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Notes de lecture

Dans le même numéro

Le censeur critique littéraire de Jean-Baptiste Amadieu

avril 2020

Après le concile de Trente, la congrégation de l’Index chargée de faire la liste des livres interdits – l’Index librorum prohibitorum – a siégé pendant trois siècles et demi avant d’être intégrée en 1917 dans le Saint-Office (successeur de l’Inquisition), lui-même remplacé en 1965 par la congrégation pour la Doctrine de la foi. En ouvrant en 1998 ses archives, cette dernière a donné aux chercheurs accès à quelques dossiers particulièrement sensibles de l’histoire de l’Église, dont justement celui des livres mis à l’Index. Alors qu’on n’avait auparavant que les titres et l’année du décret de la mise à l’Index, on pouvait désormais consulter à la fois les raisons et le déroulement de la procédure et les motifs de la décision de censure. Ce livre, consacré à la mise à l’Index des œuvres littéraires françaises du xixe siècle, reprend presque intégralement la thèse de Jean-Baptiste Amadieu, et le lecteur non spécialiste pourra le trouver excessivement analytique dans les commentaires. Mais il pourra y trouver la liste des auteurs et des livres condamnés – presque tous en l’occurrence, de Lamartine à Zola en passant par Hugo (Notre-Dame de Paris, en 1834), Balzac, Sand, Dumas père et fils, Sue, Flaubert, Stendhal… Il pourra lire aussi les motifs de l’interdiction (en italien et dans leur traduction française) et les rapports des censeurs classés selon le type de jugement : intellectuel (sur le contenu en matière de foi et de mœurs), esthétique (les mérites littéraires, susceptibles d’accroître la « malice » du contenu), d’« énonciation » (le lecteur visé par l’œuvre), sans s’abstenir de rappeler aussi les intentions présumées de l’auteur, son prestige et ses mœurs connues publiquement. Selon J.-B. Amadieu, s’il n’y avait pas les critères préalables que doivent observer les rapporteurs désignés et la finalité juridique de leur lecture (en y ajoutant le secret de la délibération), certaines formes de critique littéraire, y compris contemporaines, ne sont pas si éloignées formellement de la critique des censeurs de l’Index, souvent plus fine et plus attentive au texte qu’on ne pourrait le penser a priori. L’auteur se cantonne à l’examen interne des motifs de censure, il ne dit pas s’ils évoluent au cours du siècle en fonction de l’histoire générale de l’Église.

Hermann, 2019
610 p. 38 €

Jean-Louis Schlegel

Philosophe, éditeur, sociologue des religions et traducteur, Jean-Louis Schlegel est particulièrement intéressé par les recompositions du religieux, et singulièrement de l'Eglise catholique, dans la société contemporaine. Cet intérêt concerne tous les niveaux d’intelligibilité : évolution des pratiques, de la culture, des institutions, des pouvoirs et des « puissances », du rôle et de la place du…

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Le populisme en débat

Peut-on sortir de diagnostics rapides et univoques dès lors qu'il est question de populisme ? Si le mot est partout, sa définition et les jugements qu'il invite sont rarement mis en débat. En s'appliquant à redonner au populisme une profondeur historique, culturelle et théorique, ce dossier, coordonné par Arthur Borriello et Anton Jaëger, demande ce que ce phénomène révèle des dysfonctionnements de la démocratie. À lire aussi dans ce numéro : Notre-Dame dans la littérature, le rapport entre langage et vérité et les voyages d’Albert Camus.