L’oncle Silas – Sheridan Le Fanu

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Uncle Silas: A tale of Bartam-Haugh

Editions : Wordsworth

ISBN : 978-1840221718

418 pages

In Uncle Silas, Sheridan Le Fanu’s most celebrated novel, Maud Ruthyn, the young, naïve heroine, is plagued by Madame de la Rougierre from the moment the enigmatic older woman is hired as her governess. A liar, bully, and spy, when Madame leaves the house, she takes her dark secret with her. But when Maud is orphaned, she is sent to live with her Uncle Silas, her father’s mysterious brother and a man with a scandalous–even murderous–past. And, once again, she encounters Madame, whose sinister role in Maud’s destiny becomes all too clear.

With its subversion of reality and illusion, and its exploration of fear through the use of mystery and the supernatural, Uncle Silas shuns the conventions of traditional horror and delivers a chilling psychological thriller.

Dix ans et trois tentatives, voici ce qu’il m’a fallu pour venir à bout de ce livre. Pourtant, il n’est pas particulièrement long. Mais ce n’était pas encore son heure. Il aura fallu un confinement pour qu’elle arrive. Ce qui assez drôle, étant donné le sentiment d’oppression qui émane de ce livre, et qui m’a peut-être empêché, jusque là, de le terminer.

La première tentative était en français, puis j’ai dû rendre le livre. Comme je tenais particulièrement à le terminer pour des raisons qui me restent obscures, j’ai fini par l’acheter, dans feu la librairie anglophone de Strasbourg. Et il faut dire que ce n’était pas l’idée la plus… efficace pour en venir à bout. La langue étant loin de celle à laquelle je suis habituée, lisant pus de livres récents, dans un anglais propre et aseptisé. L’anglais de Sheridan Le Fanu est très propre aussi, mais l’argot de son époque, qu’il retranscrit très bien, est loin de celui dont j’ai l’habitude, et j’ai cherché longtemps, en vain, ce que « baint » pouvait bien signifier. De plus, il retranscrit également l’accent français de Madame de la Rougierre, ce qui a encore rendu ma lecture plus malaisée et l’a considérablement ralentie.

J’ai également rencontré un autre souci, j’ignore s’il vient de mon état de concentration générale à ce moment, de mon inattention aux détails, trop occupée à essayer de comprendre les mots, mais j’ai souvent eu l’impression de n’avoir que des brides d’informations, comme si j’avais sauté des pages entières, ou si j’avais oublié les 10 pages que je venais de lire. Alors, parfois, j’avais la foi et je recommencé ces 10 dernières pages, à la recherche de la clef qui me permettrait de comprendre ce qu’il se passait. Pour rester aussi bête qu’avant. J’avais l’impression constante que ce roman était entouré d’une brume cotonneuse qui m’empêchait de tout comprendre. J’ai mis ça sur le dos de la langue, de mon manque d’habitude à lire un anglais « daté », de ma lassitude face à certains passages très « jeune fille niaise », comme se décrit la narratrice elle même à l’heure des évènements du livre.

C’est finalement en refermant le livre et en méditant sur sa conclusion que j’ai compris que je n’avais rien raté. Nous suivons une narratrice qui vit l’histoire de l’intérieur. Elle est naïve, immature pour son âge et l’assume totalement. Nous n’avons que son point de vue. Elle se laisse balloter par les autres personnages et les évènements, est tenue à l’écart de toutes les décisions, un peu comme une poupée de chiffon, et ne se rend compte de rien avant le dénouement final, à quelques dizaines de pages de la fin, là où est concentrée toute l’action, tout le reste étant assez contemplatif. Les trous dans l’histoire, le mystère qui entoure son oncle et sa gouvernante, l’apparente incohérence des choix de ses antagonistes, ce sont ceux qu’elle-même à perçus, c’est ce qu’elle a vu. La narration n’a pas cherché a combler ses trous avec le recul -Maud nous parle de cet épisode plusieurs années plus tard-, pour plonger le lecteur dans le même brouillard qu’elle à l’époque. Ce qui est plutôt réussi et justifie totalement sa notoriété et sa place dans la Bibliothèque Idéale.

Par ailleurs, si , avec Carmilla, Le Fanu a été l’un des premiers a explorer le mythe du vampire, ici, il est l’un des premiers à exploiter le thème de la chambre close. On y retrouve également une héroïne ingénue, plusieurs personnages mystérieux, une secte étrange, et même quelques fausses pistes.

Ce n’était clairement pas une lecture « facile », pour preuve le temps que j’ai mis à en venir à bout, autant du point de vue linguistique, que du point de vue contextuel ou textuel, mais je ne regrette absolument pas de l’avoir lu. J’ai failli le remiser définitivement, vers la page 100 et le mettre dans la boîte à livre à la première sortie autorisée et je suis bien contente de ne pas l’avoir fait et de m’être accrochée, acharnée, pourrait-on dire. Peut-être même… Que je le relirais, pour découvrir les indices qui mènent à la conclusion.

For my part, I really can’t see the advantage of being the weak sex if we are always to be as strong as our masculine neighbours.

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