Le mystère du lac – Robert R. McCammon

Robert R. McCammon - Le mystère du lac

Robert R. McCammon – Le mystère du lac (1993)


4ème de couv’…

Ce que le jeune Cory a vu ce matin froid de printemps au fin fond de l’Alabama, jamais il ne pourra l’oublier: une voiture folle, surgie de nulle part, s’enfonçant dans les profondeurs du lac, un inconnu attaché au volant par des menottes.

Il luttera de tout son cœur pour découvrir ce qui s’est passé et conjurer les forces démoniaques que le mystère du lac a libérées.

Pour qu’éclate enfin la vérité.

Mon ressenti de lecture…

La lecture de ce roman? C’est encore de la faute de mon amie Sachacha Sand… Pfff… quelle tentatrice! Merci toi pour ce petit pavé de plus de 750 pages!

Oui, merci parce que j’ai lu un livre fabuleux! Un roman noir mâtiné discrètement de sorcellerie et de fantastique. Un portrait d’un petit coin des States, dans les années 60. Un jeune garçon, témoin de la vie de ses contemporains, qu’un meurtre poursuivra longtemps…

Car il a vu son père plonger dans les eaux glacées du lac pour tenter de sauver le conducteur d’une voiture folle. Son père a risqué sa vie, il sait que ce n’est pas un accident, et le mort au volant l’appellera longtemps dans ses cauchemars.

Le titre français du roman est un peu trompeur car l’histoire ne tourne pas essentiellement autour de cette disparition.

C’est avant tout le parcours initiatique de Cory, une jeune adolescent blanc habitant une petite ville où la communauté noire est importante, au sud des États Unis, à Zephyr, Alabama.
Nous sommes donc dans les années 60, pendant lesquelles sévit une forte ségrégation raciale et sociale: le racisme et la peur de la différence sont très présents.
Cory est témoin de la distance, de la méfiance, de l’hostilité voire parfois la haine, installées entre deux couleurs de peau.
C’est une critique sociale qui surnage lors de l’inondation du quartier noir, quand on sent les réticences des uns alors que les autres n’hésitent pas à apporter leur aide. C’est une réflexion sur l’humain en prise à des blocages culturels, ethniques et historiques, et dont l’évolution positive est très lente.

C’est également une période où l’Église utilise sa grande influence pour diriger ses ouailles, leur dicter leur conduite, leur manière de vivre, de penser, au travers de sermons fanatiques et enlevés. J’ai adoré les scènes religieuses avec la folie du pasteur – DJ diabolique sur danse de singe, ou encore l’attaque des guêpes… L’auteur glisse ainsi subtilement une vision satirique de la religion qui apporte une note humoristique très sympathique!

Les années 60 marquent également des progrès dans la distribution commerciale qui entraîne la mort des petits métiers. Cody le subit de plein fouet avec sa famille: l’argent ne tombe pas du ciel, on ne choisit pas son métier par rêve mais pour nourrir ses proches. Son père en fait les frais, encore plus durement depuis qu’il est devenu l’ombre de lui-même.

Il règne une brume de mystère mystique au dessus de ce lac… Son père en rêve, Cory voit des silhouettes, entend des appels de défunts, tout comme la Dame, une vieille femme noire, un peu sorcière qui jouera un rôle important dans la vie de Cory, notamment en lui offrant son fidèle compagnon, ce fameux vélo magique…

Cody est un témoin. Il est jeune. Il est curieux. Il est acteur aussi, parfois victime. Il fait l’apprentissage de sa future vie d’adulte quand ses amis et lui sont en butte à la violence du plus fort que soi. Il assiste, impuissant, à la déchéance de son père, hanté par l’incident du lac. Il se questionne énormément, sur lui, ses copains, sa famille et le monde dans lequel il vit. Il adore écrire, il veut devenir écrivain d’ailleurs. C’est un personnage attachant qui nous ouvre les portes de son monde, qui est le trait d’union entre nous et ce microcosme hors de notre temps.

Le mystère du lac est une ode à l’enfance et à toutes ses découvertes, un roman noir entouré d’une aura de nostalgie, tout en émotions, mais pas tout en douceur.

