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COLLÈGE DE FRANCE – CNRS CENTRE DE RECHERCHE D’HISTOIRE ET CIVILISATION DE BYZANCE TRAVAUX ET MÉMOIRES 20/2 Mélanges Catherine Jolivet-Lévy édités par Sulamith Brodbeck, Andréas Nicolaïdès, Paule Pagès, Brigitte Pitarakis, Ioanna Rapti et Élisabeth Yota Ouvrage publié avec le concours de l’École Pratique des Hautes Études Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance 52, rue du Cardinal-Lemoine – 75005 Paris 2016 ORIENT ET MÉDITERRANÉE (UMR 8167) / MONDE BYZANTIN COLLÈGE DE FRANCE / INSTITUT D’ÉTUDES BYZANTINES TRAVAUX ET MÉMOIRES – publication annuelle paraissant en un ou deux fascicules – Fondés par Paul Lemerle Continués par Gilbert Dagron Dirigés par Constantin Zuckerman Comité de rédaction : Jean-Claude Cheynet, Vincent Déroche, Denis Feissel, Bernard Flusin Comité scientifique : Wolfram Brandes (Francfort) Jean-Luc Fournet (Paris) Marlia Mango (Oxford) Brigitte Mondrain (Paris) Peter Schreiner (Cologne – Munich) Werner Seibt (Vienne) Jean-Pierre Sodini (Paris) Révision des articles en anglais : Robin O. Surratt Composition et infographie : Artyom Ter-Markosyan Vardanyan © Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance – 2016 ISBN 978-2-916716-62-6 ISSN 0577-1471 PRÉFACE Catherine Jolivet-Lévy a été l’étudiante d’Anatole Frolow qui fut mon prédécesseur à la chaire d’art byzantin de l’université Paris 1. À la mort de ce dernier, je fus appelé à le remplacer en compagnie de Pauline Donceel-Voûte qui fut, peu après, choisie comme directrice de l’Institut néerlandais d’Istanbul et démissionna de son poste. Catherine me parut toute désignée pour la remplacer, d’autant que nos champs d’activité, l’archéologie de l’Antiquité tardive de mon côté, l’histoire de l’art de Byzance du sien, se complétaient parfaitement. Ainsi commença une collaboration pédagogique et scientifique qui fut efficace et harmonieuse car elle était fondée sur le recours aux documents, leur insertion dans leur contexte historique, culturel et souvent liturgique, ainsi que sur une méfiance commune des a priori stylistiques. Sa nomination, après son habilitation à diriger des recherches en 1996, comme professeur à Paris 1 puis comme directrice d’études à l’École Pratique des Hautes Études (Ve section) lui permit d’assurer pleinement un rôle éminent dans la formation à la recherche de jeunes chercheurs. Catherine avait choisi de se tourner pour sa thèse vers la peinture de Cappadoce, qu’elle centra sur le décor absidal, plongeant ainsi au cœur du système iconographique, de son programme et des intentions particulières exprimées dans tel ou tel édifice. Soutenue en 1981, sous le titre La peinture byzantine en Cappadoce. Problèmes d’ensemble et introduction à l’étude de l’iconographie absidale, elle fut publiée par les éditions du CNRS en 1991 sous le titre Les églises byzantines de Cappadoce. Le programme iconographique de l’abside et de ses abords (592 pages). L’ouvrage reçut de vifs éloges, notamment de Charles Delvoye qui signa là son dernier compte rendu, inachevé, dans Byzantion. La Cappadoce a donc été au centre de la réflexion scientifique de Catherine, sur les traces de Guillaume de Jerphanion disparu en 1948, dont elle a salué l’œuvre pionnière et dont elle a publié tout récemment, avec Nicole Lemaigre Demesnil, chez le même éditeur, une mise à jour exhaustive (La Cappadoce, un siècle après Guillaume de Jerphanion, 2015, prix Lantier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), qui respecte les articulations de son illustre devancier tout en enrichissant de deux cent cinquante monuments nouveaux ceux qui avaient été recensés par lui. Elle participa à plusieurs missions de Jean-Michel et Nicole Thierry dans le milieu des années 70, avant de voler de ses propres ailes. Elle a consacré beaucoup d’énergie à l’étude de cette région, qu’elle a élargie aux secteurs du Hasan Dağı (à l’ouest), de Niğde (au sud) et de Kayseri (à l’est). Elle a labouré inlassablement cet espace, initiant sur le terrain des étudiants français, mais aussi grecs et turcs, même si elle se heurta parfois à des « chasses gardées ». Mélanges Catherine Jolivet-Lévy (Travaux et mémoires 20/2), Paris 2016. VI JEAN-PIERRE SODINI Sa très large connaissance des