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Toutes les séries de Samuel Beckett

3 livres
79 lecteurs

" Je suis dans la chambre de ma mère ". Ainsi commençait la première page d'un roman publié à Paris en janvier 1951. L'auteur était un Irlandais inconnu qui écrivait en français. La presse saluait aussitôt l'apparition d'un grand écrivain : " Si l'on peut parler d'événement en littérature, voilà sans conteste un livre événement " (Jean Blanzat, le Figaro littéraire). L'avenir allait confirmer ce jugement. Dès l'année suivante paraissait, du même auteur, En attendant Godot, une pièce qui allait faire le tour du monde et même éclipser quelquefois ce premier roman. Et pourtant, Molloy reste un livre majeur dans l'oeuvre de Samuel Beckett.

Tous les livres de Samuel Beckett

L'attente comprend deux phases, l'ennui et l'angoisse. La pièce comprend donc deux actes, l'un grotesque, l'autre grave. Préoccupé de peu de choses hormis ses chaussures, la perspective de se pendre au seul arbre qui rompt la monotonie du paysage et Vladimir, son compagnon d'infortune, Estragon attend. Il attend Godot comme un sauveur. Mais pas plus que Vladimir, il ne connaît Godot. Aucun ne sait au juste de quoi ce mystérieux personnage doit les sauver, si ce n'est peut-être, justement, de l'horrible attente. Liés par un étrange rapport de force et de tendresse, ils se haranguent l'un et l'autre et s'affublent de surnoms ridicules. Outre que ces diminutifs suggèrent que Godot pourrait bien être une synthèse qui ne se réalisera qu'au prix d'un anéantissement, Didi et Gogo portent en leur sein la répétition, tout comme le discours de Lucky, disque rayé qui figure le piétinement incessant auquel se réduit toute tentative de production de sens. Cette pièce composée en 1952, quinze ans avant que Beckett ne soit couronné par le prix Nobel de littérature, est un tour de force qui démontre les profondeurs que peut atteindre un langage en apparence absurde. --Sana Tang-Léopold Wauters

'Dans 'Fin de partie' il y a déjà cette notion d'immobilité, cette notion d'enfouissement. Le personnage principal est dans un fauteuil, il est infirme et aveugle, et tous les mouvements qu'il peut faire c'est sur son fauteuil roulant, poussé par un domestique, peut-être un fils adoptif, qui est lui-même assez malade, mal en point, qui marche difficilement. Et ce vieillard a ses parents encore, qui sont dans des poubelles, son père et sa mère qu'on voit de temps en temps apparaître et qui ont un très charmant dialogue d'amour. Nous voyons deux êtres qui se déchirent, qui jouent une partie comme une partie d'échecs et ils marquent des points, l'un après l'autre, mais celui qui peut bouger a peut-être une plus grande chance de s'en tirer, seulement ils sont liés, organiquement, par une espèce de tendresse qui s'exprime avec beaucoup de haine, de sarcasme, et par tout un jeu.' Roger Blin

« Après avoir étudié à Cork, Murphy, être tourmenté natif de Dublin, vit maintenant à Londres avec Célia, une Irlandaise dont le métier s'exerçait sur le trottoir. Célia a abandonné son activité et Murphy, quant à lui, n'exerce aucun métier, la notion même de travail étant radicalement contraire à sa nature. Oisif acharné, il n'aime rien tant que d'être harnaché dans un fauteuil à bascule et s'y bercer longuement. Cela apaise son corps et lui permet alors de vivre dans son esprit : " abîme inintelligible " et " sphère pleine de clarté, de pénombre et de noir ". Une exploration qui lui procure un tel plaisir " que c'était presque comme une absence de douleur ". Cependant leurs maigres économies vont s'amenuisant. Répugnant à regagner le trottoir, mais menaçant de le faire, Célia entreprend de persuader Murphy de trouver un travail. En voulant à tel point changer son homme, elle va le perdre. Aiguillonné par la peur de voir s'éloigner Célia, et grâce à sa rencontre avec un étrange " poète de cabaret " infirmier à ses heures, Murphy trouve enfin un emploi d'infirmier dans un asile d'aliénés, ce qui lui convient à bien des égards. Les malades lui inspirent de l'envie, échappés qu'ils sont du " fiasco colossal " ils connaissent, eux, le " paradis des cellules matelassées ".

