Le phare du Planier, l'ange gardien de la rade de Marseille

Situé en plein milieu de la rade marseillaise, le phare du Planier, construit sur l'île éponyme, marque l'entrée dans la cité phocéenne. "Si le Planier ramène au pays, il préside aussi au départ", écrivait Albert Londres. Visite guidée de ce cerbère en partie abandonné.

Un 1er édifice en 1320

L'île du Planier est située au sud-ouest de Marseille, à environ 8 milles du Vieux port. Le premier phare est bâti en 1320 par Robert d'Anjou, qui érige une tour à feu. Cet édifice va évoluer au fil du temps, jusqu'à la construction d'une tour cylindrique en pierre de taille d'une hauteur de 59 m.

Il est préservé durant la quasi totalité de la 2e Guerre Mondiale, mais les troupes allemandes le font sauter en août 1944, pour ralentir le débarquement de Provence. Durant 2 années, il est remplacé par un feu à éclat sur un pylône.

Le phare en reconstruction après son bombardement
Le phare en reconstruction après son bombardement

En 1947, les travaux du nouveau phare et des bâtiments annexes commencent. Le phare actuel est allumé en 1959. L'ensemble est conçu dans un style d'architecture inédit imaginé par les architectes Arbus & Crillon.

L'architecture se veut monumentale, avec la création d'un square intégré au milieu du complexe. De grands bâtiments annexes, sur deux niveaux, abritent les logements de gardiennage et les locaux techniques.

La totalité du projet, jugée trop coûteuse, ne sera d'ailleurs jamais réalisée. Mais les appartements des gardiens sont considérés comme étant parmi les plus luxueux pour les standards de cette époque.

Une automatisation puis un abandon

Après l'automatisation du phare en 1986, les logements des gardiens sont reconvertis en club de plongée. Ils sont nombreux à y défiler, et y restent parfois des semaines entières. La vie en autarcie est d'autant plus authentique les jours de Mistral, qui rend impossible le moindre accostage.

En 1992, une auberge est crée par Eric Savarino et son associé Aimé Bergero. Durant plusieurs années, ils proposent hébergement, restauration et équipements pour les plongeurs. L'île n'étant pas raccordé au réseau d'eau et d'électricité du "continent", la contrainte logistique est très lourde à gérer. L'auberge fermera ses portes en 1998 pour raisons administratives.

L'ensemble des bâtiments est aujourd'hui inoccupé. Seul le phare est maintenu en état par le service des Phares et Balises. De nombreux projets de réhabilitation ont été proposés, mais aucun n'a vu le jour.

Un amer impressionnant

D'une hauteur de 67 m, le phare du Planier est une tour cylindrique en pierre de taille avec une plateforme carrée portant la lanterne. Son ampoule de 150W associée à une lentille Fresnel lui assure une portée de 23 milles, matérialisée par une éclat blanc toutes les 5 secondes.

La lentille du Planier
La lentille du Planier

Un spot de plongée très prisé

L'épave la plus visitée du Planier est le Chaouen, un cargo marocain qui fit naufrage en 1970. Rempli d'oranges, il s'encastra sur un haut fond et coula après 24 h d'efforts de la part des services portuaires. La proue restera émergée durant environ 15 ans mais les tempêtes successives font sombrer petit à petit le Chaouen vers le fond. Son point le plus haut est situé à environ 12 m de fond en 2020.

Un avion Messerschmitt 109, coulé en 1944, est également visible au nord de l'île, par environ 45 mètres de fond. Suite à une panne moteur, le pilote allemand avait volontairement amerri à proximité du Planier et avait pu s'en sortir.

Enfin, un cargo Grec de 71 mètres, le Dalton, est visible par 30 mètres de fond à proximité du Messerschmitt. Coulé en 1928 suite à une erreur de navigation, il a été parmi les premières épaves filmées par le commandant Cousteau, à bord de la Calypso.

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