C’est à une croqueuse, une sacrée bouloteuse, que nous nous intéressons à l’occasion du deuxième épisode de notre série consacrée à nos amis les animaux. Une fouineuse super-agile aussi : la martre, ou marte, on peut dire les deux pour cette représentante de la famille des mustélidés.

Attention ! C’est sûr qu’elle fouine, la martre, mais ce n’est pas une fouine, juste une sorte de cousine. Et elle tient à sa différence qu’elle porte en plastron.  La bavette de la fouine est blanche et se termine par une fourche descendant jusqu’aux pattes de devant. Le bavoir de la martre va du jaune-crème au jaune-orangé et se termine en pointe.

La truffe affiche la différence de manière encore plus nette : brun-noir chez la martre, rose pour la fouine. Selon les saisons et l’environnement, son pelage varie du brun clair roussâtre au brun foncé.

Côté anatomie, dame martre fait dans la souplesse longiligne. Accusant de 800 à 1 600 g sur la balance, son corps (42 à 48 cm) est étroit et allongé et se termine par une longue queue touffue (19 à 26 cm). Ses pattes comptent cinq doigts aux griffes rétractiles. Elle se déplace par bonds en marquant des arrêts réguliers sur les pattes arrière.

Résineux, feuillus, les deux mélangés… notre élégante apprécie la variété. Elle s’abrite dans un arbre creux, sous des racines, dans les souches et ne déteste pas les vieux nids d’écureuil, les grands nichoirs, les nids de pic noir ou, le temps d’un week-end, le grenier d’une maison de campagne. Il lui arrive même de squatter un terrier de blaireau.

Crac-crac aussi

Amoureuse de grands espaces, la martre fréquente régulièrement une demi-douzaine d’abris sur un territoire d’une centaine d’hectares que les plus courageuses parcourent à raison de 30 km par nuit.

Et si notre croqueuse a un joli bavoir, c’est que la nature fait bien les choses. Elle en laisse, en effet, des miettes avec son super régime alimentaire. Elle adore le campagnol agreste, mais aussi la musaraigne et le mulot. Le lapin lui fait un en-cas, mais seulement quand il abonde. D’avril à septembre, merle, grive, pinson, mésange, pigeon et pic noir viennent enrichir la carte ainsi que quelques batraciens.

Fine « gourmette », elle s’offre, en été, de délicieux petits extras tels que nids de bourdons, scarabés et autres carabes. Sans oublier les délicieux fruits de saison (églantier, fraise, framboise…) Équilibré, son régime, on vous dit. Au point qu’on apprécierait de connaître son taux de cholestérol…

Se tenant donc admirablement à table, la martre n’est pas non plus manchote du sexe. Là encore, elle en croque. À bloc ! Bien que solitaire, la femelle peut ainsi s’accoupler avec plusieurs mâles durant la période du rut (juin à septembre) et chaque séance de plaisir dure jusqu’à… 90 minutes ! « Tok, tok, tok », fait habituellement l’animal, quand il cause. Mais pendant le rut, il signifie qu’il prend sa patte par des miaulements de plaisir.

De ces folles étreintes naîtront (d’avril à mai) de deux à sept petits par femelle (trois en moyenne) qu’elle élèvera seule en les alaitant pendant 45 jours. Et ce sera reparti pour un tour de croquage.

De crac-crac, aussi.