JUSTICEUne observatrice de la Ligue des droits de l’homme jugée à Montpellier

« Gilets jaunes » à Montpellier : Une observatrice de la Ligue des droits de l’homme jugée, « une affaire test »

JUSTICELa décision sera rendue jeudi matin
Camille Halut, observatrice de la Ligue des droits de l'homme, était jugée ce mardi matin à Montpellier
Camille Halut, observatrice de la Ligue des droits de l'homme, était jugée ce mardi matin à Montpellier - N. Bonzom / Maxele Presse
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Camille Halut était jugée ce mardi matin pour entrave à la circulation lors d’une manifestation de « gilets jaunes », le 6 avril dernier, sur l’autoroute A 709.
  • L’étudiante en droit, âgée de 26 ans, a assuré qu’elle était dans son strict rôle d’observatrice de la Ligue des droits de l’homme.
  • Ses avocats voient dans ce procès une façon de « réduire au silence » l’association.

«C’était un procès important », a simplement réagi Camille Halut, ce mardi, devant les dizaines de personnes venues la soutenir devant le tribunal de grande instance de Montpellier, dans l’Hérault. Cette étudiante en droit de 26 ans comparaissait ce matin pour « entrave à la circulation », le 6 avril dernier, sur l’autoroute A 709.

Alors qu’elle accomplissait, a-t-elle martelé devant le tribunal correctionnel de Montpellier, sa mission d’observatrice pour la Ligue des droits de l’homme, la justice lui reproche d’avoir contribué à bloquer des véhicules, en marge d’une manifestation de « gilets jaunes ». Ce jour-là, les manifestants étaient descendus sur les voies, paralysant le trafic pendant plusieurs dizaines de minutes. Siglée Ligue des droits de l’homme, la jeune femme, qui a déjà permis plusieurs signalements à la police des polices, a suivi le groupe, afin de poursuivre ses observations des interventions des forces de l’ordre.

Un gilet siglé de la Ligue des droits de l'homme porté par un militant à Montpellier, ce mardi matin, devant le tribunal
Un gilet siglé de la Ligue des droits de l'homme porté par un militant à Montpellier, ce mardi matin, devant le tribunal - N. Bonzom / Maxele Presse

« Je fais très attention à mon comportement »

« Des manifestants sont allés sur le pont, au-dessus de l’autoroute, l’a questionnée la procureure. N’était-ce pas plus judicieux ? » « Le pont était assez éloigné, quand il y a trop de distance, on n’arrive plus à avoir certains éléments », lui a répondu la prévenue. « On a l’impression que votre rôle peut dépasser l’observation », reprend la représentante du ministère public. « Je fais très attention à mon comportement, a assuré Camille Halut. La presse était là aussi. J’ai un rôle assimilable à celui de la presse. »

« Certes, elle n’écarte pas les bras pour arrêter les véhicules, a consenti la procureure, dans son réquisitoire, ce mardi matin. Mais elle se trouve à un endroit où elle empêche la circulation des voitures. C’est en cela que l’infraction est caractérisée. »

« On veut réduire Camille Halut au silence »

Mais pour ses avocats, ce procès va plus loin qu’une banale histoire d’entrave à la circulation. Ce que l’on veut, a grondé à la barre Michel Tubiana, c’est bel et bien « museler » les observateurs de la Ligue des droits de l’homme. L’avocat, ancien président de l’association, fondée en 1898, y voit même une tentative « d’intimidation ». « On veut signifier partout : "Méfiez-vous, si vous faites ce rôle d’observateur, vous ne serez pas que frappés ou insultés, mais aussi condamnés" », a-t-il assuré.

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« On veut réduire Camille Halut au silence, on considère que la police doit avoir les mains libres », a estimé à la sortie de l’audience son confrère Alain Ottan, qui parle d’une « affaire test ». Une amende de 150 euros a été requise contre la prévenue. Ses avocats ont demandé la relaxe. La décision du tribunal sera rendue jeudi matin.

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