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Les livres de la décennie 2010-2020
Xavier Dollo nous présente 10 coups de coeur littéraires

 

Article publié le 12/03/2021 par Nicolas Hecht

 

Il paraît discret et pourtant : Xavier Dollo est aujourd’hui un acteur incontournable des littératures de l’imaginaire. Libraire spécialisé en science-fiction, fantasy et bande dessinée durant de nombreuses années à Rennes, d’abord chez Critic (lire notre interview ici de son ex-collègue Eric Marcelin) puis au Forum du livre, il est également auteur d’une dizaine de livres (et beaucoup plus de nouvelles) sous le pseudonyme Thomas Geha. Mais bien sûr, comme tout auteur-lecteur insatiable venu du futur et ayant investi dans un exo-squelette et des cerveaux de rechange, Xavier Dollo ne s’arrête pas là : on le retrouve également comme jury du Prix Imaginales de 2003 à 2008 et éditeur à partir de 2010, lorsqu’il crée avec son frère les éditions Ad Astra.

 

Xavier Dollo par Vincent Michel

 

C’est tout ? Evidemment non, car il a récemment lancé avec trois associés les éditions Argyll, mais aussi mené un énorme travail sur un livre qui fera date, une Histoire de la science-fiction en bande dessinée (Critic/Les Humanoïdes Associés), avec aux dessins Djibril Morissette. Et comme tout grand lecteur qui se respecte, vous pouvez le retrouver sur Babelio sous le pseudonyme kanux.

Heureusement pour nous, il a quand même trouvé quelques minutes pour partager ici 10 livres de la décennie 2010-2020 qui l’ont particulièrement marqué – avec, forcément, un fort penchant pour l’imaginaire, sous forme de roman ou de bande dessinée. Encore de quoi largement nourrir votre pile à lire avec des mets d’excellente qualité, et découvrir plus avant un auteur-lecteur-éditeur devenu une référence sur la planète SFFF.

 

(Retrouvez ici les livres de la décennie selon Augustin Trapenard, Margaud Liseuse, Bernard Lehut et Hélène Fischbach.)

 

[La plupart des livres présentés sont disponibles au format poche et accessibles à tous les budgets. C'est ce format que nous avons privilégié pour les images d'illustration, même si c'est bien la première maison d'édition française qui est mentionnée.]

 

 

« Il faut en choisir 10. Difficile. Je me suis donc, tout d’abord, concentré uniquement sur des ouvrages appartenant ou s’apparentant d’une façon ou d’une autre aux genres de l’imaginaire. Ensuite, j’ai visé non pas tous les grands livres que j’ai pu lire, et indispensables (mais que tout le monde cite), j’ai visé ici l’éclectisme et l’affect personnel que j’ai envers certains livres. Ma sélection - mais toute sélection ne l’est-elle pas ? - est donc fort subjective… mais ô combien personnelle ! »




Roland C. Wagner, Rêves de gloire (L'Atalante, 2011)

« La plus grande uchronie de langue française. Roland C. Wagner a écrit de nombreuses nouvelles et romans, et dans le lot beaucoup d’histoires inoubliables, mais celle-ci l’est encore plus que les autres. Ce roman choral qui réécrit l’histoire des relations entre la France et l’Algérie mais aussi toute l’histoire du rock et de mouvements alternatifs, est le joyau éclatant d’un genre qui obtient de plus en plus les faveurs des lecteurs et lectrices. Grand Prix de l’Imaginaire mérité, certes, mais il aurait mérité de plus grands prix nationaux encore. C’est une véritable anomalie :) »





Xavier Mauméjean, Americain Gothic (Alma, 2013)

« Un roman à tiroirs, une enquête complexe et virtuose qui se joue de nous avec une ingéniosité subtile. On en ressort le souffle coupé. Sans doute le grand roman de Xavier Mauméjean, de qui je conseille toutefois, aussi, La Société des faux visages, autre monument de mon panthéon personnel. »





Renaud Dillies, Saveur Coco (Dargaud, 2013)

« Première BD de ma sélection. D’abord, on ne peut que s’esbaudir devant le trait magistral de Renaud Dillies, qui invoque tout à la fois, et avec classe, les univers graphiques d’Herriman (Krazy Kat) ou de Winsor McCay. Il y a de la poésie dans Saveur Coco, de l’absurde digne de Terry Gilliam ou de Beckett, et une pincée Saint-Exupéry et de Cervantes dans le cadre et les idées. Mon auteur de BD préféré, je crois bien. »





Kerascoët et Fabien Vehlmann, Satanie (Soleil, 2016)

