Château du Bilstein (Bas-Rhin)

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Château du Bilstein
Image illustrative de l’article Château du Bilstein (Bas-Rhin)
Vue du château sur le village d'Urbeis.
Période ou style Médiéval
Type Château-fort
Début construction 1206 (première mention officielle)
Fin construction XIVe siècle
Propriétaire initial Comtes de Hurningen ou ducs de Lorraine
Destination initiale Forteresse, lieu de résidence, prison, carrière
Propriétaire actuel État français
Destination actuelle Ruines
Protection Logo monument historique Classé MH (1898, ruines)

Logo monument historique Classé MH (1930, ruines)

Coordonnées 48° 19′ 49″ nord, 7° 13′ 18″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Urbeis
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château du Bilstein
Géolocalisation sur la carte : Bas-Rhin
(Voir situation sur carte : Bas-Rhin)
Château du Bilstein

Le château du Bilstein, aussi appelé Bilstein-Urbeis ou Bilstein Lorrain, est un château fort alsacien construit probablement au début du XIIIe siècle sur une des colline du bassin houiller de la vallée de Villé qui entoure le village Urbeis.

Le château eu de multiples rôles, étant aussi bien un lieu de résidence qu'une forteresse chargée de la défense de l'axe Alsace-Lorraine ainsi que de la protection des mines alentours. Il a aussi servit de prison puis de carrière lors de la Révolution française.

L'ouvrage s'intègre dans le tournant du système de construction féodal et est classé aux Monuments historiques en 1898 puis en 1930.

Il ne doit pas être confondu avec le château de Bilstein-Aubure près de Riquewihr[1] (Haut-Rhin).

Dénomination[modifier | modifier le code]

Le nom actuel du château est à consonance germanophone, comme de nombreux châteaux de la Vallée de Villé. Traduit littéralement depuis l'allemand cela ne donne rien, il est donc probable que l'appellation vienne d'un patronyme. En effet, « Bilstein » est le nom d'une famille de comtes et de barons, respectivement issus des noblesses franque et westphalienne.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le château se situe sur un promontoire rocheux large d'une vingtaine de mètres, à une altitude comprise entre 600 et 630 m. Il est séparé du massif par un ravin dont l'origine n'est pas certaine. Il se peut que ce soit les occupants qui ont créé ce ravin afin de se protéger d'éventuellement ennemis.

L'ouvrage est situé au nord de la commune d'Urbeis et à 19 km de Sélestat à vol d'oiseau. Il contrôle la route passant par le col d'Urbeis en direction de Saint-Dié-des-Vosges, une importante voie de communication entre l'Alsace et la Lorraine déjà utilisée durant l'Antiquité.

Accès au château[modifier | modifier le code]

L'accès se fait depuis une route qui passe face au mur nord du château. Un chemin mène du coin nord-ouest au coin sud-est, en longeant le promontoire rocheux, suivit d'une passerelle en bois. Ensuite, un escalier permet d'accéder au logis seigneurial fait d'au moins deux niveaux, dont la distinction est encore visible sur le mur. Une nouvelle porte haute, de forme ogivale, permet d'accéder au donjon carré, en passant à côté de la citerne de filtration.

Vue du château et de la vallée depuis la tour maitresse.

Historique[modifier | modifier le code]

Première mention historique[modifier | modifier le code]

De nombreux doutes subsistent quant à la date de construction du château : certaines sources lui attribuent l'année 1105[2], sous l'égide de la famille des Weiler. Il est aussi question d'une construction par les comtes de Hurningen, avoués de l'abbaye de Honcourt, à la fin du XIIe siècle. Une autre origine atteste qu'il est édifié par le fils de Ferry Ier, duc de Lorraine, mais une charte assurant que l'ouvrage est cédé à ces derniers en 1206 rend impossible la construction par cette famille.

Il est cependant certain qu'il a été construit avant 1230, car le château est mentionné dans une fausse charte rédigée entre 1205 et 1232 et qui donne la possession du château au duc Frédéric le Borgne[3].

XIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Au début du XIIIe siècle, le château est transmis par héritage au comtes de Hohenberg, puis Rodolphe de Habsbourg, roi des Romains, l'acquiert par mariage entre 1250 et 1254.

