Minh Tran Huy

Un très bon roman qui met en scène des personnages qui ressentent le besoin de partir: à pied ou par leur esprit. Ils ont besoin de partir parfois pour des raisons réelles et nécessaires ou sans forcément savoir ce qu'ils cherchent.

Ce sont des histoires qui m'ont beaucoup marqué et touché. Je pense que l'auteur a peut être mis des références autobiographiques.

Une belle histoire d’amour enveloppait de touche de douceur Ogawaienne ou Murakamienne. Il est question d’histoires de souffrance, de silence, d’abandon et d’exil résultant de guerre. Un récit rempli d’émotions, de contes vietnamiens, de la valeur de notre origine, de son emprise aussi. Je prendrais d’autres écrits de cet auteur « hors pair ».

Excellent !

Lecteur, prépare-toi, dans ce récit qui s’apparente à une étude, l’auteure a l’air de s’adresser à toi à la seconde personne du singulier. Ce n’est pas le cas et tu le comprendras très vite… Le procédé rend le récit vivant jusqu’à ce qu’on s’y habitue… Quoi qu’il en soit, elle explique que dans l’actualité, le fait divers intéresse, intrigue, suscite la curiosité et elle s’interroge sur ce que littérature et fait divers se doivent mutuellement.

A quelle période parle-t-on pour la première fois de fait divers ? Où prend-il naissance ? Que signifie l’expression ? Quel rapport le fait divers entretient-il avec la littérature... Aux questions que l’on se pose, Minh Tran Huy, répondra, éclairera…

Bien souvent à l’origine d’un crime, le fait divers a inspiré les auteurs de romans. D’abord oralisé, le fait divers sera su plus tard par le biais de l’écriture : article, journal, roman-feuilleton, roman populaire, roman policier, poésie, roman naturaliste, roman surréaliste...

Le fait divers offre aux auteurs qui s’en inspirent la possibilité de s’interroger sur la justice et la société, celle encore de remettre sur le devant de la scène des affaires authentiques, édulcorées.

Le livre regorge d’anecdotes, d’exemples, le fait divers ayant inspiré tant d’auteurs, de romanciers et de poètes. Entre étude et essai et bien qu’il fasse un peu « catalogue », ce livre, écrit par une auteure d’origine vietnamienne, reste très enrichissant et nous prouve que le fait divers a traversé les siècles et les époques. Que d’auteurs cités, que d’oeuvres énumérées, que d’affaires rappelées... je salue l’immense travail de recherche (si l’on s’en réfère à la bibliographie), et d’analyse, l'impressionnante culture littéraire.

C’est un livre qui intéressera forcément les amoureux de littérature, un sujet bien ciblé sur le rapport des écrivains au fait divers.

Une succession de contes tous plus intéressants que les autres ! c'est un recueil qui nous fait voyager !

Minh Tran Huy a le don d’illustrer avec brio et force efficacité l’importance capitale de la part d’ombre , de secrets , de mensonges par omission ou négligence , qui peut marquer une existence humaine .Dans La double vie d’Anna Song, l’héroïne se voyait attribuer des enregistrements imaginaires pour asseoir une réputation d’instrumentiste parfaitement usurpée .Le rôle de la famille y était primordial .C’est également le cas dans son nouveau roman Les Inconsolés , titre inspiré par le poème de Gérard de Nerval El Desdichado : « Je suis le Ténébreux, -le Veuf, -l’Inconsolé. »

