Parfois, certains auteurs qui n’écrivent habituellement que pour les adultes se laissent aller à publier un roman pour les enfants. Comme une « anomalie » dans leur bibliographie, comme un petit détour sur leur route toute tracée, ils nous offrent, l’espace d’un instant, leur contribution à la littérature jeunesse.

Quels sont ces livres ? En quoi sont-ils différents ou proches de l’ensemble des œuvres de ces écrivains ?

 

 La Petite Marchande de Rêves, de Maxence Fermine 

Depuis la parution de Neige, Maxence Fermine fait partie de ces « jeunes auteurs » français dont nombre de lecteurs et lectrices suivent l’actualité littéraire avec intérêt. Dans sa dizaine de romans, on retrouve un univers réaliste à chaque fois différent, souvent grave, mais tout le temps poétique, une « touche Fermine » un peu indéfinissable.

Après avoir lu le dernier Noces de Sel, j’ai découvert son premier roman jeunesse La Petite Marchande de Rêves. Et une fois terminé, j’avais déjà envie de le relire, et de prolonger ce moment de féerie que la couverture rend assez bien.

Ce conte est la journée d’anniversaire de Malo, qui se retrouve au Royaume des Ombres, et qui fait des rencontres improbables, avec un arbre bougon, avec un chat gardien de l’auberge des trois brigands, avec la jeune Lili qui attrape les rêves comme on capture un papillon…

Aux confins de l’univers d’Alice au Pays des Merveilles et du Petit Prince, on plonge dans cet imaginaire sans y réfléchir, on savoure, on n’a pas envie que ça se termine et puis c’est tout…

Maxence Fermine retient de l’enfance son enchantement et le retranscrit dans La Petite Marchande de Rêves. C’est là que tient la plus grande différence entre les romans adultes et jeunesse de l’auteur. Non pas à la simplification de la langue, non pas au nombre de pages (ses récits pour adultes sont souvent très – voire trop – courts), mais à une vision de l’enfance merveilleuse – le récit a d’ailleurs été inspiré à Maxence Fermine par un rêve de sa fille. Vouloir créer une relation privilégiée enfant-parent, s’inspirer des questionnements et réflexions des enfants sont sans doute des raisons à ce virement de la littérature pour les grands à une littérature pour les petits…

Je ne sais pas quelle peut être la réception des jeunes : sans doute est-ce un livre à partager, à mettre en voix, en scène, en mots, en images… Mais je pense que les adultes qui appréciaient l’œuvre de Maxence Fermine se chargeront d’être les passeurs de cette belle histoire auprès des plus jeunes.

La Petite Marchande de Rêves, de Maxence Fermine, 2012. Editions Michel Lafon, 9,95 €. 

Claire.