Oiseaux de légendes (1, le phœnix)

Les humains ont toujours admiré les oiseaux.  Ils les ont aimés, observés, étudiés.  Ils en ont tiré des présages et ils en ont même inventé.

On pense au Simorgh des légendes persanes qui était le roi des oiseaux ou au Thunberbird américain qui fait partie de la mythologie amérindienne.

Le plus connu en Europe est certainement le Phoenix, ou l’Oiseau de feu, qui renait de ses cendres. 

Né dans l’antiquité, la légende du Phoenix a traversé les siècles jusqu’à nous et perdurent encore sous la forme de l’expression « tel le Phoenix qui renait de ses cendres ».  

Le mot serait apparu pour la première fois dans un texte du poète Hésiode.

Pour L’historien grec Hérodote qui vivait au Ve siècle avant J.C, le phœnix trouve ses racines dans les pays arabes et serait rattaché au culte du soleil dans la ville d’Héliopolis en Égypte où il était vénéré. 

Phénix

Hérodote en fera une première description :

« Il y a encore un autre oiseau sacré, nommé phœnix. Pour ma part je ne l’ai vu qu’en peinture. D’ailleurs il ne vient en Égypte que rarement, tous les cinq cents ans, aux dires des héliopolitains. D’après eux le phœnix viendrait quand son père meurt. S’il est bien tel qu’on le représente, voici ses dimensions et son apparence :  son plumage est rouge et or. Pour la forme et la taille, c’est à l’aigle qu’il ressemble le plus. *»

Solin, qui qui compila les œuvres de Pline l’ancien, en donne une autre description très picturale et nous le montre « la tête ornée de plumes formant un cône, des caroncules* à la gorge, le cou rayonnant d’or, le reste de la couleur pourpre, si ce n’est la queue, qui est d’azur éclatant et semé de plumes d’incarnat. » 

Symbolique

Les caractéristiques du phœnix sont sa très grande longévité (entre 500 et mille ans) et sa capacité à régénérer ses forces par le feu.  Cette dernière qualité fait qu’il est devenu symbole de résurrection.

Le phœnix peut vivre jusqu’à mille ans. « Quand l’oiseau sent sa mort prochaine, raconte la légende, il construit, là où les rayons du soleil sont les plus brûlants, un nid d’aromates, de myrrhe et d’encens. Il s’y couche et y met le feu en battant des ailes. La bête fabuleuse se consume alors sur son bûcher, mais renaît de ses cendres, retrouve sa jeunesse et s’envole vers une nouvelle vie. Et le cycle recommence à l’infini. »

Le nid du phœnix

Ovide décrit parfaitement la renaissance du phénix dans ses métamorphoses

Les assyriens l’appellent le phœnix. Il ne vit ni de grains ni d’herbes mais des larmes de l’encens et du suc de l’amone. A peine a-t-il accompli les cinq siècles assignés à son existence qu’aussitôt, posé sur les rameaux ou la cime oscillante d’un palmier, il construit un nid avec ses ongles et son bec pur de toute souillure. Là il amasse de la cannelle, des épis du nard odorant, des morceaux de cinname, de la myrrhe aux fauves reflets ; Il se couche au-dessus et termine sa vie au milieu des parfums. Alors du corps paternel renait, dit -on , un petit phœnix destiné à vivre le même nombre d’années.

Quand l’âge lui a donnée assez de force pour soutenir un fardeau, il décharge du poids de son nid les rameaux du grand arbre et il emporte pieusement son berceau, qui est aussi le tombeau de son père. Parvenu à travers les airs légers à la ville d’Hypérion, il le dépose devant la porte sacrée de son temple « 

Ovide « Métamorphoses »  

Étymologie

Le nom phœnix fait référence à sa couleur pourpre (phénicienne). Pour d’autres sources, son nom viendrait de l’arabe « Phoenix » qui signifie « unique » pour souligner la rareté de cet oiseau.

Harry Potter

Il est possible que les plus jeunes connaissent le phénix et l’ordre du phœnix grâce à Harry Potter. Dans cette saga   le phœnix est l’un des personnages. Sous le nom de Fumseck il est “le phœnix d’Albus Dumbledore. Il a la taille d’un cygne et ses couleurs, sont le rouge et l’or. Deux plumes ont été prélevées sur lui par le fabricant « Garrick Ollivander pour créer deux baguettes. L’une a été vendue à Voldemort, la deuxième a Harry Potter.

Il est également immunisé contre le regard de Basilic et ne peut donc être ni tué ni pétrifié.   Ses larmes ont un pouvoir de guérison et sont même le seul remède connu pour lutter contre le venin de Basilic. Il est aussi capable de porter des charges très lourdes et a la capacité d’apparaitre ou de disparaitre sur demande, etc ….”

On lui doit enfin cette strophe très connu des fables de la fontaine

« Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phœnix des hôtes de ces bois. »

Jean de La Fontaine

Représentation du phénix montrant un mâle et une femelle

Linné et le phénix

Aussi bizarre que cela puisse paraitre, le grand naturaliste Linné créa dans sa classification une catégorie qu’il appela les « homo anthropomorpha ».

À l’intérieur de celle-ci il intégra, pêle-mêle , des créatures mythologiques tels que  le troglodyte, le satyre, l’hydre, le phœnix, etc …. Il disait que ces créatures n’existaient pas vraiment et « qu’elles étaient des descriptions inexactes de créatures ressemblant aux grands singes « !!!!!

Le phénix en chine

Les chinois ont aussi une sorte de phénix qui  s’appelle le Fenshuang.

Né dans l’imagination des chinois depuis plus de 4000 ans il est sujet de nombreuses légendes et symbole de prospérité.

 Contrairement au phénix que nous connaissons, cette « espèce » a un  mâle et une femelle. Le mâle est nommé Feng et la femelle Huang. Réunis, les deux mots forment « Fenghuang ».

Le fenshuang chinois . ici , je dirais une femelle.

Comme notre phœnix, le fenghuang est immortel, mais contrairement au phœnix qui vit, vieillit et meurt puis renait, le fenghuang vit toujours.  On dit qu’il niche dans des zones inaccessibles aux humains dans la cordillère de Kunlun.

Il ne se nourrit que de graines de bambou et son comportement est décrit comme ne causant jamais de tort aux humains.

Fenghuang en chinois s’écrit 凤凰.

Conclusion

Cette légende est présente sous différentes formes dans un grand nombre de pays . Sa puissance  vient de cette capacité régénératrice du phœnix  qui renait toujours sur un tas de braises fumantes.

Mais comment les humains pourraient-ils  ne pas  y être sensibles ? Qui n’a pas traversé de très douloureuses épreuves ?  Qui ne s’est pas trouvé un jour au plus bas avec le sentiment qu’il ne pourra plus jamais se relever, que  tout en lui est irrémédiablement  brisé .

Et qui , une fois le choc ,  la douleur et la tristesse passés , n’a pas ressenti le souffle de la vie remonter en lui et la flamme du désir se remettre en route avec une force nouvelle qu’il ne pensait jamais pouvoir retrouver ?

*Caroncules : Petite extrémité charnue de couleur rouge qui se trouve sur la tête de certains oiseaux (Dindon, Coq, Tadornes de Belon, etc.)

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