Si en lisant cette introduction vous n’avez pas instantanément le refrain de ce tube immortel en tête, on ne peut plus rien pour vous. Chanson fétiche des cours de récré en 2001 et des karaokés en 2022, les L5 ont marqué cette entrée de millénaire avec un premier album qui a battu tous les records. Voyez un peu : 4 400 000 exemplaires vendus et tout autant de fans de ces cinq filles d’à peine 20 ans dénichées dans le télécrochet « Popstars ». L’auteur de ces lignes en était dingue et les L5 ont énormément influencé son amour pour la mode. Ces chanteuses dites éphémères ont néanmoins marqué leur époque à coups de chansons accrocheuses et de looks so y2k. Alors que le style vestimentaire des années 2000 connaît un vrai revival, notamment au travers de la série « Euphoria » ou des it-girls comme Bella Hadid, il est temps de remettre les pendules à l’heure. Et rendre aux L5 ce qui est aux L5. Oui, elles sont des icônes de mode.

Qui sont les L5 (si vous avez vécu dans une grotte) ?

Ces nymphes de la pop culture ont connu une notoriété fulgurante dans un télécrochet diffusé sur M6. Avant la « Star Ac’ » ou même « Nouvelle Star », c’était « Popstars » qui passionnait des millions de téléspectateurs chaque semaine. On y suivait de A à Z la construction d’un groupe exclusivement féminin : des auditions dans toute la France jusqu’au tournage de leur clip. Au bout de longues semaines d’épreuves, Lydy, Claire, Alexandra, Coralie et Marjorie sont finalement choisies pour former ce qui est deviendra le girls-band français le plus fructueux de l’histoire. En plein boum de la téléréalité, on voit d’un mauvais œil la fabrication de toute pièce d’un groupe. Produit marketing ou réelle opportunité de faire connaître des talents ? L’opinion est divisée. Pourtant l’engouement du public commence déjà à se faire ressentir alors que le premier single « Toutes les femmes de ta vie » n’est pas encore sorti. L’élaboration du projet commence, évidemment, par l’enregistrement de leur premier album en Belgique mais également par une séance de relooking. Mia Frye, juge et chorégraphe dans l’émission, est en charge de la direction artistique du groupe. Une équipe de stylistes, coiffeurs et maquilleurs est dépêchée sur le tournage de l’émission, afin de transformer ces chanteuses un brin quelconque en de véritables popstars. Une étape fatidique pour ces jeunes femmes peu habituées à des looks aussi pointus (pointus et pas ringards, non non !).

Un style très étudié et très couture

Autant le dire d’emblée, l’inspiration pour le relooking et même toute l’élaboration du projet était les Spice Girls. Chacune reprenait, plus ou moins, les codes et l’univers des membres du girls-band britannique. Il faut dire que c’est une recette qui a fonctionné. Alors que d’ordinaire les girls-bands et boys-bands essayaient au maximum d’effacer la personnalité de ses artistes pour les rendre homogènes, les Spice Girls prônaient la différence, l’identité et le girl power (évidemment). Même logique dans l’Hexagone, visible lors de la séance de relooking. Toutes les filles sont rattachées à un moodboard censé décrire l’ambiance du look qui leur sera rattaché. Lydy (connue aujourd’hui sous le nom de Louisy Joseph), bénéficie d’un look très Mel B, c’est-à-dire « sauvageonne » (ce sont les propos un peu border de l’équipe créative, pas les nôtres) : de la peau de bête, du léopard et du cuir sexy en veux-tu, en voilà. Voilà le look audacieux qui accompagnera la chanteuse à la voix suave durant toute la commercialisation de leur premier album. Claire, quant à elle, héritera du look hippie chic avec des jeux de tie-and-dye, des pièces de créateurs vaporeuses et des plumes dans les cheveux. Du côté de Marjorie, on joue la carte de la juvénilité à fond. La benjamine du groupe sera très souvent habillée en rose, en glitters et en talons aiguilles très pointus. Un look qui est, vingt ans plus tard, plus que d’actualité. Changement radical chez Coralie : la jeune femme devient la garçonne, motarde habillée en corset Mugler et pantalons en cuir accompagnés de cheveux ultra-courts. Quant à la dernière, Alexandra, on ne peut s’empêcher de penser à Geri Halliwell avec la coupe rousse et les deux mèches blondes. Son look deviendra pourtant l’un des plus iconiques des L5 grâce à un top incrusté de cristaux Swarovski et des escarpins paillettés. Des tenues complètement dans l’air du temps. « Franchement elles étaient méga-lookées », se souvient Mia Frye dans l’émission « La folie des boys band ». « Moi j’ai tout donné. J’avais des pièces de créateurs très fortes, je n’ai pris que du lourd. Dior, Gaultier, Givenchy… C’était les Spice Girls, avec la french-touch », assure la chorégraphe légendaire. Alors pourquoi est-ce que ça fait sourire quand on dit que les L5 sont des icônes mode ? Sans doute par la longévité très éphémère du groupe. S’il a vécu - tout de même - six années, le succès lui s’est rapidement essoufflé. Et au fil des albums, les filles ont perdu cet accès privilégié aux maisons de couture pour arborer les looks plus lambdas, moins exceptionnels. Alors que le groupe prépare un retour télévisé pour fêter l’anniversaire de leur naissance, il est préférable de garder en tête ces images si fashion d’il y a vingt ans. Elles resteront pour toujours.