Entre 1256 et 1273, certaines sources mentionnent un certain chevalier Burkart de Bilstein comme propriétaire, mais sa fonction est ignorée[4].

En 1292, le château est attaqué et pris par Othon d'Ochsenstein, allié du comte Adolphe de Nassau et ennemi des Habsbourg[5] dont descend un certain Albert. Ce dernier voit ses possessions locales confisquées au profit d'Albert de Hohenbourg qui récupère par la même occasion le château de l'Ortenbourg. Le bailli impérial Othon d'Ochsenstein a probablement eu un rôle à jouer dans cette histoire[2].

En 1293, le Bilstein repasse sous l'autorité des Habsbourg.

XIVe siècle[modifier | modifier le code]

En 1310, le château est divisé en deux parties, alors que le fief appartient aux Habsbourg, à l'évêque de Strasbourg et au margrave de Bade[4].

À cette date, le bas-château (logis seigneurial ou Nierderhaus) est aux mains d'Heinrich Wassler d'Echery (ou d'Eckerich), avant d'être possédé par les Amoltern.

En 1314 (ou 1315), les Habsbourg vendent leur part du château à l'évêque de Strasbourg, qui le cède plusieurs fois en fief ou en gage[1]. La même année, l'ouvrage est enregistré comme un bien des ducs d'Autriches par Henri de Mullenheim, un banquier strasbourgeois[2].

En 1329, le château est récupéré par la famille Hattstatt lors d'un mariage. Ces derniers le conservent jusqu'en 1585[1].

Malgré les fouilles effectuées, aucune trace d'un deuxième ouvrage n'est apparu à proximité, impliquant donc que les familles se partagent le même ouvrage, malgré la complexité de la tâche de par la surface réduite du château.

C'est au cours du XIVe siècle que les Wurtemberg renforcent la double enceinte.

XVe siècle[modifier | modifier le code]

En 1459, le château est confié comme récompense aux Marx d'Eckwersheim par les Habsbourg mais dès 1463, le haut-château (tour maitresse ou Oberhaus) est aux mains des Rathsamhausen de la Roche[1].

Le premier siège des troupes de Strasbourg en 1477[modifier | modifier le code]

À la suite de la bataille de Nancy le 5 janvier 1477 lors de laquelle Charles le Téméraire est tué et son armée écrasée, Hans Marx (ou Jean Marx d'Eckwersheim), propriétaire du Bilstein, vassal du margrave de Bade et allié du duc René II de Lorraine, fait prisonnier le comte Engelbert II de Nassau après avoir poursuivi les fuyards en déroute. Ce dernier est alors l'un des plus influents chefs militaires des Bourguignons, ayant reçu le titre de Chevalier de la Toison d'Or en 1473. En recherchant à accaparer la rançon sans prendre garde aux consignes de la ville de Strasbourg, Hans Marx fait débuter les tensions qui vont mener au siège du château.

Hans von Ramberg, un cavalier à la solde de la ville de Strasbourg, raconte la capture du comte :

« Dans le village, il aperçut Hans Marx et Hans Lembel, ses camarades de combat, en train de prendre un homme d'importance. Il se dit : "A deux, ils n'ont pas besoin de mon aide" et s'empara d'un autre fuyard mais des fantassins le privèrent du gain qu'il aurait pu tirer de sa prise, en égorgeant le malheureux captif sous les yeux de son vainqueur. Aussi Ramberg se retourna-t-il vers Marx et Lembel, dans l'espoir de s'associer à la capture qu'ils faisaient et d'avoir part à la rançon qu'elle leur rapporterait. Trop tard ! Lembel et Max s'étaient déjà rendus maîtres de leur adversaire et Lemble, aux questions de Ramberg, répondit : "C'est Nassau que nous avons pris ; n'en parle à personne !" Naturellement, Ramberg, déçu, n'eut rien de plus pressé à faire que de transgresser cette consigne : il alla trouver Hans von Kageneck, l'un des capitaines, qui lui promit aussitôt de communiquer la nouvelle au Magistrat de Strasbourg »[6].