sources bibliques et chrétiennes, ainsi que de l’iconographie religieuse du monde chrétien, lui a permis de mieux déchiffrer et d’améliorer la lecture de beaucoup de parois cappadociennes. Répertoire iconographique, cycles (comme ceux de l’Enfance de la Vierge, de l’Archange Michel), cultes locaux (saint Hiéron, saint Eustathe, ou encore saint Kèrykos), écho des cultes de la Syrie proche (stylites), sujets rares (images de l’Agneau) ont été mieux pris en compte. Sa vision du programme d’ensemble des églises, son souci de la mise en rapport des images les unes avec les autres et du choix de leur emplacement correspondent à l’approche actuelle des décors, tout comme la reconnaissance du poids des commanditaires dans ce domaine, quand ils sont mentionnés dans des inscriptions dédicatoires ou des invocations, comme dans le cas de deux églises, la Nouvelle Église de Tokalı et, surtout, le grand pigeonnier de Çavuşin où Nicéphore Phocas, représentant de l’aristocratie cappadocienne, l’impératrice Théophano et d’autres membres de la famille impériale font face à Constantin et Hélène. Toutefois, les recherches menées depuis Jerphanion l’ont amenée à infléchir la répartition qu’il avait faite des églises cappadociennes entre églises protobyzantines, églises des ixe-xie siècles et églises du xiiie siècle : les églises protobyzantines sont plus nombreuses, les décors aniconiques ne semblent pas antérieurs au ixe siècle, les peintures « archaïques » correspondent en fait à l’art de la capitale, tout comme celui des églises à colonnes, et les églises du xiiie siècle, plus abondantes, renouvellent notre connaissance des Grecs à l’époque seldjoukide. Outre la compréhension de l’iconographie, Catherine a mené un examen minutieux des aménagements liturgiques des églises dans le sanctuaire et ses annexes, le narthex et les bas-côtés, notamment dans le cas des chapelles funéraires. Surtout, elle a analysé les monuments comme des ensembles avec différentes salles et installations (salles communes, réfectoires, cellules, cuisines, pressoirs ou pigeonniers), voire la circulation des eaux dans certains ensembles. Elle a pris en compte toutes les formes d’habitat de la région, y compris les villes rupestres, tout en restant critique devant certaines interprétations récentes d’établissements comme des résidences. Enfin, elle a souligné les lourdes menaces qui pèsent sur ce patrimoine : l’érosion, les déprédations diverses et un tourisme parfois agressif. L’apport de Catherine Jolivet-Lévy à l’étude de la Cappadoce, dont font partie certaines recensions magistrales, est donc considérable. Elle a aussi contribué à décloisonner les décors de cette province pour les insérer dans les courants de l’art byzantin et plus largement chrétien oriental. La récipiendaire de ces Mélanges a été de fait active sur tous les aspects du patrimoine byzantin dans d’autres régions de Turquie, sur la peinture constantinopolitaine du xiiie siècle et ses contacts avec l’Occident, sur les fresques du xie siècle subsistant dans la basilique orientale de Xanthos et sur les constructions arméniennes dans l’est du pays comme l’église d’Aght‘amar. Hors des frontières turques, elle a accompli des missions sur les peintures rupestres de Crimée, a publié sur les peintures chypriotes (Saint-Néophyte), sur les décors PRÉFACE VII peints et en mosaïque de Grèce et a tout récemment participé à un livre sur les peintures de San Filippo di Fragalà en Sicile (sous presse aux éditions de l’École française de Rome). Sa connaissance des manuscrits, des ivoires, des tissus coptes et des icônes est aussi attestée dans beaucoup de ses travaux. Plusieurs manuels et ouvrages généraux, rédigés par elle seule ou en collaboration, témoignent enfin de sa maîtrise de l’ensemble de l’art byzantin et de la place de celui-ci dans l’art médiéval. Professeur exemplaire, elle a su former une relève de chercheurs et d’enseignants dont les apports sont déjà très substantiels. La lecture de sa bibliographie jointe à cette notice et les contributions qui suivent illustrent l’éclatant apport de Catherine Jolivet-Lévy à l’étude de l’art chrétien du monde balkanique et oriental. Jean-Pierre Sodini Académie des Inscriptions et Belles-Lettres TABLE DES MATIÈRES Préface ....................................................................................................................................................................... V Tabula gratulatoria ............................................................................................................................................... IX Liste des travaux de Catherine Jolivet-Lévy ......................................................................................... XI Abréviations ............................................................................................................................................................. XIX Saška Bogevska-Capuano, Les images acheiropoïètes du sanctuaire de l’église de la Naissance de la Vierge à Mali Grad (Albanie) .............................. 1 Sulamith Brodbeck, Soixante saintes femmes dans le narthex de Sainte-Sophie d’Ohrid (xie siècle). Un programme hagiographique exceptionnel .................. 13 Jean-Pierre Caillet et Fabienne Joubert, Monuments funéraires byzantins des xiiie-xive siècles : des modèles francs ? ....................................................................... 39 Florence Calament et Héléna Rochard, Les peintres à l’œuvre à Baouît : témoignages épigraphiques et picturaux ............................................................................ 49 John Cotsonis, “What shall we call you, O holy ones?” (Martyrikon automelon, plagal 4th): Images of Saints and Their Invocations on Byzantine Lead Seals as a Means of Investigating Personal Piety (6th–12th Centuries) .......................... 69 Anthony Cutler and Philipp Niewöhner, Towards a History of Byzantine Ivory Carving from the Late 6th to the Late 9th Century .......................................... 89 Jeanne Devoge, La représentation de l’amitié dans les Livres de Job byzantins illustrés ............................................................................................................................. 109 Jannic Durand, Les reliques du reliquaire de Jaucourt .............................................................. 127 Marina Falla Castelfranchi, Il programma iconografico della cripta della chiesa di Santa Lucia a Brindisi .................................................................................... 145 Sharon E. J. Gerstel, Crossing Borders: The Ornamental Decoration of St. Nicholas at Phountoukli at Rhodes ......................................................................... 155 Élodie Guilhem, Un saint inattendu dans le diakonikon de l’église Santa Maria Assunta de Torcello : saint Martin, Père de l’Église latine ? .................................... 171 736 TABLE DES MATIÈRES Lydie Hadermann-Misguich, Résonances byzantines dans la peinture flamande du xve siecle ................................................................................................................... 189 Nada Hélou, Une école byzantine de peinture active aux xiie et xiiie siècles au Liban. Étude stylistique ......................................................................................................... 207 Nina Iamanidzé, L’arc triomphal et son décor dans les églises médiévales de la Géorgie : quelques exemples de Svanet’i ................................................................ 225 Mat Immerzeel, Men in White: A Medieval Description of a Wall Painting in Deir al-Khandaq, Egypt ......................................................................................................... 241 Ivana Jevtić, « Pierres vivantes ». Sur la représentation des idoles dans la peinture paléologue ........................................................................................................ 255 Maria Kambouri-Vamvoukou, La Lutte de Jacob avec l’ange. Interprétations et reflets dans l’art byzantin .................................................................... 277 Georges Kiourtzian, Les inscriptions grecques de Nagyszentmiklós ............................. 291 Chryssavgi Koutsikou, Une icône-vitae inédite de saint Christophore. Remarques sur les choix iconographiques d’un peintre crétois du xviie siècle ..................................................................................................................................... 