Arts

L’Odyssée de Turner : Peintre de la lumière

William Turner fut un des plus grands maîtres de paysages à l’aquarelle de la période romantique et pré-impressionniste. Il appliqua différentes techniques de lumière dans ses œuvres. Il tenta de reproduire l’effet lumière dans des peintures de scènes d’histoire de décadence de grands empires, dissolvant les formes dans le frémissement de l’atmosphère et de la lumière.

Joseph Mallord William Turner (1775-1851), fut un peintre anglais prolifique qui, à sa mort, légua au public anglais le travail de peintures à l’huile, d’aquarelles et de croquis de toute sa vie, demandant seulement qu’ils soient conservés ensemble et exposés dans un bâtiment pour être vus gratuitement. Ses souhaits n’ont malheureusement pas été entièrement exaucés. La collection a été divisée et exposée dans de nombreuses galeries différentes à travers le monde, mais une grande partie de la collection est exposée en permanence à la Tate Britain (Galerie Nationale d’art britannique) et peut en effet être vue par le public, gratuitement.

La peinture était la façon pour Turner d’explorer l’expérience de l’existence et l’une de ses principales préoccupations concernait les effets du soleil, de la lumière.

Sur la vie de William Turner, l’une des histoires les plus répandues parmi de nombreuses histoires intéressantes, concerne une peinture à l’huile intitulée Tempête de neige – Bateau à vapeur au large de l’embouchure d’un port. Elle fut exposée pour la première fois avec beaucoup de tumulte et d’indignation en 1842. Les critiques ont dit que Turner était devenu fou, d’autres l’ont décrit comme « de la mousse de savon et du lait de chaux ». Turner fut blessé par la critique mais n’en fut probablement pas surpris. Il déclara plus tard : « Je ne l’ai pas peinte pour être compris, mais je voulais montrer à quoi ressemblait une telle scène ; j’ai demandé aux matelots de m’attacher au mât pour l’observer ; j’ai été fouetté pendant quatre heures et je ne m’attendais pas à en réchapper, mais je me sentais obligé de le rapporter si je le faisais. »

Grand admirateur d’Homère et de Virgile, il est probable que Turner ait fait un parallèle avec un des passages de L’Odyssée, où Ulysse s’est fait attacher au mat de son navire pour résister au chant des sirènes.

Ce qui ressort clairement de cette peinture et de cette histoire, c’est que Turner était moins intéressé par la représentation et plus préoccupé par l’expérience. La peinture était sa façon d’explorer l’expérience de l’existence et l’une de ses principales préoccupations concernait les effets du soleil, de la lumière.

L’œil et la vision dans ses peinture

Les scènes de ses premières peintures étaient en grande partie des supports pour ses explorations de la réalité de la lumière, des théories de la couleur, de la peinture elle-même et de la subjectivité de l’observateur.

Turner était très intéressé par le phénomène optique de la vision, réalisant que seule une petite partie du champ visuel humain voit une image nette et que notre champ de perception est constitué par de nombreux petits mouvements de l’œil. Il s’est également rendu compte que cette zone limitée de résolution optimale est une surface courbe, ce qui l’a amené à représenter la lumière dans un arrangement radial qui allait à l’encontre de l’opinion perçue à son époque selon laquelle la lumière se déplace en lignes droites. Turner a ressenti qu’elle voyageait par vagues.

Le soleil se couche sur les empires

Cependant, Turner ne s’intéressait pas seulement à la lumière, à la peinture et à l’optique, celles-ci n’étant que des supports pour son intérêt pour le sublime, pour le temps qui passe, la lumière qui s’estompe, l’inévitabilité de la mort. Il était fasciné par la décadence d’empires tels que Carthage et l’Europe napoléonienne, la perte humaine et l’apocalypse.

Dans la représentation de Turner du Déclin de l’Empire carthaginois, nous voyons une représentation magistrale de coucher du Soleil. Des textures des nuages, du changement de teinte dans le ciel à la façon dont la lumière rebondit sur différentes surfaces et textures sur les bâtiments, la nature et l’homme, il ne fait aucun doute que nous voyons le Soleil se coucher sur un empire autrefois grand. On peut remarquer que les bâtiments au loin sont rendus plus doux, plus flous. Les observations de Turner sur l’effet de la brume atmosphérique lui permettent de donner à la peinture profondeur et réalisme, mais le réalisme n’était pas sa principale préoccupation. Ses derniers mots célèbres furent « Le Soleil est Dieu » et, avec son intérêt pour le sublime et l’apocalyptique, nous pouvons interpréter cela comme une sorte de compréhension par Turner que le début et la fin de tout ce que nous savons sont contenus dans un seul endroit.

L’apocalypse éclaircit le chaos prêt pour le nouveau jardin d’Eden. C’est le dépassement des dualités, le processus de transformation. Turner était dans sa propre Odyssée pour comprendre l’existence, le sublime et la mort, et il a laissé ses découvertes au public pour qu’il puisse les voir au Musée de la Tate Britain, gratuitement.

Traduit de la revue anglaise New Acropolis par Michèle Morize
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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