Cette capture ne semble cependant pas être une tâche difficile si l'on en croit le reste du témoignage :

« Aux côtés de Marx, il [Hans Lembel de Horcken] galopait dans Bouxières quand il vit tout près un cavalier qui présentait tous les signes de la richesse : sa monture était un grand étalon, caparaçonné de drap d'or ; il portait une cotte d'armes également dorée. Le malheureux devait être démoralisé par la défaite de son camp car, sans opposer de résistance, il jeta son épée : "Je suis le sire de Nassau, s'écria-t-il, je me rends, faites que je ne tombe pas entre les mains de la piétaille". Au chevalier Hans Marx - peut être parce qu'il était des deux vainqueurs le plus titré -, le prisonnier promit solennellement de ne pas chercher à s'enfuir. A Lembel, il se contenta de remettre son fourreau. Sur ces entrefaites, survint un autre Alsacien, Adam Zorn, que Marx connaissait bien et dot il ne repoussa pas les services. Le petit groupe de quatre cavaliers se dirigea vers un bois proche de Bouxières. Nassau retira sa cotte d'arme et le haut de sa cuirasse ; il mit une longue robe à l'allemande ainsi qu'un chapeau de fer ; il troqua sa splendide monture contre une médiocre rosse. Maquillé de la sorte, le prisonnier fut emmené vers l'arrière, loin des piétons qui massacraient n'importe qui, sans se soucier des rançons ! »[7].

Désormais prisonnier, le comte de Nassau est enfermé au Bilstein dès le 5 ou le 6 janvier. Peu après, le 8 janvier, la ville de Strasbourg tente d'imposer au châtelain la garde du prisonnier, même si la rançon devait être payée.

« Nous avons appris que vous avez pris part, en tant que bourgeois de notre cité, à la récente campagne de Lorraine et qu'avec le concours de notre soudoyer Ramberg, et en présence de Lembel, vous avez fait prisonnier le comte de Nassau et que vous l'avez emmené secrètement … ; sous peine de violer votre serment de bourgeoisie, vous ne devez relâcher ce captif sans que nous vous en ayons donné l'autorisation »[8].

Malgré les consignes de la ville et l'envoi d'émissaires strasbourgeois, Zorn et Marx rentrent en contact avec Hans de Landsberg et Claus Zorn afin de trouver un accord à propos de la rançon. Cette dernière varie selon les sources de 5 000 à 50 000 florins.

Début mars, le prisonnier se trouve toujours au château et Marx refuse de verser une partie de la rançon, comme le serment l'impose normalement, ainsi que de livrer le comte à la ville. L'évêque et le magistrat décident alors de récupérer leur dû par la force.

Le 11 mars 1477, les troupes se dirigent vers le château. 150 miliciens strasbourgeois dirigés par Leonard Ammeister et issus de professions diverses encerclent le château, rejoins le 12 par trente à quarante cavaliers sous les ordres de Conrad Riff et Jean de Kageneck[9].

Le 13 mars des premiers pourparlers ont lieu entre défenseurs et assaillants mais n'aboutissent à rien. Les troupes strasbourgeoises se lancent à l'attaque du château avec l'appui de deux grosses pièces d'artillerie venues de Strasbourg[1], surnommées le Narr (le "fou") et le Struss ("l'autruche")[9]. Pour acheminer le second canon, dix-huit chevaux sont nécessaires[9]. Sur place, des travaux sont nécessaires afin d'installer les pièces d'artillerie sous la fortification, dirigés par le maître de l'artillerie et effectués par les fantassins. Le 16 mars, vingt boulets de pierres sont apportés pour le Struss par trois chariots, ainsi qu'un tonneau de poudre[10].

En face, les défenseurs qui sont au nombre de vingt, disposent d'au moins une serpentine, d'un mortier et d'une dizaine de couleuvrines[11]. Zorn et Marx font également aménager le château afin d'en améliorer la défense. Des terrasses sont construites sur la face nord, seul côté accessible par des assaillants, afin d'y installer l'artillerie[12]. Il est cependant clair que les défenseurs ont sous-estimé la puissance de feu des assaillants, ainsi que les moyens mis en place pour récupérer le comte.

