  d' Anet, 
écrivain  du  xv^  siècle,  faisant  partie  de 
l'ordre  de  Saint-Dominique?         M.  M. 

Un  fermier  général  à  la  Bas- 
tille :  Durand  de  Mézy.  —  Un  finan- 
cier très  habile  du  nom  de  Durand  de 
Mézy,  fermier  général,  destitué  en  1726, 
par  le  cardinal  de  Fleury,  aurait  été  mis 
à  la  Bastille,  pour  avoir  adressé  au  roi 
un    mémoire  manuscrit  qui  attira  l'indi- 


gnation du  cardinal  et  du  contrôleur  gé- 
néral Orry,  intitulé  :  Dissertations  sur  les 
fermes  générales  du  Roi,  et  sur  les  diffé- 
rentes variations  qui  sont  arrivées  dans  leur 
administration  depuis  la  mort  de  Colbert. 
Je  désirerais  savoir  la  date  de  son  en- 
trée et  de  sa  sortie  de  cette  prison  d'Etat. 
Quelles  étaient  ses  armoiries  ^ 

Paul  Pinson. 

Créli  Donato,  peintre,  —  Un  éru- 
dit  lecteur  de  V Intermédiaire  pourrait-il 
me  faire  connaître  les  tableaux  de  Créli 
Donato,  né,  d'après  la  biographie  de 
Michaux,  à  Crémone,  en  1 671,  et  décédé 
en  1749,  à  Bologne,  et  ceux  de  Fernivoli 
et  J.  du  P.  Mirandol  .?  Je  n'ai  trouvé  au- 
cun renseignement  sur  ces  deux  der- 
niers. 

Le  graveur  Laurent  Cars,  né  à  Lyon  en 
1703,  toujours  d'après  Michaux, n'aurait-il 
pas  reproduit  par  la  gravure  des  tableaux 
des  ces  trois  peintres  ?  Lesquels  ^ 

DoÉ. 

Le  marquis  Dalou.  —  M.  Pierre 
Meller,  dans  un  article  excellent  sur  VA- 
doption,  a  cité  celle  de  M.  de  Rolland,  par 
le  marquis  Dalou.  Je  désirerais  savoir 
quelle  est  l'origine  nobiliaire  du  marquis 
Dalou,  qui  fut  préfet  du  Cher  sous  la  Res- 
tauration. T.  H. 


Inscription  tombale  a.  b.  i.  d.  — 
Francops.  —  Dans  notre  vieille  église 
de  Fontenay-aux-Roses,  aujourd'hui  dé- 
molie, se  trouvait  gravée  sur  la  pierre  une 
généalogie  figurative  des  Héristal.  Au 
bas,  on  lisait  :  Pro  Petro  Francops^  dit  de 
Colonnia,  ora  virgo  henigna,  et  autour,  en 
lettres  gothiques,  à  intervalles  inégaux  : 
a.  h.  i.  d.  g.  n.  0.  v.  f. 

Connaît-on  ce  Francops,  donateur, sans 
doute,  du  monument .?  Que  signifient  les 
4  premières  lettres  a.  h.  i.  d.,  le  reste 
étant  le  nom  de  Geneviève  ?  Les  génové- 
fains  étaient  seigneurs  pour  partie  de 
Fontenay.  Val  Content. 


A.  Lavallée.  —  Où  trouver  quelques 
renseignements  biographiques  sur  ce  per- 
sonnage, qui,  au  mois  de  fructidor  an  X,. 
était  attaché  à  la  personne  ou  au  cabinet 
du  premier  consul  ^  Arm.  D. 


Î)ÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre  1906. 


613 


614 


Hippolyta  de  La  Porte.  —  Même 
question  pour  Hippolyte  de  la  Porte,  dont 
je  suis  en  train  de  dépouiller  la  correspon- 
dance. 

Elle  révèle  son  intimité  avec  madame 
de  Staël,  Chateaubriand,  Esménard,  .Mi- 
chaud,  le  prince  de  Broglie,  etc.  etc. 

Arm,  D, 

César  de  Martimprey.  —  Sau- 
rait-on où  est  mort,  vers  1732,  et  où  a 
été  enterré  Jean-François-César  de  Mar- 
timprey, maréchal  de  camp? 

ViLLEFOND. 

Dumay,  directeur  des  cultes.  — 

M.  Dumay,  directeur  des  cultes,  qui 
vient  de  mourir,  était  auteur  dramatique. 
On  lui  attribue  un  certain  nombre  de 
pièces  ou  jouées,  ou  en  portefeuille.  On 
lui  attribue  aussi  certaines  brochures  et 
notamment  une  plaquette  intitulée  :  A 
bas  les  calicots. 

Serait-il  possible  d'établir  une  biblio- 
graphie de  ses  oeuvres  ?  Ses  amis  ne  croi- 
raient-ils  pas  intéressant  de  dégager  du 
fonctionnaire,  la  physionomie  moins  con- 
nue et  assez  inattendue  de  l'écrivain  ? 

D'L. 

L'homme  sauvage  en  héraldique. 

—  Diverses  armoiries,  monnaies,  ensei- 
gnes, etc.,  nous  présentent  soit  un,  soit 
deux  hommes  sauvages,  soit  même  un 
homme  et  une  femme  sauvages,  j'entends 
ici  par  «  sauvages  »  des  individus  nus  ou 
imparfaitement  vêtus  de  peaux  de  bêtes 
et  velus  sur  tout  le  corps,  à  la  façon  des 
singes,  la  paume  des  mains,  la  plante  des 
pieds,  les  coudes  et  les  genoux  restant 
glabres. 

Quelque  ouvrage  parle-t-il  de  l'homme 
sauvage  en  héraldique  ?  Quelle  significa- 
tion a-t-il?  Est-il  de  pure  fantaisie  ou  est- 
il  l'expression  de  croyances  relatives  à 
l'homme  primitif  ?  Dans  quel  pays  faisait- 
on  le  plus  couramment  usage  de  cet  em- 
blème ?  J'en  connais  des  exemples  en 
France,  en  Suisse  et  en  Allemagne.  De 
quand  date-t-il  ? 

Une  documentation  aussi  variée  et  aussi 
complète  que  possible  me  serait  très 
utile.  Mille  remerciements  aux  aimables 
ophélètes  qui  auront  la  bonté  de  me  ré- 
pondre. ISKATEL. 


La  main  de  justice.  —  Le  sceptre, 
dans  tous  les  temps  et  chez  toutes  les 
nations,  a  été  la  marque  du  pouvoir.  La 
main  de  justice  n'est  entrée  que  depuis 
quelques  siècles  dans  les  attributs  de  nos 
monarques.  Le  premier  roi  à  qui  l'on  voit 
cette  marque  de  dignité  royale  est  Hugues 
Capet.  Quelle  a  été  la  vue  de  ce  prince  en 
rétablissant  ?  C'est  sur  quoi  on  n'a  que 
des  conjectures,  du  moins  nous  semble- 
t  il.  Nous  avons  cherché  sans  succès  un 
texte  qui  autorise,  non  à  soupçonner, mais 
à  préciser  pourquoi  Hugues  Capet  a 
adopté  cet  emblème.  A.  B.  X. 


Les  appellations  honorifiques 
dans  l'armée.  —  A  quelle  date  re- 
monte l'origine  de  l'expression  «  mon  », 
mon  lieutenant,  mon  capitaine,  placé  de- 
vant chaque  grade,  en  s'adressant  à  un 
supérieur  ? 

Y  a-t-il  un  règlement  pour  prescrire  ces 
appellations,  ou  ont-elles,  seulement,  été 
consacrées  par  l'usage  ? 

C'est  à  ce  dernier  avis  que  je  me  range, 
ayant,  vainement,  recherché,  au  minis- 
tère de  la  guerre,  trace  d'un  document 
relatif  à  ce  sujet.  Lieutenant  G.  P. 

Gouvernail  des  jonques  chinoi- 
ses. —  Les  jonques  qui  naviguent  dans 
les  mers  du  sud  de  la  Chine  ont  presque 
toutes  un  gouvernail  fort  curieux.  Sus- 
pendu à  un  treuil,  pour  être  enfoncé  ou 
élevé,  suivant  le  besoin  qu'on  a  de  sa 
pression,  il  est  manœuvré  par  une  barre 
d'une  grande  longueur  ;  la  force  en  est 
encore  augmentée  par  une  ingénieuse  dis- 
position. Pensant  avec  raison  que  la  ré- 
sistance à  l'eau  est  rendue  plus  forte  si, 
au  lieu  de  lui  opposer  une  barrière  plane 
et  compacte,  on  perce  cette  barrière  d'une 
quantité  de  trous  en  forme  de  losange, 
les  Chinois  ont  modifié  en  conséquence 
les  gouvernails  de  leurs  jonques.  L'eau, 
alors,  ne  glisse  plus  simplement  contre  le 
gouvernail,  mais  elle  fait  un  effort  pour 
se  précipiter,  en  tourbillonnant,  au  tra- 
vers de  ces  ouvertures  étroites.  Cette  lutte 
engendre  nne  action  efficace  qui  donne 
plus  de  facilité  pour  virer  sur  place.  Je 
désirerais  savoir  si  ce  procédé  est  ou  a  été 
expérimenté  en  Europe.  E.  M. 

Cadrans  solaires  en  couleurs.  — 

—   Où    pourrait-on  trouver  des    dessins 


N»    1128, 


L'INTERMEDIAIRE 


615 


616 


en  couleurs  de  cadrans  solaires  avec  de- 

VlLLEFONT. 


vise? 


Jehan  Flamel,  de  la  «  Gazette 
rimée>*.  —  Qui  signait  de  ce  pseudonyme 
à  la  Ga{ette  rimée  ?   D'  Heilly  ne  le  dit 


pas. 


Y. 


Les  petites  cours  allemandes 
au  XVIP  siècle,  par  Paul  de  Saiat- 
Victor.  — Pourrait-on  me  dire  où  avait 
paru  ce  chapitre  de  son  volume  pos- 
thume :  Anciens  et  modernes  (Calmann- 
Lévy,  1886  )  ?  L.  R. 

Vers  attribués  à  André  Chénier. 

—  Les  vers  suivants  sont  donnés  comme 
étant  d'André  Chénier.  On  ne  les  retrouve 
dans  aucune  édition  de  ses  œuvres.  Je 
croirais  volontiers  cette  attribution  erro- 
née. Que  taut-il  en  penser  ? 

L'AMOUR 

Pour  mes  songes  heureux  d"espoir,  de  poésie, 

C'est  toi,  dans  mon  sommeil, que  mon  àme  a  choisie; 

Comme  une  étoile  en  feu  qui  descend  et  qui  fuit. 

Ton  image  hrillante  apparaît  dans  la  nuit  ; 

Et  la  vive  clarté  de  l'Aurore  nouvelle 

Comme  toi,  fraîche  et  pure,  à  mes  yeux  se  révèle. 

On  prétend  que  l'amour  a  troublé  ma  raison  ; 
On  dit  que  ma  voix  tremble  en  prononçant  ton  nom. 
Que  je  cherche  tes  traits  dans  le  cours  des  fontaines, 
Que  j'écoute  l'écho  de  quelques  voix  lointaines 
Et  qu'égarant  mon  cœur  dans  un  autre  univers, 
A  ma  lyre,  en  ton  nom,  je  demande  des  vers . 

Mais  toi,  tu  ne  sais  pas,  je  ne  sais  pas  moi-même, 
Si  cet  enchantement  annonce  que  je  t'aime, 
J'ignore  quel  pouvoir  l'abandonne  mes  jours, 
Et  si  je  le  savais,  je  le  tairais  toujours  ; 

Car  je  ne  voudrais  pas  dans  cette  ardente  flamme, 
Entraîner  avec  moi  l'innocence  d'une  âme. 
Je  ne  veux  pas  livrer  ta  jeunesse  aux  douleurs, 
Effacer  ton  sourire  et  t'apprendre  mes  pleurs. 

P.  C.    C,  LÉDA. 


Les  Lettres  àTÉtrangèi'©,  par  Ho- 
noré de  Balzao.  —  Quel  est  le  véri- 
table éditeur  de  cette  publication,  qui  au 
vif  regret  des  Balzaciens,  marche  pede 
claudo  ?  Deux  volumes  en  vingt  ans  ! 

Je  sais  que  les  originaux  de  ces  admi- 
rables lettres  sont  la  propriété  de  notre 
éminent  collaborateur,  Monsieur  le  vi- 
comte de  Spoelberch  de  Lovenjoul  ;  mais 
tous  ceux  qui  connaissent  ses  remar- 
quables études  sur  Balzac  et  son  œuvre, 
si  documentées,  si  impeccables  à  tous 
égards,  présentées  avec  un  soin,  j'allais 
dire  méticuleux,  penseront  peut-être  avec 
moi,  que  s'il  a  fourni  la  matière,  il  est 


resté  étranger  à  la  mise  au  jour  des  Lettres 
à  l'Etrangère.  Tous  les  lettrés  lui  seraient 
reconnaissants  de  bien  vouloir  faire  con- 
naître quelle  part  il  a  réellement  prise  à 
leur  publication.         "  Arm.  D. 

Termes  de  métier.  —  Le  langage 
des  marins,  comme  celui  des  chasseurs, 
est  riche  d'expressions  pittoresques, d'ima- 
ges heureuses. 

Théophile  Gautier  recommandait  fort 
la  connaissance  des  termes  de  métiers.  Il 
existe  certainement  des  vocabulaires  spé- 
ciaux ;  un  aimable  intermédiairiste  vou- 
drait-t-il  en  citer  ? 

N'existe-t-il  pas  également  un  diction- 
naire groupant  tous  les  termes  de  mé- 
tiers, de  marine,  de  vénerie  ? 

D.  H.  D. 

Voyages  de  Gulliver,  par  Swift. 

—  La  traduction  française  de  l'abbé  Des- 
fontaines est,  paraît-il,  largement  expur- 
gée. Y  en  a-t-il  une  qui  ne  le  soit  pas  ? 
Quelle  est  sa  meilleure  édition  ? 

Sglpn. 

Tant  qu'à  faire.  —  Cette  locution 
est-elle  française  ^  Je  la  croyais  tout  à  fait 
vicieuse,  et  voilà  qu'à  mon  grand  étonne- 
ment  je  la  trouve  dans  Les  Désencljantées, 
de  Loti,  page  85.  En  parlant  des  habitants 
de  la  Lune  :  «  Un  Lunois,  tant  qu'à  faire, 
il  me  semble  que  ce  serait  indiqué.  » 

j'ai  entendu  soutenir  qu'il  fallait  dire 
tant  à  faire.  Ne  serait-ce  pas  plutôt  : 
tant  que  faire  ?  Qu'en  pensent  les  inter- 
médiairistes  î 

C.  DE  LA  BeNOTTE. 

Bougeotte  ou  tracassin  ?  —  Grâce 
au  progrès  des  exercices  sportifs  et  parti- 
culièrement de  la  bicyclette  et  de  l'auto- 
mobile, nos  contemporains  sont  en  proie 
à  un  excessif  besoin  de  déplacement.  En 
juillet  dernier,  dans  une  de  ses  spirituelles 
chroniques  du  Temps,  M  Jules  Glaretie  a 
désigné  sous  le  nom  de  bougeotte  cet  im- 
périeux besoin  de  locomotion. 

Lancé  par  une  telle  autorité,  le  mot  ne 
pouvait  manquer  d'être  accueilli.  Me  per- 
mettra-t-on  pourtant  d'invoquer  une  prio- 
rité d'environ  trois  années  en  faveur  d'un 
vocable  non  moins  expressif,  qui  remplit 
le  même  usage  ? 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre  1906, 


617 


6i8 


Je  fréquente  peu  la  rive  droite,  bien  que 
je  la  voie  souvent  des  quais  où  je  bou- 
quine; contrairement  à  l'étudiant  limou- 
sin, il  est  rare  que  je  transfète  la  Séquane 
pour  déambuler  par  les  vies  de  l'urbe  ; 
j'ignore  donc  si  le  mot  dont  je  parle  est 
courant  dans  les  «  nouveaux  quartiers», 
encore  que  j'y  connaisse  des  personnes 
qui  en  font  usage.  Mais  ce  que  je  sais 
bien,  c'est  que,  dans  mon  vieux  faubourg 
Saint-Germain,  voilà  environ  trois  ans 
que  s'est  répandu  le  terme  de  tra- 
cassinj  que  maintenant  une  foule  de  gens 
comprennent  et  emploient.  D'où  venait- 
il  ?  qui  l'a  lancé?  Je  ne  saurais  le  dire; 
toujours  est-il  que,  répondant  à  un  état 
nouveau,  il  a  été  accueilli  avec  faveur. 

Le  tracassin  de  la  rive  gauche,  c'est  la 
bougeotte  de  l'éminent  chroniqueur  du 
Temps.  Ainsi  va  le  monde  ;  ainsi  se  diffé- 
rencient les  langues  ;  ainsi  naissent  les 
idiomes. 

Les  deux  termes  sont  synonymes,  et 
Dourtant  ils  ne  me  suggèrent  pas  une 
pensée  identique. 

De  même  qu'une  œuvre  d'art  m'émeut 
par  sa  forme,  sa  substance  ou  sa  couleur, 
.le  même  un  mot  m'impressionne  par  sa 
structure,  dont  l'harmonie  est  rompue  ou 
■améliorée,  suivant  les  cas,  par  un  simple 
;:hangement  orthographique  ;  il  évoque 
'm  moi  une  image  déterminée. 
■  La  bougeotte  m'apparaît  comme  l'ex- 
■3ression  d'une  agitation  intérieure,  comme 
;e  résultat  d'une  surexcitation  nerveuse  ; 
e  tracassin  est  plutôt  la  réponse  de  l'or- 
ganisme aux  excitations  venues  de  la 
'■Jature  ambiante.  Iskatel. 


Lapsus  au  théâtre.  Contre-pette- 
•ies  célèbres.  —  Le  Gil  Blas  citait 
'autre  jour  quelques  contre-petteries  au- 
hentiques  et  célèbres: 


L'un,  jeune  premier  fameux,  voulant  s'é- 
rier  :  «  Un  mot  de  vous,  madame,  un  seul 
lot  de  vous  »,  s'exclnme  :  «  Un  mou  de 
eau,  madame,  un  seul  mou  de  veau.  » 

L'autre  déclare  placidement  :  «  J'e'tais  assis 
ur  le  seuil  de  ma  pipe,  occupé  à  fumer  ma 
orte. .  .  » 

Une  autre  fois  —  c'était  Febvre,  dans 
illc  de  la  Seiglière  —  Je  vous  vénère,  je 
ous  bénis,  devient  :  «  Je  vous  bénère,  je 
ous  vernis, 

Worms,    dans    VAnii   des    Femmes,    sauf 


erreur,  propose  à  un  de  ses  partenaires  de 
boire  une  cigarette  et  de  fumer  une  tasse  de 
thé. 

Un  tragédien  célèbre,  disant  la  Grève  des 
Forgerons,  déplore  son  sort  en  ces  termes 
un  peu  shoking,  mais  amusants  : 

Ma  fille  a  mal  tourné.mon  gendre  est  mort  en  couches.. 

On  n'en  finirait  pas,  si  l'on  voulait  relater 
tous  ces  petits  incidents  comiques.  Antoine, 
commençant  ainsi,  en  tournée,  la  plaidoirie 
de  la  Fille  Elisa  :  «  Messieurs  de  la  cour, 
messieurs  les  cuiés  ».  Et  tant  d'autres  qu'on 
ne  pourrait  pas  dénombrer. 

Pourquoi  pas  ?  Ce  ne  sont  pas  là  des 
problèmes  historiques,  mais  telles  de  ces 
catastrophes  ont  eu  leur  heure  de  popu- 
larité. Et  entre  tant  de  mots  qui  font  rire, 
ceux-là,  du  moins,  ne  font  de  tort  à  per- 
sonne. 

N'en  pourrait-on  allonger  la  liste  ? 

A.  B.  X. 


Les  jaquemarts    de  France.  — 

Les  jaquemarts  sont  ces  automates  gro- 
tesques actionnés  par  un  mouvement 
d'horlogerie  et  directement  ou  indirecte- 
ment intéressés  aux  sonneries  de  l'heure, 
du  quart  et  des  demies. 

Qiiels  sont  ceux  qui  restent  en  France 
et  en  Alsace-Lorraine  ?  Signalement  ;  état- 
civil. 

P.  D. 


Les  pigeons-voyagaurs  du  siège 
de  Paris.  —  Dans  l'histoire  du  siège  de 
1870,  les  pigeons  ont  joué  un  rôle  plus 
que  touchant.  A  qui  revient  cette  idée 
d'employer  les  pigeons  à  la  défense  natio- 
nale .?  A  M.  Steneackers  qui  s'en  vante, 
comme  M.  Segalas  ?  à  M.  Cassiers  qui 
paraît  le  prouver  ?  Que  sont  devenus  les 
pigeons,  héros  des  principales  prouesses  ? 


Le  masque  mortuaire  de  Beran- 
ger  et  Chintreuil.  —  Le  masque  mor- 
tuaire de  Béranger  est  à  Carnavalet. 
Chintreuil  en  possédait  un  également, 
qu'il  légua  à  Desbrosse?. 

A  Carnavalet,  on  prétend  avoir  l'origi- 
nal. Chintreuil  le  prétendait  aussi.  Qiielle 
est  la  vérité.?  Et  qui,  depuis  la  mort  ré- 
cente de  Desbrosses,  possède  le  masque 
de  Béranger  .?  V. 


N-  1128. 


L'INTERMÉDIAIRE 


619 


620 


epon^eo 


Notre-Dame  de  Lorette  (LUI  ; 
LIV,  238,419).  —  II  m'est  d'autant  plus 
agréable  de  répondre  à  l'invitation  for- 
mulée par  Ouv^siTOR  que  mon  Etude 
historique  sur  V auiljenticiié  de  la  Santa 
Casa  est  menacée  de  devenir  l'apanage 
exclusif  des  érudits.  Déjà  le  maître  du 
s.  palais  du  Vatican,  le  P.  Lepidi,  domini- 
cain, en  la  déclarant  irrépréhensible  au 
point  de  vue  de  la  doctrine,  l'a  dit  «  faite 
pour  les  savants  ».  Je  profite  donc  volon- 
tiers de  l'occasion  pour  la  faire  entrer 
dans  le  grand  public. 

Il  y  a  lieu  tout  d'abord  de  fixer  le  lec- 
teur sur  les  faits  à  examiner.  Une  légende 
est,  de  sa  nature,  difficile  à  saisir  :  elle  ne 
se  fixe  qu'à  la  longue.  A  la  différence  des 
faits  certains,  dont  le  souvenir  s'efface 
avec  le  temps,  le  merveilleux  d'une  lé- 
gende va  toujours  grandissant.  Voici, 
d'après  Jérôme  Angelita,  qui  dédia  une 
Histoire  de  la  translation  de  la  maison  de 
Lorette  au  pape  Clément  VII  en  153  i,  les 
événements  mémorables  qui  se  seraient 
produits  : 

9/10  mai  1291.  Arrachée  de  ses  fonde- 
ments par  les  anges,  la  s.  Casa  de  Naza- 
reth est  transportée  par  eux  à  Rauniza, 
entre  Fiume  et  Tersatto  (Dalmatie).  Appa 
rition  et  discours 
curé  (?)  Alexandre 

1292.  Envoi  de  quatre  délégués  illy- 
riens  de  Tersatto  à  Nazareth, pour  vérifier 
les  dimensions  respectives  du  sanctuaire 
et  de  ses  anciennes  fondations. 
i^:.,  10  décembre  1294.  La  s.  Casa  reprend 
son  vol,  traverse  la  mer  Adriatique  et 
vient  se  poser  dans  le  territoire  de  Reca- 
nati . 

10  août  1295.  Nouveau  transport  de  la 
s.  Casa  à  peu  de  distance,  dans  le  do- 
maine des  frères  Antici. 

9  septembre  1295.  Envoi  par  la  ville  de 
Recanati  d'un  ambassadeur  au  pape  Boni- 
face  VIII,  pour  lui  annoncer  l'arrivée  de 
la  maison  de  Nazareth  sur  leur  territoire. 
'  2  décembre  1295.  Quatrième  et  der- 
nière translation  de  la  s.  Casa  au  lieu  de 
Lauretum. 

1296.  Apparition  de  la  vierge  Marie  à 
un  anachorète. 

Même  année.  Envoi  de  seize  délégués  à 
Nazareth  pour  vérification  comme  dessus. 


de  la  sainte  Vierge  au 


Nul  document,  contemporain  d'aucun 
de  ces  huit  événements,  ne  nous  est  par- 
venu, n'a  même  probablement  existé  : 
ces  dates  sont  inconnues  des  historiens  de 
Lorette,  antérieurs  à  Angelita,  qui  en  de- 
meure aux  yeux  de  la  postérité  l'éditeur 
responsable,  car  les  documents  sur  les- 
quels il  prétend  appuyer  ses  dires,  n'ont 
jamais  été  vus  par  personne. 

Mon  ouvrage  est  divisé  en  deux  parties, 
consacrées, l'une  à  l'histoire  du  sanctuaire 
del'Annonciation  à  Nazareth, l'autreàcelui 
de  la  nativité  à  Lorette  ;  chacune  est  par- 
tagée en  trois  périodes,  suivies  de  résu- 
més récapitulatifs  des  documents.  11 
serait  trop  long  de  reproduire  ici,  même 
en  les  abrégeant,  ces  résumés,  car  ils 
occupent  53  pages,  et  les  auteurs  cités 
sont  au  nombre  de  près  de  1 100.  Il  suffira 
d'ailleurs  de  préciser  mes  conclusions. 

Je  fournis,  en  plus  grand  nombre  que 
mes  devanciers,  des  textes  constatant  la 
destruction  de  la  maison  de  la  sainte 
Vierge  à  Nazareth  antérieurement  à  1291  ; 
j'établis  ensuite,  par  les  réciti  des  pèle- 
rins, que  le  lieu  qui  avait  été  le  témoin 
du  mystère  de  l'Annonciation  continua, 
après  cette  date,  à  être,  comme  par  le 
passé  et  dans  les  mêmes  conditions, 
l'objet  de  la  vénération  des  visiteurs  et  le 
but  de  leurs  pèlerinages,  ce  qui  exclut 
nécessairement  le  miracle  de  la  transla- 
tion. 

La  partie  de  beaucoup  la  plus  considé- 
rable de  mon  travail  consiste  dans  la  cri- 
tique de  la  légende,  j'établis,  par  les 
chroniques  orientales  et  les  récits  des  pè- 
lerins que  le  fait  de  l'enlèvement  de  la 
maison  de  la  sainte  Vierge  est  demeuré 
inconnu  à  Nazareth  et  dans  tout  l'Orient, 
et  que  le  récit  du  miracle  y  a  été  une 
importation  de  l'Occident  au  xvi'  siècle. 
Je  démontre  :  par  les  chartes,  qu'il  exis- 
tait à  Lorette  une  église  de  Sainte-Marie, 
non  distincte  de  la  s.  Casa  actuelle, avant 
cette  même  translation  ;  par  un  classe- 
ment chronologique  rigoureux  des  docu- 
ments et  par  l'élimination  légitime  des 
pièces  fausses,  qu'il  n'a  pas  été  question 
à  Lorette  ni  ailleurs  de  cette  translation 
avant  1472. 

Les  annalistes  italiens  sont  tous,  sans 
exception,  muets  touchant  l'arrivée  de  la 
s.  Casa  en  Italie.  J'ai  montré  que  Jean 
Villani  ne  pouvait  ni  l'ignorer  ni  la  taire. 
Dante  n'y  a  pas  fait    allusion   dans  trois 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


621 


30   Octobre   1900. 


622 


vers  fameux  de  sa  Divine  Comédie  et 
Boccace  y  contredit.  Pétrarque,  Platina, 
saint  Antonin  de  Florence  n'en  disent 
mot. 

N'ayant  pas  de  documents  véridiques  à 
invoquer,  on  en  a  inventé  de  faux.  C'est 
d'abord  une  lettre  des  prieurs  de  la  com- 
mune de  Recanati  au  pape  Boniface  VIU, 
du  9  septembre  1295,  pour  porter  à  sa 
connaissance  la  translation  de  la  s.  Casa 
dans  la  propriété  des  frères  Antici  ;  puis 
une  autre  à'un  ermite  Paul  au  roi  de 
Naples  (?),  du  8  juin  1297,  pour  lui  ra- 
conter les  trois  dernières  translations. 
La  fabrication  de  ces  deux  pièces  fausses 
ne  remonte  pas  au  delà  du  milieu  du 
xvii*  siècle. 

On  a  rapporté,  pour  le  besoin  de  la 
cause,  à  un  évêque  de  Macerata  de  1330 
environ,  une  «  Legenda  antica  délia 
s.  Casa  di  Loreto  »,  qui  doit  dater  des 
alentours  de  1575  et  perd  de  ce  chef  la 
valeur  qu'aurait  une  pièce  presque  con- 
temporaine des  événements. 

Un  autre  faux,  mis  en  circulation  par 
le  franciscain  Franc.  Quaresmio,  est  la 
légende  de  l'évêque  de  Nazareth  qui,  par 
crainte  de  la  mort,  renie  sa  foi,  troque  sa 
mitre  contre  un  turban  et  entraine  ses 
diocésains  dans  l'apostasie.  J'ai  établi  que 
l'évêque  de  cette  époque  est  qualifié  de 
honœ-  mémouœ  par  le  pape, dans  la  bulle 
qui  lui  donne  un  successeur. 

En  1472,  'e  gouverneur  de  Lorette, 
Pierre  Tolomei,  prévôt  de  Teramo  (d'où 
le  nom  de  Teramano  sous  lequel  il  est 
connu),  rédigea  une  notice  sur  la  transla- 
tion miraculeuse  de  l'église.  Il  est  indu- 
bitable que  cette  pièce  n'a  pas  le  ton  d'un 
document  d'histoire  véridique  et  que  ses 
assertions  n'ont  aucun  fondement  dans  le 
passé. 

Le  récit  de  la  quadruple  translation  y 
figure  pour  la  première  fois,  car  je  suis 
arrivé  à  éliminer  le  prétendu  témoignage 
de  Jean  Germain,  évêque  de  Chalon-sur- 
Saône,  qui  en  aurait  fait  mention,  en 
1450,  dans  sa  Mappemonde  spirituelle.  En 
remontant  à  l'original  français  de  cet 
ouvrage,  conservé  à  la  bibliothèque  du 
palais  Saint-Pierre  à  Lyon,  j'ai  constaté 
que  cette  mention  en  est  absente  :  c'est 
une  addition  des  traducteurs  latins  de 
cet  ouvrage,  à  partir  de  i486. 

Les  «  innombrables  »  bulles  des  sou- 
verains pontifes  en  faveur  de  Lorette  ne 


commencent  à  parler  de  la  transformation 
qu'en  i  507  —  etencoreavec  une  faute  énor- 
me :  Bethléem  au  lieu  de  Nazareth,  —  soit 
215  ans  aprèsl'événement  prétendu. Avant 
cette  date,  Lorette  ne  possède,  aux  yeux 
des  Papes,  qu'une  église  rurale  (1320), 
de  simple  pèlerinage  (  1  387).  On  a  cherché 
à  plaider  Valibi,  en  soutenant  que  l'église 
Sainte-Marie  de  Lorette,  mentionnée  dans 
les  documents  antérieurs  à  1294  est  diffé- 
rente de  la  s.  Casa.  Cette  supposition  est 
réduite  à  néant  par  une  bulle  de  Jean  XXII, 
de  1320,  qui, en  la  traitant  d'église  rurale, 
parle  des  dévastations  dont  elle  avait  été 
l'objet  (en  1313-14)  de  la  part  des  gibe- 
lins du  pays  ;  ceux-ci  avaient  dépouillé 
la  statue  de  ses  vêtements  précieux  : 
c'était  donc  bien  l'église  du  pèlerinage, 
l'ai  été  heureux  de  publier,  pour  la  pre- 
mière fois,  cette  pièce,  restée  inconnue 
jusqu'ici  aux  historiens  de  Lorette. 

Un  mot,  en  finissant,  sur  la  portée  de 
la  quasi-unanimité  des  auteurs  en  faveur 
de  la  translation  :  elle  est,  comme  je  l'ai 
dit  (p.  471),  pour  produire  une  illusion 
d'optique.  Bon  nombre  d'auteurs  expri- 
ment d'une  manière  correcte,  mais  non 
convaincue,  l'opinion  qui  prévalait  à  leur 
époque  :  dans  le  fond,  leur  sentiment 
intime  ne  lui  était  pas  favorable,  on  le 
sent.  Ils  pèchent,  comme  Vogel,  par 
respect  humain.  Voltaire  lui-même  n'est 
pas  sarcastique  à  son  habitude.  Les  Bol- 
landistes,  en  attendant  que  le  général  de 
leur  compagnie  leur  interdise  ce  sujet,  ne 
font  aucune  allusion  aux  preuves  du  fait 
qu'ils  mentionnent  par  occasion  ou  font 
des  réserves.  Ce  qui  est  plus  caractéristi- 
que, ce  sont  les  bénédictins  de  premier 
ordre,  Mabillon  et  Montfaucon,  qui  ra- 
content leur  passage  à  Lorette  sans  pro- 
noncer le  mot  translation  :  ils  ont  cru 
simplement  de  bon  ton  de  n'y  pas  con- 
tredire publiquement  ;  peu  après,  leur 
confrère  Calmet  n'hésita  pas  à  le  faire. 

Parmi  les  tenants  du  miracle,  combien 
y  en  a-t-il  qui  aient  cherché  son  fonde- 
ment historique  ?  Infiniment  peu,  et 
jamais  sans  idée  préconçue.  Partant  de  la 
certitude  du  miracle  de  la  translation 
comme  fondée  sur  une  tradition  indiscu- 
table, ils  se  sont  efforcés  de  réunir  des 
preuves  en  sa  faveur  ;  puis  ils  ont  cherché 
à  répondre  aux  objections.  Les  procédés 
de  la  critique  historique  sont  différents, 
et  je  crois  les  avoir  appliqués  exactement. 


N-  1128. 


L'IMTERMEDIAIRE 


623   

En  terminant,  j'ai  circonscrit  le  rôle  de 
mes  contradicteurs  aux  trois  points  sui- 
vants : 

1°  Trouver  un  chroniqueur  oriental  ou 
un  pèlerin  occidental  qui,  pendant  les 
deux  siècles  après  la  prétendue  transla- 
tion, ait  constaté  à  Nazareth  l'absence  de 
la  s.  Casa  ; 

2°  Découvrir  en  Occident  la  moindre 
trace  du  fait  delà  translation  dans  un  do- 
cument authentique  antérieur  au  dernier 
quart  du  xv"=  siècle  ; 

ou  3°  Prouver  l'authenticité  des  trois 
narrations  de  129^,1297  et  1330  environ. 

Tant  que  ces  points  ne  seront  pas  résolus 
dans  le  sens  de  la  légende,  le  récit  de  la 
translation  restera  frappé  de  faux. 

Ulysse  Chevalier. 

Iles  Anglo-Normandes  (LIV,  387, 
462,576).  — Je  remercieM.leD' Billard  de 
son  obligeante  réponse,  mais  outre  qu'elle 
ne  porte  que  sur  un  point,  je  me  permets 
de  ne  pas  la  trouver  absolument  convain- 
cante. Je  n'ignorais  pas  les  cataclysmes 
géographiques  dont  il  parle  ;  mais,  à  mon 
modeste  avis,  ils  ne  suffisent  pas  à  expli- 
quer l'existence  et  surtout  la  persistance 
de  notre  langue,  et  de  noms  français, 
dans  les  îles  Anglo-Normandes. 

En  709  et  même  en  912,  la  langue 
n'était  pas  formée,  les  noms  de  famille 
n'existaient  pour  mieux  dire  pas.  S'il  n'y 
avait  pas  eu  rapports  constants  et  émi- 
gration fréquente  du  continent  aux  îles, 
il  est  probable  que  le  <;<  Jersyan  »  ne 
ressemblerait  pas  autant  au  Français,  et 
qu'on  ne  trouverait  pas,  dans  le  Lhanell 
Island,  autant  de  noms  de  famille  iden- 
tiques à  ceux  du  continent. 

On  sait,  d'ailleurs,  que  pendant  la 
guerre  de  Cent  ans,  les  Français  firent 
plusieurs  incursions  dans  les  îles.  En 
1368,  des  soldats  espagnols  à  la  solde  de 
Charles  V  s'emparent  de  Guernesey.  Plus 
tard,  après  la  Saint-Barthélémy,  ce  sont 
des  réfugiés  français  qui  importent  la 
Réforme.  Et,  comme  il  y  eut  en  Norman- 
die et  sur  les  confins  de  la  Bretagne  des 
centres  protestants  assez  importants 
(comme  Vitré,  si  je  ne  me  trompe), les 
émigrants  durent  être  assez  nombreux. 

D'autre  part,  dans  le  n"  du  10  octobre, 
une  communication  du  vicomte  de  Grou- 
chy  nous  apprend  que  les  de  Gruchy,  de 
Jersey  (cités  en  première  place  dans  ma 


624 


question  du  20  septembre)  pourraient 
bien  descendre  de  «  Jean  de  Grouchy  qui 
eut  de  fâcheux  démêlés  avec  la  justice  du 
Roi  de  France,  Jean-le-Bon,  pour  avoir 
livré  Carentan  aux  Anglais,  et  qui  fut 
gracié.» 

C'est  un  nouvel  indice  qu'au  temps  des 
guerres  avec  l'Angleterre,  les  gentils- 
hommes qui  avaient  pris  le  parti  de  l'é- 
tranger pouvaient  être  tentés  de  se  réfu- 
gier dans  les  îles. 

Mais  nous  en  sommes  toujours  aux 
hypothèses  et  mes  questions  du  LIV,387, 
demeurent  entières. 

Quant  aux  coutumes,  toutes  ne  re- 
montent pas  aux  établissements  du  duc 
Rollon.  C'est  ainsi  que  les  «  Etats  » 
(assemblée  locale)  furent  établis  par  Mau- 
levrier  qui  pendant  trois  ans  occupa  une 
partie  de  jersey  au  nom  de  Louis  XI 
(1461-1463). 

Sercq  fut  aussi  occupée  un  certain 
temps  par  les  Français.  Elle  devint  en- 
suite un  nid  de  pirates.  Son  organisation 
ne  remonte  qu'à  la  charte  de  1563,  par 
laquelle  la  reine  Elisabeth  d'Angleterre 
la  donnait  à  Helier  de  Carteret. 

G.  DE  La  Véronne. 


Colonie  anglaise  dans  la  Berry 

(LIV,  498).  —  Cette  colonie  a  sans  doute 
une  origine  identique  à  celle  des  Fovétins 
dont  V Intermédiaire  a  parlé  jadis  et  aux- 
quels notre  collaborateur  Ardouin-Duma- 
zet  a  consacré  un  intéressant  chapitre 
dans  le  26*  volume  de  son  Voyage  en 
France.  Ces  Forêtins  descendent  des  Ecos- 
sais de  Charles  VII,  garde  fidèle  de  ce 
souverain  qui  leur  concéda  les  forêts 
d'Allogny  et  de  Saint-Palais,  à  charge  de 
les  défricher.  A.  D. 


Louis  XVI  et  la  franc-maçonne- 
rie (LIV,  445,507).  — Je  ne  crois  pas 
que  Louis  XVI  ait  été  initié  et  qu'il  ait  eu 
à  subir  aucune  épreuve  :  il  accepta  ainsi 
que  ses  frères  le  rôle  de  protecteur  insi- 
gne. (Voir  mes  articles  du  Correspondant 
des  10-25  mai  1906). 

En  1818  et  surtout  en  1823,  après  le 
congrès  de  Laybach,  elle  fut  sur  le  point 
d'être  supprimée,  tout  au  moins  en 
France. Elle  fut  sauvée  par  le  duc  Decazes. 

I.  G.  Bord. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


625 


30    Octobre  1906, 


626 


Le  dimanche  et  le  décadi  (LIV, 
274,  378,438,490,  508,563). —L'obser- 
vation du  décadi  ne  dut  pas  être  exigée 
strictement  partout,  ni  celle  du  dimanche 
plus  interdite. 

Au  rapport  de  mon  père,  ses  parents 
avaient  connu  une  vieille  femme  qui, 
pendant  le  règne  du  calendrier  républi- 
cain, s'obstina,  seule  du  village,  à  faire 
toilette  et  à  chômer  les  dimanches  ;  elle 
ne  fut  jamais  inquiétée.  Sglpn. 

Le  petit  hommo  rouge  des  Tui- 
leries et  Napoléon  I*''  (LIV,  445, 
511,  571).  —  La  Révolution  française  ùq 
Charles  d'Héricourt  a  publié  une  estampe 
représentant  un  petit  homme  rouge  ber- 
çant son  fils. 

Cette  gravure  est  accompagnée  de  la 
légende  suivante  : 

«  Le  petit  homme  rouge,  c'est  le  diable  ; 
son  fils,  dont  le  maillot  est  entouré  de 
bandelettes  tricolores,  c'est  Napoléon  P^ 
Cette  estampe  est  la  reproduction,  sous 
une  forme  sensible,  d'une  légende  fort 
répandue  pendant  les  premières  années 
du  XIX*  siècle  et  consignée  tout  au  long 
dans  le  numéro  288  (avril  18 14)  du  Jour- 
nal des  Arts,  des  Sciences  et  de  la  Littéra- 
ture. D'après  cette  légende,  Bonaparte  \ 
aurait  dû  ses  succès  à  la  protection  de 
r«  homme  rouge  »,  auquel  il  était  lié  par 
un  pacte  conclu  en  Egypte,  pour  dix  ans, 
la  veille  de  la  bataille  des  Pyramides,  et 
renouvelé  pour  cinq  ans  seulement,  quel- 
ques jours  avant  celle  de  Wagram. 

«  Sans  attribuer  à  ces  contes  populaires 
plus  d'importance  qu'ils  ne  méritent,  la 
gravure  ci -contre  rend  assez  naturel  le 
rapprochement  de  deux  mots,  l'un  de 
Joseph  de  Maistre  «  La  Révolution  est 
satanique  dans  son  essence  »,  l'autre  de 
Bonaparte  lui  même  :  «  On  veut  détruire 
la  Révolution  en  s'attachant  à  ma  per- 
sonne, je  la  défendrai,  car  je  suis  la  Révo- 
lution, moi,  moi  !  »  (Thiers,  Histoire  du 
Consulat  et  de  V Empire,  V,  p.  14). 

E.  Manson. 

*  * 
Louis  Ulbach,  en  fait  une  nouvelle  dans 

Les  Secrets  du  Diable.  Paris,  Michel  Lévy, 

1858,  I  vol.  in-i6, 

*  * 
Une     nouvelle,     publiée    il    y   a   déjà 

quelques  années,  par  M.  de  Nion    dans  le 

Gaulois.,  si  j'ai  bonne  mémoire,    rappelait 


cette  légende  du  petit  homme  rouge  et 
les  souvenirs  qu'il  évoquait  dans  l'âme  de 
Marie-Antoinette.         Louis  Calendini. 

Le  Nègre  et  la  Maréchal  (LIV, 
220.  40t,  549).  —  Je  ne  sais  s'il  faut 
adopter  l'opinion  d'About  ou  celle  de  M. 
Libert,  mais  je  pencherais  plutôt  pour  la 
première,  car  M.  Libert  se  trompe  sûre- 
ment à  propos  du  «J'y  suis,  j'y  reste  », 
et  les  erreurs  se  suivent,  même  quand 
elles  ne  se  ressemblent  pas.  Or,  le  géné- 
ral de  Mac-Mahon  n'a  jamais  prononcé 
cette  phrase  aussi  concise  qu'héroïque 

Après  toutes  les  enquêtes  et  recherches 
indispensables  pour  l'étude  d'une  question 
historique,  voici  ce  que  j'écrivais  dans  la 
Revue  politique  et  lUtéraiie  du  30  octobre 
1880.  «  Les  Français  se  consolident  dans 
MalakofF;  aux  travaux  de  défense  som- 
maires s'ajoutent  des  monceaux  de  morts 
et  de  blessés  ;  nous  retournons  les  pièces 
russes  contre  les  batteries  qui  nous  fou- 
droient, et  seulement  alors  le  général 
Mac-Mahon  peut  envoyer  dire  à  Pélissier  : 
«  Je  suis  dans  Malakofï  et  je  suis  sûr  de 
m'y  maintenir  ».  Il  n'a  jamais  prononcé 
les  fameuses  paroles  :  «J'y  suis,  j'y  reste.» 

Alfred  Duq.uet. 

*  * 
La  parole  «  C'est  vous  le  nègre  ?»  a 

bien  été  prononcée,  mais  pas  sous  la  forme 

de  question. 

Une  honorable  famille  du  Midi  avait 
du  sang  mulâtre  dans  les  veines.  Un  de 
ses  membres  fut  admis  à  Saint-Cyr. 

Le  jeune  homme  était  malheureux, 
quoique  nullement  nègre,  son  physique 
indiquait  son  origine,  il  en  souffrait  et 
craignait  les  moqueries  possibles  de  ses 
camarades. 

Sa  famille  était  très  liée  avec  des  pro- 
ches parents  du  Maréchal  et  on  lui  fit  de- 
mander une  parole  d'encouragement  pour 
ce  jeune  homme  s'il  allait  visiter  l'école. 

Le  Maréchal,  au  cours  d'une  inspection 
à  Saint-Cyr,  se  trouva  en  face  du  jeune 
homme  et  son  physique  lui  rappela  subi- 
tement la  recommandation. 

11  pensa  tout  haut  :  «  C'est  vous  le 
nègre  ?  » 

Regrettant  alors  une  exclamation  qui 
allait  à  l'encontre  du  but  cherché  et  vou- 
lant être  bienveillant,  il  termina  sa 
phrase  en  aioutant:«  Eh  bien,  continuez  !  » 

V.  R. 


No  1128. 


627    

Dans  le  numéro  de  V Intermédiaire  du 
10  octobre,  j'ai  lu  la  version  «  véridi- 
que  »  de  M.  E.  Arène,  relative  au  nègre 
de  Saint-Cyr. 

En  voici  une  autre  tout  aussi  véridique 
et  que  je  tiens  d  un  de  mes  oncles  qui, 
élève  à  Saint-Cyr,  se  trouvait  être  voisin 
du  nègre  célèbre,  lors  de  l'inspection  que 
passa  le  maréchal  de  Mac  Mahon. 

Il  est  habituel  que  la  musique  ouvre  le 
ban  dans  ces  sortes  de  solennités  et  joue 
les  plus  brillants  morceaux  de  son  réper- 
toire à  l'arrivée  du  personnage  attendu  et 
pour  qui  se  donne  la  fête. 

11  est  habituel,  également,  qu'elle 
interrompe  son  concert,  au  moment  où 
l'autorité  passe  devant  la  troupe,  et  ce, 
pour  ne  pas  couvrir  le  bruit  de  ses  pa- 
roles. 

Or,  fidèle  à  la  consigne,  le  chef  or- 
donna de  cesser  de  jouer,  ce  qui  fit  dire 
par  le  maréchal,  placé,  à  cet  instant, assez 
près  de  la  musique,  et,  au  moment  où  on 
venait  de  lui  faire  l'éloge  du  nègre  devant 
lequel  il  se  trouvait  alors,  la  fameuse  pa- 
role :  «  Continuez  ». 

Et  les  cuivres  reprirent  de  plus  belle. 
Mais  que  de  bruit  pour  peu  de  chose, 
pourrait-on  ajouter  ? 

Lieutenant  G.  P. 

Helenus  (LIV,  446,  520).  —  Les  ha- 
giographes  ne  comprennent  aucun   saint 
Helenus,  mais  la  question  est  de  solution 
facile.  Hélène  étant  un  nom  de  femme,  il 
est   probable  qu'une    marraine    a  donné 
son  nom  à  un  garçon.  Pour  éviter  la  con- 
sonnance,  on  en  a  fait  Helenus,  et  le  prê- 
tre, en  administrant  le  sacrement,  a  cer- 
tainement dit  Helenus.  11  existe   d'autres 
exemples  analogues  :   le  plus  topique  que 
je  connaisse,  est  celui  de  Catherin,  nom 
d'homme,  genre  masculin   de  Catherine. 
Il  est  fréquent  dans  l'état  civil  ancien  de 
la  ville  de  Mantes.fOn  pourrait  y    ajouter 
Lticasse    féminin  de    Lucas,  ou   Thomasse 
trouvés  également   dans  un    registre   de 
paroisse.  E.  Grave. 

* 

*  -* 

Dans  l'article  Helenus,  VdidjtcWi  aémère 
•—  qui  signifie  :  dont  le  culte  n'est  pas 
rattaché  à  un  jour  particulier  —  a  été  im- 
primé comme  si  c'était  un  nom  propre  : 
saint  Aémère.  Debasle. 


L'INTERMEDIAIRE 


628 


Familles   d'origine   illustre  t  es 
ancienne,    (LUI;  L1V,78,  123,293.408, 
463,  521). — l'ai  fait,  en  187 1,  le  voyage 
d'Irlande,    en     compagnie     du    vicomte 
O'Neill  de  Tyrone  et  de 'M.  Henri  O'Neill, 
alors  lieutenant   aux  chasseurs  à  cheval 
français.    Le     premier    était     considéré 
comme  le  descendant  des  fameux  O'Neill, 
et,  le  soir  du  banquet  qui  nous  fut  offert 
par  la   municipalité  de  Dublin,   le   lord- 
maire,   M    Campbell,   dit  textuellement  : 
«  11  y  a  là,  le  vicomte  O'Neill  de  Tyrone, 
petit-fils  d'un  illustre  Irlandais,  et  le  duc 
de  Feltre,  également  d'origine  irlandaise.» 
A  Cork,  la  foule  acclamait  O'Neill  comme 
le  représentant  de   la  grande   famille.  Je 
suis  resté  l'ami  du  vicomte  et  il  m'a  plu- 
sieurs fois  expliqué  sa  glorieuse  généalo- 
gie que  personne,  à  ma  connaissance,  n'a 
eu  l'idée  de  contester. 

Alfred  Duq.uet. 

Dumont  d'IIrviUe  (LIV,  498,  «579). 
—  L'amiral,  on  le  sait,  est  mort  bn'dè  vif 
dans  la  catastrophe  du  chemin  de  fer  de 
Versailles,  le  8  mai  1842,  dans  la  tran- 
chée de  Bellevue.  Cet  événement  est  rap- 
pelé par  une  petite  chapelle,  fort  dissi- 
mulée aujourd'hui.      -  A.  D. 

Marc  Ducloux  (LU;  LIV,  414).  — 
Je  remercie  vivement  notre  confrère  L.  Y. 
de  ses  précieux  renseignements  ;  mais 
veut-il  bien  me  permettre  de  lui  deman- 
der quelques  détails  complémentaires 
sur  les  indications  bibliographiques  et 
la  correspondance  de  Sainte-Beuve, 
sources  auxquelles  il  a  puisé  pour  la  rédac-^ 
tion  de  sa  réponse ?Je  désirerais  vivement 
avoir  connaissance  de  ces  sources. 

Paul  de  Rosnay. 

Le  P.  Adry  et  les  Anas  (LIV,  394, 
532).  —  Adry  était  bibliothécaire  de 
l'Oratoire  à  Paris,  à  la  suppression  en 
1790  Un  autre  manuscrit  bibliographique 
du  Père  Adry  est  maintenant  en  la  Biblio- 
thèque pour  Bibliothécaires, fondée  par  M. 
Thomas  Greenwood,  à  la  Bibliothèque 
municipale  de  Manchester.  Noxa. 


UnmotdeBroussais.  —(LIV,  501). 
—  A  propos  du  mot  attribué  à  Broussais,je 
puis  certifier  le  fait  suivant.  —  J'ai  revu,  il 
y  a  peu  de  temps,  un  livre  de  classe  ayant 
servi  à  un  élève  du  lycée  de  la  Roche-sur- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Octobre   1906. 


629 


630 


Yondans  la  classe  de  quatrième, vers  1875. 
Sur  le  revers  de  la  couverture  de  ce  livre, 
l'écolier  avait  écrit  (il  avait  alors  14  ans); 
«  Je  ne  croirai  à  Tâme  que  lorsque  je 
l'aurai  trouvée  sous  mon  scalpel  !  »  Cette 
phrase,  qu'autrefois  le  frère  de  ce  jeune 
homme,  plus  jeune  que  lui  de  deux  ans, 
avait  vue  et  avait  trouvé  insensée  (c'est  son 
expression),  s'explique  par  ce  fait  que, 
dès  son  jeune  âge,  ledit  élève  (qui  resta 
toujours  en  tète  de  sa  classe),  voulait  être 
médecin  ;  et,  en  effet,  c'est  aujourd'hui  un 
médecin  connu  à  Paris.  Mais  où  diable 
cet  écolier  a-t-il  pu  dénicher  cette  phrase, 
et  en  faire  sa  devise  à  14  ans  ?  —  11  est 
bien  évident  qu'il  n'avait  ni  les  Broussais, 
ni  les  philosophes,  en  quatrième  !  — 
Explique  qui  pourra  ! 

D"'  Marcel  Baudouin. 

Madame  Grassari,  cantatrice  (LIV, 

499).  —  Il  s'agit  sans  doute,  non  de 
Mme  Grassari,  mais  de  Mme  Grassini,  la 
cantatrice  célèbre  sous  le  Premier  Empire 
et  la  Restauration,  et  sur  laquelle  Auber 
nous  a  laissé  d'amusants  souvenirs, 
celui-ci,  entre  autres,  dont  Napoléon  !"• 
s'amusa  fort  : 

A  titre  de  récompense,  l'Empereur  avait 
décidé  d  octroyer  au  fameux  soprano  Cres- 
centmi,  de  passage  à  Paris,  en  1810, 
l'Ordre  de  la  «  Couronne  de  fer  »,  déco- 
ration Italienne  des  rois  Lombards,  im- 
portée par  lui-même  en  1805. 

Le  scandale  d'une  telle  faveur  accor- 
dée à  un  «  castrat  »  fut  énorme  dans  les 
milieux  mondains.  Un  soir,  à  l'Académie 
impériale  de  musique,  comme  on  s'élevait 
contre  une  dérogation  si  choquante  aux 
usages  établis,  la  belle  Mme  Grassini  se 
leva  majestueusement  de  son  siège  et 
s'écria  du  ton  le  plus  théâtral  : 

«  Et  sa  «  blessoure  »,  je  vous  prie,  et 
sa  «  blessoure»,  pour  quoi  la  comptez- 
vous  ?  » 

Un  rire  général  accueillit  cette  naïveté, 
et  Crescentini,  défendu  avec  tant  de  con- 
viction, resta  décoré.  A.  Libert. 

Bien  que  sa  carrière  ait  été  courte, 
naademoiselle  (et  non  madame)  Grassari 
—  qui  n'était  point  italienne,  comme 
pourrait  le  faire  croire  la  désinence  du 
nom  qu'elle  avait  adopté  au  théâtre  et  qui 
n'était  pas  le  sien  -  paraît  avoir  été  une 
artiste  intéressante  et  distinguée,  et  elle  a 


tenu  pendant  douze  ans  une  place  impor- 
tante à  l'Opéra,  aux  côtés  de  l'admirable 
Mme  Branchu,  avec  qui  elle  partageait 
l'emploi  de  «  premier  sujet  ».  Les  notices 
sur  elle  sont  extrêmement  rares  ;  de  l'une 
d'elles,  très  particulièrement  informée, 
j'extrais  ces  renseignements  précis  ; 

...  Au  nombre  des  artistes  recomman' 
dables  qui  font  la  gloire  de  notre  première 
scène  lyrique  et  qui  en  sont  les  plus  fermes 
soutiens,  on  doit  placer  en  première  ligne 
Mlle  Grassari.  Appelée  par  sa  naissance  à 
occuper  un  rang  distingué  dans  la  société, 
elle  s'est  vue  contrainte  à  embrasser  la  car- 
rière du  théâtre  pour  arracher  une  mère  à 
l'infortune. 

Mlle  Grassari  naquit  à  Tongres  en  Belgique. 
Elle  est  l'unique  fruit  d'un  mariage  contracté 
entre  le  baron  Gérard,  lieutenant  général,  et 
la  fille  du  bourguemestre  de  la  ville  de  Ton- 
gres. Par  suite  d'un  divorce  entre  les  auteurs 
de  ses  jours,  Mlle  Gérard  fut  placée  sous  la 
surveillance  immédiate  de  sa  mère,  jusqu'en 
1814,  époque  à  laquelle  elle  fut  conduite  à 
Paris  auprès  de  son  père  (i). 

Les  événements  de  la  guerre  en  Belgique 
ayant  détruit  la  fortune  de  Mme  Gérard,  soa 
aimable  fille  ne  voulut  consentir  à  s'en  sépa- 
rer qu'autant  que  le  général  lui  assurerait 
une  pension.  Sa  demande  n'ayant  point  été 
accueillie,  Mlle  Gérard  sacrifia  les  brillants 
avantages  d'un  établissement  pour  ne  point 
laisser  sa  mère  dans  la  détresse.  Douée  d'heu- 
reuses dispositions  et  stimulée  par  le  désir 
d'assurer  une  existence  honorable  à  l'auteur 
de  ses  jours,  elle  se  décida  à  embrasser  la 
carrière  du  théâtre^  et  à  faire  jouir  ainsi  le 
public  des  talents  qu'elle  avait  acquis  pour 
:on  seul  agrément. 

Les  protecteurs  ne  manquèrent  point  à 
Mlle  Gérard  lorsqu'on  sut  qu'elle  se  desti- 
nait à  notre  première  scène  lyrique  ;  mais, 
modeste  autant  que  sage,  elle  ne  voulut  devoir 
qu'à  elle-même  son  admission  à  l'Académie 
royale  de  musique  Elle  fut  reçue  à  ce  théâtre 
au  commencement  de  l'année  1816,  et  y  dé- 
buta le  13  février  de  la  même  année,  par  le 
rôle  d'Antigone  de  l'opéra  d'Œdipe  (2).  Son 
succès,  qui  fut  des  plus  brillants  et  des  mieux 
mérités,  lui  valut  de  suite  une  pension  de 
1200  francs,  et  cinq  mois  après,  le  titre  de 
premier  remplacement  (3). 


(i)  Un  autre  biographe  écrivait,  en  1824, 
qu'elle  était  âgée  de  31  ans.  Elle  serait  donc 
née  vers  1793 . 

(2)  Œdipe  à  Colone,  de  Sacchini,  un  chef- 
d'œuvre  égal  à  ceu.x  de  Gluck. 

(3)  Galerie  biographique  des  artistes  dra- 
matiques des  théâtres  royaux.  i8a6. 


N"  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


631 


632 


Le  début  de  Mlle  Grassari  dans  Œdipe 
avait  eu  de  l'éclat,  et  le  public  avait  fait 
un  accueil  chaleureux  à  la  jeune  artiste. 
L'épreuve  était  pourtant  redoutai  le  pour 
une  débutante  qui  n'avait  jamais  encore 
paru  sur  une  scène  quelconque.  Elle  avait 
d'ailleurs  tout  ce  qu'il  fallait  pour  réussir, 
si  Ton  peut  s'en  rapporter  à  ce  portrait 
que  traçait  d'elle  un  chroniqueur  :  — 
«  De  la  grâce,  de  la  noblesse,  une  grande 
justesse  d'intonations,  une  voix  étendue, 
une  élégante  taille,  une  jolie  figure,  telles 
sont  les  qualités  qui  la  distinguent.  Ajou- 
tons que  Mlle  Grassari  est  aimée  du  pu- 
blic, qu'elle  est  pleine  de  décence  sur  là 
scène  comme  hors  de  la  scène,  et  femme 
de  bon  ton  dans  toute  l'étendue  du  mot  ». 
Elle  joignait  encore,  à  ses  qualités  phy 
siques  et  vocales,  l'avantage  d'être  excel- 
lente comédienne,  ce  qui  n'est  pas  préci- 
sément fréquent  chez  les  chanteurs,  et 
d'être  douée  d'une  émotion  communica- 
tive. 

En  dehors  de  ses  créations,  que  je  vais 
énumérer,  elle  reprit  avec  succès  un 
grand  nombre  de  rôles  du  répertoire, 
dans  lesquels  elle  fit  preuve  d'évidentes 
qualités  dramatiques,  particulièrement 
Amazily  de  Femaiid  Coi'te^^  Spinette  de 
Tarare,  Arnn'de,  Iphigénie  en  Aulide^ 
Olympié^  etc.  On  assure  que  lorsqu'elle 
chantait,  au  second  acte  de  Fernand 
CofUi(  : 

Je  n'ai  plus  qu'un  désir,  c'est  celui  de  te  plaire, 
Je  n'ai  plus  qu'un  besoin,  c'est  celui  de  t'aimer. 

le  public  faisait  à  l'artiste  lapplication  de 
ces  deux  vers,  et  l'applaudissait  avec  cha- 
leur. 

Voici  une  liste,  que  je  crois  bien  près 
d'être  complète,  des  créations  faites  à  l'O- 
péra par  Mlle  Grassari  î  Parthénope.  dans 
les  Dieux  rivaux  ou  la  Fête  de  Cythère, 
ouvrage  de  circonstance  écrit  à  la  course 
par  Spontini,  Persuis,  Berton  et  Kreutzer, 
à  l'occasion  du  m.ariage  du  duc  de  Berry  ; 
Alexis  dans  Nathalie  ou  la  Famille  rifsse, 
de  Reicha  ;  Aspasie  dans  Aspasie  et  Péri- 
clès,  de  Daussoigne-Méhul  ;  Stratonicedans 
le  chef-d'œuvre  de  Méhul  adapté  à  l'Opéra  ; 
Almazie  dans  A  ladin  ou  la  Lampe  mer- 
veilleuse, de  Nicolo  et  Benincori  ;  Virginie 
dans  Virginie,  dé  Berton  ;  Lasthénie  dans 
Lasthénie,  d'Hérold  ;  la  Reine  dans  l^ett- 
dôme  en  Espagne,  autre  ouvrage  de  cir- 
constance, d'Auber   et    Hérold  ;    Zènaïrc 


dans  Ipsiboe\  de  Kreutzer  ;  Zuîêma  dans 
les  Deux  Salem,  de  Daussoigne-Méhul  ;  la 
Belle  dans  la  Belle  au  bots  dormant^  de 
Carafa  ;  Phédora  dans  Phaiamond,  troi- 
sième ouvrage  de  circonstance,  écrit  par 
Boieldieu,  Berton  et  Kreutzer,  à  l'occasion 
du  sacre  de  Charles  X  ;  enfin  Elzire  dans 
Don  Sanche  ou  le  Château  d'amour,  seul 
essai  dramatique  de  l'enfant  prodige,  alors 
âgé  de  quatorze  sns,  qui  avait  nom  Franz 
Liszt.  A  cela,  il  faut  ajouter  la  part  que 
prit  Mlle  Grassari  dans  Tunique  exécution 
qui  eut  lieu  à  l'Opéra  du  célèbre  oratorio 
de  Tabbé  Stadler,  la  Délivrance  de  Jéru- 
salem . 

Mlle  Grassari  eut  le  tort  involontaire 
d'appartenir  à  l'Opéra  à  l'époque  de  la 
crise  lamentable  par  sa  stérilité,  que 
subit  ce  théâtre  entre  le  départ  de  Spontini 
et  l'arrivée  de  Rossini,  alors  que  le  nou- 
veau répertoire  ne  s'alimentait  que  d'ou- 
vrages éphémères,  sans  puissance  et  sans 
portée,  et  qui  disparaissaient  d'eux-mêmes 
après  quelques  représentations,  si  bien 
qu'elle  n'attacha  son  nom  à  aucune  œuvre 
intéressante  et  digne  d'attention. 

l'ai  dit  que  sa  carrière  fut  courte  Elle 
ne  dépassa  pas  douze  années  en  effet, 
puisque,  entrée  à  l'Opéra  en  1816,  la  can- 
tatrice quitta  ce  théâtre  en  1828.  Chose 
assez  singulière,  dès  ce  moment  on  n'en- 
tendit plus  jamais  parler  d'elle,  et  il  n'en 
fut  plus  question  d'aucune  façon,  bien 
qu'elle  fût  encore  dans  toute  la  force  de 
l'âge,  puisqu'elle  ne  devait  pas  avoir  dé- 
passé trente-cinq  ans.  Il  me  parait  bien 
avéré  qu'on  ne  la  vit  plus  jamais  sur  au- 
cun théâtre,  et  même  les  échos  des  con- 
certs sont  muets  à  son  égard.  Je  ne  connais 
guère  d'exemple  d'une  éclipse  aussi  com- 
plète. S'éloigna  telle  de  l'Opéra  pour  se 
marier,  ce  dont  d'ailleurs  on  ne  trouve 
pas  trace  ?  ou  fut- elle  atteinte  d'une  de 
ces  maladies  qui  condamnent  leur  vic- 
time à  un  silence  et  à  un  isolement  com- 
plets }  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  son 
nom  disparut  absolument,  à  ce  point  que 
malgré  mes  recherches  je  n'ai  même 
jamais  pu  découvrir   la  date  de  sa  mort. 

Mais  ce  qui  est  certain  aussi,  c'est  que, 
comme  je  le  disais  en  commençant, 
Mlle  Grassari  fut  une  artiste  intéressante 
et  distinguée,  réunissant  l'intelligence  et 
la  beauté  à  de  rares  qualités  vocales  et 
scéniques,  et  que  pendant  les  douze 
années  de  son  séjour  à  l'Opéra  elle  occupa 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


40    Octobre   1906, 


633 


634 


une  place  non  seulement  honorable,  mais 
aussi  brillante  que  le  permettaient  les  cir- 
constances et  la  valeur  malheureusement 
négative  des  œuvres  auxquelles  elle  prêtait 
le  charme  et  l'appui  de  son  incontestable 
talent,  Arthur  Pougin. 

fÀgr  Louis    de     Grimaldi    (LIV, 

499).  —  Dom  Piolin,  dans  son  Histoire 
de  l'Eglise  du  Mansi.Vl,  p.  515)  ne 
parle  point  de  ce  prieuré.  Louis  de  Gri- 
maldi  fut,  en  effet,  évèque  du  Mans  de 
1767  à  1777.  Le  P.  îean,  dans  son  ou- 
vrage Les  Évêqiies  et  archevêques  de  France 
de  1682  ail  Concordat,  toujours  bien  ren- 
seigné, n'en  dit  mot.  L.  C. 

Le  souper  de  Grimod  de  la  Rsy- 
ïiière  (LIV,  561).  —  Si  le  D^  L.  veut 
prendre  la  peine  de  consulter  un  livre 
très  connu  de  Paul  Lacroix  :  Xnil^  siècle  : 
Institutions,  usages  et  costumes.  France^ 
lyoo-ijSç,  il  trouvera,  page  403,  un  bois 
accompagné  de  ce  commentaire  :  «  Sou- 
per des  funérailles,  donné  par  Grimod  de 
la  Reynière,  le  fils,  dans  son  hôtel  des 
Champs-Elysées,  à  Paris,  le  i"  février 
1783.  (D'après  une  gravure  rare  attribuée 
à  Binet,  communiquée  par  M.  Fontaine)  ». 
Le  texte  ajoute  l'explication  suivante  : 
...  Grimod  de  la  Reynière  essaya  pendant 
le  carnaval  de  1783,  de  réhabiliter  l'esprit  h 
table,  en  offrant  à  vingt-deux  amis  de  la  joie 
et  de  la  bonne  chère,  une  fête  nocturne  qui 
n'était  funèbre  et  lugubre  que  d'entrée  de 
jeu  et  qui  se  termina  par  un  magnifique  sou- 
per, composé  de  neuf  services,  dont  chacun 
n'était  que  d'une  seule  espèce  de  viande 
accommodée  de  vingt-deux  manières  différen- 
tes.Tout  Paris, pendant  quinze  jours,  s'occupa- 
de  ce  souper  étrange,  qui  ressemblait  à  un 
repas  de  funérailles. 


* 


Ce  souper  fut  donné  le  samedi  i''^'  fé- 
vrier 1783.  Il  y  eut  22  convives,  dont 
deux  femmes  habillées  en  hommes  ;  et 
300  spectateurs  furent  admis  à  passer 
dans  la  salle  du  festin. 

Sur  cette  fête  qui  coûta,  dit-on,  plus  de 
10.000  livres,  on  trouvera  les  détails  les 
plus  complets  dans  les  Mémoires  secrets 
des  7,  1 1  et  19  février,  ainsi  que  dans  la 
Correspondance  secrète  du  15  février  1783. 


D'après  les  Mémoires  secrets,  le    souper 
eut  lieu  en  réalité  en    1783. 


Le  rédacteur  en  rend  compte  ainsi  : 

Lorsqu'on  est  venu  au  rendez-vous,  on  a 
d'ibord  trouvé  un  premier  suisse  placé 
ad  hoc,  qui  demandait  au  convive  s'il  allait 
chez  M  d€  la  Reynière,  Voppresseur  du 
peuplg,  ou  chez  >L  de  la  Reynière,  le  dé- 
fenseur du  peuple  ?  Après  avoir  répondu 
qu'on  allait  chez  le  défenseur  du  peuple,  il 
faisait  une  première  corne  au  billet,  et  vous 
passiez  dans  un  lieu  en  forme  de  corps  de 
garde  où  étaient  des  hommes  armés  et  vêtus 
à  l'antique,  comme  des  hérauts  d'armes  ; 
ceux-ci  vous  introduisaient  dans  une  pre- 
mière pièce  oi!i  était  une  espèce  de  frère  ter- 
rible, un  inconnu,  le  casque  en  tète,  la  vi- 
sière baissée,  la  cotte  d'arme  endossée,  la 
dague  au  côté,  il  faisait  une  seconde  corne 
au  billet,  et  vous  introduisait  dans  la  se- 
conde salle.  Là,  se  présentait  un  homme  en 
robe,  en  bonnet  carré,  qui  vous  questionnait 
sur  ce  que  vous  vouliez,  sur  votre  demeure, 
vos  qualités,  dressait  du  tout  procès-verbal, 
etj  après  avoir  pris  votre  billet,  vpus  annon- 
çait dans  la  salle  d'assemblée,  où  deux  ga- 
gistes vêtus  en  enfants  de  chœur  commen- 
çaient par  vous  encenser. 

Les  convives  réunis  au  nombre  de  vingt- 
deux,  dont  deux  femmes  habillées  en 
homme.  On  a  traversé  une  pièce  noire,  et 
ensuite  s'est  levée  une  toile  de  théâtre  qui  a 
laissé  voir  la  salle  du  festin.  Au  milieu  de  la 
table  pour  surtout  était  un  catafalque  :  du 
reste,  dès  lampes  à  l'antique,  des  devises  et 
une  illumination  superbe  de  trois  cents  bou- 
gies environ. 

On  s'est  mis  à  table.  Le  souper  a  été 
magnifique  au  nombre  de  neuf  services, 
dont  un  tout  en  cochon.  A  la  fin  de  celui-ci, 
'bl.  de  la  Reynière  a  demandé  aux  convives 
s'ils  le  trouvaient  bon  ;  tout  le  monde  ayant 
répondu  en  cliorus  \  excellent,  il  a  dit  : 
Messieurs,  cette  cochonaille  est  de  la  façon 
du  charcutier  un  tel,  demeurant  à  tel  en- 
droit et  le  cousin  Je  mon  père, 

A  un  autre  service  où  tout  était  accom- 
modé à  l'huile,  l'amphytrion  ayant  égale- 
ment demandé  si  l'on  était  content  de  cette 
huile,  il  a  dit  :  elle  m'est  fournie  par  l'épi- 
cier un  tel,  demeurant  à  tel  endroit,  et  le 
cousin  de  mon  père,  je  vous  le  recommande, 
ainsi  que  le  charcutier. 

Autour  de  la  salle  du  festin  était  une  gale- 
rie destinée  aux  spectateurs  qui  voudraient 
jouir  du  coup  d'œil  de  la  lete.  M.  delà 
Reynière  avait  distribué  environ  300  billets 
de  cette  autre  espèce,  et  à  l'heure  indiquée, 
il  a  dit  qu'on  pouvait  laisser  entrer  ;  mais 
il  n'était  pas  permis  de  rester  :  on  ne  pou- 
vait que  traverser  pour  faire  place  à  d'autres. 

^L  l'abbé  de  Jarente,  le  coadjuteur  de 
l'évèque  d'Orléans  et  l'oncle  de  l'amphy- 
trion, ayant  eu  la  curiosité  de  juger  par  lui- 


N»  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


635 

même  de  cette  folie,  il  ne  lui  a  pas  été  libre 
de  rester  plus  longtemps  que  les  autres  et  son 
neveu  a  ordonné  qu'on  le  fît  sortir. 

M.  de  Bonnières,  jeune  avocat  qui  com- 
mence à  acquérir  de  la  réputation  et  qui 
était  à  table  à  côté  de  la  Reynière,  en 
voyant  le  public  assister  ainsi  au  souper,  ne 
put  s'empêcher  de  lui  dire  :  «  En  vérité, 
mon  cher  ami, cela  devient  trop  farce,  on  va 
nous  mettre  aux  petites  maisons  en  sortant 
d'ici.  —  Qiioi  !  lui  a  répondu  l'amphytrion 
avec  inquiétude,  cette  plaisanterie  m'em- 
pêcherait-elle d'être  mis  sur  le  tableau.  J'en 
serais  au  désespoir.  » 

La  fin  de  cette  fête  qui  tenait  beaucoup 
d'une  fête  maçonnique  n'a  pas  répondu  au 
commencement  et  n'a  rien  eu  de  singulier  ; 
chacun  s'en  est  allé  après  une  séance  de 
plusieurs  heures  à  table,  trop  longue  et 
ennuyeuse  conséquemment. 

Cette  description  n'est  donnée  que  sous 
bénéfice  d'inventaire.  D""  L. 

L'  «  immortel  »  Pierre  Maël  (LIV, 
226,  360,  537,  583).  —  Pierre  Maël  était 
membre  du  comité  de  la  Société  des  gens 
de  lettres,  à  l'époque  où  j'en  étais  vice- 
président.  C'était  un  bon  garçon,  boiteux, 
mais  habitué  aux  exercices  physiques  et 
faisant  parade  de  sa  force  herculéenne, 
on  peut  le  dire.  On  assurait  qu'il  écrivait 
ses  romans  en  collaboration  avec  notre 
confrère  Vincent  :  il  ne  le  reconnut 
jamais,  du  moins  devant  moi,  et  je  n'au- 
rais pas  voulu  lui  faire  la  peine  d'une 
question  à  ce  sujet.       Alfred  DuauET. 

Mandrin  (LUI;  LIV;4 12).— Le  savant 
M.Frantz  Funck-Rrentano  n'ignore  certai- 
nement pas  que  le  baron  d'Espagnac  (gou- 
verneur de  l'Hôtel  des  Invalides, de  1766  à 
1783,  année  de  sa  mort)  commandait,  en 
1754, dans  la  Bresse  où  il  eut  la  principale 
part  à  la  destruction  des  bandes  de  Man- 
drin. Il  y  a  même,  à  ce  sujet, diverses  anec- 
dotes, malheureusement,  je  n'ai  pas  sous 
la  main  les  documents  pour  les  lui  four- 
nir, peut-être  les  retrouverait-il  dans  les 
ouvrages  du  comte  de  Seilhac  ? 

G.  DE  La  Véronne. 

Wontesson.-lenom  etlaterre(LIV, 

500).  —  Borel  d'Hauterive,  Annuaire  de 
la  noblesse,  1863,  p.  246,  Notice  histori- 
que et  généalogique  sur  la  maison  de  Mon- 
tesson.  Ce  nom  vient  du  château  de  Mon- 
tesson  situé  à  Bais,  dans  la  Mayenne.  Dès 
1370  se  rencontrent  là  les  de  Montesson 


636 


qui  possèdent  encore  le  château.  Le  titre 
de  marquis  fut  octroyé  en  1660  à  Charles 
de  Montesson,  né  1608,  époux  de  Marie 
Prévost  de  Saint-Cyr  (1636). 

Charlotte-Jeanne  de  Beraud  de  la  Haie 
du  Riou  qui,  à  18  ans,  avait  épousé  Jean- 
Baptiste,  marquis  de  Montesson  (il  en 
avait  72)  en  devint  veuve  en  1769,  et 
épousa  morganatiquement  le  duc  d'Or- 
léans. 

Cf.  Abbé  Angot,  Dict.   de  la  Mayenne, 
t.  111,  pp.  81-82.         Louis  Calendini. 

L'abbé  M  ichon  est-il  l'autear  du 
«  Maudit  »?  —  .L'abbé  Michon  et  la 
science  graphologique  (T.  G.  590). 
-—  Dans  un  grand  nombre  de  volumes  de 
V Intermédiaire,  de  1877  à  1891,  ces  deux 
questions  sont  posées  et  discutées.  Sur  la 
personnalité  de  l'auteur  du  Maudit,  de  la 
Religieuse,  etc.,  qui  sont  des  pamphlets 
contre  le  clergé  et  les  congrégations,  on 
s'est  égaré  jusqu'à  la  mort  de  l'abbé 
Michon.  Après,  on  a  tout  su  :  c'était  lui. 

Les  réponses  sur  la  découverte  de  la 
graphologie  en  tant  que  méthode  raison- 
née,  ont  été  plus  faibles.  La  lettre  que 
publie  V Annteur  d'autographes  (octobre 
1906)  éclaire-t-elle  la  question  ?  Cette 
lettre  est  de  Desbarolles  qui  s'attribue  le 
mérite  de  la  découverte  —  en  France  — 
découverte  dont  l'abbé  Michon,  un  ins- 
tant, son  collaborateur,  l'aurait  frustré. 
Desbarolles  parle  sous  le  coup  de  la  co- 
lère,et  son  ressentiment  a  pu  l'amener  à 
formuler  des  accusations  que  les  amis  de 
l'abbé  Michon,  aujourd'hui  encore,  tien- 
dront, sans  doute,  à  détruire. 

"Voici  cetle  lettre  : 

9  octobre  1875 
Vous  me  demandez  ce  que  c'est  que  l'abbé 
Michon  :  c'est  le  prétendu  auteur  du  Mau- 
dit. Il  a  laissé  croira  qu'il  avait  commis  cette 
gentillesse,  parce  qu'il  y  avait  scandale  et 
que  tout  lui  est  bon  pour  se  faire  remar- 
quer. C'est  une  des  plus  cyniques  canailles 
que  Je  connaisse,  ayant  d'ailleurs,  assure- 
t-on,  de  tous  côtés,  jeté  le  froc  aux  orties.  11 
s'est  trouvé  mon  collaborateur  dans  le 
Livre  des  mystères, et  voici  comment  : 

Au  retour  d'un  voyage  en  Allemagne  en 
1864,  Je  traduisis  un  livre  allemand  sur  la 
graphologie,  et  j'y  ajoutai  tout  ce  que 
20  années  d'études  et  de  recherches  m'avaient 
donné.  J'avais  connu  l'inventeur  à  Leipzig 
et  il  jouissait  d.ins  toute  l'Allemagne  d'une 
réputation  immense,  et  son  système  affirmé 
par   1000  gravures  était  très  juste. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30   Octobre  1906. 


637 


638 


Après  l'avoir  suffisamment  expérimenté, 
j'annonçai  en  1868,  dans  VAlmanach  delà 
main  publié  au  Petit  Journal  que  j'allais  pu- 
blier un  livre  intitulé  :  Les  mystères  de  V écri- 
ture ^{^\s^x\\.  naturellement  suite  aux  mystères 
delà  main.  L'almanach,  naturellement,  avait 
été  éciit  en  1867.  Deux  ans  après,  en  1869, 
je  rencontrai  chez  M.  de  Saulcy,  cet  abbé 
qui  s'était  fait  régaler  d'un  voyage  en  Orient 
par  notre  grand  numismate.  Là,  je  parlai  de 
mon  livre,  de  mes  études,  et  alors  tout  d'un 
coup  il  m'apprit  qu'il  avait  un  système  qu'il 
tenait  de  son  prof esseur  l'abbé  FLindrin.  11 
me  proposa  de  concourir  à  son  livre  :  j'y  con- 
sentis après  av'ir  examiné  sa  méthode  qui 
était  tout  à  fait  la  niême  que  celle  de  l'Alle- 
mand :  je  lui  donnai  toute  ma  traduction, 
toutes  mes  notes  de  20  ans,  lui  expliquai  une 
à  une  toutes  les  gravures,  enfin,  j'allai  en 
toute  confiance  avec  lui.  Nous  écrivîmes  le 
livre  en  collaboration  ;  nous  devions  donner 
des  conférences  alternées,  le  guignon  voulut 
que  j'attrapasse  (bigre  quel  chique  de  lan- 
gage) une  bronchite  qui  m'empêcha  de  parler 
en  public  pendant  tout  cet  hiver.  11  en  pro- 
fita, donna  conférences  sur  conférences  et 
finit  peu  à  peu  par  laisser  entendre  qu'il 
était  l'inventeur  de  la  graphologie,  que  son 
maître  (auquel  il  avait  malheureusement  con- 
sacré une  magnifique  tartine  dans  notre  livre 
(où  il  le  disait  bel  et  bien  son  professeur  et 
l'inventeur  du  système), que  son  maître,dis-je, 
ne  lui  avait  rien  montré  du  tout,  et  un  beau 
jour  il  osa  afficher,  publiquement,  qu'il  était 
le  seul  inventeur  de  la  graphologie.  Je  le 
citai  immédiatement  devant  le  comité  de  la 
Société  des  gens  de  lettres  de  Paris,  consti- 
tué en  tribunal  arbitral. 

Je  produisis  toutes  mes  pièces,  je  présentai 
mon  almanach  qui  donnait  une  date  certaine. 
Je  produisis  le  livre  allemand  publié  en 
1862, d'une  antériorité  incontestable,  par  con- 
séquent, et  je  donnai  la  traduction  du  livre. 
Lui,  il  ne  produisit  rien  du  tout,  et  il  fut 
condamné,  comme  l'indique  ie  papier  ci- 
inclus. 

QLiinze  jours  après,  lui,  un  ecclésiastique, 
il  jetait  sa  paiole  par  dessus  les  moulins,  et 
envoyait  une  circulaire  à  tous  les  journaux  de 
province  où  il  se  disait  encore  l'inventeur  de 
la  graphologie.  J'envoyai  aux  journaux  de 
province  le  petit  billet  ci-join^, alors  il  m'atta- 
qua dans  une  espèce  t...  c. . ,  papier  chan- 
delle imprimé  à  la  main,  une  ordure  com- 
plète Je  lui  répondis  par  huissier  et  il  fut 
obligé  de  cesser  son  feu.  Je  l'avais  complète- 
ment roulé  dans  son  journal  même.  Mainte- 
riant  il  publie  un  livre  qui  n'est  qu'un  sale 
écho  du  livre  des  Mvstères  de  r Ecriture.  11 
n'a  pas  osé  m'attaquer  jusqu'ici,  mais  il  paraît 
qu'il  s'émoustille. 

Reiidez-moi  donc  le  service  de  m'indiquer 
les  articles  qui  paraîtront  sur  lui  en  me  don- 


nant seulement  le  nom  du  journal  et  la  date- 
Alors  je  répondrai  dans  ces  journaux  en  leur 
envoyant  la  décision  du  comité  :  je  ne  peux 
pas  le  laisser  gambader  ainsi  sans  le  museler 
un  peu  puisqu'il  veut  ainsi  s'émanciper.  II 
s'escrime  contre  Gall,  contre  la  chiromancie, 
parce  que  la  chiromancie,  ajoute  à  la  gra- 
phologie et  la  perfectionne,  il  en  a  grand 
peur. 

Mais  j'arrête  là  mes  bavardages  pour  vous 
serrer  bien  affectueusement  les  mains.  La 
jeune  Clémentine  vous  dit  mille  choses 
aimables. 

Votre  vieux  camarade, 
Ad.   Désbarolies. 

Cette  lettre,  dont  le  ton  est  trop  vio- 
lent, pour  qu'on  n'en  doive  pas  rejeter  une 
grande  part,  fait  allusion  à  un  procès- 
verbal  rédigé  à  la  Société  des  gens  de 
lettres.  Ce  document  serait  fort  intéres- 
sant à  connaître.  L. 


Un  marquis  de  ia  Paillet0rie(LlV, 

449,  526,  585;  —  Alexandre  Dumas,  né 
le  24  juillet  1802,  à  Villers-Cotterets 
était,  d'après  son  acte  de  naissance,  fils 
d'Alexandre  Davy-Dumas  de  la  Pailleterie, 
général  de  division,  né  à  Jérémie,  ile  et 
côte  de  Saint  Domingue,  et  de  Elisabeth 
Labouret.  Par  un  jugement  rectificatif  du 
27  avril  1813  du  tribunal  de  Soissons, 
l'acte  de  1802  fut  rectifié,  en  ce  qui  tou- 
che les  noms  du  père  et  de  l'enfant. 
D'après  la  rectification  faite  sur  le  regis- 
tre de  l'état-civil ,  les  noms  du  père 
sont  :  Thomas-Alexandre  Dumas-Davy 
de  la  Pailleterie,  au  lieu  de  Alexandre 
Davy-Dumas  de  la  Pailleterie  et  ceux  de 
l'enfant  :  Alexandre  Dumas  Davy  de  la 
Pailleterie,  au  lieu  de  :  Alexandre  Dumas. 
D'après  le  registre  des  actes  de  l'état- 
civil  de  Villers-Cotterets,  le  père  du  grand 
romancier  s'était  marié  le  28  novembre 
1792.  Suivant  l'acte,  le  citoyen  Thomas- 
Alexandre  Davy  de  la  Pailleterie  (izt;),  âgé 
de  30  ans  et  8  mois,  né  à  la  Cuinodée,  au 
Trou-Jérémie,  en  Amérique,  était  fils  de 
feu  Antoine-Alexandre  Davy  de  la  Paille- 
terie ,  ancien  commissaire  d'artillerie  , 
mort  à  Saint-Germain-en-Laye,  en  1786, 
et  de  feu  Marie-Cossette  Dumas,  décédée  à 
la  Guinodée  en  1772  C'est  à  cet  Antoine- 
Alexandre,  qu'appartenait  par  héritage  la 
terre  de  la  Pailleterie  érigée  en  marquisat 
par  Louis  XIV,  en  1707.  Dans  ses  Mé- 
moires, Alexandre  Dumas  a  donné  la  des- 
cription des  armoiries  de  son  aïeul  pater- 


No  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


639 


640 


nel.  Marie-Cessette  Dumas  était  une  né- 


1702,   le  chef  d'escadre 


gresse. 

Le  i®"^  juillet 
Bailli  de  la  Pailleterie,  sorti  de  Nieuport 
avec  six  galères  du  roi,  enleva,  à  quel- 
ques milles  au  large,  le  vaisseau  zélandais 
la  Licorne, de  56  canons. 

Le  rapport  sur  cette  affaire,  qui  a  été 
fort  célèbre  en  France  et  chez  nos  enne- 
mis, adressé  par  de  la  Pailleterie  à  Pont- 
chartrain,  est  intéressant.  Il  a  été  repro- 
duit par  le  P.  Daniel, dans  son  Histoire  de 
la  milice  françoise^  (t.  Il,  p.  766).  En  con- 
sultant aux  Archives  nationales  (anciennes 
archives  de  la  marine.  C ''  165)  le  dossier 
individuel  du  chef  d'escadre  de  la  Paillete- 
rie, il  est  probable  qu'il  serait  facile  de 
s'assurer  si  ce  marin  avait  un  lien  de  pa- 
renté avec  les  aïeux  de  Alexandre  Dumas. 

Ë.  M. 


Santerre  (T.    G.,   820  ;  LUI,  617). 

—  11  y  aura  lieu  également  de  se 
reporter  au  tome  LUI,  442,  507,  567, 
623,  733,  845.  Articles  importants,  à  peu 
près  entièrement  consacrés  à  Santerre. 

M.  Henri  Vial  a  consacré  à  Sanierre  à 
Reuilly  (et  à  la  rue  Santerre)  dans  la 
Correspondance  historique  et  archéologique^ 
(Fontemoing,  4,  rue  Le  Goffic,  août- 
septembre  1906,)  un  article  du  plus  haut 
intérêt  et  documenté  comme  le  sont  tous 
les  articles  de  ce  remarquable  historien  de 
Paris. 

Voltaire  à  Lausanne  (LIV,  1 70,47 1  ). 

—  La  première  résidence  de  Voltaire  en 
Suisse  fut  le  château  de  Prangins,  près 
Nyon.  Il  habita  successivement  à  Lau- 
sanne, l'agréable  campagne  de  Monlriond, 
entre  la  ville  et  Cuchy,  acquise  dans  la 
suite  par  le  médecin  Tissot,  le  n"  6  de  la 
rue  du  Grand-Chêne,  puis  la  villa  des 
Délices  et  de  Tourney,  près  de  Genève, 
enfin  le  château  de  Ferney,  dans  le  pays 
deGex,sur  la  frontière  suisse, mais  appar- 
tenant à  la  France. 

C'est  du  Grand-Chêne  à  Lausanne,  que 
Voltaire  enthousiasmé  écrivait  :  <«  Je  me 
suis  arrangé  une  maison  qu'on  appellerait 
un  palais  en  Italie  ;  quinze  croisées  de 
face,  en  cintre,  donnent  sur  le  lac  à  droite, 
à  gauche  et  par  devant.  La  pointe  du  sérail 
à  Constantinople  n'a  point  une  plus  belle 
vue.  Cent  jardins  sont  au-dessous  de  mon 
jardin.  Le  grand  miroir  du  lac  les  baigne. 


Je  vois  toute  la  Savoie  au-delà  de  cette 
petite  mer  >"  etc.. 

Voltaire  eut  un  moment  quatre  proprié- 
tés à  la  fois,  «  quatre  pattes  au  lieu  de 
deux  »,  comme  il  disait  en  plaisantant. 
Montriond  était  «  sa  petite  cabane,  son 
palais  d'hiver,  son  ermitage  à  l'abri  du 
cruel  vent  du  Nord  ». 

Cette  ville  tire -son  nom  d'une  colline 
isolée  en  forme  de  pain  de  sucre,  aujour- 
d'hui promenade  publique,  au  pied  de 
laquelle  elle  a  été  bâtie. 

D""  E.   BORGEAUD. 

Emblèmes  héraldiques,  armoi- 
ries et  sceaux  ecclésiastiques  mo- 
dernes (LIV,  335).  —  Si  M.  de  Saint- 
Saud  ne  connaît  pas  déjà  le  Traité  d'ico- 
nographie chrétienne,  ainsi  que  le  Traité 
pratique  de  V ameublement  et  de  la  décora- 
tion des  églises^  par  Mgr  X.  Barbier  de 
Montault,  les  chapitres  sur  les  armoiries 
ecclésiastiques  et  sur  les  armoiries  des 
ordres  religieux  l'intéresseront  peut-être. 
Des  sceaux  ecclésiastiques  étrangers,  an- 
glais,par  exemple, pourraient-ilslui  rendre 
service.''  C.  B.  O. 

Monsieur  le  chanoine  (LIV,  501, 
5815),  —  En  1850  et  durant  les  années 
suivantes,  vivait  à  la  ville  haute  de  Bar- 
le-Duc  un  «  prêtre  habitué  »  de  la  pa^ 
roisse  de  Saint-Etienne,  M.  Trancart, 
chanoine  honoraire  de  Nancy  et  de  Toul, 
qui  ,  lorsqu'on  l'appelait  «  Monsieur 
l'abbé  »,  savait  très  bien  vous  répondre  : 
«  Dites  Monsieur  le  chanoine,  je  vous  prie; 
c'est  mon  titre  exact  ».  Et,  en  efïet,  bien 
qu'en  parlant  de  lui  on  ne  le  désignât  ja- 
mais que  sous  le  nom  de  «  l'abbé  Tran- 
cart »,  on  disait  :  <»  Monsieur  le  cha- 
noine »  lorsqu'on  lui  adressait  la  parole. 

Albert  Cim. 

Le  collaborateur  Quarte-blanche  ou- 
blie que,  en  dehors  des  chanoines  capitu- 
laires,  il  existe,  et  en  grand  nombre  dans 
chaque  diocèse,  des  chanoines  honoraires 
qui  ne  prennent  point  part  aux  délibéra- 
tions du  chapitre,  mais  portent  les  insi- 
gnes canoniaux  et  ont  parfaitement  le 
droit  d'être  appelés  chanoines.  Toutefois, 
tant  qu'ils  sont  curés,  l'usage  est,  je 
crois,  de  les  appeler  de  leur  titre  curial. 
Du  reste,  beaucoup  de  curés,  curés- 
poyens,  et  archiprêtres  ou  simples  abbés 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30    Octobre  1906, 


641 


642 


sans  charge  d'âmes,  sont  chanoines  d'un 
diocèse  autre  que  le  leur  et  en  portent  les 
insignes  particuliers.  H.  C.  M. 

L'ordre  de  l'Hermine  (LIV,  279, 
417),  —  Pour  ajouter  aux  premiers  titu- 
laires cités  dans  le  n°  du  20  septembre 
dernier  :  Henry  (alias  Hémery)  Hérault, 
chevalier  de  l'Hermine  en  1445. 

G.   HÉRAULT  DE  La  VÉRONNE. 

Inscriptions  des  cadrans  solaires 
(T.  G.  ;  158  ;  XLVI  ,  XLVII  ;  XLVIII  ; 
L  ;  LI  ;  LU  ;  LIV,  363).  —  Au  pignon 
d'une  maison  proche  de  l'église  de  Bue 
(Seine-et-Oise): 

«  Aspicetitaspiciar,  1863.  » 

Sglpn. 

Eglises  disproportionnées  (LIV, 
393),  — A  Mont-Dauphin  (Hautes-Alpes), 
quand  l'abside  fut  construite,  on  la  mura  ; 
et  elle  sert  d'église  ainsi.  Mont  Dau- 
phin (i)  est  d'ailleurs  une  ville  avortée, 
trop  à  l'aise  dans  sa  ceinture  de  remparts, 
à  l'inverse  de  sa  voisine  Briançon. 

Arsenal,  presbytère,  bureaux  militaires, 
embryon  de  village,  hôpital,  caserne, 
manutention,  salle  d'artifices,  cimetière, 
église,  lavoir,  magasins  à  munitions, 
forment  un  curieux  mélange  autour  de  la 
Plantation.  Même  et  amusant  amalgame 
(du  moins  quand  j'y  séjournai,  il  y  a 
quelques  années),  dans  la  vie  municipale, 
militaire  et  religieuse  ;  le  Service  du  Gé- 
nie entretient  les  rues  ;  le  cuié  dit  la 
messe  à  l'heure  voulue  par  les  femmes 
de  la  garnison,  et  joue  aux  boules  avec 
soldats  et  pékins...  Pourquoi  donc  cette 
commune  sui  generis  n'a-t-elle  pas  son  ar- 
ticle dans  la  Grande  Encyclopéuie  ? 

Sglpn. 

La  droite  d'un  tableau,  d'un  édi- 
fice (LIV,  393).  — A  mon  avis,  la  droite 
d'un  tableau,  d'un  édifice  est  la  partie 
située  à  droite  de  l'observateur,  comme 
la  droite  de  la  route  ;  on  écrit  au  tableau 
noir,  de  la  gauche  à  la  droite.  La  droite 
d'un  groupe,  d'une  assemblée,  est  à  la 
droite  des  individus  qui  les  forment.  La 
droite  des  mobiles,  rivière,  voiture,  est  à 


(1)  Auquel   se 
447- 


rapporta   la  question    I.IV, 


la  droite  du  spectateur  regardant  dans  le 
sens  du  mouvement. 

C'est,  ce  me  semble,  ce  qu'il  faut 
admettre  pour  s'embrouiller  le  moins 
possible  ;  car  je  reconnais  qu'il  est  des 
cas  un  peu  cacophoniques  ;  ainsi  le  bras 
droit  d'un  personnage  peint  est  indiscuta- 
blement à  la  gauche  de  l'observateur,  et 
vers  la  gauche  du  tableau,  selon  ma  for- 
mule ;  il  n'en  est  plus  de  même  dans  un 
nairoir  !...  j'en  suis  navré  !,.,  mais  com- 
ment faire  ?  Sglpn. 


♦  * 


Comme  le  trouve  },  Lt,  cette  manière 
de  s'exprimer  est  généralement  amphibo- 
logique.Pour  éviter  cette  difficulté,  pour- 
quoi ne  pas  employer  régulièrement  les 
termes  héraldiques,  dextre  et  sénestre 
d'un  tableau,  ces  termes  étant  absolument 
clairs?  C.  B.  O. 

Distique  à  attribuer  (LU).  — 
J'apporte  une  réponse  —  un  peu  tardive 
cependant  —  à  la  question  posée  par 
Y  Intermédiaire  .^sur  le  distique  «Inveni  por^ 
tum....  » 

J'en  trouve  le  i*'  vers  dans  les  Contes 
d'Biitrapel^  de  Noël  du  Fail,  qui  les  a 
publiés,  comme  on  sait,  en  1585  : 

[Je  me  retire]. ..  à  ma  maison  aux  champs, 
que  J'ai  accommodée  par  ces  années  et  ren- 
due au  terme  d'une  vraie  habitation  philoso- 
phale  et  de  repos  ;  à  l'entrée  et  au  front  de 
laquelle  Janvier,  ce  gentil  maçon  de  saint- 
Erblon,a  gravé  ces  mots  : 
Inveni  porttim  :  Spes  ci  Fortuna  valete. 
Adieu  le  monde  et  V espoir  :  Je  suis  hidji. 

{Contes  et  discouis  d'Bntrapel^  tome  II, 
page  265.  Edition  Hippeau,  Librairie  des 
Bibliophiles,  1875).  P.  E.  Nugon. 

Les   documents  phalliques  (L  ; 

LI  ;  LU  ;  LIV,  541).  —  Je  ne  viens  pas 
briser  une  lance  en  faveur  du  comédien 
archéologue  Beaumesnil,  J'observe  seule- 
ment que  jusqu'à  ce  que  le  P.  C.  de  la 
Croix  eût  retrouvé  des  représentations  de 
cette  nature  au  temple  de  Mercure  à  Poi- 
tiers, on  n'y  connaissait  guère  que  la  bri- 
que de  la  collection  Bonsergent  figurée 
dans  l'Art  de  terre  de  B.  Fillon,  et  qu'à 
Limoges  et  aliàs  autour  de  nous,  on  n'en 
citait  aucune,  ce  qui  paraît  bien  anormal. 
D'où  je  conclus  que  Beaumesnil  ne  fut 
peut-être  pas  toujours  un  faussaire. 

LÉDA. 


N»  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


643 


644 


Le  bibliophile  J.  R.  (LIV,  57, 
425),  —  Mille  remerciements  à  M.  Pinson 
pour  sa  réponse  à  ma  question  sur  «  le 
bibliopiiile  J.  R.  »  Mais  l'exemplaire  de 
cette  brochure  que  j'ai  entre  les  mains, 
porte  très  distinctement,  sur  le  titre, 
j.  R.  et  non  j.  B.,  comme  dit  M.  Pinson. 
Est-il  possible  qu'il  y  ait  deux  éditions, 
l'une  avec  J.  R.  et  l'autre  J.  B.  ? 

NOXA. 

Contes   orientaux  jetés    au   feu 

(LIV,  329).  —  Burton  a  occupé  la  der- 
nière année  de  sa  vie  en  traduisant  The 
Scenied  Garden,  c'est-à-dire  que  l'ouvrage 
a  été  écrit  en  1889-90.  Or,  comme  la 
traduction  du  livre  du  Cheikh  Nefzavin 
était  publiée  en  1885,  il  est  impossible 
que  Lisieux  ait  eu  connaissance  de  l'œu- 
vre de  Burton.  Noxa. 

L'auteur  des  «  Carnets  du  Roi  » 
(XLVII).  La  librairie  Lequesne  annonce 
ainsi  cet  ouvrasre  : 

o 

Les  Carnets  du  roi,  Paris-Genonceaux. 
1903,  in-12,  62. 

Ce  livre,  qui  fit  grand  bruit  au  moment  de 
son  apparition,  est  de  Léopold  II,  roi  de  Bel- 
gique. 

Ce  livre  est  de  M.  Paul  Gerardy.  Il  a 
été  en  relation  avec  de  hautes  personna- 
lités, il  a  pu  connaître  les  sentiments  du 
roi.  N'est-ce  pas  créer  une  légende  que 
d'attribuer  au  roi  la  paternité  du  livre? 

Y. 

Les  p  antalons  des  femmes  (LU  ; 

LUI  ;  LIV,  477).  —  Dans  les  Bigarrures 
et  Touches,  du  seigneur  des  Accords  (Pa- 
ris, J.  Richer,  1582.  chap.  viii)  se 
trouve  le  passage  suivant  : 

On  dit  que  quand  les  Dames  de  la  Cour 
commencèrent  à  porter  des  hauts  de  chausses, 
elles  firent  une  convocation  générale  pour 
savoir  comme  elles  les  nommeraient  à  la 
différence  de  celles  des  hommes  :  Enfin  du 
consentement  de  toutes, elles  furent  surnom- 
mez de  ce  nom  Caleson. 

Et  notre  Tabourot  en  profite  pour  faire 
sur  ce  mot  des  contre  petteries  qu'il  serait 
malséant  de  placer  ici.  Donc,  que  l'appel- 
lation soit  :  pantalon,  culotte,  caleçon  ou 
haut-de-chausse,  le  vêtement  dont  parle 
l'auteur  bourguignon  est  incontestable- 
ment le  même  que  celui  que  nous  appe- 
lons de  nos  jours  :  Pantalon.  Les  jeux  de 


mots  de  Tabourot  dévoilent  sans  équivo- 
que la  raison  d'être  de  leur  usage. 

M.  M. 

Célibat  ecclésiastique  (XLI  ;  XLII; 
XLIV  ;  XLVIll  ;  XLIX  ;  L  ;  Ll  à  LUI  ;  LIV.— 
534).  Col.  534,  ligne  11,  lire  par  Bocquet. 

Livres  imprimés  blanc  sur  noir 

(LUI  ;  LIV,  37,  150,  259,  360,  487,  533). 
-  Lor.squMl  y  a  plus  de  quarante  ans,  je 
gérais  provisoirement  le  Consulat  de 
France  à  Canton,  il  m'a  été  assuré,  par  un 
mandarin  fort  instruit,  que  dans  les  temps 
anciens  on  avait  imprimé  en  Chine  quel- 
ques ouvrages  avec  des  lettres  blanches 
sur  un  fond  noir.  Pour  cela,  les  ouvriers 
gravaient  les  caractères  en  creux,  puis  ils 
imprimaient  par  le  moyen  ordinaire. 

On  sait  que  le  procédé  d'imprimer  avec 
des  planches  en  bois  et  caractères  fixes 
était  déjà  usilé  dans  le  Céleste  Empire  à  la 
fin  du  vi*^  siècle  de  notre  ère.       E.  M. 

In  8,  in-12,  in-16,  etc.  (LIV,  504, 
1598).  —  Sur  la  question  si  complexe  des 
formats,  qu'il  serait  bien  préférable,  en 
effet,  de  désigner  par  leurs  mesures  métri- 
ques, ce  que  font  d'ailleurs  déjà  nombre 
d'éditeurs  et  de  libraires,  voici  quelques 
détails  empruntés  à  l'ouvrage  de  notre 
collaborateur  Albert  Cim,  le  Livre  (t.  III, 
Fabrication  du  livre  :  Papier,  Format, 
Impression,  Illustration,  Reliure)  : 

...  De  ce  que  nous  avons  dit  de  la  fabri- 
cation actuelle  du  papier,  fabrication  méca- 
nique sur  la  toile  sans  fin,  et  non  plus  uni- 
quement à  la  forme,  il  résulte  que  les  pa- 
piers d'aujourd'hui  n'ont  plus  de  dimensions 
régulièrement  et  fixement  délimitées.  II  con- 
vient d'observer  aussi  tout  d'abord  que  ces 
expressions  ;  in-octavo,  in-douze,  in-seize, 
in-dix-huit,  etc.,  s'appliquant  exclusivement 
au  mode  de  pliage  de  la  feuille  (in-octavo 
indique  que  la  feuille  a  été  pliée  de  façon 
à  former  8  feuillets  ou  16  pages  ;  in-douze, 
de  façon  à  former  12  feuillets  ou  24  pages  ; 
in-seize,  de  façon  à  former  lô  feuillets  ou 
32  pages  ;  etc.),  sans  faire  cor.'.aître  les  di- 
mensions premières  Je  cette  feuille,  ne  si- 
gnifient pour  ainsi  dire  rien.  Elles  n'ont  et 
ne  peuvent  avoir  un  sens  précis  qu'à  condi- 
tion d'être  suivies  de  la  désignation  catégori- 
que du  papier,  du  nom  du  format  des 
feuilles  :  in-octavo  jèsus,  in-douze  raisin, 
in-seize  cavalier,  etc.,  nom  qu'on  omet  ce- 
pendant très  souvent  dans  le    langage  usuel. 

Pour  savoir   la  dimension   d'une  quelcon- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


o  Octobre  iQoo. 


645 


646 


que  de  ces  pages,  d'une  page  in-8,  par 
exemple,  il  est  donc  nécessaire  de  connaître 
d'abord,  comme  nous  le  disions  tout  à 
rheure,  la  dimension  de  la  feuille  qui  a  été 
pliée  et  a  fourni  les  16  pages  de  cet  in-8.  11 
est  évideiit  que  plus  cette  feuille  sera  grande, 
plus  ces  pages  le  seront. 

C'est  précisément  ce  que  l'épithète  Jésus, 
raisin,  cavalier,  etc.,  nous  apprend.  Ainsi 
le  papier  jésus  ayant  o  m.  55  de  haut  sur 
o  m.  70  de  long,  nous  pouvons,  grâce  à  ces 
chiffres,  parvenir  à  nous  faire  une  idée 
exacte  de  l'in-S  jésus  et  en  calculer  la  dimen- 
sion. 

Mais  dans  le  papier  mécanique,  fabriqué 
en  bandes,  continu,  puis  sectionné  à  vo- 
lonté, ces  termes  provenant  des  anciens  pa- 
piers à  la  forme  :  jésus,  raisin,  cavalier,  co- 
lombier, etc.,  n'ont  plus  de  raison  d'être, 
plus  de  sens  :  il  n'y  a  plus  de  forme  d'abord; 
il  n'y  a  plus  de  monogramme  du  Christ, 
plus  de  grappe  de  raisin,  plus  de  cavalier, 
de  colombe,  etc.,  en  filigrane  dans  la  pâte 
du  papier  ;  lien  n'en  fait  plus  reconnaître  à 
première  vue  l'espèce  et  les  dimensions.  11 
serait  donc  bien  plus  logique,  plus  clair  et 
plus  simple  de  désigner  présentement  les 
formats  par  leurs  dimensions  réelles,  expri- 
mées en  centimètres  ou  en  millimètres  ;  au 
lieu  d'in-8  jésus,  de  dire  o  m.  175  sur 
o  m.  275,  ou,  par  abréviation,  17s  X  275  ; 
au  lieu  d'in-i8  jésus,  o  m .  117  sur  0  m.  183 
(117X183). 

D'autant  plus  qu'avec  le  système  bâtard 
actuellement  en  usage,  on  arrive  à  des  résul- 
tats singuliers  :  un  volume  de  format  in-4, 
par  exemple,  se  trouve  être  plus  petit  qu'un 
volume  de  format  in-8,  un  in-8  plus  petit 
qu'un  in-12,  etc.  (in-4  écu  =  0,20  X  0,26; 
in-8  colombier  :=:  0,205  X  0,315  ;  in-8 
écu  =  0,13  X  0,20  ;  in-12  jésus  =  o,i38x 
0,233  ;  etc.). 

...  Chaque  première  page  d'une  feuille 
porte,  dans  sa  partie  inférieure  de  droite, 
sous  la  dernière  ligne  ou  ligne  de  queue,  un 
chiffre,  dit  sli^nature,  qui  indique  le  numéro 
de  cette  feuille. 

La  signature  permet,  ou  plutôt  devrait 
permettre  de  déterminer  facilement  le  format 
d'un  livre. 

Puisque  nous  savons,  par  exemple,  que 
rin-4  a  sa  feuille  pliée  de  façon  à  donner  8 
pages,  il  est  clair  que  la  deuxième  feuille 
commencera  à  la  page  9  (8  +  ')  ^^  ^^^  ^'^^^ 
au  bas  de  cette  page  9  que  figurera  la  signa- 
ture 2.  Le  chiffre  3  se  trouvera  de  même  au 
bas  de  la  page  17  (8  +  8  +  i)  ;  le  4,  au 
bas  de  la  page  25  (S  +  8  -|-  8  -(-   i)  ;  etc. 

Mais  les  feuilles  destinées  à  fournir  beau- 
coup de  pages,  à  fournir,  pour  préciser,  des 
formats  plus  petits  que  l'in-S,  ne  se  plie- 
raient pas  aisément  en  un  aussi  grand  nom- 
bre de  fois^  surtout  si  le  papier   était  un  peu 


fort,  on  le  comprend  de  reste  ;  elles  renfle- 
raient, gondoleraient,  auraient  trop  gros  dos, 
et  se  prêteraient  difficilement  au  brochage  ou 
à  la  reliure.  Parfois  même  V imposition,  per- 
mettant, après  le  tirage,  de  plier  la  feuille 
dans  l'ordre  numérique  des  pages,  ne  pour- 
rait pas  s'effectuer.  On  sectionne  donc  ces 
feuilles,  on  les  partage  en  cahiers,  cartons 
ou  en  arts,  qui  tous  nécessairement  portent 
aussi  une  signature,  afin  qu'on  puisse  les 
classer  et  assembler,  d'où  une  nouvelle  cause 
de  confusion  pour  la  détermination  du  for- 
mat. Chaque  feuille  d'un  volume  in-12,  par 
exemple  (24  pages),  au  lieu  d'être  entière, 
pourra  se  composer  de  deux  cahiers,  l'un 
in-8  (16  pages)  et  l'autre  in-4  (^  pag^s),  re- 
cevant chacun  une  signature.  Chaque  feuille 
d'un  volume  in- 18  (36  pages)  pourra  se  faire 
en  deux  cahiers,  l'un  in-12  (24  pages)  et 
l'autre  in-6  (12  pages)  ;  ou  bien  en  trois 
cahiers  de  12  pages  chacun  et  ayant  tous  les 
trois  leur  signature  propre.  Souvent  même 
ces  divisions  sont  encore  plus  compliquées. 
Ajoutons  que  la  signature  d'un  carton  ou 
encart  est  d'ordinaire  la  même  que  celle  du 
cahier  dans  lequel  il  doit  entrer,  être  eticartè; 
la  seule  distinction  consiste  dans  l'addition 
d'un  point  au  pied  du  chiffre,  indice  de  cette 
signature.  Ainsi  la  signature  i.  sur  un  car- 
ton indique  que  ce  carton  doit  entrer  dans 
le  cahier  signé  i  ;  le  carton  signé  2.  dans  le 
cahier  2  ;  3.  dans  le  3  ;  etc. 

Diable  de  fille  (LU  ;  LUI  ;  LIV,  539). 
—  Un  changement  de  nombre  suffit  pour 
mettre  en  évidence  le  rôle  du  diable  dans 
cette  locution   -  exclamative  ou  non. 

Ces  diables  de  gens  {Suite  du  Ment.  I,  i). 
Et  tu  m'oses  jouer  de  ces  diables  de  tours  ! 
(Mol.,  Sgan.   ô). 
Quels  diables  de  propos  metenez-vousdonclà? 

(Gresset)  . 
De  vos  diables  de  vers  détestant  la  manie  1 

(PiRON,  M.éiroin.  1,8). 
Ces  diantres  de  chemins  (Sévigné,  335). 

Diables  est  ici  adjectif,  il  s'agit  en  effet 
de  tours  diaboliques  de  méchantes  gens,  de 
propos  insensés,  de  mauvais  vers^  de  vilains 
cliemins.  De  même  au  féminin  : 

Quelle  diable  de  conversation  [Pourc.  1,8). 

Q^uelle  diable  de  fantaisie  {Mal.  imag.  I). 

Cette  diable  de  femme  !  Hamilton,  Gram). 

Quelle  diantre  de  cérémonie  est-ce  là  ? 
{V Avare,  111,  5). 

signifient  :  quelle  conversation  singii- 
licre.,  quelle  fantaisie  étrange,  cette  femme 
déconcertante,  endiablée,  cette  cérémonie 
bimane,  et  diable  est  encore  adjectif.  C'est 
la  doctrine  de  Littré,  précise,  formelle, 
cette   fois.  «  On  remarquera  que,  en  cet 


N»  1128. 


L'INTERMEDIAIRE 


647 


648 


emploi,  diable,  si  le  substantif  est  fémi- 
nin (?)  devient  adjectif;»  (II,  1 145-12).  De 
sorte  qu'on  n'hésitera  pas  à  écrire  au 
pluriel  :  Diable;;  de  filles.  Mais  que  devient 
l'accord  en  genre?  —L'exception,  plutôt 
curieuse,  n'est  pas  réelle,  car  il  faut  le 
dire,  avec  toute  la  modestie  que  cette  cons- 
tatation impose...  ange  n'a  pas  de  fémi- 
nin !  Victor  Hugo  a  bien  écrit  : 
Par  votreange  envolée  ainsi  qu'une  colombe, 

mais  de  la  syllepse,  résulte  comme  un  mi- 
rage, et  c'est  la  princesse  Marie  d'Orléans 
qui  apparaît  entre  deux  immortalités.  Par 
un  juste  retour,  diable  n'en  a  pas  davan- 
tage, il  est  masculin  au  sens  propre  ;  et 
au  figuré,  il  garde  la  même  signification, 
sinon  le  même  rôle  ! 

Cette  diablesse  de  Mme  R***(SÉviGNt,  17, 

I,  89). 

Votre  diablesse  d'imagination  (Volt.  Fréd. 
129). 

Littré,  en  effet,  semble  établir  une  dis- 
tinction, suivant  qu'il  s'agit  du  masculin, 
du  féminin  ou  du  pluriel,  et  il  renvoie  à 
«  la  construction  de  DE  entre  un  substan- 
tif... et  un  autre  substantif,  dans  laquelle 
le  nom  construit  avec  de  ne  fait  que  dé 
terminer  le  nom  précédent  »,  puis,  do- 
miné sans  doute  par  l'analogie  grecque  ou 
latine ('Po' Je?  h  -j-nso^^^V île  deRhodes;  flmnen 
Arar  auoo),  il  analyse  :  complément  dé- 
terminatif  ou  apposition  : 

«  Un  fripon  d'enfant  (La  Font.  IX,  2), 
«  c'est  un  fripon  qui  est  un  enfant  ;  Mon  bour- 
be reau  de  maître,  c'est  mon  bourre.ui  qui  est 
«  mon  maître   et   ainsi  de  suite  »,   ajoute-t-il 

(H.  957-3°)- 
De  sorte   que 

Un  diable  de  ménage  {suite  du  Ment.  I,  i) 
serait  non  point  un  ménage  infernal.^ 
mais  un  diable  qui  serait  un  ménage  — 
ou  ménager  ? 

Sa  chienne  de  face  {Ecole  des  F.  IV,  2) 
donnerait  :  sa  chienne  qui  est  sa  face  ,  à 
moins  que  ce  ne  soit  sa  figure  qui  est 
cynique  ? 

t'n  diable  de  neveu 

Me  fait  par  ces  excès  mourir  à  petit  feu 
[Métiom.  II,  4) 

C'est  ce  qui  fa  obligée  de  signer  ce  diantre 
de  formulaire  (Sévigné,  20,  XI,  64). 

On  a,  dans  ces  citations,  des  exemples 
de  gallicismes  différents  et  de  généralisa- 
tions outrées  :  Cette  diable  de  femme,  ce 
démon  de  femme  (Sga'harulle  ?)  ne  sauraient 
se  résoudre  en  éléments  analytiques  sem- 


blables ;  Un  saint  homme  de  chat  (La  Font. 
vil,  16)  n'est  pas  un  saint  qui  serait  un 
chat,  mais  un  chat  qui  pose  pour  la  sain- 
teté ;  dans  Ce  nigaud  de  Louis,  c'est  Louis 
qui  est  suspecté  de  niaiserie  ;  C'est  une 
drôle  d'idée,  c'est  insensé  de  raisonner  ainsi  ! 
donne  à  l'analyse  :  de  raisonner  ainsi, 
cela  est  insensé,  cela  en  est  une  d'idit 
drôle!   Conclusion,  voir  LIV-S39. 

POËNSIN-DUCREST. 


Partir  à...  ou  parlir  pour  (HV, 
454),  —  j'ai  entendu  aussi  :  «  Partir  sur 
Paris  »  ;  tout  cela  me  semble  également 
mauvais.  Ne  devrait-on  pas  dire  :  Partir 
^oMr,  aller  à...  Partir  sur  la  route  de... 
Partir  dans  la  direction  de... 

Ou  mieux  :  Partir  vers. . . 

Mais  pourvu  qu'on  soit  compris  !,.. 

Sglpn. 

*  * 

«  Partir  à  »  au  lieu  de  s<  partir  pour  » 
n'est  pas  français,  mais  tend  à  s'intro- 
duire dans  la  langue,  et  je  crains  fort 
qu'il  n'y  réussisse,  à  voir  la  façon  fré- 
quente dont  on  emploie  aujourd'hui  cette 
locution. 

Ce  sera  grand  dommage,  car,  si  l'on 
doit  admettre  les  mots  nouveaux  expri- 
mant des  choses  qui  n'ont  pas  encore  de 
vocable,  je  ne  saisis  pas  très  bien  l'utilité 
qu'il  peut  y  avoir  à  créer  des  expressions 
qui  font  double  emploi  avec  celles  qui 
existent  déjà. 

Pourquoi  s'efforcer,  par  exemple,  d'in- 
troduire le  mot  «  solutionner  >>  alors  que 
nous  possédons  «  résoudre  »  ?  Tout  au 
plus  pourrait-on  l'adopter,  en  style  de 
laboratoire,  pour  signifier  «  faire  une 
solution  »,  et  encore...  ! 

Si  l'on  adopte  «  partir  à  ^  pourquoi  ne 
dirait-on  pas  aussi  «  aller  pour  »  ^ 

Je  prévois  l'objection  que  l'on  ne  man- 
quera pas  de  faire  :  la  langue  française, 
comme  toute  langue  vivante,  est  essen- 
tiellement changeante,  et  elle  est  gou- 
vernée par  l'usage  dont  les  grammairiens, 
comme  l'Académie,  doivent  enregistrer 
les  volontés  souveraines.  Lorsque  l'usage 
de  dire  «  partir  à  »  se  sera  définitive^ 
ment  établi,  il  faudra  bien  s'y  soumet- 
tre. 

En  admettant  que  tout  cela  soit  vrai, 
il  faut  cependant  reconnaître  qu'à  l'heure 
actuelle,  <,<  partir  à  »  comme  «  causer  à  » 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX               30  Octobre  1906. 
649 650     


et  «  malgré  que  »  (1)  n'appartient  qu'au 
«stvle  parisien  >  pour  employer  l'expres- 
sion quelque  peu  ironique  de  M.  Faguet. 
C'est  une  locution  qui  doit  sa  fortune,  pour 
une  bonne  part  aux  reporters  qui  l'em- 
ploient chaque  jour  dans  leurs  articles  rédi- 
gés à  la  hâte,  et  qu'ils  n'ont  certainement 
pas  la  prétention  de  donner  comme  des 
modèles  de  correction.  (On  écrirait  un 
chapitre  bien  intéressant  à  propos  de  Tin- 
flucnce  du  journalisme  sur  les  transfor- 
mations de  la  langue  à  notre  époque). 

C'est  l'usage,  dira-t-on,  et  l'on  croit 
avoir  tout  dit  ! 

Mais  il  y  a  usage  et  usage.  Or,  c'est  le 
bon  us»ge  qui  est  le  maître  de  la  langue, 
d'où  il  suit  «  que  ceux-là  se  trompent 
«  qui  en  donnent  toute  la  juridiction  au 
«  peuple,  abusés  par  l'exemple  de  la  lan- 
«  gue  latine  mal  entendu,  laquelle,  à  la 
«  vérité,  reconnaît  le  peuple  pour  son 
\<  souverain  :  et  ils  ne  considèrent  pas  la 
«  différence  qu'il  y  a  entre  «  Populus  »  en 
«  latin  et  «  peuple  »  en  français,  et  que 
«  ce  mot  de  peuple  ne  signifie  aujour- 
«  d'hui  pour  nous  que  ce  que  les  Latins 
«  appellent  «  plebs  »  qui  est  une  chose 
«  bien  différente  et  au-dessous  de  «  popu- 
«  lus  >^  en  leur  langue...  Selon  nous,  /^ 
«  piitple  n'est  le  maître  que  du  mauvais 
«  usnge^  et  le  bon  usage  est  le  maître  de 
«  notre  langue.  » 

Ainsi  s'exprime  Vaugelas,  et  je  crois 
qu'il  a  raison,  jadis  le  bon  usage  était 
celui  «  dont  la  plus  saine  partie  de  la 
Cour  et  des  auteurs  du  temps  étaient 
d'accord.  »  Aujourd'hui  qu'il  n'y  a  plus 
de  Cour,  c'est  chez  les  bons  auteurs  qu'il 
faut  aller  le  chercher  :  je  doute  que  l'on 
y  trouve  beaucoup  d'exemples  de  «  par- 
tir à*.  Le  vicomte  de  Bonald. 

S*inte-Beuve  (T.G.813).  —Alfred 
de  Vigny  et  Samte-Beuve.  Un  ar- 
ticle non  recueilli  de  l'auteur 
des  «  Lundis  >".  —  M.  Jules  Troubat, 
qui  a  réuni,  avec  tant  de  soins  et  souvent 
avec  beaucoup  de  difficultés,  les  articles 
qui  forment  les  trois  volumes  des  Pre- 
miers  Lundis,  écrivait,en  1874, dans  Lavant- 
propos  de  ce  recueil  : 


(i)  Malgré  que  n'est  français  que   dans  la 
locution    «  malgré    qu'il   en  ait  »  et   autres 
semblables  où  le  verbe  avoir  est  pris  dans  ce 
inénie  sens. 


«  Nous  avons  tâché  de  rendre  cette  collec- 
tion aussi  complète  et  définitive  que  possible. 
11  se  peut  néanmoins  que  quelque  morceau 
important  nous  ait  échappé  ;  et  dans  ce  cas 
nous  serions  reconnaissant  au  lecteur  qui 
voudrait  bien  nous  signaler  des  lac.nies  de 
ce  gsnre  :  elles  disparaîtraient  dans  un  der- 
nier volume  de  Mélanges». 

Depuis,  en  1896,  M.  Victor  Giraud  a 
signalé  {Revue  d' Histoire  littéraire  de  la 
France,  111,613-615)  Quelques  articles  per- 
dus de  Sainte-Beuve  ;  et,  en  1904, 
dans  la  Bibliographie  de  Sainte-Beuve  que 
nous  avons  dressée  à  l'occasion  du  cente- 
naire de  la  naissance  du  critique  {Le  Livre 
if  or  de  Sainte-Beuve,^).  3  53-440)  nous 
disions  : 

«Le  Catalogue  des  autographes  composant 
le  Cabinet  de  feu  M.  Antoine  de  Latour 
(Paris,  E.  Charavay,  1885;  in-8),  mentionne, 
sous  le  n"  143,  une  lettre  d'Alfred  de  Vigny), 
du  II  mai  1834,  adressée  «  à  un  ami  », 
pour  le  féliciter  de  «  son  bel  article  sur  La 
Menrais  et  lui  rappeler  celui  qu'il  a  promis 
de  faire  sur  le  peintre  Ziégler».  Or,  la 
Rev .  des  D.M.  avait  publié  le  i»'  mai  un 
article  sur  les  Paroles  tfuii  Croyant  \  et,  le 
15  mai,  à  la  fin  de  la  Chronique  de  quin- 
:^aine,  on  pouvait  lire  (p.  495-6)  une  '  note 
anonyme  sur  Eloa  ou  la  sceur  des  anges,  par 
M.  Zicgler,  compositions  au  trait  sur  le 
poème  de  M.Alfred  ds  Vigny.  L'article  du 
i"'  mai  étant  de  S.-B.,  il  y  avait  tout  lieu 
de  penser  que  la  note  du  15  est  de  lui  et  que 
le  correspondant  du  Poète  n'est  autre  que  le 
Critique.  Il  ne  peut  plus  y  avoir  de  doute,  si 
l'on  remarque  que  tout  le  passage  relatif  à 
Eloa  et  à  Vigny,  dans  la  note  sur  Ziégler,  se 
retrouve    dans    l'étude    de    S.-B.  sur  M.  de 

Vigny,  insérée  le  15  octobre  1835  dans  la 
Rev.  des  D.-M.  Voici  notamment  quelques 
lignes  empruntées  à  l'une  (p.  496)  et  repro- 
duites dans  l'autre  (p.  218)  :  Or,  suivant 
nous,  toute  poésie  de  M.  Alfred  de  Vigny 
est  engendrée  par  un  procédé  asse{  semblable, 
par  un  mode  de  transfiguration  exquise  et 
merveilleuse  [Dans  le  nouveau  texte,  il  y 
a  :  aussi  merveilleuse,  bien  que  plus  doulou- 
reuse.\  Il  ne  donne  jamais  dans  ses  vers, 
ses  larmes  à  l'état  de  larmes,  mais  il  les  mé- 
tamorphose, il  en  fait  cclorc  des  êtres  comme 
Dolorida,  S  v  met  lia,  Eloa.  S'il  veut  exhaler 
les  ansoisses  du  génie  et  la  solitude  de  cœur 
du  poète,  il  ne  f'en  décharge  pas  directement 
par  une  effusion  toute  lyrique,  comme  le 
ferait  M.  de  Lamartine,  mais  il  crée 
Moïse  » . 

La  lettre  d'Alfred  de  Vigny,  du  1 1 
mai  1834,  n'a  pas  été  retrouvée.  —  Peut- 
être  se  trouve-t-elle  entre  les  mains  de 
l'un  de  nos  aimables  collaborateurs?  — 


M.   1128, 


L'INTERMÉDIAIRE 


651 


mais  voici  la  réponse  de  Sainte-Beuve 
que  M.  Louis  Gillet  vient  de  publier 
(Lettres  de  Sainte-Beuve  à  Alfred  de  Vi- 
gny^ Revue  de  Paris ^  i  5  août  1906,  p.  700)  : 

Je  n'avais  pas  oublié,  mon  cher  ami,  la 
page  sur  M.  Ziégler,  elle  est  faite  et  à  Tim- 
primerie.  Si  elle  n'a  pas  été  donnée  à  temps 
pour  l'autre  numéro,  c'est  qu'outre  cet  ar- 
ticle de  Lamennais  à  faire,  je  n'avais  pas  en- 
core reçu  le  livre  qui  ne  m'est  arrivé  que  la 
veille  de  mai  [sic]  au  soir,  et  je  voulais  relire 
Eloa. 

Votre  bien  dévoué  de  cœur, 

Sainte-Beuve, 
Ce  12  mai  [1834] . 

L'article  est  donc  bien  de  Sainte-Beuve  ; 
aussi,  les  premières  années  de  la  Revue 
des  Deux-Mondes  étant  fort  rares  et  man- 
quant à  beaucoup  de  collections,  nous 
avons  pensé  être  agréable  aux  admira- 
teurs de  Vigny  et  de  Sainte-Beuve  en  re- 
produisant cette  page,  avec  la  bienveil- 
lante autorisation  de  M.  Jules  Troubat  et 
de  MM.  Calmann-Lévy.  J.  Ct. 

Eloa,  ou  la  sœur  des  anges,  par 
M.  Ziégler,  compositions  au  trait  sur 
LE  poème  de  m.  Alfred  de  Vigny.  — 
C'est  une  heureuse  idée  que  d'avoir  voulu 
appliquer  cette  manière  au  trait  de  Flaxman 
et  de  Cornélius  à  une  œuvre  française,  h 
tloa,  à  cette  Béatrix  déchue,  à  cette  Margue- 
rite si  angélique  aussi,  quoique  abusée.  Il  y 
a  d'ailleurs,  dans  le  talent  et  la  manière  de 
M.  Ziégler,  des  affinités  secrètes  qui  devaient 
diriger  le  choix  de  son  crayon  sur  M.  Alfred 
de  Vigny  préférablement  à  tout  autre.  Ce  qui 
semble  distinguer  jusqu'ici 
les  artistes  ses  contemporains,  c'est  une 
fine  et  savante,  une  étude  lente  et  conscien- 
cieuse qui  n'ôte  rien  à  la  délicatesse  ni  à 
l'efflorescence,  c'est  une  inspiration  méditée, 
élaborée  et  sincère.  Or  ces  traits,  dont 
M.  Ziégler  nous  offre  quelques-uns,  sont 
applicables  surtout  à  M.  Alfred  de  Vigny  et  à 
sa  muse  d'un  goût  si  rare.  Au  commence- 
ment d'Eloa,  on  voit  naître  cette  vierge- 
archange  d'une  larme  que  Jésus  a  versée  sur 
Lazare  mort.  La  divine  larme  est  recueillie 
par  l'urne  de  diamant  des  séraphins,  et  por- 
tée aux  pieds  de  l'Eternel,  dont  un  regard  y 
fait  éclore  une  forme  blanche  et  grandissante. 
M,  Ziégler  a  montré  cette  présentation  de 
la  divine  larme  dans  la  première  de  ses  com- 
positions. Or,  suivant  nous,  toute  poésie  de 
M.  Alfred  de  Vigny  est  engendrée  par  un 
procédé  assez  semblable,  par  un  mode  de 
tranfiguration  exquise  et  merveilleuse.  Il  ne 
donne  jamais  dans  ses  vers  ses  larmes  à  l'état 
de  larmes,  mais  il  les  métaniorphose,  il  en 
fait  éclore  des  êtres  comme   Dolorida,  Symé- 


652     

exhaler   les  angoisses  du 
de    cœur  du  poète,  il   ne 


M.  Ziégler  entre 

grâce 


tha,  Eloa.  S'il  veut 
génie  et  la  solitude 

s'en  décharge  pas  directement  par  une  effu- 
sion toute  lyrique,  comme  le  ferait  IVl.  de  La- 
martine, mais  il  crée  Moïse^,  Un  tel  poète  est 
favorable,  on  le  sent,  au  crayon,  et  il  pré- 
sente, jusque  dans  son  monde  le  plus  idéal, 
des  tableaux  et  des  formes  qui  se  peuvent 
saisir.  Girodet,  s'il  eût  vécu,  et  s'il  se  fût 
appliqué  à  ce  jeune  poète  qu'il  aimait  déjà, 
y  eût  excellé  plus  que  personne.  L'œuvre  de 
iM.  Ziégler  sur  Eloa  se  compose  de  douze 
dessins,  dont  les  sujets  sont  :  1"  La  présenta- 
tion de  la  divine  larme  dans  l'urne  par  deux 
séraphins  ;  2°  l'éclosion  de  la  vierge-archange, 
dont  l'aile  tout  d'abord  s'enfle  du  bonheur 
de  vivre  et  qui  répond  me  voilà  à  l'ordre  de 
Dieu  ;  3°  la  modestie  pudique,  l'aile  rubani- 
sée  et  les  yeux  voilés  de  la  vierge  sous  les 
hommages  et  les  pluies  de  fleurs  que  lui  pro- 
diguent ses  compagnes  ;  4°  sa  studieuse  gra- 
vité au  milieu  des  anges  réunis  pour  l'ins- 
truire ;  cette  composition  nous  a  semblé  la 
plus  belle  de  toutes  peut-être.  L'œil  ouvert 
et  attentif  d'Eloa,  lorsqu'on  lui  raconte 
l'ange  déchu,  contraste  avec  toutes  les  pau- 
pières baissées  des  anges  enseignans  : 

Et  l'on  crut  qu'Eloa  le  maudirait...  mais  non, 
L'ellroi  nailéra  point  son  paisible  visage. 

La  cinquième  composition,  qui  exprime  sa 
rêverie  solitaire  et  vague  aux  confins  du  ciel, 
est  d'une  expressive  simplicité.  Les  suivantes 
représentent  les  diverses  scènes  à  distance 
avec  l'archange  mystérieux  qu'elle  a  enfin 
aperçu.  Mais  les  deux  dernières,  par  leur 
contraste  rapide,  traduisent  surtout  admira- 
blement la  pensée  du  poè'e.  Cet  archange  si 
soumis,  si  suppliant  et  si  beau,  qui,  par  la 
magie  de  sa  prunelle,  force  la  vierge  pure, 
la  fille  d'une  larme  de  Jésus,  à  descendre 
vers  lui,  tremblante  et  subjuguée,  de  même 
que  Béatrix  élevait  Dante  aux  sphères  du 
ciel  par  la  force  de  son  regard,  cet  archange 
est  le  même  qui,  l'instant  d'après,  ravit  et 
froisse  d'un  bras  impitoyable  la  vierge  qui  a 
cédé.  Le  moment  qui  précède  et  le  moment 
qui  suit  toute  séduction  trouvent  là  des  types 
accomplis  qui,  une  fois  vus,  ne  s'oublient 
pas.  Le  dessinateur  a  dégagé  et  rendu  plus 
réelle  la  moralité  et  le  sens  final  du  poème. 
Félicitons  M.  Ziégler  d'avoir  donné  chez  nous 
l'exemple  de  cette  manière  simple,  en  même 
temps  que  profonde  et  sentie,  d'illustrer  de 
belles  œuvres  et  d'interpréter  un  art  par  un 
autre. 


Rabelais  et  Pascal  (LU  ;  LUI,  37). 

—  Marguerite  de  Navarre  {Dernières  poé- 
sies^ p.  212-3) • 

Je  suis  qui  suis  fin  et  commencement 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30   Octobre  1906. 


655 


654 


Celui  qui  est  fait  du  tout  ce   qu'il  veut 
Du  cercle  rond  sans  la  circonférence 

Le  cercle  suis  dont  toute  chose  vient. 

Marsile  Ficin  {Tbéologicc  Platoaîcœ]  de 
Iiiimorfalitab  aniiiiœ,  1641,  p.  393)  : 

<»  Quid  igitur  Deus  ?  Circulus  spiritua- 
lis,  cujus  centrum  est  ubique,  circumfe- 
rentia  nusquam.  » 

Cusa.  (De  ludo  globi^  15 '4'  P-  229^: 
«  Deus  circulus,  cujus  centrum  est  ubi- 
que. »  Même  image  dans  Gerson  (éd. 
1606,  t.  I,  p.  366)  et  Vincent  de  Beau- 
vais  (Spéculum  naturah^  t.  1,  p.  4). 

La  source  dont  Rabelais  tira  sa  défini- 
tion, c'est  très  propablement  X  Ordre  de 
Chevalerie  de  son  ami  Symphorien  Cham- 
pier  (1510)  qui  débute  ainsi  : 

A  l'honneur  d'iceluy,  qui  par  sa  provi- 
dence coUoca  la  terre  au  centre  du  monde..., 
qui  est  une  sphère  inintelligible,  duquel  le 
centre  est  partout  et  la  circonférence  en 
nul  lieu. 

(Voy .  la  Revue  des  Etudes  rabelaisiennes, 
1906,  fasc.  III,  p.  264-7).  J-  B. 

Autobus  (LIV,  337,  426,  484).  —  Ce 
mot  excite  la  sympathique  curiosité  d'un 
correspondant  anglais  de  Notes  and  Qiie- 
ries,  et  cela  se  comprend,  le  mot  bus  étant 
depuis  longtemps  d'usage  courant  en  An- 
gleterre pour  désigner  les  voitures  publi- 
ques. 

Quant  à  moi,  vieux  parisien,  je  n'ai 
jamais,  dans  aucune  classe  de  la  société, 
entendu  personne  se  servir  du  mot  bus. 

Du  reste,  je  n'ai  pas  la  prétention  de 
m'élever  contre  l'éclosion  spontanée  de 
ce  néologisme  qui,  au  point  de  vue  éty- 
mologique, figurera  en  bonne  place  avec 
beaucoup  d'autres  servant  à  désigner 
toutes  sortes  d'inventions  nouvelles  en 
drogueries,  cirages  spéciaux,  etc.,  etc. 

Old  Pot. 

«  Les  voilà  »...(T.  G.,  134  L;  IV,  110, 
360).  —  Je  rectifie  mon  indication.  C'est 
sous  la  rubrique  Boufflers  ou  d' Epinav  ? 
Madrigal,  que  Ton  trouve  cette  question 
traitée  en  1883  (vol.  XVI,  449.  502,537). 

PlETRO. 

En  purette  (LIV,  504).  —  Etre  en  pu- 
rette  ne  veut  pas  dire  tout  à  fait  en  che- 
mise, c'est  au  contraire  par  :  sans  che- 
mise et  nu,  qu'il  faut  comprendre  ce  mot. 


Tous  les  dictionnaires  le  traduisentpar  :  pur 
être:   in puris  naturalibus.     E.  Grave. 

Excusez   du  peu  !  (LIII^.    —    Bien 

avant  Rossini  (1867)  et  Jules  janin  [Jour- 
nal des  enfants^  1840),  Balzac  avait  em- 
ployé cette  locution .  Dans  le  Colonel 
Chabert,  écrit  en  février-mars  1832  (édi- 
tion de  la  Librairie  nouvelle, Paris,  1856  ; 
volume  intitulé  Honorine,  le  Colonel  Cha- 
bert, etc.,  p.  1 11),  on  lit  :  «  Murât  vint 
à  mon  secours, il  me  passa  sur  le  corps, lui 
et  tout  son  monde,  quinze  cents  hommes, 
excusez  du  peu  !  »  Albert  Cim. 

Reprendre  du  poil  de  la  bête 

(LIV,  504).  —  Parce  que,  quand  on  a  été 
désarçonné,  on   reprend  la  crinière  de  la 

bête  pour  remonter  dessus.     Curiosus. 

* 

Les  ivrognes,  au  lendemain  d'une 
orgie,  se  remettent  à  boire,  disant  qu'il 
n'est  meilleur  moyen  de  retrouver  son 
état  normal,  opinion  généralement  accep- 
tée en  Poitou.  Cela  s'appelle  se  guérir 
avec  \e poil  de  la  bête.  Cette  réponse  d'à- 
côté  aidera  à  déterminer  le  sens  cherché, 

LÉDA. 

Envoyer  à  l'ours  (LIV,  281,  429, 
546).  —  Le  niot  «  ours  »  de  cette  locu- 
tion ne  serait-il  pas  la  corruption  d'un 
terme  argotique  '^ 

L'hôpital  de  Loiuxine  était,  je  crois, 
autrefois  un  hôpital-prison,  dans  le  genre 
de  notre  Saint-Lazare  actuel,  où  étaient 
envoyées  d'office  les  avariées  préfecto- 
rales. Et,  dans  un  monde  spécial,  on  a  pu 
dire  par  apocope  :  «  une  telle  a  été  envoyée 
à  Lource  »,  comme  on  dit  aujourd'hui,  à 
Saint-Lago, 

Une  autre  explication  peut  être  suggé- 
rée :  l'ancienne  prison  de  la  Force  était 
communément  nommée  en  argot  «  Lorce- 
fée  »  (voir  \c  Nouveau  dictionnaire  d'argot 
par  un  ex- chef  de  brigade  sous  M.Vidocq, 
Paris  1829).  Or,  de  Lorcefée  à  l'Ours, 
pour  qui  connaît  l'extrême  mobilité  de  la 
formation  argotique,  il  n'y  a  pas  loin,  et, 
par  les  Bataillons  d'Afrique,  la  cloison  qui 
sépare  la  caserne  du  monde  de  la  Pègre 
n'est  pas  absolument  étanche.  Cela  peut 
expliquer  la  localisation  de  l'expression 
«  Envoyer  à  l'Ours  »  dans  le  monde 
militaire,  où   elle  aura  trouvé  son  havre. 

W.  B.    SULPHOCA. 


Mo  iiaâ. 


L'INTERMÉDIAIRE 


659 


660 


Biographie,  Béranger  n'est  pas  très  expli- 
cite. Cependant,  il  insiste  sur  ce  grenier 
qu'il  habita  en  1800  et  1801. 

11  parle  d'une  mansarde  sur  le  boule- 
vard —  et  paraît  vouloir  dire  qu'elle 
donne  du  côté  du  boulevard,  mais  il  ne 
dit  pas  qu'elle  y  a  vue  ;  il  ne  fait  même 
aucune  allusion  à  la  vie  de  la  rue  ;  son  re- 
gard ne  descend  pas  :  il  plane. 

J'habitais  une  mansarde  au  sixième  étage, 
sur  le  boulevard  Saint-Martin.  De  quelle 
belle  vue  je  jouissais  là  !  Qi,ie  j'aimais, le  soir, 
planer  sur  l'immense  ville,  lorsqu'aux  bruits 
qui  s  élèvent  sans  cesse,  venait  se  mêler 
le  bruit  de  quelque  orage.  Je  m'étais  installé 
dans  ce  grenier  avec  une  satisfaction  indici- 
ble, sans  argent,  sans  certitude  d'avenir,  mais 
heureux  d'être  enfin  délivré  de  tant  de  mau- 
vaises affaires  qui,  depuis  mon  retour  à 
Paris,  n'avaient  cessé  de  froisser  mes  senti- 
ments et  mes  goûts. 

Et  plus  loin  : 

Mais  revenons  à  1801  ;  dans  mon  grenier 
du  boulevard  Saint-Martin. 

La  Société  des  Eclectiques  (LIV, 
453,  604).  — Je  suis  au  nombre  des  sur- 
vivants, bien  peu  nombreux,  je  crois,  qui 
prirent  part  à  la  fondation  de  ce  dîner 
mensuel  imaginé  par  Aglaiis  Bouvenne 
et  Alexis  Martin,  et  inauguré  le  8  avril 
1872.  Le  nombre  des  membres  ne  devait 
pas,  au  début,  excéder  vingt,  mais  cet 
article  du  règlement  quelque  peu  draco  - 
nien,  promulgué  par  le  brave  Bouvenne, 
fut,  si  je  ne  me  trompe,  modifié  plus  tard. 
Le  personnel  primitif  se  renouvela  d'ail- 
leurs plusieurs  fois,  à  l'exception  du  seul 
Alexis  Martin,  resté  jusqu'au  bout  fidèle 
à  l'œuvre  qu'il  avait  fondée.  Parmi  les 
convives  de  la  première  levée,  je  puis 
nommer  Edmond  Morin,  Frédéric  Règa- 
mey,  Charles  et  Karl  Fichot,  le  statuaire 
Emile  Guillemin,  les  frères  Flament,  ar- 
chitectes, Ernest  Causin,  caissier  de  l'im- 
primerie Lemercier,  etc.  D'autres  noms 
plus  ou  moins  obscurs  sont  sortis  de  ma 
mémoire  et  se  retrouveraient  dans  les 
procès-verbaux  de  chaque  séance,  car  il  y 
avait  des  procès-verbaux,  généralement 
facétieux,  en  vers  ou  en  prose,  autogra- 
phiés  à  petit  nombre.  Il  y  avait  aussi 
des  invitations  gravées  à  tour  de  rôle  par 
tous  ceux  d'entre  nous  qui  savaient  ma- 
nier la  pointe  ou  qui  s'y  essayaient. 

Si  beaucoup  de  ces  cartes  sont  médio- 


cres ou  même  pis,  il  en  est  de  charmantes 
dues  à  Edmond  Morin. et  à  Frédéric  Réga- 
mey  ;  l'une  de  celles-ci,  nous  conviant  a 
un  dîner  qui  tombait  le  2  décembre,  re- 
présentait un  Badinguet  émergeant  d'une 
soupière  et  la  censure  préalable  —  on 
était  encore  sous  le  régime  de  l'état  de 
siège  —  fit  mine  de  vouloir  interdire  sa 
distribution,  mais  on  s'expliqua  et  l'inci- 
dent n'eut  pas  de  suite. 

Les  réunions  n'avaient  pas  toujours 
lieu  au  même,  restaurant,  comme  le 
suppose  César  Birotteau,  et  quelques-unes 
même  se  tinrent,  au  printemps  et  en  été, 
dans  les  jardins  et  bosquets  de  la  banlieue. 
Mais,  ainsi  qu'il  advient  d'ordinaire  pour 
les  groupements  de  cette  nature,  la  mort, 
les  changements  de  résidences  ou  de  si- 
tuation, les  accidents  de  santé,  les  diver- 
gences politiques,  les  dissentiments  per- 
sonnels, firent  des  vides  dans  la  primitive 
phalange,  et  si  ht.  Société  des  Eclectiques 
eut  une  longévité  exceptionnelle,  je  ne 
sais  plus  rien  de  son  histoire  intérieure  à 
partir  du  moment  (1875  et  1876;  où  je 
cessai  d'en  faire  partie. 

Maurice  Tourneux. 

La  barbe  d'Henri  IV  et  le  mé- 
daillon de  Mlle  Pluche.  —  Henri  IV 
avait  de  la  barbe,  et  même  une  très  belle 
barbe,  il  n'est  un  français  qui  ne  le  sache. 
Lorsque  son  tombeau  fut  violé,  à  Saint- 
Denis,  il  apparut  admirablement  con- 
servé. On  le  plaça  debout  contre  un  pilier. 
D'abord,  il  fut  regardé  avec  une  curiosité 
craintive  et  presque  respectueuse.  Puis  la 
fureur  qui  animait  les  profanateurs  se  ma- 
nifesta en  brutalités  sur  ce  cadavre.  Il  fut 
jeté  à  terre  et  frappé.  Ce  fut  au  cours  de 
cette  scène  que  sa  barbe  fut  coupée.  Mais 
on  n'est  pas  d'accord  pour  dire  de  quelle 
manière  ni  par  qui. 

Un  médecin  fait  ce  récit  (Voyez  Inter- 
médiaire VII,  127): 

Mon  grand-père  du  côté  maternel,  le  comte 
de  J...  avait  été  élève  chez  les  bénédictins 
de  Lagny,  où  il  avait  eu,  pour  précepteur, 
l'un  d'eux,  nommé  Dom  Coutance, 

Quand  le  couvent  fut  fermé,  ce  moine, 
revêtu  d'habits  séculiers,  se  mêla  à  tous 
les  événements.  11  était  à  Saint-Denis  au 
milieu  des  furieux  qui  frappaient  à  coups 
de  sabre  le  cadavre  du  roi. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30    Octobre   1906. 


661 


662 


Dom  Coutance  profita  du  tumulte  et  de  la 
confusion  qui  accompagnèrent  cette  trjste 
scène  pour  se  saisir  d'une  grosse  poignée  de 
la  barbe  du  Béarnais,  dont  il  fît  cadeau  à  son 
ancien  élève,  comme  d'une  précieuse  reli- 
que. Mais  cette  relique  ne  m'est  pas  parve- 
nue :  mon  grand-père,  n'avait, comme  on  dit 
vulgairement,  rien  à  lui,  et  ce  qu'il  ne  don- 
nait pas,  il  le  laissait  le  prendre  aux  amis  : 
la  bnrbe  d'Henri  IV  est  sortie  de  ses  mains. 

Cette  version  ne  ressemble  pas  à  celle 
de  Lenoir  qui,  lui  aussi,  témoigne  que  la 
barbe  d'Henri  IV  a  été  dérobée  pendant 
cette  scène  d'odieux  tumulte. 

Une  femme  s'avança  vers  lui  et  lui  repro- 
chant le  crime  irrémissible  d'avoir  été  roi^  lui 
donna  un  soufflet,  et  le  fit  tomber  par  terre. 
Soit  que  les  militaires  aient, dans  le  caractère, 
plus  de  générosité,  soit  qu'ils  ne  considéras- 
sent Henri  IV  que  comme  un  grand  capi- 
taine, ils  ne  partagèrent  point,  en  cette  occa- 
sion, la  fureur  de  la  populace  ;  un  soldat  qui 
était  présent,  mû  par  un  martial  enthou- 
siasme, au  moment  de  l'ouverture  du  cer- 
cueil,se  précipita  sur  le  cadavre  du  vainqueur 
de  la  Ligue,  et,  après  un  long  silence  d'ad- 
miration, il  tira  son  sabré,  lui  coupa  une 
longue  mèche  de  sa  barbe  qui  était  encore 
fraîche,  s'écria  en  même  temps,  en  termes 
énergiques  et  vraiment  militaires  :  «  Et  moi 
aussi,  je  suis  soldat  français  !  Désormais  je 
n'aurai  pas  d'autre  moustache».  Et  plaçant 
cette  mèche  précieuse  sur  sa  lèvre  supérieure  : 
«  Maintenant,  je  suis  sûr  de  vaincre  les 
ennemis  de  la  France  et  je  marche  à  la  vic- 
toire. »  11  se  retira. 

On  se  demandera  après  ce  pillage  de 
la  barbe,  comment  le  célèbre  moulage  de 
la  tête  du  roi  qu'on  nous  dit  avoir  été  fait 
à  Saint-Denis,  porte  encore  trace  d'un 
aussi  abondant  ornement  pileux. 

Si  nous  tenons  ces  récits  pour  véridi- 
ques,  nous  nous  demanderons  également 
ce  que  ces  barbes  sont  devenues. 

Le  soldat  n'a  pas  dû  combattre  avec 
cette  moustache  postiche,  moins  héroïque 
que  ridicule  :  alors  qu'a-til  fait  de  son 
royal  trophée  ? 

Peut  être  iVl.  Léonce  Grasillier  nous 
apporte-t-il  la  réponse  à  cette  question 
dans  la  pièce  qu'on  va  lire  et  qu'il  copia, 
à  l'intention  de  \'Interiiiédiaiie,-dux  Archi- 
ves nationales.  Est-elle  inédite  ?  Nous  ne 
savons  pas  qu'elle  ait  été  éditée.  Le  D"' 
Billard  ne  la  cite  pas  dans  son  travail  sur 
les  tombeaux  de  Saint  Denis. Quoi  qu'il  en 
soit,  elle  figurera  honorablement  à  cette 
place,  et  nous  sera  un  nouveau  motif  de 
discussion. 


Voici,  dans  son  texte  fort  original,  ce 
curieux  manuscrit  : 

Hommage  fait  à  Sa.  Majesté  le  roi  de 
France  d'un  médaillon  reyifermant  de  la, 
barbe  de  bon  roi  Henry  IV,  son  auguste 
ayeul. 

Par  sa  dévouée  servante  et  fidelle  sujette 
Marie-Louise  Pluche,  native  de  Noyon,  ren- 
tière demeurant  à  Parisjue  du  Four  Saint- 
Germain,  n.  46. 

Celte  barbe  coupée  avec  le  sabre  de  l'un 
des  gardes  des  sépultures  royales  de  Saint- 
Denis,  à  la  figure  du  roi  Henry  IV,  lors  de 
l'exhumation  impie  des  tombeaux  de  cette 
église  royale, a  été  remise  de  suite,  à  son  ins- 
tante et  pressante  prière  à  M.  Maurice,  na- 
tif de  Nancy,  ancien  peintre  de  LL.  MM. 
Impériales  de  Russie  Elisabeth  et  Cathe- 
rine II,  qui  curieux  de  revoir  les  restes  de 
ses  anciens  souverains,  se  rendit  à  St-Denis, 
et  parvint  à  pénétrer  dans  les  soutterrains  de 
fabbave  avec  un  de  ses  amis  ancien  officier 
supérieur  des  gardes-françaises  qui  voulait 
aussi  jouir,  une  dernière  fois,  de  la  vue  de 
ces  royales  et  précieuses  reliques. 

M.  Maurice  qui  avait  habité  la  Russie, 
Moscou  plus  particulièrement,  pendant  15 
ans,  en  revint  pour  se  fixer  en  France,  et  se 
rapprocher  de  sa  vieille  mère,  avec  une  for- 
tune de  trente  mille  livres  de  rentes,  qu'il 
avait  amassée  par  son  travail, il  la  perdit  pen- 
dant la  Révolution,  ayant  été  incarcéré  pen- 
dant fort  longtemps  et  fut  sur  le  point  de 
perdre  la  tète  sur  l'échafaud  révolutionnaire. 

Cet  artiste  connu  de  tout  Paris  par  son  ta- 
lent, était  lié  avec  les  Princes  et  Grands  de 
Russie  qui  lui  témoignaient  une  vénération 
et  une  estime  toutes  particulières. 

II  a  pendant  tort  longtemps  fait  les  achats 
de  tableaux  et  d'antiquités  pour  Lord  Sey- 
raour  avec  lequel  il  était  lié  d'amitié. 

C'est  lui  qui  arrangea  la  belle  galerie  de 
tableaux  de  feu  Delaborde,  banquier  de  la 
Cour,  avec  lequel  il  était  également  lié 
d'amitié. 

Ces  antécédents  de  feu  M.  Maurice  sont 
consignés  ici  pour  donner  une  idée  de  son 
goût  particulier  et  faire  connaître  combien 
il  avait  de  satisfaction  de  posséder  ces  restes 
d'un  grand  roi,  qu'il  fit  mettre  avec  un  soin 
religieux  dans  un  médaillon  qui  est  ci-joint 
et  qu'il  s'empressait  de  faire  admirer  à  toutes 
ses  connaissances  qui  étaient  nombreuses. 

M.  Maurice  est  mort  en  mai  1820,  à  l'âge 
de  90  ans. 

Les  témoins  qui  attestent  avoir  vu  chez  ce 
peintre  le  médaillon  dont  il  s'agit  et  qui  en 
ont  signé  le  certificat  ci-annexé  sont  : 

1°  Le  jeune  Prince  Emmanuel  de  Galit- 
line  qui  habite  toujours  Paris,  avec  la  Prin- 
cesse sa  mèie  qui  honorait  M,  Maurice  d'une 
amitié  toute  particulière. 


N°    1:28. 


L'INTERMEDIAIRE 


663 


664 


2"  M.  Denon^  ami  inlime  de  M.  Maurice, 
lequel  a  gravé  son  portrait. 

3°  M.  Lange,  sculpteur  et  restaurateur  des 
antiques  du  Muséum,  ami  de  M.  Maurice. 

4»  M.  Langlois,  père,  peintre  en  minia- 
ture et  ami  de  M.  Maurice. 

s"  M.  Leroux,  ancien  commissaire  de  Po- 
lice depuis  la  restauration  et  maintenant  em- 
ployé près  de  M.  le  Préfet  de  Police,  M.  De- 
laveau. 

Ce  Médaillon  a  été  donné  par  M.  Maurice, 
avant  sa  mort,  ù  Mlle  Pluche  qui  lui  avait 
prodigué  ses  soins  pendant  12  ans  et  à  la- 
quelle il  portait  une  grande  amitié,  et  dans 
laquelle  il  avait  la  plus  entière  confiance,  il 
lui  a  fait  en  outre  un  testament  mobilier. 

Cette  demoiselle  désirant  faire  hommage 
de  ce  médaillon  à  Sa  Majesté,  à  laquelle  sa 
famille  et  elle  sont  dévouées  et  attachées  de 
cœur, elle  ose  prendre  la  liberté  d'avoir  l'hon- 
neur de  la  supplier  de  vouloir  bien  agréer  ce 
gage  de  son  amour  et  de  sa  fidélité  pour  l'au- 
guste famille  des  Bourbons. 

Elle  vous  supplie  de  vouloir  bien  agréer  le 
très  profond  respect  avec  lequel  elle  a  l'hon- 
neur d'être 

Sire, 

de  Votre  Auguste  Majesté 

La  très  dévouée  et  fidèle 
servante  et  sujette. 

M.  L.  Pluche. 

Paris,  le  23  mars  1824. 

Nous  soussignés  certifions  que  depuis  long- 
temps que  nous  connaissions  Ad.  Maurice, 
ancien  peintre,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en 
mai  1820,  nous  avons  toujours  vu  chez  lui, 
attaché  à  son  secrétaire  placé  près  de  son  lit, 
le  médaillon  c\-]om\.,renfer7na7it  de  la  barbe 
du  feu  roi  Henry  Quatre, à' ^v>vqs  ce  que  nous 
a  dit  plusieurs  fois  M.  Maurice,  qui  nous  a 
raconté  souvent  la  manière  dont  il  a  obtenu 
cette  barbe,  lors  de  l'exhumation  des  tom- 
beaux de  l'église  royale  de  St-Denis  :  récit 
qui  nous  a  paru  plein  de  vérité,  ayant  connu 
M.Maurice  pour  un  parfait  honnête  homme, 
et  incapable  de  faire  un  mensonge  qui  n'avait 
aucun  intérêt  pour  lui,  puisqu'il  tenait  beau- 
coup h  posséder  ces  précieuses  reliques 
royales. 

