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HARVARD B-.^,,
COLLEGE LIBRARY t^*/J
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^ROM THE FUND BEQUEATHED B^
[ARCHIBALD CARY COOLIDGE
ABI887 PROFESSOROFHISTORY
1908-1928 DIRECTOR OF THE
UNIVERSITY LIBRARY 1910-1028
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W T
1
A
REVUE
/JA7
DE
SAINTONGE & D'AUNIS;
^
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES ARCHIVES HISTORIQUES
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
XX VII' Volume. — r* Livraison.
{" Février 1«07.
SAINTES
LIBRAIRTE J. PRÉVOST
15. COURS NATIONAL
1907
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ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ
1906 '
BUREAU
Préâideni : Le baron Amédke Oudbt» rue des Ballets, 27, à Saintes.
Vice-présidents : Le comte Pibrbe de Chozë-Lembrcibk, au château
du Ramet, par Saintes.
Ch. Dangibeauo, 14, rue des Ballets, Saintes.
Secrétnire : Mauaige Burbs, docteur en droit, avocat à Saintes, rue
Cuvillier.
Trésorier: Behthelot, notaire, rue de TAire, 17, Saintes.
TrésoTier-adjoinl :. M, G ATI fiK AU, directeur de l'Agence du Crédit Lyon-
nais, à Saintes.
COMITÉ DE PUBLICATION
Gabriel Audiat; professeur à Paris, rue César-Franck, 9.
Maçhet de La MARXiNièRE, archiviste du département de la Charente,.
Ang'0ulên»e.
Georges Musset, l. 0^ archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue Gargoulîeau, 32, a La Rochelle.
Jules Pelmsson, A. Q, juge an tribunal civil,, boulevard des Arènes,-
27, h Périgueux,
D»" Charles VigE5, aux Galards, ptès Montlieu.
CONSEIL D^ADMINISTRATION
Auguste BiTEAU,-^, A.O» maître principal dç 1" classe des construc-
tions navales en retraite, conseiller mwnicipal, rue du Perat, SO, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juge de paix, place des Cordeliers, 7, à Saintes
Edmond BoiLEViN,4i6gocianl, grande rue, 23, à Saintes.
Jules GuiLLET, négociant, conseiller général, rue de La Roche, 12, à
Saintes.
Abel Mestreau, négociant, rue du port des Frères, 2'f, à Saintes.
Le siège de la société des Arc/iiies est h Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mois un fUitielin, liecue de Sainiônge
et dWuniSy qui forme au bout d'un an un volume d'environ 500 pages.
Le prix de Kabonnement annuel à la Revue-Bulletin est de 10 francs;
11 fr. 50 pour l'étranger; un numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite-
ment aux membres de la société qui paient par an une cotisation de
L3 francs.
RÈGLEMENT. — Article IL La société se compose : 1<* de membres
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs...
2° de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 fi^ancs ; 3® de
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une somme
de 150 francs ..
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>-..W»
m-Surprentrre av»Tii qu 11 au pu
nous faire bénéficier du fruit de ses recherches. Nous n'avons
de lui que les documents qu'il a recueillis et de charmants
dessins constituant un curieux appoint à l'histoire de notre
céramique régionale. Il nous a donc paru utile de ne pas les
laisser plus longtemps dans l'ombre.
Les personnes qui désireront souscrire à cet ouvrage sont
priées de remplir le bulletin de souscription suivant et de
Tadresser à M. Georges Musset, président de la Commission
des Arts et Monuments historiques de la Charente-Infé-
rieure et de la Société littéraire de La Rochelle, 32, rue
Gargoulleau, à La Rochelle.
Je, soussigné
demeurant à
rue ou par déclare souscrire k
. -1 exemplaires du Recueil des pièces et documents
concernant les Faïenceries de Marans,'de M. Cappon,
(Signature) :
l
• 'VftCt rfjrir^ L* ^ocHguj êijtr
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. Digitized by V^UO^kfiVv.' ." S
^n ôouôctiption
GEORGES MUSSET
Archiviste-Paléographe, Lauréat de l'Institut.
LES
QUATRE SERiifiiïïS DE LA ROCHELLE
^ ET LA TOUR DE U LANTERNE
ÉTUDE HISTORIQUE
Volume in- 16 de 250 pages environ, avec gravures
et nombreux documents inédits.
Prix : 4.50, frais de poste en sus.
Les personnes qui désireront souscrire à cet ouvrage sont
priées de remplir le bulletin de souscription suivant et de
Tadresser à M. Georges Musset, président de la Commission
des Arts et Monuments historiques de la Charente-Inférieure
et de la Société littéraire de La Rochelle, 32, rue Gargoulleau,
à La Rochelle.
Je, soussigné,
demeurant à
rue ou par - déclare souscrire à
_. ..^^exemplaires de l ouvrage: Les Quatre Sergents de
La Rochelle et la Tour de la Lanterne, par M. G. Mv^sset.
{Signatare) :
Mtti» /*• «M» rcjnm LA ^»etmé.t
j f|i I iMi ■ Digitized by
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9
4
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— 373 —
a) Marie-Caroline^ née à Saintes le b février 1822, morle à
Lubbon (Landes), le 22 octobre 1883 ;
6) llené-François-EuGÈNE Eschasseriaux, né aux Arènes de
llienac le 2b juillet 1823, décédé à Thenac le 31 août 1906,
marié à Agen, le 1®' août 1840, avec Jeamie-Joséphine-Géraldine-
Agatlie-Lydia Barsalou, née à Agen le ::^5 février 1827, dont :
P J eanne-Marguerite-iVi orie, née à Agen le 3 juin 1847, marié â
Paris (VHP arr.), le o juin 180(5, avec 7^e/ié-Cliarlcs-Marie, baron
de Chaubry de Troncenord, né ù Paris le 3 décembre 1831, décédé
au cliàleau d'O} ré, commune de Clermont-Créans, le 18 décem-
bre 1906, d'où postérité ; 2° Pierre-Marie René Eschasseriaux,
né à Agen le 11 mai 1850, décédé à Paris le 20 février 1900,
marié à \otre-Dame de Vaudreuil (Eure) le 17 décembre 1880,
avec Marianne Uaoul-Duval, née à Nantes le 29 novembre 1857,
dont une fille unique, Gabrielle-EngémCy née à Paris (XVP arr.),
le 9 janvier 1883.
c) Marie-Catherine-Amé/ie-Louise Eschasseriaux, née aux
Arènes de Thenac le 4 mars 1825, morte à Lussac le 1*' mai
1856, avait épousé, le 15 avril 1848, à Thenac, Jean-Baptiste-
Marc-Placide Gaillard, né à Saint-Porchaire le 11 mars 1822,
mort à Croix-Genté, commune de Montendre, le P' novembre
1886, dont deux enfants : René et Amélie, dite Alice, mariée à
Ernest Robin, décédé.
d) Lucile, née aux Arènes le 12 décembre 1827, décédée ù
Aubiac le 12 juin 1899, mariée à Thenac le 27 janvier 1852 à
Gérand-Sylvain-Marccllin Dumon, né à Agen le 25 novembre
1822, mort à Aubiac le 17 janvier 1892, dont deux enfants.
§IV.
Branche de Jonzac.
Jacques Eschasseriaux, sieur de Mondrolay, marchand au
bourg de Jonzac (9 juillet 1593) (1), dont Guy (1544) (2).
André Eschasseriaux (1537) (3).
Mathieu Eschasseriaux (1544), à Jonzac (4).
Nicolas Eschasseriaux (1537), à Jonzac (5).
Guy Eschasseriaux, sieur de La Fenestre (1*^ déc. 1603), pvo-
testant, condamné à mort avec les principaux protestants de Jon-
zac (6).
Sara Eschasseriaux, mariée à Dominique Cotu, demeure à
Jonzac le 24 avril 1641 (7).
M. Eschasseriaux croyait Jacques Eschasseriaux de Mondro-
lay très proche parent de François, sieur de Contencuil. et de
Jacques, sieur du Ramet.
(i) Archives, t. XX, p. 291 H 300. Bvll 1903, f . CCCCXI.- (2) Ihid., p. 291.
-(3)/6Mf., p. 291. - (4) Ibid.p. 292. — (5^ Ihid., p. 287 et 292.— (6) Ihid.,
p.344.^(7f/bid.. p.367et368. u,g,nzeaoyG
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU !•' FÉVRIER 1907.
Avis BT NOuvBLLBS : AdmissioDS ; Budget; DislincUons honorifiques ; Clas-
sement de monuments ; Legs de Faucher ; Mgr Eyssautier.
NoTBS d'état civil. — Décès : D' Gelineau ; Serton du Plonget ; M«« de
Guron ; M. Magnan ; Amiral Alauier ; M»* Vivier ; Colonel Poirier ; Capitaine
Chasseriaud ; M. Simon; M»« Mounié ; Di* Baudry-I^cantinerie ; Abbé Bar-
don ; Commandant Vigier ; Colonel de Faucher.
MarUges : Lieutenant de Raimond et M'^* Perrin de Boussac ; M. G. de
Jamac et M^i* Carisberg - M. Causse et M'^* Guenon des Mesnards.
VARiBTés : I. Etude Bibliographique sur Elie Vinet, par M. Labadie ^ —
IL Inventaire des meubles de Mgr de La Rochefoucaull, communiqué par M.
de Crazannes ; — IIL Le cterjéde la Charente- Inférieure pendant la Réoo-
laiton^ par M. l'abbé Lemonnier ; — IV. Moule mirooingien, par M Dangi^
beaud ; — V. Saint-Domingue à la veille de la Révolution^ par M. Boisson-
nade ; — VI. La municipalité de Saint-Saturnin de Séehaud (suite).
QuesTioNS : Uniforme de la garde d'honneur.
LivRBs BT BBvuBs : Papicrs des religionnaires ; Le marquis de Venours ; Christ
de PËguille ; Les de Cheusses ; Marins Saintongeais prisonniers au Maroc.
AVIS ET NOUVELLES
A partir du présent numéro la REVUE paraîtra
les premiers février, avril. Juin, août, octobre,
décembre.
Ont été admis :
M, Labadie, présenté par M. Dangibeaud et M. Musset ;
M. Prévost, libraire, présenté par M. Dangibeaud ;
M. Noury Léon, avoué à Saintes, présenté par M. Berthelot ;
M. Massiou Jean, lieutenant au 123* d'infanterie, à La
Rochelle, présenté par MM. Musset et Oudet ;
M"* Emile Boutiron, au Treuil de Burie ;
M"" la marquise de Faucher de La Ligerie, aux Fresnauds.
Le tome XXXVI des Archives est en distribution depuis le mois
de novembre. Ceux de nos confrères qui ne Tauraient pas reçu
sont priés de le réclamer chez nos correspondants.
Ram*, ToM XXVII, lr« UTr«iMa. — FéTrier IfOT. 1
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-2 -
SITUATION FINANCIERE AU 31 DECEMBRE 1906
Recettes
En caisse au 1" janvier 1906 2.550 43
Cotisations 1906 3.798 05
Vente de volumes et bulletins 111 25
Escompte sur les factures 35 70
Intérêts des sommes placées 478 60
Souscription au monument de M. Audiat .... 68 »
7.042 03
Dépenses
Impression du volume 1.710 45
Frais d^expédition du volume .... 100 »
Impression de la Revue, frais d*expédi-
tion compris . « 1.921 15
Appointements de l'employé aux écri-
tures . 250 »
Primes d'assurances 30 20
Photogravure 97 80
Impositions 13 36
Loyer 250 »
Frais de correspondance 94 70
Dépenses diverses 36 07
Monument Audiat : Payé compte de
M. Feyronnet 325 »
4.828 73 4.828 73
Reste en caisse. • . 2.213 30
Détail de l'encaisse
Livret de Caisse d'épargne. . 1.500 »
Au Crédit Lyonnais .... 234 70
En numéraire 478 60
Total. . . . 2.213 20
L
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— 3 —
Une note, envoyée sans doute par un de nos confrères, resté
inconnu, a fait le tour de la presse dcpartemonlale. Elle annonce
notre trente-sixième volume, « dont le contenu égale en valeur
celui de ses aînés ».
C*est très aimable.
Le Courrier de La Rochelle du 15 novembre 190G a fait, sous
la signature Ph. G. (Philippe Guarrigue), un compte rendu élo-
gieux du dernier numéro de la Revue, Nous en sommes d'autant
plus heureux que, contrairement à d'anciens usages, il émane
tout entier de la plume de son auteur.
Nous souhaitons très vivement que M. Ph. G... continue et que
son exemple soit suivi par ses confrères du département.
Le Progrès a reproduit Tarticle nécrologique sur M. Eschas-
seriaux.
M. Viard, dans la Revue des Questions historiques (janvier
1907), rend compte du tome XXW des Archives, « contenant
quatre travaux d'inégale longueur et d'inégale importance. Le
plus intéressant est sans contredit celui de M. Ch. Dangibeaud,
intitulé Déclanition de biens de main morte. Ces documents sont
publiés avec soin et précédés d'une introduction qui met bien en
relief leur caractère. Le second article, de M. G, Musset, est éga-
lement relatif à l'histoire religieuse de Saintonge. Le troisième
article est un curieux registre publié par le docteur Ch. Vigen. »
M. le baron Oudet, président de la Société des Archives, maire
di: la commune d'Ecurat, a été suspendu de ses fonctions, par
arrêté préfectoral du 15 décembre, puis révoqué.
M. de Montalembert de Cers a résigné ses fonctions de maire
d'Echillais. Il vient d'être réélu.
M. Marchand, maire de Montendre, a été suspendu de ses fonc-
tions pour un mois puis révoqué (15 janvier).
Notre confrère, M. le docteur Marchand, d'Aunay, a reçu une
médaille d'argent, à l'occasion de l'épidémie de suelte miliaire
qui a sévi dans l'arrondissement de Saint-Jean d'Angély en 1906.
M. E^ Rogée-Fromy, président du tribunal de commerce de
Saint-Jean d'Angély, vient d'être nommé chevalier de l'ordre de
Léopold de Belgique.
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Notre confrère, M. le chanoine Jeandeau, est nommé supérieur
du collège de Pons. 11 avait déjà remplacé Mgr Eyssautier en
1893.
M. Pandin de Lu6saudière, ancien élève de l'Ecole des chartes,
archiviste stagiaire, remplace M. Meschinet de Richemond,
admis à la retraite et nommé archiviste honoraire (novembre
1906).
Nous rappelons que le congrès des sociétés savantes se tiendra
à Montpellier, le 2 avril prochain.
Par arrêté du 5 novembre 1906, M. le ministre de Tinstruction
publique et des beaux-arts a approuvé le classement comme
monuments historiques de l'église de Chermignac et de la croix
de pierre près de l'église.
Notre confrère, le colonel de Faucher de La Ligerie, qui vient
de mourir, a légué à la ville de Saintes tous les livres rares et
précieux qui lui venaient de la succession de son oncle, M. A.
Verchère de Reffye.
Ces livres, anciens et modernes, sept ou huit cents environ,
illustrés, tous en édition de grand luxe, sur japon, chine ou hol-
lande, beaucoup en grand papier, un certain nombre contenant
des dessins originaux, ou double et triple épreuve des gravures,
sont recouverts de somptueuses reliures en maroquin du Levant
plein, signées des premiers relieurs de Paris.
C'est un don royal.
M. de Faucher a voulu en outre que ce legs fut délivré à la
ville franc et quitte des droits de succession. On n'est pas plus
grand seigneur.
Il lègue au musée de Cluny un superbe écran en tapisserie des
Gobçlins Louis XIV, dans son bois ancien et vieille dorure.
Objets mobiliers classés appartenant aux églises et fabriques.
Landes. — Restes de peintures murales, XIIP siècle.
La Rochelle. — Hospice Saint-Louis : Collection de vases de
pharmacie en faïence, XVIP-XVIII* siècle.
— Hôtel de ville : Fauteuil dit de Gui ton, en bois sculpté et
doré, cuir gaufré, XVII* siècle ; table dite de Guiton, bois
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_ 5 —
sculpté, peint et doré, dessus en marbre blanc, XVIP siècle ;
tapisseries (verdures) ; portrait d'homme, 1600 ; vue de La
Rochelle pendant le siège de 1628 ; vue de La Rochelle, par Hin-
dryck, 1714 ; drapeau des volontaires de La Rochelle, 1793, en
soie.
Saintes. — Tombeau de saint Eutrope ; fonts baptismaux en
pierre, époque romane.
Saint-Jean d'Angély. — Eglise ; le Christ au jardin des oli-
viers, toile de Théodore Chasseriau, 1840.
Aux arènes de Saintes, le mur du podium sera bientôt complè-
tement dégagé.
L*arme en bronze dont il est question dans la Revue, numéro
de novembre 1906, page 346, a été donnée à M. Quéré par le
docteur Collinet, qui la tenait d'un malade du village de Bouti-
rant, lequel l'avait trouvée en bêchant dans les mottes de Bran-
det, sur les bords de l'Arnoult (à environ un kilomètre de Ran-
sannes). Elle n'a donc pas été trouvée à Ransannes, derrière le
château.
Il y a à Brandet un pont, et c'était probablement un passage
traversant l'Arnoult.
Le monument Grimaux, qui devait être inauguré le 9 décembre
1906, à Rochefort, porte sur un des côtés du socle : Monument
inauguré le 9 décembre 1906, par M. Simyan, sous-secrélaire
(TEtat aux postes et télégraphes, M, Marianelli étant maire de
Rochefort
Or, il n'y a pas encore eu d'inauguration et pas de sous-secré-
taire d'Etat.
Voilà l'inconvénient de graver des inscriptions relatant des
événements avant qu'ils soient passés. Il faudra effacer cette
inscription, si on ne veut pas perpétuer une grave erreur.
Le Bulletin religieux du 24 novembre 1906 contient en supplé-
ment Yoraison funèbre de Mgr Le Camus, prononcée dans la
cathédrale de La Rochelle, au service de quarantaine, le
15 novembre 1906, par Mgr Mîgnot, archevêque d^Albi.
M. l'abbé Eyssautier, supérieur du collège ecclésiastique de
Pons, que la Société des Archives a l'hortneur de compter parmi
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^— 6 —
ses membres depuis douze années, a été nommé évêque de La
Rochelle et Saintes le 9 novembre 1006.
Né à Entrevaux (Basses-Alpes), en 1844, d'une très honorable
famille, après de brillantes études au petit et au grand séminaire
de Digne, il vint à La Rochelle, en 1866, avec son père, qui était
fonctionnaire des douanes. Il passa une année au grand sémi-
naire et fut nommé professeur au collège de Pons.
Sauf une légère interruption, pendant laquelle il devint vicaire
général de Mgr Bonnefoy (mars 1893-septembre 1894), il n*a pas
cessé de se consacrer à Tinstruction, au même collège, et de for-
mer des jeunes prêtres, de sorte qu'une grande partie des curés
et des vicaires de son diocèse ont été ses élèves. Comme il savait
se faire aimer de tous, c'esl avec une joie complète, très sincère,
que les catholiques et le clergé de la Charente-Inférieure saluent
l'élévation à Tépiscopat de M. Eyssautier.
(Voir Bulletin religieux du 17 novembre 1906.)
Le sacre du nouvel évêque de La Rochelle et Saintes a été célé-
bré le 30 novembre 1900, en la cathédrale de La Rochelle, devant
une affluence de prêtres et de fidèles énorme. C'était mieux
qu'une vive curiosité qui portait cette foule dans l'église, tout le
monde voulait assister à cette cérémonie toujours imposante d'un
sacre d'évêque, qui empruntait, cette année, aux circonstances et
au prélat consacré, un caractère tout particulièrement émotion-
nant.
C'est le cardinal Lecot, métropolitain, qui fut le prélat consé-
crateur, assisté des deux anciens évêques de La Rochelle,
Mgr Ardin, archcAêque de Sens, et Mgr Bonnefov, archevêque
d'Aix.
Mgr Petit, archevêque de Besançon, Mgr Catteau, évêque de
Luçon, Mgr du Vauroux, évêque d'Agen, et Mgr Bougouin, évê-
que de Périgueux, étaient présents, se tenant dans le sanctuaire.
Le sacre terminé, le nouvel évêque monte en chaire et pro-
nonce une courte allocution qui a très vivement impressionné
l'assistance.
« Qu'il me soit permis de vous traduire et de vous commenter,
avec lia brièveté que comporte cotto longue cérémonie, les deux
mots que je viens de répéter en réponse aux interrogations de
mon consécrateur... Credo, je crois ; Volo, je veux. Ce sont
deux mots qu'on ne sait plus dire. Quelle responsabilité pour
ceux-là qui, les ayant effacés de leur conscience, désormais
ouverte à tous les caprices de la pensée et de l'action, en pour-
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— 7 —
suivent la radiation dans Tâme des masses, où ils sèment des
appétits et récolteront le désordre !
<( Vous ne comprenez donc pas, vous qui, par un geste peu
généreux et d'ailleurs impuissant, croyez avoir éteint ces lumi-
neuses doctrines, vous ne comprenez donc pas que nous avons
d'inébranlables raisons de croire et que vous nous en fournissez
toujours de nouvelles... »
(Voir VEcho rochelais du 5 décembre et le Bulletin religieux
du 8.)
Armes de Mgr Eyssautier : D'azur à la gerbe d'or liée de
même, au chef d'argent chargé de trois roses de gueules.
Devise : Sint unum.
Les trois roses rappellent Notre-Dame de Recouvrance, et la
gerbe la gerbe symbolique de Fassociation amicale des anciens
élèves de Pons.
Monseigneur a choisi comme prénoms Jean-Auguste-François-
Eutrope.
Les professeurs et élèves du collège de Pons offrent à leur
ancien supérieur l'anneau et les livres liturgiques. L'Association
amicale des anciens élèves la crosse. Une souscription organisée
dans tout le diocèse a procuré la mitre.
Le jeudi 15 novembre 1906, a paru, à Cognac, le premier
numéro d'un nouveau journal tri-hebdomadaire ayant pour titre:
Le Libéral des Charentes et du Sud-Ouest^ sous la direction de
M. Lasserre.
ERRATA
Le concurrent qui obtint le plus de voix après M. Eschasse-
riaux, aux élections de 1849, n'est pas le général de Pire, c'est
de Lajus : 20.197.
P. 307, lire : N'était-il pas pour tous, au lieu de : n'était-il pas
tous.
Même page, note 1, ajouter Camille Eschasseriaux après René
Eschasseriaux.
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— 8 -
NOTES D'ÉTAT CIVIL
DECES
Notre confrère, le docteur Geliiieau, est mort le 2 mars der-
nier, à Argelès, et inhumé à Blaye, sans que nous ayons été
avertis. Le recouvrement des cotisations nous en apporte la nou-
velle. Il est fâcheux que les familles ne comprennent pas le pré-
sident de la Société des Archives parmi les personnes à qui elles
adressent des lettres de faire-part.
Malgré la date éloignée du décès nous ne laisserons pas dispa-
raître notre excellent confrère sans lui consacrer quelques lignes.
Jean-Baptiste-Edouard Gelineau était né le 23 décembre 1828,
à Blaye : il entra comme chirurgien-élève à FEcole de médecine
de Rochefort. Chirurgien en 1850, il fut détaché à la Réunion,
puis à Mayotte. A son retour de différentes campagnes il fut
nommé chirurgien de la fonderie de Ruelle, où il pratiqua jus-
qu'en 1860, époque à laquelle il donna sa démission. Les revers
de 1870 lui firent reprendre du scr\âce, il partit comme chirur-
gien-major d'un répriment de mobilisés de la Charente-Inférieure.
Après la guerre, il se fixa d'abord à Aigrefeuille, puis à Paris.
Travailleur infatigable, il a publié de nombreux ouvrages de
médecine et même d'histoire dont notre Revue a eu plusieurs fois
à rendre compte.
Il était chevalier de la légion d'honneur, officier d'académie,
commandeur du Nicham, fondateur et directeur pendant vingt
ans d'une société confraternelle de médecins, instituée dans le
but de venir en aide aux vieux docteurs en leur donnant une
retraite annuelle ainsi qu'à leurs veuves.
« Avec le docteur Gelineau, c'est un Blayais qui fut l'un des
praticiens les plus distingués du Sud-Ouest de la France qui dis-
paraît. » Il était encore un chrétien convaincu.
(Voir Y Avenir Blayais du 10 mars pour les discours.)
Le 22 octobre 1906, est décédé, au Logis de La Roche, en Coî-
verl, M. Alexandre-Jérémie Serton du Plonget, âgé de 75 ans,
beau-père de M. Privas, notre confrère.
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-9-
Le 3 novembre 190C, est décédée, à Saint-Jean d'Angély,
M"* Victoire de Karstras, née à Quimpcr, Agée de 63 ans, veuve
de Louis de Guron (fils de Louis et de Victoire de Catiieiineau).
Le corps a été inhumé aux Nouilliers.
Voilà ce que contient Tacte officiel de décès.
Il convient de rappeler que le nom de Guron est incomplet ;
le nom patronymique est de Rechignevoisin de Guron.
(Voir Bulletin, XIV, p. 168.)
Le 8 novembre 1906, est décédé, à La Rochelle, M. Magnan,
Philippe-Octave, veuf de N. Champion-Labrctonnière, ûgé de
78 ans, sous-inspecteur de Tenregislrement en retraite, ancien
maire de La Jarrie.
Il laisse deux fils et une fille : M. Fernand Magnan de Ror-
nier, chef d'escadron au 21* régiment d'artillerie, Georges
Magnan de Bornier, chef de bataillon breveté au 25* régiment
d'infanterie, et M°" René Maubaillarcq.
(Voir VEcho rochelais du 10 novembre.)
Le 16 novembre 1906, ont eu lieu, à La Flocellière, près Pou-
zauges, les obsèques de l'amiral baron Alquier.
Il appartenait à une famille originaire du Bas-Languedoc qui
vint se fixer dans notre région en 1685. De celte famille est sorti
Charles Alquier, maire de La Rochelle, député aux Etats Géné-
raux, baron de l'Empire, ambassadeur à Copenhague, Madrid
et Rome, qui épousa Emilie de Gourville, dont une fille, mariée
à Gabriel Béraud, député de La Rochelle sous la Restauration,
et un fils, le colonel Alquier, marié à Louise Bonamy de Belle-
fontaine, père de l'amiral.
L'amiral n'était pas marié : il habitait avec sa sœur, la mar-
quise de Hillerin de Boilissaudeau.
(Voir les discours prononcés sur sa tombe dans YEcho roche-
lais du 21 novembre 1906.)
Le 21 Novembre 1906, est décédée, à La Rochelle, M"*. veuve
Théodore Vivier, née Léonline Admyrauld, ùixôe de 74 ans.
Elle laisse MM. Alphonse et Ernest Vivier, M"*» Ed. Bonniol
et Henri Bosc.
Le 22 novembre 1906, est décédé, à Laval, M. Raymond-
Antoine Poirier, ancien colonel du 123* de ligne, ancien com-
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— 10 —
mandant au 6* de ligne, âgée de 63 ans, officier de la Légion
d*honneur.
Il avait épousé à Saintes M"* Dutard. Il laisse \LM. Jean Poi-
rier, sous-lieutenant au T régiment d'infanterie, et Jacques Poi-
rier, commis des douanes. M"*' Ferron et Landelle.
Le 22 novembre 1906, a été inhumé, à Saintes, le capitaine
Chasseriaud, officier d'habillement de la garde républicaine,
chevalier de la légion d'honneur, né à Saintes en 1859.
Le V décembre, a été inhumé, à Chaillevette, M. Frédéric-
Eugène Simon, ancien archiviste-adjoint de la Charente-Infé-
rieure, décédé à Nantes. Il était né à La Rochelle.
(Voir la Charente-Inférieure du 8 décembre.)
Le 7 décembre, est décédcc, à Saint-Jean d'Angély, M"** Fré-
déric Mounié, âgée de 72 ans, mère de M. René Mounié et de
M"* Emile Rabotteau.
Le 24 décembre 1906, est décédé, à Saint-Jean d'Angély, le doc-
teur Alfonse Baudry-Lacantinerie, âgé de 63 ans, né à Saint-
Sauveur de Nuaillé eu 1843, frère de l'ancien doyen de la Faculté
de droit de Bordeaux. Il lais&e une fille. M"* d'Argoubès.
(Voir VUnion nationale du 27 décembre.)
M. Bardon, chanoine honoraire, curé archiprêtre de Saint-Jean
d'Angély, est décédé le 11 décembre 1906.
Il naquit le 7 janvier 1827, à Cozes, où son père était employé
dans les droits réunis. Sa mère était la tante de Philippe Ron-
deau, l'ancien conseiller à la cour d'appel de Poitiers.
Le 21 décembre 1850, il fut ordonné prêtre, et nommé vicaire
à Saint-Sauveur, à La Rochelle. En 185i, il passa à la cure de
Saint-Denis d'Oleron ; en 1862, il alla à Saint-Jean d'Angély,
qu'il ne quitta plus.
Il descendait de llilaire Bardon, seigneur de La Boulidière,
fief situé dan^ la paroisse de Meux et antérieurement possédé par
les Chesnel.
Hilaire Bardon avait épousé Marguerite Rulié, dont il eut
Jean-François, né à La Boulidière, et marié h Saint-Germain de
Vibrac, le 29 octobre 1767, avec Marie Landreau, fille de Cosme-
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Alexandre-Emmanuel, avocat en la cour et pailement de
Guyenne et au siè^e présidial de Sainles, et de Marie-Catherine
Terrien. De celle union sont issus plusieurs enfants, dont :
Jérôme-René, marié à A . Magnac, de Jonzac, cl demeurant à La
Uobière en Saint-Bris-des-Bois ; Jeamie-Marie, qui épousa
iV. Bernier, docteur en nuklecine ; Marie, qui s'unit à A'.
Labruyère, de Mareuil en Périgord ; Elisabeth-Françoise, mariée
à A', de Findray, docteur-médecin, également de Mareuil ; autre
Jérôme-i^cné, qui naquit, le 14 janvier 1782, à La Boulidière,
comme ses frères et s<eurs, et é|>ousa, en 1808, à Saintes, Antoi-
nette (aliùs Catherine) llondeau, fille de Philippe-Joachim-Ferdi-
nand, avocat, lieutenant général au baillage de Uochefort, et de
i\. Gallocheau, du Port d'Envaux.
C'est de ce mariage (ju'esl issu Marc-Jérôme-Ferdinand, ainsi
que quatre filles : Eugénie, épouse de Ferdinand Uondeau, offi-
cier de marine, son cousin ; Caroline, décédée dame religieuse
de la Providence de Saintes ; Angélique et Clémence, mortes en
bas ûge.
Le 25 décembre 1906, est mort, à Saintes, le commandant
Pierre-Félix Vigior, âgé de 81 ans, chevalier de la Légion d'hon-
neur, médaillé d'Italie et d'Algérie (médaille coloniale).
Né à Saintes, le 14 juillet 1825, il fit ses études au collège de
Saintes, s'engageûl, le 19 juillet 18i5, au 56" de ligne à Sois-
sons. Le 30 décembre 1852, il fut promu sous-lieutenant au 56*
et le 18 mai 1876, chef de bataillon au 123% à La Rochelle. Il
fil les campagnes d'Afrique, d'Italie et de 1870. Grièvement
blessé et laissé pour mort ù Reischoffen, notre concitoyen fut
recueilli par les ambulances allemandes, et, après guérison,
envoyé en captivité à Neisse (Silésie).
En 1879, il prit sa retraite et so maria avec M"* veuve Cédonl,
née Malhé, Jeanne-Marie-Louise.
Il perdit sa fille unique le 9 août dernier.
Le 2 janvier 1007, esl décédé, aux Fresnauds, commune de
Saint-Georges-dc^-Coleaux. le niaMjiiis Feriiand de Faucher de
La Ligerie, colonel de cavalerie en reiraile, chevalier de la légion
d'honneur, notre confrère. Agé de 60 ans. Il a élé enterré h
Saintes, dans la sépullure de sa famillr^.
Entré à Saint-Cyr en 18(>(5, sous-lirutenant en 18()8, il fut fait
prisonnier à Sedan et resta six mois en captivité h Cologne.
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— 12 —
Ouand il fut nommé colonel du 9* chasseurs, en 1900, il prit
immédiatement sa retraite.
Il avait épousé, le 25 septembre 1884, M"* Jeanne Du Ché,
fille de M. Edouard Du Ché, directeur du dépôt d'étalons de
Saintes, devenu inspecteur des haras.
Il meurt sans enfants.
M. de Faucher était grand collectionneur. Sa passion du
bibelot a rempli les salons des Fresnauds et sa maison de Limo-
ges d'un véritable petit musée.
Il avait aussi l'amour de sa ville natale, où il aimait à revenir
chaque année. Il prouve son affection en lui léguant la magni-
fique bibliothèque qu'il avait héritée il y a deux ans de son oncle,
M. Auguste Verchère de Reffyc.
(Voir dans le Bulletin, t. VIII, p. 307, une note sur la famille.)
MARIAGES
Le 24 octobre 1906, a été célébré le mariage de M. Georges
Filiol de Raimond, lieutenant au 21* régiment de chasseurs et de
M'** Germaine Perrin de Boussac, fille de M. Perrin de Bous-
sac, notre confrère.
Le 27 novembre 1906, a été béni à Saint-Louis de Bordeaux,
le mariage de M. Georges do Jarnac de Gardépée, fils de
M. Maurice de Jarnac de Gardépée, avec Mademoiselle Hen-
riette Carlsberg, fille de M. WiHiam Carlsberg, vice-consul de
Russie à Bordeaux.
Le 31 octobre, a été célébré à Saintes, le mariage de M.Causse,
Louis-Gaston-Antoine-Etienne, pasteur protestant, à Montélimar
(Drôme), avec M^** Guenon des Mesnards, Marie-Marguerite-
Suzanne.
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— 13
VARIETES
I
ÉTUDE BIBLrOGRAPlIIQUE
SUR LES ÉDITIONS DE « l'AnTIQVITÉ DE DOVKDEAVS »
d*Elie Vinet, saintongeais,
principal du collège de guyenne, a bordeaux,
au xvi* siècle
Elie Vinet est le premier hislorien de Bordeaux. Son ouvrage
sur les antiquités de cette ville, publié en 1565, est le plus ancien
que Ton possède sur Thistoire et Tarchéologic de la capitale de
l'ancienne Guyenne. Mais les éditions de ce livre, les deux pre-
mières surtout, étant très rares et très recherchées, les manuels
spéciaux, les catalogues de bibliothèque, de librairie ou de ven-
tes publiques ne nous ayant fourni jusqu'à présent que des ren-
seignements incomplets ou erronés, nous avons crû qu'il ne
serait pas inutile de faire connaître la bibliographie exacte d'un
ouvrage d'un si haut intérêt pour l'histoire de la grande cité bor-
delaise.
Nous avons publié en 1904, dans la Revue de Sainionge, une
étude bibliographique sur un autre ouvrage du savant sainton-
geais, Saintes et Darbezieiis (1), dont la première édition peu
connue jusqu'à aujourd'hui avait été imprimée à Bordeaux en
1568. L'accueil favorable que les lecteurs de la Revue ont bien
voulu faire à notre notice nous a encouragé à mettre la dernière
main à un travail semblable, que nous avions préparé sur les
éditions mal décrites de UAntiqvité de Bovrdeavs, et c'est cette
nouvelle élude que nous publions aujourd'hui.
Vinet avait préparé simultanément plusieurs études d'archéo-
logie sur les antiquités des villes de la région du Sud-Ouest
qu'il connaissait le mieux, comme Bordeaux où il avait fixé sa
résidence depuis 1539 et où il dirigea le collège de Guyenne, si
prospère et si réputé à cette époque (2), Saintes, la capitale de
(1) BevuB de Saintonge et d'Auniê^ septembre 1904. Tirage à part, in-8*,
S5 pages.
(3) Voyes Histoire dn collège de Guyenne, par Ernest Gaullieur, Bordeaux
et Paris, 1875, in-So.
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— 14 —
son pays natal, dont il avait dû bien souvent dans sa jeunesse
étudier les superbes ruines romaines, iiarbezieux, celte petite
ville «i intéressante sous bien d^s rapix>rls, où il avait fait ses
premières classes, et enfin Angoulêmc dont il s'est occupé
aussi, bien qu'il trouvât que cette ville, comme il le dit au com-
mencement du livre qu'il lui a consacré, n'était pas « tant an-
« tienne que ses voisines Bourdeaus, Saintes, Poitiers, Limo-
« ges, Périgueurs, et ne se trouve en elle édifice, murailhe,
« marbre, ni autre pierre qui vous en donne plus antienne
« mémoire, que ce qu'en compterai ici », appréciation contre
laquelle plusieurs écrivains angoumoisins ont protesté.
11 donna successivement le jour à ces travaux d'archéologie
locale et on vit paraître U Antiquité de Bovrdeavs en 1565,
Engoalesme, en 1567, et Saintes et Barbezieus, en 1568. Ce sont
là les seuls ouvrages qu'il nous ait laissés sur l'histoire et l'ar-
chéologie de notre région, ses autres publications qui forment
un bagage considérable et à la bibliographie desquelles nous
travaillons en ce moment, concernent l'érudition philologique et
pédagogique. Quant aux autres villes citées dans le passage
que nous venons de reproduire, l^oitiers, où il avait passé plu-
sieurs années de sa jeunesse pour y faire ses humanités, LinK)-
ges et Périgueux, qu'il avait dû visiter plusieurs fois en curieux,
il avait eu peut-être l'hitention de décrire leurs antiquités, mais
on ne connaît rien do lui les concernant.
Pour les travaux d'archéologie locale que nous avons indiqués,
Elie Vinet, s'il n'eut écouté que ses préférences, eut certainement
commencé ses publications par ses études sur sa chère Sain-
longe et il eut livré d'abord à l'impression son Sainies et Barbe-
zleus. Mais une circonstance exceptionnelle l'empêcha d'en agir
ainsi et il dut donner la priorité à son Discours sur V Antiquité
de Bourdeaus. Le jeune roi Charles IX, dans le grand voyage
qu'il venait d'entreprendre à travers son royaume, devait s'arrê-
ter quelques jours dans sa bonne ville de Bordeaux, et c'était
au savant principal du collège de Guyenne, à l'archéologue éru-
dit, qu'il appartenait d'entretenir le jeune souverain des origi-
nes et des antiquités d'une des plus vieilles et des plus belles
villes de France. Vinet dut donc interrompre ses autres recher-
ches sur l'archéologie de la région et mettre la dernière main à
son ouvrage sur les antiquités de Bordeaux, afin qu'il fût prêt
lorsque Charles IX arriverait dans la capitale de la Guyenne,
Nous avons dû faire un peu comme Vinet. Si nous n'avions
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— 15 —
suivi nous aussi que notre goût personnel, nous eussions, pour
nos deux études bibliographiques sur les ouvrages du savant
archéologue, publié d*abord celle concernant Bordeaux, notre
ville natale. Mais recevant Thospitalité dans la Revue de Sain-
longe, nous devions répondre à riionneur qui nous était fait en
lui donnant d'abord notre notice sur les éditions de Saintes
et Barhezieus. C'est pour cela que nous n'avons pas suivi l'or-
dre c'hronologique des publications de Vinet. Nous devions cette
explication à nos lecteurs et nous sommes persuadé qu'ils vou-
dront bien comprendre les sentiments de courtoisie auxquels
nous avons obéi.
§ 1. — Elie Vinet et Y Antiquité de Bovrdeavs.
C'est donc la prochaine arrivée du roi à Bordeaux qui décida
Vinet à hâter l'achèvement de son étude sur les antiquités de
cette ville, afin de pouvoir en faire hommage au jeune souve-
rain.
En 15C5, Elie Vinet était depuis longtemps à Bordeaux. Il y
avait été appelé, en 1539, |>our professer au collège de Guyenne
qui avait été fondé en 1533, et où il rencontra des professeurs
comme André de Gouvéa, ancien principal du collège de Sainte-
Barbe à Paris, et à ce momont principal du collège de Bor-
deaux, Gentian Ilervct, Nicolas de Grouchy, Guillaume Gué-
rente, Mathurin Cordier, Claude Budin, Georges Buchanan,
maîtres de la plus haute valeur et qui avaient contribué à faire
la réputation et la prospérité de cet établissement (ren5^igne-
ment dont Vinet était le principal depuis 1502, fonction qu'il
exercera pendant vingt-cinq ans.
L'année même de l'arrivée d'Elie Vinet au collège de Gu-
yenne, un jeune enfant dont le nom devait faire plus tard et fait
encore quelque bruit dans le monde des lettres, Michel de Mon-
taigne, ou plutôt Michel Eyquem, comme il s'appelait alors,
vint s'asseoir sur les bancs du collège où Vinet était entré
comme professeur. Montaigne a toujours conservé un pieux
souvenir de ses premières années passées dans cet établisse-
ment, et voici comment il en parle dans ses Essais, dans le célè-
brç chapitre De Vinstiiution des enfants :
« Mon père m'enuoya enuiron mes six ans (1) au collège de
(1) Le jeune Eyquem était né le 28 février 1533 au château de Montaigne,
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— 16 —
« Guienne, très florissant pour lors et le meilleur de France...
« Là, îl me vint singulièrement à propos d'auoir affaire à un
<( honune d'entendement de précepteur qui sçeut dextrement
« conniver à cette mienne desbauche et autres pareilles... » (1)
On a cru reconnaître Buchanan dans ce précepteur auquel
Montaigne fait allusion (2). Pourquoi ne serait-ce pas Vinet ?
Nous ne voulons pas donner à celte simple notice plus d'éten-
due qu'elle n'en comporte, et d'un autre côté ne tenant pas à
nous répéter, nous renverrons nos lecteurs à notre étude biblio-
graphique sur Saintes el Barbezieus, pour ce qui concerne la
biographie de Vinet dont on trouve d'ailleurs le nom dans tou-
tes les biographies générales, et nous ne nous occuperons que
de son existence à Bordeaux pendant qu'il préparait ses notes
archéologiques sur celte ville.
A peine arrivé dans la grande cité bordelaise, le nouveau pro-
maison noble que son arrière grand-père Ramon Eyquem, riche commerçant
de Bordeaux, avait achetée le 10 octobre 1477 dans la chÂleUenie de Monlra-
vel en Périgord, sur les confins du Bordelais. Son père, Pierre Eyquem, avait
embrassé la carrière militaire et il suivit avec la noblesse de Gascogne Fran-
çois I" en Italie ; il épousa, en 1528 Antoinette de Louppes ou Lopès qui fut
la mère de l'auteur des Essais. Ce dernier sortit du collège de Guyenne A
Tftge de treize ans et on ne sait où il acheva ses études, on croit qu'il alla
faire son droit à Toulouse. Il se maria Tannée même où Charles IX vint A
Bordeaux, en septembre 1565, avec Françoise de La Chassaigne, fille d'un
conseiller au parlement. Son père, Pierre Ëyquem, mourut le 18 juin 1568 k
TÂge de 72 ans. C'est de ce jour que Michel Eyquem devint seigneur de
Montaigne. (Voyez P. Bonnefon, MonWgne : Vhomme et Vœavre, Bordeaux,
1893, in-4o). Montaigne, c'est le nom que la postérité lui a donné, tenait
beaucoup à ses titres et qualités, et lorsqu'il publia sa première édition des
Essais à Bordeaux, en 1580, l'imprimeur Simon Millanges avait libellé
le titre tout simplement : Essays de Montaigne, mais Tauteur le fit remplacer
par le suivant : Essays de messire Michel, seigneur de Montaigne, chevalier
de Vordre du Roy et gentilhomme ordinaire de sa chambre. Le seul exem-
plaire connu portant le premier titre est conservé à la Bibliothèque de Bor«
deaux. Les éditions des Essais et les écrits sur leur auteur sont innombra-
bles ; les jeunes arrivistes, universitaires ou non, qui ont essayé d'accrocher
leur réputation au grand nom de Montaigne, sont légion.
(1) Les Essais de Michel^ Seigneur de Montaigne. Cinqaiesmeidition^ aug-
mentée d*an troisiesme livre et de six cens additions aux deux premiers A
Paris, chez Abel L'Angelier..., 1588, in-4*, chapitre XXVI, fol. 65 v* et 66
r*. Cette édition est la demièm publiée du vivant de Montaigne et doit être
considérée comme l'édition ne varietar.
(2) Voy. George Buchanan k Bordeaux, par H. de la Ville de Miremont»
Revue philomathique de Bordeaux et du Sud-Ouest^ numéros de juillet,
«eût et septembre 1906,
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- 17 -
fi sseur donna carrière h son goût ponr les anliquilés cl se mit
à \ isiler dans les moindres recoins la vieille cilé d'Ausone : « On
« le voyait, a écrit un de ses biographes, aller des cloîtres Saint-
« André à la Porte-Basse, de celle-ci à TOmbrière cl de là à la
« porte du Chapeau Houge, recherchant patiemment cette
« enceinte qu'il a le premier reconiuie... On le voyait égale-
« ment s'attacher aux Piliers de Tutelle, au Palais-Gallien, aux
« fouilles de la ville, aux fragments de colonnes encastrés dans
« les vieux murs, à des cippes funéraires sur lesquels étaient
« gravés les noms gallo-romains ; il donnait à tout cela, au
« monument, à la pierre, à Tinscription, sa vraie origine, et
« faisait sortir de Bordeaux confus et barbare du moyen âge,
« de Bordeaux enseveli, mais si grand encore dans son cercueil,
« Tère césarienne. » (1)
Ce sont, en effet, les antiquités romaines surtout qui intéressent
Vinet. C*esl à peine s'il jette un coup d'œil sur les monuments
des époques romane et gothique, il ne s'arrête ni devant nos
belles églises de Saint-Seurin, de Sainte-Croix, de Saint-André
ou de Saint-Michel, ni devant des monuments plus modernes,
comme la porte du Palais et le chûteau du Ih\ qui annonçaient
la Uenaissance, il lui faut des ruines romaines et au milieu du
XVP siècle, la vieille cité bordelaise en est encore couverte : les
vieilles murailles de la première enceinte nomaine de la fin du
troisième siècle avec ses portes basses et étroites étaient encore
en partie debout, et en dehors des remparts .s'élevaient les colos-
sales ruines de TAmphithéûlre appelé depuis et improprement
peut-être Palais-Gallien, et celles du Temple de Tutelle, colon-
nes gigantesques se dressant en ruines aux portes de la ville
depuis la première invasion des barbares.
Ce sont ces vieilles murailles, les inscriptions des tombeaux
et les restes des monuments que Vinet a surtout étudiés et dont
il va nous donner une description savante dans le livre qu'il
veut achever avant l'arrivée du Roi à Bordeaux.
Charles IX avait quitté Paris le 2i janvier 1504 pour entre-
prendre à travers la France un voyage qui ne durera pas moins
de deux ans et demi et que les historiens ont commenté de
manières si diverses. On sait que c'est après la paix d'Am-
boise (1563) qui accordait aux protestants le libre exercice de
(1) Avant-propos, pa^ XV, de réditioa de VAnltqoUé de Bovrdeavs..,
d^Élie Vinet, donnée par Henry Ribadieu, Bordeaux, 1863, in-4*.
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— 18 —
leur culte, que Catherine de Médicis résolut, sur le conseil du
chancelier de L'Hospital, de faire parcourir à son fils qui venait
d'être déclaré majeur, les principales provinces de son royaume,
mettre le jeune prince en contact avec ses nouveaux sujets et
achever ainsi la pacification du pays.
Parti de Paris à la fin de janvier, avec sa mère Catherine de
Médicis, les princes, la cour, une nombreuse suite, des déta-
chements de troupes, et accompagné du vénérable chancelier
L'IIospilal (1), Charles IX, après s'être arrêté quarante-trois
jours à Fontainebleau, traversa la Bourgogne, le Lyonnais, la
Provence, le Languedoc, s*arrêtant plus ou moins longtemps
dans chacune des principales villes, et arriva à Toulouse le 31
janvier 1565, juste un an après son départ de la capitale (2).
Le Roi dut séjourner en Languedoc un mois et demi, retenu
par la rigueur de la saison, et aux premiers jours du printemps,
le 19 mars, il se remet en route avec tous ses impedimenta, se
dirigeant directement sur Bordeaux. Il Qsi le 20 à Montauban,
1-^ 21 à Moissac, le 22 à la Magistère « qui ne sont que trois mai-
sons au bord de Teau » où il coucha. Le lendemain, il s'embar-
qua sur un bateau que lui avaient envoyé les capitouls de Tou-
(1) Outre le chanceUer de L'Honpital, on remarquait dans la suite du Boi le
connétable Anne de Montmorency dans lequel les Bordelais allaient retrou-
ver une vieille connaissance, car ils ne pouvaient avoir oublié la manière
dont le Maréchal avait réprimé la révolte sanguinaire de 1548, dite Troubles de
la Gabelle. (Voyez Aune, duc de Montmorency, connétable et pair de Fra.nce,
par F. Décrue, Paris, 1889 et La révolte de la Gabelle en Guyenne (1548-1549)^
par S.-C. Gigon, 1906, in-8*). De plus, dès son entrée en Guyenne, Charles
IX allait être escorté par le roi de Navarre, le jeune Henri de Bourbon,
le futur Henri IV, gouverneur de cette province, qui devait lui faire les
honneurs de son vaste gouvernement de Guyenne et Gascogne où il s'était
déjà rendu si populaire et le maréchal de Monluc, le commandant en chef.
Avec des hommes comme L'Hospital, Anne de Montmorency, Henri de
Bourbon et Monluc, les honnêtes gens de Bordeaux pouvaient être tran-
quilles, les parlementaires, les jurats et la populace n'auraient nulle envie de
recommencer l'équipée de 1548.
(2) Voyez Recueil et Discours du voyage du roi Charles IX... faisant son
dit voyage es ses pays et procincei de Ch.imp;iigne, liaurgoigne^ Ditulphiné,
Provence, Languedoc, Gascoigne, Ilûonne et plusieurs autres i/eiw:, es annéei
1564 et i56n, recueillis par Abel Jouan, Paris, 1560, pet in-8». Réimprimés
dans: Pièces fugitives pour servir à l histoire de France [de i5i6 à 1653)^
recueillies par le marquis d Aiibois et piil lic'isavcc des n( tts j ar Le nMénard,
Paris, 1759, 3 vol. in-i®. Abel Jouan suivait le Roi dans son voyage et nous
nous sommes servi de son itinéraire très exact pour fixer les dates de notre
récit.
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— 19 —
louse, cl avec loulc sa suite il clcsceiulil la Garonne jusiju'à Bor-
deaux. Du 23 au 27 il est à Agen (1), le 27 il couche à Aiguil-
lon, le 28 à Marmande, le 29 à La Réole, el le 31 à Cadillac,
chez le seigneur de Caudale. Il part de celle ville après dîner (2)
el arrive à Bordeaux vers cinq heures du soir. Soit à cause du
mauvais temps, comme on Ta prétendu, soit parce que les pré-
paratifs pour la réception du Roi n'étaient pas achevés et peut-
être pour ces deux raisons^ l'entrée solennelle fut ajournée, et
Charles IX, après avoir couché avec la famille royale à
larchevôché et avoir passé la journée du lendemain à attendre
probablement le beau temps qui ne vint pas et le bon plaisir des
organisateurs des fêtes qui ne se pressaient guère, se décida
pour prendre patience à aller passer quelques jours aux envi-
rons de la ville, au château de Thouars, qui appartenait à mes-
sire René d'Agés, chevalier, seigneur de Saint-Sulpice et de
Thouars, châleau (jue lous les historiens qui ont relaté les inci-
dents de ce voyage ont placé dans la paroisse de Talence, bien
qu'il fût et soit encore situé dans la paroisse de Gradignan (3).
Le jeune Roi, qui étail très bon cavalier, passa ces quelques
jours au château de Thouars à chasser le loup qu'il redoutait
beaucoup moins que les discours officiels qui l'avaient assailli
dans toutes les villes qu'il avait traversées et qu'il allait avoir
encore à affronter prochainement à Bordeaux.
Il quitta Thouars le 9 avril au matin, il dîna au château de
Francs à Règles, non loin de la rivière (4) el de là il s'embarqua
(1) Voyez La cour de France k Agen {i 564-/ 565), par Francisque Habasque,
A^n, 1878, in-8*. (Extrait de la Revue de VAgenais).
(3) Il ne faut pas oublier qu'en ce temps-là on dînait à midi ou une heure,
le repas du soir s'appelait le souper.
(3) Le château de Thouars, maison noble qui a appartenu aux d'Agés, puis
aux de Gourgue, au pr<îsiJent Lalanne et ensuite à son héritiep le comte
de Latresne, existe encore de nos jours dans la commune de Gradipnan. L'abbë
Baurcin {Variétés GirondineSy édition de 1876, t. II, p 299 et suiv.) prétend
que de sou temp-», dans la seconde moilic du XVIII" tiède, on voyait encore
au château de Thouars le lit dans lequel Charles IX avait couché; les que-
nouilles de ce lit étaient parsemées de fleurs de lis dorées. La (erre de Thouars
étaittrès giboyeuse et ou assure que les rois d'Anglclerrey venaient souvent
chasser dans une forêt voisine ; le nom d'un village de Talence, le Cornau
de la forêt a rappelé longtemps l'existence de cette iorêt.
(4) La seigneurie de Francs, dans la paroisse de Bèg'cs. doit sa dénomi-
nation à Bertrand de Ségur, chevalier appelé de Francs. Cette maison noble
est restée longtemps dans la famille de Ségur (Abbé Baurcin, Variétés
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sur une maison navale (1) envoyée par les jurais de Bordeaux.
La flottille royale passa devant la ville à midi, en traversant la
rade, pour aller s'arrêter au faubourg des Chartreux devant le
fort du ChîUeau-Trompette où une magnifique estrade avait été
dressée. C'est là que le Roi reçut les autorités, assista au long
défilé des troupes, des corps constitués, des corporations, et
entendit les fameux discours. On sait qu'il interrompit le pre-
mier président Benoist de Lagehaston qui, dans sa harangue,
avait introduit la politique. Le chancelier L'Hospital prit quel-
ques jours après sa revanche au parlement en adressant aux
magistrats une verte semonce. La cérémonie fut longue et ce
n'est que vers cinq heures que Charles IX put faire son entrée
solennelle qui fut splendide. Après avoir été à la cathédrale
Saint-André où un Te Deum fut chanté en son honneur, il alla
souper et coucher à l'archevêché. Le Roi resta à Bordeaux jus-
qu'au trois mai, c'est-à-dire pendant près d'un mois.
Tous les détails de la magnifique réception qui fut faite par
les Bordelais au Roi et à la famille royale nous sont connus, ils
nous ont été rapjx)rtés maintes et maintes fois par les chroni-
queurs et les historiens qui tous, sans exception, ont puisé leurs
documents dans les registres secrets du parlement (2). Les
girondines^ 1876, t. Il, p. 339). Le domaine de Francs existe encore dans la
commune de Bègles, c'est à tort qu'on lui donne le nom de France.
(1) La ville de Bordeaux entretenait un navire dit maison navale ou bri-
ganiin pour aller chercher les personnages officiels qui ne pouvaient arriver
en ville par la voie de terre avant la construction du pont sur la Garonne.
(Voyez Notes relatives à la maison navale et au briganiin de U ville de
Bordeaux^ par Ernest Gaullieur, Société archéologique de Bordeaux, Afémoire^,
t. V, 1878, p. 113 à 115 et 1 pi.). On peut consulter encore au sujet de cette
maison navale : La royale réception de leurs majestez très chrestiennes en la
ville de Boardeaus, Bourdeaus, S. Millanges, 1615, in-8*, p. 21 et suiv.; et
le Persée François. Au Roy. Par le sieur de Morilhon. Auec les mariages et
entrée royale h Bourdeaus. A Bourdeaus, par Gilbert Vernoy, 1616, in-8*,
p. 237 et suiv., ouvrages publiés à Toccasion du mariage de Louis XIII A
Bordeaux en 1615. Voir aussi le Mercure françois^ 1615, p. 354 et suiv.
(2) Les registres de délibération du parlement de Bordeaux, connus sous le
nom de Registres secrets^ ont été brûlés lors de l'incendie du palais de
rOmbrière, où siégeait le parlement, au commencement du XVlIIo siècle,
mais plusienrs magistrats en avaient fait faire des copies pour leur besoin per-
sonnel. Il existe plusieurs exemplaires de ces copies, plus ou moins com-
plètes, surtout pour les époques de 1462 (origine) à la fin du XVI* siècle,
tels sont ceux de la Bibliothèque de Bordeaux (catalogue des manuscrits,
n** 367, 368 et 370 à 374), de la Bibliothèque nationale de Paris, exemplaire
de Colbert, manuscrits, fonds français, n<^* 32369-22370, 3 vol. allant de 1463
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- 21 —
magistrats bordelais avaient été les organisateurs de celte récep-
tion et ils avaient réglé le protocole des fêtes d'accord avec le
chancelier L'Hospital, et leur registre de délibération donne,
dans les procès-verbaux des séances de la grande chambre
tenues à cet effet, tous les détails de la cérémonie du 9 avril
que les historiens ont utilisés pour rédiger leur relation.
La première de ces relations est contemporaine des événe-
ments, elle a été publiée à Paris en cette même année 1565, et
Tédileur apprend au lecteur qu'elle lui a été envoyée par un
de ses amis. Elle est intitulée : « L'Entrée du Roi à Bordeaux,
avecqucs les Carmen latins qui lui ont été présentez, et au
Chancelier. .1 Paris ^ de V imprimerie de Thomas Riehard,.,
1565, » C'est un petit in-i"* de 12 pages (l). A la fin, on trouve
à 1C68, de la Bibliothèque de la Chambre de commerce de Bordeaux, n* 369 C,
1 vol., exemplaire du conseiller de Voisin (1462 à 1572), des Archives munici-
pales de Bordeaux, trois recueils de 1462 à 1582, des Archives départementales
delà Gironde, un recueil de 1462 à 1582 et un plumitif des délibérations de
novembre 1644 au 20 septembre 16i6, de la Bibliothèque de la Cour d'appel de
Bordeaux, cinq registres de 1462 à 1687, de la Bibliothèque de Toulouse, cote (?)
et enfin de la collée lion de l'auteur de cette notice, deux registres de 1472 à 1582
et de 1614 à. 1648. Mais les deux collections les plus importantes sont celle
de la Bibliothèque de Bordeaux, manuscrits, n* 369, 27 vol. in-fol. du 12 no-
vembre 1 i62 nu 23 décembre 1733, avec quelques lacunes, copie faite pour M.
Labat de Savignac en 1733, sur d'autres copies prises A différentes époques
et achetée par la ville aux héritiers du comte de Latrène, et celle qui a
appartenu aux de Verthamon et qui se compose de 52 vol. in-fol., compre-
nant la période de 1462 à 1758 ; c*est l'exemplaire le plus complet, il a été
vendu aux enchères publiques à Bordeaux il y a quelques années et on ne
sait quel en a été l'acquéreur.
Voir sur les Registres secrets: Fraiments de l'histoire parlementaire d'après
les Registres secrets da Parlement de Bordeaux, par J. Laferrière, Rennes,
vers 1855, in-8«, 16 pages ; Les Registres secrets du Parlement de Bor^
deanxy Essais historiques et critiques sur ce corps judiciaire depuis sacréation
jusqu'à sa suppression^ par Boscheron des Portes, Paris, 1867, in-8o, 31 p.
(Extrait de la Revue hist. de droit français et étranger) ; la préface de
VHisioire du parlement de Bordeaux^ par le même, Bordeaux. 1878, 2 vol.
in-8<> ; Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque municipale de Bor-
deaux, par Jules Del pi t, 1880, in-4*, p. 147 à 153; Catalogue général des
manuscrits de la Bibliothèque de Bordeaux^ par C.Couderc, Paris, 1894, in-8*,
n*» 367 à 378.
(1) Réédité d'après l'exemplaire de la Bibliothèque de Carpentras (n. 355 M)
par Ph. Tamizey de Larroque dans la Revue des BihliophileSy Sauveterre-en-
Guycnne, 1882, et, tirage à part, Bordeaux, P. ChoHet, 1882, in-4% et d'après
l'exemplaire de la Bibliothèque nationale (Lb 33-173) par Ch. Braquehaye
dans Les Peintres de VHôlel de ville de Bordeaux et les Entrées royales depuis
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— 22 -
une ode en latin, les Carmes, annoncés sur le litre, c'esl-à-dirc
les poésies, de cai^mina, adressées « ad illuslriss. vinim Micha,
Hospit^lium, magnum Galliaî Cancellarium », dont Fauteur
« Slephanus Crusellus », serait, d'après Tamizey de Larroque,
Etienne de Cruzeau, le magistrat qui nous a laissé une Chroni-
que Bordelaise de 1588 à 1616.
Quant aux autres annalistes, ils ont pris leurs récits de pre-
mière ou de seconde main dans le registre du parlement (1).
Mais si on connaît tous les détails de la journée du 9 avril,
on ignore absolument ce que fit la cour à Bordeaux pendant
tout le mois d'avril qu'elle y séjourna jusqu'au trois mai. Les
registres du parlement sont presque muets à ce sujet et les his-
toriens ont naturellement gardé le même silence. Nous savons
cependant, toujours par les registres secrets, que le douze avril,
le Roi alla au palais et qu'il y fut tenu à cette occasion une
séance solennelle. C'est pendant cette séance que L'Hospital
admonesta les magistrats bordelais dans une très longue haran-
gue qui a été inscrite m extenso sur les registres (2).
Le lendemain treize, Charles IX se rendit au collège de
Guyenne et c'est pendant cette visite que Vinet, le principal
du collège, lui présenta son Anliqvité de Bovrdeavs, On com-
prend qu'il eût été très intéressant pour nous d'avoir un compte
rendu détaillé de celte cérémonie. Malheureusement, les textes
ne nous apprennent rien, les registres secrets ne nous parlent
pas de cette visite, et Ernest Gaullieur lui-même n'a rien trouvé
pour son Histoire du collège de Guyenne. Il se contente de dire :
1525^ Paris et Bordeaux, 1898, p. 29. (Extrait des Comptes-rendus des Sociétés
des Beàux-arts des dépariemenls^ 1897).
(1) Ces annalistes ou historiens sont : Gabriel de Lurbe et J. Damai, Chro-
niques bordelaises ^ Bordeaux,. 1619-1620, in-4o; Le Cérémonial français, de
Godefroy, 1649, 2 vol. in-fol., t. I, p. 907 A 917 ; Mémoires^ de Michel de
Castelnau, 1659, 2 vol. in-fol.; Histoire de la ville de Bordeaux, par Dom.
Devienne, Bordeaux, 1771, in-4*; Les Variétés girondines, de l'abbé Baurcin,
Bordeaux, 1784-1786, 6 vol. in-12 et édition de 1876, 4 vol. in-8% t. II, p. 323
A 331 ; Vie publique de Michel de Montaigne, élude biouraphique, par Alph.
Griin, Paris, 1855, in-8«, p. 163 à 108 ; Histoire complète de Bordeaux, par
l'abbé P.-John O'Reilly, Bordeaux, 1863. 6 vol. in-8*, t. Il, p. 227 et suiv.;
Chronique bordelaise, de Jean de Gaufreteau, Bordeaux, 1876-1878, 2 vol.
in-8'»; Histoire du Parlement de Bordeaux, par Boscheron des Portes, Bor-
deaux, 1878. 2 vol, in-8*, t. I, p. 136 et suiv.
(2) On en trouve des extraits dans les Histoire de Bordeaux de Dom. De-
vienne et de O'Reilly, op. cit.
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- 23 -
« Charles IX, dont le voyage avait un but politique (1), resta plu-
ie sieurs jours à Bordeaux ; le 13, Elie Vinet lui offrit son Dis-
<c cours sur les antiquités de Bordeaux et de Bourg , que le roi
« reçut très gracieusement. Vinet lui adressa une nouvelle
« réclamation au sujet de ses appointemenls... », et GauUieur
ne dit même pas que celte présentation eut lieu lors de la visite
du jeune roi au collège.
Un autre auteur a cru même que c'était le jour de Tarrivée
du Roi à Bordeaux, c'est-à-dire le 9 avril, que Vinet avait fait
hommage de son livre au souverain : « Au moment où Charles IX
« va faire son entrée dans la ville, il voit s'avancer vers lui un
« homme à Tair grave et aimable : c'est Elie Vinet qui dans un
« discours naïf et charmant fait à ce roi de quinze ans hommage
« de son livre L'Anliqvité de Bovrdeavs. Celle harangue est
« imprimée en tête de l'ouvrage^ avec cette devise Pielale et
« Justitia. N'est-ce pas un spectacle touchant de voir ce res-
« pectable vieillard courber le front devant le royal enfant el
« lui dédier ainsi le fruit de son travail et de son expé-
« rience ! » (2)
La scène est représentée d'une façon très pittoresque, mais
elle est toute imaginaire, et de plus, il eut fallu la placer non
sur le rivage de la Garonne à l'arrivée du Roi le 9 avril, mais
dans la cour d'honneur du collège lorsque le prince s'y rendit
le treize. Il ne peut y avoir aucun dioutc à ce sujet, les rela-
tions officielles nous l'apprennenit d'une manière formelle et
Vinet lui-même nous donne celte date sur le titre de son ouvrage:
« VAntiqiiié de Bovrdeavs, présentée au Roy le Ireriesme jour
« d'Avril, Van mille cinq cens soixante-cinq. » Nous aurons
d'ailleurs à revenir dans un instant, lorsque nous donnerons la
désignation bibliographique de l'ouvrage de Vinet, sur certaines
circonstances de cette présentation de VAntiqvité de Bovrdeavs
au Roi.
Il était d'usage courant dans l'ancien temps qu'un auteur pro-
fitât d'une cérémonie officielle pour offrir son livre au souve-
(1) BàrbeziewCy son histoire el ses seigneurs^ par L. Cavroix, Barbezieux,
1870, în-S", préface.
(2) L'auteur <le celte histoire, archiviste de la ville de Bordeaux, d*une
famille d'origrine Suisse— son père, Gauîlieur Lardy. était né dans le canton
de Neuchàlel — appartenait à la reliajion calviniste, et il est facile de com-
prendre ce qu'il entend par but politique : pour lui, c'est la Saint-Barthé-
lemy qui se préparait sept ans ù l'avance.
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- 24 -
rain, à un prince ou à un personnage de marque. Il existe
même des gravures représentant Fauteur à genoux, offrant son
ouvrage au personnage officiel en question (1). Cet usage n'est
pas tout à fait tombé en désuétude et nous avons pu voir, il n'y
a pas très longlempys, à Bordeaux, le jour de Touverture de la
grande exposition de 189â, l'auteur de la dernière Histoire de
Bordeaux, non un vieux régent de collège, mais un jeune pro-
fesseur de rUniversilé, sortir des rangs de la foule et présenter
sinon à genoux, du moins respectueusement sou livre, un magni-
fique livre (2), au chef de l'Etat, M. Félix Faure, qui était venu
inaugurer cette exposition.
r/al)sence de documents sur le séjour de la cour à Bordeaux
après la réception officielle et la cérémonie du collège de Gu-
yenne, n'est pas [)our nous une bien grande lacune, car nous
n'avons plus à nous occuper maintenant de la suite de ces évé-
nements ni à suivre le Roi et sa cour dans le reste de leur
voyage. Nous rappellerons seulement ici, en quelques mots,
pour n'avoir plus à y revenir, que Charles IX quitta la cité bor-
delaise le 3 mai se dirigeant sur Bayonne, où il arriva un mois
après, le 3 juin, et où il resta jusqu'au douze juillet, et c'est là
qu'eurent lieu avec les souverains espagnols « ces mystérieuses
« conférences qui mirent toute l'Europe attentive et dont nous
« cherchons encore de nos jours à pénétrer les secrètes délibé-
<( rations. » (3)
Ee Roi ne repassa pas par Bordeaux à son retour, il prit
la route de Condom, Nérac, Tonneins, Mussidan et Angou-
lôme où il resta quatre jours à partir du 16 août (i). Puis, après
(1) Dans un livre imprimé et publié à Bordeaux en 1615 par le typographe
Simon Millanges, VEuphème des François..., on voit sur le superbe fron-
tispice, Tauteur, Jean de Loyac. à genoux, devant le jeune roi Louis XIII et
lui lisant son disconrs.
(2) Histoire de Bordeaux depuis les origines jusqu*en iS95t par Camille
Jullian, Bordeaux, 1895, in-4<>.
(3) Lettres de Catherine de Médicis^ éditées par le comte Hector de La
Perrière, et publiées parle Comité des travaux historiques, Paris, 1880-1905,
9 vol. in-4o, t. Il (1563-1566), introduction. Il y a dans ce vaste recueil plu-
sieurs lettres datées de Bordeaux du l«'au 3 mai 1565, une datée du château
de Touart («l'c), 6 avril, et trois de Bazas des 5 et 6 mai. Mais ces lettres n*ont
trait qu'A la politique générale.
(4) Entrées solennelles dans la ville d*Angoulémej depuis François /«*' jus-
qu'à Louis XIV par Eusèbe Castaigne, Angoulôme, 1886, in-8* CEitrait du
Bulletin de la Société historique et archéologique delà Charente),
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- 25 -
avoir visité Jarnac et Cognac, il entra en Saintonge le !•' sep-
tembre par Chauveau, le môme jour il traverse la Charente par
la tour de Monlrubel et fait son entiée à Saintes, où il passa la
journée du lendemain qui était un dimanche. De là il va au
Brouage et à Marennes et revient à Saintes où il resta celte fois
deux jours, les huit et neuf septembre (1). Enfin, après avoir
visité La Rochelle, Niort, Nantes et traversé tout le centre de la
France, Charles IX rentra dans sa capitale le 1" mai 1566, après
un parcours de 902 lieues et vingt-neuf mois de voyage.
Il y a loin de ces voyages à petil<îs étapes, qui permettaient
au souverain de visiter lent^îment certaines régions de son
royaume cl de bien se rendre compte des besoins de ses sujets,
à ces tournées rapides de nos chefs d'Etat modernes ou <le
nos ministres traversant la France en une journée, et que leurs
administrés entrevoient à peine à travers les flots de poussière
de leurs wagons-salons et de leurs automobiles lancés à toute
vapeur.
Charles IX fut très satisfait de son séjour à Bordeaux, bien
que des pluies persistantes eussent un peu contrarié les fêtes
données en son hionneur. Il paraîtrait même que lors<|u'il « revit
ù Moulins, quelque temps après, le président Lagebaslon, il ne
manqua pas de lui demander s'il pleuvait encore. » (2) Le jeune
Roi voulut sans doute se payer, comme on dit de nos jours dans
les salons officiels, la tête du vieux président. Quoi qu'il en soit,
il manifesta son contentement et sa reconnaissance de plusieurs
façons. On a vu que lors de sa visite au collège de Guyenne, il
avait ordonné dès le lendemain, qu'on augmentAt les appointe-
ments du principal Elie Vinet (3). Le jeune souverain s'était
sans doute trouvé plus à son aise, au milieu de tous ces jeunes
gens de son âge, que lors de la séance du parlement où il fut
un peu inquiété par les figures austères et rébarbatives de tous
ces vieux magistrats aux regards insondables. De plus, c'est à
son départ de Bordeaux qu'il institua à perpétuité les foires (4)
(1) Les Entrées royales à Saintes par Loui* Audiat, Angers, 1875, in-8*.
(3) Gamine JuUian, Histoire de Bordeaux..,, op. cit.
(3) Voir dans le Livre des Privilèges, Bordeaux, 1878, in 4, p 211 et suiv.
« Lettres-patentes de Charles IX relatives aux gages du Principal du Collège
de Guyenne ».
(4) Ces foires avaient ^té instituées une première fois par ëdit d'Edouard III
d*Angleterre du 15 juin 1341 (Voir Livre des Bouillons , Bordeaux, 1867, in -4,
p. 140) confirmé par édit de Charles VII en 1453, et plus tard par Henri II.
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- 26 -
qui se tiennent encore deux fois par an dans cette ville et où
viennent s'esbaudir régulièrement, amenés par des trains dits
de plaisir, les joyeux fêtards de nos départements limitrophes,
ce qui n'est pas toujours du goût de certains bordelais et sur-
tout de ceux qui habitent les environs de la place des Quin-
conces, troublés et incommodés périodiquement par le bruit et
les odeurs de tous ces saltimbanques, marchands de bric-à-brac
et gargotes en plein air, qui déshonorent, il faut bien le dire,
ce splendide quartier, un des plus beaux du monde.
Enfin, le passage du Roi à Bordeaux nous a valu la publica-
tion de L'Aniiqvité de Bovrdeavs, et nous allons maintenant
décrire l'ouvrage après en avoir raconté la genèse.
§ 2. — Première édition de LWnliqviié de Bovrdeavs
Poitiers, 1565.
La première édition de l'ouvrage de Vinet porte le titre sui-
vant :
L'Antiqvité II de II Bovrdeavs. || Présentée au Roy le tre-
ziesme iour d'Auril, || Tan mille cinq cens soixante-cinq. || (Mar-
que de l'imprimeur) || A Poitiers. \\ De VImprimerie d'Enguil-
bert de Marne f, \\ 1565
In-4'* de 28 feuillets non chiffrés, savoir : 1 f. titre, 1 f. dédi-
cace « Au Roy Charles IX » suivie d'un Errata, 22 ff. « Bref
Discours de l'Antiqvité de Bovrdeavs », 4ff. « De l'Anliqvilé de
Bourg-sur-mer » et 1 plan plié « Bovrdeavs, 1565 ». Les deux
premiers feuillets ne sont pas signés, les 26 autres portent les
signatures A à B par qualre, F par deux et G par quatre. Ce
dernier cahier contient l'Antiquité de Bourg-sur-mer. L'ouvrage
Charles IX les rétablit par édit du 18 février 1560 pour une durée de qualre
années et enfin à perpétuité par les lettres-patentes datées de Bazas, juin
1565 (V. Livre des privilècfes p. 167 et suiv ) :t Lettres-patentes de Charles IX
rétablissant les foires franches de Bordeaux. » Ces lettres patentes ont été
enregistrées au parlement de Bordeaux le 9 août 1365 (Voir Reg. d'enregis-
trement des Edits royaux, Archives de la Gironde, B 36). Nous ne pouvons
nous expliquer cette date de juin et à Bizas que portent ces lettres-patentes
car le Roi ayant quitté Bordeaux le 3 mai, passi à Bazas les 4. 5 et 6 mai et
était à Bayonne du 3 juin au 12 juillet. (Voir Recueil et Discours da voyage
du roi Charles IX.... par Abel Jouan, op. cit.). Il y a eu peut-être une erreur
de transcription sur le registre d'enregistrement au parlement et il faudrait
voir le texte original dei lettres-patentes aux Archives Nationales.
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L*ANTIQJ/ITE'
D E
BOVRDEAVS.
Trefentée au Roy le tre%iejme tour d'e/inhl,
l'an mille cinq cens Joixante cinq»
A POITIERJ,
JDe l'Imprimerie d'Enguiljbert de Marnef.
1555
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— 28 —
est entièrement imprimé en caractères italiques, sauf la dédi-
cace qui est composée en romains. Très bonne impression. Au
verso du titre, la devise de Charles IX : « Pielaie et Juslilia, » (1)
Cette première édition est très rare et plusieurs exemplaires
que nous connaissons sont incomplets de l'Antiquité de Bourg.
Tels sont ceux de la Bibliothèque de l'Arsenal, à Paris (H 8551
bis), incomplet aussi du plan et de la vente du comte de Chas-
teigner (Bordeaux, 1002). La Bibliothèque Nationale de Paris
possède deux exemplaires du livre : Lk 7-1112 A, exemplaire
bien complet (2), et Lk 7-23518, incomplet du plan et relié
avec TAntiquité d'Angoulème, Engoulesme... Poitiers, 1567, de
Vinel, livre dont on ne connaît que deux autres exemplaires.
Ce dernier exem])laire de la Nationale contenant LWniiqvUé de
Bovrdeavs de 1565 et V Engoulesme, porte Vex-Ubrls manuscrit
du savant Baluze ; il provient de la vente Sunderland (Londres,
1881), et a été acquis quelques années après par cette biblio-
thèque à une vente faite à Paris et a été payé 350 fiancs.
L'ouvrage est anonyme, ce n'est que sur la seconde édition
de 1574 qu on trouvera le nom de l'auteur. Vinet fera paraître
dans les mêmes conditions, sous le voile de l'anonyme, ses deux
autres études archéologiques sur Angoulême (1567) et Sahites
el Barbezieux (1508). Le principal du collège de Guyenne consi-
dérait sans doute que ces publications n'avaient pas assez d'im-
portance, ni assez d'intérêt, à une époque où les travaux d'éru-
dition classique avaient seuls le don d'attirer Tatlention des
vrais savants, pour y mettre son nom. Il estimait que ces recher-
ches sur l'histoire et l'archéologie locales n'étaient qu'un simple
délassement, « une sienne desbauche d'esprit », comme aurait
dit son élève Montaigne.
Le plan qui a été joint à celte édition est un document de
grande valeur, car c'est un des premiers, le second pour être
exact, ainsi que nous allons le démontrer dans un instant, qui
nous donne la physionomie de Bordeaux au XVP siècle et au
moyen ûge, la ville n'ayant guère changé d'aspect depuis long
temps. Celte pièce de topographie, quoicjue ce ne soit pas un
plan géométral complet, mais une simple vue à vol d'oiseau,
(1) On sait que c'est le chancelier Michel de L*Hospita1 qui donna au Roi
cette devise : deux colonnes avec ta légende Pietaie et Justilia, justice et
miséricorde.
(2) Le plan de cet exemplaire est colorié.
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— 29 -
« le vif pourlrail do la cillé », est Irôs sommaire, mais il est
sufiisaiil i)Our nous donner une idée de la configuralion générale
de la ville à celle époque et nous montrer ses principaux monu-
menls. D'ailleurs, tel qu'il est, il a été consulté par lous les éru-
dils (fui se sont occui)és de l'iiisloire de Bordeaux, reproduit
dans divers ouvrages el V'inel lui-môme s'en servit encore pour
la seconde édition de son Antiquilé en 1574, el pour la grande
édititui des œuvres du poète bordelais Ausone, qu'il fera paraî-
tre en 1575-1580.
Cette vue à vol d'oiseau mesure 0,14 x0,20 cent., elle est gra-
vée sur bois. Au premier plan on voit la pointe de la rive droite
du fleuve, plus tard le faubourg de La Bastide, qui a pris une
très grande extension surtout depuis la création du chemin de
fer de Bordeaux à Paris, mais qui, à cette époque, faisait par-
lie de la paroisse de tenon (1); connne habitations, le plan nous
montie deux maisons seulement au bord de l'eau, el aujourd'hui,
le (juartier de La Bastide compte des milliers de maisons, trois
gares de chemin de fer, de nombreuses usines et plus de 18.000
habitants. Au second plan coule bi Garonne en demi-cercle, char-
gée de navires et de bar(|ues. De l'autre côté du fleuve, sur la rive
gauche, s'étend la ville en demi-cercle également, ou plutôt en
croissant (2), enserrée dans son enceinte fortifiée. Au loin, le
faubourg Saint-Seurin avec l'église de ce nom et l'amphithéâtre
romain dit en ce temps palais Galiene (3). Au-dessus, flotte une
banderole portant les armes de la ville et l'inscription Bour-
(Icaux 1565, Enfin, au bas du plan, une légende en plusieurs
lignes el en typographie, avec des numéros de renvoi, légende
qui commence ainsi : « Déclaralion des parties et lieux plus
natablcs du présent pourtraici de la ville de Bourdeaus,., »
Pour l'intérieur de la ville Vinet n'a indiqué que les trois
enceintes avec leurs portes, la première enceinte romaine du
troisième siècle, la seconde du treizième siècle et la troisième du
quatorzième, celle (jui entourait encore entièrement la ville au
XVI* siècle, les deux cours d'eau qui la traversent pour se jeter
dans la Garonne, la Devèse et le Peugne et les principaux monu-
{{) Jusqu'à l'annexion en 1862.
(2) C'est à cause de cette direction de la Garonne devant Bordeaux que les
anciens avaient appelé cette rade le port de la lune et qu'on a placé un
croi85ant dans les armoiries de la ville.
(3) Quelques chroniqueurs du moyen â^e avaient laissé croire que ce
palais avait été construit par Charlemagne pour son épouse Galienne,
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— 80 —
nicnls, les églises, les couvents, le parlement, le temple de
Tutelle, sans oublier, bien entendu, le collège de Guyenne, der-
rière Thôlel de ville. Mais les rues ne sont pas tracées. Tel qu'il
est, ce plan est un document très précieux, car il a été dressé
par un véritable archéologue qui connaissait très bien la topo-
graphie de la cité et de plus, qui était un spécialiste dans la
science de Tarpentage.
Elie Vinet n'eut pas, en effet, à s'adresser à un géomètre ou
plutôt à un arpenteur, car la science géodésique n'existait ppur
ainsi dire pas en ce temps-là et les procédés de triangulation
employés de nos jours pour la levée des plans étaient inconnus
au XVI* siècle. Mais l'auteur de YAntiqviié de Bourdeaus et du
plan qui l'accompagne était non seulement très versé dans les
mathématiques et la géométrie qu'il enseignait au collège qu'il
dirigeait, non seulement il avait traduit pour ses élèves La
Sphère de Procle (1) et commenté celle de Jean de Sacro-
basco (2), écrit un traité d'arithmétique (3), interprété les Elé-
ments d'Euclidc (4), mais encore il publia un traité d'arpenterie à
l'usage des gens du métier (5) qui étaient, paraît-il, très igno-
rants à cette époque : « Je n'en ai encore guère veu, écrit
Vinet dans l'Avis au lecteur de ce livre, et si en ai veu grand
nombre qui pussent pour passablement fere ce mestier. Car,
premièrement, ils ne savent ni lire, ni escrire presque tous, par
quoi leur faut toujix)urs avoir un clerc avecq'eux... » VArpan-
terie d'Elie Vinet ne parut qu'en 1577, et à la fin du volume il
écrit : « J'escrivois ceci de l'esquarreure du journau et mes pre-
miers mémoires de la manière d'arpanter, à Montberon en
(J) La Sphère de Procle, tradaile de grec en français par Hé lie Vinel^ Poi-
tiers, 154 i, in-8» et Paris, t'>73, in-8. Il traduisitencorecet ouvrage en latin à la
suite d*un traité de mathématiques et de géomélrie de Psellus: Ex maihematieo
Pselli Breviario Aritkmelicay Masica.Geometria : Sphœra veroexProcli Grœco,
EUa Vineto Sanione interprète, Burdigalac, S. a (1554), in-4.
(2) Sphœra Joannis de Sacrobosco emendata^ cum scholiis Elise Vineli
Santonis, Parisiis, 1556, in-8. Il a été publié de ce livre d'autres éditions
avec les scolies de Vinet.
(3) De logistica libri très, Bardigalœ, 1573, in-8.
(4) Definitiones Elementi quincti et sexti Eucledis, ab EUa Vineto inter-
prelatœ^ Bardigalœ, 1575, in-4.
(5) L'Arpenterie d'Elie Vinet, livre de Géométrie, enseignant k mesurer les
champs... A Bourdeaux, 1577, in-4, réimprimée ibid. en 1583 avec La manière
de faire les solaires, in-4 ^t dans La Maison champêtre et d*Agrieulture,„
Paris, 1607.
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- 31 -
Engoumois, ches Pierre Berlounie, soigneur de Jobertières,
Tan de Christ mil cinq cens cinquante el sept. » •
Ainsi, les connaissances spéciales de Vinel en arpenlerie nous
sonl une garantie de Texaclilude du plan qu'il a levé pour son
ÀnliqvUé de Bourdeaus,
Plusieurs exemplaires de l'édition de 1565 n'ayant pas le plan
en question, on a pu croire que ce plan n'avait été dressé que
pour la seconde édition de 1574. C'est une erreur. D'abord le
plan lui-même porte bien la date de 1565 et de plus voici ce
qu'on lit dans le registre de délibération de la Jurade borde-
laise d'avril 1572 :
« Délibérant sur la requeste de M* llélies Vinet disant... qu'il
« a enlreprins d'exposer les escripls du pouèle Ausone, et, en
« ce fesant, rechercher tout ce qui se peut recougnoistre d'an-
« cienne mémoyre de Bourdeaulx, aux anciens auteurs grecz et
« latins qui ont parlé de lui, et aux murailles et édifices de la
« dite ville qui restent du plus vieulx temps, comme il a fait
« apparoistre par ung discours en langage françoys qu'on peut
« avoyr veu présenté au Roy, à son entrée en ceste ville, l'an
« mil cinq cens soysante cinq et lorz peublié par impression :
« mais pour aultant que le pourlrait de la ville, torz faict n'est
« prou ample pour bien monstrer la première figure et grandeur
« d'icelle et de ses creues, ny assez justement compassé, et qu'à
« cette cause en vouldroict faire ung de nouveau, ce qu'il ne
« pourroict à tous le moings qui feut de valleur sans aller par
« toutes les murailles, places, rues de la ville et les bien com-
« passer : et mesme, pour ce, a délibéré aux premières heures
« qu'il aura de loisir de se promener avecques la toysc et aultres
« mesures par tous les lieux qu'il verra estre le besoin pour
« cest affayre et par ensin rendre ledict pourtraict accompli de
« tous poinctz tant qu'il lui sera possible... » (1)
Cette phrase du texte de la délibération de la Jurade borde-
laise de 1572 : « mais pour aultant que le pourlrait de la ville,
lorz faict (en 1565) n'est prou ample... et que pour celte cause
en vouldroict faire ung de nouveau... » est formelle. Le plan
auquel il est fait allusion est bien celui dont nous venons de par-
ler, il a été gravé pour l'édition de 1565 de V Antiquité de Bovr*
(1) Archives municipaleB de Bordeaux, série BB et Histoire du collège de
Guyenne^ par £. Gallieur, op. cit»
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- 32 —
dcavs el par conséquent il doit se Irouver dans tout exemplaire
complet. •
Nous venons de dire que le plan de Vinet est le second qui a
élô Tait de la ville de Bordeaux. En effet, il existe un autre plan
daté de Lyon, 1563, qui est plus grand el beaucoup plus com-
plet (jue celui de ÏAnliqvilé de Bovrdeavs. C'es-t celui qu'on
appelle improprement le plan de Munster ou de Belleforest, car
s'il figure dans la Cosmographie de ces auteurs, il n'a pas été
gravé pour ce livre. Il a paru pour la première fois dans un
ouvrage très rare el peu connu : « Planiz, Poiirlraiciz et Des-
criptions de plusieurs villes et forteresses, tant de VEurope,
Asie et Afrique, que des Indes et Terres-neuves,,, mis en ordre
par Anl, Du Pinet, Lyon, Jean d*Ogerolles, ISO-'i, in-fol. » (1)
Ce plan de Bordeaux qui est sur feuille double, à vol d'oiseau
et gravé sur bois, porte le titre de « Le vif pourtrait de la cité
de Bourdeaux. A Lyon, par Jean d'OgeroUes, 156S, » Jean
d'OgeroUes n'est que l'imprimeur-éditeur lyonnais de l'ou-
vrage el on ignore le nom de l'artiste qui a gravé les plans très
intéressants qui ornent cette publication. Le plan de 1563 a été
réimprimé sur le même bois, avec la suppression du cadre, dans
l'ouvrage de François de Belleforest. La Cosmographie Univer-
selle de tout le monde,,, dont la pr<»mière édition de 1575 (2) est
une édition française, mais avec un texte très augmenté,
de la Cosmographie Universelle,,, de Sébastien Munster, dont
les éditions allemandes, latines ou françaises, parues à Bâle de
1541 (première édition), jusqu'en 1574 ne contiennent pas le
plan de Bordeaux (3). Ce môme plan a été regravé, mais sur
cuivre et un peu réduit, pour l'ouvrage allemand Civitates orbis
terrarum, de Braun et Hogenberg, paru à Cologne de 1572 à
(1) Bibliothèque nationale de Paris, Inventaire, G. 638. Les villes de France
représentées Fonl : Paris, Lyon, Bordeaux, Perpignan, Thionville, Montpel-
lier, Poitiers et Tours.
(2) La Cosmographie universelle de tout le monde,.. Aatear en partie Afnns-
ter. mais beaucoup plus augm^ntée^ ornée el enrichie par François de BelU^
Foresi, Comingeois,.. A Paris, chez Nicolas Chesneau. 1875, 3 tomes en 4 vol.
in-fol.
(3) Cosmographei oder Beschreibung aller L&nder, Herrschaften, furnem»»
ien Sietten... vonSeb. Munster. Bisel, H. Pétri, 15il, in-fol. Les autres édi-
tions chez le même sont de 1550, 1574, 1578, 1392, 1598 et 1614. 11 y n eu deux
éditions en latin en 1550 et 1554, une en français en 1552 et une autre en italien
en 1558.
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— 33 —
1618 (1). Enfin, il se trouve photographié d'après l'exemplaire
de l'édition de 1563, de la bibliothèque Nationale de Paris
(département des estampes, topographie de la France), dans
VHistoire de Bordeaux (1895) de M. C. JuUian. Gaullieur l'avait
cité dans son Histoire du collège de Guyenne, mais nous som-
mes le premier à en faire connaître la véritable origine et nous
comptons en parler plus longuement dans un travail que nous
préparons sur les plans anciens et modernes de la ville de Bor-
deaux.
Quant au plan de Vinet de 1565, il a été tiré de nouveau sur
le même bois pour .la seconde édition de V Antiquité de Bovr-
deaus de 1574 dont nous allons avoir à nous occuper, et dans
les éditions du poète Ausone, publiées à Bordeaux en 1575-
1580 et en 1590 (2).
L'auteur de V Antiquité de Bourdeaus a-t-il connu pour l'exécu-
tion de son plan de 1565 celui qui avait paru en 1564 dans l'ou-
vrage de Du Pinet? Nous ne le croyons pas. Il peut se faire
au contraire, que Vinet ait fourni des renseignements à l'au-
teur Lyonnais. D'ailleurs, les deux plans sont tout à fait diffé-
rents : celui de Lyon est pris à vol d'oiseau et l'auteur a un peu
saerifié au pittoresque et même à la fantaisie, tandis que celui
de Vinet représentant la ville en amphithéâtre, prise depuis les
hauteurs de la rive droite, est purement topographique et plus
exact, quoique moins détaillé.
{A suiure.) Ern. Labadie.
(1) Civitates orbiê terrarum in ses ineisse et exentm ti deseripiione topo-
graphiea illustratse. Coloniœ, Braun et Ho^nberg, 1572-1618, 6 tomei en
3 vol. in-fol., avec 571 plant et vuea gravés au burin. Le texte est de E. Braun
archidiacre de Cologne et la gravure de Fr. Hogenberg d*aprèi lei dessina
de plusieurs artistes et notamment de Georges Hœfnagel. Il a été fait en
même temps une édition avec texte allemand et une autre avec texte fon-
çais, Bruxelles, 1574 et suiv., 3 vol. in-fol.
(2) Attsonii Burdigalensis, omnia qnss adhuc in veteribns bibliotheciê in-
vaniri potneruni opéra,,, eommenlariisqne illustrata par Eliam Vinetam
Sanionem.,. Burdigalœ, apud Simonem Millangium typographum, S. A. (1575-
15M), in-4*. Autre édition, après la mort de Vinet, ches S. Millanges, A
Bordeaux, 1590, in-4*, avec de nouvelles émissions en 1591, 1592, 1594, 1596,
1596 et 1604.
BulUtia. 3
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- 34 -
II
INVENTAIRK
DES MEUBLES DE M^"* DE La RoCHEFOUCAUD
AU CHATEAU DE CraZANNES
{Communication de M. le baron Chaudruc de Crazannes)
Au nom de la Nation,
« Aujourd'hui lundy, dix-sept septembre mil sept cent quatre-
vingt-douze, Tau quatrième de la Liberté et le premier de
TEgalilé, sur les neuf heures du malin, nous, Charles Gaillard,
notaire et juge de paix du canton du Port d'Envaux, y demeu-
rant, ayant été informé du décès du sieur Pierre La Rochefou-
caut, ci-devant évoque de Saintes, nous mous sommes transpor-
tés avec notre greffier dans la maison du ci-devant château de
Crazannes, paroisse dudit lieu, où il faisoit cy-devant son
domicilie, aux fins d'apposer les scellés surtout les meubles lui
appartenant, faisant partie de sa succession et faire état et des-
cription de tous ceux qui resteront en évidence, et le tout pour
la conservation des biens et droits attribués à sa succession.
Etant rendus comme dit est au cy-devanl château et dans le
premier pavillon d'icelui qui a son aspect du côté du nord-est,
nous y avons trouvé sieur Pierre Bouchoir, auquel nous avons
fait part du sujet de i¥)tre transport et avons requis de lui de
nous dire en quelle qualité il étoit domicillié dans ledit château.
Sur notre interpellation, il nous a dit et déclaré être agent dudit
sieur de La Rochefoucaut, ci-devant évêque. C'est pourquoi
nous avons requis de lui de nous introduire dans tous les appar-
tements dudit château et de nous donner connoissance tant des
meubles appartenant audit feu sieur La Rochefoucaut, que de
tous autres, ce qu'il nous a promis faire. En conséquence, avant
de procéder tant à l'apposition desdils scellés qu'à la descrip-
tion des meubles demeurés en évidence, nous avons requis de
lui le serment sur le fait de savoir si tant lui que tous autres et
qu'il soit à sa connaissance, il aye été soustrait ni latité aucun
des meubles et effets appartenant comme dit est audit sieur La
Rochefoucaut.
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- 35 -
Lequel serment, ledit sieur Bouchoir a tout présentement fait
par lequel il a juré et affirmé n'avoir fait ni occasionné faire
et qu'il n'est même pas de sa connoissance qu'il aye été fait
aucune soustraction ni latitement des meubles et effets faisant
partie comme dit est de ceux appartenant audit sieur La Roche-
foucaut, duquel serment nous lui avons octroyé acte.
Et de suite, en présence et assisté du sieur Bron, procureur
de la commune de la paroisse de Crazannes, soussigné avec
nous, avons procédé à l'apposition des scellés dont est cas cy-
dessus ainsi qu'à l'inventaire et description des meubles demeu-
rés en évidence. »
Suit un inventaire long et sans intérêt, qui ne prouve qu'une
chose, c'est que le mobilier de Mgr de La Rochefoucaud était
presque misérable à force de simplicité. Invariablement les
objets sont qualifiés « plus qu'à demi usés » ; quant aux armoi-
res, la formule ne varie pas non plus « Ouverture faite, il ne s'y
esl rien trouvé, c'est ce qui fait que nous n'y avons pas apposé
les scellés, »
Il n'y a guère à signaler dans cette fastidieuse énumération
que l'article qui concerne la pendule de la chambre de compa-
gnie :
« Plus le pied ou support d'une pendule garni de cuivre,
ainsi que le dessus de la pendule, ledit sieur Bouchoir nous
ayant déclaré qu'il est de sa connoissance que ladite pendule
avoit été portée chez le sieur Hyvert, horloger à Saintes, pour
la faire arranger, et ignore de quoi elle est devenue, et qu'il y
a près de cinq ans qu'elle y a été portée. »
L'inventaire se termine comme suit :
« Tous les meubles et effets susdits, au consentement dudit
sieur Bouchoir sont demeurés à sa garde et s'est soumis d'en
rendre compte toutes fois et quantes et à qui il app>artiendra
et en est devenu garant tout autant qu'il continuera faire son
domicile dans ladite maison, et sorti qu'il en sera pour faire
son domicilie ailleurs, a déclaré n'en être vu ni tenu à aucune
garantie. »
« Fait, clos et arresté le susdit procès-verbal les jour, mois et
an que dessus sur les cinq heures du soir, en présence et assisté
comme dit est tant dudit sieur Bouchoir, que dudit sieur Bron,
procureur de la commune de la susdite paroisse de Crazanne,
qui ont signé avec nous, étant dans la susdite maison et cy-
devant château de Crazanne.
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- 36 -
Signé à la minutie : Bouchoir, Bron, procureur de la com-
mune, Gaillard, et nous, Girardin, greffier soussigné.
GlRARDIX.
Expédition sur douze feuilles de papier timbré.
III
LE CLERGÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Suite)
Evêché de La Rochelle (1790).
I. — EvÊQUE
CoucY (Jean-Charles de), aumônier de Marie-Antoinette,
nommé à La Rochelle en janvier 1790, installé le 9 mars 1790, il
succédait à Mgr Cruzols d'Uzès, quitta sa ville épiscopale le
15 juillet 1791, émigra en Espagne et reçut, pendant vingt-deux
ans, de Mgr P. de Quevedo, évêque d'Orenze, l'hospitalité la
plus généreuse.
Ancien revenu : 104.015 1., dont 40.000 pour Tévêché d© La
Rochelle. Lors du Concordat, il refusa sa démission, et ne ren-
tra en France qu'en 1814. En 1817, il fut désigné pour l'arche-
vêché de Reims, dont il prit possession en 1821. Décédé en 1824.
II. — Chapitre
MoREAU DE Mérillet (Joscph-Emery), doyen, élu par ses con-
frères, insermenté.
Laroche-Foncier, né en 1729, abbé du chapitre, à la nomina-
tion du roi, insermenté.
BiNEAU (Pierre-Charles-Louis), né en 1747, trésorier du cha-
pitre par résignation de Ayraud Pierre, ancien trésorier, ancien
vicaire général, à qui il fait une pension de 1.500 1., insermenté.
Aldebert (Antoine), né en 1729, du diocèse de Mende, aumô-
nier du chapitre, vicaire général, emprisonné au fort du Hâ,
exécuté à Bordeaux en 1793, insermenté.
Gilbert (François), né en 1730, premier archidiacre, inser-
menté.
Le Vacher, né en 1737, deuxième archidiacre, assermenté.
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-37 -
Gautier (Pierro-André-René), chanlre du chapitre, par rési-
gnation de Piol, son prédécesseur, à qui il fait une rente viagère
de 1.4001.
Ancien revenu : 4.756 1.
Né le 29 avril 1750, à Longue (Maine-et-Loire), insermenté,
émigra en Espagne avec Mgr de Coucy, parcourut ensuite l'Ita-
lie et TAulriche, revint à Longue, décédé le 13 juillet 1818.
Boucherie (de la) (Jean-François), sous-chantre du chapitre,
né en 1748, insermenté.
Le Geay, troisième archidiacre, né en 1730, insermenté.
Massieux, insermenté, fut déporté, sa maison, sise rue du
Palais, à La Rochelle, fut vendue comme bien d'émigré 18.000 1.,
le 22 ventôse an II, et deux domaines 55.100 1., le 2 floréal an IL
PoiLiÈ\'RE (Pierre).
Sauzy (Jean-Baptiste), vicaire général de La Rochelle, inser-
menté, déporté à bord du vaisseau Les Deux-Associés, y mourut
le 28 août 1794 ; ses biens situés à La Rochelle furent vendus
comme biens d'émigré, le 23 pluviôse et le 27 ventôse an IL
PiCHON (Louis-François), insermenté.
COUET.
CoussoT DE LA RiCHARDiÈRE (Armand- Alexandre), supérieur
des Dames-Blanches, titulaire du prieuré de Saint-Gaudens à
Fouras (revenu : 206 1.), prieur commandataire de Sainte-Marie-
TEgyptienne d'Agère (700 1.), de Sainte-Catherine de Magnon,
abbé de Notre-Dame de la Chastre, insermenté, émigra en
Espagne.
Grenier (François), théologal ; ancien revenu : 3.000 1.
Gautier (René-Eugène), né à Longue le 22 août 1757, inser-
menté, émigra avec son frère, mourut prêtre habitué à Ix>ngué,
le 27 septembre 1811.
Rodrigue.
Musset-Pathay (de) (Victor-Donatien), titulaire de la chapelle
Notre-Dame-les-Nivois, paroisse Saint-André-de-la-Marche (Bas-
Poitou), à la nomination de Tévèque, insermenté.
CossïN (Jean-René), comme insermenté et sexagénaire il était
soumis à la peine de la réclusion. Il fut arrêté et envoyé à
Nantes pour être déporté à la Guyane. Carrier ne lui en donna
pas le temps, il le fit noyer dans la Loire. Sa maison, sise dans
la rue du Palais, à La Rochelle, fut vendue comme bien d'émigré
18.700 1., le 27 ventôse an IL
PouLW, ancien curé de Puyrolland, assermenté.
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— 38 —
JouANNE DE Saint-Martin. ; aiicicn revenu : 3.000 1.
Oastlmeau (René-Alçxis), né à La Rochelle le 22 oclobre 1731,
assermenté ; ancien revenu : 3.000 1.
Devint vicaire général de Robinet (V. Evêché consiilutionael),
Gauzargues, né à Tarascon, avait permuté avec Tabbé de la
Mujôl, diocèse d'Uzès, à qui il faisait une pension de 200 1.;
iiHcicn revenu : 3.000 1.; insennenlé, détenu à la citadelle de
Siïiïil-.VIarlin de Ré du 23 juin 1795 au 16 août 1800.
Davholles (Daniel-Xavier), titulaire du prieuré simple de
Saint^Pierre de Vrumes en Bas-Poitou, à la nomination du roi,
vicaire général, insermenté, émigra en Espagne et rejoignit
Mgr de Coucy.
JuBEAUD (René).
Richard de Nanclas (Charles-Venant), assermenté.
Doué, insermenté, emprisonné à Saint-Martin de Ré en 1798,
il s'évada.
Brunttière, né le 25 août 1742, retiré à La Châtaigneraie (Ven-
dée), df^cédé en novembre 1815. Refusa son adhésion au con-
cordai,
Nota. — Le chapitre de La Rochelle avait deux secrétaires
prêtres, deux prêtres du bas-chœur, douze chantres, six enfants
de chœur, un suisse, trois bedeaux, un sonneur, un archiviste et
plusieurs officiers de justice. Les honoraires de ce personnel
étaient pris sur les biens du chapitre.
Collège de La Rochelle
Pasquier (Jean-Françoîs-Baptiste), prêtre, principal.
JuiLLARD, professeur, détenu à Brouage.
Collège de Surgères (1)
Druet (Urbain), né le 2 février 1755, principal du collècre,
assermenté le 6 février 1791, pensionné à 800 1., épousa, à Roche-
forL ^a nièce Jacquinie Druet, le 30 vendémiaire an IV. Son
mariage fut réhabilité, le 28 mai 1803, avec dispense du car(ïTnal
Caprara, par M. Jeudy, curé de Saint- Louis de Rochefort.
(I) Principaux du collège de Surgères : Decouture 1628, Blandin, plus tard
curé de SurgèreB, sa signature figure sous ce titre dam les registres de 1632 ;
Deconttirfi, ancien vicaire modérateur, Laborde oncle, principal et curé.
NicolaL deuxième modérateur 1663 ; Bonnet, prêtre, principal 1694 ; Barrault
prêtre, principal. Mahony, prêtre, sous-principal 1724 ; JuUot. prêtre prin-
cipal i Laporte, prêtre, sous-principal 1740 ; Deruet^ prêtre, principal, 1775.
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- 39 —
CLERGÉ PAROISSIAL
Arciuprètré de La Rochelle
Doyenné de la Cathédrale,
Cathédrale (SaintrBarlhélemy), cure. Collaleur : le prieur de
nie d*Aix (ordre de Cluny).
Titulaire : Mirlin (Jean-Baplisle), prèlre de l'Oratoire, né le
14 avril 1736, insermenté, éjnigra on Espagne, fut remplacé par
Barrei, assermenté, revint dans sa paroisse, décédé le 6 mai 1818.
Lasiagnière, assermenté, fut élu curé constitutionnel le 31 mars
1791, dans Téglise Saint-Sauveur, i\ La Rochelle.
Prêtres résidant sur la paroisse :
Chabot (Michel-André).
Bidou (Etienne), vicaire.
Lucas (Jean-Baptiste-Louis).
Poitou (Lazare).
Notre-Dame, cure. Collateur : le prieur de l'île d*Aix.
Titulaire : Jeancourt (Jacques), prêtre de TOratoire, élu nota-
ble de La Rochelle en 1790, insermenté, émigra, revint dans sa
paroisse au Concordat.
Vicaires : Paulard (Alexandre), insermenté ; Dhesnin (Pierre),
insermenté.
Prêtres résidant sur la paroisse :
Baslin (Paul), ancien curé de Marans, né en 1709, résigna en
faveur de Pénétreau, assermenté.
Fontaine (Pierre-Gaston), né en 1719, ancien curé de Forges,
retiré à La Rochelle.
Bridault^ ancien curé de Chagnolet.
Pasquier (Jean-Baptiste-François), principal du collège.
Gauthier.
Dorfeuil, troisième vicaire de Notre-Dame, insermenté.
Paris, curé d'Angoulins, assermenté, élu curé de Notre-Dame
le 31 mars 1791.
Saint- Jean, cure. Collateur : Tordre de Malte ; ancien revenu :
néant (pouillé de 1729).
Titulaire : Roi (Pierre-Bénigne), insermenté, déporté.
Laleu, église paroissiale. Collateur : le prieur de l'île d'Aix ;
ancien revenu : 1.100 1., p. de 1729.
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— 40 —
Titulaire : Paulard (Gabriel-Jacques).
Saint-Maurice. Collateur : X...; ancien revenu : 515 1., p. de
1729.
Titulaire : Pavie (Pierre), né en 1741, insermenté, décédé cha-
noine honoraire le 5 octobre 1820.
EsNANDEs, prieuré-cure. Collateur : le roi pour le prieuré,
Tabbé de Saint-Jean d*Angély pour la cure.
Titulaire : Maudel (Pierre-Louis), décédé curé d'Esnandes en
1812.
L*HouMEAU, cure. Collateur : X...; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Deschamps (Charles). Le 29 décembre 1790, il
déclara que son revenu consiste uniquement en dîmes de foin,
blé, vin, le tout estimé 800 1.
Marsilly, prieuré-cure. Collaleur : l'abbé de Sainl-Michel-en-
Lherm ; ancien revenu : 1.000 1., p. de 1729.
Titulaire : Berihomé (André-François). Le 13 mai 1791, il
achète les biens de la cure, assermenté.
Nieul-sur-Mer, prieuré-cure. Collateur : Tévêque de La
Rochelle ; ancien revenu : 1.600 1. à 1.800 1.
Titulaire : Vacherie de Chanteilouhe (Jean-Marie), né le 28
avril 1745, insermenté. Le 12 février 1790, il déclare que son
revenu est de 1 .600 à 1 .800 I. par les rentes et les dîmes. Il émi-
gra, revint dans sa paroisse, décédé le 9 janvier 1828.
Déhureau, assermenté, élu curé le 31 mars 1791.
Saint-Xandre, cure. Collateur : l'évêque de La Rochelle;
ancien revenu : 600 1., p. de 1729.
Titulaire : Coyaux (Paul-Marie), insermenté, se cacha, fut
remplacé par Robin, assermenté, élu le 31 mars 1791.
Doyenné de Saint-Sauveur (La Rochelle),
Saint-Sauveur, cure. Collateur : le prieur de l'île d'Aix.
Titulaire : Leroy (Joseph), assermenté, fut candidat à l'évèché
de Saintes, se maria, mourut subitement le jour de ses noces.
Prêtres résidant sur la paroisse :
Jouanne de Saint-Martin^ chanoine.
Proux, né le 19 janvier 1759, décédé curé de Marsilly, le 11
juillet 1820.
Gerbier, né le 17 janvier 1752, insermenté, décédé chanoine de
La Rochelle, le 6 juillet 1822.
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— 4t —
Saint-Nicolas, cure. CoUateur : le comte d'Artois, comme duc
de Châteauroux ; ancien revenu : 1.214 1.
Titulaire : Bourdin (Etienne-Jean-Marie), insermenté.
Le 29 mars 1790, Bourdin énumère ainsi ses bénéfices : 1® la
cure de Saint-Nicolas à la présentation du comte d'Artois ; 2**
In chapelle de Saint-Jean-Baptiste dans l'église de Saint-Nicolas
à la présentation des marguilliers de la paroisse ; 3® le prieuré
de Saint-Uomuald à Châlelaillon à la présentation de l'évêque,
le tout valant 1.214 1. 1 d., moins les charges, 236 1. 2 d.
Boutiron (Barthélemy-René), vicaire, insermenté, émigra en
Espagne.
Angoulins, prieuré-cure. Collateur : l'évêque de Saintes ;
ancien revenu : 800 1., p. de 1729.
Titulaire: Paris, né le 24 septembre 1738, assermenté, élu curé
de Notre-Dame de La Rochelle, décédé retiré dans cette ville, le
7 janvier 1813.
Delaholerie, élu curé d'Angoulins le 31 mars 1791, assei;menté.
Aytré, cure. Collateur : l'abbé du Bourg-Dieu (Bourges) pré-
sente, le prieur de Fort (Niort), nomme ; ancien revenu : 1.0001.,
p. de 1729.
Titulaire : Deleuire (Jean-Baptiste-Denis), insermenté, émigra
en Hollande, était prieur d'Aytré.
Malerbeau, vicaire insermenté, s'échappa des mains de la mul-
titude qui massacra quatre prêtres à La Rochelle, le 21 mars
1795.
Chatelaillon, cure.
Titulaire : Breuitlac (Pierre-Louis).
Dompierre-sur-Mer, prieuré-cure. Collateur : l'abbé et l'évê-
que de Maillezais ; ancien revenu : 1.200 1., p. de 1729.
Titulaire iFillonneau (Jean), né le 20 janvier 1750, insermenté,
décédé vicaire général le 2 septembre 1826.
Leclair, vicaire, né le 15 février 1763, insermenté, déporté,
mort chanoine honoraire le 17 septembre 1834.
GasUimeau, chanoine, assermenté, élu curé de Dompierre le
31 mars 1791. (Voir plus haut,)
Douix (Jean-Pierre), curé en 1792, assermenté.
Lacord, église paroissiale. Collateur : l'abbé de la Couronne
(Anirouléme); ancien revenu : 900 1., p. de 1729.
Titulaire : Rabiet.
Pérîgny, cure. Collateur : l'évêque de l^ Rochelle ; ancien
revenu : 1.000 1., p. de 1729.
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-. 42 —
Titulaire : Jean (Marie), insermenté.
Frioullier (Pierre), curé constitutionnel, ex-bénédictin de
Sainl-Michel-en-rHerm, assermenté.
PUILBOREAU.
Le pouillé de 1729 dit : le prieuré de Sainl-Hilaire de Puilbo-
reau est possétlé par des laïques, il y a procès.
Doyenné iVArs (ile de Hé),
Ans, prieuré-cure. Collalour : Tabbé de Saint-Michel-en-
rilerm.
Titulaire : Brizurd (Pierre), curé dWrs et des Portes son
annexe, assermenté.
Marchand (Jean-François-Auguste), assermenté.
David (Honoré-Simon-Louis), assermenté. Tous prêtent le ser-
ment le 6 février 1791.
Couarde (La), alors annexe de Saint- \fartin de Ré.
Titulaire : Grimaud, né le 8 décembre 1762, assermenté, décédé
curé de Saint-Jean-lTversais, le 19 décembre 1818.
Loix, église paroissiale. Collateur : l'abbé de Saint-Michel-en-
ITierm ou le prieur d'Ars.
Titulaire : 0*Byan (Michel-François), d'origine irlandaise,
assermenté, élu curé de Loix le 31 mars, condamné par le tribu-
nal révolutionnaire de Rochefort, il fut exécuté le 21 brumaire
an II ; il avait 34 ans !
Portes (Les), annexe d'Ars.
Doyenné de Courçon,
CouRçoN, cure. Collateur : l'abbé de Maillezais.
Titulaire : Chartier (Jean-François).
Sai\t-M artin-de-Villeneuve, église paroissiale. Collateur :
l'évêque de La Rochelle.
Titulaire : Pérault (Jacques-François).
Benon, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Saint-Jean d'Angély;
ancien revenu : 1.200 1., p. de 1729.
Titulaire : Derazai (François), né le 31 mai 1722, assermenté.
Le 1*' juin 1791 , il achète les biens de la cure, remit ses lettres
de prêtrise, pensionné à 1.200 1.
Cram-Chaban, cure. Collateur : le prieur de Mauzé ; ancien
revenu : 1.500 1.
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— 43 —
Titulaire : Douzenelle (Antoine), ex-religieux Feuillant, déclare
le revenu ci-dessus, fut acquéreur des biens de la cure.
Bourdon (Léonard), dit curé de Cram-Chaban, est électeur de
Robinet, évèque constitutionnel, assermenté.
Saint-Cyr-dl'-Doret, église paroissiale. Collateur : Tévéque
de La Rochelle.
Titulaire : Benoisl (André- François).
Gué d'Alleret (Le), église paroissiale. Collateur : Tévèque de
Saintes.
Titulaire : Denéchaud (Louis-François).
Anais, prieuré-cure. Collateur : Tabbé de Nouille (Poitiers).
Titulaire : Oloyhlen (Térence), assermenté, accjuéreur des
biens de la cure, déporté à Brouage.
Saint-Jean-de-l'Yversay, cure. Collateur : Tévéque de Luçon ;
ancien revenu : 1.200 1., p. de 1729.
Titulaire : Rotureau (Pierre), insermenté, fut remplacé par
Albert, assermenté, élu le 31 mars 1791.
Michot (Alexis), vicaire, iiisermenlé, se retira i*i Art» entré
(Mayenne), après le désastre de Tarmée vendéenne, il fui conduit
à Sainl-Malo : une commission militaire le condamna à être
fusillé comme brigand de la Vendée, le 12 décembre 1703, exé-
cuté le même jour.
Lalaigne, église paroissiale. Collateur : le prieur de Mauzé.
Titulaire : Riche (Louis-Nicolas).
Trochon, assermenté, né le 2 juillet 1756, dit curé de Lalaigne,
remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 800 1., mourut curé
de Saint-Agnanl, le 15 septembre 1813.
NuAiLLÉ, vicariat perpétuel. Collateur : Tévêque de La
Rochelle.
Titulaire : Goujon (Etienne).
Angliers, cure. Collateur : Tabbé de Nieul-sur-l'Autize; ancien
revenu : 800 1., p. de 1729.
Titulaire : Desvaux (Jean-Baptiste).
Saint-Sauveur-de-Nuaillé. Collateur : l'abbé de Nuaillé.
Titulaire : Dillé (François), insermenté, racheta les biens de
la cure, fut remplacé par Després, assermenté, prieur et reli-
gieux unique de l'abbaye de Charron; élu le 31 mars 1791, il
devint vicaire général de Robinet.
Ferrières, cure. Collateur : le prieur de Saint-Germain-de-
Languiller (Luçon).
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— 44 —
Titulairu : Sn!nt-Lù, assermenlé, élu curé de Saint-Christophe
Je 31 mars 17&1-
Taugon-et'Lâ-Ronde, cure, Collateur: Tévéque de La Rochelle;
ancien revenu : 700 L, p, de 1729,
Titulaire : Loff^ay (Piorrp), Insermenté, fut remplacé par
Bonenfunf, assermenté, élu le 31 mars 1791.
Dojjenné de La Jarrie.
jARHît: (La), église paroi^^siale. Collateurs : les PP. de TOra-
toire \ ancien revenu ^ 900 1., p, de 1729.
Titulaire : /^otAj' (riaudr-VVilfrand-Hémy); un ecclésiastique de
ce nom mourut prêtre habitué h Saint-Rogatien, le l*' janvier
1815.
BouRGNEi^F, cure. Collaleur : le commandeur de Bourgneuf.
Titulaire : Bohdon (Louis), né le 3 juin 1753, insermenté, émi-
gra, revint rïans sa paroisse, décédé le 10 janvier 1818.
Durand^ vicnire, insermenté» passa dans l'armée vendéenne,
fui pris clans Ttle de Noîrmoutiers, et fusillé avec vingt-trois offi-
ciers vendéens,
Lefictnjer (Chfïrles-Francois), assermenté, élu curé de Bourg-
neuf le 31 mnrs 1791 , élait né le 16 novembre 1740, il mourut curé
de La Jarrie le 15 février IS27,
MoNTBOv, cure, rollaleur : l'é^^éque do La Rochelle.
Titulaire : Monnier (Pierre) <
Saînt-Christopite, église paroissiale. Collateur : Tévèque de
La Rochelle.
Titulaire : Mmllnrâ fJacf|urs). déclare le 24 avril 1790 qu'il lui
est dû pour cause d& résignation» en forme de permutation, par
le curé aclupî, 200 1. sur le rp\ enu annuel, à cause de l'inégalité
des bénéfices co-permulés.
Samf'Î.Ô, élu le 31 mars 17î>î, a'îsermenté.
Chevalffrcati (Pierre), 31 an?^, curé de Saint-Christophe, tra-
duit devant le tribunal révolutionnaire de Rochefort et acquitté,
assermenté,
f^î.^VKTTR. cure. Collafeur : le ehapitre de Saintes.
Titulaire : Deganemt fRené'^fa^ie), insermenté, né le 29 mai
1752. dèr6â6 chanoine do La Horholle, le 13 mars 1824.
nttoïx-CHAPEAiT. Collateur ; Tévéque de Saintes.
Titulaire i SfindtUemt fElienne-François), înRermenté ; ses
biens furent vendus le 6 mai 1791 ; octogénaire et infirme, il fut
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- 45 —
dispensé de la déportation par la municipalité de La Rochelle, et
fui enfermé à la citadelle de Saint-Martin de Ué en 1798. Rem-
placé par Lay (Jean-Baptiste), ex-capucin,aumônier de la marine
à Rochefort, assermenté, qui remit ses lettres de prêtrise et fut
pensionné à 800 1.
Jarne (La), église paroissiale. Collateur : Tévèque de La
Rochelle.
Titulaire : Belisle (Joachim), insermenté, revint dans sa
paroisse el mourut curé de La Jarne en 1812. Flamanchet^ asser-
menté, élu le 31 mars 1791.
Saint-Médard, prieuré-cure. Collateur : le prieur de Saint-
Médard ; ancien revenu : 1.300 1., p. de 1729.
Titulaire : Dumas (Jean-Dominique).
Saint-Rogatien, cure. Collateur : le prince de Condé.
Titulaire : RaouU (Jean-Augustin-Régis).
Salles-sur-Mer, cure. Collateur : le prieur de Tîle d'Aix ou
les PP. de rOratoire ; ancien revenu : 700 1., p. de 1729.
Titulaire : David (Jean-Baptiste).
Sainte-Soulle, cure. Collateur : Tévèque de La Rochelle ;
ancien revenu : 1.018 1., p. de 1729.
Titulaire : Tourneur (Pierre).
Vérines, cure. Collateur : le prieur d'Anais ; ancien revenu :
1.200 L, p. de 1729.
Titulaire : Turgnier (Pierre), insermenté, remplacé par Lam-
bert, assermenté, élu le 31 mars 1791.
Saint- Vivien, cure. Collateur : le prieur de Tîle d'Aix.
Titulaire : Boscaves (Jacob-François), né le 12 avril 1742,
insermenté, emprisonné à Bordeaux, à Blaye et à bord du Répu-
blicain, en rade de l'île d'Aix, décédé chanoine honoraire de La
Rochelle, le 2 octobre 1812.
Doyenné de Marans,
Marans, prieuré-cure. Collateur : l'évoque de La Rochelle ;
ancien revenu : 1.200 L, p. de 1729.
Titulaire : Penéireau (Michel-Pierre-Modeste), assermenté.
Hurtaud, vicaire, insermenté.
Croizetière (Mathieu-René), ancien directeur du séminaire de
Nantes, délégué par Mgr de Coucy, exerça le ministère à
Marans, il dirigea les sœurs de l'Hôpital de la marine à Roche-
fort, décédé à l'hôpital en 1801, insermenté.
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— 46 —
Andilly, prieuré-cure. CoUateur : l'abbé de Montierneuf (Poi-
liers); ancien revenu : 600 1., p. de 1729.
Titulaire : Guinefolleau (Louis), remplacé par Mehay (Pierre:
Ignace), qui remit ses lettres de prêlrise, se retira à Landrais,
pensionné à 800 1.
Charron, cure. Colialeur : le prieur de Saint-Etienne de
Marans.
Titulaire : Dubuisson (Maurice^Joseph). Le 18 avril 1791, Val-
lée, propriétaire à Soulignonne, est dit curé de Charron.
LoNGÈvEs, église paroissiale. Collateur : l'évoque de La Ro-
chelle ; ancien revenu : 700 1., p. de 1729.
Titulaire : Poissonnet (René-Pierre), né le 28 septembre 1738,
insermenté, décédé curé de Marans, le 19 février 1826. De Lavil-
Icmarais, assermenté, élu le 31 mars 1791, né le 27 mai 1743, il
mourut curé de l^ongèves, le 4 janvier 1818.
Rougé, dit curé de Longèves, assermenté, remit ses lettres de
prêtrise en 1794. Son prédécesseur s'était probablement rétracté.
Saint-Ouen, église paroissiale. Collateur : l'évêque de La
I\ochelle ; ancien revenu : 870 1., p. de 1729.
Titulaire : Chandoré (Pierre-Paul).
ViLLEuoux, cure. Collateur : Tévôque de La Rochelle ou les
PP. de l'Oratoire.
Titulaire : David (François).
Doyenné de Saint-Martin de Ré.
Saint-Martin, cure. Collateur : l'évêque de La Rochelle.
Titulaire : Pinelière (Charles-Jean-Raptiste), docteur en théo-
logie, élu député du clergé, fut un des derniers à se réunir au
tiers, émigra en Allemagne, mourut curé de Marans en 1807,
insermenté.
Prêtres habitués :
Péraiid (Elie-Jacques).
Baudy (Pierre-Georges), desservant du Bois, insermenté, émi-
gra en Espagne.
Giraud (Pierre).
Fournier (Philibert), né le 26 août 1739, secrétaire de Tévôché
en 1804, décédé le 3 août 1832.
Grimaud (François-Xavier), de^^servait La Couarde, asser-
menté, décédé à Saint-Jean-Liversay.
Chaudron (Louis-Auguste).
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- 47 —
Davy, assermenté, élu curé de Saint-Martin le 31 mars 1791.
Bois (Le), annexe de Saint-Martin.
Flotte (La), cure. Collateur : Tévêque de Saintes.
Titulaire : Faire (Pierre- And ré), assennenlé, remplacé par
Marchand, assermenté, élu le 31 mars 1791.
Le P. Pierre^ capucin, aumônier du port de la Prée, asser-
menté.
Prêtres habitués : Langer (Jacques), Geay (Alexis).
Sainte-Marie, cure. ColLiteur : Tabbé de Sablonceau.
Titulaire : Doussin (Jacques-l^uis), né à Saintes, professeur
de théologie à Cahors, insermenté, passa en Vendée, conduit à
Rochefort, il s'évada avec dix-sept de ses confrères, conduisait
au combat les Vendéens en élevant un grand crucifix, se retira
à Chagnollet, fut un des fervents de la petite église, décédé en
1845.
Gibeaa, vicaire, docteur en théologie, jura avec restriction, se
rétracta, passa en Vendée, guillotiné à Nantes, le 26 décembre
1793, âgé de 29 ans !
Fillonneau (André), assermenté, élu curé de Sainte-Marie le 31
mars 1791.
Archiprêtré de Rochefort
Doyenné de Rochefort,
Saint-Loi'is de Rochefort, église paroissiale unie aux prêtres
de la Mission.
Titulaire : Coason (Claude), suj)érieur, né à Beauregard, dio-
cèse de riermont, le 2 avril 1732.
Vicaires :
Willin (Nicolas-Joseph), du diocèse dWrras, né en 1726.
Fach (Jean-Baptiste-Pierre), du diocèse de Strasbourg, né en
1730.
Martin (Pierre-Isaac), du diocèse de Reims, né en 1744.
Braud (Jacques-Pierre-Martin), du diocèse de La Rochelle, né
en 1749, émigra en Suisse.
Bornier (Stanislas-Joseph-Guillaume), du diocèse d'Arras, né
en 1754.
Peliijean (Nicolas), du diocèse de Besançon, né en 1761.
Laurent (Ch.-Joseph-Alexandre), du diocèse dé Boulogne, né
en 1759.
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— 48 —
Lucas (Alexis), du diocèse de Vannes, périt à Nantes dans une
des noyades de Carrier.
Tous avaient refusé le serment constitutionnel.
Prêtres habitués :
Rossignol (Jean-François).
Florent (Jean— Antoine-Bonaventure), curé du Vergeroux.
Besiier (Henri), ex-capucin de Hochefort, franc-maçon, asser-
menté, élu curé de Saint-Louis, fut enfermé à Brouage.
Bigot (Louis), cx-capucin de Hochefort, assermenté, vicaire de
Saint-Louis, fut enfermé à Brouage.
Notre-Dame de Rochefort. Collateur : l'évêque de La Rochelle.
Titulaire : Laydet (François-Marie-Augustin), né le 15 avril
1754, assermenté, remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à
8001., se retira à Ballon.
Couzineau, vicaire, jura et se rétracta.
Vergeroux, prieuré-cure. Collateur : le prieur de Saint-Vivien
de Saintes, alors curé de Saint-Louis de Rochefort.
Titulaire : Florent (Bonaventure-Jean-Antoine), insermenté,
fut élu maire, et fut déporté.
Breuil-Magné, prieuré-cure. Collateur : le prieur de Saint-
Vivien de Saintes.
Titulaire : Fillion (Louis-Julien), assermenté, remit ses lettres
de prêtrise.
LoiRÉ. Collateur : le prieur de Saint-Vivien de Saintes.
Titulaire : Fillion (Raymond), né le 22 décembre 1736, asser-
menté, racheta les biens de la cure, remit ses lettres de prêtrise,
fut pensionné à 1.000 1.
FouRAS, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Saint-Maixent.
Titulaire : Thalamy (Etienne), assermenté.
Ile d'Aix. Collateurs : les PP. de TOratoire de La Rochelle.
Titulaire : Ollivier (Guillaume-Gilles), né le 27 janvier 1749,
assermenté, pensionné à 800 1. comme curé de l'île d'Aix.
Saint-Laurent-de-la-Prée, église paroissiale. Collateur : X...
Titulaire : Cowdrel (Jean-Jacques), né le 17 janvier 1737, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 1.000 1.
Yves, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Saint-Jean d'Angély.
Titulaire : Chemineau (Antoine), né le 11 septembre 1755,
assermenté, pensionné à 800 1., se retira à Fouras.
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— 49 —
Doyenné il Aigre feuille,
AiGREFEULLE, vicai'ial perpétuel. CoIIaleur : le chapitre de
Soubize.
Titulaire : Drapron (Jean-Françjois-Nazaire), curé en 1789.
Ardillières, cure. Collalcur : Tévêquo de Saintes.
Titulaire : Gireaudeau (Jean), remplacé par l'intrus MilUen
(Simon-Marie), celui-ci né le 2 juillet 1752, assermenté, remit
ses lettres de prêtrise, pensionné à 800 1., épousa à Surgères, le
20 prairial an 10, Marief-Rosatie Beausanl, son mariage fut
réhabilité à Saint-Louis de Rochefort, le 26 décembre 1803.
AucHER, cure.
Titulaire : Régnier (Pierre-Georges), insermenté, émigra en
Espagne.
Vouzeland (Jean-Eustache), dit curé d'Aucher, remit ses let-
tres de prêtrise, assermenté.
BouHET, prieuré-cure. CoIIaleur : Tabbé de Montierneuf (Poi-
tiers).
Titulaire : Morin (Jean-Paul), remplacé par Chauveau (Jean-
Baptiste), assermenté, qui remit ses lettres de prêtrise. Le prieur
commandataire du Bouhel était Aijrauld (Pierre-François),
licencié en théologie, son revenu était de 4.794 1. 12 s., il don-
nait au curé une portion congrue do 700 1.
Chambon, cure. CoUateur : le chapitre de Soubise.
Titulaire : Bardeau (Louis). Un Bardon (Jean-François), dit
curé de Chambon, remit ses lettres de prêtrise et fut pensionné
i\ 800 1., se retira à Surgères.
Ciré d'Aunis, église paroissiale. Collateur: Tévêque de Saintes.
Titulaire : Rousselière (Jean-Baptiste-Louis), né le 22 juin
1744, décédé vicaire de Sainl-I>ouis de Rochefort, le 19 août
1819.
Crisfin (François), né le 23 janvier 1723, dit ci-devant curé,
domicilié à Ciré, pensionné à 800 1., assermenté.
Ballon, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Salles (Limoges).
Titulaire : La Flaguière (Laurent), né le 6 avril 1735, asser-
menté, pensionné à 1.000 1.
Forges, prieuré-cure. Collateur : le prieur de l'île d'Aix.
Titulaire : Guillemot (Jean-Pierre-Charles), né le 5 novembre
1748, insermenté, décédé le 6 janvier 1835. Le 13 février 1790,
Fontaine (Pierre-Gaston), Agé de 70 ans, retiré à La Rochelle^
Bulletin. 4
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— 50 —
déclare avoir résigné son bénéfice de Forges à Guillemot, doc-
teur en théologie, pour une pension viagère de 600 1.
Cypière (Jérôme), curé intrus, ex-capucin de Rocheforl,aumô-
nier du bagne, remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 800 1.,
assermenté.
Landbais, église paroissiale. Collaleur : le chapitre ou les
minimes de Surgères.
Titulaire : Chalaignier (Jean), né le 4 janvier 1744, insermenté,
décédé chanoine lionoraire de La Rochelle, le 26 octobre 1813.
Thairé, église paroissiale. Collateur : Févêque de La Rochelle.
Titulaire : Fillon (Jean-François), né le 24 novembre 1721, pen-
sionné à 1.200 1., comme ci-devant curé de Thairé, assermenté.
Thou (Le), église paroissiale. Collateur : le prieur de Soubise.
Titulaire : Roy (René), né le 2 juin 1755, remit ses lettres de
prêtrise, pensionné ù 800 1., assermenté.
ViRSON, église paroissiale. Collateur : le chapitre de Soubise.
