Tous les livres de Laurent Laurent
Etre libre, Laurent Laurent refuse les mirages du monde moderne.
Mais lorsqu'il lui prend l'idée saugrenue de chercher du travail, il découvre la réalité de la vie de bureau. "Bonjour, monde cruel !"
Si ce roman-piège est un immense éclat de rire, il dénonce sans circonlocutions les aberrations du système libéral.
A force de ne rien faire, on se réveille un jour avec l'énergie d'un jeune bûcheron. Séance tenante, on irait abattre un arbre ou refonder le monde. Mais par où commencer ? C'est ainsi que Laurent Laurent décide un beau matin de rénover son appartement.
Son chantier sera total ou ne sera pas. Il subira les sarcasmes des habitués du bar d'en face, la lâcheté de ses amis intermittents du spectacle, la sournoiserie des vendeurs de produits de bricolage et même la rébellion des outils.
Il croisera le doute, la fatigue et la faim. Mais il vaincra, aussi, de façon très personnelle, avant de poursuivre sa quête métaphysique dans d'autres magasins...
Dans les papeteries, par exemple, à la recherche d'une recharge pour stylo Bic à quatre couleurs. Mais c'est une autre histoire...
Y-a-t-il une dynamique de l’arrêt ?
Peut-on s’arrêter trop, d’un coup, et se laisser emporter dans cet élan immobile au-delà du raisonnable ? Devant l’imminence d’une explosion générale, l’arrêt majeur ne représente-t-il pas un choix politique de vie ?
Pour Laurent, ces questions sont plus que jamais à l’ordre du jour. Mais ses amis rapprochés, Frichoux, Bibienne, Métromane ou Vénéfride, n’y entendent rien. Ils continuent. Tout. Comme des sots.
Dès lors, Laurent engage une course contre cette montre dont les aiguilles semblent immobiles. Il entreprend un voyage systématique dans l’arrêt… Une quête effrénée dont Hérondine, nouvelle venue dans le groupe, pourrait se révéler l’ultime et insaisissable objet.
Un humour nerveux s’écoule de cet étrange roman, servi par une langue inimitable et déroutante.
« À l'âge où j'écris ce livre, je ressens une grande lassitude, un abattement. Je me suis rendu compte en écoutant pour la millionième fois "le plus grand chanteur français encore vivant" que je suis las, parce qu'immergé depuis toujours dans la variété française, cet éther de rengaines atroces. Impossible de se garder des oeuvres des plus grands ringards de tous les temps. Ils sont venus à bout de mon corps. »
C'est sur ce constat de défaite que Laurent Laurent, plus drôle, plus caustique, plus malicieux que jamais, s'attaque au mal absolu que représente à ses yeux la variété française, cette «punition sonore». S'estimant la victime d'un complot fomenté, entre autres, par des producteurs peu regardants et des «artistes» à durée illimitée qui nous infligent leur come-back gériatrique tous les deux ans, il dresse un état des lieux consterné, brosse des portraits au vitriol, aligne les anecdotes comme autant de paires de claques.
D'Aznavour à Cloclo, de Johnny à Sardou, de Mylène Farmer à Caria Bruni ou Vincent Delerm, sans oublier l'accordéon, c'est toute la variété française de ces cinquante dernières années qui est revisitée au lance-flammes. Il y en aura pour tout le monde ! Dommages collatéraux, le cinéma [La Boum), la politique (la droite) ou les grands shows médiatiques (le Paris-Dakar) sont également aspires dans la (sani)broyeuse. Un régal !
On en vient presque a remercier la variété française d'avoir suscité un tel livre, provocateur et hilarant, grinçant et faussement détaché, petit bijou de méchanceté drôle et d'humour assassin. Un vrai peloton d'exécution. Pour une fois, gloire a celui qui tire !