En  foi  de  quoi  nous  avons  signé  le  présent 
à  Mlle  Louise  Pluche,  pour  attester  connaî- 
tre le  médaillon  dont  elle  est  possesseur  de- 
puis la  mort  de  M.  Maurice. 

Paris,  le  10  mai   1823. 


Le  Prince  Emmanuel  de  Galit^tne, 
Le  Baron  Denon. 

Langlois,  père,  peintre  en  miniature. 
Leroux,  ancien  coni'''  de  Police, 

B.  Lange,  statuaire  du  Musée  royal, 

restaurateur  des  antiques.       j    Imp.  Daniu-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond 


«  Cette  barbe  coupée  avec  le  sabre  de 
l'un  des  gardes  des  sépultures  royales  »: 
cette  phrase  serait  pour  donner  à  croire 
qu'il  s'agit  bien  du  soldat  dont  parle  Le- 
noir.  11  n'en  a  pas  fait  un  gage  de  vic- 
toire si,  séance  tenante,, il  a  remis  cette 
moustache  à  M.  Maurice  ;  mais  il  n'est 
pas  interdit  de  penser  qu'il  ne  tarda  pas 
à  trouver  cet  ornement  mal  commode  ; 
ce  qui  lui  fit  consentir  assez  vite  à  s^en 
séparer. 

Il  ne  pouvait  le  faire  au  profit  d'un  dé- 
positaire plus  digne.  Mlle  Pluche,  de  son 
côté,  en  l'offrant  au  roi,  rendait  à  cette 
relique  des  devoirs  délicats.  La  pièce  que 
nous  publions  étant  aux  Archives  Natio- 
nales, c'est  qu'apparemment,  la  relique 
qu'elle  accompagnait  fut  acceptée.  Qu'est- 
elle  devenue  ?  Où  est  la  barbe  d'Henri  IV, 
donnée  à  Louis  XVIII,  par  Mlle  Pluche  .? 

Nécrologie 

En  pleine  maturité,  dans  tout  l'éclat 
d'une  réputation  solide  et  brillante,  M. 
Henri  Bouchot  a  été  frappé  par  la  mort. 
Il  dirigeait  le  Cabinet  des  Estampes  à  la 
Bibliothèque  nationale,  avec  une  compé- 
tence indiscutée.  Son  esprit  bien  français, 
avide  de  toutes  les  manifestations  de  l'art 
et  de  la  pensée,  s'est  prodigué  en  des  œu- 
vres d'histoire  et  de  critique,  où  le  ta- 
lent du  lettré  se  confond  avec  la  science 
du  critique.  Femmes  du  xvi"  siècle  ou  de 
l'empire  ;  gravures  modernes  ou  bois  an- 
ciens ;  maîtres  de  notre  école  dont  il 
affirmait  la  supériorité  et  l'antériorité  sur 
les  maîtres  flamands  ;  miniaturistes  en 
lesquels  il  saluait  les  précurseurs  de 
notre  art  national  :  sa  curiosité  intelli- 
gente se  promenait  partout  et  partout  fai- 
sait autorité. 

L'accueil  de  l'homme  sincère,  robuste, 
et  droit  était  en  harmonie  avec  son  œuvre. 
Il  meurt  trop  tôt  puisqu'il  ne  l'a  pas 
accomplie  toute. 

Nous  garderons,  comme  un  honneur,  le 
souvenir  de  son  passage  à  l'Intermédiaire, 
où  sous  son  nom  et  sous  des  pseudonymes, 
il  a  fourni  une  collaboration  longue  et 
précieuse. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois       10  Novembre  1906 


42e  Année 

-3i'"',r.  Victor  Massé 

PARIS  (IX»)  Cherchez  et 
vous  trouverez 

'Sureaux  :  de  2  à  4  heures 


QUjEQUE 


g       II  se  faut 
H       «ntr'aider 

O 


N°  1 129 

31 '".r  Victor  Slassé 
PARIS  (IX°) 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


C  3nUxmébxaixe 


DES    CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET   CURIEUX 

1864 


(!lllue6îiûii6 


La  table  du  pape  Benoît  XIV.  — 

Dans  ses  Mémoires^  mon  trisaïeul  raconte 
qu'en  1757,  au  cours  d'un  voyage  d'a- 
grément en  Italie,  il  passa  les  fêtes  de 
Pâques  à  Rome,  où  il  séjourna  douze  jours. 
Et  il  ajoute  que,  durant  ce  laps  de  temps, 
«  il  mangea  trois  fois  à  la  table  du  pape 
Benoit  XIV  ». 

Gomment  expliquer  ce  fait  ?  Etait-il 
d'usage,  au  xvin^  siècle,  que  le  Souverain 
Pontife  nourrît  les  pèlerins  étrangers  qui 
se  trouvaient  à  Rome  à  l'occasion  des 
grandes  fêtes  religieuses  ?  Il  est  à  noter 
que  mon  trisaïeul  n'était  qu'un  sim-ple 
touriste,  sans  aucune  qualité  officielle.  11 
avait,  toutefois,  retrouvé  quelques  amis 
dans  la  Ville  éternelle. 

JACaUES    DE    BaRTIER. 

Les     femmes  -  confesseurs  .     — 

D'après  les  Souvenirs  de  la  baronne  de 
Montet,  les  diaconesses  de  Berlin, en  1838, 
recevaient  la  confession  auriculaire  des 
pauvres  femmes  protestantes.  Je  sais 
bien  que  sous  l'ancien  régime,  certaines 
abbesses  prétendirent  confesser  leurs  re- 
ligieuses ;  et  on  lit  même  dans  les  Ar- 
chives de  la  Bastille^  que  des  femmes  ou 
filles  jansénistes  pratiquaient  entre  elles 
la  confession  auriculaire  ;  mais  l'Eglise  ca- 
tholique a  toujours  sévèrement  interdit  de 
tels  agissements. 

Etaient-ils  donc  tolérés  dans  la  religion 
protestante  en  1838  ?         H,  Quinnet. 


1}UESTI0NS     ET     RÉPONSES     LITTÉRAIRES.     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 

6b5 666  • 

Encore  une  légende  qui  s'en  va. 
Le  pont  Notre-Dame  et  le  frère 
Joconde.  —  M.  Marins  Vachon,  qui  a 
déjà  démontré  —  au  fait,  est-ce  bien  dé- 
montré ?  —  que  THotel  de  Ville  de  Paris 
n'était  pas  l'œuvre  de  Dominique  de  Cor- 
tone,  dit  le  Boccador,  mais  de  Pierre 
Chambiges,  d'un  Italien,  mais  d'un  Fran- 
çais, vient  de  faire  une  nouvelle  décou- 
verte. Le  vieux  pont  Notre-Dame,  qu'il 
est  question  de  remplacer  par  un  pont 
plus  moderne,  mais  moins  pittoresque, 
passe  pour  l'œuvre  de  frèrejean  Joyeux,  dit 
joconde,  un  pontife  italien.  Dans  La  Petite 
Gironde  du  26  septembre  1906,  M.  Va- 
chon fait  remarquer  que  du  7  novembre 
1499,  date  à  laquelle  la  reconstitution  du 
pont  a  été  décidée,  jusqu'au  6  juillet  1 500, 
il  n'est  «  pas  trace  de  frère  Joconde  dans 
les  Registres  des  délibérât  ions  du  Bureau  de 
la  ville  de  Paris.  »  Si  les  registres  nous  le 
montrent  contrôlant  la  pierre  le  25  no- 
vembre 1302,  nivelant  le  pont  le  20  juil- 
let 1503,  M.  Vachon  n'en  conclut  pas 
moins  que  <\  frère  Jean  Joconde  doit  aller 
rejoindre  le  Boccador  là  où  l'on  remise  les 
vieilles  lunes  >>  ;  et  il  demande  que  dans 
une  inscription  placée  sur  le  nouveau  pont 
il  soit  fait  «  honneur  à  Jehan  de  Doyac  et  à 
CoUinot  de  la  Chesnaye  du  vieux  pont 
historique  du  temps  de  Louis  XII  ». 

Que  pensent  de  cette  attribution  les 
Félibien,  les  Lebeuf  et  les  Jaillot  de  \' In- 
termédiaire ? 


11  ne  nous  paraît  pas  inutile  de  rappe- 
ler que  Sauvai,  Histoire  et  recherches  des 
Antiquités  de  la  ville  de  Paris,Pa.r\s,  1733, 

LIV-13 


N'    II2< 


L'INTERMEDIAIRE 


667 


668 


in-f°,  t.  I,  p.  230)  parlant  de  ce  pont,  «  le 
plus  beau  et  le  mieux  bâti  de  Paris  et  du 
Royaume  »,  concluait,  cent  soixante  treize 
ans  avant  M.  Marius  Vachon  : 

«  On  voit  manifestement  que  Didier  de 
Félin  avait  la  surintendance  de  cette  en- 
treprise ;  par  conséquent  qu'il  en  a  donné 
le  dessin,  et  que  frère  Jean  Joconde  n'avait 
que  la  conduite  des  pierres  qu'on  em- 
ployait ». 

Pour  Sauvai,  Jean  Doyac,  frère  Joconde 
et  frère  Jean  Joyeux  étaient  «  même  per- 
sonne ».  Quidam. 

La  France  et  ses  limites  natu- 
relles.—  Dans  les  yœux  d'un  Gallopbile, 
du  baron  de  Clootz  du  Val  de  Grâce 
(1786),  de  ce  même  baron  qui  devait  être 
guillotiné,  en  1794,  comme  Hébertiste, 
je  vois  que  ce  gentilhomme  prussien, 
ami  déterminé  de  la  France,  lui  assigne, 
comme  limites  naturelles,  les  bords  du 
Rhin. 

Cette  question  avait-elle  été  traitée 
avant  lui  ?  Et  qui  l'avait  agitée  le  pre- 
mier.? SiR  Graph. 

Les  chevau-légers.  —  '  Qiielles 
étaient  les  conditions  pour  être  chevau- 
léger  de  la  garde  du  Roy  ?  N'exigeait-on 
pas  les  preuves  de  noblesse  ?  Lesquelles  ? 

Quel  était  l'uniforme  aux  environs  de 
1716  ? 

Les  gendarmes  de  la  garde  du 

Roy.  —  Mêmes  questions  pour  les  gen- 
darmes de  la  garde  du  Roy,  vers  1770. 

Adhé. 

La  guillotine  à  l'eau  de  rose.  — 

Dans  leur  Histoire  de  la  Soc/été  française 
pendant  la  Révolution  (page  461),  les 
Goncourt  parlent  d'une  singulière  distrac- 
tion qui  occupait  les  loisirs  des  royalistes 
avant  et  pendant  l'émigration. 

On  disposait  sur  une  table  une  minia- 
ture de  guillotine  en  acajou.  Puis  on 
poussait  sous  le  couperet  des  poupées  qui 
figuraient  Bailly,  Lameth,  Lafayette,  etc. 
Un  déclic  faisait  tomber  le  couteau.  La 
tête  roulait,  et  du  corps  décapité  on 
voyait  jaillir  un  flot  de  pourpre.  Chacun, 
en  riant,  y  trempait  son  mouchoir.  Or,  la 
poupée  n'était  qu'un  flacon,  et  le  sang 
une  eau  parfumée. 


L'anecdote  est  piquante  ;  mais  est -elle 
vraie  ?  Suivant  leur  habitude,  les  Con- 
court ne  citent  aucune  source.  Et,  d'ordi- 
naire, toutes  ces  histoires  de  guillotines- 
joujoux  ou  de  guillotines-bijoux  sont 
controuvées,  sauf  toutefois  pour  le  cachet 
à  la  guillotine  dont  Bégis  a  donné  le  fac- 
similé  dans  sa  plaquette  sur  Saint-Just. 

d'E. 

Lalégislation  antique  et  ancienne 
concernant  les  vignes  et  leur  cul- 
ture.— Quelle  était  la  législation  viticole, 
au  point  de  vue  des  restrictions  ou  condi- 
tions imposées  à  la  plantation  et  à  la  cul- 
ture de  la  vigne  sous  les  Valois? 

Q.uelle  était  la  législation  romaine  sous 
Numa  Pompilius  et  ses  prédécesseurs  ou 
successeurs  immédiats? 

En    un  mot,  je   tiendrais  à   connaître 
dans  quelles   mesures  et   sous  la  menace 
de  quelles  pénalités,  obligation  était  faite 
de  cultiver  les  vignes  et  de  ne  les  point 
laisser  dépérir  .? 

Pour  citer  un  exemple,  il  était  défendu 
d'employer  pour  la  messe,  ou  pour  les  sa- 
crifices païens,  des  vins  produits  par  des 
vignes  non  taillées  par  le  fer,  ou  encore 
de  consacrer  des  terres  de  blé  à  l'exploi- 
tation des  vignes  non  cultivées  ou  insuffi- 
samment cultivées. 

Sur  ces  législations  ou  ces  coutumes, 
existe-t-il  un  ouvrage  contenant  des 
textes  ?  Dans  les  diverses  archives,  sait-on 
des  textes  manuscrits  relatifs  à  cette  inté- 
ressante question  trop  peu  étudiée  ? 

Croqueville. 

Les  inspiratrices  bienfaisantes. 

—  Balzac  eut  pour  inspiratrices  Mme  de 
Berny  ;  Mérimée  eutjenny  Dacquin.Les  ins- 
piratrices de  Stendhal,  de  Hugo,  sont  con- 
nues. Mais  les  autres  grands  écrivains  du 
xix"  siècle,  et  les  peintres,  les  sculpteurs, 
les  hommes  politiques  eurent  aussi  leurs 
inspiratrices  que  l'on  connaît  moins. 
Qiielles  furent, parmi  celles-ci,je  ne  dis  pas 
les  plus  célèbres,  mais  les  plus  originales, 
les  plus  «  sur-femmes  »,  celles  qui, auprès 
de  l'homme  de  génie, remplirent  complè- 
tement leur  mission  d'inspiratrices  ? 

D.  H.  D. 

Le  président  Bocliart  de  Saron. 

—  Un  obligeant  confrère  pourrait-il  me 
dire  si  Jean-Baptiste-Gaspard  Bochard  de 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre  1906. 


669 


670 


Saron,  premier  président  au  Parlement 
de  Paris,  marié  à  Françoise-Rosalie 
d'Aguesseau  et  mort  en  1794,  a  'aissé  un 
fils  ou  un  petit  neveu  de  son  nom  t  je 
suis  certain  de  l'existence  d'un  Bochart 
de  Saron  au  commencement  du  xix" 
siècle,  mais  je  voudrais  savoir  quels 
étaient  ses  prénoms  et  s'il  était  fils  ou  pe- 
tit neveu  du  personnage  en  question. 

E.  B. 

Le  Chevalier  de  la  Cresson- 
nière. —  Qiii  était  «  le  chevalier  de  la 
Cressonnière,  officier  au  régiment  de  la 
Vieille  iMarine,  à  Calais,  en  1754  »  .'' 

Je  possède  un  curieux  exemplaire  du 
Dictionnaire  de  Leroux  auquel  il  avait 
ajouté  un  travail  manuscrit  de  70  pages 
surlalangue  populaire  du  xviii®  siècle  et  qui 
porte  son  nom  frappé  en  lettres  d'or  sur 
le  premier  plat  de  chaque  volume. 

Connaît-on  d'autres  livres  qui  lui  aient 
appartenu  ^  Un  Passant. 

Famille  Faucle.  — Porte  de  gueules, 
chargé  de  ^  licornes  d'argent,  2  et  / .  Y 
a-l-il  des  descendants  de  cette  famille  ? 

A.  N.  C.  H.  F. 

Paris  de  la  Montagne.  —  11  y  eut 
un  Paris  de  la  Montagne,  receveur  géné- 
ral, duelqucs  détails  sur  ce  personnage 
dont  je  ne  puis  retrouver  les  origines 
certaines  permettraient  d'éclairer  un  docu- 
ment important.  de  L. 

Descendance  de  Mlle  Caroline  de 
Nerciat.  —  Sous  la  Restauration, 
Mlle  Caroline  de  Nerciat  épousa  Jacques 
Pelleport,  capitaine  des  vaisseaux  du  roi, 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  chevalier 
de  Saint-Louis.  De  ce  mariage  naquit  une 
fille  qui  devint  Mme  Froidure,  et  celle-ci 
eut  une  fille  qui  peignait.  A-t-elle  laissé 
une  descendance  ?  Qj:elle  est  elle  ?      B. 


Famille  de  Piles.  —  Un  confrère 
obligeant  pourrait-il  me  donner  des  ren- 
seignements sur  la  famille  de  Piles,  à 
laquelle  appartenait  Roger  de  Piles  qui  a 
laissé  une  certaine  réputation  d'érudition 
au  xvii*  siècle  <:  Ce  Roger  de  Piles  avait  été 
le  précepteur  de  Michel  Amelot,  marquis 
de  Gournay,  ambassadeur  en  Suisse,  à 
Venise,  en  Portugal,  et  enfin  en  Espagne, 
où,  selon  l'expression  de  Saint-Simon,  il 


régna  de  concert  avec  la  princesse  des 
Ursins,  près  de  dix  ans,  et  contribua  puis- 
samment à  l'afifermissement  de  la  nouvelle 
monarchie.  Amelot  avait  emmené  comme 
secrétaire  à  Lisbonne  son  ancien  précep- 
teur de  Piles,  qui  a  laissé,  sous  forme  de 
mémoires  adressés  à  la  présidente  Amelot, 
mère  de  l'ambassadeur,  des  souvenirs 
très  intéressants  sur  les  mœurs  portu- 
gaises au  xvii'  siècle. 

Nous  trouvons  encore  Ludovic  Fortia 
de  Piles,  baron  de  Baumes,  capitaine 
commandant  un  bataillon  du  régiment  de 
la  marine.  Ce  fut  lui  qui  tua  en  duel  le  fils 
du  célèbre  Malherbe. 

Comte  de  Varaize. 

Pierre  Thuin,  évêque  constitu- 
tionnel. —  Je  serais  très  reconnaissant 
au  lecteur  de  V Intermédiaire  qm  me  donne- 
rait quelques  délails  biographiques  précis 
sur  Pierre  T/iuin,  élu,  le  27  mars  1791, 
évêque  constitutionnel  de  Seine-et-Marne. 

P.  Darbly. 

Famille  "Villaret  de  Joyeuse.  — 

Je  désirerais  savoir  si  l'amiral,  mort  en 
1812,  a  laissé  des  fils  et  si  l'un,  notam- 
ment, n'a  pas  été  dans  l'armée.     GÉo  L. 

Armoiries  à  déterminer  :  un  ba- 
quet et  uae  tour.  -—  Cachet  du  xviii^ 
siècle  :  d'a^nr  à  un  baquet  et  une  tour  de... 
posés  en  fasce.^  accompagnés  en  chef  d'une 
étoile  de....,  et  en  pointe  d'ime  plante  arra- 
chée de...  Couronne  de  marquis. 

S.  L.  A. 


Armoiries  à  déterminer  :  à  trois 
cygnes  de...  —  De  quelle  famille  sont 
ces  armes,  frappées  aussi  sur  une  re- 
liure ? 

Ecartelè  an  /""  et  au  ^.^  de. . .  à  J  cygnes 
de...,  au  2  et  ^  de...  au  griffon  de..,  écu 
timbré  d'un  casque,  etc. 

Un  ex-libris  assez  laid,  entouré  du  col- 
lier des  Ordres  du  roi,  Saint-Esprit,  et 
.  Saint-Michel,  ce  qui  devrait  rendre  facile 
son  identification,  qui,  je  l'avoue, 
m'échappe  complètement.  H  porte  de...  à 


j  c  \gnes  de . 


Leslie. 


Armoiries  à  déterminer  :  Mon- 
tauvril.  —  Claude  de  Montauvril  des 
Chauvières  était  prieur  commandataire  de 
Saint-Pierre   Chimiliensis  (je    pense    que 


N°  1129. 


L'INTERMEDIAIRE 


671 


c'est  Chiniilin  dans  l'Isère).  11  a  donné 
un  prix  dans  une  distribution  à  Nantes 
en  1687,  au  collège  des  Oratoriens. 

Ce  volume  porte  sur  les  plats  les  ar- 
moiries ci-dessus  :  de...  à  r arbre  de...  en 
pointe,  au  chef  de...  chargé  de  ^  roses  de... 
Le  tout  est  surmonté  des  insignes  d'un 
prélat  sans  mitre,  mais  crosse,  chapeau  et 
glands.  Etaient-ce  bien  les  armes  de 
Claude  de  Moniauvril  ?  Leslie. 

Cheminées  ayant  servi  de  ca- 
chettes ;  plaques  retournées.  —  le 

serais  reconnaissant  à  Lintermédiairiste 
qui  voudrait  bien  m'indiquer  où  je  pour- 
rais trouver  des  documents  totichant  : 

1°  L'arrestation  de  la  duchesse  de  Berry, 
uniquement  au  point  de  vue  de  la  cons- 
truction de  la  cachette  dans  laquelle  elle 
fut  prise  ; 

2"  D'autres  exemples  de  fonds  de  che- 
minées ayant  été  truqués  de  manière  à 
constituer  des  cachettes  ; 

3°  Sur  le  danger  que  faisait  courir  pen- 
dant la  Terreur  la  possession  de  plaques 
de  cheminées  en  fonte  présentant  des 
<<  signes  de  féodalité  v  ; 

4"  Sur  la  tolérance  qui  permit  de  con- 
server certaines  de  ces  plaques  en  les  re- 
tournant, la  face  ornée  se  trouvant  alors 
contre  le  mur  du  fond. 

Pour  ces  deux  dernières  questions,  je 
possède  déjà,  des  archives  de  la  préfecture, 
la  pièce  13365  et  la  pièce  13454. 

Henri  Carpentier. 

L'escargot  de  îa  cathédrale  de 
Troyes.  —  Les  archéologues  savent 
qu'à  la  cathédrale  de  Troyes  il  existe 
plusieurs  piliers  dont  le  chapiteau,  dé- 
coré de  feuilles  de  choux,  perte  en  même 
temps  un  gros  escargot  de  pierre  qui 
semble  se  promener  sur  ces  feuilles. 

Quand  j'étais  au  collège,  un  professeur 
nous  lut  un  jour,  dans  un  journal  de 
littérature  pour  la  jeunesse,  genre  Musée 
des  Familles  ou  Magasin  piiiorcsque.^  une 
légende  relative  à  cet  escargot.  J'ai  oublié 
la  légende,  mais  je  me  rappelle  ces  détails 
essentiels. Le  sculpteur  qui  travaillait  à  l'un 
de  ces  chapiteaux  avait, pour  le  servir,  un 
jeune  apprenti.  L'ayant  rudoyé  et  bruta-  ,| 
lise,  il  fut  aussitôt  puni  de  sa  méchanceté 
par  une  intervention  miraculeuse  de  l'es- 
cargot, qui  s'anima  et  se  mit  à  ramper  en 
dévorant  les  feuilles  de  choux  au  fur  et  à 


672     

mesure   qu'elles    sortaient  du  ciseau  du 
sculpteur. 

Un  intermédiairiste  pourrait-il  m'indi- 
quer l'auteur  de  cette  légende  et  dans 
quel  ouvrage  je  pourrais,  la  retrouver? 

Lucien  Morel. 


Une  histoire  de  la  guerre  de 
Vendée.  —  Qii"est-ce  que  VHistoire  de 
la  guerre  de  Vendée.^  par  le  général  Jauf- 
fray,  dont  parle  un  journal  d'Angers, 
VArni  des  Principes.^  dans  son  n°  du  22 
juin  1797  ?  U. 

Ouvrages  sur  Louise  do  Durfort, 
duchesse  dâ  M^zarin.  —  Louise  de 
Durfort,  duchesse  de  Mazarin,  morte  en 
1781,  eut  une  certaine  célébrité,  grâce  à 
sa  fortune,  sa  beauté  et  ses  succès  galants. 

Je  serais  très  reconnaissant  à  qui  vou- 
drait bien  m'indiquer  les  ouvrages  et  mé- 
moires du  temps,  donnant  le  plus  de  dé- 
tails possible,  sur  la  personne  et  la  vie 
de  cette  duchesse  et  sur  tout  ce  qui  la  con- 
cerne. H.  H . 

«  Gamoens  »,  drame  de  V.  Perrot. 

—  Théodore  de  Banville  parle,  dans  sa 
préface  des  Ci7/-/t7//Vfo  (20  septembre  1842) 
d'un  drame  de  Victor  Perrot  intitulé  Ca- 
moens,  dont  on  «  attend  »  à  cette  date,  la 
première  représentation.  Ce  drame  a-t-il 
été  représenté  ?  Quand  .?  A  quel  théâtre? 
Avec  quel  succès  ? 

J'ai  cherché  en  vain  des  traces  de  ce 
Camoens  et  de  son  auteur  dans  les  dic- 
tionnaires,biographies,  bibliographies, etc. 
Je  sais  pourtant  qu'il  a  écrit  pour  le  théâtre 
et  qu'il  a  fait  représenter  un  Jacques  Callot 


en  1850,  mais  rien  de  plus. 


F.  P. 


Lion  monosyllabique.  —  Peut-on 
ne  faire  qu'une  syllabe  du  mot  lion,  en 
dépit  de  tant  d'exemples  contraires  '^  Un 
livre  vient  de  paraître  :  Pages  choisies,  de 
Louis  'Veuillot  où  se  trouvent  (page  363) 
ces  deux  vers  : 

No5  lions  paraissent  enragés.  .  . 
Soudain  nos  lions  se  font  bergers,. . 
Louis  Veuillot  est  en   général  un  écri- 
vain correct.  N'est-il   pas  surprenant  de 
trouver  ces  deux  vers  sous  son  nom  ? 

A.  I. 

Carrelage  à  retrouver.  — Au  châ- 
teau de  Grézieux-le-Marché  (Rhône)  ayant 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


673 


10  Novembre  1906, 


-674 


appartenu   au  lieutenant   général  de  Sou-  !   ment.  11  est  destiné  à   remonter  le   Danube 

vigny,  se  trouvait,  il   y   a   une   vingtaine  \  jusqu'à  Ulm.  Ce  bateau  doit  faire  le  chemin 

d'années,  un   vieux  carrelage   en  faïence  !   P'^'^  vite  que  les  bateaux  ordinaires  tirés  par 
représentant    le    siège   de   Kosas   auquel 

avait  assisté  le  lieutenant  général.  A  cette  !   ^ 

Alinanach    sous  verre 

sions  fut  vendu,  probablement  à  un  anti-  'i°  '88 
quaire  de  Lyon.  Qui  pourrait  me  dire  où 
il  se  trouve  aujourd'hui  ^     Baron  A.  H. 


Bernique.   —  D'où  vient  le  mot  ?  A 
quelle  époque  est-il  devenu  français  t 

Hatzfelvl,  Darmesleter  et  Thomas  n'en 
connaissent  pas  d'exemple  antérieur  au 
Dictionnaire  de  Trévoux  (177O  qi-ii  l'écrit 
bernicles  et  ils  en  concluent  que  celte 
forme  était  celle  du  xvni"  siècle.  C'est 
inexact  Les  lexicographes  de  Trévoux 
avaient  pris  bernicles  dans  le  Dictionnaire 
du  yieux  Langage  de  Lacombiï  (1766),  qui 
l'interprète  ainsi  : 

Bernicles:  rien,  nihillp.  65). 

Lacombe  le  premier,  ayant  trouvé  le 
mot  dans  Du  Gange  (où  il  a  une  toute 
autre  signification,  d'ailleurs)  a  confondu 
un  substantif  de  Joinville  avec  une  inter- 
jection qui  pourrait  être  de  Collé.  Les 
bernicles  étaient  des  instruiiients  de  torture 
inver.tés  par  les  Sarrazins  «  Bernicles  est 
le  plus  grief  tourment  que  l'on  puisse 
souffrir  »  dit  Joinville.  C'est  autre  chose 
que  rien. 

Des  lors,  l'erreur  d'orthographe  étant 
connue,  ne  serait-il  pas  permis  de  s'arrê- 
ter à  la  seconde  étymologie  discutée  par 
Littré  :  aber  nicht  ï  Liitré  voulait  dire  sans 
doute  aber  uichls,  qui  dans  certains  dialec- 
tes voisins  de  notre  frontière,  se  prononce 
aber  uil^s,  et  peut  se  traduire  exactement 
par  :  «  Ah  !  bernique  I  »  transcription 
presque  littérale. 

Au  xvni' siècle,  par  nos  soldats  revenus 
d'Allemagne  et  par  les  Suisses  à  nos 
gages,  notre  langue  s'enrichit  de  beau- 
coup de  mots  nouveaux  qui  sont  de  pures 
transcriptions  de  l'allemand.  Chenapan 
(Schnapphahn)  brandcvin  (brantwein) 
liir>ch  (kirschwasser)  vasistas  (w^as  ist  das  ?) 

Est-il  vraiment  nécessaire  d'écrire 
encore,  avec  Hatzfeld  ou  avec  Stappers  : 
BERNIQ.UE  :  origine  inconnue  ? 

Candide. 

B".teaux  à  rouas  en  1779.  — 

«  On  voit  à  Vienne, en  Autriche, un  bateau 
ayant  des  roues,  que  le    feu    met  en  mouve- 


les  chevaux.  11  est  de  l'invention    d'un   frau- 
de 1779,  p.  62^ 


Est-ce  que  ce  bateau  a  fonctionné  avec 
succès  ^  Quel  est  le  nom  de  l'inventeur  .? 

J. -G  Bord. 


L'Anglais  qui  veut  voir  mangor 
le  dompteur.  —  Sur  quel  fonds  de 
vérité  repose  cette  histoire  de  l'Anglais 
qui  suivait  le  dompteur  pour  le  voir 
manger  ?  V. 


Le  saule  de  Musset  aux  Champs- 
Elysées.  —  Du  journal  des  Débats  : 
novembre  1906  : 

II  y  avait  dans  les  Chàmps-EIyse'es  un 
arbre  presque  aussi  populaire  que  le  marron- 
nier du  20  mars.  11  vient  de  mourir.  C'était 
un  saule  pleureur  qui  mirait  sa  ramure'dans 
une  jolie  fontaine,  près  de  l'avenue  Gabriel. 
Une  légende  attache  à  ce  saule  —  co.mme  à 
celui  du  cimetièie  —  le  souvenir  de  Musset. 
On  prétend  que  son  feuillage  éploré  abrita 
!  plus  d'une  fois  les  rêveries  du  poète  ;  on  ra- 
conte que  pour  le  conserver  et  par  respect 
pour  cette  relique,  on  n'avait  point  voulu 
modifier  le  tracé  de  l'avenue  quand  on  dota 
d'une  porte  monun:!entale  le  jardin  de  l'Ely- 
sée. V Intermédiaire  des  chercheurs  et  cu- 
rieux devrait  nous  dire  si  cette  légende  est 
de  l'histoire. 


Barbaze,  1756.  —Je  possède  le  ca- 
talogue de  la  Vente  des  livres  de  M.  Bar- 
baze,  s""  de  Saint-Qiientin,  qui  eut  lieu  à 
Lille  en  mars  1756.  Un  intermédiairiste 
pourrait-il  me  renseigner  sur  ce  person- 
nage, grand  amateur  de  musique  et  de 
théâtre,  ainsi  que  le  prouve  la  quantité 
considérable  d'œuvres  dramatiques  et 
musicales  que  renfermait  sa  collection  ? 

L.  L. 

Birocho,  voiture  du  XVIir  siè- 
cle. —  Un  collaborateur  de  X Intermé- 
diaire pourrait-il  me  donner  quelque  des- 
cription d'une  voiture  appelée  biroche,  ou 
birocl:et,  par  les  Mémoires  du  temps  ? 
C'est  dans  ce  véhicule  que  l'Empereur 
Joseph  II  fit    modestement    son   entrée    à 


rans  en  1777. 


Z.  Y.  X. 


N«  1129. 


L'INTERMEDIAIRE 


675 


676 


rô 


Le  comte  de  Moret,  fils  naturel 
de  Henri  IV,  s'est-il  fait  ermite  P 

(LIV,  329,  398,  455,  ^6}).  —  Voir  aussi 
à  ce  sujet  Le  Mercure  oalant^  février  1692, 
p.  105,  et  L.  Sandret  :  Uhermite  des  Car- 
délies  (Revue  historique^  nobiliaire  et  bio- 
graphique, 1876,  p.  243.) 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


41 
*  » 


De  l'Univers,  i^'  décembre  1906  : 

A  en  croire  presque  tous  les  historiens, 
Diipleix,  du  Gros,  Moreri,  doai  Vaissète,etc., 
Moret,  qui  avait  pris  parti  pour  Gaston  d'Or- 
léans et  combattait  les  troupes  royales,  aurait 
été  très  gravement  blessé  à  l'affaire  de  Cas- 
telnaudary  et  serait  mort,  sinon  sur  le  champ 
de  bataille,  du  moins  quelques  heures  après, 
dans  le  carrosse  de  Monsieur,  où  on  l'avait 
transporté. 

Telle  aurait  été  la  fin  de  ce  prince  de 
«  gentil  esprit  et  de  belle  espérance  », 
comme  dit  Dupleix.  Aucun  historien,  d'ail- 
leurs, ne  fait  connaître  le  lieu  Je  sa  sépul- 
ture . 

Seul,  un  Jésuite  d'esprit  pénétrant  et  de 
sagacité  remarquable,  le  PèreGriffet,  — celui- 
là  même  qui  publia  un  si  curieux  ouvrage  sur 
l'homme  au  masque  de  fer  —  affirma  que  le 
comte  avait  terminé  ses  jours  dans  un  mo- 
nastère, plus  de  cinquante  ans  après  la  ba- 
taille de  Casteinaudary .  Le  Père  Griffet  avait 
été  intrigué  par  un  mot  du  maréchal  de 
Schomberg  :  —  «  Le  comte  de  Moret  fut 
blessé  d'une  mousquetade  dont  on  le  crut 
mort.  »  —  et  par  ce  passage  des  Mémoires 
de  Brienne  :  «  On  disait  que  le  comte  de 
Moret  avait  été  tué.  » 

Le  Père  Griffet  commença  donc  ses  le- 
cherches  et  il  constata  qu'un  curé  d'Angers 
avait  relaté  en  1692  la  mort  d'un  «  solitaire 
inconnu  »  qui  vivait  depuis  longtemps  à 
Saumur  et  qu'on  croyait  être  le  comte  de 
Moret.  Il  était  de  tradition  dans  le  pays  que 
Louis  XIV,  s'étant  ému  des  bruits  qui  cou- 
raient, avait  expédié  l'abbé  d'Asnières  au 
mystérieux  pénitent,  pour  lui  demander  s'il 
était  bien  l'oncle  naturel  du  roi  :  «  Je  ne  le 
nie  ni  ne  l'assure  ;  qu'on  me  laisse  en  repos  », 
avait  répliqué  l'ermite. 

L'envoyé  du  roi  aurait  alors  présenté  le 
portrait  du  Béarnais  au  solitaire  qui  n'aurait 
pu  retenir'^  ses  larmes.  Griffet  releva  encore 
la  déclaration  d'un  certain  frère  Hilarion, 
lequel  ayant  appris  incidemment  à  l'ermite 
la  mort  toute  récente  de  l'abbesse  de  Fonte- 
vrault,  fille  naturelle  d'Henri  IV,  avait  provo- 


qué chez  son  interlocuteur  la  plus  viveémotion' 
Or,    V Intermédiaire    cite    aujourd'hui    ce 
curieux  extrait  de  la  Revue  liis torique  et  ar- 
chéologique du  Maine  : 

«  En  1695,  le  Frère  N  >rbert  Moret  est 
i  prieur  de  l'ermitage  des  Camaldules  de  Bessé- 
j  sur-Braye  (Sarihe),  Né  à  Saint-Germain-en- 
Laye,  il  était  d'abord  entré  dans  Tordre  des 
chanoines  réguliers  de  Prémontré,  Après 
trente  ans  de  résidence,  il  obtint  du  Saint- 
Siège  la  permission  de  se  réunir  aux  Camal- 
dules, ce  qui  eut  lieu  le  7  août  169=;.  11  y 
était  encore  en  1710.  » 

Si  cette  dernière  date  est  exacte,  le  comte 
de  Moret  serait  donc  mort  plus  que  cente- 
naire, puisqu'il  était  né  en  1607  ?  Et  puis, 
d'oi^i  vient  ce  prénom  de  «Norbert»?  Le 
comte  s'appelait  Antoine  et  s'il  avait  voulu 
changer  de  prénom  pour  dérouter  les  curieux, 
il  n'aurait  évidemment  pas  conservé  son  nom 
de  Moret.  Enfin,  le  fils  naturel  d'Henri  IV 
était  né  à  Fontainebleau,  non  à  Saint-Germain- 
en  Laye  ? 

La  Revue  du  Maine  ne  pourrait-elle  préci- 
ser î  En  tout  cas,  il  faut  rendre  justice  à  ces 
érudits  modestes  qui  apportent  à  l'histoire 
une  contribution  si  précieuse,  en  fouillant 
les  archives  locales.  Le  problème  en  question 
est  intéressant.  Et  il  serait  curieux  que  les 
dires  des  historiens  fussent  victorieusement 
infii  mes  par  une  revue  de  province. 

J.  Mantenay. 

*  * 

En  réponse  au  renseignement  donné 
par  M.  Louis  Calendini,  je  me  permettrai 
de  faire  observer  qu'il  est  invraisemblable 
que  le  fils  àH HenyilV,  --  lequel  fut  assas- 
siné, comme  chacun  sait  en  1610 — vécût 
encore  en  1710  !  J.  W. 

Le  colonel  Labédoyère  (LIV,  500, 
582). —  Puisqu'un  collaborateur  de  \  Inter- 
médiaire a  manifesté  le  désir  d'avoir  quel- 
ques détails  sur  la  prétendue  tentative  d'é- 
vasion, qui  n'a  été,  comme  le  dit  très  bien 
l'honorable  correspondant  H.  G.  M  , 
qu'une  machination  policière  —  tentative 
d'évasion,  dis-je,  pour  sauver  Charles  de 
la  Bédoyère  — j'emprunte  le  passage  sui- 
vant concernant  cette  tentative  à  une  rela- 
tion, inédite.,  m.alheureusement  inachevée, 
d'autant  plus  malheureusement  qu'elle  s'ar- 
rête au  moment  le  plus  intéressant  —  le 
plus  poignant,  —  écrite  par  Mlle  Gabrielle 
de  Ghastelhix,  sœur  de  Mme  Charles  de  la 
Bédoyère.  Cette  relation  a  pour  titre  : 
«  Récit  du  mois  (i),  le  plus  douloureux  de 
notre  vie  ». 

(i)  Août  181 5. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


677 


Vers  la  fin  de  la  matinée,  Mlle  Dupont, 

(1)  me  prit  àpartet  me  dit:  Duchemin  {2)  est 
venu.  U  demandait  à  voir  Mme  de  La  Bédo- 
yère. 

Une  dame  qu'elle  connaît  l'a  chargé  de  lui 
faire  des  propositions  pour  faire  évader  son 
maii.  Elle  donnera  si  l'on  veut  6  000  fraies. 
Si  Duchemin  ne  peut  voir  Mme  de  La 
Bédoyère,  il  voudrait  parler  à  quelqu'un  de 
la  famille. 

Cette  proposition  me  parut  avoir  beaucoup 
d'importance. 

Elle  pouvait  nous  tirer  tous  d'affaires  en 
quelques  heures  ou  nous  plonger  dans  un 
gouffre  de  maux. 

j'en  parlai  à  mes  frères  Henri  et  César  de 
Chasteliux,  à  maman.  Ils  jugèrent  comme 
moi  qu'il  fallait  qu'aucun  de  nous  ne  parût, 
pas  même  Georgine  (^)  Duchemin  revint: 
elle  le  vit.  Il  lui  nomma  Mme  de  S.  (4"»  et 
lui  dit  qu'elle  pouvait  faire  rendre  réponse 
parP.  S.  (3). 

Nous  lui  conseillâmes  d'en  aller  parler  à 
ma  tante,  la  marquise  de  Chasteliux  née 
Plunkett,  dame  d'honneur  de  Mme  ia  Du- 
chesse d'Orléans  Penthièvre  et  veuve  de  l'a- 
cadémicien (6),  qui  lui  promit  d'aller  le  lende- 
main samedi  chez  Mme  de  S.  Elle  vint  après 
cette  visite  ;  Georgine  était  sortie.  Mme  de 
S.  lui  avait  dit  que  si  Georgine  voulait  don- 
ner 100.000  francs,  10.000  en  or  et  le  reste 
en  billets,  on  sauverait  son  mari,  que  la 
chose  paraissait  sûre,  étant  proposée,  à  ce 
qu'on  croyait,  par  un  homme  de  la  police, 
qu'il  n'y  avait  pas  un  moment  à  perdre  et 
que  l'exaspération  générale  ne  laissait  pas 
d'autre  espérance.  .  . 

Maman,  au  désespoir  d'être  mise  dans  cette 
confidence,  le  dit  assez  sèchement  k  la  mar- 
quise. U  lui  paraissait  fort  triste  que  si  la 
chose  devait  se  faire  on  pût  dire  que  la  famille 
avait  été  de  moitié  dans  cet  arrangement. 

Elle  dis.iit  avec  raison  que  pour  Georgine 
elle-même,  ceux  qui  pouvaients'intéresser  à 
elle,  feraient  bien  mieux  de  la  servir  sans  la 
consulter,  qu'on  ne  pouvait  douter  qu'elle  ne 
remplisse  tous  les  engagements  qu'on  aurait 
pris  pour  sauver  son  mari. 

Georgine  arriva.  La  Marquise  et  elle  allèrent 
chez  sa  belle-mère  (7)  qui  devait  signer  aussi 
le  billet,  et  du  consentement  de  laquelle 
Georgine  avait  besoin  pour  autoriser  le  sien. 
Cette  proposition  mit  Mme  de  La  Bédoyère 
dans  un  affreux  état.  C'était  une  révolte 
contre    l'autorité.    Elle    se    voyait    entre    le 


10 

678 


Novembre  1900^ 


(i)  gouvernante, 

(2)  intendant, 

{3)   Mme  Charles  de  La  Bédoyère. 

(4)  probablement  Mme  de  Souza. 

(5)  très  probablement  Philippe  de  Ségur. 

(6)  probablement  M'"e  de  Pracontal. 

(7)  comtesse  de  La  Bédoyère,  née  des  Barres 


malheur  et  le  crime.  L'abbé  Dulondel  qu'elle 
demanda  à  consulter  combattit  pourtant  ses 
scrupules.  11  dit  que  la  religion  ne  défendait 
point  à  un  prisonnier  de  chercher  à  se  sau- 
ver, et  la  femme  pouvant  être  considérée 
comme  une  seule  et  même  chose  avec  lui, 
tout  de  sa  part  était  légitime. 

Mme  de  La  Bédoyère  se  retira  chez  elle 
avec  une  très  forte  attaque  de  nerfs,  ne  vou- 
lut pas  revoir  Georgine  et  lui  fit  dire  qu'elle 
ne  s'opposerait  à  rien  et  l'aiderait  h  acquitter 
les  dettes  qu'elle  pourrait  contracter. 

A  9  heures  du  soir,  Mme  X.  vint  chez 
Georgine  et  lui  proposa  d'aller  à  la  Concier- 
gerie. 

Rien,  disait-elle,  n'était  plus  facile:  l'homme 
qui   avait   fait  la  première  proposition  de  ce 
projet  tenait  à  la  police,  on  croyait    le  con- 
cierge déjà  prévenu.  Vcci  quel  était  le  plan  : 
aller  tout  droit  chez   cet   homme  et  lui  faire 
la    proposition    de    livrer    le   prisonnier;    s'il 
acceptait,  convenir  de  l'heure,   déposer  sur  la 
table    les     10.000    francs   en    or,    revenir   à 
l'heure  désignée  avec  90.000  francs  en  billets 
et  deux  passeports,  l'un   pour  Charles,  l'autre 
pour   Georgine,  Une    Maison    était   préparée 
pour    les    recevoir,   au    bout   de    8   jours,  ils 
seraient    sortis    de   Paris   et    auraient   été    se 
!    cacher    à    10   lieues.  Georgine    vint  sur   le 
I   champ  nous  le  dire,  elle   éta't  dans    un  état 
1    d'agitation  difficile  à  rendre  ;  notre  angoisse 
fut  égale  à  la  sienne.  Nous  ne  connaissions  pas 
cette  femme.    Georgine  non  plus  (i).  Nous 
savions    seulement    qu'elle   tenait     au     par- 
ti. Ne   voulait    elle    pas  faire    de    Georgine 
et  de  ses  100.000    fr.   des    instruments  à    de 
mauvais  desseins  ? 

On  ne  parlait  que  de  conspirations  et  de 
tentatives  manquées.  Ses  intentions,  même 
supposées  aussi  pures  que  les  nôtres,  sa 
j  tête  était-elle  assez  bonne  pour  faire  réussir 
i  un  projet  aussi  difficile  et  dont  le  mauvais 
i  succès  pouvait  si  horriblement  compromettre 
j    Georgine  et  sa  famille  ? 

j  Le  plan  paraissait  mal  conçu.  Comment  un 
!  prisonnier  sortirait-il  de  sa  prison  par  la 
I  porte  sans  qu'on  eût  gagné  toute  la  garde  .'' 
!  Une  heure  peut-elle  suffire  pour  de  tels 
!    arrangements? 

'        L'assurance  de  cette  femme  était-elle  fon- 
i    dée   sur    des   choses   qu'elle   ne    voulait   pas 
dire?  était-elle  seulement  la  suite  d'une  im- 
piudente  légèreté  ? 

Si  elles  étaient  arrêtées  toutes  deux,  Geor- 
j  gine  perdait  toute  espèce  de  moyens  de  ser- 
1  vir  son  mari,  mais  vu  l'exaspération  générale, 
;  le  moyen  était  peut-être  le  seul  au  monde 
!  de  le  sauver.  Pourrait-on  alors  le  rejettcr 
\    sur  des  apparences  et  des  soupçons? 

'        (1)  Alors,   cette  femme  n'était  ni  Mme    de 
Souza,ni  Mme  de  la  Valette.   Voir  plus    loin 
s   colonne  680, 


H°  1129. 


L'INTERMEDIAIRE 


679 


680 


Nous  étions  réunis,  maman,  mes  frères  et 
moi, dans  une  fièvre  de  sentiments  et  de  pen- 
sées dont  rien  ne  peut  rendre  la  souffrance  ; 
tantôt  les  dangers  du  moment,  tantôt  les  re- 
grets possibles  de  l'avenir  s'offraient  en  foule 
et  à  la  fois  pour  nous  faire  frémir, 

Georgine  revenait  au  désespoir.  Cette 
femme  m'assure,  disait-elle,  que  c'est  ma 
seule  espérance,  je  n'ai  plus  qu'un  instant 
pour  me  décider  ;  demain,  plus  de  moyen  : 
après  demain,  tout  sera  fini  pour  lui  et  pour 
moi. 

Rien  n'est  comparable  à  la  perplexité  de 
cette  affreuse  heure. 

Nous  pensâmes  que  cette  femme  se  char- 
gerait peut-être  d'aller  seule  à  la  Conciergei  le. 
Georgine,  sans  expérience  et  la  tête  pres- 
que perdue  d'effroi,  ne  pouvait  être  d'ungrand 
secours  pour  assurer  :e  succès  et  s'il  man- 
quait, libre  et  non  compromise,  elle  pourrait 
faire  agir  d'autres  moytns. 

Elle  le  proposa,  cette  femme  ne  le  voulut 
pas. 

Enfin,  l'heure  s'écoula  dans  ces  affreuses 
angoisses  et  elle  se  retira  vers  minuit  laissant 
encore  quelque  espoir  pour  le  lendemain. 

Je  ne  me  rappelle  jamais  cette  cruelle  nuit 
sans  frémir.  Oh  I  mon  Dieu  !  qu'il  est 
affreux  d'avoir  à  prendre  un  tel  parti  ? 

La  Providence  offrait-elle  dans  ce  mo- 
ment à  la  malheureuse  Georgine  le  seul  se- 
cours qu'elle  voulût  lui  donner  ?  Est-ce  elle 
qui  la  retenait  au  contraire  au  bord  de 
l'abîme  ? 

M.  Gomel  qui  avait  été  le  matin  à  la  Con- 
ciergerie, nous  avait  dit  que  le  concierge 
avait  reçu  les  ordres  les  plus  rigoureux  sur  la 
manière  de  garder  ce  malheureux  jeune 
honame.  11  lui  était  enjoint  de  ne  pas  s'absen- 
ter une  minute  de  la  prison,  de  ne  laisser  en- 
trer qui  que^ce  soit  dans  sa  chambre.  «  Voui 
en  répondez  sur  votre  tête,  lui  avait  dit 
M.  de  Gaze.  » 

Le  lendemain,  la  pauvre  Georgine  courut 
chez  matante  avec  cette  daine  pour  examiner 
encore  le  projet  et  se  décider  à  l'exécuter 
peut-être  dans  la  soirée. 

Ma  tante  fit  beaucoup  de  questions  à 
cette  femme  et  ne  trouvant  pas  dans  sa  réponse 
l'assurance  et  la  clarté  qui  peuvent  inspirer 
confiance,  il  fut  décidé  que  M.  Gomel  irait 
de  nouveau  sonder  le  concierge,  ils  se  con- 
naissaient beaucoup . 

Après  quelques  mots  de  douleurs  sur  le 
sort  de  cet  infortuné  jeune  homme,  il  lui 
dit  :  «  il  appartient  à  deux  famille:,  bien  in- 
téressantes et  qui  certainement  feraient  tout 
ce  qui  dépendrait  d'elles  pour  le  coirserver». 
Cet  homme  l'arrêta  ;  «  Si  vous  étiez  tout 
autre,  je  vous  arrêterais  sur  le  champ,  lui 
dit-il,  et  vous  mènerais  au  préfet  de  police.  » 
M.  Gomel  nia  aucune  arrière-pensée  et  se 
retira.  j^"" 


Depuis,  cet  homme  a  quitté  cette  place 
et  lui  a  conté  à  lui-même  que  le  matin,  M. 
de  Caze  l'avait  fait  venir  et  lui  avait  dit  :  «  On 
viendra  vous  faire  des  propositions  pour 
sauver  M.  de  La  Bédoyère  ;  on  vous  présen- 
tera 10  000  fr,  en  or  et 'on  vous  en  pro- 
mettra 90.000  fr.  ;  arrêtez  sur  le  champ  la 
personne  quellequ'elle  soit  et  amenez-la  moi». 
Cet  homme  ajoutait  :  «  Je  tremblais  que 
vous  n'en  disiez  davantage.  » 

Pendant  que  la  pauvre  Georgine  cour- 
rait d'un  bout  de  Paris  à  l'autre  pour  tâcher 
d'assurer  le  succès  de  son  projet,  M.  Ja- 
gault  vint  chez  nous  pour  nous  avertir  qu'on 
avait  découvert  une  conspiration  dans  la 
j  nuit,  qu'il  en  avait  entendu  parler  aux  prus- 
1  siens  qui  étaient  chez  M.  de  Lorge,  qu'il  y 
avait  un  plan  pour  forcer  les  portes  de  la 
Conciergerie  qui  avait  manqué  l'on  ne  sa- 
vait pourquoi,  qu'on  était  dans  l'inquiétude 
et  qu'on. .  . 

Le  manuscrit  s'arrête  brusquement  là. 
Voici  encore  relativeiiient  à  celte  ten- 
tative d'évasion  (LIV,  500),  un  extrait 
des  Mémoires  sur  l' Impératrice  Joséphine, 
tome  2,  page  306.  Bruxelles  1828  —  sans 
nom  d'auteur  —  «  Le  retour  de  l'Ile 
d'Elbe,  n 

Un  voile  lugubre  doit  être  jeté  sur  cette 
époque  fatale,  qu'il  me  soit  permis  d'en  sou- 
lever un  coin  pour  montrer  l'héroïsme  d'une 
femme  qui  se  dévoua  complètement  pour 
sauver  un  parent  malheureux.  Elle  n'est  plus  ! 
mais  elle  a  laissé  des  enfants  pour  lesquels  la 
noble  conduite  dj  leur  mère  est  un  bel  héri- 
tage. 

Lors  de  l'arrestation  de  M.  de  la  Bédoyère, 
plusieurs  de  ses  compagnons  d'armes  voulu- 
rent le  sauver.  Ils  s'entondirent  avec  Mme  la 
Marquise  de  La  Valette,  sa  cousine,  pour 
faire  réussir  le  plan  arrêté  pour  son  évasion. 
Elle  risqua  des  démarches  d'une  difficulté 
extrême  et  vendit  une  propriété  afin  de  se 
procurer  l'argent  nécessaire. 

Dénoncée  à  la  police,  elle  fut  obligée  de  se 
cacher;  une  de  nos  plus  célèbre  ;  actrices, 
Mlle  Duchesnois,  qui  la  connaissait  très  bien, 
ne  craignit  pas  de  se  compromettre  en  la 
recueillant  chez  elle.  Mme  de  La  Valette  y 
fut  six  semaines  entourée  des  soins  les  plus 
tendres,  et  lorsqu'après  un  jugement  qui  l'ac- 
quitta, elle  alla  en  Amérique  et  chargea  sa 
généreuse  amie  de  veiller  sur  ses  enfants  qui 
restaient  en  pension  à  Paris,  Mlle  Duchesnois 
leur  rendit  mille  services  et  fit  pour  eux,  ce 
qu'une  sœur  eût  pu  faire. 

«Ces  mémoires  sur  l'Impératrice  Joséphine 
sont  de  Georgette  Ducrest,  nièce  de  Mme  de 
GeiiUs,  Ils  contiennent  un  grand  nombre  de 
pièces  fausses  avec  beaucoup  de  renseigne- 
ments   très    vrais.  J'ai  une  lettre  de  la  reine 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre  1906. 


681 


-682 


Hoitense  qui  se  plaint  précisément  de  cette 
publication  de  faux  documents  d'auta  .t  plus 
impardonnables  que  cette  Georgette  Ducrest 
avait  vécu  dans  l'intimité  de  Joséphine  ». 
(No;e  de  Mme  C,  d'Arjuzon). 

L.  B. 


Ainsi,  d'après  Georgette  Ducrest,  la 
femme  qui  mena  le  complot  de  l'évasion 
serait  Mme  de  La  Valette,  mais  l'impres- 
sionnant récit  de  Mme  de  Chastellux, 
sœur  de  Mme  de  la  Bédoyére,  ruine  cette 
opinion,  puisque  la  femme  qui  faisait  ces 
démarclies  imprudentes  n'était  pas  con- 
nue de  la  famille.  Qui  donc  était-elle  ?  Et 
pourquoi  et  pour  qui  agissait-elle  ? 

La  barbô  d'Henri  IV  et  le  médail- 
lon de  Mlle  Pluche  (LIV,  660).  —  Le 
fait  d'une  mèche  de  barbe,  enlevée  au 
bon  roi  Henri  IV  est  attesté  par  des  té- 
moins si  nombreux  et  si  dignes  de  foi, 
qu'il  est  impossible  d'émettre  un  doute 
au  sujet  de  ce  petit  sacrilège. 

L'argument,  tiré  de  l'absence  de  trace 
de  cette  profanation  sur  le  moulage  de  la 
tête  du  roi,  ne  tient  pas  debout.  11  ne 
s'agit,  sans  doute,  que  de  quelques  poils 
dérobés,  et  en  tout  cas,  le  moulage, dû  au 
sculpteur  Compeyrot,a  pu  être  pris  avant 
cette  soustraction  à  la  barbe  du  roi. 

Je  considère,  pour  ma  part,  que  plus 
d'un  assistant  dut  dérober  quelques  poils 
à  la  barbe  du  Béarnais. 

Outre  le  curieux  document  cité  par 
\' Inteimédiaire  du  30  octobre,  nous  possé- 
dons ; 

1°  La  relation  d'un  fait  du  même  genre, 
rapporté  par  le  Journal  de  Paris,  à  la 
date  du  29  août  1814,  qui  signale  «  que 
M.  le  chevalier  Dubos,  sous-préfet  de 
Saint-Denis,  avait  eu  l'honneur  de  pré- 
senter au  roi  un  tableau  sur  lequel  sont 
fixés  »,  avec  plusieurs  autres  reliques  du 
même  genre,  des  fragments  de  la  «  mous- 
tache »  de  Henri  IV,  recueillis,  «  à  l'é- 
poque de  la  profanation  des  tombeaux, 
par  feu  le  sieur  Desingy,  alors  suisse  de 
l'abbaye,  qui  les  a  sauvés,  au  risque  de  sa 
vie  ;  ils  étaient  restés  jusqu'à  présent 
entre  les  mains  de  sa  veuve,  qui  aspirait 
depuis  longtemps  à  les  rendre  à  la  famille 
de  nos  souverains  », 

2°  Et  une  lettre  publiée  en  1866,  dans 
le  Figaro,  par  M.  Claretie  à  qui  elle  était 
adressée,  et  que  G.  d'Hcilly  a   rapportée 


dans  son   ouvrage  sur  Saint-Denis.  Nous 
la  reproduisons  tout  entière  : 

Charlieu  (Loire)  27  décembre  i866. 

Monsieur, 

Je  vois,  en  lisant  dans  mon  journal,  votre 
chronique  d'avant-hier,  qu'un  bourgeois  de 
Montmartre  conserve  sous  verre  la  partie 
gauche  de  la  moustache  de  Henri  IV. 

En  est-i!  bien  certain?  cela  ne  fait  pas  de 
doute;  mais  ces  précieux  débris  ont-ils  bien 
appartenu  à  l'inventeur  de  la  poule  au  pot? 
je  viens  du  fond  de  h  province,  d'un  trou, 
vous  apporter  une  histoire  vraie  à  cet  égard. 
Seulement,  si  elle  devait  troubler  la  quiétude 
du  bourgeois  de  Montmartre,  n'en  parlons 
pas. 

A  l'époque  oij  les  sépultures  royales  de 
Saint-Denis  furent  brisées,  et  tout  à  fait  au 
retour  de  l'équipée,  une  espèce  de  géant  à 
tournure  farouche  entra,  à  Saint-Denis  même, 
avec  quelques-uns  de  ses  camarades,  chez  un 
marchand  de  vins  où  ils  firent  un  repas  à  la 
fin  duquel  le  colosse  sortit  de  sa  poche  un 
papier  qu'il  tendit  à  une  jeune  personne  de 
la  maison,  en  lui  disant  :  «  Tiens,  citoyenne, 
j'ai  coupé  les  moustaches  au  tyran  Henri  IV, 
je  t'en  fais  cadeau  ». 

La  jeune  femme  accepta  avec  plus  de 
crainte  que  de  plaisir,  mais  conserva  cepen- 
dant les  moustaches. 

Vingt-cinq  ans  ou  trente  ans  après,  celte 
femme  avait  pour  voisin,  un  négociant  de 
notre  ville,  lequel  avait  son  centre  d'affaires, 
son  magasin,  presque  en  face  de  l'établisse- 
ment des  demoiselles  des  légionnaires  de 
Saint-Denis. 

11  y  a  24  ans,  j'ai  encore  vu  son  enseigne, 
et  je  trouverais  sa  maison,  si  Saint-Denis  n'a 
pas  été  éclairci  comme  Paris. 

Ce  négociant  avait,  comme  bien  d'autres,  la 
manie  des  vieilles  choses. 

Un  jour  qu'il  montrait  avec  beaucoup  d'in- 
térêt je  ne  sais  quelle  vieille  défroque,  la 
femme  aux  moustaches  lui  raconta  le  don  qui 
lui  avait  été  fait  et  lui  offrit  de  s'en  dessaisir 
à  son  profit.  11  accepta  de  grand  cœur, 
mais  la  difficulté   était  de  retrouver  cela. 

Pendant  des  années,  toutes  les  fois  que 
l'occasion  s'en  présenta,  il  demanda  toujours 
à  cette  femme  la  remise  des  précieuses  mous- 
taches. 

«  Mais  elles  sont  perdues  !  »  disait-il. 

Cette  dame  lui  répondit  que  lors  de  son 
dernier  déménagement,  elle  était  sûre  de  les 
avoir  vues  enveloppées  dans  le  même  papier, 
qui  n'avait  jamais  été  ouvert. 

«  Je  consacrerai  une  journée  entière  à  cette 
recherche,  et  je  les  retrouverai     * 

Ce  monsieur  vint  passer  quelques  jours  ici, 
^    à    Charlieu,    dans    sa    famille.    Pendant   son 


N- 


1 129. 


L'INTERMEDIAIRE 


68^ 


684 


absence,  cette   femme    mourut.  Son  mobilier    ; 
fut  vendu.  \ 

A  son  retour,  notre  compatriote  s'emnressa  j 
de  faire  des  démarclies  pour  connaître  le  sort 
des  précieuses  moustaches.  11  apprit  que  dans 
un  meuble  rempli  de  linge  on  avait  trouvé, 
sur  le  plus  haut  rayon,  derrière  une  pile  de 
draps,  un  vieux  papier  dans  lequel  étaient 
effectivement  des  moustaches  ou  de  la  barbe. 
Mai3  on  ajouta  que  sur  l'observation  du  com- 
missaire, que  c'était  certainement  un  soiix>e- 
7iir  de  jeunesse  conservé  par  la  dc/unle,  les 
héritiers,par  respect  pour  sa  mémoire,  jetèrent 
au  feu  le  papier  et  les  moustaches  qu'il  con- 
tenait. 

Celui  qui  m'a  donné  ces  détails  est  mort 
depuis  4  ou  5  ans  ;  ses  héritiers  habitent 
Paris,  dans  une  ruf  de  la  rive  gauche.  11  a  dû 
leur  faire  part  de  ces  détails;  moi-même  je 
les  racontais  dans  une  réunion,  il  y  a  environ 
quatre  mois.  S'ils  sont  vrais,  les  moustaches 
qui  sont  sous  verre  à  Montmartre  ne  seraient 
guère  authentiques  ;  mais  si  leur  possesseur 
les  tient  pour  officielles,  elles  lui  feront  le 
même  usage. 

P.  c.  c.     D""  Billard. 


Levé.isable  Charles  r^(LIV,554). 
—  Qj.ie  le  pinceau  de  Van  Dick  ait  un  peu 
ajouté  de  grâce  et  de  souplesse  au  phy- 
sique du  petit-fils  de  Marie  Stuart,  nous 
le  croyons  sans  peine  de  la  part  du 
peintre  que  le  monarque  combla  de  ri- 
chesses et  d'honneurs.  Mais  il  est  difficile 
d'admettre  que  Van  Dick  ait  transformé 
en  un  élégant  gentilhomme  le  gnome  mal 
bâti  de  Charles  V" ,  qui  a  toujours  passé 
jusqu'ici  pour  un  homme  bien  constitué 
et  qui,  mort  à  49  ans,  avait  donné  à  sa 
femme  six  enfants. 

)e  n'en  veux  pour  preuve  que  la  ré- 
flexion de  Cromv/el  qui  voulut,  après  le 
supplice  du  monarque,  voir  le  cadavre 
du  roi  étendu  dans  son  cercueil.  L'ayant 
considéré  attentivement,  nous  dit  Guizot, 
et  soulevant  de  ses  mains  la  tête,  comm^ 
pour  s'assurer  qu'elle  était  bien  séparée 
du  tronc  :  «  C'était  là  un  corps  bien  cons- 
titue, dit-il,  et  qui   promettait  luie  longue 

vie  ».  D'  BiLLAKD. 

Les  rapports  des  ambassadears 
vénitieT  s  à  ia  coax-  de  France  (LIV, 
609).  — •  N,  Tommaseo  a  publié  dans  la 
Collection  des  documents  inédits  sur  VHis 
toire  de  France  publiée  par  le  Ministère 
de  l'Instruction  Publique  :  Les  relations 
des  ambassadeurs  vénitiens  sur  les  affaires  de 


France  au  XVI"   siècle  (Recueil,   traduc- 
tion^, 1B38,  2  vol. 

Octave  Beuve. 

la  fuite  do  L«':U's-PAiiipp9  (LIV, 
610).  —  Imbert  de  SaintAmand  {La  Révo- 
lution de  1848^  pages  309  à  325)  donne 
un  itinéraire  du  voyage  du  Roi,  de  Paris 
à  Honfleur  qui,  peut-être,  donnera  satis- 
faction à  la  que.stion  posée.  Thix. 

* 
♦  * 

Il  était  une  heure  de  l'après-midi, 
quand  la  famille  royale  sortit  par  la 
grande  allée  du  jardin  des  Tuileries,  le 
roi  suivi  des  princes  et  princesses,  accom- 
pagné de  quelques  aides  de  camp  et  d'une 
trentaine  de  personnes  dévouées.  Louis- 
Philippe  était  à  pit:d,  en  habit  noir  et 
chapeau  rond,  son  bras  droit  passé  dans 
le  bras  gauche  de  la  reine  sur  lequel  il 
s'appuyait  fortement,  et  celle-ci  marchant 
d'un  pas  ferme.  Ils  s'arrêtèrent  un  instant 
à  l'asphalte  de  l'obélisque,  au  milieu  de 
groupes  qui  ne  comprenaient  rien  à  ce 
qui  se  passait  ;  puis  ils  retournèrent  sur 
leurs  pas  à  très  peu  de  distance  de  là,  oii 
stationnaient  deux  voitures  noires,  basses 
et  attelées  chacune  d'un  cheval.  Deux 
jeunes  enfants  se  trouvaient  dans  la  pre- 
mière ;  Louis-Philippe  prit  la  gauche,  la 
reine  la  droite  ;  les  enfants  se  tinrent 
debout,  le  visage  collé  sur  la  glace  ;  le 
cocher  fouetta  vigoureu'-ement,  et  la  voi- 
ture partit,  entourée  et  suivie  des  gardes- 
nationaux  et  des  dragons  présents  ;  puis 
la  deuxième  voiture,  où  se  placèrent  d'au- 
tres membres  de  la  famille  royale,  se  mit 
en  route.  L'escorte  pouvait  s'évaluer  à 
deux  cents  hommes  environ  :  elle  prit  le 
bord  de  l'eau  et  se  dirigea  au  grand  galop 
vers  Saint-Cloud. 

La  famille  royale  n'y  séjourna  qu'un 
moment.  Deux  omnibus  loués  à  Saint- 
Cloud  la  transportèrent  jusqu'à  Trianon. 
Le  général  Dumas  se  procura  deux  berlines 
et  une  somme  de  1.200  francs  qu'il  em- 
prunta à  un  ami  particulier,  car  le  roi 
était  parti  sans  ime  obole.  On  arriva  à 
Dreux  au  milieu  de  la  nuit  du  24  au  25, 
et  le  lendemain  il  fut  décidé  qu'on  se  reti- 
rerait à  Honfleur  quelques  jours,  là  où 
M.  de  Perthuis,  officier  d'ordonnance  du 
roi,  possédait  une  villa. 

Une  berline  fut  réservée  pour  îa  prin- 
cesse Clémentine  et  son  mari,  le  prince 
de  Saxe-Cobourg,  leurs   trois  enfants,  la 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10    Novembre    jg^ô. 


68= 


686 


petite-fiUe  du  duc  de  Nemours,  la  prin- 
cesse Marguerite,  le  docteur  Pigache  et 
Mme  Angelot,  qui  filèrent  directement 
sur  Boulogne. 

Les  autres  membres  de  la  famille 
royale  occupèrent  la  deuxième  berline  et 
un  des  omnibus  loués  à  Saint-Cloud,  et 
l'on  partit  pour  Evreux  le  26  au  matin. 

On  reconnut  le  roi  à  Anet  et  on  le 
salua  d'acclamations  sympathiques  ;  à 
Saint-André,  jour  de  marché,  des  groupes 
hostiles  se  formèrent  autour  de  la  voiture, 
ce  qui  décida  à  ne  pas  traverser  Evreux. 
On  s'arrêta  à  gauche  de  la  route  de  la 
ville,  dans  un  petit  château  appelé  Malle- 
ville,  appartenant  à  un  royaliste,  et  le 
fermier,  Renard,  conduisit  lui-même  le 
roi  seul  à  Ronfleur,  dans  une  carriole,  au 
milieu  de  la  nuit. 

La  reine  avait  suivi  le  roi  dans  une  ber- 


William  Smith  et  ne  s'exprimant  qu'en 
anglais,  la  reine,  toujours  sous  le  nom  de 
Mme  Lebrun,  se  rendent  le  2  mars  au 
quai  d'Honfleur,  chacun  par  un  chemin 
différent,  montent  au  quai  sur  un  paque- 
bot le  Courrier,  qui  les  dépose  au  Havre, 
où  les  fugitifs  prennent  Y  Express,  amarré 
le  long  du  quai. 

Ils  débarquèrent  le  3  mars  de  bonne 
heure  à  New-Haven,  arrivèrent  à  la  sta- 
tion de  Croydon,  et  le  4  ils  étaient  à 
Claremont,  résidence  que  le  roi  des 
Belges  avait  fait  préparer  pour  eux. 

D""  Billard. 


* 
*  * 


M.  Thureau-Dangin  dans  son  Histoire 
de  la  monarchie  de  Juillet  (t.  Vil,  p.  522) 
donne  des  détails  intéressants  sur  la  fuite 
du   roi  Louis  Philippe,  depuis  son  départ 


line,  tous  deux  voyageant  sous  le  nom  de  i   ^^5  Tuileries  jusqu'à  son  installation  au 


M.  et  Mme  Lebrun 

L'asile  oflert  aux   fugitifs    se   trouvait 
rue  des  Rosiers,  en  face  la  rue  de  la  Mer, 
dans    une   pauvre   petite  maison  qui  n'a  | 
point  changé  d'aspect   et  qui  se  loue  au 
premier  étranger  venu,  moyennant  quel-  j 
ques  centaines  de  francs  pour  la  saison. 

Louis-Philippe  n'y  perd  pas  son  temps: 
il  envoie  à  Trouville  un  émissaire  dévoué, 
un  matelot  nommé  Hulot,  qui  s'entend 
avec  le  patron  d'une  barque  et  fait  un 
traité  pour  le  transport  en  Angleterre, 
moyennant  3.000  francs. 


château  de  Claremont,  après  son  débar- 
quement à  Newhaven.  E,  M. 


Una   fille    naturelle    de  Jérôme 
I   Bonap&î't-^   (LIV,    5:53).  —   Il  y  a   une 
!   quinzaine  d'années,  j'ai  vu   plusieurs  fois 
à  la  mairie  du  18'  arr,,  une  dame  qu'on 
I   appelait  la    princesse   Bonaparte,   et  qui 
habitait    le    quartier    de  la    Goutte-d'Or, 
peut-être  bien  la  rue   de  Chartres.  Cette 
dame  se  disait  fille  du  roi  Jérôme,  et  s'oc- 
cupait  d'un  procès  en    revendication  de 


Le  28  au  matin,  le  roi  en  cabriolet  s  domaines  situés  dans  la  région  Rhénane, 
s'y  dirige,  conduit  par  Racine,  le  jardinicf  j  et  qui  auraient  appartenu  à  son  père, 
de  M. dePerthuis;maislamer  est  houleuse.  |  Elle  paraissait  jouir  d'une  modeste  ai- 
et  le  temps   devient   si    mauvais   que  le  j   sance.  César  Birotteau. 

matelot  ne  pouvait   amener    son   bateau  \  

qui  se  trouvait  dans  une  petite  rivière. 
Le  roi  trouva  une  autre  barque,  mais  le 
patron  de  la  première,  auquel  on  ne  vou- 
lait remettre  que  la  moitié  du  prix  con- 
venu en  rompant  le  marché,  voulut  dé- 
noncer le  roi  qui  eut  le  temps  de  s'enfuir 
en  pleine  nuit  et  par  une  pluie  battante. 
Il  regagna  la  maison  d'Honfleur,  et  y 
resta  compléteinent  démoralisé  jusqu'au 
I"  mars  au  soir,  où  il  apprit  une  bonne 
nouvelle.  Le  consul  anglais,  résidant  au 
Havre,  avait  reçu  des  instructions  de  son 
gouvernement  et  annonçait  que  Y  Express, 
bâtiment  à  vapeur  faisant  le  service  entre 
la  F/'ance  et  l'Angleterre,  prendrait  à  son 
bord  les  fugitifs. 

Le   roi,    déguisé,    prenant   le   nom   de 


Le  Nègre,  et  le  r«faréchal  (LIV, 
220,405,  549,  626)  —  Les  renseigne- 
ments donnés  sont  contradictoires. 

D'après  M.  Emmanuel  Arène,  le  mot 
aurait  été  dit  en  1877,  alors  que  le  Maré- 
chal de  Mac-Mahon  était  Président  de  la 
République. 

Au  contraire,  d'après  les  notes  si  pré- 
cises publiées  ici-même  le  20  août  dernier 
(col  220),  le  nègre  Liontel  n'aurait  été 
saint-cyrien  que  sous  l'Empire,  puis- 
qu'ayant  quitté  Saint-Cyr  pour  entrer  à 
l'Ecole  de  Droit,  il  était  déjà  substitut  en 

1875. 

Est-ce  en  1869,  est-ce  en  1877  que  se 
place  1  incident  ?  Un  Passant. 


N°    1J29. 


L'INTERMEDIAIRE 


687 


688 


Je  crois  que  c'est  perdre  son  temps  que 
de  chercher  des  circonstances  atténuantes 
au  maréchal  de  Mac-Mahon  pour  la  phrase 
qu'on  lui  attribue  :  «  C'est  vous  qui  êtes 
le  nègre  ?  eh  bien, continuez  !  »  Car  l'opi- 
nion dans  l'armée  était  alors  qu'il  ne 
l'avait  pas  dite,  ni  rien  d'approchant. 

Interrogez  en  effet  tous  les  vieux  mili- 
taires et  ils  vous  diront  que  depuis  près 
d'un  demi-siècle  la  même  naïveté  était 
attribuée  traditionnellement,  par  les  lous- 
tics de  régiment,  à  tous  les  généraux  ins- 
pecteurs qui  —  soit  à  Saint-Cyr,  soit 
dans  les  autres  corps  de  troupe  —  aper- 
cevaient un  homme  de  couleur  dans  les 
rangs  qu'ils  avaient  à  passer  en  revue. 

Les  généraux  inspecteurs  futurs,  placés 
dans  les  mêmes  circonstances,  auraient 
sans  doute  été  encore,  pendant  plusieurs 
générations,  l'objet  de  la  même  plaisante- 
rie si  cette  vieille  giberne  usagée  ne  s'était 
arrêtée  et  définitivement  fixée  sur  le  dos 
du  vainqueur  de  Magenta. 

Recueillie  et  colportée  par  un  homme 
d'esprit  dans  un  milieu  peu  au  courant 
des  plaisanteries  militaires,  et  d'ailleurs 
particulièrement  hostile  au  Maréchal, 
cette  facétie  cadrait  trop  bien  dans  la 
série  des  naïvetés  qu'on  s'ingéniait  à  por- 
ter à  son  compte,  pour  qu'on  ne  lui  fît 
pas  un  sort  définitif. 

C'était  du  «  vieux  »  qui,  comme  il 
arrive  souvent,  fut  accepté  par  les  ba- 
dauds comme  du  «  neuf»  et  fit  fortune. 

A.  B, 

Châteaux  de  France  (T.  G.,  197; 
LlV,4o6,  577).  — Betliléemest  depuis  )22!5 
le  siège  d'un  évêché  sans  diocèse,  qui  était 
occupé,  dès  1754,  par  Ch.  Marie  de  Que- 
len,  et  en  1777,  par  François-Camille  de 
Duranti  de  Lironcourt.        J--C.  Wigg. 

Les  officiers  de  l'état-civil  et  les 
titres  de  noblesse  (LIV,  560).  —  L'ar- 
ticle 15  du  décret  du  le""  mars  1808  est 
ainsi  conçu  :  «  Défendons  à  tous  nos 
sujets  de  s'arroger  des  titres  et  qualifica- 
tions que  nous  ne  leur  aurions  pas  confé- 
fés,  et  aux  officiers  de  l'état  civil,  notaires 
et  autres,  de  les  leur  donner  ;  renouvelant, 
autant  que  besoin  serait,  contre  les  con- 
trevenants, les  lois  actuellement  en  vi- 
gueur v>.  Tel  est  le  seul  texte  que  nous 
connaissions  ;  à  ce  propos  M  .Huttcaud'O- 
rigny  exprime  le  regret  qu'il  n'ait  pas  été 


renouvelé.  De  plus,  dans  l'article  259 
du  Code  pénal  (Loi  du  28  mai  1852) 
punissant  d'une  amende  de  cinq  cents  à 
dix  mille  francs  quiconque  modifie  le 
nom  que  lui  assigne  l'état  civil  ou  prend 
un  titre  ;  rien  ne  concerne  les  officiers 
de  l'état  civil,  qui  ne  sont  pas  passibles 
des  peines  portées.  La  mauvaise  foi  ne 
pourrait  pas  résulter  du  défaut  de  s'être 
fait  représenter  les  décrets  d'investiture, 
si  l'officier  de  l'état  civil  avait  eu  des 
doutes  sur  les  titres  dont  on  a  demandé 
l'inscription. 

Baron  du  Roure  de  Paulin, 
Avocat  à  la  Cour. 

Les  seigneurs  de  Franconville 
(LIV,  556).  —  Une  seigneurie  de  ce  nom 
entra,  par  alliance,  à  la  fin  du  xiv°  siècle, 
dans  la  famille  d'O,  qui  en  obtint  l'érec- 
tion en  marquisat,  par  lettres  patentes  du 
mois  de  juin  16 19.  Adélaïde  Geneviève- 
Félicité  d'O,  marquise  de  Franconville, 
l'apporta  en  dot,  le  27  août  1731,  à  son 
mari,  Louis,  duc  de  Brancas  et  de  Lau- 
raguais,  dont  la  postérité  s'est  éteinte  au 
siècle  dernier  dans  les  familles  de  Com- 
maille  et  Hibon  de  Frohen. 

Le  marquisat  de  Franconville  est-il  sorti 
de  cette  lignée?  Voilà  une  question  dont 
je  renvoie  la  solution  à  un  confrère  mieux 
renseigné  que  moi  à  ce  sujet. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

»  * 

Le  domaine  de  Franconville  (Franconis- 
Villa)  existait  en  832  et  ses  revenus  étaient 
affectés  à  l'entretien  des  habits  et  de  la 
chaussure  des  religieux  de  SaintDenis. 

Franconville  fut  érigé  en  marquisat  au 
bénéfice  de  Jacques  d'O.  Une  de  ses  plus 
belles  villas  abrita  la  vieillesse  de  Louis- 
Elisabeth  de  laVergne,  comte  de  Tressan, 
membre  de  l'Académie  française,  mort  en 

1783.  D.  R. 

* 
*  * 

Si  notre  confrère,  M.  Albinoni,  entend 
parler  de  Franconville,  arrondissement  de 
Pontoise  (Seine-et-Oise),  je  puis,  à  défaut 
de  renseignements  sur  ses  anciens  sei- 
gneurs, lui  répondre  que  le  château  existe 
encore,  quoique  très  remanié,  sinon  rebâti 
par  son  propriétaire  actuel,  M.  le  duc  de 
Massa.  Les  serres  de  Franconville  sont 
célèbres  dans  le  monde  entier. 

Comte  de  Varaize. 


DES  CHERCHEURS   ET  CURIEUX 


10  Novembre  1906. 


Ô89 


690 


Fannllô  rt'Aoust  (LIV,  556).  — 
J'ai  connu  autrefois,  il  y  a  de  cela  vingt 
ou  vingt-cinq  ans,  Mme  la  comtesse 
d'Aoust,  née  Feutrier,  morte  en  1890,  si 
j'ai  bonne  mémoire,  au  château  de  Saint- 
Maurice,  près  de  Troissereux  (Oise)  et 
dont  la  famille,  je  crois  bien,  était  origi- 
naire du  Nord.  Elle  était  veuve  et  n'a  pas 
laissé  d'enfants,  E.  X.  B. 

*  » 
Cette  famille,  que  le  Nobiliaire  du  Pon- 

thieii.,pav  M.  Reileval, dit  originaire  du  vil- 
lage d  Aoust,  près  d'Eu, d'après  le  Diction- 
naire des  familles  françaises, psLV  M.Ch.  d'E. 
A.  (I,  261),  a  pour  auteur  Jacques  Aoust, 
argentier,  échevin  et  procureur  fiscal  à 
Abbeville.  anobli  au  mois  de  février  1454 
(ou  août  1453  ?)  par  lettres  patentes  du 
roi  Charles  Vit.  Ses  derniers  représen- 
tants, alliés  avec  les  familles  de  Gantés, 
de  la  Croix  de  Chevrières,  Feutrier,  Robin 
de  Barbentane,  Verger,  etc.,  établis  au 
château  de  Saint-Léger  (Pas-de-Calais) 
étaient-ils  issus  de  l'un  des  frères  du  gé- 
néral ?  G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Bâtons  de  maréchal  do  Casîellane 
et  de  Bousquet  (LIV,  503).  — Les  En- 
virons de  risle  Barbt\  par  M.  L.  Niepce, 
donnent  (p.  320)  le  portrait  du  maréchal 
de  Castellane  qui  porte  pour  emblèmes, 
sur  son  bâton,  des  aigles. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Famille  de  Chazot  (LIV,  556).  —  La 
famille  de  Chazot  appartient  au  Parlement 
de  Metz,  et  c'est  dans  les  ouvrages  sur 
cette  province  que  notre  confrère  trou- 
vera les  renseignements  qu'il  cherche. 

Elisabeth  de  Chazot,  dont  la  mère  était 
Montholon,  épousa,  en  1760,  René  Chop- 
pin,  6*  du  nom,  seigneur  d'Arnouville. 
Leur  fille  Claire  épousa  le  vicomte  de 
Morel  Vindé,  dont  il  a  été  récemment 
question  dans  V Intermédiaire. 

Comte  de  Varaize. 


* 
*  * 


La  Chesnaye  des  Bois  a  fait  une  généa- 
logie de  cette  famille,  et  M.  d'Arbaumont 
lui  a  consacré  une  notice  dans  son  Ar- 
moriai de  la  Chambre  des  comptes  de  Dijon. 
L'une  et  l'autre  sont  incomplètes  ou 
inexactes. 

Les  Chazot  sont  d'origine  bourgui- 
gnonne et   fort  obscure.    Au  xv°   siècle, 


I  ils  étaient  répandus  dans  plusieurs  villages 
du  nord  de  la  province.  Une  branche  ha- 
bitait Salives,  dans  le  Châtillonnais,  c'est 
un  de  ses  rameaux  qui  vint  à  Dijon  et  y 
fit  fortune  dans  la  robe,  à  la  faveur  des 
troubles  de  la  Ligue.  Une  autre  vint  ha- 
biter Nolay,  une  autre  passa  en  Prusse, 
où  elle  fit  également  fortune.  Des  descen- 
dants de  cette  famille  fort  honorable  et 
honorée  existent  en  Normandie,  sous  le 
nom  de  comtes  de  Chazot.  D'autres  se 
retrouvent  encore  en  Bourgogne  sous  le 
nom  primitif  Chazot  ou  Chazaud. 

Dans  les  minutes  de  Morel,  notaire,  on 
trouve,  en  i  591 ,  le  contrat  de  mariage  de 
Robert  Chazot,  cordonnier,  natif  de  Sa- 
lives et  demeurant  à  Dijon,  avec  Antoi- 
nette Varin. 

Par  une  délibération  des  Etats  de  Bour- 
gogne,en  1646,  Bénigne  Chazot, marchand 
à  Châtillon-sur-Seine,  fut  exempté  de 
tailles  comme  empereur  au  noble  jeu  de 
rA.rbalète. 

L'origine  chevaleresque  attribuée  aux 
Chazot  est  une  pure  légende. 

Dont  Care. 

Dôscendance  du  duc  de  Dantzig 

(LIV,  447,  57q)  —  Je  connais  le  récit 
de  Louise  Fusil,  mais  je  me  demande 
jusqu'à  quel  point  on  s'y  peut  fier.  Cer- 
taines parties  de  ses  Mémoires  ont  un 
accent  de  vérité  indéniable,  mais  à  côté, 
on  sent  parfois  Varrangement,  sinon  l'in- 
vention. 

Ainsi  l'histoire  de  Nadèje  est  racontée 
de  manières  différentes  suivant  les  édi- 
tions de  ses  mémoires,  et  dans  sa  revue 
Proserpine  à  Paris  :  tantôt  elle  prétend 
avoir  ramassé  l'enfant  dans  la  neige, 
tantôt  on  la  lui  apporte,  etc.,  etc.  Cette 
Nadèje,  croit-on,  était  sa  fille  ;  sans  doute, 
en  ce  cas,  elle  l'avait  amenée  de  Moscou 
avec  elle,  et  cachée  dans  sa  voiture. 
Quelle  confiance,  au  surplus,  peut-on  ac- 
corder à  cet  ouvrage  ? 

N'est-il  pas  l'œuvre  de  Martainville  ? 

C.   DE  LA  BeNOTTE. 

Deis'irt,  secrétaire  des  audien- 
Côs  et  Cérémonies  royales  (LIV, 
557).  —  Dinaux  a  publié  sur  Delsart, 
l'année  même  de  la  mort  de  ce  sténogra- 
phe, une  notice  succincte,  dans  les  Ar- 
chives Jiistoriqncs  et  littéraires  du  Nord  de 
la  France  et  dn  Midi  de  la  Belgique,  y  se 


N*    1120. 


L'INTERMÉDIAIRE 


691 


692 


rie,  t.  V,  p,  103  (Valenciennes,  1855, 
in-S").  Delsart  avait  lui-même  publié  dans 
ce  recueil  (2"  série,  t.  II,  p.  273)  un 
«  Précis  historique  des  réunions  de  la 
Société  du  Nord  à  Paris  depuis  sa  fonda- 
tion en  1825  jusqu'en  1840  ».  On  y  lit 
que  dès  l'origine,  «  M.  Auguste  Delsart, 
rédacteur  du  Moniteur,  sténographe  du 
Roi,  y  fut  admis  comme  membre  rési- 
dant ». 

Il  serait  étonnant  que  les  traits  de  Del- 
sart n'eussent  pas  été  conservés,  car  son 
fils,  si  je  ne  me  trompe,  fut  photographe- 
peintre  à  Valenciennes.  Je  possède  des 
portraits  de  famille  provenant  de  cet  ate- 
lier. Peut-être  trouverait-on  quelque  chose 
dans  le  musée  de  la  Société  historique  de 
Valenciennes.  De  Mortagne. 


Le  général  Buvigaeau  (LUI  ;  LIV, 
127,  190,  297,  402).  —  Je  remercie  bien 
sincèrement  les  aimables  intermédiairistes 
qui  ont  répondu  à  ma  question  sur  les 
origines  du  général  Duvigneau.  Comme 
cette  question  avait  pour  but  principal 
de  savoir  si  ledit  personnage  appartient  à 
une  famille  dont  je  m'occupe, —  les  Duvi- 
GNEAUD  ayant  habité  Longwy  à  la  fin  du 
xvii«  siècle  et  au  commencement  du  xvni*^, 
—  je  me  permets  de  préciser  ma  de- 
mande par  les  indications  suivantes  : 

Jean-Baptiste  Duvigneaud  (1692-1761), 
maître  chirurgien  juré  pour  le  civil  et  le 
criminel  au  bailliage  et  siège  royal  de 
Longwy,  eut,  notamment  deux  fils,  qui 
sont  :  1°  Simon-Joseph  D.,  né  à  Longwy, 
le  3  juillet  1732;  et  2°  Jacques  D.,  né 
dans  la  même  ville,  le  16  janvier  1738. 

L'un  de  ceux-ci  n'était-il  pas  le  père 
du  général,  né  à  Mézières  en  1770  ? 

11  est  à  remarquer  que  la  différence 
dans  l'orthographe  du  nom  importe  peu, 
car  les  D.  deLongwy, quoique  signant  t(  u- 
jours  :  Duvigneaud,  sont  appelés  indis- 
tinctement,dans  les  actes:  Duvignot,  Du- 
vigneau, Duvignau,  Duvignauld,  Duvi- 
gneaud, Duvignaud,  Duvigneaut,  Duvi- 
gniau,  etc.  Spécialement,  Simon-Joseph, 
qui  précède, est  qualifié:  Duvignau, comme 
le  général,  dans  son  acte  de  baptême. 

Autre  question.  Dans  son  acte  de  ma- 
riage dressé  àLongwyen  i683,JacquesD. 
(l'acte  porte  :  Duvignot), chirurgien, pèrede 
Jean-Baptiste  ci-dessus  cité,  est  natif 
de  Galapiait,  en  Gascogne.  Je  serais  très 
reconnaissant  à  l'obligeant   généalogiste 


qui  pourrait  me  renseigner  sur  la  famille 
gasconne  de  ce  nom  à  laquelle  se  ratta- 
cherait le  susdit  Jacques  D. 

Un  abonné. 


Fabre  de  l'Aude.  (LIV, 499). —  Jean- 
Pierre  Fabre, né  à  Carcassonne  le  8  décem- 
bre 1755, et  mort  à  Paris  du  choléra,  le  6 
juillet  1832,  joua  un  rôle  secondaire  dans 
la  maçonnerie  officielle  de  l'Empire,  bien 
qu'ayant  été  Grand  Expert  du  G.".  O.".  (29 
décembre  1806)  et  député  de  la  Loge  Impé- 
riale des  Francs  Chevaliers  à  l'O.".  de  Pa- 
ris. Les  papiers  laissés  à  ses  successeurs, 
papiers  que  j'ai  pu  parcourir  en  partie, 
m'ont  paru  avoir  la  même  provenance 
que  le  fonds  Peyrusse  légué  à  la  bibliothè- 

I  que  de  Carcassonne. 

I  Fabre  de  l'Aude  épousa  à  Carcassonne, 
le  12  juin  1781,  Rose-Marguerite  Moffre, 
née  à  Carcassonne  le  23  mars  1763, 
-}-  dans  cette  ville  le  2  octobre  1823.  Cer- 
tains dictionnaires  prétendent  qu'il  eut 
26  enfants  de  la  même  femme,  je  laisse 
aux  collaborateurs  de  Carcassonne  le  soin 
de  vérifier  cette  assertion  qui  ir.e  parait 
une  légende. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  seul  descendant 
qui  ait  fait  souche,  à  ma  connaissance, 
est  Fidèle-Désiré-Achille  qui  mourut  en 
1858  à  Figueras,  d'un  accident  de  chasse. 
En  1829,  il  aurait  épousé  Mlle  de  Maus- 
sion  (-j-  1888).  Cette  dernière  avait  une 
fille  qui  devint  Mme  du  Peyron. 
Achille,  F.  de  l'A.,  eut  trois  fils  : 
1°  Anatole-Gaston,  né  en  1833,  {■  en 
1869,  à  Caldas  de  Malavella.  Il  épousa 
Mlle  Cari  ion  laFuente,  d'où  : 

a.  Léon,  officier  carliste  f  à  Marseille. 

b.  Marcelline,  qui  épousa  Alejandro 
Alvarez  y  Serrano,  d'où  9  enfants,  dont 
8  vivants  ;  joachim,  Conduta.  Alejandro, 
Antonio,  Marcellina,  Juanita,  Federigo, 
Paquita  (f  190s)  et  Ramon  (né  en  1900). 

c.  Pilar,  -f-  en  1895,  sans  postérité  ; 
2°  Charles  Ferdinand, artiste  peintre,  né 

en  1836,  ■\-  à  Paris  le  30  novembre  1894, 
laissa  sa  fortune  à  un  fils. 

3°  Ferdinand-Gaston  Léon,  né  en  1838, 
qui  épousa  Mlle  Concha  Puyg,  qui  se 
noya  dans  nn  puits  à  Marseille  (avant 
1892). 

J'ai  des  raisons  particulicres  de  croire 
que  le  fils  de  Charles  Ferdinand  possède 
une  partie  des  papiers  de  F»  de  l'A. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Novembre   1906. 


693 


694 


J'ai  emprunté  une  partie  de  ces  rensei- 
gnements (généalogiques  aux  ouvrages  du 
vicomte  Révérend,  c'est-à-dire  à  la  source 
la  plus  abondante  et  la  plus  sûre. 

F.  G.  Bord. 


Les  débuts  de  M.  Anatole  France 

(LIV,  390/  —  M.  France  nous  a  récem- 
ment conté  l'histoire  d'un  jeune  homme 
nommé  Réginald  qui,  chargé  de  copier 
des  textes  anciens  dans  le  Départe- 
ment des  Manuscrits,  trouve  plus  simple 
de  les  inventer  sur  un  banc  du  square 
Louvois  avec  une  jolie  personne  pour 
laquelle  il  se  nomme  «  Régi  »  dans  l'inti- 
mité. 

Ce  Réginald  n'est  autre  que  AI.  France, 
enfant.  L'auteur  de  Svlvstre  Bonnatd  a 
débuté  dans  la  littérature  par  un  essai  de 
mystification  qui  d'ailleurs  a  échoué 
comme  celui  de  Réginald.  Pourquoi  lou- 
blierions-nous  puisqu'il  prend  la  peine  de 
nous  le  rappeler  ? 

Le  10  août  1864,  une  savante  revue 
qui  venait  de  naître,  publia  de  bonne  foi 
un  petit  poème  que  M.  France  lui  appor- 
tait et  qu'il  signait  André  Chénier, 
tout  simplement.  Ces  vers,  il  les  avait 
trouvés,  disait-il,  en  marge  d'un  Virgile 
in-40  ayant  appartenu  d'abord  à  André, 
puis  à  Marie-Joseph  Chénier.  Paul  Lacroix, 
qui  ne  manquait  pas  une  erreur  en  ma- 
tière d'attribution,  fut  tenté  de  les  croire 
authentiques  ;  mais  quelques  jours  à 
peine  après  la  publication,  Gabriel  de 
Chénier  prouva  que  la  pièce  était  fausse  : 
i""  Parce  qu'André  Chénier  n'écrivait 
pas  en  marge  de  ses  auteurs  latins  ; 

2°  Parce  qu'il  n'avait  jamais  eu  de  Vir- 
gile in-4''; 

3°  Parce  que  Marie-Joseph  n'en  avait 
pas  eu  davantage. 

On  ne  saurait  penser  à  tout...  Et  l'ar- 
gument de  la  fin  était  le  plus  cruel. 

4°  Enfin  une  dernière  raison  qui  prouve- 
rait à  elle  seule  que  les  dix  vers  en  question 
ne  sont  point  d'André,  c'est  leur  facture. 
Alors  même  qu'il  se  négligeait  le  plus,  il 
n'en  faisait  pas  de  pareils. 

M.  France  avait  vingt  ans.  C'étaient 
ses  débuts  en  poésie  comme  en  histoire 
littéraire  11  se  retira  en  silence  et  on  n'a 
pas  entendu  dire  que  depuis  cet  incident 
de  jeunesse  il  ait  jamais  tenté  de  mystifier 
personne.  Candide. 

(VoirT»  G.  20i).l 


Le  souper  de  Grimod  de  la  Rey- 
nière  (LIV,  561,  633).  —  Le  souper  dit 
des  funérailles  eut  lieu  le  i*''  février  1783, 
dans  l'hôtel  des  Champs-Elysées.  Il  en 
existe  une  gravure  assez  rare,  qui  a  été 
reproduite  par  Paul  Lacroix  et  Kellerwen 
dans  l'ouvrage  intitulé  :  XVIII^  siècle^ 
insiiiiitions,  usages  et  costumes.  Paris,  Fir- 
min  Didot  frères,  1875. 

Martellière. 

La  faïence  du  seigneur  de  la 
Hoche  Chandry  (LIV,  390;.  —  Voir 
une  notice  très  sommaire  de  cette  famille 
dans  Les  fiefs  de  l'évcché  d' Angoulême^ 
par  Séménaud.  Vers  1530,  la  famille  était 
représentée  par  Philippe,  baron  de  la 
Roche-Chandry,  (ou  la  Roche-Andry),  fils 
de  Jean,  seigneur  de  la  Roche-Chandry, 
de  Vernon,  Coulonges,  etc.,  et  de  Re- 
née du  Bec,  et  marié  avec  Jeanne  de 
Beaumont-Bressuire,  fille  de  Jean  de 
Beaumont,  seigneur  de  Glenay,  et  de 
Catherine  Ratault. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Famille  de  Lorme  (LIV,  558).  — 
Le  personnage  qui,  d'après  VAnuuaire 
de  la  noblesse,  fit  enregistrer  ses  titres  au 
Conseil  souverain  de  la  Martinique  en 
1779,  était  Jean  de  Lorme.  A  la  même 
époque  vivait  dans  cette  île  Jean-Baptiste 
Delhorme,  négociant  à  Saint-Pierre,  fils  de 
Joseph  Delhorme,  aussi  négociant  à  Saint- 
Pierre,  mais  originaire  de  Lyon,  et  père 
du  baron  Delhorme  de  Vlsle  (Vicomte  Ré- 
vérend :  Titres  de  la  Restauration,  11,  322). 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


* 


Est-ce  que  le  miniaturiste  de  Lorme  ou 
Delorme,  qui  vivait  vers  1830,  apparte- 
nait à  cette  famille  ? 

Où  peut-on  trouver  des  renseignements 
sur  lui  ?  Tyrone. 

Un  marquis  de  la  Pailleterie 
(LIV,  449.  =i26,  "585,  638).  —  La  notice 
de  la  famille  Davy  delà  Pailleterie,  dont 
étaient  issus  les  deux  Alexandre  Dumas, 
a  été  donnée  par  Borel  d'Hauterive,  dans 
la  Revue  historique  de  la  noblesse  (t.  IV, 
370)  et  dans  V Annuaire  de  la  noblesse  de 
France  (184s,  p.  209).  Le  père  du  géné- 
ral Thomas-Alexandre  Dumas-Davy  (qui 
prenait  son  nom  de  Marie  Cessète  Dumas, 
négresse,    sa  mère)  était  Alexandre-An* 


N"  Ï129. 


L'INTERMEDIAIRE 


695 


696 


toine  Davy  de  la  Pailleterie,  écuyer,  sei-  l 
gneur  et  patron  de  Bielleville,  commis- 
saire d'artillerie,  qui  se  fixa  à  la  Guinodée, 
près  du  trou  de  Jérémie,  dans  l'ile  de 
Saint-Domingue,  mais  qui  revint  en 
France,  puisqu'il  mourut  àSaint-Germain- 
en-Laye,  le  15  juin  1786. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Maurice  Rollinat  (LIV,  559)  — 
La  Revue  du  Sé'/Tv, publiée  à  Châteauroux, 
dans  son  numéro  d'octobre  1906,  donne 
un  excellent  article  de  IVl.  Joseph  Pierre  sur 
Maurice  Rollinat  et  les  erreurs  de  ta  Presse, 
qui  établit  avec  exactitude  et  redresse  les 
passionnées  controverses  sur  la  fin  de  notre 
regretté  poète  berrichon. 

Victor  Deséglise. 

*  f 

Le  sculpteur  Rodin  a  exécuté  sur  Roi 
linat  un  bas  relief  qui  a   été   posé  contre 
le  mur   de  l'église  de  Fresselines. 

On  avait  d'abord  écrit  que  ce  monu- 
ment serait  placé  dans  l'intérieur  de 
réglise.  Une  polémique  s'était  engagée  à 
ce  sujet  qui  dicta  au  curé  de  Fresselines, 
l'abbé  Boithier, successeur  de  l'abbé  Daure, 
ami  personnel  de  Rollinat,  la  lettre  sui- 
vante adressée  au  Figaro.  C'est  un  docu- 
ment qui  a  sa  place  dans  nos  colonnes. 

Fresselines  par  Dun  (Creuse)  le  26  août  1906. 

Monsieur  le  directeur, 

On  vient  de  me  communiquer  un  numéro 
où  je  lis  que  j'ai  été  l'ami  de  Maurice  Rolli- 
nat. Or,  monsieur,  ma  nomination  de  curé 
de  Fresselines  a  été  faite  quinze  jours  après 
son  suicide,  et  je  n'ai  jamais  vu  ni  aperçu 
votre  poète. 

Quant  à  demander  son  buste  ou  un  bas- 
relief  de  Rodin  pour  mon  église,  veuillez 
vous  rappeler  que  l'Eglise  n'ouvre  la  maison 
de  Dieu  qu'aux  images  des  saints,  je  ne  sache 
pas  qu'elle  y  ait  introduit  jamais  «  sous  au- 
cun geste  »  les  illustrations  à  la  mode. 

Elle  a  pu,  tout  au  plus,  ainsi  que  le  décrit 
Viollet-le-Duc  dans  son  Dictionnaire  d'ar- 
chilecture,  établir  à  l'extérieur,  sous  la  vous- 
sure de  ses  portails,  le  Jugement  dernier,  et 
sur  les  frises  de  ses  contreforts,  les  Péchés 
capitaux,  les  rejetant  hors  de  l'enceinte, 
comme  un  spectacle  destiné  à  faire  réfléchir 
ses  enfants  et  ses  fidèles. 

Je  reste,  monsieur,  tout  curé  de  campagne 
que  je   suis,  trop   respectueux    des   coutumes 


palité  de  Fresselines,  sans  lui  apporter  la 
moindre  opposition,  donner  l'autorisation 
d'adosser  ce  monument  commémoratif  aux 
murs  de  mon  église. 

Mon  intention,  là  dedans,  vous  le  voyez, 
est  donc  entièrement  passi,ve,  sans  autre  ca- 
ractère. 

Veuillez,  monsieur,  recevoir  cette  rectifi- 
cation avec  mes  salutations  respectueuses, 

BOITHIER, 

Curé  de  Fresselines. 
Le  21  octobre,  la  cérémonie  de  la  re- 
mise du  monumenta  eu  lieu,  à  Fresselines, 
Discrète,  et  touchante,  elle  ne  réunissait 
que  les  amis  du  poète  les  plus  soucieux  de 
sa  mémoire, auxquels  s'était  joint  un  mem- 
bre de  la  famille.  M.  Octave  Uzanne  pré- 
sidait cette  cérémonie. 


La  fin  de  Maurice  Rollinat  a  pu  donner 
lieu  à  de  passionnées  controverses,  mais 
la  vérité  a  été  établie  maintes  fois  par  le 
récit  de  ses  amis,  les  articles  documentés 
précis  de  certains  de  ses  confrères,  les 
lettres  même  des  docteurs  qui  le  soi- 
gnèrent jusques  à   la  dernière    seconde. 

11  est  actuellement  démontré  que  le 
poète  des  Névroses  n'a  point  succombé  à 
la  blessure  peu  grave  qu'il  s'était  faite  à 
l'aide  d'un  petit  revolver  sans  puissance. 
Lorsqu'il  eut  recours  à  cette  arme,  ce  fut 
dans  une  crise  de  désespoir  et,  pour  ainsi 
dire,  par  effroi  de  ta  mort  qui,  déjà  descen- 
dait en  son  être.  Cette  tentative  de  sui- 
cide n'avança  même  point  son  heure  der- 
nière ,1a  petite  plaie  de  la  voûte  du  palais 
s'étant  cicatrisée  presque  aussitôt.  Mau- 
rice Rollinat  mourut  le  28  octobre  1903, 
du  marasme  physiologique  que  les  spé- 
cialistes désignentsous  le  nom  de  cachexie 
neurastéiiiqiic.  Il  avait  conservé  toute  sa 
raison. Son  corps  avait  atteint  à  un  état  de 
maigreur  et  de  dessèchement  comparable 
à  celui  des  victimes  de  la  famine  de  l'Inde, 
que  nous  montrèrent  certaines  photogra- 
phies. Il  était  semblable  aux  squelettes  qu'il 
s'était  tant  plu  à  chanter  dans  son  œuvre 
macabre  11  s'en  est  allé  «  fantômal  », 
comme  ilavait  vécu  dans  son  rêvemorbide. 

Octave  Uzanwe . 

Les  plus  vieille!»  tragédiennes, 
coirsédiennes,  cantat  iceRdu  temps 

préstjnt  (LIV.  506,  607).  — Au  lieu  de 
MmeDf7Mi/o///,Mme  Tordens.^  [Amo-Scriva- 
necli,  lire  Dandoird,  Tordeus.,  ^criwaiieck, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUXio 


Novembre  iqob. 


697 


698 


Mme   Périgat    «  actrice  »    et  non    «  ac- 
teur ». 


Armoiries  des  familles  de  Morat 
et  d'Hau^erive     au   XVIÏ*     siècle 

(LIV,  452).  —  Parmi  les  ancêtres  de  la 
maréchale  Augereau,  issue  de  la  famille 
Bourlon  de  Chavanges,  V Annuaire  de  la 
noblesse  de  France  (1894,  491)  rapporte 
des  alliances  avec  les  familles  Morard 
(sic)  et  Henry  d'Hauierive,  mais  sans  in- 
dication d'armoiries.  Les  Bourlon  appar- 
tenaient à  la  Lorraine,  où  je  ne  connais 
pas  de  famille  du  nom  de  Morard  ou  Mo- 
rat. Rietstap  (Armoriai  général,  I,  929) 
donne  les  armoiries  d'Henry  dObéville  en 
Lorraine,  anobli  i'''  mai  1641  :  taillé 
d'or  sur  argent  :  au  lion  de  gueules.^  bro- 
chant sur  le  tout,  et  chargé  d'une  croix  de 
Lorraine  d'argent. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


Les  tableaux  de  Van  der  Menlen 
sur  ie8  victoires  de  Louis  XIV  (LU  ; 
LUI;  LIV,  301,  418,  591).  — Trois  ré- 
ponses à  la  question  posée  en  novembre 
dernier  par  M.  Géo.  Bernard,  nous  ont 
fait  connaître  des  Musées  de  France,  pos- 
sesseurs de  tableaux  de  Van  der  Meulen. 

Je  demande  à  mon  tour  :  «  D'où  vien- 
nent ces  toiles  ?»  —  Dans  ses  mémoires, 
Mlle  de  Montpensier  écrit,  en  parlant  de 
sa  maison  de  Choisy,  à  la  date  de  1680  : 
«  En  tout,  la  maison  est  commode  :  il  y  a 
un  petit  cabinet  où  toutes  les  conquêtes 
du  roi  sont  en  petit,  par  Van  der  Meulen, 
un  des  meilleurs  peintres  de  cette  ma- 
nière ». 

Choisy,  transformé  par  Louis  XV,  fut 
démoli  à  la  Révolution.  Que  sont  devenus 
ces  tableaux  ?  —  Il  n'y  a  pas  lieu  de 
penser  qu'ils  aient  été  détruits  lors  de  la 
démolition  du  château.     Léon  Riq.uet. 

Souvenirs  de  Mr/ie  Récamier 
(LIV,  558).  —M.  N.  A.  M.  Giles  a  rai- 
son :  il  ne  nous  laisse  à  enfoncer  qu'une 
porte  dès  longtemps  ouverte.  L'ouvrage  : 
Souvenirs  et  correspondance  tirée  des  pa- 
piers de  Mme  Récamier.,  (2  vol.  in-8,  Paris 
3®  édition,  1860)  a  été  publié  par  les 
soins  de  sa  nièce  et  fille  adoptive,  Mme 
Charles  Lenormant,  femme  du  célèbre 
archéologue  et  mère  de  François  Lenor- 
mant, archéologue,  lui  aussi,  et  membre 


de  l'Institut.  Née  Amélie  Cyvoct  en  1810' 
Mme  Ch.   Lenormant  est  morte  en  1893' 

A.  LiBERT. 


Les  intéressants  souvenirs  de  Madame 
Récamier,  publiés  en  1859  (^^  réédités 
depuis,  si  je  ne  me  trompe), ont  pour  au- 
teur sa  nièce  et  pupille,  madame  Lenor- 
mant, née  Cyvoct,  femme  de  l'illustre 
Charles  Lenormant  et  mère  du  savant  ar- 
chéologue François  Lenormant,  mort  en 
1883. 

Madame  Charles  Lenormant,  dont  le 
salon  était  fréquenté  par  beaucoup  d'aca- 
démiciens et  de  littérateurs  connus,  est 
morte  à  Paris,  en  1893,  âgée  de  89  ans. 
Une  de  ses  filles  avait  épousé  M.  de  Lo- 
ménie  de  l'Académie  française. 

J.W. 

Les  reliures  de  la  bibliothèque 
de  r  «  Isle  Bavary  »  (LIV,  560).  —  Li- 
gne 39  :  Au  lieu  de  :  Format  grand  in-S", 
lisez  :  Format  petit  in-8°  ou  grand  in-12. 

Tous  les  volumes  de  cette  bibliothèque 
étaient  d'un  petit  format,  facile  à   porter. 

Ligne  43  :  Au  lieu  de  :  par  des  papiers 
peigne,  lisez  :  gardes  papier  peigne. 

Ul.  R.-D. 

Le  théâtre  en  province  (LIV,  281, 
355,  428,  476,  534,  592),  —je  signalerai 
à  M.  Lyonnet,  le  petit  volume,  fort  bien 
documenté  et  devenu  rare,  dont  voici  le 
titre  : 

Le  Théâtre  au  Puy-en-Velay. Notes  histo- 
riques, par  Henry  Mosnier.  Le  Puy,  typ, 
et  lith.  Miirchessou  fils,  1880,  in-12  de 
viir,  84  pages.  La  couverture  porte  : 
H,  Champion,  libraire  à  Paris,  chez  le- 
quel très  probablement  il  doit  se  trouver 
encore  des  exemplaires.  L. 

*  * 
Les  premières  années  du  théâtre  de  Mâ- 

con{i-]']2-i-]g2)y  p.  L.    Lex,   Paris,  Plon- 

Nourrit  et  C'*^,  1901,  in-80,  23  p.,  2  pi. 

BiBL.  Mac. 

Documents  relatifs  aux  représentations  de 
comédies  castillanes  qui  eurent  lieu  à  Per- 
pignan de  162)  à  i6^y.  Publié  par  B. 
Alart,  dans  Revue  des  Sociétés  savantes  des 
départements,  6^  série,  t.  III,  mai-juin 
1876. 

Cf.  Histoire  de  la  ville  de  Perpigi^an^ 
par   Pierre  Vidal,    p.    535. 


N' 


1 129. 


L'INTERMEDIAIRE 


699 


■00 


Les  anciens  théâtres  de  Perpignan^  par 
Pierre  Vida!.  Dans  Le  Papillon,  iomnal  de 
Perpignan,  n°«  135,  136,  137.  138,  139, 
4*  année,  1885. 

Une  saison  théâtrale  à  Perpionaii,  1 777- 
1778,  par  F.  Buet.  Dans  Remte  d'histoire 
et  d'archéologie  du  Roussillon,  1900.  t.  I, 
P-  97-1^3-  Pierre  Vidal. 

Autobus  fLIV,  337,  426,  484,  653).— 
Les  Annales  politiques  et  littéraires  (21  oc- 
tobre 1906,  p.  260)  publient  la  commu- 
nication suivante  de  M.  Auguste  Renard; 

Mais  il  est  joli,  tout  à  fait  joli,  ce  mot  1 
Que  lui  reproche-t-ou  ?  d'avoir  perdu  quel- 
ques-uns de  ses  membres  à  la  bataille  ? 
Mais  s'il  a  meilleure  grâce  ainsi  ? 

C'est  là  une  aventme  commune  en  gram- 
maire. Des  mots  souvent  s'abrègent,  se 
resserrent,  se  contractent,  les  uns  au  com- 
mencement, d'autres  au  milieu,  d'autres  à  la 
fin  ;  Apouille  (Apulia),  Aguienne  (Aqui- 
taine), Aboutique  {apot/ieca),  sont  devenus. 
par  abréviation,  —  par  aphérèse,  disent  les 
grammairiens,  —  Fouille,  Guyenne,  bouti- 
que ;  paragraphe  s'est  contracté  en  parapha 
(ce  sont  là  deux  formes  différentes  d'un 
même  mot).  Enfin,  on  ne  dit  plus  :  je  pèse 
cent  kilogrammes,  mais  cent  kilos,  et  l'admi- 
nistration elle-même  n'impose  plus  les  vélo- 
cipèdes, mais  les  vélos.  Economie  de  temps. 

Puisque  automobile  omnibus,  trop  long, 
n'aurait  jamais  été  accepté  du  public,  qu'il 
fallait  l'amputer  ,  mieux  valait  pratiquer 
l'opération  tout  de  suite.  Elle  a  réussi  :  le 
public  se  montre  aussi  satisfait  du  mot.  qui 
est  commode,  que  de  la  chose,  qui  ne  l'est 
pas  moins. 

Donc,  tout  est  ?u  mieux.  Va  pour  au- 
tobus. J.  Lt. 

Mondial  (LIV,  228,  543).  —  On  nous 
demande  pourquoi  on  préfère  mondial  à 
universel.  Mais  on  ne  le  préfère  pas.  On 
emploie  les  deux  mots  tour  à  tour. 
Univers  a  son  adjectif;  pourquoi  monde, 
au  même  sens,  n'aurait-il  pas  le  sien  ? 

On  demande  encore  si  l'Académie  va 
«  naturaliser  »  le  mot.  Mais  il  est  natu- 
ralisé depuis  quatre  cents  ans.  II  se  trouve 
dans  les  Epitres  de  J  Bouchet,  dans  les 
vers  de  Pierre  Gringoire,  dans  ceux  d'Oc- 
tavien  de  Saint-Gelais  et  jusque  dans  les 
Chronicques  Margariticques  de  julien  Fos- 
setiir  qui  naquit  au  milieu  du  xv'  siècle. 

On  nous  demande  enfin  si  le  mot  est 
bien  formé,  et  d'où  vient  1'/  de  sa  dési- 
nence* Il  vient  tout  simplement  du  latin. 


Mundialis  est  un   mot  du  second  siècle» 
qui  est  dans  tous  les  dictionnaires. 

Terre,  à  lui  seul,  possède  quatre  adjec- 
tifs admis  par  rAcadémie  :  terrestre,  ter- 
rien, terreux  et  ter  raqué.  Ce  n'est  pas  trop 
que  monde  en  ait  deux  pour  distinguer 
des  significations  aussi  différentes  que 
celles  de  mondial  et  de  mondain. 

Candide. 

Tant  qa'à  faire  (LIV,  616).  —  Rien 
d'étonnant  à  ce  que  M.  Loti  ait  employé 
la  locution  tant  qu'à  faire.  C'est  une  locu- 
tion du  Poitou,  de  l'Aunis  et  de  la  Sain- 
tonge.  Elle  veut  dire  à  peu  près  :  «  pen- 
dant que  vous  y  êtes  ».  —  «  Si  vous  allez  à 
Biard,  tant  qu'à  faire,  allez  jusqu'à  Vou- 
neuil  ». 

C'est  un  solécisme  irréductible  à  toute 
syntaxe.  Tant  à  faire  et  tant  que  faire  ont 
contre  eux  qu'ils  ne  sont  pas  plus  fran- 
çais, qu'ils  ne  sont  pas  plus  réductibles  à 
une  syntaxe  quelconque  et  qu'ils  ne  sont 
pas  usités. 

La  véritable  locution  est  «  à  tant  faire 
que''de...^>  ou  <<  5/  l'on  fait  tant  que  de...  » 
—  •»<  Si  vous  faites  tant  que  d'aller  à  Bourg- 
la-Reine,  poussez  jusqu'à  Robinson  ».  — 
«  A  tant  faire  que  d'aller  à  Etampes,  on 
peut  pousser  jusqu'à  Paris  ».  —  Tantquà 
faire  est  évidemment  une  ellipse,  gauche 
et  boiteuse,  de  «  A  tant  faire  que  de. . .  » 

Emile  Faguet. 

Lt^  sonEftt  d'Arvers  est-il  imité 
de  Fitalian  (LI*/,  262,  257,  302,  358, 
423,476). — Je  suis  vieux,  hélas!  et  j'ai 
déjà  un  pied  dans  le  tombeau,  et  je  ne  veux 
pas  mourir  avec  le  remords  d'avoir  été  le 
complice  d'une  mystification  littéraire  si 
petite  qu'elle  soit.  La  question  du  sonnet 
d'Arvers  a  été  soulevée,  le  26  mai  1883, 
dans  mon  Giornale,  par  un  illustre  poète 
italien,  encore  vivant,  M,  Olindo  Guer- 
rini,  qui,  lui  aussi,  a  mystifié  le  monde 
littéraire  en  publiant  ses  premières  poésies 
sous  le  nom  d'un  mort  Lorenzo  Stecchetti, 
qui  n'avait  jamais  existé. 

Dans  le  numéro  du  9  juin  suivant,  un 
autre  illustre  poète  italien,  le  regretté 
abbé  Giacomo  Zanella,  publiait  un  sonnet 
italien,  qui  n'était  qu'une  traduction  fort 
élégante  de  celui  d'Arvers  et  qu'il  préten- 
dait avoir  trouvé  dans  un  vieux  cahier. 

Le  21  juillet,  j'intervenais  moi-même 
dans  la  question,  et  sous  un  de  mes  pseu- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10    Novembre   iQOb. 


701 


702 


donymes  habituels  Un  cnrioso  napoletano^ 
j'exprimais  l'avis  que  le  sonnet  italien 
devait  être  une  imitation,  du  français  et 
qu'Arvers  n'avait  imité  personne,  parce 
que  c'était  son  amour  pour  M""^  Marie 
Nodier  qui  lui  avait  inspiré  son  sonnet. 

Qiielques  jours  plus  tard,  ayant  rencon- 
tré M.  l'abbé  Zanella,  celui-ci  m'avoua  en 
riant  que  j'avais  devine  juste,  qu'il  était 
bel  et  bien  l'auteur  du  sonnet  italien. 

La  question  n'eut  pas  de  suite  dans 
mon  journal  et  elle  ne  pouvait  pas  en 
avoir,  parce  qu'Arvers  n'a  rien  imité  du 
tout. 

Peut-être,  en  écrivant  les  mots  imité 
de  ritaIien,\Q  poète  français  s'est  il  rapptlé 
ces  vers  du  Tasse, dans  le  11"  chant  de  la 
GerusaJennue  Uherata  : 

El  che  modeste  è  si,  comm'  essa  è  bella, 

Biama  assai,poco  spera  e  nulla  chiede, 

Ne  sa  scoprirsi,  o  non  ardisce  ;  ed  alla 

O  lo  sprezza,  o  nol  vede,  o   non    s'awede. 

Cosi    finora  il  misero  ha  servito 

O   non   vlsto,  0  mal  noto,o  mal  gradito. 

Jacques  Trêves,  doct.  jur. 
ancien  directeur  du   Giornale  degli 

O 

Einditi  e  dei  Curiosi,  de  Padoue 

In-8,in-12,  iïï-16,9tc.(LlV,504.=;98, 
694).  —  Oh  !  oui  !  que  ne  classe-ton  les 
livres  suivant  leurs  dimensions  métriques  ! 
Ce  serait  beaucoup  plus  intelligible  pour 
tous.  Je  ne  vois  guère  que  les  plieurs  à 
avoir  quelque  intérêt  à  conserver  les  ex- 
pressions in  8,  in-12,  etc. 

Si  encore  tous  les  in-8  avaient  la  même 
taille,  tous  les  in-12  aussi,  etc  ;  mais  hélas 
non  ! 

«  Le  format  des  papiers,  dit  La  Grande 
Encyclopédie  t.  6,  p.  628,  peut  modifier 
beaucoup  les  dimensions  au  formai  biblio- 
graphique :  un  in-8  couronne  correspond 
presque  exactement  à  un  in  18  jésus. 
Aussi  est-il  nécessaire  de  mentionner  la 
nature  du  format  du  papier  d'un  livre, 
lorsqu'on  veut  donner  une  idée  exacte  de 
ses  dimensions  :  in-8  couronne,  ècu,  co- 
quille ou  carré,  cavalier,  raisin,  jésus,  etc. 
Chacune  de  ces  appellations  correspond  à 
des  dimensions  différentes  de  papier.  » 

«...  il  n'est  pas  toujours  facile,  dit  en- 
core le  même  ouvrage  t.  17,  p.  810,  de 
déterminer  à  la  vue  le  format  d'un  ou- 
vrage, car  rim{)rimeur  employant  quel- 
quefois un  papier  plus  grand  ou  plus  pe- 
tit, on  peut  prendre  un  in-folio  pour  un 


in-quarto,  im  in-12  pour  un  in-octavo  et 
réciproquement.  En  général,  c'est  aux  si- 
gnatures des  feuilles  qu'on  reconnaît  le 
format,  bien  que  cette  donnée  ne  soit  pas 
toujours  d'une  certitude  absolue.  » 

Et  celte   Encyclopédie  sans  pitié,  tome 

25,   p.    986,  énumére  avec  leurs  dimen- 

i   siens  et  poids,  une  vingtaine  de  formats 

de   papiers  «  les  plus  répandus  dans   le 

commerce.  » 

La  Science  en  famille^  1893,  juin  i,  pa- 
ges 197  à  199  a  essayé  d'aider  un  peu  les 
malheureux  bibliographes  et  bibliophiles. 
Sur  les  formats  adoptés  en  librairie,  est 
dressée  une  corrélation  commode  à  con- 
sulter entre  les  formats  bibliographiques 
et  les  dimensions  des  livres  ;  il  y  a.  je 
crois,  quatre-vingt-quatorze  formats! 
J'avoue  préférer  des  indications  métriques. 
Le  Chasseur  français  de  Saint-Etienne  les 
met  assez  souvent  dans  ses  annonces  bi- 
bliographiques ;  exemple,  dans  le  n°  du 
1"  octobre  1906,  page  39  :  «  Manuel  du 
serrurier,  par  François  Husson...  Volume 
broché,  format  18x12  364  pages,  126 
figures,  prix  net  3  fr.  50.  Franco  4  fr.  » 
Avec  un  sommaire  de  cinq  lignes  qui  est 
donné,  voilà  l'acheteur  possible  renseigné; 
et  ces  annonces  feraient  de  bonnes  fiches 
bibliographiques  si  ,  pour  des  raisons 
commerciales,  il  n'y  manquait  toujours 
ou  à  peu  près,  le  nom  de  l'éditeur,  l'a- 
dresse, et  la  date  de  publication. 

L'adoption  du  format  métrique  en  bi- 
bliographie ne  serait  pas  sans  soulever 
quelques  hésitations  sur  le  choix  des  ba- 
ses de  mesures.  Sera-ce  en  centimètres 
ou  en  millimètres  qu'on  mesurera  ;  la 
brochure,  ou  le  volume  avec  couverture; 
le  papier,  ou  l'étendue  couverte  de  texte  ; 
sur  le  volume  relié,  tiendrait-on  compte 
de  la  concavité  de  la  tranche,  de  la  con- 
vexité du  dos  ;  un  bibliographe  décrivant 
un  exemplaire  ancien,  rogné  par  plusieurs 
relieurs  successifs  lui  trouvera  un  format 
exceptionnel  ;  le  lecteur  du  catalogue  se 
demandera  s'il  a  atTaire  a  une  édition 
jusque-là  inconnue  de  lui  ;  que  sais-je 
encore  !  11  faudrait  d'abord  s'entendre. 
Puis  vaincre  la  même  routine  qui  perpé- 
tue l'usage  de  tant  de  mesures  non  métri- 
ques :  calibres  d'armes,  de  plomb  de 
chasse,  pas  de  vis,  pointures,  vieilles  ex- 
pressions de  surfaces  agraires,  etc,  etc. 

Pour  finir  :  je  trouve  archaïques,  inin- 
telligibles  et  détestables  les   «  in-quarto 


N"   1129. 


L'INTERMÉDIAIRE 


703 


couronne  »  et  les  «  in- 18  jésus  »,  mais  je 
n'ose  espérer  leur  abandon,  et  crains 
bien  de  disparaître  avant  eux. 

Sglpn. 

Tenir  tête  et  tenir  la  tête  (LIV, 
504).  —  On  tient  tête  à  quelqu'un  quand 
on  lui  résiste  ;  on  lui  tient  la  tête  quand 
on  s'intéresse  à  lui  et  qu'il  est  sous  le 
coup  d'une  révolte  de  l'estomac.  Mais 
Corneille,  Molière,  Bossuet,  Voltaire  ou 
Musset  auraient-ils  cent  fois  employé 
l'expression  tenir  la  tête^  dans  le  sens  de 
tenir  compagnie  à  une  seule  personne, 
que  jamais  je  ne  risquerais  un  pareil  cha- 
rabia. Alfred  DuauET. 

♦ 

*  * 

Il  faut  beaucoup  d'honnête  naïveté, 
pour  s'étonner  des  formes  et  tournures 
des  écritures  nouvelles.  Chaque  écrivain 
se  fait  un  style  à  lui,  et  si  par  hasard 
on  se  risque  à  une  timide  observation, 
les  jeunes  répondent  que  la  langue  se 
transforme  comme  toutes  choses.  L'autre 
jour,  un  écrivain  de  mérite  nous  parlait 
des  langes  jomanes  de  la  civilisation,  alors 
que  jusqu'ici  nos  langes  avaient  été  blancs 
ou  douillets.  Etait-ce  erreur  ou  néologie  ? 
Tenir  tête  généralement  signifie  s'opposer, 
résister.  Dans  le  sens  de  tenir  compagnie, 
l'acception  est  plus  rare  et  plutôt  mo- 
derne. Quant  à  tenir  la  tête,  au  figuré, 
c'est  venir  en  première  ligne  et  par  ce 
temps  de  courses  de  toutes  sortes  on  en  a 
assez  usé.  Au  propre,  c'est  encore  assister 
quelqu'un  souffrant  de  nausées,  au  mo- 
ment où  le  corps  s'abandonne  aux  envi- 
rons de  la  syncope. 

Dans  l'exemple  cité,  pris  isolément,  le 
sens  paraît  ambigu,  et  sans  la  question  on 
ne  devinerait  pas  qu'il  s'agit  de  rester 
avec  quelqu'un.  Mais  si  M.  Maurice 
Donnay  lui,  veut  donner  ce  dernier  sens, 
il  se  trouvera  bien  quelque  snob  pour 
faire  sienne  à  l'avenir  une  expression 
nouvelle,  mais  moins  expressive  et 
moins  claire  que  l'ancienne,  «  Nous  fai- 
sons la  langue  »  disent  les  maîtres  .  Les 
ouvriers  n'ont  qu'à  subir  leur  bon  plaisir; 
il  n'y  a  pas  de  syndicat  contre  ce  patro- 
nat. E.  Grave, 

BisaiiJiual  et  biennal  (LIV,  562). 
■—  Rolin  Poète  trouvera  dans  le  Diction- 
naire deLittré  :  «  Semi-annuel, elle  ;  qui  se   S  celui-ci 


704     

fait  tous  les    six  mois  ».    Ce  mot  est  de 
même  formation  que  :  semi-mensuel,  etc. 

D''  Cordes. 

j'ai  toujours  cru  que  biennal  voulait  di- 
re :  qui  dure  deux  ans,  ou  qui  se  reproduit 
tous  les  deux  ans.  C'est  l'interprétation  de 
Larousse.  Bisannuel  a  pour  synonyme  se- 
mestriel, au  moins  aussi  employé. 

E.  X.  B. 

En  purette(LlV,  504,653). —  Hécart, 
dans  son  Dictionnaire  rouchi- français , sou- 
vent déjà  cité  dans  Vlntennédiaire,  donne 
cette  explication  : 

Pureté  (être  en),  être  vêtue  d'un  simple 
corset,  d'un  seul  jupon,  et  avoir  les  bras  nus. 
En  usage  dans  les  villages  du  Soissonnais,  dit 
M.  Loriu.  Boiste  le  rend  par  état  de  nudité, 
pur  être.  Cela  me  paraît  tiré  d'un  peu  loin. 
On  dit  qu'un  homme  est  en  pureté  lorsqu'il 
a  mis  habit  bas  ;  il  n'est  pas  nu  pour  cela. 

J.Lt. 

Bois  de  sape  (LIV,  506,  599).  —  Je 
me  suis  informé  ici,  auprès  de  grands 
marchands  de  bois. 

Il  n'est  connu  que  le  bois  de  sap  (sans  e 
à  la  fin),  expression  en  usage  dans  des 
contrées  montagneuses  de  France,  ainsi 
qu'en  Norwége,  et  qui  ne  serait  autre 
qu'un  diminutif  de  «  sapin  »,  mais  sapin 
blanc,  moins  commun  que  le  sapin  connu, 
d'une  nuance  foncé  ou  rougeâtre. 

L'on  en  conclut  que  Flaubert  aurait  pu, 
par  erreur,  écrire  «  sape  »  ou  que  le 
«  typo  »  qui  composa  Mme  Bovary  .aurait 
commis  une  «  coquille  »  non  relevée  par 
l'auteur,  à  la  correction. 

Henry  Petit. 


Usuriers  de  Cahors  (LIV,  562).  — 
Le  passage  est  celui-ci  : 

E  pero  lo  minor,  giron  suggella 
Del  segno   suo,  e   Soddoma,    e  minor'  giron 

[Caorsa, 
E  chi,  spregiando  Dio,  col  enor  favella. 

Ce  que  Brizeux  traduit  ainsi  :  «  Voilà 
pourquoi  le  plus  petit  giron  (cercle)  tient 
scelle  de  son  sceau  Sodome  et  Cahors,  et 
quiconque  méprisant  Dieu  l'injurie  dans 
son  discours  et  dans  son  cœur  »,  ce  qui 
me  paraît,  d'ailleurs,  plutôt  paraphrasé 
que  traduit. 

Le  dernier  vers  du   tercet  précédent  est 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


705 


E  spiegiando  natura,  e  sua  boutade  : 

Et  méprisant  la  nature,  et  sa  bonté  (Je  Dieu). 

Il  en  résulte  que  Dante  met  sur  le  même 
rang,  comme  outrageant  également  la 
nature  et  la  loi  divine,  la  plus  célèbre  des 
villes  maudites  de  la  Pentapole,  et  Cahois 
fameux  au  moyen  âge  par  ses  usuriers 
juifs  ou  lombards. 

Les  puritains  étaient  très  sévères  au 
moyen  âge  pour  les  usuriers  ou  prêteurs 
à  intérêt,  ce  qui  se  valait,  suivant  eux.  Ils 
invoquaient  l'axiome  des  canonistes  — 
Peciiriiam  non  parit  pecunicum  —  fondé 
sur  : 

Lévitique  XXV,  36  Pecuniam  tuam  non 
dabisfratri  itio  ad  iisnram  ;  et  Luc,  VI,  34. 
Date  nminum  nec  indc  speranie. 

Si  l'on  voulait  raffiner  à  outrance,  on 
pourrait  voir  dans  le  tercet  vengeur  une 
allusion  au  pape  Jean  XXII,  Jacques  d'Euse 
ou  Dueza,  né  à  Cahors  et  pape  de  1316  a 
1334,  qui  a  laissé  une  mauvaise  réputa- 
tion financière.  Mais  Dante,  né  en  1265 
est  mort  en  1321,  et  certainement  l'Enfer 
était  écrit  lorsque  Jean  XXII  monta  sur  le 
trône  pontifical  d'Avignon.  C'est  donc  un 
rapprochement  que  j'indique  seulement 
pour  mémoire.  H.  G.  M. 

Il  n'est  pas  question  d'usuriers  dans  le 
texte. 

E  pero  lo  minor  giron  suggella 
Del  segno  suo  e  Sodoma  e  Caorsa 
{Infcrno,  xi,  17). 

(Ainsi  la  plus  étroite  enceinte  marque  de 
5on  signe  et  Sodcme  et  Cahors). 

Mais  il  est  vrai  que  si  Cahors  est  ici 
maudite,  c'est  à  cause  de  la  réputation 
d'usure  qu'avaient  ses  habitants  au  xiu* 
siècle.  Caorsin  était  alors  synonyme  d'u- 
surier. 

Les  Juis  et  les  caaiirsitis  qui  prestent 

Li  caorsins  qui  prestent  et  destruient  le  pays... 

Li  caursiits  et  usurers... 

Ces  citations  et  d'autres  qu'on  peut  lire 
dans  Godefroy  (I,  778)  sont  assez  claires 
pour  ne  pas  être  développées. 

Le  plus  curieux  de  cette  histoire  dan- 
tesque, c'est  que  les  usuriers  de  Cahors 
liaient  italiens.  Candide. 

* 
♦  ♦ 

Vers  1330,    une    colonie    lombarde  de 

banquiers  se  fixa  à  Cahors  ;  du  nom  de  la 

^ille   où   ils  se   trouvaient  établis  on  les 


10   Novembre  1909. 
706  • 

appelait  des  Caorsins  Ils  étaient  mal 
famés  et  accusés  de  pratiquer  l'usure. 
C'est  sans  doute  au  mauvais  sens  attaché 
à  ce  terme  de  caorsin  qu'il  faut  attribuer 
le  changement  dii  nom  ancien  et  exact 
de  la  province,  Caorsin^  en  un  'oarba- 
risme,  Quercy,  stupide  à  tous  les  points 
de  vue,  car  on  n'aurait  pas  pour  cela  pris 
les  habitants  de  la  province  pour  des  usu- 
riers lombards.  Encore,  dans  la  langue 
actuelle  du  pays,  dans  la  langue  autochtone, 
on  ne  dit  pas  Quercy,  mais  dans  le  Haut- 
Caorsin,  lo  Co/i/jdans  le  Bas-Caorsin, 
lou  Corsi  :  contractions  de  Caorsin  (i  aigu). 

B.-F. 

*  * 

Voir  dans  le  Dictionnaire  de  l'ancienne 

langue  française,  de  Godefroy,  au  mot 
Caorsin.  Ce  mot  signifiait  ai'.trefois  habi- 
tant de  Cahors  et  en  même  temps  ban- 
quier, prêteur  d'argent,  usurier.  Ce  n'est 
pas  seulement,  semble-t-il,  en  leur  qua- 
lité d'usuriers  que  le  Dante  a  placé  là 
les  Caorsins  : 

E  pero  lo  minor  giron  suggella 
Del  segno  suo  e  Sodoma  e  Caorsa. 

Après  avoir  résumé  les  e>plica1ions  et 
hypothèses  de  divers  auteurs  touchant 
l'origine  du  sens  attribué  au  mot  Caorsin, 
M.  Godefroy  termine  ainsi  son  article  : 

Les  Caorsins,  remarque  Sainte-Palaye, 
avaient  fort  mauvaise  réputation  du  côté  des 
moeurs.  Caorstni,  capti  propter  bulgariam, 
dit  du  Gange,  au  mot  Bulgari.  Le  Dante  les 
damne  avec  les  Sodomites...  Comme  on  les 
emprisonrait  souvent  pour  les  punir  de  leurs 
désordres,  c'est  de  là  qu'est  veiui  notre  pro- 
verbe :  Enlever  comme  un  corps  saint,  par 
altération  de  enlever  comme  un  caonin  ou 
comme  un  corsin. 

Voir  aussi  Le  Roux  de  Lincy,  Le  livre 
des  Proverbes  français.,  t.  I,  p.  9. 

De  AlORTAGNE. 

*  * 

Les  vers  de  Dante  visés  dans  la  ques- 
tion de  monsieur  I.  P.  K.  sont  exacte 
ment  les  suivants  : 

E  pero,  lo  minor  giron  suggîlla 
Del  segno  suo  en  Sodoma  e  Caorsa. 

Que  l'on  peut  traduire  : 
Et    pour    cela,  l'enceinte     la    plus    petite, 
scelle  de  son  sceau  e  Sndome  et  Cahors. 

Qu'est-ce  à  dire  ? 

Cahors,  oui,  la  bonne  ville  de  Cahors 
était,  à  l'époque  où  Dante  écrivait  son 
poème,    renommée    pour    ses    banquiers. 


M« 


129. 


L'INTERMEDIAIRE 


707 


C'étaient  des  changeurs  italiens  qui 
avaient  fait  de  cette  ville  le  centre  de  leurs 
opérations  ;  on  les  appelait  tantôt  Ui  ca- 
hoisins^  tantôt  les  lombards. 

Je  n'oserais  croire  que  tous  ces  ban- 
quiers fussent  en  même  temps  des  usuriers  ; 
mais  la  voix  publique  n'y  regardait  pas  de 
si  près,  et  ce  n'est  pas  seulement  au 
moyen  âge  que  ces  deux  mots  sont  facile- 
ment pris  comme  synonymes. 

Or,  Dante,  dans  le  chant  onzième, 
et  avec  une  subtilité  qui  nous  étonne  au- 
jourd'hui, cherche  à  établir  que  la  pra- 
tique de  l'usure  est  une  offense  à  la  Nature. 
(Voir  le  vers  109  du  même  chant). 

Rien  d'étonnant  alors,  à  ce  qu'il  mette 
dans  le  même  sac...  pardon  !  dans  le 
même  cercle,  Sodome  et  les  usuriers  ; 
j'avoue  cependant  que,  malgré  mes  efforts, 
je  ne  vois  pas  bien  la  ressemblance  ! 

JACQ.UES  BlZE. 


L'usure  était  tellement  répandue  à  cette 
époque  à  Cahors,  que  Caorsin  était  devenu 
synonyme  d'Usurier.  Mathieu  Paris,  dans 
son  Historia  major,  datée  de  1235,  raconte 
qu'ils  tenaient  dans  leur  filet  presque 
toute  l'Angleterre.  J.  H.  D.  R. 

Fêtes,  danses  et  spectacles  nus 
(LUI  ;  LIV,  237,  370,  485).  —  Le  13  juin 
1784,  dimanche  suivant  la  Fête-Dieu,  le 
duc  de  Chartres  avait  projeté  de  faire  au 
Palais  Royal  une  fête  qu'on  appela  d'a- 
vance la  Folle  Nuit,  par  allusion  à  la  Folle 
Journée  : 

Le  jardin  devoit  être  ouvert  du  soir  au 
matin  et  servir  de  seconde  salle  de  bal  à  l'O- 
péra. Le  seul  bruit  de  cette  fête  nouvelle  et 
singulière  y  avait  attiré  plus  de  200.000 
âmes.  Trois  filles  seulement  ont  à  peu  près 
réalisé  l'idée  qu'elles  s'étoient  faites  de  cette 
assemblée  nocturne.  N'ayant  pour  tout  vête- 
ment que  ces  larges  robes  que  nos  dames 
ont  adoptées  pour  le  matin  et  qui  ne  sont 
fermées  qu'au  moyen  d'une  ceinture,  elles 
avoient  à  découvert  tout  ce  que  je  n'ose 
nommer  et  percèrent  ainsi  hardiment  au  mi- 
lieu de  la  foule.  La  nouveauté  du  spectacle 
leur  fit  d'abord  ouvrir  le  passage,  mais  bien- 
tôt entourées  et  accaparées  de  ces  jeunes  gens 
capables  de  réaliser  ce  que  dit  Piron,  à  la 
barbe  des  Athéniens,  les  gardes  se  sont  hâtés 
de  prévenir  un  plus  grand  scandale  en  les 
chassant. 

Les  lignes  qui  précèdent  sont  extraites 
de  la  Correspondance  de  Métra,  t.  XVI, 
p.  254.  S. 


708 


Sans  doute  chez  quelques  personnes  très 
imprégnées  d'esthétique  supérieure, le  sen- 
ment  du  beau  éliminera  l'autre  devant 
les  nudités  offertes  en  spectacle,  mais  ce 
sera,  selon  moi,  une  minorité  infinitési- 
male, et  le  plus  grand  nombre  des  spec- 
tateurs ne  sera  mù  que  par  une  curiosité 
toute  sensuelle.  Et  comme  quiconque  a 
dans  sa  poche  de  quoi  payer  sa  place, 
collégien  curieux,  bourgeois  égrillard,  ou 
vieux  marcheur,  est  appelé  au  régal,  je 
considère  de  tels  tableaux  animés  et  vi- 
vants comme  pernicieux. 

On  s'en  va  répétant  que  les  artistes  en 
viennent  à  contempler  avec  une  parfaite 
indifférence  la  beauté  dévoilée  de  leurs 
modèles,  est-ce  aussi  absolu  que  cela  .? 
Pradier,  et  assurément  il  avait  l'habitude 
de  voir  les  plus  belles  filles  se  déshabiller 
devant  lui,  eut  autrefois  une  aventure 
avec  certaine  grisette  bien  portante  que, 
en  dépit  de  Phidias,  il  allait  tranformer 
en  une  Atalante  ou  une  Phryné,  et  il  me 
souvient,  c'est  presque  d'hier,  d'avoir  en- 
tendu conter  que  certain  peintre  de  grand 
talent  était  mort  pour  avoir  trop  admiré, 
lui  vieux,  un  jeune  et  plantureux  modèle 
de  Nymphe  des  eaux. 

A  la  vérité,  dans  VAjfaire  Clemenceau 
de  Dumas  II,  le  jeune  homme  admis  pour 
la  première  fois  dans  l'atelier  du  statuaire 
Ritz,où  une  femme  pose  \' ensemble,  n'est 
saisi  que  par  le  côté  artistique  de  la  nu- 
dité révélée,  et  ne  s'en  montre  pas  plus 
ému  que  le  vieux  maître.  C'est  pourtant 
un  violent  et  un  sensuel,  mais  aussi  un 
être  si  merveilleusement  doué  pour  les 
arts,  que  l'idée  charnelle  n'effleure  même 
pas  son  esprit.  Néanmoins,  pour  un  début, 
c'est  un  peu  fort  ;  mais  nous  sommes 
dans  le  roman,  non  dans  la  vie. 

«On  sait,  écrit  U}i  a&owwr  quelle  beauté 
certaines  danses  espagnoles  acquièrent  à 
être  dansées  nues  ».  je  confesse  que  je 
n'en  savais  rien  du  tout,  et  demande  à 
notre  collaborateur  la  permission  de  dou- 
ter. 

je  connais  l'Espagne  et,  comme  tout  le 
monde,  j'ai  assisté  à  des  danses  très  sa- 
voureuses qui  étaient  la  mimique  plus  ou 
moins  ardente  ou  contenue,  du  désir  et  de 
lamour.  Cela  me  parut  et  me  paraît  en- 
core à  distance  d'une  sensualité  très  ac- 
j  ceptable  ;  mais  faites  tomber  jusqu'au 
i   dernier  voile,  et  au  lieu  d'un  spectacle  ai- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


lo  Novembre  1906, 


709 


710 


nable,  vous  n'aurez  plus  qu'une  danse  de 
inges,  plutôt  répugnante.  Et  s'il  y  a  un 
lanseur,  comme  il  y  en  a  le  plus  souvent, 
le  sera-ce  pas  à  se  sauver  .'' 

Au  temps  des  empereurs,  et  ce  n'est 
las  une  très  bonne  recommandation,  les 
lomains  aimaient  fort  ces  spectacles-là  ; 
2  ne  parle  pas,  bien  entendu,  des  Sellai ia 
t  des  Spintriœ  de  Tibère  à  Caprée. 
/lais  les  danseuses  gaditanes,  les  ancêtres 
les  Andalouses,  nues  sous  ses  amples 
oiles  faits  de  cette  gaze  de  Cos  que  l'on 
omparait  à  de  l'air  tissé,  étaient  un  nu- 
iiéro  très  apprécié  du  programme  des 
êtes  patriciennes.  Et  pour  le  grand  pu- 
»Iic  il  y  avait  les  gambades  nues  des 
ourtisanes  aux  jeux  floraux,  la  Majituia, 
es  exercices  de  natation  exécutés  par  des 
emmes  nues. 

J'imagine  que  les  Romains,  patriciens 
•u  plèbe,  auraient  plutôt  ri  au  nez  du  mo- 
aliste  qui  serait  venu  leur  dire  que,  en 
ontemplant  ces  choses  ils  faisaient  acte 
le  dévotion  à  l'art  et  au  beau.  Je  laisse 
le  côté  l'esthétique  néronienne,  telle  que 
'analyse  Renan  dans  son  Antéchrist,  et 
[ui  est  du  pur  sadisme  élevé  à  la  hauteur 
le  la  dépravation  romaine.  Sans  doute, 
es  Romains,  Néron  surtout,  malgré  sa 
négalomanie,  se  connaissaient  en  belles 
hoses ,  vivantes  ou  inanimées ,  mais 
étaient  aussi  des  sensuels,  et,  si  vous 
^oulez,  des  hommes  tout  court. 

Remarquons-le,  du  reste,  et  cela  me 
emble  significatif,  c'est  qu'on  nous  parle 
oujours  de  beauté  fémmine,  jamais  de 
'autre.  Qiioi,  nous  avons  un  plaisir 
l'ordre  élevé  à  contempler  non  seulement 
es  Vénus  célèbres  de  Florence,  de  Paris. 
le  Naples  et  de  Rome,  mais  aussi  la 
)eauté  virile  et  sereine  du  Thésée,  de 
'Hermès,  de  l'Apollon,  du  Méléagre,  de 
'Achille,  des  captifs  de  Michel-Ange,  et 
(ersonne  ne  paraît  soui^cr  à  l'olïrir  vi- 
'ante  à  notre  admiratiun  ?  Goethe  ne  se 
)laisait-il  pas  à  voir  un  de  ses  amis,  jeune 
;t  beau,  marcher  nu  dans  une  prairie, 
ivocpiant  ainsi  les  images  plastiques  qu'il 
limait  .? 

Pourquoi  n'en  pas  essayer  dans  des  spec- 
acles  publics  .?  Le>  beaux  modèles  mas- 
:ulins  ne  sont  pas  plus  rares  que  les  au 
res.  Eh  bien,  qu'on  en  fasse  rex[)Jrience, 
[u'un  impressario  annonce  un  spectacle 
le  tableaux  vivants  où  sans  mélange 
l'éléments   féminins,    l'on    verra   repro- 


duites en  belle  chair  vive  par  des  hommes 
nus,  les  plus  célèbres  antiques  grecques 
et  romaines,  et  aussi  les  œuvres  les  plus 
renommées  de  l'art  moderne.  Je  gage 
que  le  directeur  ne  fera  pas  ses  frais  et 
aura  pour  spectacteurs  quelques  rares  ar- 
tistes, peut-être  une  poignée  de  femmes 
déséquilibrées  et  vicieuses,  et  surtout.  .. 
«  Vous  me  ferez  dire  quelque  sottise.  » 
Il  y  a  une  jolie  scène  de  tableau  vivant 
indiquée  à  la  fin  d'un  dialogue  grec,  le 
Banquet,  celui  non  de  Platon  mais  de 
Xénophon.  C'est  l'union  de  Bacchus  et 
d'Ariane  dont  au  son  des  flûtes  on  régale 
les  convives,  et  ils  en  sont  si  charmés 
qu'ils  se  lèvent  aussitôt  et  courent  cher- 
cher chez  eux,  ou  ailleurs,  les  joies  dont 
on  venait  de  leur  présenter  l'image  ou 
plutôt  les  prémisses,  nous  sommes  en 
Grèce,  en  bonne  compagnie  et  non  chez 
Néron.  C'est,  si  l'on  veut,  le  mot  de  la 
fin  et  ce  sera  aussi  le  mien,  laissant  les 
amis  lecteurs  tirer  comme  bon  leur  sem- 
blera, la  moralité  générale  de  l'exemple 
cité.'  H.  C.  M. 


Termes  de  métier  (LIV,  616).  — 
J'ai  publié  en  1868,  chez  l'éditeur  Hetzel, 
un  Dictionnaire  des  Tenues  techniques.  Cet 
ouvrage,  qui  m'avait  coûté  plusieurs  an- 
nées de  travaU,  a  été  cité  avec  éloges  par 
plusieurs  écrivains,  entre  autres  par 
Alexandre  Dumas  fils  qui  déclarait  l'avoir 
constamment  sur  sa  table  et  me  félicitait 
d'avoir  accompli  l'œuvre  rêvée  par  Théo- 
phile Gautier. 

Une  obligation  imposée  aux  livres  de 
ce  genre  est  d'être  tenu  au  courant  des 
additions  continuelles  résultant  du  déve- 
loppement —  si  rapide  à  notre  époque  — 
des  sciences,  de  l'industrie,  des  arts,  du 
commerce,  etc.  Malheureusement  cette 
nécessité  s'est  trouvée  en  opposition  avec 
l'intérêt  de  l'éditeur  —  ou  du  moins  ce 
qu'il  croyait  son  intérêt.  L'ouvrage  a  été 
cliché,  c'est-à-dire  immobilisé  ;  et  c'est 
vainement  que  j'ai  proposé,  dix  ans  après 
sa  publication,  d'y  introduire  les  termes 
nouveaux  ayant  acquis  droit  de  cité  depuis 
1868,  cette  introduction  équivalant  à 
refaire  la  composition  en  entier.  Ce  qui 
n'a  pas  empêché  de  maintenir  le  Diction- 
naire des  Termes  techniques  dans  le  cata- 
logue de  l'éditeur  où  il  figurait  encore 
assez  récemment.  Souviron. 


No  1139, 


L'INTERMEDIAIRE 


711   

Louis  XVI  et  la  franc-maçon- 
nerie (LIV,  445,  507).  —  M'est-il  per- 
mis de  rappeler,  sur  cette  question,  un 
fait  d'histoire  doublé,  pour  moi,  d'un 
événement  familial  ? 

L'Ordre  de  la  Franc-Maçonnerie  dont 
parle  notre  collaborateur  Pietro,  n'était 
pas,  en  effet,  anti-religieux  ;  il  s'occupait 
largement  de  solidarité  humaine  au  com- 
mencement du  xix^  siècle,  et  je  lui  dois 
vraisemblablement  l'existence. 

Sorti  de  l'Ecole  Polytechnique,  engagé 
volontaire  à  19  ans,  comme  officier,  pour 
la  campagne  de  1812,  celui  qui  devint 
mon  père  était  prisonnier  de  guerre 
depuis  14  mois.  Libéré  après  l'abdication 
de  Fontainebleau,  malade  et  malheureux, 
sans  nouvelles  de  sa  famille  ;  cheminant 
avec  peine  vers  la  frontière  russe,  il 
venait  de  la  franchir  lorsqu'arriva  la  nou- 
velle du  débarquement  à  Cannes,  qui 
contraignit  ses  compagnons  d'infortune, 
moins  avancés  que  lui,  à  retourner  en 
arrière,  pour  continuer  leur  captivité 
pendant  les  Cent  jours.  C'est  alors  que 
mon  père,  reconnu  par  un  frère  de 
l'ordre  maçonnique,  fut  secouru  sur  le 
champ  et  mis  en  état  de  regagner  sa 
patrie.  Quidonc. 

Les  Jacquemarts  de  France  (LIV, 
618).  —  Il  y  a  30  ans,  on  en  voyait  en- 
core un,  en  costume  Louis  XV,  à  l'hôtel 
de  ville  de  Montdidier.  Nous  l'avons  revu 
descendu  du  clocher,  dans  le  musée  de 
feu  M.  Hourdequin,  qui  appartient  au- 
jourd'hui à  M.  Lepage,  so.i  neveu. 

D"'  Bougon. 

Femmes  :  les  premières  conque 
rantes    des    diplômes     masculins 

(LIV,  2,  3,  68,  71,    157,  158.  159,  210). 

—  Sous  ce  titre,  nous  engloberons  les 
diverses  questions  posées  :  Premières 
femmes  médecins,  premières  femmes  avo" 
cates,  etc.    Il  y  a  intérêt  à  les  grouper. 


Première  femme  à  l'Ecole  des  Chartes. 
De  la  Presse.^  30  octobre  1906  : 

A  la  suite  des  épreuves  écrites  et  orales  qui 
viennent  d'avoir  lieu  pour  le  concours  d'ad- 
mission de  1906  à  l'Ecole  des  Chartes,  le 
jury  a  déclaré  admise  Mlle  Âclocque. 

C'est  la  première  fois  qu'une  femme  est 
admise  à  rÉcole  des  Chartes. 


712     

Le  pèro    du  Bridge   (L  ;    LUI).  — 

Si  l'origine  même  du  mot  «  bridge  » 
semble  bien  difficile  à  établir  ,  ainsi 
que  Font  prouvé  les  réponses  publiées 
à  diverses  reprises  dans  Y  Intermédiaire 
à  ce  sujet ,  il  doit  être  relativement 
facile  de  trouver  la  date  à  laquelle  ce 
néologisme,  dans  sa  forme  actuelle, 
venu  d'Angleterre  ou  des  Etats-Unis,  a 
fait  son  apparition  chez-nous. 

Qjiel  journal,  quelle  publication,  quel 
traité  de  jeux  de  cartes  a,  le  premier,  en- 
registré le  mot  dont  il  s'agit  ^  M.  Henry 
Houssaye,  le  très  aimable  immortel,  un 
des  importateurs  du  bridge  en  France, 
vers  l'année  1885,  serait  plus  à  même 
que  quiconque  de  fixer  ce  petit  point  de 
linguistique,  —  qui  a  son  importance. 

E.  X.  B. 

Le  canot  automobile  (L,  449,  592, 
696).  —  De  M.  Auguste  Renard,  dans  les 
Annales  politiques  et  littéraires  (21  octo- 
bre 1906,  p.  260)  : 

Vous  souviejît-il  que  les  Annales  ont,  au- 
trefois, demandé  à  leurs  lecteurs  de  proposer 
un  terme  pour  désigner  ces  bateaux  minia- 
tures, ces  petites  merveilles  de  vitesse  qu'on 
a  admirées  tout  récemment  sur  hi  Seine,  et 
qu'on  appelle,  aujourd'hui,  d'un  nom  qui 
n'en  finit  plus,  nom  que  le  public  n'adoptera 
jamais  :  canots  automobiles  ?  Mal  xommode 
à  prononcer,  long  comme  un  train  de  mar- 
chandises, ce  nom  désigne  un  objet  court, 
qui  passe  comme  l'éclair  :  n'est-ce  pas  un 
contre-sens  ? 

Il  faudrait  un  terme  bref.  Pour  l'obtenir,  le 
moyen  est  simple  De  même  qu'on  a  rac- 
courci les  automobiles  omnibus  en  aulohus, 
qu'on  réduise,  par  abréviation,  les  cinots 
automobiles  en  canobiles. 

Canohiles  !  Court,  sonnant  clair,  d'une 
physionomie  bien  française,  ce  mot,  il  me 
semble,  fera  merveille  sur  les  affiches  et  sur 
les  catalogues.  Les  constructeurs  l'adopteront 
avec  enthousiasme. 

Soit  ;  mais  quelle  belle  carrière  ou- 
verte aux  fantaisies  des  étymologistes  de 
l'avenir  !  J.  Lt. 

Les  Compagnies  d'assurances, 
leur  origine  (LIV,  338,  598).  — On 
trouvera  des  renseignements  intéressants 
à  ce  suiet  dans  la  revue  spéciale  Zeits- 
chrift  des  Vereins  fur  Hanibiirgische  Ges~ 
chicljte,  l'article  écrit  par  C.  Amisnck  sur 
les  premières  Compagnies  d'assurances  de 
la  grande  ville  hanséatique. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre  1906. 


7'3 


714 


On  y  fait  mention  des  efforts  faits  par 
les  grands  négociants  de  l'époque,  pour 
établir  la  première  Compagnie,  parmi  les- 
quels figuraient  les  meilleurs  noms  de  la 
place  d'Hambourg  ,  qui  s'assurèrent 
d'abord  l'appui  du  président  de  la  Cham- 
bre, Henri  Torlade  ou  Thorlade,  un  des 
plus  estimés  d'entre  eux.  Dans  peu  de 
jours,  une  Compagnie  fut  créée  dont  le 
capital  s'éleva  à  environ  8  millions  de 
mark  Banco,  soit  à  peu  près  13  à  14  mil- 
lions de  mark  de  la  monnaie  actuelle. 


premier  président  fut  le  susdit  H.  Tor- 
lade. Ce  financier  illustre  était  à  cette 
époque  aussi  le  président  de  la  Commis- 
sion des  fortifications,  ce  qui  à  Hambourg 
était  l'équivalent  du  ministère  de  la 
guerre,  et  il  est  curieux  de  constater  que 
ce  fut  son  successeur  Jean  Torlade  qui 
fonda  en  Portugal  la  maison  de  banque 
qui  porte  encore  aujourd'hui  son  noni. 