Titulaire : Gerbier (Léon), né le 17 janvier 1752, insermenté,
décédé chanoine de La Rochelle le 6 juillet 1832 ; remplacé par
Michaud (Jean-Henri), curé et maire de Saint-Louis de la Petite-
Flandre, qui remit ses lettres de prêtrise, assermenté.
Doyenné de Surgères,
Surgères, prieuré-cure. Collateur : Tabbé de Vendôme.
Titulaire : Mouilleron (Pierre), assermenté, décédé curé d'Ay-
tré en 1812.
Favre (Pierre), né le 10 mars 1743, domicilié à Surgères, pen-
sionné à 1.000 1., ancien curé de La Flotte, assermenté.
Druei (Urbain), assermenté. {Voir collège de Surgères.)
Blavoust (Pierre), curé de Saint-Pierre de Surgères, inser-
menté, décédé doyen du chapitre de La Rochelle, le l*' novembre
1843. Il fut remplacé par PauUer (Jean), né le 13 mars 1743, qui
remit ses lettres de prêtrise et fut pensionné à 1.000 1., asser-
menté.
Breuil-la-Réorte, prieuré-cure. Collateur : Tabbé d'Ebreuil
(Clermont).
Titulaire : Bienvenu (François), né le 28 décembre 1748, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, pensionné à 1.000 1., traduit
devant le tribunal révolutionnaire de Rochefort, il fut acquitté;
décédé curé de Saint-Mard, le 2 octobre 1827.
Coi:drault. Collateur : X...
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— 51 —
Titulaire : Decoraze (Ilcnri-Bernard), né le 4 août 1743, asser-
menté, acquéreur des biens de la cure, pensionné à 1.000 L,
interné à Brouage, décédé curé de Cram-Chaban, le 18 septembre
1827.
Sal\t-Georges-du-Bois. CoUaleur : Tévêque de La Rochelle.
Titulaire : Proiol (François-Daniel), né le 9 mai 1729, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 1.000 1.
Saint-Germain-de-Marencennes, cure. Collateur : Tabbé de la
Trinité de Vendôme.
Titulaire : Veillon (Jean), né le 1" juin 1734, assermenté,
remit ses lettres de prêtrise.
Saint-Mard, église paroissiale. Collateur : l'évêque de La
Rochelle.
Titulaire : Allion (Jean-Jacques), né le 22 février 1750, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, pensionné à 800 1.
Marsais, église paroissiale. Collateur : Tévêque de Saintes.
Titulaire : Fresneau (Jean-Thomas), assermenté, remit ses
lettres de prêtrise, fut très hostile à l'église catholique.
Péré, prieuré-cure. Collateur : le prieur de Saint-Gilles de
Surgères.
Titulaire : Saint-Blancard, assermenté, abandonna sa paroisse
el se retira dans les environs de Saint-Jean d'Angély, se rétracta,
revint dans sa paroisse.
Plyravault, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Vendôme.
Titulaire : Osmont (Pierre), assermenté, remit ses lettres de
prêtrise.
Saint-Saturnin-du-Bois, cure. CoUaleur : l'abbé de Montier-
neuf (Poitiers).
Titulaire : Gauthier (Jean-François), né le 29 janvier 1750,
assermenté, acquéreur des biens de la cure, procureur de la
commune, se maria le 23 janvier 1793.
Ricard'Estocard, chanoine de Bordeaux, exerça clandestine-
ment le ministère.
Saint-Pierre-d'Amilly, prieuré-cure. Collateur : le prieur de
Mauzé.
Titulaire : Payra (Joseph-Marie), né le 17 avril 1739, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, pensionné à 1.000 1.
Vandré, église paroissiale. Collateur : l'évêque de Saintes.
Titulaire : Augier (Louis), né le 7 janvier 1737, assermenté,
remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 1.000 1.
Rinjonneau (Louis-Barthélémy), né le 24 août 1751, dit ex-
I
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curé, domicilié à Vandré, assermonlé, pensionné à 800 1.. mourut
à Vandré en janvier 1824.
VouHÉ, église paroissiale. Collateur : X...
Titulaire : X...
Doyenné de Tonnay-Charenle,
Tonna y-Charente, prieuré-cure. Collateur : le prieur de Ton-
nay-Charente.
Titulaire : Bachelot (Elie), insermenté, émigra et mourut en
Espagne, fut remplacé par Frichon (Jacques-Bernard), asser-
menté, qui remit ses lettres de prêtrise, se retira à Parcoul et se
maria.
Coudreaud, vicaire constitutionnel, assermenté.
Viodé, de janvier à avril 18Ô1.
Imberl (Antoine), curé, et Février, vicaire, d'avril 1801 ù avril
1803.
Saint-Clément. Collateur : X...
Titulaire : X...
Saint-(^oi'ta\t-le-Cira\d. Collateur : Tévôque de Saintes.
Titulaire : Laiasle (i\icolas-Jac([ues-François), né le 13 avril
1720, assermenté, remit ses lettres de i>rêtrise, fut pensionné ^
1.000 1.
Pity-du-Lac, église paroissiale. Collateur : Févêque de Saintes.
Titulaire : Bille (Jean-Modeste), nommé en 1790.
Genouillé, prieuié-cure. Collateur : Févêque de Saintes.
Titulaire: Momjnind (Pierre), né le i octobre 1741, asser-
menté, remit ses lettres de prêtrise, pensionné à 1.000 1., fut
déporté à bord des pontons de Tîle d*Aix, se rétracta, revint dans
sa paroisse, mourut cuié de Genouillé, le 9 mai 1821.
Saint-Crépin, église paroissiale. Collateur : Févêque de
Saintes.
Titulaire : Lacouture (Jean-Haptiste), né le 7 novembre 1737,
fut professeur au collège de Saintes, assennenté, remit ses let-
tres de prêtrise, pensionné à 1.000 1., il se maria.
Durouzean (Louis), dit ex-curé, domicilié ù Saint-Crépin, pen-
sionné h 800 1., assermenté.
Li ssant, église paroissiale. Collateur : Févêque de Saintes.
Titulaire : Chaigneau (Jean-Baptiste), né le 28 novembre 1741,
assermenté, remit ses lettres de prêtrise, pensionné à 1.000 1.,
épousa sa niêre, et se retira à Candé, près Tonnay-Charente.
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MoRAGNE, église paroissiale. Collaleur : Tévèque de Saintes.
Titulaire : Landreau (Simon), élu député du clergé à rassem-
blée nationale; il fut nommé curé de Toinuiy-Charente le 24 avril
18()3 et mourut le A octobre de la même année.
Mlron, prieuré et vicariat perpétuel. Collateur : Tabbé de
Saint-Jean d'Angélj.
Titulaire : Deîaisny (Jac(|ues), assermenté, remit ses lettres de
prêtrise.
Saint-Hippolyte-dk-Biard, église paroissiale. Collateur : le
[>rieur de Soubise.
Titulaire : Tourneur, insermenté, fut emprisonné deux fois, et
remplacé par Tintrus (Juénet, ex-carme, assermenté.
AnrniPuiVrRK de Saint-Jkan u'Angély
Doyenné de Sainl-Jean d'Angély.
Saint-Jean dWngélv, église paroissiale. Collateur : Tabbé de
Sainl-Jean d'Angély ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaires : Déforis (Jean-Baptiste), né à Montbrison en 1735,
insermenté, émigra avec les autres religieux, ses confrères, au
nombre de douze, en 1792, et mourut à Burgo&; Jupin, curé
intrus, ordonné pendant le schisme, se maria à Saint-Jean d*An-
gély ; Boutinet, son vicaire, assermenté ; ils remirent leurs let-
tres de prêtrise. Desbarres, insermenté, qui émigra avec Défo-
ris, fut nommé vicaire en 1803, décédé chanoine honoraire, curé
des Eglises, le 19 août 1823.
Ternant, église paroissiale. Collaleurs : Tévêquc de Saintes
et Tabbé de Saint-Jean d*Angély.
Titulaire : Izambarl ; lors de la révolte de Varaize, il essaya
vainement de sauver le maire Latierce. L'Assemblée nationale
lui vota des félicitations.
Antezant, vicariat perpétuel. Collateur : Tabbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Pain (Et.-G.), deux fois emprisonné, insermenté,
mort aux Noire-Dames de Saintes, en 1796.
Chapelle-Baton, vicariat perpétuel. Collateur : Tabbé de
Saint-Jean d'Angély : ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Jamain (J.), assermenté, remit ses lettres de prê-
trise.
Saint-Pardoult, prieuré-cure. Collateur : l'abbé de Saint- Jean
d'Angély ; ancien revenu : 900 1.
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Titulaires : Lamaux, assermeiUé, devint, en 1793, procureur
de la commune ; Ollivier (Guillaume-Gilles), né le 27 juin 1749,
assermenté, remit ses lettres de prêtrise, fut pensionné à 800 1.
(Voir île d'Aix.)
AsNiÈRES, cure. Collaleur : Tévêque de Saintes ; ancien revenu:
3.000 1.
Titulaire : de Ribeaucourt, insermenté, émigra en Espagne,
revint en France et exerça clandestinement le ministère, décédé
prêtre habitué à Saintes, en 1812.
BiGNAY, prieuré-cure. Collateur: le prieur de Lomville (Angou-
lême) ; ancien revenu : 2.000 I.
Titulaire : Bernard, chanoine régulier de Chancelade.
VoissAY, église paroissiale. Collateur : Tévêque de Saintes ;
ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Duval, est à Voissay le 20 mars 1791.
CouRCELLES, curc. Collatcur : Tabbé de Saint-Jean d'Angély ;
ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Mouliérat, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Les Eglises d'Argenteuil, cure. Collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Girardin, assermenté, se retira à Saint-Georges,
décédé à Plassac le 18 mai 1825.
Vervant, église paroissiale. Collaleur : Tévêque de Saintes ;
ancien revenu : 1.600 1.
Titulaires : Clément (Jacques), né à Saintes en 1754, inser-
menté, resta dans sa paroisse, arrêté, conduit à Angoulême et h
Paris, condamné et exécuté le 4 janvier 1794. Darribat (Jean-
Baptiste), dit curé de Vervant, est détenu à Brouage.
FoNTENET, vicariat perpétuel. Collateur : Tabbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Bartaré, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
(A suivre,) P. Lemonnier.
IV
MOULE MÉROVINGIEN TROUVÉ A SAINTES
La lecture BONA donnée comme douteuse dans Tarticle sur le
moule mérovingien (Revue, XXVI, p. 386), me paraît aujourd'hui
beaucoup moins incertaine après nouvelles recherches. On peut
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admettre que le B est formé par deux boucles séparées posées
sur une barre. Le demi-cercle proviendrait de l'usure de la
pierre.
Je trouve deux exemples se rapprochant beaucoup du nôtre
dans l'inscription 136 du Nouveau Recueil des Inscriptions chré-
tiennes, de Le Blant, laquelle est du temps de Dagobert I*', date
que le nom de BORSA m'avait fait attribuer à notre pierre.
In second exemple de B se trouve dans l'inscription 264 du
même Recueil, qui l'emprunte au tome III du Bulletin de In
Société des Antiquaires de l/'Oucs/, 1884, p. 357. Ce texte est
sur une tombe provenant d'Antigny. Le B, à vTai dire, est pour
P. mais ce qui nous importe c'est sa forme : il a beaucoup d'ana-
loîïie avec celui de BOXA. Il paraît donc (|ue Ton soit autorise^
à lire ce nom et pas un autre. L'explication de la scène reste à
trouver. Ch. D.
SAINT-DOMINGUE A LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION
ET LA
QUESTION DE LA REPRESENTATION COLONIALE AUX ÉtaTS GÉNÉRAUX
(janvier 1788-7 juillet 1789)
D'après le livre de M. P. Boissonnade, professeur à FUniversité de Poitiers (1).
Voici, raconté en trois cents pages dont la clarté, la simpli-
cité, l'impartiale modération n'excluent ni l'abondance des
n^ctierches, ni de judicieux emprunts aux documents originaux,
un des épisodes les moins connus et à coup sûr les plus ori-
Lfinaux de la Révolution. Presque inaperçue des contemporains,
dans le tumulte de vingt-cinq millions d'hommes qui s'éveillent
ù la liberté et le fracas du vieil édifice national qui s'effondre,
c'est une véritable révolution provinciale à deux mille lieues de
la métropole : disons plutôt la prérévolution de Saint-Domingue.
Et ici, chose incroyable, seule ou à peu près l'aristocratie a
balayé l'autorité royale ; imaginez la Bastille rasée par le comte
d'Artois, le prince de Lambcsc et les Polignac ! Cette invraisem-
blance a été la réalité.
(t) Ce livre a été publié dans les Mémoires de la Sociélé des Ànliqaaires
de VOaest, t. XXIX, 1905.
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— 56 —
Nous l'avons bien oubliée, cette France des tropiques, de 660
kilomètres de long sur 200 de large, cette merveilleuse île de
Saint-Domingue, paradis colonial acquis en 1697 par le traité
de Ryswick, perdu en 1803, et dont le nom même ne frappe plus
guère nos oreilles qu'à l'occasion de coupons de rente impayés
ou retardés par le gouvernement des nègres. M. Boissonnade
nous apprend qu'en 1788 elle était le plus grand producteur de
sucre de l'univers, l'un des principaux marchés pour le café,
le coton, l'indigo, les bois de teinture, les cuirs. Son commerce
avec la France se soldait par 140.000.000 d'importations dans
la métropole et 52.000.000 d'achats en France. Sur 465 navires
employés à ce seul trafic et occupant quinze mille marins, 105
étaient consacrés à la traite des noirs. Sur un demi-million
d'habitants, on comptait à peine vingt-cinq mille blancs domi-
ciliés et majeurs : le reste, plusieurs centaines de planteurs,
résidaient en France. Parmi les principaux propriétaires, véri-
tables petits rois d'immenses domaines, nous trouvons quantité
de noms des provinces de l'Ouest, Poitou, Saintonge, Guyenne,
etc., dont plusieurs reparaissent à la tête du mouvement poli-
tique qui devait, en forçant illégalement les portes des Etats
Généraux devant leurs députés, faire poser brusquement contre
eux et faire résoudre, sans doute trop précipitamment, la ques-
tion de l'abolition de l'esclavage. Ainsi tomba un gouvernement
pourri par les abus, que le dévouement et les bonnes intentions
de quelques hommes mal soutenus et impuissants à maintenir
un régime caduc ne pouvaient sauver. La guerre civile et l'anar-
chie nègre firent le reste, et la France Occidentale disparut,
nous laissant à peine un vague souvenir.
« Qu'ont-ils fait d'Haïti, dit à Jules Huret un Américain, de
l'île admirable que les Français leur ont laissée dans des condi
tions de prospérité et de fertilité sans égales ? Vous y aviez
construit des docks et des routes plus beaux que n'importe les-
quels au monde. Vous leur aviez enseigné une religion humaine
et noble. Où en sont-ils à présent qu'ils y sont les maîtres
absolus ? Ils ont mis Haïti plus bas que le Soudan, ils en sont
revenus au fétichisme, au culte du serpent ; ils sont en train
de rétrograder jusqu'à leur ancien cannibalisme, à tous les vices
même les plus innomables : ils ont tué les mulâtres, ne les
trouvant pas assez noirs ; ils s'entretuent à tour de rôle. »
Le commerce de Saint-Domingue était particulièrement actif
avec l'Ouest de la France : farines de Moissac, de Nérac, de La
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- 57 —
Molhe Sainle-Héraye, vins et eaux-de-vie de Guyenne, d'Angou-
inois, morue el saumon salé des Sables d'OIonne, de Saint-
Jean de Luz et de Bayonnc, feuillards et cercles de barriques
de Poitou el de Bretagne, ânes du Mirebelais s'expédiaient par
nos ports, Bordeaux en tête, Marseille, Nantes, Le Havre,
Uouen, La Rochelle, les Sables, Bayonne ; le prix du fret oscil-
lait entre cent et cent vingt francs par tonneau : la prodigieuse
prospérité de nos i>orts était due en grande partie à ce trafic.
Mais des rivalités s*élevaient entre les commerçants français
et les colons soumis au Pacte colonial dont le maintien était
revendiqué par les chambres de commerce de Bordeaux et de
La Rochelle. « La destination de nos colonies, affirmait celle
de Bordeaux, est de consommer les produits de la métropole
et de vendre à celle-ci exclusivement leurs produits. » D'où Tin-
lerdiction de créer à Saint-Domingue aucun établissement indus-
triel sauf des briqueteries, fours à chaux, guildiveries pour pré
parer le sucre terré ou cassonade ; défense absolue d'y raffiner
le sucre, ce monopole étant réservé à la mère patrie. Pour pro-
téger les eaux-de-vie françaises, on limite l'introduction du
rhum, on interdit celle du tafia, on défend à Saint-Domingue
d'exporter le tabac colonial. A la France est réservé le mono
pôle du trafic des denrées coloniales, du transport des produits
français dans l'île ; toutefois Tinterdiction absolue du com-
merce avec les étrangers a été mitigée en 1761 par la création
d'un port franc el quelques exceptions.
Les Rochelais, en particulier, se montrent acharnés au main
tien des monopoles que veulent détruire les colons : dès 1754,
un colonial, Saintard, déclare les intérêts inconciliables.
La traite des nègres rapporte au commerce français dix-huit
pour cent ; le commerce des îles, en moyenne, dix pour cent.
L'incurie des planteurs, leurs habitudes de vie large, de jeu.
de débauches, motivent les ventes à terme, les avances des négo-
ciants français à quinze pour cent ; aussi les immenses fortunes
de Saint-Domingue fondenl-olles aussi rapidement (|u'ellps ont
été acquises : en 1788, la dette des planteurs envers les négo-
ciants est évaluée à trois cents ou cinq cents millions. D'où res-
triction du crédit, déchaînant dans l'île de formidables colères
e! le désir de profiler de la réunion des Etats Généraux pour
ruiner le monopole ou l'atténuer et arracher une certaine auto-
nomie économique et politique.
Une autre cause d'agitation, c'est la crainte de réformes pré-
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- 58 —
judiciables à rorganisalion de Tcsclavage el à la constitution
sociale qui faisait compter pour rien vingt mille hommes de
couleur libres, trois cent cinquante ou cinq cent mille nègres
esclaves, en face d'une population blanche inféconde de trente-
trois à quarante mille individus de tout âge, divisés d'ailleurs
en grands planteurs, dont beaucoup résidaient en France, petits
planteurs, c'est-à-dire négociants, gens de loi, médecins, entre-
preneurs, gérants, ouvriers ou petits commerçants, et enfin
ftelils blancs a ramassis d'aventuriers. »
« Le Poitou et l'Angoumois étaient représentés, notamment
dans l'aristocratie des planteurs, par les f\ohan Chabot, les
Curzay, les Mondion, les Arnault de La Ménardière, les La
Rochefoueauld-Bayers, h^s Beauharnais, les du Chilleau, les
Richard d'Ahnour, les Dexmier d'Olbreuse, les d'Aulichamp, les
Lescure, les Perraud de Saint- Amand, les Saulnier de Pierre-
Levée, les Descravayat de Belat, les Corlier de Coursac, les
Terrasson de Verneuil, les Dupré de la Bourdonnaye, les Creuzé
des Chatelliers, les Arnauld de Marsilly, les Dumoutier de La
Fond. On rencontrait dans la bourgeoisie dominicaine bien des
noms de familles poitevines, angoumoisinest, saintongeaises,
aunisiennes, comme ceux des Garesché, armateurs de La Ro-
chelle, des Piorry, des Ingrand, des Rasseteau, des Polony, des
Ducrocq. On en trouvait jusque parmi les ouvriers et les domes-
tiques. »
Les grands planteurs, membres ou alliés des plus grandes
familles françaises, résidant en France, étaient en lutte sourde
avec les propriétaires habitant l'île, dirigeant eux-mêmes leurs
exploitations, et tous étaient en rivalité avec les petits blancs.
Pas de distinctions d'ordres, à Saint-Domingue : le clergé,
réduit à quelques missionnaires ne forme pas une classe. « Le
blJanc le plus misérable se sentait et était jugé supérieur aux
mulâtres et aux nègres », séparés de lui par une distance infi-
nie ; deux castes seules : les blancs — et les nègres avec les
mulâtres traités en parias, quoique possédant un quart de la
propriété, industrieux, actifs, mais parqués à part, exclus de
toutes les charges et de tout mariage avec les blancs, privés
même du droit de légitime défense. « Un magistral au conseil
supérieur de l'île osa même proposer de leur enlever le droit
de propriété. »
Quant au bétail nègre, une partie des colons le traite avec
humanité sous un despotisme patriarcal ; beaucoup d'autres « en
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- 59 -
arrivaient aux traitements les plus barbares que puissent ima-
giner des tyrans domestiques » et la perte annuelle en esclaves
atteignait dix pour cent.
« L'esclavage, dit courageusement M. Boissonnade, (car il
faut à notre époque de Hour^etisme, un certain courage pour
élever la voix contre des traditions), était une des plaies hon-
teuses que l'antiquité avait léguées à la civilisation moderne et
que le système colonial avait ravivées. » En deux siècles ot
demi, il avait ravi 8 à 9.000.000 de créatures humaines à TAfri-
que, et on encourageait la traite par des primes.
« L'habitude qui émousse le sens moral et l'intérêt qui l'obli-
tère contribuaient à faire illusion aux planteurs sur la légitimité
de l'esclavage. Ils y voyaient une institution justifiée par une
tradition séculaire, une nécessité économique... considéraient
comme aussi légitime que la propriété de leurs plantations celle
du cheptel de nègres dont ils évaluaient la valeur en capital à
un milliard sur les trois milliards auxquels, non sans exagéra-
tion, s'élevait, disaient-ils, l'ensemble de la fortune de Saint-
Domingue. »
Madame Beecher Stovve met, dans la bouche d'un pasteur qui
se croit chrétien, cette justification de l'esclavage : « L'Ecriture
a dit : Le Seigneur a fait toutes choses belles dans leur saison. »
D'où il infère qu'il ne faut toucher à aucune des institutions que
nous a léguées le passé, sous peine d'aller contre la volonté
divine : l'immobilité musulmane est la véritable et pleine appli-
cation du principe.
D'autre part, ceux qui ont pu apprécier par eux-mêmes la
nonchalance, l'exécrable service, la rosserie des domestiques
nègres libres dans la Louisiane, rabattent beaucoup de l'enthou-
siasme qu'inspire la race nègre à l'auteur de la Case de l'Oncle
Tom ! Mais à qui la faute, si la race africaine arrachée à sa
patrie a, pendant des siècles, pâti sous le fouet du blanc, sans
culture, sans sympathie, sans secours ! Dans l'état actuel de
liberté dégénérant souvent en licence tempérée par le lynchage,
aux récriminations des blancs, l'homme noir, resté sauvage
sous le costume moderne qui le rend plus grotesque, ne peut-il
pas répondre : « Si je suis parmi vous, à l'état d'élément gênant
et réfractaire, à qui la faute ? Ai-je demandé d'y venir! »
Pareille réponse pourrait être faite par les descendants
innombrables des captifs arrachés par Titus et Adrien à la
patrie juive. Faudra-t-il toujours qu'au nom de traditions sacrées
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- 60 —
on rende la postérité d'une race responsable des imbécillités ou
des atrocités qu'on a fait subir à ses ancêtres ?
Nous invitons ceux qu'intéresse la terrible question de l'ave-
nir des nègres, à lire les derniers chapitres du livre de Jules
lluret : « De Xciv-Yorh à la Nouvelle-Orléans », où elle est
impartialement et spirituellement présentée.
M. Boissonnade nous fait assister à la lutte des deux prin-
cipes, personnifiés, l'un par la Société des Amis des Noirs,
fondée par Brissol en 1785 (presqu'en même temps que celle
de Londres qui date de 1787 et dont l'orateur fut le célèbre
Wilberforce), l'autre par le Comité colonial de Paris, fondé
vers le mois de mai 1788, par les partisans d'une représenta-
lion de Saint-Domingue aux Etats Généraux, minorité recrutée
surtout parmi les grands propriétaires résidant en France,
leurs adhérents de Saint-Domingue, aristocrates et négociants
ou colons placés dans leur dépendance, et soutenus dans l'île
par la Chambre d'agriculture du Cap, en France, par une élite
aristocratique de planteurs habitant Paris ou les ports, comme
les Nairac, les Journu, les Ladebat à Bordeaux, les^Garesché à
La Rochelle. Aucun des membres du Comité n'a habité de suite
à Sainl-Domingue : les deux tiers n'y ont jamais été, car l'ab-
sentéisme sévit parmi les grands planteurs et neuf dixièmes des
blancs aspirent à les imiter. Parmi ces grands planteurs de la
cour, on compte les Ségur, les Noailles, les Lévis, les La
Rochefoucauld, les Rohan ; le duc d'Orléans les encourage. A
la tête du mouvement, le comte de Reynaud, ancien gouverneur
de l'île, et le plus remuant de tous, le marquis de Gouy d'Arsy,
beau-frère du général allemand Wurmser. Dans les neuf mem-
bres du bureau, nous trouvons le duc de Choiseul-Praslin, le
duc de Brancas-Céreste, époux de Marie de Grandhomme de
Giseux, d'une vieille famille angevine, le marquis de Paroy,
époux de Louise-Elisabeth de Vaudreuil et son beau-frère
Joseph-Hyacinthe-François de Paule de Vaudreuil, tous, notam-
ment le dernier et sa sœur Marie-Joséphe, comtesse de Durfort
et de Duras et le marquis de Perrigny, époux d'Anne de La-
taste, nantis à Saint-Domingue de terres valant des millions :
c'étaient les milliardaires américains du XVIIP siècle !
Dans les listes des adhérents du Comité, figurent les comtes
de Noë, d'Autichamp, de Vergennes, les Macnémara, les de La
Ferronnays, la marquise de Mondion, et d'autres grandes
dames : cent quatorze sont de grands propriétaires résidant à
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— 61 —
Paris, soixante-douze habitent en province, entre autres les
comtes de Montigny, de Grieu, le vicomte Turpin de Crissé, le
chevalier des Minières, le capitaine de vaisseau de Buor de La
Charoulière, des armateurs de Bordeaux, La Rochelle, Nantes,
les Abeille, les Labal, les Saint-Macary, etc.
On siégeait à Paris, rue de Provence, et de là s'échappaient à
|)rofusion les brochures inondant Paris et Saint-Domingue.
Si Ton en cmit le ministre de la marine, La Luzerne, et Tin-
tondant de Saint-Domingue, Barbé Marbois, une minorité seule,
un tiers au plus des blancs, provoquait l'agitation dans Tîle :
d'après le Comité, au contraire, dès le mois d'avril 1788, assem-
blés « illicitement peut-être, mais non illégalement », presque
tous les propriétaires de l'île auraient agi auprès de leurs com-
patriotes résidant en France, pour faire solliciter des lettres de
convocation aux Etats Généraux.
Celte agitation est toute aristocratique : les comités du Cap,
de Port-au-Prince, des Cayes, sont formés en majorité de grands
planteurs, les comtes de Chabannes, O'Gorman, etc. M. de
Caradeux aîné, estimé le plus grand propriétaire de la plaine
de Port-au-Prince, type resté légendaire « fastueux, violent et
dur » : on y trouve un Garesché du Rocher, un de Mondion, etc.,
quelques gens de loi, quelques médecins : Polony et Gentillot,
beau-père du poitevin de La Fresselière, quelques gros négo-
ciants, dont Jean-Daniel Chaudruc, millionnaire.
Par contre, en France ou dans la colonie, de grands proprié-
taires, les marquis de Massiac, de Galliffet, de La Rochejacque-
lin, de La Rochefoucauld-Bayers, le vicomte Du Chilleau, etc.,
futurs organisateurs de la Société correspondante des colons
français, fondée en juin 1789, désapprouvaient et l'agitation, et
le but poursuivi par le Comité colonial ; nombre de résidants
de l'île auraient, d'après Barbé Marbois, protesté contre ses
agissements.
« A Saint-Domingue, dit M. Boissonnade, le mouvement par-
tait d'une ploutocratie : une faible minorité seule réclamait le
droit de représentation comme une arme contre les atteintes
qu'elle redoutait pour ses privilèges, sans se douter qu'elle
allait ainsi porter à sa domination un coup mortel. »
Il nous est impossible de suivre dans leurs détails les opé-
rations du Comité colonial en France, l'agitation commencée
dans la colonie par la Lettre au roi, du 31 mai 1788, où la
Chambre d'agriculture du Cap réclamait des Assemblées colo-
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— 62 —
niales périodiques de propriétaires élus par les colons, proles-
taiil, en se faisant l'écho d'intérêts de clocher, contre la fusion
opérée de deux conseils supérieurs en un seul établi à Port-au-
Prince, qu'ils proposent de remplacer par trois tribunaux de
propriétaires substitués aux magistrats ; contre le relèvement
de la capilation payée par chaquo nègre, tout en réclamant plus
justement contre le mode employé pour assurer les concessions,
et contre les abus des réunions, (retour de la concession au
domaine public en cas d'infraction aux ordonnances ou forma-
lités). Surtout ils demandent Taboliton du Pacte colonial, du
monopole des transports accordé à la métropole, et la liberté du
commerce avec Tétranger.
Mais n'allez pas chercher ici la moindre idée libérale au sens
de 1789 I Ils maintiennent rigoureusement leurs droits de pro-
priété et leurs privilèges de caste (la caste blanche toute noble
à leurs yeux) contre les mulâtres, et demandent le retour au
fouet, à la marque, aux galères pour réprimer le moindre vol.
Ln parti puissant encore s'oppose aux améliorations apportées
par les administrateurs au régime de l'esclavage en 1784 et
1785.
« Il est presque impossible, dit l'intendant Barbé Marbois, de
prouver la barbarie des maîtres... ils n'ont d'autres témoins que
des blancs aussi coupables qu'eux ou des nègres dont le témoi-
gnage n'est pas reçu en justice. » Le zèle éclairé, l'impartiale
fermeté que l'intendant déploie dans la répression des abus,
soulèvent contre lui l'animosité de tous les hauts malfaiteurs
dont il a lésé les intérêts. Il en est et en sera toujours ainsi, à
Saint-Domingue comme ailleurs, chacun réclamant toujours la
liberté et la justice avec l'éternelle et universelle restriction
mentale : « la mienne, parce que je suis dans la vérité. »
La suppression du Conseil du Cap où il se flattait d'être
nommé procureur général, jeta dans l'opposition le savant col-
lectionneur Aloreau de Sainl-Méry, né à la Martinique d'une
famille poitevine, et ce magistrat « s'est déclaré le champion
de la vermine judiciaire dont il était si essentiel d'arrêter les
rapines. » Nous connaissons tel haut magistrat, victime des
rancunes de semblable vermine.
Chargé par la Chambre d'agriculture du Cap d'une mission
officielle auprès du roi et du ministre, Jean Barré de Saint-
Venant, capitaine de milices de l'île, d'une famille poitevine, se
mit en rapport avec le gouverneur désigné de l'île, le marquis
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— 63 —
(lu Chillcau, son compatriote, qu*il avait sans doute rencontré
dans ses propriétés de la Gâtine voisines de Niort, vers le 16
juillet 1788, et voilà du Chilleau prévenu contre Tinlendant, son
futur collaborateur.
La Lettre au roiy en réclamant au nom de l'importance du
commerce de Saint-Domingue la convocation des électeurs
pour nommer des députés aux Etats Généraux, déclare que
tous les colons élant ^aux, soldats, par conséquent tous nobles,
ces députés ne doivent voter qu'au milieu de Tordre de la
noblesse.
I^ 15 juillet, l'assemblée des planteurs convoquée à Paris,
envoie une circulaire d'adhésion au Comité ; ses correspiondants
étaient à Bordeaux les Perry, à Rocheforl Hèbre de Saint-Clé-
ment, qui rassembla les signatures de tous les habitants de
Rochefort propriétaires à Saint-Domingue. Et voici la guerre
de pamphlets allumée : « Un mot à Voreille, Confession géné-
rale, etc. Vœu patriotique d*un Américain sur les Etats Géné-
raux », réclamant pour l'île (ou plutôt pour les quatre mille
blancs partisans d'une députation), neuf députés, quand deux
cent mille âmes dans la sénéchaussée d'Angoulôme n'en ont
que trois ! et signifiant que « s'ils ne sont pas admis à l'assem-
blée, ce qui y aurait été arrêté leur serait étranger. »
Sur la requête présentée au ministre de la marine, La Luzerne,
et remise au roi, ce ministre admet le principe de la représen-
tation, mais est d'avis d'attendre d'abord le résultat d'une
enquête pour savoir si vraiment les colons la désirent, et surtout
h décision même des Etats Généraux, aucune puissance euro-
péenne n'ayant encore admis les députés des colons à siéger
dans les assemblées de la mère patrie, le temps d'ailleurs man-
quant pour la convocation à une assemblée dont la réunion,
fixée d'abord à 1792, va être avancée. Cett« opinion est parta-
gée par le Conseil d'Elat qui accorde une Assemblée coloniale ;
le roi interdit au ministre de reconnaître, même indirectement,
les prétentions des neuf commissaires. Le Comité adresse au
ministre une nouvelle requête accompagnée d'un Plan de con-
vocation pour l'élection des députés (si^eant toujours bien
entendu dans l'ordre de la noblesse), à élire par les proprié-
taires d'au moins vingt-cinq nègres, et parmi ceux qui en pos-
sèdent au moins cinquante. On ne saurait, disent-ils, considérer
les colonies du même point de vue qu'avant la guerre d'Amé-
rique ; f exemple de la scission provoquée par les Anglais doH
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- 64 -
être médité,., si Ton porte atteinte à leurs droits, elles pourront
ne pas reculer devant la révolte.
Vue requête au roi tendant à saisir de la question l'Assem-
blée des Notables resta sans réponse ; de nouvelles requêtes
présentées directement aux présidents de leurs bureaux n'ont
pas plus de succès. Le règlement électoral du 24 janvier 1789
reste muet sur Saint-Domingue : les colons forceront, que dis-
je ! ont déjà commencé à forcer Tentrée des Etats Généraux.
Que faisaient cependant le gouverneur par intérim de Vin-
cent et Barbé Marbois ? Ils sollicitaient des ordres du roi pour
prendre une attitude et se taisaient en les attendant. Le nou-
veau gouverneur, du Chilleau, apportant dans l'île, le 21 décem-
bre 1788, pour toute instruction, que le ministre « s'en remet à
la prudence des administrateurs », trouve, d'après l'intendant,
les trois quarts des planteurs opposés aux prétentions du Comité
colonial ; mais le 8 novembre, la Chambre d'agriculture du Cap
annonçait à l'administration sa résolution d'obtenir une repré-
sentation pour les colons, et, d'accord avec celle de Port-au-
Prince, décrétait elle-même la forme de convocation des assem-
blées primaires des paroisses chargées de nommer chacune
deux électeurs qui formant les assemblées secondaires du Cap
français, de Port-au-Prince, des Cayes, nommeront pour chaque
province sept députés dont quatre pris dans la colonie, trois
parmi les grands planteurs résidant en France : total vingt et
un députés ; laissant au roi le soin de déterminer s'ils feront
partie de la noblesse ou du tiers. Des comités se forment, dont
les séances restent secrètes jusqu'en septembre ou octobre 1789.
Le 19 décembre 1788, les administrateurs proposent au minis-
tre de mettre fin à ces manœuvres illégales en consultant les
colons eux-mêmes, et le 31 décembre autorisent les colons à
exposer leurs demandes par lettres et requêtes signées au plus
de cinq personnes, à faire connaître ainsi leurs sentiments pour
ou contre l'admission d'une représentation coloniale.
Mais déjà, invoquant le droit naturel^ les 21, 28 décembre,
1*' et 27 janvier, des assemblées primaires étaient tenues dans
presque toutes les paroisses de la province du Cap ; celles de
l'Ouest les rassemble en janvier et février, celle du Sud en
mars. Partout, d'après même Chachereau, partisan du mouve-
ment, elles ne réunirent qu'une minorité des blancs, douze à
quinze par exemple au quartier de Saint-Marc, possédant cha-
cun vinut-cinq nègres, ce qui supposait une fortune de 200.000
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- 65 —
li\ Tes ! Un tel cens fixé par le Comité excluait du vote les trois
quarts des hommes libres. On prétendait appuyer le droit
d'élire sur les arrêts du conseil portant que l'intention du roi
était que toutes les provinces dii royaume envoyassent des dépu-
tés.
Les assemblées secondaires (quarante-sept électeurs pour
vingt et une paroisses du Nord, dix-neuf pour les douze du sud),
composées de propriétaires de cinquante nègres nommèrent :
pour la province du Nord, MM. de Laborie, Viau de Thibau-
dière, Arnauld de Marsilly, Larchevôque Thibaut, le marquis
(le Rouvray, Auvray, Lefebvre, résidants, le marquis de Paroy
et de Gouy d'Arsy, les comtes de Reynaud et de Vaudreuil,
Duplaa, le comte de Noé, Chabanon des Salines, Levasseur de
Villeblanche, né à Rocheforl, capitaine des bombardiers de ce
port, propriétaire demi-millionnaire dans Tîle, soit quinze dépu-
tés, chargés de « veiller au maintien des droits et à la conser-
vation des privilèges des colons et d'obtenir le redressement de
leurs griefs.» Les procès-verbaux furent déposés chez un notaire,
enregistrés, légalisés, scellés du sceau de justice par le juge
sénéchal du Cap.
Celle de l'Ouest en élit quinze, dont six résidant dans l'île :
les comtes de Chabannes, O'Gorman, le marquis de Cocherel,
de Cottineau, Vincendon du Tour, le chevalier de Courréjolles ;
neuf résidant en France : le duc de Choiseul-Praslin, les mar-
quis de Gouy d'Arsy, de Paroy, de Perrigny, les comtes de
Vaudreuil, de Reynaud, de Magallon, le chevalier Dougé, M. de
Peyrac. Cocherel "devait un jour porter les armes contre la
France à Saint-Domingue dans les rangs des Espagnols et des
Anglais : Louis XVIII le fit maréchal de camp.
Celle du Sud, le 10 mars, élit trois résidants, le chevalier de
Loménie de Marmé, Duval de Monville, Gérard cadet, et quatre
domiciliés en France, le duc de Choiseul-Praslin, le marquis de
Perrigny, le contre-amiral Le Gardeur de Tilly, d'une famille
normande fixée en Saintonge, Bodkin Filz-Gerald.
Ainsi quatre mille blancs s'attribuent une représentation de
trente-sept députés, vrai produit d'une coterie aristocratique :
chacun d'eux recevait sur des cotisations volontaires vingt-cinq
mille livres d'indemnité, tous frais compris.
Le cahier des doléances de la province du Nord, seul con-
servé, réclame le maintien du privilège de la colonie de s'impo-
ser elle-même, la réforme des pouvoirs du ministre de la marine
Bulletin. 6
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— 66 —
et des adminislraleurs, la création d'assemblées provinciales
approuvant les règlements, mais la soumission des petits blanc><
à la police militaire et à la juridiction des lieutenants criminels,
les grands blancs restant justiciables des conseils, et la forma-
lion d'une magistrature prise exclusivement parmi les grands
propriétaires, véritable reconstitution d'une féodalité, la prohi-
bition des mariages entre libres et esclaves, sauf une permis-
sion écrite accordée sur la demande seule des assemblées pro-
vinciales. En fait, c'était une prohibition absolue. « Le concu-
binage, dil M. Boissonnade, eut continué à demeurer la condi-
tion légale de la plupart des colons » et l'illégitimité des mulâ-
tres la règle générale. On réclamait enfin l'ouverture de trois
ports au commerce anglo-américain.
Ainsi cette aristocratie ,sous couleur de liberté, ne deman-
dait en somme que le maintien de ses privilèges, surtout des
privilèges de races. « Toute la colonie se souleva contre les
auteurs de ce cahier injurieux aux colons et contraire à leurs
véritables intérêts. » Dès la fin de 1789, les signataires sont
exclus des assemblées.
Les gens de couleur se fondant sur Tédit de 1685 pour procla-
mer qu'ils étaient, comme les blancs, pourvus de toutes les
prérogatives civiles et politiques des colons, on voit d'ici poin-
dre la future révolution qui devait faire aboutir l'agitation aris-
tocratique à la chute de la race blanche toute entière. Sic vos
non vobis. Un riche mulâtre, Jules Raymond, quitte l'Angou-
mois et vient à Paris relancer la Société des Amis des Noirs.
D'autres mulâtres pétitionnent pour être admis aux Etats Géné-
raux) : la question d'égalité des mulâtres et des blancs était
posée.
Bafoués par la Chambre d'agriculture du Cap, n'obtenant à
leur enquête que cent soixante-six réponses, dont soixante-
quinze seulement favorables au projet de représentation, pres-
que tous les douze mille blancs s'étant abstenus, les adminis-
trateurs déclarent qu'ils en réfèrent au roi. Le comité électoral
de Port-au-Prince les brave, annonce que les élections de parois-
ses sont faites et que dans le Nord « un seul être, nommé Bellier,
a osé écrire contre l'admission. »
Retenons au passage ce mot du style emphatique et violent,
qu'on nomme révolutionnaire, style commun à tous les partis
et que tous emploieront à l'envi jusque dans les factums de
1815.
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- 67 —
L'adraifiislration ne fil rien pour s'opposer aux élections : nul
indice qu'elle se soit départie du rôle passif. Le 10 avril, elle
annonce que le roi a décidé que les colonies ne nommeraient pas
(le députés,, sauf à la convocation subséquente « si tel est leur
vœu el celui des Etals Généraux. » La Chambre d'agriculture du
Cap repousse la promesse d'une Assemblée coloniale et proteste
contre toute décision des Etats Généraux qui pourrait préjudi-
cier à la colonie. On est loin de l'esprit de la Fédération !
Le gouverneur du Chilleau proroge, contre l'avis de Barbé
Marbois, une autorisation d'introduire des farines étrangères,
accordée par crainte de la famine ; l'intendant fait casser Tor-
donnance au Conseil du roi : du Chilleau, devenu l'idole des
grands planteurs, se fait rappeller en France. L'intendant,
débordé, voit enregistrer publiquement les pouvoirs de la dépu-
lation qu'il a déclarée illégale et qui s'embarque aux applau-
dissements des partisans du Comité. En fait, il n'existe plus
d autorité française à Saint-Domingue.
A Paris, la lutte s'engage entre le Comité des Colons et la
Société des Amis des Noirs. Repoussé par Necker et La Lu-
zerne, le Comité use de l'influence de quelques grands planteurs
élus députés de la noblesse en France, tels Choiseul-Praslin,
Paroy, Vaudreuil, l'inévitable Gouy d'Arsy, etc. A l'assemblée
des nobles du premier département de Paris (Cité et Grand Châ-
telel), figure Aubert du Petit Thouars, de la famille d'un des
meneurs de la Chambre d'agriculture du Cap ; dans les assem-
blées du tiers, quartier Saint-Eus tache, on trouve Moreau de
Saint-Méry, et parmi les députés élus, Malouet.
Gouy d'Arsy et d'autres députés de Saint-Domingue sollici-
tent en faveur de leur admission aux Etats Généraux les assem-
blées de la noblesse de Paris, celle du tiers, celle du clergé el
de la noblesse de Paris hors les murs qui accueillent favorable-
ment leur requête.
Les Amis des Noirs, Brissot, Condorcet, répondent par une
demande d'abolition de la traite et de réforme de l'esclavage :
sur la question de la députation, ils se divisent, Brissot et Con-
dorcet y résistent, Joseph Chénier l'admet. Devant l'élection de
La Rochefoucauld, Siéyés, La Fayette, Mirabeau, Pélion, Robes-
pierre, Grégoire, et la demande d'abolition de la traite formu-
lée dans quarante cahiers, le colonial Moreau de Saint-Méry
laisse échapp)er l'aveu que « le sort des nègres doit être adouci.»
D'autres périls menacent la députation coloniale : les dépu-
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— es-
tes des ports et des villes manufacturières, en effet, réclament
lo maintien du Pacte colonial^ et les planteurs conservateurs
vont organiser avec Beauhamais et d*Espréménil le Club de
Thôtel Massiac pour combattre le Comité colonial.
Dans son discours d ouverture des Etats Généraux, Necker
admet qu'un jour peut-être, les Etats associeront à leurs déli«
béralions les députés des colonies, promet de maintenir, en les
réduisant de moitié, les primes accordées à la traite des noirs,
ajoutant que lorsque la question de la députation coloniale sera
tranchée, les députés « jetteront un regard de compassion sur
ce malheureux peuple dont on a fait tranquillement un barbare
objet de trafic. » Au fond, le ministère abandonna aux Etats
Généraux le soin de décider Tadmission ou le rejet des dépu-
tés de Saint-Domingue.
Sur les trente et un po&tulants, quinze résidaient en France ;
\à 13 juin, huit sont à Versailles, neuf autres débarqueront de
juin à septembre.
Le 8 juin, cette députation présente aux trois ordres un pla-
cet pour être admise dans l'Assemblée à laquelle ils n'ont été
convoqués que par leur coterie.
Froidement accueillis par la noblesse, ils se contenteront de
siéger avec le tiers qui leur accorde la séance sans suffrage,
sauf à statuer après examen de leurs pouvoirs, et la discussion
s'engage dans les publications, brochures, etc. On invoque en
leur faveur le précédent du Vivarais, oublié aux convocations de
1614, admis malgré cette irrégularité. « Les colonies deman-
dent vingt-quatre députés, faisait observer, non sans raison,
Mirabeau, en se fondant sur le rapport qui existe entre la popu-
lation des îles et celle de la France..., nous leur demanderons
si elles prétendent ranger leurs nègres dans la classe des hom-
mes ou dans celle des bêtes de somme. Si les colons veulent que
leurs nègres soient hommes, qu'ils les affranchissent, qu'ils
soient électeurs, qu'ils puissent être élus. » Même raisonnement
dans les brochures de Brissot (Plan de conduite) ; trente-huit
mille libres ne donneraient droit qu'à trois députés ; pour huit
cent mille habitants, le Tiers, à Paris, n'en a que vingt !
Les communes d'Angleterre venaient justement de voter, sur
une motion de Wilberforce, la nomination d'une commission
pour l'abolition de la traite et la réforme de l'esclavage. « Tant
que le Comité colonial n'aura pas d'avance consenti à l'abolition
de la traite, écrit Brissot, qu'on refuse aux colons le droit de
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— 69 —
dépiitalion ! » (Lettre à MM, les députés). Les quinze mille gens
(le couleur libres n*ont eu aucune part aux élections ; on peut
tout au plus, pour cette fois seulement concéder aux blancs un
député. El le 6 juin, les Amis des Noirs réclament l'abolition de
la prime de traite et la nomination d'une commission analogue
à celle de la Chambre des communes.
Les craintes des grands planteurs stimulent la hardiesse de
leurs démarches ; le 19 juin, quatre comités préparaient les
rapports sur les élections contestées et sur celles de Saint-
Domingue, défendues par Gouy d'Arsy. Les planteurs, disait-il,
« ont deviné en quelque sorte, dès le 8 janvier dernier, les for-
m«^s que le Conseil du roi ne prescrirait en France que le 24
du même mois » et contre le défaut de convocation, il arguait
(lu précédent du Vivarais et du droit naturel. « On sait, osait-il
(lire, ce qu'il en a coûté à l'Angleterre de discuter cette ques-
tion les armes à la maîn plutôt qu'avec les lois invariables de
la raison et de l'équité naturelle. »
r^ rapport eut-il été alors favorable ? Qui le sait ? Et voilà
ces aristocrates qui, oubliant leurs prétentions hautaines, se
lacent adroitement, mais hardiment, dans le mouvement du
Tiers-Etat. Le 20 juin, à la séance du Jeu de Paume, sept des
leurs, Gouy d'Arsy en tête, viennent demander la permission
de s'unir provisoirement à la nation en prêtant le même ser-
ment. « La colonie, s'écrie-t-il, se donne à la Nation : elle s'ap-
pellera désormais Colonie Nationale ! » et il profite de la cir-
constance pour distribuer un Précis de la question, plaidoyer
pro domo, « Compagnons des députés des communes au jour
du péril, dit M. Boissonnade, ils allaient comme eux profiter de
la xicloire. »
Le 21 juillet s'ouvre la discussion à l'Assemblée Nationale.
Prieur de la Marne, rapporteur. « a plutôt plaidé leurs raisons
que rapporté leur cause », dit Mirabeau. Favorable à l'admis-
sion définitive, la commission hésitait sur le nombre de dépu-
tés à recevoir : moitié accordent vingt députés, moitié douze
seulement.
La reconnaissance pour leur adhésion au serment du Jeu de
Paume empêche l'examen de la régularité de leurs pouvoirs :
« on les crut patriotes, tout fut dit ! » et on les admit à l'unani-
mité, renvoyant à plus tard la question de leur nombre.
Les adversaires profitent de ce délai pour tenter un dernier
effort.
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— 70 -
Duquesnoy remarque dans son Journal qu'on n'avait pas dis-
cuté le fond de la question. « Nous n'avons, écrit-il, ni sur la
population, ni sur les contributions, ni sur la qualité des repré-
sentants et de leurs droits, des renseignements assez certains
pour prendre une détermination. Il est assez frappant que parmi
les députés il n'y ait que des propriétaires planteurs résidant
en France. C'est une grande question dans le droit, de savoir
(juelle doit être l'influence de l'autorité royale sur cette repré-
sentation et si la sanction du roi est nécessaire pour confirmer
noire détermination. » Corsas, dans le Journal de Versailles,
remarque qu'on n'a admis pour électeurs ou éligibles que des
propriétaires planteurs ayant les premiers vingt-cinq, les
seconds cinquante têtes de nègres... représentants en proportion
des esclaves qu'ils enchaînent, tous propriétaires, principe qui
n*a pas été suivi en France,
Il faudrait lire toute la charge à fond de Mirabeau, dans sa
XIV* Lettre à ses commettants^ et Condorcet plaçant en regard
de la profession de foi du député d'une nation libre, celle d'un
colon défenseur de l'esclavage, conservateur du « despotisme
asiatique », dont l'intérêt est l'unique loi à laquelle il sacrifie
la liberté et l'égalité. « Dans leur bouche, le mot sacré de droits -
(>sf un blasphème contre la raison. » Brissot, Réflexions sur
Vadmission, met le doigt sur la plaie. « Il est impossible d'assi-
miler Saint-Domingue à une province de la métropole ». Déjà
il préfère le système d'autonomie des colonies anglaises avec
une assemblée coloniale. Et toujours, comme un poignard
retourné dans la plaie, toujours la question des nègres. « Pour
prix de la captivité rigoureuse dans laquelle ils tiennent cinq
cent mille hommes, ils demandent leur admission dans le Sénat
d'un peuple libre. »
Si l'on souscrit à leur raisonnement tendant à leur accorder
quarante députés vu les six cents millions auquel s'élève d'après
eux leur commerce, Paris devra en avoir des centaines.
Le Club Massiac présidé par le marquis de Galliffet, compre-
nant le maréchal de Ségur, la Rochejacquelin, la Rochefou-
cauld-Bayers, le comte de Mondion, le Vicomte du Chilleau,
Madame de la Chevalerie, le comte du Chastel, etc., vient à la
rescousse contre leur admission, dans la crainte que la rançon
de l'octroi d'une députation ne soit... l'abolition de l'esclavage
par une assemblée où les coloniaux seront un contre deux
cents, et protestent d'avance au cas où on les recevrait.
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— 71 —
Il était Irop tard ; TAssemblée Nationale ne pouvait se déju-
ger; leur nombre seul fait question. Le 3 juillet, Mirabeau veut
les réduire à quatre, d'autres proposent douze. Gouy d'Arsy
demande vingt, puis dix-huit. On tente vainement de rouvrir la
discussion au fond sur la protestation du Club Massiac.
A l'appel nominal, sur les douze cents députés, la plupart des
privilégiés encore réfractaires à la réunion des ordres s'abstien-
nonl. Sur sept cent cinquante-six votants, cinq cent vingt-trois
accordent six députés ; les autres élus, considérés comme sup-
pléants, auront une place marquée dans la salle. Le 7 juillet, ils
opèrent sur eux-mêmes la réduction votée, et en déflnitive
l'Ouest de l'île est représentée par de Cocherel et Gouy d'Arsy,
h \ord par Larchevêque-Thibaud el Thébaudière, le Sud par de
Porrigny el Gérard. La démission des deux derniers rend titu-
laires leurs suppléants, de Villeblanche et de Reynaud.
L'admission de ces députés mit à l'ordre du jour toutes les
grandes questions qui se posaient à propos des colonies : tout
au moins elle hâta la discussion et la solution trop rapide sans
doute qui leur fut donnée quelque temps après.
L'administration de la colonie vit crouler ipso facto son auto-
rité ; celle du Conseil el du roi lui-môme s'effondra par contre-
coup ; dès l'automne, partout les blancs organisent des muni-
cipalités, des assemblées, des milices, et la guerre civile se
déchaîna.
Et déjà Mirabeau parlait d'abandonner les colonies à leurs
l)i»opres soins avec une entière indépendance, et de « se prépa-
rer d'avance des consolations pour les événements auxquels on
peut s'attendre. » « Cet état d'esprit qui se propagea peu à peu,
dit M. Boissonnade, explique la facilité avec laquelle une par-
tie de l'opinion, la plus éclairée, devait se résigner à la perte
des colonies. »
Ne pourrait-on, à l'heure actuelle, faire hélas des réflexions
analogues au sujet de certaines de nos colonies, et serait-il anti-
patriotique de se détacher de celles où nous n'aurons plus
jamais rien à espérer, de celles qui sont fatalement et inexora-
blement attirées dans l'orbite d'autres nations, d'autres races,
de celles pour lesquelles nous ne sommes que le banquier, qui
ne nous rapportent guère que la facilité de « caser des non-
valeurs » en hommes à charge par elles de nous payer de la
même monnaie. Ne vaudraît^il pas mieux les céder délibérément
que de leur réserver le sort de Cuba et reporter ce qui nous
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— 72 —
reste d'énergie sur des possessions plus rapprochées, dont le
lien semble mioins fragile ?
Mirabeau, d'accord sur ce point avec le Comité colonial, favo-
risait d'ailleurs les attaques dirigées contre le Pacte colonial,
contestant que la métropole y trouvât même un avantage écono-
mique, et ajoutant « on a peine à défendre les colonies à sucre
contre les invasions anglaises et elles ne sont nullement des
moyens d'attaque. » Après plus d'un siècle écoulé, cet argu-
ment n'aurait guère j)crdu de sa valeur. Mais les partisans de
Id thèse opposée, les adeptes du monopole commercial fran-
çais, députés des ports ou des villes manufacturières, étaient
plus nombreux.
L'agitation provoquée par les grands planteurs, tout en soule-
vant les petits blancs contre les grands blancs dès la fin de 1789,
posa à l'Assemblée la question d'égalité des droits entre les
mulâtres et les blancs. Représentants d'une minorité, les dépu-
tés attirèrent sans le vouloir l'attention sur cette anomalie. Mira-
beau revient à la charge : le 3 juillet, à la tribune, il demande
de quel droit ces vingt blancs représentent les hommes de cou-
leur dont ils n'ont reçu aucun mandat. « Croient-ils que ces
hommes qu'ils ont exclus, nous ne les représentons pas ? » El
Garât d'insister : « Ils nous ont fait dire que s'ils ont exclu les
mulâtres, c'est parce que, liés par le sang aux vrais esclaves,
ils sont naturellement les ennemis des blancs. J'en concluerai
que les colons sont les ennemis de ces hommes, et que dans
aucun cas un ennemi ne peut être le représentant de son ennemi.
Si les hommes de couleur étaient représentés dans cette assem-
blée, doutez-vous qu'ils ne vous disent : « Nous sommes des
hommes, nous sommes libres, nous voulons que les emplois
publics entrent dans nos espérances et dans nos récompenses. »
Doutez-vous qu'un tel discours, s'il était entendu dans cette
assemblée par des colons, ne leur parût une espèce de blas-
phème ou de révolte qui ne pourrait être expié par les plus
grands châtiments ? Sont-ce là les mômes intérêts ? »
Et Gouy d'Arsy choqua bon nombre de constituants le 3
juillet, en avouant que les blancs considéraient les mulâtres
comme des ennemis qu'il fallait laisser dans leur état d'abaisse-
ment en raison de leur oriprine et auxquels il serait dangereux
d'accorder la moindre influence, les blancs ne formant pas le
vingtième de la population de l'île. Effrayé du résultat de ses
aveux, le lendemain il chante la palinodie. « Les lois françaises
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— 73 -
les avaient exclus de nos assemblées, nous ne pouvions de nous-
mêmes les y admettre ! Quelqu'un a dit qu'ils étaient nos enne-
mis ; je soutiens qu'ils sont nos amis, puisqu'ils nous doivent la
liberté ! »
Mais déjà on réclame en faveur des mulâtres, et le 4 août,
\rs députés de l'île sollicitent le ministre de la marine, vu l'an-
nonce de rinsurreclion, « d'interdire aux nègres et mulâtres
résidant en France de repasser en Amérique. » Raymond aîné
et les Ogé groupent une centaine de mulâtres, provoquent des
adhésions, rédigent un cahier de doléances, réclament le 19
octobre à l'Assemblée l'admission d'un député pour les repré-
senter ; La Fayette, Mirabeau et d'autres les appuient, deman-
dent l'assimilation des mulâtres et des nègres libres aux blancs
et la discussion à peine ouverte déchaîne l'anarchie â Saint-
Domingue.
Le 27 juin, La Rochefoucauld demande qu'on s'occupe de la
liberté des nègres ; adhésion presque unanime ! Le 4 juillet,
Mirabeau insiste sur la cessation de l'esclavage. Ironiquement,
Oouy d'Arsy se déclare prêt à accepter ces réformes « si
l'Assemblée trouvait dans sa sagesse les moyens d'allier la con«
servation des colonies, les propriétés des colons et l'entretien
de leurs ateliers avec l'abolition de l'esclavage, et de la traite »,
mais écrit qu'en affranchissant les nègres achetés, en suppri-
mant la traite, on violerait la propriété des colons. En élisant
des députés à l'Assemblée, n'avaient-ils pas d'avance souscrit
aux décisions de l'Assemblée f
« Ainsi, dit M. Boissonnade, dans une conclusion que nous
ne saurions trop approuver, l'attention des réformateurs se
trouva appellée sur deux vices séculaires qu'aucune société,
depuis les origines de la civilisation, n'avait eu le courage de
condamner et de détruire : l'inégalité des races et la servitude
humaine. En abordant résolument leur examen, la Constituante
prit en même temps que le Parlement d'Angleterre, une initia-
tive qui est une de ses gloires et elle donna au monde civilisé
un exemple dont l'influence dure encore, pour le plus grand
bien de la cause de la justice et de l'humanité. »
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— 74 —
VI
LA. MUNICIPALITÉ DE SAINT-SAÏURNLN DE SÉCHAUD
(Suite).
Le 12 avril, une lettre du comité de surveillance de Saintes,
signée : Davigny, HiUairet, vice-président, Moreau, Le Roux,
J. Briault, indique que ce connité fut formé le 11 sur convocation
par le directoire du déparlement des corps constitués ; on a pro-
cédé aussitôt à la nomination dos membres pris dans les trois
corps ; il y a six membres (le sixième est Savary, dont le nom
vient en lêle des autres). Le comité a déclaré Levesquot père sus-
pect et requiert la municipalité de Tarrêter. — On répond qu'il
est parti de chez lui le jour de Pâques à six heures du matin : le
même jour on a reçu officiellement Tarrêté du département, on
Ta exécuté le lendemain comme l'indiquent les procès-verbaux
remis à Roui, commissaire du district pour le directoire. S'il se
présente, on l'arrêtera, ainsi que ceux qui paraîtront compris à
l'article 1" de l'arrêté.
Le 17 avril, le directoire du district tiemande l'avis du conseil
sur la pétition de la femme Chaudron, épouse de Louis Leves-
quot, qui veut s'installer dans sa maison, à Saintes ; le 19, le
conseil donne un avis favorable « pour sa tranquillité et la
nôtre », si la municipalité de Saintes se charg-e de la surveiller,
ce qui est accepté le 20 par le maire de Saintes, Boisnard et
Gilet, officier municipal. Le 30, on envoie les fusils saisis au
district ; le 29, la municipalité de Saintes constate l'arrivée de
ladite dame avec ses meubles, conduite par Guilliéux, maître de
prabare, « votre surveillance est un excellent véhicule ; il seroit à
désirer que toutes les municipalités se conduisent de même (1). »
Signé : Davigny, Canolle, Gilet, officiers municipaux,
Boisnard, maire.
(1) Délibéraiion du district de Saintes. Archives d a département de la Cfia-
ren le- Inférieure. L 99.-L. *265 bis, p, 1S1 v.
?9 avril 1793. pëance du soir.
n Voie f*emearant h Sigogne, canton de Jarnnc.
Le directoire assemblé qui a pris communication d'une requête présentée
par Mathieu Voie de Sitrogne, canton de Jarnac, par laquelle il donne con-
noissance qu*il a eu occasion de voir hier, chez Prouteau, la femme et la fille
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- 75 -
Le 31 mai 1793, le procureur de la commune requiert Tarres-
lalion de Sauvignon de Gibran, pour êlre conduit au directoire
du district.
Le 15 septembre, conformément aux conclusions du procureur
de la commune, le conseil rejette la pétition de Claire Couturier,
épouse de Mathieu Levcsquot, détenu au ci-devant couvent des
Suintes-Claires, du 6, tendant à la relaxe de son mari qui serait
utile chez lui pour faire loi^ \endangcs : à Tunanimité, il est détenu
comme parent d'émigré n'ayant pas obtenu de certificat de
civisme et n*a point demandé de mise en liberté pour la mois-
son ; il n*est pas plus utile pour la vendanp^e. Le peuple de cette
paroisse est très indigné contre lui et il y aurait peut-être du dan-
ger pour lui s'il se présentait.
Le 6 octobre 1793, on écrit le commencement d'un inventaire
de meubles de François-André Lévesquot fils, prêtre déporté,
fait en la maison nommée La Tour au bourg de Saint-Saturnin
(le Séchaud, l'acte est inachevé.
Cerlificals de civisme et autres, — Le 30 avril 1793, sur l'attes-
tation de Pierre Joseph, maître d'école, et de six autres témoins
(jui ne sont « ni parents, ni alliés, fermiers, domestiques, créan-
ciers, débiteurs, ni agents dudit certifié », la municipalité cer-
tifie que Nicolas Poitevin, (dont on donne le signalement). Agé
d.> 55 ans, demeurant au lieu de La Morinerie (on a raturé Fré-
fjonnière), paroisse d'Ecurat, réside sans interruption depuis
plus de vingt ans.
Des certificats de civisme : « considérant qu'il a toujours mon-
tré un entier dévouement à la chose publique... qu'il ne nous est
rien apparu de suspect depuis qu'il demeure dans cette com-
mune » sont délivrés : le 16 octobre 1793, à Pîerre-Barlhélémy-
Amable-Honoré Galtecheau, homme de loi aux Chauvins, et à
Abraham Jeandedieu Gouyneau, huissier ; le 30 frimaire an II,
à Pierre-Joseph Girardin, greffier de la justice de paix ; — le
de Levequoi. qu'il est mary cTiine Levenquot, qu'en cette qualité on lui a
proposé le parta^^e d'un liniçe considérable, la mère ne voulant se réserver
que son nécessaire ; comme il y a un Levequot émigré, il en instruit Tadmi-
nistrafion. Sur ce ouï le procureur syndic:
Nous sommes d*avis qu'il soit fait un inventaire sommaire des efTets mobi-
liers qui appartiennent A Levequot, motivé sur Témigration dhin de ses fils
qui doit laisser A la nation la portion virile qu'il auroit eu dans les biens de
ses pères, d'après la loi du ?8 mars dernier qui 6te aux pères la faculté de
disposer de leurs biens... VANDERQUAND, MOREAU, GAUTRBT ».
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— 76 -
23 nivôse, refusé à Tex-curé Ouvrard, par huit voix contre trois ;
— le 30 pluviôse, accordé derechef à Gouyneau ; — 19 pluviôse,
ii Gaillard, notaire, juge de paix, Hogé, chef de timonerie, Cochet,
officier municipal.
Comité de surveillance, — Le 26* jour du 2* mois de Tan II,
en vertu de décrets des 18 et 20 mars, le procureur de la com-
mune requiert que le conseil convoque les citoyens pour nom-
mer mi comité de surveillance ; le 4 frimaire, dans Téglise, après
reîilèvement des vases sacrés, l'assemblée des citoyens actifs
élit les douze membres de ce comité, sous la présidence d'âge de
Piorre Gallocheau, assisté de Gallocheau fils, on élit président de
l'assemblée, Tex-curé Ouvrard. Le comité de surveillance est
élu et se compose de Saturnin Yonnet, Etienne Yonnet, mar-
chand, François Violleau, propriétaire, Jean Vigneau, charron,
Pierre Videau, propriétaire, Roche, marchand, Pierre Joseph,
percepteur, Limail, négociant, Pierre Colas, cultivateur, Gallo-
cheau fils, cultivateur, J. Allemand, François Noureau (Chouet
démissionnant comme gendre de Videau).
(A suivre).
QUESTIONS
N* 797. — On s'occupe beaucoup en ce moment, par toute
la France, de reconstituer l'uniforme de la garde d'honneur
(1807-1808), qui se forma dans les villes où Napoléon P' devait
pass-er. Malgré resi)ace d'un siècle, c'est une entreprise difficile.
A Saintes, nous savons par les seules notes du général de
Bremond d'Ars, que le prix de l'uniforme d'un garde à pied
s'élevait à 300 livres et celui d'un garde à cheval à 2.000, très
grosses sommes pour l'époque où tout coûtait très cher. L'uni-
forme de l'infanterie devait être blanc à revers roses. L'équipe-
ment de la cavalerie, comprenant l'habit vert des dragons, col-
let et parements rouges, pantalon de Casimir blanc et bottes à
Técuyère (Revue, t. XXI, p. 52 et 53). Il n'est rien dit du cha-
peau, des épaulettes, du sabre, du cheval et de son harnache-
ment.
Si quelqu'un de nos confrères avait des indications à cet égard,
il ferait bien des heureux en les communiquant. D.
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- 77 —
LIVRES ET REVUES
Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, année
1905.
M. de Boislisle publie un mémoire sur le conseil et l'assem-
blée de 1699 pour le» affaires de la R. P. R, Pcu-mi les docu-
ments qui suivent ce mémoire, nous notons p. 236 : « Après les
affaires, il a été parlé de la demande faite par M. l'évoque de
Saintes. Il a reoours à la libéralité de S. M. pour établir des
vicaires dans plusieurs paroisses de son diocèse : il dit qu'ils
y seroient absolument nécessaires pour desservir ses paroisses
el pour rinstruction des nouveaux convertis ; qu'ils ne peuvent
subsister de la somme de 150 livres ; que les gros décimateurs
ne veulent rien donner au delà de cette somme, réglée par la
déclaration de S. M.; que les curés font très mal leur devoir;
que le pouvoir des évoques ne suffit pas pour les corriger,
qu'ils suscitent seulement des procès. Et c'est à celte occasion
que M. l'évêque de Saintes envoie un mémoire de ce qu'il croit
qu on pourroit faire pour achever la conversion des peuples de
Saintonge. (Il avait récemment annoncé la conversion sincère des
trois demoiselles Garnier, de Sainte-Hermine et de Belesbat
(II, 430, n® 131). Le conseil ne croit devoir faire attention à ce
mémoire.
Ce document inédit jusqu'ici, mais cité par M. Gachon (Revue
historique, 1904), est extrait des Papiers des Religionnaires aux
Archives nationales, carton II, 430, n® 130.
Le marquis de Venours, protecteur des victimes de l'intolé-
rance de Louis XIV, par M* H.-D. Guyot. Groningue, J.-B.
Wolters, 1906.
Dans le bourg de Balk, commune de Gaasterland, située dans
la province de Frise, il y eut de 1684 jusqu'en 1721, une église
wallonne assez ftorissante. Elle fut fondée par une association
de poitevins et de saintongeais et eut pour pasteurs quelques-
uns de ceux qui l'avaient été dans notre région.
Charles Gourjault, marquis de Venours, descendant d'une
famille du Poitou, et très dévouée au protestantisme, émigra en
1081. Il s'établit d'abord en Angleterre, puis à Amsterdam. Il
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— 78 -
avait l'esprit d'entreprise : il projeté d'abord de bâtir une mai-
son destinée à loger des demoiselles réfugiées pauvres, afin de
les élever dans la crainte de Dieu et leur apprendre la fabrica-
tion de la dentelle. En 1683, le marquis est établi à Harkm. Là,
il propose rétablissement d'une société de filles et veuves pro-
testantes françaises et celui d'une manufacture de droguet de
Poitou, de bas drapés et bonnets de Saint-Maixent. La manu-
facture ne fut pas installée, mais la société s'organisa et pros-
péra. Le marquis adressa, en cette même année, en juin 1683,
aux états de la province de Frise une requête aux fins d'obtenir
des terres en Frise qui pourraient être cultivées par des person-
nes sorties de France à cause de leur religion. Les Etals approu-
vèrent la proposition et permirent aux Français de s'établir sur
les terres vacantes, qui leur seront indiquées afin de les cultiver
cl de les posséder plus tard en propre. Sur le champ, le marquis
fil venir des réfugiés à Balk. En 1688 et 1689, de Venours se
fait agent recruteur ; il parcourt une partie de l'Allemagne et
la Suisse pour enrôler quelques compagnies de Français pour
le s<*rvice du prince d'Orange. Samuel de Saint-l^égier, sieur de
Roisrond, un vrai saintongeais, ancien de l'église de Balk, étail
en 161K) lieutenant-colonel de Cambon's huguenot foot régiment.
Cette église de Balk, fondée en même temps que la colonie,
eut, non seulement Samuel Boisrond pour ancien, mais trois
pasteurs qui venaient directement de Saintonge ou du Poitou.
C'est Pierre Forestier, qui fut ministre à Coze, Samuel de Chau-
fepié, ministre à Couhé, son frère, Second de Chaufepié, minis-
tre à Aulnay.
En 1692, Forestier est l'unique pasteur de Balk et les deux
Chaufepié transportèrent leur domicile à Leeuwarde. En mai
1711, Forestier assista pour la dernière fois au Synode. Il donna
sn démission à cause de ses infirmités.
Bulletin monumental, 1906, 3-4, contient les églises romanes
de Rioux et de Rétaud, par M. G. Musset.
Après avoir décrit ces deux églises, notre confrère étudie l'or-
nementation romane en général en Saintonge.
Le Mois littéraire et pittoresque, novembre 1906. — Le cruci-
fix, étude sur les différents types de christs depuis le V* siècle,
par x\L Fabre ; Tauteur reproduit (page 554) le crucifix en ivoire
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— 79 —
de la fin du XVIP siècle, conservé à L'Eguille. « Si le catalogue
raisonné, dit-il, des trésors d'art enfouis dans nos petites églises
de province n'était pas encore à faire, on pourrait citer d'autres
a-uvres intéressantes : je n'en veux pour preuve que le petit vil-
lage de L'Eguille, dans la Charente-Inférieure, où l'on m'a mon-
tré jadis un ivoire ayant les caractères de cette époque, en ayant
surtout les défauts, sans doute parce qu'il est un travail de
seconde main, ("est du Pmret nuil imité. »
Bulletin de la Société de géographie de Rocheforl, tomo
XXVIII, p. 176. — Henry de C/ieusse^, dernier seigneur de
Rochefort et sa famille, par M. Sylvestre.
Les Henry que l'on trouve à La Rochelle au XV* et au XVP
siècle, n'ont pris le nom de Cheusses qu'au XVII* siècle. Jac-
ques V Henry, conseiller au présidial de La Rochelle, puis con-
seiller du roi aux conseils d'Etat et privé, épousa Marie Yvon.
Il habita Cheusses en Saint^Soule, près La Rochelle. C'est de
lui que Tallemant des Réaux disait « qu'il fesoit le marquis ».
Son fils, Jacques VI, épousa Renée de Lozère, fille de Gédéon,
seigneur de Rochefort, fils lui-même d'un Adrien de Lozère,
chambellan d'Henri IV, qui prêta 50.000 écus d'or au roi et
reçut en gage la seigneurie de Rochefort. Jacques VI de Cheus-
ses est le dernier seigneur de Rochefort. La famille se continue
eu Hollande et au Danemarck.
Bulletin trimestriel de la Société de Borda, — M.Dupont publie
quelques notes recueillies sur N.-D. de La Merci, dans notre
région du Sud-Ouest, Cet ordre avait pour but la rédemption
des captifs : il devait exercer son action sur la Bretagne, le Lan-
guedoc, la Guyenne, l'Angoumoisî, l'Aumis, la Saintonge, le
Quercy, le Béarn, le comté de Foix et la Provence. Les Mathu-
rins ou Trinitaires quêtaient dans les autres provinces.
Dans chaque paroisse, un marguillier recevait les offrandes
pour l'ordre.
En 1736, une circonstance favorable se présenta pour délivrer
un certain nombre de prisonniers retenus au Maroc à la suite
d'événements qui prouvent que dans ce pays les mômes faits se
répètent souvent. L'empereur du Maroc, vaincu par son frère,
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— 80 —
est obligé d'abandonner son Irône à celui-ci. L'usurpateur,
ayant besoin d'argent pour payer ses soldats, fit annoncer qu'il
était disposé à vendre tous les esclaves.
Le R. P. Sa vary, provincial de La Merci, envoya Tordre au
U. P. Lacaze de se rendre à Cadix, de manière à être à portée
des événements.
Ce religieux y arriva le 6 janvier 1737. Le roi de France, de
son côté avait envoyé une escadre sur les côtes de Barbarie sous
les ordres du marquis d'Antin. Bientôt le sultan du Maroc fut
obligé d'abandonner 75 esclaves à ses troupes pour rémunérer
leurs services.
Le marquis d'Antin, faisant toute diligence, prit à son bord
lo P. Lacaze et quitta Cadix pour aller mouiller sur la barre de
Salé. Les négociations furent menées rondement et le rachat
fut traité sur le pied de 45.000 piastres ou 225.000 livres. Au
moment de livrer leurs captifs, les Marocains soulevèrent des
difficultés.
L'intervention du marquis d'Antin les mit l\ la raison. Le 9
octobre, les délivrés débarquaient à Toulon.
Parmi ceux-ci se trouvaient quelques saintongeais :
Jean La Roche, 53 ans, de Marennes (1), esclave depuis 1708 ;
Jean Bourgeon, 45 ans, de Cognac, esclave depuis 1716 ; Jac-
ques Guellon, 45 ans, de Meschers (près Royan), esclave depuis
1716 ; Pierre Gayon, 42 ans, de La Tremblade, esclave depuis
1719 ; Clément Thabitaud, de Blaye, 15 ans, esclave depuis 1736.
(1) Le texte porte Marine, c'est évidemment un mot mal écrit ou ma) lu.
De même pour Mèche, Meschers
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SOMMAIRE DU l»'' NOVEMBRE
Avis et Nouvelles : Distinctions hononfiques ; Changement de nom ;
Découvertes; Musées ; Découvertes de? sources; Commission des sites.
5. Notes d'état civil. — Décès: M"* Prouliet ; M"' Coutanceaux : M. Corbi-
'ineau ; M. Regnault ; M. La rade ; M. le baron Eschasscriauxj M»*«des Mes-
nards ; M"* de La Broue ; M. Drilhon ; Mjçr Le Camus ; M'9*' David ;
. M"** Beaussant; M. de Dampierre ; M. Vaillard.
Mariages: Berthelot-Dutard ; Jannet-Hervé ; Peteau-Li majore. '
VARiéTBS : \. Fleury : Passages à Marnns de />. A. R. le duc et In duchesse
d'Angoaléme ; — IL Dangibeaud : Moule mérovingien ; — ÏII. Pc-llisson : Le
mobilier d'un mendiant; — IV. T...: La municipalité de Saint-Saturnin dé
béchand (suite).
QuESTio^s et Réi'gnsi:s.
Livres kt Revues : Ortographe de Fc-nelon ; TAngelus ; La Palliée ; L'union
de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély.
BlULIOORAPHIB.
La Revue-Bulletin est ailresséfi gratuitement aijx membres d«» la
société, qui paient par an une cotisation de 13 francs.
La Revue'Bullelin mentionne ou analyse tout ouvrage composé,
imprimé dans la région, ou par un auteur habitant ou né dans la région,
ou concernant la région, dont un exemplaire aura été adressé au prési-
dent, à Saintes.
Les idées ou les opinions émises dans la Revue-Bulletin sont person-
nelles.
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Le Gérant : Noël TEXIER.
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Prix : 7 fr, 60. — 6 />*. plu9 le port pour tes membres de la Société
des Archives.
Cette monographie met en lumière un point assez mal connu
de THistoire de France au XVP siècle, Tinsurrection des popu-
lation$ de la Guyenne en 1548. Les historiens généraux et par-
ticuliers ont raconté cette révolte avec si peu de documentation
que leurs récits sont généralement remplis d'erreurs de dates et
de faits. L'élude très minutieuse de M. S.-C. Gigon met en
œuvre non seulement les récits des historiens contemporains,
mais aussi de nombreuses pièces inédites de la Bibliothèque
Nationale, les documents originaux des archives françaises et
étrangères qui les complètent et souvent les rectifient : ce tra-
vail définitif établit le rôle réel d'Henri II et de ses coopérateurs,
Montmorency et d'Aumale.
Il nous présente un tableau de l'état économique de la
Guyenne, expose les origines de la révolte dans la Saintonge et
l'Angoumois et comment l'insurrection gagna le Bordelais, la
révolte de Bordeaux . suivie bientôt d'une terrible répression
militaire. L'auteur nous fait connaître enfin les relations de la
révolte avec les puissances étrangères, l'Espagne et l'Angle-
terre. Le livre se termine par une série de curieuses notes sur
les effectifs militaires et une intéressante collection de pièces
justificatives nombreuses.
Au XVP et au XVIP siècle la richesse moindre, l'injuste
répartition des charges, l'exploitation à outrance du paysan par
les agents de la Royauté permet à peine de concevoir l'horrible
misère du petit peuple.
La révolte de la Gabelle est surtout une cpntribution à l'étude
à peine ébauchée de la misère sociale : elle est d'actualité pour
tous ceux quf recherchent la vérité sous le décor de l'Histoire
politique.
La nochellc, Imprimerie Nouvelle Noël Tcxier.
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SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
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XXVII' Volume, — 2» Livraison.
<•' AvrU 1907.
Voir à la 4"' page
LE
Programme de TExcursion
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Préêident : Le barou AmédéeOudbt, rue des Ballete,27, à Saintes.
Vice-présidents : Le comte Pieurb. de CnozE-LEMEnCiE», au château
du Ramet, par Saintes.
Ch. Dangibeaud, i4^ rue des Ballels, Saintes.
Secrétaire : Mauuice Bubbs, docteur en droite avocat à Saintes, rufr
CuviUier. . '
Tréêorier: Behthelot, notaire, rue de TAire, 17, Saintes.
Trésorier-udjoini : M. Gatineau, directeur de TAgence du Crédit Lyon-
nais, b Saintes.
COMITÉ, DE PUBLICATION
Gabriel Audiat, professeur à Paris, rue César-Franck, 9.
Machbt de La MAHTiNiiinB, archiviste du département de la Charente,
Angoulôme.
UBOHOES ÂlussBT, L 0, archivistc-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue Gargoulleau, 32, à La BoeheUe.
JuLEsPBLLissoN, A. ^f, juge au tribunal civil, boulevard des Arènes^
27, à Périgueux.
Dr Chahi.es Vi<:n?r^ aux GaUrda, près Montlieu.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
AuousTK BiTEAU, *B^, A. O, maître principal de i" classe des construc-
tions navales eu retraite, conseiller municipal, rué du Perat, SO; li>
Saintes.
PebdinanixBabinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant ihr
juge de paix, place des Cordeliers, 7. à Saintes
Edmond BoilbVjn, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jules Guillbt, négociant, conseiller général, rue de La Boche, 12, h
Saintes.
AsKi^ MssTnEAU, négociant, rue du port des Frères, 24, à Saintes^
Le siège de la société des Arcfdves est à Saintes, cours National^ 99.
La société publie tous les deux mois un Bulletin^ Reçue de Sainlànpe-
et d*AmiiSy qui forme au bout d'un an un volume d'environ îiOO pages.
Le prix de l'abonnement annuel à la Reoue-BuUelin est de 10 francs;
1 l*fr. 50 pour Tétranger; un numéro. 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite-
ment aux membres de la société qui paient par an une cotisation dc^
13 francs.
RÈGLEMENT. — Article II. La société se compose : !• de membres ,
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs..
2® de membi'es qui paient une cotisation annuelle de 13 francs; 3« de
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une somme
de 150 francs...
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU !•' AVRIL 1907.
Avis bt nouvbllbs : Séance du bureau ; Monuments classés ; Travaux aux
Arènes de Saintes, découvertes: Les ca^ouilUs charen taises ; Partition dédiée
à GuiUoUn; Armoiries de Mgr Eyssautier.
NoTBS d'àlat -CIVIL. — Décès : Florentin-Blanchard, M™« Fleury, M™« Lé-
vesque d'Avril; M. André Lemoyne; M. Poirault.
Mariajjes: De Montmarin-deCroze-Lemercier ; Cormier-Lasauzaye-Salmon.
VAHiBTés: I. La. révolte de la gabelle en Angoumois et en Saintonre, compte
rendu par M. Deruelle ; — II. Le chêne de Moniravailt par MM. Guillaud et
Dancibeaud ; ^ III. Etade bibliographique sur Elie Vinet, par M. Labadie ;
— IV. La population du département de la Charenle-Inférieure depuis un
siècle, par X...; — V. Arrête du préfet de la Charente-Inférieure relatif hune
demande de restitution de livres confisqués en 479$.
QcBSTioRs : Pierre- Louis de Pons.
LivRBS BT RBVUBS : Les abris du marin ; Fragments d'anciennes chroniques
d'Aquitaine ; Inventaire des registres d'insinuations.
AVIS ET NOUVELLES
Séance du bureau du 19 janvier 1907
Admissions. (Voir le'dernier numéro de la Revue.)
M. Berlhelot fait connaître la situation financière de la Société.
M. Dangibeaud entrelient le bureau de deux projets d*excursion.
Après un échange d'observations, il est convenu qu'on étudiera
l'itinéraire Mailkzais-Fonlenay-le-Comte-Vouvant.
Le prochain volume contiendra la correspondance de Samuel
Robert, où l'on trouvera de nombreux détails sur la Fronde à
Paris.
Voir à la quatrième page de la couverture le programme pro-
visoire de l'excursion. Nous insistons sur la nécessité pour les
membres de la Société qui se proposent de suivre cette prome-
nade de se faire inscrire le plus tôt possible.
Tome XXVII. %• UmiMn. — Arril lf07. •
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- 82 —
M. de Sainl-Saud, notre confrère, a fait paraître un Armoriai
des Prêtais Français du XIX* siècle.
Viennent d'être classés : les églises de Berneuil, Lonzac,
Corme-Royal, Bois, Biron, Pérignac, Ecoyeux, Bignay, Sablon-
ceaux, Nieul-les-Saintes et Migron.
L'Etat classe en ce moment avec autant d'empressement qu'il
se montrait difficile, il y a quinze ans seulement, à admettre un
monument au bénéfice de cette mesure administrative. Il a rai-
son. On craint des actes de vandalisme et surtout de négligence
de la part des municipalités. Les conseils municipaux ne sont, en
effet, que trop portés à sacrifier le côté archéologique d'un édi-
fice au côté utilitaire, particulièrement si l'édifice leur paraît trop
dispendieux ou gène des projets de voirie. On se souvient de ce
qui a failli arriver aux remparts d'Avignon ; on a vu la ville de
Limoges sur le point de détruire son vieux pont si étroit, il est
vrai, mais si pittores<|ue ; on apprend que la ville de Libournc
manifeste l'intention d'abattie son vieil hôtel de ville. J'ignore
si les protestations de la Société archéologique de Bordeaux le
sauveront. A Vendôme, une galerie du cloître de la Trinité a été
abattue par le génie. M. le sous-secrétaire d'Etal aux Beaux-Arts,
instruit de l'affaire, a obtenu que la Guerre sus|>endit ses démo-
litions.
On connaît l'aventure du musée lapidaire de Narbonne. La
belle collection de pierres gallo-romaine installée (plutôt mal
que bien), dans l'ancienne église classée de Lamourguier, l'a
échappé belle. Toute l'abside avait besoin de réparations d'une
urgence manifeste. Elle ne tenait plus ; le gardien prévenait les
visiteurs de ne pas franchir une certaine limite, et prudemment
il restait à la porte. Depuis quinze ans, l'Etal voulait la consoli-
der et la restaurer.La ville s'y opposait avec une opiniâtreté digne
d'une meilleure cause, parce qu'elle demandait le déclassement.
Pourquoi ? On prétend qu'elle se proposait de démolir l'église et
de créer un square à la place. Pendant que les bureaux du minis-
tère attendaient patiemment que les édiles narbonnais changeas-
sent d'avis — macaniche ! c'était bien mal connaître le carac-
tère du cru ! — l'arceau du fond de l'église s'effondra et endom-
magea naturellement tout ce qui se trouvait dessous ! Le musée
est fermé, impossible à visiter par mesure de sécurité publique.
C'est sage 1
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— 83 —
En ces dernières années, le donjon de Pons s*est accru d'un
escalier extérieur qui le défigure. Tout le monde en convient.
Opéré une première fois, après mille peines, d'une verrue ana-
logue, il a eu le gros chagrin de sentir la disgracieuse protubé-
rance renaître presque aussitôt. La verrue repoussa en hauteur
au lieu de se présenter en largeur !... L'esthétique n'y gagna
rien et l'utilité pas davantage, puisqu'on ne sait pas etnJever —
chose facile, cependant ! — à la superbe salle où cet escalier
conduit rexliôme sonorité qui la rend inutilisable Et ce n'est
pas fini ! hélas !... Voilà que sui' le vu d'un dessin du fantaisiste
Cl. Chastillon, on va ceindre le front de l'octuple centenaire
d'une fraîche couronne de mâchicoulis dont personne ne s'était
avisé d^ remarquer l'absence et qu'aucun arrachement n'appelle.
Dès lors, la question se pose de savoir quel bénéfice un monu-
ment classé retire de la protection de l'Etat, si le veto d'une
municipalité têtue suffit à tenir cette protection en échec, ou
encore, si cette protection est assez faible pour ne pas s'imposer
dans les cas ui^ents, et ne pas résister, s'il y a lieu, aux
influences néfastes en refusant net son concours aux projets non
justifiés.
Les travaux de déblaiement entrepris aux arènes de Saintes
se poursuivent malgré le mauvais temps. L'arène est aujourd'hui
bien apparente.
L'égout débarrassé des terres qui l'obstruaient depuis des siè*
clés et retenaient les eaux l'hiver, fonctionne parfaitement. Le
cloaque que nous voyions se former tous les ans au bas du grand
vomitorium n'a pas existé un seul jour celte année.
Aucun objet de valeur archéologique n'avait été encore décou-
vert. On vient enfin de mettre au jour une pièce curieuse. C'est
une pieri'e quadrangulaire, haute d'un mètre trente, ayant socle
et entablement, dans la forme des autels, mais plus étroite et
ayant une tablette bombée. Elle présente sur ses quatre faces un
bas-relief : quatre hommes, tête nue, vus de face, un entièrement
vêtu d'un vêtement très ample et trois entièrement nus. De ces
derniers, deux, droits sur leurs jatmbes, tenant la môme pose,
les bras relevés, les mains derrière la tête, sont placés sur deux
faees opposées ; le troisième, ayant un gros collier au oou, for-
tement penché sur la jambe gauche, la main gauche appuyée sur
l'estomac, élève à hauteur de sa tête la main droite tenant une
bouteille ou une bourse. C'est un athlète. Les têtes sont frustes,
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— 84 —
les corps lourds, sauf celui de ce troisième peirsonnage qui a
d'assez boimes proportions. L'œuvre appartient à une basse
époque.
Pas d'inscription sur le socle.
Cette pierre n'était pas en place. Elle se trouvait au centre de
l'arène, enfouie de deux mètres trente centimètres environ.
Elle a été transportée au musée ; elle pourrait bien nous ini-
tier un tout petit peu aux sortes de jeux qui étaient donnés dans
l'arène.
La prochaine ca&mpagne nous amènera probablement des sur-
prises phx& importantes. Encore un effort, un emplacement pour
mettre les terres, et notre amphithéâtre sera déblayé. Le sol de
l'arène n'est plus recouvert que d'un mètre soixante de terre.
On l'a dégagé de 4"80 en hauteur sur 65 mètres de longueur
el 38 de largeur.
Le ministre des beaux-arts a acquis un tableau de M. Lecomte:
Uenlrée du port de La Rochelle.
Combien y a-t-il de tableaux portant ce titre î
Il serait très curieux de l'aire le relevé des peintres paysagistes
qui, passant à La Rochelle, n'ont pu résister au charme de ce
vieux port. Il faut avouer que ce bassin de faible surface, vu du
quai, fermé par ses deux vieilles tours, à marée haute sans bar-
ques, ou à marée basse avec ses barques aux voiles multicolores,
est bien tentant.
La Liberté du 7 janvier 1907 publie dans un curieux article la
liste des Cagouilles charentaises arrivées à la notoriété. On sait
que par cagouilles, il faut entendre les membres d'un cercle de
Paris où se réunissent les hommes originaires des Deux-Cha-
rentes.
Nous ne citerons que quelques noms.
Poètes : Léonce Deponl, André Lemoyne, Georges Gourdon,
François Porche.
Romanciers : Loti (Th. Viaud), Jérôme et Jean Tharaud,
C. Vergniol.
Auteurs de pièces de théâtre : M. Ordonneau, G. Trarieux,
D' Jean.
Chansonnier : F. Chéz^.
Peintres : Fromentin, Bouguereau, Auguin, J. Geoffroy,
H. Lucas.
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— 85 -~
Sculpteur» : R. Verlel, Peyronnel, P. Laurent.
Musicien : J. Morpain.
Médecins : D' Roux, D' Delaunay, D' Sebileau, D' Bourcy,
D' Giraudeau.
Magistrats, avocats : G. Maze-Seneier, Cholard, Ranibaud de
Larroque, Villemandy, R. Cheminade.
Professeurs : Grimaux, Aulard, G. Audiat.
Ingénieurs, industriels : D. Bethmont, Râteau, Th. Laurent,
A. Bonnet, Oudel, Pelletreau, Forestier, Hennessy, Martel,
Cognacq.
La Société des Archives historiques de la Gironde prépare un
congrès régional d'histoire et d'archéologie, à l'occasion de Tex-
position maritime internationale qui s'ouvrira prochainement à
Bordeaux.
Ce congrès durerait trois jours, dont deux seront consacrés à
des lectures et le troisième à une excursion.
Ceux de nos confrères qui désireraient y prendre part, et lire
quelque mémoire sont priés d'en avertir le président de notre
Société.
Il est intéressant, au moment où Monsieur de Paris est cassé
aux gages, de signaler l'exemplaire, conservé à la bibliothèque
du Conservatoire de musique, d'un opéra dédié à l'inventeur de
la guillotine.
Cette œuvre musicale est intitulée Ariane dans Vile de Naxos,
drame lyrique en un acte, représenté à l'Académie nationale de
musique, le 24 septembre 1782, par M. Edelmann. A la page de
garde cette dédicace : « Témoignage de reconnaissance et d'ami-
tié offert à M. Guillotin par l'auteur, le 20 avril 1788. » Edel-
mann, à quelque temps de là, grâce à M. Guillotin, eut la tête
tranchée. (Le Gaulois du 7 février 1907).
Le 15 février 1907 a paru, à Saint-Jean d'Angély, le premier
numéro du Travailleur socialiste.
Revue des autographes, février 1907 : Saivdonge. — Pièce sur
vélin : Saini-Jean d'Angély, 3 septembre 1353, in-4 obi. — Quitr
tance de Testard Copedoy h Jean Chauvel, trésorier des guerres,
pour ses services militaires en Poitou et Saintonge « souz le gou-
vernement de Monsieur Aymon de Rochechouart, chevalier, sire
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— 86 —
de Mortemar, capitaine souverain pour le Roy nostre sire es
dittes parties ».
M. Tabbé Mêlais annonce pour paraître en 1907 un Armoriai
du pays chartrain.
Dans le Bulletin mensuel de la Société de géographie com-
merciale de Paris, de décembre 1906, notre confrère M. Regels-
perger résume le mouvement géographie dans le monde en 1906.
Dans le supplément du Journal des Voyages du 3 février 1907
il esquisse la vie de M. Merlaud-Ponty, gouverneur du Haut-
Sénégal et Niger, né à Rochefort-sur-Mer en 1860, et dans le
numéro du 3 mais il consacre quelques lignes à M™ Coudreau,
qui entreprend son quinzième voyage.
Les armoiries de Monseigneur Eyssautier
Une légère erreur s'est glissée page 7 du dernier Bulletin. Il
y est dit que les trois roses, qui figurent dans les armoiries de
Mgr Eyssautier, rappellent Notre-Dame de Recouvrance. Cette
patronne du collège de Pons ne figure, et sans symbole, que
dans le sceau du nouvel évêque. Le chef d* argent aux brois roses
de gueules a été pris directement — en son souvenir — dans
l'écusson de Mgr Bonnefoy, archevêque d'Aix, un des prédéces-
seurs de Mgr Eyssautier à La Rochelle, son ami, dont ce der-
nier fut le vicaire général à son arrivée dans le diocèse, en mars
1898.
Mgr Bonnefoy a choisi lui-môme ces roses dans le blason de
sa famille maternelle, les Roselly de Lorgnes. Quant à la gerbe
et à la devise des armes de notre évoque, elles symbolisent éga-
lement Tépisoopat actuel de la France. Mgr Lebbedey, le nouvel
évoque de Moulins, a pris de même une gerbe dans son écu.
S. S.
Notre confrère a rai-son de dire que les roses sont un emprunt
aux armes de Mgr Bonnefoy. Mais ce n'est qu'un demi-empnmt,
puisqu'une autre idée que celle d'une ancienne amitié a dicté le
choix des pièces du chef des armes de notre évoque. Pour le
reste, il n'y a pas lieu à rectification.
Le Bulletin reUgieux du 8 décembre, p. 273, a déjà écrit : « La
gerbe e^t empruntée à l'Association amicale des anciens élèves
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- 87 -
de Pons ; avec la devise qui Texplique, elle dit Timmense désir
de voir se réaliser, dans le diocèse, Tunion complète des fidèles
et des prêtres avec leur Pasteur. Les roses rappellent Notre-
Dame de Recouvrance ; elles sont aussi un délicat emprunt aux
armes de Mgr Bonnefoy, le bienfaiteur de Pons, çt Fami de Mgr
Kyssautier. »
Le rédacteur de cette note est trop bien placé pour n'avoir pas
|)uisé ses renseignements «à bonne source, l^s roses ont bien
une double origine. On a entendu plusieurs fois Mgr Eyssautier
alors supérieur de l'institution de Pons, adressant un compli-
ment à son évêque, faire le rapprochement entre les roses du
blason de Mgr Bonnefoy, bienfaiteur de la maison, et les roses
(1? Notre-Dame de Recouvrance. Il ne faut donc pas s'étonner si,
devenu évêque, il se soit souvenu d'une idée favorite.
Ch. D.
1^ 25 février 1907, M. l'abbé Goux, curé de Sainte-Gemme, a
donné, dans l'église de Sainl-Nazaire-sur-Charente, une confé-
rence sur Jeanne d'Arc avec projections lumineuses.
Il a redit sa conférence le lendemain, dans l'église de Saint-
Froull.
NOTES D'ÉTAT CIVIL
DECES
Le 27 janvier 1907, est décédé à Marennes, M. Arsène-Mansuy
Florentin-Blanchard, imprimeur dans cette ville.
Il était né en 1831, h Rogeville (Meurthe-et-Moselle), où son
père était instituteur. Après avoir fait des études spéciales de
librairie dans la maison Hachette, il vint s'établir à Marennes
avec ses deux frères, Adolphe et Benjamin.
D'abord associé avec son aîné, A3olphe, mort il y a quelques
mois, et qui avait acquis, vers 1855, l'imprimerie des Raïssac et
le Journal de Marennes, il s'en sépara bientôt pour fonder une
maison. Il s'installa à Royan où il publia le premier journal
loc^l. Le Royannais, devenu depuis 1875 Journal de Royan, A
l.i chute de l'Empire, il transporta son imprimerie à Marennes.
Il éditait La Seudre, tribune ouverte aux polémiques religieuses
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— 88 —
entre les pasteurs Cambon, Colany, Boursaus et l'abbé Bras
saud.
(Voir le Nouvelliste et le Journal de Royan du 3 février).
Le 6 février 1907, à Marans, ont eu lieu les obsèques de
M"** veuve Alphonse Fleury, née Claudot, mère de notre confrère
M. Fleury, conseiller général.
M°** la baronne Lévesque d'Avril, née Jeanne de Fleuriau,
femme du baron d'Avril, premier attaché d'ambassade, décédée
à Paris, à l'âge de 33 ans, a été inhumée à La Rochelle, le
2 mars 1907.
André Lemoyne, poète et littérateur, est décédé à Saint-Jean
d'Angély, le V mars 1907, chez M. Alfred Barlhe, notaire, son
cousin, pour le foyer familial duquel il avait enfin quitté le petit
logement de célibataire qu'il habitait depuis plus de cinquante
ans, rue de l'Université, à Paris.
André Lemoyne, nom qu'il écrivait au bas de ses œuvres, est
né à Saint-Jean d'Angély, le 28 novembre 1822, et a été enre-
gistré à l'état civil sous les noms de Jean-Bapliste-Camille
Lemoyne, fils de Jacques-Hippolyte, notaire, et de Suzanne-Jus-
tine Texier. Il commença ses études classiques au collège de
Saint-Jean d'Angély et les termina au lycée Henri IV, à Paris,
puis il commença ses études de droit à la Faculté de la même
ville. Reçu licenicié, inscrit au barreau de Paris, il tlut renoncer
à poursuivre son doctorat, par suite de revers de fortune qui le
déterminèrent à chercher dans une profession manuelle con-
forme à ses goûts les moyens de pourvoir aux exigences de la
vie. Entré dans la célèbre maison Firmin-Didot, comme apprenti
typographe, il y devint promplement correcteur, puis passa à la
librairie de la môme maison, où ses loisirs lui permirent de se
livrer plus facilement à l'étude de la poésie, qu'il avait toujours
poursuivie depuis son enfance. Il y réussit assez pour être cou-
ronné cinq fois par l'Académie française et obtenir enfin la croix
de la légion d'honneur.
Républicain sous l'Empire, le 4 septembre ne lui rapporta
rien parce qu'il ne sollicita rien, heureux de s'abandonner au
charme de la composition de ses poèmes. Nommé, en 1877, h
l'emploi de bibliothécaire-archiviste de l'école des Arts déco-
ratifs de Paris, il en était encore le titulaire.
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— 89 —
Indépendamment des poésies qui ont rendu son nom célèbre,
André Lemoyne a publié quelques nouvelles en prose qui toule<s
portent l'empreinte du style poétique de Tauteur.
Ses œuvres en vers se composent de :
Stella Maris (1860) ; — Les charmeuses et les roses d\inlan
(1865-69) ; — Légendes des bois et chansons marines : — Pay-
sages de mer et fleurs des prés (1876) : — Soirs d*hiver et de
printemps (1871-83) ; — Chansons des nids et des berceaux
(1896).
Celles en prose de :
Une idylle normande (1876) ; — Alise d'Evrard ; — Pensées
d'un paysagiste et le Moulin des prés ; — La mare aua: che-
vreuils et Fleurs d'abeille.
Enfin des iK)li<;es diverses dans V Anthologie du XIX* siècle,
publiée par Lemerre.
L.-C. Sai lur.
Sainte-Beuve a dit de lui, dans ses Lundis :
« André Lemoyne, cet homme de modestie et de mérile, a fait
de sa vie deux parts : il livre Tune à la nécessité, au travail ; il
réserve l'autre inviolable et secrète. Tous les six mois il distille
une goutte d'ambre qui se cristallise en poésie et qui s'ajoute i\
son cher trésor. Les Roses d'Antan de M. André I.emoyne ren-
ferment des pièces parfaites de limpidité et de sentiment. J'ai
des raisons pour recommander celle qui a pour titre : L'Etoile
du Berger. »
Voici en quels termes l'auteur des Chansons de geste apprécie
dans les Tablettes du 2 mars, le poète angérien :
« Le doyen des poètes français, M. André ïyemoyne, s'est dou-
cement éteint, hier, à l'âge de 85 ans. C'était un noble caractère,
un cœur d'or et un artiste incomparable ; il laisse une œuvre res-
treinte mais parfaite, où respire un vif sentiment de la nature :
quatre recueils de vers, dont les Roses d'antan, et un volume de
prose.
Ame rustique, songeuse, charmante, André Lemoyne est une
des gloires de notre Saintonge ; à cette époque de vénalité et de
cabot in a «4 p, il honora sa profession par une probité scrupuleuse
et ne comptait dans les Lettres françaises que des admirateurs et
de^ amis, unanimes à pleurer sa perte.
G. (Gourdon). »
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J
- 90 —
Le Gaulois du 6 mars a inséré un bien joli article de M. Fran-
çois Coppée sur A. Lemoyne. Nous avons le regret de ne pou-
voir le reproduire in extenso.
Il débute ainsi : i Dans la personne d'André Lemoyne qui
vient de mourir, âgé de 85 an«î, à SSalnt-Jean d'Angély, son pays
natal, un cœur d'or a cessé de palpiter, une pensée de vrai
poète s'est éteinte. Je ne laisserai pas partir mon vieil ami sans
dire combien je l'aimais, sans essayer de faire comprendre
combien il était bien digne d'être aimé. D'abord aucune exis-
tence ne fut plus honorable, plus pure, je dirai plus touchante
que la sienne Oh ! l'excellent homme, son souvenir me per-
met de revivre quelques-unes des plus douces heures de ma
jeunesse !
Quand se forma le groupe des Parnassiens, il voulut nous
connaître, il vint vers nous, et comme nous respections et aimions
nos aînés, il fut reçu à bras ouverts II me semble, en ce moment,
le voir arriver chez les maîtres, chez Leconte de Lisle et chez
Banville ou à nos réunions de camarades. Oui, le voilà, toujours
vêtu de même, haut chapeau de soie paletot flottant, pantalon
très large ! Le voilà, petit, maigre et sec, le profil net et fin,
l'œil vif, le teint sanguin, la paix de l'honnête homme dans le
cœur. Il avait vingt ans de plus que la plupart d^entre nous.
Mais il n'était ni le moins jeune d'humeur et de sentiments, ni
le moins gai, ni — tranchons le mot — le moins gamin ».
A. Lemoyne imitait à ravir, paraît-il, le bruit de la varlope sur
le bois, bruit différent suivant les essences. Mais où il se surpas-
sait c'était au bouquet quand annonçant : « Maintenant c'est
dans une cathédrale, quand on raccommode les confessionaux ».
a Le bruit du rabot, — ajoute Coppée, — devenait alors formi-
dable, comme décuplé par la sonorité de la nef. C'était formi-
dable. On croyait voir s'enrouler et s'envoler les copeaux...
Dois-je m'excuser, en parlant de mon vieil ami disparu, de
rappeler de tels enfantillages? Non. Ils prouvent seulement que
ce très bon poète, si sincèrement, si profondément ému devant
la nature, avait, dans ses jeux, l'innocence d'un enfant... »
Un comité est déjà en voie de formation pour élever un monu-
ment à André Lemoyne. (Voir ÏEcho salntongeais, V Union natio-
nale (7 mars), la Petiic Gironde du 5 mars.)
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— 91 —
Le 11 mars 1907, est décédé, à Saintes, M. Pierre-Théodore
Poirault, ancien pharmacien, juge au tribunal de commerce, tré-
sorier de la Commission des Arts et Monuments de la Charente-
Inférieure, âgé de 76 ans, veuf de Berthe-Marie Rainard. (Voir
Revue^ XXVI, p. 79.)
MARIAGES
Le 31 janvier 1907, a été béni à Orléans, par Mgr Touche!,
le mariage du baron de Montmarin, lieutenant au 10" chasseurs,
fils du colonel et de M°** la vicomtesse, née d'Alés, avec M"* Marie
de Croze-Lemercier, fille de notre vice-président.
Les témoins de la mariée étaient : le duc de Magenta, son cou-
sin, le baron Maurice de Croze, son oncle ; du marié : le colo-
nel de Sainte-Chapelle, du 10* chasseurs et le comte de Mont-
marin, son oncle.
Femina du 1*' février reproduit la photographie des jeunes
mariés.
Le 6 février, a été célébré à Gemozac, le mariage de M. Jean
Cormier-Lasauzaye, ingénieur agronome, avec M"* Madeleine
Salmon, fille du docteur Salmon.
VARIETES
I
LA RÉVOLTE DE LA GABELLE
EN Angoumois et EN Saintonge (1548-1549).
M. Gigon, sous-intendant militaire en retraite, a fait paraître
un livre intitulé « La révolte de la Gabelle en Guyenne en 1548 »
qui nous offre de Tinlérêt, car c'est en Angoumois el en Sain-
tonge que cette sédition a pris naissance. Il est à remarquer que
la plupart des historiens ou auteurs de mémoires se sont étendus
sur In dure répression d'Anne de Montmorency à Bordeaux,
mais ont glissé trop légèrement sur ce qui s'est passé en dehors
do la Guyenne proprement dite. C'est par la consultation des
manuscrites à la Bibliothèque Nationale que M. Gigon est par-
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— 92 —
venu à retracer et à fixer définitivement les traits principaux de
La révolte de la Gabelle en 1548. Des émeutes graves s'élevèrent
dans ce même temps en Limousin et en Périgord, mais nous les
négligerons, en abrégeant aussi celles de Bordeaux, pour nous
attacher à celles de TAngoumois et de la Saintonge.
La Guyenne en 1548.
L'appellation de Guyenne, qui s'est introduite à la place
d'Aquitaine au traité de Brétigny, s'appliquait avant 1789 : au
Bordelais, au Bazadois, à TAgenois, au Quercy, au Rouergue et
aa Périgord, mais antérieurement, notamment au XVI* siècle,
dans tous les documents officiels, TAngoumois, la Saintonge et
même le Poitou étaient englobés dans l'appellation de Guyenne;
c'était l'ancienne Aquitaine féodale.
En 1453, au moment de l'expulsion définitive des Anglais, la
France tout entière était ruinée, mais surtout la Guyenne. Peu à
peu les campagnes, abandonnées par leurs habitants, se repeu-
plèrent, mais cette reprise de la vie rurale fut bien lente. C'est
à cette masse rurale, souvent décimée par les maladies et les
disettes, que le pouvoir royal demandait surtout l'impôt, car les
A illes, souvent peu peuplées, jouissaient de l'exemption de tout
ou de partie des impositions du plat pays. Sous le règne si facli-
cemcnt brillant de François I*', les impôts déjà si lourds s'étaient
aggravés et la Gabelle, dont nous allons nous occuper, avait été
triplée. Cet impôt du sel était paTticulièrement odieux en
Guyenne ; les insurgés de 1548 l'appelaient « taxe en orreur au
peuple ».
La Gabelle en Guyenne,
Le terme Gabelle, après s'être appliqué sous les premiers
Capétiens à toutes sortes de taxes, s'était restreint au XVI* siècle
à l'impôt du sel.
A la fin du règne de Louis XII, la France, en ce qui concerne
k Gabelle du sel, était partagée en trois divisions.
Les provinces de l'ancien domaine royal étaient pays de gran-
des gabelles.
Le Languedoc, la Bourgogne, le Dauphiné, la Provence, pro-
vinces réunies à la couronne depuis l'établissement des grandes
gabelles, avaient obtenu des avantages particuliers, des droits
modérés : c'étaient le« pays de petites gabelles. I^ Bretagne
seule était franche d'impôt sur le sel.
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— 93 —
Les pays de Tancienne Aquitaine, où se trouvaient la plupart
des marais salants, acquittaient une taxe particulière, dite du
quart du sel. Les pays soumis au quart du sel ou quartage
étaient la Guyenne proprement dite, la Saintonge, TAunis, TAn-
goumois, le Poitou, le Périgord, le Limousin et la Marche.
Les pays de grande gabelle se partageaient en circonscriptions'
dénommées greniers à sel. Elles étaient administrées chacune par
un fonctionnaire supérieur, nommé receveur ou grainetier, aidé
d'un nombreux personnel de contrôleurs, procureurs, commis à
pied et à cheval, etc., multipliés par mesure fiscale. Dans les
pays de grande gabelle, les marchands de sel devaient apporter
leur denrée aux greniers. Le grainetier achetait le sel à prix
débattu. Pour la vente au public par le grenier à sel, le prix en
était fixé par les généraux des finances. Les habitants de la cir-
conscription étaient obligés d'acheter leur sel au grenier, avec
un minimum de consommation. La surveillance des employés
gabeleurs était très dure. Ils avaient juridiction spéciale en cas
de contravention, et, malgré les réclamations des parlements,
les appels devaient être formés devant la Cour des aides de Paris,
ce qui rendait tout recours illusoire.
Dans les pays du quart de sel, les marchands apportaient leur
sel dans certaines villes spécialement désignées.
En Saintonge, il existait des bureaux à Saintes, à Tonnay
Charente, à Pons. En Angoumois, un bureau existait à Cognac.
Le marchand de sel se rendait au bureau où la valeur de la den-
rée présentée était débattue avec le chef du bureau. Ce prix
arrêté, le chef de bureau percevait au profit de l'Etat une taxe
égale au quart du prix fixé, avec un supplément pour les gages
du personnel du bureau. Un certificat était alors délivré au mar-
chand, qui emportait son sel et pouvait le vendre, soit aux parti-
culiers, soit aux regrattiers.
D'autres fois, le droit fut perçu à la sortie môme des marais
salants sur la valeur du sel majorée des frais de transport et
ajutres jusqu'aux frontières des provinces destinataires. Les prix
de base variaient par trimestre. En 1515, dans les pays de grande
gabelle, la taxe du sel était de 15 livres tournois (1) par muid
(1) La livre tournois, monnaie de compte, valait 30 sous, le sou 13 deniers,
la livre valait 4 francs et le pouvoir de Targuent au XVI* siècle était égal A 5.
De là, un objet évalué à 2 livres au XVI* siècle équivaut à la somme actuelle
de 3x4x5 ou 40 francs.
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— 94 —
(1851) Il VI es-poids). En 1535, elle fut portée à 30 livres tournois
t5t ij Ab livres en 1537. La taxe tripla donc en vingt ans. Remar-
quons eu passant que ce lurent précisément les provinces an-
ciciinenient privilégiées, celles du quarlage, qui se révoltèrent
gonlre la taxe : en 1537 seulement elles virent leur imposition du
quat't îî augmenter d'un demi-quart ; l'Angoumois, qui ne payait
que k* droit du quint, fut augmenté d'un demi-quint. Les pays
iJu qu;j Kage payaient donc, en additionnant les fractions, 3/8 du
prix iIl* vente, tandis que TAngoumois en payait 3/10.
Les différences de prix du sel daiis les différentes provinces
ëlaipiil considérables ; outre la valeur propre du sel majorée des
péagi'b et des frais de transport, les pays de grande gabelle
puy aient 45 livres tournois de taxe ; les pays de quartage 15
livres et l'Angoumois 12 livres seulement par muid. En raison
de ces variations extrêmes de prix d'une province à l'autre, on
ciïmprcnd que l'appât du gain à réaliser créât la contrebande,
coiniiii; cela existe de nos jours dans nos départemcnts-frontiè-
reîî puur le tabac à prix réduit, dit de 2® zone. Cette contrebande
causait grand dommage au trésor royal ; nous en trouvons la
Irace dims les édits de 1517, de 1535 et de 1541 qui promulguent
les peines les plus sévères contre les faux-sauniers ou contreban-
diers du sel.
Le désir de faire produire à la gabelle un rendement plus fort
ameiui on 1541 un changement radical dans la perception de
rimpôL L'édit du 1" juin 1541, rendu à Châlellerault, supprima
grandes gabelles et quartage, qui furent remplacés par un impôt
uuiqui? de 44 livres tournois par muid de sel pris au marais
siilîini. Ce droit acquitté, le sel pouvait circuler librement dans
tout le myaume. Les peines les plus sévères étaient édictées con-
tre les fraudeurs et les contrebandiers. Cette ordonnance, sans
(ju'oM §aehe j>ourquoi, ne fut pas appliquée ; elle fut remplacée
pur 1 €^it du 7 avril 1542, qui uniOa également l'impôt du sel,
un raruonant la taxe de 44 livres tournois à 24, mais en rappli-
quant au sel d'exportation et de pêche, jusqu'alors franc de toute
taxe. Cette disposition ruinait les pays producteurs du sel. La
Sainlonge et l'Aunis, pays de marais salants, prirent les armes
i3l ûm désordres graves se produisirent à l'île de Marennes, à
l'île dWrvert, ainsi qu'aux îles de Ré et d'Oleron. La Rochelle
s'associa à celte révolte. François !•' vint lui-même avec quel-
ques troupes à La Rochelle où de nombreux mutins des îles
étaient emprisonnés.
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— 95 —
Charles Chabot, baron de Jarnac (1), gouverneur de La Ro-
chelle et du pays d'Aunis, avait d'ailleurs, par sa mauvaise
administration, contribué au soulèvement. On craignait des me-
sures rigoureuses. La ville fut privée de ses privilèges, mais le
roi, d'humeur débonnaire, proclama une amnistie complète le
1" janvier 1543 et rendit à La Rochelle tous ses privilèges ; plus
tard même, en 1544, il enleva au baron de Jarnac le gouverne-
ment de l'Aunis pour en gratifler le comte du Lude, gouverneur
du Poitou. Les tâtonnements du pouvoir royal sont manifestes,
car l'ordonnance de 1542 fut rapportée le P' mai 1543 et le
régime antérieur rétabli ; mais l'idée de Tunification de l'impôt
ne fut pas abandonnée par l'administration financière : le gou-
vernement besogneux de François I**" devait y trouver des res-
sources tous les jours plus nécessaires. Enfin, la réforme radi-
cale fut tentée, et l'ordonnance du 1" juillet 1544, complétée par
celle du 6 décembre de la même année, étendit le régime des
greniers à sel à tout le royaume : quatre provinces, Languedoc,
Dauphiné, Rretagne et Provence conservaient seules un régime
exceptionnel. En 1548, nous constatons trois greni-ers en Angou-
mois : Ruffec, Châteauneuf et Cognac. En Saintonge, il devait
en exister à Saintes, à Ïonnay-Charente, à Saint-Jean d'Angély
cl à Pons.
Les pénalités en cas de contravention étaient toujours exces-
sives. La seule réforme avantageuse était la suppression d'un
certain nombre de péages, établis sans titres.
La substitution des magasins à sel à celui du quartage ne se
fit. pas brusquement, il fallait du temps p>our créer les magasins
et établir le personnel. En 1545, on ne relève guère d'émeutes
qu'en Périgord, où la répression fut assez douce. Mais en 1546,
l'agitation commence en Saintonge, où éclatent des troubles
assez graves.
L'application générale des greniers à sel ne donna probable-
ment pas les résultats financiers attendus et l'idée vint au gou-
vernement d'affermer les greniers à sel ; la lettre patente datée
du 15 mars 1546, signé© Henri Dauphin, organisa ce système.
L'Etat conservait les magasins, les mettait en adjudication
(1) Charles Chabot, baron de Jarnac, chevalier de l'ordre, gouverneur de
La Rochelle et du pays d'Aunis, maire perpétuel de Bordeaux, capitaine du
château du Hà, vice-amiral de Guyenne en 1541. Il avait deux fils vivants
en 154H : Guy, baron de Jarnac, après son père, et Charles, seigneur de
Sainte-Foy.
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- 96 —
pour dix ans. Dans chaque grenier, on fixa le prix de base pour
rinipôt d'après le revenu de la gabelle au 30 septembre 1546 ; le
prix de la denrée était toujours fixé par les généraux des finan-
ces. Les adjudicataires devaient payer l'impôt par quartiers, huit
jours après chaque trimestre échu. Un dépôt de garantie, égal
au quart de la valeur de la fourniture totale, était exigé des adju-
dicataires, qui devaient payer les gages de tous les officiers des
greniers. Cela simplifiait la besogne du gouvernement qui, de
son côté, ne marchanda pas aux fermiers de la gabelle son appui
efficace.
La répression de la fraude était confiée à la justice expéditive
des prévôts des maréchaux. Afin de faciliter l'adjudication des
fermes, le pouvoir royal poussa à la formation de sociétés en
commandite, en autorisant l'association de bailleurs de fonds
aux marchands. Les membres du clergé et de la noblesse, sans
déroger, étaient invités à entrer dans la formation de ces socié-
tés.
Les adjudications réussirent sans doute, car, en 1548, nous
voyons, en Saintonge et en Angoumois, ce service en pleine
marche.
Cette association des gens riches du pays avec les fermiers à
sel, intéressés à faire enfler les dividendes par des amendes
injustifiées, par de fausses constatations de délits, fit compren-
dre à la foule, dans la même haine, officiers royaux, fermiers,
gens riches et celte haine générale éclata dans ce cri de l'insur-
rection : « Mort aux gabelleurs ».
C'est cette mise en train des grandes gabelles, aggravée par
la mise en ferme du monopole, qui occasionna déjà en 1547 des
émeutes et des refus d'obéissance. En 1548, l'exaspération fut
à son comble dans les deux provinces d'Angoumois et de Sain-
tonge.
L'insurrection en Angoumois et en Saintonge (juillet 1548),
Au commencement de 1548, la Guyenne avait pour gouver^
neur le roi de Navarre, Henri d'Albret (1), prince indépendant
et richement doté dans le pays de Gascogne. Oncle du roi de
France par son mariage avec la sœur de François !•', Marguerite
(1) Henri d'Albret, comte de Foiz, prince de Bëarn, duc d'Albret, roi de
Navarre en 1503. Mort en 1555. Marié en 1527 à Marjpierite de Valois-
Angoulème.
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— 97 —
d'Angoulême, il jouait un rôle important dans le Sud-Ouest
français. La Navarre espagnole avait été conquise par Ferdinand
I3 Catholique. Henri d'Albret espérait la recouvrer pacifique-
ment et avait engagé avec Charles-Quint des pourparlers secrets,
dont Henri H avait eu connaissance. Aussi le roi de France
était-il mal disposé pour son oncle et pour sa tante. Henri
d'Albret n'était d'ailleurs pas un gouverneur de parade, attaché
seulement aux profits de sa place ; c'était im gouverneur jaloux
de ges prérogatives et ne laissant passer aucune occasion de
maintenir ses droits. Il résidait d'ordinaire à Pau. Le lieutenant
qui le remplaçait dans la capitale de la Guyenne était Tristan de
iMoneyns, homme de son choix.
L'Angoumois avait pour gouverneur M. de Larochebeaucourt,
en fonction depuis 1536. Il avait même gardé ce gouvernement
quand Charles d'Orléans avait eu l'Angoumois en apanage. Son
fils R«né occupait sous lui l'emploi de sénéchal. M. de Laroche-
beaucourt gouvernait en même temps la Saintonge, avec le titre
de sénéchal.
Le gouverneur de La Rochelle et de l'Aunis, depuis 1544, était
le comte du Lude (1), fils de Jean de Daillon, officier des plus
distingués des guerres d'Italie, sous François I". Il était en
même temps gouverneur du Poitou.
Dans tous les pays dont nous venons de parler, il y avait peu
de garnisons : quelques compagnies de gendarmerie en Guyenne
et en Poitou, quelques morte-payes au château de Blaye ; voilà
tout ce que l'on constate comme troupes dans l'Ouest au début
de 1548. Les gouverneurs avaient bien à leur disposition la no-
blesse, car l'arrière-ban pouvait être convoqué non seulement
contre les ennemis extérieurs, mais aussi pour rétablir l'ordre
intérieur, mais en réalité, ils ne pouvaient compter que sur les
archers du prévôt des maréchaux et, pour l'Angoumois, l'effectif
de celte troupe se montait seulement à 12 cavaliers. On voit d'iei
dans quel embarras allaient se trouver les gouverneurs pour
réprimer immédiatement les émeutes et la facilité avec laquelle
allait se propager l'insurrection.
D'après Paradin, l'historien le mieux documenté, des troubles
commencèrent en mai 1548 du côté d'Angoulême, allant en s'ag-
(1) Jean de Dainon, comte du Lude, chevalier de TOrdre, gouverneur du
Poitou, du pays d'Aunis et de La Rochelle, lieutenant du roi en Guyenne,
mort à Bordeaux en 15(7.
BiiU«tia. Y
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— 98 —
gravant. C'est à Barbezieux qu'éclata la première émeute contre
les employés du fisc qui durent fuir. Le mouvement fut apaisé,
grâce à Charles de Larochefoucauld (1), seigneur de Barbezieux,
Après cette émotion, les employés des gabelles prirent quelques
paysans, signalés parmi les mutins et les menèrent en prison à
Châteauneuf, mais trois ou quatre mille Pétaux (c'est le nom
donné à ces révoltés) se présentèrent devant Châteauneuf, se
firent remettre les prisonniers et se retirèrent en menaçant de
mort le receveur du grenier à sel, nonuné Texeron. Celui-ci prit
peur et se réfugia à Pau, auprès d'Henri d*Albret, à qui il rendit
compte des événements.
Bouchet, autre historien contemporain, place à Jurignac, en
Angoumois, le théâtre de l'émeute décisive. Dans ce bourg, les
paysan®, excités par leurs prêtres, auraient donné la chasse aux
gabelleurs. Au son des cloches, ils assemblèrent les paysans de
Blanzac, Malatrait, Jonzac, Berneuil « pour se trouver avec des
bâtons et saccager tous les gabelleurs ». Bouchet parle aussi de
la prise de Châteauneuf « où Texeron fut saccagé ». Bouchet et
Paradin ont souvent omis les dates des faits qu'ils relatent, mais
de leurs deux récits il résulte que l'insurrection prit naissance
dans l'Angoumois.
Le receveur des gabelles, Texeron, réfugié près du roi de Na-
varre, fit un rapport tel que ce dernier prit d'urgence des mesu-
res répressives. Il n'avait à sa disposition à ce moment que sa
propre compagnie de gendarmerie, probablement en garnison à
Agen. Il peut paraître étonnant de voir le gouverneur de la
Guyenne s'immiscer dans les affaires de l'Angoumois et même,
comme nous allons le voir, du Poitou, ces provinces ayant leurs
gouverneurs particuliers ; mais avant, comme après l'insurrec-
tion, le roi de Navarre prétendit toujours à un droit supérieur de
commandement dans toute la Guyenne, considérée comme an-
cienne Aquitaine. Il n'ignorait pas que M. de Larochebeaucourt
était dénué de toute force militaire et il agissait au mieux des
intérêts du roi Henri II. Il fit prévenir M. du Lude, gouverneur
du Poitou, de se tenir prêt à le seconder, dès qu'il en serait
requis.
En 1548, Henri II voyageait dans Test de la France et, en juil-
(1) Charles de Larochefoucauld, seigneur de Barbezieux, etc..., capitaine
de 50 hommes d'armes, gouverneur de Paris en 1533, grand sénéchal de
Guyenne en 1544, mort en 1583, époux de Françoise Chabot, fille de Tamiral.
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— 99 —
lel, il se disposait à passer eu Savoie et en Piémont, contrées
réunies à la France depuis plus de dix ans. C'est à ce niomenl
que, par des lettres du roi de Navarre et de M. du Lude, il apprit
les émeutes de TAngoumois. Aussi, sans tenir compte des dates
portées sur les histoires de Paradin et de Bouchet, il doit demeu-
rer acquis que c'est au commencement de juillet qu'éclatèrent les
émeutes de TAngoumois.
Le roi de France « après avoir décerné commissions aux séné-
cltaux d'Angoumois et de Xaintonge et à leurs lieutenants, aux
prévôts des maréchaux desdits lieux et autres pour informer sur
lesdites assemblées, émotions ï>opulaires et procéder à l'exécu-
tion des coupables... », donna de suite des ordres pour agir éner-
giquement. Tout en approuvant les premières mesures prises par
son oncle, Henri II se méfie de lui et le met de côté; ce sera M. du
Lude qu'il chargera du commandement militaire de la Guyenne.
On reconnaît là le caractère soupçonneux d'Henri II redoutant
des manœuvres de l'étranger. Ce monarque adressait aussi des
lettres particulières, pour qu'ils s'employassent de tout leur pou-
voir à la répression, aux sieurs d'Archiac, de Saint-Maigrin, de
Barbezieux, de Montauzier, de Montendre, d'Ozillac, de Fon-
taine, des Roys, d'Ambleville, de Montlieu, de MontiDoreau et de
Saint-Méry.
Vers le 12 juillet 1548, sur Tordre du roi de Navarre, la com-
pagnie de gendarmerie d'Albret, s'était mobilisée en Agenais où
elle tenait garnison. Son effectif normal était de 80 lances ; ce
qui, à raison d'un homme d'armes et de deux archers par lance,
donnait 240 cavaliers. Mais, réglementairement, en temps de
paix, le chiffre des congés devait égalor la moitié de l'effectif.
En réalité, hors du temps des monstres ou de guerre, un tiers
tout ou plus était présent ; le reste était en congé plus ou moins
loin, et comme la compagnie se mit en route le 18 juillet, c'est
avec un effectif de 100 cavaliers tout au plus qu'elle quitta Agen.
Le lieutenant de la compagnie d'Albret, remplaçant le capitaine,
était M. de Gondrin (1). Mais ce ne fut pas lui qui commanda
effectivement, ce fut l'officier le moins élevé en grade, M. de la
Fretle, maréchal des logis, qui dirigea la compagnie d'Albret
d'Agen sur Barbezieux. Elle y arriva le 23 juillet. Il eût été pru-
(\) Antoine de Pardaillan, baron de Gondrin, chevalier de l'Ordre, capi-
taine de 50 bnces, lieutenant de la Compagnie d'Albret, grand sénéchal
d'Albret, marié en 1531 à Paule d'Espagne, dame de Montespan.
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— 100 —
dent de se conformer aux ordres du roi de Navarre, gouverneur
de la Guyenne, et d'attendre pour agir le secours que la compa-
gnie des gendarmes de du Lude devait apporter. Les événements
graves survenus depuis la prise de Châleauneuf allaient rendre
difficile l'exécution complète de ces ordres. En effet, après la
prise de cette ville, les paroisses du BasrAngoumois avaient élu
des capitaines et les chefs avaient ébauché une fédération. Ils
sentirent vite la nécessité de fortifier le mouvement insurrection-
nel en nommant un chef suprême, et, vers la mi-juillet, dans une
assemblée générale tenue à Mallatrait, près de Blanzac, un bour-
geois de cette dernière ville, appelé Boi&-Menicr, fut proclamé
« Coronal d'Angoumois, Périgord et Saintonge ». Bois-Menier
fil appel immédiatement aux paroisses limitrophes de la Sain-
tonge qui, avec cmpressemenl, se joignirent aux Angoumoisim*
contre les gendarmes d'Albret, dont la venue leur était annoncée
par leurs espions.
Le pays entre Blanzac et Barbezieux est mouvementé, as»ez
boisé et ï>eu propice aux évolutions de la grosse cavalerie. Ce
fut dans son pays même que le Coronal ou colonel d'Angoumois
prR position avec la grande bande de Blanzac, augmentée de ses
auxiliaires de Saintonge. Le Coronal Bois-Menier pouvait avoir
4.000 Pitaux mal armés, mais résolus, contre les 100 cavaliers
do la compagnie d'Albret. Dès le 25 juillet, M. de la Frette, com-
mandant de la petite Iroupe de cavalerie royale, se porta sur les
bandes de paysans armés, comptant bien que la vue seule de ses
cavaliers cuirassés ferait fuir ces misérables, mais les Pitaux
« en furie et comme enragés » attaquèrent les hommes d'armes
d'Albret, qui, après un vif combat, s'enfuirent, laissant quel-
ques-uns des leurs sur le terrain. Les gendarmes revinrent au
galop suTi Barbezieux, où ils furent recueillis par Charles de
Larochefoucauld. Ils n'y furent même pas en sûreté ; Barbezieux
s'agitait, le tocsin sonnait dans tous les environs. Aussi Laroche-
foucauld les expédia à Montlieu, qu'ils durent finalement quit^
ter pour rentrer dans l'Agenais, leur ancienne garnison. Après
leur départ, Barbezieux se joignit à l'insurrection ; une assem-
blée générale des paroisses de Saintonge s'y tint immédiatement
el un petit seigneur du pays, M. de Puymoreau (1), fut nommé
(1) L'identification de Puymoreau^ le chef des Pitaux, a donné lieu à une
note très étudiée, dans Touvrage de M. Gigon. Il se trouvait un fief noble de
ce nom dans la paroisse de Salles, Jimitrophe de Barbezieux, et un autre du
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- 101 -
Coroiial de Sainlonge. Quels motifs portèrent ce gentilhomme à
se joindre aux rebelle»? On ne sait. Peut-être ceux-ci désiraient
ils des chefs gentilshommes, et forcèrent-ils la main à leur colo-
nel « le seul noble qui se fourra dans cette canaille ».
L'organisation militaire des insurgés fut complétée par la con-
centration du commandement entre les mains de ces deux chefs.
Quoique l'indiscipline des insurgés fut complète, et qu'il n'y
avait « dans leur cas que tumulte, désordre et violence comme
l'issue l'a témoigné », ces colonels mal obéis donnèrent une
direction à l'insurrection. I^e colonel de Saintonge envoya des
lettres à tous les curés et vicaires des paroisses de la province
leur enjoignant d'assembler les habitants au son de la cloche, de
leur recommander de s'armer, selon leurs facultés, et de se rendre
où il leur serait commandé, sous peine d'être saccagés. Ces
mêmes appels furent répandus dans le Bordelais et l'Angoumois,
et partout ils furent entendus.