Le 18 mars, les canons de Strasbourg sont installés. Du 19 au 21 mars 1477, les troupes ont ordre de tirer sans interruption[11]. Dans la nuit du 20 au 21 mars, Adam Zorn déclare que la situation est intenable et reçoit l'autorisation de s'entretenir avec les assiégeants alors qu'Hans Marx est blessé et que la forteresse tend à se disloquer[11]. Désespéré, Zorn déclare selon les rapports :

« Tout ce que votre sagesse vous inspirera, mettez le noir sur le blanc, j'y souscrirais. […] Laissez-nous quitter tous ensemble le château, avec nos affaires personnelles ; nous vous laisserons nos armes, si vous le voulez. [...] Quant au prisonnier, on peut craindre pour sa vie, tant la canonnade est redoutable »[11].

Le discours semble avoir fait son effet auprès des trois capitaines de Strasbourg et dès le lendemain, le 22 mars, l'accord a été conclu[11]. Si le château est considérablement endommagé et la possession en est donnée par les Strasbourgeois aux Montjoie, les survivants dont Zorn et Marx échappent à une condamnation en échange de leur accord lors du traité du 28 mars garantissant la renonciation à la vengeance[13]. Malgré la demande du magistrat d'emprisonner les geôliers, la liberté leur est rendue afin de conclure au plus vite cet évènement qui s'avère fort couteux. Ainsi, seulement la poudre, les boulets, les canons, le salaire des artilleurs, des valets et des rouliers, le déplacement des convois représentait déjà une dépense de près de 300 florins[13] et l'addition ne s'arrête pas à cela.

Le 23 mars 1477, le comte de Nassau est enfermé à Strasbourg dans la tour aux deniers, située entre la place des Cordeliers (actuelle place Kléber) et la rue de la Haute Montée. Le prisonnier est constamment surveillé par deux gardes[14]. La rançon est finalement fixée par l'évêque de Strasbourg, le magistrat de la ville et le Duc de Lorraine (qui prend part à cet arrangement car la capture a eu lieu sur son territoire) à hauteur de 52 000 florins, devant être versés en quatre mensualités : 10 000 florins fin mai, 16 000 le 13 juin, 13 000 le 15 juillet et le solde le 14 septembre. Mais les échéances ne furent pas exactement respectées[15]. La ville de Strasbourg récupère néanmoins 35 000 florins de cette affaire, à la suite d'un arrangement avec les deux autres partis.

Le second siège des troupes de Strasbourg en 1479[modifier | modifier le code]

Inventaire des armes, outils, ustensiles, effets et meubles trouvés au Bilstein après la prise du château en 1477.

En 1478, la propriété du château est remise en cause par les Oberkirch d’Obernai qui possèdent un lettre d'investiture rédigée la même année. Pourtant, il est toujours la propriété des Marx d'Eckwersheim.

L'année suivante, en novembre 1479, un nouveau conflit éclate entre la ville de Strasbourg et les seigneurs locaux. Cette opposition prend racine en octobre 1479, lorsque deux gentilshommes, Guillaume Bretschdoerffer et Georges Mulinger sont accueils au Bilstein par Hans Marx. Les deux individus enlèvent un individu, inconnu dans les sources, sur une route d'empire et l'emmènent au château, probablement en échange d'une rançon.

Le sire de Ribeaupierre convoque alors à Colmar l'assemblée de l'alliance pour la paix publique[16] et cette dernière fait le choix de mener une nouvelle attaque sur le château afin d'en libérer le prisonnier et punir ses geôliers.

Mais à cause d'un problème lors de l'expédition des ordres (le scribe se serait trompé de date en convoquant les contingents de certaines villes[16]), seulement les Strasbourgeois se présentent devant le château le jour de la Toussaint. L'assaut est donc repoussé au 3 novembre, lors de l'arrivée des troupes du sire de Ribeaupierre. Mis au courant de l'attaque, Hans Marx, les deux gentilshommes et le prisonnier quittent le château dans la nuit du 2 au 3 novembre afin d'éviter de revivre la situation de 1477. Mais durant leur fuite, le prisonnier réussit à s'échapper[17].