Tyrone. 

*  * 
Les    marchands    génois     et  espagnols 

établis  à  Bruges,  formèrent,  dès  le  xv* 
siècle,  des  compagnies  d'assurances  ma- 
ritimes, garantissant  les  cargaisons,  non 
seulement  contre  les  risques  de  naufrage, 
mais  aussi  contre  ceux  résultant  d'actes 
de  piraterie.  Voir  à  cet  égard  :  Gilliodts 
van  Severen,  Inventaire  des  Archives  de  la 
ville  de  Bruges,  tome  V,  p.  276.  On  y 
trouvera  l'analyse  d'une  police,  datée  de 
Séville,  le  11  janvier  1445,  souscrite  par 
deux  négociants  espagnols  pour  l'assu- 
rancede  marchandises  expédiéesà  Bruges. 
L'engagement  cessera  son  effet  24  heures 
après  que  le  navire  et  sa  cargaison  seront 
arrivés  à  L'Ecluse.  Voir  aussi  :  Jules  Fi- 
not,  Etude  historique  sur  les  Relations 
comiiieycialâs  entre  la  Flandre  et  l'Espagne 
au  moyen  âge,  p.  256-257,  En  1568,  les 
consuls  et  les  négociants  d'Espagne  rési- 
dant à  Bruges,  jugèrent  nécessaire,  dans 
le  but  d'éviter  entre  eux  les  contestations 
et  les  procès,  d'élaborer,  en  vertu  d'un 
privilège  obtenu  jadis  des  comtes  de 
Flandre,  certaines  ordonnances  sur  les  as- 
surances maritimes  à  «  observer  et  à 
avoir  seulement  entie  eux  ».  Ces  ordon- 
nances furent  codifiées  par  frère  Alonso 
de  Sarillan,  de  l'ordre  de  Saint-Dominique, 
licencié  en  théologie  et  confesseur  de  la 
communauté  espagnole  à  Bruges.  Elles 
forment,    dit   M.    E.    van   den    Bussche, 


dans  un  opuscule  intitulé  :  Un  livre  rare. 
Code  d'assurance  tnanlime  à  l'usage  des 
Espagnols  résidant  à  Bruges  (La  Flandte, 
tome  XI,  p.  66)  %<  un  petit  volume  in-4° 
de  29  feuillets,  chiffrés, au  recto  seulement 
1  à  xxix,  précédé  d'un  titre  et  de  sept 
feuillets  non  chiffrés  formant  la  table.  Au 
recto  du  premier  feuillet,  le  titre  au-des- 
sous duquel  sont  imprimées  les  armes 
d'Espagne,  porte  :  ilordenauias  echas  por 
los  Consules  de  la  Naccion  de  Espana  rési- 
dentes en  esta  ciutad  de    Brujas,  para  los 


Un  corps  de  directeurs  fut  créé,  dont  le       sotopuestos  de  dicha  Nacyon^  sobre   los  segii- 

10S  j'  Poliras  de  Seguritad.  Au  verso  du 
titre  :  V Extrait  du  privilège,  soussigné  :  I. 
de  la  Torse.  Le  texte  de  la  table  est  en- 
cadré. Voici  sa  suscription  :  Tabla  de  los 
Titulos  y  Hordenan^as  contenidos  en  esto 
quaderno  para  que  mas  facilemente  se  aile  la 
nmteiia  de  que  trata  el  dicho  titulo  v  hor- 
denan^as. 

On  trouvera  aussi  dans  le  Cartulaire 
du  Consulat  d'Espagne  à  Bruges  et  dans 
celui  de   VEstaple  de  la  même   ville,  pu- 


bliés par  [VI.  Gilliodts  van  Severen,  de 
nombreux  renseignements  sur  les  diffi- 
cultés qui  ont  surgi,  dans  le  cours  des 
XV*  et  xvi"  siècles,  entre  les  marchands 
espagnols,  génois,  florentins,  etc.,  au 
sujet  de  l'exécution  des  contrats  d'assu- 
rances maritimes.  J.  FmoT, 

Le  crapaud  de  Blois  (LIV,  172, 
267,  315,  374,  43 1 1  544,  602).  —  A  rap- 
procher de  l'histoire  du  crapaud  de  Blois. 
Il  y  a  quelques  années,  dans  un  château 
du  département  de  l'Eure,  on  avait  re- 
marqué qu'un  certain  endroit  de  la  mu- 
raille sonnait  le  creux.  La  châtelaine,  cu- 
rieuse de  voir  ce  qu'il  y  avait  derrière,  fit 
ouvrir  le  mur.  Au  lieu  d'un  trésor  qu'on 
espérait  vaguement  y  découvrir,  on  ne 
trouva  là  dedans  qu'un  gros  crapaud  vi- 
vant. Comment  ce  crapaud  avait-il  pu  pé- 
nétrer dans  cette  excavation  .f*  Comment  y 
avait-il  pu  vivre  ^  Autant  de  questions 
que  l'on  se  posa  et  qui  restèrent  sans  ré- 
ponses. Je  tiens  l'anecdote  de  la  châte- 
laine elle-même.  Son  château  a  été  com- 
mencé    sous     Henri    IV     et     fini    sous 

Louis  XIII.  C.  DE  LA  Benotte. 

* 

*  * 
Les  mouches  de  notre  savant  confrère 

ont  un  double  intérêt  pour  tout  le  monde  ; 

et  Lavoisier  n'aurait  pas  manqué  de  citer 

ce  fait,  s'il  avait  pu  le  connaître  à  temps, 


N*  1129. 


L'INTERMÉDIAIRE 


7'5 


716 


comme  une  preuve  éclatante  de  son  fa- 
meux principe  :  Rien  ne  se  perd,  rien  ne 
se  crée  I  Principe  vrai,  dans  le  sens  ou  il 
l'entendait,  naturellement  ;  mais  qu'il  ne 
faudrait  pas,  non  plus,  trop  prendre  à  la 
lettre.  Ne  voyons  nous  pas,  tous  les  jours, 
se  créer  de  nouvelles  variétés  de  fleurs  et 
de  fruits?  sans  compter  le  reste,  au  grand 
désespoir  des  misonéistes  ! 

Mais  la  découverte,  citée  par  le  D""  Bil- 
lard (dont  le  nom  propre  a  un  sens  bien 
différent,  comme  tant  d'autres  !  du  mot 
commun  qu'il  représente  ;  puisqu'on  peut 
le  traduire,  comme  Béliard,  par  «  le  bel 
adventureux  »,  en  gaulois),  nous  en  rap- 
pelle une  autre,  faite  également  dans  les 
tombeaux  de  nos  rois  à  Saint-Denis,  tom- 
beaux qui  ne  sont  pas  généralement  méro- 
vingiens^ comme  on  pourrait  le  croire, 
mais  plutôt  qui  appartiennent  à  d'autres 
dynasties  que  celle  des  rois  de  la  première 
race.  Il  s'agit  effectivement  ici  d'une 
tombe  de  la  famille  des  Capétiens  ;  de  celle 
de  Charles  Martel,  enterré  à  Saint-Denis, 
tout  comme  le  roi  Dagobert  1. 

Quelque  temps  après  sa  mort,  on  ne 
fut  pas  peu  étonné  d'apercevoir  un  serpent 
(couleuvre  ou  vipère,  je  suppose)  sortir 
de  son  tombeau,  alors  qu'on  avait  eu 
occasion  de  l'ouvrir,  po.ir  un  motif  dont 
nous  ne  nous  rappelons  plus  le  sujet. 
Seulement  dans  ce  temps-là, où  l'on  s'oc- 
cupait moins  de  biologie  et  plus  de  reli- 
gion qu'aujourd'hui,  les  savants  du  temps 
croyaient  formellement  que  c'était  le 
diable  en  personne  !  C'était  son  âme  per- 
fide qui  avait  pris  la  forme  immonde  du 
reptile  tentateur,  d'après  les  idées  des 
plus  gros  bonnets  du  temps. 

D'  Bougon. 


Vers  l'an  18,^9,  on  traçait  la  route  dé- 
partementale de  Dijon  à  Châtillon-sur- 
Seine,  par  Recey-sur-Ource. 

Dans  cette  dernière  localité,  le  tracé 
passait  près  du  presbytère  actuel.  Un 
obstacle  se  trouvait  près  de  cet  endroit, 
un  vieux  colombier  dont  les  angles  étaient 
en  magnifiques  pierres  de  taille. 

On  le  démolit,  et  je  ne  sais  pourquoi, 
ont  eut  besoin  d'une  de  ces  pierres  de 
taille  qu'on  choisit  au  hasard.  Pour  la  par- 
tager sans  la  détériorer,  on  commença  par 
la  scier  jusqu'à  une  certaine  profondeur, 
puis  on  employa  des  coins  de  bois  pour 
•  finir  de  l'écarteler. 


Nous  étions  alors  présents  une  dizaine 
d'enfants  à  peu  près  de  mon  âge  ou  un 
peu  plus  vieux,  et  sept  ou  huit  ouvriers 
terrassiers  et  autres. 

Quelle  ne  fut  pas  k  surprise  de  tous, 
quand  la  pierre  fut  entièrement  partagée  : 
on  aperçut  un  crapaud  de  belle  taille, 
couché  dans  son  trou  qu'il  remplissait 
exactement.  Je  me  rappelle  très  bien  lui 
avoir  vu  faire  quelques  pas.  Quelle  fut  sa 
fin,  elle  est  sortie  de  ma  mémoire  :  périt-il 
de  lui  même  ?  le  tua-t-on  ?  le  l'ignore  ^ 

Après  de  si  nombreux  siècles  passés 
sans  voir  le  jour,  sa  couleur  native  n'avait 
pas  subi  d'altération,  elle  était  d'un  très 
beau  jaune  d'or  ;  voilà  tout  ce  dont  j'ai 
été  témoin  oculaire,  je  ne  puis  rien  dire 
de  plus. 

Ce  fai[  m'a  tellement  frappé  que,  même 
aujourd'hui,  je  vois  encore  la  scène 
comme  si  elle  se  passait  actuellement. 

Comment  expliquer  la  présence  de  cet 
animal  dans  cette  pierre?  On  dira  peut- 
être  qu'il  fut  emprisonné  au -moment  où 
les  éléments  de  la  pierre  se  soudèrent  en- 
semble pour  la  former  ;  mais  cette  forma- 
tion n'eut  pas  lieu  en  un  jour,  une 
semaine,  pas  même  en  une  année,  à 
moins  de  circonstances  particulières  ;  il 
fallut  donc  à  la  bête  un  prodige  de  pa- 
tience dans  son  immobilité  pour  se  laisser 
ainsi  enfermer. 

D'un  autre  côté,  il  n'a  certainement  pas 
pu  pénétrer  dans  cette  pierre,  lorsqu'elle 
fut  devenue  pierre. 

Autre  difficulté.  Comment  respirer  et 
se  nourrir  ?  Quelqu'un  me  demandait 
si  la  pierre  n'avait  pas  de  fissure.  Non, 
elle  n'en  avait  aucune.  De  plus,  on 
ne  place  pas  dans  l'angle  d'une  construc- 
tion, une  pierre  qui  a  des  défauts.  Le  soin 
que  l'on  prit  pour  la  partager  en  deux 
parties  prouve  bien  qu'elle  était  saine. 

Sans  doute  les  pierres  les  plus  denses 
ont  des  pores,  mais  ils  sont  de  si  faibles 
dimensions  qu'on  ne  comprend  guère 
qu'ils  fournissent  une  quantité  d'air  suf- 
fisante pour  entretenir  la  vie  d'un  être 
respirant  par  les  poumons.  Et  la  nourri- 
ture d'où  lui  venait  elle  .? 

Dans  tout  cela,  je  n'ai   fait  que  narrer, 
reconnaissant    ma     complète    ignorance 
pour  donner  une  explication  quelconque. 
Beaune  le  9  septembre  1906. 

Mairetet,  prêtre  habitué. 
P.  c.  c.   S.  M.  P. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Novembre   1906. 


717 


718 


Les  aboyeuses  de  Josselin  (LIV, 
506,597). —  Je  trouve  dans  le  catalogue 
(10  octobre  1906)  de  la  librairie  Clavreuil 
et  Rieffel,  2,  rue  de  Furstenbergin'  5727 
Hamon  (L.).  Les  Aboyeuses  de  josselin.  Les 
environs  de  Josselin.  Combat  des  ^o.  Mer- 
lin l'Enchanteur .  Rennes,  1889,  in- 12. 
Gravures  hors  texte  Br.  2  fr.       Efeey. 


Patien:(a  !  Quand  l'abbé  X  aura  publié 
son  étude,  on  verra.  Pourquoi  demander 
à  être  renseigné  auparavant  ? 

Ce  qui  serait  intéressant,  c'est  d'élargir 
la  question  et,  —  sans  rien  préjuger  — 
tout  en  admettant  la  possibilité  de  la 
chose,  s'informer  si  ailleurs,  en  France 
ou  à  l'étranger,  des  faits  semblables  ou 
similaires  ont  été  observés.         Oroel. 


Le  phénomène  qui  caractérise  cer- 
taines malades  de  Josselin  est  réel.  Une 
plaquette  illustrée  de  M,  Louis  Hamon  : 
Les  aboyeuses  de  Josselin  (in- 12,  Rennes, 
CaïUères,  1889)  s'étend  longuement  sur 
ce  sujet.  L'auteur  a  vu  le  fait  et  le  décrit 
avec  détails.  Les  femmes  en  proie  à  cette 
névrose  (chorée  des  muscles  expirateurs 
et  laryngiens)  jettent  de  petits  cris  rau- 
ques,  assez  semblables  au  grognement  du 
chien.  Peu  à  peu  la  voix  s'éclaircit  et 
s'épand  en  appels  sonores,  précipités,  ai- 
gus comme  les  notes  du  clairon  ;  cela 
devient  un  véritable  aboiement  dont  le 
timbre  s'élève  par  degrés  avec  la  progres- 
sion de  la  crise. 

Après  la  période  de  paroxysme,  l'into- 
nation baisse  et  s'exhale  en  une  sorte  de 
hurlement  plaintif  qui  rappelle  celui  du 
chien  en  détresse.  Malgré  la  ressemblance 
de  ces  cris  avec  ceux  du  chien,  il  n'y  a 
point  similitude  complète  ;  du  moins  jus- 
tifie-t-elle  le  nom  que  l'on  donne  à  ces 
femmes.  Toutes  celles  vues  par  M.  L.  Ha- 
mon étaient  d'un  âge  mûr.  On  ne  voit 
pas  d'homme  atteint  de  ce  mal.  Etranger 
à  la  faute  originelle  —  dit  la  légende  bre- 
tonne —  leur  sexe  échapj)e  à  l'expiation. 
Les  aboyeuses  ne  se  montrent  qu'à  josse- 
lin et  aux  fêtes  de  la  Pentecôte. Ce  jour-là, 
dès  le  matin,  de  solides  paysans  s'empa- 
rent de  ces  femmes  et  les  mènent  de  gré 
ou  de  force  baiser  un  reliquaire,  puis 
boire  l'eau  d'une  source,  ce  qui  doit  gué- 
rir leur  mal.    Le  cas  se  présente  quelque- 


fois ;  mais  il  faut  plutôt  attribuer  la  cessa- 
tion des  aboiements  à  l'apaisement  et 
l'épuisement  du  système  nerveux  que  la 
contrainte  a  exaspéré.  Peut-être  y  a-t-il 
aussi  des  cas  de  guérison  nerveuse. 

Voici  donc,  la  malheureuse  malade, 
nullement  surprise  par  l'arrivée  de  ses 
bourreaux,  les  attend  avec  une  anxiété  fé- 
brile, consciente  qu'elle  est  de  son  mal  ; 
de  plus  elle  connaît  la  tradition,  la  cou- 
tume, elle  a  donc  compté  les  jours,  elle 
sait  celui  de  l'expiation  arrivé,  aussi  son 
délire  a-t-il  été  toujours  augmentant, 
atteignant  son  paroxysme  à  l'église  et  à 
la  source,  s'atténuant  alors  et  disparais- 
sant enfin  par  la  détente,  le  soulagement 
de  son  affection. 

Il  y  a  encore  quelques  rares  aboyeuses 
à  Josselin.  M.  M. 

Jotc^,  i^vourailU^s    «t   OluvicHitcB 

Une  lettre  de  la  jeunesse  de 
Gambetta.  —  La  lettre  qu'on  va  lire  a 
été  adressée  par  Gambetta  à  son  ami 
Laurier.  Elle  donne  quelques  intéressants 
détails  sur  sa  vie  du  jeune  avocat,  sur  ses 
fréquentations  au  Procope,  sur  sa  ren- 
contre avec  M.  Henri  Brisson.  Les  mali- 
cieux souriront  de  l'impression  pre- 
mière que  produit  l'actuel  président  de  la 
Chambre  sur  l'exubérant  méridional,  qui 
lui  trouve  «  l'air  de  la  tempérance  en  épi- 
gramme.»  Lajeunesse  de  M.  Brisson  avait 
déjà  au  Procope  la  gravité  de  l'âge  mur  : 

Paris  le  jeudi  1862. 

Mon  cher  ami. 

Tu  es  un  homme  terrible  et  charmant,  et 
j'allais  avec  en  train  prendre  celui  qui  mène 
à  Lépineau,  mais  en  voici  bien  a'une  autre, 
—  l'affaire  que  je  devais  plaider  ce  matin 
(piètre  bien,  mais  il  n'y  a  que  les  mauvaises 
cordes  qui  résistent)  me  revient  pour  jeudi. 
Je  joue  de  malheur,  mais  le  diable  s'en  mê- 
lerait que  lundi  en  huitaine  je  pars,  j'arrive 
et  je  me  fais  pardonner  d'être  si  traînard. 
Mais  pour  ce  dernier  incident  je  te  jure 
bien  que  je  suis  innocent  du  contretemps. 
Enfin.  . . 

J'ai  vu  ce  soir  ton  ami  M.  Brisson,  nous 
avons  longuement  causé  au  Procope,  il  est 
bien  agréable,  mais  trop  sobre,  en  face  de 
moi  il  avait  l'air  de  la  tempérance  en  épi- 
gramme. 

J'ai  eu  bientôt  pris  mon  parti  quoique 
vraiment  je  puisse  t'assurer  qu'il  m'est  tou- 
jours   pénible    de   boire    seul,   la   choppe    a 


N"  1129. 


L'INTERMEDIAIRE 


719 


toujours  besoin  d'être   partagée    comme  la 
causerie. 

La  Cour  d'assises  est  pire  encore  que  l'a- 
vare Achéron.  Impossible  de  lui  faire  lâcher 
sa  proie,  je  suis  allé  réclamer  ton  manuscrit, 
on  m'a  supplié  de  le  laisser  avec  des  paroles 
attendrissantes.  Evidemment,  ils  attendent 
d'avoir  quelques  sous  pour  achever  cette 
publication.  Je  n'ai  pas  eu  le  cœur  de  le 
leur  arracher,  après  tout  cela  eut  été  fort 
difficile,  car  dans  la  confusion  qui  règne  là 
dedans,  il  est  fort  épineux  de  deviner  s'il 
est  à  l'imprimerie  comme  l'affirme  la  vieille, 
ou  est  resté  au  bureau,  comme  semble  le 
laisser  croire  le  vieux,  tu  sais  celui  qui  ne 
parle  pas. 

Dis-moi  si  tu  m'autorises  à  aller  jusqu'aux 
voies  de  fait,  car  je  vais  leur  faire  un  beau 
ramage  à  la  réception  de  ta  lettre.  Voilà  une 
réplique  féconde  en  pourparlers.  Dis-moi 
catégoriquement  s'il  faut  le  laisser  en  atten- 
dant une  impression  durable  ou  le  retirer  vif 
unguibus  et  rostro. 

Je  t'annoncerais  au  cas  où  l'Opinion  na- 
tionale ne  parviendrais  pas  jusqu'à  Lépineau 
que  Sarcey  a  fait  à  l'occasion  de  la  Dolorès 
de  L.  Bouilhet,  une  critique  dramatique  fort 
remarquable,  qui  a  été  remarquée  ici,  voire 
richement  saupoudrée  du  sel,  du  meilleur. 
Rara  avis. 

Tu  dois  trouver  que  je  suis  un  bien 
fâcheux  bavard,  mais  je  songe  que  tu  me 
l'aurais  reproché  et  je  m'absous  de  ton 
silence. 

J'ai  eu  aussi  la  visite  de  Beaupré,  au  Pro- 
cope,  il  était  superbe,  fortes  moustaches, 
tournure  martiale  exceptionnelle,  ajoute  à  ce 
décor  le  pantalon  de  garde  national  qu'il 
n'avait  pas  quitté  de  la  journée  :  il  était  im- 
posant. Malgré  ces  dehors  un  peu  effrayants 
nous  avons  largement  ri  et  devisé  bo  s 
proupos. 

Je  ne  peux  mieux  clore  ce  commérage 
qu'en  te  disant  qu'ils  m'ont  chargé  de  leurs 
amitiés  pour  toi  (voilà  un  pluriel  énigmati- 
que  Brisson  et  Beaupré). 

Je  mets  toutes  les  miennes  à  la  suite.  Je  te 
prie  d'offrir  mes  respects  à  Mme  Laurier  et 
de  m'écrire  encore  le  plus  tôt  possible. 

Ania  vale  scribe 
Tout  à  toi, 

L.  Gambetta. 

Pendant  l'occupation  française  à 
Berlin  (1806-1906).  —  Le  27  octobre 
i8o6,  treize  jours  après  léna,  Napoléon 
entrait  à  Berlin. Il  nommait  Clarke,  gou- 
verneur de  la  ville  et  Hulin,  l'homme  de 
la  Bastille  et  de  Vincennes,  commandant 
de  la  place.  Les  Berlinois  ne  gardèrent  pas 
rancune  à  leurs  vainqueurs,  lesquels, 
cependant,  par   précaution,  les   désarme- 


720     . 

rent.  C'est  à  cette  occasion  que  le  vieux 
maréchal  de  Mollendorf  écrivit  au  géné- 
ral Hulin  la  lettre  suivante.  Il  avait  été 
fait  prisonnier  à  Auerstaedt,  le  même  jour 
qu'Iéna,  et  blessé,  mais  lui  non  plus 
n'avait  aucun  ressentiment  contre  les 
Français.  Il  avait  offert  des  pistolets  aux 
aides  de  camp  de  Clarke,  il  avait  mis  ses 
bottes  pour  rendre  visite  à  Napoléon.  Il 
était  dans  les  termes  les  plus  cordiaux 
avec  les  envahisseurs  de  son  pays. 

,  Cet  état  d'esprit  est  très  remarqua- 
ble et  la  lettre  que  nous  publions  est 
tout  à  fait  typique  à  cet  égard.  Elle  fait 
partie  du  cabinet  de  M.  Noël  Charavay. 

Mon  Général, 

Je  serais  venu  moi-même  me  présentera 
Votre  Excellence,  mais  mes  blessures  m'em- 
pêchent de  satisfaire  à  mon  devoir  et  au  plai- 
sir de  faire  votre  connaissance,  puisque  la 
blessure  au  pied  a  empiré,  ayant  mis  des  bottes 
hier  pour  me  présenter  à  Sa  Majesté  l'Em- 
pereur et  roi  d'Italie  qui  me  [1']  avait  ordonné, 
je  viens  donc  de  présenter  ma  très  humble 
piière  par  écrit  avec  une  main  tremblante.  Le 
magistrat  d'ici  m'a  ôté  mes  fusils  de  chasse, 
un  couple  de  paires  de  pistolets  dont  j'avais 
fait  présent  aux  aides  de  camp  du  général 
Clarke  qui, comme  le  général, m'ont  comblé  de 
bienfaits  et  de  politesses,  même  mon  épée 
que  je  porte.  Je  viens  donc  prier  humble- 
ment Votre  Excellence  de  donner  ordre  qu'on 
me  les  rende  et  j'enverrai  un  homme  qui  les 
connaît  et  qui  en  a  donné  la  liste.  Je  donne 
ma  parole  d'honneur  que  personne  ne  s'en 
doit  servir,  que  je  les  mettrai  sous  clés  et  je 
suis  responsable  de  tout.  On  m'a  dit  que  je 
devrais  seulement  m'adresser  à  vous  et  que 
vous  ne  me  refuseriez  pas  cette  humble 
prière,  de  plus  comme  le  magistrat  avait 
surpassé  ses  ordres.  Donc,  mon  général,  si 
vous  autorisez  cette  grâce  j'enverrai  un 
homme  qui  les  connaît  et  qui  en  a  donné  la 
liste.  Tous  vos  princes  et  généraux  me  com- 
blent de  politesses,  donc  mon  cœur  est  rem- 
pli de  reconnaissance,  par  conséquent  je  n'hé- 
site de  m'adresser  directement  à  Votre  Excel- 
lence en  y  joignant  les  sentiments  de  la  con- 
sidération la  plus  parfaite  et  l'estime  particu- 
lière avec  lesquels  j'ai  l'honneur  d'être  de 
Votre  Excellence,  le  très  hamble  et  très  obéis- 
sant serviteur. 

Le  maréchal  Mollendorf. 
De  Berlin,  le  6  de  novembre  1806. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Danii-l-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond. 


LIV"  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o  de  chaque  mois      20  Novembre  1906 


42e  Année 

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31 '".r.Victor  Massé 
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DES    CHERCHEURS    ET    CURIEUX 

Fondé   en    18Ô4 


•QUESTIONS     ET     RÉPONSES     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 

721      722    ■ 


(âueetians 


Théroigne  de  Méricourt  et  l'em- 
pereur d'Autriche.  —  Est-il  établi, 
comme  semble  le  dire  M.  Costa  de  Beau- 
regard, dans  le  Roman  d'un  royaliste  (Sou- 
venirs du  comte  de  Virieu^  1892),  que 
l'empereur  d'Autriche,  Léopold,  ait  eu  un 
caprice  pour  Théroigne  de  Méricourt, 
alors  prisonnière  dans  les  prisons  impé- 
riales ?  Sir  Grapu. 


Un  Carrier  Belleuse  en  1794.  — 

Bégis,  dans  une  plaquette  qu'il  fit  parai-   (  sculpteur; 


fouir  chez  lui,  «  sous  un  pavé  »,  la  liste 
en  question  et  ne  l'avait  communiquée  au 
Comité  de  Salut  public,  qu'après  le  8 
Thermidor,  «.  comme  propriété  du  Gou- 
vernement ». 

Or,  sur  cette  liste  figurait  au  second 
rang  : 

«  Carrier  Belleuse  noble,  arrêté  ». 

Ce  Carrier  Belleuse,  de  Soissons, devait 
être  de  la  même  famille  que  les  artistes  de 
ce  nom,  dont  le  chef  de  la  dynastie  le 
grand  sculpteur  Carrier  de  Belleuse,  est 
né  le  î2  juin  1824,  à  Anizy-Ie-Château,du 
département  de  l'Aisne,  comme  Soissons. 

Le  suspect,  porté  sur  la  liste  de  Le- 
jeune,   n'était-il    pas    le    grand-père   du 


d'E. 


tre,  il  y  a  dix  ans, Saint -Just  et  les  bureaux 
de  la  police  générale,  publie  un  rapport 
très  curieux  d'un  certain  Lejeune,  de  Sois- 
sons, à  qui  le  Conventionnel,  membre  du 
Comité  de  Salut  public,  avait  imposé 
d'office  les  fonctions  de  chef  des  bureaux 
de  la  police  générale.  S'excusant  de  les 
avoir  acceptées,  par  cette  seule  considé- 
ration qu'elles  lui  avaient  permis  d'empê- 
cher beaucoup  de  mal, Lejeune  en  apporte 
une  preuve  des  plus  topiques. 

Un  jour,  Robespierre  l'invite  à  faire  un 
rapport,  qu'il  devait  «  convertir  en  acte 
d'accusation  »,  sur  une  dénonciation  qui  lui 
avait  été  adressée  avec  cet  en-tête  : 
«  Liste  de  quelques  aristocrates  de  Sois- 
sons,insignes  ennemis  de  la  Révolution  et 
bons  pour  la  guillotine  ».  A  l'exemple  de 
Charles  Labussière  et  de  son  collègue  Fa- 
bien Pillet,  Lejeune  s'était  empressé  d'en- 


Amoral,  areligieux.  —  Qui  n'est 
ni  moral,  ni  immoral,  est  amoral.  Un  mi- 
nistre vient  de  dire  du  régime  qu'il  repré- 
sente, qu'il  n'est  ni  religieux,  ni  irreli- 
gieux, mais  areligieux.  Le  langage  philo- 
sophique emploie  certainement  ces  expres- 
sions, au  moins  la  première. 

La  structure  sociale,  en  effet,  est, en  réalité, 
imparfaite,  amorale  ;  la  morale  est  une  per- 
fection irréalisée. 

(Paul  Simon.  La  morale  scientifique. 
Revue  des  Idées,  n"  35,  p.  855), 

La  doctrine  impose  à  la  longue  ces 
expressions,  Littré  ne  les  connaît  point, 
l'académie  les  ignore,  le  peuple  ne  es 
emploie  pas.  Que  valent-elles  .'^ 

D'  L. 


LIV-14 


N'    II 


30. 


L'INTERMEDIAIRE 


723    

Rabasteins,  histoire  racontée  par  { 

M.   Lenôtre.  —  Je   lis  dans  VBcho  de  \ 

Paris  du    ^   octobre  (le   Trottoir  roulant,   \ 

par«  Sparklet»)  une  tragique  histoire  ra-  i 

contée  dernièrement   dans   un   salon  par  | 

M.  G.  Lenôtre,  comme  s'étant  passée   au  j 

xvui®  siècle,  dans   un  château   du  Nord.   ! 

Il  s'agit   d'une  demoiselle  de   Rabastens  \ 

qui  aurait  disparu,  le  jour  de  ses  noce?,   | 

au  cours  d'une  partie  de  cache-cache  or-  \ 

ganisée  dans  ce   château.   Son  corps  au-   | 

rait  été  retrouvé  un  siècle  plus  tard,  en  i 

1850,  par  un  jeune  marié,  fils  des  acqué-  1 

reurs  du  château,  qui,  le  jour  de  son  ma-  , 

riage,  se  serait  amusé,  lui  aussi,  à  y  jouer   ■ 

à  cache-cache  avec  ses  invités!  Ici  je  cède 

la  parole  au  narrateur  ; 

Le  jeune  marié  s'est  embusqué  derrière 
une  porte,  dans  un  couloir.  Mais  il  n'est 
qu'à  demi  caché  par  le  battant  ;  il  voit  ve- 
nir à  lui  la  jeune  fille  qui  le  cherche  ;  il 
s'aplatit  le  plus  qu'il  peut  contre  la  muraille, 
les  paumes  des  mains  collées  à  la  boiserie. . . 
Le  panneau  cède  derrière  lui ,  s'enfonce 
doucement.  Il  entend  passer  celle  qui  le  cher- 
che, il  retient  sa  respiration,  ravi  de  cette 
porte  inconnue  que  sa  pression  a  fait  ouvrir 
ainsi  avec  tant  d'à-propos.  Mais  à  peine  a-t-il 
reculé  d'un  pas  que  la  boiserie  se  referme  de- 
vantlui  ,11  tâtedes  deux  mains, il  tape  du  pied. 
Il  est  prisonnier,  il  appelle  1...  Ses  yeux  s'ha- 
bituent à  l'obscurité  qui  n'est  qu'incomplète, 
une  lueur  tombe  de  la  cheminée,  et,  se  dif- 
fusant dans  la  chambre,  éclaire  une  personne 
assise  qui  sommeille  sur  une  chaise.  Notre 
jeune  homme  respire.  Il  est  chez  une  ser- 
vante 1  II  écarte  un  meuble  qu'on  a  dû  traî- 
ner devant  l'âtre,  vient  à  la  femme,  la  prend 
par  la  m<iin...  Mais  avec  la  main  desséchée 
le  bras  se  détache...  C'est  une  momie  qui  est 
là,  près  de  lui,  un  cadavre  habillé  d'une  soie 
couverte  de  poussière...  Mlle  de  Rabastens  ! 
«  C'était  donc  vrai!  »  s'écrie  !e  nouveau  ma- 
rié... Mais,  pareil  à  Roland  gonflant  les  ar- 
tères de  son  cou,  il  enfle  ses  poumons  et  ap- 
pelle plus  fort. ., 

M.  Lenôtre  ajoute  que  l'on  finit  par  l'en- 
tendre et  par  venir,  avec  des  pioches,  le  dé- 
livrer... Ainsi  se  trouva  divulgué  le  mys- 
tère qui  avait  plané  sur  le  mariage  de  Mlle  de 
Rabastens... 

L'histoire,  qui  a  donné  lieu  à  ce  récit, 
se  trouve  racontée  tout  au  long  dans  un 
livre  publié  en  1843,  par  M.  Alexandre 
Mazas  (et  plusieurs  fois  rééditée  depuis) 
sous  ce  titre  :  le  Dernier  des  Rahasteins. 

La  tragique  aventure  serait  arrivée  au 
xvin*  siècle,  en  effet  ("vers  1720),  non 
dans  un  château  du  Nord,  mais  au  châ- 


724 


teau  de  Montségur  dont  les  ruines  exis- 
tent encore,  aux  environs  de  Grignan, 
dans  la  Drôme.  La  victime  serait,  non 
Mlle  de  Rabasteins, mais  Mlle  Lucie  de  Pra- 
comta!,et  le  cadavre  de  l'infortunée  aurait 
été  découvert  une  trentaine  d'aimées  plus 
tard,  à  peu  près,  dans  les  circonstances 
que  raconte  M.  Lenôtre,  par  un  jeune 
homme  de  16  ans,  «  le  dernier  des  Ra- 
basteins »,  qui  au  cours  d'une  partie  de 
cache-cache  avec  des  amis,  resta  enfermé 
à  son  tour  dans  le  fatal  réduit.  On  ne 
le  retrouva,  (dit  le  livre  de  M.  Mazas), 
qu'au  bout  de  plusieurs  jours,  évanoui, 
presqu'expirant.  Dans  lintervalie,  sa 
mère  était  morte  de  chagrin.. . 

Je  n'ai  pas  le  Dernier  des  Rahasteins  sous 
les  yeux  en  ce  moment,  mais  je  me  rap- 
pelle ces  détails  pour  les  avoir  lus  et  re- 
lus maintes  fois  dans  mon  enfance.  Un  de 
nos  confrères  de  Provence  (où  ce  sou- 
venir a  dû  se  conserver)  pourrait-il  me 
dire  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  ce  récit  ?  La 
famille  de  Pracomtal  est  bien  connue, mais 
a-t-il  existé  une  famille  de  Rabasteins,  et 
son  dernier  rejeton  a-t-il  eu  réellement 
cette  tragique  aventure,  ainsi  que  d'autres 
encore  racontées  dans  le  curieux  volume 
de  Mazas  ^ 

J'ajoute  que ,  d'après  ce  livre,  la  ca- 
chette de  Montségur,  qui  faillit  devenir  le 
tombeau  du  jeune  de  Rabasteins  après 
avoir  été  celui  de  Mlle  de  Praco  ntal,  au- 
rait jadis  servi  de  refuge  au  baron  des 
Adrets  pendant  les  guerres  de  religion. 

J.  W. 

La  seigneurie  de   Châtenay.  — 

Par  contrat  du  20  janvier  1687,  le  mar- 
quis de  Signelay  se  rendit  acquéreur  de  la 
terre  et  seigneurie  de  Châtenay,  possédée 
jusque-là  p;!r  messieurs  du  Chapitre  de 
l'Eglise  de  Paris. 

Vers  171  s- 1720,  on  trouve,  comme 
seigneur  de  Châtenay,  un  sieur  Abraham 
Duval  ou  du  Val,  dont  un  des  descen- 
dants, Abraham  -  Louis  Duval ,  écuyer, 
conseiller,  secrétaire  du  roi  maison  et 
couronne  de  France ,  possédait  encore 
cette  terre  en  1784. 

Pourrait-on  être  renseigné  sur  ce  sieur 
Abraham  Duval,  devenu  seigneur  de 
Châtenay  ;  sa  famille  habitait-elle  le  pays, 
quelles  étaient  ses  alliances  ?  Quelle  est 
la  date  exacte  de  l'acquisition  de  cette 
seigneurie  ? 


725 


DÉS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX            20  Novembre  190e. 
■ 726     


L'ouvrage  de  M.  de  Launay  sur  la  val-   |       Quelles  sont  ses  armoiries  ? 
lée  d'Aulnay  2.000   ans  d'histoire,  Paris,   !       A  t-il   laissé   des  descendants  ?  Si  oui, 
Flammarion,  est  muet  sur  ce  point.  '  que  sont  devenus  ces  derniers  ? 


T.  L. 

Le  district  des  Cordeliers  en 
1789.  —  Je  possède  un  certificat  de 
bonne  coi^.duite  délivré  à  Fabre  d'Eglan- 
glantine  par  le  district  des  Cordeliers,  en 
date  du  28  août  1789. 

Un  collègue  très  ferré  sur  les  noms  de 
la  Révolution  pourrait-il  m'aider  à  lire 
les  signatures  qui  figurent  au  bas  de  celte 
pièce  ? 

Prudhomme,  Président. 

Pernot  Duplessis  (?)  Vice-Président. 

Louttier  (?)  ou  Poultier 

Deblois    f?)    ou    Debloir. 

Brune;  tous  trois  secrétaires.     H.  L. 

Noms  de   famille  et  titre.  —  En 

France,  comme  ailleurs,  a-t-il  toujours 
été  d'usage  de  porter  le  nom  de  famille 
relié  au  titre,  comme  par  exemple  : 
comtes  Chandon  de  Criaille,  Champion 
de  Nansouty,  de  Chaptal  de  Chanteloup. 
A-t-on  toujours  relié  le  nom  de  famille 
au  nom  de  la  terre  dans  renonciation 
d'un  titre  ?  Zanokm. 


Aristide  Ferrère.  —  Quel  est  le 
nom  véritable  que  cache  ce  pseudonyme  ? 
Aristide  Ferrère,  banquier,  a  raconté  lui- 
même,  dans  un  livre,  la  propagande  qu'il 
fit  en  1848  pour  le  prince  Louis-Napoléon. 
Dans  le  volume,  il  en  annonçait  un  se- 
cond qui  n'a  jamais  paru,  du  moins  à  ma 
connaissance.  Rosey, 

Louis  de  Lesclade, professeur  de 
philosophie.  —  Serait-il  possible  de 
trouver  quelques  renseignements  sur  Louis 
de  Lesclade  .?  Ce  personnage,  né  près  de 
Clermont,  enseigna  la  philosophie  avec 
succès  vers  la  fin  du  xvii°  siècle,  à  Paris 
d'abord,  puis  à  Grenoble  et  à  Lyon.  Il 
s'était  marié  avec  une  de  ses  élèves,  mais 
ses  infortunes  conjugales  firent  grand 
bruit.  E.  J. 

Le  comte  J  an-Henaud  Ciirli- 
Rub>  1.  —  Pourrait-on  avoir  des  rensei- 
gnements sur  l'économiste  italien  Jean- 
Renaud  Carli-Rubbi,  né  à  Capo-d'Istriaen 
1720  ? 


Un  Cavalier. 

De  Leusse  :  le  nom  et  la  terre? 

—  Un  intermédiairiste  pourrait-il  me 
donner  des  renseignements  sur  l'origine 
de  cette  ancienne  famille  ?  I.  P.  K. 

Marinier,  Hardouin  dô  Chalon  de 
la  IVîarinière.  —  Le  premier  écrit  de 
Besançon,  une  lettre  diplomatique  à  Mar- 
guerite de  Savoie  (Lettres  et  papiers  étran- 
gers et  domestiques  d'Henri  yill).  Y  avait- 
il  des  Marinier  à  Besançon  ? 

Le  second  était  page  du  roi  en  1707. 
Qiie  sait-on  de  sa  famille  ?  M.  E. 

Guillaume  de  Vandenesse,  sa  fa- 
mille. —  On  lit  dans  Moréry,  Supplé- 
ment 1735,  tome  II,  folio  430,  article 
Vandenesse,  que  Guillaume  de  Vandenesse, 
pasteur  de  l'église  de  Sainte-Catherine  de 
Bruxelles  né  en  1654,  mort  en  1716,  était 
fils  de  Martin  de  Vandenesse,  receveur  de 
la  ville  de  Bruxelles, et  d'Anne  Vander  Elst. 

On  désirerait  savoir  si  ce  Martin  de 
Vandenesse,  père  de  Guillaume,  n'a  pas 
eu  d'autres  enfants  parmi  lesquels  : 

Nicolas  de  Vandenesse,  bourgeois  de 
Bruxelles,  époux  deThcrèse-Thomasse  de 
Brie. 

Leur  fils,  Guillaume-François,  vint  s'éta- 
blir en  France  et  s'y  maria,  en  1728,  à 
demoiselle  Madeleine  Gal'.et ,  d'une  fa- 
mille de  Paris.  T.  L. 

Armoiries  à  retrouver  :  châ- 
teau de  Grezieux.  —  Au  château  de 
Grezieux-le  Marché  (Rhône)  ayant  appar- 
tenu au  lieutenant  général  de  Souvigny, 
est  un  écusson^en  clef  de  voûte, portant  : 

parti,  nu   i  de à  ^  fasces  de....  ,  an  2 

de à  J   bandes  de A  quelle  famille 

appartient-il  ^  Baron  A.  H. 

Armoiries  à  rechercher  :  che- 
vron accompagné  en  chef.  —  ]e  dé- 
sirerais savoir  à  quelle  famille  attribuer 
les  armoiries  suivantes  : 

Un  chevron  accompagné  en  chef  de  tfois 
étoiles  et  en  pointe  de  trois  porcs-épics.  Ces 
armes  sculptées  sur  bois  ne  portent  pas 
d'indication  d'émaux.  Mordet, 


N°  1130. 


L'INTERMEDIAIRE 


727 


728 


Ex-libris  de  médecins  français. 

—  Il  a  paru,  il  y  a  quelques  années,  dans 
Vlniermédiaire^  une  suite  de  reproductions 
d'ex-libris,  sous  la  signature  du  dessina- 
teur Henry-André. 

Je  retrouve  ce  nom  dans  la  Chronique 
Médicale^  au  bas  d'une  étude  sur  les 
ex-libris  de  médecins. 

Cette  monographie  S;!  intéressante  me 
semble  cependant  incomplète  :  où  pour- 
rais-je  trouver  une  liste  de  tous  les  méde- 
cins français  possédant  des  ex-libris  .? 

Valéry  Decroix. 


Gond  de  porte.  —  Dans  les  salles 
nouvellement  ouvertes  au  Louvre,  et 
parmi  les  très  curieuses  pièces  provenant 
de  la  mission  Morgan,  on  voit  plusieurs 
pierres  plates  de  forme  ovoïde  et  présen- 
tant à  leur  surface  une  dépression  ou 
creux  qui  servait  à  recevoir  les  pivots  de 
porte  des  anciens  édifices. 

Or,  ces  pierres  sont  étiquetées  comme 
gonds  de  porte,  ce  qui  me  semble  une 
erreur  de  nos  savants  archéologues.  Les 
gens  de  métier  désigneraient  peut-être 
sous  le  nom  de  crapaudine  ou  de  salière 
les  objets  de  ce  genre,  mais  on  ne  se  ser- 
virait certainement  pas  du  mot  gond  qui 
a  conservé  une  signification  distincte  et 
parfaitement  définie.  Cerameus. 


«  Le  Courrier  de  Londres  » .  —  Quel- 
que obligeant  lecteur  de  V Intermédiaire 
pourrait-il  me  dire  dans  quelle  bibliothè- 
que publique  ou  privée,  française  ou 
étrangère,  je  trouverais  une  collection 
complète  du  Courrier  de  Londres,  un  des 
périodiques  de  l'Emigration  :  le  British 
Muséum  ne  le  possède  qu'à  partir  du 
tome  57  (1805),  la  Bibliothèque  nationale 
n'en  a  que  quelques  numéros  de  1802. 

r .  u. 


Initiales  a  dévoiler.  —  Je  possède 
un  livre  intitulé  :  Notice  sur  la  vie  d' An- 
gèle  de  Saint- C***  comtesse  de  P***  et  de  sa 
fille  Marie  de  P"*^,  élèves  de  la  congrégation 
de  Notre-Dame,  maison  dite  des  Oiseaux.  — 
Paris .1  Poussielgiie-Rusand,  18^^  (sans  nom 
d'auteur).  La  comtesse  de  P.,  est-il  dit  en 
tête,  décéda  à  28  ans,  le  3   mai    1845,  et 


Marie, 


ans. 


le   !*'■   juin    1847.     —  { 


Comme  il  y  a  60  ans  de  cela,  pourrait-on 
savoir  de  qui  il  s'agit.?     La  Coussière. 

Chansons  lorraines  antérieures 
au  XIX"  siècle.  —  D'aimables  «  cher- 
cheurs »  voudraient-Ils  communiquer,  ou 
bien  indiquer  où  trouver  des  chansons  du 
pays  Messin  et  de  la  Lorraine  :  rondes, 
airs  populaires,  romances,  refrains  de 
soldats  antérieurs  au  xix*  siècle  ? 

Le  moindre  renseignement  au  sujet  des 
couplets  ou  des  airs  anciens  vaudra  la  re- 
connaissance de  jeunes  Lorrains  qui  ne 
veulent  pas  se  déraciner.        Loherain. 

Lenepveu  et  «  Jeanne  d'Arc  ». 
—  L'Opéra  n'avait-il  pas  accepté  en  1868 
un  opéra  de  Lenepveu,  intitulé  Jeanne 
d'Arc  ?  Cet  opéra  a-t  il  été  joué  ? 

S'il  ne  l'a  pas  été,  quelles  en  sont  les 
raisons  ?  Le  dit  opéra  a-t-il  été  représenté 
ailleurs  qu'à  l'Opéra,  soit  en  France,  soit 
à  l'étranger  ?  Merci  d'avance  à  qui  me 
donnera  lerenseignement  dont  j'ai  besoin. 

Champvolant. 

* 

*    ¥ 

Avant  de  poser  cette  question, nous  l'avons 
soumise  à  M.  Arthur  Pougin  qui  est  l'histoire 
théâtrale  faite  homme,  il  nous  donne  cette 
réponse  qui  clôt  sans  doute  tout  débat  : 

En  1868,  Lenepveu  était  encore  à  Rome 
comme  pensionnaire  de  l'Académie  de 
France  (grand  prix  de  1865),  et  ne  pen- 
sait encore  ni  à  l'Opéra,  ni  à  Jeanne  d'Arc. 
U  n'a  donc  pu  se  faire  refuser  une  Jeanne 
d'Arc  3  ce  théâtre.  L'ouvrage  qu'il  a  écrit 
(beaucoup  plus  tard)  sous  ce  titre,  est  un 
drame  lyrique  (je  dirais  presque  volon- 
tiers un  oratoire),  en  trois  parties,  sur 
un  poème  de  M.  Paul  Allard.  Cette 
Jeanne  d'Arc  a  été  exécutée  solennelle- 
ment, le  i*»"  juin  i886,  dans  la  cathé- 
drale de  Rouen,  en  présence  du  car- 
dinal archevêque,  M.  de  Bonnechose. 
Des  fragments  en  furent  entendus  ensuite 
dans  nos  grands  concerts,  je  crois  qu'on 
l'exécuta  aussi  dans  la  cathédrale  de 
Reims,  mais  je  suis  certain  qu'elle  fut  exé- 
cutée intégralement,  le  12  février  1901, 
dans  la  cathédrale  de  Tunis. 

En  dehors  de  ce  drame  lyrique.  Le 
nepveu  (qui  est  Rouennais)  a  écrit  aussi 
une  Ode  triomphale  à  Jeanne  d'Arc,  qui  a 
été  exécutée  de  même  à  Rouen  le  30  juin 
1892.  Arthur  Pougin. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1906. 


729 


730 


Rentrer  ou  entrer.  —  L'usage  est 
généralement  répandu  dans  la  presse, 
d'écrire  le  mot  rentrer,  au  lieu  du  mot  en- 
trer. Les  exemples  sont  journaliers.  En 
voici  un  pris  au  hasard  : 

Depuis  quelque  temps,  les  anarchistes  de 
France,  Espagne,  Belgique,  Hollande,  Alle- 
magne et  Angleterre  travaillaient  à  former 
cette  immense  association  appelée  «  Interna- 
tionale rouge  »,  qui  est  maintenant  un  fait 
accompli,  et  dans  laquelle  rentrent  les  anar- 
chistes de  tous  les  pays  sans  exception. 

Dans  les  conversations  quotidiennes,  i 
en  est  de  même.  Ce  matin,  un  jeune 
homme  me  disait  :  «  Je  rentre  dans  telle 
banque  ».  Or,  jamais  il  n'avait  été  em- 
ployé dans  cette  banque,  ni  dans  aucune 
autre,  d'ailleurs. 

Est-il  devenu  français  d'employer  indif- 
féremment entrer  ou  rentrer,  pour  dire 
entrer  .?  J-  L. 

Un  lâcheur.  —  Le  mot  a  aujourd'hui, 
dans  la  langue,  ses  lettres  de  grande  na- 
turalisation. De  quelle  époque  date-t-il  ? 
Littré  le  cite  sans  l'accompagner  d'exem- 
ples. Larchey,dans  son  Dictionnaire  d'Ar- 
got.^ lui  donne  pour  premier  parrain  Au- 
rélien  SchoU,  en    1858. 

Or,  dans  un  article  fort  intéressant  de 
M.  Léon  Séché  sur  la  «  Marraine  d'Alfred 
de  Musset  »,  Mme  C.  jaubert  [Revue  de 
Paris,  i"  novembre  1906),  je  vois, d'après 
une  lettre  adressée  par  cette  dame  à  son 
frère  d'Alton-Shée,  en  1848- 1850,  que 
Roqueplan  considérait  le  docteur  Féron 
comme  «  im  grand  lâcheur  ». 

L'origine  du  terme  remonte  t-elle  plus 
haut  encore  .?  d'E. 

Au  bloc  !  —  Qiielle  est  l'origine  de 
cette  locution  si  fréquemment  employée 
encore  dans  la  langue  militaire  ^ 

Alpha. 

«  Tu  n'es  qu'un  Givors  I  »  —  D'où 
provientcette  expression  qu'on  entend  dans 
la  flotte  :  Tu  n'es  qu'un  Givors?  et  que 
peut-elle  signifier  ?  L  P.  K. 

Une  question  d'esthétique  fémi- 
nine. —  Pourquoi  la  plupart  des  pein- 
tres, entre  le  xv'^  et  le  commencement  du 
xvn»  siècle,  ont  ils  gratifié  les  fennnes  de 
ventres  d'une  dimension  que  les  meilleurs 


esprits    peuvent    à    bon    droit    qualifier 
d'excessive? 

Nous  disons  :  jusqu'au  commencement 
du  xvue  siècle.  Le  .Musée  royal  de  La 
Haye  possède, en  eff'et,un  portrait  de  Franz 
Hais,  celui  de  Aletta  Hanemann,  daté  de 
1625,  et  cette  jeune  femme  de  dix-neuf 
ans  présente  non  pas  un  demi-terme, 
comme  disaient  les  couturiers  du  second 
Empire,  mais  un  bon  terme  et  demi  Et 
Rubens  donne  souvent  aussi  dans  le  même 
travers. 

On  a  cherché  à  expliquer  cette  mons- 
truosité bizarre  en  disant  que  les  femmes 
du  XV*  siècle  portaient  des  coift\ires  hautes 
et  lourdes,  comme  le  hennin,  et  devaient 
se  cambrer  pour  rétablir  leur  équilibre,  ce 
qui  faisait  saillir  le  ventre.  On  a  mis  er 
cause  ensuite  les  modes  du  temps  de 
François  F""  et  de  Henri  III,  avec  leurs 
corps  de  jupes  rigides,  buses,  vertuga- 
dins,  etc. 

Qii'on  aille  au  musée  de  Bàle.  Ce  sera 
une  occasion  de  revoir  les  Holbein  qui 
fournissent  d'ailleurs  des  arguments  à 
l'appui  de  notre  remarque.  Il  y  a  là  un 
Jugement  de  Paris,  d'un  peintre  du  xv*  siè- 
cle dont  j'ai  oublié  le  nom  quoiqu'il  ait 
souvent  fait  mon  bonheur.  Vénus  hanche 
au  premier  plan  et  présente  de  profil  un 
abdomen  qui  présage  la  naissance  pro- 
chaine de  deux  jumeaux  au  moins.  Or  la 
déesse  est  nue  comme  un  ver  :  ce  n'est 
donc  pas  le  costume  qui  la  déforme. 

Est  ce  qu'autrefois  les  femmes  étaient 
construites  autrement  qu'aujourd'hui  ? 
C'est  peu  probable.  Est-ce  que  les  peintres 
les  voyaient  ainsi  ?  11  y  en  a  bien  aujour- 
d'hui qui  voient  les  arbres  bleus  et  les 
chairs  violettes.  Mais  le  daltonisme  dé- 
forme la  couleur,  non  le  dessin.  A-t-on 
jamais  donné  une  explication  plausible  du 
regrettable  phénomène  esthétique  que 
nous  signalons  ?  O.  S. 


Il  faut  bien  que  je  les  suive,  puis- 
que je  suis  leur  chef.  —  De  qui  est 

cette  expression  si  souvent  citée  ? 

BOOKWORM. 


Quai  Malaquais 


Origine  du  nom  ? 
Un  lorrain. 


(Voyez  Nomenclature  des  rues  :  «  Ancien 
lieu  dit  le  Port  Malaquest  »). 


N«  1130. 


L'INTERMÉDIAIRE 


731 


732 


lé|30n$e$ 


Les  «Lettres  à  l'Etrangère  »,  par 
Honoré  de  Balzac  (LIV,  615).  — 
Ainsi  que  le  suppose  mon  aimable  ques- 
tionneur, je  ne  suis  en  effet  pour  rien 
dans  la  mise  au  jour  des  Lettres  à  V Etian- 
gere^  et  je  saisis  avec  empressement  l'occa- 
sion qui  m'estofferteicidel'affirmerunefois 
déplus.  Sans  cesse  et  partout,  le  fait  de  \t\'x 
publication,  alors  que  mon  nom  ne  figure 
pourtant  pas  au  titre  de  l'ouvrage,  m'est 
faussement  attribué.  Récemment,  et  en 
toute  bienveillance  d'ailleurs,  M.  Brune- 
tière  me  l'imputait  encore  dans  son  re- 
marquable livre  :  Honoré  de  Bal:(ac.  On  le 
voit  donc,  malgré  de  continuels  démentis 
émanés  de  mes  amis  ou  de  moi,  la  légende 
persiste  obstinément,  j'espère,  toutefois, 
qu'il  n'en  sera  plus  de  même  dorénavant. 

A  vrai  dire,  j'ignore  par  qui  les  Lettres 
à  l'Etrangère  ont,  en  dernier  ressort,  été 
préparées  pour  la  mise  en  vente.  Après 
leur  collationnement  avec  les  autographes, 
exécuté  par  moi,  elles  ont  passé,  je  crois, 
par  diverses  mains  plus  ou  moins  autori- 
sées. Mais  je  n'ai  pas  été  tenu  au  courant 
de  ce  quia  été  fait  à  ce  sujet.  Je  ne  puis 
donc  répondre  à  ce  qui  m'est  demandé 
concernant  leur  véritable  éditeur  respon- 
sable. 

Quant  à  ma  part  de  concours,  il  serait 
impossible  d'entrer  à  cette  place  dans  tous 
les  détails  que  comporterait  un  pareil  ex- 
posé. Je  me  borne  donc,  ici,  à  décliner  de 
nouveau  et  absolument  toute  responsabi- 
lité dans  la  mise  au  jour  des  deux  premiers 
volumes  des  Lettres  à  l'Etrangère,  aussi 
bien  en  ce  qui  concerne  leurs  modifica- 
tions, annotations  inexactes,  etc.,  etc., 
qu'à  propos  du  déplorable  maintien  des  : 
«  pigeonneries  »  imprimées  dans  l'ouvra- 
ge,maintien  dont  plusieurs  écrivains  ont 
déjà  exprimé  le  regret  dans  leurs  études 
critiques. 

Je  la  décline  non  moins  complètement 
pour  les  deux  tomes  qui  restent  à  pa- 
raître, et  dans  lesquels  la  suppression  de 
beaucoup  de  détails  par  trop  intimes  s'im- 
pose obligatoirement,  à  mon  avis.  Je  tiens 
d'autant  plus  à  repousser  toute  responsa- 
bilité à  propos  de  ces  tomes,  qu'étant 
donné  mon  âge,  j'ai  pris  le  parti  de  ne 
plus  participer  personnellement  en  rien  à 
la   publication  de  la  fin  de  l'œuvre.   Et 


d'ailleurs,  puisqu'en  vingt  ans  deux  vo- 
lumes seulement  ont  paru,  je  serai  mort 
sans  doute  quand  l'impression  de  cette 
admirable  correspondance  s'achèvera.  Il 
est  donc  indispensable  ,de  prendre  mes 
précautions  à  l'avance,  et. dès  aujourd'hui, 
de  désavouer  formellement  aussi  toute 
participation  qui  pourrait  m'ètre  attribuée 
à  la  mise  au  jour  des  deux  derniers  vo- 
lumes, actuellement  encore  inédits,  des 
Lettres  à  l'Etrangère. 

En  ce  qui  touche  l'avenir,  je  souhaite 
vivement  qu'il  voie  se  réaliser  les  hautes 
et  consolantes  prévisions,  qu'à  propos 
d'une  future  réimpression  de  ces  Lettres 
destinée  aux  érudits,  M.  Hanotaux,  l'émi- 
nent  académicien,  résumait  en  ces  termes 
dans  le  Journal  du  6  octobre  dernier  : 

«  Un  jour  viendra  où  une  édition  com- 
<<'  plète  et  classique  sera  publiée,  et,  alors, 
«  cet  envers  étonnant  de  la  Comédie  Hu- 
«  mahie  qu'est  la  Correspondance  appa- 
«  raîtra  dans  sa  vérité  et  sa  sincérité.  On 
«  avait  l'œuvre,  on  aura  l'ouvrier  ». 

Vicomte  de  Spoelberch  de  Lovenjoul. 

Une  fille  naturelle  de  Jérôme 
Bonaparte  (LIV  553,686). —  Je  possède 
de  mon  côté  une  lettre  autographe,  signée 
seulement  d'une  N  ,  adressée  à  sa  «  chère 
Pauline  »  par  le  Prince  Napoléon.  J'ai 
appris,  par  une  personne  bien  renseignée, 
que  cette  lettre  était  destinée  plus  que 
probablement  à  la  femme  d'un  officier 
supérieur  en  garnison  à  Lunéville  ;  la  fin 
de  la  lettre  me  laisse  pourtant  perplexe 
et  semble  donner  créance  à  l'assertion  de 
M.  Arm.  D.  relative  à  la  vie  religieuse  de 
la  destinataire. 

Quoiqu'il  en  soit,  voici  le  texte  de  cette 
lettre  : 

Paris,  ce  6  mai  1851. 

J'ai  eu  bien  du  plaisir,  chère  Pauline,  à 
recevoir  votre  lettre  de  Lunéville,  où  Papa 
m'avait  déjà  annoncé  votre  arrivée.  Parler 
politique  avec  vous,  grand  Dieu,  je  m'en  gar- 
derai bien,  vous  êtes  du  si  petit  nombre  de 
bons  amis  auxquels  je  puis  ouvrir  mu  vie  in- 
time et  vous  voulez  que  je  vous  traite  comme 
tout  ce  monde  que  je  vois,  avec  lequel  je 
suis  obligé  de  vivre  et  qui  ne  comprend  que 
le  langage  froid  et  sec  de  l'intérêt  et  de  l'am- 
bition ;  non,  le  cœur  de  Pauline  m'est  plus 
cher  et  je  veux  causer  quelques  instants  avec 
vous  pour  vous  dire  que  je  vous  aime  avec 
bien  de  la  tendresse,  ma  bonne  et  chère  Pau- 
line. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1906, 


733 


734 


Mon  pauvre  Père  est  toujours  triste  ;  ces 
temps  de  luttes,  de  combats  où  nous  vivons, 
ne  sont  pas  faits  pour  lui.  Je  le  trouve  sou- 
vent bien  abattu  et  j'en  souffre  profondément. 

Je  ne  sais  ce  qui  se  passe  avec  la  Marquise 
dont  vous  savez  qu'il  ne  me  parle  jamais. 
Elle  est  toujours  ici,  se  dit  malade,  mais  ce- 
pendant elle  vient  dîner  et  sort.  Elle  doit 
partir  dans  quelques  jours. 

Soignez  vos  yeux,  ne  vous  fatiguez  pas  à 
écrire  ;  ce  qu'il  me  faut,  c'est  que  vous  reve- 
niez bien  portante  et  calme  au  physique, 
sans  douleur,  comme  vous  devez  l'être  au 
moral,  admettant  que  la  religion  change  la 
nature  de  l'être  humain,  ce  que  je  ne  crois 
pas,  vous  le  savez. 

je  vous  embrasse  de  tout  mon  cœur. 

(Signé)  N. 

P.  S,  Depuis  quelques  jours,  nous  avons 
un  temps  affreux,  de  la  pluie  continuellement, 
la  fête  du  4  mai  a  été  noyée.  Le  5,  la  céré- 
monie aux  Invalides  s'est  bien  passée. 

La  Marquise  était  la  commensale  assi- 
due du  Prince  Jérôme,  ex-roi  de  West- 
phalie,  père  du  Prince  Napoléon. 

La  fête  du  dimanche,  4  mai  1851,  célé- 
brée à  Paris  par  un  temps  affreux,  corres- 
pondait à  l'anniversaire  de  la  proclama- 
tion, en  1848,  par  la  nouvelle  Assemblée 
Constituante  de  la  République  déjà  pro- 
clamée le  25  février  1848,  par  le  Gouver- 
nement provisoire. 

Enfin,  la  cérémonie  aux  Invalides  était 
consacrée  à  l'anniversaire  de  la  mort  de 
Napoléon  I",  décédé  à  Sainte-Hélène,  le 
5  mai  1821.  C.  H.  G. 

La  fuit©  dô  Louis-Philippe  (LIV, 
610,  684).  — La  Revue  firitanniqiie  (mars 
1850)  ainsi  qu'une  relation  publiée  dans  la 
Revue  catholique  rie  Normandie  (septembre 
1891)  sous  ce  titre  :  «  Un  chapitre  inédit 
d'histoire  contemporaine  »  permettent  de 
résumer   ainsi  l'itinéraire  : 

Jeudi  24  février  1848.  La  famille  royale 
sort  de  Paris,  passe  à  Saint-Cloud  et  à 
Trianon,  arrive  au  château  de  Dreux  où 
elle  s'installe  pour  la  nuit. 

Vendredi  2--,  février.  Les  augustes  fugi- 
tifs quittent  Dreux  dans  la  matinée.  Afin 
de  laisser  croire  qu'ils  se  rendent  à  Eu, 
selon  les  projets  d'-^bord  formés,  la  ber- 
line suit  la  grande  route  de  Verneuil, 
tourne  à  droite,  après  avoir  dépassé  cette 
ville,  et  se  dirige  vers  Anet  par  la  forêt 
de  Dreux.  Au  sortir  d'Anet,  ordre  est 
donné  aux    postillons   de   gagner  Saint- 


André  par  un  chemin  de  traverse  qui 
coupe  la  forêt  d'Ivry  ;  à  Saint-André  on 
prend  la  route  d'Evreux.  Vers  deux 
heures,  arrêt  à  Melleville,  au  château  de 
M.  d'Orvilliers  situé  à  trois  quarts  de 
lieu  d'Evreux,  et  repos  jusqu'au  soir.  Dé- 
part à  sept  heures  par  un  chemin  détourné 
qui  procure  le  moyen  d'éviter  presque 
complètement  la  traversée  d'Evreux.  Par 
mesure  de  prudence,  le  roi  continue  seul 
dans  un  cabriolet  attelé  de  deux  chevaux 
et  conduit  parle  fermier  de  Melleville.  La 
reine  et  les  personnes  qui  l'accompagnent 
suivent  dans  la  berline  pour  laquelle  se 
trouveront  au  hameau  de  la  Commande- 
rie  (commune  deSainte-Colombe-la-Cam- 
pagne),  de  nouveaux,  chevaux  de  poste 
que  l'on  n'avait  pas  osé  demander  au  re- 
lais d'Evreux. 

Samedi  26  février.  On  est  à  Pont-Au- 
demer  dans  la  nuit,  à  quatre  heures  du 
matin,  à  la  côte  de  Tontainville  et  un  peu 
après  six  heures  à  Honfleur.  Séjour  au  pa- 
villon de  M.  de  Perthuis,  gendre  du  géné- 
ral Dumas,  durant  toute  la  journée  du 
samedi  et  la  nuit  suivante. 

Dimanche  27  février.  Embarquement. 

Qy^^siTOR. 

Voir  \'  Histoire  de  Louis 'Philippe^  par  le 

marquis  de  Fiers. 

Un  rat  de  BIBL10THÈQ.UE. 
* 

♦  ♦ 
Dans  la  Revue  catholique  de   Normandie 

du  15  septembre  1891,  a  paru,  sous  la  si- 
gnature M.  Melle,  un  article  intitulé  «  Un 
chapitre  inédit  d'histoire  contemporaine  : 
Passage  du  roi  Louis-Philippe  dans  l'Eure 
lors  de  la  Révolution  de  1848,  raconté 
par  M.  Renard,  fermier  de  Melleville 
(Eure)  »  (pp    1 13-123.) 

Le  CORBEILLER. 

L'idée  de  patrie  existait-elle  en 
France  avaDtla  Révolution.^  (T.  G., 

385  ;  XXXV  à  XXXVIII  ;  XLII  ;  LU  ;  LIV, 
1 16,  233,  2QO,  347,  455,  508,  565).  —  Au 
sujet  du  mot  patrie  employé  avant  la  Ré- 
volution, tous  mes  confrères  intermédiai- 
ristes  —  sauf  un  qui  a  reproduit  un  vers  de 
Boilcau  de  166  |.  —  ont  fait  des  citations 
plus  ou  moins  anciennes  empruntées  seu- 
lement aux  prosateurs. 

Voici  le  résultat  de  mes  recherches 
chez  les  poètes  et  les  tragiques  français 
aux  xviii"  et  xvu"  siècles  : 


N"  1130, 


L'INTERMEDIAIRE 


735    -=~= 

Le  bonheur  le  plus  grand, le  plusdjgne  d'envie 
Est  celai  d'étie  utile  et  cher  à  sa  patrie. 

BoissY.  Le  Sage  étourdi, 
acte  2,  se.  2. 
Je  ne  puis  fournir  la  date  de  cette  comé- 
die ;  mais  l'auteur  est  né  en  1694  et  mort 
en  1758. 

Je  suis  toujours  sensible  au  bien  de  ma  patrie. 

Gresset,    Le  Méchant, 

acte 3,  se.  9  (1747)- 

H    çst  toujours  honteux  d'accabler  sa  patrie. 

Campistron,  Alcihiade^ 
acte  3,  se.  2  (1685). 

Il  est  doux   de   revoir  les  murs  de  sa  patrie. 

P.  Corneille,   Serforius, 
;  ete  3,  se.  2  (1662). 
D^  Billard. 


Le  sapeur  C  ochjçr  (LIV,  561).  — 
J'ai,  dans  un  encadrement  moderne,  une 
vieille  image  ou  fragment  d'image  popu- 
laire de  la  révolution,  représentant  les 
geôliers  du  Temple.  Dans  cette  image  en 
coloris  du  temps  et  en  forme  de  médail- 
lon, on  voit  deux  geôliers  au  premier 
plan,  le  Temple  dans  le  fond.  L'un  d'eux, 
grand,  maigre  et  osseux,  est  coiffé  d'un 
bonnet  à  la  dragonne  avec  bandeau  de 
fourrure  et  drapé  dans  une  longue  lévite 
rougeâtre  à  doublure  bleu-tendre  fort 
bizarre  ;  il  fume  une  longue  pipe.  L'autre, 
gros  et  court,  en  carmagnole  et  pantalon 
bleu,  coiffé  d'un  bonnet  de  fourrure  haut 
comme  un  eolback,  fume  une  pipe  moins 
longue.  Ces  deux  personnages  ont  leur 
trousseau  de  clefs,  insignes  de  leur  pro- 
fession. 

Le  plus  gros  pourrait  être  le  sapeur 
Rocher  attendu  que  les  sapeurs  de  la 
garde  nationale,  indispensables  ornements 
de  toutes  les  fêtes  civiques  de  la  Terreur, 
se  distinguaient  par  un  embonpoint  qu'on 
peut  constater  dans  toutes  les  estampes 
du  temps  et  qui  jusqu'à  la  fin  du  2"*  em- 
pire fut  traditionnel  dans  le  corps  des 
porte-hache  civiques. 

L'image  dont  je  parle  est  de  très  petite 
dimension.  Légende  ;  les  geôliers  du 
Temple.  Cottreau. 

Les  filles  de  Georges  III  (LIV, 
610).  —  Elles  furent  : 

I"  Charlotte- Augusta,  née  le  29  septem- 


736 


l  bre  1766,  qui  épousa,  le  i^""  mai  1797,  le 
1  duc  de  Wurtemberg,  et  mourut  le  b  oc- 
I  tobre  1828,  sans  enfants; 
I  2»  Augusta-Sophia  née  le  8  novembre 
I  1768:  morte,  sans  alliance,  le  22  septem- 
bre 1840; 

y  Elizabeth,  née  le  22  mai  1770,  qqi 
épousa,  le  7  avril  1818,  Philippe-Auguste, 
prince  de  Hesse-Homburg  et  décéda  le 
lo  janvier  1840; 

4°  Mary,  née  le  25  avril  1776,  qui 
épousa,  le  23  juillet  i8i6,son  cousin  le 
duc  de  Gloucester,  et  mourut,  sans  en- 
fants, le  30  avril  1857  ' 

5°  Sophia,  née  le  3  novembre  1777. 
Elle  vécut  beaucoup  au  palais  de  Ken- 
sington,  elle  mourut  aveugle,  le  27  mai 
1848.  Elle  fut  enterrée  au  cimetière  de 
Kensal  Green  à  Londres  ; 

6"  Amélia,  née  le  7  août  1788,  qui 
mourut  sans  alliance  à  'Windsor,  le  2  no- 
vembre 1816  :  fille  favorite  du  roi  Geor- 
ges 111,  dont  la  folie  incurable  date  de 
cette  époque.  Elle  fut  enterrée  au  Royal 
Mausoleum,  à  Windsor. 

Les  mémoires  anglais  qu'il  faut  consul- 
ter sont  : 

The  Greville  Mémoirs,  parC.-C.  F.Gre- 
ville; 

Secret  History  of  the  Courts  of  Geor- 
ge m  and  IV,  par  Lady  Ann  Hamilton  ; 
un  livre  très  rare. 

F.  E.  R.  Pollard-Urquhart. 

Uns  médailla  de  fondation  sur 
Saint-Sulpice  (LIV,  451,  531,  573).  — 
Les  deux  réponses  données  précédem- 
ment, fort  intéressantes  et  très  exactes, 
pouvant  laisser  encore  quelque  doute  sur 
l'origine  de  cette  médaille,  je  me  permets 
de  les  compléter. 

Et  d'abord  il  peut  être  utile  de  rappeler 
que  cette  médaille  a  été  très  répandue  et, 
qu'encore  maintenant,  tout  le  monde  peut 
l'acheter  à  la  Monnaie,  moyennant  la  mo- 
dique somme  de  2  fr.  20. 

Ceci  dit,  il  est  incontestable  qu'elle  se 
rapporte  non  pas  à  l'édification  de  l'église 
Saint-Sulpice,  mais  à  une  place  faite  ou 
àfair»  devant  le  portail.  Les  légendes  du 
revers  l'indiquent  clairement  :  Basilicœ  et 
urbi  additum  decus  et  au-dessous  :  S.  Sid- 
piiii  area. 

Il  est  non  moins  certain,  en  second 
lieu,  qu'en  1754,  date  de  la  médaille, 
aucune    place    n'existait   à  cet    endroit. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1906 


737 


C'est  seulement  en  1802,  qu'on  ordonna 
les  démolitions  nécessaires  pour  la  créa- 
tion d'une  place  demi-circulaire  qui  fut 
plus  tard  agrandie,  puis  transformée,  et 
finalement  ornée,  en  1844,  de  la  fontaine 
monumentale  qu'on  connaît. 

Mais,  dès  1745,  Servandoni  ayant 
achevé  le  portail  de  Saint-Sulpice  et  tra- 
vaillant à  la  construction  des  tours,  avait 
fait,  probablement  sur  la  demande  du 
fameux  curé  Languet  de  Gergy,  le  plan 
d'une  grande  place  à  créer  devant  l'égUse. 
Tout  autour,  les  maisons  à  édifier  de- 
vaient avoir  des  façades  décorées  suivant 
un  dessin  uniforme.  L'argent  manquant, 
ses  projets  grandioses  restèrent  en  sus- 
pens aussi  bien  que  l'achèvement  même 
des  tours.  Cependant,  quelques  années 
après,  M.  Dulau  d'AUemans,  devenu  curé 
de  Saint-Sulpice,  étant  propriétaire  de  la 
maison  qui  devait  former  le  coin  de  la 
rue  des  Canettes  sur  la  future  place,  ré- 
solut de  donner  un  commencement  d'exé- 
cution au  plan  de  Servandoni  en  la  faisant 
reconstruire  conformément  au  dessin 
adopté.  La  première  pierre  de  cet  édifice 
modèle  fut  posée  le  2  octobre  1754.  De 
là,  évidemment,  le  motif  de  la  médaille 
en  question  portant  la  date  de  1754  et  re- 
présentant la  place  projetée.  P.  F, 

Les  rapports  des  ambassadeurs 
vénitiens  à  la  cour  de  France  (LIV, 
609,  683).  —  11  en  est  qui  sont  publiés 
dans  la  collection  des  Documents  inédits  ; 
mais  la  collection  complète  en  a  été  copiée 
à  Venise  et  existe  au  département  des  ma- 
nuscrits, à  la  Bibliothèque  nationale,  où 
l'on  peut  les  consulter. 

Un  rat  de  bibliothèque. 

Le  petit  homme  rouge  des  Tui- 
leries (LIV,  445,  511,  571,625). —Je 
remercie  L.  D.  et  Bookworm  de  leurs  ré- 
ponses (LIV,  51 1),  ainsi  que  M.  Léo  Mary 
pour  son  extrait  des  Mémoires  de  Napoléon 
(LIV,  57 1)  et  MM.  E.  Manson  et  Calendini. 

La  légende  veut  que  \q  petit  homme  ronge 
soit  apparu  à  Napoléon  lorsqu'à  Fontaine- 
bleau il  voulut  s'empoisonner.  Mais  vou- 
lut-il s'empoisonner  ?     Rev.  Martiner. 

Poype  (T.  G.  724  ;  XXXV).  —  L  ou- 
vrage de  M.  Guigues  visé  par  Effem 
(XXXV  207)  est  la  s<  Topographie  de  l'Ain.  » 
Voie;  ce  qui  y  est  dit  des  Poypes  : 


738 


C'est  très  probablement  vers  la  tin  de  l'é- 
poque   du     bronze    que     furent     érigés    le$ 

menhirs  de   Simandre    et   de  Toussieux 

C'est  aussi  à  cette  époque  que  furent  élevés 
les  retranchements  d'Aignoz  et  des  bois  de 
Samans  ainsi  que  les  énormes  monticules, 
ordinairement  de  forme  conique,  ceints  d'uri 
double  fossé  et  connus  sous  le  nom  de 
poypes,  qui  couvraient  jadis  la  partie  plane 
du  département. 

Je  crois,  en  effet,  que  ces  monticules  sont 
aussi  anciens  que  les  dolmens,  les  menhirs, 
les  cromlechs  de  l'ouest  de  la  France  et  que 
les  hommes  qui  ont  construit  les  dolmens  de 

Lockmariaquer  et  de  Kerangouez étaient 

les  contemporains  de  ceux  qui  ont  édifié  les 
poypes  des  Dombes.  Les  uns  et  les  autres, 
dans  les  même  buts,  ont  mis  en  œuvre  les 
documents  qu'ils  avaient  sous  la  main.  Les 
premiers  ont  recueilli  les  gigantesques  esquil- 
les détachées  des  masses  rocheuses  par  l'ac- 
tion des  gelées  et  par  les  trépidations  sou- 
terraines, ou  tout  simplement  dégagé  et 
dressé  les  blocs  ératiques  qui  gisaient  à  la 
surface  du  sol,  tandis  que  les  seconds,  au 
prix  d'efforts  moins  rudes  mais  plus  soute- 
nus, ont,  à  défaut  de  pierre,  entassé  la  terre 
pour  honorer  leurs  morts,  élever  des  autels 
à  leurs  dieux,  asseoir  le  tribunal  de  leurs 
juges,  etc.  La  constitution  géologique  de  la 
région  a  seule  motivé  la  différence  qui  existe 
dans  la  forme  et  dans  les  matériaux  des  divers 
monuments  d'un  même  âge.  C'est  du  reste 
ce  qyi  se  déduit  tout  au  long  dans  un  livre 
écrit  près  de  1500  ans  avant  notre  ère,  dan» 
la  Bible.  Suivant  la  nature  des  lieux,  les 
Hébreux  élevaient,  soit  en  pierre,  soit  en 
terre,  leurs  monuments  commémoratifs,  au- 
tels ou  tombeaux. 


Iles  Auglo-Normandes  (LIV,  387, 
462,  576,  623).  —  Dans  sa  question  sur 
les  Iles  Anglo-Normandes ,  M.  de  la  Vé- 
ronne  note  que  «■  Sercq  fut  aussi  occupée 
un  certain  temps  par  les  Français  ».  — 
Si  peu  que  le  renseignement  ait  d'intérêt 
pour  notre  confrère,  je  puis  ajouter  qu'en 
effet,  un  ancêtre  à  moi,  François  du  Breil, 
dit  le  capitaine  Breil  de  Bretagne,  aidé  de 
ses  deux  frères,  le  capitaine  la  RocI)e  et  le 
capitaine  la  Touche,  s'empara  de  Sercq  au 
commencement  de  1549,  et  fit  de  là 
une  descente  à  Guernesey,  le  31  juillet, 
et  une  autre,  un  peu  plus  tard,  à  jersey, 
mais  sans  réussir  à  prendre  pied  dans  ces 
deux  dernières  îles. 

Il  est  encore  dit  s<  gouverneur  et  lieute- 
nant pour  le  Roy  aux  isles  de  Sercq  et  de 
Chausey  et  capitaine  de  500  hommes  de 


N"  1130. 


L'INTERMEt)IAIRË 


739 


guerre  »,  le  20  mars  1551  ;  mais  au  com- 
mencement de  l'année  suivante,  il  servait 
sur  le  continent.  Néanmoins,  les  Français 
continuèrent  d'occuper  Sercq  jusqu'en 
1558,  et  n'en  furent  chassés  que  par  une 
insigne  perfidie  combinée  entre  les  An- 
glais et  un  capitaine  hollandais. 

Voir    Le  capitaine    Breil  de    Bretagne, 
baron   des   Hoinmeaiix,  par    le    comte    de 
Palys.  —  Rennes.  Plihon  et  Hervé.  (1887). 
Vicomte  du  Breil  de  Pontbriand. 


Le  pont  de  Trécine  à  Saint-Denis 

(LUI;  LIV,  74,  186,  349). — Je  rentre  seu 
lement  de  voyage  et  je  trouve   un  nouvel 
article  de  mon  irréductible  contradicteur. 

Je  ne  puis  lui  faire  de  concession  que 
sur  un  seul  point. 

La  voie  romaine  qui  conduisait  de  Paris 
à  Rouen  et  à  Beauvais  par  Saint-Denis, 
Pontoise  et  Petromantahun  (station  ro- 
maine aux  environs  immédiats  de  Magny- 
en-Vexin),  n'était  pas,  en  effet,  la  seule 
voie  romaine  qui  menait  de  Paris  dans  les 
provinces  du  nord. 

11  y  en  avait  une  autre,  fort  impor- 
tante aussi,  qui  conduisait  de  Paris 
à  Reims  par  Louvres,  Senlis  et  Soissons, 
et  qui  passait  sans  doute  près  d'Auber- 
villiers,  en  laissant  Saint-Denis  sur  la 
gauche.  Cette  route,  pour  la  partie  com- 
prise entre  Senlis  et  Reims,  est  décrite 
dans  le  fameux  Itinéraire  d'Antonin  [Géo- 
graphie de  la  Gaule  Romaine,  par  Ernest 
Desjardins,  tome  IV,  p.  i9ï)- 

De  plus,  il  semble  bien  qu'il  y  ait  eu 
deux  autres  voies  romaines,  se  détachant 
de  notre  voie  de  Pontoise  au  nord  de 
Saint  Denis  et  conduisant,  d'un  côté  vers 
Creil  par  La  Morlaye  et  de  l'autre  côté 
vers  Beauvais  par  Beaumont,  où  l'on  re- 
trouve un  fort  ancien  passage  de  l'Oise 
(Consulter  le  très  remarquable  ouvrage  de 
M.  Graves  :  Notice  archéologique  sur  le  dé- 
partement de  rOise^  2"  édition,  Beauvais, 
1856,  page  203  et  suiv.  ;  et  Recherches 
sur  les  routes  ancienns  dans  le  départe- 
ment de  Seine-et-Oise,  par  A.  Dutilleux, 
Versailles,  1881J. 

Je  ne  puis  admettre,  je  le  répète,  le 
tracé  de  M.  Jollois  par  la  porte  de  Clichy 
et  la  route  de  la  Révolte,  tracé  qui  n'a 
aucune  raison  d'être  et  qui  n'est  appuyé 
sur  aucune  preuve.  Quant  aux  villas 
royales  de  Clichy  et  d'Epmay,  elles  n'ont 


74Û     

rien  à  voir  dans  la  question,  car  notre 
voie  romaine  de  Pontoise  fut  très  proba- 
blement construite  vers  l'an  50  avant 
Jésus-Christ,  tandis  que  les  premières 
mentions  des  villas  susdites  ne  datent 
que  du  vn«  siècle  après  Jésus-Christ. 

Armand  de  Visme. 

Le  Parc  des  Princes  (LIV,  611).  — 
La  forêt  des  Princes  faisait  jadis  partie  des 
bois  qui  s'étendaient  jusqu'à  Auteuil, avant 
la  construction  des  fortifications. 

La  région  était  très  giboyeuse  et  avant 
la  Révolution,  les  princes  y  venaient  sou- 
vent chasser. 

Sous  le  second  empire,  un  spéculateur, 
au  moment  où  Alphand  transforma  le  bois, 
demanda  à  lotir  une  partie  du  parc,  ce 
qui  fut  accordé.  L'avenue  des  Princes  (Ave- 
nue Victor-Hugo)  est  encore  aujourd'hui 
entretenue  aux  frais  de  la  Ville  de  Paris. 

Et  par  similitude,  on  appela  cette  en- 
clave de  l'ancien  bois  «  Parc  des  Princes  », 
comme  on  avait  appelé  les  terrains  boisés 
de  Neuilly  «  Parc  de  Neuilly  ». 

George  Prod'homme. 

Châteaux  de  France  (T.  G.,  197  ; 
LIV,  406,  577,  6S7).  —  La  question  inci- 
dente qui  vient  d'être  posée  s'adresse  plus 
particulièrement  aux  intermédiairistes  ni- 
vernais.  A  eux  de  nous  dire  si  les  noms 
de  lieu  palestins  que  signale  le  collabora- 
teur G.  H.  auraient  quelque  origine  com- 
mune avec  la  Maison-Dieu  du  faubourg  de 
Pantenor,  à  Clamecy,  léguée  par  Guil- 
laume IV,  comte  de  Nevers,  aux  évêques 
de  Bethléem,  lesquels,  après  y  avoir  trans- 
porté leur  siège,  lui  transmirent  égale- 
ment le  nom  de  la  ville  sainte  dont  ils 
se  voyaient  contraints  de  s'éloigner,  chas- 
sés par  l'invasion  musulmane. 

F.  Bl. 

♦  » 
Une  propriété  dans  la  Nièvre  s'appelle 
Jérusalem.  Voici  pourquoi  :  «  Un  duc  de 
Nevers,  fou  ou  malade,  résolut  d'aller 
aux  croisades  en  Terre  Sainte.  Pour  le 
calmer,  on  lui  fit  faire  un  voyage  dans 
ses  Etats  et  son  duché,  lui  persuadant 
qu'il  arrivait  en  Terre  Sainte,  à  Jérusalem, 
Bethléem ,  Nazareth ,  Jéricho  et  autres 
lieux.  Ces  noms  ont  été  conservés  aux 
bourgades,  ainsi  que  le  nom  du  Jour- 
dain ».  Telle  est  la  tradition. 

COW-BOY. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  1906, 


741 


742 


Famille  d'Aoust(LIV,  556,689).— Il 
est  certain  que  des  deux  frères  d'Aoust, 
dont  parle  notre  confrère  Un  ancien  Cul 
de  singe,  au  moins  l'un  laissa  postérité,  et 
mourut  à  un  âge  très  avancé,  rue  Saint- 
Dominique,  n°  52,  aux  environs  de  1850. 

Son  fils,  le  marquis  d'Aoust,  avait 
épousé  Mlle  de  Sayve.  La  marquise 
d'Aoust,  si  connue  dans  la  haute  société 
par  son  esprit  et  sa  beauté,  n'est  morte 
qu'il  y  a  quelques  années,  laissant  une 
fille  unique,  la  marquise  de  Barbentane, 
qui  elle-même  a  plusieurs  enfants. 

11  y  a  encore  un  marquis  d'Aoust,  beau- 
frère  ou  cousin-germain  de  la  marquise 
d'Aoust,  dont  j'ai  parlé  et  qui  est  le  doyen 
du  Cercle  Agricole,  Je  ne  crois  pas  qu'il 
ait  d'enfants.  Comte  de  Varaize. 


Famille  de  Battine  (Batines,  ort. 
rectifiée)  (LIV,  221,  408,  522).  —  11  est 
plus  que  probable  que  la  baronne  de  Ba- 
tines, originaire  de  Nancy,  appartenait  à  la 
famille  faisant  l'objet  de  ma  question.  Le 
grand-père  paternel  du  comte  Rodolphe 
—  Abel-Etienne  -  Florimond,  comte  de 
Colomb  de  Batines  —  habitait  Nancy,  où 
il  avait  épousé  Mlle  Thérèse-Sidonie  de 
Pochard. 

La  famille  de  Colomb  de  Batines  date 
du  XIV*  siècle  et  est  originaire  de  la  Côte- 
Saint-André  en  Dauphiné.      Martin  E. 


Les  informations  qui  suivent  me  sont 
données  par  un  de  mes  amis,  le  comte 
Jules  Colomb  de  Batines  lui-même. 

La  demande  faite  par  M.E.  Martin  con- 
tient quelques  inexactitudes. 

Le  nom  de  cette  famille  est  Colomb  de 
Batines  et  non  Colomib  de  Battine. 

Ce  n'est  pas  Rodolphe,  mais  son  père 
César-Charles-Florimond-Léopold  de  Ba- 
tines, qui  est  décédé  au  Mans  le  21  jan- 
vier 1875,  en  laissant  pour  héritier  son 
fils  Rodolphe  qui  habitait  Paris  et  qui  est 
mort  avant  le  mois  d'octobre  1871  ;  ce 
qui  résulte  d'une  note  possédée  par  le 
comte  lulcs-Colomb  de  Batines,  qui  lui 
a  été  envoyée  par  le  parquet  de  la  Cour 
d'Assises  du  Mans  (Sarthe)  le  30  octobre 
1891 . 

Rodolphe,  fils  de  César  Colomb  de 
Batines,  ne  fut  pas  le  dernier  de  cetle 
famille,  qui   est  représentée  actuellement 


par  le  comte  Jules  Colomb  de  Batines,  au- 
quel appartient  le  titre  de  comte  depuis 
la  mort  du  comte  Rodolphe. 

Jules  est  fils  du  vicomte  Paul-Cyrus- 
Etienne  Colomb  de  Batines, célèbre  érudit, 
et  qui  a  initié  l'étude  sérieuse  et  appro- 
fondie de  la  Divine  Comédie  du  Dante 
avec  la  Bibliographie  Dantesque,  ouvrage 
écrit  en  français,  imprimé  en  italien  à 
Prato,  Tip.  Giachetti,  en  1845-48,  2  vol. 
in-4,  et  dont  la  suite  a  été  publiée,  sans 
le  consentement  des  héritiers,  en    1888. 

Pour  les  autres  ouvrages  de  Paul,  nous 
renvoyons  à  la  Grande  Encyclopédie  et  à 
Ottino  e  Fumagalli,  Bibliotheca  Bibliogra- 
phica  Italica,  Roma  1849,  un  vol.,  avec 
Suppléments. 

Paul  Colomb  de  Batines  avait  pour 
frère  aîné  Jules  Colomb  de  Batines,  con- 
seiller à  la  Cour  Impériale  de  Lyon,  mort 
depuis  longtemps,  sans  descendants. 

Le  comte  de  Batines  actuel  demeure 
à  Florence,  où  il  est  né  l'année  même, 
dans  laquelle  son  père  venait  de  s'y  éta- 
blir après  avoir  quitté  la  France,  c'est-à- 
dire  en  1844,  en  conservant  toujours  des 
relations  avec  les  Colomb  de  Batines  du 
Mans  :  mais  le  comte  Jules  n'a  jamais  eu 
occasion  d'avoir  de  relations  directes 
avec  son  cousin  le  comte  Rodolphe. 

Toutefois  il  a  conservé  sa  qualité  de 
citoyen  français  et  comme  tel  il  a  été 
appelé  à  concourir  à  la  formation  du  con- 
tingent de  la  classe  de  1865,  département 
du  Rhône  (Lyon). 

Jules  Colomb  de  Batines,  dernier  et 
seul  descendant  vivani  de  sa  famille, 
n'a  pu  me  donner  aucun  renseignement 
ou  éclaircissement  sur  la  baronne  de 
Battine,  originaire  de  Nancy. 

Maintenant,  à  la  demande  du  comte 
Jules  Colomb  de  Batines,  je  prie  M.  E. 
Martin  de  vouloir  bien  faire  connaître  la 
raison  pour  laquelle  il  désire  savoir  quel 
était,  en  1865,  le  plus  proche  parent  côté 
paternel  du  comte  Rodolphe. 

Le  comte  Jules  me  dit  que  suivant  une 
tradition  de  famille,  celle-ci  serait  origi- 
naire de  Gênes  et  peut-être  aurait  quelques 
rapports  avec  celle  de  Christophe  Colomb. 
Je  crois  qu'il  est  plus  probable  qu'elle  des- 
cend de  Colomb,  l'amiral  de  Louis  XL 
Qiioi  qu'il  en  soit,  il  est  curieux  que  la  de- 
vise de  Colomb  de  Batines  soit  en  italien. 

Prof.  LuiGi  P. 


N"  1130. 


L'INTERMÉDIAIRE 


743 


Chassebràs  dé  Cramailles  (LIV, 
556).  —  L'histoire  ecclésiastique  cite  Ro- 
dolphe de  Cramailles  qui,  vers  1134, 
fonda,  en  Dauphiné  (Drôme),  l'abbaye  du 
Val-Chrétien,  de  l'ordre  de  Préhiontré. 


744 


* 


11  y  aurait  un  volume  à  écrire  sur  les 
deux  faussaires  Haudicquier  de  Blancourt 
et  Chassebràs.  Nous  nous  bornerons  à 
utie  simple  esquisse. 

Au  mois  d'août  1700,  Louis  XIV  ayant 
été  informé  que  plusieurs  particuliers  fai- 
saient un  commerce  public  de  faux  titres 
pour  ceux  qui  étaient  assignés  par  maître 
Charles  de  la  Cour  de  Beauval,  chargé  de 
la  recherche  des  faux  nobles  dans  tout  le 
royaume,  donna  les  ordres  nécessaires 
pour  faire  arrêter  les  trois  principaux  cou- 
pables :  Jean  Haudicquier  de  Blancourt, 
auteur  du  Nobiliaire  de  Picardie,  Jacques 
Chassebràs,  seigneur  de  Cramailles,  avocat 
en  Parlement,  et  Jean-Pierre  de  Bar.  Hau- 
dicquier fut  trouvé,  le  17  août  1700,  dans 
le  cabinet  de  sa  maison  de  la  rue  Saint- 
Hyacinthe,  sur  les  fossés  Saint-Michel,  à 
l'enseigne  du  duc  de  Modène,  en  compa- 
gnie de  Jean  Le  Pic,  demeurant  rue  Mon- 
torgueil,  et  de  Pierre  de  Châteauneuf,  de- 
meurant sur  les  fossés  de  l'Estrapade,  qui 
comptaient  à  Haudicquier,  en  argent  blanc 
et  or,  25  louis,  reliquat  d'une  somme  de 
30  louis,  due  à  Haudicquier  pour  la  fabri- 
cation de  trois  titres  que  Le  Pic  avait 
cachés  dans  la  basque  de  son  justau- 
corps. 

Haudicquier  et  Chassebràs  furent  écroués 
à  la  Bastille. 

Haudicquier  et  ses  complices  avaient 
fabriqué  de  si  nombreux  titres  que  leur 
procès  criminel  dura  plus  d'un  an.  Par 
sentence  de  la  Chambre  séante  extraordi- 
nairement  à  l'Arsenal  du  3  sept.  1701, 
Haudicquier,  reconnu  faussaire,  fut  con- 
damné 

«  à  faire  amande  honnorable  au  devan  de  la 
porte  du  chasteau  de  l'Arsenal,  oi:i  la  Cham- 
bre est  establie,  et  là,  estant  à  genouils,  la 
corde  au  col,  luid  en  chemise,  tenant  en  ses 
mains  une  torche  ardente  de  ciie  jaune,  du 
poids  de  deux  livres,  dire  et  déclarer,  à  haute 
et  intelligible  voix,  que,  méchamment  et 
cdmme  mal  avisé,  il  a  faussement  fabriqué  et 
falciffié  tous  les  faux  actes  cy  dessus  men- 
tionnés, fait  commerce  public,  vendu  à  prix 
d'argent  des  faux  titres  de  touttes  qualités,  et 
d'avoir,  par  mauvaises  voyes,  soustrait  et 
tiré  les  registres  de  minuties  de  notaires  de 
divers  lieux,  desquels  il   a  esté  trouvé  saisy, 


dont  il  se  repend,  en  demande  pardon  à 
Dieu,  au  Roy  et  à  justice  ;  ce  fait,  être  con- 
duit aux  galleres  pbilr  y  servir  Sa  Majesté, 
en  qualité  de  forçat,  à  perpétuité,  ses  biens 
acquis  et  confisqués  au  proffit  de  qui  il  appar- 
tiendra, etc.  (Arch.  nat.  U.- 1046,  p.    1719); 

Par  ordre  du  Roi,  il  fut  conduit  dans  la 
tour  du  château  de  Caen,  où  il  tiiourut  en 
mars  1704,  de  misère,  dit  Charles  d'Ho- 
zier,  auquel  nous  empruntons  une  partie 
de  cette  notice. 

Quant  à  Jacques  Chassebràs,  il  avait 
échappé,  par  le  suicide,  à  la  condamna- 
tion qui  Tattendait,  en  se  cassant  la  tête 
contre  les  murs  de  sa  prison,  le  19  cet. 
1700. 

Gabriel  Chassebràs,  secrétaire  du  garde 
des  sceaux,  puis  conseiller  du  Roi  en  ses 
conseils  et  en  sa  cour  des  Monnaies,  et 
maître  des  requêtes  de  la  Reine  mère, 
épousa,  le  10  avril  1628,  à  Saint-Nicolas 
des  Champs,  Geneviève  Chippart,  dont  il 
eut  huit  enfants,  entre  autres  Jacques 
Chassebràs,  seigneur  de  Cramailles,  le 
faussaire  en  question,  baptisé  en  la  même 
église,  le  23  nov.  1637.  Jacques  Chassé- 
bras  était  petit-fils  de  Claude  Chassebràs, 
marchand  apothicaire  et  épicier  à  Paris, 
puis  commissaire  au  Châtelet  dé  cette 
ville,  et  de  Marguerite  Le  Maçon,  mariés 
le  27  novembre  1584,  et  arrière-petit-fils 
de  Gérard  Chassebràs,  marchand  apothi- 
caire et  épicier  à  Paris,  en  1570,  et  dé 
Catherine  Bagoré  (Bibl.  nat.  Pièces  origi- 
nales, 695,  cote  16.143,  fol-  49  verso). 

Les  fausses  généalogies  de  cette  famille 
se  trouvent  à  la  Bibl.  nat.  dans  le  Dossier 
bleu,  172,  cote  4.548,  où  l'on  peut  voir 
les  alliances  illustres  que  Chassebràs  avait 
octroyées  à  sa  famille  :  Antoinette  de 
Melun,  des  vicomtes  de  Melun  et  de  Tan- 
carville  ;  Antoinette  Balue  ;  Madeleine  de 
la  Haye  ;  Jeanne  Vivien  ;  Ysabeau  de 
Viliers  ;  Jean  de  Montlyart,  écuyer,  sei- 
gneur de  Fromont;  Antoinette  et  Madeleine 
Royer;  N...  du  Frfesnoy  ;  Denise  Ches- 
nard  ;  Anne  du  Chesne  ;  Vincent  de  Brus- 
coly;  le  sieur  de  Suramond  ;  Madeleine 
d'Archambault  ;  Nicole  de  Nyeslé  ;  Dreux 
de  Budé,  écuyer,  seigneur  d'Yerres.  etc.  Il 
se  peut  que  quelques-unes  de  ces  alliances 
soient  exactes  ;  je  les  ai  énumérées  en 
bloc  et  suis  à  la  disposition  de  l'auteur  de 
la  question  pour  de  plus  amples  rensei- 
gnements sur  l'alliance  qui  l'intéresse. 

Th.  Courtaux. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


745 

* 
*  * 


D'après  Le  Lahoureur  (Mazures  de  l'isle-* 
Barbe),  la  généalogie  de  cette  tamille  a 
été  donnée  par  Duchesne  ;  Histoire  des 
chancellieiR.  Voir  aussi  Le  Mercure  galant^ 
juin  1680,  p.  2 10  ;  octobre  1691 ,  p.  1 52, 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Cuissârt,  duBsauvaisiîi  (LIV,  334). 
—  L' Etude  historique  sur  les  Foiiquet  de  Bel- 
lisle^  par  L.  T''^  Juge  (de  Tulle)  cite  Mar- 
guerite Cuissârt,  fille  de  Pierre  Cuissatd, 
exempt  des  gardes  écossaises,  et  de  Françoise 
de  l' Espervier,  qui  épousa,  par  contrat 
du  4  septembre  i'5i3,  Mathurih  Fouquet, 
Seigneur  de  Moulins  Neufs.  Mais  le  Dic- 
tionnaire des  familles  du  Poitou,  par  Beau- 
chet-Filleau  (II,  764)  et  la  Continuation 
du  P.  Anselme,  par  Potier  de  Courcy  (art; 
Fouqiiel)  disent  qu'elle  était  fille  de  Gérard 
Cuissard,  seigneur  du  Pin  (ou  de  la  Richar- 
dière  ?)  et  de  Perrette  de  Villeprouvée, 
Q.uoi  qu'il  en  soit,  les  armoiries  de  cette 
famille,  éteinte  en  1849,  étaient  :  d'ar- 
gent (alias  d'or)  au  chef  de  sable,  chargé 
de  ^  croisettes  (ou  plutôt  crou:(illes,  (c'est- 
à-dire  :  coquilles)  d'argent.  C'est  ainsi 
qu'elles  sont  décrites  par  les  auteurs  cités 
plus  haut,  par  Carré  de  BusseroUes  {Ar- 
moriai de  Touraine,  p.  313),  par  Cham- 
bois  et  de  Fa rcy  (/?f<: /;<?/-£:/;£;  de  la  noblesse 
de  la  généralité  de  Tours^  p.  247)  et  par 
Rietstap  (Armoriai  généraU  I,  495)  qui 
donne  crou^illes  {enceinte  de  filets).  Il  n'y 
a  là  rien  qui  rappelle  la  charge  d'exempt 
(ou  d'archer  ?)  de  la  garde  écossaise.  Les 
Mss.  d'A.  Duchesne,  à  la  Bibliothèque 
nationale  (L .  24  ou  Z)  donnent  la  notice 
d'une  famille  Cuissârt  :  est-ce  la  précé- 
dente ou  celle  de  Beauvaisis  ^  Voilà  une 
question  que  pourra  résoudre  quelque 
obligeant  confrère,  résidant  à  Paris. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

Le  chansonnier  Emile  Debraux 

(LIV,  557),  —V.    Y  Intermédiaire  XLI  et 
XLII.  G.  P.  Lë  Lieur  d'Avost. 

F.  N.  Dubois  de  Rouen  et  son 
«  Histoire  secrète  >>  (LIV,  58,  351).  — 
L'auteur  de  l'Histoire  secrète  des  femmes 
galantes  de  l'anfiq^'itê  (6  vol.  in- 12,  Paris, 
Ganeau,  1726,  1732  et  1745)  était  origi- 
naire de  Saint-Lô.  11  fut  avocat  au  Parle- 
ment de  Normandie  et  mourut  en  1740. 

On  a  aussi  de  lui  une  Hist.  des  infor- 


20    Novembre  1906 
746     . 

tunes  d'Abélard  et  d'Hèloïsê,  Bruxelles 
(Rouen),  1707,  in-12,  et  la  Haye,  171 1, 
in-i3  (j.  M.  ciuérard,  France  littéraire^ 
E.  Frère,  Bibliogr.  norm.).  Qu/es. 

M.  Hébert  (LIV,  169,  581).  —  Le 
président  de  la  Chambre  des  notaires  de 
Rouen  donnera  certainement  des  rensei^ 
gnements  sur  Hébert. 

J'ajouterai,  à  la  note  de  notre  confrère 
Paul  Pinson,  que  M.  Hébert  était  doyen 
des  notaires  de  Rolien  et  l'un  des  fonda'* 
teurs  du  Comité  général  des  notaires. 

Il  a  publié  en  outre  de  l'ouvrage  indi'- 
que  par  notre  confrère  : 

De  quelques  modifications  importantes  à 
introduire  dans  le  Régime  hypothécaire,  et 
Considérations  sur  l'utilité  d'un  système 
propre  à  justifier  de  la  capacité  civile  de 
chaque  contractant.  Rouen,  1841,  grand 
in- 18,  plus  3  tableaux. 

Cet  ouvrage  n'est  pas  une  simple  criti-' 
que  de  notre  système  hypothécaire  ;  c'est 
un  plan  tout  nouveau  que  trace  l'atiteur, 
une  idée  qui  n'a  aucun  rapport  avec  ce 
qui  existe  et  qu'il  a  développée  dàris  les 
brochures  suivantes  : 

I.  De  l'utilité  d'un  système  général  dlm- 
mairiculation  des  hommes,  des  immeubles  et 
des  titres,  et  de  quelques  points  se  rattachant 
au  notariat.  Rouen,  3  livraisons  in-8*, 
1844,  1845,  1846. 

II.  Exposé  cohiplet  d'un  système  général 
d'immatriculation  des  personnes  et  des  titfes. 
Quati-ième  livraison,  1H47,  in-8". 

III.  Ma  carte  de  visite  à  MM.  les  repri- 
sentants  de  V Assemblée  nationale  et  attires 
personnes  notables,  au  sujet  de  la  Réforme 
hypothécaire.  Paris,  1849,  '"-S" 

(Bibliographie  raisonnée  du  droit  civil, 
par  Dramard). 

Défense  du  régime  dotal  et  apefçii  d'uh 
système  d'immatriculé  propre  à  justifier  de 
ta  capacité  civile  de  chaque  contractant  ; 
rapport  fait  à  l'Association  tiofttiahde. 
Rouen,  1842,  in-80. 

Lettrés  sur  les  Projets  de  Réformes  hypo- 
thécaires{].  du  Not  ,  n»  des  24  septembre, 
15  novembre,  26  novembre  et  10  dé- 
cembre 1844  ;  12  février  1845  ;  14  avril 
et  31   juillet  1847  ;  15  février  1851.) 

Je  n'ai  pas  sous  la  main  la  facilité  de 
retrouver  quel  est  le  détenteur  des  mi- 
nutes de  l'étude  Hébert  à  Rouen  ;  mais, 
je  le  répète,  ce  renseignement  sera  fouriii 
à  notre  confrère    par  le  président   de  la 


N"  1130. 


L'INTERMEDIAIRE 


747 


Chambre  des  notaires  de  Rouen  et,  très 
certainement  ,  son  successeur  pourra 
donner,  sur  son  confrère,  d'utiles  rensei- 
gnements. Paul  de  Rosnay. 

Hécart  de  Valenciennes  (LUI  ;  LIV, 
80,  191,  416).  —  La  bibliothèque  de 
Valenciennes  possède  un  grand  nombre 
de  manuscrits  de  Gabriel-Antoine-Joseph 
Hécart,  qui  fut,  dans  toute  la  force  du 
terme,  un  polygraphe.  On  y  trouve  no- 
tamment, sous  le  n°  607,  le  manuscrit 
autographe  des  Aiuiotapheana,  2  vol,  in-S" 
sur  papier,  écriture  à  longues  lignes  de 
1822.  J'extrais  ce  qui  suit  du  catalogue  de 
Mangeart  : 

Voici  le  titre  plus  complet  qu'on  lit  en 
tète  du  premier  volume  :  «  Anagrapheana, 
ou  Bibliographie  spéciale  des  livres  en  ana, 
et  autres  qui  y  ont  rapport,  tels  que  Esprits, 
Génies,  Maximes,  Pensées,  etc.,  extraits  des 
différens  auteurs  dont  ils  portent  le  nom, ou 
recueillis  de  leur  conversation.  Nulliim  esse 
îibriimtam  tnalum,  ut  non  aliquâ  parte pro- 
desset.  Plin.  Epist.    5,  lib.  111. 

«  Nota.  —  Anagraphe  signifie...  Dire  que 
C8  livre  est  bien  fait,  c'est  ce  que  je  n'oserais 
assurer.  J'y  ai  mis  tous  mes  soins  et  je  ne 
sais  si  j'ai  réussi.  Les  bibliographes  en  juge- 
ront... » 

Dans  une  notice  qu'il  a  publiée  sur  Hé- 
cart (Voir  Arch.  hist.  et  litt.  du  Nord  de  la 
France  et  du  Midi  de  la  Belgique,  2*  série, 
t.  Il,  pp.  1 51-157), peu  de  temps  après  la 
mort  de  ce  dernier,  le  bibliophile  valen- 
ciennois  Dinaux,  bien  placé  pour  être 
exactement  renseigné,  disait  :  «  Parmi  ses 
nombreux  manuscrits, il  en  est  un  surtout 
que  nous  désirerions  voir  mettre  au  jour  : 
c'est  VAnagraphe'ana  ou  bibliographie 
spéciale  des  livres  en  ana,  2  parties  in-8°. 
Cet  ouvrage  est  plein  de  recl!%rches  et 
fait  en  conscience.  L'auteur  a  travaillé  sur 
les  livres  mêmes  d<jnt  il  parle,  et  il  ré- 
vèle plusieurs  anecdotes  littéraires  cu- 
rieuses et  peu  connues.  » 

De  Mortagne. 

Le  comte  Haugwitz  à  la  veille 
d'Austerlitz  (LIV,  610).  —  Voir  Bio- 
graphie moderne,  Leipzig,  1807,  in-80, 
3«  édition,  t.  IL  L'Intermédiaire  a  imprimé 
par  erreur  Ha«gwitz.  Voir  aussi  Rabbe, 
Biographie  universelle  des  Contemporains. 
Paris,  in-8°,  1834,  t.  II. 

Th.  Court  aux. 


,     748     

Hippolyte    de     La    Porte    (LIV^ 
613).   —  Hippol3'te,  marquis  de  Laporte 
ou  La  Porte,  né  à  Paris  en  1770,  mort  en 
janvier  1852.  Fils  du  dernier  intendant  de 
la  province  de  Lorraine    Avait  été  élevé 
au  collège  de  Juilly.  Il  émi-gra  en  Italie  et 
rentra  en  France  après   le  18  Brumaire. Il 
a  donné  quelques  romans  et  des  traduc- 
tions ou   adaptations  de   nouvelles    alle- 
mandes et  de  nombreuses  notices  biogra- 
phico-critiques.   11  collabora  à  la  Biogra- 
phie Michaud,  où  il    donna  de   nombreux 
articles,     notamment     ceux     concernant 
Mme  Geoffrin,  Mlle  de   Lespinasse,  Mme 
de  Pompadour.  Il  aurait  même  revu  toutes 
les  épreuves  de   ce    recueil  et  les   aurait 
corrigées  sous  le  rapport  du  style. 

La  Biographie  universelle  et  portative  des 
contemporains,  de  Rabbe,  Boisjolin  et 
Sainte-Beuve,  l'appelle  un  «  homme  de 
goût  qui  ne  cultive  la  littérature  qu'en 
amateur  ». 

L'érudit  et  heureux  collectionneur  qu'est 
M.  Arm.  D.  trouvera  des  renseignements 
plus  circonstanciés  sur  H.  de  La  Porte, 
dans  tous  les  dictionnaires  biographiques 
du  XIX®  siècle.  H,  B.  D. 

*  * 
On  trouvera  des  renseignements  dé- 
taillés sur  Hippolyte  de  La  Porte  et  sa 
famille, dans  l'ouvrage  ayant  pour  titre  : 
Le  Vendômois,  Epigraphie  et  Iconographie, 
par  le  marquis  de  Rochambeau,  t.  I'', 
p.  181  et  suiv.  (Paris,  Champion,  1889). 
Comme  aussi  dans  une  brochure  intitu- 
lée :  M.  Hippolytf  de  La  Porte,  par 
M.  Richard  de  La  Hautière,  avocat  à 
Blois  (in-8,  32  p.  Vendôme,  Devaure- 
Henrion,  1868).  Saint-Venant. 

Famille  Lemoine  (LUI  ;  LIV,  129, 
466).  —  Les  quelques  auteurs  que  j'ai 
sous  la  main,  ne  me  permettent  pas  de 
répondre  aux  nouvelles  questions  que 
vient  de  poser  M.  le  comte  de  Varaize, 
sur  cette  famille  :  au  lieu  de  les  résoudre, 
ils  les  confondent  de  plus  en  plus.  Quoi 
qu'il  en  soit,  voilà  le  résumé  de  ce  que 
j'en   ai    tiré  : 

D'après  Magny  {Nobiliaire  de  Norman- 
die, ni"  partie,  p.  163),  le  baron  Lemoine 
était  oncle  de  Henri  Lemoine  de  Sainte- 
Marie,  auquel  il  attribue  pour  armoiries  : 
d'argent,  à  une  bande  de  gueules,  accompa- 
gnée en  chef  de  ^  mouchetures  d'hermine,  et 
en  pointe    d'un    fer   de  moulin   de   sable, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


749 


accosté  de  deux  épis  âe  blé  au  naturel  ;  tan- 
dis que  le  baron  lui-même  reçut,  pour 
règlement  d'armoiries  ;  d'argent,  au  che- 
vron de  gueules,  accompagné  de  ^  mouche- 
tures de  sable,  2  et  i  (Vicomte  Révérend  : 
Titres  et  anoblissements  de  la  Restauration, 
IV,  301). 

D'ailleurs,  tandis  que  les  armoiries  des 
Le  Moine  de  Villarsy  «  reçues  et  enregis- 
«  trées  à  l'armoriai  général,  dans  le  re- 
«  gistre  coté  Champagne,  par  M.  d'Ho- 
«  zier,  garde  de  rArmorial  de  France,  le 
«  22  du  mois  de  mai  1698,  et  (peintes) 
«  sur  les  vitraux  de  l'église  cathédrale  de 
«  Chaalons  »,  sont,  d'après  Saint-AUais 
(Nobiliaire  universel,  XII,  196)  :  d'argent, 
au  chevron  de  gu-eules,  accompagné  de  ^ 
mouchetures  d'hermine  de  sable,  Borel  d'Hau- 
\tx\vQ  [Annuaire  de  la  noblesse  de  France, 
1863,  p.  154)  dit  que  la  famille  Le  Moyne 
de  Villarsy  reconnue  par  lettres  royales 
du  9  juillet  1490,  avait  pour  armes  : 
d'argent,  à  la  bande  de  gueules,  accompa- 
gnée en  chef  de  ^  mouchetures  d'hermine, 
et,  en  pointe,  d'un  fer  a  moulin  de  sable, 
accosté  de  2  épis  au  naturel.  Ce  sont  aussi 
les  armes  que  donne  Rietstap  (II,  274)  à 
cette  famille. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Famille  de  Lorm  >  (LIV,  558,  694). 
—  Le  baron  A.  H.  consultera  avec  intérêt 
l'ouvrage  de  R.  de  Quirielle,  Bio-Biblio- 
graphie des  Ecrivains  anciens  du  Bourbon- 
nais [m-Q"  Moulins,  1899). 

Il  y  est  parlé  longuement  du  célèbre 
médecin  Jean  de  Lorme,  d'une  famille 
moulinoise  ancienne  et  marquante  Son 
aïeul,  Jacques  de  Lorme,  escuier,  seigneur 
de  la  Jolivette  et  de  Franger,  après  avoir 
été  nommé  commissaire  des  grands  jours 
de  Bourbonnais,  3  septembre  1496,  devint 
président  de  la  cour  des  comptes  à  Mou- 
lins. (28  novembre  1507) 

Charles  de  Lorme,  fils  de  Jean,  fut  aussi 
un  médecin  célèbre  de  son  temps. 

A.  Vayssière,  archiviste  de  l'Allier,  a 
publié  également, dans  les  Annales  bour- 
bonnaises, i''' année,  pp.  19-27,  un  article 
sur  w  Les  deux  de  Lorme  et  les  Bains  de 
Bourbon  au  xvi^  et  au  xvii"  siècle  ». 

Le  tome  des  Archives  départementales 
de  l'Allier,  Série  E.  supplément  de  l'In- 
ventaire, fait  souvent  mention  de  cette 
famille,    dans  les  analyses   des  registres 


20  Novembre   1906. 

750     

paroissiaux  de  l'église  Saint-Georges  de 
Bourbon  -  l'Archambault.  On  sait  que 
Charles  de  Lorme  se  fit  faire  intendant  des 
eaux  de  cette  ville,  puis  vendit  cette 
charge.  L.  Grégoire-Moulins. 


Jeanne  Ménestrier  (LUI  ;  LIV,  417, 
524).  —  Dans  l'Intermédiaire  du  10  oc- 
tobre, M.  Arthur  Pougin  nous  donne  de 
très  intéressants  souvenirs  sur  Minette.  Il 
ne  répond  pas  toutefois  à  la  question 
posée  dans  le  n°  précédent,  sur  la  descen- 
dance de  la  charmante  artiste.  Je  suis  en 
mesure  de  combler  cette  lacune. 

Minette  a  une  double  descendance  natu- 
relle et  légitime.  Elle  était,  dans  les  pre- 
mières années  du  siècle  passé,  la  maîtresse 
d'un  des  élégants  du  jour,  Clément-Marc 
Osmont  du  Tillet,  né  en  177 1,  mort  céli- 
bataire à  Paris,  le  14  juillet  182c,  3*  fils 
de  Marc  Juvénal  Osmont,  écuyer,  sei- 
gneur d'Amilly  et  de  Villarceaux,  prési- 
dent trésorier  de  France  de  la  généralité 
de  Paris,  où  il  mourut  le  11  mai  181 3,  et 
de  Françoise-Geneviève-Rose  Chastelain. 
M.  Osmont  du  Tillet  eut  de  Minette  deux 
enfants  qu'il  reconnut  par  acte  passé 
devant  Colin  de  Saint-Menge,  notaire  à 
Paris,  le  19  janvier  1812  : 

1°  Sophie-Alexandrine- Caroline,  mariée 
à  Jean-Henri-Edouard  Guyot,  dont  elle 
n'eut  pas  d'enfants  ; 

2°  Clément-  Auguste-Louis-Edouard, 
dont  j'ignore  la  descendance,  si  elle 
existe. 

Il  est  vraisemblable  que  M.  Osmont  du 
Tillet  Ait  pour  quelque  chose  dans  la  cul- 
ture et  l'instruction  de  Minette  dont 
M.  Pougin  lui  laisse  tout  le  mérite. 

Le  25  novembre  1824,  elle  épousait  en 
justes  noces,  Louis-César-Auguste  Mar- 
gueritte,  directeur  de  la  Compagnie  du 
gaz,  dont  au  moins  un  fils,  Louis-Joseph- 
Frédéric,  marié  le  14  décembre  1853, 
avec  Anna-Adèle  moïana,  fille  de  Antoine 
Moïana,  négociant,  rue  le  Pelletier. 

Comte  de  V.\raize. 


Montesson  ;   le  nom  et  la  terre 

(LIV,  500,  635).  —  C'est  au  Maine 
qu'appartient  la  terre  de  Montesson, 
dont  le  nom  a  été  adopté  par  une  famille 
Hubert  qui  existe  encore  :  elle  a  donné 
le     marquis     de     Montesson,     dont     la 


N'  1130. 


L'INTERMÉDIAIRE 


751 


752 


veuve,  née  Béradd  de  là  Haye  de   Riou, 
épousa,  lei3  avril  1773,1e  dUc  d'Orléans. 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


Un  marquis  de  la  Pailleteriô(LlV, 

449,  526,585,  638,  694).  —  Le  Collabo- 
rateur illustré  des  érudits  et  des  curieux 
(n"  du  15  mars  1896,  001.69-71)3  donnée 
sous  la  signature  du  marquis  de  la  Ramée^ 
une  généalogie  des  Dumas-Davy  de  la 
Pailleterie  à  laquelle  M.  G.  N,  pourra  re- 
courir. 11  y  trouvera  la  filiation  de  cette 
famille  d'origine  normande  depuis  Olivier 
Davy  (\  avant  1529),  qui  aurait  été  ano- 
bli le  II  août  147  ij  jusqu'à  Alexandre 
Dumas  ('Davy  de  la  Pailleterie)  le  célèbre 
romancier  et  auteur  dramatique. 

QU/ESITOR. 


Paris  de  la  Montagne  (LIV,  669). 
—  Pour  référence,  je  recours,  imprudem- 
ment peut-être,  à  un  pamphlet  :  Mémoires 
pour  servir  à  Vhistoire  du  puhlicanisme^  ou 
Vorigine  des  receveurs  généraux  des  fermes 
du  royaume.  Editée  par  M.  le  comte  E.  de 
Barthélémy  : 

Paris  de  la  Montagne,  du  Dauphiné.  Avo- 
cat au  Parlement  de  Grenoble  avec  son  frère 
aîné,  ayant  fait  parfaitemeiit  leurs  études,  ce 
ce  que  n'ont  pas  fait  du  Vernay  et  Montmaf- 
tet,  leurs  cadets.  Voici  leur  coup  de  fortune; 
leur  mère,  riche  hôtelière,  eut  le  bonheur 
de  loger  chez  elle  Madame  la  duchesse  de 
Bourgogne  arrivant  en  France  pour  son  ma- 
riage. Après  le  repas,  Madame  Paris  présenta 
ses  quatre  fils  à  la  princesse  qui  lui  fit  la 
grâce  de  lui  dire  qu'elle  songerait  à  eux  et 
dit  à  M.  de  Noailles,  son  écuyer,  de  l'enfîMre 
ressouvenir.  La  bonne  princesse, étant  mariée, 
fut  à  la  Ménagerie, près  de  Versailles,  et  ayant 
fait  la  collation,  la  concierge,  nommée  la 
Montagne,  présenta  ses  quatre  filles  à  la  prin- 
cesse qui  se  souvint  des  quatre  Paris,  et  dit  à 
M.  de  Noailles  de  faire  venir  les  deux  aînés 
pour  épouser  les  deux  aînées  la  Montagne,  ce 
qui  fut  exécuté  au  bout  de  quelques  jours, 
dont  le  second  Paris  prit  le  nom  de  sa  femttie, 
et  M.  de  Noailles  eut  ordre  de  les  faire  em- 
ployer dans  les  vivres  de  l'armée,  lesquels 
prirent  soin  de  leurs  jeunes  frères.  Caractères 
des  quatre  :  le  premier,  capable  de  tout  en- 
fanter ;  le  second,  de  tout  exécuter  ;  le  troi- 
sième, de  tout  débiter  ;  le  quatrième,  de  tout 
compter. 

D'or,  à  la  face  d^a^ur,  chargée  d'une 
pomme  d'or,  tigéc  de  sinople. 


Dé  Pouilly  (LUI  ;  LIV,  526).  —  Al- 
bert-Louis, baron  de  Pouilly,  épousa  : 
1°  Mafie-Henrietté  de  Vassinhac  d'imé- 
court  ;  2°  Marié-Antoinette-Joséphine  de 
Custine.  C'est  de  ce  second  mariage  que 
sont  sortis  les  comtes  '  de  Mensdorfî- 
Pouilly  et  les  princes  de  Dietfichteiri, 
établis  en  Allemagne. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


ï^ierro  Vinçard  et  le  siège  de 
Paris  (LIV,  450,  529).  —  11  s'agit  de 
Louis  Vinçard  et  non  de  Pierre  Vinçard^ 
son  frère  aine,  qui  a  été  tué  à  l'armée, 
pendant  la  grande  invasion. 

Après  la  mort  de  Pierre,  il  a  signé 
Vinçard  aîné,  ce  qui  a  fait  croire  à  plu- 
sieurs de  ses  biographes  que  c'était  lui  le 
plus  âgé.  Ils  étaient  trois  frères,  le  plus 
jeune  s'appelait  Jules.  Louis,  le  chanson- 
nier s?int-simonien,  était  né  à  Paris,  rue 
de  la  Calandre,  le  30  juillet  1796;  il  est 
mort  à  Saint-Maur-les-Fossés,  lé  12  no- 
vembre 1882. 

Il  avait  vécu  du  métier  dé  son  père, 
qui  était  fabricant  de  mesurés  linéaires, 
mais  il  avoue  lui-même  qu'il  fut  toujours 
un  mauvais  ouvrier. 

11  commença  d'écrire  vers  1830  et  fut 
un  des  principaux  fondateurs  de  la  Ruche 
populaire^  journal  d'économie  sociale  où 
collaboraient  des  écrivains  prolétaires,  des 
ouvriers  poètes^ 

La  première  de  ses  publications  intitu- 
lée :  Chants  de  Vinçard,  date  de  1834. 
Plus  tard,  il  publia  les  Chants  du  Tiavail- 
leur,  dont  il  fit  les  paroles  et  la  musique  ; 
puis,  enfin,  Mémoires  épisodiques  d'un 
vieux  chansonnier  saint-simonien  (Dentu 
1878).  C'est  bien  là  l'œuvre  d'un  sincère 
enfant  du  peuple  né  visant  point  à  l'effet. 
Toute  la  vie  de  Louis  Vinçard  est  là. 

Voici  quelques  titres  de  ses  plus  belles 
chansons  :  En  Avant  !  —  Le  Prolétaire.  — 
Ramons  tous  à  bord.  —  La  Fraternité.  — 
La  Ronde  des  Saint-Simoniens.  —  Le  Tra- 
vail. —  La  Paille  et  la  Poutre.^  etc.  ^  etc. 

QUant  à  ses  notes  sur  le  siège  de  Paris, 
elles  doivent  être  encore  manuscrites, 
c'est  à  peu  près  certain,  et  dans  ses  mé- 
moires, qui  ont  été  publiés  en  1878,  il 
n'en  est  pas  question. 

Vinçard  était  entré  à  la  Lice  chanson- 
nière en  1840. 11  fut  très  lié  avec  le  pauvre 
Ch.  Gilles  et  là  plupart  des  chansonniers 
\  de  son  époque.         Etienne  MARGENACi 


DES  CHERCHEURS  Et  CURIEUX  20   Novembre  1906; 


753 


754 


Portrait  de  femme  par  Jouvenet 

(XLIX).  —  La  question  est  restée  en 
suspens.  On  aurait  pu  tout  au  moins,  ne 
fut-ce  qu'en  ouvrant  le  Dictionnaire  des 
artistes  français^  de  Bellier  de  la  Chavigne- 
rie  et  Auvray,  rappeler  le  portrait  de  la 
femme  de  Jouvenet  par  lui-même  (au 
musée  de  Nancy).  D'autre  part,  la  Revue 
de  l'art  français  (N,  A.  III,  216)  a  publié 
un  mémoire  et  quittance  de  ce  peintre 
pour  un  portrait  posthume,  exécuté  en 
1689,  de  là  princesse  de  Conti. 

QU.€SIT0R, 

Sainte  Mafalda  (LIV,  393)  —  Sur  la 
hienheitrense  Mafalda,  fille  de  Sanche  I*^ 
roi  de  Portugal,  qui,  après  avoir  été  ma- 
riée à  Henri  P"",  roi  de  Castile,  se  fit  mo- 
niale cistercienne  à  Arauca  et  mourut  le 
2  mai  1252,  voir  :  Acta  SS.  des  Bollan- 
distes,  2  mai,  I,  App.  764  ;  —  Henriquez, 
Lilia  Cistercii,  Douai,  163  3,  in- fol., 
p.  I52-156; —  Fortunato  de  S.  Bona- 
ventura,  Memorias  para  a  vida  da  C»  Ma- 
falda^ rainha  de  Casiella,  reformadora  do 
mosteiro  de  Aronca,  Coïmbre,  1814,  in-S" 
(D'après  la  Bio-bibliogr.  de  Ulysse  Che- 
valier. QU^SITOR. 

Saint  dhristôphe  et  l'enfant  Jésus 

(LIV,  10,  139,200,  304,  419).  —  Dans 
l'église  de  Bourgeauville  (Calvados)  il  y  a 
une  statue  de  Saint  Christophe  dont  les 
proportions  sont  phénoménales.  Le  saint 
porte  l'enfant  Jésus, mais  les  pieds  de  l'en- 
fant    sont   posés    sur  les    mains  du  sain, 

A  la  «  Ferme  du  Home  >>  ancienne  de- 
meure seigneuriale  située,  hameau  du 
Home,  commune  et  paroisse  de  Merville 
(Calvados),  il  y  avait  autrefois  une  cha- 
pelle sous  le  vocable  de  saint  Christophe. 
A  la  Révolution,  la  chapelle  disparut, 
mais  la  dévotion  resta  et  la  statue  aussi. 

Là,  saint  Christophe  est  placé  dans  une 
niche  qui  domine  la  maison  des  maîtres, 
et   il   porte  l'enfant  Jésus  sur  ses  épaules. 

LÉbN  DesrIjes. 

Gouvernail  des  jonques  chinoi- 
ses (LIV,  614).  —  La  théorie  du  Gouver- 
nail «  troué  »  est  connue  des  gens  du  mé- 
tier. Elle  s'applique  non-seulement  à  l'ac- 
tion de  l'eau,  mais  à  celle  du  vent. 

Cette  théorie  a  fait  l'objet  de  discus- 
sions dans  la  presse  technique,  il  y  à 
quelques  années. 


Je  crois  même  me  souvenir,  qu'à  cette 
époque  des  essais  ont  été  faits  sur  lés 
voilures  de  navires,  italiens,  je  crois. 

Thix. 


L'homme  sauvage  en  héraldi- 
que (LIV,  613).  —  D'excellents  spéci- 
mens d'hommes  et  de  femmes  sauvages 
héraldiques  se  trouvent  reproduits  dans 
l'ouvrage  «  Heraldischer  Atlas  »  par  H.E. 
Stroehl  (Jules  Hoffmann, éditeur,  Stuttgart 
1899). 

C'est  surtout  le  seizième  siècle  qui  les 
aime  et  qui  les  plante  dans  et  sur  les  ar- 
moiries. Un  homme  sauvage  très  typique 
se  trouve  sur  le  cimier  des  armoiries  de 
notre  famille,  armoiries  données  par  l'em- 
pereur Ferdinand  au  xvi^  siècle.  En  voici 
un  dessin  pour  votre  «  Iskatel  ».  En  Alle- 
magne et  en  Suisse  ces  hommes  sauvages 
sont  les  plus  fréquents  ;  ils  s'y  trouvent 
déjà  sur  des  tapisseries  du  xv*  siècle,  sur 
des  travaux  de  dinanderie  et  sur  des  pla- 
ques de  poêles.  D''  R.  Forrer. 
* 

L'usage  des  tenants,  c  est-a-dire  dé 
figures  d'hommes,  moines,  sauvages  et 
autres  personnages  nus  ou  vêtus  de  cos- 
tumes divers,  ne  remonte  pas  au-delà  du 
xiv«  siècle.  Il  ne  faut  pas  les  confondre 
avec  les  supports,  figures  d'animaux  oii 
d'êtres  chimériques,  tous  deux  placés 
extérieurement  aux  flancs  de  l'écu  qu'ils 
semblent  supporter  ou  tenir.  Primitive- 
ment,ces  ornements  extérieurs  de  l'écu  ne 
pouvaient  être  portés  que  par  les  souve- 
rains, les  princes  et  les  membres  de  là 
plus  haute  noblesse.  Par  suite  de  nom- 
breux abus, le  prestige  et  là  valeur  histoi-i- 
que  de  ces  pièces  ont  été  anéantis.  Eh 
Allemagne,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  la 
grande  noblesse  du  pays  à  su  conserver 
l'esprit  de  souvenir  et  de  vérité  attaché  à 
ces  ornements  extérieurs. De  Magny,  dans 
la  science  du  blason,  (p.  64)  donne  un 
tourt  historique  des  supports  et  tenants. 
Dans  Tarmorial  qui  fait  suite  à  cet  ou- 
vrage, je  trouve  les  familles  de  Sarrazin, 
de  Caulaincourt  et  de  Dauvet   ayant  des 


sauvages  comme  tenants, 


E.  M. 


Les  armes  de  Hongrie  et  les 
Croy-Chanel  (Ll  ;  LU  ;  LIV,  56).  - 
i«)  11  existe  effectivement  une  famille 
française  de  «  Croy-Chanel  de  Hongrie  » 
qui  dit  descendre  de  la  première  maison 


N*  1130. 


L'INTERMEDIAIRE 


dé- 
snr 
im- 

57' 


755   

royale  hongroise  des  Arpads.  Certains 
membres  de  cette  famille  en  Touraine 
sont  probablement  les  héritiers  d'André- 
Raoul-Claude-François-Siméon,  comte  de 
Croy-Chanel  de  Hongrie  et  de  Victorine 
de  Voyer  d'Argenson.  Une  autre  branche 
existe  peut-être  en  Hongrie  où  Francois- 
Nicolas-Jean-Henri  comte  de  Croy-Chanel, 
aurait  obtenu  le  titre  de  magnat  hongrois, 
par  décision  des  députés  de  la  Hongrie, 
en  date  du  27  octobre  1854. 

2°  Les  armes  de  cette  famille  sont 
crites  dans  une  Notice  généalogique 
la  maison  de  Croy-Chanel  de  Hongrie^ 
primée  à  Châtellerault  en  1859  (in-8°, 
viii  pp.) 

Ecartelé  au  premier  deFrance;  au  deuxième 
de  Sassenage  qui  est  burelé  d'argent  et 
d'azur,  de  dix  pièces,  au  lion  de  gueules, 
armé,  lampassé  et  couronné  d'or  ;  au  troi- 
sième de  Voyer  de  Paulmy  d'Argenson  qui 
est  d'azur  à  deux  lions  léopardés  d'or,  cou- 
ronnés de  même,  armés  et  lampassés  de 
gueules  ;  au  quatrième  de  Pons  qui  est  d'ar- 
gent à  la  fasce  {sic)  bandée  d'or  et  de  gueules 
de  six  pièces  et  brochant  sur  le  tout  de  Hon- 
grie, qui  est  de  Croy,qui  porte  fascé  d'argent 
et  de  gueules  de  huit  pièces  ;  le  tout  sur- 
monté d'une  couronne  d'or  antique  en  forme 
de  demi-globe  ,  surmontée  d'une  petite 
croix  terminée  en  fer  de  lance  d'or  :  ladite 
couronne  ornée  de  chaînes  et  de  petites  croix 
qui  pendent  sur  le  devant  et  sur  les  côtés, 
cette  couronne  est  celle  de  Saint-Etienne, 
premier  roi  de  Hongrie. 

Elles  sont  un  peu  différentes  de  celles 
qui  sont  figurées  dans  la  Chronologie  his- 
torique des  ducs  de  Croy.  Imp.  à  Grenoble 
chez  J.  M.  Cuchet,  en  1790,  in-4'',  où  le 
quartier  des  armes  de  Voyer  d'Argenson 
manque  et  où  l'on  trouve  les  armes  de 
Narbonne  ancien. 

Les  dimensions  de  cette  note  ne  per- 
mettent pas  d'exposer  tout  au  long  les 
prétentions  successives  de  cette  famille. 
On  dira  donc  seulement  que  ces  pré- 
tentions ne  datent  que  des  derniers 
jours  de  l'ancien  régime.  Elles  ont  com- 
mencé avec  un  «  Claude-François  Chanel 
«  fils  de  Claude  Chanel,  avocat  et  lieute- 
«  nant  de  milices  à  Saint-Domingue 
«  ayant  paru  comme  simple  membre  du 
«  Tiers-Etat  aux  assemblées  de  sa  pro- 
«  vince  convoquées  pour  les  Etats  Géné- 
«  raux  de  1789  ;  il  avait  eu  pour  ayeul 
«  Jean-Claude  Chanel,  substitut  au  parle- 
«  ment   de    Grenoble  ;    pour    bisayeul. 


, 756    ■ 

«  Claude  Chanel,  bourgeois  et  greffier  de 
«  l'élection  de  Grenoble  en  1723,  pour 
«  troisième  ayeul,  Claude  Chanel,  aussi 
«  greffier  au  bailliage  de  Gresivaudan  en 
«  1670,  et  pour  quatrième  ayeul,  un  ser- 
«  gent-major  du  fort  Barraux  en  1642.  » 
[Texte  des  considérants  de  Vatrêl  de  la  cour 
toyale  de  Paris  du  12  mai  1821].  Elles  se 
sont  formulées  seulement  au  grand  jour  en 
1790,  avec  la  Chronologie  historique  des 
ducs  de  Croy  citée  plus  haut,  alors  que  les 
chefs  de  la  maison  de  Croy  dont  l'histoire 
n'est  plus  à  faire,  Anne-Emmanuel,  duc 
de  Croy,  et  Îoseph-Maximilien,  duc 
d'Havre  et  de  Croy,  étaient  déjà  émigrés, 
et  ont  acquis  un  semblant  d'autorité  par 
suite  d'un  simple  arrêt  sur  requête  de  la 
Chambre  des  comptes  de  Grenoble  du 
26  mars  1790,  rendu  sans  jugement  con- 
tradictoire, qui  reconnaissait  la  noblesse 
des  «  Croy-Chanel  ». 

Ces  prétentions  consistaient  à  se  dire  de 
la  même  maison  que  les  ducs  et  princes 
de  Croy  et  à  descendre,  par  conséquent, 
comme  eux,  ainsi  que  le  veut  la  tradition, 
de  Marc,  fils  d'Etienne  IV,  roi  de  Hongrie. 
Rejetées  une  première  fois  par  le  maré- 
chal duc  de  Croy  en  1780,  puis  en  1791 
et  en  1794  par  Emmanuel  de  Croy,  prince 
de  Sobre  et  par  le  duc  d'Havre, elles  furent 
néanmoins  conservées  par  les  Chanel,  qui 
obtinrent  de  l'empereur  Napoléon,  un  dé- 
cret impérial  par  lequel  il  accordait  le 
titre  de  comte  à  l'un  d'eux  (9  mars  18 10). 
Au  début  de  la  Restauration,  les  Chanel 
prétendirent  forcer  le  ducdeCroy,le  prince 
de  Sobre  et  le  duc  d'Havre  à  les  recon- 
naître comme  les  deicendants  d'une  bran» 
che  aînée  de  leur  famille.  Par  exploit  du 
15  mars  1819,  après  un  appel  en  conci- 
liation devant  le  juge  de  paix  du  X*  arr, 
de  Paris  du  16  février  1819,  ils  les  assi- 
gnèrent à  cette  fin  devant  le  tribunal  de 
première  instance.  Le  jugement  rendu  le 
25  août  1820  les  débouta  :  ils  firent  appel 
et  l'arrêt  de  la  cour  du  12  mai  1821  régla 
la  question.  On  l'aurait  du  moins  pu 
croire.  Après  un  rejet  de  pourvoi  en  cas- 
sation du  25  février  1823,  ils  n'en  persis- 
tèrent pas  moins  dans  leurs  prétentions. 
Un  nouveau  jugementjdu  9  juillet  1830, 
qui  obligeait  les  officiers  de  l'état  civil  à 
rayer  le  nom  de  Croy  des  actes  dans  les- 
i  quels  les  Chanel  l'avaient  pris,  fut  exécuté, 
I  sans  qu'on  pût  empêcher  les  neveux  des 
1  Chanel  condamnés  par  l'arrêt  du    17  mai 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Novembre   1906. 


757 


758 


1821  à  abandonner  le  nom  de  Croy.  Ils 
prétendirent  n'avoir  pas  été  parties  au 
procès.  Même  en  1860,  l'un  d'eux  pré- 
senta une  requête  devant  la  (Commission 
Impériale  du  sceau  de  France  pour  qu'on 
lui  reconnût  le  titre  de  prince  de  Crouy- 
Chanel  ;  requête  qui  avait  été  repoussée 
par  ladite  Commission  le  6  mai  1821. 
Enfin  en  1865,  un  héritier  Chanel  intenta 
un  procès  au  duc  de  Modène,  en  qualité 
d'héritier  des  Arpads. 

Les  mémoires  et  publications  sur  les 
différentes  affaires  que  suscitèrent  ainsi 
ces  prétentions,  sont  trop  nombreux  pour 
qu'on  songe  à  les  indiquer  ici.  Un  cer- 
tain nombre  d'entre  eux  sont  cités  par 
Guigard  (J.)  Bibliothèque  héraldique  de  la 
France,  p.  362  et  autres. 

La  généalogie  véritable  de  la  maison  de 
Croy.  généalogie  qu'il  est  possible  d'ap- 
puyer sur  des  milliers  de  pièces,  a  été  pu- 
bliée plusieurs  fois  La  meilleure  est  celle 
qui  se  trouve  dans  le  tome  Vil  de  l'His- 
toire généalogique  des  Pairs  de  France,  du 
marquis  de  Courcelles.  Celle  qui  a  été  don- 
née par  Saint-Allais  et  le  Nobiliaire  Uni- 
versel de  France  ou  Recueil  général  des  gé- 
néalogies historiques  des  maisons  nobles  de 
ce  royaume...  t.  XIII  (18 18),  a  été  faite 
d'après  la  généalogie  de  1790.  Elle  n'a 
aucune  valeur,  Robertot. 

Devise    :     Moro    sove    m'attaco 

(LIV,  336).  —  Il  faut  dire  :  Moro  dove 
m'attacco  (où  je  m'attache,  je  meurs). Cette 
devise  fait  allusion  au  lierre. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

Monsieur  le  chanoine  (LIV,  501, 
58:5,  640).  —  Notre  érudit  collaborateur 
Unus  dit  :  *.<  Aujourd'hui  un  prêtre  arrive 
à  la  mosetle  comme  un  officier  à  la  croix 
d'honneur  ».  Il  me  permettra  de  ne  pas 
être  du  tout,  mais  du  tout,  de  son  avis. 
La  mosette  (qui  comporte  le  rochet  au 
lieu  du  surplis)  se  donne  de  droit  aux 
doyens  (curés  de  cantons),  aux  vice- 
doyens,  quand  il  y  en  a  d'établis,  généra- 
lement aux  curés,  et  même  aux  vicaires, 
des  grandes  paroisses  des  villes.  Cela  n'a 
rien  avoir  avec  l'âge  Plusieurs  d'entre 
eux  sont  jeunes.  Combien  je  connais  de 
prêtres  méritants,  âgés,  qui  n'ont  pas  la 
mosette. 

Je  me  demande  ce  que  la  mosette  (co- 
lonne 586  du  no  1 127)  vient  faire  dans  la 


question,  et  quel  rapport  elle  peut  avoir 
avec  le  canonicat.  M.  Unus  n'aurait-il  pas 
employé  ce  mot  à  la  place  de  celui  de 
camail?  En  tout  cas, que  M.  Unus  regrette 
le  nombre  de  canonicats  honoraires  et 
d'honneur  (il  y  a  ces  deux  catégories  en 
sus  de  celles  de  titulaires  et  de  prébendes), 
bien  ;  mais  quand  il  désapprouve  qu'on 
appelle  un  chanoine  :  monsieur  le  chanoine 
et  ajoute  <<  que  nous  marchons  rapidement 
vers  le  moment  où  tout  ecclésiastique 
sera  :  M.  le  chanoine  »,  il 
de  ne  pas  être  de  son  avis 
naissant  l'importance  et  1 
sa  réponse. 


me  permettra 

tout  en  recon* 

i  courtoisie  de 

St.-Saud. 


PhysionotraGe(T.  G.,  701  ;  XXXVI; 
XXXVlll  ;  XXXIX  ;  LUI  ;  LIV,  597).  — 
Le  premier  portrait  indiqué  par  M.  Viva- 
rez  n'est  il  point  celui  de  Jean-Félix  Cla- 
bat  du  Chillou,  l'un  des  premiers  chefs 
du  soulèvement  vendéen,  en  mars  1793? 
Ce  du  Chillou  habitait  la  Gaubretiêre 
(Vendée)  ;  il  avait  épousé  mademoiselle 
Boisy,  sœur  de  Boisy  du  Sourdis,  l'ami 
intime  de  d'Elbée.  Du  Chillou  et  sa  femme 
furent  désignés,  en  1799,  par  le  Direc- 
toire du  département  de  la  Vendée  pour 
répondre,  comme  otages,  de  la  nouvelle 
prise  d'armes  des  royalistes.  La  famille 
de  Boisy  est  représentée  aujourd'hui  à  la 
Gaubretiére  par  les  enfants  de  l'Intendant 
général  de  Kervenoaël. 

L'armoriai  de  Rietstap  signale  de  nos 
jours,  en  Poitou,  une  famille  de  Clabat. 
J'ai  tendance  à  croire  que  c'est  celle  de 
l'ancien  officier  vendéen,  laquelle,  suivant 
un  usage  qu'on  peut  dire  constant  dans 
nos  provinces  de  l'Ouest,  a  transposé  la 
particule  devant  son  nom  patronymique. 

Il  existe  aussi  en  Poitou  et  en  Bretagne 
une  famille  de  Chilleau-Airvault ,  qui  ne 
parait  pas  avoir  la  même  origine  que  les 
Clabat  du  Chillou.  H.  B.  D. 

Les  jaquemarts  de  France  (LIV, 
618).  —  Dans  les  départements  du  Midi, 
le  jaquemart  de  Lavaur  est  célèbre.  D'uri 
toqué  on  a  l'habitude  de  dire  :  Il  a  été 
frappé  par  le  jaquemart  de  Lavaur.  Es- 
toucat  dou  jacoumart  de  Labaou. 

Un  jaquemart  sonne  (ou  sonnait?)  les 
heures  en  la  tour  de  l'hôtel  de  ville  d'A- 
vignon. Je  crois  bien  en  avoir  vu  un  sur 
une  des  portes  de  la  ville  de  Saint-Omer. 


N"    1130. 


LUNTERMÉDIAIRE 


759  

* 

*  * 

A  titre  de  memoireje  rappellerai  l'hor- 
loge surmontant  le  portail  du  château  de 
Diane  de  Poitiers  à  Anet  (E.-et-L.). 

Ce  mécanisme  (construit  en  1554)  qui 
sonnait  les  quarts,  communiquait  avec  un 
cerf  et  quatre  chiens  en  bronze,  grandeur 
naturelle.  Une  des  jambes  du  cerf  était 
mobile,  se  levait  et  frappait  autant  de 
coups  qu'il  y  avait  d'heures  à  sonner.  Les 
chiens  dont  l'attitude  semble  mettre  le 
cerfs  aux  abois,  ouvraient  la  gueule  à 
chaque  quart  de  la  sonnerie.  Leur  voix 
était  simulée  par  des  cloches  de  notes  diffé- 
rentes dont  les  battants  correspondaient 
par  des  fils  à  leur  mâchoire  inférieure  et 
la  faisaient  ouvrir  et  fermer  lorsque  le 
mécanisme  était  en  mouvement.  Outre 
ces  fonctions  un  peu  enfantines,  cette  ma- 
chine horaire  donnait  diverses  indications 
astronomiques  intéressantes,  telles  que  la 
position  des  signes  du  zodiaque,  les  mois, 
les  quantièmes  et  l'âge  de  la  lune. 

Elle  fut  vendue,  en  l'an  II  de  la  i^^  ré- 
Dublique,  lors  de  la  confiscation  du  châ- 
te^ijj  comme  bien  national,  pour  le  prix 
de  ,505  fr.  Elle  a  été  remplacée  en  1856 
par  une  autre  entièrement  moderne,  et  les 
çl?iens  et  le  cerf,  vendus  avec  l'horloge, 
ptït  été  remplacés  par  ceux  en  terre  cuite 
jDfonzée  que  l'on  voit  aujourd'hui. 

A  cela  près,  je  réponds   exclusivement 

à  la  question  !  M,  M. 

* 

Jl  y  en  a  un  ,3  Moulins  (Allier),  bon- 
homme, bonne  femme,  deux  enfants.  Le 
bonhomme  sonne  les  heures,  la  bonne 
femme  les  demi-heures,  l'un  des  enfants 
Jes  quarts  et  l'autre  les  trois  quarts. 

E.  F. 

*  * 

A     l'^église    Notre-Dame     de      Dijon, 

les  jaquemart^  sonnent  l'heure  depuis 
l'ai)  1^82.  Il  existe  également  des  jaque.- 
maris  au  beffroi  d'Avignon  ainsi  qu'à 
l'hôtel  de  ville  de  Compiègne  ;  ces  derniers 
automates  sont  désignés  sous  le  nom  de 
piquanliiis. 

Les  jaquematis^  qui  ornent  encore  au- 
jourd'hui l'église  Notre  Dame  de  Dijon 
furent,  d'après  l'histoire,  enlevés  à  Cour- 
trai  par  Philippe  II  le  Hardi,  duc  de  Bour- 
gogne, en  1382,  après  la  victojre  de 
Roosebecque  (27  novembre  1382),  avec 
l'intention  bien  évidente  d'en  doter  sa 
capitale. 


760 


Courtrai  possédait  depuis  longtemps 
cette  horloge. 

Bien  que  l'horloge  fût  inventée  par  un 
pape  français,  le  savant  Gerbert,  on  n'en 
constate  guère  d'authentiques  avant  le 
xiv"  siècle.  La  régularité  de  l'horloge  fit 
l'émerveillement  de  tout  le  moyen  âge.  Il 
sembla  que  ce  fût  une  révolution  dans  la 
vie  sociale  que  de  savoir  dorénavant 
l'heure,  et  que,  dès  lors,  la  régularité 
morale,  l'exactitude  dans  les  devoirs, 
la  vertu  dussent  s'ensuivre  fatalement. 

Les  plus  grands  personnages  de  la 
terre  s'occupèrent  à  perfectionner  cette 
machine  créée  par  un  pape,  témoin  Char- 
les-Quint qui  cherchait  à  se  consoler  des 
déboires  des  heures  passées  en  mesurant 
plus  exactement  les  heures  à  venir.  Les 
perfectionnements  étaient,  les  uns  utiles, 
les  autres  purement  agréables  et  pittores- 
ques. On  attachait  aux  mouvements  de 
l'horloge  de  petites  figurines  de  bois  ou 
de  métal,  da,  automates  qui  annonçaient 
l'heure  de  mille  manières. 

Parmi  ces  horloges  à  personnages  faut- 
il  retenir  la  plus  fameuse  d'entre  elles  : 
l'horloge  astronomique  de  la  cathédrale 
de  Strasbourg  commencée  en  1352  et  ter- 
minée en  1842  ?  Evidemment  non.  A  vou- 
loir établir  une  comparaison  entre  un  tel 
chef-d'œuvre  de  mécanique  et  les  sim- 
ples jaquemarts  ou  les  coucous,  on 
éprouve  la  même  déception  produite  par 
le  parallèle  des  vers  libres,  des  bouts- 
rimés,  des  mots  alignés  par  des  rimail- 
leurs avec  la  poésie  sublime... 

Les  bourgeois  des  villes  dotées  au 
moyen  âge  de  ces  horloges  théâtrales 
étaient  tellement  fiers  et  jaloux  d'en  con- 
server le  secret,  qu'ils  faisaient  tout  au 
monde  pour  empêcher  le  constructeur 
d'aller  ailleurs  en  organiser  de  pareilles. 

On  raconte  qu'au  xvi^  siècle,  l'horloger 
Clavelé  fut  brûlé  vif  ainsi  que  Syppins, 
qui  fit,  en  1598,  l'horloge  de  Lyon. 

Ce  sont  des  légendes,  mais  elles  prou- 
vent la  grande  admiration  qu'inspirèrent 
les  premières  horloges. 

Alexandre  Rey. 

Etsignoirs  (LIV,  338,  474,  658).  — 
A  Bruges  et  à  Gandon  voit  encore  d'assez 
nombreuses  maisons  seigneuriales  où,  de 
chaque  côté  de  la  porte  d'entrée,  restent 
attachés  deux  éteignoirs  de  métal  dans 
lesquels  les  valets  plongeaient  les  torches 


DES  CH5IIÇHEURS  ET  CURIEUX 


20  Novembre  iqo6. 


761 


762 


éclairant  la  marche  de  leurs  maîtres. 
Il  en  existe  encore,  mais  en  petit  nom- 
bre, dans  quelques  autres  villes  anciennes 
du  pays  tlamand  ;  je  n'en  ai  jamais  vu 
dans  les  autres  parties  de  la  Belgique. 

E.  T, 

J'ai  vu  tout  récemment  en  Italie, dans  une 
ancienne  maison  de  Foggia,  des  masques 
en  bas-relief,  situés  le  long  des  escaliers, 
dont  la  bouche  béante  servait  d'éteignoir 
pour  les  torches  ;  elles  en  conservent 
encore  les  traces, 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

L'auteur  de  «  Les  Carnets  du  roi  » 
(XLVII  ;  LIV,  643).  —  L'attribution  de 
de  ce  pamphlet  au  roi  Léopold  11  est  tout 
siniplement  absurde  ;  il  suffit  d'y  avoir 
jeté  un  coup  d'œil  pour  s'en  assurer. 

L'auteur  a  ramassé  quelques  potins 
traînant  un  peu  partout,  généralement 
aussi  authentiques  que  la  légende  de  Cleo 
de  Mérode;  il  les  a  assez  habilement, il  faut 
le  reconnaître,  adaptés  et  cousus,  le  tout 
assaisonné   d'une    sauce     prise     dans   le 

Prince,  de  Machiavel.  E,  T. 

* 

Lion  monosyllabique  (LIV,  672). 
—  Certes  oui, Louis  Veuillot  écrivait  cor- 
rectement. Aussi  n'est-il  pas  coupable  des 
deux  vers  faux  que  M.  A.  1.  a  relevés 
dans  les  Pages  choisies.  Veuillot  a  écrit 
un  sonnet  fort  spirituel  :  La  diva,  que 
M.  Albalat  a  bien  fait  d'imprimer  dans 
son  recueil.  Voici  de  ce  sonnet  le  deuxième 
quatrain  (dernier  texte,  extrait  de  Les  cou- 
leuvres, 1869,  p.  45)  : 

Tous  nos  lions  sont  enragés 
Quand  vous  chantez  un  air  de  guerre  ; 
Chantez-vous  un  air  de  bergère, 
Soudain  nos  lions  sont  bergers. 

Le  sonnet  avait  paru  d'abord,  en  1863, 
dans  Satires  (p.  163)  sous  le  titre  :  Une 
diva.  Dans  ce  premier  texte,  on  lisait  : 

Les  lions  semblent  enragés. ,  • 
Soudain  les  lions  sont  bergers. 

Ni  dans  l'un  ni  dans  l'autre  texte, 
Veuillot  n'avait  fait  des  vers  faux.  C'est 
l'éditeur  des  Pages  choisies  qui  a  délibéré- 
ment changé  les  d'^ux  vers  Cet  éditeur 
passe  cependant  pour  un  lettré.  Comment 
admettre  qu'il  n'a  jamais  entendu  ce  vers 
de  Lafontaine  : 

Le  lion  tint  conseil  et  dit.. ,  ? 


Ou  ce  vers  de  Barbier  : 

Bondn-  et  rebondir  le  lion  populaire? 

Ou  ces  vers  d'Hugo  : 

C'était  l'heure  tranquille  ou  les /j'(?«5vont  boire.. 
Vous  êtes  mon  lion  superbe  et  généreux  î 

Mais  non.  11  s'est  boijté  dans  la  cervelje 
que  lion  est  monosyllabe  ;  il  a  corrigé  (?) 
les  vers  de  Veuillot,  et  fait  écrire  à  celiji- 
ci  ces  deux  vers  de  neuf  pieds  : 

Les  lions  paraissent  enragés... 
Soudain  les  lions  se  font  bergers. 

Et  ce  n'est  pas  le  seul  endroit  où  il  en 
ait  usé  avec  sans-gêne.  Il  donne  de  Veuillot 
deux  sonnets  sans  les  blancs  néçessairies 
entre  les  strophes  :  ils  n'ont  plus  mine  de 
sonnets.  Il  change  les  titres.  11  change  la 
ponctuation,  à  laquelle  Veuillot  était  si 
attentif.  Dans  la  dernière  pièce  d^e  vers 
qu'il  reproduit  :  Marsyas,  il  n'y  a  pas  moins 
de  huit  fautes,  dont  une  donne  un  vers 
faux  (par  l'écriture  encore  au  lieu  d'encor), 
dont  une  autre  par  la  substitution  d'un  mot 
à  nn  autre  (vie  pour  voix)  modifie  fâcheu- 
sement le  sens.  Une  troisième  procure  un 
véritable  non  sens.  11  s'agit  d'un  campa- 
gnard riche, et  les  Pages chosisies  impriment  : 

J'ai  femme,  chiens,   troupeaux,  et  vingt  écus 

[de  rente. 

là     où     Veuillot     avait    écrit    (Satires^ 

P-  35)  : 

j'ai  femme,   chiens,   troupeaux,  w'«//    mille 

[écus  de  rente. 

Peut-on  s'imaginer  la  fureur  de  Veuillot, 
de  ce  puriste, 

Du    malheureux   lï-on    languissant,  triste    et 

[morne, 

à  voir  son  texte  ainsi  tripatouillé  ? 

Encore  une  observation.  Lorsqu'un  édi- 
teur tait  un  recueil  d'œuvres  ejioisies  d'un 
maître,  il  devrait  scrupuleusement,  me 
semble-t-il,  s'en  tenir  aux  derniers  textes 
donnés  par  celui-ci.  Qiielques-unes  des 
poésies  qu'a  reproduites  M.  Albalat  ont 
été  publiées  par  Veuillot  dans  Satires,  en 
1863,  puis,  avec  de  légers  changements, 
en  1869,  dans  Les  couleuvres  :  c'est  le 
texte  de  1869  que  les  Pages  choisies  eus- 
sent dû  reproduire.  H.  M. 

Le  théâtre  en  province  (LIV,  281, 
355,428,476,534,  592,698).  ~  Le  théâtre 
de  Dunkerquc,  depuis  les  origines  jusqu'à 
nos  Jours,  par  Albert  Bril  : 

I.  Avant  la  Révolution.  —  Les  rays- 


N"    i  Î30. 