A la fin de juillet, le Bas-Angoumois, le sud de la Sainlonge,
la côte et les îles de cette province étaient sous les armes. Des
bandes parcouraient le pays en tous sens, poursuivant les gabel-
leurs. Pour les Pitaux, tous les gens riches étaient soup>çonnés
d'être intéressés à la ferme du sel. Les gentilshommes du pays,
contre lesquels ils n'avaient pas d'hostilité particulière, n'osaient
rien dire, craignant d'être saccagés. La résistance à la spoliation
gouvernementale tournait tout naturellement à une Jacquerie.
Les marchands étaient arrêtés, détroussés et tués.
Il fallait agir rapidement. Pour connaître les effectifs, une
réunion plénière des paroisses fut ordonnée le 3 août, à Archiac.
L'assemblée ne fut probablement pas assez nombreuse, car
un nouveau rendez-vous fut fixé à Baignes pour le 8 août.
L'insurrection du 3 au 8 août,
A la suite de la réunion d'Archiac, un grave incident se pro-
duisit. Les seigneurs du pays, intimidés, tâchaient de se faire
oublier dans leurs châteaux. Un seul, d'Ambleville, enseigne à
la compagnie d'ordonnance de Jarnac, montrant de l'énergie,
avait essayé de réprimer l'émeute de son canton. Il avait arrêté
et emprisonné quelques séditieux ; on l'accusait même d'exécu-
mème nom, dans la paroisse de la Benatte. près Saint-Jean fKAngëly. La note
ne conclut pas et est trop longue pour être reproduite.
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— 102 —
lions sommaires. Cet officier venait de recevoir d'Henri II une
des commissions dont nous avons parlé plus haut. Ces attribu-
tions de police rappelées par le roi incombaient d'ailleurs aux
seigneurs terriens. Son attitude décidée le désignait comme pre-
mière victime : une bande marcha sur Ambleville, situé à six
kilomètres d'Archiac, d'où elle était partie. Le chât^^au fut forcé,
incendié ; les autres maisons de cet officier eurent le même sort.
Il dut chercher son salut dans la fuite.
Les bandes des paroisses parcouraient le pays, le ravageant
et inspirant une terreur universelle. L'une de ces bandes se
saisit près de Cognac, de Bouchonneau, receveur du grenier à
sel de cette ville. Cet employé détesté et un de ses commis furent
liés tout nus sur des planches et on leur brisa lentement les mem-
bres à coups de bâton. Les cadavres furent ensuite jetés dans la
Charente, et les Pitaux proférèrent alors la plaisanterie sinistre
bien connue : « Allez, méchants gabelleurs, saler les poissons
de la Charente ». Les meurtriers espéraient que le courant du
fleuve apporterait jusqu'à Cognac les corpus des suppliciés et que
cette vue forcerait les habitants intimidés à renoncer à se dé-
fendre.
Pendant cette période d'effervescence première, un courageux
citoyen essaya d'arrêter les fureurs populaires. Laurent Jour-
nault, seigneur de la Dourville, ancien maire d'Angoulême et
maître des eaux et forêts de la province, vint à Blanzac trouver
le Coronal Bois-Ménier, afin de négocier avec lui l'apaisement de
la révolte. Il devait bien connaître l'état des esprits, puisque sa
terre de la Dourville est située dans la paroisse d'Aubeville, à
cinq kilomètres de Blanzac. Sans craindre les colères de la popu-
lace, H vint à Blanzac exposer aux révoltés la dure répression
qui les attendait s'ils n'arrêtaient pas leurs mouvements. « Ses
ennemis le prirent, le conduisirent à l'église de Saint-Arthémy
dans ladite ville, lui enjoignirent d'aller trouver le roi et lui por-
ter quelques articles qu'ils avaient faicts pour le soulagement du
peuple, lui faisant menace qu'au cas où il ne voudrait accepter
cette charge et commission, on le mettrait en pièces et saccage-
rait son bien ». Les remontrances au roi demandaient « que toute
gabelle fut amortie et supprimée et que la gendarmerie ne tint
désormais les champs, lesquelles demandes ayant iceluy entendu,
leur déclara qu'il aimerait mieux mourir entre leurs mains qu'être
messager de requestes si impertinentes et si inciviles. Toutefois
qu'il prendroit la peine de remonstrer au conseil privé du roy
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— 103 —
les raisons de Téineule et de réinotion du populaire et pour cela
était prest à entreprendre le voyage de Piémont où pour lors se
trouvait la court ».
Malgré son âge avancé, 55 ans, ce brave et digne citoyen
nliésita pas à entreprendre ce voyage fatigant, à cheval, de
Blanzac à Turin. Il se mit en route vers le 7 août et dut arriver
à Turin vers le 16 du môme mois. Les rebelles crurent d*abord
que le maître des eaux et forêts avait manqué à sa parole et
qu'au lieu d'être en route pour l'Italie, il se tenait caché aux
environs de la Dourville. Un matin, une bande fouilla tous les
environs et, ne trouvant pas Journault, ils saisirent un pauvre
métayer de la Dourville, lui demandant où était son maître. Sur
sa réponse « qu'il estait allé pardevers le roy, commencèrent par
lu: dire qu'il mentait et, pour lui faire dire par force où il estoit,
le lièrent tout conlrc un gros arbre et lui tirèrent cinquante coups
de Iraict ou garrot à travers les bras et les cuisses pour ne le
vouloir tuer que premier il n'eut enseigné son maître. Le pauvre
homme n'en pouvant plus, cria : « Pour Dieu, achevez-moi, que
je ne languisse plus ! » Lors l'un d'eux s'approcha avec sa coi-
gnée, lui disant : « Si tu veux que je t'achève, baisse la tête »
o! le pauvre homme fut achevé, le bourreau lui ayant abattu la
tête à plusieurs coups de coignée ».
Le soupçon jeté sur la mission de Laurent Journault persista
et cela explique la mission donnée plus tard à iM. de Sainte-Foy.
F^a nouvelle de la révolte de l'Angoumois et de la Saintongc se
répandit rapidement dans les provinces limitrophes. Les Jurais
do Bordeaux la signalèrent le 8 août au roi de Navarre, qui avait,
lui, d'excellentes raisons pour la bien connaître. X. de Poulli-
gnac, seigneur des Roys, gouverneur de Blaye, en écrivait le
même jour à M. de Monneins. Le roi dut être avisé à Chambéry,
vers le 2 août, de la défaite des gendarmes d'Albret. Avant de
franchir les Alpes, il donna des ordres pour une répression
\ ieroureiise. Dans une lettre adressée de Lyon, le 9 août, à M. du
Lude, gouverneur du Poitou, le conseil privé le prévenait que
mille hommes d'armes et douze mille hommes de pied allaient
lui être envoyés. Les mesures militaires ordonnées ne pouvaient
aboutir que très lentement, car M. du Lude, commandant dési-
gné de l'expédition, n'avait sous la main dans la première quin-
zaine d'août que deux ou trois compagnies de gendarmerie : on
dut donc convoquer de suite l'arrière-ban de la noblesse des pro-
vinces, et, le 15 août, nous voyons le comte du Lude donner ordre
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— 104 —
au lieutenant général du Poitou « de faire crier Tarrière-ban de
la province », fixant le choix du rendez-vous entre Poitiers,
Saint-Maixent et Lusignan. Il dut en être de même pour la
noblesse de TAngoumoi-s et de Saintonge.
Une active propagande avait été faite dans la région borde-
laise, voisine de la Saintonge, par les soins des deux Couron-
nels Bois-Menier et Puymoreau. Les bonnes dispositions pour
la irévolte du pays compris entre Coutras, Guîtres, Fronsac et
Blaye furent affirmées aux chefs insurrectionnels.
Le dimanche 8 août, obéissant aux décisions de rassemblée
d'Archiac, les révoltés d'Angoumois et de Saintonge se réunis-
saient à Baignes.
L*insurreclion du 8 oai 15 août.
Baignes, gros bourg de Saintonge, était bien choisi, car les
paroisses de la première levée insurrectionnelle y étaient grou-
pées dans un cercle de cinq lieues de rayon. D'abord les com-
munautés de Blanzac, Jorignac, Mallatret se présentaient for-
mant la grande bande de Blanzac, puis Barbezieux, Chillac, Bcr-
neuil. Chaux, Montlieu, Montguyon, Montendre, Jonzac, Ozil-
lac, etc., bref toutes les paroisses frontières des deux provinces
fournirent leur contingent à l'assemblée de Baignes. Ce contin-
gent a été très exagéré par les auteurs contemporains. En éva-
luant à 15.000 hommes le chiffre fourni par les cantons de TAn-
goumois et à 20.000 celui fourni par la Saintonge, nous pensons
nous rapprocher de la vérité ; en plus grand nombre, sans vivres
et sans solde, ces irréguliers n'auraient pu subsister et seraient
rentrés immédiatement dans leurs paroisses. Il est vrai qu'à
mesure que les bandes s'avançaient, elles devaient s'augmenter
du contingent des paroisses traversées, obligé de suivre de gré
ou de force.
Ces foules miséreuses devaient présenter un aspect assez pit-
toresque ; les estampes contemporaines^, les tableaux des Lenain
nous montrent les pauvres paysans en guenilles de toile, pieds
nus ou chaussés de sabots. Ils étaient armés de piques, bâtons
ferrés, faux emmanchées à l'envers, épées à doux mains ; très
peu d'arquebuses, beaucoup d'arcs et d'arbalètes. Ces soldats
improvisés marchaient en colonne, groupés par paroisses, sous
des drapeaux portés par des enseignes. Beaucoup de prêtres
accompagnaient leurs paroissiens : l'un d'eux, le vicaire de Cres-
sac, Jean Morand, commandait sa paroisse par lui soulevée « le
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— 105 —
dict prêtre avait un bonnet vert, un plumar, diausses de bleu
découpées, grande barbe et épée à deux mains n.
Dans cette cohue rassemblée à Baignes, on pouvait voir quel-
ques gentilshommes venus avec leurs tenanciers. Le i>euple sen-
tant son inexpérience aurait voulu faire marcher avec lui les
seigneurs terriens, contre lesquels il n'avait aucune hostilité
déclarée. Plusieurs de ces seigneurs firent beaucoup d'efforts
pour détourner leurs paysans d'une révolte qui ne pouvait abou
tir qu'à des catastrophes. Parmi eux, Guy de Saint-Maure, baron
de Montausier. Les payons de Chaux voulaient forcer leur sei-
gneur de leur donner un capitaine : il refusa. Son frère, seigneur
de Saint-Germain de Chaux fit de même. Naturellement, le séjour
à Baignes fut marqué par des violences. Un riche marchand qui
voulut se retirer, après avoir adhéré au mouvement, vit sa mai-
son brûlée. La foule était dirigée par un prêtre et Puymoreau,
malgré ses efforts, ne put empêcher cette exécution.
Le plan de campagne fut arrêté à Baignes : le colonel Puymo-
reau se chargea des opérations dans la région de Saintes et de
Cognac. Bois-Menicr, le colonel d'Angoumois, dut marcher sur
h haut Angoumois pour tâter Angoulême, détruire le grenier à
sel de Ruffec et essayer d'entraîner le Poitou. Guîtres ayant fait
connaître que le^ pays du Liboumais, du Fronsadais et de l'En-
tre-deux-Mers étaient mûrs pour la révolte, quelques volontaires
sous Tallemagne s'y dirigèrent. La dislocation s'opéra les 9 et
10 août. La colonne de Puymoreau marcha sur Saintes par Jon-
zac et Pons. L'effectif ne devait pas dépasser 15.000 hommes,
car le seigneur de Saint-Germain de Chaux « feignant de vouloir
pactiser avec les révoltés » obtint que les bandes de Montlieu,
Montguyon et Chaux retournassent dans leurs paroisses.
L'expédition des Pitaux sur Saintes fut marquée, dès le second
jour, par une exécution cruelle. A Belluire, un prêtre, maître
Jean Béraud. feignant de vouloir acheter à un bonhomme une
jument valant bien six écus, la lui avait prise. Sur la plainte du
volé, le prêtre fut amené « au Couronnel, qui le fit attacher à un
arbre près le grand chemin, où il fut sagitté par toutes les ban-
des jusqu'à la mort ».
Le 10 août, Pons, place cependant défendue par un château
très fort, ouvrit ses portes aux insurgés. Les bandes du pays et
de la région de Marennes vinrent grossir la colonne. A Pons,
des actes de violence marquèrent le passage des Pitaux. Un gros
marchand, nommé Reugeart, fut déclairé gabelleur ; on pilla sa
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— 106 —
maison, ainsi que quelques autres. Le 12 août, la troupe du Cou-
ronnel Puymoreau, qui devait, avec ses renforts, compter près
de 20.000 hommes, campa sous les murs de Saintes. Les portes
élaient fermées, le lîeulenantrgénéral du sénéchal voulait résis-
ter, mais le peuple était de cœur avec ceux qui réclamaient les
vieilles franchises de la province et la suppression de tous les
impôts. Les portes furent ouvertes de vive force par Témeutc
intérieure. On désigna de suite aux envahisseurs les maisons du
lieutenant-général, du procureur du roi et des pr'incipaux magis-
trats coupables d'avoir voulu organiser la résistance, ainsi que
celles des principaux marchands, naturellement classés gabel-
Icurs. Elles furent pillées, quelques-unes brûlées : le grenier à
sel fut mis à sac. Les insurgés se portèrent ensuite sur les pri-
sons et mirent en liberté non seulement les détenus pour contra-
ventions aux règlements fiscaux, mais aussi les criminels pour
crimes de droit commun. Paradin raconte à ce sujet un fait qui
peint rindiscipline des bandes. Un employé de la gabelle était
détenu pour débet envers l'Etat. Il fut amené devant Puymoreau
qui lui offrit la vie sauve à condition qu'il s'enrôlerait parmi les
insurgés et porterait une enseigne. Le malheureux n'eut pas le
temps d'accepter, car « un vilain yvrogne lui donna sur la tèic
d'une faulx emmanchée à l'envers et le blessa grièvement ».
Interrogé sur les motifs de cette aggression, le Pitault répondit
« Par la cordi ollet yn méchant qui me fît tresné à la queue de
son chevau o n'y a pas quinze jours pour m'amener dans quelle
prison ». Quehiuos heures après, un prêtre suivant les bandes
acheva le malheureux blessé pour lui voler ses vêtements. L'in-
discipline et la cruauté des masses populaires ne changent pas
et les temps modernes offrent au choix des faits analogues.
Saintes, aux mains des bandes victorieuses, courait un très
grand danger. Puymoreau comprit qu'un long séjour dans une
ville riche conduirait au pillage général et par suite amènerait
la dissolution de sa colonne ; il profita donc du bruit de l'arri-
vée prochaine d'un corps de gendarmerie et évacua la ville dès
le 13 août. Or, il n'existait dans toulo la Saintongo (jue la faible
compagnie de M. de Burye, qui commençait seulement sa mobi-
lisation derrière les remparts de Saint-Jean d'Angély, à plus de
six lieues de Saintes. Le 13 août, Puymoreau divisa sa colonne
en plusieurs détachements. L'un d'eux marcha sur Taillebourg
où l'on disait que s'étaient réfugiés des officiers du grenier à
sel. Ce détachement somma la ville et le château de se rendre
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— 107 —
et, comme les portes restèrent fermées, il rentra à Saintes le
soir même. Un autre détachement, probablement peu nombreux,
d'après Bouchel, aurait rencontré vingt-cinq hommes d'armes,au-
rait élé chargé par eux el mis on fuite. Le gros des révoltés quitta
Saintes le 13 août et vint camper le soir même sous les murs de
Cognac (27 kilomètres). Cognac, ville de 3.500 habitants, avail
pour maire Pierre Giboul qui, en vertu de la charte communale,
commandait la milice et devait défendre la cité ; la chose eût
élé facile, car la ville et son chûtcau étaient en état de résister ;
mais, comme à Saintes, le peuple pactisait avec l'insurrection.
Cependant, il fut fait quelque effort défensif, puisque Paradin
di» que les insurgés « entrèrent par force ». Puymoreau occupa
la ville le 14 août. Le grenier à sel et les maisons des gabelleurs,
ou soi-disant tels, furent pillées ; celle de Bouchonneau, l'en-
nemi du peuple, fut détruite. Puymoreau occupa Cognac jus-
qu'au 18 août, ses bandes rayonnant dans tous les sens en fai-
sant la chasse aux gabelleurs. Le château de Garde-Moulin,
situé à 4 kilomètres, sur la Charente, en amont de Cognac, fut
pris et brûlé.
La colonne Bois-Menier, composée exclusivement d'Angou-
moisins. quilla Baignes le 10 août. Son objectif était la ville do
Ruffec, siège d'un grenier à sel. Son effectif, d'après Paradin.
étaH de 16.000 hommes. La colonne passa par Blanzac ; le 12,
elle campait aux portes d'Angoulême, ainsi que le constate un
certificat délivré par Boullon, autre nom sous lequel est désigné
Bois-Menier : « Coronal d'Engoulmoys, Périgort et Xaintonge à
M. de Saint-Foy ».. Sous Angoulême, la colonne se scinda. Le
gros sous les ordres du Coronel continua sa route sur Ruffec.
quelques bandes s'attardèrent autour d'Angoulême, vivant à dis-
crétion sur les faubourgs et les paroisses des environs, essayant
peut-être d'entrer dans la ville. Les notables craignant pour les
récoltes, se débarrassèrent de ces traînards, en leur fournissant
lo l 'i août « force pain et vin ». La colonne Bois-Monior arriva
à Ruffec le 14 août. Les habitants se joignirent aux insurgés. Lo
grenier à sel fut saccagé. Les officiers de la gabelle s'enfuirent
ou firent cause commune avec le peuple. Pendant la marche sur
Ruffec, Bois-Menier avait eu l'audace d'envoyer ses émissaires
aux paroisses du Poitou. Ce fut d'ailleurs inutilement.
Le 15 août, Bois-Menier licencia ses volontaires, le but de son
expédition étant atteint. Il ne conserva avec lui que trois de ses
capitaines avec quelques Pitaux pour lui servir d'escorte.
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— 108 —
L'insurrection en Angoumois du 15 au 31 août.
Les bandes licenciées le 15 août, à Ruffec, après la destruc-
tion du grenier à sel, avaient repris le chemin suivi à Taller,
c'est-à-dire la route qui passe pwir Mansle, Saint-Amand de Boixe,
Angoulême et Blanzac. Bois-Menier avec son escorte prit le
même chemin le 16 août et le même jour vint coucher à Saint-
Amand de Boixe. Laissons la parole à Paradin : « Au surplus,
le 17' jour d'août, le colonel Boullon, avex; trois aultres princi-
paux compagnons appelez Tun Galaffro, Cramaillon, lautre Châ-
lelleraut, venait de saccager le magasin de Ruffec avec 16.000
hommes des communes qu'il avait renvoyez dudict Ruffec cha-
cun en sa maison, escortés de 12 à 15 hommes, passèrent en un
bourg nommé Sainct-Amand de Boixe où il y a une abbaye... Vu
leur petit nombre, le seigneur de SaintrSéverin (1) qui estoil
chez un gentilhomme du pays nommé du Chatelart avec cinq ou
six gentilshommes monta à cheval et envoya gens qui firent cou-
rir le bruict qu'il venoit bien 300 hommes d'armes pour les pran-
dre, chose qui esbahil grandement le dict coronnal et sa compa-
gnie, de sorte qu'il se jecta dans l'église dudict Sainct-Amand
et se fortifia dedans le clocher où après, estant assiégé par le
soigneur de Sainct-Séverin et aultres seigneurs, il se rendict
après avoir parlementé avec ses compagnons. Un sien compa-
gnon, nommé Galaffre, ne se voulut rendre jusqu'à ce qu'on ne
l'eust par finesse tiré hors, et lors furent menés tous quatre en
Angoulême par ledict seigneur et mis entre les mains de M. de
Larochebeaucourt, gouverneur d'Engoulmois et sénéchal de
Saintonge ».
Ce récit est complet et évidemment très exact. Le Couronnai
Bois-Menier et son étal-major étaient sans défiance, car ils se
savaient maîtres du pays. Cette confiance explique le coup de
force exécuté par Saint-Séverin. Le château du Chatelart, où il
résidait occasionnellement, est situé dans la paroisse de Puy-
reaux, canton de Mansle, à moins de 4 kilomètres de la roule
do Mansle à Saint-Amand de Boixe. Il fut donc facile de surveil-
ler les mouvements des chefs des Pitaux le 16, et de s'assurer
qu'ils s'arrêteraient sans défiance à Saint-Amand. Saint-Séverin
(1) François de Saint-Gelaîs. seigneur de Saint-Séverin, ftls de Mellin, pre-
mier maftre d*hfttel de François, comte d' Angoulême, depuis roi de France,
lieutenant à la compagnie d'ordonnance de Guy Chabot, mort vers 1584.
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— i09 —
eut ainsi le temps de rassembler les seigneurs les plus proches
avec leurs tenanciers et de cerner le bourg de Saint-Amand avant
que le Coronnel Boulon pût rien soupçonner. Si, écoutant les
conseils de Galai'fre, la petite troupe des chefs des Pitaux s'était
barricadée ^ défendue à outrance dans le clocher de réglise
abbatiale, leurs hommes avertis seraient retournés sur leurs
pas et les auraient secourus^ comme ils le firent 48 heures plus
tard. ;
La capture du « Colonnel d*Engoulmoys » et de ses principaux
lieuteuaBis élait un fait d*importance majeure. M. de Saint-Séve-
rin partit en poste pour l'Italie, afin de l'annoncer lui-même au
roi Henri II qu'il trouva le 26 août à Garignan. Le roi de France
renvoya de suite ce gentilhomme à M. du Lude avec une lettre
où il témoignait toute sa satisfaction de l'arrestation des chefs
insurgés. Le caractère dur et soupçonneux du roi se montre
dans cette lettre du 27 août; par ces prisonniers, on pouvait
avoir la clef de la conspiration dont on se croyait certain : « Au
demeurant, écrit-il au gouverneur du Poitou, M. du Lude, j'es
cript au sieur de Lairochebeaucourt qui a dedans son château
d'Engoulesme ledict Couronal et ceux qui ont estez prinz avec
lui, qu'il aict à les mestre en lieu si seur et qu*il les tienne si
bien enfermez qu'ils ne puissent communiquer ne parler à per-
sonne et qu'il m'en sache respondre sur sa vye, pour ce que par
eux je m'attends de scavoir au vray à quel but tendaient leurs
entreprinses et qui sont leurs adhérents : et si les dictes commu-
nes vouloient entreprendre de les recouvrer par force du lieu où
ils seront et ledict sieur de Larochebeaucount avoit pour y résis-
ter besoing de plus de gens que ce qu'il en a, vous le secoure-
riez incontinent et m'avertiriez de ce qu'aurez faict ensemble de
toutes telles choses de par de là, ainsi que j'ay donné charge au
dict sieur de Saint-Séverin, présent porteur pour vous en dire
plus long ».
M. du Lude avait connu l'événement bien avant le roi. Dès le
21 août, il avait envoyé 100 à 120 cavaliers de sa compagnie de
gendarmerie, commandés par son enseigne, M. de Loubbes,
pour renforcer la garnison d'Angoulême. Il envoya l'ordre à la
compagnie de Burie, stationnée à Saint-Jean d'Angély, d'imiter
lo mouvement, devant se porter de sa personne de Niort, où il
était « sur Chizay, Saint-Jean d'Angély, Angoulôme et aultres
lieux où besoing sera ».
Il semblait que, derrière les solides murailles et les grosses
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— 110 —
tours du château d'Angoulême, les prisonniers remis le 18 août
entre les mains de M. de Larochcbeuucourt dussent perdre tout
espoir de délivrance. Heureusement pour eux, le pays était
encore en armes, les bandes des Pitaux n'étaient pas encore ren-
U'ées dans leurs loyers. Puymoreau avec ses Saintongeais occu-
pait Cognac et ses environs. La nouvelle de l'arrestation du
Coroniial Bois-Alenier ou BouUon et de ses compagnons fut
portée avec une rapidité incroyable par les échappés de la sur-
prise de Saint- Amand à toutes les paroisses insu^rgées. Sous les
ordres d'un frère du colonel ik)ullon, les bandes reformées se
portèrent sur Angoulême. Puymoreau se porta aussi sur cette
ville et, le 20 août, elle se trouva cernée. Les compagnies d'or-
donnance de MM. du Lude et de Burie, après avoir tenté en vain
d'entrer dans la place, durent rétrogader.
Angoulême, en 1548, était une place forte presque inexpu-
gnable. Pour la défendre contre une cohue de paysans mal
cl rués, dépourvus d'artillerie et sans expérience de la guerre, le
gouvej-neur Larochebeaucourt n'avait pas de troupes régulières,
mais un certain nombre de gentilshommes volontaires qui étaient
venus le rejoindre. Avec ces hommes déterminés, il pouvait daii.s
le château résister aux habitants de la ville si ceux-ci se joignaient
aux insurgés. La ville, d'ailleurs fidèle, pouvait mettre sous les
armes une milice qui, à la montre de 1544, avait compté 4.500
hommes. Son maire et capitaine était alors un médecin, nommé
Pierre Poirier, qui manquait peut-être d'autorité et de connais-
santes techniques pour commander place et milices. A son arri-
vée, Puymoreau avait sommé le gouverneur de rendre les pri-
sonniers sous peine de voir détruire les maisons et les récoltes
appartenant aux habitants. Depuis 1547, la peste ravageait la
région et n'avait pas encore tout à fait disparu. On comprend
les appréhensions des malheureux habitants d'Angoulême, crai-
gnant la famine à la suite de La destruction systématique de leurs
ressources. Les notables remontrèrent à Larochebeaucourt la
nécessité de rendre les prisonniers, surtout en présence des dis^
positions du bas-peuple favorable aux insurgés. Larochebeau-
court, craignant de voir Angoulême se joindre aux Pitaux et
tomber entre leuirs mains, préféra rendre les prisonniers, après
quarante-huit heures de réflexion. Le 22 août, les bandes quit-
tèrent le voisinage d'Angoulême, y laissant bien des ruines.
Les communes, en rentrant dans leurs foyers, ravagèrent tout
sur leur passage. D'après Bouchet, Châteauneuf aurait eu encore
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— 111 —
leur visite. Le château de Malaville, près Châteauneuf, signalé
comme un repaire de gabelleurs, fut assiégé, pris et brûlé. Les
enfants du seigneur, emmenés en otage à Barbezieux, obtinrent
un peu plus tard leur liberté de Puymoreau.
La nouvelle des événements d'Angoulômc arriva au roi de
France à Cavour, en Piémont, le 30 août. Il fut indigné de la
faiblesse de Larochebeaucourt ^ue Ton taxait de lâcheté. L'es-
poir de voir parler les prisonniers dans les tortures disparaissait.
En présence de l'insurrection grandissante, le roi compléta les
ordres déjà donnés. Le 31 août, il prévenait le connétable de
Montmorency d'envoyer en Angoumois M. Louis Prévost, sei-
gneur de Sansac (1), officier de grande valeur, pour commander
la cavaleiie du corps d'armée destiné au comte du Lude, et en
même temps de mettre on prison le faible gouverneur de la pro-
vince. La colère du roi était violente et elle fut durable. Laroche-
beaucourt fut remplacé provisoirement par iM .de Sansac et empri-
sonné. Des influences puissantes agirent en faveur du faible gou-
verneur. Voici une lettre du roi écrite en octobre au connétable
de Montmorency qui intercédait en sa faveur : « Mon cousin, je
voy ce que vous m'avez escript louchant le seneschal d'Engoul-
moys... me semble que je luy ferais grand tort, si je ne le fai-
soys prandre affin de faire de luy ce que j'avoye délibéré de
faire des otres : car je pense qu'yl a myeus mérité une bonne
pugnition que ceus qu'yl a rendus. Pour cella ne fallez à le faire
prendre et mander à M. du Lude qu'y metle quelqu'un à sa
place ». M. du Lude obéit. Larochebeaucourt emprisonné fut
jugé en décembre par les commissaires spéciaux siégeant à
Angoulême. M. de Sansac ne le remplaça, d'abord que provisoi-
rement ; ce ne fut qu'en 1563 qu'il devint titulaire de l'emploi.
L'office de sénéchal d'Angoumois était distinct de celui de gou-
verneur, et René de Larochebeaucourt, titulaire de cet office, le
conserva malgré la disgrâce de son père.
Après la retraite des communes, Laurent Journault arriva à
Angoulême le 28 août apportant de Turin une lettre patente,
datée du 19 août, qui accordait aux révoltés une amnistie condi-
(1) Lpuis Prévost, seigneur de Sansac, en Angoumois, né avant 1506, che-
valier de rOrdre, capitaine de 40 lances en 1550, grand fauconnier en 1549,
gouverneur de TAngoumois (1553-1560), sénéchal de Saintonge (1560-1566),
épousa, en 1548, Louise de Montbron, figura dans les guerres religieuses, et
mourut en 1578 sur ie point d'Hre promu maréchal de France.
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~ 112 -
lionnelle. Cet acte et les promesses officieuses de suppression
de la gabelle amenèrent une détente immédiate et la pacification
de TAngoumois commença.
(A suivre.) C* Deruelle.
II
LE CHÊNE DE MONTHAVAIL
PliÈS 941NTES. — QUEL AGE A-T-IL ?
DURÉE ET GROSSEUR DES ARBRES
Dans un intéressant article, paru dans la Allgemeinen Forfl
und Jagel Zeitung (1), M. le docteur Frédéric Kanngiesser
[)asse en revue les plus gros et les plus vieux arbres du monde,
à quelque essence qu'ils appartiennent. Nous y voyons défiler
les hêtres, les châtaigniers (2), les pins et sapins, les ifs les plus
célèbres, sans compter les ormeaux et les tilleuls. Mais les chênes
y occupent naturellement la première place, tant par le nombre
que par la grosseur et la longévité. L*auteur en signale vingt-
deux, dont l'âge varie entre 500 et 2000 ans. En voici le tableau
indicatif :
LOCALITÉS
Circonfé-
rence
Hauteur de U
mesure
Age
PUBLICATIONS
1. Chêne de Greenda-
le, au Welbeck-
Park.
9 m. 30
à hauteur
Trsinsactions of the
(1903)
de poitrine
Botanical.
Society of Edin-
40m.20
au ras du
burgh, 1903. The
(1664)
soi
Royal foresU of
Enqiandy London,
lim.iO
au ras du
1905, p. 222.
(4790)
sol
2. Chêne de Tarchi-
ducJean (mort et
hauteur
écorcé).
7 m. 98
de poitrine
500
600
Heisem Baume
(arWcs et la !«»), St.
(1 Numéro de juin 1906. Francfort-sur-le-Meio, librairie J.-D. Sauerland.
(3) Le fameux chftlaigner de La Groix-Layault (Sa6ne-et-Loire), qui mesu-
rait plus de treize mètres — dit-on — vient d'être incendié, par malveillance
croit-on.
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3.Chêne du roi à Wind-
sor (Grand parc).
4. Chêne du Poteau,
près d'Eisolzried.
5. Chêne de Schôn-
berg, près de
Kempten.
6. Le gros chêne, près
de Kirtorf.
7. Chêne de Beaumes
nil (Normandie)
8. Le gros chêne, près
de Bnickmûhl.
9. Chêne du Diable,
près de Volken-
rode.
10. C^êne du roi Max,
près de Kirohse
eon.
11. Chêne de la Chapel-
le, à Allouville.
12. Chêne Owen-Glen
dower, près de
Shrewsbury.
13. Chêne Mayor, près
de Workship.
14. Chêne de Vendeli-
ni, près de Geis-
feld.
15. Chêne près de Plei-
chwitz, en Sibérie,
déraciné par une
tempête en i857
16. Chêne de Montra-
▼ail, près de Sain-
tes.
BvUstin.
8 m.
8 m.
9 m.
8 m. 50
9 m. 75
7 m. 90
8 m. 85
10m. 20
9 m.
8 m. 60
9 m.
9 m.
9 m. 79
12ra.50
10m. 50
9 m.
13 m.
I4m.i0
10m. 85
113 -
à 93 cent.
hauteur
d'homme
à 3 m.
hauteur
de poitrine!
au ras du
sol.
hauteur
de poitrine
à 1 m.
à 30 cent.
à hauteur
de poitrine
à 1 m. 70
à 63 cent.
hauteur
de poitrine
à 1 m.
1200
700
à 1 m. 55
à 2 m. 50
à 63 cent.
au ras du
sol.
à 1 m.
800
900
700
900
1000
800
900
existant
déjà
en 1403
1100
700
800
2000?
Chambers Encyclo-
pœdia,pBge 561.
Stùtzer, 27.
Siûtzer, 169.
Hessens Baume 80.
Kervilie, fa se. IL
Siûtzer, 55.
H.Wagner, Batan,
pittoresque, iom. L
Leipzig, 1861.
Stûtzer, p. 8.
Kervilley fasc. L
C. Brewers Dictio-
nary, 1895, p. 905.
Stûtzer, 50.
Goeppert,
Recueil de la Com-
mission des Arts,
etc., 1884, p. 330.
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— 114 —
il. Chêne de Fairlop,
en Essex.
48. Chêne près de Kôrt-
linghaufen, en
Prusse.
49. Chêne de Cowlhor-
pe, près de Wet-
herby, en Angle
terre.
20. Chêne près de Weh
lau, en Prusse
orientale (n'existe
plus).
24 . Chêne de Damorey,
dans le Dorsets-
hire, abattu en
4703 par la tem-
pête.
22. Chêne de la Cha-
pelle Sl-Joseph,
près La Villedieu,
en France.
44m. 88
42 m. 4
46 m. 8
13m. 50
44 m. 50
48 m.
21 m.
49m.
12m.
au ras du
sol
au ras du
sol
à 92 cent.
à 4 m. 65
500?
4500
à la base
à 4 m.
Strand Magazine.
Meyers Lexikon
4890 \^ Arbre.
The Cowl harpe oak
by Clayton. Edin-
burgh, 4903 (Com-
munication de M.
Newenham).
Garienlaube, 4886,
page 756.
Goeppert, 43.
Mesures données
en janvier 1906 par
M. R. Thomas, ce
dont je le remercie.
D'après ces renseignements, puisés aux meilleures sources
le plus âgé de tous ces chênes, sinon le plus gros, se trouverait
être le chêne de Montravail, situé dans la commune de Pessines,
près Saintes. D'après les calculs de d'Orbigny (1), il n'aurait pas
moins de deux mille ans et remonterait, par conséquent, aux
temps de l'indépendance gauloise. Les sangliers que chassaient
nos ancêtres les Santons, dans la grande forêt qui s'éten-
dait au couchant de leur oppidum le plus central, Mediolanum,
(1) Son mémoire a paru dans les Annales de U Société d^agriculture de
La Rochelle, 1843, p. 39. Il est accompagné d'une lithographie. Cf. notre
BalUtin des Archives, tome XVIII, p. 50.
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— 115 -
en auraient mangé les premiers glands. Un césor romain, si
jamais Tun d'eux est venu en Saintonge, aurait pu lui rendre
visite, en se détournant un peu de la grande route de Saintes à
la mer qui traversait la forêi et passait aux bourgs actuels de
Pessines et de Pisany. Les défrichements du moyen âge qui
transformèrent la contrée, où se formèrent ensuite la seigneurie
de Brassaud et, à côté, la paroisse de Pessines, l'auraient res-
pecté et englobé dans la cour du domaine de Monlravail, où il
se trouve encore de nos jours. S'il n'eut pas la faveur de donner
son nom à la propriété, il occupa du moins la place d'honneur
au cœur de cette exploitation rurale, au bord d'un abreuvoir
creusé à son pied.
Avant de réclamer pour ce vénérable compatriote le rang et le
respect qui lui reviendraient ainsi parmi ses semblables, il nous a
paru bon de vérifier ses papiers, c'estrà-dire l'acte de naissance
que le Recueil de la Commission des Arls de la Charente-Infé-
rieure, à la suite de d'Orbigny, lui avait décerné en 1884. Aussi,
le 10 octobre dernier, nous sommes-nous présentés à son domi-
cile pour le passer à la toise avec toute la rigueur voulue.
Voici d'abord son signalement : appartient à la variété dite
chêne blanc (Quercus Robur, L. var. pedunculaia), celle qui
acquiert toujours la plus grande longévité ; a été dès l'origine
exploité en têtard, et établi à une hauteur de tronc de 2"50 à
3™ (1); base très élargie par les racines développées dans le sol
superficiel ; tête très élargie par les branches principales qu'on a
laissé croître après les premières tailles ; tronc rétréci en col
intermédiaire, à hauteur d'homme; intérieur creux (2), en forme
de chambre circulaire, dans laquelle on entre par une crevasse
élargie, et ouverte en haut ; branches principales aujourd'hui
mortes et coupées, sauf une (2"43 de tour), qui est encore en
végétation ; aspect général d'un vieillard décrépi, qui n'a gardé
qu'une touffe de sa luxuriante chevelure.
La mesure de la circonférence au ras du sol est presque sans
intérêt pour le décompte de l'âge de cet arbre, en raison du trou-
ble apporté dans l'état des couches de cette région par la crois-
(1) Les dimensions données par d'Orbigny sont manifestement fausses.
Ainsi il compte le tronc à sept mètres de hauteur : le diamètre au niveau du
sol à 8 ou 9 mètres, à hauteur d'homme 6 ou 7 mètres.
(i) D'Orbig^ny prétend qu'on a « creusé dans le bois mort de Tintérieur du
tronc un salon de trois à quatre mètres de diamètre, avec banc circulaire ».
Est-ce bien sûr ? En tout cas, ce banc n'existe plus.
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- IIG -
sance des racines. Néanmoins, cette circonférenoe n'est que de
IS'^QO, écorce comprise. Le point le plus propice pour un
décompte de celte nature est certainement la partie la plus rétré-
cie du tronc, située à hauteur d'homme et à égale distance des
racines et des principales branches. Là, la circonférence est de
9°"36, écorce comprise, ce qui donne un rayon total de 1"494.
Il faut en déduire l'épaisseur de l'écorce, qui est de Cr35 en
moyenne, et, tout compte fait, le rayon de bois pur doit être
ramené à 1"*15.
Un échantillon de bois, pris le jour de notre visite à l'intérieur
de la chambre, à cette même hauteur d'homme, présente des cou-
ches annuelles d'une épaisseur de un millimètre et demi. Un autre
échantillon, prélevé il y a vingt-deujc ans (1) et conservé au
musée de Saintes, où il a atteint le dernier degré de la dessica-
tion, présente des couches annuelles d'une épaisseur de un milli-
mètre. En prenant le premier pour base de décompte, le chêne
de Monlravail aurait environ 750 ans ; en prenant le second, il
renK)nterait à 1150 ans environ; soit une moyenne de 950 à
1000 ans au plus, c'est-à-dire moitié de ce qu'on lui attribue com-
munément (2).
Tel est le résultat rectifié auquel nous sommes arrivés. Il est
loin de confirmer la précédente estimation. Au lieu de trouver
un chêne gaulois, librement développé en pleine forêt santone
nous ne rencontrons plus qu'un chêne coupé, dont la dépouille
décennale a d'abord servi au chauffage des colons du moyen
âge. Pour être moins glorieux, son rôle n'en a été que plus
utile, et sa disparition inmiinente ne sera point celle d'un géant
de la forêt, ni d'un représentant de l'indépendance celtique.
D' GuiLLAUD. Ch. Dangibeaud.
P,-S. — Nous prions nos confrères de nous signaler les chênes
de leur contrée mesurant plus de cinq mètres de circonférence à
un mètre cinquante du sol.
(1) En 1884, on venait de lui couper ses grosses branches, sauf une. Des
rejets donnent aujourd'hui une touffe de branches feuillues assez épaisse.
(2) Voici le calcul de d'Orbigny : c Sur une lame de (rente centimètres de
bois, enlevée du tronc vers le haut de la porte d'entrée, j'ai compté deux
cents couches concentriques annuelles, d'où il résulte qu'en prenant le rayon
horizontal de la circonférence extérieure au centre du chêne, il existerait de
dix-huit cents à deux mille de ces couches, ce qui porterait son ftge à près
de deux mille ans. » Seulement ses mesures sont erronées.
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— 117 —
III
Étude bibliographique sur les éditions db
f L ANTIQVITÉ DE B0VRDEAV8 »
D*ÉlIE VlNET, SAINTONGEAIS.
{Suite).
Nous nous sommes un peu étendu sur le plan de 1565 parce
qu'il offre un intérêt de premier ordre pour l'étude de l'histoire
de Bordeaux au XVP siècle et au moyen âge, et parce que les
détails que nous venons de donner sont inédits. Nous allons
reprendre maintenant la bibliographie du Discours sur VAnli-
qvité de Bovrdeavs,
Nous avons ici deux questions à nous poser : Vinet a-l-il pré-
senté son ouvrage au Uoi en manuscrit ou imprimé, et pourquoi
011 a-t-il conGé l'impression aux presses de Poitiers et non a
celles de Bordeaux ?
Il faut remarcjuer d'abord que le litre de VAntiqvUé porte
« Présentée au Hoy lo Ireziesmc jour d'avril », et que, de plus,
oïl lit dans la dédicace adressée au Roy : « Je n'ai nullement
« douté de vostre très libérait© bonté, qu'elle ne receust volon-
« tiers et print en gré k petit livret sorti de l'estude du pauvre
« principal de vostre collège d« Rourdeaus, lequel est mer-
i( veilheuzement marri qu'il n'a de quoi il vous peust assés remer-
« cier de la grand'grâce et libéralité de laquelle avès uzé ces
« iours en son endroit, et envers ledit collège.,. » Or, comm;ent
Vinet aurait^il pu savoir assez longtemps à l'avance, pour faire
imprimer ce titre et cette dédicace avant le 13 avril, jour de la
présentation du livre, alors surtout que ce dernier s'imprimait
loin de Bordeaux, à Poitiers, que le Roi ferait sa visite au col-
lège le 13 et qu'il augmenterait ses appointements (1), « grâce
et libéralité » qui n'ont été accordées que le lendemain 14 ? (2)
Nous pourrions encore faire état d'une des phrases de la délibé-
ration des jurais bordelais d'avril 1572, que nous avons citée
(!) Diapré 4 le traité passé entre Vinet et les jurais, le 29 juillet 156), ces
appointenaenfs avaient élé fixés à mille livres par an, ils furent portés à
douze cents.
(2) 11 était d'autant moins facile de le savoir que rentrée du Roi, qui avait
été fixée d'abord au l*** avril, dans le programme des fêtes arrêté à la fin du
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— 118 —
plus haut : « ... comme il (Vinet) a fait apparoistre par ung dis-
« cours en langage fraiiçoys qu'on peut avoyr veu présenté au
« Roy, à son entrée en cesle ville, Tan mil cinq cens soysante-
« cinq, et lors peublié par impression... » On pourrait ainsi
interpréter la phrase : Discours présenté au Roy et ensuite livré
à rimpression ; mais ce serait un peu spécieux, d'autant plus que
l'adverbe lors n'est peut-être pas synonyme d'ensuit«, et nous pré-
férons nous appuyer sur les deux premiers arguments que nous
venons de faire valoir, les deux phrases du titre et de la dédicace,
qui sont beaucoup plus solides, pour pouvoir établir que Vinet a
présenté son Antiquité de Bovrdeavs à Charles IX en manuscrit
sur un beau vélin blanc enluminé et richement relié aux armes de
France, ce qui était beaucoup plus respectueux et plus noble
qu'une vulgaire impression typographique que 1© premier venu
allait pouvoir se procurer. On pourra certainement nous objec-
ter qu'il est très possible que le livre ait été imprimé à Poitiers
avant l'arrivée du Roi à Bordeaux, que Vinet l'ait présenté au
souverain lors de sa visite au collège, le 13 avril, ainsi imprimé,
mais avec un titre manuscrit, et que ce n'est qu'un peu plus tard
que le titre et la dédicace ont été imprimés et l'ouvrage complet
livré alors à la publicité. Au point de vue matériel, la chose a pu
se passer ainsi, mais au point de vue du protocole officiel si
sévère en ce temps-là et môme au point de vue des simples con-
venances, il n'est pas admissible qu'un auteur, un pauvre prin-
cipal de collège de province, ait été remettre au Roi un ouvrage
imprimé avec un titre manuscrit. Nous croyons donc que Texem-
plairo de LWnliqvité de Bovrdeavs qui a été offert k Charles IX
par son auteur Elie Vinet, le 13 avril 1565, au collège de
Guyenne, était manuscrit, et que l'ouvrage qui était à l'impres-
sion à Poitiers n'a paru que quelque temps après.
On peut se demander encore, en présence du titre de départ
« Bref Discours de V Antiquité de Bovrdeavs », si l'auteur a lu
son travail au Roy sous forme de discours. C'est inadmissible.
I.*Antiqvité de Bovrdeavs comprend avec celle de Bourg vingt-
huit feuillets, c'est-à-dire cinquante-six pages en italiques, en
petit texte, et il eut bien fallu une bonne heure pour en terminer
mois de mars, d'accord entre le chancelier de THospital et une commisaion
de mafçistrats du paiement de Bordeaux, avait dû être retardée, pour les
raisons que nous avons fait connaître, jusqu'au f avril et que ce retard avait
dû naturellement déranger Tordre des cérémonies.
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^ 119 —
la lecture. Vinel devait savoir que le jeune souverain n'aimait
guère les longs discours, il avait été sans doute témoin de la
manière un peu brusque dont il avait interrompu quelques jours
auparavant la filandreuse harangue du premier président de
Lagebaston, et il comprit qu'il serait imprudent de mettre de
nouveau la patience du royal enfant à Tépreuve. Il dut se con-
tenter de souhaiter la bienvenue au souverain, de lui expliquer
en quelques mots le contenu de son ouvrage et de lui en remettre
le manuscrit, qui fut confié à quelque personnage de la suite.
Maintenant, pourquoi Vin^t a-t-il fait imprimer son Antiquité
à Poitiers et non à Bordeaux ? Ainsi que nous l'avons déjà expli-
qué dans notre notice sur les éditions de Saintes et BarbezieuSy
parue dans la Revue de Sainlonge en 1904, l'imprimerie borde-
laise n'était pas à cette époque dans un état de bien grande pros-
périté, il n'y avait, comme pendant tout le XVI* siècle, qu'un
seul atelier (1), et encore n'avait-il probablement qu'un outillage
très insuffisant, car on ne connaît que très peu d'impressions
portant le nom de François Morpain ou de sa veuve qui tinrent
cet atelier de 1542 à 1570. Elie Vinet, après avoir confié tous ses
travaux aux typographes de Poitiers (2) ou de Paris, avait essayé
de l'atelier bordelais en faisant imprimer en 1554 son édition de
Psellus à François Morpain (3), mais il n'en fut guère satisfait,
il faut croire, puisqu'il revient aux presses de Poitiers, d'où
nous voyons sortir entre autres ouvrages de lui un Suétone en
1556 (4), un Perse en 1560 (5), un Auretius Victor en 1564 (6), et
(1) On peut consulter sur rimprimerie à Bordeaux au XVI* siècle: Ori-
gines de V imprimerie en Guyenne, par Jules Delpit, Bordeaux, 1869, in-8*,
Les origines et les débats de Vimprimerie à Bordeaux, par A. Claudin, Paris,
1897, in-8* et Notices biogrAphiques sur les imprimeurs et libraires borde-
lais des XVI\ XVII* et XVIW siècles, par Ernest Labadie, Bordeaux, 1900,
in-8*.
(2) Les grands imprimeurs poitevins étaient les Marnef. Voy. sur rimpri-
merie à Poitiers : Vimprimerie et la. Librairie à Poitiers pendant le XVI*
Siècle, par A. de la Bouralière, Poitiers, IPOO, in-8«.
(3) Ex mathematico Pselli Breviario, op. cit.
(4) Suetonii Tranquilli de illustrihus grammalicis et rethoribus libri duo^
casligaii et indice aucti.., per Eliam Vinetum. Pictaviis, ex officina Joannis
Mamefii, 1556, in-4*.
(5) Aulii Persii Flacci satyrarum liber, ab Elia Vinelo Santone emenda-
lus... Pictaviis, apud Ënguilberlum Marnefium, 1560, in-4*.
(6; De vita et moribus Imperatorum Bomanorum excerpta ex libris Sexti
Aurelii Vietoris... Elias Vinetas emendavU... Pictaviis, apud Enguilb.
Marnefium, 1564, in-4*.
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- 120 —
en 1565 son édition des Villes célèbres d'Ausone (1). Il reviendra
cependant encore à l'atelier de Bordeaux, et c'est la veuve Mor-
pain qui imprimera en 1568 la première édition de Saintes et
Barbezieus.
Le principal du collège de Guyenne avait dû regretter bien
souvent de n'avoir pas sous la main un établissement typogra-
phique bien organisé pour exécuter les travaux qu'il avait été
obligé d'envoyer à des imprimeurs étrangers, et il avait dû son-
ger bien des fois à installer aux portes de son collège un atelier
qui put rivaliser avec ceux de Poitiers, de Lyon ou de Paris.
C'est lui en effet qui fut le promoteur de la grande imprimerie
qu'un professeur du collège, Simon Millanges, établira en 1572
dans la rue Saint-James, et le premier labeur exécuté par le nou-
vel atelier sera un livre portant le nom d'Elie Vinet (2).
Ainsi c'est la médiocrité de l'atelier typographique bordelais
au milieu du XVP siècle qui força Elie Vinet à charger Enguil-
bert de Marnef, de Poitiers, d'imprimer son Antiquité de Bovr-
deavs en 1565, et il n'eut pas à s'en repentir, car le livre est
d'une excellente exécution et le caractère italique employé pour
la composition lui donne un aspect très artistique.
Le Discours sur VAntiqvité de Bovrdeavs n'est ni une histoire
des bordelais, ni une description archéologique des monuments
de leur ville, c'est plutôt une dissertation savante sur les ori-
gines connues de cette cité et de l'ancienne Aquitaine. Vinet
essaie de faire connaître, d'après les auteurs anciens comme
Strabon et Ausone, ce qu'était l'Aquitaine du temps des romains;
il cherche à expliquer le nom primitif d^ Burdegnla dont per-
sonne n'a su trouver l'étymologie ; il décrit la Garonne, il passe
(1) Ausonii Burdeffalensii liber de claris urbibas^ et in eam Elise Vineti
Santonis commentarins. Pictaviis, apud Enfruilb. MarneAum, 156b, in-4*, un
des poèmes d' Ausone que Vinet avail publié pour faire prendre patience à
ses amis, en attendant Tapparition de son édition des Œuvres complètes
avec commentaires du poète bordelais. Il avait déjà donné en 1551, à Pari^,
une première édition des poésies d'Ausone, mais on ne connaissait pas encore
le manuscrit de l'Ue Barbe sur lequel il fera sa grande édition de 1575-1 5S0.
(3) Narbonensiam votum et arse dedicatio, insignia antiqailatis monu-
mentAy Narbone reperta.., Burdigates, apud Simonem Millangium, 1573, pet.
in-8*. C'est une dissertation sur Tinscription d'un autel romain en marbre qui
avait été trouvé 4 Narbonne en 1565. inscription qu*on avait envoyée à
Vinet. L*autel romain existe encore et lors de noire voyage é Narbonne en
septembre 1905 il nous a été permis de le voir dans le vestibule de la biblio-
thèque de la ville.
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— 121 —
rapidement sur la légende de Cénebrun, nous enlrelienl des
Bituriges Vivisques, les premiers habitants de Bordeaux, et
s'arrête avec complaisance devant les antiquités romaines, quel-
ques inscriptions, les vieille© murailles et leurs portes, et surtout
devant ces débris imposants encore de son temps do l'amphi-
théâtre appelé depuis Palais-Gallien et du temple de Tutelle dit
Piliers de Tutelle, en ruines depuis l'invasion des barbares au
III* siècle. Enfin, après avoir rendu hommage au poète borde-
lais Ausone et à saint Paulin, signalé l'hérésie des Priscilliens,
cité les premiers évêques, expliqué l'accroissement des fau-
bourgs et l'établissement des premiers couvents, il s'arrête à la
porte du moyen âge, à la grande invasion des Normands, au
milieu du IX* siècle, qui fut encore plus dévastatrice que celle
du IIP siècle. Il ne consacre que quelques pages à la petite ville
de Bourg-sur-Mer, il parle de la Dordogne, de TEntre-deux-
mers, du pays d'Ambès, mais c'est à peine s'il a pu y découvrir
quelques vestiges romains : « Je n'ai peu voir, écrit-il, à Bourg,
« aucun lopin de muraille... Le temps qui mange tout et, mesme
« ses propres enfans, il peut avoir mangé ces premières mu-
« railles-là. »
La dissertation de Vinet est certainement bien sommaire, mais
c'est tout ce qu'on pouvait savoir de son temps et, comme l'a dit
un historien moderne bien qualifié pour le juger, il a le mérite
d'avoir été le premier historien de Bordeaux, « et bien des résul-
tats auxquels il est arrivé demeurent acquis à jamais (1) ».
Il a eu encore un autre mérite, ajoute le même écrivain, c'est
celui d'avoir écrit en français. Il fallait en effet avoir quelque
courage pour oser se servir d'une langue qui n'était pas encore
admise pour les travaux d'érudition. Et pourtant ce n'était pas
le premier ouvrage que Vinet publiait en français. Il avait donné
dès 1544, vingt ans avant, une traduction du grec en français
de La Sphère de Procle (2), c'est lui qui a traduit le premier ïm
Vie de Charte magne d'Eginharl en 1546 (3), et en 1549 il écrit
La Manière de faire les Solaires (4), livre qu'il avait rédigé à son
retour de Portugal, comme il nous l'apprenfï lui-même, en pré-
(1) C. JuUian. RuUire de Bordeaux..., op. cit.
(2) Poiticm, 1544, op cit.
(3) Iji Vie du Roy et Empereur Charle-Maigne. composée jadis en langage
latin par Eginh^rl son Chancelier, et maintenant translatée en Françoys
par Relie Vinet. Poiliers, Jean et Enguilb. de Mamef, 1546, in-8*.
(4) La manière de faire les Solaires que communément on appelle qua-
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— 122 —
seiice de la suppression des cloches et des horloges infligée aux
Bordelais après les troubles de la Gabelle en 1548 : « Les cloches
« qui ne servoient qu'à sonner les heures a voient été abattues,
« les pauvrettes, et cassées. On avoit eu recours aux cadrans, et
« pauvres gens se meslèrent d'en faire qui n'y entendoienl
« guèrcs. » Vinet peut donc être cité parmi nos premiers écri-
« vains français, il en a la naïveté de style, mais il manie cette
nouvelle langue en humaniste et les réminiscenees latines dans
la manière de faire la phrase surgissent à chaque ligne.
Il y aurait une étude intéressante à faire, au point de vue des
progrès de langue française dans notre région du Sud-Ouest, sur
les auteurs qui, au XVI* siècle, ont écrit en français à Bordeaux,
comme Elie Vinet, Montaigne, le poète Pierre de Brach, Girard
du Haillan, le premier historien français qui ait écrit dans la
langue nationale, l'annaliste Gabriel de Lurbe, le maréchal
Biaise de Monluc, l'auteur des célèbres Commentaires, Pierre
Charron, l'auteur de La Sagesse, les deux frères de Sponde, les
jésuites Louis Richeome, Fronton du Due, Jean de Bordes, les
parlementaires Florimond de Raymond, l'auteur de L* Histoire
de rHérésie, et Jean d'Arrerac, Géraud Dupuy, secrétaire de
l'évêque de Bazas Arniiud de Pontae, et tant d'aulres. Presque
tous les ouvrages de ces écrivains ont été imprimés à Bordeaux
par Simon Millanges avant 1600, et la liste en est beaucoup trop
longue pour pouvoir la produire ici.
L'Antiqvité de Bovrdeavs dut attirer l'attention des curieux de
l'époque, c'était une nouveauté pour ce temps-là qu'un livre
d'histoire sur une ville de province. Aussi, dut-on en faire une
nouvelle émission, et Vinet lui-même en publiera une seconde
édition en 1574.
§ 3. — SECo>fDE ÉMISSION DE L'Antiqvité de Bovrdeavs
ET SA RÉIMPRESSION EN 1718.
La nouvelle émission parut sous le titre suivant :
L' Antiqvité II DE II Bovrdeavs. | | (Armoiries de la ville
de Bordeaux) || S. 1. n. d.
dransy par Elle Vinet. Poitiers, Ënguilb. de Marnef, 1564. in-4*. Réimprimée
à Bordeaux en 1583 à la suite de VArpenterie du même auteur, op. cit. et
dans la Maison champêtre et V Agriculture, en 1607.
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— 123 —
L-ANTIQVITB
DE
BOVRDEAVS^
Titre de L'Antiqvilé de Bovrdeavs.
Seconde cmisiion S. d. de l'édition de 1565.
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— 124 —
In-4® de 28 ff. non chif., titre compris. Môme collation que
pour rémission avec la date de 1565 que nous venons de décrire
et avec le même plan.
Cette seconde émission est tout aussi rare que la première.
L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale de Paris (Lk 7-1112),
qui est réglé, n'a pas le plan, et celui de la Bibliothèque de
l'Arsenal à Paris (II 85551) est également sans plan et est de
plus incomplet des quatre feuillets de la fin contenant l.'AntiqvUé
de Bovrg-svr-Mer, comme d'ailleurs l'exemplaire de l'émission
de 1565 de la même bibliothèque. C'est le même texte, la même
impression qu'en 1565, mais on a réimprimé les deux premiers
feuillets contenant le titre et la dédicace. Cette dernière n'occupe
que le recto de ce deuxième feuillet, on a supprimé Yerrata et on
a placé au verso la devise du Roi : Pictate et Justitia, qui se
trouve au verso du titre dans le premier tirage de 1565. Q^û'^l
au titre, le libellé en a été très simplifié, il porte seulement,
comme on peut le voir dans la reproduction que nous en don-
nons, L* Antiquité de Bovrdeavs, on a supprimé le sous-titre :
« Présentée au Roy le treziesme jour d'avril l'an 1565 » de la
première émission. De plus, on a remplacé la marque de l'impri-
meur poitevin Enguilbert de Marnef par les armoiries de la ville
de Bordeaux, et il n'y a ni lieu de publication ni date.
Cette absence de lieu d'impression et de date rend très diffixîile
l'identification d^ cette émission, et il est presque impossible de
savoir, si ce n'est par des hypothèses, où et quand elle a été
publiée. Mais tout d'abord on peut affirmer que celte modifica-
tion n'a pas été faite à Poitiers chez le premier imprimeur Enguil-
bert de Marnef, car peu de temps après avoir exécuté l'édition de
1565, cet atelier n'exista pour ainsi dire plus. Voici en effet a
qu'on lit dans l'ouvrage de M. A. de La Bouralièrc, que nous
avons déjà cité, I.* Imprimerie et la Librairie à Poitiers pendam
le XV I^ siècle : « Le mouvement des presses, qui avait été si actif
« sous l'administration des frères de Marnef, s'arrêta brusque-
« ment avec eux. Ils eurent l'un et l'autre des fils qui leur succé-
« dèrent dans les affaires, et, chose à peine croyable, de 1568 à
« 1588, c'est-à-dire pendant vingt années entières, il n'existe ou
<f du moins nous n'avons retrouvé aucun livre imprimé ni môme
« édité par eux... Jean III, fils de Jean II, se livra de préfé-
« rence au commerce de la librairie, plus préoccupé de la ques-
« tion des bénéfices que du côté littéraire et artistique de sa pro-
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— 125 —
« fession... » El c'est pour cette raison que Vinet est obligé de
s'adresser ailleurs qu'à Poitiers, où la plupart de ses travaux
d'érudition avaient été imprimés jusqu'à présent, pour faire exé-
cuter à l'avenir ses autres ouvrages. Nous voyons bien sortir en-
core de l'atelier de Mamef , on 1567, son livre Engoulesme (1) et
une édition du traité de Die natali du chronologiste Censorinus (2)
mais en 1568 c'est à un imprimeur bordelais, la veuve Morpain,
qu'il confie l'impression de son Saintes et Barbezieus (3). En
1572 il fait imprimer sa première édition de Pomponius Mêla à
Paris (4), et la môme année il inaugure avec son Narbonensium
volum et arœ dedicaiio (5) les nouvelles presses de son collègue
au collège de Guyenne, Simon Millanges, presses que la pénurie
de celles de Bordeaux et de Poitiers lui avait donné l'idée de faire
établir dans la capitale de la Guyenne pour pouvoir y publier
les travaux qu'il avait en préparation, surtout sa grande édition
d'Ausone (6) qui verra le jour en 1575 chez le nouveau typo-
graphe bordelais.
Si ce n'est pas à Poitiers que cette seconde émission a été
faite, ça ne peut être qu'à Bordeaux, et conrnie à cette époque,
c'est-à-dir© après 1565 et jusqu'en 1570, il n'y avait qu'un seul
imprimeur, la veuve Morpain, qui imprima le Saintes et Bar-
bezieus en 1568, il est plus que probable que c'est cet atelier que
Vinet chargea de réimprimer les deux premiers feuillets de son
Antiquité de Bovrdeavs pour en faire une nouvelle émission sans
le nom d'Enguilbert de Marnef de Poitiers qui n'existait plus et
dont les presses ne fonctionnaient pas, comme nous venons de
(1) Engoulesme. A Poitiers par Enguilbert de Marnef, 1567, in-4o, 16
feuillets non chif.
(2) Censorini liber^ de Die natalij per Eliam Vinetam emendaias
Pietaviis^ ex offieina Engailberli Marne fii, 1567, in-4<».
(3) Saintes et Barbezieus. A. Bourdeaus, chez la vefve de Morpain, S. d.
(1568), in-4«. Voy. notre notice dans la Revue de Saintonge de 1904. Cepen-
dant en 1568, Vinet fit encore imprimer un livre à Poitiers, chez Marnef;
c'est Le Safran de La Roche- Foueaut, in-4o de 22 feuillets. Il se trouve cité
pour la première fois dans l'ouvrage de M de La Bouralière sur Timprimerie à
Poitiers. Nous en parlerons plus longuement dans notre Bibliographie d'Elie
Vinet.
(4) Pomponii MeUe de situ orbis libri très ....emendati per Eliam Vinetum
SMtonem. Parisiis, apud Gabrielum Buon... 1572, in-4*. Autres éditions :
Bardigulse, apud Simonem Millangium, 1583 et 1607, iB-4«.
(5) Burdigalm apud S. Millangium, 1572, petit in-8*, op. cit.
(6) Op. cit.
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— 126 —
le voir. La veuve Morpain n'a pas mis sa firme sur le titre du
livre, parce que, par le fait, elle n'en avait pas exécuté l'impres-
sion.
Deux particularités vont peut-être nous aider daas notre attri-
bution de cette émission à l'imprimeur bordelais : la lettre capi-
tale de la dédicace et le cartouche du titre représentant les
armoiries de la ville de Bordeaux.
Cette lettre capitale de la dédicace est un S sur fond criblé
carré. Ce genre de capitale était très employé dans la première
moitié du XVP siècle, alors qu'on se ser\'ait encore de caractères
gothiques. On les abandonna lorsqu'on employa plus tard les
caractères ronds ou romains et on vit apparaître ces jolies capi-
tales avec ornements dits azurés que les Aides de Venise avaient
mises à la modo a\'ec leurs élégants caractères dits italiques.
C'est ainsi que fut composé à Poitiers L'Antiquité de Bovrdeavs
de Vinet, et la capitale qui commence le livre est un L entouré
d'ornements azurés. Par conséquent, l'S gothique de la dédicace
jure avec le reste de l'impression. Mais ce n'est pas le seul point
choquant dans cette seconde émission : l'exécution typogra-
phique de cette dédicace est médiocre, le caractère romain est
lourd et de plus le papier est beaucoup plus mince. Il est pro-
bable que la veuve Morpain n'avait pas de lettres capitales à
ornements azurés pour appareiller celle de l'impression poite-
vine, et elle dut se servir de celle qu'elle avait dans son fonds.
L'atelier bordelais créé seulement en 1517 par Gaspard Phi-
lippe, fut continué par Jehan Guyart de 1520 à 1541, par Fran-
çois Morpain de 1542 à 15C3, et de 1563 à 1570 par la veuve de
ce dernier (1). Jusqu'en 1542, tous les livres imprimés à Bor-
deaux sont comfMDsés en caractères gothiques bâtardes, dites
lettres de somme, et c'est François Morpain qui, dès qu'il suc-
céda à Jehan Guyart, abandonna ces caractères surannés pour
l'époque et employa les caractères romains et italiques qui
étaient en usage depuis longtemps dans toute l'Europe (2). Mais
l'imprimeur bordelais conserva dans son fonds les capitales à
fond criblé et les ornements de môme style et il s'en servira long-
(1) Voy. sur ces imprimeurs et Tlmprimerie à Bordeaux au XVI* siècle les
ouvrafçes déjà cités de Delpit, Claudin et Labadie.
(2) Le premier ouvrage portant le nom de François Morpnin est un recueil
d'inslitutiones temporales verbi divini... à Tusage du diocèse de Bordeaux,
1542, in-4*, imprimé entièrement en italiques. (Bibliothèque de Bordeaux,
Réserve, n* 30.327).
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— 127 —
temps encore dans ses impressions. Tous les livres sortis de ses
presses et de celles de sa veuve contiennent de ces capitales à
font criblé comme TS capitale de la dédicace de la seconde émis-
sion de L'Antiquité de Bovrdeavs, émission qui par ce fait peut
avoir été publiée par la veuve Morpain, vers 1568, lorsqu'elle
imprima pour Vinet son Saintes et Barbezieus.
OccufK^ns-nou-s maintenant du cartouche du titre représentant
les armes de la ville de Bordeaux. Un bois presque semblable,
de môme dimension et de même dessin fut employé dès 1553 par
François Morpain, qui le plaça à la fin d'une édition des Cou-
tumes de Bordeaux (1), et on retrouvera ce même cartouche sur
le titre des Statuts de Bordeaux imprimés par Simon M illanges
en 1593 (2). Un cartouche pareil des armoiries de Bordeaux,
mais de plus petit format, avait été employé dès le début de l'im-
primerie bordelaise par Gaspard Philippe sur un Traité contre
la peste (3) d'un médecin bordelais, et on peut le voir sur plu-
sieurs impressions de Jehan Guy art et notamment sur une édi-
tion des Coutumes de Bordeaux de 1532 (4). Mais le bois de 1553
est plus grand quoique du môme dessin, et il est probable que
celui dont s'étaient servis Gaspard Philippe et Jehan Guyart
(1) Les Coastumes généralles de la ville de Bourdeaalx, seneschaucée de
Guyenne..., Ches Francoys Horpainy près les Carmes, 1563, in-4" (Bibliothè-
que de Bordeaux, Réserve, n<» 39680 A).
(3) Les Anciens Slalats de la ville et cité de Bourdeaas,... A Bourdeaus,
par S. UillangeSy Imprimeur du Roy y 159S, in-4o.
Il est bon de remarquer que celte date de 1593 coïncide avec la disparition
de rimprimeur bordelais Pierre de Ladime qui succéda en 1570 à la veuve
Morpain. On ne connaît que très peu d'impressions de ce typographe, la der-
nière connue est datée de 1587, mais on a trouvé un contrat d'apprentissage
daté du 3 février 1593 et qui porte sa signature (Voy. Histoire d'une Impri-
merie bordelaise, 1600-19(0, par G. Bouchon, Bordeaux. 1901). Après cette
date on perd complètement ses traces. Il est probable que F^erre de Ladime
mourut à cette époque, que son atelier fut dispersé et que Millanges acheta
ce qui restait du matériel et y trouva notamment le bois des armoiries de
Bordeaux qu'il a placé sur le titre de son édition des Statuts de 1593.
{Z)Traclé contre la peste moult bon, utille et profitable par Maistre
Gabriel de Tarague, doctemr en médecine.. .. Imprimé par Gaspard Philippe,
demourant à la rue Saincte-Colombe^iSIQ, in-4o, gothique. Le seul exemplaire
connu est conservé à la Bibliothèque Mazarine, Recueil, n» 15588.
(4) Les Coustumes générales de la ville de Bourdeaulx^ Senechaucée de
Guyenne et pays de Bourdelois... Imprimées au dit Bourdeaulx par Jehan
Guyart.... 1533, petit in-io, gothique. Le seul exemplaire connu est dans notre
BibUothèque.
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élanl usé, Morpain l'a fait regraver dans des proporloinis plus
grandes. Le cartouche du titre de L^Anliqvilé de Bovrdeavs^
seconde émission, est bien de même dimension que celui qui a
été cjuployé en 1553 par Morpain et en 1593 par Millanges, mais
le dessin, qui est le même dans l'ensemble, est moins orné, et les
chapiteaux des colonnes sont différents, les armoiries et leurs
supports, des boucs (1), sont identiques, on dirait ce que les
iconographes appellent un premier état de gravure, un état moins
avancé. Si ce bois terminé n'avait pas été imprimé dès 1553, on
aurait pu supposer que Millangeô l'avait fait terminer en 1593
pour son édition des Staluts,maïs conmie il n'en est pas ainsi, nous
ne {Mouvons nous expliquer l'état du cartouche du titre de celte
seconde émission. 11 peut se faire que rimprimerie de Morpain
avait deux bois d'état différent, si toutefois la seconde émission
de LAntiqvilé de Bovrdeavs a été modifiée par cet imprimeur,
ce dont nous ne sommes pas absolument sûr. L'identification que
nous venons d'essayer de faire avec la lettre capitale et le car-
touche des armoiries donne quelque vraisemblance à notre attri-
bution, mais non une certitude, nous devons le reconnaître.
La question n'a pas d'ailleurs une importance bien grande ;
que cette émission ait été faite à Poitiers, à Bordeaux ou ailleurs,
peu importe ; le point principal est de savoir que ce n'est pas
une nouvelle édition et que c'est la même impression qu'en 1565
avec un silnple changement de titre.
Le plan a subi aussi une modification : c'est bien le môme bois,
mais il a été réimprimé, car la légende typographique est inti-
tulée : « Noms des lieux qui sont marquez en la présente His-
toire », au lieu de : « Déclaration des parties et lieux plus nota-
bles du présent pourtraict de la ville de Bourdeaus », qu'on lit
sur le premier tirage de 1565. Il en est ainsi du moins sur un
exemplaire de la seconde émission que nous avons vu (2), mais,
(1) A. Glaudin dans ses Débuts et origines de V Imprimerie à Bordeaux^
1897, a pris ces animaux héraldiques pour des lévriers ; c'est une erreur : les
supports de Técu bordelais étaient d'abord des béliers, on en a fait plutard
des boucs. Il y aurait beaucoup à dire sur les diverses transfoi mations des
armoiries de Bordeaux à travers les siècles et jusqu'à nos jours. Le dernier
mot, jusqu'à nouvel ordre, a été dit dans Touvrage publié par la Municipalité
en 1893 : Bordeaux ^ Aperçu historique 3 vol. in-i», t. III, p. 551 et suiv.
Mais cette version n'a pas été acceptée par les nombreux héraldistes borde-
lais, tous très versés dans la science du blason.
(3) Cet exemplaire est celui de M. G. Bouchon, bibliophile bordelais, qui
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comme les exemplaires de la Bibliothèque Nationale et de la
Bibliothèque de TArsenal ne possèdent pas le plan, il est pos-
sible que celui que nous avons eu sous les yeux ait été ajouté.
Ces deux exemplaires de la Nationale et d-e l'Arsenal sont éga-
lement incomplets des quatre feuillets contenant L'Antiquité de
Bourg-sur-Mer, et le troisième exemplaire qui nous a été com-
muniqué étant dans le même cas, — et oes trois exemplaires sont
les seuls connus — nous sommes à nous demander si cette émis-
sion doit contenir cette seconde partie.
On voit par ces détails d'exemplaires incomplets combien il
est difflcile pour le bibliographe de désigner d'une manière exacte
certains livres anciens, surtout ceux contenant des planches hors
texte et dont les exemplaires qui subsistent sont peu nombreux
et dispersés dans différentes bibliothèques. Les amateurs icono-
philes ont eu de tout temps la manie d'enlever ces planches aux
volumes pour les placer dans leurs collections de gravures, et
c'est eux qu'il faut rendre responsables de ce déplorable état de
choses. Mais depuis quelque temps ces amateurs vont plus loin :
non seulement ils dépouillent les livres de leurs planches, por-
traits, estampes, plans, etc., mais suivant une mode nouvelle ils
en arrachent les ex-libris, marques fort intéressantes de prove-
nance pour les bibliophiles, et ils cassent les belles reliures
anciennes à armoiries pour en faire des emboîtages, des boîtes
ou des buvards. Ces iconoclastes d'un nouveau genre ont déjà
reçu le nom de bibliophages, et c'est sous ce nom honorable
qu'ils pa-sseront à la postérité. Quant aux catalogues des biblio-
thèques publiques, ils ne sont sous ce rapport d'aucune utilité,
leurs rédacteurs ne croyant pas devoir mentionner le nombre des
planches.
Pour nous résumer sur cette question difficile à résoudre de
la seconde émission sans lieu ni date de f Antiquité de Bour-
deaus, nous dirons que c'est certainement Elie Vinet lui-môme
qui a dû retirer de chez les Marnef de Poitiers les exemplaires
invendus de la première émission de son livre et qui a dû faire
faire les modifications que nous venons de signaler par un
imprimeur quelconque. Quel est cet imprimeur ? Est-il poitevin
ou bordelais ? C'est ce que nous laissons à nos lecteurs le soin
a bien voulu nous le communiquer, avec cette obligeance parfaite que Ton
ne rencontre guère que chex les vrais amateurs. Qu'il nous permette de lui
renouveler ici nos remerciements.
B«ii«tiii. 9
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— 130 —
d'établir avec les arguments que nous avons produits. Mais dans
tous les cas il est certain que cette publication a été faite avant
celle d^ la seconde édition de 1574 dont nous allons maintenant
avoir à nous occuper.
Avant de parler de la seconde édition de L* Antiquité de Bovr-
deavs, nous devons mentionner une seconde impression du texte
de 1565 que personne n'a encore signalée et qui a paru dans un
ouvrage où Ton ne pouvait guère songer à aller la chercher. On
trouvera dans l'édition de 1718 des Chroniques bordelaises,
publiée par l'avocat bordelais Tillet (1), le texte de 1565 avec uiie
orthographe modernisée et sous le titre : « Discours de V Anti-
quité de la ville de Bordeaux et de Bourg, par M* Elie Vinet,
principal du collège de Guyenne. » Pourquoi l'éditeur de ces
chroniqiies a-t-il choisi le texte de 1565 de préférence à celui de
la seconde édition de 1574 plus complète ? 11 l'ignorait sans
doute et il ne faut pas s'en étonner, car Tillet était jurât de Bor-
deaux et on connaît l'indifférence habituelle des magistrats mu-
nicipaux pour tout ce qui touche à l'histoire de la ville qu'ils
administrent. Quant à la bibliographie ou connaissance des
livres, c'est pour eux de l'hébreu.
La réimpression de 1718 est aussi médiocre que le reste du
livre où elle a paru. Le texte est très incorrect et de plus l'ortho-
graphe a été très maladroitement modernisée. Il n'y a aucune
planche, mais on a reprduit les inscriptions épigraphiques don-
nées par Vinet.
Mais il est temps de nous occuper de la seconde édition de
VAntiqvAé de Bovrdeavs.
Ern. Labadîe.
(La fin au prochain numéro).
(1) Chroniques historiques et politiques de la ville et cité de BordeÂUX,
capitale de la Guienne, divisées en deux parties. Par *", S. d. (iîlS), in-4».
C'est la réimpreBsion des Chroniques Bordelaises de de Lurbe (1594), de
Darnal (1619-1620), de Ponthelier (1672) et de TiUet lui-même (1703), dont le
nom écrit parfois et par erreur Du Tillet a pu le faire confondre arec le
chronologiate français du XVI« siècle, Jean du Tillet.
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— lai —
IV
La population du département de la Charente-Inférieure
DEPUIS un siècle
Le dernier recensement donne lieu à quelques remarques cu-
rieuses sur les augmentations et les diminutions des habitants
dans les villes et les communes.
La population de l'arrondissement de Saintes, prise en bloc,
a tendance à diminuer. S'il est vrai que de 100.359 (1901), elle
est montée à 100.800 en 1906, cette légère augmentation est due
à une cause tout à fait exceptionnelle, la présence des ouvriers
employés à la nouvelle ligne de Saint-Jean d'Angély-Saintes.
(Fontcouverte figure au tableau avec 1.184 habitants contre 613
en 1901. Vénérand 591 contre 508).
Il y a augmentation de 2.435 habitants dans le canton Saintes-
Nord, mais diminution de 990 dans le canton Saintes-Sud. Le
canton de Burie perd 217 habitants, celui de Cozes en gagne
234, celui de Pons en perd 673, celui de Gemozac 190, celui de
Saujon 321, celui de Saint-Porchaire gagne 163.
Il faut signaler le gain de Mortagne-sur-Gironde qui passe de
1.742 à 1.979 habitants (1.432 agglomérés), Cozes (1.552), Mes-
chers (903), Saint-Romain de Beaumont (93), Ghérac (1.176),
Airces (671), Echebrune (610), Crazannes (636), Les Essardfl
(605), Pont-Labbé (1.432), Port d'Envaux (1.319), Soulignonne
(663), Tanzac (323) sont stationnaires.
Pons à 4.470, perd 300 habitants (2.937 agglomérés), Saujon
200. Quelques communes sont en augmentation assez sensible
sans cause bien déterminée. Saint-Vaize (+15), Chermignac
(+13), Colombiers ( + 15), Nieul (+19), Barzan ( + 20), Chenac
( + 43), Chadenac (+18), Beurlay ( + 22), Romegoux ( + 46), Saint-
Porchaire ( + 36), Sainte-Radégonde ( + 13), Saint-Sulpice d'Ar-
noult (+11), Trizay ( + 10), Balanzac ( + 20), Médis, Nancras
(+10).
Voici le tableau des plus importantes communes du départe-
ment, contenant le nombre d'habitants à trois époques diffé-
rentes :
Arrondissement de La Rochelle, 85.664, en 1906.
— de Rochefort, 73.280.
— de Marennes, 58.607.
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— 132 -
Arrondissement de Saintes, 100.800.
— de SainIrJean d'Angély, 65.974.
— de Jonzac, 68.459.
En 1808, il y a donc iin siècle, la population totale était de
402.105 habitants.
Arrondissement de La Rochelle, 73.363.
— de Rochefort, 45.456 (ville, 17.000).
— de Marennes, 45.000.
— de Saintes, 93.944.
— de Saint-Jean d'Angély, 68.155.
— de Jonzac, 76. 188.
En 1831 En 1850
Arrondissement de 8aint-Jean-dAngély
— Jonzac
— Marennes
— Rochefort ....
— La Rochelle. . . .
— Saintes
80.173
84.562
49.156
48.836
77.ii89
104.933
83.047
84.040
51.258
58.737
83.087
107.928
Les villes comptaient en : 1831 <>) 1850 1906
villages
Saint-Jean-d'Angély
Jonzac . .
Marennes .
Rochefort .
La Rochelle
Saintes . .
— Avec les
Pons . . .
Marans . .
Saint-Savinien
Royan .
La Tremblade
La Flotte .
Ars-en-Ré .
Saint-Martin
5.326
1.798
1.969
10.332
14.632
7.521
10.274
2.275
2.770
2.465
2.400
2.452
2.410
2.489
6.170
2.591
4.542
17.867
16.720
7.657
10.424
6.895
3.204
6.275 (3.186
32.386 (31.433
30.411 (24.524
13.744
17.437
4.296
4.421
2.680
8.576
3.453
(6.242 agglo.)
(2.214 - )
- )
- )
- )
(2.937
(3.258
17.142
(3.099
— I
- )
- )
1.434 (1.415 — )
1.836 (1.785 — )
(1) Les chifTreB de 1831 sont extraits d'une copie manuscrite dans un recueil
de la bibliothèque Eschasseriauz.
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— 133 —
Population par commune : en 1831 en 1850 en 1906
(1)
Aulnay 1.525 1.736 1.540
Aumagne 1.284 1.289 1.128
Brizambourg 1.502 1.611 1.089
Taillebourg 1.106 1.116 895
Tonnay-Boutonne 1.142 1.272 976
Sonnac 1.226 1.212 958
Saint-Hilaire 1.321 1.335 1.097
Jarnac-Champagne 1.108 1.126 801
Saint-Maigrin 1.269 1.082 807
Saint-Fort 1.975 1.981 1.739
Jonzac 2.618 2.591 3.204
Mirambeau 2.395 2.302 1.942
Montandre 1.023 1.041 1.495
Montguyon 1.^1 1.415 1.671
Chevanceaux 1.346 1.390 1.235
Le Château 2.527 2.442 3.141
Marénnes 4.605 4.542 6.275
Saint- Denis 1.550 1.631 1.268
Saint-Georges 4.500 4.436 4.040
Royan 2.589 3.106 8.576
Arvert 2.402 2.432 2.302
LaTrembiade 2.504 2.640 3.453
Aigrefeuille 1.638 1.650 1.491
Rochefort 14.040 17.867 32.386
Surgères 1.979 2.191 3.279
Tonnay-Charente 3.206 3.296 4.863
Marans 4.041 4.860 4.421
Saint Jean-de-Liversay 2.289 2.345 1.881
Taugon 2.208 1.269 1.193
LaJarrie 1.067 973 775
La Flotte 2.557 2.462 2.096
Sainte-Marie 2.556 2.579
Saint-Martin 2.581 2.213 1.836
Le Bois 2.088 2.093 1.504
Burie 1.541 1.522 1.550
Migron 1.418 1.510 1.059
Chérac 1.822 1.715 1.196
(1) Ces chifTres ne portent que sur la population normale.
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1850
1906
1.914
1.552
1.64-2
1.979
2.663
2.614
4.278
4.296
2.554
1.-268
1.334
1.424
2.522
2.004
1.653
t. 330
2.444
3.155
- 134 —
1831
Oozee 1.871
Mortagne 1.436
Gemozac 2.590
Pons 3.726
Pérignac '2.693
Pont-Labbé 1.186
Ohaniers 2.719
Saint-Romain-de-Benet .... 1.584
8aujon 2.122
V
Arrêté du préfet de la Charente-Inférieure relatif
a une demande de restitution de livres confisqués en 1793.
Le Préfet du département de la Charente-Inférieure,
Vu la pétition du citoyen Debremond tendant à obtenir la
remise de livres déposés à la bibliothèque nationale de Saintes
qu'il assure lui avoir appartenu,
Vu la liste des livres par lui réclamés.
Ensemble l'avis du conseil d'administration de l'Ecole Cen-
trale du 7 floréal dernier,
Considérant que les livres dont s'agit se trouvant en double à
la bibliothèque, peuvent être restitués sans inconvénient à l'ex-
ception de sept ouvrages composant vingt-six volumes de tout
format suivant la note du bibliothécaire,
Considérant que tout ce qui compose la bibliothèque et en fait
corps, doit être conservé comme propriété nationale, qu'il n'csl
pas permis de toucher ni d'aliéner sans l'autorisation du mi-
nistre,
Arrête :
Article premier. — Le bibliothécaire de l'Ecole Centrale est
autorisé à remettre au citoyen Debremond les livres contenus
dans la note ci-jointe (1).
Art. 2. — Sont conservés et font partie de la bibliothèque, les
livres ci-après désignés :
(1) EUe manque. Les ouvrages mentionnés n'existent pas à la bibliothèque
de Saintes.
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— 135 —
N** 2131. Gollii numismata, 3 vol. in-P.
1108. Mémoire de Caslelnau, 2 vol. in-f.
2361. Histoire de Sainlonge par Elie Vinet, 1 vol. in-f**.
2774. Œuvres de Rabelais, 2 vol. in-12.
5019. Œuvres de Clément Marot, 6 vol. in-12.
2364. Science des Médailles' par Joubert, 2 vol. in-12.
464. Voyages de Chardin, 10 vol. in-12.
Article 3. — Cette remise sera faite sur le récépissé du
citoyen Debremond, moyennant quoi le bibliothécaire en sera
déchargé.
Article 4. — Le citoyen Debremond est renvoyé par devers
les ministres des finances et de Tintérieur pour faire régler Tin-
demnité à laquelle il sera jugé avoir droit pour la retenue de
ses livres faisant coi-ps de la bibliothèque.
Article 5. — Copie du présent sera adressée au conseil
d'administration de l'Ecole centrale chargé d'en surveiller l'exé-
cution.
Fait à Saintes, le 12 prairial an XI.
Guillemardet.
Le chef de la 1^ dimdon.
Marchand.
Original appartenant à M, le comte Anatole de Bremond d*Ars,
QUESTIONS
N"* 798. — Pourrait-on me donner quelques renseignements
biographiques sur Pierre-Louis de Pons, seigneur de Tillières
et Desforges, en Angoumois (?), qui prit part aux troubles de la
Fronde, et se réfugia à Harlem, en Hollande, où il mourut en
1688? J. M.
LIVRES ET REVUES
Revue des Deux-Mondes du 15 janvier 1907. — M. Charles Le
Goffic termine un article sur la crise sardinière par quelques
pages sur l'œuvre de l'abri du marin, fondée en 1899. « Quatre
années ont suffi à M. de Thézac — le promoteur des abris, —
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— 136 —
pour mettre sur pied cette grande et belle œuvre de la côte bre-
tonne qui témoigne des prodiges qu'on peut attendre de l'initia-
tive privée, quand elle a la foi et qu'elle est désintéressée...
Chaque port de pêche voudrait avoir son abri. Pourquoi faut-
il que le fondateur de Vœuvre ne soit ni un Carnegie ni un Van-
derbilt ? Pourquoi cette œuvre elle-même, par la modestie de
son fondateur, est-elle si peu connue ? »
Le Correspondant du 10 août 1906 contenait déjà un article
de M. P. Giquello sur les abris du marin sur la côte bretonne.
Nous n'en détacherons que le passage suivant :
« Un homme s'est rencontré pour offrir à nos hommes de mer
si malheureusement négligés des maisons où ils puissent se réu-
nir, loin des tentations de l'ivrognerie et de la débauche et forti-
fier leurs vertus natives par des plaisirs honnêtes et la culture
de leur intelligence. Lorsque, en décembre 1899, M. J. de Thé-
zac se mit à l'œuvre, il lui fallut une énergie peu commune pour
ne pas tout de suite se décourager.
Les difficultés au début ne manquèrent pas, mettant là, comme
sur toutes les œuvres destinées à une vitalité bienfaisante, leur
cachet douloureux. Ils ne manquèrent pas non plus les gens qui,
pour se justifier de leur inactîf égoïsme, affirmaient qu'il « n'y
avait rien à faire avec ces encroûtés pêcheurs bretons... »
Vous êtes curieux peut-être de tout de suite savoir si les scep-
tiques avaient raison? Voici, réponse des faits, les résultats
obtenus : huit « abris du marin » fonctionnent sur la côte du
Finistère et du Marbihan avec un succès qui dépasse les conjec-
tures les plus optimistes. En 1903, ils ont reçu 227.000 visite?
de marins; en 1904, on en a compté 351.303. Les seules visites
aux salles de lecture des Abris ont atteint le chiffre de 126.239 en
1903-1904.
Qu'est-ce, au juste, qu'un « abri du marin » ? L'abri est
moral autant, plus même, que matériel. Il attire et retient dans
son atmosphère saine et préservatrice les mairins inoccupés, leur
offre gratuitement des salles de réunions où ils se sentent bien
chez eux, où, sans aucune dépense, ils peuvent à leur gré
s'amuser, discuter leurs intérêts communs et pour les promou-
voir s'unir. h*abrî est aussi un lieu d'études où les pêcheurs
trouvent des éléments variés d'instruction professionnelle et
de récréation intellectuelle : ouvrajoros nautiques, cartes marines,
revues illustrées, livres de \'ulgarisatîons scientifiques, récits de
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— 137 —
voyages, etc... Il est ouvert aux seuls inscrits maritimes à Tex-
clusion de toutes autres personnes.
L'assemblée des adhérents constitue « rassociatioii locale de
Tabri du marin », laquelle est dirigée par un comité de pêcheurs
— l'élite du pays — et régie par des statuts très étudiés. Aucun
commerce n'y est toléré. Gratuitement, le marin y trouve papier
à lettres et fournitures de bureau ; gratuitement, il y reçoit, s'il
est blessé, un premier pansement ; gratuitement, le pêcheur
enrhumé, fiévreux ou simplement enfroiduré par la mer, y boit
l'infusion d'eucalyptus, à laquelle les hôtes des abris, par mil-
liers, ont fait si bon accueil ; gratuitement, le pêcheur étranger
en relâche peut venir réparer ses agrès ; gratuitement, les relâ-
cheurs transis d'humidité et de froid y trouvent l'hospitalité pour
la nuit.
L'abri de Conca^rneau a reçu, en 1904, 108.725 visites de
marins, a reçu et dépensé 203 fr. 60 et distribué gratuitement
jusqu'à 3.600 francs de boisson d'eucalyptus par semaine.
Revue Mabillon, novembre 1906. — Uhistoire littéraire de la
France par Dom Rivet et autres. Les auteurs et V œuvre.
M. Maurice Lecomte étudie le célèbre bénédictin Dom Rivet,
d'origine poitevine, apparenté au pasteur André Rivet.
D. Etienne Darley, 0. S. B. — Fragments (Vanciennes chro-
niques d'Aquitaine^ d'après des manuscrits du XIII* siècle.
Il faut tout d'abord remercier dom Darley de son initiative.
Le premier, il tente un commentaire de deux textes saintongeais,
déjà publiés il est vrai, mais sans étude de ce qu'ils contiennent.
Personne chez nous n'était encore entré dans cette voie, malgré
la promesse de Gaston Paris de trouvailles intéressantes pour
un érudît de Saintonge. C'est à peine si trois pages sont consa-
crées dans notre Revue (XVIII, p. 305) à l'édition Bourdîllon de
foie listoire.
Dom Darley, qui n'est pourtant pas saintongeais, a risqué
l'aventure et après avoir extrait de Tote listoire et de la Chro-
nique savnâongeaise du Pseudo-Turpin les passages qui concer-
nent l'Aquitaine, il a cherché à les éclaiirer par quelques remar-
ques et discussions. Il n'a pas été bien loin, îl a butiné, il s'est
arrêté aux particularités qui séduisaient sa curiosité, îl n'a donc
pas fait un travail définitif. Un autre le complétera... Souhai-
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— 138 ^
tons-le. Je devine son excuse. Il n'a porté ses regards vers nous
qu'incidemment. Il lui importait davantage d^ mettre en lumière
la portion des textes touchant Bordeaux et la région environ-
nante. C'est celle qu'il a le plus discutée. Dom Darley est de
Soulac. Tout s'explique. Du reste, il n'était pas suffisamment
localisé pour mener à bien la tâche entreprise. Aussi je ne lui
reproche qu'avec beaucoup d'indulgence les lacunes et les erreurs
qu'il a commises. Il aurait pu cependant ne pas maintenir l'or-
thographe du XIII* siècle et ne point écrire Teinz pour Thaims,
Beagnic pour Baignes, Soloine pour Saloine, Cordic pour Cor-
dis, etc. On sent en plus d'un endroit sa conscience de com-
mentateur inquiète ; ses hésitations et ses scrupules se manifes-
tant en plusieurs fois sur le môme mot ou la môme question.
Les textes qu'il publie avec des variantes presque insigni-
fiantes existent déjà dans Tote Hf^toire et la Chronique, Ce sont
des interpolations insérées par un Saintongeais au milieu de
ces deux résumés d'histoire et se rapportant au Bordelais, h
l'Angoumois et à la Saintonge. Les deux morceaux les plus con-
sidérables se réfèrent aux reliques cachées par peur des Nor-
mands et à une soi-disant campagne de Charlemagne dans nos
régions. Le rédacteur de ces interpolations est sûrement sainton^
geais, peut-ôtre moine au prieuré de Saint-Eutrope, si on en
juge par la grande place que l'histoire du saint y occupe, et le
nom qui revient souvent.
Il connatt à fond la topographie du pays. C'est certain. Il est
facile de s'en convaincre par la quantité de noms cités et par
quelques détails. Le siège de Cordis nous en fournît une preuve.
Les Sarrazins sont établis dans la place, Charlemagne est immo-
bilisé en face par la petite rivière du Trèfle et les marais pendant
deux mois. Un secours lui arrive qui attaque le château par le
sud, « car par allîors ni pooient assalire e pridrent la cité ». Et
c'est très exact ! Il fallait ôtre bieoi familiarisé avec la topogra-
phie du lieu pour connaître cette particularité. Un étranger l'au-
rait ignorée. La bataille entre Charlemagne et Aigolant à Taille-
bourg est une réminescence de celle où saint Ivouis s'inmiorta-
lisa (1). C'est môme, à mon avis, un élément de datation.
Mais ce sont là de bien minces avantages. Les interpolations
nous en ménagent-elles d'autres plus sérieux ? Hélas non ! Con-
trairement à Dom Darley, je ne leur accorde pas grande valeur
(l) p9tud(hTarpiny édit. Auracher, p. 51.
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— 139 —
même au point de vue religieux. Si nous prenons la campagne
de Charlemagne en Sainlonge, nous n'y verrons rien qui soit de
nature à convaincre d'une réalité. Dom Darley avoue la légende
pour les épisodes de cette campagne, mais il accepte le rôle de
fondateur de Charlemagne.
D'abord, Charlemagne est-il réellement venu en Saintonge ?
Dom Darley le croit. Où en est la preuve ? M. de Tilly a essayé
de démontrer son passage (Recueil, VIII, p. 353). Je ne pense
pas qu'il y ait réussi. Le seul texte qui serait de nature à nous
fournir un commencement de conviction serait celui des deux
diplômes datés l'un de Murnaio et l'autre d*Andiacum, Du pre-
mier nom, on a voulu faire Momay et de l'autre Angeridcum ou
Saint-Jean d'Angély. Or, rien n'e«t plus discutable, plus incer-
tain, plus invraisemblable (!)• J® ^^ suis pas du tout convaincu
que Charlemagne ait prié à Saint-Saloine. Et cependant, il y a
eu une tradition vivace et persistante d'une campagne de Char-
lemagne en Saintonge ! Je le sais. Masse, au XVII* siècle, a
recueilli le souvenir « d'une bataille qu'il gagna à Montiemeuf,
où il y a proche une éfflise toute seule que l'on attribue bâtie par
cet empereur (2) ».
La chronique de Turpin parle précisément d'une rencontre
dans ces parages entre l'empereur et les Sarrazins qui étaient
partis de Saintonge depuis longtemps, soit dit en passant.
L'inscription datée de 1389, relative à Notre-Dame-de-l'Ile,
près Pons, contient la mention : « De la dicte églize fu premier
fonzeor Charlemagne... » (3) La chronique de Turpîn (p. 28) dit
la môme chose... « fit autre sor la soingnie de dama sce maria... »
et elle ajoute que le fondateur la dota de la croix qu'il portait à
son cou, dans laquelle « ha dau sanc nostre seignur e de roba
nostra dama et daus peus e dau monument e dau drap de cfue
il fu envelopez au monument ». Cette croix devait avoir la taille
d'un reliquaire f
La continuité pèche par la base; elle mériterait d'être appuyée
sur un texte ancien positif et explicite. Tous ceux que Ton cîte
consacrent la tradition mais ne la créent pas : tous sont posté-
rieurs au XII* siècle, époque à laquelle se sont formées la grande
(l) Voyez Musset, Cariulaire de SAini-JeAn~d*Anoély. ArchiveSj XXXIII,
préface, p. Vî-X.
(5) De Tilly, loco citnio.
(3) Recueil, tome V, p. 184 planche.
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— J40 —
épopée de Charlemagne et la légende de son rôle de fondateur
d'églises. La tradition, à La fin du XVII* siècle, assurait que
Charlemagne avait fondé Saint-Eutrope : est-ce une raison de
le croire ?
Il est manifeste que Tinterpolateur a voulu vieillir nos églises
plus que de raison et domier à leurs « vertus » ou reliques une
haute antiquité. Il cite même des abbayes et des églises (à
Saintes) dont personne n'a jamais entendu parler. Il pousse
l'exagération un peu loin. Ainsi, Charlemagne aurait fondé Saint-
Sorlin (près Saintes, je crois) (édition Auracher, p. 26, édit.
D. Darley, p. 65), et après l'avoir doté de 12.000 onces d'or et
autant d'argent — rien que ça ! — aurait donné celle église à
Saint-Eulrope « por amor daus baron qui equi gisoient ». Ce
Saint-Sorlin était un très modeste prieuré. D'ailleurs, partout
où Charlemagne passe, partout après une bataille, il fonde une
chapelle ou une église où il ensevelit ses chevaliers tués.
Il est curieux cependant de ne pas trouver la fondation de
Saint-Pierre de Saintes qui, suivant une tradition — fausse, bien
entendu ! — aurait été une des vingt-quatre cathédrales bâties
par le grand empereur. Aucune église de l'intérieur de Saintes
n'est nommée. Est-ce oubli, parti-pris de l'inlerpolateur ou sup-
pression de copiste ? Je ne sais.
Le rédacteur de la chronique met à profit sa connaissance des
chansons de son temps et de l'histoire sainte ; il conte des épi-
sodes vraiment merveilleux. L*armée de Charlemagne est tou-
jours très inférieure en nombre à celle des ennemis ( — ce sont
toujours des Sarrazins ! — ) 15.000, 30.000 chevaliers ont partout
raison de 200.000 ennemis, laissant des monceaux de cadavres
derrière eux. Charlemagne arrive-t-il trop tard sur le champ de
bataille, nuit close, il fait une prière et le soleil ( — plus fort que
Josué — ) revient ; il passe dans l'île d'Oleron sans bateaux, etc.
Le géant Goliath n'est pas oublié. Sodome est évoquée. C'est du
pur roman, sans même le charme de là naïveté des légendes de
ce temps-là. Aussi je m'étonne qu'on y cherche un document
historique quelconque en faveur de telle ou telle église. Mais à
quoi bon prolonger des obsenations qui n'aboutiraient qu'à mon-
trer davantage l'invraisemblance de la plupart des allégations
du chroniqueur ? Est-ce à dire qu'il n'y a pas deci delà quelques
lueurs de vérité ? Je ne vais pas jusque là, de môme que je ne
soutiens pas qu'on aurait tort de dédaigner ces chroniques,
pourvu qu'on les prenne pour ce qu'elles valent : une manifes-
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- 141 -
talion de l'idée qu'on se faisait en Saintonge du rôle de Charle-
magne au XII* siècle, une liste de noms de localités, un factum
destiné à vieillir sans raison Torigine de nos édifices religieux,
un texte intéressant pour les philologues.
Je ne terminerai pourtant pas ce compte rendu sans dire mon
étonnement de voir Dom Darley — quoique de Soulac — accep-
ter la fable absurde de Sainte- Véronique et discuter sérieuse-
ment le baptême du cimetière de Bordeaux par sept évoques.
La légende de Sainte- Véronique n'a de comparable que celle
de la dame de Bazas qui sert cependant d'argument aux prota-
gonistes de Tévangélisation de l'Aquitaine au premier siècle.
Encore la légende de cette <x dame » a-Uelle pour point de départ
un fait vrai, à savoir le soin apporté par les premières chré-
tiennes à recueillir les cadavres des martyrs.
On peut, je crois, être très catholique, très croyant, prêtre, et
rejeter sans scrupule la folle invention de la vie de Véronique cl
de son ampoule pleine de lait de la Sainte Vierge.
Quant aux sept évoques, une phrase citée par dom Darley mel
k chose au point. « Cette mission est regardée par les critiques
comme très douteuse ». Alors ?... il faut prouver que les cri-
tiques ont tort.
Ch. D.
Inventaire des registres des insinuations du Chûtelet de Paris
sous les règnes de François I*' et de Henri II.
1563, 18 mai. — Antoine, sire de Pons, chevalier, seigneur
dudit lieu, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, demeu-
rant à Pons : transaction avec Louise d'Aumont, dame de Dan-
ger, femme de Jacques d'Archiac, chevalier, seigneur d'Availles,
au sujet du rachat de 1.000 livres tournois, constituées sur la terre
et seigneurie de Préaux (Seine-Inférieure). Aux termes de cette
transaction, Antoine de Pons, « considérant les fraiz, peines et
travaulx que ladicte dame a faictz et supportez, et pour nourrir
paix et amour ensemble, actendu leur proximité », lui remest et
cède le sort principal et les arrérages de cette rente moyennant
le paiement de la somme de 33.000 livres, à Paris.
1540, 11 octobre. — Claude Geoffroy, écuyer, seigneur de
D<Hnpierre-en-Aunis et de Charron : donation à Gilbert de Les-
toille, écolier, étudiant en Tuiniversilé de Paris, de vigne à Dom-
pierre.
1540, 20 octobre. — Marguerite Lombat, dame du Rochereau
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— 142 —
et des Ombrais, veuve de François Corlieu, lieutenant général
d'Angoumois, demeurant à SainlrJean d'Angély.
1542, 24 août. — Donation par Seguin Le Fé, seigneur d'Es-
nandes, demeurant à La Roclielle, de deux maisons, à La
Rochelle, à Guillaume Robineau. Le même donne des vignes en
la paroisse de Salles.
1549, 18 septembre. — Donation par Mathurine Pouliot, veuve
de Ni'colas Jagot, vigneron à GentiUy, demeurant à Paris, à son
petit-fîls, Quentin Jagot, compagnon libraire à Paris, des droits
à exercer contre Jean Formentier, tabellion et greffier de l'île de
Ré.
1546, 11 janvier. — Jean Vivien, abbé commandalaire de Saint-
Léonard de La Chaume, diocèse de Saintonge, conseiller et
aumônier ordinaire du Dauphin, fait une donation à son frère
René Vivien, notaire et secrétaire du roi. — Ils sont fils de Jean
Vivien, maître ordinaire en la chambre des comptes, et de Claude
Robineau.
1549, 8 décembre. — Donation à Guillaume Vieilhac, prati-
cien à Saintes.
1551, 31 mars. — Jean de Fonsecques, évoque de Tulle, sei-
gneur de Malicorne au pays de Puisaye, donne à René de Fon-
secques, écuyer et échanson du roi, seigneur de Surgères, son
frère, la terre et seigneurie de Malicorne, près Chamy, et à
Charles de Fonsecques, son neveu, 500 livres tournois de rente
sur cette même terre, dont il réserve Tusufruit à René de Fon-
secques et à Anne de Cossé, sa femme, ladite rente réversible en
cas de décès sans enfants mâles sur la tête d'Hélène de Fonsec-
ques, sœur de Charles.
1543, 11 janvier. — Marguerite de Louval, dame de Rocheron
et des Ombrailles, veuve de François Corlieu, lieutenant général
d'Angoumois, fait donation à Joachim Corlieu, avocat au Par-
lement de Paris, son fils, du tiers de son patrimoine, comprenant
différents fiefs en la châtellenie de Tonnay-Boutonne, une mai-
son à Saint^Jean d'Angély.
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SOMMAIRE. DU î»*FEVRIKU 1907.
Avis bt nouvelles : Admi«9ioa<k ; Budget; Distinctions honorifiques ; Clas-
sement de monumetils ; Legs de Faucher,; \%r Ëjssauticr. J
NoTBs D*éTAT CIVIL. -r-'Dicès: D' Gelineau ; Sorlon du Plonget ; Mo»» de
Giiron ; M.Magnan ; Amiral AÎqàier ; M*^ Vivieiv; Colontjl Poirier : Capilaine
Cbassenaud ; M. Simon; M">« Mounié ; D'^Baudry-Lacanlinerie ; Abbé Bar-
don ; Commandant Vifriér ; Colonel de Fauclier.
Mariages : Lieutenant de Raimond et M"* Perrin de Boussac ; M. G. de
Jamac et M"* Carlsberg ; M. Caufese et M'** Guenon des Mesnardi».
Vabibtrs : î. Elude bibliùgraphique sur Elie Vinet, par M. Laba<iie ; -^
H. InvenUire de$ meubles de Mardé La Bochefoucnull, communiqué par M.
de Crazannes;^ — lïl. Le cierge de la Charenle- Inférieure pendanl la fiévo-
luiiony par M. l'abbéTemonnier : — IV. ifoule méravingien, par M Dangi-
heaud ; ~ V. Sainl- Domina ue à la veille de la Révolution, par >f. Boisson-
nade ; — VL /^i municipalité de Sainl-Salumin de Séchaud (suite) -
Questions : Uniforme de la garde d'honnei^r.
Livres BT revues: Papiers des religionnaires; Le marquis de Venours; Christ'
de l^Eçuille ; Les de Cheusses ; Marins Saintongeais prisonniers au Moioc.
La lieoue-Bullelln est adressée gratiHtenieut aux membres d#* I»
société, qui patent par an une colisation de 13 frADCS,
La tievue-Bullelin montionne ou analyse tout ouvrage composé^
imprimé daas la région, ou par un auteur habitant ou né dans la région,
ou coQCeraant la région, dont un exemplaire aura ét^ adressé au prési-
dent, èi Saintes.
Les idées ou les opinions émises dans la HetHie- Bulletin sont person-
nelles.
On s'abonne à" Saintes: 10 francs par an.
Le Gérant : Nobl TEXIKIV.
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PROGRAMME PROVISOIRE
DE
L'EXCURSION
DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
ST DP LA COMMISSION DEJS ARTS ET MONUMENTS
PREMIÈRE JOORWÉE
BENET. MAILLEZ US, NIEnL-S0fl-L UTISÈ, FONTENAT-LE-
COMTE.
DEUXIÈME JOURNÉE
FOMTEKAY-LECOMTE, FOOSSAIS, FORÊT DE VOUVAHT,
VOUVANT.
ggr* Date ptobable i"^ et 2 Juin
Le départ «ura lieu le Samedi matin à 7 heures, et on rentrera
chez soi le dimanche soir.
Le rendez-vous de tous les excursionnistes sera fixé à Niort, à il h.
du malin.
Les sociétaires qui on^ le projet de suivre cette excursioa sont priés
d'en donner avis dès maintenant au président.
Il y a intérêt à se grouper par dix au moins au départ de Saintes et
de La Rochelle pour obtenir la remise de 66 ®/o sur le^rifdes chemins
de fer.
Le numéro de Juin paraîtra le 20 mai de manière à donner
les dernières dispositions*
La Hochellc, Imprimerie Nouvelle Noël Texier.
>
ùt
'Googk'^J
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DE
SAINTONGE & D'AUNIS
BQLLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES ARCHIVES HISTORIQUES
PARAISSANT TOUS LES DEDX MOIS
XXVII' Volume. — 3' Livraison.
l" Juin 1907.
Voir à la 4"" page
LE
Programme de l'Excursion
SAINTES
LIBRAIRIE J. PRÉVOST
15. COURS NATIONAL
1907
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ADMINISTRATION DE Lk SOCIÉTÉ
4907
BUREAU
Président : Le baron AmôdébOudet, rue des Ballets, 27, à Saintes.
Vice-présidents : Le comte Pibbre db Crozb^Lembbcier, au château
du Ramet, par Saintes.
Ch. DANGiBEAUD,.i4, rue des Ballets, Saintes.
Secrétaire: Maurice Bubes, docteur en droit, avocat à Saintes, rue
Cuvillier.
Trésorier : Bkrthelot, notaire, rue de l'Aire, 17, Saintes.
Trésorier-adjoint : M. Gatinrau, directeur dé l'Agence du Crédit Lyon-
nais, à Saintes.
COMITÉ DE PUBLICATION
Gabriel Audiat, professeur h Paris, rue César-Franck, 9.
Machet de La Martinière, archiviste du département de la Charente»
Anjçoulôme. , •
Georges Musset, I. 0, archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue Gargoulleau, 32, à La Rochelle.
JulbsPellisson, A. 4J, juge au tribunal civil, boulevard des Arènes,
27, è Périgueux.
!>•* Charles Vioen, aux Galards, près Moutlieu.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
Auguste Biteau, #, A. O» maître principal de i^* classe des con8i.rac-
tions navales en retraite, conseiller municipal, rue du Perat, 50, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juge de paix, place des Cordeliers, 7, à Saintes
Edmond Boilevin, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jui.Es GuiLLET, négociant, conseiller général, rue de La Roche, 12, î^
Saintes.
Abel Mbstreau, négocianl, rue du port des Frères, 24, è Saintes.
Le siège de la société des Archives est à Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mots un Bulletin^ Bévue de S^intonge-
fft d^Aunis, (|ui forme au bout d'un an uu votunie d'environ 500 pij^es.
Le prix de Tabonnement annuel h la Heiuie-Bullelin est de 10 francs;
it fr. SOpouï l'étranger; uu numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite^
ment aux membres de la société qui paient par au une Cotisation de
13 francs.
RÈGLEMENT. — Ahtici.k II. La société se compose : \^ de nxembreft
fondateurs qui versent, une fois poui* toutes, une somme de 500 francs..
2<* de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 francs; 3* dé-
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une soiiHne-
de 150 francs...
,ooglç.
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*^
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*^
SLiSd
ur.^â£aft
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l^^l
REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU 1- JUIN 1907
Avis BTNOUTELLBS : Conférence sur André Lemoyne ; Monument^ de Val -
Hères ; Nouvelle rue à La Rochelle ; Legs d'Orbigny.
Notes D'érxT civil.— Décès: Beaupoil de Saint- Aulaire: M»« de Villedon;
M»« Huvet ; M. d'Orbigny ; M. E. Combes ; M. Belin de Dionne ; M. de Saint-
Germain ; M. Veillon.
Mariages: Pellisson-Fumeau ; Bemard-Duchasteau.
VARiâ'és: I. Gardes d'honneur volontaires royaux à Saintes^ par M. Ch.
Dangibeaud. — II. Les familles du nom de Marin. — III. Le clergé de la
Charente-Inférieure Dendant la Révolution isuiie). par M. Tabbé Lemonnier;
— La révolte de la Gabelle (lin), par M. le C^ Dcnielle ; — Elude bibliogra-
phique sur les éditions de l'antiquité de Bourdeaus, d'Elie Vinet (fin), par
M. Labadie.
Litres et Revues: Sauvetage du vieil hôpital de Tonnerre; Les aventures
d'Aliénor d'Aquitaine ; les huîtres et la fièvre tvphoïde ; contrat d'impression
pour les œuvres de Palissy ; le livre des fiefs; Moa de Polastron ; les bonbons.
BlBLIOORAPHIE.
AVIS ET NOUVELLES
Le 8 juin, sous les auspices de la Société, notre confrère,
M. Léon Bouyer, fera une conférence au profit du monument
d'André Lemoyne.
On trouvera des cartes chez les libraires et aux bureaux de
tabac de la ville.
Nous ne doutons pas que tous nos confrères de la ville ne tien-
nent à entendre le brillant conférencier et à apporter leur obole.
Ceux du loin qui voudraient participer à Térection du monu-
ment peuvent adresser leur offrande à l'un de nos trésoriers, qui
la déposeront dans la bourse des quêteuses.
Nous apprenons avec un vif plaisir que notre confrère,
M. L. Massiou, va éditer les cartes de Cl. Masse pour la Sain-
tonge et l'Aunis.
Tom« XXVn. 3* lirraiMn. — Jaia 1t07. iO
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— 146 —
Les Tablelies des Deux-Charenles du 6 avril 1907 rendent
compte du dernier numéro de la Revue, M. G... insiste particu-
lièrement sur la discussion relative aux fragments d'anciennes
chroniques de dom Darley. 11 croit au passage de Charlemagne
en Saintonge. « Le souvenir du traître Ganelon à Tonnay-Bou-
tomic n'estril pas, dit-il, entre autres, une présomption en faveur
du passage du grand empereur revenant de Roncevaux î ...Quant
à une campagne de Charlemagne en Saintonge, nous croyons,
avec M. Dangibeaud, que c'est là une interpolation... »
La légende de Ganelon à Tonnay-Boutonne n'est peut-être pas
encore l'argument péremptoire.
Le P' avril 1907 a été inauguré dans le cimetière de Vallières,
près Metz, un monument à la mémoire de deux officiers fran-
çais tués à la bataille de Serquigny-Noisseville, le 31 août 1870,
le capitaine Sanial, du 6* de ligne, et le lieutenant Julien-Lafer-
rière du 59*. Le monument consiste en un piédestal formé de
moellons de granit surmonté d'une pierre taillée en bastion ren-
fermant une urne.
Joseph Julien-Laferrière était né à Saintes le 27 août 1836, fils
de Marcellin Julien-Laferrière, négociant à Saintes (1795-1867),
et de Marthe Gachinard (1799-1882), qui eurent dix enfants :
Louise ; Marcellin, marié à Noémie Dumorisson, décédé ; Thé-
rèse, épouse Jouve, décédée ; Alfred, décédé ; Anna, épouse
Blanc ; Marie, décédée ; Alexis, notaire, époux de Thérèse
brilhon, décédé ; Noémie, épouse Salmon ; Abel, décédé, et
Joseph, dont s'agit.
Joseph Laferrière entra à Saint-Cyr le 5 novembre 1856.
Nommé sous-lieutenant en 1858, il fut affecté au 77* régiment de
ligne, en garnison à Rochefort. En août 1863, il permute au 59*,
alors en Italie, et rejoint son régiment à Pofi (Etats Pontificaux).
Après différentes garnisons coupées par un retour à Paris, il
revient en France en janvier 1867, à Marseille. Il est promu
lieutenant, et repart pour l'Italie en octobre 1867. Il rentre défi-
nitivement en France en février 1868 et tient garnison à Lille et
à Paris.
En juillet 1870, il part pour l'armée du Rhin (2* brigade, divi-
sion Metmann, 3* corps d'armée). Le 6 août, il assiste à la bataille
de Noisseville, où il a les deux jambes coupées par des éclats
d'obus. Transporté à l'ambulance, il subit l'amputation, opéra-
tion à laquelle il succombe le soir môme.
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— 147 —
Joseph Laferrière était cousin-germain de Ludovic Julien-
Laferrière, évoque de Gonstanline, d*Edmond, colonel d*infan-
terie, de Paul, colonel d'infanterie, fils de Théophile, — d'Al-
phonse, colonel de cavalerie, d'Edouard, vice-président du con-
seil d'Etal, gouverneur de l'Algérie, fils de Firmin, — et encore
de Marguerite, mariée au général Girardel, fille de Joseph, offi-
cier de marine.
Il était loncle de notre confrère, M. Joseph Laferrière, notaire
à Saintes.
Une rue de La Rochelle qui n'est pas classée dans la voirie
officielle a reçu, le diman<îhe 14 avril 1907, le nom de Rue Vau-
ban : elle joint la rue de La Trompette aux remparts.
i\I. d'Orbigny a légué 10.000 francs au musée départemental
des sciences naturelles de La Rochelle ; 24.000 francs pour fon-
dation d'une bourse au Lycée ; 80.000 francs aux hospices ;
15.000 francs à la chambre de commerce pour l'entretien d'un
boursier dans une école de commerce ; l'ancienne maison du
docteur Venette à la Ville, pour l'installation d'une école de
dessin.
Nous avons annoncé la mise sous presse des lettres de Samuel
Robert, lieutenant particulier en l'élection de Saintes. Voici un
passage curieux de cette correspondance :
« Pour ce qui est de la fourrure du manteau de Madamoiselle,
vous ne me mandés pas de quelles peaux elle désire qu'il soit.
Jo ine suis enquis du prix de celles de lapin : ils les veuUent
vendre 25 cscus, celles de chat 30 et celles de marthe 250, prix
bien eslongnés de celluy de feu ma mère qui ne coustoyt que
20 livres qu'on n'auroyt point icy pour 30 livres. Jamais ceste
marchandise n'avoyt esté ci chère. Ce qui en est cause est que
la plupart des gens de condition en font doubler leurs habits et
casaques ».
Le 24 mars, à SaintrJean d'Angély, M. Gabriel Audiat a donné
une conférence sur André Lemoyne, comme délégué du comité
parisien du monument Lemoyne.
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— 148 —
Vient de paraître à la librairie Prévost, à Saintes, douze cartes
postales reproduisant des types et des scènes de Saintonge des-
sinés par \î. Marcel de Fonrémis.
NOTES D'ÉTAT CIVIL
DECES
Le 6 mars 1907, est mort André-Léon-Pau/ de Beaupoil de
Saint-Aulaire, décédé subitement en son château des Jards, près
Montlieu.
Il était né le 30 novembre 1830, à Souméras, de André de
Saint^Aulaire (1785-1842), fils lui-môme d'une victime de Qui-
beron, et de Louise-Virginie Gaudin (1798-1854). Après avoir
fait ses études à Montlieu et à Pons, il avait été quelques années
contrôleur des contributions directes, et s'était retiré dans ses
propriétés après son mariage (30 septembre 1861) avec M*** Ma-
ria Ansaull, fille de Charles-François Ansault (1829-1858), notaire
el avocat à Chevanceaux, et de Colombe-Ermence Gaignerot-
Prénouveau.
Sa vie chrétienne, sa bonté, sa courtoisie, sa rare distinction,
en faisaient le modèle accompli des vertus civiques et familiales,
et lui avaient assuré Festimc et le respect de tous ses conci-
toyens, même de ses adversaires politiques ; aussi sa perte
sera-t-elle longtemps et vivement regrettée, et l'assistance à ses
obsèques a-t-elle été des plus imposantes.
11 était depuis 1869 conseiller municipal de Montlieu, dont il
avait été maire de 1884 à 1888 ; président du conseil de fabrique
de 1875 à sa dissolution toute récente ; trésorier depuis 1879 de
l'Association amicale des anciens élèves de Montlieu, qui perd
en lui un de ceux qui avaient le plus contribué à sa vie et à sa
prospérité.
Il laisse quatre enfants : Joseph, lieutenant de dragons, marié
en 1897, à Béatrix de Lamée de Soulages ; Louise, mariée en
1892 à Paul Ramadier, de Serverette (Lozère) ; Marie, qui a
épousé en 1895 Maurice Malichecq, de Lue (Landes) ; et Mar-
guerite, épouse en 1895, de Albert Godineau, de Courceral.
Sa famille possède depuis 1703 l'ancien domaine seigneurial
des Jards, par elle ou par des ancêtres les de Belleville et les
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— 149 —
Slaffe de Saint-Albert. Ce fief avait jusque-là appartenu aux de
Glenesl, pour 1 auteur desquels il avait été démembré en 1609
avec Chatenet, en faveur d'un mariage avec une fille cadette des
seigneurs de Montguyon.
I.e défunt lui-môme appartenait à la très ancienne famille des
Beaupoil de Saint-Aulaire, originaire de Bretagne, puis pos-
sessionnée à Saint-Aulaire, près Brives (Corrèze) ; il était de la
branche de Brie sous Archiac, et du rameau de La Dixmerie,
près Jonzac ; cette branche a compté, outre un grand nombre
d'officiers des armées âo terre et de mer, un dos deux Saint-
Aulaire qui ont été membres de l'Académie française : François-
Joseph, élu en 1706, malgré Boileau, et mort en 1742 à 99 ans ;
(Vautre de la branche de Luminade, était le beau-père du duc
Dt^cazes). L'évêque de Poitiers, Martial-Louis de Saint-Aulaire,
1719-1798, député de son clergé aux Etats-Généraux et mort en
(^migration : et Tabbé Anloine-Claud^^ii^iisfm de Saint-Aulaire,
prêtre et chanoine do Poitiers, massacré à 27 ans, le 3 septem-
bre 1792, à Saiiit-Finnin de Paris, étaient aussi de cette bran-
che de Brie et La Dixmerie.
(Consulter sur cotte famille. Revue de Sainionge, IX, 409 ;
X, 'i27; XX, 87; XXII, 299).
Le 22 mars 1907, est décédée à Aytré, M~ Clémence de Ville-
don de Courson, veuve de M. Charles de Bonnaventure, âgée de
70 ans.
Elle laisse un fils, M. Louis de Bonnaventure.
Elle était tante de MM. le comte de Villedon de Courson,
Charles de Bonnaventure, le comte F. de Nuchèze.
L'inhumation a eu lieu à La Rochelle.
(Voir VEcho Rochèlais, du 27 mars 1907).
Le 25 mars 1907, est décédée, à Montfcazon (Indre-et-Loire),
M"** Maurice Huvet, née Delacroix.
M. Alcide Dessalines d'Orbigny, armateur, ancien maire de
Ln Rochelle, conseiller général (1874), chevalier de la Légion
d'honneur (1897), notre confrère depuis 1889, est décédé à Nice,
h avril 1907. Ses obsèques ont eu lieu à La Rochelle le 13, aux
frais de la ville. Le conseil municipal avait voulu lui donner ce
témoignage d'estime.
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— 150 —
Il était né à Saintes le 10 juin 1835, rue Eschasseriaux, de Gas-
ton-Edouard Dorbigny (1), employé aux impôts indirects, et
de Jeanne-Adélaïde Labatut. Il était neveu des natura-
listes qui ont illustré le nom de la famille. Après avoir fait ses
éludes au lycée de La Rochelle, il entra comme employé à la
préfecture. Mais bientôt, il abandonna son emploi. « Entré dans
la vie sans fortune, a dit M. Deoout, maire de La Rochelle, sur
sa tombe, il ne tarda pas, grâce à son intelligence des affaires
ef à son esprit d'initiative, à fonder en collaboration avec un de
ses amis, une maison de commerce qui devint rapidement une
(les plus importantes de la France et dont la prospérité rejaillit
sur la ville tout entière...
lorsque M. Delmas dut abandonner l'hôtel de Ville, les bril-
lantes qualités administratives de d'Orhigny et l'affection qu'il
avait su inspirer à tous ses collègues du conseil municipal le
désignaient tout naturellement pour occuper la première magis-
trature de la ville.
Pendant près de douze années, d'août 1893 à juillet 1905, il
exerça les fonctions de maire avec une rare distinction et une
telle autorité qu'il fut toujours réélu à l'unanimité.
Son administration fut particulièrement caractérisée par une
politique financière des plus habiles dont les heureux effets ont
permis la transformation et l'embellissement de la ville et pro-
cureront à ses successeurs les moyens de continuer son œuvre...»
n avait épousé WP* Bemon.
(Voir la Charente-Inférieure du 17 avril, le Courrier de La
Rochelle du 18.)
M. Jean-André-Ed^ard Combes, conseiller d'Etat, fils de
M. Emile Combes, ancien président du conseil des mini&tres,
est décédé, le 10 avril 1907, à Versailles.
Il était né à Pons, le 10 août 1864.
Il fut sous-préfet de Castelnaudary (l*' décembre 1888), de
rhâtillon-sui^Seine (9 juillet 1890), puis secrétaire général de
la préfecture d'Indre-et-I^ire. En 1895, il devint chef de cabinet
de son père, ministre de rinstruclion publique. Il rentra dans
l'administration en 1897, comme sous-préfet de Lunéville et
préfet de l'Allier, 24 septembre 1900.
(1) Par jugement du tribunal civil de Saintes, en date du 23 janvier 1866, le
nom de Dorbigny inscrit à l'état civil a été rectifié en d'Orbigny*
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— 151 —
Le 1 1 juin 1902, il fut nommé secrétaire général du ministre
dv rintérieur jusqu'en 1905. Peu de temps avant la chute du
cabinet Combes, il fut nommé conseiller d^Etat.
L'enterrement a eu lieu à Pons le 14 avril.
Pour les discours, voir Y Indépendant du 16 avril.
M. A.-F. Le Belin de Dionne, directeur du génie maritime en
retraite, officier de la légion d'honneur, est décédé le 17 avril
1907, à Bordeaux. L'inhumation a eu lieu le 20, à Rochefort.
Il était frère du général Le Belin de Dionne, et père de M. Le
Belin de Dionne, capitaine au 21* chasseurs à cheval, et de
M"* Bilot, femme de l'ingénieur des chemins de fer du Midi.
Il était né ii Trouhaut (Côle-d'Or), le 22 novembre 1824, et
avait épousé à Rochefort M"* Sergent, nièce de M. Le Rédour,
premier médecin en chef.
(Voir les Tablettes du 20 avril 1907.)
Le 25 avril 1907, est décédé, à Saintes, le comte François-
Eugène de Saint-Germain, né à Roisel (Somme), le 5 avril 1830,
chef d'escadrons en retraite, officier de la légion d'honneur,
ancien président de la Croix-Rouge à Saintes. Il avait épousé, le
24 avril 1872, M"* Anne-/saï/re de Cumont.
5>ous-lieutenant à 24 ans au 8* hussards, il gagna ses grades de
lieutenant et de capitaine dans ce même régiment, qu'il ne quitta
qu'en 1880, avec sa nomination de chef d'escadrons.
(Voir, dans le Moniteur de la Sainlonge du 28 avril, les dis-
cours de MM. Gandaubert, Baillard et Oudet.)
Le 25 avril, est décédé, à Rochefort, M. Alexandre Veillon,
médecin principal de la marine en retraite, chevalier de la légion
d'honneur, âgé de 73 ans. Il avait épousé à Saintes, le 16 février
1870, M"* Marie-Amélie-Fanny-réci7c Chevreux.
(Voir les Tablettes du 27 avril.)
MARIAGES
Le 11 mars 1907, a été célébré, à Morlagne-sup-Gîronde, le
mariage de M. Antoine-Jean-ilfarceKn Pellisson, docteur en droit,
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— 152 —
fils de M. Marcel Pellisson, demeurant à Léchailler, commune
de Saint-Seurin-d'Uzet, et de feu Marie-Clémence (Jeanne) Val-
let, avec M"* Aimée Fumeau, sa cousine, fille de M. Oscar Fu-
rneau, chevalier de la Légion dTionneur, capitaine au 7* régi-
raonl de cuirassiers, en retraite, demeurant à Mortagne, et de
feu Marie Lemet, cousine germaine du père du marié, du côté
paternel. Les témoins étaient pour le marié : M. Adrien-Jean^
Marcelin (Charles) Pellisson, docteur en droit, avocat à Saint-
Jean d'Angély, son frère, et M. Paul Amé, licencié ès-sciences,
demeurant à Bordeaux, leur ami conunun ; pour la mariée,
M"* Dugoujon, née Vérat, femme d^ M. Dugoujon, conseiller
(rarrondissement, maire de Mortagne, et M. Emile Laoouture,
négociant, demeurant h Bordeaux. A la mairie, M. le Maire a
adressé aux époux une charmante atlocution où faisant une
allusion délicate à l'inclination mutuelle qui avait entraîné cette
union, il leur a affirmé en termes vibrants et chaleureux que
sans raniour qui doit présider à la formation des liens du ma-
riage, les formalités civiles, aussi bien que la cérémonie reli-
gieuse qui les suit, ne sauraient en assurer la solidité. M. Tabbé
Félix Clanet, curé de la paroisse de Saint-Etienne de Mortagne,
c|ui a béni le mariage leur a également adressé quelques paroles
d'une simplicité élégante et ferme sur les devoirs des époux
chrétiens.
Le 9 avril 1907, a été bénit, à Bessines (Haute-Vienne), le
mariage de notre confrère, M. Paul Bernard, pharmacien à
Saintes, avec M"* Marguerite Duchasleau, fille de M. Georges
Duchasteau, notaire.
VARIETES
GARDES D'HONNEUn, GARDES NATIONALES
ET ANCIENS VOLONTAIRES ROYA.UX EN 1808 ET 1815 A SaINTES
« En France, pour reconstituer les gardes d'honneur, a dit
M. G. Ck>ttreau (1), il faut se livrer à des recherches qui feraient
(1) Notice sur les gardes d'honneurs de Bayonne en 1808. Tenae des troupes
en FrARcel 1902.
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Cliché de M. Cil. Dsngibcaud.
JOSIAS DE BRI.MOND D ARS
MRDTBNANT DES VOI.ONTAIRBS ROYAUX
Portrait de Sotta atné appartenant à M. Pierre de Bremond d'Ara,
au château de In Dixmerie.
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— 153 —
pûlir les archéologues ». Il est incontestable qu'il y a peu- de
sujets aussi ingrats, sur lesquels on recueille moins de docu-
ments officiels.
L'idée qui a dominé leur création est née de l'enthousiasme
populaire pour Napoléon I" et du désir de faire une démonstra-
tion publique de dévouement à l'Empereur. Elle remonte à 1805.
Ces gardes d'honneur qu'on se plaisait à qualifier de corps
d'élite, se sont constituées, spontanément, dans les villes situées
sur ritinéraire de l'Empereur, dans le but d'assurer son senice
d'e^scorte, durant son séjour. Elles ne devaient pas durer plus
longtemps que l'objet pour lequel elles étaient instituées.
Napoléon, par politique plus peut-être que par désir d'enrôler
une troupe de jeunes gens d'une très mince valeur militaire,
essaya cependant d'en attacher quelques compagnies à sa per^
soime. Le ministre de l'Intérieur, de Champagnv, adressa aux
préfets, le 24 septembre 1805, à la veille de la campagne d'\us-
lerlitz, une circulaire , dans laquelle il leur prescrivait de provo-
quer des demandes d'admission dans un corps de cavalerie des-
tiné « à former le cortège immédiat de Sa Majesté sur le théâtre
où elle va fixer les destinées de la France et du monde ». Par
tous les moyens, il s'efforça d'exciter la vanité du panache qui
sommeille en tout jeune homme : il faisait sonner très haut ITion-
neur d'être « associé aux triomphes » de l'Empereur, de « por-
ter un uniforme aux couleurs de sa maison ». Mais il ajoutait
que ce corps ne « peut renfermer qu*un choix de citoyens les
plus distingués, tous à cheval, tous armés à leurs frais, comme
il conviendrait h leurs fonctions ».
La perspective d'escorter le grand empereur, dans un brillant
uniforme, d'assister à des batailles mémorables, aurait pu sé-
duire très fort les hommes jeunes, mais, un tel honneur, une
telle gloire parurent sans doute insuffisants aux parents pour
contrebalancer le chagrin d'une séparation, qu'ils avaient déjà
évitée par de gros sacrifices d'argent, afin de conserver leurs
enfants près d'eux. L'obligation de supporter un nouvel équipe-
ment très onéreux, à une époque où l'argent devenait rare, re-
froidit certainement beaucoup d'enthousiastes. Je ne doute pas
qu'elle aîti puissamment contribué à l'échec du recrutement.
