Michel-Ange, de l’homme au génie

Peintre, sculpteur, architecte et poète magistral, Michel-Ange est une figure majeure de la Renaissance et incarne aujourd'hui l'archétype du génie moderne.

Michel-Ange, La création d'Adam (1510). Image du domaine public (détail)
Michel-Ange, La création d'Adam (1510). Image du domaine public (détail)

Michel-Ange est né en 1475 à Caprese dans une famille de nobles. Après la mort de sa mère, il est placé chez un tailleur de pierre jusqu'à l'âge de dix ans. Passionné par le dessin, il se fait rapidement remarquer par ses capacités. Malgré la résistance de son père, qui estime que cette activité n'est pas à la hauteur du statut social de la famille, il devient l'apprenti du peintre Domenico Ghirlandaio en 1488.

Recommandé à Laurent de Médicis, Michel-Ange est ensuite confié au sculpteur Bertoldo di Giovanni. Avec lui, Michel-Ange découvre les collections ducales d'antiquités et s'inspire de pièces comme le Torse du Belvédère d'Apollonios d'Athènes. Parmi ses premières œuvres, le bas-relief de la Vierge à l'escalier (1490) témoigne de l'influence de Donatello, ainsi que des débats intellectuels de l'époque.

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Attribué à Daniele da Volterra, "Michelangelo Buonarroti", vers 1545, huile sur bois, 88,3 x 64,1 cm, Metropolitan Museum, New York. Image du domaine public
Attribué à Daniele da Volterra, "Michelangelo Buonarroti", vers 1545, huile sur bois, 88,3 x 64,1 cm, Metropolitan Museum, New York. Image du domaine public

Après la mort de Laurent de Médicis en 1492, Florence tombe sous le contrôle du moine Savonarole. Michel-Ange fuit le régime d'austérité et se réfugie à Bologne. Il y réalise deux statues pour l'église Saint-Dominique, Saint Pétrone et Saint Proculus.

En 1496, le Vatican appelle Michel-Ange à Rome. Il reçoit d'importantes commandes et sculpte deux de ses premiers chefs-d'œuvre : Bacchus (1497) et Pietà (1499). Leur accueil est cependant mitigé : Bacchus est refusé par son commanditaire, jugé trop provocant, tandis que Pietà intrigue par son aspect juvénile. Pour l'artiste, la jeunesse mystique de la Vierge incarne la vertu et la chasteté. Conscient de son talent, Michel-Ange a courageusement signé cette œuvre de manière ostensible, à la vue de tous.

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Michel-Ange, Pietà, basilique Saint-Pierre (1498-1499). Par Stanislav Traykov, CC BY 2.5
Michel-Ange, Pietà, basilique Saint-Pierre (1498-1499). Par Stanislav Traykov, CC BY 2.5

De retour à Florence en 1501, Michel-Ange commence à travailler sur de nouvelles sculptures. La statue de David (1504) est taillée dans un seul bloc de marbre de Carrare. Sa forme nue s'inspire du David de Donatello, ce qui justifie sa présence au Palazzo Vecchio. La démesure de la figure, qui mesure plus de 3 mètres de haut, témoigne des ambitions de la ville florentine et de l'artiste. Michel-Ange peut être qualifié aujourd'hui de perfectionniste et il a lui-même écrit : « La véritable œuvre d'art n'est que l'ombre de la perfection divine ». Son but était-il d'atteindre la perfection artistique absolue ?

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David, achevé par Michel-Ange en 1504, est l'une des œuvres les plus célèbres de la Renaissance. Par Jörg Bittner Unna, CC BY-SA 3.0
David, achevé par Michel-Ange en 1504, est l'une des œuvres les plus célèbres de la Renaissance. Par Jörg Bittner Unna, CC BY-SA 3.0

Michel-Ange, en quête de consécration, se lance dans un projet incroyable qui durera quatre ans : le plafond de la chapelle Sixtine. La composition complexe illustre des scènes de l'Ancien Testament. L'artiste la détourne et recouvre le plafond de figures contorsionnées flanquées d'un excès d'ignudi (nus masculins athlétiques). Cette réinterprétation des scènes bibliques frappe le clergé : une fois de plus, Michel-Ange se révèle un génie paradoxal, à la fois grandiose et décadent.

Le plafond de la chapelle Sixtine par Michel-Ange (1508-12). Par Antoine Taveneaux, CC BY-SA 3.0
Le plafond de la chapelle Sixtine par Michel-Ange (1508-12). Par Antoine Taveneaux, CC BY-SA 3.0

La gloire sans précédent que l'artiste a tirée de cette réalisation a été diminuée par la mort de Jules II en 1513. En 1519, Michel-Ange retourne à Florence. Il se remet au service des Médicis et réalise la nouvelle sacristie, la chapelle des Médicis et la bibliothèque Laurentienne. Cependant, la famille princière est exilée de la ville en 1527. Michel-Ange retourne alors au Vatican en 1532.

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En 1535, le pape Paul III nomme Michel-Ange architecte, peintre et sculpteur officiel du Vatican. Il commence par décorer le mur de l'autel de la chapelle Sixtine. Le Jugement dernier, achevé en 1541, est devenu un manifeste de la terribilità souvent employée par l'artiste, c'est-à-dire de l'art puissant. La fresque témoigne du climat apocalyptique de la période qui a suivi la montée du protestantisme. Avec le plafond peint, elle forme une scène complète qui s'étend de la Genèse à la Parousie, selon un axe de destruction et de création. Les corps angéliques des ignudi répondent aux cadavres des damnés.

Michel-Ange, "Sibylle libyenne", gros plan du plafond de la chapelle Sixtine, Rome. Image du domaine public
Michel-Ange, "Sibylle libyenne", gros plan du plafond de la chapelle Sixtine, Rome. Image du domaine public

Au sommet de sa gloire, Michel-Ange jouit d'une incroyable réputation. Durant ses dernières années, il travaille sur divers projets au palais Farnèse et à la basilique Saint-Pierre de Rome. Il meurt en 1564 à l'âge de 88 ans, laissant inachevée sa dernière œuvre, la Pietà Rondanini.

Michel-Ange, "Doni Tondo", 1507, huile et tempera sur panneau, Galerie des Offices, Florence. Image du domaine public
Michel-Ange, "Doni Tondo", 1507, huile et tempera sur panneau, Galerie des Offices, Florence. Image du domaine public

Voir aussi : Record pour un dessin de nu de Michel-Ange

Aujourd'hui, l'œuvre de Michel-Ange est célèbre dans le monde entier. Sa présence sur le marché reste toujours extrêmement rare et recherchée, et même ses plus petites œuvres atteignent les prix les plus élevés. En 2000, une esquisse intitulée Le Christ ressuscité a été vendue pour 8,1 millions de livres sterling chez Christie's Londres. En 2011, une étude d'un nu masculin a été vendue pour 5,1 millions de dollars (4 millions de livres sterling) chez Christie's. Cependant, en mai 2022, ces records ont été battus lorsque le dessin de Michel-Ange Un jeune homme nu (d'après Masaccio) entouré de deux personnages est devenu l'œuvre la plus chère du maître de la Renaissance, vendue pour 19,4 millions de livres sterling chez Christie's Paris. Les œuvres de Michel-Ange continuent à susciter l'admiration du public moderne dans le monde entier et continueront probablement à le faire pendant des millénaires ; il n'est donc pas étonnant qu'il soit considéré aujourd'hui encore comme l'un des artistes les plus brillants ayant jamais vécu.

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