Le 11 bis, rue d’Orchampt est une adresse légendaire du vieux Montmartre où vécut l’écrivain Louis-Ferdinand Céline de 1929 à 1944 avant que le décor ne devienne, dans un genre bien différent, celui de Dalida quelques années plus tard, en mai 1962. La carrière de la chanteuse est alors en plein essor, elle enchaîne les disques à succès et les tournées mondiales – on l’appelle même à l’époque «la Callas des Jukebox». Bien que de nombreuses personnalités aient des vues sur cette maison, elle est l’une des rares à disposer de la somme nécessaire pour l'acquérir. Et pour cause, la propriété est idyllique…
La chanteuse confie lors d’une interview télévisée en 1975 avoir eu un coup de foudre pour l’endroit. « Je vis ici depuis treize ans. J’ai toujours aimé Montmartre, j’ai trouvé que c’était tellement paisible et calme que j’ai tout de suite acheté cette maison lorsque je l’ai vue », raconte-t-elle, avant de préciser que le quartier évoque pour elle la campagne en plein cœur de Paris. Au fil des ans et de ses histoires d’amour, elle modifie la décoration car elle « trouve que c’est la moindre des choses, quand on peut le faire, d’imaginer le décor ensemble, tel que nous l’aimons ». Elle partage ici une partie de sa vie avec Alain Delon, qu'elle connaît depuis des années – ils débutent leurs carrières respectives au même moment. « On s’est retrouvés dans les années 1960 à Rome. On s’est aimés à Rome (...) Puis quelques années après, on s’est retrouvés à Paris. J’allais souvent chez elle à Montmartre », confie l'acteur lors d'une interview accordée au magazine Paris Match.
Si Dalida dit ne pas être attachée aux objets, elle collectionne les bibelots chinés lors de ses voyages, comme un grand buste de bouddha ramené de l'Himalaya, mais aussi les livres. Dans le petit salon comme dans sa chambre à coucher, les bibliothèques ont une place de choix – « les livres ne trompent pas », dit-elle en riant. Éprise de son quartier, Dalida avait ses habitudes au Moulin de la Galette où elle s’attablait toujours près de la fenêtre à la table numéro trois. Après sa mort, la maison est scindée en plusieurs appartements, dont un duplex aux troisième et quatrième étages vendu pour une somme astronomique.