« Veille », Robert J. SAWYER

Ce volume est le deuxième de la trilogie commencée avec « Eveil ».

La conscience qui avait émergé du Web, Webmind, croît à une vitesse exponentielle. Elle ne cesse de s’enrichir de nouveaux contenus et sa seule interaction avec Caitlin ne suffit pas à occuper tout le temps et les énormes capacités d’apprentissage dont elle dispose.
En même temps que Caitlin, soutenue par ses parents, docteur en économie pour l’une et éminent physicien pour l’autre, s’interroge sur la meilleure manière d’orienter sa puissance vers le bien-être de tous, un groupe de scientifiques américains découvre son existence et prévient le gouvernement. Dès lors, l’existence-même de Webmind semble menacée, puisque son pouvoir tendant vers l’incommensurable inquiète au plus haut point les autorités…

Je poursuis la lecture de cette trilogie avec beaucoup de plaisir. Ce deuxième tome, par le truchement d’une histoire assez simple mais toujours bien menée (la tension narrative est réelle puisqu’on s’inquiète, avec Caitlin, de ce que Webmind pourrait devenir ou de ce qui pourrait lui arriver), touche à des questions fondamentales (qu’est-ce que la conscience ? comment inciter à choisir le bien ?…) en fondant sa réflexion sur des théories philosophiques ou économiques, comme la théorie des jeux. L’auteur se plaît à suggérer que la pensée de George Orwell pourrait être dépassée si la mainmise d’une Intelligence Artificielle sur le web, au lieu de mener à un contrôle étatique à la Big Brother, générait davantage de transparence et donc moins de conflits potentiels. Il n’occulte pas pour autant les risques encourus par la liberté individuelle et, dans ce domaine, Webmind n’est pas parfait…
Caitlin demeure le personnage principal, avec Webmind s’entend, qui est au moins voire plus intéressant qu’elle. Car si Caitlin possède des qualités intellectuelles extraordinaires (à l’image de ses parents !) et si elle détient une webvision dont l’évocation pour le lecteur est fascinante, le côté teen-ager du roman peut agacer ponctuellement. Ainsi lorsque Caitlin décide, au vu des statistiques, qu’il ne lui reste que 143 jours pour perdre sa virginité car il est hors de question qu’elle soit, dans ce domaine, moins performante que les autres filles de son âge, lesquelles la perdent en moyenne à 16,40 ans : venant de quelqu’un aussi réfléchi qu’elle, comme en témoigne son attitude vis-à-vis de Webmind, ce genre d’attitude surprend ! Mais heureusement (pour moi) le côté roman ado n’est pas ce qui domine. Le monologue intérieur de Webmind, quant à lui, écho de ses découvertes puis de ses choix, se lit toujours avec beaucoup d’intérêt. De même, on continue à avoir un œil sur Chobo, mi-chimpanzé, mi-bonobo, et l’insertion de cette trame-là du récit est toujours aussi pertinente en ce qu’elle illustre concrètement certaines des idées avancées par ailleurs. Enfin, le roman est parsemé d’allusions à des œuvres de science-fiction (romans et films), que les amateurs du genre apprécieront.

Sans être de la « grande » science-fiction, « Eveil » est un roman intelligemment conçu et sympathique et je suis curieuse de lire sa suite,      « Merveille », qui vient clôturer la trilogie.
A noter les titres anglais de celle-ci, malheureusement intraduisibles (mais le traducteur s’en est très bien sorti avec « Eveil », « Veille » et « Merveille » ; quant à l’ajout, au deuxième tome, d’un titre global pour la trilogie, à savoir « Singularité », il ne me paraissait pas indispensable) et se référant explicitement au World Wide Web : WWW : Wake, WWW : Watch et WWW : Wonder .

« Veille », Robert J. SAWYER
Editions Robert Laffont, collection Ailleurs et Demain (395 p)
Paru en octobre 2010

10 commentaires sur “« Veille », Robert J. SAWYER

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  1. La bonne SF, j’aime, sauf que je veux que les séries soient complètes! (j’attends toujours de savoir comment l’héroine des maitres marchants va se sortir de son bourbier, alors…)

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  2. Celle-ci l’est, complète : le dernier tome, « Merveille », est sorti en février 2011 (et je viens de l’emprunter à la bibliothèque).

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  3. J’ai vraiment trop de mal avec la SF. Aucune référence en la matière, car je l’avoue, aucune véritable attirance pour le genre. Ce roman me passerait au dessus de la tête, c’est certain . J’aimerai bien tenter le genre, mais je trouve toujours plus attrayant au moment de m’y mettre !

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    1. La SF à forte teneur psychologique pourrait te plaire. Si tu n’as pas lu « Des fleurs pour Algernon », je te le recommande très vivement (d’autant que c’est un classique du genre).

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  4. Bon, j’ai vérifié et ma biblio a bien le tome 1 mais pas la suite … soit ils n’ont pas su que c’était une trilogie, soit il y a eu trop peu de lecteurs pour investir dans cette suite !!!

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  5. De mon côté, la biblio (une annexe) est contente d’avoir acheté la trilogie car pour le moment il y a de bons « retours » (au sens d’appréciations des lecteurs quand ils rapportent les livres).

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  6. Bon voilà je me suis enfin donné le droit de lire ton billet, vu que j’ai rédigé le mien.:)
    Oui ce tome reste palpitant et enrichissant pour les réflexions qu’il suscite, mais pour le coup j’ai bien ressenti le côté roman ado. J’ai l’impression que je ne serai pas très surprise par ce qui m’attend dans le tome 3… Le titre l’annonce à grand cri 🙂 Enfin, je ne sais pas ce que ce sera mais ce sera forcément un happy end, non? 🙂

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