Avant-propos : L’article que vous vous apprêtez à lire est le premier que je poste sur ce blog. Si vous venez du futur, bravo, vous êtes un brillant archéologue d’Internet. Tout ça pour dire que j’écouterai toutes les remarques, constructives, et les conseils que vous pourriez avoir pour moi. Merci d’avance et bonne lecture !

Une planète bleue, en rouge

Imaginons que je vous demande le point commun entre Maupassant, Stephen Baxter, Florence Hinckel, Jean de la Hire et Tolstoï, vous me répondriez … ? Mars, bien entendu !

Nouvelle question surprise, vous auriez du réviser, que se passerait-il si l’on faisait se rencontrer les envahisseurs Martiens de Wells et le plus brillant des détectives londoniens … ? Simulacres Martiens, bien entendu !

Les Martiens ont donc pris le contrôle de notre belle planète depuis maintenant dix ans et, en cette belle journée, le vice ambassadeur de Mars en Grande Bretagne (Gruvlax-Xenda Schmee de son petit nom) descend de son tripode pour venir se présenter dans les appartements de l’illustre Sherlock Holmes et du Dr.Watson. L’heure est grave, extrêmement grave, Delph-Smanx-Arapna (estimé philosophe s’il en est) a été assassiné sur Mars de la plus terrible des manières et seul Sherlock Holmes a le pouvoir de résoudre ce mystère.

« Je viens vous inviter, vous et votre ami, l’estimable Dr Watson, à venir sur Mars en tant qu’invités de marque. »

Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue qui anime la centaine de pages de Simulacres Martiens, de peur de vous gâcher les multiples surprises et rebondissements de l’histoire car il y en aura. Soyez en certain.e.s !

Élémentaire, mon cher Gary-Gygravlax !

J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à lire et relire les enquêtes de Sherlock Holmes et cette impression, satisfaisante s’il en est, de mettre les pieds dans de bonnes charentaises dès les premières pages du récit m’ont mis dans les meilleures dispositions pour entamer la lecture. Et, pour tout vous dire, la suite ne m’a pas déçu, car OUI, Simulacres Martiens est un vrai bel hommage à Wells et Doyle. Eric Brown (à qui l’on doit quelques excellents romans et nouvelles de SF que je chroniquerai probablement un jour par ici) a parfaitement compris comment écrire une enquête efficace de Sherlock Holmes et, de toute évidence, comment réussir à l’imbriquer dans l’univers iconique de La Guerre des Mondes.

Néanmoins, penser que Simulacres Martiens n’est qu’un pastiche, voire une fanfiction, serait une grave erreur car on en oublierait qu’Eric Brown est un grand auteur de Science-Fiction. Deux fois gagnant du Prix British Science Fiction et auteur de quelques nouvelles parmi les plus plaisantes qu’il m’ait été donné de lire (notamment dans le fix-up Les Ferailleurs du Cosmos, chez le même éditeur), bref. Eric Brown n’en est pas à son coup d’essai et cela se ressent. Le texte est bien équilibré, la lecture en est fluide (on félicitera ici Michel Pagel pour son travail qualitatif) et c’est avec un plaisir jamais dissimulé que l’on dévorera ce petit roman et qu’on le refermera, admiratif une fois encore du talent d’Eric Brown pour nous surprendre et nous amuser.

Au passage, j’ai énormément apprécié les quelques clins d’œil disséminés ça et là, au fil du récit, et qui ont le bon goût de ne pas entraver sa fluidité ni de l’alourdir. Notons par exemple la présence de Georges Bernard Shaw et G.K Chersterton, que l’on s’amusera à voir grimer en manifestants « Anti-Martiens » ou encore la présence d’un drôle de bougre que j’ai eu un immense plaisir à retrouver ici : George Edward Challenger, dit le Professeur Challenger. Apparu pour la première fois dans Le Monde Perdu, Challenger se présente comme un homme grossier, brutal et doté d’un sens du spectacle dont lui seul a le secret. Bref. Un anti-héros absolu mais qui, dans l’horreur qu’il inspire, parvient à être tout à fait divertissant. Il est à mon sens l’un des personnages les plus charismatiques créés par Arthur Conan Doyle et, d’ailleurs, le protagoniste principal des ses quelques œuvres sciences-fictionnesques.

Pour conclure

Je ne saurai vous en dire beaucoup plus de peur, une fois encore, de vous spoiler quelques éléments du livre. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé Simulacres Martiens et je ne peux que chaudement vous le recommander. Si ce petit roman n’a évidemment pas le génie absolu de L’Homme qui mit fin à l’histoire, ni la virtuosité de Molly Southborne (tous deux édités dans la même collection), il se révèle néanmoins extrêmement efficace et prenant. Un très bel hommage à la « pop-culture victorienne » et à nouveau une belle réussite pour Eric Brown !

Anecdotes :
– Eric Brown n’est pas le premier à s’être essayer à l’écriture d’un Sherlock Holmes contre les Martiens. En 1975 est paru « Sherlock Holmes’s War of the Worlds » de M.W Wellman, un récit mettant en scène Holmes et Watson alors même que les Martiens débarquent sur notre planète.
– Les extraits audio auxquels vous pouvez avoir accès en cliquant sur les gros titres proviennent des albums We Have You Surrounded (Diryt Bombs,2008) et Jeff Wayne’s Musical Version of The War of the Worlds (Jeff Wayne,1975), tous deux extrêmement recommandables.
– Une première enquête de Sherlock Holmes par le même auteur, avec des Martiens, est également disponible en France. Vous la trouverez dans le n°105 de la revue Bifrost qui, à l’heure où je vous parle, est encore disponible à la vente.

Informations pratiques :
Simulacres Martiens est un roman d’Eric Brown, édité aux éditions du Bélial’ dans la collection Une-Heure-Lumière. Traduit par Michel Pagel et illustré par Aurelien Police, il est trouvable dans toutes les bonnes librairies indépendantes ainsi que sur le site de son éditeur pour la modique somme de 9.99€ … de quoi vous offrir un voyage pour Mars et le Londres de Sherlock Holmes à moindre prix.

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