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Livre : Marie Vareille nous fait craquer avec «La dernière allumette»

Avec talent, Marie Vareille nous entraîne sans en avoir l’air dans la tête des enfants brisés par les violences familiales. Un roman fort, tendu et pourtant solaire.
Temps de lecture: 1 min

Marie Vareille m’avait fait rire aux larmes avec La vie rêvée des chaussettes orphelines, ravagée d’émotions avecAinsi gèlent les bulles de savon, prise aux tripes avec Désenchantées, du coup, dire que j’attendais son dernier roman avec impatience est évident… Mais c’est toujours difficile de lire un livre tant attendu, j’avais peur d’être déçue, de le trouver « juste » bien.

Mais encore une fois elle a réussi son coup, avec ses petites histoires pas si banales qui commencent doucement, sans bruit, pour finir hors d’haleine. Ses personnages qui vous arrachent le cœur. Son humour qui cache une vraie profondeur. Ses sujets quotidiens mais pourtant universels. Sans vous en dévoiler trop, j’ai eu du mal à finir ce roman, car encore une fois j’ai lu les derniers chapitres avec des mots un peu flous qui dansaient derrière un rideau de larmes impossible à retenir ! Je suis déjà du genre hypersensible, mais quand on touche à la famille…

La violence comme un fil invisible entre les personnages

Car c’est la famille qui est au cœur de ce nouveau livre, comme souvent avec Marie Vareille. Mais cette fois, elle est, comme disent les psys, dysfonctionnelle. Très vite, même si la plume légère et pleine d’esprit de l’auteure nous donne le sourire, on comprend que la violence familiale tisse la trame de ce roman. Un fil invisible entre tous les personnages qui nous donnent chacun leur vision de ce dérapage de la vie. Un thème largement abordé ces derniers temps par la littérature et l’on s’en félicite.

Mais Marie Vareille a choisi d’en parler par la voix des enfants : Abigaëlle et Gabriel. D’abord petits dans la tourmente puis grandissant avec leurs traumatismes et leurs peurs. « J’avais oublié qu’on ne peut se sentir en sécurité nulle part quand on a passé son enfance à être terrifié par ceux qui auraient dû nous protéger », glisse Abigaëlle. On suit les pensées de cette enfant surdouée, des pensées foisonnantes, parfois incomplètes et qu’elle-même a du mal à suivre. Elle raconte sa vie par ses yeux d’enfant qui aime profondément ses parents. Elle raconte par les yeux d’une sœur que son frère veut protéger à tout prix « parce que les grands doivent toujours protéger les petits ». Elle raconte la vie d’après aussi, la difficile reconstruction, la peur de fonder une famille. Elle raconte la répétition. Est-on prédestiné à devenir violent quand on a grandi dans la violence ?

Évidemment, dit comme cela, le discours pourrait être pesant mais c’est tout le talent de Marie Vareille de raconter des histoires dures avec toute la gaîté qui nous sauve. On sourit, on rit, on espère, on s’émerveille. Ses personnages sont solaires et heureusement le malheur est aussi parsemé de petits bonheurs ! Elle nous entraîne dans son histoire, distillant l’intrigue avec talent. En effet, on ne sait pas tout du passé d’Abigaëlle… Les personnages s’entrecroisent, les destins s’entrechoquent, les vérités se dévoilent petit à petit. Comme dans un thriller, tout s’accélère. Et quand on découvre le fin mot de l’histoire, on n’a qu’une envie, c’est de relire le livre à la lumière de ce que l’on sait ! Loin d’être déçue donc, je reste conquise par la plume efficace de Marie Vareille, qui est à double tranchant entre humour et humanité.

La dernière allumette, Marie Vareille, Éditions Charleston, 336 pages, 20,90 €
La dernière allumette, Marie Vareille, Éditions Charleston, 336 pages, 20,90 €

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