Toutes les séries de André Hardellet
Au sommaire de ce numéro :
Le Recrutement de ARCADIUS
Colomb de la Lune de René BARJAVEL
Fond sonore de Marcel BATTIN i de Jacques BERGIER Pierre VERSINS
Monsieur, Madame et la petite bête de Hervé CALIXTE
Five o'clock sélénite de Michel CARROUGES
Le Baiser de la vie de Francis CARSAC
C'est du billard ! de Philippe CURVAL
La Vana de Alain DORÉMIEUX
L'Heure du départ de Michel EHRWEIN
La Nuit du 24 avril de Clarisse FRANCILLON
Chapitre 13 de Fernand FRANCOIS
Pêcheurs de lune de Charles HENNEBERG
Prima Donna de Michel JANSEN
L'Observateur de Gérard KLEIN
La Chose de Ilka LEGRAND Alec SANDRE
Le Piège de Jean-Claude PASSEGAND
Le Règne des Plusieurs de Kurt STEINER
Bonnes vacances ! de Jacques STERNBERG
Escale en permanence de Jean-Paul TOROK
Le Réfractaire de François VALORBE
Araignées dans le plafond de Claude VEILLOT
Soyez bons pour les animaux de Julia VERLANGER
L'Autre de Bruno VINCENT
Tous les livres de André Hardellet
" Mon bouquin intitulé Oneïros raconte d'abord l'histoire d'un garçon qui cherche avec obstination - puérile si l'on veut : il a vingt ans - ce qu'il y a derrière les apparences. Puis il comprend une suite de mélanges - je ne sais trop comment appeler cela, ce ne sont pas exactement des poèmes en prose - composés plus tard par le narrateur lorsqu'il possède assez de recul et de lucidité pour faire le bilan de ses souvenirs, de ses rêves : virées en banlieue et dans les bals musette, contact avec l'insolite, figures des années de "la belle lurette", descriptives de songes, paysages qui s'emboîtent soudain dans l'irréel. [...] Je ne sais pas si tout ça tient debout : je sais simplement qu'il me fallait fixer certaines images sur les plaques sensibles de l'imagination [...] " Cet ouvrage est composé de vingt-trois textes, dont onze sont inédits.
Source : http://www.decitre.fr
«Vous raconterai-je la jeunesse des roseaux et des mares ? Vous dirai-je les déambulations nocturnes des statues qui changent de socle au clair de lune ?Nous explorions les balcons et les toits où l'on pénètre dans des flaques de musique inexprimable. De haut et de loin, nous apercevions le Guet, si ridiculement pesant qu'il devait renoncer à l'espoir de nous atteindre jamais. Le vin puissant de la tristesse nous faisait chanter. Nous mettions les filles à mal en exigeant l'Olympe dans leurs yeux, dans leurs reins. Puis, redescendus sur le pavé, nous nous battions au poignard contre les assassins de l'aube, les peaux-rouges surgis de coupe-gorge atroces.Mais le plus souvent, nous nous contentions de regarder n'importe quoi - des promesses par exemple. C'est un art subtil où nous étions passés maîtres.»André Hardellet.
Les trois recueils réunis dans ce volume permettront de découvrir Hardellet poète et son registre d'éveilleur populaire. Avec lui la poésie chante (il est l'auteur du célèbre Bal chez Temporel), elle passe par les rues et les nuits pour y trouver sa gouaille et son trouble. La Cité Montgol est à la fois un lieu peu fréquentable, et pourtant fraternel et magique, le lieu où le poème s'invente librement, hors de toute référence et de toute révérence. C'est cet écart, cette marginalité, cette façon vagabonde de traverser le champ littéraire qui séduit.
Lourdes, et lentes. Prenant bien leur temps pour reluire et faire reluire. Nourrices, mères, sœurs. Pleines de lait, de sécrétions, d'organes mous. Les autres, les maigres, les rapides, retournez à vos enfers étroits.
Germaine était lourde, lente.
Je vais employer des mots sales. Il le faut. Il faut que je vous tire de votre sommeil et de votre hypocrisie, que je vous explique comment ça se passe.
Gueulez au charron, ameutez les pouvoirs publics tant que vous voudrez, mais accordez-moi ceci : je reste encore bien en deçà de vos divertissements cachés, de vos ballets oniriques.
« Mes contemporains s'agitent beaucoup, luttent pour conquérir des planètes, car cette terre ne suffit plus à leurs espiègleries. Ils engendrent des révolutions, des Gales inédites, des robots presque infaillibles, des armes instantanées et surtout des lois sans fissure : leurs lois d'hommes libres. [...]Les circonstances me contraignent parfois à un dur rétablissement sur la barre fixe sociale. J'en prends mon parti mais sors de là fourbu, stupide, dépaysé comme un émigrant dans une contrée dont il ignore les mœurs et le langage. Alors, quand il me faut réintégrer ma place dans ce monde de contrefaçons et que je m'interroge sur ce qui s'est passé, les mêmes mots qu'au début de cette histoire s'enchaînent tout naturellement : je revenais d'un long voyage à l'étranger. »
. - Étendez-vous sur le divan.
Masson obeit.
- N'ayez aucune crainte. décontractez-vous. Pensez à un événement qui coincide avec votre désir. Pensez-y comme s'il allait survenir. Regardez le reflet des disques dans le miroir, le plus loin possible Que choisissez-vous ?
- Je voudrais. dit Masson... je voudrais revenir à Vincennes devant le coucou. Les petites fenêtres s'ouvraient au-dessus du cadran
Le jour tombait.
Swaine embraya le moteur. A l'étage supérieur. Mme Broute, qui reprisait un jupon, tressauta. La froide et muette figuration géométrique se mit en marche Elle produisait un tournoiement d'astres grisâtres. monotone. dans la fausse perspective des miroirs. La voix de Swaine prit une fermeté inattendue.
- Ne résistez pas Vous étes à Vincennes. dans votre maison Vous ne l'avez jamais quittée. Regardez bien les miroirs. Les murs apparaissent, vous êtes là, vous n'avez pas cessé d'y être. Le coucou va sonner.
Les paroles semblaient venir du fond d'un cloitre, à peine plus distinctes qu'un murmure de prières. Le peintre eut le temps de se rappeler une phrase où il était question d'un salon et d'un lac, puis il passa sur l'autre versant de la conscience.