Urbain Desbois

Joyeux poète urbain quarantenaire, établi à Montréal, Urbain Desbois vient de sortir un nouvel album, son quatrième. A la lisière de la chanson, du rock, de la pop et de la country, La Gravité me pèse est agréablement léger et joliment écrit.

La Gravité me pèse

Joyeux poète urbain quarantenaire, établi à Montréal, Urbain Desbois vient de sortir un nouvel album, son quatrième. A la lisière de la chanson, du rock, de la pop et de la country, La Gravité me pèse est agréablement léger et joliment écrit.

Urbain Desbois – de son vrai nom Luc Bonin – balade son crâne rasé, sa paire de lunettes et sa guitare sur les différentes scènes montréalaises depuis déjà un bout de temps. Avant de se lancer en solo il y a dix ans, il a composé pour le théâtre, joué dans les soirées underground du célèbre bar Les Foufounes électriques à Montréal et mis son grain de sel dans moult  formations rock, country, reggae, jazz ou hardcore… Pas fermé, le musicien !

A trente ans, il décide de passer derrière le micro et saisit le stylo pour écrire ses propres chansons : de "petites pensées et proverbes pour orchestres", dit-il. Le style d'Urbain Desbois est né. Un phrasé bien particulier, subtilement accentué et un rien espiègle. Des paroles qui surfent sur le double sens, la rime et l'invention de mots. Exemples sur son dernier opus, La Gravité me pèse : "Butine mon cœur si ça te chante/ profite donc de l'occasion et pollinise ma tête", demande-t-il à son amoureuse sur Mes chansons ne servent à rien, tandis qu'il crée le terme de “survicissitude” pour dire la difficulté de gagner sa vie (“Comment veux-tu qu'on survisse/ On est toute au salaire minimal / Y'a pas de danger de faire une overdose avec des miettes”).

Melting pot imprévisible

Drôle de chroniqueur social, conteur d'historiettes du quotidien et amoureux transi qui susurre “mon pouls copie ton pouls” à sa chère et tendre quand il la tient dans ses bras… Urbain Desbois pêche son inspiration à droite à gauche, au gré de conversations, de souvenirs d'enfance (Cannibale) et d'émotions vives (Tu n'as pas le temps, J'ai des vagues dans la tête). Chantant le tout sur des rythmes bien ciselés, passant de la pop légère à la country, du slow et de la chanson à un rock garage au son un peu sale. Une basse, un violoncelle, une pedal steel, un orgue Hammond, un piano, un saxophone baryton… Le melting-pot est assez imprévisible, mais l'intelligence drolatique des textes et le bel enrobage signé Jean-François Lemieux (Jean Leloup, Daniel Bélanger) maintiennent l'auditeur sur le fil.

Sûr qu'avec ce nouveau disque, Urbain Desbois va enfin pouvoir sortir du bois. Car s'il a déjà à son actif plusieurs albums en autoproduction et sur le petit label La Tribu, c'est la première fois qu'il signe avec une grande maison de disques, Audiogram. L'écurie de Jean Leloup, Pierre Lapointe ou encore Ariane Moffatt sait y faire pour promouvoir ses auteurs-compositeurs-interprètes. Les chansons de La Gravité me pèse s'envolent déjà sur les ondes québécoises, le remplissage des salles de concerts pourrait suivre. Et, qui sait, pourquoi pas une traversée de l'Atlantique…

Urbain Desbois La Gravité me pèse (Audiogram) 2007