Mes lectures

Lutz BASSMANN, Les aigles puent

          Dans une ville ravagée, Gordon Koum cherche les corps de sa femme et ses enfants dans les décombres. Lui-même irradié, au seuil de la mort, il leur rend un dernier hommage à travers la voix d’un pantin trouvé dans les gravas.

          « Lutz Bassmann appartient à une communauté d’auteurs imaginaires » (paroles de l’éditeur), plus connu sous le pseudonyme d’Antoine Volodine. L’année dernière, il avait réalisé l’exploit de publier trois romans, sous trois noms différents (et chez trois éditeurs) pour la rentrée littéraire. J’en parle ici à l’occasion de la lecture de très très bon Écrivains. L’objectif était de montrer que le texte est indépendant de la biographie (Antoine Volodine est notamment connu pour ses thèses formalistes) et que le même homme pouvait écrire trois textes totalement différents. L’objectif est intéressant et j’avais donc acheté les deux autres livres afin de voir ce qu’il en était.

         J’ai été bien moins convaincue par ce texte que par Écrivains. Le texte est sombre, très sombre, trop sombre. Un texte d’anticipation dans un univers sans espoir, genre avec lequel j’ai beaucoup de mal à accrocher. Ce n’est pas que je tienne beaucoup aux histoires joyeuses, mais tout de même… Toutefois, si je n’ai pas du tout adhéré à l’univers, je suis restée éblouie par ce style magistral. D’un point de vue purement stylistique c’est sans doute encore meilleur que l’ouvrage sus-cité qui m’avait laissée muette d’admiration des jours durant.

          Il m’a semblé voir dans ce texte quelques points communs avec le livre précédent (dans l’ordre de mes lectures, en réalité, ils sont parus en même temps). Sans doute est-ce uniquement parce que j’ai inconsciemment cherché cette ressemblance. Quelques vagues réminiscences mises à part, c’est un ouvrage totalement différent de celui que j’avais lu, tant par l’univers que par l’écriture. Bien que je n’aie pas tellement apprécié ce livre, je ne peux que m’incliner devant un tel talent. Reste à savoir si le troisième roman vient confirmer la réussite de l’incroyable entreprise de l’auteur. La réponse bientôt.

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Renoncer à ce qui suscite la protestation des vivants, à leurs petites indignations qui, la plupart du temps, sont insultantes pour les morts. Accepter le contact épuisé, non poétique, avec les morts.

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