“Une vareuse en polylaine 220 g de couleur bleu nuit et un col Mao haut brodé main or motifs feuille de chêne. Une cape en soie ou en tissu poly viscose, un pantalon avec bande commandement brodée main or, une aiguillette en cordon milanaise or double ferret sur épaule gauche, casquette avec coiffe démontable, un sabre lame forgée et un bâton de maréchal de couleur noire, modèle empire”, voici selon les termes du décret officiel, cités depuis le Burkina Faso par l’Observateur Paalga, un “aperçu” de l’uniforme du nouveau maréchal africain.

Son nom ? Idriss Déby Itno, le président Tchadien depuis vingt-neuf ans. Et ce sacre organisé le 11 août, soit le jour même de la célébration des soixante ans de l’indépendance de son pays, suscite de vives polémiques.

Cette consécration du Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno, fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la classe politique”, constate Le Visionnaire, qui donne la parole à Saleh Kebzabo, l’un des principaux opposants. C’est un crime national contre l’anniversaire de notre indépendance. Cela va faire en sorte que chaque année, on va plutôt privilégier le maréchalat et donc, on va reléguer le 11 août 1960 aux calendes grecques”, déplore-t-il dans les colonnes du journal tchadien. N’Djaména Hebdo va plus loin :

Maréchal est devenu la marque des dictateurs atteints par la folie des grandeurs.”

Des devanciers aux surnoms peu glorieux

Mobutu Sese Seko, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), Jean-Bedel Bokassa en Centrafrique, Amin Dada en Ouganda… Ce nouveau maréchal ravive partout en Afrique les souvenirs d’anciens dirigeants du continent, maréchaux autocratiques et fantasques.

Un titre “ridicule”, pour l’Express du Faso, qui rappelle qu’“Idriss Déby Itno est arrivé au pouvoir par un coup d’État” il y a plus de trois décennies. Cette évolution est “perçue par de nombreux Tchadiens comme une voie vers une forme de dictature au Tchad”, affirme ainsi la Deutsche Welle.

Avec ses “devanciers dont certains portaient de très peu glorieux surnoms de ‘bouffon’ ou de ‘dictateur’ ou encore de ‘sanguinaire’”, Idriss Déby Itnopartage le goût immodéré pour le pouvoir absolu, [et son] commandement qui ne saurait souffrir de la moindre contestation”, écrit Wakat Sera au Burkina.

Un puissant allié : Paris

Car ce président, porteur d’espoir à son arrivée à la tête du Tchad en 1990, règne aujourd’hui sans partage, estime la chroniqueuse spécialiste des Grands Lacs du Tchad au Guardian, et est aujourd’hui à la tête de l’un des États les plus pauvres au monde. Alors qu’il a fait modifier la Constitution et peut en théorie rester au pouvoir jusqu’en 2033, “Idriss Déby est de fait ‘président à vie’ et ne tolère aucune opposition. Durant les trente années de son règne, son seul credo a été de rester en place”, écrit-elle. “Comment est-ce possible ?

Selon The Guardian, la réponse est à trouver dans le puissant soutien d’Idriss Déby Itno : la France. Maillon central dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, le président tchadien reste un solide allié de Paris. Le journal conclut :

Quand la France va-t-elle vraiment mettre fin au colonialisme et cesser de soutenir des gouvernants brutaux ?”