307 Irène Leontakianakou, La Vierge allaitant. Icônes crétoises de la Galaktotrophousa (xve-xviie siècle) et Madonna dell’Umiltà ............................... 325 Aspasie Louvi-Kizi, Modes de construction occidentaux dans le Péloponnèse après la conquête franque ............................................................................................................ 343 Thomas F. Mathews, The Showing of the Gospel in the Divine Liturgy ....................... 359 Sophie Métivier, Le monastère du Sauveur de Bathys Rhyax. Remarques sur l’élaboration du Synaxaire de Constantinople ............................. 369 Robert Ousterhout, The Acheiropoietos That Wasn’t There ............................................... 385 Valentino Pace, Santa Marina a Muro Leccese. Una questione di metodo e una riflessione sulla pittura « bizantina » in Puglia ............................................... 397 Simone Piazza, Trois figures du Christ au milieu de la Communion des Apôtres : nouvelles considérations autour du cas de Cimitile (xie siècle) ........................... 415 Brigitte Pitarakis, Bras de lumière sur le templon médiéval (xie-xiiie siècle) : un dispositif en bronze inédit au Musée archéologique d’Edirne ...................... 435 TABLE DES MATIÈRES 737 Chryssa Ranoutsaki, Cretan Hagiography: Notes on St. Eustathios ............................. 453 Ioanna Rapti, Art chrétien en Anatolie turque au xiiie siècle : les évangiles rouges de Chicago (University Library, Goodspeed 949) ...................................................... 473 Nikolaos D. Siomkos, Un cycle hagiographique inédit de saint Jean le Théologien sur une icône bilatérale de Kastoria ............................................ 499 Zaza Skhirtladze, Illuminated Liturgical Scrolls in Late Medieval Georgia: The Gelati Eilitarion ...................................................................................................................... 515 Engelina Smirnova, Illuminations of Bible Odes in the Simonov Psalter of Novgorod, Moscow, State Historical Museum, Chlud. 3, and the Byzantine Tradition ........................................................................................................................ 537 Jean-Pierre Sodini, Une boucle de fermoir dans une tombe de la cathédrale de Xanthos ........................................................................................................................................... 555 Jean-Michel Spieser et Manuela Studer-Karlen, Remarques sur la datation de l’église de Tokalı 2 ..................................................................................................................... 573 Anghéliki Stavropoulou, Catherine, sage et sainte : les débuts de son iconographie en France ................................................................................................................ 595 Antonis Tsakalos, Culte et architecture en Cappadoce chrétienne à travers les siècles d’après les monuments et la tradition orale ................................................ 615 Tolga B. Uyar, Un monument peu connu de Cappadoce : l’église de Gökçetoprak ................................................................................................................ 629 Catherine Vanderheyde, Les inscriptions du moine Grégoire et le décor en marbre du katholikon du monastère d’Hosios Loukas ....................................... 647 Ioannis Vitaliotis, Onuphre le Chypriote, peintre post-byzantin en Albanie (vers 1591-1625) : une esquisse de son activité artistique à travers le corpus de son œuvre .................................................................................................................. 667 Maria Xenaki, Découvertes épigraphiques dans la vallée de Peristremma en Cappadoce ..................................................................................................................................... 693 Élisabeth Yota, Le tétraévangile Kiev A 25 : réflexions sur son décor et sur la figure du donateur ......................................................................................................... 707 Maria Zoubouli, « Peins la faucille sur le mur ». Vision, exégèse et image ................. 725