Murphy a laissé en Irlande une bande de " très chers amis " à qui il a fait des promesses de retour, voire de mariage en ce qui concerne une demoiselle Counihan parmi eux. Ce groupe hétéroclite et cocasse est bien décidé à retrouver sa trace. Nous serons entraînés dans les péripéties de leur enquête et de leurs rencontres insolites, comme dans le dédale savoureux de leurs sentiments, chacun d'entre eux aimant un être qui en aime un autre. Une comédie des erreurs qui s'harmonise parfaitement avec le récit du destin de Murphy, lui-même héros d'une comédie des erreurs jusqu'après sa mort.

Murphy est un roman extravagant, drôle, bouillonnant, à la frontière de la dérision et de l'humour. Le style de Samuel Beckett s'y pare de mille facettes, il est parfois baroque et saugrenu, souvent empreint d'une lumineuse poésie, toujours sensible et captivant. »

L'histoire en elle même n'a pas de réelle importance, écrit Beckett :

"Je ne sais pas pourquoi j'ai raconté cette histoire. J'aurais pu tout aussi bien en raconter une autre. Peut-être qu'une autre fois je pourrai en raconter une autre. Ames vives, vous verrez que cela se ressemble."

La nouvelle, datée de 1945 n'a été publiée qu'en 1970. Samuel Beckett l'a composée directement en français.

Ecrit à la premier personne, d'un trait lapidaire, ce Premier amour est magnifique et déchirant.

Cette nouvelle raconte la rencontre d'une prostituée et d'un homme déclassé et leur liaison orageuse.

« Se voir dans un miroir, voilà une confrontation immédiate avec soi-même relativement banale et, d'ordinaire, assez fugace.

Le protagoniste de La Dernière bande va se livrer à une confrontation avec lui-même autrement troublante. " Viens d'écouter ce pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans, difficile de croire que j'aie jamais été con à ce point-là. " Chaque année, le jour de son anniversaire, Krapp enregistre un compte rendu détaillé de son état et de ses agissements durant l'année écoulée. Chaque fois, il écoute l'une ou l'autre des bandes enregistrées des dizaines d'années auparavant, et il la commente. C'est dans cet éternel retour à son passé que réside maintenant sa seule lumière. Krapp, qui jadis déclarait ne plus rien vouloir de ce qu'il avait vécu, ne peut aujourd'hui exister que s'il parvient à être de nouveau ce qu'il fut : " Sois de nouveau, sois de nouveau. " Il lui faut surtout être encore celui qui, " quand il y avait encore une chance de bonheur ", a vécu un instant d'amour. »

Comment c'est est un roman de Samuel Beckett, publié en français en 1961 et en anglais en 1964.

Faisant suite à la trilogie romanesque (Molloy, Malone meurt et L'Innommable), Comment c'est présente une fiction et un style qui comptent sans doute parmi les plus extraordinaires de la République des lettres.

Un narrateur raconte au lecteur l'histoire de sa vie, qu'il a découpée en trois parties qui sont intimement liées à sa rencontre avec un de ses semblables, qu'il appelle Pim : « comment c'était avant Pim », « comment c'était avec Pim » et « comment c'est après Pim ».

C'est d'abord une reptation solitaire dans la boue et le noir, le narrateur traînant avec lui un sac en jute dans lequel il transporte ses vivres. En avançant à tâtons dans la boue, il découvre ce Pim, avec qui il passe une longue période au cours de laquelle il entreprend de communiquer avec lui, il le torture pour le faire parler. Puis se retrouvant à nouveau seul, à ramper dans la boue, il s'interroge sur son existence, sa vie, Pim, les autres, etc. Dans cette troisième période d'immobilité solitaire, il entend — et il répète, c'est le texte que nous lisons — une voix, dans un style fragmenté fait de bribes de phrases.

Doté d'un style exigeant et d'une anecdote des plus abstraites, Comment c'est constitue peut-être le chef d'œuvre de Beckett dans le domaine du roman.