Ouoi qu'il en soit le projet fut abandonné.
Le principe est en effet absolu, fondamental. Nul n'était forcé
d'entrer dans les gardes d'honneur, maïs quiconque donnait son
consentement, plus ou moins de bon cœur, s'obligeait ô payer
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— 154 -
son unifortne de ses deniers. Il en coûtait cher. Les réflexions
de Pierre de Bremond d'Ars sont typiques et ne laissent place
h aucune hésitation à cet égard (1). Beaucoup n'ayant pas su
résister aux sollicitations des maires et du préfet, se sont laissés
enrôler par respect humain, pour faire comme un tel et un tel,
pas plus fortuné qu'eux-mêmes... mais, au fond, à regret. Cela
passait encore, parce que l'on était sûr de rester chez soi, de ne
pas franchir une certaine limite. Le jour où l'empereur demanda
de courir quelques risques il ne trouva plus personne.
ï^s Saintais n'eurent pas à se défendre contre les suggestions
impériales. Les gardes d'honneur n'existaient pas encore. Elles
ne furent formées qu'en 1808 assez difficilement d'ailleurs, tou-
jours pour la môme cause : les frais d'équipement.
L'uniforme était très dispendieux, bien que chaque ville eut la
liberté de composer le sien à sa guise. Mais les soldats improvi-
sés, condamnés à disparaître aussitôt leur courte mission accom-
plie, se faisaient un point d'honneur d*îmiter le plus possible
l'armée régulière au moins dans leur équipement. Il faut bien
dire aussi que leurs ofifciers, anciens officiers réformés pour la
plupart, avaient des traditions qu'ils entendaient respecter el
imposer. Le prestige de l'armée était alors prépondérant et per-
sonne ne se serait avisé de ne pas se conformer à ses habitudes.
Nous ne pouvons reconstituer en entier l'uniforme des gardes
d'honneur de Saintes. Nous savons seulement, grâce aux notes de
Pierre de Bremond, que l'infanterie avait un habit blanc à
revers rose et la cavalerie un habit vert à collet et parements
rouges, un pantalon de Casimir blanc, des bottes à l'écuyère et
qu'il coûtait 2.000 fr. (2). C'est en ce costume que fantassins et
cavaliers paradèrent autour de Napoléon quand il passa à Sain-
tes en 1808, on sait avec quelle rapidité !
(1) Bévue, t. XXI, p. 51.
(2) Couleurs à pari, il est vraisemblable que la coupe de Thabit et du pantalon
ne variait fcuère. La société archéologique de l'Orléanais a donné (tome XIV)
une très jolie gravure de gardes d'honneur d'Orléans (1807-1808). L'habit de
fantassin est blanc avec plastron vert, guêtres noires. Celui du cavalier est
vert avec plastron rose, culotte blanche, bottes à l'écuyère, grand chapeau A
claque avec plume.
A Grenoble en 1811 l'habit de fantassin est bleu à plastron rose, culotte
blanche.
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— 155 —
Combien élaîent-ils ? Nous n'en savons rien. L'état nominatif
n'a pas été conservé.
Le recrutement des deux compagnies fut difficile, précisément
on raison de la dépense imposée à chaque adhérent. « La garde
d'honneur continue à s'organiser, écrit Pierre de Bremond, à
Id date du 14 juin 1808 ; mais peu de gens encore sont inscrits
pour ce service... Si la ville voulait en faire les frais, deux cents
jeunes gens s'offriraient «^ans doute ». Il est donc probable que
U nombre de chacune des deux troupes fut restreint. Nous sa-
vons encore que cette garde d'honneur s'exerçait dans la prairie
ot que tout marchait « à la débandade sans faire aucune ma-
nœuvre ». La foule cependant, ravie, admirait « ces messieurs,
tout maladroits qu'ils sont ». (1)
Comme celles do tout l'Empire, la garde d'honneur de Saintes
fut dissoute par Napoléon qui avait reconnu Timpossibilité do
oonserver une troupe composée dTiommes de tous âges, d'une
instruction militaire nulle.
Un peu plus tard, en 1813, après les revers de Russie, il se
souviendra pourtant de ces soldats de bonne volonté et cher-
chera à en composer quatre régiments, sans beaucoup plus de
succès qu'en 1805. La France était lasse des guerres continuelles.
Si j'écrivais l'histoire militaire de Saintes, il faudrait placer
ici l'organisation d'une « cohorte de grenadiers » qu'un décret
du 17 décembre 1813 avait ordonnée. Je possède l'état nomi-
natif de l'état-major. Le commandant en était le père de ma
arrand'mère paternelle, et l'un des capitaines de compagnie,
Nicolas-François Leclerc, capitaine retraité du 26* régiment de
licrne, originaire de la Meurthe, fixé à Saintes par son mariage
avec Marguerite Abelin, veuve Coindreau (19 vendémiaire
an XrV), après avoir fait les campagnes d'Egypte, d'Italie, d'Al-
lemagne, de la Martinique. Il s'était engagé à quinze ans. Il com-
manda la garde nationale à Saintes pendant trente ans. Il mourut
h 76 ans, en 1850, à Saintes, jouissant d'une notoriété exception-
nelle. Son mausolée est au cimetière, le long du mur ouest, tout
près du dépositoire.
Mais je laisse de côté ce chapitre spécial qui entrerait plus
logi((uement dans un historique des milices locales. Je veux
signaler un corps formé pendant les cent jours, secrètement.
(1) Revue, t. XXI, p. 53.
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— 156 —
sous le nom de volontaires royaux, probablement sous Tinspira-
lion d'un prince de la maison royale.
Celte « légion », sous les ordres de Théophile-Charles de Bre-
mond d'Ars, colonel de cavalerie, puis maréchal de camp, père
de notre confrère, M. Anatole de Bremond d'Ars, offrit ses ser-
vices à la municipalité de Saintes, à la journée du 3 juillet 1815,
lors du passage et de Tarrestation de l'ex-roi d'Espagne, Joseph
Bonaparte. Ces volontaires se vantaient plus tard d'avoir forcé
le malheureux roi à descendre de voiture et à se réfugier à
Phôtel de France. M. A. de Bremond a raconté dans la Revue
(tome XX, p. 440), ce gros événement, le plus, le seul considé-
rable auquel celle troupe fut mêlée.
La chute définitive de l'Empire bouleversa une fois encore
l'organisation de^ corps militaires constitués dans les villes.
La garde nationale de 1813 disparut, et fut remplacée par les
volontaires royaux qui prirent le nom de gardes nationales à
cheval. C'est ce qui résulte d'une lettre du marquis de Grailly.
du 2 septembre 1816, conservée dans les archiver du château de
Geay avec deux autres documents que je transcris ici même.
Le premier est la lettre adressée à tous ceux que Ton sollici-
tait d'entrer dans la nouvelle formation. Il ne s'est donc pas agi
d'un simple changement de nom comme tend à le laisser croire
h lettre (1) de M. de Grailly à M. de Latour de Geay. Il est pos-
sible que les anciens volontaires aient adhéré, mais on a cherché
au moins une augmentation d'effectif.
La seconde pièce est relative à l'équipement. Là encore la ville
n'intervient pas. Chaque officier, chaque soldat doit se vêtir et
s*armer à ses frais suivant un uniforme dont nous possédons le
Penlois, 2 septembre 1816.
(1) J'ai reçu, mon cher adjudant, le modèle d'un registre de matricule pour la
compagnie. Je l'approuve fort,mais il faut, je crois, remettre à quelques moments
Texécution, parce que notre pauvre caisse n'a pas le sou. Il faut attendre que
M. le préfet ait bien voulu appointé la demande que nous lui avons faite et
je pense qu'il faudra en supprimer la colonne des signalements et mettre pour
titre : Covnpagme de volontaires royaux à cheval, formée secrètemeat le 24
avril 181b. et qui ayant offert ses services au corps mur^icipal de la ville de
Saintes, le 3 juillet 1815, le jour du passage et de Varrestalion de Joseph
Bonaparte, fut considérée dès lors comme gardes nationales à cheval el fut
définitivement constituée sous ce titre.
M*» de Grailly.
Lettre adressée à M. de Latour, adjudant.
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— 157 —
détail (1). Cel uniforme esl-il pareil à celui des volontaires ?
C'est bien possible. Le portrait que je reproduis, grâce à l'obli-
geance de M. Pierre de Bremond d\\rs, est celui de Josias de
Bremond qui avait le grade de lieutenant. La description cor-
respond au portrait. Or, dans la famille, on tient que Josias de
Bremond est représenté en volontaire royal : habit bleu de roi
avec passepoil rouge, épaulettes et accessoires en argent et fîl
blanc.
Quoi qu'il en soit, la pièce est curieuse et rare. Elle nous
donne une idée exacte de l'uniforme de ces pauvres gardes tant
ridiculisés... En fait ! Ça devait drôlement marcher. La lettre de
M. de Grailly a son adjudant, lui prescrivant de ne rien faire
parce (ju'il n'a pns d'argent, est symptômatique. Je connais un
ordre sicrné Du qui est un monument d'orthographe libre.
Ch. Dangibeaiid.
sous- PRRFECTUhK GaROB NATIONALE A CHflVAL, A SaINTES
DE SAINTES
Saintes, 4 décembre 1815.
OrgsniMUoc
d« la
Garde oat tonale
à ch«Tal
de 1 arrond UMmeot
Monsieur,
Le sous-préfet de Saintes a fait connaître à ses administrés,
dans un avis publié sous la date du 29 du mois dernier, que le
comité d'organisation allait s'occuper définitivement de la for-
mation de la garde nationale à cheval de l'arrondissement. II
leur a fait sentir combien l'existence de cette garde était néces-
saire au maintien du bon ordre et de la tranquillité publique ;
il a présenté son organisation comme devant avoir sur divers
(1) Voir plus loin.
Voici le relevé des sommes dépensées par M. de Latour, simple garde :
drap, giberne et ceinturon, aiguiUette, contre- épaulet te, chabraque, colback,
plumet, chapeau, 357 fr. 35 ; plus un gilet d'écurie, 38 fr. 75 : plus pour la
selle, harnais, 89 fr. ; plus au tailleur pour façon, 30 fr. 35 ; plus 351 fr. pour
sabre, épaulettes, deux pantalons d^uniforme (63 fr.), une bride, une épée ;
plus 15 fr. pour le repas de corps de carnaval et 30 fr. au quartier-mattre.
En tout: 763 fr. 50.
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—^158 —
points du territoire une influence morale plus utile peut-être
que la force des armes. Enfin, il a considéré les habitants qui
doivent composer ce corps d'élite comme pouvant être appelés
très prochainement à Thonneur insigne d'entourer un des prin-
ces de la famille royale et de faire le service auprès de sa per-
sonne.
Des devoirs aussi importants à remplir, des fonctions aussi
nobles à exercer, tant de prérogatives, auront été appréciés par
les habitants de Tarrondissement, qui se font remarquer par
leur inviolable attachement à la cause des Bourbons.
Vous êtes un de ceux. Monsieur, sur lequel nous avons le
plus compté pour la formation de la compagnie à cheval, dont
l'organisation nous occupe. Vous réunissez, à beaucoup de con-
sidérations personnelles, le désir de vous rendre utile et de don-
ner de nouvelles preuves de votre dévouement au roi.
Etabli par suite de nos délibérations sur le contrôle de la
gai'dc nationale à cheval, vous allez prendre rang dans un corps
d'élite qui se fera remarquer par son excellent esprit et par la
conduite irréprochable de ceux qui le composeront.
Il nous serait difficile d'admettre la possibilité d'un refus.
Si, cependant, des raisons qu'il nous est impossible de pré-
voir ne vous permettaient pas d'entrer dans ce corps d'élite,
vous voudrez bien le faire connaître immédiatement au comité
pour qu'il puisse terminer, dans le plus court délai possible,
une organisation qui ne peut être commencée qu'après la rédac-
lion définitive du contrôle.
Nous avons l'honneur d'être, avec des sentiments distingués,
Monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
I.cs membres du comité (T organisation de V arrondissement
de Saintes :
Angelier, Guillau de Sersé, Dangibeaud, Boyer, Boscals
DE Réals, Grailly.
10 janvier 1815 (sic).
Circulaire imprimée :
Le préfet a approuvé l'organisation de la garde nationale à
cheval qui lui a été proposée par le comité.
La première réunion aura lieu le vendredi 19 janvier, à neuf
heures du matin, place Blair, pour la réception des officiers et
sous-officiers.
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— 159 —
Le commandant passera une revue de rigueur afin de se pré-
parer à assister à la cérémonie funèbre du lendemain.
Je vous engage à faire faire Tuniforme prescrit par le règle-
ment.
Permettez que je ne néglige pas de vous avertir que vous devez
\ erser immédiatement une somme de 20 francs dans la caisse du
quartiei^maître pour subvenir aux dépenses du petit état-major.
Uniforme
Habit bleu de roi, doublure blanche, passe-poil écarlate, les
pans réduits à la longueur déterminée par les habits de chas-
seurs de l'armée, les retrouasis porteront des fleurs de lys bro-
dées en argent sur drap écarlate ; collet bleu, passepoil rouge,
revers blancs, passepoils écarlate, retroussés par sept boutons
de chaque côté, doublés de môme drap que Thabil et coupés
droits, de manière à pouvoir se croiser et se boutonner sur la
poitrine (1), parement bleu et liseré écarlate ouvert par dessous,
poches en dehors et en long, liseré écarlate à trois pointes avec
un bouton sur chaque pointe. Le pantalon, ordinairement blanc,
sera recouvert ou remplacé par un charivari gris de fer ayant
sur la couture antérieure une bande écarlate (2).
Les bottes seront de cuir noir, à la hussarde, l'éperon tiendra
à la botte et sera noir verni.
La coiffure sera le chapeau avec ganses argent et glans (3).
L'aiguillette sera de fil blanc ; pour armes, les pistollets ; le
sabre sera doré et suspendu à un ceinturon de cuir noir verni
bouclant sur le pantalon (4). -^
La giberne sera de cuir noir verni ornée d'une fleur de lys en
argent ; le porte-giberne sera semblable au ceinturon et retenu
sur l'épaule par une contre-épaulelte de fil blanc, les boutons
blancs et ronds comme les chasseurs de Tannée.
L'équipement du cheval sera une selle à la hussarde recou-
verte en entier d'une grande couverte de drap bleu à pointes
(1) Depuis on a imaginé de faire des revers bleus et croisés et d'y appliquer
en grande tenue un revers blaiïc. mobile, qui s'attache aux boutons, de
sorte qu'on peut l'enlever et le blanchir séparément.
(3) Le modèle de l'habillement complet se trouve chez les tailleurs de
Saintes.
(3) Les ckapeliers de Saintes fourniront le modèle de chapeau.
(4) M. le commandant donnera des instructions à cet égard.
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— 160 —
an-ondies ayant dans Tangle une fleur de lys en drap blanc (1).
Les sous-officiers, fourriers et brigadiers porteront les galons
d'argent comme les chasseurs de l'armée. Les officiers porteront
les marques distinctives de leur grade comme dans l'armée ; ils
auront la dragonne en argent ; ils auront, dans le service, le
hausse-col doré avec l'écusson en argent aux armes de France.
II
LES FAMILLES DU NOM DE MARIN
Deux de nos confrères nous ont demandé à propos du ma-
riage de M"* de Croze-Lemercier avec le lieutenant de Montma-
rin, s'il existait un lien de parenté entre les Marin de Saintonge
(Voir La Morinerie et Meller) et les Marin de Montmarin. Il parait
n'y en avoir aucun, à moins de remonter à l'origine, à la fin du
XVP siècle et de découvrir une commune origine entre le père
de Denis Marin et un Marin de Saintonge. En attendant qu'un
^généalogiste éclaircisse ce point voici quelques notes sur la
famille de Montmarin :
La famille Marin de Montmarin est originaire de Bourgogne :
elle a générations suivies depuis Denis Marin (1601-1678), né
à Auxonne, secrétaire de la chambre du roi (2 janvier 1627),
conunissaire de la marine (24 juin 1628), conseiller au Conseil
privé (10 février 1645), intendant de» finances en 1649. Il mou-
rut à Paris le 27 juin 1678 et son épitaphe très louangeuse pour
sa probité était gravée dans le chœur des Blanc-Manteaux à
Paris (2). Une rue d'Auxonno porte son nom, sa maison restau-
rée aux frais de la commune en 1845 porte une inscription très
élogieuse et son portrait orne la grande salle de l'hôtel de ville
avec ces mots Palcr Patriœ. Tant d'honneurs lui ont été décernés
en mémoire de son dévouement à la ville et aux affaires du
royaume.
(1) La selle à la hussarde n'est pas de rigueur, attendu que la couverte
dissimule la forme de la selle.
(2) Son monument était appliqué à la muraille, au-dessus de la sépulture
de Pierre Daurat, son beau-père. Il est figuré dans VÉpilaphier du Vieax ParU^
t. II, p. 62. Sur la plaque de marbre éuit gravée une longue inscription en
latin reproduite ibidem, p. «3. £Ue lui donne 78 ans. Denis Marin serait
donc né en 1600.
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— IGl —
11 achela la lerre de La Ghàlaigueraie eu Poitou, qui apparte-
nait alors aux La Rochefoucauld, puis différentes autres terres
eu Vendômois, notamment La Tuandière, dont il changea le
nom en Montmarin, vers 1058. C'était un fief relevant de La
iiousserie, situé dans la paroisse de Sargé (Loir-et-Cher),
ui rondissement de Mondoubleau. Le château de Montmarin est
habité actuellement par la marquise de Montmarin, veuve de
Uené de Montmarin, ancien ministre plénipotentiaire.
Aous avons la preuve certaine qu'il est venu en Sainlonge en
Hx)2, il assista au siège de Saintes et aux opérations militaires
de l'armée royale. Après la capitulation de la ville il organise les
levées d'impôts. Samuel lloberl parle de lui dans ses Lellres,
que nous imprimons.
Denis Marin était donc un personnage important de son épo-
que. C'est la souche des Montmarin actuels.
11 se maria deux fois : il épousa d abord Jacqueline d'Âurat
(i avril 1630), dont il eut :
1** AriK)uld, seigneur de La Châtaigneraie, premier président
au parlement de Provence, marié à X. de La Croix (10 octobre
1061);
2** Pierre, seigneur de La Trousserie, qui suit ;
3"" Jean, marquis de Mouilleron, lieutenant des gardes du
corps du roi, gouverneur de Péronne ;
4** Thomas, abbé de Pébrac ;
5** Denis, bénédictin non réformé de Jonzac (1) ;
C" Jacqueline, mariée à Charles Bonneau du Plessis ;
7**, 8**, 9**, 10, IP, cinq autres filles, toutes religieuses.
Denis Marin se remaria, le 1** janvier 1667, avec Marguerite-
Cliarlolle Colbert, sœur de Charles Colbert du Terron, inten-
dant général de la marine et des côtes du Ponant, le véritable
fonda-teur de Uochefort. 11 n'eut qu'une fille : Marie-Charlotte,
qui épousa le 7 mars 1674, Jean-Baptiste de Forbin, marquis
d'Oppède, ambassadeur en Portugal.
Pierre Marin, second fils de Denis, seigneur de La Trous-
série, Monlmarin, etc., conseiller au conseil d'Etat privé, con-
seiller au Parlement et maître des requêtes (1672), décédé en
mars 1607.
(1) On ne sait absolument rien de ce Marin. On peut même se demander si
Jonxac est le nôtre. Ce bénédictin se fit bâtir un petit château, prés de
Saint- Calais (Sarthe), le château de La Croix.
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— 162 —
Il épousa : A Catherine Bouhier, veuve de de Joly d*Ecaili-
giiy, dont Pierre-Jean qui suit.
B Angélique Aubert, dont deux ûls et une ûlle.
Pierre-Jean Marin, seigneur de Montmarin, baptisé le 16 juin
1007, mousquetaire, cornette de cavalerie, se maria (30 mai
1693) avec Jeanne-Loui«e-Albertine de Larmoy, à Cambray,
morte en 1701, laissant :
Pierre-François, né le 14 octobre 1697, marié le 4 décembre
1734 à Marguerite de Gallois, dont deux enfants :
V Catherine ;
2** Pierre-Palamède-Télesphore, qui suit.
11 décéda le 8 juillet 1768.
Pierre-Palamède de Marin, né le 29 juin 1739, cornette du
régiment de cavalerie de Bellefonds, marié avec Marie-Louise
d'Alès (Courcelles, IV, p. 18), décédé en 1829, laissa quatre
enfants dont :
Pierre-Etienne de Marin, marquis de Montmarin, né en 1778,
émigré à Maêstricht, fît partie de la seconde expédition de Qui-
beron, et servit aux chasseurs nobles. 11 épousa le 11 avril 1800,
Maric-Anne-Françoise de MeuUes (Courcelles, idem^ p. 19). 11
(io^éda en 1823, laissant cinq enfants :
P* Télesphore, mort à dix ans à La Flèche;
2*^ Raoul, qui suit.
3"^ Hughues-Edouard, qui suit ;
4** Marie, mariée à Charles de Waresquel ;
5' Ludovic, officier de marine, décédé le 14 février 1891.
Uaoul de Marin, marquis de Montmarin, né en 1807, officier
de cavalerie (démissionnaire en 1830), épousa Camille du Gai-
gneau de Champvallins, dont cinq enfants :
Hughues-Edouard Marin, comte de Montmarin, né le 2 dé-
cembre 1830, mort, le 2 juillet 1896, ingénieur des mines, eut
un fils, le vicomte Charles-Olivier, colonel d'infanterie, né le
26 février 1844, marié le 17 avril 1873 à M"» Marie-Glaire-Pau-
line d'Alès, dont cinq enfants :
1* Aline;
2*^ Guy, qui vient d'épouser M"* de Croze-Lemercier ;
3** Antoinette, mariée à Joseph de Ponunereau ;
4« Elisabeth, décédée;
5** Thérèse, sœur novice de Saint-Vincentrde-Paul.
Armoiries : d*azur, à la face accompagnée en chef de trois
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— 163 —
croissants^ le tout d'or, cl en pointe, (ïun coq dii même, becqué,
crête, barbé et mouché de gueules. Devise : aspiciendo crescit.
III
LE CLERGÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Suite).
Saint-Julien-de-l'Esoap, vicariat perpétueL Ancien collateur
l'abbesse de Saintes ; ancien revenu : 9CM} L (1).
(1) Quelques lecteurs de la Revue m'ont écrit, pour me demander des rensei-
gnements sur les pensions ecclésiastiques. Voici Tétat des dépenses du culte,
pour le premier et deuxième trimestre de Tan II (du 22 septembre 1793 au 21
mars 1794), dans le déparlement de la Charente-Inférieure :
1» District de Saintes.
Pensions des ecclésiastiques attachés à un service 36.550
Pensions des ex-religieux, ex-bénéficiers, ex-congrégalionnaires et
ex-vicaires épiscopaux 1.330
Pensions des employés et serviteurs des chapitres et communautés
des deux sexes supprimées 1.640
Dépenses communes des séminaires 675
Pensions des chanoinesses, religieuses séculières et régulières et ex-
congrégationnaires 20.660
20 District de La Rochelle.
Pensions des ecclésiastiques attachés à un service 19.125
Pensions des ex-rehgieux, ex-bénéflciera, ex-congrégationnaires et
ex-vicaires épiscopaux 3.390
Pensions des employés et serviteurs des chapitres et communautés
des deux sexes supprimées liiO
Pensions des chanoinesses, religieuses séculières et régulières et ex-
congrégationnaires 18.525
3* District de Saint-Jean d'Angély.
Pensions des ecclésiastiques en service . 29.450
Pensions des ex-religieux, ex-bénéficiers, ex-congrégationnaires et
ex-vicaires épiscopaux 2.745
Pensions des chanoinesses, religieuses séculières et régulières et ex-
congrégationnaires 1 .680
4* District de Rochefort.
Pensions des ecclésiastiques en service 18.000
Pensions des ex-religieux, etc 2.200
Pensions des chanoinesses, etc 1.370
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— 164 —
Titulaire : Dionneau, assermenté, remit ses lettres de prêtrise,
épousa une nommée Devert.
Pourçay-Garnaud, église paroissiale. Ancien collateur: l'abbé
de Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Bille (Jean-Modeste) ; un prêtre de ce nom, dit curé
de Puy-du-Lac, remit ses lettres de prêtrise.
Landes, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Tonnay-
Boutonne; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire: Birot, assermenté; le 3 mai 1791, il rachète les
biens de la cure, remit ses lettre de prêtrise.
Benate (La), vicariat perpétuel. Ancien collateur : Tabbé de
Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Moulineuf (J.-S.-Modeste).
Salomon, qui signe curé do I^ Benate, assermenté, remit ses
lettres de prêtrise.
Vergne (La), prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Sablon-
ceaux ; ancien revenu : 3.500 1.
Titulaire : Maisondieu (Jean), chanceladais, assermenté, remit
ses lettres de prêtrise.
Mazeray, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Pautard (Pierre), assermenté, se fit marchand.
5* District de Marennei.
Pensions des ecclésiastiques en service 12.000
Pensions des ex-reli^eux, etc 1.165
Pensions des ex-chanoinesses, etc 2.380
6* District de Pons.
Pensions des ecclésiastiques en service . .' 1.600
Pensions des ex-religieux, etc 510
Pensions des ex-chanoinesses, etc 1.325
"o District de Montlien,
Pensions des ecclésiastiques en service 14.830
Pensions des ex-reli^euses, etc 600
^ ToUl général 206.370
Fait à Saintes, le 13 nivôse an II.
{Archives départementales).
Si ces pensions ne furent pas toujours régulièrement payées, elles furent
toiyours maintenues; au concordat, elles formèrent une partie du budget des
cultes. Le 7 avril 1802, elles s'élevaient à 10.000.000 pour les ecclésiastiques
et à 13.000.000 environ pour les anciens religieux et ancieimes religieuses.
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— 165 —
remit ses lettres de prêtrise, se réfugia en Auvergne, fut curé
de Marignac après la révolution.
Le Pin-Saint-Denis, prieuré, vicariat perpétuel. Ancien colla-
teur : Tabbé de Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Desting (Jean), né le 12 septembre 1746, au diocèse
de Clermont, assermenté ; le 8 février 1791, il met aux enchères
sur les biens des bénédictins de Saint-Jean d'Angély ; curé d'An-
tezan en 1803, décédé curé de Thaims le 22 novembre 1812.
Varaize, prieuré, vicariat perpétuel. Ancien collateur : Tabbé
de Saint-Jean d'Angély.
Titulaire : Desmarais (Roch-Joseph), assermenté, remit ses
lettres de prêtrise, détenu à Brouage, décédé curé de Chevan-
ceaux en 1827.
Doyenné dWulnay,
AuLNAY, cure. Ancien collateur : le chapitre do Poitiers; ancien
revenu : 700 1.
Titulaire : Giraud, assermenté, marié, mort avant 1800.
Fuzeau (Jacques-Joseph), assermenté, lui succéda, n'exerçait
plus en 1800, né le 19 mars 1762, curé de Dampierre après la
révolution, décédé curé de Villencuve-la-Comtesse le 31 mai 1832.
Salles, cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-Jean d'Angély;
ancien revenu : 3.400 1.
Titulaire : Vinsonneau, émigra en Espagne, remplacé par
Migault, assermenté, qui, le 5 mai 1791, rachète les biens de la
cure ; marié.
Cherbonnières, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de
Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Mehée, assermenté, le 10 septembre 1791 il rachète
les biens de la cure.
Saint-Martin-de-Jx^ïllers, église paroissiale. Aneien colla-
teur : le chapitre de Saintes : ancien revenu : 600 1.
Titulaire : Violeau (Charles), né le 8 septembre 1755, inser-
menté, se retira à Saintes, émigra en Espagne, décédé ancien
vicaire de Saint-Pierre de Saintes le 29 novembre 1837.
Chives, cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-Florent de Sau-
mur.
Titulaire : Nivelain (Jean-I^urent), né le 11 août 1762, nommé
en 1790, assermenté, se rétracta, renommé curé de Chives après
la révolution, décédé curé de Mazeray en 1837.
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— 166 —
Contré, cure. Ancien collaleur : Tabbesse de la Trinité de Poi-
tiers.
Titulaire : Bourgeuil (Jacques), assermenté, remit ses lettres
de prêtrise, mort avant 1800.
ViLLEMORiN, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur d'Oul-
mes ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Massebeau (Jacques), né dans le département de
TAveyron, assermenté, le 25 avril 1791 il rachète des biens de la
cure, décédé à Villemorin le 28 juillet 1806.
Dampierre-sur-Boutonne, cure. Ancieiï collateur r Tabbé de
Saint-Cyprien de Poitiers.
Titulaire : Malterre, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Saixt-Séverin, église paroissiale. Ancien collateur : Tabbé d©
Saint-Séverin.
Titulaire : Guérin, curé et procureur de Saint-Séverin, il est
présent à la vente des biens de l'abbaye, le 25 avril 1791, asser-
menté, marié.
FoNTAiNE-CiiALENDRAv, prleuré-curc. Ancien collateur: le prieur
de Montours ; ancien revenu : 1.600 1.
Titulaire : Boiirloiton, assermenté, le 20 mars 1791 il rachète
des biens de la cure, remit ses lettres de prêtrise.
GiCQ (Le), vicariat perpétuel. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes.
Titulaire : X. . .
Seigné, cure. Ancien collateur : le prieur de Montours ; ancien
revenu : 1 .200 1.
Titulaire : Peyraud,
Saint-Georges-de-Ix)Nguepierre, cure. Ancien collateur: l'abbé
de Saint-Séverin-sur-Boutonne.
Titulaire : Maurij, assermenté, marié.
Blanzay, cure. Ancien collateur : l'évêque de Poitiers.
Titulaire : Frottier, assermenté, fut déporté à Brouage, décédé
en 1812.
NuAiLLÉ, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Girand, (Voir Aulnay).
LoiRÉ, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Léotard (André-Viclor), né à Saint-Liguaire près
Niort, le 22 mars 1743, ass<^rmenté, remit ses lettres de prêtrise,
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— 167 —
épousa Jeanne-Elisabelh Bigeon de Lx)iré, le 13 pluviôse an II,
décédé le 22 janvier 1818.
Saint-Mandé, cure. Ancien coUaleur : Tabbé de NouaiUes, dio-
cèse de Poitiers.
Titulaire : Eijmer (Jacques-Victor), assermenté, r^mit ses leU
1res de prêtrise.
Néré, prieuré-cure. Ancien collaleur : l'abbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Noël, assermenté, resta à Néré, exerça publique-
ment le culte jusqu'au 15 décembre 1794, le rétablit solennelle-
ment le 20 septembre 1795. Il disparaît ou meurt en novembre
1800.
Eduts (T.es), cure. Ancien collateur : l'évêque de Poitiers.
Titulaire : Poirier, assermenté, fut curé intrus de Romazières.
Paillé, église paroissiale. Ancien collateur : Tabbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Maigre, originaire de Melle en Poitou, assermenté,
se relira, fut remplacé par Bellin, assermenté, qui remit ses
lettres de prêtrise.
Saint-Pierre-de-Juillers, cure. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Gervais (Marie) ; il était seigneur du fief de Saint-
Simon.
Faure, assermenté remit ses lettres de prêtrise en 1794, à
Rochefort.
Romazières, prieuré. Ancien collateur : l'abbé de Saint-Jean
d'Angély.
Titulaire : Lamarque, assermenté, le 6 juillet 1791 il rachète
les biens de la cure, déporté et mort à Rochefort. Poirier, asser-
menté, curé intrus.
ViLLiERS-CouTURE, curc. Ancicu collateur : l'abbé de Saint-
Séverin.
Titulaire : Bourcy, assermenté.
Saleigne, cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-Cyprien de
Poitiers.
Titulaire : Chrétien, assermenté.
ViNAX, cure. Ancien collateur : l'abbé de Montierneuf de Poi-
tiers.
Titulaire : Chandand, assermenté, marié.
Ville-Dieu (La), annexe d'Aulnay. Ancien collateur : le cha-
pitre de Poitiers.
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— 168 —
Doyenné de Saint-Hilaire.
Saint-Hilaire, église paroissiale. Ancien collaieur : Tévôque
de Saintes ; ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Dupin de la Guérinière, né en 1730, assermenté, se
fit marchand, salpétrier, administrait les sacrements ; remit ses
lettres de prêtrise, était considéré comme un peu fou, renommé
en 1803 à Saint-Hilaire.
AujAc, cure. Ancien coUateur : le chapitre de Saintes ou le
prieur de Tonnay-Boutonne ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Nicole.
AuMAGNE, cure. Ancien collateur : Févêque de Saintes ; ancien
revenu : 4.000 1.
Titulaire : Garai (P.)
Le 6 juillet 1791, Bellet, assermenté, dit curé d'Aumagne,
achète les biens de la cure.
ViLLEPouGE, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Boutinet, assermenté, marié, se retira à Saint-Jean
d'Angély.
AuTHON, cure. Ancien collateur : le prieur de Tonnay-Bou-
tonne ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Bourdet.
Brizambourg, église paroissiale. Ancien collateur : Tévôque
de Saintes ; ancien revenu : 4.000 1.
Titulaire : Hospitel de VHomandie (Jean), émigra et mourut
en Espagne.
Doussin, dit curé de Brizambourg, remit ses lettres de prêtrise.
Probablement Jean-Barthélemy, né à Brizambourg.
Bercloux, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le chapitre
de Saintes.
Titulaire : Veillon, assermenté, mourut dans sa paroisse en
1792.
Juico, cure. Ancien collateur : l'abbesse de Saintes ; ancien
revenu : 1.800 1.
Titulaire iHuon, assermenté, devint vicaire épiscopal de Robi-
net (Voir Evêché constitutionnel). Bilerne, assermenté; le 6 mars
1791, il dispute aux enchères les biens de la cure à Dupin, curé
de Saint-Hilaire ; il remit ses lettres de prêtrise.
Frédière (La), église paroissiale. Ancien collateur : l'évoque
de Saintes.
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— 169 —
Titulaire : X. . .
Sainte-Même, prieuré-cure. Ancien collateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Piqueray (L.-A.), assei-mcnlé, fut acquéreur des
biens de la cure ; il était très riche.
Nantillé, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 2.500 1.,
Titulaire : Saint-Médard (Emmanuel), né le 8 novembre 1749,
insermenté, émigra en Angleterre, fut nommé en 1801 adminis-
trateur du diocèse, en 1803 curé de Saint-Georges d'Oleron, peu
après vicaire général ; évêque nommé de Tournay en 1813,
décédé le 16 octobre 1822.
Ebéon, église paroissiale. Ancien collateur : le chapitre de
Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Bellet, (\^oir Aumagne.)
Doyenné de ï.oulay.
LouLAY, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Chollet.
Robin, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Bernay, prieuré-cure. Ancien collateur : le roi. en tant que du*^
de Chûteauroux ;ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : I.ehon.
Rogé, assermenté, dit curé de Bernay, remit ses lettres de prê-
trise.
Saint-Martin-de-la-Coudre, cure. Ancien collateur : l'abbé du
Bourgdieu ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Duvaux d'Hermigné.
CorvERT, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ; ancien
revenu : 1.400 1.
Titulaire : Pellefreau (D.-M.), né le 9 novembre 1752, émigra
en Espagne, décédé curé de Clion, le 9 juin 1827.
Crofx-Comtesse, cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Dexmier, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Saint-Martial, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de
Saint-Jean d'Angély.
Titulaire : Ervoy.
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— 170 —
Courant, vicariat perpétuel. Ancien collaleur : lo prieur
ci*Aquitaine ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Larade (Antoine), né le 10 juin 1740, remit ses let-
tres de prêtrise.
Laforest, ex-franciscain, assermenté, remit ses lettres de prê-
trise.
DcEUiL, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le prieur de
Dœuil ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Desprée (B.).
Saïnt-Félïx, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Jouanneau, assennenté.
Jarrie-Audoi'in, cure. Ancien collaleur : l'abbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Couillaud (Etienne), assermenté, déteim h Brouage.
{A suivre.) P. Lemonnier.
IV
LA RÉVOLTE DE LA GABELLE
EN Angoumois et EN Saintonge (1548-1549)
[Suite)
Depuis le mois de mai 1548 Henri II était en voyage d'avène-
ment dans les provinces de TEst. En juillet, il se décida à visi-
ter la Bresse, la Savoie et le Piémont, pays conquis sous Fran-
çois I". Il laissa sa femme, Catherine de Médicis, et quelques
membres du conseil privé, à Mâcon. De Bourg-en-Bresse, le roi
écrivit au gouverneur de la Picardie, François de Montmorency,
seigneur de la Roche-Pot, qu'il comptait aller séjourner cinq
semaines en Piémont pour y inspecter les places. Nous verrons
que les événements survenus dans l'Ouest de la France n'abré-
gèrent guère son séjour. Son ministre favori, Anne de Montmo-
rency, ainsi que François de Lorraine, duc d'Aumale, l'accom-
pagnaient. A mesure qu'il avançait en Italie, le roi apprenait les
progrès de l'insurrection dans les provinces occidentales du
royaume. Par les mesures ordonnées, nous avons vu que l'atten-
tion du gouvernement ne faiblissait pas. A ce moment, vers le
15 juillet, le maître des eaux et forêts d' Angoumois arriva à
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— 171 —
Turin. Le sieur de la Dourville était parti de Blanzac pour
exposer au roi la situation des provinces, faire ressortii* la
misère et l'oppression intolérables des révoltés, leurs sentiments
loyalistes et faire appel à la clémence du roi. Henri II, per-
suadé surtout de la difficulté d'une répression militaire immé-
diate, comprit que la clémence était ï>our le moment la meil-
leure des politiques. Il confia donc à Laurent Journaull, le 19
août, une lettre patente que celui-ci devait publier le plus rapi-
dement possible, dès son retour à Angoulême.
Cette lettre patente du 19 août est très intéressante. Sa lon-
gueur nous empêche de la reproduire en entier. Elle marque
bien les différentes phases de la révolte et les moyens successifs
employés par le pouvoir royal, pris au dépourvu, pour en atté-
nuer les effets. Il rappelle les ordres donnés le 27 juillet au
comte du Lude de réunir mille gens d'armes pour courir sus
sans pitié sur les révoltés, qu'alors est arrivé « le féal Laurent
Joumault, seigneur de la Dourville, maistre des eaux et forêts
du pays d'Engoulesme, lequel nous a déclaré et faîct entendre
que, conune nostre et fidèle serviteur, et aussi meu de compas-
sion de la folle et téméraire entreprise des dictes communes et
du dangier et péryls où ils s*estoyent mis, usant de telles sédi-
tions, seroit puis naguères retiré devers une grande partie des
communes pour leur remonstrer leur erreur afin de savoir d'eux
co qui les avoit émuz et mouvoît de ce faire. Lesquels avoîwit
déclaré qu'ils estoienl comme yls avoîent toujours estes et vou-
loient demeurer, nos bons et fidèles serviteurs et subjects et que
ce qui les avoîf meus d'eulx ainsi assembler estoient pour empê-
cher les exaction, travaux et molestes que leur faisoient nos
officiers establis et ordonnez sur les faîct de la perception de
nos dîcts droits de gabelle, etc., etc. .ta crainte des hommes
d'armes et des prévAts des maréchaux, seule, les empeschoît de
rentrer dans leurs foyers ». Henri II, jeune encore, avait le
cœur dur et les conseils que pouvait lui donner le connétable,
Anne de Montmorency, n'étaient pas pour adoucir les mesures
de répression ; mais ce dernier était un négociateur madré et il
dut conseiller la temporisation jusqu'à ce que l'on pût employer
la force. Le roi accorda donc une amnistie aux malheureux éga-
rés et voici comment se termine la lettre patente : «... En inter-
disant et défendant h nos courts de parlement, sénéchaussées de
Guyenne, prévost.s de nos mareschaux et aultres ...entreprendre
aulcune congnoissance et juridiction en quelque ce soit ...à la
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— 172 —
charge toutefois que lesdictes communes et peuples soient tenus
de se séparer et se retirer d'avance en leurs maisons, ars et
industrie, quatre jours après la publication de ces présentes, et
de remettre Tartillerie, harquebuttes, arbalètes, piques et aultres
armes et bastons qu'ils ont des lieux où ils étaient prins ». Faute
d'obéir à ces ordres, l'exécution militaire était prévue.
Il est facile de voir que la lettre patente d'amnistie était un
leurre. Le délai imparti pour la soumission était si court —
quatre jours — que des juges bien dressés devaient toujours
constater l'insoumission. La proclamation de la lettre patente
donna des résultats immédiats dans l'Ancronmois. Parodin cons-
tate qu'après le blocus d'Angouléme, la conunune se retira
« ayant recouvré son coronal joînct qu'ils avoient eu les lettres
du roy de Piedmont où il leur estoit recommandé de se retirer
dans les quatre jours dans leurs maisons, ce que la commune
fyt ». Mais la défiance du roi subsiste et, le 9 septembre, il con-
firme au comte du Lude l'ordre de faire marcher en diligence les
compagnies de gendarmerie, mentionnant qu'il avait « escrit à cet
effet à tous les baillages et sénéchaussées du royaume ». Le 15
septembre, la lettre royale d'amnistie fut publiée dans les deux
provinces. A la môme date le roi envoya des lettres de félicita-
tions à ses bonnes villes d'Angouléme, Limoges et Poitiers, res^
tées fidèles. Le roi, satisfait de la mission du maître des eaux et
forêts et confiant dans son influence sur ses compatriotes, lui
donna en outre une commission analogue à celle décernée aux
principaux seigneurs d'Angoumois, commission lui donnant droit
d'intervention officielle auprès du peuple. Il est à remarquer
que, dans la lettre d'amnistie, il n'est nullement question de la
suppression de la gabelle, mais le roi a dû entretenir Laurent
Joumault du retour à l'ancien impôt du quartage. Au moment
où Joumault quittait Turin, y arrivait le second ambassadeur
des communes, Charles de Saînte-Foy, fils puîné du baron de
Jamac. Joumault n'avait consenti à parler au roi que de la modé-
ration ou de la suppression de la gabelle. I^es insurgés cher-
chèrent un ambassadeur plus »ouple pour porter au roi leurs
désirs pour la réforme de tous les impôts qui les écrasaient. On
ne sait comment ils eurent l'idée de s'adresser à Charles de
Saînte-Foy; son père, si dur à La Rochelle en 1541, semble
fort adouci en 1548. Dans une lettre adressée le 24 septembre
au duc d'Aumale îl excuse « les pauvres gens de sa terre de
Jamac ». I! est probable que c'est lui qui autorisa «on fils.
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— 173 —
Saiut&-Foy parût donc avec une mission oi'iicieile des insuigés.
V oici la copie du saui'-conduit qui lui lut remis par le Coruual
Boulon : a Messieurs les capitanies et gens de la commune. Le
Goronal des pa>s d'Engoulmoys, Périgort et Xaintonge vous
prie de ne l'aire déplaisir à M. de Sainte-Foy présent porteur,
lequel nous l'aict ce bien d'aller devers le roy pour son service
et le bien de toute la commune. Escript aux portes d'Engou-
lesme, ce douzième jour d'août 1548.
Vostre bon ami, le Goronal Boulon.
Sainte-Foy dut arriver à Turin le 21 août et remit au roi Tex-
posé complet des revendications des communes de TAngoumois.
Ces articles énumèrent et critiquent avec fermeté les divers im-
pôts, tailles ordinaires, lods et ventes, impôt des cinquante mille
hommes de pied, vente des bénéfices, des ofiices, du domaine,
don graluit de joyeux avènement et surtout la gabelle. Les révol-
tés ne ménagent pas la vérité à tous ceux qui profitent des abus
et des privilèges des impôts ; mais ils limitaient cependant leurs
vœux au remplacement de la gabelle par le quartage, comme le
seigneur de la Dourville en avait déjà entretenu le roi : « Par
quoy supplie très humblement le roy leur remettre l'impôt de
la gabelle à douze livres dix sols par muict selon la charge qu'en
a prise d'OrviUe, maistre des eaulx et forêts d'Engoulmoys ».
Ils supplient aussi le roy de ne pas envoyer de gens d'armes
dans la province pour les punir, ce qui serait cause d'un nou-
veau soulèvement.
L'ambassade de Sainte-Foy ne changea rien aux dispositions
du roi ; il maintint purement et simplement les dispositions mili-
taires déjà prises.
UAngoumois et la Sainiange de septembre à novembre 1548,
La publication de la lettre royale d'amnistie du 10 août avait
causé une détente immédiate dans les provinces insurgées. Ce-
pendant il était impossible que tout fût apaisé dans les quatie
jours de délai donnés par le roi. Les contrées où se recrutait la
grande bande de Blanzac restèrent quelque temps encore en
armes, mais, à partir du commencement de septembre, il est à
supposer que tous les mutins, surtout les diets, s'efforcèrent de
faire oublier leurs hauts faits.
Le sud de la Saintonge paraît s'être calmé, comme l'Angou-
mois, dès le commencement de septembre ; quant aux paroisses
situées sur la rive droite de la Charente, M. du Lude parvint à
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— 174 —
lûUJOLU's eu empêcher la réunion ; il n y eut presque aucune
émotion dans cette région, probablement à cause de la présence
des compagnies de du Lude et de Burie. Mais l'île d'Oléron et la
côte qui lui l'ait l'ace ne déposèrent pas les armes. La région de
Alarennes, Arvert, Hiers-Brouage, Saint-Just, faite de marais
salants et coupée de canaux, était d'un abord impossible à la
cavalerie ; aussi ses habitants avuientrils couru sus aux gabel-
leurs dès le début de rinsurrection. Leurs bandes faisaient des
incursions chez leurs voisins, terrorisaient même l'île d'Oléron.
Le mal devint si grand que, le 10 septembre, Guibert, capitaine
((c la paroisse de Marennes, pour mettre fin aux exécutions som-
maires faites sous le prétexte de gabelle, publia un arrêté signi-
iicatif : « Le cappitaine et ses conseillers éluz pai^ la plus sçine
partie d'iceulx (les habitants) fait scavoir qu'inhibitions et dé-
fenses sont faictes de dire et nommer aulcun personnage des
dicts habitants ne aultres, gabelleur, que premièrement il n'ait
esté déclaré, vérifié et condamné par le dict cappitaine et ses
dicts conseillers estre gabelleurs, à la peine de souffrir la
mort ...et à semblable peine de souffrir la mort comme dessus,
de soy assembler en trouppe de nuict comme de jour, ne son-
ner locquesain sans Tautorité, conunandemant, licance et per-
mission dudict cappitaine et de ses dicts conseillers et sans pre-
mièrement leur avoir faict entandre la cause pour laquelle ils
Sri veulent assembler ». Ces efforts des gens d'ordre furent im-
puissants et M. du Lude écrivait le 12 septembre aux officiers
de justice de La Rochelle : « Comme nous avons esté adverty des
vilenys, larcins, rupture de maysons et excez faicts par aulcuns
rebelles et séditieux en Tysle d'Oléron, Marennes et ailleurs et
mesme en la mayson du prieur de la Perroche au dict lieu d'Olé-
ron, les neufvième et dixième jours de septembre, par force et
violance. Nous, pour ces causes vous mandons, commettons et
enjoignons ...vous avez à vous enquérir et informer diligem-
ment... sur les dictes vyolences, pilleryes, ravissements, lar-
cins et aultres faicts ». C'était bien de donner des ordres pour
faire justice, mais le comte du Lude oubliait d'indiquer les
moyens de force. Les régions troublées, défendues par la na-
ture, bravaient les menaces des autorités royales. Les pillards
connus de la Perroche étaient trop nombreux. Les sujets fidèles
de Tîle d'Oléron renvoyèrent le 6 octobre au procureur du roi
la commission qui leur avait été adressée pour les poursuites :
« Nous nous advertîssons, écrivaient-ils, que nous avons reçu
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— 175 —
iô mâiidemenl de prinse de corps que vous avez eavo)é à la
requeste du prieur de la Perroche coxilre les rebelles qui lonl
saccagé, lequel nous avons boime voluulé mectre à exécution et
I eussions laict agrément, car sommes les plus l'orts, mais ne
ozoas rentreprandie parce que ceulx de Mareimes sont fort
mutinez contre nous et ne ozerions aller à Xaintes ne aultres
lieux hors cette ysle, pour la menace qu yls nous l'ont de nous
\enir pyller avec mil honunes », Cette impuissance de Tautorilé
à se l'aire obéir au commencement d'octobre est encore bien
avouée par le lieutenant général de La Rochelle, d'Angliers. Le
9 octobre, il écrivait au duc d'Aumale une longue lettre relative
aux informations dirigées contre les rebelles de la côte, avouant
qu'aucun acte d'instruction n'avait pu aboutir a pour le grand
nombre et la force des mutins » et il doimait des exemples de
leur audace : « Je en liens mig d'Il^^^ei-s qui est forl chargé et
pour raisons duquel les rebelles d'Hyers — paroisse du canton
de Marennes — retiennent prisonnière la femme de sa partye
qui est prête d'accoucher et ses petits eid'ants qu'ils ont délibéré
de pugnir de telle j>iignition que le prisonier sera condamné ».
II rend compte au duc que les gens d'Oleron n'ont pas exécuté
U prise de corps a décrétée contre cinquante ou soixante de
leur isle ». 11 dénonce en môme temps les agissements des sei-
gneurs de Chassagne et de Saint-Palais « qui les 9 et 10 sep-
tembre dernier ont mené une trouppe de 6.500 hommes levés
dans vingt-cinq paroisses du pays de Cozes — chef-lieu de can-
ton de l'arrondissement de Saintes — et sont venus deux foys le
chercher dans sa maison de Tysle d'Arveyres — pour Arvert —
pour le prendre et que tout a esté pylié ».
La rébellion est donc bien constatée pour la Saintonge côtière
au 9 octobre. L'Angoumois et la Saintonge du sud tendaient,
avons-nous dit, à la soumission dans la première quinzaine de
septembre, pourtant ces provinces manifestaient de l'inquiétude,
en voyant le comte du Lude tout en proclamant ouvertement les
lettres patentes d'amnistie faire ouvrir des informations judi-
ciaires. Aussi les populations du Bas-Angoumois adressèrent,
vers le 20 septembre, une nouvelle requête au roi. Le baron de
Jarnac chargea encore son deuxième fîls, Sainte-Foy, de porter
cette missive au roi ; elle lui fut remise à Lyon, mais sans chan-
ger ses résolutions. Vers le milieu de septembre, M. du Lude
vint s'établir à Saintes avec sa compagnie de gendarmerie. Dans
cette ville, tout en s'occupant de l'occupation des points strate-
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— 176 —
giques du coui^ de la Charente, il dirigeait déjà des rechercher
contre les rebelles et procédait à des arrestations. Le 2^ sep-
tembre, Al. du Lude écrit au duc d'Auniale dans un mémoire
que « la prinse de quelques coronnels des conununes de par do
iid » uvait élé eliocluée. Henri 11 écrivait de Lyon le 30 sep-
Icmbre à Al. de la Roche-Pot : « Le principal mutin de Xaintonge
a esté empoigné ». Ces arrestations montrent trop le peu de cas
qu'il y avait à iaire de la parole royale et on s'explique la nou-
\ elle requête adressée à la Cour.
Les pays du sud de TAngoumois et de la Saintonge étaient
plus excitables que ceux des bords de la Charente, parcourus
depuis quelque temps par les compagnies de gendarmerie des
troupes de la répression ; aussi le comte du Lude n'osait s'aven-
turer bien loin dans cette région. Le 24 septembre une émeute
grave éclata. Le seigneur Bouchard d'Aubeterre et Guy Chabot,
seigneur de Montlieu, rendirent compte le 27 septembre du sou-
lèvement de quelques paroisses de leur voisinage : « Lundy dar>
nier à deux lieues d'icy sonarent quelques paroisses le tocque-
sain et se rassemblèrent de 800 à 1.000 hoiçmes et n'eust esté
la crainte de MAI. de Alontlieu, de Uibeyrac et de moy et qu'yls
sont nos voysins d'assez prez pour les empescher... yls eussent
continué en leur delloyale entreprinse ». Guy Chabot écrivait
dans le môme sens de son côté. Les paroisses en mouvement
étaient Palluaud, Salles-la-Valette, en Angoumois, Médillac,
Hioux-Martin et Yvier en Saintonge. Les deux correspondants
du duc d'Aumale n'indiquent pas la cause de la nouvelle émeute,
mais il est certain qu'elle fut amenée par une intervention des
juges du pays dans les affaires de l'insurrection. La lettre sui-
vante de M™ de la Force (1) au duc d'Aumale en donne la preuve.
Cette dame, après avoir excusé les paysans de sa terre de Mont-
boyer pour avoir pris part à l'émeute, écrivait : « Que le pro-
cureur de sa juridiction pour avoir faict information contre aul-
cuns des paroisses cyrcums voisines qui auroient navrez aulcuns
de la compagnie du roy de Navarre a esté pillé par eulx et sa
inayson abattue et presque entièrement ruynée ». Montboyer est
exactement au centre des paroisses insurgées le 24 septembre
(1) Philippe de Beaupoil, dame de La Force, mariée en 1542 avec F. de
Vivonne de La Châtaigneraye, veuve en 1547 à la suite du célèbre duel avec
Guy Chabot. Remariée en 1556 avec F. de Gaumont, dont le fils fut le duc de
La Force.
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— 177 —
el c'est bien à cet évéaemeiit que s'applique la lettre de Al'"*' de
la Force. On voit que la seule lueuace d'uiu> répression sufiisait
encore pour réveiller Tardeur des Pitaux. Le duc d'Aumale réso-
lut d'agir en conséquence. Le 2 octobre, de Poitiers, il ordonne
a Al. (l'Aubeteire d'avoir à faire cesser de suite ces rassemble-
nieuls et d'avertir les habitants qu'ils eussent à se retirer a cha-
cun dans sa inayson obéissant au roy comme de bons et loyaux
subjects et qu'en cas de résistance, il mectrait à l'eu et à sang
eulx, leurs lenmies, entants et maysons ». Le môme jour, le duc
aUiessait une lettre analogue à Laurent Journault dont il con-
naissait le dévouement. En vertu de la commission analogue à
celle remise le 21 juillet aux seigneurs terriens du pays, le duc
d Aumale écrivait au maître des eaux et forêts : « M. de la
Dourville, j'ay esté adverly que puys naguères, il y a quelques
paysans des paroisses de Palluau, Salles, Médillac, Ru-Martin,
ïvier qui comme gens mal conseillés se sont de nouveau eslevés
et ont faict sonner le tocquesain » et il lui conmiandait d'aller
trouver les rebelles pour les faire rentrer dans le devoir. 11 ter-
minait d'ailleurs sa lettre par des menaces d'exécution militaire
en cas de désobéissance prolongée.
L'arrivée des troupes régulières allait singulièrement simpli-
fier la tâche de M. du Lude. La marche des compagnies de gen-
darmerie avait été très lente. Les ordres de mobilisation donnés
au mois d'août ne produisaient pas encore d'effet au 15 sep-
tembre. Jehan de Bueil, seigneur de Fontaine, gentilhomme de
la chambre du roi, envoyé en mission par le duc d'Aumale près
de M" du Lude et de Burie, lui rendait compte le 23 septembre
que» les compagnies les plus rapprochées arrivaient seulement
en Limousin. Le 29 septembre la situation s'était améliorée et
M. du Lude envoyait au duc un état db répartition provisoire des
compagnies arrivées ou près d'arriver à destination. L'arrivée
prochaine de la gendarmerie et surtout des lansquenets amollis-
sait les courages. « Toutefoys, Monseigneur, écrivait du Lude,
veu que ceulx de Ponts s'adoucissent et commencent de mons-
Irer bonne volunté il vous plaira ne retarder la bande escossaise
que je vouldroys estre déjà par desça pour toujours gaigner
paîs )). Le 2 octobre, du Ltide n'osait encore se risquer au sud
de la Charente ; il attendait la compagnie du marquis du Maine
pour marcher. Le 6 octobre il n'a pas encore bougé : « Je suys
en ceste ville (Saintes), écrivait-il au duc, attendant la compa-
gnye de M. le marquys du Mayne pour aller à Ponts, parce qu'yl
Bullean. la
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— 178 —
y a quelques parroysses rebelles el désobéissantes el que je
seray byeii ayse de m'en appiocher pour lez l'aire venir à la ray-
son comme les aultres j». L*inlervenlion de Laurent Journaull
el de M. d'Aubeterre n'avait pas encore réussi ; du Lude n'osai l
toujours pas quitter Saintes pour se hasarder à Pons avec une
seule compagnie et pourtant il constatait que « Geulx des ysles
commencent un petit à s'adoulcyr et ay opinion que sytot que
la trouppe des Lansquenetz s'approchera yls s'humiliront encore
plus fort, sachant fort byen que les gens de cheval ne leur peu-
vent fayre d'ennuy ». Le pays de Marennes, la côte et les ysles
devenaient donc plus traitables à partir de l'arrivée du duc d'Au-
niale à Châteauneuf-sur-Charente. Le 8 octobre on ne constatera
plus aucune résistance dans les deux provinces.
M. du Lude vint aux ordres à Châteauneuf où la colonne qui
devait marcher sur Bordeaux se constitua définitivement. Le duc
d'Aumale reprit ensuite sa marche le 10 octobre, laissant à la
disposition du gouverneur provisoire, du Lude, un certain nom-
bre de compagnies de gendarmerie, pour tenir garnison dans
les places et pour former les colonnes volantes. Les compagnies
d'Ëtampes et Maugiron, qui occupaient Angoulême, le 3 octobre,
ny furent pas maintenues; la compagnie du connétable, forte
de 100 lances, les remplaça. La compagnie d'Etampes fut en-
voyée à Saint- Avit, au centre des dernières paroisses insurgées.
La Hunaudaye occupa quelque temps Jamac. Maugiron se trou-
vait le 11 à Bonneuil près Châteauneuf. Curton se dirigea vers
les confins du Périgord, pour aider le sénéchal Guy Chabot à
maintenir Tordre dans sa province.
M. du Lude, après le départ de la colonne active, s'était porté
de sa personne au centre du pays berceau de Tinsurrection : le
14 octobre, il est avec sa compagnie à Barbezieux et dirige lui-
môme les mesures de police qui doivent pacifier le pays par la
terreur. Le 14 octobre, il écrit au duc d'Aumale qu'il ne peul
retrouver un cordelier recherché et il procède à Tarreslation
d'un prêtre : « Quant au prestre, ditril, j'ay ceste nuyct envoyé
M. de Loubbes et partie de ma compagnie, dont je sçauray
aujourd'huy nouvelles ». Ce prêtre, contre lequel on mobilise
une troupe, ne ï>eut être que le curé de Cressac, le célèbre Jean
Morand, qui avait soulevé et commandé sa paroisse. Les minu-
tieuses précautions du comte de Lude pouvaient paraître exagé-
rées à ce moment, car, depuis le 8 octobre, jour de l'arrivée du
duc d'Aumale à Châteauneuf, la crainte avait opéré une conver-
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— 179 —
sion générale. Les villes, qui presque toutes avaieul maiiifeslé
des senliments favorables pour rinsurrection, adressaient au duc
d Aumale des protestations de fidélité. Gomme Angoulème, elles
imploraient Texemption de toute charge. Les seigneurs qui crai-
gnent pour leurs rentes, iimocentent le plus possible leurs tenan-
ciers. Philippe de Volvire, baron de Hult'ec — dont le fils l'ut
gouverneur de TAngoumois — s'adresse au duc d' Aumale avec
la reconmiandation de sa tante Louise de Bourbon, abbesse de
Kontevrault ; M"** de La Force déclare au duc que ses sujets de
Monlboyer n ont marché que contraints et forcés par leurs voi-
sins. Le baron de Jarnac lui-même certifie que les hommes de
sa seigneurie n'ont cédé qu'à la force et ne méritent pas de puni-
tion. Les gens de Gultres — chef-lieu de canton dans le Liboui-
nais — si ardents en août, eux qui voulaient mourir pour leur
Coronnel et conquérir le pays jusqu'à Toulouse, sont heureux
de préparer un pont de « cuveaulx » pour faciliter le passage de
i'isle à la colonne d'Aumale.
Henri II avait donc le droit d'écrire le 30 septembre à M. de
la Roche-Pot : « Mon cousin, je Huys advizé quant aux com-
munes de Bourdeaulx et de Xaintonge, que de tous les deux
coustés les choses n'y sont seulemen appaisées, mais attendent
les portes ouvertes et les mains joinctes, telles rigueurs de jus-
tice ou miséricorde que yl me plaira leur impartir. Le principal
mutin de Xaintonge a esté empoigné et ceulx du parlemen de
Bourdeaulx ont desjà faict exécuter grande partie des principaux
mutins de la ville ».
Le duc d'Aumale savait que le roi destinait le comte du Lude
à la lieutenance de roi en Guyenne, aussi l'avait^il remplacé en
Poitou provisoirement par Jean Chasteignier, baron de la Roche
Posay. Au moment de son passage en Angoumois, le duc adressa
au roi un rapport général détaillé sur la situation. Le roi écri-
vait vers le 10 octobre au connétable de Montmorency : « Sçau-
rez que M. d'Aumale me envoyé ung mémoire de toutes les ysles
de Xaintonge qui ont esté rebelles : toutes me sont redevables
tant des sinquante mil hommes de pyé que de la gabelle et
davantage. Vous sçaurez que tous mes officiers ont favorisé les
communes et seus quy ne l'ont voulu fayre ont esté tuez. Pour
cella je pense qu'yl les fauldra tous changer ». Le roi avant tout
ne perdait pas de vue les intérêts du trésor. La Saintonge et
TAngoumois, occupées militairement dès octobre, devaient
attendre le châtiment définitif jusqu'en décembre. Le comte du
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— 180 —
Lude, appelé à Bordeaux peu après Tentrée du connétable dans
celte ville, laissa le gouvernement intérimaire des deux provin-
ces septentrionales à x\i. de Sansac qui Texerçait déjà sous lui
depuis la destitution de Larochebeaucourt, en octobre. Ce nou-
veau gouverneur eut tout le temps de préparer la besogne des
juges commissaires par l'arrestation des personnages les plus
compromis dans les insurrections. 11 ne semble pas, comme nous
le verrons plus loin, que Sansac ait été très dur pour ses com-
patriotes.
La répression militaire.
Le 1" septembre 1548, le roi apprit à Rocca-Bnma, en Pié-
mont, la nouvelle de l'insurrection de Boixleaux par un coui-
rier du roi de Navarre. La nouvelle était grave. Le roi aiTêta su
tournée d'inspection et rentra le 2 à Pignerol ; dès la veille il
a\ ait écrit au connétable pour lui annoncer l'assassinat du lieu-
tenant de roi, de Moneins, et lui donner les premiers ordres pour
la répression : « Vous entendez, disait-il, de quelle importance
est cela et le besoing qu'il y a d'y pourvoir promptement, mes-
mement aux villes des frontières. Je vous prie donc, mon cou-
sin, de faire en toute diligence dépêcher des commissaires pour
lever la légion du Languedoc et la faire marcher de ce côté-là el
pour lever en Basque et Béarn tant de gens que Ton pourra
esdictes Dacs et Bayonne ». Le 3 septembre, le roi ayant réuni
en conseil le connétable de Montmorency et le duc d'Aumale,
arrêta le plan de campagne contre les provinces de l'Ouest.
Rappelons les premiers ordres donnés en août 1548, quand
on ne connaissait à la cour que les soulèvements de la Saintonge
et de TAngoumois. Nous trouvons ces ordres dans la lettre
adressée le 27 juillet à M. du Lude. Après la déconfiture des
gendarmes du roi de Navarre, les circonstances devenant plus
graves, le roi donna ordre de mobiliser un certain nombre de
compagnies de gendarmerie et, le 10 août, le comte du Lude ren-
dait compte à ce prince de la mise sur pied de sa compagnie et
de celle du marquis du Maine (1). Ces ordres furent complétés
par la lettre patente du 9 août rédigée à Lyon par le conseil
(1) Claude de Lorraine, marquis du Maine, puis duc d'Aumale, né en 1525
de Claude et d'Antoinette de Bourbon. Marié à Louise de Brézé, fille de
Diane de Poitiers, lue au siège de La Rochelle en 1573.
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— 181 —
privé qui mettait le comte du Lude à la tète d'une force de 1.000
hommes d'armes et de 12.000 fantassins. Ces ordres de mobili-
sation furent lancés immédiatemonl. Il convient de rappeler que
les compagnies de gendarmerie, hors le temps des montres,
étaient fort incomplètes. Le règlement autorisait la délivrance
des congés à un quart de TeffectiT et, dans la pratique, cette pro-
portion était toujours dépassée ; souvent, par raison d'écono-
mie, le roi prescrivait des réductions beaucoup plus fortes. On
comprend donc que l'opération de la mobilisation d'une compa-
cmie exigeait du temps. Cela explique comment des ordres don-
nés avant le 9 août n'avaient encore produit aucun effet utile le
l*' septembre 1548. Sans doute, le roi conservait un vague espoir
«l'npaiser la révolte sans l'intervention de troupes trop nombreu-
so*< : anssi, sans annuler ses ordres du commencement d'août, il
Me* poussait pas très activement la constitution du corps d'armée
destiné à M. du Lude. On ne Irouve pas trace, du reste, de la
lovée des douze mille fantassins qui devaient former Tinfanterie
d * ce corps d'armée. Ce qui prouverait bien la croyance du roi
h une terminaison quasi pacifique de l'insurrection.
La nouvelle des événements de Bordeaux fît changer tous les
(irdres donnés antérieurement. Deux foyers de révolte existaient
maintenant et. de loin, celui de Bordeaux paraissait redoutable.
Le 3 septembre, Henri II arrêta son nouveau plan. Nous en trou-
vons les détails dans sa lettre du 9 septembre, datée de Vizille,
adressée au comte du Lude : « J'écris pour cet effet — la convo-
cation des compagnies de gendarmerie — par tous les baillages
ot sénéchaussées de mon royaume lectres dont je vous envoyé lo
double. D'avantage je fays marcher droict à icelluy paTs toutes
les bandes de lansquenetz que j'aye en Picardie et quelques
d'adventuriers françoys ; et y enverray mon cousin le duc d'Au-
male qui partira dedans deux jours en poste pour aller avec
lesdîctes forces rompre ycelles assemblées et les faire venir A
h raison sy d'elles-mCvSmes ne s'y mettent, comme je pense, que
d'elles-mesmes feront, vu qu'avec sy peu de compagnies que
selles que vous avez maintenant vous les avez chassées jusque
de la Charente... Mon dîct cousin le duc d'Aumale s'en yra avec
cette force joindre mon cousin le connétable, lequel j'envoie par
1? Languedoc droict h Bourdeaulx, sy bien accompagné d'aullre
nombre de orendarmes. chevanlx-légers et gens de pyé que je
favs venir de Piedmont et aultres lieulx que je espère de brief
avoir la maîtrise de ceulx du dict Bourdeaulx ...et afin que par
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— 182 —
la mer yls ne puyssent nullement estre secourus, j'ay mandé à
mon cousin le duc d'Estampes qu'yl fasse aller à l'embouchure
de la rivière dudict Bourdeaulx le plus grand nombre de navires
de son gouvernement pour arrêter et prandre, s'yl est possible,
tout ce qui voudra entrer et sortir... » Le plan de campagne
ainsi exposé, nous allons en décrire Texéculion, D'abord le roi
renonça à la levée de la légion du Languedoc, comme il en avait
donné Tordre le l*' septembre. Cette levée d'un contingent terri-
torial aurait demandé trop de temps. On se contenta de concen-
trer près de Toulouse les bandes françaises les plus rappro-
chées.
Nous allons examiner successivement l'organisation des deux
colonnes.
Effectifs des deux colonnes.
Colonne d*Aumale. — Cavalerie, — Infanterie,
La gendarmerie mobilisée avait été presque tout entière diri-
gée sur l'Angoumois. Dix-sept ou dix-huit compagnies furent
affectées à l'expédition. Ces compagnies, à l'effectif total de
820 lances, font 2.460 cavaliers, la lance fournie étant comptée «^
trois hommes; en diminuant d'un cinquième l'effectif réglemen-
taire, proportion habituelle des incomplets d'après les montres,
il reste un effectif véritable de 2.000 chevaux. Cinq ou six com-
pagnies ou cornettes de chcvau-légcrs paraissent aussi avoir
fait partie de la colonne. D'où un effectif probable de 2.500 cava-
liers. Le 8 octobre, à Châteauneuf-sur-Charente, il fut fait répar-
tition de ces compagnies de gendarmerie entre le service terri-
torial et la colonne mobile du duc d'Aumale. On trouve classées
à cette colonne les compagnies suivantes, généralement à l'effec-
tif nominal de 40 lances chacune : Jean d'Albon, maréchal de
Saint-André, Rohan, la Hunaudaye, Maugiron, du Lude, Ter-
ride, Sancerre, Lafayette, la garde écossaise, Termes. Ces com-
pagnies avec les chevau-légers ne dépassaient pas 1.200 che-
vaux à la colonne d'Aumale.
L'infanterie du duc d'Aumale se composait uniquement du
corps des lansquenets, stationn(^s en Picardie. Au départ, son
effectif était 4.000 hommes. C'est le chiffre donné par le duc
d'Aumale, le 26 septembre, h Poitiers, pour faire préparer le
logement au passage de cette infanterie. Elle aurait pn se gros-
sir d'infanterie française, mais on préféra laisser en Picardie
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— 183 —
h la disposition du colonel-général de l'infanlorie, Colîgny, qui
sf; trouvait à ce moment môme en Picardie, les neuf bandes fran-
çaises qui y tenaient garnison pour la garde de la frontière.
Colonne Montmorency,
Infanterie. — Cavalerie. — Artillerie.
La colonne Montmorency fut formée par un prélèvement opéré
sur les corps français et étrangers qui occupaient le Piémont,
t^n état contemporain indique que le corps d'occupation de ce
pays se composait de bandes françaises et italiennes à Teffectif
d'^ 14.715 hommes, de sept compagnies de gendarmerie et de
cinq compagnies de chevau-léfirers : c'est sur cet effectif que
furent prélevés un peu plus de 1 .000 honunes de pied — six ban-
des — une compagnie de gendarmes de 40 lances et une compa-
crnic de chevau-légers. C'est h cela que se réduisait la troupe
un peu pompeusement annoncée dans les documents officiels
par le roi Henri. Avec les services et les non-combattants, cela
devait faire une agglomération de 3.000 hommes au plus. La
colonne, en arrivant en Languedoc, se compléta par l'adjonction
de 1 .500 hommes environ d'infanterie française et d'une artille-
rie forte de dix-huit pièces de canon.
Formation des colonnes.
Colonne (TAumale. — Nous avons indiqué aux effectifs que
huit compagnies de gendarmerie et quelques chevau-légers
furent affectés h la colonne d'Aumale pendant que d'autres uni-
lés tenaient garnison ou battaient l'estrade dans la Saintonge,
l'Angoumois et le Périgord. L'nggrégation des compagnies de
gendarmes à la colonne s'effectua à partir du 8 octobre pendant
le séjour du duc à Châteauneuf .
Infanterie.
Les douze enseignes de lansquejiets qui composaient l'infan-
terie du duc d'Aumale tenaient garnison en Picardie. Le 3 sep-
tembre, le roi, de Pignerol, envoya l'ordre à M. de la Roche-
Pot, lieutenant général en Picardie, de mettre immédiatement
PU mouvement les lansquenets. Ils devaient être dirigés, par les
plus grandes journées, sur Rloîs et de là sur le Poitou où le
duc d'Aumale leur ferait savoir le chemin qu'ils auraient à tenir
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— 184 —
plus avant. Il est probable que cette infanterie étrangère se mil
on route le 18 septembre. Le 28 septembre le duc d'Aumale arri-
vait à Poitiers et les lansquenets faisaient étape près de cette
ville le 30. Le 3 octobre ils continuaient leur route, traversant
TAngoumois, et le 8, ils étaient rendus à Châteauneuf.
Colonne Montmorency. — Les six bandes d'infanterie et la
cavalerie qui devaient constituer cette colonne, durent quitter le
Piémont vers le 8 septembre. Par le col du mont Genèvre, elle
franchit les Alpes, suivit le cours de la Durance, traversa le
Languedoc par Nîmes, Montpellier, Narbonne, et arriva à Tou-
louse dans les premiers jours d'octobre. Près de cette ville, la
colonne venant du Piémont fît jonction avec la cavalerie et les
bandes françaises, au chiffre de près de 1.200 hommes, qui
Tattendaienl. Le 8 octobre, la concentration de cette colonne est
achevée à Grenade en aval de Toulouse.
Réunion des colonnes.
J^s deux généraux avaient quitté ensemble le roi à I>a Côte
Saint-André le 15 septembre. La veille, la commission spéciale
de lieutenant général au pays et duché de Guyenne avait été
remise au connétable. Le 28 septembre, le duc d'Aumale était
rendu à Poitiers et le l*' octobre Montmorency arrivait à Tou-
louse. A partir de ce moment, les deux généraux entrent en com-
munication constante pour la réunion de leurs forces. Montmo-
rency, très méticuleux, donna des instructions très précises à son
jeune camarade.
Fin du mouvement.
Colonne d'Aumale. — En partant de Poitiers, la colonne d'Au-
male, par Lusignan, Villefagnan, Rouillac, avait atteint Châ-
teauneuf où se fil la répartition de la cavalerie. A partir du
8 octobre, Aumale eut à tenir compte de l'avis du connétable
qui lui interdisait de se porter directement sur Bordeaux. La réu-
nion des deux colonnes devait s'opérer en amont de Bordeaux en
se réglant sur les mouvements du connétable. Ive duc décida de se
porter directement de Châteauneuf sur Saint/-Macaire et I^n-
gon, villes situées sur la Garonne, où Montmorency devait arri-
ver le 16 octobre. Les passages de l'Isle, de la Dordogne et de
la (Jaronne furent prnli<jués à Guîtres, h Castillon et à Langon
par la colonne d'Aumale, après avoir traversé Blanzac, Barbe-
zieux et Montlieu. Le 16, cette colonne passa la Garonne.
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— 185 —
Colonne Montmorency,
Cette colonne, partie de Grenade le 9 octobre, descendit la
vallée de la Garonne ; le 16 elle arrivait à Langon où la jonction
se fit avec la colonne d'Aumale. Les dernières dispositions
furent prises pour la marche sur Bordeaux, où le corps d'ar-
mée, commandé par le connétable ayant d'Aumale comme lieu-
tenant, fit son entrée le 20 octobre.
Les événements de Bordeaux et des contrées voisines nous
entraîneraient trop loin : nous renvoyons les lectrurs à l'ouvrage
d'^ M. Gigon qui les a traités avec beaucoup de détails, aussi
bien le soulèvement que la répression.
La conduite de M. du Lude, gouverneur du Poitou, depuis le
commencement du soulèvement, avait inspiré h Henri II une
crrande confiance et nous avons vu que ce prince n'hésita pas A
lui donner le gouvernement civil supérieur de tout l'Ouest et le
commandement éventuel de Tarmée destinée à la répression. Ce
dernier projet n'aboutit pas, par suite de l'extension de la
révolte, mais le roi avait continué sa confiance au comte du
Lude. qui seul, paraissait assez énergique pour maintenir Tordre
dans les provinces après le départ de Montmorency. Henri II le
destinait à remplacer Moneîns h Bordeaux et, par suite, à deve-
nir le gouverneur réel de la Guyenne. Il écrivit dans ce sens à
Montmorency à Bordeaux et du Lude ainsi désigné par le roi
quitta l'Angoumoîs rapidement, pour prendre possession à Bor-
' viux de remploi pour lequel il était désigné. Il n'en fut pas
d'abord déclaré titulaire par la volonté expresse du roi.
Après avoir mis en train la répression à Bordeaux, Montmo-
rency s'occupa de disloquer son corps d*armée trop nombreux,
avant de retourner à la cour ; son départ de Bordeaux eut lieu
vers le 20 novembre. Dans les quartiers dTiiver qu'il fixa avant
son départ en tenant compte des ressources du pays et des chô-
tim^nts mérités, nous remarquons que Saintes fut affecté à la
compagnie de gendarmerie du maréchal de Saint-André, Saint-
Savînîen à la compagnie de Termes. T^ Saîntonge et TAngou-
mois furent privilégiés, car, outre la gendarmerie déjà installée,
on cantonna le corps des lansquenets à Barbezieux et à Blanzac.
Le duc d'Aumale partit de Bordeaux également le 20 novembre,
accompagnant le connétable. Le duc était attendu à Paris par sa
fiancée Anne d'Esté, petite-fille de France. Cette union qui
approchait du trône la maison de Guise fut célébrée en grande
pompe à Saint-Germain-en-Laye le 4 décembre 1548.
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— 186 -
La Sainionge el rAngoumois jusqu*à la fin de 1548,
Montmorency el le duc d'Aumale avaient quille Bordeaux le
20 novembre pour rallier la cour. L'impatience du roi ne leur
permit pas de visiter l'Angoumois et la Saîntonge à leur retour.
Ces provinces ne furent pas pour cela mises en oubli. Le conné-
lable écrivait le 27 novembre à leur sujet à M. de Marillac,
îimbassadeur de France en Espagne : « Bien vous advertiray
f|u'il a esté faict bonnes et grosses exéculions à Rourdeaux des
nucteurs et faulteurs des sédictions exemplaires à tous aultres...
o{ avons encore laissé les commissaires et prévôt pour achever
c-^ qui reste à juger et exécuter afin que ceulx qui ont faict les
faultes ne demeurent impunis ». De quels commissaires était-il
question ? Il faut savoir qu'à Bordeaux, après l'entrée de Mont-
morency dans cette ville, le Parlement de Guyenne avait été
suspendu comme suspect d'avoir pactisé avec la révolte et rem-
placé par quelques juges conunissaires, choisis, dès le 4 sep-
tembre, dans les hommes à tout faire des Parlements de Pro-
vence, de Normandie et de Paris. Ils devaient connaître spécia-
lement des faits insurrectionnels. Le président de la commission
('lait Etienne de Neuilly, maître des requêtes de l'Hôtel, homme
\ iolent et sans scrupules. Des supplices variés et raffinés furent
mis en usage et Jean Baron, grand prévôt de l'armée, chargé
des exécutions, avait fort à faire pour ne pas retarder l'activité
impitoyable des juges. Le connétable, en quittant Bordeaux,
avait laissé les commissaires à leur sinistre besogne pas encore
terminée.
Le moment approchait où l'Angounwiô et la Saintonge con-
naîtraient la valeur de la parole royale. Montmorency ne les
oubliait pas et, dans la même lettre à Marillac, il disait : « Et
de ceulx de Xaintonge et d'Angoulmoys qui avoîent voulu faire
de mesme, sera pareillement faict telle pugnitîon qu'il appar-
tient, à quoi îl y a bon commencement. I^ follye et entreprinse
étoîent grandes, comme vous pouvez penser, maïs Dieu mercy»
ils n'a voient le sens ni la force de l'exécuter ».
Après le départ de M. du Lude pour Bordeaux, h la fin d'oc-
tobre, M. de Sansac qui lui était adjoint, fut chargé du gouver-
nement de l'Angoumois et de la sénéchaussée de Saintonge en
remplacement de I^rochebeau court destitué et emprisonné.
Avec l'aide des sramîsons du pays et secondé par le prévôt des
maréchaux de la province, Philippe Horrîc, Sansac put faire
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- 187 -
choix des rebelles les plus compromis et les joindre aux coro-
iicls, au curé de Cressac, aux capitaines des paroisses qui, en
septembre et octobre, avaient été emprisonnés au château d'An-
ijoulême. Sansac avait du reste fort h faire, car le désarmement
du pays était ordonné par le connétable depuis la fin d'octobre
ci c'était là une grosse opération. Paradin donne à la date du
î?6 octobre le texte de l'arrêté adressé de Bordeaux par Mont»-
morency au sénéchal de Saintonge. Cet arrêté fut envoyé à tou-
tes les sénéchaussées de Guyenne où s'étaient produites des
insurrections. Il ordonne le désarmement du pays révolté, excep-
tion faite des gentilshommes et des gens du roi : « Quant aux
aultres, disait l'arrêté, quMls aient dedans certains briefs temps
que pour ce vous leur impartirez, à desposer, consigner et appor-
ter incontinent toutes sortes d*armes comme piques, hallebardes,
javelines, espieux, bAtons à deux bouts, hacquebuttes, arbalet-
tes, arcs, rondelles, boucliers, espées, dagues, poignards, toutes
aultres espèces d'armes offensives et défensives sans aukune no
retenir, sinon coustaux pour leur usage ; savoir est ceulx des
\ylles et fauxbourgs de vostre dicte sénéchaussée dedans les
chasteaux, maysons, tours et lieux forts dMcelles vylles, et ceulx
des villages du plat pays dedans les chasteaux, maysons des
gentilshommes seigneurs chastelains et haults officiers desquelz
ils seront vassaux et subjects pour estre conservez par lesdicts
seigneurs ». I.es cloches qui avaient appelé le peuple des cam-
pagnes h la révolte ne furent pas oubliées. I/arrôté les traita
en armes et des plus dangereuses. Il prescrivait h toutes les
autorités: « Consuls, échevins, gouverneurs... des villes, mar-
guillers et procureurs des paroisses, abbés, etc., d'avoir en
temps très court à faire abattre, rompre et mestre en pièces
toutes et chacunes des cloches grosses et petites qu'ils ont en
leurs églizes et se trouvant aux lieux communs et publics des
dictes villes, sans aulcune excepter ». Il fallait une permission
royale pour conserver et se servir d'une cloche. En Saintonge, la
place de Saînl^Jean d'Angély, toujours fidèle, eut le privilège
de conserver ses cloches. Pour la même raison, Angoulême dut
consen'er les siennes.
L'arrêté du 26 octobre fut rapidement mis à exécution, car
un procès-verbal authentique montre que le désarmement de
douze paroisses voisines de Royan s'effectua du 13 au 20 novem-
bre. Cette opération eut lieu en même temps dans les deux pro-
vinces.
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— 188 —
L'enlèvement des cloches s'opéra en même temps que celui
des armes, malgré l'opposition du clergé qui voyait avec peine
supprimer cet instrument liturgique. L'évêque de Saintes, dès
1549, se plaint de la suppression des cloches qui encourageait
la tiédeur et fournissait un prétexte plausible aux luthériens
dissimulés, déjà nombreux, pour manquer aux offices. Les clo-
ches restèrent longtemps sous séquestre et la plupart furent bri-
sées conformément à l'arrêté de Montmorency. Le polygraphe
Klio Vinet, passant en juillet 1549 par Barbezieux, sa patrie,
constate qu'on n'entendait nulle cloche « parce qu'aultant qu*aul-
cunes d'elles n'avaient que trop sonné il n'en esloit demeuré
une seule aux clochers ».
T^es opérations de la répression furent pour la Sainlonge et
l'Angoumoîs précédées par l'occupation militaire. Les places
fortf^ de la vallée de la Charente, Ruffec, Angoulême, Château-
neuf, Jarriac, Cognac et Saintes reçurent des garnisons de gen-
darmerie c\ de chevau-légers. Le Bas-Angoumois et les con-
trées limitrophes de la Saintonge eurent l'honneur de recevoir
les lansquenets. Cette, légion étrangère formait douze enseignes :
quatre commandées p^ar le comte Rhingrave, huit par le colonel
Ludovic. Les premières k l'effectif de 1 .254 hommes prirent gar^
nîson à Barbezieux, les autres, 2.490 hommes, occupèrent Blan-
zac. n est évident que leurs cantonnements occupèrent tout le
pays d'alentour. A cette époque, les troupes régulières, l'infan-
terie surtout, traitaient leurs cantonnements en pays conquis :
on peut croire que les mercenaires allemands, déjà réputés pour
leur rapacité et leur cruauté, ne changèrent pas leurs habitudes.
D'Aumale et Montmorency leur avaient confié un rôle dans la
répression, ils n'épargnèrent rien pour justifier la confiance de
leurs généraux. M. de Sansac, en recevant ces précieux auxi-
tînîres, vînt présider lui-môme à leur installation. Le 8 décembre
il assistait aux montres qui eurent lieu le même jour à Barbe-
zieux et à Blanzac et il en rendait compte au duc d'Aumale.
Grâce à la présence d'une véritable armée dans la petite pro-
vince, les jusres commissaires pouvaient avec sécurité venir sié-
ger et fortifier la répression des peines tirées de leur arsenal
juridique. Ce« commissaires, installés à Ancroulême vers le 10
décembre, menèrent si vivement leurs procès criminels qu'ils
partirent, après aAoîr déblnvé le terrain, nuelqnes jours avant la
fin du mois. M. de Sansac écrivait le 28 décembre au duc d'Au-
male pour lui exposer l'embarras dans lequel le mettait ce dé-
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— Ï6d —
paii, car les juges laissaieui eu bouliiauce rexécuUoii diuie
viiiglaiiie d'arrèls. De tout le peiâoimei judiciaire, Jean Barou,
le graud prévùl de i armée, reslail seul à Aiigoulème : « Je ne
laisseray à vous laire s^^avoir qu'yls m'ont laissé vingt arrests
dont Texôcution sera l'orl longue et de grande cognoissaiice,
tant pour le recouvrement des amendes ès-quelles chacun com-
mmi a eslé pai* eulx condamné, que aussy qu'yl sera requis a
1 exécution d'yceulx, bailler commission aux habitants d une
chacune paroisse pour esgaler au soit la livre l'amende à quoy
>ls ont esté condamnés, ^uant aux biens conlisquez d aulcuns
particulièrement jugez à mort, il l'auldra que Ton lasse inven-
taire et yceulx mestre en les mains du roi ». Sansac mentionne
encore les jugements des taxes arriérées de la gabelle et la
valeur des magasins à sel, denrées et matériel, à rembourser aux
fermiers, et pour cette longue suite d'actes judiciaires les com-
missaires n avaient laissé qu'un gretûer sans pouvoii-s. Les juges
étaient évidemment fatigués du travail intensif auquel ils se
livraient depuis deux mois ; ils s'étaient peu préoccupés do
l'embarras dans lequel ils allaient laisser l'autorité administra-
tive de la province. Un incident particulier était encore venu
compliquer la situation ; quelques Saintongeais des châtellenies
de Barbezieux, Pons, Archiac, quoique dûment convoqués,
s'étaient laissés condamner par contumace ; M. de la Rochebeau-
court, condamné à représenter certaines personnes, réclamait
contre elles une ordonnance de prise de corps ; tous réclamaient
des juges et les juges faisaient défaut. Sansac voyait très bien
la finesse dea gens de Saintonge : « J'entends fort bien, disait-
il, que devant estre jugés et les dicts commissaires retirés, ils
Guidaient empescher l'exécution des dicts arrests ». Les contu-
max avaient du reste bien raisonné leur défaut à comparaître ;
la méthode expéditive des juges était trop connue. Sansac, pour
se tirer d'embarras, avait voulu délivrer une commission au
grand prévôt pour l'exécution de tous les jugements ; celui-ci
avait refusé, bornant son action à la sanglante besogne des exé-
cutions capitales. Jean Baron avait d'ailleurs hâte d'aller rejoin-
dre à la cour les commissaires auxquels il avait été adjoint.
Après son départ, Sansac se trouva impuissant à rien faire, car
les juges de la sénéchaussée alléguaient avoir défense de rien
connaître des faits insurrectionnels ; il écrivait donc à d'Aumale
pour avoir des instructions, s'offrant d'ailleurs, pour terminer,
de prendre le rôle de lieutenant-criminel : « Et combien, disail-
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— 190 —
il, que l'exécution des dicts arresU soil mieulx séante aux dicts
commissaires qu*à moy, je ne fauldray y faire ce quy me sera
possible i».
L'incident dut se terminer au gré de Sansac, car on ne trouve
plus trace de ces vingt jugements.
Paradin, Bouchet, de Thou ne citent comme condaumés au
dernier supplice que les chefs qui avaient conquis la célébrité ;
pour les soldats sacrifiés avec eux, pour ceux que le prévôt des
maréchaux do la province put faire exécuter par jugements som-
maires, on ne sait rien. Il est certain que le nombre des victimes
en Angoumois n'égala pas celui des suppliciés de Bordeaux.
A partir de la fin de septembre on avait arrêté les chefs de la
révolte. Sans entrain, Sansac avait ejicore grossi le nombre des
prisonniers. D'après ses lettres au duc d'Aumale, le 8 décembre,
les juges commissaires ne sont pas encore arrivés ; le 28 dé-
cembre ils sont déjà partis. Leur activité en Angoumois ne dura
donc pas plus de quinze jours, et il y avait un grand nombre
d'affaires civiles jointes aux affaires criminelles.
Jean Baron, comme dit Sansac « fit bonne diligence en son
estât » à Angoulême comme à Bordeaux ; il se montra tourmen-
teur expert en procédant aux supplices des chefs condanmés.
Jean Morand, le curé de Cressac, fut dégradé de prêtrise et
brûlé vif. Les deux colonels roturiers de Saintongc et d'Angou-
mois, Taillemagne et Boismenier furent rompus vifs, la tête cer-
clée d'une couronne de fer rouge. Puymoreau, gentilhomme, eut
h tête tranchée.
Les juges commissaires avaient quitté Angoulême vers le 25
décembre ; ils furent rejoints le 28 décembre par le grand pré-
uM. Jean Baron, mais la répression ne s'arrêta pas pour cela,
car les prévôts des maréchaux étaient armés par leurs commis-
sions de pouvoirs étendus pour connaître de tous les crimes
commis pendant l'insurrection. Il est certain qu'ils en usèrent
au cours de l'année 1549. L'effusion du sang ne cessa qu'en
octobre 1549.
Fin de la répression.
Abolition définitive de la gabelle, 1549.
L'occupation militaire d'un pays était la punition la plus
rigoureuse qu'on put infliger à des provinces rebelles ; le soldai
logé chez l'habitant exigeait de lui par la force non seulement
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— 191 —
les fouruilures réglementaires, mais tout ce qu'il pouvait extor-
quer. La répression des pires attentats était généralement nulle.
iNous possédons une lettre d'Henri 11 au roi de Navarre, datée
du 13 mars 1549, relative à la conduite tenue par les soldats dans
leui's quartiers d'hiver, Agen était occupé par la compagnii* de
gendarmerie de Rohau. Le roi fait connaître à son oncle que,
poussés à bout, les habitants d'Agen se sont révoltés et mis en
armes contre cette compagnie. Le roi ordonnait d'ouvrir une
information, certain à l'avance que les gendarmes s'étaient fort
mal conduits, vivant à discrétion sur l'habitant. La compagnie
écossaise, qui tenait garnison à Libourne, avait commis les
mêmes méfaits, et le roi ordonnait l'envoi du grand prévôt du
coimétable dans ces deux villes pour faire une enquête immé*
diate. Nous possédons pour deux villes les constatations offi-
cielles des excès coutumiers des troupes ; les mêmes abus se
produisirent certainement dans toutes les garnisons et Saintes
et Angoulême n'eurent pas à se louer des compagnies de Saint-
André et du Connétable. Les lansquenets, qui, à leur première
traversée de l'Angoumois, avaient donné la mesure de leurs
habitudes de pillage, n'épargnèrent certainement pas Blanzac et
Barbezieux. Dès le mois de décembre, nombre de lansquenets
condamnés probablement à mort par le juge du corps de troupe,
faisaient demander leur grâce au roi par l'intermédiaire d'un de
leurs capitaines qui s'adressait au duc d'Aumale. La lettre parle
de faits de rébellion et de pillage.
D'autre part, dans les comptes spirituels et matériels de
l'évêché d'Aiigoulême pour l'année 1548, nous trouvons la preuve
des excès des troupes. Le comptable rappelle que les lansque-
nets envoyés contre les communes ne se comportèrent pas mieux
que les rebelles, qui avaient précédemment ravagé les environs
d'Angoulême et que les gendarmes ne tinrent pas une meilleure
conduite.
Cette insécurité généi-ale amena la diminution de la culture et
l'année 1549 fut une année de disette pour le pays.
Le roi de Navarre avait accompagné le roi de France depuis
son départ de Moulins. Il le suivit dans le Nord jusqu'à la ren-
trée du connétable à la cour. A son retour dans ses Etats en no-
vembre 1548, Henri d'Albret semble être rentré en grâce auprès
de son neveu, qui recommande à M. du Lude d'agir avec ména-
gement auprès de son oncle, de lui rendre compte de tout et
de n'agir de lui-môme qu'en cas d'urgence. Le roi de Navarre
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— 192 —
ubleuail même, le 13 mai'^ 1549» les ameudes el la couHscatioii
(les biens de ses sujets coudamués à la suite des allaires de Boi-
deaux. il lut très recoimaissant au roi de ce petit béiiélice qu'il
avait certainement sollicité.
Poui' donner satislaotion à Henri 11, au sujet des plaintes nom-
breuses auxquelles donnait lieu 1 occupation militaire du pa^s
insurgé, le roi de i\avarre va se poser — ce qu'il a toujours
voulu laire d'ailleurs — en gouverneur attentil et apitoj'é. Le
26 avril 1549, il avait convoqué des représentants de toutes les
séuéciiaussécs de Guyenne pour cheircher des remèdes aux maux
du pays. Le résultat de cette assemblée de notables l'ut envoyé
au roi, et, le 2b juin 1549, Henri 11 adressa aux trois Etats de
Cjuyenne une leltie par laquelle il tianslormait les fournitures
on nature dues au soldat cantonné, en indemnité pécmiiaire lixc.
11 est peu probable que cette mesure lut appliquée. Cette occu-
pation inilitaiie des pays révoltés ruinait les ûnauces royales en
empêchant la rentrée des impôts ; aussi le roi songea-t-il rapi-
dement à réduire les garnisons au strict nécessaire. Le 14 dé-
cembre 1548, Montmorency écrivait à M. du Lude que le roi
avait décidé la réduction des compagnies de gendarmerie à
demi-eilectif pour soulager le peuple des provinces. La lettre
patente du 14 décembre Hxe l'opération après la monstre qui
devait suivre celle du 25 décembre. Les grands chevaux et les
armes des gendarmes envoyés en congé durent être laissés dans
les garnisons par mesure de précaution.
Nous avons dit plus haut que Henri 11 avait fait à Turin la
promesse d'abolir le régime de la gabelle dans l'Ouest et de
revenir au quart de sel. La correspondance de M. du Lude moxir
Ire que, dès le 31 août 1548, cette nouvelle courait en Saintonge,
en Angoumois et en Poitou. M. du Lude, d'abord opposé à la
réunion des Etats des provinces, se rallia à cette mesure et le
roi, par sa dépêche d'Embrun, du 9 septembre 1548, autorisa
ces assemblées. Le connétable, rentrant à la cour, accepta à
l^oitiers la mission d'apporter au roi les vœux des Etats pour
l'abolition de la gabelle et le retour au quartage moyennant une
somme une fois payée. Henri II, examen fait de la question,
confia celte négociation administrative à trois hauts fondion-
naires, Charles de Neuilly, maître des requêtes de l'Hôtel,
Antoine Boyer, sieur de la Chesnaye, général des finances du
Languedoc et François Âllemant, sieur du Chillet, contrôleur
général des gabelles du sel. Ces personnages eurent commission
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— 193 —
d'assembler les Etats des provinces de « Poictou, Chatellerault,
Xaintonge, ville et gouvernement de La Rochelle, Angoulmoys,
Haut et Bas^Lymousin, Haulle et Basse-Marche, Périgord ».
Cette assemblée se réunit en juin et juillet 1549.
Les Etats offrirent au roi pour le rachat de la gabelle une
somme de 450.000 livres tournois. Cette somme devait être payée
par les trois ordres ; la noblesse et le clergé prenaient chacun
75.000 livres à leur compte. Le 12 août, les déléjgués des Etats
vinrent à Amiens et à Abbeville trouver le roi pour lui faire pai t
des offres faites par les provinces. Les négociations traînèrent
encore en longueur quelque temps et les délégués durent reve-
nir d'Abbeville à Amiens devant le conseil privé qui siégeait
dans cette ville, pendant l'expédition du roi en Boulonnais. Le
retard apporté tenait aux difficultés soulevées par la noblesse
qui aurait voulu ne pas contribuer pécuniairement au rachat,
malgré son engagement antérieur. Le 21 août 1549, par sa lettre
datée du camp de Montlambert, le roi rejeta définitivement ces
prétentions. L'entente se fit alors rapidement et le roi, revenu
de sa campagne du Nord, accepta les offres des provinces de
rOuest,
Par ordonnance de septembre 1549, la gabelle proprement dite
fut supprimée; le document officiel constate lui-môme que cet im-
pôt est odieux au peuple. Le système du quart et demi-quart de
sel fut rétabli dans les provinces où il existait avant 1542. Le
rachat était fixé à 450.000 livres tournois (1), payables aux termes
de janvier et juillet 1556. La perception de l'impôt annuel de quar-
lage, fixé à 80.000 livres tournois (2) fut confiée aux Etats eux-
mêmes. Tous les offices de la gabelle furent remboursés aux
titulaires justifiant de leurs droits. Impôts et indemnités devaient
être versés dans la caisse du receveur général du Poitou. Pour
l'exécution de cette convention les Etats des provinces furent
autorisés à constituer une administration spéciale. On chargea
deux maîtres de requêtes de l'Hôtel de l'organisation très détail-
lée des bureaux de perception qui devaient être au nombre de
quatre-vingt pour les provinces intéressées. Cette administra-
tion ne dut exister que sur le papier ; le temps manqua pour
Torçaniser.
Le retour à un impôt modéré sur le sel ne pouvait satisfaire
(1) 9.000.000 de francs, valeur actueUe.
(3) 1.600.000 francs, valeur actuelle.
BulUtin. 13
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^ m —
les provinces que la révolte avait si durement agitées. L'opinion
publique, dans TOuest, se prononçait énergiquement pour la
franchise absolue. Les provinces entamèrent donc avec le pou-
voir royal toujours besogneux, des négociations qui, conmien-
cées en 1552, aboutirent en décembre 1553 à l'abolition de tout
impôt sur le sel dans les provinces soumises au quartage. Cette
faveur était obtenue moyennant le versement au Trésor d'une
somme de 1.194.000 livres tournois (1) payable moitié en mars
et moitié en juillet 1554. Les trois ordres des provinces se pai-
tagèrent la contribution suivant les proportions admises en 1549.
Les provinces de l'Ouest, franches de tout impôt sur le sel,
furent séparées du reste de la France par une ligne douanière
et jusqu'en 1789 restèrent désignées sous le nom de provinces
rédimées.
Le temps avait fait son œuvre, la dure répression des com-
missaires, continuée par le Parlement de Toulouse et par les
prévôts des maréchaux, n'avait plus de raison d'être. Henri 11
favorablement disposé par le rachat de la gabelle, se décida à
clore l'ère de la répression. La lettre patente d'abolition, datée
de Compiègne — octobre 1549 — proclama une anmistie com-
plète pour les crimes commis dans la période insurrectionnelle.
L'occupation militaire des pays de l'Ouest n'avait pas été de
trop longue durée. D'ailleurs le rappel des troupes laissées dans
les anciens pays insurgés allait être activé par le commence-
ment des hostilités avec l'Angleterre, en juillet 1549. Les lans-
(|uenets de Barbezieux et de Blanzac durent quitter leurs quar-
tiers d'hiver au commencement d'avril 1549, car nous les retrou-
vons en mai, en Picardie ; il en fut de même des compagnies de
gendarmerie.
Après la clôture de la répression, les populations des provinces
reprirent en silence leur vie misérable ; quoique écrasées, elles
avaient remporté une victoire morale considérable. La gabelle
était abolie ; mais dans quelle misère affreuse étaient plongés
les malheureux paysans I Ils se trouvaient dans une situation
qui ne peut être comparée qu'à celle qu'ils avaient à la fin de
h guerre de cent ans et que les guerres de religion allaient
encore empirer. C* Deruelle.
(1) 23.880 OOt francs, valeur actueUe..
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— 195 —
V
ËTUDU UIBLlOGhAPUIOUB t>UH LES ÉDITIONS DE
« L'ANTIQVITÉ DE BOVHDEAVS »
D'ÉlIE VlNKT, SAINTONGEaIS
§ IV. — Seconde édition de L'Antiqvité de Bovrdeavs
Bovrdeavs, 1574.
Une grande imprimerie avait été établie à Bordeaux dans la
rue SaintrJames au mois de juin 1572, comme nous Tavons déjà
l'ait savoir, dès le mois d'août suivant un premier livre était
publié et ce livre portait le nom de Vinet. Simon Millanges, le
nouveau typographe, professeur au collège de Guyenne, mit
immédiatement plusieurs labeurs en composition et entre autres
trois ouvrages d'Ëlie Vinet, un traité d'arithmétique élémentaire,
une seconde édition de VAntiqviié de Bovrdeavs et l'oeuvre capi-
tale du savant principal, l'édition des poésies d'Ausone avec des
commentaires.
Voici le titre de cette seconde édition de VAntiqvité de Bovr-
deavs.
L'Antiqvité II de II Bovrdeavs, || et de Bovrg, présentée au
Koi Charle aeufiesme, le treziesme || iour du mois d'Auril,
l'an mille cinq cens soixante et cinq || à Bourdeaus, et Ihors
premièrement publiée, mais 1| depuis reueuë, et augmentée, et
ceste au- || tre impression enrichie de plusieurs || figures,
par son aucteur || Elie Vinet. || (Armoiries de la ville de Bor-
deaux).] | A Bovrdeavs, \\ par Simon Millanges, rue Saint lamnie,
près II la maison de la ville. \\ — || 1574.
In-4® de 36 feuillets non chiffrés, titre compris et dont un
feuillet blanc à la fin, et quatre planches pliées, gravées sur bois;
signatures A à I par quatre.
Celte seconde édition de ÏAnliqvité de Bovrdeavs est d'une
composition et d'une impression typographiques parfaites ; on
voit que l'imprimeur en était presque à son début, que son maté-
riel était neuf et qu'il tenait à produire des travaux irréprocha-
bles pour montrer la valeur de son nouvel atelier. Dès ce jour,
en effet, Bordeaux eut une imprimerie modèle d'où vont sortir
pendant près d'un siècle et demi de nombreuses impressions qui
rendront célèbre le nom des Millanges. Le caractère employé est
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rANTlQyiTE'
BOVRDEAVS,
£/ ^ B o V R G, frefintéeauRoi Cbarle neufiejme , le trezàejm
tour du mois d*K^urtU tan mille cinq censfoixante ér cinq,
a Bourdeaus, cjr Ihors premièrement publiée^ mats
depuis reueu'éfC^ augmentée^ér a ce fie ath
tre imprejlion enrichie deplujieurs
figures ^ par fin aulleur
Eue Vinet.
A BOVRDBAVS,
Par Simon Millangcs^rue Saint Iamnic,prcs
lamaili^ndelavillc.
~5 7 4-
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— 197 —
le cicero, caraclère rond, élégant et très lisible, avec quelques
noies en manchette en italiques fines, légères, comme celles
qu'avait créées h la fin du XV* siècle, on Ilalic, Aide Manuce et
qui ont fait pendant longtemps la vogue justifiée des éditions
aldines. Les ornements du livre, capitales ornées et têtes de
pages dites à la tête de taureau, sont du plus pur style XVI*
siècle et sont encore employées dans la typographie nw)derne.
Le papier est excellent, assez fort pour le format, ferme, sec,
il a pu traverser plus de trois siècles sans altération, sans au-
cune piqûre, mais il n'a pas de filigrane, de sorte qu'il nous est
impossible de savoir par laquelle des nombreuses papeteries
<[ui existaient alors en Périgord et en Languedoc, il a été fourni.
Les premiers imprimeurs bordelais se sont servis d'un papier
(|ui portait comme filigrane le serpent, la tête de bœuf ou la
main qui bénit, marques qu'on retrouve dans les papiers em-
ployés au XVI* siècle pour les actes officiels, les minutes des
notaires, etc., mais il est à remarquer que toutes les impres-
sions typographiques de Simon Afillanges ont été faites sur un
papier sans marque d'eau, papier sorti des moulins de la région,
sauf celui de quelques tirages de luxe pour lesquels il a employé
1*^ papier de Hollande. Il y aurait des recherches intéressantes
h faire sur les anciennes papeteries du Sud-Ouest ; ce serait à nos
archivistes, qui manient chaque jour les vieux papiers de leurs
dépôts, à relever leurs filigranes et à tâcher de les identifier.
Le titre est composé avec ce soin que les metteurs en page
apportaient au XVÏ* siècl'O h ce genre de travail, et au milieu on
a placé un grand cartouche représentant les armoiries de la ville
de Bordeaux, d'une forme moins archaïque que celles qui se
trouvent sur le titre de la seconde émission de l'édition de 1565.
Ce n'est pas la marque de l'imprimeur, comme on a pu le croire,
mais c'est im bois qu'il mettra sur ses impressions ayant rap-
port à l'histoire locale. Enfin, cette édition contient le plan de
1565 et trois planches hors texte nous donnant un tombeau
romain, le Palais Xîallîen et les Piliers de Tutelle, planches sur
lesquelles nous aurons à revenir.
L'envsemble du livre est d'une exécution parfaite. Les exem-
plaires en sont aussi rares que ceux de la première édition et
il est très difficile surtout d'en rencontrer un complet des plan-
ches. L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale de Paris
(Résen'e L K 7-1113) est incomplet des trois planches, mais il
possède le plan. La Bibliothèque de Bordeaux en a deux exem-
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— 198 —
plaircs reliés avec d'autres ouvrages, Tun est incomplet de la
planche des Piliers de Tutelle et à l'autre il manque toutes les
planches. Enfln, nous connaissons deux exemplaires d'amateurs
également incomplets. On a pu en compléter d'autres en pre-
nant ces mêmes planches dans l'édition bordelaise d'Ausone de
1590 ou des autres émissions de cette date à 1604, mais il est
facile de s'apercevoir de cette supercherie, les numéros des lé-
gendes ne correspondant plus avec le texte (1). Notre exemplaire
est bien complet, il provient de la célèbre vente Sunderland faite
à Londres en 1882 : il est dans sa première reliure en vélin cl
est Irè» grand de marges (dimension : 160x226 mill.).
Cette seconde édition de YAntlqvité de Bovrdeavs a été rema-
niée et augmentée par Elie Vinet. De plus, il a modifié son
orthographe et son style. En somme, elle est supérieure à celle
do 1565. Enfin, la figure ajoutée au texte et les planches hors
texte la rendent bien plus intéressante. La figure représente le
dessus d'un tombeau romain, une plaque en « marbre gris »
qui avait été trouvée du temps de Vinet « dans les fossés de la
maison commune » et qui avait été « enchâssée en la muraille
(( (de l'hôtel de ville) près de la porte à main gauche, ainsi qu'on
« entre, à sept ou huit pies de terre ». Ce marbre représentait
les deux personnages, le mari et la femme, pour lesquels le
tombeau avait été élevé, avec une inscription épigraphique que
Vinet avait déjà donnée en 1565. Cette figure et son inscription
ont été reproduites dans plusieurs ouvrages et notamment dans
celui de M. C. Jullian, Inscriptions romaines de Bordeaux,
avec une désignation très documentée (2).
Iva première des planches hors texte est le plan de la ville, le
même qu'en 1565, sans changement, sauf la légende typographi-
que qui a été recomposée. La seconde planche représente un
autel romain qui avait été trouvé dans le fort du Château-Trom-
pette et transporté à l'hôtel de ville. « Vous avés, écrit Vinet
« dans son édition de 1566, une pierre de marbre gris entre le
(1) Dans l'Ausnne de 1575-1580 les planches du plan ci du tombeau ont du
texte imprimé au verso et de plus le plan a une légende en latin, mais celles
du Palais-Gallien et des Piliers de Tutelle n'ayant aucune marque particu-
lière pourraient servir â la rigueur à compléter un exemplaire dt VArUiqvitè
de Bovrdeavs. Quant aux planches de TAusone, éditions de 15(K) è 1604, eUes
sont toutes hors texte, mais elles portent une indication de placement en
latin : hœc piclara referlar ad seciionem...y qui les rend peu utilisables.
(2) Bordeaux, 1887-1890, 2 vol. in-4% t. I, p. 294.
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— 199 —
« chastcau de Troupeitc, que j'advisay plantée 1^ dedans au
« coing d'une estable, il y a environ douze ans, el priai le capi-
« taine que pour l'amour de la ville de Bourdeaus el reverance
« de l'antiquité, il ne laissast là gaster ceste pierre ; ains la
« fist oster, et eslev^r sur quelque mur en veué de tout le monde;
« ce que volontiers me promit faire, et le fit, comme Ton m'a
« dit ». Ce passage de l'édition de 1565, où l'on trouve l'inscrip-
tion de l'autel, a été supprimée dans celle de 1574. Cet autel
existe encore, c'est une des plus belles pièces du Musée des
antiquités de Bordeaux, un des plus riches de France, et dont
on attend depixis de longues années un catalogue descriptif. On
on trouvera une très bonne photographie et une description très
complète dans l'ouvraore de \f. Jullian que nous venons de
ciler (1).
La troisième planche, de grande dimension, — elle mesure
20 X 23 centimètres, — porte le titre de L* Amphithéâtre de Bour-
deaus et nous montre ce vaste monument appelé Palais Gallien,
avec ses portiques et ses doubles arcades en ruines, tel qu'il
était au XVP siècle, depuis l'invasion dos barbares au troisième
siècle. C'était un de ces immenses édifices ovales ou circulaires,
composés d'une arène (d'où on a fait plus tard les Arènes) (2)
et de gradins, que les Romains construisaient pour les combats
do jrladiateurs et autres jeux du cirque et où on a fait subir
aux chrétiens les plus affreux supplices. Ce sont ces monuments
auxquels on a donné les noms d^Arènes, comme à Nîmes, à
Arles et à Saintes, ou de Colisée, comme h Rome où on peut
admirer le plus imposant qui subsiste. Il reste du Palais Gallien
de Bordeaux des vestiges assez importants pour qu'on puisse
St» rendre compte de ses proportions primitives, du style et de la
nature de sa construction. Cependant on n*a jamais pu en faire
h reconstitution sur le papier d'une manière exacte et on ne
connaît môme pas très bien son histoire. On croit qu'il a été
oonstruit dans la première moitié du troisième siècle de notre
ère ol que les barbares, arrivés peu de temps après, le détruisirent
(1) T. I, p. 3 à 13.
(2) Le fonctionnaire qui a la garde de ce monument vend aux nombreux
étranfrers qui viennent le visiter une minuscule brochure de 8 pages (coût
fr. 15) portant restarapille municipale officielle « Ville de Bordeaux » et
qui commence ainsi ; « L'amphitWâtre de Bordeaux s'appelait pendant les
premiers siècles. Us Arenas... » D'après l'auteur anonyme de cet opuscule on
aurait dëjA parlé gascon A Bordeaux au III* et au IV* siècle I
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— ?00 —
en rincendiant, les planchers et les sièges étant en bois ; on ne
sait môme pas s'il a jamais été terminé et si on a pu y donner
des représentations. On n'est pas d'accord non plus sur ses
dimensions. Vinet lui donne 370 pieds pour le grand axe — il
était de forme ovale — et 230 pieds pour le petit axe.
Nous prenons ces détails, pour ce monument comme pour
celui des Piliers de Tulelle, dont nous allons parler, dans l'ou-
vrage de M. Jullian, Inscriptions romaines de Bordeaux, auquel
nous renvoyons nos lecteurs qui y trouveront des renseignements
plus complets, deux très jolies estampes et la liste des nombreux
f^crit^ qui ont paru sur le Palais Gallien de Bordeaux. Le dessin
(fue nous en donne Vinet est du plus haut intérêt. On le retrou-
vera, comme celui des Piliers de Tutelle, dans les éditions d'Au-
sone de 1575-1580 el dans colles de 1590 à 1604. Il a agrémenté le
tableau en y plaçant des groupes ou plut^^t des couples de per-
sonnages dont l'attitude ne laisse aucun doute sur la nature des
rendez-vous qui se donnaient dans ces lieux écartés. Aux siècles
passés el jusqu'à la Révolution, les alentours du Palais Gallien
passaient pour être peu sûrs à fréquenter. Mais le quartier s'est
peu à peu amélioré, on y a construit sous le premier Empire
et sous la Restauration do nombreuses habitations, et le faubourg
Saint-Seurin est devenu un des plus bourgeois de la ville. La
rue du Palais-Gallien est une des plus belles et des plus tran-
quilles du quartier et c'est là, vers le milieu du XIX* siècle et
non loin de l'amphithéâtre romain, qu'il nous a été donné de
voir pour la première fois le jour.
La quatrième et dernière planche, de même dimension que
la précédente, nous montre les Piliers de Tutelle, restes du tem-
ple de Tutelle que les romains avaient élevé au dieu tutélaîre de
la cité sur l'emplacement occupé de nos jours par le Grand
Théâtre. Cette planche porte pour titre Le Palais Tulèle de
Bovrdeavs et est encore plus intéressante comme document que
celle du Palais Gallien, parce que s'il nous reste encore quelques
vestiges de Tamphithéâtre, rien ne subsiste du temple de Tutelle,
il a complètement disparu dès la fin du XVII* siècle : « Bor-
« deaux était vers l'an 200 la plus grande, la plus riche el la
« plus belle ville de l'Aquitaine entière. C'est aux environs de
« cette date que Ton éleva au centre de Bordeaux, à l'endroit
« même où est aujourd'hui le Grand Théâtre, le temple de la
« Tutelle, n avait des proportions colossales ; sa colonnade
« puissante et majestueuse s'étendait sous un monde de caria-
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— 201 -
« tides et de statues, ses énormes chapiteaux corinthiens mon-
« Iraient des acanthes compKquées et prétentieuses. On recon-
« naît en lui l'œuvre de cette génération éprise de grandeur et
« de recherche déclamatoire et précieuse à la fois qui valut à
« l'art romain, sous la dynastie des Sévères, ses derniers jours
« de puissance et d'éclat... Le centre officiel de la cité, le
« forum, devait se trouver au-devant des Piliers de Tutelle, à
« l'endroit où est la place de la Comédie. Quand on créa cette
« place, il y a un siècle, pour en faire le centre élégant de Bor-
« deaux, on ne se doutait guère que la ville allait reprendre la
« tradition romaine ». (1) On a donné comme dînionsions de
l'édifice : 29 mètres de longueur sur 22 de largeur et 20 d'éléva-
tion totale. « La plus grande face avait huit colonnes et la plus
« petite dix, chacune de onze mètres de hauteur sur trois de
« circonférence. Un autre ordre d'architecture s'élevait sur ces
« colonnes, ayant la moitié de sa hauteur percée d'arceaux que
« séparaient en dehors et en dedans quarante-huit cariatides de
« trois mètres de grandeur. On montait sur l'aire où les colon-
« nés étaient placées par vingt et une marches. » (2)
Nous le répétons, les planches de ï.*Antiqvîté de Bovrdeavs
sont d'un intérêt de premier ordre pour l'archéologie bordelaise,
surtout cell^w donnant le Palais Gallien et les Piliers de Tutelle, et
tous les écrivains qui ont eu à s'occuper de ces deux monuments
les ont citées ou reproduites (3). Quant aux essais de reconstitu-
tion qui ont été tentés par différents auteurs, surtout pour le
temple de Tutelle, depuis Claude Perrault (4) qui était venu à
Bordeaux en 1669 jusqu'aux historiens bordelais modernes
comme Dom Devienne, Bernadnn, O'Reilly, Bordes, etc., ils sont
tous plus ou moins fantaisistes (5). Mais la Société des Archives
(1) Jullian, ffiHoirede Bordennx.... op. eit
(2) Hiil-^ira dn Bordenux, par P. Bernadau. 1839. in-8*.
f3) On les retrouvera non seulement dans les éditions d'Ausone données
par Vinet et tirées sur les mêmes bois, mais encore gravées à nouveau pour
les CEavret poHiqu^s de Pierre de Brftch^ Bordeaux, 1861-1862. 2 vol. in-4*.
On a découvert dernièrement dans la rue Esprit-des-Lois. A Bordeaux, en
faisant une tranchée, des pierres Provenant des Piliers de Tutelle ; M. R.
Céleste, le bibliothécaire de la ville, a publié à ce sujet une très intéressante
notice dans le numéro de janvier 1906 dr^ la Bevae philomalhiqne.
(A) Lfs dix livres d'&rchitectare de Vitnive irad, en français par Perrault,
Paris, 1684, frr. in-fo|.
(5) Histoires de Bordeaux de dom Devienne, de Bernadau, d'0*Reilly, «p.
ei^.; Histoire des monaments anciens et modernes de Bordeaux, p^ir Aug.
Bordes, tSi5-48, 2 vol. in-4o avec 70 pi.
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— 202 -
hisitoriques de la Gironde a publié dernièrement un album de
(iossins archéologiques de Bordeaux et de la région, dûs au
crayon d'un artiste étranger de passage dans cette ville sous
Louis XIII (1) et dans lequel on trouve des vues du Palais
r.allion et des Piliers de Tutelle fort curieuses et qui viennent
compléter celles de VAntiqrité de Boirdeavs.
§ V. — Edition moderne de I/Antiqvité de Bovrdeavs
Bordeaux, 1860,
Il a été fait de l'ouvrage d'Elie Vinct une édition moderne :
I/Antiqvité de Bovrdeaus, et de Bovrg, présentée au Roi...
(reproduction du titre de l'édition de 1574), Notice sur Elic
Vinet par Henry Ribadieu. A Bordeaux, Paul Chmimas, libraire-
éditeur (lyfK r* Justin Dupmj eï comp.), 1860.
In-4® de LXVI pages, 51 feuillets non chif. pour UAntiqvité
cl 2 plans plies hors texte.
Celte édition, qui ne manque pas d'intérêt, a été publiée avec
un certain luxe typographique. L'éditeur, \L Henry Ribadieu,
rédacteur en chef du journal La Guienne, a reproduit le texte
de 1574 et y a ajouté une biographie assez étendue d'Elie Vinet
el la traduction française de la préface que Vinet a placée en
tète de son édition des œuvres du poète Ausone de 1575-1580.
Les deux plans sont celui de 1565-1574 qui a été regravé et un
nouveau plan de la ville à vol d'oiseau portant le titre « Plan de
la ville de Bordeaux en 1550 el sur lequel Vinet dressa celui
qu'il présenta à Charles IX en avril 1565, — Adolphe Héquet
(Ici., lith. Gustave Chariot, Bordeaux », plan lithographie mesu-
rant 0.37x0.57 centimètres. Or, ce titre contient une grosse
erreur en laissant croire qu'il y a eu un plan de Bordeaux en
1550 d'après lequel Vinet aurait dressé celui qu'il a placé dans
ses éditions de son Antiqvité de Bovrdeavs de 1565 el de 1574.
Nous reviendrons sur ce fameux plan de 1550 dans le travail
que nous préparons sur les plans de Bordeaux (2), mais nous
croyons devoir en dire quelques mots dès maintenant.
Arnaud Detcheverry, archiviste de la ville de Bordeaux, dé-
(1) BordttLUX Bî U région du ênd-onesi ao temps de Louis Xf//, Bordeaux,
1904. in-fol.
(3) Ce travail est terminé et nous en avons donné communication aa
Congrès des Sociétés savantes de Montpellier en avril 1907.
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— 203 —
cédé en 1868, a publié un grand plan à vol d'oiseau intitulé :
« Vue de la ville de Bordeaux en 1550, diaprés un dessin origi-
nal de fa même époque et de la même dimension. 4. Delche-
verry /*., Lith, Laborie. » Dimension : 0.61 xO.88 centimètres.
Nous possédons dans nos collections un plan de Bordeaux à
vol d'oiseau, de môme dimension que le précédent, très finement
dessiné à la plume et portant le titre suivant : « Civitaiis Burde-
çfnlensis in Aquitanea {sic) guenina descriptio ad. (sic) Geor-
gio Bruin et d*Francisco Hogenbergio, Anno Domini 1579, —
J. J. Lestage fecit, 1757 ». Cette pièce est dessinée à la plume
avec une telle netteté qu'à la vente publique où nous l'avons
acquise il y a quelques années à Bordeaux, elle avait été pré-
srntéo comme étant gravée. Ce plan manuscrit n'est pas autre
chose qu'un agrandissement très exact par le système des car-
roa\ix de celui qui se trouve dans la grande cosmographie de
Braun et Hogonherg. publiée à Cologne de 1570 à 1618, Civitates
orhis terrarum.., et qui, lui-même, est la reproduction de celui
qui a paru d'abord en 1564 dans l'ouvrage de Du Pinet, Plantz,
Pouriraictz ei Descriptions de plusieurs villes et forteresses..,
p\ ensuite dans la Cosmographie Universelle de toui le monde
de Belleforest en 1575, ouvrages et plans dont nous avons déjà
parlé. Le grand plan à vol d'oiseau publié sans date, mais
vers 1860, par l'archiviste municipal, sous le titre que nous
venons de donner, est tout simplement un calque reporté sur
pierre de celui qui a été dessiné à la plume après agrandisse-
ment en 1757 par un artiste inconnu du nom de Lestage (1), plan
qui est aujourd'hui chez nous et qui a dû être communiqué à
Detcheverry.
Maintenant, où ce dernier a-t-îl pris cette date de 1550, pour
indiquer un plan original qui aurait existé de son temps ? C'est
ce que nous n'avons pu savoir. On a bien voulu faire pour nous
des recherches à ce sujet aux archives municipales de Bordeaux
et on n'a rien trouvé pouvant se rapporter à ce plan dit de 1550,
ni dans les cartons, ni dans les inventaires. Ce plan aurait-il
existé avant l'incendie qui en 1862 a éclaté aux archives munici-
pales, maïs a détruit bien moins de documents qu*on le croît
généralement. Ce n'est môme pas probable, car, s^îl y avait eu
(\) Dans un document inédit qui nous est passé dernièrement sous les
yeux nous avons trouvé ce Lestafce qualifié « Géographe de Bordeaux imma-
triculé au chapitre Saint- André. »
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— 204 —
fin plan dr«*Sfté ^n 1560 par le? soins de Fadministration, Vinet
Taurail connu et s'en serait servi, sans avoir besoin d'arpenter
liii-rnAme tout/** le« rues de la ville ainsi que nous Tapprend
ïauUtn^nUou qui lui fut donnée et dont nous avons déjà
donné le texte presque entier : € ... qu'il (Vinet) pourra aller
« par toutes les murailles, places, rues de la ville et les bien
« compasser... et quil aura le loisir de promener avecques la
a tovfre ^t aulires mesures par tous les lieux qu*il verra estre le
<* hoHo'm pour cesl affayre... »
Vous ne pouvons croire à une supercherie de la part de l'ar-
rlN\i«*f^ municipal en essayant de s'attribuer plus de mérite qu'il
nVn avait en publiant ce plan qui n'a été en sonune qu'un simple
Irrtvail do lîthocrraphe. Arnaud Delcheverry a été un fonction-
naire des plus consciencieux et les ouvrages d'érudition qu'il
nnus a laissés dénotent de plus un travailleur des plus sérieux
of qui n'a rien avancé sans indiquer ses sources (1). Et cepen-
dant, il a encore publié un second plan de Bordeaux qui ferait
croire qu'il n'a pas toujours attaché l'importance qu'il convienl
à l'indication des documents dont il a eu à se servir. Ce plan
panoramique, qui n'est pas daté, à dû paraître vers la même
/^poqtie que le premier, c'est-à-dire vers 1860. Detcheverry et
son collaboratetir lui ont donné le titre que voici : « I.a ville de
Rnnrdeanx mt XVII* nèrJe, publié par Arnaud Delcheverry et
(Iniizel aîné (2), d*nprès les gravures et documenis qui se trou-
vent aux archives de la mairie de Bordeaux, Se trouve chez
MM, Deiehevemj, rue Leyteire, 93, et Clouzet aine, rue d*Aqui-
îmne, 34. — A, Delcheverry fecit; Lith, Laborie ». C'est un
f^rand plan obloncr lithopraphié, (dimensions: 0.35x1 mètre),
représentant la ville en amphithéâtre, vue depuis le faubourg de
I,A Bnstide. La mention : « publié d'après les gravures et docu-
ments qui se trouvent aux archives de la mairie » n'est pas tout
à fait exacte. Ce nouveau plan est encore une copie arrangée (?)
^1^ ffUtoirt dês hrnéliUâ </• Borcfeaux, Bordeaux, 1850. et Histoire des théà-
irea de Bordenur depuis leur origine dsns cetle ville Jusqu'à nos jours, Bor-
dfiiux, \M0. Nous possMonn de lui le manuscrit in^dil d'une Histoire de U
Bét^lution à Bordée ut.
^^^ Pierre- A ndré Clouiel, professeur de belles-lettres à Bordeaui et auteur
de nombreux ouvra^res de pédafrofcie, décMé en 18X1, possëdail un exemplaire
de l\4fili<;ril^ </f Aoitrc/tars, conserva aujourd'hui À la Bibliothèque de Bor-
deaux dans le fonds Clouxet. Osl cet exemplaire qui a servi à M. Ribadieu
à fkir« ton édition de 1860.
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— 2Ud —
d'une des iK>aiJi)reuses vues panoramiques de villes d'Europe pu-
bliées au XVIP siècle en Hollande et en Allemagne dans diverses
cosmogiaphies donl le prototype a été pour les villes de France et
notamment pour Bordeaux la topographie de Tassin, publiée à
i^aris en 1634 (1). Ces vues panoramiques d'assez petites dimen-
sions ont été agrandies pour d'autres publications du môme
genre et enlr.e autres pour la grande topographie de ZeiUer,
plus connue sous le nom de Merian, qui en a été l'éditeur à Franc-
fort-sur-le-Mein de 1642 à 1672. Enfin et toujoui-s sur le môme
modèle on a publié en Hollande et à Paris deux très grandes
vues auXVlP siècle. La première, de très grande dimension, est
intitulée : a Description de rancienne et renommée ville de
Bourdeaux,., Amsterdam^ chez Cornélius Danckerls... »,sans date
(1043), avec une légende historique en hollandais et en français
et un entourage qui manque presque toujours et représentant
quelques édifices de la ville et entre autres le Palais-Gallien el
les Piliers de Tutelle (2), La seconde vue, un peu moins grande,
porte le titre de : « Description de l'ancienne et renommée ville
de Bourdeaux.., A Pai'is^ chez Nicolas Berey, enlumineur du
Hoy.., 16G0. » C'est une reproduction réduite, mais plus finement
dessinée, de la précédente. On la trouvera photographiée à une
petite échelle dans L'Histoire de Bordeaux de C. Jullian (1895)
et c'est sur elle que MM. Delcheverry et Clouzet ont fait prendre
un calque pour leur lithographie légèrement retouchée. Les
dimensions sont les mômes, 0.35 x 1 mètre, mais ils ont sup-
primé le premier plan de l'original, le faubourg de La Bastide.
Voilà la véritable origine de la vue à vol d'oiseau publiée par
l'archiviste municipal vers 1860 et on voit que lui et son colla-
borateur n'ont pas consulté autant de gravures et de documents
qu'ils veulent bien le dire sur le titre.
Quant au grand plan de l'édition de 1862 de YAnliqvité de
Bovrdeavs qui vient de nous obliger de faire une assez longue
digression sur les plans anciens d'après lesquels il a été dressé,
c» n'est qu'une réduction très enjolivée de celui que Detcheverrj
(1) Les plans et profils de loutes les principales villes et lieux considérables
de France, Paris, 1634, 2 vol. in-4, oblong.
(2) On trouvera des exemplaires de cette grande estampe aux archives mu-
nicipales de Bordeaux et À la Bibliothèque de cette ville, mais tous deux
sans l'entourage qui est fort intéressant. L'exemplaire de la Bibliothèque na-
tionale (département des estampes, topographie de la France) possède l'en-
tourage.
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— 206 —
a publié vers 18U>. La lithographie a été faite pour ïHisloire
de Bordeaux de l'abbé O'HeiUy, parue en 1857-1858, et on en
a l'ait un second tirage pour la pubUcation de M. Ribadieu. On
tiouvera ce même plan réduit par le procédé dit au caoutchouc
dans rhistoire de La vénérable Jeanne de Lestonnac^ fondairice
de Vordre de Noire-Dame^ publiée en 1891 par le R. P. Mercier.
i\ous avons dû donner à notre étude bibliographique sur les
éditions de ÏAniiqvilé de Bovrdeavs d'Elie Vinet un peu plus
de développement qu'à celle que nous avons déjà écrite pour la
Revue de Saintonge sur le Saintes el Barbezieus du môme auieur.
Le savant Saintongeais qui passa près d'un demi-siècle à Bor-
deaux, qui y était depuis vingt-cinq ans lorsqu'il publia la pre-
mière édition de son livre en 1565 et depuis trente-cinq ans lors-
(fue parut la seconde en 1574, avait eu tout le temps de recher-
clicr ÏAntiquilé, c'est-à-dire les origines de sa ville d'adoption,
d'en étudier les monuments anciens, et il a cru lui-môme devou*
rédiger une dissertation, mi Discovrs plus étendu sur l'histoire
et l'archéologie de la capitale de la Guyenne qu'il ne l'avait fait
pour la capitale de son pays natal, la Saintonge, qui était ce-
pendant au XVP siècle «t est encore une des villes du Sud-Ouest
les plus intéressantes à étudier au point de vue des antiquités
romaines : a Bordeaux a toujours eu une rivale dans la vallée
« de la Charente. Il a eu La Rochelle au moyen âge et Saintes
« dans l'antiquité ». (1)
Il nous a donc fallu suivre l'auteur dans la rédaction de son
ouvrage et en donner à nos lecteurs des explioations suffisantes,
surtout pour des livres qui, comme celui-ci, sont très rares, que
tout Le monde ne peut pas se procurer et qu'on ne rencontre
même que dans peu de bibliothèques. Nous avons montré Vinet
préparant son travail, profitant du passage du Roi à Bordeaux
pour le lui présenter et le publier et se faisant même bien humble
et un peu courtisan pour obtenir certaines grâces du jeune souve-
rain: « La chose n'est pas grande, Sire, lui dit-il en parlant de son
« livre, mais si les subjectz ne dévoient offrir à leurs Rois, que
« choses de pois et mezure éguale à leur hautesse, quand seroit
« ce qu'ils auroienl que leur donner ? Je n'ai nullement douté
« de vostre très libérale bonté, qu'elle ne receust volontiers et
« print en gré ce petit livret sorti de Testude du pauvre princi-
(1) C. Juliian, Histoire de Bordeàu».,.
