« Neige » de Maxence Fermine

Roman ? Poème ? Le conte initiatique de Maxence Fermine, publié en 1999 aux éditions Arléa, puis réédité chez Points, et sobrement intitulé Neige, se situe quelque part entre les deux. J’ai lu ce petit livre d’une seule traite, ce matin. Il avait tout pour me plaire : il parle de poésie, de haïkus, du Japon, et de la neige.

L’ouvrage se compose de cinquante-quatre chapitres, jamais très longs, dont certains ont la longueur d’un haïku. L’histoire se passe au Japon, au XIXe siècle, pendant l’ère Meiji. Le héros se nomme Yuko Akita. Voici les premiers mots du roman :

« Yuko Akita avait deux passions.
Le haïku.
Et la neige. »

Jour de neige, par Alpha du Centaure, flickr, libre de réutilisation (http://www.flickr.com/photos/alphaducentaure/3177472765/in/photolist-e9dD3J-dNg4yx-5QMnXc-98aUai-dNh9Uq-7FDFt5-qnyMJ1-4r2rtf-7oBHoc-dLQFtN-rqdCKg-ppK716-8ZfWrM-dNiNgC-dNm219-5TxTZR-dNjXFW-8ZrHk4-6uYWzP-8Zv7ro-dNmbCJ-eubqxw-b95cHc-5TNdZc-bq2tvp-pGtD2c-5Jz9tC-7AAmrn-dNkBG5-bFvVcF-87FZiH-kWXBFY-dWHa8i-5ShUE2-szgny-pKfUd5-e2Me3S-7tHzxo-9fsx1U-7p7EZC-dNkTWQ-dLJsqe-dNmv8E-p5d8qt-724HV-6kFT5n-6cQpYt-6cUxZy-6cUxFf-6cUxyJ/)
Jour de neige, par Alpha du Centaure, flickr, libre de réutilisation

Dans un style épuré, Maxence Fermine conte l’itinéraire initiatique de ce jeune homme féru de poésie. La prose de l’auteur a su retrouver la limpidité, la pureté, la spontanéité du haïku. On comprend d’emblée que la poésie n’est pas seulement une activité parmi d’autres, un métier, mais bien une façon d’être et de vivre.

Écrire sur la neige, en particulier, est une gageure. Maints poètes, parmi les meilleurs, s’y sont essayé. C’est un équilibre subtil à trouver, s’agissant de noircir d’encre la page sans lui ôter sa première blancheur. Ce n’est pas un hasard si l’un des personnages principaux du roman est une funambule : la justesse, l’équilibre. Pour Jean-Michel Maulpoix, le poète est un danseur de corde. Maxence Fermine lui donne raison.

Je ne connais pas grand-chose à la culture japonaise, mais il me semble que l’auteur parvient à rendre sa subtilité, son raffinement. Pas simplement parce que la cérémonie du thé, les cerisiers en fleurs ou les jardins japonais sont omniprésents dans l’ouvrage. Mais surtout par la présence de plusieurs vieillards, dont en particulier le poète Soseki, qui semblent condenser toute la sagesse japonaise. L’auteur s’est-il inspiré, pour ce personnage, de l’écrivain réel Natsume Sōseki, qui vécut au XIXe siècle ?

Sur ce décor blanc et froid de neige, les sentiments se détachent de façon particulièrement nette. Maxence Fermine conte deux histoires d’amour parallèles, aussi sublimes l’une que l’autre. Il s’agit, à chaque fois, d’amour absolu. Un amour sans mesure, qui ne saurait être atteint par la mort elle-même.


  • Référence de l’ouvrage : Maxence Fermine, Neige, Arléa, 1999, réédité chez Points. ISBN : 978.2.02.038580.0. Prix : 4,50 €.
  • A consulter sur Wikipédia : Maxence Fermine ; Neige.
  • Image d’en-tête : le mont Fuji (Pixabay)

A lire aussi sur ce blog :

  • La neige en poésie : de nombreux poètes contemporains ont écrit sur la neige, dont Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, Jean-Michel Maulpoix…
  • Un recueil pour l’hiver : Pas sur la neige. Présentation du recueil Pas sur la neige, publié en 2004 par Jean-Michel Maulpoix aux éditions du Mercure de France. L’un de mes recueils préférés de ce poète.
  • Qu’est-ce qu’un haïku ? Ce genre poétique japonais a inspiré plusieurs poètes français contemporains.

12 commentaires sur « « Neige » de Maxence Fermine »

  1. Je l’ai lu et j’ai adoré aussi.
    Je vais rechercher de ce fait les autres livres de cet auteur.
    Merci de nous faire aussi partager vos lectures.
    Une fidèle abonnée de votre blog.

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