« le jardinier coupe les têtes mortes de son rosier s'il veut qu'il soit florissant. Les pétales recueillis continueront à offrir leur parfum. Ainsi de l'écrivain qui confie à la publication ce qui a fleuri sous sa plume, puis va poursuivant son œuvre. »

Mercier et Camier nous invitent au voyage. La contrée qu'ils vont parcourir, une île jamais nommée, est parfaitement reconnaissable. C'est l'Irlande, merveilleusement décrite ici, avec ses landes de bruyères, les jetées de ses ports lancées vers le large pour enlacer la mer, ses sentiers parmi les tourbières, les écluses du canal de Dublin, tout un paysage si cher à Samuel Beckett et si souvent présent en filigrane dans toute son œuvre. Le but du voyage de Mercier et Camier n'est guère précis. Il s'agit " d'aller de l'avant ". Ils sont en quête d'un ailleurs qui, par nature même, s'abolit dès qu'il est atteint. Leurs préparatifs ont été extrêmement minutieux, mais rien ne se passe tout à fait comme prévu. Il faut d'abord parvenir à partir ce qui n'est jamais une mince affaire. Il faudra ensuite rebrousser chemin pour moins mal se remettre en route derechef. Il pleuvra énormément tout au long du voyage. Ils n'ont qu'un seul imperméable à se partager et, après maints efforts, leur parapluie refusera définitivement de s'ouvrir. Leur unique bicyclette va bientôt être réduite à peu de chose : on a volé les deux roues. Cependant, mille embûches ne peuvent les faire renoncer à quitter la ville. Mercier et Camier vont nous entraîner par monts et par vaux, et d'auberges en troquets où le whisky redonne courage. C'est qu'il faut du courage pour affronter leurs rencontres souvent périlleuses avec des personnages extravagants, cocasses ou inquiétants, voire hostiles, au point qu'un meurtre sera commis. De quiproquos en malentendus, de querelles en réconciliations, ainsi va le constant dialogue entre Mercier et Camier qui devisent et divaguent chemin faisant. Mercier et Camier sont unis dans l'épreuve et, si différents que soient leurs caractères, ils semblent à jamais indissociables. Cette solidarité survivra-t-elle aux péripéties du voyage ? Où vont-ils aboutir et peuvent-ils demeurer inchangés au terme d'une pérégrination si mouvementée ?

Comme un thème que propose un compositeur, auquel les interprètes musiciens peuvent apporter toutes sortes de variations personnelles, c’est un thème que Samuel Beckett nous propose dans Le Dépeupleur. Il crée avec une rigueur mathématique et géométrique un microcosme totalement clos, un « cylindre surbaissé » qu’il peuple d’une foule d’êtres captifs. Il y fait régner des castes, des hiérarchies très précises, et des lois extrêmement rigoureuses. Pour autant, l’interprétation du thème reste ouverte et c’est même dans la multiplicité des lectures qu’il suscite que réside son infinie richesse.

Recueil de textes courts dans lesquels S. Beckett tente d'épurer au maximum le langage pour exprimer ce qui est dit par-delà les mots.

« Fasciné par le principe du philosophe irlandais Berkeley selon lequel « être c’est être perçu », Samuel Beckett l’applique ici, dans Mal vu mal dit, à l’acte d’écriture. Si le décor – un cabanon situé dans la caillasse d’une lande irlandaise – est relativement facile à planter car la nature, les couleurs, les objets, se laissent percevoir et décrire, comment peut-on percevoir les êtres ? Va-t-elle se laisser voir, se laisser dire, ou bien va-t-elle demeurer indicible, cette vieille femme vêtue tout de « noir immaculé », qui ne quitte sa masure et ne s’aventure à fouler l’herbe grise que pour aller visiter une tombe d’un « blanc hurlant » ? Avec quel regard parvenir à la saisir ? Un conflit s’instaure entre pensée et vision, entre ce que voit, ou croit voir l’œil ouvert, acharné, aux aguets, et ce que voit l’œil enfin fermé, paupières closes pour que puissent naître les « chimères » lorsque « l’œil couve sa pitance. Assoupi dans son noir à lui ». Tantôt la vieille femme est immobile, vue sous tel ou tel angle précis, comme soudain figée par l’objectif d’un photographe ; tantôt elle est parcourue d’un frémissement, ses lèvres se meuvent en un sourire infime, la voici alors douée du mouvement que seule lui confère la pensée de celui qui la crée. Ces deux regards possibles s’embrument parfois et se troublent comme se trouble aussi le rythme des mots lorsqu’ils cherchent à cerner ces insaisissables que sont le réel et son « contrepoison » : l’imaginaire ».

"Aux limites de la poésie et du théâtre, des personnages de fin du monde manifestent leur épuisement, qui est aussi celui du langage."

