Les auteurs sont chez eux dans les librairies indépendantes, et nous avons souhaité, à l'occasion de l'anniversaire de la loi Lang, donner la parole à ces amoureux des livres et des mots.
Depuis 40 ans, le prix unique du livre permet de conserver un cercle vertueux unique : les auteurs et leurs éditeurs enrichissent les tables des librairies d’une grande diversité de textes, les libraires se font passeurs afin de mettre ces écrits entre les mains des lecteurs. Clients assidus, fidèles ou préférant la pluralité, et surtout amis de la librairie, les auteurs qui ont participé aux tournées de LINA nous parlent du lecteur / de la lectrice qu’ils.elles sont, et de leur lien indéfectible à la librairie. Notre invité est aujourd’hui Didier Daeninckx.
Né en 1949, à Saint-Denis, Didier Daeninckx a exercé pendant une quinzaine d’années les métiers d’ouvrier imprimeur, animateur culturel et journaliste localier. En 1984, il publie Meurtres pour mémoire dans la « Série noire » de Gallimard. Il a depuis fait paraître une trentaine de titres, dont Le roman noir de l’histoire en 2019 aux éditions Verdier.
Je lis pour le plaisir : dernière pépite Kentucky straight de Chris Offut conseillé par l’ami François Place.
Je lis pour le boulot : récemment L’affaire Brierre, un crime insensé à la Belle époque de Alain Denizet.
Je lis les bouquins des potes : Hautes conspirations de Thierry Maricourt.
Je lis des manuscrits pour y poser un regard, une préface : Le régisseur de Jeanne Desaubry.
J’ai toujours eu besoin d’une librairie à portée de main. À Aubervilliers où j’ai habité sept décennies, elle se trouvait à 100 mètres et a pris un jour le joli nom des « Mots Passants ». J’ai déménagé à Fontenay sous Bois il y a 18 mois et quinze jours après mon emménagement « La Flibuste » a ouvert ses rayons pour inonder le quartier du soleil des mots. Première vitrine en hommage aux éditions Verdier !
Je suis assez déterminé dans ce que je veux (dernière commande : le gros volume sur la Commune de Michel Cordillot aux éditions de l’Atelier). J’ai été libraire pendant trois mois à Paris, rue Lafayette à l’enseigne de l’Arc-en-Terre. Un projet longuement réfléchi avec deux copines. J’avais juste un problème, je n’osais pas demander aux clients qu’ils règlent leurs achats. J’ai donc arrêté avant la catastrophe.
Un rôle essentiel de même que les professeurs de littérature et d’histoire qui ont porté mon premier roman à la Série Noire, il y a près de 40 ans. Je n’ai que de bons souvenirs des centaines de rencontres organisées dans les grosses structures (Mollat, Ombres Blanches, les Fnac de la bonne époque, etc.) ou les antres minuscules à ambiance de veillées tenues par des passionnés comme la plus petite librairie de France, une quinzaine de m2 dans un village parsemé de ruines touristiques ou cette autre perchée au deuxième étage d’un immeuble après 25 marches à gravir qui lui ont donné son nom.
