Babx, Interview

BABX

On avait rencontré cet artiste aux cheveux fous dans sa loge lors du Festival Fnac Live, l’été dernier. L’occasion pour Babx de nous dire qui il était, quels étaient ces projets en cours et ceux à venir… Presque un an plus tard, il revient sur scène avec un concert « rituel » particulier, ce mercredi 11 juin dans le cadre exceptionnel du 104. Babx et son groupe joueront ses deux précédents albums comme deux pièces indépendantes et dans l’ordre de lecture des morceaux : l’acoustique boisée de « Cristal Ballroom » et l’électronique vaudou de « Drones personnels ». En prologue de ces deux tableaux, un quatuor à cordes ouvrira le bal sur une réduction d’orchestre de « The Sinking of the Titanic » de Gavin Bryars et l’incroyable Thereministe américaine Pamelia Kurstin allumera les drones de sa sorcellerie blanche. Un concert ou plutôt une expérience qui ne sera proposée qu’une seule fois. Unique, donc… Rencontre.

Avant de parler de ton dernier album et de tes projets, pourrais-tu me dire qui est Babx ?

D’un point de vu de l’état civil, je suis David Babin dit Babx. Né en 1981. Je suis musicien. Comment est-ce que je pourrais me définir ? Barbara disait « Je suis une femme qui chante »,  moi je pourrais dire que « je suis en musicien qui chante ». J’écris des chansons et j’ai sorti en mars 2013, mon troisième album qui s’appelle « Drones personnels ».

Justement au sujet de cet album, je ne sais pas si c’est de toi, mais j’ai lu que « ça n’est pas un album pour rendre hommage inconsciemment, mais un album pour être conscient »… Conscient de quoi?

Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas moi qui suis capable de telles tournures de phrases à mon égard ! Moi ce que j’aimerais, c’est que la prise de conscience ce soit justement le fait de rêver. Je crois que c’est un peu mon but en fait, que notre prise de conscience, on la rêve à tel point qu’elle devienne réalité. Je trouve que dans le siècle qui s’ouvre à nous, il se passe des choses qui ont l’air complètement surréalistes. Je me suis donc pas mal inspiré pour ce disque, de choses dont je me suis souvenu et de représentations que l’on avait lorsqu’on était petit, dans les années 80. Concernant le XXIe siècle, on s’imaginait des soucoupes volantes partout, des objets volants… et il y avait quelque chose de très poétique dans cette vision là. Quelque part, on y est puisqu’il y a des objets volants partout, des machines partout… mais qu’est-ce qu’il reste de poétique là dedans ? Qu’est-ce que la machine a pris de poétique et d’humain ? Qu’est-ce que l’humain a pris de la machine ? J’étais dans cette sorte de méditation, on va dire. Là dessus, la réalité est assez folle en ce moment et me sert de source d’inspiration démesurée. Elle est presque encore plus démesurée que n’importe quelle histoire folle qu’on pourrait inventer et me permet de camper des personnages comme par exemple « Despote paranoïa », qui est vraiment l’histoire d’un despote enfermé dans son bunker qui vit ses dernières heures et qui crie qu’il ne capitulera pas. Il y a cette image de Kadhafi enfermé dans son bunker… Ce sont des personnages presque « shakespearien ».

Et par le biais de la métaphore, tu parles de faits réels catastrophiques…

Oui, mais avec toujours derrière, une mise en abîme, car il ne s’agit pas de parler du fait divers en lui-même. Par exemple pour « Les noyés » il y a en toile de fond cette histoire de tsunami, mais c’est surtout l’histoire de deux amants qui se séparent et qui se noient dans leur séparation. Vu qu’on est noyé sous un flot d’informations qui passent toutes plus vite les unes que les autres, moi j’essaie de m’arrêter sur des symboles plus que sur des faits qui se sont passés. Tout comme « Tchador Woman (Manal’s songe) » c’est un symbole très fort de voir toutes ces femmes en voiture, prendre le volant pour défier les autorités. Il y a quelque chose de très cinématographique, de très sexy, de très mythologique presque. Ça pourrait être la même histoire écrite à l’empire ottoman, les femmes prendraient les chevaux et défieraient les fakirs… Il y a quelque chose de très intemporel finalement.

Il y a dans tes chansons, un véritable attachement au texte, une précision des mots. Tu parles d’ailleurs beaucoup de poésie… D’où te vient ce sens de l’écriture et de la poésie ?

La poésie pas comme « art littéraire », mais plutôt comme manière de se projeter dans le réel ou de créer des bulles un peu différentes. L’écriture, je n’arrive pas trop à l’expliquer. J’ai beaucoup lu jusqu’à mes 20 ans et quand j’ai commencé à écrire, j’ai pratiquement arrêté de lire. Je ne suis pas un littéraire forcené qui travaille ses alexandrins avec précision, avec son dictionnaire de rimes, tous les jours. Par contre, je pense que le langage – et le français particulièrement – me permet de raconter des choses que la musique ne me permet pas de faire. Et inversement, d’ailleurs… Donc, l’un et l’autre se répondent en permanence.

BABX

Parallèlement à cet album et à ton concert au 104, tu es en pleine création d’un Pocket Opéra. Que peux-tu nous dire à ce sujet?

Ca a été désigné comme un Pocket Opéra mais c’est en fait un projet d’opéra, un œuvre sous forme opératique. Ça n’est par contre pas du tout classique, ni néo-classique. C’est une collaboration avec un orchestre à New-York qui s’appelle le Metropolis Ensemble. C’est un orchestre assez génial composé de jeunes et brillants solistes, venant pour la plupart du New York Philharmonic ou d’autres prestigieuses formations, et qui ont décidé de créer l’équivalent d’un groupe de rock, un collectif, dans le but d’extraire la musique classique des salons feutrés et laqués…  Ils font donc des trucs complètement dingues comme le Sacre du printemps avec des DJ derrière, et ils font ça vraiment bien !  Ils travaillent avec The Roots groupe de hiphop que j’adore, c’est très surprenant… Et là, ils m’ont proposé de travailler sur la thématique de l’opéra. Avec Andrew Cyr on a présenté 20 minutes de ce que sera le projet inspiré par Nikola Tesla, un des inventeurs de l’électricité,  de la radio, des automates, un espèce de fou furieux…Pour l’instant, je suis en pleine écriture et je devrais avoir fini la première mouture vers octobre… L’idée serait, une fois prêt, qu’il soit joué dans un grand theâtre parisien dont je tairai le nom tant que je n’ai pas signé le contrat!

Isabelle Pares

Copyright Photo : Mauro Melis

BabX au 104

http://www.babx-music.fr/

Festival Fnac Live 

 

 

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