L'INTERMEDIAIRE 


763 


764 


tèrcs  au  moyen  âge.  -—  «  T'Krebbetje  ». 
—  Sociétés  de  Rhétorique .  —  Micliel  de 
Swaen.  —  Théâtre  des  Jésuites.  -  Nos 
premières  salles  de  spectacles.  II.  Sous  la 
Révolution.  111  Sous  l'Empire.  IV.  Sous 
la  Restauration.  V,  Sous  le  gouvernement 
de  1830.  La  nouvelle  salle  de  spectacle. 
VI.  Sous  la  seconde  République.  VII.  Sous 
le  second  Empire.  (Théâtre  contempo- 
rain non  encore  paru). 

Ce  travail  a  été  inséré  dans  le  Bulletin, 
t.  VUl,  année  190^. (p. 97-327)  de  l'Union 
Faulconnier.  Société  historique  et  archéo- 
logique de   Dunkerque    et  de   la    Flandre 

maritime.  E.  M. 

* 

*  * 
PoupÉ  (Edmond)  :  Le  Théâtre  à  Toulon 

(i 791- 1792)  dans  le  Bulletin  historique  et 

philologique^  1905,  p.  346-348. 

Octave  B. 

Prononciation  de  l'U  enlatin(LIV, 

279,  420,  537).  —  M.  l'abbé  de  la  Gué- 
ronnière,  actuellement  curé  de  Veneux- 
Nadon-l es- Sablons  (Seine-et-Marne)  a  pu- 
blié une  série  d'articles  sur  la  prononcia- 
tion du  latin  à  Rome. 

L'auteur  de  la  question  pourra  s'adres- 
ser à  lui.  L.  Desrues. 

Lez  ou  lès  (LIV,  1 10,  202,  309,  365, 
538,  655).  —  Ne  pas  confondre  avec  lay 
ou  laye,  voie,  chemin  ou  layon  ;  Saint- 
Germain-en-Laye,  la  Lay  Saint-Christo- 
phe, et  autres  noms  analogues. 

D""  Bougon. 

Partir  à...  ou  partir  pour  (LIV, 
454,  648).  —  Les  maux  que  l'on  ne  peut 
enrayer  ni  guérir, il  est  doux  de  les  expli- 
quer (c'est  la  fonction  sociale  des  méde- 
cins) et  poli  de  les  dissimuler  —  de  les 
orner  tout  au  moins  (et  c'est  la  tâche  des 
malades  qui  ont  un  peu  de  monde).  —  Je 
partage  Lavis  de  M  le  vicomte  de  Bonald. 
Partir  à...  est  incontestablement  une 
faute  de  français,  mais  une  faute  contre 
laquelle  on  ne  réagira  plus  :  il  est  trop 
tard.  Je  voudrais  au  moins  expliquer  sa 
raison  d'être,  qui  est  son  excuse,  et  pro- 
poser au  tout-puissant  qui-de-droit  un 
biais  pour  la  commettre  —  puisque  l'on 
y  tient  —  sans  trop  de  remords. 

D'abord  pourquoi  la  commet-on  ? 
Parce  que,  le  plus  souvent,  on  veut  indi- 
quer aussi   brièvement  que   possible    où 


l'on  va  et  pour  combien  de  temps.  «  Je 
pars  pour  Paris,  pour  trois  jours  ».  Deux 
pour  en  sept  mots  I  On  en  remplace  un 
et  l'on  dit  (à  tort, c'est  entendu)  :  «  Je  pars 
à  Paris  pour  trois  jours  ».  Je  doute  que 
l'on  remonte  un  pareil  courant,  car  je  ne 
vois  aucun  moyen  d'exprimer  correcte- 
ment et  en  aussi  peu  de  mots  le  même 
nombre  d'idées  précises  ;  or  vous  connais- 
sez la  loi  du  moindre  effort. 

11  nous  faudra  sans  doute"  vivre  avec 
notre  mal.  Pouvous-nous  en  moins  souf- 
frir ?  Peut-être.  Que  MM.  les  puristes 
veuillent  bien  décréter  que  lorsqu'on  part 
à  Paris  ou  en  Suisse,  le  participe  présent 
allant  est  sous-entendu,  élidé.  11  n'y  aura 
plus  solécisme, mais  ellipse  [egote  baptiso 
carpani)  ellipse  hardie  sans  doute  et  que 
Lon  ne  rencontre  pas  à  tous  les  tournants 
de  phrase  de  Bossuet,  Pascal  et  autres  sei- 
gneurs sans  importance,  mais  que  déjà 
nos  immortels  d'aujourd'hui  immortali- 
sent à  l'envi  et  que  je  crois  bien  avoir 
trouvée  (sauf  erreur)  dans  la  prose  fluide 
de  M.  Anatole  France.  Comment  dire 
alors  que  ce  n'est  pas  français  }  —  Hélas  ! 
le  sage  que  choque  la  réalité  nue  doit 
apprendre  parfois  à  la  cacher  sous  d'agréa- 
j  blés  draperies.  L'abbé  Jérôme  Coignard 
I  lui-même,  j'en  suis  sûr,  approuverait 
I  cette  maxime.  G.  de  Fontenay. 

I  Tant  qu'à  faire  (LIV,  616,  700).  — 
j  l'ai  souvent  entendu  dire,  et  par  des  gens 
j  se  piquant  de  bien  parler,  à  tant  faire.  Or 
cette  locution  me  parait  assez  correcte  et 
préférable  à  celles  de  :  tant  à  faire.,  ou 
tant  qu'à  faire.  Cette  dernière  est  très  usi- 
tée. Oroel. 

En  purette  (LIV,  504,  633,  704^.  — 
Ce  mot  existe  dans  toute  la  partie  wallon- 
ne de  la  Belgique,  avec  la  signification  de  : 

en  chemise.  E.  T, 

* 

♦  * 
C'est  probablement  une  transformation 

par  le  langage  familier  de  l'ancienne  ex- 
pression en  pur.,  ou  en  pure. 

Littré  :  anciennement.  En  pur  chef, 
tête  nue.  Entre  autres  exemples  à  l'histo- 
rique :  l'homme...  en  pur  le  corps,  c'est- 
à-dire  sans  manteau  (Lacurne)  ;  et  me 
mettrai  en  pur  ma  chemise  (Froissart). 

Godefroid  :  pur.,  nu,  simple.  Avec  le 
même  sens,  en  pur,  accompagné  d'un 
substantif:  en  pur   le  corps,  en  pur  ma 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


765 


50  Novembre  1906, 


cemise,  en  pure  la  coite.  Absolument,  en 
pure,  nu.  J.  Lt. 

Bougeotte  ou  tracassin  ?  (LIV, 
616).  —  De  ces  deux  mots  : 

Le  premier  désignerait  plutôt  un  état 
épidémique   :   picote,   cocotte,   bougeotte  ; 

Le  second  s'applique  à  merveille  à  l'in- 
dividu et  à  son  action  :  tracassin,  marcas- 
sin, fantassin,  matassin  ; 

Mais  pour  la  «  folie  de  l'espace  »,  l'ex- 
pression est  à  trouver  : 

Ne  ces  se  est 
Indiciis  monslrare  receniibus  abdita.  rerum. 

{Hor.  ad  Pis.,  48). 
Un  mot  avec  suffixe  en  ite,  qui  exprime 
ce  besoin  d'agitation  et  de  mouvement, 
cette  manie  ambulatoire,  si  favorable  de 
nos  jours,  à  la  vie  intérieure,  au  recueil- 
lement et  même  au  travail...  cinésilè  ai- 
gué  ?  alétite,  alaumonite  aiguë? bal/adite? 
aiguë  toujours  :  Le  mot  est  au  concours. 

Thhobald. 

Les  deux  mots,  selon  moi,  ne  sauraient 
être  synonymes,  l'unvient  du  verbe  bou- 
ger, l'autre  du  verbe  tracasser.  C'est  bien 
parce  que  l'honorable  officier  général 
commandant  la  ...  division  de  cavalerie 
à  avait  Vespnt  traca:isier  que  ses  su- 
bordonnés, il  y  a  15  à  16  ans,  ne  le  dé- 
signaient entre  eux  que  sous  le  nom  de 
tracassin. 

La  bicyclette,  ni  l'automobile  n'ont 
rien  de  commun  avec  ce  mot  expressif 
qui  ne  saurait  avoir  aucun  rapport  avec 
la  monomanie  actuelle  de  déplacement. 
Autant  vaudrait  y  rattacher  ladurujte  qui 
fut  quelque  peu  à  la  mode,  non  pas 
aux  temps  mérovingiens,  mais  aux  temps 
napoléoniens,  vers  1863-64. 

L.  DU  Crabe. 

.       ,        *  * 
je  ne  puis  repondre  de  façon  précise  à 

la  demande  de  votre  spirituel  collabora- 
teur Iskatel,  sur  le  point  de  savoir  d'où 
vient  et  qui  a  lancé  le  mot  tracassin,  vo- 
cable synonyme  de  bougeotte,  mais, 
comme  lui,  je  puis  justifier  de  la  priorité 
qu'il  invoque  en  faveur  de  tracassin  qu'il 
fait  remonter  à  trois  ans. 

Bien  avant  que  ce  terme  de  tracassin 
fût  compris  et  répandu  dans  le  vieux  fau- 
bourg Saint  Germain,  je  l'avais  entendu 
employer  ;  cela  date  de  15  ans,  je  faisais 
à  cette  époque  mon    service  militaire    à 


766 


la  ..;  division  de  cavalerie,  et  c'est  sous 
I  ce  nom^  qu'un  de  mes  officiers  supérieurs, 
I  aujourd'hui  général,  homme  de  très 
j  grande  distinction  et  de  valeur  militaire, 
1  désignait  dans   l'intimité  le  commandant 


de  la  division. 


Emile  V. 


Reprendre   du    poil  de  la  bête 

(LIV,  504,654).  —  Il  suffit  de  complé- 
ter la  phrase  pour  qu'elle  s'explique 
d'elle-même.  Abrégée,  on  en  cherche  le 
sens.  Un  ivrogne  dissipe  le  malaise  du 
matin  en  buvant  de  nouveau. D'où  le  dic- 
ton, alors  entier:  «  Reprendre  du  poil  du 
chien  qui  vous  a  mordu  »  D'autres  ap- 
plications sont  aisées,  mais  par  comparai- 
son seulement,  comme  pour  tous  prover- 
bes, adages  et  sentences.     Villefregon. 

♦  » 

Cette  expression  est  très  répandue  en 
Belgique,  non  pas  avec  la  signification 
que  lui  donne  le  confrère  Curiosus,  mais 
avec  celle  du  confrère  Leda  dans  le  nu- 
méro du  30  octobre. 

Les  ivrognes,  au  lendemain  d'une  orgie, 
se  remettent  à  boire  prétendant  que  le 
meilleur  moyen  de  se  guérir  de  cette 
affection  spéciale  qu'on  appelle  mal  aux 
cheveux  est  de  reprendre  du  poil  de  la 
bête  qui  vous  a  mordu.  E.  T. 

Tenir  tête  et  tenir  la  tête  (LIV,  504, 
703).  — Je  n'ai  jamais  entendu  employer 
l'expression  :  Tenir  tête  ou  tenir  la  tête  dans 
le  sens  de  tenir  compagnie,  mais  dans  les 
suivants  :  Tenir  tète,  discuter  avec  une 
personne  qui  n'est  pas  de  votre  avis,  ne 
pas  céder,  lui  tenir  tète,  —  et  tenir  la 
tête...  à  quelqu'un  qui  a  le  mal  de  mer? 

Mais  du  moment  que  Maurice  Donnay 
l'emploie  autrement,  il  doit  avoir  raison  ; 
ï Intermédiaire  est  trop  répandu  pour  que 
la  q'.:estion  n'arrive  pas  jusqu'à  lui,  cela 
nous  vaudra  peut-être  la  bonne  fortune 
de  quelque  réponse,  soit  ici,  soit  ailleurs, 
et  ce  sera  toujours  un  régal  pour  les  ama- 
teurs d'esprit.  J.  V.  P. 

Usuriers  de  Cahors  (LIV,  562. 704). 
—  Dans  ma  communication  :  seconde 
ligne,  lire  Caors  ;  dernière  ligne,  Hre  Io;i. 
Car  si.  B.  F. 


Signe  de  la  croix  avec  de  l'eau 

j  de  mer  (LIV,  282,  376,  431,  544,658.) 
!  —  Oui,  cette  coutume  existe  sur  toute  la 


N- 


1130. 


L'INTERMEDIAIRE 


767 


768 


côte  de  Normandie.  Baigneurs  et  pêcheurs 
n'entrent  jamais  dans  l'eau  de  mer  sans 
se  signer. 

La  raison  qu'on  donne  de  cet  usage  est  : 

i'  Que  la  mer  étant  un  immense  cime- 
tière, son  eau  est  respectable  ; 

2°  La  mer  étant  une  féconde  nourrice, 
il  faut  en  remercier  Dieu  ; 

3°  Quand  on  entre  dans  Teau  on  n'est 
pas  certain  d'en  ressortir,  et  il  faut  faire 
un  acte  de  foi . 

«  Camoëns  », drame  de  V.  Perrot 

(LIV,  672).  — Camoëns^  drame  en  5  actes, 
par  Victor  Perrot  et  Armand  du  Mesnil, 
représenté  sur  le  théâtre  de  l'Odéon,  le 
29  avril  1845,  avec  un  demi-succès  et 
imprimé  la  même  année  (Paris,  Beck, 
Tresse,  in-8  à  2  col.  de  34  p.). 

L.-H.  L. 

en  prose,  de  Victor 
Dumesnil,  fut  joué  à 
quelque  succès,  à  la 
les  premiers  jours  de 
mai  1845.  Les  deux  principaux  rôles  de 
cet  ouvrage  étaient  tenus  avec  talent  par 
Bignon,  qui  devait  prendre  bientôt  une 
place  si  importante  au  fameux  Théâtre- 
Historique  d'Alexandre  Dumas  ,  et  par 
Mlle  Fitz-James.  je  ne  sais  rien  de  l'écri- 
vain dramatique  qui  signait  Victor  Perrot. 
Quant  à  son  Camo'éns^  on  trouverait  vrai- 
semblablement tous  les  renseignements 
désirables  en  consultant  les  feuilletons  du 
temps.  Entre  autres,  Théophile  Gautier  en 
rendit  compte  dans  la  Presse  du  5  mai 
1845.  A.  P. 


Camoëns,  drame 
Perrot  et  Armand 
rOdéon,  non  sans 
fin  d'avril  ou  dans 


♦  * 


M.  Nadar  a  bien  connu  Perrot  et  pour- 
rait se  le  rappeler  en  mettant  en  ordre 
ses  prodigieux  souvenirs. 

Contes  orientaux  jetés  au  feu  — 
Burton(LIV,  329,  643).—  L'histoire  du 
manuscritde  Burton  jetéaufeu,a  été  racon- 
tée dans  la  Revue  d'Edimbourg  d'octobre 
1893.  Lady  Burton  était  bien  catholique, 
en  effet  ;  mais,  quoiqu'elle  eût  aidé  son 
mari  à  préparer  la  traduction  des  Mille  et 
une  nuits,  qui  est  assez  scabreuse,  elle  n'y 
avait  point  trouvé  matière  à  s'effaroucher. 
Elle  se  préparait  donc  à  publier  \t  Jardin 
parfumé  du  Sheik  El-Ne/^aoni,  à  le  céder 
pour  3.000  guinées  à  un  éditeur  de  ses 
atnis,  lorsque  l'énormitédes  propositions 


qui  lui  furent  faites  par  un  autre  éditeur, 
assurant  1.500  souscripteurs  (les  Nuits 
n'avaient  été  tirées  intégralement  qu'à 
1,000  exemplaires  (1)  et  offrant  d'avance 
6.000  guinées,  lui  ouvrit  les  yeux.  Elle 
relut  le  manuscrit,  et  sans  hésiter,  déli- 
bérément le  jeta  au  feu,  sacrifiant  ainsi 
d'un  beau  geste  160.000  fr. 

La  Revue  d'Edimbourg  approuve  ce  sa- 
crifice. En  principe,  oui.  Cependant  mieux 
eût  valu,  ce  semble,  donner  le  manuscrit 
au  British  Muséum,  ouïe  tirer  à  quelques 
exemplaires  confiés  aux  seules  Bibliothè- 
ques publiques  de  première  importance. 
Burton,  qui  possédait  environ  vingt-cinq 
langues  orientales,  qui  avait  longtemps 
fait  la  police,  sous  toutes  sortes  de  dégui- 
sements sur  la  frontière  de  l'Inde,  pour 
le  compte  du  gouvernement  anglais,  con- 
naissait à  fond  l'intimité  des  mœurs  orien- 
rientaies.  On  sait  qu'en  Orient,  si  la  mai- 
son privée  est  hermétiquement  close  aux 
étrangers,  s'il  est  même  interdit  en  Perse 
de  demander  à  un  mari  des  nouvelles  de 
sa  femme,  cependant,  entre  gens  du  pays 
ou  crus  tels,  les  langues  marchent  ;  et  de 
bazar  en  bazar  circulent  les  propos  médi- 
sants, les  aventures  amusantes,  et  jus- 
qu'aux secrets  d'alcôves.  11  y  a,  dans  ces 
confidences  indiscrètes,  dans  les  racon- 
tars et  le  focklore  indigènes,  bien  des  dé- 
tails qui  souvent  expliquent  des  choses 
autrement  incompréhensibles.  Il  se  pour- 
rait que  tel  passage  d'un  Pèlerinage  en 
Terre-Sainte  et  en  Egypte  imprimé  récem- 
ment dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
Chartes,  s'expliquât  par  une  référence 
aux  notes  de  Burton  dans  les  Mille  et  une 
nuits  ;  de  même  que  tel  autre  passage 
d'un  article  nouvellement  paru  dans  la 
Revue  des  Deux-Mondes^  sur  les  esclaves 
chrétiens  d'Alger,  s'éclaircirail  peut-être 
par  un  renvoi  à  Brantôme. 

Je  dirai  de  plus  qu'étant,  pour  ma  part, 
hostile  au  divorce,  il  est  une  assertion  de 
Burton  qui  m'a  fait  comprendre  le  dan- 
ger de  vouloir  inconsidérément  l'étendre, 
soi-disant  au  profit  des  femmes,  dans  des 
conditions  qui  ne  tarderaient  pas  à  tour- 
ner contre  elles. 


(l)  Il  en  a  été  fait  depuis  lors  deux  édi- 
tions mitigées,  l'une  un  peu  plus  complète 
que  l'autre  ;  mais  la  réimpression'  totale  ne 
devra  jamais  être  autorisée  d'après  l'engage- 
ment pris  par  l'auteur. 


7% 


Ï)ÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


II  s'en  faut  de  beaucoup,  du  reste,  que 
toutes  les  notes  de  Burton,  ajoutées  au 
textQ  fussent  objecf louables  Un  grand  nom- 
bre pourrait  s'adjoindre  à  la  plus  inoffen- 
sive  des  traductions  ,  même  pour  les 
jeunes  gens  des  deux  sexes,  sansrien  per- 
dre de  leur  saveur.  Les  articles  de  la 
Revue  d'Edimbourg,  si  durs  pour  Burton, 
ont  été,  croyons-nous,  écrits  par  l'orien- 
taliste Stanley  Lane-Poole,  neveu  de 
Lane,  le  premier  traducteur  anglais  des 
Mille  et  une  nuits. 

On  trouvera  des  appréciations  plus 
justes  de  Burton  dans  les  critiques  et  cor- 
respondances à  son  sujet  que  le  Times  lit- 
téraire a  publiées  en   mars  dernier,  1906. 

Quant  d.u  Jardin  parfum':,  il  en  existait, 
dit-on,  des  traductions  manuscrites  ou 
lithographiées  qui  circulaient  parmi  nos 
jeunes  officiers  d'Algérie.  Peut  être  est-ce 
l'une  d'elles  qui  aura  servi  de  texte  à 
l'édition  Liseux,  que  je  ne  connais  point. 

Bbitannicus. 


Distique  à  attribuer  (LU  ;  LIV,642). 
—  Inveni  portum..  A  peu   près  à   moitié 
chemin    de    Menton  à  Vintimille,    sur  la 
terre   italienne,   à  6  kilomètres   de   cette 
dernière    ville,  à  la   pointe  de  la   Mortola 
(forme  dialectique  de  Mortel'.a-Myrte),  on 
traverse  une  propriété  qui  porte  le  même 
nom    et    qui    appartient    aujourd'hui    à 
M.    Hanbury.    Elle    comporte    plusieurs 
bâtiments.     La    maison    ancienne    date, 
dit-on,  de  4  à    "^oo  ans.   Elle  appartenait 
très  anciennement  à  la  famille  patricienne 
des  Lanteri  de  Vintimille  qui  l'a  vendue, 
au  xv"  siècle,  à  la  famille  Orengo.  A  l'en- 
trée principale  de  la  maison,  on  voit  une 
mosaïque  représentant  Marco  Polo  avec 
la   devise  :    Marcus   Polus    Fenetus    nat 
MCCLiy  ;  ob.  MCCCXXIV.  Sinae  pere- 
grinator  primus .  Au  dessus  et  sur  le  devant 
de  l'arc  du  portique  le  fameux  distique  : 
Inveni  portum   \    spes  et  foriuna  valete, 
S  ai  me  lusistis    |    ludite  nunc  altos. 

La  tradition  veut-elle  que  Marco  Polo 
ait  eu  une  résidence  d'agrément  à  la  Mor- 
tola et  le  distique  s"applique-t-il  au  pro- 
priétaire actuel  ou  à  Marco  Polo  ? 

M.  Hanbury,  qui  est  un  parfait  gentle- 
man, pourrait  éclaircir  ce  point. 

L.  Depal. 


20  Novembre  1909, 
770  _ 

La  législation  antique  et  an- 
cienne concernant  les  vignes  et 
leur  culture  (LIV,  668).  —  Consulter 
J.  Dujardin  :  Rccheichcs  rétrospectives  sur 
la  culture  de  la  Vigne  à  Pais.  Paris,  1902, 
in-8.  —  G.  Cartel  :  La  Vigne  et  le  Vin 
chéries  Rowai)is.  Paris,  C.  Naud,  100:5  : 
in-8.  B.i; 

* 

*  * 

Planchenault  (Nicolas)  :  Notice  histori- 
rtque  et  pratique  sur  la  culture  de  la  vigne, 
spécialement  en  Anjou. 

(Mémoires  Soc.  Acad.  Maine-et-Loire, 
année  i8ô6,  Tome  XIX,  p.  41.) 

0.  Beuve. 


Le  masque  mortuaire  de  Déran- 
ger et  Chintreuii  (LIV,  618).  —  Chin- 
treuil  avait  contracté  une  grosse  dette  de 
reconnaissance  envers  Béranger.  Le  poète 
avait  été  son  premier  amateur  ;  c'était  lui, 
qui,  le  premier,  plus  touché  par  l'infor- 
tune de  l'artiste  que  par  son  talent,  lui 
avait  payé  une  toile  soixante  francs. 
Usant  de  son  crédit,  il  l'avait  recommandé 
à  ses  amis  et  pas  un  instant,  jusqu'à  sa 
mort,  il  ne  lui  marchanda  la  précieuse 
ressource  de  ses  relations. 

Chintreuii  ne  l'oublia  point.  Un  coin 
de  son  atelier  fut  réservé  à  ce  cher  sou- 
venir. Il  y  disposa  un  masque  mortuaire 
de  Béranger,  un  plâtre  dont  l'original  est 
à  Carnavalet.  Il  le  légua  à  Jean  Desbrosses, 
son  ami  le  plus  intime,  qui  avait  connu 
les  relations  de  Chintreuii  avec  Béranger 
et  n'en  parlait  jamais  qu'avec  des  larmes. 
Desbrosses  avait  ce  masque  dans  son  ate- 
lier. Il  est  encore  au  milieu  des  toiles  de 
Chintreuii  et  des  toiles  de  Desbrosses 
dont  les  héritiers  feront  une  vente  quelque 
jour. 

Comme  on  le  voit,  il  ne  s'attache  à  ce 
plâtre,  que  la  valeur  d'un  touchant  sou- 
venir. 


Les  pigeons  voyageurs  du  siège 
de  Paris  (LIV,  618).  —D'après  le  Maré- 
chal Canrobert,  de  Germain  Bapst  (tome 
1)1),  ce  serait  au  colonel  Govone,  depuis 
général,  que  reviendrait  l'honneur  d'a- 
voir appliqué  à  la  guerre  ce  mode  de 
correspondance.  De  Visu. 


N" 


1136, 


L'INTERMEDIAIRE 


771 


772 


Encore  une  légende  qui  s'en  va. 
Le  pont  Notre-Dame  et  le  frère 
Jean  Jaconde  (LIV,  666).  —  M.  Va- 
chon  se  trompe  en  affirmant  que  Jehan  de 
Doyac  et  Colinet  de  la  Chesnaye  avaient 
été  nommés  «  superintendants  de  Tou- 
vraige  »  postérieurement  à  1502  ;  c'est 
en  effet  le  24  février  1500,  quatre  mois 
avant  l'apparition  du  nom  de  frère  Jehan 
Joyeulx  parmi  les  maçons  et  tailleurs  de 
pierre  chargés  de  la  construction,  que 
cette  commission  leur  est  délivrée.  A  par- 
tij  de  1501,  on  n'entend  plus  parler 
d'eux. 

Dès  le  7  novembre  1499,  le  Bureau  de 
la  Ville  s'était  assemblé  pour  délibérer 
sur  la  construction  du  pont,  et  le  4  no- 
vembre de  la  même  année,  Jehan  le  Conte, 
maistre  des  œuvres  de  maçonnerie  de 
Rouen,  et  Pierre  Tarizel,  maistre  des  œu- 
vres de  maçonnerie  d'Amiens,  présen- 
taient un  rapport  à  cet  effet.  Le  6  Juillet 
1500,  on  voit  Jehan  Joyeulx  figurer  pour 
la  première  fois  dans  les  délibérations  ;  il 
est  en  désaccord  avec  Didier  de  Félin  et 
«  autres  maistres  maçons  et  tailleurs  de 
pierre  »,  relativement  à  la  hauteur  des 
arches,  et  le  Bureau  de  la  Ville  leur  en- 
joint de  présenter  chacun  «  ung  pour- 
traict  »  du  pont.  L'accord  ne  s'établit  que 
le  20  juillet  1504. 

On  peut  donc  considérer  comme  les 
véritables  architectes  du  pont  Notre-Dame 
le  frère  Joconde  dit  Jehan  Joyeulx  et 
Jehan  de  Félin  qui  avait  été  commis- 
sionné,  comme  superintendant  du  pont  le 
1*""  octobre  1501,  en  remplacement  de 
son  père. 

Sauvai  se  trompe  en  supposant  que 
Jehan  de  Doyac  et  Jehan  Joyeulx  étaient 
s<  même  personne  »  puisque  tous  deux 
prennent  part  à  une  délibération  du  Bu- 
reau de  la  Ville,  le  11  juillet  1500. 

GOMBOUST. 


La  main  de  justice  (LIV,  614).  — 
Sans  répondre  directement  —  et  pour 
cause  —  à  la  question  posée,  je  signalerai 
l'ouvrage  suivant  que  je  tiens  à  la  dispo- 
sition de  M.  A.  B.  X  ,  s'il  le  désire  : 

Dissertations  sur  différents  sujets  de  F  his- 
toire de  France,par  Ni.Bullet... M. DCCLIX. 

A  la  page  107,  il  trouverait  uuq  Disser- 
tation (20  pages)  sur  la  main  de  justice. 

Efbey, 


t  * 


A.  B.  X.  remercie  Efbey  ;  on  vient  de 
lui  procurer  l'ouvrage. 

Il  y  est  en  effet  question  de  la  main  de 
justice,  d'une  manière  intéressante. 

Le  premier  roi  à  qui  l'on  voit  porter 
cette  marque  est  Hugues  Capet.  Quelle  a 
été  la  vue  de  ce  prince  en  établissant  cette 
nouvelle  marque  de  la  dignité  royale  ? 
Bullet  avoue  en  être  réduit  aux  conjec- 
tures. Est-ce  parce  que  les  rois,  à  leur 
sacre,  étendaient  la  main  sur  les  évan- 
giles ?  Certains  tableaux  montrent,  au- 
dessus  des  images  de  Charlemagne  et  de 
Charles  le  Chauve,  des  mains  ouvertes. 
Est-ce  parce  qu'il  est  dit,  dans  l'Ecriture, 
que  le  nom  de  Dieu  était  avec  le  patriar- 
che Joseph,  et  que  l'assistance  de  Dieu  est 
ainsi  exposée  par  sa  main  ? 

Le  sceptre  était  le  symbole  de  l'autorité 
et  de  la  justice  tout  ensemble.  Hugues 
Capet  trouva  à  propos  d'établir  un  sym- 
bole pour  la  justice, «une  verge  d'équité». 
A  côté  du  sceptre  se  dressa  désormais  la 
main  de  justice,  main  qui  inflige  les  châ- 
timents, distribue  les  dons,  arrête  les  mé- 
chants, soutient  les  faibles,  relève  les  op- 
primés.Et  cette  main  fut  d'ivoire  pour  ex- 
primer qu'elle  doit  être  nette  et  sans  venin. 

Les  reines  aussi  avaient  la  main  de  jus- 
tice ou  de  miséricorde. 

Explications  qui  ne  sont  que  des  hypo- 
thèses. Il  reste  encore  à  dire,  me  semble- 
t-il,  avec  A.  B.  X.  qui,  le  premier,  adopta 
la  main  de  justice,  fut-ce  bien  Hugues  Ca- 
pet .?  et  le  sens  qui  était  réellement  attaché 
à  ce'symbole  royal.  Y. 

fj  Le  Nègre  et  le  Maréchal  (LIV,  220, 
405,  549,  626,  686).  —  Est-ce  que  l'ex- 
plication ne  se  trouverait  pas  dans  l'argot 
des  Saint-Cyriens  ?  L'élève  le  mieux  noté, 
celui  qui  travaillait  le  plus  dur,  était, 
paraît-il,  qualifié  de  nègre.  Dès  lors,  le 
compliment  du  Maréchal  se  justifie  et  ne 
peut  en  rien  prêter  à  rire.  ].  Lt. 

Les  roues  de  Fortune  (LIV,  228, 
371,  432.480,  545'  601,657).  — Personne 
n'ignore  qae  l'allégorie  de  la  roue  est 
commune  aux  mythologies  du  paganisme 
et  à  la  littérature  chrétienne.  Si  Anacréon 
a  usé  de  cette  comparaison  : 

Tpoxoi  c/.pixa.iOi  yjp  oicf. 

(Od,  IV,  7-8;. 


DES  CHERCHEURS   ET  CURIEUX  20  Novembre  1906, 


77? 


774 


Tapôtre  saint  Jacques,  de  son  côté,  as- 
simile la  vie  de  l'homme  et  son  cours  à  la 
prompte  révolution  d'une  roue  qui  tourne 
sans  arrêt  sur  son  axe  (Voy.  Ep.  III,  6). 

Aussi  les  imagiers  et  peintres  du  moyen 
âge  en  ont-ils  fait  un  thème  iconographi- 
que, l'image  de  la  destinée  humaine  et  de 
ses  vicissitudes,  débuts  pleins  d'espoirs  et 
de  promesses,  ascension  progressive  vers 
un  instable  zénith,  suivie  bientôt  d'un 
inévitable  et  rapide  déclin.  C'est  ce  que 
figurent  de  petits  personnnges  suspendus 
au  pourtour  de  la  roue,  emportés  par  elle 
jusqu'au  point  le  plus  élevé  du  cercle  par 
un  mouvement  giratoire  qui  les  renverse 
ensuite  et  précipite  leur  inévitable  déca-  | 
dence  (Roses  de  Saint-Etienne  de  Beau- 
vais  et  de  la  cathédrale  d'Amiens  ;  minia- 
tures des  manuscrits,  Biblioth.  nat.,  ms 
6877,  biblioth.  d'Amiens,  ms  216  ;  fres- 
ques de  la  cathédrale  de  Rochester  et  de 
l'église  de  Sophalès). 

Dans  cette  dernière  représentation, 
nous  apprend  Didron,  deux  femmes,  l'une 
en  vêtements  blancs,  l'autre  complète- 
ment voilée  de  noir,  —  le  jour  et  la  nuit, 
l'heur  et  le  malheur  ,  —  halant  le  cor- 
dage qui  commande  la  roue  du  Destin, 
tour  à  tour  élèvent  et  précipitent  les  pau- 
vres humains. 

Qii'ont  à  voir  avec  tout  ce  symbolisme 
les  appareils  de  sonnerie  existant  ou  ayant 
existé  en  quelques  églises,  les  roues  à 
clochettes  [rota  cum  tintinnabiiJis  de  Du 
Gange)  ?  Elles  n'ont  jamais,  que  je  sache, 
été  appelées,  jusqu'alors,  du  nom  de 
«  roues  de  Fortune  ».  En  les  désignant, 
dans  renoncé  de  la  question  comme  dans 
les  réponses,  par  un  terme  qui  ne  leur 
convient  en  aucune  manière,  on  s'expose 
à  créer  une  confusion  des  plus  regretta- 
bles. F.  Bl. 


*  * 


Dans  son  explication  du  symbolisme 
de  la  roue,  M.  Pierre  dit  qu'elle  est  prise 
comme  l'image  de  la  vie  humaine  dans 
son  évolution.  L'église  de  Benouville,  can- 
ton de  Douvres  (Calvados)  renferme  une 
preuve  manifeste  de  cette  assertion.  Sur 
le  mur  septentrional  de  la  nef  on  a  re- 
trouvé, sous  une  épaisse  couche  de  badi- 
geon, des  restes  de  peintures  à  fresque 
qui  peuvent  remonter  au  xvi«  siècle.  Mal- 
gré leur  détérioration,  on  peut  ainsi  re- 
constituer   l'ensemble.    La    partie    supé- 


rieure du  mur  représente  le  dit  des   Trois 
morts  et  des  trois  vifs,  trois  tableaux. 

Au-dessous,  à  gauche,  on  voit  l'enfer. 
Des  démons  torturent  les  damnés.  A  re- 
marquer le  supplice  de  l'ivrogne.  Sus- 
pendu au  bout  d'une  corde  passée  dans 
une  poulie,  des  démons  le  plongent  dans 
un  puits  d'où  ils  le  retirent  pour  le  re- 
plonger ensuite. 

Sur  le  même  plan  est  représentée  une 
roue  à  6  rayons,  haute  d'environ  70  cen- 
timètres. C'est  la  roue  de  vie.  Au  bas  à 
droite,  se  trouve  un  tout  jeune  enfant  ; 
plus  haut,  on  voit  un  adolescent  ;  au 
sommet  se  tient  un  homme  dans  l'âge 
mûr  ;  en  redescendant  à  gauche,  c'est  un 
vieillard  qui  semble  retomber  dans  le 
vide.  Le  mauvais  état  de  la  fresque  empê- 
che d'en  distinguer  davantage.  A  droite 
de  cette  roue,  une  autre  fresque  repré- 
sente le  ciel.  Un  ange  tient  une  bande- 
roUe  avec  cette  inscription  :  «  Gloria  in 
excchis  Deo  ».  Au-dessous  de  lui  se 
trouve  un  groupe  d'élus,  le  martyr  avec 
le  glaive,  instrument  de  son  supplice,  le 
religieux  avec  le  froc  et  la  tonsure,  etc. 
Bref,  l'ensemble  représente  bien  l'image 
de  Va.  vie  considérée  au  point  de  vue  chré- 
tien, la  vie  avec  ses  différents  degrés 
symbolisés  par  la  roue,  et  son  exilns  bon 
ou  mauvais  symbolisés  par  le  ciel  et  l'en- 
fer. Frédéric  Alix. 


«  Mutualité  »  (LUI  ;  LIV,  358,541).— 
Personne,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  répondu 
catégoriquement  à  la  question  posée  dans 
le  numéro  du  10  septembre  1906,  par 
notre  collègue  P.  B. 

Un  ouvrage  contenant  le  pour  et  le 
coutie  de  la  mutualité  n'existe  pas.  Très 
complet  et  définissant  les  faits  et  gestes 
des  mutualistes  de  tous  rangs,  de  toutes 
capacités,  de  tous  genres  etc.,  etc.,  cette 
curieuse  publication  formerait  à  elle 
seule  un  véritable  bric-à-brac  littéraire. 
Cette  rétrospection,  au  demeurant,  facile 
à  établir  en  collectionnant  les  articles, 
les  discours,  les  progrc'.mmes  de  mutua- 
listes ou  de  soi-disants  mutualistes  relatés 
dans  d'innombrables  feuilles  de  petites 
localités  —  intéresserait  nos  contempo- 
rains. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  je  donne  volon- 
tiers communication  de  quatrains  trouvés 
dans  une  revue  médicale  de  province. 


N»  1130. 


L'INTERMEDIAIRE 


775 


SUR    LA    MUTUALITE    OFFICIELLE 
1 

Dans  cette  bonne  Mutualité, 
On  ne  sait  ce  que  l'intrigue  y  secrète  ; 
Beaucoup  s'y  trouvant  en  sécurité, 
Pour  peu  que  leur  naturel  s'y  prête. 

Il 
Pourquoi  ce  marchepied  est-il  dressé? 
Jadis,  on  faisait  le  bien  sans  tapage: 
Au  vrai    dévoûment   désintéressé, 
Cet  objet  tant  prôné  forme  un  barrage. 

m 

Mais,  aujourd'hui,  c'est  la  rivalité 
Qui  veut  accaparer  la  bienveillance, 
Avec  cette  particularité 

Q_u'elle  espère  avoir  une  récompense 

P.  c.  c. 

Les  éditeurs  (spécialistes  en  thèses) 
seraient  à  consulter.  Nombreux  sont,  en 
effet,  les  étudiants  ayant  subi  avec  succès 
des  examens  sur  les  questions  de  solida- 
rité et  de  prévoyance. 

Alexandre  Rey. 

Le  marquis  de   Carabas  (T.  G., 

167;  XL). — Le  marquis  de  Carabas  a  exis- 
té :  il  s'appelait  Robert. 

C'est  la  Vendée  historique  qui  nous  le 
révèle  et  qui  en  prend  pour  garants  : 
Célesîin  Port,  l'excellent  historien  ;  Gibert, 
secrétaire  de  Stofflet  ;  l'abbé  Deneau  ;  Ed- 
mond Biré. 

Ce  marquis  de  Carabas  n'est  pas  celui 
du  conte  de  Perrault  :  il  pourrait  être 
celui  de  la  chanson  de  Béranger. 

Tisserand  ou  cabaretier,  avant  les 
guerres  de  Vendée,  ensuite  petit  proprié- 
taire, affligé  d'une  certaine  vanité,  il  avait 
pris  lui-même  le  titre  de  marquis  de  Ca- 
rabas. 

Ce  fut  lui  qui  aida  à  porter  le  corps  de 
d'Elbée  à  la  région  occupée  par  Charette. 
Avec  Cathelineau,  il  organisa  la  petite 
guerre  et  fit  assez  peur  aux  républicains 
pour  que  l'adjudant  Savary  écrive  à  Can- 
claux  : 

Le  fameux  marquis  de  Carabas  rôde  dans 
les  environs  de  Baupréau  ;  j'écris  au  comman- 
dant de  ce  poste  pour  lui  recommander  de 
le  faire  rechercher,  afin  de  le  réduire  à  l'im- 
possibilité de  faire  du  mal. 

Après  la  grande  guerre,  domicilié  à  la 
Poitevinière,  il  y  vivait  dans  le  besoin. 
M.  Henri  Bougeois  relève  ses  états  de  ser- 
vice en  1814  : 

Robert  (dit  marquis  de  Carabas,  colonel, 
aide  de  camp,  propriétaire  à  la  Poitevinière, 
blessé). 


776     

Etats  de  service.  —  A  fait  toute  la  guerre 
de  la  Vendée,  en  qualité  d'aide  de  camp  des 
généraux  Stofflet  et  d'Autichamp,  s'est  tou- 
jours conduit  avec  bravoure  et  distinction. 

Demande.  —  Une  pension  dont  il  a  grand 
besoin. 

Observation.  —  Aide  de  camp  de  MM.  Stof- 
flet et  d'Autichamp  ;  a  très  bien  servi  dès 
le  commencement  ;  est  dans  le  besoin. 

Aux  Cent-jours,  il  courut  aux  armes.  Il 
devait  être  l'une  des  premières  victimes 
de  cette  dernière  et  éphémère  insurrec- 
tion ;  il  fut  tué  dès  le  début,  dans  une 
rencontre  avec  les  gendarmes,  près  de  la 
Poitevinière. 

Une  belle  fin  de  héros.  Chapeau  bas 
devant  le  marquis  de  Carabas  ! 


L'Anglais  qui  veut  voir  manger 
le  dompteur  (LIV,  674).  —  Peut-être 
sait-on  le  nom  de  cet  Anglais  aussi  patient 
que  féroce. 

Pierre-Amédée  Pichot  raconte  qu'un 
Anglais  suivait  le  dompteur  Martin  dans 
cette  cruelle  espérance.  Voyez  Mémoires 
d'un  dompteur .1  p.  158  : 

Il  y  eut  un  Anglais  qui,  lorsque  Martin 
était  à  Vienne,  assistait  régulièrement  à  toutes 
les  représentations  dans  l'espoir  de  voir 
manger  le  dompteur.  Cet  original,  devenu 
un  personnage  légendaire,  en  quête  d'émo- 
tions vives,  tit  preuve  d  une  véritable  téna- 
cité, car  Martin  l'avait  retrouvé  plus  tard  à 
Paris,  oij  il  s'installait  dans  une  loge  le  plus 
près  possible  de  la  scène  ;  un  domes- 
tique en  livrée  lui  apportait  les  journaux 
qu'il  lisait  attentivement  jusqu'au  moment 
où  Martin  entrait  dans  les  cages.  Alors  l'An- 
glais était  tout  yeux  et  tout  oreilles  :  il  sa- 
vourait les  rugissements,  escomptait  les  coups 
de  griffe  et  s'extasiait  derrière  sa  lorgnette, 
sur  la  longueur  des  crocs  des  terribles  fauves, 
attendant,  avec  un  beau  calme,  le  moment 
où  les  poignards  d'ivoire  s'enfonceront  dans 
la  chair  palpitante  de  leur  maître  terrassé. 

Ce  moment  n'arriva  jamais.  Martin 
devint  un  aimable  petit  vieillard,  qui 
mourut  fort  tranquillement  dans  son  lit. 

Y. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond 


lilV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois      30  Novembre  1906 


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DES 


CHERCHEURS 

Fondé 


en 


ET   CURIEUX 

1864 


'QUESTIONS     ET     RÉl'OXSES    LITTÉRAIRES.     UISTOUIQUES.    SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 

777      778    


//  nous  faut  répéter  à  nos  correspondants 
qu'il  est  nécessaire  qu'ils  signent  leurs  en- 
vois, ou  de  leurs  noms,  ou  d'un  pseudonyme 
déjà  adopté  par  eux,  ou  qu'ils  adoptent 
pour  la  première  fois  en  le  faisant  connaître. 
S  ils  emploient  des  initiales,  nous  les  prions , 
j)Our  éviter  toute  confusion,  d'adopter  des 
initiales  qui  ne  sont  pas  déjà  une  signa- 
turc  en  usage.  S'il  en  était  autrement  ils  en 
seraient  avisés. 

Nous  sommes  corttraintsà  chaque  instant, 
de  faire  suivre  des  réponses  directement  :  il 
est  donc  indispensable  que  nous  sachions  à 
qui  les  faire  tenir. 

Le  secret  des  pseudonymes  est  rigoureuse- 
ment gardé. 

Toute  lettre  anonyme  ou  signée  d'un 
pseudonyme  inconnu  sera  considérée  comme 
non  avenue. 


(âiîcôîioiiô 


L'empereur  Guillaume  est-il  en- 
tré dans  Paris  en  1871  ?  —  Ce  sont 
les  petits  problèmes  très  précis  dont  la 
solution  nous  regarde.  Aussi  ne  pouvons- 
nous  nous  désintéresser  de  celui  qui  a, 
un  instant,  retenu  ces  jours-ci,  l'attention 
des  journaux.  Guillaume  I'^'"  est-il  entré  à 
Paris,  après  la  reddition  en  1871  ? 

Si  quelque  chose  peut  donner  une  idée 
de  nos  infirmités  en  matière  d'histoire, 
c'est  qu'une  telle  question,  touchant  à 
un  fait  capital  de  l'histoire  du  monde,  un 
fait  d'ordre  matériel  et  public,  puisse  res- 
ter sans  réponse. 


Hohenlohe,  qui  commandait  l'artille- 
rie allemande,  dit  que  le  roi  est  entré, 
en  voiture,  ei  a  été  reconnu  par  les  pari- 
siens. La  plupart  des  contemporains,  au 
contraire,  non  sans  vraisemblance  sou- 
tiennent que  Guillaume  n'entra  pas  dans 
Paris. 

Quelle  est  la  vérité  ^  Y. 


Moïse  et  la  croyance  à  l'immor- 
talité de  l'âme.  —  Le  27  décembre 
1869,  M.  Jules  Oppert,  mort  récemment, 
membre  de  l'Institut,  orateur  du  grand 
Orient  de  France,  lors  d'une  fête  solsti- 
ciale  prononçait  un  discours  dans  lequel 
se  rencontrait  cette  opinion  ; 

Sans  le  troisième  paragraphe  du  pacte  so- 
cial de  la  franc-maçonnerie,  Moïse,  le  grand 
législateur,  initié  dans  les  mystères  d'Egypte, 
serait  exclu  des  nôtres  :  car  s'il  ne  l'a  jamais 
niée,  il  n'a  pas  affirmé  l'immortalité  de  l'âme. 
Le  judaïsme  moderne  admet  cette  croyance, 
antérieurement  de  plusieurs  siècles  à  l'ère 
chrétienne  ;  le  fondateur  de  la  religion  même 
n'en  a  pas  laissé  la  moindre  trace  dans  le  Pen- 
^ateuqiie. 

Traduisons  :  \<  Moïse  ne  croyait  pas  à 
l'immortalité  de  l'âme.  »  Cette  opinion 
m'apparaît  paradoxale  surtout  si  j'ai  le 
Pentateuque  sous  les  yeux.  Ne  le  saurais- 
je  point  lire  que  j'y  voii,  si  nombreuses, 
les  affirmations  de  la  croyance  en  cette 
immortalité  ? 

Je  ne  sais  si  l'opinion  de  M.  Oppert  a 
été  réfutée  quelque  part,  ou  approuvée, 
et  si  elle  a  donné  lieu  à  des  controverses. 

D^  L. 
LlV-45 


N- 


1 131. 


L'INTERMEDIAIRE 


— 779  

Vous  êtes  mon  lion...  —  Question 
posée  à  M.  Gustave  Simon,  qui  sait  tout 
de  Victor  Hugo,  et  poursuit  avec  tant  de 
talent  et  de  succès  l'édition  définitive  de 
ses  œuvres. 

Dans  Victor  Hugoracoulé,  il  y  a  au  se- 
cond volume  un  chapitre  consacré  à  Her- 
nani,  aux  répétitions,  aux  luttes  des  pre- 
mières représentations.  L'auteur  a  incor- 
poré à  son  texte  quelques  pages  des 
Mémoires  de  Dumas  père  (sans  du  reste 
inarquer  nettement  où  finit  la  citation). 
Dumas,  avec  beaucoup  de  brio  et  de  préci- 
sion, narre  les  péripéties  du  combat  qui 
s'engagea  entre  Mlle  Mars  et  Victor  Hugo 
au  sujet  du  fameux  vers  : 
Vous  êtes  mon  lion  superbe  et  ge'ne'reux. 

Mlle  Mars,  classique  de  tradition,  crai- 
gnait que  ce  vers  soulevât  des  tempêtes. 
Elle  voulait  être  autorisée  à  dire  : 
Vous  êtes  mon  seigneur  superbe  et  généreux 

Hugo  n'y  consentit  pas.  A  chaque  répé- 
tition, l'actrice  revenait  à  la  charge,  et 
chaque  fois  l'auteur  opposait  une  résis- 
tance invincible.  Mlle  Mars  dut  céder, 
mais  il  y  eut  dès  lors  un  froid  entre  elle 
et  Victor  Hugo, 

Yidor  Hugo  raconté,  écrit,  du  vivant  du 
poète,  dans  sa  famille,  sanctionne  le  récit 
«n  le  reproduisant. 

Or,  voici  ma  question  : 

Comment  cette  belle  histoire  se  conci- 
lie-telle  avec  le  fait  qu'au  moment  des 
répétitions  le  vers  sur  lequel  se  livraient 
ces  batailles  n'existait  pas  ?  11  ne  se  trouve 
pas  en  effet  dans  la  première  édition 
d'Hernani.  11  est  remplacé  (acte  111,  se.  5, 
p.  71)  par  celui-ci  (assez  semblable  à  ce- 
lui qu'aurait  proposé  Mlle  Mars)  : 
Vous  êles  monseigneur,  vaillant  et  généreux. 

La  troisième  édition  donne  également 
ce  vers,  avec  la  virgule  après  le  mot  5^/- 
gneur  (Toute  cette  scène  a  été  plus  tard 
remaniée  et  très  augmentée). 

11  va  de  soi  que  la  pièce  n'a  été  imprimée 
qu'après  la  représentation.  Le  même  li- 
vre [Victor  Hugo  raconté)  nous  fait  con- 
naître comment,  le  soir  de  la  première, 
l'éditeur  Mame  se  rendit  maître  du  ma- 
nuscrit en  le  payant  6.000  fr. 

H.  M. 

Lagrande  princesse  et  sespages. 

—  Sénac  de  Meilhan,    Considération   sur 
les  mœurs,  éd.  1787,  p.  227,  en  note,  parle 


780     

d'une  grande  princesse  qui  était  flattée 
des  désirs  qu'elle  inspirait  à  ses  pages 
et  leur  donnait  de  l'argent  pour  éteindre 
ailleurs  les  flammes  qu'elle  faisait  naître. 
A  quelle  princesse  Sénac  de  Meilhan. 
fait-il  allusion  ?  "  P.  B. 

Desfontalnes.  — Un  intermédiairiste 
possèderait-il  l'ouvrage  suivant  attribué 
à  Desfontaines  :  Le  Poète  chrétien  passant  du 
Parnasse  au  Calvaire,  qui  ne  se  trouve 
dans  aucune  des  grandes  bibliothèques 
publiques  de  Paris  .?  Si  oui,  pourrait-il  me 
dire  si  ce  volume  renferme  une  para- 
phase  en  vers  du  Mémento  homo  dont, 
voici  le  premier  vers  : 

Esclair  qui  ne  luis  qu'un  moment  ? 

Lach. 

Boissières  (Jean  de).  —  Jean  de 
Boissières,  à  la  suite  de  ses  Secondes  Œu- 
vres, a  publié  un  recueil  collectif  de  poé- 
sies intitulé  :  L'estrilîe  et  drogue  au  que- 
releux pédant,  ou  Régent  du  collège  de  Cler- 
mont  en  Auvergne  jadis  farceur  de  Reims, 
en  Champagne  avec  les  épigramines  de  tous 
les  poètes  françois  de  ce  temps  contre  luy. 
Sait-on  le  nom  de  ce  Régent  du  collège  de- 
Clermont  d'Auvergne  ?  Lach. 

Fechter.  —  Le  créateur  d'Armand 
Duval  dans  la  Dame  aux  Camélias.  (1852). 
Les  uns  le  font  naître  à  Londres,  le  23 
octobre  1823,  Vapcreau  le  fait  naître  à, 
Belleville,  le  23  octobre  1824.  Où  est  la 
vérité  ?  On  sait  que  cet  artiste  abandonna 
tout  à  coup  la  carrière  dramatique  fran- 
çaise pour  embrasser  la  même  profession 
en  Angleterre,  puis  en  Amérique,  c'est-à- 
dire  pour  jouer  en  anglais. 

A  ce  propos,  connaît-on  des  exemples- 
de  comédiens  français  ayant  joué  en  lan- 
gue étrangère  ?  Talma,  élevé  en  partie  en 
Angleterre,  savait  admirablement  l'an- 
glais, mais  je  n'ai  jamais  entendu  dire 
qu'il  se  soit  risqué  à  réciter  en  cette  lan- 
gue. MmeRistori  joua5^a/;7x,deLegouvé, 
en  français. 

On  cite,  de  nos  jours,  Mme  Lebargy, 
qui  joue  indifféremment  en  français,  en 
anglais  ou  en  allemand.  —  Frédéric 
Achard  avait  essayé  de  chanter  l'opéra- 
comique  en  anglais.  Je  ne  parle  pas  des 
chanteurs  qui  presque  tous  savent  chanter 
en  italien.  Parmi  les  acteurs  étrangers^ 
les   frères    Rosa,   de    Lisbonne,    donnent 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1Q06. 


781 


782 


parfaitement  la  réplique  en  français  à  nos 
artistes. 

Autre  chose,  toujours  à  propos  de 
Fechter  :  Qu'est-ce  que  l'édition  de  Sha- 
kespeare dont  il  s'est  occupé?  Dans  une 
lettre  de  lui,  en  notre  possession,  nous 
lisons  :  «  Mon  édition  de  Shakespeare  est 
déjà  épuisée  et  une  seconde  à  moitié  enle- 
vée. Mais,  grand  Dieu  !  quel  travail  in- 
cessant !  »>  Lettre  écrite  d'Angleterre,  sans 
date.  Que  sait-on  sur  ses  dernières  an- 
nées ?  (Mort  en  Amérique,  août  1879), 

H.  Lyon NET. 

Lettres   de  Lavater .    —  Lavater 

n'a-t-il  pas  eu  une  correspondance  mys- 
térieuse avec  «  la  comtesse  du  Nord  »  ? 
Cette  correspondance,  qui  a  dû  être  pu- 
bliée, à  Saint-Pétersbourg,  il  y  a  une  cin- 
quantaine d'années,  ne  roule-telle  point 
déjà  sur  une  doctrine  qui  ressemble  fort 
au  spiritisme  ?Je  la  vois  invoquée  en  té- 
moignage, dans  un  ouvrage  spécial,  mais 
sans  noms  précis,  sans  dates,  sans  réfé- 
rences. Y, 

Marthe  Le  Hayer.  —  Possède-t-on 
quelques  renseignements  sur  cette  mai- 
heureuse  jeune  fille  que  Corneille  Blesse- 
bois  a  mis  tant  d'acharnement  à  déshono- 
rer après  avoir  été  aimé  d'elle  ? 

Elle  appartenait  à  une  famille  très  con- 
nue en  Normandie  et  qui  compte  plu- 
sieurs personnages  célèbres,  entre  autres 
le  poète  Pierre  Le  Hayer,  Elle  a  dû  naî- 
tre à  Alençon  vers  1650.  A-t-on  fait  des 
recherches  dans  les  actes  baptistaires  ?  -\- 

Tourreil,  révélateur  de  la  loi  de 
Fusion.  —  Qu'est-ce  que  ce  Tourreil, 
mort  récemment,  si  je  ne  m'abuse: 
qu'est  devenue  sa  chapelle  ?  où  sont  ses 
disciples  ?  Se  réunissent  ils  encore  quel- 
que part  ?  A.  B.  X. 

Villiers  de  l'Isle  Adam.  —  Un  de 

mes  confrères  pourrait-il  me  dire  où  je 
trouverais  la  preuve  (si  elle  existe)  que 
acques  de  Villiers  le  Bel  de  la  Grange 
JNevelon  ou  Nyveloii,  est  le  père  de  Vil- 
liers de  risle  Adam, Grand  maître  de  l'Or- 
dre de  Malte  au  xv^  siècle  ?      Z.  Y.  X. 

Le  Moulin-Joli.  —  On  voudrait  sa- 
voir les  propriétaires  du  Moulin  Joli  avant 
y^aUlet   et    l'histoire  de  cette  résidence 


pendant  que  Watelet  en  a  été  propriétaire 
et  après  la  mort  de  Watelet. 

S.  Le  Lys. 

La  médaille  magique  de  Cathe- 
rine de  Médicis.  —  Prosper  Marchand 
l'a  décrite  en  quatre  pages  de  son  Dic- 
tionnaire (\n-{o\\o^  1758, t.  I,  p.  165-169)- 
Au  xvni*  siècle,  elle  appartenait  à  la  fa- 
mille de  Mesmes.  Où  se  trouve-t-elle  au- 
jourd'hui ? 

Comment  explique-t-on  ses  figures  et 
ses  mystérieuses  inscriptions  ?  -|- 

Almireou  Almyre  Gandonnière. 

—  A-t-on  des  renseignements  biographi- 
ques ou  autres  sur  ce  personnage,  qui  ré- 
digea, en  1846^  les  Archives  de  la  Banlieue^ 
journal  imprimé  à  Montmartre.  Il  collabo- 
rait la  même  année  avec  Berlioz,  au  livret 
de  la  Damnation  de  Faiist^  et  publiait,  en 
1848,  une  «  cantate  républicaine  »  le 
Tour  du  Monde.  Connaît-on  d'autres  ou- 
vrages de  Gandonnière  ?  Quand  est-il 
mort  .?  J.-G.  P. 

Armoiries  à  déterminer  :  à  la 
croix  d'or  potencéà.  —  Surun  in-12 
La  Religion ,  poème  par  M.  Racine , 
M.  DCG  LXllI,  donné  en  prix  par  le 
«  Coll.  Toi.  P.  P.  Doct.  Christ.),  dont  le 
fer  aux  attributs  de  la  passion  orne  un 
plat  ;  nous  avons  les  armoiries  :  de...  au 
chef  de /leurs  de  lis  sans  nombre  ;  à  la  croix 
d'orpotencée  et  encerclée  d'or  supportée  par 
un  agneau  de..,  accolée  de  deux  tours  de... 
une  couronne  de  comte  au  sommet  de 
l'écu  ;  pour  supports  des  branches  tleu- 
ries  et  des  palmes.  L.  Grégoire. 

A  enquerre.  —  Ces  mots  du  langage 
héraldique  s'appliquent  à  tout  ce  qui  est 
contraire  aux  règles  ordinaires  du  blason. 
Comme,  par  exemple,  un  métal  sur  un 
autre  métal,  etc.  Cela  est  assez  rare  et  je 
ne  crois  pas  que  les  armoiries  qui  sont 
dans  ce  cas  soient  obligées  de  contenir 
ces  deux  mots  pour  le  faire  remarquer  au 
spectateur. 

Cependant,  sur  un  ex-libris  au  nom  de 
François  Borelli,  dont  le  blason  est  paie  de 
sable  et  de  gueules,  à  la  bande  d'azur,  on 
lit  au-dessous,  dans  une  banderolle  «  à 
enquerre». 

Est-ce  l'habitude  ou  un  cas  exception- 
nel ?  CÉSAR  BlROTTEAU, 


No  1131 


L'INTERMÉDIAIRE 


783 


784 


«  Isabelle  grosse  par  vertu.  »   — 

Cette  parade  de  Fagan  que  M.  Maurice 
Tourneux  et  plusieurs  autres  critiques  re- 
gardent comme  le  chef-d'œuvre  du  genre, 
n'aurait  pas  été  imprimée,  dit  M. Tour- 
neux, dans  les  œuvres  de  son  auteur. 
Elle  figure  dans  mon  exemplaire  qui  est 
celui  de  Soleinne,  p.  339-408  dut.  IV. 
Le  texte  est  meilleur  que  celui  publié  par 
Corbie  dans  Is  Théâtre  des  Boulevards^ 
mais  il  n'est  pas  encore  complet.  Un  ma- 
nuscrit que  j'ai  entre  les  mains  donne 
trois  couplets  inédits  (et  pour  cause)  à  la 
suite  des  deux  que  l'on  connaît,  en  fin  de 
parade. 

/5(3te//^manquait  évidemment  aux  exem- 
plaires que  M. Tourneux  a  étudiés  et  je  ne 
serais  pas  surpris  qu'elle  formât  un  carton 
secret  ajouté  à  quelques  tomes  IV  et  non 
protégé  par  le  privilège.  Qii'en  pensent 
les  lecteurs  de  Fagan,  s'il  en  est  parmi 
nos  abonnés?  Candide. 


«  Les  Sonnettes  ou  Mémoires  du 
marquis  D...  »  Noms  à  trouver,  — 

On  a  publié  à  Bruxelles,  chez  Gay  et 
Douce,  en  1881,  une  brochure  de  142  pp. 
intitulée  :  les  Sonnettes  ou  Mémoires  de  M. 
le  marquis  D. ..,  auxquels  on  a  joint  l'his- 
toire d'une  comédienne  qui  a  quitté  le  spec- 
tacle. Sur  Timprimé  à  Londres,  1781. 

Quel  est  le  marquis  ? 

Qiielle  est  la  comédienne?         H.  L. 


La  table  de  Métra.  —  M.  Charles 
Mehl,  un  vieil  érudit,  possédait  cette  ta- 
ble manuscrite  qu'il  avait  composée  lui- 
même.  A  sa  mort,  il  laissa  la  plus  grande 
partie  de  sa  bibliothèque  au  musée  Car- 
navalet ;  mais  ladite  table  ne  s'y  trouve 
pas  actuellement. 

Où  est-elle  ?  D'autre  part,  je  crois  que 
M.  Bertall  avait  entrepris  semblable  tra- 
vail, il  y  a  quelques  années,  pour  la  Na- 
tionale. Qu'en  est-il  advenu  1 

La  Résie. 


La  vie  est  une  tragédie  pour  ceux 
qui  sentent,  une  comédie  pour 
ceux  qui  pensent.  —  Est-ce  Sw^ift, 
est-ce  Horace  Walpole  qui  a  dit  cela  .? 
En  quelle  occasion  f  Dans  quel  ouvrage  ? 

BOOKWORM. 


Randouiller.  Emmarvoyer,  Touil- 
ler. —  Voici  quelques  mots  encore  em- 
ployés dans  la  Flandre  française,  et  dans 
les  provinces  belges  avoisinantes. 

Randouiller.  Chercher,  fouiller  dans  un 
tiroir  en  faisant  du  désordre. 

Emmarvoyer.  Tourmenter  quelqu'un,  le 
chicaner. 

Touiller.  Remuer  la  salade. 

Ces  mots,  assez  pittoresquement  signi- 
ficatifs, sont-ils  en  usage  dans  d'autres 
parties  de  la  France  et  avec  quelle  signifi- 
cation ?  E.  T. 


Quincampoix.  •—  Il  y  a  en  France 
et  en  Belgique  plusieurs  villages  qui  por- 
tent ce  nom.  Quelle  est  son  origine  ^  On 
a  assimilé  quincampoix  à  qui  qu'en  poise., 
qui  qu'en  grogne,  mais  le  nom  du  village 
de  Normandie  auquel  nous  faisons  allusion 
est  beaucoup  plus  ancien  que  l'expression 
qui  qu'en  grogné,  Roll. 

Les   ifs    près  des  églises.  —  Y 

avait-il  une  raison  quelconque  «  au  temps 
jadis  »  à  planter  des  ifs  près  des  églises  et 
des  chapelles  ?  du  H. 

Voir  T.  G.  440;  LI). 

La  seconde  vue.  —  Quelques  per- 
sonnes ont  la  faculté  de  percevoir,  dans 
certains  cas,  des  événements  qui  se  pas- 
sent en  dehors  de  leur  vue  normale. 

Ce  phénomène,  encore  inexplicable  avec 
les  théories  scientifiques  actuelles,  a  été 
observé  un  assez  grand  nombre  de  fois, 
dans  les  temps  modernes,  notamment 
chez  les  saints  et  les  somnambules,  pour 
qu'on  puisse  le  regarder  comme  certain. 
Il  me  semble  qu'on  en  a  peu  parlé  dans 
l'antiquité  et  je  serais  reconnaissant  aux 
confrères  qui  voudraient  bien  me  signaler 
les  cas  rapportés  par  les  historiens  grecs 
et  romains.  A.  de  Rochas. 

Une  mine  d'or  peu  commune.  — 

On  rne  signale  de  Besançon  le  fait  singu- 
lier que  voici. C'est  qu'à  T  usine  des  monteurs 
de  boîtes  de  montre,  quand  on  vide  la 
fosse  d'aisances,  on  porte  ce  que  vous  sa- 
vez à  la  forêt  et  on  le  brûle  pour  en  ex- 
traire 6.000  francs  d'or  environ,  prove- 
nant des  poussières  avalées  par  les  ou- 
vriers, faimerais  avoir  confirmation  du 
fait.  Et  connaît-on  des  faits  analogues  ? 

H.  DE  Varigny. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1906. 


78; 


785 


Eép0nôe0 


Le  général  La  Bédoyèrô.  Un 
projet  d'évasion  {Tilre  rectifié)  (LIV, 
500,  582,  676).  —  Il  serait  intéres- 
sant de  connaître  le  nom  de  la  dame  qui 
était  venue  voir  Mme  Charles  de  La  Bé- 
doyère  pour  lui  proposer  de  sauver  son 
mari  et  lui  soumettre  le  plan  et  les  condi- 
tions de  l'évasion. 

Madame  de  Souza  (en  premières  noces 
Mme  de  Flahaut), narre,  dans  deux  lettres 
adressées  à  Mme  Charles  de  la  Bé- 
doyère,  la  triste  position  de  Mme  de  La 
Valette.  (1) 

Le  récit  de  Georgette  Ducrest  (LIV, 
680J  sur  le  rôle  joué  par  Mme  de  La  Va- 
lette pour  sauver  le  général  de  la  Bé- 
doyère,  est  parfaitement  exact. 

Il  y  aurait  donc  eu  deux  projets  d'éva- 
sion :  l'un  proposé  par  cette  dame  encore 
inconnue  aujourd'hui  de  la  famille,  et 
l'autre  par  madame  de  La  Valette. 

Voici  les  principaux  passages  des  lettres 
de  Mme  de  Souza  à  Mme  Charles  de  La 
Bédoyère  : 

Mercredi  30  août  1815.  (2) 

Je  ne  puis  vous  exprimer  combien  votre 
lettre  m'a  touchée  et  les  larmes  que  j'ai  ver- 
sées sur  vous,  ma  très  chère  Madame,  et  sur 
le  sort  de  celui  que  je  n'oublierai  de  ma  vie, 
de  celui  dont  les  brillantes  qualités  et  la  jeu- 
nesse devaient  vous  promettre  un  avenir  si  sa- 
tisfaisant. 

Le  courage  de  celui  que  nous  pleurons 
pouvait  promettre  une  glorieuse  carrière. 

Mais  moi  qui  depuis  25  ans  connaît  tout 
ce  que  l'esprit  de  parti  a.  de  cruel,  je  n'ai  pas 
espéré  un  instant  pour  lui  dès  qu'il  a  été 
arrêté. 

Vous  le  savez,  je  n'ai  jamais  espéré. 

Je  suis  charmée  qu'il  ait  écrit  à  sa  mère. 
Qu'elle  doit  souffrir  !  Je  n'ai  pas  trouvé  le 
courage  de  lui  écrire  et  cependant  j'ai  été  bien 
occupée  d'elle. 

Madame  de  L.  V.  est  toujours  arrêtée  ;  on 
ne  veut  pas  lui  rendre  les  10  mille  francs  en 
or  qu'elle  portait  sur  elle  le  jour   où,  si  celui 

(i)  Mme  de  la  Valette  était  la  parente  de 
Mme  de  Souza,  elle  ét.Mt  née  La  Billarderie. 
Le  marquis  de  La  Valette,  ministre  sous 
l'Empereur  Napoléon    111, devait  être   son  fils. 

(2)  Cette  lettre  est  la  réponse  à  celle  de 
Mme  de  la  Bédoyère  que  l'on  trouve  dans  les 
Mémoires  de  Mlle  Cochelet,  vol.  III,  page 
336. 


que  nous   pleurons   avait   voulu  y  consentir, 
il  vivrait  encore. 

On  a  ôté  à  son  mari  sa  place,  mais  elle  ne 
regrette  pas  ce  qu'elle  a  fait. 

Avec  quelle  joie,  quel  orgueil  (m'a-t-elle 
écrit)  je  l'aurais  rendu  à  sa  femme  et  à  sa  fa- 
mille. 

Si  dans  quelque  temps.  Monsieur  votre 
frère  (1)  aîné  veut  parler  pour  qu'on  rende  à 
son  mari  sa  place  ou  une  équivalente,  je 
pense  que  cène  sera  que  justice  et  d'ailleurs 
une  bien  bonne  action  car  ils  ont  cinq  en- 
fans  et  aucune  fortuhe. 

Je  n'ai  point  encore  reçu  de  lettres  de  mon 
fils  (2).  Qu'il  sera  malheureux  ! 

C'est  seul  qu'il  apprendra  cette  perte 
affreuse  dont  son  cœur  saignera  toute  sa  vie. 

Ce  qui  doit  vous  donner  une  espèce  de  con- 
solation (s'il  en  peut  être),  c'est  l'intérêt  gé- 
néral que  votre  mari  a  inspiré.  Excepté  deux 
personnes,  deux  femmes,  tout  le  monde  en  a 
dit  du  bien,  tout  le  monde  a  pleuré  sur  lui  et 
sur  vous, mais  celles-là  sont  folles. 

Dans  le  moment  où  chacun  devrait  chercher 
à  rallier  tous  les  esprits,  tous  les  intérêts  au- 
tour du  Roi,  on  ne  s'occupe  qu'à  récriminer, 
à  aigrir  et  ce  sont  les  personnes  qui  se  disent 
les  plus  attachées  k  sa  cause  qui,  en  profes- 
sant des  haines  irréconciliables, éloignent  tous 
ceux  qui  voudraient  de  bonne  foi  servir  le 
Roi  et  n'être  que  Français. 

Adieu  encore  I  —  que  je  vous  plains  !  que 
je  sens  toutes  les  peines  qui  doivent  briser 
votre  pauvre  cœur.  Donnés-moi  quelquefois 
de  vos  nouvelles,  de  celles  de  ce  pauvre 
petit  enfant  qu'il  aimait  tant.  Permettes 
moi  de  vous  embrasser  et  de  vous  assurer 
que  personne  au  monde  n'a  plus  partagé 
tous  vos  sentiments  que  moi  —  avec  quelle 
profonde  douleur  je  l'ai  pleuré  —  Ah  [que 
je  souffre  et  que  j'ai  souffert  de  cet  hor- 
rible malheur,  etc. 

5  septembre  1815. 

Mme  de  L.  V.  est  toujours  en  pri- 
son —  elle  n'en  veut  point  sortir  qu'on  ne 
lui  rende  les  10.000  frs  en  or  qu'elle  avait  sur 
elle  lorsqu'on  l'a  arrêtée  dans  la  rue.  '4 

Les  avocats  disent  que  la  loi  est  formelle 
et  qu'on  doit  les  lui  rendre.  }<\.  le  Préfet  de 
Police  lui  a  proposé  de  vous  les  faire  payei 
puisque  c'était  pour  sauver  notre  pauvre 
ami  —  elle  s'y  est  refusée  absolument  et  a 
dit  que  jamais  elle  ne  réclamerait  de  vous 
une  somme  pour  une  chose  qui  n'avait  pas 
réussi  ;  et  vous  n'tn  entendrés  jamais  parler. 


Zéphirine  de  Damas, veuve  du  comte  de  Vo- 
gué. 

(2)  Comte  de  Flahaut.  MM.  de  Flahaut  et 
de  La  Bédoyère  étaient  tous  deux  aides-de- 
camp  de  l'Empereur  Napoléon  l"*. 


N«  1131. 


L'INTERMEDIAIRE 


787 


788 


J'admire  son  courage,  sa  résolution  que  je 
ne  suis  pas  à  même  de  diriger  ni  combattre 
puisque  je  suis  toujours  bien  malade  dans 
mon  lit. 

Permettez-moi  de  vous  embrasser,  de  vous 
assurer  du  plus  véritable  attachement  et 
d'embrasser  aussi  ce  pauvre  petit. 

Adèle. 

11  y  a  encore  une  preuve  de  l'existence 
d'un  projet  d'évasion  dans  la  lettre  de  Ma- 
dame Charles  de  La  Bédoyère  adressée, 
très  probablement,  à  Mme  de  La  Valette  : 

^6  h.  3/4 

Je  n'ai  pas  de  réponse,  Madame,  mais  je 
suis  horriblement  effrayée  de  ce  projet  et  je 
crois  mieux  d'y  renoncer  ;  nous  n'en  vien- 
drons pas  à  bout  et  ce  serait  peut-être  la  cause 
de  malheurs  incalculables.  D'ailleurs  il  a  été 
impossible  de  trouver  ma  belle-mère. 

Je  suis  la  plus  malheureuse  de  toutes  les 
créatures. 

Veuillez  recevoir,  Madame,  la  nouvelle 
assurance  de  toute  ma  sensibilité  et  de  ma 
reconnaissance. 

Ch.LaB. 

Note  inédite  du  comte  de  Chastellux 
écrite  le  25  janvier    1843  : 

Monsieur  de  Poret  racontait  l'autre  jour 
qu'en  1815  étant  alors  dans  l'Etat-major  au 
moment  de  l'arrestation  de  mon  oncle  de  La 
Bédoyère,  il  s'était  trouvé  chez  Madame  de 
Flahaut-Souza.  Elle  l'engagea  à  aller  sou- 
vent le  voir  à  l'Abbaye,  facilité  que  lui  don- 
nait son  grade. 

Il  retourna  chez  elle  pour  lui  donner  des 
nouvelles  d'une  visite  qu'il  lui  avait  faite. 

Elle  s'ouvrit  alors  à  lui  du  projet  qu'elle 
avait  formé  et  pour  l'accomplissement  duquel 
elle  comptait  sur  lui. 

Qiielques  amis  avaient  réuni  50.000  frs. 
(comme  l'on  pense  bien  une  grande  partie  de 
cette  somme  était  donnée  par  la  reine  Hor- 
tense)  ; 

Il  s'agissait  de  séduire  le  geôlier  et  de  pro- 
curer à  Charles  de  La  Bédoyère  les  moyens 
de  s'évader. 

En  même  temps,  elle  lui  remit  un  passe- 
port signé  parFouché, 

Monsieur  de  Poret  dont  le  dévouement  ne 
connaissait  aucun  obstacle  demanda  et  obtint 
la  permission  d'en  parler  au  duc  Charles  de 
Damas  pour  lequel  il  avait  une  i;rande  con- 
sidération. Celui-ci  l'y  encouragea  beaucoup 
et  lui  promit  son  appui  s'il  résultait  l'e  cette 
affaire  quelque  chose  de  désagréable  pour 
lui. 

Alorsil  n'hésita  pas  à  se  rendre  à  l'Abbaye. 

Madame  de  La  Valette  attendait  à  quelque 
distance  dans  une  voiture  de  poste. 

Mats  Monsieur  de  La  Bédoyère  refusa 
opiniâtrement. 


Le  geôlier  qui  écoutait  voyant  que  cett^ 
occasion  d'argent  lui  échappait,  voulut  s'en 
faire  une  autre  par  ses  dénonciations. 

Madame  de  La  Valette  fut  arrêtée  et  les 
8o.oo.>  frs  confisqués. 

Monsieur  de  Poret  eut  la  triste  consolation 
d'accompagner  Charles  de  La  Bédoyère  à  la 
plaine  de  Grenelle. 

M.  Decaze  apporta  à  Louis  XVIII  le  passe- 
port signé  par  Fouché. 

M.  de  Talleyrànd  qui  l'avait  procuré, 
l'avait  durement  refusé  à  mon  père,  mécon- 
naissant les  liens  du  sang. 

Peut-être  voulut-il  épargner  les  apparences 
et  se  réserver  de  travailler  en  sous-main.  Au 
moins  ne  lui  en  a-t-on  jamais  su  gré. 

Ces  documents  inédits  se  trouvent  dans 
les  papiers  de  la  famille  La  Bédoyère.  Ils 
jettent  un  peu  de  lumière  sur  cette  très 
réelle  tentative  d'évasion. 

Madame  de  La  Valette  a  certainement 
joué  le  rôle  principal  dans  cette  affaire  ; 
elle  a  dû  en  être  l'âme. 

Quant  à  la  dame  inconnue  de  madame 
de  La  Bédoyère  et  de  la  famille  de  Chas- 
tellux, on  ne  sait  encore  si  elle  faisait 
partie  du  complot  La  Valette  ou  si  elle 
agissait  pour  son  propre  compte. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  le  gé- 
néral de  la  Bédoyère  a  refusé  cnergique- 
mcnt  de  s'évader,  les  notes  inédites  qu'on 
vient  de  lire  le  prouvent.  Madame  de 
Souza  le  dit  formellement,  dans  sa  lettre 
du  30  août  181 5  et  M. de  Chastellux, dans 
sa  note  écrite  en  1843.  L.  B. 

Les  rapports  des  ambassadeurs 
Vénitiens  à  la  cour  de  France  (LIV, 
609,  683,  737).  —  Ces  rapports  ont  été 
aussi  publiés  en  italien  sous  le  titre  de  : 
Rela{ioni  degli  ambasciatori  veneli  al- 
senato^  raccolte^  annotate,  ed  édite  da  Eu- 
génie Alberi,  Ni  cola  Baioni  e  Gugliel- 
1110  Berchet,  Firenj^e,  Tipografia  alVinsegna 
deW  Olio  i8^ç-i8y8,  25  vol.  in-S". 

Cette  collection  est  ainsi  composée  : 
Pour  le  XVI*  siècle,  les  6  premiers  volu- 
mes sont  consacrés  à  l'Europe,  moins 
l'Italie.  Les  volumes  7  à  11,  à  l'Italie  ; 
12  à  14,  aux  Etats  Ottomans,  et  le  15*  en 
forme  l'Appendice. 

Pour  le  xvn"  siècle,  les  volumes  16-17 
comprennent  l'Espagne  ;  18  à  21  ,  la 
France  ;  22-23,  Roiie.  24,  l'Angleterre 
et  25  la  Turquie. 

Dans  le  1"^  volume  figurent  les  rela- 
tions des  ambassadeurs  avec  la  France, 
pendant  les  années    1535,  1538  et  1546. 


789 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30  Novembr»  190e. 


Dans  le  2*, les  années  1547,  1554  et  1558  ; 
et  dans  le  3' l'année  1561.  Le  4''  vol.  est 
consacré  en  entier  à  la  Fritnce  (année 
1492,  1542,  1551,  1562,  1569,  1572, 
1574,  1575,  1578,  1582  et  1600). 

Cette  collection  est  à  la  disposition  du 
public,  dans  la  salle  de  travail  du  dépar- 
tement des  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nation, lie.  Adrien  Ludolphe. 

Le  véritable  Charles  1"(L1V,  554, 
603).  —  Je  partage  l'avis  du  D''  Billard. 
Charles  l^'  était  loin  d'être  un  avorton. 
Mais,  d'autre  part,  les  peintres  de  por- 
traits sont  loin  d'être  des  Burrhus.  Ils  ne 
savent  que  trop  «  farder  la  vérité  ».  On  a 
pu  le  constater,  dans  le  salon  d'art  russe 
de  V Exposition  d' Automne^  pour  les  por- 
traits de  Paul  1",  qui  avait,  paraît-il,  le 
masque  d'une  tète  de  mort.  Doù  il  résulte 
que  les  effigies  des  personnages  illustres 
du  temps  passé  ne  sont  pas  toujours  les 
représentations  exactes  de  ces  mêmes  per- 
sonnages. Mais  les  épreuves  photogra- 
phiques qui  devraient  être  l'expression 
sincère  de  la  physionomie,  ne  sont-elles 
pas,  elles  aussi,  bien  souvent  maquillées  ^ 

Alpha. 

La  barbe  d'Henri  IV  et  la  mé- 
daille de  Mlle  Pluche  (LIV,  660,  681). 
—  Il  y  a  environ  quinze  ans,  j'ai  vu  entre 
les  mains  de  M.  Thierry  de  Ville-d'Avray, 
sous-intendant  militaire  à  Mâcon,  un 
masque  en  plâtre  du  roi  Henri  IV,  dans 
lequel  était  pris  un  poil  blanc  de  la  mous- 
tache. BiBL.  Mac. 

Louis  XVI  et  lafranc-noaçonne- 

rie  (LIV,  445,  507,  624,  71 1).— Je  trou- 
ve dans  les  mémoires  du  comte  de  Roche- 
chouart,  édités  chez  Plon-Nourrit  en  1889, 
page  200,  un  trait  analogue  à  celui  rap- 
pelé par  notre  collègue  \<  Quidonc  >>. 
C'est  une  nouvelle  preuve  de  ce  qu'était 
déjà  la  diffusion  de  la  franc-maçonnerie, 
au  commencement  du  siècle  dernier,  aussi 
bien  en  France  qu'en  Russie. 

Le  comte  de  Rochechouart,  aide  de 
camp  de  l'Empereur  Alexandre,  faisait 
alors  partie  de  l'état-major  du  comte  de 
Langeron,  qui  poursuivait  les  troupes  de 
Napoléon  sur  la  route  de  Vilna,  après  le 
désastreux  passage  de  la  Bérézina, 

Voici  ce  quil  raconte  : 


790 


En  traversant  cette  malheureuse  ville 
d'Oschmiana,  nous  vîmes  une  centaine  d'of- 
ficiers prisonniers  entassés  dans  la  geôle  de 
l'endroit,  derrière  les  fenêtres  garnies  de 
barres  de  fer;  ces  malheureux  étaient  en 
manchesdechemi^e,  ayant  été  dépouillés  par 
les  Cosaques  de  leurs  habits,  pantalons,  etc., 
ils  demandaient  à  manger  et  du  feu,  et  joi- 
gnaient de  grands  gestes  à  leurs  ciis  déchi- 
rants. Des  spectacles  aussi  tristes  se  renou- 
velaient à  chaque  pas  ;  je  fus  donc  bien  sur- 
pris de  voir  nos  camarades  s'approcher,  leur 
faire  distribuer  le  reste  de  nos  provisions  et 
quelques  vêtements,  puis  se  rendre  chez  le 
Starotz,  nom  slave  donné  au  maire  en  chef 
du  district.  Ils  exigèrent  qu'on  chauffât  le 
poêle  de  leur  prison  ;  enfin  ils  laissèrent  de 
l'argent  pour  qu'on  leur  achetât  des  vête- 
ments, du  pain  et  de  la  viande,  menaçant 
d'une  punition  sévère,  si  l'onn'avaitpas  égard 
à  leurs  ordres.  Je  demandai  à  Wlodeck  le 
motif  de  cet  intérêt  extraordinaire,  il  me 
répondit  ;  «Ce  sont  des  francs-maçons;  ils 
nous  ont  fait  le  signe  de  détresse;  étant 
francs-maçons  nous-mêmes,  nous  avons  dû 
secourir  nos  frères,  puisque  nous  le  pou- 
vions. » 

La  solidarité  entre  francs-maçons  est 
donc  bien  étroite,  puisqu'elle  leur  fait  un 
devoir  de  secourir  leurs  frères,  fussent-ils 
les  ennemis  de  leur  patrie. 

Va-t-elle,  cependant,  aussi  loin  que  la 
charité  chrétienne,  qui  oblige  tout  chré- 
tien non  seulement  à  aimer  et  à  secourir 
son  prochain^  mais  à  pardonner  encore  à 
son  ennemi  personnel^  à  l'assister  au 
besoin  ?  A.  B,  L. 

Les  gendarmes   de  la  garde  du 

roy  (LIV,  667).  —  Ce  fut  peu  de  temps 
après  l'avènement  de  Louis  XIll  que  la 
compagnie  des  gendarmes  créée  par 
Henri  IV,  en  qualité  de  compagnie  d'or- 
donnance pour  le  Dauphin,  fut  érigée  en 
compagnie  de  la  garde  du  roi.  Les  deux 
cents  hommes  d'armes  qui  constituaient 
cette  compagnie,  portaient  le  titre  d'écuyer, 
et  jouissaient  des  privilèges  de  commen- 
saux de  la  maison  du  roi.  L'uniforme 
était  de  drap  écarlate  chargé  d'agréments 
et  galons  d'or  sur  toutes  les  coutures, 
sans  mélange  d'argent.  En  17 15  on  y 
ajouta  des  parements  de  velours  noir, qui 
avaient  fait  partie  de  l'ancien  uniforme. 
L'histoire  détaillée  de  cette  compagnie  se 
trouve  dans  VHistoire  de  la  milice  fran- 
çaise du  P.  Daniel  (t.  II,  1.  X  chap.  11). 

E.  M. 


N"  1131. 


L'INTERMÉDIARE 


791 


792 


Louis  ^yil.  Sa  mort  au  Temple 
Poouments  nouveaux  (T.  G.,  534, 
XUXàUIl;LlV,  17,  62.  115,  569)  — 
11  faut  lire,  col.  569  :  A  objections  tou- 
jours les  mêmes,  les  arguments  «  tou- 
jours les  mêmes  »  etc. 

La  phrase  suivante  a  été  omise  par  mé- 

garde  : 

'^<  Si  l'autorité  de  la  «  chose  jugée  5»  est 
un  argument,  que  vient-on  encore  défen- 
dre Louis  XVI  contre  l'accusation  d'avoir 
été  le  tyran  et  l'assassin  de  son  peuple,  et 
Marie-Antoinette  d'avoir  été  une  Messa- 
line  '...  Précisément  des  hommes  de  la 
couleur  politique  de  M.  de  Reiset  et  du 
duc  de  Parme  ne  devraient  pas  utiliser 
Vipe  «  preuve  »  semblabje. 

J'ai  invité  les  adversaires  de  la  survie 
de  Louis  XVII  à  réi)(  ndre  au  cardinal  de 
La  Fare,  à  Mme  de  Gontaut,  à  Mgr  Tha- 
rin,au  général  comte  delà  Rochejaquelein, 
tousconvaincusdel'évasion  de  Louis  XVII. 
A  ces  royaUstes  fervents,  je  puis  ajouter 
les  Nicolaï  et  les  Cathelineau. 

Le  marquis  de  Nicolaï  répondit,  en 
1833,  au  secrétaire  de  Mgr  Tharin,  évê- 
que  de  Strasbourg  :  «  Monsieur  l'abbé,  la 
famille  royale  croit  aussi  fermement  que 
vous  et  moi  à  l'existence  de  Louis  XVII  ». 
N'oublions  pas  que  la  marquise  de  Nico- 
laï fut  gouvernante  de  la  sœur  du  comte 
de  Chambord. 

La  comtesse  de  Kerstrat,  petite-fille  de 
Cathelineau,  le  célèbre  chef  vendéen,  m'a 
dit  à  moi-même,  en  présence  d'une  amie 
commune,  la  comtesse  de  Courte,  née 
Riario  Sforza,  qu'elle  a  été  «  élevée  » 
dans  la  croyance  à  l'évasion  de  LouisXVII. 

La  réponse  du  marquis  de  Nicolaï  est 
nette  et  formelle.  De  tels  royalistes  au- 
raient-ils fait  de  tels  aveux  si  en  effet  la 
famille  royale  n'avait  pas  su  elle-même  à 
quoi  s'en  tenir  .'' 

Otto  Friedrichs. 

Pendant  l' occupation  française  à 

B»jrlin(1806)(LIV,  719).— Les  bonnes 
dispositions  des  Prussiens  pour  les  Fran- 
çais existaient  encore  en  181 2,  à  la  veille 
4e  la  campagne  de  Russie,  ou  du  moins 
les  Français  le  croyaient.  Je  le  vois  dans 
la  lettre  suivante,  trouvée  dans  les  pa- 
piers de  ma  famille,  qui  a  été  écrite  par  le 
maréchal  Ney  à  mon  arrière  arrière-grand- 
père,  M  Auguip.  Pour  coiriprendre  toute 
cette   lettre,    il    est    bon    de  savoir   que 


M.  Auguié  était  le  père  de  la  maréchale 
Ney,  de  Mme  Gamot  et  de  Mme  de  Broc; 
que  la  maréchale  portait  le  prénoin 
d'Eglé  ;  qu'elle  venait  d'accoucher  de  son 
quatrième  fils  : 

Berlin,  le  3  avril  1813. 

Je  5uis  bien  irnpatient,  rnon  cher  Auguié 
d'avoir  des  nouvelles  plus  rassurantes  sur  I4 
santé  de  ma  bonne  Eglé.  J'espérais  en  rece- 
voir à  Leipzig  avant  mon  départ,  maisje  vois 
que  je  ne  pourrai  en  espérer  qu'à  frankfurth 
sur  l'Oder,  où  je  vais  établir  mqn  quartier 
général  ;  nous  sommes  ici  au  rnilieu  des 
Prussiens  qui  paraissent  en  gépéral  bien  sa- 
tisfaits de  l'alliance,  tous  désirent  donner  des 
preuves  de  zèle  et  de  dévouement  pour  le 
service  de  l'Empereur  —  pour  cette  fois  je  les 
crois  sincères  et  en  vérité  ils  avaient  besoin 
d'un  aussi  grand  protecteur  que  l'Empereur, 
pour  les  retirer  un  peu  du  sable  où  ils  s'en- 
gravaient  chaque  jour  de  plus  en  plus. 

Adieu  mon  cher  Auguié mille  choses  à 

Gamot  et  à  sa  famille,  à  Mme  Debrocq  et  un 
souvenir  pour  mes  trois  grands  garçons,  j'es- 
père que  le  4*^  se  porte  bien. 

Ainsi,  d'après  cette  lettre,  au  début  de 
1812,  les  Prussiens  sont  dévoués  à  Napo- 
léon, et  ils  ont  bien  raison,  car  en  les 
battant  et  les  dominant,  Napoléon  leur  a 
rendu  le  plus  grand  service.         Harlé. 

L'idée  de  patrie  existait-elle 
avantlaRévolution(T.G.  385  ;  XXXV 
àXXXVlII;  XLIl;LIV,  116,233,290,347, 
455,  508,  565,734).  — Dans  VAdnuntia- 
tio  régis  qui  fait  partie  des  Capitula  Pis- 
iensia  (ordonnances  de  Pistes,  aujourd'hui 
Pitres,  au  confluent  de  l'Andelle  et  de 
l'Eure  avec  la  Seine),  au  mois  de  juillet 
869,  le  roi  Charles  le  Chauve,  voulant 
réchauffer  le  zèle  de  ses  sujets  contre  les 
Normands,  s'exprime  ainsi  :  «  Et  volmnus 
et  juhemus  omnes  ita  sint  paiatt^  ni,  si  no- 
bis  nécessitas  cvenerit^ad  defensionem  patriœ 
cçntia  paganos  aut  contra  alias  Dei  et  nos- 
tros  inimicos...  passint  venire;  »  c'est-à- 
dire  :  «  Et  nous  voulons  et  ordonnons 
que  tous  soient  préparés  de  telle  sorte 
qu'en  cas  de  nécessité  ils  puissent  concou- 
rir à  la  défense  de  la  patrie  contre  les 
païens  ou  contre  les  autres  ennemis  de 
Dieu  et  de  nous-mêmes.  »  Il  est  évident 
que  le  mot  patria  est  employé  ici  dans  le 
sens  que  noijs  Iqi  donnons  aujourd'hui  en 
français. 

Voir  '•  Monnuicnta  Germaniœ.Legei:  sec- 
tion II.  Capitiilaria  regwn  Frifiiconmi, 
tome  II,  page  337. 


H.  PEJlQyVMENl. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


793 


30    Novembre   1900 
794    — 


victoire   de   Nortlingen, 
Mme  de  JMotteville,  Mémoires.  XI,   dit 


Parlant  de    la 

me  de  JMottevi 

L'émotion  que  l'amour  de  la  patrie  inspire 

ms  les  cœurs   se  fait    toujours  sentir  en  de   | 

P.  B. 


da 

telles  occasions 


l'ai  remarqué  dernièrement,  au  musée 
de  Rouen,  un  superbe  cadre  Louis  XIV, 
doré,  ancien  et  encadrant  le  «  Tableau 
commémoratif  des  grands  gardes  de  la 
corporation  des  merciers-drapiers  de  la 
ville  de  Rouen,  provenant  de  l'ancienne 
salle  d'assemblée  de  cette  corporation  *>. 
Ce  tableau  contient  la  liste  des  dignitaires 
de   la  corporation  de  1 741  à  1789. 

Le  cadre  que  j'ai  tout  lieu  de  croire  de 
l'époque,  porte  à  son  fronton  cette  devise  : 
Nos  imiis  Patrice  consociavit  aiiior.  Il  sem- 
ble que  le  mot  patria  peut  s'appliquer  non 
à  la  ville  natale  (ce  qui  serait  exprimé 
autrement)  mais  à  la  France  elle-même, 
ce  qui  contribuerait  a  faire  résoudre  d'une 
façon  affirmative  la  question  posée. 

MmPFLEUR. 

La  France  et  ses  limites  natu- 
relles (LIV,  667).  --^  En  lisant  dans 
l'Echo  de  Paris  du  16  novembre  1906,  un 
article  de  M.  André  Mévil,  je  trouve  la 
phrase  suivante  : 

Un  historien  qui  s'appelait  Jules  César  a 
écrit  au  commencement  de  ses  Commen- 
taires cette  phrase  qu'on  ferait  bien  de  mé- 
diter en  Allemngne  «  La  Gaule  est  borriée  pgr 
le  Rhin  ». 

Tabac, 
* 

«  ^ 
Jules    César     avait     indiqué     le     Rhin 
comme  formant  la  limite  des  Gaules  vers  [ 
la  Germanie.  ! 


encore  cà  la   France,  et  qu'un  siècle  d'in- 
corporation l'aurait  francisé. 

Toutefois,  il  convient  de  considérer 
que  le  cours  d'un  fleuve  ne  saurait  cons- 
tituer proprement  une  frontière  naturelle, 
attendu  que  les  habitants  de  ses  deux 
rives  et  d'une  même  vallée  ont  toujours 
une  communauté  d'origine,  de  race  et  de 
langue. 

Si  le  massif  des  Alpes  sépare  les  natio- 
nalités italienne,  française  et  allemande  ; 
si  la  chaîne  des  Pyrénées  trace  une  limite 
si  nette  entre  Français  et  Espagnols,  je 
ne  vois  nulle  part  qu'un  fleuve  soit  une 
démarcation  ethnographique  entre  deux 
peuples.  Or,  il  est  incontestable  que  ja- 
dis comme  de  nos  jours,  la  rive  gauche 
du  Rhin  est  habitée  par  une  population 
autochtone  purement  allemande. 

Que  la  revendication  de  la  rive  gauche 
du  Rhin  puisse  paraître  légitime  à  notre 
patriotisme,  j'en  conviens,  surtout  après 
que  l'Allemagne  s'est  annexé  sans  scru- 
pule la  ville  et  le  pays  si  français  de 
Metz  ;  mais  on  peut  admettre  que  de  nos 
jours  cette  revendication  attardée  est  pé- 
ri niée  ;  car,  depuis  181 5,  elle  n'a  été 
qu'une  prétention  déclamatoire,  non  ap- 
puyée par  la  force  capable  de  la  réaliser . 

Léon  Sylvestre. 

Le  Nage  et  lo  Maréchal  (LIV,  220, 
405,  549,626,  686).  —M.  Alfred  Duquet 
a  tort  de  contester  le  mot  de  Mac- 
Mahon  :  «J'y  suis,  j'y  reste  ».  }l  a  bien 
été  prononcé  ;  cela  ressort  d'une  lettre 
demandée  par  M.  Germain  Rapst  à  lord 
Bidduph  chef  du  télégraphe  sous-marin 
au  quartier  de  Saint-Georges. 

C'est  à  lord  Bidduph  que  la  réponse  fut 
faite.  Il  avait  reçu  de  lord  Raglan,  l'auto- 


Depuis,  et  jusqu'aux  temps  des  guerres  \    risation  de  se  rendre  au  quartier  général. 


de  la  Révolution  et  de  l'Empire,  il  n'a 
piMS  été  question  de  cette  prétendue  fron- 
tière naturelle,  par  la  raison  que,  durant 
cette  longue  période  de  l'histoire,  il  exis- 
tait, interposé  entre  la  France  et  l'Alle- 
magne, un  Etat  considérable, le  royaume, 
plus  tard  le  duché  de  Lorraine,  Ce  ne  fut 
qu'après  l'absorption  de  l'Alsace  et  de  la 
Lorraine  qu'il  put  être  question,  pour  la 
France,  dé  la  frontière  naturelle  du  Rhin. 
H  est  vraisemblable  que  sans  l'ambi- 
tion démesurée  de  Napoléon,  la  rive  gau- 
che du  Rhin,  s'il  avait  voulu  s'en  conten- 
ter,   en  temps    opportun,  appartiendrait 


11  se  plaça  à  côté  de  Mac  Mahon  et  con- 
templa la  lutte.  Et  alors,  c'est  lord  Bid- 
duph qui  parle  : 

Quand  j'eus  contemplé  ce  spectacle  pen- 
dant quelque  temps,  je  m'approchai  du  gé- 
néral Mac  Mahon  et  je  lui  proposai,  après  lui 
avoir  fait  connaître  que  je  faisais  partie  du 
quartier  général,  de  me  fournir  l'occasion  de 
lui  être  utile,  en  allant  prévenir  le  général 
en  chef  anglais  de  sa  situation.  Le  général 
Mac-Mahon,  qui  était  demeuré  d'un  calme 
superbe,  répondit  à  ma  demande  que  tQljt 
allait  bi.-n.  «  Vous  pouvez  dire  au  général 
anglais,  ajouta  t-il,  que  fy  suis,  et  que  j'y 


reslc  * 


N° 


113] 


L'INTERMEDIAIRE 


795 


*  * 


Il  y  a  plusieurs  années,  un  journal,  dont 
je  ne  puis  me  rappeler  le  titre,  a  donné  cette 
explication  :  à  Saint  Cyr,  on  appelait  autre- 
fois lencgre  le  premier  desa  promotion,  par 
allusion  au  nègre  qui, avant  la  Révolution, 
était  timbalier  et  allait  à  cheval,  devant 
certains  régiments.  Je  pense  que  le  com- 
pliment du  maréchal  se  justifie  ;  les  jour- 
nalistes ont  fait  un  contre-sens  fort  singu- 
lier. A,  Lascombe. 

Un  incendie  violenta  Corbeil  en 

1775  (XLII).  —  L'auteur  de  cette  ques- 
tion pense  que  j'y  peux  répondre,  c'est 
possible,  mais  dans  une  faible  mesure, 
parce  que  les  archives  de  Corbeil  ne  con- 
tiennent que  fort  peu  de  choses  sur  cet 
événement.  Cette  réponse,  je  l'avais  pré- 
parée, puis  elle  s'est  trouvée  égarée  et  je 
viens  seulement  de  la  retrouver.  La  voici 
et  je  m'excuse  de  son  retard  : 

Dans  la  nuit  du  17  au  18  octobre  1775, 
le  feu  se  déclara  dins  la  maison  des 
frères  Leleu,  les  meuniers  des  moulins  de 
Corbeil,  qui  était  contiguë  aux  dits  mou- 
lins ;  maison  et  moulins  étaient  situés  à 
la  porte  de  Paris,  là  où  est  encore  aujour- 
d'hui une  partie  des  grands  moulins  de 
Corbeil.  Les  registres  municipaux  de  Cor- 
beil, où  je  puise  ces  quelques  détails,  ne 
parlent  de  ce  sinistre  que  pour  donner 
une  longue  liste  des  habitants  qui  se  sont 
dévoués  pour  couper  et  arrêter  l'incendie 
et  auxquels  des  gratifications  furent  ac- 
cordées par  la  ville,  gratifications  dont  le 
total  s'éleva  à  81  livres. 

Jean  Coq.uatrix. 

Le  Parc  des  Princes  (LIV;  611,740) 
—  Du  Journal  des  Débats,  20  nov.  1906  : 

Un  des  «  curieux  »  de  V Intermédiaire 
demande  à  être  renseigné  sur  le  Parc  des 
Princes.  Tentons  de  lui  donner  ici  satisfac- 
tion. Le  nom  ancien  était  Fonds  des  Princes 
ifundus,  domaine),  parce  que  Louis  XV  en 
Conit  fait  un  apanage  pour  les  princes  de 
avait,  qui  y  allaient  chasser  le  lapin .  C'é- 
tait à  l'extrémité  méi  dionale  du  bois  de 
Boulogne,  mais  dans  le  périmètre  de  sa  clô- 
ture, un  canton  broussailleux  plutôt  que 
boisé,  situé  à  gauche  du  grand  chemin  qui 
mène  d'Auteuil  à  Boulogne.  Quand,  après 
bien  des  variations,  l'Etat  eut  cédé  le  Bois  à 
la  ville  de  Paris  en  1852,  celle-ci  continua  à 
laisser  dans  l'isolement  le  Fonds  des  Princes 
sans  l'incorporer  aux  limites  de  la  nouvelle 
promenade.  La   partie    la    plus  voisine  des 


,      796     

fortifications  conserva  ses  maigres  taillis 
jusqu'à  ce  que,  en  1894,  on  l'ait  heureuse- 
ment transformée  pour  y  installer  le  fleuriste 
de  la  Ville  ;  le  reste  fut  loti  et  sillonné  de 
belles  voies  (boulevard  d'Auteuil,  avenue 
Victor-Hugo, rue  Gutenberg,etc.)  que  bordent 
maintenant  de  charmantes  propriétés,  en 
pleine  verdure.  L'opération  produisit  plus 
de  deux  millions.  Les  terrains  du  Fonds  des 
Princes  couvraient  une  superficie  totale  de 
416,456  mètres  Si  l'on  veut  se  rendre  compte 
du  tracé  que  suivait  de  ce  côté  la  clôture  de 
l'ancien  bois  de  Boulogne,  il  suffit  de  prendre 
l'axe  de  la  rue  Denfert-Rochereau,  de  la 
porte  de  Boulogne  à  la  rue  de  Paris,  et  l'axe 
de  cette  rue  jusqu'à  l'Avenue  de  la  Reine. 
Cette  dernière  section  de  la  rue  de  Paris  se 
nommait  alors  rue  de  la  Queue-du-Bois  et 
l'on  y  voit  encore  un  fragment,  le  seul  resté 
debout,  du  vieux  mur. 

Fernand  Bournon. 

Rabasteins,  histoire  racontée  par 
IVI.  Lenôtre  (LIV,  723).  —   Moi  aussi, 
j'ai  lu,  ^nï^ni,  le  Dernier  des  Rabasteins,  et 
même,  en  cherchant  bien,  je  le  retrouve- 
rais  peut-être  sur  quelque  rayon.    Mais, 
de  mémoire  et  sauf  erreur,  je  me  permet- 
trai une  légère  rectification  à  la  note  de 
notre  collègue  J.  W.  C'est  une  famille  de 
Pracomtad,  et  non   de  Praconital,  qui  fait 
l'objet  du  récit.  Je  n'ai  aucun  texte  sous 
les  yeux,  mais  on  connaît   la  persistance 
des  premières  impressions.  Le  Dernier  des 
Rabasteins  me  fut  conté  avant  même  que 
j'apprisse  à    lire;   les  Pracomtal  habitent 
dans  mon  voisinage,  et,  du  plus  loin  qu'il 
me  souvienne,  j'ai  été  frappé  par  l'analo- 
gie et   cependant   par   la  différence    des 
deux  noms.  Praconitad  est  de  fantaisie  ; 
Rabasteins  est  historique  ;  l'aventure  pour- 
rait bien    être    imaginaire.    Qu'importe  ? 
Elle  a  fait  la  terreur  et  les  délices  de  toute 
la  génération  des  jeunes  personnes  nées 
vers  183^.  C'est  quelque  chose,   —  et  ce 
sera  beaucoup  si   M.  Lenôtre   parvient  à 
lui  refaire  une  virginité.    (Je  veux   parler 
de  l'aventure).  G.  de  Fontenay. 


* 
*  ♦ 


J.  W.  a  parfaitement  raison  ;  l'anecdote 
tragique  que  m'attribuait  si  généreuse- 
ment Sparklett,  je  l'ai  lue,  il  y  a  bien  des 
annéeSjétant  enfant, dans  un  volume  qu'on 
m'avait  donné  en  prix.  Elle  m'est  restée 
dans  l'esprit  comme  une  chose  terrible- 
ment impressionnante  ;  j'avais  le  souve- 
nir très  net  que  ce  drame  avait  eu  pour 
théâtre  un  château  du  Midi,  et  je  n'ai  pas 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1906» 


797 


798 


été  peu  surpris,  en  l'entendant  conter,  il 
y  a  quelques  années, comme  s'étant  passé 
dans  un  château  du  Nord,  Sebourg,  Roi- 
sin  ou  l'Ermitage,  je  ne  sais. 

Je  me  joins  au  collabo  J .  W.  pour  expri- 
mer le  vœu  qu'un  intermédiairiste  du 
Midi  —  ou  du  Nord  —  dégage  ce  qu'il  y 
a  de  vrai  dans  l'aventure. 

G.  Lenotre. 


Familles  à  origine  illustre  très 
ancienne  (LUI  ;  LIV,  78,  123,  293,  408, 
463,521.628). —  M.Alfred  Duquet  informe 
qu'il  a  fait  le  voyage  d'Irlande  en  1871, 
en  compagnie  du  vicomte  O'Neill  de  Ty- 
rone.  À  cette  époque,  une  commission 
française  avait  été  nommée  pour  aller 
en  Irlande  remercier  les  irlandais  de  leur 
généreuse  et  sympatique  initiative  en 
faveur  de  la  Croix-Rouge  française,  lors 
de  la  guerre  franco-prussienne.  M.  O'Neill 
de  Tyrone  était  en  effet  le  représentant 
d'une  des  branches  de  cette  famille  prin- 
cière,  souveraine  en  Irlande  jusqu'au 
xvii^  siècle.  Il  représentait  toutefois  une 
branche  cadette.  Sa  famille  est  éteinte  au- 
jourd'hui dans  les  mâles,  et  l'on  peut  s'en 
rendre  compte  en  consultant  l'excellent 
Annuaire  de  la  Noblesse  de  France,  de 
M.  le  vicomte  Révérend,  publication 
qui  a  déjà  atteint  sa  64'  année,  et  qui 
contient  un  article  sur  cette  maison,  dans 
son  chapitre  sur  les  maisons  princières 
et  ducales  d'Europe.  On  peut  constater 
dans  ce  livre  ainsi  que 
annuaire  anglais  de  la 
Peerage)  que  cette  famille 
aujourd'hui  dans  la  ligne 


dans  le  grand 
Pairie  (Burke's 
est  représentée 
mâle  aînée  par 


les  O'Neill  du  Portugal.     J.  Sallatty, 

Adoption  :  la  question  du   nom 

(LIV,  164,  239,  350,  406,  464,  577).  - 
Colonne  578, au  lieu  de:  Le  marquis  Dalon 
obtint,  le  16  octobre  1867,  des  titres  paten- 
tés ;  lire:  des  lettres  patentes.        P.  M. 

Famille  d'Aoust  (LIV, 5 56,689,  741). 
—  En  1849,  on  rencontrait  assez  souvent, 
en  ville,  à  Arras,  un  vieillard  qu'il  était 
difficile  de  ne  pas  remarquer,  parce  qu'il 
portait  culotte  courte  et  catogan.  Il  était 
connu  sous  le  nom  de  marquis  d'Aoust. 
Si  mes  souvenirs  sont  exacts,  il  est  décédé 
à  Arras  et  son  acte  de  décès  pourrait 
fournir  quelques  renseignements  à  l'auteur 
de  la  question,  L.  Depal. 


Le  pi'ésident  Bochart  de  Saron 

(LIV,  668).  —  D'après  les  Notes  de  l'état- 
civil  de  Paris,  par  le  comte  de  Chastellux 
(p.  70)  il  eut  au  moins  trois  filles  (dont 
l'une  alliée  dans  la  famille  de  Menou),  et 
deux  enfants,  Tun  décédé  en  bas  âge, 
l'autre,  Auguste-Jean -Gaspard,  né  le 
6  avril  1776,  et  dont  j'ignore  le  sort. 

Magny  [Nobiliaire  de  Normandie,  II* 
partie,  p.  235)  dit  qu'il  était  père  du 
marquis  de  Champigny,  comparu  à  l'as- 
semblée de  la  noblesse  du  baillage  d'E- 
vreux,  en  1789.  Le  petit-fils  de  ce  der- 
nier, Jean  Bochard,  marquis  de  Champi- 
gny (au  château  de  Normanville,  par 
Evreux,  Eure),  épousa,  le  5  juin  1843, 
Louise-Victorine-Laure  de  Jaham  de  Cour- 
cilly,  dont  un  fils  unique,  Marie-Boniface- 
Michel-Victor-Thibault  Bochart,  comte 
de  Champigny,  lieutenant  de  mobiles,  né 
le  6  juin  1846,  mort  le  12  janvier  1871, 
au  château  de  Normanville,  à  cause  des 
blessures  qu'il  avait  reçues  dans  un  com- 
bat. (Voir  aussi  :  Etat  présent  de  la  No- 
blesse.   Bachelin-Defiorenne,     1884,    col. 

743) 

Si  le  marquis  de  Champigny,  convoque 

aux  assemblées  de    1789,  était  en  réalité 

issu    du    mariage  de  Bochart-Daguesseau 

(qui  datait  de  1762),  je  ne  crois  pas  qu'il 

faut  l'identifier  avec  Auguste-jean-Gaspard 

qui  n'avait  que  treize  ans  en    1789,  mais 

qu'il  s'agit  d'un  fils  né   dès  les  premières 

années  du  mariage. 

G.  P.  Le  Lieurd'Avost. 

Bâtons  des  maréchaux  de  Cas- 
tellane  et  Bosquet  (LIV,  503,  689).—- 
Le  bâton  du  maréchal  Bosquet  a  été  donné 
par  les  héritiers,  et  à  l'instigation  du  gé- 
néral Fa}',  au  musée  de  Pau  ;  celui  du 
maréchal  de  Castellane  est  au  comte  Bon 
de  Castellane. 

D'après  Germain  Bapst,  le  maréchal  de 
Castellane  avait  fait  faire  pour  lui  un 
petit  bâton  qu'il  a  légué  au  maréchal  Can- 
robert.  Madame  de  Navailles  possède  ce 
dernier  bâton.  Fo. 

Chassebras  de  Cramailles  (LIV, 
556,  743).  —  Chassebras  possédait  une 
riche  collection  de  curiosités  d'Italie  et  du 
Levant,  d'estampes,  de  monnaies  (etc.); 
il  était  propriétaire  d'un  immeuble,  rue 
du  Cimetière  Saint-André  ;  c'est  le  n<'  1 1 
actuel  de  la  rue  Suger. 


N'   H31 


L'INTERMÉDIAIRE 


799 


800 


(Voir  Henri    Vial   :   Monographie  de  la 
rue  Suger.) 

)^e  chevalier  de  la  Cressonnièra 

(LIV,  669).  —  M.  de  Pas  a  publié,  l'an 
dernier,  une  étude  sur  les  ex-libris  gravés 
par  Pierre  Merlot,  à  Saint- Orner  (17 13- 
1782).  Parmi  ceux-ci,  il  signale  celui  de 
]ean-Baptiste-Joseph  d'Amplernan,  dit  le 
chevalier  de  la  Cressonnière,  qui  habitait 
les  environs  d'Ardres  en  Calaisis. 

On  trouvera  la  reproduction  de  cet  ex- 
libris  dans  les  Archives  des  collectionneurs 
d ex-libris,  n°  11,  nov.  ipo^  avec  des  notes  1 
très  intéressantes  sur  le  personnage  en  * 
question.  S y 

*  * 
Il  a  existé   en  Normandie  une   famille 

Le  Sec  de  la  Cressonière.  Colin  Le  Sec, 
reconnu  noble,  en  1463,  par  Monfault, 
commissaire  du  roi  en  Normandie,  était 
fils  de  Robert  Le  Sec,  seigneur  de  la  Cres- 
sonière, etc.  Détails  empruntés  aux  Preu- 
ves pour  servir  à  Vhistoire  de  la  maison  de 
Touchet  (Normandie  et  Angleterre),  que 
je  viens  de  publier. 

Th.  Courtaux. 

Descendance   du    duc  de  Dant- 

zig  (LIV,  447,  579,  690).  —  C.  de  la 
Benotte  pourrait  peut-être  trouver  quel- 
ques renseignements  utiles  dans  le  Carnet 
de  là  Sahretache^  année  1901,  pages  $52 
et  Suivantes. 

Une  Sabretache. 

Le  marquis  Dalon  (LIV,  612).  — 
La  faniille  Dalort  (et  non  Dalou)d'origine 
bourgeoise,  anoblie  par  les  charges  parle- 
mentaires, s'est  répandue  en  Bordelais  et 
en  Béarri. 

Elle  compte  Un  pretnier  président 
(1703),  deux  avocats  généraux  et  trois 
conseillers  âu  parlement  de  Bordeaux  fet 
deux  premiers  présidents  au  parlement  de 
Navarre  : 

I.  Loys  Dalon,  procuieur  nu  parlement  de 
Bordeaux,  épousa  Isabeau  de  Redon  dont  : 
II.  Barthélémy  Dalon,  jurât  de  Bordeaux, 
marié  le  10  janvier  1617,  à  M.  de  Lavialie, 
dont  :  i»  Raimond  qui  suit  ;  2"  Jeah-Barthé- 
leni}',  marié,  le  as  juin  1672,  à  Adrienne  de 
Guillemotte. 

ÎIl .  Raimond  Dalon,  mort  le  23  avril  1 701 , 
avocat  général  au  parlement  de  Bordeaux,  le 
6  juin  1664,  et  premier  président  au  parle- 
ment de  Navarre  le  3  juin  1685,   épousa  Ca- 


therine du  Ribau,  dont  cinq  enfants  :  1°  Ro 
main  qui  suit  ;  2''  Raymond,  conseiller  au- 
parlement,  abbé  de  Saint-Pé  ;  50  Raymond- 
Barthélémy,  né  en  1676^  colonel,  et  deux 
filles. 

IV.  Romain  Dalon,  né -à  Bordeaux  le 
21  septembte  1664,  avocat  général  au  parle- 
ment de  Bordeaux,  le  8  octobre  1689,  pre- 
mier président  au  parlement  de  Navarre,  en 
remplacement  de  son  père,  le  22  juin  1701, 
et  premier  président  au  parlement  de  Bor- 
deaux le  10  juin  1703,  démissionnaire  en 
1713.  Marié  :  1°  le  31  juillet  1696,  àMarie- 
An'ne  du  Val  de  Tercis  ;  2"  le  24  juin  1701, 
à  jearitië-Mâdeleine  Choart  de  Banville, 
dont  au  moins:  1®  Raymond  qui  suit; 
2°  Jeanne-Madeleine,  mariée  à  François-Pau- 
lin de  Raymond  de  Lancre. 

V.  Raymond  Dalon,  chevalier,  dit  le  mar- 
quis Dalon,  comte,  de  Benauges,  conseiller 
au  parlement  de  Bordeaux,  épousa, le  ix  sep- 
tembre 1736,  Jacquette  du  Mirât,  dont  : 
1°  Romain,  qui  suit  ;  2°  N.  Dalon  ;  3'^  Made- 
leine-Emilie, rhariée  le  13  janvier  1763, K  Jo- 
seph du  Val  de  la  Graige. 

VI.  Romain^  marquis  Dalon,  conseiller  au 
parlement  en  1760,  épousa  Henriette-Fran- 
çoise de  Rolland,  dont  : 

VII.  Jacques-Joseph-Guillaume,  marquis 
Dalon,  maître  des  requêtes  au  Conseil  d'Etat, 
marié,  à  Paris,  le  4  septembre  1822,  à  Marie- 
Daly  de  Peyrdnnet,  morte  le  28  mai  1829, 
fille  du  ministre  de  Charles  X.  Il  était  préfet 
du  Cher  en  1825. 

Armes  :  d'or,  à  deux  cœurs  viiidés  et 
entrelaces  de  gueules^  anchcf  d''a{ur^  chargé 
de  deux  étoiles  d'or. 

Pierre  Mellër. 

Le  général  Diivigneau  (LUI  ;  LIV, 
127,  190,  297,  402,  691),  —  A  propos 
du  général  qui  fut  «  garde  du  coi-ps  »,  j'ai 
entendu  dire  dans  la  famille  Duvigneau 
habitant  actuellement  le  Périgord  (Cf. 
articles  précédents)  qu'il  était  de  tradition 
qu'un  de  leurs  parents  avait  été  garde  du 
corps. 

Je  dois  aussi  ajouter  un  nouveau  ren- 
seignement. Une  branche  de  la  famille 
avait  acquis  dans  la  juridiction  d'Aiguil- 
lori,  la  terre  noble  du  Verger  Plusieurs 
dé  ses  membres  furent  dans  l'armée. 

1°  Un  Duvigneau  reçut,  en  1728,  une 
Commission  de  lieutenant  dans  une  com- 
pagnie d'Invalides.  C'était  très  certaine- 
ment une  retraite. 

2°  Son  fils  fut  major  au  régiment  de  la 
Morliére,  puis  lieutenant  colonel  du  corps 
des  volontaires  de  HainautJl  était  cheva- 
lier dé  Saint-Louis. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


}0  Novembre  I9®Ô, 


801 


802 


3°  Son  fils,  Jean- François,  entra  à 
l'école  de  Mézières,  d'où  il  sortit ,  en 
1791,  ingénieur  militaire.  Retraité  en 
1810,  comme  chef  de  bataillon  ;  chevalier 
de  Saint-Louis  et  de  la  Légion  d'hon- 
neur, il  mourut  en  1812.  Il  était  de  tradi- 
tion dans  sa  famille  qu'il  était  lié  d'ami- 
tié avec  Carnot. 

La  terre  de  Galapian  devait  être  dans 
l'Agenais,  Le  3  avril  1721,  Pierre-Moïse 
Balguerie,  bourgeois  de  Bordeaux,  afferme 
à  messire  Claude  Pellot,  chevalier,  baron 
de  Galapian,  la  dite  terre  de  Galapian 
pour  la  somme  de  80D0  livres  (Minutes 
de  Barennes,  notaire  à  Agenj.  Il  n'y  a  donc 
pas  erreur  dans  l'acte  de  naissance. 

Baron  de  Pelleport. 


Projet  de  mariage  dô  Grambetta 

(L  ;  Ll).  —  Mme  Léonie  Léon,  morte  à 
Auteuil,  rue  Lafontaine,  a  été  enterrée  à 
Montpariiasse,  vendredi  16  novembre 
dernier.  Ses  obsèques  ont  été  aussi  dis- 
crètes que  sa  vie.  Elle  à  succombé  à  line 
opél-ation  pratiquée  par  le  docteur  Lanne- 
longue,  qui  avait  également  donné  ses 
soins  à  Gâmbetta  auxjardies.  Très  pieuse, 
elle  avait  appelé  à  son  chevet  le  Père  Jan- 
vier. 

D'après  M.  Joseph  Reinach,  Gambettâ 
avait  aperçu  pour  la  première  fois,  Mme 
Léonie  Léon,  dans  une  tribune  du  Corps 
Législatif,  en  1870  :  il  fut  frappé  par  sa 
beauté,  et  l'ah  d'après,  en  octobre  1871, 
étant  député  à  Versailles,  il  l'aperçut  à 
nouveau,  dans  une  tribune  et  lui  fit  tenir 
un  billet  auquel  elle  ne  répondit  pas. 
Mais  quelques  jours  après,  au  cours  d'une 
visite  chez  la  mère  d'uh  de  ses  amis,  il 
se  rencontra  avec  son  inconnue,  et  lui  fut 
présenté.  Une  liaison  allait  commencer, 
qui  ne  devait  finir  qu'à  la  mort  de  Gâm- 
betta. 

Le  projet  de  mariage  de  Gâmbetta  avec 
Mme  Léonie  Léon  est  avoué  aujourd'hui, 
par  les  amis  du  tribun. 

Dès  le  début  de  sa  liaison,  dit  encore 
M.  Reinach,  Gâmbetta  voulut  épouser 
Mme  Léon  :  il  lui  donna  presque  tout  de 
suite  une  bague  portant  cette  devise  : 
Hof<  cet  nnuél,  point  nest  cf amour,  mais 
Mme  Léonie  Léon  se  refusa  constamment 
à  accéder  à  ce  désir 

Cependant,  vers  1882,  elle  céda  à  ses 
instahces. 


Le  19  novembre  1882,  Gâmbetta  écri- 
vait à  Mme  Léon  : 

Ah  !  que  j'ai  d'impatience  d'en  finir  avec 
cette  vie  hachée,  dépensée  à  courir  l'un  après 
l'autre.  Il  faut  terminer  un  supplice  qui  est 
d'autant  plus  intolérable  que  nous  sommes 
seuls  maîtres  de  tie  pas  Ife  subir.  Je  me  con- 
sole en  songeant  que  nous  touchons  au  ter- 
me et  que  bientôt  nous  ne  nous  quitt«rons 
plus.  Je  t'embrasse  comme  je  t'aime,  à  l'iil- 
fini. 

Gâmbetta  blessé  à  la  main  et  à  l'avant- 
bras  par  la  balle  du  revolver  qu'il  maniait 
imprudemment,  dut  s'aliter.  Cette  bles- 
sure fut  la  cause  déterminante  de  la  ma- 
ladie intestinale  dont  il  mourut.  Mm» 
Léonie  Léon  resta  à  son  chevet.  Peu 
d'amis  l'y  purent  cependant  rencontrer  : 
elle  se  retirait  à  chaque  visite. 

Toutefois,  le  jour  de  la  mort,  elle  veilla 
le  corps  jusqu'à  deux  heures  du  matin.  A 
ce  moment,  on  annonça  Mme  Lèris,sœur 
de  Gâmbetta  :  elle  sortit  et  ne  revint 
plue. 

MM .  Scheurer-Ketsner,Guichard,  Ruyz, 
Etienne  et  Reinach  lui  constituèrent  la 
pension  dont  elle  vécut.  Elle  ne  resta  pas 
en  relation  avec  l'entourage  de  Gâmbetta  : 
ses  idées  religieuses  l'avaient  rapprochée 
du  monde  du  Vatican. 

Elle  avait  un  neveu  dont  elle  surveillait 
l'éducation. 

Le  jour  de  la  mort  de  Mme  Léonie  Léon, 
Mme  Léris-Gflmbetta  a  fait  publier  cet 
avis  : 

Mme  Léris-Gambetta,  sœur  et  unique  héri- 
tière de  Léon  Gâmbetta,  nous  prie  de  décla- 
rer que,  conformément  à  son  droit,  elle  a 
l'intention  formelle  de  s'opposer  à  toute,  pu- 
blication des  lettres  de  son  frère  qui  serait 
faite  sans  son  autorisation. 

Cette  note  est  une  précaution  prise 
contre  toute  publication  possible  des 
lettres  que  Mme  Léon  avait  reçues  de 
Gâmbetta  pendant  dix  ans,  de  187^  à 
1882.  Conme  ils  vivaient  chacun  de  son 
côté,  il  lui  écrivait  tous  les  jours,  même 
les  jours  où  ils  s'étaient  vus.  M.  Reinach 
dit  de  cette  correspondance  :  «<  Ce  sera 
un  des  monuments  politiques  et  littéraires 
les  plus  extraordinaires  du  xix«  siècle. 
Dans  ses  lettres,  Gâmbetta  s'exprime 
avec  une  franchise  absolue  sur  tous  les 
événements  et  sur  tous  ses  contempo- 
rains... C'est  toute  l'histoite  politique  de 
la  troisième  République,  de  1873  à  1882^ 


N»    1131, 


L'INTERMEDIAIRE 


803 


804 


et  une  partie  de  l'histoire  diplomatique  de 
l'Europe  à  la  même  époque.  » 

On  paraît  vouloir  faire  de  cette  corres- 
pondance une  édition  mitigée.  11  serait 
peut-être  mieux  de  n'en  rien  publier  du 
tout  momentanément  et  de  la  réserver 
pour  un  temps  où  elle  pourra  être  mise  à 
jour  en  toute  liberté. 

Que  n'irait-elle  rejoindre,  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  ces  correspondances 
intimes,  historiques  ,sur  lesquelles  les  hé- 
ritiers mettent  une  réserve  de  dix,  quinze 
ou  vingt  ans  ? 


« 

*    ¥ 


M.  Gaston  Calmette,  directeur  du  Fi- 
garo, a  reçu  la  lettre  suivante  du  com- 
mandant JouinotGambetta  à  propos  de  la 
mort  de  Mme  Léon  : 

Cahots,  20  novembre. 

Mon  cher  Calmette, 

Je  viens  de  lire  l'article  du  Figaro  Intitulé 
<(  l'Amie  de  Gambetta  ».  Permettez-moi 
d'avoir  recours  à  votre  coutumière  obligeance 
pour  m'aider  à  réparer  l'oubli  involontaire 
qu'il  contient. 

Avant  que  les  amis  de  Gambetta  se  réunis- 
sent pour  aider  Mme  Léonie  Léon,  Mme  Lé- 
ris-Gambetta  avait  prié,  dès  la  mort  de  son 
frère,  son  mari  d'offrir  à  celle  qui  restait 
sans  ressources  une  rente  viagère. 

Le  capital  seul  lui  fut  versé  par  les  soins 
de  M*  Huillier,  notre  notaire,  chargé  de  la  li- 
quidation de  la  succession  de  mon  oncle.  Je 
possède  le  reçu  de  cette  somme. 

J'ajoute  que  de  loin,  très  discrètement,  la 
famille  de  Gambetta  ne  manqua  jamais  de 
suivre  Mme  Léonie  Léon  dans  les  différentes 
étapes  de  la  vie  cachée  qu'elle  avait  désirée 
et  qu'elle  seule  s'était  faite. 

Avec   mes   sentiments  les  plus   cordiaux, 


agréez, 
ments. 


mon  cher  ami,  tous    mes   remercie- 


Commandant  Jouinot-Gambetta. 


De  Leusse  :  le  nom  et  la  terre 

(L1V,726).  —  Notre  confrère  devrait  de- 
mander à  Tun  des  nombreux  représen- 
tants de  cette  famille  ce  qu'il  désire  con- 
naître. 

ht^Tout  Paris  lui  donnera  le  nom  de 
ses  divers  représentants  :  il  n'aura  que 
l'embarras  du  choix. 

Un  rat  de  BlBLIOTHÈaUE. 

[Par  complaisance  pour  des  recher- 
ches personnelles,  nous  posons  sou- 
vent, en  généalogie,  des  questions  que 
nous  préférerions  éluder,  tant  leur  solu- 


tion nous  apparaît  là  où  on  omet  de  la 
chercher  tout  d'abord.  On  nous  dira  que 
rien  ne  nous  serait  plus  facile  que  d'orien- 
ter l'interrogation  sur  la  bonne  voie  ;  à  quoi 
nous  répondrons  que,  sauf  pour  les  tra- 
vaux présentant  un  caractère  nettement 
historique,  nous  nous  abstenons  de  toute 
immixtion  personnelle  dans  ces  recher- 
ches]. L' Intermédiaire. 


* 
»  * 


La  famille  de  Leusse  est  d'origine  ita- 
lienne, mais  établie  en  Dauphiné  de- 
puis la  fm  du  xin"  siècle  ou  le  com- 
mencement du  xiv®.  On  peut  consul- 
ter sur  sa  généalogie,  Lachenaye-Desbois, 
Dictionnaire  de  la  Noblesse,  t.  X,  p.  586, 
et  Ernest  Lehr,  Y  Alsace  noble,  t.  II,  p.  311. 
L'une  des  branches  de  la  famille  de  Leusse 
possède  depuis  près  d'un  demi  siècle  le 
château  de  Reichshofen,  en  Alsace,  par 
suite  du  mariage  du  comte  Paul  de  Leusse 
avec  Mlle  de  Bussierre  en  1856. 

Paul. 

Lenepveu  et  «  Jeanne  d'Arc  » 
(LIV,  728).  —  Je  puis  compléter  la  ré- 
ponse de  IVl.  A.  Pougin.  L'œuvre  de  Mes- 
sieurs Lenepveu  et  Allard  (deux  rouennais) 
a  été  écrite  à  la  demande  de  l'archevêque 
de  Rouen,  pour  l'anniversaire  du  supplice 
de  Jeanne  d'Arc  dans  cette  ville.  La  pre- 
mière audition  a  eu  lieu  le  i*"'  juin  1886, 
dans  la  cathédrale  de  Rouen,  avec  le  con- 
cours de  plus  de  six  cents  exécutants,  y 
compris  l'orchestredelOpéra. Depuis, d'au- 
tres auditions  en  ont  été  faites  à  Bordeaux, 
Caen,  le  Havre,  Douai  et  Dijon. 

C'est  sur  le  Grand  Théâtre  de  cette  der- 
nière ville  que,  le  mardi  9  février  1892, 
Jeanne  d'Arc  fut  représentée.  M.  Ch. 
Lenepveu  dirigeait  lui-même  l'orchestre. 

M.  M. 

Famille  de  Lorme  (LIV,  558,  694, 
749).  — y^aw  de  Lorme  tX  Jean-Baptiste  Del- 
lorme  sont  un  seul  et  même  personnage.  11 
ne  faut  pas  s'en  rapporter  à  l'orthographe 
de  ce  nom  de  famille  pour  les  différencier 
l'un  de  l'autre  :  elle  varie  d'un  acte  à 
l'autre.  J'ai  en  mains  copie  des  lettres  de 
noblesse  du  21  novembre  1778  dt  Jean- 
Baptiste  de  l'Horme  (sic),  fils  de  Joseph  de 
l'Horme  {sic),  et  aussi  l'extrait  des  Regis- 
tres du  Conseil  souverain  de  la  Martini- 
nique,  concernant  Tenregistrement,  le 
1^'  mars   1779,   des  lettres   de   noblesse 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


805 


30 

806 


Novembre  1906 


accordées  à  Jean  Delhorme  (sic)  le  2 1  no- 
vembre 1778.  Dans  les  actes  et  pièces  de 
famille,  Jean-Baptiste  de  l'Horme  est  fré- 
quemment appelé  simplement  Jean  de 
i'Horme.  Baron  A.    H. 

Mandrin  (T.  G.,  554;  LI;  LU;  LUI; 
LIV,  412,  635).  —  1°  Au  Congrès 
de  Chambéry,  en  1890,  communication 
de  M.  le  chanoine  Ducis  :  Les  Mandrin  en 
Savoie^  Chambéry,  in-8°. 

2°  Trois  cotes  aux  Archives  départe- 
mentales, à  Annecy  : 

E.  1008.  —  Exploits  d'une  bande  de 
Mandrins  à  Megève,  1760- 1762. 

E.  97.  — 

a)  L'avoyei-  de  Berne  au  sujet  de  la  bande 
de  Claude  Mandrin  ; 

b)  Vol  chez  M"  Rendu  notaire  par  la  bande 
des  î>Iandrins  -  cachet  en  cire  d'Anthoine 
Mandrin,   1759,  P'èce  i  et  2  ; 

c)  Signalement  de  Mandrin,  pièce  3  ; 

d)  Enquête  sur  le  vol   Burlot,  pièce  4. 

E.  443  —  Famille  Mandrin  d'Annecy, 
1551,  sq. 

3°  Dans  la  vallée  du  Guiers,  où  la  lé- 
gende de  Mandrin  est  restée  si  vivace,  les 
Archives  communales,  Minutaires,  Char- 
tiers  de  famille,  Secrétariats  des  sociétés 
savantes  pourraient  être  consultés  utile- 
ment, aux  Echelles,  aux  deux  Pont-de- 
Beauvoisin,  aux  Abrets,  à  Aoste,  à  Saint- 
Genix-sur-Guiers,  où  la  tour  dite  de 
Mandrin  se  profile  encore  à  l'horizon,  à 
Morestel,à  Saint-Jean  d'Avelanac,  au  châ- 
teau, à  la  paroisse,  etc.  —  de  visu,  de 
préférence. 

4°  Ensemble    l'histoire   et    la 
locales  : 

Louis  Mandrin,  par  l'abbé  Re'gley,  Cham- 
béry, Gorrin,  édit.,    I755,in-i2; 

Louis  Mandrin,  par  Joseph  Terrier  de  Clé- 
ron.  Besançon  (?)  i755,in-i2. 

La  Madrinade  ou  histoire  curieuse  et  re- 
marquable de  Louis  Mandrin,  àSaint-Geoirs, 
1735,  in-12  ; 

avec  la  bibliographie  générale  portée  à 
l'Inventaire  ou  au  Répertoire.        F.-D. 

Jeanne  viénestrier  (LUI  ,  LIV,  417, 
524,  750).  — Un  des  derniers  catalogues 
de  Mme  Charavay .  contenait  n»  261, 
une  lettre  autographe  de  Minette  (Marie 
Ménestrier.  dite)  Cette  lettre,  datée  du 
31  décembre  1821  ,  était  adressée  à 
M.  Deville.  Est  ce  par  erreur  que  l'actrice 
est  ici  appelée  Marie  ?  E.  Grave. 


légende 


Nous  pouvons  compléter  la  descen- 
dance de  la  spirituelle  actrice  du  Vaude- 
ville. 

Anna-Adèle  Moïana  s'appelait  Emma- 
Adèle.  Née  le  9  mai  1832,  elle  tut  dé- 
clarée fille  d'Emmanuel-Antoine,  âgé  de 
31  ans,  négociant,  rue  du  Mail,  n'>  32,  et 
adoptée  seulement  en  i8bi,  après, 
croyons-nous,  la  régularisation  du  ma- 
riage de  son  père  et  de  Adèle  Potier,  dé- 
cédée le  10  avril  1861. 

Adèle  Potier,  femme  Moïana,  née  le 
19  messidor  an  II,  (7  juillet  1794)  avait 
épousé —  10  janvier  181 3  — Siméon- 
Narcisse  Dandeville,  artiste  peintre,  dont 
au  moins  un  fils,  Edouard-Siméon-Nar- 
cisse,  né  le  27  mai  18 17  et  décédé  le  24 
décembre  1860. 

Emmanuel-Antoine  Moïana,  riche  négo- 
ciant en  diamants,  rue  Le  Peletier  n"  4, 
est  né  à  Champlain  (Seine-et-OiseJ  le  3 
prairial  an  7  —  22  mai  1799  —  de  Pascal 
Moïana,  vivant  de  son  revenu  en  la  com- 
mune, âgé  de  56  ans,  et  de  Anna  Lam- 
bert, 32  ans,  Emmanuel-Antoine  est  mort 
le  28  décembre  1876,  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur  depuis  le  27  juillet  1850. 

Margueritte  (Louis-Emmanuel-Frédé- 
ric) fils  de  Louis-Joseph  Frédéric  et  d'Em- 
ma-Adèle Moïana,  est  né  à  Paris,  le  8  oc- 
tobre i8s5.  Engagé  volontaire  le  27  sep- 
tembre 1874,  sous-lieutenant  au  5^  spahis 
le  16  mai  1881,  il  épousa  (18  avril  1883) 
Marie  Mocquart,  fille  de  Constant-Amédée, 
notaire  honoraire,  ancien  notaire  de  Na- 
poléon III,  et  de  Jeanne-Louise  Montagut. 
L'ancien  notaire  était  frère  de  Jean-Fran- 
çois-Constant Mocquart,  ancien  secrétaire 
particulier  de  Napoléon  III.  sénateur  de 
l'Empire  le  27  mai  1863. 

Démissionnaire  le  3  juin  1884,  Margue- 
ritte fut  nommé  officier  territorial  de  ca- 
valerie. Il  est  mort  le  19  juillet  1896, 
laissant  progéniture,  croyons-nous. 

Segro. 

Famille  de  Montmorency  (LIV, 
109,  192).  — J'ai  lu  dans  le  journal  la 
Vérité^dw  9  novembre,  que  M.  le  docteur 
des  Watines  venait  de  célébrer  ses  noces 
d"or  à  Passy. 

Monsieur  le  curé,  dans  le  discours  qu'il 
adressa  aux  vénérés  jubilaires,  salua  et 
reconnut  en  M.  des  Watines  «  un  vrai 
Montmorency,  descendant  direct  et  légi- 


N»  it)i. 


L'INTERMÉDIAIRE 


807 


808 


time,  à  la  neuvième  génération,   de  Louis 
de  Montmorency,  vivant  en  1462  ». 

M.  le  docteur  des  Watines  appartient- 
il  aux  Montmorency  d'Irlande  ?  ou  se 
rattache-t-il  à  un  rameau  français  peu 
connu  jusqu'ici  ?         Marquis  A.  B.  L. 

Descendance  de  Mademoiselle 
de  Nerciat  (LIV,  669).  —  J'ai  assisté 
aux  premiers  succès  artistiques  de  made- 
moiselle Eugénie  Froidure,  il  y  a  une 
quinzaine  d'années,  alors  que  j'étais  secré- 
taire général  de  la  Société  artistique  et 
littéraire  de  l'Ouest.  Depuis,  la  jeune  et 
sympathique  artisteestdevenue  Mme  Faux. 
Elle  signe  Faux-Froidi&e  des  œuvres  qui 
lui  ont  acquis  une  enviable  situation  parmi 
les  femmes-peintres  de   notre  époque. 

Si  je  ne  me  trompe,  M.  FaUx-Froidure 
est  originaire  du  Mans  et  habite  à  Paris, 
dans  le  17^  arrondissement.      H.  B.  D. 

Paris  de  la  Montagne  (LIV,  669, 
752). —  Claude  Paris  de  la  Montagne,  sei- 
gneur de  Treffonds,  Serpaize,  lUins,  Moi- 
rans,SurieUi  etc.,  secrétaire  du  roi,  tréso- 
rier général  de  l'armée  de  Flandre, receveur 
général  des  finances,  était  l'un  des  frères 
Paris,  les  célèbres  financiers  du  xvii^  siècle. 
Il  était  fils  de  Jean  PâHs,  dit  la  Masse, 
bourgeois  et  maire  perpétuel  de  Moirans, 
et  de  Justine  Trenonay  la  Montagne,  et  il 
était  né  le  7  août  1670.  Il  est  l'auteur  de 
la  famille  Paris  d'illins  qui  vient  de  s'é- 
teindre daris  les  familles  Gosset,  de  Gues- 
tiers,  et  le  Grand  de  Cloizeaux. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 

*  * 
Jean    Paris,   dit   La   Masse,    bourgeois, 

maire  et  hôtelier  de  Moirans  en  Dauphiné, 
à  l'enseigne  de  La  Montagne,  dont  le 
second  de  ses  fils  garda  le  nom,  épousa 
Justine  Trénoiliay  et  en  eut  les  quatre 
frères  Paris  qui  prirent  une  grande  part  à 
l'administration  des  finances  à  la  fin  du 
règne  de  Louis  XIV  et  sous  celui  de 
Louis  XV.  Le  second  de  ces  quatre  frères, 
Claude  Paris,  dit  Là  Montagne,  sieur  de 
Moirans  et  de  Treffonds  ou  Trois-Fon- 
taines,  trésorier  de  l'armée  de  Flandre,  né 
le  7  août  1670,  mort  vers  174^,  épousa, 
par  contrat  du  14  janvier  1708,  Marie- 
Elisabeth-Jemne  de  la  Rciche  dont  il  eut  : 
i"  Claude-Geoffroy  Paris,  mort  jeune  ; 
2^  Anne-Emilie-}ustine  Paris  de  la  Mon- 
tagne,   qui   épousa,   le    18    marâ    1734, 


Maxilnilién-Jean  de  Choiseul,  colonel  du 
régiment  de  son  nom,  marquis  de  Meuse, 
j'emprunte  ces  détails  à  une  généalogie 
manuscrite  de  la  famille  Paris,  que  j'ai 
dressée.  Th.  Courtaux. 

Un  marquis  delà  Pailleterie  (LIV, 
449.  526,  585,  638,  694,  791).  —  Je  fe- 
mercie  leâ  différents  coUaborateUrà  qiii 
ont  répondu  à  ma  question  au  sujet  du 
père  du  général  Dumas.  Le  collaborateut- 
qui  signe  E.  M.  pourrait-il  me  dire  où  se 
trouve  la  terre  de  la  Pailleterie  ?  A  titre  dé 
renseignements,  voici  les  noms  deS  mem- 
bres de  cette  famille  que  je  trouve  dans 
les  registres  paroissiaux  de  l'église  Sainte- 
Marie-Madeleine  de  Montargis  : 

1°  Marie-Anne-Charlotte-Achille  Davy  de 
la  Pailleterie,  femme  de  Louis-Léon-Eugène 
comte  de  Maulde,  marquis  de  la  Bussière, 
colonel  du  régiment  de  Forez,  citée  en  1768- 
1769,  d'où  ; 

a)  Charlotte-Eugénie-Félicité,  marraine  à 
J^Iontargis  le  13  juin  1769. 

b)  Marie  Tuffé,  femme  de  ***  Davy,  mar- 
quis de  la  Pailleterie,  assiste  à  un  mariage  à 
Montargis  le  20  juin  1768. 

3*  Louis-François-Thérèse  Davy,  chevalier 
de  la  Pailleterie,  chevalier  de  Saint  Louis, 
colonel  au  corps  roial  et  commandant  l'artil- 
lerie à  Dieppe  et  dépendances,  frère  de  la 
comtesse  de  Maulde,  parrain  de  son  neVeu 
Léon-Adélaide-Louis,  le  29  août  1769. 

C.  N. 

*  * 

Je  me  perds  tout  à  fait  dans  les  déposi- 
tions diverses  recueillies  par  V Intermédiaire 
sur  les  Dumas-Davy-de-la  Pailleterie. 

La  Normandie  aurait-elle  produit  une 
race  noire  ou  est-ce  ma  vétusté  qu'atteint 
la  berlue  quand  je  vois  encore,  chez  lui, 
(alors  rue  Bleue)  Alexandre  Dumas  le  père, 
me  montrant  un  grand  portrait  du  père, 
peint  en  pied,  costume  de  général  '—  et 
parfaitement  nègre,  comme  mon  grahd 
ami  était  mulâtre,  —  portrait  qu'il  mè 
pria  de  lui  photographier  et  dont  j'ai  là 
encore  une  épreuve  à  votre  disposition. 

N...R. 

Famille  de  Piles  (LIV,  66c().  —  Il 
y  a  eu  aussi  une  autre  famille  qui  a  pos- 
sédé une  seigneurie  du  norh  de  Piles, 
celle  de  Clettnont,  établie  dès  le  xv^  siècle 
à  Bergerac,  et  éteinte,  vers  la  fin  dll 
xvn«  siècle,  dans  la  famille  de  Durfort  de 
Boissières. 

Une  bf-anche  de   la  famille  de  Gironde, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30   Novembre  1909 


809 


810 


possédait  une  seigneurie  de  Pilles^  dont 
elle  portait  encore  le  nom  au  commence- 
ment du  xix"  siècle. 

A  ajouter  enfin  la  famille  à' Andrée  de  Re- 
noard  qui  a  porté  le  titre,  dès  le  commence- 
ment du  xviii'^  siècle,  de  baron  de  Pilles. 

Potier  de  Coure)'  {Contimuition  du  P. 
Anselme  \  Art.  Faudoas)  cite  Jacqueline  de 
Pilles  alliée  ,  vers  i  500  ,  avec  Arnaud 
Raffm,  seigneur  de  Péricard,  mais  il  n'en 
donne  pas  les  armoiries.  Peut-être  faut-il 
l'identifier  avec  Françoise  de  Sales  de  la 
Pile,  qui  épousa,  le  24  mai  1  502,  Armand 
de  Raffin  (Fleury-Vindry  :  Dictionnairede 
l'Etat  major  français  au  xvi*  siècle^  p.  277). 
G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 


* 


Ludovic  ou  Loîiis  de  Fortia  de  Piles.,  ba- 
ron de  Baumes  était  le  5"^*  enfant  de  Paul 
de  Fortia  (1559-1621),  lequel  était  chef  de 
la  branche  des  Fortia  de  Piles,  barons  de 
Baumes,  seigneurs  de  Piles,  d'Aubers  et 
de  Costechaude,  au  Comtat  Venaissin, 
puis  seigneurs  de  Sainte- Galle,  à  Carpen- 
tràs  et  à  Marseille.  11  fut  premier  capi- 
taine, commandant  un  bataillon  du  régi- 
mens  de  la  marine.  Après  plusieurs  cam- 
pagnes, il  quitta  le  service  de  terre  et 
passa  dans  celui  des  galères,  dont  il  com- 
manda une  escadre  au  siège  de  Roses.  Il 
se  trouva  parmi  les  volontaires  au  siège 
de  Pol"to-Longone,  où  ayant  repoussé  les 
ennemis  jusque  dans  leurs  retranche- 
ments,il  fut  emporté  d'un  coup  de  canon. 

La  généalogie  des  de  Fortia  se  trouve 
dans  Saint-Allais,  Nobiliaire  universel,  ix, 
273,  et  XVI,  1.  La  branche  rf<?  Piles  s'est 
éteinte  eh  la  personne  de  Gabrielle-Phi- 
lippine  de  Fortia  de  Piles,  morte  à  Mar- 
seille le  18  mai  1867, laquelle  ne  laissa  de 
son  mariage  avec  Jean- François  Folt:^, 
colonel  d'artillerie, que  deux  filles  mariées, 
l'une  à  M.  C/;a?;25/e/,  l'autre  au  général  C/;i7r- 
les  de  V  H  or  nie. 

Je  puis  donner  a  M.  le  comte  de  Va- 
raize  la  descendance  de  la  branche  de  Piles 
depuis  Alphonse-Toussaint  de  Fortia  de 
Piles^  gouverneur  de  Marseille,  dernier 
de  ce  nom  cité  par  Saint-Allais. 

Saint-Allais  ne  mentionne  pas  Roger  de 
Piles,  Baron  A.  H. 


s^Q 


comte  J  àr-Renatid  C-tU 
Fubbi  (LIV,  725).  —  On  peut  facile- 
ment trouver  des  documents  sur  le  conite 
G.  R.  Carli  Rubbi. 


I»  Dans  la  Biographie  universelle.,  par 
Michaud,  tome  6,  p.  683,  2*  col. 

Il"  Dans  la  Nouvelle  Biographie  Géiié- 
rale.,  publiée  par  Firmin  Didot,  frères, 
sous  la  direction  du  D''  Hoefert  en  1855, 
tome  8,  page  742, 

111°  Dans  le  Dictionnaire  de  V Economie 
politique  de  Ch.  Coquelin  et  Guillaumin, 
tome  P'",  p.  289  (édité  en  1873). 

IV°  Dans  Y Flogio  storico  di  Gian-Rinal- 
do  Carli  par  Rossi. 

Vo  dans    la  Biografia     degli  Italiani 
illustri  par  Tipaldo 

On  trouve  aussi  quelques  renseigne- 
ments sur  ce  grand  économiste  dans 
Adi'lung.,  supplément  àjocher,  AUgem, 
Gelehrsen  Lexicon  et  Sax  Anomasti- 
con  VII.  A.  Chèsnièr  du  CheSne. 

Famille  de  Tascher  (LUI  ;  LIV,  86, 
196).  —  Extraits  des  registres  de  la  pa- 
roisse d'Avezé  (Sarthe)  : 

1732,  21  juin.  —  i^Iariage  d'Adrien-Nico- 
las du  Bosc,  chevalier,  sieur  d'Epinay,  fils 
de  Claude  du  Bosc,  sieur  d'Epinay,  Marchain- 
ville  et  autres  lieux,  et  de  dame  Jeanne  de  la 
Vove,  avec  demoiselle  Louise  Cornélie  de 
Tascher,  fille  de  feu  Samuel  de  Tascher,  che- 
valier, sieur  de  Pouvray,  et  de  dame  Suzanne 
de  Cosne. 

1753,  27  juillet.  —  Mariage  de  Pieire- 
François-Alexandre  de  Tascher,  chevalier, 
sieur  de  la  Salle  et  autres  lieux,  lieutenant 
des  maréchaux  de  France  et  juge  du  point 
d'honneur  au  pays  chartrain,  avec  demoiselle 
Marie-Henriette-Philiberte  de  Turin,  fille  de 
Cyprien  de  Turin,  marquis  de  Ceton,  sei- 
gneur de  Glée,  et  de  Marie-Charlotte  de 
Bonvoust. 

1754,  17  août.  —  Baptême  de  Louis- 
François-Philibert  de  Tascher,  fils  des  précé- 
dents. 

1782,  9  juillet.  —  Inhumation  de  Louis  de 
Tascher,  ancien  curé  à  Avezé,  né  au  château 
de  Pouvray,  en  1699. 

Pierre  Thuin,  évêque  conçtitu- 

tionuBel(LIV,  670).  — Voir  sur  lui  :  1° 
Chronique  des  èvêques  de  MeâuX,  par  Mgr 
Allou, évêque  de  Meaux,Meaux,  1876, in-8, 
p.  140-144  .  2°  Pierre  Thuin,  évcque  cons- 
titutionnel de  Seine-et -Mante  par  Th. 
Lhuillier,  dans  là  reviie  La  Révolution 
fra-rtçaise,  numétos  de  septembre  et  octo- 
bre 1885.  Il  y  en  a  un  tirage  à  part. 
Paris,  Charavay  frères,  1885,  in-8°,  39  p. 

G.  O.  B. 
Même  réponse  :  P.  de  M.,  F,  H. 


N» 


113'. 


L'INTERMEDIAIRE 


811 


812 


* 


Monsieur  le  chanoine  Pisani,  docteur 
ès-lettres,  docteur  en  théologie,  va  faire 
paraître  chez  Picard,  un  Répertoire  biogra- 
phique de  VEpiscopat  constitutionnel  {1791- 
1802),  qui  donnera  la  réponse  demandée 
sur  cet  évêque,  et  sur  tous  les  évèques  de 
même  origine.  L'immense  correspondance 
de  Grégoire  a  fourni  à  l'auteur,  en  dehors 
des  Archives  Nationales,  de  nombreux  do- 
cuments originaux  et  inédits. 

Famille  Vïllaret  de  Joyeuse  (LIV, 
670).  —  Alexis-Jean-Marie  Villaret  de 
Joyeuse,  lieutenant  de  vaisseau,  chevalier 
de  Tordre  de  Saint-Louis,  en  1817,  né 
vers  1788,  mort  à  Versailles,  le  22  jan- 
vier 1873,  était  fils  de  V  Amiral  (annuaire 
de  la  Noblesse,    1874,  p.  349). 

Ce  même  Recueil  cite  (1871-72,  p.  387) 
Marie-Thomas-Louis  Villaret  de  Joyeuse, 
capitaine  d'infanterie,  fils  unique  du  der- 
nier rejeton  mâle  du  noin^  mort  le  21  juin 
1871,  âgé  de  43  ans,  blessé  le  22  mai  à 
l'attaque  de  Vanves.  Il  était  fils  d'Auguste- 
Marie  Villaret  de  Joyeuse,  officier  supé- 
rieur, chevalier  de  Saint-Louis  (en  1823), 
et  d'Aglaé-Juli^e  d'Eschallard  :  il  avait 
épousé,  le  21  juin  1868,  Antoinette- 
Marie-Zoé  de  Marseul,  (fille  du  comte  de 
Marseul  et  de  Françoise-Antoinette-Zoé  de 
Beaurepaire),  dont  au  moins  une  fille, 
Marie- Antoinette  -Georgine- Louise-José- 
phine, alliée,  le  11  avril  1888,  avec  Alain 
de  Lorgeril.  11  avait  une  sœur,  Marie-lde- 
Jeanne  Villaret  de  Joyeuse,  décédée  le  13 
février  1894,  à  Versailles. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

T  •  *     * 

Le  vicomte  Alain  de  Lorgeril,  château 
delà  Ville-Chaperon,  par  Moncontour-de- 
Bretagne  (Côtes  -  du  -  Nord)  a  épousé 
Mlle  Villaret  de  Joyeuse.  Peut-être  pour- 
rait-on s'adresser  à  lui.      Albert  Desc. 

Monsieur  le  chanoine  (LIV,  501, 
585.  640,757).  — Que  nos  collaborateurs 
H.  C.  M.  et  LaCoussière  se  rassurent,  je 
n'oubliais  pas  l'existence,  dans  la  plupart 
des  diocèses  français,  de  «  chanoines  ho- 
noraires »  et  n'aurais  pas  eu  la  simplicité 
d'imaginer  qu'un  prêtre,  sans  y  avoir  été 
autorisé  par  l'évèque,  allât  s'aviser  de 
«  s'habiller  en  chanoine  ».ll  m'avait  sem- 
blé seulement  que  le  titre  et  le  costume, 
en  pareil  cas,   ne  répondaient  à    rien  de 


réel.  Aurait-on  donc  adapté  au  mond^ 
ecclésiastique  les  singulières  pratiques  d^ 
certaines  républiques  américaines  où  se  pa-; 
vanaient  tant  de  colonels  de  parade  qu' 
n'ont  jamais  eu  à  conduire  un  régiment  ? 

L'un  des  deux  correspondants  ajoute  : 
«  De  tout  temps,  on  a  traité  un  chanoine 
de  monsieur  le  chanoine  ».  Cela  est  bientôt 
dit,  et  cependant,  si  les  preuves  font  dé- 
faut, ce  n'est  pas  un  exemple  isolé  comme 
celui  de  la  paroisse  Saint-Etienne  de  Bar- 
le-Duc,  qui  suppléera  à  leur  absence.  J'en 
crois  plutôt  l'auteur  de  la  première  ré- 
ponse reportant  à  20  ou  25  ans  les  ori- 
gines de  la  qualification  qui  nous  occupe, 
mais  ne  pourrait-il  préciser  davantage, 
surtout  à  propos  d'un  usage  aussi  ré- 
cent ? 

Ne  pourrait  on,  du  même  coup,  nous 
apprendre  si  le  cardinal  Maury  doit  être 
regardé  comme  l'inventeur  de  ces  cano- 
nicats  fictifs  qui  ont  pullulé  depuis  le  dé- 
but du  xix'  siècle?  11  y  eut,  c'est  entendu, 
avant  1790,  des  chanoines  honoraires  qui 
furent,  pour  employer  l'expression  fort 
juste  de  Unus,  des  chanoines  «  émérites  » 
et  que  j'appellerais  aiissi  volontiers  des 
chanoines  «  vétérans  ».  Le  Chapitre,  par 
une  délibération  spéciale,  accordait  l'ho- 
norariat  et  le  droit  de  porter,  —  selon  le 
langage  du  temps  — ,  l'habit  et  les  «  draps 
de  l'église  »  à  des  membres  de  la  compa- 
gnie qui  abandonnaient  leur  prébende,  par 
démission  ou  résignation,  après  l'avoir 
possédée  au  moins  vingt  ans,  et  étaient 
jugés  dignes  de  cette  distinction.  Il 
en  va  tout  autrement  aujourd'hui.  Faut- 
il  croire  que  NN.  SS.  les  évèques  ont 
voulu,  à  l'instar  de  principicules  alle- 
mands, créer  un  ordre  destiné  à  décorer 
les  secrétaires  formant  leur  petite  cour, 
témoigner  de  la  bienveillance  aux  prêtres 
amis  ou  récompenser  des  «  services  ex- 
ceptionnels »  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  je  se- 
rais désireux  de  savoir  à  quelle  année  re- 
monterait l'innovation  et  quel  prélat  en 
eut  le  premier  l'idée. 

Quarte  Blanche. 

Armoiries  à  déterminer  :  à  trois 
cygnes  de...  (LIV,  670).  —  On  trouve 
généralement  ces  marques  sur  les  livres 
donnés  en  prix  au  collège  du  Mont  à 
Caen,  les  armoiries  sont  celles  de  Thomas 
Morand  du  Mesnil-Garnier,  qui  fonda  des 
prix  à  ce  collège.  S y. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30  Novembre  1906. 


813 


814 


L'homme  sauvf  ge  en  héraldique   | 
(LIV,  613,  754).  —  Les  armoiries  confé-   i 
rées  à  Pierre    du    Bue,   l'un   des  premiers   ; 
colons  delà  Martinique  (Cf.  LUI,  6,  140),   j 
en  mai  1701,  portaient  d'azur  au  sauvage  \ 
d'or,  et  an  chef  de  gueules  chargé   de  trois 
dards  d'argent, posés  en  fasce  V un  sur  Vau-  \ 
tre.  Le  sauvage  qui  figure  dans  ces  armes, 
rappelle   les   combats  de    Pierre  du  Bue 
contre  les  Caraïbes  :  <*  11  a  beaucoup  con- 
«  tribué  à  chasser  les  sauvages  des  quar- 
«  tiers  de  la  Capesterre  qui  troublaient  les 
«  habitants,  ayant  même,    par  ordre  du 
«  Sieur  de  Baas,  gouverneur  et  lieutenant 
«  général  audit    pays,  pris  leurs  chef  et 
«  capitaine  qui   sont   morts  en  prison  au 
«  fort  Saint-Pierre  ».   (Cf.    Dictionnaire 
des   anoblissements    de  Chevillard,   —  et 
pour   le   dessin  des  armoiries    :  Preuves 
reçues  par  d'Hozier  pour  les  Ecoles  mili- 
taires de  Joseph  du   Bue  de    Marcussy  : 
Cabinet  des  titres,  XXVlll,  32087,  année 
1777,  Normandie,  preuve  53). 

