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Delacroix au Maroc, un voyage de rêve

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Près de 190 ans après le voyage d’Eugène Delacroix (1798–1863) au Maroc, le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat et la Fondation Nationale des Musées retracent, en lien avec le musée Eugène-Delacroix et le musée du Louvre, cette expérience qui marquera profondément la peinture du romantique. L’occasion de rouvrir en images le coffre à souvenirs du peintre dont le mémorable voyage de 1832 inspirera de nombreux autres artistes, comme lui en quête de lumière et de couleurs.
Eugène Delacroix, Amin-Bias, ministre des finances et des affaires étrangères au Maroc en 1831
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Eugène Delacroix, Amin-Bias, ministre des finances et des affaires étrangères au Maroc en 1831, 1832

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Une mission diplomatique

Entre janvier et juin 1832, Eugène Delacroix, âgé de 33 ans, accompagne au Maroc au pied levé (il remplace le peintre Isabey) l’ambassade diplomatique du comte de Mornay auprès du sultan Moulay Abd-Er-Rahman. Le 1er janvier 1832, il quitte Paris pour le port de Toulon depuis lequel la mission Mornay lève l’ancre le 11 janvier. La corvette-aviso La Perle accoste à Tanger le 24 : « Je croyais rêver. J’avais tant de fois désiré voir l’Orient que je les regardais de tous mes yeux et croyant à peine ce que je voyais », écrit ce jour-là Delacroix. Après Tanger, il verra Meknès puis remontera en Andalousie pour retraverser la Méditerranée et explorer en Algérie, Oran et Alger, avant le retour en France. Les souvenirs vont nourrir sa peinture.

Aquarelle • Coll. musée du Louvre, Paris • © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Eugène Delacroix, Juive d’Alger / Juive de Tanger
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Eugène Delacroix, Juive d’Alger / Juive de Tanger, 1833

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Scène intime à Tanger

Une femme en costume de mariée est assise, pensive. Une servante maure, à terre, lui tient compagnie, le regard tourné vers elle. « Avec un pinceau, je ferai sentir à tout le monde ce que j’ai vu… », rapporte Eugène Delacroix dans son Journal (1822–1863). L’expérience bouleversante que constitue pour le peintre son voyage au Maroc est consignée soigneusement dans ses carnets ou sur des feuilles, parfois mises en couleurs. En 1849, 13 ans après la présentation de Femmes d’Alger dans leur appartement au Salon, il peint Femmes d’Alger dans leur intérieur. Subjugué par les femmes juives vues au Maroc, il est fort probable que Delacroix se soit inspiré d’elles pour exécuter les figures féminines de ces deux compositions.

Estampe • Coll. musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, Paris • © RMN-Grand Palais (musée d'art et d'histoire du judaïsme) / Thierry Ollivier

Eugène Delacroix, Jeune arabe dans son appartement
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Eugène Delacroix, Jeune arabe dans son appartement, 1832

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Aquarelle sur le vif

L’exposition du musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat évoque les mois passés par l’artiste au Maroc en révélant des dessins souvent rehaussés d’aquarelle réalisés sur place. Avant ce séjour de 1832, Delacroix avait peu voyagé hors de France et l’Orient le faisait rêver. Émerveillé par ce qu’il y découvre et voulant en retenir tout ce qu’il peut, l’artiste capte sur le vif dans ses carnets de nombreux portraits de hauts fonctionnaires comme des études de burnous. La nostalgie suscitant la création, il reviendra aux sujets orientaux tout au long de sa carrière, jusqu’à sa mort en 1863.

Aquarelle • Coll. musée du Louvre, Paris, D.A.G. • © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot

Petit luth, rapporté par Delacroix de son voyage en Afrique du Nord en 1832
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Petit luth, rapporté par Delacroix de son voyage en Afrique du Nord en 1832

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Souvenirs d’Afrique du Nord

« Je suis dans ce moment comme un homme qui rêve et qui voit des choses qu’il craint de voir lui échapper. » Obsédé par l’idée de conserver le ravissement que lui procure la découverte du Maroc, Delacroix, outre le dessin, acquiert de nombreux objets, des coffres, des panneaux de bois, faïences, armes, babouches, vêtements et tissus mais aussi des instruments de musique tel ce petit luth. Rapportés en France, ces souvenirs habiteront ses différents ateliers pendant plus de 30 ans. À sa mort, la collection est léguée au peintre Charles Cournault qui partageait une même passion pour l’Afrique du Nord.

Bois, boyau • Coll. musée national Eugène Delacroix, Paris • © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux

Eugène Delacroix, Passage d’un gué au Maroc
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Eugène Delacroix, Passage d’un gué au Maroc, 1858

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Du rêve à la réalité

La fascination pour l’Orient est née chez Delacroix bien avant son voyage en 1832, en témoigne ses puissantes compositions orientalisantes faisant sensation au Salon, comme les Scènes des massacres de Scio ou La Grèce sur les ruines de Missolonghi. À son retour du Maroc, le peintre ne cherche pas à transcrire un récit fidèle de son expérience, au contraire, Delacroix pose sur la toile plutôt des atmosphères poétiques ou des visions oniriques.

Huile sur toile • Coll. musée d'Orsay, Paris • © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Eugène Delacroix, Comédiens ou bouffons arabes
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Eugène Delacroix, Comédiens ou bouffons arabes, 1848

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Mirage de couleurs

Au centre de cette composition éclatante de couleurs, un homme joue un instrument de musique marocain, une sorte de luth, appelée mandore. Un autre personnage, en grande tunique, est aux percussions. Autour des musiciens, un auditoire, maures et juifs, se masse aux portes de la ville. Peinte 13 ans après le voyage de Delacroix au Maroc, cette scène de rue prêtée par le musée des Beaux-Arts de Tours synthétise les croquis et les notes que l’artiste a pris sur le vif durant son séjour de 1832. À la suite de Delacroix, de nombreux autres artistes en quête de couleurs chatoyantes vont faire le voyage au Maroc, tels Henri Matisse ou Charles Camoin qui esquisse à l’aquarelle la plage à Tanger vers 1912.

Huile sur toile • Coll. musée des Beaux-Arts, Tours • © RMN-Grand Palais / Philippe Bernard

Eugène Delacroix, Lionne prête à s’élancer
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Eugène Delacroix, Lionne prête à s’élancer, 1863

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Un fauve fantasmé

Peinte dans l’atelier en 1863, à la toute fin de la vie de Delacroix, la Lionne prête à s’élancer clôt la réflexion de l’artiste, entamée dès sa jeunesse autour des études animalières et particulièrement autour des félins. Dans la touche large et vibrante du pinceau, et les coups rapides de celui-ci, on retrouve les souvenirs vivaces du voyage du peintre. Mais pour camper, bien des années plus tard, ce fauve aux aguets, prêt à bondir, Eugène Delacroix a trouvé modèle au Jardin des Plantes, à Paris, qu’il avait l’habitude de fréquenter.

Huile sur toile • Coll. musée du Louvre, Paris • © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

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Delacroix, souvenirs d’un voyage au Maroc

Du 7 juillet 2021 au 9 octobre 2021

Retrouvez dans l’Encyclo : Eugène Delacroix Romantisme

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