Ce roman , qui met en scène Louis Vanel un jeune homme issu de la haute bourgeoise promis à un brillant destin de directeur d’une structure financière .Il a tous les codes de la puissance et de l’aisance matérielle , présente depuis toujours ;il fréquente Éric, fils d’un ancien ministre de l’Economie, Gaspard, fils lui aussi d’un haut fonctionnaire ancien président du MEDEF ,Annabelle Baron, fille d’un capitaine d’industrie et accessoirement possesseur d’un empire médiatique .Du beau monde que Bourdieu aurait classé spontanément dans la catégorie des héritiers .Lise est une condisciple de Louis au Lycée Henri IV , à Paris, haut lieu de la sélection sociale mais aussi d’une certaine méritocratie républicaine . Elle est d’origine vietnamienne, et ses parents ont fui ce pays, y laissant un atelier consacré au traitement de la laque pour meubles. Minh Tran Huy introduit d’emblée une dissymétrie entre les deux protagonistes, l’un pourvu de la légitimité, du pouvoir, de la puissance, l’autre en proie à des interrogations douloureuses sur sa famille : les liens de son père avec une certaine Lan, employée de la laquerie ou objet caché de l’amour de celui-ci ? La sœur de Lise, Liane, semble être la préférée pour leur mère, la plus autorisée à s’exprimer, la plus légitime.

Le charme de ce roman est de naviguer constamment entre le genre du triller et le conte de fées , en n’omettant pas de mettre en évidence le caractère ambivalent de la vie et d’une relation amoureuse , d’une confrontation entre deux êtres .Ce qui frappe dans cette description fine de l’évolution de leurs relations, c’est la multitude de causes qui peuvent corrompre une relation, l’endommager gravement , la pervertir .Ainsi, au début du roman, Louis et Lise lient-ils conversation en échangeant leurs avis sur Le temps de l’Innocence d’Edith Wharton, roman décrivant l’abandon par le personnage principal Archer du projet d’un mariage d’amour. C’est un malentendu qui s’installe entre eux, et qui va croître tout au long du récit. Un autre point, influençant grandement la psychologie des personnages est là, légitimité. Lise souffre car elle ne sent pas légitime, comme immigrée d’origine, comme femme d’extraction modeste, comme amoureuse en proie à une insécurité affective. Seule, Bà, sa grand-mère, lui apporte : « Seule ma grand-mère m’aimait comme j’aurais aimé que ma mère m’aimât : ni plus, ni moins que Liane. « Bà, » comme nous l’appelions, consacrait toute son énergie à prendre soin de nous en l’absence de nos parents, nous enveloppant toutes deux d’une tendresse inconditionnelle. »

Cette question de la légitimité, Lise la ressent à l’égard de ses parents, forcément moins légitimes, car la vie a déjà distribué les atouts : la fragilité pour les parents de Lise, le caractère précaire de leurs acquits ; l’assurance de toujours posséder le monde pour les parents de Louis ; la certitude pour ces derniers « qu’ils valaient, avaient valu et vaudraient toujours mieux qu’eux. »

C’est à une démonstration éclatante de vérité que nous convie Minh Tran Huy : une relation est toujours entachée par les malentendus, les différences d’origine, les acquis culturels. Elle n’est rien moins qu’évidente, toujours mise en danger par les blessures de l’enfance, difficiles à guérir, les non-dits. Minh Tran Huy nous rappelle avec une grande subtilité que les relations humaines sont empreintes de confusion parfois, d’incompréhension, souvent, et peuvent devenir paroxystiques.

Un roman dérangeant, par sa forme et son dénouement.

Lu en 2018. Un récit tout en sobriété et sensibilité, ponctué de belles références littéraires et de contes traditionnels vietnamiens. Une plume introspective et poétique.

Une émouvante histoire de rencontre et de quête d'identité, de pudeur et de non-dits, de drames et de mélancolie. Deux adolescents, aussi fusionnels que dissemblables, avec un passé qui les hante tous deux différemment : les racines, le poids du secret, la douleur de l'exil, l'horreur de la guerre, l'impossible deuil...

J'ai bien aimé lire ce livre, à la dernière phrase j'ai eu les frissons.

C'est vrai que les moments passés avec les gens qu'on a le plus aimé

on aimerait bien qu'ils durent une éternité.