« Deuxième BD de ma sélection. Certains albums, comme certains romans, vous hantent et vous hanteront à vie. C’est le cas, pour moi, de Satanie. Soulignons d’abord la patte graphique du couple Kerascoët, formidable comme toujours, quoique au sommet de sa créativité dans cet album, mais aussi la noirceur de cette vision de l’humanité développée par le scénariste, Fabien Vehlmann. Cette descente aux enfers, autant inspirée de Dante que de Verne ou de Wells, joue avec les idées de la théorie de l’évolution de Darwin pour démontrer par a+b que l’humain évoluera toujours, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. »





Jo Walton, Morwenna (Denoël Lunes d'encre, 2014), traduit de l'anglais par Luc Carissimo

« On m’a fait remarquer l’autre jour que ce roman faisait un joli combo avec la BD sur L’Histoire de la Science-Fiction que j’ai écrite. Pourquoi ? Parce que ces deux ouvrages seraient, chacun à sa façon, des générateurs de piles à lire. Il est vrai que dans ce somptueux roman de Jo Walton, l’autrice - et surtout la narratrice - sait parfaitement nous donner envie de lire tout un tas d’auteurs et d’autrices d’imaginaire. »





Anne Karen, Rouge encor du baiser de la reine (Quidam, 2018)

« Un court (premier) roman épistolaire d’Anne Karen, une petite fantaisie dans la Byzance du XIe siècle, racontée par un nain eunuque au service de la reine Zoé Porphyrogénète. C’est truculent et porté par une plume d’une finesse rare. Quand j’étais libraire, j’en ai beaucoup vendu… et pourtant pas assez. J’aurais aimé qu’il soit bien plus remarqué que cela car le roman le mérite. Un petit chef-d'œuvre, selon moi, d’où ce petit coup de projecteurs. »





Bob Leman, Bienvenue à Sturkeyville (Scylla, 2020), traduit de l'anglais par Nathalie Serval

« J’aime les nouvelles. C’est peu de le dire. Il suffit de regarder ma bibliographie pour s’en rendre compte, avec notamment mes deux recueils, Les Créateurs et Chuchoteurs du dragon. J’aime autant en lire qu’en écrire, c’est dire si j’aime cela ! Bienvenue à Sturkeyville m’a complètement retourné. Je l’ai lu durant un trajet de voiture entre Rennes et Avignon. Rarement voyage fut aussi court. Quelques-unes de ces histoires fantastiques sont parmi les toutes meilleures que j’ai pu lire. Le livre commence ainsi : "A Sturkeyville, il y a une dizaine d'années, vivait un certain Harvey Lawson, dont la femme était un ver." Vous voyez le genre ? Allez, courez le commander à votre libraire, et vite. »




Ken Liu, La Ménagerie de papier (Le Bélial', 2015), traduit de l'anglais par Pierre-Paul Durastanti

« J’ai eu la chance, avec le comité de rédaction de la revue Fiction (revue qui renaît ces jours-ci d’ailleurs), de sélectionner le texte éponyme de ce recueil de Ken Liu pour publication en France. Je dis la chance car pour moi La Ménagerie de papier est le texte le plus brillant d’imaginaire que j’ai lu entre 2010 et 2020. J’avais eu l’impression de découvrir le fils spirituel d’un Théodore Sturgeon, à la culture hybride, à la fois américaine et chinoise. Quant au recueil en lui-même, il devrait être dans toutes les bibliothèques, que l’on aime le genre ou pas. De la littérature avec un grand L, tout simplement. »




Isabelle Gaudet, Nous rêvions de robots (La Peuplade, 2017)

« On ne parle jamais assez de poésie, et encore moins de poésie qui fait appel à la science-fiction ou l’imaginaire au sens large. On peut lire, à ce propos, un très bel ouvrage, Poètes de l’imaginaire, paru aux éditions Terre de Brume. On pourrait aussi redécouvrir la poésie cosmique, géniale, d’un Théo Varlet. Mais lire Nous rêvions de robots, c’est une expérience unique, moderne, transhumaniste, qui explore un avenir, et notamment celui de la femme, dans une dimension poétique épatante et inoubliable. »




Estelle Faye, Porcelaine (Les Moutons électriques, 2013)

« Porcelaine est le premier roman que j’ai lu de cette autrice française que j’aime par-dessus tout. J’aurais pu choisir un autre de ses romans mais celui-ci, lu dans la belle édition des Moutons électriques, m’a fait me dire qu’une jeune autrice était en train de dévier en toute sérénité, et avec style, le lit tranquille de la fantasy francophone qui avait pourtant vécu un bel âge d’or au milieu des années 90 jusqu’au début des années 2000. Depuis, elle n’a fait que me confirmer ce sentiment. Lisez Estelle Faye. »

 

 

Vous partagez des coups de coeur avec Xavier Dollo ? Quels sont les livres de cette décennie 2010-2020 qui vous ont marqués ?

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