Ce roman n’est pas sans me rappeler, le côté fantastique en moins, Seul le silence de R.J. Ellory, qui fut aussi un gros coup de coeur.

J’ai adoré le ton et la plume de Robert R. McCammon, malgré quelques petites longueurs; découvrir Zephir à travers les yeux de Cory; le suivre dans son enquête pour résoudre le mystère du lac; le voir revenir dans sa ville natale, à l’âge adulte pour un dernier adieu.

Cette lecture est une très belle découverte et je m’en vais découvrir les autres écrits du Monsieur!

Citations…

« C’est rigolo d’observer ceux qui vous ont mis au monde, et de les reconnaître en vous. On s’aperçoit ainsi que tout être vivant est un compromis de la nature. »

« Quand on perd le contact avec le passé, on perd pied dans le futur. »

« C’est à ça, je pense, que sert le travail d’écriture de l’histoire – ou de réécriture, si vous préférez: le redressage des torts, le remodelage du monde tel qu’il aurait dû être, si Dieu n’avait pas été bigleux avec les dents en avant. Dans le monde ordinaire, je n’ai aucun  pouvoir, mais dans le mien, je suis Hercule déchaîné. »

« (…) on ne sait jamais ce que la vie nous réserve (…). On se fixe un but, on pense y aller droit comme une flèche, mais avant que t’aies atteint ta cible, le vent t’emporte. »

« Elle avait passé le plus clair de la matinée au téléphone, branché sur le réseau des potins — un système de transmission hautement efficace, constituée de toutes les commères qui guettaient les sources potentielles de ragots, à l’affût d’un lambeau de vérité, comme autant d’oiseau de proie en quête de viande fraîche. »

« Le courage: c’est d’aimer quelqu’un d’autre plus que soi même. »

« Quand la nature échappe à notre contrôle, elle éveille en nous une épouvante primale. (…) on bute tout à coup sur cette vérité: nous n’aurons pas le dernier mot (…). »

« Ainsi va le monde. Nous voulons croire le meilleur, mais nous sommes toujours à l’affût du pire. »

 » Même derrière les yeux du pire des hommes, on devine un petit garçon effrayé, qui essaie de trouver un coin où le mal ne pourrait l’atteindre. »

« Ne laisse pas se passer un jour sans en garder quelque chose, et va cacher ce souvenir comme un trésor. Parce que c’en est un. Les souvenirs sont de précieuses portes, Cory. Des professeurs, des amis. Des maîtres. Quand tes yeux se posent sur quelque chose, ne te contente pas de regarder, il faut voir. Vraiment. Voir. Le voir assez pour que, lorsque tu le racontes aux autres, ils puissent le voir à leur tour. On peut traverser la vie en aveugle sourd et muet, Cory. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des gens que tu connais et que tu connaîtras. Ils passent dans une forêt de miracles sans en soupçonner un seul. »

« Rien n’est plus effrayant – ni plus excitant – qu’une page blanche. Effrayant parce que vous y cheminez seul, laissant votre piste sombre sur cette plaine immaculée; et excitant parce que personne ne connaît votre destination. Même vous, vous ne pourriez dire au juste où s’arrêtera votre voyage. »

« Par où faut-il passer pour en arriver là? Qu’est-ce qui peut fausser une âme au point de la rendre capable de détruire une vie humaine aussi facilement  qu’on chasse une mouche? »

« Quand une chanson vous ramène à un souvenir, quand les paillettes de poussière qui dansent dans le un rayon de soleil entraînent votre esprit dans leur sillage, quand vous vous laissez emporter par un train qui siffle au loin, quand vous vous échappez au moment présent pour faire un pas hors de vous, c’est qu’un bref instant, votre pied s’est posé au royaume de la magie. »

« En marchant au milieu de tous ces tombeaux, de tous ces livres à jamais refermés, je réalisai que nous sommes une race de gaspilleurs. Nous fichons notre passé à la poubelle. Nous bradons notre futur. »

Note: 4/5

Blog Note 4

9 réflexions au sujet de « Le mystère du lac – Robert R. McCammon »

    • C’est une amie qui me l’a conseillé! Je ne connaissais pas non plus, c’est une bonne surprise et j’ai ajouté d’autres titres de cet auteur à ma PAL! ^_^ Bonne découverte à toi!

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