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Patrimoine mondial de l’UnescoLe Phare de Cordouan, gardien de l’Estuaire de la Gironde

Le phare ne se visite qu’à marée basse. Un moment qui offre une vision magique de ce majestueux bâtiment. 

On le voit de loin, au large de la pointe de Grave au bout de La Gironde ou depuis Royan, du côté de la Charente-Maritime. La nuit du haut de ses 67,5 mètres, il scintille au large. Le Phare de Cordouan est unique en Europe. Témoin de plus de 400 ans d’histoire, il a été imaginé par les rois de France comme objet de prestige, posé sur l’Atlantique.

Ce digne héritier du phare d’Alexandrie devait en mettre plein la vue aux navigateurs étrangers. Il est le dernier encore habité en France. On vient le visiter, surtout, parce qu’il doit sa silhouette majestueuse à son statut de résidence royale. Difficile à croire qu’un tel petit palais de la Renaissance puisse exister à 8 km des côtes. Son architecture en fait l’un des monuments les plus délicats du pays. Sa situation, une excursion pleine d’aventure.

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Imaginez! Au milieu des eaux hostiles sur un îlot rocheux à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, Henri III lance la construction de ce monument en 1584, là où se dressait une chapelle depuis 1360. Selon la légende, un ermite était en charge de l’entretien du feu. Sept cents ans et quelques chantiers plus tard, ils sont quatre gardiens à, encore aujourd’hui, se relayer en duo pour veiller, 7 jours sur 7, hiver comme été, sur cette bâtisse massive qui guide les cargos et continue parfois à remplir des missions militaires quand elles ne sont pas liées à la biodiversité.

«On assure une présence 365 jours par an, avec une rotation d’une semaine sur place, assure Benoît, 44 ans et gardien titulaire du phare qu’il «habite» depuis 2012. Notre mission, c’est d’assurer une présence humaine. Cela a toujours été ainsi! Même lorsque l’armée allemande a occupé le site, durant la Deuxième Guerre mondiale, elle n’a pas quitté l’îlot.

L’homme connaît les moindres recoins et pierres du bâtiment. Comme son collègue Nicolas (45 ans), il s’est formé sur le tas. «Ici, on vit six mois par année en bottes, les autres six mois à pieds nus. On est les concierges, les électriciens, les mécaniciens et… les guides touristiques.»

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Le phare de Cordouan, un monument régional d’envergure internationale. Sur cette image, on découvre bien qu’il constitue, en fait, en la superposition de deux phares.
Benôit et Nicolas, gardiens du phare.
La navette qui permet de rallier le phare.

D’avril à octobre, le site est effectivement ouvert aux visites. Prendre d’assaut le phare est une expérience en soi. Après une petite heure en vedette, le débarquement se fait par petits groupes grâce à un chaland amphibie qui, par-dessus les vagues, les bancs de sable et les rochers marins, amène les visiteurs à terre. L’opération prend quarante-cinq minutes.

«Approcher Cordouan, ce n’est jamais pareil d’une fois à l’autre, explique le capitaine. On n’y vient que lorsque les conditions sont optimales, en surveillant, après 2-3 jours de houle, le résiduel qui peut empêcher la manœuvre.» On n’y vient, surtout, qu’à marée descendante. Pour faciliter la navigation hors de l’Estuaire.

Pour garantir, sur place, un temps de visite convenable. Et graver un peu plus dans la mémoire la découverte de ce lieu magique. Sa tour élancée se reflète dans les vasques d’eau de mer, à l’arrivée. Au départ, une course contre la montre s’installe avec les eaux montantes qui se referment sur le phare et noient la jetée.

Deux phares en un

Le bâtiment que l’on découvre aujourd’hui est, en fait, la superposition de deux phares. De la résidence royale inaugurée en 1611, après vingt-sept ans de travaux, il ne reste que les deux premiers étages. À l’intérieur, on découvrira la majestueuse voûte, trace de la coupole qui coiffait l’édifice. Vers 1786, cette portion ainsi que sa flèche ont été remplacées par une tour élancée et massive érigée pour accroître la portée lumineuse de l’installation.

En 1823, Fresnel y installa, d’ailleurs, une lentille expérimentale, celle qui porte désormais son nom et a équipé tous les phares de la planète, grâce à sa capacité à projeter très loin son rayon lumineux. Aujourd’hui, la portée de Cordouan est d’environ 19 milles.

Atteindre la lanterne se fait au prix d’un effort et de 301 marches. Une montée qui, une fois passé le vestibule et ses fontaines ingénieuses où l’eau de pluie est récupérée, permet de découvrir l’appartement du roi – une salle d’apparat qui n’a, en vérité, jamais été utilisée par le moindre souverain – , puis la somptueuse chapelle Notre-Dame.

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Le phare cache une chapelle. Ce lieu de culte en pleine mer est unique au monde.
Vue d’extérieur.
L’ascension du phare passe par le sublime escalier en colimaçon.

Cordouan est le seul phare au monde à posséder un lieu de culte, volonté d’Henri IV pour afficher aux yeux de tous sa conversion au catholicisme. Sol en marbre gris, sculptures pleines de finesse, pilastres corinthiens, bénitiers en forme de coquillages… On comprend pourquoi la restauration du lieu réclame l’intervention des meilleurs ouvriers de France.

Il est rénové au moins deux fois par siècle. La dernière campagne a duré neuf hivers. Elle vient de se terminer, sous la conduite des communes voisines. Car s’il en a toutes les caractéristiques, Cordouan n’est pas un monument national. C’est un joyau régional qui a reçu les honneurs, en 2021, d’être inscrit sur la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Pour la splendeur des deux premiers étages mais aussi pour les différentes salles supérieures qui, au gré d’un surprenant escalier en colimaçon, permettent au visiteur d’atteindre la chambre boisée de veille et la lanterne. «Elle est automatisée depuis 2006 et, avec les GPS, les navires ont gagné en autonomie, observe Benoît. Mais le phare garde son utilité. Et fait rêver tous ceux qui viennent le visiter.»

Depuis des siècles quand la marée monte, les gardiens de Cordouan quittent les visiteurs pour s’isoler derrière la massive muraille du phare.

Pour les gardiens, il est devenu l’épicentre de leur vie. «Une semaine sans panne, ça n’existe pas. On vit loin des nôtres mais on ne s’ennuie jamais. Et on a appris à vivre différemment, au rythme des marées.» Sans oublier la météo! Quand la tempête se déchaîne, des rafales déboulent à 120 km/h.

Et quand les eaux remontent inévitablement, les gardiens prennent alors congé de leurs visiteurs. En quelques minutes seulement, leur phare se retrouvera entouré d’eau, ses murailles claquées par les vagues qui, depuis des siècles, protègent la structure centrale. Et bercent la solitude marine de Cordouan.

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