Baron  A.  H. 

La  main  de  justice  (LIV,  614, 
j-ji).  — Sur  cette  question,  on  pourrait 
utilement  lire  tout  ce  que  Miehelet  dit  du 
symbole  de  la  main  dans  ses  Origines  du 
droit  français,  pp.  129  et  suiv.  Si  l'on  se 
rappelle  que  le  bon  bâton,  baculus,  hacu- 
lum  ou  sceptron  était  dès  la  plus  haute  an- 
tiquité un  signe  du  commandement,  on 
comprendra  mieux  comment  Hugues  Ca- 
pet  fit  placer  une  main  sur  son  sceptre  pour 
en  faire  la  verge  d'équité.  De  l'insigne  de 
la  puissance  il  faisait  en  même  temps  un 
symbole,  car  le  roi  donne,  confirme  ou 
fait  grâce.  E,  Grave. 

L'escargot  de  la  cathédrale  de 
Troyes  (LIV,  671).  —  Les  imagiers  et 
ornemanistes  de  l'époque  médiévale 
étaient  des  observateurs  amis  de  la  nature 
familière.  De  même  qu'ils  prenaient  les 
modèles  de  leurs  feuillages  non  dans  les 
pierres  antiques  fort  abondantes  alors  sur 
notre  sol,  mais  dans  les  plantes  de  nos 
bois,  de  nos  prairies  et  de  nos  fontaines, 
ils  se  plaisaient  à  reproduire  les  bestioles 
les  plus  humbles  de  notre  faune.  Les  mar- 
ges des  livres  d'Heures  sont  remplies  d'in- 
sectes divers  voltigeant  parmi  les  tiges 
fleuries  et  les  rameaux  ;  rien  d'étonnant, 
par  suite,  que  le  ciseau  des  sculpteurs  se 
soit  amusé  à  faire  le  portrait  du  moUus-  i 


que  à  coquille  qui  pullule  dans  nos  régions 
françaises.  Et,  en  vérité,  il  n'est  pas  né- 
cessaire pour  expliquer  le  fait,  de  recourir 
à  des  légendes  et  à  des  interprétations  un 
peu  bien  tirées  par  les  cheveux. 

On  ne  comprend  pas  assez  l'âme  naïve 
de  l'homme  du  moyen  âge  ;  c'était  assu- 
rément un  subtil  comme  tous  les  primitifs, 
mais  on  lui  a  prêté  beaucoup,  je  connais 
maints  escargots  sculptés  dans  la  pierre 
et  chacun  a  sa  légende  plus  ou  moins 
dramatique  ou  plaisante  ;  la  réalité  me 
parait  beaucoup  plus  simple.     H. CM. 

Outillrige  gallo-romain  (L  ;  Ll  ; 
LUI  ;  LIV,  362,  542).  -  Crapaudine.  — 
Encore  un  objet  d'origine  ancienne  que 
nous  avons  conservé  en  l'améliorant. 

Ecartons,  de  prime  abord,  tous  les  frot- 
tements sur  roues  et  sur  billes,  comme 
tous  ceux  de  la  mécanique  moderne,  pour 
voir  uniquement,  ici,  le  simple  point  d'ap- 
pui d'un  portail  à  bourdonnière. 

Cette  crapaudine  ancienne,  trouvée  dans 
la  couche  archéologique  au  milieu  des 
constructions  de  notre  villa  romaine,  est 
un  morceau  de  fer  aplati,  presque  carré  et 
dont  l'oxidation  profonde  permet  encore 
de  mesurer  en  millimètres  les  dimensions 
suivantes  :  largeur  du  grand  côté  69,  de 
l'autre  65  ;  épaisseur  14. 

Sa  face  supérieure  montre  une  emprein- 
te circulaire  ayant  45  millimètres  de  dia- 
mètre et  6  de  profondeur.  Fixée  dans  un 
corps  dur,  elle  supportait  évidemment  la 
base  d'un  cylindre  métallique  servant  de 
pivot.  Le  mode  de  crapaudine  actuel  qui 
s'en  rapproche  le  plus  ne  porte  pas  d'em- 
preinte ;  mais,  à  son  centre,  un  simple 
point  d'abaissement,  presque  impercepti- 
ble, qui  reçoit  le  sommet  d'un  cône  ren- 
versé, et  suffit  à  conserver  la  verticale  de 
la  bourdonnière,  tout  en  réduisant  au 
moindre  frottement  et  par  suite  au  moin- 
dre effort,  le  mouvement  du  portail  en 
question. 

Pour  les  portes  plus  pesantes,  on  rern- 
place  le  cône  renversé  par  une  demi- 
sphère.  FÉLIX  Chaillou. 

La  législation  antique  etancienne 
concernant  les  vignes  et  leur  cul- 
ture (LIV,  668,  770).  —  1°)  Estienne 
(Charles)  :  C agriculture  et  maison  rus- 
tique  (Paris,   Jacques    Du    Puis,    1565). 


N"  1131, 


L'INTERMEDIAIRE 


819 


820 


le  sens  des  mots  dans  notre  langue  et  leur 
emploi  régulier  ?  Pourquoi  le  Ministère 
de  l'Instruction  publique  s'occupe-t-ild'une 
affaire  que  la  tradition  et  la  convenance 
ont  confiée  à  la  haute  autorité  des  Im- 
mortels ? 

Oui,  comme  le  dit  fort  bien  Vaugelas, 
le  peuple  n'est  le  maître  que  du  mauvais 
usage,  et  lebon  usage  est  le  maître  de  notre 
langue.  Oui,  comme  l'ajoute  M.  le  vi- 
comte de  Bonald,  cest  che:(  les  bons  au- 
teurs qu'il  faut  aller  le  chercher,  non  chez 
les  illettrés,  ou  chez  certains  journalistes 
trop  peu  cultivés. 

Syola. 

Bernique  (LIV,  673),  —  Le  Diction- 
naire étymologique  de  Charles  Toubin 
donne  l'étymologie  suivante:  Berniquc^àt 
vere  nichi/.,  rien,  absolument  rien,  avec 
changement  régulier  de  v  en  b.  On  sait 
qu'en  France,  nihil  s'est  écrit  longtemps 
avec  un  c  comme  en  Italie,  témoin  ces 
deux  passages  des  Cent  nouvelles  nouvelles: 
«  Mais  du  parfait,  nicbil  ».  «  Après  je  ne 
sçays  quants  simples  baisiers  qu'elle  eut 
de  lui,  mais  du  surplus,  nichil  ».  (Nou- 
velles 28  et  30).  — Jean  comptait  rece- 
voir  aujourd'hui  de    l'argent,    mais  vere 

J.  Lt. 


nichil,  bernicle. 


* 
*  * 


Patella  vulgata.  Nommée  flie,  bernicle 
ou  jambe  en  Normandie,  bernique  ou  bas- 
sin en  Bretagne.  Ce  mollusque  gastéro- 
pode  sa  mange  cru  ou  cuit  sur  le  gril 
avec  un  assaisonnement.  Sa  chair  est  peu 
savoureuse  et  très  coriace. 

Voici  le  renseignement  à  la  fois  scien- 
tifique et  gastronomique  que  je  lis  sur  la 
Bernique  bretonne,  dans  ï Atlas  de  poche 
des  coquilles  des  côtes  de  France,  excellent 
ouvrage  d'un  .  savant  conchyliologue  , 
M.  Ph.  Dauizenberg  (Paris,  Klinksieck, 
1897). 

Ma  réponse  à  l'article  de  Candide  est 
en  même  temps  une  interrogation.  Quel 
rapport  y  a-t-il  entre  notre  bernique  , co- 
quille bien  connue  des  côtes  de  TOuest  et 
le  mot  faisant  l'objet  de  l'article  ? 

Je  dois  ajouter  qu'à  Nantes  où  ce  mol- 
lusque est  très  apprécié  dans  les  petits 
ménages  ,  j'ai  souvent  entendu ,  dans 
mon  enfance,  les  gavroches  nantais  se 
servir  du  mot  «  bernique  »  comme  d'in- 
terjection analogue  à  notre  zut  ! 

Un  vieux  Nantais. 


Autobus  (LIV, 3 37, 426, 484, 653, 699). 
—  Comme  le  confrère  Old  Pot,  je  suis  un 
vieux  parisien  (antérieur  à  1830  !),  jamais 
je  n'ai  entendu  dire  bus  pour  omnibus.  Je 
demande  la  permission  "d'ajouter  que  ce 
mode  d'abréviation,  en  ne  conservant  que 
la  finale,  n'est  pas  dans  les  habitudes  des 
parisiens  ni  des  français. 

Nous  connaissons  tous  le  Boul'Mich  ; 
les  tram.,  les  auto  ;  les  Bat  d'af.  (Batail- 
lons d'Afrique)  ;  et,  au  moins  de  réputa- 
tion, les  Bénef.  (Bénéfices)  ;  les  Sous-off.; 
les  Zou-Zou,  etc.  mais  je  ne  vois  aucune 
abréviation  ne  gardant  que  la  finale  d'un 
mot  ;  et  cela  me  parait  logique,  bus  étant 
la  finale  d'abus,  d'obus,  de  rébus,  comme 
d'omnibus.  L.  Depal. 

Bisannuel  et  biennal  (LIV,  562, 
703).  —  Avec  raison,  Y  Intermédiaire 
s'occupe  de  questions  philologiques, 
grammaticales  ou  autres  11  approuve  ou 
désapprouve  des  mots  nouveaux.  Com- 
ment désigner  une  publication,  une  revue 
qui  paraît  tous  les  2  mois  '^  Bimensuel 
veut  dire  :  deux  fois  par  mois.  Puisqu'on 
dit  trimestriel,  semestriel,  je  propose  hum- 
blement :  bimestriel,  et  si  de  nos  chers 
collègues  en  intermédiairisme  sont  de  cet 
avis,  qu'ils  emploient  cette  expression  qui 
a  son  utilité.  Oroel. 

Cali,  gali,  cari  (LUI;  LIV,  94,  203, 
365).  —  Beugne,  pour  bosse,  que  cite 
M.  Lpt.  du  Sillon,  rappelle,  aussi  comme 
prononciation,  un  mot  du  patois  de  la 
ville  de  Bologne,  en  Italie,  bogn,  qui  si- 
gnifie bosse. 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


Se  mettre    le   doigt    dans   l'œil 

(LIV,  562).  —  Je  ne  réponds  pas  directe- 
ment à  la  question,  mais  ce  doigt  dans 
l'œil  me  fait  penser  à  la  poutre  dans 
l'œil,  et  à  la  paille  dans  celui  du  voisin. 
J'ai  découvert  àCôme,  sur  les  murs  d'une 
petite  église,  proche  la  place  du  Dôme, 
et  vis-à-vis,  dans  une  rue  dont  le  nom 
m'échappe,  la  singulière  fresque  que 
voici  :  deux  personnages  bibliques  sont 
assis  ;  l'un  des  deux  semble  faire  un  ser- 
mon à  l'autre  parce  qu'il  aune  paille  dans 
l'œil,  tandis  que  lui-même  a  une  poutre 
énorme  dans  l'un  des  siens. 

Le  sujet  était  au  moins  hardi  à  traiter 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30  Novembre  190^. 


821 


822 


:n  peinture.  En  connaît-on  d'autres  exem- 
ples ?  H.  L. 

Grands  relieurs  du  XIX*  siècle 

LIV,  109,  307).  —  Dans  une  préface  à  un 
;atalogue  devenu  rare,  celui  de  la  secon- 
le  vente  Crozet  (1841),  Charles  Nodier 
oue  à  la  fois  «les  habiles  essais  de  Thou- 
'enin  et  les  merveilleux  travaux  de  Bau- 
onnet  ».  La  gradation  des  épithètes  prou- 
'e  assez  que  Thouvenin  n'était  nullement 
e  relieur    rêvé    des   romantiques. 

D'une  notice  écrite  par  M.  Quentin- 
lauchart  sur  M.  de  La  Roche  Lacarelle, 
'extrais  le  passage  suivant  : 

Lui  pailait-on  de  nos  relieurs  modernes,  il 
l'en  connaissait  qu'un  :  Trautz  I  Les  autres 
['existaient  pas.  Il  répétait  invariablement 
|ue  s'il  était  jamais  damné,  son  enfer  serait 
e  remuer  une  reliure  de  Cape  ou  de  Lortic. 

Trautz,  né  en  1808,  devient  chef  d'ate- 
ier  chez  Bauzonnet  en  1840,  succède  à 
on  patron  en  185  i  et  meurt  en  1879. 

C'est  lui,  sans  doute,  que  Nodier  admi- 
ait  déjà  sans  le  connaître,  lorsqu'il  par- 
ait des  «  merveilleux  travaux  de  Bauzon- 
let  »  en  1841. 

Il  est  bien  singulier  que  notre  meilleur 
elieur  (je  ne  dis  pas  cela  pour  diminuer 
^apé  qui  était  un  doreur  de  grand  méri- 
e)  nous  soit  venu  de  ce  pays  allemand 
'ù  pendant  toute  la  durée  du  xix*  siècle, 
a  reliure  a  été  quelque  chose  d'infâme  et 
l'innommable  dans  aucune  langue. 

S. 

Les  jaquemarts  de  France  (LIV, 
>i8,  711,  7'58).  —  La  cathédrale  de 
Hermont-Ferrand  possède  un  curieux 
aquemart  qui  représente  le  Temps 
Tempus)  assis,  accompagné  de  Mars  et 
"aune,  qui  frappent  les  quarts  et  les 
leures,  sur  une  cloche  qui  lui  sert  de  cas- 
[ue  ou  bonnet.  Combien  ce  joujou  de  nos 
»ères  a  réjoui  mon  enfance  ;  et  je  lui 
ouhaite  de  longs  jours  encore. Il  remonte 

plus  de  3  siècles  à  Clermont-Ferrand, 
yant  été  porté  dans  cette  ville,  en  1577, 
près  le  siège  de  la  ville  d'Issoire  qui  fut 
omplètement  détruite  par  l'armée  royale 
ur  les  protestants.  C'est  alors  que  ce 
jaquemart  qui  était  celui  de  l'hôtel  de 
nlle  d'Issoire  fut  acheté  par  un  habitant 
ppelé  Rigoulet  et  revendu  pour  l'église 
le  Saint-Genès,  de  ladite  ville,  où  il  resta 
usqu'en  1793  que  l'église  Saint-Genès  fut 


démolie  par  l'effet  de  la  Révolution  et  le 
susdit  jaquemart  transféré  aans  la  cathé- 
drale de  Clermont  où  il  fait  la  joie  des 
petits  et  grands.  Il  a  été  tiré  des  cartes- 
postales  récentes  représentant  ce  jaque- 
mart. Ces  images  populaires  ne  sont 
certes  pas  banales  dans  un  temps  où  des 
milliers  de  cartes  postales  sont,  souvent, 
d'un  ridicule  complet. 

Ambroise  Tardieu 


Les  plus  connus  des  jaquemarts  sont 
ceux  de  Notre-Dame  de  Dijon  où  Philippe 
le  Hardy  les  fit  placer  après  les  avoir  en- 
levés à  Courtrai,  au  moment  de  la  ba- 
taille   de    Rosebecque,    en    1382, 

Ils  sont  intéressants  en  ce  sens  qu'ils 
furent  les  premiers  mis  en  mouvement 
par  des  poids  à  la  place  de  l'eau  utilisée 
dans  les  anciennes  clepsydres.  Les  jaque- 
marts de  Dijon  marquent  l'ère  des  nou- 
veaux moteurs.  Le  nom  viendrait  de 
Jacques  Aymar,  le  premier  constructeur, 
ou  de  Jacques  Mart,  pour  Marteau.  Et  le 
nom  de  jaquemart  qui  appartient  en 
propre  aux  automates  de  Dijon,  fut  en- 
suite souvent  donné  aux  personnages 
frappant  des  heures  sur  des  cloches. 

Remarquons  que  l'horloge  de  Stras- 
bourg, construite  en  1352,  aussi  bien 
que  celle  de  Beauvais  qui  nous  est  con- 
temporaine, sont  des  clepsydres  plus  ou 
moins  compliquées,  et  non  des  jaque- 
marts. 

En  1714,  on  a  ajouté  à  Dijon  un  enfant 
pour  sonner  les  quarts. 

A  Cambrai  se  voient  Martin  et  Martine 
datant  de  1385  et  représentant  deux 
Maures  qui  frappent  sur  la  cloche. 

L'horloge  de  Clermont-Ferrand  était  à 
Issoire  antérieurement  à  1577.  Cette  der- 
nière ville  fut  alors  mise  à  sac  par  les 
troupes  royales  qui  combattaient  les  pro- 
testants. Le  chapitre  collégial  de  Saint- 
Genès  l'acheta  alors  à  un  nommé  Rigou- 
let, et  la  mit  dans  son  église  où  elle  resta 
jusqu'en  1793.  A  cette  époque, elle  arriva 
dans  la  cathédrale.  Les  sujets  se  compo- 
sent de  trois  personnages  dont  deux 
frappent  sur  la  cloche,  et  représentent 
Mars  et  un  Faune.  Le  troisième  est  un 
Temps  ayant  le  cadran  placé  à  la  partie 
inférieure  du  corps. 

Celle  de  Lyon,  terminée  en  1598,  avait 
des  figures  sonnant  les  heures  sur  des 
cloches.  Elle   était    surmontée   d'un   coq 


N*  1131. 


L'INTERMEDIAIRE 


823 


824 


qui,  aux  heures,  chantait.  Je  ne  sais  si 
elle  existe  encore. 

Vers  1400,  fut  construite  l'horloge  de 
l'hôtel  de  ville  de  Compiègne,  dans  le 
clocher  de  laquelle  trois  guerriers  appelés 
Piquentins  frappent  encore  de  nos  jours 
trois  cloches  à  leurs  pieds. 

Enfin,  à  Avignon,  au  beffroi,  un  homme 
et  une  femme  en  costume  du  pays,  frap- 
pent également  les  heures. 

Ce  sont,  je  crois,  les  principaux  jaque- 
marts de  France.  Je  ne  puis  cependant 
passer  sous  silence  ceux  si  connus  de  la 
place  Saint-Marc  à  Venise, 

Albert  Desc. 

*  * 
A  propos   du  populaire  jaquemart  de 

Dijon,  je  ferai  remarquer  que  pas  une 
molécule  de  l'appareil  actuel  ne  remonte 
au  xiv'  siècle  ;  la  cloche  env03'ée  de 
Courtray  par  Philippe  11  le  Hardi,  arri- 
va cassée  et  fut  refondue,  c'est  celle  qui 
est  encore  en  place.  La  cage  de  fer  qui 
l'abrite  date  de  16 10  et  est  toute  différente 
de  ce  qu'était  à  l'origine  l'édicule  exté- 
rieur ;  l'homme  fut  refait  une  première 
fois  en  1500,  puis  en  16 10  et  toujours  sur 
un  nouveau  type  ;  on  lui  donna  une 
femme  en  cette  même  année  ibio,  et 
quatre  ou  cinq  ans  plus  tard,  un  premier 
enfant.  Le  second  a  été  placé  seulement 
après  la  restauration  générale  de  l'église, 
dans  la  seconde  moitié  du  xix^  siècle. 

Je  n'ai  jamais  su  pourquoi, au  lieu  de  les 
habiller  comme  leurs  parents,  on  les  a 
représentés  nus,  ce  qui  les  fait  ressembler 
à  deux  gros  bébés  incassables  sortis  des 
grands  magasins  du  Bon-Marché  ou  du 
Louvre.  H.  C.  M. 

Les  roues  de  Fortune  (LIV,  228, 
371,  432,  480,  545,  601,  657,  772).  — 
En  ce  qui  concerne  les  paroisses  de  GoUe- 
ville,  Couville,  Fresville,  Montebourg, 
Emondeville,  dans  la  Manche,  Caen, 
Notre-Dame  (Calvados),  M.  Beaujour  a 
pris  pour  des  roues  de  fortune,  ce  qui 
n'était  que  de  simples  carillons.  Nous 
possédons  ces  «  carillons  »  sous  diverses 
formes,  soit  que  les  clochettes  soient 
montées  sur  une  roue,  soit  sur  une  tra- 
verse simple,  soit  sur  un  triangle.  Mais 
quel  que  soit  le  mode  de  monture,  la  ro- 
tation est  employée  pour  obtenir  le  son 
de  toutes  les  clochettes  et  c'est  ce  qui  a 
fait  adopter  «  la  roue  »  comme   moyen 


plus  commode  de  mise  en   mouvement- 
Il  n'y  a  là  rien  de  païen. 

M.  Sglpn  a  certainement  raison  de  se 
moquer  des  «  Jésus  chantants  »  et  autres 
imageries  de  ce  genre  qui  alourdissent  le 
culte.  Mais  il  fait  tort  à  ses  connaissances 
en  mettant  le  «  chapelet  »  sur  le  même 
rang.  11  pourrait,  avec  fruit,  lire  la  vie  de 
saint  Dominique  et  se  renseigner  sur  l'o- 
rigine, l'usage  et  la  pratique  du  chapelet 
dans  l'Eglise  catholique, 

LÉON  Desrues. 

Les  pigeons  voyageurs  du  siège 

de  Paris  (LIV,  618,770). 

M.  Ségalas,  le  mari  de  Mme  Anaïs  Séga- 
las,  connue  par  ses  poésies  charmantes  que 
les  contemporains  n'ont  pas  oubliées,  avait 
eu  l'idée  de  recueillir  une  certaine  quantité 
de  pigeons,  pour  les  renfermer  dans  la  tour 
qui  domine  l'hôtel  de  l'Administration  cen- 
trale des  lignes  télégraphiques,  rue  de  Gre- 
nelle-Saint-Germain, n"  103.  Le  5  septembre 
1870,  il  vint  me  trouver,  pour  m'entretenir 
du  projet  qu'il  avait  conçu  ;  je  l'accueillis 
avec  enthousiasme  et  lui  donnai  toutes  les 
autorisations  dont  il  eut  besoin,  pour  réunir 
et  établir  auprès  de  nous  ces  gentils  messa- 
gers dont  il  était  trop  facile  de  prévoir  l'uti- 
lité prochaine.  Voilà  la  vérité  des  faits.  Que 
M.  Rampont  se  soit  occupé  de  pigeons,  qu'il 
se  soit  servi  de  l'idée  de  M.  Ségalas,  j'y 
consens  très  volontiers,  mais  i!  ne  s'en  est 
servi  qu'après,  comme  moi-même,  et  selon 
moi  il  convient  de  laisser  à  M.  Ségalas  ce 
qui  n'appartient  ni  à  M.  Rampont,  ni  à 
M.  Steenackers,  mais  bien  à  M.  Ségalas. 
{Les  Télégraphes  et  les  Postes  pendant  la 
guerre  de  1870-yi,  par  Steenackers,  page 
i6x). 

*  * 

Les  organisateurs  du  service  des  pigeons 
voyageurs  sont   MM.  Cassiers,  Derouard 
et  Traclet. 

M.  Cassiers,  venu  à  Paris,  comme 
comptable,  avait  apporté  de  Belgique  la 
passion  du  pigeon  voyageur  qu'on  com- 
mençait à  dresser  pour  les  courses.  Il 
existait,  en  France,  quelques  sociétés  co- 
lombophiles. La  société  l'Espérance  avait 
son  siège  chez  Bardin,  cafetier,  42,  rue 
Notre-Dame  de  Nazareth.  M.  Cassiers  qui 
était  parmi  les  plus  ardents  —  il  avait 
dans  son  grenier  jusqu'à  une  cinquantaine 
de  jeunes  pigeons,  —  présidait  aux  desti- 
nées de  la  société.  Tout  l'été  de  1870,  on 
s'était  prodigué  en  des  tournois  entre  la 
France  et  la  Belgique. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


825 


La  subite  arrivée  des  événements  de  la 
guerre  avait  interrompu  ces  exploits.  Les 
désastres  se  succédaient.  Dans  le  petit 
café  de  la  rue  Notre-Dame  de  Nazareth. 
les  colombophiles  Cassiers,  Derouard, 
Traclet,  échangeaient  sur  les  événements 
leurs  impressions  inquiètes  —  le  moins 
attristé  n'était  pas  ce  Belge  qui  faisait, 
sans  optimisme,  des  vœux  pour  la  vic- 
toire. N'était-il  pas  du  devoir  de  chacun 
de  s'ingénier,  dans  sa  sphère,  à  multiplier 
les  ressources  de  la  défense  ? 

Sitôt  dit,  sitôt  fait.  On  court  :  M.  Gus- 
tave Traclet  à  l'Intérieur  ;  M.  Cassiers  au 
Gouvernement;  Trochu  le  fait  recevoir  par 
un  des  officiers  chargés  des  communica- 
tions, M.  Usquin. 

M.  Cassiers  a  cette  scène  présente  à  la 
mémoire.  11  se  revoit  dans  le  cabinet  de 
ce  soldat,  élève  de  Polytechnique,  à  qui 
le  dressage  des  pigeons  voyageurs  n'est 
pas  très  familier.  11  en  devine  toutefois 
l'intérêt  ;  il  questionne,  insiste,  veut  com- 
prendre ;  il  a  compris. 

Plus  tard,  le  lieutenant-colonel  Usquin 
se  rappellera  le  visiteur  qui  lui  a  révélé 
un  moyen  ingénieux,  Paris  étant  assiégé, 
de  donner  de  ses  nouvelles  à  la  France  et 
d'en  recevoir.  Il  écrira  au  préfet  de  la 
Seine,  à  l'heure  des  compétitions,  cette 
lettre  au  sujet  de  M.  Cassiers  : 

Monsieur  le  Préfet, 

On  m'apprend  que  la  Vaille  de  Paris  va  dé- 
cerner des  médailles  d'encouragement  à 
quelques-unes  des  personnes  qui  s'occupent 
de  la  transmission  des  dépêches  au  moyen 
des  pigeons.  Je  crois  remplir  un  devoir. 
Monsieur  le  Préfet,  en  vous  recommandant 
de  la  manière  la  plus  instante  M.  Ed.  Cas- 
siers, porteur  da  cette  lettre,  président  de  la 
Société  colombophile  VEspérance.  Dès  les 
derniers  jours  du  mois  d'août  1870,  M.  Cas- 
siers est  venu  mettre  à  la  disposition  du 
gouvernement  de  Paris,  des  pigeons,  son 
expérience  et  son  temps,  et  c'est  à  lui  que 
nous  sommes  redevables  des  quelques  com- 
munications que  nous  avons  pu  recevoir  du 
dehors.  Il  a  été  choisi  par  le  gouvernement 
de  Paris  pour  porter  au  général  Bourbaki  des 
dépêches  secrètes  et  un  chiffre  particulier  de 
correspondance,  et  il  a  été  assez  grièvement 
blessé  dans  l'accomplissement  de  sa  mission 
pai  lachutedel'aérostatqui  leportait.  Arrivé  en 
province, il  s'est  mis  à  la  disposition  delà  Dé- 
légation du  gouvernement,  à  Tours, et  a  orga- 
nisé des  envois  de  pigeons  messagers, et  je  dois 
déclarer  que  nous  n'avons  jamais  pu  faire 
accepter  à  M,  Cassiers   aucune  somme,  en  J 


30  Novembre  1906, 
826 

dédommagement  de  son  temps  et  de  sa  peine. 
Il  a  donc  servi  l'Etat  avec  autant  de  dévoue- 
ment que  de  désintéressement. 

Une  distinction  honorifique  accordée  à 
M.  Cassiers  ne  serait  donc  que  l'acquit  d'une 
dette  contractée  envers  lui  par  la  ville  assié- 
gée. 

Mon  ami  intime,  M.  E.  Gouin,  membre 
du  Conseil  municipal,  pourra  vous  renseigner, 
Monsieur  le  Préfet,  sur  ma  personne  et  sur 
la  valeur  du  témoignage  que  je  porte  sur  le» 
services  de  M.   Cassiers. 

J'espère  donc,  Monsieur  le  Préfet,  que 
vous  pourrez  acquitter  la  dette  contractée 
envers  M.  Cassiers,  et  je  vous  prie,  etc. 

Usquin, 
Lieutenant-colonel  du  génie,  professeur  à 
l'Ecole  polytechnique,  attaché  pendant  le 
siège  de  Paris  à  l'état-major  du  général 
gouverneur  et  chargé  du  service  des  aéros- 
tats et  correspondances  militaires. 
* 

Edgard  Quinet  demandait  que  le  pigeon 
fût  placé  dans  le  blason  de  la  Ville  de 
Paris. 

Le  pigeon  qui,  le  premier,  a  apporté  la 
nouvelle  de  la  formation  des  armées  de  se- 
cours, ne  nous  a  pas  trompés.  Je  sollicite  pour 
lui  qu'il  soit  placé  à  perpétuité  en  haut  du 
mat  de  la  nef  des  armoiries  de  Paris. 

Que  sont  devenus  ces  pigeons  ?  Mon 
Dieu,  ils  ont  été  mangés,  tout  simple- 
ment, sauf  deux  ou  trois.  Quelques  mois 
après  la  guerre,  on  lisait  dans  un  journal  : 

Une  vente  très  intéressante  vient  d'avoir 
lieu  au  dépôt  du  mobilier  de  l'Etat,  rue  des 
Ecoles.  11  s'agissait  des  pigeons  voyageurs 
qui  nous  rendirent  tant  de  services  pendant 
le  siège,  en  nous  apportant  des  nouvelles  de 
la  province.  Eh  bien,  malgré  les  souvenirs 
que  rappellent  ces  messagers  fidèles,  ils  ont 
été  adjugés  pour  la  plupart  à  des  prix  bien 
modestes  :  i  fr.  50  en  moyenne.  Toutefois 
deux  pigeons  ont  été  vivement  disputés  et 
rachetés  au  prix  de  26  fr.  par  leur  proprié- 
taire. 

M.  Cassiers  a  fait  naturaliser  deux  des 
pigeons  qui  ont  fait  ces  voyages  et  les  a 
donnés  à  un  jardin  zoologique  en  Belgi- 
que. 

M.  Rosebeke  a  conservé,  avec  sa  petite 
cage,  un  de  ces  pigeons.  Le  5  novembre 
1870,  venant  de  Tours,  ce  pigeon  était  tué 
près  de  Blois.M.  Roosebeke  a  conservé  sa 
dépouille. '11  garde  chezlui,  à  l'état  naturel, 
le  héros  ailé  dont  le  vol,  dans  notre  triste 
ciel,  par  quatre  fois,  fit  battre  le  cœur  de 
la  cité, 


N-  1131. 


L'INTERMEDIAIRE 


827 


828 


•  * 
Du  Temps,  23  novembre  1906: 

Les  pauvres  pigeons  qui  traversaient  les 
lignes  allemandes  pour  porter  au  monde  les 
angoisses  de  Paris  méritaient  bien  un  tel 
hommage.  Je  vois  dans  V Intermédiaire  que 
ce  serait  le  colonel  italien  Govone  —  ce  bon 
soldat  qui,  devenu  général  et  ministre  de  la 
guerre  en  1870,  voulait  combattre  avec  nous 
contre  l'Allemagne  —  qui  aurait,  le  premier, 
utilisé  en  temps  de  guerre  les  pigeons  voya- 
geurs comme  porteurs  de  messages.  On 
pourra  vérifier. 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que  les  pigeons  du 
siège  de  Paris  eurent  leur  part  de  dévoue- 
ment et  —  ne  riez  pas  —  d'héroïsme.  Ils 
partaient,  ces  admirables  petits  messagers, 
emmenés  vers  la  province  en  ballon,  puis 
revenaient  porter  à  Paris  les  nouvelles  des 
absents,  le  cri  même  de  la  France.  Quelle 
émotion  et  quelle  joie  lorsque  sur  un  toit 
couvert  de  neige  les  Parisiens  apercevaient 
ce  porteur  de  lettres,  ce  facteur  ailé  I  Un 
pigeon  I 

Eh  bien,  dans  une  des  pages  du  maître 
livre  que  M.  Picard  publie  sur  l'Exposition 
universelle  de  1900,  savez-vous  ce  que  je 
trouve,  sous  la  plume  de  M.  L.  Grandeau, 
directeur  de  la  station  agronomique  de  l'Est? 

Je  trouve  ceci  :  «  Les  pigeons  du  siège 
furent  honteusement  vendus  à  l'encan  au  dé- 
pôt du  mobilier  de  l'Etat.  s> 

Voilà  donc  le  loyer  de  la  fidélité  ! 
s'écriait  Agrippa   d'Aubigné  devant  le  chien 
fidèle  chassé  de  la  cour  du  Béarnais. 

Et  croira-t-on  ce  qui  va  suivre  ?  C'est  le 
sublime  dans  l'instinct.  Non,  disons  dans 
l'intelligence  et  dans  le  cœur.  Le  cœur  mer- 
veilleux des  bêtes  I 

Les  Prussiens  avaient  capturé  un  de  ces 
pigeons.  On  allait  le  tuer,  lui  tordre  le  cou, 
comme  aux  autres,  les  pigeons  étant  traités 
par  les  Allemands  comnie  des  francs-tireurs 
de  l'espace.  Le  prince  Frédéric-Charles  le 
sauva,  le  prit  et  l'envoya  à  sa  mère  qui  en- 
ferma le  pigeon  français  dans  une  volière. 
Un  prisonnier  comme  un  autre. 

La  guerre  finit,  la  paix  fut  signée,  le  pi- 
geon était  toujours  captif. 

—  Où  est  votre  pigeon  français  ? 

On  le  montrait,  on  s'en  amusait. 

Quatre  ans  après  —  quatre  ans  1  —  un 
jour,  la  porte  de  la  cage  étant  ouverte,  le 
petit  pigeon  s'enfuit.  Il  battit  des  ailes  dans 
l'air  libre.  11  s'échappa  de  Berlin,  il  reprit  la 
route  de  France. 

Oui,  quatre  ans  après,  on  vit  revenir  à 
l'ancien  pigeonnier  de  la  rue  de  Clichy,  «  ti- 
rant le  pied  »  comme  le  pigeon  de  La  Fon- 
taine, un  des  braves  petits  pigeons  du  siège. 

Je  n'invente  rien.  J'en  appelle  à  M,  Gran- 
deau. 


Le  pigeon  prisonnier  en  Allemagne  pen- 
dant quatre  ans  vécut  quatre  ans  encore  dans 
sa  patrie.  Il  est  mort  en  1878,  au  Jardin  d'ac- 
climatation. 

On  érige  tant  de  statues  à  tant  de  grands 
et  demi-grands  hommes  I  On  aurait  pu  dans 
un  coin  du  jardin  (et  peut-être  l'a-t-on  fait) 
placer  une  pierre  toute  petite  sur  la  terre  où 
fut  enfoui  le  pauvre  et  brave  pigeon  du  siège 
de  Paris,  prisonnier,  comme  tant  de  nos  sol- 
dats, du  prince  Frédéric-Charles. 

Jules  Claretie. 

Une  question  d'esthétique  fémi- 
nine (LIV,  729).  —  Question  d'anthro- 
pologie et  non  d'histoire. 

Cette  proéminence  du  ventre  chez  la 
femme  est  un  caractère  ethnique  de  la 
race  teutonne,  aujourd'hui  comme  au- 
trefois. Si  les  tableaux  du  xvi^  siècle  en 
offrent  de  nombreux  exemples,  c'est  que 
le  seizième  siècle  est  la  grande  époque  de 
l'école  allemande.  On  chercherait  vaine- 
ment le  même  caractère  dans  les  tableaux 
français  ou  italiens  du  même  temps,  ou 
chez  les   poètes. 

On  y  trouverait  plutôt  l'excès  opposé. 
Qiiand  Gabriel  de  Minut  décrit  la  nudité 
de  la  belle  Paule  qui  est  pour  lui  la 
beauté  parfaite,  il  dit  qu'elle  a  le  ventre 
petit  (1587).  De  même  un  des  auteurs  des 
Blasons  anatomiques  (i  5  50)  : 

O  ventre  uny,  rond  et  dur  ti  petit 
Chair  délicate  et  douce  à  l'attoucher 
Heureux  est  cil  qui  te  peut  approucher! 

Mais  plus  généralement  Testhétique  du 
XVI*  siècle  est  conforme  au  type  normal 
de  la  femme  latine.  On  connaît  le  De 
Pulchro  d'Agostinus  Niphus  où  le  corps 
de  Jeanne  d'Aragon  est  décrit  de  la  tête 
aux  pieds  coinme  un  modèle  de  toutes 
les  perfections  physiques  :  elle  avait,  dit 
Niphus,  «  le  ventre  exactement  propor- 
tionné à  la  poitrine,  ainsi  que  les  flancs 
tWts  secretiora  »  ;  proportion  qu'illustrent 
Titien  et  Giorgione  par  cent  exemples. 

Durer,  au  contraire,  n'ayant  connu  que 
des  nudités  allemandes,  préconisa  une 
esthétique  inspirée  d'elles  et  qui  se  trouve 
aux  antipodes  de  l'idéal  grec.  La  diffé- 
rence entre  les  deux  types  peut  aisément 
s'exprimer  par  des  chiffres.  Prenons 
comme  exemples  (A)  la  flûtiste  grecque 
du  bas-relief  Ludovisi,  qui  est  un  magnifi- 
que spécimen  de  l'art  attique,  et  (B)  le 
profil  de  la  femme  proportionnée  8  têtes, 
dans  le  grand  ouvrage  théorique  de  Durer 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Novembre  1906. 


829 


830 


(f  9).  Si  nous  exprimons  par  100  la  lar- 
geur du  profil  à  la  hauteur  des  seins, 
nous  obtenons  pour  le  ventre  les  chif- 
fres suivants  : 

A        B 
Profil  au  niveau  des  mamelons     100     100 
Profil  maximum  du  ventre  73      143 


Différence 


—  27  +43 
Candide. 


Hôlenus  (11X^,446,520.627). — A-t  on 
cité  ce  fait  que  certains  menhirs  des  en- 
virons de  Qiiiberon  sont  des  soldats  pé- 
trifiés par  sainte  Hélène,  comme  à  Carnac 
ce  sont  des  soldats  pétrifiés  par  saint 
Cornély  (ou  Corneille)  ?  —  11  faut  rappe- 
ler que  dans  le  Morbihan,  il  y  a  une 
commune  qui  s'appelle  Sainte-Hélène. 

Cette  légende  peut  donner  une  indica- 
tion intéressante  relative  à  ce  personnage, 
homme  ou  femme  ;  plutôt  homme,  puis- 
qu'il s'agit  de  soldats  ? 

Marcel  Baudouin. 


Lapsus  au  théâtre.  Contre-pette- 
ries  célèbres  (LIV,  617).  —  Dans  une 
pièce  dont  l'action  se  déroule  à  la  fin  du 
xvuo  siècle,  un  chef  huguenot  s'écrie  : 
«  Cette  femme  nous  dupe,  elle  est  folle  de 
la  messe  !  »  Il  se  trompe  et  dit  :  «  Cette 
femme  nous  dupe,  elle  est  molle  de  la...  » 

J'ai  lu  dans  un  livre  d'Armand  Silves- 
tre,  je  crois,  qu'un  colonel,  après  avoir 
fait  manœuvrer  son  régiment  devant  le 
ministre  de  la  guerre,  commande,  troublé 
par  la  présence  du  grand  chef  :  «  Fessez 
les  morceaux  !  »  au  lieu  de  :  «  Formez  les 
faisceaux  !  » 

On  voit  que  ces  contre-petteries  tour- 
nent autour  du  même  rond  !  Les  plus 
amusantes  sont  celles  qu'on  ne  peut 
raconter  qu'au  fumoir,  après  diner,  entre 
hommes.  Flacdal. 

* 

Guillaume  Tel/,n.u  lieu  de  :  «  Il  frissonne, 
il  chancelle  »  :  «  11  chansonne,  il  fricelle.» 

Au  roi  Louis-Pnilippe,  réponse  d'une 
personne  intimidée  : 

Question  :  Quand  partez-vous.'* 

Réponse  :  Vendrechain  prodi,  pour  ven- 
dredi prochain  et  se  reprenant  :  vendrechi 
prodain.  Curiosus. 


•  * 


Dans  une  des  dix  premières  représenta- 
tions du  Baiser  de  Banville.^  aux  Français, 
Cadet  a  dit  : 

Un  vin  fait  pour  les  reines 
Avec  les  noirs  coteaux  des  raisins  de  Suiènes. 

Je  signale  ce  fait  grave  au  confrère 
A.  B.  X.  C'est  un  document  à  joindre  à 
ceux  qui  serviront  à  nuire  à  l'histoire  de 
la  fin  du  xix"=  siècle. 

Et  cela  l'apprendra  sans  doute  à  Coque- 
lin,  à  moins  que  cela  ne  le  lui  rappelle 
simplement.  Audivi. 

Un  étranger  qui  parle  fort  bien  le  fran- 
çais, a  commis  un  jour  une  contre-petterie 
assez  drôle  parce  qu'elle  était  involon- 
taire. Hn  parlant  de  la  grève  générale  des 
mineurs,  il  nous  a  dit  :  la  grève  minérale 
des  gêneurs,  ce  qui  était  tout  d'actualité, 
car  on  était  en  hiver. 

Qiiant  à  celles  qui  sont  un  peu  cher- 
chées, j'en  pourrais  allonger  la  liste, 
comme  on  le  demande,  mais  Y  Intermé- 
diaire ne  la  publierait  pas,  et  il  aurait 
raison. 

On  en  trouverait  toute  une  série  du 
même  genre,  dans  les  albums  de  La  Pe- 
tite vache.,  à  la  Bibliothèque  nationale. 

RoLiN  Poète. 

♦  * 

J'ai  souvent  entendu  raconter  par  mes 
parents  les...  accidents  oratoires  dont  a 
été  victime  un  certain  abbé  B. ,  curé  d'une 
jolie  ville  du  département  des  Vosges, 
sous  le  second  Empire. 

Ainsi,  ayant  été  l'objet  d'une  faveur  de 
Napoléon  111,  décoré  peut-être  au  cours 
d'un  des  voyages  de  ce  souverain  dans 
l'Est,  il  le  remercia  en  ces  termes  :  «  Ma- 
jesté, votre  sire  est  trop  bonne...  ». 

Une  autre  fois,  s'adressant  aux  sapeurs- 
pompiers  de  la  localité  qui  avaient  prêté 
leur  concours  à  quelque  cérémonie  reli- 
gieuse, il  les  apostropha  ainsi  :  s-  Braves 
sapiers  pompeurs...  ». 

Etc..  etc.  BiBL.  Mac. 

Reprendre  du  poil   de   la  bête 

(LIV,  504,  654,  766).  —  Le  Dictionnaire 
étymologique  et  explicatif  de  la  langue  fran- 
çaise et  spécialement  du  langage  populaire, 
par  Charles  Toubin  (Paris,  Ernest  Le- 
roux, 1886,  in-8)  donne  cette  explication 
v°  bête,  p.  126  :  Reprendre  du  poil   de  la 


N°  1131. 


L'INTERMEDIAIRE 


831 


832 


hête,  chercher  un  remède  dans  la  chose 
même  qui  a  causé  le  mal,  comme  fai- 
saient les  Romains  qui,  au  dire  de  Pline 
(xxix,  32),  employaient  contre  la  rage  la 
chair  de  chiens  morts  enragés. 

Del  cane  che  morde  il  pelo  sana^  dit  un 
proverbe  italien  traduit  par  Gabriel 
Meurier  de  la  façon  suivante  : 

Contre   morsure  de  chien  de  nuit, 
Le  mesnie  poil  très  bien  y  duit. 

et  par  Ch.  Bovelle  dans  cet  autre  distique 
(Proverbes,  livre  II)  : 

Du  poil  de  la  beste  qui  te  mordis 
Ou  de  son  san  sera  guéris. 

La  locution  reprendre  du  poil  de  la  hête 
ne  s'emploie  plus  aujourd'hui  qu'en  par- 
lant de  certains  buveurs  effrénés  qui  dis- 
sipent le  malaise  que  leur  a  causé 
rivresse  de  la  veille  par  l'ivresse  du  len- 
demain, témoin  le  quatrain  suivant  donné 
par  la  Bibliothèque  Paul  Janet  (t.  11,  p. 
41): 

Si,  pour  trop  boire, le  lendemain 
Vous  trouble   teste,  bras  ou  main, 
Avoir  vous  faut  sans  contredit 
Du  poil  du  chien  qui  vous  mordit, 

__  J.  Lt. 

Les  aboyeuses  de  Josselin  (LIV, 
506,  597,  717).  —  Le  phénomène  des 
aboyeuses  n'est  pas  particulier  à  Josselin. 
Je  connais  une  de  ces  névrosées  qui  est 
prise  de  ces  accès  aussi  bien  sur  le  «  ter- 
rain »  de  Sainte-Anne  que  sur  celui  de 
N.  D.  du  Roncier  de  Josselin.  Pour  être 
complet,  il  faut  ajouter  qu'elle  en  eut 
même  sous  son  propre  toit,  les  jours  de 
grandes  fêtes. 

Ces  crises  sont  ordinairement  précédées, 
et  de  vingt-quatre  heures  parfois,  d'un 
trouble  général,  pendant  lequel  le  sujet 
sent  en  lui  le  sang  «  bouillir  »  . 

C'est  une  erreur  aussi  de  croire  que 
TafTection  ou  plutôt  le  mal  soit  hérédi- 
taire. 

La  névrose  des  aboyeuses  est   bien  cu- 
rieuse   et   mériterait  d'attirer   davantage 
l'attention  de  ceux  qui  prétendent  qu'au- 
cun phénomène  ne  résiste  à  la  science. 
Vicomte  Hervé  du  Halgouet. 

La  valeur  de  l'écu  et  de  la  livre 
(tournois)  aux  différentes  époques 

(LIV,  555).    — Consulter  dans  l'ouvrage 


de  M.  le  vicomte  G.  d'Avenel,  le  résumé 
de  son  Histoire  économique:  La  Fortune 
privée  à  travers  sept  siècles.  (Colin  édit.). 
Aperçu  de  la  dépréciation  de  la  livre  tour- 
nois : 

1°  A  l'avènement  de  Saint-Louis  (xiu" 
siècle)  i.ooo  livres  tournois  équiva- 
laient à  une  honnête  aisance  :  98.000  fr. 
Elles  procuraient  9.800  fr.  de  rente  ; 

2°  En  1300,  les  1000  livres  ne  sont  plus 
que  64,000  francs,  et  le  revenu  n'en  est 
plus  que  de  6.400  francs  ; 

3°En  i400,durantla  guerre  de  Cent  Ans, 
les  1000  livres  correspondent  encore  à 
33.880  francs  et  rapportent  3.388  francs  ; 

4°  En  1500,  sous  le  règne  de  Louis  XII, 
la  livre  continuant  à  décroître,  mais  le 
pouvoir  d'achat  de  Targent  étant  plus 
grand,  la  vie  moins  chère,  les  mille  livres 
valent  27.840  francs  et  donnent  2,319  fr. 
de  rente  ; 

50  En  1600,  le  rentier  n"a  plus  de  quoi 
vivre  sans  travailler  ;  ses  1000  livres  ne 
correspondent  qu'à  6,42^  francs  actuels  et 
lui  valent  417  francs  de  rente,  sous  le 
règne  d'Henri  IV  ; 

6°  En  1700,  son  revenu  n'est  plus  que 
de  222  francs  dans  les  dernières  années 
du  règne  de  Louis  XIV.  C'est  un  paysan 
possédant  quelques  économies  ; 

7°  Au  moment  de  la  Révolution,  en 
1800,  son  capital  est  réduit  à  1900  francs, 
dont  il  tire  un  revenu  de  95  francs  ; 

8°  Enfin  en  1900,  les  mille  livres  tour- 
nois équivalent  à  950  francs  et,  au  lieu 
de  72.900  fr.  qu'elles  rapportaient  sous 
Charlemagne  (premières  années  du  ix®  siè- 
cle) le  rentier  ne  touche  annuellement  que 
38  francs.  C'est  un  simple  ouvrier  possé- 
dant un  livret  de  caisse  d'épargne. 

Si,  comme  il  est  possible,  le  pouvoir 
d'achat  de  la  monnaie  diminuait  encore, 
si  le  taux  de  l'intérêt  venait  à  tomber  à 
2  p.  100,  le  revenu  de  notre  richard  de 
l'époque  carolingienne, de  notre  bourgeois 
des  temps  féodaux,  de  notre  petit  rentier 
d'il  y  a  trois  siècles,  représenterait  à  peine 
le  prix  de  la  journée  de  travail,  dans  une 
grande  ville,  pour  les  professions  quelque 
peu  rétribuées.  Alexandre  Rey. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o  de  chaque  mois       10  Décembre  1906. 


42«  Année 

31  "".r.  Victor  Massé 

PABIS  (1X0  Cherchez  et 


QUiEQCE 


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Bureaux  :  de  2  à  4 heures 


g       II  se  faut 
entr'aider 


N"  1132 

3 1'",!*.  Victor  Massé 
PARl!9  (IX») 

Bureaux  :  de  2  à  4  heures 


ntexmé 


DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET   CURIEUX 

1864 


QUESTIONS     ET     RÉPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTOaiQUES,    SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 
: 833      — 834    . 


//  nous  faut  répéter  à  nos  cotrespondants 
qu'il  est  nécessaire  qu'ils  signent  leurs  en- 
vois, ou  de  leurs  noms,  ou  dun  pseudonyme 
déjà  adopté  par  eux,  ou  qu'ils  adoptent 
pour  la  première  fois  en  le  faisant  connaître. 
S^ ils  emploient  des  initiales,  nous  les  prions, 
pour  éviter  toute  confusion,  d'adopter  des 
initiales  qui  ne  sont  pas  déjà  une  signa- 
ture en  usage.  S'il  en  était  autrement  ils  en 
seraient  avisés. 

Nous  sommes  contraints  à  chaque  instant, 
de  faire  suivre  des  réponses  directement  :  il 
est  do?ic  indispensable  que  nous  sachions  à 
qui  les  faire  tenir. 

Le  secret  des  pseudonymes  est  rigoureuse- 
ment gardé. 

Toute  lettre  anonyme  ou  signée  d'un 
pseudonyme  inconnu  sera  considéice  comme 
non  avenue. 


<k 


Biribi.  —  On  va  supprimer  Biribi, 
c'est-à-dire  les  compagnies  de  discipline. 
Que  signifie  le  mot  Biribi  appliqué  à  ceb 
compagnies  ?  D'où  vient-il  ?  Les  diction- 
naires d'argot  sont  muets.  Il  est  impossi-  ' 
ble  de  voir  dans  cette  expression  une 
allusion  quelconque  au  jeu  de  biribi. 

M. 

Dieu  protège  la  Franco.  —  C'est 
la  devise  inscrite  sur  la  tranche  de  nos 
pièces  de  cinq  francs  ;  elle  doit  disparaî- 
tre dans  les  frappes  prochaines.  La  cou- 
tume d'apporter  des  entraves  à  l'émission  ' 


de  la  fausse  monnaie  par  la  gravure  de 
ces  devises  est  assez  ancienne.  Qjielle 
pièce  a  porté  la  première  devise  en  fran- 
çais «  Dieu  protège  Lz  France  »  ?  Existe- 
t-il  une  pièce  avec  cette  devise  antérieure 
à  la  loi  de  1803  ?  D'  L. 

La  situation  des  prêtres  mariés 
après  la  Révolution.  —  Le  pape 
Pie  VI,  dit  un  journal,  régularisa  la  si- 
tuation de  certains  prêtres  qui  avaient 
contracté  sous  la  Révolution,  des  unions 
illicites  aux  veux  de  l'Eglise.  Ces  régula- 
risations  ont-elles  été  rendues  publiques? 

En  connaît-on  ?  P.  de   M. 

Les  mandats  royiux  du  camp 
des  alliés.  —  M.  Dewamin,  dans  son 
remarquable  atlas  Cent  ans  de  numisma- 
iiqu''.,  publie  le  fac  simile   de  ce  mandat  : 

Mandat  royal 

Nous,  Louis  Dix-HUiï,  roi  de  France  et  de 
Navarre,  ordonnons  à  notre  ministre  des  Fi- 
nances de  faire  payer  par  notre  trésor  Koyal 
à  notre  fidèle  sujet  porteur  de  ce  mandat  et  à 
sa  présentation,  la  somme  de  dix  mille 
francs,  dans  la  première  année  où  j'entrerai 
en  possession  de  mon  Royaume,  laquelle 
somme  a  été  reçue  pour  le  service  de  l'état 
et  l'intérêt  de  ma  couronne. 

Donné  sous  notre  sceau  royal,  au  camp  des 
alliés,  en  notre  quartier  général  de  Francfort 
de  l'autre  côté  dv  Rhin,  le  24  novembre  de 
la  quatorzième  année  de  notre  Règne.  Aa 
1813. 

Louis  DlX-HUlT. 

A-t-il  été  délivré  de  ces  mandats.?  Ea 
a-t-il  été  payé  ?  A.  B.  X. 

LIV-46 


H'  1132. 


L'INTERMEDIAIRE 


— 835  

Le  puits  de  la  Nadée.  Les  puits 

de  Paris.  —  Une  ordonnance  de  police 
du  28  juin  1743  prescrit  les  réparations 
à  faire  au  puits  de  la  Nadée  proche  le 
monastère  des  Visitandines,  au  faubourg 
Saint-Jacques,  et  règle  les  mesures  à 
prendre  pour  l'usage  de  ce  puits  par  les 
habitants  du  quartier. 

On  demande  : 

i"  où  se  trouvait  exactement  ce  puits  ; 
a  signification  de   son 


83b 


2°  l'origine   et 
nom  ; 

3°  serait-il    possible   d'avoir    la    liste 
des  puits  banaux  de  Paris? 

G.  M.  Parisien. 

Cbâteau  de  Marines.  —  Au  xix* 
siècle,  la  bibliothèque  de  ce  château  eut 
un  ex-libris  portant  deux  écus  accolés.  Le 
premier  est  de  Gouy  d'Arcy  :  EcarieU  : 
aux  I  et  4  d'argent  à  l'aigle  èployée  de  sa- 
ble, becquée  et  menibrce  de  gueules  ;  aux  2 
et  ^  de  gueules  à  la  bande  d'or. 

Le  second  est  :  d'argent  au  chevron  de 
gueules,  accompagné  de  trois  trèfles  de 
sinople.  Qiielle  est  cette  alliance  ?  Les 
familles  portant  ces  dernières  armes  sont 
assez  nombreuses  :  Anselin,  Belleau,  du 
Buisson,  le  Couteulx,  Darquistade,  Fré- 
mont,  Harembert,  Onfroy,  etc.  11  est 
difficile  de  faire  un  choix.      D.  des  E. 

En  ce  qui  concerne  les  généalogies  des 
familles  existantes  qui  peuvent  être  utilemeyit 
et  facilement  consultées,  nous  prions  nos  col- 
laborateurs de  bien  vouloir,  au  préalable, 
diriger, sans  notre  concours,  leurs  recherches 
de  ce  coté. 

Colnel    Elondel   de    Joigny.   — 

D'après  un  tableau  généalogique  conservé 
dans    le   Nouveau   d'Ho:{ier,  à    la    Biblio- 
thèque   nationale,    Colnel  (alias   Nicolas) 
Blondel  de  Joigny,  maître  d'hôtel  du  roi, 
bailli  et  capitaine  du  Choquel  et  d'Etaples, 
était  fils  naturel  de  Jean  Blondel,  seigneur 
d'Argoules  et  de  Grevilliers.  Il  aurait  reçu 
des    lettres   de  légitimation  en  novembre 
1480,  probablement   au    moment  de  son 
mariage    avec    Marguerite    de    Fiennes, 
héritière    de    l'importante     baronnie     de 
Bellebrune,  une   des  douze   baronnies  du 
Boulonnais.  Ces   lettres    de    légitimation 
existent-elles  ?  Un  aimable  collègue  pour- 
rait-il m'en  donner  une  transcription  ré-  | 
sumée?  p.p.       j 


comte    de  Borch» 

aise  d'avoir   quelques 


Michel-Jean, 

—  Je   serais  bien 

renseignements  sur  les  dernières  années 
de  Michel-Jean,  comte  de  Borch,  natura- 
liste et  voyageur  delà  fin  du  xviii*  siècle. 
La  Biographie  universelle  affirme  qu'on 
n'a  jamais  su  l'époque  et  le  lieu  de  sa 
mort  ;  on  lit  ailleurs  qu'il  décéda  «  vers 
1810  ».  Une  date  précise  ferait  bien  mon 
affaire.  G.  T. 

Les  Bricquemaut.  —  Je  serais 
très  reconnaissant  à  l'intermédiairiste  qui 
pourrait  me  fournir  des  précisions  sur  la 
date  de  naissance,  de  décès,  et  sur  les 
faits  saillants  de  la  vie  des  deux  béarnais, 
DE  BRICQUEMAUT,  père  et  fils  qui  furent 
les  compagnons  d'armes  de  Henri  IV. 

Cardaillaco. 

Victor  Considérant  et  sa  doc- 
trine. —  11  y  a  quelques  années  est 
mort  Victor  Considérant,  le  phalansté- 
rien.  On  avait  annoncé  que  ses  amis  al- 
laient publier  une  étude  avec  des  docu-^ 
ments  laissés  par  lui  ^  Où  en  est  ce  pro- 
jet .?  Cette  étude  devait  fixer  la  doctrine^ 
qui  apparaît  un  peu  nébuleuse.  V. 

Le  peintre  Decheon.  —  Cet  artiste 
vivait  au  xvii*  siècle.  11  peignait  certaine- 
ment des  natures  mortes.  Quels  rensei- 
gnements a-t-on  sur  lui  .? 

G.  C.  Blois. 

Griscelli.  —  Le  corse  Griscelli,  agent 
secret  de  Napoléon  III,  connu  aussi  sous 
le  nom  de  Baron  de  Rimini,  après  avoir 
vendu  à  un  éditeur  belge  le  manuscrit  de 
ses  Mémoires  (publiés  depuis,  en  1871) 
disparut  tout  à  coup  de  Bruxelles. 

Cela  se  passait  au  commencement  de 
1867. 

Quelque  intermédiairiste  pourrait-il  me 
dire  ce  que  Griscelli  est  devenu  depuis  ? 
Sait-on  quand  et  où  il  est  mort  ?  Y  a-t-il 
d'autres  livres,  passages  et  fragments  qui 
pourraient  être  consultés  comme  sources 
pour  la  biographie  de  ce  bizarre  person- 
nage en  dehors  des  Mémoires  ci -dessus 
mentionnés  ?  Italicus. 

Hugues  des  Hozards.  —  L'église 
de  Blénod-les-Toul  renferme  le  tombeau 
de  Hugues  des  Hozards,  évêque  de  Toul^ 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  1906, 


837 


838 


décéJé  en  15 17.  Je  serais  heureux  d'avoir 
quelques  détails  sur  sa  parenté. 

Rev.  Marriner. 

Lettres  de  MonsiPfny  et  de  Se- 
daine  —  Les  lettres  du  compositeur  Mon- 
signy  sont  extrêmement  rares  ;  pour  l'être 
moins,  celles  de  son  collaborateur  Se- 
daine  ne  sont  pas  absolument  communes. 
Pour  un  travail  important,  je  recherche 
en  ce  moment  avec  ardeur  les  unes  et  les 
autres.  Si  quelques  collectionneurs. parmi 
nos  excellents  confrères  intermédiairisîes, 
en  possédaient  quelques  unes,  et  qu'ils 
voulussent  bien  m'en  donner  communi- 
cation, je  leur  en  serais  tout  particulière- 
ment reconnaissant. 

Arthur  Pougin. 

Une  lettre  de  Rotrou  sur  l'épidé- 
mie de  1650.  —  Je  serais  reconnaissant  à 
pourrait  me  dire  l'époque  à  laquelle  on 
trouve  pour  la  première  fois  mention  de 
la  fameuse  lettre  de  Rotrou  sur  l'épidé- 
mie, où  il  est  dit  que  les  cloches  son- 
nent pour  le  22*^  décès,  mais  qu'il  s'en 
remet  à  Dieu,  etc.,  etc.  —  Sait-on  qui  a 
fait  connaître  cette  lettre  ?  —  A-t-on 
quelques  renseignements  sur  le  sort  et 
l'histoire  de  cet  autographe  ^ 

Georges  Champagne. 

Famille  Souhigaray,  — Je  ne  sais 
point  l'existence  de  descendants  d'une  fa- 
mille de  ce  nom  qui,  si  j'en  juge  par  la 
terminaison  du  nom,  était  originaire  du 
sud  ouest.  Quelles  sont  ses  alliances  et  ses 
armoiries  ?  L.  H.  L. 

Alliance  de  Poirrier  d'Amfra- 
vilie.  —  Un  ex-libris  du  xvui'  siècle 
porte  deux  écus  accolés  :  le  premier  est  de 
Ponrier  d'Amfreville,  en  Normandie  : 
D'a{ur,au  chevron  if  or,  accompagne  en  chef 
de  trois  étoiles  d'argent,  et  en  pointe  d'an 
croissant  du  même.  Le  second  :  D'a^nr,  au 
chevron  d'or,  accompagne'  de  trois  besaiits 
du  même,^  est  commun  à  un  grand  nom- 
bre de  familles,  et  la  question  ne  peut 
être  résolue  qu'à  l'aide  d'une  généalogie 
des  Poirrier.  D.  des  E. 

Armoiries  à  déterminer  :  d'or,  à 
la  croix  ancrée.  —  A  qui  appartien- 
nent les  armoiries  suivantes  gravées  sur 
un  très  bel  ex-libris  de  1830  :  d'or,  à  la 


croix  ancrée  de  sable  chargée  d'un  écusson 
(écu  anglais)  de  gueules,  à  trots  gerbes  d'or 
2  et  I  ?  La  Sangliette. 

Es-libris  à  déterminer  :  de  si- 
nople...  —  De  sinople,  au  lion  passant 
d'argent,  à  la  main  issante  de  ?  Couronne 
de  marquis  surmontée  d'un  sanglier. 
Supports  :  2  cerfs.  Devise  manuscrite  : 
Fini  (sic)  vidi,!  vici.  O.  D...X. 

Ex-libris  avec  cygnes  et  amours. 
—  Sur  un  livre  du  xviu*  siècle,  je  trouve 
collée  une  étiquette  qui,  par  sa  position, 
son  genre, ses  dimensions(8cx8c), indique 
bi^n  qu'il  s'agit  d'un  ex-libris,,  quoiqu'il 
n'y  ait  ni  nom  de  propriétaire,  ni  nom 
d'habitation.  Voici  sa  description  :  écu 
ovale  rocaille  :  d'azur,  an  cygne  d'argent, 
sur  ttne  onde  du  même  en  pointe,^  an  chef 
cousu  de  gueules  chargé  de  ^  roses  d'argent 
{on  d'or).  Un  i"' amour,  issant  de  roseaux 
à  dextre,  tient  une  couronne  comtale  sur 
reçu,  à  côté  de  laquelle,  couché  comme 
en  cimier,  un  2*  amour  ht  dans  un  livre, 
qu'un  y  placé  à  sénestre  tient  élevé  et 
ouvert.  Un  grand  cygne  à  sénestre  est 
chevauché  par  un  4=  amour.  Deux  autres 
amours  jouent  à  dextre,  vers  le  bas,  avec 
un  autre  cygne  qu'ils  entourent  d'une 
guirlande  de  roses.  Le  tout  placé  sur  un 
rocher,  d'où  coule  une  petite  fontaine  en- 
tourée de  branchages. La  pièce  est  signée  : 
C  Cochin  filins  inv.  —  C.  O,  Galimard 
sculp. 

A  qui  appartenait  cette  délicieuse  pièce 
du  xviu''  siècle  ?  St-Saud. 

Florin  rémois.  —  Dans  le  tableau 
commémoratif  d'une  fondation  faite  à  la 
chartreuse  de  Bâle,  par  la  duchesse  de 
Bourgogne,  Isabelle  de  Portugal,  femme 
de  Philippe  le  Bon,  le  montant  de  la  do- 
nation est  évalué  en  florins  rémois,  flo- 
rinorum  remensium . 

Entendant  peu  de  chose  aux  monnaies 
anciennes,  je  serais  fort  reconnaissant  à 
ceux  de  nos  confrères  en  Intermédiaire  qui 
voudraient  bien  me  renseigner  sur  ce 
qu'était  et  valait  le  florin  rémois.  Je  ne 
crois  pas  avoir  commis  une  erreur  de  lec- 
ture. H.  C.  M. 

Titre  d'un   ouvrage  do    1609   à 

retrouver.  —  Je   possède   un   ouvrage 

1  dépourvu  de  son  titre.  C'est  un  gros  in-Sg 


N»  ii^i. 


L'INTERMEDIAIRE 


839 


840 


de  10694-  52  pp.,  imprimé  vers  1605, 
traitant  d'Histoires  anciennes  et  modernes 
appariées.  Je  désirerais  en  connaître  le 
titre  et  le  nom  de  l'auteur,  qui  devait  être 
un  religieux  cordelier,  originaire  du  Pon- 
thieu.  A.  L. 

Le  simple  soldat  mis  au  théâtre. 

—  M.  Robert  de  Fiers,  dans  sa  Chroni- 
que théâtrale  du  Figaro  (25  novembre), 
déclare,  à  notre  grande  stupéfaction,  que 
le  pioupiou  est  un  personnage  tout  à  fait 
moderne  au  théâtre  !  Je  cite  textuellement: 
«  Jusqu'à  ces  dernières  années,  je  ne  vois 
qu'une  pièce  qui  ait  discrètement  et  gaie- 
ment tenté  cette  satire  :  c'est  la  Grande 
ditcbesse  de  GéroJstein,  un  chef-d'œuvre. 
Lorsque  Scribe  ou  Labiche  ont  recours  à 
l'uniforme,  ils  se  gardent  de  donner  à 
leurs  acteurs  un  grade  inférieur  à  celui 
de  colonel.  » 

Les  «  colonels  »  de  Labiche  !  c'est 
déjà  raide  et  la  Grande  Duchesse  dont  l'ac- 
tion se  passe  dans  un  monde  de  fantaisie 
citée  à  l'appui  des  pioupious  mis  au 
théâtre  !  Mais  passons. 

Je  regrette  de  dire  à  M.  Robert  de  Fiers 
qu'il  a  sauté  à  pieds  joints  par  dessus 
l'ancien  répertoire  du  Palais-Royal  et  des 
Variétés.  Il  se  serait  aperçu,  en  y  regar- 
dant de  plus  près,  que  bien  avant  le  ser- 
vice obligatoire,  le  simple  soldat  avait  été 
mis  à  la  scène  sous  toutes  les  formes. 
Seulement  ce  n'étaient  pas  des  28  Jours 
ou  des  /j  jours,  puisqu'il  n'y  en  avait 
pas  encore,  mais  des  troupiers  du  moment 
et  souvent  aussi  des  alsaciens.  Levassor, 
Ravel,  Lassagne, Brasseur  père,  Lacombe, 
Gabel  se  firent  applaudir  dans  des  rôles 
d' exhilarants  troupiers.  Je  mentionnerai 
de  mémoire,  car  je  n'ai  pas  de  catalogues 
dramatiques  sous  la  main:  Le  Troupier  qui 
suit  les  bonnes.  Brelan  de  troupiers,  le 
Conseil  de  révision,  les  Deux  Grivet,  le 
Pioupiou,  le  Tourlourou.  le  Caporal  et  la 
payse,  la  Consigne  est  de  ratifier,  le  Sapeur 
et  la  maréchale,  le  Théâtre  des  :(0iiaves,  la 
Revanche  de  Fortunio,  Adélaïde  et  Ver- 
mouth, la  Nuit  du  75  octobre,  etc.,  etc.  Je 
ne  me  souviens  pas  bien  des  «  colonels  » 
de  Labiche,  mais  je  me  rappelle  parfaite- 
ment l'inoubliable  cuirassier  ou  dragon 
de  la  Sensitive.  Le  Gymnase  lui-même  n'a 
pas  exhibé  que  des  «  colonels  ».  Le  Fils 
de  famille  qui  eut  un  si  retentissant  suc- 
cès, mettait  en  scène  tout  un  escadron  de 


lanciers  où  figuraient  le  naïf  Canard  et 
l'épique  «  Marchef  »  représenté  par  Le- 
sueur. 

Que  M.  Robert  de  Fiers  nous  dise  que 
le  soldat  au  théâtre  s'es,t  démocratisé  en 
même  temps  que  l'armée,  soit.  Et  cepen- 
dant il  était  bien  «  populo  »  ce  brave 
soldat  du  cirque  impérial,  représenté  par 
Colbrun  ou  VoUet,  ce  conscrit  poltron 
qui,  devant  le  danger,  devenait  un  héros 
et  conduisait  ses  camarades  à  la  victoire. 

Le  soldat  n'a  donc  pas  été  introduit 
d'hier  au  théâtre.  Autres  temps,  autres 
mœurs,  voilà  tout.  Nos  auteurs  contem- 
porams  qui  ont  passé  par  la  caserne  ne 
peuvent  pas  nous  peindre  des  types  à  la 
«  Fanfan  la  Tulipe  »  ou  à  la«Jolicœur  >>. 
—  Peut-on  à  l'appui  de  ma  ihèse,  citer 
d'autres  pièces  où  le  simple  soldat  donne  à 
1  ire  avant  l'institution  du  service  obliga- 
toire, bien  entendu  .? 

Henry  Lyonnet. 

Anciens  termes,  anciennes  for- 
mes   au   pays  de  Bretagne,  —  Je 

serais  bien  reconnaissant  à  l'intermédiai- 
riste  qui  m'indiquerait  un  dictionnaire 
explicatif  des  anciens  termes,  des  an- 
ciennes formes  et  expressions  employés 
en  Bretagne  aux  différentes  époques  du 
régime  féodal  et  dans  la  suite  jusqu'à  la 
Révolution.  Korrigan. 

Moire.  —  Je  cherche,  depuis  près  de 
trois  ans,  sans  pouvoir  la  trouver,  l'éty- 
mologie  du  mot  moire.  Darmesteter,  après 
Ménage  et  quelques  autres,  dit  «  moire, 
de  l'anglais  mohair,  dérivé  de  l'arabe 
mokkayar  ». 

Or,  tous  les  dictionnaires  anglais  que 
j'ai  pu  consulter,  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale comme  au  British  Muséum,  disent 
«  moire,  mohair,  du  vieux  français  mou- 
haire  ». 

Dans  quel  pays  et  à  quelle  époque  ce 
mot  étrange,  que  les  linguistes  anglais  et 
français  se  renvoient  à  tour  de  rôle,  a-t-il 
pris  naissance  ?  E.  X,  B, 

Venir  à  son  devant.  —  Venir  à  son 
devant  pour  venir  au  devant  de  quelqu'un 
est  une  forme  provençale  qui  a  le  don  de 
nous  mettre  en  gaieté  toutes  les  fois  que 
nous  l'entendons.  Mais  je  viens  de  la  lire 
dans  le  Temps  (18  novembre  1906),  Je 
me  demande  si  elle  est  française  ou  s'il  ne 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  1906, 


841 


842 


s'agit  tout  bonnement,  que  d'une  rémi- 
niscence du  parler  natal  de  l'auteur,  car 
je  crois  M.  Raymond-Recouly  d'origine 
méridionale.  Eumée. 

Avoir  dufoia  dans  ses  bottes.  — 

D'après  Charles  Toubin  {Dictionnaire  éty- 
mologique de  la  langue  française ^W^  Butte) 
c'est  «  être  riche,  ne  manquer  de  rien  », 
locution  inexplicable,  si  on  prend  ici  le 
mot  foin  dans  son  sens  ordinaire,  parce 
que,  s'il  arrive  à  des  paysans  de  mettre 
de  la  paille  dans  leurs  sabots  pour  réchauf- 
fer leurs  pieds,  il  n'est  jamais  arrivé  à 
personne  de  mettre  du  foin  dans  ses  bottes, 
ce  qui  serait  fort  gênant  et  pourrait 
blesser.  Au  temps  de  nos  pères,  l'impor- 
tance d'une  personne  se  mesurait  souvent 
au  bruit  que  faisaient  ses  souliers  au  mo- 
ment où  elle  entrait  dans  un  lieu  public. 
Ducange  parle  d'une  ancienne  chaussure 
appelée  crépita^  à  cause  du  bruit  qu'elle 
faisait  pendant  qu'on  marchait  (quia  cre- 
pitatur  amhulando)  ;  cette  chaussure  était- 
elle  la  même  que  les  bot f es  à  cr éperon  qui, 
selon  Monteil,  tiraient  leur  nom  du  même 
fait  ?  Delvau  dit  à  son  tour  :  «  croque- 
neaux,  souliers,  dans  l'argot  des  faubou- 
riens qui  les  font  croquet  (crier)  quand  ils 
sont  neufs  ;  on  les  appelle  aussi  souliers  à 
musique  ».  Ce  bruit  S7U  gentris  s'appelait 
à  Paris  flic -/lac.  «  Je  dirai,  dit  le  Moyen  de 
parvenir,  comme  notre  vieux  curé  qui 
disait  en  son  prosnc  :  Il  y  en  a  qui  ont 
des  pantoufles  qui  vont  faisant  flique- 
flaque  ».  En  Franche-Comté,  on  l'appelle 
vûiiin-vouin,  ou  simplement  vouin.  Oh  ! 
oh  !  tu  as  des  bottes  qui  chantent  !  Com- 
bien as-tu  donné  au  cordonnier  pour  y 
mettre  du  vouin  ou  du  vouin-vouin  ?  Mettre 
du  foi fi  dans  ses  bv)ttes,  par  altération, 
pour  y  mettre  du  vouin  ;  faire  l'homme 
d'importance  ;  être  un  des  gros  bonnets 
du  pays. 

Doit-on  s'en  tenir  à  cette  explication  ? 

J.  Lt. 

Les  dames  russes  et  leurs  camé- 
ristes  :  supplicas  extraordinaires. 

—  En  parcourant  dans  le  Tour  du  Monde, 
(année  1865,  2"  semestre),  le  récit  du 
voyage  de  d'Henriet  dans  les  provinces 
russes  de  la  Baltique,  je  lis  avec  surprise 
le  passage  suivant   (p.  ii8)  : 

Je  ne  parle  pas  de  certains  supplices  infli- 
gés par  des  dames  mécontentes  àleurscamé- 


ristes  et   qui,  sortant  de   l'ordinaire,  forment 
exception. 

Pùurrais-je  savoir,  par  un  de  nos  col- 
laborateurs bénévoles,  au  courant  des 
faits  de  la  vie  intime  et  domestique  de  la 
Russie  à  cette  époque,  ce  que  pouvaient 
bien  être  «  des  supplices  sortant  de  l'or- 
dinaire »,  infligés  à  des  caméristes  par 
leurs  maîtresses  mécontentes  ^ 

Il  y  avait  donc  des  supplices  ordinai- 
res ? 

Cela  semble  d'un  autre  âge  et  rappelle 
les  récits  des  auteurs  latins  sur  les  rap- 
ports des  dames  romaines  avec  leurs  es- 
claves. A.  M. 


Restitutions  anonymes.  —  On  lit 

dans  les  journaux  : 

Il  a  été  versé,  à  titre  de  restitution  ano- 
nyme à  l'Etat,  la  somme  de  8.000  fr.,  dont 
il  a  été  fait  recette  par  le  caissier-payeur 
central  du  Trésor  public. 

Il  a  été  versé,  à  titre  de  restitution  ano- 
nyme à  l'Etat,  à  la  caisse  du  trésorier  géné- 
ral du  Calvados,  la  somme  de  i  fr.  95  dont 
il  a  été  fait  recette  par  le  caissier-payeur 
central  du  Trésor  public. 

La  personne  qui  a  restitué  anonyme- 
ment I  fr.  95  avait  des  scrupules  honora- 
bles ;  celle  qui  a  restitué  8.000  francs  a 
obéi  à  des  scrupules  plus  impérieux. 

Comment  se  font  ces  restitutions  ano- 
nymes, par  qui,  pourquoi?  Y  a-t-il  des 
exemples  de  restitutions  célèbres  suppo- 
sant un  remords  héroïque  ?  "Y". 


Le  plus  haut  prix  d'un  livre.  — 

Un  libraire  allemand  met  en  vente  au 
prix  de  10.000  mark  (12.200  fr.)  une 
plaquette  de  quatre  feuillets,  le  MunJus 
Novus  d'Améric  Vespuce,  imprimé  vers 
1503,  relié  en  simple  vélin. 

Trois  mille  francs  le  feuillet,  c'est,  à 
ma  connaissance,  le  plus  haut  prix  qui 
ait  jamais  été  demandé  pour  aucun  livre. 
La  Bible  de  quarante-deux  lignes  elle- 
même  ne  vaut  pas  cela. 

Connaît-on  des  évaluations  supérieures.? 

Un  Passant. 


Civitas  Victoriacensis.  —  Quelle 
est  la  ville  de  France  dont  le  nom  est,  en 
latin,  Civitas  Victoriacensis? 

H.  ViVAREZ. 


N'   1133. 


L'INTERMEDIAIRE 


843 


844 


pon^eô 


L'empereur  Guillaume  6st-il  entré 
dans  Pans  ea  1871  ?  (LIV,  777).  — 
On  a  demandé  à  l'auteur  de  la  question 
de  publier  le  document  sur  lequel  il 
s'appuie.  C'est  ce  passage  des  mémoires 
du  prince  Kraff  de  Hohenlohe,  comman- 
dant en  chef  de  l'artillerie  allemande 
devant  Paris  : 

Quand  la  revue  fut  terminée,  l'empereur 
alla  à  cheval  jusqu'à  sa  voiture  et  retourna  à 
Versailles.  Le  lendemain,  sans  escorte,  accom- 
pagné de  son  adjudant,  le  prince  Radzivil!, 
et  avec  un  chasseur  sur  le  siège,  il  fit  tout 
seul  une  promenade  dans  Paris  en  voiture 
ouverte,  attelée  à  deux  chevaux.  Le  courage 
qu'il  montrait  ainsi  sera  seulement  apprécié 
quand  on  saura  qu'il  recevait  alors  chaque 
jour  des  lettres  de  menaces  qui  lui  annon- 
çaient sa  mort  prochaine  et  dont  la  plus  polie 
commençait  par  ces  mots  :  <<  cochon  de 
Guillaume  ».  11  parcourut  aussi  les  rues  de 
la  ville  très  écartées  et  Radzivill  me  dit  qu'il 
avait  entendu  plus  d'une  fois  ces  exclama- 
tions :  «  Qu'est-ce  que  ceci?  mais  c'est 
Guillaume  !  Tiens,  il  a  osé  ». 


1°  L'armée  allemande  n'a  occupé  dans 
Paris  que  le  rectangle  compris  entre  les 
fortifications,  les  quais  de  la  rive  droite, 
du  pont  du  Point  du  Jour  au  pont  de  la 
Concorde,  la  place  de  la  Concorde,  la  rue 
Royale,  le  faubourg  Saint-Honoré  et  l'a- 
venue des  Ternes; 

2°  Tous  les  ponts,  la  place  et  les  rues 
aboutissant  à  ce  parcours  étaient  défendus 
de  la  façon  suivante  :  à  la  tète  des  ponts, 
une  première  barricade  composée  de 
caissons  vides  et  avant-trains  enchevêtrés 
gardée  par  l'armée  active  ;  à  l'autre  extré- 
mité des  ponts  ou  à  environ  100  mètres, 
dans  les  mêmes  rues,  une  deuxième  barri- 
cade, cette  fois  gardée  par  la  garde  natio- 
nale ; 

3"  Le  passage  qui  y  était  ménagé  était 
assez  étroit,  car  il  n'y  avait  guère  que 
deux  ou  trois  personnes  qui  pouvaient  y 
passer  de  front.,  par  conséquent  il  eût  été 
impossible  de  passer  en  voiture  ; 

4°  Le  passageétant étroit,  si  Guillaume  P"" 
s'y  était  hasardé,  sa  physionomie  était 
tellement  connue  que  cette  action  témé- 
raire eût  été  signalée. 

D'autre  part,  une  voiture,  surtout  dé 
couverte,  eût  certainement  attiré  l'atten- 
tion dans  Paris  à  ce  moment  où  elles  étaient 


excessivement  rares,  tous  les  chevaux  de 
fiacre,  d'omnibus  et  de  particuliers  ayant 
été  réquisitionnés  pour  la  nourriture  et 
le  transport  du  matériel  de  guerre. 

A.  Bardel. 

Le  comte  Tronhenberg,  délégué  des 
chevaliers  de  Saint-Jean,  et  aide  de  camp 
du  Kronprinz,  donne  de  l'ahsiention  du 
roi  un  mobile  supérieur  : 

YerSiiilles,  i"  mars. — A  une  heure,  la  revue 
(à  Longchamp)  est  terminée  ;  les  troupes 
entrentdans  Paris.  L'empereur,  c'est  vis'ble, 
désirerait  faire  son  entrée  à  leur  tête,  mais 
il  écoute  la  voix  de  la  raison,  et  en  compagnie 
de  son  fils,  retourne  directement  à  Versailles. 

C'est  une  preuve  qu'il  n'est  pas  entré  à 
Paris. 

Exécution  de  Henri  de  Mont- 
morency à  Toulouse  (LU  ;  LUI  ;  LIV, 
iq},  400).  —  Un  des  savants  les  plus  au- 
torisés de  la  «  cité  Palladienne  »  nous  fait 
l'honneur  de  nous  adresser  la  note  «  con- 
fidentielle »  ci-dessous.  Nous  la  publions, 
néanmoins,  assurés  d'avance  que  nos  lec- 
teurs nous  saurons  gré  de  l'indiscrétion 
dont  nous  ne  us  rendons  coupables  à  leur 
profit. 

Rien  de  ce  qui  sort  de  la  plume  de 
notre  éminent  correspondant  n^  saurait 
passer  inaperça  et  d'ailleurs  quoique 
sous  une  forme  imprécise,  le  problème 
ne  se  trouve-t-il  pas  ainsi  résolu  ? 

Vous  m'aviez  invité  à  faire  quelques  re- 
cherches au  sujet  du  supplice  de  Montmo- 
rency, en  vue  de  X Ititermédi.iire.  ]'ai  pioché 
la  question  si  consciencieusement  et  ai  trouvé 
tant  de  documents  contradictoires  que  je  ne 
me  suis  pas  senti  en  état  de  formuler  une 
opinion.  Les  témoignages  contemporains  sont 
en  désaccord.  Il  paraît  prouvé  que  l'exécu- 
teur fut  le  bourreau  de  l'armée  royale,  ce 
qui  écarte  l'histoiie  de  la  prétendue  guillo- 
tine locale.  Un  imprimé  du  temps  dit  que  le 
duc  recommanda  au  bourreau  de  frapper 
juste,  ce  qui  écarte  également  l'hypothèse 
d'un  appareil  mécanique. 

Qiiant  au  couteau  que  l'on  montre,  à  l'hô- 
tel de  ville  de  Toulouse,  il  a  été  confectionné 
seulement  au  xvine  siècle  pour  la  décolla- 
tion des  gentilshommes  verriers,  et  la  date 
qu'il  porte,  1622,  y  a  été  gravée  après  coup, 
comme  le  démontre  le  caractère  tout  moderne 
des  chiffres. 

Dans  ces  conditions,  le  silence  m'a  paru 
d'obligation.  Ce  n'est  pas  la  peine  de  parler 
pour  ne  rien  dire  de  décisif. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


845 


10  Décembre  1906. 


846 


Une  fil'e  naturelle  de  Louis  XIV 

(XLVIII  ;  L).  —  Voltaire  parle,  dans  le 
Siècle  de  Louis  XIV^  vers  la  fin  du  cha- 
pitre 28,  d'une  fille  naturelle  de  ce  mar- 
quis qui  l'avait  eue  d'une  demoiselle  atta- 
chée a  Mme  de  Montespan.  Elle  fut  ma- 
riée à  un  gentilhomme  appelé  de  la 
Queue,  des  environs  de  Versailles, 

V.  A.  T. 


Le    district    des   Cordeliers    en 

1789  (LIV,  725).  —  La  bibliothèque  de 
la  ville  de  Paris,  si  riche  en  documents  de 
ce  genre,  ne  contient  de  pièces  sur  le 
district  des  Cordeliers  qu'à  partir  de  sep- 
tembre 1789.  Je  n'y  vois  aucun  des  noms 
indiqués  par  notre  collaborateur  ,  mais 
ceux,  bien  connus, de  d' Anton  (sic),  Faire 
d'£glunfine,  Paré,  Labbé,  Sentex,  etc. 

d'E. 

Cambronne  àWaterloo(T.G.,  163  ; 

L;LIII).  — Dans  ma  brochure  :  la  Phrase 
et  le  Mot  de  IV  tî/^r/oo,  j'ai  omis,  parmi 
les  auteurs  de  la  phrase  ou  d'une  phrase 
semblable,  le  général  Ledru  des  Essarts 
qui,  pendant  la  retraite  de  Smolensk  à 
Orcha,  sous  les  ordres  de  Ney,  aurait  ré- 
pondu à  un  officier  russe  :  «  Les  Français 
combattent,  mais  ne  se  rendent  pas  ». 

Le  fait  est  rapporté  par  le  général 
J.  D.  Freytag  dans  ses  Mémoires  (Paris, 
1824).  Marquiset. 

La  fuite  de  Louis-Philippe  (LIV, 
610,  68,^,  733J.  —  Se  rappelle-t-on  la 
lettre  ci-après  qui  a  été,  à  l'époque,  re- 
produite en  fac-similé  : 

Dreux,  jeudi  24  février  1848. 

Mon  cher  comte,  Parti  sans  une  obole,  il  a 
fallu  emprunter  à  Versailles  pour  notre  ché- 
tif  voyage.  Nous  sommes  très  bien  arrivés 
ici  à  cinq  heures  du  soir  C'était  le  mieux.  A 
présent,  il  faut  faire  arranger  le  plutôt  (sic) 
possible  notre  voyage  à  Eu.  II  faut  des  voi- 
tures et  vous  me  fériés  (sic)  plaisir  de  vous  y 
mettre  pour  m'apporter  l'argent  dont  je  vous 
remets  les  ordres, et  pour  concerter  avec  vous 
les  horribles  et  effrayants  arrangements  de 
ma  nouvelle  position,  et  j'espère  que  vous 
pourrés  venir.  Bon  soir. 

Et  sur  la  feuille  suivante  : 

J'autorise  le  comte  de  Montalivet  à  faire 
porter  au  crédit  de  mon    compte    particulier 


une    somme    de    trente     mille    francs    (ci- 
30.000  fr.). 

Ce  24  février  1848. 

Louis  Philippe. 
P.  c.  c.  O. 

Une  fille  naturelle  de  Jérôme  Bo- 
naparte (LIV,553,686,732).  —  La  mère 
Marie  de  la  Croix  dont  il  est  question, 
était  en  effet  religieuse  au  couvent  des 
Oiseaux. 

Mais  elle  n'a  jamais  été  supérieure. 

Elle  était  religieuse  de  chœur. 

La  mère  Marie  de  la  Croix  est  morte  le 
27  novembre  1873. 

Le  prince  Jérôme  avait  épousé  en  Amé- 
rique Mme  Patterson.  mariage  parfaite- 
ment en  règle.  Par  conséquent,  la  mère 
Marie  de  la  Croix  était  bien  leur  fille  légi- 
time. 

Ce  prince  eut  L^  faiblesse  de  subir  la 
volonté  de  l'Empereur  et  de  devenir 
l'époux  d'une  princesse  de  Wurtemberg. 
Malgré  cela,  même  au  couvent  des  Oi- 
seaux, on  croyait  la  naissance  de  cette 
religieuse  irrégulière,  et  beaucoup  de 
personnes  le  pensaient  à  cause  de  la  mé- 
salliance. 

J'ignore  la  date  de  sa  naissance,  ainsi 
que  celle  de  son  entrée  au  couvent. 

P.  Taffin. 

La  France  et  ses  limites  natu- 
relles (LIV,  667,  793).  —  C'est  une  pure 
querelle  d'allemand,  que  de  revendiquer 
à  la  France  l'Alsace  Lorraine  qui,géogra- 
phiquement,  fait  partie  de  la  Gaule,  ainsi 
qu'historiquement  parlant,  d'aussi  haut 
qu'on  puisse  remonter,  même  avant  notre 
ère.  De  tout  temps,  au  contraire,  on  voit 
les  migrations  de  l'est  à  l'ouest  des  peu- 
ples barbares  envahir  nos  chères  pro- 
vinces, toujours  reprises  par  nous  avec 
le  temps  et  toujours  envahies  de  nouveau 
par  des  populations  germaniques  et  ger- 
manico-slaves  successives  ;  depuis  les 
Suèves  jusqu'aux  Borusses  ou  Prussiens, 
en  passant  par  les  Huns  ou  Hongrois. 

Mais    il  y    a    bien    mieux  encore  !   bi 

l'on  prétendait  que  le  Rhin  n'est  pas  une 

barrière,    nous  montrerions    que    depuis 

(  quinze  siècles,  les  Français  ont  possédé  la 

I  Franconie,  qui  se   trouve  de   l'autre  côté 

'  du  Rhin  et  qui  confine  à  la  Thuringe  !  De 

sorte  qu'on  pourrait  dire  (avec   bien   plus 

juste  raison  encore  que  les  Allemands), 


N°  1132. 


L'INTERMEDIAIRE 


851 


Rétablis    pendant   les   Cent  jours  ,    ils   j 
firent  partie  des  quatre  compagnies  rouges   j 
—    chevau-légers  ,     mousquetaires    gris, 
mousquetaires  noirs  (1),  gendarmes. 

Les  chevau-légers  formaient  un  corps  de 
456  hommes,  tous,  même  les  non  gradés, 
ayant  le  rang  de  sous  lieutenant.  La  solde 
était  très  faible,  variant  entre  600  et  800 
francs  par  an  ;  mais  la  grosse  dépense 
pour  le  roi  était  les  che\aux,  l'équipe- 
ment et  le  brillant  uniforme. 

Dans  les  quatre  compagnies  rouges,  les 
plus  aristocratiques  de  la  maison  du  roi, 
tous  les  hommes  étaient  nobles,  à  quel- 
ques exceptions  près  (2).  C'étaient  d'an- 
ciens gardes  du  corps  de  Louis  XVI,  de 
Vendéens,  de  soldats  de  Condé,  d'anciens 
émigrés.  A  peine  âgé  de  seize  ans,  le 
coriite  Alfred  de  Vigny  entra  dans  les 
compagnies  rouges  de  la  maison  du 
roi. 


852     

* 

La  gendarmerie  de  France  était  compo- 
sée, en  i6ç)0,  de  16  compagnies;  10  de 
gendarmes  et  6  de  chevau-légers.  Les 
privilèges,  charges,  emplois,  etc.,  des 
chevau  légers  étaient  équivalents  à  ceux 
des  gendarmes. 

Cette  troupe  se  recrutait  par  engage- 
ment volontaire  des  gentilshommes  no- 
bles ou  non  qui  voulaient  servir.  Après 
vingt  ans  de  service,  une  déclaration  du 
roi  conférait  la  noblesse  personnelle 

Des  renseignements  sur  la  création,  le 
recrutement,  l'organisation,  etc.,  de  cette 
troupe  sont  donnés  dans  Les  régiments 
sous  Louis  Xy^  par  Lucien  Mouillard. 
Beaudoin,  1882,  p.  97  et  109. 

Des  planches  en  couleurs  à  la  fin  du 
volume  donnent  les  uniformes  des  gendar- 
mes et  des  chevau-légers  de  1 737    à  1774. 

L'Histoire  des  16  covipaguies   de  la  gen- 


Les  chevau-légers  furent  supprimés  en      damier ie  de  France.  Gouaches,    1724,    dé 
1815. 

2°  Les  gendarmes  de  la  garde  du  roi. 

Sous  Louis  XIV,  ils  marchaient  après 
les  gardes  du  corps  et  avaient  le  pas  sur 
les  chevau-légers.  L'effectif  de  ce  corps 
était,  en  1715,  de  16  compagnies,  savoir: 
10  de  gendarmes  et  6  de  chevau-légers. 

L'uniforme  était  à  peu  près  le  même 
que  celui  des  chevau-légers,  en  171 5, 
avec  cette  différence  qu'ils  portaient  le  ra- 
bat. Tous  les  officiers  étaient  montés  sur 

des  chevaux  gris,   et  les   gendarmes  sur  j   gnale  l'erreur  que  j'ai  commise  en  affir- 
mant qu'en  1-]^.^  aucune  place  ney.\s\a\tk 


pôt  de  la  guerre,  donnerait  peut-être  l'u- 
niforme des  chevau  légers  aux  environs 
de  1716. 

h' Etat  militaire  pour  l'année  1772  de 
Roussel,  que  j'ai  sous  les  yeux,  donne  la 
description  de  l'uniforme  des  gendarmes, 
p.   156.  Ex-LiBRIS. 

Une  n  éda  lie  do  fondation  sur 
Saint-Î^ulpice  (LIV,  451,  531.  573. 
736).  —  Un   excellent   collègue    me    si- 


des  chevaux  bais. 


Licenciés  en    1787,   le  corps  des  gen-   '   côté  de  l'église  Saint-Sulpice.  Je   m'em- 
darmes  de  la  garde  du  roi  fut  rétabli  sous  j   presse   de   rétablir  la   vérité   d'après  ses 


la  Restauration,  et  fit  partie,  con  me  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  des  quatre  compa- 
gnies rouges. 

Les  gendarmes  du  roi,  au  nombre  de 
456,  comme  les  chevau-légers,  étaient 
presque  tous  nobles. 

Lors  de  la  réorganisation  de  l'armée  en 
181 5,  ils  disparurent  avec  la  suppression 
des  compagnies  rouges.        D'  Billard. 


(i)  Les  mousquetaires  de  la  première  com- 
pagnie, qui  avaient  le  bouton  et  la  bouton- 
nière d'or,  montaient  des  chevaux  gris  ;  les 
mousquetaires  de  la  d.Hixième  compagnie 
(bouton  et  boutonnière  d'argent)  montaient 
des  chevaux  noirs,  ce  qui  amena  les  dénomi- 
nations de  mousquetaires  gris  t\.  àtmousque- 
taires  noirs  . 

(2)  H,  Houssaye,  18 j^,  t.    I,  p.  ai. 


indications. 

Dès  1754,  il  existait  une  petite  place 
qui  n'était  qu'une  sorte  d'amorce  de  la 
grande  place  projetée  par  Servandoni. 
Elle  comprenait  l'espace,  resté  libre  ac- 
tuellement encore,  entre  l'entrée  de  la  rue 
des  Canettes  et  la  façade  latérale  de  l'é- 
glise, et  portait  le  nom  dt  place  de  Saint- 
Sulpice.  Elle  fut  inaugurée  avec  pompe 
en  1754  et  un  arc  de  triomphe  de  circons- 
tance y  fut  érigé  en  l'honneur  du  roi.  II 
est  d'ailleurs  bien  évident  que  la  médaille 
dont  il  est  question  n'en  représente  pas 
l'aspect,  mais  se  rapporte  au  projet  de 
Servandoni.  P.  F. 

Moï<^e  et  la  croyance  àTimmor- 
i  t^litô  de  l'âmo  (LIV,  778).  —  Il  me 
'  semble  que  la  réponse  à  notre   honoré 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


8S3 


10  Décembre  1906, 


854 


collègue  dépend   beaucoup    du   point  de 
vue  auquel  on  se  place. 

Pour  un  croyant,  la  Thorah  est  un  li- 
vre saint  et  contient  par  conséquent,  à 
priori,  les  dogmes  fondamentaux  de  sa 
religion.  Un  agnostique,  au  contraire,  y 
trouvera  des  affirmations  nettement  con- 
traires à  l'immortalité  de  l'àme  ;  ainsi 
Gen.  m,  iQ  «comme  poussière  toi.  et  en 
poussière  tu  retourneras  »  Des  expres- 
sions comme,  Gen^  XV,  15  :  «  tu  iras  vers 
tes  pères  en  paix,  dans  une  bonne  vieil- 
lesse, et  tu  seras  enterré  »  signifieront 
simplement  «  tu  mourras»  etc.  Le  terme 
de  scbeol est  employé  dans  Nombtes  xvi, 
33  dans  le  sens  de  <\  trou,  fosse  »  ;  il 
signifie  «  vallée  »  dans  Dent^  xxxu,  22; 
«  tombe  »  dans  Gen.  xiji,  38. 

Sans  remonter  jusqu'aux  célèbres  que- 
relles des  Pharisiens  et  des  Saducéens, 
M.  le  D""  L.  peut  consulter  à  l'appui  de 
son  opinion,  H^Xévy  (Mélattges  de  crUi- 
que  et  d'histoire,  1885,  p  368  s.).  Le  sa- 
vant hébraisant  fut  vivement  combattu 
sur  ce  point,  à  l'Institut,  par  MM.  Op- 
pert  et  Derenbourg  Voyez  aussi  Grunei- 
sen.  Der ahnen  cultus  nnd  die    Urrelicrion 

o 

hraels.  Halle,  1900,  p.  65,  etc. 

N.  DouM. 

♦  ♦ 
A  cette  opinion  de  M.Oppert  exprimée 

comme  orateur  du  Grand-Orient  :  «  Moïse 
ne  croyait  pas  à  l'immortalité  de  l'âme, 
il  n'a  pas  laissé  la  moindre  trace  de  cette 
croyance  dans  le  Pentatcnqiie  »,  un  polo- 
nais, M  RoUer,  a  répondu  au  congrès  des 
orientalistes  de  1873 . 

Il  a  fait  d'abondantes  citations  pour  dé- 
montrer le  contraire. 

«  L'Eternel  est  celui  qui  fait  mourir  et 
qui  fait  vivre,  qui  fait  descendre  au  sé- 
pulcre et  qui  en  fait  remonter.  »  [Sa- 
muel., II,  6), 

Ensuite  lorsque  le  fils  de  la  femme  veuve 
à  Sarepta,  chez  laquelle  logeait  le  pro- 
phète Elle,  venait  d'expirer,  la  Bible  té- 
moigne du  fait  suivant  :  «  Puis,  il  cria  à 
l'Eternel  et  dit  :  Eternel,  mon  Dieu,  je  te 
prie  que  l'âme  de  cet  enfant  rentre  en 
lui  2».  Alors  l'Eternel  exauça  levœu  d'Elie, 
et  l'âme  de  l'enfant  rentra  en  lui,  et  il  re- 
couvra la  vie  (1.  Rois,  ch.  xvn,  21-22). 

Enfin  on  trouve  :  «  Et  que  la  poudre 
retourne  dans  la  terre,  comme  elle  y 
avait  été.  et  que  l'Esprit  retourne  à  Dieu 
qui  l'a  donné  ».  (/ïcclésiasie.,  xii,  9). 


«  Ce  qui  prouve,  dit  M.  RoUer,  suivant 
les  prophètes,  que  l'âme  des  justes  ne 
s'éteint  pas  et  qu'elle  est  sûre  d'avoir  sa 
récompense  dans  la  vie  future.  Je  pourrais 
encore  citer  bien  des  phrases  de  ce  genre, 
mais  je  me  borne  à  prouver  que  toutes  ces 
idées  de  l'immortalité  de  l'âme  ressortent 
.   de  l'école  de  Moïse.  » 


Helenus  (LIV,  446,  520,  627,  829). 
—  Je  crois  qu'il  faut  traduire  Helenus, 
non  par  Hélène,  mais  par  Héleii.  Il  y  a 
non  seulement  une  paroisse  de  Saint 
Hélen  dans  les  Côtes  du-Nord.  mais  une 
autre  de  Lanhélen  (territoire  de  saint 
Hélen)  dans  l'IUe  et-Vilaine,  et  le  prénom 
de  Hélen  se  rencontre  assez  fréquemment 
en  Bretagne,  dans  les  anciens  actes  de 
l'état-civil.  Je  puis  citer  comme  me  tou- 
chant un  peu  :  //^/e;z-Claude- François 
Olivier,  seigneur  de  Kervégan,  marié,  le 
8  mai  173 1,  à  Louise-Marguerite  du  Breil 
de  Pontbriand,  veuve  de  François-Joseph 
de  Robien. 

Vicomte  DU  Breil  de  Pontbriand. 

Châteaux  de  France  (T.  G.,  197  ; 
LIV,  406,  577,  687,  740).  —  L'évêché  de 
Bethléem,  dont  il  a  été  incidemment 
parlé,  était  situé  à  Clamecy,  dans  le 
Nivernais,  et  il  n'est  peut-être  pas  inutile 
de  rappeler  comment  il  avait  été   fondé. 

Guillaume  IV,  comte  de  Nevers,  tomba 
malade  de  la  peste  en  Palestine,  et  se 
voyant  à  toute  extrémité,  voulut  faire 
son  testament.  Comme  il  avait  une  dévo- 
tion particulière  pour  Bethléem, il  ordonna 
que  son  corps  y  fût  inhumé,  et  légua  à 
cette  église  l'hôpital  de  Pantenor  de  Cla- 
mecy, avec  les  biens  qui  en  dépendaient 
afin  que  l'évèque  pût  y  faire  sa  retraite, 
dans  le  cas  où  les  Sarrasins  parviendraient 
à  le  chasser  de  son  siège.  Guy  I",  frère  et 
successeur  de  Guillaume  IV,  approuva 
cette  donation,  la  signa  et  la  fit  signer 
par  tous  ses  barons.  Guillaume  étant 
mort  peu  de  temps  après  (24  octobre 
1 168),  fut  inhumé  à  Bethléem. 

Guy  revint  bientôt  en  France,  emme- 
nant l'évèque  de  Bethléem  qu'il  mit  en 
possession  de  son  hôpital  de  Pantenor  ; 
dès  lors,  ce  lieu  prit  le  nom  de  Bethléem 
et  fut  le  siège  d'un  évêché.  La  comtesse 
Mahaud,  en  1223,  et  le  roi  Charles  VI,  en 
14 12,  confirmèrent  les  dons   faits  à  cette 


N"  1 132, 


LlNTERiMEDlAlRE 


855 


856 


église  ;  le  même  roi  ordonna  que  les  titu- 
laires qui  seraient  originaires  de  France, 
ou  qui  y  auraient  demeuré  depuis  long- 
temps, jouiraient  des  mêmes  privilèges 
que  les  autres  évêquès  du  royaume. 

M.  de  Soultrait,  dans  V Armoriai  du 
Nivernais^  donne  la  liste  chronologique 
des  évêques  de  Bethléem,  au  nombre  de 
55,  depuis  1223.  Le  dernier  titulaire  fut, 
comme  le  dit  M.J.-C.  Wigg,  François- 
Camille    Duranti-Lironcourt,     sacré     en 

1778.  D.  DES  E. 

Sépultures  d'artistes  célèbres 
(U;  LiI;LllI;LlV,  13,  5 3 2J.  —  Monsieur 
Ambroise  Firmin-Didot  (1790-1876)  le 
distingué  imprimeur,  écrivain  et  biblio- 
phile, est  enterré  à  Sorel-Moussel  (Eure-et- 
Loir)  où  sont  établies  les  usines  à  papier 

de  cette  illustre  famille.  M.  Al. 

* 

*  * 
Au  Père-la-Chaise,  dans  la  59*  division, 

longeant  le  boulevard   Ménilmontant,  se 

trouve  la  sépulture  Deburaii-Ciiif^  dont  le 

monument,  actuellement  en  granit,  a  été 

refait  récemment,  il  porte  comme  simple 

inscription  : 

Deburau 

ij  juin  18^6 

Veuve  Deburau 
y  février  IQO^ 

E.  G.  Taverny. 

Baptême  (noms  de  ville  donnés) 

(^XLVll;  XLVIU;  L;  LU;  LUI  ;  LIV,  292). 
—  Le  fils  du  maréchal  deTessé  reçut,  au 
baptême, les  prénoms  de  René-Mans. 

Lieutenant  général  des  armées  du  Roi 
et  des  provmces  du  Maine,  Perche  et 
comté  de  Laval,  premier  et  grand-écuyer 
de  la  Reine,  il  mourut,  dans  la  615*  année 
de  son  âge,  le  21  septembre  1746,  en  son 
hôiel  au  Mans,  paroisse  de  Saint-Vincent. 
Em. -Louis  Chambois. 

Famille  de  Batinep  (LIV,  221,  408, 
522,  741).  —  \J Armoriai  du  Dauphiné., 
par  G.  de  Rivoire-la-Batie,  donne  une  no- 
tice sur  la  famille  du  colonel  de  Batines, 
connue  à  la  Côte-Saint-André  dès  l'an 
1380  et  fixée,  depuis  le  commencement 
du  XIV*  siècle,  dans  le  Maine, 

La  notice  se  termine  par  la  phrase  sui- 
vante : 
""Quant    au    littérateur     dauphinois    connu 


sous  le  nom  de  Paul  Colomb,  vicomte  de  Ba- 
tines, il  était  fils  d'un  avocat  général  à  la 
cour  royale  de  Paris,  né  à  Gap,  qui  s'appe- 
lait Colomb  tout  court  et  qui  s'était  fait, 
croyons-nous,  créer  vicofnte  à  l'époque  de 
la  Restauration,  sous  le  nom  de  Colomb  de 
Batines. 

X. 

Le  chevalier  de  la  Cressonnière 

(LIV, 669, 799).— Jean-Baptiste  Ampleman, 
chevalier  de  la  Cressonnière,  était  le 
deuxième  fils  de  Marc-Antoine  Ample- 
man, vicomte  d'Olfus,  seigneur  de  la 
I  Cressonnière,  en  Artois,  et  de  Marie- 
Françoise  Huguet  de  Sémonville. 

D'abord  sous-lieutenant  au  régiment 
de  la  Marine,  dont  il  devint  lieutenant,  il 
passa,  le  21  janvier  1760,  dans  celui  de 
Poli  cavalerie,  où  il  avait  le  grade  de 
cornette.  Il  en  était,  en  1762,  à  sa  sep, 
tième  campagne,  et  servait  en  Allemagne- 
sous  les  ordres  du  prince  de  Condé.  Ayant 
reçu  un  coup  de  feu  au  bras,  il  fut  ré- 
formé en  1763,  à  la  suite  de  cette  blessure 
et  fut  fait  chevalier  de  Saint-Louis.  Il 
résida  en  Touraine  où  il  prit  part  à 
l'assemblée  électorale  de  la   noblesse,  en 

^789- 
Ces  notes  sont  empruntées  à  M.  A.  de 

Remâcle  qui  a  décrit  son  ex-libris  dans 

les  Archives  de  la  Société  française^  mais 

qui  n'a   pas   parlé   de  livres  portant  son 

nom. 

Les  armes    de   la   famille    Ampleman 

étaient  :  d'argent,  à  trois  aigles  éployées  de 

sahle^  que  les  cadets  hx\sd\t'n.\.  d'un  chevron 

d'a:^nr. 


* 

*    ¥ 


Je  possède  un  ex-libris  de  ce  chevalier  : 
d'argent,  an  chcvion  d'a:(ur,  accompagné 
de  )  aigles  à  2  têt- s  de  sable,  au  vol  éployé 
2  et  I .  Couronne  de  marquis.  Supports  : 
2  licornes. 

Famille  Cuissart,  du  Beauvaisis 

(LIV,  334,  745)-  —  Je  remercie  bien  vi- 
vement M.  Le  Lieur  d'Avost  ainsi  que  les 
aimables  cliercheurs    qui     pourront    me 


renseigner  encore. 


DE  C. 


Marc  Ducloux(LlI  ;  LIV,  414,  628). 
—  La  principale  source  où  j'ai  puisé  les 
éléments  de  ma  réponse  à  la  question 
Marc  Ducloux  a  été  la  brochure  de 
M.   L.  Mogeon. 

Mes  souvenirs  de  lectures,  les  notes  de 


DES  CHERCHEURS    ET  CURIEUX 


10    Décembre  juo6 


857 


858 


quelques  livres  indicatives  d'éditions,  des 
cataloguas,  m'ont  été  utiles. 

J'ai  enfin  trouvé,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  le 
nom  de  Ducloux  maintes  fois  répété  dans 
les  lettres  de  Sainte-Beuve  à  M.  et  à  Mme 
juste  Olivier  Elles  ont  été  publiées  dans 
la  Revue  des  Deux-Mondes  en  1903  et 
1904,  par  M.  Léon  Séché,  et  ont  ensuite 
paru  en  un  volume  in  12,  édité  par  la 
Société  du  Meraire  de  France  (Paris, 
1904). 

M.  Philippe  Godet,  professeur  à  la  fa- 
culté des  lettres  de  Neuchàtel,  a  publié, 
en  1904.  dans  la  Bibliothèque  Universelle 
de  Lausanne,  n"'  de  février  à  mai,  trente- 
cinq  lettres  de  M.  et  de  Mme  Juste  Oli- 
vier à  Sainte-Beuve  ;  ce  sont  les  seules 
qui  aient  été  conservées  ;  elles  ont  été 
communiquées  par  M.  le  vicomte  de  Spœl- 
berch  de  Lovenjoul.  Ces  lettres  sont  re- 
liées entre  elles  par  un  texte  explicatif  de 
M.  Godet  ;  elles  ont  trouvé  place  dans  le 
volume  de  M.  Léon  Séché,  mais  sans  ce 
texte. 

Juste  Olivier  (1807- 1876),  poète,  his- 
torien, romancier,  avait  fait  la  connais- 
sance de  Sainte-Beuve  en  1830,  dans  un 
séjour  de  quelques  mois  à  Paris.  Rentré 
dans  sa  patrie,  juste  Olivier  n'oublia  pas 
le  poète  et  critique  français  ;  des  lettres 
furent  échangées,  mais  les  véritables  rela- 
tions d'amitié  et  la  correspondance  pro- 
prement dite  entre  ces  deux  hommes  da- 
tent de  1837,  année  où  Sainte-Beuve 
vint  en  Suisse,  fut  reçu  dans  la  famille 
Olivier  et  professa  à  l'Académie  de  Lau- 
sanne son  cours  sur  Port-Royal.  Elles  du- 
rèrent jusqu'à  la  mort  de  Sainte-Beuve 
(1869). 

Juste  Olivier  avait  étudié  la  théologie  en 
vue  du  pastorat  protestant,  mais  il  re- 
nonça à  cette  carrière,  pour  se  consacrer 
à  l'enseignement  supérieur  et  à  la  culture 
des  lettres  :  il  fut  professeur  de  littéra- 
ture à  Neuchàtel,  puis  d'histoire  à  l'Aca- 
démie de  Lausanne.  Il  dirigea,  pendant 
près  de  trois  ans,  la  Revue  Suisse  que 
Marc  Ducloux  avait  fondée  en  1838. 
Sainte-Beuve  lui  adressait  de  Paris  des 
lettres-chroniques  qui  parurent  dans  la 
Revue,  sans  nom  d'auteur,  et  qui  oit  été 
rééditées,  après  la  mort  du  critique,  par 
M  Jules  Troubat,  en  un  volume,  sous  le 
titre  de  :  Chroniques  parisiennes  (Paris, 
1876). 

La  révolution  vaudoise  de  1845  obligea 


Olivier  à  quitter  son  pays  natal  pour  aller 
s'établir  à  Paris  où  la  vie  ne  lui  fut  pas 
facile  et  où  il  eut  à  essuyer  bien  des  de- 
boires.  11  fut  prote  dans  l'imprimerie  de 
son  compatriote  Marc  Ducloux,  trouva 
aussi  l'emploi  de  ses  facultés  dans  l'ensei- 
gnement officiel  et  dans  l'enseignement 
privé  et  ouvrit  dans  sa  maison  une  pen- 
sion destinée  aux  jeunes  gens  étrangers 
qui  venaient  terminer  leurs  études  à  Pa- 
ris. 

Plusieurs  de  ses  œuvres  littéraires  vi- 
rent le  jour  dans  cette  ville.  La  guerre  de 
1870-1871  le  retint  en  Suisse  où  il  était 
venu  faire  un  séjour  de  vacances  et  où  il 
acheva  sa  carrière.  Il  mourut  à  Genève. 

Mme  Juste  Olivier,  poète  aussi,  a  été  la 
collaboratrice  de  son  mari. 

La  publication  de  M.  Godet  dans  la  Bi- 
bliothèque Universelle  aura  révélé  à  plu- 
sieurs lecteurs  la  personnalité  sympathi- 
que d'un  ami  de  George  Sand,  Jules  Né- 
raud,  botaniste  et  grand  voyageur.  En 
1841,  il  fit  une  excursion  en  Suisse  et  fut 
reçu  par  M.  et  Mme  Olivier  qui  le  mirent 
en  rapport  avec  Marc  Ducloux.  Néraud 
avait  composé  un  petit  traité  de  botani- 
que destiné  à  la  jeunesse.  Ducloux  en  ac- 
quit la  propriété,  l'imprima,  mais  le 
garda  en  feuilles  non  assemblées  ;  Geor- 
ges Bridel,  son  successeur,  mit  la  der- 
nière main  à  cette  publication.  L'ouvrage 
parut  en  1847,  sans  nom  d'auteur,  sous 
le  titre  de  Botanique  de  l'enfance,  avec 
une  préface  de  George  Sand.  Le  libraire 
Hetzel  en  a  publié  une  nouvelle  édition, 
revue  par  Jean  Macé.  Jules  Néraud  mou- 
rut en  1855,  âgé  de  59  ans. 

M.  Godet  cite,  dans  l'un  de  ses  arti- 
cles, (n"  de  mars),  des  extraits  de  cinq 
lettres  inédites  de  George  Sand  à  Jules 
Néraud. 

Je  dois  rectifier  en  un  point  ma  pre- 
mière réponse.  La  révolution  vaudoise  de 
1845,  qui  eut  un  contre-coup  dans  le 
monde  ecclésiastique,  fut  bien,  suivant 
Eugène  Rambert  (1830-1886),  biographe 
d'Olivier,  et  M.  Léon  Séché,  la  cause  de 
l'exode  de  Ducloux  à  Paris,  mais  il  ne 
parait  pas  que  des  troubles  politiques  et 
religieux  Paient  déterminé  à  la  cession 
qu'il  fit,  en  1844,  de  ses  établissements 
de  Lausanne  à  iVlM.  Bonamici  et  C"  et 
Georges  Bridel.  L.  Y. 


N"  113-2. 


L'INTERMÉDIAIRE 


859 


860 


Dumay,  directeur  des  cultes  (LIV, 
5i^).  —  Avant  d'occuper  ses  hautes 
fonctions,  Charles-Frédéric  Dumay  avait 
fait  jouer  à  Paris: 

Seul,  Un  monsieur  dont  le  ne:(  remue ^ 
vaudeville  en  1  acte  (Délassements-Comi- 
ques, 1"  décembre  1868).  Non  imprimé  ; 

En  collaboration  avec  Edouard  Cadol, 
Le  Puits  de  Carnac,  drame  en  4  actes 
(Château-Eau,  14  avril  1870).  Dentu, édi- 
teur ; 

En  collaboration  avec  François  Oswald, 
Du  pain  s.  v.  p.,  comédie  en  i  acte 
(Cluny,  15  mars  1873).  Non  imprimé  ; 

La  Belle  et  la  Bête^  pièce  en  2  actes 
(Renaissance,  12  avril  1873).  Non  im- 
primé ; 

Dans  le  Bottin,  vaudeville  en  i  acte 
(Folies-Dramatiques,  19  juillet  1873.)  Non 
imprimé  ; 

Un  beau  dévouement ,  comédie  en  i  acte 
(Vaudeville,  15  janvier  1875).  Michel 
Lévy,  éditeur  ; 

En  eau  trouble^  vaudeville  en  i  acte 
(Variétés,  25  mai  1875).  Michel  Lévy, 
éditeur. 

II  publia  en  outre,  chez  Dentu,  une 
pièce  intitulée  :  Le  Fils  légitime  (5  actes, 
1878). 

Sur  le  faux  titre  du  Fils  légitime  sont 
indiqués  deux  autres  ouvrages  qui  n'ont 
été  ni  représentés  ni  imprimés:  Û Affamé, 
comédie  en  i  acte,  et  En  Alsace^  drame 
en  I  acte. 

A  bas  les  calicots  !  n'est  point  de  Char- 
les, mais  de  Léon  Dumay. 

L. -Henry  Lecomte. 

Projet  de  mariage  de  Gambetta 
(L  ;  Ll  ;  LIV,  801).  —  Du  Figaro,  6  no- 
vembre 1906  : 

Où  se  trouvent  actuellement  les  lettres  de 
Gambetta  î  quel  est  le  dépositaire  du  volumi- 
neux dossier  formé  par  cette  correspondance? 
On  savait  que  jadis  Mme  Léonie  Léon  en 
avait  fait,  par  testament,  un  legs  spécial  qui 
devait,  à  sa  mort,  revenir  à  l'un  des  amis  les 
plus  dévoués  de  Gambetta,  M.  Marcellin  Pel- 
ïet,  ancien  député  du  Gard,  et  aujourd'hui 
ministre  de  France  à  La  Haye.  Mais  à  me- 
sure que  les  années  passaient,  Mme  Léon,  qui, 
déjà,  du  vivant  même  de  Gambetta,  était 
loin  de  partager  les  opinions  philosophiques 
et  religieuses  du  grand  tribun  et  de  ses  amis, 
s'éloignait  davantage  encore  du  milieu  politi- 
que qui  avait  été  celui  de  Gambetta.  Vivant 
dans  la  retraite  et  dans  la  piété,  perdant  peu 
à  peu  tout  contact  avec  l'entourage  de  l'illus- 


tre homme  d'Etat, elle  s'était  fait  une  existence 
de  recluse.  Sa  petite  maison  de  la  rue  Perri- 
chon  était  comme  un  couvent  oij  elle  aurait 
résolu  de  passer  ses  derniers  jours,  et  lors- 
qu'une maladie  grave  la  força  d'envisager  la 
mort,  ce  fut  une  religieuse,  une  sœur  béné- 
dictine qu'elle  institua  sa  légataire  univer- 
selle. 

Lettres  de  Lavater  (LIV,  781).  — 
On  veut  sans  doute  parler  de  la  «  Corres- 
pondance inédite  de  Lavater  avec  l'impé- 
ratrice de  Russie,  sur  l'avenir  de  l'âme  ». 
(A.  Lacroix,  Verbœchoven,  1868.) 

Les  lettres  dont  il  s'agit  se  trouvent  au 
château  grand  ducal  de  Powlov/sk.  Elles 
sont  datées  de  Zurich  1798.  Seize  ans  au- 
paravant, Lavater  avait  eu  l'occasion  de 
faire  à  Zurich  et  à  Schaffouse,  la  connais- 
sance du  comte  et  de  la  comtesse  du 
Nord  (c'est  sous  ce  nom  que  le  grand  duc 
de  Russie  et  sa  femme  voyageaient  en 
Europe)  et  de  1796  à  1800,  il  envoyait  à 
l'impératrice  .Marie,  des  réflexions  sur  la 
physionomie,  auxquels  il  joignait  des  let- 
tres ayant  pour  but  de  dépeindre  l'état  de 
l'âme  après  la  mort. 

Ces  lettres  de  Lavater  furent  décou- 
vertes pendant  une  revision  de  la  biblio- 
thèque grand  ducale,  par  le  docteur 
Minzloflf,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
impérialede  Pétersbourg  et  mises  en  ordre 
par  ce  dernier.  Elles  ont  été  publiées  à 
Saint-Pétersbourg  en  18^8,  aux  frais  de 
la  Bibliothèque  impériale  Cet  ouvrage  a 
été  offert  en  hommage  au  Sénat  de  l'Uni- 
versité d'Iéna  à  l'occasion  du  300'  anni- 
versaire de  sa  fondation. 

Ces  lettres  font  penser  à  la  fois  à  la 
théosophie  et  au  spiritisme  qui  ni  l'une  ni 
l'autre  n'existaient  encore. 

La  traduction  même  est  anonyme.  En 
réalité   elle  est  d'un  M.  Alfred  Véron. 

Si  l'auteur  de  cette  question  y  voit  un 
intérêt,  je  puis  lui  signaler  un  exemplaire 
annoté. 

Cette  note  inédite  pourra  lui  être  utile  ; 
c'est  l'histoire  de  la  brochure  : 

Lorsque  je  publiai  cette  correspondance 
j'espérais  que  la  notoriété  de  l'auteur  ainsi 
que  la  qualité  des  personnages  à  qui  ces  let- 
tres étaient  adressées, appelleraient  l'attention 
du  public  sur  cette  grande  question  de  l'âme, 
si  discutée  aujourd'hui  dans  le  monde  en- 
tier. 

Soit  indifférence,  soit  le  mysticisme  des 
pensées  intimes  que  le  célèbre  physionomiste 
ne  confiait  qu'à   des  amis  dont   il    savait  être 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  lo   Décembre    1906 


861 


862 


compris,  cette  publication  ne  fit  pas  grand 
bruit  et  un  bon  nombre  d'exemplaires  me 
resta. 

Destiné  à  être  distribué  dans  le  cercle  de 
mes  relations,  j'en  ai  souligné  quelques  pas- 
sages afin  d'en  élargir  le  sens  et  de  donner 
aux  principes  émis  par  Lavater  l'appui  de  la 
révélation  des  esprits. 

«  Il  n'y  a  point  de  surnaturel  dans  la  na- 
ture, mais  beaucoup  d'incompréhensible. 

«  Deux  éléments  ou  si  l'on  veut  deux  forces, 
régissent  l'univers  ,  l'élément  spirituel  et 
l'élément  naturel. 

«  De  l'action  simultanée  de  ces  deux  prin- 
cipes naissent  des  phénomènes  spéciaux  qui 
sont  naturellement  inexplicables  si  l'on  fait 
abstraction  de  l'un  des  deux.  » 

J'engage  le  lecteur  à  méditer  ces  véritésphi- 
losophiques,  en  attendant  le  prononcé  de  la 
science,  et  à  étudier  la  doctrine  spirite  qui 
parle  à  l'âme  et  en  démontre  l'existence. 

Alfred  Veron. 
57,  rue  N.-D.-de-Lorette.  1872. 

Le  même  écrivain  a  écrit  de  sa  plume, 
à  la  main,  en  tête  de  sa  brochure  particu- 
lière cette  pensée  de  Renan  : 

«  J'ai  rapporté  du  seuil  de  l'infini  une  foi 
plus  vive  que  jamais  dans  la  réalité  supé- 
rieure du  monde  idéal.  C'est  lui  qui  ^5^  et  le 
monde  physique  parait  être.  Ce  que  dix 
d'entre  vous  ne  veulent  pas  entendre  aujour- 
d'hui, demain  dix  mille  le  liront.  » 

Renan. 
A  ses  collègues  de  l'Institut  1862. 

Comment  Renan,  en  1862,  a-t-il  pro- 
noncé ces  paroles  ^ 

Les  lettres  de  Lavater  sont  signées  tan- 
tôt : 

Jean-Gaspar  Lavater. 

Avec  la  permission  de  Dieu,  la  suite  dans 
huit  jours. 


prochainement  si   Dieu    veut  le 


ou  encore  : 

La    suite 
permettre. 

Pour  produire  plus  d'effet  il  y  a  joint  : 
«  La  lettre  d'un  esprit  bienheureux  à  son 
ami  de  la  terre  sur  la  première  vue  du 
seigneur  »  qui  est  signée  «  Makariose- 
nagape  ».  Puis  '<  La  lettre  d'un  défunt  à 
son  ami  sur  les  rapports  qui  existent  entre 
les  esprits  et  ceux  qu'ils  ont  aimés  sur 
la  terre.  >v 

Ce  sont  des  récits  sur  le  monde  invisi- 
ble par  des  «  esprits  désincarnés  »  qui 
l'habitent.  Lavater  est  bien  là  le  précur- 
seur d'AUan  Kardec.  L. 


Louis  de  Lesclade ,  professeur 
dô  philosophie  (LIV,  725).  —  Mais  ce 
Lesclade  est  une  vieille  connaissance  pour 
Yfnfetmédiaire  ;  n'est-ce  pas  le  Lesclache  à 
qui  le  Moliériste  de  notre  ami  iVlonval  a 
consacré  jadis  des  pages  si  intéressantes 
et  qui,  de  temps  à  autre,  réveille  la  cu- 
riosité de  nos  collaborateurs  .? 

Alpha. 

L'Abbé  Prlichon  est-ill' auteur  du 
«  Maidit».  —  L'abbé  Michon  et  la 
science  graphologique  (T.  G.,  590  ; 
LIV,  636).  —  L'abbé  Michon  a  pris  soin 
de  répondre  lui-même  aux  accusations  de 
DesbaroUes  et  il  l'a  fait  assez  longuement 
dans  son  Système  de  graphologie.  En 
voici  quelques  extraits  : 

i'^  Relativement  à  la  collaboration  de 
DesbaroUes,  dont  il  n'aurait  été,  au  dire 
de  celui-ci,  que  le  secrétaire, l'abbéMichon 
répond  : 

D'après  cette  splendide  version,  d'une 
hardies-e  plus  que  bouffonne,  j'ai  été  tout 
bonnement  un  secrétaire. 

Or  voici  ce  qu'il  avait  écrit  précédemment 
sur  la  valeur  d'Adolf  Henze  :  Le  grapholo- 
giste  allemand  ne  m'avait  inspiré  qu'une 
demi-confiance,  parce  qu'il  n'établit  pas  une 
seule  fois  une  méthode.  Il  ne  prouve  rien.  II 
est  par  trop  fantaisiste,  paradoxal. 

Son  livre  n'est  autre  chose  que  la  collec- 
tion des  réponses  faites  à  un  journal.  Chez 
nous,  elles  ne  seraient  pas  sérieuses.  Et 
ailleurs  :  Chez  lui,  il  est  impossible  de  dé- 
couvrir une  méthode.  11  donne  des  applica- 
tions, jamais  la  règle. 

Voilà  la  méthode  consacrée  depuis  sept  ans 
que  m'apportait  cet  homme.  Voilà  le  rudi- 
ment des  démonstrations  de  mon  livre. 
Quelle  honteuse  contradiction  !  La  tête  d'un 
septuagénaire  déménage  quaid  elle  écrit  de 
telles  choses.  J'ai  composé  la  méthode  gra- 
phologique sur  la  méthode  d'un  homme  qui 
n'établit  pas  une  seule  fois  une  méthode.  On 
croit  rêver.  Et  l'on  débite  ces  fadaises  au 
public  parisien  ! 

Mais  si  Adolf  Henze  n'a  pas  de  méthode, 
M.  Michon  en  a-t-il  une?  Ecoutons  notre 
homme. 

«  Un  beau  jour  je  fis  la  rt*ncontre  d'un  sa- 
vant d'un  nom  connu  (M.  Michon),  qui 
s'occupait,  comme  moi,  i.\-:  l'étude  des  écri- 
tures et  qui  m'en  donna  à  1  instant  des  preu- 
ves. Il  avait  tout  un  système, avec  des  règles, 
des  signes,  une  véritable  science,  en  un  mot. 
J'eus  bientôt  fait  connaissance  avec  l'érudit 
graphologiste,  et  je  l'engageai  à  concourir  à 
mon  œuvre  en  apportant  toute  sa  grammaire 


N     1 132, 


L'INTERMEDIAIRE 


863 


864 


à  la  perfection  de  la   cience    que   je   me  pro- 
posais de  publier.  » 

Nous  sommes  bien  loin  maintenant  delà 
fable  de  l'homme  qui  ne  fait  que  servir  de 
secrétaire.  Cette  fois  il  apporte  une  véritable 
science,  «  toute  sa  grammaire  ».  Des  secré- 
taires de  ce  genre  ressemblent  beaucoup  à 
des  maîtres. 

Cf.  Système  de  graphologie.  Additions^ 
corrections  et  éclaircissements,  note  B. 
page  2j. 

2"  Quelques  pages  plus  loin,  l'abbé 
Alichon,  faisant  allusion  à  l'intervention 
de  la  Société  des  «ens  de  lettres,  écrit  : 

Ces  quelques  lignes,  d'une  extrême  indul- 
gence, sont  une  allusion  à  un  rapport  fait  au 
comité  de  la  Société  des  gens  de  lettres,  à 
propos  d'un  procès  que  mon  collaborateur 
éditeur  m'avait  intenté  devant  le  tribunal  de 
commerce.  Ce  tribunal,  bien  avisé,  ne  voulut 
pas  connaître  de  l'affaire  et  la  renvoya  au  co- 
mité de  la  Société  des  gens  de  lettres. 

Le  comité  me  débarrassa  de  cet  homme  en 
annulant  le  traité  littéraire  qui  me  liait  à  lui. 
Mais,  allant  plus  loin,  et  sur  les  clameurs  du 
personnage,  qui  se  disait  déshonoré  dans  le 
monde  des  lettres  s'il  n'était  pas  établi  qu'il 
était  pour  une  part  dans  l'invention  de  la 
graphologie,  le  comité  adopta  les  conclu- 
sions de  son  rapporteur,  que  M.  Michon 
n'était  pas  le  seul  inventeur  de  la  science 
graphologique,  mais  que  le  personnage  avait 
travaillé  à  formuler  une  science,  et  que 
M.  Michon  n'était  que  son  collaborateur. 

Le  comité  des  gens  de  lettres  sortait  là  de 
ses  attributions.  Le  tribunal  de  commerce 
lui  donnait  un  traité  littéraire  à  discuter  et 
un  litige  pécuniaire  à  juger,  et  nullement  la 
mission  de  chercher  quel  était  l'inventeur 
ou  le  seul  inventeur  de  la  science  grapholo- 
gique. Le  comité  s'avisait  là  d'aborder  une 
question  qui  est  de  la  compétence  du  public, 
mais  non  de  la  sienne.  Il  faisait  un  excès  de 
pouvoir  au  premier  chef.  J'avais  donné  ma 
signature  en  blanc  pour  accepter  son  juge- 
ment ;  oui,  mais  naturellement  sur  le  litige 
que  le  tribunal  de  commerce  soumettait  à 
sa  juridiction,  puisque  mon  collaborateur  et 
moi  nous  étions  membres  de  la  Société  des 
gens  de  lettres,  mais  non  sur  la  question  de 
savoir  qui  avait  ou  qui  n'avait  pas  inventé 
la  science  graphologique. 

Le  rapporteur  avait  fait  son  travail  avec 
une  partialité  révoltante  :  il  avait  complai- 
samment  exposé  les  réclamations  de  mon 
adversaire  ;  il  n'avait  pas  eu  la  loyauté  de 
me  demander  les  miennes. 

Le  comité  des  gens  de  lettres  me  faisant 
la  défense  de  me  dire  le  seul  inventeur  de  la 
science  graphologique,  prenait,  en  matière 
de    science,  un  pouvoir  directorial   risible. 


i  Comment  des  hommes  de  lettres  un  peu  sé- 
rieux peuvent-ils  s'oublier  à  des  prétentions 
si  étranges  ?  On  croit  rêver. 

Evidemment  je  n'ai  tenu  aucun  compte  de 
la  belle  décision.  Je  ne  suis  certainement  pas 
le  seul  inventeur  de  la  graphologie. 

L'observateur  des  vieux  temps  qui  trouva 
que  tous  ceux  qui  mettent  les  points  sur  les 
i  sont  des  prudents,  des  attentifs,  des  méti- 
culeux, découvrait  le  premier  signe  grapho- 
logique. La  décision  du  comité  des  gens  de 
lettres  était  donc  un  enfantillage. 

En  réalité,  il  s'agissait  non  d'invention  de 
science,  mais  d'un  système  publié.  Or  je 
suis  parfaitement  le  seul  inventeur  de  mon 
système.  Mon  collaborateur  lui-même  avait 
donné  sur  ce  point  un  démenti  énergique  et 
formel  au  comité  des  gens  de  lettres.  Il 
m'écrivait,  le  6  septembre  1870  :  Je  dis  dans 
ma  préface  que  vous  allez  exposer  votre  sys- 
tème au  public,  je  n'ai  nulle  envie  d'exploi- 
ter votre  science.  Je  vous  ai  dit  que  j'ai  un 
autre  système.  Si  je  cite  le  vôtre,  ne  vous 
plaignez  pas.  Mon  nom  a  encore  une  auto- 
rité   Je  ne   vole  personne.  Je    recommande. 

Ce  qui  est  plus  fort,  s'il  est  possible, c'est 
la  lettre  suivante,  du  30  août  1871,  à  Emilie 
de  Vars  :  Nous  devions  donner  chacun  notre 
système  :  mais  lui  (M.  Michon)  lorsque  je  ré- 
glais mon  œuvre,  a  apporté  un  système  tout 
fait.  M.  Michon  n'a  jamais  voulu  adapter 
son  système  à  ma  science.  Il  se  refuse  abso- 
lument à  ce  mélange. 

Les  lettres  de  ce  pauvre  homme  lui  tom- 
bent maintenant  comme  une  lourde  tuile  sur 
la  tête.  Impossible  de  se  contredire  plus  bru- 
talement. Voilà  la  réponse  à  M  le  rappor- 
teur du  comité  des  gens  de  lettres.  Si  mon 
collaborateur  a  un  autre  système,  s'il  ne  veut 
pas  exploiter  ma  science,  s'il  expose  mon 
système,  si  je  n'ai  pas  voulu  adapter  mon 
système  à  sa  science,  j'ai  donc  un  système, 
l'ai  donc  une  science,  je  suis  donc  l'inven- 
teur de  mon  système,  de  ma  science.  Logique 
humaine  ! 

Si  je  suis  revenu  sur  ce  triste  épisode  de 
ma  vie  littéraire,  c'est  par  loyauté.  Je  n'ai 
pas  voulu  paraître  jeter  un  voile  sur  l'étrange 
décision  du  comité  des  gens  de  lettres  au  su- 
jet de  l'invention  de  la  science  graphologi- 
que,Je  tenais  à  déclarer  cette  décisio  1  comme 
radicalement  nulle,  puisqu'elle  était  prise  en 
dehors  de  la  juridiction  du  comité, qui  n'avait 
à  s'occuper  que  d'un  traité  et  d'un  conflit 
pécuniaire.   11  s'agissait  de  80  francs. 

Cf.  Opnscitato,  note  D    page  5. 

Les  archives  de  la  Société  des  gens  de 
lettres  ne  conservent-elles  pas  quelques 
traces  de  cette  intervention  ? 

G.  LA  Brèche, 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


865 


10 

866 


Décembre  iyo6. 


Un  marquis  de  la  Pailleterie 
(LIV,  449,  526,  585,638,694,751,808). 
—  Col.  808  :  Au  lieu  de  : 

b)  Marie  Tuffé,  etc.. 
lire  : 

b)  Léon-Adélaïde-Louis,  baptisé  à  Mon- 
targis  le  29  août  1769  (ligne  oubliée). 
20  Marie  Tuffé,   femme  de... 

G.  N. 

Famillô  Tasclier  (LUI    ;    LIV,  86, 
196,  810).  —  Extrait  des  regisUes  de  la 
paroisse  de  Saint-Victem  (Sarthe)  : 

1652.  26  juin.  — Mariage  de  M''^  Jean- 
Baptiste  de  Tascher,  chevalier,  seigneur  de 
Boisgontier,  veuf  de  Charlotte  de  Courtoux, 
avec  Marie  Prud'homme,  de  la  paroisse  de 
Fyé,  veuve  d'Honorat  Le  Royer,  chevalier, 
seigneur  du   Mesnil-Samson. 

1653.3  mars.  —  Baptême  de  Jean-Baptiâte, 
fils  des  précités. 

Extrait  des  registres  de  la  paroisse  de 
Fyé  (Sarthe)  : 

1677,  24  novembre.    —  Mariage  de   René 
de  Tascher,    écuyer,     seigneur    de    Marsilly, 
avec  Marie-Renee-Angélique  de  Tragin. 
Em. -Louis  Chambois. 

Guillaume  de  Vaudenesse  et  sa 
famille  (LIV,  726).  —  Tous  les  rensei- 
gnements touchant  cette  famille,  trop 
longs  à  donner  par  écrit,  se  trouvent  aux 
Archives  de  la  noblesse, Collège  héraldique 
de  France, qui  possèdent  des  chartes  origi- 
nales très  curieuses  sur  cette  famille. 

J.  Martinon. 

♦  * 

Dans  un  ancien  caveau  de  l'église  de 
Taverny,  se  trouvent  ces  épitaphes  : 

«  Cy  git  Louise  de  Vandenesse.  fille  de 
M.  N.  de  Vandenesse  et  de  Catherine 
Léauté  (ou  Léaulté)  -^  13*  ae  juin  1727  ». 

Dans  le  même  caveau  : 

«  Messire  Guillaume-Philippe  Léauté, 
curé  de  cette  église,  -[-  1741.  » 

E.  G.  YvERNAT, 


Armoiries  à  dôtarrainer  :  d'or, 
au  chevron  de  gueules  (LIV,  393, 
530).  — La  fani'lle  de  Vaynes,  réfugiée 
dans  les  Pays-Bas,  a  résidé  à  Leyde,  La 
Haye  et  autres  villes  de  la  Hollande.  Je 
viens  de  glaner  les  actes  suivants,  tous 
extraits  de  registres  officiels. 

1603.  Février  i.  —  Reçu  membre  de 
l'Eglise  Wallonne   de    Leyde    :   Collette 


par  témoignage   de   l'église    de 


Vaines 
Bréda. 

ifc)8o.  Juin  21.  —  Baptisée  à  La  Haye, 
dans  l'église  de  Saint-Jacques  :  Catharina- 
Elisabeth,  fille  de  Guillaume  de  Vaynes 
et  Sophia  Verstege. 

1682,  Mars  20.  —  Baptisée  à  la  Haye, 
dans  l'église  dite  du  Cloître  :  Rozoura, 
fille  de  Guillaume  de  Vaynes  et  Sophia 
Voorstech. 

1683. Décembre  22. — Baptisé  à  La  Haye, 
dans  l'église  de  Saint-Jacques  :  Pierre, 
fils  de  Guillaume  de  Vaynes  et  Sophia 
Vinstech. 

1686.  —  Dans  les  Résolutions  des  Etats- 
généraux  figure  le  nom  de  Pierre  de  Vai- 
nes, officier  réformé. 

1687. Décembre  14. —  Baptisé  à  La  Haye 
dans  l'église  de  Saint-Jacques  :  Gidion, 
fils  de  Guillaume  de  Vaynes  et  Sophia 
Versticht. 

1609,  Mars  6.  —  Baptisé  à  la  Haye, 
dans  l'église  de  Saint-}acques  :  Pierre  fils 
de  Guillaume  de  Vaynes  et  Sophia  Voors- 
tegh. 

U  va  sans  dire  que  c'est  toujours  une 
dame  Sophie  Versteegh  ou  Verstege  qui 
est  la  mère  des  enfants  nommés  ci  dessus. 

1689.  Juillet  28.  —  Guillaume  de  Vay- 
nes, nommé  aide-de-camp  (Résol.  des 
Etats-Généraux) . 

1696-1697.  —  Guillaume  de  Vaines, 
aide-de-camp  du  lieut.  général,  le  mar- 
quis de  Montpouillan. 

1700.  Février  11.  —  Guillaume  de 
Vaynes,  ancien  aide-de-camp  du  marquis 
de  Montpouillan,  mis  à  la  retraite,  de- 
mande payement  de  son  traitement. 

1706.  Février  11.  — Est  nommée  une 
veuve  du  capitaine  C.  Blondel,  née 
Johanna  de  Vainnes  —  (Résol.  des  E   G.). 

1709.  Résol.,  E.-G.  Gidéon  de  Vaines, 
nommé  enseigne  25  avril,  et  lieutenant 
4  septembre  17 10. 

17 10.  Septembre  10.  —  de  Vaynes, 
rég.  d'Inf.  de  Crcmmelin. 

(1750.  Septembre  15.  —  de  Vaynes, 
capitaine). 

17 19.  Novembre  26.  —  Mariés  à  la 
Haye,  Benjamin  de  Vaines,  jeune  homme, 
et  Anna  Seghbroek,  jeune  fille,  tous  les 
deux  nés  à  la  Haye  et  y  demeurant. 

1720  Mars  27.  —  Enterré  à  la  Haye, 
Guillaume  de  Vaines. 

1720.  Novembre  10.  —  Mariés  à  la 
Haye,    Gédéon   de  Vaynes,  j.  h.  né  ici, 


N°  1132 . 


L'INTERMEDIAIRE 


867 


868 


lieutenant  et  Johanna  van  Brakel,  j    f.,née 
à  Brielle. 

1727,  Octobre  21.  — Par  acte  des 
E.  G  ,  Gédéon  de  Vaines  est  nommé  Ser- 
geant-major  (lieut.- colonel  ?) 

1728.  Octobre  18.  —  Enterré  à  la 
Haye,  Dominicus  de  Vaines,  dans  la 
classe  de  Prodeo. 

1730.  Septembre  j8,  —  Gédéon  de 
Vaines,  nommé  capitaine. 

1782.  Mars  31.  —  Mariés  à  la  Haye  : 
Petronella  Hendrik,Tliomas  Meynsma. 

D'après  le  :  NederJand's  AdeI<.hoek,iC)Ob, 
la  famille  Van  Vaynes  van  Brakell, éteinte 
en  ligne  mâle, est  originaire  du  Dauphiné, 
dont  la  généalogie  commence  avec  Guil- 
laume de  Vaynes  (venu  en  Hollande  avec 
Louise  de  CoUigny)  marié  à  Catherine  de 
Levin. 

Gédéon  de  Vaynes  s'est  marié. en  1720, 
à  Johanna  van  Brakell,  dont  la  postérité 
est  connue  sous  le  nom  de  :  de  Vaynes 
van  Brakell.  Par  décret  royal  du  2çmars 
184^^  n-  7^,  Guillaume  (Willem)  de  Vay- 
nes van  Brakell  est  anobli  avec  le  prédi- 
cat de  jonkheer  (Ecuyer).  La  généalogie 
est  dressée  comme  suit  : 

I.  Guillaume  de.  Vaynes,  se  marie  à  Ca- 
therine de  Levin. 

II.  Pierre  de  Vaynes,  intendant  ge'néral  des 
Armées,  se  marie  h  Anna  Stempel. 

III.  Guillaume  de  Vaynes,  né  en  juillet 
1650,  général  major,  •\  21  mars  1720,  se 
marie  à  Voorburg  près  La  Haye,  le  19  no- 
vembre 1679,  à  Sophia  Versteeg,  -J-  le  11 
mai  1817. 

IV.  Gédéon  de  Vaynes,  baptisé  à  La  Haye 
le  14  décembre  1687,  major,  f  le  i  juillet 
1747,  se  marie  à  Schéveningue  le  24  novem- 
bre 1720  à  Johanna  Van  Brakell. 

V.  Paulus  de  Vaynes  van  Brakell,  né  à 
Ypres  le  29  mars  1725,  chanoine  de  Sainte- 
Marie,  t  à  Ysselstein  le  20  novembre  1786, 
se  marie,  le  30  juin  1749,  à  Hester-Hendrica 
Baers,  née  à  Utrecht,  le  6  juillet  1723,  f  à 
Ysselstein  le  15  décembre  1788. 

VI.  Jonkheer  (Ecuyer)  Willem  de  Vaynes 
van  Biakell,  né  au  château  de  Zeevliet,  près 
d'Ysselstein,  le  18  octobre  1743,  lieutenant- 
colonel  d'Etat-major,  f  à  Doesburg  le  7  avril 
1843,  se  marie  à  Arnhem,  le  4  février  1794, 
h  Johanna-Elisabeth  Eytelwyn,  née  à  Ams- 
terdam le  10  octobre  1772,  -|-  au  Château 
«  de  Plak  »  près  de  Bommel  le  19  mars 
1808.   Dont  : 

I.  Paulus-Frans-Willem  de  Vaynes  van 
Brakell,  ré  à  Arnhem  le  9  novembre  1794, 
t  à  Doesburg  le  16  août  i8i  i,  comme  élève 
à  l'école  militaire. 


2.  Noble  demoiselle  Christma-Louisa- 
Johanna-Esther  de  Vaynes  van  Brakell,  née 
à  Zutphen  le  23  mai  171)6,  -J-  à  Arnhem  le  3 
avril  1803,  se  marie  à  Doesburg,  le  11  mai 
1821  ;  à  Quiryn-Rudolf-Maurits  Ver  Huell, 
né  à  Zutphen  le  11  septembre  1787,  contre- 
amiral,  -|-  à  Arnhem  le  10  mai  1860. 

3.  Noble  demoiselle  Johanna-Henrietta- 
Susanna  de  Vaynes  van  Brakell,  née  h  Zut- 
phen le  10  septembre  1797,  -|*  à  Arnhem  le 
6  janvier  1804. 

4.  Jan-Daniel  de  Vaynes  van  Brakell,  né 
au  château  «  de  Plak*  près  de  Bemmel  le  11 
août  1799,  •]*  à  Salatiga.  le  15  mai    1830. 

5.  Jh''  (Ecuyer)  Reinhart-Godfried-Benja- 
min  de  Vaynes  van  Brakell,  né  au  château 
«  de  Plak  »  près  de  Bemmel  ;  le  2  mars 
1801,  directeur  du  corps  du  Génie  aux  Indes 
Orientales,  colonel,  -\-  à  Arnhem  le  27  dé- 
cembre 1862.  Se  marie  là-bas, le  5  août  1841, 
à  Sara-Petronella-Catharina  Royaards,  né  à 
Arnhem  le  28  juin  1809,  -f-  là-bas  le  19  dé- 
cembre 1862. 

6.  Noble  demoiselle  Johanna-Christina- 
Frederica-Elisabelh  de  Vaynes  van  Brakell, 
née  au  château  «  de  Plak  »  le  24  avril  1802, 
-}-  Deu  Helder  le  12  janvier  1884,  se  marie  à 
Doesburg  le  23  septembre  1826  à  Jan-Frederik- 
Daniel  Bouricius,  né  à  Arnhem  le  23  juillet 
1799,  vice-amiral,  inspecteur  de  la  Marine 
néerlandaise,  aidede  camp  e.  s.  e.,  de  S.  M. 
le  Roi,  -^  en  pleine  mer,  le  4  mai  1859. 

7.  Henri-Jean-Léopold-Théodore  (qui  suit 
Vil). 

8.  Noble  demoiselle  Françoise-Sophia- 
Cornelia  de  Vayr.es  van  Brakell,  née  au  châ- 
teau «  de  Plak  »  le  11  juin  i8os,  "^  àArnhem 
le  21  septembre  1842,  se  marie  à  Doesburg, 
le  10  mars  1831,  au  d""  e.  d.  Sjoerd  jacobus 
van  Overveldt,  juge  à  Arnhem,  né  1792, 
t  .854. 

9.  Noble  demoiselle  Hélène  Caroline  de 
Vaynes  van  Brakell,  née  au  château  «  de 
Plak  »  le  4  octobre  1806,  f  à  Arnhem  le 
1°'  décembre  1889,  ^e  marie  à  Doesburg  le 
22  avril  1S40,  à  Conraad-johannes  Buys,  re- 
ceveur de  l'enregistiement,  né  en  18.13,  i"  en 
1833. 

10  Le  jh""  et  d""  e  d.  Louis  de  Vaynes  van 
Brakell,  né  au  château  «  de  Plak  »  le  6  mars 
1808.  -|*  à  Arnhem  le  16  février  1841  . 

Vil.  Le  Jh""  Henri-Jean-Léopold-Théo- 
dore de  Vaynes  van  Brakell,  né  au  château 
«  de  Plak  »  le  i"""  mai  1804,  capitaine  de 
vaisseau,  -j-  à  Arnhem  le  i""  décembre  884. 
Se  marie  à  Doesburg  le  18  février  1836,  à 
Jacoba-Gésina  van  Overveldt,  née  là-bas  le 
31  octobre  18 14,  f  à  Arnhem  le  ;i  mai 
1851.  Dont  : 

I  ,  Noble  demoiselle  Wilhelmina-Johanna- 
Paulina-Hesther  de  Vaynes  van  Brakell,  née 
à  Arnhem  le  11  décembre  1836,  •]- à  Soester- 
berg  le  20  août  1879  ;  se  marie  à  Arnhem  le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


869 


10   Décembre  1906. 


n  juin  1845  à  Louis-Henri  Alexandre  de 
Chalmot,  inspecteur  des  postes  royales  né 
1828,  t  1883. 

2.  Théodorus-Adrianus  de  Vaynes  van 
Brakell,  né   à  Deu  Helder    1838,  -j-  i8:}9. 

3.  Le  Jhr  Wilhem-Gérard-Livius  de  Vaynes 
van  Brakell,  né  à  Deu  Helder  le  4  janvier 
1839,  lieutenant  de  hussards,  •]-  à  Montreux  le 
23  août  1867 . 

4.  Samuel-François-Théodore  (qui  suit 
VIII). 

VIII.  Lejh'  Samuel-François-Théodore  de 
Vaynes  van  Brakell,  né  à  Arnheim  le  28  dé- 
cembre 1842,  ancien  lieutenant  de  vaisseau, 
f  à  Arnheni  le  4  octobre  1886.  Se  marie  à 
Ginniken  le  31  août  1871,  à  Anne-Benine 
Stratenus,née  à  Zeist  le  19  août  1853.  (Elle 
habite  Arnhem)     Dont  : 

Noble  demoiselle  Henriette-Wilhelmine- 
Jacqueline  de  Vaynes  van  Brakell,  née  à 
Breda  le  6  juillet  1872.  (Elle  habite  Arnhem). 

M.  G.   WlLDEMAN. 

La  Haye. 

Armoiries  à  déterminer:  de..,  à 
trois  cygnes  de... (LIV, 670,812)  —  La 
maison  de  Widrange  (Wittringen)  en  Lor- 
raine porte  :  d'a:[ui\à  trois  cygnes  cf  ai gent, 
becqués  et  pattes  de  gueules.  Les  seigneurs 
de  ce  nom  étaient  titrés  barons  du  Saint- 
Empire,  et  notre  confrère  Leslie,  en  re- 
cherchant dans  les  alliances  de  cette  fa- 
mille d'origine  chevaleresque  ,  aurait 
chance  de  rencontrer  celle  qui  s'armait 
d'un  griffon,  figurant  aux  2  et  3  de 
l'écartelé  représenté  sur  Tex-libris  en 
question. 

Une   famille,    entre   autres ,    celle    des 
Doujat  portait  :  d'azur,  an  griffon  d'or. 
Patri  de  Chources. 

les  armes  de  Hongrie  et  les 
C:oy-Ch  nel  (Ll  ;  LU;  LIV,  56,  754). 
—  Le  14  juin  1733,  M"=  Revol,  notaire  à 
Grenoble,  dressa  le  contrat  de  mariage 
«  entre  noble  François  Chanel,  avocat 
consistorial  au  parlement  de  Dauphiné, 
fils  à  défunt  sieur  Claude  Chanel,  bour- 
geois de  cette  ville,  et  à  défunte  demoi- 
selle Elisabeth  Pison,  mariés,  d'une  part  ; 
demoiselle  Françoise  Marguerite  Samuel, 
fille  de  noble  Claude  Samuel,  ancien 
conseiller  du  Roy,  secrétaire  au  parlement 
du  Dauphiné,  et  de  dame  Eméraniane 
Denantes,  aussi  mariés,  d'autre  part  ». 

François  de  Rochas,  premier  commis 
du  bureau  de  la  Guerre,  demeurant  à 
Versailles,  intervient,  en  la  personne  de 
M»  Jean-François   Barnave,  procureur  au 


870 


parlement  de  Grenoble,  pour  faire  un  don 
de  dix  mille  livres  à  la  future  épouse,  sa 
parente.  A.  R, 

Bâtons  des  maréchaux  de  Cas- 
teilane  et  Bosquet  (LIV,  503,  689, 
798).  — C'est  dans  son  ouvrage, le  Maré- 
chal Canroberf,  que  M.  Germain  Baspt 
fournit  l'indication  relative  au  bâton  du 
maréchal  de  Castellane. 

Lire  madame  de  Navacelles,  et  non  de 
Navailles. 

Etole  de  Paint  Cuthbert  àDurham 

(■îngl- terre)  (LIV,  560).  -  D'après 
l'inscription  qu'elle  porte,  l'étole  dite  de 
saint  Cuthbert  a  été  faite  pour  Frithestan, 
évêque  de  V/inchester,  sacré  en  905, 
c'est-à-dire  218  ans  après  la  mort  de 
saint  Cuthbert.  Il  est  probable  qu'elle  fut, 
avec  d'autres  trésors,  offerte,  en  934  ou 
938,  à  la  châsse  du  saint  par  le  roi  Athels- 
tan,  et  qu'ensuite  on  la  plaça  sur  le  corps 
du  saint  même.  A  consulter  :  Raine, 
saint  Cuthbert,  Durham,  1828,  pp.  202- 
207  ;  ou  G.  W.  Kitchin,  Victoria  County 
Historieo,  Durham,  1,  256. 

Les  renseignements  que  donne  Raine 
sont  plus  détaillés  et  accompagnés  d'un 
plus  grand  nombre  d'illustrations  que  ne 
l'est  le  récit  de  M.  le  doyen  Kitchin  ;  par 
contre,  les  illustrations  de  ce  dernier  sont 
mieux  exécutées  et  son  ouvrage  est  d'une 
date  plus  récente.  Je  ne  connais  aucun 
ouvrage  français  qui  contienne  des  ren- 
seignements sur  ce  sujet. 

J.T.  FowLER,  D.  C.  L.,  F.  S.A. 

Les  jaquemarts  de  France  (LIV, 
618,71 1,758,821  ). —  A  Aigueperse  (Puy- 
de-Dôme),  on  remarque,  à  l'entrée  de  la 
mairie,  une  tour  beffroi  pourvue  d'une 
horloge  à  jaquemarts. 

Le  couvent  de  la  chartreuse  de  Port 
Sainte-Marie  près  de  Pontgibaud,  possé- 
dait, avant  la  Révolution,  cette  belle  et 
ancienne  horloge.  La  ville  d'Aigueperse 
en  fit  l'acquisition  en  1791,  et  sa  munici- 
palité n'hésita  pas  devant  les  frais  d'une 
installation  monumentale. 

Aujourd'hui,  les  habitants  de  cette  pe- 
tite ville,  une  des  plus  intéressantes  de  la 
Limagne,  par  son  site,  et  par  quelques 
anciens  monuments,  sont  fiers  de  leur 
beffroi  et  de  leurs  jaquemarts. 

Il  est  à  remarquer  que  chez  eux,  cette 


No    1112, 


L'INTERMEDIAIRE 


871 


872 


dénomination  s'applique  à  chacun  des  per- 
sonnages mis  en  mouvement  par  le  mé- 
canisme et  non  pas  à  l'ensemble  de  l'œu- 
vre. Aussi,  vous  disent-ils,  qu'ils  ont  une 
horloge  à  trois  jaquemarts.      M.  A.  B. 


*  ♦ 


Dans  l'ancien  ouvrage  des  Origines  des 
chevaliers  de  Cl.  Fauchet,  édité  à  Paris 
1600,  on  lit  à  la  page  9  : 

Qu'au  xii°  siècle,  le?  chevaliers  qui  n'é- 
taient pas  employés  en  guerre,  étaient  entre- 
tenus dans  des  exercices  d'assemblées,  nom- 
més Tournois,  en  ce  que  ces  chevaliers  y 
étaient  appelés  par  Tour  :  rompant  premiè- 
rement leurs  bois  ou  lances  contre  uneQuin- 
tainc  ou  Jaquemar  plâté  à  terre  jusques  à  la 
hauteur  d'un  cheval,  ayant  l'aspect  d'une 
statue  d'homme  couvert  d'un  écu,  un  bras 
étendu,  avec  une  masse  était,  cette  statue 
appelée  Jaquemar,  placée  sur  un  pivot.  De 
manière  que  le  chevalier,  heurtant  de  sa 
lance  contre  cet  écu  barré  (pour  retenir  la 
lance)  il  fallait  qu'il  eût  de  l'adresse,  s'il  ne 
recevait  un  coup  de  la  masse  ! 

