Essai classique : la Panhard Dyna Junior de 1952

Publié le 23 août 2022 à 12:00
Mis à jour le 23 août 2022 à 12:00
Essai classique : la Panhard Dyna Junior de 1952

Panhard, qui ne produit que de modestes bicylindres depuis la Seconde Guerre mondiale, quitte l’univers des berlines pour lancer une auto ludique et inattendue : un micro-roadster, toujours à deux cylindres. Et très rustique.



Avec ses contours naïfs, la Junior fait plus jouet que vraie voiture. Elle s’adresse surtout aux jeunes qui rêvent de rouler cheveux au vent… Par souci d’économie, le pare-brise en trois parties n’utilise que des vitres plates.

PANHARD LANCE LA DYNA JUNIOR

Moteur : 2 cylindres à plat, carburateur double corps

Cylindrée : 851 cm3

Puissance : 38 ch à 5 300 tr/mn

Vitesse maxi : 130 km/h

Production : 4 708 exemplaires (1952- 1956)

Cote actuelle : de 17 000 à 23 000 €

Le luxe des Panhard d’avant-guerre est décidément bien loin… Mais le démon titille toujours l’imagination des techniciens maison, avides de nouveautés et de conceptions surprenantes. Simplement, il faut faire avec les moyens du bord. Et, en ces années 1950 encore affectées par les pénuries de la guerre, les moyens du bord, pour Panhard, c’est une base mécanique on ne peut plus modeste : un tout petit deux cylindres d’à peine 850 cm3 qui procure une cavalerie ébouriffante de 38 ch. Tout cela niché dans une carrosserie hyper-minimaliste de 3,70 mètres de long, qui ne tolère rien de superflu. En la regardant, vous vous demandez qui a pu avoir l’idée de proposer une auto aussi rustique. Qui ? Le distributeur américain de la marque ! A l’époque, les petites anglaises, souvent des décapotables, pullulent sur la côte Ouest des Etats-Unis. Alors en effet, pourquoi pas une Panhard ?



Des pare-chocs vraiment basiques, en aluminium, sans la moindre fioriture, et deux petits, tout petits feux pour se signaler aux voitures qui la suivent : la Junior ne fait pas dans la frime.

Ultra-basique

Une banquette pour deux, une carrosserie ultra-sommaire, un pare-brise tellement minuscule que les plus grands seront tentés de regarder… pardessus ! Ajoutez la base mécanique de la très humble berline Dyna X. La recette est prête. Le tout repose sur un châssis tubulaire, avec carrosserie en acier, alors que les berlines de la marque sont revêtues d’aluminium. Une solution qui aurait été ici trop coûteuse…

Cette version, la déclinaison cabriolet sortie en février 1953, est la plus chic. Vertigineusement enrichie : poignées extérieures de portière et vitres latérales descendantes au lieu des transparents amovibles… Et une banquette qui désormais peut accueillir trois personnes. Entendons-nous bien : pas des sumos, plutôt des ascètes. Une fois ces ingrates conditions assumées, vous appréciez le tonus du petit moteur : pas de quoi vrombir à plus de 200 km/h ; mais d’honnêtes accélérations, dopées par les bienfaits d’un carburateur double corps. D’une aussi chétive mécanique, conçue en temps de disette, vous auriez attendu moins. La tenue de route de cette traction avant aussi est une bonne surprise : équilibrée, très saine. En revanche, la boîte rétive -comme sur toutes les Panhard de la même époque -vous enchantera moins.

La Junior s’affichait 585 000 francs : prix d’ami pour un cabri o. C’est 100 000 francs de plus que la très poussive 4CV Renault. Et moins cher que la berline Dyna X, qui n’était pas donnée. Un tarif bien placé. Mais vu la rusticité de l’engin, la production fut limitée. Et malgré des origines très simples, en collection, sa cote n’est pas auras des pâquerettes. En témoignent les 20000 € couramment demandés pour ce mini-cube à roulettes !



La planche de bord est effectivement une… planche percée de la manière la plus sommaire qui soit de deux cadrans.



Deux cylindres et pas plus ! Durant l’après-guerre, ce sera le seul et unique moteur Panhard, sans cesse dopé en puissance grâce aux astuces des motoristes maison. Une faible puissance mais un caractère qui reste fringant, presque vif !



Parée de bonnes intentions et armée de sa carrosserie ultra-simple, la Junior a osé un pari fou : être vendue moins cher que la berline Dyna X correspondante. Son rapport prix/performances est au top !

1952, cette année-là

Edith Piaf s’enflamme avec Je t’ai dans la peau, Mouloudji égrène sa nostalgique Complainte des infidèles, Georges Brassens chante à tue-tête Gare au gorille, Annie Cordy fait rire son monde avec Les Trois Bandits de Napoli. Simca, qui ne doute de rien, révèle ses nouvelles Simca Sport : un coupé et un cabriolet luxueux, vendus deux fois le prix de la berline Aronde, avec le même moteur !