Le siège ne fut donc pas nécessaire et une assemblée tenue à Colmar le 15 novembre, puis une autre à Sélestat le 30 novembre, conclurent à accorder l'indulgence aux seigneurs qui peuvent garder le château à condition de respecter l'« Urfehde » : une renonciation à se venger.

Mort d'Hans Marx[modifier | modifier le code]

Blason d'Hans Marx.

L'année suivante, Hans Marx est en conflit avec le bailli Anton de Wilsperg, allié au prince-évêque de Strasbourg Guillaume III de Hohnstein. Selon les écrits de Daniel Specklin, ce dernier lui coupe alors les bras lors d'une rencontre à proximité de Dambach, le condamnant ainsi à mort.

Cet acte est symbolique, car sur le blason d'Hans Marx, on retrouve deux bras isolés du reste du corps.

Mais avant que l'hémorragie ne le tue, le châtelain maudit son ancien ami en faisant appel au jugement divin. Il déclare ainsi selon Daniel Specklin :

« Anton de Wilsperg, toi qui m’a tant nui, et qui, par la force, m’a aussi tranché les mains. Toi qui ne m’a pas rendu raison, je te convoque dans la vallée de Josaphatt pour le jugement de notre juge à tous, et je prie le Seigneur de te pardonner ! »[9].

Quelques jours plus tard, lorsque Anton de Wilsperg apprend les mots d'Hans Marx, il se serait écroulé immédiatement, sans vie.

Cette histoire n'est cependant pas confirmée, car l'auteur est le seul à en faire mention.

Dernières mentions entre la fin du XVe siècle et le XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Mention du château sur une carte de 1731.

En 1480, le château est encore habité. Une source indique que la partie haute est occupée par Philippe et Jean d'Oberkirch.

Armes des Montjoie.

En 1492, l'exploitation des mines d'argent débute, mais cela ne semble pas durer car le château est déjà en ruine en 1543[1], considéré comme maudit par certains à la suite des propos de Hans Marx.

En 1585, les Montjoie (Frohberg) récupèrent la partie basse du château, jusqu'à la guerre de Trente Ans (1618-1648)[2] durant laquelle le château est dévasté par les Suédois.

La carte à gauche prouve que le château est encore connu et répertorié comme tel lors d'une cartographie de la région vers 1730, même si aucune information n'est donnée sur son état à ce moment.

Durant la Révolution française, le Bilstein est vendu comme bien national et sa valeur chute, au point qu'il servira de carrière[5].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1815, le château est en ruine et est vendu par la famille de Choiseul-Meuse. En 1885 il appartient à un dénommé Humbert, habitant Lalaye[4]. Ce dernier vend finalement le château l'année suivante.

En 1898, l'édifice fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques [18], sous le statut de ruines.

Représentation des ruines du château du Bilstein, par Jacques Rothmuller (1804-1862).

Architecture[modifier | modifier le code]

Ruines visibles aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Reproduction du château du Bilstein avec un plan, fin XIXe siècle.

Actuellement, les ruines du château du Bilstein se composent d'une façade du logis seigneurial érigé au XIIIe siècle et de deux murs de la tour maitresse (bergfried) construite au XIIe siècle. Une citerne à filtration ronde creusée dans la pierre se situe entre le logis et la tour maitresse.

Le rez-de-chaussée du logis seigneurial sert alors probablement de cave ou de logis pour un domestique.

La faible superficie du château laisse également penser qu'il n'y avait qu'une petite basse-cour, peut être même inexistante. il est donc probable que les besoins étaient couverts par une ferme aux alentours, voir plusieurs.

L'architecture est similaire à d'autres châteaux de la vallée de Villé et des environs, comme l'Ortenbourg, avec une cheminée au deuxième niveau, entre les deux fenêtres en tiers-point.

Façade en ruine du logis seigneurial, face sud. On distingue la trace de la cheminée entre les deux fenêtres du second niveau.

Construction[modifier | modifier le code]

Ruines de la tour maitresse, vue dos au logis.

Le plan de l'ouvrage ainsi que le site choisit correspondent à un tournant dans le système de construction féodal, initié lors de la construction du château de Landsberg[2].