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— 207 —
« pal de vûstre collège de Bourdeaux : lequel est merveilleuze-
« ment marri qu'il n'a de quoi il vous peut mieus remercier de
« la grande grâce et libéralité de laquelle vous avés uzé ces
« jours en son endroit et envers ledit collège, et dont il s'asseure
« que continuerés d'uzer pour la bonne volonté que portés à
« tous vos subjectz, et mesmement à votre ville ae Bourdeaus et
« à toute votre Guiene... » (1) Nous avons fait voir le principal
du collège de Guyenne parcourant la cité bordelaise en tous
sens, décrivant avec soin les plus beaux édifices de l'époque ro-
maine, conune les ruines grandioses de l'Amphithéâtre et du
temple de Tutelle, relevant les inscriptions épigraphiques avec
une science consommée et se faisant môme arpenteur pour éta-
blir la topographie de la ville. Enfin, nous avons fourni sur les
différentes éditions de ÏAntiqvilé tous les détails ieclmiques
(|u'on demande aujourd'hui à la science bibliographique, et nous
l'avons fait de visu et non d'après les renseignements plus ou
moins erronés des autres bibliographes.
Après Sain^tes et Barbezieus et L'Antiquité de Boordeavs nous
aurions à donner la bibliographie du troisième ouvrage que
Vinet a consacré à l'arciiéologie régionale, à son Engoulesme (2),
livre tout aussi rare et tout aussi précieux que les deux pre-
miers. Mais, outre qu'il a été fait une très bonne édition moderne
de cet ouvrage, aucune édition n'a été imprimée à Bor-
deaux et nous n'avons pas eu à nous en occuper. On en trouvera
plus tard une désignation sommaire dans la Bibliographie com-
plète des ouvrages d'Elie Vinet à laquelle nous mettons en ce
moment la dernière main, qui ne comprendra pas moins de
trente numéros et pour laquelle nous espérons trouver auprès
des lecteurs de la Revue de SairUonge le môme bienveillant
accueil qu'ils ont bien voulu accorder à nos premières études.
Ern. Ijibadie,
bibliophile bordelais.
(1) Dédicace de l'édition de VAntiqvité de 1565 qui n*a été reproduite ni
dans celle de 1574, ni dans celle de 1860.
(î) Poitiers, 1567, in-4o.
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— 208 —
LIVRES ET REVUES
Le Bulletin de la Société des Sciences de l'YonnCf 1905, c<>n>
tieiil un volumineux dossier sur le Sauvetage du vieil hôpital
de Tonnerre en 1903, précédé d'un autre sur le Sauvetage du
vieil hôpital de Tonnerre pendant la première moiiié du XIX*
siècle.
C'est une iiistoiie fort suggestive que celle des vicissi-
tudes de ce malheureux hôpital. Depuis un siècle on a voulu le
l'aire disparaîtie et Taccommoder à toutes sauces : marché au blé,
marché aux légumes, grange et pressoir. La dernière conception
municipale a été le marché aux légumes 1 On a eu beaucoup de
peines à faire abandonner le projet.
Cet hôpital est un des plus beaux qui existent. 11 a été cons-
Il uit à la fin du XllP siècle par Marguerite de Bourgogne, belle-
scL'ur de Saint-Louis. Il a cent mètres de long, vingt de large et
vingt de hauteur. Sa charpente colossale formée de poutres de
vingt mètres de long sur trente à quarante centimètres d*équar-
lissage, constitue une merveille incomparable. Voilà où un
maire de France voulait installer des carottes, des navets et des
petits pois. Et il a fallu pour l'en empêcher, des protestations
infatigables des Tonnerois, qui ont amené, après une campagne
de presse, k déplacement de la sous-commission des monuments
historiques de Paris, présidée par le directeur des Beaux-Arts
el ouvert une souscription pubhque dont le produit (16.000 fr.) a
servi à acheter un titre de rente « pour les arrérages être affec-
tés exclusivement à concourir à perpétuité à Tentretien de l'an-
cienne salie des malades actuellement classée ».
Mais les organisateurs de cette souscription, profitant de l'ex-
|)érience du passé et sachant que les mauvaises idées sont tena-
ces, ont spécifié « qu'on n'installera dans le vieil hôpital ni
marché, ni aucun établissement pouvant porter atteinte à son
intégrité. Dans le cas contraire, les cotisations seraient rem-
boursées aux souscripteurs ».
On espère par ce moyen ingénieux empêcher toute munici-
palité à venir de reprendre l'éternel projet de marché. La
crainte de grever le budget municipal de 16.000 francs sera le
commencement de la sagesse.
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- 20\) —
Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou-
sin^ tome LVI, 2* livraison, donne la deuxième partie des Voies
romaines en Limousin, par M. Paul Ducourtieux. L'auteur étu-
die la portion de voie de Lyon à Saintes par Limoges et Aunay,
jusqu'à cette dernière localité.
Le Correspondant du 25 février 1907 contient un article de
M. Gabriel Aubray sur George Fonsegrive,
Comptes rendus des séances de V Académie des Inscriptions
et Belles Lettres, novembre 19()6. — \I. Elie Berger raconte les
Aventures de In reine Aliénor.
On sait que la jeune duchesse d'Aquitaine, mariée à quatoi-ze
ou quinze ans au jeune Louis VII, âgé de dix-sept ans, apporta
à la couronne de France le magnifique duché d'Aquitaine. Petite-
fille du charmant poète Guillaume IX « aussi beau que brave,
également célèbre par sa valeur militaire et la liberté de ses
moeurs, fille du beau Guilhiume \ », élevée dans un pays où
les mœurs étaient raffinées et libres, douée d'une grande intel-
ligence et d'un tempérament probablement ardent, elle s'ennuya
ferme à la cour de son mari, beaucoup plus cahne et pondéré.
Elle commit sans doute quelques inconséquences et peut-être
quelque action pire, qui persuadèrent à Louis Vil, lorsqu'il par-
lit en 1H7 pour la deuxième eroisiule ([u'il n'était pas prudent
de la laisser derrière soi. 11 reiinnena : épris de sa belle femme
et aussi jaloux qu'amoureux, il ne put se résoudre à la laisser
en France. Beaucoup de seigneurs français, h l'exemple de leur
souverain, s'étaient fait aceompa<>uer par leurs femmes, et
comme ces nobles dames ne pouvaient se passer de chambrières,
l'armée était suivie par une multitude de personnes chez qui la
chasteté n'était pas la vertu dominante.
A Antioche, elle fut re^ue par son oncle, Raimond de Poitiers,
un des seigneurs les plus brillants de son temps. La médisance
assure qu'il ne fut point insensible aux charmes de sa nièce et
que la nièce ne fut point rebelle aux séductions du superbe che-
valier. Guillaume de Tyr, Jean de Salisbury affirment ([ue la con-
duite d'AIiénor, « femme imprudejite, sans aucun souci de la
dignité royale, oublieuse de la foi conjugale », donna des soup-
çons au roi. « Aux injonctions de son mnri elle répondit en lui
déclarant qu'ils étaient parents au quatrième et au cinquième
degré, que par suite, leur union était illicite. Louis VU prit un
BulUtin. 14
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— 210 -
|)niti éiK^ri^ique : il sortit d'Anlioche à la dérobée, et entraîna sa
frrmn(» à Jémsalem. Mais dès lors tous deux conservèrent au
fond du cœur un ressentiment profond, à peine dissimulé. Il
n est pas excessif de penser que l'idée de divorce était déjà ger-
inéo dans Tespril du roi. Au retour, à Rome, le pape Eugène III
se fît exposer leurs griefs réciproques et « leur défendit de
jamais so fonder sur leur parenté pour en venir à une sépara-
(ioii, confirma leur mariage, et menaça d'excommunion quicon-
<Iuo clicrcherait à le dissoudre. (Jetle déclaration, faite oralement
cl par écrit, pliU fort à Ix^uis VII, auquel sa femme inspirait
encore une passion presque enfantine ». Une tentative de récon-
ciliation nVnit pas d'effet durable. Aliénor rentrée en France eut
une fille. Il aurait fallu un fils. Ceci ajouté à cela, les causes de
dissentiment s*accentuant, « l'incompatibilité de tempérament et
d'Immeur augmentant chacjue jour (Aliénor se plaignait ouver-
tement d'avoir épousé un moine plutôt qu'un roi), tout concou-
rait à créer entre les deux époux une situation intolérable. »
I /assemblée de Beaugency, le 21 mars 1152, prononça l'annula-
lion du mariage.
Aliénor devenue libre, fut convoitée. Elle faillit être enlevée
plusieurs fois. Bref, elle épousa — pour le malheur de la
l'i ance — Henri Plantagenet. « Il semble prouvé que leur union
élait depuis quelque temps préméditée. On raconte même que
\i} père d'Henri avait abusé d'elle et qu'Henri lui-même n'avait
ri( n h apprendre de ses charmes. Vraie ou fausse, celle accu-
sation donne idée de l'opinion que l'on avait de la folle Aliénor.
Elle se ,£rênait si peu. »
Au XIII* siècle, longtemps par conséquent après sa mort, cette
mauvaise réputation persistait, et Philippe Mousket représente
Aliénor, après son divorce, prenant ses barons pour juges, se
présente à eux toute nue et leur dit :
Voyez, seigneurs.
Mon corps n'est-il pas délectable ?
Le roi disait que j'étais diable (l).
{t) La scène se serait passée à Saint-Jean d'Angély :
A Saint-Jehan ewangeliste
Prist une vesprée sa gite :
Et quant ^'int à son desublar
Si leur dit ; Voiiea Signar
Dont n'est rais cors prou delitables?... etc.
{Solices et exlràib, XXXII, 1, p. 64).
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— 211 —
C'est au moins exagéré. Un autre chroniqueur attribue à Alié-
ner une intrigue avec Saladin ce qui est absurde puisque ce
grand prince avait onze ou douze ans au temps de la seconde
croisade.
M. E. Berger ajoute en conclusion :
« Aiiénor devenue la femme d'Henri Piantagenet, ne gagna
pas au change : ce couple mal assorti nous a laissé le plus
magnifique exemple de haine conjugale qu'il soil possible d'ima-
giner. A ce second mari, à ce second ennemi, elle donna quatre
fils, tous aussi mécJiants qu'elle, et des fllies qui valurent mieux.
Elle mourut en 1204, après s'être, dit-on, corrigée. Il était temps;
elle avait quatre-vingt-deux ans. »
(Voyez la défense d'Aliénor, par M. Richard, dans son Hislaire
des comtes de Poitou, II, p. 93.)
La Revue Scienii{ique du 2 mars contieni deux notes (p. 275
et 280) sur la question du danger des huîtres et Y épidémie de
lièvre typhoïde et d'acddenls intesftinaux consécutifs à Vingestion
d'huîtres de même origine. Il s'agit particulièrement des huîtres
de Cette. Tandis que M, Baylac soutient qu'on s'empoisonne avec
les huîtres, surtout parce qu'elles sont insuffisamment fraîches,
« malgré une fraîcheur apparente due parfois au dangereux
rafraîchissement », M. Netter est convaincu que les accidents
relèvent d'une contamination microbienne.
Revue du Bas-Poitou, 1906* — M. L. Troussier recherche
l'emplacement du Portus Secor de Plolémée, qu'il met à la hau-
teur de la baie de Bourgneuf .
Le promontoire des Piclons est au cap de Saint-Jeanrde-Monts
ou Pontr4'Yeu.
L'embouchure de xavevxeXoç est au havre de la Gachère. Ce
nest donc pas le Carantonus d'Ausone, la Charente de nos jours.
Le Promontoire des Santons est à la pointe d'Arvert, sur le
pertuis de Maumusson.
Il faut voir un article sur le môme sujet dans le volume du
congrès archéologique de Poitiers, 1903.
Recueil de la Commission des Arts et Monuments de la Cha-
rente-Inférieure, mai-octobre 1906.
Notre confrère, M. Paul Fleury, continue son étude sur YHô-
pital et aumônerie de Saint-Thomas de Marans ; M. Richard
14*
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— 212 —
décril le mobilier d'une tombe mérovingienne trouvée à Saint
Germain de Marencennes.
M. Musset a mis la main sur une pièce curieuse dans
les minutes d'un notaire rochelais. Il s'agit d'un contrat passé
le 3 septembre 1563 entre François Barbot, marchand à la Ro-
chelle el Berthélemy Berton, imprimeur, pour l'impression
« d'une œuvre faicle par maistre Bernard Palissyz, ouvrier de
terre, demeurant à Sainctes, començant : Recepte vérUdble^ con-
tenant troys parties, l'une nommée Recepte véritable^ l'autre
« le desseing d'un jardrin » et le tierce a le desseing d'une ville
imprenable » contenant quatre-vingtz-quatorze feuilletz escripts
à lectre à la main, unissant par une espittre estant en canne
composée par maistre Pierre Sauzais. Tout lequel œuvre ledicl
Herthon sera tenu faire, parfaire et imprimer bien, deuement...
et en faire jusques au nombre de quinze cents du dict œuvre ;
cl chascun jour qu'il y sera besongné en rendre quinze cents
feuilletz faicts> et parfaitz des* deux coustez^ Et ce, pour el
moyennant que pour les paynes... Sera tenu le dict Barbot, bail-
ler et payer audict Berlhon, pour chascun jour qu'il y vacquera
et ses gens, la somme de quatre livres sept solz six deniers tour-
nois... »
Barbot est en outre tenu de fournir le papier.
Le 4 novembre 1564, le contrat est annulé, évidemment parce
([ue les conventions sont accomplies.
M. de Richemond imprime une étude sur le lieutenant géné-
ral Louis Guillouet, comte d^Orvilliers, avec une généalogie de
la famille Chesnel.
Bulletin et Mémoires de la Société archéologique de la Cha-
rente, 1904-1905. — De M. l'abbé Nanglard, le Livre des Fiefs de
Guillaume de Blaye, évêque d'Angoulôme. « C'est le registre où
sont transcrits, les uns avec date, les autres sans date, la plu-
part très sommairement, tous les actes d'hommages rendus à
l'évêque d'Angoulême, leur suzerain, par ses vassaux et tenan-
ciers sur Guillaume IV de Blaye, de l'élection de ce prélat, en
1273, à sa mort, en 1307. Des vides ont permis d'intercaler d'au-
tres actes allant du XIIP au XVIP siècle.
Notons : P..., évoque de Saintes, en 1242, prête son sceau à
Isabelle, reine d'Angleterre, qui n'a pas le sien (p. 36); — Pierre,
doyen de Saintes, et G., prieur de Royan, sont présents à la
charte de création du doyenné d'Angoulême en 1213, G., archi-
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— 213 —
diacre de Saintonge, signe (p. 40 el 42); — Geoffroy de La Roche
ot Guillaume de Dognon (de Dompnio), chanoine de Saintes,
1*287 (p. 52), il était fils puiné de Gérard, chevalier, seigneur de
Rouffiac (p. 207) ; — Raoul ou Rammilphe du Breuil, chantre
de Saintes, fils aîné de Guillaume (p. 197); — Gaucelin et Guil-
laume de Marthou (Martonis), de Fontaine-Ozillac, interviennent
dans plusieurs actes en 1328.
Le repaire de Thors relevait de Tévêque d'Angoulôme, lequel
avail des droits assez curieux (p. 243). L'évêque arrive à Thors,
peu de jours après la mort dTndie. veuve de Ebble de Roche-
fort. Il mande à Ebble, leur fils, de lui apporter toutes les clés
du château et de la prison, à l'entrée des fossés, ad introitum
fossatonim reparie que suni prorimiora ecclesie de Torcio ; et le
prévient qu'il a droit de mettre ses chevaux à la place des siens
et de juger les prisonniers. Ebble s'exécute, Tévêque reçoit les
clés, les remet à un homme de sa suite... A son départ, l'évêquc
rend les clés au seigneur en lui disant : « Je te remets les clés et
la garde du repaire jusqu'à ce nous ou notre successeur, venant
ici. nous te les réclamions ». Cet Ebble eut pour héritier Ebble
son fils, appelé junior qui mourut subitement, sans enfants ;
c'est son beau-frère, Savary de Vivonne, qui lui succéda.
Suit une note en langue vulgaire qui donne les limites de
l'étendu des terres dépendant du « recept de Tors », avouée à
Foulque de Matha par « Madame Ynde, dame de Tors et don-
ques feme Monsieur Johan Davantuyl fehu... »
!.e Correspondant, 10 février, 25 février 1907. — M"* la com-
tesse de Reinach-Foussemagne publie des fragments d'une cor-
respondance inédite de Madame de Polastron, la favorite du
comte d'Artois, celle-là même pour l'amour de qui, suivant cer-
taines versions, le comte d'Artois sacrifia ses devoirs de chef de
parti-, et notamment ne rejoignit pas Charette, version contestée,
il est vrai, par notre confrère l'abbé Lemonnier (Revue, XXIV,
p. 2). M"* de Pokslron est une angoumoisine, presque une sain-
tongeaise. Elle était née Louise d'Esparbès de Lussan (19 octo-
bre 176 i). Elle eut pour amie d'enfance, amie intime, amie de
ca'ur et confidente, une vraie saintongeaise, la marquise de
Laere de Volude, née Stéphanie-Béatrix d'Amblimont, la « Bli-
monette » des lettres de M"** de Polaslron, et pour adversaire,
un autre demi-saintongeais, le comte Joseph-Hyacinthe-Fran-
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- 214 —
çois de Vaudrcuil de Rigaud « piètre moralisie, qui manque à la
fois (le conviction, de logique et d'autorité ».
M. de La MorineriQ qui a publié une correspondance de
M™' de VoJude n'avait pu recueillir aucun détail sur les premiè-
res années de M"* d'Amblimont. « Tout ce que j'ai pu décou-
vrir, dil-il, à ce sujel, c'est qu.e le temps de son enfance fut
partagé entre Paris et le chûteau de Saint-Fort-sur-Gironde ».
l/a ri icle de M"* de Reinach comble cette petite lacune. Il nous
apprend qu'elle fut élevée à l'abbaye de Panthémond, au fau-
bourg Saint-(iermain, le Sacré-Cœur de l'époque. C'est là qu'elle
rcMiconlra lx)uisc d'Esparbès et se lia avec elle d'une très étroite
iiinilié. « Les deux enfants se devinèrent bientôt et se prirent à
s'aimer avec l'impétuosité de leur nature et la sincérité de leur
Age. » Elle a raconté elle-même en 1806, au comte Louis de
Sabran, cet éveil ii la vie senlimejitale. La lettre est jolie, mais
un peu longue. « Je vous aurais montré la place où nous nous
promîmes toutes deux de nous aimer jusqu'à la mort et de n'avoir
jamais rien de caché l'une pour l'autre... » Elles firent leur pre-
mière communion ensemble, se marièrent presque en même
temps, émigrèrent ensemble, « mais une seule est morte et c'est
moi qui survis... », dit M"** de Lage.
Cotte affection vraiment sincère était profondément enraci-
née dans son cœur. L'énorme voyage qu'elle n'hésita pas à en-
treprendre, dès qu'elle apprit que son amie était en danger de
mort à I^ondres en est une preuve vraiment touchante ! Il fallait
aimer prodigieusement quelqu'un pour partir précipitamment,
sans hésiter, de Saintes, où était M"* de Lage auprès de sa
vieille mère, en plein hiver, n'ayant d'autre moyen de transport
(fue des voitures, traverser une partie de la France, la Belgique,
s'embarquer à Anvers par un temps affreux sur un misérable
bateau, afin d'aller à Londres recueillir le dernier soupir de la
malade I
Et cette affection ne s'éteignît pas avec son amie ! Vingt ans
après la mort de M"* de Polastron, M"^ de Lage pensait à sa
« chère Louise » et la compte au nombre des personnes pour
lesquelles elle fait ime fondation de messes en l'église de
î^oismé (voir Revue, t. XXV, p. 47), près Clisson, en môme
t^mps qu'à sa mère, son père, son mari, la princesse de Lam-
balle et In duchesse d'Orléans.
Tout cet article est d'ailleurs aussi intéressant pour la biogra-
phie de M"* de Lage que pour celle de M"* de* Polastron.
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— 2t5 —
Pellisson (Jules). Les Bonbons d'autrefois.
Noire érudit confrère a réimprimé dans le Bulletin du Vieux
Papier (janvier 1907), une élude qu'il avait déjà publiée dans la
Gazelle des Bains de mer de Royan en 1884 et 1885. Il a ajouté
quelques noies nouvelles et des reproductions de vignettes cu-
rieuses. Il est singulier combien toutes ces images qui, au mo-
ment où elles sont d'actualité, nous paraissent quelques-unes
jolies, la plupart banales et n^ligeables, parce qu'elles sont
répandues à profusion, piquent la curiosité et gagnent en inté-
nM. au bout de cinquante ans. Que serait-ce donc pour celles
qui auraient deux siècles. Il faut convenir, tout de même, que
nous avons fait quelques progrès sous le rapport de ces éti-
quettes !
Voici une carte qui nous regarde plus particulièrement, c'est
vielle d'un confiseur de Saintes. La direction du Vieux Papier a
bien voulu nous prêter le cliché de cette pièce locale.
QUESTIONS ET REPONSES
N** 797. — Les gardes d'honneur de Saintes en 1808. Voir
Variétés, n*» IV.
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— 216 —
BIBLIOGRAPHIE
Almanach d'Aunis el Sainionge pour 1907 (33* année). La Ho-
chelk, imprimerie A. Boulangé.
Almanach rural de la Charente-Inférieure pour 1907. La Ro-
chelle, imprimerie Rochelaise, 1907. Grand in-8^, 68 pages.
Aln}anach Smnlongeais pour 1907. Saint-Jean d'Angély, im-
[uimerie Ch. Renoux.
Almanach agricole de la Charente-Inférieure pour 1907. Sain
les, imprimerie Ouvrard.
Annuaire de la magistrature pour 1907 (France, Algérie et
colonies), publié par Pedone. La Rochelle, Imprimerie Nouvelle
\oël Texier, 1907, in-8*, 312 p. Paris, librairie Pedone.
Annuaire du Syndical de la propriété artistique pour 1906. La
Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noôl Texier el fils, in-8*, 92 p.
Paris, agence générale.
Ardouin (Pierre). Pays de Sainionge, poésies.
Deux fois déjA, mon très distingué confrère, — M. Gabriel Audiat, ^ a eu
l'occasion de parler longuement des deux aînés de notre poète saintoogeais,
M. P. Ardouin. l\ a dit tout le bien qu'il pensait de ses vers et il a loué,
comme il convenait, son c genre de beauté » qui consiste A chanter le pays et
les choses de Saintonge. Plusieurs des pièces imprimées dans le nouveau
volume ont paru pour la première fois dans notre Revue: Maison de Paysan,
Gralon et PineaUy Un grand matlre potier sur la Charente^ rtc.
M. Ardouin n'abandonne pas sa manière. Il ne rêve pas dans le vague et
n'écrit pas pour ne rien dire ou dire des riens. Il peint des réalités plus qu'il
ne divague sur des choses abstraites. S'il manque d'envolée poétique il a du
moins ce mérite d'être vrai, au moins souvent. On peut prendre au hasard
les pièces qu'il appelle, La vigne. Les bonnes gens, Les paysages^ Trois
arbres vénérables, même les aquarelles royannaises, on est assuré d'y trouver
un petit tableau réaliste, au bon sens du mot. Il ne faudrait pas ceiiendant les
prendre tous pour des photographies. Ainsi il nous peint le chêne de Montra-
vail d'après d'Orbigny et non pas tel qu'il est, il en parle même comme d'un
disparu. L'arbre se porte encore vigoureusement Mais lisez les Pèlerins de
CrûiX'Gent€y et dites si vous n'avez un pittoresque compte rendu de la fête.
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— 217 —
Lisez le Jfarameaa, les PibsLlien^ la. Sàintongeaisey les Vendanges, et dites si
ce ne soût pas des dessins ûdéles. A ce litre, au moins, M. Ardouin méritera
que les archéologues futurs relisent ses vers à la recherche d'indications de
mœurs.
Aym£R de La Chevalerie (le comte) et feu Victor- Pierre.
UEpiscopal français au XIX* siècle. Paris, librairie des Saints-
Pères, iii-4**, 720 pages.
Bordeaux (Henry). Pèlerinages littéraires... Pierre Loti...
Paris, imprimerie Dumoulin, librairie Fontemoing, petit in-8**,
VlI-428 p.
Bron (Daniel). — Les associaiions cuUuelleSy thèse par Daniel
Bron, docteur en droit, avocat à la cour d'appel. La Rochelle,
Imprimerie Nouvelle Noël Texier, in-18, 166 p. Paris, librairie
Pedone.
Chasseloup-Laubat (de). — Rapport général sur les congrus
de TExposilion internationale de 1900, à Paris. Paris, impri-
merie nationale, 1906, i»-8', 814 p.
Cingria-Warmer (A). — Le Pays des Loiophages. La Ro-
chelle, Imprimerie Nouvelle Noél Texier, 1907, petit in-12, 148 p.
Paris, librairie Sansot.
Clouzot (H.). — Anloine Jacquard et les graveurs poitevins
au XVIII* siècle. Vendôme, imprimerie Vilette, 1906, in-S'', 26 p.
Paris, librairie Leclerc. Extrait du Bulletin du Bibliophile,
DoR (Prosper). — Stellaires, poèmes. La Rochelle, Imprime-
rie Nouvelle Noël Texier et fils, 1907, in-18 jésus, 216 p. Paris,
librairie Sansot.
DuPLAis (L.). — Etudes littéraires. G. Flaubert, N. Bouquet,
La campagne, œuvres du travail pour les femmes de la campa-
gne. Berck-Plage, imprimerie Brulein frères, 1906, in-8', 42 p.
FoucHÉ (C), curé-doyen de Gémozac. — A#. le chanoine Bar-
don de La Boulidière^ curé-archiprêtre de Saint-Jean d'Angély.
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— 218 —
Snmt^Jean dWngély, imprimerie^ Ch. Renoux, 1907, in-16, 23 p..
iir* portrait.
i^elLe biographie complète contient une généalogie de la famille Bardon el
de la famille Kondeau.
I itOTiER df: La \[i:sselière (viromte Henri). — Hecneil corn-
ftn ntiiit la fllialion et les alliances des familles composant les
I \fV r/aarliers généalogiques des enfants du comte Frotier de
Lu Messelièrc el de la comtesse, née de Chalus, Rennes, impri-
nrrrir Edoncur, 1904, 2 volumes in-4", portraits et vues.
I ^L^ vêiilable monument généalogique contient un certain nombre de noms
de iamilles saintongeaises et angoumoisines, avec un armoriai qui sera d'une
griAde utilité.
(i\r TiER (B.). — Les chefs^'œuvre du patois en cartes-pos-
itfh'ii^ 36 cartes nouvelles. Royan, Victor Billaud, éditeur.
II\MY (\y E.-T.). — Aimé Bonpland, médecin et naturaliste,
twploraleur de V Amérique du Sud : sa vie, son œuvre, sa cor-
respondance, Paris, imprimerie Colin, librairie E. Guillemolo,
19()6, un vol. in-8^ XCVI-302 p.
Vivant longuemcat dans Tintimitc intellectuelle de Humbolt. M. Hamy
s'eat pris d'amitié pour Aimé Bonpland, son compagnon. Il s'est mis à la
rechei clie des fragments dispersés de sa correspondance et a réussi A publier
un recueil de cent six le tires. Entre Humbolt et Bonpiand la différence de
valeur intellectuelle était considérable, mais leur goût commun pour la bota-
nique les avait rapprochés. Pendant le voyage, Bonpiand fut le plus dévoué,
le plus serviable, !e plus courageux des auxiliaires. Au retour, Humbolt s>m-
pre&sii de le proclamer: a Si mon expédition a eu quelque succès, disait-il,
\tnù ]çrande partie en est due à M. Bonpiand •.
II faut admirer toute la patience qu*a eue M. Hamy de rassembler les nie-
DU!» faits de la biographie obscure d'un homme qui fut un bon observateur,
mûh qui manqua des dons nécessaires à l'achèvement d'une œuvre scientifi-
que suivie et dont le véritable tiire de gloire restera d'avoir été l'assistant
d'Aleiandre de Humbolt dans le grand voyage où s'élaborèient les éléments
du Cojimos. Henri Dbhbrain.
Extrait du Journal des savants, janvier 1907.
l.A Chartrie (Jacques de). — Les Tercirder et leurs alliances.
Saintes, A. Hus, imprimeur, 1906, in-8**, 63 pages.
Livre de début d'un très jeune confrère qui nous permet d'augurer pour son
auteur un avenir brillant dans le genre si difficile, si complexe des livres de
généalogie. Il n'en est guère de plus laborieux et de plus difficiles à établir,
peu de plus utiles. M. de L. C. abordait un sujet épineux ; une famille nom-
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I
— 219 —
l>reuse. vieille, qui n*a pas conserve beaucoup.de papiers. A force de patientes
recherches ii est parvenu à dresser un arbre généalogique loufFu. II a ajouté
ceux des familles alliées, Bobène, Paillot, de Fonremis, Châteauneuf, Auge-
reau, de La Tour, B^rgerat, Brejon, Imbaud, etc., qui sont inédits ou à peu
près. Ne le chicanons pas pour quelques rares inexactitudes qui ne sont peut-
être pas de son cru.
La Tkkmoïlu: (dk). — Pvujcnl de Coëtivy, amiral et biblio-
phile. Mûcon, impriineric Erotat. Paris, librairie Champion,
1000, ill-4^ VII-88 p.
Lepaci: (Edouard). — Avortée. Paris, Albin Michel, 1907, in-18,
258 p., couverture illustrée par Willette.
L'auteur né à Saint-Jean d'Angély, ayant habité Saintes assez longtemps,
une partie de Taction de son roman se passant à Saint- PalIais-sur-Mer, ce
livre à thèse inqualifiable doit figurer dans notre bibliographie.
Mi'SSRT (Georges). — La Vérité sur Alfonse de Sainionge.
Paris, imprimerie nationale, 1906, petit in-8®, 12 p. Extrait du
lUillelin de géographie historique et descriptive,
— Les églises romanes de Rioux et de Rétaud, Imprimerie
Delcsquc, 1906, in-8°, cinq photogravures. Extrait du Bulletin
monumental.
— La Recepte véritable de Bernard Palissy {contrat d'impres-
sion). La Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1906,
in-S**, fac-similé. Extrait du Recueil de la Commission des Arts
de la Charente-Inférieure.
Oi DET (Amédée). — Lettre aux habitants d'Ecurat. Saintes,
imprimerie Hus, 1906, in-4**, 2 pages.
Ordo... a clero rupellensi pro anno Domini 1907. La Rochelle,
Imprimerie Nouvelle Noël Texier et fils, 1907, in-12, 160 p.
Pelissox (Jules). — Les Bonbons d'autrefois. Lille, imprime-
rie Lefebvre-Ducrocq, 1907, in-4, 24 pages. Extrait du Bulletin
du Vieux Papier.
Prouhet (le D'). — Les seigenurs, le château et la terre de La
Mothe-Saint-Héraye. Niort, imprimerie Lemercier, grand in-8®,
140 p., grav. Paris, librairie Champion, 3 fr.
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— 220 —
UiEu (G). — Mes loisirs, poésies. La Rochelle, Imprimerie
Nouvelle Noël Texier et fils, 1906, in^lS Jésus, 108 p. Paris,,
librairie Sansot.
Martyr Anghiera (P.). — De orbe novo, de Pierre Martyr
Anghiera. Ces huit décades traduites du latin avec notes et com-
mentaires par Paul Gaffarel, doyen honoraire, professeur à
l'Université d'Aix-Marseille. La Rochelle, Imprimerie Nouvelle
Noël Texier et fils, 1907, grand in-8*», 760 p. Paris, librairie
Leroux. Titre rouge et noir.
Recueil de voyages et de documents pour servir à l'histoire
de la géographie depuis le XIII* siècle jusqu'à la fin du XVI*
siècle.
Saint-Saud (comte de). — Armoriai des Prélais français du
X^Y" siècle. Paris, Darngon, libniirc-édilour, 1906, grand in-8*,
416 p., 950 reproductions d(^ blasons.
Schneider (J.). — Impressions, noies et paysages. La llo-
chello, Imprimerie ÎVouvelle Noël Texier, 1907, in-18, 74 p.
Paris, librairie Sansot. Petite collection « Scripta hreuia ».
ToucHET (Mgr). — Adloculion prononcée à roccasion du ma-
riage du baron de Montmarin avec Af"* Marie de Croze-Lemer-^
cier, 31 janvier 1907, S. L. N. D., in-8% 6 pages.
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SOMMAIRE DU !«' AVRIL mn.
Avis bt novybllb» : Séance du bureau ; Monuments classés ; Travaux a\ÈX
Arènes de Saintes, découverieF : Les ca^ouilUs cbarenlaises ; Partition dédiée
â Guillotin; Armoiries de Mgr EyssauUer.
NoTBS o'éjJVT-civu^ — Décès : Florentin-Blanchard, M°»« Fleury, M"« Lé-
vesque d'Avril; M. André Lemoyne; M. Poirault.
Mariages : De Montmarin-deCroze-Lemercier : Comiier-Lasauzaye-Salmon.
Vahiétbs: I. L« révolte de la, g^beUe en An^oumots et en Saintonge, compte
rendu par M. Deruelle ; — IL Le chêne de Moniravail, par MM. Guillaud ^t
Dangibeaud.; — III. Etude bibliographique sur Etie Vinet. par M. Labadie ;
— IV. La population dû département de la Charente-Inférieure depuis un
siècle, par X...; — V. Arrêté du préfet de la Charente-Inférieure relatif à une
demande de restitution de livres confisqués en /796'.
Questions : Pierre-Louis de Pons.
Livres et Rsvtms : Le» abris du marin ; Fragments d'ancienne» chroniques
cTAquitaine ; Inventaire des registres d'insinuations.
La Hevue-Bullelin est adressée gratuitement aux membi-es «1»» la
société, qui paient par an une cotisation de 13 francs.
La Hewu^Bultetin mentionne ou analyse tout ouvrage composé^
imprimé dans la région, ou par un auteur habitant ou né dans la région,
ou concernant la région, dont un exemplaire aura été adressé au prési-
dent, à Saintes.
Les idées ou les opinions émises dans la iierue-Bullelin sont person-
nelles.
On s'abonne à Saitiles: 10 francs par an.
Le (iéranl : Non. TEXIKR.
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■Twr
PROGRAMME
DE L'EXCURSION
De la Société des ArchiTes et de la Comatissira. des Arts
LES 1» ET 2 JUIN 1907
SAMEDI !•' JUIN. — Rendez-vous général en gare de Niort,
à 1 1 heureé.
Départ de Saintes à 7 h. 7 du matin.
— de La Rochelle à 8 h. 6 du matin.
Déjeuner au buffet à 10 h. 15.
Départ de Niort à 1 1 h. 26.
ON VISITERA :
Samedi : BENET (église à façade romane), — MAILLEZMS
(église paroissiale romane, monument historique) ; Ruines de
' r Abbaye, narthex du XI* siècle. Beaux restes du XIV* siècle et
et de la Renaissance. — NIEUL-SUR-L'AUTISE : Abbaye
(XI* siècle) ; cloître roman. — Collation. — FONTENAY-LE-
COMTB : On visitera surtout la maison de Terre-Neuve. —
Dîner.
Ceux des excursionnistes qui désireront rentrer chez eux
le samedi soir prendront le train à Nieul.
DIMàNCHE. — Visite de la \llle le matin.
Départ à 9 heures (on est prié d'être très exact).
MERVENT : Déjeuner en plein air (si le temps le permet), au
bord de la forêt ; vieux pont ; grotte du B. de Montfort ; à midi
et demi, départ pour POUSSAIS : superbe bas-relief signé »par
AuDEBERT, de Sainf-Jeand'AngëJj/. — Forêt de Vouvant. —
VOUVANT : Eglise [monument historique]^ église romane
ayant une porte latérale magnifique. Crypte, Sculptures du
XV* siècle.
Départ de Fontenay à 6 h. 16.
Prière d'envoyer les adhésions de suite au Président,
.-s- -i
La RochelU, Imprimerie Nouvelle Noël Texier. ^^. \
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REVUE
DE
SAINTONGE & D'AUNIS
3ULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES ARCHIVES HISTORIQUES
PARAISSANT TOUS LES DEDX MOIS
XXVII* Volume. — "4* Livraison.
!•' Août i«07.
SAINTES
LIBRAIRIE J. PRÉVOST
a, COURS NATIONAL
1907
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_-^-«" ■.<i9f.rT.
ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ
1907 .
BUREAU
Président : Le baron Auédéb Oudbt, rué des Ballets, ^7, à Saintes.
Vice-pf'ésidenla : Le comte Pibrre oe CnozB-LeMBRCiEit» au château
(lu Bamet, par Saintes.
Gh.Dangideaud, 14, rue des BalletS', Saintes. . *
Secrétaire : Maurice Bures, docteur en droit, avocat à Saintes, rue
Cuvillier.
Trésorier : Bekthelot, notaire, rue de TAire, 17, Saintes.
Tr^êorier-ad joint : M. Gatineau, directeur de l'Agence du Crédit Lyon-
nais, à Sîii.ntcs.
COMITÉ l)E PUBLICATION
Gauriel Audiat, iirofesseur.,à ParisJ rue César-Franck, 9.
Machet deLa MARTtNii::nE, archiviste du département de la Charente,
Angoulèm*^.
Gborgbs Musset, I. 41^ archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue Gargoulleau, 32, à La Boche}le.
JulesPellisson, A. 4^, juge au tribunal civil, boulevard des Arènes,
27, à Périgueux.
I)»" CiiAiti.BS Vk.kn, aux Galards, près Montlieu.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
AuwjsTK BiTfAu, !fr, A. O» maître principal de 1" classe des construe-
lions navales eu retraite, conseiller municipal, rue du Perat, SO, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juRC de paix, place des C^deliers, 7, à Saintes
Edmond Boti.EviN, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jules GuiLLET, ncgociant, conseiller général, rue do La Roche, iZ, k
Saintes.
Arel Mestreau, négociant, rue du port des Frères, 24, à Saintes.
Le siè^e de la société d^s Archives est à Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mois un Bulletin, lievue de Sûintonge
W dWunis, qui forme au bout d'un an un volume d'environ SOO pages.
Le prix de Tabonnement annuel à la Revue-Bulletin est de 10 francs;
1 1 fr. 50pout rétraugei*; \m\ numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite-
ment aux membres de la société qui paient par an une cotisation de
13 francs.
RÈGLEMENT. — Article H. La société se compose : l<>*de membres
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs^.
2<» de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 francs; 3* de
membres perpétuels qui l'achètent leur cotisation moyennant une somme
de 150 francs...
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Etat du Phare de La Coubrb la vbillb db sa chute
Les pilotis du Phare de^La Coudre
LB 20 Mai 1907
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REVUE
DE SAINTONGE & D^AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU l»' AOUT 1907.
Avis bt nouvbllbs: Admission ; Congrès de Bordeaux ; Musées de Saint-
Martin de Ré, de Saintes, de Hochefort ; Découverte d*un corps nouveau ;
Conservation des remparts de Rochefort et de Brouage ; Le phare de la
Coubre ; Sceau de Sainte-Gemme ; Monuments classés ; Don a la ville de
Saint-Jean d'Angély ; Salon ; Le musc et les serpents.
NoTBS D'âTAT CIVIL. — Décés : D' Léger; M. Ë. Maguier; M. Duchatel ;
M. George t.
MtLrÎMget : Eschasseriaux-Doublet de Persan ; Perrier de La Bathie-Baillard;
DescofTre-Guérin; Charuel-Monsnercau.
VARiérés : Là anUloiine à S&inteSy par £. Guérin ; La municipàlUé de S»int-
Shiarnin de Séenàud (suite) ; Le clergé de U Charente-Inférieure pendant la
Révolution (suite), par P. Lemoanier.
QoBSTiOHs ET RépoNSBs. — QuesHons : Julie de Beauregard, poète ; Deluze
et riadustrie des toiles peintes. — Réponse : Les Ransanne de Carbon-Blanc.
LivRBS ET RBVUBS : Le tombeau de M. de Comminges ; Guillonnet de Mer-
ville ; André Lemovne ; Le chevalier de Théraéricourt; Les premiers troubles
de la révolution à Rochefort ; Chronologie des comtes d'Angouléme.
AVIS ET NOUVELLES
Admission d'un nouveau membre
M. Lacaud, imprimeur de Vlndicateur de Cognac, rue Emile-
Albert, Cognac.
La Société des archives historiques de la Gironde et la Société
archéologique de Bordeaux projettent de réunir en congrès, au
mois d'octobre prochain, les sociétés du Sud-Ouest qui tiennent
en honneur l'étude de l'histoire et de l'archéologie régionales.
Ceux de nos confrères qui désirent assister aux réunions sont
priés de nous demander les invitations et les règlements que nous
tenons ù leur disposition.
M. Bourcy, notaire à Saintes, est nommé suppléanl du juge de
paix, canton sud, en remplacement de M. Maguier.
Rtm*, Tomt XXYII, 4* UTrtiMW. — Août 1107. 15
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-m -
Mgr Fulbert Petit, archevêque de Besançon, a célébré, le
25 mai, le cinquantième anniversaire de sa consécration sacerdo-
tale.
M. Balley, architecte de la ville de Saintes, est chargé, après
concours, de construire un palais de justice à Sofia.
M. Cognacq, propriétaire des grands magasins de la Samari-
taine, vient de donner une somme de 50.000 francs permet-
tant à la municipalité de Saint-Martin de Ré d'acquérir l'hôtel dit
des Cadets, destiné à y installer la mairie et le musée donné pré-
cédemment à la ville par le même M. Cognacq.
La bibliothèque de Saintes a reçu de M"** la baronne Eschasse-
riaux toutes les œuvres imprimées de G. Monge, la copie de ses
lettres et de celles de sa femme.
Le musée de Saintes a fait l'acquisition du tableau de M. Lenoir
au Salon de 1907 : Heure douce.
Il a acheté le Port de Concarneau de M. Le Gout-Gérard, et
YEtoile, pastel du môme.
Chacun des auteurs a donné au musée un dessin original.
Le musée a encore reçu en don une petite toile d'Albert Fourié:
Souvenir de Versailles, du Salon de cette année.
Le musée de Rochefort vient de recevoir le portrait de l'abbé
Charles Jouvenon, par M. Ingelrans. L'abbé Jouvenon est le fon-
dateur de l'Hospice civil nommé Saint-Charles, ainsi que l'a
rappelé récemment M. le docteur Ardouin.
M. le commandant Espérandieu vient de faire paraître le pre-
mier volume du Recueil général des Bas-reliefs de la Gimle
romaine, comprenant les Alpes maritimes, les Alpes cottiennes,
la Corse et la Narbonnaise.
Cet ouvrage, magnifiquement illustré de nombreuses photo-
gravures, fait le plus grand honneur à son auteur et au ministère
de l'Instruction publique qui en a pris les frais d'impression à
sa charge. Il est appelé à rendre le plus grand service aux archéo-
logues.
Le tome II comprendra le musée de Saintes,
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— 223 —
M. Ch. Schmidt vient de faire paraître Les sources de Vhisloire
de France depuis 1789 aux archives nationales.
Ce volume ne peut qu'être bien accueilli par les nombreux
chercheurs de documents sur la période révolutionnaire.
M. André Lancien, âgé de 21 ans, étudiant en pharmacie à
Rochefort, natif de La Rochelle, a présenté à Tacadémie des
Sciences, le 16 juin 1907, un corps nouveau, le molylbdate
d'urane.
La Société pour la protection des paysages de France, dans
sa dernière séance du comité, a demandé la conservation des
remparts de Rochefort et tout spécialement ceux de Brouage.
Le vieux phare de la Coubre ( — vieux parce qu'en prévision
de sa chute imminente on en a construit un nouveau beaucoup
plus loin dans les terres — ) est tombé à la mer, dans la nuit du
20 ou 21 mai. Il avait été allumé en 1895. Les flots ont fini par
ronger les 1.500 mètres de côtes au bout desquels il était cons-
truit. Depuis les malines do 1904 et 1905, les pieus formant pilotis
lui servant d'appui étaient aux deux tiers déchaussés par les
vagues. Chaque marée ajoutait un peu à la destruction. Dans
quelques jours on allait faire sauter ce phare qui était un des
plus puissants de France. Celui qui le remplace s'élève à 1.600
mètres en arrière.
Vlllustraiion du 1" juin a donné la photographie du phare
miné, puis écroulé, celles du sémaphore et du phare en 1895, du
phare en 1905 (le sémaphore ayant disparu depuis longtemps).
Le Mémorial de Saintes du 2 juin a donné deux autres photo-
graphies.
M. Braun, photographe à Royan, a édité de curieuses cartes
postales reproduisant quatre aspects du phare, la veille du jouF
de sa chute. Nous en publions deux.
Ctest à son obligeance que nous devons la photographie qui
montre le phare jonchant la plage.
M. Florange, expert en médailles, a mis en vente une matrice
de sceau, de forme ovale, de 0,014, ayant comme légende :
+ S PRIORATVS DE SANTA GEMMA. Une sainte, tenant une
palme et (?) debout sous un dais ; à ses pieds, un écusson :
de à deux bandes de
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- 224 —
On annonce que le conseil municipal de Saint-Jean d'Angély
ayant décidé en principe l'érection d'une statue à J. Lair, une
souscription publique est ouverte.
M. Brunet, ancien avoué à Saint-Jean d'Angély, a légué à la
ville toute sa fortune, évaluée à 100.000 fr., pour venir en aide
aux pauvres honteux.
L'église de Biron est déclarée monument historique.
Le tableau de Théodore Chassériau, Le ChrUl au Jardin des
Oliviers^ qui se trouve dans l'église paroissiale de Saint-Jean
d'Angély, est classé comme monument historique.
SALONS DE 1907
Société nationale des Beaux-Arts
Billolte (René): Le chemin de la Tour carrée à La Rochelle. —
Chevalier (Ernest): Effet de brume (à Boulogne-sur-Mer) ; Ciel
d*orage à Angoulins (côte rochelaise) ; Lendemain de gros temps
(côte rochelaise) ; Port de La Rochelle au crépuscule {Catalogue
illustré, p. 148) ; La Seine aux Andelys ; La Rivière ; La route
(pastel) ; Uabside de t église de Marisset (pastel). — Lépine
(J.-L.-Fr.) : Dessus de commode. — Meunié (Paul-Henri) : La
Dordogne (sic) à Saint-Georges de Bidonne (gouache). — Geof-
froy (Jean) : Cruelle énigme (eau-forte originale en couleurs) :
Petit martyr (idem).
Société des Artistes français
Aubain (G.-H.) : Portrait de Af"« Gustave A. — M"* Baillon-
Turner (Marguerite): Portrait de M. J... — Biancalle (Bernard),
à La Rochelle : Rêves malemels. — Callot (H.-E.): Dans le porl^
lever de lune. — Geoffroy (Jean) : Retour à la vie (Cataloaue
illustré, p. 145) ; A la petite école. — Gué (Arthur), né à Roche-
fort : La place à Bellac. — Hippolyte-Lucas : Portrait de
Af°** J. Richepin ; Portrait de Af"" Ch. L. . . — Joncières (L. de) :
Dans le sillage de Musset (Catalogue illustré, p. 177). —
Lenoir (Ch.-A.) : Portrait de A/"* V. B...; Heure douce (acheté
par le musée de Saintes). — Morchain (P.-L.), né à Rochefort :
Le bassin du commerce à Boulogne-sur-Mer. — Nicolet (G.-E.-E.):
Five 6" dock; Fleurs de fête. — RouUet (G.): Port de la Douane
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- 225 —
(Venise) (Catalogue illustré, p. 99) ; Sortie de port (Hollande). —
Gay (NP'* E.) : Petite princesse (aquarelle). — Geoffroy (J.) :
Incertitude (aquarelle) ; La coccinelle (aquarelle). — Gué (A.) :
Les bords de la Gartempe (aquarelle) ; Vieilles maisons à Dou-
zenac (Corrèze) (aquarelle). — Lessieux (L.-E.) : Villa d'Esté à
Tivoli (aquarelle) ; Plage des basques à Biarritz (aquarelle). —
Peyronnel (E.) : Louis Audiai, masque plaire. — Théodore-
Rivière (L.-A.) : Amiral Poilier, statue à ériger à Rochefort. —
Couluraud (A.) : Coup de mer, camaïeu sous couverte grand feu;
Les bords de la Marne (idem), — Epron (M"*): Glycines, para-
vent. — Fanty-Lescure (M"") : Les pavots, cuir ciselé. —
Fleuri (A.): Abbaye d'Aubazine, aquarelle. — Lajallet (M"** de):
Fleurs, dessus de porte. — Trarbach-Cantin (M"*): Œillets, pan-
neau décoratif sur crêpe de Chine. — Geodefroy (J.-A.): Campa-
nile de la Bourse du commerce à Tourcoing. — Aubain (H.-G.) :
Une lithographie : portrait de M"' Rosine Laborde, de TOpéra.
— Coppier-Bonneau (M"" H.) : Souvenir dllalie, d'après Corot,
eau-forte.
Pour compte rendu détaillé, voir le Mémorial de Saintes de
mai.
La Revue archéologique de mars-avril 1907 contient une note
de M .Alfred Boissier sur les Cerfs mangeurs de serpents, et il
attire l'attention sur un secret des paysans chinois consistant à
éloigner les serpents, et par conséquent à se préserver de leur
morsure, à l'aide de quelques grains de musc portés sur eux. Il
demande aux naturalistes de vérifier cette donnée et à rendre
justice à l'historien Josèphe, qui parle précisément des cerfs
mangeurs de serpents. Mangeur est exagéré, mais il paraîtrait
que le cerf musqué arrête les serpents par son odeur.
Notre confrère, M. le docteur Barraud, met en vente un
volume sur le Bordeaux révolutionnaire, intitulé Vieux Papiers
Bordelais.
De M. de Richemond, dans la Charente-Inférieure du 29 mai
1907, un article sur le capitaine Bruneau, sieur de Tiivedoux,
auteur de YHistoire véritable de certains volages périlleux et
hazardeux sur mer. Niort, Portau, 1509.
Le Clairon et le Journal de Royan du 26 mai publient Le camp
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— 226 —
romain du Chaielardj de notre confrère Delisse-Morin, que la
Revue de Sainionge a inséré.
Noire confrère, M. Léon Massiou, se propose de constituer
dans la Charente-Inférieure un Syndical d'initiative qui aurait
pour mission d'attirer les touristes, de provoquer ramélioration
des moyens de transport, d'assurer la protection des arbres et
des paysages boisés, de créer des bureaux de renseignements
gratuits à l'usage des touristes.
M. le sous-secrétaire d'Etat, saisi d'un projet de classement
de l'égli&e Saint-Sauveur, à La Rochelle, a estimé qu'il y avait
lieu de limiter le classement à la tour seule de cette église.
Le conseil municipal, revenant sur sa délibération du 17 décem-
bre 1906, a accepté celte restriction dans sa séance d'avril 1907.
NOTES D'ETAT CIVIL
DECES
M. le docteur Adolphe Léger est décédé le 4 mai 1907, âgé de
84 ans. Il avait épousé M"' Drilhon, fille de M. Drilhon, notaire.
Il laisse une fille. M"* Bartiiel, et deux fils, Henri et Victor.
Le 25 mai 1907, est décédé, à Thenac, notre confrère, M. Ed-
mond Maguier, suppléant du juge de paix, officier de l'instruc-
tion publique, conseiller municipal de Thenac, poète à ses heures,
dont notre Revue a publié plusieurs œuvres.
Il a construit le « château de Thenac », qu'il a fait décorer de
peintures murales par le peintre Hérisson père.
Ulndépendanl du 1" juin publie le discours du maire de The-
nac prononcé sur sa tombe, et le Peuple du 6 juin celui de
M. Guérin, juge do paix.
M. Maguier s'est surtout fait connaître comme poète. Né à
Rioux en 1847, disgracié de la nature, il a cherché dans la poésie
une consolation et des satisfactions réconfortantes qu'il ne pou-
vait espérer trouver ailleurs.
O Muse, loin du monde et de ses bruits moqueurs
Tout bonheur vient pour nous de ta grâce|étemelle.
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— 227 —
M. Maguier n'a jamais consenti à réunir ses œuvres en volume,
mais M. Ed. Guérin, juge de paix, son ami intime, a annoncé,
dans son discours, la prochaine édition de ces « poésies éparses
d'une forme impeccable et toutes animées" d'un souffle du plus
pur idéal. Elles jetteront sur sa mémoire ce reflet de gloire qui
fera briller son nom parmi ceux des chantres harmonieux qui
illustrent notre pays de Saintonge...
« C'est qu'Edmond Maguier était un poète d'élite. Donnant un
libre essor à sa riche et fertile imagination, il prodiguait Tor
pur de ses vers, s'inspirant des sujets les plus variés... Mais où
il faisait preuve d'une maîtrise vraiment supérieure et de la plus
élégante virtuosité, c'était dans la peinture des événements d'or-
dre tout intime qu'il aimait à décrire d'une plume alerte... »
M. Maguier laisse une fille, M"* Ed. Neveur.
Voir dans Y Inde pendant du 4 juin un article signé Dyvorne.
M. le comte Charles-Jacques-Marie Tanneguy-Duchâtel, offi-
cier de la légion d'honneur, est décédé à Paris, le 28 mai.
Il était fils de l'ancien ministre du roi Louis-Philippe et petit-
fils du comte Charles Duchûtel, député de Jonzac (1827-33), pair
de France.
Né à Paris, le 19 octobre 1838, il fut élu, le 8 février 1871,
député de la Charente-Inférieure, en même temps que J. Dufaure,
P. Belhmon, le baron Eschasseriaux, etc. Il siégea au centre
gauche. Ayant échoué au renouvellement de 1876, il accepta, le
27 mars 1878, de représenter la France comme ministre plénipo-
tentiaire en Belgique. En 1880, il fut nommé ambassadeur à
Vienne, qu'il quitta en 1881, à l'avènement du ministère Gam-
betta. En 1885, avec le scrutin do liste il rentra à la Chambre.
Il fut conseiller général de la Charente-Inférieure, et était
maire de Mirambeau depuis vingt-cinq ans. On sait qu'il avait
transformé une partie du château de Mirambeau en hospice.
Avec lui s'éteint le dernier représentant du nom.
L'inhumation a été faite à Mirambeau, le P' juin. Mgr Eyssau-
tier a prononcé l'éloge du défunt.
Le 10 juin 1907, M. Edouard Georget, ancien receveur muni-
cipal de Saintes, officier d'académie, est décédé à Bordeaux. Le
corps a été inhumé à Saintes.
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MARIAGES
Le 23 avril 1907, M. Maurice Eschasseriaux a épousé, à Ver-
sailles, M"' Marguerite Doublet de Persan, fille de Tancien minis-
tre plénipotentiaire.
Le 21 mai 1907, a été béni, à Saintes, le mariage de M. Louis
Perrier de La Bathie, professeur d'agriculture à Saintes, avec
M"® Germaine Baillard, fille du commandant en retraite BaiUard.
Le 2 juillet 1907, a été béni, à Saintes, le mariage de M. André
Descoffre, docteur en pharmacie, fils de AL Descoffre, percep-
teur à Châteauneuf, avec M"* Jeannç Guérin, fille de M. Guérin,
licencié en droit, juge de paix du canton Sud, à Sainles.
Le 2 juillet, à Saint-Jean d'Angély, M. René Charnel, notaire
à Chavagnes-en-Paillers, a épousé M"* Madeleine Monsnereau*
fille de feu M. Monsnereau, médecin à Sainles.
VARIETES
I
LA GUILLOTINE A SAINTES
EN 1794
En réponse à cette question : Où la guillotine a-t-elle fonc-
tionné dans la Cliarente-Inférieure, pendant la Révolution ? la
Revue d'Aunis et Sainionge (1) a publié Tentrefilet suivant, non
signé, mais dû vraisemblablement à la plume de son ancien et
regretté directeur, M. Louis Audiat :
« La guillotine n*a pas fonctionné à Saintes, m'a-t-on dit. Le
maire, Lériget (2), s'opposa à ce que la machine de Guillotin
(I) Tome XVIII, p. 160.
(3) Lériget n'était pas alors maire de Sainles, comme il a été dit par erreur.
II était procureur syndic du district ; il devint agent national provisoire
après la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) sur le mode du gouver-
nement provisoire et révolutionnaire, et, lors de Tépuration des autorités
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restât dressée sur la place des Cordeliers, malgré les représen-
tants Lequinio et Laignelot. Il prétendait que c'était faire injure
aux bons républicains de Saintes que de leur supposer des senti-
ments aristocratiques.
« C'est à Rochefort, sur la place Colberl, que fut monté Técha-
faud qui servit à Téquipage de VApollon, du Généreux et du
Pluvier et à tant d'autres citoyens. »
Au cours de nos recherches dans les registres d'état civil,
déposés dans les archives du greffe du tribunal de première ins-
tance de Saintes, nous avons rencontré un acte de décès du
22 ventôse an II (12 mars 1794), qui établit que, contrairement à
l'opinion émise dans railicle ci-dessus reproduit, il y eut, du
moins, une exécution capitale dans notre ville pendant la période
révolutionnaire.
Voici ce curieux document que nous croyons inédit :
« Aujourd'hui, vingt-deux ventôse, l'an deux de la République
française une et indivisible, sur les cinq heures et demie du soir,
étant à la maison commune, par devant nous, Daniel-Etienne
Massiou, officier public de la commune de Xantes, département
de la Charente-Inférieure, est comparu Dominique Leroux, huis-
sier au tribunal criminel du déparlement, demeurant en cette
commune, lequel, assisté de Jean-Nicolas Crugy, âgé de vingt-
six ans, et de Antoine Lacoste, âgé de trente ans, l'un et l'autre
secrétaires de la municipalité de Xantes, y demeurant, m'a pré-
senté le procès-verbal par lui dressé le douze de ce mois, duquel
constituées qu'elle ordonnait, il fut nommé agent national définitif du disirict,
par arrêté de Lequinio du premier pluviôse an II (30 janvier 1794). La loi du
38 germinal an III (17 avril 1795) ayant rapporté la loi du 14 frimaire en ce
qui concernait les administrations de département et de district, il cessa ses
fonctions d'agent national pour reprendre celles de procureur syndic du dis-
trict. Né à Orgedeuil, canton de Montbron (Charente), le 34 novembre 1751,
cTÉtienne Lériget, avocat au parlement de Bordeaux, et de Marie Besse du
Pouget. Jean Lériget fut en 1790 député à la fédération du champ de Mars,
administrateur du district de Saintes (1791), procureur syndic du district
(1793), administrateur du département (25 germinal un Vl-i avril 1798), con-
seiller de préfecture de la Charente-Inférieure (1800), receveur principal des
droits réunis, maire de Saintes de 1830 à 1837. Il mourut à Saintes en son
domicile, rue des Iles, le l^^" mars 1843, à 87 ans, chevalier delà Légion d'hon-
neur ; il était veuf de M°^« Catherine Cormier, originaire deCozes. Un monu-
ment funèbre lui a été élevé aux frais de la ville en souvenir de ses services.
(Eschasseriaux, A$$eniblée$ éleciorëles de la Charente-Inférieure, p. 307, et
Registres d*état civil de la commune de Saintes).
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— 230 -
il apert qu'en exécution d'un jugement rendu par le tribunal cri-
minel de ce département, le seize frimaire dernier, et de sa con-
firmation par la section de Cassation, tenue à Paris le vingt-trois
pluviôse dernier, Jean Berteau, âgé de vingt-sept ans, natif de
cette commune, a subi la peine de mort ledit jour, douze ventôse,
par l'instrument ordinaire (la guillotine), à deux heures après-
midy, sur la place de la Liberté, en celte commune (1), et que
ledit Leroux a pourvu à son enterrement.
« De tout quoi j'ai rédigé le présent acte que le déclarant et les
témoins ont signé avec moi.
« Leroux. Crugy. Lacoste. Massiou, officier publiq. »
Pour quel motif Berteau avait-il été exécuté ? Nous avons, mais
inutilement, cherché à le savoir.
La collection des registres du tribunal criminel de la Charente-
Inférieure est, en effet, très incomplète ; les registres d'audience,
notanmient, s'arrêtent au 6 avril 1793, c'est-à-dire à une date bien
antérieure à la condamnation dudit Berteau.
Que sont devenus les autres registres ? Ont-ils été vendus,
comme papiers inutiles, à des fripiers, et dispersés ? Nous
l'ignorons. Ce qu'il y a de certain, c'est que nous n'avons pu
avoir sur le procès de Jean Berteau ou Berteaud que les quelques
renseignements suivants, qu'a bien voulu nous fournir l'archi-
viste de ce déparlement, M. Pandin de Lussaudière, à qui nous
réitérons ici l'expression de nos sincères remerciements.
On trouve dans un registre du tribunal du district de Saintes
(L. 293), relatif aux frais d'instruction des procès criminels, à la
date du 21 brumaire an II (11 novembre 1793), les indications
suivantes :
« Jcan-Elienne Gobeau (2), juge du district et directeur du
(1) L'acte, plus haut transcrit, n'aurait pas dû indiquer les circonstances
du d^cès de Berteaud. car la loi du 31 janvier 1790 défendait de mentionner,
sur les registres de l'état civil, la peine de mort des suppliciés. L'article 85
du code civil, actuellement en vigueur, reproduit cette interdiction.
(2) Jean-Etienne Gobeau, originaire de Fontcouverte, juge suppléant au
tribunal du district de Saintes, puis juge titulaire, en remplacement d'Héard
jeune.décédé (mai 1793) ; maintenu lors de Tépuration des autorités constituées
ordonnée par le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1703), il dut dé-
missionner, le 5 vendémiaire an IV (27 septembre 1795), car il se trouvait
atteint par le décret du cinquième jour complémentaire de l'an III (31. sep-
tembre 1795) qui excluait des fonctions publiques les pères, fils, frères, oncles,
neveux et époux des émigrés, les alliés au même degré, etc. (Voir Piet-
Lataudrie, Le iribanàl de Sëinles, Saintes, imp. Hus, 1888).
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jury ; membres : Bachelol, Coëffé (1), Louis Bargignac, Bour-
geois père, Degennes, Lacheurié (2), Picard, Gobeau père.
« Le jury, consullé sur la culpabilité de Jean Berleaud, a
déclaré qu'il y avait lieu à accusation.
« Les témoins Pierre Mallet, filassier, Etienne Barbot fils,
matelot, Bourbaud, boucher, Blaize CompaglTon, gabarrier, n'ont
pas comparu, quoique assignés, et défaut a été donné contre eux.
« L'acte est signé : Gobeau et Ïapon-Dupinier, commissaire
national. »
Ce sont les seules mentions qui soient indiquées. Pas de ren-
seignements sur l'étal civil du prévenu, ni sur la cause de sa
mise en accusation.
Malgré le silence gardé sur ce dernier point par le procès-
verbal de l'audience, nous sommes autorisé à croire que le
nommé Berteaud n'a pas dû subir la peine suprême pour une
raison politique, mais bien expier un crime de droit commun.
Et ce qui nous le fait présumer ce n'est pas l'humble condition
de l'accusé, qualifié de « journalier », dans le procès-verbal sus-
énoncé, car à cette époque « terrible, affreuse et magnifique »,
selon une expression de George Sand (3), la hache frappait par-
tout, à la base de la société comme sur les sommets les plus éle-
(I) Pierre CoëfTé, né A Vitré (Ile-et-Vilaine), mort à Saintes le 3 fructidor
an XI, était greffier du tribunal de comnnerce et époux de Catherine Dugué,
fille de Mathieu Dugué, marchand et ancien juge A la juridiction consulaire.
(3) François Lacheurié, né le 3 janvier 1738 à Montesquieu en Languedoc,
commissaire de mariné, notable, membre du comité de salut public, créé A
Saintes le 13 avril 1793 ; il mourut dans cette ville le 35 juillet 1813, A l'Age
de 76 ans, époux de Pauline Maztllo. D'un premier mariage avec Anne Laver -
gne, il eut une fille, Charlotte-Marguerite Lacheurié, qui, en mars 1791, fut Tun
des secrétaires de la Société populaire « les Amis de la Constitution » (Voir
Journal patriotique de F.-M. Bourignon, 1791, p. 175}. Elle épousa, le l*r sep-
tembre 1793, Jean-Baptiste Forget, ex-prétre et principal du collège. Les
époux Forget eurent un fils Charles- Polidor Forget (prénommé je ne sais
pourquoi Charlotte-Polydore par Rainguet, dans sa Biographie Saintongeaise),
qui fut un médecin de valeur et occupa la chaire de clinique interne A la
faculté de Strasbourg. Il y mourut en 1861 ; il était né A Saintes le 36 mes-
sidor an VIII (15 juillet 1800). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de méde-
cine, qui lui valurent la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1844 et
dont G. Vapereau a donné la liste dans son Dictionnaire des Conlemporairu
(Paris, Hachette, 1858). Le D' Fleury, ancien préfet, a publié un Essai /lûto-
rtgne sur la vie et les ouvrages de Forget (Saint-Etienne, imp. veuve Théo-
lier et C«», 1863).
(S) Lettre de G. Sand à J, Michelet, du 30 mars 1850, publiée par M. Gabriel
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— 232 —
vés, ce qui permettait à un poète contemporain, Jacques Delille,
de s'écrier dans le chant troisième de son poème : la Pitié :
Le pauvre en vain s'endort sur la foi de ses maux ;
Le pauvre a ses tyrans, le pâtre a ses bourreaux.
Noire opinion se fonde sur celte circonstance, rappelée dans
l'acte de décès ci-avant transcrit, que le jugement rendu contre
Berleaud n'avait reçu son exécution qu'après avoir été confirmé
par la section de cassation.
Or, on le sait, le décret de la Convention nationale du 7 avril
1703, relatif au jugement des individus inculpés d'avoir pris part
à des révoltes ou émeutes conlre-révolulionnaires, était exclusif
d'un recours devant celle juridiction. Son article 2, qui, lui-même
s'en référait à l'article 4 du décret du 19 mars précédent, concer-
nant la punition de ceux prévenus d'avoir participé à des troubles
contre-révolutionnaires, éclatés à l'époque du recrutement, était
ainsi conçu : « Les jugements seront exécutés dans les vingt-
quatre heures et sans recours au tribunal de cassation, confor-
mément à l'article 4 du décret du 19 mars. »
Donc, on. ne saurait conclure de l'acte de décès que nous avons
découvert que, pendant la Terreur, l'échafaud ait été dressé à
Saintes pour cause politique, et l'assertion de M. Audiat nous
parait subsister entière sur ce point.
Mais il résulte clairement de ce même acte de décès que ce
n'est pas, comme il le dit, sur la place des Cordeliers (1), mais
Monod, dans ton étude, Georges Sand el J, Michelet (Revue de PàrU du
i" décembre 1904),
A rapprocher des termes du célèbre romancier les vers d'Auguste Barbier :
Sombre quatre-ving^t treize, épouvantable année
De lauriers et de sang grande ombre couronnée...
M. Paul Brunaud nous a dit récemment, sans pouvoir toutefois nous
fournir d^autres renseignements, qu'il croyait se rappeler que M. Rousset,
ancien président du tribunal civil de Saintes, lui avait raconté que la première
exécution, qui s'était faite A Saintes à Taide de la guillotine, avait en lieu
pendant la Révolution et était celle d'un individu coupable d'avoir tiré des
coups de feu sur des gabariers, près de Saint-Sorlin de Saintes. S'agisaait-il
de Berteaud ? Nous l'ignorons, n'ayant pu élucider le fait.
(1) Dans certains actes du temps on trouve cette place dénommée c place
des Justices ». Ce nom vient vraisemblablement de ce que les condamnés au
pttort ou A la marque subissaient leur peine en cet endroit, d'après ce qui
nous a été assuré.
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— ^33 —
bien sur la « place de la Liberté » (aujourd'hui place Blair), que
s'élevait, — rouge vision, — la sinistre « machine à Guillotin ».
Cependant le sang aurait coulé, dans notre cité, durant l'épo-
que révolutionnaire, si Ton s'en rapporte à ce qu'a écrit
M. H. Wallon dans son beau livre, Les Représentants du Peuple
en mission.
Dans une note, mise au bas de la page 297 du tome P' de cet
intéressant ouvrage, l'éminent historien, qui invoque à l'appui
de ses dires l'autorité de Berriat Saint-Prix (La Justice révolu-
tionnaire, p. 273), s'exprime en effet dans ces termes : « Là aussi
(à Saintes), les exécutions furent précédées de massacres. Le
31 mars 1793, quatre prêtres y furent égorgés ; le lendemain,
deux autres, et les représentants en mission (Lequinio et Lai-
gnelot) étaient là. »
Nous avons voulu vérifier les faits avancés, et nous n'avons
relevé sur les registres de l'état civil que deux actes de décès, à
ce moment-là :
1* L'un, à la date du 31 mars 1793, celui de Jean-Baptiste
Marot, curé de Luchat, âgé d'environ 60 ans, mort la veille dans
« la maison de réunion des prêtres », dressé par Louis Canolle,
officier public, membre du conseil général de la commune de
Saintes, sur la déclaration de Jean-Bernard Besse, concierge à
ladite maison de réclusion, assisté de Pierre Bonneau, cultiva-
teur à Bellivet, paroisse de Saint-Vivien, et d'Antoine Lacoste,
secrétaire de la municipalité, demeurant rue de la Berlhonnière,
dite paroisse de Saint-Vivien ;
2* L'autre, à la date du P' avril 1793, celui de Jean Fruger,
âgé de 71 ans, mort le 31 mars, en la maison des Pères Pichons
(sic)j paroisse de Saint-Pallais-lès-Saintes, dressé par Jean-Bap-
tiste Dravigny (1), officier public, membre du conseil général de
la commune de Saintes, sur la déclaration de Pierre Fruger,
(1) Né à Reims (Marne), était un ex-religieux chàrilain; il mourut à Saintes
le 26 bmmaire an II, à Tàge de 60 ans, après avoir été directeur de l'hApital
militaire, puis commis aux entrées de Thôpital supplémentaire de Tarmée des
côtes de La Rochelle, établi à Saintes, faut>ourg Saint-Pallais. Son acte de
décès fut dressé par Parménide Brunet, officier public de la commune de
cette ville, sur la déclaration des citoyens Louis Canolle, propriétaire, ftgé de
59 ans, et Pierre- Hector Savary, Agé de S7 ans, homme de loi, demeurant le
premier rue Çà-Ira (Saint -Maur), et le second, rue Mirabeau (Grande Rue
Victor-Hugo). (Voir sur Pierre-Hector Savary, Documents relatifs à U viUe
de Sêinles, p. 109).
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menuisier, demeurant au Port d'Envaux, paroisse de Sainl-Sof-
lin de Séchaud, son fils, assisté do François Derente, pierrieur,
demeurant audit Port d'Envaux, et de Jean Mesnard, huissier,
demeurant au faubourg de Saint-Vivien-lès-Saintes.
Ces constatations semblent bien démontrer Tinexactitude des
assertions de MM. Berrial Saint-Prix et Wallon. Toutefois, au
cours de notre vérification, nous avons trouvé deux actes de
décès, dressés dans des circonstances particulièrement étranges,
qui pourraient, peut-être, dans une certaine mesure, venir cor-
roborer leurs affirmations.
Ces deux actes, le premier en date du 26 février 1793 et relatif
à un nommé René Gauduchon, le second, en date du 28 juin sui-
vant, et qui concerne les nommés Louis Sarran et François
Jodeau, énoncent en effet que leurs décès se sont produits dan»
l'église, ou dans le cimetière Saint-Vivien. Ils sont rédigés Tun
et Tautre dans des termes analogues. Voici, à litre documen-
taire, la copie textuelle du premier de ces actes.
« Aujourd'huy, vingtrsixième jour du mois de février 1793, l'an
deuxième de la République française, sur les onze heures du
matin, par devant moy, Louis Canolle, officier public de cette
ville, membre du conseil général de la commune de Saintes, élu
le 17 novembre 1792 pour dresser les actes destinés à constater
les naissances, mariages et décès des citoyens, sont comparus
en la maison commune, les citoyens Pierre Picherit et Dominique
Le Roux, huissiers au tribunal criminel du département de la
Charente-Inférieure (1), séant à Saintes, y demeurant, lesquels
(1) Créé par le décret du 30 janvier 1791 et installé c avec pompe et solen-
nité 9 (voir Journal patriotique de Sëintes de F.-M. Bourignon, 1791, n*
372) le tribunal criminel de la Charente- Inférieure se composait d'un prési-
dent, d*un accusateur public et d*un greffier nommés par les électeurs da
département et de trois juges pris dans les tribunaux de district L'assemblée
électorale du 2 septembre 1793 avait nommé président : Louis-Nicolas i
cier (né à Saintes le 23 décembre 1755, morte Paria le 13 janvier iM9), i
lieutenant criminel au siège présidial de sa ville natale, ex-^ié^té à Va
blée constituante, qui remplaça Rondeau (Philippe-Joachim-Ferdinand) ; acco-
#a(ear public : Pierre- François Héard (né à Saintes le 2 avril 1748, mort dans
sa propriété du Taillis, commune de Chaniers, le 5 décembre 181 1), ancien
accusateur public près le tribunal du district de Saintes ; greffier : Mathieu
Dugué, ancien administrateur de ce district, qui remplit ces fonctions de
greffier jusqu*en 1811, date où les tribunaux criminels firent place aux cours
d'assises. Le siège du tribunal criminel était Saintes, alors chef-lieu du dépar-
tement, mais, après la loi du 7 avril 1793, il dut te transporter dans les chefs-
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— 235 -
nous ont déclaré que jeudy dernier, vingt et un du courant, deux
heures après-midy, est décédé le nommé René Gauduchon, el
qu'il a été enterré en les simelières de la présante ville, situés
près l'église et paroisse Saint-Vivien, où est mort ledit Gaudu-
chon. Sur quoy j'ai interpellé lesdits Picherit et Le Roux, l'un el
l'autre, de l'âge, la qualité et le lieu de naissance, et de la mai-
son où faisait sa demeure ledit Gauduchon, et ont répondu n'avoir
pu se les procurer, et que sitôt qu'il y seray parvenu, il en vien-
droit faire leurs déclarations, en marge du présant registre. Et
qu'ils avoient seulement dressé le présant procès-verbal de mort
et d'enterrement donls ils m'onls laissé copie pour être jointe au
présant registre, et y avoir recour au besoin, lequel ils onts
signé ainsy que la présante déclaration, pour servir de témoi-
gnage comme officiers publics préposés pour constater et vérifier
la mort et enterrement dudit Gauduchon. Fait à la maison com-
mune, les jour, mois et an que dessus. Picherit et Le Roux.
« Vu par moy, Louis Canolle, officier public de la commune
de Saintes, paroisse de Saint-Pierre, département de la Chérante-
Inférieure, et certifié qu'expédition du procès-verbal cy-dessus
m'a été remise, et la déclaration de décès dudit nommé audit
procès-verbal par les citoyens Picherit et Le Roux. De tout quoy
j'ai dressé le présant acte de décès que lesdits Picherit et Le
Roux ont signé avec moy sur les registres de cette commune.
Fait à la maison commune, ce vingt-sixième jour du mois de
févrîer mil sept cent quatre-vingt-treize.
« Picherit. Le Roux. Canolle, officier public. »
L'acte dont la teneur précède, ainsi que l'acte de décès collectif
de Louis Sarran et de François Jodeau, qui, nous le répétons,
est conçu dans les mêmes termes, ne mentionne pas l'âge, la
lieux de district pour juger les prévenus « de révoltes ou émeutes contre
révolutionnaires » jusqu'à la création du tribunal révolutionnaire, établi à
Bochefori, pour tout le département de la Charente-Inférieure, par un arrêté
des représentants en mission Laignelot et Lequinio, du 30 brumaire an II
(3 novembre 1793). Laignelot (Joseph-François), né à Versailles le 13 juin
1750, mort à Paris le 23 juillet 1829, député de Paris, auteur de deux très
médiocres tragédies Agis (1782) et Rienzi (1804); — Lequinio (Joseph-Marie), né
à Saneau (Morbihan) le 15 mars 17b5, mort à New-Port (Étals-Unis) en 1813,
député du Morbihan, avocat, agronome et journaliste, juge au tribunal du
district de Vannes, auteur de plusieurs écrits, entre autres, Les préjugéi
détraiU (1792, in-8») et la Philoêophie da peaple (1796, in-12). Tous les. deux
furent des sectateurs ardents du culte de la Raison.
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-i36 -
qualité, le lieu de naissance et le dernier domicile des défunts.
Les huissiers Le Roux et Picherit n'onl-ils réellement pas, comme
ils Font déclaré à l'officier de Télat civil, pu donner ces rensei-
gnements, ou ont-ils agi par ordre en ne les fournissant pas ?
A-t-on voulu cacher Tidentité des décédés ? Et dans quel but ?
Doit-on induire de ce document qu'il y ait eu à Saintes des mas-
sacres (ou dos exécutions) d'ecclésiastiques, comme l'ont écrit
MM. Berrial Saint-Prix et Wallon ? Nous ne ix)uvons pas répon-
dre à ces questions et nous posons sirnplement le problème en
laissant à d'autres, mieux qualifiés que nous, le soin de le résou-
dre.
On a vu plus haut que l'acte de décès de Berteaud mention-
nait que cet individu avait subi sa peine « par Vinstrument ordi*
naire (la guillotine) ». Il n'entre pas dai^s le cadre de ce travail
de faire l'historique de la hideuse machine à laquelle notre con-
citoyen, le docteur Joseph-Ignace Guillotin (1), eut le si fâcheux
honneur de donner son nom. Nous nous bornerons à rappeler
qu'il ne fut ni l'inventeur, ni la première victime de l'instrument
de mort qui lui a valu sa funèbre célébrité, comme le veut la tra-
dition populaire. La seule part qu'il prit à l'adoption du nouveau
mode de supplice fut d'avoir proposé à l'Assemblée Constituante,
en sa qualité de député de la ville de Paris, dans un but louable
d'humanité et d'équité, le principe d'égalité devant la répres-
sion (2) et la substitution à la décapitation par le glaive ou la
hache, la décollation à l'aide d'un procédé mécanique (l*' décem-
bre 1789). Ce ne fut cependant que le 20 mars 1792 que l'Assem-
blée Législative, qui avait succédé à la Constituante, adopta
l'idée émise par Guillotin, à la suite d'une « consultation du doc-
teur Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de Chirurgie ». Le
charpentier Guédon, fournisseur ordinaire des bois de justice,
ayant présenté à l'Assemblée un devis trop élevé, ce fut un méca-
(1) Né A Saintes, rue Saint-Pierre, le 25 mars 1738, du mariage de « M. M*
Joseph-Alexandre Ouillotin 0, avocat, puis conseiller en Télection de Saintes,
et de Catherine-Agathe Martin, mort A Paris, rue Saint-Honorë, n* 333, le M
mars 1814. Nous nous proposons de faire une Étude sur Ouillotin, qui fui un
bon citoyen, un philanthrope, dans toute la grandeur et la vérité de l'exprès*
sion.
(3) Sous l'ancien régime, il y avait deux genres de supplice pour la mort :
la décapitAtion, réservée aux nobles et qui n'avait aucun caractère infamant
pour le condamné, ni pour les siens ; lapendacfon, destinée aux vilUins et qui
était pour le patient une flétrissure, qui rejaillissait sur sa famille.
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— ?37 —
I
nicien allemand, un sieur Schmidt, qui fabriqua, sur les ordres
du directoire du district de Paris, moyennant 824 livres, la nou-
velle machine à décapiter, qui fui appelée parfois, dès le début,
Louison ou Louisette, du nom de son véritable créateur (Louis,
en effet, en avait indiqué le plan dans son Avis motivé, mais qui
bientôt ne fut plus connue que sous celui du docteur Guillotin (1).
La machine, construite par Schmidt, « ayant rempli parfaite-
ment le but qu'on se proposait », Clavières, le ministre des « con-
tributions publiques », accepta « les offres et conditions de cet
artiste », et le chargea, en conséquence, de toutes les guillotines
à fournir aux départements, à raison de 824 livres chacune (2).
Dès les premiers jours de mai 1792, l'adjudicataire se mit avec
ardeur à la tâche, mais, malgré son zèle, tous les départements
ne furent munis du nouvel instrument de supplice que sous le
(1) C'est dans le célèbre-pamphlet royaliste, Les Actes des Apôtres, dont
Hivarol et le marquis de Champcenetz étaient les principaux rédacteurs, qu'on
trouve, pour la première fois, le nom de g^uillotine, dans une chanson intitu-
lée : Sur Vinimitable machine du médecin Guillotin, propre à couper les têtes,
et dite de son nom guillotine. Elle se terminait par ce couplet :
Et sa main
Fait soudain
La machine
Qui simplement nous tuera,
Et que Ton nommera
Guillotine.
Parlant de la machine à décapiter qui, disaient-ils, par ironie, devait éten-
dre la gloire du nom français jusqu'aux rives du Bosphore, les Actes des Apô-
tres ajoutaient (n» 10) : « On dit que M. Mirabeau se présente pour avoir les
honneurs de cette machine superficielle. Le nom de Mirabelle remplacerait, à
la grande satisfaction de tous les bons français, celui de Guillotine. »
ht Journal en Vaudevilles des Débats et Décrets de V Assemblée Nationale,
rédigé par le marquis Charles-François de Bonnay (22 juin 1750-25 mai 1825),
imagina, de son côté, de mettre en pot pourri la séance du l'^" décembre
1789, la réforme de la jurisprudence criminelle et Guillotin. (Voir ces élucu-
brations poétiques dans le Grand Dictionnaire de Larousse, t. VIII, V« Guil-
lotine (Paris, 1872).
L'instrument philanthropique de Guillotin donna lieu, après le 9 thermi-
dor, à une vive et curieuse controverse entre divers médecins (ŒDlsner, Sœm-
roering. Sue, Gastellier, Cabanis, Sédillot, etc.), sur Tinsoluble problème de
savoir si le moi, la conscience de Tétre existent encore, la tète étant séparée
du corps, et par suite si la douleur persiste aprè» la décollation. Nous y re-
viendrons dans notre prochaine étude sur Guillotin.
(3) Lettre au ministre de la justice du 18 mai 1792 {Archives ntt., AA. 55,
3, 1513).
BaU«tiii. ie
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— 23g —
<
Consulat. Aussi les exécuteurs ne se faisaient pas faute de majo-
rer les frais de transport qui leur étaient alloués lorsqu'ils étaient
obligés d'opérer hors de leur résidence : 20 sous par lieue et
autant pour le retour (art, 4 de la loi du 13 juin 1793)* Dans un
rapport du 11 juillet 1793, le représentant de Sacy s*en indignait
en ces termes : « Les dilapidations se portent jusque sur la guil-
lotine, et l'exécuteur a aussi ses spéculations financières :
1.400 livres pour faire faire quelques lieues à la guillotine I »
Pourtant, la Convention venait d'améliorer notablement le sort
de ce terrible auxiliaire de la justice humaine, dont Joseph de
Maistre a retracé la sombre et terrifiante physionomie dans une
page saisissante et inoubliable.
Avant la Révolution, les « maîtres des hautes œuvres » ne rece-
vaient pas de traitement fixe. Ils étaient payés par les villes où
ils faisaient l'exécution et leurs salaires variaient selon le genre
du supplice et le lieu où il était infligé. Outre leurs émoluments
en argent, ils touchaient des redevances en nature (droits de
hàvage et de raflerie, etc.). Le droit de hàvage consistait dans la
faculté accordée au bourreau de prendre de toutes les céréales,
exposées en vente sur les marchés, autant que sa main pouvait
en contenir. Nous renvoyons pour les divers droits dont jouis-
saient les exécuteurs, à l'article paru dans la Grande Encyclo-
pédie, de Ladmirault, au mot a Exécution )» (1).
Après le mouvement de 1789, les citoyens refusèrent de se sou-
mettre aux droits vexatoires, attribués aux exécuteurs, et les
directoires de district furent obligés de leur donner une indem-
nité en sus des honoraires leur revenant par chaque exécution.
A Saintes, cette indemnité fut fixée à neuf cents livres, mais il
faut croire qu'elle remplaçait insuffisamment les revenus anté-
rieurs que lui procuraient les redevances en nature dont il était
privé, car l'on voit l'agent chargé d'exécuter les arrêts pronon-
çant la peine capitale réclamer une augmentation dans une péti-
tion que le directoire du district, dans sa séance du 23 avril 1793,
rejeta impitoyablement par la délibération suivante :
« Le directoire assemblé, après communication d'une requête
présentée par le citoyen Héraud, exécuteur des sentences crir
minelles, par laquelle il expose qu'il lui est impossible de poUr
voir vivre lui, sa femme, ses quatre enfants et son domestique
(1) Tome XVI, p. 938.
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— 239 —
avec une modique pension de 900 livres, attendu la cherté des
vivres, et demande une augmentation de pension ;
« Oui le procureur syndic ;
« Considérant que ce particulier, outre la pension de 900
livres qu'il touche, est payé des différentes exécutions qu'il fait,
« Nous sommes d'avis qu'il soit dit n'y avoir lieu à délibérer
sur la présente pétition ».
HiLLAiRET. Vanderquand. Moreau. Gautret. Godet, secré-
taire (1).
Plus tard, la loi du 13 juin 1793 (2), décidait qu'il y aurait un
exécuteur des jugements criminels par département, mettait
leur ti^aitement à la charge de l'Etat et le ûxait à 2.400 livres
dans les villes, qui,, comme Saintes», avaient une population
n'excédant pas 50.000 âmes. En outre, la loi du 3 frimaire an II
(23 novembre 1793) (3), qui accordait des aides aux exécuteurs
(2 en province, 4 à Paris), leur allouait un supplément de trai-
tement de 1.600 livres dans le premier cas et de 4.000 livres
dans le second. Pour mettre fin aux abus dont nous avons pré-
cédeimnent parlé, cette dernière loi édicta que le transport de
la guillotine se ferait aux dépens du Trésor public. (Les frais en
résultant étaient payés par le receveur du droit d'enregistrement,
sur un exécutoire délivré par le président du tribunal criminel
et visé par le directoire du département). Les exécuteurs en
déplacement recevaient, pour toute indemnité, une somme de
36 livres par exécution, à raison de 12 hvres par jour, savoir :
un jour pour le départ, un jour pour le séjour et un jour pour
le retour.
Il faut croire pourtant que l'exécuteur Héraud ne fut pas
encore satisfait de ses allocations, car on le voit adresser au
directoire du district une nouvelle pétition « tendante à une
augmentation de traitement eu égard à la cherté des denrées de
première nécessité ». Celte fois, l'assemblée, par délibération
du 24 prairial an III (12 juin 1795), accueillit favorablement sa
requête et « porta provisoirement à 3.600 livres, au lieu de 2.400
livres, les appointements du citoyen Héraud, exécuteur des
hautes œuvres, en lui accordant de plus par chaque jour de
(1) Registre des délibératiom du district de Saintes. (Archives de la Cha-
rente-Inférieure, L. 265 bis),
(3) Bulletin des lois, 31,111.
(3) W., 37, 19.
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— 240 —
voyage pour ces fondions une somme de 60 livres au lieu de
12 livres ». (1)
Dans sa séance du 23 thermidor an III (10 août 1795), le direc-
toire du district de Saintes, statuant sur une autre pétition du
« citoyen Héraud », lui demandant des secours pour faire le
voyage do Monlguyon, sur la réquisition de l'accusateur public
(Héard), émettait encore l'avis qu'il y avait lieu de lui faire « une
avance de la somme de 250 livres, prise sur les fonds du Trésor
public », considérant que le surenchérissement des d^irées el
objets nécessaires à la vie rendait insuffisante à ses besoins, pen-
dant les jours qu'il y emploierait, la somme qui lui était accor-
dée par la loi pour le voyage qu'il allait entreprendre (2).
Malgré nos investigations, nous n'avons pas pu découvrir jus-
qu'à quelle époque le sieur Héraud conserva ses fonctions (3).
Les familles de ce nom sont nombreuses à Saintes et sur les
registres d'état civil nous n'avons relevé aucune mention pou-
vant nous fournir le moindre indice sur les prénoms, la de-
meure, la date de sa naissance et l'époque de son décès. Néan-
(1) Registre des délibérations du directoire du district de Saintes (Arch.
Ch.-Inf., L. 26b bis).
WReg. des délib.du dir. da dist, de Saintes (Arch. Ch.-Inf., L. 265).
(3) Grâce à une communication de M. Ch. Dangibeaud, nous avons pu con-
naître les noms de deux exécuteurs de la haute justice de Saintonge avant la
Révolution : 1* Jean Benoit ou Benoist, demeurant au bourg de Saint-Eutrope-
lès-Saintes, décédé le !«>' février 1728 {Registres de la paroisse Saint-Etttropé)^
qui fit son testament le 30 janvier de cette même année, devant Prouteau
ÛIs, notaire royal à Sainteë. Par ce testament Jean Benott instituait Marie
Renneteau, son épouse, sa légataire du tiers de ses biens, évalués par lui-
même à 600 livres, tant en meubles qu'immeubles, et laissait le surplus de
sa succession à ses quatre enfants, Christophe, Pierre, autre Pierre et Cathe-
rine Benott, ces deux derniers mineurs « sous la tutelle et curatelle • de Marie
Renneteau, leur mère (Minutes de M* Berthelot).
2* Pierre Benoit ou Benoist, qui obtint la charge de son père, ainsi que le
constate un autre acte dudit Prouteau, notaire, du 22 avril 1728, contenant
« mariage entre Pierre Benoit, exécuteur de la haute justice de Saintonge,
fils de feu Jean Benoit, aussi exécuteur de la haute justice de Saintonge, et
Marie Renneteau, avec Jeanne Tierselin, fille de défunt Tierselin, pierneur,
et de Jeanne Mautret, son épouse, demeurant audit bourg de Saint-Eutrope d.
(Minutes de M* Berthelot). Le mariage eut lieu le 27 avril de la même année.
(Registres de la paroisse de Saint-Eutrope).
Nous avons encore relevé sur les registres de cette mèma paroisse Tacte
suivant qui pourrait bien concerner Pierre Benoit: «Du 27 février 1742,
inhumation de Pierre Benott, 35 ans environ. (Signé) Moreau, curé de Saint-
Eutrope. »
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- 241 —
moins, il nous paraît certain qu'il eût pour successeur le nommé
François Spirekel ou Spirkel, natif de Luxembourg (Pays-Bas).
Les registres des naissances de la ville de Saintes pendant
l'an XI de la République (1803) renferment deux actes, qui nous
paraissent en être la preuve positive.
Le premier, dressé à la date du 6 frimaire (27 novembre)
par Jean-Elie Fleury, adjoint du maire de la conunune de Sain-
tes, constatant la naissance de Mathieu Spirekel, né le jour
précédent, à huit heures du soir, fils de François Spirekel, exé-
cuteur des jugements criminels, domicilié à Saintes, et de
Marie-Anne Gueldre, mariés, en présence de Christophe Dubé,
appariteur, âgé de 46 ans, et de Louis Birotheau, âgé de 36 ans,
domiciliés de la commune de Saintes.
Le second, en date du 23 fructidor (10 septembre) est relatif
à la naissance de François Bernacîny, né le môme jour, fils de
Pierre Bemaciny, aide de l'exécuteur des jugements criminels,
et de Marie Hayrault, non mariés. L'un des témoins est Fran-
çois Spirekel, exécuteur des jugements criminels.
François Spirekel mourut à Saintes, en son domicile rue
Saint-Eutrope, le 23 octobre 1842, à l'âge de 66 ans, époux en
secondes noces de Marguerite Krau (1).
La déclaration du décès fut faite par son fils, Mathieu Spir-
kel, « exécuteur des jugements criminels » à Saintes.
Ce dernier exerçait depuis de longues années cette sinistre
fonction qu'il avait obtenue quand son père avait cessé de la
remplir, vraisemblablement vers 1824, car, le 27 septembre de
cette môme année, Mathieu Spirkel est déjà qualifié d'exécu-
teur des jugements criminels dans l'acte dressé sur sa déclara-
tion par Jacques Emmanuel Gilbert, adjoint délégué (2), de la
(1) Dans son acte de dëcès dressé par Pierre- Hilaire Claviez, adjoint délé-
<fué, A la date du 25 octobre 1842, son nom est <*crit « Spirkel », et il est qua-
lifié d'ancien débitant de tabacs et d'ancien exécuteur des incréments criminels.
On indique aussi que le défunt était fils de feu Pierre Spirkel et feue Anne
Spirkel. Par acte de M» Lambert, notaire k Saintes, du 18 juin 1839 (Minutes
de M* Bourcy), Mathieu Spirkel, son fils unique, lui avait constitué une pen-
sion viagère et alimentaire de BOO fr. par an, qui devait être portée à 800 fr.,
pour le cas où Spirkel père cesserait de recevoir du gouvernement français
le secours annuel de 4.000 franes qui lui était servi.
Dans le contrat on énonce que François Spirkel était alors domicilié en
la ville de Metz et qu'il était lo^é dans la ville de Saintes, depuis quelques
mois, chez le sieur Monrouzeau, quartier Saint-Macoul.
(3) Avocat, professeur de philosophie, né A Cognac (Charente), mort A
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— 242 —
naissance de Marie-Esiher Spirkel, sa fille, née de son légi-
time mariage avec Henriette Reine.
Mathieu Spirkel demeura d*abord rue SaintrEutrope, puis il
alla habiter la rue Saint-François, dans une maison portant le
n® 32, occupée aujourd'hui par M. Poulain, épicier, et que Ton
appelle encore assez communément dans le quartier la maison
du bourreau. Il s'y installa dans le courant de Tannée 1826, car
l'acte de naissance de sa fille, Henriette-Léonie, du 27 novem-
bre de cette même année, indique que Spirkel demeurait rue
Saint-François.
La maison habitée par Spirkel lui provenait de ses père et
mère, François Spirkel et Marie-Anne Gueldre (née à Chau-
mont, Haute-Marne), fille de feu Henri Gueldre et de feue Cathe-
rine Reine), décédée à Saintes le 26 septembre 1826, âgée de
47 ans.
Les époux François Spirkel en avaient fait l'acquisition par
acte de Genêt, notaire à Saintes, en date du 4 juillet 1822,
d'Alexandre Gélinaud, marchand de bétail aux Gonds. (Minutes
de M® Bourcy.)
Le 5 février 1853, et par acte de Drilhon jeune, notaire à
Samles, Mathieu Spirkel la vendit à un sieur Pierre Jhéan, mar-
chand drapier. (Minutes de M* Julien-Laferrière).
Après diverses mutations, cet immeuble se trouve actuellement
être la propriété de M. Poulain, susnommé.
Mathieu Spirkel, qui fut le dernier bourreau de Saintes,
semble n'avoir quitté cette ville qu'après la suppression de son
emploi par le décret du 9 mars 1849. Ce décret, rendu après
l'abolition de la peine de l'exposition publique (12 avril 1848)
et sur le rapport du ministre de la justice, M. Odilon Barrot,
décida en effet, en vue de réaliser des économies, qu'à partir
du l*' mai 1849, il n'y aurait plus qu'un exécuteur en chef dans
le ressort de chaque cour d'appel, au lieu de son siège (1). Un
Saintei , rut dei Hes (aujourd'hui Désilles), le 31 janvier 1839, à VKge de 73 ans.
Le sccr<?taire en chef de la mairie à cette époque était Guérin, chevalier de
Saint-Louis et de la Légion d'honneur. {Documents relatifs à Saintes, p. 104).
(1) Les bois de la guillotine, supprimée à Saintes, vendus par le receveur des
domaines, furent adjugés, pour une partie, paralt-il, au sieur Boutaud, « re-
vendeur, ferrailleur et fripier », comme il s'intitulait lui-même, demeurant
alors rue Bertonnière, dans l'immeuble occupé actuellement par M. Breteau,
fondeur et conseiller municipal. M. Roche (ils, huissier à Saintes, nous a affirmé
les avoir vus encora, il y a environ 25 ans, pendant son enfance. Le surplus
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— 243 —
autre décret du 26 juin 1850, provoqué par M. Rouher, ministre
de la justice, vint bientôt supprimer le poste d'exécuteur adjoint
que le décret précédent créait dans les départements du ressort
autres que celui où la cour d'appel était établie, dans la ville où
se tenait la cour d'assises.
Quant aux aidesr exécuteurs, ils avaient cessé d'exister à Sain-
tes depuis la loi du 28 avril 1832, qui avait fait disparaître leur
emploi, après l'abolition des peines de la flétrissure et du car-
can, en même temps qu'elle réduisait à 2.000 francs le salaire
des exécuteurs dans les villes de 20.000 habitants et au-dessous,
ce qui était le cas de Saintes.
Nous connaissons seulement les noms de deux des aides-exé-
cuteurs de Saintes.
Le premier est un certain Pierre Bomacini (ou Bemaciny,
comme il est aussi parfois appelé), dont il est fait mention dans
l'acte de naissance du 23 fructidor an XI, relaté plus haut, rela-
tif à l'enfant né de ses relations avec Marie Héraud, qui cohabi-
tait avec lui, et dont il eut, du reste, plusieurs autres enfants
qu'il reconnut tous et qui sont inscrits également sur les regis-
tres de l'état-civil de Saintes. Cette Marie Héraud était-elle
fille de l'ancien bourreau de ce nom ? Nous ne saurions l'affir-
mer — quoique le fait soit vraisemblable, — tout ce que nous
pouvons dire, c'est qu'il résulte de renseignements qui nous ont
été donnés, que ce Bomacini — qui logeait dans la rue Saînt-
Eutrope, — aurait encore des arrière-descendants à Saintes.
Le second est Joseph-Antoine Deibler, demeurant à Saintes,
faubourg Saînt-Eutrope, rue de l'Eclair, dénommé dans un acte
dressé le 14 mars 1825, par Gilbert, adjoint, pour constater la
naissance de sa fille « Marie-Henriette Deibler, née le môme
jour, de son mariage avec Marguerite-Françoise Royer ». Les
témoins furent Mathieu Spîrkel, flgé de 22 ans, exécuteur des
jugements criminels, et Jean Brunet, âgé de 53 ans, chaudron-
nier, demeurant l'un et l'autre à Saintes.
Deibler (Joseph-Antoine), qui, au moment de la naissance
sus-énoncée, avait 35 ans, dut partir de Saintes à la suite de la
de ces mêmes bois acquis par le nommé Pierre Jhëan, firent, nous a-t-il été
assuré par un ancien habitant du quartier, brôIés par Tacheteur, en signe de
joie, sur le champ de foire, à Tendroit même où l'on dressait la sinistre
machine, et qui était situé, non loin Ju couvent de la Providence, près de la
rue Bernard, et marqué par quatre larges pierres, visibles encore, il y a une
vingtaine d^années, diaprés ce qui nous a été dit par un vieux Saintais.
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— 244 —
loi du 28 avril 1832 et devint plus tard dans la capitale, exécu-
teur en chef, fonction, qui fut successivement remplie par son
fils (qui ne naquit pas à Saintes, conmie on l'a dit souvent par
erreur), puis par son pelit-fils, l'actuel « Monsieur de Paris »
dont la conmiission du budget, à la Chambre des députés, a
refusé dernièrement de maintenir le traitement (Ô.OOO francs),
ainsi que les autres crédits nécessaires au fonctionnement de la
guillotine.
Nous avons été curieux de savoir le nombre des exécutions
capitales à Saintes, depuis l'introduction, dans notre bonne et
paisible cité, du terrible instrument de supplice. Nos recherches
dans les archives du greffe du tribunal de première instance,
mises très aimablement à notre disposition par M. Tapie, gref-
fier en chef, n'ont pu être que bien incomplètes, car nous n'avons
compulsé que les registres à partir de l'année 1833.
Pendant cette période de près de 75 ans, il n'y a eu que sept
condamnés à mort d'exécutés à Saintes ; six sous le régime anté-
rieur au décret du 9 mars 1849, et un seul depuis le décret du
25 novembre 1870, qui, on le sait, n'a conservé qu'un bourreau
unique pour toute la France.
L'échafaud se monta pour la première fois le 16 mai 1835,
et servit à Trapier (Jean), âgé de 53 ans, et à Catherine Thénaud
ou Thénol, sa fenune, âgée de 60 ans, cultivateurs à la Chapelle-
des-Pots, condamnés à mort le 16 février précédent pwur assas-
sinat et complicité d'assassinat. La double exécution eut lieu à
deux heures de l'après-midi, sur la place du Champ de Foire
aux-Bœufs.
Puis vînt le tour d'un nommé Barribas (Jean), âgé de 27 ans,
tailleur de pierres, de la commune d'Aubie (Gironde), condamné
à mort le 21 novembre 1835 par la cour d'assises de la Cha-
rente-Inférieure pour tentative d'assassinat : il fut décapité le
6 février 1836, à une heure de l'après-midi, au même lieu que
les époux Trapier.
Le quatrième supplicié fut le nommé Chassereau (Joseph),
Acre de 45 ans, boucher, demeurant à Soubîse, canton de Saînt-
Agnant, condamné le 20 juin 1841, pour un double assassinat,
suivi d'un vol d'argent et de bijoux, commis sur les personnes
de Madame Lachesnaye, veuve d'un ancien lieutenant de vais-
seau et septuagénaire, et de Pauline Furiany, sa domestique (1).
(1) LMnstnicUon de cette affaire fut faite par M. Eutrope-Hector Magnant,
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- 245 -
Chasscreau expia son crime sur la place du Champ-de-Foire
à Saintes, le 15 septembre 1841, à onze heures du matin (1), ainsi
qu'il appert d*un procès- verbal, dressé au pied de l'arrêt de
condamnation par le sieur Adolphe Dufour, commis-greffier
assermenté près la cour d'assises du déparlement de la Cha-
rente-Inférieure, qui constate le fait en ces termes concis :
« Nous nous sommes transporté sur la place où se font les exé-
cutions en cette ville de Saintes, laquelle place est publique, les
foires y tenant ordinairement ; là étant, nous avons vu le nommé
Joseph Chassereau...; il était conduit par des gendarmes et
ceux-ci l'ont aussitôt remis aux mains de l'exécuteur des arrêts
criminels, après quoi ledit Chassereau est monté sur un écha-
faud et l'exécuteur l'a de suite mis à mort en lui tranchant la
tête. »
Chassereau avait un complice, le nommé Crouall (Honoré),
âgé de 25 ans, boulanger à Soubîse, qui, condamné à mort lui
aussi, vit sa peine commuée en celle des travaux forcés à per-
pétuité. En outre Crouall subit l'exposition publique à Saintes
le 23 octobre 1841, comme le constate un procès-verbal, rédigé
juge dinstruction près le tribunal de première instancA de Marennes. Les
débats furent présidés par M. Jean-Joseph -Hippoly te Barthélémy, conseiller
à la cour royale de Poitiers, assisté de MM. Eutrope-Louis Dangibeaud et
Henri Guilbault. juges au tribunol civil de Saintes. M. Duret (Gabriel-Fran-
çois-Augustin), substitut, occupait le siège du ministère public. Les défen-
seurs des accusés étaient : MM. Vacherie et Limai, avocats, du barreau de
Saintes. (Voir sur MM. Vacherie, né à Saujon,le 15 octobre 1805, mort à Saintes,
le 8 février 1873, et Arsène Limai, né à Saintes, le 10 brumaire an II (31 octobre
1793), mort dans la même ville le 23 juin 1877, les Documents d' Eschàsseriaux-
AadiaUp. 117 et 130, et sur MM. Dangibeaud, Guilbault et Duret, le Tribu-
nal deSàinles. par D. Piet-Lataudrie, p.73). 99 témoins furent entendus dans
cette affaire où Moreau (Étienne-Jules), né à Chortres en 1813, décédé à
Saintes le 13 juillet 1853, greffier en chef du tribunal civil, tenait la plume.
(1) M. Léon Bouyer, bâtonnier de TOrdre des avocats de Saintes, nous a
donné un détail macabre. Il paraît que la tète de Chassereau, après Tezécu-
tion, fut disséquée, en vue d'expériences médicales, par M. le D^* Alphonse
Mestreau, frère de M. Frédéric Mestreau, ancien député de Marennes, ex-séna-
teur de la Charente-Inférieure, et que son crâne resta pendant très longtemps
dans le grenier de ce dernier. Si non e vero... D'après un Rapport fait par
M. de La Morinerie au Conseil général de la Charente-Inférieure sur les an-
ciennes archives du g^fTe du Palais de Justice de Saintes le 15 septembre
1862 (La Rochelle, typ. G. Mareschal, 1862, in-8*>), le crâne de Chassereau se
trouvait à ce moment là dans un local du greffe, servant de dépôt aux pièces
à conviction.
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— 246 —
par ledit Dufour, commis-greffier, et dont nous copions la par-
lie essentielle.
« Certifions nous être aujourd'hui, à onze heures du matin,
transporté sur la place publique où se font les exécutions des
arrêts criminels, où étant, nous avons vu conduire Honoré
Crouaïl qui a été livré, par la gendarmerie, à l'exécuteur des
arrêts criminels qui Ta attaché à un poteau, ayant au-dessus de
sa tête un écrit^au portant, en caractères gros et lisibles, ses
noms, sa profession, son domicile, sa peine et la cause de sa
condamnation ; et qu« Mit Crouaïl a été ainsi exposé aux
regards du peuple, sur ladite place publique, depuis ladite
heure de onze du matin jusqu'à celle de midi. »
T.e cinquième condanmé à mort qui subit sa peine à Saintes,
fut Guyonnet Pierre, âgé de 47 ans, cultivateur à Longève,
arrondissement de La Rochelle, coupable de parricide par
empK>isonnemenl. Condanmé le 30 août 1844, il fut exécuté le 2
novembre suivant à l'heure de midi, sur la place du Champ-de-
Foire également.
Le sixième et dernier guillotiné sous le régime antérieur au
décret du 9 mars 1849, fut le nommé Frugé (Jean), âgé de 30
ans, fabricant d'étoffes à Pons. Les débats de son procès furent
publiés dans YUrdon (1). Nous allons, tant à l'aide du compte
(1) Du jeudi 17 février 18 «5, n» 15. — L'Union paraiisait alors le jeudi de
chaque semaine, depuis le 14 novembre 1844. Ses bureaux étaient à Saintes,
rue des Chanoines (actuellement rue Cuviliers) n<» 11. Les premiers numéros
furent d*ab«rd imprimés à Marennes par J.-S. Raissac ; le journal fut ensuite
imprimé par Lacroix, rue Eschasseriaux (rue de l'Hôtel de Ville) à compter
du 6 novembre 1845, puis par Chavignaud et O*. V. Vallein fut Tun des
rédacteurs-gérants et le demeura jusqu'au jour où, après avoir été candidat à
l'Ajisemblée Constituante de 1848 (il obtint 34.000 suffrages dans le départe-
ment de la Charente-Inférieure), il le quitta pour fonder Vlndépendant de la
Charente-Inférieure f dans les premiers jours de mai 1848. VUnion prit, vers
cette même époque, la dénomination d'Union Aépnbltcaine, compta parmi ses
gérants Guédon, avocat, et eut comme directeur politique Gaudin, commis-
saire-adjoint du gouvernement provisoire, que les électeurs de la Charente-
Inférieure envoyèrent siéger à la Constituante comme député. Les bureaux
furent alors transférés chez M. H. Chappare, rue du Bois-d* Amour. Cette
feuille semble avoir cessé de paraître après le coup d*état du 3 décembre
1851. Après une très longue suspension, le journal ressuscita pendant quel-
que temps sous le nom d'Union républicaine de la Charente-Inférieure et de
la Dordogne, le 2 janvier 1875. Imprimé par P. Amaudry, rue de la Comédie,
son rédacteur en chef était M. E. Bruand. Charles Magné y publiait aussi
parfois des articles ou des poésies. Le bruit de sa mort s^étant un instant
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— 247 —
rendu, paru dans ce journal, qu'en nous servant de pièces du
dossier, donner une brève relation de cette affaire qui, à ce
momenl-là, passionna tous les esprits.
Frugé était accusé par la rumeur publique d'avoir, au moyen
de l'instrument agricole, dit, en langage du pays, bedochon, tué,
dans la nuit du 3 au 4 décembre 1844, le sieur François Bibard,
son beau-père, âgé de plus de 70 ans, avec la complicité de Marie
Gautier, veuve Frugé, sa mère. L'instruction de l'affaire fut
faite par M. Eutrope-Louis Dangibeaud (1), juge d'instruction
à Saintes : elle confirma les soupçons portés sur les deux accu-
sés, qui furent renvoyés le 25 février 1845, devant la Cour d'as^
sises de la Charente-Inférieure, présidée par M. Labady, con-
seiller à la Cour de Poitiers, ayant pour assesseurs MM. Sa»-
vary (2), président du tribunal civil et Lesueur (3), juge au tri-
bunal civil de Saintes. Vingt-cinq témoins furent entendus,
parmi lesquels MM. Rigaud, maire et médecin à Pons, et le
docteur Ardouin Léon, son confrère de la môme ville, qui avaient
été appelés à faire les constatations médicales. Il résulta des
dépositions des principaux témoins, qu'il suffira de résumer,
que l'accusé Frugé, qui était en mauvaises affaires par suite
de la nécessité où il était de vendre ses marchandises au-dessous
de leur valeur depuis que le développement de la grande fabri-
cation avait ruiné son commerce, tenait par un sentiment d'or-
gueil à désintéresser tous ses créanciers et avait pris la résolu-
répandu, VUnion républicaine, dan» son numéro du 10 avril 1876, inséra un
article nécrologique en vers, siarnë: r Un ami intime de fen Charles Magné p,
dont nous détachons ce fragment :
Il rimait fort, mais pas très fort ;
Il rimait comme tout le monde,
Sans grand mérite et sans effort,
Gomme un bavard qui vous endort
Par sa prolixité féconde.
(1) M. Eutrope-Louis Dangibeaud, né à Saintes, le 13 fructidor an TX (30
août 1801), décédé même ville le 5 mars 1849. Auteur de la curieuse plaquette
intitulée Saintes au XVI* siècle (Evreux. imp. Auguste Hérissey, 1863)*et des
Délibérations du corps de ville de Saintes (Consulter à ce sujet Touvrage de
M. Gh. Dangibeaud, Mes ascendants, mes parents, mes alliés (MAcon, 1902,
imp. Prolat frères).
(1-3) M. Pierre-Hector- Victor Savary, né à Saintes, le 14 décembre 1798.
mort dans cette ville le 4 janvier 1867. Lesueur (Victor-Onésime), né à Mor-
tagne (Vendée), mort A Poitiers vers 1860, conseillera la cour d'appel de cette
ville. (Voir Piet-Lataadrie^ loc. cit., p. 64 et 67).
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— 248 —
tion de donner la mort à son beau-père, parce que celui-Ksi, qui
connaissait sa position obérée, l'avait menacé de faire passer ses
biens sur la tôte de ses petits-enfants pour soustraire son patri-
moine à l'action des créanciers de son gendre.
M. Tortal, procureur du roi (1), qui soutenait l'accusation,
conclut à la nécessité d'un grand et salutaire exemple. Le défen-
seur de Frugé, M. Limai, dans une brillante plaidoirie, s'adres-
sant aux jurés « au nom de la raison et de la philosophie, dont
le triomphe doit consacrer un jour l'abolition de la peine de
mort », après avoir invoqué la moralité antérieure de son client,
qui était intacte et sa conduite irréprochable, s'écriait en fai-
sant allusion à ses aveux, à ses regrets : « Messieurs les jurés
doivent faire une grande part à la pitié en jugeant un homme
qui montre le plus grand repentir et ne pas oublier que :
« Dieu flt du repentir la vertu des mortels. »
M. Garnier, l'avocat de la veuve Frugé, sollicita en sa faveur
le bénéfice des circonstances atténuantes.
Frugé fut condamné à la peine capitale et sa mère aux tra-
vaux forcés à perpétuité ot à l'exposition publique.
« Après le verdict du jury, dit YUnion (n* du 27 février 1845),
la veuve Frugé marchait la figure toute décomposée par la dou-
leur ; son fils la suivait embrassant une croix attachée à un gros
chapelet qu'il tenait dans ses mains. »
Ce môme journal, dans son compte rendu des débats, faisait
suivre le résumé qu'il avait donné du réquisitoire du procureur
du roi, de ces réflexions : « Suivant nous, Tinlérôt de la société
ne doit nullement préoccuper MM. les jurés qui sont appelés
seulement à décider si, dans une circonstance donnée, un indi-
vidu donné est coupable de tel ou tel fait particulièrement déter-
miné. L'intérêt de la société est un épouvantaîl à l'usage du
ministère public dont MM. les jurés ne doivent avoir nul souci. »
Frugé reçut le châtiment suprême le 10 avril 1845, à 11 heures
du matin, sur la place du Champ-de-Foire, où sa mère avait
déjà été exposée le l** mars précédent.
La tradition veut que Frugé ait assisté à rexéculion du
(1) M. Antoine Tortat est le père de M. Emile-Augustin-Léon Tortat, qui
lui-même fui juge au tribunal civil de Saintes, après avoir été juge de paix
du canton sud de Saintes, et grand-père de M. Gaston Tortat, actuellement
juge à Saintes. (Voir Piei-Lataudriê, loe. cit., p. 70 et 73).
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— 249 —
parricide Guyoïmet, relatée plus haut* Les adversaires de la
peine de mort s'en sont emparé pour faire remarquer que. la
vue des derniers moments de ce criminel n'avait pas empêché
Frugé d'assassiner son beau-père, et ils s'en font un argument
pour contester Tefiicacilé de ce mode sanglant de répression.
Un journal local, le Moniteur de la SairUonge s'est même fait
Técho de celte croyance populaire, dans son numéro du 11
novembre 1886, où, après avoir fait le récit de l'exécution de
Furet, dont il sera parlé plus loin et avoir rappelé certaines
exécutions antérieures, il ajoute : a Détail étrange qui suivit
l'exécution du parricide Guyonnel, le nommé Finigé qui y assis-
lait, en fut si peu impressionné que le jour même^ à peine ren-
tré chez lui, il tua son beau-père d'un coup de fusil.
Cet article, paru sous les initiales A«-A« Z. (Albert-Adolphe
Zamanski), contient une double erreur. L'instrument du meurtre
était, on Ta vu plus haut et l'acte d'accusation auquel le rédac-
teur aurait pu se référer le dit expressément, une pioche ou
bedochon^ et non un fusil, et, d'autre part, le crime ne fut com-
mis que près d'un mois plus tard, dans la nuit du 3 au 4 décem<
bre. Sans nous arrêter à ces légers détails, nous avons voulu
nous rendre compte par nous-même de l'exactitude de Tinfor-
mation, et nous avons pris la peine de lire soigneusement les
pièces du dossier. Cet examen nous a convaincu que le fait
avancé n'était qu'une pure légende. Rien dans les débats de
l'audience, ni dans les témoignages recueillis au cours de Tin-
formation, n'établit la prétendue présence de Frugé au sup-
plice de Guyonnet. Ce qui fortifie encore notre conviction c'est
le silence, gardé par YUnion, dans son compte rendu du procès,
car il ne paraît pas vraisemblable que ce journal n'eût fait
aucune allusion à un incident, qu'il n'aurait pas manqué de
signaler s'il s'était réellement produit lors d'une affaire qui pas-
sionnait alors si vivement l'opinion publique.
Ce n'est que plus de quarante-etrun ans après l'-expiation subie
par Frugé, c'est-à-dire le 11 novembre 1886, que le rouge écha-
faud s'est élevé pour la septième et dernière fois à Saintes,
depuis 1835. Celui qui l'arrosa ce jour-là de son sang était un
jeune homme de 29 ans, Emile Furet, dit Auguste, cultivateur
à SaintrPallais de Négrignac, canlon de Montlieu. Tous les
journaux de Saintes donnèrent longuement le compte rendu de
cette afTaire, ainsi que de l'exécution, qui suivit la condamna-
tion à mort prononcée contre lui. Nous allons, à l'aide des piè-
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— 250 —
ces du dossier, faii*e un bref résumé de ce procès, qui eût un
grand retenlissement dans toute la région.
Une vieille femme de 8Ô ans, là veuve Sebillaud, née Jeanne
Benassit, ayant été trouvée étranglée le 26 mars 1886, dans son
domicile à la Font-des-Hérauds, commune de SaintrPallais de
Négrignac, et un vol d'argent important (plus de 5.000 f r.), ayant
été constaté chez elle, les soupçons se portèrent inmiédiatement
sur le sieur Furet, son voisin et son filleul, accusé par la rumeur
publique. Arrêté presque aussitôt, cet individu réussit à tromper
la surveillance des gendarmes qui le gardaient, et à prendre
la fuite à travers champs, ayant encore les menottes aux mains.
Il conçut ensuite un plan machiavélique pour détourner les soup-
çons qui pesaient sur lui. Ayant fait connaissance, pendant
qu'on le recherchait, d'un jeune homme, resté inconnu, il par-
vint à l'attirer et à le tuer, dans la nuit du 15 au 16 avril 1886,
dans un endroit désert, au Mâs-des-Anglades, près Perpi-
gnan, d'un coup de revolver à la tête ; puis il glissa dans
ses vêtements un calepin sur les pages duquel était
écrite une longue confession, signée : «Bertrand, âgé de 24
ans, voyageur çan papiers », dans laquelle ce dernier reconnais-
sait être le seul auteur de l'assassinat de la veuve Sebillaud et
recommandait à la justice du pays de ne pas inquiéter son voi-
sin, qui était innocent de ce crime. Pour faire croire à un sui-
cide, le meutrier avait laissé près du cadavre de la victime, le
revolver qui lui avait servi à lui donner la mort et dont un seul
coup avait été tiré. Sans raconter les péripéties de la poursuite,
mentionnées dans les comptes rendus des journaux de l'époque,
nous nous Ixxmerons à rappeler que ce fut le brigadier de gen-
darmerie de Montlieu, Jean-Victor Sauvion, qui réussit à retrou
ver les traces de Furet et à Tarrôter à Bordeaux, grâce à un
ingénieux stratagème.
Après une longue et remarquable instruction faite par un
magistrat distingué, M. Duret (1), juge d'instruction de Tarron-
dissement de Jonzac, Furet fut renvoyé devant la Cour d'assises
de la Charente-Inférieure, présidée par M. Moreau (2), conseil-
(1) M. Charles Duret, né à Jonuc, le 33 novembre 1853, après avoir été
juge d'instruction à La Rochelle (29 janvier 1898) est depuis le 30 décembre
1899, président du tribunal civil de Liboume.
(3) M. Moreau (Paul), né à Civray le 3 février 1833, chevalier de la Légion
d*honneur, mort vers 1903. Ce tait le type du vrai président d'assises.
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— 251 —
1er à la Cour d*appel de Poitiers, assisté de MM* Bonneau, juge,
et Paul Brunaud, avoué, juge suppléant au tribunal civil de
Saintes, ce dernier remplaçant M. Paillier, juge titulaire, asses-
seur, empêché pour cause de maladie.
L'affaire vint à l'audience du 14 août 1886. M. Lefaverais,
procureur de la République à Saintes (1), soutint l'accusation
dans un réquisitoire sévère et énergique, et, dans une pérorai-
son foudroyante, il adjura le jury de faire son devoir « avec
fermeté et confiance » et de rendre un verdict impitoyable.
M. Marcel Baron, avocat à Saintes, défenseur de l'accusé, pro-
nonça un émouvant plaidoyer, et adressa un magnifique appel
à la miséricorde des jurés : « Vous ne voudrez pas, s'écria-t-il,
immoler ce jeune homme...; vous ne retournerez pas dans vos
familles avec ce poids chargeant vos souvenirs : j'ai condamné
un homme à mort. C'est à Dieu qu'appartient ce droit suprême
d'enlever la vie, lui seul est le juge souverain, lui seul le jugera
comme il nous jugera tous. » (2)
Le jury fut inexorable ; il refusa les circonstances atténuan-
tes à Furet contre lequel la Cour prononça, comme conséquence
nécessaire, la peine capitale.
Le condamné forma contre l'arrêt qui le frappait un pourvoi
en cassation, que la Cour suprême rejeta le 16 septembre 1886.
Ce ne fut pourtant que le 11 novembre suivant, c'est-à-dire près
de deux mois après cette décision, que Furet, extrait de sa cel-
lule, fut conduit sur <( le Pré Leroy », où il fut exécuté par Dei^
bler, le fils de l'ancien aide du bourreau de Saintes, vers 6 heu-
res et demie du matin, au milieu d'une foule énorme, accourue
de toutes parts. Son corps fut inhumé dans un emplacement
situé dans un terrain vague derrière la Poudrière, quartier
Saint-Vivien, et réservé de longue date aux condamnés à mort.
Nous reproduisons, à titre documentaire, le procès-verbal
officiel de l'exécution :
« Nous, Emile Lalreuille (3), greffier en chef de la Cour d'as-
sises de la Charente-Inférieure, séante à Saintes, nous sommes
(1) M. Auguste Lefaverais, né à Loulay-l'Abbaye (Orne), le 15 janvier 18M,
était procureur de la République à Saintes depuis le 7 août 1885. Il devint
ensuite substitut du procureur général près la Cour d*appel de Ntmes le 38
mars 1887, puis avocat général à Amiens le 39 juillet 1896, où il est encore
actuellement. (AnnuAire de U màgUtrMture de 1907).
(3) Le Moniteur de U Sàintonge des 15 et 19 août 1886.
(3) Nommé en 1903 greffier-notaire à Kotonou (Dahomey).
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Iransportô ce jour, 11 novembre 1886, dans une chambre, ayant
vue sur la place publique, appelée « Pré le Hoi )», sur laquelle
doil avoir lieu Texéculion de Furet Emile, dit Auguste, etc.; y
étant à 6 heures du matin, certifions à qui de droit que ledit
sieur Furet, Emile, a été amené par des gendarmes sur ladite
place ; qu'aussitôt l'exécuteur des arrêts criminels s'en est
emparé, l'a fait placer sur un échafaud et l'a immédiatement mis
à mort en lui tranchant la tôte. »
Nous extrayons aussi des comptes rendus de l'exécution,
publiés par les journaux saintais, les passages suivants :
« Le ciel couvert de sombres nuées, éclaire d'un jour blafard
la guillotine, entourée de gendarmes, et qui se dresse au milieu
d'un parallélogramme d'environ cent mètres de long sur soixante
mèlres de large formé par la troupe.
« Des milliers de personnes sont là (plus de 3.000), qui atten-
dent sous la rafale le sinistre spectacle. On piétine dans une
boue liquide de plusieurs centimètres d'épaisseur. On risque des
rhumes formidables, des bronchites, des pleurésies, qu'importe !
On est avide de voir tomber la tôte d'un homme.
a ...Le bourreau presse un bouton, le couteau glisse, rapide
comme l'éclair, le long des portants de la machine, on entend
un bruit sourd et comme un jaillissement d*eau qui tombe ; c'est
fmi. La justice des hommes est satisfaite... »
(^Indépendant de la Charente-Inférieure du 13 novembre
1886).
a Soudain la voiture se montre sur la place de l'exécution.
Furet en descend soutenu par les aides ; sa pâleur a augmenté,
et, la tôte inclinée, d'un air de profonde résignation, il regarde
d'un regard qui semble fasciné, d'un regard d'hypnotisé en
quelque sorte, la sinistre machine, au pied de laquelle il se
trouve. Le silence est profond, morne, on sent que la foule
anxieuse attend le lugubre dénouement qui se prépare et sur
lequel elle n'a pas le temps de réfléchir, car, avec la rapidité
d'un éclair qui traverse l'atmosphère, Furet, à côté de l'aumô-
nier de la prison (M. l'abbé Braud), qui l'abandonne aux aides,
est poussé sur la bascule et un bruit sourd, le bruit du coupe-
ret qui tombe, annonce que la justice humaine est satisfaite...
Il est 6 heures 40 minutes du matin, y^
(Le Rappel CharentcUs (1) du 15 novembre 1886).
(1) Ce journal exista à Saintes du !•' janvier 1876 à la fin de mai 1898. Il fut
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« La guillotine est souillée de sang, la vue de cet instrument
repoussant inspire le plus grand dégoût. Une heure après oe
drame épouvantable, la machine était démontée, mais le souvenir
restera longtemps gravé dans la mémoire de ceux qui ont assisté
aux préparatifs et à la fin de ces terribles représailles que néces-
site le salut de la société. »
(Le Moniteur de la Saintonge du 11 novembre 1886).
Comme cela devait être, une complainte fut composée au sujet
du crime do Furet. Elle est « en 57 couplets et rimée par un
paysan des environs do Jonzac », est-il dit en tête. Elle fut impri-
mée par M. Hus, rue Saint-Michel, 13, qui a bien voulu nous
communiquer un exemplaire de cette « œuvre poétique », dont
l'auteur est, paraîtril, un licencié en droit, M. Eliacin Chevreux,
fils d'un ancien magistrat et parent de M. Savary, l'ancien prési-
dent du tribunal de Saintes.
Nous croyons curieux de transcrire quelques couplets de cette
longue et amusante chanson populaire :
Ecoutez, gens de Saintonge
Et d'Angoulême et d'Aunis,
Le récit fait sans mensonge
De deux forfaits inouïs.
Cest dans un petit village
Nommé la Font-des-Hérauts,
Que Furet, homme peu sage.
Sans se servir de couteaux,
Sur sa marraine assoupie
S'est jeté un beau matin,
A la gorge Ta saisie.
Sur sa bouche a mis sa main.
La vieille est morte étouffée.
Car pour voler son magot
Son filleul Tavait tuée.
Cest un coquin mais pas sot
imprimé par MM. Loychon et Ribéraud, puis par M. Ribéraud seul depuis
le mois de février 1891. M. D. Rondelaud, avocat, en fut le directeur politique
du 1*' janvier 1897 au 30 mars 1898. Il eut comme rédacteurs MM. E. Nou-
veau, aujourd'hui rédactem* en chef de la Consiiiuiion, de Cognac, et J.-H.
Rive, rédacteur en chef du Libéral de Jonzac (dénommé actuellement la
République Agricole), M. Edmond Maguier, de Thenac, y publia un certain
nombre de charmants sonnets. Les bureaux du Rappel Chareniais étaient à
Saintes, rue de la Comédie, n* 5.
BolUti». 17
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Les cinquante-trois autres couplets sont de la m6me force.
Pour en finir avec un sujet singulièrement triste, mais néan-
moins intéressant, nous dirons quelques mots au sujet du choix
du lieu de Texécution.
On a pu remarquer que toutes les exécutions antérieures à
celle de Furet, depuis Tépoque mentionnée dans les registres du
greffe qu'il nous a été possible de consulter (1835), avaient été
effectuées sur la place du Champ de Foire aux Bœufs ; sous la
Révolution, on dressait Téchafaud sur la place Blair (alors place
de la Liberté) ; ce qui avait fait choisir le Champ de Foire, c'est
qu'il était plus isolé, moins entouré d'habitations que cette der-
nière place. M. Paul Brunaud, premier adjoint faisant fonction
de maire en l'absence de ce dernier (M. le comte Anatole Lemer-
cier), considérant que le « Pré Leroy » était plus séparé des mal-
iens et surtout plus voisin que le Champ de Foire de la prison,
et permettait ainsi d'éviter au lugubre cortège la traversée de la
ville, désigna, par arrêté du 10 novembre 1886, le Pré Leroy
conrnie emplacement de la guillotine, qui devait servir à Furet (1),
Un dernier détail au sujet de l'heure matinale choisie pour le
supplice de Furet. Avant lui, — on l'a vu, — tous les condam-
nés à mort subissaient le suprême châtiment dans l'après-midi,
au grand jour, en plein soleil. A cette époque, on donnait du
retentissement aux exécutions ; elles étaient annoncées plusieurs
jours à l'avance, et les cloches des églises des différentes
paroisses sonnaient le glas funèbre, au moment du dépari du
condamné, de la prison au lieu du supplice.
Aujourd'hui, nos exécutions publiques « se font en tapinois »,
selon le mot énergique de Victor Hugo (2). L'infâme machine,
avec son ignoble panier sanglant se cache. Tout le vieil écha-
faudage de la peine de mort a disparu.
Etait-il donc prophète, le grand poète, l'immortel penseur,
quand il écrivait :
« L'édifice social du passé reposait sur trois colonnes : le prê-
tre, le roi, le bourreau. Il y a déjà longtemps qu'une voix a dit :
Les dieux s* en vont ! Dernièrement, une autre voix s'est élevée
et a crié : Les rois ^en vont ! Il est temps maintenant qu'une
troisième voix s'élève et dise : Le bourreau s*en va ! » (3)
(1) RegUtre des arrêtés de U municipalité de Saintes.
(3) Les derniers jours d'un condamné, p. 8. Paris, Htiiel.
(3) W., p. Il et 12.
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— 255 —
Certes, nous aussi nous désirons sincèrement que la page rouge
soit enfin arrachée de notro Code pénal, que le sombre auxiliaire
d^ la justice humaine disparaisse à jamais, mais nous voudrions
auparavant entendre une quatrième voix s'élever et dire : Le
crime s* en va !
Edmond Guérin.
II
LA MUNICIPALITÉ DE SAINT -SATURNIN DE SÉCHAUD
(Suite).
Troisième municipalité épurée.