Un témoignage très dur sur la réalité d'élever un enfant autiste notamment en France. La franchise de l'autrice vous marque et permet de bien prendre conscience du problème de l'autisme qui pourtant en fait pas trop de vague.

https://saginlibrio.over-blog.com/2022/09/un-enfant-sans-histoire-de-minh-tran-huy.html

Je découvre l'autrice par son témoignage poignant de la vie qu'est la sienne et son mari depuis l'arrivée de leur petit ange Paul.

Entre le moment de la petite enfance où les parents se rendent compte qu'il y a un souci avec le développement de leur enfant et le diagnostic implacable, souvent des mois voire des années s'écoulent avec son lot d'interrogations, d'espoirs, de découragement, de regain d'énergie.

Sans jamais tomber dans l'excès d'émotions, l'autrice conte en parallèle la vie incroyable de Temple Grandin, dont la mère a tout fait pour que sa fille acquiert un minimum d'autonomie. Cela lui permettra de faire une carrière époustouflante tout en se portant en avant pour expliquer ce que représente son autisme.

La maman du petit Paul voudrait croire qu'à force de stimulations les progrès seront acquis... rien n'est moins sûr, chaque autiste est différent, et rien ne permet à l'heure actuelle de dire qui pourra être autonome ou pas. Cette vérité, ils l'ont compris au fur et à mesure du grandissement de Paul. Le leur ne sera pas un grand ingénieur, encore faudrait-il qu'il puisse parler.

Les étapes de l'évolution de leurs émotions sont finement retranscrites, ainsi que l'état actuel des aides aux parents d'enfants autistes. Par rapport au Canada, aux USA ou à certains autres pays européens, la France est très en retard sur la prise en charge autre que celle proposée notamment l'internement en HP alors que ces enfants n'ont rien à y faire. Ils ont une autre perception du monde, il faudrait prendre cela en compte pour les encadrer et les aider à comprendre le monde qui les entoure et leur permettre d'y évoluer à leur rythme. Des avancées restent à faire, en s'appuyant sur les pays dans lesquels des solutions ont été testées et fonctionnent.

Un livre courageusement écrit, l'autrice se met à nu avec sa plume très douce.

Enjoy!

Le livre est un récit autobiographique de Minh Tran Huy qui traite de l’autisme et plus particulièrement du combat des parents pour élever et scolariser leur enfant en France. Elle nous apprend d'ailleurs que la France a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour Européenne pour défaut de prise en charge de l’autisme.

Minh Tran Huy alternent les chapitres entre ceux de Temple Grandin et ceux de son fils Paul, nés à des époques différentes. Le parallèle permet de mettre en évidence que La France a beaucoup de retard dans la prise en charge de l'autisme.

Temple est née à Boston en 1947. Sa mère se refuse à la placer dans un institut. Elle est convaincue que Temple peut apprendre à parler et à gagner en autonomie. Sa fille ira finalement à l’université et aura un avenir exceptionnel.

Paul est quant à lui né en 2013 à Paris. Lorsque le diagnostic tombe, l'autrice et son mari vont alors commencer un parcours difficile pour que Paul soit pris en charge et est les mêmes chances que Temple. L’autrice espère que son fils arrivera à parler et aura la même trajectoire que la célèbre autiste.

Malgré le sujet important, j’ai eu une lecture mitigée. J’ai trouvé la double temporalité inégale. J’ai eu l’impression que les chapitres sur Temple étaient plus longs, plus riches et consistants. Il y a toutefois des passages ennuyeux comme la zootechnie qui est évoquée avec beaucoup trop de détails.

La partie sur Paul est différente. Elle se consacre davantage sur le parcours de l'autrice en tant que parent cherchant à faire accepter Paul dans différents programmes de prise en charge. J’ai perçu cette partie comme une succession d’énumérations de situations de vie d’autistes, de protocoles et d’accompagnements pédagogiques. J’ai trouvé ces passages très longs et redondants. On sent que c’est un réel parcours du combattant mais on ne perçoit que peu le ressenti profond de l’autrice. Finalement, les conséquences psychologiques et physiques ne seront admirablement évoquées que dans les deux derniers chapitres.

Une lecture en demi-teinte sur un sujet si important.