Décès de Philippe Curval: une tronche de la SF française disparaît
Le grand écrivain, connu comme l’un des pères de la science-fiction française, vient de décéder à l’âge de 93 ans. Il avait des liens avec la Picardie, notamment la baie de Somme, où il résidait souvent dans sa maison du Crotoy.
Philippe Curval est à son tour emporté dans le Ressac de l’Espace (son premier grand succès, réédité récemment). L’écrivain âgé de 93 ans est décédé ce 5 août 2023, comme l’a communiqué son éditeur, La Volte. Nous l’avions rencontré fin juin. Alité dans sa maison médicalisée parisienne, après une mauvaise chute, ne pouvant plus marcher, il préparait encore activement la suite de sa nouvelle saga, « extra-fictionnelle » des Tronche, dont le premier volume est paru au printemps dernier. Retour fantasmé sur les inspirations d’une vie riche et multiple.
Il était en effet né Philippe Tronche le 27 décembre 1929 à Paris et avait traversé son époque comme écrivain, mais était aussi photographe (son premier métier après n’avoir pu devenir cinéaste), journaliste et critique (dans les revues historiques du genre Fiction et Galaxie, puis au Monde ou au Magazine littéraire), libraire. Cotoyant les surréalistes et les artistes du Saint-Germain-des-Prés des années 1950, il avait fait partie de la petite équipe, avec notamment Gérard Klein qui allait lancer la science-fiction à la française. Il était également peintre et a côtoyé tout le milieu de l’art contemporain par l’intermédiaire de sa compagne, Anne Tronche, critique d’art et curatrice qui lui avait fait notamment découvrir le Nouveau réalisme, mouvement artistique français des années 1960 évoqué entre les lignes dans Rosépine, son dernier livre paru.
Parmi sa quarantaine de romans et plus d’une centaine de nouvelles, on retiendra bien sûr de lui L’Homme à rebours, Grand prix de l’Imaginaire 1975 ou Cette chère humanité, prix Apollo 1977 (que l’on retrouve réédité dans le gros recueil L’Europe après la pluie). Mais il n’a cessé d’écrire poussant loin les frontières de l’imaginaire.
Philippe Tronche, ainsi qu’il était connu ici, était aussi un amoureux de la baie de Somme et possédait une petite maison de pêcheurs au Crotoy où il résidait régulièrement. Il avait d’ailleurs consacré un beau roman spatio-temporel à la baie, voilà dix ans, Juste à temps, et avait trouvé le prénom d’un des personnages de son dernier roman sur une plaque hommage à un cheminot mort à la gare de Noyelles-sur-Mer. Prévu en quatre ouvrages, son cycle des Tronche devrait demeurer inachevé, mais il avait terminé le second volume, prévu pour paraître cet automne, aux Éditions de la Volte, où l’on peut trouver également la plupart de ses derniers romans.