Comédie. Pièce en un acte pour trois personnages, écrite en anglais (daté « 1963 »). Première publication : Play, dans Play and Two Short Pieces for Radio, Londres, Faber and Faber, 1964. Pré-publication de la traduction française par l'auteur dans Les Lettres Nouvelles, numéro de juin-juillet-août 1964.

* Va-et-vient. Dramaticule pour trois personnages, écrit en anglais (daté « 1965 »). Première publication : Come and Go, Londres, Calders and Boyars, 1967. Traduction française par l"auteur.

* Cascando. Pièce radiophonique pour musique et voix, musique de Marcel Mihalovici, écrite en français (daté « 1963 »). Première publication (en français) dans Dramatische Dichtungen, Band I, Frankfurt, Suhrkamp Verlag, 1963.

* Paroles et musique. Pièce radiophonique, musique de John Beckett, écrite en anglais (daté « 1962 »). Première publication : Words and Music, dans Evergreen Review, vol. 6, n°27, novembre-décembre 1962 ; repris dans Play and Two Short Pieces for Radio, Londres, Faber and Faber, 1964. Traduction française par l’auteur.

* Dis Joe. Pièce pour la télévision, pour un personnage et une voix, écrite en anglais (daté « 1965 »). Première publication : Eh Joe, dans Eh Joe and Other Writings, Londres, Faber and Faber, 1967. Pré-publication de la traduction française de l’auteur dans Arts, n°15, 5-11 janvier 1966.

* Acte sans paroles I. Mime en un acte pour un personnage, avec musique par John Beckett, écrit en français (daté « 1956 »). Première publication aux Éditions de Minuit, avec Fin de Partie, en 1957.

* Acte sans paroles II. Mime pour deux personnages et un aiguillon, écrit en français (daté « 1959 »). Première publication (en français) dans Dramatische Dichtungen, Band I, Frankfurt, Suhrkamp Verlag, 1963.

* Film. Scénario du film de 22 minutes en noir et blanc, sans dialogue, réalisé à New York par Alan Schneider, pendant l’été 1964, avec Buster Keaton dans le rôle principal. Projet original écrit en anglais (daté « 1963 »). Première représentation : Festival du film de Venise, août 1965. Première publication : Film, dans Eh Joe and Other Writings, Londres, Faber and Faber, 1967. Traduction française par l’auteur.

* Souffle. Intermède écrit en anglais en 1968. Première publication : Breath, dans la revue Gambit, vol. 4, n°15, 1969 ; repris dans Breath and Other Shorts, Londres, Faber and Faber, 1971. Pré-publication de la traduction française de l’auteur dans Les Cahiers du Chemin, n°12, avril 1971.

* Comédie (France, 1965), adaptation cinématographique de Marin Karmitz, Jean-Marie Serreau et Jean Ravel, avec Delphine Seyrig, Eléonore Hirt et Michael Lonsdale

Ce recueil réunit les poèmes que Samuel Beckett a écrits en français depuis 1937.

TABLE DES MATIÈRES : elles viennent - à elle l'acte calme - être là sans mâchoires sans dents - Ascension - La Mouche - musique de l'indifférence - bois seul - ainsi a-t-on beau - Dieppe - Rue de Vaugirard - Arènes de Lutèce - jusque dans la caverne ciel et sol - bon bon il est un pays - Mort de A. D. - vive morte ma seule saison - je suis ce cours de sable qui glisse - que ferais-je sans ce monde sans visage sans questions - je voudrais que mon amour meure - hors crâne seul dedans - Comment dire - mirlitonnades.

Pas

* Pas. Écrit en anglais en 1974. Première publication : Footfalls, Londres, Faber and Faber, 1976. Première publication de la traduction française de l'auteur aux Éditions de Minuit, en 1977, sous forme d"une plaquette au tirage limité, et dans le numéro de septembre 1977 de la N. R. F.

* Fragment de théâtre I. Écrit en français (daté « années 60 ? »). Première publication dans la revue Minuit, n°8, 1974.

* Fragment de théâtre II. Écrit en français (daté années 60 ? »). Première publication dans la revue L’Herne consacré à Samuel Beckett, n°31, 1976.

* Pochade radiophonique. Écrit en français (daté années 60 ? »). Première publication dans la revue Minuit, n°16, 1975.

* Esquisse radiophonique. Écrit en français (daté « vers 1962-1963 »). Première publication dans la revue Minuit, n°5, 1973.