Jo soussigné, fondé des pouvoirs de Lequynio, représentant du
peuple, à l'effet d'épurer les autorités constituées du district de
Xantes, ay nommé les citoyens cy-dessus, pour former à l'avenir
le conseil général de la commune de Saint-Sorlin, après que les
citoyens ont été individuellement passés au creuset de la société
populayre du chef-lieu du canton de ce lieu en présence du peu-
ple et des communes du canton assemblées à cet effet. Sainte
Sorlin, le 20 pluviôse Tan 2* do la république une et indivisible.
J'ay enjoint à la municipalité de cotter et parapher son registre. )»
Lériget.
Cet arrêté est précédé d'une liste où figurent tous les officiers
municipaux en charge, sauf François Micheau, dont le nom est
raturé, et tous les notables, sauf Jean Gouyneau et André
Richard, dont les noms sont raturés, et Ouvrard, auquel, le
même jour, un certificat de civisme est accordé à l'unanimité.
On voit toutefois, le 23 prairial an III, Micheau, officier muni-
cipal et officier public, démissionner pour se fixer sur un
domaine acheté de la nation, au Mung.
Le 10 brumaire an IV, Etienne Berton est nommé officier d'état
civil. Le 30 pluviôse an III, le secrétaire est augmenté de 100 1.
vu la cherté.
Le 17 brumaire an IV, on fait rendre les comptes aux « rece-
veurs de deniers ». On redoit au percepteur de 1791 21 livres
13 sols 10 deniers. L'ex-maire Gaudin doit et paie 323 livres
6 sols. Vigneau,receveur de 1792-1793, 293 livres 6 sols 9 deniers.
On paie à Boucherit 24 livres 3 sols. Collas, maire, reste rede-
vable de 207 livres 16 sols et les paie. Les receveurs des amendes
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— 256 —
de 1792-1703 et du pacage rendront leur compte à la nouvelle
municipalité.
Le 20 brumaire an IV, clôture du registre pour être remis avec
le « dépôt sacré des loix, titres », à « l'administration municipale
du canton i>.
Le 10 floréal an II, on paie 12 livres 12 sols pour la plantation
de Tarbre de la Liberté. Le 30 pluviôse an III (vu la loi du 4 et
l'augmentation des denrées et du travail), on accroît de 100 livres
le traitement du secrétaire. Le 5 vendémiaire an IV, on alloue
40 livres pour construction de Tenceinte de l'arbre de la Liberté
et réparation à la prison, le 3 brumaire, 160 livres à Girardin,
pour avoir recensé les grains en vert de la commune; « à l'époque
où s'est fait le recensement, il était juste de lui allouer 40 livres
par jour » (sans doute en assignats 7).
Juge de paix. — Le 30 pluviôse an II, le conseil installe Gallo-
cheau fils (Barthélémy), nommé juge de paix par le district le 26,
et reçoit son serment ; copie de la lettre de nomination à « sa
place qui remplie sans partialité contribuera au bonheur et à la
tranquillité de ses concitoyens », nomination faite « d'après le
vœu des communes respectives du canton ». Le 3 germinal, le
conseil nomme ses assesseurs. Couturier et Pierre Menet, bou-
langer, pour la commune ; le 6 brumaire an III, Girardin, gref-
fier de la commune et du juge de paix, opte pour ces dernières
fonctions.
Recrutement. — Le 17 ventôse an III, sur réquisition du syn-
dic des gens de mer, envoi sous escorte de deux gardes natio-
naux, à l'agent maritime de Rochefort, du matelot Châtaignier,
arrêté à Crazannes. Le 29 thermidor an III, enregistrement de
l'arrêté du département du 8 messidor, reçu le 25 thermidor,
défendant aux municipalités de distraire des militaires de leur
corps sous prétexte de l'utilité de l'agriculture, à peine de pour-
suites, ordonnant de les faire conduire, pourvus ou non de tels
certificats, même étrangers à la commune, au district, de pour-
suivre les déserteurs. « Le moindre ménagement envers les
lâches serait regardé comme une complicité qui entraînerait con-
tre elles (les municipalités) des peines sévères et une ignominie
ineffaçable ». Signé : Gabet, Ardouin, Bouyer, Chaigneau,
Jacques Le Roux, Roy, P. Hect. Savary, administrateur^ Leval-
Lois, procureur général syndic, Emond, secrétaire général.
Instituteurs. — Joseph, instituteur, reçoit, le 27 vendémiaire
an III, un mandat sur Delage, receveur du district, de 204 livres
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— 257 —
3 sols 4 deniers, pour trois mois d'école de 52 enfants ; le 12 plu-
viôse, de 103 livres 6 sols pour un nwis ; Marie Octeau, un de
55 livres pour quatre mois d'école. Pierre Joseph, confirmé le 22
par le district, prête serment ; le 10 ventôse, serment de Claire
Yonnet, institutrice nommée par le jury d'instruction, confirmée
par le district; le 23 prairial an III, avis au district du décès de
Joseph, instituteur salarié par la nation.
Comité de surveillance, — Le 10 ventôse an II, on lui alloue
9 livres pour avoir une table.
Le 20 prairial an II, l'agent national de la commune requiert
l'exécution de la loi du 9 floréal sur les jeunes gens de la pre-
mière réquisition qui ont abandonné leur poste. Le 25, on cons-
tate que quelques-uns n'ont pu rejoindre leurs bataillons, attendu
leurs maladies ; ils sont convoqués pour être renvoyés à leurs
corps, ou visités s'ils allèguent des maladies et renvoyés devant
les officiers de santé nommés par le directoire du district. Le 27,
Coiffé, commissaire du district, sur rapport de Lelouis, officier
de santé, en renvoie un dans ses foyers, « atteint d'une luxation
au pied rendant le service impossible ». On ajoute que lorsque
les agents militaires l'ont renvoyé avec un tel certificat d'infir^
mité, « le comité de surveillance du Port d'Envaux ne peut con-
trarier ce renvoi, parce que ce n'est pas de sa compétence, ainsi
il voudra bien laisser jouir ce particulier de l'exception qui lui
est accordée à cause de ses infirmités, 6 nivôse an II. Hillairet,
vice-président. » Le 30, enregistrement d'un certificat semblable
accompagné d'une lettre analogue à la précédente du 4, portant:
« Le directoire du district, qui a pris communication de l'arrêté
pris par le comité de surveillance du Port d'Envaux, l'invite à
laisser tranquilles tous les citoyens de sa commune qui se trou-
veront munis d'exceptions fondées sur la loi et émanées des auto-
rités constituées qui en ont le droit. » Le 30 prairial an II, appelé
à la maison commune, il accepte la nomination de Couturier,
agent national, et y consent avec enthousiasme. Le 12 prairial
an III, mandat de payement de 4 livres 18 sols 6 deniers à Cou-
turier, Violleau et autres, ci-devant membres du comité de sur-
veillance, pour dépenses de bureau.
:^ociété populaire, — Le 20 pluviôse an II, le conseil avait été
passé à son « creuset » lors de l'épuration. Le 10 germinal, qua-
tres commissaires demandent en son nom la taxe des vins en débit
dans les cabarets ; le 16, on taxe la pinte de vin rouge à 15 et
12 sols, blanc, 10 sols, mesure de Taillebourg usitée depuis très
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— 268 —
longtemps dans la commune : Tarrèté sera publié et affiché décadi
au Temple do Vérité. Le 20 prairial an II, elle envoie au conseil
quatre commissaires inviter la municipalité à faire placer le bon-
net de la Liberté sur la tour du Temple de la Raison, et le 20
messidor, elle envoie Gallochoau, juge de paix, et E. Yonnet,
l'inviter à publier de nouveau, décadi prochain, l'arrêté du dépar-
tement relatif aux individus qui affectent de chômer le dimanche
et travailler le décadi, et à en surveiller l'exécution.
Le 4 germinal an III, elle se joint à la municipalité pour faire
acheter des grains pour 6 ou 700 individus qui en manquent, par
Etienne Berton.
Eglise. — Le 30 pluviôse an II, on ouvre lo tronc qui contient
4 sols ; le 10 germinal, mandat de 37 livres 17 sols au menuisier
pour travaux au Temple de Vérité ; le 12 floréal, envoi au district
des ornements : 13 nappes, 13 surplis et aubes, 57 purificatoires
et lavabos, 6 rideaux rouges, un jaune, un vert, 4 tours de daix,
16 couvre-calice, 8 ornements complets de couleurs, 3 devants
d'autel, une bannière en soie, 4 grandes étolos, 2 cordons blancs;
le 20 prairial, la société populaire demande qu'on place sur la
tour le bonnet de la Liberté ; le 20 germinal, on affermera les
jardins du ci-devant presbytère occupé par la municipalité.
Réquisitions à la municipalité, — Le 29 prairial an II, Lériget,
agent national du district, en tournée pour s'assurer de l'exécu-
tion des lois, écrit de sa main les réquisitions suivantes :
« 1** Que sous vingt-quatre heures pour tout délay il fut mis
sur le frontispice du temple de la Raison ces mots : Le peuple
français reoonoit l'existence de l'être suprême et l'immortalité
de l'âme ;
2** Que l'agent national fit son option entre la place d'agent
national de la commune et celle d'invStructeur de la jeunesse ;
3** Que la municipalité prit les mesures les plus promptes et
sûres pour faire couper les broussailles, herbes, et tout ce qui
peut être propre à fayre des cendres propres à la fabrication du
salpêtre dont on a le plus pressant (besoin) et fayre brûler le
tout, les frais seront payés ;
4** J'ay requis la plus prompte exécution de toutes les loîx,
surtout de celles tendant à procurer les secours dus aux parens
indigens des défenseurs de la patrie, de l'instruction publique,
de la fabrication la plus prompte du salin de baltalz (?) et de tout
ce qui peut hâter la fabrication du salpêtre. »
(Le 30, Joseph optant pour les fonctions d*inslîtuteur, on
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— 259 —
nomme à l'unanimité agent national Couturier, après s'être fait
approuver par le comité de surveillance.)
Le 20 ventôse an III, mandat au menuisier de 15 livres pour le
tableau apposé à la porte du temple.
Lettre du district. — Le 20 messidor an II, affiches dane le
temple de la Raison ; le 26 messidor, enregistrement d'une lon-
gue lettre du directoire du district, signée Vanderquand, vice-
président, Gautret, Moreau, Hillairot, Lériget, agent national,
Godet, secrétaire général qui doit être lue pendant deux décades
dans la tribune. Plusieurs municipalités ne publient pas à son
de trompe ou de caisse dans les vingt-quatre heures de leur
réception les lois ni tous tes décadis au lieu où se réunissent les
citoyens. « Cette négligence est un crime (que la loi du 14 fri-
maire) nous oblige de dénoncer aux comités de sûreté générale
et de salut public. » Les agents nationaux chargés de rendre
compte chaque décade au^^dislrict des opérations de leurs muni-
cipalités et de requérir exécution des lois, oublient la responsa-
bilité qui pèse sur leurs têtes ; « qu'ils réfléchissent un instant
après la lecture de cette loi qui a sauvé la République, et ils ver-
ront son glaive prêt de les frapper ! » Vous n'avez peut-être pas
publié l'arrêté du comité de salut public du 11 prairial, mettant
en réquisition tous les ouvriers accoutumés à la culture de la
terre. « Des êtres indignes de la liberté promènent, certains jours
de la décade, une oisiveté nuisible à l'agriculture, aux mœurs
républicaines et à la propagation des vrais principes plats
valets des nobles, des rois et des autels de la superstition que les
républicains ont foulé sous leurs pieds. » L'agriculture languit
dans plusieurs parties du territoire... les veuves, les pères des
défenseurs de la patrie manquent de bras pour cultiver leurs pro-
priétés et vous avez des cultivateurs qui sont quelquefois deux et
trois jours sans travailler. « L'arrêté du comité de salut public
met tous les ouvriers en réquisition, c'est à vous de les requérir
el de nous dénoncer de suite celui ou celle qui refusera son tra-
vail, surtout si c'est un de ces jours où ils ne veulent rien faire,
ou tout autre, pour que nous les fassions arrêter à l'instant et
traduire au tribunal révolutionnaire... Songez que la plainte de
la veuve ou du père d'un défenseur de la patrie qui nous serait
faite vous rendroît coupables et que vous serez vous-même©
dénoncés à l'instant. »
Le 7 fructidor, mandat de 20 livres 6 deniers au maréchal pour
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— 280 —
ouvrage fait aux deux priions, maison commune, temple de la
Vérité.
Le 3 messidor an III, on afferme à Girardin 35 livres les jar-
dins et cour du ci-devant presbytère ; le 25, il se plaint de dégra-
dations et mauvais entretien.
Eglise. — « Du 10 thermidor. Aujourd'hui, 10 thermidor,
Tan III de la république française une et indivisible, devant nous,
maire et offlciers municipaux de la commune du Port d'Envaux,
sont comparu les citoyennes Deschamps, veuve Babin, Margue-
rite Babin, femme Piocheau, et autres habitans du lieu de
Séchaud, présente commune, qui ont demandé à ce qu'il leur
soit permis de sonner le réveil du matin et d'entrer librement
dans le temple pour y exercer leur culte ; ce que nous leur avons
permis, sans cependant entendre les garantir de ce qu'il pouroit
s'en suivre. Fait et arrêté le jour et an cy-dessus.
« Collas, meure, Girabdin, secrétaire. )i
Suspects. — Le 28 pluviôse an II, remise à la municipalité de
Durand, arrêté à Savignen pour propos inciviques tenus dans la
salle commune, conduit par Drouet, capitaine de la garde natio-
nale de Savignen du Port ; 7 ventôse, réquisition d'un cheval et
un manteau à Trévalet, homme d'affaires de la veuve de Saînt-
Dizant ; 7 germinal, la citoyenne Couturier épouse de Lévesquot
fils, gérant les biens de son beau-père, déclare qu'il possède
cinq journaux de vigne qu'il est impossible de faire èultiver
faute d'ouvriers ; le 16 germinal, on écrira à l'administration
pour savoir si les bois de Lévesquot fils, déporté, et de son père,
en état d'arrestation, peuvent être considérés comme bois natio-
naux; 25 prairial , enregistrement de la vente faite le 24 novem-
bre 1787 par la veuve Sary de Saint-Dizant, demeurant à Xantes,
de coupe des Chaboissières et des deux Vergnées, payables en
1793 et 1795, dont moitié du prix reçu par elle à Xantes, le 30
novembre 1793 ; 17 germinal an II, défense d'enlever les pla-
cards sous peine d'être regardé comme suspect et dénoncé aux
tribunaux révolutionnaires.
Le 26 messidor, réception de lois, dont une punissant de mort
le commandant d'un vaisseau au poste duquel la ligne se trou-
verait coupée, et de l'affiche des biens nationaux provenant des
émigrés La Rochetaud (sic) et Turpin ; le 10 fructidor, Marie-
Thérèse Violleau, veuve d'Etienne Berton (en vertu de la loi du
9 ventôse que le district n'a publiée que le 24 thermidor), déclare
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— 86t -
avoir affermé dos prés de Damblimont du Bougeai (T), émigré,
180 livres, dont le régisseur dira si elle a payé.
Le 10 vendémiaire an III, enregistrement de l'autorisation don-
née le 26 thermidor an II,d'après celle du représentant du peuple
Gamier, à la citoyenne Marie Sary, veuve Michel Saint-Dizant,
d'aller sur son bien de Panlois, sous la surveillance de sa munici-
palité, sans que cette surveillance puisse l'empêcher de retourner
à Xantes ou de rejoindre sa fille en prévenant de son arrivée le
comité de surveillance du lieu où elle se retirera. Permission
signée: Eutrope (?) Arnauld, X. Bourignon, E"" Roux, Jossand,
Pasquiert, p. Bonnet, G. Moreau et Boguier. Fait au comité de
surveillance de Xantes.
Le 28 vendémiaire, refus de certificat de civisme à Lévesquot
père, détenu à Xantes. (Voir les motifs au mot Suspects, sous la
Seconde municipalité.)
Le 10 brumaire, refus à l'unanimité du certificat de civisme
demandé i>our Mathieu Lévesquot fils, détenu à Brouage, par la
citoyenne Couturier, sa femme, vu la loi du 4* sans-culottides, et
attendu « qu'il a un frère émigré et un déporté et qu'il n'avait pas
paru reconnoitre le prêtre constitutionnel » ... avait montré du
fanatisme, ne s'était jamais montré dans les ci-devant églises,
du temps des prêtres constitutionnels ; « le citoyen Noureau a
observé de plus qu'il luy avait dit qu'il regardoit le serment qu'il
avoit fait comme rien, qu'il ne reconnoitroit jamais les prêtres,
observant cependant qu'il l'a dit à luy-môme. »
Le 28 frimaire, enregistrement d'un arrêté du département du
22, portant mainlevée du séquestre apposé en vertu de la loi du
12 brumaire dernier, sur les biens de la citoyenne Sary, veuve
Saint-Dizant, à charge par elle d'en payer les frais, 10 livres
pour les biens de Panlois et la Tour, 8 livres 10 sols pour ceux
de la Chaume et Relon (?).
Le 20 ventôse, le conseil décide que c'est à la municipalité de
Xantes (loi du 23 nivôse) à faire ses observations sur la pétition
de Louis Lévesquot, tendant au payement de ce que la loi
accorde aux pères d'émigrés, attendu le séquestre de ses biens,
le pétitionnaire étant domicilié à Xanfes depuis le mois d'avril
1793.
Le 19 germinal, Louis Lévesquot présente sa déclaration faite
à Xantes de translation de domicile dans la présente commune ;
le 7 floréal, on arrête qu'il paiera sur expertise, sous peine de
poursuites, les cendre» lessivées dans l'atelier de salpêtre établi
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— 262 —
dans ses bâtiments, à la Prévôté, cendres appartenant à la
nation, qu'il a conduites dans ses prés. (Il avait été mis en lib^lé
par arrêté du comité de sûreté générale du 22 brumaire an III,
avec son fils Mathieu, décédé à Saintes le 22 nivôse an III.)
Certificats de civisme. — 28 pluviôse an II, à Gaudin, syndic
des marins, Jean Lévôque, officier municipal ; — 10 ventôse, à
Joseph Drouillard, ci-devant frère cordelier, demeurant chez sa
mère depuis le mois de mai 1793, et à Lévesque ; — 15 germinal,
à Joseph, instituteur ; 17 germinal, à Marie Octcau, pour pou-
voir satisfaire à la loi sur Tinslruction publique ; — 28 germinal,
à Louis Noureau, notable ; — 8 pluviôse, à Jean Audaire, de la
commune des Deux-Républicains, Jean Drouillard, Chouet, chi-
rurgien ; — 2 prairial, à VioUeau, membre du comité de surveil-
lance ; — 25 prairial, à la citoyenne Couturier, épouse de
Mathieu I^vesquot, à Gouyneau.
Le 20 thermidor, certificat de résidence de Daniel-Antoine
Boureau, ancien homme de loi, cultivateur, 70 ans, depuis le
17 novembre 1792, et de Marie-Anne Latour, 61 ans, depuis
môme date jusqu'au 22 ventôse, dernier jour de son départ pour
Paris, et depuis le 3 messidor : tous deux à la Turpinerie, com-
mune de Geay ; — l" frimaire an III, à Charles Gaillard, notaire
(qu'il n'a jamais été suspect, a présenté ses quittances d'impôt) ;
— 10 frimaire, certificat de civisme à Marie Bonnort, femme
Poppet ; — 16 vendémiaire an IV, transfert de résidence dans
la commune de Joseph Merveilleux, exncuré de Banville, can-
ton d'Aigre (Charente) ; on certifie qu'il n'est pas à la connais-
sance de la municipalité que depuis son séjour il ait rétracté son
serment (il avait exercé son ministère depuis le 12 septembre
1778 et déclaré le 25 décembre 1792 y renoncer, et obtenu une
pension de 800 livres; né le 5 janvier 1750; (le 23 messidor an FV,
il signe un acte comme « propriétaire, demeurant à Panlois,
nanti de procuration générale de A. -M. Michel de Saînt-Dîzant).
Réfugiés, — Le 2 prairial an II, délibération « sur le paye-
ment des dix citoyennes réfugiées de la Vendée dans notre com-
mune » ; la loi accordant 30 sols aux cinq qui ont plus de 15 ans,
15 sols aux autres, on arrête qu'il sera payé à Marie Prévôt,
veuve Bellet, et ses enfants, à Judit et Marie-Anne Prévôt, ses
sœurs, 156 livres 15 sols ; à Bose Joie et Marie Parpaîllou,
57 livres pour dix-neuf jours, du 22 floréal dernier au 10 prai-
rial, surlee fonds de la conmiune de 1791, l'excédant sur le tré-
sorier ; ces sommes seront répétées au district.
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— 263 —
Le 29 ventôse an III, Rose Joie, native de Sainte-Cécile, dis-
trict de La Roche-sur- Yon, reçoit un passeport pour se retirer à
Sainte-Hermine, 18 livres 15 sols pour vingt-cinq lieues de poste
à 15 sols par lieue (arrêté de Prieur de la Marne du 24 floréal),
et 33 livres 6 sols 8 deniers, secours dû pour les deux premières
décades du mois. Elle a reçu les autres secours et indemnités.
Secours, — Le 4 ventôse an II, on remplace Charier et Yonnet
qui n'ont pas paru satisfaire plusieurs citoyens, par Couturier
et Gouyneau, pour acheter des grains pour l'approvisionnement
de la commune : ils feront sentir l'importance de leurs pouvoirs,
ils se transporteront, « munis des pouvoirs des représentants du
peuple », dans les communes qu'ils croiront convenables pour
ces achats ; — le 10, on reçoit 174 livres 2 sols 6 deniersi de
Menet, commissaire nommé pour la distribution de la baillarge
pour les semences ; — le 15 germinal, remise du procès-verbal
de la confiscation faite le 3, chez la veuve Quéré, à la Prère, de
508 livres de froment caché au recensement ; ce grain, vu la loi
du 4 mai, sera confisqué au profit des pauvres de la commune.
Le 12 floréal, envoi au district de quarante-neuf chemises, sept
paires de bas, un mouchoir, un col, deux paires de souliers,
18 livres en assignats.
Le 17 ventôse an III, Lérigel, agent du district, écrit que ceux
qui signeraient de faux certificats d'indigens payeront au trésor
les sommes qu'ils auront fait loucher, et seront destitués s'ils
sont fonctionnaires, et surveillés; la loi du 21 ventôse statue pour
les familles de soldats ou marins quand leur travail est une res-
source nécessaire à leur subsistance.
Le 7 floréal, les grains achetés en Poitou pour la commune,
par Girard in et Berton, montent à 4.360 livres coûtant en achats
et frais de commissaires et transport, 6.196 livres 15 sols, soit
28 sols 6 deniers la livre. Les commissaires rendront compte au
maire, dépositaire des fonds avancés par les habitants.
Maximum, mesures économiques, — Le 17 germinal an II,
trois particuliers déclarent n'avoir pu trouver d'ouvrier pour
exploiter des bois, et invitent la municipalité à leur en procurer.
Le 2 prairial an II, taxe de salaires et denrées :
Chef de charrue ou de moulin, 150 livres par an ; seconde
classe, 120 livres ; troisième, 90 livres ; quatrième, 45 livres ;
— servantes de première classe, 75 livres ; deuxième, 56 livres ;
troisième, 36 livres ; quatrième, 25 livres, « tout compris ce
qu'ils peuvent gagner ».
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— 264 —
Main-d*œuvre du bouvier ; charroi par pied cube de bois de
construction, 4 sols 6 deniers par lieue ; d'un cent de fagots
saute-en-barque, 50 sols par lieue ; rondins et fourrage, idem ;
fagots à deux réortes et bûches de port, 4 livres le cent ; charroi
d'un tonneau de vin, 4 livres 10 sols par lieue.
Labourage d'un journal de terre à deux façons, 9 livres.
Journaliers : un journal de vigne, première classe, 24 livres ;
seconde, 18 livres.
Journalier : journée (non nourri), 36 sols ; fauchage de un
journal, 4 livres.
Journalier nourri, 20 sols (on a raturé 25) ; journée de femme,
20 sols ; nourrie, 10 sols ; de maçon, 40 sols ; de menuisier ou
charpentier, 40 sols.
Ferrage des quatre pattes d'un cheval, 2 livres 14 sols ; pour
une pointe, 25 sols ; chaussuies des fers, 4 livres 15 sols ; fer
neuf, 4 livrée 15 sols ; tous autres ouvrages moitié en sus de
1790.
Vin rouge : bouteille de trois quarts, mesure du Port d'En-
vaux, 10 sols ; blanc, 7 sols 6 deniers.
Une paire de volailles première qualité, 50 sols ; chapons,
4 livres ; poulets, première qualité, 30 sols ; seconde, 20 sols ;
paire d'oies, bonne qualité, 5 livres 10 sols.
Poissons de rivière : noir, la livre, 10 sols ; blanc, 8 sols.
Paquet de raifort de 15, 1 sol ; asperges, la livre, 8 sols ; arti-
chauts, 4 sols ; laitue pommée, 1 sol ; chicorée, céleri, salsifis, la
livre, 4 sols ; choux blanc pommé, la livre, 1 sol ; vert, 9 de-
niers ; cent d'ail, première qualité, 30 sols ; seconde, 20 sols ;
troisième, 10 sols ; cent oignons, première qualité, 30 sols ;
seconde, 20 sols ; troisième, 12 sols.
Navets, carottes, betteraves, poireaux, la livre, 2 sols.
Louage d'un journal de gleux 3 livres.
Le tout exécutoire sous les peines de la loi du 12 germinal ; les
cabaretîers apporteront dans vingt-quatre heures chacun une
bouteille et une demi pour être réglées et cachetées.
Le 21 messidor, taxe de bois réquisitionné : bûches de pre-
mière qualité, 19 livres le cent ; deuxième, 17 livres ; transport,
première levée, 4 livres ; troisième qualité dite de port, 9 livres ;
transport, première levée, 2 livres 10 sols ; pour deux levées,
5 livres ; pour trois, 7 livres 10 ftols.
Loyer d'emplacement sur le port 3 sols le cent de bûches ou
fagots ; empilage, 5 sols le cent ; vin du bouvier, 5 sols le cent ;
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— 265 —
le bénéfice du contrat principal sera de 9 livres 9 sols ; le 10 %
pour le marchand en détail sera, avec la somme principale et le
bénéfice de 5 7«» de 10 livres 7 sols. Injonction de se conformer à
ce tarif sous les peines de la loi.
Le 1^ vendémiaire an II, sur arrêté du comité de salut public
du 18 fructidor, «c proclamé hier )», fixation des journées de ven-
danges. En 1790 elles étaient, pour les hotteurs nourris, de 20
sols ; on les fixe à 30 sols ; augmentant tout de moitié, on fixe
celles des coupeurs à 18 sols femmes, et enfants 12 sols.
Fagoteurs, par cent de fourrages, bûches, fagots, 30 sols.
Le 10 frimaire an III, on payera: pied courant de menue pierre
prise sur le port, 7 sols, billots de pierre, le pied cube, 12 sols ;
carreaux et pavés, lea-104, 18 livres.
Nomination de commissaires pour accélérer le battage des
grains, de deux citoyens, avec droit de réquisitionner des hom-
mes ; de cinq autres pour recensement des fourrages et bestiaux.
Le 17 germinal, tarif du bois, charbon, main-d'œuvre, pour
faire de la poudre ; on employa 200 fagots, bois pelé, éoossé,
conduit à Saintes, 150 pesant 1.600, à 15 livres le cent (loi du
maximum), on fixe le prix à 52 livres 10 sols, transport compris;
huit journées de deux hommes en saison de fauches, pour la
cuisson, 30 livres ; frais de transport, 30 livres ; vingt-six jour-
nées d'hommes pour ramasser des bois et herbes pour faire des
cendres, 39 livres ; cinq charrois, 10 livres.
Le 3 floréal, des particuliers dont les bois sont réquisitionnés
demandent 60 livres et 80 livres du cent, devant payer les bou-
viers qui « sont d'un prix exhorbitant ».
Le 12, on tarifie 50 quintaux de foin réquisitionnés à Rivoal à
750 livres ; quatre charrois à Saintes, à 120 livres ; en prairial
an III, le district fait recenser par Gaillard les grains de la com-
mune.
Le 20 messidor, renvoyant au district la pétition de Couturier,
qui demande règlement de transport de bois réquisitionnés pour
l'hospice de La Rochelle, offrant 100 livres de frôt pour 100 de
gros fagots, 55 livres par cent de petits, rendus à Tonnay (Cha-
rente); on dit : « Journellement les patrons portent plaintes sur la
modicité des frais de transport fondées sur la hausse excessive
des denrées et objets d'armement. »
Le 8 thermidor, on fixe un transport de bois de deux lieues,
« dangereux pour les charettes », à 4 livres par pied cube ; le
23 germinal an III, envoi à Coiffé, salpôtrier du district, de trois
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— 266 —
barriques de charbon el environ 1.600 de bois de coudrier et
autres, estimé 82 livres 10 sols, transport, 30 livres.
Un Jean David, de Port-à-Clou, déclare, le 10 thermidor,
qu ayant accueilli François Limousin comme domestique, pour
120 livres, attendu que Limousin a ne voulut pas s'accueillir au
maximum », ce dernier prétendit peu après ne rester qu'à la
journée ; ayant besoin d'un honmie et n'en pouvant trouver,
David lui accorda ce qu'il voulut ; a mais ce qu'il en fit n'était
que pour le conserver » ; il requiert acte de sa déclaration.
Le 19 thermidor an III, Gaudin, syndic des gens de mer,
requiert qu'on délibère sur mv tarif établi par six maîtres de
barques, conformément aux arrêtés du comité de salut public
des 25 et 27 pluviôse, sauf à augmenter à l'avenir « sur l'aug-
mentation des denrées », fixant le transport des bois, pour La
Rochelle et les îles d'Aix et Fouras, ù 120 livres par cent de
fagots et rondins, 200 livres par cent de bûches de port, 300 livres
par cent de fagots à deux liens ; îles de Ré et d'Oleron (vu les
retards causés par les marées), 200 livres, 250 livres, 350 livres ;
Sables-d'Olonne, 300 livres par tonneau, « attendu qu'ils ne peu-
vent mettre aucune marchandise sur le pont ». Le 29, on refuse
de délibérer, Gaudin n'exhibant aucun ordre des autorités supé-
rieures pour faire faire cette taxe. Le 10 brumaire an IV, on
taxe un transport a qui n'a pu être réglé de gré à gré ».
Réquisitions. — La moitié environ du registre est envahie par
les correspondances, arrêtés, déclarations relatifs aux diverses
réquisitions exercées par les autorités sur la conunune. Nous
ne mentionnerons que les plus caractéristiques : on a la sensa-
tion d'être dans une ville assiégée.
Vers le 20 pluviôse an II, Lequinio, représentant du peuple,
ordonne d'empêcher que les gabarres venant d'Angoulême char-
gées de bois pour le service de la marine s'arrêtent en route pour
charger toute autre chose, « sauf en cas de danger éminent », et
ce « sous la responsabilité collective et individuelle des municipa-
lités ». On ne compte pas les réquisitions faites aux gabariers do
charger des bois, aux municipalités d'en procurer ; le 28 plu-
viôse an II, pour la ville de Rochefort ; le 30, pour les subsis-
tances militaires de l'île de la République ; le 2 ventôse, réqui-
sition de toutes les barques, cordages, autres effets d'armement
des bâtiments, de quarante-cinq pièces pour mettre de l'eau-de-
vie, appréhendées chez Lévesquot ; le 26 pluviôse, de bois pour
Marennes, de barques pour transport de pierres de taille pour
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— 267 —
les fortifications de La Rochelle ; le 10 ventôse, de bois pour YlUt
de Ré ; le 15, de grain soustrait par un boulanger au recense-
menl, confisqué pour la ville de Saintes, que Ton refuse comme
déjà réquisitionné pour le port de Rochefort ; le 13 ventôse, de
toutes les pierres de taille pour fortifier La Rochelle ; le 3 ger-
minal, de seUes de cavalerie ; le 4, de quatre ouvriers pour cou-
per les bois ; le 1*' germinal, de briques pour fortifier Fouras,
l'Aiguillon, et d'ouvriers pour les faire, nourris sur les « gre-
niers de secours » ; le 11, les cordonniers du canton seront con-
traints de fabriquer deux paires de souliers par mois pendant la
guerre ; réquisition de bois pour l'île de la Montagne, et d'un
ouvrier pour l'atelier de salpêtre du district.
Le 20 germinal, les commissaires nommés pour établir sur la
commune un atelier de apôtre, choisissent le chai de Lèves-
quot, à la Prévôté ; Chouet, chimiste, le dirigera dans les can-
tons de Port d'Envaux et PontrLibre ; le 28, on reçoit à cet effet
dix-huit cuviers, six barillets, trois dalles, dix-huit charrettes ;
le 30, réquisition, pour la briqueterie, de huit hommes parmi
lesquels « Laudeberderie », réitérée le 3 floréal, sur le refus de
six d'entre eux dont Laudeberderie ; le 9 pluviôse, trois cents
milliers de briques sont réclamés pour le service pressant de
l'arsenal de Rochefort, par Guesno et Topsent, « sous responsa-
bilité de négligence » ; le 12, réquisition de chevaux ; le lô, la
garde nationale fera prendre quatre citoyens pour les conduire
au four à briques ; le 18, un homme robuste est requis pour tra-
vailler aux cales de Rochefort ; le 6 prairial, réquisition de six
milliers de fagots pour le port de Rochefort: a le moindre retard
les rendrait coupables, s'agissant du service de la marine )» ; le
30 prairial, nomination de quatorze commissaires pour faire
ramasser et convertir en cendres les herbes qui seront payées
(pour le salpêtre) ; le 17 messidor, réquisition de foin pour l'ar-
mée; le 2 thermidor, on enregistre la commission du citoyen
Toulouse, envoyé à Saintes par le comité de salut public pour
activer la navigation, la construction des bateaux, faire exécuter
la loi du maximum, en cas d'infraction, de refus, des proprié-
taires des bateaux et chevaux, les faire requérir et dénoncer les
contrevenants ; le 18 messidor, réquisition de trente milliers de
briques aux fours, pour les fortifications de La Rochelle ; le 15
fructidor, de sept mille fagots pour la commune Marat.
Le 24 frimaire an III, la municipalité promet de fournir trente
mille fagots saute-en-barque par les bâtiments qu'elle pourra
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!— 268 —
requérir d*ici le 30 germinal, à Arnaud, garde-magasin des sub-
sistances militaires à La Rochelle, dont la réquisition, autorisée
par Auger, directeur des subsistances de la 12* division, est visée
par le commissaire ordonnateur des guerres Bertier, et le 12 bru-
maire, à Fontenay-le-Peuple par les représentants du peuple
près Tarmée de TOuest, Auger et Dormier (?). « Encore un mois
à courir et mon service manque, écrit Arnaud à Auger. J*ai
4.000 bouches à nourrir et 200.000 quintaux de biscuits à faire. »
Le 12 pluviôse, on écrit à Arnaud qu'on n'a pas de bâtiments,
qu'il tâche d'en envoyer ; les 23 et 25, on lui en envoie 3.300 à
7 sols, et 1.600 gros à 14 sols. Le 10 germinal, on se plaint qu'il
envoie une barque pour le transport quand il n'y a plus de bois,
parce qu'il n'a pas envoyé à temps un arrêté des représentants
du peuple qu'il a gardé du 4 ventôse au 6 germinal ; sa réquisi-
tion empêche les autres communes d'en envoyer sur le port ;
le 12, sur une réquisition du directoire du district de fournir à
Fortin, préposé aux transports militaires, douze charrettes pour
voiturer quinze milliers de fagots des bois d'Allenet au Port
d'En vaux, pour le port de Uochefort, la municipalité, sur l'arrêté
des représentants Augier et Guyardin, du 4 ventôse, l'obligeant
à remplir ses engagements envers Arnaud (et par conséquent à
arrêter des fagots dans les bois), déclare qu'elle fournira les
douze charrettes a en protestant de tous les événements qui pour-
raient s'ensuivre de la non livraison des trente mille fagots à
faire à Arnaud )>, se trouvant prise entre les exigences de Roch»-
fort et celles de La Rochelle ; le 17, on ne trouve plus de bras
pour exécuter une réquisition de bois pour la commune des
Sables ; le 23, envoi de trois barriques de charbon à Xantes, pour
faire du salpêtre, avec mille six cents de bois de coudrier ; le
3 floréal an III, envoi à Arnaud de dix mille fagots à 80 livres le
cent ; le 20, envoi de trois mille cinq cents, « le maître de barque
de VAimable-Perpétue^ Menet, s'est refusé à prendre une lettre
de voiture de la municipalité, disant qu'il veut les vendre à son
compte. » Invitation à Arnaud de réprimer son audace, à cause
de l'exemple. Le 30 prairial, on lui annonce élévation du prix
du bois : on en a arrêté trois ou quatre mille à 250 livres le cent,
les propriétaires en veulent 300 livres, pris au port, et veulent
être payés comptant ; la municipalité en fera volontiers l'avance,
« sachant qu'il n'y a rien à perdre avec toi ».
Le 7 messidor an III, on requiert le syndic des gens de mer
de poursuivre quatre hommes mis en réquisition pour les tra-
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— 269 —
vaux du port de Rochefort, qui en sont absents ; on en réquisi-
tionne deux autres. Le 20 nivôse an III, Girardin est chargé par
le district de recenser tous les vins existant chez les particuliers
et commerçants, et les chanvres broyés ou non ; ces chanvres
seront voitures et payés au district.
Noms de barques: La Petite Paix couronnée; les Trois Frères.
III
LE CLERGÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE
PENDANT LA RiVOLUTION
[Suite).
Jarrie-Audouin, cure. Ancien coUateur : l'abbé de Saint^Jean
d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Couillaud (Etienne), assermenté, détenu à Brouage,
né à Poitiers, curé de Pierrefite en \SQ2 ; fut un des chefs de
la petite église ; décédé à Fontenay le 6 mai 1830.
LozAY, prieuré, vicariat perpétuel. Collateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : VUlain.
Migré, église paroissiale. Ancien collateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Gaillard^ assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Vergné, église paroissiale. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Chanicau.
Saint-Pierre-de-l*Ile, vicariat perpétuel. Ancien collateur :
l'abbé de Saint-Jean d'Angély.
Titulaire : X. . .
ViLLENEuvE-LA-CoMTEssE. Aucicu coUatcur : l'abbé de Saint-
Séverin ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Foulard du Pallais, est présent le 26 mars 1791.
ViLLENouvELLE, églisc paroissialo. Ancien collateur : l'évêque
de Saintes.
Titulaire : Coudray, assermenté, le 11 mai 1791 il rachète les
biens de la cure, remit ses lettres de prêtrise.
Doyenné de Matha.
Matha, cure. Ancien collateur : le comte de Matha.
Titulaire : PeUuchon (Jean-Baptiste), né le 25 mars 1750, émi-
BnlUtin. Itt
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— 270 ^
gra, redevint curé de Matha au conoordat, décédé le 27 septem-
bre 1822.
Bagnizeau, église paroissiale. Ancien coUateur : Févêque de
Saintes ; ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Charrier (François), survécut à la révolution ; pro-
bablement insermenté.
Ballans, vicariat perpétuel. Ancien coUateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Gouasse (Stéphane), assermenté, remit ses lettres
de prêtrise, détenu à Brouage.
Brie-sous-Matha, vicariat perpétuel. Ancien oollateur : l'évê-
que de Saintes ; ancien revenu : 700 L
Titulaire ; Gaudoru
Beauvais-sous-Matha, vicariat perpétuel. Ancien coUateur :
le grand prieur d'Aquitaine ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Paùwert^ assermenté, remit ses lettres de prêtrise,
détenu à Brouage.
GouRviLLETTE, prieuré-curo. Ancien coUateur : Tévôque de
Saintes; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Tillet (P.).
Haimps, vicariat perpétuel. Ancien coUateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Jouberi.
Massac, cure. Ancien coUateur : Tévôque de Saintes ; ancien
revenu : 2.000 L
Titulaire : Olliveau (Charles-René), assermenté, se sécularisa,
devint juge de paix ; un prêtre de ce nom, né le 21 janvier 1763,
décédé curé de Tesson le 23 mai 1825.
Blanzac, prieuré-cure. Ancien coUateur : le prieur de Taille-
bourg.
Titulaire : Dupuy, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Brousse (La).
Bresdon, cure. Ancien coUateur : l'abbé de Saint-Jean d'An-
gély ; ancien revenu : 2.800 1.
Titulaire : Guillonnet .assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
Saint-Ouen, prieuré-cure. Ancien coUateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély.
Titulaire: Gautreau, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
CouRGERAc, ^prieuré-cure. Ancien coUateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
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— 271 —
Titulaire: Annequin (Pierre), né le 17 avril 1750, décédé ancien
desservant de Migron, le 12 février 1830.
Prignac, cure. Ancien oollateur : Tévôque de Saintes ; ancien
revenu : 2.000 1.
Titulaire : Fradel (D.), fut détenu à Brouage.
Cressé, prieuré. Ancien collaieur : Tabbé de Charroux ; ancien
revenu : 800 1.
Titulaire : Joubert, assermenté; le 22 juin 1791, il achète les
biens de la cure et est dit curé de Cressé ; le 6 juillet 1796,
S(waqi (P.), dit également curé de Cressé, achète les biens de
la cure.
Bazauges, cure. Ancien coUateur : Tévôque de Saintes ; ancien
revenu : 1.100 1.
Titulaire : More (H.), fut détenu à Brouage.
Macqubville, vicariat perpétuel. Ancien coUateur : Tabbé de
Charroux ; ancien revonu : 700 1.
Titulaire : Pauiard (Guillaume), né en 1751, emprisonné en
1793; condamné à la déportation, mort à bord du navire Les
Deux-Associés, le 22 septembre 1794.
MoNs, vicariat perpétuel. Ancien coUateur : le chapitre de
Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Penot.
Neuvicq, égUse paroissiale. Ancien coUateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 3.500 1.
Titulaire: Bruoeau (P.-P.), né le 10 août 1754, émigra en Eepft-
gne, revint à Neuvicq, décédé le 27 juiUet 1835.
SiECQ, cure. Ancien coUateur : Tabbé de Saint-Jean d'Angély ;
ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Piveteaux né à Angoulême, déporté à Rochefort,
mort en route ou à l'hôpital, âgé de 70 ans.
LouztGNAC, église paroissiale. Ancien coUateur : Tévéque de
Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Aragou, assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
SoNNAC, cure. Ancien coUateur : l'abbé de Saint-Jean d'Angély;
ancien revenu : 700 I.
Titulaire : Jarreteau (L.-B.), assermenté, remit ses lettres de
prêtrise.
Thors, église paroissiale. Ancien coUateur : le chapitre de
Saintes; ancien revenu : l.OQO 1.
Titulaire : Duvergier, assermenté, resta dans sa paroisse.
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— 272 —
Tou(»E8-DE-P£RiGNY (Les), église paroissiole. Ancien colla-
leur : Tabbé de Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Joubert (Jules), assermenté ; le 10 septembre 1791,
il rachète les biens de la cure.
GiBouRNE, prieuré-cure. Ancien collateur : le chapitre de
Saintes ; ancien revenu : 700 L
Titulaire : Allenet^ assermenté, fut curé intrus d'Asnières,
détenu à Brouage ; un prêtre de ce nom, dit curé de Champa-
gnolle, remit ses lettres de prêtrise ; un AUenet, né le 8 janvier
1763, décédé curé de Corme-Royal, le 30 avril 1832.
Doyenné de ScUnt-SiwinUn.
Saint-Savinien, prieuré^ure. Ancien collateur : Tabbé de Bas-
sac.
Titulaire : Robinet (Isaac-Etienne), évêque constitutionnel de
Saintes. (Voir Evôché consiitutionnel).
Agonnay, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ; ancien
revenu : 1.200 1.
Titulaire : Martin (François), né à Saintes en 1735, assermenté
avec restriction, déporté en rade de Ttle d'Aix, se rétracta,
décédé l& 16 septembre 1794, inhumé à l'île d'Aix.
CouLONGES, cure. Ancien collateur : le prieur de Saint^Savin
de Taillebourg ; ancien revenu : 2.855 1.
Titulaire : Daburg (François-Hector), né le 31 août 1748,
décédé prêtre habitué à Mirambeau, le 21 juillet 1831.
AncmNGEAY, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Humier,
Bords, cure. Ancien collateur : le prieur de Saint-Savin de
Taillebourg ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Abelin.
Cheneau (Antoine), curé de Bords, remit ses lettres de prêtrise
^1794.
ChampdoleNt, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Jean d'Angély ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Delaage (Jean-Baptiste), né le 10 juillet 17(0, décédé
vicaire à Saint-Pierre d'Oleron, le 28 décembre 1832.
Fenioux, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ; ancien
revenu : 1.000 1.
Titulaire : Rangade, assermenté, se réconcilia avec FEglise
catholique en 1797, décédé curé des Nouîllers en 1811.
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— 273 -
Grand^an, cure. Ancien collateur : Tévêque de Saintes; ancien
revenu : 1.4001.
Titulaire : Le Teliier de Haubray^ assermenté, remit ses lettres
de prôtrise, épousa sa servante.
Taillant, église paroissiale. Anci^i collateur : Tévèque de
Saintes ; ancien revenu : 1.600 1.
Titulaire : Mordillé, de Tordre de Saint-François des conven-
tuels, recteur, avec dispense du pape, de Saint-Louis de la petite
Flandre et en dernier liou de Taillant ; épousa D. Goyan, nièce
de Mestadier, évoque constitutionnel de SaintrMaixent, la répu-
dia, fut secrétaire de l'administration civile, se repentit en 1796.
NouiLLERS, église paroissiale. Ancien collateur : Tévôque de
Saintes ; ancien revenu : 3.500 L
Titulaire : Michel^ émigra en Espagne en 1792.
Jousselin, assermenté, dit curé des Nouillers.
Taillebourg, prieuré-cure. Ancien collateur : la famille de La
Trémouille ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Marillety né le 7 mars 1741, émigra, revint en 1803,
décédé curé de Taillebourg, le 13 octobre 1820.
Bossard, signe curé de Taillebourg en 1792. Assermenté.
Annepont, cure. Ancien collateur : le prieur de Saint-Savin de
Taillebourg ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : David, émigra en Espagne en septembre 1792.
Doyenné de Tonnay-Boutonne.
ToNNAY-BouTONNE, pricuré. Ancien collateur : le prieur de
Tonnay-Boutonne ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Jouanneau (P.-B.), assermenté, resta dans sa
paroisse, exerçant les fonctions curiales.
Annezat, cure. Ancien collateur : Tévôque de Saintes ; ancien
revenu : 1.200 1.
Titulaire : Thomassin de Plamonl, assermenté, remit ses letr
très de prôtrise.
Chervettes, cure. Ancien collateur : l'abbé d^ TEsterp, dio-
cèse de Limoges ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Flamanchet (G.-F.).
Saint-Laurent-La-Barrière, église paroissiale. Ancien coUa^
teur : l'évoque de Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Godreau (L.-P.).
Puyrolland, église paroissiale. Ancien collateur : le prieur
de Tonnay-Boutonne ; ancien revenu : 2.000 1.
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— 874 —
Titulaire : Roquet (P.), assermenté ; le 10 septembre 1791, il
rachète les biens de la cure, remit ses lettres de prôtrise, mena
une vi-e scandaleuse.
Saint-Loup, église paroissiale. Ancien coUaleur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Landreau.
Nachamps, prieuré, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'évo-
que de Saintes ou l'abbé de Saint-Jean d'Angély ; ancien revenu :
8001.
Titulaire : Callebrousse, assermenté, remit ses lettres de prê-
trise.
ToRXÉ, prieuré, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le prieur
do SaintrEulrope de Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Vemhes.
Chantemerle, cure. Ancien collateur : le prieur de Tonnay-
Boutonne ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Tardy^ assermenté, se retira à Saint-Jean d'Angély,
où il ne fut pas inquiété, se réconcilia avec l'Eglise en 1797,
décédé prêtre habitué à Saint-Jean d'Angély en 1812.
Arohiprôtré â6 Marennes.
Canton de Marennes
Marennes, cure. Ancien collateur : l'abbesse de Saintes.
Titulaire : Léonard (Louis-Marie-Joseph), né à Chevanceaux
en 1749, prêta le serment, fut élu président du club, remit ses
lettres de prêtrise, fut néanmoins déporté à bord du vaisseau
Les Deux-Associés^ y subit une condamnation aux fers, et fit une
mort édifiante le 15 août 1794.
Geneuil (François), vicaire, prêta le serment et le rétracta.
Dercie. Ancien collateur : le prieur de Sainte-Gemme.
Titulaire : Hillairet (Pierre-Jean), assermenté, devint curé
intrus de Saint-André-de-Lidon.
Le Gua, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'abbesse de
Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Bouiet (Pierre), prêta le serment, fut curé constitu-
tionnel de Monsenson et de Dercie, fut condamné à mort et exé-
cuté à Rochefort ; la sentence porte : « a tenté de rompre l'unité
et l'indivisibilité de la république, en faisant prier pour le pape,
le roi et les princes. » Ce fait nous montre comment il faut appré-
cier souvent certaines prestations de serment.
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— 875 —
Hibrs-Brouage, prieuré-cure. Ancien coUateur : le prieur de
Sainte-Gemme; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Imbaud (Pierre), assermenté, fut maire de Brouage
pendant Temprisonnement des suspects et des prêtres catholi-
ques dans cette ville, remit ses lettres de prêtrise.
NlBUL-INB-SAINT-SORinN.
Saint-Just, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'abbesse de
Saintes; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Laforgue, assermenté, fut curé intrus de Saint-
Symphorien.
Saint-Sornin, église paroissiale. Ancien collateur : l'abbesse
de Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Trainier (Pierre), prêta le serment, se repentit, fut
déporté de Rochefort à Cayenne en août 1798.
MoNSANSON, cure.
Titulaire : Raimbeau (Pierre), jura et se rétracta.
Doyenné de Saint-Agnani.
Saint-Agnant, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de la
Trinité de Vendôme ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Cormoué (Jean-Baptiste), prêta le serment, remit
ses lettres de prêtrise, et se retira dans sa famille, à Saint-Savi-
nien.
Beaugeay, cure. Ancien collateur: le doyen prieur de Soubise ;
ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Prouîcan^ prêta le serment ; le 3 juin 1791, il acheta
les biens de la cure, remit ses lettres de prêtrise.
Champagne, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Romain de Blaye ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Lafon, chanceladaîs, surnommé Duclaux, se maria
dans sa paroisse et s'y établit marchand.
EcmLLAis, cure. Ancien collateur: le doyen prieur de Soubise;
ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Barreau (J.), assermenté, remit ses lettres de prê-
trise, fut curé constitutionnel de Soubise.
MoËzE, église paroissiale. Ancien collateur : le doyen prieur
de Soubise ; ancien revenu : 1 .500 l.
Titulaire : Lemet (Jean-Baptiste), refusa le serment et se retira
à Saint- Amaudin, district de Murât, le 8 mai 1791.
Messin et Reignier, dits curés constitutionnels de Moêze, remi-
rent leurs lettres de prêtrise.
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— 276 —
Saint-Jean-d' Angle, église paroUsiale. Ancien collateur : Fab-
besse de Saintes ; ancien revenu : 1.800 I.
Titulaire : Creuzé, assermenté, remit ses lettres de prêtrise el
sd retira à Niort, dans sa famille.
Saint-Froult, prieuré-cure. Ancien coUateur : le prieur de
Soubise ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Reignier (Etienne-Marcel), né le 24 février 1748,
assermenté, se retira à Tonnay-Charente, mort curé de Saint-
Nazaire en 1813.
Saint-Nazaire, église paroissiale. Ancien coUateur : le doyen
de Soubise.
Titulaire: Marginière, prêta le serment, fut cependant dénoncé;
le district de Marennes fit faire chez lui des perquisitions ; il se
retira et fut remplacé par Baril (Jacques), né à Rochefort, le 16
mai 1758 ; il épousa Marie-Elisabeth Reignier, sœur du curé de
Saint-Froult, successivement instituteur, percepteur, enfin pro-
fesseur de troisième au collège de Rochefort ; il mourut le 4
décembre 1824.
Saint-Symphorien, église paroissiale. Ancien coUateur : le
doyen prieur de Soubise ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Deschamps du Chiron^ assermenté ; le 3 juin 1791,
Lafargue, dit tantôt curé de Saint-Somin, tantôt curé de Saint-
Symphorien, achète les biens de la cure.
Soubise, prieuré-cure. Ancien collateur: le prince de Soubise ;
ancien revenu : 5.000 1.
Titulaire : Marivaux (Pierre), docteur en théologie, né en 1720;
le 24 juin 1791, il est dénoncé au district de Marennes et perqui-
sition est faite chez lui ; il se retira à Saintes, revint à Soubise le
11 janvier 1801, y mourut le 7 juillet 1812. Lacade exerça le
ministère de 1798 à 1801. P. LEMoraoEB.
QUESTIONS ET REPONSES
QUESTION
N* 798. — Extrait du Journal historique sur des matières du
temps, mars 1761 (pages 207 et suiv.).
Lettre au Directeur du Journal :
« Vous serez surpris, Monsieur, avec raison, qu'une fille de
quinze ans qui a quelque goût et quelques dispositions pour la
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- 277 —
poésie, ose exposer au grand jour un fruit prématuré de sa
muse. Mais le public judicieux excusera ma témérité ; surtout
quand il sçaura que de Tindulgence que j'attends dépendra
l'émulation qui me fera entrer avec hardiesse dans la carrière
que je vais courir.
« J*avoue que j*ai trop entrepris pour mon âge. Je savais que
les Pseaumes sont très difficiles à traduire, surtout quand on
le fait littéralement. Aussi n*ai-je entrepris celle que je prends
la liberté de vous envoyer que par obéissance pour celui qui me
dirige dans mes études. Comme c'est un homme très versé dans
les langues orientales, et qu'il fait ses délices de la lecture des
Pseaumes dans leur original, il m'a engagé à mettre en vers
François le XXXIP selon l'hébreu, et XXXIII* selon la vulgate,
sur une traduction latine qu'il m'en a donnée.
Je suis, Monsieur, etc.,
Julie de BeaI^regard.
En Saintonge, ce 21 mars 1760.
(Suit la traduction de ce pseaume : Beati quorum remissœ
sunt iniquitates. « Signée par M*"* Julie de Beaurcgard, de Sain-
tonge ».)
Quelle est cette demoiselle Julie de Beauregard, poète si pré-
coce ; quelle était sa famille ?
Les Paillot portaî-ent déjà ce nom (celui d'un petit fief près
de Bemeuil). Ce ne peut être l'une des sœurs du général Pail-
lot de Beauregard qui étaient plus âgées que celte Julie. Etait-
ce un pseudonyme T
Quel était ce savant orientaliste saintongeais T
Sans doute quelque ecclésiastique : a-t-on quelque souvenir,
quelque donnée pour le découvrir?
A. B.
N* 799. — On lit dans la Gazette des Beaux-Arts, t. XXVII,
2* période, p. 173 :
« Jacque Deluze, natif de la Saintonge, établit au Bied, dans
le canton de Neufchfltel, en Suisse, en 1689, l'industrie des toi-
les peintes.
Toiles peintes et indiennes sont 8ynon3rme8.
« Dès la fin du XVII* siècle, dit Havard (Dictionnaire de
r ameublement), on avait, en Hollande d'abord, puis à Ham-
bourg, et ensuite en Angleterre, établi des fabriques d'indiennes
ou toiles peintes imitant si bien les produits de l'Orient que la
confusion était possible. Cette fabrication introduite à Genève
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— 278 -
en 1690, y fut portée à une telle perfection, que pendant de nom-
breuses années neuf fabriques fonctionnèrent dans cette ville,
fournissant TAUemagne, Tltalie et la Savoie de tentures d'ap-
partements et de lits, de rideaux de tapisseries, et même faisant
entrer frauduleusement ces étoffes en France. »
Je voudrais «avoir de quelle paroisse était Deluze et si on
pourrait retrouver un échantillon ou des renseignements sur le
genre de sa fabrication. Ch. D.
N« 800. — La Revue de Sainlonge, 1888, t. VIII, page 350,
dans une note au bas d'un compte rendu, signé A.-L. de VHis-
foire de la constitution civile du clergé de L. Sciout, cite une
« Histoire secrète des événemenis de la ville de Saintes, tome 1,
manuscrit inédit », par Marillet.
On demande quel est le possesseur de ce manuscrit et com-
ment on pourrait en avoir communication.
REPONSE
N* 347. _ T. III. p. 10, 12; t. VII, p. 294 et 295; t. XI,
p. 379 et 382. Les Ransanne de Carbon^Blanc.
M. Martineau a bien voulu nous communiquer un manuscrit
lui appartenant, coté « Inventaire du 7 ventôse, 3* année répu-
blicaine, cote première », sans titre, contenant divers cahiers
généalogiques relatifs à des familles de Saintonge, Limousin,
etc., dont Técriture paraît être du XVIP siècle, et qui pourrait
avoir été fait au moment de la recherche de la noblesse par
arrêts du conseil des 22 mars 1666 et 6 décembre 1667. Dans ce
manuscrit qui, semble-t-îl, est conforme au Nobiliaire de la
généralité de Limoges, publié par Tabbé Leclerc (Voir Revue de
Sairdonge, t. XVIII, 1898, p. 301), figurent les mentions sui-
vantes qui paraissent bien rattacher les Ransanne de Carbon-
Blanc à ceux de Soulîgnonnes, malgré la différence des armes,
notamment h Savary de Ransannes.
« Maison de Ransanes, élection de Xaîntes : porte de gueules
à trois mains d^ argent 2 et 1.
Savary de Ransanes, 1456, N., fille (sic).
En seconde nopce, Marie de Guîlloumel, remariée ô Pierre
Guilhem : du premier lit.
François de Ransanes, 1493, Françoise Guilhem, fille dudît
Pierre Guilhem et de laditte Marie de Guîlloumel.
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— 279 —
Jean de Flansanes, en première napce, 1535, Guillemetle Ray-
mond ; en deuxième nopce, 1545, Françoise de Calrix.
Joseph de Ransanes : N. fille de 1 N. de Ransanes.
Charles de Ransanes, seigneur du Bois de Lage, 1638, Fran-
çoise Gaillard.
Branche de Jacques (sic).
Jacques de Ransanes, fils de Jean de Ransanes, 1589, Jeanne
Audebert.
1 N. de Ransanes.
Marc de Ransanes, 1617, Eslher de Beauchamp.
Jacques de Ransanes, seigneur de Charbon-Blanc, 1660, Silvie
Audebert. »
Rappelons que cette famille n'est pas celle des Leberthon,
laquelle ne prit le nom de Ransannes qu'au XVP siècle, quand
elle eut acquis ce fief.
X...
LIVRES ET REVUES
Les Annales du Midi, n* d'avril 1907, p. 262, donnent, avec
réflexions, résumés succincts, remarques, éloges, le tilre des
principaux articles parus dans la Revue, t. XXVI. M. P. D...
insiste plus particulièrement sur Saintes ancienne^ La propriété
foncière du clergé, La misère à Touzac — les documents de ce
genre sont fort rares — , La municipalité de Saint-Saturnin de
Séchaudy Le moule mérovingien,
M. Bédier termine ses recherches sur les légendes du cycle de
GuilUmme d'Orange.
BuUetin de la Société de géographie de Roche fort, t. XXVIII.
— Notice de M. Frédéric Arnaud sur Saint-Fort-sous-Brouage
et le tombeau de Charles de Comminges. « Actuellement, ce
sépulcre est dans un état de délabrement inénarrable ; situé au
milieu de jardins potager», il offre l'aspect de la dévastation et
de la ruine : on accède dans l'intérieur par une ouverture béante
du côté sud ; ses dimensions sont d'environ 3™50 sur chaque face,
sa hauteur moyenne est de 2 mètres ; le centre est occupé par un
sarcophage quadrilatéral dépourvu de couvercle et vide, ayant
2"20 de long sur 1°50 de large et 0^70 de profondeur.
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— 280 -
Violée en 1702, cette sépulture est bâtie en pierres de petit
appareil. L'intérieur est ruinS ; la voûte eeule, assez bien con-
servée, est ornée de tètes d'anges bien exécutées et aux quatre
angles des blasons des familles de Conuninges et de Guip. »
Comptes rendus el mémoires du Comité (xrchéologigue de
Senlis, t. VIII, 1905, p. 249. Une poterie sigillée chrétienne.
Il s'agit d'un fragment de bol rouge décoré de paons et d'une
grande croix. C'est un genre inédit dans la série des vases gallo-
romains sigillés du IIP siècle.
V Intermédiaire des chercheurs du 10 mai, col. 669 (et numéros
suivants) contient un petit article sur Guillonnet de Merville,
patron de Balzac, question depuis longtemps traitée dans notre
Bulletin, tome XII, p. 302. M. Albert cite une thèse historiée pré-
sentée en 1784, par le bachelier Guillonnet de Merville, « Santo-
nensis », et il décrit le sujet de la gravure placée en tête (l'atelier
de saint Joseph), mesurant 38 x 28, et demande « si l'usage d'es-
tampes de oe genre était commun à l'époque de celle-ci. »
M. Albert est peut-être un Saintongeais. Qu'il ouvre donc la col-
lection de notre Bulletin, il y trouvera la description de plusieurs
thèses historiées. A la bibliothèque de Saintes on pourra lui en
montrer d'autres ; nos collectionneurs locaux en ont certaine-
ment dans leurs cartons. Le luxe dépensé dans Timpression de
ces thèses, toujours in-folio, s'explique par l'habitude que la
société du temps avait de conserver ces feuilles, de les faire
encadrer et de les accrocher au mur de la « salle » principale.
Aujourd'hui on n'accroche plus de thèses — et pour cause —
mais bien des diplômes d'honneur ou des Souvenirs de première
communion.
A la page 712 se trouve une explication de la locution « la
semaine des quatre jeudis ». Supposons qu'un voyageur s'em-
barque à La Rochelle pour aller vers les Indes orientales : quand
il eera arrivé à la distance de 180 degrés de longitude, qui est
la moitié du tour de la terre, il aura déjà minuit lorsqu'on aura
encore midi à La Rochelle, parce qu'il sera au méridien opposé :
il s'ensuit qu'en achevant le tour de la terre il aura vingt-quatre
heures de plus que ceux de La Rochelle, ce qui fait un jour entier.
Donc, s'il est mercredi à La Rochelle, quand il y est revenu, il
sera déjà jeudi pour lui etc. » C'est très bien, mais ce savant
calcul n'arrive qu'à trois jeudis...,, en théorie. N'est-ce pas ee
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- 281 —
donner bien du mal pour expliquer une expression qui ne tend
qu'à formuler une chose impossible 7
U Intermédiaire du 30 mai, col. 800, répond à une question
posée sur la famille d'Amblimont.
A la col. 806^ M. Bénédict relève la contradiction existant entre
Hainguet et M. Th. de Bremond d'Ars, relative à la mère de
Marie-Anne-Françoise Mouchard de Chaban. Le premier la fait
naître de Anne-Louise Lazal, et le second de Suzanne Cotonneau
de Millefleurs. Elle serait née à Croix-Chapeau, près La
Rochelle.
La môme revue du 10 juin pose une question qui semble ins-
pirée par la lecture d'un article paru dans notre Bulletin^ sur le
sceau de Iosce ivdei (tome X, p. 21).
Revue des Poètes, 10 avril 1907. — M. G. Lafenestre raconte
quelques-uns de ses souvenirs sur André Lemoyne.
a L'originalité naturelle et séduisante de sa personne contri-
buait beaucoup à lui conquérir et lui assurer, de la part de tous
ces sincères admirations et ces chaudes amitiés que le temps ne
devait pas éteindre. On se montrait, dans les rues, presque tou-
jours les mômes rues, celles qui menaient de la rue Jacob, où il
travaillait, à la rue Serpente, où il mangeait, et à la rue de Seine,
où il couchait, ce petit homme, alerte et vivace, à la mine fraîche
et rosée, rasant les murs, l'air distrait, en quôte d'une rime ou
d^une épithète, puis tout à coup, au moindre bruit ou spectacle
qui l'attirait, dressant son fin profil d'oiseau, d'où jaillissait,
aigu et perdant, l'éclair gris d'un œil d'émerillon. Môme cos-
tume en toute saison, auquel il s'obstina toute sa vie. Chapeau
noir, haut de forme, à bords plats, pantalon gris ou marron
clair, large et flottant, dans lequel ballottaient ses courtes jambes,
pardessus de drap vert olive. Très soucieux des nuances en
toutes choses, il apportait d'étonnants scrupules dans le choix
de ses cravates, symboles et rappels, pour lui, de ses sensations
rustiques : la découverte d'une soie mordorée, avec ses reflets
de martin-pôcheur ou des taches de papillon des bois, le ren-
daient joyeux pour plusieurs jours. C'était avec la môme inten-
tion expressive et les mômes exaltations naïves qu'il commandait
les teintes de ses brochures, de ses cartes de visite, de ses papiers
à lettre. Sans que ses correspondants s'en doutassent, il atta-
chait une pensée au gris, au rose, au violet, à Tazuré de ses mis-
sives, leur distribuant les tons sérieux ou tendres, frais ou
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— 282 —
chauds, suivant leurs humeurs et professions, et le degré de
sympathie qu'il éprouvait pour eux. Plus de subtilité encore
lorsqu'il choisissait les feuilles diverses sur lesquelles il écrivait
ou faisait imprimer plusieurs fois, successivement, ses strophes
commencées, pour les essayer sur l'oreille et l'esprit de ses amis
avant de les publier. Il se fut pris pour un barbare si des stances
amoureuses s'étaient alignées sur un fond feuille morte ou des
alexandrins mélancoliques égarés sur un fond cuisse de nymphe.
La froide brutalité du papier blanc, du papier banal et conuner-
cial, le supplice de ses yeux délicats dans sa geôle quotidienne,
lui faisaient horreur. »
Le chevalier de Théméricourt (164Ô-1Ô72), par M. de Bremond
d'Ars.
Notre cher et infatigable doyen, revenant, l'an dernier, des
Pyrénées, se trouva en face d'un archéologue béarnais, fort au
courant de l'histoire de sa province, avec qui il lia conversation.
Un nom fut prononcé à propos d'une localité par laquelle les
voyageurs passaient : le chevalier de Théméricourt.
— Ah ! oui, dit notre confrère à la prodigieuse mémoire, un
chevalier de Malte que la marine française et l'Eglise catholique
doivent également considérer conmie un héros et un glorieux
martyr... Mais il n'est pas Béarnais... il est, il me semble, Lor-
rain ou Normand !
Rentré chez lui, M. de B... se rappela cet incident de son
voyage, et se mit à piocher VHistoire de MalUy la Gazette de
France, La Chénaye-Desbois. Voilà l'histoire d'une charmante
plaquette consacrée à Gabriel d'Abos, nommé le chevalier de
Théméricourt. Né au château de Théméricourt le 15 décembre
1646, chevalier de Malte en 1663, vainqueur en plusieurs rencon-
tres avec les Turcs, jeté par la tempête sur les côtes de Tunis,
transporté à Constantinople, où il eut la tête tranchée après avoir
refusé de se faire musulman.
Le Correspondant du 25 mars 1907 contient le premier cha-
pitre d'une étude de M. Oscar Havard, sur les premiers troubles
de la Révolution dans nos ports de mer. Ce chapitre, consacré à
Rochefori, est rédigé d'après des documents inédits extraits des
archives nationales, les archives de la marine à Rochefort (regis-
tre de la correspondance du comte dé Vaudreuil) et d'archives
privées. M. O. H... a eu pour collaborateur notre confrère.
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— 283 —
M. l*abbé Lemonnier, « lettré délicat et historien averti », qui a
relevé dans la correspondance de Vaudreuil les principaux faits
qui mettent en relief l'état d'esprit des marins et des ouvriers
saintongeais pendant la première année de la Révolution.
Le premier incident grave noté par Vaudreuil est celui de ce
malheureux Perrault, administrateur du bagne, qui faillit payer
de sa tête les observations qu'il adressa à un de ses employés
qu'il surprit fraternisant, le verre à la main et les jambes fla-
geolantes, avec un groupe de soldats ivres. La municipalité pré-
venue, arracha à la fureur de la populaco prête à le pendre, le
trop scrupuleux observateur de la a dignité professionnelle »,
lequel, pour racheter sa vie, dut a s*agenouiller sur le balcon de
l'hôtel de ville, et, le front découvert, les mains jointes, deman-
der pardon au peuple d'avoir méconnu l'infaillibilité de la démo-
cratie en gourmandant un ivrogne », Perrault reçut l'ordre de
quitter la ville.
M. H... raconte ensuite dans ses détails la double affaire de la
Capricieuse et de VEmbuscade^ qui montre l'état d'indiscipline
des équipages, d'illusion des officiers et l'odyssée du comman-
dant de Boubée et du major Pierre d'Orléans.
Cet article complète celui qui a été inséré dans la Revue sous
le titre de Tribulations d'un préfet maritime (tome XXV).
Bulletin et mémoires de la Société archéologique de la Cha-
rente, — Ce volume contient Essai sur la chronologie et la généa-
logie des comtes d*Angoulême, du milieu du IX* à la fin du
XP siècle. Positions de thèse à l'école des chartes, par M. Ch.
Desages Olphe Gallard.
En voici le résumé :
P Tarpion (fin de 839-4 octobre 863), origine inconnue, frère
d'Emenon et Bernard. Rainaud, comte d'Herbauges, n'a jamais
été comte d'Angoulême. Il reçut simplement le commandement
d'une circonscription militaire, dont le chef-lieu fut Angoulême
(840).
2® Emenon. Il succéda à son frère, mort sans postérité. Il
avait été autrefois comte de Poitou (828-839). Chassé, il se réfu-
gie auprès de son frère. Beaucoup d'incertitudes sur sa vie. Ses
fils ne lui succèdent pas. Charles le Chauve nomme à Angou-
lême un nouveau comte, Bougrin I*'.
3* Aimar I* (902 (î>-2 avril 930). Il eut le comté d'Angoumois
en partage avec le fils de Bougrin I*'.
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— 284 —
4* Les Taillefer. — Bougrin I*' (866^ mai 886). II est nommé
comte d'Angoulême et de Périgord par Charles le Chauve» à la
mort d^Emenon (866). Origine inconnue. Il meurt très âgé (3 mai
886), laissant deux fils, Audoin P' et Guillaume I".
5® Indivision jusque vers 975. Gouvernement en commun. Puis
la transformation dans le sens de l'hérédité étant accomplie,
Audouin et Guillaume succèdent en commun à leur père. Audouin
est plus spécialement chargé d'administrer l'Angoumois ; Guil-
laume, le Périgord et Agen. Il est certain que Guillaume fut
comte d'Angoulôme en même temps que son frère. En 902, tous
deux partagent avec Aimar, fils d'Emenon. Audouin meurt en
916, Guillaume vers 918.
6® Guillaume II Taillefer. Il n'était plus un enfant lors de son
avènement. Pas de régence d' Aimar I*'. Gouvernement en com-
mun avec son cousin Bernard. Guillaume II administre plus spé-
cialement l'Angoumois et Bernard le Périgord et Agen, en même
temps que le comte Aimar I", jusqu'au 2 avril 930, date de la
mort de ce dernier. Guillaume, héros d'épopée. Il meurt en 945.
7^ Bernard, met la main sur tout le pays. On a peu de traces
de son gouvernement en Angoumois. Le surnom de Grandin pro-
vient d'une erreur de lecture. Il meurt en 950.
8* Arnaud I** (vers 950-avant 962). Guillaume III Tallerand
(vers 950-6 août 962). Renoul Bompar (vers 950-27 juillet 975), et
Richard le Simple (vers 950-975).
9* Renoul Bompar est tué par Arnaud (27 juillet 975), qui
chasse Richard le Simple de l'Angoumois et s'empare de ce
comté (975). Séparation définitive de l'Angoumois et du Péri-
gord. Arnaud ne s'empare que de l'Angoumois. Il épouse en
secondes noces Audearde, fille de Calon, vicomte d'Aunay et
veuve d'Arbert, vicomte de Thouars.
10* Guillaume IV (4 mars 991 (î)-6 avril 1028). Fils du précé-
dent d'un premier mariage. Il n'a probablement jamais porté le
surnom de Taillefer. Il meurt le 6 avril 1028.
IP Audoin II (6 avril 1028-avant le 1" mai 1032). Marié à
Alaisie, fille du duc de Gascogne.
12* Geoffroy (1032-avant le l*' mai-décembre 1048). Frère
d' Audoin IL Marié deux fois.
13* Foulques (décembre 1048-1087). Fils du précédent. Il
épousa Condoha ou Condor, fille du comte d'Eu. Il eut Guil
laume V Taill^er pour successeur.
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SOMMAIRE DU 1" JUIN 1W7
Avis bt ifouTEi.Lss : Conférence sur André Lemoyne ; Monument de Va) -
lières ; Nouvelle rue à La Rochelle ; Legs d'Orbigny.
Notes d'état civil.— Déôès : Beaupoil de Saint- Aulaire ; M"»» de VUledon;
M»« Hinet ; M. d'Orbigny ; M. E. Combes ; M. Belin de Dionne ; M. deSaint*
Germain ; M. Veillon.
MnrÎAges: Pellisson-Fumeau ; Bernard-Duchasteau.
VAFUKTés: I. GMrdes d'honneur volonUire$ royaux à Saintes, par M. Ch.
Dangibeaud. ~ II. Lei famillei du nom de Jfarm. — III. te clergé de U
Churente-JnférUure pendant U ii^roluiioTi {suite), par M. rabbéLemonnier;
<— La révolu de la Gabelle (tin), par M. le C^ Deruelle ; -^ Etude bibliogra-
phiaue sur les édition* de l'antiquité de Bourdeaus^ d'ELie Vinet (fin), par
M. Labadie.
Livna» ET Revlbs: i5auvetage du vieil hôpital de Tonnerre; Le» aventure»
d'Aliénor d^Àquilaine ; les huîtres et la lièvre typhoïde ; contrat d'impression
pour les œuvres de Palissy ; le livre de#» fiefs; M"»« de Polaslron ; Jes lionhons.
BlBLIOOIlAPHIC.
La- Uevue-BuHelin est adressée gratuitement aux membres de la
société, qui paient par an une cotisation de 13 francs.
La iievue-'Builelin mentionne ou analyse tout ouvrage composé,
imprimé dans la région, ou par un auteur habitant ou né dans la région,
ou concernant la région, dont un exemplaire aura été adressé au prési-
dent, à Saintes.
Les idées on les opinions émises dans la lievue-BuUelin sont person^
nelles.
On s'abonne à Saintes: 10 francs par an.
Le Gérant : Nosl TEXIER.
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' Al
Lti Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texler»
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- V • • ••
DE
SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES ARCHIVES HISTORIQUES
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
XXVI? Volume. — 5* Livraison.
!•' Oclobre 1907.
Le retard dans la livraison de ce
numéro provient de la perte du cliché
de la photographie qui devait accom-
pagner le compte rendu de l'excursion.
Les recherches ont pris du temps sans
amener de résultat.
Si on le retrouve il paraîtra dans
la prochaine livraison.
SAINTES
LIBRAIRIE J. PRÉVOST
45. COURS NATIONAL
1907
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ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ
1907 ^
BUREAU
Pfésidenl : Le baron Amédée Oudbt, rue des Ballets, 27, à Saintes.
Vice-président» : Le comte Pibrrb db CnozE-LBMBficiBR, an château
du Ramet, par Saintes.
Ch. Dangibeaud, 14, rue des Ballets, Saintes.
Secrétaire : Maurice Burbs, docteur en droit, avocat à Saintes, vue
Cuvillier.
Trésorier: Bbhthelot, notaire, rue de l'Aire, 17, Saintes.
Trésor ier-ad joint : M. Gati^eau, directeur de l'Agence du Crédit Lyon-
nais, à Saintes.
COMITÉ DE PUBLICATION
Gabriel Audiat, professeur à Paris, rue César-Franck, 9.
Machet de La Martinièhe, archiviste du département de la Charei|te,
Anffoulême.
GsonoEs iviussET, L 0, archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue Gargoulleau, 32, à La Rochelle.
JulesPelijssoi9, A. 0, juge au tribunal civil, boulevard des Arènes,
27, i Péri gueux.
D<' Chaules Viobn, aux Galards, près Montlieu.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
AuousTK BiTBAu, *f^, A. O, maître principal de !*■• classe des construc-
tions navales en retraite, conseiller municipal, rue du Perat, 50, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juge de paix, place des Cordeliers, 7, à Saintes
Edmond Boilevin, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jules Guillbt, négociant, conseiller général, rue de La Roche, It, à
Saintes.
Abel Mbstreau, négociant, rue du port des Frères, 24, è Saintes.
Le siège de la société des Archives est à Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mois un Bulletin, Revue de Sainlonge
et d*Aunis, qui forme au bout d'un an un volume d'environ $00 pages.
Le prix de fabonnement annuel à la Revue-Bulletin est de 10 francs;
11 fr. SOpoui l'étranger; un numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite*
ment aux membres de la société qui paient par an une cotissrtion de
13 francs.
RÈGLEMENT. — Article II. La société se compose : 1« de membres
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs...
2<* de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 francs ; 3* de
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une sottMOfte
de 150 francs...
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU !•' OCTOBRE 1907.
Avis bt nouvbllbs : Distinctions honorifiques ; Dons ; Congrès ; Inaugura-
tions de monuments et de musée ; Clocher de Marsilly classé ; Aliénés ; Syn-
dicat d'initiative.
Notes d'état civil. — I. Décès : M«« Joly d'Aussy ; M»* de Bremond d'Ars;
M. Rodanet; M. Troche; M. J. Laurent.— II. Afâ n'aies : de Dampierre-de Gon-
taud-Biron ; Deruelle-Poulet ; Rousseau-Marchand ; Vieux-Lavoux.
PrOORAMMB du CONGRÂS DBS SOCléTBS SAVANTES.
VARiéTÂs : Excursion de 1907, parX.; Documents sur Ut fabrication des
épinales à Barbezieux et à Coan&c, par M. J. Pelisson ; Fouilles aux puits de
Toulon, par M. L. Massiou ; sainte Véroni^ae, par D. Darley ; Le clergé de
la Charente- Inférieure pendant la Révolution (suite), par P. Lemonnier.
Questions et réponses. — Réponse : Deluze.
Livres et revues : La Française (chanson saintongeaise) ; Coutume d'Ole-
ron ; Souvenirs de Jean Bouhier; Avis de répartiteur.
AVIS ET NOUVELLES
M. Gabriel Audiat est nommé officier de rinstruction publique
(août 1907).
M. Gargam reçoit les palmes académiques.
Les Annales du Midi, juillet 1907. — M. P. D. (Dognon) rend
compte du tome XXXVI des Archives (Procès-verbaux du Direc-
toire).
« Plusieurs pièces auraient pu, semble-t-il, être l'objet de
coupures, ou réduites à des analyses sommaires : en tout cas, il
était inutile de publier la môme deux fois : bureaux d'enregistre-
ment, pages 151 et 441). »
La réflexion est fort juste, et nous la soumettons aux auteurs
afin qu'ils en tiennent compte. Il arrive trop fréquemment, en
effet, que sous prétexte de respecter l'original un auteur refuse
de couper tel ou lel passage insignifiant. Il semble qu'on lui
demande un sacrifice énorme. C'est pour celte raison que le
Journal de Samuel Robert, que nous publions cette année, avec
quelques résumés (trop rares), a attendu quinze ans dans les car-
tons, parce que M. de La Morinerie no voulait pas « défigurer
son bonhomme )».
Reme, Tome XXVII. 5« lirraiMn. — Octobre 1907. 19
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— 286 —
L'académie des Sciences et Belles-Lelires de La Rochelle met
au concours pour 1908 une étude historique et littéraire sur les
poètes de TAunis et de la Saintonge ; une élude sur le régime
économique d'un domaine avant 1789; la description d'un camp
fortifié de l'époque préhistorique ou même aux périodes posté-
rieures jusqu'à la fin du moyen âge, dans la même région.
M™* la baronne Eschasseriaux a donné au musée de Saintes
un portrait ancien de G. Monge.
Le musée de Beaune a reçu le portrait en pied du môme savant
et celui de sa femme^ par Brossard,
Le 29 septembre, a été inauguré, à Royan, le monument élevé
à la mémoire de Fr. Garnier, ancien maire de cette ville, ancien
sénateur. 11 se compose d'une stèle au haut de laquelle est placé
le buste de Gamier. En bas, trois figures nues. Il a pour auteur
M. Pierre Granet. (Voir leMémorial de Saintes du 6 octobre).
Le Magasin pittoresque du 15 juillet 1907 contient de M, Henri
Clouzot un article sur la Corniche royannaise, illustré de quatre
photographies.
Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou-
sin, t. LVII, 1" liv. — Fin de la Monographie du canton de Saint-
Sulpice-les-Feuilles. A Saint-Geo rges-les-Landes existe un
reliquaire de saint Eulrope en forme de monstrance (XVIII* siè-
cle).
Le Congrès d'histoire et d'archéologie organisé par les deux
sociétés savantes de Bordeaux à l'occasion de l'Exposition, que
nous avons annoncé, aura lieu les 17, 18 et 19 octobre, avec
excursion le 20, à Saint-Emilion.
Le vendredi 18 comporte trois séances : le matin, dans une
salle de l'Athénée ; le tantôt, dans la salle des congrès de l'Expo-
sition, et le soir, au grand amphithéâtre de l'Athénée.
M. Gourteault parlera des expéditions maritimes des Gascons
et des Basques au XVI* siècle.
Le 19, deux séances ; banquet le soir.
Le monument élevé au chimiste Grimaux, œuvre du sculpteur
Bareau, a été inauguré le 11 août, à Rochefort.
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— 287 —
Le 31 aoûl, a eu lieu Tinauguralion, ou plutôt la remise à la
ville de Saint-Martin de Ré, du musée constitué par la collection
de feu M. Phelippot, achetée par M. Cognacq, propriétaire de
La Samaritaine et originaire de Saint^Marlin. Cette collection est
essentiellement locale. M. Phelippot s'était attaché à recueillir
tout ce qui pouvait présenter un intérêt au point de vue de l'his-
toire de l'île.
Notre confrère, M. le docteur Atgier, après avoir élé le grand
ouvrier des négociations entamées avec la famille Phelippot, a
présidé à l'installation du petit musée, qui vient d'être confié
aux soins de M. Gros.
Par arrêté préfectoral du 26 août 1907, le clocher de l'église
de Marsilly est classé comme monument historique.
Il sert d'amer aux bateaux qui entrent dans le pertuis Breton :
il mesure actuellement 23 mètres.
Le 2 octobre, la reine Nathalie de Serbie venant d'Angoulême
en automobile a visité Saintes.
Les marais qui formaient le majorât constitué en faveur de la
famille Duchâtel, mis en vente sur le prix de 200.000 fr., n'ont
pas trouvé d'acquéreur.
En 1906, 623 aliénés, dont 467 indigents, ont été traités à
Lafond.
D'après une statistique officielle affichée à la porte des mai-
ries et églises, le nombre des aliénés au 1*' janvier 1907 était de
504 dans la Charente-Inférieure, dont 62 alcooliques (12,10 %) ;
674 dans la Charente, dont 39 alcooliques (5,79 7o) ; 1.681 dans
la Gironde, dont 325 alcooliques (19,33 "/o).
Le syndicat d'initiative « Poitou-Saintonge-Aunis-Vendée »,
fondé sous le patronage des chambres de commerce des Deux-
Sèvres, de la Charente-Inférieure et de la Vendée dans le but de
faire « connaître à ceux que leurs goûts ou leurs loisirs incitent
à voyager les beautés de notre contrée, ses sites naturels, ses
monuments, ses lieux historiques », vient de lancer une circu-
laire tendant à a'ecueillir des souscriptions.
Le comité provisoire comprend déjà plusieurs de nos confrères:
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— 288 —
MM. G. Audiat, Genêt, Guillel, L. Massiou, Mauny, Modelsky,
Musset.
La cotisation annuelle est fixée à six francs.
ERRATA
Le Bulletin de la Société historique et archéologique du Péri-
gord (tome XXXIV, p. 222) signale dans la Revue de Saintonge
du P'ijuin 19Q7 la note sur la famille Beaupoil de Saint-Aulaire,
« dont Tauteur confond les deux membres de Tacadémie avec la
branche de La Luminade ».
NOTES D'ÉTAT CIVIL
DECES
Le 7 août 1907, est décédée, à Saint-Jean d'Angély, M"* Marie-
Germaine-Angélique-Emilie Joly d*Aussy, née Verrier, femme
de M. Denys Joly d'Aussy, avocat, kgée de 39 ans.
Elle laisse un fils, Louis, et deux filles, Marie et Denyse.
Le 7 août 1907, est décédée, à Royan, M"* Marie-Françoise-
Méxante-Jeanne de Bremond d*Ars, à Tâge de 65 ans. Née à
Sainl-Brice, elle était fille de Guillaume, vicomte de Bremond
d*Ars, et de Marie-Louise-Aline Valorie de Saint-Brice.
Elle a été enterrée à Saintes.
Le 26 août 1907, est décédé, à Paris, M. Augusle-Hilaire
Rodanet, maire du II* arrondissement de Paris, commandeur de
la légion d'honneur, officier de Tinstruclion publique, président
fondateur de l'Ecole d'horlogerie de Paris, âgé de 70 ans.
Il était né à Rochefort.
Il laisse un fils, M. Albert Rodanet, avocat à la cour d'appel de
Paris.
Le 14 septembre 1907, est décédé, à Saintes, M. Paul Troche,
âgé de 44 ans, rédacteur du journal Le Progrès de la Charente-
Inférieure, où il avait remplacé Léo Delcer, Il était né à Sainte-
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— 289 —
Sévère (Indre). Il avait épousé une des filles de M. Orliaguel,
imprimeur à Saintes. Il laisse un fils, Pierre. •
M. Troche n'était pas seulement un polémiste ardent, il a écrit
des romans d'aventures qu'il a imprimés en feuilletons dans son
journal.
Le 22 septembre, est décédé, à Saintes, M. Justin Laurent,
chevalier de la légion d'honneur, ancien professeur au collège
de Saintes, ancien adjoint, conseiller municipal, président de la
société des Travailleurs réunis, président de l'Union des sociétés
de secours mutuels de la Charente-Inférieure, âgé de 69 ans.
MARIAGES
Le 30 mai 1907, à Paris, a été célébré le mariage de M. An-
toine-Noêl-Aymard-Léonard de Dampierre, fils de feu Guillaume-
Guy et de M"* née Marie-Marguerite Léger, avec M"* Marie-
Anne-Germaine de Gontaud-Biron, fille du député des Basses-
Pyrénées.
Le 11 juin 1907, à Hyenghènc (Nouvelle-Calédonie), M. Mau-
rice Deruelle, conseiller général, fils de notre confrère le com-
mandant Deruelle, a épousé M"* Charlotte Poulet.
Le 7 septembre, à Aunay de Saintonge, a été célébré le
mariage de M. Emile Rousseau, propriétaire au château de
Sipian-Valeyrac (Gironde), avec M"* Madeleine Marchand, fille
de notre confrère le docteur Marchand, maire, conseiller général
d'Aunay.
Le 24 septembre, a été béni, à Saintes, le mariage de M. Mar-
cel Vieux, avocat-conseil »^ Paris, avec M"* Yvonne Lavoux, fille
de M. Lavoux, professeur au collège de Saintes, en retraite.
Programme du Congrès des Sociétés savantes a la Sorbonne
EN 1908
Section d'histoire et de philologie,
1° Manuscrits exécutés au moyen âge dans un établissement ou
dans un groupe d'élablissomonts d'une région déterminée.
Rechercher les particularités d'écriture et d'enluminure qui
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— 290 —
caractérisent ces manuscrit et en présenter des reproductions
photographiques ;
2® Authentiques de reliques conservés dans les trésors de
diverses églises ;
3** Cartulaires, obituaires et pouillés conservés en dehors des
dépôts publics ;
4** Critique des actes apocryphes ou interpolés, publiés ou iné-
dits. A quelle date et pour quels motifs les fraudes de ce genre
ont-elles été commises ?
5® Chronologie des fonctionnaires ou dignitaires civils ou
ecclésiastiques dont il n'existe pas de listes suffisamment exactes.
— Ces listes sont utiles pour fixer la chronologie des documents
dépourvus de date et pour identifier les personnages simplement
désignés par le titre de leurs fonctions. Les documents financiers
peuvent aider à les établir ;
6** Signaler dans les archives et dans les bibliothèques les
pièces manuscrites ou les imprimés rares qui contiennent des
textes inédits ou peu connus de chartes de communes ou de cou-
tumes. — Mettre à la disposition du comité une copie du docu-
ment, collationnée et toute préparée pour l'impression selon les
règles qui ont été prescrites aux correspondants, avec une courte
notice indiquant la date certaine ou probable du document, les
circonstances dans lesquelles il a été rédigé, les dispositions qui
le différencient des textes analogues de la même région, les noms
modernes et la situation des localités mentionnées, etc.;
7* Signaler les anciennes archives privées conservées dans les
familles ; indiquer les principales publications dont elles ont été
l'objet, et autant que possible les fonds dont elles se composent ;
8® Exposer, d'après les registres versés récemment par l'admi-
nistration de l'Enregistrement aux archives départementales,
comment était organisé et fonctionnait,à la fin de l'ancien régime,
le service de la perception dos droits domaniaux du roi (contrôle
des actes, insinuations laïques, centième denier, etc.). — Indi-
quer le parti qu'on peut tirer de ces registres pour les études his-
toriques ;
9® Administration et finances communales sous l'ancien
régime; les étudier à l'aide des registres de délibérations et des
comptes communaux. Définir les fonctions des officiers munici-
paux et déterminer le mode d'élection ou de nomination, la durée
des fonctions, le traitement ou les privilèges qui y étalent atta-
chés;
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— 291 —
10* Listes d© vassaux ou étals de fiefs mouvant d'une seigneu-
rie ou d'une église quelconque, dressés au moyen âge ; indiquer
le fruit qu'on en peut tirer pour Thisloire féodale et pour la géo-
graphie historique ;
11** Registres paroissiaux antérieurs à l'établissement des regis-
tres de l'état civil ; services qu'ils peuvent rendre pour l'histoire
des familles ou des pays, pour les statistiques et pour différentes
questions économiques ;
12® Rechercher pour une région déterminée les phénomènes
météorologiques anormaux, hivers rigoureux, inondations,
sécheresses, orages, tremblements de terre, etc., signalés anté-
rieurement au XIX* siècle, dans les chroniques locales, livres de
raison, registres de délibérations de corps municipaux, registres
paroissiaux, correspondance des intendants, journaux, etc.;
13® Administration temporelle des paroisses sous l'ancien
régime, marguilliers, fabriciens, etc.;
14® Chercher dans les registres de délibérations communales
et dans les comptes communaux les mentions relatives à l'ins-
truction publique sous l'ancien régime : subventions, nomina-
tions, listes de régents et de maîtres, matières et objets de l'en-
seignement, méthodes employées et livres d'usage dans les
écoles ;
15® Diplômes des universités françaises et étrangères, thèses
imprimées ou manuscrites antérieures à la Révolution ;
16® Rechercher les causes de la destruction de la plupart des
anciennes bibliothèques en France à partir du XIV* siècle. Com-
ment les débris qui en subsistent ont-ils échappé à la destruction ?
17® Origines et histoire des anciens ateliers typographiques
en France. — Faire connaître les pièces d'archives, les mentions
historiques et les anciens imprimés qui peuvent jeter un jour
nouveau sur la date de l'établissement de l'imprimerie dans cha-
que localité, sur les migrations des premiers typographes et sur
les productions sorties de chaque atelier ;
18® Livres liturgiques, bréviaires, diurnaux, missels, antipho-
naires manuels, pontificaux, processionnaux, livres d'heures,
etc., imprimés avant le XVII* siècle, à l'usage d'un diocèse, d'une
église ou d'un ordre religieux ; présenter des reproductions pho-
tographiques de quelques pages des plus importantes ;
19® Relever, dans les privilèges accordés pour l'impression
des livres, les particularités utiles pour différentes études et sur-
tout pour l'histoire littéraire ;
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— 292 —
20** Etudier les documents qui pourraient servir à Thistoire de
la presse sous Tancien régime (fraudes, contrefaçons françaises
ou étrangères, impressions clandestines, imprimeries domes-
tiques, etc.) ;
21** Bibliographie raisonnée de la presse périodique (journaux
ei revues) pour un déparlement, un arrondissement ou une ville
dans les temps antérieurs au second Empire. — Cf, comme types
de ce genre de bibliographies : a) Histoire et bibliographie de la
presse périodique dans le département du Nord, par G. Lépreux,
Douai, 1896, 2 vol. in-8**; b) La bibliographie des journaux parus
n Paris de 1789 à 1800, au tome II de la Bibliographie de Vhis-
loire de Paris pendant la Hévolution française, par M. Tour-
neux. Paris, 1894, in-8**;
22** Recueillir les renseignements qui peuvent jeter de la
lumière sur l'état du théâtre, sur la production dramatique et sur
la vie des comédiens en province depuis la Renaissance ;
23** La vie littéraire dans une ville ou une région de la France
au XVIIP siècle, avant la Révolution. — Sans négliger les écri-
vains locaux, on recherchera les faits et documents qui peuvent
faire connaître Tactivité intellectuelle et les goûts du public, ainsi
que le rôle de la littérature dans la vie nationale ;
24** Etudier pour une région déterminée le rapport des mesures
anciennes avec celles du système métrique ;
25** Organisation et fonctionnement d'une des assemblées
municipales établies conformément à Tédil de juin 1787 ;
26** Dresser la liste des documents d'archives qui peuvent ser-
vir à faire connaître, dans un département, l'application de la
constitution civile du clergé ;
27** Etudier dans une commune le régime de la séparation des
Eglises et de l'Etat de 1794 à l'an II ;
28** Etudier dans un diocèse, une ville ou une paroisse les pre-
mières applications du concordat ;
29** Délibérations des municipalités rurales pendant la Révo-
lution ; mettre particulièrement en lumière ce qui intéresse l'his-
toire générale ;
30** Etudier, dans un département ou dans une commune, la
levée, la composition et l'organisation des bataillons de volon-
taires pendant la Révolution ;
31** Etudier, dans un déparlement ou dans une commune, le
fonctionnement de la conscription militaire de l'an YI à 1815;
32** Histoire d'une société populaire pendant la Révolution ;
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— 293 —
33® Variations de l'esprit public dans un département sous le
Consulat et TEmpire, d'après les procès-verbaux d'opérations
électorales et d'après les autres sources imprimées ou manus-
crites.
VARIETES
EXCURSION DE 1907
Benêt. Nieul-sur-l'Autize. Fontenay. Mervent. Poussais.
VOUVANT.
Comme l'an passé, l'excursion annuelle des deux Sociétés
archéologique et historique de la Charente-Inférieure a eu lieu
en 1907 au delà des limites saintongeaises et aunisiennes, ce qui
n'a en rien diminué son intérêt, la Vendée offrant assez de sîtes
pittoresques et de richesses monumentales pour tenter les tou-
ristes et satisfaire leur curiosité. Qu'il me soit toutefois permis
d'espérer que notre département ne sera pas désormais trop
délaissé. Sans abandonner l'idée d'excursions si intéressantes et
utiles pour tous aux départements contigus, il serait peut-être
bon qu'au moins une fois sur deux notre excursion annuelle eût
lieu dans notre domaine propre. Ceux qui ne le connaissent pas
encore bien à fond (je suis du nombre, hélas !) le parcoureraient
avec plaisir et profil et par comparaison avec les régions voi-
sines apprendraient à le mieux connaître et à le mieux apprécier.
Ce modeste vœu n'est point une critique, que j'aurais mauvaise
grâce à formuler après les bonnes journées des l*' et 2 juin
dernier, dont je suis chargé de vous retracer les étapes. Qu'il me
soit permis de déplorer qu'une malencontreuse indisposition
prive les lecteurs de cette revue d'un historiographe plus autorisé
que moi et d'un récit plus documenté et plus substantiel de cette
excursion, dont j'ai rapporté de charmantes impressions que je
me déclare incapable de vous faire ressentir.
Le rendez-vous était fixé au buffet de Niort, où nous devions
déjeuner avant d'affronter les fatigues de l'excursion. C'est là
qu'à l'heure dite nous nous trouvâmes rassemblés en nombre res-
treint il est vrai, mais bien décidés à profiter de notre mieux des
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— 294 —
deux journées que nous allions passer à parcourir ensemble la
Plaine et le Bocage vendéens ; le temps maussade ce matin-là,
comme les précédents, nous inquiétait bien un peu, mais la pers-
pective de quelques bonnes heures loin des soucis quotidiens
tempérait cette mauvaise impression, et le déjeuner fut très gai.
Le chemin de fer nous conduit jusqu'à Benêt, notre véritable
point de départ, où nous attend Tomnibus que nous n'abandonne-
rons plus que le soir à Fonlenay. Sur l'impériale, abondamment
pourvue de places, nous nous installons deux ou trois intrépides
seulement, car les nuages menacent toujours de se résoudre sur
nos têtes ; mais tant pis, là nous aurons plus d'air, plus d'hori-
zon et profiterons des moindres rayons de soleil. En route donc
pour Benêt, que voici au premier détour de la route. En passant,
nous apercevons les vestiges des tours et courtines du vieux châ-
teau féodal que Duguesclin arracha aux Anglais, puis l'omnibus
nous arrête sur la place du bourg.
L'église de Benel, intéressant monument du XIP siècle, n'a
gardé de cette époque qu'une belle façade malheureusemenl ai>i-
mée par quatre massifs contreforts du XV* siècle. La belle ordon-
nance de cette façade et certains détails de sculpture nous invi-
tent à attribuer cet édifice, nous le verrons par la suite de notre
excursion, aux mêmes architectes et imagiers qui, vers le même
temps, édifiaient non loin de là les églises de Nieul et de Maille-
zais. Comme toutes les église® romanes, celle de Benêt ne devait
pas échapper à la destruction dont elle portait le germe en elle-
même. Ruinée par l'énorme poussée de ses voûtes, elle fui recons-
truite au XV* siècle sur un plan un peu plus large ; tout l'inté-
rieur date de cette époque, ainsi, hélas ! que les contreforts de
la façade, dont deux ont complètement mangé le^ charmantes
colonnes qui cantonnaient le portail central. D'autres malheurs
guettaient encore le vieux monument : il fut restauré ! et en en
faisant le tour nous fûmes bien vite amenés à douter de la fidé-
lité de la restauration ; mais passons, nous aurons à revenir sur
ce sujet.
La route est longue de Benêt à Maillezais, le pays est mono-
tone et, sur l'omnibus où lèvent d'ouest nous fouette durement le
visage, nous devisons de choses et d'autres. J'apprends, moi
nouveau venu, à connaître mes compagnons de route et regrette
avec eux l'absence des membres les plus distingués de nos deux
sociétés : M. le baron Oudet, président de la Société des
Archives ; M. Musset, président de la Commission des Arts et
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— 295 -
Monuments historiques de la Charente-Inférieure, M. Dangi-
beaud, nous eussent été des guides infiniment précieux par leur
érudition et leur connaissance de ces régions que nous sommes
venus visiter aujourd'hui.
Cependant, voici Maillezais, où notre attention est tout d'abord
sollicitée par une intéressante croix hozannière élevée dans le
cimetière. C'est un petit édicule polygonal aux arêtes accusées
par de grosses nervures surmonté d'une croix relativement
moderne ; sur la face antérieure, un pupitre avec sujet en relief
très effacé. On fait généralement remonter au XII* siècle ce
monument que certains détails de sculpture sembleraient plutôt
attribuer au XIII*.
Nous voici maintenant en présence de la belle abside romane
demi-circulaire de l'église paroissiale. Cantonnée de robustes
colonnes cylindriques jumelées qui lui servent de contreforts,
avec ses ouvertures si joliment encadrées, ses chapiteaux cl ses
corbelets si finement et si naïvement taillés, elle donne une
impression d'élégance remarquable, rehaussée encore par le voi-
sinage d'un massif de hardies colonnes s'élevanl d'un seul jet à
une grande hauteur et dissimulant d'une façon très heureuse le
puissant contrefort qui épaulait le mur nord du chœur. La façade
présente à sa partie inférieure un portail en plein cinlre accom-
pagné de deux arcatures ogivales aveugles. Archivoltes et chapi-
teaux sont décorés de sujets symboliques, d'entrelacs, de têtes
humaines, d'oiseaux élégamment sculptés ; une femme à queue
de poisson y rappelle les relations avec Vouvant, alors prieuré
dépendant de Maillezais. L'intérieur de l'église est sombre et
froid : une seule nef, un chœur surmonté d'une coupole octogo-
nale élevée sur trompes et une abside où seuls quelques chapi-
teaux sont dignes d'attirer l'attention avec deux ouvrages posté-
rieurs : une intéressante piscine du XIV* siècle et un fronton
triangulaire du XV* surmontant une niche.
Une photographie de 1872 me montre un monument massif,
mais où l'ordonnance primitive se devine aisément, où ressorlent
d'une façon pittoresque et charmante les sculptures du vieil ima-
gier auquel le temps et la nature ont apporté leur précieuse col-
laboration. Hélas ! nous n'avons point éprouvé la même impres-
sion à contempler l'édifice actuel : il est tout neuf, d'une blan-
cheur désespérante, sa façade, malgré la base solide que lui
assure un large perron aux marches trop peu usées, s'écrase sous
le poids d'un clocher neuf, lourd et «ans style, si mal raccordé
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- 296 —
avec elle qu'il semble bien n'avoir pas été fait pour elle ; tandis
qu'un© sacristie plus neuve encore et de style douteux masque
entièrement le côté sud de l'abside.
Au presbytère, où M. le curé de Maillezais, après nous avoir
fort aimablement fait les honneurs de son église, a bien voulu
nous introduire, nous voyons une curieuse vierge en pierre du
XII* siècle, à laquelle il ne manque que... le visage ! autrefois
sans doute bûché par quelque vandale et remplacé par un mas-
que de plâtre d'un effet déplorable. Nous prenons congé de cet
ecclésiastique en le remerciant doublement, car il nous a non
seulement montré une pièce intéressante, mais encore mis fort à
propos à l'abri d'une sérieuse averse qui vient d'arroser abon-
damment son jardin, et nous nous dirigeons vers les ruines de
l'abbaye.
Ici nous pouvons admirer sans scrupules ; pas la moindre res-
tauration n'est venue gâter l'aspect imposant et pittoresque do
ces ruines qui vont nous livrer leur histoire : cette construction
massive, là-bas, nous rappelle le moine Théodelin, premier abbé
do Maillezais, qui éleva, au XP siècle, 3ur l'emplacement du châ-
teau féodal de Guillaume Tête d'Etoupe, duc d'Aquitaine, la belle
église dont il ne nous reste plus que ces doux tours, quatre tra-
vées du mur septentrional et l'intéressant narthex plus tard muré
par Agrippa d'Aubigné, lorsqu'il fut chargé de fortifier Maille-
zais. Ces trois élégantes fenêtres du XIII* siècle sont les vestiges
de la nef que dut édifier l'abbé Raynaud après l'incendie qu'avait
allumé en 1232 le féroce Geoffroy la Grand'Dent, puissant et
irascible seigneur de Vouvant. Puis, témoins d'une splendeur
nouvelle, voici les débris du magnifique transept élevé au
XV* siècle par Jean d'Amboise, évêque abbé de Maillezais, qui
transformait ainsi la vieille église abbatiale en cathédrale digne
de faire figure à côté de ses aînées ; ce qu'il en reste nous laisse
à penser que l'ambition du prélat ne fut point déçue, tout porte
l'empreinte d'un art achevé dans ces vestiges mutilés : élégantes
ogives, colonnes nerveuses aux chapiteaux délicatement ciselés;
un escalier mène à l'ancienne galerie qui contournait le transept,
puis à la base de l'une des cinq flèches qui couronnaient l'édifice.
Est-ce tout ? Non. Regardez attentivement, là, cet infime pan de
mur. Ce sont les dernières pierres du chœur qu'édifia en pleine
Renaissance l'évêque Geoffroy d'Estissac, prince d'Eglise, grand
seigneur ami des lettres et des arts, sous l'épiscopat de qui Mail-
lezais atteignit son apogée et fut le lieu d'élection d'une véritable
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— 297 —
petite cour où vécut quelque temps Rabelais. « Les fondations,
« que nous avons relevées, dit M. Bourlolon (1), et d'intéressants
« documents des XVII* et XVIIP siècles, établissent les lignes
« générales de l'œuvre de d'Estissac. 11 ajouta au transept de
« Jean d'Amboise un long chevet circulaire, butté par vingtr
« quatre contreforts surmontés des statues des douze apôtres
« alternant avec des clochetons. A Tinlérieur, sept chapelles
« rayonnaient autour du chancel où s'appuyaient les stalles de
« pierre des chanoines. Au centre, « l'autel à la romaine ». Le
« chœur était fermé du côté de la nef par un jubé, qui découpait
« sous la croix du transept, au-dessus des cannelures et des
< volutes d'un portique ionique, les arabesques de sa galerie, n
La ruine suivit de près l'apogée de la vieille abbaye vendéenne;
prise et reprise pendant les guerres de religion, elle fut, à cause
de son excellente situation, transformée en forteresse par ordre
d'Henri IV. Ce fut Agrippa d'Aubigné, nommé gouverneur en
1588, qui organisa la nouvelle place-forte, aux dépens, hélas ! de
la cathédrale, du clottre et des autres bâtiments. De ces bâtiments
claustraux qu'édifia au XIII* siècle l'abbé Raynaud, il demeure
un grand corps de logis ruiné, dont le haut pignon étayé de ner-
veux et sévères contreforts domine fièrement au midi le port de
Maillezais. A l'intérieur, l'on nous a montré ce qui fut au rez-de-
chaussée le réfectoire des moines, et à l'étage leur dortoir où
en 1864, fut offert par M. Poëy d'Avant, le propriétaire d'alors,
un somptueux banquet aux membres du congrès archéologique.
Le délabrement actuel de ces belles salles ne permettrait certes
plus d'y servir aujourd'hui un banquet. Le poulailler du fermier
est insCallé dans l'ancienne cuisine de l'abbaye : cuisine octogonale
à toit pyramidal, conune à Fontevrault, mais ce toit a été rasé.
Avant de quitter ces intéressants restes du passé, nous allons
dans la prairie qu'ils dominent jouir de leur ensemble ; mais
nous n'avons pas le recul nécessaire et ne pouvons nous imaginer
l'imposant spectacle qu'avaient autrefois sous les yeux les sau-
niers d'Aunis lorsqu'ils venaient aborder sous les murs du puis-
sant monastère.
Nous partons pour Nieul, mais la route passant près du châ-
teau de Bouillé-Courdault qu'illustra le célèbre veneur Jacques
du Fouilloux, nous nous y arrêtons un instant. Le château est
relativement moderne, il date du commencement du XVIII* siè-
(1) Paysages et Monuments du Poitou : Maillezais et Maillé, p. 11.
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\
— 298 —
cle ; il a d'ailleurs assez grand air avec son gros pavillon que
surmonte une toiture en carène de navire renversée, ses deux
ailes en retour aux lignes sobres et distinguées. Mais des van-
dales ont passé là: d'intéressantes sculptures décoraient la façade
du pavillon central, elles ont été martelées et badigeonnées ; de
superbes arbres faisaient la beauté du site, leurs énormes troncs
jonchent le sol ; deux marronniers encore debout permettent de
S'r rendre compte du désastre. A la place de ce désert que nous
suivons, une haute voûte de verdure conduisait autrefois à la fon-
taine de Saint-Quentin, source abondante qui s'épanouit en un
petit étang aux eaux limpides et poissonneuses. Le cadre en est
délicieux, formé de sveltes peupliers, d'ormeaux élancés que
grandit encore leur image reflétée dans l'onde calme ; la lumière
vient au travers du léger rideau de feuillages éclairer discrète-
ment ce décor vraiment pittoresque et charmant.
A Nieul, afin de mieux apprécier les monuments que nous y
allons visiter, nous commençons par nous refaire, car nous avons
déjeuné tôt et nous dînerons tard. Notre guide a eu la main heu-
reuse en nous conduisant chez M"* veuve Sacré, où nous avons
trouvé tout préparé un régal : du beurre fixais, un excellent pâté
de ménage et des cerises qu'on venait de cueillir. Pour un palais
accoutumé aux mets épicés des restaurants, c'était une véritable
fête. Ainsi mis en bonne humeur, nous nous acheminons vers
l'église. Oh !... encore une façade neuve, un édifice neuf, et quel
neuf 1 Vraiment, les architectes s'acharnent à nous gâter nos
vieux monuments. Qu'ils les soutiennent, qu'ils les réparent pour
nous les conserver, j'y souscris de grand cœur ; mais qu'ils nous
les restituent, qu'ils les rebâtissent comme ils furent autrefois
(et qu'en saventrils, la plupart du temps ?), je ne puis l'admettre
que dans des cas particulièrement intéressants et rares, lorsqu'ils
sont en possession de documents certains ; mais surtout que sous
prétexte de restauration ils affublent un édifice historique d'une
construction nouvelle n'ayant pour but que le soi-disant embel-
lissement du monument, cela je le trouve monstrueux. Elle était
pourtant pleine de charme, cette vieille façade de Nieul, avec sa
grosse tour carrée, son large pignon, ses deux gracieux cloche-
tons du XIIP siècle, qui faisaient si bien valoir les portail et
fenêtres romans subjacents. Tandis que maintenant ces mêmes
ouvertures remises à neuf sont dominées par un clocher banal, un
pignon de fantaisie et des clochetons étriqués ! A l'intérieur,
seules les trois nefs ont été convenablement restaurées ; l'abside
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— 299 —
est trop neuve, et trop fantaisiste, elle aussi, pour inspirer un
intérêt quelconque. La grande nef est voûtée en berceau brisé ;
les piliers qui la soutiennent sont très visiblement inclinés vers
l'extérieur, conservant ainsi la preuve de l'énorme poussée qu'ils
ont eu à supporter. Ces piliers affectent en plan une forme ori-
ginale : un pilastre flanqué de deux grosses colonnes engagées
accompagnées sur la face correspondante au pilastre de deux
demi-<îolonnes de faible diamètre ; sur la face du pilastre une
petite colonne engagée. Les colonnes accolées qui reçoivent les
doubloaux de la grande nef présentent aussi une disposition peu
conunune : à hauteur des chapiteaux des colonnes latérales elles
s'infléchissent parallèlement à ces chapiteaux, puis se redressent
à hauteur des tailloirs et se continuent ainsi en encorbellement
jusqu'à la naissance de la voûte.
Une vraie surprise nous attendait à la sortie de l'église : par
un chemin étroit, humide et obscur, nous parvenons au cloître,
que le restaurateur n'a pas encore violé ; nous marchons dans
la poussière et les débris accumulés par le t^mps, sous des voûtes
noires, entre des murs aux dessins effacés ou ruinés et de rusti-
ques colonnes aux chapiteaux effrités ; dans la cour, une végé-
tation luxuriante d'un vert merveilleux sous la pluie fine qui
tombe monotone d'un ciel bais- et' gris à souliait. Let lieu d'une
délicieuse intimité invite au recueillement ; l'impression est triste
et charmante à la fois. Attenant au cloître et communiquant avec
lui par trois baies ogivales, une vaste salle capitulaire voûtée en
berceau est demeurée en parfait état de conservation.
Mais il faut nous arracher à cette agréable contemplation ;
l'heure passe, il faut repartir. Le temps est plus triste et plus
décourageant encore que tout à l'heure, le vent souffle plus frais
et plus aigre, le pays jusqu'à Fontenay est sans attrait ; la vision
nous reste, heureusement, pendant la durée du chemin, du cloître
qui a conservé pour notre joie, jusqu'à maintenant, le parfum du
passé et la saveur des choses délaissées.
Après une traversée monotone de la plaine vendéenne, toute
maussade sous les nuages gris et le vent d'ouest, à l'approche du
soir nous pénétrons dans la capitale du Bas-Poitou. douce sur-
prise ! chère à notre vanité : Fontenay, sur notre passage, a
déployé ses oriflammes, mis ses habits de fête ; nous suivons la
grande rue aux façades décorées de guirlandes de feuillage et de
fleurs. Cependant, la foule affairée nous laisse passer, indiffé-
rente. Fuyez, douce illusion ! ce n'est point nous, c'est Belliard
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— 300 -
que Ton fêle : Belliard, enfant de Fontenay, volontaire de la
République, qui gagna les étoiles dans les campagnes d'Italie et
d'Egypte, parcourut l'Europe avec la grande armée et, après
avoir ainsi vaillamment servi son pays sur les champs de bataille,
acheva sa brillante carrière en le servant encore dans la diplo-
matie. Déjà honoré par sa ville natale, demain Belliard goûtera
le rare honneur d'une réinauguralion. Ses hauts faits, ses vertus
seront retracés par le maire de Fontenay, qui lira la lettre que le
héros écrivait à son père au moment où il venait de recevoir avis
de sa nomination au grade de général de brigade : « ... J'ai cru
devoir suivre ton exemple et tes conseils, lui disait-il... et servant
mon pays par amour et non par ambition, j'ai refusé l'avance-
ment qui m'était offert.. » Puissent les assistants de la fête de
demain écouter tous ces conseils et suivre tous un tel exemple.
Mais voici VHôlel de France, où nous descendons pendant notre
court séjour à Fontenay, et, celte foisf c'est bien pour nous, voici,
les mains tendues, un groupe d'archéologues fontenaisiens qui
ont eu la charmante attention de venir ici nous attendre pour
nous faire les honneurs de leur ville ; ce sont MM. Valette, de
Villeneuve Esclapont, Hubert de Fontaines et Raymond Louis.
M. Valette, le distingué directeur de la Revue du Bas-Poitou,
s'empare de nous et, avec la plus parfaite bonne grâce et le plus
aimable dévouement, nous emmène vers la demeure de Nicolas
Rapin, transformée par M. Octave de Rochebrune, avec les
dépouilles du château de Coulonges-les-Royaux.
On connaît Nicolas Rapin, l'un des auteurs de la Satyre Ménip-
pée ; il naquit à Fontenay en 1539. C'est vers la fin du XVI* siè-
cle qu'il fil élever par Jean Morison le château de Terreneuve, où
il allait bientôt se retirer pour échapper aux fatigues de la vie
politique et aventurière qu'il avait menée jusque-là, comme en
témoigne 4'inscription qu'il fit graver sur le portail de celte
demeure :
Vbntz. soufflez, kn. toute, saison.
Un. bon. ayr. en. cette, mayson
Que. jamais, ni. fièvre, ni. peste.
Ni. les. maulx. qui. viennent, o'excèz
Envie, querelle, ou. procbz.
CeULX. qui. s'y. tiendront, ne. M0LB8TB.
La vieille « mayson » a bien changé depuis l'époque où elle
abritait Rapin et ses amis. Son dernier possesseur, M. Octave de
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Rochebrune, en a fait un véritable musée où se retrouvent les
fragments de la maison du gouverneur du château de Fonlenay
et surtout du château de Coulonges qu'avait fait élever vers le
milieu du XVP siècle Louis d'Eslissac, grand officier de la cou-
ronne, gouverneur du Poitou, de TA unis et de la Saintonge. C'est
de cette magnifique demeure que proviennent le charmant porche
qui décore la façade de Terrencuve, la cheminée du salon, la
porte du grand atelier, les caissons qui ornent les plafonds, et la
voûte de Timprimerie. Tous ces fragments ont été restaurés, ils
sont sans doute un peu blanca, un peu dépaysés dans ces salles
trop étroites où ils se trouvent amassés ; mais ce sont de magni-
fiques morceaux que je vous engage à étudier do plus près dans
les belles eaux-fortes qu'en a laissé M. de Rochebrune.
Nous nous hâtons maintenant vers l'hôtel, où nous attend un
repas bien mérité après une telle journée. Ce repas est substan-
tiel et bien servi ; il est surtout plein d*entrain ; propos joyeux
et propos archéologiques s'y croisent, interrompus un instant par
les accents guerriers d'une marche exécutée par la musique
du 137*; c'est la retraite aux flambeaux, prélude des fêtes de
demain en l'honneur du général Belliard.
Au Champagne, M. Bouyer en notre nom, M. Valette au nom
des Fontenaisiens, échangent les deux charmants toasts que je
suis heureux de pouvoir reproduire ici m extenso :
Toast de M. Bouyer.
Mbssiburs,
J'ai reçu de mes collègues l'agréable mission de vous remercier
en notre nom collectif du charmant accueil que vous nous avez
réservé. Et je m'en charge d'autant plus volontiers que je donne
en même temps satisfaction à un besoin personnel.
Que Texpression de notre vive reconnaissance aille d'abord à
M. Valette, directeur de la Revue du Bas^PoHou. Nous savons tous
que cette excursion ne s'accomplit dans des conditions excellentes
que grâce à ses renseignements précieux ; et notre gratitude se
double en songeant que, sans lui. Messieurs, nous n'aurions pas
eu la joie d'être réunis à vous ce soir.
De quelles prévenances n'avons-nous pas été déjà comblés !...
Non contents de vous être faits nos guides à travers les reliques
de votre vieille cité, et d'avoir fait s'ouvrir pour nous des portes
jalousement fermées, voilà que vous nous offrez encore de diriger
demain notre visite à vos environs si pittoresques.
Que pourrons-nous vous offrir en échange ?
Quand des amateurs comme vous voient venir à eux une société
voisine, ils espèrent éclairer au choc des idées quelque point
obscur de leurs monuments ou de leurs annales.
Bnllctio. SO
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J'ai peur qu'aujourd'hui aucun de nous ne soit suffisamment spé-
cialisé pour réaliser celte espérance, si tant est que vous Tayiez
conçue.
La partie agissante de la Société a été écartée de ce voyage par
des nécessités personnelles accumulées par le hasard, mais nous
comptons que bientôt vous ferez sa connaissance en nous rendant
notre visite en Saintonge. Nous serons fiers de vous faire connaître
M. le baron Oudet, notre très aimé président, M. Dangibeaud, cher-
cheur infatigable, M. Martineau, bibliophile saintongeais, aussi
aimable qu'averti, et bien d'autres encore. Car, pour le moment,
vous n'avez devant vous qu'une troupe un peu confuse d'êtres sans
chef et pour laquelle, il faut le dire, l'archéologie n'étant qu'un
délassement d'autres travaux, n'est, par suite, qu'une préoccupa-
tion de second plan.
Mais il faut. Messieurs, ne voir en tout que le bon côté des choses.
Un écrivain facétieux prétend qu'il faut toujours croire les
archéologues sur parole, de peur qu'ils ne s'expliquent. Je crois
pouvoir vous promettre que vous échapperez avec nous à ce redou-
table danger.
Au nom de la Société des Archives historiques de Saintonge et
d'Auni», je lève mon verre à vous d'abord. Messieurs, dont la cor-
dialité fut si spontanée, et à votre future visite à Saintes, puis à
tout ce que vous affectionnez : à vos familles, à vos vieux monu-
ments tant aimés.
Que le souverain maître de toutes choses éloigne des unes les
maladies, et des autres les architectes.
Toasi de M. Valette.
Messieurs,
Il y aura bientôt un demi-siècle, celui qui m'a transmis, avec son
nom, le goût des lettres et le culte des choses du passé, souhaitait,
comme maire de Fontenay-le-Comte, la bienvenue aux membres de
la Société française d'archéologie venus en cette ville pour y tenir
leurs assises annuelles.
Parmi les érudits illustres que cet événement avait groupés ici,
la mort a fait d'irréparables ravages ; les savants fontenaisiens qui
avaient noms de Rochebrune, Fillon, Poey d'Avant, Jousseaume,
ont disparu les uns après les autres, et la vieille fontaine au fronton
de laquelle François 1*^^', inspiré par Rabelais, avait fait graver une
si fastueuse devise, n'a plus versé que parcimonieusement son pré-
cieux breuvage.
Je serai impardonnable cependant — moi qui y compte de si
appréciés collaborateurs — de ne pas reconnaître qu'aujourd'hui
comme dans le passé, la capitale du Bas-Poitou conserve aux lettres
et aux arts un culte fidèle, et qu'elle garde non moins religieuse-
ment le souvenir de ses gloires. La fête qui doit réunir demain tous
les Fontenaisiens au pied de la statue du général Belliard en est
une preuve nouvelle.
Aussi bien. Messieurs, ne pouviez-vous pour votre excursion
annuelle faire choix d'un pays qui sollicitât davantage votre intérêt,
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tant par les souvenirs évoqués que par les monuments entrevus.
Partout sur votre route, vous avez rencontré et vous rencontrerez
encore des témoins précieux de votre histoire saintongeaise.
A Benêt, vous avez aujourd'hui visité les ruines de l'ancien châ-
teau féodal qui appartint aux Dampierre, vos compatriotes.
A Maillezais, on vous a montré dans Tantique église Tendroit où
lui découvert, en 1835, le tombeau de Tabbé Goderan, qui fut au
XI® siècle évêque de Saintes.
A Maillé, vous avez suivi le chemin par lequel les sauniers d'Au-
nis approvisionnaient naguère de sel le Poitou et la Gaule entière.
Demain, vous pourrez déchiffrer sur le curieux portail roman
de l'église de Poussais, le nom de l'habile imagier qui fut une des
gloires de Tart ancien en Saintonge.
Et ici même, en parcourant les rues de notre cité, que de noms
connus de vos historiens rappellent tout à la fois vos illustrations
et les nôtres. C'est Jean Imbert, ce jurisconsulte renommé que
nous donne La Rochelle. C'est le médecin numismatiste François
Mizière, que Bernard Palissy tenait pour un de ses meilleurs élèves.
C'est Mercier du Rocher, rochelais d'origine également, et dont les
curieux mémoires pour l'histoire des guerres de la Vendée furent
consultés avec tant de fruit par Michelet, Louis Blanc et Chassin.
J'en passe, et non des moindres. Mais j'en ai dit assez pour prouver
combien nos deux provinces sont unies par les liens du passé.
Au nom du présent, permettez-moi. Messieurs, de vous remercier
à mon tour du grand honneur que vous nous avez fait, en venant
au nom de la science visiter le Bas-Poitou, dont je m'efforce depuis
vingt années de reconstituer l'histoire.
Puissent les souvenirs recueillis par vous, au cours de cette trop
rapide visite, sur les marges d'émeraude des champs de notre
plaine et sur les bords fleuris de nos marais, vous inspirer égale-
ment le désir de connaître les cimes boisées de notre Bocage.
Un pèlerinage s'y impose tout particulièrement à votre piété
régionale : le pèlerinage à ce modeste bourg qui eut llionneur
insigne de donner son nom à votre grand naturaliste Réaumur.
C'est là, Messieurs, que je vous donne un rendez-vous prochain,
et, dans cet espoir, je lève mon verre en l'honneur de tous les
membres, présents ou absents, de votre docte compagnie, parmi
lesquels je suis heureux et fier de compter de bonnes et durables
amitiés.
Ces deux toasts, vivement applaudis, terminent le repas. Nous
allons alors par les rues tranquilles de Fonlenay achever gaî-
menl nos conversations, interroger le ciel qui semble un peu ras-
séréné, puis, sur celle bonne impression, nous regagnons nos
chambres avec l'espoir d'un lendemain ensoleillé.
Le programme de notre deuxième journée d'excursion com-
porte tout d'abord la visite des monumenls de Fontenay que nous
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n'avons pu voir la veille. Le lieu de rendez-vous est à l'église
Notre-Dame, où nous devons tout d'abord visiter la crypte décou-
verte accidentellement en 1846 ; elle est très petite ; une voûte
d'arêtes y est soutenue par de courtes colonnes cylindriques sur-
montées de chapiteaux peu ornés ; c'est là le seul vestige de la
première église élevée sur cet emplacement au XP siècle. Depuis
cette première construction, Notre-Dame a subi bien des rema-
niements dont nous retrouvons les traces dans l'édifice actuel. A
la façade quelques modillons rappellent une construction du
XIII* siècle. Au XV* appartiennent la flèche et le portail nord.
Celui-ci se compose d'un porche ogival recouvrant une fenêtre
flamboyante, dont les voussures sont richement décorées de sta-
tuettes, supports et baldaquins très fouillés et finement sculptés,
et à la base de laquelle sont pratiquées deux portes séparées par
un pilier surmonté d'une très belle statue de la Vierge. Le clo-
cher, très élevé, est d'une élégance et d'une pureté de lignes
mei-veilleuses. Au-dessus d'une base austère, sans aucune déco-
ration, qui atteint à hauteur des combles, s'élayent deux galeries
à jour, l'une sur plan carré, l'autre sur plan octogonal, surmon-
tée d'une flèche à huit pans, où furent accrochées avec un art et
une mesure remarquables de délicates et gracieuses dentelles de
pierre. L'ensemble est tout à la fois d'une puissance et d'une har-
monie délicieuses. Le portail ouest est le produit de la période
intermédiaire entre le gothique et la Renaissance. La façade,
méridionale, ainsi qu'à l'intérieur les deux chapelles latérales et
les sacristies, datent de la Renaissance. Le XVIP siècle n'a laissé
que de piètres traces dans l'église Notre-Dame; quant au
XVIII* siècle, il l'a dotée d'une belle chaire en chêne sculpté
d'une facture inégale mais intéressante et non dépourvue de
mérite.
Nous nous engageons maintenant dans la rue pittoresque du
Pont aux Chèvres, où nous examinons en passant, outre le chevet
Renaissance de Notre-Dame, une jolie façade du XV* siècle et le
curieux portail de la maison de M. Villeneuve Elsclapont, avant
d'arriver au charmant édicule élevé en 1542 par le maître maçon
Liénard de la Réau : la fontaine des Quatre Tias, malheureuse-
ment enfoncée jusqu'à moitié de sa hauteur au-dessous du sol.
La rue du Château nous conduit ensuite aux ruines du donjon
féodal des vicomtes de Thouars. Là, c'est un émerveillement :
eiiilre les murs, sur les tours effrondrées de l'ancien château, a
poussé une végétation folle; pas une allée, mais des tapis d'herbe
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— 305 —
drue, des sentiers embroussaillés, c'est une orgie de verdure, et
Ton pense invinciblement au Paradou.
Nous poursuivons notre chemin par les rues tendues de draps
blancs ornés de fraîches fleurs, car c'est aujourd'hui la Fête-
Dieu, et les processions sont encore autorisées en ce pays qui a
conservé sa foi vivace. En passant sur la place Belliard, nous
saluons le monument du général, prêt pour l'inauguration de ce
soir, nous examinons quelques vieilles maisons parmi lesquelles
la plus intéressante est colle du constructeur du cht'lteau de Terre-
Neuve: Jean Morison, puis, parle pont des Sardines, qui forme,
avec les curieuses maisons de bois surplombant la Vendée, un
si pittoresque tableau nous regagnons l'hôtel où nous attendent
les voitures.
Et maintenant, en route pour Mervent ! Le temps s'est décidé-
ment mis au beau, le soleil daigne se montrer, aussi sommes-
nous plus nombreux et plus gais sur l'impériale de l'omnibus. Le
pays est plus riant aussi, plus vert, plus accidenté ; c'est diman-
che, et voici, revêtus de leurs plus beaux habits, entassés et caho-
tés dans leurs légers cabriolets, les paysans qui vont à la fêle à
Fontenay ; et voilà, le livre de messe à la main, les belles villa-
geoises qui vont à l'église ; leur figure rieuse s'encadre joliment
sous la coquette coiffe vendéenne. Puisque vous avez eu le bon
sens de la conserver encore, votre jolie coiffe, ô filles de Vendée,
ne la quittez jamais pour le banal chapeau qui n'irait pas à votre
teint et s'harmoniserait si mal avec votre décor de verdure et
votre beau ciel bleu ; non, ne sabolez pas votre pays en lui enle-
vant une note si pittoresque !
Nous entrons en forêt : point de hautes fulaies, mais des taillis
frais et fournis ; nous laissons un moment notre voiture pour les
traverser, guidés par M. de Villeneuve, qui connaît bien sa forêt,
car il y a longtemps qu'il la parcourt en tous sens ; c'est lui qui
a tracé ces routes, jeté ces ponts sur les ravins de la Mère et du
ruisseau des Verreries ; et il nous conte ses promenades, ses
chasses, ses aventures d'antan avec un entrain et une gaîté com-
municatifs ; chaque coin évoque en lui un souvenir, lui rappelle
une légende, c'est vraiment charmant, et l'on s'attarderait volon-
tiers ; mais le temps passe, il faut reprendre la voilure et gagner
Mervent.
C'est bien le point le plus pittoresque de notre excursion; juché
sur un plateau rocheux qui surplombe le confluent de la Mère et
de la Vendée, le petit village de Mervent nous offre un merveil-
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— 306 —
leux panorama sur la forêt et vers Test sur le Bocage. Sur ce pro-
montoire fut édifié au XIP siècle un chateau-fort dont les ruines
enveloppées de lierre couronnent fièrement encore le rocher à
pic sur la vallée de la Mère. Notre guide interrompt court notre
contemplation ; il faut aller déjeuner. « C'est pas d'refus », d'ail-
leurs, comme disent « les gens de cheu nous » ; il y a longtemps
que nous sommes partis et la faim se fait sentir. Entrons donc à
Tauberge ; la table est prête dans une petite pièce aux murs bien
propres, blanchis à la chaux ; des chaises rustiques, du linge
blanc et rude, un menu copieux, des mets simples mais soigneu-
sement cuisinés : c'est la bonne auberge dirigée par une femme
de tête, M°** Normand, que connaissent bien les touristes d© la
région. La présidence de notre banquet fut d'une voix unanime
offerte à M. le comte de Villeneuve, qui, au Champagne, nous a,
en un taost charmant rappelé les souvenirs de la fée Mélusine,
à qui la légende attribue la construction du château de Mervent,
et du beau Dunois, qui se plaisait tant en cette résidence que
Charles VII lui avait donnée en récompense de sa vaillance et de
ses beaux faits de guerre.
Nous eûmes à regretter, à la fin du repas, le départ de
M. Valette, que la fêle patriotique de ce jour rappelait à Fonte-
nay. Nous aurions cependant bien aimé le conserver parmi nous.