Ainsi c'est à cette époque que les sites romans sont abandonnés, au profit d'une architecture plus défensive. Désormais, le donjon (ou tour maîtresse) est un élément précieux du système défensif qui sert de bouclier au logis seigneurial qui se trouve derrière lui[2].

Entre la ruine et le chemin d'accès, un bloc de pierre semble avoir été taillé. Il avait peut être pour fonction d'accueillir une structure en bois assurant une première défense lors de l'accès au château. Il se peut aussi qu'il délimitait la basse-cour.

Il est fort probable qu'un pont amovible existait lors de l'utilisation du château, afin d'en interdire l'accès, surplombé par une tour cylindrique aujourd'hui disparue.

L'escalier présente la spécificité d'être relativement étroit (une largeur d'au maximum 70 cm), dans le but d'éviter une attaque de front et à l'image d'autres châteaux alsaciens, comme celui de Wasigenstein[2].

Au premier palier, on retrouve deux meurtrières à niche, qui pouvaient se fermer avec un volet en bois. A leurs droites, le mur qui permet d'accéder à la citerne à filtration (qui comporte un puisard en son centre comme au château du Warthenberg) puis au donjon et percé de deux portes à deux niveaux différents, prouvant une continuité de l'étage vers la suite du château.

Matériaux[modifier | modifier le code]

Les pierres sont en grès rose, extraient du massif qui fait partie du bassin houiller de la vallée de Villé.

Travaux récents[modifier | modifier le code]

Afin de consolider les ruines, des travaux ont été entrepris en 1964 (Opération Taupe) et en 1995[4]. C'est à l'occasion de cette première série de travaux que les vestiges de la citerne sont découverts[4].

Réutilisation du château[modifier | modifier le code]

Lors de la construction de l'église de la commune d'Urbeis en 1789, cette dernière a été édifiée avec des pierres du château, qui sert alors de carrière.

Le château a également servit de prison durant l'époque médiévale.

Autour du château[modifier | modifier le code]

Indications[modifier | modifier le code]

Panneaux au bord de la route allant vers le château.

Lors du départ du chemin depuis la route, un panneau indique « Ruines du Bildstein Lorrain ». En dessous y figure un historique des principaux faits du château. Il s'agit des évènements suivants :

  • début du XIIIe siècle (1205-1232) ;
  • passe au Habsbourg en 1250 ;
  • cédé à l'évêque de Strasbourg en 1315 ;
  • siège du château par les Strasbourgeois en 1477.

Un autre panneau indique que « la visite des lieux se fait aux risques et périls des visiteurs ».

De l'autre côté du chemin, un panneau renseigne la distance avec la mine Théophile, estimée à 10 minutes à pied.

Mine Théophile[modifier | modifier le code]

Panneau d'information sur la mine Théophile en face du château.

Le château avait également pour mission de protéger les mines qui se trouvaient en contrebas du massif, dont la mine Théophile, aujourd'hui interdite au public.

Cette mine, relativement ancienne, date du XVIe siècle et fait partie de l'important réseau minier qui couvre le territoire de la commune d'Urbeis, située dans le Bassin houiller de la vallée de Villé. Par cette mine, les exploitants cherchaient à extraire de l'argent, du cuivre et de la galène. Lors de son utilisation, des galeries ont été creusées à la main sur 351 mètres. L'exploitation est cependant difficile, les mineurs avancent en moyenne d'un mètre par mois.

Des fouilles menées entre 1850 et 1900 n'aboutissent pas à des résultats concrets, donnant seulement lieu à des excavations de schiste et de grès[19].

Durant les deux guerres mondiales, la mine sert d'abri pour les habitants d'Urbeis.

En 1971, un relevé de la mine est réalisé par une équipe de spéléologues[20].

Protection[modifier | modifier le code]

Ruines (logis et donjon).
Ancienne vue aérienne de la région d'Urbeis, le château est sous le nom « Beilschstein »[21].

Le château a été placé par deux fois sur la liste des monuments historiques : en 1898 et en 1930.