« Qui est donc cette femme en haillons qui pas à pas arpente la scène en " ressassant tout ça ” ? On peut croire tout d'abord qu'elle se nomme May et qu'elle dialogue avec sa mère mourante dont la voix provient d'une pièce voisine. Mais ce n'est peut-être pas seulement de cela qu'il s'agit. Samuel Beckett, usant de noms miroirs en anagrammes, brouille les pistes. May serait-elle de fait cette Amy qu'elle évoque ? Est-ce la mère qui se nome Amy, qui elle aussi va et vient sans cesse en “ haillons gris blanc ”, et qui dialoguerait à son tour avec sa propre mère Madame W. ? Ailleurs, Samuel Beckett écrit : “ Oui, j'ai été mon père et j'ai été mon fils... ” Ici, May est-elle devenue la mère de sa propre mère dont c'est alors l'enfance a rebours comme il advient à l'approche de la mort ? De long en large et retour, le trajet que May suit, toujours le même, trace le signe de l'infini : le sens du temps est aboli, de génération en génération les filiations s'inversent, se brouillent. Passé et avenir, ce qui fut, ce qui fut seulement imaginé, ce qui sera, ce qui seulement aurait pu être : “ tout ça ”, infiniment ressassé, est infiniment présent.

Cette femme sans identité et sans âge incarne la mémoire qui, de toute éternité, suit pas à pas le dédale douloureux, incertain et fascinant de tous les présents possibles et impossibles. »

Edith Fournier

Traduit de l'anglais par Edith Fournier. Extraordinaire mise en mots, en littérature, de l’exténuation, l'oeuvre de Samuel Beckett est ainsi, encore, paysage, attente et désir d’horizon. Lue sous cette lumière, elle ne peut plus, en aucune manière, être assimilée à la traduction imagée, ornée, romanesque pour tout dire, d’une pensée du désespoir, d’une morale mélancolique ou cynique élégamment balancée.

Cap au pire est la traduction – la recréation faudrait-il écrire, tant la version française d’Edith Fournier est convaincante – d’un texte écrit en 1982 et publié l’année suivante, en anglais, sous le titre Worstward Ho. Encore : premier mot du livre et de tout ce qu’écrit Beckett. Premier et aussi dernier mot, qui reste suspendu à la fin de la phrase, de la page ou du souffle, quand tout semble dit et que le langage, comme le sol, se dérobe, quand l’épuisement gagne, a gagné.

À partir de cet encore, la langue cependant se délie, se reconstitue, quitte à nouveau ce port de silence qui n’est jamais le bon, apprend à nouveau, apprend à dire encore à partir de rien, ou de si peu... Un corps peut-être, d’abord, ou bien d’abord le lieu. Non. D’abord les deux. Et le langage reprend, se reprend, apprend à vouloir dire encore et ce corps et ce lieu... Écoutez. Lisant, écoutez cette voix dénudée, ce chant très pur, comptine tout autant qu’épopée, ce chant qui est l’un des plus bouleversants encore de la littérature.

Pièce radiophonique en un acte pour onze personnages, écrite en anglais en 1956. Première publication : All That Fall, Londres, Faber and Faber, 1957 / New York, Grove Press, 1957. Pré-publication de la traduction française de Robert Pinget dans Les Lettres Nouvelles, n°47, mars 1957.

Pièce en un acte pour une bouche, écrite d'abord en anglais puis traduite en français par Samuel Beckett lui-même, Not I est un "monologue-syphon", une spirale de mots qui semble aspirer l'existence de la comédienne toute entière...

Nouvelles écrites en anglais entre 1926 et 1933. Première publication : More Pricks than Kicks, Londres, Chatto and Windus, 1934.

« Samuel Beckett a vingt ans lorsqu'en 1926 il découvre dans la Divine comédie de Dante, parmi les personnages du " Purgatoire ”, un certain Belacqua condamné pour son extrême indolence. Ce personnage le séduit et il l'adopte comme héros de toute une série de récits dont l'écriture se prolonge jusqu'en 1932. Au cours de ces années où il termine à Dublin ses études universitaires, voyage en France, en Italie et en Allemagne, et séjourne deux années à Paris en tant que lecteur à l'École normale de la rue d'Ulm, Samuel Beckett tient en quelque sorte le journal des pérégrinations et des pensées de Belacqua. En 1932, il a accumulé ainsi un matériau littéraire important dont il décide de composer un roman puis un recueil de dix récits. Ce sera d'une part Dream of Fair to middling Women, qu'il parachève à Paris en 1932, et d'autre part le recueil Bande et sarabande dont il rassemble les éléments et qu'il parachève à Dublin en 1933. Ce recueil paraîtra en mai 1934 chez Chatto Windus à Londres (sous le titre More Pricks than Kicks), où il recevra un accueil favorable. La jeune république d'lrlande qui, dans son catholicisme exacerbé, a établi une censure tatillonne et féroce, interdira le livre à partir de 1935 et jusqu'en 1952. Comme l'œuvre de Joyce, celle de Samuel Beckett lui semble sentir le souffre.

