William Turner, au cœur de la lumière

Découvrons cet artiste anglais qui a travaillé la lumière avec brio. Ses peintures, pleines de contrastes intenses et de visions dramatiques, ont jeté les bases de l’impressionnisme.

Venise - La Dogana et San Giorgio Maggiore, vers 1834, huile sur toile, 91,5 x 122 cm, National Gallery of Art, Washington D.C. Image du domaine public
Venise - La Dogana et San Giorgio Maggiore, vers 1834, huile sur toile, 91,5 x 122 cm, National Gallery of Art, Washington D.C. Image du domaine public

Né à Londres en 1775, J.M.W. Turner, fils d'un barbier, prend des cours de peinture dès son plus jeune âge et se révèle très doué. À la fin des années 1780, il commence à travailler comme assistant d'architectes et de graveurs et est admis à la prestigieuse Royal Academy en 1789. Turner expose ses premières aquarelles à l'âge de 15 ans, avant de se tourner vers la peinture à l’huile.

William Turner, Autoportrait, vers 1799, huile sur toile, 74,3 x 58,4 cm, Tate Gallery, Londres. Image du domaine public
William Turner, Autoportrait, vers 1799, huile sur toile, 74,3 x 58,4 cm, Tate Gallery, Londres. Image du domaine public

Turner est passé maître dans l'art de rendre l'effet de la lumière sur l'eau. Dans Pêcheurs en mer (1796), il saisit magistralement la vitalité de la mer et l'énergie du ciel, tandis que dans Clair de lune (1797), sa rare maîtrise de la lumière rappelle le clair-obscur des peintres baroques. Bateaux hollandais dans la tempête (1801) élève officiellement le jeune peintre au rang des grands maîtres : il est élu académicien à l'âge de 26 ans.

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William Turner, Pêcheurs en mer, 1796, huile sur toile, 91,4 x 122,2 cm, Londres, Tate Gallery. Image du domaine public
William Turner, Pêcheurs en mer, 1796, huile sur toile, 91,4 x 122,2 cm, Londres, Tate Gallery. Image du domaine public

En 1802, Turner parcourt le continent européen. Tout au long de sa vie, il ne cessera de revenir aux mêmes destinations pour mieux en capter l'énergie, puisant dans sa mémoire parfois des années plus tard. Il revient volontiers à ses destinations préférées : la France, l'Italie et la Suisse. Turner a toujours été fasciné par l'histoire et les paysages héroïques, souvent représentés dans ses œuvres : Soleil se levant à travers la vapeur (1807) témoigne de l'héritage classique de Claude Le Lorrain et Nicolas Poussin.

William Turner, Éruption du Vésuve, 1817, 28,6 x 39,7 cm, Yale Center for British Art, États-Unis. Image du domaine public
William Turner, Éruption du Vésuve, 1817, 28,6 x 39,7 cm, Yale Center for British Art, États-Unis. Image du domaine public

En 1814, il peint Didon construisant Carthage, d'après l'Énéide de Virgile, un tableau universellement reconnu comme un grand chef-d'œuvre. Durant cette période, son inventivité explose : Turner introduit de nouvelles couleurs suivant la mode de l'époque, comme le bleu cobalt ou le jaune vif. Dans Frosty Morning (1813), il utilise une toile blanchie pour accentuer la douce luminosité de la lumière du matin. De nombreuses œuvres des années 1810-1820 sont imprégnées d'un éclat fiévreux, comme Mortlake Terrace en 1827. Son œuvre témoigne d'un intérêt marqué pour les recherches de Goethe sur la botanique et la couleur, ainsi que pour les recherches scientifiques de Newton sur la couleur. Les phénomènes naturels sont très présents dans son œuvre : Turner a peint Mer de glace dans la vallée de Chamonix (1814) et L’éruption du Vésuve (1817).

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William Turner, Le Valiant Téméraire, 1839, huile sur toile, 90,7 x 121,6 cm, Londres, National Gallery. Image du domaine public
William Turner, Le Valiant Téméraire, 1839, huile sur toile, 90,7 x 121,6 cm, Londres, National Gallery. Image du domaine public

Ces peintures montrent un tournant vers l'abstraction, tandis que la lumière est analysée dans des compositions accentuées (Hannibal traversant les Alpes, 1822). Turner approfondit la technique du clair-obscur, qu'il met en œuvre dans toutes les combinaisons de couleurs possibles, jouant sur la lumière et l'obscurité, la distance et la proximité, la violence et le calme.

À son retour d'Italie, il peint Rome vue du Vatican (1820) en hommage à Raphaël. Par ailleurs, il représente des scènes de batailles classiques (Bataille de Trafalgar, vers 1822) et poursuit avec Calais, Sands at Low Water (1840) qui préfigure la peinture d'un maître célèbre à l'aube.

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Pluie, vapeur et vitesse - Le chemin de fer du Grand Ouest, 1844, huile sur toile, 91 x 121,8 cm, National Gallery, Londres. Immagine di dominio pubblico
Pluie, vapeur et vitesse - Le chemin de fer du Grand Ouest, 1844, huile sur toile, 91 x 121,8 cm, National Gallery, Londres. Immagine di dominio pubblico

Dans le célèbre Pluie, vapeur et vitesse de 1844, le train n'apparaît que comme un détail obscurci par une tempête de couleurs déchaînées : cette tendance s'affirme dans des tableaux ultérieurs, comme Tempête de neige (1842), où tout se dissout dans des tourbillons de couleurs, des traits flous et des tons blancs, ardoisés et châtains. La puissance des éléments naturels reflète la faiblesse de l'existence, quelque part entre le sublime de Burke et la modernité de Ruskin. Turner est alors au sommet de son art, mais peu de gens apprécient son travail.

William Turner est mort en 1851. Il est enterré avec le fondateur de la Royal Academy, Joshua Reynolds, dans la cathédrale Saint-Paul de Wren, à Londres. À sa mort, on découvre sa production frénétique : des milliers de gouaches, d'aquarelles et de peintures accumulées, toutes léguées à la nation anglaise. Aujourd'hui encore, l'intensité lumineuse des tableaux de Turner reste un mystère pour de nombreux artistes, une leçon que Delacroix, Monet, Pissarro et Kandinsky apprendront à leur tour.

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Rome moderne - Campo Vaccino, 1839, huile sur toile, 91,8 x 122,6 cm, Getty Center. Image du domaine public
Rome moderne - Campo Vaccino, 1839, huile sur toile, 91,8 x 122,6 cm, Getty Center. Image du domaine public

Les œuvres de Turner sont très recherchées sur le marché des ventes aux enchères. Giudecca, La Donna della Salute et San Giorgio, une vue onirique de Venise au milieu des années 1800, a été vendue chez Christie's en 2006 au magnat des casinos de Las Vegas, Steve Wynn, pour 35,8 millions de dollars. En 2014, chez Sotheby's à Rome, Rome, vue de l'Aventin a été vendu pour 30,3 millions de livres sterling, prime de l'acheteur incluse, dépassant largement l'estimation de 15 à 20 millions de livres sterling. Les peintures de Turner sont exposées dans les plus grands musées du monde, notamment au Met, à la National Gallery de Washington, à la Tate Britain et à l'Art Institute of Chicago. L'œuvre de ce merveilleux peintre a influencé de nombreuses générations d'artistes et continue d'être admirée pour sa maîtrise technique et sa vision unique.

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Version actualisée d'un article initialement publié en 2020.

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