Plus  tard,  pour  mieux  représenter  la 
guerre,  ce  jçu  se  renforça,  et  les  chevaliers 
coururent  les  uns  sur  les  autres. 

P. ce.       E.    G.   YVERNAT. 

Une  question  d'esthétique  fémi- 
nine (LIV,  729,  828).  —  Les  réflexions 
de  Candide  sont  très  justes.  Vérifiez  ce 
qu'il  dit,  en  parcourant  l'excellent  livre  du 
D'  Stratz  sur  la  «  Beauté  de  la  femme.  » 
A  la  page  52  de  l'édition  française  récente, 
vous  trouverez  un  profil  de  femme,  qui 
donnera  : 

Profil  mamelonnaire  —  200  ;  soit  100. 

Profil  abdominal  —  150;  soit  7s. 

Or,  les  chitfres  du  sujet  A  de  Candide 
sont  100  pour  73,  —  Même  chose  pour 
le  profil  de  la  page  103. 

A  la  page  i  s  5 ,  vous  trouverez, par  contre, 
le  profil  d'uneK/6'«Ko/55, qui  donne  200/200, 
soit  100/ 100.  Ce  qui  n'est  pas  encore  le 
100/143  du  sujet  B  de  Candide  ;  mais  la 
véritéest  enmarche...  sur  cesfigurestypes. 

Donc  la  Viennoise  moderne  a  le  ventre 
plus  saillant  que  la  femrne  classique,  ou 
modèle  idéal  La  proportion  est  presque 
la  même  pour  le  profil  d'une  Berlinoise 
(p.  79),  etc. 

A  quoi  est  d^i^  cette  proéminence  du 
ventre,  caractère  ethnique  chez  les  Teu- 
tons ?  Sans  doute,  comme  le  dit  Stratz,  à 
l'alimentation. 

Ce  sont  là  des  études  fort  intéressantes 


et  très-scientifiques.  Mais  il  faudrait  les 
refaire  sur  les  modèles  vivants  de  l'é- 
poque actuelle  :  ce  qui  pourrait  entraîner 
très  loin... 

Arrêtons-nous  donc. 

D''  Marcel  Baudouin. 

Ouvrages  sur  Louise  de  Durfort, 
duchesse  de  Mazarin  (LIV,  672,  816). 

—  Deux  chiffres  à  retourner.  J'avais  écrit 
que  la  duches.se  de  Mazarin  était  morte 
dans  la  nuit  du  16  au  17  mars  1781  et 
non  1718.  S. 

Vous  êtes  mon  lion...  (LIV,  779). 

—  Tout  en  reconnaissant  l'indiscutable 
compétence  de  M.  Gustave  Simon,  je  re- 
commande à  M.  A.  M,  de  lire  un  article 
de  B.  Jouvin  dans  le  Figaro  an  21  mai 
1854,  où  le  gendre,  très  averti  et  très 
documenté  ,  de  Villemessant  ,  rendant 
compte  des  Contemporains  du  trop  fameux 
lacquot  (Eugène  de  Mirecourt),  rappelle 
d'après  lui,  la  lecture  d'Hernani  par 
V.  Hugo  à  Mlle  Mars.  A  l'épisode  du  lion 
se  lie  celui  de  Concubine,  terme  que  la 
comédienne  entendait  remplacer  par  le 
mot  plus  décent  pour  le  public  du  Théâ- 
tre Français,  de  Favorite. 

Et  Jouvin  constate  que  Mirecourt  a 
copié  textuellement  son  anecdote  dans 
les  Mémoires  de  ce  même  Dumas  que 
jacquot  vilipendait  de  la  belle  façon 
comme  directeur  d'une  fabrique  de  ro- 
mans qui  portaient  sa  signature,  sans 
qu'il  en  eût  seulement  écrit  une  ligne. 

d'E. 


*  * 


Dans  le  manuscrit  autographe  d'Her- 
nani —  que  Victor  Hugo  voulait  léguer  à 
la  Comédie-Française,  comme  un  glorieux 
trophée  au  champ  de  bataille  —  nous 
voyons,  f"  28  v°,que  la  version  primitive 
est  bien  : 

Vous  êtes  mon  lion  superbe  et  généreux  ! 

Sur  la  copie  qui  servit  aux   représenta- 
tions, ce  vers  a  été  gratté  et  remplacé  par 
le  suivant  : 
Vous  êtes  monseigneur  vaillant  et  généreux  I 

Ce  Monseigneur  est    imprimé  en  deux 
mots  :  mon  seigneur,  dans  l'édition   origi- 
nale  (Paris,    Mame  et   Delaunay-Vallée, 
1830,  in-80,  p.  71). 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10    Décembre 


«73 


1906. 


Par  suite  de  ce  changement, la  réplique 
de   Dona  Sol  ; 

Je  t'aime  ! 
Monseigneur  1  Je  vous  aime  et  Je  suis  toute  à 

[vous, 
devint  : 

Je  t'aime  ! 
Hernani  I  Je  vous  aime  et  je  suis  toute  à  vous. 

Pour  la  reprise  du    20  juin  1867,    on 
recopia  : 

Vous  êtes  monseigneur  vaillant  et  généreux  I 


874 


peint  assez  bien  les  misères  d'un  chef  de 
parti  : 

«  J'étais,  dit-il,  leur  chef,  il  fallait  bien 
les  suivre  ». 

Chansons  lorraines    antérieures 

au  XIX'  siècle  (LIV,  728).— Je  ne  puis 
qu'indiquer  à  M.Loherain  quelques  ouvra- 
ges sur  ce  sujet,  sans  pouvoir,  à  mon  re- 
gret, les  accompagner  de  renseignements 
bibliographiques.  Mais  enfin,  avec  les  ti- 


Mais,  aux  répétitions,  le  texte  primitif  |   très,  on  peut  retrouver  les  publications. 


fut  rétabli  et  M.  Jules  Claretie  a  noté, 
dans  son  feuilleton  de  U  Opinion  nationale 
(24  juin  1867),  que  le  soir  de  cette  re- 
prise «  au  moment  où  le  vers  fameux  qui 
choquait  si  fort  Mlle  Mars  »  est  sorti  de  la 
bouche  de  Mlle  Favart  : 
Vous  êtes  mon  lion  superbe  et  généreux  ! 
ça  été  un  hourra  et  un  bravo  immenses  ». 

Rabasteins  (LIV,  723,  796).  —  Dans 
ma  plus  tendre  jeunesse,  c'est-à  dire  vers 
1835,  à  rage  où  les  enfants  entendent 
avec  plaisir  les  contes,  une  vieille  bonne 
me  racontait  l'histoire  de  la  mariée  per- 
due, «  il  y  a  très-longtemps,  avant  la 
Révolution  »,  mais  elle  ne  citait  aucun  nom. 
Il  y  avait  à  l'histoire  une  variante  : 
Ce  n'était  pas  dans  un  cabinet  secret 
que  la  jeune  femme  s'était  cachée,  mais 
dans  un  immensecoffre, dans  un  garde-meu- 
ble ;  elle  n'avait  pas  pu  soulever  le  couver- 
cle, ce  qui  est  plus  vraisemblable  que  la 
cachette  secrète  inconnue  des  habitants  du 
château.  Ces  cachettes  secrètes  existent 
encore  dans  plusieurs  maisons.  J'en  con- 
nais une  dans  une  maison  du  xvi*  siècle, 
à  Vendôme  ;  mais  c'est  à  peine  si  l'on 
peut  s'y  tenir  debout.  Dans  cette  maison, 
pendant  la  terreur,  un  prêtre  était  re- 
cueilli, et  lors  d'une  perquisition  il  s'était 
dissimulé  dans  le  local  secret,  et  n'avait 
pu  être  trouvé.  Martellière. 

«  Ilfaut  bien  que  je  les  suive, puis- 
que je  ;^uis  Idur  chef  !  »  (LIV,  730).  — 
Dès  les  premières  réunions  de  la  nouvelle 
Assemblée  Législative  (1849), Ledru  llollin 
avait  accentué  de  nouveau  ses  protesta- 
tions contre  l'expédition  de  Rome.  Poussé 
par  les  impatients  du  parti,  il  finit  par  se 
déterminer  à  sortir  des  voies  légales.  Il  a 
lui-même   caractérisé   son   rôle    en  cette 


Puymaigre  :  Chants  populaires  recueillis 
dans  le  pays  messin,  2  volumes, 
Puymaigre  :  Folk- tore. 
R.  Grosjean  :  Airs  des  no'éls  lorrains. 
louve  :  Chansons  en  patois  vosgien. 
'**  :  Poésies  populaires  de  la  Lorraine. 

A.  P. 


»  * 


son   roie    en 
circonstance    par  un   mot   spirituel 


qui 


Loherain  n'a  qu'à  rendre  visite  au  dépar- 
tement des  Manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale  :  II  y  trouvera  une  collection 
aussi  complète  qu'intéressante  sur  le 
Folk-Lore  de  France,  qui  doit  assurément 
contenir  les  chansons  lorraines  qu'il  de- 
mande. d'E. 

Initiales  à  dévoiler  (LIV,  727).  — 
Voici,  sur  l'ouvrage,  en  question, les  indi- 
cations demandées  :  Notice  sur  la  vie 
d' An  gèle  de  Sainte-Croix.^  comtesse  de 
Ponlevoj\  et  de  sa  fille  Marie  de  Ponlevoy, 
élèves  de  la  congrégation  de  Notre-Dame, 
maison  dite  des  Oiseajix,pa.r  la  Mère  Saint- 
Jérôme,  P,  Darbly, 

Livres  imprirnés  en  blanc   sur 

noir  (LUI  ;  LIV,  37,  150,  259,  360,487, 
533, 644,  818).  —  Il  s'agit,  cette  fois,  non 
d'un  livre,  mais  d'une  afTiche.  L'auteur 
du  Déserteur  et  de  Rose  et  Colas,  Monsi- 
gny, était  mort  à  Paris  le  14  janvier  181 7. 
(^atre  jours  après,  le  18,  l'Opéra-Comi- 
que  donnait,  «  en  l'honneur  de  sa  mé- 
moire, »  un  spectacle  composé  de  deux 
de  ses  chefs-d'œuvre,  Félix  et  le  Déser- 
teur, «  tous  les  acteurs  »  devant  paraître 
ûdiws  Félix.  Et  le  31  janvier,  le  théâtre 
Royal  de  Bruxelles,  qui  s'est  toujours  mo- 
delé sur  ceux  de  Paris, donnait  une  repré- 
sentation dans  le  môme  but.  Or,  l'aiTiche 
annonçant  cette  représentation  était  im- 
primée d'une  façon  particulière,  ainsi  que 
nous  l'apprend  cette  note  insérée  dans  les 
Annales    politiques    du  4   février    181 7  ; 


N*   1132. 


L'INTERMÉDIAIRE 


875 


876 


—  «  Les  affiches  du  théâtre  royal  de 
Bruxelles  (31  janvier),  annonçant  l'y^^o- 
théose  de  Monsigny^  étaient  imprimées,  dit 
\&  Journal  de  la  Belgique,  sur  papier  noir 
avec  de  l'encre  blanche  ».  A.  P. 

In-8  ;  in-12  ;  in-16,  6rc.(LIV,  504, 
598,644,  701).  —  «  Distinguo  !  »  Si  j'ai  à 
faire  à  un  libraire,  nul  doute  que  les  ex- 
pressions indiquées  ne  marquent,  comme 
autrefois, le  pliage, surtout  si la  dimen- 
sion du  papier  est  inférieure  aux  ancien- 
nes mesures  en  usage  (par  exemple,  celles 
de  l'arrêté  du  18  septembre  1741).  Cela 
permet  de  publier  d'alléchants  catalogues, 
au  point  de  vue  hon  marché  naturellement. 

Par  contre,  mon  relieur,  tout  à  fait  in- 
différent à  la  considération  étymologique, 
quand  il  m'envoie  sa  note,  appellera  in- 18 
tout  livre  ne  dépassant  pas  15  c.  X9  c.  ; 
in-12,  depuis  cette  mesure  jusqu'à 
19  cent.  X  12  cent.  ;  in  8°  carré,  jusqu'à 
22  X  14  ;  in-8°  raisin,  jusqu'à  25  X  16  ; 
in-80  Jésus,  jusqu'à  27  X  i8  ;  in-4"  carré, 
jusqu'à  28X22;  in-4°  raisin,  jusqu'à 
32X25.  Au-delà,  il  n'a  plus  de  dénomi- 
nation, et  aussi,  hélas  !  plus  de  tarif. 

Dans  ma  bibliothèque,  au  contraire,  la 
hauteur  seule  du  livre  m'inquiète,  afin  de 
me  permettre  de  le  placer  sur  les  rayons. 
Mais  ici,  avouons-le,  l'accord  est  loin 
d'être  complet.  L'Université  de  France  ne 
compte  que  3  ou  4  formats  :  in-folio  au- 
dessus  de  35  ;  in-4"  au-dessus  de  25  ; 
in-8'^  pour  le  reste,  jusqu'à  20  c/c  ;  où 
sont  les  in-12  .?  11  y  a  aussi  des  grands  et 
des  très  grands  in-folio,  l'oublie  qu'au- 
dessus  de  50  sont  les  «  Atlantiques  »  ; 
(expression  à  tournure  géographique,  qui 
vient,  paraît-il,  d'  «  atlas  »  !)  Ce  genre  de 
classement,  aujourd'hui  bien  connu,  et  du 
reste  le  seul  pratique,  s'appelle  le  système 
Soboltschicoff. 

Les  variétés  les  plus  connues  en  sont, 
en  dehors  de  l'Université  de  France,  sys- 
tème indiqué  ci  dessus,  celui  du  Congrès 
de  Philadelphie  (1887),  savoir  :  F  ou  in- 
folio au-delà  de  30  ;  Q.ou  in -4"  25  —  30; 
O  ou  in-octavo  20  —  25  ;  D  ou  in-12,  de 
17  à  20  ;  S  ou  in-16,  de  15  à  17.  La 
Nationale  compte  trois  formats  par  52,  31, 
25.  A  Florence,  il  y  en  a  6:  in-32,  in-24, 
in-16,  in-8"  in  4°,  in-folio,  suivant  que  le 
livre  ne  dépasse  pas  en  hauteur  10,  15, 
20,  28,  38  centimètres. 

Dans  les  bibliothèques  d'amateur,  tout 


dépend  du  genre  de  collection  suivi.  En 
somme,  le  procédé  Soboltschicoff,  suivi 
presque  partout,  offre  dans  son  applica- 
tion tant  de  variétés,  que  le  mieux  est  de 
se  renseigner  chaque  fois  sur  la  base 
adoptée,  quand  on  a  affaire  dans  une  bi- 
bliothèque inconnue.  El  Kantara, 

Isabelle  grosse  par  vertu  (LIV, 
783).  —  Au  lieu  de  p.  339-408,  lire 
p.  389-408.  Candide. 

Quincampoix  (LIV,  784).  -—  Les 
villages  de  ce  nom  ont  certainement  une 
origine  commune  avec  la  rue  de  Paris  de- 
venue célèbre,  lorsque  Law  y  eut  installé 
les  bureaux  de  sa  banque. 

La  rue  Quincampoix  existait  déjà  sous 
Philippe-Auguste.  Des  actes  de  1210  lui 
donnent  cette  dénomination,  avec  l'or- 
thographe Qiiinquenipoit.  Dans  son  His- 
toire et  recherches  des  antiquités  de  la  ville 
de  Pans,  imprimée  en  1724,  Sauvai  dit 
que  le  nom  de  cette  rue  lui  vient  d'un 
seigneur  Quinquempoit,  qui  en  avait  fait 
construire  la  première  maison 

D''  Billard, 

Bisannuel  et  biennal  (LIV,  562, 
703,  820).  —  Bisannuel,  comme  biennal, 
éveille  l'idée  de  «  tous  les  deux  ans  »  et 
non  pas  de  «  deux  fois  par  an  »  Bimen- 
suel signifie  mot  à  mot  «  tous  les  deux 
mois  »,  bien  qu'on  le  prenne  souvent  au 
sens  de  *<  deux  fois  par  mois  ». 

Pourquoi  ne  pas  lui  conserver  sa  véri- 
table signification  ?  S'il  fallait  créer  un 
mot,  ce  serait  pour  exprimer  «  deux  fois 
par  mois  »  et  comme  le  proposait  M.  Des- 
chanel,  semi  mensuel  pourrait  être  adopté. 
Le  vicomte  de  Bonald. 

Autobus  (LIV,  337,  426,  484,  653, 
699,  820).  -  Je  puis  affirmer  au  collabora- 
teur L.  Depal  qu'à  Paris  on  entend  fré- 
quemment, encore  de  nos  jours,  dire  : 
«  Je  vais  prendre  le  bus  »,  pour  V omnibus. 
—  Ma  bonne,  qui  n'est  pas  parisienne, 
répétait  ce  mot  ces  jours  derniers  !  C'est 
là  une  abréviation  qui  se  comprend  d'elle- 
même, puisqu'0/«»/&«5  est  un  mot  savant. 

Or  le  peuple  écorche  — avec  une  facilité 
rare  et  sans  la  moindre  vergogne  —  tous 
les  mots  dont  il  ne  comprend  pas  le  sens 
vrai  et  dont  il  ignore  l'origine, 

D'  Marcel  Baudouin. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  iqo6  . 


877 


878 


Bougeotte  OU  tracassin?  (LIV,  616, 
765).  —  On  doit  fatalement  découvrir 
que  l'expression  il  est  aitcint  du  tracassin, 
est  ancienne. 

Nos  colonies  françaises  conservent  beau- 
coup de  vieux  mots  et  de  vieilles  expres- 
sions aujourd'hui  oubliés  dans  la  mère 
Patrie. 

En  1856,  me  trouvart  à  l'Ile-de-France 
en  visite  chez  un  ami.  je  vis  entrer  un 
jeune  homm.e  qui,  (après  avoir  salué  et 
échangé  quelques  mots  avec  les  person- 
nes présentes),  s'agita  un  instant  sur  sa 
chaise,  comme  le  ferait  un  homme  impa- 
tient de  s'en  aller,  et,  effectivement,  il 
balbutia  quelques  mots  au  maître  de  la 
maison,  et  prit  congé  de  la  société. 

«  Quel  charmant  jeune  homme,  s'il  lié- 
«  tait  atteint  de  cette  iimlljenreiise  maladie 
«  du  tracassin  ?/  me  dit  mon  ami. 

Je  demandai  une  explication,  on  me 
répondit  : 

«  C'est  la  maladie  de  ne  pouvoir  rester 
«  en  place,  et  de  ne  songer  qu'à  s'en  aller, 
«  une  fois  arrivé  quelque  part.  » 

C'est,  par  le  fait,  une  agitation  ner- 
veuse qui  nous  oblige  à  un  mouvement 
perpétuel.  En  France,  j'ai  souvent  entendu 
dire  :  «  Cet  enfant  ne  tient  pas  en  place  ». 
Là  bas,  c'est  synon3'me  de  «  cet  enfant 
est  atteint  du  tracassin  ». 

Un  vieux  colon. 


RaD  douiiler.  Emmaivoyor.  Touil- 
ler (LIV,  784).  —  )"ai  fréquemment  en- 
tendu !e  mot  touiller  au  jeu  de  dominos. 
11  signifie  inclev.  Ainsi  la  partie  achevée, 
avant  d'en  recommencer  une  autre,  on  I 
touille,  c'est  à-dire  on  remue,  on  déplace, 
on  mélange  les  dominos,  de  manière  à 
n'avoir  pas  les  mêmes  qu'à  la  fois  précé- 
dente. P.  Darbly. 

* 
*  * 

Le  terme  tculler  n'est  pas  spécial  à  la 
Flandre.  Je  l'ai  entendu  dire  dans  le  dé- 
partement de  Loir-et-Cher  avec  le  sens  de 
remuer  des  objets  ;  touiller  du  linge  dans 
l'eau  pour  le  rincer,  on  dit  aussi  latouil- 
ler.  Même    à    Paris,  qui   n'a   pas   entendu 


Bernique  (LIV,  673,  819).  —  Ne  pas 
confondre  l'exclamation  bernique,  avec  les 
berniques  ou  patelles  ,  coquillages  en 
forme  de  cône  largement  évasé,  qui 
abondent  sur  les  rochers  des  bords  de  la 


mer. 


Vlnteruicdiairc  a  donné  Fétymologiede 
l'exclamation  bernique  ;  voici  maintenant 
celle  du  sublantif,  qui  désigne  le  nom  de 
ce  petit  coquillage  :  il  est  en  effet  cou- 
vert de  côtes  extrêmement  rugueuses  et 
grossières,  alternant  avec  des  sillons  ;  or 
ici,  bernique  est  le  diminutif  de  hctne  ; 
qui,  en  vieux  français,  a  le  sens  de  cou- 
verture, ou  manteau  d'étoffe  grossière. 

U  Bougon. 


L'étymologie    de    Toubin     me    paraît 

dériver  de  vere  nihil  comme  jadis  A  Ifana 

venait   d'Bquus,  mais   le   sens  de  «  rien, 

absolument  rien  »  et  même  de  «  zut  !  » 

me    semble    très    acceptable,  seulement, 

j'ai   entendu    souvent    accoupler   à    titre 

augmentatif,  sans  doute,  les  deux  mots  : 

bernique  sansonnet.  Alpha. 

* 

11  n'y  a  pas  un  vendéen  qui  ne  con- 
naisse le  mot  patois  Bernique.^  .onné  au 
mollusque  comestible  que  les  zoologistes 
appellent  Patella  vulgata,  et  qui  ne  sache 
d'autre  part,  que  «  bernique  »,  aux  Sables- 
d'Olonne  comme  à  Nantes,  est  une  in- 
terjection, dont  le  sens  est  connu  de  tous 
désormais. 

A  mon  avis,  il  n'y  a  aucun  rapproche- 
ment à  établir  entre  ces  deux  mots,  qui 
se  ressemblent  simplement  au  point  de 
vue  phonétique.  Les  étymologies  doivent 
être  très  différentes. 

Pour   mon  compte,    au   cours  de  mes 

études  sur    l'origine  gauloise   du   patois 

vendéen  maritime,  j'ai  trouvé  —  à  ce  que 

i  je  crois  du  moins  —  rct\'mologic  du  iriot 

I   Bernique,   signifiant    Patella    vulgita,    et 

synonyme   de  Jambe,    en    Vendée     tout 

comme  en  Normandie  (D:;!i.s  notre  pays 

même,  on  emploie  plus  souvent   le  terme 

jambe  que  celui  de  bernique).  Et  bernique  a. 

pour  origine,  —  à  mon  sens  -     deux  mots 

gaulois,  ou  plutôt    rieux   celtique.^   a}ant 

donné  en  breton   moderne  :    bern,  nuilon 

i   (mulon  de   foin,   de  paille)  ;  ;uV//\7,  voier 


des   joueurs  de   dominos   dire  :   touille^,   j   (c'est  à-dire  se  déplacer  à  l'aide  des  ailes 


c'est-à-dire  mêlez  les  dominos.  Je  sais  que 
certains  disent  :  A  vous  de  faire  la  salade. 

Martellière. 


En  effet,  rien  ne  ressemble  phisà  une  petite 
meule  de  foin  qu'une  patelle  !  D'autre 
part,   quand  elle  se  déplace  sur  les  ro- 


N»  1132. 


L'INTERMEDIAIRE 


879 

chers  couverts  d'a\gues, souvetH  couverte 
d'algues  elle-même,  elle  a  l'air  de  voler 
(puisqu'elle  n'a  pas  de  «  jambe  »  !),  avec 
des  sortes  d'ailes  que  lui  constituent  les 
petites  algues  qui  ont  poussé  à  son  som- 
met. 

Cette  étymologie,  si  pittoresque  et  si 
jolie,  si  expressive  pour  un  naturaliste 
celtisant,  ami  de  la  mer  bretonne  (et  ven- 
déenne),est  si  belle  etsi  poétiquequ'elle  de- 
vrait faire  sourire  le  «savant»!  Pourtant, 
au  risque  de  déconsidérer  notre  culture 
scientifique,  nous  n'hésitons  pas  à  l'ad- 
mettre, convaincu  que  nous  sommes  que 
notre  vieille  race  a  été  un  grand  poète  ! 

Cette  explication  permet  de  comprendre 
aussi  la  dénomination  de  jamhe   (1),  qui 
est  plus  moderne  peut-être,  en  songeant 
à  une  figure   bien  connue  en    philologie. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  radical 
gain,  aller  (en  sanscrit),  a  donni  gamha 
(d'où  jambe),  et  que  «jambe  »,  signifiant 
patelle,  peut  très  bien  aussi  avoir  pour 
origine  un  terme  vieux  celtique  ('a)''ant 
donné  par  exemple  gamin,  boiteux,  de- 
venu katn/n,  en  breton  moderne)  ;  le  ra- 
dical gam  est  d'ailleurs  l'origine  de  gar, 
jambe  (en  breton  de  nos  jours). 

La  Bernique  est  appelée  bernicle  et 
jamhe  par  Pierre  Garcie  Ferrande,dans  son 
Grand  Routier,  qui  date  du  début  du  xvi" 
siècle.  Notre  premier  auteur  hydrographe 
la  signale  à  l'Ile-d'Yeu  (Vendée).  )'en  ai 
trouvé  dans  des  dolmens  de  Vendée  ; 
mais  elles  ne  sont  pas  préhistoriques, k  mon 
avis.  D''  Marcel  Baudouin. 

En  purette(LIV,  504,  653,  704,764). 
— Je  trouve  dans  le  Glossaire  étymologi- 
que du  patois  picard  de  Cor  blet  : 

Habit  bas,  bras  nus.  Un  homme  est  en 
purette  quand  il  s'est  dépouillé  de  son  habit 
et  une  femme  quand  elle  n'a  qu'un  simple 
corset  et  un  jupon  sans  manches.  Cette 
expression  est  également  usitée  à  Metz, 
Rheims,  Valenciennes,  etc.  Synonymes  :  En 
pures  les  manches,  en  pilémanche.  On 
trouve  dans  le  Roman  de  Ham  en  pur  les 
manches,  pour  le  chef  découvert. 

0.  D...X. 


880 


♦  * 


En  wallon  verviétois,ily  a  une  expres- 
sion presque  identique  :  è  peur,  qui  signi- 
fie :  en  manche  de  chemise. 

H.  Angenot. 

(1)    En    Bretagne  ,    on    dit    parfois    Pied 
charnu,  expression  facile  à  comprendre  . 


Les  Maniottes  (LIV,  4).  —  Les  Ma- 
niottes  sont  un  peuple  du  Péloponèse, 
demeurant  en  Laconie  et  divisés  en  une 
vingtaine  de  villages  près  de  Sparte.  Les 
Grecs  modernes  prétendent  même  que  ces 
Maniotes  sont  les  exemplaires  purs  de 
l'ancienne  race  hellénique,  restée  exempte 
de  tout  croisement  avec  les  races  alba- 
naise, esclavonne,  turque  et  italienne,  qui 
composent,  comme  on  sait,  le  fond  du 
type  anthropologique  des  Grecs  mo- 
dernes. COLOCCl. 

La  table  de  Métra  (LIV,  783).  — 
j'en  puis  parler  sciemment,  sinon  savam- 
ment. Oui,  l'ancienne  bibliothèque  Car- 
navalet possédait  avant  son  transfert  à 
l'hôtel  Le  Pelletier  de  Saint-Fargeau,  des 
fiches  servant  de  table  à  la  correspondance 
de  Métra.  Je  ne  saurais  affirmer  qu'elles 
fussent  établies  sur  un  manuscrit  de 
l'honnête  homme  et  du  grand  érudit 
qu'était  le  patriotealsacien.  Charles  Mehl; 
mais  j'ai  vu,  de  mes  yeux  vu,  le  brave 
capitaine  Vallette,  le  «  calligraphe  », 
comme  feu  Cousin  dénommait  cet  auxi- 
liaire, confectionner  ces  fiches,  trop  sou- 
vent inexactes,  dont  je  lui  fis  souvent  cor- 
riger les  références,  je  fais  appel  ici  aux 
souvenirs  d'un  de  mes  vieux  amis  et 
excellents  confrères,  Henry  Céard,  ce  dis- 
tingué bibliothécaire  dont  l'esprit  fin  et 
délicat  se  montrait  toujours  si  accueillant 
pour  les  travailleurs. 

Depuis,  quand  la  bibliothèque  de  la 
Ville  de  Paris  fut  transportée  à  Saint- 
Fargeau,  je  réclamai  à  maintes  reprises 
la  consultation  de  ces  fiches. 

M.  Edouard  Beaurepaire,  avec  sa  com- 
plaisance parfaite,  s'employa  de  son  mieux 
à  les  rechercher  ;  ce  fut  peine  inutile, 
M.  Poëte,  le  conservateur  actuel  de  la 
bibliothèque, se  mit  à  ma  disposition  avec 
la  même  obligeance.  El  M.Etienne  Clou- 
zot,  un  jeune  chartiste  d'avenir,  fouilla 
nombre  de  cartons  à  mon  intention. 

En  somme,  toutes  ces  recherches  fu- 
rent vaines. 

Mais,  puisque  je  suis  sur  ce  chapitre, 
i  j'adresserai  une  instante  requête  au  per- 
sonnel si  aimablement  zélé  de  la  biblio- 
thèque de  la  ville.  Ses  tables  et  ses  fiches 
de  l'œuvre  si  importante  de  Mercier,  le 
Tableau  de  P^n's, demandent  une  sérieuse 
révision  :  peut-on  l'espérer  prochaine  et 
définitive?  d'E. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


10  Décembre  1906. 


881 


882 


Le  crapaud  de  Blois  (LIV,  172, 
267,  315,  374,  431'  544.  602,  714).  — 
Dans  son  Hisioire  de  la  langue  et  de  la  lit- 
térature française  an  moyen  âge  (Paris, 
Belln,  1878;  2  vol.  in-8),  Charles  Auber- 
tin  relate,  à  la  page  355  du  volume  II, 
qu'un  sermonnaire  du  xiv"  siècle  s'aperce- 
vant  que  ses  auditeurs  partaient  au  mo- 
ment du  sermon,  leur  dit  :  «  Vous  faites 
comme  les  botériaux  (=  crapauds), quand 
la  vigne  fleurit,  le  parfum  de  la  fleur  les 
chasse  ou  les  tue  ;  de  même  la  douceur 
de  la  parole  de  Dieu  vous  met  en  fuite  ». 
L'odeur  fade  et  douce  que  répand  la  vigne 
au  moment  où  elle  est  en  pleine  floraison, 
a-t-elle  une  influence  sur  les  batraciens 
dont  il  s'agit  ?  Le  fait  est-il  connu  ?  A-t-il 
été  signalé  ^  En  tout  cas  il  paraît  être  en 
désaccordavec  l'idée  généralement  admise  ; 
même  en  dehors  du  fait  du  «  crapaud  de 
Blois  »,  les  crapauds  ont  la  vie  très  dure. 

L.  Depal. 


Bague  avec  devises  (LIV,  56,  254, 
353473,  532). —  Depuis  les  plus  vieux 
âges,  l'homme  connut  la  Bague,  l'anneau 
symbolique.  Le  musée  du  Louvre  possède 
des  bagues  qui  datent  des  premières  dy- 
nasties égyptiennes  quelques-unes  munies 
de  hiéroglyphes  que  l'on  peut  comparer  à 
des  devises. 

Chez  les  Grecs  et  les  Romains,  l'usage 
voulait  que  chacun  portât  un  anneau  ser- 
vant de  cachet  ;  celui-ci  oflrait  sur  le  cha- 
ton une  pierre  gravée,  représentant  soit 
l'image  d'un  dieu,  soit  celle  d'un  grand 
homme,  soit  même  un  événement  duquel 
on  pouvait  tirer  vanité,  ou  un  symbole  à 
allusion  personnelle.  La  bague  de  Sylla 
montrait  Bocchus  lui  livrant  Jugurtha  ; 
celle  de  Pompée  portait  un  lion  ;  César 
avait  sur  la  sienne  une  tète  de  Vénus,  et 
Auguste  un  sphinx  ou  un  profil 
d'Alexandre. 

Sous  l'Empire  romain,  le  luxe  et  la  pro- 
fusion des  bagues  n'eurent  pas  de  limites. 
Il  y  eut  des  bagues  pour  chaque  saison, 
de  légères  pour  l'été,  de  plus  lourdes 
pour  l'hiver.  Héliogabale  se  distingua  en 
ne  portant  jamais  deux  fois  les  mêmes 
bagues.  A  partir  du  moyen  âge,  les  rois 
portèrent  tous  au  doigt  un  anneau  gravé, 
qui  leur  servait  de  sceau.  Les  doges  de 
Venise,  qui  se  considéraient  comme  les 
maîtres    et    les   époux   de   l'Adriatique, 


jetaient  dans  la  mer,  le  jour  de  leurs  fian- 
çailles, un  gros  anneau  d"or  en  signe 
d'alliance.  Ces  anneaux,  retrouvés  plus 
tard  par  les  pêcheurs,  devinrent  des  objets 
de  haute  curiosité  historique.  Vers  la  fin 
du  XV®  siècle,  à  l'époque  où  les  empoison- 
nements étaient  fréquents,  on  fit  usage, 
en  Italie,  et  particulièrement  à  Venise, 
d'un  modèle  de  bague  appelé  anneau  de 
la  mort^  renfermant  un  poison  subtil  se 
communiquant  à  deux  invisibles  pointes 
d'acier,  dont  la  plus  légère  piqûre  suffisait 
pour  entraîner  la  mort,  à  l'échange  d'une 
poignée  de  main.  Venise,  au  xvi*  siècle, 
avait  également  mis  à  la  mode  les  ricor- 
dini^  échangés  par  les  amoureux. 

La  bague  de  Bayard  otïrait  sa  devise  : 
Sans  peur  et  sans  reproche.  Charles  l^'' 
d'Angleterre  portait  une  bague  ornée  de 
son  portrait  en  émail,  surmonté  d'une 
tête  de  mort,  avec  une  couronne  et  les 
initiales  C.  R. 

On  connaît  la  légende  (légende  d'amour 
et  de  sang  1)  de  la  bague  du  comte  d'Essex 
(i!^67-i6oi)  favori  dElisabeth, reine  d'An- 
gleterre. 

Vers  1785,  pendant  quelque  temps,  la 
mode  fut  aux  Bagues  à  rébus. 

Après  la  prise  de  la  Bastille,  les  Pari- 
siens portèrent  des  bijoux  à  la  Constitution 
et,  notamm.ent  des  bagues  enchâssées  de 
molécules  de  pierres  provenant  de  la 
vieille  prison.  Les  alliances  étaient  émail- 
lées  aux  trois  couleurs.  Pour  faire  oppo- 
sition à  l'alliance  civique^  la  jeunesse 
royaliste  voulut  porter  des  bagues  d'é- 
caille,  avec  cette  légende  :  «  Domine  sal- 
vum  fac  regem  ».  Pendant  les  plus  mau- 
vais jours  de  la  Révolution,  on  fit  de 
larges  anneaux  en  argent,  offrant,  sur  un 
chaton  d'or  ou  simplement  doré,  les  por- 
traits de  iVIarat,  de  Chalier  ou  de  Lepelle- 
tier  Saint-Fargeau.       Alexandre  Rey. 

Signe  de  la  croix  avac  de  l'eau 
de  la  mer  (LIV,  282,  376,  431,  544, 
658,  766).  —  Dans  une  ville  du  midi  de 
l'Italie,  j'ai  vu  un  polisseur  de  souliers  se 
S'gner  avec  lapremière  pièce  de  cinq  cen- 
times qu'il  gagnait  dans  la  journée, 

G.  P.  Le  LiEUR  d'Avost. 


Les  ifs  près  des  églises  (LIV, 
784).  —  Les  ifs,  comme  certains  autres 
conifères  ,     ont    toujours    été    regardés 


N"  II32. 


LâNTERMEDIAIRÊ 


883 


884 


comme  l'ornement  des  morts.  Pendant 
de  longs  siècles,  on  ne  sépara  pas  les  ci- 
metières des  églises,  et  aujourd'hui  en- 
core des  milliers  de  cimetières  de  campa- 
gne sont  placés  à  l'ombre  des  églises, 
avec  ces  arbres  allégoriques  comme  or- 
nement. Même  dans  les  villages  où  l'on  a 
changé  le  lieu  des  sépultures, on  a  conser 
vé  les  arbres  anciens  ou  remplacé  les 
ifs  morts  par  des  arbres  de  ce  genre,  par 
la  seule  raison  de  l'habitude  ou  de  la  tra- 
dition. D'  Billard. 


Les  aboyeuses  de  Josselin  (LIV, 
506,  597,  717,831).  —  La  névrose  des 
aboyeuses  de  Josselin  n'est  nullement  dé- 
daignée par  ceux  qui  prétendent  qu'aucun 
phénomène  «  ne  résiste  à  la  science  »  ;  et 
elle  a  depuis  longtemps  attiré  leur  atten- 
tion. 

Si,  personnellement,  je  n'en  ai  pas 
encore  parlé  ici-même,  c'est  parce  que  je 
n'ai  pas  eu,  par  moi-même^  l'occasion  de 
voir  un  cas  de  cette  maladie,  à  Josselin 
du  moins,  lors  d'un  récent  voyage  en 
Morbihan . 

Mais  tous  les  médecins  d'origine  ven- 
déenne, qui  s'occupent  de  neurologie, 
savent  que  l'hystérie  est  très  fréquente 
dans  notre  Haut-Bocage  (Voir  les  travaux 
de  M.  le  D''  Terrien,  actuellement  à  Dou- 
lon,  L  -I,  et  le  marais  breton  (Recherches 
inédites  du  regretté  D""  Gibotteau  et  de 
nous-même),  et  que  ce  qui  s'observe  à 
Josselin  et  à  Sainte-Anne  se  rencontre 
quelquefois,  sous  une  forme  plus  ou  moins 
analogue,  chez  les  populations  du  sud  de 
la  Loire,  très  émotives,  aussi  émotives 
même  que  celles  des  landes  bretonnes  ! 

Il  serait  très  aisé  à  un  spécialiste  d'éti- 
queter les  «  aboiements  de  Josselin  »  ; 
mais,  franchement,  est-ce  bien  le  lieu 
dans  une  revue  comme  celle  ci  .^  Je  n'in- 
sisterai que  si  c'est  nécessaire. 

D'  Marcel  Baudouin. 


Le  nègre  et  le  maréchal  (LIV, 220, 
405,  549,  626,  686,  772,  794).  —  M. 
Maximilien  Liontel,  procureur  général 
près  la  Cour  d'appel  de  Cayenne,  en  mis- 
sion en  France,  nous  adresse  la  lettre  sui- 
vante : 

1''  décembre  1906. 
A  monsieur   Georges    Montorgueil^   direc- 


teur de  V Intermédiaire  des  chercheurs  et  cu- 
rieux . 

Monsieur  le  directeur, 

Dans  le  n"  de  X Intermédiaire  du  20  août 
dernier  «  Un  Passant  »  a  demandé  quel  était 
le  nom  du  saint-cyrien  à  qui  le  maréchal  de 
Mac  Mahon  a  posé  îa  question  fameuse  : 
«  C'est  vous  le  nègre?.,  continuez.  » 

Des  renseignements  contradictoires  fous 
ayant  été  fournis  me  mettent  en  cause,  vous 
avez  pensé  bien  faiie  en  vous  adressant  à 
moi. 

Que  vous  ai-je  fait,  monsieur  ?  Pourquoi 
vouloir  me  dépouiller  d'une  propriété  légiti- 
mement, presque  légalement  acquise?...  par 
prescription  ?  Voilà  près  de  30  ans  que  je 
possède  la  qualité  de  nègre  de  Mac  Mahon. 

Nègre,  je  le  suis  sans  conteste,  et  saint- 
cyrien  aussi.  Si  vous  voulez  vous  reporter  à 
V  Annuaire  delà  promotion  du  Shah  (1872- 
1874)  vous  verrez  figurer,  parmi  les  camara- 
des ne  faisant  plus  partie  de  l'armée  active, 
la  nom  de  Liontel,  réformé,  quelques  lignes 
avant  celui  du  lieutenant-colonel  en  réforme 
Picquart. 

Ne  sont-ce  pas  là  des  titres  suffisants  pour 
me  laisser  celui  de  nègre  du  maréchal?  Son- 
gez, monsieur,  songez  à  ce  que  peut  valoir 
un  nom  historique,  à  Paris  surtout  I 

P.>rti  de  rien,  sans  fortune,  boursier,  avoir 
lutté  contre  les  préjugés  ou  préventions,  être 
arrivé  procureur  général,  peuh  !  mais  être  le 
nègre  de  Mac  Mahon,  quel  bonheur  !  Ah  1 
ma  sœur,  c'est  à  lui, à  lui-même, que  le  ma- 
réchal s'est  adressé  ! 

Pour  parler  sérieusement,  monsieur  le  di- 
recteur,jene  croispasque  le  maréchal  se  soit  ja- 
mais adressé,  à  Saint-Cyr,  à  un  noir,  d'an- 
cienne colonie  française. 

En  ce  qui  me  concerne,  si  je  l'ai  aperçu 
quelquefois  de  loin,  comme  tout  le  monde, 
jamais  je  n'ai  eu  l'honneur  de  lui  parler. 

Qlie  la  légende  ait  été  racontée  par  About, 
Arène  ou  tout  autre,  qu'importe.  Monsieur 
Tout  le  monde  n'a-t-il  pas  plus  d'esprit  que 
Voltaire.  Mais  sans  vous  offenser, si  vous  faites 
preuve  de  conscience  et  d'érudition,  vous  ne 
montrez  pas  un  esprit  bien  avisé  en  vous 
mêlant  de  détruire  une  légende.  La  mienne 
vous  enterre:a,  le  plus  tard  possible,  je  l'es- 
père. Et  en  dépit  de  la  vérité, des  démentis  et 
de  moi-même, 

Je  resterai  et    signe   votre 

Nègre   de   Mac  Mahon. 
M.  Liontel. 

Il  est  impossible  de  s'exprimer  avec 
plus  de  bonne  humeur  et  d'esprit. 

Pour  que  Mac  Mahon  se  fût  adressé  à  un 
nègreà  Saint-Cyr,  il  fallait  qu'à  Saint-Cyr 
il  3'  eût  un  nègre. 

11  y  en  avait  un  :  c'était  M.  Liontel. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


885 


10  Décembre  1906, 


886 


M.  Liontel  consulté  répond   que  Mac-  I 
Mahon  ne  l'a  jamais  passé  en  revue  et  ne 
lui  a  jamais  parlé. 

La   question    est  jugée  :     le   mot    est 
apocryphe. 


^oh^,  §r0utîaill4S    ^t   (Curiosités 

La  manufacture  de  Sèvres  pen- 
dant l'occupation  prussienne(i870) 
—  Le  père  d'Henri  Regnault.  —  La 

manufacture  de  Sèvres  a  considérable- 
ment souffert  du  siège  de  Paris.  Placée 
entre  deux  feux,  elle  a  subi  les  prussiens 
et  les  obus  qui,  de  Paris  essayaient  de  dé- 
loger les  prussiens.C'estde  ces  événements 
tragiques  que  la  lettre  inédite  qu'on  va  lire 
retrace  l'histoire.  Elle  a  été  écrite  par 
Victor  Regnault,  père  d'Henri  Regnault, 
administrateur  de  la  manufacture  de 
Sèvres  et  adressée  à  M.  Peligol. 

Elle  nous  est  communiquée  par  le 
maître  graveur  Bracquemont,  avec  une 
note  que  M.  Hallion,  ancien  chef  d'atelier, 
a  bien  voulu  y  joindre. 

C'est  une  intéressante  page  d'histoire 
inédite,  dont  l'Intermédiaire  est  très  re- 
connaissant à  l'éminent  artiste  : 

. .  .   Les  Prussiens  sont  arrivés  à  Sèvres  le    I 
19    septembre,    ont  occupé    immédiatement 
le  haut  de  la  Ville  et  la  Mairie;  les  bois  de 
Sèvres,  de  Meudon,    Bellevue   et  Saint-Cloud 
étaient  occupés  par  les  troupes  Françaises. 

Nous  avons  été  pendant  trois  jours  dans 
la  fusillade,  jusqu'à  ce  que  les  Français  se 
soient  retirés  au  delà  de  Meudon,  ou  sur 
l'autre  rive  de  la  Seine.  Le  pont  de  Sèvres 
avait  sauté  le  premier  jour. 

L'ambulance  de  la  Manufacture  avait  re- 
cueilli 5  ou  6  blessés  français  de  ces  pre- 
mières journées.  11  restait  une  vingtaine  de 
mes  employés  et  ouvriers,  mais  en  outre 
une  cinquantaine  de  gens  de  toutes  sortes  : 
vieillards,  femmes  et  enfants  du  pays  s'é- 
taient réfugiés,  s'y  croyant  plus  en  sûreté 
que  chez  eux. 

La  malheureuse  idée  de  construire  un  fort 
sur  la  hauteur  Delisle  nous  a  été  fatale.  Vous 
savez  que  tous  les  arbres  de  ce  parc  ont  été 
complètement  rasés  et  qu'on  avait  construit 
à  grands  frais  une  vaste  plateforme  pouvant 
recevoir  do  pièces  de  canon  —  jamais  un 
canon  français  n'y  a  été  posé  —  par  contre 
les  Prussiens  s'y  sont  établis  immédiatement, 
ont  amené  des  batteries  qu'ils  ont  caché 
provisoirement  à  Bellevue.  Mais  comme  ils 
faisaient  des  travaux  de  défense  sur  ces  hau- 
teurs, les  batteries  françaises  de  Billancourt, 
les  canonnières,  etc.,  ont  commencé   un  tir 


continu  sur  ces  hauteurs  et  les  3/4  des  bou- 
lets tombaient  de  plein  fouet  sur  notre  mal- 
heureuse Manufacture,  qu'ils  transperçaient 
de  part  en  part. 

Le  premier  jour  de    ce  tir,  en   moins  d'un 
quart    d'heure^  nous   avons  reçu  6  obus  qui 
ont  éclaté  dans    la  Manufacture.  L'un  de  ces 
obus  a  éclaté  au  milieu  du  Magasin  d'entrée, 
a  fracassé  tous  les  meubles  et  les  porcelaines 
qui    s'y    trouvaient.  Un   second   a   enfdé   le 
i"  étage,  a  pulvérisé   l'appartement   de  Ro- 
bert,   cloisons,    planchers   et    meubles...    le 
troisième  a  traversé  le  mur  de  la  cour  d'hon- 
neur, a  percé  le  mur  du  grand  bâtiment  à  la 
hauteur   de   ma    salle  à  manger,  dont  le  pla- 
fond s'est  effondré.  Deux  autres  ont  traversé 
l'appartement   de  l'agent-comptable.  M,  Ma- 
quette, qu'ils   ont   également  pulvérisé,  et  le 
long  corridor  du  Musée  où  tout  est  saccagé... 
Vous  comprenez    la    terreur  qui  est  surve- 
nue dans  tout  mon  personnel^  j'en  ai   profité 
pour  faire  déguerpir   une   grande  partie  de  la 
bohème    qui    s'était    réfugiée    chez   moi.   Le 
plus  grand  nombre   ne  se  sont  pas  fait  prier, 
les  autres  ont  été  mis  à  la  porte. 

L'ambulance  des  blessés  était  établie  le 
long  des  grands  magasins  du  décoré,  dont 
Toutes  les  porcelaines  avaient  été  expédiées  à 
Paris. 

La  nuit  fut  passée  à  déménager  les  blessés, 
à  installer  l'ambulance  dans  les  bas  fossés,  à 
loger  le  personnel    dans    les   caves    où    l'on 
transporta    ce    que    l'on     put    des    meubles 
encore  intacts,  etc.,  etc.  Bref,  nous  sommes 
restés  3  semaines,  couchant   dans   les  caves, 
ou   dans  les  carrières,  passant  les  journées  à 
recevoir   les  Prussiens,  qui   doivent  toujours 
s'établir  dans   la    Manufacture,  mais  qui  s'en 
allaient  ensuite  quand  les  obus  et  les  bombes 
leur     prouvaient   que    le   séjour  n'était  pas 
sain.  Quant    à    nous,  nous    avions    fini    par 
nous  y  habituer.    Lorsque  le  tir   commençait 
—   et   cela   presque    tous    les   jours  —  nous 
descendions  dans   les  sous-sols  ;  et  nous  re- 
montions quand  le  calme  recommençait.  Nos 
cours,  nos  jardins  sont  remplis  d'éclats  d'o- 
bus,  et    d'obus    fichés    en     terre.  Nous    en 
avons  plusieurs  centaines,  les  bâtiments  sont 
transpercés   dans  tous  les  sens,  les  planchers 
défoncés,  etc.,  etc.  Enfin,  après   3  semaines 
passées    dans    ce    tohu-bohu    avec    tous    les 
ennuis    et     désagréments     imaginables,     les 
Prussiens  ont  fait  évacuer  tout  le  pays  entre 
Versailles  et  la  Seine.  Un   bataillon  est  venu 
occuper    la   Manufacture,  le  commandant  a 
exigé  toutes  les  clefs  —  et  nous  a  donné  1/4 
d'heure    pour    préparer   notre  départ.  Nous 
avons  été  conduits   ainsi  jusqu'à  Chaville  et 
Versailles  entre  2  haies  de  soldats  et  ne  por- 
tant avec  nous   que    ce   que    nous   pouvions 
tenir  au  bout  de  nos  deux   bras.  On    nous  a 
permis    de    nous    arrêter    dans    le    haut    de 
Sèvres,  à  l'hospice,  parce  que  nous  avons  dû 


N»  1132. 


L'INTERMEDIAIRE 


887 


888 


y  faire  transporter  sur  des  brancards  les 
5  blessés  qui  restaient  à  la  Manufacture. 

Nous  nous  sommes  installés  dans  des  mai- 
sons abandonnées  oîi  nous  avons  trouvé  la 
literie  nécessaire  :  Riocreux,  Robert,  Salvé- 
tat,  Maquette,  sont  restés  dans  une  maison 
auprès  de  l'hospice.  Je  me  suis  rendu  à  Ver- 
sailles où  M.  Dufrayer  m'a  donné  l'hospita- 
lité. 

Je  me  suis  mis  immédiatement  en  quête 
des  autorités  Prussiennes  pour  chercher  à 
sauver  le  plus  possible  de  ce  qui  restait  de 
notre  malheureux  établissement.  L'opération 
n'a  pas  été  facile.  Enfin,  je  suis  parvenu  à 
aborder  le  Prini.e  Royal  qui  m'a  reçu  avec 
la  plus  grande  affabilité.  11  a  mis  à  ma  dispo- 
sition troupes  et  fourgons  pour  porter  au 
Palais  de  Versailles  ce  que  je  voudrais  de  la 
Manufacture. 

Les  intentions  étaient  t  es  bonnes,  mais 
les  moyens  d'exécution  pas 
milieu  d'une  fusillade  continuelle  et  des 
bombes  qui  venai^^nt  à  la  fois  de  Billancourt, 
d'Issy  et  du  Mont-Valérien.  j'ai  pu  faire  ainsi 
3  expéditions  qui  n'ont  pas  été  aussi  fruc- 
tueuses que  Je  l'aurais  voulu,  parce  que  les 
officiers  pressaient  toujours  le  départ  et  ne 
voulaient  pas  exposer  plus  longtemps  leurs 
hommes.  Néanmoins,  j'ai  pu  sauver  les 
dessins,  les  registres  de  la  Manufacture  qui 
formaient  une  masse  considérable,  la  moitié 
environ  de  ma  bibliothèque.  .  j'ai  fait  3  ten- 
tatives pour  aller  à  la  Nouvelle  Manufacture, 
accompagné  malheureusement  par  les  Prus- 
siens ;  je  suis  parvenu  chaque  fois  jusqu'à 
mon  laboratoire,  que  j'ai  trouvé  assez  dé- 
vasté, mais  je  n'ai  pu  aller  plus  loin,  à  cause 
des  barricades  que  les  Prussiens  y  ont  établies 
et  sur  lesquelles  on  tire  continuellement.  Je 
suis  parvecu  cependant  une  fois  jusque 
devant  le  grand  bâtiment,  mais  j'ai  été 
obligé  de  déguerpir  bien  vite,  parce  qu'on  a 
tiré  sur  moi  de  toutes  les  fenêtres  des  mai- 
sons de  l'autre  côté  de  l'eau. 

La  Nouvelle  Manufacture  était  bien  moins 
abimée  que  l'ancienne,  parce  qu'elle  n'avait 
pas  reçu  d'obus  —  mais  elle  était  toute 
piquée  de  balles. 

Je  ne  puis  rien  dire  de  votre  château  qui 
doit  être  fort  habité  ;  le  propriétaire  aura 
probablement  à  faire  un  nouvel  état  de  lieux. 

Après  un  séjour  de  10  jours  à  Versailles, 
je  songeais  à  aller  rejoindre  mes  entants, 
que  j'avais  envoyés  à  Belley,  dans  le  dépar- 
tement de  l'Ain  et  à  me  rapprocher  de  Léon 
dont  je  n'avais  aucune  nouvelle  depuis  6  se- 
maines. Je  demandai  au  Prince  Royal  un 
sauf-conduit  et  une  permission  de  circula- 
tion sur  les  lignes  Prussiennes  pour  me  ren- 
dre à  Genève. 

Des  permissions  et  des  recommandations 
par  écrit  me  furent  facilement  octroyées,  mais 


\ 


le  tout  était  de  s'en  servir.  Le  départ  de 
Versailles  et  le  voyage  jusqu'à  Corbeil  se  fit 
très  bien  par  la  poste  Prussienne  ;  mais  à 
partir  de  là  jusqu'à  Strasbourg,  j'ai  roulé 
pendant  8  jours  dans  les  conditions  les  plus 
abominables:  tantôt  dans  les  charrettes, cou- 
ché sur  des  sacs  avec  les  soldats  blessés  qu'on 
envoyait  aux  ambulances  allemandes,  tantôt 
avec  des  prisonniers  français. 

Sur  le  chemin  de  fer  faisant  12  à  15  lieues 
par  jour  dans  des  wagons  à  bestiaux  avec 
les  convalescents  qu'on  renvoyait  en  Alle- 
magne, assis  sur  des  petits  bancs  en  sapin, 
sur  lesquels  on  passait  la  nuit  sans  pouvoir 
en  sortir,  parce  que  le  train  ne  marchait  pas 
plus  tard  que  5  heures,  et  s'arrêtait  dans  des 
stations  désignées  où  il  y  avait  une  forte 
garnison  prussienne. 

Pour  toute    nourri  Une,  du    pain    noir    et 
quelques  fois    un   peu    de    viande    salée.  Du 
commodes,  au    |   schnaps  pour  se  rafraîchir.. . 

!       M.  Haillon  fait  siiivre  l'extrait  de  cette 
j  lettre,  de  ce  souvenir  sur  Henri  Regnault: 

i        Cette  lettre  me    rappelle   M.  Regnault  ve- 
nant un  jour  nous  voir  dans  le  grand  atelier 
I   de  peinture    où   nous   étions   réunis  et  nous 
j   faire,  pour  ainsi  dire,  ses  adieux. 
I        —  Je    connais    beaucoup     les     Allemands, 
!    nous  dit-il,  ayant  passé  un  temps  assez  long 
en  Allemagne  :  ils  sont  forts  et  très  discipli- 
I   nés  :  ils  sont  prêts  pour  la  guerre  depuis  long- 
1    temps    et  nous  ne    le  sommes  pas.  Je    crains 
!   beaucoup'pour  notre  pays  :  nous  serons  vain- 
cus! Personnellement,  je   crains  pour  mon  fils 
Henri,  actuellement  à  Tanger;  car  s'il  apprend 
que  la  guerre  est  déclarée,   il    quittera   tout, 
prendra  sa  valise  et  viendra  se  faire  tuer. 

L'émotion  qu'il  éprouvait  l'empêcha  d'en 
dire  davantage. 

En  effet,  en  lisant  un  journal  qui  parlait 
de  la  guerre,  Henri  Regnault  quitte  Tanger 
et  arrive  à  Paris,  s'enrôle  dans  une  compagnie 
de  marche  et  meurt  à  Buzenval  le  19  janvier 
1871,  au  moment  où  le  combat  cessait  et 
alors  qu'il  voulait,  a-t-il  dit,  user  ses  derniè- 
res cartouches. 

La  lettre  du  père  est  datée  de  Genève,  du 
20  décembre  1870  :  le  fils  est  mort  un  mois 
plus  tard. 

Je  crois  que  c'est  à  peu  près  la  dernière 
lettre  de  M.  Regnault.  A  son  retour  à  Sèvres, 
après  la  guerre,  il  est  venu  souvent  revoir 
son  ami  Peligot,  mais  quels  changements  [ 
Sa  belle  intelligence  avait  disparu  ;  il  se  lais- 
sait conduire  comme  un  enfant  et  il  ne  devait 
pas  tarder  à  aller  rejoindre  son  fils,.. 

Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniêl-Chambon,  St-Amand-.Mont-Rond 


XIV  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  ^o  de  chaque  mots      20  Décembre  1906» 


42e  Année 

31  *",r .  Victor  Massé 
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DES 


CHERCHEURS 

Fondé   en 


ET   CURIEUX 

1864 


QUESTIONS     ET     RÉPONSES     LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,    SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 

TROUVAILLES    ET    CURIOSITÉS 

889      890    • 


//  nous  faut  répéter  à  nos  cet  respondants 
qu'il  est  nécessaire  qu'ils  signent  leurs  en- 
vois, ou  de  leurs  noms,  ou  d'un  pseudonyme 
déjà  adopté  par  eux^  ou  qu'ils  adoptent 
pour  lapremière  fois  en  le  faisant  connaître. 
S'ils  emploient  des  initiales,  nous  les  prions, 
pour  éviter  toute  confusion,  d'adobter  des 
initiales  qui  fie  sont  pas  déjà  une  signa- 
ture en  usage.  S'il  en  était  autrement  Jls  en 
seraient  avisés. 

Nous  sommes  contraints  à  chaque  instant, 
de  faire  suivre  des  réponses  directement  :  il 
est  donc  indispensable  que  nous  sachions  à 
qui  les  faire  tenir. 

Le  secret  des  pseudonymes  est  rigoureuse- 
ment gardé. 

Toute  lettre  anonyme  ou  signée  d'un 
pseudonyme  inconnu  sera  considérée  comme 
non  avenue. 

Nous  renouvelons  la  prière  à  nos  colla- 
borateurs, d'écrire  d'un  seul  côté  de  la 
feuille,  et  de  consacrer,  autant  que  possible, 
une  feuille  différente  pour  chaque  article 
différent. 

a!Ilueôttou6 

Calvin  et  le  hameau  d'Enfer.  — 

Dom  Toussaint  Duplessis,  dans  sa  Des- 
cription géographique  et  histotique  de  la 
Haute-Normandie  (Paris,  1740),  dit,  en 
parlant  d'Enfer,  hameau  de  la  commune 
-de  Wy-joli-Village  (canton  de  Magny-en- 
Vexin,  Seine  et-Oise  ): 

Enfer.  Ce  hameau  n'est  remarquable  dans 


l'histoire  que  par  le  Manoir  de  Hazeville  qui 
en  fait  partie.  C'est  là  où  Calvin,  poursuivi 
par  le  bras  séculier,  se  réfugia  pendant 
quelque  temps,  et  où  il  pervertit  bien  des 
seigneurs  du  Vexin.  Obligé  enfin  de  quitter 
cet  asile,  il  y  laissa  l'original  de  son  Institu- 
tion Chrétienne,  que  les  seigneurs  d'Haze- 
ville,  zélés  calvinistes,  ont  conservé  long- 
temps. Un  d'entre  eux,  étant  enfin  rentré 
dans  le  sein  de  l'Eglise,  le  jeta  au  feu  à  la 
persuasion  du  curé  d'Avernes. 

Après  Toussaint  Duplessis,  plusieurs 
auteurs,  et  notamment  le  Président  Lé- 
vrier (1746-1823),  dans  son  Essai  manus- 
crit sur  l'histoire  de  Meulan  ;  Armand 
Cassan,  dans  sa  Statistique  de  l'arrondisse- 
ment de  Mantes  (Mantes,  1833)  ;  et 
M.  Feuilloley,  dans  sa  Notice  sur  le  can- 
ton de  Magny-en-Vexin  (Magny,  1884), 
ont  répété  que  Calvin  avait  habité  le  châ- 
teau d'Hazeville  et  qu'on  donna  depuis  le 
nom  d' Enfer  au  hameau  voisin  du  châ- 
teau où  il  s'était  réfugié. 

La  France  Protestante,!"^  et  2"  éditions, 
et  M.  Doumergue,  dans  son  magistral 
ouvrage,  en  cours  de  publication,  intitulé 
Jean  Calvin  ;  les  hommes  et  les  choses  de  son 
temps  (tome  I"",  p.  359),  reconnaissent 
seulement  qu'il  n'y  a  rien  d'impossible  à 
ce  que  Calvin  ait  passé  quelque  temps 
chez  son  ami,  le  seigneur  d'Hazeville, 
avant  d'aller  à  Angoulème,  probablement 
à  la  fin  de  l'année  1533.  Mais  ils  n'osent 
rien  affirmer,  car  «  depuis  le  moment  où 
Calvin  s'enfuit  de  Paris,  jusqu'au  moment 
où  il  sort  de  France,  s'étend  une  période 
de  sa  vie  particulièrement  agitée,  et  parti- 
culièrement obscure.  L'historien   ne  sait 

UV.17 


N«  1133. 


L'INTERMEDIAIRE 


891 


892 


trop  comment  distinguer  entre  tous  ces 
voyages,  les  uns  authentiques  et  les 
autres  imaginaires»  (Doumergue). 

Ainsi  Pierre  Bayle,  dans  son  fameux 
Dictiormaire  historique  et  critique  (article 
Louis  de  Dieu,  édition  de  1820)  parle  d'un 
voyage  que  Calvin  aurait  fait  en  Angle- 
terre, à  une  époque  inconnue,  avec  Louis 
de  Dieu,  favori  de  Charles-Quint,  auquel 
il  aurait  appris,  sur  le  navire,  à  ne  pas 
jurer  en  jouant  aux  cartes  !  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  château  d'Hazeville,  reconstruit, 
existe  encore,  et  on  y  montre  un  joli 
pavillon  où  la  légende  assure  que  le  cé- 
lèbre réformateur  aimait  à  travailler  et 
d'où  Ton  jouit  d'une  vue  étendue  sur  une 
grande  partie  du  Vexin  français. 

L'un  de  mes  savants  collègues  de  Yln- 
iermédiaire  pourrait-il  m'apporter  quelque 
lumière  sur  ce  séjour  de  Calvin  à  Haze- 
ville? 

Le  hameau  d'Enfer  ne  s'appelait-il  pas 
déjà  ainsi,  longtemps  avant  la  venue  de 
Calvin,  probablement  à  la  fin  de  l'année 

1533? 

Enfer  ne  viendrait-il  pas  simplement  de 

la  situation  du  hameau  plus  bas  que  les 
lieux  qui  l'avoisinent  ? 

Ne  doit-on  pas  rapprocher  cet  Enfer  de 
la  rue  d'Enfer  à  Paris,  plus  basse  que  la 
rue  du  faubourg  Saint-Jacques,  et  qu'on 
appelait  pour  cette  raison  via  inferiot.via 
inféra^  d'où, par  corruption, Enfer,  comme 
le  dit  très  bien  jaillot  dans  ses  Recher- 
ches sur  la  ville  de  Paris  (tome  V,  Luxem- 
bourg, p.  38)  ?         Armand  de  Visme. 

Un  couvent  à  proximité  de  la 
porte  Dauphine  en  1770.  —  Pour- 
rait-on m'indiquer  quel  était  le  couvent 
situé  dans  Paris,  à  proximité  de  la  porte 
Dauphine  actuelle,  et  dans  lequel  étaient 
élevées,  vers  1770,  plusieurs  filles  de 
qualité,  entre  autres  Adélaïde  Filleul,  qui 
devint  Mme  de  Flahaut  ^  Le  jardin  du 
couvent  était  petit.  Un  hôpital,  paraît-il, 
y  était  annexé.  Les  religieuses  en  étaient 
connues  sous  leurs  propres  noms,  car 
Tune  d'elles  y  était  appelée  madame 
Trent.  Renault  d'Escles. 

Abbaye  cistercienne  de  Her- 
ckenrode.  —  Où  pourrais-je  trouver 
des  renseignements  sur  cette  ancienne 
abbaye  des  environs  de  Liège  (Belgique) 
et  principalement  sur  les  vitraux  de  son 


ancienne  chapelle?  Ceux-ci  ont  été  vendus 
en  Angleterre  pendant  la  Révolution  et  se 
trouvent    actuellement   à    Lichfield,  et  à» 
Shrewsbury.  -        C.  B.  O. 

Gai.  Christ.  111,  1 132. 

Le  théâtre  français  à  Batavia.  — 

Pendant  le  courant  du  xix*  siècle,  on 
trouve  la  trace  de  nombreux  engagements 
d'artistes  français  à  Batavia. 

Batavia  est,  comme  on  sait,  la  capitale 
de  l'île  de  Java,  dans  les  Indes  hollan- 
daises. Qiie  sait-on  sur  ce  théâtre /ranfa/'s 
qui  subsista  au  moins  20  ou  30  ans  à 
Batavia  ?  Existe-t-il  encore  .?  H.  L. 

Jules  Auvillain. —  Pourrais-je  obte- 
nir quelques  détails  sur  le  bibliophile 
Jules  Auvillain,  avocat  à  la  cour  de  Paris, 
mort  vers  1864  ? 

La  vente  de  ses  livres  eut  lieu  à  la  salle 
Silvestre,  du  20  février  au  2  mars  1865, 
par  les  soins  du  libraire  Miard.  Le  cata- 
logue est  précédé  d'une  insignifiante  no- 
tice qui  ne  donne  pas  même  la  date  de 
naissance  du  collectionneur.  S. 

Fugène  Barré.  —  Dans  V Annuaire 
de  la  Société  des  auteurs  et  compositeurs  ré- 
cemment paru  ,  M  .  Romain  Coolus  a 
commis  une  erreur.  Dressant  la  liste  des 
sociétaires  morts  au  cours  de  l'année 
1905,  il  y  fait  figurer  «  Eugène  Barré,  le 
collaborateur  attitré  de  Piis,  Radet  et 
Desfontaines.  ».  Les  dictionnaires  le  fai- 
sant naître  en  1766,  ce  vaudevilliste  au- 
rait ainsi  vécu  1 39  ans  !  —  Barré  (P.  Yon- 
et  non  Eugénej  quitta  ce  monde  le  9  mai 
1852,  dans  sa  86*  année,  ce  qui  est  déjà 
bien  raisonnable.  Mais  quel  est  le  Barré, 
Eugène,  pleuré  par  M.  Coolus,  et  de 
quelles  œuvres  a-t-il  enrichi  notre  théâ- 
tre ?  L. 

Un  Bourbon  du  Maine,    comte 

des  Minières.  —  Un  Louis-Antoine,  se 
disant  Bourbon,  comte  des  Minières,  né  à 
Paris  le  29  juillet  1691,  baptisé  au  com- 
mencement du  mois  d'août  suivant  à  Cot- 
tinville,  commune  de  Méréville  (près 
d'Etampes)  et  fils  légitime  de  Louis -Au- 
guste de  Bourbon,  duc  du  Maine,  et  de 
Louise-Elisabeth  de  Rochefort  de  Brilhac, 
passa  en  Espagne  et  fut  reçu  à  la  Cour  et 
à  l'armée, où  il  était  toujours  appelé  Bour- 
bon sous   le   règne  de   Philippe   V .    Que 


DÈS  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1906, 


893 


894 


sait-on  de  l'origine  véritable  de  ce  per- 
sonnage, qui  n'est  cité  nulle  part  en 
France  ?  Ce  qui  rend  son  identification 
fort  difficile,  c'est  que  les  registres  parois- 
sia  ux  de  Cottinville  ont  été  lacérés  de 
1687  à  1702?  A.  R. 

Drouyn  de  Lhuis  et  rimitation 

de  J.  C.  —  Est-il  exact  que  ce  ministre 
de  Napoléon  111  aurait  composé  un  com- 
mentaire de  V Imitation  ?  Pourrait-on  en 
savoir  plus  long  à  cet  égard  ?  Un  éloge 
de  ce  livre  par  ce  personnage  ne  serait 
pas  banal.  Dom  Vuillemin  vient  de  faire 
paraître  chez  Desclée  une  nouvelle  traduc- 
tion de  cette  œuvre, avec  citations  d'appré- 
ciations de  saints,  d'écrivains,  de  person- 
nages au  bas  de  chaque  chapitre.  11  n'y  a 
pas  celle  du  dit  ministre  dans  ce  livre. 

St-Saud. 

Alexandre  Farnèse.  —  i°  Alexan- 
dre Farnèse,  duc  de  Parme,  fils  d'Octave 
et  de  Marguerite  d'Autriche, né  vers  1545, 
décédé  à  Arras  en  1592,  fut  élevé  à  la 
cour  de  Philippe  II,  roi  d'Espagne,  son 
oncle. 

Quels  sont  les  documents  imprimés 
ou  manuscrits  qui  pourraient  fournir  des 
renseignements  sur  sa  vie  et  principale- 
ment sur  sa  jeunesse  ? 

2°  Le  musée  national  de  Naples  pos- 
sède un  tableau  attribué  au  Parmesan, 
représentant  Alexandre  Farnèse  dans  les 
bras  de  la  ville  de  Parme.  Ce  portrait  ne 
peut  être  celui  d'Alexandre  né  vers  1545, 
quelques  années  après  la  mort  du  Parme- 
san ;  serait-ce  celui  d'Alexandre  Farnèse, 
fils  aîné  de  Pierre- Louis,  né  en  1520,  car- 
dinal à  14  ans,  bien  que  le  tableau  re- 
présente un  jeune  homme  revêtu  d'une 
armure  .?  Florentin. 

Mlle  Ida  Ferrier.  —  Ne  fut-elle  pas 
la  femme  légitime  d'Alexandre   Dumas  ? 

Elle  débuta  au  Palais-Royal  en  1832, 
fut  pensionnaire  de  la  Comédie  Française 
en  1837,  et  parut  au  théâtre  de  la  Renais- 
sance en  1839. 

Que  sait  on  de  sa  biographie  } 

Vadius. 

Portrait  du  comte  de  Fersen.  — 

Connaît-on  des  portraits  originaux  du 
comte  de  Fersen,  indépendamment  de  la 


miniature,  appartenant  à 
Gyldenstolpe,  que  M.  G. 
produit  dans  son  ouvrage 
Varennes  ? 


la  comtesse  de 
Lenôtre  a  re- 
;  Le  Drame  de 
X. 


Isidore  Flammarion.  —  Le  22  dé- 
cembre 1824,  un  auteur  de  ce  nom,  qui 
tenait  aussi  les  seconds  rôles  à  l'Odéon, 
fit  jouer  sur  ce  théâtre,  en  collaboration 
avec  Lockroy,  une  tragédie  en  trois  actes, 
la  Vestale.  Ce  Flammarion,  que  nous 
retrouvons  père  noble  à  Boulogne  en  1826, 
à  Nantes  en  1827,  à  Lyon  en  1829,  est-il 
un  ascendant  de  la  famille  Flammarion 
qui  nous  donna  des  libraires  et  un  astro- 
nome? H.  L. 


Femmes  du  harem  mariées  en 
France.  —  A  propos  du  roman  les  Dé- 
senchajitées,  ne  pourrait-on  pas  citer  des 
femmes  turques  qui,  depuis  1453,  se 
sont  sauvées  du  harem  où  elles  étaient 
enfermées  et  sont  venues  se  marier  en 
France  ^  Z. 

Une  femme  des  «  Emaux  et  Ca- 
mées »  et  du  Deux -décembre 
1851  :  Mme  Kalergi.  —  J'ai  lu  dans 
le  Siècle  du  2  décembre  1906  : 

Tous  les  lettiés  connaissent  la  Symphonie 
en  blanc  majeur,  cet  hymne  à  la  beauté 
dont  Théophile  Gautier  para  ses  Emaux  et 
Camées. 

Peu  de  personnes,  en  revanche,  savent 
pour  qui  et  à  propos  de  qui  est  écrit  ce 
poème. 

L'héroïne,  le  modèle,  en  fut  une  Mme  Ka- 
lergi qui  florissait  en  beauté  en  1852.  L'ad- 
miration de  Gautier  pour  sa  beauté  n'avait 
rien  d'excessif. 

Ce  fut  Mme  Kalergi  qui,  dans  la  nuit  du 
2  décembre,  alla  porter  à  l'Imprimerie  Na- 
tionale le  texte  des  proclamations  de  Louis 
Napoléon. 

C'était  une  très  bel'e  femme.  Un  époux 
qu'elle  avait  eu,  avait  été  une  manière  de 
banquier  levantin  ;  il  marquait  peu  dans  sa 
vie.  Mme  Kalergi  était  impérialiste,  comme 
c'était  alors  la  mode  parmi  les  élégantes  trop 
élégantes. 

La  destinée  de  Mme  Kalergi  après  le  coup 
d'Etat  fut  mouvementée,  elle  épousa  le  gé- 
néral Mouravieff. 

L'article  est  signé:  Gustave  Kahn. 
Que  sait-on  de  plus  de  Mme  Kalergi  ? 

Madame  Vincent, 


N*   1133. 


L'INTERMÉDIAIRE 


895 


89b 


Le    comte  de  Montijo  en  i814. 

—  Dans  sa  proclamation  pour  annoncer 
son  mariage,  Napoléon  III  dit  que  le 
comte  de  Montijo  avait  défendu  Paris  en 
1814,  à  la  tête  de  l'Ecole  Polytechnique. 
Comment  l'établit  on  ?  F.  d'A. 

Baron  Saint-Félix.  —  Alexandre 
Saint-Félix,  né  à  Paris  en  novembre 
1780,  fut  aide  des  cérémonies  de  France 
et  chef  d'escadrons,  puis  colonel  de  la 
garde  nationale  de  Paris  ;  il  fut  créé  ba- 
ron héréditaire  par  lettres-patentes  du 
14  août  1818.  Pourrait-on  indiquer  ses 
père  et  mère  et  sa  postérité  s'il  a  été  ma- 
rié, et  la  date  et  le  lieu  de  son  décès? 

A   R. 

Sayda  de  Bellecôte.  —  Albertine 
Sayde  de  Bellecôte,  autorisée  en  France  à 
porter  le  titre  de  baronne  par  lettres-paten- 
tes du  9  mars  1826,  est  dite  née  à  Bruxel- 
les,le  1 1  janvier  1785, fille  de  )ean-Gabriel, 
baron  du  Saint  Empire(?)pa''diplômedu24 
août  1787.  Son  acte  de  baptême  n'a  pu 
être  retrouvé  à  Bruxelles.  Peut-être  est- 
elle  née  dans  une  commune  voisine. 
Connaît-on  des  détails  sur  sa  famille, 
son  origine  ?  A.  R. 

La  noblesse  sous  la  troisième 
République.  —  Dans  la  séance  de  la 
Chambrede  vendredi  dernier  (voir  Officiel 
du  15  décembre), à  propos  de  la  discussion 
de  la  loi  sur  les  titres  de  noblesse, deux  ré- 
vélations ont  été  faites  par  le  rapporteur 
général. 

La  première,  c'est  qu'en  1876,  la  Répu- 
blique aurait  dû  —  pour  des  raisons 
diplomatiques  —  reconnaître  un  titre 
conféré  par  le  pape  ;  la  seconde,  c'est  qu'il 
y  a  trois  ou  quatre  ans  un  M.  de  la  Roche- 
foucault  avait  été  autorisé  à  verser  5000  fr. 
pour  l'investiture  d'un  titre. 

Quelqu'un  pourrait-il  compléter  ces  in- 
téressants renseignements  en  nous  faisant 
connaître  :  i«  le  nom  du  bénéficiaire  de 
la  première  mesure  ;  2°  quel  est  le  titre 
pour  lequel  un  membre  de  la  famille  de 
La  Rochefoucault  a  cru  devoir  réclamer 
l'investiture,     moyennant    un    droit    de 


chancellerie  ? 


A.  B. 


La  Vénus  héraldique  —  Beaucoup 
de  familles,  surtout  à  l'étranger,  portent 
yne   femme  nue   dans  leurs  armoiries  ; 


quelques-unes  avec  des  attributs  extraor- 
dinaires. 

yae:(  de  Mola  :  femme  nue  issante 
d'une  tour  laquelle  est  issante  d'une  mer, 
accompagnant  un  homme  nu  issant  de  la 
mer  et  offrant  une  couronne  à  la  femme, 
et  accompagnant  un  bras  tenant  une  épée 
supportant  une  tête  humaine  ; 

Harsy  :  femme  nue  assise  à  califour- 
chon sur  un  dauphin  ; 

Venvel  :  femme  nue,  les  cheveux  épars, 
tenant  une  roue  de  Sainte-Catherine  ; 

Pirch  (Poméranie)  :  femme  nue  se 
frottant  le  corps  avec  une  queue  de  re- 
nard qui  lui  passe  entre  les  jambes  ; 

Etc. 

duelle  est  la  signification  de  ces  singu- 
lières armouies  et  à  quelle  époque  le 
«  meuble  »  féminin  s'cst-il  introduit  dans 
l'art  héraldique  }  -\- 

Jetons  de  Templiers.  —  Au-des- 
sous d'un  portrait  de  )acques  de  Molay 
inséré  en  tète  des  TeiupJien  de  Raynouard, 
sont  reproduits  deux  jetons  ;  une  note 
apprend  que  ce  sont  deux  jetons  des 
Templiers,  ayant  appartenu  à  M.  Fauris 
de  Saint-Vincent.  A-t-on  retrouvé  beau- 
coup de  ces  jetons  et  à  quoi  servaient-ils  ? 

-      ).  G. 

Ordre  souverain  de  la  Sainte  Mi- 
lice de  Salomon.  —  On  demande 
l'adresse  d'un  alfilié  de  Y  Ordre  souverain 
de  la  Sainte  Milice  du  temple  de  Salomon. 
Cet  ancien  ordre  n'est  ni  éteint,  ni  dis- 
persé. Il  est  complètement  indépendant 
de  tout  autre.  On  en  retrouve  la  trace 
orthodoxe  en  France  jusqu'en  1863,  et 
jusqu'en  1894  à  Bruxelles. 

Il  s'agit  de  remettre  à  l'Ordre  des  do- 
cuments importants  au  sujet  de  ses  schis- 
mes, de  son  autorité  religieuse  et  occulte, 
de  sa  filiation  ininterrompue  et  de  sa  com- 
plète indépendance. 

Si  aucune  réponse  n'est  parvenue  avant 
le  i"^  mars  1907,  les  dits  documents  se- 
ront déposés  à  la  Grande  Chancellerie  des 
Ordres  au  Vatican.  V.  U.  B. 

La  vraie  traduction  de  l'Aico- 
ran.  — Je  possède  deux  traductions  de 
l'Alcoran.  La  première,  imprimée  à  Lis- 
bonne, en  1861,  se  àonnt  covnxnç,  traduc- 
tion texhielk  de  l'arabe  faite  par  Fatnia- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1906, 


897 


898 


Zaïda,    Djariê'Odalik-Doul  den   Benïamin 
Aly  ». 

Cette  traduction  débute  par  un  petit 
discours  aux  lecteurs  où  la  traductrice 
les  met  en  garde  contre  d'autres  versions 
du  livre  sacré  des  Maliométans.  Elle  écrit: 
«  en  Perse  on  suit  un  Koran  soi-disant 
écrit  par  Aly,  le  gendre  du  prophète.  Les 
changements  étranges  qui  existent  dans 
ce  Koran,  prouvent  la  fausseté  de  cette 
assertion.  Comment  Aly,  qui  souvent 
écrivait  sous  la  dictée  du  prophète,  eût-il 
ainsi  composé  un  livre  contraire  à  l'Alko- 
ran  .?  »  «  Les  somates  du  Koran  persan  ont 
des  titres  comme  des  chapitres  de  ro- 
mans... J'ai  lu  cet  Alkoran  traduit  en 
français,  et  moi,  Musulmane,  je  n'y  ai 
rien  compris  ». 

Eh  bien,  dans  la  collection  de  l'abbé 
Migne.  il  y  a  deux  volumes,  où  sont  réu- 
nis «  Les  livres  sacrés  de  toutes  les  reli- 
gions, sauf  la  Bible  ».  Le  Koran,  traduit 
par  M.  Kasimirski,  y  figure  ;  mais  c'est 
bien  le  Koran  dont  parle  Fatma-Zaïda. 
Les  somates  ont  des  titres,  comme  des 
chapitres  de  romans  :  La  vache, la  famille 
d'Innan,  les  femmes,  etc. 

Quel  est  donc  le  vrai  Koran  ?  Quel  est 
le  Koran  que  les  autorités  religieuses  font 
enseigner  à  Conslantinople  .?  C'est  ce  que 
je  voudrais  demander  à  la  science  de 
quelque  intermédiairiste. 

Si  quelqu'un  peut  le  demander  à  l'un  des 
représentants  de  la  France  en  Turquie, 
peut-être  ce  représentant  pourra t-il  trouver 
facilement  la  réponse  authentique,  auprès 
de  l'Inspecteur  général  de  l'Enseignement 
théologique.  Hahl  Boua  Herck. 

Cupido  triumphans.  —  Un  petit 
livre  sur  les  femmes  a  paru  sous  ce  titre 
à  Utrecht  (1644)  en  réponse  à  VHippo- 
lytus  rediviviis. 

Son  auteur,  un  hollandais  de  Frise,  se 
cache  sous  les  initiales  H.  H.  V.  O.  G. 
(peut-être  Van  O...  G...  r) 

Qiiel  est  son  nom  ?  Brunct  ne  le  sait 
pas.  S. 

La  biograph'e  de  Galilée.  —  Au- 
rait-on l'obligeance  de  m'indiquer  une 
bographie  complète  de  Galilée  ?  Et  d'au- 
tre part  une  édition  des  Œuvres  du 
même  philosophe  traduites  en  français  ? 

H,N. 


Parchappe  :  Galilée,  sa  vie  et  ses  décou. 
vertes.  Paris  1866. 

Trouessart  :  GaliUe,  sa  mission  scienti- 
fiqite,  sa  vie,  son  procès.  Paris,  1865. 

Castelnau  :  Galilée    1870. 

Th.  Henri  Martin  :  Galilée.  Paris, 
1868. 


Première  édition .  —  Les  frères 
Haag,  dans  une  note  qui  ferme  le  tome  xi 
de  La  France protestante,s' expriment  ainsi  : 
«  Bien  qu'il  soit  vrai  de  dire,  avec  un 
écrivain  célèbre,  qu'une  première  édition 
n'est  jamais  qu'un  essai...  »  Quelqu'un 
pourrait-il  indiquer  quel  est  cet  «  écrivam 
célèbre  »?  H.  M. 


Paul  et  Virginie  :  Exemplaires 
et  dessins  à  retrouver.  —  Dans  le 
catalogue  de  vente  après  décès  d'Aimé 
Martin  (Techener,  1847)  on  trouve  : 

N°  711.  Paul  et  F//'ir/>;'>,  édition  Curme  r 
1838  ;  gr.  in-8,niav.  bleu, doublé  (Niedrée); 
exempl.  en  grand  papier  vélin,  autographes 

ajoutés, 

11  a  été  retiré  de  la  vente. 
Dans  le  catalogue  de  vente  après  décès 
de  Renouard  (Potier,  1854)  je  lis  : 

N"  2088.  Paul  et  Virginie.  Paris.  Didot 
l'aîné,  1806,  gr.  in-4».  Seul  exemplaire 
impr.  sur  VÉLIN.   Vendu  211  fr. 

N"  2089.  Six  grands  dessins  faits  pour 
cette  édition  par  Laffitte,  Géiard,  Girodet. 
Isabey,  Moreau,  Prudhon  ;  in  folio;  conte- 
nant d'autres  dessins  dont  la  liste  est  au  ca- 
talogue. Vendus  1510  fr. 

Qiiels  sont  les  possesseurs  actuels  .? 

J.  Brivois. 


L'Orôlaïde.  —  Parmi  les  émeutes 
d'étudiants,  dont  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris  fut  le  théâtre,  la  plus  célèbre 
eut  lieu  en  1836,  cà  propos  du  concours 
pour  la  nomination  d'un  professeur  d'ana- 
tomie.  Orfila  était  doyen  ;  il  eut  forte- 
ment maille  a  partir  avec  les  perturba- 
teurs. Un  poème  héroi  comique  de  800 
vers,  intitulé  VOrfitaïde  et  signé  «  le  Pho- 
céen, »  fut  écrit  à  ce  propos  par  un  nomme 
Fabre.  Qiiel  aimable  ophélète  pourrait 
me  donner  copie  de  ce  poème  ou,  s'il  a 
été  publié,  m'indiquer  où  je  pourrais  le 
trouver  ?  Iskatel. 


N"    1133. 


L'INTERMEDIAIRE 


899 


900 


«  Que  fais-tu  dans  ce  bois,  plain- 
tive tourterelle  »  ?  —  On  me  demande 
de  qui  sont  ces  deux  vers  : 

Que  fais-tu  dans  ce  bois, plaintive  tourterelle? 
Je  gémis,  j'ai  perdu  ma  compagne  fidèle. 

Un  aimable  intermédiairiste  voudrait-il 
me  fournir  la  réponse  à  faire  ?     Ecolu, 

Sensationnel.  —  Le  mot  sensationnel, 
qui  a  fait  son  apparition  cliez  nous  vers 
1890,  n'est-il  pas  d'importation  britanni- 
que ?  Cela  paraît  être  l'opinion  de  M.  Petit 
de  Julleville,  dans  son  Histoire  de  la  Lan- 
gue et  de  la  Littérature  Française  (t.  VIII). 
Mais  peut-on  me  fournir  une  filiation  pré- 
cise? E.  X.  B. 

Deux  citations  latines  :  Patere 
legem...;  Quos  vult  perdere... —  On 

rencontre  souvent  les  deux  mots  sui- 
vants : 

1°)  Patere  legem  quam  ipse  tulisli. 

2°)  Quos  vult  perdere  Jupiter  dementat. 

Je  serais  reconnaissant  au  collabora- 
teur de  V Intermédiaire  qui  me  dirait  : 

1')  Si  ces  citations  sont  exactes  ; 

2°)  De  qui  elles  sont  ; 

3°)  Dans  quel  passage  de  l'auteur  in- 
diqué on  les  trouve.  P.  Darbly. 

Les  mémoires  de  madame  de 
Boigne.  —  Ces  mémoires  seraient  en 
trois  copies  :  les  deux  premières  conser- 
vées par  les  exécuteurs  testamentaires  de 
l'auteur,  et  une  troisième.  Entre  les 
mains  de  qui  serait  cette  troisième  copie? 
Le  possesseur  ne  désire-t-il  pas  la  faire 
imprimer  ?       Un  rat  de  BiBLioTHÈauE. 

Déménager  à  la  cloche  de  bois- 

—  Quelle  est  l'origine  de  cette  expression 
qu'on  trouve  dans  tous  les  dictionnaires 
avec  la  signification  donnée  par  Alfred 
Delvau  [Dict.  de  la  langue  verte)  à  la  lo- 
cution déménager  à  la  ficelle  :  déménager 
à  l'insu  du  propriétaire,  la  nuit,  avec  ou 
sans  cordes,  par  la  fenêtre  ou  par  la  porte  ; 
dans  l'argot  des  bohèmes. 

D'après  Lorédan  Larchey  {Excentricités 
du  langage)  :  déménager  furtivement  en 
tamponnant  la  clochette  d'éveil  adaptée 
aux  portes  de  beaucoup  d'hôtels  garnis. 
N'y  a-t-il  pas  d'autre  explication  ?  Je  ne 
vois  pas  là  de  cloche  de  hois.         J.  Lt, 


L'éléphant  en  danger. —  La  Boëtie, 
dans  La  servitude  volontaire^  avance  que 
l'éléphant  : 

sur  le  poinct  d'estre  prins...  enfonce  ses 
maschoires,  et  casse  ses  dents  contre  les  ar- 
bres;... le  grand  désir  qu'il  a  de  demeurer 
libre,  comme  il  est  nay,  lui  faict  de  l'esprit, 
et  l'advise  de  marchander  avecques  les  chas- 
seurs, si,  pour  le  pris  de  ses  dents,  il  en  sera 
quite,  et  il  sera  receu  à  bailler  son  yvoire  et 
payer  cette  rençon  pour  sa  liberté. 

Trouve-t-on  ailleurs  mention  de  ce 
trait  de  mœurs  .?  Sglpn. 

Anecdote  sur  M.  de  Goislin  et 
une  vieille  bouteille  de  Sauternes. 

—  Elle  est  célèbre  en  Angleterre.  On  la 
cite  là-bas  comme  l'exemple-type  de  la 
courtoisie  française  ;  mais  je  la  crois  peu 
connue  en  deçà  du  détroit  : 

M.  de  Coislin  voyageait  un  jour  dans 
le  Northumberland  lorsqu'il  fut  reçu  par 
un  vieil  anglais  presque  aveugle  et  fort 
amateur  de  vins. 

«  —  Je  vais  vous  présenter,  lui  dit  son 
hôte,  un  Sauternes  que  j'ai  dans  ma  cave 
depuis  trente-cinq  ans...  Je  suis  sûr  que 
vous  n'en  boiriez  pas  de  pareil  à  Bor- 
deaux. 

«  — Je  le  crois  volontiers, fit  M. de  Cois- 
lin ». 

On  monta  la  bouteille  avec  mille  pré- 
cautions, sous  sa  vénérable  poussière  et 
dans  un  long  panier  couché.  Le  Sauternes 
était  devenu  onctueux,  mais  il  conservait 
une  belle  couleur  d'or  que  le  vieillard 
admira  de  ses  yeux  affaiblis. 

«  —  Buvez  cela.  Vous  m'en  direz  des 
nouvelles  ». 

M.  de  Côislin  prend  une  gorgée,  la  dé- 
guste, l'avale  respectueusement... 

«  —  C'est  une  merveille  I  »  dit-il  en 
fermant  les  yeux. 

A  son  tour  le  bon  hôte  veut  goûter  de 
son  vin,  mais  à  peine  y  a-t-il  trempé  le» 
lèvres  qu'il  jette  le  verre,  crache,  tousse, 
quitte  sa  chaise,  fait  un  bruit  de  tous  les 
diables  :  on  s  était  trompé  de  bouteille. 
Le  vieux  crû  que  M.  de  Coislin  n'avait 
pas  voulu  trouver  mauvais  parce  qu'il  lui 
était  offert,  c'était  de  l'huile  à  quinquet. 

A  quelle  époque  remonte  cette  histoire  ? 
et  quel  est  le  marquis  de  Coislin  qui  en 
est  le  héros  ?  Si  c'est  le  maréchal, on  peut 
juger  du  courage  qu'il  montrait  en  guerre 
par  celui  qu'il  savait  conserver  à  table. 

P.  L— s. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Décembie   1906. 


901 


902 


eponsee 


La  barb  .  d'Henri  IV.  Le  médail- 
lon de  Mli^  Piucbfa.  Uoe  lettre  de 
Beugnot  (LIV,  660,681,789).  — Depuis 
que  Vlniermcdiaire  a  publié  la  lettre  de 
Mlle  Piuclie  à  Louis  XVllL  que  notre  di- 
recteur m'avait  demandée,  j'ai  retrouvé, 
dans  mes  notes,  l'anecdote  suivante,  et  à 
propo?  du  fait,  je  joins  une  lettre  fort  inté- 
ressante du  comte  Beugnot,  que  les  lec- 
teurs trouveront  assurément  moins  longue 
que  ma  prose. 


Le  Bulletin  Je  la  Direction  de  la  Police 
Générale  du  Royaume  portant  la  date  du 
/"  septembre  181A,  renferme  la  mention 
suivante  qui  fait  probablement  allusion  à 
un  bruit  public  ou  à  quelque  entrefilet  de 
journaux  : 

Un  particulier  disait  hier  :  Le  sous-Préfet 
de  Saint-Denis  aurait  dû  consulter  M.  le 
comte  Beugnot,  avant  d'offrir  au  Roi  les 
moiislaches  et  quelques  dents  de  Henri  IV. 
M  ,  le  comte  Beugnot  l'aurait  certaiiiement 
empêché  de  faire,  ou  du  moins  de  rendre 
publique  une  démarche  qui  prête  aux  lazzis 
et  aux  mauvaises  plaisanteries  des  Français, 
qui,  maintenant,  trouvent  à  tout  un  côté 
plaisant  ou  ridicule. 

Le  propos  est  plus  méchant  qu'il  n'en  a 
l'air.  En  effet,  ce  n'est  pas  en  tant  que 
Directeur  de  la  Police  du  Royaume,  que 
ce  sous-préffct  de  Saint-Denis  aurait  àù. 
consulter  le  comte  Beugnot,  mais  bien  en 
tant  que  l'un  des  acteurs  supposés  de  la 
violation  des  tombeaux  royaux,  et,  en 
cette  qualité,  il  devait  être  fort  compétent 
sur  la  valeur  des  reliques  d'Henri  IV 
offertes  à  Louis  XVllI. 

Depuis  quelque  temps  le  bruit  courait, 
non  seulement  à  la  ville  mais  aussi  à  la 
cour,  que  le  comte  Beugnot  avait  parti- 
cipé à  l'affaire  de  Saint-Denis.  Déjà,  le 
21  juin  précédent,  la  chose  avait  été  dite 
en  plein  salon,  chez  la  duchesse  d'Angou- 
lème.  Beugnot  informé,  ne  voulut  pas 
rester  sous  le  coup  de  cette  grave  accusa- 
tion et  deux  jours  après  il  remettait  au 
roi  la  lettre  suivante  (que  je  crois  inédite) 
pour  se  justifier  contre  la  calomnie.  S'il 
parvint  à  convaink:re  le  roi  et  la  cour,  il 
n'en  fut  pas  de  même  à  la  ville  ;  les 
malveillants  exploitèrent  longtemps    en- 


core le   propos  dirigé  contre  le  Directeur 
de  la  Police. 

Les  Mémoires  du  comte  Beugnot  parlent 
évidemment  de  tout  ce  dont  il  est  ques- 
tion dans  cette  lettre  ;  mais  celle-ci  nous 
a  paru  fort  intéressante  par  son  objet  et 
fort  curieuse  par  sa  forme.  Si  elle  ne 
répond  en  rien  à  la  question  d'authenti- 
cité des  si  nombreuses  reliques  d'Henri  IV, 
elle  se  rapporte  du  moins  à  celle  de  la 
violation  des  sépultures  royales.  Nous 
Lavons  extraite  des  papiers  de  Beugnot 
qui  ont  été  donnés  par  son  petit-fils  aux 
Archives  nationales. 

LÉONCE  Grasilier. 

Lettre  du  comte  Beugnot    u  roi. 
Sire, 

On  a  dit  hier,  de  moi,  dans  le  salon  de 
Madame  la  duchesse  d'Angoulême,  que  j'étais 
du  nombre  de  ceux  qui  avaient  été  à  Saint- 
Denis,  violer  les  tombeaux  des  rois. 

A  cette  époque,  j'étais  à  la  Corciergerie  du 
Palais,  accusé  d'avoir  eu  des  intelligences 
avec  la  Cour. 

Mais  cette  accusation  me  donne  le  droit  de 
mettre  aux  pieds  de  Votre  Majesté  le  compte 
de  ma  conduite  durant  la  Révolution. 

Cette  Révolution  a  commencé  en  1788, 
j'acceptais  alors  une  place  de  judicature,  et 
j'étais  en  même  temps  procureur  syndic 
d'une  assemblée  provinciale.  Dans  la  lutte 
avec  les  Parlements  je  me  prononçai  pour 
l'autorité  royale,  et  j'acceptai  une  place  de 
lieutenant  général  des  bailliages  créés  par  les 
édits  de  mai  de  cette  année. 

En  1789,  je  me  trouvai  à  l'assemblée  des 
trois  ordres  à  Chaumont.  J'y  combattis  opi- 
niâtrement un  cahier  dont  M.  l'abbé  Sièyes 
avait  rendu  porteur  M.  le  vicomte  de  Laval. 
Je  fus  éconduit  avec  violence  de  l'assemblée 
(le  procès-verbal  en   fait  fo:). 

En  1790,  le  Roi  me  fit  l'honneur  de  me 
nommer  son  commissaire  pour  l'organisation 
du  département  de  l'Aube  (à  Troyes).  Par 
suite  de  la  confiance  de  S.  M.  je  fus  nommé 
procureur  général  de  ce  département  où  le 
roi  avait  conservé  beaucoup  de  sujets  fidèles. 

On  peut  les  consulter  encore  sur  mes  prin- 
cipes et  ma  conduite. 

En  1791,  je  fus  lommé  député  à  l'Assem- 
blée législative  et  mes  opinions  sont  impri- 
mées. 

J'eus  alors  l'occasion  de  rendre  un  témoi- 
gn.-ige  particulier  à  M.  le  Garde  des  Sceaux, 
de  la  pariaite  ignorance  oii  la  reine  avait  été 
de  l'affaire  du  Collier,  et  de  défendre  S.  M. 
contre  des  imputations  fausses,  absurdes  et 
cependant  accréditées. 

La  Reine  en  fut  instruite  et  daigna  m'en 
savoir  gré. 


No  II  j. 


L'INTERMEDIAIRE 


903 


904 


Il  s'établit  alors  en  raison  des  circons- 
tances politiques,  une  coriespondance  entre  le 
château  et  un  petit  nombre  de  députés.  J'étais 
de  ce  petit  nombre.  Cette  correspondance 
passait  par  l'intermédiaire  de  M.  de  Mont- 
morin,  gouverneur  de  Fontainebleau. 

Le  20  juin  1792,  j'étais  accouru  auprès 
du  Roi,  je  ne  l'ai  pas  quitté  un  instant.  C'est 
moi  qui  sommai  le  maire  de  Paris,  en  ter- 
mes fort  énergiques,  de  mettre  fin  à  cette 
horrible  scène,  en  reportant  le  roi  dans  ses 
appartementsje  reçus  un  coup  de  bayonnette 
dans  la  cuisse,  mais  je  crois  par  hasard  plu- 
tôt qu'à  dessein . 

Le  même  jour  fort  tard,  et  lorsque  les 
faubourgs  eurent  évacué  le  château  j'y  fus 
appelé.  J'eus  l'honneur  d'entretenir  le  roi  et 
de  lui  remontrer  l'extrême  nécessité  où  il  se 
trouvait  de  prendre  un  parti  contre  cet  excès 
d'anarchie. 

Les  circonstances  étaient  plus  fortes  que 
tout  ce  qu'il  fut  posible  d'y  opposer  jus- 
qu'au 10  août.  Mais  dans  cet  intervalle,  j'ai 
osé  tout  ce  que  j'ai  pu.  Ce  jour  là  et  à  mi- 
nuit, j'étais  encore  au  château. 

Depuis  le  10  aoiit,  je  n'ai  pris  aucune  part 
aux  délibérations  de  l'Assemblée. 

Peu  de  jours  après,  M  .de  Montmorin  fut 
arrêté.  On  trouva  chez  lui  des  notes  qui  me 
compromettaient.  Un  ordre  de  m'arrèter  moi- 
même  fut  lancé.  Je  fus  obligé  de  me  sous- 
traire. 

J'ai  été  caché  dans  l'hôtel  de  Mme  la  mar- 
quise de  Mesgrigny,  rue  de  l'Université,  vis 
à  vis  la  rue  de  Beaune  depuis  le  jour  où 
j'ai  cessé  d'aller  à  l'Assemblée  jusqu'à  celui 
où  ayant  eu  l'imprudence  de  me  montrer,  je 
fus  pris  le  lendemain  matin  et  conduit  à  la 
Conciergerie  comme  accusé  d'avoir  eu  des 
correspondances  avec  la  Reine  qui  tendaient 
à  anéantir  la  représentation  nationale,  etc.. 
(Toute  la  famille  de  Mesgrigny  existe). 

J'y  fus  tenu  pendant  deux  mois  au  cachot, 
puis  replacé  entre  le  commun  des  prison- 
niers. C'est  là  qu'un  jour  un  homme  du 
même  nom  que  woi,(i)  membre  de  la  Com- 
mune du  10  août,  et  à  ce  titre  inspecteur 
des    prisons,  me    prit    à    part   en   faisant  sa 

(i)  Beugneau  (et  non  Beugnot)  Nicolas- 
Marie-Jean  architecte,  fut  écroué  au  Luxem- 
bourg le  20  vendémiaire  an  11  sur  Tordre  des 
administrateurs  de  police.  Fouquier-Tinville 
le  fit  transférer  à  la  Conciergerie  le  25  bru- 
maire. Bien  que  le  tribunal  révolutionnaire 
l'eût  acquitté  le  29  du  même  mois,  il  fut 
néanmoins  gardé  dans  cette  prison  jusqu'au 
13  thermidor  suivant.  Transféré  aux  Ecossais, 
il  y  demeura  jusqu'au  26  brumaire,  an  ill. 
Transféré  encore  une  fois  au  Luxembourg,  i! 
y  resta  trois  semaines.  Le  comité  de  sûreté 
générale  le  mit  enfin  en  liberté  le  13  frimaire 
suivant. 


visite  et  me   demanda    si  je   connaissais  la 
reine . 

Je  crus  apercevoir  un  piège;  cependant  il 
fallait  répondre  et  je  le  fis  avec  mesure,  mais 
avec  vérité.  Cet  homme  rrie  dit  :  «  Ne  crains 
«  rien,  je  ne  te  veux  point  de  mal  ;  mais 
«  c'est  que  la  reine  m'a  déjà  demandé  deux 
«  fois  si  j'étais  ton  parent  e:  si  je  savais  ce 
«  que  tu  étais  devenu  ».  (C'était  le  langage 
du  temps  et  même  de  l'homme). 

Quelque  temps  après,  le  même  homme 
fut  accusé  et  mis  dans  la  même  prison  que 
moi  ,  pour  avoir  procuré  les  moyens  d'ap- 
procher de  la  reine  à  quelques  personnes, 
notamment  à  un  chevalier  de  Saint-Louis  (i) 
qui  lui  apporta  u:i  œillet,  et  on  voy;iit  dans 
cet  œillet  une  conjuration  toute  entière. 

J'eus  le  temps  de  faire  sa  connaissance.  Il 
n'avait  rien  de  commun  avec  moi  que  le  nom. 
Il  était  né  à  Paris  et  maçon  de  son  métier. 
J'ignore  s'il  s'est  souillé  de  l'horreur  des 
tombeaux  de  Saint-Denis,  mais  il  cachait 
sous  les  formes  les  plus  rudes  un  cœur  com- 
patissant. Il  avait  fait  pour  la  Reine  tout  ce 
dont  on  l'accusait,  et  avait  le  regret  de 
n'avoir  pas  fait  plus.  Madame  la  Duchesse 
d'Angoulême  en  a  peut-être  gardé  le  sou- 
venir. 

J'appris  alors  plus  particulièrement  com- 
bien la  reine  avait  daigné  exprimer  d'intérêt 
pour  moi,  lorsque  cette  Princesse  avait 
appris  que  j'avais  l'honneur  de  partager  ses 
fers. 

Ce  même  homme  de  mon  nom  fut  mis  en 
jugement  devant  le  Tribunal  révolutionnaire 
et  condamné,  autant  que  je  me  le  rappelle, 
à  quelque  temps  de  réclusion  (Le  jugement 
fut  imprimé).  Je  ne  l'ai  pas  revu  depuis  (2). 

J'ai  dû  mon  salut,  durant  ma  longue  dé- 
tention, à  une  sorte  de  marché.  On  était 
convenu  pour  moi  avec  Fouquier  Tinville  de 
lui  payer  une  somme  déterminée  par  mois, 
tant  que  je  vivrais.  Il  ne  s'était  engagé  à 
autre  chose  que  d'avoir  toujours  mon  acte 
d'accusation  sur  son  bureau,  mais  de  ne  le 
faire  passer  au  tribunal  que  si  on  parlait  de 
moi  au  Comité  de  salut  public. 

Sorti  de  prison  à  la  fin  de  1794,  je  me 
suis  retiré  dans  ma  province,  où  j'ai  cessé  de 
remplir  des  fonctions  publiques  jusqu'en 
1800  que  je  fus  appelé  à  Paris  par  des  per- 
sonnes respectables  pour  organiser  le  Minis- 
tère de  l'Intérieur. 

Après  avoir  achevé  cette  organisation,  j'ai 
passé  à  !a  préfecture  de  Rouen,  que  j'ai 
occupée  de  1800  à  1806.  Je  crois  n'avoir  pas 
démérité  de  cette  province. 

Appelé  au  Conseil  d'Etat  en  1806,  j'en 
étais    sorti    en    1807   pour  aller  organiser  la 

(1)  Rougeville. 

(2)  Beugnot  se  trompe,  son  homonyme 
fut  acquitté. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1906. 


905 


Westphalie.  où  j'ai  rempli  le  ministère  des 
finances  jusqu'en  1808. 

Depuis  1808,  jusqu'en  1813,  j'ai  adminis- 
tré le  Grand  Duché  de  Berg.  Je  ne  crois  pas 
avoir  laissé  en  Allemagne  une  réputation 
équivoque. 

J'étais  en  mission  à  Lille,  comme  Conseil- 
ler d'Etat,  lorsque  j'appris  que  le  gouverne- 
ment m'avait  choisi  pour  remplir  provisoire- 
ment le  ministère  de  Tintérieur. 

On  ne  pouvait  pas  m'envoyer  de  courrier; 
je  ne  fus  instruit  de  ma  nomination  que  par 
une  feuille  publique. 

Cependant,  je  n'hésitai  pas  de  partir,  bien 
convaincu  que  je  hasardais  ma  tète,  et  je  ne 
suis  arrivé  qu'à  travers  plus  d'un  genre  de 
danger. 

Depuis,  le  roi  sait  ce  que  j'ai  fait. 

11  ne  fallait  rien  moins  que  la  calomnie 
ou  le  quiproquo  dont  j'ai  été  le  sujet,  pour 
que  j'aie  osé  entretenir  le  roi  de  ma  personne. 

Je  suis  avec  le  plus  profond  respect, 
Sire, 

de  Votre  Majesté 
Le  très  humble,   très  obéissant  serviteur 
et  très  fidèle  sujet. 


906 


Paris,  le  23  juin  1814. 


(Non  signée) 


Uns  fille  n- turelie  de  Louis  XIV 
(XLVlll  ;  L  ;  LIV,  845).  —  Si  cette  ques- 
tion, ancienne  déjà,  intéresse  encore  quel- 
ques lecteurs  de  Vlnierniédiaire,  on  trou- 
vera une  partie  des  éclaircissements  de- 
mandés dans  l'article  assez  long  :  Des 
Prez  de  la  Queue,  inséré  dans  le  Supplé- 
ment au  Nobiliaire  et  A)  mariai  de  Mont- 
fait  que  je  viens  de  publier.  Saint-Simon 
qui  avait  parlé  de  Mademoiselle  de  Mai- 
son-Blanche, s'est  trompé,  je  crois,  sur 
ses  origines  et  la  date  de  sa  naissance. 
Elle  épousa  à  Paris,  vers  le  17  avril  1696, 
Bernard,  chevalier  des  Prés  de  la  Queue. 
Elle  mourut  ou  fut  inhumée  à  Galuys, 
sous  le  nom  de  «  Louise  de  Maison  Blan- 
che Bourbon,  fille  naturelle  du  roi  Louis 
quatorze  »  le  13  septembre  1718  <<  aagée 
de  quarante  deux  ans  »  Elle  était  donc  née 
vers  1676.  Enfin  un  témoin  de  son  inhu- 
mation était  Alexandre  Le  Rahier,  sieur 
de  la  Ribotière  ;  elle  s'appelait  donc  Le 
Rahier,  nom  d'une  vieille  famille  de 
Montfort,  possédant  fiefs  avant  1612.  Des 
Rahier  figurent  au  xi«  siècle  dans  le  Liber 
Testamentotum     de     Saint  -  Martin      des 

Champs.  E.  Grave. 

* 

♦  * 
£rratuni.  —  Col.  84^,  lignes  4  et  5, au 

lieu  de  marquis,  lisez  monarque. 


Les  filles  ôe  Georges  lil  (LIV, 
610,735).  —  M  F.-E.-R.  PollardUr- 
quhart  a  eu  l'obligeance  de  les  énumérer 
et  de  citer  des  mémoires  à  consulter. 

Je  voudrais  savoir  si  c'est  à  dessein 
qu'il  a  omis  le  mariage  de  la  princesse 
Sophia  avec  un  certain  colonel  Garth, 
dont  elle   eut   deux  fils. 

Elle  eut  une  vieillesse  malheureuse  et  mi- 
sérable. Ce  scandale  a  défrayé  la  chroni- 
que du  temps  (Voir  entre  autres  les  let- 
tres de  la  prmcesse  de  Liéven). 

Quant  à  la  princesse  Amélia,  un  doute 
plane  sur  le  roman  de  sa  vie.  Maints  his- 
toriens anglais,  parlant  de  la  folie  de 
Georges  111, en  attribuent  la  cause  ou  l'oc- 
casion à  des  révélations  laites  à  ce  prince 
par  sa  fille  bien-aimée  à  son  lit  de  mort. 

M.  Pollard-Urquhart,  ou  un  intermé- 
diairiste  au  courant  de  ces  questions, 
pourrait-il  me  fournir  des  renseignements 
à  ce  sujet  ?  C.  R. 

Le   duc    d'Enghien  au  fossé  dé 

Vincenaas  fXLV;;  XLVII.)  —  Dans  un 
volume  in-8  que  j'ai  trouvé  à  Nancy,  à 
côté  de  plusieurs  brochures,  toutes  rela- 
tives à  Biianaparte  (entre  autres  celles  de 
Chateaubriand)  reliées  ensemble,  est  un 
manuscrit  d'une  écriture  très  soignée, 
vieille  écriture  de  Tépoque,  1820,  presque 
un  fac-similé  d'imprimerie,  intitulé  : 
«  Assassinat  du  duc  d'Enghien  ». 

Voici  la  note,  manuscrite  aussi,  qui 
précède  ce  récit  : 

On  peut  ajouter  foi  entière  à  la  relation 
qu'on  va  lire  :  elle  offre  les  lésumés  de  notes 
prises  dans  le  temps  et  de  traditions  sûres. 
On  les  a  comparées  avec  différents  écrits  qui 
ont  parlé  de  ce  malheureux  événement  et  l'on 
a  même  puisé  dans  ceux-ci  ce  qui  pouvoit  en 
confirmer  la  véracité  et  les  détails. 

Or,  à  la  page  1 1  de  ce  manuscrit,  il  est 
dit  : 

Buonaparte,  son  frère  Louis,  Munit,  les  gé 
néraux  Duroc  et  Savary  étoient  piésents  à  cette 
exécution.  Louis  s'évanouit  lorsqu'il  vit  pas- 
ser le  Duc  que  l'on  conduisait  dans  le  fossé. 
Buonaparte  s'élança  aussitôt  sur  son  frère,  et 
le  jeta  par  terre  à  coups  de  pied. 

Nulle  part  ces  faits  ne  sont  racontés. 

Je  n'y  ajoute  pas  foi,  car  M.Henri  Wels- 
chinger.  toujours  si  bien  infoimé,  n'a  pas 
hésité  à  m'alTirmcr  qu'ils  ?onl  faux  excepté 
pour  Savary.  Je  voudrais  seulement  sa- 
voir si  ce  récit   est    original   ;    s'il    n'est 


N»  1133, 


L'INTERMEDIAIRE 


907 


908 


qu'une  copie  d'un  récit  imprimé  que  je 
ne  connais  pas  ;  d'où  est  venue  cette  lé- 
gende de  la  présence  de  Bonaparte,  de 
son  frère  Louis,  de  Murât  et  de  Duroc. 

Un  Lorrain. 

La  situation  des  prêtres  mariés 
après  la  Révol'iti  'ii  (LIV,  834).  - 
Je  ne  sais  si  le  pape  jPie  VI  régularisa  la 
situation  des  prêtres  qui  avaient  contracté, 
sous  la  Révolution,  des  unions  illicites 
mais  le  pape  Pie  VIL  par  son  légat  le 
cardinal  Caprara,  accorda  bon  nombre 
de  rémissions  de  dispenses  à  la  suite  du 
Concordat  de   1802. 

Les  Archives  du  cardinal  Cuprata  ren- 
ferment dou;(e  cations  contenant  les  péti- 
tions de  prêtres  et  de  religieux  mariés  pour 
maintenir  leur  mariage,  avec  réponses  favo- 
rables, de  1802  à  1808. 

Par  contre,  il  n'y  a  que  deux  cartons 
pour  les  pétitions  qui  ont  reçu  des  ré- 
ponses défavorables. 

Rares  aussi  sont  les  refus  de  réintégra- 
tion ;  ils  atteignent  plus  particulièrement 
les  religieux  et  les  religieuses  dont  quel- 
ques-uns sollicitèrent  leur  réadmis- 
sion dans  le  cloître,  non  pour  y  faire 
pénitence,  mais  pour  s'assurer  une  exis- 
tence exempte    de    tourments  matériels. 

Si  quelques  religieuses,  contraintes  par 
la  force  de  transgresser  le  vœu  de  chas- 
teté sont  devenues  veuves,  la  réintégra- 
tion est  admise. 

Je  crois  que  dans  l'intérêt  des  familles, 
les  documents  de  cette  nature,  d'une 
façon  générale,  ne  sauraient  être  publiés. 

LÉONCE  Grasilier. 

Le  général  Labédoyère.  Tenta- 
tive d'évasion  (LIV,  500,  1582,  676, 
785).  —  Je  ne  partage  pas  l'avis  de 
M.  L.  B.  qui  estime  que  les  documents 
publiés  dans  les  derniers  numéros  de 
\' Intermédiaire,  jettent  un  peu  de  lumière 
sur  la  question. 

En  etîet,  ces  lettres  et  notes,  quoique 
émanant  de  parents  on  d'amis  de  Mme  de 
Labédoyère,  contiennent  des  indications 
contradictoires  sur  les  auteurs  de  la  ten- 
tative d'évasion  aussi  bien  que  sur  la 
tentative  elle  même. 

Selon  Mlle  de  Chastellux,  M.  de  La- 
bédoyère est  incarcéré  à  la  Conciergerie 
où  il  reçoit  les  visites  de  M.  Gomel. 

Si   l'on  en  croit,  au   contraire,   M.  de 


Chastellux,  c'est  à  la  prison  de  l'Abbaye 
que  M.  de  Porel  —  et  non  plus  M.  Gomel 
—  entretient  M.  de  Labédoyère  d'un 
projet  d'éviision  . 

Suivant  le  récit  de  Mlle  de  Chastellux, 
personne  ne  connaît  la  femme  qui  a  eu  la 
première  idée  de  ce  projet. 

M.  de  Chastellux,  de  son  côté,  déclare 
que  Mme  de  Flahaut-Souza  est  l'âme  de 
la  tentative  d'évasion  et  qu'elle  pousse 
M.  de  Porel  à  f^u're  les  démarches  néces- 
saires pour  en  amener  la  réussite  ;  puis, 
tout  à  coup,  au  moment  de  l'exécution, 
et  sans  qu'on  s'explique  pourquoi,  appa- 
raît Mme  de  La  Valette. 

Or,  la  lettre  de  Aime  de  Flahaut-Souza 
(LIV,  785)  est  elle  même  en  contradiction 
avec  les  versions  précédentes. 

N'est-il  pas  singulier  que  les  membres 
de  la  famille  Labédoyère  ne  soient  pas 
plus  d'accord  sur  les  circonstances  d'un 
drame  qui  les  touche  de  si  près  et  dont  ils 
ont  été  les  témoins  ^ 

N'est-il  pas  plus  singulier  encore  qu'au- 
cun d'eux  ne  fasse  allusion  au  rôle  joué 
dans  cette  affaire  par  un  familier  de  leur 
maison,  rôle  qu'ils  n'ont  pu  ignorer  puis- 
que c'est  ce  familier  qui  a  fait  échouer  la 
tentative. 

La  vérité  me  paraît  plus  simple  et  il 
suffit,  je  crois,  de  s'en  tenir  aux  récits 
publiés  par  d'anciens  fonctionnaires  de  la 
police,  tels  que  Froment,  chef  de  la  bri- 
gade politique  sous  la  Restauration,  Canler, 
chef  de  la  sûreté,  etc  .  qui,  bien  rensei- 
gnés par  profession,  avaient  plutôt  intérêt 
à  travestir  les  faits  en  évitant  de  dévoiler 
la  conduite  odieuse  d'un  de  leurs  collè- 
gues. 

La  famille  Labédoyère  avait,  en  eflFet, 
élevé  et  comblé  de  bienfaits  un  nommé 
Dabassequi,  devenu  inspecteur  de  police, 
continua  d'être  reçu  par  elle. 

Dabasse  fut  mis  au  courant  du  projet 
d'évasion  par  une  domestique  de  la  fa- 
mille à  laquelle  il  promit  d'ailleurs  son 
concours  pour  faciliter  la  fuite  de  M.  de 
Labédoyère. 

C'est  cette  domestique  qui  fut  chargée 
de  remettre  les  10.000  francs  promis  au 
geôlier  de  l'Abbaye,  mais  elle  fut  arrêtée 
par  Dabasse  lui-même,  au  moment  où 
elle  allait  pénétrer  dans  la  prison,  et  mise 
à  la  disposition  du  duc  Decazes,  préfet 
de  police. 

D'après  Froment  et  Canler,  les  10.000  f 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20    Décembre   1906. 


909 


iio 


saisis  furent  remis  à  Dabasse  à  titre  de 
gratification,  et  peu  de  temps  après  ce 
triste  individu  fut  promu  au  grade  d'offi- 
cier de  paix,  mais  il  ne  bénéficia  pas 
longtemps  du  prix  de  sa  trahison,  car  ses 
collègues  indignés  le  mirent  en  quaran- 
taine et,  en  182 1,  le  préfet  de  police  crut 
devoir  se  débarrasser  de  ce  serviteur  dont 
les  antécédents  ne  lui  inspiraient  qu'une 
médiocre  confiance. 

Dabasse  se  rendit  alors  en  Russie,  puis 
revint  à  Paris. 

Qj-ielques  années  après,  on  trouva  dans 
une  chambre  d'hôtel  un  cadavre  suspendu 
à  l'extrémité  d'une  corde  ;  le  commissaire 
de  police  chargé  du  constat  reconnut 
Dabasse. 

L'ancien  officier  de  paix  protégé  de  la 
famille  Labédo3'ère  dont  il  avait  si  indi- 
gnement trahi  la  confiance,  venait  de  se 
condamner  lui  même. 

Eugène  Grécourt. 

L'empereur  Guillaume  est-il  en- 
tré dans  Pans  en  1871  (LIV,  777, 
843).  —  Voici,  je  crois,  la  réponse  à  cette 
question.  On  lit  dans  mon  volume  Paris, 
la  Capitulation  et  l'Entrée  des  Allemands  : 

«  Si  nous  avions  prévu,  dit  M.  de  Bismarck 
à  M.  Jules  Favre,  que  votre  Chambre  pût 
examiner  et  ratifier  le  traité  en  vingt-quatre 
heures,  nous  aurions  pris  d'autres  disposi- 
tions. :^  Le  mécontentement  du  chancelier 
n'était  rien  auprès  de  l'irritation  qu'alljient 
éprouver  l'Empereur  et  les  généraux.  Guil- 
laume avait  fixé  son  entrée  triomphale  au  ^: 
il  ne  lai  était  plus  possible  de  la  faire.  (Page 
326.) 

Un  peu  plus  loin,  j'ai  écrit,  dans  le 
même  volume  : 

Quand  les  Français  entraient  à  Vienne  ou  à 
Berlin,  ils  n'étaient  pas  parqués  comme  les 
Allemands  le  furent,  en  mars  187  i,  à  Paiis  ; 
nos  soldats  pouvaient  pénétrer  dans  tous  les 
quartiers  de  la  ville  rendue,  selon  la  fantaisie 
de  leurs  chefs,  et  leur  séjour  n'était  pas 
limité  à  une  durée  véritablement  ridicule. 
De  plus,  leur  empereur  marchait  en  tête  des 
régiments  victorieux  ;  il  ne  craignait  pas  de 
se  montrer  aux  vaincus  dans  tout  l'éclat  de 
sa  gloire,  il  allait  habiter  le  palais  des  sou- 
verains en  fuite  et  ne  prenait  conseil  que  de 
son  bon  plaisir. 

Guillaume,  à  l'inverse,  n'osa  pas  galoper, 
sur  un  cheval,  figurant,  dans  j'avenue  des 
Champs-Elysées,  s'installer  aux  Tuileries  et 
braver  l'indignation  des  Parisiens.  Il  se  con- 
tenta, prudemment,  de  passer,  le  i"  mars, 
vers   onze  heures,  après  l'entrée  de  l'avant- 


garde  allemande,  une  revue  sur  le  champ  de 
course  de  Longchamps,  à  l'endroit  même  où 
Napoléon  III,  en  1867,  avait  eu  la  naïveté 
de  le  traiter  en  ami  et  de  faire  défiler  devant 
lui  et  MM.  de  Bismarck  et  de  Moltke,  l'ad- 
mirable Garde  Impériale  de  Malakoflf,  de 
Magenta  et  de  Solférino,  les  beaux  régiments 
de  cette  armée  française  que  la  trahison  de 
Bazaine,  l'ineptie  stratégique  et  tactique  de 
ses  maréchaux  et  de  la  plupart  de  ses  géné- 
raux devaient  conduire,  tout  entière,  trois 
ans  plus  tard,  captive  en  Allemagne. 

Puis  le  nouvel  empereur  s'en  était  retourné 
misérablement  à  Versailles.  Le  souvenir  de 
Berezowski,  tirant  sur  le  tsar,  avait  été  pour 
quelque  chose  dans  cette  reculade.  Gi^illaume, 
sur  les  conseils  du  chancelier,  avait  préféré 
renoncer  à  une  entrée  triomphale,  à  la  tête 
de  la  Garde  royale,  plutôt  que  de  risquer  le 
coup  de  fusil  ou  de  revolver  d'un  Parisien 
justement  exalté  par  les  désastres  de  la  Patrie. 
(Pages  338  et  339). 

Et  je  mis  en  note  de  cette  dernière  page, 
comme  justification,  le  passage  suivant  de 
Louis  Schneider,  le  Joinville  de  l'Empe- 
reur Guillaume,  qui  a  écrit  ses  Souvenirs 
intimes,  revus  et  annotés  par  l'Empereur 
sur  le  manuscrit  original  : 

L'Empereur,  renonçant  à  entrer  à  Paris, 
retourna  à  Versailles.  11  me  tomba  un  poids 
de  dessus  le  cœur,  quand  je  vis  sa  voiture 
rentrer  sans  accident  dans  la  cour  de  la  Pré- 
fecture (tome  III,  page  234). 

Qiiant  à  être  entré,  en  cachette,  dans 
Paris,  pour  parcourir  les  Champs-Elysées 
qu'il  connaissait  à  merveille,  je  ne  pense 
pas  qu'on  doive  s'arrêter  à  cette  hypo- 
thèse :  le  prince  de  Hohenlohe  n'a  pas  réflé- 
chi quand  il  a  avancé,  sans  preuves,  un 
fait  tout  au  déshonneur  de  son  souverain. 

Alfred  Duq.uet. 

Notre-D3me-de-Lorette(LllI ;  LIV, 
238,  419,  619).  —  Les  lecteurs  du  ré- 
sumé que  j'ai  donné  ici  de  mon  Etude 
historique  sur  I  authenticité  de  la  santa 
Cjsa  de  Lorette  ont  pu  se  demander 
comment  j'ai  expliqué  la  formation  d'une 
légende  aussi  étrange. 

La  chose  n'était  pas  facile  «  d'autant 
plus  que  l'origine  de  cette  créance  a  pu 
dépendre  d'un  incident  fortuit,  insaisis- 
sable à  distance  et  dont  il  n  est  pas  resté 
trace  ».  J'ai  d'abord  passé  en  revue  les 
explications  émises  par  divers  auteurs. 
La  plus  obvie,  c'est  que  des  pèlerins  au- 
raient apporté  de  Nazareth  des  pierres  en 
sutTisante  quantité  pour  édifier  à  Lorette 
la  S.  Casa,  en  mémoire  et  sur  le  modèle  de 


N-   n33, 


U'INTERMÉPIAIRE 


911 


912 


la  maison  de  la  sainte  Vierge.  D'autres 
ont  particularisé.  Au  xii»  siècle,  une  fa- 
mille Anges  ("Ayyeiot)  branche  (par  les 
femnies)  de  la  maison  impériale  des  Com- 
nènes,  fonda  en  Epire  une  despotie  ; 
chassés  à  la  fin  du  siècle  suivant  par  les 
Vénitiens,  les  Anges  se  rendirent  en  Italie, 
vers  Ancône  et  Recanati,  et  furent  les 
constructeurs  ou  les  bienfaiteurs  de  Lo- 
rette.  De  là  l'expression  «  per  manus  an- 
gelorum  »,  c'est-à-dire  des  'Ay^sAoï.  Cette 
version  a  une  variante  :  ces  parents  d'un 
empereur  Comnène  obtinrent  de  lui  l'au- 
torisation de  transporter  les  pierres  de  la 
maison  de  la  sainte  Vierge  en  Italie,  et 
c'est  avec  ces  pierres  qu'ils  construisirent 
la  chapelle  de  Lorette  ;  comme  elles  ne 
furent  pas  en  suffisante  quantité,  on 
acheva  le  sanctuaire  avec  des  pierres  du 
pays. 

Pour  M.  de  Mély  (frases  de  Cana),  la 
maison  de  Lorettea  <^tout  simplement  été 
construite  par  un  pieux  fidèle  nommé 
De  Aitgeh's.  »  D'après  M.  de  Narfon  (  Vers 
l'Eglise  libre)  «  l'architecte  de  Angelis  en  a 
rapporté  le  plan  pour  en  construire  à  Lo- 
rette une  exacte  reproduction.  On  a  dé- 
couvert dans  les  archives  du  Vatican,  la 
preuve  de  cette  mission  de  l'architecte  de 
Angelis  ».  Si  ce  document  existe  en  réa- 
lité, il  n'a  pas  encore  été  publié  et  j'ai 
fait  de  vains  efforts  pour  en  avoir  commu- 
nication. 

Tout  au  plus,  pourrait-on  dire,  par 
conjecture,  que  la  légende  de  la  s.  Casa 
en  Dalmatie  provient  de  l'origine  dal- 
mate  de  l'architecte  de  Téglise  du  xv*^ 
siècle.  Marin  Marci,  de  Zara. 

Partant  de  cette  supposition,  fort  plau- 
sible, que  «  \aSanta  Casa  de  Lorette  serait 
précisément  une  imitation  ou  reproduc- 
tion, construite  par  des  gens  de  Recanati 
à  la  suite  d'on  ne  sait  quel  pèlerinage,  et 
avec  une  assez  grande  approximation  », 
M.  l'abbé  A,  Boudinhon  a  donné  l'ex- 
plication suivante  :  «  La  chapelle,  connue 
dès  1193,  est  devenue  un  lieu  de  pèleri- 
nage ;  il  a  plu  à  Dieu  d'y  accorder  de 
nornbreuses  faveurs,  et  aux  âmes  et  aux 
corps  ;  la  renommée  du  sanctuaire  s'en 
est  accrue  d'autant  Mais  la  véritable  rela- 
tion de  la  Santa  Casa  avec  Nazareth  s'est 
obscurcie  ou  mieux  s'est  transformée  dans 
l'esprit  du  peuple  ;  ...le  fac-similé  a  été 
regardé  comme  loriginal,  à  peu  près 
comme   ce   qui    devait   arriver   pour    le 


Saint-Suaire   de  Lirey,    si  célèbre  depuis 
son  transfert  à  Chambéry  et  à  Turin....  La 
maison  de  la  sainte  Vierge...   a  été  trans- 
portée sur  les  ailes  desanges,  tout  comme 
tant  et   tant   d'images    vénérées    que    les 
légendes  font  venir  d'Orient  en  Occident. 
;   Et  la  translation,  une  fois  admise    reçoit 
les   preuves    légendaires    habituelles,   les 
I   visions  et  les  révélations.  » 
i       Mettant  ensuite  à  profit  les  conjectures 
'   émises  par  une  revue  italienne,   le  savant 
canonif.te    rappelle    que.   dans    sa    bulle 
;   d'indulgences  en  faveur  de  Lorette  (1470), 
le  pape  Paul  11,  «  s'inspirant,  sans  doute, 
i   des  termes  de  la  supplique,  ne  dit  pas  en- 
I   core  que  la  chapelle   a  été  miraculeuse- 
i   ment    apportée    du    dehors,    mais   bien 
:   qu'elle    est   miraculeusement    fondée    et, 
:    de  plus,  que   la  statue  y  avait  été  placée 
j   par  les  anges.  Mais  un  édifice   sans   fon- 
I   déments  n'a  pas  été  construit  sur  place  ;  il 
i   vient    d'ailleurs,   puisqu'il   a   été  simple- 
j   ment  posé  sur  le  sol  ;  et,  dès  lors,  pour- 
I   quoi  n'aurait  il  pas  été  apporté   par  les 
i   anges  aussi  bien  que  la  statue,  ou  mieux 
I   avec  la  statue  :   Telle  est  bien  la  marche 
I   des  légendes.   Le  fait   que    la   chapelle  a 
!   été  trouvée  sans  fondements,  et  qui  pour- 
I    rait  s'expliquer   naturellement,  provoqua 
!   l'imagination     de   certains  ,    qui     dirent 
qu'elle   ne    pouvait    se    Trouver   ainsi,  à 
moins  d'être  venue  de    loin,  et   donc  de 
Nazareth,  parce    que  peut-être  elle  avait 
été  faite  sur  les   mesures  de  (la  chapelle 
de)  l'Annonciation  de  cette  ville.  ». 

Ces  diverses  conjectures  ne  sont  pas  mal- 
heureusement appuyées  de  documents  ; 
elles  ne  sont  pas  davantage  corroborées 
par  ceux  que  j'ai  publiés  en  grand  nom- 
bre dans  mon  volume. 

Paul  II  ignorait  certamement  la  lé- 
gende de  la  translation  en  1470  ;  Jules  II 
fait  venir  la  s.  Casa  de  Bethléem,  en 
1507:  c'est  entre  ces  deux  dates  que 
Rome  eut  connaissance  —  vague  encore 
—  de  la  tradition  qui  prenait  corps. 

Cette  constatation,  d'après  les  textes, 
en  amène  une  autre,  qui  a  l'avantage  de 
donner, peut-être,  la  clef  de  l'énigme.  Les 
mots  aliiiœ  domns  désignère^it  tout  d'abord 
(vers  1428),  les  constructions  dépendan- 
tes du  sanctuaire  où  l'on  recevait  les  pè- 
lerins, et  l'hôpital  même,  où  affluaient 
les  pauvres  et  les  malades  :  inutile  de 
I  reproduire  ces  textes.  L'emploi  du  mot 
I  donnis^    au  singulier,     pour    désigner   le 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


P'3 


sanctuaire  lui-même, est  postérieur  ;  mais 
n'oublions  point  que  de  longtemps  il  ne 
sera  pas  question  de  translation  «  Les 
figures  de  rhétorique  entraînent  à  des 
hardiesses  très  explicables.  Q_u'en  des 
sanctuaires  fac-similé,  un  orateur  s'écrie  : 
Oui,  c'est  bien  ici  que...  Quoi  de  plus 
naturel  !  Et  quoi  de  plus  naturel  aussi 
que  les  auditeurs  répètent  :  C'est  ici 
que...  Une  prosopopée  n'est  pas  un  men- 
songe, certes,  mais  elle  peut  parfois  se- 
mer une  légende  »  (Lettre  de  M.  Le 
Hardy).  Sans  connaître  nos  textes,  M. 
l'abbé  Chabot  s'était,  d'instinct,  arrêté  à 
cette  explication  : 

«  Pour  ma  part,  je  crois  qu'il  y  avait 
d'abord  à  Lorette  une  Domtis  Beaice  f^ïr- 
ginis  (analogue  à  nos  Hôtels-Dieu,  Mai- 
sons-Dieu), et  plus  tard,  l'origine  et  la 
destination  primitive  de  cet  édifice  étant 
oubliées,  l'imagination  populaire  en  a 
fait  la  vraie  maison  de  la  sainte  Vierge  », 

Ulysse  Chevalier. 

Relations  de  l'eTipire  romain 
avec  la  Chine  (LUI;  LIV,  1 18,  235)  — 
Nous  pouvons  aller  plus  loin  encore,  dans 
notre  réponse  à  la  question  si  intéressante 
qui  a  été  posée  par  notre  savant  ophélète, 
E.  M. 

Nous  avons  vu  que  les  navigateurs 
de  l'Extrême-Orient  étaient  surtout  des 
Arabes,  des  Perses  et  des  Indiens.  Mais  il 
y  avait  aussi  des  Grecs,  c'est  à  dire  des 
Romains  de  l'empire  d'Orient  parlant  la 
langue  grecque,  comme  le  prouvent  les 
médailles  syriennes  de  cette  époque,  dont 
Texergue  est  en  lettres  grecques,  surtout 
depuis  la  fondation  de  Constantinople 
par  l'empereur  Constantin  le  Grand. 

En  effet,  les  auteurs  anciens  nous  ap- 
prennent trois  choses,  d'une  importance 
capitale,  à  cet  égard  : 

1°  Alexandre  le  Grand  avait  fondé  des 
villes  grec  lues,  aussi  bien  sur  la  côte  de 
la  mer  des  Indes  qu'à  l'intérieur  des  terres 
au  voisinage  de  l'Indus  et  jusque  dans  la 
direction  de  Samarcande  ; 

2°  Les  Perses  avaient,  dans  leur  em- 
pire, plusieurs  villes  (ou  bourgs),  exclusi- 
vement habitées  par  des  Grecs.  C'est 
ainsi  qu'il  y  avait,  à  Ninive,  une  colonie 
grecque  importante.  Ammien  Marcellin 
nous  apprend  qu'il  y  avait  des  villes 
grecques,  de  son  temps,  au  nord  du  golfe 
Persique,  telles  que  Térédon  et  Coréma- 


20   Décembre  i';o6. 
914  _ 

nis.  Au  reste,  Ctésiphon,  la  capitale  des 
Perses, est  un  pur  nom  grec,  qui  a  le  sens 
de  consiructio}is  hrillantes  ; 

3°  Toutes  les  distances  sont  données 
en  stades,  mesures  grecques  :  aussi  bien 
celles  du  détroit  de  Bab  el-Mandeb  à  l'Indus 
que  de  Llndus  au  Gange  ;  des  embou- 
chures du  Gangeàsa source, quede  cesem- 
bouchures  au  golfe  de  Siam  ;  et  du  golfe 
de  Siam  à  Canton,  ou  à  Fou-Tchéou,  Il 
est  donc  certain  que  de.*;  navigateurs  de 
l'empire  d'Orient  allaient  dans  les  Indes 
et  en  Chine,  au  temps  des  Romains,  alors 
que  Nankin  était  la  capitale  du  sud, 

Ammien  Marcellin  est  un  auteur  d'une 
importance  considérable,  qui  a  été  étran- 
gement méconnu  par  son  traducteur 
M.  Nisard,  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise, dont  nous  n'en  sommes  plus  à 
compter  les  contre-sens. 

C'est  ainsi  qu'il  traduit  les  archers  de 
bonne  famille  de  la  Cotnpagnie  de  Varc^ 
Sagitarii  Comités,  par  les  archers  com- 
tes 1  et  le  corps  des  Reges,  composé  pri- 
mitivement de  sous  officiers  (comme  nos 
sergents  de  ville)  par  le  corps  des  rois  I 
Et  bien  d'autres  fautes  du  même  genre, 
notamment  à  propos  des  Lètes. 

La  vérité  est  qu'Ammien  Marcellin  est, 
à  nos  yeux,  le  plus  extraordinaire  de  tous 
les  anciens  historiens  :  on  dirait  tout  à 
fait  un  homme  de  notre  temps  égaré 
1500  ans  trop  tôt,  dans  l'empire  romain. 
11  a  des  pages  qu'on  croirait  détachées  de 
La  Bruyère  ;  et  d'autres  qu'on  croirait 
écrites  par  M.  Camille  Flammarion.  Bien 
loin  d'être  suspect  de  christianisme,  com- 
me le  croit  M  Nisard,  il  en  parle  absolu- 
ment comme  en  aurait  parlé  Voltaire,  s'il 
avait  vécu  à  cette  époque  ;  en  se  moqu  mt 
des  évêques  encombrant  les  routes,  pour 
se  rendre  aux  conciles  si  célèbres,  du 
temps  de  Constantin  et  de  son  fils  Cons- 
tance. 

11  fait  ressortir  les  travers  des  papes  con- 
temporains et  leurs  richesses,  acquises 
à  leur  profit  par  les  donations  des  dames 
romaines.  Partout  au  contraire,  il  nous 
montre  la  ferveur  de  son  paganisme  et 
sa  croyance  sincère  dans  les  augures  et  les 
songes  !  C'était  à  la  fois  un  savant,  un 
philosophe  et  un  officier  d'état  major  de 
valeur.  11  est  impartial  et  rend  justice  à 
chacun    de  toute  sa  conscience  ! 

Il   connaissait   la    grande   Muraille   de 


N- 


"33- 


L'INTERMEDIAIRE 


915  

Chine  mieux  qu'on  ne  la  connaissait  en 
France,  avant  le  célèbre  voyage  en  ïar- 
tarie  et  au  Thibet  des  pères  Hue  et  Ga- 
bet.  C'était  un  géographe,  qui  en  a  copié 
de  plus  savants  que  lui  ;  pour  nous  don- 
ner de  précieux  détails,  sur  la  géographie 
de  tous  les  pays  compris  entre  lEuphrate 
et  rindus  ;  c'est-à  dire  de  l'Arabie  aux 
Indes,  sous  le  noms  de  géographie  de 
l'empire  des  Perses,  Alors  que  M.  Duruy 
confond  le  fleuve  royal  ou  Nahar-Malcha 
avec  le  canal  de  Trajan,  qui  n'en  est 
qu'un  tout  petit  embranchement,  il  a 
bien  soin  de  nous  indiquer  les  villes  où  il 
commence  et  où  il  finit,  ainsi  que  celles 
qui  se  trouvent  au  commencement  et  à  la 
fin  du  canal  de  Trajan,  dont  la  longueur 
n'est  que  de  quelques  kilomètres. 

II  croyait  que    la  soie  était  une  pro-  j 
duction  cotonneuse  des  feuilles  du  mûrier.   I 
11   ignorait   absolument   que  c'était   tout  1 
simplement  la  coque  de  la  chrysalide  du 
sphynx  de  cet  arbre.  D'  Bougon. 

Rue  de  la  Paroisse  (XLVI  ;  L).  — 
Autant  que  possible,  les  questions  posées 
ici  ne  doivent  jamais  rester  sans  solution  : 
c'est  pourquoi  je  me  permets,  aujour- 
d'hui, de  me  répondre  à  moi  même  sur 
un  petit  problème  de  topographie  pari- 
sienne soumis,  il  y  a  quatre  ans,  aux 
collaborateurs  de  \  Intermédiaire. 

La  rue  de  la  Paroisse,  dont  il  et  ques- 
tion, a  bien  existé,  ainsi  que  je  le  présu- 
mais, aux  environs  de  l'église  Saint- 
Germain  des  Prés  ;  et  Laloi,  président  de 
la  Convention,  ne  s'était  pas  trompé  d'a- 
dresse en  envoyant  sa  missive  de  félicita- 
tions au  citoyen  Morel,  habitant  de  la 
section  de  l'Unité.  Le  document  suivant, 
qui  m'a  été  obligeamment  communiqué 
par  le  très  aimable  sous-archiviste  de  la 
Seine,  M.  Lucien  Lazard,  le  démontre  pé- 
remptoirement : 

6  fructidor  an  II!  (23  août  1795).  Le  se- 
cond lot  d'une  maison  sise  à  Paris,  Rue  de 
la  Paroisse,  cy  devant  dite  Fursfeuiberg, 
n"  24,  section  de  l'Unité,  provenant  de  l'é- 
migré Balainvilliers,  a  été  adjugé  à  Siivain 
Boissel,  entrepreneur  de  bâtiments,  rue  Ser- 
pente n"  5,  moyennant  la  somme  de  322  100 
livres. 

Acquisition  déclarée  au  profit  du  citoyen 
Lazard  Bonardot,  serrurier,  rue  Caumartin, 
n°  794.  (Fonds  des  Domaines,  617-1912). 

La  rue  de  la  Paroisse,  on  le  voit,  n'est 
autre  que    la    rue  de    Furstemberg   s'ou 


916     

vrant  devant  le  palais  abbatial  de  Saint- 
Germain  des  Prés  et  par  conséquent  à 
proximité  de  l'église,  ce  qui  justifie  son 
vocable  nouveau. 

Ce  nom  de  rue  de  là  Paroisse  ne  fut 
pas  éphémère  comme  on  pourrait  le 
croire,  car  nous  le  trouvoiis  en  1793  et  il 
devait  dater  de  la  fin  de  Taiinée  1791,  au 
moment  où  le  vieux  sanctuaire  des  Béné- 
dictins fut  érigé  en  paroisse  du  quartier. 
La  pièce  que  nous  venons  de  citer  est  de 
179^,  c'est  donc  pendant  plusieurs  années 
que  le  qualificatif  de  Paroisse  a  été  em- 
ployé pour  cette  rue.  Il  est  au  moins  sin- 
gulier qu'il  n'ait  jamais  été  relevé.  Quoi 
qu'il  en  soit,  voilà  un  nom  nouveau  à 
ajouter  à  la  nomenclature  incomplète  des 
rues  de  Paris  à  l'époque  de  la  Révolution. 

Henri  Masson. 

Le  Moulin- Joli  (LIV,  781).  —  On 
trouvera  quelques  renseignements  sur  ce 
domaine,  dépendant  de  la  commune  de 
Colombes,  dans  la  monographie  de  Co- 
lombes {Notice  historique.^  par  M.  F.  Bour- 
non,  pp.  15-17),  qui  fait  partie  de  l'Etat 
des  coiitfiiunes  du  département  de  la  Seine 
à  la  fin  du  xix**  siècle^  publié  par  la  Pré- 
fecture de  la  Seine.  Viator, 

Le  pont  de  Tiéoines  à.  Satat-De- 
iiis(LllI  ;  LIV,  74,  186,  349,  739).  —  Si 
je  suis  toujours  irréductible,  cela  tient  à 
ce  que  M.Armand  de  Visme  ne  m'a  donné 
aucune  raison  sérieuse  de  changer  d'opi- 
nion. 

J'ai  indiqué  pour  la  voie  romaine  de 
Paris  à  Saint-Denis, deux  tracés, qui  exis- 
taient certainement  à  l'époque  mérovin- 
gienne et  qui  me  paraissent,  avec  M.  Jol- 
lois,  de  beaucoup  antérieurs.  Mon  honora- 
ble contradicteur  s'est  contenté  de  m'in- 
diquer  une  voie  hypothétique,  emprun- 
tant la  rue  Saint-Martin  pour  aboutir  à 
Saint-Denis 

Dans  la  traversée  de  Saint-Denis,j'ai  indi- 
qué un  tracé  sur  le  parcours  duquel  on  a 
trouvé,  à  diverses  époques,  des  traces  de 
voies  romaines. 

Au  sortir  de  Saint-Denis  par  l'antiqu? 
porte  de  Pontoise,  j'ai  indiqué  la  seule 
route  qui  ait  existé  et  qui,  après  avoir 
traversé  le  temps  perdu^  empruntait  la 
route  actuelle  de  Pontoise. 

Sur  ce  tracé  il  ne  s'est  jamais  rencontré 
qu'un  pont,  existant  encore  actuellement; 


DES   CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Décembre  1906 , 


91: 


918 


il  traverse  le  Croult  à  l'endroit  où  la  réu- 
nion de  celui  ci  avec  le  Rouillon  et  le  rû 
de  Viiletaneuse  forme  quelques  petites 
îles  ;  je  l'ai  identifié  avec  le  pont  de  Tré- 
cines,  M.  Armand  de  Visme  est  incapable 
de  m'en  citer  un  autre. 

G.  La  Brèche. 

Exnpêoliemont^  légaux,  des  can- 
didats au  mariage  (LUI). 

Autrefois  même,  aucun  fonclionnaire  ou 
ae;ent  salarie  ne  pouvait  se  marier  de  la  Co-  î 
lonie  (Antilles  et  Réunion)  sans  l'autorisation 
du  gouverneur.  On  considérait  en  effet, 
qu'un  mariage  dans  un  pays  aurait  pu  don- 
ner une  influence  !o:ale  et  une  indépen- 
dance de  fait  à  une  personne  qui  ne  devait 
être  pour  le  gouverneur  qu'un  inférieur 
obéissant  et  respectueux  Cette  disposition 
exorbitante,  attentatoire  à  la  liberté  indivi- 
duelle dans  ce  qu'elle  a  de  plus  intime  et  de 
plus  sacré,  n'a  été  supprimée  que  par  un  dé- 
cret du  8  décembre  1887. 

(Etendu  aux  autres  colonies  par  un  second 
décret  du  même  jour). 

Principes  Je  colonisaiion  et  Je  législation 
coloniale^  par  Arthur  Girault,  t,  I,  p.  393. 

P.  c.  c.     G.  A. 

Familles  à  origine  illustre  très 
ancienne  (LUI  ;  LIV  78,  123,  293,  408, 
463,  521,  628,  797).  —  Dans  la  famille 
des  Bourbon?  des  Deux-Siciles,  Fran- 
çois l"',  qui  fit  accession  au  trône  en 
1825,  eut  de  sa  seconde  femme,  nombre 
d'enfants,  dont  le  puîné  fut  Charles-Fer- 
dinand, prince  de  Capoue,  né  le  10  octo- 
bre 181 1,  -[-  le  22  froàt  1862. 

Il  épousa,  le  5  avril  iS'jô,  miss  Péné- 
lope-CarolineGrice  Smyth  de  Ballyna- 
tray,  une  des  plus  remarquables  b.iautés 
du  Royaume-Uni  ;  mais  simple  roturière. 
Ce  mariage  excita  l'animadversion  .le  Fer-  | 
dinand  il,  son  frère,  qui  ne  voulut  le  con-  ; 
sidérer  que  comme  une  union  morganati-  j 
que.  Le  prince  de  Capoue  protesta  de  j 
toutes  façons  et  afin  de  prouver  qu'il  | 
n'avait  pas  dérogé,  fit  imprimer  les  preu-  j 
ves  de  noblesse  de  sa  femme.  Elies  sont  \ 
intitulées  :  Généalogie  de  Vanciemw  et  noble  \ 
famille  Swyih,  de  BallviKiirav,  comté  de  | 
Watcrjhrd  en  Irlande^  démontrant  leur  des-  ; 
cendance  des  rois  d' Angleterre^  d'Ecosse,  \ 
d'Irlande^  Je  France,  d  Espagne,  Je  Dane-  I 
mark  et  de  Hongrie,  des  Empereurs  de  Cens-  j 
tantinopL\  Jes  anciens  ducs  de  Bavière  et  \ 
de   Bourgogne,    Jes  comtes   de    Pembroke, 


J'Ox/ord  et  Je  Sdlysbury,  etc.,  et  J'aittres 
famill'is  Je  la  plus  haute  noblesse,  compilée 
des  anciennes  arclnves  et  autres  Jocunients 
authentiques,  par  Jeu  le  chevallier  l-Villiam 
Bethani,  Ulster  King  of  Amis  de  toute  l  Ir- 
lande ;  ratifiée  ei  confirmée  par  le  chevalier 
John  Bernard  Burk  Ulster  King  of  Amis, 
sous  son  sceau  et  seing  d'office. 

Traduction  de  l'anglais,  brocli.  in-8°. 
Spa,  1856. 

Albin  Body. 

Famille  d'Âoust  (LIV,  556,  689,741, 
797).  —  )'ai  connu  naguère  un  homme 
fort  aimable,  le  marquis  Jules-Edmond- 
joseph  d'Aoust  de  Jumelles,  qui  mourut 
à  Paris  le  21  janvier  1886,  étant  âgé  de 
68  ans.  11  était  un  musicien  amateur, 
pratiquant  assez  instruit.  11  avait  d'abord 
publié,  je  crois,  quelques  romances  ;  puis 
il  avait  écrit  la  musique  de  deux  petites 
opérettes  en  un  acte,  dont  l'une,  V Amour 
voleur,  fut  exécutée  dans  un  salon  en 
1865,  et  dont  l'autre,  la  Ferme  de  Mira- 
mar,  fut  représentée  le  11  avril  1874, 
dans  un  concert  donné  à  feu  le  théâtre  de 
l'Athénée,  qui  existait  alors  rue  Scribe  et 
qui  a  disparu  depuis  longtemps  déjà. 

A.  P. 

Les    Bricquemauî    (LIV,    836).  — 
François  de  Beauvais,  seigneur  de  Brique- 
maut    ou    plutôt     de     Briquemault,     fils 
d'Adrien    de    Briquemaut  et  d'Alexane  de 
Sainte-Ville,    naquit    vers   1502  ;  i!   em- 
brassa de  bonne  heure  les  doctrines  évan- 
géliques  :  attaché  à  la  cause  du  prince  de 
Condé,  il  réussit, non  sans  peine,  à  attirer 
Coligav  dans  le  même  parti.  11  fut  chargé 
de  défendre  Rouen,  d'où   Morviliiers  ve- 
nait de  se  retirer.  Il  céda  ce  poste  à  Mont- 
gommery,    pour    passer    en    Angleterre 
avec  Ferrières,  vidame  de  Chartres,  et  y 
s(;l!iciter    des    secours   de   la   reine  Elisa- 
beth, d'où  le  traité  de  Hampton   Court.  Il 
rentra    ensuite  en   France,  reprit    Dieppe 
sur  les   catholiques  ;  et,  lors   de   la    troi- 
sième   guerre    de  religion,  ce   fut  lui  qui 
alla  à    la    rencontre   de   Jeanne    d'Albret 
pour  l'escorter  jusqu'à  Ui  Rochelle.  11  prit 
part  aux  batailles  dejarr.,.c,  de  la  Roche- 
Abeille,  de  Moncontour,    et  continua  en- 
suite la  lutte,  notamment  dans  le   Berry, 
où    il    tenta     vainement     de     surprendre 
Bourges.  Le  21  juin  1570,  il  contribua  au 
succès  des  Réformés, au  combat  d'Arnay- 


N- 


1133. 


L'INTERMEDIAIRE 


919 


le-Duc,  qui  fut  suivi  d'un  traité  de  paix. 
A  la  Saint-Barthélémy,  il  se  réfugia  dans 
l'hôtel  de  l'ambassadeur  d'Angleterre  ; 
mais  il  en  fut  arraché,  et  traduit  devant 
le  Parlement,  qui  le  condamna  à  mort 
avec  son  ami  Cavagnes(27  octobre  IS72) 
L'arrêt  confisquait  ses  biens  et  le  déclarait 
déchu  de  la  noblesse  ainsi  que  ses  enfants. 
Aussi  fut-il  pendu  et  non  décapité. 
Charles  IX  tint  à  assister  à  son  supplice 
et  força  Henri  de  Navarre  à  l'accompa- 
gner à  cet  affreux  spectacle.  Trois  ans 
après,  Henri  111  réhabilita  sa  mémoire.  Il 
laissait  de  sa  femme.  Renée  de  jaucourt, 
trois  fils  Jean,  François,  Gaspard,  et  une 
fille,  Odette,  qui  épousa  successivement 
François  de  Cassinet  et  André  Spifame. 

De  ces  trois  fils,  le  puîné,  François^  fut 
blessé  à  mort  au  siège  de  Poitiers,  après 
la  bataille  de  Jarnac,  le  cadet,  Gaspard^ 
avait  combattu  à  Moncontour  et  à  Arnay- 
le-Duc,  et  parait,  d'après  de  Thou,  avoir 
été  ensuite  en  Italie,  (Siège  de  Gavour, 
1592). 

L'aîné,  Jean,  prit  une  part  active  aux 
guerres  de  religion,  réussit  à  se  cacher  à 
la  Saint-Barthélémy,  fut  nommé, en  1576, 
par  le  roi  de  Navarre,  maréchal  de  France 
et  chambellan,  seconda  Lesdiguières  dans 
toutes  ses  expéditions,  et  fut  tué  en  i  590 
dans  celle  de  Provence.  Marié  avec  Fran- 
çoise de  Langhac,  fille  de  Marc  de  Lan- 
ghac  de  l'Espinasse  et  de  Françoise  Ra- 
quier,  il  laissa  deux  fils,  Jacques  et  Marc. 

Jacques  de  Briquemaut,  seigneur  de 
Prémartin  et  de  Saint-Loup,  épousa,  en 
1620,  Elisabeth  de  la  Marche  Des  Gontes, 
fille  du  gouverneur  de  Sedan  pour  le  duc 
de  Bouillon,  et  succéda  à  son  beau-père 
dans  cette  place.  Il  laissa  deux  filles, 
Charlotte  et  Elisabeth,  et  deux  fils  :  Henri, 
baron  de  Saint-Loup,  |  passé, avant  la  Ré- 
vocation de  l'Edit  de  Nantes,  au  service 
de  l'électeur  de  Brandebourg],  qui  épousa 
Marie  de  Meaux  et  mourut  à  Wesel  le  16 
août  1692  ;  et  Marius,  Vieutenant  de  cava- 
lerie dans  le  régiment  Royal  Etranger. 

Le  frère  de  Jacques.  Marc  de  Brique- 
maut, seigneur  de  Ruère,  servait  en  1635 
à  l'armée  des  Pays-Bas,  et  fut  chargé  de 
porter  au  Roi  les  drapeaux  pris  au  combat 
d'Avein.  Il  épousa  Jeanne  de  Robert,  dont 
il  eut  deux  filles  :  Anne  et  Louise, et  deux 
fils  :  fean  et  Marc  Antoine.  Ge  dernier 
abjura  le  31  janvier  1686.  Il  avait  épousé 
en  premières  noces  sa  cousine  germaine, 


920     

Charlotte  de  Briquemaut,  et  en  secondes 
noces,  le  20  août  1684,  Jeanne  de  Cau- 
mont. 

Toute  cette  généalogie  est  résumée 
d'après  la  France  protestante  de  MM.Haag, 
où  l'on  trouve  beaucoup  de  plus  amples 
détails  (tome  II,  p. 130  à  136).     V.A.  T, 

Famille  de  Battine  (LIV,  221,408, 
522,  741,  8,5).  —  Titres,  anoblissement 
et  pairies  de  la  Restauration,  t.  Il,  p. 
181,  article  Golomb,  dit  de  Battine,  où 
est  donnée  la  filiation  de  Jean-Paul  Cyrus 
GoUomb,  ou  Golomb,  né  à  Gap,  autorisé, 
en  1829,  à  instituer  un  majorât,  avec  ano- 
blissement, mais  sans  en  opérer  la  régula- 
risation. X  X. 

Colnel  Blon^el  de  Joigiy  (LIV, 
835). — On  trouvera  au  Cabinet  des  Titres, 
à  la  Bibliothèque  nationale, une  série  énor- 
me de  documents  précis  sur  tous  les  Blon- 
del  et  principalement  sur  ces  Blondel  de 
Joigny,  qui  semblent  en  efïet  une  branche 
illégitime  des  vrais  Blondel.  G'est  un  long 
travail  à  faire,  car  ces  pièces  forment  un 
demi  volume  et  un  volume  entier  des 
Pièces  Originales.  E.  Grave. 