Samuel Beckett a choisi de situer les récits de Bande et sarabande en Irlande. Il est le peintre précis et sensible de la ville de Dublin et de ses environs, comme de la vie qui s'y déroule (Dublin et ses environs ont si peu changé depuis soixante ans qu'aujourd'hui encore on peut y suivre dans le moindre détail les pas de Belacqua). Cette contrée, “ le plus délicieux petit giron de terre que vous ayez jamais vu ”, avec ses paysages, ses jeux de lumière, sa faune et sa flore, deviendra pour Samuel Beckett l'épure d'une topologie intérieure que l'éloignement n'effacera jamais, rémanence si forte qu'elle abolit même la nostalgie.

L'œuvre la plus ancienne de Samuel Beckett que les Français connaissent depuis que l'auteur l'a traduite en 1947, c'est le roman Murphy, écrit entre 1934 et 1937, publié en 1938, où déjà une évolution s'est produite dans l'écriture. Bande et sarabande permet aujourd'hui au lecteur français de découvrir l'étape précédente. »

Écrit au début de 1945, à l'occasion des expositions d"Abraham et de Gerardus van Velde respectivement aux galeries Mai et Maeght. Première publication sous le titre La Peinture des Van Velde ou Le Monde et le pantalon, dans la revue Les Cahiers d’Art, 1945-1946, avec six reproductions noir et blanc d’Abraham van Velde et neuf de Gerardus. Son titre vient d’une plaisanterie reprise en 1957 dans Fin de partie et cité en exergue :

LE CLIENT : Dieu a fait le monde en six jours, et vous, vous n’êtes pas foutu de me faire un pantalon en six mois.

LE TAILLEUR : Mais, Monsieur, regardez le monde, et regardez votre pantalon.

Si Samuel Beckett assiste souvent aux discussions du groupe des artistes et des écrivains qui s’est formé, à Paris en 1947, autour de la revue de langue anglaise Transition que dirige Georges Duthuit, il n’aime guère y prendre directement part. C’est davantage dans une correspondance suivie, et au cours de conversations en tête à tête avec Georges Duthuit, qu’il se livre à un échange d’idées sur l’art en général et la peinture en particulier. En 1949, Samuel Beckett résume ces nombreux échanges et les transpose en trois dialogues imaginaires sur Tal-Coat, Masson et Bram van Velde. Ce recueil est paru en 1998, traduit de l'anglais en partie par l'auteur, en partie par Edith Fournier.

Résumé :

Traduit de l'anglais et présenté par Edith Fournier.Inédits en français, ces poèmes ont été écrits entre 1930 et 1976. Au cours d?un demi-siècle, le style de Samuel Beckett évolue considérablement dans sa poésie comme dans toutes les autres formes de son ?uvre. Le jeune poète des années trente ? qui fréquente les dadaïstes et les surréalistes, même s?il n?adhère pas à leur doctrine ?, adopte un style baroque, excentrique, où s?expriment sa culture et son exubérance. Puis, peu à peu, l'écrivain abandonne toute emphase et atteint l?extrême dépouillement. (E. F.) TABLE DES MATIÈRES : Peste soit de l'horoscope - On rentre, Olga - Précepte - Cascando - Aboulez ! - Saint-Lô - déni d'effroi - Rondeau - là-bas.

Oh les beaux jours : pièce en deux actes pour deux personnages, écrite en anglais entre 1960 et 1961. Traduite en français par l'auteur en 1962. La première représentation, avec Madeleine Renaud dans le rôle de Winnie et Jean-Louis Barrault dans celui de Willie, eut lieu en septembre 1963 au Festival du Théâtre de Venise, où elle remporta un immense succès. Fin octobre 1963, la pièce fut reprise par ces mêmes acteurs à Paris au Théâtre de l'Odéon. Elle a figuré ensuite durant de très nombreuses années au répertoire de la Compagnie Renaud-Barrault.

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