Qu'il me soit, à cette occasion, permis de le remercier à mon
tour de la sympathie charmante qu'il nous a témoignée dès
l'abord, de toute son affabilité et de tout son dévouement à notre
égard pendant ces deux journées vendéennes.
Nous nous dirigeons maintenant sur Poussais ; mais, avant d'y
parvenir, nous sommes reçus de la manière la plus aimable par
M. Hubert de Fontaines, dans son château de Sérigny, où nous
admirons un bel ensemble de meubles et tableaux anciens, une
bibliothèque où voisinent de splendides reliures anciennes et
modernes, remarquable surtout par la collection très complète
d'archives et de documents de grande valeur sur le Poitou et la
V^endée qu'elle renferme.
A Foussais, l'église a conservé son beau portail du XII* siècle,
intéressant surtout par les deux sujets sculptés qui l'accompa-
gnent ; l'un représente les disciples d'Emmaûs, l'autre le cruci-
fiement du Christ ; au-dessous de cette dernière sculpture l'on
déchiffre encore l'inscription suivante : RdVDVS : AVDEBER
TVS D[e] SCO JOHE ANGERIACO ME FECIT Raimond
Audebert de Saint-Jean d*Angély m*a fait. Nous examinons aussi
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J
— 307 —
une curieuse façdde de maison à côté de l'église, puis nous
repartons en hâte pour Vouvant.
Nous y débouchons sur la place de l'église, dont nous aper-
cevons tout d'abord les trois absides semi-circulaires si élégantes
avec leurs faisceaux de colonnes cylindriques, leurs chapiteaux
et leurs frises fourmillants de sujets naïvement sculptés ; puis le
magnifique portail nord. C'est un merveilleux tableau avec ses
deux époques de sculptures encadrées d'énormes faisceaux de
colonnes robustes. Une grande archivolte ogivale où fourmillent
des personnages, animaux, sujets symboliques, inscrit doux
portes géminées dont les archivoltes soutenues par des colonnes
alternativement lisses et droites, cannelées et torses, étalent une
exubérance, un luxe inouïs d'entrelacs, de feuillages lancéolés
et de palmettes ; l'ensemble est peut-être un peu lourd, mais d'une
richesse et d'une puissance merveilleuses. Le tympan entre les
trois arcs devait être décoré d'un groupe important en relief,
mais la console qui le supportait subsiste seule avec deux sujets,
situés à chacune de ses deux extrémité», représentant sans doute:
l'un Samson tuant un lion, l'autre Dalila ravissant la force à
Samson. Au-dessus de la grande archivolte, deux larges tablettes
supportent deux comï>osilions en haut relief occupant toute la
largeur entre les faisceaux de colonnes : l'une représente la
Cène, l'autre l'Ascension. Ces sculptures ne datent que du
XV* siècle. A l'intérieur de l'église, la nef, aujourd'hui en voie
de restauration, est la partie la plus ancienne de l'édifice et date-
rait du commencement du XI* siècle ; la crypte actuelle, restau-
rée elle aussi, aurait été refaite au XII* siècle, ses voûtes d'arêtes
sont soutenues au milieu par des colonnes, le long des murs par
des pilastres flanqués de colonnettes ; elle est très spacieuse.
Vouvant possède encore quelques vestiges de ses vieilles mu-
railles et de son puissant château-fort. Des murailles il reste une
porte, la poterne, qui mène à la rivière ; du château demeurent
encore des murs de soutènement et une tour du XIII* siècle, la
tour Mélusine, haute de trente mètres environ et d'un effet très
pittoresque.
Notre programme est maintenant rempli, il faut revenir à Fon-
lenay par la grande route, abandonner le chemin des écoliers,
songer au lendemain. Nous partons donc, non sans regrets et
sans regarder en arrière, pour admirer encore la belle tour Mélu-
sine qui maintenant émerge, svelte et fière, d'un bouquet de ver-
dure et semble se hausser coquettement pour nous permettre de
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— 308 -
la contempler le plus longtemps possible. Nous la perdons de vue
au détour du chemin, et par la route toute droite nous regagnons
maintenant Fontenay et la gare.
Nos aimables compagnons de route ont voulu nous accompa-
gner jusqu'au bout, ainsi que M. Valette, qui est venu nous
rejoindre. Nous les remercions bien sincèrement de leur char-
mante hospitalité et leur faisons renouveler leur promesse de
venir en Saintonge nous rendre noire visite.
Ainsi s'acheva sur de bons souvenirs et un bon espoir notre
excursion de 1907.
II
DOCUMENTS
SUR LA FABRICATION DES ÉPINGLES A BaRBEZIEUX ET A CoGNAC
Rien n'est plus difficile à écrire que l'histoire des vieilles indus-
tries locales, que la grande fabrication a chassées peu à peu de
nos petites villes; livres de commerce, pièces de correspondance,
papiers domestiques, tout a disparu, et nous sommes réduits à
glaner quelques rares renseignements dans les registres parois-
siaux et les minutes des notaires.
Réveillaud, curé de Saint-Pierre de Saintes, qui fut avant la
Révolution vicaire à Rarbezieux, racontait que de son temps la
fabrication des épinp:les y faisait vivre un grand nombre de
familles. Cette industrie datait déjà de loin, ainsi que j'en ai
trouvé la preuve dans cet acte dont l'original est conservé dans
les minutes de M® Salabert, notaire à Barbezieux.
« Le seziesme du mois de décembre mil six cent quatre-vingt-
dix-huit, après midy, par devant le notaire royal soussigné et
lesmoins bas nommés, ont esté présant en leurs personnes Léo-
nard Delabrousse, maître cellier, et Eulrope Delabrousse, son
fils, d'une part, et Estienne Mélanger, maislre espainlier, demeu-
rant les tous en la ville de Barbezieux, d'autre part. Lequel dit
Delabrousse a déclaré avoir mis ledit Eutrope Delabrousse, son
dit fils, dès le dix-sept de novambre dernier, en aprantisage chés
ledit Mélanger, aux fins de luy aprandre le mestier d'espainlier,
ce que icelluy Mélanger a promis faire audit Delabrousse, ainsy
qu'il a jà commancé, en par ledit Delabrousse travailhant et
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— 309 —
s'atachant audit métier comme doit faire un aprantis avecq un
maître ; moyennant quoy ledit Delabrousse sera tenu de demeu-
rer avecq ledit Mélanger pendant le temps et espace de trois
années à conter dudit jour dix-sept novanbre dernier, pour finir
à pareilh et semblable jour, pendant lequel temps ledit Dela-
brousse père s'oblige de nourrir sondit fils pendant le temps et
espace de dix-huit mois et les autres dix-huit mois restons ledit
Mélanger promet et s'engage de le nourrir à ces frais et dépans.
Fournira ledit Delabrousse père à sondit fils les veslemans
requis et nécessaires, moyennant quoy ledit Mélanger sera tenu
de montrer et enseigner sondit métier d'espeinlier générallemant
en par ledit Delabrousso fils demeurant en sa maison, pourvcu
qu'il ne soit mort ou mallade et en estât de ne rien faire...
« Formules... Fait et passé en la ville de Barbezieux, maison
dudit Delabrousse, présans Pierre Gaborit, maistre cordonnier,
et Estienne Forton, garson cordonnier, lequel Forton et les par-
ties ont signé, et a ledit Gaborit déclaré ne le savoir faire de ce
enquis.
Estienne Mésangel. Delabrousse. Eutrope Delabrousse.
Etienne Forton. Banchereau, notaire royal.
Controllé à Barbezieux, le seize décembre 1698. Reçu 5 sols.
Demontis.
Baignes, qui est aujourd'hui sous le nom de Baignes-Sainle-
Radégonde, un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bar-
bezieux, eut aussi ses épingliers. J'ai entendu dire qu'on y fabri-
quait principalement ces longues épingles jaunes que nous trou-
vons quelquefois dans les liasses de vieux papiers.
Je trouve encore un épinglier à Monpellier, paroisse rurale
située aujourd'hui dans l'arrondissement de Saintes, dans une
requête sur timbre de la généralité de La Rochelle qui débute
ainsi :
« A Monsieur le juge sénéchal du marquisat de Barbezieux.
« Supplie humblement Estienne Gurin, maistre espinglier,
a demeurant au bourg de Monpellier en Saintonge, disant qu'il
« auroit affermé à Estienne Soulard, maistre serrurier, trois
« journaux et demy de terres labourables ou environs, situées
« au lieu appelé au Poullalier, paroisse de Saint-Hillaire, par
« contrat reseu par M* Jean Naud, notaire, sous les seaux du
« marquisat de Barbezieux. »
Je ne pousserai pas plus loin cette citation, la requête relative
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- 310 —
à une difficulté de voisinage, n'ayant pas beaucoup d'intérêt.
Elle est suivie d'une ordonnance du 3 octobre 1739, rendue par
Texier, juge sénéchal du marquisat.
L'industrie des épingliers s'établit à Cognac bien plus tard
qu'à Barbezieux, et elle n'y fut pas de longue durée. Je ne pos-
sède en fait de document que l'expédition sur paixîhemin de cette
prestation de serment.
« Extrait des registres du grèfe de police du siège royal de
Cognac.
« Veu la requeste à nous présentée par Jacques Maux, épin-
guelier ; notre ordonnance au bas portant qu'elle sera communi-
quée au procureur du roy, auquel le tout a été communiqué,
signé : Coullon ; nous avons permis audit Jacques Maux, épin-
guelier, de s'établir en cette ville de Cognac pour y exercer son
métier publiquement, et à cet effet tenir boutique ouverte, à la
charge cependant par ledit Maux comme il offre de prester devant
nous le serment la main levée en tel casi requis et de se confor-
mer aux règlemens de police. Et à l'instant est comparu ledit
Maux, lequel, après serment par luy fait la main levée, a promis
et juré de bien fîdellemont en son honneur et conscience exercer
son métier, duquel serment nous luy avons donné acte. Fait à
Cognac, en notre hôtel de nous, Jean-George Busquet, écuyer,
seigneur de Pelisson, conseiller du roy, lieutenant général de
police au siège royal de Cognac, le huit aoust mil sept cent
soixante-huit ; et a ledit Maux signé avec nous. Signé • Busquet,
Jacques Maux, et Coullon, gréfier commis. Et a costé est écrit :
Taxé pour nos vacations quatre livres, les deux tiers au procu-
reur du roy, la moitié au gréfier, compris son expédition. Reçu
vingt-sept sols six deniers pour les trois sols pour livre des
épices et conclusions, compris les nouveaux sols pour livre.
A Cognac, le dix-sept septembre mil sept cent soixante-quatorze.
Signé : Bonnet. Coullon.
« Scellé et vu aux 8 sols pour livre des émolumens. A Cognac,
le dix-sept septembre 1774. Reçu cinquante-un sols. Bonnet.
Epices 4 1.
Conclusions. . . 2 1. 13 s. 8 d.
Greffier 2 1.
81. 13 8.8d.
Mon regretté ami Paul de Lacroix, qui avait bien voulu faire
pour moi des recherches dans les registres paroissiaux de
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— 311 —
Cognac, sur les anciennes industries, en avait extrait des noies
où je relève ceci :
« 2 avril 1790, — Naissance d'un fils de François Gabloleau,
épinglier, et de Marie Roux, sa première femme.
« 20 novembre 1790. — Mariage de Louis Maux, marchand
épinglier, fils de Jacques Maux jpt de Jeanne Frémont, avec
Catherine Devers.
« 12 juin 1791. — Baptême de Anne, fille de François Gablo-
teau, épinglier, et de Marie Roux.
« 10 nivôse an II. — Mariage de Louis Maux, marchand, fils
de Jacques Maux, épinglier, et de Jeanne Frémont.
« 14 brumaire an III. — Mariage de François Gabloleau, mar-
chand épinglier, âgé de 36 ans, avec Marie-Anne Quinemont (sa
seconde femme).
« 12 nivôse an III. — Mariage de Jean Lamour, épinglier, âgé
de 29 ans, originaire de Jonzac, avec Catherine Maux, fille de
Jacques Maux, épinglier, et de feue Jeanne Frémont, âgée de
22 ans, demeurant à Cognac, assistée de Jacques Maux, épinglier,
58 ans, son père, Ix>uis Maux, épinglier, âgé de 29 ans, frère de
la future, et autres.
« 4 nivôse an IV. — Mariage de Gabriel Chauveux, lonnclier,
avec Jeanne Maux, âgée de 21 ans, fille légitime^ de Jacques
Maux, épinglier, et de défunte Jeanne Frémont, demeurant à
Cognac.
« 18 frimaire an IV. — Mariage de Gabriel Thomas, chamoi-
seur, âgé de 28 ans, depuis deux ans à Cognac, avec Jeanne
Devers, accompagnés de Louis Maux, fils, marchand épinglier,
âgé de 29 ans, Elie Plumejeau, marchand chapelier, âgé de
60 ans. »
Paul de Lacroix complète ainsi ses renseignements :
« En 1796, le fil de laiton ayanl manqué on fabriqua des épin-
« gles avec du fil de fer, mais ce système ne valant rien, la fabri-
« cation déclina. On cessa d'en faire môme dans les années sui-
H vantes. Peut-être que plus tard, lorsqu'on put se procurer du
« fil de laiton, il se fonda ailleurs d'importantes fabriques d'épîn-
« gles, et Cognac, comme beaucoup d'autres villes, renonça
« complètement à ce genre d'industrie. Les Maux, épingliers
« depuis trente ans, se firent marchands ; Lamour, gendre de
« Jacques Maux, se fit perruquier. »
Jules Pellisson.
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— 312 —
III
FOUILLES AUX PUITS DE TOULON
En parcourant, le mois dernier, les environs du Terrier de
Toulon et en m'efforçant d'y retrouver des vestiges de l'histoire
du passé, j'appris l'existence de puits paraissant remonter à
l'époque gallo-romaine et situés dans des champs et vignes, dont
partie avait été autrefois exploitée en carrières et dont partie
l'est encore actuellement, dans la plaine, à l'intersection de la
route de Saujon à Nancras et de l'ancien chemin de SaujoA au
Port d'Envaux, à environ un kilomètre du terrier de Toulon et
500 mètres du village de Toulon,
Grâce à l'extrême obligeance des propriétaires, les frères
Brouillard, de Toulon, je pus relever l'emplacement de sept de
ces puits très rapprochés les uns des autres, dont la majeure
partie avait été recreusée. J'entrepris*, avec mon frère, la fouille
de deux d'entre eux encore presque comblés et dont la profon-
deur, mesurée d'après le niveau du sol primitif, pouvait attein-
dre environ 5 mètres : l'un de ces puits déblayé par nous jus-
qu'au roc, contient 0"60 d'eau : nous en avons retiré des débris
de poteries rouges, de briques, de tuiles, d'amphores, de marbre
et de verrerie, datant, sans contredit, de l'époque gallo-romaine,
ainsi que des clous, des coquilles d'huîtres et autres et des débris
d'ossements ; nous avons trouvé des débris similaires, en moin-
dre quantité, dans l'autre puits, mais au milieu d'une couche de
cendres assez épaisse qui contenait des pierres et des tuiles cal-
cinées, plus un ardillon de boucle de ceinturon et une épingle
brisée ; nous nous sommes arrêtés au niveau de l'eau.
Dans un des champs où sont creusés ces puits il a été décou-
vert antérieurement des squelettes et des pièces de monnaie sur
lesquelles je n'ai pu obtenir aucune indication.
Dans le- champ qui fait face à celui où nous avons poursuivi
nos recherches, de l'autre côté du chemin de Toulon, champ dit
« de la Cavalerie », il a été découvert, en février 1885, des sépul-
tures à dix mètres de la roule de grande communication de Nan-
cras à Saujon (1).
Toute la campagne, à cet endroit, est remplie de débris de
(1) Recueil de U Commission des Mrls el monuments de U Charente- Infé-
rieure, t. VIII, p. 337.
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— 313 —
tuiles et briques de Tépoque gallo-romaine. On voit, encastré©
dans le mur de façade d'une petite cabane, au milieu de la vigne
d'un des frères Brouillard, une pierre qui semble être un reste
de sépulture.
Masse rapporte l'existence d'une ville aux environs du terrier
de Toulon en ces termes : « La forteresse du terrier de Toulon
était considérable et tenait lieu de citadelle à la ville qui était
bàtio au pied, du côté du nord et de l'ouest, et l'on assure qu'elle
était grande, et un port de mer qui est présentement distant des
rives d'aujourd'hui de plus de 15.000 toises. Et ce qui assure
(|u'il y a eu là une ville est que je vis, en faisant la carte de ces
pays-là, en 1698, un mur que je mesurai, de 6 à 7 pieds d'épais-
seur et de plus de 150 toises de long, dans les terres labourées,
cl l'on m'a assuré que quelques titres de l'abbaye de Sablon-
ceaux, qui est distante de 1.500 toises de Toulon, font mention
de cette ville, mais on ne sait pas en quel temps elle a été bâtie ni
quand elle a pris fin, et, autour du village qui est au pied de cette
butte, l'on trouve quantité de vestiges d'anciens bâtiments, en
labourant la terre. La tradition dit que les Maures et les Sarra-
zins avaient bâti celte ville et forteresse ; que Charles Martel la
prit et la rasa après avoir remporté une signalée victoire sur ces
barbares (bataille de Poitiers, 732) ; à ces circonstances près, il
est sûr qu'il y a eu là une ville close et, à présent, ce n'est qu'un
petit village dépendant de la paroisse de Sablonceaux. »
Si je tiens pour bonne la date assignée par la tradition à la
destruction de la ville dont on retrouve les vestiges et rapportée
par Masse, je ne crois pas à l'existence de la forteresse à la même
époque.
Les pans de mur qu'on voit au sommet du terrier de Toulon
n'ont guère l'apparence d'un ouvrage romain ; certains détails
de leur construction sur lesquels l'attention n'a pas encore été
appelée, indiqueraient une origine contemporaine de la tour de
Broue.
L'existence d'un port, au pied du terrier de Toulon, ne paraît
plus discutée. Il est, dès lors, naturel qu'il ait été mis à l'abri
d'un coup de main à une époque sur laquelle les archéologues
ne se sont pas mis d'accord jusqu'ici.
J'ai déposé au musée de la ville de Saintes les résultats de mes
fouilles. Les fragments les plus intéressants sont des débris de
baguettes de verre, blanc opaque ou bleu et blanc ou bleu, ou
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- 314 -
jaune, et des restes de verre coloré tels qu'on en trouve dans
toutes les Gaules et môme au delà.
Léon Massiou.
IV
SAINTE VERONIQUE
Dans une récente étude (1), nous avions signalé le caractère
historique de quelques textes anciens relatifs à sainte Véronique
d'Aquilaine. A la fin du compte rendu qu'il a consacré à ce tra-
vail (2), M. Ch. Dangibeaud s'est fait, à ce sujet, Técho de cer-
tains critiques modernes. Nous le remercions d'avoir bien voulu
faire connaître notre essai aux lecteurs de cette revue, et surtout
de Douô permettre de reprendre cette question étroitement liée
à celle de nos origines chrétiennes.
Les textes qui concernent Sainte Véronique, se partagent en
deux groupes : V les documents exclusivement relatifs à sainte
Véronique d'Aquitaine ; 2® ceux qui n'ont avec elle qu'un
rapport éloigné, comme sont en particulier les Actes de Pilote,
relatifs à la femme guérie d'un flux de sang et la légende du voile
ou la Guérison de Tibère.
Récit de Grégoire de Tours. — En tête du premier groupe,
se placent un récit de Grégoire de Tours, l'ouvrage intitulé
Bapti^la Salvatoris, et le commencement des Chroniques de
Bazas,
D'après le récit de Grégoire de Tours, une noble dame était
allée des Gaules en Judée, par dévotion, pour y jouir de la pré-
sence du Sauveur. Apprenant que Jean-Baptiste allait être mis
à mort, elle accourt à la prison, assiste à la décollation et
recueille le sang du martyr. Elle revient en Gaule, apportant ce
précieux trésor, bâtit une église à Bazas, et y dépose, dans l'au-
Icl, le sang du Précurseur (3).
Ce récit très affirmatif reproduit une tradition de Bazas cer-
tainement déjà ancienne, d'ailleurs l'auteur connaissait les
annales de cette église. Il est nécessaire cependant, pour l'ap-
(1) Fragments d'anciennes chroniques d'Aquitsiney Féret, Bordeaux, 1906.
(2) Revue de Saintonge et d'Aunis^ avril 1907.
(3) Grcgorius Turon, Patrol. lat., t. LXXI, col. 717.
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— 315 —
précier à sa jusle valeur, de le comparer à d'autres documenls
appartenant à TégUse môme de Bazas.
Baptista Salvatoris. — C'est un ouvrage composé par un
chanoine de Bazas,en Thomieur de saint JeanrBaptisie (l),vers le
milieu du XIP siècle. L'auteur était venu de Tolède où il avait
étudié, en 1136.
Après avoir reproduit le récit de Grégoire de Tours, il nous
apprend que la dame bazadaise avait recueilli, et apportait
d'Orient, non seulement du sang de saint Jean-Baptiste, mais
encore d'autres souvenirs précieux, des vêtements de Notre-
Seigneur et de sa bienheureuse mère et du lait de la bienheu-
reuse Vierge, selon le témoignage populaire, ul [erlur. Il décrit
la traversée : une tempête s'élève, mais se calme ensuite par la
vertu des reliques et surtout du sang du Précurseur. La noble
dame arrive enfin et aborde à un port de Gascogne nommé
Soulac. Elle élève en cet endroit une baisilique en l'honneur de
Notre Dame, ut vetusia asserii, selon le témoignage de ïanli-
quité. Elle dépose dans cet oratoire les reliques de Noire-Dame,
puis elle se dirige vers Bazas.
C'est là un récit différent de celui de Grégoire de Tours, ajou-
té au premier.
L'auteur, après avoir célébré l'arrivée à Bazas de la noble
pèlerine, continue. La noble dame vient d'Orient, d'une ville de
Mésopotamie (?) ; elle quitte sa patrie ; à la prédication des apô-
tres elle était devenue chrétienne ; elle se donne toute entière à
la religion qu'elle a embrasisée ; enfin elle bûtit à Baza^ trois
églises, dont l'une à saint Jean-Baptiste et les deux autres à saint
Pierre et à saint Etienne. « Venerabilis ergo matrona, Politheba
(en note, est oppidum Mesopotamiœ) quam dudum priscus mos
tradiderat, penitus déserta, quippe quas sacram christianismi
ab ipsis suscepisse perhibetur apostolis, religionemque cui
se intègre mancipaverat devotissimo cultu prosequebatur, un-
de faclum est ut... très construeret ecclesias...» Il est impossible
de ne pas reconnaître ici un nouveau récit différent du précédent
et de celui de Grégaire de Tours. Nous avions suivi la noble
dame jusqu'à BazaiS et voici qu'on nous la montre venant
d'Orient, et quittant son pays, après avoir embrassé la foi chré-
tienne.
(1) Baptista Salvatoris, d. Garnier, Bazas, 1530, bibliothèque Sainte-Gene-
Tiève.
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- 316 —
De même que plus haut, rappelant la venue de la pieuse
femme à Soulac et la construction d'une église en Thonneur de
Notre-Dame, Tauteur avait fait appel au témoignage de Tanti-
quité, il se réfère encore/ pour ce nouveau récit, à des sources
anjciennes, « ab ipsis suscepisse perhibetar apostolis ». Quelle
qu*ait été la valeur de ces sources, nous devons tenir compte
de leur témoignage. L'auteur écrivait à Bazas : il était instruit
et connaissait les annales de Téglise de Bazas, son ouvrage le
prouve : il est sincère et désintéressé. Sans crainte d'erreur,
nous pouvons accepter ses données comme représentant le
témoignage ancien de Téglisc de Bazas», autant que 1 e récit
de Grégoire de Tours, qu'il ne craint pas de préciser et de com-
pléter.
Chroniques de Bazas. — La première partie de ces chroni-
ques (1) est l'œuvre de Garsias, évêque de Bazas de 1166 à 1186.
C'était un contemporain de l'auteur du BapUsta Salvaloris,
Ces chroniques assignent des dates aux événements relatés dans
cet ouvrage. La dame bazadaise débarque à Soulac en 50. De là
elle vient à Bazas. En 56,saint Martial vient de Bordeaux à Bazas.
En 71, elle élève trois églises à Bazas. Saint Martial avait bénit
un cimetière chrétien, hors des murs. Après sa mort on y éleva
une église en son honneur. Le lieu du cimetière a gardé le nom
du saint. Loa segrat de sent Marsaû.
Ni Grégoire de Tours, ni le BapUsta Salvaloris, ni les Chroni-
ques^ ne nomment la dame bazad^se. Ils ne mentionnent pas
davantage la présence de son tombeau à Bazas, et ne permet-
tent pas de supposer qu'on lui ait rendu un culte, ni qu'on en
ait célébré la fête, dans celte ville.
Actes de saint Amadour. — Après le Baptisia Saluaioris, ces
Actes sont le document le plus important concernant sainte
Véronique d'Aquitaine. Ces Actes ont été recueillis par le P. Odo
de Gissoy. Communiqués après sa mort aux Bollandistes, ils
ont été reproduits! dans les Acla Sanctorum (2). Le P. de Gissey
atteste en avoir vu le manuscrit, qui avait appartenu à Hugues,
évêque d'Angoulême, mort en 991 (3). M. E. Rupin (4) place la
composition de ces Actes entre le X* et le XIP siècle.
(1) Chroniques de Bazas dans Archives historiques de /a G/ronde, t. XV, p. 15.
(1) Acla Sanctorum, t. IV, Aug. fol. 24. etsqq.
(3) Odo de Gissey, Histoire et miracles de ilocamac/our, Toulouse, 1632.
(4) K. Rupin, Histoire de Rocamadour, p. 28 et 61, Baranger, Paiis, 1904.
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— 317 —
Dans leur état actuel ils paraissent être en effet de cette épo-
que, mais le fond est plus ancien.
D'après ces Actes^ sainte Véronique était la femme guérie
d'un flux de sang par Notre-Seigneur ; elle avait pour époux
saint Amadour. Tous deux étaient fidèles disciples du Sauveur.
Persécutés après la mort de Notre-Seigneur, ils s'embarquent
et viennent aborder sur les côtes d'Aquitaine, en un lieu appelé
Paldagrava. Près de là, ils élèvent une pauvre cabane et s'adon-
nent à la prière. Sain4 Martial vient de Limoges ; ils vont au
devant de lui à Mortagne. Après avoir élevé une église à Bai-
gnes, en l'honneur de saint Etienne, il les quitte et retourne à
Limoges. Pour eux, ils convertissent un illustre personnage de
Bordeaux, appelé Sigebert, et sa femme Bénédicte. Saint Mar-
tial revient et baptise les nouveabx convertis. Sigebert est guéri,
par leur intercession, d'une grave infirmité. Sainte Véronique
se retire à Soulac et y meurt à un âge très avancé. Saint Ama-
dour va mourir lui-même, plus tard, dans le Querci, en un lieu
solitaire.
Sainte Véronique qui s'était faite volontairement l'humble ser-
vante de la bienheureuse Vierge, à Jérusalem, avait recueilli
des souvenirs ou reliques, surtout de cette bienheureuse Vierge.
Venant d'Orient, elle avait apporté de son lait, de ses vêtements
et beaucoup d'autres choses semblables, ainsi qu'un voile avec
l'image du Sauveur.
Ce récit, en ce qui concerne sainte Véronique, est d'accord
pour le fond avec tous les autres textes relatifs à là sainte
d'Aquitaine.
Ces Actes proviennent évidemment de Rocamadour. On les
avait partagés en neuf leçons, pour l'office du saint. Dans la
suite on en fit un abrégé pour la fête du même saint. Il se trouve
dans les Acta Sanctorum au 4 février.
Des textes anciens relatifs à la sainte d'Aquitaine, ces Actes
seuls l'identifient avec la femme guérie par Notre-Seigneur et
mentionnent le voile avec l'image du Sauveur.
Chroniques de Bernard Guy (1). — Cet auleur,évêque de Lodève
en Languedoc, mort en 1331, était né en Limousin. Erudit et
consciencieux, au jugement des critiques, il a laissé des chroni-
ques importantes. Il met saint Amadour et sainte Véronique au
nombre de ceux qui accompagnaient en Aquitaine saint Martial,
(1) Bernard Guy, Acià Sanctorum, t. IV. Aug. f. 16, 17.
BnUAtin. St
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— 318 —
envoyé de Rome dans les Gaules par saint Pierre, au temps de
l'empereur Claude. Il s'appuie sur le témoignage de beaucoup
d'anciennes chroniques, « ex chronicis antiquis pluribus colligi-
tur et habetur...» Saint Amadour passe ses derniers jours et
meurt en un endroit solitaire du Querci appelé dans la suite
Rocamadour. Sainte Véronique, après avoir suivi saint Martial
dans ses prédications, se retire à Soûlas près d'un humble ora-
toire, capellula^ élevé pour elle et dédié à Notre-Dam« par saint
Martial. Elle y meurt dans une extrême vieillesse. Elle avait été
liée d'une intime amitié avec la bienheureuse Vierge et avait
apporté, venant d'Orient, des reliques de cette glorieuse Vierge,
du lait, des cheveux et deux souliers.
Ces chroniques, composées en Auvergne et en Languedoc,
sont en accord, pour le fond, avec les Actes de saint Amadour;
elles en diffèrent cependant par des détails assez importants. Ces
Actes, au moins sous leur forme actuelle, n'étaient pas au nom-
bre de leurs sources. Elles ont été reproduites par Pierre Subert,
évoque de Saint-Papoul (1423-1447), puis par saint Antonin, de
Florence, mort en 1439.
Chronique dite saintongeaise du pseudo Turpin. — Cette chro-
nique, du XllI* siècle, sous sa forme actuelle, contient des indi-
cations importantes sur les origines chrétiennes de Bordeaux et
ses premières églises (1). Elle rappelle que saint Martial parta-
gea, à Mortagne, les reliques apportées par sainte Véronique.
Une partie fut remise à sainte Bénédicte, une autre destinée à
Saint-Etienne de Baignes, une autre à Notre-Dame d'Arvert, une
dernière enfin fut laissée à Soulac. Un passage de cette chro-
nique, différent de celui-ci, rappelle Saint-Etienne de Baignes et
ses reliques. Saint Martial avait déposé dans l'autel autant de
reliques qu'il y en avait à Notre-Dame de Soulac, à l'exception
du lait de Notre-Dame (2).
Ce récit s'accorde avec celui des Actes ; il contient cependant
des détails que les Actes ne donnent pas. II a été puisé à des
sources différentes, et provient évidemment de Bordeaux.
La chronique saintongeaise ou Tote listoire de France. —
Un court passage de cette chronique, qui est, comme la précé-
dente, dans son état actuel, du XIII* siècle, est relatif à Sou-
(1) Fragments d'Anciennes chroniques^ p. 34 et sq. et 73.
(2) Fragments, p. 69.
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— 319 —
lac (1). A l'époque des Normands, vers 850, par crainte de leurs
ravages, on cacha dans l'église, près de l'aulel de sainte Véro-
nique, le trésor et les reliques. Cet aulel était placé, selon toute
vraisemblance, dans une crypte ou confession.
On trouve en outre dans cette chronique, comme dans la pré-
cédente, des indications d'un grand intérêt sur les églises de
Bordeaux, aux origines, à l'époque de Clovis et à celle des Nor-
mands (2).
La précision et la Odélité de ces divers textes des deux chro-
niques obligent à reconnaître qu'ils ont été empruntés à des
sources voisines des lieux et des événements.
Notices bénédictines. — Ces Notices (3) se trouvent à la
Bibliothèque Nationale, et proviennent de Sainte-Croix de Bor-
deaux, de laquelle dépendait, dès le XI® siècle, Notre-Dame de
Soulac. Elles datent, pour la plupart, du XVII* siècle. Les
auteurs, D. Abadie, D. Eliennot et des anonymes y rappellent les
origines chrétiennes de Soulac, la venue en ce lieu de sainte
Véronique, la construction d'un oratoire dédié par saint Martial
à Notre-Dame, les reliques apportées par saint Martial et sainte
Véronique, la mort et la sépulture de la sainte à Soulac, la trans-
lation de son corps à Saint-Seurin de Bordeaux, la perpétuité de
son culte à Soulac, dans l'église dédiée à Notre-Dame, la pré-
sence enfin, dans une crypte, sous le grand autel et l'abside, du
tombeau ou cénotaphe et de l'effigie de la sainte. On n'y trouve
cependant aucune mention d'une fête en l'honneur de la sainte,
à Soulac, mais seulement à Saint-Seurin. Un coutumier (4) ou
ordre des fêtes et cérémonies principales, célébrées dans l'église
Notre-Dame de Soulac, conservé aux archives de Bordeaux,
n'indique non plus aucune fête. Ces Notices rappelant les reli-
ques, dont elles reproduisent l'inventaire, n'assignent pas à la
relique dite du lait une place et ime importance exceptionnelle.
Une de ces Notices^ due à D. Etiennot, rappelle que, d'après
la tradition, jadisJ'archevêque de Boirdeaux venait, après son
élection et avant de prendre possession de son siège, à Notre-
Dame de Soulac (5).
(1) Fragments, p. 23 et 59.
(3) Fntgments^ p. 15 et sq. et 53.
(3) Bibl. nat., f. lat., mss. 13666, p. 378-286; J3667, p. 138-135; 13734, p.
93-95 ; 13751, p. 307-309.
(4) Sitinte Véronique impaire de VAqoiUine, p. 333, Toulouse, 1877.
(5) Bibl. Nat., f. lat , mss. 13751, p. 309.
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~ 320 —
Ces Notices ont été composées sur des titres anciens, venant
de Soulac, ou relatifs à Soulac, conservés à Sainte-Croix.
Archives de Saint-Seurin. — Ces Archives contiennent des
indications importantes concernant la présence du corps de
sainte Véronique à Sainl-Seurin, et le culte qui était rendu dans
celte église à la sainte et à ses reliques.
Celte présence est constatée dans plusieurs actes importants
durant toute la période de temps à laquelle appartiennent les
Archives qui subsistent.
Ce corps saint était, avec les autres corps saints de l'église
Saint-Seurin, exposé solennellement, lors de l'entrée du nouvel
archevêque de Bordeaux à Saint-Seurin (1).
En 1601, tous les corps saints, y compris celui de sainte Véro-
nique, furent rapportés à Saint-Seurin, de Saint-Remi (2). Ils
avaient été portés à Saint-Remi en 1568, par suite d'un ordre du
Parlement de Bordeaux, mentionné par D. Devienne (3).
Une délibération du chapitre du 13 mars 1635 mentionne les
châsses contenant les corps de saint Fort, saint Amand, sainte
Véronique et sainte Bénédicte, et la cave ou crypte dans laquelle
elles étaient anciennement (4).
En 1655, tous les corps saints, celui de sainte Véronique y com-
pris, sont rapportés solennellement, une seconde fois, de Saint-
Remi (5).
En 1659, le 10 octobre, un procès-verbal relate la reconnais^
sance des reliques de sainte Véronique. Ces reliques étaient
dans une châsse, dans la cave ou crypte dite de saint Fort. On
descend cette châsse, on la place sur l'autel de saint Fort, dans
cette cave. On l'ouvre et on trouve une seconde caisse sur
laquelle est collé un billet de parchemin portant écrit : Reliques
saincte Véronique, 1568. Dans celte seconde caisse on trouve
un vieux sac sur lequel est écrit : Saincte Véronique, Dans ce sac
sont les ossements de la sainte.
D'après ce procès-verbal, la fête de sainte Véronique était
célébrée, dans l'église Saint-Seurin, de temps immémorial, le
4 février. Sub officio duplici secundœ classis, de communi nec
(1) Archives delà Gironde, n« 420, f. 95.
(2) Archives, 405, 40«.
(3) D. Devienne, Hiâtoirede Bordeaux, t. I, p. 154, Bordeaux, 2»édit., 1862.
(4) Archives de Bordeaux, G. 1026, p. 33^.
(5) Archives, n» 413, p. 250.
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— 321 —
virginis nec martyris. « La tradition est qu'elle et son mary Ama-
torius estoient de Jérusalem et disciples de notre Sauveur Jésus-
Christ. En foy et tesmoignage de tout ce dessus nous avons
signé », etc. (1).
L'existence de cette fête est attestée encore, un peu plus tard,
dans une Notice bénédictine de 1711 (2) : « Sainct-Surin fait la
fêle de saincte Véronique double de première classe avec
octave ». Puis, vers le milieu du XVIIP siècle, par Nau Dumon-
tel : « Ce saint corps (de sainte Véronique)... fut descendu et
explosé sur le grand autel du chœur, le 4 février dernier de Tan
1759, jour de sa fête, qui se célèbre de première classe » (3).
Les reliques de sainte Véronique ont été de nouveau reconnues
en 1863, par ordonnance du cardinal Donnât, archevêque de Bor-
deaux (4).
La crypte de Saint-Seurin et le tombeau de sainte Véro-
nique. — D'après les Actes du chapitre de Saint-Sourin, les corps
saints étaient autrefois dans la cave, ou crypte, de saint Fort (à
l'exception de celui de saint Seurin) (5). Nau Dumonlel l'affinne
aussi : « Ce saint corps (de sainte Véronique) a été d'abord con-
servé à l'aile gauche de l'église souterraine, où l'on voit encore
son tombeau. Il en fut levé et demeura plusieurs siècles dams* une
arche ou armoire, qu'on voyait encore avec son nom, il n'y a
qu'un an, dans cette basse église. Il fut descendu... le 4février
1759.. . Le quatrième grand corps saint est celui de sainte Béné-
dicte, dont la fête se solennise double de première classe le 7 de
juin... Il a demeuré de longues années dans l'église souterraine...
où Ion voit encore son premiesr tombeau (6).
Cette crypte romane, dans laquelle sont consei-vés des tom-
beaux antiques, a gardé des vestiges de l'époque mérovingienne.
Elle compte trois nefs. Celle de gauche est dédiée à sainte Véro-
nique. Son tombeau, de forme antique, bien que sans ornements,
en occupe l'abside. Il est élevé au-dessus du sol. En avant est
placé un autel antique aussi. La table est moderne, mais la par-
(1) Archives de la Gironde, 1028, f. 368.
(2) Bibl. Nat.. f. lat. mss. 11.667. fol. 129.
(3) Voir Duiiiontel, Amusements de la piéié^ 2* part., p. 34, cité par Cirot
de la Ville, Uist. de S. Seurin, p. 368.
(4) QàToi de la ViUe, Pièces justificatives, XI, p. 438.
(5) Archives de la Gironde, G. 1026, p. 336.
(6) Voir Dumontel, op, cit., 2« partie, p. 34. Cirot, Hist.de Bordeaux, p 368.
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— 322 —
lie principale el la base sont anciennes. La place donnée à ce
lombeau el la présence de cet aulel sont des preuves à la fois de
Tantiquité et de Timporlance du cullo rendu à sainte Véronique
dans cette crypte si vénérable.
Le culte de sainte Véronique. — Comme nous l'avons remar-
qué en son lieu, on ne trouve à Bazas aucun vestige d'un culte
ancien rendu à la pieuse femme qui apporta le sang de saint
Jean-Baptiste el fonda la première église de celte ville.
A Soulac, le souvenir de sainte Véronique est étroitement uni
au culte de la bienheureuse Vierge dans l'église qu'elle a fondée
en l'honneur de Notre-Dame. Elle avait un autel dans l'oratoire
antérieur à l'église romane. D'après une charte de 1302, 2 avril,
citée par Beaurein (1), l'église romane elle-même avait un autel
dédié à la-sainte, sans compter la crypte mentionnée par les
notices bénédictines (2). On ne peut cependant constater l'exis-
tence d'une fête.
Saint-Seurin de Bordeaux possédait un autel devant le tom-
beau de la sainte, el en célébrait la fête, de temps immémorial,
et avec une solennité exceptionnelle.
Rocamadour célébrait aussi la fête de sainte Véronique, au
témoignage des Acla Sanctorurn, sous le rite semi-double (3).
Cette fête était aussi célébrée, anciennement, à Tulle et à
Limoges; au témoignage de Bertrand de la Tour, chanoine de
Tulle, cité dans une Notice bénédictine (4).
Les reliques. — Tous les textes relatifs à la sainte d'Aquitaine
nous apprennent qu'olle apporta, en venant d'Orient, des reli-
ques, surtout de Notre-Dame. S'il est très vraisemblable que
plusieurs des reliques énumérées ont cette origine, d'autres sont
plus récentes. I)o ce nombre est la relique dite du lait. Plusie^u^^
textes, ceux de Soulac surtout (les Notices bénédictines), ne lui
donnent aucunement l'importance qu'elle a dans certaines chro-
niques. C'était une simple pierre calcaire, blanche, d'après le
témoignage d'un prêtre digne de foi, M. Larrieu, qui avait pu la
voir et l'examiner au siècle dernier (5). Elle provenait très pro-
(1) Baurein, Variétés bordelaÎMes. t. I, p. 33, Bordeaux, 3* ëdit., 1876.
(3) Bibl. Nat., f. lat. 12666. p. 282 et 12751, p. 309.
(3) Acta Sanctorum, t. I. Febr., f. 449.
(4) Bibl. Nat., f. lat. 12666, p. 282 et 12751, p. 309.
(5) Cirot de la Ville, Histoire de Saint- Senririy p. 54.
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— 323 —
bablement de la grotte dite du lait, près de Bethléem, grotle con-
nue des pèlerins. Elle a dû cependant être apportée à Soulac à
une époque reculée.
Le voile. — Les Actes de Saini-Amadour contiennent une men-
tion qui ne se retrouve dans aucun des autres textes, celle du
voile. L'examen de ce passage et du contexte prouve que c'est
une addition tardive. Voici le texte dans lequel se trouve cette
mention : « ... Sategit et reliquias maxime de B. Virgine colli-
gere... unde gloriosum lac mamillarum Virginis glorîosœ...
recollectura, vestes etiam ejusdem Virginis et caetera multa talia,
necnon mamphorum cum impressione similitudinis faciei domi-
niez, a nomine dictae mulieris Veronicam nuncupatam, prout
IVomfp oslenditiur, fideliter eollegit (1) ». Si celte mention avait
appartenu au texte primitif, elle n'aurait certainement pas été
placée après les mots et cœtera multa talia. Son contenu est, de
plus, en complet désaccord avec les Actes. On doit donc rigou-
reusement conclure à une interpolation.
Les Actes de Pilate. — Des textes très anciens, tout différents
de ceux qui précèdent, concernent une Véronique guérie par
Notre-Seigneur d'un flux de sang.
Les Actes de Pilate, ou Evangile de Nicodème, pièce apocry-
phe, dont la date probable, au jugement des critiques, est le
milieu du IV* siècle, sont les premiers qui nomment cette femme.
UAnaphora Pilati^ rapport de Pilate à Tibère sur la mort du
Sauveur, autre pièce apocryphe, très probablement antérieure
aux Actes, rappelle sa guérison, sans la nommer (2).
L'hémorroïsse et les gnostiques. — Les gnostiques, héréti-
ques de la fin du premier et du second siècles, faisaient de
Thémorroïsse le symbole d'une certaine Sagosise ou Eon, qu'ils
appelaient Prunico® (3). On pourrait ne voir dans la Véronique
des Actes de Pilate qu'un emprunt fait aux rêveries insensées et
malsaines de ces hérétiques, mais ce serait tout à fait à tort. Les
Actes de Pilate et VAnaphora Pilati n'ont rien de commun avec
les doctrines de ces hérétiques. Ils s'inspirent directement des
Evangiles, sur ce point en particulier. UAnaphora Pilati ne
(1) Acia, Sanctorum, t. IV, Aug., f. 24, et sqq.
(2) Tischcndorf, EvangelU apocrypha, 1875. Évangile de Nieodème, p. 239,
Anaphora Pilati, p. 438.
(3) Origène, c. Cel. VI, 34, 35, Épiphanius I Haer, XXVL.
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— 324 —
nomme pas la femme guérie. Il n'y a donc aucune preuve que le
nom de Véronique dérive de Prunicos. On serait bien plus en
droit de supposer que le mot Prunicos est une corruption de
Véronique.
Le nom de Véronique est attribué encore à la fille de la Chana-
néeunc, dans le texte grec dessi homélies dites de Clément (1).
C'est une nouvelle preuve que ce nom est indépendant du mot
Prunicos.
Une seule supposition reste très probable, c'est que Véronique
est bien le nom de la fenrune guérie d'un flux de sang par le Sau-
veur, nom qui aura été dénaturé par les gnostiques.
l.E VOILE ou l'image DE Notre-Seigneur. — D'aulrcs composi-
tions, moins anciennes, ont aussi mis en scène la Véronique
guérie par le Sauveur, en lui attribuant une image de Notre-
Seigneur.
La légende qui a pour titre Cura samtaiis Tiberii, du commen-
cement du VIP siècle, sous sa forme actuelle, attribue à Véro-
nique, la femme guérie d'un flux de sang, une image du Sauveur.
Elle habitait Tyr. Elle se serait appelée en latin Basilla. Volu-
sien, intime de Tibère, envoyé à Jérusalem par ce prince qui
espérait être guéri par Notre-Seigneur, n'arrive qu'après la mort
du Sauveur. Il cherche une image du Seigneur, on lui apprend
que Véronique, guérie trois ans auparavant, en possède une,
qu'elle a fait peindre par reconnaissance, pendant la vie du Sau-
veur. Il la fait chercher, emporte l'image à Rome, emmenant
avec lui Véronique, appelée on latin Basilla. Tibère adore
l'image, croit en Noire-Seigneur et est guéri. Il comble Véro-
nique d'honneurs et de richesses, fait enchâsser l'image dans l'or
et les pierreries, reçoit le baptême et meurt peu après (2).
Une autre composition légendaire, intitulée Vindicta Salva"
loris (3), reproduit ce premier récit pour le fond, mais en le fai-
sant précéder d'un autre.
Titus est roi ou gouverneur d'Aquitaine, sous Tibère, il habite
une ville de Lybie appelée Bordeaux, il est malade. Un messa-
ger, Nathan, parti de Jérusalem pour Rome, est poussé par les
vents sur les côtes de la Lybie, et arrive devant Bordeaux. Titus
(2) aément, Homélies, III, 73.
(2) Cura Sanitatis Tiberii, Dobschûtz. Christas bilder, 168**.
(3) Tischendorf, Eu. apocr., 1876, p. 471. Bibl. Nat., f. lat. mss. 6327, f. W,
autre texte plus récent.
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— 325 —
l'apprend, le fait appeler et lui demande de le guérir. Nathan lui
fait connaître les miracles du Sauveur et lui prêche la foi chré-
tienne. Titus croit et jure de venger sur les Juifs la mort du Sau-
veur. Il est aussitôt guéri, reçoit le baptême, fait appeler Ves-
pasien, et ensemble ils partent pour la Judée, font la guerre aux
Juifs et prennent Jérusalem. Ils cherchent alors une image du
Sauveur. Véronique en possède une, ils la trouvent, et Véronique
demeure auprès d'eux. Ils font rechercher Pilale et le font étroi-
tement emprisonner à Damas. Cependant, un messager part afin
d'informer Tibère, à Rome, et de lui demander d'envoyer Volu-
sien avec mission de punir les Juifs et Pilate. Ici se place le récit
précédent, pour le fond du moins. On ne dit pas ici d'où était
Véronique. Elle n'est pas appelée Basilla, enfin bien des détails
diffèrent. Ce texte dépend d'un autre,antérieur au texte actuel du
Cura Sanitaiis Tiberii.
La première partie du V indicta Satvatoris apparaît comme ime
composition distincte. On ne peut guère en indiquer l'origine,
avec assurance. Il est cependant très probable que l'auteur, aussi
bien que celui du Cura Sanitatis Tiberii, était d'Orient. Son récit
prouve une grande ignorance de la géographie des Gaules en
particulier. Les sources de ces deux compositions appartiennent
à l'Orient. Ce sont en particulier VAnaphora Pilaii et les Actes
de Pilate, peut-être la légende d'Abgar, et peut-être aussi celle
de Panéas. Certaines variantes du Vindicta Salvaioris en accu-
sent encore une autre. D'après le ms. Asax (1), Véronique, la
femme guérie par le Sauveur, aurait eu en sa possession non pas
une image, mais un vêtement que le Sauveur avait porté. C'était,
ajoute ce récit, une fidèle chrétienne, aimée et honorée du peu-
ple. Il est légitime de voir une relation entre ce récit et les textes
relatifs à sainte Véronique d'Aquitaine, d'où l'on est en droit de
conclure à une certaine communauté d'origine sur ce point.
Chroniques de Méthode et de Flavius Dexter. — La première
de ces chroni((ues (2) attribuée faussement à .saint Méthode de
Tyr, écrivain du IIP siècle, est probablement du XI*. Elle s'est
inspirée du Cura Sanitatis Tiberii, en ajoutant un trait nouveau.
Véronique aurait reçu l'image du Sauveur lui-môme.
(1) Tischendorf, Ev. apocr., Vindicta Sàlv.
(3) Annales S. Disibodi.Marianii Scoti$. Aela SancUrum, t. I,Pébr., fol. 149
et sqq.
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— 326-
La seconde (1) estd'une date plus récente encore. D'après ce4tc
chronique, sainte Véronique serait allée des Gaules à Rome, où
elle laissa l'image de Notre-Seigneur, et mourut en 70.
Entre les deux se place la chronique de Jacques-Philippe
Foresta,de Bergame (1483). Sainte Véronique aurait reçu l'image
du Sauveur, pendant la passion. Venue à Rome, sous Tibère,
elle l'aurait laissée, en mourant, à saint Clément.
ErsfeBE ET LE MONUMENT DE Panéas. — Eu^èbc de Césarée (2)
raconte qu'on voyait, de son temps, à Panéas, un monument
représentant un homme vêtu d'un ample manteau, et à ses pieds
une femme à genoux, les bras tendus vers lui. Ce groupe, disait-
on, représentait le Sauveur et la femme guérie d'un flux de
sang. Celle-ci aurait été de Panéas, au dire des habitants, et
aurait élevé ce monument par reconnaissance.
Cette femme n'est pas nommée dans le récit d'Eusèbe. En 550,
un pèlerin, Théodisius (3), dit qu'elle s'appelait Marosii, on
Mariosa, abréviation ou corruption probable de aimorrousr- ,
d'après P. Gcyer, dans Itinera H ierosolimilana, p. 138. Grégoire
de Tours reproduit le récit d'Eusèbe et parle des pèlerins de son
temps qui avaient vu la statue de Panéas, sans nommer davan-
tage cette femme. Deux chroniqueurs grecs, Jean Diacrinome-
nos, peut-être du commencement du VI* siècle, et Jean Malalas,
en 540,cités par E.Dobschutz, Chrisius bilder, p. 260-61, lui don-
nent le nom de Véronique. D'un autre côté, les autres textes rela-
tifs à l'hémorroïsse ne lui donnent aucunement Panéas pour
patrie. D'aprèis VAnaphora Pilaii, elle éUiit de Capharnaûm (î).
(La leçon d'un des textes qui donne Panéas ne se trouve dans
aucun manuscrit, c'est une correction de l'éditeur qui ne peut
guère se justifier. Il faut lire, croyons-nous, Capharnaùm,comme
dans les autres manuscrits. Le copiste n'aurait pas mis Spaniam
pour Panéas, mais plutôt pour Ceparnaûm qu'on trouve dans un
autre manuscrit. La forme des lettres permettait celle erreur.)
I^s Actes de Pilote se taisent sur son pays. Le Cura SanitaUs
Tiberii dit qu'elle habitait Tyr. On peut conclure que le senti-
ment populaire, dont Eusèbe s'est fait l'écho, n'était pas fondé.
(1) Fl. Dezter, Chron,, Lyon, 1627.
(2) Histoire eceléêiast., VII, 18.
(3) Itinera Hierosolimitàna, P. Geyer, p. 138. Vienne (Autriche)
(4) Tischendorf. Ev. apocryph., Anaphora Pilati, 438.
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— 327 —
Le monumenl de Panéas avait très probablement une origine
payenne.
Sainte Véronique d'Aquitaine et le voile. — Des textes rela-
tifs à la sainte d'Aquitaine, aucun, si l'on excepte les Actes de
saint Amadour, ne mentionne le voile. Cette mention, comme
nous l'avons vu, est une interpolation. On doit conclure que
sainte Véronique dj Aquitaine est indépendante des textes relatifs
au voile.
De ces derniers textes, un seul, le ms. AsaXy indiquerait un
rapport, et par suite uno dépendance de la légende du voile vis-
à-vis d'une source antérieure commune.
Sainte Véronique d'Aquitaine et les Actes de Pilate. — Les
textes relatifs à sainte Véronique d'Aquitaine, à l'exception des
Actes de saint Amadour, ne mentionnent pas la guérison du flux
de sang. De ce fait on ne trouve non plus aucun souvenir dans
le culte de la sainte à Bordeaux et à Soulac.
Les textes de Bazas ne connaissent même pas le nom commun
à la sainte d'Aquitaine et à la pieuse femme des Actes de Pilate.
Leur indépendance vis-à-vis de ces Actes est donc indiscutable.
Les autres textes la nomment, c'est leur seul rapport avec les
ActeSy mais leur intime relation et leur accord, pour tout le reste,
av^c les textes de Bazas, obligent à leur reconnaître des sources
communes qui ne peuvent être les Actes de Pilate.
Les Actes de saint Amadour représentent la sainte d'Aqui-
taine, du nom de Véronique, comme la femme guérie par le Sau-
veur. C'est leur seul rapport avec les Actes de Pilate. Leur intime
accord avec les autres textes, pour tout le reste, oblige à leur
reconnaître les mêmes sources, indépendantes des Actes de
Pilate. De ces constatations ressort une conclusion nécessaire.
Les sources des textes relatifs à sainte Véronique d'Aquitaine
sont antérieurs aux Actes de Pilote, dont la date est placée, par
les critiques modernes, vers le milieu du IV* siècle.
Pour justifier cette conclusion, il nous suffira de rappeler les
fréquentes relations qui existaient à cette époque entre l'Aqui-
taine, Bordeaux en particulier, et l'Orient. Le premier itiné-
raire ou pèlerinage de Jérusalem connu part de Bordeaux et date
de 333 (1). Le second, d'abord attribué à sainte Silvie d'Aqui-
taine, est dû, d'après les derniers travaux des critiques, à une
(\) Ilinerà HierosolimiUn^f P. Geyer, p. 1, Vienne (Autriche).
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— 328 -
noble Espagnole du nord de la péninsule, nommée Etheria. Il est
de 386 (1). Son récit nou-s renseigne sur les échanges littéraires
qui existaient entre son pays el les régions reculées de TOrient.
S*adressanl à ses sœurs en religion, elle leur décrit son pèleri-
nage à Edesse. Elle leur apportera, dit-elle, les lettres d'Abgar
à Notre-Seigneur et de Notre-Seigneur à Abgar, que Tévôque
d'Edesse lui a lues, et dont il lui a donné des exemplaires : « el
licet in patria exemplaria ipsarum haberem », elle les a accep-
tées avec bonheur : « ne quid forsitan minus ad nos in patria
pervenissel, nam vere amplius est quod hic accepi ». Cette décla-
ration de la noble pèlerine ne permet pas de supposer que Bor-
deaux ait été en dehors de ce commerce littéraire.
De l'identité de nom, du trait commun aux Actes de saint Ama-
dour et aux Actes de Pilote et des autres rapports constatés, on
est en droit de conclure à une certaine relation. Les deux classes
de documents auraient eu, sur certains points, des sources com-
munes venant très probablement, en partie, d'Aquitaine et sur-
tout de Boirdeaiix.
De ce rapport, on doit enfin conclure à l'identité très probable
de sainte Véronique d'Aquitaine avec la Véronique des Actes de
Pilate guérie par Notre-Seigneur.
Conclusions
Il convient, au terme de cette étude, d'en résumer les conclu-
sions.
Les textes. — I** Les textes relatifs exclusivement à sainte
Véronique d'Aquitaine ont tous les caractères de documents his-
toriques. Ils sont anciens, proviennent de lieux différents et éloi-
gnés, ont été pris à des sources diverses, et cependant ils s'ac
cordent sur les principaux faits qu'ils relatent.
2® Ils ne dépendent pas de l'autre classe de textes, qui n'ont
avec sainte Véronique qu'une relation éloignée, et qui sont, les
derniers du moins, légendaires.
3** Ils dépendent par suite de sources historiques antérieures.
4** Les deux classes de textes dépendent très probablement,
quant à la relation qui existe entre quelques-uns d'entre eux, de
sources primitives communes, provenant en partie de Bordeaux.
(1) Op. cit., p. 35.
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— 329 —
Sainte Véronique d* Aquitaine. — P La sainte connue et véné-
rée en Aquitaine sous le nom de Véronique, est venue d'Orient
en Gaule, au premier siècle, c'est l'affirmation unanime des
documents.
2** Elle a été, avec saint Martial, dont elle était contemporaine,
l'apôtre de Soulac, de Bordeaux et de Bazas.
3* Elle est morte et a été ensevelie à Soulac, et de là son corps
a été porté, à une époque très reculée, à Saint-Seurin de Bor-
deaux, où il est resté jusqu'à ce jour.
4* Un culte public, immémorial, lui a été rendu dans cette
église, jusqu'aux bouleversements de la fin du XVIII* siècle.
5* Son corpfi sacré, conservé dans cette église, a joui, par le
passé, et jusqu'à ce jour, du culte et de la vénération publiques,
en même temps que les corps de saint Seurin, saint Fort, sainl
Amand et sainte Bénédicte.
Lai Véronique des Actes de Pilote et du voile et sainte Véro-
nique d'Aquitaine, — P Sainte Véronique d'Aquitaine ne dépend
pas de la Véronique du voile.
2** Elle ne dépend pas de la Véronique des Actes de Pilate.
3® Sainte Véronique d'Aquitaine et la Véronique des Actes de
Pilate sont très probablement le môme personnage historique, la
femme guérie par Notre-Seigneur.
E. Darley.
Tout en rendant hommage aux patientes et longues recherches
que dom Darley s'est imposées pour défendre une thèse difficile,
tout en respectant ses appréciations dont l'entière responsabi-
lité lui incombe aux termes de notre règlement, il me sera bien
permis de faire des réserves sur le fond même de son article et
d'exprimer mon avis. Il me semble que la véritable conclusion
— la seule — qui se dégage de ce recueil de citations n'est nï la
preuve de la réalité de l'apostolat de sainte Véronique, ni l'exis-
tence de la sainte. Je suis même convaincu qu'il en ressort la
démonstration contraire.
Du reste, les légendes de cette sainte et de saint Amadour sont
fausses. M. Ch. de Lasteyrie, dans son Abbaye de Saint-Martial,
a discuté les travaux des érudits modernes qui les ont éditées.
A l'égard de sainte Véronique une réflexion s'impose. Il est
admis que saint Martial, personnage réel, était évêque de
Limoges au IL siècle seulement. Il s'en suit que sainte Véro-
nique (en acceptant son existence comme indubitable) n'a aucun
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— 330 —
rapport avec une servante de la Sainte Vierçe ou la malade gué-
rie par Noire-Seigneur. Mais saint Amadour, son mari, n'a été
connu qu'au XII* siècle, précisément au même instant où sainte
Véronique apparaît. C'est à cette époque que sa vie est compo-
sée d'après la légende aurélienne.
Lui aussi arrive d'Orient, c'est un serviteur de Jésus-Christ,
comme Véronique est servante de la Vierge. Un jour viendra où
un érudit l'assimilera à Zachée, de même que sa femme est assi-
milée à une contemporaine de Jésus. Si on veut un exemple
du démarquage auquel se livraient les érudits d'alors, on obser-
vera que la conversion du comte Sigebert et de Bénédicte, sa
femme, que leurs légendes leur attribuent, fait partie des mira-
cles de saint Martial. Seulement elle est divisée : saint Amadour
et sainte Véronique convertissent, saint Martial baptise.
Il ne faut pourtant pas trop reprocher ces petits plagiats aux
écrivains du moyen âge : ils étaient sans doute de bonne foi et
surtout ils obéissaient au goût et aux préoccupations des fidèles.
Nous ne sonunes plus de cette école. Nous résistons à ces puéri-
lités. Aussi l'unique profit à tirer des textes cités par dom Dar-
ley me parait être limité à celui^i : l'historique du processus
d'une légende chrétienne ; comment elle s'est formée, comment
elle s'est amplifiée, modifiée, précisée, suivant l'esprit plus ou
moins romanesque des auteurs qui la racontaient. Mgr Duchesne
a très heureusement défini ces contes, « des fantaisies conver-
ties en traditions par un usage plusieurs fois séculaire .»
Ch. D.
V
LE CLERGÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Suite).
Doyenné du Château (Ue d'Oleron).
Le Château, cure. Ancien collateur : l'abbé de la Trinité de
Vendôme.
Titulaire : Sazerac, né le 29 septembre 1752 ; le 27 mai 1791 il
est déclaré déchu de son traitement, avec Demartial, son vicaire,
pour refus de serment. II se retira quelque temps à Saintes, rede-
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— 331 -
vint curé du Château après la révolution, décédé le l*' janvier
1823.
DoLus, cure. Ancien collateur : le prieur de Saint-Georges-de-
Didonne ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Descordes (Jean-Baptiste); le 27 mai 1791, il fut
déclaré déchu de son traitement, avec Mallet, son vicaire, pour
refus de serment. Il fut emprisonné à Angoulôme le 24 avril
1795. Dulac, curé intrus, né à Saintes, le 2 mars 1757, épousa sa
servante, Marguerite Guinot, il en eut un fils qu'il appela Guil-
laume Cyprès.
Saint-Trojan, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Bas-
sac ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Ayraalt (Alexis), né le 18 décembr<^ 1752, refusa le
serment, émigra en Espagne, revint, rappelé par ses paroissiens,
et mourut à Saint-Trojan, le 3 octobre 1834.
Doyenné de Saint-Pierre {île d*Oleron).
Saint-Pierre, prieuré-cure. Ancien collateur : Tévêque de La
Rochelle ; ancien revenu : 2.400 1,
Titulaire : Rivière (André-François), né à Saintes en 1728 ; le
14 mai 1791 il est adjudicataire provisoire des biens de la cure ;
le 27 mai 1791 il est, avec ses vicaires Rousseau et Monjou,
déclaré déchu de son traitement pour refus de serment, émigra
en Espagne, revint, fut arrêté et emprisonné à la citadelle de
Saint-Martin de Ré. Il fut remplacé par l'intrus Guérin,
Saint-Georges, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Ven-
dôme; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Gaboriau (G.-J.), refusa le serment; fut remplacé
par Guérin (François), diacre, ordonné prêtre par Robinet, et
marié. Gaudin, Lair^ Chaigne, vicaires, refusèrent le serment.
Lair se retira à Niort.
Saint-Denis prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbesse de
Saintes ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Babinoi^ né à Saintes, prêta le serment, épousa, le
3 thermidor an II, Magdeleine Quéré.
Doyenné de Royan.
RoYAN, prieuré-cure. Ancien collateur : le recteur de Saint-
Louis de Rochefort comme prieur de Saint-Vivien ; ancien
revenu : 2.400 1.
Titulaire : Delon (Jean-Tiburce), chanceladais, né en 1746,
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— 332 —
insermenté, déporté en Espagne, fut remplacé par Page, asser-
menté, curé de L'Eguille ; M. I>elon fut nommé curé d'Arvert en
1803, et mourut le 27 avril 1814.
Breuillet, prieuré-cure. Ancien coUateur : Tabbé de Cluny ;
ancien revenu : 1,500 1.
Titulaire : Longpré^ assermenté, remit ses lettres de prêtrise,
exerçait encore le ministère en 1796.
MoRNAC, prieuré-cure. Ancien colla teur : le prieur de Mornac ;
ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Pain (Pierre), assermenté, essaya en 1796 de se
réconcilier avec l'Eglise, mais refusa la pénitence imposée. En
1803, Pain (Pierre), ancien curé de Tanzac, déporté, fut nommé
curé de Mornac.
Saint-Georges-de-Didonne, prieuré et vicariat perpétuel. An-
cien collateur : le prieur de Saint-Georges-de-Didonne ; ancien
revenu : 700 1.
Titulaire: Second (Raymond), insermenté, émigra en Espagne,
revint, fut arrêté à Rochefort et mourut à Thôpital de cette ville.
Chalenety vicaire, insermenté, émigra.
Saint-Pallais-sur-Mer, réuni à Saint-Etienne de Vaux.
Saint-Sulpice de Royan, prieuré. Ancien collateur : l'abbé de
Vaux ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Delmas (Jacques-Jean), insermenté, deux fois em-
prisonné, condamné à la déportation, il fut laissé à Saintes pour
cause de maladie, et retourna dans sa paroisse.
Vaux, vicariat perpétuel. Ancien collateur ; Tabbé de Vaux ;
ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Rousseau Duseriier, insermenté, dénoncé le 8 mai
1792 pour avoir prêché contre la constitution.
Doyenné de La Tremblade,
La Tremblade, église paroissiale. Ancien collateur : l'évoque
de Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Doussin (Jean-Louis), né à Saintes le 15 octobre
1745, prêta le serment, dénonça son évoque, se maria, et eut la
mort d'un apostat.
Arvert, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ; ancien
revenu : 6.000 1.
Titulaire : Ranson (Germain), prêta le serment, fut conseiller
municipal, président de l'assemblée électorale du 13 décembre
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— 333 —
1791, remit ses lettres de prêtrise, reconnut sa faute et se récon-
cilia avec l'Eglise ne 1796.
Chaillevette, prieuré-cure. Ancien coUateur : le prieur de
Mornac.
Titulaire : Roi, assermenté.
Etaules, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Notre-
Dame dite aux Iles ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Desgranges, prêta le serment et persista dans son
erreur.
Les Mathes, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Mor-
nac.
Titulaire : Moreau, fut membre de la municipalité en juillet
1790, assermenté.
Arohiprôtré de Jonzao (i)
Doyenné de Jonzac.
JoNZAC, prieuré-cure. Ancien collateur : le recteur de Saint-
Louis de Rochefort, comme prieur de Saint-Vivien de Saintes ;
ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : de Ribereys (Simon-Pierre), assermenté, condamné
à mort et exécuté à Rochefort en 1794.
Archambeau (Pierre), vicaire, né le 28 janvier 1763, inser-
menté, décédé curé de Saint-Germain-de-Lusignan, le 19 février
1843.
Champagnac, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le recteur
de Samt-Louis de Rochefort ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Saint-Légier-Boiron-d^Orignac (Biaise-Antoine-
Alexandre), né le 19 mars 1721, chanceladais, prêta le serment,
resta dans sa paroisse ; après la révolution, il se rétracta et mou-
rut peu après.
Fontaine-d'Ozillac prieuré-eure. Ancien collateur : l'abbé de
Baignes ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Michel (Antoine-Pascal), prêta le serment, épousa
sa servante, eut deux filles. Il se convertit et mourut comme un
saint. Le souvenir de sa pénitence et de ses mortifications de-
meura longtemps après sa mort.
(1) La plupart des notes biographiques sont dues aux recherches de M. le
docteur Gh. Vigen sur le clergé de Jonzac et de ses environs, pendant la
révolution.
Bull«Un. 33
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^ Î34 —
GummÈREs, église paroissiale. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Laverny (Denis-Gaspard), insermenté, émigra en
Espagne, fut remplacé par Duluc, carme du monastère de Jon-
zac, décédé chanoine titulaire de La Rochelle.
Laverny (Cyprien), né à Guitinières le 7 mars 1733, vicaire do
Guitinières de 1758 à 1760, prêtre habitué dans cette paroisse,
insermenté, fut emprisonné aux Carmélites de Saintes, où il
mourut le 12 décembre 1796.
Léoville, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes; ancien
revenu : 1.800 1.
Titulaire : Corrieu (Antoine-Bernard), prêta le serment le 23
janvier 1791. Il avait succédé à son oncle, mort à Léoville le
21 janvier 1792.
Chaunac, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes.
Titulaire : Duclos (Jean-Aïuiré), assermenté, curé constitution-
nel de Vanzac, décédé à Messac le 29 octobre 1795.
Saint-Germain-de-Llsignan, prieuré-cure. Ancien collateur :
l'abbé de Baignes; ancien revenu : 1.300 1.
Titulaire : Terrien (Jean- Michel), né à Mortiers le 5 juin 1759,
refusa le serment. En 1791 il signait ses actes: « prêtre de l'Eglise
catholique, apostolique et romaine ». Il fut nommé curé de Mor-
tiers, où il mourut le 3 juillet 1834. Bordas, assermenté, curé
en 1793.
LussAC, vicariat perpétuel. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Bouyer,
Meux, prieuré-cure. Ancien collateur : le curé de Sain^Louis
de Rochefort, comme prieur de Saint-Vivien de Saintes.
Titulaire : Cayx (Jean-Louis), chanceladais, refusa le serment,
émigra, revint mourir au séminaire de Cahors ; il a publié un
ouvrage ascétique sur les psaumes de David.
MoiNGS, prieuré-cure. Ancien collateur ; le recteur de Saint-
Louis de Rochefort ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Brnlaiour (Nicolas), chanceladais, né à Mussidan en
1720, prêta et rétracta le serment, deux fois incarcéré à Péri-
gueux, émigra en 1792, revint mourir dans sa famille en 1802.
Mortiers, église paroissiale. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Bertrand, insermenté, émigra en Espagne.
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— 335 —
OziLLAc, prieuré et vicariat perpétuel. Ancien collateur : le
prieur de Saint-Eutrope ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Rigal (Louis-Giraud), né le 22 mars 1753, à Celles,
diocèse de Saint-Flour, insermenté, émigra en Espagne, revint
en 1801, s'installa à Ozillac, il y mourut le 25 juin 1820.
Saint-Maurice-de-Tavernolle, église paroissiale. Ancien col-
lateur : Tévêque de Saintes ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Monnereau (Jean-Clément), assermenté, devint
greffier de la justice de paix, se maria ; son mariage fut réhabi-
lité par induit du cardinal Caprara, le 17 mai 1804, à Jonzac.
Saint-Martial-de-Vitaterne, prieuré-cure. Ancien collateur :
le prieur de Saint-Martial-de-Vitaterne ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Geoffre de Fonfief (J.-P.), né le 21 février 1751,
décédé ancien curé de Saint-IIilaire, le 22 mars 1830.
Saint-Médard, prieuré-cure. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1 .200 1.
Titulaire : Ferrand, né le 1*' août 1736, décédé le 23 novem-
bre 1815.
Saint-Simon-de-Bordes, église paroissiale. Ancien collateur :
le grand chantre du chapitre de Saintes ; ancien revenu : 1.300 1.
Titulaire : Daillé (Jérôme), né le 18 mars 1737, assermenté,
curé de Saint-Simon-de-Bordes après la révolution, décédé le
24 octobre 1814.
Agudelle, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de la Cou-
ronne, diocèse d'Angoulôme ; ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Pineau (J.-L.), chanceladais, émigra en Espagne.
ViBRAC. Ancien collateur : Tévôque de Saintes ; ancien revenu:
1.0001.
Titulaire : Pelluchon des Touches, insermenté ; son grand âge
et rintervention de parents haut placés lui valurent d'être laissé
tranquille, il se retira à Montendre et mourut après la révolu-
tion.
Villexavier, cure. Ancien collateur : le maître de cérémonies
du chapitre de Saintes ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Demanès.
Doyenné d'Arthenac.
Arthenac, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Baignes ;
ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Barraud (J.-B.), né le 9 janvier 1748, refusa le ser-
ment, émigra en Espagne, fut remplacé par Sicard, qui se maria
22*
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— 336 -
et s'établit aubergiste à Gémozac. M. Barraud fut nommé en 1803
curé de Gémozac et mourut le 20 novembre 1825 curé d'Arthe-
nac. Il élait frère de Charles Barraud, curé de Pons.
Archiac, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur d'Archiac ;
ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Sicard (P.), assermenté, fut curé intrus d'Arthenac.
Poitevin, vicaire, insermenté, se réfugia à Saintes et émigra en
Espagne.
Brie-sous-Archiac, cure. Ancien collateur: Tévôque de Saintes;
ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Galtier, insermenté, mort en 1792.
Allas-Champagne, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de
Baignes ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Bdscle (J.-Ph.), né à Allas-Champagne, prêta et
rétracta le serment, fut déporté sur le vaisseau Les Deux-Asso-
ciés, y mourut le 23 août 1794.
Saint-Ciers-Champagne, église paroissiale. Ancien collateur :
Tévêque de Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Pabeaud.
Sainte-Lheurine, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de
Charroux ; ancien revenu : 1,800 1.
Titulaire : Fleury (J.), né à Pons, insermenté, émigra avec son
frère, curé de Saint-Hilaire des-Bois. Mossiou, né à l'île d*01e-
ron, lui succéda comme curé constitutionnel et se retira à
Archiac, conunissaire près la municipalité.
Saint-Eugène, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Bai-
gnes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Monjou (J.-B.), né le 17 janvier 1750, à Raulhac,
curé de Saint-Eugène de 1780 à 1792, émigra en Espagne, fut
nommé, au concordat, curé-doyen d*Arlhenac et y mourut le 16
juillet 1823.
Saint-Germain-de-Vibrac, église paroissiale. Ancien collateur:
révoque de Saintes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Maignac (Jacques).
Germignac, cure. Ancien collateur : Tévêque de Saintes ;
ancien revenu : 3.500 1.
Titulaire : de Ripé de Beaulieu (François).
CiERSAC, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes.
Titulaire : Lafon (Pierre), insermenté, réfugié à Valencia en
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— 337 —
mars 1798, curé de Montlieu de 1810 à 1832, décédé curé de
Sainl-Sulpice de Roumagnac (Dordogne), le 5 août 1845.
Jarnac-Champagne, prieuré et vicariat perpétuel. Ancien colla-
teur : Tabbé de Charroux ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Fruchet, assermenté, allait çà et là, d'une paroisse
à une autre paroisse.
LoNZAC, prieuré-cure. Ancien coUateur : Tabbé de Saint-Jean
d'Angély ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Pontezière (François).
Celles, église paroissiale. Ancien coUateur : Tévôque de
Saintes; ancien revenu : 1.200 1,
Titulaire : Bertrand-Dresprés, émigra et mourut en Espagne.
Saint-Maigrin, prieuré-cure. Ancien coUateur : Tabbé de
Baignes.
Titulaire : Lafondy mort pendant la révolution.
Saint-Martial-de-Coculet, église paroissiale. Ancien coUa-
teur : l'évoque de Saintes ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Garonne-Huvetf nommé en 1790, assermenté.
Neuillac, église paroissiale. Ancien coUateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 4.000 1.
Titulaire : de la Morinerie-Arnault (Michel), insermenté, émi-
gra en Espagne.
Neulles, église paroissiale. Ancien coUateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Bouynoi, né à Saint-Maurice-de-TavemoUe, vers
1755, insermenté, émigra «n Espagne, fut professeur au collège
royal de Valence, resta en Espagne, décédé à l'âge de 79 ans.
(La fin au prochain numéro.) P. Lemonnier.
QUESTIONS ET RÉPONSES
RÉPONSE
N* 799. — Detuze et les toiles peintes.
Cette famille Deluze, et deux autres encore qui s'y rattachent
certainement, était de la paroisse de Montboyer, près Chalais,
et descend de Jacques Deluze, fils de Jacques et Marguerite Tar-
tarin, né vers 1660, émigré à la Révocation au Val de Rieiz, près
Neufchâtel, marié lui-même à Marguerite Bourgeois.
Son fils, Jean-Jacques Deluze, bourgeois et fabricant au Bied,
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— 338 —
près Neufchâlel, et son petil-fils, Jean-Jacques Deluze, banneret
do celte ville, et anobli en 1773 par Frédéric II, introduisirent
dans le pays Tindustrie des toiles peintes, qui y amena une
grande prospérité.
D'eux descendent : d'une part, Edouard de Luze, mort en 1902
qui a été sous-préfet de Saintes, préfet de l'Yonne et de la Cha-
rente ; et, d'autre part, les messieuns de Luze, grands négociants
en vins de Bordeaux. La généalogie de celte branche a été publiée
par Pierre Meller dans le Patriote du Sud-Ouest, n** du 11 décem-
bre 1897 et suivants.
Une autre branche des Deluze, établie à Liboume et à Coutras,
a pris aussi son origine à Chalais ; sa filiation est à peu près
connue ; elle a produit Pierre Deluze-Létang, notaire à Coutras,
député du tiers-état, puis juge de paix, mort en 1800, dont
l'arrière-petitrâls est M. de Lanessan, qui a été ministre de la
marine.
Enfin, une dernière branche qui remonte aussi à ceux de Cha-
lais, sans que la soudure en soit non plus bien établie, est celle
des Deluze, bourgeois de Montguyon, dont le nom est éteint mais
dont les seuls représentants actuels sont Adhémar Esmein, pro-
fesseur à la Faculté de droit de Paris, et les Vigen, de Montlieu
et de Sainte Vallier.
Quant aux particularités de cette industrie des toiles peintes à
Neufchâlel, on trouverait sans doute quelque chose dans TEncy-
clopédie du XVIII* siècle : le Jean-Jacques Deluze anobli ci-
dessus avait épousé en 1747 Marie-Françoi-sc Vamey, fille d'un
coriwseiller d'Yverdon, où s'est faite une édition de cet ouvrage ;
et sa sœur Charlotite mariée à A. Bosset a laissé des Mérooiree
estimés. C. Vigen.
Les Deluze furent très nombreux dans les environs de Chalais,
du XV au XVIIP siècle.
Ils eurent leur point de départ au village de Chez-Deluze, dans
la paroisse de Sainte-Marie, près Chalais, où une famille de ce
nom se fixa dans la seconde moitié du XV* siècle. Plus tard, on
les retrouve disséminés un peu partout dans la région.
De 1650 à 1722, relevé sur les vieux registres de Chalais et de
Saint-Christophe, dix-huit ménages du nom de Deluze. Tous
sont protestants. Un Deluze du nom de Daniel, fi^gure au con-
sistoire de Chalais comme ancien. Il en fut aussi le scribe de
1666 à 1676.
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— 339 —
Un Jacques Deluze, marié à Sainl-Chmtophe, a sept enfants,
dont l'aîné et 1© plus jeune, baptisés au temple, ont le prénom
de Jacques. Le premier, né en 1658, pourrait être le Jacques
Deluze en question, industriel à Bied en 1689, si son père était
ici qualiOé tisseur, tixier en toile fine, comme on disait alors.
Malheureusement les registres de l'époque ne relatent presque
jamais la profession des chefs de famille.
Plusieurs des familles Deluze durent s'expatrier après 1685,
car on trouve fort peu d'abjurations sous ce nom ; et, dès 1722,
il ne reste plus au pays qu'une famille Deluze, et elle est catho-
lique.
E. Papillaud.
LIVRES ET REVUES
Le Mois littéraire et pittoresque de juillet 1907 contient un
article de M. Maze-Sencier sur les Côtes charentaises, avec douze
photographies représentant le quai de La Rochelle, la rade de
l'île d'Aix, la chambre dite de Napoléon à l'île d'Aix, le moulin
de la Cotinière, différentes vues des côtes de Saint-Palais, Mes-
chers, Luzac, Talmont, le phare de Cordouan, le puits de Lau-
lure.
Dans La Française, représentée à Paris le 18 avril 1907, à
rOdéon, M. Brieux a inséré une chanson canadienne qu'il a fallu
faire venir de Montréal parce qu'on ne la trouva pas à Paris.
Cette chan«on, avec laquelle Charles fut bercé par sa mère dans
son enfanee, « c'est une ronde de petites filles de la Saintonge ».
Geneviève, qui l'apporte à Charles, la joue et la chante, déclare
que « ce sont d'autres paroles ». La musique serait donc seule
saintongeaise.
UlUustralion théâtrale, qui a publié avec la pièce texte et
musique de cette ronde, nous a très obligeamment prêté le cliché
de la musique.
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Par deirièr' chez mon père
Vole, mon cœur vole,
Par derrièr' chez mon père
Lui y a ('un pommier doux
Lui y a t'un pommier doux, doux, doux
Luy y a f un pommier doux ;
Les trois filles d'un prince
Vole, mon cœur Tole,
Les trois filles d'un prince
Sont endormies dessous
Sont endormies
Etc.
Nos amants sont en guerre
Vole, mon cœur vole,
Nos amants sont en guerre
Ils combattent pour nous
Ils combattent.....
Etc.
S'ils gagnent ia bataille
Vole, mon cœur, vole,
S'ils gagnent la bataille
Ils auront nos amours
Ils auront
Etc.
Le dernier couplet est:
Qu'ils perdent ou qu'ils gagnent
Vole, mon cœur, vole.
Qu'ils perdent ou qu'ils gagnent
Ils les auront toujours.
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— 341 —
Cabié (Edmond). — Guerres de religion dans le Sud-Ouest de
h France et principalement dans le Quercy^ d'après les papiers
des seigneurs de Saint-Sulpice , de 1561 à 1590. Documents.
M. Cabié reproduit ou analyse un grand nombre de pièces
originales provenant des papiers de Jean Ebrard, seigneur de
Saint-Sulpice en Quercy, et de son fils Antoine, ëvêque de
Cahors. Ebrard a été envoyé extraordinaire en Saintonge et Poi-
tou en 1574, l'un des principaux négociateurs du traité de Ber-
gerac en 1577 et des conférences de Nérac-
On y rencontre, à côté de détails sur les faits d'armes et les
négociations, des renseignements curieux sur l'influence exercée
par les troubles sur la vie économique, des lettres de Catherine
de Médicis, Charles IX, Henri III, du roi do Navarre, des docu-
ments relatifs au siège de La Rochelle en 1573, l'état des partis
en Poitou en 1574.
Das Seerechl von Oleron. Les droits de la mer d'Oleron,
d'après un manuscrit de la bibliothèque de Troyes de 1386. Texte
français et traduction en allemand par M. Zeller.
L'auteur décrit d'abord le manuscrit et se livre à une étude
minutieuse paléographique et philologique. Il le croit écrit en
idiome normand-picard (page 8),
Le texte débute ainsi :
I Cy après ens | les drois z la coustume dole | ron p'mieremt |
L en fet. I home | mestre dune nef. La nef se part du pays | dont
elle est. z vient à Bor | diaulz ou a la Hochele ou | ailleurs z se
frète pour al'r | en pays estrange.
Voici quelques-unes des prescriptions :
Une nef est en I haure | {h(wre) z (et) demeure pour attend* \
son temps. Z quant vient | a son p(a)rtir le mestre doit di | re a
ses compagnons z doit [prendre leur conseil z dire | segnours
vous plest cest | temps. Aucun dira le temps |nest pas bon le
mestre est | tenu de si acorder ou le | plus des coinpagnons |
sacordent. Et se il le fet | autrement il est tenu | a rendre la nef
z et les der | reez se ellez se p(er)dent. Cest | le jugement.
Que doit faire le capitaine du navire au cas où un de ses mate-
lots se blesse dans une manœuvre ?
II avient que maladie | prent à aucun des com | pagnons ou à
I ou à II I ou à III. en fesant lour | besoingne en la nef il ne |
puet estre ne durer en la | nef tant est malade. Le | mestre le
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- 342 —
doit mettre hors | z querre li un hostel et li | doit baillier ou
Grasset | ou chandele z li doit bailler | I des varies de losiel
pour I garder luy ou louer lui | une famé qui se prengne | garde
de lui z et le droit pour | veoir de tele viande co'me | len use en
la nef. C'est assavoir de tant il preist en [ la nef se il fust en
santé.
Souvenirs de Jean Bouhier, président au parlement de Dijon.
S. L. N. D., petit in-18,
P. 46 : « L'abbé de Laval, homme peu scavant, mais de beau-
coup d'espril et de mérite, ayant été nommé à Tévêché de La
Rochelle et y étant allé pour y prendre possession, les ministres
huguenots voulant, sous prétexte de lui faire honneur, lui jouer
pièce, lui vinrent faire leur harangue en grec.
L'évêque, qui ne Tentendoit pas plus que Thébreu, ne laissa
pas que de les éicouter très paisiblement, et, après leur discour
fini, il leur fil une belle réponse en bas-breton qui dura plus
d'une demi-heure.
Les ministres, fort surpris d'entendre une langue qu'ils igno-
roient avec tout leur sçavoir, s'en retournèrent avec le déplaisir
de n'avoir pas mis les rieurs de leur côté. »
Revue hebdomadcùre d'août 1907. — Splendeur et décadence
d*un grand port de guerre, par le général Bourelly. II s'agit de
Brouage.
Un lecteur de VEcho de Paris a envoyé à ce journal, qui les
publie, doux lettres d'avis de répartiteur et de receveur d'impôts:
« A Saintes, ce 24 juin 1695.
« Après avoir travaillé, Monsieur, avec toute l'application pos-
sible à la capitation de la noblesse de Saintonge, suivant l'inten-
tion de Sa Majesté, je suis obligé de vous donner avis que la taxe
à laquelle vous estes imposé s'élève à la somme de cent vingt
livres. Laquelle somme, Monsieur, vous aurez, s'il vous plaist,
le soin de faire porter à Saintes entre les mains de M, de Saint-
Dizant, qui a esté choisi pour en faire la recepte, moitié dans le
mois courant et l'autre dans le mois de juillet prochain.
« Je souhaite que vous soyés content et que vous me croyés.
Monsieur, très parfaitement votre très humble et très obéissant
serviteur. »
(La signature n'a pas été lue.)
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^ 343 ^
« Saintes, le 13 juin 1702.
« Monsieur,
« J'ay rhonneur de vous écrire pour vous avertir que vous
6ie compris au rolie de la capitation des noble$ de celte élection
de Sainte^ de la présente année 1702, arrêté par M. Begon, inten-
dant de cette généralité, à la somme de quarante livres, qui doit
lôtre payé en deux termes,, dont le premier est échu dès le pre-
mier mars dernier, et le second échoira au dernier de juillet pro-
/chain, et comme M. l'intendant m'a fait l'honneur de me comet-
:tre pour en faire le recouvrement et chargé d'en faire remettre
incessamment les fonds à la recette généralle des finances, je
vous prie de me faire payer dans huit jours au plus tard, affin
que je ne sois pas obligé de faire aucune poursuilte contre vous,
dont je ne pourrois me dispenser si vous différiez plus long-
temps.
« Je suis très parfaitement. Monsieur, votre très humble et
obéissant serviteur. « Faure. »
Ces deux lettres sont curieuses par leur style. Il est impossible
de demander de l'argent avec plus de bonne grâce et de [ormes.
Nos modernes percepteurs n'en mettent pas tant, mais ne sont
pas aussi pressés. Envoyer à un contribuable l'avis de réparti-
tion avec un terme échu, et lui réclamer l'autre illicOy c'est être
un peu trop expéditif.
Bullelin monumental, tome LXXI, 1907. — M. Ch. Dangibeaud
y publie le plan primitif de Saint-Eutrope de Saintes,
Les Enceintes romaines de la Gaule , f>ar M, Adrien Blanchet,—
Comme son aîné, les trésors de monnaies romaines en Gaule.
avec lequel il présente d'ailleurs certaines analogies (théorie de
la construction des murailles) ce volume est extrêmement docu-
menté. C'est un résumé de tous — ou à peu près — les articles
gui ont été écrits depuis cent ans relativement aux murailles des
cités en Gaule et hors de Gaule. M. B. excelle en ce genre die
patience. 11 a dépouillé tous les recueils de nos sociétés savan-
tes et il en a extrait des notes qu'il réunit en y ajoutiant ses
réflexions. Au bout de chaque phrase, un renvoi et une référence.
On voit quel magnifique ensemble de renseignements il apporte
sur une question qui a été très débattue, très discutée dans une
quantité de volumes difficiles à réunir au moins pour un provin-
cial. Il faut louer hautement le savant qui a collectionné une
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— 344 —
pareille richesise de documents et Ta mise entre les mains du
oublie (I).
Malheureusement, la perfection n'est pas de ce monde. L'arti-
cle consacré à Saintes n'est pas sans reproches, M. B. s'eo
lient à l'opinion de La Sauvagère sur l'enceinte de Mediolanum
'^t il réédite son plan avec sa légende, y compris le passage de
la Charente dans le lit de la Seugne. Il ne cite ni Bourignon ni
Chaudruc de Crazannesi ; parmi les modernes il a négligé cer-
tains travaux, de sorte qu'il a adoi>té l'opinion du vieux savant
du XVIII* siècle sans discussion et restreint le périmètre de la
fortification cxécuitée après les invaisions à 935 mètres, c'est-à-
dire au seul plateau do l'hôpilâl de la Providence. M. B. con-
naît cependant le long mur qui descend à la rivière, mais il n'en
tient pas compte et il ignore la Porte- Aiguière, même dans le
chapitre spécial consacré aux Portes (p. 267-272) et les indica-
tions significatives que Chaudruc donne sur ce monument. En
revanche, il semble faire état de la description des murs de
Saintes dans la vie de Saint-Eutrope, laquelle ne date que du
XIV ou XIII- siècle (p. 301).
Au nombre des villes gallo-romaines qui avaient des louons car-
rées il faut ajouter Saintes. Le témoignage de Masse est formel
à cet égard. (Cf. Sainles à la (in du X/X* siècle^ t. I, p. 24 ;
Bévue, XXVI, p. 225).
Le chapitre où l'auteur expose les idées répandues et les sien-
nés propres soir l'époque de la construction des murailles e^i
un des plus intéressants. Après avoir discuté la théorie de Shu-
ermans, il rappelle brièvement la campagne de Probus en Gaule.
Frappé de la correspondance entre le© faits rapportés par les
historiens et les découvertes archéogiques, il n'hésite pas à pla-
cer sous le règne de Probus» la construction rapide des bases
d'enceintes gallo-romaines. Cette opinion part de cette hypothè-
se qu'à la suite des victoires de Probus on dût se hâter de mettre
les villes à l'abri de coup de mains. « Il n'y a pas, dit-il, appa-
rence que les cités de Gaule, si durement éprouvées aient attendu
jusqu'au règne de Dioclétien dix ans de plus ». Les travaux
reçurent l'impulsion sous le règne de Probus et 5e continuèrent
sous le règne de Dioclétien. « CeWe théorie permet d'expliquer
l'anomalie qui existe presque partout entre les fondations des
enceintes (blocs irrégulïers) et la partie supérieure (appareil
régulier et maçonnerie) ».
(t) En revanche l'illustration du volume est faible. M. B. réédite des dichéa
maintes fois reproduits.
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SOMMAIRE DU !•' AOUT 1907.
Avis bt noitvbllbs : Admission ; Congrès de Bordeaux ; Musées de Saint- '
Martin de Ré, de Saintes , de Rochefort ; Découverte d'un corps nouveau ;
Conservation des remparts de Rochefort et de Brouage ; Le phare de la
Goubre ; Sceau de Sainte-Gemme ; Monuments classés ; Don à la ville de
âaint-Jean d'Angély ; Salon ; Le musc et les serpents.
Notes d'état civil. — D4cés : D' Léger; M. E. Maguîer; M. Duchatel ;
M. Georget.
MarUgeê : Eschasseriaux-Doublet de Persan ; Perrier de La Bathie-Baillard;
Descoffre-Guérin; Charuel-Monsnereau.
VARiérés : La guillotine à SainUi^ par Ë. Guérin ; La municipalité de Sainte
Saturnin de Sécnaud (suite} ; Le clergé de la Charente-Inférieure pendant la
Révolution (suite), par P. Lemonnier.
Questions et réponses. — Questions : Julie de Beauregard,. poète ; Deluxe
et rindustrie des toiUs peintes. — Réponse : Les Ransanne de Carbon-Blanc.
Livres et revues : Le tombeau de M. de Comminges ; Guillonnet de Mer-
ville ; André Lemoyne ; Le chevalier de Théraéricourt ; Les premiers troubles
de la révolution à Rochefort ; Chronologie des comtes d'Angoulème.
La Revue-BuUetin est adressée gratuitement aux membres de la
société, qui paient par an une cotisaiÉion de 13 francs^
La Bevue'Bullelin mentionne ou analyse tout ouvrage composé,
imprimé dans la région,, ou par un auteur habitant ou né dans la région,
ou concernant la région dont un exemplaire aura été adressé au prési-
dent, à Saintes.
Les idées ou les. opinions émises dans la Revue- bulletin sont person-
nelles.
On s'abonne à Saintes: 10 francs par an.
Le Gérant : Noël TëXIER.
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La Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texier.
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*iti.'l
REV
DE
SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES ARCHIVES HISTORIQUES
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
XX VIP Volume. — 6* Livraison.
i" Décembre 1907.
Les deux vues du cloître de Nieul-
sur-l'Autise doivent être placées à la
page 298.
SAINTES
LIBRAIRIE J. PRÉVOST
i5. COURS NATIONAL
1907
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ADMINISTRATION DE LA SOCIETE
1907
BUREAU
Président : Le bai^on Am^d^e Oudet, rue des Ballets^ 27, à Saintes.
Vice-présidents : Le comte Pierre de Crozb-Lembrcier, au château
du Raînet, par Saintes.
Cil. Dangibeaud, 14, rue des Ballets, Saintes.
Secrétaire : Maurice Buubs, docteur en droit, avocat à Saintes, rue
Cuvillier.
Trésorier: Berthelot, notaire, rue de TAire, 17, Saintes.
Trésorier-adjoint: M. Gatineau, directeur de l'Agence du Crédit Lyon-
nais, à Saintes.
COMITÉ DE PUBLICATION
Gabriel Audiat, professeur à Paris, rue César-Franck, 9.
Machet de La Martinièrb, archiviste du département de la Charente,
Anffoulême. ' .
UBOBOES Musset, I. Q, archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
' de la ville, rue GargouUeau, 32, à La Rochelle.
JulesPellisson, A. <J, juge au tribunal civil, boulevard des Arènes,
27, à Périgueux.
D«" Charles Vigen, aux Galards, près Montlieu.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
AuouSTB BiTEAu, *((?, A. O, maître principal de l'* classe des construc-
tions navales en retraite, conseiller municipal, rue du Perat, 60, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juge de paix^ place des Cordeliers, 7, à Saintes
. Edmond Boilbvin, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jules Guillet, négociant, conseiller général, rue de La Roche, 12, à
Saintes.
Abel Mestreau, négociant, rue du port des Frères, 24, à Saintes.
Le siège de la société des Archives est à Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mois un Bulletin^ Bévue de Saintonge
et d^AuniSy qui forme au bout d'un an un volume d'environ 500 pages.
Le prix de l'abonnement annuel à la Bevue-Bullelin est de 10 francs;
il fr. 50 pour l'étranger; un numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite-
ment aux membres de la société qui paient par an une cotisation de
13 francs.
RÈGLEMENT. — Article II. La société se compose : !<> de membres
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs...
2<> de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 francs; 3* de
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une somme
de 150 francs...
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IS^^sSl
i^t.
f-lic»ic tîi Cb. Dan^ib«aud.
LK CLOITRK DE NIEUL-SUR-LAUTISE
1907
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Aliyli^lSiHMîO^ l»l-, U ^niilÉTK
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v.K' i' i - ■I--''i[,I f >. .trr !.!■. isi« }i .:t'...trt\ii^he, 'isocat, bihliotln'-îtire
.h 1 1 - Pm î s- N- A 0, /'^^ t'i liibi' mI ri 'I. I>ouî<»vard 'les \r^nes»
'.(.NShTlL S At>\^^'iS;HATl^^'
tto'i-» :. •" - » •"♦•lr;M.i , f .'is»MiI<'f' ij"în5f.}>jî. nu* du Peial, 30, à *
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.• •l's , !■ tuiuîe nu '< -.il J'iin an un v( hi»jn. 'I'er.\ irou 5iK) [lairel. '. jj^-
' :\ tli- ;V^ nu'in." .-iiîMel ■« 1* îit'ydcliuUt (in Cf.t df iU fiaùce; "1 _ Bf*"
.■•; <Mif 11 tiîMi^— .j iui:m'ro. 'Z îr. •' • t'Jlf ••-■! E1(l]Ts^»J'^e gratuite- " .
.1' ^ incjrMt*- la sku'i»' <{ui 1"<iumu par «.hi in^ Lotisi»tion l^e -^
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' '^.'Ui, iiric f ;;^ j» >u]' ■«.iU('s,um somme dt* V'OO fr;uic».*^ _>'■
\ ( !'■ ; >iiciil m!î '■(•îj<aliou aiiiiurllo ('? liîtrnncs; 3* ij« "î-j
.ipitii*! ' li nu hâtent l(M:r foti->ati^»n iiic»veTuiaiit une somme,'*^,
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LK CLOITRE DE NIEUL SUR-rAUTISE
1907
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU N» DE DÉCEMBRE 1907
Avis bt nouvelles : Admission ; Acquisition du musée de La Rochelle ;
Chêne du château de Lafarge ; Bronxe gallo-romain ; Cerf; Inauguration ;
Subventions.
Notes d'état -civil. — Décès : Jaulin, Hélitas, d'Aussy. — MArUiges : Réveil-
laud-Delaballe. Sorin-Charrier.
VAniérés : L'église Sàinl-Eutropê de Saintes, par M. Ch. Dangibeaud ; Le
clergé de la Charente- Inférieure soas la Révolution (fin), par M. l'abbë Le-
monnier ; Un sermon à Vécole de 4roit d*Orléans ; La municipalité de Saint-
Saturnin de Séchaud.
Question : Les hirondelles.
Livres bt revues : Saint Cybardy de M. J. de La Martinière ; Annales mu»
nicipales de Saintes : Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, Elie Vinet;
Constructions autour des dolmens ; Lettre de convocation militaire ; Autour
des démissions épiscopales de Van X; Les gavaches.
BlBLIOORAPHIB.
AVIS ET NOUVELLES
Admission : M. Bertrand, maire à Moings, présenté par
M. Prévost et iM. Dangibeaud.
La réunion des Sociétés des Beaux-arts des départements
aura liou à Paris, du 21 au 24 avril 1908. La liste des délégués
sera close le 1*' février.
M. le comte de Saint-Saud, notre confrère, a été nommé cor
respondant du ministère de Tinstruction publique le 17 juillet
dernier, et officier de l'instruction publique le 28 septembre.
Notre confrère, M. Henri Stein, vient de publier la Bibliogra-
phie générale des cartulaires français ou relatifs à Vhisioire de
France, Ce vaste et précieux répertoire ne contient pas seule-
ment la mention de cartulaires d*abbayes, évêchés, etc., il y a
aussi les cartulaires de communes, de familles, de châtellenies...
Le musée de La Rochelle a reçu un tableau de M. Gent ; une
peinture à la cire de M. Bracquemond-Barbedette ; deux aqua-
relles (vues de Venise), de M. Valentinelli ; une estampe en cou-
Rrme, Tome XXVII, 6« limison. — Déoembr* 1»€7. SS
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— 346 —
leurs de M. Manuel Rolfe ; le tableau de Geoffroy du dernier
salon, Retour à la vie ; Y Attente, de Feyen-Perrin ; une esquisse
du baron Gérard ; une nature morte de Chrétien ; le Départ pour
la pêche de G. Balande ; un portrait de M. Brian, ancien préfet
de la Charente-Inférieure, par Brossard ; un lavis deia maison
Renaissance de la rue du Minage, par M. Moineau.
In frère du chêne de Montravail. — Les journaux ont
annoncé que le vieux chêne du château de Lafarge, à Viviers,
auquel on attribuait 1.500 ans d'exi&lence, a été victime des oura-
gans qui désolèrent le Midi en septembre et octobre. Sa circon-
férence, à un mètre de terre, était de onze mètres, dit-on. Il était
creux et, un jour, cinq personnes y dînèrent autour d'une table.
Il n'est pas porté sur le tableau des contemporains du chêne
de Montravail. (Voir plus haut, p. 112).
Le musée de Saint-Germain-en-Laye vient d'acquérir d'une
personne se disant de Saint-Jean d'Angély un petit bronze gallo-
romain, 'Bacchus ou Hercule, qui aurait été trouvé dans les envi-
rons de Saintes. On ne dit pas vers quelle époque.
Les journaux ont raconté avec détails les épisodes d'une
chasse à courre, à Chantilly, au terme de laquelle un cerf fut
tué dans la cour de la gare de cette localité. Le fait n'est pas
banal. 11 nous rappelle un incident analogue qui s'est passé à
Saintes il y a plus de deux siècles. Un cerf vint se réfugier sous
les murs du séminaire. Les domestiques de l'évêque Bassom-
pierre s'en emparèrent et l'emportèrent. Le plus joli de l'affaire,
c'est que l'évêque se vit dresser procès-verbal de chasse.
Le 20 octobre 1907, a été inauguré, à Pons, près de l'hôtel de
ville, le monument élevé à la mémoire deM. Edgard Combes. Il
est l'œuvre de M. Laurent. Sur le haut piédestal que surmonte
le buste, on lit : « A Edgard Combes (1864-1907), élève à l'école
communale de Pons, préfet (1900-1902), secrétaire du ministère
de l'intérieur (1902-1905), conseiller d'Etat (1905-1907). Ses cama-
rades et amis. »
(Voir VIndépendant du 22 octobre, le Progrès du 23, le Libéral
de Cognac du 21.)
Une subvention de 1.400 fr. est accordée pour réparations à
effectuer à l'église de Nieul-lesr-Saintes.
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— 347 —
L'Académie française a attribué le prix H. de Siissy, 8.000 fr.,
à l'œuvre des abris du marin fondée par M. de Thézac.
Les 77.000 fr. fournis par TEtal pour la restauration de la tour
de la Lanterne, à La Rochelle, n'ont pas suffi. L'architecte
demande encore 25.720 fr. et 91 centimes afin d'achever le cré-
nelage, les fenêtres de la base de la flèche, la restauration des
parements extérieurs de la base circulaire de l'édifice, restaura-
tion de la porte d'entrée et de l'échauguette à gauche de cette
porte, et autres travaux urgents. Le conseil municipal a voté
10.000 fr. pour sa contribution dans la dépense.
(Voir VEcho Rochelais du 23 octobre 1907.)
NOTES D'ETAT CIVIL
DECES
Le 17 octobre, ont été célébrées, à Cognac, les obsèques de
M Gaston Jaulin, négociant, décédé à l'âge de 66 ans, au châ
teau de Gademoulin.
M. Hélitas, ancien préfet de la Charente-Inférieure, est décédé
à l'âge de 64 ans, au Quéroix-du-Chamboret (Haute-Vienne),
dans la nuit du 16 au 17 octobre.
Il est le père de M. Hélitas, sous-préfet de Lisieux, qui a
épousé M"* Garnier.
Le 31 août 1907, est décédé, à Cadéac-les-Bains (Hautes-Pyré-
nées), le jeune Jean d'Aussy, âgé de 4 ans, fils de M. Armand
d'Aussy.
MARIAGES
Le 15 octobre, a été bénit, à Plassay, le mariage de M. Gilbert
Sorin, notaire à Jonzac, avec M"* Henriette Charrier.
Le 16 octobre, a été célébré, à Versailles, le mariage de
M. Georges Réveillaud, enseigne de vaisseau, fils de M. Réveil-
laud, député, avec M"' Clémence Delaballe.
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— 348 —
VARIETES
I
L'ÉGLISE SAINT-EUTROPE DE SAINTES
TELLE QUELLE ÉTAIT (1).
On a déjà beaiicoup écrit sur noire église romane dédiée à
Sainl-Eutrope ; la liste des mémoires qui lui sont consacrés
serait longue (2). Il suffira de rappeler les pages devenues clas-
siques de Viollet-le-Duc, celles de Des Moulins et de Manon,
toujours relues, quoiqu'un peu vieillies et surtout fautives (3).
Le haut intérêt qui s'attache à ce monument justifie ces nombreu-
ses descriptions, dans lesquelles chacune de ses particularités
de construction et d'ornementation est décrite, disculée, compa-
rée. Aussi n'ai-je pas Tinlenlion de revenir sur ces choses très
connues, très célébrées, de les rééditer une fois encore. Je n'au-
rais rien de neuf à ajouter. Je me propose de montrer quel
était le plan de cette église dont il ne /reste aujourd'hui que le
transept et le vaste chœur roman allongé à la fin du XV* siècle.
C'est un détail un peu moins connu que les autres, mais pas iné-
dit cependant, puisque Des Moulins, qui écrivait beaucoup sous
l'influence de l'abbé Lacurie et de Tabbé Briand, l'auteur de
Y Histoire de V Eglise santone, a vu ce plan probablement, ou a
recueilli des souvenirs de vieux habitants du faubourg ayant
entrevu dans leur jeunesse l'édifice tel qu'il était. Il n'en eu:l
toutefois qu'une notion très superficielle, il n'y insiste pas autant
qu'il convient (4) et il s'exprime mal ou se trompe.
A vrai dire, il est assez difficile de se rendre un compte exact
(1) Cet article a paru dans le Bulletin monumental^ 1907. M. Lefèvre-Pon-
talis, directeur de cet excellent recueil, a très obligeamment mis à la dispo-
sition de la Revue les clichés des trois plans qu'il a publiés. Nous en egou-
tons deux.
(2) Le dernier a paru en 1905 dans une revue belge, non vidi.
(3) « De l'édifice de 1096 il reste la nef entière, ses bas-côtés... », dit Des
Moulins. Cette nef est le chœur de l'église primitive. Il appelle église des
Cathécumënes, la nef détruite. Marion appelle le transept un narthex.
(4) On peut en dire autant d'une note dans le Bulletin de la Société des
Archives de la Saintonge^ t. VII, p. 246.
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— 349 —
de la forme de la nef, malgré le temps relativement court qui
nous sépare de sa disparition : un siècle. S'il ne s'agisisait que
de retrouver le nombre de ses travées, ce serait facile. 11 existe
encore un pan de muraille d'un des bas-côtés divisé par des co-
lonnes, d'après lesquelles on peut aisément savoir que la nef
comptait quatre travées (1). Mais il y a autre chose de plus inté-
ressant, et cette autre chose a disparu sans qu'on y ait suffisam-
ment fait attention.
On sait, en effet, qu'en 1803, la voûte lézardée ( — d'aucuns
disent une colonne — ) (2), la couverture en mauvais état, inspi-
rèrent aux fidèles la crainte très vive de se voir ensevelis
un jour sous leurs délivres, craintes fort exagérées, sans doute,
car un homme de beaucoup de sens, esprit éclairé, très ami des
arts et des antiquités, Pierre de Bremond d'Ars, affirme qu'avec
1.500 francs on eut réparé le dégât et conservé le monumeml.
1500 francs, il faut l'avouer, étaient une 'somme malaisée à
recueillir à cette époque 3urtout pour être employée à la répa-
ration d'un édifice. On préféra le détruire, personne ne parait
avoir tenté le sauvetage (3).
Si de Bremond ne se trompe pas, il faut regretter mille fois
la trop grande complaisance du préfet Guillemardet qui accor-
da la permission à ses administrés de couper la nef au transept
(1) Voir les plans 1 et 4.
(3) Des Moulins, Rapport sur Véglise ShinUEntrope de Saintes et Saint-
Jnnien, extrait des sëances de la société française tenues à Angouléme en
1848. Il affirme que seul un pilier menaçait ruine. C'était évidemment une
tradition.
(3) Les documents officiels ne sont pas explicites. Ils nous présentent
Saint- Eutrope dans un état lamentable. Cf. Archives^ t. III.
L'arrêté du 24 mai 1797 parle de réparations à faire et permet aux habitants
de se servir d'une certaine quantité de matériaux « qui existent tant sur la
couverture que dans les ruiner de Téglise de Saint-Ëutrope ». Il accorde
300 pieds de pierres de 7 à 8 pouces d'épaisseur, 400 pieds de pierres de
pavé, 1.500 tuiles creuses et 400 de tuiles plates.
Le préfet, en 1803, autorise les habitants de la commune « à démolir la
partie des bâtiments dépendant de ladite église qui se trouve en mauvais
eut... «.
L'adjudication de cette démolition eut lieu le 18 nivôse an XI et ne parle
que de la couverture, charpente, pavé et murs désignés au devis (absent).
L'entrepreneur Chaillolau a un an pour enlever les deux cinquièmes des
matériaux pour lesquels il s'est fait adjuger la démolition.
Aujourd'hui il faudrait abandonner les matériaux A l'entrepreneur et même
le payer.
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— 350 —
et de la jeter par terre. Les habitants usèrent largement de l'au-
torisation, car toutes les pierres ont disparu, sauf quelques cha
piteaux mis de côté et transportés au musée (1).
Cette nef serait aujourd'hui une curiosité archéologique de
premier ordre, une des grandes curiosités de France, je n*ose
dire unique, bien que cela soit probablemient la vérité.
Pour nous la représenter, nous possédons deux plans et quel-
ques lignes de texte. Les deux plans, de dates assez éloignées
l'un de l'autre, sont des guides imparfaits : le premier parce
qu'il est à une échelle infime, le second, beaucoup plus grand,
parce qu'il est erroné en plusieurs p>oinits. Il faut cependant
nous on contenter, d'autant mieux que l'un et l'autre ooncOTtient
dans les parties essentielles. Le premier porte la date de 1691 (2)
et a été dressé par l'ingénieur Claude Masse pour sa collection
de plans si précieux et si justes de Saintes à la fin du XVII*
siècle et au début du XVIII* ; le second, d'une date inconnue,
peut-être de la fin du XV1II% a été publié par l'abbé Briand
dans le tome III de son Histoire de UEglise sanlone. Malheureu-
sement, pas plus pour ce document que pour les autres qu'il a
mis en œuvre, l'abbé Briand ne dit d'où et de qui il le tient, ni
qui l'a dessiné (3).
Ces deux plans tout seuls nous apporteraient des éléments
très insuffisants à la oonnaissiance de l'état premier de Sainl-
Eutrope par la raison que certaines lignes insolites seraient mal
interprétées. Nous avons heureusement un texte peu explicite
par lui-même, mais qui, appliqué sur le plan, devient très com-
préhensible et fait disparaître ce que le plan a d'obscur. C'est un
passage d'un des mémoires que ce même Masse a rédigés sur
notre ville. En réunissant ses indications avec celles des plans,
nous résoudrons le problème.
Les plan» qui accompagnent cet article et contribuent puis-
samment à son intelligence, ont été dressés par M. Dupuy, chef
de bureau aux chemins de fer de l'Etat à Saintes. Il a été mon
collaborateur dans toute cette affaire. Il s'est servi non seule-
ment des indications de Masse et du plan Briand, mais des trop
(1) Comme exemple de rapidité de la démolition d'un vaste édifice reli-
gieux, on peut citer celui de l'éçlise de Charrouz qui disparut en moins de
douze ans. (Cf. Mémoires de U Société des antiquaires de l'Ouest, T, 1835).
(3) C'est celui de la feuille 17 des plans relatifs à Saintes, aujourd'hui
déposés au ministère de la guerre.
(3) La fabrique de Saint-Eutrope n'en possède aucun.
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— 351 —
rares renseignements que nous nous sonunes procurés cet été
en ouvrant deux grandes tranchées sur remplacement de la nef,
(l'une perpendiculaire à Taxe de la nef) avec Tespoir de retrou-
ver des vestiges de ce qui existait. Nos espérances ont été en par-
tie déçues. Nous sommes descendus jusqu'au sol vierge sans
rien découvrir du vieux monument. Nous avons seulement re-
connu la face interne de la façade, la porte d'entrée, mais rien
pour l'intérieur de la nef. Mgr Laferrièrc avait déjà cherché des
documents : il avait fouillé le long du mur. La photographie de
cette tranchée est publiée dans VArt en Saintonge ; ses notes sont
restées manuscrites (1). Nous n'avons fait que reprendre et con-
tinuer son fossé de ce côté-là, en faire un nouveau. Je parlerai
plus loin du résultat acquis.
Voici les passages du mémoire de Masse : « Saint-Eutrope.
Cette église est bâtie sur une langue de terre haute qui tombe de
trois côtés, dont elle occupe le sommet avec l'abbaye. Elle étoit
grande et a été bouleversée par les religionnaires et a été réidi-
fîée mais matériellement bâtie d'un gotique rustique de différents
goûts ; elle est étroite pour sa longueur qui est de près de qua-
rante toises et de large huit ; les colatéraux ou basses ailes sont
fort étroids sans aucune délicatesse : ce qui la rend encore plus
bizarre sont les escaliers qui sont dans la neffe pour descendre
dans l'église souterraine, et il y a des escaliers a oosté ix>ur
naonler dans le cœur où se fait l'office des religieux. Le cœur est
grand et il y a des chapelles a costé en dehors des colatéraux
surtout derrière le chœur où il y en a une fort grande où sont
les reliques du chef de Saimt-Eutrope et le corps est à Bordeaux,
à ce que Ton dit, le chef y avait été auissy i>orté ; les peuples
ont beaucoup de dévotion pour cette relique et on y vient de
très loin, le jour de la feste qui es* le dernier d'avril ; il y a
beaucoup de béquilles et autres choses qui sont les preuves des
miracles que Dieu a opéré par son intercession. Au dessous du
cœur et de l'église haute est la basse ou souterraine, qui est la
parroisse ou ce fait l'office ; elle est grande et vaste, mais les
voûtes sont basses et elle est fort sombre
Ren\'oys pour le plan de Saintes qui sont dans la feuille 8.
30. — Eglise Saint^Eutrope. Elle parait avoir été bastie sous
le règne de Charlemagne, mais elle a été rédifiée en différentes
(1) Dans le Bulletin de la Société des Archivei historiques de la Saintonge,
i, VII, p. 246, une note de quelques lignes très obscures a été insérée.
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— 352 —
reprises ; il ne reste d'ancien que le i>ortal du bout de la neffe ;
elle est trop étroitt^ pour sa longueur et est solidement bastie
el d'une mauvaise architecture gotique. La neffe est presque
toute occupée par de grands e&caUers qui descendent à l'église
souterraine qui est sous le cœur du côté. »
Ainsi, la nef mesurait environ 78 mètres (1) de longueur et
15"60 de largeur ; elle était flanquée de collatéraux étroits se
lenninant au transept par des degrés conduisant au chœur.
« Elle était presque toute occupée par de grands escaliers (2)
qui descendaient à l'église souterraine ». Voilà la grande nou-
veauté.
Que signifient ces mots « grands escaliers ? » Faut-il com-
prendre une longue série unique de marches s'inclinant avec ou
sans paliers vers la crypte ? C'est assurément l'interprétation
naturelle du texte, conforme, non pas à ce que l'on connaît
ailleurs, mais à ce que l'on peut conjecturer d'après les quelques
marches qui souvent descendent de la porte d'entrée dans l'é-
glise. Nous avons plusieurs exemples de ce type : à Ecurat, à
Villars-lès-Bois, à Pérignae, à Geay, à Marignac. Il faut souvent
descendre huit ou dix marches (3) (douze à Geay). A Saint-
Pierre de-Saintes, au XII* siècle, il devait y avoir un grand nom-
bre de marches à l'entrée (4), car le sol die l'église se trouvait
à 1°75 au moins au dessous du pavé actuel, ainsi que l'a prouvé
un sondage dans le transept (5). A Sainte-Radegonde de Poi-
tiers on descend onze marches. Il a du y en avoir douze ou
treize.
Des Moulins qui a connu le plan Briand a dit : « à droite et
à gauche s'étendaient deux rampes symétriques en fer à che-
val qui conduisaient dans l'église haute, tandis qu'un degré cen-
tral s'enfonçait dans le sol i>our aboutir à l'entrée du grand ar-
ceau de la crypte à laquelle il donnait accès (6) ». D'après cette
description on serait tenté de croire qu'un escalier partant de la
(1) En réalité il n'y a que 75 mètres.
(3) Le mot escalier est pris dans le sens ancien, c'est-à-dire des marches.
(3) Même en tenant compte de l'exhaussement du sol, le nombre des mar-
ches était relativement élevé.
(4) A Limoges, à la basilique du Sauveur, on descendait seize marches. (Cf.
Gb. de Lasteyrie, L'abbaye de Saint- Martialy p. 311 et la planche II.)
(5) Cf. Recueil de U Commission des arts ei monuments de la Charente-
Inférieure, t. VIII, p. 301.
(6) Loco citato, p. 15.
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— 354 -
porte descendait sans discontinuer jusque dans la crypte. Le
plan Briand parle « d'amphithéâtre par lequel on descend dans
Téglise basse. »
Voici la réalité.
Les marches dont Masse signale Texislence se présentaient
ain^i :
Dès la porte d'entrée on descendait quelques marches (1), on
trouvait un palier de plain pied avec le pavé des collatéraux,
puis plusieurs autres marches qui retournaient le long de ces
collatéraux. Au bas de ces marches un terre-plein, peut-être
incliné, menait vers Tentrée de la crypte d'où on descendait
encore un certain nombre de. marches (2). Il est assez curieux que
ce dernier escalier ne se trouvait pas dans l'axe de l'église.
Pourquoi ? je n'en sais rien. Telle est la grande originalité du
plan primitif de Saint-Eutrope, la rareté, je ne dis pas la beauté
à laquelle je faisais allusion plus haut. Le texte rapporté sur les
plans devient très clair et explique les lignes que l'on remarque
dans les plans du côté interne des collatéraux (PI. 1).-
Nous ne connaissons pas exactement la quantité de marches.
Masse ne f)ouvait l'indiquer vu l'exiguité de son échelle, le plan
Briand n'offre aucune garantie d'exactitude il en marque certai-
nement trop : huit. M. Dupuy et moi, nous avions entrepris nos
sondages, cet été, avec l'espérance de trouver les bases des
colonnes et des vestiges d'escalier. Nous n'avons pu que déter-
miner très exactement la différence de niveau entre le pavé des
(1) Une des erreurs (ceHe-ci plus apparente que réelle) du plan Briand est
de prolonger ces marches tout en travers de la nef, collatéraux compris.
Masse parait commettre la même faute, mais on peut Texpliquer.
Nos fouilles ont prouvé qu'elles ne dépassaient pas le pilier de la nef :
nous avons retrouvé le stylobate ou banc qui courait tout le long des murs
(il existe encore dans la nef actuelle) et faisait retour sur le mur de façade.
La photographie de Tabbé Laferrière le montre. Le plan Briand met des fonts
baptismaux dans cet angle. On pourrait donc admettre, surtout d'après le
témoignage de Masse, que, dès le XVI [« siècle, il y eut un remblai et que l'on
avait prolongé les marches à droite et à gauche.
C'est une explication de Terreur, que je ne repousse pas.
(3) On me demandera, sans doute, si j*ai la preuve de l'existence de cet
escalier au XH« siècle, Je n'ai aucun document formel qui s'y rapporte :
toute trace de marche ou de moulure a disparu, lorsque le curé André tenta,
en 1853, la reconstruction de cet escalier. Il ne me semble pourtant pas dou-
teux que dès Torigine il y ait eu un escalier pour descendre dans la crypte,
au bout de cette vaste nef, qui, autrement, aurait ressemblé à une piscine,
si elle n'avait pas été comme le vestibule de la crypte.
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— 355 —
ba»-côtés ei celui de la nef. La démolition des» marches a été si
complète que nou« n'avons obtenu aucune indication sur leur
nombre. Nous en avons supposé cinq dans notre restitution sur
les côtés.
Il ressort du texte de Masse et de l'examen des deux plans que
l'entrée de la crypte était dans la nef. On y accédait par le por-
tail de relise et non par une porte latérale ouvrant directe-
ment dans la crypte. M. Enlart met au contraire l'entrée de la
crypte sur le côté (1) là où il existe, en effei, une porte dans la
base du clocher qui est du XV* siècle seulement. Comme il ne
traite pas des choses modernes il est |>ermis de penser qu'il a
cru à l'ancienneté de celte ouverture, la supposant antérieure
au clocher, alors qu'en réalité elle date de la disparition de la
nef et de la restauration de la crypte (2).
Si une porte avait été pratiquée au XIP siècle au nord, c'est-
à-dire en côté, à la place où nous en voyons une, il est probable
que l'architecte du clocher au XV* siècle, l'aurait respectée. Or
la porte actuelle dans la base du clocher est manifestement cou-
pée dans une fenêtre, l^e plan de Tabbé Briant marque une fenê-
tre au nord, mais pas du tout de porte. Masse (plan 17) indique
une fenêtre seulement. Du reste, si on tient compte de l'abaisse-
ment du sol qui a mis les fondations du clocher à nu (1"*50 envi-
ron), on arrive à supposer un escalier qui se serait avancé jus-
qu'au premier pilier de la crypte. Est-ce admissible ? Enfin —
suprême argument à défaut d'autres — si matériellement, per-
sonne n'est en mesure de prouver un escalier central au XII*,
personne ne peut apporter la preuve contraire. Il y a davantage
de présomptions pour que contre lui.
Masse nous apprend d'autres détails intéressants. Il nous parle
du clocher, placé, comme dans la plupart de nos églises sain-
tor^eaises, sur le carré du transept. Il nous dit qu'il était ruiné
et d'une architecture « fort gotique », ce qui, sous sa plume, est
le comble de l'abomination.
« L'ancien clocher était sur la croix de l'église, mais il est à
présent tout ruiné (3) et d'une architecture fort gotique avec des
(1) Mannel, l, p. 251, note
(3) « De la renaissance peut-être ou même de 1839 > dit Des Moulins.
(3) Nous savons, en effet, que dès le XV* siècle, ce clocher était tout lézardé.
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— 356 —
pierres {>asées en losange. Ce qui est de pins remarquable en
cette église est \e clocher qui a été baty tout joignant Téglise, à
ce que Ton tient, dans le quinzième siècle »
Des Moulins n'a pas ignoré cette ornementation, mats il parle
de feuilles de fougère. Nous ne savons pas si ces pierres ornaient
le fût ou la base du clocher.
Voilà donc une nouvelle rareté dans noire pays, car il n'y a
plus un seul clocher offrant cet arrangement des matériaux.
Nous avons des façades dans ce type (Ecoyeux, Pont-Labbé,
Avy, La Vallée), des absides (Rioux et Rétaud), nous n'avons
pas un seul clocher, pas même celui de l'abbaye des Dames. Il
faut en chercher le modèle à Poitiers, à Notre-Dame et à Sainte-
Radegonde.
Enfin, la façade, toujours « fort gotique » au dire de Masse,
appartenait sans doute au type des façades à pignon et lanter-
nons sur les angles. « Le portail de cette église, dit-il, est d^un
ordre gotique très ancien et restauré en différents temps ; il y
avait des niches sous les cloches. On voit encore une partie d'un
cheval où apparemment étoit la figure de celuy qui éloît le fon-
dateur de cette église. »
Cette façade était probablement à trois baies, dont deux aveu-
gles, avec clocheton sur les angles, coiffant ou non un faisceau
de colonnes ; au dessus, un premier étage à trois arcades, dont
l'une était ornée d'un cavalier, comme à Matha/à moins qu'il ne
fût logé, comme à Parthenay, dans un tympan du rez-de-chaus-
Le prieur Odon de La Baume soUicita des secours d'argent de Louis XI
pour le consolider.
En examinant notre plan on se rend très bien compte pourquoi les piliers
de la crypte pouvaient présenter des signes évidents de fatigue. Ils étaient
d'un diamètre très faible, absolument incapables de supporter la masse beau-
coup plus grosse des piliers supérieurs et le clocher. Il est môme permis de
se demander si, au début, le plan admettait un clocher sur le carré du tran-
sept, et cela avec d'autant plus de raison, peut-être, que les deux piliers vis-
à-vis, sont carrés et très massifs ce qui pourrait indiquer une époque posté-
rieure.
Quoi qu'il en soit, le tassement fatal se produisit, on en trouve trace dans
le collatéral de gauche de l'église haute. Des réparations anciennes et mala-
droites semblent se rapporter à un travail de consolidation. Et cependant
ce pilier de gauche ne paratt pas avoir perdu rien de son aplomb !
En tout cas, l'effort a dû se produire tout entier sur ce côté gauche. On y
remédia en enveloppant le pilier de la crypte d'une maçonnerie épaisse et
disgracieuse. Le même travail fut exécuté à droite par symétrie.
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— 357 —
sée ou dans une seule baie, comme à Aulnay, au-dessus du por-
tail principal. C'est évidemment là ce que notre ingénieur appelle
des niches.
Quant aux clochers je ne crois point qu'il s'agiisse d'autre
chose que ces lanternons placés aux angles de plusieurs de nos
façades du XII® siècle. A Aulnay, ils couvrent et éclairent une
cage d'escalier; à Saintes, ils reçurent des cloches (1). Voici,
en effet, la légende du plan de Vllisioire de VEglise sanlone
en B : « Fonts baptismaux au-dessus de la voûte desquels, ainsi
que sur le coin opposé, il y avait anciennement deux petits» clo-
chers en flèche avec clocher {sic pour cloches) et qui sont actuel-
lement réduits en pavillons ».
Ces fonts baptismaux sont marqués dans le coin, à droite, en
entrant, sur le premier palier. Je les crois très modernes : ils
sont, en tout cas, impossibles avec la disposition des premières
marches à l'origine. Des Moulins met la cuve baptismale
ronde (2) — encore existante et classée — au milieu de cette nef.
J'ignore si quelque document ancien lui a fourni celte indication.
En résumé, l'église Saint^Eutrope était bâtie sur le plan d'une
croix latine, ayant une nef accompagnée de deux collatéraux
aboutissant par des degrés au transept, et se continuant autour
du chœur. Trois chapelles rayonnantes s'ouvraient sur le déam-
bulatoire (3), ainsi qu'une absidiole sur chaque bras du transept.
Les bas-côtés étaient voûtés en quart de cercle, conlrebulant la
voûte en berceau brisé de la nef et du chœur. Cette voûte était
soutenue par des doubleaux retombant sur des demi-colonnes
engagées s'arrêtant aux tailloirs des chapiteaux des piliers mar-
quant les travées.
(1) Probablement les cloches de la paroisse. L'église haute était réservée
aux moines du prieuré, l'église basse était aiîectée à la paroisse ; celle-ci
n'ayant pas de clocher, il est probable que Ton avait installé des cloches à
l'entrée de l'église.
(3) Elle a été dessinée dans le compte rendu du Congrès tenu à Saintes en
1844, p. 75.
(3) Voir le plan 3 où M. Dupuy a figuré l'ancienne abside. Il a marqué aussi
les colonnes qui devaient entourer le chœur, mais elles sont teintées par
erreur comme ayant été détruites en 1804. Leur destruction remonte au
XV* siècle, à l'époque du prolongement du chœur.
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— 358 —
La nef qui précédait la crypte était établie en contrebas du
chœur et bordée de marches.
Masse indique un mur entre la nef et le transept. Il est proba
ble que c'est un mur d'appui.
Y a-t-il quelque part, en France, un modèle ou une imitation
d'une église romane ainsi construite ? Je n'en connais pas.
A quelle exigence l'architecte Benoît a-t-il obéi ? Je n'en sais
rien. J'ai déjà cité plusieurs églises ayant à leur entrée un cer-
tain nombre de degrés, on en trouverait d'autres, notamment un
pavé s'inclinant vers l'autel avec deux couples de marches
(Saint-Jouin de Marne), mais on ne rencontrera pas un second
exemple de marches, en nombre, descendant des bas-côlés dans
la nef. Cette originalité a eu évidemment une raison d'être : elle
nous échappe. La déclivité du terrain ne serait pas une bonne
explication. L'hypothèse d'une église antérieure à celle du XII*
siècle utilisée à celte époque ne serait pas meilleure.
Il y a du reste à Saint-Eutrope d'autres raretés qui témoignent
d'une .recherche de l'inédit, notamment les énormes chapiteaux si
fouillés du carré du transept, dissemblables de ceux du même
carré correspondants, et ceux plus i>etits, d'un travail si spécial
à gauche du chœur (la nef actuelle).
On rattache généralement Saint-Eutrope à l'école auvei
gnate (1). C'est vrai jusqu'à une certaine hauteur. A partir des
chapiteaux une seconde influence est manifeste.
Le quart de cercle des voûtes des collatéraux et du déambu-
latoire, les chapelles rayonnantes en forme de fer à cheval ou
demi-cercle outrepassé (2) de la crypte (3), les absidioles en cul
(1 ) M. Du Banquet ne cite cependant que Sainte-Gemme pour notre dépar-
tement. Congrès archéologique f 1904, p. 308. Je veux ignorer le lapsus géo-
graphique de Parlhenay le vieux en Saintonge.
(2) Cette forme n'est pas exclusivement auvergnate, mais on la remarque
dans plusieurs édifices d'Auvergne (Notre-Dame du Port, Issoire, Brioude,
Saint-Paulien) et dans des églises ayant subi Tinfluence de cette école (Con-
ques, Saint- Sauveur de Limoges voir Ch. de Lasteyrie, Vabbaye de Saint-
Martial^ p. 300). On a dit que cet étranglement de rentrée avait un but de
symétrie, de manière à mettre les colonnes des chapelles en face de celles du
chœur. Ce n*est certainement pas vrai à Saint-Eutrope (voir le plan 3).
(3) Le plan Briand leur donne la même forme qu*à ceUes de TégUse basse.
Cela paratt une erreur, car on ne voit pas que les murs aient été retaillés ni
les colonnes d*angle changées de place.
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— 359 —
de four des transepts, les piliers canrés, marquant les travées,
cantonnés d'une demi-colonne sur trois faces seulement, la qua-
trième du côté de la nef (actuelle) restant nue, les demi-colonnes
posées sur un banc le long des murs goutlereaux, sont autant
d*emprunts> à Técole d'Auvergne. Mais la voûte sur doubleaux
de la nef, en berceau brisé, n'est pas auvergnate ; elle serait plu-
tôt saintongeai«e ou poitevine (1) ; le clocher agrémenté de
pierres taillées en losange, la façade avec ses clochetons, appar-
tiemient à une autre école, Saintonge ou Poitou. La décoration
— du moins ce qui nous est parvenu — n'est nullement auver-
gnate. Je doute qu'elle soit poitevine (2).