Cela s'explique par le fait que l'Alsace est allemande de 1870 à 1918. Ainsi, l'ouvrage est classé dans un premier temps aux monuments historiques allemands, puis dans les listes des monuments historiques français, lors du retour de l'Alsace à la France.


Médiatisation[modifier | modifier le code]

Le 10 novembre 2019, le youtubeur spécialiste en archéologie Thomas Laurent, publie une vidéo durant laquelle il explore une mine située en contrebas du château. Avant de s'y rendre, il filme les ruines et en présente un rapide historique en s'attardant notamment sur la période de domination d'Hans Marx.

Le château a été filmé et photographié dans son intégralité par le photographe Néerlandais Albert Speelman en octobre 2020. Les photographies sont à retrouver sur son site et les plans aériens en vidéo.

Une visite virtuelle du château est possible, grâce au travail de Pascal Renard et avec l'appui du comité départemental du tourisme (Alsace Destination Tourisme), via la page alsace-360.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Mengus, Nicolas, (1968- ).,, Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace dictionnaire d'histoire et d'architecture, La Nuée Bleue, cop. 2013 (ISBN 978-2-7165-0828-5 et 2-7165-0828-3, OCLC 863479791, lire en ligne).
  2. a b c d e f et g Greder, Marc., Châteaux forts d'Alsace : guide, histoire et description, photos et plans, Editions Salvator, (ISBN 2-7067-0097-1 et 978-2-7067-0097-2, OCLC 319760149, lire en ligne)
  3. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 71
  4. a b c d et e « Château fort de Bildstein, ou Bildstein lorrain », notice no IA67010314, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. a et b Guy Lecomte, « Châteaux-forts, abbayes, monuments antiques et personnages historiques de Lorraine et d'Alsace : château de Bilstein dit Lorrain », sur Châteaux-forts, abbayes, monuments antiques et personnages historiques de Lorraine et d'Alsace, (consulté le ).
  6. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 72
  7. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 72-73
  8. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 74
  9. a b c et d PiP vélodidacte, « Les Marx d’ Eckwersheim et le château de Bilstein », sur Autour du Mont-Sainte-Odile (consulté le )
  10. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 76
  11. a b c d et e Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 77
  12. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 75
  13. a et b Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 78
  14. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 79
  15. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 80
  16. a et b Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 81
  17. Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 82
  18. « Château Bilstein », notice no PA00085203, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  19. Georges Millot, Jeanne Sittler, Jean-Paul von Eller et Louis Simler, « Notice géologique et hydrogéologique du département du Bas-Rhin », Bulletin du Service de la carte géologique d'Alsace et de Lorraine, vol. 16, no 2,‎ , p. 71–113 (ISSN 0037-2560, DOI 10.3406/sgeol.1963.1254, lire en ligne, consulté le ).
  20. « Tourisme et patrimoine – URBEIS », sur urbeis.fr (consulté le ).
  21. « Urbeis - Vogelschau », sur Cartorum - Cartes postales anciennes localisées,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Daubrée Auguste, Description géologique et minéralogique du département du Bas-Rhin, Strasbourg, Editions Simon, .
  • Greder Marc, Châteaux forts d'Alsace : guide, histoire et description, photos et plans, Mulhouse, Salvator, .
  • Greder Marc, « Deux châteaux méconnus : Bilstein-Urbeis et Wangenburg », Recherches médiévales, no 5,‎ , p. 23-24.
  • Mengus Nicolas, Rudrauf Jean-Michel, Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace, Strasbourg, La Nuée bleue, .
  • Rapp Francis, « Le siège du Bilstein en 1477 », Annuaire de la Société d'histoire du Val de Villé, no 3,‎ , p. 71-86.
  • Daniel Specklin, Collectanées, (lire en ligne), notule 2149.
  • Bilstein Lorrain, sur chateauxalsaciens.free.fr/
  • Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 662 p. (ISBN 2-7165-0250-1)
    Ruines du château Beilstein (sic), p. 606
  • Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du moyen âge en France, Strasbourg, Editions Publitotal, 4ème trimestre 1979, 1287 p. (ISBN 978-2-86535-070-4 et 2-86535-070-3)
    Urbeis : Bilstein-Urbeis, p. 1191

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