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Jacques-Louis David en 2 minutes

En bref

Figure de proue du néoclassicisme français, révolutionnaire engagé puis premier peintre de Napoléon Ier, Jacques-Louis David (1748–1825) a un parcours exceptionnel. Grand rénovateur du classicisme antique dans la peinture d’histoire, ce fervent adepte des théories de l’historien de l’art Johann Joachim Winckelmann est l’auteur de quelques œuvres majeures : Le Serment des Horaces (1785) ou encore Le Sacre de Napoléon (1806–1807). En son temps, après la mode du rococo, son art épuré et sévère a incarné l’image de la modernité !

Jacques-Louis David, Autoportrait
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Jacques-Louis David, Autoportrait, 1790–1791

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Huile sur toile • 64 × 53 cm • Coll. Galerie des Offices, Florence • © akg-images / Rabatti & Domingie

Il a dit

« Je veux que mes ouvrages portent le caractère de l’Antiquité. »

Sa vie

Né à Paris dans un milieu petit-bourgeois, Jacques-Louis David n’a que 9 ans lorsqu’il perd son père. Sa mère et ses tuteurs repèrent vite ses talents pour le dessin, et pensent faire de lui un architecte. Finalement, il sera peintre !

Entré comme élève à l’Académie de Saint-Luc, David est formé par le peintre pré-néoclassique Joseph-Marie Vien. Il prépare aussi le prix de Rome, dispensé par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il commence à fréquenter la belle société. Son physique est ingrat, car David a contracté une tumeur à la joue gauche qui rend son élocution difficile.

Plusieurs fois malheureux au concours de Rome, l’artiste envisage le suicide mais se ravise. Il en conçoit une méfiance vis-à-vis du système académique dominant, qu’il n’hésitera pas à contester au moment de la Révolution. Finalement lauréat du premier prix de Rome en peinture, David part à Rome où il réside durant quatre ans. Vien, son maître, vient d’être nommé directeur de la Villa Médicis. C’est l’occasion pour le jeune peintre de découvrir les grands artistes de la Renaissance italienne, même si c’est pour un peintre classique français du XVIIe siècle, Nicolas Poussin, qu’il aura une prédilection.

David était un tempérament taciturne, sujet à la dépression et au doute jusqu’à son retour à Paris en 1780, et sa rencontre avec les théories de Joachim Winckelmann, historien de l’art allemand qui prône le retour vers l’Antiquité grecque et la nudité héroïque.

Agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture, David impose sa révolution sévère et cérébrale en présentant des œuvres de facture classique, sans frivolité, inspirées de l’histoire ancienne. Son style rayonne de clarté, de symétrie, de valeurs morales. Au début des années 1780, il ouvre son propre atelier au Louvre. Il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est une consécration pour David, au sein d’un système qui lui semble déviant car trop cooptatif.

Peintre d’histoire triomphateur au Salon, il connaît de nombreux succès, notamment auprès de l’aristocratie. Mais l’artiste n’est pas royaliste, bien au contraire. Engagé aux côtés des révolutionnaires, il vote la mort de Louis XVI en 1793 et rêve de l’instauration d’un système républicain. Proche de Robespierre, portraitiste mortuaire de Marat, David manque de peu de passer sur la guillotine, pour avoir pris la tête de la Commune des arts (il devient à cette époque un équivalent de ministre de la culture) et renversé l’institution académique.

Après avoir pris une part très active à la Révolution française (il est président du Club des Jacobins en 1793, en pleine Terreur), le peintre est emprisonné puis amnistié. Il revient dans le système académique restauré par le régime du Directoire et expose de nouveau au Salon. Il affirme son style hellénisant, mais devient aussi l’un des fervents adeptes de Napoléon Bonaparte.

David devient l’un des portraitistes d’un général qui le fascine. Abandonnant ses idéaux républicains, il se rallie à l’Empire. Devenu le peintre officiel de Napoléon, il contribue à forger sa propagande par l’image. Après la chute de l’Empire, l’artiste conserve ses convictions bonapartistes. Le régime de la Restauration le proscrit et le peintre doit s’exiler à Bruxelles, où il meurt en 1825.

Ses œuvres clés

Jacques-Louis David, Le Serment des Horaces
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Jacques-Louis David, Le Serment des Horaces, 1785

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Huile sur toile • 330 × 427 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © akg-images / Erich Lessing

Le Serment des Horaces, 1785

Manifeste d’un retour à la probité dans la peinture d’histoire, cette œuvre sur le thème du serment illustre un épisode légendaire de l’histoire romaine. Trois frères jurent devant leur père de défendre leur patrie au prix de leur vie, les femmes étant rejetées sur le côté droit de la toile. La composition est caractérisée par sa grande symétrie, le retour à une rigueur classique. Ce tableau d’histoire d’un format imposant a été exposé avec succès par David au Salon de 1785.

Jacques-Louis David, La Mort de Marat
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Jacques-Louis David, La Mort de Marat, 1793

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Huile sur toile • 165 × 128 cm • Coll. musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

La Mort de Marat, 1793

Assassiné dans sa baignoire par Charlotte Corday, « l’ami du peuple » est représenté par David comme un martyr, dans une posture qui rappelle la Descente de Croix (1616) de Rubens. Le fond neutre occupe plus de la moitié de la toile et permet de monumentaliser le personnage. Pour autant, David associe quelques éléments narratifs (la lettre de la meurtrière, le couteau ensanglanté…). Ce portrait historique témoigne de la connivence de David avec les idéaux révolutionnaires et le Club des Jacobins.

Jacques-Louis David, Le Sacre de Napoléon
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Jacques-Louis David, Le Sacre de Napoléon, 1806–1807

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Huile sur toile • 621 × 979 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © akg-images / Erich Lessing

Le Sacre de Napoléon, 1806–1807

Sur une idée de l’un de ses élèves, David ne représente pas Napoléon s’auto-couronnant mais couronnant Joséphine, ce qui donne de lui une image plus courtoise. Le peintre s’inspire du Couronnement de Marie de Médicis (vers 1622) de Rubens et représente sur cette toile immense plus de 200 personnages réels, dont son propre autoportrait. À cette époque, David vient d’être nommé premier peintre de l’Empire et participe activement à la propagande napoléonienne.

Par • le 3 mai 2021
Retrouvez dans l’Encyclo : Néoclassicisme Jacques Louis David

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