Le  président  Bochart  de  Saron 

(LIV,  668  798).  —  Il  est  plus  que  proba- 
ble que  le  marquis  Bochart  dé  Ghampi- 
gny,  qui  comparut  à  l'assemblée  de  la  no- 
blesse du  bailliage  d'Evreux  en  1789,  était 
Gonrad-Alexandre  Bochart,  marquis  de 
Ghampigny,  ne  en  1733,  qui,  après  avoir 
fait  toute  sa  carrière  militaire  dans  les 
Gardes  Françaises,  était,  en  1789,  capi- 
taine dans  ce  corps  et  maréchal  de  camp 
Il  servit  avec  distinction  à  l'armée  de 
Gondé,  devint  lieutenant  général  en  émi- 
gration, Grand  Groix  de  Saint-Louis  en 
1814  et  mourut  vers  1822.  De  son  ma- 
riage, en  1767,  avec  Adélaïde-Gatherine- 
Renée  de  Bérulle,  il  eut  au  moins  un  fils, 
Amable-Jean-Gonrad  Bochart  de  Ghampi- 
gny, né  en  1770,  à  Pans,  enseigne  aux 
Gardes  en  1789,  lieutenant-colonel  sous  la 
Restauration  Ce  dernier  est  sans  doute  le 
grand-père  de  l'officier  de  mobiles  mort 
de  ses  blessures  en  1871. 

Gonrad-Alexandre,  né  en  1733,  ne  pou- 
vait donc  être  le  fils  du  président  Boch;irt 
ds  Saron,  né  lui-même  en  1730,  mais 
c'était  peut-être  son  frère  cadet. 

S.  Churchill. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  1906, 


921 


Q22 


Jean  de  Bois^ières  (LIV,  780).  — 
Ce  poète, qui  était  né  à  Montferrand  (Puy- 
de-Dôme),  où  sa  famille,  fort  ancienne, 
remontait  au  xiii"  siècle,  a,  de  lui,  un  cu- 
rieux portrait,  gravé  sur  bois,  dans  l'une 
de  ses  publications.  J'ai  reproduit  ce  por- 
trait dans  le  Dictionnaire  iconographique 
de  V ancienne  Auvergne,  que  j'ai  publié 
en  1904.  J'ai,  de  plus,  parlé  de  lui  dans 
deux  autres  de  mes  ouvrages  :  VHistoire 
de  la  ville  de  Montferrand  (in-40,  1875J 
et  le  Dictionnaire  biographique  du  Puy  de- 
Dôme^  où  je  donne  encore  de  lui,  un  por- 
trait. Bien  que  je  m,e  sois  beaucoup  occupé 
de  l'historique  de  l'ancien  collège  de  Cler- 
mont-Ferrand,  dans  mon  Histoire  de  la 
ville  de  Clermoni-Ferrand,  je  n'ai  pas  re- 
trouvé le  nom  de  cet  intéressant  régent 
que  plaisante  si  énergiquement  notre 
poète  ;  mais  je  me  propose  de  faire  des 
recherches  à  ce  sujet,  1  "été  prochain,  en 
Auvergne  ;  car  je  passe  l'hiver  à  Alger. 

Ambroise  Tardieu. 


Chassebras  de  Cramailies  (LIV, 
55b,  743,  798).  —  Je  remercie  monsieur 
Th.  Courtaux  de  la  réponse  qu'il  a  bien 
voulu  faire  à  ma  question  «  Chassebras 
de  Cramailies  »,  et,  puisqu'il  a  l'amabilité 
de  se  mettre  à  ma  disposition  pour  de 
plus  amples  renseignements,  cela  m'en- 
courage à  poser  ici  une  nouvelle  question. 

Je  possède  un  ex-hbris,  dont  voici  la 
description  :  sur  une  terrasse  échancrée 
par  le  milieu,  deux  bergers  à  tètes  de  so- 
leil et  s'appuyant  sur  une  houlette,  sou- 
tiennent de  l'autre  main  un  écu  français  : 
écaitelé,  au  /,  d'argent^  au  sautoir  de 
gueules,  cantonné  de  quatre  roses  du  même 
(Chippard)  ;  au  2,  d' argent^à  un  arbre  ar- 
raché de  oiieules,  à  la  bordure  du  même, 
au  ^,  d'or,  a  un  sanglier  de  sable,  an  chef 
de  gneul  es, chargé  de  trois  r  oses  d' or  [Ltsbdihy); 
au^,  d\ipir,  à  la  croix  componée  d'argent 
et  de  gueules,  cantonnée  de  quatre  fleurs  de 
lis  d'or ,et  chargée  en  cceur  d'une  coquille  du 
même  (Samt-Mesmin)  ;  et  sur  le  bout  : 
coupe  de  pourpre  et  et  d'or  à  trois  soleils, 
de  l'un  en  l'autre,  deux  et  un  (Chassebras). 
L'écu  est  timbré  d'un  casque  taré  de  pro- 
fil, portant  en  cimier  une  tête  de  héron  et 
au-dessus,  sur  une  banderolle.  on  lit 
cette  devise  :  tempora,  tempore,  tempera. 

L'ouvrage  sur  lequel  cet  ex-libris  est 
collé,  porte  au-dessous,  l'inscription  ma- 


nuscrite suivante  :  Jacques  Chassebras  de 
Cramailies.  Je  demande  : 

1°)  Si  les  quartiers  de  Tex-libris  corres- 
pondent à  des  alliances,  réelles  ou  fictives, 
de  la  généalogie  fabriquée  par  Jacques 
Chassebras  de  Cramailies,  et  si,  d'après 
ces  alliances,  on  peut  lui  attribuer  cette 
marque  de  bibliothèque  ? 

2°)  Dans  le  cas  contraire,  à  quel  per- 
sonnage de  la  famille  Chassebras  se  rap- 
porterait cet  ex-libris  ? 

A.  DE  Remacle. 

Les  Cardillac  (LIV,  106,295,  522). 
—  Le  livre  déjà  cité  au  sujet  du  passage  de 
Pierre  de  Cardaillac  au  château  Trompette 
renvoie,  à  propos  du  mariage  de  celui-ci, 
au  Supplément  de  Moréri  :  il  s'agit  sans 
doute  de  son  célèbre  dictionnaire  histori- 
que, et  on  y  trouverait  peut-être  d'utiles 
renseignements  si  on  le  pouvait  consul- 
ter. 

Le  même  livre  donne  souvent  des  ex- 
traits du  «  manuscrit  tort  précieux,  de 
Mlle  d'Aumale,  concernant  Mme  de  Main- 
tenon  »  et  qui  contenait  des  lettres  de  la 
mère  de  cette  dernière.  Cet  ouvrage  a-t-il 
été  publié,  le  retrouverait-on  ? 

Afin  d'obtenir  l'élargissement  de  son 
mari,  1  infortunée  Jeanne  de  Cardaillac 
adressa  des  placets  souvent  renouvelés  de 
1630  à  1639,  à  plusieurs  personnages  en 
vue  de  la  cour  et  au  duc  d'Epernnn  son 
parent  ;  à  Richelieu  lui-même  ;  au  secou- 
rable  duc  de  Saxe-Weimar  «  qui  fut  le 
seul,  à  l'aider  de  sa  bourse  et  de  son  cré- 
dit »  dans  ses  démarches. 

Pendant  leur  séjour  en  Martinique, 
Jeanne  de  C.  revint  soutenir  en  France 
des  procès  avec  les  de  Caumont-Dade  et 
les  de  Némon  de  Sensac  ;  les  pourparlers 
et  correspondances  durèrent,  ce  semble, 
jusqu'en   1641. 

Pendant  les  séjours  de  la  jeune  Fran- 
çoise chez  Mmes  de  ViUette.  de  Neuillant, 
puis  chez  les  Ursulines  de  Niort  ;  pendant 
la  reprise  des  divers  procès  relatifs  à  la 
succession  de  d'Aubigné,  la  mère  de  Mme 
de  Maintenon  dut  entretenir  une  assez 
importante  correspondance;  son  style, au 
reste,  «  est  celui  d'une  personne  bien 
née  ».  Et  je  regrette  de  ne  pouvoir  fournir 
que  ces  vagues  indications,  peut-être 
connues  au  reste  (n'ayant  pas  lu  les  let- 
tres publiées  dans  les  Archives  de  la 
Gironde),   mais  persuadé  que  l'intermé- 


N"   1133, 


L'INTERMEDIAIRE 


923 


iiairiste  intéressé  trouvera  quelques-uns 
des  documents  désirés  qui  ne  peuvent 
manquer  d'exister  parmi  d'autres  vieux 
et  attrayants  papiers.  Où? 

Marc  H  us. 

Fechtrir  (LIV,  780)  —  s<  Connail-on, 
demande  M  H.  Lv'onnet,  à  propos  de 
Fechter,  des  comédiens  français  ayant 
joué  en  langue  étrangère  ?  » 

Je  puis  citer  à  mon  érudit  correspon- 
dant l'un  de  nos  meilleurs  acteurs  de 
drame,  que  la  génération  antérieure  à  la 
nôtre  a  si  justement  applaudi  sur  les 
scènes  du  boulevard,  le  comédien  Tail- 
lade. 

Artiste  d'un  rare  talent  et  auteur  dra- 
matique lui-même,  Taillade,  qui  possédait 
à  fond  la  langue  anglaise,  alla  donner  à 
Londres  des  représentations  de  Macbeth, 
de  Schakespeare,  qu'il  devait  jouer  plus 
tard,  mais  cette  fois,  en  français,  dans  la 
traduction  de  Jules  Lacroix,  sur  la  scène 
de  rOdéon.  A.  Libert. 

De  Leusse.   Le  nom  et  la  terre. 

(LIV,  726,  803).  ~  Voici  ce  que  j'ap- 
prends d'un  membre  de  cette  famille  : 

Il  existe  deux  généalogies  de  la  famille 
de  Leusse,  publiées  par  elle-même,  Tune 
en  petite  brochure  vers  1830,  l'autre  en 
un  fort  volume  in-8°  que  l'on  trouvera 
aux  bibliothèques  de  Paris  et  de  Lyon. 
La  Chesnaye  des  Bois  dit  que  cette  mai- 
son d'ancienne  noblesse  existait  avec  éclat 
en  Dauphiné,  lors  de  la  cession  de  cette 
province  à  la  Couronne,  dont  Jordan  et 
Guy  de  Leusse  signèrent  l'acte  de  trans- 
fert. —  Armes:  de  gueules,  à  2  brochets 
adossés  d'argent,  accompagnés  de  ^  croix 
de  Malte ^  an  pied  fiché  d'or  —  Devise  : 
Onor  in  terra,  lo  spirito  in  cielo. 

St-Saud. 

Marinif^r,Hardouin  deChalonde 
la  Marinière  (LIV,  726)  —  Jacques- 
Hardouin  de  Chalon,  chevalier,  seigneur 
de  Maison-Noble  et  de  la  Maronnièie, 
baron  de  Francs  (en  Libournais,  né  en 
1691,  reçu  page  du  roi,  en  1707,  capi- 
taine au  régiment  du  roi -infanterie,  che- 
valier de  Saint-Louis,  mort  le  2  août  1743, 
était  fils  de  Louis-François  de  Chalon, 
écuyer,  seigneur  de  Maison  Noble  et  de 
la  Maronnière,  et  de  Jeanne-Henriette^  de 
Gauffreteau . 


924     • 

Il  épousa  en  1734,  M^ rie-Thérèse  de 
Caupenne  d'Amou  dont  il  eut  :  1°  Marie- 
Anne- Raimonde  ;  2"  Jeanne  -  Henriette, 
mariée,  en  1756,  à  Louis  de  Carbonnié 
de  Castillonnés  ;  3°  N.  capitaine  d'infan- 
terie ;  4"^  Hardouin  qui  suit  ;  ^^  Jean- 
Charles,  né  en  1742,  député  de  la  no- 
blesse en  1789. 

Hardoin  de  Chalon,  comte  de  Chalon, 
capitaine  au  régiment  du  roi-infanterie, 
ambassadeur  en  Portugal,  se  n.aria,  en 
1768,  à  Marie- Aglaé  d'Andlau.  11  parait 
que  sa  descendance  est  encore  représentée 
à  Paris. 

Voir  pour  la  famille  de  Chaion,  origi- 
naire du  Poitou,  le  Dictionnaire  historique 
et  généalogique  des  familles  du  Poitou,  par 
Beauc'iet-Filleau.  Pierre  Mi-ller. 


Lettres  de  Monsigxiy  et  de  Se- 
daine  (LIV,  837).  —  M.  Arthur  Pougin 
demande  qu'on  veuille  bien  lui  donner 
copie  d'autographes  de  Monsigny  et  de 
Se  daine. 

En  voici  un  qui,  je  pense, l'intéressera, 
et  peut-être  même  les  intermédiairistes. 

Pièce  in-folio  autogr.  signée: 

Je  soussigné  certifie  et  déclare  que  je  suis 
logé  au  Louvre  en  qualité  de  Secrétaire  per- 
pétuel de  l'Académie  d'Architecture  depuis 
le  mois  de  juin  de  !'aiiiiée  1768,  et  que  le 
logement  que  j'occupe  et  dans  lequel  je  suis 
à  présent,  au  premier  étage  et  joignant 
TAcadémie  d'Architecture  et  dont  je  fais 
partie,  est  occupé  par  moi  depuis  le  com- 
mencement de  l'année    1776. 

J'affirme  de  plus  que  dans  le  logement 
que  j'occupe  je  n'ai  aucun  meuble  ny  glace 
qui  appartienne  au  cy-devant  Roy. 

En  toi  de  quoi  j'ai  signé,  au  Louvre,  ce 
120  octobre  de  l'an  1792  de  notre  ère  et  de 
la  République  le  premier. 

J.     M.    SfcDAlNE. 

P.  c.  c.  Victor  Deséglise. 

VilUers  do  l'Isle-Adam(LlV,  781). 
—  Sans  donner  ceci  comme  une  preuve, 
j'ai  eu  entre  les  mains  une  généalogie  des 
Villiers  dressée  par  Philippe-Auguste-Ma- 
thias  de  Villiers  de  l'Isle-Adam.  L'auteur 
des  Conlts  cruels  y  établissait  que  le 
grand-maître  de  l'ordre  de  Malte  au  xv= 
siècle  était  fils  de  Jacques  de  Villiers  de 
1  Islc-Adam.  Martin  Ereauné. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20   Décembre  1906. 


925 


926 


Armoiries  à  déterziiinax'  :  à  a 
cioix  d'or  poter.oée  (LIV,  782)  — 
Le  livre  a  été  donné  en  prix  par  les  Pères 
de  la  Doctrine  chrétienne  de  Toulouse  et 
les  armes  demandées  sont  celles  de  la  ville 
de  Toulouse  qui  se  blasonnent  :  de  gueules^ 
à  la  croix  de  Toulouse  d'or,  soutenue  d'une 
vergeite  du  même,  et  un  bélier  passant  d'ar- 
gent^ la  tête  contournée,  brochant  sur  la 
vergeite  ;  le  tout  accompagné  en  chef  de  deux 
tours  d'argent,  maçonnées  de  s<ihle.  celle  à 
dexlre  crénelée  de  trois  pièces  et  celle  à  se- 
nestre  couverte  en  clocheton.  Au  chef 
d'a{ur ,  semé  de  fleurs  de  lis  d'or. 

P.  leJ. 

  euquerre  (LIV,  782).  —  Quand 
on  s'occupe  des  armoiries  françaises,  on 
doit  en  blasonnant,  comme  dans  le  cas  de 
Borelli,  indiquer  iT  l'cnquerre  ou  à  enquérir  ; 
dans  le  blason  étranger  la  règle  de  mettre 
métal  sur  couleur  ou  réciproquement 
n'existe  pas,  et  ces  termes  ne  se  compren- 
draient pas.  Cependant,  en  peinture,  il 
n'est  pas  utile  de  mentionner  l'exception 
qui  a  présidé  à  la  confection  du  blason, 
les  émaux  parlent  d'eux  mêmes  ;  mais 
dans  les  ex-libris  toutes  les  fantaisies  ne 
sont-elles  pas  permises  ?  J'ai  sous  les  yeux 
l'ex-libris  de  Dufraigne,  maître  en  chirur- 
gie à  Autun,  xviii''  siècle,  qui  porte  : 
d'argent,  à  un  frêne  de  sinople,  et  pour 
qu'on  n'en  ignore,  on  lit  sur  le  fût  de 
l'arbre,  k  uiot  :  fraxinus  !  P„  leJ. 

L'hinaie  sauvaga  enhéraldiqua 

(LIV,  613  754,  813),  —  «  Les  «  tenants  » 
«  diffèrent  des  «  supports  »  en  ce  que 
«  cette  dénomination  ne  s'applique  qu'aux 
«  êtres  humains,  tels  que  anges,  moines, 
«  mores,  sauvages,  etc.,  ou  qui  ont  quel- 
«  que  partie  humaine,  telle  que  sirènes, 
«  centaures,  etc.  ;  la  coutume  de  ces  or- 
«  nerr.ents  vient  des  tournois  où  les  che- 
«  valiers  faisaient  porter  leur  écus  par 
«x  des  valets  ou  écuyers  vêtus  d'accoutre- 
«  ments  bizarres  >■>. 

[Traité  complet  de  la  science  du  Blason, 
par  Joufifroy  d'Eschavannes). 

D'après  le  Père  Ménestrier,  l'usage  en 
serait  venu  de  ce  qje  les  chevaliers  fai- 
saient porter  leur  écu  et  leur  heaume 
dans  les  tournois,  par  des  valets  recou- 
verts de  peaux  de  bêtes. 

La  fontaine  d'Amboise,  en  lave  de  Vol- 
vie  et  du  plus  pur  style  Renaissance,  mo- 


nument dont  à  juste  titre  sont  fiers  mes 
compatriotes  les  Clermontois,  se  termine 
par  un  lanterneau  sur  le  haut  duquel  se 
tient  debout  un  homme  sauvage  .?  complè- 
tement velu,  comme  s'il  avait  du  poil  de 
chèvre,  les  cheveux  sur  les  épaules,  la 
barbe  courte,  le  profil  neo-grec,  la  tête 
esthétique  ;  appuyé  à  un  tronc  d'arbre 
tenant  dans  la  dextre,  dont  Tavant-bras 
est  tléchi,  une  branche  d'arbre  en  guise  de 
massîie  et  reposant  sur  l'épaule  ;  le  bras 
gauche  est  presque  pendant  et  retient  de 
sa  sénestre  un  écu  qui  s'appuie  à  terre  et 
qu'on  dit  représenter  les  armes  du  cardi- 
nal d'Amboise,  édificateur  de  la  dite  fon- 
taine. Toute  la  Renaissance  a  largement 
usé  des  *i  hommes-sauvages  »  en  orne- 
mentation. Olim. 


Ex-libris  avec  cygnes  et  •^.mour.s 
(LIV,  838).  —  G.  O.  Galimard  a  gravé 
au  moins  deux  exlibris  d'après  Cochin  : 
l'un  pour  labbé  Leblanc,  l'autre  pour 
Poisson,  marquis  lie  iVlarigny,  frère  de 
madame  de  Pompadour. 

J.   G.    V/lGG. 


* 
*  if- 


Ce  charmant  ex-libris  est  celui  de  l'abbé 
Jean  Bernard  Leblanc,  célèbre  littérateur, 
historiographe  du  Roi, ami  du  Président  de 
Ruffey,  de  Gochin  et  du  marquis  de  Ma- 
rigny. 

Le  dessin  original  de  Cochin  s'est  vendu 
205  franjs  (voir  Archives,  juin  1901). 

S. ....y. 

Ex-  ibris  de    médecins  f>'ançais 

(LIV,  727).  —  En  attendant  une  liste 
complète  de  médecins  français,  possédant 
un  ex-libris,  liste  qui  n'existe  probable- 
ment pas,  voici  toujours  celle  que  me 
fournit  ma  petite  collection  ;  je  serais 
heureux  si  notre  confrère  Valéry  Decroix 
y  trouvait  quelque  indication  qui  serait 
nouvelle  pour  lui.  Inutile  d'ajouter  que 
s'il  voulait  voir  ces  ex-libris,  je  serais  à 
sa  disposition. 

Anonyme.  MNS.,  rue  de  la  Salpétrière. 

P.  A.  Béclard. 

Desbarreaux-Bernard. 

Bonnejoy. 

L.  F.  Chéreau. 

Chirurgiens  de  Paris  (Bib.  des). 

G.  Clérault 

D.  Paul  Boucher. 

D.  Bouland  (4  différents). 


N" 


1133. 


L'INTERMÉDIAIRE 


931 


orthographié  avec  un  n  tandis  que  la  fa- 
mille connue  écrit  le  sien  avec  un  ni. 

J'ajoute  que  ce  n'est  pas  seulement  la 
génération  de  1835  qui  a  fait  ses  délices  de 
ce  livre  d'un  intérêt  palpitant.  Je  l'ai  dé- 
voré entre  18615  et  1870  et  je  |)u]s  affir- 
mer qu'à  cette  époque  encore  le  Dernier 
des  Rabûiteins  était  donné  en  prix  dans  les 
établissements  religieux  et  était  lu  avec 
passion  par  les  collégiens  et  même  par 
leurs  parents. 

Je  suis  heureux  de  voir  que  M.  G.  Le- 
nôtre  veut  bien  se  joindre  à  moi  pour 
demander  qu'on  tâche  de  dégager  ce  qu'il 
y  a  de  vrai  dans  l'aventure  et  je  souhaite 
que  son  appel  autorisé  soit  entendu. 

Baron  J.  de  Witte. 

Un  lâcheur  (LIV,  729).  —  Ce  n'est 
pas  «  le  docteur  Féron  »  qu'il  faut  lire, 
mais  «  le  docteur  Véron  ».  d'E. 

QuiîicampO!X('LlV,784,876)  — L'étu- 
de que  je  viens  défaire  des  fiefs  et  seigneu- 
ries du  canton  de  Montfort,  m'a  prouvé 
que  le  plus  grand  nombre  ont  été  possé- 
dés par  des  famille  de  Paris  ou  de  l'Ile 
de  France.  Etienne  Pasquier  et  ses  fils, 
comme  les  Cyrano,  et  après  eux  les  Fran- 
cini,  étaient  dans  ce  cas. 

Or,  il  existe  en  Seine-et-Oise,  trois  ha- 
meaux du  nom  de  Qiiincampoix  ;  dans 
les  communes  d'Abbeville,  de  Fontenay- 
lez-Briis  et  des  Molières  Si  on  veut  consul- 
ter les  notices  communales  qui  sont  à  la 
préfecture  de  Versailles,  on  trouvera  cer- 
tainement ces  anciens  seigneurs  et  on  ar- 
rivera peut-être  à  des  identifications  à  peu 

près  certaines.  E.  Grave. 

* 
*  * 

Pesche,dans  son  Dictionnaire  topographi- 
que, f'istorique  et  statistique  de  la  Sartlje 
(1826)  t.  IV,  p.  587,  art.  Qiiincanipoix, 
donne  à  ce  nom  l'origine  suivante  : 

«  Quinican.poix.,    qninquempoix,    quin 
quém-pagus  ;   ancienne   paroisse    dont    le 
nom  signifie  cinq  pays,  cinq  territoires... 

«  Différents  lieux,  notamment  une 
ferme  en  Mont-Saini-Jean  (Sarthe),  un 
moulin  à  Cherré  portent  le  nom  de  Qiiin- 
carupoix.  Pour  ce  dernier  qui  était  jadis  à 
foulon,  il  est  probable,  d'après  l'étymolo- 
gie  de  ce  nom,  qu'il  était  à  l'usage  de 
cinq  paroisses  ou  de  cinq  terres  seigneu- 
riales, cinq  fiefs.  »  L.  Calendini.       ] 


932     

Amoral.  Arelgieux  (LIV,  722). 
—  Amoral  peut  encore  avoir  un  sens  et 
désigner  certains  actes  qui  n'ont  pas  par 
eux-mêmes  de  moralité  et  ne  l'acquièrent 
qu'en  vertu  des  circonstances  qui  les 
accompagnent.  Jadis,  en  philosophie,  on 
se  contentait  de  les  appeler  «  indiffé- 
rents ». 

Areligieux  parait  quelque  peu  faire  dou- 
ble emploi  avec  Atljée.  En  fait,  il  ne  cor- 
respond à  rien  de  réel,  il  n'existe  pas 
d'homme  et  à  plus  forte  raison  de  société 
qui  puisse  se  flatter  de  n'être  ni  religieux, 
ni  irréligieux,  celui  qui  n'est  pas  l'un  est 
bien  près  d'être  l'autre  ;  c'est  le  cas  de  se 
souvenir  de  la  célèbre  parole  :  «  Celui 
<<  qui  n'est  pas  avec  moi  est  contre  moi  ». 

En  résumé,  areligieux  sera  bientôt,  s'il 
ne  l'est  déjà,  complètement  synonyme 
d'irréligieux.  G.  La  Brèche. 

ï ;:andouiller . Emni ar  oy er . Touil- 
ler (LIV,  784,  877).  —  r  Je  lui  ai  donné 
une  randoiiillée  (volée  de  coups),  écrit 
aussi  rendouillce. 

C  R.  de  M.  Vocabulaire  du  Haut- 
Maine.^  pp.  394  et  497. 

Cet  auteur  donne  comme  origine  à  ce 
nom   randon,  violence. 

Plus  loin,  il  cite  le  verbe  lendouiller 
(p.  404)  «  agiter  l'eau  avec  la  vase  ou 
avec  du  purin  de  fumier  pour  pratiquer 
des  irrigations  ». 

2"  Le  verbe  touiller.^  salir,  souiller,  traî- 
ner dans  l'eau  ou  dans  la  boue,  est  un 
vieux  mot  français  donné  pir  Robert 
Estienne  pour  S3'nonyme  à  mêler,  mettre 
en  désordre  : 

Cil  qui  lesont  es  tours  montés 
Les  revont  forment  toiivillant 
Car  ils  leur  gietent  plomb  boillant 

Guili.  Guiart.  I,  vers  3639'*. 
Ayant   touillé  vos  mains  au  faict  plus  odieux 
Q^ui  se  soit  oucq  admis  à    la  face  des  Dieux. 
(Luc  Percheron  Tragédie  de  Pyrrhe,  acteV) 

Ce  mot  a  des  dérivés  : 

a)  Touillasse  (s.  f.)  là  où  se  touillent  les 
animaux. 

b)  Touillement  action  de  touiller. 

c)  Tantouiller .  Je  vi'sal  ben  tantouillé  la 
pi  au 

d)  Patouiller,  remuer  les  mains  ou  les 
pieds  dans  la  vase  ou  quelque  liquide  mal- 
propre. 

e)  Patouillard,  qui  patouille. 

f)  Paloi,  patoué,  palouil,  eau  sale,  bour- 
bier. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


20  Décembre  k^o^. 


933 


934 


Cf...  le  même  auteur  à  ces  divers  mots. 
Louis  Calendini. 


Le  mot  touiller  est  employé  dans  le 
peuple  à  Paris,  encore  à  l'heure  présente, 
je  l'ai  entendu  prononcer  par  une  femme, 
récemment,  au  moment  où  elle  remuait 
de  la  salade.  C'est  peut-être  un  mot  im- 
porté de  Flandre  ou  d'ailleurs. 

En  tout  cas,  je  ne  le  trouve  pas  dans 
les  Glossaires  du  Poitou  et  je  ne  l'ai 
jamais  entendu  prononcer  dans  l'ouest. 

D^  M.  Baudouin. 

*  * 

Touiller  n'est  pas  mêler.  Ce  mot  expri- 
me une  nuance  très  particulière  :  mêler 
comme  il  faut. 

Un  enfant  ne  touille  pas  les  papiers  de 
son  père,  un  chien  ne  touille  pas  un  jeu  de 
quilles,  mais  un  joueur  touille  un  jeu  de 
dominos,  une  cuisinière  touille  la  salade, 
une  laveuse  touille  le  linge,  un  jardinier 
touille  des  graines  assorties,  etc.  Touiller 
est  travail  utile. 

Pourquoi  ce  mot  dialectal,  qui  n'a  pas 
de  synonyme  en  français,  n'entrerait-il 
pas  dans  la  langue  î  Parce  qu'on  lui 
trouve  une  sonorité  vulgaire  ?  Pas  plus 
vulgaire  que  celle  de  fouiller,  mouiller, 
brouiller,  rouiller,  souiller,  que  nous  pro- 
nonçons tous  les  jours.  Candide. 

*  * 

En  patois  berrichon  ,   le   mot    touiller 

signifie  crotter,  salir  de  boue.  Exemple  : 
se  touiller,  se  crotter. 

Patouiller,  eau  sale,  boue  délayée. 
Exemple  :  «  La  pluie  a  lavé  la  homille 
(boue,  crotte),  ça  fait  une  patouille  à  ne 
pouvoir  y  passer  ». 

On  emploie  aussi,  en  Berry,  l'expres- 
sion matgouiller  ,  pour  patauger  :  «  ça 
margouille  »  quand  la  boue  s'attache 
aux  pieds. 

Voir  Le  Glossaire  du  centre  de  la  France^ 
par  le  comte  Jaubert,  ouvrage  couronné 
par  l'Académie,  dans  sa  séance  générale 
du  14  août  1836.  2  vol.  gr.  in-8".  Paris, 
Chaix  et  O*  s.  d, 

Victor  Deseglise. 

♦ 

Ces  trois  mots  soni:  usités  en  Picardie. 

Randouler  s'emploie  dans  le  Boulon- 
nais avec  le  sens  de  «  faire  rouler  sans 
précaution  et  à  grand  bruit  des  vases  de 
cuisine  et  d'autres  objets  ».  —  «  Quant 
aux  personnes,  elles  sont  randoulées  dans 


une  voiture  qui  tressaute  sur  un  chemin 
mal  pavé  ».  (D.  Haigneré,  Vocabulaire  du 
patois  boulonnais).  —  Randoulc'e  signifie 
une  volée  de  coups.  (Ibid.)  Aux  environs 
de  Saint-Pol  (Pas-deCalais),  randouler  est 
employé  avec  le  même  sens.  Randoule  ou 
randouillure  a  le  sens  de  randouUe  et  si- 
gnifie grêle  de  coups,  rossée,  verte  cor- 
rection, 

Enunarvoyer  ou  Enmarvoyer^d.'wn  usage 
général  en  Picardie,  signifie  contrarier, 
ch.^griner,  tourmenter. 

Touiller  est  aussi  fréquemment  employé 
par  les  paysans  picards  ;  il  signifie  «  mê- 
ler, mélanger,  mettre  en  désordre  ». 
(Alcius  Ledieu,  Glossaire  du  patois  de 
Démnin).  Ses  dérivés  sont  :  Touillage^ 
touiller,  mélange,  gâchis  ;  — 
remuage,  emmêlement  ;  — 
Touilleu,  celui  qui  touille,  — 
Touilleuse,  celle  qui  touille. 
G.  O.  Vast. 


action  de 
Touillure^ 
Touillard, 
Tout  Hoir e. 


«Tun'es  qu'un  Givors  1»(LIV,729). 
—  Pour  répondre  à  la  question  posée  dans 
l'avant-dernier  numéro,  je  puis  indiquer 
concernant  l'expression  :  Tu  n'es  qu'un 
Givors.  l'article  signé  E.  Duboc,  paru 
dans  VÂlnmnach  du  Drapeau,  page  414- 
416.  Paris,  Hachette,  1900. 

A.  P.  M. 


♦ 
m'a  été 


Voici  ce  qui  m'a  été  raconté  sur  l'ori- 
gine de  cette  expression  qui  veut  dire  : 
tu  n'es  qu'un  «  daim  ».  A  bord  d'un  ba- 
teau de  guerre,  les  fourriers  s'ennuyant 
un  jour  firent  passer  un  avis,  que,  vu  les 
grèves,  la  verrerie  de  Givors  avait  besoin 
de  souffleurs  de  bouteilles,  gain,  7  à  8  fr. 
par  jour.  La  verrerie,  disaient-ils,  s'était 
adressée  à  la  marine  pour  avoir  de  vigou- 
reux poumons,  et,  en  conséquence,  ceux 
qui  voulaient  se  faire  inscrire  devaient 
subir  une  épreuve. 

Les  matelots  venaient  s'inscrire  en 
foule  et  les  épreuves  commençaient  :  il 
fallait  souffler  une  bougie  à  une  distance 
donnée  ou  bien  souffler  dans  un  mano- 
mètre de  fantaisie, ''et  très  gravement,  les 
fourriers  enregistraient  les  résultats, rayant 
les  uns,  inscrivant  les  autres. 

Parmi  les  refusés,  un  vieux  mathurin 
alla  se  plaindre  au  commandant,  disant 
que,  père  de  famille,  il  pouvait  aussi  bien 
souffler  que  les  blancs-becs.  Le  comman- 
dant qui  ne  savait  ce  que  ça  voulait  dire, 


N" 


15Î. 


L'INTERMEDIAIRE 


935  — 

sort  de  sa  cabine  et  demande  à  un  matelot  : 
Où  est  le  fourrier  ?  —  Mon  commandant 
il  inscrit  ceux  de  Givois.  Le  commandant 
de  plus  en  plus  intrigiié,  flairant  une  fu- 
misterie, interroge  d'autres  matelots  et 
entend  parler  de  Givors  à  chaque  instant. 
Enfin  il  fit  irruption  dans  la  chambre  où 
les  fourriers  éprouvaient  les  souffleurs. 

Depuis  ce  temps,  quand  un  matelot  veut 
se  moquer  d'un  autre,  il  lui  dit  :  «  Va 
donc,  tu  n'es  qu'un  Givors  !  ».     Ch.  D. 

Reprendre    du  poil  de  la   bêta 

(LIV,  504,  654,  766,  830).  —  Nous  avons 
en  Poitou  le  chien  rouge  et  le  chien  vert, 
animaux  purement  fantastiques. 

Notre  chien  vert,  comme  le  loup  vert 
de  Jumièges,  appartient  à  la  sorcellerie, 
tel  aussi  le  bouc^^;5  de  la  Vendée. 

On  dit  d'un  ivrogne  qu'il  a  été  mordu 
par  le  chien  ronge  .  C'est  là  notre  bête  au 
poil  salutaire,  il  s'agit  encore  d'un  chien, 
mais  avec  cette  particularité  de  plus, 
qu'il  est  rouge^  le  vin  n'a-t-il  pas  souvent 
cette  couleur  ? 

Il  serait  curieux  de  savoir  si  ce  chien 
rouge  est  connu  par  ailleurs,  la  chose  est 
probable. 

Ne  s'est-on  pas  demandé  quel  rapport 
la  tradition  populaire  pouvait  bien  avoir 
trouvé  entre  le  chien  et  l'incendie.  Ne 
serait-ce  point  à  cause  de  cette  prétendue 
couleur  rouge  qui  est  aussi  celle  du  feu  ? 
A  qui  nous  reprocherait  d'envahir  arbi- 
trairement le  domaine  de  la  légende, 
nous  pourrions  citer  le  bras  ronge,  sorte 
d'ondin  méchant  de  la  Sèvrc  et  de  la 
Drôme.  Léda. 

Lapsus  au  théâtre.  Contre  pet- 
teries  célèbres  (LIV,  617,  829).  ~  Je 
me  rappelle  avoir,  en  185 1  ou  1852, 
époque  des  premières  installations  du  té- 
légraphe électrique  sur  nos  voies  ferrées, 
entendu  citer  cette  phrase,  probablement 
composée  à  plaisir  :  «  Etes  vous  à  piste 
foxe.  près  de  ce  télégriphe  électraque, 
sur  ce  chemer  de  fin  »  ^  V.  A.  T. 

•    •         •        *  * 

Un  missionnaire  chinois  terminait  son  dis- 
cours par  souhaiter  le  ciel  à  ses  auditeurs, 
qui  se  mirent  à  rire  en  l'entendant.  Feu 
au  courant  des  finesses  de  la  langue  chi- 
noise, il  avait  souhaité  à  ses  auditeurs,  au 
lieu  du  ciel,  des  pattes  de  canard. 

On  connaît  cette  contrepetterie  :  un  pré- 


936 . 

dicateur  terminant  son  sermon  par  ces 
mots  :  «  Et  que  Dieu  vous  en  fasse  la  grâce  >> 
s'embrouilla  et  d'une  voix  émue,  s'écria  : 
«  Que  Dieu  vous  engraisse  la  face.  » 

X.  X.  X. 

*  *  . 

A  citer  aussi  l'anecdote  suivante  que  je 
relève  dans  Vlntermédixiie  (XXIV,  986)  : 

C'était  au  théâtre  du  Cirque.  «  La  scène 
représentait  un  bivouac  désolé  que  visi- 
tait Napoléon  : 

«  —  Hé  bien,  mes  enfants,  il  ne  fait  pas 
«  bon  ici. 

«  Le  tambour-major  devait  répondre  : 
«  Qiielle  détresse,  sire  ! 

«  Tout  alla  bien  aux  répétitions. 

«  A  la  première,  le  tambour-major, 
%<  pris  d'émotion,  perdit  la  mémoire  et 
«  dit  :  QiieUe  dèche,  sire  I 

«  La  salle  éclata  en  applaudissements, 
«  et  le  mot  est  resté.  » 

Un  capitaine  : 

Au  lieu  de  :  s<  Sonnez,  trompettes  »  : 
«  Trompez,  sonnettes  ».         Curiosus  . 

Le  mot  «  sujet»  (LIV,  172,  291, 
599.  —  Aux  conclusions  persuasives  four- 
nies par  V Ancien  Magistrat,  il  faut  ajou- 
ter l'étymologie  de  ce  mot,  qui  n'est  autre 
que  le  suh  jectus  latin  du  verbe  suh  jacere 
(gîser  sous...).  Or,  on  peut  être  jectus  sub 
Repuhlica  comme  aussi  être  jectus  siib 
rege,  de  sorte  que  ce  mot  indique  indiffé- 
remment le  citoyen  d'une  monarchie  ou 
d'un  Etat  républicain. 

C'est  un  peu  le  cas  du  mot  souveraineté. 
Dans  le  langage  des  chancelleries,  on  parle 
des  droits  de  souveraineté  de  la  France, 
des  Etats  Unis,  de  la  Suisse  et  de  toute 
autre  république  sur  certains  territoires, 
quoique  la  forme  de  ces  gouvernements 
n'admette  pas  le  souverain  individu. 

COLOCCl. 

La  sensation  du  vol  aérien  pen- 
dant 1:>  sommeil  (LUI;  LIV,  98,  265). 
—  Je  ne  sais  si  quelqu'un  a  rappelé  ces 
paroles  de  Fourier,  le  phalanstérien  : 

II  nous  arrive  parfois  pendant  le  sommeil, 
de  goûter  ce  plaisir,  ce  bien-être  du  corps 
parcourant  un  espace  immense  avec  plus  de 
lapidito  que  l'hirondelle  et  se  détachant  de 
la  terre  sans  intervention  d'ailes  :  c'est  une 
faculté  dont  jouissent  constamment,  dans 
l'autre  vie,  les  âmes  des  défunts  pourvues  de 
corps  aromaux  ;   c'est  dans  ce  plaisir  inconnu 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  20  Décembre   190e. 


9^7 


938 


pour  nous,  que  consiste  le  bonheur  d'exister, 
et  jouir  à  chaque  instant,  par  le  seul  avan- 
tage de  se  mouvoir  sans  fouler  la  teire,  sans 
forcer  de  jambes,  sans  s'aider  d'un  porteur. 
Cf  Ch.  Fourier,  Théorie  de  l'unité 
uriiversclh',  1  partie,  Prolégomènes,  Pivot 
direct,  Ulter,  hnmortalité  bi-composée. 

G.   FOURNIER. 

La  seconda  vue  (LIV,  784).  —  Va- 
lère  Maxime  nous  rapporte  le  fait  suivant: 
Deux  amis  Arcadiens  vojageant  ensemble 
se  rendaient  à  Mégare.  l'un  chez  une  per- 
sonne de  sa  connaissance,  l'autre  dans 
une  auberge.  Le  premier  vit  en  songe 
son  compagnon  de  route  le  suppliant  de 
venir  à  son  secours  et  le  défendre  contre 
les  attaques  de  l'aubergiste.  Réveillé  par 
cette  vision,  il  saute  à  bas  de  son  lit  et 
gagne  au  plus  vite  la  taverne  ;  mais  se 
ravisant,  il  se  remet  à  dormir.  L'image 
du  blessé  lui  réapparaît,  réclamant  une 
vengeance  ;  le  malheureux  lui  conte  que 
son  corps,  massacré  par  l'aubergiste, 
vient  d'être  transporté  sur  un  char  à  la 
campagne  et  recouvert  de  fumier.  Vaincu 
par  les  prières  réitérées  de  son  compa- 
gnon de  voyage,  il  accourt  aux  portes  de 
la  ville  et  aperçoit  le  char  en  question  et 
la  victime.  L'aubergiste  fut  condamné  à 
mort  sur  la  plainte  de  l'Arcadien  survi- 
vant. Cow  BoY. 

Serpent.  Anecdote  extraordi- 
naire de  Michelet  (LIV,  1 1 1 ,  203, 266, 
481,602).  —  Depuis  que  la  question  est 
posée,  on  n'a  rien  cité  d'antérieur  au 
texte  de  Michelet.  La  légende  est  cepen- 
dant beaucoup  plus  ancienne.  Elle  re- 
monte si  bien  à  l'antiquité  que  le  nom 
même  du  serpent  boa  n'a  pas  d'autre  ori- 
gine. 

Les  Latins  appelaient  boa  ou  hova  une 
vipère  d'Italie  qui  tétait  leurs  vaches. 
Aluntur  primo  biihuli  lactis  succo,  unde 
nomen  ir.ixere  (Pline,  viii,  14). 

Elien  et  Plutarque  ont  rapporté  l'un  et 
l'autre  des  histoires  de  femmes  aimées  par 
des  serpents  en  Arabie  et  en  Grèce.  Flau- 
bert, en  mettant  la  scène  à  Carthage,  n"a 
changé  que  peu  de  chose  à  leurs  récits. 
Il  les  avait  lus. 

On  découvrirait  certainement  des  faits 
analogues  chez  les  anecdotiers  du  xvi* 
siècle  Voici  une  allusion  que  je  retrouve 
dans  un  poëme  de  1676,  le  Temple  de 
Marsioi  ; 


Comme  on  voit  un  serpent  échaper  au  teton, 
;    Qu'il  a  longtemps succé  d'un  appétit  glouton, 
i    Et  tomber  immobile  auprès  de  la  bergère 
j    Que  le  traître  a  surprise... 

Voici  que  de  nouveau  je  retombe  en  faiblesse. 

Candide. 

Vous  êtes  mon l;on... 'Victor Hugo 
©t  Mile  Mars  (LIV,  779,  872).  —  II  y  a 
une  trentaine  d'années,  j'ai  eu  l'occasion 
d'acheter  à  la  librairie  Hénaux,  quai 
Malaquais,  à  Paris,  plusieurs  volumes,  en 
édition  originale,  provenant  de  la  biblio- 
thèque de  Mlle  Mars,  entre  autres  Heinani, 
Paris,  Mame,  Deiaunay-Vallée,  1830,  on 
y  lit  en  effet,  page  70  : 

Vous  êtes  mon  seigneur, vaillant  et  généreux  1 
Je  vous  aime. 

On  connaît  les  discussions  qui  eurent 
lieu,  pendant  les  répétitions  entre  l'auteur 
et  l'actrice,  au  sujet  du  mot  «  lion  ». 
Néanmoins  le  bon  accord  fut  rétabli,  car 
sur  le  dit  exemplaire  offert  par  Victor 
Hugo  se  trouve  cet  ex-dono  : 
A  Mademoiselle  Mars 
Hommage  d'admiration 

Victor  H  . 
En  outre  est  ajoutée  une  lettre  autogra- 
phe, page  in-8°,  avec  l'adresse  postale, 
2  avril  1830  :  — 

Mademoiselle  Mars, 

54  ter  rue  Saint-Lazare. 
pressé. 
Je  renouvelle  à  ma  sublime  Dona  Sol   tous 
mes  remercîments  personnels    pour   la   grâce 
qu'elle  a  eue  de  jouer  mercredi. 

Je  garderai,  comme  elle,  souvenir  de  ce 
jour-là,  mais  souvenir  de  reconnaissance  et 
de  dévouaient. 

Son  plus  ardent  admirateur, 

Victor  Hugo. 
Ce  jeudi. 

A  l'exemplaire  on  a  ajouté  : 

Un  portrait  de  Victor  Hugo,  lithogra- 
phie de  l'époque  —  et 

Une  lithographie  énergique  de  Raffet 
avec  la  légende  : 

Dona  Sol. 

Vous  voyez  ce  poignard? 

Ah  !   vieillard    insensé, 

Craignez-vous  paslefer,quandrœila  menacé? 

Acte  5,    scène  6. 
Victor  Deséglise. 


* 


Un  très  fin  lettré  deviné  derrière  les 
deux  initiales  H.  M.  m'adresse  une  ques- 
tion sur  le  fameux  vers  : 


N»  11331. 


LlNTERMÉDIAIÏiÊ 


939 


940 


Vous  êtes  mon  Iton  superbe  et  généreux, 
Il  rappelle  à  ce  sujet  une  citation  des 
Mémoires  d'Alexandre  Dumas  reproduite 
dans  yictor  Hugo  raconté,  et  la  célèbre 
querelle  entre  Mlle  Mars  et  Victor  Hugo, 
Mlle  Mars  éprouvant  une  certaine  répu- 
gnance à  appeler  M.  Firmin  mon  lion, 
voulait  modifier  le  vers  ainsi  : 
Vous  êtes  mo7i  seigneur  superbe  et  généreux^ 

Victor  Hugo  résista,  et  il  donna  lui- 
même  la  raison  :  «  mon  lioti  relève  le  vers 
et  mon  seigneur  l'aplatit.  » 

Or,  H.  M.  me  pose  la  question  sui- 
vante :  Comment  concilier  cette  anecdote 
avec  le  fait  qu'au  moment  des  répétitions 
le  vers  sur  lequel  se  livrèrent  ces  batailles 
n'existait  pas  ? 

Je  réponds  sur  ce  premier  point  que  le 
vers  : 

Vous   êtes  mon  lion  superbe  et  généreux, 

existait  avant  et  pendant  les  répétitions  » 
que  c'est  même  le  seul  qui  ait  été  écrit,  le 
seul  qui  figure  sur  le  manuscrit  ;  et  Victor 
Hugo  a  si  bien  voulu  écrire  ce  vers,  et 
celui-là  seul,  que  ce  mot  de  quatre  lettres 
lion  n'étant  pas  suffisamment  marqué, 
dans  la  rapidité  de  l'improvisation,  a  été 
repassé  à  l'encre,  les  quatre  lettres  plus 
noires  recouvrant  exactement  et  laissant 
voir  les  quatre  lettres  primitives.  Donc, 
sur  ce  point  il  n'y  a  pas  d'équivoque,  le 
vers  du  lion  est  le  seul  qui  existe.  11  n'y  a 
pas  une  seule  variante.  Et  on  sait  que  le 
poète  était  prodigue  de  variantes.  11  n'a 
même  pas  voulu  noter  la  variante  de  mon 
seigneur  qui  lui  avait  été  soufflée  par 
Mlle  Mars. 

H,  M.  ajoute,  il  est  vrai,  que  le  vers  du 
lion  ne  se  trouve  ni  dans  la  première,  ni 
dans  la  seconde  édition  d'Hernani,  qu'il 
est  remplacé  par  le  suivant,  proposé  par 
Mlle  Mars,  mais  avec  une  petite  modifi- 
cation : 
Vous  êtes  mon  Seigneur,  vaillant  et  généreux. 

Si  donc  la  querelle  entre  Victor  Hugo 
et  Mlle  Mars  est  exacte  au  sujet  du  lion, 
elle  aurait  eu  un  autre  dénouement  que 
celui  qui  a  été  indiqué  par  Alexandre 
Dumas  et  qui  a  été  reproduit  dans  Victor 
Hugo  raconté.  Le  poète  aurait  d'abord 
résisté,  aurait  maintenu  son  vers,  mais  il 
n'aurait  f»as  persisté  jusqu'au  bout  dans 
sa  résistance  et  aurait  subi  plutôt  qu'ac- 
cepté le  vers  : 

Vous  êtes  mon  seigneur  vaillant  et  généreux, 
d'abord,  pour  désarmer   son   interprète, 


I  ensuite  pour  ne  pas  trop  désorienter  les 
classiques.  Sur  ce  dernier  point,  il  ne  peut 
pas  y  avoir  d'incertitude. 

En  effet,  le  manuscrit  du  souffleur  daté 
de  1830  porte  le  vers  "  proposé  par 
Mlle  Mars. 

Ce  manuscrit  est  intéressant  à  étudier. 
Il  renfermait  tout  d'abord  le  vers  : 

Vous  êtes  mon  lion  superbe  et  généreux. 

Au-dessus  des  mots  soulignés  on  avait 
écrit  au  crayon  mon  seigneur  vaillant.  On 
a  effacé  ces  mots  ;  mais  on  distingue 
encore  les  lettres  m  0  la  queue  du  g  et 
trois  lettres  aiet  t  du  mot  vaillant  ;  puis 
les  trois  seuls  mots  mon  lion  superbe  ont 
été  grattés  dans  le  vers  et,  d'une  écriture 
plus  grasse,  ont  été  remplacés  par  mon 
seigneur  vaillant. 

C'est  ce  manuscrit  conforme  à  la  repré- 
sentation qui  a  été  remis  à  l'éditeur,  voilà 
pourquoi  le  vers  de  Mlle  Mars  se  trouve 
dans   l'édition   originale. 

Il  résulte  de  cette  controverse  que 
Victor  Hugo  a  écrit  un  beau  vers  et  que 
le  vers  plat,  amélioré,  je  l'avoue  par  la  vir- 
gule après  mon  seigneur,  n'a  jamais  existé 
ni  dans  son  esprit  ni  dans  son  manuscrit. 

Gustave  Simon. 

Victor  Considérant  et  la  doc- 
trine (LIV,  836).  — Je  ne  trancherai  pas 
la  question  de  doctrine.  Il  existe  encore 
des  amis  de  Victor  Considérant,  peut-être 
même  des  disciples,  c'est  à  eux  à  se  pro- 
noncer. Je  ne  puis  que  communiquer  cette 
lettre  qui  figurait  au  dernier  catalogue 
Noël  Charavay.  Je  la  tiens  de  son  obli- 
geance inépuisable.  C'est  Victor  Considé- 
rant qui  parle.  On  le  trouvera  peut-être 
un  peu  bien  religieux  et  mystique,  et  ce 
ne  sera  pas  la  moindre  des  surprises 
qu'éprouveront  ceux  qui  ont  cru,  par  la 
façon  dont  il  fut  parlé  de  lui,  à  sa  mort, 
qu'il  fallait  voir  dans  Considérant  un  so- 
cialiste démolisseur  de  notre  vieux  monde 
et  de  ses  traditions. 

La  lettre  est  écrite  sur  du  papier  à  en- 
tête ;  on  lit  dans  la  manchette  : 

«  Ecole  socialiste.  La  Phalange,  jour- 
nal de  la  science  sociale,  politique,  in- 
dustriel et  littéraire,  rue  Jacob,  54  bis.  » 

Puis,  en  manchette,  toujours  : 

«  Dépôt  central  des  publications  de 
l'Ecole  sociétaire.  On  est  libre  de  ne  pas 
affranchir  les  lettres  où  l'on  fait  les  de- 
mandes d'abonnement,  » 


DES  CHERCHEURS   ET  CURIEUX 


20   Décembre  1906. 


941 


942 


Phalange  paraît  les  mercredi  et 
de  chaque  semaine.  Prix  de 
3=5  fr.   Six  mois,  19  fr. Trois  mois 


«  La 

samedi 
l'année, 
10  fr.  » 

Je  relève  ces  indications,  elles  peuvent 
être  utiles  pour  une  histoire  de  la  presse. 

Arrivons  à  la  lettre.  En  voici  le  texte  : 

V"  Considérant  directeur  de  La  Pha- 
lange, disciple  de  Fouricr,  à  Sa  Seigneu- 
rie, 

Le  Révérend  Père  Cipolsiti.  ancien  géné- 
ral de  V ordre  des  prédicateurs. 

Paris,   It  27  octobre  1838. 
Mon  Révérend  Père, 

Les  journaux  français  viennent  d'annoncer, 
d'après  le  Diario  di  Rorna,  que  Votre  Sei- 
gneurie a  prononcé,  devant  l'académie  de  la 
religion  catholique  de  Rome,  une  réfutation 
excellente  de  la  théorie  d'association  de 
Charles  Fourier  et  des  travaux  de  ses  disci- 
ples. 

En  propageant  cette  théorie, mon  Révérend 
Père,  nous  obéissons  aux  sentiments  les  plus 
religieux,  car  nous  croyons  qu'elle  apporte  le 
moyen  de  faireenfin  vivre  en  bonne  harmonie 
les  hommes  qui  jusqu'ici  se  sont  déchirés  en- 
tre eux  comme  des  bétes  féroces  malgré  les 
efforts  de  toutes  les  églises  chrétiennes  et  prin- 
cipalement de  la  sainte  et  puissante  église 
catholique, apostolique  et  romaine. Un  système 
qui  aura  pour  effet  (ainsi  que  nous  ne  pou- 
vons en  douter), de  mettre  la  paix,  la  justice 
et  le  bonheur  dans  les  relations  des  hommes, 
de  faire  régner  sur  toute  la  terre  la  frater- 
nité évangélique  et  la  gloire  de  Dieu  est  né- 
cessairement d'origine  divine,  car  tout  bien 
et  toute  vérité  viennent  de  Dieu, 

Aussi,  mon  Révérend  Père,  nous  croyons 
être  les  fidèles  serviteurs  de  Dieu  et  de  l'hu- 
manité en  travaillant  à  répandre  cette  doc- 
trine dont  la  réalisation  sera  le   salut  social 
du  monde,  et  qui,    amenant    l'unité  des  na- 
tions préparera  le  triomphe  de  la  vérité  sur 
toute  la  terre,  et   en  particulier   le   triomphe 
universel  de  la    vérité    religieuse.  Il   ne  faut 
pas  douter,  ô  mon  Père,  que  si    l'Empire   du 
monde  est  réservé  à  la   Foi  catholique,  apos- 
tolique et  romaine,  c'est  à    la    suite  de  l'éta- 
blissement   de   Vmiité  sociale  que  cette   Foi 
pourra  seulement  conquérir  tout  son  empire; 
car   cette    conquête    lui    serait   toujours  bien 
difficile  tant  que  la  famille  humaine  resterait 
morcelée  en  mille  peuples  sauvages,  barbares 
ou  civilisés,  ennemis  les    uns    des  autres,  et 
dont  les  intérêts,  les  mœurs,  l'état  social,  le 
langage,  etc.  etc.,   offrent  la  plus    inextrica- 
ble, la    plus   fatale    incohérence.  Et  sans  nul 
doute,    à    nos  yeux,     mon    Révérend    Père, 
l'Eglise  catholique  et  son  vénérable  et  pieux 
chef  remonteraient    à   leur  ancienne    place, 


reprendraient  leur  ancienne  influence  sur  les 
peuples  et  rétendraient  jusqu'aux  confins  les 
plus  reculés  du  monde,  si  par  l'initiation  fa- 
cile de  l'organisation  sociétaire  et  de  l'har- 
monie sociale,  ils  se  faisaient  des  droits  sou- 
verains à  !a  reconnaissance  et  à  l'amour  uni- 
versel des  nations. 

Notre  conviction  profonde  dans  la  bonté 
delà  voie  que  nous  suivons  ne  nous  empê- 
che point,  mon  Révérend  Père,  de  rechercher 
la  vérité  partout,  même  et  surtout  dans  les 
objections  qui  sont  faites  à  la  théorie  que 
nous  défendons.  El  comme  Votre  Seigneu- 
rie en  se  tenant  à  la  réfutation  de  cette 
théorie  n'avait  certainement  pas  pour  but  de 
prononcer  un  discours  académique,  mais 
bien  de  détruire  ce  qu'elle  regarde  comme 
une  grande  erreur,  nous  ne  doutons  pas  du 
plaisir  pieux  qu'elle  va  ressentir  en  voyant 
les  propagateuis  de  ce  qu'elle  regarde  comme 
une  erreur,  demander  avec  empressement, 
eux-mêmes,  non  seulement  à  éclairer  leur  es- 
prit par  la  connaissance  de  ladite  réfutation, 
mais  encore  à  éclairer,  en  rendant  cette  réfu- 
tation publique,  l'esprit  de  tous  ceux  qui  ont 
été  jusqu'ici  séduits  par  leur  théorie. 

Que  Voire  Seigneurie, mon  Révérend  Père, 
daigne  donc  avoir  la  bonté  (qu'on  doit  con- 
sidérer en  même  temps  et  sans  laquelle  la 
réfutation  n'aurait  pas  de  but  utile)  de  faire 
parvenir  à  celui  qui  a  l'honneur  de  lui  par- 
ler en  ce  moment,  le  discours  qu'elle  a  pro- 
noncé sur  la  théorie  d'association  de  Fou- 
rier devant  l'académie  de  la  religion  catholi- 
que, avec  la  permission  de  publier  ce  dis- 
cours dans  La  Phalange, ]on\x\A  de  l'Ecole  so- 
ciétaire, fondé  par  Fourier. 

J'ai  l'honneur,   d'être,  de  Votre  Seigneurie, 

mon  Révérend  père, 
le     très    humble,      très    respectueux    et  très 
obéissant  serviteur, 

Victor  Considérant. 
Paris,  rue  de   Taraune,n°  8. 

Cette  lettre  ne  répond  pas  entièrement 
à  la  question,  mais  on  conviendra  qu'elle 
est  fort  curieuse  et  un  peu  inattendue. 
Maintenant,  j'avoue  ignorer  si  les  amis 
de  Considérant  préparent  une  étude  et 
par  conséquent  où  elle  en  est.  Mais  s'ils 
ne  connaissent  pas  cette  lettre,  ils  la 
liront  avec  intérêt.  Y. 

|fot«^.   i^vounaill^s    d  (fyxnmih 

Le  mystérieux  conteur  «Du  Roc 
Sort  Manne  ».  —  Le  12  septembre 
1573,  le  Roi  donnait  privilège  à  Nicolas 
Bonfons  d'imprimer  et  exposer  en  vente 
un  recueil  de  contes  inédits  dont  voici  le 
titre  d'après  l'édition  de  1^74  : 


N°  1133. 


L'INTERMEDIAIRE 


943 


944 


Nouveaux  récits  ou  comptes  moralise:^, 
joinct  à  chascun  le  sens  moral  par  Du  Roc 
Sort  Manne,  avec  Privilège.  —  A  Paris,  par 
Nicolas  Bonfons,  rue  neuve  nostre  Dame,  à 
l'enseigne  Sainct  Nicolas.  —  ■574.  — petit 
in-8°  frontisp.  gravé.  16  ff.  non  chiffrés, 
178  ff.  chiffrés,  i  f.  non  chiffré  pour  le  privi- 
lège. 

Ce  recueil  se  compose  de  vingt-trois 
nouvelles  licencieuses  à  la  suite  desquelles 
l'auteur  se  contente  de  dire  aux  dames  : 
«  Gardez-vous  d'en  faire  autant  ».  Sa 
«  moralité  »  ne  va  pas  plus  loin. 

De  l'édition  de  1574,  c'est  toujours 
le  même  exemplaire  qui  passe  en  vente 
depuis  deux  siècles.  Du  Fay  le  fit  relier 
en  veau  chez  Padeloup.  Le  comte  de 
Toulouse  l'acquit  à  la  vente  de  la  Biblio- 
theca  Fayana  (1725)  par  Tiritermédiaire 
du  libraire  Gabriel  Martin  et  en  fit  frapper 
les  plats  à  ses  armes  Depuis,  il  a  passé 
dans  les  collections  de  Crozet,  du  baron 
Pichon  et  du  comte  de  Béhague  (i). 

D'une  contrefaçon  faite  à  Anvers  en 
157  5, on  connaît  deux  autres  exemplaires: 
l'un,  qui  est  rogné  à  la  lettre,  vient  de 
La  Vallière,(?)Méon, Tripier  et  Chédeau  ; 
l'autre,  en  veau  fauve  de  Thouvenin,  est 
celui  de  VioUet-le-Duc  qui  a  paru  depuis 
à  la  vente  Auvillain. 

C'est,  en  somme,  un  livre  fort  rare,  et 
d'autant  plus  mal  connu  qu'il  n'a  jamais 
été  réimprimé. 

De  qui  est-il  ? 

On  a  souvent  posé  la  question  sans  la 
résoudre.  Le  feuillet  non  chiffré  en  regard 
du  feuillet  1  donne  cette  indication, mieux 
faite  pour  piquer  notre  curiosité  que  pour 
la  satisfaire  : 

Anagramme  du  nom  de  l'auteur  :  Du  Roc 
Sort  Manne. 

Et  ravertissement  aux  lecteurs  est  si- 
gné R.  D.  C. 

Après  avoir  vainement  essayé  de  dispo- 
ser les  quatorze  lettres  de  l'anagramme 
dans  l'ordre  des  trois  initiales,  VioUet  le 
Duc  trouva  sans  doute  que  ce  raisin  était 
trop  vert  et  prit  le  parti  d'injurier  l'écri- 
vain, qui  ne  valait  pas  la  peine,  dit-il,  que 
l'on  se  donnât  tant  de  mal  pour  lui.  En 


(i)  Brunet  signale  une  édition  de  1573,  qui 
existe  sans  doute  dans  une  bibliothèque  pu- 
blique,mais  qui  ne  semble  figurer  dans  aucune 
collection  particulière.  Elle  serait  sans  nom 
d'auteur. 


quoi  il  était  doublement  injuste,  car  le 
livre  est  intéressant,  par  son  contenu  et 
par  sa  langue.  Les  philojogues  qui  étu- 
dient le  vocabulaire  du  xvi'  siècle  trouve- 
ront là  des  notes  bien  curieuses  à  pren- 
dre, ainsi  que  les  historiens  de  nos  contes 
nationaux.  11  serait  donc  fâcheux  que  l'au- 
teur du  recueil  restât  longtemps  inconnu 
pour  nous,  comme  l'est  encore  le  «  Cava- 
lier françois  »  qui  écrivit  les  Heures  per- 
dues. 

Je  viens  de  trouver  la  solution  de  ce 
petit  problème  en  examinant  le  Sonnet 
Liminaire,  et  je  suissurpris  que  VioUet-le- 
Duc  n'ait  pas  commencé  par  là,  car  il  n'y 
avait  pas  loin  de  l'anagramme  à  l'acros- 
tiche... 

Sonnet  A  la  jeunesse 

Retirez-vous,  ennuy,  dueil  et  tristesse  ! 
Ores  vous  faut  de  ce  lieu  absenter. 
Malgré  vos  dents,  nous  viendra  visiter 
Avec  plaisir  la  désiré  liesse. 

Nul  donq'ne  soit,  au  sommeil  de  paresse 
Nouveaux  récits  luy  orrons  réciter. 
Et  nous  verrons  qu'elle  feut  contenter 
Tous  ceux  qui  sont  du  party  de  jeunesse* 

Dehors,  vieillards  proches  à  pourriture  ! 
Vous  la  cerchez,  de  vous  elle  n'a  cure, 
Car  il  n'est  plus  de  vous  ce  qu'a. esté. 

Ris  toy,  ris  toy,  jeunesse  gracieuse, 
Car  n'est  à  toy,  ny  pierre  précieuse 
Semblable  en  rien  en  vertu  et  beauté. 

Le  dernier  tercet  ne  présente  aucun 
sens,  tel  qu'il  est  imprimé  ;  mais  la  co- 
quille qui  le  défigure  n'est  pas  difficile  à 
corriger.  11  faut  lire  évidemment  : 

Or  n'est  à  toy,  ny  pierre  précieuse. 

Et  le  sens  de  la  phrase  devient  clair  : 
v<  Ni  l'or  ni  les  pierres  précieuses  ne  sont 
comparables  à  la  jeunesse,  en  vertu  et  en 
beauté  ». 

Si  maintenant  nous  lisons  verticale- 
ment les  premières  lettres  des  quatorze 
vers  nous  obtenons  : 

ROMANNET  DU  CrOS. 

dont  l'anagramme  est  du  Roc  sort  manne. 

Pierre  Louys. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL 

Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond 


LIV°  Volume 


Paraissant  les  lo,  20  et  jo  de  chaque  mois       30  Décembre   1906 


42e  Année 

SI  '".r.  Victor  Massé 
PABIS  (IX») 

Bureaux  :  de  2  à  iheures 


QU^QUE 


Cherchez  et 
vous  trouverez 


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ra       entr'aider 

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N°  II 34 

31'". r  VictorMassé 
PARIS  (IX«) 

Bureaui  :  de  2  à  4  heures 


^  3nUxmébxaixe 


DES 


CHERCHEURS    ET   CURIEUX 

Fondé   en    1864 


QUESTIONS     ET     RÉPONSES    LITTÉRAIRES,     HISTORIQUES,   SCIENTIFIQUES     ET     ARTISTIQUES 


TROUVAILLES    ET    CURIOSITES 


945 


946 


Il  nous  faut  répétera  nos  correspondants 
qu'il  est  nécessaire  qu'ils  signent  leurs  en- 
vois, ou  de  leurs  noms,  ou  d'un  pseudonyme 
déjà  adopté  par  eux\  ou  qu'ils  adoptent 
pour  lapremière  fois  en  le  faisant  connaître. 
S'ils  emploient  des  initiales,  nous  les  prions, 
pour  éviter  toute  confusion,  d'adopter  des 
initiales  qui  ne  sont  pas  déjà  une  signa- 
ture en  usage.  S'il  en  était  autrement, ils  en 
seraient  avisés. 

Nous  sommes  contraints  à  chaque  instant, 
de  faire  suivre  des  réponses  directement  :  il 
est  donc  indispensable  que  nous  sachions  à 
qui  les  faire  tenir. 

Le  secret  des  pseudonymes  est  rigoureuse- 
ment gardé. 

Toute  lettre  anonyme  ou  signée  d'un 
pseudonyme  inconnu  sera  considérée  comme 
non  avenue. 


allueôtîon0 


Le  roi  dos  gitanos.  —  Le  roi  des 

gitanos  d'Espagne  est  mort  à  Grenade.  11 
s'appelait  Chrorrojumo  et  s'intitulait 
«  descendant  desPliaraons  d'Egypte  ».  Il 
était  âgé  de  quatre-vingts  ans. 

Sa  figure  et  son  accoutrement  pittores- 
que étaient  bien  connus  de  tous  les  tou- 
ristes étrangers  visiteurs  de  l'Alhambra, 
où  il  se  tenait  en  permanence,  réalisant 
de  jolis  bénéfices,  grâce  à  la  vente  de  ses 
photographies 

Qiie  sait  on  de  certain  sur  cette  royauté 
des  gitanes  ^ 


Que  sont  devenus  et  la  Soledad  et  la 
Macarona,  dont  l'apparition, à  l'Exposition 
de  1889,  fut  un  clou  d'or?  Y. 

Lettres  de  Napoléon  à  José- 
phine. —  Dans  une  lettre  de  Londres, 
du  3  mai  1858,  Mérimée  écrit  à  r/«c<?n- 
nue  : 

Hier,  j'ai  reçu  la  visite  d'une  dame  et  de 
son  mari  qui  m'apportaient  des  lettres  auto- 
graphes de  l'empereur  Napoléon  à  Joséphine. 
On  voudrait  les  vendre.  Elles  sont  fort  cu- 
rieuses, car  il  n'y  est  question  que  d'amour. 
Tout  cela  est  très  authentique,  avec  du  pa- 
pier à  en-tête  et  les  timbres  de  la  poste.  Ce  que 
je  comprends  difficilement,  c'est  que  José- 
phine ne  les  ait  pas  brûlées  aussitôt  après 
les  avoir  lues... 

Que  sont  devenues  ces  lettres  ^ 

Un  curieux. 

Enfants  de  Napoléon  I*'.  —  En  de- 
hors du  comte  Waleski  et  du  comte  Léon, 
Napoléon  I"  eut-il  d'autres  enfants  natu- 
rels? I. 

Les  dernières  paroles  des  exé- 
cutés. —  La  peine  de  mort  est  à  la 
veille  de  disparaître.  Plus  tard,  on  s'en- 
querra,  avec  intérêt,  de  l'impression  que 
faisait,  sur  les  exécutés  la  vue  de  l'écha- 
faud.  On  la  cherchera  dans  leurs  dernières 
paroles.  Ne  pourrons-nous  les  recueillir 
ici  :  dernières  paroles  d'infâmes  ou  de 
martyrs,  mais,  après  tout,  d'hommes  qui 
savaient  vivre  leurs  dernières  secondes, 
avant  le  saut  dans  l'éternité  ?         D'  L. 

LIV-18 


N»  1134. 


L'INTERMEDIAIRE 


947 


948 


Quel  était  le  régiment  envoyé 
en  1803  à  Bréhat.  —  Dans  une  no- 
tice sur  l'ile  de  Bréhat  appartenant  à  la 
série  de  mémoires  sur  les  ports  de  France 
publiée  par  le  service  des  Ponts  et  Chaus- 
sées, je  relève  cette  anecdote  : 

En  1805,  débarquait  dans  Tîle  un  es- 
cadron de  cavalerie  venant  à  pied,  des 
extrémités  de  la  Hollande.  Cette  troupe 
était  exilée  à  Bréhat  pour  avoir  laissé 
prendre  l'étendard  du  régiment.  Elle  fut 
rigoureusement  traitée,  on  lui  fit  dresser 
ses  tentes  dans  la  partie  nord  de  l'île,  ex- 
posée aux  violentes  tempêtes  de  ces  pa- 
rages. Les  cavaliers  ne  pouvaient  sortir 
du  camp  que  pour  participer  au  service 
de  place  dans  les  ouvrages  fortifiés  dont 
l'île  était  alors  couverte. 

Quel   était   le  régiment,  à  quel  officier 
l'étendard  fut-il  enlevé  ? 

Ardouin-Dumazet. 

Un  associédu«PèreDuc}iesne  ». 

—  Je  vois,  dans  un  compte  rendu  de  la 
séance  des  Jacobins  du  24  octobre  1793, 
qu'un  \<,  membre  du  Comité  de  surveil- 
lance du  département  de  Paris  »  attaque 
très  violemment  un  certain  Marquet, 
«  associé  littéraire  »  d'Hébert.  J'avais 
toujours  cru  que  le  trop  fameux  substitut 
du  procureur  de  la  Commune  était  seul  à 
rédiger  le  Père  Diichesne,  surtout  depuis 
le  10  août.  Peut-être  ce  Marquet  écrivait- 
il  dans  les  journaux  pour  lesquels  la 
feuille  d'Hébert  faisait  de  si  bienveillantes 
réclames  qu'on  aurait  pu  l'y  croire  parti- 
culièrement intéressé.  —  En  tout  cas, 
quel  était  ce  Marquet  qui  passa  à  peu 
près  ignoré  dans  l'histoire  de  la  Révolu- 
tion .?  d'E. 

Noms  originaux  des  villes 
étrangères.  —  M.  Jolibois  vient  de 
proposer  au  Conseil  municipal  de  Paris  de 
faire  apprendre  dans  les  écoles  les  noms 
originaux  des  villes  étrangères  qui  diffè- 
rent de  ceux  que  nous  employons.  C'est 
fort  bien,  cela  ne  sera  pas  bien  difficile, 
car  la  liste  n'est  pas  fort  longue  ;  mais 
nous  croyons  que  l'honorable  conseiller 
se  trompe  lorsqu'il  croit  que  cette  ré- 
forme sera  adoptée  à  bref  délai  par  le 
monde  des  atïaires,  bien  que  certaines 
grandes  maisons  l'appliquent  déjà  dans 
leur    correspondance  étrangère.      ;>W4fei-.' 

Nous  aurions  compris  qu'il  blâmât  les 


géographes  d'avoir  négligé  cet  objet 
dans  les  livres  scolaires, nous  comprenons 
moins  qu'il  s'en  prenne  aux  grammai- 
riens français. 

D'après  lui, nous  aurions  transformé  les 
noms  étrangers,  alors  que  les  étrangers 
«appellent  tout  bonnement  «  Paris  »  Paris 
et  «  Marseille  »  Marseille.  11  me  semble 
cependant  que  les  Anglais  écrivent  «Mar- 
seilles  »  et  les  Italiens  «  Parigi  ».  La  vé- 
rité est  que  tous  les  peuples  en  ont  agi  de 
même,  mais  il  existe  dans  certaines  sphè- 
res une  tendance  très  prononcée  à  trouver 
parfait  tout  ce  que  font  les  étrangers  et  à 
nous  mettre  en  infériorité  à  leur  égard. 
C'est  peut-être  là  un  reflet  des  banquets 
qui  réunissent  si  souvent  nos  hommes 
politiques  et  nos  édiles  avec  ceux  de 
l'étranger,  mais  il  n'arrive  pas  jusqu'à 
ceux  qui  n'en  ont  vu  que  les  menus  dans 
les  journaux  et  qui  conservent  une  meil- 
leure idée  de  notre  pays. 

Qjjant  à  la  réforme  scolaire  que  nous 
approuvons, comment  pourra-t-on  l'appli- 
quer aux  pays  orientaux,  dont  les  alpha- 
bets ditïèrent  du  nôtre  ? 

On  voit  que  le  projet  et  ses  considé- 
rants ouvrent  la  porte  à  plusieurs  ques- 
tions auxquelles  nos  savants  confrères  de 
V  Intel  média  ire  pourront  faire  d'intéres- 
santes réponses.  César  Birotteau. 

Famille  de  Fleuret.  —  Un  corres- 
pondant de  V Intermédiaire  aurait-il  l'obli- 
geance de  m'indiqueroùje  pourrais  trouver 
des  renseignements  généalogiques  sur  les 
origines  d'une  famille  de  Fleuret,  dont 
l'une  des  branches  a  longtemps  habité  le 
Médoc  ? 

Elle  figure  à  l'Armoriai  de  d'Hozier  : 
|.  B.  de  Fleuret,  capitaine  au  régiment  de 
"la  marine.  Un  autre  de  ses  membres  était 
garde  du  corps  en  1675  (Bibliothèque 
nationale). 

Cette  famille  prétendait  descendre  des 
comtes  d'Armagnac. Cette  prétention  était- 
elle  justifiée?  Où  peut-on  trouver  des  ren- 
seignements à  cet  égard  ?  XXXX. 

Lambert  Lombard,  peintre  ver- 
rier. —  Où  pourrais-je  trouver  des  ren- 
seignements sur  cet  artiste,  auteur  des  vi- 
traux de  l'abbaye  de  Herckenrode  .?Cesvi- 
traux'portent  des  dates  entre  1 5  30  et  1 540. 

C.  B.O. 


949 


DES  CHERCHEURS    ET  CURIEUX             30   Décembre  1907. 
._ :     P50     


De  Mathelan.  — Blanche  de  Cour- 
tenay,  fille  de  Pierre  de  Courtenay  et  de 
Perrine  de  La  Roche,  épousa,  après  i'5i4, 
Marc  de  Mathelan,  seigneur  de  Marinvil- 
liers  (Loiret)  et  des  Taboureaux  (Yonne). 
Du  Bouchet  en  parle,  page  273. 

QLielles  étaient  les  armoiries  de  cette 
famille  de  Mathelan,  que  Ton  croit  d'ori- 
gine écossaise,  et  qui  était  encore  pro- 
priétaire des  Taboureaux  en  1684?  Dans 
quel  ouvrage  pourrait  on  trouver  des  ren- 
seignements sur  cette  famille  et  sa  des- 
cendance, postérieurement  à  1684? 

Mac-Ivor. 

Faul  de  Musset  et  Lamartine.  — 
Dans  la  Revue  de  Paris ^  M.  Léon  Séché 
vient  de  rappeler  VEniretien  littéraire  où 
Lamartine  ,  après  la  mort  de  Musset , 
jugea  à  la  fois  si  légèrement  et  si  sévère- 
ment ce  poète.  Il  loue  Paul  de  Musset  de 
n'avoir  pas  protesté  publiquement.  )'ai 
pourtant  l'impression,  assez  vague  ,  il 
est  vrai,  qu'il  l'a  fait.  QLielqu''un  pourrait- 
il  préciser  mon  souvenir  à  cet  égard  ? 

A.  Jy. 

Festieux,  commune  de  l'Aisne. 

—  Qiielles  sont  l'origine  et  la  significa- 
tion du  nom  de  cette  localité,  en  latin 
Festeolis,  Festulium,  Festuacum  ?  On  a 
proposé  Festung,  forteresse  en  allemand. 
Voir  Matton,  Dictionnaire  topographique 
de  l'Aisne.  Th.  Courtaux. 


Philon  de  Biblis.  —  L Hexameron 
rustique  (Bologne  1671  ,  page  27)  dit 
qu'un  très  habile  homme  a  mis  en  fran- 
çais un  livre  de  Grotius  sur  la  religion 
chrétienne,  et  qu'au  lieu  de  traduire  Philo 
Biblius  par  Philon  de  Biblis,  il  l'a  traduit 
par  Philon  le  libraire.  Quel  est  ce  livre  ? 
et  quel  est  cet  habile  homme  ? 

A.  Jy. 

Gherardinl  de  Toscane  et  Geral- 
dines  d'Irlande  et  d'Angleterre.  — 

Que  sait-on  sur  ces  familles. 

Les  sept  sœurs  dites  les  sept  pé-  ; 

ché."?  capitaux.  —  Les  sept  demoiselles  j 

appelées, dans  les  Chroniques  du  xvi«  sîè-  ! 

cle,  les  «  sept  péchés  capitaux  »  étaient-  ; 

elles  les  sœurs  de  Gabrielle  d'Estrées  ou,  | 
au  contraire,  ses  tantes  et  par   suite  les 


sière,  femme  du  marquis  d'Estrées,  bien 
que,  d'après  les  Dictionnaires  biographi- 
ques, la  mère  de  la  Belle  Gabrielle  n'ait 
gU  que  deux  sœurs  ?  G.  Plaisant. 


Phrase  à  attribuer  :  Au  fond  des 
vains  plaisirs,  etc.  —  De  qui  ces  vers: 

Au  fond  des  vains  plaisirs  que  j'appelle  à  mon  aide 
Je  trouve  un  tel  dégoût  que  je  me  sens  mourir? 

R. 


«  Mariage  de  pantins  »,  par  J. 

de  B.  —  Motmier,  1884,  in-8.  De  qui  est 
ce  livre  .?  Bookworm. 


«  Une  jolie   fille.    Femmes  à  la 

mer.  »  —  Monnier,    1887,  in-12.    Est-il 
possible  de  savoir  le  nom  de  l'auteur  } 

Bookworm. 


Vers  en  écho.  —  Ce  sont  des  vers 
que  le  Dictionnaire  de  l'Académie  définit 
en  ces  termes  : 

«  Sorte  de  vers  dont  la  dernière  syllabe  ou 
les  deux  ou  trois  dernières,  étant  répétées, 
font  un  mot  qui,  ajouté  aux  paroles  précé- 
dentes, en  achève  le  sens  ou  leur  sert  de  ré- 
ponse. Les  exemples  en  sont  fréquents  dans 
les  anciennes  pastorales  : 
Pour  vous  en  dire  plus,  il  faudrait  vous  pouvoir 
Voir. 

Aura-t  elle   pitié   de  mon  mal  inouï  ? 
Oui  1 

Quels  sont  les  auteurs  d^ anciennes  pas- 
torales, à  qui  sont  empruntés  les  vers  que 
cite  l'Académie  ?  Debasle. 


Un  verset  de  psaume.  —  Sainte- 
Beuve  avait  fait  lire  à  Mme  d'Arbouville 
les  lettres  qu'il  avait  reçues  de  George 
Sand,  au  temps  où  elle  aimait  Alfred  de 
Musset  ;  et  Mme  d'Arbouville,  en  les  lui 
rendant,  lui  écrivait  :  «  Si  jamais  ces 
lettres  devaient  paraître,  je  voudrais 
qu'elles  eussent  pour  épigraphe  cette 
phrase  du  psaume,  belle  en  latin  :  «  Dieu 
Va  voulu  ainsi,  afin  qu'une  âme  désordon- 
née fût  à  elle-même  son  supplice. 

«  Cette  phrase  du  psaume...  »  :  de  quel 
psaume?S'agit-il  du  psaume  IX, verset  17: 
Cognoscitur  Doniinus  judicia  faciens  ;  in 
operibiis  manuum  suarum  comprehensus  est 


sœurs  de  Françoise  Babou  de  la  Bourdai-  '  peccator  ? Mdi'is  ce  latin  n'a  rien  de  particu* 


H°  1134. 


L'INTERMÉDIAIRE 


951 


95^ 


lièrcment  beau  ;  et  la  traduction  de  Mme 
d'Arbouville  serait  singulièrement  libre. 
S'agit-il  d'un  autre  psaume? 

Debasle. 


Armoiries  à  déterminer  :  d'azur 
à  la  fasce  d'or.  —  D'azur,  à  lafasce 
d'or,  accompagnée  de  deux  roses  de  même  en 
chef  et  d'un  croissant  montant,  aussi  d'or, 
en  pointe. 

Ces  armes  sont  peintes  à  la  gauche 
d'un  portrait  de  jeune  guerrier  et  cette 
toile  porte  aussi  ces  indications  :  Anno- 
'^99  —  yEtat.zy. 

je  fais  appel  aux  confrères  érudiîs  et 
obligeants  pour  identifier  ce  portrait 
trouvé  dans  les  environs  de  Dreux. 

Georges  Champagne. 


Camisards.  —  Le  surnom  ^  donné 
aux  insurgés  calvinistes  des  Cévennes 
vient  évidemment  de  chemise,  camisa. 

Littré,  qui  n'en  doute  pas,  n'ose  pas 
dire  cependant  si  c'est  parce  qu'ils  com- 
battaient en  chemise  ou  parce  qu'ils  se 
reconnaissaient  à  leurs  chemises. 

Qiielle  est  l'origine  exacte  du  mot .?  11  y 
a  plusieurs  versions:  à  laquelle  s'arrêter.? 

Y. 


Chiner.  —  En  Poitou,  où  je  suis  en 
ce  moment,  le  peuple  emploie  cette  ex- 
pression pour  désigner  l'action  d'aller  par 
les  rues,  soit  avec  des  corbeilles,  soit 
avec  une  petite  charrette,  vendre  des 
denrées  (poissons,  légumes,  fruits,  etc  ..) 

Je  ne  doute  pas  que  notre  érudit  colla- 
borateur, le  docteur  M.  Baudouin  si  ferré 
sur  toutes  les  questions  folkloriques  et 
populaires  poitevines,  ne  nous  éclaire  sur 
cette  expression,  et  ne  nous  explique  son 
étymologie,  Sainï-Saud. 


Dentition,  denture.  —  On  peut 
lire,  depuis  quelque  temps,  dans  quelques 
romans  et  productions  littérau'es,  le  mot 
dentition,  employé  dans  le  sens  de  den- 
ture, alors  que  jusqu'ici  ce  terme  ne 
s'appliquait  qu'à  la  crise  dentaire  des 
jeunes  enfants.  On  y  dit,  par  exemple, 
d'une  personne  qu'elle  a  une  belle  denti- 
tion. 


Cette  innovation  doit-elle  être  admise 
LÉON  Sylvestre. 


dans  notre  langue 


Vie  de  patachon.  —  A-t-on  expliqué 
l'expression  mener  une  vie  de  patachon  .? 
Cela  se  dit  des  vierges  folles  et,  par  ex- 
tension, des  jeunes  gens  qui  se  livrent  à 
la  débauche. 

Une   monnaie   d'argent  des  Pays-Bas, 

Idans  la   première  moitié  du  xvii'^  siècle, 
portait  le  nom  de  patacon. 

Cette  monnaie  passait  de  main  en  main, 
comme  les  aimables  personnes  mention- 
nées plus  haut,  d'où  peut-être  l'origine  de 
cette  expression  courante.         Iskatel. 


Soufflets  toulousains.  --  Je  trouve 
dans  \t  Portefeuille  Fontanieu  (Mss.  B.  N. 
nouv.  acq.  françaises  7449  p.  407)  cette 
anecdote  : 

Les  Juifs  de  Toulouse  étaient  obligés  à 
cette  servitude  honteuse  qu'un  de  leurs  chefs 
offiait  tous  les  ans  à  la  porte  de  l'église 
cathédrale,  le  jour  de  Noël,  le  Vendredi 
Saint  et  le  jour  de  l'Assomption,  trois  livres 
de  cire,  et  d'y  recevoir  chaque  lois  un  souf- 
flet d'un  homme  fort  et  vigoiu'eux.  Le  Roi 
renvoya  l'affaire  à  un  concile  provincial  qu'il 
fit  assembler  à  Toulouse  même  et  dans 
lequel  il  fut  décidé  que  la  demande  des  juifs 
serait  rejetée,  parce  que  les  rois  "Charlema- 
gne  et  Louis  le  Débonnaire  leur  avaient  im- 
po5é  ce  joug  pour  les  punir  d'avoir  livré  la 
ville  de  Toulouse  aux  Sarrasins,  dont  le  roi 
Abdérame  n'était  entré  en  France  qu'à  leur 
sollicitation. 

Etait-ce  le  motif  réel  de  cette  «servi- 
tude honteuse», et  quand  celle-ci  disparut- 
elle  ï  SiR  Graph. 


Graisse  humaina.  —  La  graisse  hu- 
maine a  été  souvent  employée  en  magie, 
en  alchimie,  en  médecine.  Pourrait-on 
indiquer  des  auteurs  qui  aient  traité  ce 
sujet,   donner  des  sources,  citer  des  faits  ? 

Geo  Bernard. 


La  danse  des  six  visages.  —  En 
171 1,  à  Marly,  dans  les  bals  de  la  Cour, 
on  dansait  la  danse  dite  des  six  visages. 
Les  dames  imposaient  à  leurs  cavaliers 
une  pénitence. 

Quelle  était  cette  danse  dite  des  six 
visages  ^  Et  pourquoi  ce  nom? 

Paul  Edmond. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1906, 


953 


%épome$ 


954 


Exécution  d^  Henri  de  Montmo- 
rency à  Toulouse  (LU  ;  LUI  ;  LIV, 
193,  400,  844).  —  Dans  le  ms  Dupuy 
378  (BibL  nationale),  qui  contient  le 
\<  Procès  criminel  faict  à  Messire  Henry, 
duc  de  Montmorency,  pair  et  mareschal 
de  France  »,  ne  figurent  pas  moins  de 
trois  relations  de  Lexécution  de  ce  per- 
sonnage. Rien  dans  ces  récits  très  cir- 
constanciés, évidemment  rédigés  par  des 
témoins  oculaires,  ne  permet  de  supposer 
que  l'exécution  n'ait  pas  été  faite  par  le 
glaive  et  de  la  façon  habituelle  alors.  Voici 
d'ailleurs  les  passages  relatifs  aux  der- 
niers moments  du  condamné  : 

...  (!l)  se  feit  bander  les  yeux  de  son 
mouchoir,  advertit  l'exécuteur  de  ne  point 
fraper  qu'il  ne  luy  dist.  Il  mit  son  col  à 
plomb  sur  le  posteau,  et  ses  blessures  l'em- 
peschant  de  demeurer  ainsy  se  mit  de  costé, 
dit  à  l'exécuteur  :  Frappe,  soudain  après 
di'st  :  Mon  doux  sauveui', recevez  mon  âme, 
et  l'exécuteur  feit  son  office  et  d'un  seul 
coup  luy  abatit  la  teste  dès  qu'il  fut  sur  le 
posteau.  Toute  la  compagnie  tourna  les 
yeux  pour  ne    point  veoir  le    coup... 

(Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  Tou- 
louze  à  la  fin   du  mois  d'Octobre   1632). 

(Ce  texte  n'est  autre  que  celui  de  l'im- 
primé dont  a  parlé  M.  J.-B.  Miron). 

...  Il  dit  à  l'un  des  Pères  qui  l'assistoient : 
Mon  Père,  passez  de  ce  costé  là,  pour  empê- 
cher ma  teste  de  tomber  si  elle  bondissoit. 
Après  il  monta, s'ajusta  luy-mesme  sur  le  po- 
teau, dit  au  bourreau  :  Mon  aniy,  je  te  par- 
donne de  bon  cœur.  Puis  regardant  le  Père 
Arnoux  :  Adieu,  mon  père,  dit-il.  Je  m'en 
vais  if  un  seul  coup  sans  lanoulr.  Eu  fin  re- 
gardant le  ciel  prononça  dévotement  ces 
belles  paroles  :  Domine  Jesu  accipe  spiri- 
tum  meum.  Puis  se  baissa  sur  le  poteau  d'où 
son  âme  s'en  est  voilée  au  ciel  après  le  coup 
receu.  Jamais  il  ne  s'excus^.  Jamais  il  ne  se 
plaignit.  Jamais  il  ne  montra  que  douceur 
pour  ses  ennemis. 

Une  personne  qui  estoit  présente  a  escrit 
toutes  ces  particularitez. 

(Extraict  d'une  lettre  escrite  par  un  des 
P.  jésuites  de  Toulouse  sur  la  mort  de 
M.  de  Montmorency)  : 

...  Cela  dit,  il  monte  sur  l'eschafaut,  se 
met  à  genoux,  s'abstient  de  parler  en  public 
par  pure  humilité,  baise  le  crucifix  que  le 
Père  retire  de  ses  mains,  lève  les  yeux  au 
ciel,  demande  les  prières  des  Pères  qui  assis- 


toient,  recourt  à  la  Vierge,  saint  Bernard, 
saint  Ignace, saint  Xavier, s'ajuste  luy-mesme 
par  trois  fois  sur  le  bloc  trop  bas  et  mal 
agencé,  souffre  grande  douleur  y  appliquant 
son  gozier  navré  de  playes  et  est  contraint 
d'appuier  tout  le  faix  de  son  corps  sur  iceluy 
avec  grande  incommodité,  et  ayant  dit  :  Do- 
mine 3  esu  acctpe  spiritum  meum.  .4  Dieu, 
mon  Père,  re^.eut  imperceptiblement  le  coup 
de  grâce  qui  luy  jelta  la  teste  tout  auprès  sur 
l'eschafaut   selon    son    désir... 

(Relation    de    l'exécution    du    duc  de 
Montmorency  à  Toulouse,  30  oct.  1632). 

On  a  déclaré  ici,  à  ce  propos,  que  le 
glaive  ne  paraissait  pas  très  pratique  pour 
les  exécutions.  Il  n'en  est  pas  moins 
vrai  qu'il  fut  autrefois  en  usage,  manié 
qu'il  était  par  dts  spécialistes,  fe  me  rap- 
pelle avoir  vu  au  musée  archéologique 
de  Gand  la  collection  des  anciens  glaives 
de  justice  de  la  ville.  Il  y  en  a  neuf.  Aussi 
M.  Prosper  Claeys,  dans  ses  recherches 
sur  le  Bourrcaii  de  Gand.^  déclare-t-il  que 
c'était  au  moyen  d'un  glaive  à  deux 
mains  que  ce  bourreau  tranchait  la  tête 
aux  individus  condamnés  à  périr  par  la 
décollation,  tandis  que  dans  certains  pays 
on  se  servait  de  la  hache.  (Messager  des 
Sciences  historiques. . .  de  la  Belgique,  année 
1 891,  p.  75.  De  Mortagne. 

Une  lettre  de  Rotrou  sur  l'érjidé- 
mie  de  1650  (LIV,  837).  —  M.  G. 
Champagne  n'ignore  certainement  pas 
que  le  Rolrou  d'AUasseur  érigé  à  Dreux 
en  1867,  tient  en  main,  non  point  un 
quelconque  manuscrit,  mais  précisément 
cette  lettre  historique. Telle  était  du  moins 
la  pensée  du  statuaire.  M.  M. 

La  situation  des  prêtres  mariés 
après  la  Révolution  (LIV,  834,  907). 
—  M.  l'abbé  S.  Poulet,  dans  son  Histoire 
de  Forest ,  arrondissement  d'Avesnes 
(Nord),  p.  500  (Cambrai,  1905,  in-S"), 
raconte  la  vie  d'un  prêtre  qui  se  trouvant 
dans  ce  cas,  fut,  en  vertu  d'un  induit 
donné  par  le  cardinal  Caprara,  légat  a 
latere  du  Saint-Siège,  dispensé  de  l'empê- 
chement de  l'Ordre,  et  put  ainsi  régulari- 
ser sa  situation  en  se  mariant  religieuse- 
ment. M.  Poulet  reproduit  l'acte  de  ma- 
riage authentique  dans  lequel  sont  expri- 
mées les  conditions  auxquelles  était 
accordée  la  dispense.  Le  mari  «  est  ré- 
duit à  Lctat  laïque  et  privé  pour  toujours 
deTaire  aucune  fonction   ecclésiastique  ; 


N"  1134. 


L'INTERMÉDIAIRE 


955 


956 


s'il  survit  à  sa  femme  il  restera,  le  reste 
de  ses  jours,  dans  le  célibat  ». 

Cet  ex-prêtre,  qui  ne  mourut  qu'en 
1846,  fit  partie,  jusqu'en  1845,  du  con- 
seil de  fabrique,  et,  ajoute  l'auteur, 
«  l'Eglise  le  releva  de  l'empêchement  d'ir- 
régularité, au  premier  chef,  et  accepta 
pour  le  service  des  autels  un  de  ses  fils  ». 

De  Mortagne. 

*  ♦ 
Voir  l'ouvrage  très  récent  de  M.  La- 
combe  :  La  jeunesse  du  prince  de  Talley- 
rand.  Un  rat  de  BiBLioTHÈauE. 

Les  prêtres  assermentés  (LUI  ; 
LIV,  18,  62,  1 16,  283,  401,  507). —Non 
certes,  Camille  Desmoulins  ne  fut  jamais 
«  procureur  général  de  la  Commune  », 
mais  «  procureur  général...  de  la  Lan- 
terne», comme  il  osa  s'intituler  lui-même 
dans  sa  Lanterne  aux  Parisiens^et  comme 
le  surnom  lui  en  resta  depuis.  Et,  à  ce 
propos,  je  rappellerai  une  anecdote  au- 
thentique, paraît-il,  qui  pourrait  fort  bien 
figurer  dans  l'intéressant  dossier  réuni 
par  M.  Oscar  Havard  pour  r^c/^îV.sur  la 
participation  des  Anglais  à  nos  journées 
révolutionnaires,  Un  fils  d'Albion  voulut 
acheter,  en  1789, cette  fameuse  lanterne  à 
laquelleTémeute  avait  accroché  tant  de  vic- 
times. C'était  un  collectionneur  qui  ne 
regardait  pas  au  prix  ;  mais  les  Parisiens 
n'étaient  pas  de  bonne  humeur, ce  jour-là, 
et  l'Anglais  faillit  connaître  la  lanterne 
autrement  que  comme  collectionneur, 

d'E. 

L'idée  de  patrie  existait-elle  en 
France  avant  la  Révolution?  (T.  G. 

685;XXXVàXXXVIII;XLII;  LIV,  116,233, 
29^,  347.  455,  508,  565,  734,  792,847). 
—  Elle  avait  existé.  Pour  certains,  elle 
n'existait  déjà  plus  ;  entre  autres,  pour  Le 
neveu  de  Rameau. 

LUI,  —  Boire  Je  bon  vin,  se  goiger  de 
mets  délicats,  se  rouler  sur  de  jolies  femmes, 
se  reposer  dans  des  lits  bien  mollets.  Excepté 
cela,  le  reste  n'est   que  vanité. 

MOI.  —  Quoi,  défendre  s;i    patrie...  ? 

LUI.  —  Vanité.  //  «>  n  plus  de  patrie.  Je 
ne  vois  d'un  pôle  à  l'autre  que  des  tyrans  et 
des  esclaves. 

(Edition  Monval,  P-  ^^,  ^3)- 

Ces  lignes  ont  été  écrites  vers  1762. 

+ 
Il  serait  peut-être  temps  d'en  finir  avec 


cette  question  insoluble.  11  suffit  de  dire 
qu'à  partir  de  la  Révolution,  du  xix«  siè- 
cle si  l'on  veut,  l'idée  de  patrie  s'est  épu- 
rée et  transformée.  Cela  n-'est  pai  discuta- 
ble. Au  XIX*  siècle,  un  Condé  et  un  Tu- 
renne  auraient-ils  eu  l'idée  de  porter  les 
armes  contre  la  France  pour  un  froisse- 
ment d'amour-propre  ?  En  1870,  un  seul 
bonapartiste  a-t-il  songé  à  prendre  du 
service  cliez  les  Prussiens  comme  les  émi- 
grés de    1792  ?  Poser  ainsi    la   question, 

c'est  la  résoudre.  M,  P. 

* 

Dans  un  volume  intitulé  :  Histoire  mé- 
morable de  ce  qui  s'est  passé  tant  en  France 
qu  en  pays  étrangers.,  de  l'an  1610  à  Van 
lôig.,  par  Boitel,  seigneur  de  Gaubertin, 
l'auteur,  après  avoir  raconté  les  précau- 
tions prises  dans  Paris  après  l'assassinat 
de  Henri  IV,  en  prévision  des  troubles 
possibles,  ajoute  : 

Si  que  chacun  en  dévotion  de  se  déffendre 
attendoit  les  ordres  des  chefs  pour  contre- 
pointer  les  séditions  qui  se  fussent  inventées 
dans  les  factions  de  certains  misantropes,  de 
qui  Jusius  Lipsius  dépeint  Thorreur  sur  les 
peintures  parlantes  de  ses  Politiques,  pour 
être  cruellement  ennemis  de  leur  Patrie. 

Martellière. 

La  barba  d'Henri  IV  et  le  mé- 
daillon de  Mlle  Pluche  (LIV,  660, 
681,  789,901).  —  En  tête  de  la  note  re- 
lative à  la  lettre  du  comte  Beugnot,  il 
faut  lire  : 

Voici  sur  ce  personnage  les  renseigne- 
ments que  fournissent  les  fiches  de  Labat 
qui  écrit  à  tort  Beugnean,  au  lieu  de  Beu- 
gnot, ainsi  que  signait  cet  architecte. 

L.  G. 

Comment  est  mort  Pichegru  (T. 

G.,  702).  —  QLii  a  livré  Pichegru  .? 
Leblanc,  disent  les  historiens.  Sans  doute, 
répond  M.  Léonce  Grasilinr  {Par  qui  fut 
livré  Je  général  Pichegru.^  Dorbon,  Paris), 
mais  Leblanc  n'est  qu'un  agent  secon- 
daire, un  simple  instrument  aux  ordres 
d'une  police  plus  ou  moins  occulte, 
tandis  que  la  responsabilité  entière  devait 
être  rejetée  sur  un  personnage  important 
dont  l'histoire  a  jusqu'ici  ignoré  le  rôle  et 
le  nom. 

Le  véritable  auteur  de  la  machination 
était  un  policier  amateur,  nommé  Fran- 
çois-Xavier-Désiré     Joliclerc,     professeur 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  "-^T 


30  Décembre   190b. 


957 


chez  l'abbé  Gauthier  avant  la  Révolution  ; 
mêlé  aux  conspirations  à  Londres.  A  Paris 
le  retrouve  un  camarade  d'enfance,  Cou- 
chery,  dont  le  frère  est  rédacteur  du 
Courrier  de  Londres;  ce  camarade  est  em- 
ployé dans  les  bureaux  du  général  Moncey, 
premier  inspecteur  de  la  gendarmerie  el 
chargé  de  la  police  militaire 

«  Dans  cette  place,  dit  M.  Grasilier,Cou- 
chery  est  à  même  de  connaître  beaucoup 
de  choses,  dont  il  s'empresse  d'aviser  son 
frère,  mais  Joliclerc  lui  en  apprend  bien 
davantage,  car  il  a  des  relations  très 
étendues.  Si  l'on  pouvait  trouver  l'introu- 
vable Courrier  de  Londres^  on  y  verrait 
probablement  des  nouvelles  de  France 
fort  tendancieuses  et  très  suggestives  qui 
avaient  pour  origine  le  cabinet  de  Davout 
aux  Tuileries,  car  Joliclerc  fréquentait 
aussi  bien  la  rue  Rovigo,  que  la  rue  des 
Saints-Pères,  avec  Desmarest,  chef  de  la 
haute  police,  et  le  Premier  Consul  ne  dé- 
daigna pas  de  s'entretenir  avec  lui  ». 

Ce  sont  les  nouvelles  données  par  le 
canal  des  frères  Couchery  qui  persua- 
dèrent Pichegru  que  l'heure  était  favo- 
rable.Or,  par  eux,  Joliclerc  dirigeait  toute 
l'intrigue,  et  rieri  ne  lui  fut  plus  facile 
que  d'en  livrer  les  fils  qu'il  avait  lui- 
même  noués. 

Le  Moniteur  annonça  que  le  complice 
de  Couchery,  un  nommé  Joncler,  était  en 
fuite,  c'était  lui  permettre  de  passer  à 
Londres  pour  une  victime,  et  de  continuer 
son  métier  d'espion  auprèsdes  émigrés  trop 
confiants. 

M.  Grasilier  donne  à  l'appui  de  sa  thèse 
une  lettre  écrite  en  1812,  par  Joliclerc, 
qui  avait  épousé  la  fille  du  général  de 
M  ontchoisy,ilsuppliait  TEmpereur  de  l'oc- 
cupercommepar  le  passé. C'est  significatif. 

La  Restauration  instruite  des  faits  et 
gestes  du  personnage  l'incarcéra  à  Toulon. 
Napoléon  se  hâta,  à  son  retour  de  l'île 
d'Elbe,  de  le  sortir  de  prison. 

Retiré  au  château  de  CoUias,  dans  le 
Gard,  il  devint  maire  de  cette  commune 
et  y  mourut  en  1836,  âgé  de  66  ans. 

Sa  fille  épousa  un  gentilhomme  qui 
avait  été  chevalier  d'honneur  de  la  du- 
chesse de  Berry. 


958 


royaux   du   camp 

834).  —  Est-on  bien 
sûr  de  l'authenticité  de  la  pièce  repro- 
duite ? 


Les   mandats 
des  alliés  (LIV, 


La  signature  :  «  Louis  dix-huit  »,  me 
laisse  supposer  que  nous  sommes  en  pré- 
sence d'une  pièce  inventée  après  coup. 

Germain  Bapst. 


Napoléon 3t  madame  Fourès  (LIV, 
163,  288,  511).  —  Puisque  l'on  revient 
dans  X'IntcrtnéJiaire  sur  Mme  Fourés, 
plus  tard  Mme  de  Rar.choux,  ne  serait-il 
pas  possible  d'avoir  son  acte  de  baptême.? 
Elle  se  nommait  Marguerite-Pauline  Bel- 
lisle  et  devait  être  née  à  Carcassonne. 

L. 


Le  fils  du  génc^ral  Leclerc  et  de 
Paul  ne  Bonaparte  (T.  G..  505^.  — 
A  joindre  au  doss  er  de  cette  question  po- 
sée il  y  a  longtemps,  la  copie  intégrale  de 
l'acte  de  mariage. 

ARMÉE   D'ITALIE 

République  Française 
LIBERTÉ  ÉGALITÉ 

Alexandre  Berthier, 
Général    de    division,    chef   de    l'Etat 
Major  général, 

Ce  aujourd'hui,  premier  prairial  (germinal 
est  raturé)  an  V  de  la  République  française, 
10  heures  du  matin. 

Par  devant  moi  général  de  division,  chef  de 
l'Etat-Major  de  l'armée  d'Italie  se  sont  pré- 
senté : 

Emmanuel  Le  Clerc  majeur,  fils  légitime 
de  Jean-Paul  Le  Clerc  et  de  Marie-Louise 
Muoquinet,  né  à  Pontoise,  le  dix-sept  mars 
1772,  général  de  brigade,  employé  à  l'armée 
du  Rhin,  d'une  part, 

Et  de  l'autre  citoyenne  Paulette  Bonaparte 
née  à  Ajaccio,  en  Corse,  le  2  octobre  1780, 
fille  légitime  de  (feu  est  rayé)  Charles  Bona- 
parte et  de  Letitia  Ramolini,  lesquels  munis 
des  papiers  prescrits  par  la  loi,  après  avoir 
fait  la  déclaration  de  n'avoir  contracté  jus- 
qu'à ce  jour  aucun  acte  de  mariage,  ont  dé- 
claré vouloir  contracter  ensemble,  l'acte  de 
mariage  conformément  aux  lois  de  la  Répu- 
blique française  ,  lesquels  ont  signé  avec 
nous. 

Alex.  Berthier.  P.Bonaparte. 

V.  E.  Leclerc. 

Nous  chef  de  l'Etat-Major  généralMe  l'ar- 
mée d'Italie,  certifions  que  la  déclaration  ci- 
dessus  a  été  affichée  conformément  à  la  loi  à 
la  porte  de  l'Etat-inajor  général  le  temps  fixé 
par  la  loi  et  que  jusqu'à  ce  jour  26  prairial,  il 
n'y  a  eu  aucune  réclamation. 


No  1134, 


L'INTERMEDIAIRE 


959 


—    960 


Abbaye  cistercienne  de  Herc- 
kenroda  (LIV,  891).  — Je  voudrais  dire 
le  plus  modestement  possible  aux  ques- 
tionneurs de  Y  Intermédiaire  que  pour  les 
sujetsqui  concernent  le  moyen  âge, il  y  au- 
rait lieu  de  consulter,  au  préalable,  mon  ^Ê- 
pertoire  des  sources  historiques  du  moyen  âge. 
Ainsi  sur  l'abbaye  d'Herckenrode  j'indique 
(Topo-bibliographie,  c.  1412),  outre  le 
Gaîlia  cbriiiiana,  une  demi-douzaine  de 
publications, dont  je  crois  inutile  de  repro- 
duire ici  les  titres  assez  développés,  mon 
ouvrage  se  trouvant  dans  presque  toutes 
les  bibliohèques.  U.  C. 


L'empf^reurG  llaume  est-il  entré 
dans  Paris  en  871  (LIV,  777,  843, 
009.  —  Les  souvcMii  s  de  Louis  Schneider, 
lecteur  du  roi  Guillaume,  présentent  un 
tableau  complet  de  la  vie  de  ce  prince, 
de  1848  à  1873. 

L'auteur,  à  mesure  qu'il  les  écrivait, 
les  a  soumis  à  son  maître  qui  les  a  corri- 
gés et  annotés  et  en  a  autorisé  la  publica- 
tion après  sa  mort. 

Traduits  de  l'allemand  par  Ch.  Rabany, 
ces  souvenirs  ont  été  publiés  en  1888 
(3  vol.  in-f.)  par  l'éditeur  Berger-Levrault. 

J'y  lis  (t.  m,  p.  233;  : 

L'Empereur  ignorait  encore  la  nouvelle 
télégraphique  venue  de  Bordeaux  ;  il  parla 
de  la  réunion  du  corps  de  la  garde  pour  se 
diriger  vers  la  Porte  Maillot, 

H  me  fit  part  de  son  intention  d'aller  à 
Paris  dans  le  courant  de  la  journée.  Après 
mon  expérience  de  la  veille,  J'auiais  bien 
voulu  l'en  détourner  ;  mais  je  savais  à  l'a- 
vance que  cela  était  inutile  et  je  vis  partir, 
«  avec  crainte  et  tremblement  »  par  la  route 
de  Sèvres,  l'Empereur,  accompagné  du  comte 
de  Lehndorff. 

Sa  Majesté  se  fit  conduire  dans  la  ville  par 
le  bastion  du  Point-du  Jour  dans  l'intention 
de  se  diriger  de  là  vers  l'Arc-de-Triomphe 
et  les  Champs-Elysées.  Mais  le  chemin  était 
mauvais  et  si  embarrassé  de  barricades  et  de 
décombres  qu'il  était  impossible  à  une  voi- 
ture de  passer.  A  la  première  courtine  de 
l'enceinte  on  dut  revenir  dans  le  Bois,  ou 
plutôt  maintenant,  dans  la  plaine  de  Boulogne. 
L'empereur,  renonçant  donc  à  entrer  à  Paris, 
retourna  à  Versailles. 

Il  me  tomba  un  poids  de  dessus  le  cœur 
quand  je  vis  sa  voiture  rentrer  sans  accident 
dans  la  cour  de  la  Préfecture. 

Voilà  qui  me  paraît  décisif. 

1  convient  d'ajouter  que  cette  doulou- 


reuse  revue  de  Longchamps  eut  lieu  le 
3  et  non  le  i"'  Mars.  Geo  L. 

Une  fille  naturelle  de  Jérôme 
Bonaparte  (LIV,  553,686,732,846).— 
Sœur  Marie  de  la  Croix  était  fille  de  Jé- 
rôme Napoléon  et  de  la  comtesse  Pa- 
penheim.  Elle  avait  une  influence  consi- 
dérable sur  le  prince  Napoléon  qui  venait 
souvent  la  voir,  ainsi  que  la  princesse 
Clotilde. 

Elle  est  morte  dans  les  bras  du  prince 
Napoléon. 

Ce  dernier  avait  prié  la  princesse  Ma- 
tilde  de  venir  voir  mère  Marie  de  la  Croix, 
la  princesse  s'était  rendue  à  ce  désir, mais 
la  religieuse  l'ayant  accueillie  comme  si 
elles  eussent  été  de  la  même  mère,  en 
l'appelant  «  Ma  chère  sœur  »,  la  prin- 
cesse choquée  de  ce  manque  de  tact,  ré- 
pondit par  l'appellation  de  «  Madame  », 
et  ne  revint  plus  aux  Oiseaux. 

Un  rat  de  BIBL10THÈQ.UE. 

La  France  et  ses  limites  natu- 
relles (LIV,  667,  793,  846).  —  aue 
M.  le  docteur  Bougon  nous  permette  de 
lui  dire  qu'il  traite  bien  cavalièrement 
une  question  sérieuse. 

Quant  à  son  assertion  que  les  Français 
ont  possédé  la  Franconie,  depuis  quinze 
siècles,  la  comprenne  qui  pourra  !  En 
qualité  de  curieux  de  Ylnterwédiaire^  nous 
lui  demandons  de  nous  apprendre  com- 
ment la  Franconie,  berceau  des  empereurs 
d'Allemagne  au  moyen  âge,  a  pu  se  trou- 
ver en  même  temps  au  pouvoir  des  Fran- 


çais 


LÉON  Sylvestre, 


Moïse  et  la  croyance  à  l'immor- 
talité de  l'âme  fLIV,  778,  852).  -  Pa- 
trice Larroque,  dans  un  livre  qui  fit  beau- 
coup de  bruit  en  son  temps,  mais  qui  est 
dépassé  actuellement  par  les  exégétiques 
plus  modernes,  affirme  de  la  manière  la 
plus  positive  et  avec  preuves  à  Tappui, 
que  l'idée  de  l'immortalité  de  l'âme  est 
absente  du  Pentateuque . 

Si  l'on  admet  que  les  Hébreux  vécurent 
des  siècles  sur  la  terre  d'Egypte,  en  con- 
tact par  conséquent  avec  des  populations 
qui  d'une  manière,  à  la  vérité,  subtile  et 
un  peu  vague,avaient  la  notion  de  lapersis- 
tance  du  principe  de  la  vie  après  la  mort, 
on  verra  là,  si  l'on  veut,  une  preuve 
de  ce  particularisme  irréductible  qui    est 


à 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1906. 


961 


le  caractère  du  peuple  d'Israël    à  travers 
les  âges. 

Quoiqu'il  en  soit, et  laissant  à  d'autres, 
et  pour  cause,  l'honneur  de  discuter  à 
fond  ce  point  d"histoire  des  idées  morales 
et  religieuses,  je  me  permettrai  une  seule 
observation.  11  s'agit  de  Moïse,  l'auteur 
présumé  du  Pentateuque,  peut-être  l'est-il 
comme  Homère  l'est  de  l'Iliade  et  de 
VOdyssée,  c'est  à-dire  de  la  Genèse,  de 
VExode^  du  Lévitiqne,  des  Nombres  et  du 
DeiiteroHome.  Eh  bien,  je  ferai  remarquer 
que  dans  sa  communication  de  1873, 
M  RoUer  invoque  des  textes  plus  ou 
moins  concluants, mais  qui  tous  sont  pos- 
térieurs à  Moïse  et  même  séparés  de  lui 
par  un  long  intervalle  de  temps.  Or,  il  ne 
suffit  pas  d'invoquer  l'école  de  Moïse, 
c'est  l'autorité  de  Moïse  lui-même  qui  est 
en  question,  et  en  ne  citant  que  des  pas- 
sages d'autres  livres,  M.  RoUer  semble 
reconnaître  implicitement  qu'il  n'y  a  au- 
cun texte  certain  en  faveur  de  l'immorta- 
lité de  l'âme  dans  le  Pentaieiique. 

Dans  son  Examen  critique  des  Dogmes 
de  la  Religion  chrétienne  ,  Patrice  Larro- 
que  fait  remarquer  que  le  Livre  de  Job 
n'explique  nullement  la  présence  du  mal 
sur  la  terre  et  le  malheur  qui  accable  si 
souvent  les  justes,  par  le  dogme  affirmé 
de  l'immortalité  de  l'âme.  Tout  au  con- 
traire, job  est  récompensé  dans  ce  monde 
de  ses  souffrances, et  le  poème  finit  dans 
une  sorte  d'apothéose  de  richesse  et  de 
bonheur  temporel. 

Je  crois,  du  reste,  que  l'on  a  toujours 
discuté  sur  l'origine  et  la  date  du  Livre 
de  Job,  et  ne  sais  si  l'exégèse  moderne  est 
arrivée  à  une  solution,  je  ne  dis  pas  assu- 
rée, et  n'ai  pas  de  certitude  possible  en 
ces  matières,  mais  acceptable.  Il  me  sem- 
ble que  dès  le  iv«  siècle  —  il  est  né  en 
531  et  mort  en  420  — .  saint  Jérôme 
trouvait  déjà  beaucoup  de  difficulté  à  tra- 
duire, à  comprendre,  à  situer  dans  le 
temps  le  Livre  de  Job. 

Au  surplus,  je  touche  à  ces  questions 
en  amateur  et  propose  moins  des  solu- 
tions que  je  ne  pose   des  questiojisà  de 


que  je 
plus  habiles. 


H.  C.  M. 


Notre-Dame  de  Lorette  (LUI  ;  LIV, 
338,  419,  619,  910).  —  le  suis  un  admi 
rateur  du  talent  et  del'érudition  de  M.  le 
chanoine    Ulysse  Chevalier,    et   je    tiens 
d'autant  plus  à  le  dire  que  si  je  ne  par- 


962 


tage  pas  son  opinion  sur  le  sanctuaire  des 
Marches,  cela  n'enlève  rien  à  ma  respec- 
tueuse estime  pour  son  érudition  in- 
contestée. 

M.  Ulysse  Chevalier  argumente  ainsi 
dans  son  volume  :  Le  miracle  de  la  trans- 
lation de  Lorette  ne  conste  pas  des  docu- 
ments. Donc  ce  fait  n'a  pas  existé.  Si  le 
chanoine  s'était  borné  à  la  première  par- 
tie de  sa  proposition,  on  aurait  pu  lui 
dire  :  c'est  une  question  à  étudier  ;  mais 
conclure  de  l'absence  de 
non  existence  du  fait  est 


documents  à  la 
une  faute  gros- 


sière contre  la  logique. 

Monsieur  Ulysse  Chevalier  a-t-il  bien 
toutcité  intégralement  .f"  Il  me  semble  qu'il 
n'a  pu  tout  contrôler  par  lui-même  et  a 
publié  les  documents  tels  qu'on  les  lui 
remettait.  Or,  on  lui  a  depuis  complété  des 
textes  non  intégralement  cités,  et  il  s'est 
trouvé  que  le  texte  complété  disait  posi- 
tivement le  contraire  de  ce  qu'il  lui  fai- 
sait affirmer,  je  fais  allusion  à  la  Descrip- 
tio  Terrae  Sanctae  de  Jean  de  Wurtz- 
bourg,  auteur  du  xu®  siècle,  qui,  dans  le 
texte  complété,  affirme  avoir  vu  et  re- 
marqué la  maison  de  la  sainte  Vierge  à 
Nazareth.  Hoc  adhuc  ostenditur  in  loco 
distincte,  ut  praesens  vidi  et  notavi.  Donc, 
d'après  ce  témoin,  la  Santa  Casa  existait  à 
Nazareth  au  xii^  siècle. 

D'après  des  personnes  bien  plus  com- 
pétentes que  moi,  il  y  aurait  d'autres 
observations,  du  même  genre  ou  d'un 
genre  analogue,  à  faire  sur  ce  travail,  qui 
ne  serait  ni  aussi  complet,  ni  aussi  exact 
qu'il  semblerait  a  piiori  le  devoir  être. 

Ceux  qui  le  disent  ne  sont  pas  tous  des 
défenseurs  de  la  Santa  Casa.  Le  D"'  Lap- 
poni,  médecin  du  pape,  qui  vient  de 
mourir,  et  ne  croyait  au  miracle  de 
la  translation,  dit  dans  un  article  à  pro- 
pos de  la  fresque  de  Gubbio.  «  Le  D' 
Hùffer,  de  Munich,  prépare  et  a  même 
achevé  sur  la  Santa  Casa  un  ample  tra- 
vail, bien  plus  profond  que  celui  d'Ulysse 
Chevalier,  e\.  défmitlf  {e saur ien te).  Si  des 
amis  se  permettent  cette  appréciation,  on 
comprendra  que  les  adversaires  ne  soient 
pas  tenus  à  tant  de  réserve. 

Enfin,  et  voilà  le  renseignement,  iné- 
dit, je  crois  même  pour  M.  Ulysse  Che- 
valier. La  question  de  Lorette  a  été  por- 
tée à  la  Congrégation  des  Indulgences. 
Or,  je  puis  assurer  qu'on  a  trouvé  dans 
les  archives  Vaticanes  d'importants  do- 


N*   1J34. 


L'INTERMEDIAIRE 


963 


964 


cutnents  qui  justifient  complètement  la 
tradition  ecclésiastique.  Ces  documents 
n'ont  pas  été  communiqués  à  qui  a  fait  à 
Rome  des  recherches  pour  le  chanc'ine  de 
Romans,  ni  à  aucun  autre.  Ils  resteront 
pour  l'usage  exclusif  de  la  S.  Congréga- 
tion, qui  pourra,  le  cas  échéant,  s'appuyer 
sur  leur  teneur  pour  établir  le  bien  fondé 
historique  de  sa  décision. 

En  attendant,  la  S.  Congrégation  laisse 
que  les  savants  s'agitent  :  elle  se  réserve 
le  dernier  mot. 

D""  Albert  Battandier. 

Usuriers  deCahors  (LIV.  562,704, 
766).  —  Après  avoir  exammé  avec  soin  la 
passage  de  la  Divine  Comédie  signalé  par 
M.  J.  P.  K.  {Enfer,  chant  xi),  je  crois 
avoir  trouvé  la  solution  du  problème  et 
je  la  soumets  à  notre  collaborateur  (sauf 
meilleur  avis).  Pourquoi  le  grand  poète 
a-t-il  flagellé  de  préférence  les  usuriers  Je 
Cahots  plutôt  que  de  telle  autre  ville  de 
France  ou  d'Italie  .?  —  Il  faut  se  reporter 
à  l'histoire  contemporaine  du  Dante  et  se 
rappeler  ses  antipathies  politiques,  et  de 
plus  ne  pas  oublier  qu'il  retoucha  son 
étonnante  épopée  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie 
arrivée  le  14  septembre  1321.  Or,  c'est 
un  pape  français  originaire  de  Cahors 
(Jacques  Duèze)  ex-évèque  d'Avignon  et 
de  Porto  (Italie)  qui  le  7  août  j^i6  avait 
été  élu  pape  sous  le  nom  de  Jean  XXII a. 
Lyon,  par  une  majorité  de  cardinaux 
français  pour  succéder  à  un  pape  français. 
Clément  V).  On  sait  les  rancunes  et  les 
haines  excitées  en  Italie  pendant  tout  le 
XIV*  siècle,  par  cette  persistance  du  col- 
lège des  cardinaux  à  nommer  des  prélats 
français  (11  y  en  eut  luit  à  la  file).  Mais 
ce  n'est  pas  tout  et  voici  deux  autres  mo- 
tifs qui  expliquent  les  paroles  du  grand 
poète  et  ses  antipathies  contre  les  Usuriers 
de  Cahors.  Le  pape  Jean  XXII  fut  l'adver- 
saire politique  irréductible  du  prétendant 
à  l'Empire,  Louis  de  Bavière  représentant 
du  parti  Gibelin,  celui  pour  lequel  le 
Dante  avait  ses  préférences.  Enfin  3°  il 
est  acquis  à  l'histoire  que  Jean  XXII  ac- 
crut considérablement  les  ressources 
financièresdu  trésor  pontifical  d'Avignon, 
par  l'institution  de  certaines  taxes  con- 
nues sous  le  nom  de  :  Réserves,  annales, 
expectatives  (je  n'ai  pas  à  expliquer  ces 
mots),  multipliées  à  un  degré  peut-être 
excessif  et  c^ue  les  historiens  catholicjues 


eux-mêmes  ont  blâmées.  Le  Dais  a  sur- 
vécu près  de  cinq  ans  à  l'élc  ion  de 
Jean  XXll  (13  16-1328)  et  ayant  t)uvé  un 
excellent  prétexte  de  mettre  lans  le 
3"^  cercle  de  \' Enfer  les  Usiiers  de 
Cahors  (sans  se  compromettre)  les  y  a 
mis.  AuG.  Pas  DAN. 

*  * 
Le   verset  de  Dante   a  été    exitement 

traduit  par  P.  A.  Fiorentino  dtla  ma- 
nière suivante  :  «  C'est  pourqià  Ten- 
ceinte  plus  étroite  scelle  du  mên  sceau 
Sodome  et  Cahors  et  tous  ceux  <ii  mé- 
prisent Dieu  dans  leurs  paroles  t  dans 
leur  cœur»,  (édit.  Hachette). 

Contrairement  à  l'opinion  de  cix  qui 
supposent  que  Dante  ait  ici  maJit  les 
Caorsins  à  cause  de  leurs  mœur  analo- 
gues à  celles  de  Sodome,  je  soutic-s  qu'il 
est  question  ici  du  seul  \'ice  de  jsure. 
L'interméiliairiste  Candide  obser-.  qu'il 
n'est  pas  question  d'usuriers  cns  le 
texte.  Mais  il  faut  lire  tout  entier  c  chant 
onzième  et  surtout  les  vers  qui  jivent 
94  à  96  et  109  à  III.  En  elïet,  Dante 
ayant  posé  cette  demande  à  Virgil  : 

Ancora  un  poco  indietro  ti  rivol 
Diss'io  là  dove  di  che  usura  offeie 
La  diviiia  boutade  e  il  groppo  so  ... 
(Retourne  un  peu  sur  tes  pas,  où  ti  as  dit 

que  l'Usure  offense  la  bonté  divine   c  délie 

ce  nœud.) 

Virgile  lui  explique  ce  nœud,  en  li  di- 
sant que  l'homme  doit  puiser  les  sarc«s 
de  sa  vie  dans  l'Intelligence  de  Itu  et 
dans  l'Art  et  que  les  usuriers  sont  >unis 
de  même  que  les  sodomistes  parc  que 
l'Usure  est  une  offense  à  la  Nature 

E  perché  l'usurière  altra  via  tiene 
Per  se  natura  e  per  la  sua  seguace 
Dispregia,  poichè  in  altro  pon  la  spne. 
(Or,  comme  j'usurier  suit  une  autre  oute, 

il    offense  la   Nature  en   elle-même   e  dans 

l'Art  qui  l'imite). 

Il  s'agit  donc  bien  ici  d'usuriers. 

(Xuant  aux  usuriers  de  Cahors,  cei'est 
pas  une  colonie  de  changeurs  italier,  de 
juifs,  ou  de  lombards  qui  a  causé :ette 
mauvaise  réputation  à  la  ville  ;  nis  à 
l'époque  de  Dante,  tous  les  habitan-  de 
Cahors jouissaientde  la  réputation d'iure. 
Aux  mots  cités  de  Godefroy  on  peutussi 
ajouter  les  mots  Cbaorcis  et  Chaoïsier, 
qui,  dans  l'ancien  français,  étaient  .'no- 
nyme  d'usurier  (Voy.  nannucci)  Du 
reste  le  Boccace,  que  Ton  peut  consiérer 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


965 


contempoiin  du  Dante,  a  dit  bien  claire- 
ment que  3ute  la  ville  avait  le  vice  de 
Tusure.  Jeraduis  littéralement: 

Caorse  e  une  ville  tellement  habituée  au 
prêt  d'usu  que  dans  cette  ville  il  n'y  a 
homme  niemme,  vieilles  personnes  ou  jeu- 
nes, petit  a  grand,  qui  ne  s'adonnent  à  cela. 
Et  pas  mois  que  les  autres  les  servantes  aussi 
de  ce  pay  en  outre  de  leur  salaire,  si  par 
hasard  eli-  ont  en  mains  six  ou  huit  de- 
niers, tourie  suite  elles  en  disposent  et  prê- 
tent à  foi  prix  ;  pour  lesquelles  choses  ce 
leur  misé.ble  exercise  est  tellement  divulgué 
que,  surtot  chez  nous,  à  peine  l'homiTie  dit 
de  quelqu  a  :  //  est  Caorsin  !  que  l'on  com- 
prend qu'  est  usurier. 

Une  dnière  observation. 

L'interiédiairiste  H.  G.  M.  fait  noier 
que,  Daic  étant  mort  en  1321  et  V Enfer 
étant  pulié  lorsque  Jean  d'Euse  monta 
sur  le  trne  pontifical  d'Avignon  (i  3  16), 
il  ne  peipas  être  ici  question  d'une  allu- 
sion dan^sque  contre  Jean  XXII.  Or  je 
n'oseraipas  soutenir  que  dans  ce  tercet 
du  chan  onzième  de  VEnfer,  Dante  eût 
l'intentia  de  faire  allusion  à  ce  Pape  ;  je 
ne  le  crrs  pas.  Mais  il  est  certain  que,  il 
aailleur  tlétri  Jean  XXII  et  précisément 
par  les  .rs  58,  59  du  chant  XXVII  du 
Paradis  zn  disant  : 

Del  sa~ue  nostro  Caorsini  e   Guaschl 
S'appecchiano  a    bere... 
(Déjà  s  Caorsins    et  les  Gascons    s'apprê- 
tent à  bce  notre  sang...) 

dans  leael  passage  tous  les  commenta- 
teurs c  Dante  s'accordent  à  voir  une 
apostrc  le  du  fierGibelin  contre  jean  XXII 
de  Cah  s  (1316)  et  Clément  V  de  Gasco- 
gne (élien  130=5),  ces  deux  papes  protec- 
teurs c-  Guelfes. 

Ce  {L'tendu  anachronisme  (noté  déjà 
par  le  ireHardouin  en  1727J  cesse  d'être 
tel  si  1  a  songe  que,  lorsque  Dante  mou- 
rut, Je-i  XXII  était  pape  depuis  =5  ans_et 
que  les  lodernes  études  sur  la  Divine  i.o- 
wi^iV  i;)tamment  ceux  de  Hugues  Fos- 
colo)  et  prouvé  triomphalement  que  le 
Poëme  a  jamais  été  publié  du  vivant  de 
Dante  t  qu'il  a  été,  en  quelque  sorte, 
tenu  a  courant  par  son  auteur  jusqu'à 
l'époqi  de  sa  mort.  Colocci. 

Daie  de  lit  (LIV.  "56 1).  —  La  dame 
delit,;omme  son  nom  l'indique,  avait 
pour  Inction  de  rester  près  du  lit. 

Macme  de  Vesmes  était    lectrice   de 


30   Décembre  i')o6. 
■ — —     966 

Marie-Antoinette,  qui  avait  créé,  en  sa 
faveur,  une  charge  de  dame  de  lit.  Ses 
fonctions  étaient  d'ouvrir  et  de  fermer  les 
rideaux  de  Sa  Majesté  et  de  coucher  au 
pied  de  son  lit  quand  la  reine  le  jugeait 

à  propos.  b""  L. 

* 

jal  a  consacré  un  article  a  cette  fonction 
dont  fut  pourvue,  la  première  peut-être, 
Madame  Dufresnoy,  le  2  avril  1673.  Le 
savant  polygraphe  n'a  point  dit  en  quoi 
consistait  cette  fonction.  11  suppose  qu'elle 
s'occupait  de  la  chambre  de  la  reine  et  lui 
tenait  peut-être  compagnie  quand  elle 
n'avait  pas  de  visite.  La  dame  du  lit  de  la 
reine, dans  VEtat  de  la  France,éta\t  inscrite 
après  les  autres  dames  de  la  reine  et  avant 
la  gouvernante  des  enfants  de  France. 
Dangeau  nomme  une  fois  une  dame  du 
Fresnoy,  mais  ne  dit  rien  de  ses  fonc- 
tions. E    Grave, 

* 

L'office  de  dame  du  lit  de  la  reine  fut 
créé  le  2  avril  1673.  11  est  probable  que 
tout  ce  qui  tenait  au  coucher  et  au  lever 
de  la  reine  Marie-Thérèse,  femme  de 
Louis  XIV,  concernait  cette  dame,  qui 
devait  avoir  inspection  sur  les  femmes  de 
chambre  chargées  de  faire  le  ht  de  S.  M. 
La  dame  de  lit  avait  rang  après  toutes  les 
dames  de  la  reine,  et  avant  les  gouver- 
nantes des  enfants  de  France.  Madame 
Dufresnoy  fut  la  seule  dame  du  lit  de  la 
reine.  Marie  -  Thérèse  étant  morte  le 
30  juillet  1683,  avec  elle  finit  l'office  dont 
madame  Dufresnoy  conserva  le  titre  tout 
le  reste  de  sa  vie.  Elle  était  la  temme  d'un 
commis  de  la  guerre  ;  la  chronique  scan- 
daleuse de  la  cour  de  Louis  XIV  préten- 
dait qu'elle  avait  dû  sa  place  auprès  de  k 
reine  à  la  passion  que  Louvois  avait 
conçu  pour  elle.  E.  M. 


* 


nDame  de  lit .  CtWt  qui  assistait  au 
coucher  et  au  lever  de  la  Reine  ».  Ainsi 
parle  le  Dictionnaire  Larousse,  et  ce  dic- 
tionnaire a  tort  ainsi  de  ne  rien  dire.  Car 
pour  ne  prendre,  comme  exemple,  que  le 
lever  et  le  coucher  de  Marie-Thérèse, 
épouse  de  Louis  XIV, pouvaient  assister  au 
lever  et  au  coucher  22  dames  d'hon- 
neur et  d'atours  et  17  femmes  de  cham- 
bre. 

Au  coucher  de  la  reine  comme  a  son 
lever, le  rôle  de  la  dame  de  lit  était  piire- 
ment  matériel  et  nullement  décoratif.  C'est 


N»  1134. 


L'INTERMEDIAIRE 


Q67 


elle  qui  s'entendait, pour  les  besoins  de  la 
literie,  avec  la  dame  de  lingerie.  Aidée  des 
femmes  de  chambre  ordmaires,  elle  faisait 
le  lit,  le  préparait  le  soir,  et  au  besoin  le 
bassinait. 

Elle  ne  prenait  aucune  part  à  la  toilette 
de  la  reine.  Ainsi  pour  le  lever,  la  dame 
d'atours  passait  le  jupon,  présentait  la 
robe.  La  dame  d'honneur  versait  l'eau 
pour  laver  les  mains  et  passait  la  chemise. 
Lorsqu'une  princesse  de  la  famille  royale 
se  trouvait  à  l'habillement,  la  dame  d'hon- 
neur lui  cédait  cette  dernière  fonction 
mais  ne  la  cédait  pas  directement  aux 
princesses  du  sang  :  dans  ce  cas,  la  dame 
d'honneur  remettait  la  chemise  à  la  pre- 
mière femme  de  chambre,  qui  la  présen- 
tait à  la  princesse  du  sang. 

Au  coucher,  c'était  le  même  cérémonial 
en  sens  inverse.Onvoitdonc  que  lerôlede 
la  dame  délit,  en  assistant  au  lever  et  au 
coucher  de  la  reine,  était  des  plus  res- 
treints. 

Ajoutons  que  la  dame  de  lit  ne  figurait 
pas  dans  la  maison  de  la  reine, à  VAlma- 
nach  royal.  D»"  Billard. 

Los  femmes  -  confesseurs  (LIV, 
66^).  —  Les  femmes  ont-elles  exercé, 
jadis,  dans  les  monastères,  le  rôle  de  con- 
fesseurs ? 

La  pratique  des  confessions  quotidien- 
nes, faites  par  les  religieuses  à  leur  ab- 
besse,  dans  le  haut  moyen  âge,  est  cer- 
tifiée par  quelques  textes  qui  paraissent 
bien  authentiques.  Il  faut  observer,  ce- 
pendant, que  les  exemples  allégués  ne 
portent  pas  tous,  ni  sûrement,  le  carac- 
tère de  la  pénitence  sacramentelle,  et,  par 
conséquent,  de  la  vraie  confession,  mais 
plutôt  d'humbles  aveux  faits  dans  un  es- 
prit de  dévotion.  Pourtant  il  a  certaine- 
ment existé  des  abus.  Au  temps  même 
d'Innocent  III,  on  signale  des  abbesses  qui 
s'attribuaient  le  droit  d'absoudre.  Le  fait 
ne  devait  pas  être  fréquent,  car  le  pape 
apprit  avec  le  plus  profond  étonnemeut 
Texistence  de  cet  abus  qu'il  qualifia  à'ab- 
sonurn  et  d'absurdum. 

L'Eglise,  en  effet,  n'a  jamais  sanctionne 
cet  audacieux  empiétement.  Le  ministère 
de  la  confession,  pour  être  validement 
exercé  suppose  le  sacerdoce  ou  pouvoir 
d'ordre  —  dont  le  sujet  ne  peut  être  que 
l'homme  —  et,  en  second  lieu,  le  pouvoir 
de  juridicHon.  L'un   ne  saurait  suffire,  sé- 


968     . 

paré  de  l'autre,  pour  rendre  valide  une 
absolution.  Par  l'ordination,  le  prêtre  a 
reçu  le  pouvoir  d'absoudre  ;  mais  c'est  un 
pouvoir  lié,  un  pouvoir  qui.  pour  s'exer- 
cer, a  besoin  d'être  complété  par  le  pou- 
voir de  juridiction,  lequel  donne  au  prê- 
tre une  autorité  de  juge  sur  une  catégo- 
rie déterminée  de  fidèles,  —  car  devant 
l'Eglise  et  au  for  intérieur^  l'acte  d'ab- 
soudre est  un  acte  d'ordre  judiciaire. 

L^.  juridiction.^  qui  englobe  ce  qu'on  ap- 
pelle  aussi   V approbation,    c'est  à-dire  la 
reconnaissance    de     la    capacité    du   su- 
jet, est  accordée  par  le  supérieur  hiérar- 
chique —  l'évêque  —  aux  ecclésiastiques 
ayant  charge  d'âmes.   Le  Souverain  Pon- 
tife,suprême  dépositaire  du /)OMî)o/r  des  dès, 
accorde  lui-même  la  juridiction  aux  évê- 
ques  dans  les  limites  de  leurs  diocèses  res- 
pectifs. Dans  beaucoup  de  cas,  il  l'accor-^ 
dait  et  l'accorde   encore  directement  aux 
religieux  exempts.  Ce  pouvoir  de  juridic- 
tion a  même  été  concédé  autrefois  à  cer- 
taines   abbesses.  Mais   on    comprend  de 
suite  que  ces  femmes,    n'ayant   pas  et  ne 
pouvant  avoir  le  pouvoir  d'ordre.,  étaient 
radicalement  empêchées  d'exercer  la  fonc- 
tion sacramentelle    Ce  qu'elles  pouvaient 
faire  et  ce  qu'elles  faisaient,  c'était  de  dé- 
signer les  confesseurs-prêtres  de  leurs  re- 
ligieuses,   auxquels   elles   transmettaient 
licitement   et  validement   le   pouvoir  de 
juridiction. 

Cette  particularité,  d'ailleurs  assez  cu- 
rieuse, a,  sans  doute,  induit  en  erreur 
plus  d'un  historien,  Dulaure  en  parti- 
culier, qui,  confondant  la  nature  de  ces 
deux  pouvoirs  —  ordre  et  juridiction  — 
a  conclu  de  faits  mal  compris  à  l'exis- 
tence canonique  de  femmes-confesseurs. 
Les  pratiquesjansénistes,  auxquelles  il 
est  fait  allusion  dans  les  Archives  de  la 
Bastille,  de  femmes  pratiquant  entre  elles 
la  confession  auriculaire  ;  celles  des  dia- 
conesses de  Berlin  recevant  la  confession 
de  femmes  protestantes,  que  rapportent 
les  Souvenirs  de  madame  la  baronne  du 
Montet,  échappent  à  la  discipline  de  l'E- 
glise catholique  et  ne  peuvent,  par  con- 
séquent, lui  être  imputées. 

D'  Billard, 

De  Profundis  (LIV,  ^^^).  —  Je 
suis  en  possession  d'une  volumineuse 
bible,  imprimée  à  Genève  en  1622, 
qui  suit  mot  pour  mot  les  textes  hébreu 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


969- 


30  Décembre  1906 


et  grec  (je  n'ai  pu  m'en  assurer  que  pour 
le  grec). 

Comme  réponse  à  la  question  posée,  je 
copie  le  psaume  en  question,  qui,  comme 
tous  les  autres  du  reste,  n'est  suivi  que 
de  très  loin  par  le  texte  latin.  Le  traduc-  ; 
teur  latin  n'a  pris  que  le  sens,  et  Ta  même   ! 
dénaturé  parfois,  comme  dans  le  cas  pré-   i 


970 


sent 


traductor^  iradilor. 


Pseaume  CXXX. 

1.  Cantique  de  Mahaloth. 

O  Eternel,  le   t'inuoque  des  lieux  profonds. 

2.  Seigneur,  escoute  ma  voix  :  que  tes 
oreilles  soyent  attentives  à  la  voix  de  mes 
supplications. 

3.0  Eternel,  si  tu  prens  garde  aux  iniqui- 
tés, Seigneur,  qui  est-ce  qui   subsistera  ? 

4.  Mais  [il  y  a]  pardon  par  devers  toi,  afin 
que  tu  sois  craint. 

5.  l'ai  attendu  l'Eternel  :  mon  âme  l'a 
attendu,  et  j'ai  eu  mon  attente  en   sa  parole. 

6.  Mon  ame  {d)  [s'attend]  au  Seigneur  plus 
soigneusement  que  les  guettes  du  matin,  qui 
aguettent  la  {e)  venue  du  matin. 

7.  Israël,  atten-toi  à  l'Eternel  :  car  [il  y  a] 
gratuité  par  devers  l'Eternel,  et  [y  a]  rédemp- 
tion en  abondance  par  devers  lui. 

8.  Et  lui  mesme  rachètera  Israël  de  toutes 
ses  iniquités. 

Il  est  à  remarquer  que  le  n"  CXXX  ne 
concorde  pas  avec  le  n"  129  donné  ordi- 
nairement au  Deprofundis.Le  texte  latin  des 
psaumes  n'a  pas  été  coupé  aux  mêmes  en- 
droits que  le  texte  hébreu .  11  en  résulte  que 
du  n"  10  au  n°  148  les  deux  numérotages 
diffèrent  de  i  ou  3  unités. 

—  Les  mots  mis  entre  crochets  dans 
ma  copie,  sont,  dans  le  livre,  imprimés 
en  italique,  ce  sont  des  mots  dits  sous- 
entendus. 

—  Mon  livre  contient  des  notes  margi- 
nales imprimées,  qui  occupent  absolu- 
ment toutes  les  marges,  en  voici  deux  qui 
intéressent  l'alinéa  6. 

—  (d)  En  tant  que  je  le  prie  très  ardem- 
ment, regardant  quand  il  m'envoyera  son 
secours. 

—  (e)  Hébreu  :  le  matin. 

F.X.T. 

* 
♦  * 

La  traduction  du  verset  du  «  De  Pro- 
fundis  »  indiquée  par  M.  A.  E.  est  tirée 
du  texte  hébreu. 

La  Bible  de  Crampon  nous  donne  la 
traduction  suivante  du  texte  hébreu  : 

Mon  âme  aspire  après  Adonaï 
Plus  que  les  guetteurs   de  la  nuit  n'aspirent 

[après  l'aurore 


M.  Segond,    dans    sa   traduction  de  la 
Bible, en  donne  la  version  suivante  :  (2) 
Mon  âme  compte  sur  le  Seigneur 

Plus  que  les  gardes  ne  comptent  sur  le  matin. 
Le  texte  des  Septantes  est   semblable  à 

G.  LA  Brèche, 


celui  de  la  Vulgate 


*  * 


M.  A.  E.  trouvera  peut-être  quelques 
renseignements  utiles  dans  les  lignes  que 
je  me  permets  de  lui  soumettre  :  1°  Le 
livre  des  Psaumes^  qui  a  eu  des  centaines 
de  traductions  dans  les  diverses  langues 
littéraires,  est,  sans  conteste^le  plus  diffi- 
cile à  comprendre  et  par  suite  à  traduire 
de  tous  les  livres  hébreux  de  l'ancien  Tes- 
tament. —  2°  Le  texte  de  la  Vulgate  la- 
tine, bien  que  seul  approuvé  par  l'Eglise 
Romaine  pour  le  chant  liturgique  et  les 
citations  théologiques,  n'est  cependant 
pas  regardé  par  Elle  comme  exempt  de 
fautes  de  traduction  ;  mais,  pour  ne  pas 
rompre  avec  une  très  ancienne  coutume 
datant  du  11''  siècle,  et  ne  pas  choquer  les 
oreilles  des  fidèles,  habitués  à  les  réciter 
tels  quels,  l'Eglise  Romaine,  depuis  saint 
Damase  (380  av  J.  C.)a  préféré  cette  tra- 
duction dite  Italique  à  la  traduction  bien 
plus  exacte  faite  par  saint  Jérôme.  —  3° 
En  ce  qui  concerne  spécialement  le  Psaume 
129  (qui  est  le  130* dans  le  texte  hébreu), 
Us  variantes  sont  assez  nombreuses. 

Voici  les  principales  :  (verset  3)  Si  tu 
comptes  les  péchés,  Javeh  !  Le  texte  hé- 
breu a  :  Si  tu  gardés)  le  péché. 

Verset  (4)  2*^  partie  :  et  propier  legem 
tuam  sustinui  te  Domine.  Dans  le  texte 
hébreu,  le  verset  4  finit  après  ces  mots  : 
Quta  apud  te  propitiatio  est.  Et  les  mots 
qui  suivent  sont  reponés  à  la  strophe 
suivante  :  Le  Propter  legem  tuam  sustinui 
te  Domine  :  Symmaque  lisait  svsxsy  toû 
vo//.iu  (à  cause  de  la  Loi)  :  les  Septante 
ont  écrit  :  évsxsy  toû  (5yo>«To,-  toO  '.  Propter 
nomem  tuum  ;  parce  qu'ils  lisaient  dans 
le  texte  hébreu  qu'ils  avaient  sous  les 
3^eux  :  le  mot  Tborah,  loi  ;  au  lieu  du 
verbe  Thivvarrê  (tu  seras  craint)  :  Saint 
Jérôme  devait  lire  quelque  chose  d'analo- 
gue, puisqu'il  a  traduit  :  cum  terribilis  sis 
Domine  :  —  Enfin  4%  la  Vulgate  est 
d'accord  avec  les  Septante  pour  le  pas- 
sage qui  étonne  M.  A.  E.  (Versets  6  et  7) 
A  custodia  matutina  usque  ad  noctem 
speret  anima  mea  in  Domino.  Le  texte 
I  hébreu  dit  expressément :s< Mon  àmoison- 


N*  1134. 


L'INTERMEDIAIRE 


971 


972 


pire)  après  Jéhovah  plus  que  les  guetteurs 
après  l'aurote.  Ce  texte  n'est  ni  calviniste, 
ni  janséniste  ;  il  est  purement  hébraïque 
et  peut  être  conservé  tel  quel.  C'est  une 
comparaison  fort  juste  et  qui  n'a  rien 
d'hétérodoxe.  A.  Paradan. 


Château  de  Marines  (LIV,  835).  — 
Je  pense  qu'il  s'agit  du  blason  de  la  fa- 
mille Le  Couteulx  qui  portait:  d'argent  au 
chevron  de  gueules,  accompagné  de  ^  trèfles 
de  sinople .  Félicité  Françoise,  fille  du 
comte  Jean-Barthélemy-Alphonse  Le  Cou- 
teulx de  Cantcleu,  pair  de  France,  et  de 
Matilde  deTalhouet,  née  le  9  mars  1824, 
décédée  le  13  décembre  1866,  épousa  : 
1°  le  i""  février  1843,  le  comte  Alfred  de 
Gouy  d'Arsy,  mort  en  1859  ;  2"  le  3  juil- 
let 1860  Michel-Archange-Robert  Duval, 
vicomte  du  Manoir. 

G.  P.  Le  Lieur  d'Avost. 

L'ex-libris  indiqué  dans  l'article  «  Châ- 
teau de  Marines  »  provient  du  château  de 
Farceaux  (Eure). 

Des  deux  écus  accolés,  le  premier  est 
de  Gouy  d'Arcy,  le  second  est  Le  Cou- 
teulx. 

Le  comte  de  Gouy  d'Arcy  avait  épousé 
Mathilde  Le  Couteulx  de  Canteleu,  fille 
du  comte  Le  Couteulx  de  Canteleu,  pair 
de  France,  et  avait  recueilli  en  partage  le 
château  de  Farceaux,  où  se  trouvait  une 
bibliothèque  importante.  De  ce  mariage, 
le  comte  Alfred  de  Gouy  d'Arcy  qui  habi- 
tait le  château  de  Marines. 


LeMoulin  joli  (LIV,78 1,916). — Nous 
sommes  loin  d'être  en  possession  de  tous 
les  renseignements  demandés  par  notre 
collaborateur  S.  Le  Lys,  mais  nous  pou- 
vons lui  assurer  que  Watelet,  bien  qu'il 
ait  attaché  son  nom  à  cette  demeure,  n'en 
a   jamais    été  propriétaire. 

Nous  comptons  traiter  ce  sujet  dans 
un  travail  d'ensemble  que  nous  préparons 
sur  l'ami  d«  Marguerite  Le  Comte. 

H.    BOURIN. 

Baptême  (noms  de  villes  don- 
nés) (XLVII  ;  XLVIU  ;  L  ;  LU  :  LUI; LIV, 
292,  855).  —  Le  29  février  1758,  il  était 


procédé  à  Abbeville  au  baptême  du  fils  du 
maieur  en  charge  ;  l'enfant  fut  tenu  sur 
les  fonts  baptismaux  par  un  échevin,  qui 
lui  donna  les  prénoms  de  Lon\s~Ahhe- 
ville.  C'est  la  première  fois  que  sembla- 
ble honneur  était  accordé  ;  par  la  suite,  il 
fut  plusieurs  fois  renouvelé.  En  1752,1e 
corps  de  ville  était  parrain  de  la  fille  du 
maieur,  qui  reçut  pour  prénoms  :  Marie- 
AIexandrine-Victoire-J.i&^z^///(^.  Dix  ans 
plus  tard,  le  7  septembre  1762,  le  pre- 
mier échevin  et  la  femme  du  second  éche- 
vin tenaient  sur  les  fonts  baptismaux,  au 
nom  de  la  ville,  la  fille  du  maieur,  qui 
était  baptisée  Françoise-Flavie  FiJèle-Abbe- 
viUe  -,  on  sait  que  la  ville  d'Abbeville 
avait  pour  devise  :  Fidelis. 

Des  présents  étaient  offerts  à  l'accou- 
chée et  à  l'enfant  au  compte  de  la  ville, 
qui  prenait  aussi  à  sa  charge  tous  les 
frais  de  la  cérémonie  et  le  dîner  offert  aux 
parrain  et  marraine,  aux  échevins  et  aux 
officiers  municipaux.  A.  L. 

Monsieur  le  Cbanoine  (LIV, 501, 585, 
640,  757.  81 1).  —  La  question  que  pose 
Quarte-Blanehe  est  assezdifficileà  résoudre 
au  point  de  vue  historique,  car  les  traités 
de  droit  canon  ne  s'occupent  pas  de  cette 
classe  d'ecclésiastiques,  aujourd'hui  très 
nombreuse,  mais  qui  constituait  alors 
une  minime  exception.  (Voir  Ferraris, 
Bihliotheca  canonica  mot  canonicatus.)  Cq 
que  Quarte-Blanche  dit  sur  les  chanoines 
émérites  est  très  juste  ;  ils  sont  les  an- 
cêtres des  chanoines  honoraires. 

Il  y  avait  en  France, au  xvui'  siècle  des  cha- 
noines honoraires  qui,  sans  toucher  aucun 
revenu, avaient  les  insignes  et  les  honneurs 
du  canonicat.  Le  roi  de  France  lui-même 
était  chanoine  honoraire  de  Saint-Hilaire 
de  Poitiers,  d'Angers,  de  Châlons,  de 
Tours  et  autres  églises  de  son  royaume. 
L'empereur  d'Allomagne,  au  temps  du 
Saint-Empire,  était  nommé  à  son  couron- 
nement chanoine  de  Saint-Pierre.  C'est  ce 
qui  arriva,  entr'autres  au  couronnement 
de  Charles  V,  par  Clément  VII,  à  Bologne 
(en  1530).  Il  n'est  permis  qu'aux  chanoi- 
nes de  la  Vaticane  de  vénérer  de  près  les 
reliques  de  la  croix,  de  la  lance  et  du 
voile  de  Véronique  conservés  dans  le  tré- 
sor de  cette  basilique, et  quand  des  souve- 
rains catholiques  les  désiraient  voir, le  pape 
les  nommait  chanoines  honoraires  de 
Saint-Pierre.JeciteraiCosmellLduc  de  Tos- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre   1906. 


97^ 


974 


cane,  qui,  pour  ce  motif,  fut  fait  ciianoine 
de  Saint-Pierre  et  qui,  étant  mort  en  1723, 
eut  un  office  céléioré  pour  lui  à  ce  titre 
dans  le  chœur  des  clianoines.  Urbam  VllI 
créa  chanoine  de  Saint-Pierre,  Pierre,  fils 
du  roi  de  Pologne,  Ladislas.  Par  ce  fait, 
on  voit  que  les  chanoines  honoraires  re- 
monteraient au  moins  à  la  première  moi- 
tié du  XVII*  siècle. 

Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que 
cette  effloraison  de  canonicats  honoraires 
a  eu  lieu  après  la  Révolution  française,  et 
il  faut  dire  que  d"autres  pays  se  sontetïor- 
ces  d'imiter  sur  ce  point  la  France.  Les 
évêques  français  ont  créé  ces  chanoines 
contre  toutes  les  règles  canoniques,  et  en 
particulier  contre  celle  qui  défend  de  faire 
de  ces  nominations  au  delà  du  tiers  des 
chanoines  titulaires.  Dans  les  chapitres  de 
France,  l'évêque  n'aurait  pu  norrmier  que 
trois  chanoines.  Le  diocèse  de  Viviers  en 
a  plus  de  quarante,  et  il  est  loin  d'être  un 
des  mieux  fournis. 

C'est  une  nouvelle  législation  qui  cher- 
che à  pénétrer  dans  l'Eglise  ;  ais  celle-ci 
résiste  encore,  cherchant  àcmaintenir  dans 
son  institution  primitive  ce  corps  des  con- 
seillers de  l'évêque. 

D""  Albert  Battandier  . 


Les  Bricquemaut  (LIV, 836,918).  — 
Notre  confrère  Cardaillaco  pourrait  con- 
sulter avec  fruit  la  publication  de  M. 
Fleury-Vindry  {Dict  .  de  F  Etat  major 
français  an  xvi*  siècle)  que  je  n'ai  pas  sons 
la  main,  en  ce  moment  :  de  même,  les 
Pièces  originales  et  autres  dossiers  con- 
servés au  département  des  mss.  de  la 
Bibl.  nat.  (Dossiers  Bleus,  Cab.  d'Hozier 
etc.)  Mais  les  Bricquemaut  dont  parle 
notre  confrère  étaient-ils  Béarnais  ?  J'en 
doute  fort  d'après  le  document  suivant 
que  je  trouve  consigné  dans  mes  notes  : 

Contrat  de  mariage  de  Messire  Jehan  de 
Prégrimault  dict  de  Bricquernaiilx,  chevalier 
vicomte  de  Prémartin,  seigneur  de  Bony, 
Marsy,  Lozé  et  de  Bryon  en  partie,  demeu- 
rant audict  Bricquemaulx,  bai  liage  de  Mon- 
targis,  —  fils  de  Messire  Jean  de  Bricque- 
mavilx.S.  dudict  lieu,Dammemarie  sur  I-omg, 
Milleron  et  de  Nogent.  Cappitaine  de  cin- 
quante hommes  d'armes  des  ordonnances  du 
Roy  et  de  feue  dame  Françoise  de  Langhac, 
jadis  sa  femme.  —  D'une  part  —  Et  de  no- 
ble damoiselle  Jehanne   Guillard,   fille  de  feu 


Messire  André  Guillard,  chevalier,  seigneur 
du  Mortier,  Conseiller  du  Roy,  en  ses  Con- 
seils cl'Estat  et  privé,  et  de  dame  Marie  Ro- 
bertet,  jadis  sa  femme,  à  présent,  sa  veuve. 
D'autre  part  —  la  présence  de  Monsieur 
l.oys  de  Guillard,  chevalier,  seigneur  de 
risle,  Lespichelièies  Vallon.  Magny  [sic)  pour 
Maigné)  Montmorillon,  baron  d'Arcy,  cham- 
beilan  du  Roy,  frère  de  la  dicte  Damoiselle, 
de  Dame  Marie  Reynier  sa  femme,  Marie  du 
Boys, cousine,  Pierre  de  Boisvert  (5/<:)Escuier, 
demeurant  audict  lieu  de  l'Espichelière,  pais 
du  Maine  etc.,  etc.  Faict  et  passé  en  l'Hos- 
tel  de  Madame  Louise  de  Colligny,  princesse 
d'Orange,  rue  Sainct-Thomas-du-Louvre  le 
mercredy  26e  jour  de  juillet  1600,  avant  midy, 
et  insinuée  au  Cliàtelet  le  mercredy  30  sep- 
tembre suivant.  (Arch    nat.   Y  139  f'^  so8). 

Jean  de  Bricquemaulx  et  sa  femme 
Jeanne  Guillard,  vendent  en  1604,  la  terre 
seigneuriale  de  Bérii,  paroisse  de  Vallon, 
provenant  du  chef  de  la  dite  dame.  Les 
Guillard  étaient  calvinistes  et  descen- 
daient de  Jean,  argentier  du  comte  du 
Maine,  dès  1450,  anobli  par  L.  P.  de  fé- 
vrier 1464  ;  ils  disparaissent  au  xviii'  siè- 
cle. 

On  retrouve  des  Bricquemaulx  en  An- 
jou et  dans  le  Berry  aux  xvii"  et  xviii' 
siècle  (archives  départementales  de  Maine- 
et-Loire  et  du  Cher).  Par  ce  qui  précède, 
on  voit  que  la  terre  dont-ils  portaient  le 
nom  appartenait  au  Gâtinais. 

P.  Le  Vayer. 


Gfelvia  eî  le  hameau  d'Enfer  (LIV, 
889).  —  îe  me  suis  préoccupé  depuis 
longtemps  de  la  question  posée  par  M.  Ar- 
mand de  Visme.  J'ai  déjà  exprimé  l'opi- 
nion que  le  séjour  de  Calvin  à  Hazeville 
était  un  fait  tout  à  fait  Iiypothétique.  Je 
crois  avoir  rencontré  le  mot  Infeniutii 
applicable  à  Eiifer,  longtemps  avant  la 
Réforme.  Enfin  j*ai  réuni  d'assez  nom- 
breuses notes  sur  ce  que  j'appelle,  quant 
à  présent,  la  légende  du  séjour  de  Calvin 
dans  le  Vexin.  Si  je  ne  les  ai  pas  encore 
publiées,  c'est  que  je  suis  arrêté  par  des 
raisons  d€  pures  convenances  que  je 
compte  lever  dans  un  temps  très  pro- 
chain. J'exposerai  alors,  en  les  établissant 
aussi  solidement  que  je  !e  pourrai,  les  ar- 
guments les  plus  sérieux  contre  le  séjour 
sinon  absolu,  au  moins  au -si  prolongé 
que  le  feraient  croire  Dom  T.  Duplessis 
et  Lévrier.  Mais,  à  mon  tour,  je  pose  une 
question.  T.  Duplessis  fait  suivre  la  cita- 


N»  i\)4. 