Il est donc possible que l'architecte, si on admet un architecte
unique, ail été envoyé d'Auvergne et qu'il ait adopté la voûte en
berceau brisé contrairement à ses habitudes, comme présentant
un progrès, plus de solidité et d'élégance. On peut supposer
encore que Saintongcais d'origine et d'éducation, soit qu'il ait
voyagé en Auvergne, soit qu'il ait subi la volonté des nouveaux
maîtres, il s'est converti, au moins au commencement de son
œuvre, aux avantages des principes auvergnats.
Je crois plutôt à deux architectes : un auvergnat ou influencé
par l'école d'Auvergne, qui a p^ou-ssé les travaux jusqu'à mi-
hauteur, et à un saintongeais ou un poitevin (peut-être un limou-
sin) qui a achevé l'édifice après une interruption plus ou moins
longue. En 1096, lors de la consécration de l'autel de l'église
haute par le pape Urbain, l'église n'était sûrement pas achevée.
L'état d'avancemeni des travaux en 1096 peut^-ôtre apprécié
grâce à deux événements certains.
Au mois d'avril 1096 le pape Urbain II, après le concile de
. Clermonl, où fut acclamée la première croisade, arriva à Sain-
tes. Les religieux du nouveau prieuré de Saint-Eutrope s'em-
pressèrent de le prier de consacrer leur église. Le Saint-Père y
consentit et tandis qu'il officiait sur l'autel de l'église haute,
l'évêque de Saintes, Ranmulfe, officiait sur l'autel de l'église
basse.
Cette même année eut lieu la cérémonie de la translation des
reliques de Saint-Eutrope.
La crypte est donc complètement achevée et on travaillait déjà
depuis quelque temps à l'église supérieure.
(1) C'est la même qu'à Sainte- Gemme.
(3) Elle est de trois types différents.
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— 360 ^
Si de nombreux exemples nous obligent à savoir qu'une dédi-
cace d'église n'est pas une preuve de son achèvement, nous avons
tout au moins le droit de croire que les travaux sont assez avan-
cés, à ce moment là. Il n'est pas admissible que le pape ait con-
sacré un autel placé en plein air ; il y avait certainement des
constructions autour, plus ou moins élevées, mais ayant forme
d'église. Le texte de saint Cybard est assez explicite (1).
Le document qui nous donne ces détails nomme aussi l'archi-
tecle. C'est un vieillard, Benoit, qui indique l'emplacement des
reliques du saint et l'endroit précis où il faut creuser pour les
trouver (2). Cet « habile » homme, âgé, a pu mourir au cours des
travaux. Si on lient compte du type du portail, avec un cavalier,
fréquent en Sainlonge, inconnu en Auvergne, on sera bien tenté
d'admettre son décès et son remplacement par un autre d'une
école différente.
La pénétration de l'influence auvergnate chez nous s'explique,
d'ailleurs, tout naturellement, la venue d'un « maître de l'oeuvre »
auvergnat en Sainlonge à cette époque se justifie facilement.
L'église de Sainte-Gemme, incontestablement de style d'Auver-
gne, est en pleine construction. Les moines de La Chaise-Dieu
sont installés dans cette localité depuis sept ans (1074), quand
Guy-Geoffroy, comte de Poitou, confie aux moines de Cluny la
garde du tombeau de Saint-Eutrope (11 janvier 1081). Trois ans
plus tard, d'autres moines de La Chaise-Dieu s'établissent à
IVizay (ou Thézac). M. Berlhelé (3) a mis en av^nt d'autres
moyens d'influence que je néglige pour l'instant.
D'ailleurs, il faut reconnaître que celte influence a été res-
(1) Optatis igitur potiorem viri religiosi videntes opportunitatem, suppli-
citer obnixeque rogantes impetrarunt ut superius altare innovo constructiun
opère ab inferiori non dissimile propria manu benedicendo et cousecrando
di^aretur perungere ; aliud vero illi superiori ad regulam linea cœmentaria
suppositum ejusdem civitatis antistiti, domno videlicet Ramnulfo... reliquit
consecrandum.
Manuscrit du moine de Saint-Cybard dans dom Esliennot. Bibl. nat., fonds
lalin 12754.
(2) El erat senior quidam novi operis conditor, et peritus, Benedictus
nomine. arlifex, qui loci conscius, iUam jussit fodere, et ex quadam parte
inferiores quadras sublrahere. (Ibidem).
(3) La date de Véglise de P&rlhenay le- Vieux dans les Bulletins de la
Société de êtatislique de Niort, 1884.
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Pl. V.
Dupuy dtfl.
Eglise Saint-Eutrope
Plan de Tabside (elle qu'elle devait être et telle qu'elle est aujourd'hui.
(Eglise haute).
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— 361 —
treinle ; elle a été limitée aux deux seules églises de Saintonge,
Sainte-Gemme et Sainl-Eutrope de Saintes.
Cii. Dangibeaud.
II
LE CLERGÉ DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE
PENDANT LA RÉVOLUTION
(Fin).
Doyenné de Saini-Genis.
Saint-Genis, prieuré-cure. Ancien coUateur : le prieur de
Sainl-Eulrope ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Gaboriaud, assermenté, remit ses lettres de prê-
trise en 17Ô4.
Bois, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Mortagne ;
ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Desvergnes, chanceladais, insermenté, émigra en
Espagne.
Champagnolles, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de
Mortagne ; ancien revenu : 4.000 1.
Titulaire : Labrousse de Beauregard, chanceladais, né à Mon-
tignac (Dordogne), en 1735, nommé député du clergé à l'assem-
blée nationale, vola avec la droite, émigra en Espagne.
Clam, église paroissiale. Ancien collateur : Tabbé de Baignes ;
ancien revenu : 2.200 1.
Titulaire : Hospitalet de rHomandie, émigra en Espagne.
Antignac, vicariat perpétuel. Ancien collateur : Tabbé de Bai-
gnes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Delmas, émigrait en Espagne lorsqu'il mourut à
Bordeaux.
Clion, cure. Ancien collateur : l'abbé de Charroux ; ancien
revenu : 1.0001.
Titulaire : de La Borderie, prêta le serment et resta dans sa
paroisse.
Saint-Disant du Gua, église perpétuelle. Ancien collateur : le
prieur de Cosnac ; ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Bemy (Jean-Claude), né en 1728, frère de Berny
(Jean), curé de Saint-Pallais-de-Phiollin ; renommé à Saint-
Disant en 1803, décédé à J(Hizac le 21 mai 1814.
BoUttin. M
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1
— 362 —
Saint-Fort-sur-Gironde, prieuré-cure. Ancien oollaleur : le
prieur de Sainle-Gemme ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Réveillaud (Pierre-François-Elienne), né le 21 jan-
vier 1758, émigra en Espagne, revint dans sa paroisse, décédé à
Saintes, curé-archiprêlre de Saint-Pierre le 29 mars 1855.
Saint-Georges-de-Gubillac, prieuré et vicariat perpétuel. An-
cien coUateur : Tabbé de Baignes.
' Titulaire : Métivier,
Saint-Grégoire-d'Ardennes, église paroissiale. Ancien colla-
teur : l'abbé de Baignes.
Titulaire : Catmette (Jean-Henri).
Saint-Germain-du-Seudre, cure. Ancien collateur : Tabbesse
de Fonlevrault ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Baudry (Philippe-Jean), né le 20 octobre 1740,
décédé retiré à La Rochelle, le 29 septembre 1831.
LoRiGNAc, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le chapitre de
Saintes ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Mallet de Maisonneuve (Jean-Baptiste), assermenté,
abandonna sa cure, fut curé intrus de SaintrSavinien, remit ses
lettres de prêtrise, se maria, et attaqua violemment la religion
dans les clubs.
MosNAC, église paroissiale. Ancien collateur : le prieur de
Saint-Eutrope ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Magnes (Guillaume), né le 13 juillet 1725, mort en
mai 1815, prêta le serment, avec son vicaire, le 31 mai 1791, il
était à Mosnac en 1799. Magnes (Jean-Baptiste-Charles), vicaire,
né le 20 janvier 1764, émigra en Espagne avec Réveillaud, curé
de Saint-Fort, fut après la révolution curé de Saint-Georges-de-
Cubillac et de Cozes, décédé chanoine honoraire, prêtre habitué
à Saintes le 3 septembre 1861, il fut le dernier des prêtres du
diocèse survivant à la tempête révolutionnaire.
Saint-Pallais-de-Phiollin, église paroissiale. Ancien colla-
teur : Tévêque de Saintes ; ancien revenu : 3.500 1.
Titulaire : Berny (Jean), né en 1749, assermenté, racheta la
maison curiale et se maria.
Belluire, église paroissiale. Ancien collateur : le chapitre de
Saintes; ancien revenu : 1.200 1. %
Titulaire: Guildreau (Romain), né le 6 décembre 1749, échappa
aux mauvais traitements des paysans qui l'avaient arrêté, se
cacha longtemps, émigra en Espagne ; en 1803, il fut nommé
curé de Saint-Just-de-Luzac, décédé le 9 juin 1814.
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— 363 —
Plassac, église paroissiale. Ancien collaleur : Tévôque de
Saintes.
Titulaire : Bruneau (Victor-Charles), émigra en Espagne,
revint dans sa paroisse, où il exerça le ministère avant le con-
cordat.
Saint-Sigismond, église paroissiale. Ancien collateur : Tadmi-
nistralion du collège de Saintes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Augier (Jacques), insermenté, émigra en Espagne,
revint avant la Pentecôte de 1797 et fut reçu par ses paroissiens;
arrêté et conduit à Rocheforl, il obtint, vu ses infirmités, de ne
plus être déporté.
Doyenné de Mirambeau.
MiRAMBEAu, prieuré. Ancien collateur : l'abbé de Savigny, dio-
cèse de Luçon ; réuni à la paroisse du Petit^Niort.
Allas-Bocage, cure. Ancien collateur : Tévôque de Saintes ;
ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Chevalier (M.-J.-B.), né le 22 février 1732, fut après
le concordai curé de Saint-Porchaire, décédé le 8 novembre
1823.
Le Petit-Niort. Ancien collateur : le prieur du Petit-Niort.
Titulaire : Jagaud (Pierre- Louis), assermenté, remit ses lettres
de prêtrise, fut secrétaire de la municipalité de Pons.
BoiSREDON, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Saint-
Romain de Blaye; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Lalanne ; Bonnerot dit de lui : « défenseur de son
évêque, il eut été complètement parmi les prêtres fldèles si la
peur ne lui eut pas fait prêter serment. » Il se retira à Paris.
Saint-Bonnet, cure. Ancien collateur : l'abbé de ; ancien
revenu : 1.000 1.
Titulaire : Buisson, nommé en 1790, fut remplacé par Gasse
(François-Jean-Baptiste), qui s'engagea dans les armées de la
république. Taillet dit : « qu'il fut le plus féroce des apostats I »
Saint-Ciers-du-Taillon, prieuré-<iure. Ancien collateur : le
prieur de Mortagne ; ancien revenu : 3.500 1.
Titulaire : Patoureau (Guillaume), chanceladais, né à Montron
en 1752, insermenté, condamné à la déportation, mort à bord du
vaisseau Les Deux- Associés, le 22 septembre 1794.
Conzac, église paroissiale. Ancien collateur : le chapitre de
Saintes.
Titulaire : Broal (Charles-Lucien), nommé en 1791, fut rem-
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— 364 —
placé par Brugère, assermenté, ancien dominicain du couvent
de Pons, qui remit ses lettres de prêtrise.
Saint-Disant-du-Bois, église paroissiale. Ancien coUateur : le
prieur de Conac.
Ancien titulaire : Arnaud (François), né à Angoulême, asser-
menté, passa à Nieul-le-Virouilh, remit ses lettres de prêtrise,
fut renommé curé de Nieul-le-Virouilh en 1803, y mourut, à
77 ans, le 29 mai 1814.
Saint-Georges-des-Agouts, église paroissiale. Ancien coUa-
teur : le prieur de Saint-Thomas de Conac ; ancien revenu :
1.000 1.
Titulaire; Rey (Alexandre-Etienne), né le 24 mars 1761, nommé
à Saint-Georges-des-Agouts en 1789, décédé ancien curé de Cra-
vans, le 4 octobre 1831.
Saint-Martial-de-Mirambeau, église paroissiale. Ancien col-
lateur : Tévêque de Saintes.
Titulaire : Landreau,
Semillac, cure. Ancien coUateur : Févôque de Saintes ; ancien
revenu : 700 1.
Titulaire : Rochex (P.-P.-J.).
NiEUL-LE-ViRouiLH, vicariat perpétuel. Ancien coUateur : le
chapitre de Saintes.
Titulaire : Daubonneau (Jen-Baptiste-Antoine), né le 14 octo-
bre 1751, à La Rochelle, assermenté, émigra en Angleterre, se
rétracta le 23 juillet 1795 entre les mains de Mgr de Cicé, arche-
vêque de Bordeaux, en présence de Mirlin (J.-B.), curé de Saint-
Barthélémy de La Rochelle, et de Saint-Médard (Samuel), curé
de Nantillé ; il mourut curé de Cozes, le 26 septembre 1824.
Saint-Hilaire-du-Bois, cure. Ancien coUateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.100 1.
Titulaire : Flcury^ frère de Fleury (Jean-Baptiste), curé de
Sainte-L'Heurine ; le 9 mars 1791, il soumissionne pour l'achat
des biens de la cure, émigra en Espagne.
Sainte-Ramée, église paroissiale. Ancien collateur : l'abbé de
Saint- Romain de Blaye ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Mongireau (Joseph), assermenté, curé intrus de
Saint-Thomas, dénoncé, incarcéré, après sa mise en libwlé il
renonça au sacerdoce.
Salignac, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de la Cou
ronne d* Angoulême; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : TaiUès.
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— 365 —
CouRPiGNAc, église paroissiale. Ancien collateur : Tévôque de
Saintes ; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Eschereau (Pierre-Louis), curé de Courpignac en
1780, et propriétaire en 1795.
Semoussac, prieuré-cure. Ancien oollateur : le prieur de Mor-
tagne ; ancien revenu : 3.000 1.
Titulaire : Tardy (François-René), né en 1752, à Monlenson,
déporté en 1794 ; un prêtre habitué de ce nom est décédé à
Saint-Jean d'Angély en 1812.
SoiiBRAN, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Loir (Charles), né en 1746, assermenté, officier de
l'état civil, maire de messidor an VIII au 18 avril 1806 ; il se
maria, vécut misérablement et mourut en 1828.
Saint-Thomas-de-Conac, prieuré-cure. Ancien collateur': le
séminaire de Saintes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Prioteau (Richard), le 9 mars 1791 il soumissionne
pour Tachât des biens de la cure. Roux (Jacques), vicaire, né le
21 août 1752, fut d'abord professeur de philosophie au séminaire
d'Angoulême, vicaire de Saint-Thomas en 1788, prêcha la révolte
aux paysans, vint à Paris, fut vicaire de Sainte-Marguerite, mem-
bre de la commune, et conduisit Louis XVI à Téchafaud; dénoncé
par la concubine de Marat, il fut enfermé à la Conciergerie et se
tua de cinq coups de poignard ; il avait un frère prêtre : Louis
Roux, assermenté et révolutionnaire.
Saint-Sorlin-de-Cosnac, église paroissiale. Ancien collateur :
le prieur de Saintr-Thomas-de-Cosnac.
Titulaire : Morineau.
Doyenné de Monlendre.
MoNTENDRE, pricuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Mon-
tendre ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : D*Abescat (François), né à Cognac en 1738, inser-
menté, émigra en Espagne, décédé vicaire à Cognac, le 8 mars
1806. Piet (Gabriel), vicaire, insermenté, émigra. Lafon (Benoît),
curé de Vallet, élu curé constitutionnel en mai 1791.
Chartuzac, église paroissiale. Ancien coUateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Frouin (Michel), arrêté comme suspect, il mourut,
après la révolution, curé de Catelègue (Gironde), laissant à son
ancienne paroisse de Chartuzac une somme de 800 1. pour la fon-
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— 366 —
dation du bureau de bienfaisance. Il était frère de Frouin (Jean),
curé de Vanzac.
SousMOULiNS, église paroissiale. Ancien collaleur : Tévôque de
Saintes ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Mussauld (Jean), né à Saint-Mégrin en 1726, asser-
menté, décédé le 26 décembre 1793.
SouMERAs, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; était réunie à Chamouillac.
Bran, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de Sain-
tes ; ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Brudieu (Joseph), né à Saint-Georges-des-Coleaux
en 1757, assermenté, remit ses lettres de prêtrise, épousa le 10
décembre 1793 Catherine Bouyer, divorcée, légitimant une fille
née à Chevanceaux le 18 juin 1791, on l'appela Brule-Dieu, il
mourut propriétaire à Rouffiac le 2 novembre 1837.
Moulons. Ancien collateur : Tévêque de Saintes ; ancien
revenu : 1.200 1.
Titulaire : Monjou (Auguste), né le 14 juin 1727, il émigra en
Espagne avec ses trois frères et ses trois neveux, fut curé de
Montendre et mourut le 13 janvier 1820.
Coux, prieuré-cure. Ancien collateur : Tévôque de Saintes ;
ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Bernard (Jean), assermenté , dénoncé en mai 1794,
transféré à Rochefort, mis en liberté en décembre 1794, il fui,
après la révolution, curé de Tézac et la Pouyade (Gironde).
ExpiREMONT, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Sauveur de Blaye ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Maurin, décédé en 1790. Dumonteil, déporté.
La Hoguette.
Titulaire : de Ransannes (Jacques), né en 1743, à Salles de
Barbezieux, as>sermenté, épousa en 1794, à Chamouillac, Marie
Renoulaud.
Jussas, cure. Ancien collateur : l'évoque de Saintes ; ancien
revenu : 1.000 1.
Titulaire : Villefumade (Jean-Hubert), né à Barbezieux en
1737, assermenté, se retira à Montendre auprès de son neveu, et
mourut ex-prêtre pensionné le 13 janvier 1803.
Vallet, église paroissiale. Ancien collateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Lafon (Benoist), né à Aurillac en 1756, élu curé
constitutionnel de Montendre, épousa, le 29 avril 1794, Jeanne
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Joubert, s'établit marchand, fut président de Tadministration
municipale. Son mariage fut validé le 13 février 1817 par son
frère Lafon (Pierre), prêtre insermenté.
RouFFiGNAc, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 2.600 l.
Titulaire : Martin (François), assermenté, racheta les biens de
la cure, y résidait encore en juillet 1793.
Pommiers, église paroissiale. Ancien collateur : Tévôque de
Saintes; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Brard (Benjamin), né en 1730, cousin germain de
Brard Antoine, assermenté, mort à Monlendre le 4 novembre
1794.
TuGÉRAs. Ancien collateur : le chapitre de Saintes ; ancien
revenu : 3.000 1.
Titulaire : Lavergne (Jean), jura avec restriction, ne fut pas
inquiété pendant la Terreur, rétracta son serment en 1797 et
mourut à Tugéras, à 78 ans, le 28 janvier 1802.
Saint-Maurice-dk-Laurençanne, prieuré-cure. Ancien colla-
teur : Tévêque de Saintes.
Titulaire : Bahinol (Jean), resta dans sa paroisse où il signe :
catholique, apostolique et romain ; dénoncé par le comité révo-
lutionnaire de Monlendre en 1794, il fut arrêté comme suspect,
conduit à Rochefort, où il mourut en septembre 1794.
Vanzac, église paroissiale. Ancien collateur : Févêque de Sain-
tes ; ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Augier (Pierre), ancien secrétaire de Tévêché de
Saintes; dénoncé en 1792, il refusa le serment de mort aux
tyrans et fut remplacé par Duc/os, curé de Chaunac, et par
Frouin (Jean), né en 1744, curé de Sainle-Radégonde de Baignes,
qui se dit curé de Vanzac sa patrie, en 1798 et à sa mort, 19 avril
1811. Il avait juré avec restriction le 30 janvier 1791, puis pure-
ment le 20 février, se rétracta au nwis de septembre suivant, et
fut déporté avec Roy (Pierre-Paul).
Messac, prieuré-cure. Ancien collateur : le recteur de Saint-
Louis de Rochefort ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Roy (Pierre-Paul), jura, se rétracta, fut déporté en
1794, curé d'OrignoUes le 6 octobre 1804.
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— 368 —
Doyenné de Montguyon.
MoNTGUYON, église paroissiale. Ancien collateur : l'abbé de
Baignes.
Bien que siège d*iin archiprêtré créé en 1660, Montguyon* était
réuni à la paroisse de Vassiac.
Saint-Martin-d'Ary, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé
de Guitres.
Etait réuni à la paroisse d'Orignolles.
Saint-Aigulin, église paroissiale. Ancien collateur : Tévéque
de Saintes.
Titulaire : Duplessis (Antoine), assermenté, réfugié en Eispa-
gne, à Valencia, en 1798, revint dans sa paroisse; né le 4 décem-
bre 1755, mort curé de Saint-Aigulin le 12 janvier 1836.
La Barde, église paroissiale. Ancien collateur : l'évêque de
Saintes ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Guimberleau (Pierre), d'octobre 1789 à septembre
1792 ; fut après la révolution curé de Fontaine-Chalendray ;
Sorin, curé en juillet 1793, émigra en Espagne.
Cercoux, prieuré-cure. Ancien collateur : Tabbé de Guitres ;
ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Petit, remplacé par son neveu : Maubaret (Jean-
Louis).
Bonneval (François), curé intrus, marié, expulsé de la cure en
juillet 1794, pour faire place à l'instituteur.
Clérac, prieuré-cure. Ancien collateur : l'évoque de Saintes ;
ancien revenu : 1.800 1.
Titulaire : Delafaye (François), né en 1725 à Brossac, curé de
Clérac de 1755 à juillet 1792, émigra avec son vicaire et mourut
à Ovielo en 1800. Mac-Daniel (Barnabe), vicaire, insermenté
comme son curé.
La Glotte, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ; an-
cien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Durandeau (Pierre), né en 1733, à Montboyer.
Le Fouilloux, cure. Ancien collateur : l'évêque de Saintes ;
ancien revenu : 1.400 1.
Titulaire : Chandon (Nicolas-Antoine-Félix), assermenté, vi-
caire épiscopal de Robinet en 1791, remplacé par Flandrin (Jean),
frère récollet de Bordeaux, ordonné prêtre par l'évêque consti-
tutionnel de Saintes, curé de Sousmoulins de 1801 jusqu'à sa
mort, le 6 décembre 1811.
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— 369 —
La Genétouze, cure. Ancien coUateur : Tévêque de Sainte» ;
ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Brard (Antoine), né en 1740 à Montendre, inser-
menté, détenu à Saintes en juillet 1792, déporté. Bonnerot dit de
lui : chassé de sa paroisse dès le début de la persécution, il allait
çà et là, exerçant clandestinement le ministère sacerdotal. En
1796, Moniazeau, prêtre catholique.
BoscAMENANT, prieuré et vicariat perpétuel. Ancien collateur :
Tabbé de la Chaise-Dieu ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Calmette (Guillaume), de 1787 à décembre 1792,
officier public en 1793, propriétaire en 1794.
Saint-Martin-de-Coux, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé
de Guitres ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Laborie (Joseph), né à Ozillac, déporté en 1792.
Neuvicq, cure. Ancien collateur : Tabbé de Baignes ; ancien
revenu : 2.000 1.
Titulaire : Magny (Charles), né à Jonzac en 1748, assermenté;
en septembre 1791 il achète le domaine de la cure, épouse
Jeanne Roy, est tantôt propriétaire, tantôt instituteur.
Boresse et Martron, église paroissiale et vicariat perpétuel.
Ancien collateur : Tévêque de Saintes ; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Guimberieau (Pierre), né en 1745, élu en 1791 curé
constitutionnel de Barbezieux, épousa à Saint-Pallais-du-Né, le
26 juillet 1794, Marie-Magdeleine Hospitel, mort en 1801 à Saint-
Pallais.
Salvaing de Boissieux, vicaire de Roch-Montlieu, fut curé
constitutionnel de Boresse.
Saint-Pierre-du-Pallais, église paroissiale. Ancien collateur:
l'évoque de Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Baulinet (Jean-Barthélemy), né à Brizambourg,
curé de 1772 à 1791, assermenté, remit ses lettres de prêtrise,
obtint en 1791 une retraite pour âge et infirmités.
Doyenné de Monilieu.
Montlieu, prieuré-cure. Ancien coUateur : l'abbé de Saint-
Romain de Blaye ; ancien revenu : 1.600 1.
Titulaire : Garreau (Jean-Baptiste), chanceladais, curé de 1753
à sa mort (le 9 septembre 1791), remplacé par Richard (Arnaud),
assermenté. Boisson (Pierre), vicaire en 1790-1791. Amaniou
(Jacques), né à Chepniers en 1755, vicaire de Roch de 1783 à
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1786, neveu du curé d'Expiremont, assermenté, curé de Cozes
de 1793 à 1812.
Bédenac, église paroissiale. Ancien collaleur : Tévêque de
Saintes.
Titulaire : Texier-Desmarais (François), né en 1741 à Sainl-
Saturnin d'Angoulême, jura, se rétracta, fut déporté à bord du
vaisseau Les Deux Associés, décédé le 14 août 1794. Lafosse
(Antoine), né en 1762, vicaire de Mareuil en 1792, curé intrus de
Bédenac, curé de Neuvicq au concordat.
BussAC, vicariat perpétuel. Ancien collateur : le grand prieur
d'Aquitaine; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire: Guignard (François), décédé en octobre 1791.
Périer (Pierre), assermenté, né en 1762, curé constitutionnel
de juillet 1791 à la fin de 1792, épousa en juillet 1794 Marguerite
Arnaudin de Bussac, fut instituteur et maire, décédé le 10 décem-
bre 1833.
Chatenet, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Saint-
Romain de Blaye ; ancien revenu : 2.000 1.
Titulaire : Legendre (François), assermenté, se maria dans le
pays.
PoLiGNAC, église paroissiale. Ancien collateur : l'évoque de
Saintes ; ancien revenu : 1.200 1.
Titulaire : Eiourneau (Christophe), émigra en Espagne.
Chepniers, cure. Ancien coUatour : le grand prieur d'Aqui-
taine ; ancien revenu : 700 1.
Titulaire : Gazan (Antoine), né à Antibes en 1722, religieux de
l'abbaye de Saint-Etienne de Guitres (congrégation dite des
Exempts), prêta le serment en 1791, reprit l'exercice du culte en
1796, décédé à Chepniers te 31 décembre 1802.
Sainte-Colombe, église paroissiale. Ancien collateur: l'évêque
de Saintes; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Lacam (Jean-Baptiste), assermenté, ne fut pas
inquiété.
Chevanceaux, prieuré-cure. Ancien collateur : l'abbé de Bai-
gnes; ancien revenu : 1.000 1.
Titulaire : Ballais (Antoine), né en 1729, curé de Chevanceaux
de 1767 à 1793, décédé à Chevanceaux « ministre du culte catho-
lique », le 25 juin 1798.
Mérignag, prieuré-cure. Ancien collateur : le prieur de Boute-
ville; ancien revenu : 1.500 1.
Titulaire : Monjou (Jean-Baptiste), né en 1713 à Raulhac (Can-
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lai), curé de Mérignac de 1766 à 1770, décédé le 19 août 1790,
frère des trois autres Monjou.
De Busquel (Jean-Jacques), né en 1753 à Boulogne-sur-Mer,
prieur de Mérignac et Le Pin de 1782 à 1793, demeura à Méri-
gnac pendant la révolution et jusqu'à sa mort, le 28 février 1803.
Orignolles, prieuré et vicariat perpétuel. Ancien collateur :
l'abbé de Baignes ; ancien revenu : 900 1.
Titulaire : Charbonnel (Joseph-Henri), originaire de Viverals
(Puy-de-Dôme), curé d'Orignolles de 1773 à 1792, archiprêtre
de Montendre, dénoncé et recherché en 1793, il est désigné pour
la déportation, il se réfugie en Espagne et meurt le 7 mai 1794,
au couvent des dominicains do Penafiel (Léon).
Saint-Pallais-de-Négrignac, prieuré-cure. Ancien collateur :
l'abbé de Saint-Romain de Blaye ; ancien revenu : 2.400 1.
Titulaire : Geneuil (Jean), de 1784 à 1792 ; curé et maire en
1790-1791 ; asserm^fité, arrêté comme suspect en mars 1794, il
est transféré à Rochefort, et .meurt à l'hôpital de cette ville avant
d'être jugé, en août 1794 ; il était frère de Geneuil (François),
vicaire de Marennes.
PouiLLAC, église paroissiale. Ancien collateur : Tévêque de
Saintes ; ancien revenu : 800 1.
Titulaire : Richard-Bedion (Michel-Zacharie), 1780 à 1793.
Né à Saint-Yrieix, près d'Angoulême, assermenté, arrêté pour
incivisme en mai 1794, il fui remis en liberté un an après. Il
resta curé de Pouillac et Saint-Pallais et y mourut à 7^ ans, le
24 mai 1812.
Clergé régulier
Abbayes
Bénédictins.
Saint-Jean d'Angély :
Déforis (Jean-Baptiste), remplissant les fonctions de curé,
insermenté, émigra, mort à Burgos.
Lemaire (Benoist), né à Saint-Jean, assermenté; âgé de 75 ans,
il se présente au conseil du district de Marennes le 20 septembre
1790 et déclare qu'il se retire chez des parents, à La Tremblade.
Desbarres, insermenté, émigra, fut nommé en 1803 vicaire de
SaintrJean d'Angély.
Foreau (Pierre), assermenté, épousa, le 28 janvier 1794,
Jeanne ïouillit, fut maître de pension à Angoulême.
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Grangier (Joseph), né en 1747 à Allègre, près du Puy &rk Velay,
refusa le serment, exerça clandestinement le ministère, fut ar-
rêté, déporté à bord du vaisseau Les Deux Associés, où il mou-
rut le 27 juin 1794.
MeUseix^ né le 6 février 1756, insermenté, décédé curé de
Saint-Eulrope de Saintes, le 16 août 1829.
Lasnier, insermenté, émigra avec Déforis, mort curé de Saint-
Julien-de-l'Escap.
Ménépontet, insermenté, émigra avec Déforis, né le 2 décem-
bre 1761 et décédé curé de Saint-Pallais de Saintes, le 8 juillet
1829.
Les religieux de Tabbaye étaient au nombre de 12, ils se sépa-
rèrent pour la plupart avant 1791.
Bernardins (cisterciens).
Charron :
Desprez (Louis-Joseph), prieur et unique religieux de Tab-
baye, assermenté, fut curé intrus de Saint-Sauveur-de-Nuaillé,
et vicaire épiscopal de Tévêque constitutionnel de Saintes.
La Grace-Dieu :
Martin, procureur de Tabbaye, assermenté, fut vicaire épis-
copal de Saintes.
Saint-Léonard-de-la-Chaume :
Moreau (Charles), prieur et unique religieux de l'abbaye.
Chanoines réguliers de Chancelade.
Sablonceaux :
Lacoste (Jean-Pierre), dit Lagrange, né en 1748, insermenté,
émigra.
Soulacroix (Antoine), né en 1758, insermenté.
Petit (Jean-Pierre), né le 5 juillet 1763, professeur à l'abbaye;
délégué à l'assemblée du clergé du 16 mars 1789, insermenté, fut
principal du collège de Saintes après la révolution, décédé le 18
mars 1850.
Blanier (Etienne), né en 1766, se retira à Cahors.
Leymerie (Antoine), né en 1751, fut vicaire à Champagnolles,
se retira dans le département du Lot.
Du Solier (Jean-Baptiste), né en 1757, vicaire de Saint-Romain
de Benêt, se retira dans le département de la Dordogne.
Boucherie de la Mothe (Pierre-Georges), né en 1766, vicaire
d'Epargnes,
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J
- 373 —
A/on^maur (Philippe), né en 1765, vicaire de Pons, insermenté,
fut aumônier du prince de Condé.
Pichard (Louis), né en 1766, se relira dans sa famille à Bor-
deaux.
Savy (Pierre), né en 1761, curé de Lislatte.
Rochon Duvigneaux (Jean), né en 1757, curé de Sablonceau,
insermenté.
Lescure (Jean-Fanty), diacre, né en 1767, se retira dans sa
famille.
Chapitres collégiaux.
Saint-Georges-de-Rexe. — Tous les canonicals étaient à la
collation de Tévéque de Saintes.
Juin, doyen du chapitre et curé de Saint-Georges-de-Rex,
nommé en 1760 ; revenu : 2.400 1.
Yvert, chanoine, nommé en 1762.
Casey (Daniel), licencié en théologie, résigna sa cure de Bords
en 1783, officiai du diocèse en 1784, refusa Tévêché constitution-
nel, et renouvela sa promesse d'obéissance à Mgr de La Roche-
foueault.
Rollet (Jean-Louis-Simon), né à Rochefort, fils d*Anne Lemer-
cier des Ormeaux et Jean-Jacques Rollet, conseiller du roi, pré-
vôt de la marine. Sa mère épousa en secondes noces Jean-Elie
Lemercier, veuf d'Angélique-Elisabeth Le Berton de Bonnemie.
Par l'influence de son frère utérin Louis-Nicolas Lemercier, pré-
sident du conseil des anciens au 18 Brumaire, il fut nommé, en
1802, évoque de Montpellier, et en 1806, chanoine de Saint-Denis,
décédé en 1824. Il avait refusé le serment constitutionnel et
exercé le ministère sacerdotal en Sainionge pendant la révolu-
tion. En 1802, il fut chargé de l'organisation du diocèse de La
Rochelle.
Sainte- Catherine-de-Magnac. — Le chapitre était composé de
six chanoines et de deux semi-prébendés, tous à la présentation
du seigneur de Magnac.
FabrCj doyen du chapitre ; revenu : 1.200 1.
Allaire, prieur et recteur de Magnac ; revenu : 1.200 1.
Guérin, chantre du chapitre, nommé en 1767 ; revenu : 1.100 1.
Baudouin, chanoine, secrétaire du chapitre, 1767 ; revenu :
1.000 L
Poudret, aîné, chanoine, 1775; revenu : 1.000 1.
Chauvin (Pierre-Michel), chanoine, 1776; revenu : 1.000 L
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— 374 —
Daubèze (Pierre), chanoine, 1790; revenu : 1.000 1.
Izambert, semi-prébendé, 1776 ; revenu : 300 1.
Fabre (Louis-Joseph) ; revenu : 300 1.
Taillebourg. — Les quatre chanoines du chapitre étaient à la
présentation de la famille de La Trémoïlle.
Marillei (Jacques-Thomas), né le 7 mars 1741, doyen et fai-
sant les fonctions de curé, nommé en 1769; revenu : 2.000 1.;
émigra, fut de nouveau curé de Taillebourg après la révolution,
décédé le 13 octobre 1820.
Larue, chanoine, 1755 ; revenu : 1.000 1.
Piqueray (Jean- Jacques), chanoine, 1780 ; revenu : 1.000 1.
Mareschal (Jean-Baptiste), chanoine, 1786 ; revenu : 1.000 1.
Couvents (hommes).
Auguslins,
La Rochelle :
Beaumonl (Jacques-Louis), prieur ; Trimouille ; Bougniot ;
Gouvernel,
Saint-Savinien :
Deux religieux.
ROCHEFORT :
Mdsdebort (François), augustin, né le 11 janvier 1746, aumô-
nier des troupes de la marine, 4^ régiment, assermenté, pen-
sionné à 800 1., épousa, le 9 floréal an II (Marguerite-Julie) Ran-
cien, devint commis de la marine. Son mariage fut validé à
Saint-Louis de Rochefort, le 7 janvier 1806.
Capucins.
Marans. — Rochefort :
Ponet (Jacques), né le 17 septembre 1732, franc-maçon, gar-
dien du couvent, assermenté, pensionné à 800 1., épousa une
veuve Raymond, devint commis aux vivres de la marine.
Rochon (Pierre), assermenté.
Gréard (François), assermenté ; fut président du club, con-
damné à la déportation à vie par le tribunal révolutionnaire de
Rochefort, mourut repentant, à Tâge de 63 ans, à bord du vais-
seau Les Deux Associés, le 25 mai 1794.
Bigot (Pierre), assermenté, fut vicaire constitutionnel de Saint-
Louis de Rochefort ; détenu à Brouage, il fut libéré en février
1795.
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Besiier (René), né le 9 janvier 1748, franc-maçon, assermenté,
pensionné à 800 1., élu curé constitutionnel de Saint- Louis de
Rochefort, démissionna, fut enfermé à Brouage et libéré en
février 1795.
Brice (Jean-Claude), né le 15 octobre 1762, frère capucin,
assermenté et pensionné à 300 1.
Guesnet (Robert-Jean), né le 5 janvier 1746, aumônier de
l'hôpital de la marine, assermenté, pensionné à 800 1.
Lay (Jean-Baptiste), né le 3 septembre 1748, aumônier de
l'hôpital de la marine, assermenté, pensionné à 800 1., fut élu
curé constitutionnel de Croix-Chapeau.
Peluchonneau (Nicolas), né le 18 mars 1747, aumônier de
rhôpital de la marine, assermenté, pensionné à 800 1.
Cypière (Jérôme), né le 23 mai 1744, aumônier du bagne,
assermenté, pensionné à 800 1., fut curé constitutionnel de
Forges.
Camus (Pierre), né en 1760, frère capucin, fut interné à l'île
de Ré, le 12 janvier 1799.
La Rochelle :
Ploquin (Michel), gardien, né à Issoudun, déporté à bord du
vaisseau Les Deux Associés et libéré à Saintes.
RagueneaUj déporté à la Guyane en avril 1798.
Greleliy, dit père Angélique, né le 10 décembre 1734, décédé
à La Rochelle le 8 juin 1824.
Saint-Martin-dE'Ré :
'Alexis ; Ollivier ; MicheL Ils prêtèrent le serment le 6 février
1791.
Tonnay-Charente :
Il y avait trois religieux, deux prêtèrent le serment et restè-
rent à Tonnay-Charente.
Cassien (Charles), gardien.
Thomas (Charles), né le 12 février 1732, fut pensionné à 800 1.
Carmes,
AULNAY. — JONZAC :
Benoist, prieur ; Deluc ; Mérignac.
La Rochelle :
Demerie Eymery, prieur au 16 mars 1789.
Tilly (Hippolyte), prieur.
Rochefort. — Il n'y avait pas de couvent de cet ordre, quel-
ques religieux habitèrent cette ville pendant la révolution.
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I
— 376 —
Delanne (Jean-Ambroise), grand-carme, né le 27 octobre 1753,
assermenté, pensionné à 800 1.
Salviriy carme, assermenté, exerça le ministère à Rocheforl
depuis 1796 et fut nommé, en 1803, curé de la paroisse Notre-
Dame de cette ville.
Jemot (Jean-Baptiste), frère carme, né le 17 octobre 1737, pen-
sionné à 300 1.
Frères de la Chdrité.
Saintes. — Cinq religieux ; tous prêtèrent le serment et se
sécularisèrent.
De Ramigny (Louis) dit Firmin.
Jean-LouiSy ex-prieur.
Durufle-Maririy supérieur, né à Elbeuf en 1729, décédé à
Saintes le 29 août 1810.
Pères de la Charité,
La Rochelle :
Godard de la Mothe (Hippolyle), prieur au 16 mars 1789.
Saint-Martin-de-Ré :
Pépin (Joachim).
Clunistes,
Saintes (Saint-Eutrope de). — Ces religieux avaient été sécu-
larisés avant la révolution.
Augier (Louis), 62 ans en 1791.
Planier (Claude), assermenté, fut curé constitutionnel de
Colombier.
Bardot (Louis), insermenté.
Rivière (Pierre), insermenté, émigra.
Cordeliers.
Pons :
Boussiron-Duclos (François), né en 1746 à Jarignac, diocèse
d*Angoulôme, assermenté, fut professeur au séminaire constitu-
tionnel de Saintes.
Blanvillain (Michel), insermenté, né en 1758, aux Gonds, près
Saintes.
Vouet (Joseph), frère, né en 1733, à Saint-André de Beaulieu,
diocèse de Tours.
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— 377 —
La Rochelle :
Fougai, gardien ; Badois ; Begaud ; Bret ; Jalbal ; Joyaux
(Adrien) ; Laboucherie ; Manginl ; Retx ; Roger. Un ecclésias-
tique de ce nom, né le 6 avril 1762, mourut curé de Saint-Xan-
dre, le 21 février 1827 (?).
Saintes :
Loys (Jean), gardien, né à Paligny (Jura), en 1736, décédé à
Saintes, le 4 septembre 1797.
Alavoine, assermenté, curé intrus de Réleaux ; Baraud (Jean);
Benon (Biaise) ; Benon (Joseph) ; Boussiron, assermenté, fut
directeur du séminaire constitutionnel de Saintes ; Desplantes
(Jean) ; Gresseau (Jean-Baptiste), né à Tîle d*01eron, détenu à la
citadelle de Saint-Martin de Ré en 1799, décédé à l'île d'Oleron,
le 14 septembre 1830; Laforgue (Jean), gardien de Fontenay,mort
en arrestation à Montendre, en 1794, avant d'être jugé ; Afon-
graud (Charles) ; Patureau (Gabriel), frère lai, interné à Tîle de
Ré le 12 janvier 1799.
Jacobins :
Pons :
Brugères, assermenté, fut curé intrus de Curzac, remit ses let-
tres de prêtrise.
La Rochelle :
Rousseau (Jean-Baptiste), prieur.
Riquier, sous-prieur.
Saintes :
Charrier, prieur, émigra en Espagne. Un ecclésiastique de ce
nom fut nommé, en 1803, aumônier de l'hôpital de la marine de
Rochefort.
Bouchain, se retira à Dijon.
Fabvre, né en 1755, décédé à Saintes le 20 mars 1825.
Leberion.
Lazaristes.
(Voir Rochefort, paroisse Saint-Louis, et grand séminaire de
Saintes.)
Minimes.
La Rochelle :
Valadon (Théodore), supérieur et unique religieux.
Surgères :
Gaiineau (Pierre), prieur.
Pitard (François), assermenté, remit ses lettres de prêtrise.
BuUeUn. **
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Oratoriens.
La Rochelle :
Limonas (Ad rien- Jean), supérieur, membre de l'académie de
celte ville ; Chevas (Pierre) ; Ganse, procureur ; Jeaucourl,
Leroy, Mirlin, curés de La Rochelle.
Récollets.
Château d'Oleron (Le) :
Faregol (Alexandre), gardien.
Conte (Nicéphone), 72 ans en 1791, se relira à Bourdeuil en
Périgord.
Desmartial (Laurenl), vicaire de la communauté.
Pastoureau (Théolime), 61 ans, se relira à Bourg-Gironde.
Bernard (Simon), frère lai, 35 ans, demanda seul à se retirer
dans un couvent de son ordre.
Chassonneris (Romuald), 55 ans, aumônier du régiment
royale-marine, se retira à Monlferrand.
Marennes :
Laponge (Julien), gardien, assermenté, fut curé intrus du
Chay, remit ses lettres de prêtrise.
Voisin (Urbain-Jacques-François-Marie), assermenté, desser-
vant de la chapelle royale de Bouroefranc,
Mirambeau :
Dalidet (Pierre), gardien (Voir Séminaire de Saintes).
Pàradole, assermen-té, apostat.
PoNs :
Landreau (Claude), décédé curé de Sainte-Lheurine,
La Rochelle :
Badais.
Detezai (Barthélémy), curé intrus de Saint-Nicolas de La
Rochelle.
ROYAN :
Saunier (Bénigne), âgé de 50 ans en 1790, frère lai, se retira à
Saint-Germain de Lusignan (Cliarenle-Inférieure).
Robert (Hippolyte), aumônier à la Tour de Cordouan.
Saint-Savinien :
Lemercier, assermenté, exerça le ministère à Rochefort depuis
1796, fut nommé curé de Fouras en 1803.
Saintes :
Fraissex (Gabriel-Jean), né en 1727, provincial des récollets de
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— 379 —
Guyenne, gardien des récollels de Cognac, refusa le serment,
émigra en Espagne, décédé à Saintes le 3 octobre 1811.
Billard, vieillard octogénaire, prêchait le meurtre des prêtres
réfractaires, vécut en athée et mourut en blasphémant.
Courtaud (Dominique), né à Limoges en 1729, resta à Saintes,
insermenté et gardant son habit religieux, décédé à Saintes le
29 octobre 1810.
David (Norbert) ; Dulac (Hyacinthe) ; Maurel (Joachim) ; Mer-
cier (Joseph) ; Meunier (Anselme), assermenté ; Vallelte (Pla-
cide), assermenté ; Flandrin (Fortuné), frère lai ; Flandrin
(Jean), frère lai ; Gay (Rémy), frère lai ; Maurin (Ildefonse),
frère lai ; Maurivier (Pacifique), frère lai.
Abbayes (lemines).
Bénédictines,
Saintes (1791) :
Abbesse : M^ de Parabère de Baudéan (Madeleine), 50 ans.
MM"»" Grégoireau, 82 ans ; Pichon, 74 ; Boudet, 73 ; Gré-
goire, 73; Sainl-Germain de La/xge, 64; de Frétard, 67; de La-
gord, 60; de Brie, 66; de Boisseuil, 57; de Tenant, 58; de Mânes,
60; de Baccalon, 66; de La Guérinière, 53; de Guron, 53; Réveil
laud, 60; de Laborie de Boisseulh, 59; des Granges, 55; de Maul-
monl, 50; de Guérin, 55; de Luchal, 50; Bouchot, 54; de Balzac,
50; de Saint-Albert, 48; de La Berthonnière, 46; de Bois, 48; de
Vesrau, 48; de Beaumont, 47; de Hochepelle, 49; d'Aiguières, 48;
Delage, 41; de Rechignevoisin, 46; de La Bonnardelière, 41, reti-
rée dans sa famille; d'Abbadie, 41; Gaillard, 41; Brugeron, 35;
de Rivaud, 34; Darboncave, 34; Delivron, 37; Fourestier, 32;
Duplessis, 36; de Senards, 33; Fourestier (Emilie), 29; Villars-
Surand, 30; de Féréole, 31; de Flayac, 29; Dauville de Manès, 28;
Dexmier, 30; Deloin, 25; Surand, 33; Martin, 35; de Sivrac, 32;
Bonnemort, 33; de Loménie, 32; Dumesnil (Simon), 27.
Sœurs converses : Vénien (Placide), 72 ans; Renaudière (An-
gélique), 66; Lasire (Betsalie), 59; Grossard (Eustelle), 62; Pain
(Thérèse), 54; Taudin (Madeleine), 65; Fouché (Julie), 56; Bru-
net (Suzanne), 54; Vénien (Hélène), 51; Brunet (Hadégonde), 57;
Grossard (Scolastique), 55; Guérin (Dorothée), 49; Roi (Joseph),
46; Merle (Joachim), 41; Barrée (Michel), 45; Bénard (Gabriel),
39; Viron (Agnès), 37; Dulord (Félicité), 35; Bénard (Geneviève),
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— 380 —
36; Périneau (Gerirude), 34; Massiou (Justine), 37; Rouhé (Mar-
guerite), 35; Moreau (Agathe), 33; Moreau (Jeanne), 31; Payraud
(Jeanne), 25; Mercier (Pélagie), 22.
Couvents (femmes). .
Carmélites.
Saintes (1790) :
De Real (Marie de Jésus), prieure, 50 ans; Gilbert (Agathe),
sous-prieure, 67 ; Bréon (Marie-Eulalie du C<Kur de Jésus), 75 ;
Charron (Anne de la Mère de Dieu), 66; Marlin-Chateauroi (Ma-
deleine du Cœur de Jésus), 50; Marillet (Marie du Calvaire), 45;
Couzin (Sainl-Basile), 39; Richard (Véronique de Jésus), 35;
Boissière (Marie de l'Enfant Jésus), 42; Grison (Louise de Jésus),
34; Buzain (Julie de Jésus), 29; Lefebvre (Marie-Renée de Jésus),
35; Fouché (Euphrasie), 31; Galloupeau (Saint-Jean de la Croix),
25; Tyrion (Antoine), sortie de la communauté le 23 novembre
1790.
Sœurs laies : Corly (Marie-Flavie de Jésus), 63 ; Drouillard
(Catherine Saint-Jean), 64; Viaud (Marguerite), 37.
Clarisses.
La Rochelle :
Bernier (Victoire-Marie^Henriette), sœur Saint-Xavier, de La
Rochelle.
Beltrémieux (Joséphine), sœur Sainte-Scbclastique, décédée à
Brouage en 1794.
Boisson (Françoise), sœur Sainte-Mélanie.
Coupeau (Louise), sœur Sainte-Claire, sortie de Brouage le
27 janvier 1795.
Denis (Marie-Victoire-Catherine), sœur Sainte-Elisabeth, de
La Rochelle, sortie de Brouage le 27 janvier 1795.
Frémont (Anne), sœur Sain le- Adélaïde, de La Rochelle.
Fontaine (Marguerite), sœur Sainte-Rose.
Ganai (Marie), sœur Saint-François.
Gastumeau (Marie), sœur Sainte-Pélagie, de La Rochelle.
Lafond (Elisabeth), sœur Sainte-Véronique.
Mocquay (Eulalie), sœur Sainte-Céleste, de Tîle d'Oleron.
Pollard, sœur Adélaïde de Chantai.
Robin (Catherine), sœur Saint-Henri.
Valin (Céleste), sœur Sainte-Placide.
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Verger (Suzanne), de La Rochelle, sœur Sainte-Euphrasie.
Toutes furent prisonnières à Brouage.
Saintes (1790) :
Brunei (Mélanie), supérieure, 58 ans; La Chapelle (Henriette),
79; Verron (Madeleine), 74; Chateauneuf (Victoire), 61; Brunei
(Monique), 64; Dangibaud (Rose), 57; Garnier (rincarnation),
58; Fontremi (Marguerite), 56; Léchassier (Anne), 60; Sicard
(Dorothée), 56 ; Marin (Delphine), 66 ; Bironneau (Saint-Fran-
çois), 54; de Manès (Radégonde), 53; Arnaud (Agathe), 54; Prou-
ieau (Chrysologue), 44; Raoull (Saint-Florent), 39; Nouveau (Pla-
cide), 33; Laurel (Félicité), 33 ans, retirée dans sa famille;
Lamirande (Séraphique), 58.
Sœurs laies : Dugué (Colombe), 73 ans; Babinol (Marthe), 66;
Froum (Jeanne), 71; Billaud (Sainl^Didacc), 61; Ferrand (Rosa-
lie), 41 ; Lacosle (Marie), 39 ; Rhulin (Pélagie), 34 : Brillaud
(Saint-André), 30; Paris (Marie des Anges), 31; Compagnon (Ma-
rianne), 22.
Dames Blanches.
La Rochelle :
Chanlreau (Marie-Victoire), prieure; Valleau (Marie de Saint-
André), assistante ; Planchet (Marie de Saint-Xavier), conseil-
lère ; Brossard (Jeanne-Marie de Saint-François de Salles), con-
seillère, de Port-au-Prince, sortie de Brouage le 22 janvier 1795;
Savourel (Marie de Saint-Michel), conseillère ; Derleau (Marie
Madeleine, sœur Sainte-Eulalie), de La Rochelle, conseillère ;
Cerizier (Marie, sœur Sainte-Thérèse); Fleur (Renée-Françoise,
sœur Sainte-Gertrude), de La Rochelle, morte {"i Brouage ; Four-
nial (Marie-Anne, sœur Sainte-Rose); Godeau (Madeleine, sœur
Saint-Placide), de l'île d*01eron ; Joussereau (Catherine, sœur
Sainte-Félicité); Noscivet (Marguerite, sœur Saint-Michel), de
La Rochelle ; Noleau (Thérèse, sœur Saint-François), de Tîle
d'Oleron ; Pelleian (Madeleine, sœur Sainte-Flavie), de La
Rochelle, morte à Brouage ; Raignaud (Augustine, sœur Sainte-
Marie de Jésus), de La Rochelle.
Elles furent prisonnières à Brouage au nombre de vingt-sept.
Dames de la Foi.
Pons :
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Dames de la Providence,
La Rqchelle :
Jousseaume (Madeleine), sœur Saint-Paul, supérieure.
Derrière (Elisabeth), de La Rochelle, sœur Sainte-Pélagie.
Calvei (Madeleine), de Nîmes, sœur Vincent, sortie de Brouage
le 27 janvier 1795.
Denis (Louise), sœur Saint-Augustin.
Despéroux (Suzanne), de La Rochelle, sœur Saint-Félix.
Jousseaume (Marie), sœur Saint-Xavier.
Labadie (Adélaïde), sœur Jeanne de Chantai.
Maignant (Elisabeth), de La Rochelle, sœur Saint-André.
Mesnard (Anne), de La Rochelle, sœur Sainte-Anne.
Monponl (Jeanne), de Cahors, sœur Saint- Victor.
Neralsine (Victoire).
Noscivet (Marie), de La Rochelle, sœur Sainte-Rosalie.
Rossignol (Elisabeth), de La Rochelle, sœur Saint-Jean-Bap-
tiste, morte à Brouage.
Rose (Victor), créole, sœur Sainte-Mélanie.
Toutes furent prisonnières à Brouage.
Dames de Saint-Etienne,
La Rochelle :
Bellumeau-Richard (Anne-Françoise), de Bressuire, supé-
rieure ; Dompart (Rose), de Cayenne ; Bonnin (Elisabeth), de
Fontenay ; Bourgon (Julie), de Rochefort ; Chabot (Thérèse), de
La Rochelle ; Durivage ; Fierdesbras (Geneviève), de l'île de Ré ;
Gaudin (Françoise) ; Henri (Geneviève), du Canada ; Lacour
(Claire), d*Ozillac ; Lemire (Angélique), de La Rochelle ; Martin
(Anne-Claire), de Dampierre-Aubin ; Mercier (Marthe), de La
Rochelle ; Percheron (Françoise), de Brouage ; Péan (Made-
leine), de Cyray-Aulais ; Richard ; Verger (Geneviève), de La
Rochelle ; Viet La Rivaguerie (Céleste), de La Rochelle.
Toutes furent prisonnières à Brouage.
Filles de la Charité,
Ile de Ré :
Guillaume (Vincent) ; Tabarie (Emilie) ; Tune et Tautre déte-
nues à Brouage.
Marennes. — Rochefort :
Les filles de la Charité prirent un costume laïc et restèrent dans
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— 383 -
les hôpitaux. Elles recueillirent leurs sœurs expulsées des mai-
sons voisines.
I. Hôpital de la Marine :
Pages (Marianne), supérieure, du 2 juillet 1756 au 11 octobre
1790 ; Follet (Marie), supérieure, 3 octobre 1780-29 août 1794 ;
Fournier (Jeanne), supérieure, 1782-25 juillet 1818 ; Belfori
(Catherine), 1755-1797 ; Mouchet (Jeanne), 1750-1802 ; Normand
(Catherine), 1770-1794); d'Argeuil (Marie-Dominique),1766; Tau-
chon (Madeleine), 1768 ; Paris (Gabriel); Tivolel (Jeanne), 1779-
1823; Lassus (Joséphine), 1778-1818; Wallet (Marie-Rose), 1779-
1809; Fossier (Marie-Marguerite), 1779-1807; Legros (Henriette),
1779-1794; Grière (Marie-Joseph), 1779-1799; Maurufet (Claire),
ll80;Vincent (Madeleine), 1780-1795; Morlot (Elisabeth), 1783^
1819; Morel (Barbe), fut enfermée à Brouage, 1784-1805; Grevil-
let (Françoise), 1786-1831 ; Blosse (Marie-Jeanne), 1786-1794 ;
Sagnier (Marguerite—Françoise), 1785-1848 ; Aubiet (Louise),
1786-1827 ; Macanly (Elisabeth), 1786-1819 ; Blanchard (Fran-
çoise), 1786-1793; Froment (Marie), 1786^1795; Héron (Cécile),
1792-1816; Blain (Suzanne), fut enfermée à Brouage, 1792-?; Ali-
coste (Radégonde), 1796-1798; Chesse (Philippe), 179(^1804; Ber-
gerac (Louise), 1796^1799; Durand (Catherine), 1797-1799; Poil-
lot (Rosalie), 1799-1810 ; Gontier (Marthe), 1799-1808 ; Vaisset
(Marie-Louise), 179^-1836; Mazoger (Charlotte), 1800-1803.
H. Hospice Saint-Charles :
Duparchy, supérieure ; Cornet (Angélique) ; Crevet (Made-
leine); Danvin (Marianne); Humbert (Elisabeth); Massai (Mar-
guerite).
HL Orphelines de la Marine :
NouhauU (Marie), supérieure; Aubry (Germaine); Desault (An-
gélique) ; Laurent (Jeanne) ; Patulet (Anne) ; Picquet (Marie) ;
Rivière (Marie-Anne).
Saintes :
Durand (Catherine), supérieure; Bergerac (Louise); Coillaiid
(Françoise); Lebras (Marie-Jeanne); Lemaire (Hélène); Piron
(Anne); Outrebon.
Saujon :
Machin (Reine), supérieure ; Beaucour (Marie-Antoine),
nommée supérieure générale de la congrégation en 1827; Jacob
(Marie).
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— 384 —
SouBisE :
Trois religieuses en 1791. Soufflet, supérieure, resta à Sou-
bise, se retira en 1806 à l'hôpital de la marine, à Rochefort.
Tesson. — Tremblade (La) :
Les filles de la Charité de Marennes et de La Tremblade
furent entraînées dans le schisme constitutionnel par les curés
de ces deux paroisses.
Hospitalières.
La Rochelle :
Boussiron (Jeanne), d*Angoulême, supérieure ; Aimar (Anne),
de Marennes, sœur Saint-Ignace ; Arcère (Thérèse), de La
Rochelle, sœur Sainte-Thérèse; Arcère (Eléonore), de La
Rochelle, sœur Saint-Jacques ; Bertinaud (Angélique), de Saint-
Eloi, sœur Sainte-Paule ; Chaumeau (Françoise), sœur Saint-
Martin ; Chrétien (Rose), de I^a Rochelle, sœur Sainte-Pélagie ;
Classain (Victoire), de La Rochelle, sœur Sainte-Bathilde; Cham-
belland (Victoire), de Fontenay ; Desforges (Anne), de La Ro-
chelle, sœur Saint-Henri ; Dufour (Thérèse), de Cayenne, sœur
Saint-Xavier ; Gaiefay (Catherine), de La Rochelle, sœur Saint-
Paul ; Girard (Victoire), sœur Sainte-Elisabeth ; Gaillotin
(Marie), de La Rochelle, sœur Sainte-Céleste ; Guitton (Sophie),
sœur Saint-Ambroise ; Jacques (Suzanne), de Marennes, sœur
Saint-Louis ; Perain (Françoise), de Marennes, sœur Sainte-
Adélaïde ; Perrier (Thérèse), d'Ars en Ré, sœur Saint-Anselme.
Toutes furent prisonnières à Brouage.
Saintes (1791) :
Doit (Marie-Anne), 81 ans; de Beaulieu (Marie), 73; Rambeaud
(Catherine), 66; Doit (Marie), 61; de Manès (Elisabeth), 46; Char-
bonnier (Jeanne), 48; David (Marie), 53; Bouquet (Elisabeth), 33;
Dupleix'Destouches (Anne), 27.
Sœurs laies : Raphé (Marie-Anne), 45 ans; Martin (Marie-Mar-
guerite), 46 ans.
Notre-Dame (Religieuses de).
La Rochelle :
Delouche (Agathe); Roger (Anne-Félicité); furent prisonnières
à Brouage.
Saintes (1791) :
Dangibeaud (Jeanne), 57 ans, supérieure ; de Saint-Albert
(Cécile), 85 ; Mercier (Marie), 73 ; de Laroche (Gabrielle), 65 ;
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d'Hatnel (Madeleine), 62; de Mouville (Marie), 64; de Turpin
(Marie), 45; Bargignac (Marie), 61; Forés (Jeanne), 66; Mario-
chaud (Elisabeth), 55; Blair-Jarna^ (Anne), 53; Cottard (Cathe
rine), 51; de La Sauzay (Henriette), 45; Berry (Rose), 38; Dugué
(Jeanne), 35; Fruger (Jeanne), 40; Moreau (Julie), 40; Prouieaii
(Madeleine), 30; Bigot (Madeleine), 32; Delouche (Agathe), 25;
Lozeau (Elisabeth), 25.
Sœurs laies : Franc (Suzanne), 73 ans ; Avare (Eutrope), 66;
Chevreux (Geneviève), 55 ; Sibilot (Françoise), 61 ; Pellisson
(Marguerite), 53; Sibilot (Marianne), 45; Croissant (Marie), 47;
Pinsonneau (Pélagie), 36; Corbineau (Anne), 27.
Sœurs de la Sagesse.
La Rochelle :
Hervy (Eugénie), supérieure, née à Saint-Nazaire en 1754,
décédée à La Rochelle le 9 novembre 1837; Ayraud (Madeleine),
du Gué de Velluire, sœur Saint-Mathieu ; Belland (Victoire) ;
Braud (Anne-Marie), du Canada, sœur Saint-Amel ; Danet (Fran-
çoise), de Lorient, sœur Saint-Edmond ; Dexmier (Catherine),
d*Angoulôme, sœur Saint-François; Durosay (Catherine), de
Marennes, sœur Saint-Ger\'ais ; Ernoul (Rose), de Chateau-
briand, sœur Sainl-Maxence ; Faugon (Marguerite), de Parthe-
nay, sœur de la Visitation; Gaisnet (Jeanne), sœur Saint-Paterne;
Geleux (Hélène), de Lorient, sœur Saint-Didier ; Genêt (Jeanne),
de Rennes, sœur Saint-Gatien ; Girard (Marie), de Saint-Lau-
rentrSur-Sèvres, sœur Saint-Oré ; Gratin (Marie), de Lorient,
sœur Sainte-Emilie; Guignard (Hélène), de Bretagne, sœur
Sainte-Clémentine ; Guillemot (Julienne), de Meniac-Brelagne,
sœur Saint-Anthilme ; Guyon (Prudence), de Fontenay, sœur
Sainte-Madeleine ; Hirvoix (Madeleine), d*Angoulôme, sœiir
Saint-Bruno ; Hubie (Rosalie), de Saint-Malo, sœur SaintrMarc ;
Jouault (Elisabeth), de Châtillon-sur-Sèvre, sœur Sainte-Anas-
tasie ; Laboureur (Marie-Madeleine), d'Angoulôme, sœur Saint-
Sébastien ; Laroche (Edmond) ; Laray (Julie), du Chûleau d*01e-
ron, sœur Sainte-Julie ; Leclinge (Marie), de Vannes, sœur
Sainte-Caritie ; . Leroux (Françoise), du Poitou, sœur Sainte-
Anastasie ; Louvet (Anne), de l'Anjou, sœur Sainte-Marie ; Mar-
chand (Céleste) ; Marchand (Félicité), de Nantes, sœur Sainte-
Joséphine ; Marchand (Madeleine), de Lorient, sœur Sainte-Eu-
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— 386 —
phrasie, supérieure de Thôpilal du Château d'Oleron ; Martin
(Anne), de l'île d'Oleron, sœur Sainte-Mario ; Mariineau (Hen-
riette), de Mortagne, sœur Saint-Christophe ; Moulin (Renée),
de Nantes, sœur Saint-Brice ; Moussiau (Jeanne), de Saint-Denis
d'Oleron, sœur Saint^Bibiane ; Noscivet (Charlotte), de La
Rochelle, sœur Saint-Etienne ; Olivier (Michel), de Guérande,
sœur Saint^Ménodore ; Renard (Marie), de Saint-Malo, sœur
Sainte-Nathalie ; Richard (Rose-Elisabeth), de Saintes, sœur
Sainte-Rose; Sabalier (Madeleine), de Saint-Georges d'Oleron,
sœur Sainte-Léocadie ; Sénéchal (Marie), de Saint-Malo, sœur
Saint-Léon, morte à Brouage ; Sura (Suzanne), de Nantes, sœur
Sainte-Chantal ; Verieuil (Rose-Thérèse), du Poitou ; Vigouroux
(Marianne), de Lorienl, sœur Sainl-Barthélemy,
Toutes furent prisonnières à Brouage.
Ursulines.
La Rochelle :
Rentier (Marie), de La Rochelle, sœur Saint-Martin ; Rernier
(Louise), de La Rochelle, sœur Saint-Gabriel ; Grossard (Fran-
çoise), de l'île d'Oleron, sœur Saint-Jean-Baptiste; Lafuiyun
(Périne) ; Valin (Henriette), sœur Sainte-Victoire.
Toutes prisonnières à Brouage.
RÉSUMÉ
Les ecclésiastiques séculiers ou réguliers, nommés dans cette
étude, sont au nombre de 887.
Sur 191 je n'ai trouvé aucun renseignement touchant leur atti-
tude devant le serment constitutionnel ; parmi eux 7 furent incar-
cérés, 1 mourut en prison.
309 refusèrent le serment, ou le prêtèrent avec restriction, ou
le rétractèrent promptement. 190 émigrèrent, 55 furent incar-
cérés, parmi eux 8 moururent en prison ou sur les pontons,
3 furent fusillés, 2 guillotinés, 2 noyés à Nantes, 1, l'évoque de
Saintes, fut massacré à la prison des Carmes à Paris.
387 prêtèrent le serment. La persécution ne les épargna pas.
7 émigrèrent et dans l'exil rétractèrent leurs erreurs ; 29 furent
emprisonnés, 4 d'entre eux moururent repentants sur les pon-
tons, 3 furent guillotinés, à Rochefort, en haine de la religion.
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— 387 —
Les autres se déshonorèrent de plus en plus, 94 livrèrent leurs
lettres de prêtrise, 75 se sécularisèrent, 53 d'entre eux se mariè-
rent, 8 se firent les persécuteurs de leurs confrères.
Les chanoines des chapitres de La Rochelle et de Saintes, les
curés de ces deux villes et les prêtres pourvus de grades théo-
logiques furent généralement fidèles.
Parmi les ordres religieux, les bénédictins, les lazaristes, les
oratorions, les prêtres de la congrégation de Chancelade restè-
rent en grand nombre attachés à TEglise. Les ordres mendiant*?
comptèrent de nombreuses défections.
Les religieuses furent unanimement fidèles à leur vocation.
Après celte longue énumération de gestes si divers, je termi-
nerai en citant quatre vers d'un prêtre, qui, dans la première
moitié du XIX* siècle, a le plus travaillé à reconstituer le clergé
de la Charente-Inférieure, M. TaEbé Rainguet, dans sa tragédie
d'Ixile :
Gloire k Dieu, dont la main déchaioe le tonnerre,
Et qui peut, d*un seul mot, rendre le jour serein ;
Quand il permet aux vents de souffler sur son aire,
C'est pour chasser la paille et serrer le grain.
P. Lemonnier.
III
UN SERMON A L'ECOLE DE DROIT D'ORLEANS
Nous avons sous les yeux un placard haut d'environ 30 centi-
mètres, large d'environ 40 ; au dessous d'un cartouche portant
un livre surmonté d'une croix sommée d'une couronne royale,
accolé de deux fleurs de lis et sous lequel paraît une sorte de
large feuille de lierre, on lit :
« Quoi in auguslissimo ac ineffabili Incarnalionis Mys-
terio Chrislus operatus sit mirabilia, et quoi inde exubérant
hominibus commoda, sacra concione demonstrabit Frater
Franciscus-Maria Voisin, Recollectus, Sacerdos, Regii Con-
venlûs Aureliae Orator Theologus, die Jovis in pervigilio
Natalis Domini, vigesimâ-quarlà mensis Decembns, Anno
suprà millesimum septingentesimo sepluagesimo-octavo, horâ
decimâ matulinâ.
AURELUE,
In publico juris audiiorio. »
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— 388 —
L'orateur doit être Urbain-Jacques-François-Marie Voisin,
qui, en Tan VI, âgé de 40 ans, obtint un certificat constatant
qu'il réside depuis plus de trois ans sur la commune de Plassay.
En l'an VII il se donne 45 ans.
IV
LA MUNICIPALITÉ DE SAINT-SATURNIN DE SÉCHAUD
{Suite).
Communaux, — Le 19 pluviôse an II, vu l'inondation qui
commence à s'écouler, défense d'y faire pacager parce que le
piétinement des animaux endommagerait l'herbe; le 5 floréal,
fixation du droit de pacage (en attendant partage), 40 s. par che-
val ou âne, « excepté Moreau seulement » ; 25 sols par vache
e[ bceuf (sauf veaux et poulains). Le produit et celui de l'herbe
des Renfermis sera partagé entre les habitants : pacage ouvert
le 12. — 10 1. d'amende contre les contrevenants, doublée» en cas
de récidive*
Le 10 fructidor, on rappelle que l'assemblée des habitants
tenue le 24 germinal an II, dans le temple de la Vérité, a décidé
le partage des communaux et nommé trois experts. L'un d'eux,
Descroizettes, demande la fixation des honoraires ; on consul-
tera les habitants qui se réunissent le jour môme pour délibérer
sur le mode de partage, dans le temple. Procès-verbal de cette
réunion: l'assemblée arrête que le partage aura lieu par familles,
f( eu égard à la contenance et à la population de chaque famille »;
« le numéro un comimencera et prendra le nombre de terrain qui
lui reviendra eu égard à la population de sa famille, le numéro 2
en fera autant, etc. » Toutes les familles partageront dans les
Renfermis et également dans la grande et la petite Plaine. Con-
sultée par le conseil, l'assemblée alloue à l'arpenteur Descroi-
zettes 20 sols par chaque individu ayant droit au partage, lui se
chargeant de tous frais d'arbitrage et fournitures pour le plan
qu'il ren^ttra à la municipalité ; le 7 floréal an III, on ordonne
qu'il soit payé sur les fonds que tient le maire.
Impôts, — Le 20 thermidor an II, la recette de l'imposition
foncière de 1793 est adjugée au rabais à 8 deniers à Vigneau.
Gardes messiers. — Le 28 pluviôse an 11,^ pour prévenir les
dilapidations et dégradations qui se commettent journellement
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— 389 —
dans les bois, ils se partageront la moitié des amendes ; délibé-
ration cassée par le directoire du district, loi du 6 octobre 1791 ;
le 19 ventôse, on accorde à chacun d'oux 120 1. à prendre sur
les amendes, subsidîairement à répartir sur chaque contribuable
au marc la livre ; le 29 fructidor an II, on ne peut payer Tun
d'eux, Jean Roullaud, les comptes de Tex-maire Gaudin et des
receveurs des impôts de 1791-1792 n'étant pas rendus ; le rece-
veur de 1792 lui avancera 100 1. sur les vingt mois dus ; le 30
pluviôs'e, acompte semblable payé à Augustin Ba'stard, lequel,
le 3 messidor an III, est destitué, n'ayant depuis longtemps pas
rendu compte de ses opérations; de tous côtés on se plaint de son
inexactitude ; l'autre, Roullaud, rendra compte tous les dix
jours, fera attester chaque décade ses tournées par deux
citoyens, pris dans les quartiers les plus éloignés sur un tableau
qui lui sera remis.
Poste, — Le 30 germinal an II, sur une lettre du ministre de
l'intérieur du 12, on nomme Chassériaud et Paris fils commis-
sionnaires pour porter les lois dans les communes du canton, à
40 sols par voyage, parce qu'ils seront obligés d'aller les pren-
dre à la poste de Taillebourg ; le 7 messidor an III, on alloue à
Magdelaine Laguzeray 30 1. pour avoir été six mois à la poste
chercher les nouvelles.
Ecole de navigation. — Le 25 ventôse an III, après consulta-
tion des municipalités du canton, Pierre Jaguenaud, âgé de
17 ans, du Port d'Envaux, est nommé élève de l'Ecole révolu-
tionnaire de navigation.
Divorce arrêté, — Le !•' messidor an III, devant l'officier mu-
nicipal, Euslelle Picheau, femme de Jacques Piocheau, qu'elle
a fait citer pour divorce, déclare « qu'ayant réfléchi, ce divorce
n'étant fondé que sur la simple incompatibilité d'humeurs », elle
se désiste de sa demande et rentre avec lui pour vivre « suivant
l'usance et les lois » ; il déclare qu'il la recevra et qu'ils vivront
« comme époux conjoints ».
Assemblée primaire. — Le 20 fructidor an III, réception du
rapport du représentant du peuple Mailhe, qui sera lu à l'assem-
blée primaire de ce jour.
Tambour. — Le 22 messidor an III, on alloue à Pierre Braull,
tambour, pour neuf jours employés à battre la caisse, 45 1.; il
battra jusqu'à la Saint-Martin à 5 1. par jour.
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— 390 J—
Quatrième et cinquième municipalités,
(Municipalité cantonale renouvelée par élection). (On cite
quelques certificats et registres postérieurs.)
Elections, nominations^ fixation des dépenses communales.
Jury de jugement. Fin de la municipalité, — Le 20 brumaire
an IV, « le commissaire exécutif du directoire du pouvoir exé-
cutif du canton du Port d'Envaux » ayant écrit aux agents muni-
cipaux des huit communes qui doivent concourir à la formation
de l'administration municipale de se réunir ce jour pour s'orga-
niser, une partie seulement s'étanl rendue, il requiert qu'on
s'occupe de la réception des présents, qu'on demande par écrit
aux conununes les raisons de l'absence des autres, et qu'on
nomme un secrétaire.
Chaque membre ayant déposé le procès-verbal de sa nomina-
tion, on installe l'administration municipale du canton. Les com-
munes ont nommé :
Port d'Envaux : agent municipal, le citoyen Augustin Cons-
tantin, propriétaire ; adjoint, Jean Brouillard. — Geay : Jean
Denécheau, agent (a refusé) ; adjoint, Pierre Cachet. — Saint-
Vaïze : Jean Février, Jean Orge. — Crazannes : François Sal-
mon, Louis Cachet. — Plassay : Jean Parfait, Pierre Charrier
de Mélier.
Sont absents : Denéchau, Février, Parfait, Charrier, et les
municipaux des Essards, Ecurat, Le Mung. On installe les pré-
sents, on écrira aux communes en retard d'envoyer les procès-
verbaux de nomination et, vu l'absence de la majorité, on ren-
voie au 29.
Signé : Mollet, président, Constantin. Drouillard, Salmon.
Gaschet. Cachet. J. Orge. Gaillard, commissaire provisoire.
Le 25, vu le procès-verbal de la nomination faite le 17, au
Mung, de Jean-Louis Daunas et de Louis Constantin fils, on
mentionne « le mépris qu'ils paraissent faire de la confiance de
leurs concitoyens » ; ils donneront par écrit les motifs de
laurs refus. Le 17, Geay a nommé Pierre Fraigneau agent muni-
cipal (ces refusants seront responsables de ce qui arrivera dans
leurs communes) ; Les Essards ont nommé Pierre Girardeau et
François Lucas ; Ecurat : Pierre Dérante et Pierre Bonnaud.
L'arrêté du déparlement du 8 fixe les jours de séances au quin-
lidi de chaque décade ; la lettre du commissaire provisoire du
déparlement permet d'indiquer un autre jour ; le vœu, s'il est
formé, sera accueilli par le département. Si ces jours n'étaient
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— 391 -
désignés par une « dénomination de jour connu et invariable »,
les membres de l'administration, en majeure partie agriculteurs,
perdraient des jours précieux. On arrête que « le jour des assem-
blées ordinaires sera fixé au jour connu sous le nom de diman-
che de chaque semaine, d'après l'autorisation du département »,
sauf les assemblées extraordinaires indiquées par le président.
Copie sera envoyée au département. Pierre-Joseph Girardin est
nommé secrétaire, aux appointements que fixera le département.
Fraigneau refuse dé signer le procès-verbal : le département
statuera à cet égard ainsi que sur le traitement de Jean Roul-
laud, eoncierge, qui sera logé et pour lequel on propose la
valeur de neuf quintaux de méteil.
Outre les précédents (sauf Constantin et Gaillard), signent :
GiRARDEAU. DÉRANTE. BoNNIN. PaRFAIT.^ FÉVRIER. LuCAS.
p. Charrier. Panier. Gaschet, secrétaire provisoire.
Le 5 frimaire, Gaillard, admis le 23 brumaire par le départe-
ment, est admis comme commissaire provisoire du directoire
exécutif près la municipalité du canton, acte signé : Desgraviers,
commissaire du pouvoir exécutif.
Les délibérations qui suivent sont précédées de réquisitions
de Gaillard ou de ses successeurs. Le 15, dans un style empha-
tique. Desgraviers requiert l'organisation du bureau et l'évalua-
tion des frais nécessaires à ses fournitures, dont le département
allouera les fonds. On vote pour l'achat de sept registres (des
pétitions, de correspondance, des arrêtés, un « pour servir
d'alphabet » (?), de transcription des lois, de délibérations,
papier, cire, etc.), pelles, pincettes, etc., tables, mobilier,
bureau, etc., que « une estimation de 18.000 livres, attendu la
hausse des marchandises, pourra suffire », et pour Girardin,
secrétaire, un salaire de la valeur de « deux livres de pain par
jour » ; Constantin, agent municipal du chef-lieu, touchera les
fonds. On reçoit Chouet, officier de santé, nommé commissaire
du pouvoir exécutif près la municipalité. « Son choix eût été le
vôtre ». Le 13 nivôse, installation avec compliments, de Des-
graviers, nommé agent municipal de Geay : accolade frater-
nelle ; le 5 pluviôse, on décide d'envoyer le Tableau sur V esprit
public du canton, rédigé par Chouet, et ceux faits par les agents
de Saint-Vaize, Port d'Envaux, Crazannes ; ceux des autres
communes seront envoyés après leur confection au département.
Le 5 nivôse, installation de Guillot, adjoint, Michaud, agent
du Mung, nomination de Pierre Lévesquot, secrétairq en second,
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— 392 —
traitement 1.500 1. valeur métallique; installation de Saturnin
Charrier et Etienne Potiron, élus à Plassay ; 5 germinal, de
Hichelot, secrétaire en chef, à 1.800 1. valeur métallique. Le
5 frimaire an V, fixation des dépenses: secrétaire en chef, 800 1.;
en second, 500 ; frais de bureau, 550 ; concierge, 150 ; 5 germi-
nal, le tirage au sort élimine Février, Girardeau, Desrentes,
Michaud, qui convoqueront leurs communes pour élire leurs
remplaçants ; 15 germinal, dépôt des procès-verbaux du 13
réélisant Girardeau aux Essards, élisant Berton fils à Saint-
Vaize, Aujard à Crazannes ; le 20, Louis Mulon à Plassay. Le
5 floréal, démission d'Eutrope-Raphaël Mollet, président
de radmimstration municipale, élu juge au tribunal civil et de
Lucas, adjoint deis Essards. Le 15 floréal, présidés par Michaud,
cinq membres élié»ent président Merveilleux ; le 25, Albert élu
agent de Saint^Saturnin, remplace Constantin, démissionnaire ;
enregi'S'trement de l'élection de Chrysagone Parenteau au Mung,
élu le 13.
Le 25 prairial, Menet, adjoint, remplace Brouillard ; démis-
sion du secrétaire Lévesquot ; le 5 messidor, présentation des
comptes de Colas, maire en 1794-1795. Le 15 thermidor an V,
les états de dépenses des communes pour Tan III et l'an IV
seront examinés, visés, envoyés au département pour être arrê
tés, remis à Desgraviers, qui formera par commune un seul
rôle des charges locales où seront réunies les cotes de ces deux
ans de chaque citoyen et réparties au marc le franc des contri-
butions foncières, personnelles, somptuaires desdites années ;
il lui sera payé 1 sol 6 deniers par cote et 15 1. pour fournitures
et impression.
Le 25 brumaire an VI, on nomme Jean Rocher débitant de
poudre ; le 12 nivôse, Clerleau et Demonsay agents des Essards
sur démission de Girardeau ; le 25, on fixe le traitement du
secrétaire à 800 1. pour l'an V et l'an VI ; le 25 pluviôse, lecture
d'un arrêté du directoire exécutif du 3, destituant Girardeau,
agent des Essards, suspendu le 4 nivôse par le département ;
« ce magistrat, par son ignorance, son fanatisme et sa négli-
gence s'est rendu indigne de la confiance de ses concitoyens et
de celle du gouvernement ».
Le 5 germinal, installation de Constantin, Auguste, proprié-
taire à SaintrJames, nommé par l'assemblée primaire du 1**,
président de l'administration municipale du canton ; le 15,
d'Yonnet, adjoint de Saint-Saturnin, Clerteau, Demonsay, des
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— 393 —
Essards, de Girardin, élu le 10 agent de Sainl-Salurnin (démis-
sionne le 1*' thermidor parce qu'il est greffier, est remplacé par
Drouillard), de Charrier de Conchamp, élu à Plassay, Jean
Chaillot au Mung, François Robert à Ecural, Mathieu Villain à
Saint-Vaize ; le 10, on élit François Salmon agent de Crazannes,
et personne ne s'étant présenté à Geay, on nomme pour Geay
agent Louis Boisseau, adjoint Antoine-Daniel Boureau-Beausé-
jour.
Le 15 germinal an VII, installation de Menanteau et Angibeaud
agents de Crazannes, Parenteau adjoint du Mung, Berton agent
de Saint-Vaize ; le 15 floréal, nomination des membres du jury
de jugement en Tan VIII : Léonard Ganivet-Desgraviers à
Civrac, Maximilien Couturier, Louis Jean dit Rogé, Etienne Ber-
ton, Pierre Menet, Mathieu Cochet, Pierre Audaire, Saturnin
Charrier, Pierre Colas, Pierre-Barthélemy-Anatole-Honoré Gal-
locheau, juge de paix.
Le 15 vendémiaire an VII, enregistrement de l'arrêté du
département destituant Mulon adjoint de Plassay ; le 5 frimaire,
on nomme à sa place Jean Perraud ; le 25 ventôse, traitement
de Richelot, secrétaire, fixé à 900 f.; de son commis, à 300 f.; de
Girardin, nommé employé du commissaire du directoire exécu-
tif, à 300 f.
Le 15 frimaire an VIII, au nouveau serment exigé des fonc-
tionnaires (loi du 25 brumaire), tous les fonctionnaires étant
dans la salle de l'administration, on note l'absence de Râteau,
adjoint de Plassay, Pierre Demonsay, adjoint. Cormier, garde.
Mollet, notaire des Essards (ce dernier malade au lit), Robert
dit Larose, adjoint d'Ecurat.
Le 15 floréal an VIII, dernière séance de l'administration
municipale cantonale. Inventaire : 14 registres (le dernier du
12 prairial an IV au 20 thermidor an VII, enregistrement des
divorces) ; registres d'état civil : 45 de Sainte-Saturnin de Sé-
chaud, du 6 février 1620 au 4' complémentaire an VII ; 48 d'Ecu-
rat, du 6 septembre 1596 ; 59 de Crazannes, d'août 1580 à 1661
et du 26 novembre 1680 ; 109 de SainIrVaize, du 5 avril 1646 ;
35 de Plassay, du 4 juin 1708 ; 92 du Mung (plusieurs déchirés),
d'août 1625; 45 de Geay, de 1618 à 1625 (plusieurs déchirés), et
de 1643 ; 51 des Essards, de 1597. Liasse de pétitions, lois, listes
de conseils, de patentes, papiers-nouvelles, notes, etc. 14 boîtes
de lettres de ministres, département, etc. 6 liasses semblables,
et « un jugement du tribunal de cassation relatif aux fêtes déca-
Balletin. S6
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— 394 —
daires contre Charles Desforges, maréchal », mobilier, etc.
18 bouts de piques, 6 piques prêtées à Taunay, capitaine de la
garde nationale de Crazannes, 10 havresacs, 12 paires de sou-
liers. Discours emphatique du commissaire Chouet ; compli-
ments aux municipaux ; la constitution nouvelle supprimant les
municipalités de canlons, le juge de paix va mettre les papiers
et salle sous scellés ; demain, les agents et adjoints des com-
munes exerceront provisoirement les fonctions de maires dans
leurs communes respectives. « Puisse le préfet de ce départe-
ment connaître votre mérite personnel et vos talents administra-
tifs, afin que, pour le bonheur de vos» concitoyens, il vous envoie
une commission définitive ; puisse aussi le gouvernement pro-
curer au secrétaire de Tadministration une place avantageuse et
reconnaître par là son zèle et son assiduité. « (Le secrétaire
Richelot devint maire par la suite.)
Le 30 prairial, Jean Lévesque, maire, Etienne Yonnet, adjoint,
nommés le 16 par le préfet, prêtaient serment à la constitution
et recevaient de leurs prédécesseurs les registres et papiers
administratifs.
Juge de paix, — Le 15 fructidor an V, Chouet expose que
seul officier de santé du canton, chargé de constater les bles-
sures, il ne peut en même temps exercer les fonctions de com-
missaire exécutif près le juge de paix ; on nomme Constantin ;
le 5 nivôse an VI, on alloue à la justice de paix une armoire à
tablettes, table, chaise ; le 2 pluviôse, certificat déli\Té au juge
de paix Pierre-Anatole-Barthélemy-Honoré Gallocheau, 42 ans
(signalement, qu'il réside au Port d'Envaux depuis plus de qua-
tre ans, auparavant à Saintes, Rochefort, La Rochelle) ; le 15
floréal, il reçoit son mandat de 150 fr. pour second trimestre de
Tan VI, payable sur Charrier, percepteur de Plassay, qui ne
peut payer (mandat remplacé par trois autres sur les percep-
teurs des Essards, Crazamies, Le Mung) ; à Girardin, greffier,
mandat de 50 fr., même semestre ; le troisième trimestre est
payé par trois mandats sur les centimes additionnels dans trois
communes ; le 5 brumaire an VII, les audiences civiles se tenant
chez lui, on lui cède (sur lettre du ministre de la justice du 24
floréal à l'administration du canton de La Rochelle), la chambre
au-dessus du salon où siège la municipalité, à Saint-Saturnin de
Séchaud, pour les audiences de police.
Garde naiionale. — A la date du 21 germinal an IV, un acte
bâtonnë sans signature, lignes et mentions marginales rendues
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— 395 —
illisibles, constate qu'à la convocation des communes pour Tor-
gani&ation de la garde nationale, le rappel, plusieurs fois battu,
il ne s'est trouvé que vingt-deux citoyens de Saint-Sornin, huit
de Lemung, quatre de Crazannes, trois d'Ecurat, trois dé Saint-
Vaize, quatre de Plassay, personne de Geay et des Essards.
Procès-verbal sera adressé à l'administration du déparlement.
Le 5 messidor, Chouet requiert la c^>nvocation d'une assem-
blée extraordinaire pour délibérer sur l'organisation des
colonnes mobiles. Au 8, jour fixé, rien n'est marqué.
Le 15 fructidor an V, envoi aux communes de la loi sur la
garde nationale ; fixation au 24 de la réunion des agents qui
présenteront les registres d'inscription ; le 24, faute des regis-
tres des Essards, Plassay, Geay, Le Mung, renvoi de la réorga-
nisation de la garde nationale sédentaire au l" jour complémen-
taire.
A cette date, la loi du 25 thermidor étant rapportée par celle
du 19 fructidor, il n'y a pas à délibérer sur cet objet.
Au 30 pluviôse an VIII, à la promesse de fidélité à la consti-
tution de l'an VIII, figurent Girardin, commandant de la garde
nationale. Nouveau, Macheferl, Février, Giraud, Glémein, Ri-
chaudeau, Piocheau, Garlopeau, capitaines, lieutenant et sous-
lieutenant.
Recrutement. — Le 14 ventôse an IV, visa de certificats de
I^vigne, Boisnard, Clemenceau, officiers de santé, visés par le
général Gouguet, délivrés le 13, à Michel Glémain et Pierre Cail-
leteau. Le 5 vendémiaire an VII, Chouet requiert pompeusement
la publication de la loi du 19 fructidor sur la formation de
l'armée de terre. On arrête l'ouverture de registres « tant pour
l'enrôlement volontaire que involontaire », des citoyens de 20 à
25 ans ; le 15 brumaire, nomination d'un citoyen par commune
pour examiner ceux qui arguent d'infirmités, avec Ballay, offi-
cier de santé délégué ; le 5 frimaire, Jean-Louis Richaudeau, de
Geay, ci-devant fusilier à l'armée du Rhin, blessé, en congé de
réforme, est chargé de conduire, le 13, les conscrits de la pre-
mière classe à Saintes.
Le 11 floréal an VII, permanence de l'assemblée pour exécu-
ter la loi sur le complément de la levée de 200.000 hommes ; on
exigeait trente-cinq conscrits pour le canton : sur seize de pre
mière classe, un est mort, quatre ont rejoint les drapeaux. On
écrira aux onze autres de se présenter pour que l'administra-
tion envoie à la visite ceux qui se diront infirmes ; le 12, quatre
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— 396 —
y sont envoyés devant Ballay, de Taillebourg (dont Turpin, du
Mung) ; personne ne s'enrôk volontairement, pas plus que le 13;
le 25, lecture du tableau des vingt-quatre conscrits de deuxième
ei de troisième classe : on leur écrira qu'ils n*ont que cinq jours
à dater de celui^i pour faire accepter leurs remplaçants ; le 25
et le 30, six présentent des certificats de réforme, cinq des rem-
plaçants ; cinq cordonniers présentent trente-quatre paires de
souliers à 5 1. 10 Tune, pour les conscrits ; le 5 ventôse an VIII,
enregistrement du congé définitif de Jean-Louis Daunas, du
Mung, soldat de la 3* compagnie du P' bataillon auxiliaire
(santé) ; le 15 germinal (vu la loi du 17 ventôse et la lettre du
préfet du 11 germinal), les agents municipaux ordonneront aux
anciens réquisitionnaires restés dans leurs foyers de se présen-
ter de suite au préfet.
Instituteurs. — Le 15 floréal an IV, sur un arrêté du départe-
ment du 12 ventôse, on estime que quatre écoles primaires pla-
cées à Saint-Sorlin, Geay, Plassay, Les Essards, sont suffisantes
pour le canton ; les instituteurs de la jeunesse sont convoqués
à la fête du P' vendémiaire an V ; le 23 brumaire an V, enregis-
trement de l'arrêté du département nonunant Etienne Potiron
instituteur primaire à Plassay, et enjoignant de lui attribuer la
maison ci-devant curiale et le jardin ; le 15 germinal an VI,
mandat de 50 fr. d'indemnité de logement à Hippeau, instituteur
primaire du Port d'Envaux, deuxième semestre de l'an V et
autre premier semestre de l'an VI ; le 15 ventôse an VI, sur
arrêté du Directoire du 17 nivôse, Berton et Constantin sont char-
gés de visiter les écoles particulières qui existent, notamment à
Port d'Envaux, la Touche de Crazannes et Geay, et d'en dresser
procès-verbal.
Le 15 nivôse an VII, sur une pétition présentée par le citoyen
Seillès et son fils, exposant que le 14 floréal ils ont prévenu
l'administration qu'ils avaient formé un établissement particu-
lier d'éducation et depuis ont exercé, que le jury, à Saintes, a
reconnu le fils capable d'enseigner à lire, écrire et le calcul ;
qu^ils demandent à l'administration de prononcer à leur avan-
tage ; vTi l'arrêté du département du 11 frimaire dernier, on est
d'avis qu'ils ne soient point autorisés à ouvrir une maison d'ins-
titution.
Cette délibération, signée par Chouet, Dérante, Constantin,
Richelot, est fondée sur les motifs suivants : le fils, âgé de
14 ans, ne peut inspirer à ses élèves une crainte raisonnable,
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— 397 —
avoir des principes assez fixes, des mœurs assez éprouvées pour
que Tadminislralion les garantisse aux pères de famille du can-
ton ; le père s'engage à le surveiller, mais il est occupé par son
commerce ; d'ailleurs, sa conduite n'est pas celle d'un citoyen
paisible et ami de l'ordre ; il s'est permis contre les autorités des
écarts qui semblent d'autant plus tenir à son caractère que des
fautes du même genre lur avaient mérité à La Rochelle une puni-
tion sévère.
Le 25 pluviôse, on enregistre l'autorisation du déparlement
accordée à Pierre Fricaud, instituteur d'Ecurat ; le 30, celle
d'Etienne Potiron, instituteur de la commune de Plassay.
Le 5 ventôse, à une pétition de Seillès père, fabricant de chan-
delles et mercier, au Port d'Envaux, rapportant un certificat du
jury d'instruction de Saintes, on répond par un nouveau refus ;
il est trop occupé par son commerce qui exige des absences,
n'est pas paisible et ami de l'ordre, s'est permis des écarts con-
tre les autorités, qui semblent d'autant plus tenir à son carac-
tère que des fautes du même genre lui avaient mérité à La
Rochelle une punition sévère ; il y a une institutrice au Port
d'Envaux, et dans peu un instituteur instruit et do bonnes
mœurs se propose de s'y établir ; le 25 ventôse, on autorise
Marie-Claire Yonnet à exercer comme institutrice dans la com-
mune.
Le 15 germinal an VII, l'administration persiste dans son avis
relatif à Seillès, en répondant à une pétition adressée par lui au
déparlement, que ses imputations calomnieuses, son style mor-
dant suffiraient à justifier l'idée qu'on avait conçue de son carac-
tère ; ses efforts constants tendant à avilir les autorités du can-
ton, sa turbulence sont opposés aux leçons « de réserve, de dis-
crétion, de tolérance civile et autres vertus sociales qui doivent
faire la base de l'institution républicaine ». A la séance déca-
daire, il voulut exiger qii'on laissât lire à son fils dans la Feuille
rocheloise un article connu de tous ; le temps employé à la lec-
ture des actes officiels et à la célébration de mariages n'ayant
pas permis de lui donner celte satisfaction, après la séance il
menaça et injuria principalement le commissaire du Directoire
exécutif, vint dans la salle où radministration était assemblée,
exigeant qu'on consignât au procès-verbal le prétendu refus de
laisser lire son fils. Irrité des observations faites, ses manque-
ments furent portés au point que le commissaire fut obligé
de lui rappeler la loi autorisant à faire arrêter les perlurba-
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— 398 —
leurs. Quant à son exclusion de l'assemblée communale, Tan
dernier, il s'en exclut lui-même avant qu'elle fut organisée, sur
des observations faites sur son incapacité momentanée, et ne
put l'être par le commissaire qui n'exerçait dans l'assemblée
aucune autorité. II ne pouvait être sur le rôle des impositions
foncières, n'était pas sur celui des mobilières non encore en
recouvrement, « ne fit point parade de la campagne de guerre
dont il argue aujourd'hui » ; son exclusion était fondée sur la
loi.
On ne répondra pas à ses inculpations contre quelques mem-
bres irréprochables ; aux injures collectives on ne répond que
par le plus profond mépris.
Yonnet est oncle par alliance de Charrier, agent de Plassay,
mais est adjoint, non agent de Saint-Saturnin, n'a pas de neveu
marchand au Port d'Envaux.
Seillès « affecte des prétentions exclusives au républicanisme,
mais on observe qu'un civisme exagéré et presque farouche n'est
pas celui qui convient le mieux à un instituteur, qui doit tâcher
de rendre aimables les vertus qu'il veut inspirer aux cœurs des
enfants, qui doit enfin, pour ainsi parler, enduire de miel la
coupe d'instruction qu'il veut leur faire goûter ».
G. Chouet, commissaire, Constantin, président,
RicHELOT, secrétaire.
Au serment du 30 pluviôse an VIII, figurent l'institutrice
Yonnet, et Potiron et Fricaud, instituteurs de Plassay et d'Ecu-
rat. En l'an IX, le 25 nivôse, Pierre-Philippe Maugé, de Saintes,
est nommé par le préfet instituteur au Port d'Envaux : sera ins-
tallé avec pompe, et logé dans la maison presbylérale, suivant
la loi. (Registre postérieur à la 4^ municipalité,)
Eglise, — A sa première séance, le 25 brumaire an IV, l'ad-
ministration, d'après l'arrêté du déparlement du 10 relatif à
l'exécution de l'article 10 de la loi du 3, « arrête qu'il n'est par-
venu à sa connaissance cju'aucun prêtre demeurant dans l'arron-
dissement de ladite administration n'ait refusé ni rétracté le
serment prescrit par les lois de 1792 et 1793 ». Le 6 thermidor,
enlèvement de cinq bonnets rouges déposés dans la ci-devant
église. (Voir aux Fêtes.)
« Déclaration par le citoyen Voisin, ministre du culte catho-
lique :
« Aujourd'hui 10 messidor an VI de la République une et indi-
visible, l'administration municipale du canton du Port d'En-
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— 399 —
vaux étant assemblée, est comparu le citoyen Urbain-Jacques
François-Marie Voisin, ministre du culte catholique, domicilié
en la commune de Plassay, canton du Port d'Envaux, lequel a
déclaré que voulant aussi exercer los fonctions du même culte
dans Téglise de Saint-Saturnin de Séchaud, il désire se confor-
mer à la loi du 7 vendémiaire an IV sur la police des cultes,
ainsi qu'à l'article 25 de la loi du 18 fructidor an V, approuvée
le- 19 du même mois par le conseil des Anciens, et dont la teneur
suit : « La loi du 7 vendémiaire an IV sur la police des cultes
continuera d'être exécutée à l'égard des ecclésiastiques autori-
sés à demeurer sur le territoire de la République, sauf qu'au
lieu de la déclaration prescrite par l'article 6 de ladite loi, ils
seront tenus de prêter le serment de haine à la royauté et à
l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la République et à la
Constitution de l'an III. » En conséqujence, ledit citoyen Voisin
a prêté ledit serment. De quoy nous avons dressé le présent,
qu'il a signé avec nous et dont nous lui avons délivré une expé-
dition pour être affichée dans la ci-devant église de Saint-Satur^
nin de Séchaud.
« Voisin, prêtre du culte catholique. E. Yonnet. Charrier.
Constantin, président, Dérante. Richelot, notaire, »
Lft 5 fructidor an VII, certificat de vie et de résidence audit
Voisin Urbain-Jacques-François-Marie, 45 ans ; raturé : « en
religion récollet ».
(I^ 9 floréal an XI, une autre municipalité déclare que l'église
et le presbytère, non aliénés, sont en assez bon état.)
(La fin au prochain numéro,)
QUESTION
N** 800. Superstition. Hirondelles, — M. Duponl-Ferrier rend
compte dans le Journal desl^ Débals du 20 avril 1903 du récent
volume de M. Sebillot sur le Folk-Lore de la France. « Ce volu-
me, dit-il, nous laisse voir la grande place faite aux hirondelles
dans les croyances populaires. Pour peu que nous ayons l'esprit
d'observation, les hirondelles nous révéleront avec précision
ce que nous souffirons parfois d'ignorer l'avenir.
Le célibat en Saintonge , pèsc-tr-il à un jeune homme ? Vite,
sitôt que la première hirondelle sillonne le ciel, il lui suffit de
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— 400 —
regarder la semelle de son soulier. Il y tarouve, blond ou noir,
châtain ou rouge, un cheveu de celle qui doit l'aider à traverser
la vie. »
Je n'ai jamais entendu parler de cette .superstition. Darfâ quelle
partie de la Saintonge la rencontre-t-on ? V.
LIVRES ET REVUES
J. DE La Martinière, ardiiviste de la Charente, Saint Cybard,
étude critique d'hagiographie, VI^-XII* siècle,
M. de La Martinière n'a pas eu l'intention d'écrire un livre de
lecture courante : il a voulu préciser la valeur des témoignages
que nous posisédons sur la vie de saint Cybard, reclus de la ville
d'Angoulême, mort en 581.
Ces témoignages ©e divisent en quatre groupes- : P Une charte
d'affranchissement souscrite par saint Cybard, datée de 568, et
dont le texte est con&ené dans un cartulaire du XII* siècle ; 2**
Deux chapitres de Grégoire de Tours, la Vita et les Virtutes
sancli Eparchii publiés par Krusch dans les Monumenta Ger-
maniœ, la Vita sancti Amantii publiée par les Bollandistes, des
pièces liturgiques diverses ; 3^ Les récits de Grégoire de Tours,
do Fortunat et d'autres contemporains à l'aide desquels il est
possible de se faire une idée de la rélclusion à l'époque mért'o-
vingienne: 4** Des passages de VHistaria d'Adémar de Chabannes
relatifs aux dates de la naissance et de la mort de saint Cybard.
Dans un article récent sur La vie et la légende de saint Cv-
bard (1), M. Esmein, le savant profess/eur à la faculté de droit
de l'Université de Paris, avait abouti aux conclusions suivan-
tes : P La charte d'affranchissement est un document fabriqué
bien après le VI* siècle ; 2° Certains passages de la Vita sont
reproduits d'un original ancien ; 3* Les moines reclus avaient
toute liberté d'aller et de venir dans l'enceinte de leur monas-
tère ; 4* Il faut tenir compte, pour établir la chronologie de la
vie de saint Cybard des dates données par VHisloria d'Adémar
de Chabannes.
Monsieur de La Martinière démontre, semble-t-il, que ces oon-
clusions sont erronées.
(1) Bulletin de U Soc, arch. et hiti, de la Charente^ 1905-1906, p. 1-67.
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— 401 —
Une élude attentive des formes de Taffranchissement et de la
condition des affranchis sous les mérovingiens à Taide surtout
des lois barbares et des canons conciliaires, d'une part, Tono-
maslique, d'autre part, ne permettent pas de trouver aucune
trace de faux dans le texte de l'affranchissement dans l'église
tel que nous Ta conservél le eartulair^ de l'Eglise d'Angoulême.
Le témoignage de Grégoire de Tours sur saint Cybard est de
premier ordre. Quant à la Vêla, elle a été fabriquée de toutes
pièces : les nom® historiques qu'elle renferme ont été pri« par
le faus^ire qui l'a écrite dans l'acte d'affranchissement et dans
Grégoire de Tours.
« Ce qui caractérise les reclus mérovingiens c'est leur volonté,
d'une part, de ne point quitter un enclos strictement délimité,
le plus souvent leur cellule ; d'autre part, d'échapper au contact
de leurs semblables en interdisant l'entrée de leur cellule ou
mieux en se soustrayant complètement aux regards. Celui qui
veut l'une ou l'autre de ce* choses est reclus, mais incomplète-
ment ; le vrai reclus est celui qui les veut toutes d^ux à la fois ».
Les passagQs de Vllistoria relatifs aux dates de la naissance
et de la mort de saint Cybard sont des interpolations aux livres
I et II de cette chronique qui contiennent aussi d'autres interpo-
lations relatives à l'Angomnois. M. de La Martinière étudie tou-
tes ces interpolations : il démontre qu'elles n'ont aucune valeur
historique ; il ne les croit pas antérieures au XIP siècle ; il sup^
pose que plusieurs d'entre elles ont été sinon rédigées, du moins
inspirées par un évêque d'Angoulême, sans doute par Girard II
(1101-1136).
A la fin du volume le texte des chapitres de Grégoire de Tours
relatifs à saint Cybard, de la Vita et des ViriuM sancti Epar-
chii, des pièces liturgiques composées en l'honneur du saint par
Adémar de Chabannes, est imprimé à nouveau d'après les édi-
tions de Amdt et de Krusch dans les Monumenta Germaniœ ; de
Léopold Delisle, dans sa Notice sur les wanuscrits originaux
(T Adémar de Chabannes.
Annales municipales de la ville de Saintes, année 1906. Sain-
tes, imprimerie H. Chassériaud, 1907, in-8**, 305 p.-39 p., et une
table non paginée.
Ce volume contient divers documents sur la bibliothèque, le
musée, le devis des travaux à exécuter pour déblayer les arènes
(29,896 fr. 56), rapport sur le transfert du collège dans un bâli-
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— 402 —
ment neuf, création du collège de jeunes filles (traité constitu-
tif), lettre du secrétaire de la société la Libre Pensée deman-
dant que les nom,» de saints actuellement donnés aux rues de
Saintes soient remplacés par « des noms d'hommes éffninents
qui se sont signalés par le bien et le progrès de l'humanité, dans
les sciences, les lettres et les arts » les dénominations d'aujour-
d'hui étant « d'un autre âge et ne signifiant rien ». Le conseil
renvoie la pétition à la commission des foires. Budgets.
Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire, 15 juillet 1907. —
M. P. C, .relève quelques erreurs dans l'airticle de M. E. Laba-
die sur VAntiquité de Bordeaux et de Bourg, par Elie Vinet. 11
faudrait reproduire les seize pages coneacrécs à cette rectifica-
tion si nous voulions suivre l'auteur dans les détails de sa dis-
cussion. Nous ne signalerons que les points principaux.
Le premier et le plus important est de savoir si, comme l'a
cru M. Labadie, il y a eu deux « émissions » de VAntiquité de
Bordeaux, M. P. C. n'en croit rien et il explique comment Vinet
a été amené à avoir deux sortes d'exemplaire:» de son livre.
^ On se rappelle que celui-ci devait être présenté à Charles IX.
Là encore M. P. C. combat l'opinion de M. Labadie qui a pensé
que Vinet avait offert un manusorit enluminé et richement relié.
M. P. C. a remarqué que trois exemplaires sur quatre noi datés
sont réglés, et les coquilles corrigées à la main. (Parmi ces trois
exemplaires ast compris celui « d'un membre de la Société des
Archives » que M. Labadie n'a pa» connu). Ces exemplaires
réglés faisaient partie de l'édition de 1566, mais « Vinet, tou-
jours dams l'incertitude d'une visite que le bon plaisir du roi
pouvait modifier, ne put pas jusqu'au dernier moment connaî-
tre exactement le jour où elle se produirait. Ce fut la véritable
cause qui l'invita à ne pasi inscrire, conune il le fît plus tardi,
la date de cette visite sur le titre du lifvre qu'il offrait » au roi
et h sa suite. 11 ne voulut pas davantage présenter des exemplai-
res fautifs. De là, les corrections à la main (1). Enfin il les fit
régler de manière à leur donner une parure de luxe, digne des
personnages à qui il les destinait.
Après le pa'ssage du roi, Vinet « corrigea son livre, c'est-à-dire
(1) Vinet avait bien commence à faire imprimer un errata â Bordeaux,
mais il s'aperçut que cet errata <^tait fautir. N'ayant plus le temps de le refaire,
il employa la main d'un ou de plusieurs scribes.
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— 403 —
écrivit Terrala, refît la légende du plan, compléta le titre et pro-
bablement y ajouta Y Antiquité de Bourg ».
Les exemplaires non datés doivent contenir le plan avec une
légende fautive. Les exemplaires datés de Poitiers 1565, au nom
de Marnef, doivent contenir le plan de Bordeaux, deuxième lé-
gende, et le cahier de l'antiquité de Fk)urg.
M. P. C. diffère encore d'opinion avec M. Labadie sur le
point de savoir si Vinet aurait préféré commencer sa publication
par Saintes. Son premier mémoire aurait été consacré à Bourg.
Bordeaux viendrait en second irang. La première édition de
Saintes et Barbezieux est de vers 1568 et non pas de 1568.
Enfin, l'édition de V Antiquité de Bordeaux de 1574 est beau-
coup plus commune que ne le pense M. Labadie. M. P. C. estime
qu'on pourrait en dresser une liste de vingt exemplaires, tandis
que l'on ne connaît que sept exemplaires de l'édition de 1565
(les deux titres réuni®).
Ce chiffre sept appelle à son tour une rectification. Il existe, en
effet, au moins un huitième exemplaire, à Saintes. On me permet-
tra de ne pas spécifier davantage et de ne pas servir d'indicateur
aux Thomas qui fréquentent les bibliothèques privées ou publi-
ques. Par le temps que nous tiraversons, la prudence est une ver-
tu bonne à pratiquer à Vexcèp. Cet exemplaire est très beau d'ans
sa reliure primitive en f)archemin uni. Il mesure 225 mil. en
hauteur et 156 en largeur : il est daté de 1565 avec la devise
Pietate et Justitia, au verso du titre, contient Vantiquité de
Bourg et le plan en couleurs deuxième légende. Il n'est pas réglé
mais il porte à la seconde page, ligne 11, un commencement de
correction à la main des fautes typographiques. Je suis tenté de
croit^e que cette correction unique a éHé faite par un des premiers
possesseurs du livre et non pas sous les yeux de Vinet, lequel
possesseur a renoncé très vite à ce travail méticuleux de grat-
tage et d'écriture, d'abord à cause du temps très long qu'il
demandait, ensuite parce que l'effet qu'il produit est déplorable.
Vn de ces premiers possesseurs a été un Franciscus Martin
peut-être chanoine, peut-être parisien, autant qu'il est possible
de lire au travers des ratures dont deux lignes d'inscription sont
couvertes au bas de la feuille de garde au commencement du
livre. Franciscus Martin est très sûr, le reste eei difficile à lire.
Cette inscription est d'une écriture de la fin du XVP çiècle ou du
début du XVIP.
Cn. D.
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— 404 —
Congrès colonial Français de 1906. — Le rapport général lu
à la séance d'octobre du 22 juin est de notre corrffère M. Regels-
perger.
Comptes rendus des séances de rAcadémie des Inscriptions
et Belles lettres:, juillet 1907. — M. le D' Capitan et M. Ulysse
Thomas font une communication relative aux constructions
qu'ils ont découvertes autour des dolmens. Ils rappellent que
jusqu'ici ou considérait les dolmens comme isolé®. Or il exiMe
de nombreux vestiges de constructions en pierres sèdies autour
des dolmens ou tumuli du département du Gard, circonscrivant
des espaces variables de formes et d'étendue. Ces murs entou-
rent toujours des dolmens ou des tumuli : leur rapport avec les
dolmens paraît bien établi, d'où une probabilité de contempora-
néité. S'agit-il, autour des tombeaux que sont les dolmens, de
vestiges d'habitat préhistorique ou de constructions ayant un
caractère funéraire ou religieux rappelant ce qui existait dan^
les villages jadis: l'église et le cimetière au centre et les maisons
tout autour ? C'est ce que des recherches prolongées pourront
seulos dire.
Les Contemporains, l^ septembre 1907. — Dans cette livrai-
son, M"" la comtesse Roger de Cousson résume l'histoire des
Prêtres massacrés dans la prison des Carmes. Le rôle de Mgr
de Saintes y est bien mis en relief.
La livraison suivante contient la vie du colonel de Villebois-
Mareuil.
Echo de Paris, 17 juillet 1907. — La manière
Nous^ avons dit comment s'opérait la perception des impôts ;
voici maintenant, pour la « conscription », une convocation
adressée par le lieutenantr-général — quelque chose comme la
feuille de recrutement,.,
A Saintes, le 26 de may 1702.
Jo reçois à ce moment, monsieur, des ordres de M. le marquis
de Chamilly, en conséquence desquels je vous donne avis que
vous devés vous tenir prêt à monter à cheval, et à marcher au
premier ordre que vous recevrés, ou à la première allarme ; en
ce dernier cas il ne sera pas besoin d'ordres ; mais vous vous
rcndrés à Tonnay-Charante qui est le rendés-vous marqué cette
année à toute la noblesse de Saintonge.
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— 405 —
Si quand vous y serés arrivé celui qui doit commander natu-
rellemenl la noblesse n*y est pas encore rendu, vous vous choi-
sirés vous-même un commendant avec ceux de messieurs les
gentilshommes de la Province qui se seront rendus à Charante.
Il est nécessaire, monsieur, que vous meniez avec vous un
valet à cheval armé d'un fusil, avec de la munition pour tirer
dix ou douze coups, et que vous lui fassiez môme porter pour
un jour ou deux de vivres, en attendant audit lieu de Charante
les ordres de ce que vous aurez à faire.
C'est le service que le roi attend de vous, à quoy vous ne man-
querez s'il vous plaît de vous conformer ; je vous prie même
d'en avertir messieurs les gentilshommes de votre voisinage à
qui les lettres que je leur dois écrire pourroient peut-être n'être
pas rendues. J'ai l'honneur d'être avec toute la distinction que
vous méritez, monsieur.
Votre très humble et très obéissant serviteur,
(Ilïisible.)
Eludes,, revue des pères Jésuites, 5-20 juillet 1907. — Autour
des démissions épiscopales de Fan X. Il s'agit encore du con-
cordat, mais des préliminaires du concordat, des voies et moyens
de l'appliquer, de l'invitation faite aux évêques de France de
descendre volontairement de leurs sièges afin d'y installer de
nouveaux titulaires. « On les avertissait d'ailleurs que leur refus
n'empêcherait en rien qu'il leur fut désigné un successeur, lequel
entrerait, de plein droit, dans leurs charges et dignités ». Que
pensèrent les évêques de cette situation ? C'est ce que le P. Paul
Dudon nous raconte d'après des lettres inédites. Quelques-uns
étaient disposés à donner leur démission sans discussion, la
plupart voulaient une entente et une décision mûrie ensemble.
Mgr Coucy, l'évêque de La Rochelle, fut un des récalcitrants, il
fit même une vive propagande pour amener les hésitants à se
joindre au groupe des- opposants. Bref, le 23 septembre 1801,
le pape demanda aux évêques leur démission.
Quatre évêques résignèrent leurs titres, tandis que la majo-
rité, après une vive discussion, signait une lettre où elle disait
au pape : « Vous rompez le nœud sacré par lequel Dieu nous a
unis à nos églises ; il est de notre charge de ne point le laisser
rompre sans difficulté. » On a une lettre de Mgr Coucy dans
laquelle il combat les arguments de l'archevêque de Toulouse
en faveur de la démission et cherche à les réfuter (lettre du 4
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— 406 —
novembre 1801). « Je vous avoue, Monseigneur, que plus j'ap-
profondis cet événement véritablement extraordinaire, plus je
rencontre de fortes raisons d'hésiter et de craindre. Oh ! qu'il
est aisé, qu'il est même doux d'abandonner le champ de bataille,
el de laisser au chef tout l'embarras, toute la responsabilité.
Mais dans de» matières épineuses où la conscience est froissée
par des motifs pressants qui se choquent mutuellement, on ne
peut faire un reproclie à personne de suivre ce qui lui paraît se
rapprocher davantage de ses obligations : parce qu'il est évident
que ce serait les trahir que d'agir contre sa conscience.
« Cette considération. Monseigneur, a fait tant d'impression
sur moi que ma démission» (car elle est l'objet de mes vœux les
plus ardents) était prête, avant que je prévisse qu'elle devait
être exigée de tout le corps épiscopal. Mais, j'ai cru devoir la
reprendre, en quelque sorte, aussitôt que j'ai vu qu'il n'était
plus question de moi seul, mais de nous tous. »
Puis l'évêque de La Rochelle insiste avec force sur les raisons
qui seront développées, plus tard, dans le Mémoire des évêques
de Londres au Souverain Pontife... « Si les évêques sont juges
de ce qui intéresse leurs églises, n'était-il pas dans l'ordre de
leur donner quelque connaissance des moyens pris pour opérer
le bien de ces églises. ? Je ne puis convenir que le concordat ne
nous regarde pas et je puis encore moins approuver qu'on nous
fasse concourir, par notre démission, à l'exécution de ce con-
cordat qui devient suspect par le soin même qu'on prend de le
tenir secret.
« Il est hors de doute pour moi que notre démission est com-
mandée au pape par la violence des ennemis de la religion, qui
la font servir de prétexte pour nous éloigner, et qui, dans le
fait, veulent la priver par là de ses plus fermes appuis. Ils ne
veulent que consolider leur injuste usurpation. C'est pour cela
qu'ils ont tout mis en usage, promesses, menaces, hypocrisie,
séduction, pour surprendre la religion, du pape. Et lorsque les
évêques voient le piège, il leur serait permis de se tenir dans les
bornes d'un respect silencieux ? A qui appartient-il d'éclairer le
pape ou du moins de lui faire des représentations, si ce n'est aux
évêques ? Est-il môme nécessaire qu'ils aient la certitude pour
avertir ? Ne suffit-il pas qu'ils aient un doute fondé ? »
Elargissant la question encore, Coucy ajoute :
« Cette cause regarde l'épiscopat et toute la catholicité »
Avec une fierté de gentilhomme, le prélat se défend d'agir par
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— 407 —
aucune vue temporelle. La crainte de manquer des biens de ce
monde ne saurait « influer que sur une âme vénale. Quand on
croit faire son devoir, on ne craint rien et on s'abandonne à la
Providence ».
Voilà qui peint bi^n cet homme qui voulut « pendant de lon-
gues années être évéque malgré le pape et le gouvernement
français », naais M. P. D. raconte une anecdote qui achève de
donner sur l'état d'esprit de cet évêque la notion parfaite d'un
convaincu exalté, d'un fidèle irréductible aux traditions et d'un
idéologue.
« Dans les loisirs forcés de Guadalaxara, où il vivait ses jours
d'exil, l'évêque avait dressé le plan compliqué d'une pieuse
image, destinée à rappeler aux catholiques persécutés par la
Révolution la fidélité due aux traditions nationales et au credo
des ancêtres. La Sainte Trinité et les vertus théologales, le péli-
can symbolique et la Vierge, les -sept sacrements et les saints
patrons et patronnes de la France figurent, axi milieu des nuées,
dans les hauteurs de cette estampe originale, tandis qu'au bas
on voit le pape à genoux sur un rocher qui domine la mer en
furie, et, au pied d'un édifice chancelant, le roi de France, dont
les attributs souverains sont renversés et vont disparaître dans
les flots. Des textes de l'Ecriture,, des invocations suppliantes
sont semés parmi tousi ces souvenirs de la religion et de la patrie.
Le deuil et la confiance s'y mêlent : du tombeau et des urnes, où
sont renfermés les restes des évêques et des princes tués par les
jacobins, monte le cri qui appelle la miséricorde : Audi, Domine,
orationem mortuorum Israël.
Quand l'abbé Brumault de Beauregard, revenant de Cayenne,
passa à Guadalaxara, en novembre 1800, Coucy lui donna trois
cents de ces gravures. Le voyageur, regagnant la France, n'était
pas sans inquiétude sur le sort que ferait la douane à ces em-
blèmes séditieux. Au moment de franchir la Bidassoa, il déclara
que sa malle contenait du chocolat. On le laissa passer sans
autre forme de procès. L'abbé répandit partout les souvenirs de
son ami (1).
Malheureusement, cette diffusion d'une estampe, si abondante
(1) {Mémoires de Mgr Brumault de Beauregard, t. II, p. 586). D'autres que
les revenants de la Guyane savaient que Tëvèque de La Rochelle avait mis
dans une image symbolique tout son cœur de fils de TEglise et de serviteur
de la monarchie. Et ils disaient dans leurs lettres que ces précieux dessins
< faisaient fortune ».
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— 408 —
qu'elle fut, n*<»mpêchail pas Louis XVIII d'être en Russie dans
rimpuissance et Bonaparte d'être, en 1802, le maître de la
France. Mgr Coucy ne sut pas s'en rendre compte. Lorsque Bru-
mault de Beauregard lui montra à Guadalaxara quelques arti-
cles de la négociation entamée à Paris entre Bemier et Spina,
le vieil évêque n'y voulut point croire. Le concordat signé, il lui
fallut bien se rendre à l'évidence. Mais il continua à vivre dans
son rêve, raide et aveugle en face des faits pour lui inexistants.
Le Mois littéraire el pittoresque d'octobre 1907. — M. G. Gour-
don y publie un petit poème moyenâgeux, La mort de Bègue de
Bélin.
Poitiers Etudiant (n** 58, 1907) insère une légende aunisienne,
le Château de Nuaillé d*Aunis, par M. J. Robert, instituteur en
retraite, qui prépare une monographie de Nuaillé. Cette légende
est le récit fidèle des méfaits connus du serpent Nua, du combat
du chevalier Linstan contre lui, sans embellissements ni char-
mes nouveaux.
Revue de VAgenais, juillet 1907. — M. Ph. Queyron publie
un article sur la Gavacherie de Monségur (arrondissement de
La Réole).
Dans la vallée du Drol, petit affluent de la Garonne, à quel-
ques kilomètres de La Réole, il existe depuis la fin du XV* siè-
cle un îlot de langue d'oïl, enclavé dans les idiomes méridionaux
se rapprochant de ceux de l'Agenais et de la Dordogne. Cette
enclave de langue étrangère au pays est appelée Gavacherie et
les habitants sont dénommés gavaches ou marots par leurs voi-
sins gascons. Leur parler offre de grandes analogies avec les
patois saintongeais et poitevins actuels.
Depuis longtemps on a recherché l'origine de cette anomalie
et on s'est demandé d'où elle pouvait provenir. M. Queyron
résume les opinions des auteurs qui, depuis l'abbé Baurein en
1785, dans «es Variétés Bordeloises, se sont occupés de la ques-
tion.
Tous admettent que le nom de gavache signifie étranger avec
un sens injurieux ou de mépris. Et ce sont des Saintongeais, des
Poitevins qui se le sont attirés ! Dumoulin écrivait en 1823 :
« Ce sarcasme est toujours usité dans la limite de la Saifitonge
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— 409 —
cl de la Gascogne, et encore aujourd'hui, un Sainlongeais qui
passe dans le pays où Ion parle le patois gascon, y est à Finstanl
traité de gavache (1). »
Il y a deux opinions sur Torigine de ce mot :
Gavache, gabaï, en gascon, gavaud au delà de la Loire.
Gabacho, en espagnol, est un même mol qui partout a un sens
injurieux.
Dumoulin a expliqué, en s'appuyanl sur la tradition, comment
il s'est implanté dans le bassin du Drot. D'après lui, la peste,
dès l'année 1573, aurait exercé de grands ravages dans cette
portion de l'arrondissement de La Réole, jusqu'en 1527. Plus
de la moitié de la population fut emportée et les terres restaient
incultes. Henri d'Albrel, roi de Navarre, le mari de Marguerite
d'Angoulême, s<rur de François 1*% qui» possédait les seigneu-
ries de Castelmoron et autres, eut l'idée de repeupler le pays
en faisant venir des Saintongoais, des Angoumoisins, des Ange-
vins. Ces étrangers, mal vus par les gens du pays, auraient reçu
le nom de gavache.
Les différents auleurs qui ont eu à parler de ces régions ont
adopté l'opinion de Dumoulin.
Léo Drouyn a modifié un pou cette opinion. Il admet bien
l'émigration, mais il lui donne une aulre cause. Il croit à une
longue et lente infillration de gens de langue d'oïl dans les con-
trées dévastées, non plus à la suite de la peste, mais par la
guerre de cent ans. La peste n'aurait fait qu'augmenter les
ruines : elle n'en serait pas la cause première.
Dès 1456, c'est-à-dire trois ans après l'expulsion des Anglais
du Bordelais, les sei.i?neurs de la Basse-Guyenne et les abbés des
monastères, voyant leurs terres incultes faute de bras, firent
publier dans la Saintonge, l'Angoumois, le Poitou, le Périgord,
le Limousin, jusque dans le Héarn, qu'ils avaient de vastes
domaines à donner en fief.
L'abbé de La Sauve, celui de Blazimont, réussirent à attirer
sur leurs domaines des laboureurs et des tenanciers, grâce aux
grands avantages qu'ils offraient.
Léo Drouyn cite, en effet, à l'appui de sa thèse, une quantité
d'actes du dernier quart du XV' siècle où figurent des hommes
(1) Dans ce même ordre d'idée nous appelons chemineau un homme étran-
ger au pays, qui voyage en demandant l'aumône ou de Touvrage dans les
campagnes.
BullMin. 27
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— 410 —
originaires du diocèse de Saintes, ou bien nés en Poitou, ou en
Limousin. Ils prenaient à fief nouveau des étendues parfois con-
sidérables, 100 jusqu'à 300 journaux, sur lesquels ils s'enga-
geaient à bâtir une maison. Les gens du pays se contentaient des
terres qu'ils avaient l'habitude de cultiver.
Les descendants de ces tenanciers étrangers se reconnaissent
à leurs noms étrangers à l'idiome gascon, et ils parlent encore
aujourd'hui un idiome mi-français mi-gascon. Ces étrangers,
qui furent très nombreux, plus nombreux que les habitants
autochtones, furent mal vus, mal reçus ; de là le nom injurieux
de gabaï, gavache, qui leur fut donné.
Il paraît que celte émigration, commencée vers 1456, se con-
tinua jusqu'en 1646 à Blazimont.
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L*auteur a tiré sa monographie des Registres de la Jurade, la correspon-
dance des Jurats et les ordonnances du Gouverneur et de l'Intendant de la
province, tous documents publiés par les Archives historiques de U Gironde,
mais qui gagnent à être groupés et condensés.
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page 401 :
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C'est le tirage à part de Tarlicle paru dans la Uevue^ augmenté
de quelques pages.
Dauphin (Fernand). Odes à voix basse. La Rochelle, Imprime-
rie Nouvelle Noël Texier ; Paris, librairie Sansol, 1907, in-16.
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autorisation dans la généralité de Guienne au XVIII* siècle,
transcrits par M. le docteur G. Martin. Mâcon, imp. Protai
frères; Bordeaux, libr. Féret, 1907, in-4% 136 p.
DiJRET (Ed.). Voyages en France de F. Martin (1784-1751).
Rochefort, imprimerie Thèze, in-8, 1907, 10 pages, sans couver-
ture. (Extrait du Bulletin de la Société de géographie de Roche-
fort.)
M. Durel a exirait d'une relation en quatre volumes parue vers 1817 cer-
tains passages intéressant la Saintonge et TAunis. Il f&t toujours bon de
connaître l'impression des anciens sur notre pays. Martin déclare (en 1784)
Saintes mal pavée, mal peuplée, mal bâtie, le? rues y sont tellement étroites
qu'une charrette et une voiture ne peuvent se croiser. Le pont est chargé
d'un arc de triomphe sur le mérite duquel les avis sont très partagés. L'am-
phithéâtre excite sa galté. Il est déçu, il croyait trouver autre chose.
GiRAUDiAS (E.). Sonnet, 1867-1907. Une feuille in-8^ S. D. im-
imftrip. Giiittf>t. 1907.
primerie Guitlet, 1907
Grand almanach du laboureur, contenant les foires et marchés
des Deux-Sèvres, de la Charente, de la Charente-Inférieure et
de la X'ienne i>our 1907. Niort, imprimerie Chiron, in-16, 71 p.
avec gravures.
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Regismanset (Charles). Philosophie des parfums. La Rochelle,
Imprimerie Nouvelle Noël Texier; Paris, librairie Sansot, 1907,
petit in-12, 80 p.
Réveillaud (Eug.). La séparaiion des Eglises et de VEiai.
Paris, librairie Fischbascher, 1907, in-18.
On aurait tort de se fier aux titre et sous-titre de ce çros petit livre. Trop
généraux ils ne veulent pas dire ce qu'ils disent, ils ne nous apportent nulle-
ment une histoire de la Séparaiion. L'heure est encore prématurée et M. R.
n'est peut-être pas Thomme désigné pour un tel ouvrage, parce qu'ou-
vrier « assidu A et c dévoué » de la loi, il n'aurait pas l'mdépendance de
jugement nécessaire à une histoire de cette sorte qui doit être avant tout
fidèle, vraie et impartiale. Il n'y a pas pensé d'ailleurs. Il ne s'occupe que
det premières pages de cette histoire. Il s est proposé de réunir un « assemblafire
de matériaux en vue du monument ■ à élever. C'est un résumé des prélimi-
naires de la loi, de la discussion des articles où les interruptions, les amende-
ments et les discours de l'auteur — (qu'il qualifie sans conviction, j'en suis
sûr, du terme absolument inattendu sous sa plume, d'élucubrations et mani-
festations oratoires) — sont reproduits in extenso pour répondre aux vœux
d'un grand nombre de ses électeurs qui en ont cependant déjà dévoré une
édition. Bis repetita placent.
La partie inédite de ce livre est un précis historique qui est une charge à
fond contre le pape — appelé grand fétiche — et les jésuites dont le général
reçoit le nom de taïkoun..., le reste à l'avenant.
id, R... fait remonter la première séparation des églises et de l'Etat au
règne de Gratien, en 382, dans le but, sans doute, de démontrer que Vhistoire
est un étemel recommencement. C'est précisément pour cette raison que les
catholiques sont convaincus, avec M. R... et le prophète, que t l'orgueil
marche au devant de l'écrasement », et que l'église catholique, sortie régénérée
une première fois de l'exil et du sang verra une nouvelle restauration éclatante
dans un temps que Dieu seul connaît.
Richard (Gaston). Les feuilles de tremble, poésies. La
Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texier ; Paris, librairie
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caines, littéraire, agricole et commercial, 1" armée, n** 1, 22 juin
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Semaine (La) charentaise, journal commercial donnant les
ventes et liquidations, locations, demandes et offres d'emplois,
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(Ligue contre l'immoralité publique et privée), tenu à La
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Nouvelle édilicni revue par le docteur Caufeyron. Paris, librairie
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Nouvelle Noèl Texier ; Paris, librairie Sansot, petit in-12, 96 p.
V
Zeller. Das Seerecht von Oleron nach der handschrift Troyes
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43 p. (Texte français et traduction allemande mol à mot).
M. Zeller vient de donner un nouveau texte d'après le manus-
crit 5350 de la Bibliothèque nationale de Paris.
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r^Ts?^
SOMMAIRE DU 1*' OCTOBRE 1907.
Ans ET rrouvBLLgs ; Distinctions honorifiques ; Dons ; Congrès ; Inaugura-
tions de monuments et de musëe ; Clocher de Marsilly classé ; Aliénés ; Syn-
dicat dinitiative.
Notés d'Atat crviL. — • I. Décès : M"*« Joly d'Aussy ; M"« de Bremond d'Ars;
M. Rodanet; M. Troche; M. J. Laurent.— II. Jfa n'aies: deDampierre-de Gon-
taud-Biron ; Derueîle-Poulet ; Rousseau-Marchand; Vieux-Lavoux.
PnOGRAHMB DU CONGIlès DBS SOCIBT és SAVA^XTES.
Varibt^ : Excursion de 1907^ parX.; Documents sur U fabrication des
épingles à Barbezieux et à Cognac, par M. J. Pelisson ; Fouilles aux puits de
Toulon, par M. L. Massiou ; Sainte Véronicfuey par D. Darley ; Le clergé de
la Charente -Inférieure pendant la Révolution (suite), par P. Lemonnier.
Questions et nÉPonsfis. — Réponse: Deluse.
LrvREs ET revues : La^ Française (chanson saintongeaise) ; Coutume d'Ole-
ron ; Souvenirs de Jean Bouhier; Avis de répartiteur r
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société, qui paient par an une cotisation de 13 francs.
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