Terry Pratchett. Une vie avec notes de bas de page. La biographie officielle, Rob WILKINS

Voilà plus de huit ans que Terry Pratchett est mort. Le célèbre auteur anglais, qui avant J.K. Rowling, était « l’auteur britannique le plus vendu », avait alors fini par perdre son combat contre la maladie et surtout contre une forme rare de la maladie d’Alzheimer qui le diminuait de plus en plus depuis des années. Dans cette biographie officielle, celui qui était devenu son secrétaire puis un ami très proche, trace un portrait légèrement hagiographique, mais complet de celui dont on « avait coutume de dire qu’aucun train dans toute la Grande-Bretagne ne prenait le départ tant qu’on n’avait pas établi qu’au moins un passager à bord lisait un » de ses livres.

Une biographie classique…

Je ne vais pas faire une longue critique de cet ouvrage, car je n’ai pas grand-chose à en dire. C’est, en fait, une biographie classique d’un auteur que j’apprécie énormément, tant par son œuvre que par une grande partie de ses choix personnels. J’ai adoré et j’adore toujours (au point de me dire que je vais relire l’intégrale un de ces jours) sa saga mondialement connue des Annales du Disque-Monde. Je trouve que c’est un condensé d’humour britannique tel que je me le représente, avec du non-sens et des jeux de mots (il faut évidemment, à chaque fois que l’on parle de ces romans, féliciter, remercier et vénérer le traducteur français de la série, Patrick Couton, qui a dû se gratter le cerveau dans tous les sens par moments, mais a si bien rendu le ton et le rythme de cette prose si particulière). Malgré l’originalité des titres « Le galurin de Lord Nelson, un anthropoïde hurlant et le secret du xérès », par exemple), le déroulement est sans surprise, chronologique, et ravira les amateurs de détails et d’anecdotes. Il est intéressant parfois que Rob Wilkins n’hésite pas à mettre en parallèle la version officielle la version officieuse. Voire les versions officieuses quand les différents témoins de certaines scènes ne parviennent pas à se mettre d’accord. Ah, la mémoire ! L’auteur n’hésite pas également à se mettre copieusement en scène, rendant plus vivante, peut-être, cette biographie. Même si par moments, sa présence m’a un peu incommodé. De la jalousie, sans doute.

mais indispensable

Malgré mes réserves quant à la forme (classique au demeurant et, malgré les tentatives d’humour et la valeur des anecdotes, pas au niveau du maître) et au fond très sages, dignes du travail d’un bon fils respectueux de son ancêtre, j’ai beaucoup apprécié ce voyage dans la vie de Terry Pratchett. De sa naissance tardive (« trois jours de retard ») à son décès prématuré (66 ans, merde !), j’ai cheminé avec lui et Rob Wilkins pendant plusieurs heures. Pour faire durer le plaisir, j’ai interrompu plusieurs fois la lecture et ai intercalé des romans, histoire de changer d’humeur et de profiter au mieux de cet itinéraire riche et truffé de bons mots. Il faut dire que Terry Pratchett avait préparé cette biographie et prenait des notes régulièrement, dans lesquelles Rob Wilkins a pioché allégrement et avec un certain talent. J’ai donc vécu les découvertes et les émerveillements ; mais aussi la détresse et l’horreur de cette maladie qui détruit peu à peu la personnalité et laisse l’individu impuissant, en miettes. Certains passages m’ont ému aux larmes. Car la déchéance arrive finalement très tôt et les conséquences au quotidien ont pris de plus en plus de place. Obligeant Terry et Rob à prendre de plus en plus de mesures dilatoires, d’inventer des ruses, de jouer avec le destin.

Jusqu’à l’ultime message. « ENFIN, SIR TERRY, IL NOUS FAUT CHEMINER ENSEMBLE. » Dernière référence à la Mort, personnage culte de la saga, qui avait enfin triomphé de son créateur.

Quand on aime Rincevent, Mémé Ciredutemps et Nounou Ogg, Samuel Vimaire et le Guet municipal d’Ankh-Morpork (Ah ! Chicard Chique et Fred Côlon !), et tous les autres, la lecture de cette biographie est quasiment une obligation. Car on y découvre les origines possibles de certains d’entre eux. Et on les sent présents partout dans cette vie. Terry Pratchett. Une vie avec note de bas de page. La biographie officielle est un cadeau idéal pour tout amoureux de cette œuvre si riche. D’autant que l’objet est beau, avec deux séries de photographies couleurs éclairantes. Et l’illustration de couverture, une photo de Sir Terry, est éminemment bien choisie (même s’il n’y porte pas son célèbre chapeau). Un livre indispensable, en fait.

Présentation de l’éditeur :

« Personne n’est jamais définitivement mort tant que les ondes de ses actes n’ont pas disparu de la surface du monde. La durée de vie d’un homme n’est que le trognon de son existence réelle. » Terry Pratchett, Le faucheur

D’après Rob Wilkins, Terry Pratchett tenait pour acquis un dogme maternel affirmant qu’« il n’y a pas de mal à bien astiquer les faits pour qu’ils brillent mieux. » Et, quand on y réfléchit, donner du brillant aux histoires, c’était ce en quoi a toujours consisté le travail de l’auteur. Car dans les trois professions qu’il a embrassées – d’abord le journalisme, puis les relations publiques, et enfin la littérature de fiction –, la vérité était ouverte à la négociation.

Dans cette biographie « garantie officielle », les lecteurs de l’écrivain au fédora noir, défenseur des bibliothécaires et des orangs-outans, se délecteront des références au Disque-monde (notes de bas de pages comprises !).

À force d’anecdotes finement relatées, vous apprendrez comment un enfant de prolétaire accède à la culture, et comment la vie d’un enfant, d’un adolescent, d’un jeune adulte devient la matière d’une œuvre entrée au panthéon de la pop culture.

L’Atalante, collection « La Dentelle du Cygne » – 12 octobre 2023 (biographie traduite de l’anglais par Patrick Couton – Terry Pratchett: A Life With Footnotes: The Official Biography (2021) – 464 pages – Édition brochée : 25,50 € / Numérique : 9,99 €)

Merci aux éditions de L’Atalante (Emma Chabot) pour ce SP.

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5 réflexions sur “Terry Pratchett. Une vie avec notes de bas de page. La biographie officielle, Rob WILKINS

  1. Ton intro laisse penser que Terry Pratchett s’est suicidé. Je suis un peu étonnée, c’est ce qui est dit dans le livre ? J’avais lu à l’époque de l’annonce de son décès qu’il était décédé d’un pneumonie. Je parcours un peu le web et au mieux la cause de son décès n’est pas citée « mort entouré de sa famille à son domicile ».

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