L'INTERMÉDIAIRE 


—    975  

tion  bien  connue, de  cette  référence  :  Mé- 
moires de  Magny.  Je  serais  obligé  à  ceux 
de  mes  collègues  qui  voudraient  bienm'in- 
diquer,  ce  que  sont  et  où  on  trouverait 
ces  Mémoires  de  Magny. 

E.  Gravb. 

Famille  C&illot    de   Pommarôs 

(L),  —  Dans  ses  Epaves  du  Passé ^  arron- 
disem.  d'Yvetot,  commune  de  Touffre-, 
ville-la-Corbeline,  Dergny  donne  sur  cette 
famille  les  détails  généalogiques  qui   sui- 
vent : 

En  1560,  Guillaume  des  Pommares, 
homme  d  armes  de  la  compagnie  du  com- 
te de  Brissac,  était  seigneur  de  Bourde- 
mare  (à  Mannevillela  Goupil). 

Un  de  ses  descendants,  Jean-Nicolas  des 
Pommares,  écuyer,  seigneur  de  Limare, 
Gouy  et  Bourdemare,  était  capitaine  au 
régiment  de  la  Londe.  Son  fus  Jean  Nico- 
las André,  chevalier,  seigneur  patron  et 
châtelain  d'Auzebosc,  seigneur  patron  de 
Touffrevillela-Corbeline,  seigneur  de 
Tendos,  Bourdemare  et  Gouy,  seigneur 
et  patron  honoraire  de  Saint-Sauveur-la 
Campagne  (aujourd'hui  d'Emalleville)  et 
autres  lieux,  conseiller  du  roi  en  1747, 
sous-doyen  des  conseillers  au  Parlement 
de  Normandie,  avait,  en  1764,  succédé 
aux  de  5îVfl«,dans  la  possession  de  la  terre 
d'Auzebosc. 11  mourut  à  Rouen  le  12  avril 
1793,  âgé  de  soixante-neuf  ans. 

De  son  mariage  avec  Marie -Anne-Vic- 
toire Caillot  de  Coquereautiiont,  fille  de 
Thomas  Caillot  de  Coquereaumont  et  de 
Marguerite  Le  Ber,  de  Trouville-en-Caux, 
sont  issus  :  1°  Jean-Nicolas -André  qui 
suit  ;  2°  Amable-Louis-André,  officier  de 
dragons  au  régiment  d'Angoulême. 

Jean-Nicolas- André  des  Pommares,  2^ 
du  nom,  chevalier,  capitaine  de  remplace- 
ment dans  le  régiment  de  Guyenne,  né  en 
1761,  épousa  :  à  Auiebosc,  en  1789, 
Françoise-Catherine  Guéret,  fille  de  Jean- 
Pierre-Nicolas-Christophe  Guéret,  avocat 
au  parlement  de  Normandie,  ancien  maire 
de  Caudebec-en-Caux,  et  de  Jeanne-Fran- 
çoise-Catherine de  Gruchet,  la  dite  future 
demeurant  à  Caudebec,  chez  les  religieu- 
ses du  dit  lieu.  Il  émigra  et  fit  les  cam- 
pagnes de  l'armée  des  princes.     E.  O. 

Famille  Acevedo  (LIV,  165,350.) 
—  On  peut  trouver  des  notices  sur  ces 
Azevedo  du  Brésil  dans  l'ouvrage  du  vi- 


Q76 


comte  Sanches  de  Baena  sur  la  noblesse 
de  Portugal.  Il  y  a  des  Azevedo  à  Rome, 

L'orthographe  du  nom  Acevedo, divç.c  c, 
a  été  conservée  par  la  branche  de  Mon- 
tevideo. 

Au   Brésil,    il    y   a  plusieurs  familles 

de  ce  nom. 

Comte  Pasini  Frassoni. 


Créli  Donato,  peiatre  (LIV,  612). 
—  Le  nom  est  mal  écrit.  Ce  peintre 
s'appelait  Donato  Creti,  non  Créli. 

11  était  élève  du  fameux  PasincUi  ;  il 
continua  la  manière  de  son  maître,  en  y 
introduisant  aussi  le  style  du  Cantarini, 
Par  cet  éclectisme,  il  en  arriva  à  une 
forme  d'art  qui  lui  fut  personnelle,  appelé 
école  de  Creti,  dont  Hercule  Graziani  de- 
vint le  plus  habile  continuateur. 

Donato  Creti  commença  bien  tard  sa 
carrière  de  peintre,  et  de  ce  retard  il  se 
démontrait  inconsolable  dans  sa  vieil- 
lesse. 

Ses  couleurs  sont  un  peu  osées  et  crues, 
parce  que  il  soutenait  que  les  couleurs 
doivent  être  employées  telles  qu'elles 
sont  dans  la  Nature,  que  c'était  au  temps 
à  les  atténuer  et  à  les  fondre.  Donato 
Creti  était  un  grand  travailleur  et  ne 
cessait  de  perfectionner  ses  ouvrages, 
qu'il  ne  se  décidait  jamais  à  considérer 
comme  finis.  On  dut  Tarracher  de  vive 
force  de  son  tableau  de  Saint-Vin- 
cent, qui  était  destiné  à  TEglise  des 
Pères  Prêcheurs  et  qui  est  peut-être  son 
meilleur  tableau. 

Un  autre  tableau,  qui  est  considéré 
un  chef-d'œuvre,  est  le  Banquet  d'Alexan- 
dre commandé  par  la  noble  famille  des 
comtes  Fava  de  Bologne. 

Donato  Creti  était  chevalier  de  l'Epe- 
ron d'Or. 

Quant  au  nom  de  Fernivoli,  il  doit  y 
avoir  erreur  d'orthographe  comme  pour 
le  nom  de  Creti.  —  Je  pense  quM  doit 
s'agir  du  peintre  Ferraiuoli,  peintre  bolo- 
gnais,  ou  pour  mieux  dire  vivant  à  Bolo- 
gne, parce  qu'il  était  né  à  Nocera  dei 
Pagani  dans  les  provinces  napolitaines. 
Son  vrai  nom  était  Nunzio  Ferraiuoli  dit 
degUAfflitti. 

Ses  compositions  sont  principalement 
des  vues  champêtres,  à  l'huile  et  à  fres- 
que. On  le  louait  beaucoup  et  on  l'a  com- 
paré à  Claude  et  au  Poussin.  Son  style  était 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30  Décembre  1906. 


977 


un  mélange  de  style  étranger  et  de  ce 
qu'on  a  appelé  style  albauesque  ;  toutefois 
sa  couleur  est  peu  naturelle. 

Ferraiuoli  mourut  à  Bologne  en  1735, 
âgé  de  75  ans. 

Il  y  a,  de  l'école  bolognaise,  un  sculp- 
teur Dominique  Mirandola,  qui  continua 
l'Académie  des  Caraches  ;  mais,  que  je 
sache,  il  ne  résulte  pas  qu'il  ait  jamais 
peint  des  tableaux.  Il  est  mort  à  Bologne 
en  161 2  et  il  a  été  enseveli  à  Saint-Thomas- 
du-Marché. 

j'incline  à  croire  qu'il  est  plutôt  ques- 
tion ici  de  Pierre  Paltronieri,  dit  Pierre  le 
Mirandolais  (  Pietro  il  Mirandolese),  appelé 
aussi  le  «  Mirandolais  des  perspectives  ». 
II  a  rempli  Bologne  et  Rome  de  ses  archi- 
tectures imitées  de  la  façon  des  anciens  : 
arcs,  fontaines,  aqueducs,  temples,  etc., 
avec  une  couleur  rougeâtre,  qui  lui  est 
spéciale.  Ce  peintre,  né  en  1673,  est  mort 
à  Bologne  le  3  juillet  1741.      Colocci, 

Le  chansonnier  Emile  Debraux 
(XLI  ;  XLII  -,  XLVIII  ;  LIV,  557,  745).  — 
Bien  que  né  à  Anceville  (Meuse),  non  le 
30  mars,  mais  bien  le  30  août  1796  (date 
inscrite  sur  les  registres  de  l'état-civil 
d'Anceville,  où  le  nom  de  de  Braux  est 
orthographié  en  deux  mots),  c'est  dans 
un  petit  village  voisin,  à  Sommelonne, 
que  Debrarx  a  été  élevé,  a  grandi,  et  où 
son  souvenir  est  resté  le  plus  persistant. 
De  parents,  il  n'en  a  plus  dans  le  pays  : 
j'ai  eu  occasion,  il  y  a  quelques  années, 
de  faire  des  recherches  à  ce  sujet,  —  re- 
cherches stériles.  Debraux  a  laissé  trois 
filles,  dont  l'une  avait,  paraît-il,  épousé  le 
physicien  Delion.  je  n'ai  pas  réussi  da- 
vantage à  connaître  le  sort  des  enfants  de 
Debraux.  \J Intermédiaire  a,  d'ailleurs, 
déjà  longuement  parlé  du  «  chansonnier 
Emile  Debraux  »,  notamment  dans  les 
deux  volumes  de  l'année  1900. 

Albert  Cim. 

Le  général  Duviguau  (LIV,  127, 
190,  297,  402,  691,  800).  —  M.  Géo  L. 
possède-t-il  des  renseignements  sur  la 
famille  du  général  du  Vignau,  en  dehors 
de  ceux  qu'il  a  publiés  le  20  septembre? 

La  famille  de  son  père  était-elle  origi- 
naire de  Mézières,  ou  bien  est-elle,  comme 
on  me  l'avait  indiqué,  une  branche  de  la 
famille  Du  Vignau  originaire  de  l'Age- 
nais  ?  B.  P. 


978 


Fechter  (LIV,  780,  923).  —  Parmi 
les  comédiens  français  qui  ont  joué  en 
anglais,  je  rappellerai,  outre  les  noms 
déjà  cités  :  Pierre  Berton,  Frédéric  Achard, 
Stuart  (de  Cluny),  Marins. 

Ce  dernier,  Marius  Duplany,  obtint  de 
grands  succès  dans  l'opérette  anglaise 
sous  le  nom  de  Marius. 

Il  est  totalement  inconnu  en  France.  Il 
fit  toute  sa  carrière  à  Londres.  Je  crois 
même  qu'il  devint  directeur. 

Il  épousa  sa  camarade  très  connue 
aussi,  Miss  Florence  Saint-John. 

Le  mariage  ne  fut  pas  heureux  et  les 
époux  divorcèrent.  Marius  Duplany  est 
mort  il  y  a  quelques  années. 

Eugène  Héros. 

IdaFerrier  (LIV,  893).  — Je  possède 
un  portrait  d'Ida  Ferrier  à  la  disposition 
de  «  Vadius  »,  Eugène  Héros. 

Projet  de  mariage  de  Gambetta 

(L  ;  Ll  ;  LIV, 801, 859).  —  Madame  Léonie 
Léon  avait  légué  partestament,  en  1891, 
les  3.500  lettres  de  Gambetta,  à  M.  Mar- 
cellin  Pellet, alors  consul  général  à  Naples, 
qui  avait  été  l'un  des  intimes  de  Gam- 
betta. 

Mais  s'étant  éloignée  par  ses  habitudes 
d'esprit  des  amis  politiques  de  Gambetta, 
par  un  nouveau  testament,  elle  a  donné 
plus  tard  à  ces  lettres  une  autre  attribution. 

C'est  la  Revue  de  Paris  qui  publie  ces 
lettres  avec  le  consentement  de  la  fa- 
mille, d'après  des  copies. 

11  est  si  singulier  de  voir  l'amie  de 
Léon  Gambetta  s'appeler  justement  Léo- 
nie Léon  qu'on  a  voulu  voir  là  un  nom  de 
convention  cachant  un  nom  véritable. Elle 
n'avait  jamais  été  mariée  et  s'appelait 
bien,  par  son  père,  Léonie  Léon. 

Des  articles  de  M.  Francis  Laur  dans 
le  Journal  révèlent  qu'au  moment  où  elle 
rencontra  Gambetta  elle  avait  une  liaison, 
d"où  cette  appellation  de  madame.  Et  que 
cette  situation,  qui  la  diminuait  à  ses 
propres  yeux,  était  l'une  des  raisons  pouf 
lesquelles  elle  avait  si  longtemps  repoussé 
toute  idée  d  union. 


Griscalli  (LIV,  836).  —  J'ai  tout  lieu 
de  croire  que  ce  personnage  n'a  jamais 
existé.  L'ouvrage  signé  de  son  nom  est 
un  pamphlet,  œuvre  d'imagination. 

Un  rat  de  BIBLlOTHÈaUE, 


N° 


:^4. 


L'INTERMEDIAIRE 


979 


q8o 


Les  mansardes  célèbres.  La 
inansiirde  de  Victor  Huj/o  (LUI  ; 
LIV,  437.  48Q,  529,  604,  658).' —  Nous 
avions  prié  M  Kock,  neveu  de  Madame 
Drouet,  conservateur  du  musée  Victor 
Hugo, de  nous  dire  comment  il  était  par- 
venu à  identifier  la  fameuse  mansarde 
On  ne  fait  jamais  en  vain  appel  à  ses  cu- 
rieux et  vivants  souvenirs.  M.  Louis 
Kock  nous  adresse  la  lettre  qui  suit;  elle 
présente  trop  d'intérêt  pour  que  nous  ré- 
sistions au  plaisir  de  la  publier,  malgré 
son  caractère  privé.  Le  charmant  M.Louis 
Kock  nous  en  excuse;  a  : 

Cher  Monsieur  Montorgueil, 

Voici  comment  j'ai  su  que  Victor  Hugo 
avait  habité,  dans  sa  jeunesse,  la  fameuse 
mansarde  de  la  rue  du  Dragon  n°  30.  II  y  a 
plusieurs  années,  vers  1900,  je  pense,  j'avais 
trouvé  dans  les  papiers  de  madame  Drouet 
une  copie  ou  un  brouillon  de  lettre  écrite  ou 
écrit  par  Victor  Hugo   et  signée  de  lui,  datée 

de  la  Rue  du  Dragon 1823  ?...   Je  ne  me 

rappelle  plus  exactement  l'année. 

Cette  lettre  était  adressée  à  je  ne  sais  plus 
quel  haut  personnage  pour  recomuiander  à 
je  ne  sais  quel  emploi  un  jeune  homme 
(peut-être  le  jeune  Trébuchet)  qui  habitait 
avec  son  cousin  Victor  Hugo,  alors  que  tous 
deux  avaient  pris  leurs  inscriptions  de  droit, 
j'en  parlai  à  Paul  Meuiice  qui  me  dit  savoir 
qu'en  effet  Victor  Hugo  avait  habité  rue  du 
Dragon. 

Plus  tard,  il  y  a  de  cela  à  peu  près  deux 
ans  au  moins,  j'allai  voir  le  propriétaire  de 
cette  maison,  M.  Sœur,  rue  Saint-Lazare,  qui 
me  dit  qu'en  effet  on  disait  que  Victor  Hugo 
avait  demeuré  dans  sa  maison,  dans  un  loge- 
ment au  dernier  étage,  là  où  il  y  a  un  balcon 
couvert  en  forme  de  tourelle.  Je  lui  demandai 
de  faire  des  recherches  dans  ses  papiers, reçus 
de  termes  de  loyer,  etc...  pour  tâcher  de  re- 
trouver une  trace  du  passage  de  Victor  Hugo 
à  cet  endroit.  II  me  dit  que  c'était  bien  diffi- 
cile, mais  qu'il  chercherait.  Nous  convînmes 
de  nous  revoir, mais  comme  il  arrive  souvent, 
les  choses  en  restèrent  là,  ce  monsieur  et 
moi  étant  très   occupés  par   d'autres  affaires. 

Enfin,  il  y  a  peu  de  temps,  ayant  été  ren- 
contré par  M.  de  Gourcuff,  président  d'une 
Société  «  des  Hugophiles  »,  je  lui  parlai  de 
ce  domicile  de  Victor  Hugo.  M.  de  Gourcuff 
alla  trouver  le  nouveau  propriétaire,  M.  Bâ- 
tard, 154,  rue  Saint-Honoré,  et  —  trop  pré- 
maturément, à  mon  avis  —  lança  dans  les 
journaux  la  note  que  vous  savez. 

Mais,  ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  peut- 
être,  c'est  qu'il  n'était  nullement  besoin  de 
M.  de    Gourcuff  ni    de    moi-même    pour  re- 


trouver la  dite  mansarde.  Le  fait  est   rappelé   \   Dieppe,  p.  221-230. 


tout  au  long  dans  Victor  Hugo  raconté  par 
un  témoin  de  sa  vie  (chapitre  intitulé  Ma- 
riage) ! 

D'après  tout  cela,  il  me  paraît  prouvé  : 
1»  Qj^ie  Victor  Hugo  a  demeuré  rue  du  Dra- 
gon et  qu'il  est  indubitable  "que  la  mansarde 
du  30  est  bien  c.IIe  qu'il  a  habitée. 

Je  regrette  bien  de  n'avoir  pas  copié  en 
son  temps  le  broui  Ion  de  lettre  de  la  main  de 
Victor  Hugo,  dont  je  vous  ai  parlé  en  com- 
mençant. Je  l'ai  remis  à  Paul  Meurice  avec 
d'autres  lettres. 

Je  crois  probable  qu'il  y  a  habité  nu  mo- 
ment (en  1821)  où  il  allait  se  rendre  chez  les 
Fouché,  parents  de  sa  fiancée  à  Geutilly. 

Il  a  probablement  été  demeurer  ensuite 
90  rue  de  Vaugirard,  d'où  Victor  Hugo  écri- 
vait à  un  de  ses  amis  :  «|Ce  n'est  pas  au 
n"  30,  mais  au  11"  90  de  la  rue  de  Vaugirard 
que  je  demeure  •'>. 

Je  ne  vois  rien  dé  plus  à  vous  raconter  à  ce 
sujet.  Je  m'empresse  de  vous  envoyer  mon 
griffonnage  dont  vous  ferez  l'usage  que  vous 
voudrez  et  que  je  termine,  en  vous  priant 
d'agréer  l'expression  de  mes  bien  dévoués 
sentiments.  L.  Kock. 

Une  femms  des  «  Emaux  et  ca 
mée'<>*  et  du  Deux  Décembre  1851: 
Mme  Kalergi  (LIV,  894).  —  Madame 
Kalergi,  née  Nesselrode,  était  nièce  du 
célèbre  homme  d'Etat  russe  ;  plus  tard 
elle  épousa  en  secondes  noces  un  gen- 
tilhomme russe,  MouchanolT.  Elle  était 
connue  dans  le  monde  entier  par  sa 
beauté,  son  esprit  et  son  talent  musical. 
Elle  était  l'amie  de  Chopin  ;  elle  n'a  pas 
épousé  le  général  Mouravieflf,  comme  on 
le  dit  par  erreur. 

Pendant  plusieurs  années,  elle  a  été 
atteinte  d'une  maladie  nerveuse  Durant 
cette  période,  elle  fut  soignée  dans  la  belle 
maison  d'aliénés  la  lUenau,  qui  est  voi- 
sine d'Erlenhaus  dans  le  grand  duché  de 
Bade. 

Elle  en  est  sortie  peut-être  guérie  ; 
mais  je  ne  saurais  le  dire.  Elle  est  morte 
depuis  déjà  quelque  temps. 

Comtesse  X. 

Famille  LeMarinier  (LIV, 726, 923). 
—  L'église  d'Auppegard  (canton  de  Bac- 
queville)  est  le  livre  d'or  de  cette  famille, 
branche  d'Auppegard  Sur  chacune  de  ses 
parties,  on  y  voit  ses  armoiries  et  celles  de 
plusieurs  des  familles  qui  lui  furent  alliées. 
Pour  la  généalogie,  voir  Dergny  :  Epaves 
\   du  Passé,    T"  partie,   arrondissement   de 


O.  V. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


30    Décemrre  1906. 


981 


982 


Jeanne  Mônestrier  (LU!  ;  LIV,  417, 
1524,  7tO,  80s)  .  —  Clément-Auguste- 
Louis-Edouard  Osmont  du  Tillet,  ingé- 
nieur, épousa,  au  mois  de  décembre  1847, 
Julie-Emmanuelle  Pauwels  ,  fille  d'An 
toine  Pauwels,  député,  et  de  Sophie  Bail- 
lât remariée,  le  6  février  1875,  avec 
Georges  Le  Normand  de  La  Vallée. 

G.  P.  Le  LiLUR  d'Avost. 

Montesson  :  le   nom  et  la   terre 

(LIV,  500,  635,  750).  —  Un  fief  de  Mon- 
toissoii,  Montaisson,  existait  à  Valennes 
(Sarthe).  C'est  aujourd'hui  une  simple 
ferme.  A  la  fin  du  xvi*  siècle,  il  appar- 
tenait à  une  famille  de  Montesson,  alliée 
aux  iVlarescot,  aux  Gruel  et  aux  Commar- 
gon.  Il  m'a  été  impossible  de  savoir  si 
ces  Montt^sson  se  rattachent  à  ceux  du 
Bas-Maine.  Em. -Louis  Chambois. 

Famille  Viliaret  de  Joysuae  (LIV, 
670,811).  On\\iA^x\s\' Histoire  de  la  ville 
d'Auch,  par  P.  Lafforgue  (tome  II,  pp.  3 1 2- 

313)  ■• 


Le  Rapporteur  aurait  pu  citer  d'autres 
cas  d'investiture, et  sans  parler  de  l'arrêté 
qui  me  concerne  (10  juillet  1899)  je  rap- 
pellerai qu'en  1895,  le  duc  de  Sabran  fut 
confirmé  par  arrêté  ministériel  dans  le 
titre  de  duc. 

Au  cours  de  la  discussion  sur  le  projet 
de  loi  adopté  le  14  décembre  par  la  Cham- 
bre, le  commissaire  du  gouvernement  a 
exphqué  en  quoi  consiste  l'investiture,  et 
les  renseignements  qu'il  a  fournis  justifient 
complètement  la  théori-j  que  je  soutenais 
dans  V Intermédiaire  an  30  septembre. 

11  est  peut  être  bizarre  de  voir  la  Répu- 
blique légiférer  sur  cette  matière,  mais, 
en  soi,  le  projet  voté  est  bon.  11  aura 
pour  résultat  d'enrayer  l'usurpation  sans 
cesse  croissante  des  titres. 

Pour  qu'il  fût  parfait,  il  faudrait,  à 
mon  sens,  que  le  Conseil  d'administration 
du  ministère  de  la  justice  permit  de  justi- 
fier de  la  régularité  des  titres  anciens  par 
d'autres  pièces  que  les  lettres  patentes  ou 
les  arrêts  des  Parlements. 

Sinon,  un  nombre  considérable  de  titres 
L'amiral   Yillaret    de    Joyeuse  avait  deux   j   très-anciens  ne  pourront  pas  être  prouvés, 
frères,  nés  comme  lui  à  Auch.  L'aîné,  le  mai-   1        La  dernière  manifestation  delà  noblesse, 
quis    Je    Villaiet,  émigra  ;  le   dernier   Jean-    j   en  tant  que  corps  constitué,  a  eu  lieu  lors 
1757,  servit  dans  les  armées  de   |  des  élections  aux  Etats  généraux  de  1789. 


.Marie,  né  en 

la  République  et  de  l'Empire  et  arriva  au 
grade  de  générai  de  brigade  et  commandeur 
de  la  Légion  d'honneur.  11  est  mort  à  Paris 
en  1848,  à  l'âge  de  91  ans.  —  L'amiral 
l'iiiSa  deux  fils  :  L'ai  né  embrassa  la  carrière 
dans  laquelle  son  père  s'était  illustré. 

P.  Brix. 


,  Toute  la  noblesse  y  prit  part,  et  les 
j  titres  de  tous  les  comparants  furent  véri- 
I  fiés  par  ceux-là  mêmes  qui  avaient  inté- 
rêt à  les  contester.  Pourquoi  donc  ne  pas 
i  tenir  pour  réguliers  les  titres  dont  on  a 
j  justifié  la  légitime  possession  à  cette  épo- 
—  I  que  ?   Ils  figurent  tous  dans  les  procès- 

Pharmaclens    ayant  été  des   sa-  |  verbaux  des  assemblées  de  la  noblesse. 
vants(Llll  ;  LIV, 356,429).—  Le  Ms.926      Ce  serait  une  base  sûre. 


de  la  Collection  Dupuy,  à  la  Bibliothèque 
nationale, est  «La  vie  de  Sainct-Ayoul,abbé 
et  martyr,  avec  l'histoire  généalogique  des 
comtes  de  Brie  et  de  Champagne,  par 
Louis  Ruffier,  apothicaire  à  Provins  », 
XVII'  siècle,  74  et  59  feuillets.  In-4°  (Du 
catalogue  Dorez,  II,  653).     De  Mortagne. 

.La  noblesse  sous  la  troisième  Ré- 
publique (LIV,  895).  —  M.  le  vi- 
comte Révérend,  qui  prépare  en  ce  mo- 
ment la  liste  de  tous  les  titres  concédés 
ou  confirmés  depuis  1830, pourrait  répon- 
dre d'une  façon  précise  aux  deux  ques- 
tions de  M.  A.  B. 

Il  me  semble  toutefois  que  le  chiffre  de 
5000  francs  indique  qu'il  s'agissait  d'un 
titre  ducal. 


Sans  doute  quelques  titres  de  courtoisie 
bénéficieraient  de  l'adoption  de  la  mesure 
que  je  propose,  mais,  en  revanche,  aucun 
titre  ancien  et  difficile  à  prouver  par  le 
fait  même  qu'il  remonte  haut,  ne  serait 
compromis. 

En  même  temps,  la  caisse  de  l'Etat  y 
gagnerait.  Le  vicomte  de  Bonald. 

Les  armes  de  Hongrie  et  les 
Croy-Ghanel  (LI  ;  LU  ;  LIV,  51,  754, 
86c)).  —  Voir  aux  Archives  nationales  les 
cartons  Croy  :  il  y  en  a  beaucoup,  et  ils 
élucident  parfaitement  la  question. 

Lire  :  i»  Les  Arpad  et  les  Crouy-Cbanel 
,  64  pages,  1863,  Montéhmar,  8  exem- 
i  plaires,  par  M.  de  Coustou. 


N»  1134. 

—983     

A  cette  brochure,  M.  Germain  Sarrut, 
publiciste  et  ami  des  Chanel,  répond  par 
un  gros  volume  intitulé  : 

Les  Crouy-Chanel  et  leurs  détracteurs. 

2°  Les  Crouy  Chanel  et  leurs  adulateurs, 
réponse  à  M.  Sarrut,  70  pages,  tiré  en 
1864  à  plusieurs  centaines  d'exemplaires, 
par  M.  de  Coustou.  Robertot. 

Ex-libris  aveo  cygnes  et  amours 

(LIV,  838,  926).  — Ce  charmant  ex-libris 
est  celui  de  l'abbé  Jean-Bernard  Leblanc, 
poète  distingué,  né  à  Dijon  le  3  décembre 
1707,  mort  à  Paris  en  1 781.  Il  fut  mem- 
bre de  plusieurs  académies  et  historiogra- 
phe des  bâtiments  du  roi.  On  peut  con- 
sulter à  son  sujet  la  France  littéraire  de 
Quérard  et  la  Galerie  Bourguignonne  de 
MM.  Muteau  etGarnier.  D.  des  E. 

Armoiries  à  déterminer  ;  d'or 
à  la  croix  ancrée  (LIV,  837).  —  Les 
armes  sont  celles  de  la  famille  Terrier  de 
Santans,en  Franche-Comté  ;  elles  doivent 
se  lire  :  d'or,  à  la  croix  ancrée  de  sable 
(Santans).  Sur  le  tout  de  gueules  à  trois 
gerbes  d'or,  liées  d'argent  (Terrier). 

Pour  un  travail  en  préparation,  M.  La 
Sangliette  aurait-il  la  complaisance  de 
compléter  la  description  du  blason  par  les 
ornements  extérieurs  :  couronne,  sup- 
ports, devise,  etc.  ?  D.  des  E. 

Jetons  de  Templiers  (LIV,  896). 

—  Les  deux  jetons  signalés  par  j.  G.  sont 
peut-être  les  suivants  : 

1°  Buste  de  B.  R.  Palaprat,  à  gauche, 
légende  en  caractères  hiéroglyphiques  ; 
au-dessous  :  la  signature  du  graveur  Co- 
quardon  et  la  date  1820. 

Revers  .  attributs,  légende  comme  à 
l'avers  et  V.  D.  S.  A.  {Vive  Dieu  Saint- 
4niour)  en  lettres  ordinaires,  35  ^j"". 

2°  Même  effigie,  à  peu  près  la  même 
légende  avec  la  date  1821  et  la  signature 
Coquardon. 

Revers  légèrement  différent,  même  de- 
vise, 28  "/". 

Un  3"*  Jeton  sans  date  : 

Loge  Ecossaise  de  Jacques  de  Molay. 
Figure  debout  sur  un  bûcher.  Au  revers  : 
attributs  maçonniques.  Pas  de  date  35"/". 

PlETRO. 

Initiale    à    dévoiler   (LIV,   717). 

—  II  s'agit  de  la  comtesse  de  Prouleroy, 


L'INTERMEDIAIRE 


984 


née  Angèle  de  Sainte-Croix,  et  de  s.fiUe 
Marie  de  Prouleroy. 

Le  marquis  de  Prouleroy,  fils  d'Açèle 
de  Sainte-Croix,  habite  le  château  e  la 
Cour  de  Broc,  en  Indre-et-Loire. 

Le  simple  soldat  mis  au  thétre 

(LIV,  839).  —  Ilya  eu,  vers  1852,  Le 
camarade  de  lit  >>,  dont  Bernadotte,  .ors 
roi  de  Suède,  parvint  à  arrêter  la  rorc- 
sentation,  parce  qu'il  y  était  représité, 
simple  soldat,  avec  un  de  ses  camaides 
qui  allait,  3,  ans  après,  le  revo  à 
Stockholm,  quand  il  était  roi. 

Un  rat  de  bibliothèql. 

Iles  anglo-normandes  (LIV,  S7, 
462,  ,76,  623,  758).  —  Voir  rou\ige 
du  marquis  de  l'Estourbeillon,  intillé  : 
Les  familles  françaises  à  fersey  pétant 
la  Révolution.  Rennes,  188b,  in-S". 

Paul  Cheronne. 

Le  théâtre  en  province  (LIV.  Si, 
355.  428,  476,  534.  ^9^1  M,  762)  — 

Au  point  de  vue  bibliographique,  les 
ouvrages  ont  une  toute  autre  importace, 
lorsqu'ils  forment  un  volume  ou  brocbre, 
ont  paru  à  part,  au  lieu  d'être  pelus 
dans  des  recueils  ou  mémoires  de  Sociïés. 
C'est  pourquoi  il  est  utile  d'indiqué  l'é- 
tude d'Edmond  Poupé  :  Le  Théâtre  à  jm- 
lon  (Paris,  Imprimerie  Nationale,  106; 
in-8,  7  p.)  B.-. 

*  • 
Voici  deux  opuscules  qui  n'ont   paété 
cités  :  Une  salle  de  spectacle,  s'il  vouspiît, 
par    Amédée  Tissot.    S.  L,,    1865,    i-i8 
de  27  pp 

—  Au  sujet  du  théâtre  de  Lisieux  : 
Inauguration  du  théâtre  de  Honfleu.  2j 
janvier  iSyo.   Prologue  en   un  acte  e  en 
vers,  par  le  même.   Lisieux,    Lajoye-'is- 
sot,  1870,  in-80  de  16  pp. 

Paul  Pinso. 

* 

Parmi  les  documents  intéressant  1  is- 
toire  du  théâtre  en  province,  on  peut  ci- 
ter dans  le  genre  humoristique  : 

L'Horaire  du  Ballet  Bordelais,  païun 
vieil  abonné,  avec  préface  en  vers,  pulié 
en  1894,  par  les  soins  du  cercle  «  le  N>v- 
Club  Comédie,  ^Wettervv^ald  frères, imri- 
meurs.  Non  mis  dans  le  commerce. 

B.  . 


98: 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30   Décembre  .90*. 


Ovrages  sur  Louise  do  Durfort, 
ducesse  da  Mazarin  (LIV,  672,816, 
872. «19).  —  La  Revue  rétrospective  de  1892 
a  pu  ié  (tome  XVI,  page  406),  Les  Comptes 
de  }  duchesse  de  Mazarin  pendant  les  an- 
nées i6o-i-]62.  Z.  Y,  X. 

L  mystérieux  conteur  a  Du  Roc 
Soi  Manne  »  (LIV,  942).  —  Puisque 
M.  ierre  Loùys  a  enfin  trouvé  le  mot 
de  inigme,  ne  pourrait-il  nous  en  ap- 
prei^re  davantage?  D'où  était  Romannet 
Du  tos?  Il  se  fit  éditer  à  Paris,  et  pour- 
tante  nom  de  Romannet  ne  paraît  pas 
apptenir  à  notre  région.  On  trouve 
au  lilieu  du  xvi*  siècle  un  autre  poète, 
Ana-  Du  Gros  ou  Ducros,  né  dans  le 
Fon,  qui  pourrait  bien  avoir  quel- 
que liens  de  famille  avec  l'auteur  des 
Noyaux  Récits.  11  est  cité  dans  la  Bi- 
blics'èque  Française  de  du  Verdier,  qui  ne 
se  cuve  pas  dans  celle  d'un  petit  cher- 
che^ de  province.  M.  Pierre  Louys 
ponait  peut  être  pousser  ses  investiga- 
tioi  pour  notre  plus  grande  joie. 

E    Grave. 

abasteins  (LIV,  723,  796,  873, 
931  —  La  note  de  M.  le  baron  J.  de 
Wie  confirme  plus  qu'elle  ne  contredit 
me  souvenirs  —  déjà  lointains, hélas  !  — ■ 
Pr.onial  ou  Pracomtad  (ou  encore  Pra- 
coi-id)  est  de  fantaisie.  Je  m'associe  bien 
vcntiers,  moi  aussi,  à  la  demande  de 
noe  collègue  et  de  M.  G.  Lenôtre.  Peut- 
éti  serait-il  intéressant  de  savoir,  en 
eue,  si  le  nom  de  l'héroïne  n'aurait  pas 
se  i\é  quelque  réclamation  autrefois, 
la:elle  aurait  amené  des  changements 
tyDgraphiques  divers,  suivant  les  édi- 
tics.  Je  persiste  à  croire  que  ce  nom,  je 
IVvu  se  terminer  par  un  d.  Si  j'étais  en- 
CQi  à  la  campagne,  je  rechercherais  ac 
tiMnent  mon  exemplaire,  pour  M.  de 
^Vte  ;  mais  je  ne  prévoyais  pas,  il  y  a 
qilques  semaines, que  l'on  insisterait  au- 
ts:  sur  cette  vieille  histoire. 

G.  DE  FONTENAY. 

documents  phalliques  (L;  LI;  LU; 
L',  541,  642).  —  A  la  dernière  exposi- 
tii  de  Genève,  où  la  partie  historique 
e  rétrospective  était  remarquablement 
oranisée,  on  voyait  une  collection  de 
Isipes  romaines  en  terre  cuite,  trouvées 
p;s  de  Bulle  ;  l'une  de  ces  lampes  repré- 


986 


sentait  un  mont  de  Vénus  féminin  très 
apparent,  analogue  à  la  fameuse  corbeille 
de  pêches  du  musée  de  Nîmes  ;  les  pudi- 
ques mômiers  genevois,  au  bout  de  quel- 
ques jours,  firent  disparaître  cette  pièce 
scandaleuse.  Mais  on  ne  s'avise  jamais  de 
tout,  et  on  laissa  jusqu'à  la  fin  de  l'expo- 
sition une  autre  de  ces  lampes  représen- 
tant un  groupe  d'une  extrême  intimité, 
devant  lesquelles  les  jeunes  mômiers  de 
la  rue  des  Granges  et  lieux  circonvoisins 
se  donnaient  rendez  vous.        Ypsillok. 

Chariot  Malbrough  (XLlll  ;  XLIV  ; 
XLIX).  —  Notre  confrère  anglais  Notes 
and  Oueries  rappelle  cette  question  qui  a 
figuré  à  V Intermédiaire  tià^ns  ses  n^»  151 
et  I  53  ;  il  cite  les  vers  de  F.  Mistral  ou  au 
moins  leur  traduction  française  : 

Un  roulier  qui  est  bien  monté 

Doit  avoir  des  roues 

De  six  pouces,  à  la  Malborough  : 

Ça,  c'est  la  mode  1 

Un  essieu  de  dix  empans 

Et  un  petit  bidet  blanc 

Pour  le  gouvernage 

De  son  équipage. 

Un  des  correspondants  du  journal  an- 
glais demande  aussi  quelle  est  l'explica- 
tion d'un  fort  curieux  privilège  ancienne- 
ment attaché  au  cheval  qui  avait  les  qua- 
tre pieds  blancs.  Mistral,  dans  ses  Mé- 
moires et  récits^  nous  apprend  que  de  ce 
privilège,  résultait  pour  le  charretier  le 
droit  de  passer  partout  avant   les  autres. 

Old  Pot. 

Gouvernail  des  jonquss  chi- 
noises (LIV,  614,  753).  —  11  y  a  dans 
la  question  posée  un  détail  auquel  il  ne 
faut  peut-être  pas  donner  trop  d'attention, 
je  veux  dire  la  forme  en  losange  des  ou- 
vertures. Cette  forme  apparente  ne  résulte- 
t-elle  pas  de  ce  que  ces  gouvernails  sont 
construits  en  bambous  croisés  et  plus  ou 
moins  serrés  ?  Quant  au  calcul  des  résis- 
tances, il  serait  intéressant  de  connaître 
l'avis  d'un  ingénieur  maritime. 

Cerameus. 

Les  jaquemarts  de  France  (LIV, 

618,  711,  758,  821,  870).  —  Au  dessus 
du  pignon  de  l'église  de  Saint-Cyr  de  Sargé- 
sur-Braye  (Loir-et-Cher),  dans  une  guérite 
exposée  à  tous  les  vents,  se  tient  un  gro- 
tesque   Jaquemart.    Il    frappait   autrefois 


N" 


1134. 


L'INTERMEDIAIRE 


987   

sur   un    timbre   qui    portait  Tinscription  | 
suivante  :  Charles  de  Guichard,  cheval- 
lier,  SEIGNEUR   DE  CHARBONNIERES,  GENTIL- 
HOMME SERVANT  DU  Roy  et  son  conseiller, 
GOUVERNEUR  POUR  Sa  Majestéde  Bonneval, 

ME  FIST  FAIRE,   l'aN    1637   ». 

Aujourd'liui,  la  seule  fonction  du  Jaque- 
mart de  Sargé  est  de  saluer  aux  heures 
et  de  tenir  le  drapeau  national  le  14  juil-' 
let.  Em. -Louis  Chambois. 


Anecdote  sut  M.  de  Coislin    et 
une  vieille  bouteille  de  Sautâmes 

(LIV,  900).  —  ]'ai  déjà  lu  cette  anecdote 
quelque  part,  mais  elle  n'y  était  certes 
pas  portée  à  l'actif  d'un  Coislin.  Si,  de 
l'autre  côté  du  détroit,  on  Tattribue,  pour 
la  plus  grande  gloire  de  la  courtoisie 
française,  à  un  marquis  de  Coislin,  c'est 
que  jadis,  un  personnage  du  même  nom 
fut,  comme  dit  notre  collaborateur  P.  L-.s 
«  l'exemple-type  »  de  cette  extrême  poli- 
tesse. Lisez  plutôt  Saint-Simon.  Le  duc 
de  Coislin  était  célèbre  à  la  Cour  par  une 
courtoisie  dont  il  fut  souvent  victime.  Et 
depuis,  trois  auteurs  dramatiques,  Marc- 
Michel.  A.  Lefranc  et  Labiche  le  mirent 
tout  vif  dans  une  comédie  intitulée  Mon- 
sieur de  Coyllin  {sic)  ou  V Homme  infiniment 
poli  (2  juillet  1838).  d'E 


«  icy  OB.  cionne  le  Otrl^  »  (T.  G., 

402  ;  LI  ;  LUI) .  —  De  la  Revue  du  Berry  : 
Depuis  que  j'ai  publié  dans  la  Revue  de 
janvier  dernier,  pages  2  et  suivantes,  mon 
opinion  sur  cette  inscription  considérée  par 
certains  comme  hiéroglyphique,  ou  évidem- 
ment mal  traduite  par  d'auires,  j'ai  pris  con- 
naissance d'une  note  de  M.  Henri  Momiron 
insérée  à  ce  sujet  dans  la  Revue  du  Centre 
de  juillet  1885,  page  349,  et  qui  m'avait 
échappé  alors . 

Elle  abonde  trop  pleinement  dans  mou 
sens  pour  que  je  ne  la  réédite  pas  sans 
tarder,  bien  qu'elle  fasse  double  emploi,  à 
vingt  ans  d'intervalle  il  est  vrai,  dans  notre 
publication  dont  du  reste  beaucoup  de  lec- 
teurs ne  possèdent  pas  la  collection  pour  l'y 
trouver  :  «  Charles  Nisard,  dans  ses  Parisia- 
nismes,  dit  M.  Momiron,  parle  de  la  statue 
du  parvis  Notre-Dame  que  le  peuple  appelait 
le  vendeur  de  gris  ;  voici  ce  qu'il  en  dit  : 
«  Vendeur  de  gris,  nom  d'une  statue  qui 
était  sur  la  place  du  Parvis-Notre-Dame  et  qui 
y  resta  jusqu'en  1745  :  à  cause  de  sa  situa- 
tion sur  le  bord  de  la  rivière,  domaine  du 
vent,  le  populaire  l'avait  ainsi  baptisée. 


988 


Hé  quoi,  madame  la  statue 
Depuis  que  vous  vendez  du  gris 
A  tous  les  simples  de  Paris. . . 

«  Les  Parisiens  d'abord  envoyaient  au  ven- 
deur de  gris,  pour  acheter  d-e  sa  marchandise, 
le  nouveau  venu  de  la  province  aux  dépens 
duquel  il  voulait  s'amuser  ;  c'est  ainsi  qu'au- 
jourd'hui on  envoie  un  garçon  simple  et  cré- 
dule acheter  chez  l'épicier  de  l'huile  de 
cotre t  ». 

11  me  semble,  continue  M.  Momiron,  que 
voilà  bien  l'explication  demandée.  Mainte- 
nant il  est  bien  certain  que  le  gris  désigne 
le  vent  du  Nord,  la  bise  qui  souffle  très  sou- 
vent en  France,  et  qui  est  très  froid  et  très 
sec.  Diez  propose  comme  étymologie  du  mot 
bise  l'adjectif  bis,  en  rappelant  qu'en  latin 
aquilo,  l'aquilon,  vient  de  aguilus,  de  cou- 
leur foncée.  L'adjectif  gris  et  l'adjectif  bis 
peuvent  s'appliquer  indifféremment  pour  dé- 
terminer la  couleur  qui  varie  entre  le  blanc 
et  le  noir  ;  on  conçoit  donc  très  bien  qu'on 
ait  appelé  le  vent  du  Nord  tantôt  le  gris, 
tantôt  la  bise.  Aujourd'hui  encore,  d'un 
temps  couvert  et  froid,  on  dit  que  c'est  un 
temps  gris,  et  elliptiquement   qu'il  fait  gris. 

Ajoutez  que  le  mot  gris  désignant  soit  la 
fourrure  que  fournit  l'écureuil  du  Nord,  le 
petit  gris,  soit  le  tissu  appelé  Bureau,  vous 
verrez  combien  il  était  facile  de  mystifier 
les  naïfs  en  leur  donnant  commission  d'aller 
par  un  temps  bien    froid,  acheter  du  gris  ». 

J'ajoute  que,  dans  le  supplément  de  son 
Dictionnaire,  Littré  a  adopté  absolument 
l'explication  de  Nisard  que  Frédéric  Godefroy 
a  fait  sienne  à  son  tour,  comme  nous  l'avons 
vu. 

Et  j'estime  que  la  question  se  trouve  défi- 
nitivement tranchée  par  l'opinion  concor- 
dante de  M.  Momiron  et  par  l'autorité  de  ces 
lexicographes  éniinents. 

J.  Pierre. 

Autobus  (Ll'V,  337,  426,  484,  653, 
699,820,  876).  — je  puis  affirmer,  moiqui 
suis  un  vieux  parisien,  qui  ai  côtoyé  tous 
les  mondes,  que  c'est  dans  \' Intermédiaire 
que  je  vois  pour  la  première  fois  dire  le 
«  bus  »  pour  1'  «  omnibus  ». 

CÉSAR  BiROTTEAU. 

Amoral.  Areîigiaux  (LIV,  722, 
932).  — je  ne  suis  pas  de  l'avis  de  notre 
collaborateur  La  Brèche  :  areligieux  a  un 
sens  bien  distinct  d'irréligieux.  Ce  der- 
nier mot  signifie  :  qui  est  contre  la  reli- 
gion ;  le  premier  :  qui  ne  s'occupe  même 
pas  de  la  religion.  C'est  ainsi  que  l'on 
pourrait  dire  :  «  Le  peuple  français  actuel 
n'est  pas  seulement  irreligieux,  dans  sa 
majoritéjil  est  surtout  areligieux.  »  L'are- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX  30  Décembre  190^, 


989  _ 

ligion  d'état  n'est  pas  l'irréligion  d'état  ; 
une  nuance  très  accentuée  se  laisse  saisir 
ici.  De  même  pour  amoral  et  immoral. 

ROSEY. 

Bisannuel  ou  biennal  (LW,  562, 
703,  820,  876).  —  Les  nombreuses  ré- 
ponses parvenues  à  \' Intermédiaire  sem- 
blent bien  indiquer  l'intérêt  que  présente 
cette  question,  mais,  comme  souvent,  elle 
a  un  peu  dévié  et  je  voudrais  encore  la 
préciser. 

Pour  désigner  un  fait  se  répétant  deux 
fois  dans  une  année,  j'aurais  naïvement 
employé  le  mot  bisannuel.  Mais  ce  mot 
a  été  accaparé  et  on  lui  a  donné  un  autre 
sens.  Comment  faut-il  dire  ? 

On  propose  semestriel  ou  semi-anniid, 
mais  il  ne  s'agit  aucunement  de  couper 
l'année  en  deux  tranches  semblables,  et 
ce  serait  une  erreur,  comme  celle  du 
botaniste  qui  se  sert  du  mot  bisannuel 
pour  qualifier  les  plantes  dont  l'évolution 
nécessite  non  pas  deux  années,  mais  deux 
saisons  à  intervalle  plus  ou  moins  éloi- 
gné. 

Qiiant  au  mot  bimensuel,  il  éveille  en 
moi  l'idée  de  deux  fois  par  mois  et  je  m'y 
tiens,  jusqu'au  moment  où  les  dictionnai- 
res autorisés  l'accueilleraient  dans  un 
sens  différent.  Roun  Poète. 

Inscriptions  sur  les  cadrans  so- 
laires (T.G . ,  1 58  ;  XLVI  ;  XLVll  ;  XLVllI; 
L  ;  Ll  ;  LU  ;  LIV,  363,  641).  —  On  peut 
lire  facilement  sur  le  fronton  de  la  cha- 
pe'le  latérale  sud  de  l'église  de  Vassy 
près  Vire  (Calvados)  cette  inscription  ; 
«  L'ombre  passe  et  repasse,  et,  sans  repasser 
Vh omtne  passe  ». 

Elle  figurait  jadis  sur  un  cadran  SO' 
laire,  quia  disparu  depuis  longtemps. 

A  quelle  date  précise  pouvait-elle  bien 
remonter  ?  On  n'a  pu  recueillir  aucun 
renseignement  à  cet  égard. 

Radiguet. 

Bernique  (LIV,  673,  819,  878). —  En 
donnant  prccédement  l'étymologie  que  j'ai 
proposée,  pour  ce  mot,  j'ai  oublié  de  citer 
celle  indiquée,  depuis  1821,  par  Le  Go- 
nidec,  dans  son  Dictionnaire.  Il  pense  que 
bernique,  qui  se  prononce  aussi  brcnique 
très  souvent,  en  Vendée  comme  en  Breta- 
gne (on  sait  que  fréquemment  en  breton  les 
lettres  changent  de  place),  doit  s'écrire  bien 


990     

nik  ou  brinnik,  et  admet  que  ce  mot  est 
pour  bronnik,  petite  mammelle,  diminutif 
en  /^  de   bronn,  mammelle. 

Evidemment,  le  mollusque  offrant  la 
forme  et  la  figure  d'un  sein. . .  bien  por- 
tant,cette  étymologie  est  très  soutenable  ; 
et  elle  l'est  beaucoup  plus  que  celle  de  berti, 
couverture  (d'ailleurs  le  mot  patois  ven- 
déen berne  signifie  actuellement  drap  de 
lit, et  non  couver turé)',mA\s ,  cependant,  je 
tiens  à  la  mienne,  et  c'est  pourquoi  je  l'ai 
rapportée  plus  haut.  En  tout  cas  il  faut 
en  conclure,  comme  l'a  remarqué  d'ail- 
leurs Troude  {Dut  ,  p.  xxvii)  que  berni- 
que n'est  qu'un  mot  breton  francisé. 

On  peut  en  rapprocher  le  terme  patois 
vendéen,  margate  (pour  mor-gate),  signi- 
fiant 5i?/c:/;^,  qui  n'est  que  le  breton  mor- 
gaden(inor,  mer  ;  gad,  lièvre),  ou  lièvre  de 
mer.  Marcel  Baudouin. 

Tenir  tête  et  tenir  la  tête  (LIV  ; 
504,  703,  766).  — J'ai  toujours  entendu 
employer  l'expression  *<  tenir  tèie  x>  dans 
le  .*;ens  d'opposition  à  quelqu'un,  dans  un 
conflit,  une  discussion.  Littré  le  dit  tex- 
tuellement :  Tenir  tête  à  quelqu'un,  faire 
tête  à  quelqu'un,  lui  résister,  ne  lui  point 
céder  en  quelque  chose. 

Cette  expression  s'emploie  aussi  dans 
le  sens  de  tenir  compagnie  à  une  seule 
personne,  conmie  l'écrit  le  collaborateur 
C.  de  la  Benotte. 

je  ne  trouve  pas  que  l'expression  «  te- 
nir la  tête  »  à  quelqu'un  dans  le  sens 
donné  par  Maurice  Donnay,  soit  bonne, 
soit  correcte.  Tenir  la  tête  à  quelqu'un 
veut  évidemment  dire  «  empêcher  la  tête 
de  se  baisser,  de  tomber  »,  par  exemple 
lorsqu'on  est  malade,  blessé.  Il  serait  à 
désirer  que  l'auteur  de  Paraître  corrigeât 
cette  expression  incorrecte. 

A.  Hamon. 

Modèles  célèbres  (XLVIIl  ;  XLIX  ; 
LU  ;  LIIIJ .  —  Le  modèle  qui  a  posé  pour 
Psyché  dans  V Amour  et  Psyché,  du  baron 
Gérard  qui  est  au  musée  du  Louvre, n'est- 
il  pas  connu  ?  N. 

Signe  de  la  croix  avec  de  l'eau  de 

la  mer  (LIV,  282,  376,  431,  544,  658, 
769,  8S2).  —  Il  n'y  a  pas  besoin  d'aller  en 
Italie  pour  voirie  fait  rapporté  par  M.  Le 
Lieur  d'Avost.  Dans  ma  jeunesse,  j'ai  vu 
souvent  des  petits    marchands,    faire   le 


N*  1134. 


L'INTERMÉDIAIRE 


995 


996 


diverses  reproductions  de  documents  de 
l'époque  —  notamment  la  photographie 
de  la  fameuse  plaque  (communiquée  par 
M.  de  Mesnard^. 

On  connaît  du  reste  le  soin  scrupuleux 
qu'apporte  l'éminent  historien  du  s<  Paris 
Révolutionnaire  »  dans  ses  travaux  de 
reconstitution.  Alexandre  Rey. 


*  * 


Dans  un  recueil  d'anecdotes  publiées  au 
xvui*  siècle,  on  lit  : 

Dans  une  des  ses  promenades  secrètes,  il 
vit  un  écriteau,  qui  lui  apprit  qu'il  y  avait  un 
appartement  à  louer  tout  à  côté  de  la  maison 
qu'habitait  sa  bien-aimée,et  même  contigu  à 
sa  chambre  à  coucher.  Sans  perdre  une  mi- 
nute, il  se  rendit  locataire  de  cet  appartement, 
et  un  serrurier  intelligent  lui  fabriqua  une  de 
ces  plaques  tournantes  en  tôle,  qui  sont  de- 
venues depuis  si  à  la  mode,  au  moyen  de  la- 
quelle, à  un  signal  convenu,  il  parvenait 
auprès  de  l'objet  de  sa  tendresse. 

Et  en  note  : 

Croirait-on  que  l'auteur  de  cette  invention 
fut  mis  à  la  Bastille,  où  il  mourut  au  bout 
de  plusieurs  années  ? 

Que  sait-on  de  cet  inventeur  et  exacte- 
ment de  cette  mvention.  Y. 

Le  jaune,  couleur  des  traîtres 
(T.  G.,  460;  XLIl;  XLlll;  XLIV;  LIV, 
655),  —  V Intermédiaire  a  donné  récem- 
ment un  curieux  article  sur  «  la  couleur 
jaune  ».  Permettez-moi  de  vous  signaler 
au  sujet  de  «  la  couleur  verte  »  un  fait 
assez  amusant  que  j'ai  trouvé  consigné 
dans  les  archives  d'une  paroisse  voisine 
de  la  mienne. 

En  1830,  la  fabrique  de  l'église  de 
Sargé-sur-Braye  (Loir-et-Cher)  fit  repein- 
dre le  maître-autel,  les  boiseries  du  chœur 
et  la  chaire.  Lors  du  règlement  de  compte, 
la  peinture  de  la  chaire  donna  lieu  à  un 
incident  mémorable.  Le  maire  qui  assis- 
tait à  la  réunion  du  conseil  de  fabrique, 
sans  fournir  aucune  explication,  demanda 
que  l'on  remît  à  25  ou  30  jours  le  paie- 
ment des  ouvriers.  Quelques  jours  après, 
arriva  à  la  mairie  une  lettre  du  préfet, 
autorisant  le  conseil  municipal  à  se  réunir 
extraordinairement  à  «  l'efïet  de  délibérer 
«  si  la  couleur  verte  qui  est  sur  la  chaire 
<<  peut  y  être  maintenue  sans  danger  d'o- 
«  pinion,  étant  reconnue  dans  le  pays  la 
«  couleur  favorite  de  l'opposition...  » 

Le  5  décembre,  le  conseil  de  fabrique 
se  réunit  à  son  tour  et  à  l'unanimité  re- 


connaît que  «  la  couleur  signalée  est  le 
«  bronze  doré  et  ne  comporte  de  vert  que 
«  la  nuance  que  demande  ce  genre  de 
«  décoration.  Que  dès  lors  on  ne  peut  y 
«  voir  aucune  allusion  politique...  » 

Le  maire  qui  assistait  à  la  séance 
accepta  cette  explication  et  les  ouvriers 
furent  payés  de  leur  travail... 

Em. -Louis  Chambois. 

Faire  la  conduite    de  Grenoble 

(T.  G.  231  ;  XLVH).  —  Dans  un  vo- 
lume de  M.  Eugène  Choulet,  La  Famille 
de  Casimir  Périer  (Grenoble,  Joseph  Bara- 
tier,  i894),se  trouve, d'après  Prudhomme, 
le  récit  des  incidents  qui  eurent  lieu  à 
Grenoble,  au  début  de  mars  1832,  et  qui 
amenèrent  l'intervention  du  35*  de  ligne. 
A  la  suite  de  ces  incidents,  on  dut  chan- 
ger le  35',  qui  fut  remplacé  par  le  6*  de 
ligne.  Voici  la  fin  du  récit  : 

Le  calme  était  revenu,  et  l'on  avait  oublié 
les  troubles  de  Grenoble,  lorsqu'un  beau  ma- 
tin, le  35'  repaïut  dans  la  ville.  Le  Gouver- 
nement l'avait  rappelé  et  avait  fait  désarmer 
la  garde  nationale.  Nouvelles  effervescences, 
nouveaux  désordres,  et  tout  cela  pour  une 
plaisanterie  de  carnaval  !  Le  régiment  fut 
reconduit  jusqu'aux  portes  de  la  ville  au 
milieu  des  huées  et  sous  une  pluie  de  projec- 
tiles variés,  et  c'est,  comme  nous  l'avons 
dit,  de  cet  épisode  que  nous  est  venue  l'ex- 
pression :  Faire  mie  conduite  dé  Grenoble. 

Sans  infirmer  la  véracité  de  la  coutume 
des  compagnons  perruquiers  de  Grenoble, 
rapportée  dans  un  ouvrage  de  181 2,  et 
signalée  dans  la  communication  XLVII, 
540,  j'estime  que  l'expression,  relative  à 
Grenoble  dans  les  deux  cas,  est  bien  plu- 
tôt venue  de  Lalïaire  du  35'  de  ligne. 

B.-F. 

Tourreil,  le  Révélateur  de  la  loi 
de  Fusion  (LIV,  781).  —  Le  fondateur 
de  religion  signait  «  L.  f.  B.  de  Tourreil, 
Révélateur  de  la  loi  de  fusion  »,  ou  encore 
«  Annonciateur  de  la  loi  nouvelle  ».  Je 
sais  de  lui  personnellement  peu  de  chose. 

C'est  dans  une  agape  solennelle,  à  Bel- 
leville.  le  5  décembre  1845,  que  ^^t  pro- 
clamée la  doctrine  du  fusionisme  qui  devait 
remplacer  le  catholicisme  réputé  expi- 
rant. 

Ses  adeptes  définissent  ainsi  le  ftision- 
nisme  : 

C'est    une   doctrine    philosophique,  reli- 


99: 


gieuse  et  sociale.  Au  point  de  vue  religieux, 
il  est  le  Paraclet  promis  à  In  terre,  l'esprit  de 
vérité  venant  réaliser  la  vraie  religion  catho- 
lique, c'est-à-dire  universelle,  désignée  sous 
le  nom  de  règne  de  Dieu. 

Depuis  longtemps,  l'homme  connaissait 
un  grand  nombre  de  lois  de  la  nature,  mais 
l'esprit  de  ces  lois  lui  échappait  :  le  Fusio- 
nisme  lui  donne  la  raison  de  ces  lois  et  lui 
en  expli   ue  le  but  mystérieux  et  caché. 

Le  Fusionnisme  tire  son  nom  de  la  loi  de 
fusion,  loi  naturelle  et  universelle  qui  est  la 
vie  même  de  la  substance-  universelle,  dont 
elle  effectue  la  manifestation  infinie  ;  consi- 
dérée dans  sa  pleine  expansion,  cette  loi  est 
une  &\.  irine  :  elle  est  une  dans  son  but  qui 
est  émanation,  absorption  et  assimilation. 

Le  fusionnisme  connaît  cinq  ciels  :  le 
premier,  celui  oii  nous  sommes.  Les  rela- 
tions des  hommes  y  sont  superficielles  et 
bornées  aux  surfaces.  La  vie  est  instinc- 
tive, individuelle,  elle  répond  à  la  sensa- 
tion et  représente  l'enfance  de  Ihumanité. 
Le  deuxième  ciel  est  le  monde  des  génies: 
les  individus  commencent  à  se  pénétrer 
et  à  se  reconnaître.  La  vie  est  à  l'état  de 
conscience,  elle  répond  au  goût.  C'est 
l'adolescence  de  rhumanilé.  Le  troisième 
est  celui  des  anges.  Les  relations  y  sont 
intimes.  Les  individus  fusionnés  les  uns 
dans  les  autres  se  sentent,  se  savent  et 
se  voient  tous  dans  tous.  La  vie  est  à 
l'élat  de  sentiment,  elle  répond  au  flair 
plus  délicat  que  le  goût  ;  c'est  la  jeunesse 
de  l'humanité.  Le  quatrième  ciel  est  celui 
des  archanges.  Les  individus  y  conver- 
gent tous  vers  un  centre  commun  qui  est 
la  pureté  et  tendent  à  constituer  l'unité, 
ici  le  mal  expire. La  vie  y  est  à  l'état  d'in- 
telligence :  elle  répond  à  l'ouïe  qui  est 
une  sensation  intellectuelle  et  qui  repré- 
sente   l'âge  mûr   de    l'humanité.   Le  cin- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX            30    Décembre  iyo6. 
998     . 


Oui,  chère  sœur,  disait  le  prophète,  c'est 
:  la  mort  qui  universalise  l'être,  en  le  dél'ivrant 
\  de  la  prison  de  sa  forme  actuelle,  pour  lui 
I  faire  revêtir  successivement  toutes  les  formes 
ç  de  son  monde  restreint  pour  l'épanouir  dans 
I  l'immensité  de  Dieu. 

i  C'est  la  mort  qui  illumine  subitement  la 
I  vie  et  nous  révèle  le  mystère  de  la  création, 
l  en  déchirant  le  voile  qui  cachait  à  notre  âme 
S  des  résultats  merveilleux  de  la  loi  de  fusion, 
i  La  mort,  loin  de  détruire  l'être,  le  ressus- 
i  cite  dans  l'intégrité  de  sa  vie, 

I  Babick,  qui  fut  membre  de  la  Com- 
I  mune,  enseignait  cette  doctrine  sur  les 
I  bords  du  lac  de  Genève, 
\  Parmi  les  propagateurs  de  cette  foi, 
;  survit  encore  M.  Godefroy  qui  fut  direc- 
;  teur  d'école  communale  à  Paris.  En  1902, 
j  mourait  le  continuateur  de  la  doctrine, 
\  M.  Victor  Choque. 

i  La  lettre  de  faire-part  est  intéressante  à 
j  consulter  en  ce  sens  qu'elle  est  une  mani- 
I  festation  fusionienne,  à  l'heure  la  plus 
;  grave  de  la  vie  qui  est  apparemment  la 
i  dernière. 

j  M. 

I       Vous   êtes    prié  d'assister  à  l'Inhumation 

i  de 

I  I^Ionsieur  Victor   CH0Q_UE 

I  trépassé  le  Mardi  2  Décembre  1902,  dans  sa 

i  76'  année,  en  son  domicile,  rue  de    Turbigo, 

i  n»  70  ; 

I  Hem^euse  soit  sa  Résurrection  ! 

I       Qui  se   fera  le  Jeudi  4  courant,  a  2  h.  1/2 
I  iras  précises . 

\  De  la  part  de  Madame  CHOQ.UE,  sa 
î  veuve  ;  de  Monsieur  Edouard  CARON,  son 
j  gendre  ;  de  Madame  et  Monsieur  Georges 
I  ZURENGER,de  Mademoiselle  Anna  CARON, 
\  de  Messieurs  Emmanuel  et  Edouard  CARON, 
\  ses  petits-enfants  ;  de  Madame  veuve  VIN- 
'  CENT,    sa    sœur   ;    des    familles   CHOQUE, 


i 


quième  ciel  est   le  monde   des  séraphins.    |  CARON,  VINCENT,  et  de  ses  amis  ; 
Les    individus  dans   ime    harmonie  com-   I  ^^  ^^  la  Famille  Fusionieane  Univer- 
plete,   aiment   et  veulent    le   bien    de  la    \  selle 

même  manière.  Le  mal  n'existe  plus.  La 
vie  y  est  à  l'état  d'amour  :  elle  répond  à 
la  vue  qui  est  le  sens  le  plus  élevé  et  re- 
présente l'âge  sensible  de  l'humanité. 

Dans  le  fusionnisme,  on  ne  meurt  pas, 
on  ressuscite.  Lorsque  la  catastrophe  du 
bazar  de  la  Charité  fit  tant  de  deuils,  les 
îusionnistes,  convaincus  qu'ils  apporte- 
raient un  grand  soulagement  à  beaucoup 
de  douleurs,  rééditèrent  une  lettre  aposto- 
lique écrite  en  1851  par  Tourreil, à  la  com- 
tesse de  Brassac  qui  venait  de  perdre  un 
être  cher. 


«  Les  temps  de  larmes  et 
de  deuil  sont  clos.  L'heure 
de  la  résurrection  est  arri- 
vée ;  la  mort  n'est  pas  la 
mort  ;  c'est  l'agrandisse- 
ment de  la  vie  par  l'éveil 
de  notre  conscience  dans 
toute  la  substance  que 
nous  avons  élaborée  du- 
rant notre  existence, et  qui 
est  allée  s'incorporer  par 
la  Loi  de  fusion  à  tous  les 
êtres  de  la  terre. 

«    Par    cette    évolution 


N'  1134. 


L'INTERMEDIAIRE 


999 

sublime^  nous  accomplis- 
sons une  métamorphose 
semblable  à  celle  de  la 
chrysalide  qui,  après  s'être 
traînée  péniblement  sur  la 
terre,  s'envole  radieuse  sur 
des  ailes  diaprées  dans 
l'azur  du  Ciel  et  dans  les 
rayons  du  soleil  ». 

On  se  réunira  à-  la  Maison  iiiortuaire 
En  cas  d'oubli,  prière  d'en  faire  part 

L'inhumation  aura   U  u  au    Cimetière  du 
Pré-Saint-Gervais  {Seine) 

Je  ne  crois  pas  que  cette  petite  chapelle 
compte  aujourd'hui   beaucoup  d'adeptes. 

La  tentative  d'assassinat  de 
David  d'Angers  (LUI,  5).  —  Ce  serait 
bien  «  rude  »  de  prêter  au  célèbre 
sculpteur  de  ce  nom,  un  pareil  rôle, 
et  cependant  en  lisant  la  question  posée 
par  Y,  j'ai  été  frappé  des  coïncidences 
qu'elle  présente  avec  un  article  paru  du 
10  au  15  janvier,  dans  un  journal  de 
Paris,  la  L/^^r/i?,  je  crois.  Je  l'ai  recherché, 
sans  pouvoir  retrouver  ce  numéro.  La 
jeune  fille  était  une  enfant  trouvée, confiée 
par  un  curé  aux  soins  d'une  vieille  femme. 
Elle  s'appelait  Clémentine,  et  comme  elle 
avait  de  beaux  traits,  elle  se  louait  comme 
modèle. 

Elle  a  servi  de  modèle  à  David  d'An- 
gers pour  la  jeune  Grecque  à  demi  cou- 
chée sur  la  tombe  d'un  héros  de  l'anti- 
quité et  épelant,  avec  son  doigt,  le  nom 
gravée  sur  la  pierre 

La  rivalité  ardente  et  haineuse  des  deux 
artistes  était  au  long  racontée  dans  cet 
intéressant  article  que  je  suis  aux  regrets 
de  n'avoir  pas  plus  exactement  noté. 

Cz. 

Au  sujet  de  cette  tentative  d  assassinat, 
le  fils  de  l'illustre   sculpteur  nous  adresse 
l'intéressante  lettre  suivante  qui  met  hors 
de  cause  tout  rival  célèbre  : 
Cher  monsieur, 

Pendant  que  j'étais  auprès  du  lit  de  mon 
père,  dans  les  tous  derniers  temps  de  sa  vie, 
comme  il  ne  pouvait  presque  plus  me  parler 
que  par  les  yeux,  je  lui  renouvelai  encore 
la  demande  que  je  lui  avais  faite  bien  sou- 
vent, de  me  dire  le  nom  de  son  assassin.  11 
n'avait  jamais  voulu  me  le  dire. 

Alors  lui  faisant  un  petit  mensonge,  je  lui 
promis  de  ne  pas  le  répéter.  En  me  regar- 
dant, et  faisant  de  grands  efforts,  il  pronon- 
çait  le   nom    de    Bra...me.   montrant  avec 


1000  

faire   mouvoir 


celui  qui 


celui  qu'il   pouvait 
était  paralysé. 

Quant  à  la  jeune  fille  qui  lui  avait  servi  de 
modèle  pour  la  jeune  Grecque,  et  qui  non 
encore  tout  à  fait  corrompue,  n'avait  pu 
résister  au  désir  de  ne  pas-être  complice  du 
guet-apens,  ourdi  par  les  mêmes  ennemis,  je 
ne  puis  vous  donner  de  nouveaux  détails. 

J'évitais  en  causant  avec  mon  père,  travail- 
lant dans  son  atelier,  de  le  questionner  au 
sujet  de  son  assassinat  :  il  détournait  tou- 
jours la  question. 

Dernièrement,  j'ai  raconté  à  M.  Àlph. 
Séché,  jeune  écrivain,  originaire  d'Ancenis, 
ceci  : 

Mon  père  très  observateur,  aimait  suivre 
les  fouies.  Un  soir,  il  était  place  de  l'Odéon 
pour  voir  entrer  les  masques.  C'était  au  mo- 
ment du  carnaval.  Il  se  disposait  à  rentrer 
rue  d'Assas,  il  prend  la  rue  de  Vaugirard,  et 
remonte  cette  rue  jusqu'à  la  place  des  Carmes. 
Il  avait  remarqué  qu'il  était  suivi  par  un 
monsieur  de  haute  taille,  chapeau  mou,  ra- 
baissé sur  les  yeux,  drapé  dans  un  manteau. 
S'étant  arrêté,  l'homme  s'arrêta  aussi.  Il 
faisait  clair  de  lune  et  l'ombre  du  suiveur 
venait  jusqu'à  lui.  Par  extraordinaire,  il 
n'avait  pas  ses  pistolets  que  la  préfecture  lui 
avait  permis  de  porter  sur  lui  depuis  la  ten- 
tative d'assassinat.  11  hâta  un  peu  le  pas.  Au 
détour  de  la  place  des  Carmes,  il  tourna  à 
droite  dans  la  rue  d'Assas,  marchant  tou- 
jours au  milieu  de  la  rue  déserte,  très  éclairée 
par  la  lune.  Il  sentait  l'homme  approcher. 
Enfin,  arrivé  à  notre  grande  porte  cochère, 
il  frappa  avec  le  marteau-  Aussitôt,  comme 
d'habitude,  on  lui  ouvrit  et  il  entra. 

A  peine  était-il  dans  la  cour  qu'il  entend 
un  coup  violent  sur  la  porte,  Il  attend  quel- 
que temps,  va  prendre  sofi  arme  et  redescend. 
Il  ouvre  la  porte,  il  n'y  avait  plus  personne. 

Le  lendemain  matin,  il  vit  un  trou  dans  le 
bas  de  la  porte,  trou  fait  avec  une  arme  que 
l'homme  furieux  avait  plantée  dans  la  porte. 

Souvent, il  m'a  raconté  l'émotion  que,  bien 
que  très  courageux,  il  avait  ressenti,  car  il 
n'avait  rien  pour  se  défendre  et  à  ce  moment 
là  il  n'avait  pas  voulu  me  dire  le  nom  du 
spectre  qui  était  toujours  le  même 

Bien  des  fois,  près  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  près  d'une  fontaine  qui  n'existe  plus,  et 
dans  l'eau  de  laquelle  un  ouvrier  a  lavé  la 
plaie  de  mon  pèie,  celui-ci  m'a  montré  cette 
place  où  tout  enfant  je   l'entraînais   souvent. 

Voilà,  cher  Monsieur,  quelques   renseigne- 
ments que  je  suis  heureux  de  vous  donner. 
R.  David  d' Angers. 


Le  Directeur-gérant  : 
GEORGES  MONTORGUEIL. 


I   Imp.  Daniel-Chambon,  St-Amand-Mont-Rond. 


%abk   îieg  Matières 


ar.-ïS.  —  *  Ce  signe  indique  des  réponses  à  des  questions  posées  dans  les  volumes  pré- 
cédents. 

**  Ce  signe  indique  les  articles  insérés  sous  les  rubriques  :  L^ilres  et  documents 
inédits.  Trouvailles  et  Curiosités. 

Les  autres  titres  sont  des  questions  posées  dans  ce  volume.  Celles  qui  sont  sui- 
vies à' un  seul  chiffre  de  renvoi  n'ont  pas  encore  reçu  de  réponse. 


A 

Abbaye  aux-Bois  (Personnel  de  1')  en  1726, 
3,  120. 

Abbaye  de  Montmartre.  Voir  Vieux  Mont- 
martre. 

Abbaye  des  Hautes-Bruyères.  29,  406. 

Abbaye  d'Hérivaux.  53,405. 

Abbaye    cisteicienne  d'Herckenrode.85  i,  959 

*  Abeilles  (Les)  aiment  la  justice.  262. 
Aboyeuses  (Les)  de  Josselin.   506,   597,  717, 

831,  883. 
Absinthe  (Ode  à  1').  85. 
Accolé  de  Savalette.  Voir  Savalette. 
Acevedo  (Famille  de).  165,  350,  975. 

*  Acteurs  morts  sur  le  théâtre,  30. 

Action  (L')  inspiratrice  intellectuelle  des  ali- 
ments solides.  Y  a-t-il  des  écrivains  qui 
aient  considéré  cette    question  ?   396,  477. 

Adoption  :  la  question  du  nom.  164,  239, 
350,  406,  464,  577,  797. 

Adry  (Le  père)  et  les  anas.    394,    532,    628. 

A  enquerre.  782,  925. 

Agent  de  l'étranger  en  1793.  Voir  Valen- 
ciennois. 

Aiguilles.  Voir  Cap  des  Aiguilles. 


«  Aimer,    c'est  à 


vingt 


ans  faire   acte  de  sa- 

[  gesse  I  >  227. 

du    cardinal 


aux    armes 


*  Albani    (Livres 
Jean-Jérôme).  32. 

Albert  de  Rions  (d').   128. 

Alcoran  (La  vraie  traduction  de  1').  896. 

*  Aligre  (Le    marquis   d')   accusé   de  plagiat. 

188,  350,  521. 

Aliments  solides.  Voir  Action  inspiratrice  in- 
tellectuelle. 

Ambassadeurs  vénitiens  à  la  cour  de  France. 
Voir  Rapports. 

Amélie  (Lettre  à  la  reine).  439. 

Amélioration  des  races.  Voir  Société  An- 
glaise. 

Anfreville.  Voir  Poirrier. 

Amiraux  d'Hector,  d'Albert  de  Rions,  de 
Flotte.  128. 

Amoral,  Areligieux.  722,  932,  988. 

Amour  saphique  (L').    225. 

Amour  (Un)  clandestin  du  duc  de  Saxe-Co- 
bourg.  Voir  Panam. 

*  Ampère  (Les  distractions  d').  45. 
Anagrammes.  Voir  Pierre  de  Saint-Louis. 
Anagraphéana.  Voir  Hécart  de  Valenciennes. 
Anas.  Voir  Adry  (Le  Père). 

Anatole  France  (Les  débuts  de  M.).  390. 
69^. 


Ancessi.  Voir  «  L'Egypte  et  Moïse.  » 
Anciennes  expressions.   Voir  Vin  fLe). 
Anecdote  de  la  vieille  bouteille  de  Sauternes. 
Voir  Coislin. 

Angèle  de  Sainte-Croix. Voir  Initiale  à  dévoi- 
ler. 

Angers  (Université  d').  Voir  Thomas  d'A- 
quin  (Saint). 

Anglais  (L')  qui  veut  voir  manger  le  domp- 
teur. 674,  776. 

«  Angola  »  (Les   passages   soulignés  d').  224. 

Angoulême  (Mémoires  inédits  de  la  duchesse 

d').  49>  ■73.  '^'^^■ 
"^  Anjou  (Mme  d').  294. 

'•'  Anscebon.  76,  121. 
Ant,  ent.  Voir  Pluriel. 

Aoust  (Famille  d').  556,  689,  741,  797,  918. 
Appellations  honorifiques  (Les)dans  l'armée. 
614. 
I   Appolin  Briquet.  Voir   Papineau. 

Aqua  bona  et  Aqna  puta.  51. 
I   Aqua  puta.    Voir  Aqua    bona. 
\   Arc  (Le  nom  de  Jeanne  d  )   écrit  Johanna  en 
!        Angleterre.  499,   563. 

Aristide  Ferrère.  725. 
\   Armes  d'Albani.  32. 
Armes  de  Hongrie.   Voir  Hongrie. 
Armoiries.     Voir    Bibliophile   de   la    famiWe 

impériale. 
Armoiries  et  sceaux  ecclésiastiques.  Voir  Em- 
blèmes héraldiques. 
Armoiries.  Voir  Haicourt, 
Armoiries   de  Nos    Seigneurs   Dadolle  et  du 
Vauroux.  Voir  Dadolle,    Vauroux. 
Du    cardinal    Jean-Jérôme    Albani,    32. 
Des    familles  de   Morat  et  d'Hauterive,  au 

XVII''  siècle.  452,    697. 
Ecartelé. .  .    109,    295, 
Sainte-Beuve.  6,138, 
Armoiries  à  déterminer,  à  expliquer,  à  iden- 
tifier, à  rechercher,  à   retrouver  : 
D'or,  à  la  croix    ancrée.  837,  983, 
D'or,    au    chevron  de  gueules.  ^^)},  530, 
865. 

*  D'argent,   à  la  fasce  de   sinople.   6,    199. 
D'argent,  à  l'arbre  de  sinople.   109. 
De  gueules,   à  la  tour  d'argent.  452. 
De  gueules,  à  deux    roses    d'argent.    393, 

530. 

*  D'azur,  semé  de  fleurs  de  lis  d'or   et   de 
clefs  d'argent.    93,    199,   253,300,473. 

D'azur,  «n  la  fasce  d'or.    951. 
D'azur,  au  chevron    d'or,    accompagné.  6, 
138,   199,  233. 

LIV.  19 


LMnîermediaIRe 


1003 


1004 


D'azur,  au  chêne  d'or.  393,  530,  865. 

D'azur,  au  lion  d'or.  452. 

De  sinoplè.    "Voir   Ex-Iibris  à  détertiiiner. 

838. 
Accolé  d'argent...  109,  254. 
Un  arbre  et  huit  épis.  224. 
Chévroh  accompagné,  726. 
Parti,  au   1 ,  de. . .  a  3  faâces  de. . .  726. 
A  la  croix  d'Or,  potencée.  782^  925. 
De.. .  à  3  cygnes. . .   670.  813,  809. 
Un  baqjuet  et  une  tour.  670. 
Château  de  Grezieux.  726 
Assiette  de  faïence  armoriée.  6 
Montauvril,  670. 
Armoiries,  Descriptions  : 
Angers  (ville).  93. 
Batailhe    de    Francès.    107.     Beley.     199. 

Bertin  deVillars.  20.  Bidal  d'Asfeld.  189. 

Bridet.  253. 
Chanlatte.    351.    Cliapitre   du    Mans.  199. 

Chassebras,92  ! .  Chippart.  92  1 .  Colli.  83. 

Colli   Marchini.82.  Croy.755,Cruy-Cha- 

nel.  Cuissart.  334. 
Dadole   (Mgr.),    u).   Dalon.  800.    Daymar. 

Dinvurse.  333. 

Da  Bue.  813.  Duchastel.  254, 
Ecusson  ?  (Est-ce  un)  505,  587. 
Faucle.    669.     Felizzaiio    (Colli    dé)    83. 

Foigny  de  Variniont.  448. 
Gouy.  391.  Gouy  d'Alcy.  835. 
Hongrie.  75s. 
Koly.  82. 
Le  Coulteux.  971.  Lemoine.  748,  Lemoine 

de  Villarsy.  467.  Lesbahy.  921.  Leusse. 

923. 
Mancel.  Mans  (Chapitre  du).  300.   Marcon- 

ney.  330.    Maridort.  ))).   Melle    (Ville). 

473- 
Obéville,  697. 

Paris  de  la  Montagne.    751.    Pindray.    195, 
245.    Poirrier   d'Amfreville.  837.    Pons, 
755.   Poâtel  de  la  Wothe.  391. 
Quay  (de).  27. 
Rivière.  256.  Rousselet.  28. 
Saint-Mesmin.  921.   Sassenage.  •j'j.i^.  Sava- 

lette,  3,5,  252.  Séguier.  138. 
Tascher.    88,    Terray.    191.    Thierry.  157. 

Toulouse  (ville).  925. 
Van  der  Sluys.  587.  Veynes.  530.  Vigneau 

(du).  297.  Voyer.   755. 
Widrange,  869. 
Yvernel  de  Montflambert. 
Arnould  (Saint),  patron   des   brasseurs,  ^g^, 

516. 
Arsenaux  sous  la  Révolution.  Voir  Ouvrages, 
Arvers   (Le   sdnnet  d')   est-il   imité  de   l'ita- 
lien. 162,   257,  302,  358,  423,  476,  700, 
*Asfeld  (Le  baron  d'),  188. 
Assemblées  religieuses   clandestines  tenues  à 

Villiers-le-Bel.   219. 
Assiette   de  faïence   armoriée  :  Ecu  à    déter- 
miner. 6. 
Associé  ("un)  du  «  Père  Duchesne  ».  947. 


Au  bloc  !  729. 

Audebrand,  (Philibert).  Nécrologie.  440. 

«  Au  fond  des    vains   plaisirs...    ». 
Phrase  à  attribuer.  95)0. 

Austerlifz.  Voir  Haiigwitz. 

Autobus.  337,  426;  484,  àt^),  699,  820,  876, 
988.  ' 

Autriche  (Caroline   d') .    Voir   Portraits  à  re- 
trouver. 

Auvillain  (Jules).  892. 

Avocat  (L')  du  diable.   110,  308. 

Avocate  (La  première   femme).  3. 

Avoir  du  foin  dans  se^  bottes. 841. 

Azevedo,  Voir  Acevedo. 

B 

Bachelière  (La  première  femme)  en  France.  2. 
Bague  avec  devises.  56,254,353,473,532,881, 

992. 

Bague  marquise.  9. 

Baletti  (Demoiselle)  de  la  Comédie  Italienne* 

125,240. 
Baletti  (Dlles  Rosa,  Madeleine,  Rosina) ,  409. 
Balzac  (Honoré  de).  Voir  «  Lettres  à  l'Étran- 
gère. » 
*  Baptême.  292,  855,  971. 
Barbaze.   1756.  674. 
Barré  (Eugène).  892. 
Batailhe  de  Francès  (Jacques).   107,  522. 
Batavia  (Le  théâtre  français  à).  §95. 
Bateaux  à  roues  en  1779.  073. 
Batines  (Colomb   de).  Voir  Battine. 
Bâtons  de  maréchal  de  Castellane  et  de  Bos- 
quet.  50Î,  689,  798,  870. 
Battine  (Famille  de).  221,  408,  52a,  74.1,  855, 

920. 
Baume  (de  la).  Voir  Griffet. 
Beaudinard.   Voir  Richaud. 
Beaune  (Vin  de).  58. 

Beauvillars.  Voir  Richaud  de  Beauvillars. 
Beaux-Arts  (La  première  femme  entrée  aux). 

3,  158. 
Bédoyère  (Le  général  La).    Un  projet   d'éva- 
sion. 500,   582,  676,  785,  907. 
Bellecôte  (de).  Voir  Sayde 
Belzunce.  Voir  Favancourt. 
*  Bénédictins  francs-maçons.  294. 
Benoit  XIV  (La  table  du  pape).  665. 
Benozzi,  comédien  italien.  409. 
Béranger  (Généalogie  de) .  4. 
Béranger.  Voir  Masque  mortuaire, 
Berdolet  évèque  de  Cologne.   161. 
Berlin.  Voir    Pendant  l'occupation  français». 
Bernique.  673,  819,  878,  989. 
Berny    (Mme    de).    Voir  Inspiratrices  bienfai- 
santes. 
Berry   (La   duchesse    de)    et    Charles-Albert. 
Découverte  d'une   correspotïdance  secrète, 
105,  176,  286,  345. 
Berry  (La  duchesse  de)  bibliophile.  49. 
Beriy.  Voir  Colonie  anglaise. 
*  Berryer  (Une    pièce   de  vers    napoléoniens 
du  grand)  (18 10).  594. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1005 


ioo6 


Bertin  (Mlle)  compositrice. (Voir  Èsméraicîa). 
Berthoud  (Feidinanà).  532. 
*  Bertin  de  Villars.  20,   125,  239. 
Béthune  (Famille  de).    165,  239,  294, 
Bibliographie  napoléonnieniie.  394,533,597. 
Bibliophile  de  la  famille  impériale.  278. 
Bibliophile  (La  duchesse  de  Eerry).  49. 
Bibliophile    (S.    M.    l'impératrice   Eugénie). 

275-  345,  404,  461- 
Bibliophile.  Voir  Kolly  (Emma  de). 
Bibliophile  J.-R.  (Le).   57,  425,  643. 
Bibliothèque  de  Saint-Philippe.  451. 
Biblis.  Voir  Philon. 
Bidal  d'Âsfeld.  Voir  Asfeld. 
Biographie  de  Galilée.  Voir  Galilée. 
Biroche,  voiture  du  xviii' siècle.  674. 
Biiibi.  833. 

Bisannuel  et  biennal.  562,  703,  820,876,  989. 
Blaire  (de).   Voir  Favancourt. 
Blakey  (Nicolas),  Voir   Louis    XV  (Portrait). 
Blessebois     Voir  Le  Hayer  (Marthe). 
Bloc.  Voir  Au  bloc  ! 
Blois  (Crapaud  de).    172,  267,  315,374,  431, 

544,  602,  714,  881. 

*  Blondel  (Jean-Baptiste),  ingénieur  a  Paris  en 

1794.  20,  125,  240,  409. 
Blondel  de  Joigny  (Colnel).  835,  9^0. 
Blondel  (Les  six),  architectes.  409. 
Bo...  (F.).   166. 

Bochart  de  Saron  (Le  président).  668,798,920, 
Bodégat  (Morbihan).  Voir  Sévigné, 

*  Bœuf  gras.  209,  314. 
Bohémiens.  Voir  Tarot. 

Boigne  (Les  mémoires  de  Mme  de).  899. 
Bois  de  sape.  506,  599,  704. 
Boissières  (Jean  de).  780,  921. 

*  Bol  sein  .   599. 

Bonaparte  ('Pauline).  Voir  Leclerc. 
Bonaparte  (Une  fille  naturelle  de  Jérôme 

686,  732,  846,  960. 
Borch  (Michel-Jean,  comte  de).  8j6. 

*  Borde  (Château  de  la)  près  Melun.  30, 
Bosc  de  la  Calmette  (Les)  au  sujet   d'un 

vrage  récent.  226, 

Bosquet.  Voir  Bâtons  de  maréchal 

Boucher  et   Chanlatte    (Familles) 
224,  35T. 

Bouchot  (Henri).  Nécrologie.  664. 

Bouffiers.  Voir  «  Les  voilà...  » 

Bougeotte  ou  tracassin  ?  616,  765,  877 

Bourbon  du  Maine  (Un), comte  des  Minières. 
892. 

Bourbon-Penthièvre.  279. 

Bourbonnais.   Voir    Régiment   du    Bourbon- 
nais. 

Bourdon  (Un)    quinze  fois  séculaire,  315. 

Branler  la  tète.  Voir  Secouer. 

Bras.  Voir  Donner  le  bras. 

Bras  droit  de  Charlemagne.Voir  Charlemagne. 

Brasseurs  (Patrons  des)  :  Saint  Arnold,   Saint 
Médard,  Saint  Nicolas.  Voir  Arnould  (Saint). 

Bréhat   (Quel  était    le   régiment    envoyé  en 
1803  à).   947. 


553, 


120. 

on- 


au    Mans. 


Bretagne  (Anciens   termes,  anciennes  formes 

aU  pays  de).  840. 
Bretagne.  Voir  Révolution. 
Bricquemaut  (Les).  836,  918,  973, 

*  Bridge  (Le  père  du).  712. 

Brinon  (Yves  de),  traducteur  de  Tacite.  166, 
Broussaiâ  (Un  mot  de).  501,  628. 
Bruneau  (Les    descendants  de)   l'un    des  pré- 
tendus dauphins    329,  456,  509. 
Brunel  (Le  conventionnel).   I08,  190. 
Brys.  Voir  Paye  de  Bris. 

*  Bucquoy  (La  coftitesse  de).  21. 
Burton  (Francis).  Voir  Contes  orientaux. 

*  Busnach  (Comme  quoi  nous  devons  au 
grand-père  de  M.  William)  d'avoir  con- 
quis l'Algérie.  397,  512. 

Byron  (Mémoires  de  lord).  273. 
Byrrh,  apéritif.   1 1 1  . 


Cadrans  solaires  à  l'intérieur  des  églises.  1^0, 
261,  543 

*  Cadrans  solaires  en  couleurs.  614. 
Cadrans  solaires    Voir  Inscriptions. 
Cahors.  Voir  Usuriers. 

*  Caillot  de  Pommares  (Famille)    975. 
Calmette  (La).  Voir  Bosc. 

Calvin  et  le  hameau  d'Enfer.  889,  974. 

*  Cambronne  à  Waterloo.  845. 
Camisards.  951. 

«  Camoëns  ».  Drame  de  V.  Perrot.  672,  767. 
Camp  de  César  à  Wissant.  442,  513,  563. 
Canada.    Voir  Papineau. 
Candeille  (Mlle  Julie.  Voir  Utilité  morale. 

*  Canot  automobile  (Le).  7I2. 
Cap  des  Aiguilles  (Le).  164,  348. 

*  Carabas  (Le  marquis  de).  775. 
Cardillac  (Les).  Lettres  à  M.  de  Villette. 


tament,    états   de  service  à  retrouver, 


Tes- 

166, 


295,  522,  922. 
Cari,  Voir  Coli. 
Carli    Rubbi    (le  comte  Jean-Renaud).    755, 

809. 
Carnets  du  Roi.  Voir  Les  Carnets. 
Carrelage  à  retrouver,  67;^. 
Carrency  (Princesse  de).   Voir  Kerry  (Lady). 
Carrier-Belleuse  en  1794.  721. 
Carte  de  France  par  M.  de  Laborde.  I06, 

*  Cartes  postales.  38. 

Castellane.    Voir  BAtons  de  maréchaL 
Castelnau  (de),  peintre.  221. 

*  Célibat  ecclésiastique.  534,  644. 
Certain  (Mlle)  poétesse.    167. 
César.  Voir  Camp  de  César. 

«  C'est  ma  guerre  »,   mot   attribué   à  l'impé- 
ratrice Eugénie.  218,  288,  346, 

*  Châle.  993. 

Chalon    de  la   Marinière  (Hardouin  de).    Voir 

Marinier. 
Changeinent    de  genre     de    noms    propres. 

Voir  Noms  propres. 
Chanlatte.  Voir  Boucher. 
Chanoine.  Voir  Monsieur  le  chanoine. 


L'INTERMEDIAIRE 


1007 


1008 


Chanson  antibonapartiste.  503. 

Chansons  lorraines    antérieures  au  xix«  siècle. 

738,  874. 
Charlemagne  (Le  bras  droit  de).   161,  229. 
Charles  i"  (Le  véritable).  554,  683,789. 
Charles  X.  Voir  Polastron. 
Charles-Albert.    Voir  Berry   (La  duchesse  de). 

*  Chariot    Malbrough.  986. 

Chartes   des  colonies  (Dépôt  des).  446,.  591. 
Chasscbras  de  Cramailles.  556,  743,  798,  921 . 

*  Chassclle.  Comète.   97,  145,  20s,  312. 
Chasseurs  de  Picardie.  Voir  Picardie. 

*  <  Chasseurs   pris   par  la  nuit.  ,  .  » 
Vorî  à  retrouver.  94,  262. 

ChasttUux.  Voir  Bédoyère  (La). 

Château    de    Haut   Kœnigsbourg.  Voir   Haut 

Kœnigsbourg. 
Château  de  Hierge  sur  la   Meuse.  73. 
Château  de  Moritaigne.  Voir  Montaigne. 
Château  de  Saint-Maurice.  53,  185. 

*  Châteaux  de  France.  406,  577,637,740,854. 
Châteaux  hantés.  504. 

Châtelet  (Mme  du)  et  son  valet  de  chambre. 

447.  '='33- 
Châtenay  (La  seigneurie  de).  724. 

Chauvigny.  Voir  Chouvigny. 

Chazot  (Famille  de),  556,  689. 

*  Chefs-d'œuvre  achetés  à  des  prix  dérisoires. 
418,  929. 

Cheminées  ayant  servi  de  cachettes  ;  plaques 

retournées.  671,  9  »4. 
Chénier  (Vers  attribués  à  André).  615. 
Chcrot  (R.  P.  Henri).   Nécrologie.  384. 
Chevau-légers.  667,  849. 
Chiens  sauveteurs  (Les).  562. 
Chine  (Relations  de  l'empire  romain  avec  la) 

118,  235,  913. 
Chiner.  95  i . 

Chintreuil.  Voir  Ma.sque  mortuaire. 
Chouvigny,  Chauvigny.  Sa  généalogie.  168. 
Christ  et  saints  empaillés.  7,  94. 
Christ.  Voir  Monogramme. 
Christophe  (Saint)  et  l'enfant  Jésus.    10,  139, 

200,  304,  419,  753. 
Citation  de  Atontaigne.  Voir  Montaigne. 
Citations  latines  (Deux)  :  Patere  legem...  ; 

Quos  vu!t  perdere.  ,  .  899. 
Civilisation  européenne.  Voir  Société  anglaise. 
Civitas   Victoriacensis .  849. 
Clabat  du  Chillou.  758. 
Clairon  (Mlle)  à  Rouen.   168,  296. 

*  Clemenceau  (Le  pasteur).  21,  127. 
Cloche  de  bois     Voir  Déménager. 

Clootz  du    Val  de  Grâce  (Le  baron  de).  Voir 

France  et  ses  limites  naturelles. 
Cocquard  auteur  de  «  La  Plainte  amoureuse  ». 

423. 
Coislin  (Anecdote  sur  M.    de)  et   une  vieille 

bouteille  de  Sauternes.  900,  987. 

*  Coli,  Gali,  Cari.  94,  203,  365,  820. 
CoUin  de  Plancy  (Légendes  de).  36,   143. 
Colonel  (Le  nom  d'un)     104. 

Colonie  anglaise  dans  le  Berry.  498,  624. 


Colonies  (Dépôt  des  Chartes).  Voir  Chartes. 
'Comédiens  français  en  Egypte.  230,  343. 
Comète.  Voir  Chasselle. 

Compagnies  d'assurances  (Les).  338,  598,  712. 
Complainte  sur  la  mort  de   Marat.  46. 
Comtesse  obscure  (La).  441,  513. 
Concours  du  prix  d'Utilité  morale.   51. 

*  Condamnation  de  Jésus.  13,59.  '^°'  229. 

*  Conduite  de  Grenoble  (Faire  la).  996. 
Connu  comme  le  loup  blanc.  148,  262,  313. 
Conseil  de  guerre.  Voir  Montreuil. 
Considérant  (Victor)  et  sa  doctrine.  836,940. 
Contes  orientaux  jetés  au  feu.  329,  64^,  767, 
Contre-petteries.   Voir  Lapsus  au  théâtre. 
Conventionnel  Brunel  (Le).    108,  190. 
Couvents  maçonniques  au  xvui"  siècle.  499, 

596. 
Coran  (Charles).  Voir  «  Chasseurs  pris  par  la 

nuit.  . .  » 
*Corbeil  (Un  incendieviolent  à)  en  1775-795. 
Cordeliers  (Le  distiict  des)  en  1789.725,  845. 

*  «  Coriolan  »    ou   «  Coriolan  chez  les  Vols- 
ques  »  .   595  . 

Correspondance    secrète.    Documents   inédits 
relatifs  à  Mme  la  duchesse  de  Berry.  Voir 
Berry. 
Coup  de  pistolet  du   24  février.  Voir  24  fé- 
vrier. 

Coups   de  feu    (Premiers   et    derniers).    Voir 
Guerre  de  1870. 

Cour.   Voir  Fournisseurs. 

Courrier   de   Londres.  Voir  «  Le  Courrier  de 
Londres.  » 

Coutel  (Le  peintre).   54. 

Coutumes  relatives  au   port  des  sabots.  Voir 
Sabots. 

Couvent  à  proximité  de  la  Porte-Dauphine. 
Voir  Porte-Dauphine. 

Cramailles.  Voir  Chassebras. 

Crapaud  de  Blois(Le)     172,  267,  315,  374,431, 
544.  602,  714,  881. 

Creli  Donato,  peintre.  612,  976. 

Cressentini,  soprano.  629. 

Cresson,  préfet  de  police.  Voir  Etudiant  amé- 
ricain. 

Cressonnière(Le  chevalier  de  la). 669, 799, 856. 

Creti  (Donato).  Voir  Créli. 

Croix.  Voir  Signe  de  la  croix. 

*  Croix  huguenote.  417,  473,  587. 

*  Crouy-Chanel  (Famille).  754. 
Crozat-le-Pauvre.   Voir    Fontaine    de  Saint- 

Valery. 
Cruy-Chanell.  Voir  Hongrie, 
Cuissard,  du  Beauvaisis.  334,  745,  856. 
Culture  de  la  vigne.  Ouvrage  à  retrouver.  171, 

260, 307. 
Cupido  triumphans.  897. 
Cuthbert  (Saint).  Voir  Étole. 
Cygnes  et  Amours.  Voir  Exlibris. 


Dacquin  (Jenny). 
santés. 


Voir   Inspiratrices  bienfai- 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1009 


-1010 


*  Dadole  et  du  Vauroux  (NN.SS,).  03. 

*  Daïra,  histoire  orientale.   816. 
Dalon  (Le  marquis).  612,  799. 

Dame  aux  Camélias.  Voir  Manon  Lescaut. 

Dame  de  lit.  561 ,  96=;. 

Dames  tusses  (Les  i  et  leurs  caméristes  :  sup- 
plices extraordinaires.  841,  929. 

Danaé  (La)  du  peintre  Girodet.   170. 

Danjou.  Voir  Anjou  (d'). 

Danse  (La)  des  six  visages.  952. 

Danses  espagnoles  et  arabes.   338. 

**  Danton  (La  vente  des  meubles  de)  à  Sèvres, 
après  son  exécution.  319,  342,  456. 

**  Danton  et  la  Fontaine  d'Amour.  380. 

Dantzig  (Descendance  du  duc  de).  447,  579, 
690,  799. 

**  Daudet  et  Mistral.  271. 

*  David  d'Angers  (La  tentative  d'assassinat 
de).  999. 

Daymar.    168. 

*  Debraux  (Le  chansonnier  Emile).  557,  745, 

977- 
Deburau  (Sépulture).  855. 

Décadi.   Voir   Dimanche. 

Decheon  (Le  peintre).    836. 

Dégobiller.  Voir  Etymologie  à  rechercher. 

Delas  (Famille).  499. 

*  Delorme  (Philibert).   135. 

Delsart,  secrétaire  des  audiences  et  cérémo- 
nies royales.  557,  690. 
Deluzy  (Mlle  Henriette).  136. 

*  «  De    malheurs    évités  le  bonheur  se  com- 

[po-e.  »  257. 
Déménager  à  la  cloche  de  bois.  899. 
Dentition,  denture.  951. 
Denture.   45  i  . 
Depaulis.  Voir  Médaille. 
De  profundis.  5S5,  968. 

Dépôt  des  chartes  des  colonies.  Voir  Chartes. 
Dernières  paroles  (Les)   des  exécutés.  940. 
Desbarolles  (Ad.)  Lettre    sur    l'abbé   Michon. 

Descendance   de    Mlle    Caroline   de   Nerciat. 

Voir  Nerciat. 
Descendance  du  duc  de  Dantzig.  Voir  Dantzig. 
Descendants    de    Mathurin    Bruneau.     Voir 

Bruneau. 

*  Deschamps  (Antoni)  :  sa  vie  et  son    œuvre. 

522. 
Deschamps  et  Page  de  Saint- Wast  (Familles). 

108. 
Desfontaines.  780. 

*  Desportes  (Libres  ayant  appartenu  au  poète) 
201. 

Deud,  Voir  Mystère  (Un)  au  xv!!*"-  siècle. 
Deux  Décembre.  Voir  Femme. 
Devise  :  More  dove  niattacn.  i^^6,  757. 
Diable  (L'avocat  du).   1  10,  308 

*  Diable  de  fille.  539,  646. 
Dictionnaire  de   P.-J.  Leroux.  Voir  Leroux. 

*  Diderot  enterré  à  Saint-Roch.  46^. 
Dieu     lui-même    a    besoin    de  cloches.    Voir 

Lamartine  (Un  mot  de).  i 


Dieu  protège  la  France.  833. 

Dimanche  (Le)  et  le  décadi .  274,378,438,490, 

508,  563,   625. 
Dinurce.   Dinverse.  Voir    Diverse. 

*  Distique  à  attribuer.  642,  769. 
Distractions  d'Ampère  (Les).  45. 
District  des  Cordeliers   Voir  Cordeliers. 
Diverse. Dinverse.  Dinurce. Dynurce.  Dyvurce. 

d'Inverse.  d'Iversay.  332. 

*  Documents  phalliques  (Les).  341.  643,  985. 
Doigt  dans  l'œil  (Se   mettre  le).   563,  820. 
Dompteur.  Voir  Anglais  qui  veut  voir  man- 
ger le  dompteur. 

Donner  le  bras.  396,  599. 

Douglas  Home  (Le  fils  de).  5,  191. 

*  Dragons-Liancourt  (L'uniforme  d'un  capi- 
taine au  régiment  de)  en   1775.   14,  61  . 

*  Droit  d'asile  (Le)  dans  la  France   moderne. 

Droite  (La)  d'un  tableau, d'un  édifice. 395, 641. 

Drouyn  de  Lhuis  et  «  l'Imitation  de  Jésus- 
Christ  >.  893. 

Dubois  (M.).  Voir  Sainte-Beuve. 

Dubois  (F.-N.)  de  Rouen  et  son  «  Histoire 
secrète  ».  58,  351,  743. 

*  Ducloux  (Marcj.  414,  628,  856. 
Duel  de  Jules  Simon.  Voir  Simon. 
Dumas  (Alexandre)    Voir  Ferrier  (Ida). 
Dumas  (Alexandre).  Voir  Pailleterie  (marquis 

de  la).  638. 
Dumay,  directeur  des  cultes.  613,  859. 
Dumont  d'Urville.  498,  579,  628. 
Diinkelgrafin.  Voir  Comtesse  obscure. 
Du  Parc  (Gros  René).  Voir  Porteur  de  chaise. 
Duplessis  (Marie),  Voir  Manon  Lescaut. 
Durand   de  Mézy.    (Un   fermier  général  à  la 

Bastille).  611  . 
Durfort,  duchesse  de  Mazarin  (Ouvrages  sur 

Louise  de).  672,  816,  872,  929,  985. 
**    «  Du    Roc  Sort    Manne  »    (Le  mytérieux 

conteur).  942,  985. 
Dutacq,  221,  351. 
Duvignau.  403. 
*Duvigneau(Le  général).  127,  190,297,402, 

(391,  800,  977. 
Dynurce,  Dyvurce.  Voir  Diverse. 


Eaux  de  Vichy,  Voir  Vichy, 

*  Echelle  du  Levant.   120. 

Eclectiques.  Voir  Société  des  Eclectiques. 

Ecole  des  Chartes(Preriiière  femme  à  r).7ii. 

Ecole  religieuse  de  fille  (Une)  en  1860.  501, 
576. 

Ecu  à  déterminer  (Assiette  de  faïence  armo- 
riée). 6. 

Ecu  et  livre  (Monnaie).  Voir  Valeur. 

Eglise   de    Paris  (Une  ancienne)  à  retrouver. 

501,   S75- 
Eglise  Sainte-Maj'ie.  Voir  Eglise  de  Paris, 
Eglises  disproportionnées.   393,  641  . 
Egmont(La  comtesse  d').  609. 


L'INTERMÉDIAIRE 


1 0 1  I 


loi; 


sceaux 


au 


pont 

771. 

2.31- 


764,    879. 

546,  6=i4. 


Egypte.  Voir  Comédiens  fiançais. 
Eléphant  (L')  en  danger.  900,  991. 

*  Elfride  (La  jeune).    258. 
«  Emaux  et  camées  ».  Voir  Femme. 
Emblèmes    héraldiques  ;  arnioiries   et 

ecclésiastiques  modernes.  335,  640. 
Emmarvoyer.  Voir  Randouiller. 

*  Empêchements    légaux    des    candidats 
mariage.  917. 

*  Empire    romain  (Relations    de    1')    avec 
Chine.   1 18,  235,  913. 

Encore    une    légende    qui    s'en   va.   Le 
Notre-Dame  et  le  frère  Joconde.  666, 

*  Enfant  (Le  septième)  ou   le   septième 
çon?4i,  102,  154,    314. 

Enfants  de  Napoléon  le"".  946. 

Enfer,  hameau  de  Seine-et-Oise.  Voir  Calvin. 

*  Enghien  (Le  duc  d';  au  fossé  de  Vincennes. 
906. 

En  purette.  504,  6^^,  704, 
Envoyer  à  l'ours.  281,  429, 

*  Epatant.  —  Flapi.   205. 
Eperon  d'Or  (^L'ordre  de  1').  335,  587. 
Epinay  (Mme  d').  Voir  «  Les  voilà.  .  .  ». 
Escargot  (L')  de  la  cathédrale  de  Troyes.  671, 

813.^ 
«  Esméralda  »  livret  d'opéra,  par  Victor  Hugo. 

Est-ce  un  écusson  ?  505,  587. 

Estrées  (Mémoires  de  Gabiielle  d').  506,  591. 

Etat  civil.  Voir  Officiers  de  l'état  civil. 

Etats  de  service.  Voir  Cadilhac. 

Eteignoirs.  331,  474,  658,  760. 

Etole  de  saint  Cuthbert  à  Purham  (Angle- 
terre).  560,  870. 

Etole  de  saint  Thomas  de  Cqntorbéry,  à  Sens. 
560. 

Etudiant  américain  (Un)  victime  du  siège. 
375. 

*  Etymologie   (Une)   à    rechercher.  38, 

541  • 

*  Etymologie  des  noms  de  famille.  350, 

539- 
Eugénie  (L'impératrice).  Voir    Charlemagne 

(Le  bras  droit  de.  —  «  C'est  ma   guerre  ». 
Eugénie   (S.    M.    l'impératrice)   bibliophile. 

275,  345,  404,461. 
Evasion  (Projet  d').  Voir  Bédoyère(La). 
Evèché  de  Maillezais.  4. 

*  Excusez  du  peu  !  654. 

Exécution  de  Henri  de  Montmorency  à  Tou- 
louse.  193,  400,  844,  053. 
Exil  (L')  d'Ovide.   428,   514. 
Ex-libris.  Voir  Mancel  (M.). 
Ex-libris   avec  cygnes   et   amours.  838,  926, 

Ex-libris  de  médecins  français.  727,  926. 
Ex-libris  à  déterminer  :  de  sinople.  838. 
Ex-libris.  Voir  Anscebon. 


Fabre  de  l'Aude.  499,  692, 


425, 
475, 


Faïence  (La)  du  seigneur  de  la  Roche-Chan- 
dry.   390,  694. 

*  Falcon  (La).  23  . 

*  Fiimilles    à  origine    illustre  très  ancienne, 
78,  123,  293,  408,  463,  521,  628,  797,  9 '7- 

Familles.  Voir  : 

Aoust.  Azevedo. 

Batailhe  de  Francès.  Battine.  Béthune. 
Bosc  de  la  Calmette.  Boucher. 

Chanlatte,  Chauvigny,  Voir  Chouvigny. 
Chazot.  Chouvigny.  Colomb  de  Battine. 

Delas.  Delorme,  Voir  Lorme  (de).  Des- 
champs. 

Faucle.  Fleuret.  Fournier  de  Lamartinie. 

Gaujoux.  Gouy. 

Harcourt.   Hauterive. 

Joyeuse.  Voir  Villaret. 

Lamartinie.  Voir  Fournier.  Lorme  (de). 
Lemoine. 

Montigny.  Montmorency.  Morat. 

O'NeiU  de  Tyrone.  628. 

Page  de  Saint-Wast.  Pailleterie  (Davy  de 
la).  Piles.  Pindray.  Postel.  Poullajn 
de  Trémons, 

Qiiay. 

Souhigaray. 

Touzin.  Trémons.  Voir  Poullain. 

Vandenesse.  Vaynes.  Villaret  de   Joyeuse. 
Farnèse  (Alexandre).  893. 
Farnese  (Les).  497  . 
Fassie  (M  ).    168. 
Faucle  (Famille).  669. 

Favancourt,  de  Blaire,  Belzunce.  54,  253. 
Favart  (Mlle  Marie).  499,  580. 
Faux  Dauphin.  Voir  Bruneau. 
Faye  de  Brys,  médecin  en  premierde  l'armée 

du    Midi  (Avril    1792,  au    20    Nivôse   an 

III).  448. 
Fechter78o,  923,  978. 
Femme  (La  première)  entrée  aux  Beaux-Arts. 

3,  158. 
Femme  (Une)  des  «  Emaux   et   Camées  »   et 

du    Deux  Décembre  1851   :    Mme  Kalergi. 

894,  980. 
Femme  avocate  (La  première).  3, 
Femme  bachelière  iLa  première)  en  France.  2. 
Femme  (La  première)  concourant  pour  le  prix 

de  Rome.   3. 
Femme  (La  première)    inscrite    sur   les  listes 

électorales.  3,  71,  159. 
«  Femmes    à    la    mer   ».    Voir   «  Une   jolie 

fille  ». 
Femmes  confesseurs  (Les).  665,  967. 
Femmes  du  harem,  mariées  en  France.  894. 
Femmes  :     les    premières    conquérantes    des 

diplômes  masculins.  2,3,  68,71,  '57»'5^> 

159,  210,  711. 
Femmes  médecins  et  internes  (Les  premières). 

2,  68,  I  57,  210. 
Fermier   général    à  la  Bastille,  Vojr  Durand 

de  Mézy. 
Ferrère.  Voir  Aristide  Ferrère. 
Ferrier  (Mlle  Ida).  893,  978. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1013 


1014 


Fersen  (Portrait  du  comte  de).  893. 
Festieux,  corriiiiune  de  l'Aisne.  949. 
Fêtes,    danses    et    spectacles    nus.  237,  370, 

48^,  707,  991- 
Feuilleton  parlé  (Le).  503. 
Figuier  (Pierre).  ;s6. 
Fille    naturelle    de  Jérôme    Bonaparte.  Voir 

Bonaparte. 
Filles  de  Georges  III.  Voir  Georges. 

*  Flahaut  (Famille  de) .   22,    127. 
Flammarion  (Isidore).  894. 
Flancher.  280,  366,  426. 

Flapi .  Voir  Epatant. 

Fleuret  (Famille  de).  948. 

Fleury  (Portrait  [de  l'abbé]  de).  334. 

*  Fleury  (Où  sont  les  dépouilles  mortelles  du 
cardinal  de)?  127,  241. 

Florac  (M.  de).  Voir  Kerry  (Lady), 

Florin  rémois.  838. 

Fœfor  suburaniis .  Voir  Odeur  rance,. . 

Foigny  de  Varimont.  448,  580. 

Fontaine  Saint-Valery  (La)  à  Montmorency, 
388. 

Forestier,  peintre  de  bannières.   557. 

Fortune  (Les  roues  de).  228,  371,  432,  480, 
545,  601,  657,  772,  823. 

Foulard  (Isidore).  169. 

Fourés  (Mme).  Voir  Napoléon. 

Fournier  de  Lamartinie.  169,  297. 

Fournisseurs  de  la  Cour.  395. 

**Fragonard,  propriétaire.  272. 

Fraguier  (Le  chevalier).    Voir  Kerry  (Lady). 

France  (La)  et  ses  limites  naturelles.  667, 
793,846,960. 

Franc-maçonnerie.  Voir  Louis  XVI  et  la 
franc-maçonnerie. 

Francs-maçons.  Voir  Bénédictins  francs- 
maçons. 

Franconville  (Les  seigneurs  de),  556,  688. 

Francops.  Voir  Inscription  tombale. 

Frédéric  (Lettres  du  grand)  à  Voltaire.   553. 

Fuite  de  Louis-Philippe.  Voir  Louis-Philippe. 

Fundatus   (Traduction    du    mot    latin).  227, 

364- 
Furstemberg.  Voir  Rue  de  la  Paroisse.  915. 

Fusion  (Loi  de  la).  Voir  Tourreil. 


G 


Gaceta  de  Madrid  en  1724.  336. 
Gâcon.  Voir  Prix  acadéjnique. 
Gali .  Voir  Coli . 
Galilée  (La  biographie  de).o97. 
Gallois  de  la   Tour  (des).  Voir    Moulins  (Le 
preiiiier  évêque  de). 

*  Gambetta  (Projet  de  mariage  de).  801,859, 

978. 

Gambetta  et  la  dame    du    ministère  de  l'inté- 
rieur. 611. 

Gambetta   (Une    lettre   de    la   jeunesse    de).    ; 
718. 

*  Gamelin  (Jacques).  244, 


Gandonnière  (Almire  ou  Almyre").  782. 

Garât  (La  fille  de  l'illustre  chanteur)  de- 
mande l'aumône.  385. 

Garçon  (Le  septième  enfant  ou  le  septième). 
41,  102,  154,  314. 

Gaujoux  (Famille)  en  Amérique.  167, 

Gaceta  de  Lesboa  en  1723.  336, 

«  Gazette  rimée  ».  Voir  Jehan  Flamel. 

Gendarmes  (Les)  de    la  garde  du   Roy.  667. 

79°- 
Généalogie  de  Béranger.  4, 

Georges  III   (Les  filles  de).  610,  735,  906. 

Geraldines  d'Irlande  et  d'Angleterre.  949. 

Gérardmer.  338,  543. 

Gerardy  (Paul)  auteur  de  «  Les  Carqets  du 
Roi   »,  643 . 

Gherardini  de  Toscane  et  Geraldines  d'Ir- 
lande et  d'Angleterre.  949. 

Girardin  (Mme  de).  Voir  Lamartine. 

Girodet.  Voir  Danaé. 

Gitanos  (Le  roi  des),  945. 

Givors.    Voir    «  Tu  n'es  qu'un  Giyors  !  » 

*  Globe  (Origine  du)  comme  attribut  imp^T 
rial.  9^,  330. 

Goethe  et  Mérimée.  448. 

*  Gœthe  (Sources).  415. 

*  Gœthe,  son  dernier  mot.  24. 
Gond  de  porte.  727. 

Gorjy.   169,  297. 

*  Gouttière.   260. 

Gouvernaildes  jonqueschinoises,    614,  753, 

986. 

Gouy,de  Postel,de  Touzin  (Familles  de).39i. 

Graisse  humaine.    952. 

Grande  princesse  (La)  et  ses  pages,  779. 

Grands    relieurs  du  xix^  siè'îlè.  109,307,821 . 

Grarivelle  (Perreriot  de).  Voir  Portraits  à  re- 
trouver. 

Graphologie.  Voir  Michon. 

Grassari  (Mme),  cantatrice,  499,  629. 

Grassini,  cantatrice,  629, 

Grandet  (Joseph),  père  de  l'histoire  angevin? 

400. 
Giavelle  (Pierre)  auteur  des   «  Vers  funèbres 
sur  le  trépas  du  prince  de  Bourbon  ».   143. 

*  Graveur  "du  xvii'  siècle  au  monogramtne 
A.  S.  entrelacés.  33. 

Grenoble.  Voir  Conduite. 

Grifïet  de  la  Baume,  ingénieur  desAIpes-Mg- 

ritimes  entre  1790  et  1810.  335,  465. 
Grimaldi  (Mgr  Louis  de).  499,  6}^. 
Grimod  de  la  Reynière  (Le  souper  de).  561, 

633,  694. 
Griscelli.  836,  978. 
Gros-René.  Voir   Porteur  de  chaise. 

*  Grouchy  (Famille  de).   523. 
Guéronnière  (La).  Voir  24  février. 
Guerre  de    1870.  —  Premiers   coups  de   feu. 

—  Derniers  coups  de  feu.  —  Premières 
victimes    —  Dernières  victimes.    106. 

Guillaume  (L'empereur)  est-il  entré  dans 
Paris  en  1871  ?  777,  843,  909,  959- 

Guiilotin.  169,  244. 


L'INTERMÉDIAIRE 


lOIÇ 


IO16 


Guillotine  (La)  à  l'eau  de  rose.  667. 
Guymon  de  la  Touche.  279,  352. 

H 

Harcourt  (Alliance  de  la  famille  d').  51,  190. 

Haiem.  Voir  Femmes. 

Haudiquer    de     Blancourt    faussaire  .     Voir 

Chassebras. 
Hauterive.  Voir  Armoiries. 
Haugwitz  (Le  comte  d')  à  la  veille  d'Auster- 

litz.  610,  747. 

*  Hautes-Bruyères    (Le  monastère  des).  29, 
406. 

Haut-Kœnigsbourg  (Le  château  de).  447,  518. 
Hébert  (M.).  169,  i^Si,  746. 

*  Hécart,  de  Valenciennes.   80,  191 ,  416,  747. 

*  Hector    (d'),    d'Albert  de   Rions,  de  Flotte 
(Amiraux).  128. 

Helenus    446,  520^  627,  829,  854. 
Henrichemont    Voir  Colonie  anglaise. 
Henri  IV.    Voir    Moret    (Le  comte  de).    Vers 

sur  Henri  IV. 
**  Henri  IV  (La  barbe  de)  et  le  médaillon   de 

Mlle  Pluche.  660,  681,  789,  901,  t  56. 
Herckenrode  (Abbaye   cistercienne  de).  891, 

959- 
Hérivaux  (L'abbaye  d').  53,  405. 

Hermine  (L'ordre  de  1').  279,  417,  641. 

*  Hierge  (Château  de)  sur  la  Meuse.  73. 

*  «  Histoirede  la  Perse  »  (L'),  sonauteur.  35. 
Histoire  (Une)  de  la  guerre  de  Vendée,  672, 

81?. 
Histoire    et    iconographie  de    Mandrin.  Voir 

Mandrin. 
«  Histoire  secrète  >.  Voir  Dubois  (F.  N.) 
Hocher  la  tête.  Voir  Secouer. 
Hœkœnigsburg.   Voir    Haut-Kœnigsburg. 
Homme  (Un)  pris  pour  une  femme.  503. 
Homme    rouge    (Le   petit)   des   Tuileries   et 

Napoléon    1".  445,   511,571,625,    737. 
Homme  sauvage  (L')  en  héraldique.  613,754, 

813,  925. 
Hongrie  (Les  armes  de)  et  les   Cruy-Chanell. 

56,  754,  869,   982. 

*  Horsain.  310. 

Hortens«(La  reine)  et  l'amiral  Ver  Huell.  1,66, 

116,   174,  333,  288, 339,  402,  460. 
Hôtellerie  du  Parc  (L')  à  Lyon.  107,  209. 
Hozards  (Hugues  des).  836. 
Hugo  (La  mansarde  de  Victor).  979. 

*  Hugo  (Victor).  Sa  généalogie.  416. 

*  Humbert  (Le  général)  (1707-1S23).  80. 


*  Ici  on  donne  le  gris.  987. 
Ifs  (Les)  près  des  églises.  784,  88s. 
lled'Aix.  Voir  Procès-verbal  dressé  sur  le  sé- 
jour de  Napoléon. 
Ile  découverte  en  1772.   49,  178. 
Iles   anglo-normandes.    387,    462,    576,623, 

738,  984- 
«  il  faut   bien  que  je   les    suive,   puisque   je 

suis  leur  chef  !  »  730,  873. 


«  Il  y    a   des    années  où    l'on    n'est   pas    en 

train  !  »  281,  543,  60s. 
Illuminé  polonais.   Voir  Towianski. 
«  Imitation    de  Jésus-Christ.  ».  Voir  Drouin 

de  Lhuis. 
Immortalité  de  l'âme.  Voir  Moïse. 

*  hnpéria  (La  belle).   185. 

ln-8,  in-i2,  in-i6,  etc..  504,  598,  644,  701, 

875. 
Indulgences    (Publication    d')    en    faveur    de 

l'hôpital  des  Quinze-Vingts.  446,  532,589. 
Initiales  à  dévoiler.   727.  874,  9X3. 

*  Inscription    latine    (Une)   à    traduire.  3 1 5, 

475- 
Inscription    tombale  a.  b.  i.    d.  —  Francops. 

612. 

*  inscriptions  des  cadrans  solaires.  363,641, 
989. 

Inspiratrices   bienfaisantes  (Les).     668,    817. 

Introduction  du  poivre  en  France  .  Voir 
Poivre. 

Invctii  portum.  Voir  Distique  à  attribuer. 

Inversay  (d').  Inverse  (d').  Voir  Diverse. 

«   Isabelle  grosse  par  vertu.  »  783,  876. 

«  Isle  Savary  »  (Les  reliures  de  la  bibliothè- 
que de  1').   560,  698. 

J 

Jacquemont  du  Donjon  (Victor).  Nécrologie. 

128. 
Jaquemarts  (Les)  de  France.  618,  711,  758, 

821,  870,  986. 

*  Jaune  (Le)  couleur  des  traîtres.  655,  995. 
J.  B.  U.  (Un  peintre).   54. 

Jean  d'Anet,  dominicain.  611. 

*  Jean    d'Heurs,  pseudonyme    d'un    poète. 

.359- 
«  Jeanne  d'Arc  >.  Voir  Lenepveu. 

Jehan  Flamel,  de  la  «  Gazette  rimée  ».  615. 

*  «  Je  n'saurais  dinser  »  (Chanson).  Texte  à 

retrouver.  36. 
Jérôme  Bonaparte.  Voir  Bonaparte. 
Jésus  (Condamnation  de).    13,  59,  180,  «29. 

*  Jeton    curieux.    199. 

Jetons  des  Templiers.  Voir  Templiers. 

Jeuftroy.  Voir  Médaille. 

Jeune  Elfride  (La).  258. 

Joconde  (Frère).   Voir  Encore   une  légende. 

Jodelle   (Documents   à    retrouver   sur).  442, 

523,581. 
Johanna.  Voir  Arc  (Jeanne  d  j. 
Jonques  chinoises.  Voir  Gouvernail. 
''"''Joséphine  (La  tante  de).  550. 
Joséphine  (Lettres  de  Napoléon  à).   946. 
Josselin.  Voir  Aboyeuses. 

*  louvenct  (Portrait  de  femme  par).   7';3. 
J.  R.  (Le  bibliophile).  57,  425,  643. 
Jubinal  (Achille).  Voir  Garât. 


Kalergi    (Mme).  VoirFemnie  des  «  Emaux  et 

Camées).  » 
Kerry  (Lady).  54. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1017 


IO18 


Kœnigsbourg.  Voir  Haut  Kœnigsbourg, 
Kolly  (Emma  de)  bibliophile.   5,81. 
*  Komar  (Famille).  80. 
Koran  (Q.uel  est  le  vrai)?  Voir  Alcoran. 


Labédoyère  (Le  colonel).  Voir  Bédoyère. 
Laborde  (de).  Voir  Carte  de  France. 
Lâcheur  (Un).  729,  931. 
La  famille  malheureuse,  par  Prud'hon.  337, 

418. 
La  Haye  (Voir  Tribunal  arbitral. 
Lamartine  (Pau!  de  Musset  et).  949. 

*  Lamartine  (Un   mot  de).  258,  477. 
Lamartine  et  Mme  de  Girardin.  557. 
Lamartinie.  Voir  Fournier. 
Langage.  Voir  Monogenèse. 
Lanterne  de  Panurge.  Voir  Panurge. 

La  Pagerie-Beauharnais.  Voir  Joséphine  (La 
tante  de) , 

Lapsus  au  théâtre.  Contre-petteries  célèbres. 
617,  829,  935. 

Lard  du  citoyen  Danton.  319,  342. 

<  Larmes  de  saint  Pierre  ».  34. 

Latude  (Mazersde).  Voir  Louis  XV  (La  main 
droite  de). 

Lausanne.   Voir  Voltaire. 

Lavallée  (A.)  612. 

Lavalette.  Voir  Labédoyère. 

Lavater  (Lettres  de)    781,  860. 

«  La  vie  est  une  tragédie  pour  ceux  qui 
sentent,  une  comédie  pour  ceux  qui  pen- 
sent » .  783,  930. 

«  Le  Charivari  >.  Voir  Dutacq. 

*  Leclerc  (Le  fils  du   général)  et  de  Pauline 

Bonaparte.  958. 

*  Le  Courrier  de  Londres  ».  727, 

Ledieu  (Le  peintre  Ph.)  (1847)  et  un  pré- 
tendu  portrait  de  Musset.  221  . 

L,  D.  S.  Q^  V.  394. 

Légende  qui  s'en  va.  Voir  Encore  une  lé- 
gende. 

Législation  (La)  antique  et  ancienne  con- 
cernant les  vignes  et  leur  culture.  668, 
770,  814. 

«  L'Egypte  et  Moïse  »  par  Ancessi.  453. 

*  «  Le  grog  est  fashionable.. .  >.  84,  134, 
258,  358,   424. 

Le  Hayer  (Marthe).  781. 

*  €  Le  Jugement  de  Paris  »  et  «  Vers  fu- 
nèbres »  sur  le  prince  de  Kouvbon  :  ou- 
vrages anonymes  à  déterminer.    142,  200. 

*  Lemoine  (Famille).  129,  466,  748. 
Lenepveu  et  «  Jeanne  d'Arc  ».  728,  804. 
Léon  (Comte).  Voir  Polastron. 

Le  petit  homme  rouge.  Voir  Homme  rouge. 
Leroux  (P.-J.)  et  son    Dictionnaire.  8,  129, 

467, 
«  Les  bons  ouvrages    sont  ceux   qui  font  le 

plus  pleurer  »     Voir  Ouvrages. 

*  «  Les  Carnets  du  Roi  »  (L'auteur  de).  643, 
761. 


Lesclade  (Louis  de)  professeur  de  philoso- 
phie. 725,  862. 

«  Les  petites  cours  allemandes  au  xvii°  siècle  » 
par  Paul  de  Saint-Victor.  615. 

«  Les  Sonnettes  ou  Mémoires  du  marquis 
D...  ».  Noms  à  trouver.  783. 

Lesouëf  (Auguste).  Nécrologie.  328. 

«  Les  voilà...  »  [Vers  de  Mme  d'Epinay]. 
1 10,  360,  653. 

Lettre  (Une)  de  Napoléon  IIl   à  Pie  IX.    163. 

'*'*  Lettre  (Une)  de  la  jeunesse  de  Gambetta. 
718. 

**  Lettre  inédite  (Une)  delà  reine  Victoria  à 
la  reine  Amélie.  439. 

«  Lettres  à  l'Etrangère  >  (Les)  par  Honoré  de 
Balzac.  615,   73  1 . 

Lettres  à  M.  de  Villette.  Voir  Cardilhac. 

Lettres  de  noblesse  de  1625.  452. 

Lettres  du  grand  Frédéric.  Voir  Frédéric. 

Lettres  de  Lavater.  Voir  Lavaler. 

Lettres  de  Napoléon  à  Joséphine.   946. 

Lettres  de  Paganini.  Voir  Paganini. 

Lettres  de  Mme  de  Sévigné  brûlées,  i. 

Leusse  (de)  :   le  nom  et  la  terre.  726,80 -,  92 ^. 

Lez  ou  lès.  1 10,  202,  309,  365,  538,  655,  763. 

Ligier.  Voir  Théâtre  français  en  1847. 

Limbourg  (Le  prince  de)  et  l'ordre  du  Mérite 
de  Saint  Philippe.  7,  137,  252. 

Lion,  monosyllabique.    675,  761,   818. 

Liontel.  Voir  Nègre  (Le) du  maréchal. 

Listes  électorales  (La  première  femme  ins- 
crite sur  les).  3,  71,  159,  210. 

Litanies  de  la  Providence.   10,  358. 

Livre  (Le  plus  haut  prix  d'un).  842. 

Livre  de  Thot.  Voir  Tarot. 

Livre,  monnaie  (Ecu  et).  Voir  Valeur. 

Livres  aux  armes  du  cardinal  Jean-Jérôme 
Albani.  32. 

*  Livres  imprimés  blanc  sur  noir.  37,  150, 
259,  360,  487,  533,  644,  818,  874. 

*  Logographie  (La)  et  la  logotachygraphie. 
304. 

Logotachygraphie.  Voir  Logographie. 
Lombard  (Lambert),  peinire-verricr.  948. 
«  L'Orillaïde    ».  898. 

Lorme  (Fsmille  de).  558,  6q  ■ ,  749,  804. 
Lorme  (Philibert  de).   Voir  Delorme. 
Lorraine  (Tombeau  de  Louise  de).  13. 

*  Louis  XIV  (Une  fille  naturelle  de).  845,  905. 
Louis  XIV.  Voir  Van  der  Meulen. 

Louis  XV  (La  main  droite  [de  la  statue|    de). 

386. 
Louis  XV  (Un  portrait  de)  à   retrouver.   217. 
Louis  XVI  et  la    franc-maçonnerie.  44=;,  507, 

624,  711,  789. 

*  Louis  XVI 1  —  Sa  mort  au  Temple.  Docu- 
ments nouveaux.  17,  62,   im,  569,791. 

Louis-Philippe  (La  fui'.e  de)    6.0,  684,733, 

84s. 

*  Loup  blanc(Connu  comme  le)  148,262,313. 
Lutèce.  Voir  Mur  de  Lutèce. 

Luxbouig  (Comtesse  de).  Voir  Polastron. 
Lyon.  Voir  Hôtellerie  du  Parc. 


L'INIHRMEDIAIRE 


1019 — — 

M 

Mac-Mahon  (Maréchal).    Voir  Nègre  (Le). 

Maël    Voir  Pierre  Maël. 

Mafalda  (Sainte).    393,  753. 

Maillezais  (Evéclié  dei.  4. 

Main  de  justice  (La).   614,  771,  813. 

Mairat  (Le)  marquis  de  Bruyères-le-Châtel. 
185. 

Maison-Blanche.  Voir  LoLiis  XIV  (Une  '  fille 
naturelle  de). 

*  Maisons  historiques  (Les).   18. 

Malaquais  (Q_uai).  730. 

Maladies  (Les  saints  guérisseurs  et  produc- 
teurs de),   600. 

Malbrough.  Voir  Charriot  Malbrough. 

Maleissye  (M.  de)  et  la  famille  royale.   108. 

Mallarmé  (S.)  professeur  d'anglais.  330,   468, 

583. 
Mancel  (M.).   169,  244. 
Mandats   royaux    (Les)    du    camp    des  alliés. 

834,  957- 

*  ^landrin  à  Paris.   412,  635,  805, 

Màniotes  (Les).  4,  121,  880. 

Manon   Lescaut    (L'exemplaire    de)  annoté  et 

commenté  par   Marie    Duplessjs   (La  Dams 

aux  Camélias).  171. 
Mans  (Le).  Voir  Boucher  et  Chanlatte. 

*  Mansardes  célèbres  (Les).  435  489,  539, 
604,  658,  979. 

Manuscrits  de  Paganini.    Voir    Paganini. 
**  Marat   (La  mort  de)  en  complainte.  46. 
Marcland  (Dom).    500. 

Mareschal  (Pierre).  Voir  Portraits  à  retrouver. 
«  Mariage  de  pantins  »  par  J.  de  B.  950. 

*  Mariage  religieux  par  surprise.  43. 

Marie  de  la  Croix.  Voir  Bonaparte  (Une  fille 
naturelle  de  Jérôme). 

Marines   (Château  de).    835,  971. 

^larinier.  Hardouin  de  Chalon  de  la  Mari- 
nière, 726,  923,   980 

*  «  Marseillaise  »  (La)  : 

548. 
Martimprey  (César  de),  613. 
Masque  mortuaire  (Le)  de  Béranger  et  Chin- 

treuil.  618,   770. 
Mathelan  (de).  949. 
Mazarin  -Duchesse  de).   Voir  Durfort, 
Mazers  de  Latude.  Voir  Louis  XV  (La  main 

droite  de). 
Maubreuil.   Voir  Montreuil,    193. 
Médaille   de  fondation    (Une)  sur    Saint-Sul- 

pice.    4SI,  531,  573,  736,  852. 

*  Médaille    (La    petite)    commémorative    du 
baptême  du  Prince  Impérial.   (1850)  531. 

*  Médaille  (Une)  gastronomique.   596. 
Médaille  magique  (La)  de  Catherine  de  Médi- 

cis.  782.  I 

Médaille  par  Depaulis  et  Jeuffroy.  392.  ! 

Médaille   représentant  Napoléon    i"    sur  une  j 

face.  Napoléon  lli,  sur  l'autre.  56. 

Mé  ;icis   (Catherine  de).  Voir  Médaille  magi-  j 

que.   I^Iontmorency.  i 


1Q20 


parodies,    1 50,  359, 


du 


l'ipimortalité    (Je 


Mémoires  de  Gabrielle  d'Estrées.  Voir  d'Es- 

trées. 
Mémoires  de  lord  Byron.  Voir  Byron. 
«  Mémoires  de  Mme  de  Boigne  ».  Voir  Boi- 

gne. 
Mémoires  d'hommes  d'Etat.  ,227,  347,461. 
Mémoires   inédits   de    la  duchesse   d'Angou- 

lême.  49,  173,  286. 
"^  Ménestrier   (Jeanne).    417,   S24,    750,    805, 

981. 
Mentalité  du  marquis  de  Sade.  Voir  Sade. 
Mercier.  Voir  Platopodologie. 
Mercy-Argenteau  (Le  rôle  de  la  comtesse  de). 

275,  339 
Méricourt  (de).  Voir  Theroigne. 

Mérimée.  Voi^  Gœthe. 

Métra.  Voir  Table. 

Michelet(  Anecdote  extraordinaire,  contée  par). 

Voir  Serpent. 

*  Michon  (L'abbé   J.-H.)    est-il   l'auteur   du 
«   Maudit  ?  *  636. 

*  Michon  (L'abbé  J.-H.)  et   la    science   gra- 
phologique. 636,  862. 

Mine  d'or  t^Une)  peu  comrnune.   784. 
Minette.  Voir  Méneslrier  (Jeanne). 
J^Iinières    (Comte    dçs)  .     Vpir    Boiirbon 

Maine. 
Mistral.  Voir  Daudet. 

*  Modèles  célèbres.   990. 
Moire.  840. 
Moïse  et    la    croyance  en 

l'âme.  778,  852,  960. 

*  Molière  (Un  oncle  de)  marchand  de  soie .  u . 
2^Iollendorf{Le   maréchal).  Voir  Pendant  l'oc- 
cupation française. 

Monbel  (de),  acteur.  54,   193. 
Mondial.  228,   543,  699. 

*  Monogenèse  du  langage.  260. 

*  Monogramme  du  Christ  (Le).   13,  300. 

«  Mon  oncle  Barbassou  ».  Voir  Uchard  (Ma- 
rio). 

*  «  Monsieur  Giraffe    ou   La  Mort   de  l'Ours 
blanc  ».  35. 

Monsieur    le  chanoine.    501,   585,  640,  757, 

811,  972. 
Monsigny  et  de  Sedaine  (Lettres  de).  837,  924. 
Montaigne  (Château  de).  338,   520. 
Montaigne  (Une  citation  de).  7, 

*  Montarnail  de  la  Prade.  24,    86. 
Mont-Dauphin.  447,  576. 
Montesquieu  (Un  mot  de).  223, 
Montesson  :  le    nom  et   la    terre.    500, 

750,  981. 
Montflambert.  Vo'r  'ï  vernel. 
Montgolfier  (Un  monument  aux  frères). 
Montigny  (Famille  de).  335,  468,  525. 
i^Iontijo  (Le  comte  de)  en  1814.  895. 

*  Montmorency  (Exécution  de    Henri 
Toulouse.    193,400,  844,  953. 

Montmorency.  Voir  Fontaine  de  Saint-Valery. 
Montmorency  (Famille  de).   109,   192,  806. 
**  Montmorency  ('Lettres  du  connétable  dp) 
et  de  Catherine  de  Médiois.   270,  291. 


^35> 


441, 


de) 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


I02I 


>Iontreuil  au  Conseil  de  guerre.    107.    193. 

Monument  aux  frères  Montgolfier.  Voir  Mon- 
gol fier. 

Morat.  Voir  Armoiries. 

Moret  (Le  comte  de)  fils  naturel  de  Henri  IV 
s-est-ilfaitermite?329.  398,455,  563,675. 

Mort  dovf  m  attaco.  Voir  Devise. 

.Morillon.    Voir  Assemblées  religieuses. 

Mort  du  duc  de  Praslin.    136. 

Mot  de  Lamartine.  Voir  Lamartine. 

Mot  (Le  dernier)   de  Gœthe.  Voir  Gœthe. 

Mot  de    Montesquieu.  Voir  Montesquieu. 

!Mots  d'académiciens  moroses.  505,  604. 

Mots  en  ant  et  en  ent.  Voir  Pluriel. 

MouIin-Joli  (Le).  781,  916,  971. 

Moulins  (Allier)  (Le  premier  évéque  de).  332, 

*  ^lurde  Lutèce  (Le).    12,  59. 

Musset.  Voir  Saule  (Le). 
Musset  et  le  vin.  84,  134. 
Musset  portrait.  VoirLedieu. 
Musset  (Paul  de)  et  Lamartine,   949. 

*  Mutualité.  338,  541,774. 
Mystère  (L'n)  au  xvue  siècle    453. 
Mystérieux     conteur .      Voir    ï)u     Roc    Sort 

Manne. 

N 

Nadee  (Le  puits  de  lai. Les  puits  de  Paris,835 
Napoléon.  Voir  Paravicini.   —  Procès-verbal. 
Napoléon  et  Mme  Fourès.  163,  288.  511,  058. 
Napoléon  i^""  (Enfants  de).  946. 
Napoléon   is'"  (Médaille  représentant)  sur  une 

face,  Napoléon  111  sur  l'autre.  56. 
Napoléon  i".  Voir  Homme  rouge. 
Napoléon  (Lettres  de)  à  Joséphine.  946. 
Napoléon    IIL  Voir    Lettre   de  Napoléo.i  111. 

—  Médaille  —  Mercy-Argenteau, 
Naundorf.  \'oir  Louis  XVII. 
Nazon,  peintre.  Voir  «  Il  y  a    des  années    oii 

l'on  n'est  pas  en  train  ». 
Nécrologie  :     Audebrand     (Philibert)  .      440 

Bouchot     (Henri).    664  .     Chérot  .    (R.    P. 

Henri).  384.  Jacquemont  du  Donjon  (Vic- 
tor).328.  Lesouëf  (.-'-uguste).  328.  Talbert 

(Louis.)  [Lpt.  du  Sillon].  552. 
Nègre(Le)  et  le  maréchal.  220,  45.  549,  626, 

686,772,794,883. 
Nerciat  (Descendance  de   Mlle   Caroline   de). 

669,  807. 
Nicod  (Portrait  de  Dom  ) .   109. 
Noblesse.  Voir  Lettres. 
Noblesse  de  Normandie  et  de  Bretagne.  Voir 

Révolution. 
Noblesse  bretonne  (Origine  delà).    279,353, 

417.   463. 
Noblesse  (La)  sous  la  troisième    République. 

893,981.   ■ 
*  Nom  d'un  chien  '  367. 
Nom  d'un  colonel.  Voir  Colonel. 
Noms  de  famille  et  titre.  725, 
Noms  de   villes   donnés  à  des  enfants.   Voir 

Baptême. 
Noms  origin«iu:j  des  villes  étrangères.  947. 


1022 


Noms  propres    (Changement   de   genre   de). 

165. 
Nontron  (Mme  de).  Voir  Kerry  (Lady). 
Normandie.  Voir  Révolution. 
*  Notre-Dame   de    Lorette.    238,    419,    619, 

910,  961 . 
Notre-Dame   de    Paris.  Voir    Pierre   philoso- 

phale. 


Odeur  rance  (L')  des  prostituées.  337,  482. 
Ofificiers  de  Tétat-civil  (Les)   et  les  titres  dp 
noblesse.  560,  687. 

*  Oie  (U).    147. 

Ollivier  (Emile).  Voir  Flancher. 
Ollivier  (L'aïeul  de  M.  Emile).  448. 
Orante  (En).  141 . 

*  Orbes  (Seize).  93. 

Ordre  de  l'Eperon  d'or.  Voir  Eperon  d'or. 

Ordre  de  l'Hermine,  Voir  Hermine. 

Ordre    du    Mérite    de    Saint-Philippe.    Voir 
Limbourg. 

Ordre  souverain  de  la  Sainte-^Iilice  de  Salo- 
mon.  896. 

Origine  de  la  noblesse  bretonne.  Voir  No- 
blesse bretonne. 

Ouistreham  (Normandie)  et  Westerham  (An- 
gleterre). 53,  131,  238. 

Ours.  Voir  Envoyer  à  l'ours. 

Origine  ancienne  très  illustre  (Familles  à). 
78,    123,  293,  408,  463,  521,  628,  797,  917. 

Origine   du  globe  comme  attribut  impérial. 

93- 
Orme.  Voir  Lorme.  Delorme. 

*  Outillage  gallo-romain.  362,  542,  814. 
Ouvrage  de   1609  (Titre  d'un)    à   retrouver. 

S38. 

**  Ouvrages  (Les)  des  arsenaux  sous  la  Ré- 
volution. 496. 

Ouvrages  (Les  bons)  sont  ceux  qui  font  pleu- 
rer. 227,  476. 

*  Ouvrages  sérieux  mis  en. vers.  259. 

*  Ovide  (L'e.xil  d').  428,  514. 


Paganini,  lettres  et  sources.  170, 
Page   de    Saint-Wast    (Famille).    Voir    Des- 
champs. 
Pailleterie    Un  marquis  de  la).  449,526,585, 
^  638,  694,  751,  808,  865. 
Panam  (Pauiine-Alexandrine).  338,  413. 

*  Pantalons  (Les)  des  femmes.  477,  643. 
Panurge  (La  lanterne  de).  454,  591. 
Papenheim  (Comtesse).  Voir  Bonaparte  (Une 

fille  naturelle  de  Jérôme). 
Papineau  et  les  troubles  du  CanaJ*,  3S6,  511, 
508. 

*  Paravicini.  86. 

Parc  des  Princes  (Le).  611,  740,  795. 
Parc  (L'hôtellerie  du)  à  Lyon.  107,  209. 
Paris  de  la  Montagne.  669,  752,  807, 
Paroisse  (Rue  de  la).  Voir  Rue. 
Partir  à...  ou  partir  pour.  454,  648,  763,  8i8. 


L'i^^TERMÉDi 


1027 


1028 


(Dom). 


de  fondation  . 
«   Petites  cours 


Giimaldi  (Mgr).  Marcland 
Saint-Roch.  Voir  Diderot. 

*  Saint  Simoniens.  i  . 
Saint-Sulpice.  Voir  Médaille 
S^lnt-Victor   (Paul  de).  Voir 

allemandes.  » 

Saints  (Christ  et)  empaillés,  7. 

*Saints(Les)guérisseurs  et  producteufs  de  ma- 
ladies. 600,  656. 

*  Santerre.  639, 

*  Santo  Domingue  (de)  [Satito  Domirigo]  de 
Laurencin.   101 ,  241 . 

Sape.  Voir  Bois  de  sape. 

Saphique.  Voir  Amour. 

Satânas.  Voir  Sathenat. 

Sathenat  (Satanas)  seigneurs  du   Mont   et  de 

Launay.    55,  196. 
Saule  (Le)  de   Musset   aux   Champs-Elysées. 

674. 
Savalette  (Accolé  de).  55,  250. 

*  Savants  ennemis  (Les).  148,  376,  431. 
Sayde  de  Beilecôte.   895. 

Scalion  de  Virbluneau.  223,  352. 
Sceaux  ecclésiastiques. Voir  Emblèmes  héral- 
diques. 

*  Schlick  (Benjamin).   136,298. 
Seconde  vue  (La).  784,  937. 

Secouer,  branler,  hocher  la  tête.  328,  308, 
366. 

Sedaine.  Voir  Monsigny. 

Se  mettre  le  doigt  dans  l'œil.  Voir  Doigt 
dans  l'œil. 

Sensationnel.  899. 

Sept  péchés  capitaux  (Les  Sept  sœurs;  dites 
les).   949. 

Sept  Sœurs  (Les)  dites  les  Sept  péchés  capi- 
taux, 949. 

Septième  enfant  (Le)  ou  le  septième  garçon, 
41,  102,  154,  314. 

*  Sépultures  d'artistes  (Beaux-Arts).   13,  532, 

855- 
Sél-pent.   Anecdote  extraordinaire   contée  par 

Michelet,    111,    203,    266,    481,   602,937, 

99^-  , 

*  é  Seudis  i>  et  les  «  Larmes  de  Saint-Pierre  ». 

,34- 
Sévigné  (Mme  de)  à  Bodégat.  223,   529. 

Sévigaé  (Lettres  de  Mme  de)  brûlées     i. 

**  Sèvres  (La  manufacture  de)  pendant  l'oc- 
cupation prilssienne  (1870),  Lfe  père  de 
Henri  Regnault.  885, 

Siège  de  Paris.  Voir  Vinçard. 

Siège  de  Rosas.    Voir  Carrelage  à  retrouver. 

Signe  de  la  croix  avec  de  l'eau  de  la  mer. 
■ûéi,  376,  431,  544,  658,  766j  882,  990. 

Silvia,  de  la  comédie  italienne.   409. 

Simon  (Un  duel  de  Jules)  en    1863.   559. 

Simple  soldat  (Le)  mis  au  théâtre.   839,  984. 

Situation  des  prêtres  m.ariés  après  la  Révolu- 
tion. 854,9^7.  954- 

Six  visages  (La  danse  dès).  951. 

Smyth  dé  Baliyliatiay  (Missj.  Voir  Familles 
à  origine  illustre.  917. 


Société  (La)  des  Eclectiques.  453,    604,   659. 
Société  anglaisede  la  Civilisation  Européenne 

et  pour  l'Amélioration  des  races  humaine  et 

cavaline.   57. 
Sommeil.  Voir  Vol  aérien. 
Sonnet  d'Arvers.    Voir  Arvers. 
Soufflets  toulousains.  952. 
Souhigaray  (Famille).  837. 
Souper  de  Grimod  de  la  Reynière,  Voir  Gri- 

mod. 
Souvenirs  de  Mme  Récamier.  Voir  Récamier. 
Souvigny,  lieutenant  général.  Voir  Carrelage 

à  retrouver. 

*  Spiritualisme  (Le).  Les  Revenants,  595, 
Staff  (Le  mot).  395, 

Stifelius.  454,  596. 

*  Stradivarius  (Un)  vendu  en  1834.  44. 
Suicide  de  Rolla.  Voir  Rolla. 

«  Sujet  »  (Le  mot).  173,  291,  599,  936. 
Supplices  extraordinaires    Voii- Dames  russes. 
Sapprtmii  orator . ..  57,  420. 
Sycophante.    Voir  Patron  Jacquet.  427,  540. 

T 

Table  (La)  de  Métra.  783,  880. 
Table  du  pape  Benoît  XIV.  Voir  Benoit  XIV. 
Tableau  du  xviu*  siècle  à  retrouver.  221, 
Tableaux.  Voir:   Danaé.  La  Famille  malheu- 
reuse. Van   der  Meulen. 
Tacite.  Voir  Brinon  (Yves  de). 

*  Talma  (Un  monument  élevé  par).  352. 
Talbert  (Louis). Nécrologie.   552. 

*  Tambours    (Les)  :  ce    qu'on   a   dil    pour  et 
contre  eux.  99,  210. 

Tant  qu'à  faire.  616,  700,  764. 

*  Taon.   146,  205,  310,  366. 

Tarot    des    bohémiens   et   le   livre  de  Thot. 

394- 

*  Tartempion.  39,  98,  152,  313, 

*  Tascher  (Famille).  86,    196,  810, 
Taylor  (Le  baron).  Voir  Garât. 
Temple.  Voir  Louis  XVII. 

Temple  (La  terre  du)    près   Roanne    (Loire). 

164. 
Templiers  (Jetons  de),  896,  983, 
Tenir  tête    et   tenir   la    tête.    504,    703,   766, 

990. 
Termes  de  métier.  ôl6,  71b. 
Testament.  Voir  Cardilhac. 
Théâtre  au  xvni''  siècle    (Places   et    prix   des 

places  au).  3,  137. 
Théâtre  (Le)  en  province.  281,  355,  428,  476, 

534,  592,  698,  762,  984, 
Théâtre-Français  (Le)  en  1847.  275,  354. 
Théâtre  français  à  Batavia.  Voir  Batavia. 
Thélin.  Voir  République  de  Thélin. 
Théroigne  de  Méiicourt  et  l'empereur  d'Àu- 

ttiche.  721 . 

*  Thierry  (François),  médecin.  29,  137, 

*  Thiers  (Le  baron).    137,298. 

Thomas  de  Cantorbéry   (Saint).  Voir   Etole. 
Thomas  d'Aquin  (Saint),  professeur  à  l'Uni- 
versité d'Angers.  57. 


865. 


DES  CHERCHEURS  ET  CURIEUX 


1029 


1030 


Thot  (Livre  de).    Voir  Tarot. 

Thuiu  (Pierre)  évêque   constitutionnel.  670, 

810. 
Titre.  Voir  Noms  de  famille. 
Titres  de    noblesse.  Voir    Oificiers   de   l'état 

civil . 

*  Titres  de  noblesse.  30,  93,  19s,  24"^  253, 
464. 

Tombeau  (Le)  de  Josias,  comte  de  Rantzati. 
Voir  Rantzau. 

Tombeau  (Le)  de  Louise   de    Lorraine.    13. 

Touiller.  Voir  Randouiller. 

Toulouse  (Exécution  de  Henri  de  Montmo- 
rency à).   193,   400,  Ï.44,  933. 

*  Tour  d'ivoire    (Rentrer  en  sa).    103,    256. 
Tour  (Maurice-Quintin  de  la).    Pastel  origi- 
nal de  Silvia.  409. 

Tourreil,  révélateur  de  la  loi  de  Fusion.  781, 

996. 
Touzin  (de).  Voir  Gouy. 
Towianski  illuminé  polonais,  109,246,  299, 

471. 
Tracassin.  Voir  Bougeotte. 
Traduction  d'un    mot  latin.  Voir  Fiitidifus. 
Tragédiennes,    comédiennes,   cantatrices   du 

temps  présent  (Les  plus  vieilles).  506,  607, 

696. 
Trécines    (Le    poni    de)    à    Saint-Denis    en 

France.  74,    186,  349,  739,  916. 
Tremel  (Frédéric),  324. 
Trémons.  Voir  PouUain. 
Tribunal  arbitral  (Le)  de  La  Haye.  453,  376. 
Triolets.  Voir    Roy    des    triolets. 
Trôle  (La).   112,  263,  543. 
Trônes  (Les).  448. 

Trouchou  graveur.  Voir  Mancel  (M.). 
Troyes  (Cathédrale).  Voir  Escargot. 
«  Tu  n'es  qu'un  Givorst  »  729,  934. 
Turot  (Le  sieur).  6. 

U 

U  en  latin    (Prononciation   de    1').   279,  420, 

Uchard  (Mario)  :  les  deux  versions  de  «  Mon 
oncle  Barbassou  ».    500. 

«  Une  jolie  fille.  Femmes  à  la  mer  ».  950. 

r  Une  première  édition  n'est  jamais  qu'un 
essai  »,  Voir  Première  édition. 

Uniforme  d'un  capitaine  au  régiment  de 
Dragons-Liancourt  en  1775.  14,  61. 

Usuriers  de  Cahors.   562,  704,  766,  963. 

Utilité  morale  (Concours  du  prix  d')  à  l'A- 
cadémie. 25  août  1830.  51. 


*  Valenciennois  (Un), agent  de  l'étranger,  en 

1793.    131, 

Valeur  (La)  de    l'écu   et  de  la  livre  aux  diffé- 
rentes époques.   555,  831. 

Valmale  (MM.  de)  chevaliers  de  Malte.  450. 

*  Van  Blarenberghe.  88,  189. 

*  Vandalisme  (Le)  révolutionnaire.   66. 


Vandenesse  (Guillauiiie  dé),  sa  famille.  736, 
865. 

*  Van  der  Meulen  (Les  tableaux  de)  sur  les 
victoires  de  Louis  XlV.  301,  418,  55I1, 
697. 

Vanlo  et  Vanloo.  559. 

Varimont.  Voir  Foigny. 

Vendée.  Voir  Histoire  de  la  guerre. 

Venir  à  son  devant.  840. 

Vente  des  meubles  de  Datlloh.  319. 

Vénus    héraldique.  895. 

Ver  Huel  (L'amiral).  Voir  Horten^e. 

*  Vernet  (Sur  une  œuvre  d'Horace).  918. 
Vernet  (L'acteur).  Voir    Homme    pris    pour 

une  femme. 
Vernier,  poète  chevelu.  135. 
Vernier  (Valéry),  424. 
Vers  à  retrouver  : 

«  Chasseurs  pris  par  la  nuit...  >,  94,  262, 
Vers  attribués   à    André   Chenier.  Voir  Che- 

nier. 

*  Vers  de  Boileau  (Un)  : 

«  Rien  n'est  beau  que  le  vrai...  >.  ^}. 
Vers  en  écho.  950. 
Vers    napoléoniens   du   grand   Berry«r.  Voir 

Berryer. 
Vers  sur  Henri  IV.  337. 
Verset  de  psaume  (Un).  950. 
Veuillot  (Louis).  Voir  Lion    monosyllabique. 
Vichy  (Les  eaux  de).   110. 
Victimes     (Premières     et     dernières).    Voir 

Guerre  de  1870. 
Victoria  (Lettre  de  la  reine).  439. 
Vidalin  (Un  portrait  du  député).  1793,  an  IlL 

559- 

Vie  de  patachon.  952. 

Vieilles  tragédiennes,  comédiennes,  canta- 
trices. Voir  Tragédiennes. 

Vieux  Montmartre   (Collection  sur  le).  827. 

Vigneau  (du).  Voir  Duvigneau. 

Vignes  (Les)  et  leur  culture.  Voir  Législation 
antique. 

Vigny  (Alfred  de)  et  Sainte-Beuve.  Un  ar- 
ticle non  recueilli  de  l'auteur  des  «  Lun- 
dis ».  649 

**  Vigny  (Les  derniers  moments  d'Alfr«d 
de).  212,  246,   299,  471. 

Villaret  de  Joyeuse  (Famille).  670,  811,  981. 

Villars.  Voir  Bertin. 

Villemin  (Jean-Fran(;ois),  curé  de  Cocqu«- 
rel.  500. 

Villes  étrangères  (Noms  originaux  des).  947, 

Villett».  VoirCardilhac. 

Villiers  de  l'Isle-Adam.   781,  954. 

Villiers-le-Bel.  Voir  Assemblées  rtligieus«s. 

Vin  (Le).  Anciennes   expressions.  395,  546. 

Vin  de  Beaune.  58 

Vin  de  Nazareth.  546. 

Vinçart  (Pierre)  et  1«  Siège  de  Paris.  430, 
529,   752. 

Vincennes,  Voir  Fnghien. 

Vins  d'honneur.  38,  133,  314. 

Violti.  Voir  Stradivarius. 


L'INTERMÉDIAIRE 


1031 


Virbluneau.  Voir  Scalion. 

*  Vol  aérien    (La   sensation   du)   pendant  le 

sommeil.  98,  263,936. 
Voltaire.  Voir  Frédéric  (Lettres  du  grand). 
Voltaire  à  Lausanne.  170,  471,  639. 
«  Vous  êtes  mon  lion...  ».  779,  872,  938. 
«  Voyages  de  Gulliver  »,  par  Swift.  6i6. 

W 

Watelet.  Voir  Moulin  joli. 
Westerham.  Voir  Ouistreham. 
Wissant.  Voir  Camp    de    César.. 


1032    

Y 

*  Yvernel  de  Montflambert.  24. 


Zanze,  8,  144. 


24  février    (Le    coup    de   pistolet    du).  273, 

404. 
1609.  Voir  Ouvrage. 
1870  (Guerre  de).  106. 


AG       L'Intermédiaire  des  chercheurs 

309         et  curieux 

156 

V.54 


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